À fleur de peau t1 - rush -...
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LesouvragesdeMayaBanksfigurentrégulièrementsurleslistesdesbest-sellersduNewYork
TimesetdeUSAToday,aussibienenromanceérotique,contemporaineetsuspense,qu'enromance
historique.MayavitauTexasavecsonmarietsestroisenfants,deschatsetunchien.C'estune
lectricederomancepassionnée,quiadorecommuniquersursescoupsdecœuravecsesfanssurles
réseauxsociaux.
MayaBanks
RUSH
FLEURDEPEAU-1
Traduitdel'anglais(États-Unis)parLaurenceBoischot
MiladyRomantica
MiladyestunlabeldeséditionsBragelonne
Titreoriginal:Rush
Copyright©2013byMayaBanks
Suivid'unextraitde:Fever
Copyright©2013byMayaBanks
OriginellementpubliésparBerkleyPublishingGroup
PenguinGroup(USA)Inc.
©Bragelonne2013,pourlaprésentetraduction
ISBN:978-2-8112-1106-6
Bragelonne-Milady
60-62,rued'Hauteville-75010Paris
E-mail:[email protected]
SiteInternet:www.milady.fr
Jedédiecelivreàtouslesmembresdemafamille,
quiontfaitpreuved'unepatienced'angealorsque,enpleinmilieudesvacances,
mamanaeuuneidéefollequinevoulaitpluslalâcher.
PourKim,quim'aécoutéequandjeluiaiditquejedevaisabsolumentmenerceprojetà
bien,etquim'aaidée
jusqu'aubout.
PourLillie,quim'aépauléeàchaqueinstant.
Enfin,pourCindy,quim'aapportésonindéfectiblesoutien.
Prologue
—Mia!Leportiervientd'appelerpourdirequ'unevoituret'attendaitenbas.
AusondelavoixdeCaroline,danslapiècevoisine,Miaretintsonsouffleettenditlamainvers
lecontratposéprèsd'ellesurlelit.Lepapierenétaitfroissésurlesbordstellementellel'avaitlu.
Ellel'avaitapprisparcœurets'étaitjouéunebonnecentainedefoislescénarioquiyétait
décrit.EllevoyaitclairementdesimagesdeGabeetd'elle.DesimagesoùGabelacontrôlaitetla
possédait-oùilfaisaitd'ellesachose.
Ellereplialedocumentetlerangeadanssonsacavantd'allerjeterundernierregardàsonreflet
danslemiroirdesacoiffeuse.Depuisquelquesjourselledormaitmal,etcelasevoyait.Son
maquillageneparvenaitpasàcacherlescernesnoirsquiluisoulignaientlesyeux,etelleavaitle
teintblême.Mêmesescheveuxsemblaientchiffonnés,malgrétoussesefforts.
Troptard,ellen'avaitpluslechoix:ilétaittempsd'yaller.
Elleprituneprofondeinspirationavantdesortirdesachambreetdetraverserlesalonen
directiondelaporte.
—Mia!Attends!
Carolinelarejoignitencourantetlaserradanssesbras,puiss'écartapourreplacerunemèche
rebellederrièrel'oreilledeMia.
—Bonnechance,machérie.Tun'espasdanstonassiette,depuisquelquesjours.Sicette
histoiretestresseautant,laissetomber,d'accord?
—Merci,Caro.Jet'adore,répliquaMiaavecunsourire.
CarolinemimaunbaisersonoretandisqueMiatournaitlestalons.
Aussitôtqu'illavitsortirdel'immeuble,leportierluiouvritlaportièredelavoiture.Mia
s'adossaauconfortabledossierdecuiretfermalesyeuxalorsquelaberlines'éloignaitdel'Upper
WestSidepoursedirigerverslecœurdeManhattanetlesiègedeHCM.
Jace,sonfrèreaîné,avaittéléphonélaveille,etelles'envoulaitterriblementdeluicacherune
chosepareille.Ilappelaitpours'excuserd'avoirmanquéMiaàlasoiréed'inauguration.S'ilavaitsu
qu'elleyserait,ilauraitfaitensorted'yresterpluslongtemps.
Puisilsavaientbavardéunepetitedemi-heure,et,aprèss'êtreassuréquetoutallaitbienpour
elle,JaceluiavaitracontélesdétailsdesonséjourenCalifornie,oùilséjournaitavecAsh.Ils
avaientconvenudedînerensembleàsonretouravantderaccrocher.Aussitôt,unevaguemélancolie
avaitenveloppéMia.Jaceetelleétaienttrèsproches,etellen'avaitjamaishésitéàluiconfierses
étatsd'âme.Ilavaittoujoursétélàpourelle-pourl'écouteretlaconsoler,mêmependantsacrise
d'adolescence.Jaceétaitlegrandfrèreparfait,pourtantelleluicachaitquelquechose-etilne
s'agissaitpasd'unpetitsecretsansconséquence.
Perduedanssespensées,Miaeutàpeineconsciencedutrajetetnerevintàlaréalitéque
lorsquelechauffeurannonça:
—Noussommesarrivés,mademoiselleCrestwell.
Elleouvritbrusquementlesyeuxetcillafaceauvifsoleildecettejournéed'automne.Ilsse
trouvaienteffectivementaupieddesbureauxdeHCM.Letempsquelajeunefemmeseressaisisse,le
chauffeurluitenaitdéjàlaportière.Ellesepassalesmainssurlevisagepourtenterderéveillerun
peusessensémoussés,puissortitdanslabrisefraîchequiluifouettalescheveux.
Unefoisdeplus,elleentradanslehalldel'immeubleetpritl'ascenseurjusqu'auquarante-
deuxièmeétage,enproieàunepernicieuseimpressiondedéjà-vu:l'estomacnoué,lespaumes
moites,lesnerfsenpelote.Saufque,cettefois,sapaniqueavaitunesourcetangible.Ellesavaitce
qu'ilvoulait.Ellen'ignoraitriendecequil'attendaitsielleacceptaitlestermesducontrat.
LorsqueMiasortitdel'ascenseuretapprochadelaréception,Eleanorlevalesyeuxetannonça
avecunsourire:
—MonsieurHamiltonsouhaitevousvoirimmédiatement.
—Merci,Eleanor,murmuraMiaenempruntantlecouloir.
LaportedeGabeétaitouverte,etlajeunefemmehésitauninstantsurleseuil,lesyeuxrivéssur
lui.Lesmainsdanslespoches,ilsetenaitfaceàlabaievitréeetcontemplaitManhattan.
Ilétaitmagnifique-unevéritableœuvred'art.Malgrésaposenonchalante,ilémanaitdeluiune
sortedepuissancebrute.Miacompritsoudaincequil'attiraittantchezcethomme-ou,dumoins,
l'unedesraisons.Ellesesentaitensécuritéaveclui.Lesimplefaitdesetrouverprèsdeluiétaitun
réconfort.Ellesesentait...protégée.
C'étaitd'ailleursl'essencemêmedelarelationqu'illuiproposait.Sécurité,confort,protection-
illuigarantissaittoutcela.Enretour,ellen'avaitqu'àluicéderlecontrôledesonêtre,tout
simplement.
Sesréticencess'évanouirentalors,etellesesentitlégère,presqueeuphorique.Ilétaithorsde
questionqu'ellescellecepactelapeurauventre.Ellerésolutd'embrassersanslamoindrecrainte
toutcequeGabeavaitpromisdeluioffrir.Enéchange,ellesedonneraitàluisansréserveet
compteraitsurluipourchérirlecadeauqu'elleluifaisaitensesoumettant.
C'estalorsqueGabeseretournaetlavitlà,debout.Miafutméduséedeliredusoulagement
danssesyeux.Avait-ilredoutéqu'elleneviennepas?Ilavançaverselleetl'attiraàl'intérieuravant
derefermerlaporte.Puis,sansluilaisserletempsdedireunmot,illaserradanssesbrasetpressa
seslèvrescontrelessiennes.
Mialaissaéchapperungémissementlorsqu'ilfitremontersesmainsjusqu'àsesépaulesd'un
gestepossessif,puislelongdesagorgepourluiprendrelevisageentresespaumes.Ill'embrassait
avecunefougueinouïe,commes'ilétaitaffamé-commes'ilvenaitenfinderompreleschaînesqui
l'empêchaientdel'atteindre.C'étaitlegenredebaiserqui,jusqu'alors,nepeuplaitquelesfantasmes
delajeunefemme.Jamaispersonneneluiavaitdonnél'impressiondeseconsumerainsi.
Gabenecherchaitpasàimposersaforce-ilsemblaitsouhaiterqu'ellecapitule.Illavoulait,
elle,etilluimontraitàquelpoint.Sielleavaitencoreeulamoindrecraintequececontratnesoit
pourluiqu'unefaçondetromperl'ennui,elleauraitétépleinementrassurée.
Illuicaressalajoue,lecou,puisledospourl'attirerencoreplusprès,avecunepoignedefer.
Miasentitl'érectionquitendaitletissudesonpantalonetquivintsepressercontresonventre.
Puisilrompitleurbaiser,ettousdeuxsecontemplèrent,àboutdesouffle.Lesyeuxbrillants,il
murmura:
—J'aicruquetuneviendraispas.
Chapitrepremier
Quatrejoursplustôt...
GabeHamiltonallaitrôtirdanslesflammesdel'enfer,etils'encontrefichait.Aumomentoù
MiaCrestwellavaitfaitsonentréedanslasalledebalduBentleyHotel,dernierfleurondeHCM
GlobalResortsandHotels,inauguréengrandepompe,elleavaitcaptivésonregard.
Cettejeunefemmereprésentaitlefruitdéfendu-c'étaitlapetitesœurdesonmeilleurami.Sauf
quecen'étaitplusunegamine,etqu'iln'avaitpus'empêcherdeleremarquer.Depuisquelquetemps
déjà,l'imagedecettefilleletroublait,etilavaiteubeaurésister,ilrestaitindéniablementattirépar
soncharmeenvoûtant.Cesoir-là,ilcessadelutter.
LefaitqueMiasoitprésentealorsqu'ilnevoyaitpastracedeJaceconfortaGabedanssonidée.
L'heureétaitvenuepourluidepasseràl'action.
Ilbutunegorgéedevinetfitmined'écouterpolimentlesremarquesdupetitgroupeaveclequel
ilbavardait.Àvraidire,ilneleurprêtaitqu'uneoreilledistraiteetneleuraccordaitguèreque
d'aimablesplatitudes,commeàsonhabitudeencegenred'occasionmondaine.
IlignoraittotalementqueMiaseraitprésente.Jaceneluienavaitpassoufflémot.D'ailleurs,le
savait-illui-même?Gabeendoutaitfort.Eneffet,àpeinecinqminutesplustôt,JaceetAshs'étaient
éclipsésencompagnied'unejoliebruneauxjambesfuselées,sansdouteendirectiond'unedessuites
luxueusessituéesaudernierétagedel'hôtel.
Jacen'auraitpasmislesvoiles-mêmepourunefemme-s'ilavaitsuqueMiadevaitarriver.
Heureusementqu'iln'étaitpaslà,aprèstout.Celafacilitaitgrandementleschoses.
GaberemarquaqueMiaparcouraitlasalleduregard,commesiellecherchaitquelqu'un.
Lorsqu'unserveurs'approchaavecunplateau,ellesaisitunélégantverreàpiedmaisneleportapas
àseslèvres.
Elleétaitvêtued'unepetiterobeaffolantequiépousaitlamoindredesescourbes,assortieàune
pairedetalonsparticulièrementosés.Elleavaitrelevésescheveuxenunchignondésordonné,qui
semblaitn'attendrequed'êtredéfait.Quelquesmèchesfolless'enéchappaientetluicaressaientla
nuque,attirantlesregards...,invitantlesbaisers.Gabeavaitenviedetraverserlapiècepourposersa
vestesurlesépaulesdecellequ'ilconsidéraitcommesienneetlasoustraireainsiàlavuedetous
cesinconnus.C'étaitpurefolie,évidemment.Mianeluiappartenaitpas.Maisleschosesallaient
changer.
Larobedelajeunefemmeluidénudaitpresqueentièrementledos,orGabenetenaitpasàce
qued'autresqueluil'admirent.Pourtant,denombreuxhommesladévoraientdéjàdesyeux-comme
Gabelui-même.
Miaportaitunechaînetrèsfineornéed'unsimplediamantetdesbouclesd'oreillesassorties.
C'étaitGabequiluiavaitoffertcetteparurepourNoël,etiltirauneimmensesatisfactiondelavoir
surelle.Celaluisemblaitêtrelesignequ'elleseraitbientôtsienne.
Ellel'ignoraitencore,maisilavaitattendulongtemps.Ilavaitpassédelonguesannéesàse
maudirecommeuncriminelpourosernourrirdetelsfantasmesausujetdelapetitesœurdeson
meilleurami.Leregardqu'ilportaitsurelleavaitchangélorsqu'elleavaiteuvingtans,maislui-
mêmeenavaitalorstrente-quatre,etillasavaitencoretropjeunepourcequ'ildésiraitd'elle.Ilavait
doncpatienté.
Miareprésentaitpourluiuneobsession,unedroguedontilnesouhaitaitpassesevrer,mêmes'il
n'aimaitguèrel'admettre.Miaavaitàprésentvingt-quatreans,etleurdifférenced'âgenesemblait
plusinsurmontable.C'étaitdumoinscequ'ilserépétaitenboucle.Jacedeviendraitfous'ilsavaient
uneliaison-aprèstout,Miaresteraitéternellementunegamineàsesyeux-,maisGabeétaitprêtà
courirlerisquepourenfingoûteraufruitdéfendu.
Oh,ilavaitdesprojetspourMia...beaucoupdeprojets.Ilneluirestaitplusqu'àlesmettreen
pratique.
Miabutunepetitegorgéedevin-ellen'avaitacceptéleverrequepoursedonnerune
contenanceaumilieudetouscesgensbeauxetfortunés-etcherchaJaced'unregardquelquepeu
nerveux.Ilavaitditqu'ilseraitprésentàlasoiréed'inaugurationdutoutnouvelhôteldelachaîne
HCM,etelleavaitdécidédeluifairelasurpriseens'yrendant.
LeBentleyétaitsituésurUnionSquareetrespiraitunluxemoderneetvisantuneclientèlede
hautvol.Aprèstout,c'étaitl'universdanslequelévoluaientJaceetsesdeuxmeilleursamis.Ils
avaienttravailléd'arrache-piedpourenarriverlà,maisleursuccèsn'endemeuraitpasmoins
époustouflant,surtoutsil'onconsidéraitqu'ilsn'avaientpasencoreatteintlaquarantaine.
Àtrente-huitans,ilsavaientdéjàacquisuneréputationmondiale.Pourtant,auxyeuxdeMia,ils
restaientsongrandfrèreetlesamisdecelui-ci.Enfin,cen'étaitpastoutàfaitexactencequi
concernaitGabe,maisMiasedisaitsouventqu'ilétaittempsdemettreuntermeàsesrêveries
d'adolescenteénamourée.Quandelleavaitseizeans,c'étaitcompréhensible.Àprésentqu'elleen
avaitvingt-quatre,celafrôlaitl'obsessionmaladive.
AshetGabeétaientnésavecunecuillèreenargentdanslabouche,cequin'étaitpaslecasde
JaceetdeMia.Ellenesesentaittoujourspastrèsàl'aisedanslemilieuquefréquentaitsonfrère,
maiselleétaitimmensémentfièreducheminqu'ilavaitparcouru,surtoutpourunjeunehommequi
avaitdûfinird'éleverseulsapetitesœuraprèslamortdeleursparents.
Gabeétaitprochedessiens,oudumoinsl'était-iltantquecesderniersétaientencoreensemble.
Àlaconsternationdetoutleurentourage,sonpèreavaitquittésamèrejusteaprèsleurtrente-
neuvièmeanniversairedemariage.QuantàAsh,sasituationétait,disonsintéressante.Ilne
s'entendaitpasdutoutavecsafamilleetavaitprissesdistancestrèsjeune.Ilavaitmêmerefuséleur
fortuneetlerôlequiluiseraitrevenudedroitdanslesaffairesfamiliales.Saréussitedevaitd'autant
pluslesfaireenrager,puisquelemériteluienrevenait,àluiseul.
Miasavaitpertinemmentqu'Ashn'avaitplusaucuncontactaveclessiens.Defait,ilpassaittout
sontempsavecJaceetGabe-surtoutavecJace.CedernieravaitexpliquéàMiaquelesparentsde
sonamiétaient«devraissalauds»,etellen'avaitpasdemandédavantagedeprécisions.Detoute
façon,ellenerisquaitpasderencontrerlesintéressés:ilssecomportaientcommesiHCMn'existait
pas.
Miavitapprocherdeuxhommesquisouriaientcommedesloupsfondantsurleurproie.Elleeut
enviedefuirmaisseressaisitaussitôt.ElletenaitàtrouverJaceetnepouvaitserésoudreàpartir
déjà-pasaprèsavoirmisautantdesoinàsepréparer,aucasoùellecroiseraitGabe.C'était
pathétique,etelles'enrendaitbiencompte,maisqu'ypouvait-elle?
Elleredressadonclesépaulesetsourit,déterminéeànepasfairehonteàsonfrèreencesoirde
gala.
C'estalorsqu'àsagrandesurpriseGabefenditlafoule,coupalarouteauxdeuxintrusetprit
Miaparlebraspourl'entraîneràl'écart.
—Euh...bonsoir,Gabe.Àmoiaussi,çamefaitplaisirdeterevoir,bredouilla-t-elle.
Elleignoraitcommentils'yprenait,maiscethommelarendaittoutsimplementstupide.Ensa
présence,elledevenaitincapabledeformulerlamoindrepenséecohérente.Ildevaitsedemanderpar
quelmiracleelleavaitréussiàdécrochersondiplômedelettres-avecmention,quiplusest.Certes,
niJaceniluinevoyaientl'intérêtdesétudesqu'elleavaitsuivies.Jaceauraitvouluqu'elleselance
dansuncursusdecommerceafinderejoindreleurentreprise,qu'ilconsidéraitcommeuneaffaire
familiale.SaufqueMian'étaittoujourspassûredelavoiequ'ellevoulaitréellementemprunter-
encoreunsujetquiavaitledond'exaspérerJace.
Celalafaisaitculpabiliser,d'ailleurs:ellepouvaitsepayerleluxedeméditerseschoix,elle.
Jaceluiavaittoujoursgarantileplusgrandconfort;illuiavaitachetéunappartementetsubvenaità
sesmoindresbesoinsmêmesi,depuislafindesesétudes,elles'étaitdébrouilléepournepas
dépendretotalementdelui.
Sescamaradesdefacavaientdéjàtousdécrochéunboulot.Tandisqu'ilsentamaientleur
carrière,elletravaillaitàmi-tempsdansunepâtisserieetrechignaitàdéterminercequ'ellevoulait
fairedurestedesavie.
Sonindécisionn'étaitprobablementpassansrapportaveclesfantasmesqu'ellenourrissait
enversl'hommequi,justement,latenaitfermementparlebras.Ilfallaitvraimentqu'ellese
débarrassedecettefixationetqu'ellecommenceàvivrepourdebon.Ellen'allaitquandmêmepasse
laisserdépérirenespérantqu'unbeaujourillaremarqueenfinetdécidedelafairesienne.
Pourtant,ellenepouvaits'empêcherdeledévorerdesyeux,commeunedroguéeayantdéjàtrop
attendusaprochainedose.IlsuffisaitqueGabeentredansunepiècepourcaptiverl'attentiondetous.
Ilavaitlescheveuxbruns,coupéscourtetcoiffésavecjusteassezdesoinpourluidonnerunair
d'élégancetoutesimplemaisraffinée.GabeHamiltonincarnaitparfaitementlemauvaisgarçonqui
faisaittournerlestêtes.Ilsemblaitsemoquerdetout,pourtantilobtenaittoujourscequ'ildésirait.Sa
belleassuranceetsonarroganceétaientdeuxdescaractéristiquesquifascinaientMiadepuisle
début.Elleavaittentédeluttercontresonattirance,maiscelle-ci,loindeselaisseroublier,avait
carrémentviréàl'obsessionaveclesannées.
—Mia,j'ignoraisquetudevaisvenir,lança-t-ilàvoixbasse.Jacenem'ariendit.
—Iln'étaitpasaucourant,rétorqua-t-elleavecunsourire.Jevoulaisluifairelasurprise.
D'ailleurs,oùest-il?
—Euh...iladûs'absenter,réponditGabed'unairvaguementgêné.Jenesuispassûrqu'il
revienneparminouscesoir.
Lesouriredelajeunefemmevacilla.
—Oh,fit-elleenbaissantlesyeux,soudainmalàl'aise.Ilfautcroirequej'aisortimajolierobe
pourrien.
Gabeladétailladelatêteauxpiedsavecnonchalance,etelleeutl'impressionqu'illa
déshabillaitsanslemoindreeffort.
—Jolierobe,eneffet.
—Bon,jeferaismieuxd'yaller.SansJace,jen'aipasvraimentderaisond'êtreici.
—Tupeuxmetenircompagnie,déclarabrusquementGabe.
Miaécarquillalesyeux.Gaben'avaitjamaisvraimentmanifestéledésirdepasserdutemps
avecelle.Aucontraire,ilsemblaitplutôtl'éviter-defaçonassezflagrantepourqu'elleenfasseun
complexe.Biensûr,ilsemontraittoujoursd'unegentillesseexemplaire.Illuifaisaitparvenirdes
cadeauxpourNoëletsonanniversaire,ets'assuraitrégulièrementqu'ellenemanquaitderien,même
sicetteprécautionétaitsuperflue,grâceàJace.Enrevanche,ilsemblaits'ingénierànepaspasser
plusdecinqminutesensaprésence.
—Tuveuxdanser?ajouta-t-il.
Mialedévisagea,éberluée,sedemandantoùsecachaitlevéritableGabeHamilton.L'homme
qu'elleconnaissaitdepuisdesannéesnedansaitjamais.Cen'étaitpasfautedesavoirs'yprendre,
maisils'endonnaitrarementlapeine.
Miavitplusieurscouplessurlapiste-certainsd'âgemûr,d'autresdelamêmegénérationque
Gabe,maispersonned'aussijeunequ'elle.Riend'étonnant:laplupartdesinvitésfaisaientpartie
d'uneclassefortunéeàl'élégancebienétablie,etraresétaientceuxquiyaccédaientavantla
trentaine.
—Euh...d'accord,bredouilla-t-elle.
Aprèstout,elleavaitpassédeuxheuresàsepréparer.Ilauraitétédommaged'avoirrevêtucette
jolierobeetcestalonsvertigineuxpourrepartirsitôtarrivée.
Gabeposaunemaindanssondos,etelleeutl'impressiond'êtremarquéeauferrouge.Elledut
réprimerunfrissontandisqu'illaguidaitverslapiste.C'étaitsansdouteunetrèsmauvaiseidéede
danseravecluisiellevoulaitl'oublier.Pourtant,ellerefusaitdelaisserpassercettechancede
connaîtrelachaleurdesesbras,mêmesicen'étaitquepourquelquesminutes-quelques
merveilleusesminutes.
Laplaintesensuelled'unsaxophones'élevaitpar-dessuslesnotescristallinesd'unpianoetle
rythmelancinantd'unecontrebasse.MiacrutsentirlamusiquefondredanssesveineslorsqueGabe
l'enlaça,etlamélodieentêtanteluidonnal'impressiond'évoluerdansunrêveparticulièrement
vivace.
Gabefitglisserunemaindanssondosnu,jusqu'àl'endroitoùlefintissueffleuraitsapeau,juste
au-dessusdelanaissancedesesfesses.Elleavaitdûsefaireviolencepourrevêtirunmodèleaussi
oséet,àprésent,elles'enfélicitait.
—HeureusementqueJacen'estpaslà,fitremarquerGabe.
—Pourquoi?demanda-t-elleenlevantlesyeuxverslui.
—Parcequ'ilauraitfaitunecrisecardiaqueentevoyantdanscetterobe-sionpeutvraiment
appelerçaainsi,vusonéconomiedetissu.
Miasourit,cequicreusaunefossettedanssajoue.
—Lesabsentsonttoujourstort.Entoutcas,ilsn'ontpasleurmotàdire.
—Peut-être,maismoi,jesuislà,rétorquaGabesuruntonabrupt.
Lesouriredelajeunefemmesemuaengrimace.
—J'aidéjàungrandfrère,Gabe.Ilmesuffitlargement.
—Oh,jen'aiaucuneenviedejouerlesgrandsfrèresavectoi,Mia,riposta-t-il,leslèvres
pincées.
Elleluidécochaunregardpeiné.Sicelaluicoûtaittantdepassercinqminutesavecelle,alors
pourquoiétait-ilvenulatrouver?Ilauraitpufairecommed'habitudeetnepasdaignerremarquersa
présence.
Ellereculad'unpas,etladouceivressedesonétreinte-sesbrasautourd'elle,samaindansson
dossedissipa.Elleavaitcommisuneerreurstupideenvenantàl'improviste.Elleauraitdûappeler
Jacepourleprévenir.Illuiauraitditdenepassedéranger.Çaluiauraitévitédeseretrouverdebout
aumilieudelapiste,humiliéeparGabe.
Cedernierl'examinauninstantd'unairsongeur,puispoussaunsoupirettournalestalons,
l'entraînantàsasuiteendirectiondelaterrasse.Lesportesvitréesétaientouvertespourlaisser
entrerlabrisenocturne,etGabeattiraMiacontreluiavantdefranchirleseuil.
Denouveau,ellesentitlachaleurdesesbrasetdesonparfum,entêtant,exquis.
Gabes'éloignadelaportepourgagnerunezoned'ombre.Leslumièresdelavillescintillaient
autourd'eux,et,detempsàautre,lebruitd'unklaxonrompaitlesilence.
MiaétaitenvoûtéeparleparfumdeGabe.Épicémaistoutenfinesse,ilcomplémentait
parfaitementsonodeurnaturelle,enyajoutantjusteunetoucheboiséedegrandairetde
sophisticationvirile.
—Oh,etpuismerde!marmonna-t-ild'untonrésigné,commes'ilcédaitfaceàuneforce
invisible.
AvantqueMiaaitpuréagir,ill'attirabrusquementcontresontorse,etellelaissaéchapperun
petitsoupirdesurprise.LeslèvresdeGabe,tentatrices,étaienttoutesprochesdessiennes.Elle
sentaitsonsoufflesursapeauetvoyaitunmusclejouersursatempe.Ilcrispaitlesmâchoires,
commes'ilessayaitdesecontenir.Puisilcessadelutter.
IlpressasabouchecontrecelledeMiadansunbaiserbrutal,brûlant,exigeant.Etôcombien
délicieux!Ilpassalalangueentreseslèvreset,enunedansedouce,sensuelle,caressalasienne.Il
nesecontentaitpasdel'embrasser,illaconsumait.Parcebaiser,ilprenaitpossessiond'elle.
L'espacedecetinstantmagique,elleappartenaitcorpsetâmeàGabeHamilton.Tousleshommes
qu'elleavaitconnusavantluidisparurent,éclipsés.
Avecunsoupir,elles'abandonnacomplètementàcetteétreinteetsesentitfondre.Elleen
voulaitdavantage,ellelevoulaittoutentier,sachaleur,sesmains,cettebouche!Cebaiserdépassait
sesrêveslesplusfous.Lesfantasmesqu'elleavaitnourristoutescesannéespâlissaientfaceàla
réalité.
Gabeattirasalèvreinférieureentresesdentsetlamorditavecjusteassezdevigueurpourlui
montrerquiétaitlemaître.Puisiladoucitcegested'unlégercoupdelanguesuividepetitsbaisers
jusqu'aucoindesabouche.
—Çafaisaittellementlongtempsquej'enavaisenvie,murmura-t-ild'unevoixrauque.
Stupéfaite,Miasentitsesjambescédersouselleetpriapourgarderl'équilibresurseshauts
talons.Rienn'auraitpulaprépareràuncataclysmepareil.GabeHamiltonl'avaitembrassée.Mieux
queça:ill'avaitentraînéesurlaterrassed'unesalledebalpourl'étourdirdesesbaisers.
Ellesentaitencoresurseslèvreslabrûluredesesassautsetelleplanaitcomplètement,comme
siellevenaitdes'injecterladroguelapluspuissantedumonde.Elleavaitàpeinebuunegorgéede
vin,ilnepouvaitdoncs'agirquedeGabe.C'étaitlui,sadrogue,purementetsimplement.Unedrogue
mortelle.
—Arrêtedemeregardercommeça,tuvast'attirerdesennuis,gronda-t-il.
S'ilfaisaitallusionàcequ'ellecroyait,ellenedemandaitpasmieux.
—Ahbon?fit-elleàvoixbasse.Etcommentjeteregarde?
—Commesituvoulaisquejet'arrachecetterobeindécenteetquejeteprennelà,toutdesuite,
surcetteterrasse.
Miadéglutitdifficilementetchoisitdesetaire.Ellen'étaitpassûredecomprendrecequivenait
deseproduire.Lessensenpanique,elleavaitdumalàsefaireàl'idéequeGabeHamiltonl'avait
embrasséefougueusementavantdemenacerdelaprendresurlaterrassedesonhôtel.
Ils'approchadenouveau,et,aussitôt,Miafutenveloppéedanslachaleurdesoncorps.Son
cœurbattaitàunrythmefou,etellehaletaitlittéralement.
—Passemevoirdemain,Mia.Dixheuresprécisesdansmonbureau.
—P…pourquoi?bafouilla-t-elle.
LevisagedeGabesedurcit,etellediscernadanssonregardunéclatqu'elleneluiconnaissait
pas.
—Parcequejeleveux.
Elleécarquillalesyeux,mais,aussitôt,illuisaisitlamainetl'entraînaendirectiondelasalle
debal,qu'iltraversasanss'arrêter.IlmarchaitsivitequeMiaavaitdumalàlesuivre.Sestalons
claquaientbruyammentsurlemarbrepoli.
L'espritenébullition,elleneputquedemander:
—Gabe,oùest-cequ'onva?
Illafitsortirduhalldel'hôtelets'arrêtaenfinpourfairesigneauvoiturier,quis'activa
immédiatement.Uneminuteplustard,uneluxueuseberlinenoires'arrêtadevantlaporte,etGabeyfit
monterMia.
Deboutsurletrottoir,unemainsurlaportière,ilsebaissapourregarderlajeunefemme.
—Tuvasrentrercheztoietôtercetterobeimpudique.Etdemain,à10heurestapantes,tuseras
dansmonbureau.
Ilcommençaàrefermerlaportièremaisretintsongesteletempsd'ajouter:
—Mia?Tuasintérêtàêtrelà.
Chapitre2
—Alors,attends.Sijecomprendsbien,tuasrefusédesortiravecnouspouralleraugala
pompeuxdel'hôteldetonfrère,ettuasàpeineeuletempsd'arriverqueGabeHamiltont'atraînée
surlaterrassepourt'embrassersauvagementavantdeterenvoyeràlamaison,aveclaconsigne
stricted'êtredanssonbureauà10heurescematin.C'estça?
VautréedanslecanapéenfacedeCaroline,sameilleureamieetcolocataire,Miasefrottales
yeuxpouressayerdedissiperlebrouillardquiflottaitdanssonesprit.Ellen'avaitpasdormidela
nuit,cequin'avaitriend'étonnant.Gabeavaitmissonuniverssensdessusdessous,et,alorsmême
quel'échéanceapprochait,ellen'avaittoujourspaslamoindreidéedelamarcheàsuivre.
—Oui,engros,c'estça,répondit-elle.Carolinefitunegrimaceets'éventadelamainenun
gestethéâtral.
—Etmoiquicroyaisquetasoiréen'auraitpaspuêtreplusréussiequelanôtre!Ons'estbien
amusées,maisjen'aipaseudroitaubaiserd'unmilliardaireàtomber,moi.
—Oui,maispourquoi?demandaMia,irritée.Elles'étaitrépétécettequestionenboucle
pendantsalongueinsomnie.PourquoiGabel'avait-ilembrasséeainsi?Pourquoisouhaitait-il
soudainlavoiraprèsdesannéespasséesàl'éviter?
Enfin,iln'avaitpasexprimésarequêtesouslaformecourtoised'unsouhait,maiscelan'étaitde
toutefaçonpasdansseshabitudes.GabeHamiltondonnaitdesordresets'attendaitàcequ'onles
exécute.Mianesavaitpastropcequecelarévélaitdesaproprepersonnalité,maiselleadoraitce
traitdecaractère.Rienqued'ypenser,elleéprouvaitundélicieuxfrisson.
—Parcequ'ilaenviedetoi,poulette!déclaraCarolineenlevantlesyeuxauciel.Jenevois
paspourquoiçat'étonne:tuesjeuneetbelle,etjesuissûrequetuasdéjàpeuplésesfantasmesplus
d'unefois,depuisletemps.
—Arrête,c'estdégoûtant,ditcommeça!protestaMiaavecunegrimace.
—Oh,çava!Turêvesdeluidepuisquetuasseizeans.Etpuisils'étaittenutranquillejusque-
là,non?Tuasvingt-quatreansmaintenant,çachangetout.
—Siseulementjesavaiscequ'iladerrièrelatête!s'écriaMia,préoccupée.
—Tuteposeslaquestionalorsqu'ilt'amenacéedeteprendresur-le-champ?Là,jenepeux
plust'aider,mabelle!lançaCarolinesuruntonfaussementexaspéré.
ElleconsultasamontrepuistoisaMiad'unairentendu.
—Machérie,ilterestemoinsd'uneheurepourtepréparer,alorsbougetesfessesdececanapé
etvatefairebelle!
—Jenesaismêmepascommentm'habiller,marmonnaMia.
—Moi,jesais,rétorquaCarolineavecunsourire.Allez,viens!Fais-moiconfiance,ilvaen
restersurlecul,tonGabe.
«Surlecul»?Miafaillitéclaterderire.Siquelqu'unétaitsurlecul,danscettehistoire,c'était
elle.Lesévénementsdelaveillel'avaienttantbouleverséequ'ellecraignaitdeseridiculiseren
entrantdanslebureaudeGabe.Encorefallait-ilqu'ellearrivejusque-làenunseulmorceau.
Gabefeuilletauninstantlecontratqu'ilvenaitdesortirdesontiroirpuisencontemplala
premièrepage.Ilavaitsouslesyeuxlecheminqu'ilcomptaitemprunteravecMia.C'étaitlapremière
foisqu'illuifallaitautantréfléchiràsonapproche.D'ordinaire,ilfonçaitdroitaubutentoutes
circonstances,qu'ellessoientpersonnellesouprofessionnelles.Ilnelaissaitnulleplaceaux
émotions,mêmedansunerelation.Ils'étaitfaitavoirunefois-ils'étaitmêmefaitentuber,pour
parlercru-ets'étaitjuréqueçanesereproduiraitplusjamais.
Riendetelquedesefaireridiculiserpubliquementparunefemmeenquiilavaittoute
confiancepourrestervaccinécontrecegenred'histoires.
Iln'avaitpaspourautantrenoncéaubeausexe-ill'appréciaitbeaucouptrop.Iladoraitvoirses
conquêtessesoumettreàsavolonté...etàsesmainsexpertes.Seulement,ilavaitchangédetactique.
Onneluiavaitpaslaissélechoix.
MaisMia...
Inutiledeprétendrequ'elleétaitcommetouteslesautres.Mian'avaitrienàvoiravecsesautres
proies.Ellenereprésentaitpasqu'unvisagefémininqu'ilpourraitcontempleravecunecertaine
affectionmaisnonsansunedistancesalvatrice.Sesautresciblessavaienttoujours?exactementà
quois'entenir,Gabes'assuraitquelestermesdel'offreetdelademandesoientonnepeutplus
clairs.
MiaétaitlapetitesœurdeJace,mais,surtout,Gabel'avaitconnuetrèsjeuneetl'avaitvue
grandir.Ils'étaitrenduàsaremisedesdiplômesdulycéeet,lesoirdubaldepromo,ilavaitprisun
malinplaisiràtoiserd'unairsévèrelegringaletquiluiavaitservidecavalier.Lepauvregosseavait
faillifairedanssonfroclorsqueJace,AshetGabeluiavaientexposédefaçonfrancheetdirectece
quiluiarriveraits'ilavaitlamauvaiseidéedemanquerderespectàMia.
Ill'avaitaperçuebrièvementpendantlesvacances,quandellevenaitrendrevisiteàJace.Il
avaitmêmeassistéàsaremisedesdiplômes,àl'université.
Celaavaitétéunvéritableenfer,d'ailleurs,car,àcettedate,Mian'étaitdéjàplusuneinnocente
jeunefilleenfleur.Elleétaitdevenueunefemmemagnifique,etGaberefusaitd'imaginercombien
d'amantselleavaiteus.Celan'auraitfaitqu'aiguisersacolère.Detoutefaçon,cesexpériences
antérieuresn'avaientplusaucuneimportance,car,justement,ellesappartenaientàsonpassé.
IlnerestaitplusàGabequ'àplanifiersonapproche.Miaétait...différente.Plusjeune,certes,
maisaussiplusréservée.Plusnaïve,peut-être,àmoinsquecenefûtuneerreurdeperceptiondesa
part.Commentsavoircequ'ellefaisaitdesaviequandelleéchappaitàlavigilancedeJace?
Quoiqu'ilensoit,Gabedevraituserdefinessepouréviterd'effrayerlajeunefemmed'entréede
jeu.Ilétaithorsdequestionqu'ilreculeouessuieunrefusàprésentqu'ilavaitfaitlepremierpas.
EtpuisilyavaitJace,évidemment.Gaben'avaitpasencorebienréfléchiàcetaspect-làdu
problème,maiscelaneservaitàriendesetracasseràcesujetmaintenant.Ildevaitd'abordse
concentrersurMia.Ils'occuperaitdeJaceunefoisqu'elleseraittombéedanssesfilets.
Ilentenditdubruitdanslecouloiretrelevalesyeux,irrité.Ilavaitpourtantspécifiéàla
réceptionnistedeHCMqu'ilnevoulaitêtredérangésousaucunprétexte.Ilavaitencoreplusd'une
heuredevantluiavantl'arrivéedeMia.
JaceetAshentrèrentdanssonbureauavecdésinvolture,etl'agacementdeGabemontad'un
cran.Quefaisaient-ilsdansleslocaux,cesdeux-là?Ilsétaientcenséss'envolerpourlaCalifornie
afinderencontrerl'entrepreneurquidevaitmettreenchantierunnouveaucomplexehôtelier.
Lestroisassociésvoyageaientbeaucoup,serépartissantlesprojetsencours,tantauxÉtats-Unis
qu'àl'étranger.Lesaffairescourantesconcernaient,outrecefameuxsitecalifornien,lesplansd'un
futurhôtelàParisetuneîledesCaraïbes,surlaquelleilsespéraientpouvoiracheterunvasteterrain.
Pourtant,dernièrement,Gabes'étaitessentiellementcantonnéàNewYork,histoiredeseconsacrer
auBentley,leurfleurondeUnionSquare.Illuirevenaittoujoursd'apporterlatouchefinaleàun
nouvelinvestissement.C'étaitsamaniedevouloirtoutcontrôler:mêmesesdeuxmeilleursamisne
luiinspiraientpasassezconfiancepourqu'illeurdélèguecettetâchecruciale.
JaceetAshétaientsesexécutantsintermédiaires,commeGabeaimaitlesappeler.Toustrois
possédaientdespartségalesdansl'entreprise,maisc'étaitGabequiesquissaitlesnouveauxprojets,
desgrandeslignesjusqu'auxmoindresdétails.Unefoisqu'ilenavaitnégociélesconditions,Jaceet
Ashintervenaientetsechargeaientdetouteslesétapesdelaconstruction.PuisGabereprenaitles
rênespourlafameusetouchefinale.
Cetarrangementleurconvenaitparfaitementàtouslestroisetleurpermettaitdesepartagerla
gestiondesaffairescourantes.
Leuramitié,quidataitdel'université,s'étaitessentiellementforgéeautourdesoiréesarrosées
oùilsdraguaientlesplusbellesfillesducampus.Gabenes'expliquaitpasvraimentcequilesavait
tantrapprochés.Ilss'étaientbientrouvés,toutsimplement.
Lasituations'étaitcorséepourJacequandsesparentsavaientététuésdansunaccidentde
voitureetqu'ilavaitdûassumerlaresponsabilitédesajeunesœur,maisGabeetAshs'étaientralliés
autourdeluietl'avaientépaulédeleurmieux.
Puis,pendantlatristefarcedesondivorcehypermédiatisé,ç'avaitétéautourdeJaceetd'Ash
d'apporterleursoutienàGabe.
Peut-êtreque,d'unecertainemanière,Miaétaitlacauseduliensifortquiunissaitlestrois
hommes.L'ironiedelachosen'échappaitpasàGabe,quirisquaitjustement,aumoindrefauxpas,de
fairevolerenéclatscettebelleamitié.
—Qu'est-cequitedéfrisecommeça,monpote?lançaAshens'installantavecnonchalancesur
l'unedeschaisesquifaisaientfaceàGabe.
Jaces'assitsurlesiègevoisin,silencieux,moinsdésinvolte.
JaceetAshétaientlesdeuxseulespersonnesqueGabequalifiaitréellementd'amis.Illeur
accordaittoutesaconfianceettoutesaloyauté-deuxchosesdontilétaitpourtantextrêmementavare.
JaceetAshformaientunsacréduo,avecJacedanslerôledugrandbrunténébreuxetAshdans
celuidubeaugosseausourireravageur.Gabeétaitpersuadéquec'étaitlacombinaisondecesdeux
personnalitésquirendaitlesfemmesfollesdesesamis.Entoutcas,ilsnemanquaientjamaisde
joliesvolontairespourd'enthousiastesménagesàtrois.
Ashétaittoujoursàl'affût,etsoncharmeinnéfaisaittoujoursmouche.Gabeavaitdéjàassistéà
lamanœuvre:lesfillesperdaientlatête,laparoleet,biensouvent,leursouffle.Pendantcetemps,
Jaceobservaitensilence,desesgrandsyeuxsombres.Lesfemmessemblaientconsidérersaréserve
commeundéfiàrelever,làoùAshétaituneproiepresquetropfacile.Cesdamesmettaientune
déterminationfaroucheàséduireJace,pourfinalementserendrecomptequ'ilétaitinaccessible.
Lestroisamiscultivaientchacunleurspetitespréférencesetnes'encachaientpas-encoreun
pointcommunquilesavaitrapprochésàl'université.Ilsavaientaccumuléunefortuneetune
renomméetellesqu'ellessuffisaientàleurgarantirunflotininterrompudecandidates-quecesoit
purementpourlesexeoupourunerelationdurable,tantquetoutlemondecomprenaitclairementles
termesducontrat.
C'étaitunaccordtaciteentreeux,surtoutdepuisledésastreuxdivorcedeGabe:ilstravaillaient
d'arrache-piedmaisrestaientlibresdemenerleurvieprivéecommeilsl'entendaient.
DemêmequeGabeetAshavaientsoutenuJacequandMiaétaitdevenuesaresponsabilité,Ash
etJaceavaientfaitpreuved'unesolidaritéàtouteépreuvelorsqueLisaavaitdemandéledivorce.
Mieux,ilsl'avaientfarouchementdéfenducontrelesaccusationssournoisesetinfondéesqu'elleavait
jetéesenpâtureàlapresseetquiavaientterniàjamaislaréputationdeGabe,tantprofessionnelle
quepersonnelle.Cederniernecomprenaittoujourspascequiavaitpoussésonex-femmeàdetelles
extrémités,maisilseraitéternellementreconnaissantàJaceetàAshdeleursoutieninconditionnel
pendantcequiavaitétélespiresmoisdesavie.
Iln'avaitsansdoutepasétélemeilleurmaridumonde,maisils'étaittoujoursassuréqueLisa
disposaitdetoutcequ'ellepouvaitdésirer.Leurviesexuellen'étaitcertespasconventionnellemais
reposaitsurunconsentementmutuel.Ilnel'avaitjamaisforcéeàfairequoiquecesoitetbouillait
encorederagequandilrepensaitauxcalomniesqu'elleavaitoséproférer.
Ils'étaitretrouvéclouéaupilori,aussibiendanslesmédiasqu'autribunal,etLisas'enétait
sortieindemne,jouantl'innocentevictimed'unsalaudmanipulateur.
Depuis,ilavaitprissoindenejamaisentamerunerelationsansavoir,aupréalable,exposéle
détaildesesexigencesdansuncontratsignéparlesdeuxpartiesconcernées.Cettemesurepouvait
paraîtreunpeuextrême,maisGabeavaittropàperdreetnesouhaitaitpassubirlatrahisond'une
autreLisa.
—VousnedevriezpasêtredansunavionpourlaCalifornie?demanda-t-ild'untonimpatient.
—Lepiloteaappelé,réponditJaceenfronçantlégèrementlessourcils.Ilyaunpetitproblème
techniquesurlejet.Letempsqu'ilenprépareunautreetqu'ilfassevaliderlenouveauplandevol,
onnepourradécollerquevers11heures.
Gabefitrapidementlecalcul:sesamisdevraientavoirvidéleslieuxbienavantsonrendez-
vousavecMia.Ilespéraitseulementqu'ellenefaisaitpaspartiedecesgenshyperponctuelsqui
arriventtoujoursenavancepourtout.Luiquiétaitd'ordinairesourcilleuxenlamatière,ilaurait
mêmepardonnéuncertainretardàlajeunefemme.
Soussonbureau,ilfitjouersesmains,serrantpuisdesserrantlespoingspouressayerdese
détendre.Iln'avaitpasréussiàpenseràautrechosequ'àMiadepuisqu'elleétaitentréedanscette
salledebal,laveille.Àprésentqu'ilavaitosévoirenelleautrechosequelapetitesœurdeson
meilleurami,ilétaitconsuméparunenervositéquineluiressemblaitguère.
Lemot«impatience»étaittropfaiblepourdécrirel'étatdanslequelilsetrouvait.Ilsentait
l'adrénalineluifouetterlesangencontinu.Miaavaitréussiàfairebasculersonuniverssibien
ordonné,etiln'enpouvaitplusd'attendrequ'ellesesoumetteàsamain-etàsavolonté.
Ilbandaitrienqued'ypenser,alorsmêmequ'ilétaitassisenfacedesesdeuxassociés.La
situationétaitdécidémentdesplusinconfortables.IlcroisalesdoigtspourqueniJaceniAshn'aient
lamauvaiseidéedes'approcherdelui.
Puis,sachantqueJacel'apprendraitdetoutefaçonetqu'iltrouveraitbizarrequeGaben'enait
pasparlé,ilannonça:
—Miaestvenueàl'inauguration,hiersoir.Tul'asratéedepeu,Jace.
Aussitôt,sonamiseredressa,l'airsoucieux.
—Quoi?Elleétaitlà?
—Oui,ellevoulaittefairelasurprise.Elleestarrivéecinqminutesaprèsquevousavez
emmenévotrenouvellecopineàl'étage.
—Ohmerde!ditJaced'unairdégoûté.J'ignoraiscomplètementqu'elleavaitl'intentionde
venir.Elleauraitdûmeprévenir,j'auraisfaitensorted'êtrelà.Qu'est-cequis'estpassé?Tuluias
parlé?Elleestrestéelongtemps?
—Net'enfaispas,jem'ensuisoccupé,assuraGabed'untondétaché.Jeluiaiditquetuavais
étéretenuquelquepart,puisjel'aifaitdansercinqminutesetj'aidemandéàmonchauffeurdela
raccompagnerchezelle.Tuauraiseuuneattaqueenvoyantsarobe,detoutefaçon.
—C'estquenotrepetiteMiaabiengrandi,commentaAshavecundemi-sourire.
—Tagueule,putain!lançaJaceavantdereportersonattentionsurGabe.Mercid'avoirveillé
surelle.Jen'auraispasaimélasavoiràcettesoirée,surtoutsitumedisquesatenueétait
provocante.J'imaginetouscesvieuxcroulantsquinedemandentqu'àtromperleurfemmeavecun
modèleplusjeune...PoureuxMiareprésenteraitleSaint-Grâal.Çameferaitmalqu'elletermine
danslelitd'undecesploucs-uneconquêteanonymeparmitantd'autres.
Gabeauraitdûsesentircoupable,maisilsesavaitdéjàcondamnéauxflammesdel'enferpour
toutcequ'ilenvisageaitdefaireàMia.Pourtant,elleneconstitueraitjamaisuneconquêteanonymeà
sesyeux.IlnesesentitdoncpasviséparlaremarquedeJace.
Soudain,l'interphonesonna.
—MonsieurHamilton,ilyaiciunemademoiselleHoustonpourM.CrestwelletMcIntyre.
—VousemmenezvotrenouvellecopineenCalifornie?demandaGabeàsesamisenhaussant
unsourcil.
—Pourquois'enpriver?rétorquaAshavecunsourire.Ellenousaideraàfairepasserles
heuresdevol...
Gabesecoualatêteavantd'annoncerdansl'interphone:
—Faites-laentrer,Eleanor.
Uninstantplustard,laravissantebrunequeGabeavaitaperçueavecJaceetAshlaveille
franchitlaportedesonbureau.Leclaquementdesestalonsfutétoufféaussitôtqu'elleatteignitl'épais
tapis.
Ashouvritlesbras,etlajeunefemmes'assittoutnaturellementsursesgenoux,lesjambes
croiséesendirectiondeJace.Cedernierluiposaunemainsurlachevilleetlafitremonterjusqu'au
creuxdesongenoud'ungestepossessif,sanspourautantluiaccorderunregard.Ilsemblait
simplementluirappelerque,pourl'instantdumoins,elleluiappartenait.
Gabeneputs'empêcherdecomparerlanouvellevenueàMia.Réflexeidiot:cettefemmeavait
quelqueslongueursd'avancesurlajeunesœurdeJace.Elleétaitplusâgée,plusexpérimentée,et
savaitexactementàquois'enteniravecsesdeuxcamaradesdejeu.Mia,enrevanche,n'avaitpasla
moindreidéedecequeGabeluiréservait.Ilpourraitdéjàs'estimerheureuxsiellenes'enfuyaitpas
enletraitantdetouslesnoms.
LespectaclequeGabeavaitsouslesyeuxnel'auraitpasdérangé,d'habitude.Aprèstout,ce
n'étaitpaslapremièrefoisqu'AshetJacefaisaientvenirl'unedeleursconquêtesaubureau.Pourtant,
cejour-là,ilétaitpressédelesvoirpartir.IlnevoulaitpasperturberMiaplusquenécessaireet,
surtout,ilnetenaitpasàcequeJacedécouvrelesprojetsqu'ilavaitpoursapetitesœur.
Gabeconsultaostensiblementsamontre,puislançaunregardappuyéàAsh,quiavaitpasséun
brasautourdescourbesgénéreusesdelanouvellevenue.Sesamisn'avaientpasprislapeinedela
présenter,cequisignifiaitsansdoutequ'ilsnecomptaientpaslafréquenterbienlongtemps.
—Unevoiturevientvouschercher?demandaGabepourenfoncerleclou.
—Pourquoi,ontedérange?contraJace.
—Non,pasvraiment,soupiraGabeensecalantdanssonfauteuild'unairblasé,maisj'aiplein
demailsetdemessagesenretard.J'aipassélajournéed'hieràréglerlesderniersdétailspourla
réception.
—Genre!s'esclaffaAsh.Laissetomber,monpote,tun'arriveraspasànousfaireculpabiliser
denepasavoirétédanslesparages.Onsaittoustrèsbienquetunenousauraispaslaissésfairequoi
quecesoit,detoutefaçon.
—C'estvrai,ça,espècedetyran,renchéritJace.
LajoliebruneémitunlégergloussementquiagaçaprodigieusementGabe.Elleavaitpeut-être
quelqueslongueursd'avancesurMiamaiscettedernièreaumoinsnericanaitpascommeunebécasse
adolescente.
—Fichez-moilecamp!Gronda-t-il.Contrairementàvous,j'aidutravail.Allezdoncfairedu
charmeànosamiscaliforniens,histoirequ'onpuisseattaquerlestravauxdanslestemps.Jeviensde
passerdesmoisàcaresserlesinvestisseursdanslesensdupoil,cen'estpaspourlesmettreenrogne
enleurannonçantdesdélaisàrallonge.
—T'ai-jedéjàdéçu?S’enquitAshd'untonsuave.
Gabelescongédiad'ungesteimpatient.Non,Ashnel'avaitjamaisdéçu,etGaben'avaitaucune
inquiétudeausujetduchantier.Toustroisformaientunesolideéquipe;lesforcesdesuns
complétaientadmirablementlesfaiblessesdesautres.
HCMn'étaitpasqu'unesociétéprofitable,c'étaituneentreprisefondéesurl'amitiéetlaloyauté
–deuxvaleursqueGabes'apprêtaitàmettreàrudeépreuvepourassouvirsonobsessionenversla
petitesœurdeJace.Quellegalère!
Heureusement,Jaceselevaettenditlamainàlajeunefemme.Ashsuivitlemouvement,ettous
troisprirentladirectiondelaporte.
Cependant,avantdesortir,Jaceseretourna.
—Jevaisessayerd'appelerMia,maisest-cequetupourraisquandmêmeluipasseruncoupde
filpendantmonabsence?T'assurerquetoutvabienetqu'ellen'abesoinderien?Çam'ennuiede
l'avoirratéehier.
Gabeacquiesçad'unhochementbrefdelatêteets'efforçadegarderunairneutre.
—Comptesurmoi.
—Merci,monpote.Onsevoitànotreretour.
—Donnez-moidesnouvellesduchantier,quandmême,repritGabe.
—Unvraityran,répétaAshavecunsourire.
Gabeluifitundoigtd'honneur,et,surcesalut,sesdeuxamissortirent,encadrantleurconquête
dumoment.Gabesecalaaufonddesonsiègeetconsultasamontreavecunsoupirdesoulagement.Il
luirestaitunedemi-heureavantl'arrivéedeMia.JaceetAshseraientdéjàloin.
Chapitre3
MiadescenditdutaxisurlaVeAvenue,àunecourtedistancedesbureauxdeHCM.Ilfaisaitun
tempsmagnifique,etellepoussaunprofondsoupir.Déjà,labrisefraîchequijouaitdanssescheveux
annonçaitl'approchedel'hiver.
Gabehabitaitunerésidencedegrandluxe,toutprès,aunuméro400del'avenue,tandisqueJace
vivaitdansl'UpperWestSide,nonloindechezMia.Elleétaitd'ailleurspersuadéequec'étaitpour
resterprèsd'ellequ'ilnes'étaitpasinstallédanslevoisinagedubureau.QuantàAsh,ilhabitaitau
numéro1,MortonSquare,auborddel'Hudson.
Miaentradanslehalldugratte-cieletsortitdesonsaclepassequiluipermettraitdefranchir
lestourniquetsdesécuritéetd'accéderauxascenseurs.Jaceluiavaitremiscettecartemagnétiquela
premièrefoisqu'illuiavaitfaitvisiterleslocaux,quelquesannéesauparavant,maiselleenavait
rarementeubesoinpuisque,chaquefoisqu'ellevenaitoupresque,c'étaitjustementencompagniede
sonfrère.Lepassenefonctionnaitpeut-êtremêmeplus,auquelcaselledevraitlaisserunepièce
d'identitéàl'accueil-manœuvrequiluifourniraituneparfaiteexcusepoursedégonfleretprendrele
large.
Heureusement,ellefranchitletourniquetsansencombre.
Elleentradansl'ascenseurbondé,puisavançaverslefondenvoyantd'autresgensarriver.Elle
consultasamontre:dixheuresmoinsdix.Ellequiavaithorreurd'êtreenretardétaitpresquemalà
l'aised'avoirsipeud'avance.
Pourtant,elleignoraittoujourscequilapoussaitàobéirsiscrupuleusementauxordresdeGabe.
Iln'allaitquandmêmepasluifairecouperlatêtesiellen'étaitpaspileàl'heure.N'empêche...Elle
avaitperçu,dansletondesavoix,unje-ne-sais-quoiquil'avaitdissuadéedelecontrarier.Etpuis,
pourêtretoutàfaithonnête,ellemouraitd'enviedesavoirpourquoiill'avaitconvoquéeavectant
d'autorité.
Carolinel'avaitlittéralementpousséesousladouchepuishabillée,commeuneenfant.Elleavait
choisiunjeanquiépousaitamoureusementlescourbesdeMiaetundébardeurmoulant,par-dessus
lequelelleluiavaitfaitenfileruntee-shirtlargemaiscourt,quiluidénudaituneépauleet-quand
ellebougeaitjustecommeilfallaitlamincebandedepeauvisibleentresondébardeuretsonjean.
CarolineavaitensuiteséchélescheveuxdeMiaenprenantsoindefairebouclerquelques
mèchesicietlà,pourdonneràl'ensembleunairjolimentdécoiffé.Elleluirépétaitsouventqu'une
crinièrecommelasiennerendaitleshommesfous,maisMian'étaitpassûredevouloirpousserGabe
àlafolie-ouàquoiquecesoitd'autre,d'ailleurs.Ilavaitcertestenulepremierrôledansnombrede
sesfantasmesd'adolescente-etd'adulte-,mais,ensefrottantàlui,elleavaitperçuunepuissance
incroyable.
Intimidée,elles'étaitpriseàdouter:saurait-ellevraimenttenirunhommepareil?
Elles'étaitàpeinemaquillée.Ellen'avaitriencontreunpeud'artificemaisn'auraitpasassumé
unlooktropapprêté.Elleauraiteul'impressiondeporterunepancarteproclamantsafermeintention
devivre,enfin,sesridiculesfantasmesdemidinette.Etsicetteréunionserévélaitparfaitement
innocente?Ellepasseraitvraimentpourladernièredesidiotessiellesepointaitattiféecommeune
allumeusepourserendrecomptequeGabesouhaitaitjustes'enquérirdesabonnesanté.Ilétait
quasimentimpossibledesavoircequecemecavaitderrièrelatête.Ildissimulaitsesintentionset
sesémotionsavecunsoinparticulier.
À9h59,Miasortitdel'ascenseurets'avançaverslaréceptiondeHCM,oùEleanorl'accueillit
avecunsourire.Mian'eutpasletempsdesedemandersiellevenaitdecommettreunefolieen
acceptantcerendez-vousnidereprendresesesprits.Ellen'avaitplusqu'uneminutepourentrerdans
lebureaudeGabe.
—J'airendez-vousavecGabeà10heures,murmura-t-elle.
—Jevaisluiannoncervotrearrivée,ditEleanorendécrochantlecombiné.
Miasedétourna,incertainedelasuite.Gabecomptait-ilvenirlachercher,ouattendait-ilqu'elle
lerejoigne?QuandellevenaitvoirJace,elleentraitsansfrapper.Ilnelafaisaitjamaispatienter,à
ladifférencedesesrendez-vousprofessionnels.
—Vouspouvezyaller,repritEleanor.
Mialaremerciad'unbrefsourirepuis,redressantlesépaules,elleempruntalecouloirqui
passaitdevantlebureaudeJaceetmenaitàceluideGabe,encoin.Elles'arrêtadevantlaporteet
baissalesyeuxsurleschaussuresàtalonsultrasexyqueCarolinel'avaitencouragéeàporter,etqui
laissaientvoirunongleverniderougevif.
Elleeutsoudainl'impressiond'êtreunemonumentaleandouille.Ellenesavaitpasbiencequi
étaitpasséparlatêtedeGabelaveille,maiselleavaitsûrementmalcompris.Etvoilàqu'elle
débarquaitdanssonbureauchausséecommeunecroqueused'hommes.
Elleétaitsurlepointdesedégonfleretdepartirencourant-enfin,enmarchantaussiviteque
sesmauditstalonsleluipermettraient-lorsquelaportes'ouvritsurGabeHamilton,quila
contempla.
—Jecommençaisàcroirequetuavaischangéd'avis,murmura-t-ilaprèsunlongsilence.
Miarougitviolemment,etespéraqu'iln'avaitpasdevinésespensées.Celadit,samine
coupableétaitsansdoutesuffisammentéloquente.
—Jesuislà,rétorqua-t-ellebravementenrelevantlementond'ungestededéfi.
—Entre,dit-ilens'effaçantpourlalaisserpasser.
Elleprituneprofondeinspirationetpénétradansl'antredulion.
ElleavaitdéjàvulebureaudeGabelorsqueJaceluiavaitfaitvisiterleslocaux,maiscela
remontaitàdesannées,etelleétaitalorssiémerveilléequ'ellen'avaitpasvraimentenregistréce
qu'ellevoyait.Cettefois,enrevanche,elleexaminalapièceavecunintérêtnondissimulé.
L'ensemblerespiraitleluxeetl'élégance.Meublesd'ébènesurunsoldemarbreenpartie
recouvertparuntapispersan,fauteuilsdecuirsombreauxquelsunepatineraffinéeconféraitune
alluretouteuropéenne...Quelquestableauxdécoraientlapièce,maisunmurentierétaitoccupépar
unegigantesquebibliothèquequiabritaitdesœuvresdiversesetvariées.
Gabeadoraitlire.JaceetAshletaquinaientsouventàcesujet,maisc'étaitunepassionqueMia
etluipartageaient.ÀNoël,alorsqu'illuiavaitenvoyélaparuredediamantsqu'elleportaitlaveille,
elleluiavaitoffertunepremièreéditiondédicacéed'unromandeCormacMcCarthy.
—Tuasl'airtendue,fitremarquerGabe,interrompantsarêverie.Jenevaispastemordre,tu
sais.Pasencore,dumoins.
Ellehaussalessourcils,etilluifitsignedes'asseoir.Ilallamêmejusqu'àreculerunedes
chaisesfaisantfaceàsonbureauetàplacerunemaindansledosdeMiatandisqu'elles'installait.
Ellefrissonnasouslachaleurdesapaume.Ilnesemblaitpaspresséderomprelecontact.
Aucontraire,ilfitglissersesdoigtslelongdesonépauletoutens'éloignantpourrejoindresa
place.Illadévisageaintensément,sibienqu'ellesentitlefeuluimonterpeuàpeuauxjoues.Ilnese
contentaitpasdelacontempler,illadévoraitduregard.
—Tuvoulaismevoir,risqua-t-elled'unepetitevoix.
—Jevoudraisfairebienplusquetevoir,Mia,rétorqua-t-ilavecunsourireencoin.Sije
voulaissimplementtevoir,j'auraispasséplusdetempsentacompagniehiersoir.
Lajeunefemmepoussaunsoupirtremblant,puiselleoubliacarrémentderespireretsepassala
languesurleslèvres,nerveuse.
—Pitié,Mia,nefaispasça...
—Quoi?demanda-t-elle,lesyeuxécarquillés.Gabeprituneprofondeinspirationetcrispales
poingssursonbureauavantdesoufflerlentement.
—Jeveuxquetuviennestravaillerpourmoi.
Miaavaitlonguementessayédes'imaginercequ'ilpourraitbiendire,maisellenes'était
certainementpaspréparéeàça.Elleletoisa,bouchebée,letempsdesefaireàl'idéequ'ilvenaitde
luiproposerunemploi.Elleavaitvraimentfaillipasserpourlareinedestruffes.Elleserrales
mâchoiresafindemasquersonhumiliation.
—J'aidéjàdutravail,ettulesaistrèsbien.
Gabebalayacetteobjectiond'ungesteimpatient.
—Untravailquinefaithonneurniàtesqualitésniàtesétudes,ettulesaistrèsbien,riposta-t-
il,reprenantsesmots.
—Jenecomptepasypassermavie,sedéfendit-elle,maisilsonttoujoursétésuperavecmoiet
ilsontbesoind'uncoupdemainpourl'instant.Jeleuraipromisquejeresteraisletempsqu'ils
trouventquelqu'und'autre.
—Etçafaitcombiendemoisqu'ilstedisentça,Mia?demanda-t-ilavecuncoupd'œil
courroucé.
Ellerougitetbaissabrièvementlesyeux.
—Tuméritesmieuxquedetenirlacaissedansunepâtisserie,Mia.Jacen'apasfinancétes
étudespourquetupassestesjournéesàfourguerdesdonuts.
—Jetel'aidit,c'esttemporaire!
—Jesuisravidel'entendre.Riennet'empêchedoncdedémissionneretdevenirtravaillerpour
moi,conclut-ilensecalantdanssonfauteuil,sansjamaislaquitterduregard.
—Etenquoiconsisteraitmonposte,exactement?
—Tuseraismonassistantepersonnelle.
Lafaçondontilformulacettephraseetlapausequ'ilmarquaavantlemot«personnelle»firent
frissonnerMia.
—Tun'aspasd'assistante,tudétestesça,contrat-elled'untonaccusateur.
—C'estvraiquetuseraislapremièredepuislongtemps,maisjenedoutepasquetufassesune
employéemodèle.
Songeuse,Miapritletempsd'examinersoigneusementlevisagedeGabeetsonexpression
intense.
—Pourquoi?l'interrogea-t-elleenfin.Qu'est-cequetuveuxexactement,Gabe?D'ailleurs,
pendantquetuyes,explique-moicequis'estpasséhiersoirparceque,franchement,jen'airien
compris.
Ilesquissaunlentsourire,d'unedélicieusearrogance.
—Ah,monchatonadoncdesgriffes.
«Monchaton»?Laportéedecepossessifn'échappapasàlajeunefemme.
—Netemoquepasdemoi,Gabe.Dis-moicequisetrame.Pourquoiest-cequetuveuxqueje
travaillepourtoi?
Ilpinçaleslèvrespuissoupira.
—Parcequejeteveux,toi,Mia,lança-t-ilenfin,lacouvantduregard.
Unsilencesuffocants'abattitsurlapièce,etMian'entenditplusrienquelesangquiluibattait
lestempes.
—Je...jenecomprendspas.
Gabesouritalors,d'unsouriredeprédateurquicaressalajeunefemmecommelaplusdouce
dessoies.
—Moi,jecroisquesi,souffla-t-il.
L'estomacdeMiafitunbond,etunearméedepapillonsenvahitsapoitrine,luichatouillantla
gorge.C'étaittoutsimplementirréel,elledevaitnagerenpleinrêve.
—Impossible.Cequetusuggères.Sijetravaillepourtoi,onnepeutpas.
—Ahbon?Onnepeutpas?reprit-ilsuruntonmoqueurtoutenfaisantpivotersonfauteuilpour
étendreseslonguesjambesd'ungestenonchalant.C'esttoutl'intérêtdelachose,aucontraire,tu
seraisàmescôtésàchaqueinstantetdisponiblequandjevoudrais...etcommejevoudrais.
Miasentitsoncorpss'embraser,elles'agitasursachaise,lesmainsjointes.
—Toutçamedépasse,avoua-t-elle.
C'étaitsansdoutelarépliquelapluspitoyablequisoit,maissoncerveausemblaittournerà
vide.
Soncœurbattaitsifortqu'elleavaitl'impressionqu'ilallaitjaillirdesapoitrine.Lemessage
qu'elleavaitludanslesyeuxsombresdeGabeétaitcomplexeetprofond.Ellesesentaittraquée,
presquecommeuneproie.
—Approche,Mia.
Cetordre,énoncéd'unevoixdoucemaisferme,latiradubrouillardoùellesedébattait.De
nouveau,ellecroisaleregarddeGabeetretintsonsouffleencomprenantqu'ilattendaitqu'elle
vienneàlui.
Elleseleva,lesjambesencoton,etfrottasespaumessursonjeanpoursedonnerde
l'assurance.Puisellefitunpremierpas,etundeuxième,jusqu'àfaireletourdubureauetàrejoindre
Gabe,installédanssonfauteuildeministre.
Iltenditlamainet,sitôtqu'elleyglissalasienne,ill'attirasursesgenoux.Elleatterritavecune
certainemaladresse,maisilseredressasursonsiègeetlacalacontresontorse.Sanslalâcher,il
enfouitunemaindanssachevelureetfitjouersesmèchesautourdesesdoigts.
—Larelationquejeteproposen'ariendetraditionnel,annonça-t-il.Jeneveuxsurtoutpasque
tut'engageslà-dedanssanssavoirexactementàquoit'attendre.
—Commec'estnobledetapart,railla-t-elle.
—Petiteinsolente,dit-ilenrefermantlepoingsursescheveuxpourtirerdoucement.
Ilrivasonregardausien,lespaupièresmi-closes,etdégagealesdoigtsdesesbouclespour
dessinerlecontourdeseslèvresduboutdel'index.
—Jeteveux,Mia.Etjeteprévienstoutdesuite,j'aipourhabituded'obtenircequejeveux.
—Donctumeveuxàlafoispourmescompétencesetpourmoi.Physiquement,jeveuxdire.
—Exactement,confirma-t-ildansunsouffle.
—Qu'est-cequetuentends,aujuste,quandtuparlesderelationtoutsauftraditionnelle?
Gabehésitaunesecondeavantderépondre,d'unevoixbrusque:
—Tum'appartiendrascorpsetâme.Tuserasmienne.
Oh!Voilàuneaffirmationquiparaissait...lourdedeconséquences.Mian'étaitpassûrede
comprendretouteslesimplicationsdecetaveu.Labouchesèche,ellecommençaàs'humecterles
lèvresmaisserepritaussitôtenpensantàlaréactionqu'avaiteueGabeàcegesteuninstantplustôt.
—Jetemontrerailavoie,poursuivit-ild'unevoixplusdouce.Jenevaispastelâchercomme
çadanslanature,tusais.Jesauraifairepreuvedepatienceletempsquetucomprennesceque
j'attendsdetoi.
—Jenesaismêmepasquoirépondre!Laissa-t-elleéchapper.
Illuicaressalajoue,puislecou.Ilsétaienttoutproches,seulsquelquescentimètresséparaient
leurslèvres.
—Jecroisquec'estlemomentdemedirecequetuéprouvespourmoi,l'encourageaGabe.Est-
cequetumeveuxavecautantdeforcequejeteveux,toi?
Oh,monDieu!Était-cebienréel?Allait-elleoser?C'étaitsûrementçaqu'onéprouvaitquand
onsetenaitsurletoitd'ungratte-cieletqu'onsepenchaitpourregarderenbas-leventdansles
cheveux,unseulfauxpaspouvantprovoquerlachute.
Gabeapprochaencoresonvisagedusienet,prenantsoindenepastouchersabouche,lui
effleuralajoueduboutdeslèvresavantdeluipincerlelobedel'oreille.Miafrissonnadespiedsà
latêteetsentitlachairdepouleluihérisserlesbras.
—Dis-moicequejeveuxsavoir,ordonna-t-ild'unevoixsourde,sibienquesonsoufflelui
caressal'oreille.
—O…oui,bredouilla-t-elle.
—Oui,quoi?
—Moiaussi,jeteveux,admit-elle,lesyeuxbaissés.
—Mia,regarde-moi.
Lasereineautoritédesavoixluialladroitaucœur.L'entendreparlerainsiluifaisaitencore
plusprendreconsciencedesaprésence,desavirilité,etcelanefaisaitqu'exacerbersondésir.
Ellerelevalatêteetvitlaflammequibrûlaitaufonddesesprunelles.Denouveau,ilplongea
lamaindanssachevelureettiralégèrementdessus.
—J'aiuncontrat,poursuivit-il,undocumentquidétaillechaqueaspectdelarelationquejete
propose.Jeveuxquetuprennesleweek-endpourlelireetquetumedonnestaréponselundi.
Miacilla,tropsurprisepourrépondreimmédiatement.Quand,enfin,elletrouvasesmots,elle
eutl'impressionquesalangueallaitrefuserdelesformuler.
—Uncontrat?Tuveuxqu'onsigneuncontrat?
—Neprendspascetairhorrifié,dit-ild'unevoixcalme.C'estuniquementpourassurerta
protection,etlamienne.
—Jenecomprendspas,souffla-t-elleensecouantlatête,incrédule.
—J'aidesgoûtshorsducommun,Mia.Desgoûtsplutôtextrêmes.Lislestermesducontratavec
beaucoupd'attention.Ensuite,tupourrasdécidersi,ouiounon,tutesensprêteàt'engagerdansle
genrederelationquej'exige.
—Tupensesvraimentcequetudis,constata-t-elle.
Gabefronçalessourcils.Ilseredressaet,serrantd'unbrasfermelatailledeMiapour
l'empêcherdeglisser,ilsepenchaenavantetouvritundestiroirsdesonbureau,d'oùilsortitun
documentconstituédeplusieurspagesagrafées.
—Lis-le,dit-ilenleposantsurlesgenouxdelajeunefemme.Prendstontemps,histoiredebien
comprendrelesimplications.Jevoudraisconnaîtretaréponselundimatin.Situasdesquestionsou
quetuasbesoindeprécisions,onpourraendiscuteràcemoment-là.
—C'esttout?demanda-t-elle,toujoursprofondémentperplexe.Jerentrechezmoi,jeliston
contrat,etonserevoitlundipourfinaliserlestermesdenotrerelation?
Gabeserraleslèvresmaisacquiesça.
—Sionveut,oui,maistudonnesàtoutçauneallurebienplusimpersonnellequeçanel'esten
réalité.
—Onnefaitpasplusimpersonnelquecequetumeproposes!protesta-t-elle.Tunégociesça
commes'ils'agissaitd'undeteshôtels!
—Non,Mia,iln'estpasquestiondenégocier,corrigea-t-ild'unevoixdouce.Nel'oubliepas.
Tulislecontratettuchoisisdelesigneroupas.Mais,situsignes,tut'engagesàrespecterlestermes
quiyfigurent.
Miapassalesdoigtssurledocument,puisl'attrapaet,avecuneprofondeinspiration,seleva
desgenouxdeGabe.Sesjambesfaiblirent,etelledutposerlamainsurlebureaupouravancer.
—Tuesvenuecomment?demandaGabe.
—Entaxi,répondit-elledansunmurmure.
Aussitôt,ildécrochasontéléphone.
—Jevaisdemanderàmonchauffeurdeteraccompagnercheztoi.Ilviendraégalementte
chercherlundimatin.
—Tuestellementsûrdetoi,etdemoi.murmura-t-elle.
Ilposaunemainsurlecombinéetplongeasonregarddansceluidelajeunefemme.
—Laseulechosedontjesoissûr,c'estquejet'attendsdepuisdéjàbientroplongtemps.
Chapitre4
Aulieuderentrerchezelle,oùCarolinenemanqueraitpasdeluisauterdessuspourlui
réclameruncompte-rendudétaillé,Miademandaauchauffeurdeladéposeraucoindela83eRue,
toutprèsdeLaPâtisserie.Ilyavaitlàunpetitparcoùellesavait,àcetteheure,qu'ellenecroiserait
quequelquesenfantsaccompagnésdeleurnounou.
Elleresserrasaprisesursonsac-etsurlecontratqu'ilcontenait-etsedirigeaverslebancle
pluséloignédel'airedejeux,àl'abridesregards.
Elledevaitprendresonserviceàmidimaissoupçonnaitdéjàqu'illuifaudraitunmomentpour
digérercequ'elles'apprêtaitàlire.LarequêteimpérieusedeGabeluidemandantdevenirtravailler
pourluirésonnaitencoreàsesoreilles.
Certes,ellen'avaitjamaisconsidérésonemploiactuelcommequelquechosedepermanent,
maiselleaimaitbienlecoupleâgéquitenaitlapâtisserie.Elleavaitbeaucoupfréquentéleurpetit
salondethé,etilsavaientfiniparétablirunerelationpresqueaffectueuse.LestâchesqueMia
exécutaitpoursesemployeursnejustifiaienteffectivementpaslessommesqueJaceavaitinvesties
danssesétudes,maisunjour,suruncoupdetête,elleavaitdemandéauxpropriétairesdelaboutique
s'ilsavaientbesoind'uncoupdemain.Cepetitboulotluiavaitoffertunrépit,letempsdedécider
quoifairedesonavenir,etelleappréciaitlefaitdenepasvivreentièrementauxcrochetsdeJace.Il
s'étaitsuffisammentoccupéd'ellependantsonadolescence,ellenevoulaitplusqu'ilaitàs'inquiéter
desonsort.
Mias'assitsurlebancetjetauncoupd'œilàlarondepours'assurerquepersonnenerisquaitde
voircequ'elles'apprêtaitàlire,puisellesortitlecontratdesonsac.
Lajeunefemmeécarquillalesyeuxaufildesphrases,pourtantellecontinua,tournantlespages
d'ungesteautomatique,partagéeentrel'incrédulitélaplustotaleetuneétrangecuriosité.
Gaben'avaitpasmentiquandilavaitannoncéqu'elleluiappartiendraitcorpsetâme.Sielle
signaitlecontratets'engageaitdanscetterelation,elleluicédaittoutpouvoirsursapersonne.
Ilétaitbienpréciséqu'elledevaitseteniràladispositiondeGabeàtouteheuredujouretdela
nuit,enplusdel'accompagnerdanssesdéplacements.Bref,illavoulaitsanscesseàportéedemain.
IlappartenaitàGabededéterminerseshorairesdetravailet,àl'intérieurdeceshoraires,Miadevait
sedévouerentièrementàlui.
Oh,monDieu!Ledocumentspécifiaitmêmelesmodalitésdeleurviesexuelle.
Lesjouesenfeu,Miarelevabrièvementlesyeux.Ellecraignaitqu'envoyantsonexpressiontout
lemondenedevinelateneurdesespensées.Surtout,ellenevoulaitpasquequiquecesoit
s'approcheassezpourdistinguerlesmotsimpriméssurlapage.
Ensignantcedocument,ellelaisseraitGabedéciderseuldecequisepasseraitentreeux,etpas
seulementaulit.Miadevraitseplieraumoindredesesordres.
Cequiladérangeaitleplus,c'étaitlefaitque,pourdétailléquesoitcecontrat,ilnecontenait
aucunedescriptionprécisepuisqu'ilimpliquaitque,detoutefaçon,elleferaittoutcequeGabe
voudrait,quandetcommentillevoudrait.
Enéchange,ilgarantissaitquelemoindredesesbesoins-physiqueoufinancier-serait
satisfait.Enrevanche,iln'étaitnullementfaitmentiondebesoinsémotionnels.Cen'étaitpaslegenre
deGabe.Mialeconnaissaitsuffisammentpoursavoirqu'iln'accordaitplusaucuneconfianceàla
gentféminine.Lecontratpromettaitdusexeetunequasi-relation,maisn'envisageaitpaslamoindre
intimitéentreeux.Nilemoindresentiment,d'ailleurs.
GabeseréservaitledroitderompreleuraccordaumoindreécartdelapartdeMia.La
formulationressemblaitfortàuneclausedelicenciementpourfauteprofessionnelle.Aprèstout,il
s'agissaitd'uneoffred'emploi-avecunedoublecasquette.Miaseraitàlafoisl'assistantedeGabeet
samaîtresse.Sonjouetsexuel.
Sachose.
Lepostequ'illuiproposaitétaitenréalitéunecouverture,unprétextepourlagarderprèsdelui
enpermanence.Ilvoulaitqu'ellesoitconstammentdisponible,aubureaucommeendéplacement.
Saufqu'ildépassaitmêmelecadreprofessionneletexigeaitdecontrôlerégalementletempsqu'elle
passaitloindelui.
Elleatteignitladernièrepageetfronçalessourcils.Ilétaitbiengentildeluilaisserleweek-end
pourliresoncontratetden'exigeruneréponsequepourlundimatin,maisaucunedesclausesnelui
disaitenquoiconsisteraitsonquotidienunefoislepapiersigné.Lestermesrestaienttrèsvagues.
Àquoitoutcelarimait-il?Qu'attendait-ild'elle,aujuste?
Est-cequ'ilcomptaitl'attacheràsonbureaupourlabaisertouteslesdemi-heures?Devrait-elle
luitaillerunepipechaquefoisqu'ilpasseraituncoupdetéléphoneunpeulong?Ellen'avaittrouvé
qu'uneseuleréférenceunpeupréciseconcernantlesexe.Ils'agissaitd'uneclausestipulantqueGabe
seréservaitledroitdes'aventurersurleterraindubondageetduSMsiçaluichantait.
Mian'osaitmêmepasimaginercequeçapouvaitimpliquer.
Ellen'étaitpastotalementniaise,elleavaiteuplusieursamants,dontcertainesrelations
durables.Enrevanche,ellen'avaitjamaisrienfaitdetrèsaventureux,toutsimplementparcequ'elle
n'enavaitpasressentilebesoin.
Toutçaluisemblaittrèslicencieux-etvaguementrisible,étantdonnéquelesclausesétaient
formuléesentermesfortsérieuxdansuncontratparlequelellerenonceraitàtouteautoritésurson
proprecorps.
Tandisqu'elleapprochaitdelafindudocument,Miasentitlamoutardeluimonteraunez.
Unparagrapherappelaitqu'elledevaits'assurerdebiencomprendrelanaturedeleur
arrangementetqu'ensignantelles'engageaitànepascalomnierGabeausujetdeleurrelation
lorsqu'elles'adresseraitàunetiercepersonneouauxmédias.
Hein?!Lesmédias?Commesielleallaitsepointersurleplateaude«GoodMorning,
America»etraconteraumondequ'elleétaitlapetitedouceurcoquinedeGabeHamilton!
Puisellepassaauparagraphesuivantetouvritdesyeuxrondscommedessoucoupes.
LemédecindeGabeluifourniraitunrapportsurlasantédecelui-ci,enéchangeduquelelle
prendraitrendez-vouspouruncheck-upcomplet.Ainsi,lesdeuxintéressésseraientassurésdela
bonnesantédeleurpartenaire.Parailleurs,ilattendaitd'ellequ'elleprennelapilule,l'utilisationde
préservatifsétantlimitéeàdesrapportsavecuneautrepersonnequeGabe.
Mialaissaretomberlecontratsursesgenoux,bouchebée.C'estquoi,cedélire?Gabe
comptait-illuiimposerd'autresamants?
Cettehypothèse-ettoutcequ'elleimpliquait-luidonnalevertige.
Ellen'avaitpastortquandellesedemandaitsielleseraitcapabledetenirunhommecomme
Gabe.Ilnejouaitdécidémentpasdanslamêmecatégoriequ'elle.Soncontratl'avaittellementprise
audépourvuquecen'étaitmêmeplusdrôle.
Enrepensantaumomentoùilluiavaitpromisqu'ilseraitpatientetluimontreraitlavoie,elle
faillitéclaterderire.Elleallaitavoirbesoind'unesacréevisiteguidée,eneffet!Ellecomptaitdéjà
fairechaufferGoogleàpeinerentréeàlamaison,ilfallaitabsolumentqu'elleserenseignesurles
réjouissancesquesemblaitluipromettrececontrat.
D'unemaintremblante,ellerepritledocumentetterminadelelire.C'étaitdelafoliepure.Mais
lepire,c'étaitqu'ellenel'avaitpasencoredéchiréavantd'appelerGabepourluisignifieroùil
pouvaitselefourrer.
Envisageait-elleréellementdesignerça?
Sesémotionsoscillaiententre«Putaindemerde»et«Oh,monDieu!»maisunepartied'elle
avaitenviededécouvrirtoutel'étenduedesvicesdeGabe.Àenjugerparcequ'elleavaitsousles
yeux,ilsesituaitbienloindesnormesconventionnelles.
Mian'avaitquedetrèsvaguessouvenirsdudivorcedeGabeetdeLisa-elleétaitencoretrop
jeunepourbiencomprendre,àl'époque.Ellesavaitquecelaavaitétéunepériodetrèséprouvante
pourGabeetqu'ilenétaitrestémarqué,maisàprésentellesedemandaitsileurmariageavaitété
fondésurlemodèlequedécrivaitlecontrat.Gabes'était-ilfaitprendreàsonproprejeu?Lesgens
normauxnesedonnaientpasautantdemalpourrégleretcontrôlerleursrelations.
Cetteréflexionl'amenaàseposerlaquestiondesautresfemmesqueGabeavaitconnuesdepuis.
Ellen'avaitjamaisrencontréaucuned'ellesmaisavaitentenduJaceetAshenmentionnerquelques-
unes.Pourqu'ilaituncontrattoutprêtsouslamain,çanedevaitpasêtrelapremièrefois.Ildevait
ensortirunecopieàchaquenouvelleconquête.
Cetteidéeluilaissaungoûtamerdanslabouche.Ellenes'attendaitpasàjouird'unstatut
privilégiéparrapportàtoutescellesquil'avaientprécédée,mais,toutdemême,elleauraitbienaimé
avoirl'impressiond'êtreunpeuspéciale,unpeuoriginale.Pasbalancéedanslemêmepanierque
touteslesfemmesaveclesquellesGabeavaitcouché.
Celadit,elleappréciaitlafranchisedontilavaitfaitpreuve.Aumoins,ilneluiavaitpas
racontédesalades,etellesavaitexactementàquois'entenir.Ilvoulaitqu'elleselancedanscette
aventurelesyeuxgrandsouverts,etencelac'étaitréussi,aprèsavoirlucesquelquespages,elle
avaitbienpeurqu'ilsnerestentperpétuellementécarquillés.
Elleconsultasamontre.Ilétaittempsqu'elleseremetteenroutesiellevoulaitarriveravecun
peud'avance.EllereplialecontratetlerangeadanssonsacavantdesedirigerversLaPâtisserie.
Toutenmarchant,ellesortitsontéléphoneet,sanssurprise,trouvacinqousixmessagesde
Caroline,quivoulaitsavoircomments'étaitpasséesonentrevueavecGabeetquilamenaçaitde
mortsiellenecrachaitpaslemorceautrèsvite.
Mianevoyaitpasbiencommentrépondreàsameilleureamie.Luienvoyeruntextodisant:«
Gabeveutfairedemoisachose»neluiparaissaitpastrèsindiqué,mêmesicelaferaitsansdoute
sonpetiteffet.
EtsiJacel'apprenait?Oh,lagalère...
Miasemorditlalèvre.Sonfrèreallaitposerunvraiproblème.Ilallaitcarrémentdevenirfou
s'ilapprenaitcequisetramait.Gabeavaitsûrementanticipélachose,non?
Ilétaitabsolumenthorsdequestionqu'elleparledecettehistoireàJace.C'étaituncoupàles
brouilleràtoutjamaisetàmettreenpérilleurentreprise.Sanscompterqu'ilnecomprendrait
sûrementpasquellemoucheavaitpiquésapetitesœur,cequirisquaitdeleséloigner,euxaussi.
Ellecompritsoudainqu'elleenvisageaitsérieusementdesigner,puisqu'elleétaitentrain
d'évaluerlesobstaclespotentiels.Avait-elleperdulatête?
Elleauraitdûs'empresserdefuircettesituationimpossible,pourtant.
EllearrivaàLaPâtisseriedixminutesavantsonservice.Laclochedelaportetintaderrière
elle,familièreetrassurante,etMiasaluad'unsourireGregetLouisa,sesemployeurs.
—Bonjour,Mia!lançaLouisa,postéederrièrelecomptoir.
Avecunpetitsignedelamain,lajeunefemmepassaàl'arrièrepourenfilersontablieretson
béret.Elleavaittoujoursunpeuhontedeporterunetenuepareille,maisGregetLouisainsistaient
pourquetouslesemployésenaientune.
Lorsqu'elleressortit,Louisal'appelaprèsd'elle.
—Jetienslacaisse,aujourd'hui.Gregvaêtrebienoccupéencuisine,onaunegrossecommande
pourcesoir.Çanet'ennuiepasdeservirlesclientsdusalondethé?
—Non,pasdutout,réponditMia.
L'endroitétaitjusteassezgrandpourcontenircinqtables.C'étaitavanttoutuneboulangerie-
pâtisseriequi,outrelesdélicieusescréationsdeGreg,proposaitthéetcaféàemporter.Maiscertains
deleurshabituésaimaientbienseposertranquillementletempsd'unpetitbreak.Ilyavaitégalement
quatretablessurletrottoir,maisceuxquivoulaients'yasseoirdevaientvenircommanderau
comptoir,doncMian'avaitpasàs'enpréoccuper.
—Tuasmangé?demandaLouisa.
Miasourit.Louisaavaittoujourspeurqu'ellenes'alimentepascorrectementouqu'ellesautedes
repas.Ellepassaitsontempsàessayerdel'engraisser.
—J'aiprisunbonpetitdéjeuner.J'emporteraiunpetitquelquechoseaprèsmonservice.
—D'accord.Tun'aurasqu'àgoûterlenouveausandwichdeGreg.Ilcompteleproposerà
quelqueshabitués,histoiredeletesteravantdel'ajouteraumenu.
Miaacquiesça,puissedirigeaversunedestables,oùuncouplevenaitdes'installer.
Pendantl'heurequisuivit,ellefuttropoccupéeparlesclientsvenusdéjeunerpourvraiment
penseràGabe.Pourtant,ilsemblaitmonopolisersoncerveau,elles'embrouillaàdeuxreprisesdans
sescommandes,chosequineluiarrivaitjamaisd'habitude.
Louisaleremarquaetluijetaquelquescoupsd'œilinquiets,maisMiaseconcentrasursatâche,
nevoulantpascauserdesouciàlavieilledame-ouluilaisserletempsdeluidemandercequi
n'allaitpas.
À14heures,leflotcontinududéjeunersetarit,etlaboutiquesevidapeuàpeu.Miaallait
s'accorderunepauseetuncafébienméritéslorsqueGabeentra.
Elletrébuchaetfaillits'étalerparterre,maisillarattrapaaussitôt.Mêmeaprèsqu'elleeut
retrouvél'équilibre,ilgardalesdeuxmainsposéesfermementsursesbras.Lesjouesenfeu,elle
s'assuraquepersonnen'avaitététémoindesamaladresse.
—Çava?demandaGabedoucement.
—Oui,dit-elleauprixd'ungroseffort.Qu'est-cequetufaisici?
—Jesuisvenutevoir,répondit-ilavecunpetitsourireencoin,lespaupièresmi-closes.Quelle
autreraisonpourraitbienm'amenerici?
—Jenesaispas:lecafé?Ilestsuperbon.
Sansluilâcherlebras,ilsedirigeaverslatablelaplusreculée.
—Gabe,j'aidutravail,protesta-t-elle.
—Tun'asqu'àprendremacommande,rétorqua-t-ilens'asseyant.
—Commesic'étaittongenredevenirdéjeunerici!S’esclaffa-t-elle,exaspérée.
—Tumetraitesdesnob,là?S’enquit-ilenhaussantunsourcil.
—Non,j'énonceunfaitétabli,c'esttout.
Gabesaisitunmenuets'yplongeauninstantavantdereleverlesyeuxverselle.
—Uncaféetuncroissant,s'ilvousplaît,mademoiselle.
Mias'éloignaensecouantlatête.Heureusement,Louisaétaitencuisineetnel'avaitpasvuese
ridiculiserdevantGabe.Ellen'avaitaucuneenviededevoirluiexpliquerquiilétait.
ElledutattendrequesesmainsarrêtentdetremblerpourpréparerlacommandedeGabe.Puis
elleemportalatasseetl'assiettecontenantlecroissant,etlesdéposadevantlui.D'ungestevif,illui
saisitlepoignetavantqu'elleaitpufairedemi-tour.
—Assieds-toiuneminute,Mia.Iln'yaquemoidanslaboutique.
—Jenepeuxpasm'asseoircommeça,Gabe.Jetravaillelà,jetesignale.
—Quoi?Tun'aspasledroitdesoufflercinqminutesdetempsentemps?
Ellen'allaitcertainementpasluiavouerqu'elleétaitjustementsurlepointdefaireunepause
quandilétaitentré.Leconnaissant,ilétaitbiencapabled'avoirattenduquelesalondethésevide
pourlacoinceràunmomentoùelleseraitseule.
Ellepoussaunsoupirrésignéets'assitavantdelefusillerduregard.
—Qu'est-cequetufaisici,Gabe?Tum'asditquej'avaisjusqu'àlundipourmedécider.
—Jesuisvenuévaluerlaconcurrence,déclara-t-ilavantdepromenerunregardpresque
insolentautourdelui.C'estvraimentcequetuveux,Mia?C'esticiquetuasenviedepassertes
journées?
Ellejetauncoupd'œilnerveuxpar-dessussonépaulepours'assurerqueGregetLouisaétaient
toujoursencuisine.PuisellereportasonattentionsurGabe,lesgenouxtremblantssouslatable.
—Ilesttrèscomplet,ce...cecontrat,souffla-t-elleenbaissantlesyeux,malàl'aise.Ça
demandepasmalderéflexion.
Quandelleserisquaàreleverlatête,ellesurpritsurlevisagedeGabeuneexpressionde
satisfactionabsolue.
—Cequiveutdirequetul'asdéjàlu.
—Jel'aifeuilletéenvitesse,mentit-elleenaffectantuntonblasé,commesiellerecevait
quotidiennementdesoffresdecegenre.Jem'yplongeraiplusendétailcesoir.
—Trèsbien.Jeveuxquetusoissûredetonchoix.
Iltenditlebrasetluicaressalepoignetduboutdesdoigts.Cesimplecontact,pourtantsiléger,
suffitàluidonnerlefrisson.
—Démissionne,Mia,chuchota-t-iltoutbas.Cetendroitnetecorrespondpas,ettulesaistrès
bien.Jepeuxt'offrirdesperspectivesbienplusalléchantes.
—Alléchantespourtoioupourmoi?rétorqua-t-elleenrelevantlementon.
Cetterepartielefitsourire,etMiacrutqu'elleallaitfondre.
—Onytrouveranotreintérêt,l'unetl'autre.
—JenepeuxpaslaisserGregetLouisaenplan.Ceneseraitpascorrectdemapart.
—Pasdeproblème.Jepeuxleurtrouverunintérimaireletempsqu'ilsrecrutentquelqu'un.Ilya
pleindegensquicherchentdutravail,Mia.SilesMillern'ontjamaischerchéàteremplacer,c'est
parcequ'ilsn'ontpasenviequetupartes.Tantqueturestes,ilssontcontentsdetegarder.
Aprèsuneseconded'hésitation,Miasepassaunemaindanslescheveuxetsoupira:
—Jevaisyréfléchir.
Denouveau,Gabeluidécochaunsourirechaleureuxquiilluminasonregard.Avantqu'elleait
puréagir,ilsepenchapar-dessuslatableet,luirelevantlementond'undoigt,l'embrassaavec
fougue.Mian'eutmêmepaslaforcederésister.Elles'abandonnaàcebaiser,s'avançantàla
rencontredeseslèvresbrûlantes.
Ilfitjouersalanguecontrelasienne,puisluiléchadoucementlalèvreinférieureavantdela
mordiller.
—Réfléchisbien,Mia,murmura-t-il.J'attendstadécision.
Puisilserelevaetsortitdelapâtisseriepourrejoindresavoiture,garéejustedevant.
Miasemitdeboutàsontouretlesuivitduregardaussilongtempsqu'elleleput.Elleportaune
mainàseslèvres,gonfléesdedésiraprèscebrefbaiser.EllesentaitencoreleparfumdeGabe,la
chaleurdesesdoigtssursapeau.
Ilfallutl'arrivéed'unclientetletintementdelaclochepourlatirerdesarêverie.Louisasortit
delacuisineets'occupadunouveauvenutandisqueMiadébarrassaitlatabledeGabe.Ilavaitbu
unegorgéedecafé,maislecroissantétaitintact.
Ilétaitpresquetempspourelledepartir.Ellenetravaillaitquequelquesheuresparjour,en
généralautourdudéjeuneret,parfois,lesmatinéesduweek-endsilesMilleravaientbeaucoupde
commandes.
Elleallarangersontablieretsonbéretd'unpaslent,l'espritenébullition.Gregapportaitla
dernièretoucheàungâteau,etLouisas'empressaderevenirl'aider.Deboutdansl'encadrementdela
porte,Mialesobservaunmomentensilence.PuisGregremarquasaprésence.
—Toutvabien,Mia?
Elleprituneprofondeinspirationavantdeselancer.
—J'aiquelquechoseàvousannoncer.
Chapitre5
—Sérieux?!Tuascarrémentdémissionné?demandaCaroline.
Miaacquiesçaavantdereportersonattentionsurl'eauquifrémissaitdanslacasserole.Elley
ajoutadusel,puislesspaghettis.
—Dis-m‘enplus!Qu'est-cequit'adécidée?Jecommençaisàcroirequetuenvisageaisune
carrièredechefpâtissier,tusais.
—Arrête,oncroiraitentendreGabe,marmonnaMia.
—C'estàcausedelui,c'estça?repritCarolineenplissantlesyeux.Allez,copine,crachele
morceau!Tunem'astoujourspasracontévotrerendez-vousdecematin.Jevaisdevenirdingue,moi
!
Miahésitauninstant,puispinçafermementleslèvres.Ellenepouvaitpasparlerducontratà
Caroline,cequil'empêchaitd'évoquersarencontreavecGabe,purementetsimplement.Sielle
choisissaitdejouerlejeu-etellel'envisageaitsérieusement-,ceseraitdanslaplusstricteintimité.
EllenevoulaitpasquelesdétailsdesarelationavecGabesesachent,mêmes'ils'agissaitlàdesa
meilleureamie.
Ilfallaitpourtantbienqu'elleluidisequelquechose.
—Ilm'aproposédetravaillerpourlui,avoua-t-elle.
—Quoi?fitCaroline,lesyeuxécarquillés.Attends,là.Ilt'aembrasséepuist'amenacéedete
croquertoutecruesurlaterrassedesonhôtel,toutçaparcequ'ilveutquetubossesaveclui?
Miaserendaitbiencomptequecetteexplicationnetenaitpaslaroute,maisellenepouvaitse
résoudreàparlerducontrat.
—Jenesaispascequeçaimpliqueexactement,maisilveutquejesoissonassistante
personnelle,pourl'instant.IlpensequejeperdsmontempsàLaPâtisserie.
CarolineservitdeuxverresdevinetenfitglisserunendirectiondeMia,quiremuaitlasauce
despâtes.
—Iln'apastort,tusais,lança-t-elle.Tun'aspasétudiélalittératurependanttoutescesannées
pourservirducaféetdescroissants.Celadit,«assistantepersonnelle»,çamedonnel'impression
qu'ils'intéressesurtoutàtapersonne,situvoiscequejeveuxdire.
Miasegardabienderelevercettepique.
—J'imagineque,situasdémissionné,c'estpouracceptersonoffre,non?InsistaCaroline.
—Jenesuispasencoresûreàcentpourcent,soupiraMia.J'aijusqu'àlundipourluidonnerma
réponse.
—Situveuxmonavis,lechoixestsimple,commentaCaroline.Ilestriche,ilestbeaucomme
undieuetilaenviedetoi.Quedemanderdeplus?
—Tuesincorrigible!s'écriaMia.L'argentnefaitpastout,tusais.
—Facileàdirequandtongrandfrèreaunportefeuillebiendoduettepaietoutcequetuveux.
MianepouvaitnierquelafortunedeJaceégalaitcelledeGabeniqu'ilveillaitàsonconfort.
C'étaitluiquiavaitachetécetappartementpourelle,etçalefaisaitenragerqu'elleserendeàpiedau
travaillaplupartdutemps.Elleauraittrèsbienpusepasserdepartagerleslieux,maisCaroline
cherchaitàselogerquandMiaavaitemménagélà,etelleappréciaitlacompagniedesameilleure
amie.Pourtant,elleessayaitdenepastropcomptersurJace.Ellenemenaitpasuntraindevie
extravagant,aucontraire.Elleavaitapprisàsecontenterdesesmaigresrevenus.
