« la compétitivité des industries à madagascar de 2009 en
TRANSCRIPT
UNIVESTITÉ D’ANTANANARIVO ***********************
FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE ***********************
DÉPARTEMENT ÉCONOMIE ***********************
4ÈME ANNÉE – PROMOTION SORTANTE OPTION : ADMINISTRATION PUBLIQUE
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE
ÈS SCIENCES ÉCONOMIQUE
« La compétitivité des industries à Madagascar de
2009 en 2013 : cas du secteur textile d’exportation»
Impétrant : RANDRIAMANANJARA Fidèle Encadreur : RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien
Soutenu le 10/Avril/2015
Année universitaire : 2013-2014
UNIVESTITÉ D’ANTANANARIVO
*********************** FACULTÉ DE DROIT, D’ÉCONOMIE, DE GESTION ET DE SOCIOLOGIE
*********************** DÉPARTEMENT ÉCONOMIE
*********************** 4ÈME ANNÉE – PROMOTION SORTANTE OPTION : ADMINISTRATION PUBLIQUE
MÉMOIRE DE FIN D’ÉTUDE POUR L’OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE
ÈS SCIENCES ÉCONOMIQUE
« La compétitivité des industries à Madagascar de
2009 en 2013 : cas du secteur textile d’exportation»
Impétrant : RANDRIAMANANJARA Fidèle Encadreur : RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien
Soutenu le 10/Avril/2015
Année universitaire : 2013-2014
I
Remerciements En premier lieu, les remerciements et les reconnaissances s’adressent à Dieu, le Tout Puissant,
pour nous avoir guidé et accordé sa grâce dans la réalisation de ce travail.
Ensuite, j’exprime ma profonde gratitude envers :
Monsieur RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien, mon encadreur, pour m’avoir accordé du
temps, donné des conseils et suggestions et surtout de m’avoir dirigé tout au long de la
réalisation de ce présent mémoire.
Monsieur RAMIARISON Herinjatovo Aimé, Chef du Département Économie par intérim
tous les autres enseignants et le personnel administratif du Département Économie pour
leurs aides et leurs savoirs durant ma formation à l’Université.
Il y a aussi lieu de remercier les institutions suivantes et ses personnels pour l’accès aux données,
aux informations et aux divers documents pour mener à bien ce mémoire qui sont :
L’Institut National de la Statistique
Le Ministère de l’Industrie
Le Centre d’Étude Économique
L’Observatoire pour le Développement national des Ressources humaines du niveau de
l’Enseignement Supérieur.
Le centre d’information public de la Banque Mondiale.
Un grand merci est adressé à mes amis et à tous ceux qui ont contribué, que ce soit de près ou de
loin, à l’achèvement de ce travail de recherche.
Et enfin, j’exprime mes sincères reconnaissances à mes très chers parents
RANDRIAMANANJARA et RASOARIMANANA Jeannette, à ma Famille pour leur soutien
dès la préparation jusqu’au terme de ce travail de mémoire, que le seigneur vous rende au
centuple ce que vous tous avez généreusement prodigué.
Merci à tous
II
Sommaire INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : INDUTRIALISATION, CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT ...................... 4
CHAPITRE 1 – LES CONCEPTS ET THÉORIES SUR L’INDUSTRIALISATION ........................... 6
Section 1 - Définitions et théories : .................................................................................................. 6
Section 2 - L’industrie textile ......................................................................................................... 11
CHAPITRE 2 – LA MONDIALISATION ET LA COMPÉTITIVITÉ DES INDUSTRIES TEXTILES
ET HABILLEMENT ......................................................................................................................... 15
Section 1 - La mondialisation et l’industrie textile .......................................................................... 16
Section 2 – De la compétitivité vers la croissance économique ....................................................... 29
DEUXIÈME PARTIE : L’INDUSTRIE TEXTILE ET L’ÉCONOMIE MALAGASY ........................... 35
CHAPITRE 1 - L’INDUSTRIE TEXTILE MALAGASY, QUELLE AVENIR POUR LA
POPULATION ? ............................................................................................................................... 36
Section 1 – Regard sur l’évolution et la spécificité de la filière : ..................................................... 36
Section 2 – Madagascar et l’AGOA à partir de 2009 en 2013 ........................................................ 46
CHAPITRE 2 – L’ANALYSE DE L’IMPACT DE LA COMPETITIVITE DE L’INDUSTRIE
TEXTILE VERS LE DEVELOPPEMENT ........................................................................................ 56
Section 1 – les études empiriques ................................................................................................... 56
Section 2 – Défis et recommandations ............................................................................................ 67
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................ 70
III
Liste des tableaux Tableau 1. Avantage comparatif d’un pays face à un autre. .......................................................18
Tableau 2. Création d’entreprise en 2008 et 2009 ......................................................................47
Tableau 3. PIB et PIB/habitant de 2012 et 2013.........................................................................48
Tableau 4. Distribution des travailleurs par genre et par poste dans les entreprises de confection
(%) ............................................................................................................................................49
Tableau 5. Salaire mensuel moyen et salaire mensuel médian des employés en USD .................50
Tableau 6. Évolution du sous-emploi 2001-2010 .......................................................................60
Tableau 7. Sortie et survie des firmes selon le marché entre 2009 et 2010 .................................64
Liste des graphiques Graphique 1. Courbe du Coût Moyen Longue période d’une firme ............................................21
Graphique 2. Évolution des flux entrants d’IDE à Madagascar en milliards d’USD ...................27
Graphique 3. Exportations textile malagasy vers l’Europe et les États-Unis en millions USD ....43
Graphique 4. Exportation des vêtements de Madagascar en million USD ..................................45
Graphique 5. Expérience requise par un ouvrier de petites mains pour être promu .....................51
Graphique 6. Évolution des importations et des exportations de 2005 à 2012 (en millions de
DTS*) .......................................................................................................................................53
Graphique 7. Évolution de l’effectif des entreprises franches agréées (effectif cumulé) et des
entreprises opérationnelles de 2005 à 2012. ...............................................................................54
Graphique 8. Évolution de la population active, de la population active occupée et du PIB réel
entre 2001 et 2010. ....................................................................................................................58
Graphique 9. Évolution du nombre de chômeur et du taux de chômage de 2001 à 2010.............59
Graphique 10. Variation du PIB (%) de 2005 en 2012 ...............................................................62
Graphique 11. Évolution des Investissement Directs Étrangers (IDE) de 2005-2012 (en millions
de DTS) ....................................................................................................................................63
Liste des figures Figure 1. Processus d’amélioration de la compétitivité ..............................................................20
Figure 2. Répartition des principaux secteurs d’activités à Madagascar en 2014 ........................40
Figure 3. Structure de la population ...........................................................................................58
IV
Liste des acronymes
AGOA: Africa Growth and Opportunity Act
AMF : Accord Multifibres
ASS : Afrique Subsaharienne
COTONA : Cotonnerie d’Antsirabe
CPP : Concurrence Pure et Parfaite
BIT : Bureau International du Travail
DD : Droit de Douane
DTS : Droit de Tirage Spéciaux
FMI : Fonds Monétaire International
FMN : Firmes Multinationales
GATT: General Agreement on Tariff and Trade
CASI : Crédit d’Ajustement Structurel
CREM : Cercle de Réflexion des Économistes de Madagascar
GEFP : Groupement des Entreprises Franches et Partenaires
HOS : Heckscher-Ohlin-Samuelson
IDE : Investissement Direct Étranger
MFPTLS : Ministère de la Fonction Publique, du Travail et des Lois Sociales
MEI : Ministère de l’Économie et de l’Industrie
IDE-JETRO: Institute of Developing Economies-Japan External Trade Organization
JIRAMA : Jiro sy Rano Malagasy
LPI : Lettre de Politique Industrielle
MAP : Madagascar Action Plan
OCDE : Organisation de Coopération pour le Développement Économique
ODRES : Observatoire pour le Développement national des Ressources humaines du niveau de
l’Enseignement Supérieur
V
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
OMD : Objectif du Millénaire pour le Développement
ONUDI : Organisation des Nations-Unies pour le Développement Industriel
ORD : Office de Règlements des Différends
PD : Pays Développés
PADECI : Programme d'Appui au Développement de l’Économie, du Commerce et de
l’Industrie (PADECI)
PED : Pays En Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
UE : Union Européenne
USA : United States of America ou États-Unis d’Amérique
ZLE : Zone de Libre Échange
1
INTRODUCTION
L’essor économique des pays en développement, l’intégration croissante de la production
mondiale à travers les chaînes d’approvisionnement, la hausse des prix des produits agricoles et
des ressources naturelles et la plus grande interdépendance de l’économie mondiale constituent
les raisons qui ont modifié la manière dont les Pays En Développement (PED) peuvent se servir
du commerce pour favoriser leur développement.1 Le protectionnisme et le libre-échangisme
sont les principales stratégies économiques de commerce international. Promouvoir la croissance
économique suppose une excellente base en termes d’industrialisation des diverses activités
économiques. Le XXème siècle même a été marqué, certes, par l’importance de la place occupée
par l’industrie qui fut un des mots d’ordre d’une politique économique nationale par
l’amélioration de la compétitivité internationale.
La définition du mot industrie apportée par Jean Baptiste Say désigne l’ensemble des
activités humaines déployées dans le but de produire des marchandises destinés à satisfaire les
besoins tant individuellement que collectivement. Et les industries sont catégorisées de la
manière suivante : les industries agricoles, les industries manufacturières et les industries
commerciales.2
Le classement des industries, en se référant aux secteurs d’activité, sous la vision de
Colin Clark, porte l’attention selon la répartition sectorielle de la population active notamment le
secteur primaire, le secteur secondaire, et le secteur tertiaire. Dans le secteur secondaire est
regroupée l’activité industrielle avec sa version qui est la transformation sur une grande échelle
des matières premières en produits transportables.
