« la compétitivité des industries à madagascar de 2009 en

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UNIVESTITÉ D’ANTANANARIVO *********************** FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE *********************** DÉPARTEMENT ÉCONOMIE *********************** 4 ÈME ANNÉE – PROMOTION SORTANTE OPTION : ADMINISTRATION PUBLIQUE MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE ÈS SCIENCES ÉCONOMIQUE « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en 2013 : cas du secteur textile d’exportation» Impétrant : RANDRIAMANANJARA Fidèle Encadreur : RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien Soutenu le 10/Avril/2015 Année universitaire : 2013-2014

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Page 1: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

UNIVESTITÉ D’ANTANANARIVO ***********************

FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ***********************

DÉPARTEMENT ÉCONOMIE ***********************

4ÈME ANNÉE – PROMOTION SORTANTE OPTION : ADMINISTRATION PUBLIQUE

MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE

ÈS SCIENCES ÉCONOMIQUE

« La compétitivité des industries à Madagascar de

2009 en 2013 : cas du secteur textile d’exportation»

Impétrant : RANDRIAMANANJARA Fidèle Encadreur : RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien

Soutenu le 10/Avril/2015

Année universitaire : 2013-2014

Page 2: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

UNIVESTITÉ D’ANTANANARIVO

*********************** FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE

*********************** DÉPARTEMENT ÉCONOMIE

*********************** 4ÈME ANNÉE – PROMOTION SORTANTE OPTION : ADMINISTRATION PUBLIQUE

MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE

ÈS SCIENCES ÉCONOMIQUE

« La compétitivité des industries à Madagascar de

2009 en 2013 : cas du secteur textile d’exportation»

Impétrant : RANDRIAMANANJARA Fidèle Encadreur : RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien

Soutenu le 10/Avril/2015

Année universitaire : 2013-2014

Page 3: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

I

Remerciements En premier lieu, les remerciements et les reconnaissances s’adressent à Dieu, le Tout Puissant,

pour nous avoir guidé et accordé sa grâce dans la réalisation de ce travail.

Ensuite, j’exprime ma profonde gratitude envers :

Monsieur RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien, mon encadreur, pour m’avoir accordé du

temps, donné des conseils et suggestions et surtout de m’avoir dirigé tout au long de la

réalisation de ce présent mémoire.

Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé, Chef du Département Économie par intérim

tous les autres enseignants et le personnel administratif du Département Économie pour

leurs aides et leurs savoirs durant ma formation à l’Université.

Il y a aussi lieu de remercier les institutions suivantes et ses personnels pour l’accès aux données,

aux informations et aux divers documents pour mener à bien ce mémoire qui sont :

L’Institut National de la Statistique

Le Ministère de l’Industrie

Le Centre d’Étude Économique

L’Observatoire pour le Développement national des Ressources humaines du niveau de

l’Enseignement Supérieur.

Le centre d’information public de la Banque Mondiale.

Un grand merci est adressé à mes amis et à tous ceux qui ont contribué, que ce soit de près ou de

loin, à l’achèvement de ce travail de recherche.

Et enfin, j’exprime mes sincères reconnaissances à mes très chers parents

RANDRIAMANANJARA et RASOARIMANANA Jeannette, à ma Famille pour leur soutien

dès la préparation jusqu’au terme de ce travail de mémoire, que le seigneur vous rende au

centuple ce que vous tous avez généreusement prodigué.

Merci à tous

Page 4: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

II

Sommaire INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1

PREMIERE PARTIE : INDUTRIALISATION, CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT ...................... 4

CHAPITRE 1 – LES CONCEPTS ET THÉORIES SUR L’INDUSTRIALISATION ........................... 6

Section 1 - Définitions et théories : .................................................................................................. 6

Section 2 - L’industrie textile ......................................................................................................... 11

CHAPITRE 2 – LA MONDIALISATION ET LA COMPÉTITIVITÉ DES INDUSTRIES TEXTILES

ET HABILLEMENT ......................................................................................................................... 15

Section 1 - La mondialisation et l’industrie textile .......................................................................... 16

Section 2 – De la compétitivité vers la croissance économique ....................................................... 29

DEUXIÈME PARTIE : L’INDUSTRIE TEXTILE ET L’ÉCONOMIE MALAGASY ........................... 35

CHAPITRE 1 - L’INDUSTRIE TEXTILE MALAGASY, QUELLE AVENIR POUR LA

POPULATION ? ............................................................................................................................... 36

Section 1 – Regard sur l’évolution et la spécificité de la filière : ..................................................... 36

Section 2 – Madagascar et l’AGOA à partir de 2009 en 2013 ........................................................ 46

CHAPITRE 2 – L’ANALYSE DE L’IMPACT DE LA COMPETITIVITE DE L’INDUSTRIE

TEXTILE VERS LE DEVELOPPEMENT ........................................................................................ 56

Section 1 – les études empiriques ................................................................................................... 56

Section 2 – Défis et recommandations ............................................................................................ 67

CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................ 70

Page 5: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

III

Liste des tableaux Tableau 1. Avantage comparatif d’un pays face à un autre. .......................................................18

Tableau 2. Création d’entreprise en 2008 et 2009 ......................................................................47

Tableau 3. PIB et PIB/habitant de 2012 et 2013.........................................................................48

Tableau 4. Distribution des travailleurs par genre et par poste dans les entreprises de confection

(%) ............................................................................................................................................49

Tableau 5. Salaire mensuel moyen et salaire mensuel médian des employés en USD .................50

Tableau 6. Évolution du sous-emploi 2001-2010 .......................................................................60

Tableau 7. Sortie et survie des firmes selon le marché entre 2009 et 2010 .................................64

Liste des graphiques Graphique 1. Courbe du Coût Moyen Longue période d’une firme ............................................21

Graphique 2. Évolution des flux entrants d’IDE à Madagascar en milliards d’USD ...................27

Graphique 3. Exportations textile malagasy vers l’Europe et les États-Unis en millions USD ....43

Graphique 4. Exportation des vêtements de Madagascar en million USD ..................................45

Graphique 5. Expérience requise par un ouvrier de petites mains pour être promu .....................51

Graphique 6. Évolution des importations et des exportations de 2005 à 2012 (en millions de

DTS*) .......................................................................................................................................53

Graphique 7. Évolution de l’effectif des entreprises franches agréées (effectif cumulé) et des

entreprises opérationnelles de 2005 à 2012. ...............................................................................54

Graphique 8. Évolution de la population active, de la population active occupée et du PIB réel

entre 2001 et 2010. ....................................................................................................................58

Graphique 9. Évolution du nombre de chômeur et du taux de chômage de 2001 à 2010.............59

Graphique 10. Variation du PIB (%) de 2005 en 2012 ...............................................................62

Graphique 11. Évolution des Investissement Directs Étrangers (IDE) de 2005-2012 (en millions

de DTS) ....................................................................................................................................63

Liste des figures Figure 1. Processus d’amélioration de la compétitivité ..............................................................20

Figure 2. Répartition des principaux secteurs d’activités à Madagascar en 2014 ........................40

Figure 3. Structure de la population ...........................................................................................58

Page 6: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

IV

Liste des acronymes

AGOA: Africa Growth and Opportunity Act

AMF : Accord Multifibres

ASS : Afrique Subsaharienne

COTONA : Cotonnerie d’Antsirabe

CPP : Concurrence Pure et Parfaite

BIT : Bureau International du Travail

DD : Droit de Douane

DTS : Droit de Tirage Spéciaux

FMI : Fonds Monétaire International

FMN : Firmes Multinationales

GATT: General Agreement on Tariff and Trade

CASI : Crédit d’Ajustement Structurel

CREM : Cercle de Réflexion des Économistes de Madagascar

GEFP : Groupement des Entreprises Franches et Partenaires

HOS : Heckscher-Ohlin-Samuelson

IDE : Investissement Direct Étranger

MFPTLS : Ministère de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales

MEI : Ministère de l’Économie et de l’Industrie

IDE-JETRO: Institute of Developing Economies-Japan External Trade Organization

JIRAMA : Jiro sy Rano Malagasy

LPI : Lettre de Politique Industrielle

MAP : Madagascar Action Plan

OCDE : Organisation de Coopération pour le Développement Économique

ODRES : Observatoire pour le Développement national des Ressources humaines du niveau de

l’Enseignement Supérieur

Page 7: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

V

OMC : Organisation Mondiale du Commerce

OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement

ONUDI : Organisation des Nations-Unies pour le Développement Industriel

ORD : Office de Règlements des Différends

PD : Pays Développés

PADECI : Programme d'Appui au Développement de l’Économie, du Commerce et de

l’Industrie (PADECI)

PED : Pays En Développement

PIB : Produit Intérieur Brut

UE : Union Européenne

USA : United States of America ou États-Unis d’Amérique

ZLE : Zone de Libre Échange

Page 8: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

1

INTRODUCTION

L’essor économique des pays en développement, l’intégration croissante de la production

mondiale à travers les chaînes d’approvisionnement, la hausse des prix des produits agricoles et

des ressources naturelles et la plus grande interdépendance de l’économie mondiale constituent

les raisons qui ont modifié la manière dont les Pays En Développement (PED) peuvent se servir

du commerce pour favoriser leur développement.1 Le protectionnisme et le libre-échangisme

sont les principales stratégies économiques de commerce international. Promouvoir la croissance

économique suppose une excellente base en termes d’industrialisation des diverses activités

économiques. Le XXème siècle même a été marqué, certes, par l’importance de la place occupée

par l’industrie qui fut un des mots d’ordre d’une politique économique nationale par

l’amélioration de la compétitivité internationale.

La définition du mot industrie apportée par Jean Baptiste Say désigne l’ensemble des

activités humaines déployées dans le but de produire des marchandises destinés à satisfaire les

besoins tant individuellement que collectivement. Et les industries sont catégorisées de la

manière suivante : les industries agricoles, les industries manufacturières et les industries

commerciales.2

Le classement des industries, en se référant aux secteurs d’activité, sous la vision de

Colin Clark, porte l’attention selon la répartition sectorielle de la population active notamment le

secteur primaire, le secteur secondaire, et le secteur tertiaire. Dans le secteur secondaire est

regroupée l’activité industrielle avec sa version qui est la transformation sur une grande échelle

des matières premières en produits transportables.

Le processus de développement des activités industrielles est un des piliers qui supportent

les étapes de développement des économies développées. Bien qu’il y ait opposition des

approches, selon l’histoire des économies des pays capitalistes et des pays socialistes, et bien

1 Organisation Mondiale du Commerce (OMC), Rapport sur le commerce mondial 2014, « Commerce et

développement : tendances récentes et rôle de l’OMC », 2014, source :

https://www.wto.org/french/res_f/publications_f/wtr14_f.htm, site visité le 13/03/2015 à 14 :51. 2 J.B. Say, « Traité d’économie politique », 1803, Livre I, Chapitre 2, page 46.

Page 9: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

2

connu dans la littérature économique, l’industrie est le moteur de la croissance économique et du

développement social.

La dynamique industrielle marque la force compétitive d’une industrie et ceci constitue

l’une des rares facteurs de développement des économies développées en combinant divers

changements de structure de production et des modes d’organisations.

Les pays asiatiques ont commencé leur industrie par le textile3, il en est l’exemple des

exploits grandioses de la Chine et du Japon à l’époque qui leur ont fait des pays industrialisés et

développés parmi les puissances économiques dans le monde entier. Madagascar n’en est pas le

dernier à s’opérer dans la filière textile et d’ailleurs les activités économiques de la Grande île

tournent autour des trois secteurs notamment l’agriculture, l’industrie et les services.

L’industrie textile à Madagascar oriente presque sa production à l’étranger par la raison

que la fiscalité du pays offre un taux zéro aux exportateurs4 dans le cadre des stratégies de

relance économique utilisant l’exportation comme levier. En plus, la grande partie du marché de

la Zone Franche est assurée par le marché américain dans le cadre de l’AGOA (Africa

Growth Opportunity Act). Le secteur textile concerne la majorité de la population active dans le

pays, ce qui signifie qu’il détient un rôle crucial en termes d’emploi et des politiques de

développement. Ce qui implique que toutes éventuelles incidences vont se répercuter sur tous les

activités économiques et vont créer des malaises sur la majeure partie du bien-être des agents

économiques résidents et non-résidents à Madagascar. Ce phénomène traduit l’importance

pratique et politique de ce travail vu les instabilités internes et externes, la crise financière

mondiale de 2008, et la crise politico-économique de 2009 à Madagascar.

L’intérêt théorique est de deux choses pour ce sujet, il s’agit ici d’une part d’approfondir

les théories et les concepts relatifs au phénomène d’industrialisation, et d’autre part d’apporter de

nouvel information dans tout le long de l’analyse à propos de l’importance de l’industrie textile

pour le développement d’un pays. Ce qui va nous permettre d’améliorer et d’enrichir les

connaissances sur les activités industrielles dans le monde entier et en particulier à Madagascar

sur le domaine du textile.

3 Textile ici englobe à la fois la production cotonnière et la manufacture des produits d’habillement. 4 Code Général des Impôts du système fiscal malagasy après l’adoption des réformes imposées par les bailleurs de

fonds dans la mise en place de la politique d’ajustement structurel dans la fin des années 80.

Page 10: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

3

Connaître la compétitivité de l’industrie à Madagascar, et plus précisément la filière

textile, est important pour la structure de l’économie et l’élaboration des stratégies de relance

économique pour parvenir à un stade de développement souhaité. Ce qui invoque la

question : « la compétitivité de l’industrie textile à Madagascar influence-t-elle l’état du

bien-être de la population compte tenu des troubles politiques ayant créés des malaises

économiques de 2009 en 2013 ? »

Le travail repose alors sur les hypothèses suivantes qui sont susceptibles d’être vérifiées

ou non-confirmées au terme de la recherche :

la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles exportatrices dépend

des Entreprises Franches,

la suspension de l’éligibilité de Madagascar de l’AGOA intimide la compétitivité

des industries textiles dans le pays et donc ralentisse la croissance.

En guise de réponse à la problématique, nous proposons de considérer dans une première

partie : les théories sur l’industrialisation, les relatives histoires de l’industrie textiles et de la

croissance économique tout en expliquant les divers enjeux de la mondialisation sur la

compétitivité des industries. Ensuite, dans une deuxième partie, afin de vérifier les hypothèses et

de les étaler, seront exposées les perspectives de l’industrie textile à Madagascar accompagnées

des analyses et des constats empiriques aussi bien qualitative que quantitative à propos de cette

filière, et son avenir sans oublier d’évoquer les obstacles majeures et d’en apporter des

alternatives adéquates aux circonstances qui se sont passés dans cette période d’observation.

Page 11: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

4

PREMIERE PARTIE :

INDUTRIALISATION, CROISSANCE

ET DEVELOPPEMENT

« C'est au moyen seulement de l'industrie que les hommes peuvent être pourvus, avec

quelque abondance, des choses qui leur sont nécessaires, et de cette multitude d'autres objets

dont l'usage, sans être d'une nécessité indispensable, marque cependant la différence d'une

société civilisée à une horde de sauvage. »

J.-B. Say, Traité d’économie politique : Livre I (de la production des richesses) (1803)

Page 12: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

5

De la période des toutes premières mécanisations des activités de production, allant de la

première révolution industrielle suivie par la deuxième, jusqu’à la réalisation du scénario de ce

qu’on appelle « troisième révolution industrielle », l’industrialisation se trouve toujours en

position convaincante lorsqu’on parle de croissance économique et développement social. De par

ses vertus indispensables pour l’augmentation de la productivité et l’introduction de nouvelles

formes d’organisation de production (le taylorisme et le fordisme), des économies5 ont parvenu à

créer des modèles reflétant l’importance primordiale de l’industrialisation pour arriver à un stade

de développement économique et social.

5 Le mot ici désigne les nations qui sont devenues des puissances mondiales grâce à leur progrès économique

remarquable.

Page 13: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

6

CHAPITRE 1 – LES CONCEPTS ET THÉORIES SUR

L’INDUSTRIALISATION

Les phénomènes et les changements au sein de la société tout au long de

l’industrialisation furent l’objet de plusieurs débats doctrinaux et théoriques.

Section 1 - Définitions et théories :

1) Industrialisation

Le mot industrie vient du mot latin « industria »6 qui veut dire activité. Dans son sens

économique le mot veut dire toute activité qui consiste en la production de biens matériels par

l’intermédiaire de transformation des matières premières en produit fini ou semi-fini destiné à

satisfaire les besoins.

L’industrie est alors l’ensemble des activités humaines déployées dans le but de produire

des marchandises utiles, telle est la définition apportée par Jean Baptiste Say7. En ces termes,

Jean Fressinet parle à propos de l’industrie comme la mécanisation et l’augmentation du travail

c’est-à-dire la spécialisation.

L’industrialisation est le processus de développement des activités industrielles. Jean

Marie Albertini a mis l’accent sur l’interdépendance qui doit se passer entre les différents

secteurs de l’économie et non seulement le rapprochement des unités de production qui seraient

isolées les unes les autres.8

L’industrialisation est le phénomène résultant de la création d’entreprise industrielle et

aussi de l’implantation des unités industrielles9. Le développement simultané de la production,

de l’investissement va surement avoir des effets bénéfiques sur les emplois dans l’industrie. Ce

qui va se traduire par l’augmentation de la demande globale suite à la réduction du taux de

chômage.