—Jecroissurtoutquejesuiscurieuse,finit-elleparadmettre.Gabemefascinedepuisqueje
suisado.J'aitoujourseuunpetitfaiblepourlui.
—Lacuriositéestuneexcellenteraisondesortiravecunmec.Commentveux-tusavoirsivous
êtescompatiblesàmoinsdefairelegrandsaut?
«Fairelegrandsaut»,l'expressionluiparutétonnammentappropriée.Saufque,danssoncas,il
s'agissaitcarrémentdesejeterduhautd'unefalaise.Miaeutl'enviesoudainederessortirlecontrat
pourleconsulterunefoisdeplus,maisellenepouvaitselepermettredevantCaroline.Elleallait
devoirpatienter.
Elleenroulaunspaghettiautourdesafourchetteetenmorditl'extrémitépourtesterlacuisson.
—C'estprêt!Tusorslesassiettespendantquej'égoutte?
—Çamarche.Jevaismêmenousresservirduvin,tiens.Çasentbon!J'aimeraistellement
cuisineraussibienquetoi.Riendetelpoursemettreunmecdanslapoche.
Miaéclataderire.
—Commesituavaisbesoind'aideenlamatière,Caro!
Mian'exagéraitpas,sonamieétaittoutsimplementsuperbe.Unpeuplusgrandequ'elle,elle
étaitdotéed'unesilhouettegracieuseettouteencourbesquiattiraitleshommescommedesmouches.
Elleavaitlescheveuxd'unchâtainprofondquiseteintaitd'éclatsauburnàlalumièredusoleil,etdes
yeuxnoisetteperpétuellementrieurs.Outresabeauté,sapersonnalitéchaleureuseenfaisaitquelqu'un
detoutsimplementadorable.
—Ouais,leproblème,c'estdetrouverlebon,soupira-t-elle.
Aussitôt,Miasemorditlalèvre,regrettantsaremarque.Carolinen'avaitpasbesoind'aide
quandils'agissaitd'attirerleshommes,maisledernierendates'étaitrévélépeurecommandable.
Histoiredesefairepardonnersonfauxpas,Mialevasonverreetsourit.
—Tuasraison,buvonsàcessagesparoles!
*
LetéléphonedeGabesonna,maisilcontinuadetaperlemémorandumsurlequeliltravaillait.Il
étaittroptardpourqu'onl'appelleaubureau,detoutefaçon.Iln'avaitpasàrépondre.
Pourtant,aprèsunbrefsilence,cefutsonportablequisemitàvibrer.Gabeconsultalenuméro
affichéethésitaavantdedécrocheravecunsoupir.Ilredoutaitdéjàcetteconversation,pourtantilne
putserésoudreàfairelasourdeoreille.
—Allô?
—Ah,Gabe!J'aiessayétonbureau,tutravaillestellementtard,cesdernierstemps.Quandest-
cequetuvasprendredesvacances,hein?
Ildevaitbienadmettrequel'idéeétaitséduisante-surtouts'ilemmenaitMiaaveclui.Quelques
jourstouslesdeux,letempsdel'initiertranquillementàsesjeux...Hum,ilfallaitvraimentqu'ily
réfléchisse.
—Bonsoir,maman.Commentçava?
Ilauraitdûseméfierdecettequestion-piège.Contrairementaurestedelapopulation,samère
répondaitsincèrementaulieudesecontenterd'un«bien»poliquiarrangeaittoutlemonde.
—Tunecroirasjamaiscequ'ilafait!lança-t-elle.Ilprendunmalinplaisiràseridiculiser,et
moiavec!
Gabesoupira.Sonpèreavaitquittésamèrealorsqu'ilsapprochaientdeleursquaranteansde
mariageet,aprèsluiavoirfaitenvoyerlespapierspourledivorce,avaitcommencéàenchaînerles
conquêtes-unesuccessionrapidedemodèlestoujoursplusjeunes.Évidemment,lamèredeGabene
levivaitpasbiendutout,et,malheureusementpourlui,ilfaisaitofficedeconfident.
Ilavaitbeauaimersonpère,cederniers'étaitvraimentcomportécommeunsalaud.Gabene
comprenaitpasqu'onpuissepassertantd'annéesavecquelqu'unpourseréveillerunbeaujouret
mettrelesvoiles,justecommeça.
Lui-mêmedoutaitqu'ilseraitalléjusqu'àdemanderledivorceàLisa.Etpuisc'étaitellequi
avaitprisladécisiondepartir.Ilavaitsansdouteeutortdes'enferrerdansunerelationoùne
subsistaitplusniamournimêmeuneréelleaffection,maisilavaitpréféréépargneràsonépouse
l'humiliationetladouleurd'uneséparation.Lisa,enrevanche,n'avaiteuaucunscrupule.Ilneluien
voulaitpasd'avoirdivorcé.Aveclerecul,ilsedisaitqu'ilauraitdûagiravantquelasituation
s'envenimeàcepoint.Iln'avaitpassuvoirladétressedeLisaetleregrettait,maisilnepourrait
jamaisluipardonnerlamanièredontelles'yétaitprise.
—C'estunehonte!poursuivitsamère.Est-cequetuasvulaunedesjournaux,cematin?Il
avaitunefemmeàchaquebras,carrément!Qu'est-cequ'ilpeutbienfairededeuxfemmesàlafois?
VoilàunequestionàlaquelleGaben'allaitcertainementpasrépondre.Ilfrémitd'horreurrien
qued'imaginersonpèreentrainde...Non,impossible.
—Maman,arrêtedelirelestabloïds,dit-ild'unevoixcalme.Tusaistrèsbienqueçanesert
qu'àtefairedumal.
—Jesuissûrequ'illefaitexprès,pourmepunir!
—Pourquoiest-cequ'ilvoudraittepunir?Tuneluiasrienfait,quejesache.
—Ilveutmeprouverque,pendantquejememorfondstouteseuledansmagrandemaisonvide,
ils'éclatecommeunpetitfou.Ilveutmefairecomprendrequ'ilabeletbientournélapage,etqu'il
n'yaplusdeplacepourmoidanssoncœur.
—Jesuisvraimentdésolé,maman,murmuraGabe.Jesaisqueçafaitmal,crois-moi.Etsitu
sortaisdecheztoi,justement?Tuaspleind'amis,tut'occupesdetoutescesorganisationscaritatives,
tuesencorejeuneetsplendide.Jeconnaisplusd'unhommequiseraitheureuxd'attirertonattention.
—Non,jenesuispasprête,rétorqua-t-elleunpeusèchement.Etpuis,sipeudetempsaprèsle
divorce,jetrouveraisçairrespectueux.Cen'estpasparcequetonpèresecomportecommeun
Casanovaàlamanquequejedoism'abaisseràsonniveau.
—Tutepréoccupestropdecequepensentlesautres.Faiscequiteplaît,enfin!lança-t-il,un
peuimpatient.
Ilyeutunlongsilenceauboutdufil,puisilentenditsamèresoupirer.Ilavaitmalaucœurdela
voirsouffrircommeça.Ilessayaitdenepassemêlerdecettehistoire,maisceladevenaitdeplusen
plusdifficile.Samèrel'appelaitunjoursurdeuxpourseplaindredesdernièresfrasquesdesonpère,
tandisquecelui-cis'évertuaitàluiprésenterchacunedesesconquêtes-etGaben'avaitencore
jamaisvulamêmefemmedeuxfoisdesuite.Sonpèretentaitsansdoutedesauverleurcomplicité
parcettemanœuvremaladroite,sansserendrecomptequ'ilnefaisaitquel'abîmerdavantage.Toutce
qu'ilvoulait,enfait,c'étaitqueGabeluipardonneetaccepteseschoix.Gaben'avaitaucunmalà
pardonnersonpère,aprèstout,ilavaitledroitdechangerdeviesicelalerendaitheureux,maisilse
sentaitincapabled'accepterqu'uneautrefemmetiennelerôlequiavaitétéceluidesamèrejusque-là.
—Excuse-moi,Gabe,repritsamèredansunmurmure.J'imaginequetudoisdétestercescoups
defilsoùjepassemontempsàrâlercontretonpère.Jenedevraispas,d'ailleurs,c'esttonpère,et
cequ'ilafaitnechangerienàça.Ilt'aime,tusais.
—Net'inquiètepas,maman.Etsiondînaitensemble,ceweek-end?proposa-t-ilpourlui
changerlesidées.Jepourraist'emmenerauTribecaGrill,qu'est-cequetuenpenses?
—Maistudoisêtretrèsoccupé,objecta-t-elle.
—Jetrouveraitoujoursdutempspourtoi,maman,tulesaistrèsbien.Alors,çatedirait?
—Oui,avecplaisir,çafaitlongtempsquejen'aipasmislenezdehors,répondit-elleavecun
souriredanslavoix.
—Super.Jeviendraitechercher,d'accord?
—Oh,net'embêtepas!Jepeuxquandmêmevenirjusqu'àManhattan.
—Maisnon,çamefaitplaisir.Onauraplusdetempspourdiscuter,etjedemanderaiàmon
chauffeurdeteraccompagneraprèsdîner.
—Bon,d'accord!S’exclama-t-elle,toutejoyeuse.
CelafaisaitlongtempsqueGaben'avaitpasentenduuntelenthousiasmedanslavoixdesa
mère,etilsefélicitad'avoirréussiàlasortirdesacoquille,mêmepourunesoirée.Ilfallaitqu'elle
réapprenneàaffronterlemondepourserendrecomptequelaTerren'avaitpasarrêtédetourner
quandsonmariageavaitéchoué.Gabel'avaitlaisséetranquilleletempsqu'ellefassesondeuil,mais
lemomentétaitvenupourelled'arrêterdesecacherdanslagrandemaisonducomtédeWestchester,
désertéeparsonpère.Ilpourraitd'ailleursessayerdelaconvaincredevendrelapropriétéetde
reveniràManhattan.Elleavaitbesoindelaisserderrièreellelesdouloureuxsouvenirscontenus
entrecesmursetdeprendreunnouveaudépart.
Gabes'yconnaissait,enmatièredenouveauxdéparts.Aprèssondivorce,ilavaittraverséune
périodeoùiln'aspiraitqu'àrestertoutseuldanssoncoin.Ilcomprenaitdoncparfaitementsamère,
maisilsavaitaussiqueplustôtellereprendraituneactiviténormale,plustôtellesesortiraitdecette
mauvaisepasse.
—Jet'aime,fils,conclut-elle,lavoixtremblanted'émotion.
—Moiaussi,jet'aime,maman.Àsamedi,d'accord?
Ilraccrochapuiscontemplauninstantlecadreposéàuncoindesonbureau.C'étaitunephoto
desesparentslejourdeleurtrente-neuvièmeanniversairedemariage.Ilssemblaientrayonnants,
maisc'étaitunmensonge.Deuxsemainesplustard,àpeine,sonpèreavaitquittésamèrepoursejeter
danslesbrasd'uneautre.
Gabesecoualatêteensilence.Ilenétaitvenuàcroirequ'aucunmariagen'étaitàl'abrid'un
divorce.L'idéedesesimplifierlavieencasderuptureavaitdécidémentdubon,ainsiquecellede
seprotégerd'ungroscoupdemassuedansleportefeuille.Undivorcecoûtaitàtouslescoupsencore
pluscherqu'unmariage.
Gabeétaitplusquejamaissatisfaitdelamanièredontilgéraitsesrelationsdepuisqu'ilavait
appriscettedureleçon.Plusderisquesfinanciersouémotionnels.
Plusdeblessuresàl'ego.Plusdetrahisonpossible.
Ilbaissalesyeuxverssontéléphoneetparcourutlemenupourrevoirlaphotoqu'ilavaitprise
deMiaquelquessemainesauparavant.Ellenel'avaitmêmepasvu,etilnes'étaitpasmanifesté.
IlmarchaitsurMadisonAvenuelorsqu'elleétaitsortied'unmagasin,quelquespasdevantlui,et
ilavaitreçuuncoupaucœurenlavoyantlà,deboutauborddutrottoir,lescheveuxdansleventetla
mainlevéepourhéleruntaxi.
Ils'étaittrouvéparalyséparlaforcedesondésir.Àcetinstantplusquejamais,ilavaitcompris
qu'illuifallaitabsolumentgoûtercefruitdéfendu.Miareprésentaitquelquechosedetoutsimplement
irrésistibleàsesyeux.Safascinationpourlajeunefemmeavaitviréàl'obsessionpourqu'ilensoit
réduitàlaprendreenphotoàsoninsujustepourpouvoirlaregarderàloisir.
Elleétaitsijeune,sipleinedevie,siincroyablementbelle.Etcesourire!Ilsuffisaitàluiseulà
illuminerlemondeautourd'elle.Gabenecomprenaitpasquel'onpuisseregarderailleursquandMia
étaitlà.
Captivante,elleétaittoutsimplementcaptivante.
Iln'auraitpassudéfinircequilarendaitsispécialeàsesyeux.Peut-êtreétait-celecôtéinterdit
desondésir.Miaétaitlapetitesœurdesonmeilleuramietelleavaitquatorzeansdemoinsquelui.
Ilauraitmieuxfaitdel'oublier.
Pourtant,ils'yrefusait.
IlvoulaitMiaetilferaittoutcequiétaitensonpouvoirpourlaposséder.
Chapitre6
Lundimatin,bureauxdeHCM.
DeboutfaceàGabe,Mialedévisageait.
Iln'étaitdoncpasaussisûrd'ellequ'ilauraitbienvoululefairecroire.Elledistinguaitencore
unelueurdesoulagementdanssesbeauxyeuxbleusombre.
Elleouvritlabouchepourluirappelerqu'elleneluiavaitpasencorefaitpartdesadécision,
puisrenonçaàcettecruelletaquinerie.Ilsemblaitterriblementtendu,etellenetenaitvraimentpasà
commencerleurrelationenlemettantenrogne.
—Jesuislà,souffla-t-elled'unevoixdouce.
Illuipritlamainetl'entraînaverslecoinsalonaménagéàl'autreboutdesonbureau.
—Est-cequetuveuxboirequelquechose?
—Nonmerci.Jesuistropcrispéepouravalerquoiquecesoit,avoua-t-elleensecouantlatête.
Illuifitsignedes'installerdanslecanapéencuir,puiss'assitàcôtéd'elleetluirepritlesdeux
mains,qu'ilposasursesgenoux.
—Jeneveuxpasquetusoiscrispéeouquetuaiespeurdemoi,Mia.Cen'estvraimentpasmon
intention.Sijet'aidonnéuneesquisseaussiprécisedecequej'attends,c'estjustementpouréviter
toutecrainteouconfusion.Toutcequejesouhaitais,c'étaitquetusachesexactementdansquoitu
t'engageais.Jenecherchaissurtoutpasàt'intimider.
Mialeregardadroitdanslesyeux,biendécidéeàsemontrerdirecteetassurée.
—Jetefaisconfiance,Gabe.Jet'aitoujoursfaitconfiance...,etc'estpourçaquej'accepteta
proposition.
UnelueursauvagepassadanslesprunellesdeGabe.Miaressentitalorsuneimpressionde
grandevulnérabilité,maiscettesensations'accompagnad'undélicieuxfrissond'anticipation.
—Maisj'aiquelquesconditions,moiaussi,risqua-t-elled'unepetitevoix.
Gabehaussaunsourcilavecundemi-sourireamusé.
—Vraiment?
Miacompritque,siellenefaisaitpaspreuvedefermetéencetinstant,elleperdraitàtout
jamaislafacedansleurrelation.Elles'apprêtaitcertesàluicéderlecontrôledesoncorps,maiselle
refusaitdesetransformerenniaiseapathiquequipréféraitfairelegrosdosplutôtquedirelefondde
sapensée.
—Oui.Ilyauneclausequi...quimedérange.
—Laquelle?
Miatentademaîtriserlefeuquiluimontaitauxjoues,maislesimplefaitdeledirelamettait
malàl'aise.
—Cellequiconcernelapiluleetlespréservatifs.
—Tunepeuxpasprendrelapilule?demandaGabeenfronçantlessourcils.Cen'estpasun
problème,tusais.Jeneteforceraijamaisàfairequelquechosequipourraitnuireàtasanté.Je
n'aimepasporterdepréservatifs,maisjeleferaisic'estleseulmoyendeteprotéger.
Miasecoualatête.
—Laisse-moifinir.Ilyaunephrasequiditquelespréservatifsneserontutilisésquepar...un
tiers.Jenesuispassûredecomprendrecequeçaveutdire.Sic'estcequejecrois,alorsjevoudrais
meréserverledroitderefuser.Êtreofferteencadeauàquelqu'und'autre,çamefaitflipper.Enfin,ça
mefaitunpeupeur,corrigea-t-elle.
L'expressiondeGabes'adoucit,etilluicaressalentementlajoue.
—Mia,écoute-moi.Cecontratdonnel'impressionquejem'arrogetouslesdroitsettousles
pouvoirs,maiscen'estvraiquedansunecertainemesure.Jepeuxt'assurerquejeneferaijamaisrien
quitemetteréellementmalàl'aise.Jeconsidèrequ'ilestdemondevoirdeveilleraumoindredetes
besoinsetdetesdésirs.Jenevaudraispasgrand-chosesijen'étaismêmepascapabledeprendre
soindelafemmequis'estconfiéeàmoi.Enfait,c'esttoiquidétienslepouvoirultime,c'esttoiqui
contrôlesmesactions.Leplusimportantàmesyeux,c'estdetefaireplaisir,detesatisfaire,dete
combler.Jeveuxquetutesenteschérieetchoyée,pourquetun'aiesqu'uneenvie:passertoutton
tempsavecmoi.
Miadéglutit,ravalantdifficilementunénormesoupirdesoulagement.
—Yavait-ilautrechosequit'inquiétait?
Elleacquiesça,etillaissaretomberlamainqu'ilavaitposéesursajoue.
—Dis-moitout.
—Iln'yapasdesafeword,lança-t-elle.Jeneconnaispasgrand-choseàcegenrede…de
relation,maisjesaisqu'engénérallespartenairesprévoientunmotdesecours.Pourtantiln'enest
pasfaitmentiondanstoncontrat.
—Jemedemandecequetut'imagines...,souffla-t-il.
—Euh...j'aibienlulestermes«bondage»et«SM»,non?Çaveutdirequetucomptesjouer
avecladouleur,jemetrompe?
—Non,tuasraison,maisjen'aipasparlédesafewordparceque,pourmoi,ilsuffitquetudises
«non».
Miafronçalessourcils.
—Pourtant,lecontratprécisebienquejeperdslafacultédeterefuserquoiquecesoitàpartir
dumomentoùjesigne.
—Jenesuispasunmonstre,enfin,jenevaispasabuserdetaconfiance,soupira-t-il.J'admets
nepasavoird'affectionparticulièrepourlemot«non»,maisj'espèrejustementquetuneressentiras
passouventlebesoindel'utiliser.Jepréféreraisquetulimitesçaauxoccasionsquiteferont
réellementpeur.Jeneveuxpasquetulesortesàtoutboutdechamp,justeparcequ'uneidéete
semblebizarreavantmêmequetul'aiesessayée.Enrevanche,situteretrouvesdansunesituationqui
tedéplaîtprofondément,tudis«non»etonarrêtetout.Jen'aimepascemotmaisj'entiendrai
toujourscompte.Quoiqu'ilarrive.Tuasmaparole.Ondiscuteradecequitemetmalàl'aiseetsoit
ontrouveraunmoyend'apaisertescraintes,soitonlaisseraentièrementtomberl'idée.
—Ils'agitjustedenepascrierauloup,résumaMia.
—Exactement.
Ellecommençaitàsedétendreaufuretàmesurequesesinquiétudess'évaporaient.Ellesentait
mêmepoindreunecertaineexcitationàprésentqu'elles'apprêtaitàgoûtercequ'elledésiraitplusque
toutdepuissonadolescence.
—Est-cequetuavaisd'autresobjections?repritGabe.
Elleacquiesçaetinspiraprofondément.Iln'accepteraitpeut-êtrepaslaconditionsuivante,mais
elleytenaittroppoursedégonfler.
—Ilyaunparagrapheentierausujetdemafidélité,maispasunmotausujetdelatienne.
—Etc'estunpointimportantpourtoi,compléta-t-ilavecunelueurd'amusementdansleregard.
—Unpeu,oui!lança-t-ellesuruntonplusvéhémentqu'ellenel'auraitsouhaité.Sicecontrat
impliquequejedeviennetachose,alorsilaintérêtàpréciserquetum'appartiens,toiaussi!
Gabepartitd'ungrandéclatderire.
—D'accord.Onpeutajouteruneclauseencesens,çanemeposepasdeproblème.C'esttout?
Ellesecoualentementlatête.
—Unedernièrechose,etpasdesmoindres.Enfait,c'estcarrémentprimordial.
Gabesereculalégèrement,l'airsoucieux.
—J'aicommel'impressionquec'estuneconditionsinequanon.
—Eneffet.
—Sions'engagelà-dedans.IlesthorsdequestionqueJacesoitaucourant.Enfin,ilnedoitpas
connaîtretoutel'étenduedelavérité.
Puis,voyantlevisagedeGabes'assombrir,ellesehâtad'ajouter:
—Nevasurtoutpascroirequej'aihontedetoi,ouuntrucdecegenre.C'estjustequeJacene
comprendraitpascettehistoiredecontrat.Jesuissûrequetuyasréfléchi,Gabe.Tunem'auraispas
faitcegenred'offresansanticipercequeçapourraitimpliquerpourvotreamitiéetvotreentreprise.
AuxyeuxdeJace,jeresteunepetitechosefragilequ'ilfautprotégeràtoutprix.Jen'exagèrepas,
encoremaintenant,ilserenseignesurtouslesmecsavecquijesors.
—J'espèrebien!GrondaGabe.
—Sérieusement,tuimaginessaréactions'ilavaitventdugenred'aventurequetumeproposes?
—Jacen'aaucuneraisond'apprendreledétaildenotrerelation,réponditGabed'unevoix
calme.Toutcequ'ilabesoindesavoir,c'estquetutravaillespourmoi.Jesaisfairepreuvede
discrétion,net'enfaispas.Jenetienspasàvoirmavieprivéeétaléedanslesmédiascommecelaa
étélecasaumomentdemondivorce.Jememoquecomplètementquelesgensspéculentsurmon
compte,maisjerefusedeleurfournirdespreuvesdemesactions.
—Mêmesilesgensnefontquespéculer,Jacerisquedemalleprendre,murmuraMia.
—Net'inquiètepas.Sinousfaisonsattention,laseulerumeurquicirculeraànotresujetsera
quenousavonsuneliaison.Jacesaitcommentçamarcheet,tantquenousneluidonnonsaucune
raisond'avoirdessoupçons,ilmettrajustementunpointd'honneuràfairetairecesrumeurs.
—Jecomprends.Maisçarisquedenepasmarchersijedoispassertoutmontempsavectoi.
J'aimonappartement,mesamis.
Mialaissasaphraseensuspens.Elleétaitdéjàsurladéfensivealorsqu'ilsn'avaientmêmepas
entamécetteliaison.Elledétestaitcemot,d'ailleurs,etenvoulaitunpeuàGabedel'avoiremployé.
Celadonnaitvraimentuncôtésordideàlachose,commes'ilétaitmariéetqu'ellen'étaitquesa
maîtresse,uneamanteillicite,unsecrethonteuxqu'ilfallaitcacher.L'idéeluivintalorsque,d'une
certainemanière,c'étaitluiquiconstituaitpourelleunvilainpetitsecret.
—Àtoidechoisir,Mia,dit-ild'unevoixoùpointaitunecertaineautorité.Jeneveuxpaste
forcer,mais,situaccepteslestermesdececontrat,tut'engagesàlesrespecter.Ontrouveraun
moyendesurmonterlesobstacles,net'enfaispas.Jenetedemandepasderenonceràtesautres
centresd'intérêt,j'exigejustequetufassespassermesintérêtsàmoid'abord.
Nonmaisquellearrogance!Celaauraitdûlamettreencolère,mais,aucontraire,elleenavait
despapillonsdansleventretellementelletrouvaitçasexy.
—Tunemedemandespasd'emménageravectoi?
—Non,jecomprendslanécessitédedonnerlechangesinousnevoulonspasqueJace
soupçonnequoiquecesoit.Celadit,mêmesitugardestonappartement,tupasserasbeaucoupde
tempsavecmoi,danslelieudemonchoix.JesuissûrqueCarolineneverrapasd'inconvénientàte
couvrir,sibesoin.
—Commentest-cequetusaisquemacoloc’s'appelleCaroline?
Gabesourit,etunelueurprédatricejouadanssonregard.
—Iln'yapasgrand-chosequej'ignoreàtonsujet,Mia.
Ellesemorditlajoue,mortifiée.Ellen'auraitjamaisimaginéqueGabeluiaccordaittant
d'attention.Certes,illuifaisaitdescadeauxàNoëletàsonanniversaire,etilavaitassistéàses
remisesdediplômes,maisellenesedoutaitabsolumentpasqu'ils'étaitrenseignésurlesdétailsde
savieprivée.Jusque-là,ellecroyaitvraimentqu'ilvoyaitenellelapetitesœurdesonami,maisrien
deplus.
Ellecommençaittoutjusteàcomprendrequ'ils'intéressaitàelledebienplusprès-etdepuis
bienpluslongtemps-quecequ'elleauraitoséimaginer.Enrevanche,ellenesavaitpastropsielle
devaits'eninquiéterous'enréjouir.
—Alors?repritGabenonsansunecertaineimpatience.Est-cequej'airéponduàtoutestes
questionsetapaisétescraintes,oubienas-tud'autresrequêtes?
Ilsemblaittenduetextrêmementdéterminé,commes'ilmenaitd'âpresnégociations.Defait,
malgrécequ'ilavaitditenluiremettantlecontrat,ilavaitacceptéd'ennégocierlestermes.Ilavait
faitdesconcessions,auxquellesMianes'étaitpasvraimentattendue,etcelalarassuraitgrandement.
Larelationquiseprofilaitneseraitpeut-êtrepasaussidéséquilibréequ'elleavaitpulecraindre.
Ellenesefaisaitpasd'illusions:Gabeseraitauxcommandesetdirigeraitlesopérationsd'une
maindefer,maiselleneseraitpastotalementdémunienonplus.Lesimplefaitd'avoirremportécette
petitevictoirelaconfortadanssadécision.
—Maréponseestoui,annonça-t-elled'unevoixcalmeetposée.
Ellesortitdesonsaclecontrat,qu'elleavaitdéjàparaphéetsigné,etletenditàGabe.Elle
demeuraitquandmêmevaguementgênéequesaviesexuellesoitdevenueunsujetdenégociation.
—Jen'étaispassûredelamarcheàsuivrequantauxchangementsàapporter-enfin,quantaux
changementsquejesouhaitaisapporteretàlaquestiondeJace.Jemesuisditquelemieuxseraitde
toutconsignerparécrit,doncj'aiinsérélesmodificationsdanslamargeetj'yaiapposémesinitiales.
Aprèsunesecondedesurprise,Gabepartitd'unéclatderirefrancetgravequilafitvibrerde
plaisir.
—Tuauraisquittécebureaulatêtehaute,sansrienlâcher,simesréponsesnet'avaientpas
satisfaite?S’enquit-il.
MiarelevalementonetsoutintleregarddeGabeuninstantavantdehocherlatête.
—Excellent,dit-ilenprenantlecontrat,unsourireauxlèvres.Enaffaires,lemeilleurmoyende
garderl'ascendant,c'estd'êtreprêtàdirenon.Tun'espaslapetitesourisqueJacesemblevoirentoi.
Jepensequetuferasuneassistanteadmirable.
Ilselevapuisluitenditlamainpourl'aider,etellesavoural'instantoùsapaumeglissacontre
celle,chaudeetforte,deGabe.Cesimplecontactlafitfrissonnerd'anticipation,àprésentqueles
termesdeleurrelationavaientchangé.Àpartirdecejour,plusaucungesteneseraitanodinentre
eux,chacunprendraituneprofondeuretunesignificationnouvelles.Elle,MiaCrestwell,appartenait
désormaisàGabeHamilton.Elleétaitsienne,elleétaitsachose.
—Vienst'asseoiràmonbureauletempsquejeparaphetesmodificationsetquejesigne
l'ensemble.Jet'enenverraiunecopiedèsquemonavocatl'aurafinalisé.
Ellefitunebrèvegrimace,etGabes'arrêta.Ilsecontentadehausserunsourcilenguisede
question,etellesoupiraavantdes'expliquer.
—C'estjusteque...jenesaispascommentdécrirelasituation.C'estsansdouteidiotdemapart,
maisjen'aijamaisentaméunerelationsouslahouletted'unavocat.Çameparaîttellement...froid.
Gabeluieffleuralajoued'ungestedouxetrassurant.
—Jefaisçapournousprotéger,l'uncommel'autre,maisjesuisenmesuredet'assurerune
chose,c'estqu'iln'yaurajamaisriendefroiddansnotrerelation.Tupeuxmefaireconfiancelà-
dessus.
Lachaleurdesonregardetlasensualitédesabrèvecaressesemblaientappuyersesparoles,de
mêmequelapromessecontenuedanssavoix.Mialecroyaitsansmal,leurrelationseraittorride,
brûlante,ellelesenflammerait,lesconsumeraitetnelaisseraitpaslaplaceàlamoindretiédeur.
Gabesepenchasursonbureau,griffonnasesinitialesaubasdechaquepageetenfacede
chaquemodification,puisapposasasignatureàcôtédecelledeMia.Alorsilrepoussalecontratet
seretournaverselle.
—D'accord,nousavonsdupainsurlaplanche.Jevaisteprendrerendez-vouschezmon
médecinpourqu'iltefassepassertouslestestsnécessairesetteprescriveuneméthodede
contraceptionadaptée,situn'enaspasdéjàune.Jeteferaiparvenirunecopiedemadernièrevisite
médicaleetdemesexamenssanguins.Mais,d'abord,tuvasallervoirmondirecteurdesressources
humainespourqu'iltepréciselestermesdetoncontratd'embauche,donttonsalaire,évidemment.
—Euh...OK,fit-elled'unepetitevoix,soudaindépasséeparlesévénements.
Savievenaitdeprendreàtoutevitesseunsacrévirage,etellen'étaitpassûred'êtreprêteà
suivrelerythme.
—Toutvabiensepasser,Mia,larassuraGabed'unevoixgraveetdouce.Fais-moiconfiance,
jevaisprendrebiensoindetoi.
Lajeunefemmesesentitaussitôtapaiséeeteuphoriqueàlafois.Elleavaitl'impressiondese
trouverdansungrandhuit,aumomentoùl'onarriveausommetetquel'ons'apprêteàdévalerla
penteàtoutevitesse,leventdanslescheveuxetlecœurenfolie.
—Jetefaisconfiance,Gabe.Sinon,jeneseraispasici.
Celan'étaitpeut-êtrepasentièrementvrai.Elleétaitarrivéeaveclacraintepersistantedenepas
êtreàlahauteur,maisGabeavaitdissipésesdoutesparlasincéritédesesparolesetl'intensitéde
sonregard.Elleluifaisaitbeletbienconfiance,désormais.L'inverseauraitétécomplètement
insensé,vuqu'ellevenaitderemettrelecontrôledesavieentrelesmainsdecethomme.
Elleespéraitjustequ'ellenepasseraitpaslerestantdesesjoursàregrettercettedécision.
Chapitre7
Lerestedelajournées'écouladansunesortedebrouillard.Miapassauneheureàremplirdela
paperasseauservicedesressourceshumaines.Elleécarquillalesyeuxenapercevantlesalaireque
Gabecomptaitluiverser.Elles'attendaitàcequ'illapaieunstrictminimum,puisquecetemploi
constituaitavanttoutunecouverturepourleurrelation.Àvraidire,ellenesavaitmêmepass'il
comptaitvraimentluiconfierdutravail,maisilluiréservaitpeut-êtredessurprises.
ElleétaitaumoinsrassuréeparlefaitdenepasdépendreuniquementdelagénérositédeGabe,
etdeJace,poursubveniràsesbesoins.Elleavaitdéjàprévudemettreunmaximumd'argentdecôté
pouranticiperlemomentoùGabesefatigueraitd'elle.Ellen'étaitpasrêveuse-oustupide-aupoint
des'imaginerqueleurhistoiredureraitéternellement.
Certes,elleneconnaissaitpasledétaildesrelationspasséesdeGabe,maiselleavaitentendu
JaceetAshendiscuter,et,d'aprèscequ'elleavaitcompris,Gabenerestaitjamaisplusd'unanavec
lamêmefemme.Leplussouvent,sixmoissuffisaientàlelasser.
Laseulechosequiluiprocuraitunplaisirsansmélange,c'étaitdeserendrecomptequ'elleavait
effectivementbesoind'unemploiplusstimulantquecequ'ellefaisaitàLaPâtisserie.Gabeluiavait
ouvertlesyeuxàcesujet:elleétaitentraindedévalorisersondiplômepourl'uniqueraisonqu'elle
étaittropattachéeàGregetàLouisapourdémissionner.Peut-êtreaussiqu'unepetitepartied'elle-
mêmeétaitterrifiéeàl'idéedesemesureraumonderéel.
Aumoins,travaillerpourGabeseraitletremplinidéalpouracquérirdel'expérienceet,au
passage,étoffersonCV.Celaluifaciliteraitgrandementleschosesquandilluifaudraitretrouverun
emploiaprèscetépisode.
Unefoisdeplus,elleserappelaquesonhistoireavecGabeseraitsansdoutedecourtedurée.
Elleavaitbesoindeselerépétersiellevoulaitêtreenétatd'accepterl'inévitablerupturelorsque
celle-ciseproduirait.
Gabeavaitbeauluiinspirerdesrêveriesd'uneadolescenteenchaleur,ilétaittempspourelle
desemontrerdignedecetterelationôcombienadulte.
Aussitôtqu'ellesortitdubureaudesRH,unevoitureavecchauffeurlaconduisitjusqu'àune
cliniqueassezproche,oùellereçutunaccueilroyal.Ellefutpriseenchargeimmédiatementetn'eut
mêmepasàremplirlemoindreformulaire,cequ'elletrouvapresquesuspect.Elleduturinerdansun
gobelet,subiruneprisedesangetrépondreàunelonguesériedequestions,notammentconcernantla
méthodedecontraceptionqu'ellesouhaitaitadopter.
Alorsquelaplupartdesesamiesavaientchoisidesmoyensplusmodernesquelapilule
quotidienne,Miayétaitrestéefidèle.C'étaitpeut-êtrecontraignant,maisellesavaitd'expérienceque
c'étaitaussicequiluiconvenaitlemieux.
Lorsque,enfin,ellesortitdechezlemédecin,elleétaitépuiséetantphysiquementque
moralement.Gabeneluiavaitpasdemandédeseprésenteraubureaulelendemain,heureusement.Il
luiavaitditdeprendreunjourderepos,cequ'elleavaittrouvébizarresurlemoment.Elle
comprenaitàprésentqu'ilavaitanticipéàquelpointcettejournéeseraitéprouvantepourelle.
Celaluilaissaitégalementunpeudetempspours'habitueràsanouvellesituation.C'estdonc
avecunsoupirdesoulagementqu'ellemontadanslavoiturequeGabeluiavaitassignée.Lechauffeur
avaitpourinstructiondevenirlachercherlesurlendemainpourlaconduireaubureau,maisillui
donnaégalementsacarteenluiassurantqu'ellepouvaitl'appeleràn'importequelmomentsielle
avaitbesoindesedéplacer.C'étaientlàlesseulesparolesqu'illuiavaitadressées,suruntonbourru.
Elleavaitdéjàl'impressionqueGabeinvestissaitsavieets'infiltraitdanslamoindrepetite
brèche.Parailleurs,ilhabitaitsespenséesetprendraitbientôtpossessiondesoncorps.
Àcetteidée,unlégerfrissonluiparcourutl'échine.Ellesortitdel'ascenseuretconsultasa
montretoutensedirigeantverssonappartement.ElleespéraitqueCarolineneseraitpaslà,elle
avaitbesoind'unpeudesolitudepourdigérerlesévénementsdecettejournée,etmesurerles
bouleversementsquil'attendaientencore.
Elleétaitmortedetrouilleetfolled'excitation.
C'estdoncavecunpincementaucœurqu'enouvrantlaporteelledécouvritsacolocataireen
compagniedetroisdeleursamiescommunes,Chessy,TrishetGina,confortablementinstalléesdans
lesalon.Àl'arrivéedeMia,ellesseredressèrentetl'accueillirentparunconcertdehourrasetde
sifflets.
Mialesdévisageatouràtour,éberluée,etCarolineselevapourlarejoindre.
—Jeleuraiparlédetonoffred'emploihorsducommunaveclesex-symbolqu'estGabe
Hamilton,déclara-t-elleenluipassantunbrasautourdesépaules.
—Caro,tuexagères,marmonnaMiaentresesdents.
Mais,aussitôt,ellefutassaillieetsentitfondresonagacement.Lesfilleslabombardèrentde
questions,etellenedemandaitpasmieuxquedeleurrépondreetdeleurraconterendétaill'accord
qu'ellevenaitdepasser.Pourtant,ellerefusadeprendrecerisque,mêmesic'étaientsesmeilleures
amies.
—Alors,raconte!lançaChessyd'unevoixtraînante.Ilestmontécommeunétalonouquoi?
—Tucroisvraimentqu'iladégainésontrucpendantmonentretiend'embauche?rétorquaMia,
seprêtantaujeu.
Toutespartirentd'ungrandéclatderiresuivid'unesériedeblaguesplusoumoinsfinesausujet
desattributsvirilsdeGabe.
—Jesuissûrequ'ilsaits'enservir,lui,contrairementàmonex...,supposaTrish,songeuse.
Peut-êtrequeGabepourraitluifilerunoudeuxtuyaux.
—Onn'ensaitrien!S’esclaffaGina.Siçasetrouve,Gabeestnulaupieu-ougay.Lesbeaux
mecssonttoujoursinaccessibles,c'estbienconnu.Celadit,sionmedemandaitdeleconvertir,jene
ménageraispasmesefforts.
—Croyez-moi,iln'estpasgay,marmonnaMia.
—Ahoui?Etcommenttulesais?S’enquitChessyenhaussantunsourcil.
—C'estlemeilleuramideJace,réponditMia,exaspérée.Jeleconnaisdepuisquejesuis
gamine.Ilaétémariéetaenchaînélesconquêtesdepuissondivorce.
—Ça,c'estpeut-êtreparcequ'iln'apasencorerencontrél'hommedesavie,insistaGina,
taquine.
—Entoutcas,moi,s'ilmedemandaitd'êtrelafemmedesavie,jenediraispasnon,lança
Trish.Mêmes'ils'agissaitjusted'êtresonassistante,d'ailleurs.Sérieusement,Mia,tuasvraimentdu
bol!
—Encequimeconcerne,c'estplutôtavecJacequej'aimeraisfairedesheuressup,sivous
voyezcequejeveuxdire,intervintChessy.
Miasebouchalesoreillesavecungrognement.
—Pitié,tais-toi!Jeneveuxsurtoutpast'imaginerentraindefairedestrucsavecmonfrère,
c'estdégoûtant!Beurk!
—Voussavezquoi?Ondevraitsortirfêterça,suggéraCaroline.
Mialuijetaunregardétonné,etlesautresfillessetournèrentverselle,curieusesdesavoirce
qu'elleallaitproposer.
—SiMiacommenceàtravailleràplein-temps,cesoirestnotredernièrechancedel'emmener
enboîteenpleinesemaine,poursuivitCaroline.JeconnaislevideurduVibe,etilm'apromisdeme
faireentreràl'œil,moietmescopines.
—Çatombemal,jecommencetôtdemain,commentaTrishavecunemouedépitée.
—Oh,allez!L’encourageaChessy.Tuseraiscapabledefairetonboulotdanstonsommeils'il
lefallait,etpuistupourrastecouchertôtdemain.Çafaittroplongtempsqu'onn'apaspasséune
bonnesoiréeentrefilles.
Trishhésitaencoreuninstantavantdecéder.
—Bon,d'accord,jeviens.
—Mia?demandaCarolineensetournantverssonamie,aussitôtimitéepartouteslesautres.
Cedontlajeunefemmeavaitréellementenvie,c'étaitderestertranquilledanssoncoinpour
réfléchiràloisirauxévénementsdelajournée.ÀGabe.Àtout.Maiselleadoraitsesamiesetsavait
bienqu'ellenepourraitpluspasserautantdetempsavecellesunefoisqu'elleseraitavecGabe.Du
moins,tantqu'elleseraitaveclui.
—OK,jesuispartante,céda-t-elleensouriant.Ilfautquejemechange,enrevanche.Jesuis
déguiséeensecrétaire,çanevapasdutout.
—Excellent.C'estparti!s'écriaChessy.
—Attendez,lesfilles,intervintTrish.Moinonplus,jenesuispashabilléepoursortir.Ilfaut
quejerepassechezmoi.
—Moiaussi,renchéritGina.
—OK,alorsvoicicequejevouspropose,lançaCarolineenlevantlesmains.Onseprépareen
vitesseetonsedonnerendez-vousdevantleclubdansuneheureetdemie.Çavousva?
Enguisederéponse,lesfillesseprécipitèrentverslaporteetdisparurentpourmettreleurplan
àexécution.
Miacommençaàsedirigerverssachambre,maisCarolinelarattrapa.
—Çava,Mia?Jetetrouvebiensilencieuse.Tuasl'airtoutebizarre...
—Non,çava,jet'assure,dit-elleavecunsourire.Jesuisunpeufatiguée,c'esttout.Ç'aétéune
drôledejournée.
—Tupréfèrespasserunesoiréetranquilleici?Jepeuxrappelerlesfillespourannuler,tusais.
—Non!s'écriaMia.Tuasraison,jen'auraipeut-êtreplustropl'occasiondesortirensemaine,
aumoinsletempsquejetrouvemonrythmeavecGabe.Jenesaispasdutoutquelgenred'horairesil
comptem'imposer,maisj'imaginequejevaisdevoirmecalersurlessiens.
Miarepritladirectiondesachambre,mais,unefoisdeplus,Carolinelarappela.
—Tuessûrequec'estvraimentcequetuveux?TravaillerpourGabe,jeveuxdire?
Miacroisaleregarddesameilleureamieetsentitunpeudesatensionsedissiper.
—Oui,c'estvraimentcequejeveux.
Ouplutôt,cequ'ellevoulaitvraiment,c'étaitGabe.Travaillerpourluin'étaitqu'unefaçonde
rendrecelapossible.L'expérienceprofessionnellequ'ellepourraitglaneraupassageneseraitqu'un
bonus.
Tandisqu'ellefinissaitdesecoifferetderetouchersonmaquillage,sontéléphonesonnapour
signalerunnouveaumessage.Ellelesortitdesonsac,qu'elleavaitposésouslelavabo,etdéchiffra
unnuméroqu'elleneconnaissaitpas.
«Prendslajournéededemainpourtereposer,maisvienschezmoià19heuresprécises.
Soisponctuelle.Gabe»
Elleretintsonsouffleetrelutlemessage,lesmainstremblantes.
C'étaitdoncbienréel.
Chapitre8
IlétaitprévuquelavoitureviennechercherMiaà18h30,et,soucieusederespecterla
consignedeGabe,lajeunefemmesepréparaavecunpeud'avance.Tandisqu'elleattendaitle
chauffeur,elleréprimaunbâillement.Lesfillesetelleavaientfaitlafêtetoutelanuit,maiscen'était
pasuneexcusepuisqu'elleavaiteulajournéeentièrepoursereposeretseremettredesagueulede
bois.Leproblème,c'estqu'ellen'avaitpasréussiàdormirtantcettepetitevisitechezGabelui
mettaitlesnerfsenpelote.
Celadevenaitridicule,d'ailleurs.Ilfallaitvraimentqu'elletrouveunmoyendesedébarrasser
delafébrilitéquil'envahissaitchaquefoisqu'elledevaitsetrouverenprésencedeGabe.Elleavait
signéuncontratimpliquantqu'ilsallaientcoucherensemble,maisellenepouvaitpasenvisagerdele
croisersanssemettredanstoussesétats.Pourellequiauraitvoulujouerlasophistication,cela
s'annonçaitmal.Onauraitplutôtdituneviergeeffarouchéen'ayantjamaisvuunhommenudesavie.
Cen'étaitpassiabsurde,aprèstout,Miaétaitàpeuprèssûreden'avoirjamaisvuunhommetelque
Gabenu,certainementpasenpersonne.
Quandellerepensaitàsesamantspassés,ellenepouvaitquelesqualifierdegamins,fauted'un
termeplusadapté.Laplupartavaientétéaussijeunesetinexpérimentésqu'elle.Seulesadernière
aventure-elleauraitpresquepuappelerçauncoupd'unsoir,maisilss'étaientvusplusieursfois
avantdepasserlanuitensemble-luiavaitfaitvoirdesétincelles,etMiarestaitpersuadéeque
c'étaitdûàl'âge-etàlapratique-deDavid,mêmesicederniernel'avaitpasimpressionnéeparsa
personnalité.
Cettehistoirel'avaitconvaincuequelesmeilleursamantsn'étaientpaslesplusjeunes,au
contraire,etl'avaitdoncconfortéedanssonobsessionpourGabe.
Miasavaitdéjàquecelui-ciseraitunamanthorsducommunetquemêmeDavidferaitpâle
figureencomparaison.
LechauffeurladéposadevantchezGabeà18h55précisément.Ilneluiavaittoujourspas
adresséunmotetsemblaitsecontenterd'arriveràl'heureprévue,delaconduireaulieuderendez-
vousetderefairesonapparitionlorsqu'ilétaittempsdelaraccompagner.Miatrouvaitcelapresque
inquiétant,àcroirequecetypeavaitreçul'ordredenejamaisouvrirlaboucheensaprésence.
Ilyavaitcarrémentunagentdesécuritédevantl'immeuble-l'unedecesrésidencesquidonnent
l'impressiondevivredansunhôteldegrandluxe,saufqu'onyoccupeunappartementtoutentier.
Miamontraunepièced'identitéauvigile,quiappelaalorsGabepours'assurerqu'elleavait
bienledroitdemonter.ElleespéraitnepasdevoirseplieràcecirquechaquefoisqueGabelui
demanderaitdevenir.
Uninstantplustard,legardienl'accompagnajusqu'àl'ascenseur,oùilinséralacartemagnétique
donnantaccèsàl'étagedeGabe-ledernier,évidemment-avantdeseretireravecunebrève
révérence.
Lorsquelesportesserouvrirent,cinquanteétagesplushaut,MiaaperçutGabe,quisetenait
danslevestibuledesonappartement.Illacouvad'unregardintensetandisqu'ellesortaitde
l'ascenseur.Celui-ciserefermaderrièreelle,leslaissantenfinseuls.
LajeunefemmesedélectaduspectaclequeluioffraitGabe.Ellel'avaitrarementvuenjean,et
celuiqu'ilportaitcejour-làluiallaitcommeungant.Ilétaittoutusé,commesiGabelepossédait
depuisdesannéesetl'aimaittroppourserésoudreàlejeter.Ilportaitégalementuntee-shirtdes
Yankeesquimoulaitsontorsemuscléetsesbicepspuissants.
Ilfaisaitdusport,c'étaitévident.Pourunhommequipassaitautantdetempsdansunbureau,
c'étaitleseulmoyendegarderuneformephysiqueaussiimpressionnante.
Soudain,Miasesentittrophabilléefaceàlui.Elleavaitoptépourunepetiterobebleumarine
quiluiarrivaitauxgenoux,assortieàdestalonsquicompensaientunpeuladifférencedetailleentre
Gabeetelle.Pourtant,ellesesentaitminusculeàcôtédelui.
Ilsemblaitplusgrandquenatureetemplissaitlapiècedesaprésencedominatrice,mêmeen
jeanetentee-shirt.Miaeutl'impressiond'êtremarquéeauferrougeparleregardqu'ilmaintenait
braquésurelle.
Illadétailladespiedsàlatête,etcesimplefaitlaréchauffatoutentière.Lorsqueleursyeuxse
croisèrentenfin,ilsouritavecnonchalanceetluitenditlamain.
MiaréduisitladistancequilesséparaitetglissasapaumedanscelledeGabe.Ilrefermales
doigtssurlessiensavantdel'attirercontreluietdel'embrasseravecfougue.Illuimordillales
lèvresjusteassezfortpourqu'ellespicotentdélicieusement,puislataquinaduboutdelalangue
jusqu'àcequ'elleouvrelabouche.Auboutdequelquesinstants,ilrompitleurbaiseretsoufflad'une
voixrauque:
—J'espèrequetuasfaim,jenousaiprévusàdîner.
—Jesuisaffamée.
—Àcepoint?Tun'aspasassezmangéaujourd'hui?demanda-t-ilenfronçantlessourcils.
—Non,j'aijustebuunverredejusd'orange.Jen'avaispasvraimentd'appétit.
Ellesegardabiendepréciserqu'elleavaitlagueuledeboisetque,jusque-là,lasimpleidée
d'avalerquoiquecesoitluidonnaitlanausée.
Gabel'entraînaverslatabledelasalleàmanger,situéeprèsd'unebaievitréequioffraitune
vuemagnifiquesurManhattan.Lesimmeublesalentourscintillaientdoucementcontrelecieldu
crépuscule.
—Tun'esplusintimidée,si?demanda-t-ilenlafaisantasseoir.
Elleéclataderire.
—Tuterendsbiencomptequejesuisenterritoireinconnu,quandmême?
—Certes.
Alors,àsagrandesurprise,ildéposaunbaiserdanssescheveuxavantdequitterlapièce.Il
revintauboutdequelquesminutes,uneassiettedanschaquemain.LorsqueMiasentitledélicieux
fumetd'unsteakbiengrillé,sonestomacgrondabruyamment.
—Jeneveuxplusquetusautesdesrepas,Mia,repritGabeavecunregardsévère.
Elleacquiesçaensilenceetlesuivitdesyeuxtandisqu'ilretournaitàlacuisine,d'oùilrapporta
unebouteilledevin.Ils'assitenfaced'elleetleurservitunverrechacun.
—Jeconnaismaltesgoûts,ilfaudraqu'onendiscutepourquejesachecequetupréfères
manger,maisonatoutnotretemps.Enattendant,jemesuisditqu'unebonnepiècedebœufteferait
sansdouteplaisir.
—Tuasbienfait!Unbonsteak,çaguérittouslesmaux.
—Jen'auraispasditmieux.
MiaattaquasonrepastoutenobservantGabeducoindel'œil.Unmilliondequestionsfusaient
soussoncrâne,maisellenevoulaitpasleharceler.Commeill'avaitditlui-même,ilsavaient
largementletempsd'apprendreàseconnaître.Certes,laplupartdescouplesprenaientcettepeine
avantdeselancerdansl'aspectsexueldel'aventure,maisGabeavaitl'habitudedemenerleschoses
àsamanière,etelle-mêmesefichaitbiendesconventions.Etpuiscen'étaitpascommes'ilsvenaient
deserencontrer.Gabefaisaitpartiedesaviedepuisdesannées,aprèstout.
Unlongsilences'installaentreeux.MiasentaitleregarddeGabepesersurelle,etelle-même
nepouvaits'empêcherdel'épier.Encela,ilsdevaientressembleràdeuxadversairessejaugeant
avantdelivrerbataille,saufqueGaben'étaitclairementpasaussimalàl'aisequ'elle.Aucontraire,
ilsemblaitparfaitementconfiant,telunprédateursûrdecapturersaproie.
Soudain,Miasesentitdespapillonsdansleventre...,puissonexcitationsepropageaplusbas,
sibienqu'elledutcroiserlesjambes.
—Tun'aspasterminétonsteak,fitremarquerGabe.
Miabaissalesyeuxverssonassietteetserenditcomptequ'elles'étaitimmobilisée,la
fourchetteenl'air.EllereposasescouvertsetrivasonregardsurceluideGabe.
—Cettesituationesttrèsinconfortable,Gabe.Toutestnouveaupourmoi,etjenesaispasdu
toutcommentmecomporter.J'ignorecequejesuiscenséefaireoudire,oumêmesijedoisparlerou
metaire!Tueslà,àmedévisagercommesij'étaisledessertdecerepas,mais,siçasetrouve,tu
m'asjustefaitveniricipourundîneramical,histoirederomprelaglace.Jen'aipaslamoindreidée
decequisepassevraiment;ilvafalloirm'aiderunpeu.
Gabeluidécochaundemi-sourirenonchalant,l'airamusé.
—Mia,machérie,tuastoutcompris,tueseffectivementledessert.
Ellesentitsonsoufflesebloquerfaceàceregardaffamé.
—Mange,ordonna-t-ild'unevoixdoucemaissansappel.Jenevaispastesauterdessusàtable,
net'enfaispas.L'anticipationrendlarécompensed'autantplusdélectable.
Miarepritdoncsescouvertsetdécoupaunenouvellebouchée,qu'elleavalasansvraimenten
sentirlegoût.Elles'appliquaàfinirsonassiette,maisundrôledefrissoncouraitsursapeau.De
touteévidence,Gaben'avaitpasl'intentiond'yallerprogressivement.Cen'étaitpassonstyle.Quand
ilvoulaitquelquechose,ilfonçaitavecunedéterminationinflexible,etc'étaitcetraitdecaractère
quiluiavaitvaluuntelsuccèsdanslesaffaires.Àprésent,c'étaitelle,Mia,qu'ilvoulait.
Ellebutunegorgéedevinpoursedonnerunecontenance.Ellehésitaitentrefairetraînerce
dînerpourgagnerunpeudetemps,ousedépêcherdefinirsonassietteafinqu'ilspuissentpasserau...
dessert.
Gabeavaitdéjàterminé,lui.Adosséàsachaise,sonverredevinàlamain,ilobservaitMia,
attentifmaisparfaitementcalmeetdétendu.Dumoinslecroyait-elle,jusqu'àcequ'ellecroiseson
regard.Elleydiscernaalorsuntourbillond'émotionsbrûlantesetimpatientes.
Ilrestaitencoreunpetitmorceaudeviandedanssonassiette,maisellecapitulaetreposases
couvertsavantdesereculersursachaise.Elleneditrien,maisunequestions'élevaentreeux,
presquetangible:«Etmaintenant?»Gabeladévisageauninstantpuis,d'unevoixnonchalante,
ordonna:
—Vatemettredeboutaumilieudusalon,Mia.
Elleprituneprofondeinspirationavantdeselever,avectoutelagrâcedontelleétaitcapable.
Elletenaitàsemontrersereine,sûred'elle.Aprèstout,cethommeladésirait,elle,entretoutesles
femmes.Ilétaittempspourelledesecomportercommesisaprésenceenceslieuxétaitparfaitement
justifiée.
Elles'avançadoncsurleparquetmassif,sestalonsrésonnantdiscrètementdanslesilence
ambiant.Arrivéeaumilieudelapièce,elleseretournaversGabe,quis'approchaitdufauteuil
disposéencoinparrapportaucanapé.
Ils'installaetcroisalesjambes,unechevilleposéesurlegenouopposé,commepourlui
prouveràquelpointilétaitdétendu.Miaauraitaimél'êtreautantquelui.Elleavaitl'impression
d'êtrel'objetd'uneventeauxenchèrestantill'examinaitavecintensité.
—Déshabille-toi,commanda-t-ild'unevoixcaressante.
Lesyeuxécarquillés,ellesondasonregard,surpriseparcetordre.
—Mia?Insista-t-ilenhaussantunsourcil.
Sedécidantàobéir,ellecommençaàretirerundesesescarpins,maisGabel'arrêtad'ungeste.
—Non,gardeleschaussures.Justeleschaussures.
Ellelevadonclesmainsverslecoldesarobeetdéfitlentementlestroisboutonsquila
fermaient.Puiselledécouvritsesépaulesuneàuneavantdelaisserglisserlarobeàsespieds.
Elleneportaitplusquesessous-vêtements,et,àcespectacle,Gabeserralesmâchoiresenune
expressiondefaimpresqueanimale.Mianeputréprimerunviolentfrisson.Sestétonssedurcirent
contreletissusoyeuxdesonsoutien-gorge.Cethommeallaitlarendrefolleavantmêmedel'avoir
touchée.Sonregardsuffisaitàl'embrasertoutentière.
—Jecommenceparquoi?Lehautoulebas?demanda-t-elled'unevoixsuave.
—MachèreMia,vousêtesunevraiecoquine,lataquina-t-ilavecundemi-sourire.Lebas
d'abord.
Ellepassadonclespoucesdanslafinebordurededentelledesaculotteetlafitglissertout
doucementjusqu'àcequ'elletombeausol.Soninstinctavaitbeauluidicterdesecouvrirlesexe
d'unemainpourgarderunsemblantdepudeur,elleseforçaàn'enrienfaire.Ellesortitunpiedpuis,
del'autre,écartalepetitmorceaudetissuaveclapointedesachaussure.
Alorsellerassemblasescheveuxetlesramenasursonépaulepourpouvoirdégraferson
soutien-gorge.Aussitôt,labandedetissuretombadepartetd'autre,révélantlescôtésdesesseins.
—Ramènetescheveuxenarrière,murmuraGabe.
D'unemain,ellemaintintlesbonnetsenplacetandisque,del'autre,ellerejetaitsescheveux
danssondos.Puisellefitglisserlesbretellesdesonsoutien-gorgeetl'écartadoucementdesesseins
avantdelelaissertomberàterre,oùilrejoignitlerestedesatenue.
—Magnifique,soufflaGabe.
Vulnérable,Miaattenditqu'illuidisequoifaireensuite,mais,detouteévidence,iln'étaitpas
pressé.C'étaitlapremièrefoisqu'illavoyaitnue,etilsemblaitbiendécidéàenprofiteraussi
longtempsqu'illevoudrait.
Presquemalgréelle,lajeunefemmeremontaunbraslelongdesonventre,verssapoitrine.
—Non,netecachepas,murmuraGabe.Vienslà,Mia.
Ellefitunpastremblantverslui,puisundeuxième,jusqu'àsetrouveràquelquescentimètresde
luiàpeine.
Alorsildécroisalesjambes.Miadiscernaitclairementlabossequidéformaitsonjean.
Illuitenditlamain,etelles'avançaentresescuisses.Puis,comprenantcequ'ilvoulait,elle
s'installasurlui,lesgenouxlogésentresontorseetlesbrasdufauteuil,etlestalonssouslesfesses.
Lesoufflecourt,lesmusclestendus,elleattenditlasuite.
Gabeluisaisitlanuqueetl'attiraàluidansunbaisersauvage,presqueviolent.Luiaussiétait
horsd'haleineetilpassalesdoigtsdanssescheveuxavantderefermerlepoingetd'assureruneprise
encoreplusimpérieusesurelle.
Puis,brusquement,ilrompitleurbaiseretl'écartadelui,latenanttoujoursparlescheveux.Il
respiraitparsaccadesquisoulevaientsontorseàunrythmeeffréné.Sesyeuxbrillaientd'undésir
brutal,brûlant,quifitfrissonnerMia.
—Jenesaispassituterendscompteàquelpointj'aienviedetoi,murmura-t-il.
—Moiaussi,j'aienviedetoi,souffla-t-elle.
—Ettuvasm'avoir,Mia.Tuvasm'avoir.
Cettepromesseluifitl'effetd'unvoiledesoiechaudesursapeau:àlafoisdouceet
délicieusementindécente.
GaberelâchasaprisesursescheveuxetpassasespaumesouvertessurleventredeMia,les
faisantremonterendirectiondesesseins,qu'ilsaisitàpleinesmains.Puisilapprochasonvisageet
happaundesestétonsentreseslèvres.
Mianeputretenirunsoupirtremblantets'appuyaauxbrasdufauteuil,rejetantlatêteenarrière
tandisqueGabetaquinaitduboutdelalanguelapointetenduedesonsein.
Puisilcommençaàalterner,suçantetmordillantsesdeuxtétonstouràtourjusqu'àcequ'ils
soientaussidursquedelapierre.
Alorsillaissaretomberunemainet,duboutdesdoigts,luicaressalescôtes,leventre,
l'intérieurdelacuisse...Avecuneinfiniedélicatesse,ilécartalesquelquesbouclesdesonintimité,
puispassal'indexentreseslèvres.Miafrissonnaviolemmentlorsqu'illuieffleuraleclitoris.
Ilcommençaunepetitedanseinfernale,faisantjouersesdoigtsàl'entréedesonsexetouten
décrivant,avecsonpouce,descerclesdélicatsautourdupointleplussensible.
—Gabe,murmura-t-elledansungémissement.
Ellebaissalatêteafindepouvoirl'observer,lespaupièresmi-closes.Lavuedeseslèvres
referméesautourdesontétonétaitincroyablementérotiqueetfouettasessensdéjàenémoi.
Ellepoussaunnouveaugémissementlorsqu'ilintroduisitundoigtenelletoutenaccentuantla
pressiondesonpouce.Tenduecommeunarc,incapablederesterimmobile,elleondulaitdes
hanchesetsecambraitaurythmedesescaresses.
—Jouis,Mia.Jeveuxtesentirjouirdansmamain.
Puis,reprenantsontétonentreseslèvres,ilavançasondoigtencoreplusprofondémentet
atteignitsonpointG,sanscesserdestimulersonclitoris.Miafermalesyeuxetcriasonnomen
sentantmonterlapremièrevaguedel'orgasme,quidéferlaavecuneexquiseviolence.
—Oui,Mia,c'estça.Dismonnomquandtujouis.Encore!
—Gabe,murmura-t-elle.
Aulieuderalentirsescaresses,illesfitpluspressantes,etMiasedébattitcontresamain,
secouéedespasmestoujourspluspuissants.Puiselleselaissaretombercontreluietluiagrippales
épaulestandisqu'elletentaitdereprendresonsouffle.
Avecdouceur,GaberetirasamainetpassalesbrasautourdeMiapourl'attirercontrela
chaleurdesoncorps.Elleappuyalefrontsursonépauleetfermalesyeux,anéantieparlaviolence
desonplaisir.
Gabeluicaressaitledosendelongsgestesdouxetapaisants.Puisilremontaunemaindansses
cheveuxettiradélicatement,jusqu'àcequ'ellerelèvelatêteetcroisesonregard.
—Accroche-toi,dit-il.
Àpeineavait-ellenouélesbrasautourdesoncouqu'ilsepenchaenavantetselevatoutenla
portant.
—Passelesjambesautourdemataille.
Illasoulevaunpeuplushautetglissaunbrassoussesfessespourlasoutenirtandisqu'elle
croisaitleschevillesdanssondos.Puis,commesiellenepesaitrien,ill'emmenadanssachambre.
Ils'inclinaprèsdulitetydéposalajeunefemmeavantdeseredresseraussitôtpourretirerson
tee-shirt,nonsansunecertainefébrilité.Mial'observait,hébétéedeplaisir,vibrantencoredela
puissancedesonorgasme.Pourtant,elleenvoulaitdavantage-ellelevoulait,lui.
Ellerelevalatêtepourlevoirdéboutonnersonjean,puislefaireglissersurseshanches,
entraînantsonboxerdanslemêmemouvementvif.Ilétaitd'unebeautéàcouperlesouffle,debout
devantelle,lesexetendu,leregardbrûlant.Soncorpstoutentiersemblaitvibrerdudésirdela
posséder.Elleauraitpupasserdesheuresainsi,àl'admirerdanstoutesasplendeurdominatrice.Elle
vitsesmusclesjouersoussapeaulorsqu'ilsepenchaversellepourluisaisirleschevilles.D'un
gesterude,ill'attiraversleborddulitets'avançaentresesjambes.
—Jenevaispaspouvoiryallerendouceur,Mia,gronda-t-ild'unevoixfébrile.J'aitropenvie
d'êtreenfinentoi.J'aibesoindeteprendrelà,toutdesuite.
—Jenedemandepasmieux,souffla-t-elleensoutenantsonregardd'unbleuprofond.
Ilpassalesmainssoussesgenouxpourl'amenertoutcontrelui,etellesentitl'extrémitédeson
sexeappuyercontreseslèvresencoregonfléesdeplaisir.Gabenemarquaqu'unebrèvepauseavant
delapénétreravecforce.
MiapoussauncriquifitéchoàceluideGabe.Lesimplefaitdelerecevoirfaillitlafairejouir
denouveau.Ellen'enrevenaitpasd'êtreaussiexcitéejusteaprèsunorgasme.
LasensationdeGabesiprofondémentlogéenelleétaitmerveilleuse.Ellesesentait
parfaitementcomblée.Àvraidire,elleétaitsiserréeautourdeluiqu'ellesedemandaitcommentil
avaitpulapénétrerainsi,d'unseulcoupdereins.Oucommentilallaitpouvoirremuerenelle,
d'ailleurs.
Illuiavaitagrippéleshanchesàpleinesmains,maisilrelâchaunpeusonétreinte,commes'il
venaitdeserappelerqu'ildevaitlatraiteravecdouceur.Illuicaressaleventre,lataillepuisles
seins,qu'ilétreignitdoucement,entaquinantlespointes.
—Jet'aifaitmal?demanda-t-ild'unevoixrauque.
Alorsmêmequ'iltremblaitd'impatience,ils'inquiétaitsincèrementdesonconfort.Àcetinstant,
Miasutque,sijamaisellevoulaitqu'ilarrête,ils'exécuterait,mêmeenivrédedésircommeill'était.
Elleadoraitsentircetteivresse,cettefoliedontelle,Mia,étaitl'objet.
—Non,pasdutout,répondit-elleensecouantlatête.Net'arrêtepas,s'ilteplaît.
Elleentenditlanotedesupplicationdanssavoix,maisellen'ypouvaitrien.Ellemourraits'il
décidaitdetoutarrêter.
Elleposalesmainssurlessiennes,toujoursreferméessursesseins,puislesfitremonterlelong
desesbrasforts,sedélectantdesapuissance.Elleauraitpupasserdesheuresàlecaresserainsi,
maisilluiattrapalespoignetset,d'ungestebrusque,luiramenalesbrasau-dessusdelatête.Elle
écarquillalesyeuxfaceàl'expressionpresqueférocequipassasursonvisagetandisqu'ilémettaitun
grondementsourdetguttural.
Puisellesedétendit,etilsepenchasurellepourplacersespaumescontrelessienneset
l'immobilisercomplètement.
Ellesetrouvaittotalementincapablederésister,etcetterévélationfitnaîtreaucreuxdeson
ventreunevagued'excitationquiserépanditdanssesveines,commeunedrogue.Elleétaitivrede
Gabe,dupouvoiretdeladominationqu'ilexerçaitsurelle.
Elleavaittellementattenducela:queGabes'immisceentresesjambesetjusqu'auplusprofond
d'elle-même.Qu'illamaîtrisetotalement.Àboutdesouffle,étourdiedejoie,ellefrissonnait
d'anticipation.
AlorsGabeseretiraavantderedonnerunviolentcoupdeboutoirquilasecouatoutentière.
Illuilançaunregardincandescentet,d'unevoixrauqueincroyablementexcitante,ilmurmura:
—Oh,iln'estpasquestionquej'arrête.Pasquandj'aiattendusilongtempspourteposséder
enfin.
«J'aiattendusilongtempspourteposséderenfin.»Cesquelquesmotsfaillirentlafairejouir
sur-le-champ.L'idéequecethommesibeau,sibrillant,siimpressionnant,aitpupasserdesannéesà
fantasmeràsonsujetluiparaissaitcomplètementdingue.Ellen'auraitjamaisoséimaginerqu'il
puissenourriruneobsessionpareilleàlasiennependanttoutcetemps.
Aussitôt,ellesesentitunpeuprésomptueuse.Ilnes'agissaitpeut-êtrepasd'unevéritable
obsessiondanslecasdeGabe.Ellen'avaitpaslamoindreidéedecequ'étaientréellementses
sentimentspourelle.Saseulecertitude,c'estqu'elleavaitlongtempsfantasmésurlefaitdese
retrouverprécisémentlàoùelleétaitencetinstant.ImmobiliséeparlecorpspuissantdeGabe
allongésurlesien,plongéenellejusqu'àlagarde.
Ellen'auraitpasétéjusqu'àdirequ'ilétaitdotéd'unsexedémesuré,maisildépassaitdeloin
toussesamantspassés-autantentaillequ'enmaîtrisedelachose.
Illuilâchalesmains.Alorsqu'elleesquissaitunmouvementpourlecaresser,illuilançaun
regardintraitableetlesplaquacontrelematelasavantdeseredresserdenouveau.L'ordreétaitclair
sansqu'ilaitbesoindeparler,etelleobéit,gardantlesmainsau-dessusdelatêteetlesyeuxrivés
surlessiens,impatientededécouvrircequ'ilallaitluifaireensuite.
Ilsepenchapourluiattraperlesjambesetlesnouerautourdesataille,puisluiintima-parce
mêmeregardvaguementmenaçantmaisôcombiensexy-denepaslesdéplacer.Alorsilpassales
mainssoussesfesseset,l'agrippantavecforce,ilcommençaàdonnerdepuissantscoupsdereins,à
unrythmerapideetrégulierquifitrésonnerdesondesdeplaisirdanstoutsoncorps.
Instinctivement,elleeutenviedetendrelesbrasverslui-elleavaitbesoind'unpointd'ancrage
aumilieudecettetempêtedesensationsexquises-,maisilladissuadad'unsévèrecoupd'œil.Elle
laissadoncretombersesmains.
—Laprochainefois,jet'attache,gronda-t-ilenserrantlesdents.Nemecherchepas,Mia.C'est
moiquidécide,compris?Sijetedisdenepasbougerlesmains,tunelesbougespas.Est-ceque
c'estclair?
—Oui,répondit-elledansunsouffle.
Elleétaitdéjàtenduecommeunarc,àdeuxdoigtsdel'orgasme,etl'expressionbrutalement
sensuellesurlevisagedeGabel'affolaencoreplus.Ellelisaitsursestraitslapromessedetoutce
qu'illuiferaitsubir,detoutcequ'illuiferaitfaire...Ellebrûlaitlittéralementd'impatiencede
découvrirtoutcela!
Gaberepritsescoupsdeboutoiravecuneforcequilasecouatoutentière.Ellebaissales
paupièresetcrispalesmâchoirespourretenirlecridejouissancequ'ellesentaitmonter.
—Tesyeux!ordonnaGabe.Nemequittepasdesyeux,Mia.Jamais.Interdictiondejouirles
yeuxfermés.Jeveuxvoirlerefletdetoutcequeturessensquandjesuisentoi.Jetedéfendsde
m'excluredetonplaisir.
Aussitôt,elleobéitetrencontraleregarddeGabe,rivésurelle.
Ilseretirapresqueentièrementavantdereveniràlachargeavecunevigueurredoublée,les
mainscrispéessursesfesses.Ilrisquaitdeluilaissersesempreintessurlapeautellementillatenait
fort,l'attirantcontreluipourallertoujoursplusprofond.Ellen'allaitpastarderàexploser,àce
rythme.C'étaittropbon,tropmerveilleux...,troptout!
—Dismonnom,Mia.Dis-moiàquituappartiens.
—Àtoi,Gabe,souffla-t-elle,horsd'haleine.Jesuisàtoi,rienqu'àtoi.
Unéclatdesatisfactionpassadanssonregardetsursonvisagetenduàl'extrême.
—C'estbien,mabelle.C'estça.Tuesàmoi.
Ilglissaunemainentreeuxdeuxettrouvasonclitoris,qu'ilcaressasansjamaiscessersesva-
et-vient.
—Jouis,Mia,ordonna-t-il.Vas-y,lâche-toi!Jeveuxtesentirjouirtoutautourdemoi.Tuessi
douce,sisoyeuse,simerveilleusementétroite.C'esttropbon.
Àcesmotselleneputreteniruncriaigu,secouéeparunorgasmeencoreplusdévastateurquele
premier.Gabeétaittoutaufondd'elle,siprofondémentancréqu'ellenesentaitplusriend'autreque
sonmembretenduquiépousaitsiparfaitementlescontoursdesonpropresexe.
Ilaccéléraencorelacadence,levisagecrispé,etellecambraledospourveniràsarencontreet
prolongerceplaisirétourdissant.
—Monnom,Mia,gronda-t-il.Dismonnomquandtujouis.
—Gabe!hurla-t-elle.
Unéclattriomphaltraversasesyeuxtandisqu'ellesedébattaitsouslui,toujoursparcouruepar
lesvaguesdecetorgasmeplusintensequetoutcequ'elleavaitconnuauparavant.
Puisellesedétenditetretombasurlematelas,épuisée,comblée.Gaberalentitlacadence,
commes'ilvoulaitsavourerchaqueinstant.Ilfermalesyeuxetalternadeprofondscoupsdereins
avecdesmouvementsplussubtils.Puis,serrantleslèvres,ilrepritdelavitesseetdel'amplitude.
Soudain,ilseraidit,etellevitsesmusclessecontracteràl'extrême.Ilremontalesmains
jusqu'àcellesdeMia,au-dessusdesatête,etpressasespaumescontrelessiennes,s'allongeant
presquesurelle.
—Tuesàmoi,Mia,gronda-t-il.Àmoi!
Ellelesentitjouiràsontouretjaillirendelonguesetpuissantessecoussestoutaufondd'elle.
Ilsétaienttouslesdeuxmoitesdesueuretdufruitdeleurexcitation,etchacundesmouvementsde
Gabes'accompagnaitd'unpetitbruitdesuccion.
Puisildonnaunderniercoupdereinsetrestaaussiprofondqu'ilput,avantdevenirs'allonger
complètementsurelle.Sontorses'élevaitets'abaissaitaurythmedesonsoufflehaletant,quilui
chatouillaitlecou.Sonsexe,encoredur,continuaitdeluiprocurerdessensationsdélicieuses.
—J'ailedroitdetetoucher?demanda-t-elledansunmurmure.
Elleenavaittellementenvie-tellementbesoin-qu'elleavaitpeurdenepluspouvoirse
contenir,mêmesiGabeleluiinterdisait.
Heureusement,ilneditrienmaisluilibéralesmains,cequ'elleinterprétacommeune
autorisation.
D'ungestehésitant,elleluicaressalesépaules,puisgagnadel'assuranceenconstatantqu'ilne
protestaitpas.Alorselles'enharditàexplorersoncorps,encoreétourdieparl'extasedeleurunion.
Ellefitcourirsesdoigtsdanssondos,aussibasqu'elleput,puisremontalentementsurlescôtés,
reproduisantlescaressesqueGabeluiavaitoffertes.
IlpoussaunpetitgrognementsatisfaitquifitvibrerMiaetluiarrachaundernierspasme.En
réaction,Gabegrognadeplusbelleetluidéposaunbaiserdanslecou,justesousl'oreille.
—Tuesbelle,ettuesàmoi,murmura-t-il.
UnfrissondeplaisirlaparcourutquandelleentenditGabelacomplimenteret,surtout,la
déclarersienne.Tantquedureraitleurarrangement,elleseraitbeletbienàlui.Ellelui
appartiendrait,commepeudefemmesappartiennentàleurhomme.
EllesentaitpartoutsursoncorpslamarquedeGabe-lapreuvequ'illapossédait.Ellen'avait
nilaforcenil'enviedefairelemoindregeste,aussiresta-t-elleimmobile,heureusedesentirlepoids
deGabesurlesienetsonsexeencoretenduenelle.
Chapitre9
AllongéàcôtédeMia,Gabel'écoutaitrespirerdoucement.Elleétaitchaudeetdoucecontreson
corps,etilfutsaisid'unsentimentétrange,unesortedebéatitude.Sonbrascommençaitàs'engourdir
souslatêtedelajeunefemme,maisGabenel'auraitdérangéepourrienaumonde.Ilaimaittrop
l'avoirainsilovéecontrelui.
Iln'étaitpourtantpasdugenrecâlin.Depuislafindesonmariage,iln'avaitplusjamais
consacrédetempsauxpetitsgestestendresetintimesquiaccompagnentlesexe.Illuiétaitbien
arrivédelaisserquelquesfemmespasserlanuitchezlui,maisildemeuraittoujoursuneséparation
biennette,commeunmurinvisibleentresesinvitéesetlui.
Mianeluiavaitpasvraimentlaissélechoix,celadit.Àpeines'était-ilretiréetlesavait-il
essuyésl'unetl'autrequ'elles'étaitblottiecontreluiavantdes'endormir.Iln'avaitmêmepascherché
àl'enempêcher.
Aulieudeça,ill'écoutaitrespireretrepensaitàl'intensitédecettepremièrerencontre,
l'estomacnouéparlaculpabilité.
Illuiavaitpromisd'êtrepatientetdefairepreuvededouceurlorsdesoninitiationphysique.Il
auraitdûyallerpluslentementaulieudelaprendreainsicommeunebêtefurieuse.Ilauraitdûse
contrôlermieuxqueça.
Maiss'ildevaitêtrehonnête,aumomentoùMiaavaitposélepieddanssonappartement,Gabe
avaitressentilebesoinimpérieuxdelaposséder.Ilneluiavaitpasfaitl'amouravectendresse-non,
ill'avaitbaiséebrutalement,avecunefrénésiequ'ilnes'expliquaitpas.
Illacontemplauninstant:lesyeuxfermés,lescheveuxenbataille,lesseinspresséscontreson
torse...Ilavaitcruqu'ensatisfaisantsonappétitcharnelpourcettefilleilretrouveraitunsemblantde
contrôlesurcetteespèced'obsessionetseraitcapabledelatraiteraveclemêmedétachementqueses
autresconquêtes.Pourtant,cettepremièreexpériencen'avaitfaitqu'aiguisersafaimpourlajeune
femme.Sondésir,loindediminueraprèscespremiersassauts,enétaitressortiplusvif,plus
impérieux.Àtelpointqu'ilavaitdéjàenviedelaprendredenouveau.
Envolées,sesbellespromessesdel'initieravecpatience.Ilvoulaitl'attacheretlabaiserjusqu'à
cequ'ilstombentdefatiguel'unetl'autre.Ilvoulaitluifaireunmilliondechoses,maisriendelentou
dedoux.Iln'aspiraitqu'àsoulagerlafièvrequilerongeait,maisellen'avaitriendedoux,ellenon
plus.IlvoulaitseperdreenMiaetprendrepossessiond'ellejusqu'àcequ'ellen'aitpluslemoindre
doutequantàl'identitédesonmaître.
Àcetinstant,elleremuaavecunmurmureinintelligibleetremontalamainsurletorsedeGabe.
Presquemalgrélui,illuicaressalebras,incapablederésisteràl'enviedelatoucher.Ilvitses
paupièrespapillonnerquelquessecondesavantqu'elleseréveilleetlèveversluidesyeuxtout
embrumés.
—J'aidormilongtemps?
—Non,uneheure,àpeine.
Aussitôtelleseredressa,l'airmalàl'aise.
—Oh,jesuisdésolée.Jen'enavaispasl'intention.Jeferaismieuxd'yaller.
Avecungrondementsourd,ill'attiracontreluietcaressasescourbes,deseshanchesàses
seins.Commes'ilallaitlalaisserpartir!Ellenesemblaitpasencoreavoirbiencomprisceque
signifiaitlefaitd'êtredevenuesachose.Ilétaithorsdequestionqu'elles'enfuieendouceàpeineson
orgasmecalmé.
—Appelletacolocataireetdemande-luidetepréparerunsacavecquelquesaffairespourla
nuit.Monchauffeurpasseraleprendredansuneheure.Onn'auraqu'àarriveraubureauensemble
demainmatin.
—Tun'aspaspeurqueçaparaisselouche?demanda-t-elle,visiblementinquiète.
—Maisnon,répondit-ilenfronçantlessourcils.Çadonneral'impressionquenousnoussommes
retrouvéspourunpetitdéjeuner,histoiredediscuterdetesnouvellesfonctions.Riendeplusbanal.
Miaacquiesçaensilence.
—Tuasuntéléphoneàcôtédulit,là.AppelleCaroline.
Ilrelâchasonétreintepourqu'ellepuisseseretourneretsaisirletéléphone.Ilenprofitapour
admirersondosnuetsesfessesrebondies.Quellemerveille!
S'arrachantàcespectacle,ilsepenchapourattrapersonportableet,tandisqueMiaexpliquait
lasituationàCaroline,ilappelasonchauffeurpourluidonnersesconsignes.
QuandilseretournaversMia,elleétaitassisesurlelitetsemblaittoujoursaussidéboussolée.
Ilmouraitd'enviedel'attirersousluietdelaprendreavecforce.Heureusement,lesdraps
formaientdesplisautourdesatailleetdissimulaientsaformidableérection.Mianetarderaitpasàla
découvrir,évidemment,maisiln'avaitpasenviedepresserleschoses.Ilnecomprenaitmêmepas
d'oùluivenaitcetteréservealorsque,plusquetout,ilmouraitd'envied'écartersescuissesfuselées
etdeseglisserentreelles.
Avecsesautresconquêtes,ilauraitsoitdonnélibrecoursàsondésir,soitsuggéréqu'ils
dormentavantdesedétournerpoursesoustraireàlamoindremarqued'intimité.Mais,avecMia,il
sedécouvraitdespulsionsnouvelles,qu'ilnes'expliquaitpas.D'ailleurs,ilnesouhaitaitpas
vraimentsepenchersurlaquestion,iln'étaitpascertaind'appréciercequ'ilrisquaitd'apprendre.
—Vienslà,dit-ilenluiouvrantlesbraspourqu'ellepuissereprendrelapositionqu'elleavait
adoptéesinaturellementaprèsl'amour.
Miaselovacontrelui,latêtesursonépaule,puisremontalesdrapssoussonmenton.
Aprèsquelquesminutesdesilence,ellerelevalesyeuxverslui.
—Tunevaspasexigerquejet'appelle«maître»,oudestrucsdugenre?
Haussantunsourcil,ilcroisasonregardetyvituneétincelleespiègle.Ilsecoualatête,amusé,
etdutseretenirderire.
—Non.Ceseraitunpeuridicule,tunetrouvespas?Cegenredestéréotypesnem'intéressepas
vraiment.Cenesontquedesapparences,aprèstout.
—Donc,pasde«oui,monsieur»oude«non,monsieur»?
Prisdansl'ambianceespiègledecetteconversation,illuiadministraunelégèreclaquesurles
fesses.Ilsesentaitbienavecelleetserenditcomptequ'ilappréciaitgrandementcemomentde...
d'intimité?Ilrejetacettenotion.Ilauraitdéjàdûêtreentresescuisses,pourtantilsecontentaitde
savourerl'instant:Mia,danssonlit,quiluisouriaitd'unairgentimentaguicheur.Sijamaisilla
voyait,unjour,fairecepetitnumérodecharmeàunautre,ilrisquaitdeperdrelespédales.
—Petiteeffrontée,va!Etnon,jenetienspasàcequetum'appelles«monsieur».J'aurais
l'impressiond'êtretonpère.Déjàquenotredifférenced'âgememetlégèrementmalàl'aise...jene
tienspasàenrajouter.
Miaseredressasuruncoudepourleregarderenface,etsescheveuxtombèrentencascadessur
letorsedeGabe.Quellevisionmagnifique,aveccesmèchesfollesetsoyeusesquilecaressaient
ainsi!Aussitôt,iloublialecôtébadindeleurconversationetfutsaisidudésird'attraperMiapour
luifairesubirencorequatreheuresdedélicesaumoins.
—Monâgetedérangetantqueça?S’enquit-elle.Et,sic'estlecas,est-cequetuessûrde
vouloirça?Enfin,nous?
Avecunprofondsoupir,Gabeserésignaàcontrôlersesinstinctsencorequelquesminutes.Son
érectionluifaisaitpresquemal,maisMiasemblaitd'humeurbavarde.Ilpouvaitbienfaireuneffort.
—Çam'abeaucoupdérangéparlepassé,maisplusautantmaintenant.Onaquandmême
quatorzeansd'écart,cequin'estpasnégligeable.Onn'enestpasdutoutaumêmepointdansnosvies
respectives.
Mianeditrienmaisfronçalessourcils.
—Àquoitupenses?demanda-t-il.
Elleinspiraprofondémentavantdeselancer.
—L'autrejour,tum'aslaisséentendrequetumedésiraisdepuislongtemps.Depuiscombiende
temps,exactement?
Ils'agissaitdetrouverlesmotsjustes,etGaberéfléchitensilence.Letourqueprenaitcette
conversationlemettaitmalàl'aise,maisilnepouvaits'enprendrequ'àlui-même.Ilavaitpoussé
Miaàluirévélercequiluitrottaitdanslatête,ilsedevaitdoncdeluirépondre.
—Jecroisqueçadatedetonretourd'Europe,aprèstonannéesabbatique.Jenet'avaispas
beaucoupvue,jusque-là.Àpeinequelquesjours,quandtuvenaispasserdesvacancesavecJace.
Maisc'estvraimentàtaremisedesdiplômesquemonregardachangé.Àmesyeux,tuascesséd'être
lapetitesœurdeJacepourdevenirunefemmeàpartentière.Unefemmemagnifique,quej'aitoutde
suitedésirée.Çam'apriscomplètementparsurprise.
—Etqu'est-cequit'adécidéàagir,aprèstoutcetemps?l'interrogea-t-elledansunmurmure.
Lui-mêmeneconnaissaitpaslaréponseàcettequestion.Ilavaitressentiundéclicenlavoyant
danslarue,lejouroùilavaitpriscettefameusephoto.Toutledésirqu'ilavaitcontenujusque-làlui
étaitrevenuenpleinefaceaveclaforced'uncoupdepoing.Ilavaitcomprisqu'iln'arriveraitpasà
sedéfairedecetteobsessionquilerongeait.D'ailleurs,mêmeaprèsavoirenfinpossédéMia,son
obsessionperdurait.Pire,ellesefaisaitplusintensequejamais.
—L'heureétaitvenue,expliqua-t-il,simplement.Ettoi,Mia?Quandas-tucomprisquetume
désirais?
Elledétournaleregard,etsesjouesprirentunedélicieuseteinterose.
—Jefantasmesurtoidepuisquejesuisado,maistum'astoujourssembléhorsd'atteinte,
avoua-t-ellesuruntonquifitfrissonnerGabe.
Ému,ilentrevitledésastrequiattendaitMiasiellen'apprenaitpasàdissociersesémotionsde
leurrelationcharnelle.C'étaitpeut-êtrel'autreraisonquil'avaitempêchéd'agirpendantsilongtemps,
enplusdeleurdifférenced'âge:Miaétaitunetrèsjeunefemme,ellenebénéficiaitpasdelamême
expériencequesesconquêtespassées.
—Jetepréviens,Mia.Ilnefautpasquetutombesamoureusedemoi.Neteméprendspassur
cettehistoire.Jenevoudraissurtoutpasteblesser.
Elleplissalesyeuxd'unairméprisantets'écartadelui.Aussitôt,ilregrettacettedistanceentre
eux,ilvoulaitMiatoutprès,toutcontresapeau,pourqu'ilpuissesentirsachaleuretsadouceur.
Ilseredressa,luipassaunbrasautourdesépaulesetl'attirabrutalementcontresontorse.
Visiblement,cegesteluidéplut,maistantpis.Sielleavaitquelquechoseàluidire,elleleferait
ainsi,nichéecontresoncœur.
Elleserraleslèvresenuneadorablegrimace,maisGabesegardabiendefairelamoindre
remarqueàcesujet.Celaneferaitquelafâcherdavantage.Ileutpourtantdumalàs'empêcherde
sourireetdutlaregarderdroitdanslesyeuxpourgardersonsérieux.
—Jetetrouvebienprésomptueux,Gabe.Franchement,tun'avaispasbesoindejouerausalaud
arrogant,tusais.Lanaturedenotrearrangementestonnepeutplusclaire,depuisledépart,etjene
suispascomplètementstupide.Qu'est-cequetut'imagines?Quetouteslesfemmesquetucroises
tombentfollementamoureusesaupointdenepluspouvoirsepasserdetoi?
Ilneputretenirsonsourirepluslongtemps,cequinemanquapasd'agacerMia.Onauraitditun
chatonénervéquidécouvraittoutjustesesminusculesgriffes.Gabesesentitaussitôtsoulagé.Certes,
ilavaitbienprissoindespécifierlestermesdeleurarrangement,mais,malgrétout,l'idéedebriser
lecœurdeMialuifaisaithorreur.Enoutre,sonamitiéavecJacenes'enremettraitjamais.Etpuisil
n'avaittoutsimplementpasenviedelafairesouffrir.Elleméritaitmieuxquesesautrespassades
anonymes.
—Messagereçu,dit-il.Jeteprometsdeneplusjamaisaborderlaquestion.
Avecunnouveauregardfuribond,elleposalesmainsàplatsursontorsepours'écarterdelui.
Pasquestionqu'illalaissefaire!Illaramenacontreluiavecforce,sibienqueleursbouchesse
trouvèrenttoutesproches.
Ill'embrassaetpoussaungrognementenconstatantqu'ellerestaitdemarbre.Ilpassaunemain
entreeux,lelongdesonventre,etglissalesdoigtsentrelesreplissoyeuxdesonsexegonflé.Ellene
putretenirunhoquetdesurprise,etilenprofitapourluimordillerlégèrementlalèvreinférieure.
—J'aimemieuxça,souffla-t-ilavantdel'étourdird'unfougueuxbaiser.
—Tonchauffeurnerisquepasd'arriver?demanda-t-elle,horsd'haleine.
—Onaletemps.
Ilsaisitseshanchesetl'installaàcalifourchonsurlui.Puisilrejetalesdrapsd'ungestevif,en
proieàundésirimpérieux.Douloureux.
—Poselesmainssurmesépaulesetsoulèvelebassin,ordonna-t-il.
LorsqueMias'exécuta,ilsaisitsonérectiond'unemainet,del'autre,guidalajeunefemmede
façonàlogerlatêtedesonsexeentreseslèvres.
—Chevauche-moi,Mia,gronda-t-il.
Ellesemblaithésiter,aussilaprit-ilparlatailleavantdecambrerledospourveniràsa
rencontre.Unefoisqu'ilfutenelle,illamaintintcontreluietluiimprimaunmouvementrégulier,le
tempsqu'elletrouvesonrythme.Quantàlui,ilsavaitdéjàqu'ilnetiendraitpastrèslongtemps.Iln'en
pouvaitplusd'attendre,etilsemblaitincapabledesecontrôlerquandilétaitavecMia.
—Voilà,mabelle,c'estça.
Voyantqu'ellegagnaitenassurance,ilrelâchaunpeusaprise.Elleétaittellementdouce!Ses
paroissoyeusesetbrûlantesagrippaientsonsexe,sibienqu'ilétaittoutprèsdejouir,alorsqu'elle-
mêmeenétaitencoreloin.
Commesielleavaitludanssespensées,Miasepenchasurluiet,pourlapremièrefois,prit
l'initiativedel'embrasser.Etquelbaiser!Ils'abandonnaàladouceurdesalangueetdeseslèvres.
Ohoui,elleétaitsienne,celanefaisaitaucundoute.Etilnecomptaitpaslalaisserfileravantde
s'êtredélectéd'ellejusqu'àplussoif.
—Nem'attendspas,murmura-t-elle.
Alorsilluipritlevisageàdeuxmainsetl'embrassaavecunefougueredoublée.Ilcommençaà
donnerdescoupsdereinspouraccompagneretamplifierlesmouvementsdelajeunefemme.Puisil
luisaisitleshanchesavecforcepourl'attirerencoreplusprès.Elleporteraitlesmarquesdeson
désirrageurlelendemain,maiscetteidéenefitqueluifouetterlesangdavantage,jusqu'àcequ'ilait
lasensationd'unbrasierinfernalleconsumantdel'intérieur.
L'orgasmequilesecoualesurpritparsonintensitépresquedouloureuse,etilfaillitlaisser
échapperuncridesatisfaction-unrugissementdevictoire.Ilavaitenfinconquissaproieetlatenait
entresesbras,àcalifourchonsursonsexeencoredurettendu.Elleluiappartenait.Ilavaitassez
attendu,assezrêvéd'elleensilence.Ill'avaitcapturéeetlatenaitàsamerci.Ilpouvaitfaired'ellece
qu'ildésirait,àprésent.
Desimagesdémentess'invitèrentsoussoncrâne:Mialigotéetandisqu'illaprenaitpar-derrière
oujouissaitdanssabouche,laconsumantjusqu'àcequ'ellenesoitpluscapabledeformulerla
moindrepensée,àpartcelleproclamantqu'elleétaitsienne.
Ill'attiratoutcontresontorse,etsescheveuxluitombèrentsurlevisage.Ilrespiraittellement
fortqu'ellesesoulevaitenrythme.Illuicaressalesreinspuisluiattrapalesfessesetarqualedos
pourresterprofondémentancréenelleetgardercetteconnexionentreeux.
Ilétaitsansdéfensefaceàlaforcedesondésir.Iln'avaitjamaisrienéprouvédecomparableet,
àvraidire,iln'étaitpassûrd'aimercela.C'étaitunesensationdéroutante,quilefaisaitdouterdelui-
mêmeetdeseschoix.
Iln'avaitguèred'illusionssursonproprecompte,unmonstred'égoïsme,voilàcequ'ilétait.
Pourtant,Mialuidonnaitenviededevenirquelqu'undemeilleur.Ilnevoulaitplusjouerlerôledela
bruteépaissequiprendsonplaisirsansjamaisriendonnerenretour.Ilvoulaitlatraiteravec
douceur,s'assurerdesajouissanceavanttout.Iln'étaitmêmepassûrdesavoircomments'yprendre,
maisilcomptaitbienessayer.
Siellenes'enfuyaitpasencourant...Celaneseraitguèreétonnant:ill'avaitpossédéecomme
unebêtesauvage,àdeuxreprises,sanslemoindreégardpourelle.D'ailleurs,lasecondefois,elle
n'avaitmêmepasatteintl'orgasme.
IlfermalesyeuxettentaderassemblersesespritstandisqueMiapesaitsurlui,douceet
féminine.
Puisilfinitparlafaireroulersurledosetparseretirerdelachaleurdesoncorps.Ildéposaun
baisersursonfrontet,incapabledetrouverlesmots,selevaensilence.
Mialesuivitduregard,contemplantsanudité,maisilnesutdéchiffrercequ'illutdanssesyeux.
Ellenesemblaitpasporterdejugement,etsecontentaitdel'observer,pensive.Ileneutlachairde
poule.
Ilsedétournaet,toutenrassemblantsesvêtements,lança:
—Restelà.Jet'apporteraitesaffairesdèsquelechauffeurarrivera.
—OK,acquiesça-t-elledansunsouffle.
Ilenfilasonpantalon,conscientducurieuxspectaclequ'ildevaitoffrir.Ilétaitbienloindu
personnagedistantetintouchablequ'ilendossaitenpublic,etilnevoulaitpasqu'onlevoieaussi
vulnérable.SurtoutpasMia.
Chapitre10
Mias'étaitendormie,saouledeplaisiretbercéeparunedoucechaleur,etsesrêvesétaient
parcourusd'imagesvivacesdeGabe.Soudain,elleseréveillaensursautlorsqueGabe-levrai,en
chairetenos-tiralescouverturesqu'elleavaitramenéessoussonmenton.
Ilavaitceregardimplacableetperçantquiluinouaitl'estomac,etaussitôtelleserralescuisses
pourendiguerunepuissantevaguededésir.
—Àgenoux.
Oh!Letonsurlequelilénonçacetordrelafitfrémirtoutentière.
Ellen'étaitpassûredecequ'ilvoulaitréellement,enrevanche.Devait-ellesetenirdroite,ou
souhaitait-illavoiràquatrepattes?Sitelétaitlecas...Ellefrissonnaenimaginanttoutcequecette
solutionpouvaitimpliquer.
Puis,voyantqu'ilplissaitlespaupièresd'unairimpatient,elles'empressaderoulersurle
ventre.Mais,avantqu'elleaiteuletempsdeseredresser,illuiposaunemainfermeaumilieudu
dos.
—Attends.Ceseraplusfacilesijefaisçamaintenant.
Situfaisquoimaintenant?
Lecœurbattantàtoutromprecontrelematelas,ellecrispalespaupières.Aprèstout,puisqu'il
neluiavaitpasdemandédeleregarder,elleavaitsansdouteledroitdefermerlesyeux.
Avecdesgestesdoux,illuisaisitunpoignet,puisl'autre,etluiramenalesmainsdanslebasdu
dos.Soudainellecompritcequ'ilfaisaitetouvritdegrandsyeux.Ilétaitentraind'enroulerune
longueurdecordeautourdesespoignets!
Ohnon!Ohnon!Ohnon!Lesclausesducontratquiparlaientdebondagen'étaientdoncpas
uneplaisanterie!
CenefutquelorsqueGabeluidéposaunlégerbaisersurlelobedel'oreillequ'elleserendit
comptedelatensionquiparcouraitsesmuscles.
—Ducalme,Mia.Jenevaispastefairedemal.Tulesais.
Rassuréeparcettepromesse,ellesesentitfondre.Elleétaitàlafoisexcitéeetanxieuse-mais
surtoutexcitée.Elleavaittouslessensenalerte,lestétonsdurciscontrelafraîcheurdudrap.
AlorsGabel'attrapaparleshanchesetlasoulevadesortequ'elleseretrouveàgenoux,lajoue
presséecontrelematelas,lesmainsliéesdansledosetlesfessesenl'air.
Gabeencaressauninstantlesrondeursavantdepasserundoigtentreellesetdes'arrêter
brièvementàl'entréedesonanus.
—Jesuisimpatientdedéflorertonpetitcul,Mia,souffla-t-ild'unevoixrauque.Tun'espas
encoreprêteàm'accueillir,maisbientôtjepourraitepénétrerpar-là,etj'ensavoureraichaque
seconde.
Lajeunefemmefrissonnaviolemment,gagnéeparlachairdepoule.
—Maispourl'instantjevaismecontenterdetebaiserenregardanttonpetittroubienserréeten
imaginantquec'estlàquejemeplonge.
Submergéeparunevaguededésirfiévreux,Miasemorditlalèvre,impatientedelesentir
contreelle–enelle.
Puislelits'enfonçalégèrementlorsqueGabesepositionnaderrièreelle.Illuicaressaledoset
lesépaules,puisredescenditverssespoignetsetmassauninstantsesdoigtscrispésavantdetirersur
lacorde,commepouréprouverlasoliditédunœud.
Miaétaitàboutdesouffle,assaillieparunbouquetdesensationsqu'ellenecherchaitmêmepas
às'expliquer.Terriblementconscientedesavulnérabilité,ellesavaitnéanmoinsqu'ellenerisquait
rien.Gabeneluiferaitjamaisdemal.Ilnelaforceraitpasàfranchirseslimites.
Unemainsolidementarriméeàsespoignets,ilglissal'autreentresesjambesetlapressacontre
sonsexe.Puisils'écartaletempsdelogersonglandentreseslèvreshumides.
—Tuestellementbelle,gronda-t-ilenavançantàpeine.J'adoretevoircommeça,àgenouxsur
monlit,lesmainsliéesdansledos,desortequetun'aspasd'autrechoixquedeprendrecequejete
donne.
Miaavaitenviedehurlerdefrustration.Elleétaittenduecommeunarc,prêteàexploser,
pourtantGaberestaitimmobile.Elleessayadereculercontreluipourleforceràentrerenfin,maisil
luiadministraaussitôtuneclaqueretentissante.