Le processus de développement des activités industrielles est un des piliers qui supportent
les étapes de développement des économies développées. Bien qu’il y ait opposition des
approches, selon l’histoire des économies des pays capitalistes et des pays socialistes, et bien
1 Organisation Mondiale du Commerce (OMC), Rapport sur le commerce mondial 2014, « Commerce et
développement : tendances récentes et rôle de l’OMC », 2014, source :
https://www.wto.org/french/res_f/publications_f/wtr14_f.htm, site visité le 13/03/2015 à 14 :51. 2 J.B. Say, « Traité d’économie politique », 1803, Livre I, Chapitre 2, page 46.
2
connu dans la littérature économique, l’industrie est le moteur de la croissance économique et du
développement social.
La dynamique industrielle marque la force compétitive d’une industrie et ceci constitue
l’une des rares facteurs de développement des économies développées en combinant divers
changements de structure de production et des modes d’organisations.
Les pays asiatiques ont commencé leur industrie par le textile3, il en est l’exemple des
exploits grandioses de la Chine et du Japon à l’époque qui leur ont fait des pays industrialisés et
développés parmi les puissances économiques dans le monde entier. Madagascar n’en est pas le
dernier à s’opérer dans la filière textile et d’ailleurs les activités économiques de la Grande île
tournent autour des trois secteurs notamment l’agriculture, l’industrie et les services.
L’industrie textile à Madagascar oriente presque sa production à l’étranger par la raison
que la fiscalité du pays offre un taux zéro aux exportateurs4 dans le cadre des stratégies de
relance économique utilisant l’exportation comme levier. En plus, la grande partie du marché de
la Zone Franche est assurée par le marché américain dans le cadre de l’AGOA (Africa
Growth Opportunity Act). Le secteur textile concerne la majorité de la population active dans le
pays, ce qui signifie qu’il détient un rôle crucial en termes d’emploi et des politiques de
développement. Ce qui implique que toutes éventuelles incidences vont se répercuter sur tous les
activités économiques et vont créer des malaises sur la majeure partie du bien-être des agents
économiques résidents et non-résidents à Madagascar. Ce phénomène traduit l’importance
pratique et politique de ce travail vu les instabilités internes et externes, la crise financière
mondiale de 2008, et la crise politico-économique de 2009 à Madagascar.
L’intérêt théorique est de deux choses pour ce sujet, il s’agit ici d’une part d’approfondir
les théories et les concepts relatifs au phénomène d’industrialisation, et d’autre part d’apporter de
nouvel information dans tout le long de l’analyse à propos de l’importance de l’industrie textile
pour le développement d’un pays. Ce qui va nous permettre d’améliorer et d’enrichir les
connaissances sur les activités industrielles dans le monde entier et en particulier à Madagascar
sur le domaine du textile.
3 Textile ici englobe à la fois la production cotonnière et la manufacture des produits d’habillement. 4 Code Général des Impôts du système fiscal malagasy après l’adoption des réformes imposées par les bailleurs de
fonds dans la mise en place de la politique d’ajustement structurel dans la fin des années 80.
3
Connaître la compétitivité de l’industrie à Madagascar, et plus précisément la filière
textile, est important pour la structure de l’économie et l’élaboration des stratégies de relance
économique pour parvenir à un stade de développement souhaité. Ce qui invoque la
question : « la compétitivité de l’industrie textile à Madagascar influence-t-elle l’état du
bien-être de la population compte tenu des troubles politiques ayant créés des malaises
économiques de 2009 en 2013 ? »
Le travail repose alors sur les hypothèses suivantes qui sont susceptibles d’être vérifiées
ou non-confirmées au terme de la recherche :
la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles exportatrices dépend
des Entreprises Franches,
la suspension de l’éligibilité de Madagascar de l’AGOA intimide la compétitivité
des industries textiles dans le pays et donc ralentisse la croissance.
En guise de réponse à la problématique, nous proposons de considérer dans une première
partie : les théories sur l’industrialisation, les relatives histoires de l’industrie textiles et de la
croissance économique tout en expliquant les divers enjeux de la mondialisation sur la
compétitivité des industries. Ensuite, dans une deuxième partie, afin de vérifier les hypothèses et
de les étaler, seront exposées les perspectives de l’industrie textile à Madagascar accompagnées
des analyses et des constats empiriques aussi bien qualitative que quantitative à propos de cette
filière, et son avenir sans oublier d’évoquer les obstacles majeures et d’en apporter des
alternatives adéquates aux circonstances qui se sont passés dans cette période d’observation.
4
PREMIERE PARTIE :
INDUTRIALISATION, CROISSANCE
ET DEVELOPPEMENT
« C'est au moyen seulement de l'industrie que les hommes peuvent être pourvus, avec
quelque abondance, des choses qui leur sont nécessaires, et de cette multitude d'autres objets
dont l'usage, sans être d'une nécessité indispensable, marque cependant la différence d'une
société civilisée à une horde de sauvage. »
J.-B. Say, Traité d’économie politique : Livre I (de la production des richesses) (1803)
5
De la période des toutes premières mécanisations des activités de production, allant de la
première révolution industrielle suivie par la deuxième, jusqu’à la réalisation du scénario de ce
qu’on appelle « troisième révolution industrielle », l’industrialisation se trouve toujours en
position convaincante lorsqu’on parle de croissance économique et développement social. De par
ses vertus indispensables pour l’augmentation de la productivité et l’introduction de nouvelles
formes d’organisation de production (le taylorisme et le fordisme), des économies5 ont parvenu à
créer des modèles reflétant l’importance primordiale de l’industrialisation pour arriver à un stade
de développement économique et social.
5 Le mot ici désigne les nations qui sont devenues des puissances mondiales grâce à leur progrès économique
remarquable.
6
CHAPITRE 1 – LES CONCEPTS ET THÉORIES SUR
L’INDUSTRIALISATION
Les phénomènes et les changements au sein de la société tout au long de
l’industrialisation furent l’objet de plusieurs débats doctrinaux et théoriques.
Section 1 - Définitions et théories :
1) Industrialisation
Le mot industrie vient du mot latin « industria »6 qui veut dire activité. Dans son sens
économique le mot veut dire toute activité qui consiste en la production de biens matériels par
l’intermédiaire de transformation des matières premières en produit fini ou semi-fini destiné à
satisfaire les besoins.
L’industrie est alors l’ensemble des activités humaines déployées dans le but de produire
des marchandises utiles, telle est la définition apportée par Jean Baptiste Say7. En ces termes,
Jean Fressinet parle à propos de l’industrie comme la mécanisation et l’augmentation du travail
c’est-à-dire la spécialisation.
L’industrialisation est le processus de développement des activités industrielles. Jean
Marie Albertini a mis l’accent sur l’interdépendance qui doit se passer entre les différents
secteurs de l’économie et non seulement le rapprochement des unités de production qui seraient
isolées les unes les autres.8
L’industrialisation est le phénomène résultant de la création d’entreprise industrielle et
aussi de l’implantation des unités industrielles9. Le développement simultané de la production,
de l’investissement va surement avoir des effets bénéfiques sur les emplois dans l’industrie. Ce
qui va se traduire par l’augmentation de la demande globale suite à la réduction du taux de
chômage.
Mac Bahmani, économiste algérien, donne la définition de l’industrialisation comme un
processus à trois phases. La première regroupe l’extraction, la production, les opérations
nécessaires à l’exportation d’au moins la plus pauvre en valeur ajoutée. La deuxième phase porte
6 www.larousse.fr site visité le 13-fevrier-2015 à 10 :46 7 J.B. Say, « Traité d’économie politique », 1803, livre 1 : De la production des richesses, chapitre 2, page 46 8 Jean Marie Albertini, « Les mécanismes du sous-développement et développement », 1981, page 9 Cardinet, « Le pari industriel »
7
sur le raffinage et la première transformation industrielle c’est-à-dire l’élaboration de produit
semi-fini qui sera prêtes à être transformé en produits manufacturés ou produits finis. Ceci
semble être une phase qui nécessite une main d’œuvre qualifiée et spécialisée et d’immense
volume de capital et de technologie. Et la troisième consiste à l’élaboration des produits finis
disponibles pour la consommation directe ce qui nécessite une haute qualité de main d’œuvre et
une technologie de pointe accompagnée d’une certaine indépendance vis-à-vis des paramètres
politiques.
Le type social d’industrialisation souligne la primauté sur la fabrication des industries
lourdes – la fabrication des biens de production – et la dimension sociale c’est-à-dire la place où
se trouve le contact direct de l’homme avec la machine. En réalité, c’est l’endroit de
concentration d’un nombre important d’ouvrier et d’ailleurs c’est ce qui a conduit la formation
du syndicalisme pendant l’évolution progressive des effectifs des travailleurs. Ce qui implique le
rôle historique de la classe ouvrière si on ne cite que les travaux de Marx sur les phénomènes de
« prolétariat » et de « paupérisation ».10
Selon l’historien Fernand Braudel, la première mécanisation qui fut apportée dans la
production serait dans le textile. Jusqu’en 1950, la quasi-totalité de la production textile se fait à
domicile ou dans de petits ateliers artisanaux qu’on appelle le « domestic system »11
.
2) Industrie moteur de croissance et développement économique
À partir des travaux d’Adam Smith et sa théorie sur la main invisible, le courant libéral a
élaboré une doctrine reposant sur les trois choses suivantes : la propriété privée des moyens de
production, la libre entreprise, la libre concurrence. Cette théorie se fonde sur le fait qu’il y a un
ordre naturel des choses qui est capable de guider les individus cherchant leur intérêt individuel
aboutissant vers l’intérêt collectif. Toutes formes d’interventions de l’État démotiveront tous les
initiatives du secteur privé pourtant c’est le seul capable de satisfaire les besoins en production et
consommation. L’État ne joue que le rôle de gendarme et c’est son appellation dans le cadre
d’une économie libérale, autrement dit il ne détient que les fonctions de police, de justice et de la
défense nationale.