Mac Bahmani, économiste algérien, donne la définition de l’industrialisation comme un

processus à trois phases. La première regroupe l’extraction, la production, les opérations

nécessaires à l’exportation d’au moins la plus pauvre en valeur ajoutée. La deuxième phase porte

6 www.larousse.fr site visité le 13-fevrier-2015 à 10 :46 7 J.B. Say, « Traité d’économie politique », 1803, livre 1 : De la production des richesses, chapitre 2, page 46 8 Jean Marie Albertini, « Les mécanismes du sous-développement et développement », 1981, page 9 Cardinet, « Le pari industriel »

Page 14: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

7

sur le raffinage et la première transformation industrielle c’est-à-dire l’élaboration de produit

semi-fini qui sera prêtes à être transformé en produits manufacturés ou produits finis. Ceci

semble être une phase qui nécessite une main d’œuvre qualifiée et spécialisée et d’immense

volume de capital et de technologie. Et la troisième consiste à l’élaboration des produits finis

disponibles pour la consommation directe ce qui nécessite une haute qualité de main d’œuvre et

une technologie de pointe accompagnée d’une certaine indépendance vis-à-vis des paramètres

politiques.

Le type social d’industrialisation souligne la primauté sur la fabrication des industries

lourdes – la fabrication des biens de production – et la dimension sociale c’est-à-dire la place où

se trouve le contact direct de l’homme avec la machine. En réalité, c’est l’endroit de

concentration d’un nombre important d’ouvrier et d’ailleurs c’est ce qui a conduit la formation

du syndicalisme pendant l’évolution progressive des effectifs des travailleurs. Ce qui implique le

rôle historique de la classe ouvrière si on ne cite que les travaux de Marx sur les phénomènes de

« prolétariat » et de « paupérisation ».10

Selon l’historien Fernand Braudel, la première mécanisation qui fut apportée dans la

production serait dans le textile. Jusqu’en 1950, la quasi-totalité de la production textile se fait à

domicile ou dans de petits ateliers artisanaux qu’on appelle le « domestic system »11

.

2) Industrie moteur de croissance et développement économique

À partir des travaux d’Adam Smith et sa théorie sur la main invisible, le courant libéral a

élaboré une doctrine reposant sur les trois choses suivantes : la propriété privée des moyens de

production, la libre entreprise, la libre concurrence. Cette théorie se fonde sur le fait qu’il y a un

ordre naturel des choses qui est capable de guider les individus cherchant leur intérêt individuel

aboutissant vers l’intérêt collectif. Toutes formes d’interventions de l’État démotiveront tous les

initiatives du secteur privé pourtant c’est le seul capable de satisfaire les besoins en production et

consommation. L’État ne joue que le rôle de gendarme et c’est son appellation dans le cadre

d’une économie libérale, autrement dit il ne détient que les fonctions de police, de justice et de la

défense nationale.

10 KARL Marx, « Le capital », 1919, Presses Universitaires de France, 1919, page 137. 11 La production se fait généralement au sein de la famille, c’est aussi ce qu’on appelle la « protoindustrialisation ».

Page 15: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

8

La promotion de l’industrie est donc d’emblée importante pour les économistes libéraux.

En fait, le « laisser-aller » et le « laisser-faire » sont les piliers de la libre entreprise. L’économie

occidentale est bien marquée par le succès du libéralisme et le phénomène du capitalisme

industriel. La croissance économique est assurée par l’industrie en majeure partie en particulier

par le secteur privé. Il faut laisser au marché le rôle de régulateur économique, c’est un

instrument qui peut assurer la production, la répartition, la redistribution et la consommation des

richesses produites dans toute l’économie.

D’après la définition apportée par François Perroux, la croissance correspond à

l’augmentation en une ou plusieurs périodes sur le long terme de l’indicateur de produit, pour

une nation, communément appelé le PIB ou produit intérieur brut. Et pour éviter les effets de

l’inflation, on corrige le PIB et dans ce cas il est mesuré en volume ou « à prix constant ».

L’amélioration du bien-être va donc se traduire par la croissance du PIB/habitant.

Les économistes de l’école classique12

pensaient qu’aucune croissance ne pouvait être

durable parce que selon la loi du marché, toute production convergera tôt ou tard vers ce qu’on

appelle « un état stationnaire ». Ainsi, David Ricardo affirme sur ses travaux que les terres à

cultiver possèdent toujours les caractéristiques de décroissance de la production, une raison pour

expliquer que les coûts de production ont tendance à s’accroître d’une surface à une autre.

La compétitivité constitue un des leviers clés de la croissance assise sur la base des

industries. Si on ne se réfère qu’à l’exploit que les pays occidentaux et les divers politiques

industrielles qui semblent favoriser et créer un environnement favorable au développement des

industries.

La création d’emploi est une source d’amélioration des revenus et des niveaux de vie de

la population. Une stratégie de développement de l’industrie manufacturière et des exportations

par la création de la zone franche industrielle est un moyen permettant de parvenir à

l’amélioration du bien-être de la population.

Selon les hypothèses néoclassiques, les fondements d’un modèle appelé modèle de

Solow-Swan met en exergue ses trois principaux déterminants dont la technologie, le capital, et

le volume de main d’œuvre. Les effets bénéfiques de l’accroissement du volume de capital dans

12 Ils écrivaient cependant au lendemain de la révolution industrielle

Page 16: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

9

la production sont nombreuses si on ne cite que l’augmentation de la productivité, tant pour le

facteur travail que pour le facteur capital même si l’intensité capitalistique augmente, les visions

économiques sous l’angle « demande » par l’intermédiaire de la diminution du taux de chômage

et donc l’amélioration des revenus de l’ensemble de la collectivité.

Pourtant cette agrégation est le début de la naissance de la théorie reposant sur le

paradoxe de Condorcet qui vise l’impossibilité d’obtenir une préférence collective par la simple

agrégation des choix individuels. Et d’ailleurs c’est par cette impossibilité qu’Arrow13

a permis

d’en extraire la théorie du choix social.

La libération des marchés et plus précisément la libération de la production,

l’appropriation privée des moyens de production dans les secteurs du textile et de l’habillement

constitue une solution efficace pour redynamiser les forces compétitives des firmes et des

économies pour pouvoir donner de l’oxygène à l’épanouissement du développement économique

et social. Il en est l’exemple de l’action du directeur général de l’Organisation Mondiale du

Commerce (OMC), Pascal Lamy, lors de la Conférence Ministérielle de Hong Kong, du 13 au 18

décembre 2005.

3) Révolution industrielle

C’est une révolution où on assiste à un passage d’une société agricole vers une société

dans laquelle domine la mécanisation de la production les nouvelles formes d’organisation

scientifique du travail et donc l’apparition de nouvelles structures de classes sociales. On

distingue deux grandes révolutions industrielles qui correspondent à des transformations

techniques intenses.

Il y a eu un changement de système industriel reposant sur les sources d’énergies

dominantes (le charbon), les branches industrielles motrices, les processus de fabrication,

13 Kenneth Joseph Arrow (23 août 1921 à New York) est un économiste américain. Il est co-titulaire, avec John

Hicks, du prix « Nobel d'économie » en 1972. Il est considéré comme l'un des fondateurs de l'École néoclassique

moderne (c’est-à-dire post-seconde guerre mondiale).L'impact des travaux de Kenneth Arrow en sciences

économiques a été énorme. Pendant plus de cinquante ans, il est un des économistes les plus écoutés. Il doit,

justement, sa notoriété dans cette discipline à son théorème d'impossibilité, et à ses importantes contributions à la théorie du choix social, à la théorie de la croissance endogène, à l'économie de l'information ainsi qu'à ses travaux

sur la théorie de l'équilibre général. C'est lui qui a introduit le premier en économie, le concept de l'apprentissage par

l'action (Learning by doing). Les individus sur le marché deviennent de plus en plus rationnels en échangeant car ils

apprennent (de leurs erreurs), d'où les coordinations possibles. Source : http://www4.fnac.com/Kenneth-Joseph-

Arrow/ia5302, site visité le 25/02/2015 à 11 :22

Page 17: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

10

l’organisation et la gestion du travail. C’est pourquoi la révolution industrielle peut être définie

comme la période de passage « graduel »14

des types de sociétés préindustrielles à ceux de

société industrielle.15

Après la révolution agricole, la première révolution industrielle (1780-1850) entraine une

accélération de l’urbanisation et provoque une supériorité technique et économique de la société

occidentale sur les autres. Elle est bien marquée par l’invention de la première machine à vapeur

de James Watt, et les toutes premières mécanisations des activités productives comme la

machine à tisser.

La deuxième révolution industrielle (1880-1950), on assiste à une évolution technique

majeure comme l’invention du moteur à explosion de Daimler et le début de l’exploitation du

pétrole, mais le charbon étant toujours utilisé. Et c’est à l’occasion de cette révolution que

l’électricité a pu être produite de manière régulière.

Ce fut aussi le grand évènement pour les industries mécaniques, métallurgiques,

chimiques (début des matières plastiques, des colorants artificiels, des engrais chimiques qui ont

eu de bonnes répercussions sur l’agriculture). Des nouveaux méthodes de travail apparaissent et

ont aussi vu le jour notamment le Taylorisme et le Fordisme qui tous les deux incluent la théorie

de la division du travail d’Adam Smith.

La « division du travail » repose sur le principe de la spécialisation des ouvriers selon les

tâches possibles dans la production d’un bien. Les plus grandes améliorations dans la puissance

productive du travail, et la plus grande partie de l'habileté, de l'adresse, de l'intelligence avec

laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la Division du travail.16

Frederick Winslow Taylor (1856-1915) se trouve être le précurseur de la recherche pour

l’amélioration de la performance industrielle dans « La direction scientifique des entreprises »,

1957. Il a développé un nouveau modèle de production après avoir constaté les tensions

hiérarchiques au travail comme les mésententes patron-ouvriers et les méthodes peu productives.

14 L’emploi du terme met l’accent sur les étapes et les différents niveaux de changement de la société et des

structures de production. 15 T.S ASHTON, « La révolution industrielle : 1760-1830 », Paris, 1955, page 3et 4. 16

Adam Smith, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », 1776, Chapitre I, page 17.

Page 18: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

11

Les objectifs du taylorisme sont l’augmentation de la productivité et aussi l’efficacité productive

dont les grands principes sont :

l’Organisation Scientifique du Travail (OST) avec le calcul du juste temps

(salaire au rendement, pas de geste inutile par le chronométrage de chaque réalisation)

la division du travail autant verticale qu’horizontale : spécialisation

respectivement par hiérarchie (cols blancs et cols bleus) et par tâche (décomposition de la

fabrication par exemple la coupe et la filature)

Henri Ford (1863-1947) en concevant le célèbre « Ford model T » de 1908, s’inspire du

taylorisme, pour l’amélioration des formes d’organisations productives et la recherche de la

réduction des coûts. C’est la production de masse pour faire face à une consommation de masse

mélangée avec les styles du taylorisme qui a permis à cette nouvelle organisation d’être efficace

dont les règles de base sont :

la division du travail et la parcellisation des tâches

le travail à la chaîne (déplacements de l’ouvrier très réduite pour gagner

du temps)

la standardisation des produits (pièces toujours valables d’une voiture à

une autre)

la recherche d’une économie d’échelle (coûts fixes élevés, bas coûts de

revient)

Les deux révolutions industrielles se sont accompagnées par une augmentation la

demande de matières premières, une urbanisation sans précédent à cause de l’exode rural et de la

croissance des villes périphériques des industries et des marchés.

Section 2 - L’industrie textile

1) Définitions

L’industrie textile est l’ensemble des activités de conception, de fabrication, de

production mais aussi et surtout de commercialisation des textiles, et donc des produits

nécessaires à la production des objets d’habillements. Comme exemple, on en cite les ensembles

Page 19: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

12

des exploitations de matières fibreuses telles que les fibres naturelles et les fibres synthétiques

pour les transformer en des produits semi-ouvrés qui nécessitent encore des interventions pour

les rendre utilisables.

La proto-industrialisation était un phénomène très reconnue en Grande Bretagne du

XVIème siècle jusqu’à la révolution industrielle. La proto-industrialisation est l’état d’une

société dans laquelle les fabrications des produits sont assurées par les ouvriers artisans et avec

des méthodes techniques et organisationnelles traditionnelles. Elle a joué un rôle considérable

dans l’histoire de l’industrialisation et plus particulièrement dans l’histoire de l’industrie textile.

Commençant en Angleterre avec l’invention de la « mule jenny », la mécanisation de la

production de filature, la croissance économique aurait été impossible sans l’introduction de

techniques permettant l’accroissement de la productivité du travail. Ce qui marque aussi un trait

important dans la croissance des économies des pays asiatiques si on ne cite que le décollage du

Japon et des dragons d’Asie. Actuellement, la Chine est le meneur de la production mondiale de

l’industrie textile en tant que grand producteur de soie, qu’en 1983 elle fut le pays qui arriva à

produire environ 100 000 tonnes de laines à tricoter, 140 millions de mètres de lainages, 3.3

millions de tonnes de fils textile et 541 000 tonnes de fibres artificielles17

.

2) L’industrie textile en amont

L’industrie textile en amont signifie toutes les activités regroupant les travaux de filatures

et les productions de matériels de toileries comme le guipage, le moulinage, la texturation. Ce

groupe d’activité rassemble donc en fait les travaux de fabrication des matières premières et des

matières complémentaires pour le textile en aval.

La séparation des deux groupes d’activités revient à dire la spécialisation et la division du

travail d’Adam Smith. Pour des raisons de gains de temps et pour plus d’efficacité, il y a eu

l’importance de séparer ces deux types d’activités. Mais au fur et à mesure du temps, la division

du travail, accélérée par la recherche de spécialisation et par la recherche des avantages

comparatifs18

, se métamorphose et connait diverses mutations jusqu’à arriver dans ce que nous

appelons « l’intégration régional ». Donc c’est à partir de ces grands changements que les

coopérations économiques sont devenues des pratiques très tendance.

17 Nadine KEIM, « Annuaire Suisse de développement », 2004. 18 Ricardo David (1772-1823), « Principles of Political Economy and Taxation », 1817.

Page 20: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

13

Les matériaux utilisés comme intrant dans cette filière sont principalement les cotons, la

soie et bien d’autres fibres végétaux19

sans oublier le matériel le plus utilisés dans la fabrication

de plusieurs biens de consommations qui est le cuir.

Depuis plus de deux cents ans, la production mondiale de fibre de coton a connu une forte

croissance même si bon nombre d’évènements se sont passées pendant ces périodes notamment

les Guerres, les guerres de sécession, les diverses conflits mondiaux, la grande dépression de

1929 etc…

3) L’industrie textile en aval

L’industrie textile en aval désigne les activités de confections, de productions

d’habillements. En d’autres mots, il regroupe tous les étapes de fabrication et de sous-traitance

de la part des entreprises travaillant dans ce secteur.

Dans cette optique de production, les firmes font donc entrer comme intrant les produits

des activités du secteur textile en amont, et d’ailleurs c’est la principale fonction des industries

textiles en amont, pour en faire des produits manufacturés et finis consommables. Une activité

qui fait remarquer cette fonction est aussi la mise en vente et la commercialisation des produits

finis pour les mettre à la disposition du consommateur.

Les importations et les exportations étaient supérieures à celle de la production selon

l’OMC. Le commerce des produits manufacturés a atteint un rythme deux fois plus rapide après

2003.20

Malgré l’apparition des fibres chimiques synthétiques, qui a réduit l’usage de la soie dans

le monde, depuis la Seconde Guerre mondiale, la soie reste pour l’habillement un produit de luxe

très prisé dans le monde entier.

Le commerce international va aussi de part avec la libéralisation du commerce et la

libération des activités de production. Le premier Arrangement multifibres (AMF)21

, en vigueur

depuis 1974 avec son système de « quotas » fut la victoire des efforts de libéralisation et du

débarras du protectionnisme. Ceci avait pour but de protéger les grands marchés occidentaux des

19 Aurélie Samuel, « L’ART DU TEXTILE EN ASIE », 2014 20 Source : http://aspd.revues.org/317#tocto1n1 , OMC, Statistiques du commerce international 2005, Genève, 2005,

tableau 1, page 3, site visité le 18/02/2015 à 14 :01 21 Arrangement multifibre et Accord multifibre signifient AMF, le même engagement international de protection des

industries, la différence des vocabulaires est le fruit des activités du média, toutefois nous utiliserons « Arrangement

multifibre », c’est celui qui est utilisé par l’OMC.

Page 21: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

14

exportations de textile et d’habillement en provenance des pays en développement qui a pourtant

causé les multiples délocalisations des grandes firmes industrielles dans les pays disposant des

avantages comparatifs les plus profitables pour mieux anticiper les problèmes

d’approvisionnement et de fabrication.

En somme, l’industrialisation a ouvert la porte pour chaque pays vers le commerce

international. La compétitivité des industries textiles, vu son apport économique en terme

d’emploi, dans le contexte de la mondialisation, peut-elle contribuer au développement

économique et social d’un pays ? Le second chapitre exposera à propos de la mondialisation et

les notions de compétitivité ainsi que les apports de la force compétitive d’une entreprise dans

l’économie.

Page 22: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

15

CHAPITRE 2 – LA MONDIALISATION ET LA COMPÉTITIVITÉ DES

INDUSTRIES TEXTILES ET HABILLEMENT

L’ouverture d’une économie vers l’extérieure fait apparaître de nombreuses questions.

Est-il avantageux pour le pays de s’ouvrir ? Quels en seraient les divers enjeux qui peuvent-être

non maîtrisables? Le pays va-t-il avoir de l’intérêt à participer à l’échange international ?

Il y a aussi bien d’avantage que de risques dans le phénomène d’ouverture vers l’extérieur

tant en matière de sécurité, de santé, d’éducation, et même dans l’économie toute entière.