Choquée,elleenrestabouchebée,maisilpartitd'unpetitéclatderire.Ilosaitrire!
—Quelleimpatience!lança-t-ild'unevoixamusée.Tuoubliesfacilement,ondirait.Jet'ai
pourtantrépétéquec'estmoiquidirigelesopérations.J'aiautantenviedeteprendrequetuveuxme
sentirentoi,maisj'appréciecetinstantd'anticipation,àtevoirlà,attachée,dansmonlit...Unefois
quejeseraientoi,jenetiendraipastrèslongtemps,alorsj'enprofiteautantquejepeux.
Ellefermalesyeuxengémissant.
Avecunnouveaupetitrire,ilavançaunpeu,luiécartantleslèvres.Ellesoupiraetsetenditen
anticipationdecequiallaitsuivre.Elleétaitparcouruedefrissonsincontrôlables,etsonsexese
contractaitautourdeceluideGabe,commepourl'attirer.Elleavaittellementenviequ'illapénètre
enfin,tellementenviedelui!
—Tuveuxmesentirtoutaufonddetoi,Mia?demanda-t-ild'unevoixsourdeetcaressante.
—Ohoui,répondit-elledansunmurmure.
—Jenet'entendspas.
—Oui!
—Demande-le-moigentiment,reprit-ild'unevoixdouce.Dis-moicequetuveux,machérie.
—Jeteveux,toi.S'ilteplaît,Gabe.
—Tumeveuxmoi,outuveuxmaqueue?
—Lesdeux!
—Bonneréponse,murmura-t-ilavantdesepencherpourluidéposerunbaiserdansledos.
Puisilresserrasaprisesurlespoignetsdelajeunefemmeetlapénétrad'unviolentcoupde
reins.Ellesursautaetouvritdegrandsyeux,bouchebée,commesiuncrimuetvenaitdelui
échapper.
—Excellenteréponse,ajoutaGabe,toutprèsdesonoreille.
Illacouvraitdesoncorps,prenantappuisursesmainsliées.Miasecambrapourveniràsa
rencontre,incapabledeseretenir.
Ellen'auraitjamaiscrupossibled'avoirautantd'orgasmesensipeudetemps.Celalui
paraissaitcomplètementdémesuréetdépassaitdetrèsloinlesrêveslesplusfousqu'elleauraitpuse
permettreausujetdeGabe.Elleenétaittouteretournée.
Gabeseretiralentement,jusqu'àcequeseulsonglanddemeureentreseslèvres.
—Oh,Gabe,viens,s'ilteplaît!Gémit-elled'unevoixenrouée.
Ellelesuppliaitlittéralement,maistantpis.Tantpissielleenfreignaitlesrèglesetencourait
uneréprimande.Àvraidire,elleseprenaitmêmeàespérerqueGabeluiadministreunenouvelle
fessée,car,aupointoùelleenétait,lamoindresecoussenemanqueraitpasdelafairedécoller.
—Chut!Doucement,mabelle,chuchota-t-il.Jevaism'occuperdetoi,machérie,fais-moi
confiance.
—Oh,jetefaisconfiance,Gabe,souffla-t-elle.
Aumêmemoment,elletournalatêteetaperçutunéclatdesatisfactionpresquesauvagepasser
danssesyeux.Cesquelquesmotssemblaientavoiruneffethallucinantsurlui.
Illuiattrapalespoignetsàdeuxmainset,s'enservantcommed'unpointd'appui,ilcommençaà
donnerdeprofondscoupsdereins.
Miatremblaitsouslapuissancedesesassauts.Elleavaitlesjambesencotonàforcedesetenir
ainsiàgenouxsurlematelas,etsesmusclessecontractaient,annonçantunorgasmedévastateur.
Ellepercevaitdesgémissementsétouffésetserenditcomptequ'ilsémanaientd'elle.
Irrépressibles,ilssemblaientvenusduplusprofonddesonêtre,d'unepartied'ellejusqu'alors
secrète.
AlorsGabetenditunemainverssescheveuxetjouaavecquelquesmèches,doucementd'abord,
avantderefermerlesdoigtsavecforce.Iltiraunpeu,puisrelâchasaprisepourrecommencerle
mêmemanègeplusprèsdesoncrâne.
Ilcrispalepoingetlaforçaàtournerlatêtedefaçonqu'ellepuisselevoir.
—Tesyeux,Mia,commanda-t-ild'unevoixrude.
Elleobéitaussitôtetl'aperçutducoindel'œil.L'expressiondesonvisageluicoupalesouffle.
Sestraitsétaientfigésenunmasquepresquesauvage,etunevivelueuréclairaitsonregard.
Chaquefoisqu'ilseretirait,Miaavaitlatêteentraînéeenarrière,maiscen'étaitpasdouloureux.
Oualorselleétaittellementsaouledeplaisirqueladouleurs'ymêlaitets'yperdait.Elle
adoraitsafaçondeluitirerlescheveuxafindelirel'extasedanssesyeux.
Elletournadonclatêtedesonmieuxetseconcentrasurlabeautéviriledesonvisage,empreint
d'unesatisfactionpoignante.D'uneimmenseextase-qu'elleluioffrait,elle.
Leursregardssecroisèrentlonguement,etMiaperçutunelueurquil'émutprofondément,comme
sielleavaitatteintsonâme.Ellecompritqu'elleétaitparfaitementàsaplaceencetinstant.Là,dans
lelitdeGabeHamilton.Àsesordresetàsamerci.C'étaittoutcequ'elleavaittoujoursdésiré.
Etc'étaitsaréalité.
—Tuenesoù?demandaGabed'unevoixtendue.
Puis,devinantlaquestiondanslesyeuxdeMia,ilajouta,suruntonplusdoux:
—Est-cequetupensesjouirbientôt,mabelle?
—Ohoui,j'ysuispresque,répondit-elledansunsouffle.
—Alorsvas-y.Jouispourmoi,mabeauté.Jeveuxvoirleplaisirdanstesyeux.J'adorecomme
ilss'embrument.Ilssonttellementexpressifs,unefenêtresurtonâme...Etjesuisleseulhommequi
puisselescontempleralorsquetuesauxprisesavecunorgasme,compris?Miaacquiesça,lagorge
tropnouéepourparler.
—Dis-le,reprit-ildansunmurmure.Dis-moiquecesyeuxn'appartiennentqu'àmoi.
—Ilssontàtoi,Gabe.Rienqu'àtoi.
Ildesserralepoingetlaissadoucementfilersesmèchesdecheveux.Puisilluicaressaledos
d'unemainchaudeetapaisante,avantdepasserlebrasautourdesatailleetdeglisserlesdoigts
entresescuisses.
Elleneputreteniruncrilorsqu'ileffleurasonclitorisetqu'uncourantélectriqueparcouruttout
soncorps.
—C'estça,mapuce,laisse-toifaire.Abandonne-toi.Donne-moitoutcequetuas,Mia.Toutça
m'appartient,etjeleveux,maintenant.
Alorsilrepritsescoupsdereinsavecunevigueurredoublée,sanscesserdel'exciterd'une
main.
—Oh,monDieu!s'écria-t-elle.Oh,Gabe!
—C'estbien,mabelle,tuapprendsvite.Monnomsurteslèvresettesyeuxdanslesmiens
quandtujouis.
Pourtant,ellefaillitleperdredevue,littéralementéblouieparlaforcedesonorgasme.Elle
criasonnomàplusieursreprises,d'unevoixqu'ellenereconnutpas.Forte,rauque,ellesemblait
implorerGabedeluiendonnertoujoursplus-deluidonnercedontelleavaittantbesoin:lui.
Etc'estcequ'ilfit.
Ellesentitsasemencejaillirenelleavecforceet,tropépuiséepourgarderlesyeuxrivéssur
lui,ellereposalajouecontrelematelas.Sesyeuxsefermèrentpresquemalgréelle,etellese
demandasiellen'avaitpasperduconscience.Elleavaitl'impressiondeflotterdansunailleurs
étrange,commesielleétaitsousl'emprised'unepuissantedroguemaisdansleplusbelendroitau
monde.
Elleplanaitcomplètement,euphoriqueetcomblée.
Heureuse.
Ellenereçutnulleréprimandepouravoiroséfermerlesyeux,justedelégersbaiserslelongde
l'échineetjusqu'àsonoreille.Elleperçutlesouffledemurmuresdontellenecompritpaslesens.
PuisGabeseretira,et,aussitôt,elleprotestadesetrouverainsiarrachéeàsondélicieuxcoconet
livréeàelle-même.
—Chut.Ducalme,machérie,ilfautquejetedétacheetquejem'occupedetoi.
Elleeutàpeinelaforcederépondreparungrognementinarticulé.Cesquelquesmots
l'enchantèrent.S'ilvoulaits'occuperd'elle,ellen'avaitpasd'objection.
Uninstantplustard,illuilibéralesmainsetlesmassal'uneaprèsl'autre,puislesreposa
doucementlelongdesoncorps.Alorsillatournaversluietl'attiradanssesbras.
Ilreculaetreposalespiedsparterre,puislasouleva.Lovéecontrelui,ellepassalesbras
autourdesoncouetleserracommesiellenevoulaitplusjamaislelâcher.
Ellesesentaitsivulnérable,si...offerte.Cequivenaitdesepasserentreeuxl'avait
profondémentébranlée.EnarrivantchezGabe,ellesedoutaitquelasoiréesetermineraitaulit,mais
ellen'auraitjamaispus'attendreàuncataclysmepareil.C'étaitplusquedusexe,c'étaitunbrasier
explosifquilesavaitconsumés.
Miaavaitdéjàconnudesexpériencessatisfaisantes,maisjamaispareilleapothéose.
Gabelaportajusquedanslasalledebainsetallumaladouche.Puis,unefoisquelejetfutbien
chaud,ilentradanslacabineet,sanslâcherMia,lareposasursespieds.
Unefoisassuréqu'elleavaitretrouvésonéquilibre,ils'écartaletempsd'attraperdusavon,qu'il
fitmousserentresesmains.Alorsilentrepritdelaveretdecaresserlamoindreparcelledesapeau.
Letempsqu'ilfinisse,elletenaitàpeinesursesjambes,etfaillitbasculerlorsqu'ilsortitdela
douche.Aussitôtillarattrapaenproférantunjuronétouffé.Illarepritdanssesbrasetl'assitàcôté
dulavaboavantdesortiruneserviettepropredel'étagèretouteproche.
Ill'entouradansletissumoelleux,et,avecunsoupir,ellereposalefrontcontresontorse
humide.
—Çava,lerassura-t-elle.Jesuisbien,là,prendsletempsdetesécher.
Enrelevantlatête,elleremarquasonpetitsourireencoinetlalueurd'amusementquiéclairait
sonregard.Sanslaquitterdesyeux,iltenditlamainverslesserviettesetsefrictionnaenvitesse.
Mianeputs'empêcherdel'admirer.Ilétaittoutsimplementsplendide.Etquellesfesses!
Jusque-là,ellen'yavaitpasfaitparticulièrementattention,tropoccupéeparl'avantdeson
anatomie...,carcethommeavaitunsexemagnifique.
Mias'étonnaitd'appliquercetadjectifàcettepartiedel'anatomiemasculine.D'ordinairece
n'étaitpasunorganeparticulièrementgracieux,aucontraire.Pourtant,celuideGabeétait
parfaitementharmonieux,etellesesurpritàrêverdeleprendredanssabouche,delegoûteret
d'amenerGabeàdessommetsd'extase.
—Àquoitupenses,coquine?demanda-t-ildansunmurmure.
Ellecillaets'aperçutqu'ilsetenaittoutprès.Deboutentresesjambes,illatoisaitd'unair
curieux,inquisiteur.Aussitôt,elleeutlefeuauxjouesetsemauditpourceréflexestupide.Elle
venaitdepasserdesheuresàprendreunplaisiréhontédanslesbrasdecethomme.Alorspourquoi
lesimplefaitqu'ill'aitsurpriseentraindefantasmersursonsexesuffisait-ilàlafairerougir?
Décidément,soncassemblaitdésespéré.
—Jesuisvraimentobligéederépondre?fit-elled'unepetitevoix.
—Ohoui,mabelle,rétorqua-t-ilenhaussantunsourcilamusé.Surtoutsicelategêneaupoint
detedonnercettejolieteinterose.
Avecunsoupir,ellefitminedesecognerlefrontcontresontorse.
—Jetematais,tuescontent?
Gabelapritparlesépaulesetl'écartaafindepouvoirlaregarder.
—Quoi,c'esttout?Etçasuffitàtefairerougir?
Lajeunefemmehésitauninstantavantdeselancer.
—OK.J'adoretonsexe,ilestmagnifique.C'estçaquejeregardais.
Gaberetintunéclatderire.Enfin,presque.Unsonétrangléluiéchappa,etMiapoussaun
grognementdehonte.
Pourtant,avantdecomplètementperdrecourage,ellepoursuivit:
—Jem'imaginaisentrainde...
Elles'interrompit,lesjouesplusbrûlantesquejamais.
Gabes'avançaunpeuplusentresesjambes,laforçantàécarterlescuisses.Illuisouleva
doucementlementonetrivasurellesonregardperçant.
—Tut'imaginaisentraindequoi?
—Entraindetesucer,répondit-elledansunsouffle.J'aienviedetegoûter,detefaireconnaître
unplaisircomparableàceluiquetum'asoffert.
Aussitôt,ellesentitGabeseraidiretvituneflammeardentes'allumerdanssesyeux.
—Tuenaurasl'occasion,mabelle.Ça,jetelegarantis.
Sonimaginationensurchauffeluisuggéradesscènesincroyablementvivaces,oùellesevoyait
refermerleslèvresautourdumembredressédeGabeetenlécherl'impressionnantelongueur.
Ilinterrompitsarêveried'unlégerbaiser.
—Ilesttempsd'allerdormir,murmura-t-il.Jenepensaispas.Jen'avaispasl'intentionde
t'emmeneraussiloindèscesoir.Tuvasêtrefatiguée,demain,aubureau,conclut-ilsurunton
presquecontrit.
Illuicaressalementonpuis,dudosdelamain,suivitlacourbedesajoueavantdel'embrasser
denouveau.Touscesgestesétaientempreintsd'unedélicatessequicontrastaitvivementavecla
fureuranimaledontilavaitfaitpreuveunpeuplustôt.
—Viens,mabelle,reprit-ildansunsouffle.Jevaistemettreaulit,histoirequetupuisses
profiterdequelquesheuresdesommeil.
Chapitre11
LorsqueMiaouvritlesyeux,cefutpourapercevoirGabe,penchésurelle,unemainsurson
épaule.
—Ilvafalloirselever,mabelle.
Ellesefrottalesyeuxpourdissiperlesdernièresbrumesdusommeil.
—Ilestquelleheure?
—Sixheures.Vatedoucherettepréparer,ons'arrêterapourprendrelepetitdéjeunersurle
chemin.
MiaremarquaalorsqueGabeétaitdéjàprêtàpartir.Ils'étaitlevésansqu'elles'enrende
compte.Elleinspiralonguementl'odeurdesonsavon,mêléeauxsenteursépicéesdesonparfum.Il
portaitunpantalonetunechemiseavecunecravate,maiscettedernièren'étaitpasserrée,etle
boutonducolrestaitencoredéfait.
Ilavaitl'airintouchable.Calmeetdétaché,iloffraituncontrastesaisissantavecl'hommequi
l'avaitfaitjouiràplusieursrepriseslaveilleausoir.
Chassantcesimages,Miaseredressaetpassalesjambeshorsdulit.
—Jemedépêche.
—Non,prendstontemps.Iln'yarienquipresse,cematin.J'aiuneréunionà10heures,mais,
avantça,jesuislibre.
Elleselevaetserenditàlasalledebains,oùelleexaminasonrefletdanslemiroir.Elleavait
lestraitsunpeutirésparlafatigue,maisrienn'indiquaitcequeGabeetelleavaientfaitensemble.
Elleauraitpourtantcruquen'importequipourraitdécelersursonvisagelesouvenirdeleurs
étreintes.
Ellemitladoucheenmarcheet,pendantquel'eauchauffait,s'assitsurlecouvercledestoilettes.
Elleavaitbesoind'unpetitmomentpourréfléchir.Elleserenditcomptequ'elleavaitdes
courbatures.Pasétonnant,aprèslanuittorridequ'ilsavaientpassée.Aucunedesesexpériences
passéesn'avaitcomportéunetelleintensité-etaucuneneluiavaitprocuréplusieursorgasmesàla
suite.
Gabel'avaitprisequatrefoiset,àlafin,ils'étaitexcusé,confus,commesicelalepeinaitdelui
infligerpareilmarathon.Elleavaitludesincèresregretsdanssonregardlorsqu'illuiavaitexpliqué
qu'ilauraitvoulufairepreuvedepatienceetdedouceurmaisqu'iln'arrivaitpasàraisonnerson
désir,tropviolent.
Aurait-elledûs'enformaliser?
Celaneluidéplaisaitpasdutoutqu'unhommesoitfoud'elleaupointd'enperdretouteretenue.
EtpuisGabeneluiavaitfaitaucunmal.Certes,elleétaitfourbueetportaitsursapeaulesmarques
desesmainsetdesabouche,maiselleavaitadoréchaqueinstant,mêmelorsquel'ivresseduplaisir
l'avaitemmenéeauxfrontièresdel'inconscience.
Enfin,serappelantqueGabeétaitdéjàfinprêt,elleentradansladoucheetsesavonnaen
vitesse.Cen'estqu'enressortant,enrouléedansuneservietteetuneautreautourdelatête,qu'ellese
renditcomptequ'ellen'avaitprisaucunvêtementavecelle.EllenesavaitmêmepascequeGabe
avaitfaitdusacqu'onluiavaitapportélaveille.
Lorsqu'elleouvritlaporteetpassalatêteparl'entrebâillement,elleaperçutGabesurlelit,
assisàcôtédelatenuequeCarolineavaitprévuepourelle.Lavoyantapprocher,ilattrapasaculotte
etlafitsebalancerauboutdesondoigt.
—Tun'auraspasbesoindeça.
Muette,elleécarquillalesyeux.
—Pasdeculotteaubureau,ceneseraitqu'unobstacleinutile,ajouta-t-il,lesyeuxbrillants.
ElleavisalajupeposéesurlelitavantdereportersonregardsurGabe.
—Jenepeuxpasporterunejupesansriendessous!
—Tufaiscequejetedis,Mia.C'estinscritdanslecontrat,luirappela-t-ild'unevoixsévère.
—Mais...etsiquelqu'uns'enrendcompte?
Gabeéclataderire.
—Personneneserendracomptederien,àmoinsquetuneleveuilles.Moi,enrevanche,je
veuxsavoirquetuesfessesnueslà-dessous.Etpuisçafacilitegrandementleschosess'ilmevient
l'enviedeteprendreàl'improviste.
Elledéglutitpéniblement.Ellesedoutaitbienquesonemploin'étaitqu'unefaçade,unmoyen
pourGabedel'avoirtoujoursàsadisposition.Cequ'ellen'avaitpasprévu,c'estqu'ilvoudrait
s'adonneràcespetitsjeuxdanssonbureau.Àl'idéequequelqu'unpuisselessurprendreenpleine
action,elleavaitenvied'allersecachersouslelit.
—Évidemment,ils'agitd'unerèglegénéralequivautpourtouslesjours.Sijamaisjemerends
comptequetuportesuneculotteenmaprésence,jemeferaiunplaisirdetel'enleveretdelaisser
l'empreintedemamainsurtonjolipetitcul.
Unpicotementluiparcourutl'échine,etelledévisageaGabeensilence,choquéedeconstater
quelaperspectived'unefesséel'excitait.Nonmaisqu'est-cequimeprend?
Gabeluitenditsajupe,sonsoutien-gorgeetsonhaut.
—Netraînepastrop,onpartdansunedemi-heure.
Toujoursunpeusonnée,Miapritsesvêtementsetretournadanslasalledebains,l'esprit
encombréd'imagesdeGabelaprenantsauvagementsurleurlieudetravail,desamains'abattantsur
sesfesses.Elleétaitprofondémenttroubléedenepassesentiraussihorrifiéequ'elleauraitdû.
Certes,ellenesouhaitaitpasqu'unimprévusurviennealorsqueGabeviendraitdel'allongersurson
bureau,maislasimpleidéequecelapuissearriverl'excitaitfollement.
Elleétaitentraindeperdrelespédales.
Elles'habillaenvitesse,etcrutmourirdegêneensentantletissudelajupesursapeaunue.
C'étaitvraimentuneimpressionétrange.Mêmeunstringoffraitunminimumdeprotection.
Elleseséchalescheveuxetlesbrossapuis,constatantqu'ellenepourraitrienenfairedebien,
lesnouaenunrapidechignonavantdesemaquiller,insistantsurlescernesquitémoignaientdesa
nuitmouvementée.
Elleneremporteraitpasdeconcoursdebeautécejour-là,mais,aumoins,elleétaitprésentable.
Enfin,ellesebrossalesdentsetsoulignaseslèvresd'unetouchedegloss,puisquittalasallede
bainsetrécupéraseschaussures.Ellesedépêchaderassemblersesaffairesdanssonsacetde
rejoindreGabe.
Elleletrouvadanslacuisine,unverredejusd'orangeàlamain.Lavoyantarrivé,illevida
d'untraitetleposadansl'évier.
—Onyva?
—Oui,répondit-elleaprèsuneprofondeinspiration.
Illuifitsignedepasserdevantetluipritsonsacdesmains.
—Ilvautmieuxlaisserçaici.Pourlecoup,sionl'emportaitaubureau,çaparaîtraitsuspect.Je
demanderaiàmonchauffeurdeledéposercheztoicesoir,d'accord?
Elleacquiesçaetsedirigeaversl'ascenseur.
Unefoisàl'intérieur,ilsn'échangèrentpasunmot,maisMiasentaitleregarddeGabepesersur
elle,intime,insistant.Ellegardalesyeuxrivésausol,incapabledel'affronter.Ellenecomprenait
pasd'oùluivenaitcettegênesubiteaprèslanuitqu'ilsvenaientdepasser,maisilluiauraitsemblé
incongrud'échangerdesbanalités.Aussipréféra-t-ellesetairetandisqu'ilsrejoignaientlavoiture.
—Onvas'arrêterauRosario'spourlepetitdéjeuner,annonça-t-il,faisantréférenceàuncafé
situéàdeuxruesdeHCM.Delà,oniraaubureauàpied.
Miaserenditcomptequ'elleétaitaffamée.Lajournéenefaisaitquecommencer,pourtantellese
sentaitdéjàlasse.SiGabeluiimposaitcerythmed'enferchaquenuit,elleallaitfinirparressembler
àunzombie.
Àsagrandesurprise,illuipritlamainetentremêlasesdoigtsauxsiensd'ungesteaffectueux,
commes'ilavaitludanssespenséesettenaitàlarassurer.
Attendrieparcetteattention,elleluisourit,etill'imitaaussitôt.
—Ah,j'aimemieuxça!Tuavaislaminebiensombre.Jenevoudraispasquetesnouveaux
collèguescroientquetuprendstesfonctionsàcontrecœur.
Elleritdoucementetsedétenditunpeu.Toutallaitbiensepasser.Aprèstout,elleétait
travailleuseetavaitl'espritvif,malgrésafâcheusetendanceàperdresesmoyensenprésencede
Gabe.Cejobconstituaitundéfiqu'ellesesentaitprêteàrelever.Ellen'étaitpasnaïveaupointde
croirequeGabel'avaitembauchéepoursescompétencesprofessionnelles,maiscelane
l'empêcheraitpasdeprouversavaleurautrementqueparsonphysique.
À8h30,aprèsuncopieuxpetitdéjeuner,ilsentrèrentenfindansleslocauxdeHCM.Cen'est
qu'ensortantdel'ascenseuretenapprochantdel'accueilqueMiafutrattrapéeparsonangoisse.
—Bonjour,Eleanor,lançaGabed'unevoixcourtoiseetposée.J'aiuneréunionà10heures,
mais,avantça,jevaismettreMiaaucourantdecequil'attend.Veillezàcequ'onnesoitpas
dérangés.Pendantmonrendez-vous,jeveuxquevousl'emmeniezvisiterleslieuxetfairela
connaissancedurestedel'équipe.
—Oui,monsieur,réponditEleanor.
CelarappelaàMialeurconversationausujetdestermes«monsieur»et«maître»,etelledut
réprimerunéclatderire.Gabeluilançaunregardsévèreavantdel'entraînerendirectiondeson
bureau.
Enentrant,ellefutsurprisedeconstaterquel'espaceavaitétéréaménagépourpermettre
l'installationd'unsecondpostedetravail.Deuxélémentsdelabibliothèqueavaientcarrément
disparu.
—Tuvast'installerlà,annonçaGabe.Jenevoyaispasl'intérêtdetemettredansunepièce
séparée,expliqua-t-ilavantd'adopterunevoixsuave.Aprèstout,lebutdel'opération,c'estqueje
t'aietoujourssouslamain.
Miafrissonnaàcettepromessesensuelle.Commentvoulait-ilqu'elletravailleefficacement
alorsqu'iln'étaitqu'àquelquesmètresetrisquaitdeluisauterdessusàtoutmoment?
Mais,aussitôt,Gabereprituneattitudetouteprofessionnelleet,sedirigeantverssonbureau,il
ensortitungrosclasseur,qu'illuitendit.
—Tiens.Tutrouveraslà-dedansundossierconcernantchacundenosassociés,investisseurset
autrescollaborateurs.Jeveuxquetumémorisesleursprofils:leursgoûts,leursdégoûts,lesnomsde
leurspartenairesetdeleursenfants,leurspasse-tempsetleurspetiteshabitudes...C'esttrèsimportant
d'avoircesconnaissancesàl'espritquandoncroisecesgens,quecesoitenréunionoulorsd'une
réception.J'attendraidetoiquetutemontreschaleureuseetattentionnéeàleurégard,quetufasses
preuved'unintérêtsincèrepourleurpersonne,tucomprends?Danslemondedesaffaires,ilest
primordialderassemblerunmaximumdedonnées.Onnesaitjamaiscequipeutservir.Tonrôlesera
dem'aideràcharmercesindividus.Nousavonsbesoindeleuravaletdeleurargent.Nousn'avons
doncpasdroitàl'erreur.
Miaécarquillalesyeuxenprenantl'épaisclasseur.Lasommed'informationscontenuelà-dedans
devaitêtrecolossale,etlajeunefemmedutréprimerunelégèrepanique.Ellesauraitsemontreràla
hauteur,ellen'endoutaitpas.Pasuneseconde.
—Jetelaisseàtalecture,ilfautquejeconsultemesmailsetmesmessagesavantlaréunion.
Unefoisquej'auraifini,onpourradiscuterdetesautresattributions.
Miaacquiesçaetsedirigeaverssonbureaupourydéposerleclasseur.Puiselles'installadans
sonluxueuxfauteuilencuirets'attelaàlatâche.
Chapitre12
—Mia?
Lajeunefemmelevalesyeuxdelapilededocumentsqu'elleétaitentraindelireetvitEleanor,
deboutsurleseuildubureau.
—Sivousêtesprête,jepeuxvousemmenerfaireletourdeslocauxetvousprésenterà
l'ensembledupersonnel.
Miarepoussasonfauteuiletsemassadoucementlanuque.Lasommed'informationsdontelle
venaitdeprendreconnaissanceluidonnaitlevertige,maiselleadressaunsourireaimableàEleanor.
Cettedernièrefaisaitpartiedel'équipedeHCMdepuislesdébutsdel'entrepriseets'était
toujoursmontréed'unegrandegentillesseenverslajeunesœurdeJace.Mianevenaitpassouvent
danslesbureaux,maislesdeuxfemmesavaienteumaintesoccasionsdediscuterautéléphone,soit
quandMiaappelaitJace,soitquandcedernierdemandaitàlaréceptionnistedeluifaireparvenirun
message.Engénéral,c'étaitpourl'avertirqu'ilseraitenretardàl'undeleursrendez-vous.
Enarrivant,Miaavaitsondéleregardd'Eleanorpourvoirsicettedernièretrouvaitcelacurieux
qu'elleviennetravaillerpourGabeetnonpourJace,maisEleanorn'avaitpasmontrélamoindre
surprise.Peut-êtremaîtrisait-ellel'artdedissimulersespensées.Entoutcas,Miaétaitsûred'une
chose:ceneseraitpaslecasdurestedel'équipe.
Enentendantsonpatronyme,chacundevineraitquielleétait.Voilàquipromettaitquelques
minutesdelégerinconfort.
Miaselevadesonfauteuiletreplaçalesdocumentsdansleclasseur.Puis,d'ungestegêné,elle
lissasajupeenespérant,unefoisdeplus,quepersonneneremarquesonabsencedeculotte.Enfin
ellefitletourdesonbureauetsuivitEleanor.
—Jevaisd'abordvousmontrerl'autrecouloir,celuioùsontsituéslesbureauxparticuliers,puis
jevousferaivisiterl'openspace.
MiaacquiesçaetemboîtalepasàEleanor,quitraversalaréceptionpourgagnerlecouloir
opposé.Arrivéedevantlapremièreporte,quiétaitouverte,ellepassalatêtedansl'encadrementet
lança:
—John?Jevoudraisvousprésenterquelqu'un.
L'intéressélevalesyeuxaumomentoùEleanoretMiaentraient.IlétaitplusâgéqueMiamais
plusjeunequeGabe,etportaitdeslunettesainsiqu'unpolosurunpantalonentoile,commeMiaput
leremarquerlorsqu'ilseleva.Visiblement,Gaben'exigeaitpasquesonéquiperespectelemême
codevestimentairequelui.
—VoiciMiaCrestwell,lanouvelleassistantedeM.Hamilton,annonçaEleanor.
Johnhaussabrièvementlessourcilsmaisnefitpasdecommentaire.
—Mia,jevousprésenteJohnMorgan,notredirecteurmarketing.
—Ravidevousrencontrer,Mia,déclaracelui-cienluitendantlamain.Jesuissûrquevous
allezvousplaire,ici.M.Hamiltonestquelqu'undeformidable,c'estsuperdetravaillerpourlui.
—Enchantée,répliquaMiaensouriant.
—Nousauronssansdoutel'occasiondecollaborerétroitement,puisquevousêtesl'assistante
personnelledeM.Hamilton.
Nesachantpasquoiajouter,Miaacquiesçaensilence,sanssedépartirdesonsourire.Elle
allaitdevoirtravaillersonaptitudeaubavardagemondain.
Commesielleavaitsentisonlégermalaise,Eleanorbattitenretraite.
—Bien,nousallonsvouslaissertravailler,John.Jesuissûrequevousavezbeaucoupàfaire,
etjedoismontrerlerestedesbureauxàMia.
—Trèsbien,conclutJohn.Bienvenuedansl'équipe,Mia.
LajeunefemmeleremerciaavantdesuivreEleanordanslecouloir.Ellefitlaconnaissancede
cinqautrescadresdelasociété.Ledirecteurfinanciersemblaitstresséetirritable,etnecachapas
sonagacementd'êtreainsiinterrompu.Eleanornes'attardapasplusquenécessaire.
Miarencontraensuitelesdeuxvice-présidentes,deuxfemmes.Lapremièresemblaitavoirla
trentaine,etétaitdotéed'unsourirechaleureuxetd'unregardbrillantd'intelligence,tandisquela
seconde,plusprochedesquaranteans,étaitunebavardepatentée.Ilfallutplusieurstentativesà
EleanoravantderéussiràextraireMiadesonbureauetàl'entraînerversl'openspace.
Unemyriaded'employésyétaientinstallés,etMiarenonçaàmémoriserleursnoms.Plusieurs
levèrentsurelledesyeuxcurieuxlorsqueEleanorlaprésentacommelanouvelleassistantedeGabe.
Ellenepouvaitpasvraimentleurenvouloir,puisqueGaben'avaitpaseudesecrétaireparticulière
depuisdesannées.Ensuite,aussitôtqu'Eleanorprononçaitsonnom,tousreconnaissaientenellela
jeunesœurdeJace,etellevoyaitpresquelesrouagessemettreenroutedansleurtête.
Aucundoutelà-dessus,elleallaitfigurerenbonnepositionparmilespotinsdujour.
Àlafindesprésentations,Eleanorluimontral'airededétente,composéed'unecuisine
entièrementéquipéeetd'unpetitsalonoùsetrouvaientdiversen-casetplatspréparés,unesélection
deboissonsfraîchesetunefontaineàeau.
Unefoisarrivéeaumilieudelapièce,Eleanorfituntoursurelle-mêmeenouvrantlesbras.
—Etvoilà!Ah,j'oubliais,voustrouverezlestoilettesdesdamesentrel'openspaceetlecoin
détente.
—Merci,Eleanor,ditMiaavecungrandsourire.C'étaittrèsaimableàvousdeprendreletemps
demefairevisiter.J'appréciebeaucoup.
—Maisjevousenprie.Sivousavezbesoindequoiquecesoit,n'hésitezpasàmesolliciter.Je
vaisretourneràl'accueilpourqueCharlottepuissereprendresonposte.
Miasortitdusalonàsasuite.Cependant,aulieuderegagnerlebureaudeGabe,elles'arrêta
auxtoilettes.Elleressentaitencorelecontrecoupdelanuitpasséeetéprouvaitlebesoindese
rafraîchirunpeu.Elleavaitsansdoutelatêtedequelqu'unquisetraîneuneméchantegueuledebois.
Ellechoisitladernièrecabine,maisàpeineavait-ellerefermélaportederrièreellequ'elle
entenditplusieurspersonnesentrerenmêmetemps.Pasdechance,ellequidétestaitfairepipiquand
ilyavaitdumondeautour.Lesnouvellesvenuesnesemblaientpasêtrelàpourça,enrevanche.Mia
entenditunrobinetcouleretprofitadecettediversion.Alorsqu'elles'apprêtaitàressortir,quelqu'un
posaunequestionquilacoupadanssonélan.
—Qu'est-cequevouspensezdelanouvelleassistantedeGabe?demandaunedesfemmessur
untonamuséetvaguementincrédule.
Miaretintungrognementdégoûté.Lesragotsn'avaientmêmepasmisuneheureàlarattraper.
Celanel'étonnaitguère,maiselleauraitpréférénepaslesentendreenpersonne.
—C'estlapetitesœurdeJace,non?Ajoutauneautrevoix.
—Oui.Aumoins,onsaitcommentelleafaitpourdécrocherceboulot.
—Lapauvre...Siçasetrouve,ellen'aaucuneidéedecequil'attend.
—Oh,jenesuispassûrequ'ellesoitàplaindre.Personnellementçanemedéplairaitpas,
rétorqualapremièreàavoirparlé.Sérieusement,cetypeestrichecommeCrésus,beaucommeun
dieuet,d'aprèscequej'aientendu,c'estunevraiebêtedesexe.D'ailleurs,lecôtébestialneserait
pasquemétaphorique.Ilparaîtqu'ilfaitsignerunaccordformelàtouteslesfemmesavecquiil
coucheavantdelestoucher.Vouslesaviez,ça?
—Jemedemandebiencequepeutcontenirlecontratdetravaildelanouvelle!Renchéritla
deuxième.
Miaentenditaumoinstroiséclatsderiredifférentsenréactionàcettesaillie.Génial...Ces
filless'étaientréuniesauxtoilettesdansleseulbutd'échangerleurspotins,etelleseretrouvait
coincéelà.Sansunbruit,elleabaissalecouvercledusiègeetserassitavantdereleverlespiedsafin
quepersonneneremarquesaprésence.
—Encequimeconcerne,jepréféreraisnettementunpetitmatchàdeuxcontreunavecJaceet
Ash,annonçaunetroisièmevoix.Vousvousimaginezaulitavecnonpasunmilliardaire,maisdeux?
Miaréprimaunfrissond'horreur.Ellen'avaitvraimentpasenvied'entendrecegenrede
remarqueàproposdesonfrère.
—D'ailleurs,c'estquoi,leurdélire,àcesdeux-là?demandalapremière.Ilsnesefontquedes
plansàtrois,ondirait.Vousnetrouvezpasçabizarre,vous?S'ilsm'invitaientàjoueraveceux,je
nediraispasnon,hein,maisquandmême...
—Peut-êtrequ'ilssontbi.
Miaenrestabouchebée.Ohputain!Ellen'étaitpasdugenreàcroiretoutcequel'onracontait,
maislarumeursemblaitprêteràJaceetàAshdespréférencesaumoinsaussisulfureusesquecelles
deGabe.
Ellen'avaitvraimentpasenvied'envisagersonproprefrèredanscegenredesituation.
—JevouspariequeGabesetapelasœurdeJace.Dixcontreun!Vousimaginezlescandalesi
Jacel'apprenait?Ilesthyperprotecteuravecelle.
Miasoupira.Celaauraitététropbeaudepouvoirvenirtravaillericisansdéclencherdetelles
spéculations.
—Peut-êtrequ'ilestdéjàaucourantmaisqueçaneledérangepas?Suggéraunenouvellevoix.
Aprèstout,c'estunegrandefille.
—Oui,enfin,elleestquandmêmevachementplusjeunequeGabe.EtpuisjedoutequeJace
trouvecettehistoiredecontratdetrèsbongoûtsiçaconcernesapropresœur.
—Peut-êtrequeçaluiplaît,àelle,cegenrededélire.
—Euh,lesfilles?Intervintunepetitevoixtimide.Cettehistoiredecontratjustement.J’aila
preuvequecen'estpasdesblagues.Unsoiroùjetravaillaistard,jesuisalléejeteruncoupd'œil
danslebureaudeGabe.Avectoutescesrumeurs,j'étaiscurieuse,vouscomprenez.Bref,j'aitrouvé
unmodèleducontratenquestion;ilnerestaitplusqu'àajouterlenomdelapersonneconcernée.
C'estédifiant,commelecture.Engros,quandunefemmeacceptedecoucheraveclui,elles'engageà
luicéderlecontrôledesaviependantladuréedeleuraventure.
Ensilence,Miasefrappalatêtecontrelesgenoux.
—Non!Tudéconnes,là?
—Tuesfolle,ouquoi?Tuterendscompteque,s'ilt'avaitchopéeentraindefouillerdansses
tiroirs,ilt'auraitviréesur-le-champ?Pire,ilt'auraitpeut-êtremêmepoursuivieenjustice!
—Maisd'ailleurscommenttuasfaitpourt'introduiredanssonbureau?Illefermetoujoursà
cléenpartant.
—Ben...j'aicrochetélaserrure,admitlapetitevoixtimide.Jesuisassezdouéepourça.
—Toi,tuaimesvivredangereusement!lançalapremière.Situveuxmonavis,tuferaismieux
det'abstenirdejoueràcepetitjeu.
—Merde!Ilestdéjàtard...Gabeveutcerapportà14heuresetiln'estpasaussicompréhensif
qu'Ash.J'aimeraisbienqu'ilssedépêchentderevenir,Jaceetlui.Ilssontquandmêmeplusfacilesà
vivrequel'autre.
Miaentenditsesnouvellescollèguess'essuyerlesmainssurdesserviettesenpapierpuisse
presserverslasortie.Enfin,laportesereferma,etellepoussaunlongsoupirdesoulagement.
Elleselevadesonsiège,ajustasajupeet,aprèss'êtreassuréequ'ilnerestaitvraiment
personne,sedirigeaverslelavabopourserafraîchirenvitesse.Avantderegagnerlecouloir,elle
jetauncoupd'œilet,nevoyantpersonnealentour,sedépêchad'allerretrouverlasécuritédubureau
deGabe.
C'estfou,lesinformationsqu'onpeutglanersursonlieudetravail...
Gabeseraitfurieuxs'ilapprenaitquequelqu'unétaitentrépareffractionpourparcourirses
documents.Mianecomptaitévidemmentpasleluirévéler,elleneconnaissaitmêmepasl'identitéde
lacoupable.Mêmesielleavaitretenulesnomsdetouteslesemployées,elleauraitétébien
incapabledereconnaîtreleurvoix.
EllefutsoulagéedeconstaterqueGaben'étaitpasencorerevenudesaréunionets'installadans
sonconfortablefauteuil.Ellerouvritlegrosclasseurets'efforçadeseconcentrer.
Soudain,sontéléphonesonna,etellesursautaavantdedécrocher,hésitante.
—MiaCrestwell,annonça-t-elle.
Illuiauraitsemblépeuprofessionnelderépondreparunsimple«bonjour»,etellenetenait
pasàpasserpourunegourdedèssonpremierjour.
LavoixchaudeetsensuelledeGaberésonnaàsonoreille.
—Mia,j'aiétéretardé.J'auraisaiméquenousdéjeunionsensemble,mais,malheureusement,ça
nevapasêtrepossible.J'aidemandéàEleanordetecommanderquelquechose.
—Oh.D'accord,merci,murmura-t-elle.
—Est-cequ'ellet'afaitvisiterlesbureaux?
—Oui,çayest.
—Bon.Touts'estbienpassé?Ilst'ontaccueilliepoliment?
—Ohoui!Biensûr!Toutlemondes'estmontrétrèsgentil.Jesuisrevenuedanstonbureau,ce
donttutedoutespuisquejeteparle.Bref,jecontinueàmémoriserlesdossiersquetum'asconfiésce
matin.
—Bien.N'oubliepasdemanger,surtout,commanda-t-ilsuruntonsansappel.Onsevoitcet
après-midi.
Puisilraccrochaavantqu'elleaitpuluidireaurevoir.
Avecunpincementaucœur,ellel'imitaetseremitautravail.
Unedemi-heureplustard,Eleanorpassalatêtedansl'entrebâillementdelaporte,etMialuifit
signed'entrer.Laréceptionnistes'approchaetdéposaunsacenpapiersursonbureau.
—M.Hamiltonm'aditquevousaimiezlacuisinethaï,etilsetrouvequ'ilyauntrèsbonpetit
restaurantpasloind'ici.Jevousaiprisleplatdujour,mais,àl'avenir,sivousmedonnezuneliste
devospréférences,jeferaiensortedetoujourstrouverquelquechosequisoitàvotregoût.
—C'estparfait,Eleanor,mercibeaucoup.Vousn'étiezpasobligée,voussavez.
—M.Hamiltonm'aexpressémentdemandédevouscommanderàdéjeuneretdem'assurerque
vousmangiez.Oh,etjenesaispass'ilvousl'adit,maisleplacarddubasdelabibliothèque
dissimuleenfaitunpetitfrigopleindeboissonsfraîches.N'hésitezpasàvousservir.
—Merci,Eleanor.C'esttrèsgentilàvousdem'accueillirainsi.
Surunhochementdetêtepoli,laréceptionnistequittalapièce.
Cen'étaitpasexactementlemodedefonctionnementauquelMiaseseraitattendue.Elleétait
l'assistantedupatron,certes,maiscelan'impliquaitpasforcémentquelesautresemployéslui
doiventdeségardsparticuliers.Entoutcas,elleespéraitqu'iln'avaitpasdonnécegenredeconsigne
aurestedel'équipe.C'étaitlemeilleurmoyendeconvaincretoutlemondequ'ilscouchaient
ensemble,etqueMian'étaitquelejouetsexueldeGabe.
Certes,celaconstituaitlapremièredesesfonctions,maisquandmême.
Quellehorreur!Celadonnaitl'impressionqu'elleseprostituait.Aprèstout,peut-êtreétait-cele
cas?Elleavaitsignéuncontratdetravailquiimpliquaitdesrapportssexuels,cequiétaitunefaçon
dedéfinirlaprostitution...
Saseuleconsolationrésidaitdanslefaitqu'ilnelapayaitpaspourça.
Àpeineeut-elleformulécettepenséequ'ellegrognadedégoût.Quelleidiote!Illapayait,et
grassement!Pourunemploidefaçadequiserésumait,pourl'instant,àingurgiterdestonnesde
détailsconcernantdespersonnagesimportants.Ellefaisaitbeletbienpartiedesesemployéset,
mêmes'iln'yavaitpasécrit«fonction:sex-toy»sursafichedepaie,niGabeniellen'étaitdupe.
Elles'étaitsoumiseàluietacceptaitsonargentenéchange.
Ellesecognadoucementlefrontcontrelebureauenpoussantunsoupir.Elleneseconsidérait
pascommequelqu'undeparticulièrementdocile.Certes,ellesavaitobéirquandlasituation
l'exigeait,maiscen'étaitpasundesestraitsdecaractèredominants.Ellen'avaitpasbesoinde
remettreàunautrelecontrôledesaviepourêtreheureuse.
C'étaitjuste...uneformedeperversitésommetouteinoffensive.Ellen'auraitpascruçad'elle-
même.D'ailleurs,ellenesavaittoujourspastrèsbienquoipenserdubondageetdesautresfantaisies
mentionnéesdanslecontrat.
Pourtant,elleavaitsigné.Avecenthousiasme,même.Cequivoulaitdirequ'elleallaitbienfinir
parsefaireuneopinionsurlaquestion.
Chapitre13
Miaétaitplongéedanssontravaillorsquelaportes'ouvritsurlemaîtredeslieux.Ellele
regardaapprocher,fascinée.Leursyeuxsecroisèrent,etellevitsurlevisagedeGabeunelueur
flatteusequiluifittournerlatête.Aussitôt,latensionmontad'uncrandanslevastebureau,aupoint
d'endevenirpresquepalpable.
ÉtourdieparledésirbrûlantqueGabenecherchaitmêmepasàdissimuler,lajeunefemmese
sentitfondre.Depuisqu'ilss'étaientavouéleurattirancemutuelle,celle-cifaisaitvraimentdes
étincelles.
—Vienslà.
Sansmêmeréfléchir,elleobéitàcetordreimpérieux.Lorsqu'ellearrivaàsahauteur,aumilieu
delapièce,ill'attiraàluid'ungestebrusque.
Lebaiserqu'illuioffritalorsétaitpassionné,brûlant,commes'iln'avaitpenséàriend'autre
pendantsonabsence.Elleétaitpeut-êtrenaïvedecroireça,pourtantlafaçondontilprenait
possessiondesabouchesemblaitconfirmercetteimpression.Ellesavouraladoucechaleurdesa
langue,ettantpissisonglossdébordaitdeseslèvres.Aucontraire,l'idéequ'ilenresteunpeusur
cellesdeGabeattisaledésirqu'ilavaitalluméenelle.
Demêmequ'elleportaitlesmarquesdesonétreinte,ilgarderaitunetracedeleurbaiser,ne
serait-cequepouruninstant.Ellelaisseraitsurluisonempreinte-sonsceau.Tantquedureraitleur
aventure,illuiappartiendraitautantqu'elleétaitsienne.
Soudain,ellecaptaleseffluvesd'unparfuminconnusursavesteetfutsaisied'unélande
jalousiecomplètementdéraisonnable.
Cetteréactionaussipossessivequ'involontairelasurpritelle-même.Celaneluiressemblaitpas
dutout.Pourtant,l'idéequ'uneautrefemmeaitpus'approcherdeGabeluidonnaitenviedesortirles
griffesetdemontrerlescrocs.Ilauraitfalluqu'ilporteunavertissementinvisible:«Pastouche.»
Laprenantparlamain,Gabel'entraînaderrièresonbureau,etellelesuivit,touslessensen
alerte.
Ils'installadanssonfauteuil,qu'ilécartaunpeu,etlança:
—Retiretajupe.
Miajetaunrapidecoupd'œilendirectiondelaporte.
—J'aiferméàclé,Mia,larassura-t-ilsuruntonimpatient.Maintenant,ôte-moicettejupe.
Réprimantsonhésitation,ellefitglisserlevêtementàsespieds,sedévoilantauregardavidede
Gabe.
Contrairementàcequ'elleauraitcru,ilneluidemandapasderetirersonhautetsonsoutien-
gorgemaisl'attiraentresesjambes.Puisillapritsolidementparlatailleetlahissasursonbureau,
luiarrachantuncridesurprise.
Unefoisqu'ill'eutinstalléeconfortablement,ilavançasonfauteuil.
—Jet'ainégligée,hiersoir,annonça-t-ilsuruntonrude.
Abasourdie,Mialuilançaunregardinterrogateur,etils'expliqua.
—D'habitude,jenememontrepasaussiégoïste,aulit.Maseuleexcuse,c'estquetumerends
fou,Mia.J'avaistropbesoindeteposséder.
Elleeutl'impressionquecetaveuluicoûtait,maisilsemblaitparfaitementsincère.
—Poselesmainsderrièretoietdétends-toipendantquejesavouremondessert,ajouta-t-il
d'unevoixplusdouce.
Elledutretenirunpetitcri,maiss'exécuta.D'ungestepleindetendresse,illuiécartales
cuisses,dévoilantsonsexeàsesregards,àsescaresses.
Ilpassad'abordundoigtentreseslèvres,puislesouvritdélicatement.Lorsque,enfin,ilbaissa
latête,Miasetendit,folled'anticipation.
Lepremiercontactluifitl'effetd'unedéchargeélectrique,etellesursautasifortqu'ellefaillit
glisserdubureau.
Avecunegrandedouceur,Gabefitjouersalanguesursonclitorisavantdedécriredepetits
cerclestoutautourpuisdel'aspirerdanssabouche.Miasentitsondésirs'enflammeretcourirdans
sesveines,laréchauffanttoutentière.Chacunedesescaresseslafaisaitplanerunpeuplushautet
l'emmenaitauborddel'extase,toujoursplusprès,sibienqu'ellehaletaitlittéralement.
Alorsilchangeadetactiqueetdescenditpeuàpeuversl'entréedesonsexeendelongs
mouvements.Plaçantseslèvrescontrelessiennes,ilfitjouersalangueuninstantavantd'entamer
d'irrésistiblesva-et-vient.
Leplaisirincroyablequ'illuiprocuraitainsiconfinaitàladouleur,etellesetendaitunpeuplus
àchaquecaresse,dangereusementprochedel'orgasme.Pourtant,Gabenesemblaitpaspressédela
délivrerdecetteexquisetorture.Aucontraire,ilcomprenaitparfaitementlesréactionsdesoncorps
etprenaitunmalinplaisir,chaquefoisqu'illasentaitsurlepointdes'abandonner,àralentirle
rythmeetàlacalmerpardesubtilsbaisers.
Mian'avaitjamaisconnupersonnequimaîtriseàcepointl'artdelachose.Gabeavaitbeause
qualifierd'égoïsteexigeant,ilétaitaussitrèsdouépourdonnerduplaisir.Ilsavaitcequ'ilfaisait,et
lajeunefemmesesentaitsurlepointdedéfaillir.
—S'ilteplaît,Gabe,murmura-t-elle.Jen'enpeuxplus.
Ilritdoucementàcesmots,etelleenperçutl'échocontresonclitoris.Cetteinfimesecousse
faillitluifaireperdrelatête.Puisildéposaunbaisersurcepointsisensibleavantd'introduireun
doigtenelle.
—Pasencore,Mia.Quelleimpatience!C'estmoiquidécidequandtuasledroitdejouir.
Lasuaveautoritédesavoixlafitfrissonnertoutentière.
—J'adorelegoûtdetachatte,ajouta-t-ildansungrondementsourd.Jepourraispasserl'après-
midiàtelécher.
Miaseditque,s'iljouaitàça,ellemourraitavantlafindelajournée.Déjàqu'elleétaitobligée
deserrerleslèvrespourseretenirdel'implorer.Gabelevalesyeuxverselleetcomprit.
—Supplie-moi,Mia,dit-ilsanscesserdefairejouersondoigtenelle.Situmeledemandes
gentiment,jet'autoriseraiàjouir.
—Oh,jet'ensupplie,Gabe.Fais-moijouir!
—Tuappartiensàqui?
—Àtoi,Gabe!Tumepossèdes,jesuisàtoi.
—Et,sij'aienviedetebaiseraprèsça,c'estmondroit,n'est-cepas?
—Ohoui!Faiscequetuveuxmaisfais-moijouir,Gabe!
Denouveauilritavantd'introduiredeuxdoigtsenelleetdetaquinersonclitorisavecune
ferveurredoublée.Sonorgasmeexplosaavecuneviolencedigned'untremblementdeterre.
Bouleversée,désorientée,elles'allongeasurledos.AussitôtGabesepenchasurelle,uneexpression
sauvageetséductricesurlevisage.
Ildéfitsonpantalonet,empoignantsonsexedressé,lapénétrad'unformidablecoupdereins
avantmêmequesesspasmesaientfinidelasecouer.Ilpassalesmainssoussescuissesetl'attira
brutalementcontrelui.Ilsemblaitatteindreleplusprofonddesonêtre,encoreplusquelaveille,
commesilecorpsdelajeunefemmes'étaitadaptéàluipendantlanuitaupointdepouvoir
désormaisl'accueillirtoutentier.
—Tesyeux,Mia.
Ellecroisasonregardetnelequittaplus.
Iln'étaitplusquestiondelenteuroudedouceur,illabaisaencoreplusfurieusementquela
veille,lasoulevantpresquedubureauàchaquecoupdeboutoir,faisantclaquersonbassincontreses
fessesàunrythmeeffréné.Puis,brusquement,ilseretiraetrepritsonérectionenmain.
SepenchantunpeuplussurMia,ilarrosasonsexedesasemence.Ilavaitlesyeuxfermés,et
sonvisageétaitcrispéparunejouissancequisemblaitfaireéchoàcelledelajeunefemme.Onaurait
presquecruqu'ilsouffraitlemartyre,mais,lorsqu'ilrouvritlesyeux,elleyvitunechaudelueurde
satisfaction.
Àcelas'ajoutaituneétincelleférocequilafitfrissonnerdenouveau.
Ellesentaitlatiédeurdesonspermesurseslèvresencoregonfléesdeplaisir.Avecunsoupir,
Gabesereculalentementetrajustasonpantalon,avantdepasserlesmainsàl'intérieurdesescuisses
puissurseshanches.Ilcouvaitd'unregardtriomphantlapreuvedesapossession.
—J'adoretevoircommeça,allongéesurmonbureau,lapeauluisantedemonsperme...J'aurais
enviedetegardercommeçatoutl'après-midi,pourpouvoirt'admireràloisir.
Surcesmots,ils'éloigna,etMiasedemandas'ilcomptaitmettreceplanàexécution.Allait-elle
devoirresterlà,offerte,lesexeencorecouvertdesasemence?MaisGaberevintmunid'une
serviettehumideettiède,qu'ilutilisapourlanettoyersoigneusement.Unefoisqu'ileutfini,ill'aidaà
seredresseretàseremettresursespieds.
Nesachantpassielledevaitserhabilleroudemeureràdeminue,ellerestaimmobile,jusqu'à
cequeGaberépondeàsaquestionmuetteenramassantsajupe.Ill'ouvritdevantelle,l'invitantà
l'enfiler,puislafitremonterlelongdesesjambesetlissasonpetithaut,unrienchiffonné.
—J'aiunesalledebainsprivée,justelà.Tupeuxyaller,personneneviendratedéranger.
Prendsletempsdeterafraîchiravantdeteremettreautravail.
Mevoilàcongédiée,pensa-t-elle.
Lesjambesencoretremblantes,ellesedirigeaverslaportequ'ilavaitdésignée,touteprochede
sonbureau.Lasalledebainsenquestionétaitunepetitepièceassezsommaire,clairementmasculine,
maisaumoinspourrait-elleyfaireunbrindetoilette,histoired'éviterquelemondeentiernedevine
cequivenaitdesepasser.
Ellefitcoulerdel'eaufraîcheets'enaspergealevisage.Ellepourraitretouchersonmaquillage
àsonbureau.
Quandelleressortit,Gabeétaitautéléphone.Ellesefaufiladiscrètementjusqu'àsonfauteuil,
ouvritsonsacetserepoudralégèrementavantderemettreunetouchedegloss.Puiselles'efforçade
seconcentrersursontravail,maiselledemeuraitterriblementexcitée,mêmeaprèsl'orgasme
dévastateurqueGabeluiavaitoffert.
Enlaprenantfurieusementcommeill'avaitfaitensuite,ilavaitrallumésondésir,àtelpoint
qu'ellenetenaitpasenplace.Ellenecessaitdes'agitersursonsiège,cequin'arrangeaitpasla
situationcarchaquemouvementenvoyaituneondedeplaisirdanstoutsoncorps.
C'étaitunvéritableenferdesetrouveraussiprochedeGabemaisd'êtreobligéedetairesa
terribleenviedelui.
Poursechangerlesidées,elleprêtal'oreilleàsaconversation.Ilparlaitd'unesoirée,
apparemmentlejourmême.Ilassuraitàsoninterlocuteurqu'ilseferaitunplaisird'honorerson
invitation.Miasavaitqu'ilyavaitunepartdemensongelà-dedans:Gabedétestaitlesmondanités,
mêmes'ilmaîtrisaitparfaitementl'exercice.
Ilétaittropimpatient,tropdirect,etilluicoûtaitdedevoirjouerlacordialitéetl'insouciance.
Pourtant,iln'avaitpassonégallorsqu'ils'agissaitdeflatterlesinvestisseursafindelesallégerde
quelquescentainesdemilliersdedollars.
Ashétaitlecharmeurinvétérédel'équipe,etiln'avaitmêmepasbesoindefairelemoindre
effort.Mias'étaitsouventdemandépourquoi,desdeuxmeilleursamisdesonfrère,c'étaitGabequi
l'avaittoujourscaptivée.Ashétaitmagnifique,unevéritableœuvred'art,dotéparailleursd'un
sourireenchanteurquifaisaitdesravagesparmilagentféminine.
Pourtant,cen'étaitpasluiquil'attirait.Ellelemettaitsurunpiedd'égalitéavecJaceetle
considéraitcommeungrandfrère.Gabe,enrevanche,neluiavaitjamaisrieninspirédefraternel.Le
contenudesfantasmesqu'elleavaitnourrisàsonégardétaitsansdouteillégaldanscertainsÉtats.
Celavenaitpeut-êtredufaitqueGabeluiparaissaitmystérieux,horsd'atteinte...,commeundéfià
relever.
Ellen'étaitpasstupideaupointdecroireàseschancesdedomptercefauve-là.Gabeétait
Gabe,niplusnimoins:ilnefaisaitpasdecompromisetnesemblaitpasprêtàvouloirchanger
d'attitude.Dommagepourelle:celavoulaitdirequ'elleallaitdevoirpasseruncertaintempsàlui
chercherunremplaçantdignedesoutenirlacomparaison.
Eneffet,ellesavaitdéjàque,àl'avenir,ellecompareraitchaquehommeàGabe,etquecene
seraitabsolumentpasjusteenverslenouveauvenu.Sanscompterquecelaconstitueraitunepertede
temps.Gabeétaitunspécimenunique.Ilneluirestaitplusqu'àprofiterdeluitantqu'ellelepouvait,
puisàl'oublierunefoisleuraventureterminée.
Ellesoupiraàcetteidée.Plusfacileàdirequ'àfaire.Elleétaitdéjààmoitiéfolledecethomme
avantdecoucheraveclui.Ilarrivaitparfoisqu'unbéguind'adolescente,aulieudesedissiperavec
l'âge,mûrisseenquelquechosedeprofond,d'obsessionnel.
Elleavaitbeauserappeleràl'ordre,elleétaitincapabled'endiguerleflotd'émotionsqu'il
éveillaitenelle.Était-cedel'amour?Ellen'enétaitpassûre.Pourtant,lesmotsneluimanquaient
paspourdécriresafascinationenversGabe.Aucunedesesrelationspasséesneluiavaitparu
durable,etl'amourn'étaitjamaisentrédansl'équation.Aumieux,ellenourrissaitunechaleureuse
affectionpoursesanciensamants,maisellen'avaitjamaisrienéprouvédesemblableàcequelui
inspiraitGabe.Enrevanche,elleauraitétébienincapablededires'ils'agissaitd'amouroud'une
obsessionpureetsimple.
Cettedistinctionimportaitpeupuisque,detoutefaçon,ilfallaitàtoutprixqu'ellesegardede
tomberamoureusedeGabe.Lesentimentneseraitjamaisréciproque...Pourvuquesoncœurnela
trahissepas!
SiCarolineavaitétélà,elleluiauraitditd'arrêterdeseprendrelatêteetd'enprofiteràfond
sanssesoucierdel'avenir.Sageconseil,qu'elleferaitbiendemettreenpratique.Mais,se
connaissant,ellesavaitdéjàqu'ellenepourraits'empêcherd'analyserlesmoindresparoles,les
moindresgestesdeGabe,jusqu'àprêteràcetterelationdesdimensionsqu'ellen'avaitpas.
Voyantlesmotssebrouillersurlapagequ'elles'efforçaitd'étudier,ellepoussaunsoupir.Elle
nerisquaitpasderemporterlapalmedupremierjourdetravailleplusefficacedumonde-saufsi
satisfairelesappétitscharnelsdupatronsursonproprebureauentraitenlignedecompte.
—J'espèrequetucommencesàêtreaupointsurcesdossiers,lançaGabe,latirantdesa
rêverie.
Enlevantlesyeuxverslui,elleconstataqu'ilavaitraccrochéetqu'illacouvaitduregard.
—Noussommesinvitésàunesoirée,toutàl'heure.Uncocktailorganiséparunhomme
susceptibled'investirunejoliesommedansnotreprojetcalifornien.Ils'appelleMitchJohnson,ettu
trouverastoutcequetuasbesoindesavoirsursafemme,sestroisenfantsetleursdiverscentres
d'intérêt.Jeveuxqueturetiennestoutçadanslesmoindresdétailsd'iciàcesoir.Évidemment,
d'autresdenoscollaborateursserontprésents,doncils'agitdemémoriserunmaximum
d'informations,maisconcentre-toisurMitch.
Elledutrassemblertoutesavolontépournepastrahirsapanique.Voilàquis'appelaitplonger
directementdanslegrandbain!
—C'estàquelleheure?Etcommentjedoism’habiller?
—Qu'est-cequetuasdanstagarde-robe?Etjeneveuxpasentendreparlerdelarobe
minimalistequetuportaisàlasoiréed'inauguration,ajouta-t-ilenfronçantlessourcils.Je
préféreraistevoirunpeupluscouverte.Pourmapart,jeseraiencostume.
Miafitmentalementletourdesesplacards,maisl'inventaireétaitplutôtmodeste.Jacen'aurait
sansdoutepasrechignéàluipayerdestenuesextravagantessielleleluiavaitdemandé,maiselle
mettaitunpointd'honneurànepasdépendredelui,surtoutpourdesfrivolitéspareilles.Larobe
qu'elleavaitportéeaugalaétaitlaseulequisoitàpeuprèsdigned'uncocktailmondain.
Voyantsonhésitation,Gabejetauncoupd'œilàsamontreavantd'annoncer:
—Sionpartmaintenant,ondevraitavoirletempsdetetrouverquelquechosedeconvenable.
—Non,cen'estpaslapeine,Gabe.Jedoisbienavoirquelquechosequiferal'affaire.
Ilselevaenbalayantsonobjectiond'ungeste.
—Çafaitpartieducontrat,Mia.Tum'appartiens,etjeprendstoujoursunsoinparticulierde
mespossessions.D'ailleurs,iltefaudraplusqu'unesimplerobe,maisonverraçaunautrejour.Cela
dit,peut-êtrequelavendeusesauraévaluertesgoûtsettonstyle,auquelcasonpourraluifaire
confiancepoursélectionnerd'autrestenuesqu'ilsnouslivrerontensuite.
Mialedévisagea,bouchebée.
Puis,voyantqu'ils'impatientait,elleattrapasonsac,lissasajupeetlerejoignit.Elleavait
encorelesjambesencotonaprèsleurexplosiveséancesurlebureaudeGabe.Celafaisaitbeaucoup
pourunepremièrejournée.Sic'étaitcelaqu'ilappelaityallerendouceurpourcommencer,ellese
demandaitbiencequel'avenirluiréservait.
Chapitre14
MiaobservalesinteractionsdeGabeetdelavendeusedansunsilenceéberlué.Aupremier
coupd'œil,etavecuneprécisionremarquable,ilchoisissaitlestenuesquiluiplaisaientetrenvoyait
lesautres.
Lajeunefemmen'avaitjamaisvécupareilleexpérience,oùquelqu'und'autredécidaitàsaplace
decequ'elleallaitessayer.Elletrouvaitcelaaussibizarrequefascinant.
Trèsvite,ellecompritqueGabeavaitungoûttrèssûr,etqu'ilnesouhaitaitpaslavoirporter
quoiquecesoitdetroposé.Sexy,oui,maispasplus.Lesrobesqu'ilavaitsélectionnéesétaient
toutesmagnifiques,maisdansunstylebiendifférentdecellequ'ilavaittrouvésiindécentelesoirde
l'inauguration.
Aumomentd'enfilerlarobequ'ilestimaitconvenirpourlesoirmême,elleaperçutl'étiquetteet
faillits'évanouirdevantleprix.Elles'efforçadenepasypenseretdeseconcentrersurlavisionque
luirenvoyaitlemiroir,maislasommeindécentes'imposaitàsonesprit.
Elledevaitpourtantadmettrequelarobeflattaitautantsasilhouettequesonteint.Ils'agissait
d'unfourreaurougevif,sansmanches,quiépousaitétroitementsescourbesmaisquis'arrêtaitjuste
au-dessusdugenouetdévoilaitàpeinesesclavicules.
D'ordinaire,elleneportaitjamaisderouge.Sansdoutetrouvait-ellecettecouleurtrop...
audacieuse.Effrontée.Pourtant,celaluiallaitàravir.Elleavaitl'impressiondes'êtresoudain
changéeenunesirènevoluptueusesansmêmeavoirbesoindemontrersondécolleté.Letissurévélait
jolimentsesrondeurs,entouteinnocenceoupresque.
Ainsivêtue,ellesetrouvait...sophistiquée.Celaluiplaisait,carelleavaitenfinl'impression
d'apparteniraumêmemondequeGabe.
—Mia,j'aimeraisvoircequeçadonne!
Ils'étaitmontrétellementimpatientqu'ellen'auraitguèreétésurprises'ill'avaitdéshabillée
entredeuxportantspourgagnerdutemps.Lavendeuseavaitferméplustôtqueprévupourleuroffrir
unpeudetranquillité,ilsétaientdoncseulsdanslaboutique.ÉtantdonnélafacturequeGabe
s'apprêtaitàpayer,Mianes'étonnaitpasquetoutlemondesoitauxpetitssoinspoureux.
Ellepassalatêteparlaportedesacabineet,aprèsuneseconded'hésitation,sortitlentement.
Gabeétaitinstallédansl'undesfauteuilsdisposésdanslesalond'essayage.Dèsqu'ill'aperçut,ses
yeuxbrillèrentd'unéclatflatteur.
—C'estparfait.Tuvaslaportercesoir.
Puisilfitsigneàlavendeuse,quis'approchaàlahâte.
—Veuilleznousapporterdeschaussuresquiaillentaveccetterobe,s'ilvousplaît.Parailleurs,
sivouspensezàd'autrestenuesquipourraientconvenir,n'hésitezpasàlesajouteràcequej'aidéjà
sélectionné.Vousferezlivrerletoutàmonadresse.
—Oui,monsieur,répondit-elleavecunsourirerayonnant.Quelleestvotrepointure,
mademoiselleCrestwell?
—Jechaussedu39.
—J'aijustementuneravissantepaired'escarpins.Jevaisvousleschercher.
Uninstantplustard,ellerevintavecdemagnifiquestalonsaiguillesargentésdeplusdedix
centimètresdehauteur.Mian'eutmêmepasletempsdedirequ'ellesesentaitincapabledemarcher
avecdetelleschaussures.
Gabefronçalessourcilsetannonça:
—Ellevasetuer,avecça.Trouvezquelquechosedeplusraisonnable.
Sanssedépartirdesonsourire,lavendeuseretournaenréserveetenrapportaunepaire
d'escarpinsnoirstoutsimplesmaistrèssexy,etquinesemblaientpasmontéssurdescure-dents.
—C'estparfait,tranchaGabe.
Puisiljetaunrapidecoupd'œilàsamontre,etMiacompritqu'ilétaittempsd'yaller.Sansun
mot,elleretournadanssacabineetôtalarobeenfaisantbienattentiondenepaslafroisser.Unefois
rhabillée,ellerendittouslesarticlesàlavendeusepourqu'ellelesemballe.
Gabel'attendaitdevantlesalond'essayageet,dèsqu'ellesortit,ilposaunemaindanssondos.
Cesimplegesteluifitl'effetd'unevivebrûlure.Viendrait-ilunjouroùelleneréagiraitplusaussi
violemmentaucontactdeGabe?Oùilpourraitlatouchersanslafairefrissonnerjusqu'auplus
profonddesonêtre?Ellel'imaginaitmal,étantdonnél'attirancemagnétiquequ'ilsexerçaientl'unsur
l'autre.
Gaberéglaleursachats,puisentraînaMiajusqu'àlavoiture,quilesattendaitdevantla
boutique.Surlechemin,elleenvoyauntextoàCarolinepourquecettedernièrenes'inquiètepas.
«JesuisavecGabe.Cocktailcesoir,passûrederentreràlamaison.Onsortd'uneséance
shoppingdefolie.Jeteraconterai.»
Gabeluijetauncoupd'œilcurieuxmaisnefitpasdecommentaire.Alorsqu'ellevenaitde
rangersontéléphonedanssonsac,ilsonna,etellereconnutlachansonqu'elleavaitattribuéeàJace.
Ellearticulalenomdesonfrère,etGabeacquiesça.
—Salut,Jace,dit-elleendécrochant.
—Salut,Mia!Commentçava?
—Super,ettoi?Quandest-cequevousrevenez,Ashettoi?
Elleredoutaitsaréponse,car,unefoisquesonfrèreseraitderetour,ellenepourraitpluslui
cacherqu'elletravaillaitpourGabe.N'ayantaucunmoyendesavoirs'ilallaitsoupçonnerquelque
chose,ellenesesentaitpasprêteàaffrontersaréaction.Elleneleseraitpeut-êtrejamais.
—Onrentreaprès-demain.Toutsepassebien,ici.J'appelaisjustepourprendredetes
nouvelles.
Derrièrelui,Miaentenditlavoixd'Ash,suivied'unpetitrireféminin.Laconversationqu'elle
avaitsurpriseauxtoilettesluirevintenmémoire,etelleécarquillalesyeux.
—Vousêtesoù,là?demanda-t-elle.
—Dansnotresuite,àl'hôtel.Onaencoreuneréuniondemainmatin,puisunesoiréeavecdes
investisseurspotentiels.Onaprévudedécollertôt,après-demain,doncondevraitarriveràNew
Yorkendébutd'après-midi.
Ainsisonfrèresetrouvaitdansunesuited'hôtelencompagnied'Ashetd'unefemme.
Clairement,ilyavaitencorebeaucoupdechosesqu'elleignoraitàsonsujet.Elletrouvaitcela
bizarre-etvaguementécœurant-d'apprendresoudaindesdétailscroustillantssurlui.Àvraidire,
elleseseraitbienpasséedel'imaginerenpleinménageàtroisavecsonmeilleurami.
—OK,onserappelleàtonretour,alors.
—Oui,oniradînerensemble.Jem'enveuxdet'avoirmanquéeaugalad'inauguration.Onnese
voitpasassez,cesdernierstemps.
—Oui,çameferaitplaisir.
—Super.Jet'appelleenarrivant,conclut-il.
—Jet'embrasse,Jace.
Elleressentitsoudainungrandéland'affectionenverssonfrèreaîné.Iloccupaituneplace
tellementimportantedanssavie.Ilauraitétéexagérédedirequ'ilavaitendossélerôledepèrepour
elle,maisilluiavaittoujoursoffertuneprésencerassuranteetencourageante.Pourtant,ilétaitlui-
mêmetrèsjeunelorsqueleursparentsétaientmorts,etellerestaitpersuadéequepeud'hommes
auraientsuseconsacrerainsiàl'éducationdeleurpetitesœur.
—Moiaussi,jet'embrasse,chipie.Àbientôt.
Miaraccrochaetcontemplasontéléphone,nonsansunepointedeculpabilité.Certes,elle
pourraitsedéfendreenluirappelantqu'elleétaitassezgrandepourfairesespropreschoix,maisce
n'étaitpaslecœurduproblème.Gabeetluiétaientamisetassociés,l'idéedecauserunebrouille
entreeuxluirépugnait.Cependant,Gabel'attiraitcommeunpuissantaimant,etellesesentaitbien
incapabledesedétournerdelui.
—Qu'est-cequinevapas,Mia?
Lajeunefemmelevalesyeuxversluiavecunsourireforcé.
—Rien,toutvabien.Jaceveutqu'ondîneensembleàsonretour,expliqua-t-elleavantde
s'interrompre,gênéeàl'idéed'avoircommisunefaute.
Aprèstout,Gabeavaitlamainmisesursonemploidutemps.
—Jemesuisditqueçaneposeraitpasdeproblème,ajouta-t-elled'unepetitevoix.
Gabepoussaunsoupir.
—Écoute,Mia,jenesuispasundecessalaudsquichercheraientàt'isolerdetafamilleetdetes
amis.Jesaisàquelpointvousêtesproches,Jaceettoi,etjeneveuxsurtoutpasqueçachange.Tues
librededîneraveclui,évidemment.Enrevanche,après,tuviendrasmeretrouver.
Ellehochalatête,soulagéequ'ilprennelachoseaussibien.ElleavaittoujourssuqueGabe
étaitextrêmementpossessif,mêmeavantcettehistoiredecontrat.Ducoup,elleignoraitjusqu'àquel
pointilcomptaitlacontrôler.
—J'aiunequestionàteposer,Gabe.
Illuilançaunregardinterrogateur.
—MonpostechezHCM,est-cequec'estjusteunefaçade?Jeveuxdire,Eleanorm'aprésentée
àtoutlemondecommetanouvelleassistante,maisensuiteellem'acommandéàdéjeuneretelle
sembleêtreauxpetitssoinspourmoi.Çapourraitvitedevenirgênant,tucomprends?Déjàquela
rumeurcourt.
—Quellerumeur?l'interrompit-il,unéclatdecolèredanslesyeux.
—Attends,j'yviens,répliqua-t-elle,impatiente.Cequejeveuxsavoir,c'estsitucomptes
vraimentmeconfierdutravail.Tumeversesungénéreuxsalaire,etçam'embêteraitdenelegagner
qu'enécartantlesjambes.
Gabehaussalessourcilsàcesmotsunpeucrus.
—Tun'espasmapute,Mia!Jevaisfinirpartedonnerunebonnefesséesituosesrépéterune
chosepareille.
Lajeunefemmeéprouvaunimmensesoulagement,mêmesiellen'avaitjamaisvraimentcruqu'il
laconsidéraitainsi.C'étaitsurtoutellequiavaitl'impressiondeseprostituer,etcetteidéelui
déplaisait.
—Etpuispourrépondreàtaquestion:cen'estpasparcequejenet'aipassubmergéedetravail
dèslepremierjourquetuvastetournerlespouces.Jecompteprendreletempsdetefamiliariser
avecmespetiteshabitudes,afinquetucomprennesenquoij'aibesoindetonassistance.N'oubliepas
que,pourmoiaussi,c'esttoutnouveau.Jen'aipasl'habituded'avoirquelqu'unsousmesordres,ilva
falloirquejem'yfasse.
—D'accord.Toutcequejeveux,c'estméritermapaie,tusais.C'estimportantpourmoi.C'est
toiquimedisaisquejegâchaismonpotentieletmondiplômeentravaillantàlapâtisserie.Ehbien,
jeneveuxpasnonplusdevoirmonsalaireuniquementauxfaveursquejet'accorde.
—Évidemment.Maintenant,parle-moidecesrumeurs,là.Est-cequequelqu'unt'afaitdes
remarques?Jenevaispaslaisserpasserça!
—Non,pasdutout.Enfait,c'estmoiquiaisurprisuneconversation.Ellesseraientsansdoute
mortesdehontesiellesavaientsuquej'étaislà.Jenesaismêmepasquiaditquoi,enfait.Jen'ai
pasencoreeuletempsderetenirlesnomsdetoutlemonde,sanscompterquejenelesvoyaispas
puisquej'étaiscachéedanslestoilettes.
—Tuétaiscachéedanslestoilettes?répétaGabe,incrédule.
—Ellessontentréespendantquej'yétais,expliqua-t-elleavecunsoupird'exaspération.Quand
j'aientenducequ'ellesracontaient,j'aipréférénepasmemontrer.J'étaissuperàl'aise,commetut'en
doutes.
—Etalors?Qu'est-cequ'ellesracontaient?
—Oh,riendebienétonnant.
—Mia,dis-moicequ'ellesracontaient,gronda-t-il.
—Ellessedemandaientsioncouchaitensemble,toutsimplement.Ellesontaussipasmalparlé
deJaceetd'Ash,et,aprèssoncoupdefil,jecommenceàcroirequ'ellesn'ontpastort.
—C'estvraiqu'oncoucheensemble,commenta-t-ilsuruntondétaché,etçan'estpasprèsde
changer,maisellesn'ontaucunepreuve.Onenadéjàdiscuté,ilestimpossibled'empêcherlesgens
despéculer,etjenecomptepasmefatigueràessayer.Jememoquebiendecequ'ilspensenttous,
maisjerefusequequiconquetemanquederespect.Sijamaisj'apprendsqu'ont'afaituneremarque
déplacée,jevireleoularesponsable,compris?
Ellehochalatête,malàl'aise.
Ellehésitaitàmentionnerqu'unedesfillesétaitentréepareffractiondanssonbureau.N'avait-il
pasledroitdesavoirquequelqu'unavaitprisdeslibertésavecsavieprivée?Plusimportant,
n'avait-ilpasledroitdesavoirquel'existencedufameuxcontratétaitconnueetavérée,aumoinsau
seindel'entreprise?
Ellesetrouvaitdansunesituationfranchementinconfortable,mais,aprèstout,ellene
connaissaitpascesfillesetneleurdevaitrien.Enrevanche,siGabeapprenaitunjourqu'elleétaitau
courantmaisnel'avaitpasaverti,ilseraitfurieux.Etpuiselledétestaitl'idéedeluimentir.
Ellepoussaunprofondsoupir,et,enl'entendant,Gabefronçalessourcils.
—Tuasautrechoseàmedire?
—Oui,admit-elle.
—Vas-y,jet'écoute.
—Cen'estpastoutcequej'aientenduauxtoilettes,cematin.
Illuilançaunregardinterrogateur.
—Ilyavaitaumoinstroispersonnes,poursuivit-elle.Franchement,jen'aiaucuneidéedequi
c'était,maisellesparlaientde...ducontrat.Ellessedemandaientsic'étaitvrai,etl'uned'entreellesa
finiparannoncerqu'ellel'avaitvudesespropresyeux.
—Commentest-cequ'elleauraitpuvoirça?S’enquitGabesuruntondésinvolte.
Clairement,ilnecroyaitpasunmotdecequ'elleavançait,etelleallaitdevoirluirévéler
commentlafilleenquestionavaitmislamainsurledocument.Elleappréhendaitsaréaction,ellene
tenaitpasparticulièrementàpasserlasoiréeencompagnied'unGabeenragé.
—Ehbien...,elleaditqu'elles'étaitintroduitedanstonbureauunsoirencrochetantlaserrure
etqu'elleavaitfouillédanstestiroirs,parcuriosité.
—Quoi?!TonnaGabe,faisantsursauterMia.Attends,là,est-cequej'aibiencompris?Cette
filleestentréepareffractiondansmonbureaupourchercherdespreuvesdecequeracontentles
rumeursàmonsujet?
Savoix-soncorpstoutentier-vibraitd'unecolèreàpeinecontenue,etMiaserecroquevilla
sursonsiège.
—C'estcequ'elleprétend,oui,affirma-t-elled'unepetitevoix.
—Demain,jetirecetteaffaireauclair,ettantpissijedoislicencierl'intégralitédelaboîte.Je
refused'avoirsousmesordresdespersonnesindignesdeconfiance.
Miafermalesyeux,dépitée.C'étaitprécisémentcequ'elleauraitvouluéviter.Elleavaitjuste
vouluprévenirGabeafinqu'ilsemontreplusprudentàl'aveniretdécidedegarderchezluiles
documentsconcernantsasulfureusevieprivée.
—Net'inquiètepas,Mia,ajouta-t-ilenluiprenantlamaind'ungesterassurant.Tum'asbiendit
qu'ellesignoraienttoutdetaprésencedanslestoilettes,ellesnesaurontdoncpasquec'esttoiqui
m'asmisaucourant.Lafautivecroirasansdoutequec'estunedesescollèguesquil'abalancée.
—Çanemeconsolepasvraiment,tusais.Àcausedemoi,quelqu'unvaperdresonemploi,
murmura-t-elle.
—Tuestropgentille,Mia.Unepersonnecapabledemejouercegenredetourneméritepasde
travaillerpourmoi.S'ilyabienunechosequejenesupportepas,c'estlatrahison,soustoutesses
formes.
Ilavaitsansdouteraison,néanmoinsMiaauraitpréféréqu'ilapprennelanouvelleparquelqu'un
d'autre.
LechauffeursegaradevantchezGabe,et,unefoisqu'ileutrécupérélespaquetsdanslecoffre,
ilsentrèrentdansl'immeuble.
Àpeineavait-ilrefermélaportedesonappartementderrièreeuxqu'illaissatomberlessacsdu
magasinetentraînaMiadanslesalon,jusqu'àl'épaistapisenpeaudemouton.
—Àgenoux,ordonna-t-ild'unevoixbrusque.
Lajeunefemmeobéitsansunmot.
Aussitôt,Gabedéfitsonpantalonetsortitsonsexeàdemiérigé.Ilcommençaàsecaresser,sans
quitterdesyeuxlabouchedeMia.
Fascinée,elleobservaitsonmembremagnifiquesetendredeplusenplus.Sesgesteslui
paraissaientterriblementsensuels,etunfrissond'anticipationluiparcourutl'échine.Ellesentaitle
désirdeGabemonterenpuissanceets'emparerdetoutsoncorps.
Ilralentitsesmouvementsetrefermauninstantlamainsursonglandavantdelafairedescendre
jusqu'àlabase,soulignantlatailleimpressionnantedesonsexe.Iln'avaitpasbesoindedireàMia
cequ'ilvoulait:ellel'avaitdeviné.Elledutseretenirdeserrerlescuissespourendiguerlamontée
desonpropredésir.Ellesalivaitàl'idéedelegoûterenfin.
Illuiavaitpromisqu'elleyauraitdroit,etl'heureétaitvenue.
—Toutàl'heure,aubureau,jet'aidonnéduplaisir.Àtontour,maintenant.Ouvrelabouche.
Elleeutàpeineletempsdecomprendresesparoles,ilseglissaentreseslèvresd'unlonget
profondmouvement.Lecontrasteentreladouceurdesapeauetladuretédesonérectionl'excita
encoreplus,etellesedélectadesonodeur,desasaveur.Elletremblaittantelleavaitenviedelui-
decettepossessionsiintime.
Ilrefermalespoingsdanssescheveuxpourluimaintenirlatêtetandisqu'ilentamaitunlentva-
et-vient.
—Oh,Mia,j'adoretabouche.Çafaittellementlongtempsquejerêvedeça...,detebaiser
commeçaetdejouirdanstagorge.
Ellefermalesyeux,secouéeparlaforcedesescoupsdereins.Sansenêtreàsapremièrefois,
ellen'avaitpasunegrandemaîtrisedecetexercice.Pourtant,elleétaitdéterminéeàluifaireoublier
touteslesautresqui,avantelle,avaientreferméleslèvresautourdesonsexe.
Elleaccompagnasesmouvementsenfaisantjouersalanguelelongdesonmembre.Ilpoussaun
gémissementsourd,quifaillitlarendrefolledeplaisiretquil'encourageaàpoursuivresescaresses.
—Ohoui,gronda-t-il.C'estça,mabelle.Prends-moijusqu'aufond,vas-y!J'adoresentirta
gorgeseresserrerautourdemonglandquandtuavalestasalive.Continuecommeça!
Àcesmots,ilraffermitsaprisedanssescheveux,l'immobilisantcomplètement.Comprenant
qu'ilvoulaitavoirlecontrôle,ellesedétenditetrejetalatêteenarrièreafindelelaisserentrer
encoreplusloin.
Elleétaitprêteàtoutencaisserpourluiprocurerunplaisirinégalé,inoubliable.
Ilaccentuaencoresesmouvementspuiss'arrêtaauplusprofond,luimaintenantleneztoutcontre
sonventre.Alorsqu'ellecommençaitàmanquerd'air,ilsereculaetluilaissaletempsderespirer.
Puisils'avançajusteassezpourfairejouersonglandsurseslèvresavantdelapénétreravec
force.
—Tuterendscomptedecequetumefais?demanda-t-ild'unevoixrauque.Restelà,nebouge
pas,Mia.Jevaisjouirdanstaboucheetjeveuxquetuavalesjusqu'àladernièregoutte.
Ellepercevaitdéjàunesaveursalée,signequ'ilétaitprochedel'orgasme.Ilétaittenducomme
unarc,etrienn'auraitpufreinersacourseversunplaisirfulgurant.
Aucontraire,ilaccéléraencore,chacundesescoupsdereinss'accompagnantd'unbruitde
succionquirésonnaitauxoreillesdeMia.Elleavaitbeaus'yattendre,ellefutsurprisedegoûtersur
salanguelepremierjetdesemencechaude.
Gabeneralentitpas,etchaquecoupdereinss'accompagnaitd'unenouvellesecousse.Miaavala
àplusieursreprises,maisilcontinuaitàjouir,lesmainscrispéesdanssescheveuxaupointdelui
fairemal.Refusantdecéderàladouleur,elleneprotestamêmepaslorsqu'ilsedressasurlapointe
despieds,s'avançantplusloinquejamais,presquetroploin.Ilsetintainsiunlongmoment,jusqu'à
cequesesspasmessecalment.Alorsilluilâchalescheveuxetseretiradesabouche.
Miaavala,toussa,puisavaladenouveau.Elleavaitleslarmesauxyeuxmaisseforçaà
regarderlevisagedeGabe.Elletenaittantàyvoirlapreuvedesonextase.
Pourtant,c'estavecuneexpressionderegretqu'illuitenditlamainpourl'aideràserelever.
Puis,d'ungestetrèsdoux,illuicaressalesbras.
—Jecoursàmaperte,avectoi,Mia.Jetefaisdespromessesquejen'arrivepasàtenir.Jene
mereconnaispas,quandjesuisprèsdetoi.Jenesuispassûrd'aimerceluiquejedeviens,maisje
suisincapabledem'arrêter.Peut-êtrequetumedétestespourcequejet'aifait,maistantpis.Jene
peuxpas-neveuxpas-m'arrêter.J'aitropbesoindetoi,çameconsumecomplètement,etjedoute
queçamepasseunjour.
Renduemuetteparlafranchisedecetaveu,Mialecontemplaensilence,bouleverséeet
terriblementémueparcequ'ilimpliquait.Lesyeuxtoujoursvoilésparuneétrangetristesse,illui
effleuralajoue.
—Vatepréparerpourlecocktail.Onvayfaireunerapideapparition,puisjet'emmènedîner
quelquepart.
Chapitre15
GabeneprononçapasunmotdetoutletrajetquilesmenaauclubdejazzdeGreenwich
Village,oùsedéroulaitlecocktail.Mianecessaitdeluijeterdesregardsencoin,etildevinait
qu'elleavaitmillequestionsentête.Pourtant,ilnesesentaitpasenmesuredelarassurer.Comment
aurait-ilpulefaire?
Ildevenaitfouensaprésence,etcelalegênaitterriblementdeperdreainsitoutcontrôlesurses
propresgestes.Aucunefemmenel'avaitjamaismisdanscetétat-là.D'habitude,ilgardaitlatête
froide.Mêmedanslefeudel'action,ilrestaitcalmeetmesuré,etcedepuissonadolescence.Avec
Mia,enrevanche,c'étaitunetoutautrehistoire.
Merde!Ils'étaitjetésurellecommeunebêtesauvage,avecunebrutalitéquis'apparentait
presqueàduviol.Ilavaitàpeineattendud'êtrerentréchezluipourluiordonnerdesemettreà
genoux,avantdes'introduiredanssaboucheenluitenantlescheveuxpourlamainteniràsamerci.
Cesouvenirluiinspiraitunprofonddégoûtdelui-même,pourtantilneregrettaitrien.Pireilsavait
qu'ilrecommenceraitbientôt,etpasqu'unefois.Ilbrûlaitdéjàd'impatienceetauraitvouluquela
soiréesoitterminéepourqu'ilsrentrentchezlui.
Ilavaitéprouvéunefuriesansbornesenapprenantqu'onavaitmanquéderespectàMiaau
bureau,mais,àlaréflexion,celafaisaitdeluiunbelhypocrite.Enlamalmenantainsi,ill'avait
traitéecommelaprostituéequ'ellecraignaitd'êtredevenue.Iln'avaitjamais-jamais!-envisagéleur
relationencestermes,maissesactionsnereflétaientabsolumentpassesréflexions,cesderniers
temps.C'étaitsonsexequiluidictaitsaconduite,sanssepréoccuperdesonintentiond'yaller
doucementavecMiapournepasl'effrayer.Soncorpssemblaitdotéd'unevolontépropre,ainsique
d'undésirinsatiablepourlajeunefemme.Loindediminuer,celui-cinefaisaitquecroîtrechaquefois
qu'illuifaisaitl'amour.
Qu'illuifaisaitl'amour.Cetteexpressionétaitsiéloignéedecequ'ilavaitfaitsubiràMiaqu'il
dutretenirunrireamer.Ilavaitbeautenterdecalmersaconscienceparcesmots,iln'ignoraitpas
qu'ill'avaitpriseavecuneviolenceimpardonnable.Néanmoins,sesremordsnefaisaientpaslepoids
faceàsondésir,etilsavaitdéjàquelaprochainefoisneseraitguèredifférente.Ilpouvaittoujours
afficherdenoblesintentions,celles-cinedemeureraientquedesmensonges.
—Onestarrivés,Gabe,soufflaMiaenluitouchantdoucementlebras.
Tirédesessombrespensées,ilserenditcomptequ'ilsétaientgarésjustedevantleclub.Ilfut
promptàretrouversesespritsetàdescendreavantd'allerouvrirlaportièrepourqueMiasorteàson
tour.
Elleétaittoutsimplementsplendide,etilcompritque,malgréseseffortspourluichoisirune
robequicouvraitsesformes,ellerisquaitd'attirerautantderegardsquelesoirdugala
d'inauguration.
Miaétaitplusquebelle,elleavaitunje-ne-sais-quoiquiladistinguaitetdonnaitenviede
s'approcherdesalumière.Mêmevêtued'unsacàpatates,elleseraitsortiedulot.
D'ungestedétaché,illuiposaunemainsouslecoudeetlaguidaversl'entréeduclub.Ilmourait
d'enviedelaserrercontrelui,etdemontrerainsiaumondequ'elleluiappartenait,maisilnevoulait
surtoutpaslagêner,ourisquerd'ébruiterlesecretdeleurrelation.Pourl'instant,illuisuffisaitde
savoirqu'elleétaitsienneunefoislesportescloses,maisilnecomptaitpaslaisserd'autreshommes
venirluitournerautour.
Surleseuildelapièceréservéeaucocktail,Gabemitencoreunpeudedistanceentreeux,
mêmesisoninstinctluicriaitdelagardertouteprochepourmieuxsignalerauxautresmâlesqu'elle
étaitdéjàprise.Ilparvintnéanmoinsàrestermaîtredelui-même.Mial'accompagnaitensaqualité
d'assistante,riendeplus.Personne,àparteuxdeux,nedevaitsavoirqu'elleétaitaveclui,son
amante,safemme.
Ilsentrèrent,et,aussitôt,MitchJohnsonlesaperçut.Illessaluad'ungesteetentrepritde
traverserlafoulepourvenirlesrejoindre.
—Quelespectaclecommence,murmuraGabe.
Miaparcourutl'assistanceduregard,puisreportasonattentionsurMitch.Elleaffichaunsourire
chaleureuxet,imitantGabe,attenditqueMitcharriveàleurhauteur.
—Gabe!Jesuisraviquevousayezpuvouslibérer,lançalenouveauvenuenserrantlamain
deGabe.
—Jen'auraismanquéçapourrienaumonde,répliquacelui-ciavantdesetournerversMia.
Mitch,jevousprésentemonassistante,MiaCrestwell.Mia,voiciMitchJohnson.
—Enchantéedefairevotreconnaissance,monsieurJohnson,ditMiaavecunsourirelumineux.
Mercidenousavoirinvités.
MitchcouvaitMiad'unregardflatteur.Gabeeutenviedemontrerlesdentsmaisseforçaà
resteraimable.Mitchétaitmarié,etilneluiseraitjamaisvenuàl'idéedetrompersafemme,maisil
admiraitouvertementMia.CelasuffisaitàfaireenragerGabe.
—Toutleplaisirestpourmoi,Mia.Jevousenprie,appelez-moiMitch.Gabe,ilyaici
plusieurspersonnesquidevraientvousintéresser,mais,d'abord,est-cequejepeuxvousoffrirun
verre?
—Rienpourmoi,merci,réponditMia.
—Plustard,peut-être,ajoutaGabeensecouantlatête.
—Alors,sivousvoulezbienmesuivre,jevaisfairelesprésentations,repritMitchendésignant
lafoule.J'aicroiséplusieursdemescollègues,ettoussonttrèsenthousiastesausujetdevotreprojet
californien.
—Magnifique,lançaGabed'unairsatisfait.
IlsemboîtèrentdonclepasàMitch,quileurfitrencontrerdiverspetitsgroupes.Laconversation
étaitstrictementprofessionnelle,etMiasetenaitaucôtédeGabe,silencieuse,uneexpression
sincèrementcaptivéesurlevisage.Ilenfutimpressionné.Mêmesielles'ennuyaitàmourir,ellen'en
laissaitrienparaître.
Àsonplusgrandétonnement,alorsqueleshommesnesemblaientplusavoirgrand-choseàdire,
ellepritlaparole.SetournantversTrentonHarcourt,elledemanda:
—Est-cequevotrefilleseplaîtàHarvard?Sesétudessepassentbien?
Aprèsunesecondedesurprise,Trentonluiadressaunsourireravi.
—Toutsepassetrèsbien,jevousremercie.Mafemmeetmoisommestrèsfiersd'elle.
—Ellen'apaschoisilecursusleplusfacileens'inscrivantendroitdesaffaires,mais,unefois
sondiplômeenpoche,ellepourras'associeràvosprojets.C'esttoujoursunbonusd'avoirdes
connaissancesaussiprochesquecompétentes,conclutMiaavecunsouriremalicieux.
Touspartirentd'unmêmeéclatderire,etGabes'enorgueillit.Sanouvellerecrueavaitvraiment
étudiésesdossiers.
Petitàpetit,lajeunefemmepritl'ascendantsurleurpetitgroupe.Elletrouvaittoujoursquelque
chosedepersonnelàdireàchacunetnelaissaitjamaisretomberlaconversation.Leshommesnela
quittaientplusdesyeux,sansqueGabedécèlelamoindretracedeconcupiscence.Tousrestaient
parfaitementcourtois,visiblementsouslecharmedeMia.
Soudain,Mitchprofitad'unsilencepourdemander:
—Est-cequevousavezunliendeparentéavecJaceCrestwell?
Mias'immobilisa,sanstoutefoissedépartirdesonsourire.
—Oui,c'estmonfrère.
Gabeperçutunenotedéfensivedanssavoixmaisdoutaquequiconqued'autrequeluinel'ait
remarquée.
—Maisc'estmoiquil'aiembauchéeenpremier,lança-t-ilsuruntonnonchalant.Elleest
intelligenteetparfaitepourceposte.TantpissiJacecomptaitlarecruterlui-même.
Cetterepartieluivalutunéclatderiregénéral.
—Enaffairescommeàlaguerre,pasvrai,Gabe?commentaTrenton.Vousavezeuduflair,en
toutcas.
—Eneffet,renchéritGabe.Miaestunvéritableatoutauseindemonéquipe,etjen'aipas
l'intentiondelalaisserfilerdesitôt.
Lajeunefemmerougitàcesmots,maisilcompritquec'étaitdûauplaisird'entendrevanterses
qualitésprofessionnelles.Ilneregrettadoncpasd'avoirclairementénoncélasituationàtoutle
groupe,auméprisdesoninstinctpossessif.
—Maintenant,sivousvoulezbiennousexcuser,j'aperçoisquelquespersonnesqueje
souhaiteraissaluer,annonça-t-ild'unevoixsuave.
IlpritlebrasdeMiapourl'entraînerendirectiondubar,mais,àmi-chemin,ils'immobilisa,les
yeuxrivéssurl'entréedelapièce.L'entendantjureràmi-voix,Miasuivitsonregardetneput
réprimerunegrimace.
LepèredeGabevenaitd'entreravec,àsonbras,uneblondedustyleplantedécorative,etbien
plusjeunequelui.Misère!Quefaisait-illà?Pourquoin'avait-ilpasprévenuGabequ'ilserait
présent?Celaluiauraitpermisdesepréparerauchoc.Aprèsunweek-endpasséencompagniedesa
mère,àtenterpartouslesmoyensdeluiremonterlemoral,iléprouvaunefroidecolèreenvoyant
sonpèresepavanerainsiavecsadernièreconquête.
Mialuitouchadoucementlebras,àl'écoute.Iln'étaitplusquestiondes'esquiver,sonpèreles
avaitaperçusetsefrayaitunchemindansleurdirection.
—Gabe!lança-t-il,lesyeuxbrillants,enrejoignantsonfils.Jesuisbiencontentdetecroiser
icicesoir.Çafaisaitlongtempsqu'onnes'étaitpasvus,troplongtemps.
—Bonsoir,papa,rétorquaGabesèchement.
—Stella,j'aileplaisirdeteprésentermonfils,Gabe.Gabe,voiciStella.
Gabesalualajeunefemmed'unbrefsignedetête.Iln'avaitqu'uneenvie,fuircettesituationqui
luimettaitlesnerfsàvif.Ilrevoyaitnettementlevisagedesamèreetlatristessedesonregard.Ilse
rappelaitsonincompréhensionetsadouleurdesesentirtrahieparcethommequiavaitétésonmari
duranttrente-neufans.
—C'estunplaisirdevousrencontrer,susurraStellaendétaillantGabedelatêteauxpieds.
—Commentçava,mongarçon?demandasonpère.
Ilnesemblaitpasavoirremarquélagênedesonfils.Peut-êtreneserendait-ilpascomptedes
profondesblessuresqu'ilavaitinfligéesàsafamille.
—Beaucoupdetravail,réponditGabe,laconique.
—Çanem'étonnepas!s'exclamasonpèreavecungrandgeste.Tudevraisprendredes
vacances,tusais.Tereposerunpeu.Tupourraisvenirpasserquelquesjoursàlamaison.Çame
feraitplaisir.J'aimeraisbiensavoirunpeucequetudeviens.
—Quellemaison?S’enquitGabed'unevoixglaciale.
—Oh,j'aiachetéunemaisondansleConnecticut,annonçasonpèresuruntondétaché.Il
faudraitquetuvienneslavoir.Tiens,est-cequetueslibre,undessoirsdelasemaine?Tupourrais
venirdîner.
Gabecrispalesmâchoiresaupointd'enavoirmal.
C'estalorsqueMiaintervint.Elleseracladiscrètementlagorgeets'avançad'unpas,souriante.