10 KARL Marx, « Le capital », 1919, Presses Universitaires de France, 1919, page 137. 11 La production se fait généralement au sein de la famille, c’est aussi ce qu’on appelle la « protoindustrialisation ».
8
La promotion de l’industrie est donc d’emblée importante pour les économistes libéraux.
En fait, le « laisser-aller » et le « laisser-faire » sont les piliers de la libre entreprise. L’économie
occidentale est bien marquée par le succès du libéralisme et le phénomène du capitalisme
industriel. La croissance économique est assurée par l’industrie en majeure partie en particulier
par le secteur privé. Il faut laisser au marché le rôle de régulateur économique, c’est un
instrument qui peut assurer la production, la répartition, la redistribution et la consommation des
richesses produites dans toute l’économie.
D’après la définition apportée par François Perroux, la croissance correspond à
l’augmentation en une ou plusieurs périodes sur le long terme de l’indicateur de produit, pour
une nation, communément appelé le PIB ou produit intérieur brut. Et pour éviter les effets de
l’inflation, on corrige le PIB et dans ce cas il est mesuré en volume ou « à prix constant ».
L’amélioration du bien-être va donc se traduire par la croissance du PIB/habitant.
Les économistes de l’école classique12
pensaient qu’aucune croissance ne pouvait être
durable parce que selon la loi du marché, toute production convergera tôt ou tard vers ce qu’on
appelle « un état stationnaire ». Ainsi, David Ricardo affirme sur ses travaux que les terres à
cultiver possèdent toujours les caractéristiques de décroissance de la production, une raison pour
expliquer que les coûts de production ont tendance à s’accroître d’une surface à une autre.
La compétitivité constitue un des leviers clés de la croissance assise sur la base des
industries. Si on ne se réfère qu’à l’exploit que les pays occidentaux et les divers politiques
industrielles qui semblent favoriser et créer un environnement favorable au développement des
industries.
La création d’emploi est une source d’amélioration des revenus et des niveaux de vie de
la population. Une stratégie de développement de l’industrie manufacturière et des exportations
par la création de la zone franche industrielle est un moyen permettant de parvenir à
l’amélioration du bien-être de la population.
Selon les hypothèses néoclassiques, les fondements d’un modèle appelé modèle de
Solow-Swan met en exergue ses trois principaux déterminants dont la technologie, le capital, et
le volume de main d’œuvre. Les effets bénéfiques de l’accroissement du volume de capital dans
12 Ils écrivaient cependant au lendemain de la révolution industrielle
9
la production sont nombreuses si on ne cite que l’augmentation de la productivité, tant pour le
facteur travail que pour le facteur capital même si l’intensité capitalistique augmente, les visions
économiques sous l’angle « demande » par l’intermédiaire de la diminution du taux de chômage
et donc l’amélioration des revenus de l’ensemble de la collectivité.
Pourtant cette agrégation est le début de la naissance de la théorie reposant sur le
paradoxe de Condorcet qui vise l’impossibilité d’obtenir une préférence collective par la simple
agrégation des choix individuels. Et d’ailleurs c’est par cette impossibilité qu’Arrow13
a permis
d’en extraire la théorie du choix social.
La libération des marchés et plus précisément la libération de la production,
l’appropriation privée des moyens de production dans les secteurs du textile et de l’habillement
constitue une solution efficace pour redynamiser les forces compétitives des firmes et des
économies pour pouvoir donner de l’oxygène à l’épanouissement du développement économique
et social. Il en est l’exemple de l’action du directeur général de l’Organisation Mondiale du
Commerce (OMC), Pascal Lamy, lors de la Conférence Ministérielle de Hong Kong, du 13 au 18
décembre 2005.
3) Révolution industrielle
C’est une révolution où on assiste à un passage d’une société agricole vers une société
dans laquelle domine la mécanisation de la production les nouvelles formes d’organisation
scientifique du travail et donc l’apparition de nouvelles structures de classes sociales. On
distingue deux grandes révolutions industrielles qui correspondent à des transformations
techniques intenses.
Il y a eu un changement de système industriel reposant sur les sources d’énergies
dominantes (le charbon), les branches industrielles motrices, les processus de fabrication,
13 Kenneth Joseph Arrow (23 août 1921 à New York) est un économiste américain. Il est co-titulaire, avec John
Hicks, du prix « Nobel d'économie » en 1972. Il est considéré comme l'un des fondateurs de l'École néoclassique
moderne (c’est-à-dire post-seconde guerre mondiale).L'impact des travaux de Kenneth Arrow en sciences
économiques a été énorme. Pendant plus de cinquante ans, il est un des économistes les plus écoutés. Il doit,
justement, sa notoriété dans cette discipline à son théorème d'impossibilité, et à ses importantes contributions à la théorie du choix social, à la théorie de la croissance endogène, à l'économie de l'information ainsi qu'à ses travaux
sur la théorie de l'équilibre général. C'est lui qui a introduit le premier en économie, le concept de l'apprentissage par
l'action (Learning by doing). Les individus sur le marché deviennent de plus en plus rationnels en échangeant car ils
apprennent (de leurs erreurs), d'où les coordinations possibles. Source : http://www4.fnac.com/Kenneth-Joseph-
Arrow/ia5302, site visité le 25/02/2015 à 11 :22
10
l’organisation et la gestion du travail. C’est pourquoi la révolution industrielle peut être définie
comme la période de passage « graduel »14
des types de sociétés préindustrielles à ceux de
société industrielle.15
Après la révolution agricole, la première révolution industrielle (1780-1850) entraine une
accélération de l’urbanisation et provoque une supériorité technique et économique de la société
occidentale sur les autres. Elle est bien marquée par l’invention de la première machine à vapeur
de James Watt, et les toutes premières mécanisations des activités productives comme la
machine à tisser.
La deuxième révolution industrielle (1880-1950), on assiste à une évolution technique
majeure comme l’invention du moteur à explosion de Daimler et le début de l’exploitation du
pétrole, mais le charbon étant toujours utilisé. Et c’est à l’occasion de cette révolution que
l’électricité a pu être produite de manière régulière.
Ce fut aussi le grand évènement pour les industries mécaniques, métallurgiques,
chimiques (début des matières plastiques, des colorants artificiels, des engrais chimiques qui ont
eu de bonnes répercussions sur l’agriculture). Des nouveaux méthodes de travail apparaissent et
ont aussi vu le jour notamment le Taylorisme et le Fordisme qui tous les deux incluent la théorie
de la division du travail d’Adam Smith.
La « division du travail » repose sur le principe de la spécialisation des ouvriers selon les
tâches possibles dans la production d’un bien. Les plus grandes améliorations dans la puissance
productive du travail, et la plus grande partie de l'habileté, de l'adresse, de l'intelligence avec
laquelle il est dirigé ou appliqué, sont dues, à ce qu'il semble, à la Division du travail.16
Frederick Winslow Taylor (1856-1915) se trouve être le précurseur de la recherche pour
l’amélioration de la performance industrielle dans « La direction scientifique des entreprises »,
1957. Il a développé un nouveau modèle de production après avoir constaté les tensions
hiérarchiques au travail comme les mésententes patron-ouvriers et les méthodes peu productives.
14 L’emploi du terme met l’accent sur les étapes et les différents niveaux de changement de la société et des
structures de production. 15 T.S ASHTON, « La révolution industrielle : 1760-1830 », Paris, 1955, page 3et 4. 16
Adam Smith, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », 1776, Chapitre I, page 17.
11
Les objectifs du taylorisme sont l’augmentation de la productivité et aussi l’efficacité productive
dont les grands principes sont :
l’Organisation Scientifique du Travail (OST) avec le calcul du juste temps
(salaire au rendement, pas de geste inutile par le chronométrage de chaque réalisation)
la division du travail autant verticale qu’horizontale : spécialisation
respectivement par hiérarchie (cols blancs et cols bleus) et par tâche (décomposition de la
fabrication par exemple la coupe et la filature)
Henri Ford (1863-1947) en concevant le célèbre « Ford model T » de 1908, s’inspire du
taylorisme, pour l’amélioration des formes d’organisations productives et la recherche de la
réduction des coûts. C’est la production de masse pour faire face à une consommation de masse
mélangée avec les styles du taylorisme qui a permis à cette nouvelle organisation d’être efficace
dont les règles de base sont :
la division du travail et la parcellisation des tâches
le travail à la chaîne (déplacements de l’ouvrier très réduite pour gagner
du temps)
la standardisation des produits (pièces toujours valables d’une voiture à
une autre)
la recherche d’une économie d’échelle (coûts fixes élevés, bas coûts de
revient)
Les deux révolutions industrielles se sont accompagnées par une augmentation la
demande de matières premières, une urbanisation sans précédent à cause de l’exode rural et de la
croissance des villes périphériques des industries et des marchés.
Section 2 - L’industrie textile
1) Définitions
L’industrie textile est l’ensemble des activités de conception, de fabrication, de
production mais aussi et surtout de commercialisation des textiles, et donc des produits
nécessaires à la production des objets d’habillements. Comme exemple, on en cite les ensembles
12
des exploitations de matières fibreuses telles que les fibres naturelles et les fibres synthétiques
pour les transformer en des produits semi-ouvrés qui nécessitent encore des interventions pour
les rendre utilisables.