Un pays peut toujours tirer parti du commerce avec d’autres nations comme David Ricardo

répond avec sa doctrine libre-échangiste, une doctrine s’inspirant de la pensée libérale initiée par

Adam Smith.

Ce n’est pas tout, il y a aussi une évidente rupture avec les doctrines mercantilistes du

commerce international par le biais de l’accumulation des stocks d’or et d’argent visant à

enrichir la Nation. Pour garder le stock en excédent, il faut limiter les sorties par l’élaboration

des stratégies protectionnistes d’après les principaux préoccupations mercantilistes. De cette

manière, les marchandises produites sur le territoire national peuvent s’épanouir loin de toutes

formes de concurrence étrangère.

« La richesse d’une nation ne se mesure pas par le stock d’or et d’argent accumulé ;

l’accès à des biens variés et au moindre coût constitue la principale source de bien-être d’une

population »22

. Dans ce cas, la division internationale du travail et le libre-échange pourront

garantir l’atteinte de cet objectif. Notons que la nécessité du capital à l’échelon international pour

tonifier le commerce international fait partie des questions de David Ricardo. Comme solution à

ce problème, qui est l’état stationnaire de l’économie, le libre-échange va faire en sorte d’ouvrir

une porte pour se débarrasser des obstacles de la libre circulation des biens et des services y

compris les capitaux sans aucune limitation et sans règlementation pour pouvoir moissonner les

fruits de la spécialisation dans le cadre de la recherche de l’avantage comparatif.

22 Contradiction et rupture avec les doctrines mercantilistes de la richesse.

Page 23: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

16

Du XIXe au XXe siècle, les politiques d’ouverture des économies nationales se fondaient

sur des pratiques à la ricardienne dans lesquelles des négociations ont été conclues notamment la

mise en place du GATT qui fut remplacé par l’OMC.

Section 1 - La mondialisation et l’industrie textile

1) De l’avantage absolu à l’avantage comparatif

La spécialisation internationale repose sur le principe qu’un pays a intérêt à se spécialiser

dans la fabrication de produits pour lesquels il est plus avantagé, c’est-à-dire des produits qui

leurs permettent de maximiser l’utilité par les moindres des efforts. Ce qui implique d’une part

les raisonnements utilitaristes en microéconomie optique production la fabrication d’un produit

dont le coût est inférieure à celui des autres, c’est « la loi des avantages absolus » d’Adam

Smith.

Ainsi, la spécialisation internationale consiste en une répartition des activités productives

entre les différentes économies. De ce fait, chaque nation va développer plus particulièrement

certaines productions et exporter le surplus. Cependant, si telle est la tendance, certains pays qui

ne disposent pas d’avantage absolu vont surement s’éloigner du commerce international et mettre

en place des barrières protectionnistes.

Par conséquent, dans l’hypothèse où les pays développés23 se trouvent en situation de

monopole avec la théorie de l’avantage absolue, le coût de production faible va surement limiter

les échanges et détruire l’activité des autres pays. Sont quand même source de croissance

l’ouverture aux échanges et la spécialisation d’après Ricardo : « Tout pays peut gagner à

échanger des marchandises. Au pire, il n’y perd pas, au mieux, il y gagne ».

a) Hypothèses

Le facteur travail est le seul facteur de production, le facteur capital est un

facteur assimilé au travail indirectement, ce sont les ouvriers qui font bouger le capital

qui est la valeur estimée des efforts nécessaires pour fabriquer les machines, les diverses

outils, etc…

23 Pays développées sont ici assimilés en tant que pays industrialisés compte tenu du volume de capital investit dans

le processus de production, du part du marché international accaparé.

Page 24: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

17

Les facteurs de production sont parfaitement mobiles dans le pays, ce qui

va permettre d’employer le travail en dehors de toutes obstructions suites à des

qualifications, mais aussi de se spécialiser.

La deuxième implique la troisième, les facteurs de productions sont

immobiles entre chaque pays. Alors, il n’y a pas de migration internationale de facteurs

(les ouvriers) et des firmes (pas de délocalisation) pour éviter les risques d’être en

faillite.24

Les avantages comparatifs sont durables. Les produits mises en échange

sur le marché proviennent de branches d’activités différentes, le commerce sera alors

interbranche.25

Les pays sont de taille identique, pas de discrimination de taille et de

capacité.

Les techniques de productions utilisées sont différentes.

Moyen de production et facteur de production sont deux notions bien distinctes bien

qu’elles sont fortement utilisées dans le cadre de ce travail. Moyen de production signifie les

biens de production et les propriétés introduites dans le processus de production (terres,

machines, immobiliers…), le droit de propriété tient un rôle crucial dans cette notion. Le terme

facteur de production regroupe le facteur travail et le facteur capital.

b) Le fameux exemple du vin et du drap

Pour savoir dans quelle branche l’intérêt d’un pays se trouve, comme son nom l’indique,

il faut comparer le coût relatif du drap par rapport au vin des pays coéchangistes, et dans le cadre

de notre exemple comme il est écrit dans la « Richesse des Nations ».

24

La situation est le cas d’une entreprise qui se trouve dans un état critique et incapable de faire du profit suite aux

détériorations de son chiffre d’affaire, en d’autres mots la firme n’a plus intérêt à produire et perd sa capacité

productive. 25 Chaque pays va forcément exporter un produit et en importer un autre, comme l’exemple du fameux vin et drap.

Page 25: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

18

Tableau 1. Avantage comparatif d’un pays face à un autre.

Angleterre Portugal

Coût de production d’une

unité de vin 120 80

Coût de production d’une

unité de drap 100 90

Coût relatif ou coût

comparatif (drap / vin) 100 / 120=0,83 90 / 80=1,125

Source : «Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », Adam Smith

Le Portugal semble apparemment avantageux dans les deux types de production, donc il

dispose d’un avantage absolu. Pourtant, selon Ricardo, l’Angleterre a quand même intérêt à

l’échange. Retenons que le principe est qu’un pays tire toujours un gain à l’échange international

en exportant les biens pour lesquels il dispose du plus grand avantage comparatif en termes de

coût de production ou de productivité et en important ceux pour lesquels il dispose de l’avantage

comparatif le plus faible.

Sous une autre formulation, cela veut dire que l’intérêt peut être tiré dans la fabrication de

produits pour lesquels le pays se trouve le plus avantagé ou le moins désavantagé. Lorsque les

coûts de production diffèrent d’un pays à l’autre, chaque pays gagne à l’échange international en

se spécialisant dans la production du bien où sa productivité du travail est la plus forte.

D’après cette loi, aucun pays ne peut être exclu de l’échange, la doctrine du libre-

échangisme acquiert un fondement bien cohérent puisqu’une nation peut toujours gagner à

l’échange même s’il est moins compétitif. Et pour libérer la quantité de travail affectée dans la

production de drap, le Portugal doit délaisser cette branche et introduire ce reste de facteur à la

production de vin, toujours d’après le principe, où il se trouve relativement le meilleur.

2) Le commerce international et la mondialisation

L’instauration du régime du libre-échange peut alors garantir l’amélioration des

économies de chaque pays participant au commerce international. Tout à fait contraire à ce que

pensent les mercantilistes qui stipulent que lors d’un échange, une partie doit perdre pour qu’une

Page 26: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

19

autre gagne, l’accroissement général des richesses se fait par le commerce international, c’est un

jeu à somme positive, tout le monde est « gagnant-gagnant ». Il est alors possible d’obtenir

davantage de bien avec de multitudes de variété à des coûts relativement bas, ceci contribuerait

dans la réduction des inégalités sociales.

a) Le théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS)

Le commerce international est le fruit de la spécialisation de chaque pays et de la

participation dans les échanges internationaux. Avec quelques travaux de perfectionnement de

l’œuvre de Ricardo, E. Heckscher, B. Ohlin et P. Samuelson mettent l’accent sur la prise en

compte des différentes qualités, en plus du facteur travail comme le capital et la terre, dans le

choix de spécialisation. L’échange international est la principale activité dans le commerce

international, comme les exportations et les importations désignant respectivement l’ensemble

des ventes et des achats effectués hors du territoire national.

Le produit qui incorpore beaucoup plus de facteur de production en abondance sera

destiné à l’exportation. Et comme compensation des produits incorporant des facteurs de

production dont le pays est moins doté, l’importation est la meilleure solution. Sous une

formulation, « dans l’échange international, en régime de libre-échange, les pays ont intérêt à se

spécialiser dans les productions qui utilisent en plus grandes proportions le facteur dont ils sont

le mieux pourvu » […]

b) Les nouvelles théories du commerce international

Paul Krugman26

, un des auteurs des nouvelles théories du commerce international,

considère que c’est en exportant qu’un pays devient plus compétitif. Une raison de plus pour la

recherche de compétitivité est alors l’échange international surtout l’exportation. C’est une

théorie qui n’est pas conforme à ce que Ricardo dans sa théorie des avantages comparatifs

insistait. En fait, il y a un peu une divergence d’idée entre ces deux auteurs, Ricardo affirme

qu’un pays est plus compétitif dans la fabrication d’un produit qu’il exporte. Cependant,

Krugman, à la différence avec la théorie HOS qui étudient les échanges entre économies

complémentaires, constate que les consommateurs préfèrent la diversité, et que la production

intègre des économies d’échelle.

26 PAUL Robin Krugman, 1953, Prix Nobel d’économie 2008 avec ses travaux portant sur « les effets des

économies d’échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l’activité économique », connu

par ses ouvrages de vulgarisation depuis la fin des années 1980 grâce à son anticipation de la crise asiatique de 1997.

Page 27: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

20

Concept ricardien

Concept des nouvelles théories du commerce international

Figure 1. Processus d’amélioration de la compétitivité

Source : compilation de l’auteur selon le concept de l’avantage comparatif et le les

nouvelles théories du commerce international.

L’existence d’un avantage comparatif est profitable pour une nation qui s’ouvre aux

échanges internationaux, ce qui va conduire à l’amélioration de la compétitivité de l’économie,

selon le concept de Ricardo. Selon les auteurs des nouvelles théories du commerce international,

c’est par l’intermédiaire de l’ouverture aux échanges internationaux qu’un pays peut créer de

l’avantage comparatif

Les économies d’échelles sont importantes pour chaque secteur d’activité de l’économie,

les calculs se fondent à partir de la prise en compte des coûts fixes et du montant des ventes.

Pour les entreprises, celles-ci permettent d’accroître les gains des apporteurs de capitaux. Une

économie d’échelle correspond à la baisse du coût unitaire d’un bien suite à une augmentation de

la quantité produite. Une notion proche, le rendement d’échelle correspond à une économie

d’échelle en termes de coût de production.

existence d'un avantage

comparatif

ouverture aux échanges

internationaux

amélioration de la

compétitivité

ouverture aux échanges

internationaux

création d'avantage comparatif

amélioration de la

compétitivité

Page 28: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

21

Graphique 1. Courbe du Coût Moyen Longue période d’une firme

Source : compilation de l’auteur selon Aghion P., « Microéconomie », page 73.

L’accroissement de la production, de Q vers Q2 (en abscisse), provoque la baisse du coût

moyen unitaire, de C vers C1 (en ordonnée).

D’après les nouvelles théories de l’économie internationale, l’ouverture vers l’extérieur

est très favorable en ce sens qu’elle ouvre des perspectives sans précédent pour le développement

des pays rencontrant des difficultés de développement économique. L’ouverture aux échanges

internationaux est la naissance d’un avantage comparatif, donc c’est en exportant qu’un pays

devient plus compétitif et peut multiplier ses avantages.

Toutefois, bien que beaucoup de pays aient décidé de pratiquer le libre-échange, il est

important de préciser que le protectionnisme ne s’évaporait pas dans la nature. Le

protectionnisme est un système de coordination de l’économie basant sur la protection de

l’activité de production nationale, c’est-à-dire tous les firmes et les produits nationaux, de la

concurrence internationale par des mesures de restrictions que ce soit par quantité (le système de

quotas des américains) que ce soit par l’application des barrières tarifaires (comme les droits de

douane) vis-à-vis des importations.

Page 29: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

22

Les droits de douanes peuvent être spécifiques, le montant est fixé par unité de bien qui

s’ajoutera au prix de celui-ci. Il est de nature ad-valorem, communément appelé tarif nominal

lorsque le montant est défini selon le pourcentage de la valeur du bien importé. Mais les effets

sont les mêmes, les prix des biens importés gonfleront une fois arrivé sur le territoire national, ce

qui en d’autres termes donneront des faveurs pour les produits nationaux. La diminution des

importations contribuera à l’amélioration de la balance commerciale, les recettes douanières

apaiseront la recette fiscale.

c) La mondialisation

i. Définition

Le terme « mondialisation » veut dire processus d’extension à l’échelle planétaire. Dans

le langage courant, mondialisation et globalisation ont le même sens. La mondialisation est un

phénomène qui résulte de la libéralisation de l’échange, de l’accélération et l’augmentation des

flux dans le commerce international par la révolution des transports et de communication.

Pour d’autres, la mondialisation est inéluctable et irréversible par le fait que l’inter-

connectivité et les relations d’interdépendances s’évoluent et déterminent les avenirs du système

de valeur, de l’identité et de l’idéologie de chaque société humaine27

.

Globalisation et mondialisation ont tous les mêmes idées de la dynamique de l’économie

mondiale. Cependant, quelques différences nuancent les deux phénomènes. Outre la mise en

place des stratégies productives dans les énormes investissements effectués par les

multinationales, la stratégie financière évoque la spécificité de la globalisation.

Des mutations politiques et économiques prennent forme depuis les XVIème et XVIIème

siècle suite aux conquêtes commerciales et coloniales fait par des pays européens. Elle se

manifeste par, en plus de la forte indépendance croissante des économies, l’intensification de la

concurrence (du côté des firmes et du côté de chaque nation), le développement des échanges et

de la technologie de communication qu’un important transfert de biens, d’homme et de savoir

circulent dans le monde entier.

27 Zygmunt Bauman, Sociologue, Professeur émérite des Universités de Varsovie et de Leeds

Page 30: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

23

On remarque que c’est à l’occasion de la mondialisation que les trois choses suivantes ont

connu une propagation à l’échelle planétaire :

l’internationalisation des flux financiers et commerciaux,

la naissance des Firmes Multinationales (FMN) et implantation à des

entreprises l’étranger,

la globalisation de l’économie

ii. L’internationalisation des flux financiers et commerciaux

Les principes du libéralisme furent développés par les économistes comme Ronald Coase

en reposant sur les concepts de « droit de propriété » et de la « liberté économique ».

L’immensité et la pluralité des échanges internationaux requièrent pourtant des accords et des

règlementations uniformes pour mieux répartir les gains à l’échange. Dans cette économie

mondiale en pleine mutation, la distribution des activités économiques s’est donc accomplie en

fonction d’une nouvelle division internationale du travail et de l’internationalisation du capital

productif.

Les premiers accords furent le Général Agreement on Tariff and Trade (GATT) et

l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Le premier accord sur les libertés économiques

fut nommé l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, et ratifié en octobre 1947 par

vingt-trois (23) pays.

L’objectif était d’encourager les pays à s’ouvrir vers l’extérieur notamment par l’abandon

des systèmes protectionnistes via les baisses progressives des tarifs douaniers afin de ne pas

renchérir les prix des biens importés. Il en va de suite alors la spécialisation de différent groupe

de pays en fonction de leur avantage respectif. L’exemple en est le fait que les pays du Sud

devenaient des exportateurs de matières premières et les pays du Nord sont les exportateurs de

produits manufacturés28

.

28 Selon les différents critères de classement, les pays du Sud sont ceux groupés dans la partie Afrique

Subsaharienne, source : http://www.ces.ulg.ac.be/fr_FR/services/cles/dictionnaire/e/economie-sociale-au-sud, site

visité le 25/02/2015 à 15 :01.

Page 31: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

24

Le GATT, tente de prévenir le retour de la pratique protectionniste dans les politiques

économiques. « Son cœur est constitué par la clause de la nation la plus favorisée, par laquelle

un pays membre s'engage à accorder à tous les signataires le tarif douanier bilatéral le plus

avantageux. » 29

D’après la nouvelle forme de coordination de North Douglas, ayant comme essentiel les

échanges marchands reposant sur le principe de la libre négociation dont le mot d’ordre

industriel est l’innovation stipulant l’apprentissage, on peut dire que les pays peuvent éliminer le

maximum possible de mauvaise redistribution dans le commerce international. Il y a alors une

justification de la naissance du GATT, tant pour les pays qui semblaient être éloignés du libre-

échangisme, tant pour les économies en ouverture vers le commerce international. Et c’est en

espérant le retour de l’environnement économique paisible et des relations commerciales que les

pays signataires de l’accord souhaitent stimuler la croissance économique.

En l’espace d’un demi-siècle, sous le régime du GATT, la réduction des tarifs douaniers

et plus précisément l’abandon des systèmes protectionnistes étaient rassurantes. Cependant, dans

les années 1970-1980, la crise économique faisait un peu ralentir les flux d’échanges.

Pourtant, nombreux sont les efforts à faire, la suppression de tous les droits sur le

commerce de marchandises et une diminution des coûts commerciaux de la valeur du commerce

mondial amélioreraient de plus de 170 milliards de dollars par an le bien-être au niveau

mondial30

.