—Est-cequevousvoulezboirequelquechose,monsieurHamilton?Jevaisallermerepoudrer
lenez,mais,enrevenant,jepeuxfaireundétourparlebaretvousrapporterunverre.
M.Hamiltonladévisageauninstantavecdesyeuxrondsavantdelareconnaître.
—Mia?MiaCrestwell?C'estbientoi?
Gabefutétonnéquesonpèresesouvienned'elle.Ilnel'avaitvuequ'àdeuxreprises,alors
qu'elleétaitencoreadolescente.
—Oui,monsieur,confirma-t-elle.JetravaillepourGabe.Jesuissonassistante.
—Çaalors,jen'enrevienspas!s'écria-t-ilavantdel'embrassersurlesdeuxjoues.Ladernière
foisquejet'aivue,c'étaitilyadesannées.Tuesdevenueunebellejeunefemme,dis-moi!
—Merci,souffla-t-elle.Alors,ceverre?
—Unwhisky,s'ilteplaît.Avecdesglaçons.
—Gabe?
—Rien,merci.
Elleluilançauncoupd'œilcompatissantavantdesedirigerverslestoilettes.Ilneluien
voulaitpasdes'échapperainsi.Latensionétaitpalpable,etellen'ypouvaitrien,lapauvre.
Illasuivitduregard.Luiaussiauraitaimés'enfuirloindetoutça.Ilauraitvouluseréfugier
chezlui,danssachambre,danssonlit,etdanslesbrasdeMia.
—Bon,quandest-cequetuviensdîner?Insistasonpère.
Unefoisensécurité,Mialaissaéchapperunsoupirdesoulagement.Puiselles'approchadu
miroirpourretouchersonrougeàlèvres.
Àsagrandesurprise,laportedestoilettess'ouvritsurStella,quivintseplacerjusteàcôté
d'elle.AprèsunregardappuyéàMia,ellesortituntubedesonsacetl'imita.
—Alors,c'estvrai,cequ'onraconteausujetdeGabeHamiltonetdesfemmes?Qu'ilades
exigencesunpeuparticulières?lança-t-elletoutenseremaquillant.
Déroutée,Miafaillitenlaissertombersonrougeàlèvresetduts'yreprendreàdeuxfoispourle
rangerdanssapochette.PuisellesetournaversStella,estomaquéeparlesans-gênedecettefemme.
—MêmesijesavaisdeschosessurlavieprivéedeM.Hamilton,jenetrahiraisjamaissa
confiance.
—Oh,allez!s'écriaStellaenlevantlesyeuxauciel.Vouspouvezbienmedonneruntuyau,non
?Jenedemandepasmieuxquedemeréveilleràcôtédecemec,surtouts'ilestaussidouéaupieu
qu'onledit!
—Euh,jevousrappellequevousêtesarrivéeaubrasdesonpère.
—Oh,lui,c'estpourlefric,expliquaStellaenbalayantcetteobjectiond'ungeste.Gabeest
encoreplusricheetpuisilestplusbeau,etplusviril.Pourquoisecontenterduvieuxsionpeutavoir
lejeune,pasvrai?Bref,sivousavezdesinfos,jesuispreneuse.Voustravaillezpourlui,doncvous
avezdéjàdûavoiraffaireàsescopines,non?
Mian'auraitpasdûs'étonnerdecettecupiditébruteetaffichée,pourtantcelalachoquait
profondément.Nesachantquoirépondre,elletournalestalonsetsortit,puissedirigeaverslebaren
secouantlatête,incrédule.Cettefilleétaitvraimentgonflée!
EllecommandalewhiskypourM.Hamiltonet,unefoisservie,setournapourchercherlesdeux
hommesduregard.Ilssetenaientlàoùellelesavaitlaissés,etGabesemblaitd'unehumeurde
dogue.
Ilavaitlestraitstirésetleregardfroid,commes'ilsetrouvaitfaceàunadversairequ'il
s'apprêtaitàdémolir.
Ellesoupira.Celadevaitêtrehorribledevoirsesparentsdivorceraprèstantd'années.Gabe
avaitgrandiauseind'unefamillesaineetstable,alorsqueJaceetelleavaientdûbataillerpour
retrouverunsemblantdenormalitéaprèslamortdeleursparents.D'unecertainefaçon,Gabeavait
perdulessiens,aveccedivorce.Mêmes'ilsétaienttoujoursenvie,ilnepourraitplusjamaisles
considérercommeuneentitérassurante.
ElleneputréprimerunegrimaceenvoyantStellalesrejoindre.Sanslamoindrehésitation,la
jeunefemmesegreffaaubrasdeGabeetluidécochaunsourireéclatantenbattantdespaupières.
Ens'approchant,Miaperçutsonpetitrirecristallinet,àsagrandesurprise,vitGabesourireà
sontour.C'étaitundecessourirescharmeursquiindiquaientsanséquivoquequeGabevenaitde
trouveruneproieàsongoût.
Iljoueàquoi,là?
Mias'approchadesdeuxhommes,quineremarquèrentmêmepassaprésence.Elles'efforçade
contenirlajalousieviscérale-etlacolère-quifusaitdanssesveines.Elletentadeseraisonner,ce
n'étaitpourtantpasdanssanature.
Oupeut-êtrequesi.Elleétaitfollederageetn'avaitqu'uneenvie,sautersurcetteblondasseet
luiarracherlescheveuxparpoignées.Gabeavait-ilperdulatête?Était-ilvraimentattiréparce
genredefemmesaussisuperficiellesquevénales?
Certes,ilpréféraitdesrelationsdénuéesdecomplicationsémotionnelles.C'étaitmêmecequ'il
exigeaitparsoncontrat,maisjustement,ilétaithorsdequestionqu'ildragueunearrivistepareille
devantMiaalorsqu'ilsavaientsignéunaccord.
Elleavançad'unpasettenditleverreaupèredeGabe.
—Merci,Mia,dit-ilavecunchaleureuxsourire.
Alors,StellalevalesyeuxversGabeavecunepetitemoueboudeuse.
—Vousvoulezbiendanseravecmoi,Gabe?Lamusiqueestlàpourça,etj'aibesoindeme
dépenser...
Gaberitàcesmots,cequiirritaprofondémentMia.
—Tunousexcuses,papa?lança-t-ilàsonpère.
Puis,sansunregardàMia,ilentraînaStellaverslapiste.
Là,ilattiralablondeentresesbras-bientropprèspourunedanseanodine-etluisouritde
nouveau.Mian'enrevenaitpas.Gabenesouriaitquasimentjamais!
Enplus,ilvenaitdelaplanteravecsonpère,àquiilavaitplusoumoinspiquésacavalière.
Charmanteattention...Mianepouvaitmêmepasprétexterunpassageauxtoilettespuisqu'elleen
revenaittoutjuste.
ElleremarquaqueM.HamiltonregardaitGabeetStelladanser,lessourcilsfroncés,etelle-
mêmen'arrivaitpasàsedétournerdecetristespectacle.Sacolères'enflammadeplusbelle
lorsqu'ellevitGabepasserunemainlangoureuselelongducorpsdelajeunefemme.
Oh,etpuismerde!Ellerefusaitderesterlà,biensagement,pendantqueGabeenpelotaitune
autre-lacopinedesonpère,enplus!Elleavaitremplisamission,elles'étaitmontréeaimableavec
sesinvestisseursetleuravaitresservitouteslesinfosdébilesqu'elleavaitpassélajournéeà
mémoriser.
Àprésent,elleavaitmieuxàfaire-rentrerchezelle,retrouverCarolineetlaisserlibrecoursà
sacolère.
Chapitre16
—Quelconnard!s'exclamaCaroline.Jen'arrivepasàcroirequ'ilaitlaissécettedindelui
mettrelegrappindessusalorsqu'ilt'a,toi!
Affaléedanslecanapéàcôtédesameilleureamie,Miasouritfaceàcetélandeloyauté.Elle
s'étaitchangée,sabelleroberougeétantdevenueunesorted'emblèmemoqueurdecettesoiréeratée.
C'étaitbienlapeinequeGabel'habillecommeunegrandedamesophistiquéepourensuitese
consacreràuneautre.
Personnen'étaitaucourantdeleurrelation,sonhumiliationétaitdoncpasséeinaperçue,mais
celanechangeaitrienàcequ'elleressentait.
—Jenesaisvraimentpascequ'iladanslecrâne,dit-elledansunsoupir.Entoutcas,jen'allais
pasresterplantéelàpendantqu'ilsselançaientdesregardsénamourés.C'étaitàvomir.
—Tuaseuraison!s'écriaCaroline.
Puissesyeuxbrillèrentd'unelueurcoquine,etMiasepritàcraindrelepire.
—Bon,etsinon,est-cequec'estvraimentundieudusexe?
—Pitié,Caro!SoufflaMia,exaspérée.
—Quoi?Jevisseuleavecmesfantasmes,tupeuxbienmedonnerquelquesdétails
croustillants,non?
—Bon,OK,c'estundieu.Tuescontente?Franchement,jen'avaisjamaisrienconnude
comparable,etpourtantj'aieudesexpériencessatisfaisantes.Là,c'étaitcarrémentébouriffant.
—Ehben...,marmonnaCarolined'unevoixtraînante.Jemesuisdoutéequeçafaisaitdes
étincellesquandtum'asappeléepourquejeteprépareunsac.Ilneluiamêmepasfalluunjourpour
t'inviteràpasserlanuit.Onpeutdirequ'ilnetraînepas.
—Oui,ça,onpeutledire...,confirmaMiaavecunegrimace.
—Bon,qu'est-cequ'onfait?Ilyadelaglacedanslecongélateur:onsecommandeuntrucet
onsegoinfre,outuasdéjàmangé?
—Onétaitcensésallerdîneraprèslecocktail,maisc'étaitavantqueBarbiedébarque.
—Unepetitepizza,çatebranche?demandaCarolineenattrapantsontéléphone.
—Ohoui,unepizza!SoupiraMia.
TandisqueCarolinefaisaitdéroulersescontacts,l'interphonesonna.
—Jevaisrépondre,choisiscequetuveux,ditMiaenselevantpourallerdécrocher.Allô?
—Descendstoutdesuite,putain!
LavoixdeGaberésonnasifortqueCarolineenlâchasontéléphone.
—Etpourquoi,Gabe?rétorquaMia,sanscachersonirritation.
—Sérieusement,jetepréviens,situnedescendspasimmédiatement,c'estmoiquimontete
chercher.Etjeneveuxmêmepassavoirsitueshabilléeoupas.Tuasexactementtroisminutes.
Miaraccrocha,tremblantedecolère,etretournas'asseoiràcôtédeCaroline.
—Bon,fitcettedernière.Aumoins,s'ilestlà,c'estqu'iln'estplusavecBarbie.
—Quoi,tuvoudraisquej'obéisseauxordresdececonnardarrogant?demandaMia,incrédule.
—Pastoutàfait,maisjenetienspasàcequ'ildébarquepourtetraînerparlescheveux.Situ
veuxmonavis,tuferaispeut-êtremieuxd'allerlerejoindreetdetirercettehistoireauclair.Après
tout,ilestvenutechercher,etBarbien'estplusdanslesparages,répétaCarolineavantdeconsulter
samontre.D'ailleurs,ilneteresteplusquedeuxminutesavantqu'ildéboulecommeunefurie.
Miapoussaunsoupir,puisseprécipitadanssachambresansbiensavoirpourquoiellese
donnaittantdemalpourGabeaprèslascèneduclub.Elleavaitmalauventrerienqued'yrepenser.
Pourtant,elleenfilaunjeanetuntee-shirtàlahâtepuis,aucasoù,pritunetenuepourlelendemain.
Aprèsavoirrécupéréquelquesaffairesdanslasalledebains,ellefilaensaluantCarolineau
passage.
—Envoie-moiuntextopourmedirequetuestoujoursenvie!criacettedernière.Sinon,je
vaiscroirequ'ilt'atuéeetpartiràlarecherchedetoncadavre.
Mialuienvoyaunbaiseravantdesortir.Uninstantplustard,lorsquelesportesdel'ascenseur
s'ouvrirentaurez-de-chaussée,elleaperçutGabequilatoisait,lesmâchoirescrispées.
Sansluilaisserletempsd'avancer,ilfonçadroitsurelle,commeunbolidefurieux,ivrede
colèreetdetestostérone.
Dèsqu'elleeutposéunpiedsurlecarrelagedel'entrée,illapritparlamainetl'entraînaàsa
suite.Miaadressaunsourirerassurantauportier,quisemblaitprêtàappelerlapolice,avantde
reportersonattentionsurGabe.Sarageluiparvenaitenondesbrûlantes.
Dequeldroits'énervait-ilainsi?Ellen'avaitpasétédraguéunautrehommelorsd'uncocktail
oùilsétaientarrivésensemble,aprèstout.
Illafitmonterdanslavoiture,quidémarraaussitôtqu'ilfutinstalléàsontour.
—Gabe...
—Tais-toi!Aboya-t-ilenluijetantunregardexcédé.Nemeparlepas,Mia.Ilfautquejeme
calme.
Ellehaussalesépaulesd'ungestenonchalantetsetournaverslavitre.Ellel'entenditpousserun
grondementd'impatience,maisrefusadecroisersonregardetseconcentrasurleslumièresdela
villeaudehors.
Elleauraitsansdoutemieuxfaitderesterchezelle,maisellevoulaitcetteconfrontation.Elle
avaitpassélasoiréeàruminersarage,alors,puisqueGabemettaitlesujetsurletapis,ellen'allait
passepriverdeluidonnersavisiondeschoses.
Letrajetsepassaensilence,mêmesilacolèredeGabeétaitfortéloquente.Mianeluiaccorda
pasuncoupd'œil,cequiauraitconstituéunaveudefaiblesse.
Parailleurs,ellesavaitquecelaneferaitqu'aiguisersoncourroux.
Lorsqu'ilsarrivèrentdevantchezlui,illafitsortirsansménagementetluipritlebrasdansune
poignedeferpourl'entraîneràl'intérieur.
Unefoisquelaportedesonappartementsefutreferméederrièreeux,illadévisagea,lesyeux
plissésetlamâchoirecrispée,commes'illuttaitpoursecontenir.
—Vadanslesalon,ilfautqu'onparle,lança-t-il.
—Situledis,marmonna-t-elle.
Elleselibéradesonétreinteetallas'asseoirdanslecanapé,puislevaversluiunvisage
innocent.
Pendantquelquesinstants,ilsecontentadefairelescentpasdevantelle,s'arrêtantparfoispour
luijeterunregardmauvais.Enfin,ilinspiraprofondémentetsecoualatête.
—Jenesaispasquoitediretellementjesuishorsdemoi.
Mialuilançauncoupd'œildégoûté.Elleseule,danscettepièce,avaitledroitd'êtreencolère.
—Toi,tueshorsdetoi?demanda-t-elled'untonincrédule.Etpourquoi?Parcequetapouffet'a
laissétomber,aufinal?J'aidumalàlecroire,elleavaitpourtantl'airprêteàtecroquertoutcru.
—Maisdequoituparles?rétorqua-t-ilenfronçantlessourcils.
Elles'apprêtaitàluiexposersonpointdevueentermeschoisis,maisill'interrompitd'ungeste.
—Non.D'abord,tuvasm'écouter.Puis,unefoisquejet'auraiexpliquécequimerendaussifou
derageetquejemeseraiunpeucalmé,jevaist'administrerlacorrectiondusiècle.
—C'estça,oui.
—Tuasdisparu,putain!cria-t-il.Jenesavaispasoùtuétaispassée,nicequit'étaitarrivé.Tu
auraisputefaireembarquerparuntypelouche,tuauraispuêtremaladeoublessée.Est-cequetuas
réfléchiunesecondeavantdetebarrersansriendire?Ilnet'estpasvenuàl'idéequelamoindredes
chosesauraitétédemeprévenir?Situm'avaisditquetuvoulaisrentrercheztoi,jet'aurais
raccompagnée!
Elleselevabrusquement,exaspérée.Soitilétaitvraimentstupide,soitillefaisaitexprès.
—Tuauraispeut-êtreremarquéquejepartaissitun'avaispasétécolléàlacopinedetonpère!
hurla-t-elle.
Alors,seulement,ilcomprit.
—Quoi?Toutça,c'estàcausedeStella?demanda-t-ilensecouantlatête.
—Oui,c'estàcausedeStella.CettechèreStella.
—Tumefaisunecrisedejalousie?
—Moi?Unecrisedejalousie?Nonmaistuterendscomptedetaproprearrogance,Gabe?Ça
n'arienàvoiravecdelajalousie.Ils'agittoutbêtementd'unequestionderespect!Ons'estengagés
l'unenversl'autre,jeterappelle.Certes,cen'estpasunerelationclassique,maisonasignéun
contrat.Tum'appartiens,Gabe,etilesthorsdequestionquejetepartageavecunepoupéeBarbie.
Lavéhémencedesesparolessemblaleprendreaudépourvu,puisilrejetalatêteenarrièreet
partitd'ungrandéclatderirequilamithorsd'elle.
—Bienjoué,mabelle!lança-t-ilentredeuxgloussements.Tuviensdefaireretomberma
colère,justeassezpourqu'onpassedirectementàlafesséequejet'aipromise.Vadanslachambreet
déshabille-toi.
—Tutefousdemagueule?
—Etsurveilletonlangage.Jaceteforceraitàtelaverlaboucheausavons'ilt'entendaitparler
commeça.
—Quelhypocrite!Jaceettoinevousprivezpas,quejesache!
—Mia...,danslachambre,maintenant.Pourchaqueminutequetumefaisperdre,tugagnescinq
fesséessupplémentaires.Jeneplaisantepas:tuenasdéjàméritévingt.
Elleledévisageauninstant,bouchebée.Puis,levoyantconsultersamontre,ellefonçaen
directiondelachambre.Elleavaitperdulatête;çanefaisaitplusaucundoute.Alorsqu'elleaurait
dûdéguerpir,voilàqu'elleseprécipitaitpouroffrirsapeauenpâtureauxfantasmesdeGabe.
Unfrissond'anticipationluiparcourutl'échine,laprenantparsurprise.L'idéedesefairefesser
n'auraitpasdûl'exciter.C'étaitrévoltant...,et,enmêmetemps,elletrouvaitcelaterriblement
érotique.LamaindeGabesursoncul,laissantsursapeaulamarquetangibledesadomination.
Oui,elleétaitfolleàlier,maiscen'étaitpasnouveau.Elleavaitabdiquésasantémentalequand
elleavaitacceptédesignercecontrat.
LorsqueGabelarejoignitdanslachambre,elleétaitassiseauborddulit,nue,vaguement
inquiète.Ellen'étaitpassûred'appréciercequiallaitsuivre.Enfait,elleétaitpresquesûredenepas
aimerdutout,maisellenepouvaitniercettepartdecuriositéetd'excitation.
Sagorgeseserraquandils'arrêtadevantelleetqu'elleperçutlapuissancequiémanaitdelui.
—Lève-toi,ordonna-t-ild'unevoixcalmeoùnepersistaitpluslamoindrecolère.
Elleobéit,lesjambestremblantes,etils'installasurlelit,adosséauxoreillers.Puisilluitendit
lamain,etellelasaisit,unpeuhésitante.Ill'attiraversluietl'allongeasursesgenoux,àplatventre,
desortequesesfessessetrouventàsaportée.
—Vingtcoups,Mia,dit-ilencaressantsesdoucesrondeurs.Jeveuxquetulescomptes.Tu
verras,àlafin,tumeremercieras.Ensuite,jetebaiseraicommejamais.
Plusieurspenséess'entrechoquèrentdanssatêteàcesmots.Ohoui!Vas-y!Elleavait
définitivementperdul'esprit.
Lapremièrefesséetombasansqu'elles'yattende,etellelaissaéchapperunpetitcri,sansbien
savoirs'ilétaitdûàladouleurouàlasurprise.
—Jet'aiditdelescompter,Mia,grondaGabe.Maintenant,jevaisdevoirt'endonnerunede
plus.
Ohmerde!
Illuicaressalafesseuninstantavantdeluiassenerlecoupsuivant.
—Un!s'écria-t-elled'unevoixétranglée.
—Trèsbien,susurraGabe.
Ilpassalapaumesurl'endroitqu'ilvenaitdefrapperavantdelafaireclaquerailleurs.
Absorbéeparsessensations,Miafaillitoublierd'annoncercedeuxièmecoup.
—Deux!lança-t-ellejusteavantqueGabeallongeencorel'addition.
Sapeau,éveilléeparlabrûlureinitiale,lapicotaitdélicieusement,etellesentaitl'excitation
monteraucreuxdesonventre.Sonsexesecontractaitmalgréelle,etellenecessaitdes'agitersurles
genouxdeGabe.
Trois.Quatre.Cinq.Lorsqu'ilsatteignirentladizaine,elleétaitàboutdesouffle,enproieàun
désirindécent.LescaressesdeGabeétaientunedoucetorture,quicontrastaitmerveilleusementavec
sesvivesclaques.Ilmettaitjusteassezdemordantdanssescoupspourque,aprèslequinzième,elle
enréclameplus.Plusfort.
Lefeuquicouraitsoussapeauluiprocuraitunplaisirineffable.Ellen'avaitjamaisrienconnu
depareil.Ellen'auraitjamaiscrusedélecterautantd'unevulgairefessée-etn'auraitcertainement
pascrupouvoiratteindrel'orgasmeainsi.Pourtant,elleenétaittouteproche.
—Tiens-toitranquille,Mia,l'avertitGabe.Jet'interdisdejouir.Ilteresteencoredeuxcoups.
Jetepréviens,situosesprendretonpiedsansmonautorisation,laprochainefesséeneserapasaussi
agréable.Loindelà.
Lajeunefemmeinspiraprofondémentetfermalesyeux,intimantàsoncorpsl'ordredetenirbon
faceàl'extasequimenaçaitdelasubmerger.
—Dix-neuf,compta-t-elledansunsoufflepresqueinaudible.
—Plusfort!TonnaGabe,sansralentir.
—Vingt!
Soulagéequecetteépreuvesoitterminée,Miasedétendit.Elleavaitfourniunteleffortpourne
pasjouirqu'ellehaletaitlittéralement.Elleavaitlesexeenfeu,commesichaquecoupavaitrésonné
lelongdesesnerfsetjusqu'àsonclitoris.Celui-ciétaitagitédepetitssoubresauts,etellesavaitque
Gaben'auraitqu'àsoufflerdessuspourluifaireperdrelatête.
Elleétaitfurieuse,d'ailleurs,d'exerceraussipeudecontrôlesursonproprecorps.Elleen
voulaitàGabedeluiavoirfaitaimerquelquechosequ'elleauraitdûtrouverodieux.
Illuilaissaunmomentpourrecouvrersonsouffle,puisillasoulevadoucementpourl'allonger
surledos.Danslemêmemouvement,ils'avançaau-dessusd'elleetdéfitsonpantalon.
Toutensedéshabillant,ilsepenchasurelleetrefermaleslèvressursesseins,aspirantses
tétonstouràtour.Elles'attendaitàceque,unefoisnu,illuiécartelescuissespourlaprendre
brutalement.Aulieudeça,ils'éloignaetseleva,puisl'attiraauborddulit.
Deboutentresesjambes,ilplaçasonérectionàl'entréedesonsexeetlacouvad'unregard
intense.
—Alors,Mia,tuasaimétapremièrefessée?
—Vatefairefoutre!répondit-elle,toujoursvexéed'êtreaussiexcitée.
Gabeladéroutaitcomplètement.Illaforçaitàremettreenquestiontoutcequ'ellecroyaitsavoir
surelle-même,etcelaneluiplaisaitpasdutout.
Ilcrispalesmâchoiresenl'entendantparlerainsi.
—Ohnon,Mia.C'esttoiquivastefairefoutre.
Là-dessus,illapénétrad'unpuissantcoupdereins.
Ellesecambraavecuncrietrefermalespoingssurlesdraps.
—Remercie-moidet'avoirfessée.
—Vamourir!
Ilseretirabrusquement,desortequeseulsonglanddemeuraitlogétoutcontreelle.
—Mauvaiseréponse.Dis«merci»,etpoliment.
—Allez,vas-y,qu'onenfinisse,lança-t-elle,exaspérée.
Ellen'aimaitpasdutoutdevenircettefaiblefemmequiimploraitqu'onlabaise,pourtantelle
étaitsurlepointdeperdretoutedignitéfaceàlui.
Alorsill'embrassa,brutalement,pourluirappelerqueluiseulétaitmaîtredesopérations,etce
baiserrageurnefitqu'attisersafaim.Ellenecontrôlaitplusrien,sondésirpourluilaconsumaittout
entière.
—Tuasl'aird'oublierquicommande,machèreMia,murmura-t-ilcontresapeau.Tuesàmoi,
jetetiens.Laseulechosequicompte,c'estcequejeveux,moi.Tun'aspastonmotàdire.
—Oh,arrêtetesconneries,rétorqua-t-elleenplissantlesyeux.
—Ah,maisj'aiuncontratquileprouve,susurra-t-iltoutenfaisantglissersonglandentreses
lèvresavantdelaprendreavecuneforceredoublée,luiarrachantuncri.
—Jeledéchirequandjeveux,tonfichucontrat,dit-elledansunrâle.
Elleétaitréellementtentéedelefaire,justepourlepousseràunecolèreéquivalenteàlasienne.
Maiscen'étaitpascequ'elledésiraitvraiment,etillesavaitaussibienqu'elle.
Ils'immobilisasoudain,laissantensuspenslalignedebaisersqu'iltraçaitlelongdesoncouet
endirectiondesesseins.Ellesentitsestétonssedurcirparanticipationetcambraledosàsa
rencontre.Ellevoulaitseslèvressursapeau.Elleétaitprêteàexploser-deplaisirautantquede
rage.
—Tupourrais,eneffet,rétorquaGabe,nonchalant.Est-cecequetusouhaites,Mia?Tuveux
déchirerlecontratetmequitteràjamais?Outuveuxquejetebaise?
Ilallaitlarendredingue,lemufle.Ilsavaitexactementcequ'ellepréférait,maisilallaitluifaire
payersoninsolence.Ilallaitl'obligeràlesupplier.
Sansjamaislaquitterdesonregardperçant,ildonnaunnouveaucoupdereinsetresta
profondémentlogéenelle.Ellesentaittoussesmusclesconvulserautourdesonmembreenune
prièresilencieuse,maisildemeuraimmobile.
—Dis-le,Mia.
Elleétaitsiprèsdejouirquedeslarmesdefrustrationluipiquaientlespaupières.Ellene
pouvaits'empêcherd'ondulerdeshanchescontrelui.
—Merci,dit-elledansunsouffle.
—C'estbien,maispourquoitumeremercies?
—Mercidem'avoirfessée!
—Ah,voilà!lança-t-ilavecunpetitrire.Maintenant,dis-moicequetuveux.
—Jeveuxquetumebaisesenfin!
—Tuasoubliédedire«s'ilteplaît»,gronda-t-ilavecunsourireencoin.
—S'ilteplaît,Gabe,baise-moi!cria-t-elle,dégoûtéed'enêtreréduiteàleprierainsi.Arrête
demetortureretbaise-moi!
—Situveuxquejetefasseplaisir,ilfautm'obéir,Mia.J'espèrequetuasretenulaleçon,et
quetut'ensouviendraslaprochainefoisqu'ilteviendral'idéedet'enfuirsansmeprévenir.
Sepenchantsurelle,ilenfouitlesdoigtsdanssescheveuxetrefermalespoingsdessus,avantde
laprendreparlesépaulespourmieuxl'attirercontrelui.Alorsilsemitàdonnerdefurieuxcoupsde
boutoir,àunecadencetellequ'elleenoubliatoutlereste.
Elles'entendaitcriermaisignoraitsiellel'imploraitd'arrêteroudecontinuer.Elleétaitenrouée
àforcedelesupplier,etdeslarmesd'extaseroulaientsursesjouesmalgréelle.
Soudain,Gabesepenchasurelleetlatintserréecontrelui,luimurmurantdesmotsdouxetlui
caressantlescheveuxtandisquesasemenceserépandaitenelle.
—Chut,mabelle.Toutvabien.Toutvabien,jesuislà.Jevaism'occuperdetoi.
Complètementdéboussolée,ellen'avaitpaslamoindreidéedecequivenaitdesepasser.Cela
neluiressemblaitpas,pourtant.Ellen'étaitpasdugenreàprendresonpiedensefaisantfrapperou
prendredeforce.Elleaimaitfairel'amourlentement,tendrement.AvecGabe,elleavaitl'impression
detraverserunbrasier.Ellen'avaitencorejamaisrencontréunepuissancepareille,etsavaitqu'elle
neretrouveraitpassonégale.
Petitàpetit,illarévélaitàelle-même,mettantànudesaspectsdesapersonnalitédontelle
ignoraittout.Celalarendaitterriblementvulnérable.Qu'était-ellecenséefairedecettenouvelleMia
?
Gabeseretiradoucementetl'installaplusconfortablementsurlelit.Puisils'allongeatoutprès
d'elle,lacouvrantdesoncorpstoutenluicaressantlescheveux.Elleselovacontrelui,recherchant
sachaleuretsaforce.Étrangement,alorsqu'ilétaitàl'originedudésordreunpeufouquirégnaitdans
soncœuretdanssonesprit,elletrouvaitenluiunrefuge,unhavredepaix.
Lorsqu'ill'embrassa,cettefoiscefutavecuneexquisetendresse,commes'ilsétaientdeux
amantsquirevenaientdoucementàeuxaprèsavoirfaitl'amourpendantdesheures.Saufqu'elle
s'étaitfaitviolemmentfesserpuisbrutalementbaiser.Celanes'appelaitpas«fairel'amour».
Cen'étaitqu'unehistoiredesexe,incroyable,explosive,mais...justeunehistoiredesexe.Il
auraitététrèsdangereuxdes'imaginerautrechose.
Chapitre17
Allongédanslenoir,Gabefixaitleplafondsanslevoir,Mialovéeaucreuxdesonbras.Elle
n'avaitpasencoreadoptélesoufflelentetladétenteabsoluedusommeil,maisellenedisaitrien,
ellenonplus.Ilétaitprêtàparierqu'elles'efforçaitd'analyserlesévénementsdelasoirée.
Ils'étaitcomportéenvéritablesalaud.Illesavaitetleregrettait,maisnevoyaitpasd'issueà
sonobsession.Jusqu'àprésent,iln'avaitsuteniraucunedespromessesqu'ilavaitfaitesàMia.Ilne
luiavaittémoignénipatiencenidouceur.Ellelerendaitfou,lefaisaitlittéralementsortirdeses
gonds.
Ilouvritlabouche,puislarefermaensilence.IldevaitdesexplicationsàMia,maissonorgueil
leluiinterdisait.Ilétaitfurieuxqu'ellesoitpartiecommeça,et,enmêmetemps,celal'amusait
qu'elleaitoséluitournerledosavecuntelaplomb.Àvraidire,iléprouvaitunecertainefierté.
SiMiaavaitassistéàcecocktailencompagnied'unautrehommeetquecedernieravaiteule
malheurdesecomportercommeGabel'avaitfait,ilauraitétélepremieràapplaudirlaréactiondela
jeunefemme.Pire,illuiauraitconseillédenesurtoutpasdonnerdesecondechanceàunmufle
pareil,puisilauraitourdidesplansvisantàbotterletraindel'insolentquil'avaitainsihumiliée.
Enrevanche,sielletentaitunenouvellefoisdeluifaussercompagnieàlui,Gabe,ilnela
laisseraitpasfaire.Ilétaitprêtàemployerlesgrandsmoyenspourlagarder,quitteàl'attacheràson
lits'illefallait.Bon,iln'iraitpeut-êtrepasjusque-là,maisiln'étaitclairementpasprêtàseséparer
d'elle.Pasencore.
—Cequis'estpassécesoir...,cen'estpascequetucrois.commença-t-il,sesurprenantlui-
même.
Iln'avaitpaslamoindreenvied'entamercegenredediscussionavecelle,jamais.Elles'était
montréetropcapricieusepourattendrelasuitedesévénements,alorspourquoisesentait-ilobligéde
luiracontercequis'étaitréellementpassé?
Parcequecen'estpasunefillecommelesautres.Tuasjouéaucon,maintenanttuluidoisdes
explications.
Miaremuadoucement,puisseredressasuruncoude.Ilsentitsescheveuxtomberencascades
sursonépauleettenditlamainverslalampedechevet.Ilavaitbesoindelaregarder.Aussitôt,la
lumièretamiséeéclairasestraitsfinsetsoulignal'éclatdesapeaumate.
Qu'elleétaitbelle!Iln'yavaitpasd'autremot.Gabepercevaitchezelleuneétrangedouceurqui
luiétreignaitlecœur.Certes,quandelleétaitencolère,c'étaituneautrehistoire.Pourtant,ildevait
bienadmettrequecelal'avaitterriblementexcitédelavoirs'énerveretdel'entendrecracherdes
insultes,commeunchatonenragé.Ilavaiteuenviedelaprendresur-le-champetdelasentirplanter
sespetitesgriffesacéréesdanssondos.
—Aucontraire,Gabe,jecroisquej'aitrèsbiencompriscequis'estpassécesoir,rétorqua-t-
elle.Barbiem'asuiviejusqu'auxtoilettespourmeréclamerdestuyauxsurlameilleurefaçonde
t'attirerdanssesfilets.Ellen'apascachésonambitiondelâcherlepèrepourlefils,surtoutsachant
quecelui-ciestencoreplusfriqué.Deuxminutesplustard,elleestcolléeàtoisurlapistededanse,
ettuluimetslamainaucul,entreautres.
Mias'interrompitletempsd'uneprofondeinspiration.Gabedevinaquecettetiradeavait
réveillésacolère,etcelaneluidéplaisaitpas.Iladmiraitlefaitqu'ellen'aitpaspeurdelui.Ilaimait
qu'onluiobéisse,pasqu'ontrembledevantlui.Ilnefallaitpasconfondrevolontédesesoumettreet
manquedecourage.
Ilvoulaitunefemmeforte,capableaussibiendepenserparelle-mêmequed'acceptersa
domination.Miaétaitpeut-êtrelacompagneidéale,cequilelaissaitprofondémentperplexe.
—Jen'aipasoubliéquenotrerelationdemeuraitunsecretetquejet'accompagnaisdansunbut
uniquementprofessionnel,reprit-elle.Jesuiségalementbienconscienteque,puisquepersonnen'est
aucourant,tunem'aspaspubliquementhumiliée.Pourtant,jemesuissentietrahie,etjen'ypouvais
rien.J'avaisenviedemeroulerenbouledansuncoinparcequejen'arrêtaispasderepenseràce
fichucontrat.Jemedisaisque,sijet'appartiens,alorstum'appartiensaussi.Maistoi,tuétaislà,
avecelle.Tun'arrêtaispasdeluisourire,Gabe!Toiquinesourisjamais!Àpersonne!
LecœurdeGabeseserralorsqu'ilperçutdanssavoixunepointededouleuretdereproche.
—Çam'aénervéeethumiliéeparcequeçam'adonnél'impressionquejenetesuffisaispas.On
commenceàpeineàfaireconnaissance,maistoi,tuparsdéjàenchassedetonprochaincontrat!
—Arrête,intervint-il,contrariédel'avoirblessée.Neracontepasn'importequoi,tusaisquece
n'estpasvrai.J'aidanséavecelleetjel'ailaisséemesortirlegrandjeu,c'estvrai,maisc'était
uniquementpourquemonpèrevoieàquiilavaitaffaire.Cettefilleesttoutsaufsubtile,etjetenaisà
cequ'ilserendecomptedesonpetitmanège.J'étaisdéjàd'unesalehumeurenlesvoyantdébarquer
touslesdeux,etçam'amishorsdemoiqu'elleosemedragueraussiouvertementenprésencedemon
père.Jenemesuispasencoreremisdudivorcedemesparents,etçamefaitmaldevoirmonpère
changerdepetiteamietouteslessemaines.Mamèrerestecloîtréechezelleàpleurerl'échecdeson
mariage,maisilal'airdes'enmoquer.Alors,oui,effectivement,j'aijouélejeudeStellapourqu'il
voieunpeuparquelgenredepouffeilaremplacémamère.
LeregarddeMias'adoucit,etelleluitouchadoucementlebras,toutecolèreoubliée.
—Çateblessequ'ils'afficheainsi...
—Unpeu,oui!lança-t-ilaveccolère.Mesparentsonttoujoursétéunmodèle,pourmoi.J'avais
hontequandLisaademandéledivorce,honted'avoiréchouéenmoinsdetroisansalorsqu'ils
avaientréussiàsurmontertouslesobstaclespendantpresquequaranteans.Tuterendscompte?Leur
coupleétaitunexemple,pourmoi!Lapreuvequel'amourpeutdureretqu'avecunpeud'effortsilest
possiblederesterensemblejusqu'aubout.Etpuis,dujouraulendemain,monpères'estbarréet,
quelquesmoisplustard,ledivorceétaitprononcé.Jenecomprendstoujourspascequis'estpassé.
Çan'apasdesens,etçamefaitmalaucœurdevoirmamèredanscetétat.J'aimetoujoursmonpère,
maisjesuisencolèrecontrelui.Ilm'alaissétomber.Pire:ilabrisénotrefamille.C'estquelque
chosequejenepourraijamaisluipardonner.
—Jecomprendscequeturessens,intervintMiad'unevoixdouce.Quandmesparentssont
morts,j'étaisfollederagecontreeux.C'estidiot,hein?Ilsn'ypouvaientrien,lespauvres.Ils
n'avaientcertainementpasl'intentiondesefairetuerparunchauffardivre.Pourtant,jeleuren
voulaisterriblementdem'avoirabandonnée.Franchement,jenesaispascequej'auraisfaitsans
Jace.C'estgrâceàluiquejen'aipasperdulatête.Jeluienseraiéternellementreconnaissante.
Gabelaserracontrelui.Iln'ignoraitriendesannéesdifficilesqu'elleavaittraverséesaprèsla
mortdesesparents.Jaces'arrachaitlescheveux.Miaétaitalorsunconcentréderageetdedouleur,
ilsemblaitpresqueimpossibledel'atteindre.Jaceavaittoutessayépourrétablirlecontactavecelle,
pourluiapportersonsoutienetsonamour.
Ill'avaitélevéepresquecommeunpère,saufqu'ilétaittoutàlafois:père,mère,frère,sans
compterqu'ilreprésentaitsaseulefamille,sonuniqueprotecteur.Peud'hommesauraientsufaire
preuved'unetelleabnégation.Jaceavaitmisdecôtélapossibilitédefondersonproprefoyerafinde
seconsacreràsajeunesœur,etGabeadmiraitsoncourage.
Soudain,Mias'écartalégèrementdeGabe,cequilefroissaunpeu.Sonpremierréflexefutdela
ramenercontrelui,maisilrésista.Celaauraitétéunaveudefaiblesse.Ilnevoulaitpasmontrerqu'il
avaitbesoind'elle.Ilnevoulaitavoirbesoindepersonne.
—Gabe...,commença-t-elleavantdes'interrompre,hésitantàposerlaquestionquiluibrûlait
leslèvres.
Ilattendit,nesachantpaslui-mêmes'ilavaitenviequ'elleselanceouqu'ellesetaise.
—Qu'est-cequis'estpasséentretoietLisa?Jesaisseulementquec'estellequiestpartieet
queçat'afaitbeaucoupdemal,enplusdetecauserdutort.
Gabegardalesilenceunlongmoment.Iln'avaitvraimentaucuneenviedeparlerdeLisaoude
lafaçondontellel'avaittrahiaprèsleurrupture.Sesentait-iltenuderacontercettehistoireàMia?
Non.Ilnedevaitrienàpersonne.Pourtant,iléprouvaitlebesoindeluiexpliquersonpasséafin
qu'ellecomprennepourquoiilavaitrecoursàcefameuxcontrat.Iln'avaitjamaisprislapeinedese
justifierauprèsdesnombreusesfemmesqu'ilavaitfréquentéesdepuissondivorce,etilnevoulait
pasquecebesoindevienneunehabitude.MaisMian'étaitpascommetouteslesautres,justement.
AlorsGabeserenditcomptequecetteréflexionétaitentraindedevenircommeunrefraindanssa
tête-etquecelarisquaitdel'entraînersurunepentesavonneuse.
—J'imaginequececontratreprésentequelquechosed'unpeuextrêmeàtesyeux,commença-t-il,
unemesuredigned'untypesanscœur,froidetdominateur.Cequifaitsansdoutedemoiletypeen
question.
Mianeditrien,maisilvitunelueursagacedanssonregard.Ellenecherchapasàlecontredire
pourlerassurersursonproprecaractère,etilappréciasonhonnêteté.Ellen'exprimapasnonplusle
moindrejugement.Ellesecontentaitd'afficherunesincèrecuriosité.
—J'étaislemaîtreabsolu,dansmarelationavecLisa.Jen'aipasenviedet'exposerlepourquoi
ducomment.Disonsjustequec'était-quec'est-unbesoin,chezmoi.C'estcommeça,jen'ypeux
rien.J'aieuuneenfanceheureuse,doncilnes'agitpasdesséquellesd'untraumatismeoud'une
quelconqueinstabilitéémotionnelle.Celafaitpartiedemesgoûtsetdemapersonnalité.Jenecompte
paschangerquijesuispourplaireàquelqu'und'autre.Jesuisbiendansmapeauetj'apprécielavie
quejemène.
—Jecomprends,affirmaMia.
—Bref,jenesaispaspourquoiLisaestpartie.Peut-êtrequ'ellen'étaitplussatisfaite,quenotre
relationneluiconvenaitplus.Siçasetrouve,ellen'avaitacceptécemodedefonctionnementque
pourmefaireplaisir.Siçasetrouve,ellen'ajamaisétéheureuseavecmoi.Jen'ensaisrienet,
franchement,àl'heurequ'ilest,jem'enfiche.Mais,quandellem'aquitté,ellem'aaccusédepleinde
chosesignoblesetcomplètementfausses.Ellem'aclouéaupilori,aussibiendevantlesjugesque
danslesmédias.Elleacriésurtouslestoitsquej'exerçaissurelleuneformedepressionviolenteet
abusive.Ellealaisséentendrequejeluiavaisimposémadominationcontresongré,cequiétaitun
mensongeéhonté.Depuisledébut,jeluiavaisexposémesgoûtsetmesattentes,defaçonqu'elle
sachedansquoielles'engageaitenacceptantdemefréquenter,puisdem'épouser.
IlvitleregarddeMiasetroubler,puisdéceladanssesyeuxunepointedecompassionqui
l'agaça.Ildétestaitquel'ons'apitoiesursonsort.Cen'étaitpaslaraisonquil'avaitpousséàdéballer
sesmalheursdansunmomentdefaiblessepostcoïtale.IlvoulaitsimplementqueMialecomprenne.
—Si,effectivement,elles'estlasséedenotrerelation,pourquoinemel'a-t-ellepasdit?
poursuivit-il.Jeneluienauraispastenurigueur,tusais.Ellen'avaitqu'àm'enparler,entoute
franchise.J'auraisrespectésadécisionetmeseraisassuréqu'ellenemanquederien,malgrétout.
Mais,aulieudeça,elleestpartieenguerreetm'adépeintcommeunesortedemonstreviolent.C'est
quelquechosequejeneluipardonneraijamais.Enfin,aumoins,j'airetenuunesévèreleçongrâceà
elle.Depuis,jenesuisplusjamaissortiavecunefemmesansd'abordmeprotégercontrecegenre
d'accusations.Celapeutteparaîtreexagéré,maisjerefused'entamerunerelationsansuncontratbien
détailléquiprotègelesdeuxparties.Lescoupsd'unsoir,cen'estpasmontruc.Siunefemmeveut
partagermonlit,c'estenconnaissancedecause.
—Peut-êtrequeLisaavaitbesoindeseconvaincrequetuétaiseffectivementunmonstrepour
réussiràtequitter,intervintMiad'unevoixdouce.Çanedoitpasêtrefaciledemettrefinàun
mariage.
—Demandeàmonpère!S’esclaffaGabe.Tuesbiennaïve,Mia,mêmesitadroituretefait
honneur.Touslesjours,ilyadesmariagesquivolentenéclats.Jemesuissouventdemandécequi
pouvaitpousserquelqu'unàseréveillerunbeaumatinensedisant:«Allez,aujourd'hui,jelargue
monconjoint!»Çamechoquequetantdegensoublientleconceptdeloyautéetrefusentdefairedes
effortspourqueleurcoupleperdure.C'estdevenutropfacile:unbonavocat,ethop,ausuivant!
Miaposaunemainsursontorseavecunegrandedouceur.Iladoraitlescaressesdelajeune
femmesursapeau,aupointqu'ilsedemandaits'ilseraitrassasiéunjour.Ilavaitpeurdeprendretout
cequ'elleavaitàoffrir,d'exigerplusquecequ'ellepouvaitluidonner,jusqu'àl'épuisement.Alors,
écœurée,elleferaitcommeLisaets'enfuiraitloindelui.Ilnevoulaitplusjamaisrendreunefemme
aussimalheureusequeLisaavaitdûl'être.Ilvalaitmieuxqu'ilcontinueàprendreunplaisirdétaché
avecdescompagnestemporaires.C'étaitprécisémentcequ'ilreprochaitàsonpèreetàLisa,mais
peut-êtrenevalait-ilpasmieuxqu'eux.
—Ilnefautpasquetuvoiesdestraîtrespartout,Gabe.Tuesentourédegensquitesont
foncièrementloyaux,maistunepeuxpastoutcontrôlernonplus.Tunepeuxpasdicterauxautresce
qu'ilspensentdetoi,cequileurplaîtouleurdéplaît.Laseulepersonnesurquituasunemaîtrise
absolue,c'esttoi,tesactions,tesréactions,tesidéesettesémotions.
—Jesuisimpressionnépartantdesagessedelapartd'unepetitejeunecommetoi!Railla-t-il
gentiment.J'ail'impressiondem'êtrefaitrappeleràl'ordreparunedemoisellequiaquatorzeansde
moinsquemoi.
Miasepenchasurluipourunbaiserquilesurprit.Ilsentitseslèvress'attardercontreles
siennes,sesseinseffleurersontorse.Aussitôt,sonsexesedurcit.
—Tuaccordestropd'importanceàcettedifférenced'âge,murmuraMia.Jesuisjeunemaisj'ai
ledroitd'êtrefutée,non?
Ilritdoucementetl'embrassaàsontour,toutlecorpsenéveilàsoncontact.Soudain,elle
s'écartadenouveau,levisagefermé.Ilauraitvoulul'attirertoutcontrelui,mais,clairement,elle
n'avaitpasfinidevidersonsac.
—Ilyauntrucsurlequeljevoudraisqu'onsemetted'accord,annonça-t-elle.Toutàl'heure,au
cocktail,tuvoulaisprouverquelquechoseàtonpère,etjelecomprendssansproblème.Celadit,tu
auraispumepréveniravantd'allertecolleràBarbie.Çam'amiseenrogne,alorsjetepréviens,situ
merefaislecoup,jen'hésiteraipasàteplantercommejel'aifaitcesoir.Etlà,tupourrastoujours
courirpouressayerdemerécupérer.C'estpeut-êtretoiquicommandes,danscetterelation,maisça
netedonnepasledroitd'enpeloteruneautresousmonnez.
Satiradeterminée,elleluijetauncoupd'œilméfiant,commesiellecraignaitqu'ilnesefâche,
maisilpartitd'ungrandéclatderire.Lorsqu'ilrepritsesesprits,ilvitqu'elleleconsidéraitd'unair
surprisetvaguementboudeur.
—Tuesmignonnequandtut'énerves,dit-ilavecunsourire.Tun'espeut-êtrepasaussifutéeque
tuvoudraisbienlecroire,puisquetut'eslaisséentraînerdanscettehistoire.
—Quisait?C'estpeut-êtreladécisionlaplusjudicieusequej'aiejamaisprise,rétorqua-t-elle
avecunregardlourddesens.
—Çasediscute,maisjepréfèreprofiterdemachancesanslaremettreenquestion.
L'attirantdanssesbras,illafitroulersouslui,etsonérectionvintselogerentrelesjambesde
lajeunefemme.Ilespéraitqu'elleétaitprêteàlerecevoir,carilbrûlaitderetrouverlachaleurde
soncorps.
Pourtant,lateneurdeleurconversation,ajoutéeauregardqueMiavenaitdeluilancer,ralentit
sonapproche.Pourunefois,ilallaitfairepreuvedepatienceetdedouceur,luidonnercequ'elle
désiraitplutôtquelaprendrecommeunebêtesauvage.
Plusriennel'obligeaitàsecomporterenégoïsteméfiant.Pourunefois,ilpouvaitbiense
consacrerauplaisirdequelqu'und'autre,auplaisirdeMia.Elleméritaitbiencela,etilavaitenvie
deluioffrircequ'elleméritait.
Alors,aulieudelapénétrersansattendre,ill'embrassalentement,langoureusement.Illui
mordilladélicatementleslèvrespourl'encourageràouvrirlabouche,avantdetaquinersalanguepar
descaressesfurtives,joueuses.
Puisildirigeasesbaisersverslelobedesonoreilleetenléchalepourtouravantd'aspirer
doucementlapeautendredesoncou,justeendessous.Illasentitfrissonnersousseslèvresetretira
uneimmensesatisfactionduplaisirqu'illuiprocurait.
Ilvitlachairdepoulelagagnerpeuàpeu,etsestétonssedurcirentaupointdeluichatouiller
letorse.
Incapablederésisteràunetentationpareille,ildescenditdoucementverssapoitrineetlécha
sesseinsavantd'approchersabouchedeleursommetérigé.
—Gabe...,murmura-t-elledansunsoupirquiluifouettalesang.
Sonsexes'étaittoutnaturellementlogéentreleslèvresdeMia,maisilvoulaitprendreson
tempsavantdelapénétrer.Ildésiraitlameneràunétatd'excitationcomparableàceluidanslequelil
setrouvait,riendemoins.
S'appuyantsuruncoude,ilpritsonérectionenmainetlafitglisserlentementjusqu'àson
clitorisavantdelareplaceràl'entréedesonsexe.Duboutdelalangue,ils'amusaitàtaquinerl'unde
sestétons,décrivaitdepetitscerclesautourpuispassaitsurlapointetendue.
—Tuaimesça?murmura-t-il.
—Ohoui!J'adoresentirtabouchesurmesseins.
Iltremblaitlittéralementdedésircontenu.Ilavaitbesoind'elle,besoindelaposséder.Il
mouraitd'enviedelapénétrerprofondémentpourluirappeleràquielleappartenait.C'étaitune
véritabletorturequedemuselersesinstinctsdelasorte,maisiltintbon.
Illuimordilladélicatementuntétonpuis,aprèsunpetitcoupdelangue,l'attiraentreseslèvres
etlesuçaavecardeur,sedélectantdegoûterladouceurdesapeau.Ilneconnaissaitriendeplus
exquisquedelatenirainsientresesbras,entreseslèvres,explorantsoncorpsjusqu'àplussoif.Elle
étaitsienne,etilpouvaitjouird'elleaussisouventqu'illevoulait.Ilavaitl'impressiond'êtreun
affamédevantunsomptueuxbanquet,ilavaitenviedetoutàlafois.Ilnedemandaitqu'àseperdreen
elleetàoublierlereste.
Soudain,Miapassaunemaindanssescheveuxetenfonçalégèrementsesonglesentreses
mèchespourl'attirerplusprès.C'étaitlapremièrefoisqu'ellemontraitlamoindreagressivitéaulit,
etilenfutenchanté.Celaprouvaitqu'ellepartageaitpleinementsonobsessiondélirante.Iln'étaitpas
seulauxprisesaveccettefolie.
Ellesecambrabrusquementpouressayerd'introduiresonmembreenelle,etilsentitunevague
dechaleurinondersongland.Elleaussibrûlaitd'excitation,maisilseretintdeluidonner
satisfaction.Iltenaitvraimentàluifaireperdrelatête,àlaconduireàdessommetsd'extase.
Ilseredressaetdéposaunesériedebaiserslelongdesonventre.Elleeutunsursaut
accompagnéd'ungémissementlorsqu'ilfitjouersalangueaucreuxdesonnombril.Ils'attardaun
instantàlataquinerainsi.Iladoraitlasentirtressaillirdefaçonincontrôléesousl'emprisedeson
désir.
Puisildescenditencoreplusbasetembrassalapeausatinéedesahancheavantdelécher
lentementl'intérieurdesacuisse,s'approchantdangereusementprèsdesonsexe.Pourtant,ils'arrêta
avantetneputs'empêcherdesourirelorsqu'ellepoussaunsoupirdefrustration.
Ilmorditdoucementlachairtendredesacuisse,puisl'apaisad'unlongcoupdelangueavantde
poursuivresoncheminverssongenou,puissacheville.
Elleavaitappliquésursesorteilsunvernisàonglesrosepâlequis'accordaitjolimentavecsa
peaumate.Ilsluiparurentmerveilleusementdélicats,etilpritleplusgrosdanssabouchepourle
suceretletitiller,avantdefairesubirlemêmetraitementàtouslesautres.
—C'estfou,lesgesteslesplussimplesdeviennentcomplètementaffolants,avectoi,lança-t-elle
d'unevoixétranglée.Onnem'avaitencorejamaisfaitça,tusais.Sionmel'avaitproposé,j'aurais
sansdoutetrouvéçadégoûtant,maisturendsçatellementérotique!
—«Dégoûtant»?répéta-t-il,interloqué.
—Oubliecequej'aidit,continue!
Avecunpetitrire,ilreposasonpiedsurlematelasetentrepritdecaresser,d'embrasser,de
mordilleretdelécherl'autrejambe,depuislahanchejusqu'àsesfinsorteilsqu'ilsuçaavecdélices.
Iladoraitladouceféminitédesoncorps,surtoutcombinéeàsafortepersonnalité.Mian'était
pasdugenreàselaisseraplatir,cequiconstituaitundéfipourlui.Undéfibienvenuquilechangerait
desesprécédentesconquêtesetparviendraitpeut-êtreàcaptiversonintérêtpendantplusdequelques
semaines.
IlavaitenviedegâterMia,delachoyer.Ilvoulaitluioffrirtouslesmenusplaisirsqu'elle
pourraitréclamer.Ilvoulaitlafairesourire,voirsonvisages'illuminergrâceàlui.Ilvoulaitêtrele
seulresponsabledel'éclatdejoiedanssesyeux,ettantpissicelafaisaitdeluiuneespèce
d'égocentriqueinsensé.
Luiprenantunpieddanschaquemain,illuifitplierlesjambesavantdelesécarteretde
s'avancerentresescuisses.Àlalumièretamiséedelalampe,ilaperçutlachairsatinéedesonsexe
engorgé,prêtàlerecevoir.
Puisilposaundesespiedssursonépauleetpassal'indexentreseslèvresgonfléesavantde
l'introduiredoucement.Ilsentitlasueurperlersursonfrontlorsqu'ellecontractasesmusclesautour
desondoigt.Ilétaitsurlepointdejouirtantilavaitenvied'elle.
Maisilreculaets'inclinapourdonnerunlentcoupdelanguelelongdesavulve,jusqu'àson
clitoris.Ellesecambraviolemmentavecuncri,sonnom,commeuneprièrel'appelantàlasatisfaire
enfin.Elleétaitsurlepointdeperdrepatience,etheureusement,cariln'enpouvaitplusd'attendre.
Prenantsonérectionenmain,ill'approchadusexedeMiaetlapénétratrèslégèrementavantde
reculeraussitôt.Ilcontinuacepetitjeujusqu'àcequ'ellepousseungrondementagacé.
Avecundemi-sourire,ilentralentement,sedélectantdesentirsestissusl'agripperaupassage.
—Arrêtedemetorturercommeça,Gabe!Gémit-elle.Baise-moi,putain!
Illuilâchalesjambesetsepenchasurellepourtrouverlemeilleuranglepossible,puis
l'embrassa.
—Qu'est-cequetuesexigeante!commenta-t-ilsanscesserdesourire.
Commepourconfirmersesdires,elleluipritlatêteàdeuxmainsetl'attiradansunbaiser
presquerageur.
Alors,d'unpuissantcoupdereinsillapénétraentièrement.
—Oh,tuterendscomptedecequetumefais?murmura-t-ild'unevoixtourmentée.
Pourtouteréponse,ellecroisaleschevillesdanssondosetsecambrapourveniràsarencontre.
Lui-mêmeenvoulaitplus,toujoursplus.
Alorsilposaunemaindechaquecôtédesatêtepourmettretoutesaforcedansses
mouvements.Ilondulaitdeshanches,alternantdesmomentsdepause,oùilrestaitprofondément
ancréenelle,avecdelentsva-et-vientdontilsavouraitchaqueseconde.
—Dis-moidequoituasbesoinpourjouir,Mia,dit-ilsansdesserrerlesmâchoires.Dis-moice
qu'iltefaut.
—Toi,souffla-t-elle,luidéchirantlecœurparcesimplemot.Rienquetoi.
Iln'eutpasbesoinderéclamerqu'elleleregarde.Elleavaitrivésurluisesyeuxsidoux,si
tendres,seulementtroublésparlachaleurdesondésir.
Ilaccéléralacadenceetredoubladevigueur,sibienqu'ilneluifallutpaslongtempspoursentir
l'orgasmedeMia,dontlesviolentsspasmessuffirentàdéclencherlesien.
Iljouitavecunepuissancequ'iln'avaitjamaisconnue,électriqueetpresquedouloureuse.Ilse
perditavecdélicesdanscetteexplosiondesensationsincroyables.Épuisée,complètementdétendue,
Mialecouvaitduregard.Mêmelorsquesesdernierssoubresautssefurentcalmés,ilcontinuadese
mouvoircontreellepourprolongerl'instant.
Ellepassalesbrasautourdeluietluicaressaledos,laissantparfoissesonglesl'érafler
doucement.Unbrusquefrissonletraversadelatêteauxpieds,etilpoussaungémissement.Sansse
retirer,ils'allongeasurelleetluipritlesfessesàdeuxmainspourlagardertoutcontrelui.Ilaurait
voulurestercommeçaéternellement,neplusjamaisbouger.
—Mmmh,c'étaitdélicieusementpervers,murmuraMiad'unevoixensommeillée.
Iln'ajoutarienàcelacarilnetrouvaitpaslesmotspourdécrirecequ'ilressentaitàcetinstant
précis.Ilnevoulaitpasqu'ellesoupçonnesonimmensevulnérabilité.
Ildéposaunbaisersursatempe,enremuantlemoinspossible.C'étaitpeut-êtretordudesapart,
maisilnecomptaitpasquitterlachaleurdesoncorpsavantd'yêtreobligé.Etpuisiladoraitlefait
qu'ellesembleaumoinsaussipossessivequelui.
Lovéecontrelui,ellesemblaits'êtreendormielorsque,soudain,ellemurmurasonnom.
Ilseredressajusteassezpourpouvoirlaregarder,etrepoussaunemèchedecheveuxtombée
sursonfront.
—Àquoitupenses?demanda-t-il.
Ilsavaientdéjàtropparléàsongoût,pourtantl'expressiondeMiasemblaitpromettreune
questioncrucialeàsesyeux.
—Aucontrat.
Ils'écartaunpeuplusethaussalessourcils,interrogateur,sanspourautantseretirer.Quitteà
discuterdecefichucontrat,ilpréféraitqu'ilscontinuentànefairequ'un.
—Pourquoidonc?
—Oh,jemedemandais...,commença-t-elleavecunsoupir.Tusais,cetteclauseàproposdes
autreshommes.Est-cequ'elleestpertinenteàtouslescoupsouest-cequecen'estqu'uneprécaution
parmid'autres?
S'ilyavaitbienunsujetqu'iln'avaitpasenvied'aborderalorsqu'ilsvenaientdefairel'amour,
c'étaitcelui-là.Lesimplefaitd'imaginerqu'unautrehommepuisselatoucherluiretournaitl'estomac.
Pourtant,cen'étaitpasdelacraintequ'ildevinaitdanssonregard-plutôtdelacuriosité.
—Qu'est-cequetuenpenses,toi?demanda-t-il,sansdétour.Est-cequeçat'excite,l'idéequ'un
autrehommetecaressependantquejevousregarde?
Ellefitminedesedétourner,maisillarappelaàl'ordre.
—Regarde-moi,Mia.Situveuxqu'onparledeça,regarde-moidanslesyeux.
Elleobéit,rougissante,puissepassanerveusementlalanguesurleslèvresavantderépondre,
d'unevoixhésitante.
—Ehbien...,jet'avouequejemesuisposélaquestion,oui.Enfin...jenesaispassiçame
plairaitounon,maisjenepeuxpasm'empêcherd'ypenser,surtoutdepuisquej'aiapprisqueJaceet
Ash...
—Houla!l'interrompitGabeavecunegrimace.Jen'aivraimentpasenviedeparlerdeces
deux-làdanscecontexte,etencoremoinsdelesimagineràpoil.
Miaéclataderire,unpeudesatensionenvolée.
—Maisnon!Jevoulaisjustedirequej'aiapprisqu'ilspassaientsouventlanuitaveclamême
femmeetqueçam'ainterpellée.Leconceptduménageàtrois,tucomprends?C'estvraiquela
premièrefoisquej'ailucettementiondanslecontrat,çam'achoquée,maisdepuis.Disonsqueçaa
éveillémacuriosité.
Ellesetutuninstant,puislevaversluiunregardcraintif.
—Tuesfâché?
—Maisnon,soupira-t-il.Jenevaispasmemettreencolèreparcequ'unepossibilitéquej'ai
moi-mêmeévoquéeaéveillétacuriosité.Ensoi,c'estuneréactionsaine,etjesuiscontentqueçane
tefassepaspeur,maistun'aspasréponduàmaquestion.Est-cequeçateplairaitquequelqu'un
d'autretetoucheenmaprésence,pendantquejedirigelascène?
Elleacquiesça,maissurtoutilsentitsestétonssedurciretsesmusclessecontracterautourde
sonmembre.Clairement,cetteidéel'excitait.Enrevanche,iln'étaitpassûrdepouvoirreleverle
défi,desupporterqu'unautrehommemettelesmainssurelle.Ellen'appartenaitqu’àlui.
Nesachantpasquoiajouter,ill'embrassatendrement.Ilcommençaitvraimentàdétestercefoutu
contrat.
Chapitre18
LetéléphonedeGabesonna,luiarrachantunegrimacecourroucée.Ilavaitpourtantpréciséà
Eleanordeneledérangersousaucunprétexte.Ildevaitétabliruneestimationdescoûtspourleur
projetdanslesCaraïbesetavaitdéjàbiendumalàseconcentreravecMiadanslapièce.
—Quoi?fit-ild'unevoixrudeenactivantlehaut-parleur.
Lavoixd'Eleanorrésonnadanslebureau,légèrementfébrile.
—MonsieurHamilton,jesaisquevousnesouhaitiezpasêtreinterrompu,maisvotrepèreestlà
etdemandeàvousvoir.Ilditquec'estimportant.Jen'aipasosélerenvoyer.
Gabefronçalessourcils,perplexe,etvitqueMialeregardaitd'unairinquiet.
—J'arrive,annonça-t-ilaprèsunebrèvehésitation.
IlignoraitcequesonpèreluivoulaitmaisnetenaitpasàcequeMiaassisteàlascène.
—Jepeuxvouslaisserlebureau,situveux,proposacettedernièreenlevoyantselever.
Ilrefusad'ungeste.Ilpréféraitlasavoiràl'abridugenredecomméragesqu'elleavaitsurprisla
veille.Ilneluiavaitpasfallulongtempspourdécouvrirl'identitédelafouineusequiavaitosé
crochetersaserrure,lescollèguesdecettedernière,choquéesparsongeste,avaienteulebonsens
desauverleurpeau.Ill'avaitrenvoyéesur-le-champ,sanslettrederecommandation.Ilnevoulaitpas
queMiaévoluedanscegenred'environnement.
Ilgagnadonclaréception,oùsonpèresetenaitàquelquespasdubureaud'Eleanor.Ilsemblait
soucieux,malàl'aise.Gabenel'avaitjamaisvucommeça.
—Bonjour,papa.Enquoipuis-jet'êtreutile?
M.Hamiltonaccusalecoup,etl'ombred'unregretpassadanssonregard.
—Futuntempsoù,quandjevenaisterendrevisite,tum'accueillaisentermesmoinssolennels.
Tuavaisl'aircontentdemevoir.
LaculpabilitédeGabepritl'ascendantsursacolère.
—D'habitude,tuappellesavantdepasser.Commetuasdébarquésansprévenir,j'aicruqu'il
étaitarrivéquelquechosedegrave,expliqua-t-il.
—Ehbien.Enfait,c'estunpeulecas,balbutiasonpèreenvoûtantlesépaules.Tuasdéjà
déjeuné?J'espéraisqu'onpourraitdiscuter.Enfin,situasunmomentàmeconsacrer,évidemment.
—Biensûr.Tusaistrèsbienquejetrouvetoujoursunmomentpourtoi,papa.
Aussitôt,ilserenditcomptequ'ilavaitditpresquelamêmechoseàsamèrequelquesjours
auparavant.Ilregrettaitl'époqueoùilspouvaientvoirsesdeuxparentsenmêmetemps.
Sonpèreeutl'airquelquepeusoulagé.
—Donne-moijusteuneminute,ditGabeavantdesetournerversEleanor.Pouvez-vousappeler
monchauffeuretluidiredem'attendreenbas,s'ilvousplaît?Ah,etn'oubliezpasdecommanderà
déjeunerpourMia.Expliquez-luiquejenesaispasquandjerentreraietque,sijenesuispasrevenu
à16heures,elleestlibredepartir.
—Oui,monsieur.
—Onyva,papa?reprit-ilenseretournant.Letempsqu'ondescende,lavoituredevraitêtre
avancée.
Ilsn'échangèrentpasunmotdansl'ascenseur,etGabenefitrienpourdétendrel'atmosphère.Il
nesavaitpascomments'yprendrepourarrangerleschoses.Soncomportementlorsducocktaillui
faisaithonte.Sonpèreétaitsansdouteblesséparlarapiditéaveclaquellesanouvellecopinelui
avaitfaussécompagnie.Celan'étaitévidemmentpaslebutdelamanœuvre.Gabeavaitbeauen
vouloiràsonpère,ill'aimaittroppourluijoueruntourpareil.Ilavaitjustetentédeluimontrerà
quelgenredefemmeilavaitaffaire.
Ilseurentàpeinebesoind'attendrelavoitureet,dèsqu'ilsfurentinstallés,Gabeordonnaau
chauffeurdelesconduireauBernardin,undesrestaurantspréférésdesonpère.
Cen'estqu'aprèsavoirpassécommandequeM.Hamiltonpritlaparole.
—J'aicommisuneerreurmonumentale,lança-t-ilsoudain,commes'ilnepouvaitpluscontenir
sesregretsetsatristesse.
—Jet'écoute,articulaGabelentementendépliantsaserviettepoursedonnerunecontenance.
M.Hamiltonsepassaunemainsurlevisaged'ungestelas,etGabeserenditcomptealorsqu'il
semblaitépuisé,marqué,commes'ilavaitprisdixansenunenuit.Puis,avechorreur,ilaperçutdes
larmesdanslesyeuxdesonpère,quipoussaungrossoupiravantdepoursuivre.
—J'aiétéstupidedequittertamère.C'étaitlapirebêtisedetoutemavie.Jenesaispascequi
m'apris.Jemesentaispiégé,déprimé,etjemesuisditquej'avaisbesoindechangement,que,si
j'entamaisunenouvellevie,toutiraitmieux.Quejeseraisheureuxdenouveau.
—Qu'est-cequec'estquecettehistoire?SoufflaGabe,complètementprisaudépourvuparces
révélations.
—Cen'étaitpaslafautedetamère,aucontraire.Ellemériteraitunemédaillepourm'avoir
supportépendanttoutescesannées.Non,jecroissimplementque,unbeaumatin,jemesuisrendu
comptequej'étaisdevenuvieux.Jen'aiplustrèslongtempsdevantmoi,etcetteidéem'a
complètementpaniqué.Lepire,c'estquej'enaivouluàtamère,cettefemmemerveilleusequiest
restéeàmescôtéspendantpresquequaranteansetquim'adonnéunfilsfantastique!J'aivulevisage
d'unvieillarddanslemiroiretjeluienaivouluàelle.Quelimbécile!J'airéussiàmeconvaincre
qu'ilfallaitremonterletempspoureffacertoutescesannéesetmesentirjeunedenouveau.Mais,au
lieudeça,jesuisdevenuundecessalaudsquiabandonnentleurfamillesansremords.Cequeje
vousaifait,àtamèreetàtoi,estimpardonnable.Tun'imaginesmêmepasàquelpointjeleregrette.
Gabecontemplaitsonpèreensilence,bouchebée.Toutçapourunebanalecrisedela
soixantaine?Parcequ'ils'étaitrenducomptequetoutlemondevieillitunjour?
—Çamedésoledetedéballertousmesproblèmes,maisjenesavaispasversquimetourner.
JedoutequePatriciaacceptedemeparleraprèscequejeluiaifait.Jesaisquejel'aiblesséeetje
nem'attendspasàcequ'ellemepardonneunjour.Franchement,sijemetrouvaisàsaplace,j'en
seraistotalementincapable.
—Sérieusement,papa,quandtufaisuneconnerie,tun'yvaspasdemainmorte!
Sonpèreaccusalecoupetbaissalesyeux,l'airabattu.
—J'aimeraispouvoirrevenirenarrièreeteffacertoutça.Tamèreestunefemmeformidable.Je
l'aime,tusais.Jen'aijamaiscessédel'aimer.
—Çanet'apasempêchédecollectionnerlesconquêtesetdet'afficherpartout,jeterappelle!
GrondaGabe.Mamanavudesphotosdetoidanslapresse,sanscompterquetum'asobligéà
rencontrerunenouvelleminettechaquesemaine!Tuterendscomptedumalquetuluiasfait?
—Jecroisquej'enaiunevagueidée,soupiraM.Hamiltond'unevoixlasse.Aucunedeces
femmesnecomptaitpourmoi.
—Arrête!lançaGabeenlevantlesmainspourlefairetaire.Jet'enprie,papa,arrêtedeme
balancerdesclichés.Tucroisvraimentqueçaintéressemamandesavoirquetut'enmoquais,deces
femmes?Tucroisvraimentqueçavaguérirsesinsomniesdesavoirque,mêmesituétaisoccupéà
tetaperdesminettesquiavaientlamoitiédetonâgeoumoins,enréalitétupensaisàelleetdesavoir
combientul'aimes?
M.HamiltonjetaunregardgênéalentourenentendantGabehausserleton.
—Jen'aipascouchéaveccesfemmes,protesta-t-ilàmi-voix.JedoutequePatricialecroie,
maisjet'assurequejen'aipastrahimesvœuxdemariage.
—Si,papa,rétorquaGabedansunsifflementdecolèrecontenue.Mêmesitun'aspastouché
cesfemmes,tuastrahimamanetlesvœuxquevousaviezéchangés.C'estuneformed'adultère,quetu
ascommise,unadultèreémotionnel.C'estencorepire.
—Tupensesquejen'aiaucunechancedelareconquérir,résumasonpèreensepassantune
mainsurlevisaged'unairrésigné.
—Cen'estpascequej'aidit,soupiraGabe,maistudoiscomprendrelaportéedetongeste
avantd'envisagerdetefairepardonner.Elleasafierté,elleaussi,ettul'asfouléeauxpieds.Situ
veuxvraimentteréconcilieravecelle,ilvafalloirtemontrerpatient.Ellenevapastetomberdans
lesbrasenpleurantàlapremièretentative,tusais.Situtiensvraimentàregagnersoncœur,tuvas
devoirinsister.Tuvasdevoirtebattre.
—Jecomprends,dit-ilenhochanttristementlatête.Etoui,jetiensvraimentàlaretrouver.Je
n'aijamaisvoululaperdre,seulementj'aifaitn'importequoi,commeunpauvreimbécile.
—Parle-lui,papa,repritGabed'unevoixplusdouce.Dis-luitoutcequetuviensdeme
raconter,etsoisprêtàl'écouterquandellevasemettreencolère.Parceque,jetepréviens,ellevate
traiterdetouslesnoms.C'estinévitable,et,franchement,tul'asmérité.Tuvasdevoirencaisser,tu
luidoisbiença.
—Tuasraison,merci.Jet'aime,tusais.Jem'enveuxterriblementdet'avoirfaitsouffrir,toi
aussi.Jevousaivraimentlaisséstomber.
—Alorsrachète-toi,conclutGabe.Situarrivesàredonnerlesourireàmaman,çamesuffit.
—Eh,Gabe,ilfautquejeteparlede...
*
MialevalatêteetaperçutJace,deboutsurleseuildubureau.Soncœurfitunbond,
accompagnéd'unpicd'adrénaline.Sonfrèren'étaitcensérentrerquelelendemain,etcen'étaitpas
ainsiqu'elleavaitprévudeluiannoncerqu'elletravaillaitpourGabe.
AshapparutsoudainderrièreluietouvritdesyeuxrondsenvoyantMia.
Laminesombre,JaceregardaittouràtourlepostedeGabeetceluidesasœur,commes'il
espéraittrouveruneréponse.
—Qu'est-cequetufabriquesici?demanda-t-ilenfin.
—Moiaussi,jesuiscontentedetevoir,répliquaMiasèchement.
—Hé,net'énervepas,reprit-ilens'approchantd'elle.Jenem'attendaispasàtetrouverlà,ça
m'asurpris,c'esttout.
Ils'assitsuruncoindubureauetobservad'unœilviflesdocumentséparpillésdepartetd'autre
del'ordinateurportablequ'elleutilisait.
Ashlesuivitd'unpasnonchalant,unpeuenretraitmaisnonmoinscurieux.
—Qu'est-cequetufaislà?EtoùestGabe?demanda-t-ild'untonsincèrementsurpris.
Miaprituneprofondeinspirationavantdeselancer.Ellen'avaitpaslechoix,pluselletarderait
àleurfournirdesexplications,plusilsrisqueraientdetrouvercelasuspect.Ellenesavaitpasmentir,
cequiluiavaitvalupasmald'ennuisdurantlespremièresannéesdesonadolescence.Ellecroisales
doigtspourqueJaceneluiposepasdequestionstropprécises.Sinon,elleétaitfichue.
—Jetravaillepourlui,annonça-t-ellecalmement.Ashrestabouchebéeunesecondeavantde
tournerlestalons.
—Jevaisattendredehors,lança-t-ilpar-dessussonépauleenressortant.
LevisagedeJaceétaitunmasquedesurprise.Aussitôtqu'Asheutrefermélaportederrièrelui,
ilreportasonattentionsurMia,lesmâchoiresserrées.
—OK,explique-moicequisepasse,là.C'estquoi,cedélire?TutravaillespourGabe?Ettu
faisquoi,exactement?Etsurtout,pourquoiest-cequejenel'apprendsquemaintenant?
—Cequisepasse,c'estqueGabem'aproposédedevenirsonassistante.Jenet'enaipasparlé
avantparcequetuétaisdéjàpartiquandilm'afaitcetteoffre,etquejen'allaisquandmêmepaste
l'apprendreautéléphone.
—Etpourquoipas?
—Parcequejesavaisqueturéagiraiscommeçaetquejen'avaispasenviequetusautesdans
lepremieravionpourvenirmedemanderdescomptes,répondit-elleenlevantlesyeuxauciel.
—Maisçadatedequand?
—Jetel'aidit,detondépartpourlaCalifornie.J'aicroiséGabeaugalad'inauguration,ilm'a
demandédepasserlevoiraubureau,etpuisvoilà.Maintenant,jetravailleici.
—Commeça?fitJace,sceptique.
Illacouvaitd'unregardterriblementperspicace,commes'ilcherchaitàdevinercequise
passaitsoussoncrâne.
—Gabeavaitraison,expliquaMia.JeperdaismontempsàLaPâtisserie,sanscompterque
c'étaitdugâchisaprèstoutescesannéesd'études,etcequ'ellest'ontcoûté.Certes,c'étaitunepetite
routineconfortable,etçamerassuraitparcequej'avaispeurdeplongerdanslegrandbain,mais
justement,Gabem'adonnél'occasiondemettreunpieddanscegrandbain.
—Situvoulaischangerdeboulot,pourquoitunem'enaspasparlé?repritJacesuruntonplus
doux.Tusaistrèsbienquejet'auraistrouvéquelquechose.
Miapritletempsdechoisirsesmotspournepasluisembleringrate.Elleadoraitsonfrère.Il
avaitfaiténormémentdesacrificespourseconsacreràelle,etmalgrétoutilavaitréussiàfonderune
entreprisedynamiqueetlucrative.
—Jenedoutepasunesecondequetum'auraisaidée,maisjevoulaismedébrouillertouteseule.
Çanechangepeut-êtrerienquecesoitGabequim'aitembauchée,celadit.Jesuissûrequetoutle
mondeconsidèrequec'estunbelexempledenépotisme.Etpuistunousimaginestravaillerensemble,
toietmoi?fit-elleavecunsouriremalicieux.Franchement,ons'étriperaitauboutd'unejournée,non
?
—Tun'aspastort,admit-ilavecunpetitrire.Maisça,c'estuniquementparcequetuesunetête
demule.
—Pasdutout!C'estjustequej'aitoujoursraison.
—Aufait,çamefaitplaisirdeterevoir,espècedechipie.Tum'asmanquéquandj'étaisen
Californie.
—Etc'estlaraisonpourlaquelletum'invitesàdînercesoir,ajouta-t-elleavecunclind'œil.
—Euh...çanet'ennuiepassionditdemain,plutôt?demanda-t-ild'unaircontrit.Onadéjàun
trucdeprévuaujourd'hui,Ashetmoi.C'estenpartiepourçaqu'onestrentrésplustôt,undîneravec
desinvestisseurs.Riendebienpassionnant,tupeuxmecroire.Onvasurtoutlécherdesbottes.
—OK,demain,maisn'envisagemêmepasdetedéfiler,lança-t-elle.
—Commesic'étaitmongenre!Entoutcas,c'estnoté.Jepasseraiteprendrecheztoi,comme
çatupourrastechanger,situveux.D'ailleurs,ajouta-t-ilenfronçantlessourcils,commentest-ceque
tufaisletrajetjusqu'ici?
Elles'appliquaàprendreunevoixdétachée,commesic'étaitlachoselaplusnaturelledu
mondequeGabemetteunchauffeuràsadisposition.
—Gabes'estarrangépourqu'unevoitureviennemechercherlematinetmeramènelesoir.
Ellesegardabiendepréciserqu'ilsavaienteffectuélaplupartdecestrajetsensemble,ou
qu'ellevenaitdepasserdeuxnuitsdesuitechezlui.ÀprésentqueJaceétaitderetour,ilsallaient
devoirredoublerdediscrétion.Ilseraitvertderages'ilapprenaitàquoiGabeetellejouaientune
foislesportescloses.
—Bon,c'estbien,dit-il.Jenevoudraispasquetutedéplacesàpiedouenmétro.Est-cequetu
saisàquelleheureGabeestcensérevenir?ajouta-t-ilenconsultantsamontre.D'ailleurs,ilestoù?
Jecroyaisqu'iln'avaitpasderéunionaujourd'hui.
—Oh,euh...ilestpartidéjeuneravecsonpère.Jenesaispastrèsbienquandilvarentrer...s'il
rentre.
—Jevois,fitJaceavecunegrimace.Lepauvre,c'estvraimentmoche,cettehistoire.
Etencore,Jacen'avaitpasassistéàlascènedelaveille.
—Bon,allez,jetelaissetravailler,conclut-ilenluiébouriffantlescheveux.Gaben'estpas
commode,commepatron.J'espèrequetusaisdansquoitut'esfourrée.Peut-êtrequ'onauraitdûte
mettresouslesordresd'Ash,ilaungrosfaiblepourtoi.
Miaéclataderire.
—Net'inquiètepaspourmoi!D'ailleurs,vousn'êtespascensésallerembêterquelqu'und'autre,
Ashettoi?
—Si,desinvestisseurs,confirma-t-ild'unevoixmorne.Prendssoindetoi,chipie.Vivement
demain,qu'onpuissediscutertranquillement.Çafaitlongtempsqu'onn'apaspasséunmoment
ensemble.
Aussitôtqu'ilfutparti,Miapoussaunsoupirdesoulagement.Elleavaitlecœurquibattaitla
chamade,etsecachauninstantlevisagedanslesmains.Elles'enétaitplutôtbientirée,finalement.
Gabedescenditdevoitureeteutàpeineletempsdefairetroispasendirectiondusiègede
HCMavantdevoirJaceensortir,l'aircontrarié.Clairement,ilavaitguettésonarrivée.Etmerde!Il
n'étaitcensérentrerquelelendemain.PourvuqueMiaaitréussiàconvaincresonfrèrequela
situationétaitparfaitementnormale.ÀvoirlatêtedeJace,Gabeendoutait.
—Ilfautqu'onparle,lançaJacelorsqu'ilarrivaàsahauteur.
—OK.Qu'est-cequisepasse?demanda-t-ilens'efforçantdeparaîtrecalme.Desproblèmesen
Californie?
—Nejouepasauconavecmoi,çanefaitqu'aggravertoncas.Tusaistrèsbienàquoijefais
allusion.
—Ah,c'estàproposdeMia,ditGabedansunsoupir.
—Unpeu,oui!C'estquoi,ceshistoires,Gabe?Pourquoitunem'aspasditquetucomptais
embauchermasœur?
—Jerefusedediscuterdeçasurletrottoir,rétorqua-t-il.
—Montonsdansmonbureau,alors.
GabeacquiesçaetsuivitJacejusquedansl'ascenseur,bondé.C'estdoncensilencequ'ils
gagnèrentlebureaudeJace.
Cedernierfermalaportederrièreeuxpuisallaseposterprèsdelafenêtreavantdeseretourner
verssonassocié.
—J'attendstesexplications.
—Jenecomprendspaspourquoitut'énerves,répliquaGabed'unevoixposée.Jet'aiditque
j'avaiscroiséMiaàl'inaugurationetque,commetun'étaispaslà,jeluiavaistenucompagnieet
l'avaisfaitdanseravantdedemanderàmonchauffeurdelaraccompagnerchezelle.C'estlàqueje
luiaiproposédepassermevoirici,lelendemainmatin.
—Ons'estparlécejour-là,toietmoi.Tuauraisquandmêmepumefairepartdetesintentions.
—Certes,maisjenepouvaispassavoirsielleallaitacceptermonoffre.Dansledoute,j'ai
préféréattendredeconnaîtresadécisionpourt'enparler.Etpuisjen'aipasbesoindeton
autorisationpourembaucheruneassistante.
—Non,maisils'agitdeMia,là.Tuasbesoindemonautorisationencequilaconcerne.C'est
masœur,Gabe,laseulefamillequimereste.Jelaprotégeraijusqu'àmonderniersouffle,tu
m'entends?
—Maisenfin,Jace!Jenesuispasunmonstreavecmesemployés!Jenevaispaslamanger
toutecrue!Jel'aivuegrandir,moiaussi.Jen'ainullementl'intentiondeluienfairebaver.
Dèsqu'ileutprononcécesmots,unevaguedeculpabilitéluinoual'estomac.Ilétaitvraiment
partipourrôtirdanslesflammesdel'enferjusqu'àlafindestemps.
—Tun'aspasintérêtàluifairelemoindremal,jetepréviens,insistaJaceens'efforçantde
contrôlersavoix.Etpasseulemententantquepatron,tum'entends?Jet'interdisdelatoucher.Si
jamaistuposesunemainsurelle,tuaurasaffaireàmoi.
Gaberavalalabrusquecolèrequeprovoquacettemenace.IlnepouvaitpasenvouloiràJacede
protégerMia.Aucontraire,ilauraitfaitlamêmechoseàsaplace.Enrevanche,celalefroissaitque
sonamiluifassesipeuconfianceetlecroiecapabled'abuserdel'innocencedelajeunefemme.
Pourtant,n'était-cepaslàprécisémentcequ'ilfaisait?Ilprenaitunplaisirinfiniàlaposséder
entièrement,sanssepréoccuperdureste.
—Évidemment,répliqua-t-ilsansdesserrerlesmâchoires.Maintenant,situveuxbien,jevais
retournertravailler.
—Ondîneavecdesinvestisseurs,Ashetmoi,maisçanedevraitpasseterminertroptard.Est-
cequetuveuxnousrejoindreaprèspourboireunverre?S’enquitJacesuruntondétaché.
Gabecompritquesonamiluiproposaitd'enterrerlahachedeguerre.Àprésentqu'ill'avaitmis
engarde,iltenaitàluimontrerqu'ilsn'étaientpasfâchés.Etmerde!Gabeavaitdesprojetspourla
soirée,emmenerMiadansunbonrestaurant,puisfaired'ellesondessert.
Tantpis,ilnetenaitvraimentpasàsebrouilleravecJaceetAsh.Ilallaitdevoirfairepreuvede
finesses'ilvoulaitpasserdutempsavecMiasansquesesamissedoutentdequelquechoseou
remarquentqu'ilsefaisaitplusdistant.
—Sicen'estpasavant21heures,çameva,répondit-il,imaginantdéjàcommentilallait
s'organiservis-à-visdeMia.
—C'estparfait,acquiesçaJace.JepréviendraiAsh.
Chapitre19
MialevalesyeuxdesonécranlorsqueGabeentradanslapièce,puissentitsoncœurs'affoler
enlevoyantverrouillerlaportederrièrelui.Ellen'ignoraitpascequecelasignifiait.Ils'approcha,
unelueurdedésir-defaim-dansleregard.
—Gabe,commença-t-elle,unpeugênée.Jaceestici.Enfin,jeveuxdire,ilestrentréplustôt
queprévu.
Gabeneralentitmêmepas.Illapritparlebrasetlaforçaàseleveravantdel'entraînervers
sonbureau.
—NiJace,niAshn'oserontmedérangersimaporteestfermée.Detoutefaçon,ilssontoccupés
àorganiserleurdînerdecesoir,affirma-t-ild'unevoixsèche,commes'illuirépugnaitdedevoir
justifiersesactes.
Ilavaitbeaudire,MianetenaitvraimentpasàentendreJacefrapperàcetteportependantque
Gabeluifaisaitdestrucsillicitessursonbureau.JaceetAshentraientetsortaientcommeilsle
voulaient,d'habitude.Miasedemandamêmes'ilsallaientpouvoirpoursuivreleursébatsavecson
frèredanslesparages.
Gabepassaunemainsoussajupeets'immobilisaenrencontrantletissudesaculotte.Misère!
Elleavaitcomplètementoubliécetordre-là.Enfilerdessous-vêtementsétaitungestesimachinal
qu'ellen'avaitmêmepaspenséàomettrelebas.Elleétaitencoreàmoitiéendormiequandelles'était
habillée,fatiguéeparlesassautsrépétésdeGabe,etellen'avaitpasréfléchi.
—Enlève-moiça,commanda-t-il.Tajupe,aussi.Puisposelesmainsàplatsurlebureauet
penche-toienavant.Jet'avaispourtantprévenue,Mia.
Oh,monDieu!Elleavaitencorelesfessesenfeuaprèssapunitiondelaveille,maisil
comptaitvisiblementrecommencer.
Lamortdansl'âme,elleretirasaculotteetlalaissatomberàsespieds,puisfitdemêmeavecsa
jupe.Unefoisàdeminue,elleseretournaets'appuyaaubois.
—Mieuxqueça,ordonnaGabe.Poselajouesurlebureauettendscejolipetitculversmoi.
Elles'exécutaenfermantlesyeux,etensedemandant,pourlacentièmefois,siellen'avaitpas
perdulatête.
EllesursautalorsqueGabepassaundoigtbienlubrifiéentresesfessesavantdeluititiller
l'anus.Ilseretirauninstant,puisrevintàlachargeavecencoreplusdelubrifiantetentreprit
d'assouplirsesmusclescontractés.
—Gabe!s'écria-t-elledansunsouffle.
—Chut,gronda-t-il.Pasunmot.J'ailàunpluganalquejevaisintroduiredanstoncul.Tuvas
l'ygarderbiensagementet,avantdepartir,tuviendrasmevoirpourquejetel'enlève.Demainmatin,
lapremièrechosequetuferasenarrivant,ceserademeprésentertesfessespourquejepuisset'en
mettreunautre,quetuporteraségalementjusqu'ausoir.Chaquejour,jepasseraiàlataille
supérieure,jusqu'àcequetusoisenmesured'accueillirmaqueuedanstoncul.
Àcesmots,ilplaçaleboutduplugcontresonanus.
—Respireàfondetdétends-toi,Mia.Ceseraitdommagederendrecetteépreuvepluspénible
quenécessaire.
Facileàdire...Cen'étaitpasluiquisetrouvaitforcédetendresonculenoffrandepourqu'ony
planteuncorpsétranger.
Pourtant,elleprituneprofondeinspirationavantd'expirerlentement.Aussitôt,Gabeintroduisit
leplugd'uneseulepoussée.Elleétouffauncri,surpriseparlasoudainebrûlure,suivied'une
curieusesensationdeplénitude.Elleremua,malàl'aise,maisrécoltaunevivefesséepoursapeine.
Cetteclaquefitvibrerleplugetrésonnadanstoutsonêtre.
MiaentenditGabes'éloigner,prendrequelquechosedansunplacardpuisrevenirverselle.Elle
faillits'étranglerlorsqu'ilpromenaunelongueurdecuirsursapeauenunecaressesensuelle.
Soudain,uneintensebrûlureluimorditlafesse,etelleseredressaavecunbrefhurlement.
—Non,Mia!tonnaGabe.Nebougepas.Situencaissestapunitioncommeunegrandefille,tu
aurasdroitàunerécompense.
Ellecrispalespaupièresetgémitdoucementlorsquelecoupsuivanttomba.Aubruit,cela
ressemblaitàuneceinture,maiscelan'atteignaitqu'unepetiteportiondechairchaquefois.Une
cravache.Cedevaitêtreunecravache.
EllelaissaéchapperuneplaintesourdetandisqueGabedistribuaitdepetitesclaquesicietlà.
Conjuguéeaupicotementdesapeau,laprésencedusex-toylarendaitcomplètementdingue.Elle
étaitfolled'excitation,etfurieusedel'être.
Gabesuspenditsescoupsettiradoucementsurleplugavantdel'enfoncerdenouveau.Miane
tenaitplusenplace,ellebrûlaitd'undésirdévorantqueriennesemblaitpouvoirapaiser.
Ellesepréparaàrecevoirlebaiserdelacravache,maisriennevint.Aulieudeça,elle
entenditlebruitd'unebraguettequ'onouvre,puissentitdesmainsrudesluiagripperleshanches.
Gabelaretournaetl'allongeasurlebureauavantdepasserlesbrassoussesgenouxpourlui
souleverlesjambes.
Oh!Ils'apprêtaitàlaprendrealorsqu'elleavaitcetengindansl'anus.
Ceseraitcommedesubirlesassautsdedeuxhommesàlafois.Ellen'avaitjamaisoséimaginer
ça,mêmedanssesrêveslesplusfous.
Ilpositionnasonglandàl'entréedesonsexe,entreseslèvresresserréesparlaprésencedu
plug,etpoussadoucement.
—Caresse-toi,Mia,dit-ild'unevoixétranglée.Facilite-moilepassage.Jeneveuxpastefaire
mal,aucontraire.Jeveuxquecesoitaussibonpourtoiquepourmoi.
Obéissante,elledescenditlamainlelongdesonventreetcommençaàjoueravecsonclitoris
enétouffantungémissementdeplaisir.
—C'estça,mabelle,continue.C'estbien.
Ilavançaaveclenteurpendantencoreuninstantpuis,d'unpuissantcoupdereins,lapénétra
profondément.Ellecambraviolemmentledosenréprimantuncri,etretirasesdoigtspournepas
jouirtropvite.Ellevoulaitfairedurerautantquepossiblecetteexpérienceexquise.
AlorsGabeadoptaunecadencesauvage,effrénée,commeunecourseàl'extasequilalaissa
horsd'haleine.
—Dépêche-toidejouir,Mia,jenevaispaspouvoirtenirtrèslongtemps,dit-ildansuneffort.
Aussitôtellerepritsescaresses,décrivantdepetitscerclesautourdesonclitoris.
—Ohoui!Oh,c'estbon!Gémit-elle.
—C'estça,mabelle,c'estbien.Jevaisjouirtoutaufonddetoi,etçavaêtremagnifique.La
seulechosequipuissesurpasserça,ceseralejouroùjejouiraidanstoncul.
Cesparolesbrutes,délicieusementvulgaires,laprécipitèrentversl'orgasme.Ellefrappale
bureauduplatdelamainetsesoulevaàsarencontre,secouéedespasmesquidéclenchèrentceuxde
Gabe.Pourtant,ilcontinuad'alleretvenirenellejusqu'àcequesasemencecouleendirectiondu
pluganallogéentresesfesses.Desgouttesdesueurperlaientsursonfront,etilsemblaitexténué,
mais,lorsqu'ilrouvritlesyeux,Miayvitunelueurdesatisfactionprimale.
Illaregardalonguement,sanscessersesmouvements.Quandenfinilseretira,elleselaissa
retombercontrelebureau,épuiséemaiscomblée.
—C'estmagnifique,dit-ild'unevoixsourde.J'adorevoirmonspermedégoulinerlelongdeton
culjusquesurlecarrelage...Mmmh,justecommej'aime.
Çalarendaitfollequandilparlaitaussicrûment!Ellefutparcourued'unfrissonquisetraduisit
parundernierspasme,etlasemencedeGabecouladeplusbelle.
—Oh,Mia,tuessuperbecommeça.Situsavaiscommejesuisimpatientdefairelamême
chosedanstoncul!
Ils'approchaetl'aidaàseredresser,puisàretrouversonéquilibre.Dèsqu'ellefutdebout,elle
sentitsonspermedescendreenunelignechaudelelongdesescuisses.
—Vatenettoyer,luiordonna-t-ild'unevoixrauque.Maislaisseleplugoùilest.C'estmoiqui
l'enlèverai,cesoir.
Lesjambestremblantes,ellesedirigeaverslestoilettes,etaussitôtlapressiondusex-toy
réveillasondésir.Chacundesespasluiinfligeaitunebrûlureaussidélicieusequ'insupportable.
Lorsqu'elleressortit,Gabel'attiracontreluipourunbaiserbrutal,punitif,quiluicoupale
souffle.
—Nemedésobéisplusjamais,laprévint-il.
—Jesuisdésolée,murmura-t-elle.J'avaisoublié.
Illacouvad'unregardtorrideavantderétorquer:
—Jeteparieque,laprochainefois,tun'oublieraspas.
Chapitre20
Mian'ignoraitpasquebouderétaituneactivitépuérileréservéeauxsalesgosses,pourtantelle
nepouvaits'enempêcher.Gabesavaitexactementcequ'illuifaisaitsubir,lesalaud,etelleimaginait
déjàtouteslesfaçonsdontellepourraitluirendrelamonnaiedesapièce.
Malgrél'orgasmeéblouissantqu'ilvenaitdeluidonner,ellenetenaitpasenplace,auxprises
avecuneexcitationincontrôlable.Lepluglarendaitfolle,etGabelesavaitparfaitement.
Pourtant,iltravaillaitenaffichantunesereineconcentration,commes'ilavaitdéjàoubliéqu'ils
venaientdecopulercommedesbêtessurcemêmebureau.
Lasonneriedel'interphoneretentit,unefoisdeplus,etMias'efforçadereportersonattention
surl'écrandesonordinateur.Néanmoins,elleentenditcequ'annonçaEleanoretneputs'empêcherde
tendrel'oreille,toutenfeignantl'indifférence.
—MonsieurHamilton...,MmeHamiltondésirevousvoir.
Gabeseredressaaussitôt,l'airsoucieux.
—Mamèreestici?Faites-laentrer,évidemment.
Ilyeutunepetitetouxgênée,puisEleanorreprit:
—Pardonnez-moi,monsieur,maiscen'estpasvotremère.C'estunedamequiprétendêtrevotre
femme.
Miaeuttouteslespeinesdumondeànepasécarquillerlesyeux.Ilfallaitunsacréculotpour
débarquersurlelieudetravaildesonex-marietseprésentersoussonnomàlui.
—Jenesuispasmarié,rétorquaGabesuruntonglacial.
Ilyeutunsoupirauboutdelaligne.PauvreEleanor,elledevaitsetrouverdansuneposition
fortinconfortable.
—Elleditqu'ellenepartirapastantquevousn'aurezpasacceptédelarecevoir,monsieur.
Hum...Voilàquinepromettaitriendebon.
MialevalesyeuxversGabe.Elles'attendaitàliredelacolèresursonvisage,maisilsemblait
parfaitementcalmeetdétaché,commes'iln'yavaitriendeplusbanalqu'unepetitevisitedesonex-
femme.
—Bon.Donnez-moiuneminutepuisfaites-laentrer,commanda-t-ild'unevoixneutre.
PuisilsetournaversMia.
—Tuveuxbienm'excuserunmoment?Tun'asqu'àprendreunepause.
Miaselevaaussitôt,tropcontentedepouvoirs'échapper.Latempératureambiantevenaitde
chuterd'aumoinsdixdegrés.Ellesedirigeaverslaporte,aussivitequeluipermettaitcesatanéplug
anal.Àpeineavait-elleposéunpieddanslecouloirqu'ellevitLisaapprocher.
Elleconnaissaitbiensonvisagepourl'avoiraperçuenphoto.Grande,élégante,toujourstiréeà
quatreépingles,Lisaétaitunefemmemagnifique,laparfaiteépousepourunhommecommeGabe.
Miadevaitbienadmettrequ'ilsformaientuncouplesplendide.Lescheveuxblondplatinede
LisacontrastaientjolimentavecceuxdeGabe,presquenoirs,etelleavaitlesyeuxvertpâlealors
qu'illesavaitd'unbleuprofond.
Mias'écartapourlaisserentrerLisa,quilaremerciaavecunaimablesourire.Terriblement
conscientedusex-toyqueGabeavaitinsérédanssonanusàpeineuneheureauparavant,lajeune
femmeavaitlevisageenfeu.
Ellerefermalaportesansunmot,puishésitauninstantàsuivresoninstinct.
Oh,etpuiszut!Qu'est-cequipeutbienm'arriver?Uneautrefessée?
Ellejetauncoupd'œilalentourpours'assurerquepersonnenelavoyait,puiscollal'oreilleau
panneaudebois.Elletremblaitdecuriosité,etdejalousie,aussi,ilfallaitbienl'admettre.Aprèstout,
LisaavaitprofitépendantplusieursannéesdecequeMianeconnaîtraitsansdoutejamais:l'amour
deGabe.
Ellecommençaàdistinguerleursvoixlorsquelaconversationsefitplusanimée.
—J'aifaituneerreur,Gabe,c'esthumain!Tupeuxbienmepardonner,non?Pourquoitournerle
dosàtoutcequenousavions?
—Neracontepasn'importequoi,riposta-t-ilsuruntonquidonnalachairdepouleàMia.C'est
toiquim'astournéledosquandtuasdécidédemequitteretderaconteruntissudemensongesau
sujetdenotrerelation.C'esttoiquiasdétruitetpiétinétoutcequenousavionsconstruit.