La proto-industrialisation était un phénomène très reconnue en Grande Bretagne du
XVIème siècle jusqu’à la révolution industrielle. La proto-industrialisation est l’état d’une
société dans laquelle les fabrications des produits sont assurées par les ouvriers artisans et avec
des méthodes techniques et organisationnelles traditionnelles. Elle a joué un rôle considérable
dans l’histoire de l’industrialisation et plus particulièrement dans l’histoire de l’industrie textile.
Commençant en Angleterre avec l’invention de la « mule jenny », la mécanisation de la
production de filature, la croissance économique aurait été impossible sans l’introduction de
techniques permettant l’accroissement de la productivité du travail. Ce qui marque aussi un trait
important dans la croissance des économies des pays asiatiques si on ne cite que le décollage du
Japon et des dragons d’Asie. Actuellement, la Chine est le meneur de la production mondiale de
l’industrie textile en tant que grand producteur de soie, qu’en 1983 elle fut le pays qui arriva à
produire environ 100 000 tonnes de laines à tricoter, 140 millions de mètres de lainages, 3.3
millions de tonnes de fils textile et 541 000 tonnes de fibres artificielles17
.
2) L’industrie textile en amont
L’industrie textile en amont signifie toutes les activités regroupant les travaux de filatures
et les productions de matériels de toileries comme le guipage, le moulinage, la texturation. Ce
groupe d’activité rassemble donc en fait les travaux de fabrication des matières premières et des
matières complémentaires pour le textile en aval.
La séparation des deux groupes d’activités revient à dire la spécialisation et la division du
travail d’Adam Smith. Pour des raisons de gains de temps et pour plus d’efficacité, il y a eu
l’importance de séparer ces deux types d’activités. Mais au fur et à mesure du temps, la division
du travail, accélérée par la recherche de spécialisation et par la recherche des avantages
comparatifs18
, se métamorphose et connait diverses mutations jusqu’à arriver dans ce que nous
appelons « l’intégration régional ». Donc c’est à partir de ces grands changements que les
coopérations économiques sont devenues des pratiques très tendance.
17 Nadine KEIM, « Annuaire Suisse de développement », 2004. 18 Ricardo David (1772-1823), « Principles of Political Economy and Taxation », 1817.
13
Les matériaux utilisés comme intrant dans cette filière sont principalement les cotons, la
soie et bien d’autres fibres végétaux19
sans oublier le matériel le plus utilisés dans la fabrication
de plusieurs biens de consommations qui est le cuir.
Depuis plus de deux cents ans, la production mondiale de fibre de coton a connu une forte
croissance même si bon nombre d’évènements se sont passées pendant ces périodes notamment
les Guerres, les guerres de sécession, les diverses conflits mondiaux, la grande dépression de
1929 etc…
3) L’industrie textile en aval
L’industrie textile en aval désigne les activités de confections, de productions
d’habillements. En d’autres mots, il regroupe tous les étapes de fabrication et de sous-traitance
de la part des entreprises travaillant dans ce secteur.
Dans cette optique de production, les firmes font donc entrer comme intrant les produits
des activités du secteur textile en amont, et d’ailleurs c’est la principale fonction des industries
textiles en amont, pour en faire des produits manufacturés et finis consommables. Une activité
qui fait remarquer cette fonction est aussi la mise en vente et la commercialisation des produits
finis pour les mettre à la disposition du consommateur.
Les importations et les exportations étaient supérieures à celle de la production selon
l’OMC. Le commerce des produits manufacturés a atteint un rythme deux fois plus rapide après
2003.20
Malgré l’apparition des fibres chimiques synthétiques, qui a réduit l’usage de la soie dans
le monde, depuis la Seconde Guerre mondiale, la soie reste pour l’habillement un produit de luxe
très prisé dans le monde entier.
Le commerce international va aussi de part avec la libéralisation du commerce et la
libération des activités de production. Le premier Arrangement multifibres (AMF)21
, en vigueur
depuis 1974 avec son système de « quotas » fut la victoire des efforts de libéralisation et du
débarras du protectionnisme. Ceci avait pour but de protéger les grands marchés occidentaux des
19 Aurélie Samuel, « L’ART DU TEXTILE EN ASIE », 2014 20 Source : http://aspd.revues.org/317#tocto1n1 , OMC, Statistiques du commerce international 2005, Genève, 2005,
tableau 1, page 3, site visité le 18/02/2015 à 14 :01 21 Arrangement multifibre et Accord multifibre signifient AMF, le même engagement international de protection des
industries, la différence des vocabulaires est le fruit des activités du média, toutefois nous utiliserons « Arrangement
multifibre », c’est celui qui est utilisé par l’OMC.
14
exportations de textile et d’habillement en provenance des pays en développement qui a pourtant
causé les multiples délocalisations des grandes firmes industrielles dans les pays disposant des
avantages comparatifs les plus profitables pour mieux anticiper les problèmes
d’approvisionnement et de fabrication.
En somme, l’industrialisation a ouvert la porte pour chaque pays vers le commerce
international. La compétitivité des industries textiles, vu son apport économique en terme
d’emploi, dans le contexte de la mondialisation, peut-elle contribuer au développement
économique et social d’un pays ? Le second chapitre exposera à propos de la mondialisation et
les notions de compétitivité ainsi que les apports de la force compétitive d’une entreprise dans
l’économie.
15
CHAPITRE 2 – LA MONDIALISATION ET LA COMPÉTITIVITÉ DES
INDUSTRIES TEXTILES ET HABILLEMENT
L’ouverture d’une économie vers l’extérieure fait apparaître de nombreuses questions.
Est-il avantageux pour le pays de s’ouvrir ? Quels en seraient les divers enjeux qui peuvent-être
non maîtrisables? Le pays va-t-il avoir de l’intérêt à participer à l’échange international ?
Il y a aussi bien d’avantage que de risques dans le phénomène d’ouverture vers l’extérieur
tant en matière de sécurité, de santé, d’éducation, et même dans l’économie toute entière.
Un pays peut toujours tirer parti du commerce avec d’autres nations comme David Ricardo
répond avec sa doctrine libre-échangiste, une doctrine s’inspirant de la pensée libérale initiée par
Adam Smith.
Ce n’est pas tout, il y a aussi une évidente rupture avec les doctrines mercantilistes du
commerce international par le biais de l’accumulation des stocks d’or et d’argent visant à
enrichir la Nation. Pour garder le stock en excédent, il faut limiter les sorties par l’élaboration
des stratégies protectionnistes d’après les principaux préoccupations mercantilistes. De cette
manière, les marchandises produites sur le territoire national peuvent s’épanouir loin de toutes
formes de concurrence étrangère.
« La richesse d’une nation ne se mesure pas par le stock d’or et d’argent accumulé ;
l’accès à des biens variés et au moindre coût constitue la principale source de bien-être d’une
population »22
. Dans ce cas, la division internationale du travail et le libre-échange pourront
garantir l’atteinte de cet objectif. Notons que la nécessité du capital à l’échelon international pour
tonifier le commerce international fait partie des questions de David Ricardo. Comme solution à
ce problème, qui est l’état stationnaire de l’économie, le libre-échange va faire en sorte d’ouvrir
une porte pour se débarrasser des obstacles de la libre circulation des biens et des services y
compris les capitaux sans aucune limitation et sans règlementation pour pouvoir moissonner les
fruits de la spécialisation dans le cadre de la recherche de l’avantage comparatif.
22 Contradiction et rupture avec les doctrines mercantilistes de la richesse.
16
Du XIXe au XXe siècle, les politiques d’ouverture des économies nationales se fondaient
sur des pratiques à la ricardienne dans lesquelles des négociations ont été conclues notamment la
mise en place du GATT qui fut remplacé par l’OMC.
Section 1 - La mondialisation et l’industrie textile
1) De l’avantage absolu à l’avantage comparatif
La spécialisation internationale repose sur le principe qu’un pays a intérêt à se spécialiser
dans la fabrication de produits pour lesquels il est plus avantagé, c’est-à-dire des produits qui
leurs permettent de maximiser l’utilité par les moindres des efforts. Ce qui implique d’une part
les raisonnements utilitaristes en microéconomie optique production la fabrication d’un produit
dont le coût est inférieure à celui des autres, c’est « la loi des avantages absolus » d’Adam
Smith.
Ainsi, la spécialisation internationale consiste en une répartition des activités productives
entre les différentes économies. De ce fait, chaque nation va développer plus particulièrement
certaines productions et exporter le surplus. Cependant, si telle est la tendance, certains pays qui
ne disposent pas d’avantage absolu vont surement s’éloigner du commerce international et mettre
en place des barrières protectionnistes.
Par conséquent, dans l’hypothèse où les pays développés23 se trouvent en situation de
monopole avec la théorie de l’avantage absolue, le coût de production faible va surement limiter
les échanges et détruire l’activité des autres pays. Sont quand même source de croissance
l’ouverture aux échanges et la spécialisation d’après Ricardo : « Tout pays peut gagner à
échanger des marchandises. Au pire, il n’y perd pas, au mieux, il y gagne ».
a) Hypothèses
Le facteur travail est le seul facteur de production, le facteur capital est un
facteur assimilé au travail indirectement, ce sont les ouvriers qui font bouger le capital
qui est la valeur estimée des efforts nécessaires pour fabriquer les machines, les diverses
outils, etc…
23 Pays développées sont ici assimilés en tant que pays industrialisés compte tenu du volume de capital investit dans
le processus de production, du part du marché international accaparé.
17
Les facteurs de production sont parfaitement mobiles dans le pays, ce qui
va permettre d’employer le travail en dehors de toutes obstructions suites à des
qualifications, mais aussi de se spécialiser.
La deuxième implique la troisième, les facteurs de productions sont
immobiles entre chaque pays. Alors, il n’y a pas de migration internationale de facteurs
(les ouvriers) et des firmes (pas de délocalisation) pour éviter les risques d’être en
faillite.24
Les avantages comparatifs sont durables. Les produits mises en échange
sur le marché proviennent de branches d’activités différentes, le commerce sera alors
interbranche.25
Les pays sont de taille identique, pas de discrimination de taille et de
capacité.