L’Arrangement multifibres (AMF), en dérogeant les règles fondamentales du GATT,

prévoyait des règles pour l’imposition de restrictions quantitatives sélectives lorsque des montées

des importations menacent la branche de production du pays importateur.31

29 En français l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ou AGETAC (acronyme français), fondé le

30 octobre 1947, source : http://www.melchior.fr/GATT-et-OMC.3949.0.html, site visité le 25/02/2015 à 15 :20 30

Toutes les régions du monde seraient incitées à s’engager vers le commerce international pour profiter des effets

bénéfiques de l’augmentation du PIB et ce particulièrement le cas des pays moins développées. Source :

http://www.melchior.fr/GATT-et-OMC.3949.0.html, site visité le 25/02/2015 à 16 :13. 31 Accord multifibre et Arrangement multifibre représentent les mêmes institutions, l’OMC utilise souvent le terme

Arrangement.

Page 32: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

25

Cet arrangement avait en fin de compte pour but de protéger l’ensemble des industries

textiles et de vêtements de l’ensemble du monde contre l’entrée spectaculaire des pays de l’Asie

de l’Est et du Sud-Est32

. C’est en Janvier 1995, après l’institutionnalisation de l’accord

international, que le GATT fut transformé en OMC. Après les Accords de l’Uruguay Round, en

Avril 1994, la signature de l’acte de naissance de l’OMC a réuni 125 pays contre 23 seulement

pour le GATT.

L’élargissement des négociations à l’agriculture, aux textiles, aux services et aussi la

recherche de prospérité intellectuelle sont des objectifs de l’organisation et c’est en décembre

2001 que la Chine et d’autres Dragons d’Asie comme la Taiwan entrèrent dans l’OMC et

confirmèrent l’ouverture du marché chinois envers le monde33

. En d’autres mots, bien que le

textile fût un des secteurs clefs de la mondialisation, il peut aussi jouer le rôle d’instrument

permettant une accession à des réformes structurelles pour l’industrialisation et pour l’économie

toute entière.

iii. L’ascension des firmes multinationales

La notion de Firmes Multinationales (FMN) est intimement liée à celle d’Investissement

Direct Étranger (IDE). C’est qu’en réalité, ce sont les firmes transnationales34

qui sont les

principaux acteurs des IDE.

A la veille de la première guerre mondiale, l’économie mondiale paraissait déjà fortement

intégrée, avec une forte ouverture des économies les unes envers les autres.

Ensuite, la preuve de la mondialisation de l’économie s’est concrétisée par la

convergence internationale des prix de marchandises, qui est elle-même le reflet de la chute

vertigineuse des coûts de transport et de l’accélération de l’intensité des échanges internationaux.

Ce processus de mondialisation de la production a eu comme résultat l’essor des flux des

capitaux dans le monde entier, notamment au sein des firmes multinationales35

.

32

http://www.leconomiste.com/article/gatt-amf-les-accords-multifibres-des-origines-au-demantelement, site visité le

12/03/2015 à 14 :24. 33 Avec période d’entrée de la Chine dans l’organisation, l’effectif des pays membres étaient 144, Source :

http://www.linternaute.com/histoire/motcle/3276/a/1/1/omc.shtml, site visité le 27/02/2015 à 12 :10. 34 Multinationales et transnationales désignent les mêmes entités dans ce travail. 35 LAZAMANANA Pierre André, Cours d’expertise internationale 4ème année M1, 2014.

Page 33: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

26

L’IDE se définit (Fond Monétaire International ou FMI) comme les investissements

qu’une entité résidente d’une économie (investisseur direct) effectue dans le but d’acquérir un

intérêt durable dans une entreprise résidente d’une autre économie (l’entreprise d’investissement

direct).36

L’IDE se concrétise par l’implantation des firmes étrangères et des flux internationaux

de capitaux.

Une firme multinationale est une entreprise (ou groupe), le plus souvent de grande taille,

qui, à partir d’une base nationale, a implanté à l’étranger plusieurs filiales dans plusieurs pays,

avec une stratégie et une organisation conçues à l’échelle mondiale, selon Charles-Albert

Michalet37

. On découvre l’aspect managérial de la multinationalisation dans cette définition.

Mais il y a aussi un carrefour de définitions à propos de la firme multinationale, ainsi,

G.A. STEINER apporte sa définition en affirmant « qu’une firme multinationale obéit à deux

critères : d’abord, elle opère dans deux ou plus de deux pays, dans lesquels elle a des bénéfices

et des perspectives de croissance, puis dans un second temps elle prend des décisions

multinationales, c’est à dire des décisions applicables dans plusieurs pays ».38

L’opération à

travers deux de pays et plus nous indique l’ouverture vers l’extérieur de l’économie dans laquelle

la firme a pris naissance. Les décisions applicables dans plusieurs pays reflètent l’aspect

managérial de la multinationalisation, un point de convergence avec la définition apportée par

C.A. Michalet.

36 La définition est la même pour l’OCDE. 37 Charles-Albert MICHALET, « Qu’est-ce que la mondialisation ? », Paris, La Découverte, 2002 38 LAZAMANANA Pierre André, Cours d’expertise internationale 4ème année M1, 2014.

Page 34: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

27

Graphique 2. Évolution des flux entrants d’IDE à Madagascar en milliards d’USD

Source : www.worldbank/statistics/indicator

À partir de l’année 2009, on constate une montée des flux d’investissements du côté de la

Chine jusqu’aux alentours de 350 milliards d’USD tout comme celle des États-Unis dans les

années 2004 jusqu’en 2008. Les stratégies de libéralisation de l’économie, l’efficacité en termes

d’échanges et des IDE constituent des variables importantes qui expliquent le développement des

pays Sud-Asiatiques.

En général, la mondialisation actuelle reflète ce caractère économique dominé par

l’invasion des firmes étrangères motivées par la recherche de nouveaux marchés plus rentables et

des conditions économiques plus attractives en termes de fiscalité et de productivité. La

littérature économique précise les effets bénéfiques des investissements étrangers pour leur vertu

productive en matière de gain de la productivité et de croissance de l’économie toute entière.

iv. La globalisation de l’économie

La globalisation présente trois caractères majeurs qui sont la polarisation géographique,

l’exacerbation de la concurrence et le primat des stratégies financières sur les stratégies

Page 35: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

28

productives. La première concerne les flux d’investissements directs intensifiés et croissantes

dans une espace réduit de la « triade »39

et d’une poignée de nouveaux pays industriels (NPI).

L’intensification de la concurrence résulte de la tendance accentuée de la multiplication

du nombre des multinationales en provenance des pays de différentes origines. La stratégie de

financement constitue une stratégie de mise en garde pour survivre dans l’atmosphère d’une

concurrence exacerbée.40

La croissance du mouvement de capitaux et des flux d’investissements

directs dans les années 80 a accentué les rythmes et l’intensité du phénomène d’intégration

régionale et de la concurrence. Les échanges de biens et services, la délocalisation de la

production et l’extension des circuits financiers à l’échelle planétaire sont des nouvelles faces de

la mondialisation. Les stratégies et la politique industrielle d’un pays sont coordonnés de manière

à ce que les négociations retrouvent des terrains d’entente voulus.

Une politique industrielle peut être définie comme l’ensemble des décisions industrielles

et financières ayant pour objet de procéder à une réallocation des actifs des entreprises telle que

soient accrues les chances des agents économiques nationaux de faire un usage plus productif des

ressources disponibles.41

L’intégration régionale est un phénomène résultant d’une mutation profonde de l’état du

monde marqué par l’interdépendance croissante des économies, la disparition des frontières

nationales ou sectorielles et la diminution de la marge de manœuvre des États42

. Pour le cas du

commerce en matière de textile, quelques pays de l’Asie orientale ont démarré leur

développement économique par l’entrée d’importantes firmes étrangères et par l’exportation de

ses productions comme le cas de Hong-Kong, de l’Inde et du Japon qui furent des fournisseurs

de filés et de tissus dans le commerce mondial.43

39

Terme employé par Charles-Albert. Michalet pour désigner les groupes de pays étroitement associés et

manœuvrant de façon coordonnées leurs politiques industrielles. 40 C.A. Michalet, « Globalisation, attractivité et politique industrielle », Hachette, Paris, 1993, page 134. 41 Henri LEPAGE, « La nouvelle économie industrielle », Hachette, 1989, page 43. 42 Laurence JOURDAIN, « Les nouveaux processus d’intégration régionale vers la restauration d’un ordre dans les

relations internationales », Paris. 43

AGETAC (les parties contractantes), « LE COMMERCE INTERNATIONAL en 1961 », Genève, 1962, page 67

et 70.

Page 36: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

29

L’interprétation du « libéralisme économique » varie d’une région à une autre. Le mot

« région » signifie un groupe de pays qui s’entretiennent dans des relations économiques et

politiques que chaque décision des pays membres doivent faire l’objet d’un consensus pour

respecter ce qu’on appelle la « paix par le commerce » et la « paix par le droit »44

.

Section 2 – De la compétitivité vers la croissance économique

La structure et le comportement des entités de production de biens et services, l’efficacité

du marché et la structure du marché face aux variations du bien être des agents influencent ce

qu’on appelle la « compétitivité » que ce soit pour une branche d’activité, ou d’une industrie, ou

une entreprise ou même d’une économie toute entière.

L’accroissement du bien-être de la population est l’un des principaux objectifs de la politique

économique d’un pays, notamment par le biais de la promotion du plein emploi.

Selon la définition apportée par François Perroux, la croissance économique est un

processus continu et soutenu de l’élévation du Produit intérieur Brut (PIB) réel. Ce qui signifie

qu’il y a une soutenabilité de la production dans le temps de l’augmentation ou plutôt du taux

d’augmentation annuelle de production en quantité.

La notion de croissance est bien distincte de celle de développement. La dernière signifie

l’ensemble des transformations et changements des structures mentaux et sociaux d’une

communauté qui la rend capable de faire croître aussi cumulativement que durablement son

produit réel et global. Donc, le développement se raisonne en terme qualitatif qui semble

différent de la croissance, un phénomène d’accumulation de richesse.

Une croissance économique sans développement de la société sera le parfait reflet de

l’existence d’un partage inégalitaire des richesses au sein de la communauté. Le Programme des

Nations Unies pour le Développement (PNUD) ajouta en ses mots que le développement doit

élargir l’éventail des possibilités offertes aux hommes en mettant l’accent sur la disponibilité des

44 Expression de George Bush dans son message au Congrès de Janvier 1991 pour un nouvel ordre mondial.

Page 37: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

30

besoins essentiels pour assurer la survie telles que l’alimentation, l’habillement, le toit45

, et des

services de base comme la santé et l’éducation.

Mais pour que cette croissance garantisse une augmentation du bien-être, dans

l’hypothèse où le PIB par tête se trouve être l’indicateur de bien-être, elle doit être d’une

moyenne supérieure à l’augmentation de la population qui, selon Thomas Robert Malthus, suit

une loi de progression géométrique alors que la première obéisse à une progression arithmétique.

En d’autres termes, la population augmente d’une vitesse plus vite que la production.

1) Quelques définitions :

La compétitivité, dans le langage courant, veut dire la force compétitive d’une entité de

production dans un marché. Un pôle de compétitivité est « la combinaison, sur un espace

géographique, donné d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherche publiques ou

privées, engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de

projets communs au caractère innovant », selon Thierry Madièset Jean-Claude Prager.46

a) Sous l’angle microéconomique.

Du point de vue microéconomique, la compétitivité ou plus précisément la compétitivité

d’une entreprise désigne l’aptitude à vendre ses produits à un prix tel qu’elle puisse assumer ses

engagements vis-à-vis des tiers et assurer son développement en tenant compte des contraintes

débouchés et des contraintes de rentabilités47

. Elle concerne alors les firmes et leurs

performances ainsi que ses capacités à survire dans l’arène de la concurrence.

Contrainte débouché signifie les exigences imposées sur le marché pour satisfaire la

demande, et contrainte rentabilité désigne la maximisation du taux de profit et la minimisation du

coût. L’entreprise doit mener des décisions favorables à son activité, à sa croissance et à sa

rentabilité. Elle consiste donc à gérer cette double contrainte afin de maximiser (et non

seulement de l’accroître) son taux de profit et non le seul profit.

45 En ce sens qu’il traduise le mot « shelter », assimilé aussi comme maison 46 Dans le Rapport sur l’innovation et compétitivité des régions. 47

B. Paranque, « Compétitivité et rentabilité des entreprises industrielles », 1994, page 3.

Page 38: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

31

b) Sous l’angle macroéconomique

Au sens macroéconomique, la compétitivité est définie comme la capacité d’un pays

« d’accroître sa part des marchés d’exportation ou de soutenir un taux de croissance plus élevé

sans que son solde courant se détériore »48

. Dans ce cas, une économie fait face alors à d’autres

économies dans un contexte de concurrence sur le marché international.

Les termes de l’échange tiennent grande place dans le dynamisme du commerce national

du pays. Ceci désigne le rapport de l’indice des prix des exportations à l’indice des prix des

importations d’un pays. Et lorsque cet indice s’accroit, une amélioration des termes de l’échange

indique une augmentation du pouvoir d’achat des exportations, et qu’une unité de produit

permettra d’acheter davantage de quantité de produits étrangers. Ceci implique donc que

l’évolution des prix des produits exportés et importés expliquera l’évolution des termes de

l’échange.

c) Compétitivité prix et compétitivité hors-prix

La compétitivité prix s’évalue selon la réalisation d’une économie d’échelle ou

développement du progrès technique ayant comme finalité la maximisation du taux de profit.

Sont retenus en tant que paramètres déterminants de la compétitivité prix :

les coûts de transport (droits de douanes, les taxes et droits de roulages…),

les coûts de productions (les prix des facteurs de production),

le taux de change,

l’environnement de la concurrence.

La compétitivité hors-prix, c’est-à-dire pas de prise en compte et aucune influence du prix

sur le marché, peut être expliquée comme les aptitudes d’une firme et d’une économie à

concourir dans le marché par l’utilisation de ses atouts en matière de :

qualité des infrastructures,

proximité des partenaires (les fournisseurs, les partenaires techniques et

financiers, les clients),

48 Commission des Communautés Européennes, « Évolution de la compétitivité aux États-Unis, au Japon et dans la

Communauté », Rapport économique annuel, 1993, page 176.

Page 39: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

32

qualité des facteurs de production (formation des travailleurs, les biens de

productions et innovations technologiques),

organisation de la production (méthodes de travail, de valorisation des produits),

progrès technique.

2) La relation entre compétitivité et croissance

La rentabilité veut dire « taux de profit », elle est calculée sur la base de l’excédent brut

global rapporté au capital engagé. Il faut alors bien maîtriser l’arbitrage

rémunération/financement.49

Une entreprise, en tant qu’agent économique rationnel, a comme

finalité la recherche du maximum du taux de profit sur un marché déterminé. Elle a comme

fonction principale la production des biens et services.

La productivité est la capacité productive d’un facteur de production notamment le

facteur capital et le facteur travail. C’est le volume total de production rapporté à la quantité de

facteur de production. L’évolution d’une firme ou d’une économie repose sur sa dynamique

industrielle. Les technologies et l’organisation industrielle comptent beaucoup lorsqu’il s’agit

des avantages notamment en termes d’économie d’échelle ou de variété.

Comme nous avons vu précédemment, l’évolution du PIB permet de décrire le niveau de

production, en volume (la quantité multipliée par les prix corrigée ensuite par le taux d’inflation

pour se méfier des effets prix), dans une économie. Plusieurs paramètres peuvent cependant

influencer cet agrégat comme le progrès technique, le volume de capital investit et la

productivité du travail.

Le marché ne devrait seulement être un instrument d’allocation optimale de ressource

comme l’affirme la théorie classique, il doit aussi et surtout être un lieu de création de

ressources. L’évolution est alors avant tout le résultat de la dynamique des populations

d’activités et de firmes.50

L’introduction de la technologie et de l’innovation dans le processus de production

amplifie les sujets cruciaux dans l’étude de la compétitivité d’une firme ou d’une économie.

49 Commission Européenne, « Politique industrielle: renforcer la compétitivité », Bruxelles, 2011 50 Jean-Luc GAFFARD, « Dynamique industrielle, Productivité et croissance », Revue de l’OFCE, 2006, page 12

Page 40: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

33

Ainsi, la pénétration des technologies innovantes dans l’ensemble de l’économie et les

transformations de l’organisation industrielle qui s’en suivent sont également des facteurs

décisifs des performances obtenues. Dès lors, la dynamique des industries comme celle des

populations composant ces industries constituent une dimension essentielle de la capacité d’une

économie à être compétitive. C’est d’ailleurs ce que Jeremy RIFKIN, dans le scénario de

troisième révolution industrielle, décrit à propos des mutations de l’économie fondée sur le

concept de croissance durable. L’augmentation de la productivité tout en restant compétitive et

l’utilisation des infrastructures combinant énergie renouvelables et réseaux dématérialisés

(nouvelles technologies d’information et de communication ou NTIC) demeurent essentiels dans

cette approche.51

51 Jeremy RIFKIN est le premier économiste à avoir conçu le scénario de troisième révolution industrielle dans son

ouvrage du même titre, Source : http://www.troisieme-revolution-industrielle-agricole-pays-de-loire.fr/, site visité le

13/03/2015 à 14 :21.

Page 41: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

34

Tout au long de l’histoire, et jusqu’à présent, concernant l’ascension fulgurante de

nombreux pays Est-asiatiques, et en particulier la Chine qui est actuellement une puissance

mondiale, l’industrialisation témoigne la véracité des théories de la croissance permettant de

parvenir à un stade de développement économique et social souhaité.