—Maisjet'aime,Gabe,insistaLisad'unevoixdoucequiforçaMiaàtendrel'oreille.Tume
manques.Jevoudraisquetumedonnesunesecondechance.Jesaisquetuastoujoursdessentiments
pourmoi,jelevoisdanstesyeux.Jesuisprêteàtesupplieràgenoux,tusais.Jeferaitoutcequetu
veuxpourteconvaincrequejeregrettemeserreurs.
Aprèscela,ilssemblèrents'éloignerdelaporte,Mianelesentendaitplus.
—Qu'est-cequetufabriques?
Ellesursautaviolemmentetseredressa.
—Ash!Çavapas,non?Tum'asfaitpeur!
Cederniercroisalesbrasavecunsourireamusé.
—Jemedemandecequiabienputepousseràcollerl'oreillecontrelaportedeGabe...Est-ce
qu'ilt'aenferméedehors?Tuasdéjàréussiàprovoquerlacolèredupatron?Tuferaismieuxde
venirtravaillerpourmoi,tusais.Jeseraisgentilavectoi,moi.Jetegâterais...
—Maistuvastetaire,oui?J'essaied'espionneruneconversation,jetesignale!
—Sansblague!lançaAsh.QuiestavecGabe?
—C'estLisa.Elles'estpointéesansprévenir,soufflaMia.Baisseletonsituneveuxpasqu'ils
nousentendent.
Lesourired'Ashcédalaplaceàunegrimacesoucieuse.
—Lisa?Tuveuxdiresonex-femme?
—Etoui.Toutcequej'airéussiàentendre,c'estqu'elleestdésoléeetvoudraitqu'illuidonne
unesecondechance.
—Plutôtmourir,grommelaAsh.Pousse-toiunpeu,s'ilteplaît.
Miareculapourluifairedelaplace,etils'approchadelaporteenseposantundoigtsurles
lèvres,alorsquecelafaisaitdeuxminutesqu'elleessayaitdelefairetaire!
—Ohmerde,ellepleure,marmonna-t-il.Ça,cen'estpasbon.Gabenesupportepasdevoirune
femmepleurer,etellelesait.Ellecomptelà-dessuspourarriveràsesfins,cettesaleté.
—Tuesunpeuvache,non?
—Non,Mia.Ellel'abienen...entubé,tusais.J'étaislà,etJaceaussi.Situnemecroispas,
demandeàJacedansquelétatçaamisGabedelavoirdéballersesmensongesdanslesjournaux.
J'espèrequ'ilvalavirerdesonbureau.Sinon,c'estqu'ilestvraimentirrécupérable.
—Justement...,situtetaisaisunpeu,onarriveraitpeut-êtreàsavoircequisepasse,répliqua
Miadoucement.
—Oui,pardon,soufflaAshavantdesetaire.
—Jen'abandonneraipas,Gabe,disaitLisa.Jesaisquetoiaussi,tum'aimesencore.J'aiblessé
tonorgueiletj'ensuisdésolée,maisjepatienteraijusqu'àcequetumereviennes.
—Jeteledéconseille,ceseraitunepertedetemps,rétorquaGabed'unevoixglaciale.
—Ohmerde,ilsarrivent!ChuchotaAshavantd'entraînerMiaàsasuiteetdelafaireentrer
danssonbureau.Assieds-toietfaiscommesionvenaitdepasserunbonmomentàpapoter.
Puisilallas'installerdanssonfauteuiletpritunepausenonchalante.Troissecondesplustard,
Lisapassadevantlaporteenmettantseslunettesdesoleilpourcachersesyeuxrougis.
—Attendsunpeu,ajoutaAsh.Jenevoudraispasterenvoyerdansl'antredulionsipeudetemps
aprèslabataille.
TousdeuxtournèrentlatêteenentendantunbruitdanslecouloiretvirentpasserJace.Ce
derniers'arrêtanetenapercevantMiaetentrad'unpasdécidé,l'aircontrarié.Lajeunefemmemaudit
ensilencecettesituationdesplusabsurdes,elleseretrouvaitcoincéedanslebureaud'Ashavecun
Jaceencolèreetunplugdansl'anustandisque,danslapiècevoisine,Gabeavaitdûrepousserles
avancesdesonex-femme.
—Qu'est-cequisepasse?Qu'est-cequetufaislà,Mia?
—Quoi?fitAshd'untontaquin.Jen'aipasledroitdepasserunpetitmomentaveclafillede
mesrêves?
—Oh,arrêtedefairel'andouille,Ash,grognaJace.Cen'estpasLisaquej'aivuepasserprèsde
laréception?
—Si,confirmasonassocié.C'estlaraisonpourlaquelleMiaestvenueseréfugierchezmoi.Je
voulaisluiépargnerlacolèredeGabeaprèscettepetitevisiteimpromptue.
—Qu'est-cequ'elleestvenuefabriquerici,celle-là?demandaJace.
Àlesentendre,MiadevinaquelesdeuxamisneportaientpasvraimentLisadansleurcœur.Ils
s'étaientrangésauxcôtésdeGabeavecuneloyautésansfailledepuissondivorce.
—Enfait,onaunpeuécoutéàlaportedeGabe,Ashetmoi,avouaMia.
—Tuessipresséedetefairevirer?S’enquitJaceenhaussantunsourcil.S'ilapprenaitça,
mêmemoijenepourraisrienfairepoursauvertapeau.
—Oh,çava,souffla-t-elle.Tuveuxsavoircequ'onaappris,ouiounon?
Jaceallajeteruncoupd'œildanslecouloirpours'assurerqueGaben'étaitpasdansles
parages,puisrefermalaportedubureauderrièrelui.
—Vas-y,raconte.
—LisaessaiederécupérerGabe,expliquaAshd'unairblasé.Elleluiasortilegrandjeu.
—Ohnon!SelamentaJace.J'espèrequ'ill'aenvoyéebouler.
—Jen'aipasréussiàentendresaréponse.Cetteespècedepipeletterefusaitdesetaire,
marmonnaMiaendésignantAsh.
—Oh,jesuissûrqu'ilatenubon,affirmacedernierens'adossantdanssonfauteuileten
croisantlesbras.C'estimpossiblequ'iltombedanslepanneau.
Miaenrevanchen'enétaitpascertaine.Aprèstout,GabeetLisaavaientétémariés,etles
conditionsdeleurruptureavaientdéterminélamanièredontGabeenvisageaittoutessesrelations
depuis,ycompriscellequeMiaetluivenaientd'entamer.Celamontraitàquelpointilavaitété
traumatisé.Mianedoutaitpasuninstantqu'ilsoitencolèrecontreLisa,maiscelanesignifiaitpas
qu'ilnel'aimaitplus.Ilseraitpeut-êtreprêtàfairedesconcessionssicelaluipermettaitderetrouver
lafemmedesavie.
—Entoutcas,s'ilfaitminedecéder,jeluibotteletrain,décrétaJaceavantdesepenchervers
Miapourluiébourifferlescheveux.Ondînetoujoursensemble,demainsoir?Àquelleheureveux-tu
quejepasseteprendre?
—Quoi?Vousnem'avezmêmepasinvité?s'écriaAshd'unairscandalisé.
—Tun'aspasd'autresamisàallerembêter,pourchanger?ContraJace.
—Demain,c'estlejourdelagranderéuniondefamilledesMcIntyre,marmonnaAsh,levisage
soudaincrispé.
Miaeutdelapeinepourlui.Ils'étaitbrouilléaveclerestedesafamilleetn'assistaitmêmeplus
àcegenred'occasions.Engénéral,ils'arrangeaitpourêtreavecJaceetGabecesjours-là.
—Oh,allez,laisse-levenir,plaida-t-ellesurletondelaplaisanterieafinquesamanœuvre
passeinaperçue.AvecAshàmescôtéspourprendremadéfense,tun'oseraspasmefairelamoraleà
proposdetoutetderien.
—Ah,tuvois?C'estmoi,sonpréféré!s'exclamaAshavecunsourirefaussementhautain.Jace
fitminedeserendre.
—OK.Àquelleheureveux-tuqu'onpasseteprendre?
—À18heures,siçavousconvient.Ilnemefautpaslongtempspourmepréparer,saufsivous
m'emmenezdansungrandrestaurant.
—Enfait,jeconnaisunpubtrèssympadontlacartedevraitteplaire.Commeça,tupeuxvenir
enjeansituveux,chipie.
Clairement,Jaceavaitchoisicelauniquementpourluifaireplaisir,cariln'étaitpasdugenreà
dîneraupub,d'habitude.
—C'estparfait,acquiesça-t-elleavecunsourire.
Aumêmeinstant,laportedubureaus'ouvritsurGabe,quipassalatêteàl'intérieur,l'air
soucieux.
—Hé,vousn'auriezpasvu...?
Ils'interrompitenapercevantMia,puiscouvasesdeuxamisd'unregardsuspicieux.
—Jevousdérange?
—Pasdutout,réponditAshsuruntonnonchalant.OntenaitcompagnieàMiapendantquetute
réconciliaisavectonex.
Miaécarquillalesyeuxfaceàtantd'audace.Ashallaitleurattirerdegrosennuis,avecses
clowneries.
—Tagueule!GrondaGabe.
—Bienjoué,Ash,intervintJace.ToiquivoulaisépargneràMialacolèredesonpatron,c'est
gagné.
Miaseleva,presséed'échapperauxremarquesd'Ash.
—Bon,jevousdisàdemain,pourledîner?lança-t-elleenentraînantGabedanslecouloir.
Puisellerefermalaportederrièreeuxet,sansuncoupd'œil,retournadanssonbureau.
EllesentaitlaprésencedeGabedanssondos,lachaleurintensequiémanaitdeluietquilui
rappelaitcelled'unfauveenfurie.Ashn'avaitsansdoutepastortendisantqu'elleretournaitdans
l'antredulion.
—Tudînesaveceuxdeux,finalement?
Surpriseparletondesavoix,elleluifitface.
—Oui,Ashs'estplusoumoinsinvité.Jacepassemeprendrechezmoià18heures,doncje
rentreraidèsquej'auraifinimajournéedetravail.
Ils'approchad'unairpresquemenaçant.
—Tun'aspasintérêtàoublieràquituappartiens,Mia.
Elleouvritdesyeuxronds,avantd'éclaterderire.
—Tunecroisquandmêmepasqu'Ash…?
Ellelaissasaphraseensuspens,incapabledeformulerjusqu'auboutcetteidéeridicule.
Gabeluisoulevalementonpourqu'ellecroisesonregard.
—Cequejecrois,c'estquetuasbesoind'unepetitepiqûrederappel,murmura-t-ilavecune
puissancecontenuequ'ellen'osapascontredire.Àgenoux.
Elleobéitaussitôt,maisilluifallutuninstantpourtrouverunepostureconfortableàcausedu
plug.Devantelle,Gabedéfitsonpantalonetensortitsonsexedéjàtendu.
—Suce-moi,ordonna-t-il.Fais-moijouir,Mia.Jeveuxvoirtabelleboucheserefermerautour
demaqueue.
Ilenfouitlesmainsdanssescheveuxetlaforçaàrenverserlatêteenarrièreavantdel'attirer
toutprèsdesonérection,quigrossissaitàvued'œil.Songlandbutacontreleslèvresdelajeune
femme,etildonnaunebrusquepousséepourqu'ellelelaisseentrer.
Aussitôt,ils'enfonçaprofondémentetfitpassersonmembresursalangueavecencoreplusde
vigueurqued'habitude.MiasedemandaàquelpointlavisitedeLisal'avaitaffecté,ets'ilessayait
d'effacerparcesacteslaprésencedecettedernièredanssonbureau.
Levantlesyeuxverslui,ellelutdelacolèredanssonregardmaiscompritqu'ellen'étaitpas
dirigéecontreelle.Aucontraire,ilavaitbesoind'elle,unbesoinéperdu.Illâchasescheveuxpour
luicaresserlatête,puislevisage,commepours'excuserdelaprendreavecunetelleavidité.
D'unemain,ellesaisitlabasedesonsexeetleforçaàralentirlacadence,leléchantendelongs
mouvements.Cettefois,ellen'allaitpaslelaissercouriràl'orgasmecommeunebêtedéchaînée.Elle
allaitluimontrersonamour.Iln'endemandaitpastant,etrefuseraitsansdoutedel'admettre,pourtant
ilenavaitbesoin.
Ellelecaressaitavecvigueur,laissantparfoissonglandpasserentreseslèvresavantdele
reprendreentièrement.
—Oh,Mia!Situsavaiscequetumefais!GémitGabeavecunviolentcoupdehanches.
Aussitôt,ellesentitlachaleursaléedesasemencedanssabouchemaiscontinuaàlesucer,àle
lécher.Ellevoulaitlegoûtertoutentier,jusqu'aubout.Elleluiconsacratoutsonamour,toutesa
douceur,ets'appliquaàluifaireoublierlafrénésiedudébut.
Lorsque,enfin,elleeutavalésasemencejusqu'àladernièregoutteetsoigneusementléchétoute
lalongueurdesonmembre,ellelelaissaglisserentreseslèvresetsereculadoucement.
AlorsellelevalesyeuxversGabe,conscientequ'elleincarnaitainsil'essencemêmedela
soumission,docileetprêteàl'accepter.Dansleregardqu'elleluiadressa,elleluimontraquielle
étaitvraiment.
Parcourud'unbreffrisson,ils'agenouilladevantelleetl'attiradanssesbras,laserrantsifort
qu'ellesentitsoncœurbattreaprèsl'extasequ'ellevenaitdeluioffrir.
—Jenepeuxpascontinuersanstoi,Mia,avoua-t-ildansunmurmure.Ilfautqueturestes.
Elleluicaressadoucementledospuislanuque,pressantsajouecontrelasienne.
—Jen'aipasl'intentiondem'enaller,Gabe.
Chapitre21
Lajuperelevéejusqu'àlataille,MiaposalesdeuxmainsàplatsurlebureaudeGabepourque
cedernierpuisseretirerleplug.Ellefermalesyeuxetpoussaunprofondsoupir,soulagéedeneplus
subirl'excitationqueluiinfligeaitlesex-toy.Elleallaitpouvoirsoufflerunpeu.
Gabelanettoyaavecsoinàl'aided'ungantdetoilette,puisluicaressadoucementlesfesses
avantderabaissersajupe.
—Vaprendretesaffaires,lança-t-ilenluidonnantunepetitetape.Onvapasserchezmoipour
sechangeravantd'allerdîner.
Miaauraitplutôtététentéedes'allongersurlebureaupendantunpetitquartd'heure,histoirede
recouvrertoutsoncalme.LorsqueGabeserapprocha,ellecrutquec'étaitpourlapunirdenepas
avoirdéjàobéiàsonordre,maisillapritparlesépaulesetl'aidaàseredresseravantdel'attirer
contrelui.
Elleseblottitdanssesbrasetinspiraavecbonheursonparfumchaudetépicé.
—Jesaisquejetesteteslimites,murmura-t-ilenluidéposantunbaisersurlehautdelatête.Je
n'ypeuxrien,jen'arrivepasàmecontrôler.
Cachéecontresontorse,ellesourit,puisl'étreignitdetoutessesforces.Cegesteparutle
surprendre.Ils'immobilisauninstant,puissedétenditetenfouitlevisagedanssescheveux.
—Jeneveuxsurtoutpastechanger,Mia,ajouta-t-ildansunsouffle.Tuesparfaitecommetues.
Pourtant,elleavaitdéjàchangéàsoncontact.Elleneseraitplusjamaislamême.
Gaberelâchasonétreinteetsedétournaaussitôt,commesiuntelaveuluiavaitcoûté.Miafit
minedenepasleremarqueretrajustasesvêtementsavantd'allercherchersonsac.Lorsqu'ellefit
faceàGabe,cefutavecungrandsourire.
—Onyva?
Illuitintlaporteetlasuivitdanslecouloir,unemainlégèrementposéedanssondos.Ils
saluèrentEleanor,quis'apprêtaitàpartir,puistombèrentnezànezavecAshdevantl'ascenseur.
Miasentitsonestomacsenouer.N'était-ilpascensédînerencompagniedeJace?Ets'ilétait
revenupourdemanderquelquechoseàGabeetavaitessayéd'entrerdanssonbureau?Avait-il
trouvélaporteferméeàclé?Pire,avait-ilentenduquelquechose?
—Encoretoi?JecroyaisquetuétaisavecJace,lançaGabeavecleplusgrandnaturel.
Ashleurdécochaunsouriremalicieux,etMias'étonnaunefoisdeplusdelabeautédecet
homme.
—Onavaitoubliéundossierimportant,doncjesuisrevenulerécupérer.Pendantcetemps,Jace
s'efforcedefairepatienternoschersinvitésenleurexpliquantquej'aiétéretenuparuncontretemps
indépendantdemavolonté.
—TuaslaisséJacefairelesmondanitésàtaplace?S’esclaffaMia.C'estpourtanttondomaine,
ça,non?Jepariequ'ilauraitdonnéunreinpourrevenircherchercefameuxdossierlui-même.Ildoit
êtredanssespetitssouliers,lepauvre!
Ashluidonnaunepichenettesouslementonavantdel'attirercontrelui.
—Tum'asmanqué,gamine!Ettun'aspastort,jemesuisenfuiavantqueJaceaiteuletempsde
dire«ouf».
Miasourit,réconfortéeparcecâlinsinaturellementaffectueux.Celafaisaitlongtempsqu'ellene
lesavaitpasrevus,Jaceetlui,etelleétaitraviederetrouverleurindéfectiblesoutien.
—Toiaussi,tum'asmanqué.Çafaisaitlongtemps!Jecommençaisàcroirequetunem'aimais
plus.
—Quoi?!Serécria-t-ilavecunregardfaussementhorrifiétandisqu'ilsentraientdans
l'ascenseur.Tusaisbienquej'iraischasserdesdragonspourlesdéposeràtespiedstellementje
t'aime.Quedis-je?Tellementjet'adore!
—N'enfaispastrop,nonplus!dit-elleenriant.Gardetoncharmepourdesfillesqueça
intéresse,ajouta-t-elleavecunclind'œil.
—J'ailedroitderêver,non?rétorqua-t-ilenpassantunbrasautourdesesépaules,sansse
départirdesonsourire.Unjour,tuserasmienne,Mia!Déclama-t-ildansunsoupirthéâtral.
—Biensûr!JusteaprèsqueJacet'auracoupélescouilles,intervintGabesuruntonglacial.
Ashfeignitunegrimacedeterreurquinefitqu'accentuerlabeautédesestraits.Miaregrettait
presquedenepasêtreattiréeparlui,cetypedevaitêtreunamantexceptionnel,libertinetsans
complexes.Silesrumeursdisaientvrai,cependant,etqu'ilavaittendanceàpartagersesconquêtes
avecJace...
Miarepoussacetteidéeavecunfrisson.Ilyavaitcertaineschosesqu'ellepréféraitignorer.
Imaginersonfrèrenudanslemêmelitqu'Ashsuffitàannulerledésirqu'elleauraitpuéprouverpour
cedernier.Dommage,ilvalaitvraimentlecoupd'œil.
—Àtoutàl'heure,Gabe!lança-t-ilensortantdel'ascenseur.Jedoismedépêcherderejoindre
Jace,sinonilrisquedefairefuirtousnosinvestisseurs!
Ilslesaluèrent,puisGabefitmonterMiadanssavoitureavantdes'installeràcôtéd'elle.
—TuvoisAsh,cesoir?demanda-t-elleunefoisqu'ilseurentdémarré.Onnedîneplusdehors,
finalement?
Gabeserraleslèvresavantderépondre.
—Tudînesavecmoi,commeprévu,puisjevaisretrouverJaceetAshà21heurespourboireun
verre.
—Ah,fitMia,unpeusurprised'apprendrecettenouvelle.
Pourtant,celafaisaitpartiedeshabitudesdestroisamis.Quandilsn'étaientpasenvadrouille
auxquatrecoinsdumonde,ilspassaientbeaucoupdetempsensemble.
SiGabeavaitsoudaincessédevoirJaceetAshendehorsdubureau,justementaumomentoù
Miacommençaitàtravaillerpourlui,celaauraitsemblésuspect.
—Commentjem'habille,cesoir?S’enquit-ellepourchangerdesujet.
Gabeladétailladelatêteauxpieds,sibienqu'ellesesentitmiseànu.
—Metsunedetesnouvellesrobes.Lanoirefenduesurlecôté.
—Oh!Tum'emmènesdansunendroitchic?demanda-t-ellesuruntonbadinqu'ilnereleva
pas.
—Jet'emmènedînerdansunendroitélégantoùl'onpourradanser,répondit-il,imperturbable.
Delabonnecuisine,delabonnemusique,unebellefemmeàmonbras,quedemanderdeplus?
MiarougitdeplaisiràcesmotsetvitGabeesquisserundemi-sourirefaceàsaréaction.Puis,
aussitôt,ilredevintsérieux.
—Tun'espasqu'unbeauvisage,Mia.N'oubliejamaisça.Tuvauxbienmieux.Sijet'en
demandetrop,nemelaissepasfaire.Jenevoudraispaspuiserdanstesréservesjusqu'àcequ'ilne
resteplusrien.
Cesavertissementsénigmatiquessefaisaientdeplusenplusfréquents,etMian'étaitpassûre
d'encomprendrelaportée.QuiGabesouhaitait-ilmettreengarde,aujuste?Elle,oului-même?À
vraidire,ellenesavaitjamaisvraimentcequ'ilpensait,saufquandilsfaisaientl'amour.Alorsles
chosesdevenaientmerveilleusementsimples.
Aussitôtqu'ilsarrivèrentchezlui,Miaserenditàlasalledebainspoursepréparer.SiGabe
l'emmenaitdansunendroitunpeuhuppé,elletenaitàl'impressionner.Ellevoulaitmontreraumonde
entierqu'elleétaitassezsophistiquéepourlui,qu'ilsétaientparfaitementassortis.
Ellearrangeasescheveuxenunchignonjolimentdésordonnéetfitbouclerlesquelquesmèches
follesqu'elleavaitlaisséeséchapper.Puiselles'appliquaunetouchedemascaraetunglossrose
pâlequirehaussaitseslèvrescharnuestoutenrestantdiscret.Elles'examinadanslemiroir,
satisfaite.Elleaimaitlenaturel,unmaquillagequisoulignesestraitssanssefaireremarquer.
Larobequ'avaitchoisieGabeétaitàcouperlesouffle,pluslonguequecequeportaitMia
d'habitude,avecunefentejusqu'àlacuisse.Heureusement,elles'accompagnaitd'unepairedetalons
quiallongeaientlesjambesdeMiaetsoulignaientleurmusculature.
MalgrélesremarquessarcastiquesdeGabeausujetdelatenuequ'elleavaitportéeaugalade
l'hôtel,ilavaitoptépourunmodèlefranchementosé,retenuseulementpardeuxfinesbretelles
entrecroiséesentresesomoplates.
Sondosétaitentièrementdénudé,commepourinviterlamaind'unhommeàseposeraucreux
desesreins.
L'avantdelarobeétaitconçudefaçonqu'ellen'aitpasbesoindeporterdesoutien-gorge,etle
décolletédévoilaitàpeinelerenflementdesesseins.
Gabesemblaitd'unehumeurétrange.Illuiavaitclairementfaitcomprendrequ'iln'aimaitguère
qu'elles'affichedansdestenuestroprévélatrices,surtoutenprésenced'autreshommes.Pourtant,il
luiavaitchoisicetterobe,danslaquelleellesesentaitmerveilleusementsexy.Elleadoraitla
confianceenellequecelaluidonnait.
EllesortitdelasalledebainsettrouvaGabeassissurlelit,faceàlaporte.Unelueurflatteuse
passadanssonregardlorsqu'ill'aperçut,etelleexécutaunepirouetteenlevantlesbrasau-dessusde
latête.
—Jeteplais,commeça?
—Ohoui,gronda-t-il.
Ilseleva,etcefutautourdeMiadeledétaillerd'unœilavide.Ilavaitrevêtuuncostumetrois
piècesqui,surunautre,luiauraitparuconvenu,sansintérêt.SurGabe,enrevanche,l'effetétait
divin.Pantalonnoir,vestonassorti,chemiseblanchedontlepremierboutonétaitdéfait...L'ensemble
respiraitleluxedétendu,commesiGabesemoquaitcomplètementdecequel'onpouvaitbienpenser
delui.Miaeneutl'eauàlabouchetantilétaitbeau.
—Sij'aibiencompris,làoùnousallons,lacravateestenoption?Letaquina-t-elle.
—J'aidroitàuntraitementdefaveur,rétorqua-t-ilavecundemi-sourire.
Quoid'étonnantàcela?QuiauraitpudirenonàGabeHamilton?Outresafortunecolossale,il
possédaituncharismesingulierquiopéraitaussibiensurleshommesquesurlesfemmes.Certainsle
craignaient,d'autresledétestaient,maistouslerespectaient.
—Tuveuxboirequelquechoseavantqu'onparte?demandaGabe.
Miarefusad'ungeste.Plusilss'attardaient,plusilscouraientlerisquedenejamaisressortir,et
elleaimaitassezl'idéedecedînerentêteàtête.Jusque-là,ilsn'avaientfaitqu'alternersexeet
travail.
Illuitenditlamainet,lorsqu'elleentremêlasesdoigtsauxsiens,ill'entraînaversl'ascenseur.
Unefoisdanslavoiture,elleserepritàpenseràLisa,tirailléeentreunecuriositémaladiveetla
craintedes'aventurerenterrainminé.
Voyantqu'ellel'épiaitducoindel'œil,Gabefinitparsetournerverselle.
—Qu'est-cequ'ilya?
Ellen'eutqu'uneseconded'hésitation.Ilrefuseraitdelâcherprisetantqu'elleneluiauraitpas
révélécequilatourmentait,detoutefaçon.
—Euh,Lisa...
Gabel'interrompitaussitôt,levisagesoudainglacial.
—Jerefusedegâcherunebellesoiréeenparlantdemonex-femme.
D'accord.Lemessageétaitclair.Àvraidire,Mianonplusnetenaitpasàgâchercettesoirée,
mêmesimillequestionslataraudaient.ElleauraitaimésavoircequeGabepensaitdecettevisite,et
enmêmetempselleavaitunpeupeurdel'apprendre.
Lorsqu'ilsarrivèrentaurestaurant,ungarçonlesamenaàunetablesituéedansunealcôveà
l'écart.Ladécorationétaitd'ungoûtexquis,avecunéclairagetamisé,complétépardeschandelles
disposéessurlestables.Desguirlandeslumineusesornaientlespetitsbuissonsenpot,prêtantà
l'ensembleuneatmosphèrefestivequiannonçaitNoël.
MiaadoraitpasserlesfêtesàNewYork.Jaceetellenemanquaientjamaisl'allumagedusapin
auRockefellerCenter.Celafaisaitpartiedessouvenirsqu'ellechérissaitleplus.
—Àquoitupenses?
Surprise,ellecillaetreportasonattentionsurlui.Illacontemplait,l'aircurieux.
—Tusemblaistrèsheureuse.Jenesaispascequetuavaisentête,maisçadevaitêtreagréable.
—Oui,jepensaisàNoël,répondit-elleavecunsourire.
—ÀNoël?répéta-t-il,étonné.
—Depuisquejesuisgamine,Jacem'emmènetoujoursvoirl'allumagedusapin.J'engarde
d'excellentssouvenirs.J'adorel'atmosphèredeNewYorkàl'approchedesfêtes.Lesdécorations,les
vitrines,lajoyeuseagitation.C'estlameilleurepériodedel'année!
Gaberéfléchituninstantpuisdéclara,avecunhaussementd'épaules:
—Quandj'étaisavecLisa,onpassaitNoëldanslesHamptons.Depuisledivorce,jeresteiciet
jetravaille.
—Tutravailles?s'écria-t-elle,interloquée.TutravaillesàNoël?Maisc'esthorrible!On
diraitleScroogedeDickens!
—Bof,çanesertàrien,Noël.
Mialevalesyeuxaucielmaisnerelevapascetteremarqueblasée.
—Siseulementj'avaissu,jet'auraisforcéàpasserleréveillonavecJaceetmoi.Personnene
devraitseretrouverseulàNoël.Jecroyaistoutnaturellementqueturentraischeztesparents.
Aussitôt,elles'interrompitetsemorditlalèvre.
—Désolée,reprit-elled'unevoixdouce.J'auraismieuxfaitdemetaire.
—Net'inquiètepas,larassuraGabeavecunpetitsourire.Ilsembleraitquemonpèreait
comprissonerreuretsouhaitereconquérirlecœurdemamère.Jen'osemêmepasimaginercomment
ilcomptes'yprendre.
—Tuessérieux?S’exclama-t-elleenouvrantdegrandsyeux.
—Etoui,confirmaGabeavecunsoupir.C'estpourmeraconterçaqu'ilestvenumevoirau
bureaucemidi.Lelendemaindelasoiréeoùsacopineaessayédememettrelegrappindessus...
IléclataderireenvoyantlagrimacedeMia.
—Ettamère,qu'est-cequ'ellevafaire?demanda-t-elle.
—Alorslà...Jen'enaipaslamoindreidée,maisjesupposequ'iln'apasencoreétése
prosterneràsespieds.Sinon,j'enauraisentenduparler.
—Jepensequ'àsaplacejen'arriveraispasàluipardonnerd'avoircouchéavectoutesces
femmes,commentaMiad'unevoixtriste.Çaadûluifairetellementmal.
—Ilm'aditqu'iln'avaitpascommisd'infidélité.Mialuilançaunregardquisignifiait
clairementqu'ellen'encroyaitrien.
—Jenesaispascequ'ilentendexactementpar«infidélité»,repritGabeenouvrantlesmains.
D'ailleurs,jenesuispassûrqueçachangequoiquecesoitqu'ilaitcouchéaveccesfillesounon.Le
mondeentierpensequec'estlecas,toutcommemamère,etilluifaudradutempspourseremettre
d'unehumiliationpareille.
—Çanedoitpasêtrefacilepourtoinonplus,murmuraMia.
Quellejournéecalamiteusepourlui!D'abordsonpèreetsesremords,puislavisitedesonex-
femme.
Visiblementmalàl'aised'entendredelacompassiondanssavoix,ildétournaleregard.Ilse
redressa,l'airvisiblementsoulagé,lorsqu'onleurapportal'entrée-desgambasgrilléespourelleet
unmincefiletdemahi-mahipourlui.
Lesdeuxplatssentaientdivinementbon,etlajeunefemmehumaavecdélices.
—Oh!Tonpoissonal'airdélicieux!s'écria-t-elle.
Avecunsourire,Gabeendétachaunpetitmorceauavantdeleluitendrepourqu'ellegoûte.Mia
refermaleslèvressurlafourchettedeGabeetsoutintsonregarduninstantavantdesereculer.
Émueparl'intimitédecegeste,elleremarquaqueGabegardaitlesyeuxrivéssursabouchetout
enreposantsescouverts.
Alorselledécoupaunedesescrevettespourluirendrelapolitesse.Aprèsunehésitation,il
acceptaetmorditdélicatementdanslachairblanche.
Déstabiliséeparlavivacitédesaréactionàcetéchangepourtantanodin,Miabaissalatêteetse
concentrasursonassiette.
—C'estbon?demandaGabeaprèsplusieursminutesdesilence.
—Délicieux!répondit-elleensouriant.Jen'aidéjàpresqueplusfaim.
Ils'essuyalabouche,reposasaserviettesurlatable,puisselevaettenditlamainàMia,qui
repoussasonassiette.
—Viensdanser,murmura-t-il.
Aussiémoustilléequ'uneadolescenteàsonpremierbal,elleselaissaguiderentrelestables.
Arrivésurlapiste,Gabel'attiratoutcontreluietposaunemainchaudeaubasdesondos,sursa
peaunue.
EllelaissaéchapperunsoupirdebonheurtandisqueGabeappuyaitlajouecontresatempe.Ils
bougeaientàpeine.Lovésl'uncontrel'autre,ilssecontentaientd'épouserlerythmedelamusique.
Miaauraitaiméquecetinstantduretoujourset,aveclui,l'illusionqueGabeétaitsien,queleur
relationnereposaitpasquesurlesexe.
Celanepouvaitpasluifairedemalderêverunpeu.
Enfin,celarisquaitpeut-êtredeluifairemalplustard,maiselleavaitenviedes'accorderce
moment.
Gabenecessaitdeluicaresserledosendelentsmouvementsentêtants,etelletournalatête
versluipourrespirersonparfum.Ellemouraitd'enviedeluimordillerl'oreille,lecou...Elleadorait
legoûtdesapeauetn'avaitpasencoreeul'occasiondes'endélectersouvent.Gabeneluilaissait
quetrèspeudemargedemanœuvredansl'intimité.Pourtant,quen'aurait-ellepasdonnépourunenuit
àexplorersongrandcorpsàsaguise!
L'orchestreentamaunenouvellechanson,maisilsrestèrentenlacés,incapablesderomprele
charmeetdefaireéclatercettepetitebulled'intimitéquilescontenaitparfaitement.
Miafermalesyeux,bercéeparlamusiqueetparlesmotifshypnotiquesquetraçaitGabedans
sondos.Ilsfaisaientpresquel'amoursurlapistededanse,mêmes'ilnes'agissaitpasdesexe.
Celan'avaitrienàvoiravecl'espèced'obsessiontorridequilesconsumaitchaquefoisqu'ils
ôtaientleursvêtements.Aucontraire,cetinstantétaitd'uneprofondedouceur,d'unegrandeintimité,
etlajeunefemmeenadoraitchaqueseconde.
ElleauraitputomberamoureusedeceGabelà.Sicen'étaitpasdéjàtroptard.
—Situsavaisàquelpointj'aienviedetoi,là,maintenant,luisouffla-t-ilàl'oreille.
Ellesouritavantderépondre:
—Jeneporteriensousmarobe.
Ils'immobilisaaussitôtetlaserradeplusbelle,cessantdeprétendrequ'ils'agissaitd'une
innocentedanse.
—Mia!Çanevapasdemedireuntrucpareilenpleinmilieudurestaurant?
Elleréprimaunnouveausourireetluilançaunregardingénu.
—Jepensaisquetuseraiscontentdelesavoir,c'esttout.
—Onyva,gronda-t-il.
Avantqu'elleaiteuletempsdeprotester,ill'entraînaverslasortie,toutenappelantson
chauffeurpourluidemanderdevenirleschercher.Heureusementqu'ellen'avaitpasprisdesac,ou
celui-ciseraitrestésurleurtable.
Unefoisdehors,ilattiraMiacontrelui,commepourlaprotégerduflotdepassants.
—Gabe!L'addition!s'écria-t-elle,mortifiéeparcettefuitepeuélégante.
—Net'enfaispas,larassura-t-il.J'aiuncomptechezeux,jesuisunhabitué.Ilssaventmême
quelpourboireajouteràmafacture.
Lavoitures'arrêtadevanteux,etGabeluiouvritlaportière.Sitôtqu'ilseurentdémarré,il
appuyasurunboutonpourqu'unécranviennelesisolerduchauffeur.
Unfrissond'anticipationcourutdanslesveinesdeMia.
Gabedéfitsonpantalonàlahâteet,unesecondeplustard,ensortitsonmembredéjàdressé.Il
secaressapourfaireencoregrossirsonérection,etMialeregardafaire,fascinéeparsabeautétoute
masculine.
—Relèvetarobeetvienst'installersurmoi,ordonna-t-ilenluiprenantlamain.
Pendantqu'elles'exécutait,Gabesedéplaçaverslemilieudelabanquettepourluifairedela
place.
Unefoisqu'ellefutàcalifourchonsurlui,ilfitremonterunemainàl'intérieurdesacuisse
jusqu'àsonsexedéjàexcité.
—Quellebonnesurprise...,ronronna-t-ilavecunsourireravi.Mia,situsavais!Jerêvedete
prendreaveccetterobeetcestalonsdepuisquetuessortiedemasalledebains,toutàl'heure.
Ilglissaundoigtenelle,profondément,puisleretirapourl'amenerdevantsonvisage.
Lentement,ilenléchauncôté,etMiafaillitjouirrienquedelevoirfaire.Cethommeétaitvraiment
d'unesensualitéredoutable!
—Suce,dit-ild'unevoixrauqueenapprochantledoigtdeseslèvres.Goûte-toi.
Terriblementgênéemaisencorepluscurieuse,elleouvritlaboucheetlelaissaentrer.Ellefit
jouersalangueetvitsespupillessedilater.Aumêmemoment,sonmembretressaillitcontreson
sexe,impatient.
D'unemain,ilattrapasonérectionet,del'autre,illuisaisitlataillepourlaguiderverslui.Illa
pénétraentièrement,d'unlentmouvementfluide.
Lajeunefemmetrouvaitceladélicieusementdégradantdesefaireprendrecommeça,àl'arrière
delavoiture,tandisqueleslumièresetlesbruitsdeManhattandéfilaientaudehors.
Alorsilluitintleshanchesàdeuxmainsetcommençaàdonnerdeviolentscoupsdereins,de
plusenplusvite,deplusenplusprofonds.C'étaitunecoursecontrelamontredontlebutétaitdeles
menertousdeuxàl'extaseavantd'arriverdevantchezlui.
Miafutlapremièreàjouir,etdesspasmesfulgurantslasecouèrentaveclaforced'unetornade.
Elles'efforçadereprendresonsouffle,maisGabepoursuivaitsesassautsàunecadenceeffrénée,si
bienqu'elledutseteniràsesépaules.
Aumomentoùlavoiturecommençaitàralentir,ilatteignitl'orgasmeàsontouretl'attiratout
contrelui,afindejaillirauplusprofond.Lorsquelechauffeurs'arrêta,ilappuyasurl'interphone.
—Accordez-nousunepetiteminute,Thomas,dit-ild'unevoixcalme.
Puisilsetuttandisqu'ellesentaitenellelesdernierssoubresautsdesonmembreencoretendu.
Avecdesgestesd'uneinfiniedouceur,illuipritlevisageàdeuxmainsetl'embrassalonguement,
offrantunecontradictiontouchanteaveclaviolencedesesassauts.Onauraitditqu'ilexprimaitpar
cesmarquesdetendressecequ'iln'oseraitjamaisluiavouerparlesmots.
IlserraMiacontreluietluicaressalescheveuxensilencependantquesonérectionsecalmait
doucement.
Enfin,illasoulevaetladéposaàcôtédeluiavantdetirerdesapocheunmouchoir,aveclequel
illesessuya,Miaetlui.Puisilrajustasonpantalontandisqu'ellerabaissaitsarobe.
—Tuesprête?
Elleacquiesça,tropsecouéepourparler.Riendecequ'elleauraitpudiren'auraiteulemoindre
senstantelleétaitbouleversée.
Gabesortitet,uninstantplustard,vintluiouvrirlaportière.
—Tudorsici,cettenuit,annonça-t-ilengagnantl'entréedel'immeuble.
Cen'étaitpasqu'unesuggestionpolie,pourtantlajeunefemmenedéceladanssavoixaucune
tracedesonarrogancehabituelle.Ilsebornaitàénoncerunfait,commesic'étaitlaseulesolution
envisageable,toutsimplement.Pourtant,danslebrefregardqu'illuilançaalors,ellecrutapercevoir
unequestion,uneincertitudesifugacequ'ellel'avaitpeut-êtrerêvée.
—Biensûrquejedorsici,lerassura-t-elledansunmurmure.
Unefoisqu'ilsfurentàsonétage,ilseplaçasurleseuildel'ascenseurpourempêcherlesportes
deserefermeretattiraMiacontrelui.
—Attends-moiaulit,jenedevraispasrentrertard,commanda-t-ild'unevoixrauque.
—Promis,jet'attends,souffla-t-elleavantdesehissersurlapointedespiedspourunléger
baiser.
Avecundemi-souriresatisfait,illaregardas'éloigneretreculadanslacabinedel'ascenseur,
laissantlesportesserefermer.
Chapitre22
Gabe,JaceetAshavaientchoisideseretrouverauRick'sCabaret,unclubducentrede
Manhattanqu'ilsfréquentaientsouvent.EnentrantdanslecarréV.I.Pquileurétaitréservé,Gabene
futguèresurprisdetrouversesamisoccupésàflirteravecdeuxserveuses.Cesdernièresjetèrentun
coupd'œilintéresséaunouveauvenu,maisilpassacommandesuruntonbrusqueavantdeles
congédierd'ungeste.
—Salejournée?S’enquitAshtandisqu'ils'installaitàcôtéd'eux.
Gabefaillitéclaterderirefaceàcedrôled'euphémismemaisseconfiasanshésiter.AshetJace
étaientlesseulespersonnesàquiilracontaittout–oupresque.
—Papaestpasséaubureaucemidi,expliqua-t-ilavecunegrimace.Ilvoulaitqu'ondéjeune
ensemble.
—Aïe,fitJace.Çan'apasdûêtresuperagréable.Commentvatamère,d'ailleurs?
—Jel'aiemmenéeaurestaurantceweek-end.Ilapratiquementfalluquejelatraîne.Çafaitdes
moisqu'elleresteterréedanscetteimmensebaraque.Jepensaisluisuggérerdelavendrepour
s'acheterunappartementàManhattan,maisc'étaitavantquej'apprennelesdernièresnouvelles.
—Quellesdernièresnouvelles?demandaAsh.
—Papas'estsoudainrenducomptequ'ilavaitfaitunegrossebêtise.Ilvoudraitquemamanlui
accordeunesecondechance.C'estpourçaqu'ilestvenumevoir.
—Ohputain!commentaAsh.
—C'estquoi,ceshistoires?renchéritJace.Ils'esttapélamoitiédescroqueusesdediamants
deNewYork!Qu'est-cequiluiprend,toutàcoup?
—Figure-toiqu'ilm'aassuréqu'iln'avaitpastouchécesfemmes,quinereprésentaientrienpour
lui.
—Genre!S’esclaffaAsh.C'estlapireexcusedel'histoiredescocufiés.
—Tum'étonnes.
—Bref,tuasvraimenteuunesalejournée,marmonnaJace.EntretonpèreetLisa.
—Ouais.Çafaitdesmoisquemamèremetéléphonepourselamenterchaquefoisquemon
pères'afficheavecunenouvellegreluche,etmaintenantellevam'appelerpourqu'ondiscutedeson
soudainrepentirenlong,enlargeetentravers.
—Tuveuxqu'ilsseremettentensemble,toi?demandaAsh.
—Jen'aijamaisvouluqu'ilsseséparent,réponditGabed'unevoixgrave.Jenesaispascequi
luiapris,àmonpère.Ilaessayédem'expliquer,maiscen'étaitpasvraimentconvaincant.Àmon
avis,ilnesaitpastrèsbienlui-mêmecequiluiestpasséparlatête.Bref,jevoudraisbienqu'ilsse
remettentensemble,maispasàn'importequelprix.Sic'estpourquemonpèrenousrefassecegenre
deblaguedanssixmois,j'aimeraisautantqu'ilscoupentlespontsunebonnefoispourtoutes.Jene
tienspasàcequemamèresubissecetenferunedeuxièmefois.
—Ça,jetecomprends,commentaJace.
—D'ailleurs,puisqu'onparlederéconciliation...,repartitAshsuruntondétaché.Qu'est-ce
qu'elletevoulait,Lisa?
Gabegrinçadesdentsàcesmots.Iln'avaitaucuneenviedeparlerdesonexmaiscomprenait
trèsbienlacuriositédesesamis.Ilsl'avaientépauléquandLisal'avaitquittépuiscalomniédansla
presse.Ilétaitbiennormalqu'ilss'inquiètentdelavoirrôderdanslesparages.
—Est-cequetul'asfoutueàlaporteàgrandscoupsdepiedaucul,aumoins?S’enquitJace
avecvéhémence.
Gaberitdoucement.Ilpouvaittoujourscomptersursesamispourdireleschosescrûment,etlui
remonterlemoralparlamêmeoccasion.
—Disonsquejeluiaibienfaitcomprendrequejen'avaisnullementl'intentionderefairemes
erreurspassées.
—Elleenaaprèstonfric,repritJace.J'aipasséquelquescoupsdefil,apparemment,ellea
déjàdépensél'essentieldelasommequetuluiasverséaumomentdudivorce,etsapension
alimentaireluisuffitàpeineàsemaintenirlatêtehorsdel'eau.
—Tuveuxdirequetuasmenétapetiteenquêtesurelle?demandaGabeenhaussantles
sourcils.
—Commesij'allaismegêner!rétorquaJace.Ilesthorsdequestionquejelalaisseterouler
commeladernièrefois.Elleagardélemêmetraindeviequequandvousétiezmariés.Crois-moi,
elleneserefuserien,cettechienne.
—Net'inquiètepas,ditGabeensouriant.Jen'aipasl'intentionderetomberdanslepiège.
—Bon!Çamerassure!s'écriaAshavecunsoulagementévident.
Gabedévisageasesamis,unpeuétonné,puiscompritqu'ilss'étaientréellementfaitdusouci
pourlui.
—J'airetenulaleçon,voussavez,affirma-t-il.Lisaestunesalopeavideetmanipulatrice.Jene
meferaiplusavoir.
JaceetAshacquiescèrentensilence.Lesdeuxserveusesrevinrentavecleurcommandeet
s'attardèrentletempsdebavarderunpeu.Cependant,elleslaissèrentGabetranquille,commesielles
avaientsentiqu'iln'étaitpasintéressé,pasquandMial'attendaitdanssonlit.
Unefoisquelesjeunesfemmesfurentparties,Jacesetournaverslui,sonverreàlamain.
—Alors,commentçasepasse,avecMia?
Aussitôt,Gabefutsursesgardes.Ilsavaientdéjàeuunediscussionmuscléeàcepropos,etilne
voulaitpasqueceladevienneunsujetdediscorde.
—Écoute,jesuisdésolédet'avoirprislatêteavecça,toutàl'heure,repritJacesansluilaisser
letempsderépondre.J'aiétésurpris,c'esttout.Àmoinonplus,çanemeplaisaitpasqueMia
travailledanscettepâtisserie,maisjemedisaisqu'elleavaitbesoind'unpeudetempspourréfléchir.
Elles'estdonnéeàfonddanssesétudes,alorsellepeutbiens'accorderunmomentderépit.Tantque
jesuislà,ellen'aàs'inquiéterderien,detoutefaçon.Jeneveuxsurtoutpasluimettrelapression.
UnevaguedeculpabilitésaisitGabeàlagorge.Ilnes'étaitpasprivédemettrelapressionà
Mia,lui,aucontraire.Ilneleregrettaitpasuneseuleseconde,évidemment.
—Elles'ensortimpeccablement,Jace,annonça-t-ilsuruntondétaché.Elletravailleduretelle
alatêtesurlesépaules,ellecommencedéjààtrouversaplace.Jel'aiemmenéeàuncocktaille
premierjour,etellearéussiàcharmerlesinvestisseurs.Toutlemondeaubureausemblel'apprécier
et,mêmesibeaucoupsedisentsansdoutequ'elleaeuceposteparcequec'esttasœur,jesuissûr
qu'ilsvontvitecomprendrequ'ellemériteamplementleurconfiance.
—CommentnepasaimernotrepetiteMia?renchéritAsh.Elleestadorable.
—Sijamaisquelqu'unditdumald'elle,jeveuxêtremisaucourant,intervintJaced'unevoix
ferme.
—Net'inquiètepaspourça,lerassuraGabe.Etpuis,sionréfléchituneminute,çavaut
certainementmieuxqu'ellenetravaillepasdirectementpourtoi.Elleauraplusfacilementl'occasion
deprouverqu'elleesttoutàfaitàsaplace.Jenevaispasluimenerlaviedure,biensûr,maisjene
luiferaipasdecadeaunonplus.Toi,enrevanche,tulachouchouteraisàmort.
—Ça,cen'estpasfaux!lançaAshdansungrandéclatderire.Tuluiordonneraisderentrerà
lamaisonsielleavaitlemalheurdesecasserunongle.
—OK,jel'avoue,vousavezraison,convintJaceavecunsourireavantderetrouverson
sérieux.Jeveuxsimplementcequ'ilyademieuxpourelle,c'estmaseulefamille.
—Jecomprends,ditGabeenhochantlatête,aussitôtimitéparAsh.J'auraislamêmeréaction,à
taplace,maisdétends-toiunpeu.Laisse-lavolerdesespropresailes.Àmonavis,tuserassurpris
devoirdequoielleestcapablequandtun'espaslàpourlacouver.
Puis,décidantqu'ilétaittempsdechangerdesujet,ilrepritavecunsourirenarquois:
—Alors,etvotrejoliebrune?C'estdéjàfini?
AshpoussaungrognementtandisqueJacesecontentaitd'unegrimace.
—Houla!Àcepoint?demandaGabe.
—Cettefilleestcomplètementcinglée,expliquaAsh.Onaétémalinspirésenl'invitantàse
joindreànous.Pourtant,ellesavaitbienquec'étaittemporaire.
Jaces'abstintd'ajouterlemoindrecommentaire,aussiAshpoursuivit-il.
—Disonsqu'ellen'avaitpasbiencomprislemessage,ouqu'ellen'étaitpasd'accord.Ellenous
aharcelésautéléphonependantplusieursjours.
—Quoi?Vousluiavezdonnévotrenumérodeportable?Vousêtesfous?s'écriaGabe,
interloqué.
—Maisnon!rétorquaJace,sortantenfindesonmutisme.Elleaappelélebureau,cettefolle.Il
afalluqu'onlamenacedeporterplaintepourqu'ellesecalme.
Gabeéclataderire.
—Décidément,voussavezleschoisir!
—Ouais...folleàlier,marmonnaAsh.Pourtant,onaétéonnepeutplusclairs.
—Vousserezplusprudentslaprochainefois,conclutGabeenhaussantlesépaules.
—Peut-êtrequ'ondevraitleurfairesigneruncontrat,commetoi,ditJace.Poserleslimites
avantdes'engagerdansunehistoireinsensée.
Ashpouffadanssonverre,etGabeleurlançaàtousdeuxunregardmauvais.
Aprèsunmomentpasséàéchangerdesplaisanteries-etàdraguerlesserveusesdanslecas
d'AshetdeJace-,Gabeconsultasamontre,23heurespassées,déjà,alorsqu'ilavaitpromisàMia
denepass'attarder.Illuiavaitdemandédel'attendre,etvoilàqu'ilseretrouvaitcoincéavecJaceet
Ash.
Ilsedonnaencoreunpetitquartd'heureavantdeleurfaussercompagnie.
Iln'eutmêmepasbesoind'inventeruneexcuse.Unedanseusevintfairesonnumérojustedevant
sesamiscaptivés.Gabeneluiaccordaqu'uneattentiondistraite,incapabledes'enthousiasmeralors
qu'unetendrebeautécommeMiasetrouvaitdanssonlit.
Iltiraitdecettecertitudeunesatisfactionincroyable.
Elleétaitchezlui,soussacouette,àattendresonretour.
N'ytenantplus,ilselevaetpritcongédesesamis,quiluilancèrentunrapide«Àdemain»
avantdeseretournerverslespectacle.
Leclubn'étaitpastrèsloindechezlui,et,enentrantdanssonimmeuble,ilcourutpresque
jusqu'àl'ascenseur,lesnerfsenémoi.
Enarrivantàsonétage,ilconstataqueMiaavaitlaissélalampeduvestibuleallumée.Cette
petiteattentionluiréchauffalecœur,etilsourit.Iln'avaitpourtantpasbesoindelumièreartificielle
quandMiaétaitlà.Elleilluminaitsonmonde,commeunpetitsoleil.
Ilcommençaàsedéshabillerentraversantsonappartementets'arrêtasurleseuildesa
chambre.IlsouritdeplusbelleenapercevantMia,pelotonnéesursonoreilleràlui,lacouette
remontéejusquesouslementon,profondémentendormie.
—Ducalme,murmura-t-ildoucementàl'intentiondesonmembredéjàdurci.Pascesoir.
IlréprimaleviolentdésirderéveillerMiaenseglissantentresescuisseset,aprèss'être
déshabilléensilence,illarejoignitsouslacouette.
Lajeunefemmedutsentirsaprésencecar,sansouvrirlesyeux,ellesetournaversluietposaun
brassursontorseenungestepossessif.
Gabesouritetl'attirasolidementcontrelui.Certes,ilavaitenvied'elle,maiscettenouvelle
formed'intimiténeluidéplaisaitpas.Loindelà.
Chapitre23
Lelendemainmatin,Miafutréveilléeparungrandcorpssolideallongésurelle,luiécartantles
cuisses.ElleouvritlesyeuxetcroisaleregarddeGabeaumomentmêmeoùillapénétraitd'un
vigoureuxcoupdereins.
—Bonjour,dit-ilavantdel'embrasser.
Ellenecherchamêmepasàformuleruneréponsecohérente,consuméeparundésirbrûlantque
chacundesmouvementsdeGabeattisait.
Illatenaitfermementparleshanches,l'empêchantdebouger.
Iladoptaunecadencerapide,impatiente,toutenluimordillantlelobedel'oreille.Elleeneutla
chairdepouleetpoussaungémissement,déjàtouteprochedel'orgasme.
—Regarde-moi,mabelle,etdépêche-toidejouir.
Cetordre,formuléd'unevoixrauque,l'excitaplusquetout.EllerivasesyeuxsurceuxdeGabe,
lesmusclestendusàl'extrême.
—Dismonnom,luimurmura-t-ilàl'oreille.
—Gabe!s'écria-t-elle,secouéedespasmes.
Alorsilenfouitlevisagedanssoncouetjouitàsontour.
Ilrestalongtempsainsi,allongésurelle,àlaréchaufferdesoncorps.Puis,unefoisqu'ileut
reprissonsouffle,ilsesoulevasurlescoudesetluidéposaunbaisersurlenez,leregardrieur.
—Envoilàunefaçonagréabledecommencerlajournée,dit-ilavantdeseretirer.Filesousla
douche,mabelle,ilesttempsd'allertravailler.
Etbonjouràtoiaussi.
Aprèslafoliedelaveille,Miaavaitpresquepeurdedécouvrircequecettenouvellejournée
allaitleurréserver.Malgréleurréveiltorride,Gabesortitunplugdesontiroiràpeinearrivé.
Ellesedemandaitencombiendetaillescelaexistait.Cen'étaitqueledeuxième,maisillui
paraissaitdéjàénorme.Elleavaitl'impressiondesedandinercommeuneoie,etpassal'essentielde
sontempsdanslebureaudeGabepouréviterleregarddesautres.Pourtant,resterassisedansson
fauteuilconstituaitunevéritabletorture,etellen'arrêtaitpasdegigoter.
Gaben'eutpasuneminuteàlui,entretroisvidéoconférences,deuxréunionsetunemyriade
d'appelsentoutgenre.Ilétaitbientropoccupépourjoueràdesjeuxillicitessursonbureauet
apaiserunpeuledésirquiladévorait.
Elleenfutdoncréduiteàboudercommeunegamine,mêmesielleserendaitbiencomptedu
ridiculedelachose.
C'estdoncavecunimmensesoulagementqu'ellevitlafindelajournéeapprocher.Ellemourait
d'envied'êtredébarrasséedecesatanéplugetdepouvoirsortirdecebureau.Aumoinsavait-elle
uneagréablesoiréeavecJaceetAshenperspective.
Gabeinsistapourqu'ilspartagentlamêmevoitureetdemandaàsonchauffeurdedéposerMia
chezelleavantdeleraccompagneràsonappartement.Ilsn'échangèrentquequelquesmotssurle
trajet,maisGabeluipritlamainetnelalâchaplus,commes'ilavaitbesoindececontact.Ils
n'avaientpasséquetrèspeudetempsensemble,etcelas'étaitlimitéauxmomentsoùGabeavait
insérépuisretiréleplug.
Illuicaressaitlapaumedupouced'ungestepresquemécanique,leregardrivéau-dehors,si
bienqueMiasedemandas'ilétaitconscientdesaprésence.Pourtant,lorsqu'elleessayadebougerla
main,ilrefermalesdoigtssurlessienspourl'empêcherdes'éloigner.
Luiavait-ellemanquéautantqu'illuiavaitmanqué,àelle?Cettequestion,sansdoutestupide,
luitrottaitdanslatêteavecinsistance.
Enapprochantdechezelle,Miaserenditcomptequ'ilsn'avaientpasdutoutparlédelafinde
cettesoirée.Gabeallait-illuidemanderdevenirpasserlanuitaveclui?Oudevrait-ellerentrerchez
elleetleretrouveraubureaulelendemain?
Lorsquelavoitures'arrêtadevantsonimmeuble,elleouvritlaportière,maisGabelaretintun
instant.
—Passeunebonnesoirée,Mia,dit-ild'unevoixdouce.
—Merci,répliqua-t-elleavecunsourire.
—Onsevoitaubureaudemainmatin.Tonchauffeurpasseratechercherà8heures.
Voilàquirépondaitàsaquestion,ellevenaitdesefaireproprementcongédier.Pourtant,en
descendant,elleremarquaqueGaben'avaitpasl'airheureuxqu'ellepasselanuitloindelui.
—Àdemain,murmura-t-elle.
Ellerefermalaportièreetregardalavoitures'éloigner.Elleauraitdonnécherpoursavoirce
quepensaitGabeàcetinstant.Avecunsoupir,ellegagnasonimmeuble,elledisposaitd'uneheure
seulementpoursechangeravantl'arrivéedeJace.
Lorsqu'elleentradansl'appartementets'avançadanslesalon,Carolinepassalatêteparlaporte
desachambreenouvrantdegrandsyeux.
—Çaalors!Quellesurprise!Jecommençaisàcroirequetuavaisofficiellementemménagé
chezGabe!
—Salut,Caro.Moiaussi,çamefaitplaisirdetevoir,rétorquaMiaensouriant.
—Tum'asmanqué,copine!s'écriasonamieenvenantlaserrerdanssesbras.Pasqu'àmoi,
d'ailleurs,lesfillesm'ontdemandédetesnouvelles.Çateditqu'onsefasselivreruntrucetqu'onse
regardeunfilm?
—Désolée,j'aidéjàprévuquelquechosepourcesoir,réponditMiaavecunegrimace.Mon
frèrepassemechercherdansuneheure.C'estpourçaquejenesuispaschezGabe,JaceetAsh
m'emmènentdîner.Çafaitlongtempsqu'onnes'estpasvus,etjesuissûrequ'ilsvontmeposerdes
milliersdequestionsausujetdemontravailpourGabe.
—Pfff,fitCarolineavecunemoue.C'estnul,denetecroiserqu'encoupdevent,commeça.Je
m'inquiète,tusais.J'aipeurquetunetesoislaisséentraînerdansunehistoirequitedépasse.J'ai
l'impressionqueGabet'obligeàluiconsacrertouttontemps.
Uncurieuxmalaises'emparadeMiaàcesmots.Eneffet,ellen'avaitpasvuCarolineoules
fillesdepuisledébutdesarelationavecGabe.Celanefaisaitquequelquesjours,maisleurpetite
bandeseretrouvaitrégulièrement,d'habitude.
—Tusaisquoi?Demain,onsortenclub,décrétaCarolinesuruntonsansappel.Jepréviensles
autres,onvabiens'amuser.
—Jenesaispas...,commençaMia,hésitante.
Ellen'avaitaucuneidéedesprojetsdeGabepourlelendemain.
—Ahnon!s'écriaCarolineenlacouvantd'unœilperçant.Nemedispasquetuenvisagesde
luidemanderlapermissiondesortiravectescopines!Tun'espassachose,Mia!
Lajeunefemmeréprimaunfrissoncoupable.D'unecertainefaçon,elleétaitbeletbienlachose
deGabe,maisellenetenaitpasàfairepartdecepetitdétailàCarolineouauxautres.Ellesne
comprendraientpas.
Parailleurs,ellenesouhaitaitpassecouperdesesamies.Ellelesaimaittrop,etauraitbesoin
deleursoutienetdeleurréconfortlorsqueGabeselasseraitd'elle.Sielleleurtournaitledos,elle
n'auraitpluspersonnesurquicompterquandelleseverraitremplacéeparuneautre.
Ellen'avaitqu'àdireàGabequ'elleavaitdesprojetspourlasoiréedevendredi,enespérant
qu'ilsemontreraitraisonnable.
—OK.C'estd'accordpourdemain,annonça-t-elle.
—Génial!lançaCarolineenentamantunepetitedanse.Onvas'éclater,Mia!Sérieusement,tu
nousasmanqué,mapuce!Cen'estpaspareil,sanstoi.
Unnouvelélandeculpabilitél'envahit.C'étaitellequiavaitproposéàCarod'emménagerlà
parceque,outrelefaitquesonamiecherchaitjustementunlogementàl'époque,Miaappréciait
d'avoirunpeudecompagnie.Etvoilàqu'elledélaissaitcomplètementsonappartementetsa
meilleureamie.
—Jevaisappelerlesfillespourleurdirederéserverleursoirée.Tureviensici,aprèsdîner?
—Oui,confirmaMia.
—Cool!Tusaisquoi?Neprendspasdedessert.Jevaisfairedufudgeauchocolatetlouerun
film.Onpourraglandersurlecanapéquandturentreras.
—Parfait!s'exclamaMiaavecungrandsourire.
—Allez,vatepréparer,lançaCarolineenlachassantd'ungeste.
Unefoisdanssachambre,Miasortitsonjeanpréféré:taillebasse,avecdestroussurles
cuissesetdessequinssurlespochesarrière.Celafaisaittroisansqu'ellel'avait,etelles'étaitdonné
beaucoupdemalpourqu'ilcontinueàluialleràlaperfection.Elleneconnaissaitpasdemeilleure
motivationpourgarderlalignequedepouvoircontinueràportersonvieuxjeanchéri.
Ellechoisitundébardeuretunpetitpullamplequiluidénudaituneépaule,puisserenditdans
lasalledebainspoursecoifferetretouchersonmaquillage.
ElleétaitcontentedepasserunpeudetempsavecJaceetAsh.Ellesesentaitbienenleur
compagnie.C'étaitunpeucommed'avoirdeuxgrandsfrèresaulieud'un,mêmesiAshs'amusaità
flirteravecelle.Ellesavaitbienquec'étaituniquementparjeu,ilfaisaitpratiquementpartiedela
famille.AvecGabe,enrevanche,c'étaituneautrehistoire.
Pluselleyréfléchissait,pluselleseréjouissaitdesortiravecCaroetlesfilleslelendemain.
Depuispresqueunesemaine,ellepassaitleplusclairdesontempsavecGabe.Cethomme
représentaitpourelleunevéritableobsession,enplusd'avoiracquislamainmisesursoncorpsetsur
sonemploidutempsgrâceàcefameuxcontrat.
Silesfillesapprenaientçaunjour,elleslaferaientenfermer.
Miaappliquaunenouvellecouchedemascarapuischoisitunrougeàlèvresrosevif,assortiau
vernisqu'elleportaitauxorteils.Puisellerelevasescheveuxàlahâteetlesretintàl'aided'une
grossepince.
Lorsqu'ellerevintdanslesalon,ilyflottaitunedélicieuseodeurdechocolatfondu.
—Oh,Caro,çasenttropbon!s'exclama-t-elle.Carolinelevalesyeuxdesacasseroleavecun
sourireravi.
—J'aimêmeprévud'yajouterdesnoixdepécan,rienqueparcequec'esttoi.
—Tueslameilleure!ditMiaens'installantsuruntabouretfaceàsonamie.Etsinon,comment
çava,toi?
Carolines'immobilisauninstantpuisréglalatempératuredelaplaqueavantdereposersa
cuillèreenbois.
—Côtéboulot,cen'estpaslafête,admit-elleavecunegrimace.Monpatronesttoujoursaussi
pénible.Ilpasseplusdetempsàmedraguerqu'àtravailler.Dèsquej'aiassezd'argentdecôté,je
démissionne.(Ellemarquaunepause.)Maissinon,j'airencontréunmec...,ajouta-t-elleencroisant
leregarddeMia.
—Oh!Raconte!s'écriacelle-ciens'accoudantauplandetravail.C'estjustecommeça,outu
pensesqueçapourraitdevenirsérieux?
—Franchement,jen'enaiaucuneidée.Pourlemoment,ondiscute,onéchangedestextos...J'ai
l'impressiond'êtreuneadodébile,enplusd'êtreparano.AprèsTed,tucomprends.
Miapoussaunsoupircompatissant.LadernièrerelationdeCarolines'étaitsoldéeparun
désastre.ElleétaittombéefolleamoureusedeTeddèslepremierregardoupresque.Ilsavaient
passésixmoisàsevoiràdeshorairesunpeuétranges,jusqu'àcequeCarolinecomprennequ'ilavait
unefemmeetdeuxenfants.Cettedécouvertel'avaitprofondémentchoquéeetébranlée.
—Tuaspeurqu'ilnesoitmarié?demandaMia.
—Jen'ensaisrien,réponditCarolineavecunemouetriste.J'ail'impressionqu'ilyaquelque
chosequicloche,maispeut-êtrequejeflippepourrien.D'uncôté,j'aienviedefuircettehistoire
avantqu'elledeviennetropsérieuse,mais,del'autre,jemedisqueceseraitunegrossebêtisedele
laisserfiler.
Miasemorditlalèvreavantd'intervenir.
—Tusaisquoi?Jaceserenseignetoujourssurlestypesaveclesquelsjesors.Situveux,je
peuxluidemanderd'enapprendreunpeuplussurtonnouveaucopain.Commeça,tunerisquespas
d'avoirdemauvaisessurprises.
—Tuessérieuse,là?demandaCarolineenouvrantdegrandsyeux.
—Malheureusement,oui!réponditMiaenriant.Ilsuffitqu'untypes'intéresseunpeuàmoipour
queJacelanceuneenquête!
—Ehben,ilnerigolepas.Çamemetunpeumalàl'aise,quandmême,marmonnaCarolined'un
airindécis.Et,enmêmetemps,siBrandonestmariéouqu'iladéjàquelqu'un,jeneveuxsurtoutpas
m'enmêler,tucomprends?
—Dis-m‘enunpeuplussurlui,etjevaisenparleràJacedèscesoir.Ils'agitjustedese
renseignerunpeu,pasd'allerfouillerdanssavieprivée-mêmesi,àmonavis,monfrèreenserait
biencapable.
—Ils'appelleBrandonSullivanetilestvideurauVibe.Tusais,lecluboùjenousaifaitentrer
gratuitementladernièrefois.Jepensaisyretournerdemain,justement.
—OK,c'estnoté,acquiesçaMiaavantdeprendrelamaindesonamied'ungesteaffectueux.Ne
t'inquiètepas,mapuce,çavaaller.
—J'espère,soupiraCaroline.Jeneveuxplusjamaismefaireavoir.J'aiététropconne,la
dernièrefois.
—Nedispasça,Caro.Tuestombéeamoureuse,sanssavoiràquituavaisaffaire.C'estlui,le
salaud,dansl'histoire.
—Oui,maisjedétestesavoirquej'aiétélamaîtresse,avouaCarolineavecunegrimacepeinée.
L'épousedeTedluiavaitfaitunescènejustedevantleurimmeuble.Carolinen'avaitrienvu
veniretavaitdûencaisseràlafoiscetteterriblerévélationetlafureurjaloused'unefemmetrompée.
LetéléphonedeMiajoualachansonqu'elleavaitréservéeàJace.
—Coucou!dit-elleendécrochant.
—Onestenbasdecheztoi.Tuesprêteoutuveuxqu'onmonte?
—Non,c'estbon,j'arrive.
—OK.Àtoutdesuite.Elleraccrochaetdescenditdesontabouret.
—Jefile,Caro.Passeunebonnesoirée.Ilmetardederevenirgoûteràcefudge!
Carolinelasaluad'ungestetandisqu'ellegagnaitlaporte.
Quelquesminutesplustard,ellesortitdel'immeubleetaperçutlavoituredeJacegaréejuste
devant,uneBMWnoirequisemblaitflambantneuve.
Ashdescenditetluiouvritlaportièreavecungrandsourire.
—Salut,beauté!lança-t-ilenl'embrassantsurlajoue.
—Salut,chipie,ajoutaJacelorsqu'ellefutinstalléeàl'intérieur.
L'habitaclesentaitbonlecuiretlavirilité.
Ashretournas'asseoiràl'avant,etJacedémarra.
—Alors,Gabenet'apasfaittropdemisèresaprèslavisitedeLisa?S’enquitAsh.J'espère
quejenet'aipasattiréd'ennuis,avecmesgrossabots.
Lajeunefemmes'efforçadecachersontroubleetdeparlerd'unevoixposée.
—Non,çava.Iln'apasditgrand-chose,enfait.
—Pourvuqu'ilnelalaissepasrevenir,intervintJaceensecouantlatête.Cettefemmeestun
vraipoison.Jesuispersuadéque,siellesemanifesteaprèstoutcetemps,c'estuniquementparce
qu'elleestfauchée.
—Ahbon?fitMia.Jecroyaispourtantqu'elleavaitempochéunjolimagotaprèsledivorce.
Ellen'avaitpasuneidéetrèsprécisedumontant,mais,d'aprèslesbribesdeconversations
qu'elleavaitglanéesicietlà,ellesavaitqueLisaavaitrécoltéunecoquettesomme.
PasdequoimettreGabeendifficulté,maislargementdequoidurertouteunevie,dumoins,
pourunepersonnenormale.
—J'ensuisquasimentsûr,repritJace.J'aipasséquelquescoupsdefilaprèssapetitevisite-
surprise.
Voilàquiétaitintéressant...Pourtant,Mian'auraitpasdûs'étonnerquesonfrèresoitsipromptà
réagir.Gabe,Ashetluiétaientréellementtrèsprochesetsesoutenaientencasdecoupdur.
JaceetAshs'étaientralliésàlacausedeGabependantsondivorce.L'idéequecedernier
puisseavoirbesoind'aideparaissaitpresqueincongrueàMia,maisellesavaitqu'ilexistaitunlien
indéfectibleentrelestroishommes.Ilneluirestaitplusqu'àespérerquemêmelanouvelledeleur
relationneréussiraitpasàlebriser.
Soudain,ellerepensaàCaroline.
—Tiens,d'ailleurs,commença-t-elleens'accoudantauxdeuxsiègesavant,est-cequetu
pourraisterenseignerausujetd'uncertainBrandonSullivan?IlestvideurauVibe.Ilmefaudrait
justedesinfosdebase,est-cequ'ilestmariéouencouple,est-cequ'ilauncasierjudiciaire,etc.
Jaces'arrêtaàunfeurouge,AshetluiseretournèrentversMiadansunmêmemouvement,l'air
soucieux.
—C'esttonnouveaucopain?S’enquitJace.
—Unvideur?Tupeuxviserunpeuplushaut,mapuce,renchéritAsh.
—Non,cen'estpaspourmoi,c'estpourCaroline.Elleestparanodepuissadernièrehistoire.
—Oui,jemerappelle,ditJaceenfronçantlessourcils.Ellesortaitavecunhommemarié,non?
Jecroisquetum'enavaisparlé.
—Oui,c'estça,confirmaMia.Ellen'auraitjamaisfaituntrucpareilenconnaissancedecause,
cen'estpassongenre,maiscetypeluiavaitmentisurtoutelaligne.Jeneveuxpasqueçase
reproduise.Elleenatropbavé,lapauvre.
—Dis-luidenepass'enfaire,annonçaJace.Jem'enoccupedèsdemainmatin.
—Merci,tuesgénial!
Sonfrèreluiadressaungrandsouriredanslerétroviseur.
—Tumemanques,chipie.Onnesevoitpasassez,cesdernierstemps.
—C'estvrai.Toiaussi,tumemanques.
CelaavaitcommencéavantsonhistoireavecGabe.
Jaceétaitplusquejamaisaccaparéparsontravail,etc'étaitd'ailleurslaraisonpourlaquelle
Miaavaitdécidédeserendreaugalad'inauguration.Sielleavaitsuquecettedécisionallaitchanger
savieàcepoint!
Ilssegarèrentàdeuxruesdupub,etAshouvritlaportièredeMiaavantdel'aideràsortir.Puis
letrioempruntaletrottoirbondé,Miaentrelesdeuxhommes,tandisquelecrépusculedescendaitsur
laville.
Ilétaitencoreunpeutôtpourdîner,etilsn'eurentaucunmalàtrouverdelaplacedansle
restaurant.Ashlesentraînaversunetablesituéeencoin,avecvuesurlarue.Aussitôtqu'ilsfurent
installés,uneserveuses'approchapourleurproposerlacarte,toutencouvantJaceetAshd'unregard
gourmand,commes'ilsfiguraientsurlemenu.
EllesemblaitplusjeunequeMia,sansdouteuneétudiantequisefaisaitunpeud'argentde
poche.Celasignifiaitquesadifférenced'âgeavecAshetJaceétaitencoreplusgrandequecellede
GabeavecMia.Pastellementplus,certes,maiscettedernièrefutunpeugênéedevoirunefillequi
ressemblaitàuneadolescentedraguerouvertementsonfrèreetsonmeilleurami.
Unefoisquelaserveuseeutfinisonnumérodecharme,ilsparvinrentàpassercommande.Mia
n'avaitaucuneenviedesepriver.Aprèstout,puisqu'ilyavaitdufudgeendessert,autantsefaire
plaisirdèsledébut.Elleauraitpeut-êtrechoisiunesaladeenprésencedeGabe,maisellesetrouvait
avecJaceetAsh,etjetadoncsondévolusurdesnachoscopieusementgarnis,cequinel'empêcha
pasdepiocherdansl'assiettedesdeuxhommes.
Ilsbavardèrentgaiementdetoutetderien,et,unefoisrassasiée,Miasepenchaverssonfrère
pourluifaireuncâlin.
—Merci!C'étaitpilecedontj'avaisbesoin.Jet'adore,tusais.
Jacelaserracontreluietl'embrassasurlatempe.
—Toutvabien,mapuce?
—Oui,superbien!répondit-elleens'écartantpourluisourire.
C'étaitlaplusstrictevérité,cettesoiréeluiavaitfaitunbienfou.SarelationavecGabe
l'accaparaitcomplètement,etellenevoulaitpascourirlerisqued'oubliersafamille,sesamis,Caro
etlesfilles,des'oublierelle-même.
—Tuessûrequeçava,Mia?insistaAshenl'examinantd'unœilperspicace.
Elleluijetaunregardinterrogateur.
—Tuescontentedetonnouveautravail?précisa-t-il.
Aussitôt,Jacefronçalessourcils.
—Dequoituparles?Est-cequ'ilyaquelquechosequejedevraissavoir?
—Maisnon,Jace,toutvabien,réponditMia.Certes,ellenesavaitpasexactementoùcette
histoireallaitlamener,maisellepouvaitluiassurersansmentirquetoutallaitpourlemieux.Même
quandl'aventuretoucheraitàsafin,elleferaitface.Elleensortiraitgrandie,meilleure.
—Situavaisunproblème,tum'enparlerais,pasvrai?repritJaceensondantsonregard.
Cen'étaitpastantunequestionqu'unétatdefait,qu'illuidemandaitdeconfirmer.
—Tuserastoujoursmongrandfrère,Jace.Cequiveutdireque,malheureusementpourtoi,tu
serastoujourslepremierversquijemetourneraidèsquej'aurailemoindresouci,plaisanta-t-elle
nonsansunpetitsourirenostalgique.
Ellen'avaitpasoubliétouteslesfoisoù,plusjeune,elleavaitéprouvélapatiencedeJace.Elle
s'étaittoujoursdemandésic'étaitàcaused'ellequ'iln'avaitpasfondédefamille-parcequ'ilavait
déjàpassétellementdetempsàl'élever,elle.Cetteéventualitél'attristait,carellesavaitqu'ilferait
unpèreformidable.Pourtant,iln'avaitjamaismanifestéd'intérêtparticulierpourunefemmeplutôt
quepouruneautre.EtpuissonhabitudedepartagersesconquêtesavecAshcompliquait
singulièrementleschoses.
—«Malheureusementpourmoi»?Tuplaisantes,ouquoi?Jenechangeraisderôlepourrien
aumonde!
—D'ailleurs,siJacen'estpasdanslesparages,laportedemonbureaut'esttoujoursouverte,
lançaAsh.
Miacompritalorsqueleurinquiétuden'étaitpasfeinte.Sontroubleétait-ilsivisiblequecela?
Portait-ellesursonvisagelesmarquesdesarelationavecGabe?Ellenesetrouvaitpaschangée,
pourtanttoutlemondedanssonentouragesemblaitavoirremarquésonémoi.
—Vousêtesadorables,lesgarçons,maisjevousassurequetoutvabien.Gabeavaitraison,je
restaisplanquéeàLaPâtisserieparcequej'avaisbesoinqu'onmesecoueunpeu.Jenedispasque
j'envisageunecarrièred'assistantededirection,maisGabem'adonnél'occasiondemefaireune
expérienceprofessionnellequinesebornepasàservirdescroissants.
—Tantquetuesheureuse...,repritJace.C'esttoutcequicompteàmesyeux,tusais.
—Oui,jesais,etjesuisheureuse,luiassura-t-elleavecunsourire.
Ilspassèrentencorequelquesminutesàbavardertranquillement,puisJacedemandal'addition.
Tandisqu'ilsortaitsacartedecrédit,unegrandebrunes'approchadeleurtable.
Miacrutd'abordquecelle-cisedirigeaitverslestoilettes,puisremarquaqu'elles'avançait
droitsureux,l'airdéterminéetlesyeuxrivéssurJaceetAsh.
—Ohmerde,marmonnacedernier.
Jacelevalatêteverslanouvellevenue,quis'arrêtadevantleurtableavecunsourireaussi
étincelantqu'hypocrite.PuisellesetournaversMia,etsonregardsedurcit.
—Ash,Jace,lessalua-t-ellesèchement.Ontapedanslebasdegamme,cesoir?
Miaécarquillalesyeuxenencaissantcetteinsulte,avantd'examinersatenue.Ellen'avaitquand
mêmepasl'airsipouilleusequeça!
Jacesefigea,livide.C'étaituneexpressionquifaisaittrèspeuràMiaquandelleétaitplus
petite,carelleannonçaitunecolèrefroideetimplacable.
—MademoiselleHouston,voicimasœur,Mia,annonça-t-ild'unevoixsèche.Jepensequ'elle
méritedesexcusespouravoiressuyévotrevulgaritécrasse.
Lagrandebrunerougitviolemment,mortifiée,etMiaeutpresquepitiéd'elle.Presque.
AshnesemblaitpasmoinsfurieuxqueJace.Ilfitsigneàlaserveusesansmêmeadresserun
regardàl'intruse.
—Pardon,soufflacettedernière.
Maissesexcusesnes'adressaientnullementàMia,ellenecessaitdedévisagerlesdeux
hommestouràtour.
—Vousnem'avezjamaisrappelée,insista-t-elle.
Voilàquinepromettaitriendebon.Miaréprimaunegrimace,etseretintdeconseilleràla
malheureusedepartirpendantqu'illuirestaitunsemblantdedignité.
—C'estparcequenousn'avonsplusrienàvousdire,rétorquaAshavantqueJaceaitpuréagir.
Nousavonsététrèsclairslà-dessusladernièrefoisquenousnoussommesvus.Maintenant,sivous
voulezbiennousexcuser,nousétionsentraindepasseruneagréablesoiréeencompagniedeMiaet
nousaimerionsréglerl'additionauprèsdelaserveuseàquivousbarrezlaroute.
Mian'avaitpasbesoinqu'onluifasseundessin,cettefemmefaisaitpartiedesconquêtes
communesdesdeuxamis.L'intimitédesonregardenétaitunindiceflagrant.
Jaceseleva,laminesévère.
—Faitespreuved'unpeud'élégance,Erica.Rentrezchezvousetépargnez-vousunehumiliation
publique.Vousleregretteriezdemainmatin.
PuisilpritMiaparlamainetl'attiracontrelui,loindeladénomméeErica.
Cettedernièrelestoisad'unairdur.
—Laseulechosequejeregrette,c'estd'avoirperdumontempsavecvousdeux,lança-t-elle
avantdetournerlestalonsetdesortirdupub.
—Ehbien!Cettefollevoussuitpartout,ondirait,fitremarquerMia.Sinon,detousles
restaurantsdeManhattan,commentaurait-ellepudébarquerprécisémentàl'endroitoùondînait?
NiAshniJacenesemblaientdisposésàluirépondre.Visiblement,ilspréféraientconsidérer
quel'incidentétaitclos.Miaauraitsansdoutetrouvéceladrôles'ilsn'avaientpasétédansunetelle
colère.
Ilsretournèrentjusqu'àlavoiture,et,unefoisqu'ilsfurentinstallés,Jaceluilançaunregard
danslerétroviseur.
—Jesuisvraimentdésolé,Mia.
—Ilnefautpas,voyons,répliqua-t-elleavecunsourire.J'ail'habitudedevoirlesfemmesse
jetersurvousdeux.Etpuis,laprochainefoisqu'ilvousprendl'enviedetaperdanslebasdegamme,
n'hésitezpasàm'appeler.Jemesuisrégalée!D'ailleurs,j'aidûprendreaumoinsdeuxkilos,
auxquelsvonts'ajouterlesdeuxkilosdufudgedeCaro.
—Quelleteigne,cettefille,grognaAsh.Jen'arrivepasàcroirequ'elleaitosédireça.
J'aimeraisautantquetun'enparlesplus,siçanet'ennuiepas.
—Oh,nevousenfaitespas.Mêmesij'avaisétéenrobedesoirée,elleauraittrouvéunmoyen
demeremettreàmaplace.C'estvrai,aprèstout,jen'aipasvraimentleprofildesfemmesavecqui
voussortezd'habitude,touslesdeux.
Lesdeuxamiséchangèrentunregardgêné,etMiafaillitéclaterderiretellementc'étaitdrôlede
lesvoirs'inquiéterdecequ'ellesavaitexactementsureux.
Jaces'arrêtadevantchezelleletempsqu'Ashetelledescendentdevoiture,puisfitunpetittour
duquartierpendantqu'Ashlaraccompagnaitàl'intérieur.
—Merci,Ash,j'aipasséuneexcellentesoirée,dit-elleunefoisdanslehalldesonimmeuble.
L'ascenseurarriva,etAshl'embrassarapidementsurlajoue.
—Àdemain!lança-t-ilavecunpetitgeste.
Mialesaluaàsontouravantquelesportessereferment.Cedîners'étaitrévéléricheen
révélations.
Tandisqu'ellerepensaitàlascènedurestaurant,sontéléphonevibra,etelleletiradesonsac
toutensortantdel'ascenseur.Ils'agissaitd'unmessagedeGabe.
«J'espèrequetuaspasséunebonnesoiréeavecAshetJace.Envoie-moiuntextopourmedire
quetuesbienrentrée.»
Ellelutetrelutcesquelquesmots,lesoufflecourt.LasollicitudedeGabe,àmoinsquecenefût
unepossessivitéobsessive,luiréchauffaitlecœur.
Unsourireauxlèvres,elleluiréponditavantderentrerchezelle.
«Jeviensd'arriverchezmoi.C'étaitsuper.Àdemain.»
Chapitre24
Lelendemainmatin,letéléphonedeGabesonnaaumomentoùilpassaitleseuildel'immeuble
deHCM.Ilétaitenavance.Enquelquesjoursseulement,c'étaitdéjàdevenuuneagréableroutine
d'arriveravecMiaàsonbras.Ilavaitmaldormi,cettenuit-là,nerveuxetagitéàl'idéequ'ellese
trouvaitseuledanssonlit,commelui.
Iln'aimaitpasseprendrelatêteainsi,n'aimaitpasdevoirsatranquillitéd'espritàlaprésence
delajeunefemme.Celaluidonnaitl'impressiond'êtreunpauvretypeenmanqued'affection,cequi
luiparaissaitridiculeétantdonnésonâgeetsonexpérience.
Ilneputréprimerunegrimaceenvoyantquec'étaitsamèrequicherchaitàlejoindre.Illaissa
lerépondeursedéclencheretmontadansl'ascenseur.Illarappelleraitunefoisdanssonbureau.Il
s'attendaitàuneconversationméritantuncadretranquilleetprivé.
Iltraversal'étagedeHCMsanscroiserpersonne.Mian'arriveraitqu'uneheureetdemieplus
tard,pourtantiltremblaitdéjàd'excitation.Ils'assitdanssonfauteuil,serrantetdesserrantlespoings
poursecalmer.Ilauraitdûpasserlacherchercematin.Ou,mieux,ilauraitdûenvoyersonchauffeur
chezelledèsqu'elleétaitrevenuedesondîneravecJaceetAsh.Saufqu'ilavaitvouluseprouver
qu'iln'avaitpasbesoind'elle,qu'ilarrivaitàpenseràautrechosequandelleétaitloindelui.Cette
distanceluiétaitnécessaire,parcequ'ilsesentaitdeveniraccroetquecelal'effrayait.
Pire,çaleterrifiaitcomplètement.
Ildécrochasontéléphoneetcomposalenumérodesamère.
—Salut,maman.Désolépourtoutàl'heure,j'étaisencheminpourlebureau,c'estpourçaque
jen'aipasrépondu.
—Tunevasjamaismecroire!lança-t-ellesansperdreuneseconde.
Gabesecaladanssonfauteuilenpoussantunsoupir.Ilsavaitdéjàcequ'elleallaitluiannoncer
maisfeignitl'ignorance.
—Qu'est-cequisepasse,maman?
—Tonpèreveutrecollerlesmorceaux!Tuterendscompte?Ilestcarrémentvenumevoir,hier
soir.Ils'estdéplacéjusqu'ici!
—Ettoi,maman,qu'est-cequetuveux?demanda-t-ild'unevoixdouce.
Samèrebalbutiaquelquesparolesincompréhensiblesavantdesetaire.Peut-êtres'était-elle
attendueàdelasurpriseouàdelacolèredesapart.Oualorsellenesavaitpasencorecequ'elle
voulait.
—Ilm'aditqu'iln'avaitpastouchécesautresfemmes,qu'ilm'aimaitetqu'ilavaitfaitlaplus
grosseerreurdesavieenmequittant.Maisilaachetéunemaison,Gabe!s'écria-t-ellesoudainavec
fureur.Onn'achètepasunenouvellemaisonsicen'estpaspourrefairesavieailleurs!
—Est-cequetucroiscequ'ilt'adit,maman?
Ilyeutunlongsilence,puisGabeentenditsamèrepousserungrossoupiretimaginasonvisage
lasetdépité.
—Jen'ensaisrien,finit-elleparavouersuruntonirrité.Tuasvulesphotos,toutcommemoi.
Toutlemondecroitqu'ilacouchéaveccesgreluches,quecesoitlecasounon.Etmaintenantilvient
setraîneràmespiedsenselamentantparcequ'ilafaitunebêtise?Aprèsl'humiliationqu'ilm'afait
subir,ilespèrequejevaisluipardonneretfairecommes'ilnem'avaitpasjetéecommeunevieille
chaussetteauboutdetrente-neufansdemariage?
Gabesegardabienderépondre.C'étaitunedécisionquesamèredevraitprendreseule.Par
ailleurs,ilsevoyaitmalluiconseillerdesemontrerindulgenteenverssonpèrealorsquelui-même
n'envisageaitmêmepasdepardonneràLisa.Quelleironiequecettedernièresoitvenueluiprésenter
desexcusesaumomentmêmeoùsonpèreexprimaitdesremords.Entoutcas,celal'aidaità
comprendreàquelpointilauraitétéhypocritedeplaiderlacausedesonpère,mêmes'ilne
demandaitpasmieuxquedevoirsesparents-cecouplequ'ilavaitprispourmodèlesaviedurant,
réunis.Safamille.
—Jecomprendstacolère,maman.Vraiment.Maisc'estàtoidedéterminercequetuveuxfaire,
cequitepermettrad'êtreheureuse.Lereste,ons'enmoque.L'avisdesgensnecomptepas,ajouta-t-il
avantdemarquerunepause.Est-cequetuaimestoujourspapa?
—Évidemment,répondit-elle,nerveuse.Cen'estpasunsentimentquis'effacecommeça.J'ai
consacrétrente-neufansdemavieàcethomme.Jenevaispasl'oublierdujouraulendemainjuste
parcequ'iladécidéqu'ilnevoulaitplusdemoi.
—Riennet'obligeàprendreunedécisiontoutdesuite,tusais,repritGabe.Laballeestdans
toncamp,maman.Ilabeaucoupàsefairepardonner,ettuastoutàfaitledroitdeprendretontemps
pourréfléchir.Tun'espastenuedelelaisserrevenirsur-le-champ.
—Non,etj'enseraisincapable,detoutefaçon.Lasituationn'estpassisimple.J'aimetoujours
tonpère,mais,enmêmetemps,jeledétestepourcequ'ilm'afaitetpourlesans-gêneaveclequelil
s'estcomporté.Jenepourraijamaisoubliertoutescesfillesaveclesquellesils'estaffiché.Chaque
foisquejelevois,jerepenseàcesphotos.
—Écoute,maman,jeveuxquetusoisheureuse.Quellequesoittadécision,tusaisquetupeux
comptersurmoi.
Ilentenditunnouveausoupir,suivid'unsanglotétouffé.Ilserralesmâchoiresetcrispales
poings,toutenmaudissantsonpère.
—Merci,Gabe,çametouchebeaucoup.Heureusementquetueslà,monchéri.Jenesaispasce
quej'auraisfaitsanstoi.
—Voyons,c'estnormal.Tusaisquetupeuxm'appelerquandtuveux.Jet'aime.
—Moiaussi,jet'aime,fils,dit-elleavec,cettefois,unsouriredanslavoix.Bon,jevaiste
laissertravailler.Tucommencesdrôlementtôt,d'ailleurs.Ilfaudraitvraimentquetut'accordesdes
vacances,tusais.Jesuissûrequetuessurmené.
—Net'inquiètepaspourmoi,maman.Prendssoindetoiavanttout,d'accord?Etn'hésitepasà
mefairesigne.Jetrouveraitoujoursdutempsàteconsacrer.
Aprèsavoirraccroché,Gabesecouadoucementlatête.Sonpèren'avaitpasperduuneminute,
cequisignifiaitsansdoutequesesremordsétaientsincèresetprofonds.
Gaberelevasesmailsetrédigeadesréponsestoutenjetantdefréquentscoupsd'œilàl'horloge.
Ilanticipaitl'arrivéedeMiaavecunenervositécroissante.Àdeuxreprises,ilfaillitluienvoyerun
textopourluidemanderoùelleétait,mais,chaquefois,ilreposasontéléphone,décidéàgarderune
certainedignité.
Ilavaitdanssontiroirledernierplugqu'ilcomptaitutiliserpourluirendreleschosesplus
facilesetplusagréables.Ilimaginalajeunefemmeappuyéecontresonbureautandisqu'illuiécartait
lesfessespourintroduirelesex-toy,et,àcetteperspective,sonmembresedurcit.Ilmourait
d'impatiencedelapénétrerlui-mêmeàcetendroit-là,d'accéderpleinementàsoncorps.Illuiavait
déjàaccordélargementassezdetempspours'adapteràsesexigences.L'heureétaitvenuepourluide
donnervieàtouslesscénariosdélicieusementperversqu'ilnourrissaitpoureuxdeux.
Ilpensaitdéjàauweek-endquilesattendait.Lasemainesuivante,ilavaitprévuunvoyage
d'affairespourlequelMial'accompagnerait.Avantcela,ilvoulaitdisposerdequelquesjoursseul
avecellepourfinirdel'initieràsonunivers.
Unfrissond'anticipationremontalelongdesacolonnevertébrale,etunevaguededésirlui
fouettalesang.IlimaginaitMialigotée,offerte,ilsevoyaitjouirdanssabouchejusqu'àcequesa
semencedébordeentreseslèvres,pénétrerdoucementsonpetitculbienserré,laprendresi
profondémentqueleursdeuxcorpsseraientcommejoints.
Certes,ill'avaitdéjàfaitesienneàplusieursreprisesetavecvigueur,maisiltenaitàlui
signifiersanslemoindredoutequ'illapossédaitentièrement.Ilvoulaitqu'ellenepuisseplusle
regardersansserappelertouteslesfoisoùilavaitjouidesadoucesoumissionetl'avaitmarquéede
sonsceau.
Tantpissicelafaisaitdeluiuneespècedesauvage.C'étaitdanssanature,etilnerésisterait
pasàsondésirimpérieuxdecontrôlerMia.
À8h30précises,cettedernièrefitsonentrée.
LecorpsdeGabes'embrasaàsavue,etilsoupiradesoulagement.
—Fermelaporteàclé,ordonna-t-ilàvoixbasse.Miaobéitpuissetournaversluiavecun
regardcurieux.Elleétaitencoretroploindelui.Ilvoulaitlasentirtouteproche,commeuntatouage
sursapeau.
—Approche.
Ill'avaitquittéelaveilleenfind'après-midimaisavaitl'impressionquecelafaisaitdessiècles.
Iléprouvaitlebesoinderéaffirmersonemprisesurelle.
Ilsortitleplugdutiroiretallas'asseoirsurlecanapéenfaisantsigneàMiadelerejoindre.
Tandisqu'elleapprochait,iltapotasesgenoux,etellecompritaussitôt.Ellevints'allongeràplat
ventreetreposalajouesurlecuirmoelleuxdufauteuildefaçonàpouvoirgarderunœilsurGabe.
Quelquesmèchesdecheveuxvinrentencadrersonvisage,etGabedevinaàsespaupièreslourdes
qu'elleétait,commelui,enproieàuneexcitationpuissante.
Ilglissalamainsoussajupeetlafitremonter,caressantlapeausatinéedesesfessesavant
d'attraperleflacondelubrifiant.
Ilenappliquaunegénéreusedoseetcommençaàluititillerl'anusduboutdesdoigts.Ellese
raidit,maisilluicaressaledosdel'autremain.
—Détends-toi,Mia,murmura-t-il.Jenevaispastefairedemal.Aucontraire,tuvasvoir,çava
êtredélicieux.
Lajeunefemmepoussaunsoupiretserelâchacomplètement.Gabeadoraitlasentirsi
réceptive,sisoumise.
Ilinséradoucementleboutduplugetlefitpénétrerpetitàpetit,gagnantenprofondeuràchaque
poussée.Miaserralespoingsetfermalesyeuxtandisqu'unpetitgémissements'échappaitdeses
lèvrespulpeusesdeslèvresqueGabeavaitbienl'intentiondevoirserefermerautourdeson
membre.Àmoinsque...LesexedeMiaseraitmerveilleusementétroitgrâceàlaprésenceduplug.Il
enprofiteraitpeut-être.
Lajeunefemmepoussauncriétouffélorsqu'illogealesex-toyentièrement,et,aussitôt,illui
caressalesfessesetledospourlacalmeretlarassurer.
—Chut,mabelle.C'estfini,çayest.Détends-toi.Çavabrûlerpendantunpetitmoment,mais
çavapasser.Respireàfond.
Ilentendaitlesouffleprécipitédelajeunefemmeetluilaissaunmomentpourrécupérer.Puisil
l'aidaàsereleveretlapositionnaentresesjambes,dosàlui.
Ildéfitsonpantalon,endégageasonmembrepuisserapprochadubordducanapé.Saisissantla
tailledeMiaàdeuxmains,ilguidadoucementlajeunefemmeverssonérectionetlapénétra
entièrement,sibienquesesfessesvinrentreposercontresonbassin.
Ellegémitdoucement,etilsentitavecdéliceslachaleurbrûlantedesonsexe,dontlesparois
l'agrippaientfermement,commepourl'attirerencoreplusloin.
IldonnaquelquescoupsdereinsainsipuissoulevaMiaetseremitsursespieds.Ilsetourna
verslecanapéetl'ypositionnaàquatrepattes,lesfessestenduesverslui.
Ilvoyaitseslèvresoffertes,rougesetsoyeusesd'excitation,etillarepritsansplusattendre.Il
adoraitcetteposition.
AttrapantfermementleshanchesdeMia,ilentamadepuissantsva-et-vientàunecadence
effrénée,faisantclaquersapeaucontrelesfessesdelajeunefemme.
Excitéparcebruitquirésonnaitdanslapièce,ilbaissalesyeuxpourvoirsonmembrese
perdreenellepuisressortir,luisant.
—Caresse-toi,mabelle.Dépêche-toidejouir,jenevaispastenirtrèslongtemps,annonça-t-il
enserrantlesdents.
Ilavaitl'impressionquec'étaitimmanquablementlecas.Ilétaitincapabledesemaîtriser,avec
elle.Ilselaissaitemporter,irrémédiablement.
Soudain,ilsentitsesspasmespuissants,accompagnésd'unechaleurbrûlante,liquide,quifaillit
lerendrefou.Sesyeuxserévulsèrenttandisquesepréparaitunorgasmeéblouissant,quijailliten
elleavecuneviolenceinouïe.
Gaben'avaitjamaisrienconnud'aussibon.Personneneluiavaitjamaisfaitperdrelatêteainsi.
Iln'auraitpassuexpliquerpourquoi,maisMiaavaitsurluiuneffetabsolumentunique.
Cettefilleétaitunedrogue,etilauraitétébienincapabledesedéfairedesonemprise,même
s'ill'avaitvoulu.
Ilsepenchaenavantetlaserracontreluiunlongmomentavantdeseretirer.Puisill'aidaàse
redresseretl'envoyaserafraîchirdanslasalledebainspendantqu'ils'essuyaitetserajustait.
Ilvenaitdeconnaîtreundesorgasmeslespluspuissantsdesavieetpourtant,dèsqueMia
revintdanslapièce,ilfutsaisiparunenouvellevaguededésir.Ilinspiraprofondémentetretourna
derrièresonbureau,biendécidéàsecomporteravecunpeuplusdeclassequ'unanimalenrut.
Enconsultantsonagenda,ilserappelaqu'iln'avaittoujourspasparléàMiadeleurséjourà
Paris.Ilavaitménagélasurprisejusque-là,dansl'espoirdevoirsonregards'illuminerdejoie.
—JevaisàParis,lasemaineprochaine,annonça-t-ilsuruntondétaché.
—Ahbon?fitMiaenrelevantlatête.Pourcombiendetemps?
Ilcrutdécelerdeladéceptiondanssavoix,maispeut-êtreprenait-ilseulementsesrêvespourla
réalité.
—Tum'accompagnes,ajouta-t-ilavecunsourire.
—C'estvrai?S’exclama-t-elleenécarquillantlesyeux.
—Oui.Décollagelundiaprès-midi.Tuasunpasseportvalide,j'imagine.
—Biensûr!confirma-t-elle,rayonnante.
—D'icilà,onnesequitteplus!Onvapasserleweek-endensemble,commeçajet'emmène
faireunpeudeshoppingett'achetertoutcequ'iltefautpourlevoyage,reprit-il.
Soudain,Miaserembrunitetbaissalesyeux.Gaben'auraitsudiresic'étaitdelaculpabilité
qu'ilavaitvuedanssonregard,aussiattendit-ilqu'elles'exprime.
—J'aiquelquechosedeprévucesoir,avoua-t-elled'unevoixenrouée.C'estvendredi,alors,les
fillesetmoi,onafaitdesprojets.C'étaitavant...avantquetoietmoi...
Ellelaissasaphraseensuspens,etGabefaillitluidemanderenquoiconsistaientcesfameux
projets.Ilenavaitledroit,aprèstout,maisMiasemblaitmalàl'aiseetilnesouhaitaitpaslapousser
danssesretranchements.Siellesebraquait,ellerisquaitdeluimentir,etilvoulaitévitercelaàtout
prix.