Les techniques de productions utilisées sont différentes.
Moyen de production et facteur de production sont deux notions bien distinctes bien
qu’elles sont fortement utilisées dans le cadre de ce travail. Moyen de production signifie les
biens de production et les propriétés introduites dans le processus de production (terres,
machines, immobiliers…), le droit de propriété tient un rôle crucial dans cette notion. Le terme
facteur de production regroupe le facteur travail et le facteur capital.
b) Le fameux exemple du vin et du drap
Pour savoir dans quelle branche l’intérêt d’un pays se trouve, comme son nom l’indique,
il faut comparer le coût relatif du drap par rapport au vin des pays coéchangistes, et dans le cadre
de notre exemple comme il est écrit dans la « Richesse des Nations ».
24
La situation est le cas d’une entreprise qui se trouve dans un état critique et incapable de faire du profit suite aux
détériorations de son chiffre d’affaire, en d’autres mots la firme n’a plus intérêt à produire et perd sa capacité
productive. 25 Chaque pays va forcément exporter un produit et en importer un autre, comme l’exemple du fameux vin et drap.
18
Tableau 1. Avantage comparatif d’un pays face à un autre.
Angleterre Portugal
Coût de production d’une
unité de vin 120 80
Coût de production d’une
unité de drap 100 90
Coût relatif ou coût
comparatif (drap / vin) 100 / 120=0,83 90 / 80=1,125
Source : «Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations », Adam Smith
Le Portugal semble apparemment avantageux dans les deux types de production, donc il
dispose d’un avantage absolu. Pourtant, selon Ricardo, l’Angleterre a quand même intérêt à
l’échange. Retenons que le principe est qu’un pays tire toujours un gain à l’échange international
en exportant les biens pour lesquels il dispose du plus grand avantage comparatif en termes de
coût de production ou de productivité et en important ceux pour lesquels il dispose de l’avantage
comparatif le plus faible.
Sous une autre formulation, cela veut dire que l’intérêt peut être tiré dans la fabrication de
produits pour lesquels le pays se trouve le plus avantagé ou le moins désavantagé. Lorsque les
coûts de production diffèrent d’un pays à l’autre, chaque pays gagne à l’échange international en
se spécialisant dans la production du bien où sa productivité du travail est la plus forte.
D’après cette loi, aucun pays ne peut être exclu de l’échange, la doctrine du libre-
échangisme acquiert un fondement bien cohérent puisqu’une nation peut toujours gagner à
l’échange même s’il est moins compétitif. Et pour libérer la quantité de travail affectée dans la
production de drap, le Portugal doit délaisser cette branche et introduire ce reste de facteur à la
production de vin, toujours d’après le principe, où il se trouve relativement le meilleur.
2) Le commerce international et la mondialisation
L’instauration du régime du libre-échange peut alors garantir l’amélioration des
économies de chaque pays participant au commerce international. Tout à fait contraire à ce que
pensent les mercantilistes qui stipulent que lors d’un échange, une partie doit perdre pour qu’une
19
autre gagne, l’accroissement général des richesses se fait par le commerce international, c’est un
jeu à somme positive, tout le monde est « gagnant-gagnant ». Il est alors possible d’obtenir
davantage de bien avec de multitudes de variété à des coûts relativement bas, ceci contribuerait
dans la réduction des inégalités sociales.
a) Le théorème Heckscher-Ohlin-Samuelson (HOS)
Le commerce international est le fruit de la spécialisation de chaque pays et de la
participation dans les échanges internationaux. Avec quelques travaux de perfectionnement de
l’œuvre de Ricardo, E. Heckscher, B. Ohlin et P. Samuelson mettent l’accent sur la prise en
compte des différentes qualités, en plus du facteur travail comme le capital et la terre, dans le
choix de spécialisation. L’échange international est la principale activité dans le commerce
international, comme les exportations et les importations désignant respectivement l’ensemble
des ventes et des achats effectués hors du territoire national.
Le produit qui incorpore beaucoup plus de facteur de production en abondance sera
destiné à l’exportation. Et comme compensation des produits incorporant des facteurs de
production dont le pays est moins doté, l’importation est la meilleure solution. Sous une
formulation, « dans l’échange international, en régime de libre-échange, les pays ont intérêt à se
spécialiser dans les productions qui utilisent en plus grandes proportions le facteur dont ils sont
le mieux pourvu » […]
b) Les nouvelles théories du commerce international
Paul Krugman26
, un des auteurs des nouvelles théories du commerce international,
considère que c’est en exportant qu’un pays devient plus compétitif. Une raison de plus pour la
recherche de compétitivité est alors l’échange international surtout l’exportation. C’est une
théorie qui n’est pas conforme à ce que Ricardo dans sa théorie des avantages comparatifs
insistait. En fait, il y a un peu une divergence d’idée entre ces deux auteurs, Ricardo affirme
qu’un pays est plus compétitif dans la fabrication d’un produit qu’il exporte. Cependant,
Krugman, à la différence avec la théorie HOS qui étudient les échanges entre économies
complémentaires, constate que les consommateurs préfèrent la diversité, et que la production
intègre des économies d’échelle.
26 PAUL Robin Krugman, 1953, Prix Nobel d’économie 2008 avec ses travaux portant sur « les effets des
économies d’échelle sur les modèles du commerce international et la localisation de l’activité économique », connu
par ses ouvrages de vulgarisation depuis la fin des années 1980 grâce à son anticipation de la crise asiatique de 1997.
20
Concept ricardien
Concept des nouvelles théories du commerce international
Figure 1. Processus d’amélioration de la compétitivité
Source : compilation de l’auteur selon le concept de l’avantage comparatif et le les
nouvelles théories du commerce international.
L’existence d’un avantage comparatif est profitable pour une nation qui s’ouvre aux
échanges internationaux, ce qui va conduire à l’amélioration de la compétitivité de l’économie,
selon le concept de Ricardo. Selon les auteurs des nouvelles théories du commerce international,
c’est par l’intermédiaire de l’ouverture aux échanges internationaux qu’un pays peut créer de
l’avantage comparatif
Les économies d’échelles sont importantes pour chaque secteur d’activité de l’économie,
les calculs se fondent à partir de la prise en compte des coûts fixes et du montant des ventes.
Pour les entreprises, celles-ci permettent d’accroître les gains des apporteurs de capitaux. Une
économie d’échelle correspond à la baisse du coût unitaire d’un bien suite à une augmentation de
la quantité produite. Une notion proche, le rendement d’échelle correspond à une économie
d’échelle en termes de coût de production.
existence d'un avantage
comparatif
ouverture aux échanges
internationaux
amélioration de la
compétitivité
ouverture aux échanges
internationaux
création d'avantage comparatif
amélioration de la
compétitivité
21
Graphique 1. Courbe du Coût Moyen Longue période d’une firme
Source : compilation de l’auteur selon Aghion P., « Microéconomie », page 73.
L’accroissement de la production, de Q vers Q2 (en abscisse), provoque la baisse du coût
moyen unitaire, de C vers C1 (en ordonnée).
D’après les nouvelles théories de l’économie internationale, l’ouverture vers l’extérieur
est très favorable en ce sens qu’elle ouvre des perspectives sans précédent pour le développement
des pays rencontrant des difficultés de développement économique. L’ouverture aux échanges
internationaux est la naissance d’un avantage comparatif, donc c’est en exportant qu’un pays
devient plus compétitif et peut multiplier ses avantages.
Toutefois, bien que beaucoup de pays aient décidé de pratiquer le libre-échange, il est
important de préciser que le protectionnisme ne s’évaporait pas dans la nature. Le
protectionnisme est un système de coordination de l’économie basant sur la protection de
l’activité de production nationale, c’est-à-dire tous les firmes et les produits nationaux, de la
concurrence internationale par des mesures de restrictions que ce soit par quantité (le système de
quotas des américains) que ce soit par l’application des barrières tarifaires (comme les droits de
douane) vis-à-vis des importations.
22
Les droits de douanes peuvent être spécifiques, le montant est fixé par unité de bien qui
s’ajoutera au prix de celui-ci. Il est de nature ad-valorem, communément appelé tarif nominal
lorsque le montant est défini selon le pourcentage de la valeur du bien importé. Mais les effets
sont les mêmes, les prix des biens importés gonfleront une fois arrivé sur le territoire national, ce
qui en d’autres termes donneront des faveurs pour les produits nationaux. La diminution des
importations contribuera à l’amélioration de la balance commerciale, les recettes douanières
apaiseront la recette fiscale.
c) La mondialisation
i. Définition
Le terme « mondialisation » veut dire processus d’extension à l’échelle planétaire. Dans
le langage courant, mondialisation et globalisation ont le même sens. La mondialisation est un
phénomène qui résulte de la libéralisation de l’échange, de l’accélération et l’augmentation des
flux dans le commerce international par la révolution des transports et de communication.
Pour d’autres, la mondialisation est inéluctable et irréversible par le fait que l’inter-
connectivité et les relations d’interdépendances s’évoluent et déterminent les avenirs du système
de valeur, de l’identité et de l’idéologie de chaque société humaine27
.
Globalisation et mondialisation ont tous les mêmes idées de la dynamique de l’économie
mondiale. Cependant, quelques différences nuancent les deux phénomènes. Outre la mise en
place des stratégies productives dans les énormes investissements effectués par les
multinationales, la stratégie financière évoque la spécificité de la globalisation.