Conjuguer conjointement les échanges de biens et services avec la délocalisation de la

production et la mondialisation des circuits financiers constitue désormais la clé de la

compétitivité des firmes et des nations.52

L’industrialisation pour le cas de Madagascar a commencé dans les prémices des

périodes coloniales. Bien connu avec la production de matières textiles, le pays a décidé de

pratiquer le libre-échange et le commerce international. Le secteur textile occupe une place

stratégique pour l’économie du pays, et c’est un secteur qu’on remarque un avantage comparatif

pour cette filière relativement ancienne. L’industrie textile contribue-t-elle à l’amélioration du

bien-être de la population ? Et dans quelle mesure cette filière promet-elle une croissance

économique à base sociale élargie pour le pays ?

Nous allons voir dans le cadre de cette deuxième partie de ce travail l’historique, les

analyses empiriques, les obstacles et les alternatives possibles pour le secteur textile malagasy.

52 Charles-Albert MICHALET, « Globalisation, attractivité et politique industrielle », Hachette, Paris, 1993, page

131.

Page 42: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

35

DEUXIÈME PARTIE :

L’INDUSTRIE TEXTILE ET

L’ÉCONOMIE MALAGASY

Page 43: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

36

CHAPITRE 1 - L’INDUSTRIE TEXTILE MALAGASY, QUELLE

AVENIR POUR LA POPULATION ?

Le secteur industriel malagasy est très peu diversifié. Les problèmes énergétiques, les

outils de production obsolètes, les retards technologiques font ralentir le rôle de moteur que joue

l’industrie dans le développement du pays. Malgré cela, et en particulier le secteur textile, ces

dernières années, des potentialités incontestables reposent sur la filière dans l’amélioration du

bien-être de la population malagasy.

Section 1 – Regard sur l’évolution et la spécificité de la filière :

En plus d’être des pratiques traditionnelles, la production textile en tant que telle marque

une des spécificités de la société malagasy. Les avènements de la proto-industrialisation dans la

civilisation malagasy datent dans les périodes des royaumes, et déterminent déjà différents types

de classes sociales.

L’artisanat est un secteur d’activité classée comme non-industrielle pour le système

français. Contrairement, les anglais l’appellent dans leur langage « the craft industry ». Pour la

Grande Île, les ouvriers artisanaux et les salariés des firmes industrielles travaillant dans le

secteur textile sont groupés dans la branche textile qui inclue à la fois le textile en amont et le

textile en aval.

1) De la production artisanale à la production industrielle

Depuis l’accession à son indépendance, comme ses homologues africains, Madagascar

attendait la promotion de l’industrialisation comme un facteur permettant le passage de son

économie allant d’une structure traditionnelle et agricole vers une production industrialisée et

moderne. Et que cette transformation touche à la fois la société en termes d’emploi,

d’amélioration des revenus, de développement local et national, et l’économie toute entière.

a) Les prémices de l’industrialisation malagasy

Dans les périodes de la Première République de Madagascar, l’économie est

fondamentalement rurale et agricole et la « politique du ventre » du régime misait surtout sur

l’augmentation de la production agricole. Les unités industrielles en majorité agro-alimentaires

sont encore fortement tributaires de la production agricole. L’accès aux investissements de la

part du secteur privé furent facilité par le premier Code des investissements adopté en 1962 pour

Page 44: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

37

inciter les opérateurs économiques d’injecter leur argent au pays selon l’ordonnance n° 62-024

du 9 septembre 1962. Et c’est par l’ordonnance n°62/026 du 19 septembre 1962 que la SNI

(société nationale d’investissement) naquit, suivie par la Banque Nationale Malgache de

Développement (1963) et du Bureau de Développement et de Promotion Industrielle (1966) pour

soutenir l’émergence des industries.

Mais le socialisme de l’époque et la sortie de la zone franche ont cependant créé une

atmosphère d’incertitude et de ce fait il y a eu une baisse considérable des investissements. Le

tissu industriel était trop dépendante des intrants importés et en plus la fiscalité offrait une

certaine avantage pour les produits utilisés comme intrants dans les unités industrielles.

b) De la mainmise de l’État à la libéralisation des activités de production

« L’Étatisation de l’économie », un phénomène très marquant de la Deuxième

République qui se caractérise par la nationalisation et l’emprise de l’État de tous les secteurs

d’activités de l’économie jusqu’à 60% dans un but consistant en la réappropriation des moyens

de production pour accorder la chance au malagasy de tenir leur propre avenir dans les mains.

Cela s’est manifestement concrétisé par l’implantation de grandes unités industrielles dans

lesquelles l’investissement industriel représente 57% du crédit à l’économie selon l’Institut

National de la Statistique (INSTAT).

Dans les années 80, après les chocs d’origine externe et interne comme les chocs

pétroliers, la mise en œuvre des mauvaises orientations de politique économique et de stratégie

d’industrialisation de substitution à l’importation, et des problèmes consécutifs à l’endettement

extérieur, la transformation économique basée sur l’industrialisation comme stratégie essentielle

pour la croissance et la réduction de la pauvreté était devenue une utopie au profit de la Politique

d’Ajustement Structurel (PAS) imposée par les bailleurs de fonds.53

Dans un premier temps, en 1980, le pays entre dans l’ère du libéralisme poussé par les

effets néfastes des chocs pétroliers et l’endettement extérieure. La mise en œuvre d’une politique

de libéralisation et de déflation ne s’est réellement démarrée qu’en 1983 sous la signature d’un

accord stand-by avec le Fond Monétaire International (FMI) pour bénéficier du Crédit

d’Ajustement du Secteur Industriel (CASI).

53 RASOLOFO Adamson Andrianirina, « L’industrie comme moteur de croissance économique à Madagascar :

Identification d’une relation de long terme et de causalité », CREAM, 2014, page 9

Page 45: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

38

Le prolongement des accords renforce les mesures de libéralisation des prix des produits

industriels, l’augmentation des prix des produits agricoles et l’expansion limitée du crédit

interne.54

Les mesures les plus reconnues imposées par les bailleurs de fonds dans le cadre du PAS

étaient : l’élimination des barrières tarifaires aux exportations, l’abandon des actions spécifiques

de promotion de l’industrialisation au profit d’une stratégie de développement de l’industrie

manufacturière et des exportations par la création des Zones Franches Industrielles (ZFI),

notamment par la libéralisation progressive des échanges. Les exemples concrets pour le

désengagement de l’État des activités de production sont les Documents Cadre de Politique

Économique (DCPE) et Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) appliqués

respectivement en 1996 jusqu’en 1999 et 1997 jusqu’en 2001.

c) Les nouvelles réformes pour relancer la croissance à base d’industrie

À partir des années 2000, la réduction de la pauvreté et l’atteinte des Objectifs du

Millénaires pour le Développement (OMD) figurent parmi les prioritaires des stratégies de

développement de Madagascar. Le Madagascar Action Plan (MAP), un plan d’action

quinquennal élaboré en 2007, mise plus sur l’industrie minière et les agro-industries (le secteur

qui consiste en la transformation des matières premières agricoles pour produire des biens de

consommation) en parallèle avec le secteur tourisme. Ces secteurs d’activités sont connus sous le

nom de secteur porteur (ou porteur de croissance) par le fait que des potentialités de rentrées de

devises y reposent en tant qu’atouts pour relancer l’économie.

Dans le cadre de ce désengagement de l’État du secteur productif, comme pour les

économistes libéraux réformistes, son rôle est de veiller à ce que l’environnement des

investissements et l’épanouissement du secteur privé soient dans une atmosphère favorable. Et

avec le développement du concept « Partenariat-Public-Privé », en plus d’être un acteur de

développement de l’industrie, l’État devint une entité facilitateur et modérateur de la relance

économique de l’après crise pour renforcer la compétitivité du pays et des industries.

Le Programme National de Renforcement de la Compétitivité des Industries de

Madagascar (PNRCIM plus connu sous l’acronyme anglais de MICP (Madagascar Industrial

54 Op. Cit., page 10

Page 46: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

39

Competitiveness Plan) dans le cadre d’application du MAP, a été lancé afin de doter le pays d’un

tissus industriel compétitif sur tous les secteurs (en priorité l’agroalimentaire, le textile et

l’artisanat).

En bref, Madagascar disposait pas mal de programmes et de documents pour amorcer sa

croissance économique par le biais de l’industrialisation et plus précisément par le secteur textile.

La situation de ce secteur prévaut en raison de son capacité à offrir de l’emploi et de son

importance pour déclencher le développement économique et social.

2) Structure de production de la filière textile malagasy

La structure de l’économie malagasy est composée principalement de l’agriculture (28%),

de l’industrie (15%) et des services (57%) dont les filières les plus dominantes sont

respectivement le riz, le textile, le tourisme et Technologie d’Information et de Communication

(TIC).55

Pour le textile en amont, certaines activités sont enregistrées dans le secteur de

l’agriculture comme la production de coton graine, de raphia, ainsi que la culture des matières

premières fibreuses. Le textile en aval pour le pays est en grande partie constitué des entreprises

travaillant les confections d’habillement sous le régime des zones franches.

55 Présentation de Madagascar, source : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/madagascar/presentation-de-

madagascar/, site visité le 09/03/2015 à 15 : 13.

Page 47: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

40

Figure 2. Répartition des principaux secteurs d’activités à Madagascar en 2014

Source : compilation de l’auteur selon les données du

http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/madagascar/presentation-de-madagascar/, site

visité le 11/03/2015 à 14 :25

À première vue, on aperçoit que la part du secteur de l’industrie est la plus petite dans

notre graphique, et le secteur industriel est devancé par le secteur agricole, mais tous les deux ne

sont pas de taille face au poids du secteur des services.

Pourquoi s’intéresser à l’industrie textile ? Une maxime malagasy illustre la théorie de

l’avantage comparatif : « izay tsy mahay sobiky, mahay fatrambary ». L’industrie textile en

amont et en aval offre pour Madagascar un large potentiel de marché qui conduira les acteurs (les

investisseurs, les travailleurs et l’État) à trouver la manière dont ils peuvent augmenter leur bien-

être.

28%

15%

57%

Répartition des principaux secteurs

d'activités à Madagascar

argiculture

industrie

services

Page 48: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

41

a) Classification du secteur

Les activités de production des industries manufacturières exercées à travers le pays

peuvent être groupées au nombre de sept (7) branches industrielles56

dans laquelle on y trouve le

secteur de :

- l’agro-industrie, l’industrie alimentaire, la boisson, le tabac, les corps gras

- l’industrie du textile et du cuir

- l’industrie du bois, de la papeterie, de l’édition

- l’industrie chimique

- l’industrie métallique, mécanique et électrique

- les matériaux de construction

- les Entreprises de la ZFI

Avec l’expansion des entreprises franches, la branche « Industrie Textile » devint une

branche très porteuse, la production est écoulée sur le marché local mais aussi sur le marché

international. Selon la classification typologique des unités57

, les activités de la branche

consistent aux opérations de :

filature, tissage, impression et finissage des tissus en toutes espèces de fibre

confection d’article d’habillement en chaine et trame, en maille, tricotage

fabrication d’accessoires textiles (fermetures, boutons, galons, étiquettes…)

« L’industrie du cuir » concerne le tannage et la transformation du cuir communément

appelée la maroquinerie. C’est cette branche qui font les travaux de traitement des peaux et la

fabrication de chaussures en cuir à l’échelle industrielle et comme dans le cas de la branche

textile, les produits sont écoulés localement et à l’exportation.

b) Caractéristiques et commercialisations

Au début des années soixante, un certain nombre d’unités textiles ont été créées à

l’époque, et le marché local a été un succès et ce malgré le protectionnisme appliqué dans

l’économie spécialement à partir des années 70.

56 Classification des branches d’activités selon l’INSTAT 57 Classification selon le MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE

Page 49: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

42

Les principaux acteurs étaient à l’époque : COTONA, SOTEMA, FANAVOTANA,

SAMAF, SOMACOU, TISMA, SUMATEX, SOBAMA58

Pour le secteur, les matières premières sont soient fabriqués localement soient importés.

Les matières premières d’origines locales sont principalement le coton, les fibres de paka, le

sisal, le raphia, la soie, le mohair, la fécule de manioc. Mais le coton est le plus utilisé par

beaucoup de firmes travaillant dans le secteur approvisionné en général par la société HASYMA.

Cependant, il existe des matières premières qui ne sont pas fabriquées à Madagascar, les

importations sont donc irréfutables pour accomplir les tâches de finitions pour les entreprises

travaillant la confection d’articles d’habillement en chaîne et trame et en maille ainsi que le

tricotage. C’est en fait les Entreprises Franches (EF) qui utilisent les tissus et accessoires

importés en provenance d’Asie. Pour les entrepreneurs artisanaux et les entrepreneurs qui visent

le marché local, les inputs sont combinés, donc ils choisissent d’introduire à la fois les matières

premières locaux et les importés étant donné que le prix de ces derniers sont largement

abordable.

Les ZFI rassemblent un groupement de firmes qui jouissent des obligations et des

avantages fiscaux. Afin de promouvoir les IDE, la loi n° 89-027 portant règlement sur les Zones

et Entreprises Franches a été promulguée le 29 décembre 1989. La mise en place de la ZFI est

l’une des stratégies de développement adoptées par l’État pour promouvoir la croissance

économique à base industrielle au début des années 90.

Les firmes opérant et bénéficiant des accords de la ZFI exportent leurs productions vers

l’Europe et vers les États-Unis. Ces ZFI ont permis l’installation des usines à capacité de

production à grande échelle de confection de vêtements et ont offert des débouchés aux

entreprises textiles locales. Dans la littérature économique, ceci est un parfait illustration de « la

loi des débouchés » de J.B. Say. Retenons que c’est une loi qui stipule que les produits créeront

des débouchés pour d’autres produits. Pour d’autres, la loi des débouchés est synonyme de

l’offre qui crée sa propre demande.

58 Note Contextuelle Textile et Développement Rural, 3ème Colloque Gouvernemental, 2005, page 1.

Page 50: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

43

La Grande Île se devait donc de fournir des efforts pour permettre d’offrir des produits de

qualités (en provenance des usines) et de quantités (à une certaine quantité ou production

industrielle). Et c’est en 2004 (fin de l’Accord Multifibre) que la performance de Madagascar en

termes de volume d’exportations textiles a atteint son apogée. Celle-ci est liée aux avantages

offerts par le traité « Africa Growth Opportunity Act » (AGOA) après les accords multifibres qui

offrent pour le pays des franchises de douanes vers les États-Unis pour les pays bénéficiaires.

Madagascar était éligible à l’AGOA depuis 2000, et exportait ses marchandises qui consistaient

en majeure partie aux textiles.

Graphique 3. Exportations textile malagasy vers l’Europe et les États-Unis en millions USD

Source : Ministère de l’Économie et de l’Industrie

L’exportation textile malagasy a connu un pic en 2001 avec un volume de 333 millions

USD, mais le record n’est tenu qu’en 2004 avec plus de 400 millions USD dont près de 70% sont

destinées au marché américain.

L’origine des flux massifs d’IDE réside dans l’éligibilité de Madagascar à l’AGOA qu’en

2008 le nombre de firmes de la ZFI montaient jusqu’à 175 dont 91% sont tous concentrées à

Antananarivo. En termes de valeur ajoutée, malgré la détérioration de la situation économique

de Madagascar depuis 1991 dans tous les secteurs d’activité, la valeur ajoutée dégagée par les

206

265

333

189

275

402

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

1999 2000 2001 2002 2003 2004

Page 51: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

44

Entreprises Franches (EF) affirme une performance extraordinaire dans les périodes situées entre

1991 et 2005 à l’ordre de 20% par an. Vu qu’un nombre important des EF orientent leurs

produits vers l’extérieur, la performance de ce secteur est largement associée par cette activité

d’exportation.

La Banque Mondiale a affirmé que la faiblesse de la productivité de la main d’œuvre à

Madagascar nuit à la compétitivité des industries de confection59

. Pourtant les résultats de la

recherche menée par l’ « Observatoire pour le Développement national des Ressources humaines

du niveau de l’Enseignement Supérieur » (ODRES) montrent que les travailleurs malagasy dans

l’industrie textile sont compétents et productifs.60

L’ODRES est en étroite collaboration avec le

« Groupement des Entreprises Franches et Partenaires » (GEFP) avec l’ « Institute Of

Developing Economies – Japan Trade Organisation » (IDE-JETRO).

Les EF à Madagascar sont relativement plus compétitives que celles des firmes en

Bangladesh qui se trouvent 7ème

exportateur mondial de produits d’habillement en 2008.

L’explication sera abordée par l’angle coût de main d’œuvre, bon marché pour les firmes

bangladeshis, tandis que celle des EF malagasy puise sa force compétitive dans l’angle

productivité des travailleurs. En d’autres mots, les firmes bangladeshis ont des avantages en

termes de compétitivité-prix, et les firmes malagasy sont hautement compétitives hors-prix.

Pendant moins de 10 ans, la performance remarquable des EF à travers le dynamisme de

leurs exportations a fondamentalement transformé la structure du commerce extérieur de

Madagascar. Une croissance rapide des exportations des produits des EF au détriment des

produits primaires a doublé les recettes d’exportations du pays qu’il est devenu un des rares pays

en Afrique Sub-Saharienne à avoir comme première source de devises l’exportation des produits

manufacturés.

Allant de 56,3% (en 2007) à 74,35% (en 2008), les exportations s’élevant à 617 millions

USD, soit 54,28% des exportations totales, équivalent à 70% des exportations de l’ensemble du

59 Banque Mondiale, « Madagascar : Vers un Agenda de Relance Économique », 2010, page 201. 60 ODRES, GEFP, IDE-JETRO, Rapport sur les résultats majeurs des enquêtes sur les entreprises franches de

confection à Madagascar, enquêtes 2009 et 2010, « Une analyse de leur performance sur la base des principaux

résultats des enquêtes effectuées en 2009 et 2010 », page 11.