—C'estuniquementpourlasoirée?S’enquit-il.
Elleacquiesça.
—Bon.Passechezmoidèsdemainmatin.Turesterastoutleweek-end,etonpartiralundi,
commeprévu.
Visiblementsoulagée,Miaretrouvainstantanémentlesourire.
—C'estgénial!Jen'arrivepasàcroirequ'onvaàParis!Tucroisqu'onauraletempsde
visiterunpeu?
—Çam'étonnerait,répondit-il,amuséparsonenthousiasme,maisonverracommentonpeut
s'organiser.
Àcetinstant,unesonnerieretentit,luirappelantqu'ilétaitl'heuredesaconférencetéléphonique.
IlfitsigneàMiadeseremettreautravailpuissecaladanssonfauteuilavantderépondre.
Chapitre25
—TuremercierasJacedemapart,d'accord?ditCaroline,installéedansletaxiquiles
emmenaitauVibe.C'étaitvraimentgentilàluideserenseignersurBrandon.Jesuisdésoléed'avoir
acceptéunechosepareillemaisjen'ypeuxrien,depuisTed,ilsuffitquejetrouveunmecmignon
pourcommenceràflipper.Tucomprends?
—Biensûr,maisnet'enfaispas,mapuce,çavapasser,réponditMiaenposantlamainsur
celledesonamie.D'ailleurs,d'aprèscequeJaceaapprisausujetdeBrandon,c'estuntypebien,qui
gagnesaviehonnêtementet,surtout,quiestcélibataire.
—Tuasraison,c'estdéjàpasmal,convintCarolineavecunsoulagementévident.Onverrabien,
pasvrai?
Letaxiralentitàl'approcheduclub,etMiaconstataavecunsourirequeCarolineseredressait
sursonsiège,lesyeuxbrillantsd'excitation.Ilétait21heureset,aprèsunejournéebienremplieau
bureau,elleauraitlargementpréférérestertranquillementchezGabe,autourd'unbondîner...suividu
dessertdesonchoix.Mêmesielleneluiavaitpasexactementmenti,elles'envoulaitterriblementde
nepasluiavoirrévélésesplans.Elles'étaitméfiéedelaréactionqu'ilauraitpuavoirenapprenant
qu'ellecomptaitsortirenboîte.Ets'illuiavaitinterditd'yaller?
Elleseraitsansdoutepasséeoutreleurcontrat.Cemotcommençaitd'ailleursàluidonnerdes
boutons.Pire,lasimpleidéedecesatanépapiersuffisaitàl'écœurer.Elleneregrettaitrienmais
détestaitcequecedocumentreprésentaitou,plutôt,cequ'ilnereprésentaitpas.
Sielleavaitpassésesprojetssoussilence,c'étaituniquementpouréviteruneconfrontation
inutile.Ellenesortaitpaspourdraguermaispourpasserunebonnesoiréeavecsescopines.Elle
n'avaitpaseuuneminuteàelledepuisqueGabeavaitprislescommandesdesavie.
Aveclerecul,ellecomprenaitpourquoiCarolinesemblaits'inquiéter.Sil'unedesesamies
avaitcommencéàsortiravecunhommequilacoupaitdesonentourage,elleauraitétélapremièreà
trouvercelaunpeumalsain.
Peut-êtrequesarelationavecGabeétaitmalsaine,précisément.Sonobsessionpourluil'était,
entoutcas,etl'atterrissageseraitbrutal,Mianesefaisaitaucuneillusionàcesujet.
Cependant,elleavaitbeauêtrelucidequantàsasituation,etàsonprobabledénouement,elle
avaitdésirécetterelationetl'appréciaittroppours'endétourner.Ellecomptaitbienensavourer
chaqueprécieuseseconde,jusqu'àcequeGabeluirendesaliberté.
Elleencaisseraitlechoc,àmoinsquecenesoitàcepropos-làqu'ellesefassedesillusions.
Ellen'étaitpastoutàfaitsûredesurvivreàuneruptureavecGabe.
—Allô,Mia?Ici,laTerre!
Tiréedesespensées,elleserenditcomptequeCarolinel'attendaitdéjàsurletrottoir.Ellepaya
lechauffeuretrejoignitsonamie.
Chessy,TrishetGinafaisaientdéjàlaqueuedevantleclub.EnvoyantMia,ellesluisautèrent
aucouenpoussantdescrisdejoie.Lajeunefemmeritdeleurenthousiasmeetsedétenditpeuàpeu.
Ellesallaients'amuser,etcelaneluiferaitsansdoutepasdemaldepasserunepetitesoiréeloinde
Gabe.Elleauraitfacilementpurestercoincéedansl'espècededimensionparallèlequ'ilavait
ajoutéeàsonexistence,maisça,c'étaitlavraievie.Aucontactdesesamies,elleavaitl'impression
dereprendrepieddanslaréalité.
Cesquelquesheuresensololuiferaientleplusgrandbien.
Carolinelesentraînaversl'entréeV.I.P,oùMiaremarqualefameuxBrandon.C'étaitungrand
chauvebaraquéavecunpetitboucetundiamantàl'oreille.Aussitôtqu'ilaperçutCaroline,ilperdit
sonexpressiondevideurpascommode,etsonregards'adoucitcommesil'onvenaitdeluimettreun
chatonsouslenez.
SiMiaavaiteudesdoutessursessentimentspoursonamie,ellefutrassuréeenlevoyantfondre
ainsiàsonapproche.
Ilseplaçaentrelafiled'attenteetlaporte,etfitsigneàCarolined'avancer.
Miaetlesautresluiemboîtèrentlepas,etBrandonsortitdesapochecinqcartonsd'invitation.
Puisilsepenchapourmurmurerquelquechoseàl'oreilledeCaroline,quirougitdeplaisir,lesyeux
brillants.Enfin,illesfitentreravecunsourireengageant.
—Ouah!Ilestcanon!s'écriaChessyunefoisqu'ellesfurentàl'intérieur.
GinaetTrishs'empressèrentd'approuver,toutensurvolantlafouleduregard.Lamusique
faisaitlittéralementvibrerlesmurs,etl'immensepistededanseétaitdéjàbondée.L'éclairagese
résumaitàdesnéonscolorésfixéssouslestablesetlelongdubar,cequidonnaitàl'ensembleune
atmosphèrefranchementélectrique.Parailleurs,desfaisceauxparcouraientlapisteetcaressaientles
corpsmouvantsetluisantsdesueur.
—Bonnemusique,cocktailsàvolonté,quelquesbeauxmecsàl'horizon...Jeproposequ'onse
mettelatêteàl'envers,cesoir!s'exclamaTrish.
—Oui!Jevotepour!déclaraChessy.
—Moiaussi!RenchéritGina.
PuislesfillessetournèrentversMia.
—Quelafêtecommence!lança-t-elle.
Dansunconcertdecrisdejoie,lapetitebandesedirigeaverslatablequeBrandonleuravait
réservée.
CarolineretintMiaparlebrasletempsdeluisoufflerquelquechoseàl'oreille.
—JepensequejevaisrentreravecBrandon,après,siçanet'ennuiepasderetournerà
l'appartementtouteseule.Ilt'appellerauntaxi,évidemment.
—C'estvraimentcequetuveux?demandaMia.
—Oui.Çafaitplusieurssemainesqu'onseparlerégulièrement...Maisrienn'estfaitencore,tu
sais.Nosemploisdutempssonttellementdécalés.Onnes'estmêmepasencoreembrassés!
—Alorsfonce,mapuce.Toutcequejetedemande,c'estdefairebienattentionàtoi,d'accord?
Carolineacquiesçaavecunlargesourire.
Puisellesrejoignirentlesautresetcommandèrentdescocktails.Transportéeparlerythme
entêtantdelamusique,Miasemitàdansersurplace,deboutàcôtédeleurtablehaute.Chessyne
tardapasàl'imiter,et,trèsvite,lepetitespacequileurétaitréservédevintuneannexedelapiste.
Avantmêmequelaserveuserevienneavecleurcommande,deuxhommess'approchèrent,tout
sourires,ets'adressèrentàChessyetàTrish.Miaseplaçaàl'autreboutdelatable,prèsdela
rambardequilesséparaitdelafouledesdanseurs.Ellenevoulaitsurtoutpasdonnerl'impression
qu'elleétaitdisponibleetavoiràrepousserdesindésirables.Ellesetournadoncverslapisteetse
concentrasurlamusique.
Quelquesminutesplustard,lorsquelaserveuseleurapportaleurscocktails,lesdeuxinconnus
avaientdisparu.Lescinqamieslevèrentleurverre.
—Àunesoiréedefolie!criaCaroline.
Ellestrinquèrent.
Mias'efforçadenepasselaisserentraîner,sesamiesavaientuneimpressionnanterésistanceà
l'alcool,maispaselle.Ellesallaientetvenaiententrelapistededanseetleurtable,oùlesverresne
restaientjamaisvidesbienlongtemps.
Àminuit,Miacommençaàalternercocktailsavecetsansalcool,maislesautresneralentirent
paslerythme.Chessys'étaittrouvéuncavalierquinelaquittaitplusd'unesemelleets'assuraitque
lesfillesnemanquentjamaisderien.
BrandonprofitadesapausepourvenirpasserquelquesminutesavecCarolineet,lorsqu'il
repartit,cettedernièrerayonnait.Miaétaitraviedeliresursonvisagel'excitationpropreaux
nouveauxdépartsetàtouslespossibles.AprèssesmésaventuresavecTed,Carolineavaitbien
méritéunpeudebonheur.Brandonseraitpeut-êtrelebon.
À2heures,Miatombaitdefatigue,etl'alcooln'aidaitpas.PuisqueBrandonavaitproposéde
raccompagnerCaroline,ellen'eutaucunscrupuleàluiannoncerqu'ellerentrait.Chessyetlesautres
étaiententraindedanser,chacuneayanttrouvéuncamaradedejeupourlerestedelasoirée.Elles
n'envoudraientdoncpasàMiad'êtrepartiesansdireaurevoir.
—Pasdeproblème,criaCarolinepoursefaireentendrepar-dessuslamusique.Brandonest
toutprès,onvat'accompagnerdehorsletempsdetetrouveruntaxi.
MiaacquiesçaetattenditbiensagementqueCarolinerevienneavecBrandon.Unefoisdehors,
cedernierhélaundestaxisgarésaucoindelarue,puistintlaportièreouverteletempsqueMia
monte.
—Jet'appelledemain,luisoufflaCarolinependantqu'elles'installait.
—Soisprudenteet,surtout,amuse-toibien,répliquaMiaavecunclind'œil.
Carolinerefermalaportière,ungrandsourireauxlèvres.
Aprèsavoirdonnésonadresseauchauffeur,Miasecaladanssonsiège.Elleavaitarrêtéde
boiredepuispresqueuneheure,pourtantelleavaittoujourslatêtequitournait.Sontéléphonevibra,
etellefronçalessourcils.Quipouvaitbienluiécrireàuneheurepareille?
Ellesortitl'appareildesonsac,oùilavaitpassétoutelasoirée,etsemorditlalèvreen
constatantqu'elleavaitplusd'unedizained'appelsenabsence,tousdelapartdeGabe.Ilyavait
égalementunelonguelistedetextos,ledernierdatantdequelquessecondesàpeine.
«Tuesoù?»
Labrièvetédumessageneluipermettaitpasdedevinerl'humeurdeGabe,maisMiacrut
percevoirsacolère.Ellelutlesautres,quiluidemandaientinvariablementoùelleétaitetquandelle
comptaitrentrerchezelle.
Etmerde!Avait-elleintérêtàl'appelerouàfairelasourdeoreille?Ilétaittrèstard-outrèstôt
-,maisGaben'étaitpasencorecouché.Parailleurs,ilsemblaitfurieux.Ouinquiet.Oulesdeux.
Miadécidadeluienvoyeruntextounefoisarrivéechezelle.Commeça,ellepourraitle
rassurersurlefaitqu'elleétaitbienrentrée.
Àcetteheurematinale,ilnefallutpaslongtempsautaxipourladéposerdevantsonimmeuble.
Ellepayalechauffeuretdescenditprudemment.
Tandisquelavoitureredémarrait,ellesedirigeaverslaported'unpaschancelant.C'estalors
qu'ellelevit.
Soncœurs'emballa,ettoutl'alcoolqu'elleavaitbuserappelaàsonbonsouvenir.
Postéàl'entréedesonimmeuble,Gabetremblaitdecolère.Ilfonçaverselle,unelueur
dangereusedansleregard.
—Ilétaittemps,putain!Cracha-t-il.Tuétaispasséeoù?Pourquoitun'aspasréponduàmes
messages?J'étaismortd'inquiétude!
Miatrébucha,etillarattrapaparlebrasavecunjuronétouffé.
—Tuescomplètementsoûle,maparole!constata-t-ild'unevoixdure.
Lajeunefemmesecoualatêteensilence,puisarticula:
—N…non.
—Ohsi!
Ill'aidaàavancerjusqu'àl'ascenseur,puisluipritlesclésqu'elletenaitserréesdanssonpoing.
—Tuvasréussiràmarcherjusqu'àtonappartement?S’enquit-ilenappuyantsurleboutonde
sonétage,sanslaquitterdesyeux.
Ellehochalatête,mêmesiellenevoyaitpastrèsbiencommentelleallaits'yprendrepour
mettreunpieddevantl'autre.Elleavaitlesgenouxencoton,sanscompterunesérieuseenviede
vomir.Ellesesentitpâlir,etdesgouttesdesueurperlèrentsursonfront.
Lesportesdel'ascenseurs'ouvrirent,et,avecunnouveaujuron,GabesoutintMiajusquechez
elle.Ilouvritenvitesseetentraînalajeunefemmeendirectiondelasalledebains.
Pastroptôt.
Elletombaàgenouxdevantlacuvettedestoilettes,etGabeeutàpeineletempsdeluitenirles
cheveux.
Ilneprononçapasunmotetsecontentadeluicaresserledos,cedontelleluifutinfiniment
reconnaissante.Lorsque,enfin,elleeutrendutoutl'alcoolqu'elleavaitbu,Gabes'éloignauninstant
puisrevintavecungantdetoilettehumide.
—Qu'est-cequit'apris?demanda-t-ilenluiessuyantlevisage.Tusaistrèsbienquetune
supportespasbienl'alcool.
Miafermalesyeuxetappuyalefrontcontresontorse,toutenessayantderetrouversonsouffle.
Toutcequ'ellevoulait,c'étaitsecoucher.Mêmesiellesesentaitsoulagée,elleavaittoujourslatête
quitournait.Ellen'avaitpourtantpasbutantqueça,si?
Sessouvenirsdelasoiréeétaientdéjàembrumés.Elleavaitdansé,puisbu,puisdansé,àmoins
qu'ellen'aitsurtoutbu.
—Jeveuxmebrosserlesdents,marmonna-t-elle.
—Tuvasréussiràtenirdebout?
Elleacquiesça.
—Bon,jevaispréparertonlit.
Gabesortitdelasalledebains,l'estomacencorenouédecolère.Decolèremaisaussi-surtout
-depeur.C'étaitunefrayeurquisemblaitnepasvouloirlelâcher.
SiMian'avaitpasétéaussisoûle,illuiauraitinfligéunefesséesansprécédent.Quelleidée,
d'allerboireàl'excèsquandonnetientpasl'alcool!
IlarrangealesoreillersetouvritlacouettedefaçonàpouvoiryglisserMiafacilement.Sielle
n'avaitpasétéaussimalade,ill'auraitemmenéechezluietl'yauraitgardéejusqu'àleurdépartpour
Paris.
Ilretournadanslasalledebains,inquietdenerienentendre.
—Mia?fit-ilenentrant.
Ilbaissalesyeuxetsecoualatêtedevantlespectaclequis'offraitàlui.Assiseparterre,un
coudecalésurlacuvettedestoilettesetlajoueposéesursonbras,Miadormaitprofondément.
Avecunsoupir,Gabelasoulevaetlaportajusquedanssachambre,oùill'allongeasurlelit
pourladéshabiller.Unefoisqu'ellefutnue,ilôtasespropresvêtements,negardantquesonboxer,
puisilsecouchaprèsd'elle,faisantensortedelacalerconfortablementcontrelui.
Gueuledeboisoupas,ilsallaientavoirunesérieuseconversationauréveil.
Chapitre26
LorsqueMiaouvritlesyeux,elleeutl'impressionqu'onvenaitdeluienfoncerunpicàglace
danslespupilles.Avecungrognement,ellesedétournadurayondelumièrequipénétraitdanssa
chambre,etaperçutGabedeboutsurleseuil.
Vêtud'unjeanetd'untee-shirt,ill'observaitd'unairdur,lesmainsdanslespoches.Unfrisson
laparcourut,maiselleignoraitsic'étaitparcequ'ellevoyaitrarementGabeautrementqu'encostume
ou,toutsimplement,parcequ'ilétaitsisexyenjean.
—C'estdésagréable,hein?
Mianefitmêmepassemblantdenepascomprendrecequ'ilvoulaitdire.Ellesecontenta
d'acquiescer,maiscemouvementsuffitàluivrillerlestempes.
Gabes'approchadulitàpaslentsets'assitprèsd'elle.
—Monchauffeurnousattend.Habille-toi.
—Onvaoù?demanda-t-elled'unevoixpâteuse.
Ellen'avaitaucuneenviedebouger.Toutcequ'ellevoulait,c'étaitdormirencorecinqousix
heures.Peut-êtrequ'alors,àsonréveil,elleauraitunpeumoinsmalaucrâne.
—Onvachezmoi.Tuascinqminutes.Nemefaispasattendre.
Miaesquissaunegrimaceenleregardantquitterlapièce.S'ilneluiaccordaitquecinqminutes,
ilnefallaitpasqu'ils'attendeàdesmiracles.Elleauraiteubesoind'unelonguedouchechaudepour
retrouveruneapparenceàpeuprèshumaine.
EllenesavaitmêmepasquellemoucheavaitpiquéGabelaveille.Àvraidire,ellenese
rappelaitpass'êtremiseaulit.Sonsouvenirs'arrêtaitaumomentoùelles'étaitbrossélesdents.
Gabeavaitpassélanuitchezelle,maisavait-ildormi?
Elleselevaavecungémissementdedouleuretsedirigeaverssonplacard,dontellesortitun
jeanetuntee-shirt.Ellenepritmêmepaslapeined'enfilerdessous-vêtements.Detoutefaçon,Gabe
n'aimaitpasqu'elleporteuneculotte.
Ellerassemblanéanmoinsquelquestenuesderechange,ainsiquesesaffairesdetoilette,et
sortitdelachambre,sonsacàlamain.
Gabel'attendaitdanslesalon,deboutfaceàlafenêtre.Ilfitdemi-touràsonarrivée.
—Tuesprête?
Miaréponditparunhaussementd'épaules.Non,ellen'étaitpasprête,etillesavaittrèsbien,
maiscelanechangeaitrien.
Ill'attiracontreluiet,unbraspasséautourdesataille,l'entraînaversl'ascenseur.Uninstant
plustard,illafitmonterdanslavoitureets'installaàcôtéd'elle.
Dèsquelechauffeurdémarra,ilfitsigneàMiadevenirplusprèsdelui.Elleseblottitcontre
sontorseetfermalesyeuxenpoussantunlongsoupiraucontactdesoncorpschaud.Elles'attendaità
cequ'illuifasselamoraleouàcequ'illaisselibrecoursàsacolère,mais,étonnamment,ilgardait
lesilence,commes'ilsavaitquelemoindrebruitlaferaitsouffrir.
D'ungestetrèsdoux,illuicaressalescheveuxetluidéposaunbaisersurlehautducrâne.
—Quandonserachezmoi,jetedonneraiuncachetpourtonmaldetête,murmura-t-il.Etpuisil
fautquetumanges.Jeteprépareraiquelquechosededigeste,net'inquiètepas.
Undouxfrissonluiremontal'échineetluiréchauffalecœur.Riend'étonnantàcequ'ellese
laissebercerparl'illusionqueGabeetelleformaientuncouple,ilenrespectaittouslescodes,se
montraitauxpetitssoinspourelleetanticipaitsesbesoins.Certes,ilétaitterriblementexigeant,mais
sansjamaistomberdansl'égoïsme.Illuidemandaiténormémentmaisluidonnaitaumoinsautant,et
passeulementsurleplanphysiqueetmatériel.Illuiapportaitunimmenseconfortémotionnel,quoi
qu'ilendise.
Letempsqu'ilsarriventdevantchezlui,lajeunefemmesomnolait,et,àsagrandesurprise,illa
pritdanssesbraspourlaporteràl'intérieur.
Unefoisdanssonappartement,ill'allongeasurlecanapéetallachercherdanssachambreune
couetteetdesoreillers.Ill'installaconfortablementpuiss'éclipsadenouveau,avantdereveniravec
unverredelaitdansunemainetunepetitepiluledansl'autre.Envoyantcela,Mialuiadressaun
regardinterrogateur.
—C'estunmédicamentquivarésorbertamigraine,expliquaGabe,maistuasintérêtàboireun
peudelaitavantdeleprendre.L'estomacvide,cen'estpasidéal.
—Qu'est-cequec'est,exactement?demandaMia,méfiante.
—Crois-moi,Mia,çavatefairedubien.Etpuisonn'apasdecontrôlesanti-dopageaubureau,
donctunerisquesabsolumentrien,ajouta-t-ilsurletondelaplaisanterie.
Miasouritautantquesonmaldecrâneleluipermettait,puisbutlamoitiéduverredelaitavant
d'avalerlecachet.
—Maintenant,repose-toipendantquejenouspréparequelquechoseàgrignoter.
TropheureusedelaisserGabes'occuperdetout,Miasecalaaumilieudesoreillersetremonta
lacouettejusquesoussonmenton.Sitelleétaitsapunitionchaquefoisqu'elleencouraitlacolèrede
Gabe,elles'appliqueraitàrenouvelerl'expérience-mêmesielleignoraittoujourscequil'avaitmis
dansunetellerage.
EllecommençaittoutjusteàressentirlesbienfaitsdumédicamentlorsqueGaberevintavecun
plateau.Ladouleurquiluivrillaitlecrâneauréveilavaitcédélaplaceàunedouceeuphorie.
—Tutesensmieux?S’enquit-ildansunmurmuretoutens'asseyantprèsd'elle.
—Oui,merci.C'esttrèsgentildeprendresoindemoicommeça.
Ellelevalesyeuxversluietsoutintsonregardunlongmoment.
—Turisquesdechangerd'avisunefoisquejet'auraivolédanslesplumespourtepunirdeton
inconscience,rétorqua-t-il.
—Qu'est-cequej'aifait?demanda-t-elleavecunsoupir.J'avouequejenemesouvienspasde
grand-chose,mais...Toutcequejesais,c'estquequandjesuisarrivéechezmoitum'attendaisdevant
laporteetquetuétaisenpétard.Enrevanche,j'ignoretotalementpourquoi.
—Jen'arrivepasàcroirequetumeposescettequestion!s'écriaGabeensecouantlatête.
Puis,voyantqu'elles'apprêtaitàrépondre,illafittaired'ungeste.
—Mange,d'abord.Ondiscuteradetoutçaaprès,quandtutesentirasmieux.
Là-dessus,illuitenditunbageltartinédefromagefraisetunepetitesaladedefruits.
Miacontemplal'ensembled'unœildubitatifavantdeprendreunebouchéedubagel.Celalui
paraissaitplussûrquelesfruits,pourcommencer.
Pourtant,aussitôtqu'elleeutavalé,sonestomacmanifestasafaimparungrondement
approbateur,etelleserappelaqu'ellen'avaitpasdînélaveille.Pasétonnantquelescocktailslui
soientsivitemontésàlatête.
—Çafaitdubien,marmonna-t-elle.
—Est-cequetuavaispenséàmangerquelquechose,aumoins,avantd'allerpicoleravectes
copines?demandaGabeavecunsoupirexaspéré.
Ellefit«non»delatête,redoutantsaréaction.
—Putain,Mia!
Ilsemblaitvouloirendireplusmaisserraleslèvresetreportasonattentionsursonproprepetit
déjeuner.
Mias'appliquaàmâcherlentement,alorsqu'elleauraitputoutdévorerenuneminute.Elle
savaitque,dèsqu'elleauraitterminé,Gabedéclencheraitleshostilités.
—Dépêche-toidefinir,lança-t-ilsoudain,commes'ilavaitdevinésamanœuvre.Tunefaisque
retarderl'inévitable.
Miareposadoncsonassiettesurlatableengrommelant,puisseredressa.
—Écoute,jenecomprendspaspourquoitut'esmisdansuntelétat.J'admetsquej'aitropbu
hiersoir,maisjesuissûrequeçat'estdéjàarrivéàtoiaussi,non?
Àsontour,Gabereposasonassietteavantdesepencherverslajeunefemme.
—Tucroisquec'estpourçaquejemesuisénervé?
—Pourça,ouparcequejesuissortieenboîteavecmescopines,répliquaMiaenhaussantles
épaules.Dansuncascommedansl'autre,taréactionestcomplètementdisproportionnée.
—«Disproportionnée»?répéta-t-ilensepassantunemaindanslescheveuxcommepour
contenirsacolère.Tuneterendsvraimentpascompte,hein?
—Non.Ilvafalloirquetum'expliquesparcequelà,jesuisperdue.
—Jesavaistrèsbienquetuavaisprévudesortir,Mia.Cequejenecomprendspas,c'est
pourquoitun'aspasvoulumedireoùtuallaisetavecqui.Jen'ignorepasquetuasd'autresamisque
moi.Tucroisvraimentquejet'auraisinterditd'yaller?
—C'estpourçaquetum'enveux?Honnêtement,jenesaispaspourquoijenet'aipasraconté
nosplansendétail.Peut-êtrequej'avaiseffectivementpeurquetunet'yopposes.
—Maisnon!Cen'estpaspourçaquejesuisfurieux,rétorqua-t-il.J'aireçuuncoupdefildu
chauffeurquejet'aiassigné,medisantqu'iln'avaitpasdenouvellesdetoi.Pourtant,tun'étaispas
cheztoi.J'enaiconcluquetuétaisalléerejoindretescopinesauclubpartespropresmoyensetque
vousétiezseules,sansprotection.Tuesrentréeentaxi,seuleetcomplètementbourrée,àpresque3
heuresdumatin!
Mialedévisageauninstant,interdite.Ellenes'étaitvraimentpasattendueàcela.
—Ilnes'agitpasdemondésirdetecontrôler,repritGabe.Jeveuxjustequetusoisprudente.
J'étaisdévoréd'inquiétudeparcequejenesavaispasoùtuétaisnicommenttuallais.Tune
répondaisàaucundemesmessages,etjenepouvaismêmepast'envoyermonchauffeur.Tuterends
compte?Jecommençaisàmedirequ'onallaitretrouvertoncadavredansuneruellesombre!
Soudain,Miacomprit,etlaculpabilitélacueillitcommeunegifle.Gabes'étaitfaitunsang
d'encre.Pendantqu'elleétaitoccupéeàdanseretàsifflerdescocktailsavecsescopines,ilavaiteu
peurpoursasécurité,poursavie.
—Jesuisdésolée,murmura-t-elle.Jen'avaispaspenséàça.Enfin,jen'auraispasimaginéque
tuallaist'inquiéterautant.
—Tutenaisàpeinedebout,enplus,renchérit-ilenfronçantlessourcils.Quisaitcequiaurait
pusepassersijen'avaispasétélà?Est-cequetuseraisarrivéejusqu'àtonlitsaineetsauveouest-
cequetuteseraisendormiesurletrottoir?
—Carolineestrentréeavecsoncopain,levideur,expliqua-t-elle.Ilssontrestésavecmoi
jusqu'àcequejemontedansletaxi.
—C'étaitlamoindredeschoses!s'exclamaGabed'unairdégoûté.Tuauraisdûm'appeler,
Mia.Jeseraisvenutechercher,mêmeàcetteheure-là.
Attendrie,MiadiscernadanslesyeuxdeGabeuneinquiétudesincèrederrièrelacolèrequi
bouillonnaitensurface.Ils'étaitfaitdusoucipourelle.Ellesepenchaenavantetluipritlevisageà
deuxmainspourl'embrasser.
—Jesuisdésolée,Gabe.J'auraisdûpenseràterassurer.
Illuicaressalanuquepuisenfouitlesdoigtsdanssescheveux,maintenantseslèvresàquelques
centimètresdessiennes.
—Toutcequejetedemande,c'estqueçanesereproduisepas.Sij'aimisunchauffeuràta
disposition,c'estpourunebonneraison,Mia.Sonrôleneselimitepasàteconduireaubureauetàte
raccompagnercheztoilesjoursoùnousnerentronspasensemble.Dèsquetuasbesoind'aller
quelquepart,oùquecesoit,tul'appelles.Compris?Etpuis,sijamaistuteretrouvesdanslemême
genredesituation,n'hésitesurtoutpasàmetéléphoner,àn'importequelleheure,jem'enfous.Et,situ
n'arrivespasàmejoindre,fais-moileplaisirdecontactertonfrèreouAsh.Est-cequec'estclair?
Miahochalatête.
—Bon,onabesoindedormirunpeu,toietmoi.Tuaseuunsommeilagité,etjen'aipasfermé
l'œildelanuit.Là,jen'aiqu'uneenvie,c'estdeteserrerdansmesbraspendantqu'onserepose.
Après,quandtuaurasretrouvédesforces,jetechaufferailesfessespourtepunirdem'avoirinfligé
unetelleangoisse.
Chapitre27
AssiseentailleursurlelitdeGabe,Miadévoraitàbellesdentslapizzaqu'illeuravaitfait
livrer.C'étaitunpurdélice,avecunepâtemoelleuse,peudesaucetomateetbeaucoupdefromage,
justecommeellelesaimait.
Gabelacouvaitd'unœilamusétandisqu'elleseléchaitlesdoigtsavantdeselaisserretomber
contrelesoreillers.
—Mmmh,c'étaitbon!déclara-t-elle.Tumegâtes,Gabe.Vraiment,iln'yapasd'autremot.
—Àtaplace,j'attendraisdeconnaîtrelasuiteduprogrammepourdireça,rétorqua-t-ilavecune
lueurmalicieusedansleregard.
Cesparolesfouettèrentlesangdelajeunefemme.
Elleauraitpeut-êtredûredouterlaterriblefesséequ'illuiavaitpromise,mais,aucontraire,elle
n'éprouvaitqu'unmerveilleuxfrissond'anticipation.
Puisellerepensaàl'expressionsoucieusedeGabe,etcelasuffitàcalmersesardeurs.
—Jesuisvraimentdésolée,pourhiersoir.Jen'imaginaispasquetut'inquiéteraisautant.Si
j'avaisvutesmessages,jet'auraisréponduaussitôt,Gabe.Jenet'auraispaslaissésansnouvelles.
—Jesais,convint-ilsuruntonbourru.Laseulechosequicompte,c'estquetufassesattentionà
toi.Cen'étaitpastrèsprudentdesortiruniquemententrefilles,surtoutunefoisquevousétiezunpeu
éméchéesetvulnérables.
Miaressentituneintensesatisfactionàl'idéed'avoirréveilléchezluicetinstinctprotecteur.
Celaprouvaitqu'ilnelaconsidéraitpasseulementcommeunjouetsexuel.
—Etmaintenant,situasfini,j'aimeraisabordercettepunitiontantméritée,annonça-t-ild'une
voixdouce.
Illacontemplaitd'unœilbrûlantdeconvoitise,etMiasentituncourantélectriquecrépitersous
sapeau.Ellerepoussalaboîtedelapizza,queGabedéposasurlatabledenuit.
—Déshabille-toi,dit-ilsansdétour.Quandtuserasnue,mets-toiàquatrepattes,lesfesses
tenduesauborddulit.
Tremblanted'excitation,ellesemitàgenouxetseredressapourenleverletee-shirtqueGabe
luiavaitprêtéensortantdeladouche.Elleneportaitrienendessousetvintdoncseposterdevant
lui,commeill'avaitexigé.Puis,lesmainsàplatsurlematelas,elles'efforçadepatienteren
respirantprofondément.
Elleentenditdesbruitsdepas,celuid'untiroirqu'onouvreetqu'onreferme,puisdevinaque
Gabedéposaitdesobjetssurlatabledenuit.
Soudain,ellesentitleslèvresdeGabesursafesse,puissesdents,etsescuissessecouvrirent
dechairdepoule.
—Jeneveuxpast'entendre,annonça-t-ild'unevoixenrouéededésir.Pasunmot,c'estcompris
?Tuvasrecevoirtonchâtimentensilence,et,ensuite,jevaisgoûterlesplaisirsdetonpetitcultout
serré.
Àcesparoles,Miafaillitbasculerenavantetduttendrelescoudespoursesoutenir.
Lacravacheglissasursapeaudansunmurmuredecuir,avecunedouceurtrompeuse.Puis,
aprèsuneseconde,Miareçutlepremiercoup,vifcommeunedéchargeélectrique.
Ellesemorditlalèvrepourétoufferlemoindreson,déterminéeànepasselaisserdistrairepar
sonexcitationmaisaucontraireàsepréparerpourcequiallaitsuivre.
Peineperdue,Gabenefrappaitjamaisdeuxfoisaumêmeendroitetvariaitchaquefois
d'intensité,luiéchauffantlapeausansluilaisserletempsdesouffler.
Elleparvintàcompterjusqu'àdix-septpuisoubliacomplètement,absorbéeparuneexcitation
croissante.Ladouleurdudébuts'étaitmuéeenundésirlancinant,etlajeunefemmeflottaitdansun
ailleursoùlesfrontièresétaientbrouillées.
EllefuttiréedesatranselorsqueGabeappliquaunedosedelubrifianttièdeautourdesonanus
avantdeluicaresserlesfessesàpleinesmains.
—J'adoretoncul,murmura-t-ild'unevoixsuave.J'adorequandilportelamarquedemes
coups,lapreuvequetum'appartiens.Et,maintenant,jevaisfinirdeprendrepossessiondetoiente
pénétrantlà,enfin.
Miadéglutitetbaissalatête,lesyeuxclos,lorsqueGabeluiagrippaleshanchesavantdelui
écarterlesfesses.Elledevinaleboutdesonglandcontreelle,puisGabecommençaàdonnerde
petitespousséespoursefrayerunchemin.
Ilavançaitavecunelenteurinfinie,sibienqueMiacrutqu'elleallaitperdrepatience.Elle
voulaitlesentirenelle,cetteattentelamettaitausupplice.
—Détends-toi,mabelle,souffla-t-ild'unevoixapaisante.Tuestropcrispée,j'aipeurdete
fairemal.Détends-toietlaisse-moientrer.
Elles'efforçadesuivresesconseils,maissoncorpsvibraitlittéralementdedésir,cequinelui
facilitaitpaslatâche.Instinctivement,ellereculalesfessespourveniràsarencontre,maisill'arrêta
enposantlesmainsàplatsursapeaubrûlante.
—Unpeudepatience,Mia.Sijevaistropvite,jerisquedetefairemal.
Ilseretiraavantderevenirenelle,s'introduisantunpeuplusprofondémentchaquefois,guidant
sonsexed'unemain.
Mêmelesplugsanauxqu'illuiavaitfaitporterdesjournéesentièresn'auraientpulapréparerà
labrûlurequeluiinfligeaitsonmembreimposantetdurcommeunebarredeferchaufféeàblanc.
—J'ysuispresque,murmuraGabe.Encoreunpetiteffort,Mia.Prends-moitoutentier,mabelle.
Ellesedétenditdumieuxqu'elleput,et,aumêmeinstant,Gabedonnaunepousséevigoureuse
quiamenasesboursesaucontactdesavulve.
Ilétaitentréjusqu'àlagarde,elleletenaittoutenelle.
—Oh,mabeauté,c'estdélicieux!Gémit-ild'unevoixrauque.Caresse-toi,Mia.Penche-toipour
pouvoirposerlajouesurlelitettouche-toipendantquejet'encule.
Cesparolessicruesnefirentqu'accroîtrel'excitationdelajeunefemme.Obéissante,elletrouva
unepositionconfortable,etGabesuivitlemouvement,toujourslogéenelle.Alorselleécartases
lèvresgonfléespourcaressersonclitorisdurci.
Derrièreelle,Gabeseretirapresqueentièrementavantdereveniràlachargeavecunelenteur
méthodiqueetunegrandetendresse.Àaucunmomentilneprécipital'allure,toutenprenantbiensoin
devenirappuyercontresonsexeàellechaquefoisqu'ilatteignaitlefond.
—Jevaiséjaculerentoi,Mia.Jeveuxqueturestesparfaitementimmobileetquetucontinuesà
tedonnerduplaisir.
Elleétaitdéjàsiprochedel'orgasmequ'elledutsuspendresescaressespournepasjouirtrop
tôt.
Gabeaccéléralacadencemaissansjamaislabrutaliser.Soudain,lajeunefemmelesentitjaillir
enelle,et,unesecondeaprès,ilseretira,couvrantsonanusdesasemencechaude,quicoulaentre
sesfessesetàl'intérieurdesacuisse.
Puisillapénétradenouveau,lesexeencoretenduetlubrifiéparsajouissance.Pendantunlong
momentilcontinuaainsi,mêmeunefoisquesesspasmessefurentcalmés.
AlorsMiacessadeluttercontresonpropreorgasmeets'abandonnaàuneextaseéblouissante
quilasecouacommeunevague.Submergée,elleretombasurleventre,etGabeglissahorsd'elle
avantdesuivrelemouvementetdelapénétrerdenouveau.
Sonmembretoujoursrigideprofondémentlogéenelle,illacouvritdesongrandcorpsetlui
mordillal'épauleavantdedéposerunelignedelégersbaisersjusquedanssoncou.
—Tuavaisdéjàfaitça?luimurmura-t-ilaucreuxdel'oreille.
—Non,c'étaitlapremièrefois,répondit-elledansunsouffle.
—Bien,conclut-ilavecunenotedetriomphedanslavoix.
Ilrestaainsidelonguesminutes,jusqu'àcequesonsexeperdeenvolumeetendureté,
soulageantpeuàpeulatensionquihabitaitMia.Enfin,ilseretiradoucement.
Incapabledebouger,lajeunefemmetentaderassemblersesespritsdispersésauxquatrevents
parlaviolencedesonorgasme.EllesentaitlesséquellesdelafesséeetdelapossessiondeGabe,
pourtantelleéprouvaitaussiunesatisfactionsanspareille.
Gaberevintprèsd'elleetl'essuyatendrement,puisilretournadanslasalledebainsetallumala
douche.Cettefois,lorsqu'ils'approchadulit,cefutpoursouleverMiaetlaporterjusquesouslejet
brûlant.Ellesoupiradebien-êtreensentantl'eauchaudesursesmusclesendolorisets'abandonna
auxmainsexpertesdeGabe,savourantchaqueinstantqu'ilpassaitàs'occuperd'elle.
Illasavonnaentièrement,consacrantuneattentionparticulièreàlapeaurougiedesesfesses.
Quandileutnettoyéchaquepartiedesoncorps,lajeunefemmetremblaitlittéralementd'une
excitationrenouvelée.
Illarinçaavecsoinpuisselavaàsontouravantd'éteindrelejetetdesortirdelacabinepour
attraperuneserviette,qu'iltintouvertepourqueMias'yréfugie.Alors,ill'enveloppadansletissu
moelleuxetlaserracontresoncœur.
—Jemaintienscequej'aidittoutàl'heure,tumegâtes,Gabe,murmura-t-elle.
Ellelevalesyeuxversluijusteàtempspourapercevoirunsourired'uncharmeabsolument
diabolique.
Illaséchadespiedsàlatêtepuislalaissanouerlaservietteautourdesescheveux.
—Inutiledeterhabiller!lança-t-iltandisqu'elleregagnaitlachambre.
Ellesouritendevinantlapromessedanssavoix.Onn'étaitquesamedisoir,et,eneffet,rienne
l'obligeaitàenfilerdesvêtementsavantlesurlendemain.
Chapitre28
—Gabe,ilfautquejeportecesdocumentsàJohnpourqu'ilyjetteuncoupd'œilavantnotre
départ.D'ailleurs,ildoitaussimefournirleplanmarketing.Bref,jepensaisenprofiterpour
descendrenouschercherquelquechoseàmanger.Commeça,dèsquejereviens,ondéjeune
tranquillementici.
GabelevalesyeuxetvitMiaqui,deboutdevantsonbureau,lecontemplaitd'unair
interrogateur.Ilconsultasamontreets'aperçutqu'ilétaitplusdemidi.Miaetluiavaientpasséla
matinéeàtravaillerd'arrache-piedpourpréparerleurséjouràParis.
Ilfuttentéd'envoyerquelqu'und'autrechercherleurdéjeunerafindepouvoirgarderMiaà
portéedemain,maisilréprimacetinstinct.
Mêmeunweek-endentierpasséàfairel'amourjusqu'àl'épuisementn'avaitpassuffiàle
rassasier.
—Bonneidée,maisnet'embêtepas.Lepetittraiteuraucoindelarueferatrèsbienl'affaire.Tu
connaismesgoûts.
Ellesouritàcesmots,unelueurmalicieusedansleregard.Cettecoquineensavaitlongsurses
goûts,justement,et,siellenesortaitpassur-le-champ,ilallaitcéderàlatentation.
—Vas-y,souffla-t-ild'unevoixenrouéededésir.Situcontinuesàmeregardercommeça,on
n'arriverajamaisjusqu'àParis.
Elletournalestalonsets'éloignaavecunpetitrirequiretentitàsesoreilles.Ilsubitunmoment
depurepaniquelorsqu'ellerefermalaportederrièreelle,lelaissantseuldanscettegrandepièce
vide.
Aussitôt,ileutl'impressionquel'atmosphèreétaitchangée,commesidesnuages,passantdevant
lesoleil,venaientdelepriverdesachaleur.
Ils'efforçanéanmoinsdeseconcentrersursontravailetdenepasregardersamontretoutesles
cinqminutesenattendantleretourdeMia,maisilfutdérangéparlasonneriedesoninterphone.
—Qu'ya-t-il,Eleanor?demanda-t-ilenfronçantlessourcils.
—Monsieur,madameHamiltonestici.Euh,LisaHamilton.
Gabefermalesyeuxavecunlongsoupir.Pourquoifallait-ilqu'ellevienneprécisémentcejour-
là?Illuiavaitpourtantsignifiéentermesparfaitementlimpidesqu'elleperdaitsontemps,la
dernièrefoisqu'elles'étaitinvitéedanssonbureau.
Peut-êtren'avait-ilpasétéaussilimpidequ'illecroyait...
—Faites-laentrer,annonça-t-ild'unevoixsèche.
Ilallaitdonccongédiersonex-femmeunebonnefoispourtoutesenluifaisantcomprendresans
lamoindreambiguïtéqu'ilnesouhaitaitplusjamaislarevoir.
Uninstantplustard,Lisaentradanssonbureau,tiréeàquatreépingles,commetoujours.
Gabeconstataavecunelégèregrimacequ'ellen'avaitpasretirésonalliancenisabaguede
fiançailles,desbijouxqu'illuiavaitoffertspoursymboliserleurunion.Poursapart,iln'avaitaucune
enviedeserappelerqu'elleavaitunjourétésienne.
—Gabe,ilfautquenousparlions,lança-t-elleens'asseyantfaceàluiavantmêmed'yêtre
invitée.
—Nousn'avonspourtantplusrienànousdire,rétorqua-t-ild'unevoixégale.
Lisafronçalessourcils,et,pourlapremièrefoisdepuissonarrivée,sonvisagetrahitun
soupçond'émotion.
—Quefaut-ilquejefasse,Gabe?Combiendetempsvais-jedevoirmetraîneràtespiedspour
quetumepardonnes?Dis-le-moi,quejem'exécuteetquenouspassionsàlasuite!
Gabeserassitdanssonfauteuilettentadecontenirsonimpatience.Ilnevoulaitpasréagirde
manièretropbrutale.Àpeineeut-ilpensécelaqu'ilfaillitéclaterderire.Ilcherchaitencoreà
ménagerLisaalorsqu'ellel'avaittrahietcalomniédevantlemondeentier,sansmêmequ'ilsachece
quil'avaitpousséeàagirainsi.
—Lisa,riendecequetupourraisdireoufairenesauraitmeconvaincredechangerd'avis,
articula-t-ild'unevoixclaireetdéterminée.Iln'yaplusrienentrenous.C'estfini,etc'estparceque
tul'asvoulu.Jeterappellequec'esttoiquim'asquitté,pasl'inverse.
Lisaaffectaunepetitemineeffondréeetpoussalacomédiejusqu'àessuyerunelarme
imaginaire.
—Jesuisnavrée,Gabe.Jesaisquejet'aifaitsouffrir.J'aicommisuneerreurmonumentale,
maisnousnousaimons,toietmoi!Quelgâchisceseraitdenepasnousaccorderunesecondechance
!Jesaiscommentterendreheureux,Gabe.Rappelle-toi...
Ilsesentaitbouillirdecolère,etpritletempsdebienchoisirsesmots.
—Non,Lisa,jenet'aimepas,affirma-t-ild'unevoixforte.
Elletressaillit,et,cettefois,leslarmesquiperlèrentàsespaupièresn'étaientpasfeintes.
—Jen'encroisrien,rétorqua-t-elledansunsouffle.
—Jememoquepasmaldecequetucrois,Lisa,repritGabeavecunsoupir.C'esttonproblème,
paslemien.Notrehistoireappartientaupassé,pointfinal.Arrêtedetefairedumal-etdemefaire
perdremontempsparlamêmeoccasion.J'aidutravailetn'appréciepasd'êtreconstamment
interrompu.
—Unsandwichclubavecdupainauxcéréales,çateva?lançaMiaenentrantdanslebureau,
unsacenpapierdanschaquemain.
ElleaperçutLisaetfreinadesquatrefers,lesyeuxécarquillés.
—Oups.Désolée,bredouilla-t-elle,gênée,avantdebattreenretraitedanslecouloir.
Gabesemorditlalèvrepourseretenirdelarappeler.C'étaitLisaqu'ilvoulaitvoirpartir,pas
Mia.
Lorsqu'ilreportasonattentionsursonex-femme,celle-ciledévisageaitd'unairperspicace.
—C'estàcaused'elle,n'est-cepas?demanda-t-elled'unevoixdoucereuseavantdeseleveren
serrantlespoings,menaçante.Çaatoujoursétéàcaused'elle!J'avaisdéjàremarquécommenttula
regardaisquandnousétionsmariés,maisjen'avaispasprislamenaceausérieux,àl'époque.C'était
lapetitesœurdeJace,alorsjemedisaisquetuluitémoignaisuneaffectiondignedelagamine
qu'elleétait,riendeplus.Mais,enfait,tuladésiraisdéjà,hein,espècedesalaud!Dis-moilavérité,
tuesamoureuxd'elle?
Gabeseleva,fouderage.
—Çasuffit,Lisa.Tais-toiavantdeteridiculiserdavantage.Miatravaillepourmoi.Tudevrais
avoirhontedeparlerd'elleencestermes.
—Maisbiensûr!S’esclaffaLisa.Depuisledébut,nousétionscondamnésàl'échec,toietmoi,
pasvrai?Mêmesijen'étaispaspartie,çaauraitfinipartomberàl'eau.Notremariageétaitfichu
d'avance,hein,Gabe?
—C'estlàquetutetrompes.Jet'aitoujoursétéfidèleetjeleseraisrestéjusqu'aubout.La
réussitedenotrecouplemetenaitvraimentàcœur.Dommagequetut'ensoislasséesivite.
—Oh,arrêtedefairel'autruche,Gabe!J'aibienvucommenttularegardais,aujourd'huicomme
àl'époque.Jemedemandesiellesaitcequil'attend.Jedevraispeut-êtrelamettreengarde.
Rattrapéparsacolère,Gabecontournasonbureau.
—Situosest'approcherd'elleàmoinsd'unkilomètre,jeteleferairegretter.Tupourrastirerun
traitsurlesjoliessommesquejeteverse.Jet'assurequejen'auraiaucunscrupule.Tun'esqu'une
calculatriceméprisable.Miavautdixfoismieuxquetoi.Etpuis,situnemecroispascapablede
mettremamenaceàexécution,imaginelaréactiondeJacequandilapprendraquetucomplotes
contrelebonheurdesasœur.Jepeuxt'assurerqu'ilneserapasaussipatientquejel'aiétéjusqu'ici.
Lisaplissalespaupièresd'unairrusé.
—Combienserais-tuprêtàdébourserpourm'empêcherd'allerdiscuteravectanouvelle
employée?
Onenrevenaitdoncàl'argent,lenerfdelaguerreetlaraisondestentativesdeLisapourrentrer
danssesbonnesgrâces.Livide,Gabedutfaireappelàtoutesavolontépournepaslaisserlibre
coursàsacolère.
—Tonpetitchantagenefonctionnepassurmoi,Lisa.Tudevraislesavoir,depuisletemps.Je
saistrèsbienpourquoituesrevenuedanslesparages,tuasdilapidétoutetafortune,etlapension
pourtantconsidérablequejetepaienesuffitpasàalimentertesgoûtsdeluxe.D'ailleurs,àce
propos,sachequej'aidéjàcontactémonavocatpourdemanderuneréductiondesmensualités.Jeme
suismontrégénéreuxaumomentdenotredivorce,etregardeoùtuenes.Ilestpeut-êtretempsquetu
tebougeslesfessesetquetucherchesdutravailou,àdéfaut,unautrepigeonpourt'entretenir.Moi,
j'aiassezdonnécommeça.
—Tuvasleregretter,Gabe!Cracha-t-elleensedétournant,cramponnéeàsonsacàmain.
Gaberefusaderéagiràcetteprovocationetgardalesilence.Cen'estquelorsqu'elleluijetaun
dernierregardpar-dessussonépauleavantdefranchirleseuilqu'ilreprit:
—N'essaiemêmepasderevenirici,Lisa,tuneferaisquet'humilierparunscandaleinutile.Je
vaisprévenirleservicedesécuritédel'immeublequetun'espluslabienvenuedansleslocauxet
donneràEleanorlaconsignedelesappelersijamaistuosesdébarqueràcetétage.Etjetepromets
que,situfaisminedet'enprendreàMia,tuvast'enmordrelesdoigts,conclut-ildansunmurmure
menaçant.Compris?
Lisaluidécochaunregardchargéd'unehainevenimeusequiconfirmalessoupçonsdeGabe,
elleétaitàcourtd'argentetcherchaituniquementàregagnerl'accèsàsoncompteenbanque.
—Quelledéchéance!Persifla-t-elle.GabeHamilton,amoureuxdelapetitesœurdeson
meilleurami.Quisait?C'estpeut-êtreellequitebriseralecœur,aprèstout.
Là-dessus,Lisatournalestalonsets'éloigna,sescheveuxluibalayantlesépaules.Gabeseprit
àespérerqu'ilnelareverraitjamais.
Ils'apprêtaitàpartiràlarecherchedeMialorsque,justement,cettedernièrepassalatêtedans
l'encadrementdelaporte.Illuifitsigned'entrer,etellevintdéposerlessacsenpapiersurson
bureau.
Sansunmot,elleluidéballasondéjeunerpuisallas'installerderrièresonordinateurpour
mangertoutenrelisantlesrapportsqu'illuiavaitdemandédemémoriserenprévisiondeleur
voyage.
QuantàGabe,ilavaitperdul'appétit,taraudéparlesaccusationsdeLisa.Cequ'elleavait
insinuéluidéplaisaitfortement,pourtantilydécelaitunepointedevérité,cequin'arrangeaitguère
sonhumeur.
Gaben'ouvritpaslabouchedetoutlevoyage.Àvraidire,ilétaitd'unehumeurdedoguedepuis
quesonex-femmeétaitressortiedesonbureau.Miaignoraitcequis'étaitpasséentreeux,maisGabe
avaitaussitôtavertileservicedesécuritédel'immeublequeLisan'étaitpluslabienvenuedansles
locauxdeHCM.
Ilavaitpriscongédurestedel'équipeentermespolismaisbrefsavantdedescendreleurs
bagages.Unefoissurlaroute,ils'étaitretranchédansunsilencequeMiaavaitrespectéjusquedans
l'avion.
Aussitôtquecefutautorisé,ellesortitsoniPodetinclinaledossierdesonsiège,fermantles
yeuxpourmieuxsavourerlamusique.Sonweek-endchezGabel'avaitépuisée,et,siellene
grappillaitpasquelquesheuresdesommeilpendantlevol,lajournéedulendemainluiparaîtrait
interminable.Ilsatterrissaientà8heuresdumatin,heurelocale,cequisignifiaitqu'ellenepourrait
décemmentsecoucherquequatorzeheuresaprès.
EllenecomprenaitpastrèsbienpourquoiGabel'avaitfaitvenir.Ilallaitrencontrerdes
investisseurspotentiels,troishommesqueleurprojetintéressaitbeaucoup.Sitoutsedéroulait
commeprévu,ilspourraientcommencerlestravauxauprintemps.D'ailleurs,Gabecomptait
égalementprofiterdeleurséjourpoursonderquelquesentreprisesdubâtiment.
Mian'avaitnullementbesoindel'accompagner,clairement,ellen'apportaitaucunecompétence
supplémentaire.Laseuleexplicationpossible,c'étaitqueGaben'avaitpasenviedesepasserd'elle
duranttouteunesemaine.
Quelquepartau-dessusdel'Atlantique,lajeunefemmeselaissagagnerparlesommeil,bercée
parlamusiqueetleconfortdeleursfauteuils.
Puis,soudain,Gabeluitouchadoucementl'épauleetluifitsignedereleverledossierdeson
siège.Elleretirasesécouteursetluilançaunregardinterrogateur,encoremalréveillée.
—Onvabientôtatterrir,annonça-t-il.
Miasedemandas'ilavaitdormi.Ilaffectaitlamêmeexpressionsombreetcontrariéeque
lorsqu'ilsavaientquittéNewYork.Sisamauvaisehumeurnesedissipaitpas,leséjourpromettait
d'êtrefortréjouissant.
Quelquesminutesplustard,l'avionseposaetallasegarerprèsduterminal.Illeurfallutune
heurepourpasserlescontrôlesdesécuritéetrécupérerleursbagages,puisilsmontèrentdansuntaxi,
etGabedonnaauchauffeurl'adressedel'undesplussérieuxconcurrentsdeHCM.
Miaavaitd'abordtrouvécelacurieux,maisGabeluiavaitexpliquéquec'étaitlemeilleur
moyend'évaluerlaqualitédeleurprestation.
Illeuravaitréservéunesuiteluxueuse,quioccupaitlamoitiédudernierétagedel'hôtel.
D'immensesbaiesvitréesleuroffraientunevuesplendide,quiembrassaitaussibienlatourEiffel
quel'ArcdeTriomphe.
Miasedirigeaverslesomptueuxcanapéets'yinstallamollement.Ellesesentaittoutegroggy,
mêmeaprèsavoirdormidansl'avion.Leslongsvoyagesluifaisaienttoujoursceteffet-là.Elle
mouraitd'enviedesefairecoulerunbonbainchaudpuisdeseglissersouslacouette,maiselle
ignoraittoutdesprojetsdeGabepourlajournée.
Cedernier,quiavaitbranchésonordinateur,passaunebonnedemi-heureàécrireavantdelever
lesyeuxversMia,alanguiesursoncanapé.
—Vatereposer,situveux,dit-il.Onn'ariendeprévujusqu'audîner.Onrejointnos
investisseursaurestaurant,puisjelesaiinvitésàvenirboireunverreiciaprès.Jet'aienvoyéun
mailquirécapitulelesinfoscapitalesconcernantcesmessieurs.Prendsletempsdelelireavantce
soir.
Miacomprit,àlafaçonunpeucavalièredontilvenaitdelacongédier,qu'iln'avaitpasencore
digérésacontrariété.Ellesefitdoncunplaisirdelelaissertranquilledanslesalonetdegagnerla
chambredelasuite.Iln'yenavaitqu'une,etcelle-cinecomptaitqu'unlit,sinonlajeunefemmese
seraitinstalléeseule.Tantpis.
Elleserenditdanslasalledebainsetpassaunlongquartd'heuresouslejetd'eaubrûlante
avantd'enressortir,enfindétendue,lapeaurosie.
Elleavaitlajournéedevantelleetconnaissaitdéjàparcœurtoutcequ'ilyavaitàsavoirsur
leursfutursinvestisseurs.Elletrouvaitcelaunpeuironiquequeseulementunseuldestroissoit
français.StéphaneBargeronétaitunentrepreneurderenomméeeuropéenne,maislesdeuxautres,
CharlesWillisetTyson«Tex»Cartwright,étaientdesAméricainsimplantéssurlevieuxcontinent.
Charlesétaitleplusjeunedesdeuxetdevaitavoirl'âgedeGabeouunpeuplus.C'étaituntrès
belhommequi,àlamortdesonpère,avaitreprislesrênesdelasociétéfondéeparcelui-ci.Depuis,
ilbataillaitpourétablirsapropreréputation,etGabecomptaitsurluipourfaireuneoffrealléchante.
Willisavaitbesoindeceprojetpourasseoirsoninfluenceetdécrocherd'autresmarchéstoutaussi
lucratifs.
TysonCartwrightétaitunmilliardairetexand'unequarantained'annéesquiavaitmontésaboîte
àlasueurdesonfront.Miaavaitsoigneusementétudiésonparcours,qu'elletrouvaitfort
impressionnant.Orphelin,ilavaitcommencéàtravailleralorsqu'ilétaitencoreadolescentet,àtout
justevingtetunans,ilpossédaitdéjàunepetitesociétédeconstructiondansl'estduTexas.Delà,il
s'étaitforgéunvéritableempire,illustrantparfaitementl'idéalaméricainduself-mademan.
Mian'avaitpasautantd'informationssurStéphaneBargeron,toutsimplementparcequece
derniern'étaitqu'undesnombreuxmaillonsdel'entreprisefamiliale.Sonrôleconsistait
essentiellementàserendresurleterraintandisquesonpèreetsesfrèrestiraientlesficellesdans
l'ombre.Ilétaitenquelquesortelebrasarméd'unemachinedontilsformaientlecerveau.
Gabeavaitdoncinvitélestroishommesàlesrejoindredansleursuiteaprèsdîner.Miane
comprenaitpasbienlerôlequ'elleétaitcenséejouer,maislaperspectivedepasserunesoiréeen
compagniedequatrehommesbeauxetfortunésneluidéplaisaitpasdutout.
Nevoyantpasl'intérêtderessasserdesinformationsqu'ellemaîtrisaitdéjàparfaitement,ellese
glissasouslacouetteavecunsoupirdebonheur.
Chapitre29
Pendantledîner,Gabeeuttoutleloisird'observerMia,occupéeàbavarderavecleursfuturs
associés,souriante,àl'aise.Clairement,ellelestenaitsoussoncharme.
Maisqu'enétait-ildelui?Letenait-elle,luiaussi?Pourlamillièmefoisdepuislaveille,la
questiondeLisarésonnadanssatête.«Tuesamoureuxd'elle?»
Ils'expliquaitmalpourquoicesquelquesmotslemettaientdansuntelétat.Ilavaitpasséla
journéeentièreàexaminerleproblèmesoustouslesangles,touràtourdéroutéetirritéparla
conclusionquis'imposaitinvariablement,ilsesentaitincapabledegardersesdistancesavecMia.
Ilétaitenoutrefurieuxdenepasavoirsuréfuteraussitôtl'accusationdeLisa.
Ilavaitenvisagédemettreuntermeaucontratsur-le-champetdelicencierMiapourl'écarterde
savie,maisiln'enavaitpaseulaforce,etcelaledésespéraitplusquetout.Ilavaitbesoind'elle.
Enversetmalgrélui,ilavaitbesoind'elle.
Ilexaminauninstantlestroishommesqu'ilavaitinvitésàsejoindreàeuxaprèsdîner.Leur
intérêtpourlajeunefemmeétaitévident,quelhommecélibataireethétérosexuelauraitpurésisterà
soncharme?Cespectacleluidonnaitenviedemontrerlescrocs,maisilparvintàseconteniretà
reconnaîtrel'opportunitéquiseprésentaitàlui.
Iltenaitlàl'occasiondeseprouverquesonobsessionpourMian'étaitpasincontournable.Qu'il
n'étaitpasamoureuxd'elle.
Lesprojetsqu'ilavaitentêtes'inscrivaientdanslalogiquedeleurcontratmêmesi,jusque-là,il
n'auraitjamaisimaginélivrerMiaenpâtureauxmainsd'unautre.Cetteidéeallumaituneflammede
jalousierageusedanssesveines,pourtantMian'yétaitpasopposée.Aucontraire,elleavait
manifestéunecertainecuriositépourlachose.EtpuisGabeavaitdéjàtentél'expérienceparlepassé.
Pourquoisepriverderecommencer?Sadécisionétaitprise.
Ilneluirestaitplusqu'àespérerqu'ilsurvivraitàcettehistoiresansperdrecomplètementla
tête,etsansperdreMia.
L'humeurgrincheusedeGabes'étaitmuéeenquelquechosede...Mian'auraitpasbiensudéfinir
quoi,maislechangementétaitflagrant.Gabenelaquittaitplusdesyeuxalorsque,depuislavisitede
Lisa,ilavaitplutôtévitédecroisersonregard.Celainquiétaitd'autantpluslajeunefemmequ'elle
décelaitsursonvisageunedéterminationnouvelle,farouche,etdontelleignoraitl'objet.
Jusqu'àcetteétrangetransformation,elles'étaitaccommodéedusilencebourrudeGabe,mais,à
présent,cemutismecommençaitàluipeser.Elleauraitvouluqu'illuidisequelquechose,qu'illa
rassure,mêmesiellenesavaitpaspourquoi.
Dansletaxiquilesramenaitàl'hôtel,latensiondevintsipalpablequeMiacrutétouffer.Elle
auraitvouludemanderdesexplicationsàGabe,maisquelquechosedanssonexpressionluifaisait
redoutersesréponses.
Aussitôtarrivédansleursuite,ilfermalaporteàcléettoisaMiad'unregarddur,presque
électrique.Pourlapremièrefoisdepuislongtemps,ellevitlemâledominateurreprendreledessus
surl'amanttendreetpatientqu'elleavaitapprisàconnaître.
—Déshabille-toi.
Surpriseparletondesavoix,lajeunefemmecilla.Ilnesemblaitpastantencolèreque...
entêté.Ellehésitauninstant,malàl'aise.
—Mais...jecroyaisqu'ilsvenaientboireunverreici,articula-t-elledansuneffort.
—Oh,ilsvontvenir,net'inquiètepas...
—Oh!
—Nem'obligepasàmerépéter,Mia,repritGabed'unevoixdouceetmenaçante.
Lesmainstremblantes,ellesaisitlebasdesarobeetlafitpasserpar-dessussatêteavantdela
jeterausol.Puiselleôtasesescarpins,qu'elleenvoyavalsersurleparquet.
Millequestionssebousculaientdanssatête,maisleregarddeGabeladissuadad'ouvrirla
bouche.C'estdoncsansunmotqu'elleretirasaculotteetsonsoutien-gorge.
—Vat'agenouillersurletapis,ordonnaGabe.
Tandisqu'elleavançaitd'unpaslent,ilramassasesaffairesetlesportadanslachambre.Seule
danslesalon,elleselaissatombersurl'épaissepeaudemoutonquiornaitlecentredelapièce.
EllelevalesyeuxenentendantGabereveniretétouffaunpetitcri.Iltenaitdanslesmainsune
cordepasunetressedechanvrecommeonentrouvedanslesmagasinsd'outillage,maisunmince
lienrecouvertd'untissusatinéetmauve.C'étaitunobjetd'alluresensuelle,mêmesiGabecomptait
s'enservirpourlaligoter.
Toutens'approchantd'elle,ilenroulalacordeautourdesesmains.Puis,sansunmot,ilse
penchaverselleetluiramenalesbrasdansledos.Lecœurbattantàtoutrompre,ellefermalesyeux
pendantqu'illuiattachaitlespoignetset,àsagrandesurprise,luientravaitleschevilles.Ellese
trouvaitdoncincapablederemueroudeserelever.Ellen'avaitd'autrechoixquedesubircequ'il
allaitluiinfliger.
Uneétrangeexcitationluifouettalesangàcetteidée.Elleétaittouràtourcurieuseetmalà
l'aise,maissondésird'explorerdesjeuxinterditsl'emportaitsurtoutlereste.Sousladirectionde
Gabe,d'autreshommesallaientvenirlatoucher,etpeut-êtremêmeplus.Ilsenavaientdiscuté,après
tout.
Alorsqu'ilserraitlederniernœud,onfrappaàlaporte,etlecœurdeMias'emballa,sibien
qu'ellefutprisedevertige.
—Gabe,murmura-t-elled'unevoixincertaine.
Ils'assuraquelacordeétaitsolidementfixéepuis,enserelevant,passaunemaindansles
cheveuxdeMiaenunecaresseréconfortante.
Cesimplegesteluiredonnaducourageet,soulagée,ellelesuivitdesyeux.
Depuisledébut,ellesavaitquelgenredechosesl'excitait.Ilavaitexposésesgoûtsendétail
danscecontratqu'elleavaitsignédesamain.
Peut-êtrequ'àl'époqueellenepensaitpasqu'iliraitjusque-là.Oupeut-êtreque,justement,elle
espéraitensecretqu'iloserait.
Celanechangeaitrienaurésultat,elleseretrouvaitlittéralementpiedsetpoingsliés,nueet
offerteauxregardsdetroisétrangers.
Gabefitentrerleursinvitésqui,dansunmêmemouvement,tournèrentlatêteverselle.Ellefut
frappéedenedéceleraucunesurprisesurleurvisage,paslemoindrechoc,seulementundésirbien
visible.
Savaient-ilsàquois'attendreenvenant?Gabelesavait-ilprévenusquesonassistantefigurait
aumenudesréjouissances?
Dansunpremiertemps,Gabesecomportacommesiellen'étaitpaslà.Ilentraînaseshôtesvers
leminibaretleurservitunverreavantdelesfaireasseoirdanslesalon.
Pendanttoutcetemps,illeurexposasesplanspourlefuturhôtel,ainsiquelesperspectives
d'évolutionqu'ilenvisageaitpourHCM.Toutcelaétaittrèspoli,trèsprofessionnel,misàpartlefait
queMiasetenaitàgenouxsurletapis,ligotéeetnuecommeunver.
Elleobservacesquatrehommes,beauxetvirils,etremarqualafaçondontlestroisnouveaux
venusl'épiaient,mêmeaubeaumilieudeleurconversationsisérieuse.Laprésencemuettedela
jeunefemmecontribuaitàcréerdanslapièceuneatmosphèreélectrique.
Soudain,Gabeselevaets'approchad'elletoutendéfaisantsonpantalon.Illuicaressales
cheveuxpuisluipritlevisageàdeuxmainsetpassalepoucesurseslèvresavantdelefaireglisser
sursalangue.
Lesautresleregardaientfaire,lesyeuxbrillantsd'excitation.
Gabepritsonérectiondansunemainet,del'autre,inclinalatêtedeMiapourqu'ellepuissele
recevoir.
—Ouvrelabouche,ordonna-t-il.
Miasesentitrougirdegêne,maiségalementdedésir.Ellevibraitàl'idéequeGabeprenne
possessiond'elleainsi,devantceshommes.Tantd'émotionsconflictuellesfaisaientragedansson
cœurqu'ellenesavaitplusréellementcequ'elledevaitpenserdetoutcela.
Laseulechosedontelleétaitsûre,c'étaitdesaconfianceenGabe,etelles'abandonnaentreses
mainsexpertes.
Elleentrouvritleslèvres,etils'avança,lentementmaisprofondément,jusqu'àtoucherl'arrière
desagorge.Puisilseretirapresqueentièrementavantdereveniràlacharge,etMiaaccompagnale
mouvementavecsalangue.
Étantdonnésonhumeurorageuse,elleauraitcruqu'ilferaitpreuved'unecertainebrutalité,
mais,aucontraire,ilrestaitétonnammentdoux.Ilnecessaitdeluicaresserlevisagetoutenallantet
venantentreseslèvres.
—Magnifique,murmura-t-il.
—Ohoui,approuval'undeshommesderrièreGabe.
CettevoixdéconcentraMia.Elleavaitréussiàoublierlaprésencedestroisautrestantqu'elle
seconsacraitàGabe,maisàprésentelleserappelaqu'ilsl'observaientd'unœilavide,sansdoute
envieuxduplaisirqu'elleprocuraitàGabe.
—Nepensequ'àmoi,luisouffla-t-iltoutendonnantunlongcoupdereins.
Ellen'eutaucunmalàobéiràcetordreet,fermantlesyeux,seperditdanslessensationsdeson
membreveloutésursalangue.
Soudain,ilaccéléralacadencepuissetintunmomentaufonddesagorgeavantdeseretirer
pourlalaisserreprendresonsouffle,sansjamaiscesserdeluicaresserlesjoues.
—C'estunevraiebombe,commentaTyson.
—Ouais,jel'essaieraisbien,renchéritCharlesd'unevoixchargéedeconvoitise.
CrispantlesmainsautourduvisagedeMia,Gabedonnaquelquesrapidesimpulsionsavantde
jaillirdanssabouche.Ilseretirauninstant,faisantcoulersasemencesurleslèvresdelajeune
femme,puislapénétradenouveau.
—Ohputain,marmonnaStéphaneenfrançais.
—Avale,Mia,ordonnaGabe,etlèche-moijusqu'àcequejesoisbienpropre.
Elles'exécuta,etlesbruitsdesuccionemplirentlapièce,étrangementérotiquesdanslesilence
pesant.
Gabecontinuasesmouvementsjusqu'àsondernierspasme,puislaissaàMialetempsde
recueillirchaquegoutteavantdeseretirer,lesexeluisantdesalive.
Ilrajustasonpantalonetsebaissapourdétacherlajeunefemme,puisill'aidaàseremettre
deboutetlatintcontreluipendantqu'elleretrouvaitl'usagedesesmembresendoloris.Alorsilla
soulevaetlaportadanssesbrasjusqu'àlalonguetablebasse.
Ill'allongeadessusetluiécartalesjambes,puisluiramenalesmainsau-dessusdelatêteafin
deluiattacherlespoignetsauxpiedsdumeuble.
Lorsqu'ilsereleva,cefutpours'adresseràceluidestroishommesquisetenaitleplusprès
d'elle.
—Vouspouvezlatoucheretlacaresser,maisjevousinterdisdeluifairelemoindremalou
mêmedeluifairepeur.Ils'agituniquementdesonplaisiràelle.Vousrestezhabilléetnelapénétrez
enaucuncas.Est-cequec'estclair?
—Ohoui!ditCharlesWillisenselevant.
Chapitre30
GabereculadequelquespasetobservaMia,ligotéeàlatablebasse.Elleoffraituntableaud'un
érotismeincroyable,avecseslongscheveuxbrunsquitombaientjusqu'ausol,sesgrandsyeux
écarquillésetseslèvresgonfléesdeluiavoirdonnétantdeplaisir.
CharlesWillisluitournaitautourd'unpaslent,commeunvautour,serepaissantduspectaclede
lajeunefemmenue.Illuieffleuraleventrepuislesseins,enentitillantlapointejusqu'àlafaire
durcir.L'estomacdeGabesenoua.
StéphaneetTysons'approchèrent,toutenlaissantàCharleslaplacedecirculer.Ilsattendaient
leurtour,telsdesprédateursautourd'uneproietombéeàterre.
CetteidéeétaitinsupportableàGabe.Soninstinctluihurlaitdefairecessercetteodieuse
mascarade.Mian'appartenaitqu'àlui.Personned'autrequeluin'auraitdûpouvoirlatoucher,
pourtantc'étaitluiquiavaitorganisécettesinistremiseenscène.Qu'avait-ilvouluseprouver,au
juste?
IlrongeasonfreinensilencetandisqueCharlesexploraitlecorpsdeMia,cecorpssigracieux
quiluirevenaitàlui,Gabe.Ilavaittoujoursétépossessif,maiscelanel'avaitjamaisdérangédevoir
unautrehommedonnerduplaisiràunedesescompagnesdepassage.Celaluiétait...indifférent,tout
simplement.Saufquandils'agissaitdeMia.
Lasituationprésenteluifaisaithorreur.
LaquestionperfidedeLisaretentitàsesoreilles.
«Tuesamoureuxd'elle?»
Ilsedétourna,incapablederegarderpluslongtempslesmainsdeCharlessurlapeaudeMia.
C'étaitdéjàunetortured'entendrelesgémissementsétouffésdelajeunefemme.Iltraversalapièceet
allaseposteràlafenêtre,tenduàl'extrême.Ilauraitvoulupouvoiréchapperauxconséquencesdesa
stupiditécrasse.
Iln'étaitqu'unsalauddoubléd'unimbécile.
Cettemiseenscèneétaituneerreurmonumentale.Ilfallaitqu'ilymetteunterme.Toutcequ'il
avaitréussiàseprouver,c'étaitqu'ilnevoulaitpaspartagerMiaavecquiquecesoit.
Ilallaitdemanderauxtroishommesdepartirsur-le-champ.
Alorsqu'ils'apprêtaitàtournerlestalonspourrevenirverseux,uncrideterreurluiglaçale
sang.
—Non!Gabe!hurlaMia.
Ilfitvolte-faceetaperçutCharlesqui,lepantalonouvertetlepoingcrispédanslescheveuxde
Mia,tentaitdelaforceràleprendredanssabouche.
Uneragevolcaniqueéclatadanssoncœur,etilseprécipitaversCharlesàl'instantmêmeoùce
dernier,énervéparlerefusdeMia,lagiflaitviolemmentdudosdelamain.Gabevitlatêtedela
jeunefemmeheurterlatableetdusangperleràlacommissuredeseslèvres.
Prisd'unefoliefurieuse,ilsaisitCharlesetlejetacontrelecanapé.Lesdeuxautress'écartèrent
envitesse,l'und'euxrefermantsabraguetteàlahâte.
GabedonnaàCharlesuncoupdepoingdansleventresuivid'uncrochetàlamâchoire.
—Dégage!Gronda-t-il,tremblantd'unecolèremeurtrière.Jetepréviens,sijamaisjerevoista
saletroncheunjour,tuleregretteras!
Ilavaitenviededémolirleportraitdecetteordure,maisleplusurgentétaitdes'occuperde
Mia.Mia,dontilavaittrahilaconfianceenlamettantdanscettesituationatroce,uniquementparce
qu'iln'avaitpaslecrand'admettreàquelpointellecomptaitpourlui.
TysonetStéphanepassèrentchacununbrassouslesépaulesdeCharlesetdéguerpirenten
claquantlaportederrièreeux.
GabeseprécipitaversMia,lagorgéenouéeparl'angoisse.Lementondelajeunefemme
tremblaitdefaçonincontrôlable,et,danssesyeuxbrillantsdelarmes,illutunmélangedepeuret
d'humiliationquiluibrisalecœur.
Maislepireétaitlesangquececonnardavaitfaitcoulerenlafrappant.
Gabes'agenouillaàcôtédelatableet,lesdoigtstremblants,entrepritdedéfairelesnœudsdela
cordesanscesserdedéposerdesbaiserssurlefrontdeMia,sursatempeetdanssescheveux.
—Jesuisdésolé,machérie.Jem'enveuxterriblement,Mia.Jen'avaispasl'intentionqueçase
passecommeça.
Lajeunefemmeneditrien,maisGabeignoraitsisonsilenceétaitdûauchocqu'ellevenaitde
subirouàlacolèrequ'ellenourrissaitenverslui.Dansuncascommedansl'autre,ilnepouvaitguère
luienvouloir.Ilétaitresponsabledecedésastre,ill'avaitblesséeethumiliée.
Unefoisqu'ill'eutdétachée,illapritdanssesbrasetlaportajusquedanslachambre.Illa
déposasurlelit,s'allongeaàcôtéd'elleetlaserracontrelui.Aussitôt,ellesetournaversluiet
enfouitlevisagedanssoncou.Ilcrutquesoncœurallaitsedéchirerquandilsentitdeslarmes
brûlantescoulersursapeau.
Iln'étaitvraimentqu'unemisérableordure...Undésespoirindicibleluiparcourutl'échineetle
pritàlagorge.
—Jesuisdésolé,Mia,jem'enveuxterriblement.
Ilsemblaitincapabledefaireautrechosequederépétercesdeuxphrases.EtsiMialequittait?
Cetteidéedéclenchaunevaguedepaniquedanssesveines.Ilcomprendraitqu'elleveuilles'enfuiren
courant.
—Nepleurepas,machérie.Jet'ensupplie,nepleurepas.Jesuisdésolé.Çanesereproduira
plusjamais,jetelepromets.Jen'auraisjamaisdûfaireunechosepareille.
Illaberçalonguement,etelles'accrochaàluidetoutessesforces,toujourssecouéede
tremblementsincontrôlables.Était-cedelagêne,delapeuroudelacolère?Peut-êtreunmélange
destrois?GabeétaitprêtàencaissertoutcequeMiaauraitàluidire.Ilneméritaitpasmieux.Il
avaitmanquéàsaparoleensedétournantaumomentmêmeoùelleavaitbesoindesaprotection.
Toutçaparcequ'ilavaitvouluseprouverqu'ilnetenaitpasvraimentàelle.Quelcon!
C'étaitabsurde,etillesavaitàprésent.Ilnepouvaitpassepasserd'elle.Elleconstituaitune
obsessionprofondémentenracinéedanssonâmeetdontiln'auraitpaspusedéfairemêmes'ill'avait
voulu.Iln'avaitjamaisressentiuntelélandejalousieenvoyantunautrehommeposerlesmainssur
cettefemmequiétaitsienne.Saufque,justement,aulieudelatraitercommelapersonnequicomptait
plusquetoutpourlui,ill'avaitutiliséecommeunvulgaireobjetsexuel.
Miatremblaitdeplusenplusfort,maisGabenesavaitpasquoifaired'autrequedeluicaresser
ledos.Ilauraitpourtantvoululuioffrirunréconfortabsolu.
Soudain,elleluiagrippalesépaulesettentadesedégager,maisillaretintcontrelui.Ilavait
besoindelatenir,terrifiéàl'idéeque,s'illalaissaitpartir,ellenereviendraitplusjamais.
—Jeveuxmedoucher,lança-t-elled'unevoixétranglée.S'ilteplaît,Gabe,jeveuxmelaver.Je
mesenssale.Il...ilm'atouchée.
Unfrissondedésolationleparcourut.Miasesentaitsouillée,cequin'avaitriend'étonnant.
Charlesavaitheurtésapudeur,maisc'étaitsurtoutGabequil'avaittrahiedelapiredesfaçonsen
organisantcetterépugnantemascarade.Commentpourrait-iloublierunepareilledisgrâce?Pire,
commelepourrait-elle?
—Jevaisfairecoulerl'eau,d'accord?dit-ilenluicaressantlescheveux.
Lesjouestrempéesdelarmes,dusangséchéàlacommissuredeslèvres,ellelevaversluides
yeuxblesséspuissedétournarapidement,incapabledesoutenirsonregard.
—Nebougepas,mabelle,murmura-t-il,lagorgenouée.Jerevienstechercherdèsquel'eauest
chaude.
Ils'éloignadulitmalgrél'instinctprimairequiluicriaitdenesurtoutpaslalâcher.Ilétaiten
proieàunepaniquedévastatricequiluiretournaitl'estomacetmenaçaitdelerendrefou.Iln'avait
jamaisrienressentid'aussiatroce.
NiquandLisal'avaitquitténimêmequandellel'avaitcalomniédanslesmédias.C'étaitune
terreurtoutenouvellequiluiétreignaitlecœur.
Ilseprécipitadanslasalledebains,allumaladoucheet,enattendantquel'eausoitàlabonne
température,disposaunpeignoiretuneservietteàportéedemaindelacabine.Danssahâte,ilfit
tomberlaservietteetsebaissaavecunjuronpourlaramasseretlareplier.
Deretourdanslachambre,iltrouvaMiaassise,lesjambesrepliéesetlementonposésurles
genoux.Ellesebalançaitdoucementd'avantenarrière,etsescheveuxemmêlésluibalayaientles
cuisses.Ellesemblaitsivulnérable!Gabecrutmourirsur-le-champ.
C'étaitsafautesiellesetrouvaitdanscetétat-là.Charlesn'étaitqu'unpionanecdotiquedans
cettehistoire.C'étaitlui,Gabe,lecoupable.
Illuipassadoucementunemainsurl'épauleetenroulaunelonguemèchesoyeuseautourdeses
doigts.
—Mia,machérie,ladoucheestprête,murmura-t-ilavantdemarqueruntempsd'hésitation.Est-
cequetuveuxquejet'aide?
Ellerelevalatêteetbraquasurluisesgrandsyeuxtourmentés,maisneditpasnon.Ellenedit
riendutout.Ellesecontentadehocherlatête.
Gabeéprouvaunsoulagementtellementintensequ'ileneutpresquelevertige.Ellenel'avaitpas
rejeté.Dumoins,pasencore.
Ilsepenchaet,avecmilleprécautions,lapritdanssesbrasetl'emmenadanslasalledebains
enlaserrantcontresoncœur.Illadéposaletempsdesedéshabiller,puisl'entraînadanslacabine.
Pendantquelquesminutes,ilsecontentadelatenirtoutprèsdelui,souslachaleurdujetd'eau.
Puisilsaisitlesavonparfuméetentrepritdelanettoyerminutieusement.Ilvoulaiteffacerlesouvenir
decesmainsétrangèresquiavaientosélatoucher.
Illuilavaaussilescheveux,luimassantdoucementlatêteavantderincerseslonguesmèches.
Puis,denouveau,ill'attiracontreluietrestauninstantimmobile,ensilence.
Ilfinitparcouperlejetd'eauetouvritlaportedeladouchepourattraperlaserviette.Aussitôt,
ilenenveloppaMiaetlaséchatendrement,sanssepréoccuperd'avoirfroidlui-même.Laseule
chosequicomptait,c'étaitelle.Ilespéraitdetoutcœurnepasl'avoircompristroptard.
Lorsqu'ellefutsèche,illuienroulalaservietteautourdescheveuxetl'aidaàenfilerledouillet
peignoir,dontilnouasoigneusementlaceinture.IltenaitàcequeMiasesentebiencouverte,
protégée,ycomprisdelui.
Alors,illaramenadanslachambre,attrapantuneautreservietteaupassage,etcenefutqu'une
foisqu'ileutinstalléMiasouslacouettequ'ilpritletempsdesesécheretd'enfilerunboxer.Il
décrochaletéléphoneet,d'unevoixferme,commandaunchocolatchaud.Puisils'assitsurlelitet
aidaMiaàseredresserpourfinirdeluiessorerlescheveux.
Lesilenceseprolongeaentreeuxtandisqu'ils'affairaitavecdouceur.Unefoissatisfait,il
remportalaserviettedanslasalledebainsetrevintaveclepeignedeMia.Cettedernièren'avaitpas
bougé.
Ils'installaderrièreelleetcommençaàluidémêlerlescheveuxavecunepatienceinfinie,
jusqu'àcequ'ilssoientpresquesecs.
Alorsilreposalepeignesurlatabledenuit,pritMiaparlesépaulesetdéposaunepluiede
légersbaisersdanssanuqueetlelongdesoncou.
—Jesuisdésolé,murmura-t-il.
Illasentitfrissonnersousseslèvres,mais,àcetinstant,uncoupdiscretfutfrappéàlaporte.
—Jereviens,mabelle,dit-ilenselevantàcontrecœur.Installe-toicommetuveux,jet'apporte
tonchocolat.
Elleacquiesçapuissereculapours'adosserauxoreillersetremontalacouettejusquesousson
menton.
Gabepritleplateauqueluitendaitlegarçond'étageetsedépêchadelerapporterdansla
chambre.IlleposasurlebureauavantderevenirversMiaavecunetassefumante.
Lajeunefemmelasaisitàpleinesmains,commepourencapturertoutelachaleur,etlaportaà
seslèvresafindesoufflerdoucementdessus.Ellebutunepetitegorgée,mais,dèsqueleliquide
brûlanttouchal'endroitoùelleétaitblessée,elleécartalatasseavecunegrimacededouleur.
Aussitôt,Gabeluirepritlemugdesmains,furieuxcontrelui-mêmepourn'avoirpasanticipé
quecelaluiferaitmal.
—Jevaistechercherdelaglace,machérie,nebougepas.
Ilseprécipitaverslebardusalon,sortitdesglaçonsducongélateuretlesenveloppadansune
serviette.Quandilrevintdanslachambre,Miaregardaitdanslevague,l'airhébété.
Gabes'assitprèsd'elleetappuyadoucementlaglacecontresalèvreensanglantée.Miasursauta
ettentades'écarter,maisilinsista.
—Mia,mabelle,çavaenflersitunemelaissespasfaire,expliqua-t-ildansunmurmure.
Aussitôt,elleluipritlaserviettedesmainsetsedécalapourmettreunpeud'espaceentreeux.
Avecunetristessepoignantemaisdénuéedecolère,Gabeselevaetfitquelquespasendirectionde
laporteavantdeseretourner.
Ilobservalajeunefemmeuninstant,saisiparuneangoissequiluifaisaitperdretousses
moyens.Luiquiétaitd'ordinairesisûrdelui,ilsetrouvaitenproieàuneterribleincertitudedès
qu'ils'agissaitdeMia.Ilsesentaitécraséparlepoidsdel'erreurqu'ilvenaitdecommettre.Ce
n'étaitpaslegenredemauvaispasdontonpeutsetireravecquelquesmotsdouxetunbouquetde
fleurs.IlavaitsciemmentplacéMiadansunesituationdangereuse.Ilavaitpermisàunautrehomme
delaviolenteralorsqu'elleétaitsoussaprotection.
Commentespérerqu'elleluipardonnealorsquelui-mêmen'étaitpassûrd'enêtreunjour
capable?
Ilsetenaittoujoursàmi-chemindelaportelorsqueMiabaissalamainquitenaitlacompresse.
Ellesemblaitcomplètementabattue,etGabeeutlecœurserrédevoirsessibeauxyeuxprivésde
leurétincellehabituelle.
—Jesuisfatiguée,souffla-t-elle.
Elleavaitlestraitstirés,eneffet,etunépuisementpoignantselisaitsursonvisage.
Gabeauraitvoululuiparler,implorersonpardon,luiexpliquerqu'ilnelaisseraitjamaisune
tellechosesereproduire,maisils'abstint.Iln'ouvriraitlabouchequelorsqu'elleseraitprêteà
l'entendre.Pourl'instant,ellerestaitmuréedanssonsilence.Peut-êtrequ'ellen'avaitpasencore
digérécequiluiétaitarrivé,oupeut-êtrequ'ellerassemblaitlecouragedel'envoyeraudiable.
Ilacquiesça,lagorgetropnouéepourparler,etéteignittoutesleslumièresàl'exceptiondela
lampedechevet.
Puisilseglissasouslacouetteettenditlebraspourplongerlachambredanslenoir.Seulela
lueurdeParisfiltraitàtraverslesrideauxfermés.
Parréflexe,ilselovacontreMia,quiluitournaitdéjàledos.Voyantqu'ellenelerepoussait
pas,ilpassaunbrasautourdesataille,luisignifiantqu'ilétaitlàetqu'illaprotégeait.Oupeut-être
était-celuiquiavaitbesoindeserassurer.
Auboutdequelquesminutes,ilsentitqu'ellesedétendaitetquesonsoufflesefaisaitplus
régulier,indiquantqu'ellecommençaitàsombrerdansunsommeilréparateur.
Gabe,enrevanche,nedormitpas.Chaquefoisqu'ilfermaitlesyeux,ilrevoyaitl'expression
terrifiéedeMialorsqu'unautrehommeavaitposélesmainssurelle.
Chapitre31
QuandMiaseréveilla,lelendemainmatin,ellenetrouvapasGabeàcôtéd'elledanslelit.Ce
futàlafoisunedéceptionetunsoulagement,elleavaitmillechosesàluidiremaisnesavaitpaspar
oùcommencer.Peut-êtrequecelafaisaitd'elleunelâche,maisellesavaitpertinemmentque,enlui
révélantcequ'elleavaitsurlecœur,ellerisquaitdesignerl'arrêtdemortdeleurrelation.
Elleétaitencorepelotonnéecontrel'oreillerdeGabelorsquecelui-ciapparutavecunplateau
danslesmains.
—J'aicommandélepetitdéjeuner,annonça-t-ild'unevoixgrave.Tuasfaim?
Miaremarquaavecsurprisequ'ilsemblaitterriblementnerveux.Uncurieuxmélangede
sollicitudeetderegretsvoilaitsonregard,etellefermalesyeuxpourchasserlessinistresimagesde
laveille.
—Mia?
Ellerevintàelleetlevitdeboutàcôtédulit.Elleseredressaets'adossacontrelesoreillers.
—Merci,murmura-t-ellequandildéposaleplateaudevantelle.
Ils'assitdoucementàsoncôtéetpassalepoucesursalèvretuméfiée.Elletressaillitàce
contact,et,aussitôt,ils'excusad'unaircontrit.
—Tuvasréussiràmanger?
Elleacquiesçapuisbaissalesyeux,incapabledesoutenirsonregard.
—J'aiannulétousnosrendez-vous,reprit-il.
Ellerelevalatête,interloquée,maisilneluilaissapasletempsd'émettrelamoindreobjection.
—J'aiavancénotredépartàdemainmatinetj'ail'intentiondeconsacrercettejournéeàtefaire
visiterParis.Notre-Dame,latourEiffel,leLouvre...onvaoùtuveux!Jenousairéservéunetable
dansunrestaurantà19heures.C'estunpeutôtpourlesFrançais,maisnotreaviondécolledebon
matin,etjeveuxquetuaiesletempsdetereposer.
—C'estmerveilleux,mercibeaucoup,murmura-t-elle.
Lajoieetlesoulagementqu'ellelutalorsdanssonregardétaientpoignants.Ilouvritlabouche
commepourajouterquelquechose,maislarefermaaussitôt.
Mianecomprenaitpasbienpourquoiilavaitannulétoutl'aspectprofessionneldecevoyage,
maislaperspectivedeflânerdansParisensacompagnielaravissait.
Pasdediscussionsd'affaires,pasd'inconnusàcharmer...justeunejournéetouslesdeux,àse
détendreetàprofiterdecettevillemagnifique.C'étaituneparenthèseparadisiaquependantlaquelle
ellepourraitoublierlesévénementsdelaveilleetlagênequienrésultait.
Évidemment,illeurfaudraitaborderlaquestion,maisMiacomptaitbiensavourercesquelques
heuresderépitavantdeselancerdanslaconversationquimarqueraitpeut-êtrelafindeleurhistoire.
Ellesedépêchademanger,presséedepartiràladécouvertedeParis.Unejournéenesuffirait
jamaisàenmesurerlabeauté,maiselleavaitbienl'intentiond'entirerlemaximum.
Unefoisqu'elleeutvidéleplateau,elles'habillaetsecoiffaenvitesse,sansperdredutempsà
semaquiller.Elleavaitemportésonjeanpréféréetsefélicitadecetteexcellentedécision.
—Ilfaitfrais,cematin.Tuaspenséàprendrequelquechosedechaud?demandaGabe,appuyé
contrelechambranledelaporte.Onpeutt'achetercequ'ilfaut,sinon.Jeneveuxpasquetuaies
froid.
—J'aiprisungiletenlaine.Etpuisonvamarcherdoncjevaisvitemeréchauffer,dit-elleavec
ungrandsourire.
—Quetuesbellequandtusouris!s'exclamaGabedansunsouffle.
Surpriseparcecomplimentsincèreetspontané,ellesentitsonvisages'illuminerpuisbaissala
tête,unpeugênée.
Ellechaussasesbasketsetsortitdesavaliselefameuxgilet,qu'elleenfilasansleboutonner.
Gabeétaitdéjàprêtet,enpassantparlaréception,ilpritunplandelavilleetdemanda
quelquesrenseignementsauconcierge.
Enfin,ilssortirentdel'hôtel,etMiapoussaunsoupirdebonheurtantlajournées'annonçait
belle.Lefonddel'airétaitd'unefraîcheurvivifiante,etlecielétaitd'unbleuimmaculé.Ellen'aurait
paspurêverdelumièreplusparfaitepourdécouvrirParis.
Deuxruesplusloin,pourtant,unventglacialleurfouettalevisage,etlajeunefemmeboutonna
songiletenfrissonnant.Aussitôt,Gabesedirigeaversundespetitsétalsquibordaientletrottoiret
choisituneécharpeenlainedecouleurvivequ'ilnouaaucoudeMiaenprenantbiensoindelui
couvrirlesoreilles.
—Çavamieux?demanda-t-ild'unairsoucieuxaprèsavoirpayélevendeur.
—Oui,c'estparfait,répondit-elleavecunsourire.
Ill'attiracontrelui,etilsreprirentleurchemin,enlacés.Mianecessaitdes'extasierettombait
régulièrementenarrêtdevantlesvitrinesdesboutiques.Gabesemontraitd'unepatienceàtoute
épreuveet,chaquefoisqueMiamanifestaitunintérêtparticulierpourquelquechose,ilentraitdans
lemagasinpourleluiacheter.Auboutd'uneheure,ilsavaientlesbraschargésdesacs.
IlsmontèrenttoutenhautdelatourEiffeletpassèrentdelonguesminutesàcontemplerlavue
magnifiquequis'offraitàeux.
Lescheveuxfouettésparlevent,MiasedressasurlapointedespiedspourembrasserGabe,
quieutl'airàlafoissurprisetsoulagé.
—J'aitoujoursrêvéqu'unprincecharmantm'embrasseenhautdelatourEiffel,expliqua-t-elle
avecunsouriremalicieux.
—Alorsfaisonsçabien,rétorquaGabed'untonbourru.
Illaissatomberlessacsqu'iltenaitetpassaunbrasautourdelatailledeMiapourl'attirertout
contrelui.Puisilluicaressalevisageavantdeluireleverdoucementlementon.Illuieffleurales
lèvresavectendresseavantdelestaquinerduboutdelalanguepourqu'elles'ouvreàlui.
Miafermalesyeuxet,avecunsoupir,s'abandonnaàcedélicieuxbaiser,cefantasme
d'adolescenteenfindevenuréalité.
Ellepassalajournéedansunétatd'émerveillementjoyeux,auquell'infinietendressedeGabe
n'étaitsansdoutepasétrangère.
Iltenaittellementàlagâterque,endébutd'après-midi,ildutappelerl'hôtelpourqu'ilsenvoient
unchauffeurrécupérerleursachats,devenustropnombreux.
LerestaurantoùGabeleuravaitréservéunetablesetrouvaitenborddeSeine,et,tandisquele
crépusculetombaitsurlaville,ilsregardèrentleslumièresserefléterdansleseauxdufleuve.Mia
étaitfourbued'avoirtantmarché,maiscettejournéefiguraitparmilesplusbellesdesavie.
Ilscommandèrentl'entrée,puis,enattendant,GabesepenchapourprendrelespiedsdeMiasur
sesgenoux.Illuiôtaseschaussuresetcommençaàlamassertoutdoucement,luiarrachantunpetit
grognementdeplaisir.
—Onprendrauntaxipourrentreràl'hôtel,dit-il.Sinon,tuvasavoirmalauxjambesdemain
matin.
—Oh,j'aidéjàmalpartout,tusais,rétorqua-t-elleenriant.Maisj'aipasséunejournée
merveilleuse,Gabe.Jeneteremercieraijamaisassez.
—Tun'aspasàmeremercier,Mia,protesta-t-il,soudainsérieux.Jeferaisn'importequoijuste
pourtevoirsourire.
Aucoursdelajournée,chaquefoisqu'elleavaitcroisésonregard,elleyavaitsurprisun
étrangemélanged'intensitéetdedouceur,quiluiavaitréchauffélecœur.Elleauraitpresquepuse
laisseralleràcroirequ'iltenaitréellementàelle,etqueceladépassaitleursjeuxsexuels.
Uneserveuseleurapportal'entrée,etMiaattaquasonassietteavecunbelappétit,mêmes'ils
s'étaientarrêtésdansunesucculentepâtisserieenfind'après-midi.Toutefois,pluslafindurepas
approchait,pluslajeunefemmeprenaitsontempspourmanger.Unefoisqu'ilsseraientderetourà
l'hôtel,illeurfaudraitaborderleproblèmedontilsavaientsoigneusementévitédeparlerjusque-là.
Enoutre,Mian'étaitpaspresséequecettejournéetoucheàsafin.Ellesavaitdéjàqu'elleen
chériraitlesouvenirtoutesavie.Quellesquepuissentêtrelessurprisesqueleurréservaitl'avenir,
ellen'oublieraitjamaiscesquelquesheuresparisiennespasséesencompagniedeGabe.
Aumomentdequitterlerestaurant,illuipritlamainetl'entraînalelongduquaiquisurplombait
laSeine.UnBateau-Mouchepassaitjustement,scintillantdemillefeux.
C'étaitunesoiréemagnifique,dontlafraîcheurannonçaitl'hiverimminent.
Lalune,pleineetargentée,commençaitsonascensionau-dessusdestoits.Mias'arrêtauninstant
et,avecunsoupir,contemplalespectaclequis'offraitàellelesbateauxsurlefleuve,lescouplesqui
sepromenaientsurlesquais,lesfaçadesdesimmeublesanciens.Unesoiréeparfaitepourcloreune
journéeparfaite.
Gabel'attiracontreluipourluitenirchaudtandisqu'ilsprofitaientdelascèneensilence.Puisil
déposaunbaisersursatempeetfrottadoucementlementonsursatête.
Lajeunefemmesentitunedouleurlancinanteluiétreindrelecœur.Elleauraitaiméqueleur
relationsoittoujoursaussipaisible,etcetespoircomplètementfourefusaitdelalâcher.Elleferma
lesyeuxpourmieuxsavourercetinstant-ainsiquelaproximitédeGabe.
Ilnesemblaitguèrepluspresséqu'elledemettreuntermeàcettejournéemaisfinittoutde
mêmeparl'entraînerversunestationdetaxis.Quelquesminutesplustard,ilsétaientderetourà
l'hôtel.Deretourdanslemonderéel.
Chapitre32
Vêtued'undestee-shirtsdeGabe,quiluiarrivaitàmi-cuisse,Miaattendaitqu'ilsortedela
douche.Ellecommençaitseulementàtrouverlesmotsadéquats.Ellen'avaitpasvouluréagirà
chaud,etrisquerdedireoudefairequelquechosequ'elleauraitregrettéensuite.
Enrevanche,àprésentqu'elleavaitretrouvéducourage,elleétaitimpatiented'exprimerce
qu'elleavaitsurlecœur.Ilnes'agissaitpasdeposerunultimatumàGabemaisdeluiavouerla
vérité,toutsimplement.
Ilsortitenfindelasalledebains,uneserviettenouéeautourdelataille,lescheveuxmouilléset
letorseparsemédequelquesgouttesd'eau.Ilétaitd'unebeautéàcouperlesouffle.
Aumomentoùilsepenchaitpourattraperunboxerdanssavalise,laserviettetombaàses
pieds,etMiaeutdroitàunevueimprenablesursesfessesmusclées.Puisilseretourna,etelleneput
s'empêcherd'admirersonsexe,impressionnantmêmeaurepos.
Aussitôt,ellebaissalesyeux,unpeuhonteusedeledévorerduregard.Etpuisellenevoulait
passelaisserdistraire.