Des mutations politiques et économiques prennent forme depuis les XVIème et XVIIème
siècle suite aux conquêtes commerciales et coloniales fait par des pays européens. Elle se
manifeste par, en plus de la forte indépendance croissante des économies, l’intensification de la
concurrence (du côté des firmes et du côté de chaque nation), le développement des échanges et
de la technologie de communication qu’un important transfert de biens, d’homme et de savoir
circulent dans le monde entier.
27 Zygmunt Bauman, Sociologue, Professeur émérite des Universités de Varsovie et de Leeds
23
On remarque que c’est à l’occasion de la mondialisation que les trois choses suivantes ont
connu une propagation à l’échelle planétaire :
l’internationalisation des flux financiers et commerciaux,
la naissance des Firmes Multinationales (FMN) et implantation à des
entreprises l’étranger,
la globalisation de l’économie
ii. L’internationalisation des flux financiers et commerciaux
Les principes du libéralisme furent développés par les économistes comme Ronald Coase
en reposant sur les concepts de « droit de propriété » et de la « liberté économique ».
L’immensité et la pluralité des échanges internationaux requièrent pourtant des accords et des
règlementations uniformes pour mieux répartir les gains à l’échange. Dans cette économie
mondiale en pleine mutation, la distribution des activités économiques s’est donc accomplie en
fonction d’une nouvelle division internationale du travail et de l’internationalisation du capital
productif.
Les premiers accords furent le Général Agreement on Tariff and Trade (GATT) et
l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Le premier accord sur les libertés économiques
fut nommé l’accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, et ratifié en octobre 1947 par
vingt-trois (23) pays.
L’objectif était d’encourager les pays à s’ouvrir vers l’extérieur notamment par l’abandon
des systèmes protectionnistes via les baisses progressives des tarifs douaniers afin de ne pas
renchérir les prix des biens importés. Il en va de suite alors la spécialisation de différent groupe
de pays en fonction de leur avantage respectif. L’exemple en est le fait que les pays du Sud
devenaient des exportateurs de matières premières et les pays du Nord sont les exportateurs de
produits manufacturés28
.
28 Selon les différents critères de classement, les pays du Sud sont ceux groupés dans la partie Afrique
Subsaharienne, source : http://www.ces.ulg.ac.be/fr_FR/services/cles/dictionnaire/e/economie-sociale-au-sud, site
visité le 25/02/2015 à 15 :01.
24
Le GATT, tente de prévenir le retour de la pratique protectionniste dans les politiques
économiques. « Son cœur est constitué par la clause de la nation la plus favorisée, par laquelle
un pays membre s'engage à accorder à tous les signataires le tarif douanier bilatéral le plus
avantageux. » 29
D’après la nouvelle forme de coordination de North Douglas, ayant comme essentiel les
échanges marchands reposant sur le principe de la libre négociation dont le mot d’ordre
industriel est l’innovation stipulant l’apprentissage, on peut dire que les pays peuvent éliminer le
maximum possible de mauvaise redistribution dans le commerce international. Il y a alors une
justification de la naissance du GATT, tant pour les pays qui semblaient être éloignés du libre-
échangisme, tant pour les économies en ouverture vers le commerce international. Et c’est en
espérant le retour de l’environnement économique paisible et des relations commerciales que les
pays signataires de l’accord souhaitent stimuler la croissance économique.
En l’espace d’un demi-siècle, sous le régime du GATT, la réduction des tarifs douaniers
et plus précisément l’abandon des systèmes protectionnistes étaient rassurantes. Cependant, dans
les années 1970-1980, la crise économique faisait un peu ralentir les flux d’échanges.
Pourtant, nombreux sont les efforts à faire, la suppression de tous les droits sur le
commerce de marchandises et une diminution des coûts commerciaux de la valeur du commerce
mondial amélioreraient de plus de 170 milliards de dollars par an le bien-être au niveau
mondial30
.
L’Arrangement multifibres (AMF), en dérogeant les règles fondamentales du GATT,
prévoyait des règles pour l’imposition de restrictions quantitatives sélectives lorsque des montées
des importations menacent la branche de production du pays importateur.31
29 En français l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce ou AGETAC (acronyme français), fondé le
30 octobre 1947, source : http://www.melchior.fr/GATT-et-OMC.3949.0.html, site visité le 25/02/2015 à 15 :20 30
Toutes les régions du monde seraient incitées à s’engager vers le commerce international pour profiter des effets
bénéfiques de l’augmentation du PIB et ce particulièrement le cas des pays moins développées. Source :
http://www.melchior.fr/GATT-et-OMC.3949.0.html, site visité le 25/02/2015 à 16 :13. 31 Accord multifibre et Arrangement multifibre représentent les mêmes institutions, l’OMC utilise souvent le terme
Arrangement.
25
Cet arrangement avait en fin de compte pour but de protéger l’ensemble des industries
textiles et de vêtements de l’ensemble du monde contre l’entrée spectaculaire des pays de l’Asie
de l’Est et du Sud-Est32
. C’est en Janvier 1995, après l’institutionnalisation de l’accord
international, que le GATT fut transformé en OMC. Après les Accords de l’Uruguay Round, en
Avril 1994, la signature de l’acte de naissance de l’OMC a réuni 125 pays contre 23 seulement
pour le GATT.
L’élargissement des négociations à l’agriculture, aux textiles, aux services et aussi la
recherche de prospérité intellectuelle sont des objectifs de l’organisation et c’est en décembre
2001 que la Chine et d’autres Dragons d’Asie comme la Taiwan entrèrent dans l’OMC et
confirmèrent l’ouverture du marché chinois envers le monde33
. En d’autres mots, bien que le
textile fût un des secteurs clefs de la mondialisation, il peut aussi jouer le rôle d’instrument
permettant une accession à des réformes structurelles pour l’industrialisation et pour l’économie
toute entière.
iii. L’ascension des firmes multinationales
La notion de Firmes Multinationales (FMN) est intimement liée à celle d’Investissement
Direct Étranger (IDE). C’est qu’en réalité, ce sont les firmes transnationales34
qui sont les
principaux acteurs des IDE.
A la veille de la première guerre mondiale, l’économie mondiale paraissait déjà fortement
intégrée, avec une forte ouverture des économies les unes envers les autres.
Ensuite, la preuve de la mondialisation de l’économie s’est concrétisée par la
convergence internationale des prix de marchandises, qui est elle-même le reflet de la chute
vertigineuse des coûts de transport et de l’accélération de l’intensité des échanges internationaux.
Ce processus de mondialisation de la production a eu comme résultat l’essor des flux des
capitaux dans le monde entier, notamment au sein des firmes multinationales35
.
32
http://www.leconomiste.com/article/gatt-amf-les-accords-multifibres-des-origines-au-demantelement, site visité le
12/03/2015 à 14 :24. 33 Avec période d’entrée de la Chine dans l’organisation, l’effectif des pays membres étaient 144, Source :
http://www.linternaute.com/histoire/motcle/3276/a/1/1/omc.shtml, site visité le 27/02/2015 à 12 :10. 34 Multinationales et transnationales désignent les mêmes entités dans ce travail. 35 LAZAMANANA Pierre André, Cours d’expertise internationale 4ème année M1, 2014.
26
L’IDE se définit (Fond Monétaire International ou FMI) comme les investissements
qu’une entité résidente d’une économie (investisseur direct) effectue dans le but d’acquérir un
intérêt durable dans une entreprise résidente d’une autre économie (l’entreprise d’investissement
direct).36
L’IDE se concrétise par l’implantation des firmes étrangères et des flux internationaux
de capitaux.
Une firme multinationale est une entreprise (ou groupe), le plus souvent de grande taille,
qui, à partir d’une base nationale, a implanté à l’étranger plusieurs filiales dans plusieurs pays,
avec une stratégie et une organisation conçues à l’échelle mondiale, selon Charles-Albert
Michalet37
. On découvre l’aspect managérial de la multinationalisation dans cette définition.
Mais il y a aussi un carrefour de définitions à propos de la firme multinationale, ainsi,
G.A. STEINER apporte sa définition en affirmant « qu’une firme multinationale obéit à deux
critères : d’abord, elle opère dans deux ou plus de deux pays, dans lesquels elle a des bénéfices
et des perspectives de croissance, puis dans un second temps elle prend des décisions
multinationales, c’est à dire des décisions applicables dans plusieurs pays ».38
L’opération à
travers deux de pays et plus nous indique l’ouverture vers l’extérieur de l’économie dans laquelle
la firme a pris naissance. Les décisions applicables dans plusieurs pays reflètent l’aspect
managérial de la multinationalisation, un point de convergence avec la définition apportée par
C.A. Michalet.
36 La définition est la même pour l’OCDE. 37 Charles-Albert MICHALET, « Qu’est-ce que la mondialisation ? », Paris, La Découverte, 2002 38 LAZAMANANA Pierre André, Cours d’expertise internationale 4ème année M1, 2014.
27
Graphique 2. Évolution des flux entrants d’IDE à Madagascar en milliards d’USD
Source : www.worldbank/statistics/indicator
À partir de l’année 2009, on constate une montée des flux d’investissements du côté de la
Chine jusqu’aux alentours de 350 milliards d’USD tout comme celle des États-Unis dans les
années 2004 jusqu’en 2008. Les stratégies de libéralisation de l’économie, l’efficacité en termes
d’échanges et des IDE constituent des variables importantes qui expliquent le développement des
pays Sud-Asiatiques.
En général, la mondialisation actuelle reflète ce caractère économique dominé par
l’invasion des firmes étrangères motivées par la recherche de nouveaux marchés plus rentables et
des conditions économiques plus attractives en termes de fiscalité et de productivité. La
littérature économique précise les effets bénéfiques des investissements étrangers pour leur vertu
productive en matière de gain de la productivité et de croissance de l’économie toute entière.
iv. La globalisation de l’économie
La globalisation présente trois caractères majeurs qui sont la polarisation géographique,
l’exacerbation de la concurrence et le primat des stratégies financières sur les stratégies
28
productives. La première concerne les flux d’investissements directs intensifiés et croissantes
dans une espace réduit de la « triade »39
et d’une poignée de nouveaux pays industriels (NPI).