Page 52: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

45

secteur des EF, ont permis Madagascar d’être à la 2ème

place des pays de l’ASS les plus grands

exportateurs de vêtements, étant donné que l’Île Maurice est le premier.

Graphique 4. Exportation des vêtements de Madagascar en million USD

Source: UN Comtrade (US and EU Report)

D’après le Graphique 4, jusqu’en 1999 (en abscisse), l’Europe était la principale

destination des exportations des EF de Madagascar. Mais avec l’éligibilité du pays pour

bénéficier du programme AGOA, l’exportation malagasy entra sur le marché américain allant de

17,6% à 47,87% de 1999 en 2008 soit 295 millions USD61

(en ordonnée).

En termes d’emploi, 85% du secteur manufacturier soit 20% du total des emplois formels

à Madagascar est fournie par la branche textile et habillement qui est l’équivalent de 107 530

nombres d’employés des EF. Facilité par l’existence d’une infrastructure correcte, l’abondance

de main-d’œuvre diligente et qualifiée, en plus du facile accès aux services administratifs et à

61 Banque Mondiale, « Madagascar : Vers un Agenda de Relance Économique », 2010, page 200.

Page 53: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

46

l’approvisionnement, les choix des investisseurs étrangers étaient motivés que beaucoup d’entre

eux n’ont pas hésité de s’installer dans le pays en tant que EF de la branche textile.

La nature du textile et sa forte contribution à l’emploi demeure un facteur clé dans la lutte

contre la pauvreté et le développement socio-économique du pays.

Section 2 – Madagascar et l’AGOA à partir de 2009 en 2013

En 2010, Madagascar fut suspendu parmi les pays bénéficiaires de l’AGOA suite à une

crise politique que l’environnement des affaires se retrouve dans un climat où la confiance des

investisseurs devient dure à gagner. Ce phénomène a été précédé de la crise financière mondiale,

une crise qui va se répercuter dans l’état de l’économie malagasy étant donné que ce dernier a

des insuffisances en matière de financement et des ressources pour donner de l’oxygène à sa

croissance et son développement.

1) Les impacts de la suspension

Nous avons fixé au début que la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises

textiles exportatrices dépend des EF. Donc nous allons alors étudier ce phénomène, la

méthodologie appliquée sera la méthode analytique.

a) Sur la production

Malgré les apports remarquables de l’industrie textile dans l’économie malagasy avant

2009, notamment l’augmentation de la part du secteur secondaire dans le PIB atteignant un taux

de 14,8% en 2008, la production et la Valeur Ajoutée (VA) ont baissé fortement. L’industrie

textile de confection a dû fermer 23 entreprises et il ne restait que 95 en 2010. Ceci implique que

la production va surement diminuer à cause des réticences des investisseurs.

Les flux d’IDE observé en 2009 a connu une régression de 47% par rapport à celui de

2009 d’une valeur respectivement de 1 061 milliards AR et de 2 015,5 milliards AR.

Page 54: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

47

Tableau 2. Création d’entreprise en 2008 et 2009

Entreprises créées Entreprises fermées

2008 17 037 1 256

2009 7 147 649

Source : INSTAT

En 2008, le rythme de création d’entreprise est plus rapide qu’en 2009. Outre les

décisions d’attente d’une stabilité du côté de l’environnement de l’investissement, les conditions

de financement dans le monde réduisaient aussi les flux de capitaux vers les économies en

développement.62

Entre 2008 et 2010, les exportations vers les États-Unis avaient baissé de 78% et 70% des

firmes exportatrices sur le marché américain ont dû fermer leurs portes. La productivité du

travail diminue à cause du manque d’effectif qui est à l’ordre de 24,05% pour les firmes

exportatrices et de 59,46% pour les firmes non-exportatrices. Et d’ailleurs l’industrie textile est

classée de branche non-performante en 2009 avec un taux de croissance sectorielle négative de

-24,6%, le cuir aussi est en mauvaise état avec -6,2%.63

Si on fait un flash-back à partir des années 2000 en 2005, les IDE occupent la plus

importante place. La contribution des EF au PIB et à la croissance économique semblait être

significative jusqu’en 2008 où le taux de croissance économique annuel a pu franchir au-delà des

6%.64

Il en résulte que la suspension du programme AGOA est une cause qui explique la

diminution du taux de croissance réelle du PIB (moyen sur 5 ans).

62 MEI, « Rapport Économique et Financier 2009-2010 », 2010, page 37. 63 Op cit., page 58. 64 MEI, MEFB (2005), MCEI (2008)

Page 55: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

48

Tableau 3. PIB et PIB/habitant de 2012 et 2013

unités 2012 2013

PIB Milliards AR 21 773,6 23 432,0

PIB/habitant AR/habitant 1 052 732 1 101 635

Taux de croissance

réelle du PIB (moyen

sur 5 ans)

% 3,0 2,4

Source : calcul de l’auteur selon les données de l’INSTAT / DSI

Le PIB augmente (allant de 21 773,6 milliards AR à 23 342 milliards AR) de la même

manière que le PIB/habitant lui aussi augmente de 2012 en 2013, soit de 1 052 732 AR/habitant à

1 101 635 AR/habitant. Le taux de croissance moyen du PIB dans ces deux années d’exercice

régresse. Ici on a fait le taux moyen annuel de 2008 en 2013.

La cause interne est qu’en 2008 jusqu’en 2010, le nombre d’EF est passé de 165 à 149

soit une diminution de 16 entreprises, qui a été empirée par la fermeture d’une vingtaine de

firmes malgré la création de 5 autres.

Sur le marché international, la crise financière est la cause principale de la baisse des

commandes, bien sûr, de la part des gros clients dans l’AGOA. En effet, ce sont les firmes qui

ont été victimes de la réduction de la demande de produits textile et habillement, il y en a ceux

qui ont dû fermer leurs portes, il y en a ceux qui ont dû licencier ses employés. Cette contraction

de la demande des pays développés peut être imputée à la crise financière qui s’est transmise sur

la sphère réelle de l’économie mondiale.

b) Sur l’emploi et le bien-être des employés.

Un raisonnement logique affirme que les fermetures des firmes, que ce soient

exportatrices ou non-exportatrices, conduira surement à des contractions dans le domaine de

l’emploi. Les licenciements et les chômages techniques étaient inévitables, les effectifs

diminuent et la moyenne par entreprise a de ce fait baissé.

Page 56: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

49

C’est tout à fait la réaction des entreprises face à la crise, mais sans oublier de garder les

moyens de productions non-mobilisables dans l’espoir d’une chance de revenir à l’état normal.

Les pertes d’emplois dans le secteur s’élève à 65%. Un taux de chômage alarmant tous les

opérateurs publics et privés mais aussi et surtout requérant une intervention efficace de l’État.

Pour d’autres, la crise de 2009 est de nature sociopolitique, puisque à défaut de sécurité, la

confiance des investisseurs étrangers était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.65

Plus de 30 000 emplois ont été perdus suite à l’annonce du gouvernement américain de

leur décision de mettre Madagascar à l’écart des avantages et des franchises dans le marché

d’exportation des textiles. Un caractère commun avec les pays en développement, les femmes

sont les plus nombreuses dans l’industrie textile et particulièrement dans les confections avec

une estimation de 65,% du total du nombre des travailleurs.

Tableau 4. Distribution des travailleurs par genre et par poste dans les entreprises de

confection (%)

Source : Enquête ODRES et GEFP, 2009

M = masculin, F = féminin, Ens. = ensemble

Comme le tableau 3 nous montre, les opérateurs et les petites mains occupent plus de

70% du total, et les cadres supérieurs sont minoritaires. Dans l’ensemble, il n’y a pas grandes

65 Source : http://www.lanation.mg/article.php?id=4872, site visité le 13/02/2015 à 15 :49

Page 57: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

50

différences entre les EF et les entreprises hors zones franches (HZF). La proportion des femmes

dans l’occupation des postes non-qualifiés est davantage importante que celle des hommes.

La contribution réelle apportée par l’industrie textile de confection à l’amélioration du

revenu disponible des travailleurs sera abordée sous les angles des postes ou plutôt des

hiérarchies dans les postes occupés.

Le salaire moyen permettra d’apprécier d’une manière générale les revenus moyens des

travailleurs des firmes textiles de confection. Le salaire médian indique le montant de salaire qui

répartira l’ensemble des travailleurs en deux parts égales c’est-à-dire 50% des travailleurs

disposent d’un salaire supérieur et 50% inférieure à la médiane.

Tableau 5. Salaire mensuel moyen et salaire mensuel médian des employés en USD

Source : ODRES et GEFP, enquête 2009

M = masculin, F = féminin, ZF = zones franches, HZF = hors zones franches

Le salaire moyen d’un superviseur est presque l’équivalent du double de celui d’un

ouvrier de petites mains, celui d’un opérateur s’élève à 44,7% supérieure à celui de ce dernier.

Dans l’industrie de confection, le salaire moyen est de 67,55 USD soit l’équivalent de

132 127,8 AR.66

Compte tenu du seuil de pauvreté national, le salaire moyen le plus bas payé à

un ouvrier de petites mains dans une firme de confection est de 40 USD/mois qui est toujours au-

dessus de ce seuil (16,9 USD/mois).

66 Nous retenons le taux de change (US dollar/Ariary) à 1 956 AR en 2009, source : Banque centrale de Madagascar,

cf. ANNEXE l’évolution des taux de change (en AR) de 2005-2012.

Page 58: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

51

Ce qui explique aussi les différences et l’essentiel niveau des salaires élevés des

travailleurs, en particulier dans les EF, c’est les heures supplémentaires. Les travailleurs

malagasy sont alors plus productifs puisqu’ils parviennent à travailler 16 à 20 heures en plus des

durées légales par mois qui est de 178 heures/mois.

Les entreprises textiles de confection jouent un rôle important à propos du

développement de la société dans la mesure où le revenu disponible d’un ouvrier détermine le

niveau de pauvreté dans le milieu social.

Une amélioration des revenus traduit dans notre contexte l’augmentation du niveau de

vie. Donc, la promotion est d’emblée indispensable pour les travailleurs si l’on veut agir pour

augmenter leur bien-être. Et dans le même enquête, 62% des firmes accordent aux ouvriers de

petites mains la promotion au poste d’opérateur après quelques années d’expériences d’où le rôle

important du secteur dans la réduction de la pauvreté. L’expérience professionnelle est alors un

atout pour un travailleur voulant profiter d’une promotion.

Graphique 5. Expérience requise par un ouvrier de petites mains pour être promu

Source : ODRES et GEFP, enquête 2009

Page 59: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

52

On peut dire qu’aux alentours de 12 mois, un ouvrier a la chance d’être promu pour la

plupart des firmes textiles de confection.

Les EF et les HZF sont les firmes qui offrent un meilleur montant de salaire, pourtant la

durée de travail ne fait que combler ce manque. En d’autres mots, il y a une surutilisation de la

force de travail pour les ouvriers et la gestion de temps de travail ne semble pas être efficiente

pour eux.

La notion d’efficacité et d’efficience sont voisines, mais quelques élucidations s’avèrent

nécessaires pour comprendre la gestion de temps des ouvriers. L’efficacité consiste en l’atteinte

des objectifs préalablement établis. La prise en compte des moyens n’est pas grand-chose mais

seule la réalisation des objectifs prime. L’efficience quant à elle, ne suffit pas que la cible soit

atteinte, il faut aussi mettre dans les éléments de calcul les moyens mises en œuvres tout au long

de la réalisation.

Ce qui est le cas des travailleurs malagasy ci-dessus, ils gagnent de l’argent d’un montant

meilleur que les autres secteurs (on fait comparaison au salaire le plus bas et le salaire moyen),

mais en réalité ils font l’effort au trop pour percevoir ainsi.

Bref, bien que l’industrie textile à Madagascar ait été fortement touchée par les crises

internes et internationales, les travailleurs malagasy comblent les manques par leur forte

productivité pour ne pas laisser leur gagne-pain. Les observations empiriques prendront place

maintenant ici pour mieux mener le travail de scientifique.

2) La compétitivité de la filière et la croissance

C’est par le volume d’exportation effectué par le pays qu’on évalue sa force compétitive

sur le marché mondial. Si on se focalise sur les données à notre disposition, les produits qui ont

été victime de la contraction de la demande sont le café, la vanille, le cacao, les fibres de sisal, et

les produits textiles avec une baisse en 2009 en volume de 34,6%. Des difficultés persistantes ont

gêné le dynamisme de la filière textile, et il en est de même pour les EF dans les ZFI.

Les pays développés ont réduit leur volume de demande, et les clients de l’AGOA se

montraient réticents et de plus le programme a été en mode suspension pour le cas de

Madagascar en 2009. Pour se débarrasser des subjectivités politiques, nous n’allons pas entrer

Page 60: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

53

dans les causes des troubles internes, et nous nous concentrons sur les aspects économiques des

choses c’est-à-dire les effets des décisions des investisseurs sur le bien-être de la population et

sur la santé de l’économie toute entière.

Graphique 6. Évolution des importations et des exportations de 2005 à 2012 (en millions de

DTS*)

Source : Banque Centrale de Madagascar

*DTS = Droit de Tirage Spécial

Les droits de tirage spéciaux (DTS, en anglais, Special Drawing Rights : SDR) sont un

instrument monétaire international, créé par le Fond Monétaire International (FMI) en 1969 pour

compléter les réserves officielles existantes des pays membres.

Les exportations ont repris le peloton surpassant le niveau de 2008 pour les produits des

industries travaillant dans la branche d’activité d’extraction minière. Mais c’est un peu différent

des exportations des textiles et habillement. Les effectifs présents dans le marché intérieur ne

suivent pas le rythme dans l’exportation totale.

Page 61: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

54

Graphique 7. Évolution de l’effectif des entreprises franches agréées (effectif cumulé) et des

entreprises opérationnelles de 2005 à 2012.

Source : Entreprises franches opérationnelles (DADII/VPEI), liste des Entreprises franches

agréés (EDBM)

Comme le graphique nous montre, une modération des effectifs des entreprises franches

se passe entre l’année 2008 en 2012 malgré une reprise en 2010.

Cette reprise de souffle en 2010, si c’est le terme adéquat, est le résultat de l’ouverture

des marchandises vers le marché européen. La cause de cette régression est qu’il y a eu des EF

qui n’ont pas réalisé leur investissement même si elles ont obtenu des Agréments. Pour faire

preuve de prudence, il y a ceux qui ont mis en veille leur activité d’exploitation pour ne pas finir

comme nombreux de ses confrères ruinés.

L’exportation connait alors un manque à gagner considérable après que le pays soit

suspendu du programme AGOA. Il y a alors une sous-utilisation des potentialités remarquables

du pays en termes d’exportation et particulièrement l’exportation des produits textiles et

d’habillement des EF.

Page 62: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

55

Le fait d’être exclu des franchises dans les marchés américains a secoué l’ensemble des

industries textiles et se répercute dans les volumes d’exportation, dans les travailleurs licenciés,

et dans l’ensemble de la structure de l’économie. Toutefois, la contribution des EF aux

exportations demeure toujours significative même si il y a eu une interférence pour leur

débouché.

Page 63: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

56

CHAPITRE 2 – L’ANALYSE DE L’IMPACT DE LA COMPETITIVITE DE

L’INDUSTRIE TEXTILE VERS LE DEVELOPPEMENT

Pour plus de scientificité, notre étude se doit de mener des analyses reposant sur les

hypothèses susmentionnées dont l’objet portera l’attention sur la vérification empirique et les

constats des faits durant la période d’observation qu’est de 2009 en 2013. L’investigation s’est

fait par les collectes des données et la méthodologie se focalise sur les méthodes hypothético-

déductives et analytiques, qui pourront nous permettre de proposer des alternatives pour faire

faces aux problèmes que rencontrent les industries textiles d’exportation à Madagascar.

Section 1 – les études empiriques

1) Hypothèse 1 : la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles

dépend largement des Entreprises Franches.

Nous avons vu précédemment que la mise en place de la ZF dans le territoire malagasy a

changé la structure de l’économie mais aussi la structure sociale de la population malagasy.

Notre hypothèse 1 est la suivante : la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles

dépend largement des EF.

Une autre formulation possible de cette hypothèse est : ce sont les EF qui offrent le plus

d’emploi au travailleurs malagasy dans le domaine de l’industrie textile. Autrement dit, l’emploi

dans l’ensemble des entreprises textiles est déterminé par les ZF.

La bonne marche de la ZF est sa capacité contributive à la création d’emploi. Une des

principales caractéristiques de la ZF malagasy est sa forte intensité de main d’œuvre. Les zones

franches offrent-elles l’emploi pour les travailleurs malagasy ou c’est la main d’œuvre bon

marché qui attire les investisseurs d’opérer dans les zones franches ? Il faut dire que les décisions

de s’investir dans un pays sont toujours précédées des analyses coûts-bénéfices.

a) Relation de causalité

En dix ans, avant 2002, la zone franche malagasy est parvenue à employer 70 000

personnes.67

D’une part, elles (les EF) facilitent les tâches de réduction des tensions sur le

marché du travail. Et d’autre part, elle participe à la lutte contre la pauvreté si le revenu par tête

constitue un élément d’évaluation du niveau de bien-être.

67 Mireille Razafindrakoto, François Roubaud, « Les entreprises franches à Madagascar : atouts et contraintes d’une

insertion mondiale réussie », Afrique contemporaine, n° 202-203, 2002, page 151.