Commeils'approchaitdulit,elleprituneprofondeinspirationetselança.Tantpissisa
formulationmanquaitd'élégance,c'étaitlemomentoujamais.
—C'étaithorrible,hiersoir,bredouilla-t-elled'unevoixtremblante.
Gabefermalesyeuxuninstantet,aulieudeseglissersouslacouette,ils'assitàunecertaine
distancedeMia.
—Jesais,dit-ildansunsouffle.
—C'étaithorribledesentircetypemetoucher,poursuivit-elle,presséed'enfinir.Jesavais
dansquoijem'embarquaisensignantcecontrat,Gabe,etjenenieabsolumentpast'avoirditque
j'étaisd'accord.Enfin,jen'étaispasopposéeàcetteidéeparprincipe,mais,danslesfaits,jeneveux
pasqu'unautrehommequetoimetouche.Jemesuissentiesouillée,violée,etjeneveuxplusjamais
quecegenredechosesvienneentachernotrerelation.
—Non,biensûrquenon,mabelle!s'écria-t-il.
Maiselleneselaissapascouperdanssonélan.
—Jemeficheéperdumentdecequeracontecesatanécontrat.Plusçava,pluscetrucmefait
horreur.Àpartirdemaintenant,leseulquiaitledroitdemeregarder,c'esttoi.Ilesthorsdequestion
quetumeprêtesàtespetitscamaradescommesij'étaisunepoupéegonflable.
Gabeémitunsonétrangléàcesmots,maisMialevaunemainpourl'empêcherdel'interrompre.
—Jerefusederecommencercegenred'expérience,ajouta-t-elleensecouantlatêtepour
appuyersesparoles.Certes,j'avaisdonnémonaccord,maisc'étaitavantdesavoir.Maintenantque
j'aiessayé,jesaisquejen'aimepasça.J'enaidétestéchaqueseconde,et,sijamaisçasereproduit,
c'estfinientrenous.Jesuistrèssérieuse.
Dèsqu'elleeutfinideparler,Gabesepenchaverselleetlaserradanssesbras,sifortqu'elle
eneutlesoufflecoupé.
—Jesuisdésolé,Mia.Situsavaiscombienjem'enveux!Çan'arriveraplusjamais,tu
m'entends?Jeteprometsquejenelaisseraiplusjamaisquelqu'und'autretetoucher.Moiaussi,j'ai
trouvéçahorrible.J'étaissurlepointdetoutarrêterquandtum'asappelé,maisceconnardt'a
frappéeavantquej'aiepul'enempêcher.Quelenfer!Jenemelepardonneraijamais,tusais.Jem'en
voudraitoutemaviedet'avoircauséunetellefrayeuretd'avoirlaissécetypetefairedeschosesqui
tedéplaisaient.
Gabetremblaitd'émotionetluicaressaitledosendegrandsgestesfébriles.Puisilluipritle
visageàdeuxmainsets'écartapourlaregarderavecintensité.
—Jesuisvraimentdésolé,mabelle.Tuasraison,c'étaitaffreux.Moiaussi,j'aidétesté.
—Maisalors...pourquoi?
Illaissaretombersesbrasetsedétournaenfermantlesyeux,l'airécœuré.
—Parcequejenesuisqu'unlâche,finit-ilparrépondred'unevoixsibassequeMial'entendità
peine.
Elleréfléchissaitencoreàcequ'ilavaitbienpuvouloirdirequandilluipritlamainetdéposa
unbaiseraucreuxdesapaume.
—Sachequeçan'arriveraplusjamais,Mia.Jetedemandedemepardonnerl'impardonnable,
j'enaibienconscience.Certes,nousavonssignéuncontrat,maisjesavaistrèsbienquetun'avais
pasenviedecegenredechoses.Jem'endoutaisdepuisledébut,etpourtantj'aipermisàcetteordure
deposersessalespattessurtoi.Jem'enveuxàmort.Jedevaisanticipertesdésirsetlesfairepasser
avantlesmiens...Hier,j'aimisérablementéchoué.
Mianecomprenaittoujourspascequiluiavaitpris,laveille.Ilsn'avaientévoquélesujet
qu'uneseulefois,etdefaçontotalementabstraite.
EllesedemandaitvraimentcequiétaitpasséparlatêtedeGabepourqu'ilinviteceshommesà
venirlesrejoindreàl'hôtel.Ils'étaitmontréd'unehumeurombrageusedepuisleurdépartdeNew
York.Était-celié?Essayait-ildeluiprouverquelquechosequ'ellenesoupçonnaitmêmepas?Ou
était-cetotalementindépendant?
—Jesuisvraimentdésolé,mabelle,répéta-t-ildansunmurmureempreintderegrets.Pardonne-
moi,jet'ensupplie.Dis-moiquetunevaspasmequitter,etpourtantceseraitsansdoutedanston
intérêt.Jeneteméritepas.Jeneméritenitadouceurnitacompréhension,maisj'enaibesoin.C'est
peut-êtrepathétique,maisjenecroispaspouvoirvivresanselles.
Mialecontemplaavecsurprise.Ilvenaitpresquedeluiavouerqu'iltenaitprofondémentàelle.
Seredressantsurlesgenoux,elleluipritlevisageàdeuxmainsetleregardadroitdanslesyeux.
—Iln'estpasquestionquetuvivessansmoi,Gabe.Jesuislà,etjen'aipasl'intentiondem'en
aller.Maisjetiensàcequenotrehistoiren'appartiennequ'ànous.Iln'yapasdeplacepourd'autres
hommes,compris?ajouta-t-elleenréprimantunfrissond'horreuràcesouvenir.
Uneexpressiond'intensesoulagementsepeignitsurlestraitsdeGabe,etillaserracontreluide
toutessesforces.Illuidéposadepetitsbaiserssurlefront,danslescheveux,partout,commes'il
éprouvaitlebesoinvitaldelatoucher.
—Jetelejure,machérie,souffla-t-iltoutprèsdesonoreille.C'estrienquetoietmoi.
Puisils'écartajusteassezpourposerlefrontcontrelesien.
—Demain,onrentreàlamaison,Mia.Jevoudraisqu'onlaissetoutçaderrièrenousetquetu
arrivesàoublier.Jesaisquejet'aiblesséeetjeteprometsdetoutfairepourmeracheter.
Lajeunefemmesavouraceserment,prononcéd'unevoixsisincère.Gabesemblaitcroirequ'ils
avaientunavenirensembleetvouloirplusqu'unerelationpurementsexuelle.Àmoinsqu'ellene
prennesesrêvespourdesréalités.
—Fais-moil'amour,Gabe,dit-elleenluipassantlesbrasautourducou,etrendscettenuit
inoubliable.
—Oh,mabelle,souffla-t-ild'unevoixétranglée,jevaist'aimertoutelanuitetdemain,dans
l'avion,jetetiendraidansmesbraspendantquetutereposeras.
Miaseréveillaaubeaumilieudelanuitetcillaletempsquesesyeuxs'ajustentàlapénombre.
UnraidelumièreéclairaitdoucementlestraitsdeGabe,endormi.
Ilavaitpasséunejambepar-dessuslessiennesetunbrasautourdesataille,lamaintenantlovée
contrelui.Mêmependantsonsommeil,ilsemontraitpossessifetprotecteur.
Saufqu'ilavaitacceptéqu'unautrelatouche.
Pourtant,elledevaitbienadmettrequesesregretsetsadouleurétaientsincèreslorsqu'illui
avaitprésentésesexcuses.Ellenecomprenaittoujourspascequis'étaitréellementpassémaisne
doutaitpasunesecondequeGabeavaitétéaffectéd'unefaçonquiluiéchappaitàlui-même.
Elletentadesedégagerdesonétreinte,etilseréveilla,lesyeuxensommeillés.
—Jevaisauxtoilettes,expliqua-t-elledansunmurmure.
—Reviensvite,marmonna-t-ilenlalaissantpartir.
Elleserenditdanslasalledebainsetrefermalaporte.
Uninstantplustard,enselavantlesmains,elleexaminasonrefletdanslemiroir.Ellegrimaça
enremarquantquesalèvre,toujoursenflée,s'auréolaitàprésentd'unbleuviolacé.Commeallait-elle
expliquercelaàJace?Ilallaitperdrelespédalesenlavoyantainsiamochée.
ElleallaitdevoirfaireappelàCarolineetàsestalentsdemaquilleuse.
Miaavaitmalunpeupartout,maiscen'étaitpaspourlesraisonshabituelles.Gabeavaitfait
preuved'unetendresseinhabituelle,etlecontrasteétaitpresquechoquant.D'ordinaire,ilneparvenait
pasàsecontenirtantilbrûlaitdedésirpourelle,cequienflammaitlajeunefemmeàsontour.
Pourtant,cettenuit-là,ils'étaitamuséàlacaresseretàl'exciteravecunelenteurinfernale.Mia
sentitsoncœurs'affolerenrepensantàlabeautédecesinstantspassésàfairel'amour.
Pourlapremièrefois,elleavaiteul'impressionqu'ilnes'agissaitpasuniquementdesexe.
NevoulantpasfairelanguirGabe,elleretournadanslachambreetmontasurlelit.Gabela
contemplaàtraverssespaupièresmi-closesetluitenditlesbras,maisellenecédapasàson
invitationmuette.Aulieudecela,elles'assitsursestalonsets'offritleluxedel'admirer.
Depuisledébut,ellemouraitd'enviedetouchersoncorpsmagnifique,del'explorertoutentier,
maisGabeneluienavaitencorejamaislaisséleloisir.
Ilserelevasuruncoudeenfronçantlessourcils,etcemouvementfitglisserlacouette,le
dénudantjusqu'àlataille.
—Mia?demanda-t-ilavecunepointed'inquiétudequilasurprit.Qu'est-cequinevapas?
—Rien.Toutvabien,répondit-elleàmi-voix.
—Alorspourquoitunerevienspasici?reprit-ilentapotantl'endroitoùelledormaittoutcontre
luiquelquesminutesauparavant.
Elles'approchadeluipuisserassitpourposerlesmainssursontorse,légèrementhésitante.
LecorpsdeGabel'attiraitcommeunaimantdontelleavaitenviedeparcourirlescontours.
—J'aimeraistecaresser,Gabe.Jepeux?
Ellevitsonregards'illuminerdanslafaiblelueurdelachambre.Ilinspiraprofondémentavant
desouffler:
—Ohoui,tupeux!
Ellesepenchasurluijusqu'àcequesescheveuxluieffleurentletorseetqueleurslèvressoient
toutesproches.
—Enfait,j'aimenti.J'aimeraisfaireplusquetecaresser.
Ilplaçaunemainsursajoueetdessinadoucementlecontourdesabouche.
—Faiscequetuveux,mabelle.Çam'étonneraitquejemeplaigne.
—Parfait,murmura-t-elle.
Àprésentqu'elleletenaitàsamerci,ellenesavaitpasbienparquoicommencer.Avecune
infinielenteur,elleparcourutsontorseetsesépaulespuisdescenditlelongdesesbrasjusqu'àson
ventreplatetmusclé.Avecsonindex,elletraçalesreliefsdesesabdominauxentablettede
chocolat,puissepenchasurluipoursuivrelemêmecheminduboutdelalangue.
Ilenfouitlesdoigtsdanssescheveuxetserralepoingavecungémissement,commepourla
garderprèsdelui.
Encouragéeparcetteréaction,MiarepoussalacouetteetdénudalesexedeGabe,àmoitiéérigé
etpourtantdéjàimpressionnant.
Ellesepassalalanguesurleslèvresd'unairgourmandàcettevue,etGabepoussaunnouveau
gémissement.
Alorselles'installaàcalifourchonsurlui,justeau-dessousdesonmembrepresque
complètementdressé.Agitédelégerssoubresauts,ilsetendaitendirectiondesonnombril.Incapable
derésisteràlatentation,Miarefermalesdeuxmainsdessus.
Gabesecambraviolemment,venantinstinctivementàsarencontre,etelles'allongeasurluipour
l'embrasser,emprisonnantsonérectionentreleursdeuxventres.C'étaitcommed'avoirunebarre
d'acierbrûlanteetvivantecontresapeau,etellefrissonnadebonheurtoutenmordillantleslèvresde
Gabe.
Enhardieparsesgémissementsessoufflés,elleluiattrapalespoignetsetlesramenaau-dessus
desatête,calantsespaumescontrelessiennes.Ilsouritàcettemanœuvre.
—Ilapoussédesgriffesàmonchaton,ondirait.Ilestdevenuunevraietigresse.
—Exactement,approuva-t-elledansungrondement.Cettefois,c'estmoiquipilote.
—J'adoreça!murmuraGabe.Situsavaiscommetum'excites,quandtuprendslescommandes!
—J'enaiunevagueidée,rétorqua-t-elledansunsoupiravantdelefairetaired'unbaiser.
Cefutunbaiserimpérieux,presquebrutal,commeceuxqueGabeaimaittant.Lorsqu'elle
s'écartaenfin,ilavaitl'airéperdu,àboutdesouffle,etelleadoraitça.
Ellevoyaitbienqu'ellelerendaitfou,àlafaçondontsesmusclestressaillaientsouselle.Ses
yeuxbrillaientd'unéclatsauvage,etpourtant,quandelleluilâchalesmains,ilgardalaposition
qu'elleluiavaitimposée.
Illuiabandonnaitlecontrôledesoncorps.
Enivrée,elletraçaunelignedebaisersendirectiondesonventre,conscientequeseslongs
cheveuxaccompagnaientlemouvementenunecaressesoyeuse.Ellereculajusqu'às'installerau-
dessousdesgenouxdeGabeet,unefoisdeplus,refermalesmainssursonsexetendu.
Elles'immobilisauninstantetcherchaleregarddeGabe,oùellelutundésiraussiintenseque
lesien.
Avecunsouriresatisfait,elles'inclinapourfairejouersonglandentreseslèvresavantd'en
dessinerletourduboutdelalanguepuisdesuivrelaveinequidescendaitjusqu'àlabasedeson
membre.
Gabeémitunlongsifflementetsoulevaleshanchesàsarencontre.
—Oh,Mia...,gémit-ild'unevoixàpeineaudible.
Ellesouritdeplusbelle,raviedesentirqu'elleavaittoutpouvoirsurlui.Ilétaitàsamerci,prêt
àlalaisserfairetoutcequ'ellevoulait.
Absolumenttout.
N'ytenantplus,elleleprittoutentierdanssabouche.
Gabepoussaungrondementétoufféetplongealesmainsdanssescheveux.Elleeutenviede
sourire,ilneluiavaitpasfallulongtempspourretrouverl'usagedesesbras.Loindesefâcherde
cettedésobéissance,lajeunefemmesavouralapressiondesdoigtsdeGabedanssescheveux.Elle
adoraitlaferveuraveclaquelleilcrispaitlespoings,defaçonpresqueconvulsive.
Malgrécela,illalaissaitcomplètementlibredesesmouvementsetnecherchaitpasàla
pénétrerplusprofondément.Ilsecontentaitdejoueravecseslonguesmèches,commes'ilavait
besoindes'occuperlesmainspournepasdevenirfou.
Ellelaissasonsexeglisserentreseslèvrespuis,aprèsavoirpassélalangueautourdeson
gland,ellelerepritdenouveauetdéglutit,lenezpressécontresonventre.
—Ohoui,Mia!C'esttropbon!J'adorequandtum'avales,commeça!C'estincroyable.
Ellepoussaungémissementdebonheuràcesmots,etlesondutvibrercontrelesexedeGabe
qui,pourlapremièrefois,donnauncoupdereins,lecorpstenduàl'extrême.
Mialegardacontresagorgeaussilongtempsqu'elleleput,puisreculaunpeupourreprendre
sonsouffle,sanscesserdelecaresserd'unemainferme.
Elleseplongeadanssonregardbleusombrerendubrûlantparledésiretleplaisirmêlés.Il
adoraitcequ'elleluifaisaitetnes'encachaitpas.Elles'avançaau-dessusdelui,sansjamaislâcher
sonérection.
Puis,d'unseulmouvement,elleleglissaenelleetl'accueillitentièrement.
Gabeémitunsonétrangléetlasaisitfermementparleshanchestandisqu'elletrouvaitla
positionidéale.
—Quetuesbelle!s'exclama-t-iltoutenladévorantdesyeux.
Ilfitremontersesmainslelongdesonventreetlesrefermasursesseins,entitillantlespointes
àl'aidedesespouces.Lessensationsqu'illuiprocuraitainsiétaienttoutsimplementdivines,mais
Mianevoulaitpass'adonneràsonseulplaisir.
ElletenaitàmenerGabeàuneextaseincomparablepourqu'ilcomprennequ'ellen'appartenaità
personned'autre,quepersonned'autreneméritaitdelatoucher.
Ellerejetalescheveuxenarrièreetcommençaàondulercontrelui,s'interrompantparfoispour
sesouleveravantdelereprendreprofondémentenelle.Ellesentaitlatensionformidablequi
irradiaitdeluietquiselisaitàsesmusclesbandésetàl'expressiondesonvisage.
Soudain,ilcrispalespaupières.
—Tesyeux,Gabe,commanda-t-elled'unevoixsuave,commeill'avaitfaitsisouventparle
passé.Jeveuxvoirtesyeuxquandtujouis.
Aussitôt,ilobéit,pupillesdilatées.Ilserralesmâchoiresmaisnesedétournapas.
—Toutcequetuveux,mabelle,murmura-t-il.
Cesquelquesmotsfaillirentluifaireperdrelatête,etellesentitqu'ellel'inondaittantelleétait
excitée.
Avecunsoupird'ivresse,elleaccéléralacadence,entraînantGabeavecellejusqu'àcequ'ilen
soitréduitàbafouillerdesparolesinintelligibles,leregardfou.
Ellevitl'instantoùiljouitavantmêmedelesentir.Ellediscernadanssesprunellesune
explosionintense,suivied'uneseconded'absence.Puisilluiagrippaunehancheavectantdeforce
qu'illuilaisseraitsansdoutedesmarqueset,del'autremain,commençaàluicaresserleclitoris.
Lorsqu'ellefitminedefermerlespaupières,illarappelaàl'ordred'unevoixferme,manifestant
sonautoritépourlapremièrefois.
—Tesyeux,Mia.Regarde-moiquandtujouis.
Elleseconcentrasursonbeauvisagetandisqu'unorgasmeincandescentmontaitparvagues.
Ellesesentaitgagnéeparuneivresseexplosive,etcefutautourdeGabedelacalmer,del'empêcher
deperdrepiedcomplètement.Ilnecessaitdeluicaresserlahanchetoutenappuyantdoucementsur
sonclitoris.
Lorsque,enfin,sonorgasmesedéclencha,ellenecompritmêmepascequiluiarrivait.
Incapabledesetenirdroite,elleselaissatombercontreGabe,quilaserradanssesbrasetla
maintintcontresoncœuraussilongtempsquedurèrentsesspasmes.
Iln'enrevenaittoujourspasdelaforceetdelabeautédecequ'ilvenaitdegoûter.Bouleversé
parunmélanged'humilitéetdegratitude,iln'auraitsutrouverlesmotspourdécrirecequeMia
venaitd'accomplir.Puisilcomprit.Elleluiavaitfaitl'amour,toutsimplement.Aprèsledésastrede
laveille,ils'émerveillaitqu'elleaitencoreconfianceenluiaupointdeluifairecedonimmense,
elle-même.
Àcetinstant,ilchérissaitprofondémentcettefemmequ'iltenaitserréedanssesbras.Uninstinct
possessiftelqu'iln'enavaitjamaisconnuauparavants'emparadelui.Ilsevouaitunehaineintense
pourcequ'ilavaitfaitàMia,et,pourtant,elleneluienvoulaitmêmepas.C'enétaitpresque
insupportable.
Mialetouchaitprofondémentetatteignaitunepartdeluiqu'ilavaitcruemuréeàjamais.Ilavait
passédesannéesàérigerdesdéfensesémotionnelles,maislajeunefemmelesavaitfaitplieren
quelquesjoursàpeine.
Elleétaitentréedanssavie-etdanssoncœur-commesielleyétaitchezelle.
Etilétaitconvaincuquec'étaitprécisémentlecas.
Chapitre33
Aveclerecul,Miaserenditcompteque,pourtraumatisantequ'aitétésonexpérienceparisienne,
elleavaitégalementmarquéuntournantcrucialdanssarelationavecGabe.Ilsemontraitencoreplus
protecteurqu'avantetluitémoignaitunetendressenouvelle,quinedevaitrienàsondésircharnel.
Ceconstatluimitdubaumeaucœur,etellesepritàespérerqueleurengagementfinissepar
dépassercestupidecontrat.Ellen'essayaitmêmepasdesevoilerlaface,elleétaitamoureusede
Gabe,etsessentimentss'intensifiaientchaquejourpasséàsescôtés.Lucide,ellepuisaitdansson
amourpatienceetespoir.
Sonseulregret,c'étaitqueleurhistoiredemeuresecrète.Elleauraitvoulumettrelemonde
entieraucourant.Lemondeentier,maissurtoutJace.
CedernieravaitimmédiatementcomprisquequelquechoseclochaitlorsqueMiaetGabeétaient
rentrésdeParis.Lajeunefemmedétestaitmentir,maiselleavaitprétextélafatiguedudécalage
horairedoubléedemauxdeventrepourexpliquersonhumeurmaussade.Heureusement,Carolinelui
avaitmontrécommentsemaquillerdefaçonàdissimulersonbleu.
Thanksgivingapprochaitàgrandspas,etGabeétaitinvitéàallerlefêterchezsesparents.
Mêmesileurséparationavaitconstituéunchocterriblepourlui,ilavaitdumalàsefaireàl'idée
qu'ilspuissentrecollerlesmorceaux.Àsesyeux,sonpèreavaittrahisamère.Pire,ill'avaitfait
souffrir,etGaben'arrivaittoujourspasàluipardonnercela.
QuantàMia,ellen'avaitpasencoredeprojetarrêtépourThanksgiving.Gabeavaitlonguement
hésitéàlalaisserseule,maiselleavaitinsistépourqu'ilacceptel'invitationdesesparents.Après
tout,ilnes'agissaitqued'unejournée.MialapasseraitsansdouteavecJace,sicedernierétaità
NewYork.Sinon,ellesavaitquelafamilledeCarolinel'accueilleraitàbrasouverts.
Gabeavaitrechignéàl'idéed'abandonnerMiaàNewYork,mais,àmoinsderévélerleur
histoireaugrandjour,iln'avaitaucuneraisondel'emmenerchezsesparents.Et,jusqu'àprésent,il
n'avaitmêmepasmentionnélapossibilitéderendreleurrelationpublique.
—Est-cequetuasterminélediaporamaquirécapitulelesoffres,pourmaréuniondelundi
avecJaceetAsh?demandaGabedepuissonbureau.
Miarelevalatêteetrencontrasonregardchaleureux,caressant.Ilavaittotalementchangé
d'attitudeenverselle.Ilétaitdevenu...plushumain,toutsimplement,legenred'hommequipourrait
toutàfaitluirendresonamourunjour.
—Presque,répondit-elle.J'ailaissédesblancspourlesdeuxoffresqu'ilnousmanque,maisla
structureestprête.Dèsquejelesreçois,jelesinsère,etletourestjoué.
—OK,fit-ilenhochantlatête.Ondoitprendrenotredécisiondanslecourantdelasemaine
prochaine.IlestfortpossiblequejedoiveretourneràParisd'iciàNoël.Çatediraitde
m'accompagner?
EncoreunepreuvedelatransformationdeGabe:avant,ilneluidemandaitjamaissonavissur
rien,illuiimposaitsespropreschoix,purementetsimplement.
DepuisleurretouràNewYork,ilavaitcesséd'énoncersesdésirscommes'ilsétaientdes
ordres,mêmesiMiaendevinaitsanspeinelateneur.
—ParisàNoël?Ceseraitgénial!s'écria-t-elled'unevoixaiguë.
—Parfait,ditGabeavecunsouriredesoulagement.Jevaisorganisertoutçadèsquepossible
etinclureunejournéesupplémentairepourqu'onaitletempsdefaireunpeudetourisme.
Silajeunefemmeavaiteul'impressionqu'illagâtaitparlepassé,celafrôlaitl'indécence,à
présent.Ilétaitauxpetitssoinspourelleetconsacraittoutesonattentionàanticipersesbesoinset
sesplaisirs.
C'étaituneexpériencenouvelle,qu'ellesavouraitsansvergogne.Chaqueregard,chaquepetit
gestedetendresseétaitpourelleunpurdélice.
LetéléphonedeGabesonna,et,sitôtqu'ileutdécroché,Miacompritquec'étaitsamèrequi
appelait.Iladoptaittoujoursuntonetuneattitudeparticuliersquandils'adressaitàelle.
Ilenavaitsansdoutepourunmoment,samèreetluipassaientdeplusenplusdetempsà
discuterdelapossibleréconciliationdeM.etdeMmeHamilton.Cettedernières'appuyaitsurson
filscommesurunpilier.
Miaconsultasamontre.Ilétaitplusdemidi,etGaben'avaitpaseuuneminutepoursoufflerde
toutelamatinée.Ilnes'accorderaitsansdoutepasdepause-déjeuneravantsaréuniondel'après-
midi.
Lajeunefemmepritdoncl'initiativeetseleva.Enlavoyantsaisirsonsacàmainetsediriger
verslaporte,Gabeluijetauncoupd'œilinterrogateur.
—Jevaisnouschercheràmanger,chuchota-t-elle.Ilacquiesçapuisposalamainsurle
combiné.
—Couvre-toibien,ilfaitfroid.Etsoisprudente,lamétéoprévoitdugel,ilsepeutquele
trottoirsoitglissant.
Ellesourit,attendrieparsasollicitude,etretournaàsonbureaupourenfilerlegiletenlaine
qu'elleavaitlaissésurledosdesonfauteuil.PuiselleenvoyaunbaiseràGabeetvitsonvisage
s'illuminer.
Ellesortitdel'immeubleet,avecunfrissond'excitation,humal'airfrais,annonciateurdeneige.
Ilfaisaitgrisetlégèrementhumide,maiselletrouvaitquecelaconvenaitparfaitementàl'atmosphère
deThanksgiving.
Elledéambulad'unedémarchedansantejusqu'autraiteuroùGabeetellecommandaientsouvent
leurdéjeuner.Elleadoraitcettepériodedel'année,lechangementdessaisons,l'approchedesfêtes...
Àmoinsd'unesemainedeThanksgiving,denombreuxmagasinsavaientcommencéàdécorer
leursvitrinesenvuedeNoël.
Miasefrottalesbraspourseréchauffercontreleventetsedépêchad'entrerdanslaboutique.
Lorsqu'elleressortitavecsessacsàlamain,cinqminutesplustard,ellereçutunegouttesurle
nezetpressalepas,regrettantdenepasavoiremportédeparapluie.
Évidemment,ilavaitfalluqu'ilsemetteàpleuvoirpileaumomentoùellesetrouvaitdehors!
Çan'auraitpaspuattendredeuxminutesdeplus,qu'elleregagnesonbureau...
Têtebaissée,elletournaaucoindelarueendirectiondeHCMetheurtaquelqu'undeplein
fouet.Undessacsluiéchappa,etellesebaissapourleramassertoutenmarmonnantdesexcuses.
Avecunpeudechance,sonbagelseraitencoreenunseulmorceau.Enseredressant,elleprit
consciencequelapersonnequ'elleavaitpercutéesetenaittoujoursdevantelle.
Unevaguedenauséeluitorditl'estomacdèsqu'ellereconnutsonvisage.Ils'agissaitdeCharles
Willis,l'hommequiavaittentéd'abuserd'elleàParis.Cen'étaitcertainementpasparpure
coïncidencequ'ilsetrouvaitjustementdevantleslocauxdeHCM.
Ellereculad'unpas,méfiante,maisillasaisitparlebrasetl'entraînatoutprèsdelafaçadeen
pierre,àl'écartduflotdespassants.Miajetauncoupd'œilalentour,cherchantunmoyend'échapper
àCharles,maisl'entréedel'immeubleétaitencoreàquelquesmètresdelà.
—Lâchez-moi!s'écria-t-elle,furieuse.Gabevavoustuer.
—Àcausedetesconneries,Gabeapétélesplombs!lançaCharlesavecunrictusmauvais.Il
ditcarrémentqu'ilneveutplusjamaisfaireaffaireavecmoi!Çavamecoûterchervis-à-visd'autres
partenairespotentiels.J'aibesoindecemarché,mais,àcausedetoi,jel'airaté!
—Quoi?C'estàcausedemoiquevousl'avezraté?hurlaMia,horsd'elle.Espèced'ordure!
C'estvousquiavezessayédemeviolermaisc'estmafautesivousavezperdulecontrat?Vous
plaisantez!
—Tagueule,putain!SifflaCharlesenresserrantsaprised'unairmenaçant.
—Lâchez-moi.Nevousavisezplusjamaisdeposervossalespattessurmoi.
Ellesavaitdéjàquesapoignedeferlaisseraitdesmarquessursapeau.Toutcequ'ellevoulait,
c'étaitéchapperàcefoupourretrouverGabeetlasécuritédesonbureau,desesbras.
Ilpleuvaitdeplusenplusfort,etMiacillapourfairetomberlesgouttelettesaccrochéesàses
cils.Ellecommençaitàgrelotter.
—Ilfautqu'ondiscute,toietmoi,poursuivitCharles.Jeveuxconnaîtreledétaildesoffresque
lesautresontmisessurlatable.Jesaisquetuasaccèsàcesinformations.Maseulechancede
décrochercemarché,c'estdeproposerundevisdéfianttouteconcurrence.Jeperdraipeut-êtreun
peud'argentsurcecoup-là,maisçam'ouvriradesportesparlasuite.J'aibesoindececontrat,Mia,
ettuvasm'aideràl'obtenir.
—Çanevapas,non?Ilesthorsdequestionquejevousdonnelemoindretuyau.Jerefusede
trahirlaconfiancedeGabeetdemonfrèrepourfaireplaisiràuneordurecommevous.Alors,
maintenant,laissez-moitranquilleouj'ameutetoutlequartier.
—Àtaplace,j'éviterais,rétorqua-t-ild'unevoixmenaçanteenluimettantsontéléphonesousle
nez.
Ilfallutuninstantàlajeunefemmepourcomprendrecequ'ellevoyait,puisuncrid'horreurlui
échappa.Non!Impossible!
—Oh,monDieu...,souffla-t-elle,écœurée,dévastée.
Elleavaitsouslesyeuxunephotod'elle-même,ligotéeetàgenouxsurletapis,leslèvres
referméesautourdusexedeGabe.
Charlesfitdéfilersonécranetluimontraunautreclichéd'elle,attachéeàlatablebassetandis
que,unemaincrispéedanssescheveux,ilessayaitd'introduiresonérectiondanssabouche.Cela
signifiaitdoncquel'undesdeuxautreshommesavaitcrubond'immortaliserl'instant.Quelgenre
d'odieuxsalopardpouvaitbienfaireuntrucpareil?
Miadutrassemblertoutesavolontépournepasvomirsurletrottoir.
—Enflure!Siffla-t-elle.
Elleneluidemandamêmepasquiavaitpriscesphotos.Lasimpleidéequed'autresaientpules
voirluiretournaitl'estomac.
—Voilàcequ'onvafaire,Mia,repritCharlesenluiagrippantlebrasdeplusbelle,commes'il
devinaitqu'ellen'aspiraitqu'às'enfuir.Tuvasmefournirlesinfosdontj'aibesoin,sinonjemontre
cesphotosaumondeentier.JedoutequeJaceappréciedevoirdetellesimagesdesapetitesœur
circulersurInternet,pastoi?Cen'estpastoutàfaitlegenredepublicitéquevousrecherchez,jeme
trompe?
Miaeutl'impressionquesonsangseglaçaitdanssesveines.Hébétée,écraséeparl'horreurde
lasituation,elledévisageaCharlesensilence.
Iln'hésiteraitpasàmettresamenaceàexécution,ellelelisaitdanssonregard.
—Connard!lança-t-elle.Nonseulementvousavezessayédemeviolermais,enplus,vousallez
vousservirdecesphotospourmefairechanter?
—Réfléchisbien,riposta-t-ilenserrantlesdents.Demain,c'estvendredi.Sijen'aipasde
nouvellesdetapartavantleweek-end,jeferaiensortequelemondeentiertevoiesoustonmeilleur
profil.
Là-dessus,illuilâchalebrasetdisparutdanslafouledepiétonsquisehâtaientsousleur
parapluie.
Miademeuraunlongmomentimmobile,choquée.Lapluieluifouettaitlevisageetimprégnait
sesvêtements,maisellen'yprêtapasattention.Ellen'éprouvaitqu'uneffroiindiciblefaceàla
situationoùellesetrouvait.
SielletrahissaitlaconfiancedeGabe,elleleperdraitàjamais,mais,siellerefusait,cesphotos
feraientletourd'Internet.Jacelesverrait.Toutlemondelesverrait.Celasonneraitleglasdel'amitié
entreJaceetGabe-etsansdoutedeleurpartenariatprofessionnel.Pire,laréputationdeGabeserait
entachéedefaçonirrémédiable.Ilseraitaccuséd'avoirabuséd'elle,et,aprèsleprécédentcausépar
Lisa,personnenelecroiraitquandilessaieraitdesedéfendre.
Enfin,Miaseremitenmouvement.Serrantlessacsenpapierdétrempéscontresapoitrine,elle
rejoignitl'immeubledeHCMd'unpaschancelant.Lapaniqueentravaitsesmouvementset
l'empêchaitderéfléchir.
Elleparvintàgagnerl'ascenseur,lecœurbattantàtoutrompre.Quefaire?
ElleavaiteffectivementaccèsauxchiffresquiintéressaientCharles,mais,mêmesiellelui
fournissaitcesinformationsetqu'ilprésentaitundevistrèsalléchant,Gaberefuserait
catégoriquementdeluiconfierlemarché.Évidemment,Charlesseraitfurieuxetpublieraitlesphotos.
Commentsetirerdecettesituationimpossible?
Aussitôtqu'elleentradanslebureaudeGabe,cedernierlevalesyeuxetseprécipitaverselle,
l'airinquiet.
—Mia!Maistuestoutetrempée!Tun'avaispasprisdeparapluie?
Avecunjuronbiensenti,illuipritlessacsdesmainsetlesdéposaparterre.
—Çava?Qu'est-cequit'estarrivé?Tuasl'airtouteretournée.
—N...non,j'aifroid,c'esttout,bredouilla-t-elleengrelottant.Jemesuisfaitsurprendreparla
pluie,cen'estpasgrave.Jet'assure.
—Tuesfrigorifiée!Viens,jeteramèneàlamaisonpourquetupuissesprendreunbonbain
chaudettechanger.Tuvasattraperlamort.
Ellereculad'unpasetsecoualatêteavecunevéhémencequiparutsurprendreGabe.
—Tuasunrendez-vousimportant,expliqua-t-elle.C'estinutilequetum'accompagnes.
—Ons'enfout,demonrendez-vous,rétorqua-t-ilsuruntonbrusque.Tasantépasseavanttout.
—Non.Jen'aiqu'àdemanderauchauffeurdemeramenerchezmoiletempsdeprendreune
bonnedoucheetd'enfilerdesvêtementssecs.Jepeuxêtrederetourd'iciàuneheureetdemie.
Cettefois,cefutGabequisecoualatête.
—Ilesthorsdequestionquetureviennestravailler.Demandeauchauffeurdeteramenerchez
moietattends-moilà-bas.Jerentreraidèsquemaréunionseraterminée.
Miaacquiesça.Àprésentqu'ellesetrouvaitdanslachaleurdubureau,ellefrissonnaitdefaçon
incontrôlable.Ilfallaitpourtantqu'ellefassebonnefiguredevantGabe,sinonildevineraitque
quelquechoseclochait.
Elles'efforçadoncdesourire.
—Lesbagelsn'ontpasprisl'eau,eux.Ilfautquetumanges,Gabe.
Illuicaressadoucementlajoueavantdedéposerunbaisersurseslèvresfroides.
—Net'inquiètepaspourmoi.Emportetondéjeuneretdétends-toi.Jerentrem'occuperdetoi
dèsquejepeuxm'échapper.D'accord?
Cesparolesluifirentchaudaucœurmaisnesuffirentpasàeffacerl'horreurdesasituation.Elle
avaitbesoindetempspourréfléchir.
Ellesentaitpoindreunesévèremigraine.
Gaberepassaderrièresonbureaupourdécrochersonmanteauetlemettresurlesépaulesde
Mia.
—Viens,jet'accompagneaumoinsjusqu'àlavoiture.Tum'appellessituasbesoindequoique
cesoit,OK?
—Oui,dit-elleavecunpauvrepetitsourire,maisçavaaller,jet'assure.
Elledétestaitluimentir.
Chapitre34
Enarrivantchezlui,cesoir-là,Gabetrouvatoutesleslumièreséteintes.Miaavait-ellechangé
d'avisetdécidéderentrerchezelle?
DepuisleurretourdeParis,elleavaitpasséchaquenuitchezlui,saufunefoisoùJacel'avait
invitéeàdîneretraccompagnéechezelleensuite.CettesoiréesansMiaavaitd'ailleurssuffiàmettre
Gabedemauvaisehumeurjusqu'aulendemain.
Ilpoussaunsoupirdesoulagementlorsque,enentrantdanslesalon,ilaperçutlajeunefemme
endormiesurlecanapé.Elleavaitallumésacheminéeaugazets'étaitpelotonnéesousplusieurs
plaids.
Gabefronçalessourcils.Couvait-ellequelquechose?
Ellesemblaitpourtantenformeavantdesortirleurchercheràmanger.Enjouée,souriante,plus
bellequejamais...Celaleterrifiaitdel'admettre,maisGabeétaitdevenucomplètementaccro.Elle
éclairaitsonquotidien.Laplupartdesgensavaientbesoind'uncafépourbiencommencerlajournée.
Lui,ilavaitbesoindeMia.
Ils'approchapourvoirsiellesemblaitfiévreuseetremarquaqu'elleavaitlespaupièresrouges
etgonflées,commesielleavaitpleuré.
Queluiarrivait-il?Luicachait-ellequelquechose?Ilfuttentédelaréveillerpourlui
demandercequilatracassaitmaisrenonçaaussitôt.Elleparaissaitépuisée.Avait-elledéjàlesyeux
sicernéslaveille?S'était-ilmontrétropexigeantaucoursdelanuit?Était-cepourcelaqu'elleétait
malade?
Àcetteidée,unevaguedeterreurluinoual'estomac.Leurrelationétait-elletropintensepour
Mia?Ilsesentaitpourtantincapabledecalmerlejeu,aucontraire.Loindeselasser,illadésiraitun
peupluschaquejour,commesiletempsnefaisaitqu'aiguisersonobsessionpourelle.Ilavait
vraimentfaitpreuved'unerarebêtiseencroyantpouvoirsupporterqu'unautrelatouche.
Chaquefoisqu'ilrepensaitàcettesoiréeparisienne,ilressentaitlebesoindeprésenterdes
excusesàMia.Certes,elleluiavaitpardonné,maisils'envoulaittoujours.
IlneméritaitpasMia,ilenétaitbienconscient.Pourtant,l'idéedelaquitterpourqu'ellesoit
librederencontrerunhommeàlahauteurluifaisaithorreur.Ilenmourrait.
Uncoupd'œilàsamontreluiappritqu'ilétaitpresquel'heurededîner,etilsedemandasiMia
avaitneserait-cequedéjeuné.Ilobtintlaréponseàsaquestionenentrantdanslacuisine.Lesacdu
traiteurétaitposésurleplandetravail,intact.Gabeétouffaunjuron.IlfallaitqueMiasenourrisse.
Ilouvritquelquesplacardsàlarecherched'uneboîtedesoupe.Lafemmedeménagequ'il
employaitdeuxfoisparsemainefaisaitensortequ'ilaittoujoursàsadispositionlesalimentsde
base,et,chaquevendredi,illuidressaitunelistedecequ'ilpensaitconsommerpendantleweek-end.
Cependant,ilnetrouvariendesatisfaisantetappelaleconciergepourqu'onluilivrequelques
courses.Unefoissacommandepassée,ilraccrochaetserenditdanslasalledebains,oùilouvrit
l'armoireàpharmacie.
Évidemment,nesachantpasdequoiMiasouffrait,ilignoraitquoiluidonner.Avait-elledela
fièvre?Unrhume?Autrechose?Ilneledécouvriraitqu'unefoisqu'elleseraitréveillée,etiltenait
àlalaisserdormiraussilongtempsqu'elleenavaitbesoin.
Ilretournadoncdanslesalonàpasdeloupetreplaçasoigneusementunedescouvertures,qui
avaitglissé.PuisildéposaunbaisersurlefrontdeMia.
Elleétaitchaudemaispasfiévreuse,etsarespirationétaitrégulière.
Gabeaugmental'intensitédelaflammedanslacheminée,puisallasechangerenattendantqu'on
luilivrelasoupedeMia.
Ilauraitpuseremettreautravail,ilavaitquittélebureauaussitôtsonrendez-vousterminéet
devaitencorepréparerlaréuniondulundisuivantavecJaceetAsh,mais,aulieudecela,ilsortitsa
tabletteets'installasurlecanapéenfacedeMia.
Laprésencedelajeunefemmel'apaisait.Quandilétaitavecelle,ilarrivaitànepaspenserau
travailetàsedétendre.Parexemple,iladoraitbouquinerensilenceàsescôtés.
Illuiavaitoffertuneliseusecontenantdéjàtoutessesœuvrespréférées,etelleluiavait
littéralementsautéaucou,avecunejoieenfantinequil'avaitfaitéclaterderire.Çaaussi,c'était
nouveau,grâceàMia,ilriaitdeplusenplussouvent.
Elleétaitdotéed'uncharmeenjouéqu'iltrouvaitirrésistible.C'étaitcommeunrayondesoleil
quiilluminaitsavie.Ilsouritensilence,mortifiéderecouriràunemétaphoreaussiéculée.Onaurait
ditunadolescentauxhormonesaussienfiévréesqueromantiques.Heureusementquepersonnene
pouvaitliredanssespensées,sonimaged'hommed'affairesinflexibleenprendraitunsacrécoup.
Danssonmilieu,ilfallaitafficherunefaçadeintimidante,froide,histoired'inspireruneforme
decrainterespectueuse.Siquelqu'unapprenaitqu'unebrunettemalicieusesavaitlemettreàgenoux
parsonseulsourire,ilseraitfichu.
Sontéléphonevibra,c'étaitleconcierge,luiannonçantquesacommandeétaitarrivéeetqu'il
montaitlaluiapporter.Gabeselevapourallerl'accueillirdevantl'ascenseur,leremerciapuisse
renditdanslacuisine.
Ilversalasoupefumantedansunboletfitgrillerdeuxtranchesdepain.Puisilsortitdu
réfrigérateurunebouteilledelimonadeàlacerise,laboissonpréféréedeMia.Ilavaitpriésafemme
deménagedes'assurerqu'ilyenaittoujoursenréserve.Ilavaitmêmefaitunelistedesgoûtsdela
jeunefemmeetmettaitunpointd'honneurànejamaismanquerdecequ'elleaimait.Ilvoulaitqu'elle
sesentechezelle.
Ildisposalasoupe,lepaingrillé,lalimonadeetunverresurunplateau,qu'ilemportadansle
salon.CelaluifaisaitdelapeinederéveillerMia,maisilfallaitqu'ellemangeetqu'elleluidisece
quin'allaitpas.Aubesoin,ilferaitvenirsonmédecin.
—Mia,dit-ild'unevoixdouce.Mia,machérie,réveille-toi.Ledînerestservi.
Elleremuaengrommelantquelquechosed'inintelligiblepuisdétournalatête.
Gaberitdoucement.Elleétaittoujoursgrognonauréveil.
Illuicaressalajoue,sedélectantdesentirsapeausoyeusesoussesdoigts.
—Allez,Mia,réveille-toi,mabelle.
Elleouvritlesyeux,et,danssonregardencoreembrumédesommeil,illutunmélangedepeur
etd'inquiétude,quilechoquaprofondément.
Qu'est-cequiavaitbienpulamettredanscetétat-là?Ellebâillaetsefrottalespaupières,puis
seredressaenramenantlescouverturesautourd'elledansunmouvementclairementprotecteur.
Gabesemorditlalanguepournepasexigerdesexplicationssur-le-champ.Miaparaissait
extrêmementfragile,unpeucommeaprèscettesoiréedemalheuràParis.Àcesouvenir,l'estomacde
Gabesenoua.
—Coucou,petitemarmotte,murmura-t-ild'unevoixdouce.Jet'aiapportédelasoupe.J'aivu
quetun'avaispastouchéàtondéjeuner.
—Non,j'avaissurtoutbesoindemeréchauffer,expliqua-t-elleavecunegrimace.Jen'avaispas
faim.
—Tutesensmieux?Tun'espasmalade,aumoins?Sinon,j'appellemonmédecin,tusais.
—Non,net'enfaispas,répondit-elleensepassantlalanguesurleslèvres.Unefoisdouchée,je
tombaislittéralementdesommeil,maisjevaisbien,jet'assure.
Ilavaitdumalàlecroire,sansbiensavoirpourquoi.Mianesemblaitpasdanssonassietteet
donnaitl'impressiond'avoirpleuré.Maispeut-êtrequ'ils'inquiétaitpourrienetqu'elles'étaitjuste
frottélesyeuxunpeutropfortavantdes'endormir.
—Etmaintenanttuasfaim?demanda-t-il.
—Oui!reconnut-elleendétaillantlecontenuduplateau.
Commeellefaisaitminedes'asseoirnormalementsurlecanapé,Gabeluitenditlamainpour
l'aider,etelleentremêlasesdoigtsauxsiens.
—Merci,murmura-t-elle.Tuestellementgentil...
Iln'étaitpasrarequ'elleluidisecela,mais,chaquefois,iléprouvaitunepointedeculpabilité.
Illaregardamanger,réprimantsonenviedelatoucher,delaprotégerdecequi,visiblement,la
tracassait.C'étaitunbesoinvitalqu'ilnecontrôlaitabsolumentpas,pasplusqu'ilnecontrôlaitson
attirancepourelle.Elleluifaisaitperdretoutelogique,touteraison...,elleluifaisaitperdrelatête.
Quandelleeutterminésonrepas,ellerepoussalacouverturequ'elleavaitgardéesursesgenoux
et,àlagrandesurprisedeGabeetàsaplusgrandejoieencore,elleremontalesjambessurlecanapé
etvintseblottircontrelui.
Illapritdanssesbrasetsepenchapourrécupérerlacouverture,qu'ilramenasureuxdeux.Il
savouralasensationducorpsdeMia,sidouxetsichaudcontrelesien,etenfouitlenezdansses
cheveux.
—Mercipourledîner,murmura-t-elle.Çavadéjàmieux.Maintenant,j'aijustebesoinquetume
serresdanstesbras.
Cesquelquesmotsluiallèrentdroitaucœur.Mias'exprimaitavecunetelleconfiance,unetelle
simplicité.Elleneluidemandaitjamaisriendematériel,semoquaitcomplètementdesonargentet
decequ'ilpouvaitluioffriravecsafortune.Toutcequ'elleluiréclamait,c'étaitdelatendresseetdu
réconfort,toutsimplement.
Ilauraitdûs'enorgueillirdesavoirqu'elles'enremettaitentièrementàlui,qu'ildétenaituntel
pouvoirsurelle.Pourtant,celaluirappelaitaussiqu'ilauraitfacilementpuladétruire.
—Tuveuxresterici,prèsdufeu,outupréfèresallertecoucher?l'interrogea-t-ilenlui
caressantlescheveux.
—Mmmh,fit-elled'unevoixdéjàensommeillée.Pourlemoment,jesuisbienici,àregarderles
flammes.Jemedemandes'ilneige,dehors.
—Jenecroispas,indiqua-t-ilentournantlatêteverslafenêtre.Ou,alors,c'esttrèsléger,parce
quejenevoisrien.
—Oh,j'aimalàlatête,grogna-t-elleencachantlevisagedanssoncou.
—Pourquoitunemel'aspasditplustôt?
—J'aiprisduparacétamolavantdedormir,expliqua-t-elleenhaussantlesépaules.J'espérais
qu'avecunpeudereposetunebonnesoupeçapasserait,maisnon...
Gabesedégageadoucementetselevapourallerchercherdesantidouleurs.
—Tiens,dit-ilenluitendantuncachet.C'estcequejet'avaisdonnépoursoulagertagueulede
bois.
—Cen'estpaslapeine,protesta-t-elleavecunegrimace.Jevaisêtrecomplètementdansle
brouillard,après.
—Çavautmieuxqued'avoirmalaucrâne,non?rétorqua-t-ilsuruntonpatient.Fais-moi
plaisir,avaleçaetjem'occupedureste.Situveux,onpeutrestericiletempsquetut'endormes,etje
teporteraijusqu'aulit,d'accord?Demainmatin,siçanevapasmieux,j'appellemonmédecin.
—Oui,chef,acquiesça-t-elleavecundemi-sourirequicreusaunefossettedanssajoue.
Illuidonnadonclecompriméetlabouteilledelimonadeet,unefoisqu'elleeutprisle
médicament,ilserassitàcôtéd'elle,l'attirantdanssesbrasetluiétendantlacouverturesurles
jambes.
—Jesuistellementcontented'êtreavectoi,Gabe!déclara-t-elleavecunsoupirense
pelotonnantcontrelui.J'aivraimentbienfaitdetentermachance,ajouta-t-elledansunmurmure
presqueinaudible.
Quandilcompritcequ'ellevenaitdedire,Gabefutsubmergéd'unejoieimmensequiluicoupa
lesouffle.Puisilperçutlanotedemélancoliecontenuedanssonmessage,commes'ils'agissaitdu
préludeàunadieu.Ilrefusaitd'envisagercettepossibilité.Ilferaittoutcequiétaitensonpouvoir
pourgarderMiaàsescôtés.
—Moiaussi,jesuiscontentquetusoislà,mabelle,répondit-ild'unevoixdouce.
Chapitre35
Miaenfilasavesteencuiretsepréparaàpartir.Gabeneseraitpascontentdelavoirarriverau
bureauquelquesheuresaprèsluiavoirrecommandéderestersereposer.
Ilsemblaitcroirequ'ellecouvaitquelquechoseaprèssoncoupdefroiddelaveille.
Elleavaitpassél'après-midienétatdechoc,troppaniquéepourréfléchiràlamarcheàsuivre.
Illuirestaitpeudetemps,àprésent,Charlesattendaitdesesnouvellesavantlafindelajournée.
Lajeunefemmeavaitlecœurauborddeslèvresenmontantdanslavoiturequiallaitla
conduireaubureaudeGabe-àsonbureau.
Elleavaitretournéleproblèmedanstouslessens,etlaseulesolutionviableétaitdetout
raconteràGabeenespérantqu'iltrouveunmoyendelessortirdecemauvaispas.Ilétaithorsde
questionqu'elletrahissesaconfiance.Elleignoraitencorecequel'avenirleurréservait,maisilétait
tempspoureuxd'affronterJaceetdeluiavouerlavérité.Celaamoindriraitconsidérablement
l'influencequeCharlesWillispensaitdétenir.
Ensecouchant,laveille,elleavaitprétextéqu'elleavaitencorefroidpourenfileruntee-shirtà
mancheslonguesetdissimulerlesbleusquecesalaudluiavaitfaits.Gaben'auraitpasmanquédeles
remarquer,etelleseseraitvueobligéed'expliquerlasituationavantd'yavoirmûrementréfléchi.
Tandisquelechauffeurs'inséraitdanslacirculationdecettefindematinée,Miasefrottale
bras,pensive.
Ilneneigeaitpasencore,maisdegrosnuagesbasetmenaçantsroulaientdanslecielen
dispensantunebruinefroide.
Aussitôtquelavoitures'arrêtadevantlesiègedeHCM,Miacourutjusqu'àl'entréepouréviter
desefairemouiller.Unefoisdansl'ascenseur,elleeutl'impressionquesonangoissemontaiten
mêmetempsquelacabine.
Lorsqu'ellepoussalaportedelaréception,Eleanorl'accueillitd'unairsurpris.
—Mia!M.Hamiltonm'aditquevousétiezsouffrante.Vousvoussentezdéjàmieux?
—Unpeu,oui,réponditMiaavecunsourireforcé.Gabeestdanssonbureau?
Eleanorhochalatête.
—Merci.Veuillezàcequ'onnesoitpasdérangés,nousdevonsdiscuterdequestions
importantes.
—Biensûr,acquiesçalasecrétaire.Appelez-moisivousvoulezquejevouscommandeà
déjeuner.
Mialaremerciad'unbrefsourireets'engageadanslecouloir,l'estomacdeplusenplusnoué.
CelalarendaitmaladededevoirparleràGabedesphotosqu'elleavaitvuesoudesmenacesque
CharlesWillisavaitproférées.Celaluirépugnaitd'avoiràréveillerlessouvenirsdecequis'était
produitàParis.Cettehistoireappartenaitaupassé,désormais.
Aprèsuneprofondeinspiration,elleentradanslebureau.Gabelevalesyeuxverselleet,
aussitôt,vintàsarencontre.
—Mia!Qu'est-cequetufaisici?Tutesensmieux?Tuauraispuprendreunejournéederepos,
tusais.
Illaserracontreluipuiss'écartapourlaregarder,commes'ilcherchaitdessignesdemaladie
sursonvisage.
—Ilfautquejet'avouequelquechose,Gabe,commença-t-ellesuruntonhésitant.C'està
proposd'hier...,decequis'estvraimentpassé.
Ilreculad'unpaspourl'examinerdelatêteauxpieds,etsoncœurseserraquandilvitlapeur
danssesyeuxetlesmarquesd'épuisementsursonvisage.Ellequisavaitêtreravissantemêmeau
réveilavaitunemineatroce.
Iln'avaitpeut-êtrepasrêvé,laveille,quandilavaitcrudeviner,àsespaupièresrougies,qu'elle
avaitpleuré.
—Vienst'asseoir,dit-il,lagorgenouée.
Illuipritlamainpourl'entraînerverslecanapé,maisellesedégageadoucement.
—Non,jepréfèreresterdebout.J'espèrequetunevaspastropm'envouloir...
Cesmotsl'inquiétèrentd'autantplusqu'ilneparvenaitpasàimaginercequiavaitpuseproduire
laveille.Lajournéeavaitcommencéleplusnaturellementdumonde,jusqu'àcequeMiadécide
d'allerchercherledéjeuner.Elleenétaitrevenuetrempéejusqu'auxos,mais,surtout,elleavait
sembléenétatdechoc.
Illacontemplauninstant,etlavulnérabilité,laterreurqu'illutdanssonregardluifirentl'effet
d'uncoupdepoing.Celalerendaitmaladequ'elleaitpeurdelui-ou,dumoins,desaréaction.
Désireuxdelarassurer,illuicaressalesbrasetlaserradoucement.Aussitôt,ellesursautaet
s'écarta,posantunemainàl'endroitoùill'avaittouchée.
Ilenrestabouchebéeuneseconde,puiscommandad'unevoixferme:
—Mia,enlèvetaveste,s'ilteplaît.
Ellehésitalonguementetpoussaundouloureuxsoupirtandisquesesyeuxs'emplissaientde
larmes.
Terrassé,incapabledepatienteruneminutedeplus,Gabefitglisserlavestedesépaulesdela
jeunefemmeetremontalamancheducôtéoùellesemblaitavoirmal.Pendanttoutecetteopération,
ellegardalesyeuxbaissés.
Gabelaissaéchapperunjuronquandilaperçutl'hématomeviolacéquicouvraitsonbras.Ille
survoladuboutdel'indexmaissanslatoucher.
Luiprenantl'autremain,ill'entraînaverslafenêtre,oùlalumièreétaitmeilleure.
—Maisqu'est-cequit'estarrivé,Mia?
Iltraçalescontoursdubleu,etsonpoulss'accéléraquandilcompritqu'ilavaitdevantlesyeux
desempreintesdedoigts.Quelqu'unavaitviolemmentagrippéMiaetl'avaitretenuedansunepoigne
defer,unhomme,vulatailledesmarques.
Unelarmeroulasurlajouedelajeunefemme,etellelacueillitdesamainlibre.
—Quit'afaitça,Mia?demanda-t-ilcalmementmalgrél'appréhensionatrocequiluitordaitle
ventre.
Ileutbeaulutterpoursecontenir,savoixcontenaitunemenace,lapromessed'unevengeance
enverslesalaudquiavaitosémolesterMia.
—CharlesWillis,répondit-elledansunsouffle.
—Quoi?!ExplosaGabe,lafaisantsursauter.
Aussitôt,elleluiposaunemainsurletorseetl'imploraduregard.Elledevaitlesentirtrembler
deragesoussapaume.
—Hier,alorsquejerevenaisdupetittraiteur,ilm'aarrêtéenonloindel'immeuble.Ilvoulait
quejeluidonnedesinformationssurlesoffresquevousavezreçuespourleprojetparisien.Ildisait
quesaseulechancederemporterlemarché,ceseraitdevousprésenterundevisdéfianttoute
concurrence.
Gabefrissonna,enproieàundérangeantpressentiment.
—Tuluiasdonnécequ'ilvoulait?
Était-celaraisonpourlaquelleellesemblaitcraindresacolère?
—Non!S’exclama-t-elle,outréequ'iloseluiposercettequestion.
—C'estpourçaqu'ilt'afaittouscesbleus?Jevaisletuer,cefilsde...
—Attends,cen'estpastout,intervintMiad'unevoixétrangléeavantdesedétournerense
frottantlesbrascommepourseprotéger.C'esthorrible,Gabe.Ilm'afaitduchantage.Il…ilm'a
montrédesphotos.
—Desphotosdequoi?
Elleluifitface,lestraitstirésparl'angoisse.
—Denous!ÀParis,danslasuite.Ilyenavaitunedemoi,ligotéeaumilieudusalon,avec...
toi...dansmabouche,expliqua-t-elleentremblantsiviolemmentqu'ellesemblaitsurlepointde
s'évanouir.Surladeuxièmephoto,onmevoyaitattachéeàlatable,aumomentoùCharlesessayait
de…
—L'infâmeconnard!hurlaGabe.
Devantlaviolencedesaréaction,Miareculad'unpas.
—Iladitque,sijeneluidonnaispaslesinfosqu'ilmeréclamait,ilallaitdiffusercesimages
surInternet,qu'ilallaittoutraconteràJaceetternirtaréputation.
Gabeétaittropabasourdipourformuleruneréponsecohérente,tropfurieuxpourréfléchir.Ilse
passaunemaindanslescheveux,puissurlevisage.
Mias'approchadelui,leregardempreintdedouceur.
—Ilfallaitquejeteledise,Gabe.Ilfallaitquejeteracontetoutel'histoire.Jen'aijamais
envisagédetetrahir-j'enseraisincapable-,maissituvoyaiscesphotos!Charlesestauxabois,ila
exigéquejeluidonnemaréponsecesoirauplustard.
GabelaissaretombersamainetcontemplaMiaavecunémerveillementnouveau.Elleauraitpu
luimentirpoursauversonimage,mais,aulieudecela,elleavaitchoisideluifaireconfiance.Même
aprèscequ'illuiavaitfaitàParis,elles'étaittournéeversluietl'avaitsuppliédetrouverune
solutionalorsque,précisément,c'étaitsafauteàluisicessatanéesphotosexistaient.
Ilcrutquesoncœurallaitéclater.Peudepersonnesauraienteuautantdescrupulesàlivrerces
informations.Àvraidire,iln'étaitpascertainqu'ilenauraitvouluàMiasielleavaittentédese
protéger.Maisnon,elleavaiteulecouragedevenirtoutluiraconter.
Iln'enrevenaitpas.Illadévisageaitensilence,lesoufflecoupéparl'énormitédecequecela
impliquait.
Ellel'avaitchoisi,lui,aurisqued'encourirunehumiliationpubliqueetlacolèredesonfrère.
Elles'étaittournéeversluiplutôtqueversJace!
Elleluiavaitdéjàpardonnél'impardonnable,maisenplus,alorsqu'onl'avaitforcéeàvoirles
imagesquiprouvaientjustementl'étenduedesatrahisonàlui,elleétaitrestéehonnêteetdroite.Elle
étaitmêmevenueluidemandersonaideetsaprotection.
Celaexprimaitunefoienluiquil'époustouflaitcomplètement.EntreLisaetsesadversairesen
affaires,ilavaitprisl'habitudequ'ontentedeluijouerdestourspendables.Ils'yattendaitdelapart
depresquetoutlemonde.
Miaavaitfaitpreuved'unimmensecourageenvenantluisoumettresonproblèmealorsmême
qu'elleredoutaitsaréaction.
Nesupportantplusdevoirlapeurpaniquedanssonregard,ill'attiracontreluietlaserrade
toutessesforces,enfouitsonvisagedanssescheveuxetrespirasondouxparfum.
Ill'avaitdanslapeau,maispasseulement.Elleétaitancréedanssoncœur,danssonâme,
commeunemarqueauferrougequines'effaceraitjamais.
—Mia,machérie,murmura-t-il.Aprèstoutcequejet'aifait,tuesvenueteconfieràmoi...
Elles'écartadelui,lesyeuxécarquilléssousl'effetdelacrainteetduchagrin.Pasétonnant
qu'elleaitparusecouée,laveille.Enplusdelamalmenerphysiquement,cetteordurel'avaitterrifiée
ethumiliée.
—Jen'allaisquandmêmepastrahirtaconfiance,Gabe!s'écria-t-elle.Etpuisjen'avaispasle
choix!Sij'avaispasséàWillislesinfosqu'ilréclamait,tum'auraiséjectéedetavie,àtoutjamais.
Enrevanche,sijeneluidonnepasdenouvellesaujourd'hui,ilvanousexposeràunehontepublique.
Jacevadécouvrirlepotauxroses,cequirisquedemettreuntermeàvotreamitié-sansparlerde
votreentreprise.Etpuispenseàtaréputation.Cesphotos...
Elleinspiraprofondémentetravalaunsanglotavantdeconclure:
—Onpourraitcroirequetumeforcesàfairetoutçacontremongré.
Gabebouillonnaitd'unefroidecolèreetd'unedéterminationfarouche,maisMiaavaitbesoinde
calme.Elleavaitbesoinqu'illarassure,etilcomptaitbiensemontreràlahauteur.
—Jem'enoccupe,dit-ild'unevoixdouce.Oublietoutça,d'accord?
Ellerelevalesyeuxverslui,etilvitlapeurcéderlaplaceàunsoulagementpleind'espoir.Il
luicaressadoucementlevisage,cueillantunelarmeavecsonpouce,puisl'embrassapassionnément.
Illuidéposadelégersbaiserssurlespaupières,lelongdesjoues,puisrepritpossessiondeses
lèvres,desalangue.Ilsedélectadesonparfumsienivrant.
Lorsqu'ilserecula,ellelaissaéchapperunsanglot,commesiellecraquaitenfinaprèss'êtresi
longtempscontenue.Ellesemitàpleureràchaudeslarmes,secouéeparlaprofondeurdeson
chagrin,etlecœurdeGabeseserra.
—Oh,machérie!Nepleurepas,Mia,murmura-t-ilenl'attirantcontrelui.
Ill'entraînaverslecanapéets'assit,laprenantsursesgenoux.Elles'agrippaàlui,levisage
enfouidanssoncou,etillatintdanssesbrasjusqu'àcequ'ellesecalmeunpeu.
—J'aitellementpeur,Gabe!Jeneveuxpasquemesactionscausentdutortauxgensquej'aime.
Toi,Jace…,vousrisquezgrosàcausedemoi.
—Non,machérie!Cen'estpastafaute.Ceseraitplutôtlamienne.J'aiétécomplètement
stupide,cesoir-là.Riendetoutcelaneseraitarrivésij'avaissuteprotéger.
—Qu'est-cequetuvasfaire?demanda-t-elle,angoissée.
Elleavaitdesplaquesrougessurlesjoues,etlespaupièrestoutesgonflées.Ellesemblait
malade,épuiséetantphysiquementqu'émotionnellement.
—Nepenseplusàcettehistoire,larassura-t-ilenluicaressantlescheveux.Toutcequetuas
besoindesavoir,c'estquejevaism'enoccuper.Fais-moiconfiance.
IlpassadoucementlamainsurlebrasoùCharlesl'avaitblessée.C'étaitladeuxièmefoisque
cetteordurecausaitdutortàMia.Ilallaitluifaireregretterd'êtrené.
AprèsavoirdéposéunbaisersurlefrontdeMia,Gabes'écartadoucementpourlaregarder
danslesyeux.
—Voicicequejetepropose,tuvasprendreletempsdeterafraîchirunpeu,histoirequeles
autresnetevoientpasdanscetétat.Puis,dèsquetuserasprête,demandeauchauffeurdete
raccompagnerchezmoi.Jet'yrejoindraidèsquepossible.D'accord?
—Ettoi,oùtuvas?l'interrogea-t-elle,inquiète.
Illuipassaundoigtsurleslèvres,ensavourantladouceurveloutéeavantd'ydéposerunbaiser.
—Jevaisallerm'assurerqueCharlesWillisn'oseplusjamaistemenacer.
Chapitre36
Lespoingsserrés,Gabesedirigeaversl'immeubleoùsetrouvaientleslocauxdeCharles
Willis,surLexingtonAvenue.
IlavaitconfiéMiaàunchauffeur,aprèsqu'ellesefutpassédel'eausurlevisageetqu'ellelui
eutdécritendétaillesphotosqueCharlesluiavaitmontrées.
Lebureaudecelui-cisetrouvaitaupremierétage,qu'ilpartageaitavecuneautresociétécaril
nepassaitpassouventàNewYork.Lacompagniefamilialeavaitdesbranchesunpeupartoutdansle
monde,maisGabenereferaitjamaisaffaireaveceux.S'iln'avaitpasprisenconsidérationles
centainesd'innocentsquecettesociétéemployait,Gabel'auraitréduiteenpoussière,maisilallait
devoirsecontenterderayerCharlesWillisdesonrépertoireàjamais.
Ilpassadevantlaréceptionsansralentirl'allureetouvritlaportedubureaudeCharlesd'un
gestebrusque,sibienqu'elleallaheurterlemur.Charleslevalesyeux,surpris,etGabevitunéclair
depeurpassersursonvisageavantqu'iladopteunmasqueavenant.
—Gabe!lança-t-ild'unevoixenjouée.Quepuis-jefairepourvous?
Gabeclaqualaportederrièreluiets'avançaversCharles,quivoûtalesépaules,visiblement
malàl'aise.
—Vousavezfaitunegrosseboulette,Willis,commençaGabed'unevoixdoucemaismenaçante.
Vousavezposévossalespattessurunefemmequim'appartient.Vousluiavezfaitpeur,vouslui
avezfaitmal,maislepire,c'estquevousavezessayédeluifaireduchantage.
Charleshaussalesépaulesenaffectantunearrogancedétachée.
—Etalors?Cen'estqu'uneputeparmitantd'autres.
Fouderage,Gabeseprécipitaversluiet,d'uncoupdepoing,l'envoyavalsercontreles
étagèresplacéesderrièresonbureau.Sonné,Charless'essuyalaboucheetaperçutdusangsursa
main.
—Jevaisporterplaintepourcoupsetblessures!hurla-t-il.Pourquivousprenez-vous,àentrer
dansmonbureaucommeça,pourm'attaquer?
—Espècedemisérableordure,sifflaGabeentresesdentsserrées.Estimez-vousheureuxqueje
nevousétranglepas.SivousosezvousapprocherdeMiaàmoinsd'unkilomètre,jevousferaila
peauet,quandj'enauraifiniavecvous,vousn'aurezplusrien,nicrédibilité,niamis,nicontrats...
Rien!
Charlesblêmit.
—Jevaisdiffusercesphotos,jevouspréviens!Balbutia-t-il.
Gabes'immobilisacomplètement.
—Faitesdonc,Charles.Diffusezcesphotos,etjevousferaicondamnerpourviol.C'est
exactementcequevousavezessayédefaire,aprèstout,etcesimagesleprouvent.Jememoque
éperdumentquemaréputationsoitternieaupassage.Ilesthorsdequestionquejevouslaisse
humilierMiadelasorte.Sicesclichésrefontsurfaceunjour,jevousprometsquevouspasserezle
restedevotrevieàjouerlapoupéegonflablepourvotrevoisindecellule.
Iln'avaitjamaisétéaussisérieuxdetoutesavie,etCharleslecomprit.Ilperdittoute
contenance.
—Jesuisprêtàdépenserjusqu'auderniercentdemafortunepourvousfaireenfermer,s'ille
faut,poursuivitGabeavecunefroideconviction.J'aibeaucoupdeconnaissancesfortutiles,figurez-
vous,dontplusieurspersonnesàquij'airenduserviceetquimesontredevables.
Charlessemblaitsurlepointdes'évanouir.Iltentadesereleverenprenantappuisurles
étagères,maissesjambessedérobèrentsouslui.
—Jesuisdésolé,bredouilla-t-il,vaincu.J'étaispaniqué.Jesavaisquevousnevoudriezpasme
confiercemarchéaprèscequis'étaitpasséàParis,maisj'aibesoindececontrat,Gabe.Ilmelefaut
!
GabetenditlamainàCharles,quihésitauninstantavantdelasaisirpourserelever.
Aussitôtqu'ilfutsursespieds,Gabeluidécochaunautrecoupdepoing.Dusangjaillitdunez
deCharles,quiretombacontrelesétagères.
—Ça,c'estpouravoirosétoucherMiaetlaisserdestracessursapeau.Sijamaisvous
recommencezvosconneries,jevoustraqueraicommeunebête.Croyez-moi,Willis,personnene
retrouverajamaisvotrecarcasse.
Surcettepromesse,Gabetournalestalons.Charlesétaitpeut-êtrestupide,maiscertainement
pasaupointdedouterdesadétermination.
Gaberemontadanssavoitureetdonnal'adressedesonappartement.Ilétaitimpatientde
retrouverMiapourlarassurer.
Iléprouvaittoujoursunmélanged'émerveillementetd'humilitéquandilrepensaitàlaconfiance
qu'elleluiavaittémoignée.
Cettefilleétaituncadeautombéduciel.
Ilpassatoutletrajetàpenseràelleetàréfléchiràcequ'ilvoulaitluidire.
Cetristeépisodeluiavaitpermisdecomprendreàquelpointleursecretétaitfragile.Cela
valait-ilvraimentlapeinedes'entêterdanslemensonge?
Audébutdeleurrelation,ilétaitentièrementd'accordavecMiasurlanécessitédepréserver
Jace.Maisc'étaituniquementparceque,àl'époque,ilcroyaitqueleuraventurenedureraitpas.
Àprésent,ilrefusaitd'envisagerqu'ellepuisseseterminerunjour.Iln'auraitsudireàquel
momentsonregardsurlajeunefemmeavaitchangé,maisilétaitsûrd'unechose:iln'imaginaitpas
avoirenviedelaquitter,entoutcas,pasdansunavenirproche.
Ilfallaitqu'ilsmettentJaceaucourant,quitteàpasserunmauvaisquartd'heure.Aubureau,
GabeéprouvaitdeplusenplusdedifficultésàtraiterMiacommeunesimpleemployée-oucomme
lasœurdeJace.
Cependant,ilnesavaitpasquelseraitl'avisdel'intéresséesurlaquestion.Évidemment,rienne
lesobligeaitàentrerdanslesdétailsenmettantJaceaucourant.Personnen'avaitbesoindeconnaître
l'existenceducontrat.Àvraidire,celaluifaisaithonted'avoirimposécesrèglesridiculesàMia.
Aprèsdesannéespasséesàvivresesrelationsseloncecadreultrastrict,ilserendaitenfincompte
qu'ils'agissaitenfaitd'uneréactionexagéréeautraumatismedesondivorce.
Maisc'étaitfini,toutça.Ilnesongeaitplusàseprotéger.Toutcequ'ilvoulait,c'étaitrassurer
MiaetluifaireoublierlesmenacesdeCharlesWillis.
Ilbrûlaitd'enviedelatoucher,delaserrercontrelui,derespirerlemêmeairqu'elle.Ilvoulait
goûtersasaveuretsentirsapeaucontrelasienne.
Ilimploramentalementsonchauffeurd'accélérer.CesquelquesheuressansMiaavaientsuffià
usersapatience.Cettefilleétaitsadrogue,etilétaitdéjàenmanque.
Miaavaitpassél'après-midiàtournerenronddansl'appartementdeGabeenregardantsa
montretouteslescinqminutesoupresque.
Qu'avait-ilfait?Etcommentpouvait-ilêtresûrquelesphotosneseraientjamaispubliées?
Avait-elleeuraisondel'impliquerdanscettehistoire?
Elleétaitépuisée,etlamigrainequiluivrillaitlestempesn'arrangeaitpassonaffaire.Elle
avaitprisdeuxcomprimésdeparacétamoldansl'armoireàpharmaciedeGabe,maisladouleur
persistait.
Enfin,elleentenditl'ascenseurarriveretseprécipitaversGabeàl'instantmêmeoùilentrait
danslesalon.
Ellesejetadanssesbras,etillaserradetoutessesforces,lasoulevantlégèrement.Ellepassa
lesjambesautourdesataille,etilluipritlesfessesàpleinesmainspourlasoutenir.
—Çava,mabelle?murmura-t-ilenlaregardantdanslesyeux.
—Oui,çavamieux,maintenantquetuesici.Jemesuisfaitunsangd'encre.
Illaportajusqu'aucanapéets'assit,l'installantàcalifourchonsurlui.Ill'embrassatendrement
toutenluicaressantlescheveux.
—Toutvabien,machérie.TuasmapromessequeCharlesWillisnenousposeraplusjamaisde
problème.
—Qu'est-cequetuasfait?demanda-t-elleensemordantlalèvre,soucieuse.
—Disonsquenousavonstrouvéunterraind'entente,luietmoi.C'estfini,Mia;jet'assurequ'il
neviendraplusjamaisnousinquiéter.
Aumêmeinstant,elleaperçutlesécorchuressursesphalangesetfronçalessourcils.
—Qu'est-cequetuasfait,Gabe?
—Ilavaitosétetoucher.Àdeuxreprises,ilaposésessalespattessurtoietaessayédete
fairedumal.
—Mais...,s'ilporteplainte,turisquesdetefairearrêter,protesta-t-elle,l'airmalheureux.Alors
toutel'affaireseraexposéeaugrandjour.Franchement,çaneméritepasquetufinissesenprison.
—Si,Mia,rétorqua-t-ildansungrondement.Tumériteslemondeentier.Jeseraisprêtàmourir
pourtoi.Alors,s'ilsuffitd'untourencabanepourempêcherunsalevicelarddes'enprendreàtoi,ça
nemefaitpaspeur.
Profondémentsecouéeparlavéhémenceaveclaquelleilvenaitdeprononcercesmots,ellele
dévisageaensilence.Unfolespoirs'emparad'elleetluifouettalesang,laréchauffantdel'intérieur.
Deslarmesluibrûlèrentlespaupièresetmenacèrentderoulersursesjoues.
ElleportalamaindeGabeàseslèvresetdéposaunlégerbaisersurseséraflures.
LeregarddeGabes'adoucit,etilluicaressatendrementlajoue.
—Ilyaautrechosedontjevoudraisteparler,Mia.Elleperçutunnetchangementdeton,une
pointed'incertitudederrièresadétermination.
—Oui?
—Jepensequ'ondevraitdireàJacequ'onestensemble,toietmoi.
Elleécarquillalesyeux.
—Onn'apasbesoindetoutluiraconterendétail,reprit-il,maisj'enaiassezdefairecommesi
tunecomptaispaspourmoi.Tuvisdanslapeurqu'ilcomprennecequ'ilyaentrenousetqueça
envenimeleschosesentreluietmoi,ainsiqu'entrevousdeux.Autants'épargnercettesource
d'inquiétude,non?Jaceserapeut-êtreencolèreaudébutmaisilfinirapars'yfaire.
Miainspiraprofondémentfaceàlaportéedecetaveu.Gabesouhaitaitvivreleurrelationau
grandjour?Lajeunefemmeosaitàpeineimaginercequecelasignifiait.Ellepréféraitconsidérer
qu'ils'agissaitsurtoutpourGabedes'éviterdestracasinutiles.
—Mia?Tuesd'accord?
Ellecillaetreportasonattentionsurlui.Illadévisageaitavecunelueurdedéterminationdans
leregard.Lentement,elleacquiesça.
—Quandcomptes-tuleluidire?S’enquit-elle.
—Dèsqu'ilreviendraàNewYork,c'est-à-direlundi,pourlaréunion.Jevaisleprévenirque
nousavonsbesoindeluiparlerd'untrucimportant.
—OK,convintMia,lecœurbattant.
—Bon.Maintenantquetoutesceshistoiressontréglées,voicicequej'aimeraisqu'onfasse,
repritGabeenentremêlantsesdoigtsauxsiens.J'aimeraisqu'onpasseleweek-endensemble,àne
s'occuperquedenous.Onpourraitsefairelivrernosrepasets'installeraucoindufeupourregarder
lapluiesechangerenneige.Qu'est-cequetuendis?
—C'estparfait,Gabe,soupiraMiaenseblottissantcontrelui.
Chapitre37
GabeveillasurMiapendanttoutleweek-endetfitdesonmieuxpourluichangerlesidées,
chaquefoisqu'ilvoyaitlemoindresigned'inquiétudesursonvisage.Visiblement,lasituationavec
CharlesWillislapréoccupaitencore,mêmes'ilétaitcertaind'avoirfaitpasserlemessage.
Histoiredenerienlaisserauhasard,ilpassaquelquescoupsdetéléphonediscretsafind'être
tenuaucourantdesagissementsdeWillis.IlsegardabiendeledireàMia,cependant,ilpréférait
qu'ellecesseentièrementd'ypenser.
Dimanche,aprèsuneindécentegrassematinée,ill'emmenaprendreunbrunchtardifdansun
restaurantquiétaitdéjàdécorépourNoël.IlsavaitqueMiaadoraitl'ambiancedesfêtes,et,
effectivement,levisagedelajeunefemmes'illuminadèsqu'ilsentrèrent.
GabeenvisageaitdemodifiersesplanspourThanksgiving.Sadécisiondépendraitbeaucoupde
laréactiondeJacelorsqu'ilsluiannonceraientlanouvelle.Gabeétaitraviquesesparentsessaient
derecollerlesmorceaux,maisl'idéedepasserunejournéeentièreaveceuxdanscecontextele
mettaitmalàl'aise.Parailleurs,iln'avaitaucuneenviedepasserThanksgivingsansMia,surtoutsi
Jacen'étaitpasàNewYorkpourluitenircompagnie.
Lorsqu'ilssortirentdurestaurant,lecrépusculebaignaitlaville,etlestrottoirsluisaient
doucementàlalueurcombinéedeslampadairesetdesphares.Mialevalatêteetéclataderirequand
unflocondeneigevintseposersursonnez.
Elleouvritlesbrasetexécutaunepirouette,faisantvolerlespansdesonmanteau,ainsiqueles
longuesmèchesquis'échappaientdesonbonnetdelaine.
Fasciné,Gabesortitsontéléphoneetlapritenphotosansmêmequ'elles'enrendecomptetant
elleétaitabsorbéeparsonbonheur.
—Brrr,ilfaitfroid!S’exclama-t-elleenrevenantverslui.
EllepassalesmainssouslemanteauouvertdeGabeetseserracontreluienfrissonnant.Illui
caressaledos,souriantdevanttantd'exubérancejoyeuse.
—Viens,onvasemettreàl'abri,dit-ilenl'entraînantverslavoiture.
Ilss'installèrentsurlessiègeschauffants,etMias'adossaàlabanquetteavecunsoupirsatisfait.
—Viveleconfortmoderne!s'écria-t-elle.
—Oh,moiaussi,jepeuxteréchauffer,tusais,affirma-t-ilenriantdoucement.
—Mmmh.Dèsqu'onarriveàlamaison,jeteprendsaumot,répliqua-t-elled'unevoixsuave.
—Çatombebien,j'avaisjustementunepetiteidéederrièrelatête,murmura-t-ilenfaisant
remonterunemainàl'intérieurdesacuisseavantdelareposerinnocemmentsursongenou.
—Ahoui?fit-elleenhaussantunsourcild'unaircoquin.Tuveuxbienm'endireplus?
—Non.Tuverrasenarrivant.
Elleesquissaunemoueboudeusequilefitsourire.Àvraidire,ilétaitunpeutenduenrepensant
àcequ'ilavaitpréparé,maisiltenaitàeffacerlesouvenirdeladernièrefoisoùilavaitligotéMiaet
àleremplacerparquelquechosedebeau,detendreetdesensuel.
Ilnedoutaitpasque,s'ilprenaitsontemps,ilpourraitlameneràuneextaseincroyable,maisil
nevoulaitsurtoutpaslaforceràquoiquecesoit.Ilsepromitdoncdetoujoursgarderunœilsurelle
etdetoutarrêteraumoindresigned'inconfortdesapart.Ilnevoulaitplusjamaisluidonnerde
raisonsdeseméfierdelui.
Enarrivantdevantsonimmeuble,ill'aidaàdescendredevoiturepuisluitintlamaindans
l'ascenseur.Unefoisàl'intérieur,illadébarrassadesonmanteauetdesonbonnet,etelleentradans
lesalonensefrottantlesbras.
Ilavaitlaissélacheminéeallumée,desortequ'ilrégnaitunedoucechaleurdanslapièce.
IlaccrochalemanteaudeMiaetretiralesienavantdelarejoindre.Ellesetenaitjustedevantle
feu.
—Restelàetdéshabille-toi,ordonna-t-ild'unevoixvibrantededésir.
Ellelevalesyeuxverslui,et,aulieudelaméfiancequ'ilredoutait,iln'yvitqu'uneétincelle
joueuse.
—Ilfautquej'aillechercherquelquesaccessoiresdanslachambre,maisjerevienstoutde
suite.
Ilsedépêchaderassemblerunecordedesoie,unplug,dulubrifiantetunvibromasseuravantde
retournerdanslesalon,oùMiasetenaitnuedevantlacheminée.Lalueurdesflammessoulignaitsa
silhouetteetdansaitsursapeausatinée.
Gabeeutlesoufflecoupépartantdebeauté.
Puiselleseretournaetaperçutcequ'ilavaitdanslesmains.Elleécarquillalesyeux,l'air
interrogateur.
Auparavant,iln'auraitjamaisprislapeinedejustifiersesdécisions.Ilavaittoujoursconsidéré
quelesfemmesquichoisissaientdesignerlecontratacceptaientdefaireabsolumenttoutcequ'il
exigeaitd'elles.
MaisilétaitavecMia,àprésent,etiltenaitàcequ'ellecomprennesesintentionsàcequ'elle
n'aitplusjamaispeurdeluioudecequ'ilpourraitluiréserver.Ilnevoulaitsurtoutpasluidonnerde
raisondelequitter.
—J'aimeraisquetumedonnesuneautrechancedetemontreràquelpointlebondagepeutêtre
beauetappréciable,expliqua-t-ilàvoixbasse.Ladernièrefoisquej'aiessayéça,àParis,cela
faisaitpartied'unstupidecapricepersonnelquin'avaitrienàvoiravectoi.J'ensuisdésolé.Cette
fois-ciseraàl'opposé,fais-moiconfiance.
—Évidemmentquejetefaisconfiance,Gabe.Tantqu'iln'yaquetoi,tantquepersonned'autre
nemetouche,jen'aiaucuneobjectionàcequetumefassesdécouvrirdeschoses.Jen'aipeurde
rien,avectoi.
Gabefutbouleversépartantdedouceur.Personnen'avaitjamaismanifestéunefoisiprofonde
enlui,nisafemmenilesconquêtesqu'ilavaitenchaînéesdepuissondivorce.Cesdernièresne
voyaientenluiqu'unhommeaustatutsocialimpressionnantetaucompteenbanquebienfourni.
Obnubiléesparlesbiensmatérielsqu'ilpouvaitleuroffrir,ellesn'avaientjamaisvraimentcherchéà
leconnaître,lui.
Mia,aucontraire,savaitexactementàquielleavaitaffaireetellel'acceptaitsansréserve.Elle
ledésiraitautantqu'illadésirait,elle,sanssepréoccuperdesafortune.Elleconnaissaitlevéritable
GabeHamilton,etc'étaitcethomme-làqu'ellevoulait.
Ilcommençaitàcomprendrequ'avecelleilpouvaitsepermettredebaisserlagardeetde
dévoilerunepartdelui-mêmequ'ilavaitlongtempscachée.DemêmequeMialuifaisaitconfiance,il
hésitaitdemoinsenmoinsàluiouvrirsoncœur.
Laprenantparlamain,ill'entraînaversl'ottomaneetlafitmettreàquatrepattes,puisil
commençaàfairepasserlacordeautourdesesseins,mettantenvaleurleursdoucesrondeurs.
Ensuite,illuidemandadeposerlajouesurlesiègeencuiretluiramenalesbrasdansledospourlui
attacherlespoignets.
Aprèscela,ilfitpasserunelongueurdecordedechaquecôtédesonbusteetluiliales
chevillesdetellesortequ'ellen'avaitd'autrechoixqued'écarterlesjambes.
Ellesetrouvaitdoncàlamercidetoutcequ'ilavaitenviedeluifaire,etilavaitenviedelui
fairemilleetunechoses.
L'érectionquidéformaitsonpantalonlefaisaitpresquesouffrir,maisiltenaitàyaller
doucementetàentraînerMiaversdessommetsdeplaisir.
Ilpassaunemainsursesfessesetglissalesdoigtsentreseslèvressoyeuses.Illescaressaun
momentavantd'introduiresonindex.Ilsentitlesparoisbrûlantesseresserrerautourdelui.
Ilseretiraets'approchaduvisagedeMia.
—Sucemondoigt,Mia.Goûteàquelpointtuesdélicieuseetimaginequec'estmaqueuequetu
asdanslabouche.
Ellehésitaunesecondeavantd'entrouvrirleslèvres,puisilglissasondoigtsursalangue.Mia
lesuçadoucement,puisils'écartapourallerchercherleplugetlevibromasseur.Envoyantcela,elle
ouvritgrandslesyeuxd'unairgourmandquilefitsourire.
Ilmitdulubrifiantauboutduplugainsiqu'autourdel'anusdelajeunefemme.Puisilpositionna
latêtedusex-toyàl'entréeetdonnadepetitespoussées,laissantletempsàMiades'habituer.
Fasciné,ilregardasonanussedilaterprogressivementetimaginaquec'étaitsonsexequile
pénétraitainsi.IlpoussaungrondementsourdenvoyantMiahaletertandisquesoncorpsaccueillait
leplug.Enfin,ill'introduisitentièrement,etellesedétenditavecunsoupir,fermantlesyeuxun
instant.
—Net'endorspas,mabelle,jenefaisquecommencer,lataquina-t-ilavecunsourire.
—Jenesaispassijevaissurvivre!s'écria-t-elledansunsouffle.
Ilattrapalevibromasseuretl'allumaàunrythmesoutenu.Aussitôtqu'ileneffleuraleclitorisde
Mia,ellesursautaviolemment.Pourtant,ligotéecommeellel'était,ellenepouvaitéchapperaux
sensationsdélicieusesqu'ilcomptaitluiprocurer.Denouveau,ilapprochalegode,mais,cettefois,
illefitglisserentreleslèvresdelajeunefemme,jusqu'àl'entréedesonsexe.
Illapénétratrèslégèrement,endepetitsva-et-vient.
Miagémit,lestraitscrispéssousl'effetduplaisir.
AlorsGabepoussalevibromasseurjusqu'aubout,arrachantàlajeunefemmeunpetitcri
étouffé.Elleétaitparfaitementcomblée,entreleplugetlegodeaudiamètreimpressionnant.
Gaberepritsesmouvements,etMiasemitàremuerleshanchespourveniràsarencontre.Elle
tremblaitcommeunefeuille,sibienqueGabecrutqu'elleallaittomberdel'ottomane.
—Gabe!S'ilteplaît!lesupplia-t-elle.
—Qu'est-cequ'ilya,machérie?Tuaimeraisjouir,peut-être?demanda-t-ilsuruntonbadin.
—Tulesaistrèsbien!répondit-elledansungrognement.
Avecunpetitrire,ilretiralevibromasseuretsepenchaderrièreellepourfairejouersalangue
sursonclitorispuisentreseslèvres.
—Oh!s'exclama-t-elle.
GabepressasonvisagecontrelachairsoyeusedeMiaetaspiradoucementlapetite
excroissancetendued'excitation.Soudain,illasentitsedurciretcompritquel'orgasmeapprochait.
Alorsilsereleva,défitsonpantalonetguidasonérectiond'unemainsûre,pénétrantMiad'une
seulepoussée.
—Oh,Gabe!cria-t-elledansunlongsoufflerauque.Luisaisissantlespoignetsd'unemain,il
commençaàdonnerdepuissantscoupsdereins.
Trèsvite,ilsentitunflotsoyeuxcourirlelongdesonmembreetgoutterjusqu'àsestesticules.Il
dutfaireappelàtoutesavolontépournepass'abandonneràsonpropreplaisir.Iltenaitabsolumentà
fairejouirMiaencoreplusieursfoisavantlafindecettenuit.
Soudain,ellefutsecouéedespasmes,puistoussesmusclessecontractèrent,etellesecrispa
brutalementavecunsanglotétoufféavantdesedétendrecomplètement.
Gaberestaimmobile,profondémentancréenelle,letempsqu'elleredescendedessommets
d'extasequ'ellevenaitd'atteindre.Puisilseretiratoutendouceuretserhabilla.
PendantqueMiarecouvraitsesesprits,ilallachercherunedesescravaches.Quandilrevint,la
jeunefemmeavaitlesyeuxfermés.
Ils'approchadel'ottomaneet,duboutdelacravache,effleuralesfessesdeMia.Aussitôt,elle
sursautaetouvritlesyeuxavecunelueurd'excitation.
—Tuaimesça,Mia?
—Oui,murmura-t-elle.
—Çateplaît,leclaquementducuirsurtapeau?Cettedouleurvivequis'approchetellementdu
plaisir?
—Oui!répéta-t-elle,plusfort.
—Sijetedonnelafessée,cesoir,cen'estpaspourtepunir.C'estuniquementpournotreplus
grandejouissanceàtouslesdeux.Et,quandj'auraifinidemarquertapeausidouce,jecomptevenir
prendremonplaisirlà,conclut-ilenluieffleurantl'anus.
Miapoussaungémissementquiluifouettalesang,unsonsidoux,siféminin...
Toutdoucement,ilretiraleplug,etelletressaillitavantdesoupireravecbonheur.Gabeposale
sex-toydecôtéet,unefoisdeplus,caressaMiaaveclalanguettedelacravacheavantdelafaire
claquersursapeau.
Ilcommençapardescoupslégers,gardantsesforcespourlafin.Ilcomptaitprendresontemps
pourzébrercesjoliesfessesdemarquesquiprouveraientleurappartenance.Ilnevoulaitpasyaller
tropfortetrisquerdedégoûterMia.Ilvoulaitqu'ellelesuppliedecontinuer,pasd'arrêter.
Elleétaittellementbelle,ainsiligotée,offerte,seslongscheveuxdejaistombantencascades
surl'ottomane.
Chaquecoupdecravachefaisaitbrièvementaffluerlesangsoussapeau,etMias'agitait,tirait
surlacordequil'entravait,setendaitverslui.
Auquinzièmecoup,ilavaitgagnéenintensité,etlesmarquesdemeuraientpluslongtemps,si
bienquelesfessesdeMiaavaientprisunejolieteinterose.
Encoredeuxoutrois,etilprendraitpossessiondeceravissantpetitculafindejouirdelatotale
soumissiondeMia.
Soudain,leclaquementdelacravaches'accompagnad'unautreson.
—Qu'est-cequetufous,putain?!hurlaJace.
Tirédesonivresse,Gabetournalatêteetvitsesdeuxmeilleursamisdeboutdevantl'ascenseur,
dontlesportesserefermaientlentement.AbsorbéparlespectacledeMia,Gabenel'avaitmêmepas
entenduarriveràsonétage.Ilnes'étaitmêmepasrenducomptequeJaceetAshétaiententréschez
lui.
Puisiljetauncoupd'œilàMia,etl'horreurquisepeignaitsursestraitsluifitl'effetd'uncoup
depoingdansleventre.
—Nonmaissérieux,qu'est-cequetufais?renchéritAsh,ébahi,aumomentmêmeoùJacese
jetaitsurGabe.
Chapitre38
GabeentenditlecrideMiaetsesentitvoleràtraverslapièce.Ilatterritsurledoset,aussitôt,
vitJacesepenchersurlui,uneexpressionmeurtrièresurlevisage.
Ileutl'impressionquesonnezéclataitsouslepoingdesonamietroulasurlecôté,maisilne
tentamêmepasderendresescoupsàJace.Ilenétaittoutsimplementincapable.
Pendantcetemps,Ashs'affairaitàdétacherMia,l'airbouleversé.Gabeauraitvoulul'aideretse
défendre,maisJaceneluienlaissapasleloisir.Ill'attrapaparlecoldesachemiseetlesoulevade
terre.
—Commentest-cequetuaspufaireunechosepareille?gronda-t-il.Jelesavais,putain!
Espèced'enculé!
Jen'arrivepasàcroirequetuaiesoséluifaireça!
—Jace,arrête,laisse-moiaumoinsunechancedet'expliquer!
—Non!Jeneveuxmêmepast'entendre.Qu'est-cequetucroispouvoirm'expliquer,Gabe?
Nonmais,franchement,qu'est-cequit'apris?Tuveuxqu'ellecroiequec'estça,unerelation
amoureuse?Tuveuxqu'elles'imaginequetesgoûtstordussontlanorme?Etqu'est-cequivase
passerquandtuvastelasserd'elle,commetut'eslassédetouteslesautres?Hein?Tuveuxqu'elle
aillesechercherunautreperverspourluiréclamerqu'illabatte?C'estça,quetuveux?
Gabebaissalesyeux,assailliparlaculpabilité.LesaccusationsdeJacel'atteignaientenplein
cœur,commeautantdeflèchesempoisonnées.Uneimmensetristesses'emparadelui.Jaceavait
largementraison,ilavaitprofitédel'innocencedeMiaetl'avaitentraînéedanssesjeux.Ill'avait
dépossédéedesaproprevieetluiavaitcausédessouffrancesterribles,tantphysiquesque
psychologiques,sansparlerdustressdedevoircachertoutecettehistoireàsonfrère,laseulefamille
qu'illuirestait.
Lavérité,c'étaitqu'ilneméritaitpasunefemmepareille,douceetrayonnante,quiilluminaitson
mondeaumoindredesessourires.
Ils'étaitvraimentplantésurtoutelaligne,avecelle.Cecontratinsensé,cescachotteriesvis-à-
visdeJace,lafaçondontill'avaittraitée...IlavaitréussiàcreuserunfosséentreMiaetJace,ainsi
qu'entreJaceetlui.Ilnesavaitmêmepass'ilseraitpossiblederéparerlesdégâtsunjour.
PasétonnantqueJaceaitpétélesplombsenentrantdanslapièce.Gabes'efforçaderevoirla
scènedupointdevuedesesdeuxamis,laprécieusepetitesœurdeJaceligotée,incapabledese
défendre,tandisqueGabeluifouettaitlesfessesàcoupsdecravache,laissantdesmarquesrougevif
sursapeaunue.
Gabeserenditàl'évidenceavecunegrimaceamère:personnenelecroiraits'iltentaitdese
justifier.Lui-mêmeseseraitcondamnésansappel.Àvraidire,ilavaithonted'avoirplacéMiadans
lerôled'unevictimemaltraitéeauxyeuxdesonfrère.
Elleméritaittellementmieuxqueça!Elleméritaitquelqu'unquilachérissecommeletrésor
qu'elleétait,pasquelqu'unquiluiimposesesdésirsdetorduégocentrique.
—Tuterendscomptedecequetuasfait?criaJace.Tuascommencéparl'embaucher,histoire
qu'ellesecroieredevable,puistuasabusédetonautorité!Sérieux,j'aipresqueenviedetetuer.Tu
n'asdoncaucunrespectpourelle?Pournotreamitié?Jemesuistrompésurtoncompte,Gabe.Tu
n'espasl'hommequejecroyaisconnaître.
Gabefermalesyeux,maladededouleur.Chaquemotquesonamiluilançaitàlafigureremuait
lecouteaudanslaplaieetsemblaitconfirmersespirescraintes.
EtsiMian'avaitsubisescapricesqueparcequ'ellesesentaitobligée?Parcequ'ilétait
tellementcaptivéparsondésirpourellequ'ilneluiavaitpaslaissélamoindrechancedeprotester?
Ils'étaitappropriésansvergognelecontrôledesoncorpsetdesavie.Ilavaitpristoutcequ'elle
avaitàoffriretauraitsansdoutecontinuéjusqu'àl'épuisement,jusqu'àcequ'ilneresteplusriendela
vivejeunefemmequilefascinaittant.
Parsafaute,MiaavaitdéjàsubiunprofondtraumatismeàParis.Malgrésesréticences,elle
s'étaitprêtéeaujeuparcequ'ellesecroyaittenuederespectercemauditcontrat.
Certes,Gabeluiavaitassuréqu'ellepouvait,àtoutinstant,manifestersondésaccord,maisà
quelprix?
Àcombiend'autresoccasionsavait-ellemuselésondégoût?
—Jenetelepardonneraijamais,Gabe,sifflaJace.Àpartirdemaintenant,jet'interdisde
t'approcherdemasœur.Tuasintérêtàoublierqu'elleexiste.N'essaiemêmepasdelacontacter,tu
m'entends?
AshavaitfinidedétacherMia,etill'emmenadanslachambredeGabe,oùill'enrouladansla
couetteletempsdedénicherunpeignoir.Puisill'aidaàl'enfileretennoualaceinture.
—Çava,Mia?demanda-t-ild'unevoixdouce.
Questionidiote,évidemmentqueçan'allaitpas.Elleétaitmortifiéeethumiliéequ'Ashetson
frèrel'aientsurprisedanslesalondeGabe,nueetligotée.C'étaitsonpirecauchemardevenuréalité.
Et,pourcouronnerletout,JaceétaitentraindetabasserGabe,quiselaissaitfairesansleverlepetit
doigt.
Elles'assitauborddulitetseforçaàrespirerprofondémentpourretrouverunsemblantde
calme.SonpremierréflexeauraitétédeseprécipiterdanslesalonpourvoirsiGabeallaitbienet
pourtoutexpliqueràJace,maiselleétaitencoresouslechoc.
Ils'enétaitfallud'unejournée.Uneseulepetitejournée,etilsauraienttoutavouéàsonfrère.Il
fallaitabsolumentqu'ellearrangeleschosesentreeux.Elles'envoulaiteffroyablementàl'idéeque
cesdeuxhommes,quiétaientamisdepuispresqueaussilongtempsqu'ellevivait,puissentse
brouilleràjamaisparsafaute.
Deslarmesluibrûlaientlespaupières,et,malgréseseffortspoursecontenir,elletremblait
commeunefeuille.Ilfallaitqu'ellesereprenne,ellenevoulaitsurtoutpasqu'AshouJacecroientque
sondésarroiétaitdûàcequeGabeluiavaitfait.