L’intensification de la concurrence résulte de la tendance accentuée de la multiplication
du nombre des multinationales en provenance des pays de différentes origines. La stratégie de
financement constitue une stratégie de mise en garde pour survivre dans l’atmosphère d’une
concurrence exacerbée.40
La croissance du mouvement de capitaux et des flux d’investissements
directs dans les années 80 a accentué les rythmes et l’intensité du phénomène d’intégration
régionale et de la concurrence. Les échanges de biens et services, la délocalisation de la
production et l’extension des circuits financiers à l’échelle planétaire sont des nouvelles faces de
la mondialisation. Les stratégies et la politique industrielle d’un pays sont coordonnés de manière
à ce que les négociations retrouvent des terrains d’entente voulus.
Une politique industrielle peut être définie comme l’ensemble des décisions industrielles
et financières ayant pour objet de procéder à une réallocation des actifs des entreprises telle que
soient accrues les chances des agents économiques nationaux de faire un usage plus productif des
ressources disponibles.41
L’intégration régionale est un phénomène résultant d’une mutation profonde de l’état du
monde marqué par l’interdépendance croissante des économies, la disparition des frontières
nationales ou sectorielles et la diminution de la marge de manœuvre des États42
. Pour le cas du
commerce en matière de textile, quelques pays de l’Asie orientale ont démarré leur
développement économique par l’entrée d’importantes firmes étrangères et par l’exportation de
ses productions comme le cas de Hong-Kong, de l’Inde et du Japon qui furent des fournisseurs
de filés et de tissus dans le commerce mondial.43
39
Terme employé par Charles-Albert. Michalet pour désigner les groupes de pays étroitement associés et
manœuvrant de façon coordonnées leurs politiques industrielles. 40 C.A. Michalet, « Globalisation, attractivité et politique industrielle », Hachette, Paris, 1993, page 134. 41 Henri LEPAGE, « La nouvelle économie industrielle », Hachette, 1989, page 43. 42 Laurence JOURDAIN, « Les nouveaux processus d’intégration régionale vers la restauration d’un ordre dans les
relations internationales », Paris. 43
AGETAC (les parties contractantes), « LE COMMERCE INTERNATIONAL en 1961 », Genève, 1962, page 67
et 70.
29
L’interprétation du « libéralisme économique » varie d’une région à une autre. Le mot
« région » signifie un groupe de pays qui s’entretiennent dans des relations économiques et
politiques que chaque décision des pays membres doivent faire l’objet d’un consensus pour
respecter ce qu’on appelle la « paix par le commerce » et la « paix par le droit »44
.
Section 2 – De la compétitivité vers la croissance économique
La structure et le comportement des entités de production de biens et services, l’efficacité
du marché et la structure du marché face aux variations du bien être des agents influencent ce
qu’on appelle la « compétitivité » que ce soit pour une branche d’activité, ou d’une industrie, ou
une entreprise ou même d’une économie toute entière.
L’accroissement du bien-être de la population est l’un des principaux objectifs de la politique
économique d’un pays, notamment par le biais de la promotion du plein emploi.
Selon la définition apportée par François Perroux, la croissance économique est un
processus continu et soutenu de l’élévation du Produit intérieur Brut (PIB) réel. Ce qui signifie
qu’il y a une soutenabilité de la production dans le temps de l’augmentation ou plutôt du taux
d’augmentation annuelle de production en quantité.
La notion de croissance est bien distincte de celle de développement. La dernière signifie
l’ensemble des transformations et changements des structures mentaux et sociaux d’une
communauté qui la rend capable de faire croître aussi cumulativement que durablement son
produit réel et global. Donc, le développement se raisonne en terme qualitatif qui semble
différent de la croissance, un phénomène d’accumulation de richesse.
Une croissance économique sans développement de la société sera le parfait reflet de
l’existence d’un partage inégalitaire des richesses au sein de la communauté. Le Programme des
Nations Unies pour le Développement (PNUD) ajouta en ses mots que le développement doit
élargir l’éventail des possibilités offertes aux hommes en mettant l’accent sur la disponibilité des
44 Expression de George Bush dans son message au Congrès de Janvier 1991 pour un nouvel ordre mondial.
30
besoins essentiels pour assurer la survie telles que l’alimentation, l’habillement, le toit45
, et des
services de base comme la santé et l’éducation.
Mais pour que cette croissance garantisse une augmentation du bien-être, dans
l’hypothèse où le PIB par tête se trouve être l’indicateur de bien-être, elle doit être d’une
moyenne supérieure à l’augmentation de la population qui, selon Thomas Robert Malthus, suit
une loi de progression géométrique alors que la première obéisse à une progression arithmétique.
En d’autres termes, la population augmente d’une vitesse plus vite que la production.
1) Quelques définitions :
La compétitivité, dans le langage courant, veut dire la force compétitive d’une entité de
production dans un marché. Un pôle de compétitivité est « la combinaison, sur un espace
géographique, donné d’entreprises, de centres de formation et d’unités de recherche publiques ou
privées, engagés dans une démarche partenariale destinée à dégager des synergies autour de
projets communs au caractère innovant », selon Thierry Madièset Jean-Claude Prager.46
a) Sous l’angle microéconomique.
Du point de vue microéconomique, la compétitivité ou plus précisément la compétitivité
d’une entreprise désigne l’aptitude à vendre ses produits à un prix tel qu’elle puisse assumer ses
engagements vis-à-vis des tiers et assurer son développement en tenant compte des contraintes
débouchés et des contraintes de rentabilités47
. Elle concerne alors les firmes et leurs
performances ainsi que ses capacités à survire dans l’arène de la concurrence.
Contrainte débouché signifie les exigences imposées sur le marché pour satisfaire la
demande, et contrainte rentabilité désigne la maximisation du taux de profit et la minimisation du
coût. L’entreprise doit mener des décisions favorables à son activité, à sa croissance et à sa
rentabilité. Elle consiste donc à gérer cette double contrainte afin de maximiser (et non
seulement de l’accroître) son taux de profit et non le seul profit.
45 En ce sens qu’il traduise le mot « shelter », assimilé aussi comme maison 46 Dans le Rapport sur l’innovation et compétitivité des régions. 47
B. Paranque, « Compétitivité et rentabilité des entreprises industrielles », 1994, page 3.
31
b) Sous l’angle macroéconomique
Au sens macroéconomique, la compétitivité est définie comme la capacité d’un pays
« d’accroître sa part des marchés d’exportation ou de soutenir un taux de croissance plus élevé
sans que son solde courant se détériore »48
. Dans ce cas, une économie fait face alors à d’autres
économies dans un contexte de concurrence sur le marché international.
Les termes de l’échange tiennent grande place dans le dynamisme du commerce national
du pays. Ceci désigne le rapport de l’indice des prix des exportations à l’indice des prix des
importations d’un pays. Et lorsque cet indice s’accroit, une amélioration des termes de l’échange
indique une augmentation du pouvoir d’achat des exportations, et qu’une unité de produit
permettra d’acheter davantage de quantité de produits étrangers. Ceci implique donc que
l’évolution des prix des produits exportés et importés expliquera l’évolution des termes de
l’échange.
c) Compétitivité prix et compétitivité hors-prix
La compétitivité prix s’évalue selon la réalisation d’une économie d’échelle ou
développement du progrès technique ayant comme finalité la maximisation du taux de profit.
Sont retenus en tant que paramètres déterminants de la compétitivité prix :
les coûts de transport (droits de douanes, les taxes et droits de roulages…),
les coûts de productions (les prix des facteurs de production),
le taux de change,
l’environnement de la concurrence.
La compétitivité hors-prix, c’est-à-dire pas de prise en compte et aucune influence du prix
sur le marché, peut être expliquée comme les aptitudes d’une firme et d’une économie à
concourir dans le marché par l’utilisation de ses atouts en matière de :
qualité des infrastructures,
proximité des partenaires (les fournisseurs, les partenaires techniques et
financiers, les clients),
48 Commission des Communautés Européennes, « Évolution de la compétitivité aux États-Unis, au Japon et dans la
Communauté », Rapport économique annuel, 1993, page 176.
32
qualité des facteurs de production (formation des travailleurs, les biens de
productions et innovations technologiques),
organisation de la production (méthodes de travail, de valorisation des produits),
progrès technique.
2) La relation entre compétitivité et croissance
La rentabilité veut dire « taux de profit », elle est calculée sur la base de l’excédent brut
global rapporté au capital engagé. Il faut alors bien maîtriser l’arbitrage
rémunération/financement.49
Une entreprise, en tant qu’agent économique rationnel, a comme
finalité la recherche du maximum du taux de profit sur un marché déterminé. Elle a comme
fonction principale la production des biens et services.
La productivité est la capacité productive d’un facteur de production notamment le
facteur capital et le facteur travail. C’est le volume total de production rapporté à la quantité de
facteur de production. L’évolution d’une firme ou d’une économie repose sur sa dynamique
industrielle. Les technologies et l’organisation industrielle comptent beaucoup lorsqu’il s’agit
des avantages notamment en termes d’économie d’échelle ou de variété.
Comme nous avons vu précédemment, l’évolution du PIB permet de décrire le niveau de
production, en volume (la quantité multipliée par les prix corrigée ensuite par le taux d’inflation
pour se méfier des effets prix), dans une économie. Plusieurs paramètres peuvent cependant
influencer cet agrégat comme le progrès technique, le volume de capital investit et la
productivité du travail.