Page 64: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

57

Dans un premier constat, en 2004, les Zones Franches textiles et habillements absorbent à

elles seules les 94,1% de la main d’œuvre à Madagascar68

. Ce qui veut dire que ces firmes ont

embauché presque la population active de la Grande Île. Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les

activités qui naissent par l’existence des ZFI, ce sont les emplois indirects.

La nécessité de contracter avec des fournisseurs de matière première, des services de

maintenance des équipements. Ces derniers vont voir ainsi l’augmentation de leurs chiffres

d’affaire. Il ne faut pas nier l’importance de ce phénomène parce que ces activités sont situées

dans les branches en l’amont et en l’aval des ZF et de l’industrie textile toute entière.

Emploi indirect n’est pas à confondre avec emploi induit qui représente l’ensemble des

emplois pouvant être affectés par le secteur textile. Il en est l’exemple des petits commerçants

des « snacks » et des « gargotes » près des usines, des personnes qui ne sont pas embauchées par

l’entreprise pour laver les voitures du personnel ou pour faires des travaux d’assainissements.

Les personnes profitant l’existence des ZFI créent leurs propres emplois pour en faire une source

de revenu. Il y a alors ce qu’on appelle « gagnant-gagnant », ce qui contredit la théorie de

l’optimum de Pareto qu’il n’est possible d’augmenter l’utilité d’un agent sans diminuer celui

d’un autre.

On utilise la population active pour évaluer un des facteurs humains de production qui est

le travail qui est composée des chômeurs et de la population occupée. Les chômeurs représentent

les potentiels employables de facteur travail, parfois on les appelle la population potentiellement

active. Le chômage est la situation d’une personne sans emploi, disponible à travailler et à la

recherche effective d’un emploi, sans avoir travaillé durant la semaine précédant l’enquête.

68 INSTAT, « Indice de la production industrielle des entreprises franches », Antananarivo, 2004, page1.

Page 65: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

58

Figure 3. Structure de la population

Source : compilation de l’auteur selon les définitions du BIT

Graphique 8. Évolution de la population active, de la population active occupée et du PIB

réel entre 2001 et 2010.

Source : Enquêtes 1-2-3, phase 1 « Emploi », 2001-2010, INSTAT/DIAL et INSTAT pour le

PIB

La population active ne cesse de s’augmenter tandis que l’effectifs des actives occupées

semble un peu en retard. Le PIB réel lui aussi a connu une stagnation à partir de 2008.

population totale

population active

population occupée (active)

population privée d'emploi (chômeur)

population inactive

Page 66: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

59

« L’arrêt brutal de la croissance n’a pas empêché l’emploi de continuer à augmenter

mais les tensions sur le marché du travail se sont traduites par un développement du chômage et

du sous‐emploi ».69

Pour ce faire, posons notre regard sur le taux de chômage avant l’année 2009 et celui

d’après la suspension de l’AGOA. Les troubles70

ont commencé à la fin de l’année 2008, une

nette dégradation du marché du travail, et ce surtout dans la capitale, a entrainé une stagnation de

la croissance (cf. graphique 8, PIB réel à l’échelle de droite).

Le taux de chômage est le taux correspondant au nombre de chômeur rapporté à la

population active. Ce taux est passé de 5,2% (premier trimestre 2006) à 6,8% (premier trimestre

2010). Ce qui signifie qu’il y a eu des pertes d’emploi lorsque les arrêts de la franchise des

marchandises vers le marché américain ont été annoncés.

Graphique 9. Évolution du nombre de chômeur et du taux de chômage de 2001 à 2010

Source : Enquêtes 1-2-3, phase 1 « Emploi », 2001-2010, INSTAT/DIAL

On constate qu’entre 2006 et 2010, le taux de chômage galope pour atteindre un niveau

alarmant, pour les travailleurs que pour les entreprises, puisque celui enregistré en 2002 avec

7,5% a été dépassé.

69 DSM/INSTAT-DIAL/IRD 70 Nous préférions employer le terme trouble comme synonyme de crise politique pour faire preuve d’objectivité.

Page 67: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

60

L’accroissement du nombre de chômeurs est le résultat d’une part de la difficulté plus

grande des jeunes diplômés à s’insérer sur le marché du travail71

et d’autre part de

l’augmentation des licenciements opérés par le secteur. Les licenciés proviennent des grandes

sociétés privées (49% des cas) et de la zone franche (36 % des cas)72

.

Comme interprétation aux données, la mise en place du régime des ZFI a contribué à la

formation de l’emploi pour les EF. L’existence de la trouble socio-économique a eu un impact

négatif sur la structure de l’emploi et sur le marché de travail sur les EF.

b) Conséquence

L’emploi dans le secteur formel s’est dégradé. Ce qui veut dire que les choix de ne pas

travailler restent un « luxe » que « l’informalisation massive » de l’économie devient inéluctable.

L’obligation de travailler même pour un salaire de « gagne-pain » (il y a juste de quoi à nourrir la

famille et sans autre consommation tels que les loisirs) est une facette du sous-emploi : c’est le

sous-emploi lié à la rémunération. Le sous-emploi lié à la durée du travail le fait de travailler au-

delà de la durée légale dictée par la loi (178 heures/mois).

Tableau 6. Évolution du sous-emploi 2001-2010

Source : Enquêtes 1-2-3, phase 1 « Emploi », 2001-2010, INSTAT/DIAL, le déflateur utilisé est

l'indice des prix à la consommation à Antananarivo.

Le sous-emploi global passe de 65,9% à 70,4%, il est la somme du taux de chômage, du

sous-emploi lié à la durée du travail et de la situation d’emploi inadéquats.

71 On les appelle aussi les « primo-demandeurs d’emploi ». 72

INSTAT

Page 68: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

61

C’est le secteur informel qui est le stock de main d’œuvre venant du secteur formel. Vu

que le secteur privé formel a baissé ses effectifs d’employés, le secteur informel s’avère être le

réservoir de stockage des mains d’œuvre de ce premier. Cependant, cette régression brutale sera

accompagnée d’un changement de structure pour le secteur industriel, pour la branche de

l’industrie textile et l’économie toute entière.

La structure de l’emploi par branche est déterminée principalement par la branche

industrie textile qui est largement dominée par les industries des ZFI. La crise de 2009 a entrainé

une compression massive des emplois dans la ZF. Ce qui implique que la structure de l’emploi

dans les industries textiles dépend largement des EF.

2) Hypothèse 2. La suspension de l’éligibilité de Madagascar de l’AGOA

intimide la compétitivité des industries textiles dans le pays et donc ralentisse la croissance

a) Les apports de l’AGOA

En termes d’exportation, 42% des recettes d’exportation de l’Océan Indien étaient

produites par les industries malagasy73

. L’inquiétante diminution des investissements s’est

répercutée dans l’économie, et surtout dans la production textile. Voyons l’évolution du PIB

pour connaître les changements en chiffre.

73 Banque Mondiale.

Page 69: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

62

Graphique 10. Variation du PIB (%) de 2005 en 2012

Source : INSTAT

Le premier fait marquant dans toute notre période d’observation est la chute vertigineuse

du taux de croissance en 2009 (-4,1%). Un taux de croissance négative signifie la diminution des

valeurs ajoutées créées dans l’année antérieure à l’observation.

La croissance de la production est déterminée à la fois par le niveau d'investissement de

la période précédente et l'efficacité de l’investissement. Il y a un creux qui représente un manque

à gagner pour l’économie malagasy.

Page 70: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

63

Graphique 11. Évolution des Investissement Directs Étrangers (IDE) de 2005-2012 (en

millions de DTS)

Source : Banque Centrale de Madagascar

Une situation de désinvestissements s’est passée en 2008, à savoir un recul des IDE allant

de 881 millions de DTS à 487 millions DTS pour la période 2010.

Les entreprises des branches textiles et ZFI ont été les premières victimes de la

suspension du pays. La reprise du souffle pour la branche se remet en 2010, mais les

performances de 2008 n’ont pas été atteintes malgré la recherche de nouveaux débouchés.

Pour la période 2005-2008, le taux de croissance du PIB et l’évolution des volumes

d’IDE sont en accroissement, ce qui signifie que le volume du capital détermine le niveau de

croissance économique pour Madagascar. Les industries textiles malagasy sont hautement

compétitives sur le marché international que ce soit en termes de prix que ce soit en termes de

qualité des produits.74

74 ODRES et GEFP

Page 71: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

64

Bien que Madagascar ait déjà des débouchés vers les marchés européens, les échos de

l’annulation de l’AGOA sont plutôt perçus en termes d’exportations et particulièrement dans le

marché à destination des États-Unis.

Tableau 7. Sortie et survie des firmes selon le marché entre 2009 et 2010

Source : ODRES et GEFP, enquête 2009 et 2010

Les sorties et les survies (lecture en ligne) sont les effectifs des ayant fait l’objet

d’observation dans notre étude. Au total, 23 ont décidé de sortir contre les 95 survivants parmi

les 100 entreprises enquêtés.

Afin d’identifier les facteurs qui déterminent la survie ou non des firmes locales

exportatrices, on a choisi un modèle économique, appelé « Probit model »75

. Ce modèle

économétrique a pour but d’analyser et d’étudier les résultats du choix irréfutable d’un agent

économique, c’est-à-dire : la suppression d’une variable endogène (une variable explicative)

peut-elle influencer ou non la variable expliquée ? Ainsi, il a été constaté que l’exportation vers

les USA est le facteur le plus déterminant dans la mesure où elle réduira la probabilité de survie

par 54,3%. Nous avons trouvé également que les facteurs tels que la PTF (¨Partenaires

Techniques et Financiers), la jeunesse des firmes et le fait d’être une firme locale ne sont pas

significatifs, c'est-à-dire qu’ils n’affecteront pas significativement la survie des firmes locales.

75 Sous l’appellation française : modèle Probit multinomial de choix.

Page 72: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

65

Dans ce contexte donc, la relation entre exportateurs et importateurs est plus déterminant que les

autres facteurs (comme la PTF et l’expérience des firmes sur le marché).76

b) Les contraintes

Le marché américain fut une porte de prospérité de l’industrie textile malagasy. Vu que la

quasi-totalité de la population malagasy vit encore sous le joug de la pauvreté, le pays se trouve

bloqué par des obstacles qui freinent ou même accentuent sa croissance économique que le bien-

être de la population repose essentiellement sur le caractère monétaire. Ce qui veut dire que le

revenu est dépensé en majeure partie par les dépenses sociales de bases comme la nourriture,

l’habillement, et le toit.

La thèse de l’échange inégal d’Arghiri Emmanuel77

Cependant, la pratique du commerce est contrainte par l’échange inégal en ce sens que

l’échange entre les pays développés et les pays sous-développés fait naître un écart de

développement. L’inégalité de l’échange des marchandises a comme racine cette mauvaise

répartition des salaires entre les pays coéchangistes, une forme de distribution non-équitable des

revenus. Même si le commerce international occasionne pour un pays sous-développé les

transferts de technologies et les transferts de connaissances, l’échange est inégal à cause de la

différence de salaire des travailleurs dans les PD et les PED. Comme nous avons énoncé dans les

paragraphes du premier chapitre, la valeur d’un bien dépend du temps nécessaire à la fabrication

de ce bien et donc du salaire des ouvriers (théorie marxiste de la valeur). Et de ce fait, la

demande locale des biens reste faible, cela est la conséquence de la diminution du pouvoir

d’achat des salariés.

Ample dépendance des financements extérieurs des investissements

L’insuffisance de ressources internes du pays, empirée par la lourdeur des

investissements et la rareté des devises pour faire des transactions lors du commerce

international réduisent le courage des industriels nationaux.

76 ODRES, GEFP, « Une analyse de leur performance sur la base des principaux résultats des enquêtes effectuées

en 2009 et 2010 », 2010, page 26. 77 Arghiri Emmanuel, « L’échange inégal-Essais sur les antagonismes dans les rapports économiques

internationaux », collection « Économie et socialisme », Paris, 1972.

Page 73: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

66

En sus, le « limited access » ou l’accès limité au marché financier international en

constitue aussi une raison de plus pour empêcher le phénomène « d’industries industrialisantes ».

En effet, c’est une théorie qui énonce l’existence d’une industrie qui modifie dans son

environnement local la structure des relations interindustrielles, transforme les fonctions de

production et augmente la productivité et donc la compétitivité de l’ensemble de l’économie.

L’angle classique de la théorie de la croissance appuyé sur les investissements – donc de

l’apport de capital – semble confirmer notre hypothèse que la suspension de l’AGOA freine la

croissance après une modération de la compétitivité des industries textiles à Madagascar. Vu que

la suspension de l’AGOA explique la réduction du rythme de croissance, comment expliquerons-

nous le fait que le secteur informel s’accroît dans la même période de 2008 en 2013 ?

3) Extension du sujet : le secteur informel tient un rôle prépondérant pour

apaiser les tensions dans le marché du travail.

Le terme de stockage sera assimilé en tant que réserve de main d’œuvre pour notre étude.

Le secteur informel lui aussi est indispensable dans le fonctionnement du marché du travail dans

une économie puisqu’il constitue un secteur de réserve d’emploi et de secteur formateur des

travailleurs.

Il est à remarquer que 9 employés sur 10 se trouvent dans le secteur informel avec 75%

dans les entreprises informelles agricoles.78

La précarité des emplois et l’invention des emplois

propres à leurs comptes devinrent une des principales caractéristiques de l’emploi dans le pays.

Et déjà en 1993, on comptait 678 300 unités de productions informelles (UPI) qui

employaient plus de 1116 500 personnes dans les branches marchandes non agricoles.79

Les

activités commerciales informelles sont fréquentes et plus favorables en milieu urbain.

Le secteur informel hors agriculture comprend les services domestiques aux ménages et

les activités qui entrent dans les catégories des aides familiales. Avec une durée d’activité la plus

78 INSTAT, ENEMPSI, 2012, page 37 79 http://www.instat.mg/pdf/sect_informel.pdf, visité le 19/03/2015 à 10 :25.

Page 74: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

67

longue par rapport aux autres activités, le secteur informel contient beaucoup plus de femmes

que d’hommes.

Les entreprises informelles agricoles mobilisent beaucoup plus de main-d’œuvre

masculine que les entreprises informelles hors agriculture : situation généralement observée dans

la plupart des pays en voie de développement où les travaux agricoles nécessitent beaucoup plus

une main d’œuvre masculine que féminine.80

Section 2 – Défis et recommandations

1) Les limites de l’étude.

Pour des raisons d’impossibilité dans les collectes de données, certaines indicateurs

n’étaient pas en mesure d’expliquer totalement la réalité des choses. Il en est l’exemple des

périodes d’observations, 2009-2013, certaines chiffres auprès des établissements et dans les

institutions de tutelles sont encore non disponibles faute d’enquête et des organisations internes

de celles-ci.

2) Les modalités d’intervention pour l’avancée de l’industrie textile

d’exportation de la Grande Île.

L’industrie textile d’exportation constitue une amorce pour le développement pour

beaucoup des pays de l’Afrique Sub-Saharienne, et particulièrement pour Madagascar. Elles sont

compétitives si l’on fait référence au Bangladesh, et les travailleurs malagasy sont habiles et

productifs. Les EF offrent des tarifs de fabrication d’un produit très compétitifs en termes de prix

et de qualité si l’on ne compare que les prix offerts par la Chine sur le marché.

Sur les firmes

Les EF devraient chercher des moyens pour pouvoir valoriser leurs activités notamment

par la mise en place d’un système bien structuré pour la création et le maintien des chaines de

valeurs. Les importations des EF constituent les ¾ de l'approvisionnement total du secteur des

EF, ce qui est à l’origine des insuffisances des matières premières faisant gonfler le prix.

80 Op. cit., page 38.

Page 75: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

68

Pour que les EF soient pérennes, les approvisionnements en matière première ne doivent

pas constituer un blocage pour les activités. Dans le cadre des accords et conventions régionaux,

les EF de Madagascar sont fragiles et sensibles par les chocs d’origines externes tels la

fluctuation des devises et les crises financières mondiales.

Les EF doivent élaborer une politique qui prend en compte dans leurs stratégies les

institutions, les spécificités de l’environnement de l’affaire malagasy. Par exemple les conditions

de travail et du traitement des travailleurs devraient être améliorés de façon à ce que ces facteurs

deviennent de plus en plus productifs. Mais l’augmentation des salaires de base aussi est source

de motivation pour les travailleurs malagasy.

Les ateliers doivent respecter les normes de santé pour éviter ou du moins réduire les

accidents professionnels (vieux machines, lieu de travail insalubre…). Concernant les

traitements, les gros mots et les harcèlements sexuels faits par les chefs à ses subordonnés ainsi

que les heures supplémentaires de travail excédant les 20 h/semaine, l’État détient un rôle dans la

mise en place ou plutôt le renforcement des systèmes de contrôle et d’inspection mais aussi et

surtout appliquer les règles et sanctionner les attitudes non-conformes à la loi.

Les activités syndicales restent relativement faibles dans les EF, seulement 14% de

syndicalisation. Pourtant, les travailleurs ne doivent pas seulement se contenter de travailler et de

percevoir les salaires, les avantages des multiples interventions des syndicats – surtout les

mesures de sécurité sociale – leurs sont nécessaires pour qu’ils puissent mener à bien leurs

travails tout en connaissant leurs droits et obligations. Il en est l’exemple des besoins de

formations et de recyclages pour améliorer la productivité et l’efficience du capital humain

malagasy.