—Jevaisbien,Ash,dit-elled'unevoixétranglée.Vaplutôtt'assurerqu'ilsnes'entre-tuentpas.
—SiJaceveutdémolirGabe,cen'estpasmoiquivaisl'enempêcher,rétorquaAsh,lamine
sévère.Cesalaudmériteunebonnecorrection.Mais...Mia,tupleures?Ilt'afaitmal?Est-cequ'ila
essayédeteprendredeforce?Tuveuxquejet'emmèneàl'hôpital?
—Non!S’exclama-t-elleenessuyantunelarme,horrifiéequ'Ashoseimaginerunechose
pareille.
Jaceetluicroyaient-ilsvraimentqu'elleavaitsubicescoupscontresongré?Ilsconnaissaient
pourtantlesgoûtsdeGabeetn'ignoraientpasqu'iljouaitsouventcegenredescénario.
Peut-êtreleurvisiondelascèneavait-elleétédéforméeparcequ'ils'agissaitdeleurpetitesœur
entraindesefairecravacher.Miafrissonnaenimaginantletableau.PasétonnantqueJacesoit
devenufouderage.N'importequiauraitréagidelamêmefaçon.
Ilfallaitabsolumentqu'ellerétablisselavérité.
Elleselevapourretournerdanslesalon,mais,aumêmemoment,Jaceentradanslachambre,
lesyeuxétincelantsdecolère.
—Est-cequeçava?demanda-t-ilenlaserrantdanssesbras.
Miaperçutdanssavoixuneémotionexacerbée.Elledevaittrouverunmoyend'apaiserla
situationavantd'espérerfaireentendreraisonàJaceetàAsh.
—Jevaisbien,Jace,assura-t-elleens'efforçantdegardersoncalme.Qu'est-cequetuasfaità
Gabe?
—Jeluiaidonnélacorrectionqu'ilméritait,riendeplus,rétorquaJaced'unevoixsèche.
Viens,jet'emmèneloind'ici.
Sansluilaisserletempsderéagir,illapritparlamainetl'entraînaverslesalon.Mialesuivit
uniquementparcequ'ellesouhaitaits'assurerqueGabeallaitbien.
Dèsqu'ilsfranchirentleseuil,ellel'aperçutassisdanslecanapé,latêteentrelesmains.Cette
visionluiserralecœur,etellefitminedes'approcherdelui,maisJacelaretint.
—Ons'enva,Mia.
—Horsdequestion!Jenevaisnullepart,protesta-t-elleensedégageant.
Gabelevaverselleunregarddistant,vide,glacial.
Ellecouruts'agenouillerdevantluietluitouchadoucementlebras,maisilrepoussasamain
d'ungestebrusque.
—Gabe,çava?demanda-t-elle,enproieàuneterreurquiluiserraitlecœur.
—Çava,répondit-ild'unevoixplate,impersonnelle.
—Disquelquechose,murmura-t-elle,explique-leurcequis'estpassé.Jerefusedetequitter
commeça,Gabe.Ilfautqu'onleurfassecomprendrelavérité.Ilss'imaginentdestrucshorribles,on
doitàtoutprixlesdétromper.Onavaitdécidédeluiavouer,detoutefaçon.Jesuissûrequ'il
comprendrasionluiexplique.
Ellelesuppliaitlittéralement,motivéeparunepeurirrationnelle.Tantpissisonorgueilen
prenaituncoup,Gabevalaitbiencela.
Ilselevaets'éloignad'unedémarcheraide,etlajeunefemmeseredressaàsontour,
interloquée,lagorgenouéeparl'angoisse.Ellen'aimaitpasdutoutl'espècederésignationmorne
qu'elleavaitluedanssonregard.Àquois'était-ilrésigné,aujuste?Qu'est-cequeJaceavaitbienpu
luidire?Etqu'est-cequeGabeavaitrépondu?
Lorsque,enfin,ilpritlaparole,ellecrutquesonsangallaitseglacerdanssesveines.
—Va-t'en,Mia,çavautmieux.Tucommençaisàtropt'attacher,detoutefaçon.Jem'enserais
vouludetefairesouffrir...plustard...entequittant.Autantseséparermaintenantetneplusjamaisse
revoir.
—Pardon?!S’exclama-t-elled'unevoixaiguëquirésonnadanstoutelapièce.
—Mia,viens,intervintAsh.Onyva,mapuce.
Elledevina,àladouceurdutonqu'ilemployait,qu'ilavaitpitiéd'elle.Àsesyeux-etsans
douteàceuxdeJaceaussi-,ellen'étaitqu'uneconquêteparmitantd'autresautableaudechassede
Gabe,etellesecouvraitderidiculeens'entêtantainsialorsqu'ill'avaitcongédiée.
Maisellesefichaitcomplètementdecequ'ilspensaientd'elle.Iln'étaitpasquestionqu'elle
quitteleslieuxsansuneexplicationvalable-sansaumoinsessayerd'atteindrelevraiGabederrière
cettefaçadeglaciale.Illuiavaitofferttantdechaleuretdetendresse...Elletenaittropàluipour
abandonnerlapartieaussifacilement.
Ellesecoualatêteavecvéhémence.
—Jenebougeraipasd'icitantqueGabenem'aurapasditd'oùilsortcetissudeconneriesqu'il
vientdenousdébiter.
Gabelevalesyeuxverselleavecunefroideindifférence.C'étaitunregarddontilavaitsans
doutegratifiéplusd'unefemmeaumomentdecouperlesponts,etquisemblaitsignifier:«Jeneveux
plusdetoi.Abrègetessouffrancesettire-toi.»
Saufquenon.Miaavaitdéjàjetésafiertéauxortiespourcethomme.Ilnepouvaitrienexister
deplushumiliantquedesefairesurprendreparsonfrèreenpleineséancedebondage.
—Gabe?murmura-t-elle,lagorgenouée.
Letonimplorantdesaproprevoixluifithorreur,maispeuimportait.
—C'estterminé,Mia.Tusavaisbienquecetinstantfiniraitpararriver.Jet'avaisprévenue,dès
ledébut,qu'ilnefallaitpastomberamoureusedemoi.J'auraisdûtoutarrêterdepuislongtemps,
quandj'aicomprisquetucommençaisàt'attacher.Écoutetonfrèreetoublie-moi.Tuméritesmieux
queça.
—Menteur!CrachaMiaavecuneragequifitsursauterlestroishommes.Tun'esqu'un
misérablelâche,Gabe.C'esttoiquicommençaisàtropt'attacheràmoi,etjetrouveçacarrément
minablequetuoseslenier.
—Mia,intervintJaced'unevoixdouce.Maiselleneluiaccordamêmepasunregard.
—J'aiprisdesrisquesénormespourtoi,Gabe!poursuivit-elle,luttantpoursecontenir.J'aitout
sacrifié,maistoi,tun'asmêmepaslecouraged'enfaireautant!Jetepréviens,tuvasteréveillerun
beaujouretterendrecomptequej'étaislameilleurechosequitesoitjamaisarrivée.Là,tu
comprendrasquetuviensdefairelaplusbelleboulettedetavie!Ettusaisquoi,Gabe?Àce
moment-là,ceseratroptard.Jeseraidéjàloin.
Jaceluipassaunbrasautourdelatailleetl'entraînadoucementverslaporte.Elleselaissa
guidersansprotester,lesyeuxtroppleinsdelarmespourvoiroùellemettaitlespieds.Elletremblait
violemmentsousl'effetduchagrinetdelacolèremêlés.Jaceluimurmuraunmotd'encouragementà
l'oreille,puisAshvintseposterdel'autrecôtépourlasoutenirjusqu'àl'ascenseur.
Là,elleseretournaversGabe,quilacouvaittoujoursdeceregardvideetfroid.
Excédéeparlavuedecemasqued'indifférenceodieuse,ellerelevalementonetessuyases
larmes,refusantdepleurercethommeindignesurquielles'étaitsicruellementtrompée.
—Hé,Gabe?Sijamaistudécidesque,finalement,tuveuxdemoi,ilfaudratetraîneràmes
piedspourespérermereconquérir.
Surce,elletournalestalonset,sedégageantdel'étreintedeJaceetd'Ash,montadans
l'ascenseur.Unefoisàl'intérieur,ellebaissalatêteetserenditcomptequ'elleétaituniquementvêtue
dupeignoirdeGabe.
—Net'enfaispas,Mia,larassuraJaced'unevoixdouce.Jevaisdemanderauchauffeur
d'avancerlavoiturejustedevantl'entrée,etonvatecouvrir,Ashetmoi.Jet'emmèneàmon
appartement.
—Non,jeveuxrentreràlamaison,chezmoi,protesta-t-elle,têtue.
Lesdeuxhommeséchangèrentunregardinquietmaisnefirentpasdecommentaire.
Quandl'ascenseurarrivaaurez-de-chaussée,ilstinrentleurpromesseetlaflanquèrentdefaçon
quepersonnenevoiequielleétaitoucommentelleétaithabillée.
Ilsmontèrentdanslavoiture,et,augrandsoulagementdeMia,Jacedonnal'adressedechez
elle.
—Çafaitlongtempsqueçadure,cettehistoire?demanda-t-ilunefoisquelechauffeureut
démarré.
—Çaneteregardepas,ripostaMiasèchement.
—Unpeu,queçameregarde!rétorqua-t-ilaveccolère.Cesalaudaabusédetoi.
—Nedispasdeconneries,Jace!Notrerelationétaitparfaitementconsentante,alorsn'essaie
pasdemefairelamorale.Gabenem'ajamaisrienfaitcontremongré.Aucontraire,ilm'aexpliqué
dèsledébutquelsétaientsesgoûts,etj'aiacceptéd'essayerenconnaissancedecause.Etpuisilva
falloirtefaireàl'idéequejesuisunegrandefille,maintenant.Jesuisuneadulteresponsableetje
saisexactementcequejeveux.Ilsetrouveque,justement,cequejevoulais,c'étaitGabe.
—Non,c'estimpossible.Aurisquedemerépéter,jenecomprendspasqu'ilaitosétefaire
croirequec'estça,unerelationnormale.Ildevaitpourtantsedouterdudangerquetucourraisune
foisquevousvousseriezséparés.Enrecherchantlemêmegenred'expérience,tuauraistrèsbienpu
tombersuruntyperéellementviolent,quin'auraitpassus'arrêter.
—N'importequoi!lançaMiaenlevantlesyeuxauciel.Vousfaitesvraimentunebellepaire
d'hypocrites,touslesdeux!
Ashsetournaverselle,surprisd'êtreinclusdanscetteremarque.
—Sionsuittalogique,vosmalheureusescopinessontcondamnéesàcroirequec'estnormalde
setaperdeuxmecsenmêmetemps,ouquecesdeuxmecssetapenttoujourslamêmefille!Les
pauvres,qu'est-cequileurarriveunefoisquevousleslarguez?Ellesdeviennentincapablesd'avoir
unerelationclassiqueavecunseultypeàlafois?
—Maisenfin,Mia,quit'aracontéça?demandaAsh,interloqué.
—Personneenparticulier.C'estdenotoriétépubliqueaubureau,etlagrandebrunequia
débarquétoutesgriffesdehorspendantnotresoiréeaupubn'afaitqueconfirmermessoupçons.
—Ilnes'agitpasd'AshetdemoimaisdeGabeetdetoi,intervintJace,lesdentsserrées.Ila
quatorzeansdeplusquetoietfaitsigneruncontratàchacunedesesconquêtes!C'estçaquetuveux
?Tunecroispasquetuméritesunpeuplusd'égards?
—Ça,çanefaitaucundoute,répondit-elledansunmurmureétranglé.
Ladouleuretlaragelasuffoquaientcomplètement,elleavaitl'impressiondemouriràpetitfeu.
ElleresserralespansdupeignoiretlevaunregarddedéfiversJaceetAsh.
—Cequejemérite,c'estunhommequioseprendredesrisquespourmoietquiaitlecourage
demedéfendre.Gaben'apasétéàlahauteur.Ironiedusort,oncomptaitjustementtemettreau
courantdenotrerelationàtonretour,Jace.Jemedemandecequeçaauraitchangésituavaisappris
lanouvelledenotreboucheplutôtqu'endébarquantchezGabeàl'improviste.Maisça,onnelesaura
jamais.
Ashesquissaunegrimacechagrinée,maisJacenetrahitaucuneémotion.
—Ilvaaussifalloirquejemetrouveunautreemploi,ajoutaMiaavecunpetitrireamer.C'est
dommage,j'aimaisvraimentmontravailchezHCM.
—Tupourraisdevenirmonassistanteàmoi,suggéraJace.C'estcequ'onauraitdûfairedepuis
ledébut.
—Ohnon!s'écriaMiaensecouantlatête.Iln'estpasquestionquejeremettelespiedsdans
cesbureaux.CeseraitunevraietorturededevoircroiserGabetouslesjours.
—Qu'est-cequetucomptesfaire,alors?demandaAshgentiment.
—Jen'ensaisrien,répondit-elleavecunsoupirlourddechagrin.Jevaisprendreletempsd'y
réfléchir.
Chapitre39
EnvoyantMiaentrerenpeignoir,flanquéedeJaceetd'Ash,Carolineselevaducanapépour
veniràsarencontre,l'airinquiet.
—Mia?Qu'est-cequit'estarrivé?Çava?
Miaseréfugiadanslesbrasdesonamie,incapabledecontenirpluslongtempslessanglotsqui
l'étouffaient.
Carolinelaserracontreelleetlançaunregardcourroucéauxdeuxhommes.
—Jevoudraisqu'ilspartent,Caro,ditMiaentredeuxsanglots.Çavamieux,maintenantqueje
suisavectoi.
CarolinelaguidaverslecanapépuisseretournaversJaceetAsh.
—Vousl'avezentendue:dehors.Jem'occuped'elle.
Jacefronçalessourcilsets'approchaducanapé.Aprèsuninstantd'hésitation,ils'assitetprit
Miadanssesbras.
—Jesuisdésolé,mapuce.Onn'avaitpasl'intentiondeteblesser.Onignoraitcomplètementque
Gabeettoiétiezensemble.Ilm'aenvoyéuntextohierpourmedirequ'ilfallaitabsolumentqu'on
discuted'untrucimportant.C'estpourçaquej'aifaitundétourparchezluienarrivantàNewYork.
Onaundoubledesesclés,Ashetmoi.Àlafaçondontilavaitformulésonmessage,j'aicruqu'il
s'agissaitd'untrucprofessionnel.Çaavaitvraimentl'airurgent,donconestvenusdirectementde
l'aéroport.
Mias'accrochaàsongrandfrèreet,commeellel'avaitfaitsisouventpendantsonadolescence,
laissalibrecoursàsonchagrin.
—Jenet'enveuxpas,Jace,murmura-t-elleauboutd'unmoment.C'estcontreluiquejesuis
furieuse!S'iln'estpascapabledevoustenirtête,alorsjeneveuxpasdelui.Jeméritemieuxqueça.
—Évidemment,quetuméritesmieux,mapuce,acquiesçaJaceenluicaressantlescheveux.
Gabeestmonami,dumoins,ill'était,maisçan'excusepassoncomportementaveclesfemmes.
—Ah,parcequetoi,tueslemodèleduparfaitgentleman?rétorquaMiaens'écartantdelui.
JacejetaunregardéloquentàAsh,quinesemblaitpastrèsàl'aise.
—Làn'estpaslaquestion,Mia,répondit-ilenfin.Çan'arienàvoiraveccequis'estpasséce
soir.
Mias'esclaffad'unairsarcastique.Ellesavaittrèsbienque,siç'avaitétéuneparfaiteinconnue
surl'ottomanedeGabe,AshetJaceseseraientesquivésdiscrètement,àmoinsqu'ilsnesoientrestés
pourregarder.Ilsneseseraientpaspréoccupésuneseulesecondedelafemmeenquestionet
auraientsansdoutefélicitéGabed'avoirtrouvéunecamaradedejeuaussicomplaisante.
Saufqu'ellen'étaitpasuneparfaiteinconnue.ElleétaitlapetitesœurdeJace,etAshla
considéraitcommelasienneégalement.Celachangeaitcomplètementladonne.
—Allez-y,insista-t-elle.Caroestlà,toutvabien.
—Jeneveuxpastelaissertouteseule,s'entêtaJace.
—Justement!Ellen'estpasseulepuisquejesuislà!s'écriaCaroline,exaspérée.Allez,ouste!
—Maisilvabienfalloirquetuaillestravaillerunjour,objectaAsh.
—Çasuffit!intervintMia.Vouscroyezquoi?Quejevaism'ouvrirlesveines?Jesuisécœurée
etencolère,maisnistupidenisuicidaire!
—Quoiqu'ilensoit,jerevienstevoirdemain,décrétaJace.EttupassesThanksgivingavec
nous,d'accord?Ilesthorsdequestionqueturestesdanstoncoinàruminertoutecettehistoire.
—D'accord,maispourl'instantva-t'en!lançaMiaavecunsoupir.J'aienviedepleurersans
vousavoirsurledos.Laissez-moitranquille,lasoiréeadéjàétéassezhumiliantecommeça.
—Jeveuxbienlecroire,convintAshavecunegrimacegênée.
Aprèsunebrèvehésitation,Jaceselevaetsedirigeaverslaporte,mais,àmi-chemin,ilse
retourna.
—Jetedisàdemain.Jet'emmèneraidînerdehors,et,d'icilà,Ashetmoiauronsprévuquelque
chosepourThanksgiving.OK?
Miaacquiesçaensilence,presséedelesvoirpartiretdeseretrouverseuleavecsameilleure
amie.
Aussitôtquelaporteserefermaderrièrelesdeuxhommes,Carolines'assitàcôtédeMiaetla
pritdanssesbras.
Unefoisdeplus,celle-cineputcontenirseslarmes.
—Qu'est-cequis'estpassé?demandaCarolineenlaberçantdoucement.Tuveuxquej'appelle
lesfilles?
Miaseredressaensecouantlatête.Ellen'avaitqu'uneenvie,ôterlepeignoirdeGabeetenfiler
desvêtementspropres.
—Jevaisprendreunedoucheetmechanger,tuveuxbien?Jenesupporteplusd'avoircetruc
surledos.
—OK.Pendantcetemps,jenousprépareunchocolatchaud.
—Excellenteidée,approuvaMiaavecunfaiblesourire.Merci,Caro,tuesgéniale.
Elleserenditdanssachambreetôtalepeignoir.Ellehésitaàlejetermaisfinitparleranger
danssonplacard.Elleressentiraitsansdoutelebesoinpathétiquedeleporterdetempsentemps.En
toutcas,ellenepouvaitpasserésoudreàs'endébarrasser.Pasencore.
Ellepritunelonguedouchebrûlantepuisenfilaunpyjamaconfortableets'enroulauneserviette
autourdelatêtesansmêmeprendrelapeinedesedémêlerlescheveux.
Carolinel'attendaitdanslesalon,deuxtassesdechocolatchaudàportéedemain.Miavint
s'asseoiràcôtéd'elleetacceptalemugqu'elleluitendait,seréchauffantlesmainsautour.
—Etsinonçava,avecBrandon?demanda-t-elle,unpeuhonteused'avoirnégligésonamie.
Gabel'avaittellementaccaparéequ'ellen'avaitpasparléàCarolinedepuisunesemaineentière.
—Oui,çavabien,réponditsonamieavecunsourire.C'estunpeucompliquédesevoiràcause
denosemploisdutemps,maisonsedébrouille.
—Super,çamefaitplaisir.
—Bon,raconte-moicequis'estpassé,repritCarolined'unevoixdouce.Visiblement,Gabet'a
faitdumal,maisjenecomprendspascommentJaceetAshsesontretrouvésmêlésàtoutça,ni
pourquoituasdébarquéicienpeignoir.
—C'estunelonguehistoire,soupiraMia.Enfait,jenet'aipastoutracontéausujetdema
relationavecGabe.C'estunpeucompliqué.
—Jet'écoute,l'encourageaCaroline.
Alors,Mialuinarraendétaillespéripétiesdesquelquessemainesquivenaientdes'écouler.
Lorsqu'elleparvintenfinàladébâcledecedimanche,Carolineavaitlesyeuxécarquillésde
surprise.
—Non!Jen'ycroispas!s'exclama-t-elled'unairdégoûté.Ilestvraimentnuldet'avoirlaissée
enplancommeça,surtoutsivousaviezdéjàprévudetoutdireàJace.
—Etoui,renchéritMiaenhochanttristementlatête.Ilm'amentienmeregardantdroitdansles
yeux,Caro.Jesaisqu'iladessentimentspourmoi,pourtantilm'asortidesconneriesdugenre«Tu
commencesàtropt'attacher»,etc.J'avaisenviedel'étrangler.
—Quelleespècedelâche!s'exclamaCaroline.Franchement,Mia,tuasraison,tumérites
mieux.
—Oui!Etjeluiaiditque,s'ilavaitdesregretsetqu'ildécidaitdemereconquérir,ilallait
devoirsetraîneràmespieds.
Carolineéclataderire.
—Jetereconnaisbienlà!s'écria-t-elleenlevantsatassedechocolat.
Mial'imita,etellestrinquèrent.
—Àtonavis,qu'est-cequivasepasserentreGabeetJace?poursuivitCaroline,redevenue
sérieuse.Tupensesqueçavamettreuntermeàleurcollaborationprofessionnelle?Jacesemblait
vraimentremonté...
—Jen'ensaisrien.Honnêtement,c'estaussipourçaquejenevoulaisriendireàJace.J'étais
biennaïve...Ou,plutôt,jenem'attendaispasàcequeleschosesévoluentaussiviteentreGabeet
moi.Jepensaisqu'ilmedemanderaitdeluiaccorderdeuxsoirsparsemaine,guèreplus.Maisça
devenaitdeplusenplusintense,etdoncdeplusenplusdifficiledecacherlavéritéàJace.
Ellesetutuninstant,etunevaguedecolèreluimitlefeuauxjoues.
—Quelleironie!Tuterendscompte?Àquelquesheuresprès,onauraittoutavouéàJaceeny
mettantlesformes.SiseulementcetteandouilleavaitpenséàappelerGabeavantdedéboulerdans
sonsalon!Gabeétaitdeplusenplusamoureux,Caro,jelesentais,etjevoyaisbienqueçale
terrifiait.Alors,quandJaceadébarquéetl'aaccablédereproches,ils'estdégonfléetacommencéà
culpabiliser,surtoutaprèscequis'estpasséàParis.
—Mapauvre,ditCarolineavecunemouecompatissante.Cen'estvraimentpasdechance,mais
tuméritesmieuxqueGabeHamilton.
—Oui,maisleproblème,c'estquejel'aime,Caro.Etça,jenepeuxrienyfaire.
Chapitre40
MiasortitdeLaPâtisserie,lecœurlourd.Elleauraitdûêtrecontente,pourtant,GregetLouisa
l'avaientaccueillieàbrasouverts,tellementheureuxdelavoirrevenirqu'ilsluiavaientconcoctéun
emploidutempstrèssouple.Àvraidire,elleauraitbienvoulutravaillerdesjournéesentièrespour
éviterdepenseràGabeetàtouslesmomentsqu'ilsavaientpartagés.
ElleavaitbienprissoindepréciseràGregetàLouisaqu'ellecherchaitunemploiailleurset
qu'ellenerevenaitdoncqueletempsdetrouverautrechose.Ilfallaitqu'ellecessedesecacheret
qu'ellesebâtisseunaveniroùellepourraits'épanouir.UnavenirsansGabeHamilton.
Lefroidhumidedecettejournéemaussadelafitfrissonner.Ellen'avaitpasfermél'œildela
nuit,cequin'avaitriend'étonnant.Carolineluiavaittenucompagnieaussilongtempsqu'elleavaitpu,
mais,lavoyantbâiller,Mial'avaitenvoyéesecoucher.Puis,allongéedanssonlit,elleavaitscruté
leplafondenrepensantàchaqueinstantdesabrèverelationavecGabe.
Elleconsultasamontre,Jacen'allaitpastarderàpasserchezelle,aussirenonça-t-elleàrentrer
àpied.Inutilequ'ill'attendeetqu'ilcommenceàs'inquiéterpourrien.
Resserrantlespansdesonmanteau,ellesedirigeadoncversleborddutrottoirpourhélerun
taxi.
Cequiluifaisaitlepluspeur,c'étaitderetourneràuneroutinequiluiavaitautrefoisparusaine
etrassurantemaisquinel'attiraitplusautant.
Enlaforçantàsortirdesacoquilleetàprendredesrisques,Gabeluiavaitapprisàvivre
pleinement,àsefrotterauvastemondeetàreleverdesdéfis.
Non,àlaréflexion,cen'étaitpasçaquiluifaisaitlepluspeur,c'étaitlaperspectived'être
privéedeGabe,toutsimplement.
Elleavaitsavouréchaqueminutepasséeaveclui,etellesavaitqueluiaussi.Ilavaitbeau
prétendrequ'elles'étaittropattachée,ils'étaitlui-mêmebeaucoupinvestidanscetterelation.Ellele
connaissaitsuffisammentpourcomprendrequ'ilavaitcommencéàdévelopperdessentiments
sincèrespourelle.C'étaitpeut-êtreçaqu'illuireprochait,aufond.
Elleavaiteuleculotderéveillersonamour.
S'iln'avaitpaslaissélibrecoursàsesémotions,ilsseraientpeut-êtreencoreensemble.
Troistaxispassèrentdevantellesanss'arrêter,maiselleputmonterdanslequatrième,bien
contented'échapperaufroid.Elleindiquaauchauffeurl'adressedesonappartementetsecalaau
fonddusiège.
QuefaitGabeencemomentmême?sedemanda-t-elleenregardantlavilledéfileraudehors.
Est-cequ'ilestallétravailler,aujourd'hui?Est-cequ'ilareprissespetiteshabitudes,commesirien
detoutçan'avaiteulieu?Ouest-ilaussimalheureuxquemoi?
Ellel'espéraitdetoutsoncœur.S'ilyavaitunejusticeencebasmonde,alorsGabeméritaitde
souffrirautantqu'elle.
Enarrivantdevantsonimmeuble,elleaperçutlavoituredeJace.Ashsetenaitàcôté,laportière
ouverte,et,quandMiadescenditdutaxi,illasaluad'ungeste.
—Jaceestmontétechercher.Installe-toi,jevaisl'appelerpourluidirequetueslà.
Tandisqu'ilsortaitsontéléphonedesapoche,Miapritplacesurlabanquettearrièreetreferma
laportière.
—Çava,mapuce?S’enquitAshuninstantplustardens'asseyantàl'avant.
—Oui,çava,mentit-elle.
Jacelesrejoignitetfitdémarrerlemoteur.
—Oùétais-tu,chipie?demanda-t-ilenregardantMiadanslerétroviseur.
—J'airetrouvédutravail.
Lesdeuxamisseretournèrent,l'aircontrarié.
—Jenesuispassûrquecesoitunebonneidée,tusais,commentaJace.Prendsletempsdete
reposerunpeu.Tusaisbienquejepeuxt'aider,s'illefaut.
—Nevousenfaitespas,jenecommencequ'aprèsThanksgiving.
Àmoitiésatisfait,Jaces'inséradanslacirculation.
—Oùvas-tutravailler?s'enquitAsh.
—JeretourneàLaPâtisserie.LouisaetGregsontd'accordpourmereprendreletempsqueje
trouveautrechose.
—Onadéjàeucettediscussion,soupiraJace.Cen'estpasexactementunemploiàlahauteurde
tesqualifications,Mia.
—Ducalme,Jace,rétorqua-t-elle.Jeterappellequec'estcegenrederaisonnementquim'a
pousséeàaccepterl'offredeGabe.
Ashesquissaunegrimace,etJaceproféraunjuronbiensenti.
—Etpuis,commejeviensdevousledire,c'estuniquementletempsquejetrouveautrechose,
repritMiad'unevoixplusdouce.JevaisremettremonCVàjouretéplucherlesoffresd'emploi,
mais,enattendant,j'aibesoindetravailler,dem'occuperl'esprit.GregetLouisasontd'accord,ils
sontvraimentadorables.
Lesilences'installa,etMiafaillitdemanderdesnouvellesdeGabe,maiselletintbon.Ellene
voulaitpaspasserpourunepauvreniaiseéplorée,mêmesielleavaitunpeul'impressiond'enêtre
une.
Commes'ilavaitludanssespensées,Ashseretournadenouveau.
—Siçapeutteconsoler,Gabeavaituneminededéterré,cematin.Ilnesemblepasvivrela
situationtellementmieuxquetoi.
Miaeuttouteslespeinesdumondeànepasréagiràcesparolesetàfeindrel'indifférence.Elle
avaitenviedehurlerque,justement,riennelesobligeaitàvivrecettesituation.Ilauraitsuffique
Gabeouvrelabouchepoursedéfendre,qu'ilmontrequ'iltenaitàelle,etelleseraitrestéeàses
côtés.Ilsseraientencoreensembleaulieudesemorfondrechacundanssoncoin.Mais,aulieudeça,
ilavaitoséluibalancerquec'était«mieuxcommeça».Mieuxpourqui,aujuste?Paspourelle,en
toutcas,et,àencroireAsh,paspourGabenonplus.
—Jen'aipasenviedeparlerdelui,dit-elletoutbas.Jeneveuxplusentendresonnom.
Commepourappuyercetteremarque,Jacejetauncoupd'œilcourroucéàsonami.
—Jepensaisqu'ellevoudraitpeut-êtreêtreaucourant,sedéfenditcedernierenhaussantles
épaules.
Ilavaitraison,évidemment,maisellenel'admettraitjamais.Elletenaitàpréserverlesquelques
lambeauxdefiertéqu'illuirestait.
—Aufait,onmetlesvoiles,pourThanksgiving,annonçaJaceenlaregardantdansle
rétroviseur.Départmercredi,retourdimanche.
—Oùest-cequ'onva?demanda-t-elle,curieuse.
—DanslesCaraïbes,ausoleil.Çavateremonterlemoral.
Miaendoutaitfort,maiselleeutladélicatessedesetaire.Jacesemblaitréellementdésireuxdelui
faireoubliersadouleur.Ilnesupportaitpasdelavoirmalheureuseetneménageaitjamaissapeine
quandils'agissaitdeluiredonnerlesourire.
—Etpuistuvasavoirlachancedemevoirenmaillotdebain,intervintAshavecunclind'œil.
Çadevraittegarantirdebeauxrêvespendantaumoinsunan.
Ellelevalesyeuxauciel,amuséemalgréelle.Pourtant,celaluifaisaitdelapeinequ'Ashne
voiejamaissafamille,mêmepaspendantlesfêtes.Sil'onexceptaitJace,Gabeetelle-même,ilétait
seulaumonde,etlajeunefemmeétaitbienplacéepoursavoirquecen'étaitpasunsortenviable.
—Ah,j'aimemieuxça!s'écriaJace,visiblementsoulagé.Toutcequejedemande,c'estdevoir
unsouriresurcettejoliefrimousse.
Aussitôt,Miasentitsonvisagesefiger.Latâchen'allaitpasêtresimpleétantdonnéqueson
cœuravaitvoléenéclatsmoinsdevingt-quatreheuresauparavant.L'imageétaitpeut-êtreexagérée,
maisMialatrouvaittoutàfaitappropriée.
—Est-cequ'iltemanquedesaffairespourlaplage?demandaAsh.Onaprisunjourdecongé
demain,donconpeutt'emmenerfairelesboutiquessituasbesoindequelquechose.
Ellen'avaitbesoinderien,maisilssedonnaienttantdemalpourellequ'ellen'eutpaslecœur
derefuser.
—Bonneidée!lança-t-elleensouriant.
Lesoulagementqu'ellelutdansleursyeuxjustifiaitbiencepetitmensonge.
Ellesavaitqu'ellepouvaitcomptersureuxpourladistrairependantcesvacances,puiselle
retrouveraitsavied'avant,LaPâtisserie,sonappartement,Caroetlesfilles.Ilfaudraitjustequ'elle
parvienneàoublierque,pendantquelquessemaines,elleavaitcomptéplusquetoutauxyeuxde
GabeHamilton.Oublierqu'ilreprésentaittoujourslemondeàsesyeux.
Chapitre41
Assisàsonbureau,Gabeavaitlatêtelourdeetlecœurtriste.Ilétaitencoretôt,etilétaitseul
dansleslocauxaprèsceweek-enddefêtes.Iln'avaitpasréussiàtrouverlesommeildepuisqueMia
avaitquittésonappartementenluijetantceregardblessé,trahi.
Ilsortitsontéléphoneetcontemplalesdeuxphotosd'ellequ'ilavaitprises.Ilavaitmêmefait
imprimeretencadrerlaplusrécente,qu'ilgardaitsoigneusementàl'abridansuntiroir.Iln'étaitpas
rarequ'ilouvreletiroirenquestionpourapercevoirlesouriredeMia.
Cesourirequ'ils'étaitemployéàdétruire.Ilavaitvulajoiedevivres'éteindredanslesyeuxde
lajeunefemme,etsonsouriresefaner.
Ilpassaledoigtsurleclichéoùellevirevoltaitsouslaneige,radieuse,lesbrasouvertspour
attraperlesflocons.Elleétaitbelleàcouperlesouffle.
IlavaitpasséThanksgivingavecsesparents,dontlebonheurretrouvéluiavaitparuàlalimite
dusupportable.Iléprouvaitbeaucoupdemalàseréjouirdeleurréconciliationalorsquelui-même
étaitseuletmalheureux.
Etilnepouvaits'enprendrequ'àlui-même.
EnrentrantàNewYork,ilavaittrouvéunappartementvide,sansvie.Alorsilavaitfaitquelque
chosequiluiarrivaitrarement,ilavaittentédenoyersonchagrindansl'alcool.
Ilavaitpasséleweek-endsurdescharbonsardentsparcequ'ilsavaitqueJaceetAshavaient
emmenéMiasuruneîledesCaraïbes.Elleétaithorsd'atteinte,aussibienphysiquement
qu'émotionnellement.
IlavaiteubeauluipromettredeneplusjamaisluifairedemalaprèsParis,ilavaittrahisa
confiance,unefoisdeplus.Submergéparlaculpabilité,ilétaitdégoûtéparlafaçondontill'avait
traitée:illuiavaittournéledos,commesiellen'étaitqu'unvilainpetitsecretdontilfallaitavoir
honte.
Quelcon!
Aucontraire,ilauraitvouluquelemondeentiersachequeMiaCrestwellétaitsienne.Ilse
fichaitcomplètementdel'avisdeJacesurlaquestion.Toutcequicomptaitpourlui,c'étaitderendre
Miaheureuse,deluirendrelesourire,cettejoyeuseexubérancequipétillaitenellelorsqu'ilsétaient
ensemble.
C'étaitpourtantluiquiavaitétouffécettegaietéendisantàMiaquetoutétaitfinientreeux,
commes'ilnevoulaitdéjàplusd'elle.
Ilnepourraitjamaisselasserd'elle,ilenavaitlaprofondeconviction.
Ill'aimait.
Ill'aimaitd'unamourabsoluetlavoulaitàsescôtés,jouraprèsjour.
Audiablecemauditcontrat,ilnevoulaitplusaucunerestrictionàleuridylle.
Commentavait-ilpugâcherainsilaplusbellechancedesavie?
Miaavaitraison,etsesparolesl'avaientpercutéenpleincœur.Elleétaitlaplusbellechosequi
luisoitjamaisarrivée.
Iln'auraitjamaisdûlalaisserpartir,cesoir-là.Quandelles'étaitagenouilléedevantluiet
l'avaitsuppliédetoutexpliqueràJace,ilauraitdûavoirlecouragededéclarersessentimentsen
toutesincérité.Mais,paralyséparsesremords,iln'avaitpasosésebattrepourelle.
Unepeurviolente,commeiln'enavaitjamaisressentiauparavant,luiétreignitlecœur.Etsi
Mianeluipardonnaitjamais?Etsiellerefusaitdeluiaccorderunesecondechance?
Ilfallaitabsolumentqu'illuifassecomprendrequ'ellereprésentaittoutpourlui-pasjusteune
vulgairehistoiredesexe.
Illavoulaitpourtoujours.
Oui,maisqu'as-tuàluioffrir,toi?
Ilavaitquatorzeansdeplusqu'elleetdéjàunmariageratéàsonactif.Miaétaitàunâgeoùelle
auraitdûs'amuseretgoûterlevastemonde,passeretrouverenchaînéeàunêtreégocentriquecomme
lui.
IlauraitputrouverdesdizainesderaisonspourlaisserMiatranquille,maisiln'enavaitpasla
force.Aucuneautrefemmenepourraitjamaislerendreheureux,etilrefusaitdelalaisserfiler.Cette
fois,ilallaitsebattre.
Ilconsultasamontre,commepourencouragerlesaiguillesàaccélérerl'allure.Àcetinstant,son
interphonesonna.
—MonsieurHamilton,M.Crestwellestarrivé,annonçalavoixdouced'Eleanor.
Gabeneréponditrien.IlavaitdemandéàlaréceptionnistedeleprévenirdèsqueJaceserait
dansleslocaux.Lesdeuxhommesnes'étaientpasreparlédepuiscefameuxdimanchesoir.Ils
avaienttrouvélemoyendes'éviteraubureaulelendemain,puisétaienttouslesdeuxpartisen
vacancespendantlerestedelasemaine.Cen'étaitpasplusmalqu'ilsaientpuprendreunpeude
reculavantdeseretrouverfaceàface.
MaisGabenepouvaitserésoudreàattendreuneminutedeplus.Iltenaitàmettreleschosesau
clairavecsonamietàluifairecomprendrequ'ilcomptaitbienreconquérirMia,avecousanssa
bénédiction.TantpissiJacedécidaitdeneplusjamaisluiadresserlaparoleetdelechasserde
HCM.
Miavalaitaumoinscela.
Gabeselevaetsortitdanslecouloir.Iln'ignoraitpasqu'ilfaisaitpeuràvoir,maisilfallait
qu'ildisecequ'ilavaitsurlecœur.
IlentrasansfrapperdanslebureaudeJace,dontlevisagesedurcitlorsqu'illereconnut.
—Ilfautqu'onparle,annonçaGabe.
—Jen'airienàtedire,rétorquaJace.Gaberefermalaporteàcléderrièrelui.
—C'estdommage,parcequemoi,j'aipleindetrucsàteraconter.
Ils'approchadubureaudeJaceet,posantlesdeuxmainsàplatdessus,sepenchaverssonami.
—JesuisamoureuxdeMia.
UnéclairdesurprisepassadanslesyeuxdeJace,etilsereculadanssonsiège,sansquitter
Gabeduregard.
—Tuasunedrôledefaçondelemontrer,répliqua-t-ilavecunemouededégoût.
—J'aisérieusementdéconné,maisjesuisprêtàtoutpourlareconquérir.JetiensàcequeMia
soitheureuse,maisceseraimpossiblesionestbrouillés,toietmoi,alorsilvafalloirqu'ontrouve
unterraind'entente.
—Pourtant,tunet'espasvraimentpréoccupédenotreamitiéquandtuasdécidédecoucher
avecmasœur,repartitJaced'unevoixglaciale.Tusavaisqueçamemettraitenrage.Jet'aimême
misengardedèslepremierjour,ettum'asmenti!
—Miapréféraitquetunesachespas,expliquaGabe.Ellevoulaitéviterquetunesoisfurieux,
etj'aiacceptédegarderlesecretparcequej'auraisfaitn'importequoipourqu'ellesoitmienne.
—Maisqu'est-cequ'ellereprésenteàtesyeux,Gabe?Unedistraction?Unfruitdéfenduquetu
asvoulucueillirjustepourleplaisir?TusaistrèsbienqueMian'estpastongenredefemme,elle
estbienau-dessusdeça.
—Maisjeveuxl'épouser!criaGabeentapantdupoingsurlebureaudeJace.
Cederniermarquaunepauseavantdehausserunsourcilperplexe.
—Tuavaisjurédenejamaisteremarier,aprèsLisa.Gabes'écartadubureauetcommençaà
fairelescentpas.
—J'aiditbeaucoupdechoses,àl'époque,etdepuisaucunefemmenem'avaitfaitdouterdemes
choix.MaisMia...Elleestunique.Jenepeuxpasvivresanselle,Jace.Queçateplaiseounon,je
vaistoutmettreenœuvrepourlareconquérir.J'aibesoind'ellepourêtreheureux.Jeveuxprendre
soind'elle,m'assurerqu'ellenemanquejamaisderien.Çavateparaîtredingue,maisj'envisage
d'avoirdesenfantsavecelle.Àmonâge!Jerêved'avoirunepetitefillequiluiressemble.Je
l'imaginedéjàenceinte,leventrearrondiparnotrebébé,etçamebouleversecomplètement.Jevois
monavenirsousunjournouveau,etc'estuniquementgrâceàelle.Jen'avaisjamaisressentiçapour
personneetjesaisquejenepourraiplusjamaisleressentirpourquelqu'und'autre.
—Ouah...,soufflaJace.Assieds-toi,Gabe,tumedonnesletournis.
Aprèsunehésitation,Gabevints'installerenfacedesonami,maisilavaittouteslespeinesdu
mondeàresterimmobile.IlauraitpréférécourirrejoindreMiapoursejeteràsespiedsetimplorer
sonpardon.
—Tuessincère,là?repritJaced'unevoixquitrahissaitunétonnementprofond.Tul'aimes
vraiment.Cen'estpasqu'unepetiteaventuresanslendemaindonttuvastelasserdansunmois?
—Non!Jet'interdisd'enparlerencestermes!GrondaGabe.
—Ehbien!fitJaceensecouantlatête.Jen'auraisjamaisimaginéuntrucpareil.Commentc'est
arrivé?Est-cequej'aivraimentétéaveugle,pournerienremarquer?
—Jepréfèrenepasentrerdanslesdétails.Cequicompte,c'estquej'aimeMiaetqu'avecun
peudechanceellem'aimeencoreassezpourmepardonner.
—Ça,jenepeuxpastelegarantir,monpote,commentaJaceavecunegrimace.Elleest
vraimentremontée.Jesaisbienque,d'habitude,lesfemmestetombentdanslesbrassansquetuaies
besoindefairelemoindreeffort,maisMiaestd'uneautretrempe.Elleveutunhommequisoitprêtà
sebattrepourelle,ettuaséchouésurcepoint.Çam'étonneraitqu'elletelepardonnefacilement.
—Tucroisquejenelesaispas,ça?Jecomprendraisqu'elleneveuilleplusjamaismeparler,
maisilfautquej'essaie.Jenepeuxpaslalaisserfilersansleverlepetitdoigt.
—Sérieux,mec,tuasvraimentlechicpourtecompliquerlavie,commentaJaceensemassant
lanuque.Jedevraissansdoutetevirerdemonbureauàgrandscoupsdepiedaucul,mais,
bizarrement,j'aipresquepitiédetoi.
GabesedétendittrèslégèrementetcroisaleregarddeJace.
—Jesuisdésolé,monpote.Jem'ysuispriscommeunmanche,maisjetiensàcequetusaches
quejeneferaijamaisrienquirisquedemettrenotreamitiéenpéril.Surtout,jeneferaiplusjamais
souffrirMia.Siellemepardonne,jepasserailerestantdemesjoursàlachoyeretàm'assurer
qu'ellen'aitplusjamaisderaisondepleurer.
—Jesouhaitelamêmechose,tusais,déclaraJaced'unevoixdouce.Situarrivesàlarendre
heureuse,alorstuasmabénédiction.
—Jecomptebientoutmettreenœuvrepouressayer,entoutcas,affirmaGabeavecune
déterminationfarouche.
—Danscecas,jetesouhaitebonnechance,conclutJace.Quelquechosemeditquetuvasen
avoirbesoin.
Chapitre42
Miaresserralespansdesonmanteauentraversantladernièrerueavantsonimmeuble.Après
plusieursjourssuruneplageensoleillée,elleavaitbiendumalàseréhabituerauventfroiddeNew
York.
JaceetAshs'étaientmisenquatrepourluiremonterlemoral,etelledevaitbienadmettre
qu'elleavaitpassédebonnesvacances.Celaneleurétaitpasarrivédepuislongtemps,àJaceetà
elle,et,aveclaprésencefacétieused'Ash,ilsnes'étaientpasennuyésuneseuleseconde.
Évidemment,Gabeavaitoccupésespenséeslaplupartdutemps,maiselleavaitnéanmoins
trouvélemoyendes'amuser.Sionluiavaitditqu'elleprofiteraitautantdesesvacancesaussipeude
tempsaprèssaruptureavecGabe,ellen'yauraittoutsimplementpascru.
Pourtant,retourneràLaPâtisseriecematin-làaulieud'allerdansleslocauxdeHCMluiavait
faitl'effetd'unegifle,parcequecelaluirappelaitlalâchetédeGabe.Elleavaitbeaucoupapprécié
detravaillerpourlui.Certes,celaavaitcommencécommeuneespècedecouverturepourleur
liaison,mais,aufildesjours,Miaavaitendossédesresponsabilitésetprouvéqu'elleétaitlargement
àlahauteur.Elleavaitéprouvéunegrandefiertéàreleverundéfiaprèsl'autre,avecbrio,quiplus
est.
Etvoilàqu'elledevaitrecommenceràservirdescafésetdescroissants.Celanel'avaitjamais
dérangéeauparavant,mais,àprésentqu'elleavaitapprisàs'épanouirailleurs,elleavaitdumalàs'en
contenter.Ilétaitgrandtempsqu'ellesurmontesespeursetqu'elleentamelerestedesavie.Elle
avaitdéjàcommencéàparcourirlesoffresd'emploiàlarecherchedequelquechosequicorresponde
àsesétudesetàsonexpérienceprofessionnelle,siréduitesoit-elle.
Ellehésitaitàsolliciterl'aidedesonfrère.Paspourqu'illuioffreunpostechezHCM,ellene
supporteraitpasdevoirGabetouslesjoursou,pire,d'avoiraffaireàsaprochaineconquête,maisil
pourraitpeut-êtreluidonnerdespistes,voirequelquescontactsutiles.
Aprèstout,ilspossédaientplusd'unedizained'hôtelsauxÉtats-Unis,sansparlerdeleurs
complexesàl'étranger.Ellepourraitsansmaltravaillerdansl'undeceslieuxsansjamaisavoirà
croiserGabe.
CelaimpliqueraitdequitterNewYork,cependant.Était-elleprêteàfairecesacrifice?
ElleavaitprissespetiteshabitudesàManhattan,prèsdeJace,maisc'étaitessentiellementgrâce
àlagénérositédecedernier:ilétaitpropriétairedel'appartementoùellevivait.Quandfinirait-elle
parobtenirsonindépendance?
Peut-êtreluifaudrait-ilpartirloinpouravoirunechanced'yparvenir.Pourtant,siséduisante
quesoitcetteidéeenthéorie,MianepouvaitenvisagersansunecertainetristessedequitterNew
York,Caroline,Jace,Ash,sonappartement,savie.
Non,pasquestion.Gabel'avaitpeut-êtrelarguéemaisilneréussiraitpasàlachasserdechez
elle.Elleallaittrouverunemploiencoreplussatisfaisant,àNewYork,etoubliercemisérable
lâche.
Beauprogramme,unefoisdeplus,saufqueMiaavaitdumalàycroire.
Aumomentdepousserlaportedesonimmeuble,ellevitlerefletdeGabedanslavitre.Il
sortaitdesavoitureets'avançaitverselle.
Ahnon!
Ellerésistaàlatentationdeseretourneretseprécipitaversl'ascenseur.Aussitôtqu'ellefutà
l'intérieur,elleappuyasurleboutondesonétage.Enrelevantlatête,ellevitGaberepousserle
portierquitentaitdeleretenir,puisfoncerverselle,l'airdéterminé.
Allez,démarre,pensa-t-elleensilence.
Voyantquel'ascenseurcommençaitàsefermer,Gabesemitàcourir,maistroptard.Mia
poussaunsoupirdesoulagement.
Elleregagnaenfinsonappartement,quiétaitplongédansl'obscurité,etdéposasonsacdans
l'entrée.Carolinerentraitengénéralunpeuplustard,etressortiraitsansdoutevoirBrandonauVibe.
Miasursautaenentendantfrapperàlaporte,puislevalesyeuxauciel.Elleavaitbienvu
l'expressiontêtuedeGabeets'étaitdoutéequ'ilnerenonceraitpasaussifacilement.
Énervée,elleretournaouvrirlaporte,mais,lorsqueGabefitunpasenavantd'unairsoulagé,
ellel'empêchad'entrer.
—Qu'est-cequetuveux?demanda-t-ellesuruntonbrusque.
—Ilfautquejeteparle,Mia.
—Onn'aplusrienàsedire.
—C'estfaux,laisse-moientrer.
Ellepassalatêtedansl'entrebâillementdelaportepourqu'ilvoiequ'elleneplaisantaitpas.
—Jemesuispeut-êtremalexprimée,moi,jen'aiplusrienàtedire,Gabe.Tum'aslaissée
partir.Pire,tum'asdemandédepartir.Jeméritemieuxqueça,etjetiensàobtenircequejemérite.
Surce,elleclaqualaporteetlaverrouillaavantdeserendredanssachambre,d'oùelle
n'entendraitpasGabefrapper.Elleétaitépuiséeetmouraitd'envied'unbonbainchaud.
Pourtant,ellecraignaitfortquerienneréussisseàlaguérirdufroidglacialqueGabeavait
laisséderrièrelui.Rien,àpartGabelui-même.
Lelendemain,alorsqueMiaapportaitsoncaféàunhabituédeLaPâtisserie,Gabeentraet
s'installaàlamêmetablequequelquessemainesauparavant.Mian'encroyaitpassesyeux.Comment
allait-elleréussiràtravailleravecGabejustesoussonnez?
Elleserralesdentsets'avançaverslui.
—Qu'est-cequetufaisici?
Ill'examinauninstant,etsonregards'adoucit.Avait-ilremarquésestraitstirésparlafatigueet
lechagrin?Portait-ellesonmalheursursonvisage?
—Moinonplus,jenedorspasbien,Mia,dit-ild'unevoixdouce.J'aifaituneerreur,une
grossièreerreur.Donne-moiunechancedemeracheter,s'ilteplaît.
Ellefermalesyeuxetcrispalespoings.
—Nememetspasdansunepositiondifficile,Gabe.J'aibesoindeceboulotjusqu'àcequeje
décidedecequejeveuxfaire.J'aibesoindetravailler,etlà,tumedéranges.
Gabeluisaisitlepoignetetlaforçaàrouvrirlamainpourdéposerunbaiseraucreuxdesa
paume.
—Tuasunemploiquit'attend,tusais.Tureviensquandtuveux,Mia.
Ellesedégagead'ungestebrusque,commes'ill'avaitbrûlée.
—Va-t'en,Gabe,s'ilteplaît.Tuvasmefairevirer.Situtienstantàteracheter,alorslaisse-
moitranquille.
Ilfallaitqu'ilparte,etvite.Ellesentaitqu'elleétaitsurlepointdecraqueretrefusaitqu'il
devinelesémotionscontradictoiresquifaisaientragedanssoncœur.
Elletournalestalons,aurisquedeparaîtreimpolie.Elleavaitd'autresclientsàservir.
Gabenesemblaitpasvouloircéder.Illasuivitduregardtandisqu'elles'affairaitdansla
boutique.Plusieurspersonnesarrivèrentpuisrepartirent,maisilnefaisaitpasminedebouger.Mia
finitparsesentirtraquée.
ElleserenditencuisineetdemandaàLouisasiellevoulaitbienéchangersonpostependantune
petiteheure.
Lorsqu'ellerevintenfinensalle,Gabeavaitdisparu.
Elleoscillaitentredéceptionetsoulagement,saseulecertitudeétantqueriennepourraitjamais
comblerlevidebéantqu'elleavaitàlaplaceducœur.
Enregagnantsonappartement,cesoir-là,elletrouvaunénormebouquetdefleursdevantsa
porte.Avecunsoupir,elledétachalecartonetlut:
«Jesuisdésolé.Laisse-moiaumoinsunechancedem'expliquer,s'ilteplaît.Gabe»
Elledutseretenirdejeterlebouquetàlapoubellecommeunegamineencolère.Ilégaierait
l'appartementetferaitplaisiràCaroline.Ellen'auraitqu'àfairecommesic'étaitquelqu'und'autrequi
leluiavaitoffert.
ElleposalesfleurssurleplandetravailensedemandantcequeGabeavaitderrièrelatête.
C'étaitluiquiavaitditqu'ilvalaitmieuxcouperlesponts;pourquoitenait-iltellementàluiparlersi
c'étaitpoursedégonflerdenouveaudansquelquesmois?Ellen'avaitaucuneenviederéitérer
l'expérience.
ElleavaittrouvécelasalutairedediscuterdeshabitudesdeGabeavecJaceetAsh.Certes,elle
avaitdéjàuneidéeassezprécisedugenrederelationsqu'ilentretenaitavantelle,maissesdeuxamis
luiavaientrévéléquelquesdétailsnouveaux.
TouteslesaventuresdeGabeétaientrégiesparcefameuxcontrat,maiscequeMiaignorait,
c'étaitàquelpointellesétaientbrèves.
Celaluiavaitfaitcomprendreque,detoutefaçon,leurhistoiren'auraitpasdurétrèslongtemps.
ElleétaitallongéeàplatventresursonlitquandCarolinefrappadoucementàlaportedesa
chambre.
—Salut!Superbes,lesfleurs!C'estdelapartdequi?demanda-t-elleenpassantlatêteà
l'intérieur.
—DeGabe,marmonnaMia.
—Sérieux?fitCarolineenvenants'asseoirsurlelitavecuneexpressiondesurpriseet
d'agacementmêlés.Àquoiiljoue?
—Ça,jen'ensaisrien,réponditMiaenroulantsurledos,maiscen'estpastout:ilm'attendait
iciquandjesuisrentréehiersoiret,cemidi,ilestvenuàLaPâtisserie.
—Quoi?!Maispourquoi?
—Aucuneidée,soupiraMia.Pourmerendredingue?Hier,jeluiaiclaquélaporteaunezet,
aujourd'hui,jemesuisbornéeàl'ignorercomplètement.
—Bienjoué,mabelle!s'écriaCaroline.Tuveuxquej'ailleluibotterleculdetapart?
Miaéclataderireetseredressapourembrassersonamie.
—Jet'adore,Caro.J'aivraimentdelachancedet'avoir.
—C'estfaitpourça,lescopines,affirmaCarolineenluicaressantledos.D'ailleurs,situ
décidesdeledescendre,jeprometsdet'aideràfairedisparaîtrelecorps.
Miaritdeplusbelle,lecœursoudainplusléger.
—Qu'est-cequetuveuxmanger,cesoir?demanda-t-elle.Jemedisaisqu'onpourraitsefaire
livrerquelquechose,mais,siçatebranche,onpeutaussidescendreaupub.
—Tuessûre?Çanemedérangepasdecuisiner,situpréfèresrestertranquilleici.
—Non,j'aienviedesortir,insistaMia.Jenevaisquandmêmepasresterenferméeàme
lamentersurmonsort!
Elleselevaetsedirigeaverslaporte,maisCarolinenelasuivitpastoutdesuite.
—Peut-êtrequ'ilchercheàtereconquérir,Mia,suggéra-t-elle.Tunecroispasquetudevraisau
moinslelaissers'expliquer?
Miaseretournaavecunegrimace.
—Jeluiaiditque,s'ilvoulaitunedeuxièmechance,ilallaitdevoirsetraîneràmespieds.Je
comptebientenirparole.
Chapitre43
Àlafindelasemaine,Mianesavaitplusquoipenser.GabevenaitàLaPâtisseriechaquejour
maisjamaisdeuxfoisàlamêmeheure,sibienqueMianepouvaitpasanticipersesvisitesetl'éviter
enallanttravaillerencuisine.
Saprésenceentêtéeallaitfinirparavoirraisondesesnerfsetdesarésistance.
Etpuis,commesicelanesuffisaitpas,illabombardaitdefleursetdecadeaux,autantchezelle
qu'ausalondethé.
Laveille,unlivreuravaitapportéunénormebouquetàLaPâtisserieetluiavaitcausélahonte
desavieenlisantàvoixhautelecarton,quidisait:
«Pardonne-moi.Jenepeuxpasvivresanstoi.Gabe»
Lejourmême,c'étaituneboîtecontenantunepairedegantsencuirdoublésdefourrure,avecle
petitmotsuivant:
«Pourquetun'aiespasfroidauxmainssurletrajetduretour.Gabe»
CelaamusaitGregetLouisa,heureusement,etleshabituésdeLaPâtisserieavaientcommencéà
lancerdesparissurcequeseraitlalivraisondulendemain.
Lagrisailledessemainesprécédentesavaitdisparu,cédantlaplaceàuncielbleuaccompagné
d'unventglacial.Miaappréciagrandementsesgantsfourréstandisqu'ellerentraitàpieddansla
lumièreducrépuscule.
Aumomentoùelletournaitaucoindesarue,sonregardfutattiréparunécranpublicitairesur
lequeldéfilaientd'énormeslettresfluo.
«Jet'aime,Mia.Reviens.Gabe»
Deslarmesbrûlantesluipiquèrentlespaupières.Commentréagiràcela?Gabeneluiavait
encorejamaisditqu'ill'aimait.
Était-cepourmieuxlamanipulerensuitequ'ilétalaitsesémotionsainsi,àunendroitoùelle
seraitforcéedelevoir?
Ilallaitfinirparlarendredingue.Iln'avaitpasessayédel'approcherdepuislejouroùellelui
avaitdemandédelalaissertranquille,maisiln'étaitjamaisloin.
Miasesentaitcomplètementdéroutéeparcecomportement.Gaberévélaitunaspectdesa
personnalitéqu'ellen'avaitjamaisvuauparavant-quepersonnen'avaitjamaisdûvoir.
Ellerentrachezelle,épuiséeetdéprimée.Elleavaitl'impressiondecouverquelquechosemais
nesavaitpasbiens'ils'agissaitd'uneaffectionphysiqueousimplementduchocémotionnelcombiné
àplusieursnuitssanssommeil.
Lelendemainmatin,elleeutlaréponseàsaquestion:elleétaitbeletbienmalade.Ellese
renditàLaPâtisserieenpiloteautomatique,et,auboutdequelquesheures,GregetLouisa
commencèrentàluijeterdescoupsd'œilinquiets.Lorsqu'unecafetièrepleineluiéchappadesmains,
lavieilledameluidemandadevenirencuisine.
Ellelafitasseoiretluiposaunemainsurlefront.
—Maistuesbrûlante,mapauvre!Pourquoitunenousasriendit?Tun'espasenétatde
travailler,voyons.Rentretecoucher.
Mianefitmêmepasminedeprotester,tropcontented'avoirleweek-endentierdevantellepour
sereposer.Enplus,celaluipermettraitd'éviterlespetitscadeauxqueGabecontinueraitsansdouteà
luifairelivrer.Elleseréjouissaitdepouvoirsecacherdeluietdumondepourréfléchirposémentà
toutecettehistoire.Elleavaitl'impressiondeportersursesépaulesunpoidsinsupportable.
Ellecomptaitprendreuntaxi,maislaplupartterminaientleurservice,etelleserésignaà
rentreràpied.Ellegrelottaitdefroidetvoyaitflouàcausedelafièvre,sibienqu'illuifallutdeux
foisplusdetempsqued'habitudepourarriveraucoindesarueetapercevoirenfincefichuécran
publicitaire.
Ellepoussaunsoupirdesoulagement,mais,aumêmemoment,quelqu'unlabouscula.Elle
parvintàgarderl'équilibremaissecognacontrequelqu'und'autreettombaàgenoux.Elleétaittout
prèsdechezelle,pourtantellen'avaitmêmepluslaforcedeserelever.
Secachantlevisagedanslesmains,ellesemitàpleureràchaudeslarmes.
—Mia?Qu'est-cequit'arrive?Çava?
Gabe.C'étaitlavoixdeGabe.Illuipassaunbrasautourdelatailleetl'aidaàseremettresur
sespieds.
—Qu'est-cequisepasse,mapuce?Pourquoitupleures?Tut'esfaitmal?
—Jesuismalade,articula-t-elleentredeuxsanglots.
Elleavaitlatêtecommeunecitrouille,lagorgeenfeu,ettellementfroidqu'elleclaquaitdes
dents.
Gabeproféraunjuronetlapritdanssesbrasavantdegagnerl'entréedesonimmeubleà
grandesenjambées.
—Necommencepasàrâler,s'ilteplaît.Tuesenpiteuxétatettuasbesoinqu'ons'occupede
toi.Tuimaginescequiauraitpusepassersijen'avaispasétélà?Tuauraisput'évanouirsurle
trottoir,sanspersonnepourtevenirenaide!
Mian'essayamêmepasdeparler.Ellesecontentad'enfouirlevisagedanslecoudeGabeetde
respirersonparfum.Illuicommuniquaitsachaleuretapaisaitsadouleur.Elleserenditcompte
qu'ellen'avaitcesséd'avoirfroiddepuisqu'ill'avaitquittée-ou,plutôt,depuisqu'ellel'avaitquitté,
lui.
Gabelaportajusquedanssachambre,ladéposasurlelit,puisouvritsestiroirsàlarecherche
d'unpyjamabienchaud.
—Tiens,mets-toiàl'aisependantquejetepréparedelasoupeetquejet'apportedes
médicaments.Tuesbrûlantedefièvre.
Miaemployasesdernièresforcesàsedéshabilleretàenfilerlepyjama,puiselles'assitau
borddulit,essoufflée,presséedeseblottirsouslacouette.
Auboutdequelquesminutes,Gaberevintetl'aidaàs'installer.Puisillabordaetl'embrassa
tendrementsurlefront.Miafermalesyeuxpourmieuxsavourercebaiser,maisGaberepartit
aussitôtqu'ileutarrangélesoreillersdanssondos.
Quandilrevint,cettefois,cefutpourluiapporterunboldesoupe,unflacondecompriméset
unebouteilledesirop.Ildéposalasoupesurlatabledenuitletempsdeluifaireavalerdeuxcachets
etunedosedesirop,puisluitenditlebol.
—Çafaitcombiendetempsquetuesmalade?demanda-t-ild'unevoixlégèrementenrouée.
Pourlapremièrefoisdelasoirée,Mialeregardavraimentetfutchoquéeparsonapparence.Il
semblaitaussimalenpointqu'elle,lesyeuxcernés,lefrontmarquédeprofondesrides...Ilparaissait
fatigué,épuisé,même.
Était-ceàcaused'elle?
—Depuishier,répondit-elle.Jenesaispascequej'ai,jesuiscomplètementcrevée.Cette
semaineaététerriblementéprouvante,jen'enpeuxplus.
UneombrepassasurlevisagedeGabe,commes'ilsesentaitcoupable.
—Boistonbouillon.Letempsquetufinisses,lesmédicamentsaurontcommencéàagir,ettu
pourrastereposertranquillement,dit-ilenselevant.
—Neparspas,murmura-t-elle.S'ilteplaît,resteavecmoicesoir.
Ilsetournaverselle,leregardempreintderegrets.
—Jen'aipasl'intentiondetequitter,Mia.Pascettefois.
Unefoisqu'elleeutfinisasoupe,Gabeemportalebolvidedanslacuisine,etelles'étenditsous
lacouette,qu'elleremontajusqu'àsonnezenfrissonnant.Mêmelebouillonn'avaitpasréussiàla
réchauffer.
Unmomentplustard,elleluttaitpourgarderlesyeuxouvertsquand,àsagrandesurprise,elle
sentitlematelass'enfoncerderrièreelleetGabeseblottiravecellesouslacouette.Ilselovatout
contreelleetlaserradanssesbras.
—Dors,Mia.Situasbesoindequoiquecesoit,jesuislà.
Elleoubliatouteslessouffrancesdesdernièressemainesetsavouralesimplefaitdesetrouver
danslesbrasdeGabe,enveloppéeparlachaleurdesongrandcorpssolide.
Gabeétaitleseulremèdedontelleaitréellementbesoin.
Avecunsoupirdequiétude,ellefermalesyeuxets'endormitenfin.
LorsqueMiaseréveillalelendemain,elleétaitseuledanssonlitetsedemandasielleavait
rêvélavenuedeGabe.Puiselleseretournaversl'oreillersurlequelilavaitdormietaperçutunpetit
motposébienenévidence.
«N'oubliepasdeprendretesmédicaments.Jacevapassertevoirdanslajournée.Profitedu
week-endpourtereposeretteremettresurpied,machérie.Gabe»
Illuiavaitlaisséduparacétamoletdusiropàportéedemain,ainsiqu'unebouteilled'eau.
Miaseredressa,surprisequ'ilsoitpartiaprèss'êtremontrésitenacedepuisThanksgiving.
Ellefrissonnaet,aussitôt,pritunedosedesiropsuivied'unegorgéed'eau.Puisellese
rallongeaetposalatêtesurl'oreillerdeGabe,quiportaitencoredestracesdesonparfum.
Ellefermalesyeuxpourmieuxenprofiter.Illuimanquaittellement!
Visiblement,ilsétaientaussimalheureuxl'unquel'autre,et,pourlapremièrefois,ellese
demandasisafiertéblesséejustifiaitqu'ellecontinueàleurinfligerdetellessouffrances.
ToutsemblaitindiquerqueGabeétaitsincèrequandillasuppliaitdeluiaccorderunedeuxième
chance,maiselleavaitapprisàseméfier.Ilavaitdéjàrefusédesebattrepourelle...Laferait-il
souffrirdenouveausiellelelaissaitrevenir?
Deboutdevantl'immeubleoùvivaitJace,Gabetéléphonaàsonami.
—Jace,c'estGabe,jepeuxmonter?C'estausujetdeMia,dit-ilaussitôtqueJacedécrocha.
Quelquessecondesplustard,ilétaitdansl'ascenseurmenantàl'appartementdeJace,audernier
étage.Sonamil'attendait,l'airsoucieux.
—Qu'est-cequisepasse?
Gabeserenditdanslesalonsansmêmeprendrelapeinederetirersonmanteau.
—Miaestmalade,annonça-t-il.Jel'aitrouvéeeffondréesurletrottoirdevantchezelle,hier
soir.Elleavaitbeaucoupdefièvre,etunconnardl'avaitfaittomber.Ellen'avaitmêmepluslaforce
deserelever.
—Putain!Ellevabien?
—Mieux,lerassuraGabe.J'aiveillésurelletoutelanuitetjeluiaidonnéquelques
médicamentsquidevraientl'aideràserétablir.Enpartant,cematin,jeluiailaisséunpetitmot
disantquetupasseraislavoir.
—Pourquoitun'espasrestéavecelle?s'enquitJaceenfronçantlessourcils.Çafaitune
semainequetuessaiesdelaconvaincredet'écouteretlà,pourunefoisqu'elleneteclaquepasla
porteaunez,c'esttoiquit'envascommeunvoleur?
—Jemesuismontrétropinsistant,expliquaGabedansunsoupir.Ellevoulaitquejelalaisse
tranquille,maisjen'aipasarrêtédeluienvoyerdepetitscadeaux.C'estenpartiemafautesielleest
danscetétat,etjem'enveux.Évidemment,jesouhaiteplusquetoutqu'onseremetteensemble,mais
pasdanscesconditions.Ilfautquejeluilaisseletempsdeseremettreetderéfléchirposément.S'il
teplaît,prendbiensoind'elleceweekend.J'aimeraisqu'ellesoitcomplètementremiselundisoir.
—Pourquoi?Qu'est-cequisepasse,lundisoir?demandaJace,surpris.
—Jevaismetraîneràsespieds,réponditGabeensepassantunemaindanslescheveux.Entre-
temps,j'aiunebagueàalleracheteretd'autresdétailsàrégler.Toi,toutcequetuasàfaire,c'estde
l'emmenervoirlesapindeNoëlduRockefellerCenterlundisoir.Nemefaispasfauxbond,mon
pote.Porte-ladanstesbrass'illefaut,maisdébrouille-toipourqu'ellesoitlà.
Chapitre44
Miapassaleweek-endavecJace-ou,plutôt,c'estluiquivintlepasserchezelle,avec
quelquesapparitionsd'Ash.Illeurapportadebonspetitsplatsetdesvidéos,etlesdeuxhommes
tinrentcompagnieàMiajusqu'àcequ'elles'endormed'unsommeilfiévreux.
Lorsquelundiarriva,ellesesentaitbeaucoupmieuxmaispastoutàfaitassezbienpour
travailler,aussiprévint-elleLouisaetGregqu'ellenereviendraitquelelendemain.
EnpartantpourlesbureauxdeHCM,JaceetAshluipromirentderevenirenfind'après-midi
pourl'emmenerquelquepart.
Enrevanche,ellen'avaiteuaucunenouvelledeGabe.
Nifleursnicadeaux,silenceradio.Celaladéstabilisaitplusquetout.
Ellen'eutpaslecœurdedireàJaceetàAshqu'ellen'avaitpasenviedesortircesoir-là.Ils
s'étaientmontréstellementadorablespendantleweek-end,celaméritaitbienuneffortdesapart.
Elledécidadoncdesetenirprêtepourleurarrivéeetdelesaccueilliraveclesourire.Jacelui
avaitrecommandédes'habillerchaudement,maisc'étaitleseulindicedontelledisposait.
Heureusementquesafièvreétaitretombée.Sinon,l'idéedepasserlasoiréedehorsdanslefroid
auraitsuffiàladécourager.
Dansl'après-midi,ellepritunelonguedoucheetfitdesonmieuxpournepasavoirl'aird'un
zombieavecunegueuledebois,maissestalentsdemaquilleuseavaientdeslimites.
À18heures,JaceetAshvinrentlachercher,lesyeuxbrillantsdemalice.Miaréprimaun
grognement,quandilsfaisaientcettetête-là,c'étaitengénéralqu'ilss'apprêtaientàjouerunbontour
àquelqu'un.Ellerisquaitfortd'êtrelavictimedujour.
Ellepritunedosedemédicamentsavantdepartir,histoired'êtretranquille,puisils
descendirent.Jaceavaitfaitappelàunchauffeuraulieudeprendresaproprevoiture,cequiétait
inhabituel.
—Oùest-cequ'onva?demanda-t-elleunefoisqu'ilsfurentinstallés.
—Tuleverrasbienasseztôt,réponditJaceavecunclind'œil.
Ashetluiavaientl'airdedeuxgaminslaveilledeNoël.
Miasedétendit,résolueàpasserunebonnesoirée,mêmesielleavaitlecœurlourd.Gabe
n'avaitpasdonnédesignedevieaprèsavoirpassélanuitàprendresoind'elle.Aurait-ilchangé
d'avis?
Soudain,ellevitquelechauffeurs'étaitarrêtésurlaVeAvenue,enfaceduRockefellerCenter,
etellepoussauncridejoieenapercevantl'immensesapinquidominaitlapatinoire.Cetableau
magnifiqueluirappelasessouvenirsd'enfance-touteslesfoisoùJacel'avaitemmenéelà.Ilsavaient
toujoursfaitensorted'assisteràl'allumagedesguirlandes.Àvraidire,cetteannéeétaitlapremière
foisqu'ilsl'avaientmanqué.
—Oh,Jace!souffla-t-elleensortantdelavoiture.C'estmagnifique!
Sonfrèrelaregardaavecunsourirechaleureux,puislesdeuxamisl'entraînèrentverslafoule
assembléeaupieddel'arbre.
Leslumièresmulticoloresscintillaient,etleshaut-parleursdiffusaientdeschantsdeNoël.
Soudain,ilyeutunepause,etunhommecommençaàchanterTheChristmasSong.
—Oh!Ilyaunconcert?s'écriaMiaensetournantversJace.
Ilhochalatêteetluifitsignedeserapprocherdelascène.Curieusement,personneneprotesta
lorsqu'ilssefrayèrentunchemin.Aucontraire,ungroupes'écartamêmepourleurlaisserplusde
placeaupremierrang.
—Oh,c'estgénial!
JaceetAshrirentfaceàsonenthousiasmepresqueenfantin.Émueparlessouvenirsdetous
leursNoëlspassés,etreconnaissanteenverssesdeuxgrandsfrèresdel'avoiraidéeàtraversercette
crise,elleserraJacedanssesbras.
—Merci.Jet'adore,tusais,luimurmura-t-elleàl'oreille.
—Moiaussi,jet'adore,chipie,etjeveuxquecettesoiréesoitspécialepourtoi,dit-ilavecun
sourireunpeutristequil'étonna.
Soudain,sonmorceauterminé,lechanteurs'adressaàlafoule,etilfallutquelquesinstantsà
Miapourcomprendrequ'ill'appelait,elle.
Alorsellerelevalatête,surprise,etcillalorsqu'unprojecteursebraquasurelle.Ellechercha
Jaceduregard,maisAshetluis'étaientreculés,lalaissantseuledanssabulledelumière.
—MademoiselleMiaCrestwell,jevoussouhaiteunmerveilleuxNoëletuneexcellentefin
d'année,annonçalemusicien.Maisjenesuispasleseul...,ajouta-t-ilendésignantundescôtésdela
scène.
Miaécarquillalesyeux,bouchebée,envoyantGabesedirigerverselle,sonregardintenserivé
surelle.Iltenaitàlamainunpetitpaquetcadeaudécoréd'unénormenœud.
Lafouleapplauditlorsqu'ilposaungenouàterredevantlajeunefemme.
—JoyeuxNoël,Mia,dit-ild'unevoixenrouéeparl'émotion.Pardonne-moi,j'aiétéstupidedete
laisserpartir.Tuasraison,tuméritesquelqu'unquiosesebattrepourtoi,et,situm'accordesune
deuxièmechance,jeteprometsdetoutfairepourmemontreràlahauteur.
Mialedévisagea,interdite,tandisquedeslarmesbrûlantesluipiquaientlespaupièreset
menaçaientderoulersursesjoues.
—Jet'aime,Mia,poursuivitGabed'unevoixplusforte.Jet'aimetellementquej'aimalquandje
nesuispasavectoi.Jeneveuxplusjamaisqu'onsesépare,tum'entends?Jeveuxt'épouser,ma
belle.Jeveuxquetusoismafemme,pourtoujours.
Illuitenditlaboîte,qu'elleacceptad'unemaintremblante.Elleduts'yreprendreàdeuxfois
pourréussiràdéfairelenœud,etfaillitfairetomberl'écrinquelepapiercadeaudévoila.
Desflashssedéclenchèrenttoutautourd'eux,etplusieurspersonnessemirentàfilmerlascène,
tandisqued'autrescriaientdesencouragementsàMia.Maislajeunefemmenevoyaitetn'entendait
plusriend'autrequel'hommeagenouillédevantelle.
Elleouvritl'écrin,quicontenaitunmagnifiquediamant,dontl'éclatfuttrèsvitebrouilléparles
larmesqu'elleneputretenir.PuisellebaissalesyeuxversGabe,quisetraînaitlittéralementàses
pieds.
—Oh,Gabe.
Elles'agenouillaàsontouretpassalesbrasautourdesoncou,sanslâcherl'écrin.
—Jet'aime,murmura-t-elle.Jet'aimetellement!Jeneveuxpasvivresanstoi!
Laprenantparlesépaules,Gabes'écartadoucementpourladévisageravecunmélanged'amour
etdejoie.Puisilsortitundocumentdelapochedesonmanteau.Leurcontrat!
Lentement,méthodiquement,illedéchira,leregardtoujoursrivésurMia.
—Àpartirdemaintenant,notrerelationn'aplusbesoinderèglesécrites,annonça-t-il,ému.
Nousavonsledroitd'enfairecequenousvoulons,toietmoi.Plusdecontraintes,seulementnotre
amour.Laseulechosequejetedemandedesigner,c'estleregistredesmariages.
Illuipritl'écrindesmainsetensortitlabague,qu'ilfitglisseràsonannulairegauche.
Puis,sousleshourrasdelafoule,ill'attiradanssesbrasetl'embrassafougueusement.Mia
s'accrochaàluidetoutessesforces,savourantcetinstantdontellesesouviendraittoutesavie.
MêmequandGabeetelleseraientdeuxvieillardschenus,ellechériraitcesouveniretprendrait
unimmenseplaisiràleraconteràleurspetits-enfants.
Soudain,elleserenditcomptequ'elleneconnaissaitmêmepasl'opiniondeGabeàcesujet.
—Jeveuxdesenfants,annonça-t-elledebutenblanc.
Aussitôt,elleserenditcomptequ'elleavaitparléhautetfort,etrougitviolemment.Ilyeutdes
riresautourd'eux,etquelqu'unlança:
—Qu'est-cequetuattends,monpote?
Gabesouritavecunetendressequiluiréchauffalecœuraupointdeluifaireoublierlafraîcheur
decettesoiréededécembre.
—Moiaussi,jeveuxdesenfants,Mia.Despetitesfillesaussijoliesquetoi.
Cetteremarqueluiarrachaunsouriresirayonnantqu'elleeneutpresquemalauxjoues.
—Jet'aime,Mia,ajouta-t-ild'unevoixrauque,toujoursagenouillédevantelle,l'air
étonnammentvulnérable.Jeveuxpasserlerestedemavieàt'aimer,etàmeracheterpourleserreurs
quej'aicommisescesdernièressemaines.Jeteprometsquepersonnenepourrajamaist'aimerautant
quemoi.
Cettefois,Mianecherchamêmepasàretenirseslarmes.GabeHamiltons'étaitmisàgenoux
devantelle,aveclamoitiédelapopulationdeNewYorkpourtémoin.
—Moiaussi,jet'aime,Gabe.Çafaitdesannéesquejet'attends,avoua-t-elled'unevoixdouce.
Lentement,ilserelevaetluitenditlamain,puisl'attiracontreluitandisquelamusique
reprenaitautourd'eux.
—Etçafaitdesannéesquejet'attends,toi.Ilm'afalludutempspourcomprendre,maisçaa
toujoursététoi,Mia.
Alorsillafitpivoter,etilsseretrouvèrentfaceàJaceetàAsh.Mialesavaitcomplètement
oubliés,maisellecompritsoudainqueGabeavaitretrouvésesdeuxcomplices,sesmeilleursamis.
L'énormitédecetterévélationl'émutplusquetout,etellesejetadanslesbrasdesonfrère.
—Merci!luimurmura-t-elleàl'oreille.Situsavaiscommeçacomptepourmoiquetu
comprennesetquetuacceptes...
—Jet'aime,machipie,dit-ilenlaserrantcontrelui.Toutcequejeveux,c'estquetusois
heureuse,etGabearéussiàmeconvaincrequ'ilétaitl'hommedelasituation.
Avecungrandsourire,ellesetournaversAshetl'embrassaàsontour.
—Toiaussijet'adore,granddadais.Etjetesuisvraimentreconnaissantedem'avoiraidée
commetul'asfaitcesdernièressemaines.
Ashluiplantaunbaisersurlajoue.
—Tusaistrèsbienquejeferaisn'importequoipourtoi,fripouille,lança-t-ilenluiébouriffant
lescheveux.Moiaussi,jeveuxquetusoisheureuse.Ah,etj'aimeraisbienêtreleparraindubébé,
aussi.
—Pasquestion!protestaJace.C'estmoil'oncle,alorsc'estmoileparrain.
MialevalesyeuxaucieletselovacontreGabetandisqueJaceetAshcommençaientàse
chamailler.Gaberitdoucementetluipassaunbrasautourdelatailleavecunsourireétincelant.
—Etsionrentraitàlamaison,histoiredes'entraînerpourqu'ilsaientbientôtunvraibébéàse
disputer?
ENAVANT-PREMIÈRERetrouvezJace,AshetGabedans:
FEVER
(versionnoncorrigée)
BientôtdisponiblechezMiladyRomantica
BethanyWilliss'essuyalesmainssursonpantalondéjàuséetfermalesyeuxuninstant.Elle
tenaitàpeinedebouttandisquedevantelle,s'empilaienttouslesplatsvidesqu'elleavaitrapportés
delasalledebal.
Elleétaitépuiséeetaffamée.Cepetitboulotavaitunavantagenonnégligeable,enplusd'être
payéenliquide.Lesemployésavaientledroitd'emporterlesresteset,étantdonnélaquantitéde
petitsfoursquicirculaitcesoir-là,comparéeaunombred'invités,ilsn'allaientmanquerderien.
Bethanysecouadoucementlatête.Lesriches,avecleurfoliedesgrandeurs...Aumoins
mangerait-elleàsafaimcesoir-là,mêmesielleauraitpréférédesmetsmoinsraffinésetplus
consistants.
EllepourraitmêmesepayerleluxederapporterquelquechoseàJack.
Uneprofondetristessel'étreignit,aussitôtsuivieparunsentimentdeculpabilité.Ellen'aurait
pourtantpasdûréagirainsienlevoyantrefairesurfaceaprèsdesmoisd'absence.Depuisletemps,
elleauraitdûêtrehabituéeàcetteroutine,Jackdisparaissaitsansdonnerdenouvellespuisrevenait
pointerleboutdesonnezquandilavaitbesoind'unendroitoùdormir,d'unpeudesympathie,d'un
bonrepas,dequelquesdollars...oudequelquesdizainesdedollars.
LecœurdeBethanyseserra,ellesavaitpertinemmentcequ'ilfaisaitdecetargent.Lui-même
détestaitluiréclamer.Quandilabordaitlaquestion,c'étaittoujoursàdemi-mot,endétournantle
regard.«Bethy...ilfautquejetedemandeuntruc...»Iln'endisaitpasplus.Immanquablement,elle
luidonnaitcequ'ellepouvait.Commentrefuser?Pourtant,elledétestaitlafaçondontilprononçait
sonsurnom.Elleenvenaitmêmeàdétestercediminutifquiluiétaitsicherautrefois,justementparce
qu'illuiavaitétédonnéparquelqu'unquil'aimait.
Jack,laseulepersonneaumondequisesoitdonnélapeinedelaprotéger,oumêmedefaire
attentionàelle.
Sonfrèredecœursinondesang.Ilsformaientunesortedefamilledefortune,etelle
n'envisageaitpasdeluitournerledosunjour.
C'étaittoutsimplementinconcevable.
Unbruitattirasonattentionverslaportedonnantsurl'alléeoùsetrouvaientlespoubelles,et
elleaperçutJack.Appuyécontrelechambranle,latêteinclinée,iljetaitdesregardsfurtifspar-
dessussonépaule.C'étaitsaposturetypique,ilrestaitauxaguetsentoutescirconstancesetse
ménageaittoujoursuneissuedesecours.
—Bethy,souffla-t-il.
Elletressaillitet,sansunmot,sortitdesontablieruneliassedebillets,lamoitiédesonsalaire,
payéed'avance.Elletoucheraitl'autremoitiéàlafindesonserviceetdevraitsecontenterdecette
sommepoursurvivrejusqu'àsonprochainpetitboulot.
ElleavançaversJackd'unpasnerveuxetluiremitl'argent.Aussitôt,illerangeadanslapoche
desonjeantroué,leregardfuyant,aussimalàl'aisequ'elle.
—Merci,murmura-t-il.Çava,toi?Tuasunendroitoùdormir,cesoir?
—Oui,dit-elle.
C'étaitunmensonge,maisellerefusaitdeluiavouerlavérité.
Jacksedétendittrèslégèrementetacquiesça.
—Super.Comptesurmoi,Bethy.Bientôt,jenoustrouveraiunappartement,tuverras.
Ellesecoualatête,blasée.Celafaisaitlongtempsqu'elleentendaitcettepromesse,ellesavait
qu'iln'enferaitjamaisrien.
Jacks'approchaetdéposaunbaisersursonfront.Ellefermalesyeux,essayantd'imaginerdes
circonstancesdifférentes,maisc'étaitfutileetstupide.
—Jepasseraiprendredetesnouvelles,d'accord?dit-ilavantdesefondredanslanuit.
—Faisattentionàtoi,s'ilteplaît,Jack!lança-t-elleavantqu'ildisparaissecomplètement.
Ilseretourna,etlaluneéclairafaiblementsonsourire.
—Commetoujours,mapuce.
Puisils'éclipsaet,toutenlesuivantdesyeux,Bethanysentitsagorgesenouersousl'effetdela
colère.Celle-cisemuaenuneragedévorante,etellesemitàserreretdesserrerlespoingspour
endiguerlafurieusedémangeaisonquis'emparaitd'elle.Luttercontrelemanqueétaitunevéritable
guerredesnerfs,etchaquejournéequ'ellepassaitsanssuccomberétaitunefragilevictoire.
Latentationdel'oublidemeuraitimplacable,cesquelquesinstantsséduisantsmaisviteenvolés
oùplusriennesemblaitgrave.
Non,ilétaithorsdequestionqu'ellereplonge.Elleenavaittropbavépoursetirerdelà,sans
compterqu'elleavaittoutperduaupassage.Celaauraitpuladécourageretlapousseràretomber
danssesmauvaiseshabitudes,maiselleenavaittirélaforcederésister.Ellen'étaitpluslafaible
fillequis'étaitlaisséprendreaupiège.
—C'étaitvotrecopain?
Surpriseparletonabruptdecettequestion,Bethanyfitvolte-faceet,lecœurbattant,affrontadu
regardl'hommequilatoisaitdepuislaportedelasalledebal.
Ilfaisaitpartiedesinvitésnantisdelafête-uninvitédemarque,sansdoute,carellel'avaitvu
dîneràlatabledesdignitaires.Ilétaitparailleursd'unebeautéetd'uneéléganceincroyables.On
auraitditqu'ilsortaittoutdroitdespagesd'unmagazinedeluxe,unmondetotalementétrangeràla
jeunefemme.
Ilmitlesmainsdanssespochesetinclinalatêtesanscesserdeladévisagerd'unairaussi
nonchalantqu'arrogant,commes'ilcherchaitàdéterminersi,ouiounon,elleétaitdigne.Maisdigne
dequoi,aujuste?Desonintérêt?Envoilà,uneidéeridicule!
Ilétaitblondauxyeuxverts.Bethanyn'avaitjamaiséprouvéd'attiranceparticulièrepourles
blonds,maislescheveuxdecelui-cicomptaientaumoinsquatrenuances,duchâtainclairàune
couleurpresquecendrée.Ilétaittellementbeauquec'enétaitpresquedouloureux.
—Vouscomptezmerépondreunjour?demanda-t-ild'unevoixdouce.
Ellesecoualatêteensilenceet,àsagrandesurprise,l'inconnuéclataderire.
—Çaveutdirequevousrefusezdemerépondreouquecen'étaitpasvotrecopain?
—Cen'étaitpasmoncopain,murmura-t-elle.
—Ah,tantmieux!
Ellecilla,complètementdéboussolée,puisfitunpasdecôtéenlevoyantapprocher.Ellene
tenaitpasàsefairecoincercontrelaportemaisnepouvaitpass'enfuirnonplus,horsdequestion
qu'ellepartesanslerestedesonsalaire,ouquelquechoseàsemettresousladent.
L'inconnulasuivitetvintseposterjustedevantelle,sibienqu'elleenvisageadedétalermalgré
tout.
—Commentvousvousappelez?
—Qu'est-cequeçapeutvousfaire?
—Ah,maisçapeutfairetouteladifférence,répondit-ilenl'examinantdeplusbelle.
—Commentça?
—Disonsquenousn'aimonspascoucheravecdesfillesdontnousneconnaissonspaslenom,
expliqua-t-ilavecunsans-gêneremarquable.
CettephraseparuttellementmalsaineàBethanyqu'ellenesutmêmepasquelleobjection
formulerenpremier.
—«Nous»?répéta-t-elleenlevantunemainpourempêcherl'inconnud'approcherdavantage.
Dequoivousparlez,là?C'estqui,«nous»?Etiln'estpasquestionquejecoucheavecquiquece
soit,singulieroupluriel.
—Jaceaenviedevous.
—C'estqui,Jace?
—Etjecroisbienquemoiaussi,ajouta-t-ilsansrépondreàsaquestion.
Elleréprimadejustesseungrognementderageetserralesdents.
—Jevouspréviens,jevaisporterplaintepourharcèlementsexuel.
L'arrogantpersonnagesecontentadeluisourire,cequiladéstabilisaunpeuplus.
—Paslapeinedemontersurvosgrandschevaux,mabelle,dit-ilenluieffleurantlajoue.Ce
n'estpasduharcèlement,c'estuneproposition.Nuance.
—Jenevoispasbienoùestladifférence,rétorqua-t-elle.
L'hommeécartacetteobjectiond'unhaussementd'épaulesdésinvolte.
—Etpuis,d'abord,c'estqui,Jace?reprit-elle.Etvous,vousêtesqui?Vousfaiteslafine
boucheetexigezdesavoirlenomd'unefillepourenvisagerdecoucheravecelle,maisvousn'avez
mêmepasladécencedevousprésenter!
Ilpartitd'unnouveléclatderirechaudetrassurant,unsond'uneinsoucianceinsolentequifit
enragerlajeunefemme.Ellebrûlaitdejalousieenverscethommequin'avaitvisiblementpasd'autre
problèmequed'apprendrel'identitédesaprochaineconquête.
—Jem'appelleAsh,etJaceestmonmeilleurami.
—Et...vousavezenviedemoi?Touslesdeux?S’enquit-elle,méfiante.
—Oui.Çan'ariend'exceptionnel,voussavez.Ilnousarrivesouventdepartagerlamême
femme.Trèssouvent,même.Onadorelesplansàtrois.Vousavezdéjàessayé?Parceque,sinon,je
peuxvousgarantiruneexpériencequevousneregretterezpas.
—J'aidéjàessayémais,franchement,çanem'apasemballée,répondit-elled'unevoixsèche.
Ellediscernaunéclairdesurprisedanssonregard.Pourtant,untypequiosaitformulerdes
propositionspareillesn'auraitpasdûs'étonnerdesefairerembarrer.
—Ça,c'estpeut-êtreparcequevouschoisissezmalvoscamaradesdejeu.
—Ash!
CetteviveexclamationrésonnadanslacuisineexiguëetfitsursauterBethany.Enlevantles
yeux,elleaperçutunautrehommedansl'encadrementdelaporte.CedernierposaitsurAshunregard
sombreetmenaçant,commes'ilseretenaitdeluisauteràlagorge.
Ashnesemblaitpass'enalarmer,maisBethany,si.
Elleavaitreconnudanslenouveauvenuletypequin'avaitcessédeladévorerdesyeuxpendant
qu'ellefaisaitleservice,avecuneintensitéquiluiavaitarrachéunfrisson.Alorsqu'Ashincarnaità
laperfectionleplayboyaussifortunéqu'insouciant,cethommeétait...ilétaittoutlecontraire,tout
simplement.
Mêmel'adjectif«intense»neparvenaitpasàluirendrejustice.Cetypeétaitunécorchévif.
Elleavaitpassésuffisammentdetempsàtraînersesguêtresdanslesruespoursavoirlesreconnaître
et,àvraidire,elleauraitpréféréaffronterlegenredepaumésqu'elleconnaissaitbienplutôtquecet
individuintimidantquiladévoraitduregard.
Ilavaitlescheveuxnoirs,lesyeuxbrunsetlapeaumate,maisilnes'agissaitpasdubronzage
artificieldesmétrosexuelsdebase.Cetyperespiraitleluxeetlafortuneautantquesonami,mais
celas'accompagnaitd'unecertainerudesse.
Tandisqu'Ashsemblaitnéavecunecuillèreenargentdanslabouche,larichessedesonami
paraissaitplusrécente,commes'iln'yétaitpasencorehabitué.
Évidemment,ilétaitunpeuridiculedetirerdesconclusionsauboutdecinqminutes,mais
Bethanynepouvaits'empêcherderéagiràl'autoritéacéréequiémanaitdecethomme.
—Jace,jeteprésente,annonçaAshd'unevoixdouceenlançantàlajeunefemmeunregard
interrogateur.
—Bethany,bredouillacettedernière.
Ohmerde!C'estpasvrai!
Ils'agissaitdoncdel'autreamateurdeménageàtrois?Lemeilleuramid'Ash?Soncomplice
potentieldanslapropositionqu'ilavaitfaiteàBethany?
Serrantleslèvres,ledénomméJaces'avançaversBethany,quireculainstinctivement.
—Tuluifaispeur,intervintAsh,commepourleréprimander.
BethanyfutétonnéedevoirJaces'arrêternetetbraquersonregardbrûlantsursonami.Elle
éprouvauncertainsoulagementàneplusenêtrelacible.
—Jet'aidéjàditdenepasfaireça,gronda-t-ild'unevoixsourde.
—Jen'écoutepastoujourscequetumedis,tusais,rétorquaAshposément.
BethanylesobservaitsansbiencomprendrecequisepassaitlorsqueJacereportasonattention
surelle.
Elleretintsonsouffleendistinguantdanssesyeuxunelueurdecuriosité.
Ilnes'agissaitpasdel'intérêtpurementcharneld'unhommequidésireunefemme,maisBethany
n'auraitpassudéfinirprécisémentcequec'était.Pourtant,cetypeavaitpassélasoiréeàladétailler,
ellelesavaitparcequ'elleavaitgardéunœilsurlui.—Jesuisdésolé,repritJace.
—Est-cequevotreoffreinclutledîner?demanda-t-elledebutenblanc.
Aussitôtelleeuthontedesonaudace,maisellenevoulaitpasqu'ilparte.Pascesoir-là.Pour
unefois,elleavaitenviedesavourercettebullederichesselumineuseoùriendemalnepouvaitlui
arriver.L'espaced'unesoirée,ellevoulaitoubliersavie,Jack,etlesennuisquilapoursuivaient
partout.
Cethommepouvaitluioffriruntelinstantderépit,celanefaisaitaucundoute.EtsiAshfaisait
partiedel'équation,elles'enaccommoderait,tantquecelaluiévitaitdequittercettecuisinepour
retrouverlefroidglacialquilaguettaitau-dehors.
—Quoi?fitJaceenfronçantlessourcils,commes'ilvoulaitlapasseraurayonX.
—Ilm'aproposédepasserlanuitavecvousdeux,expliqua-t-elleendésignantAsh.Jevoulais
savoirsiledînerétaitinclus.
—Évidemment!s'écriaAsh,commesicettequestionlevexait.
—Alorsc'estd'accord,reprit-elleavantdechangerd'avis.
Ellesavaitpertinemmentquec'étaitunedesplusbelleserreursqu'elleaitjamaisfaites,mais
ellenecomptaitpasrenoncerpourautant.
—Ilfautquejefinissemonservice,d'abord,ajouta-t-elle.
Pendanttoutcetéchange,Jacenedécrochapasunmotetsecontentadeladévisagerensilence,
sansmêmeaccorderunregardàAsh.
—Maisnon,lançacedernier,vouspouvezpartirquandvousvoulez.
—Passijeveuxtoucherladeuxièmemoitiédemonsalaire.
—Lebalestpresquefini,insista-t-il.Gabenerisquepasdes'attardersurlapistededanse
alorsqueMial'attendàlamaison.Nevousinquiétezpaspourvotrepaie,jecompenseraila
deuxièmemoitié.
Bethanyrecula,levisagefigé.
—J'aichangéd'avis,annonça-t-elle.
—Quoi?s'écriaAsh.
Jacen'intervenaittoujourspas.Ilgardaitlesyeuxrivéssurelle,lamineorageuse.Faceàun
regardpareil,Bethanyenvisageadefoncerverslaportedel'allée.
—Jenesuispasàvendre,expliqua-t-elleàmi-voix.Jevousaisansdouteinduitsenerreuren
parlantdedîneralorsquevousnerecherchiezquedusexe,maislefaitestquejerefused'êtrepayée
pourça.
Aussitôt,unecuisantedouleurlapritauxtripes,faitedesouvenirsqu'elleauraitvoulurefouler
maisquirefusaientdeselaisseroublier.Tousseschoixmalheureuxetlourdsdeconséquences
revinrentl'enveloppercommeunépaisbrouillardopaque,lacoupantàjamaisdelachaleureuse
insouciancedecesdeuxhommes.Ilsnefaisaientpaspartiedumêmemonde.
Soudain,JacesortitdesonmutismeetproféraunjuronentresesdentstoutenfusillantAshdu
regard.Ilsemblaitaniméd'unecolèrevolcanique.
—Tufaisvraimentchier,Ash,lança-t-il.Jet'avaispourtantditdenejamaisrecommencerce
petitjeu.
Lasituationempiraitàvued'œil.Clairement,Ashsouhaitaitpoursuivrel'aventurealorsque
Jacen'enavaitpasenvie.Humiliée,Bethanycommençaàserapprocherdelaportedonnantsurla
salledebal.
—Ilfautquejeretournetravailler,bredouilla-t-elle.
Mais,quandelleseretournaverslasortie,ellesetrouvanezànezavecJace,quiluibarraitla
route.Ilsetenaitsiprèsqu'ellesentitsonparfumetlachaleurdesoncorps.C'étaittellementbon
qu'ellefaillitfaireuntrucstupide,dugenreappuyerlefrontcontresontorse,commepourchercher
duréconfort.
Alors,d'ungestetrèsdoux,illuisoulevalementon.Ellen'eutpaslaforcederésisteretcroisa
sonregard.
—Terminezvotreservice,nousvousattendrons.Ensuite,nousironsdîner.Ya-t-ilunendroiten
particulierquivousferaitplaisir?D'ailleurs,préférez-vousdîneraurestaurantoudansnotre
chambred'hôtel?
Ilavaitformulécesquestionsavecunedouceurteintéed'intimité,sansaccorderunseulcoup
d'œilàAsh.Elle-mêmeétaitcaptivéeparsesyeuxsombres,aupointd'enoublierqu'elleavait
changéd'avisquantauménageàtrois.
Cependant,elleparvintàseressaisirsuffisammentpourexaminersatenue.Iln'étaitpas
questionderepasserchezellepoursechanger,puisqu'ellen'avaitpasdechez-elle,etpasde
vêtementsdignesdugenredelieuxqueceshommesfréquentaient.
Elleseraclalagorgeavantdereprendrelaparole.
—Votrechambre,çameva.Quantaumenu,jenesuispasdifficile,tantquec'estbonetqueça
semange...Enfait,jemeursd'envied'unburger.Avecdesfrites.
Cettesimpleidéelafitsaliver.
—Etunjusd'orange,ajouta-t-elleàlahâte.
Ellevitunelueurd'amusementdansleregardd'Ash,maisJacerestademarbre.
—Unburgeravecdesfritesetunjusd'orange...çadevraitêtrefaisable,dit-ilenconsultantsa
montre.Lesinvitésserontpriésdepartird'iciquinzeminutes.Combiendetempsvousfaut-ilpour
toutremballer,aprèsça?
Bethanycillaavantderépondre.
—Euh...toutlemondeneserapaspartidansquinzeminutes.Ilyatoujoursdesgensqui
s'attardent,surtouts'ilresteàmangeretàboire.
—Croyez-moi,Bethany,toutlemondeserapartidansquinzeminutes,intervintJaceavant
qu'elleaitpuendireplus.
Elledevinaautondesavoixqu'ilnes'agissaitpasd'unesuppositionmaisd'unepromesse.
—Combiendetempsvousfaut-il?répéta-t-ilnonsansunecertaineimpatience.
—Jenesaispas,unedemi-heure,répondit-elle.
Pourladeuxièmefoisdelasoirée,illatoucha.Illuieffleuralajoueetenroulaautourdeson
doigtunedesmèchesquis'étaientéchappéesdesonchignon.
—Trèsbien.Onsevoitdansunedemi-heure.