Sur le marché

Au niveau régional, les stratégies d’amélioration de la compétitivité nationale dépend de

la structure et du fonctionnement de la chaine de valeur intégrée composée (exemple : les

agriculteurs planteurs de coton et fournisseurs de laines, les entreprises de filatures et de tissages,

les fabricants de tissus, les confectionneurs de vêtements…). L’instauration d’un cadre

règlementaire visant à renforcer et à faciliter les échanges au sein de l’Afrique et dans tout le

monde entier serait la clé pour Madagascar d’augmenter son dynamisme compétitif.

Page 76: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

69

L’extension du marché et la diversification des produits à exporter pour en tirer de

nouveaux débouchés est la solution convenable pour rattraper les retards suite à l’arrêt de la

franchise des marchandises malagasy vers le marché américain.

Un blocage institutionnel et matériel reste le principal problème des EF de confection de

textiles et habillement, mais le cas est presque le même pour l’ensemble de l’industrie malagasy.

La libéralisation du marché de l’énergie favorisera la concurrence et fera en fin de compte

diminuer le prix et améliorera la qualité des services. Par exemple la société JIRAMA est la

seule productrice d’eau et d’électricité, et cette position de monopole attirera beaucoup

d’investisseurs une fois qu’elle sera libérée (que ce soit en termes de gestion ou en termes de

financement).81

L’instauration d’un climat favorable au développement des affaires est de nature cruciale

pour notre économie via le changement structurel des politiques sectorielles pour amorcer le

développement des industries naissantes locales visant à promouvoir une croissance économique

à base sociale élargie.

81 Andriampeno Ramiliarison, « Le rôle du secteur privé dans le processus du développement économique »,

Conférence du CREM, CCI Antaninarenina, 26/02/2015.

Page 77: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

70

CONCLUSION GENERALE Au cours des trente dernières années, l’industrie des pays en développement, poussée par

une croissance explosive des échanges de produits manufacturés, a connu une croissance rapide.

En revanche, une part importante du monde en développement risque toujours de ne pas arriver à

créer une économie dynamique et compétitive s’appuyant sur le secteur industriel82

.

Le développement des industries peut soutenir une croissance rapide et soutenue tout en

réduisant le taux de pauvreté. La compétitivité reste une brèche pour l’épanouissement de

l’industrie malagasy était l’ouverture vers l’extérieur bien que le protectionnisme ou le libre-

échangisme succédèrent dans notre système. Pour l’industrie textile d’exportation et surtout les

firmes des ZFI, le marché américain et européen était une sorte de « success story » dans le cadre

des régimes des EF. Il en est l’exemple de l’AGOA, un libre accès avec « zéro taxe – zéro

quotas », dans le marché américain que l’exportation de textile et d’habillement devient une

activité importante pour l’ensemble de l’exportation et pour l’économie nationale.

De ce fait, l’économie est donc dépendante des IDE faute de ressources internes en sus de

l’immensité des coûts nécessaires et indispensables pour entretenir une activité de production.

Pourtant, le pays semble très sensible aux chocs exogènes, le cas de la crise financière mondiale

de 2008, qui sont empirés par la fragilité politique et sociale interne, se répercutant dans toute

l’économie.

La suspension de l’éligibilité de Madagascar en fin décembre 2009 suite à la décision

prise par le gouvernement américain a eu des échos négatives tant pour les acteurs dans les ZFI

(les EF), tant pour les travailleurs malagasy, tant pour l’économie dans son ensemble. Notre

étude s’est forcée d’analyser la contribution des EF dans l’emploi et le marché du travail dans un

premier temps. On a pu constater que l’interruption des franchises vers le marché américain a

causé du tort pour les firmes travaillant dans les ZFI, qui étaient contraintes de réduire l’étendu

de la production et ceci en terme d’effectif des travailleurs et de moyens mobilisés dans leurs

activités. L’hypothèse de la contribution des EF dans la création d’emploi à Madagascar a été

donc vérifiée dans notre étude.

82 ONUDI, « Rapport sur le développement industriel 2009 », page 2.

Page 78: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

71

Dans un second lieu, la compétitivité de firmes industrielles dans le secteur textile et

habillement a été mise en question à propos de la suspension du programme AGOA. Le focus de

l’analyse a été axé sur le volume des exportations et le nombre des entreprises qui ont survécu

dans l’arène du marché de textile d’exportation. On a alors confirmé que malgré les faibles

reprises connues en 2010, la performance en termes d’exportation pour le pays a été affaiblie par

les troubles socio-politiques de 2009.

En conséquence, le nombre massif des opérateurs informels qui montent leurs propres

UPI explique les moyens de survies des travailleurs égarés lors des malaises économiques de

2008 en 2013.

Le choix de l’industrie doit faire preuve d’intégrité pour les dirigeants politiques pour

faciliter les effets d’entraînement afin d’atteindre l’expansion de l’économie tout en considérant

les avancées de la technologie dans le secteur et la protection de l’environnement. L’État détient

le monopole de la violence physique légitime, il est le seul qui est à même d’utiliser les

contraintes de force pour faire régner l’ordre public, il fait alors partie intégrant des acteurs

majeurs dans la promotion du développement.

Bref, le développement des industries reste un moyen inévitable si l’on veut se

débarrasser des blocages qui empêchent l’éradication de la pauvreté et l’amélioration du niveau

de vie des malagasy

Page 79: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

V

Annexe 1. Évolution du taux de change (en AR) de 2005-2012

Source : BCM

Annexe 2. Évolution du nombre d’entreprises franches agréées et d’emplois prévus

de 2005 à 2012

Source : EDBM

Page 80: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

VI

Annexe 3. Liste de premières sociétés malagasy de textile :

COTONA : Cotonnerie d’Antsirabe

SOTEMA : Société Textile de Madagascar

SAMAF : Société Malagasy de Filature

SOMACOU : Société Malagasy des COUvertures

TISMA : TISsus de MAdagascar

SUMATEX : Société Unipersonnelle MAlagasy de TEXtile

Annexe 4. Dates d’entrée des pays de l’ASS bénéficiaires de l’AGOA

Maurice: le 18 janvier 2001

Kenya: le 18 janvier 2001

Madagascar: le 06 mars 2001

Afrique du Sud : le 07 mars 2001

Lesotho: le 23 avril 2001

Swaziland: le 26 juillet 2001

Éthiopie : le 02 août 2001

Malawi: le 15 août 2001

Botswana: le27 août 2001

Ouganda : le 23 octobre 2001

Namibie : le 03 décembre 2001

Zambie : le 17 décembre 2001

Tanzanie : le 04 février 2001

Mozambique: le 08 février 2002

Cameroun: le 1er mars 2002

Ghana: le 20 mars 2002

Sénégal : le 23 mars 2002

Page 81: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

VII

Bibliographie Ouvrages

Adam Smith, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », vol 1, tome 1,

Chapitre I

Arghiri Emmanuel, « L’échange inégal-Essais sur les antagonismes dans les rapports

économiques internationaux », collection « Économie et socialisme », Paris, 1972

Ashton T.S., « La révolution industrielle : 1760-1830 », Paris, 1955

Aurélie Samuel, « L’art du textile en Asie », 2014

Charles-Albert Michalet, « Globalisation, attractivité et politique industrielle », Hachette, Paris,

1993

Charles-Albert Michalet, « Qu’est-ce que la mondialisation ? », Paris, éd. La découverte, 2002.

Christian Chavagneux, « Une brêve histoire des crises financières », éd. LA DECOUVERTE,

Paris, 2011, 235 pages.

Christian Palloix, « Impéralisme et échange inégal », éd. L’homme et la société, 1969.

David Ricardo, « Principles of Political Economy and Taxtation », 1817.

Henri LEPAGE, « La nouvelle économie industrielle », Hachette, 1989. 449 pages

Jean Marc Fontaine, « Mécanismes et politiques de développement économique. Du big Push à

l’ajustement structurel », éd. CUJAS

Jean RAZAFINDRAVONONA, Eric RAKOTOMANANA, Jimmy RAJAOBELINA, « Etude

sur les échanges entre Chine et Madagascar », 2008.

Laurence JOURDAIN, « Les nouveaux processus d’intégration régionale vers la restauration

d’un ordre dans les relations internationales », Paris

Nadine Keim, « Annuaire Suisse de développement », 2004.

Patrick Arthus, Marie-Paule Virard, « Croissance Zéro », Fayard, 2015

Philippe Moreau Defarges, « La Mondialisation », Presses Universitaires de France, éd. Que

sais-je ?, 2012, 128 pages.

RASOLOFO Adamson Andrianirina, « L’industrie comme moteur de croissance économique à

Madagascar : Identification d’une relation de long terme et de causalité », CREAM, 2014

Page 82: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

VIII

Thomas Coutrot, Michel Husson, « Les destins du Tiers Monde. Analyse, bilan et perspectives ».

Coll. CIRCA, éd. NATHAN. 1993

Viviane Forrestier, « L’horreur économique », Coll. Librairie Arthème Fayard, éd. Le Livre de

Poche, 1996

Rapports

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INSTAT, « Indice de la production industrielle des entreprises franches », Antananarivo, 2004

INSTAT, ENEMPSI, 2012

Jack Lang, « Pour l’Afrique. Contre l’indifférence et le cynisme », Rapport de la COMMISION

FOR AFRICA, La documentation française, 2005

Les parties contractantes à l’Accord Général sur les Tarifs douaniers et le Commerce, « Le

Commerce International en 1961”. Genève, 1962

ODRES, GEFP, « Un success story mis en échec par la crise politique », Rapport sur les

résultats majeurs des enquêtes sur les EF de confection à Madagascar, enquêtes 2009 et 2001.

ODRES, GEFP, « Une analyse de leur performance sur la base des principaux résultats des

enquêtes effectuées en 2009 et 2010 », 2010

ONUDI, « Rapport sur le développement industriel 2009 : Accéder au marché et y progresser,

nouveaux défis industriels pour les pays du milliard inférieur et les pays à revenu

intermédiaire », 2009

BIT, « La situation du secteur des entreprises franches à Madagascar : état des lieux du secteur

des entreprises franches », 2007

MFPTLS, « La Politique Nationale de l’Emploi », 2000

Thèses et mémoires.

RAHASIMBELONIRINA Ando, « La fragilité de la politique d’exportation à Madagascar »,

Université d’Antananarivo, Département Économie, Mémoire de Maîtrise, 2012.

RANDRIAMANAMBINTSOA Marius, « L’exportation textile malgache : qui de l’après

l’Accord Multifibre, cas de l’AGOA », Université d’Antananarivo, Département Économie,

Mémoire de Maîtrise, 2006.

THIERRY Christelle Erika Matthias, « Industrialisation et croissance : cas de l’industrie textile

à Madagascar », Université d’Antananarivo, Département Économie, 2013.

Page 83: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

IX

Articles, revues, conférences, autres

Andriampeno Ramiliarison, « Le rôle du secteur privé dans le processus du développement

économique », Conférence du CREM, CCI Antaninarenina, tenue le 26/02/2015.

Lazamanana Pierre André, Cours d’Expertise International, 4ème

année, 2014.

Léa Ratsiazo, « Investissements, Madagascar classé pays à très grands risques en raison de la

fragilité de la situation politique », Madagascar Tribune, 03/02/2015.

Mireille Razafindrakoto, François Roubaud, « Les entreprises franches à Madagascar : atouts et

contraintes d’une insertion mondiale réussie », Afrique contemporaine, n° 202-203, 2002

Vonjy, « Effets de la crise sur l’industrie de confection », Atelier sur les effets de la crise dans la

performance, Madagascar Tribune, éd. du 27/08/2012

Rainelli, « La nouvelle théorie du commerce international », Repères, réalisé par Manon

Cheminat, IUFM, Paris, SES.

Rajaonson Hugues Février, « Les décisions à risque, Madagascar face à ses besoins

d’investissement », Conférence du CREM, CCI Antaninarenina, tenue le 26/03/2015.

Webographie

www.agoa.org

www.aunege.fr

www.banque-centrale.mg

www.economie.trader-finance.fr

www.gefp.com

www.instat.mg

www.melchior.fr

www.unido.org

www.worldbank.org

www.wto.org

Page 84: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

X

Table des matières

Remerciements ......................................................................................................................................... I

Sommaire ................................................................................................................................................ II

Liste des tableaux ................................................................................................................................... III

Liste des graphiques ............................................................................................................................... III

Liste des figures ..................................................................................................................................... III

Liste des acronymes ............................................................................................................................... IV

INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1

PREMIERE PARTIE : INDUTRIALISATION, CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT ...................... 4

CHAPITRE 1 – LES CONCEPTS ET THÉORIES SUR L’INDUSTRIALISATION ........................... 6

Section 1 - Définitions et théories : .................................................................................................. 6

1) Industrialisation ....................................................................................................................... 6

2) Industrie moteur de croissance et développement économique .................................................. 7

3) Révolution industrielle ............................................................................................................. 9

Section 2 - L’industrie textile ......................................................................................................... 11

1) Définitions ............................................................................................................................. 11

2) L’industrie textile en amont .................................................................................................... 12

3) L’industrie textile en aval ....................................................................................................... 13

CHAPITRE 2 – LA MONDIALISATION ET LA COMPÉTITIVITÉ DES INDUSTRIES TEXTILES

ET HABILLEMENT ......................................................................................................................... 15

Section 1 - La mondialisation et l’industrie textile .......................................................................... 16

1) De l’avantage absolu à l’avantage comparatif ......................................................................... 16

2) Le commerce international et la mondialisation ...................................................................... 18

Section 2 – De la compétitivité vers la croissance économique ....................................................... 29

1) Quelques définitions :............................................................................................................. 30

2) La relation entre compétitivité et croissance ........................................................................... 32

DEUXIÈME PARTIE : L’INDUSTRIE TEXTILE ET L’ÉCONOMIE MALAGASY ........................... 35

CHAPITRE 1 - L’INDUSTRIE TEXTILE MALAGASY, QUELLE AVENIR POUR LA

POPULATION ? ............................................................................................................................... 36

Section 1 – Regard sur l’évolution et la spécificité de la filière : ..................................................... 36

1) De la production artisanale à la production industrielle ........................................................... 36

Page 85: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

XI

2) Structure de production de la filière textile malagasy .............................................................. 39

Section 2 – Madagascar et l’AGOA à partir de 2009 en 2013 ........................................................ 46

1) Les impacts de la suspension .................................................................................................. 46

2) La compétitivité de la filière et la croissance........................................................................... 52

CHAPITRE 2 – L’ANALYSE DE L’IMPACT DE LA COMPETITIVITE DE L’INDUSTRIE

TEXTILE VERS LE DEVELOPPEMENT ........................................................................................ 56

Section 1 – les études empiriques ................................................................................................... 56

1) Hypothèse 1 : la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles dépend largement

des Entreprises Franches. ............................................................................................................... 56

2) Hypothèse 2. La suspension de l’éligibilité de Madagascar de l’AGOA intimide la compétitivité

des industries textiles dans le pays et donc ralentisse la croissance ................................................. 61

3) Extension du sujet : le secteur informel tient un rôle prépondérant pour apaiser les tensions dans

le marché du travail. ...................................................................................................................... 66

Section 2 – Défis et recommandations ............................................................................................ 67

1) Les limites de l’étude. ............................................................................................................ 67

2) Les modalités d’intervention pour l’avancée de l’industrie textile d’exportation de la Grande Île.

67

CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................ 70

Annexe 1. Évolution du taux de change (en AR) de 2005-2012 ................................................................ V

Annexe 2. Évolution du nombre d’entreprises franches agréées et d’emplois prévus de 2005 à 2012 ........ V

Annexe 3. Liste de premières sociétés malagasy de textile : .................................................................... VI

Annexe 4. Dates d’entrée des pays de l’ASS bénéficiaires de l’AGOA.................................................... VI

Bibliographie......................................................................................................................................... VII

Résumé ................................................................................................................................................. XII

Page 86: « La compétitivité des industries à Madagascar de 2009 en

Nom : RANDRIAMANANJARA Fidèle

Encadreur : RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien

Titre : « La compétitivité de l’industrie à Madagascar de 2009 en 2013 : cas du secteur textile

d’exportation »

Nombre de pages : 71

Nombre de tableaux : 07

Nombre de graphiques : 11

Nombre de figures : 03

Résumé Il est exposé dans notre étude le rôle moteur de l’industrie pour la promotion d’une

croissance économique et social en mettant l’accent sur les contributions de l’industrie à la

création d’emploi. Madagascar, la Grande Île aux multiples atouts de par sa position

géographique, naturelle et sa spécificité de sa population, n’est pas la dernière à s’être

industrialisé parmi ses homologues africains. Mais de la période coloniale jusqu’à présent, elle

connait encore des instabilités en matière de dynamisme de son secteur industriel à cause de

l’incapacité des performances économiques à réduire la pauvreté de la population. En plus des

interférences créées par les troubles socio-politiques de 2009 et la crise financière mondiale, la

déficience en ressources (énergétiques, technologiques, méthodologiques et humaines)

affaiblisse la structure du tissu industriel malagasy que malgré les performances prometteuses, la

croissance économique à base sociale élargie semble rester une utopie. Toutefois, le secteur

textile malagasy se trouve être un facteur clé de croissance et un secteur d’amorce du

développement pour le pays. Et en plus, les perspectives industrielles sont bonnes, la grande

potentialité agricole, la disponibilité d’une main d’œuvre jeune et compétitive et les proximités

des marchés régionaux font naître de l’espoir pour l’avenir de la population malagasy.

Mots clés : industrialisation, avantage absolue, avantage comparatif, commerce international,

compétitivité, AGOA, croissance économique

Adresse de l’auteur : LOT III T 137 BIS CB Anosibe Mandrangobato II – Antananarivo 101.

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