Le marché ne devrait seulement être un instrument d’allocation optimale de ressource
comme l’affirme la théorie classique, il doit aussi et surtout être un lieu de création de
ressources. L’évolution est alors avant tout le résultat de la dynamique des populations
d’activités et de firmes.50
L’introduction de la technologie et de l’innovation dans le processus de production
amplifie les sujets cruciaux dans l’étude de la compétitivité d’une firme ou d’une économie.
49 Commission Européenne, « Politique industrielle: renforcer la compétitivité », Bruxelles, 2011 50 Jean-Luc GAFFARD, « Dynamique industrielle, Productivité et croissance », Revue de l’OFCE, 2006, page 12
33
Ainsi, la pénétration des technologies innovantes dans l’ensemble de l’économie et les
transformations de l’organisation industrielle qui s’en suivent sont également des facteurs
décisifs des performances obtenues. Dès lors, la dynamique des industries comme celle des
populations composant ces industries constituent une dimension essentielle de la capacité d’une
économie à être compétitive. C’est d’ailleurs ce que Jeremy RIFKIN, dans le scénario de
troisième révolution industrielle, décrit à propos des mutations de l’économie fondée sur le
concept de croissance durable. L’augmentation de la productivité tout en restant compétitive et
l’utilisation des infrastructures combinant énergie renouvelables et réseaux dématérialisés
(nouvelles technologies d’information et de communication ou NTIC) demeurent essentiels dans
cette approche.51
51 Jeremy RIFKIN est le premier économiste à avoir conçu le scénario de troisième révolution industrielle dans son
ouvrage du même titre, Source : http://www.troisieme-revolution-industrielle-agricole-pays-de-loire.fr/, site visité le
13/03/2015 à 14 :21.
34
Tout au long de l’histoire, et jusqu’à présent, concernant l’ascension fulgurante de
nombreux pays Est-asiatiques, et en particulier la Chine qui est actuellement une puissance
mondiale, l’industrialisation témoigne la véracité des théories de la croissance permettant de
parvenir à un stade de développement économique et social souhaité.
Conjuguer conjointement les échanges de biens et services avec la délocalisation de la
production et la mondialisation des circuits financiers constitue désormais la clé de la
compétitivité des firmes et des nations.52
L’industrialisation pour le cas de Madagascar a commencé dans les prémices des
périodes coloniales. Bien connu avec la production de matières textiles, le pays a décidé de
pratiquer le libre-échange et le commerce international. Le secteur textile occupe une place
stratégique pour l’économie du pays, et c’est un secteur qu’on remarque un avantage comparatif
pour cette filière relativement ancienne. L’industrie textile contribue-t-elle à l’amélioration du
bien-être de la population ? Et dans quelle mesure cette filière promet-elle une croissance
économique à base sociale élargie pour le pays ?
Nous allons voir dans le cadre de cette deuxième partie de ce travail l’historique, les
analyses empiriques, les obstacles et les alternatives possibles pour le secteur textile malagasy.
52 Charles-Albert MICHALET, « Globalisation, attractivité et politique industrielle », Hachette, Paris, 1993, page
131.
35
DEUXIÈME PARTIE :
L’INDUSTRIE TEXTILE ET
L’ÉCONOMIE MALAGASY
36
CHAPITRE 1 - L’INDUSTRIE TEXTILE MALAGASY, QUELLE
AVENIR POUR LA POPULATION ?
Le secteur industriel malagasy est très peu diversifié. Les problèmes énergétiques, les
outils de production obsolètes, les retards technologiques font ralentir le rôle de moteur que joue
l’industrie dans le développement du pays. Malgré cela, et en particulier le secteur textile, ces
dernières années, des potentialités incontestables reposent sur la filière dans l’amélioration du
bien-être de la population malagasy.
Section 1 – Regard sur l’évolution et la spécificité de la filière :
En plus d’être des pratiques traditionnelles, la production textile en tant que telle marque
une des spécificités de la société malagasy. Les avènements de la proto-industrialisation dans la
civilisation malagasy datent dans les périodes des royaumes, et déterminent déjà différents types
de classes sociales.
L’artisanat est un secteur d’activité classée comme non-industrielle pour le système
français. Contrairement, les anglais l’appellent dans leur langage « the craft industry ». Pour la
Grande Île, les ouvriers artisanaux et les salariés des firmes industrielles travaillant dans le
secteur textile sont groupés dans la branche textile qui inclue à la fois le textile en amont et le
textile en aval.
1) De la production artisanale à la production industrielle
Depuis l’accession à son indépendance, comme ses homologues africains, Madagascar
attendait la promotion de l’industrialisation comme un facteur permettant le passage de son
économie allant d’une structure traditionnelle et agricole vers une production industrialisée et
moderne. Et que cette transformation touche à la fois la société en termes d’emploi,
d’amélioration des revenus, de développement local et national, et l’économie toute entière.
a) Les prémices de l’industrialisation malagasy
Dans les périodes de la Première République de Madagascar, l’économie est
fondamentalement rurale et agricole et la « politique du ventre » du régime misait surtout sur
l’augmentation de la production agricole. Les unités industrielles en majorité agro-alimentaires
sont encore fortement tributaires de la production agricole. L’accès aux investissements de la
part du secteur privé furent facilité par le premier Code des investissements adopté en 1962 pour
37
inciter les opérateurs économiques d’injecter leur argent au pays selon l’ordonnance n° 62-024
du 9 septembre 1962. Et c’est par l’ordonnance n°62/026 du 19 septembre 1962 que la SNI
(société nationale d’investissement) naquit, suivie par la Banque Nationale Malgache de
Développement (1963) et du Bureau de Développement et de Promotion Industrielle (1966) pour
soutenir l’émergence des industries.
Mais le socialisme de l’époque et la sortie de la zone franche ont cependant créé une
atmosphère d’incertitude et de ce fait il y a eu une baisse considérable des investissements. Le
tissu industriel était trop dépendante des intrants importés et en plus la fiscalité offrait une
certaine avantage pour les produits utilisés comme intrants dans les unités industrielles.
b) De la mainmise de l’État à la libéralisation des activités de production
« L’Étatisation de l’économie », un phénomène très marquant de la Deuxième
République qui se caractérise par la nationalisation et l’emprise de l’État de tous les secteurs
d’activités de l’économie jusqu’à 60% dans un but consistant en la réappropriation des moyens
de production pour accorder la chance au malagasy de tenir leur propre avenir dans les mains.
Cela s’est manifestement concrétisé par l’implantation de grandes unités industrielles dans
lesquelles l’investissement industriel représente 57% du crédit à l’économie selon l’Institut
National de la Statistique (INSTAT).
Dans les années 80, après les chocs d’origine externe et interne comme les chocs
pétroliers, la mise en œuvre des mauvaises orientations de politique économique et de stratégie
d’industrialisation de substitution à l’importation, et des problèmes consécutifs à l’endettement
extérieur, la transformation économique basée sur l’industrialisation comme stratégie essentielle
pour la croissance et la réduction de la pauvreté était devenue une utopie au profit de la Politique
d’Ajustement Structurel (PAS) imposée par les bailleurs de fonds.53
Dans un premier temps, en 1980, le pays entre dans l’ère du libéralisme poussé par les
effets néfastes des chocs pétroliers et l’endettement extérieure. La mise en œuvre d’une politique
de libéralisation et de déflation ne s’est réellement démarrée qu’en 1983 sous la signature d’un
accord stand-by avec le Fond Monétaire International (FMI) pour bénéficier du Crédit
d’Ajustement du Secteur Industriel (CASI).
53 RASOLOFO Adamson Andrianirina, « L’industrie comme moteur de croissance économique à Madagascar :
Identification d’une relation de long terme et de causalité », CREAM, 2014, page 9
38
Le prolongement des accords renforce les mesures de libéralisation des prix des produits
industriels, l’augmentation des prix des produits agricoles et l’expansion limitée du crédit
interne.54
Les mesures les plus reconnues imposées par les bailleurs de fonds dans le cadre du PAS
étaient : l’élimination des barrières tarifaires aux exportations, l’abandon des actions spécifiques
de promotion de l’industrialisation au profit d’une stratégie de développement de l’industrie
manufacturière et des exportations par la création des Zones Franches Industrielles (ZFI),
notamment par la libéralisation progressive des échanges. Les exemples concrets pour le
désengagement de l’État des activités de production sont les Documents Cadre de Politique
Économique (DCPE) et Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) appliqués
respectivement en 1996 jusqu’en 1999 et 1997 jusqu’en 2001.
c) Les nouvelles réformes pour relancer la croissance à base d’industrie
À partir des années 2000, la réduction de la pauvreté et l’atteinte des Objectifs du
Millénaires pour le Développement (OMD) figurent parmi les prioritaires des stratégies de
développement de Madagascar. Le Madagascar Action Plan (MAP), un plan d’action
quinquennal élaboré en 2007, mise plus sur l’industrie minière et les agro-industries (le secteur
qui consiste en la transformation des matières premières agricoles pour produire des biens de
consommation) en parallèle avec le secteur tourisme. Ces secteurs d’activités sont connus sous le
nom de secteur porteur (ou porteur de croissance) par le fait que des potentialités de rentrées de
devises y reposent en tant qu’atouts pour relancer l’économie.
Dans le cadre de ce désengagement de l’État du secteur productif, comme pour les
économistes libéraux réformistes, son rôle est de veiller à ce que l’environnement des
investissements et l’épanouissement du secteur privé soient dans une atmosphère favorable. Et
avec le développement du concept « Partenariat-Public-Privé », en plus d’être un acteur de
développement de l’industrie, l’État devint une entité facilitateur et modérateur de la relance
économique de l’après crise pour renforcer la compétitivité du pays et des industries.
Le Programme National de Renforcement de la Compétitivité des Industries de
Madagascar (PNRCIM plus connu sous l’acronyme anglais de MICP (Madagascar Industrial
54 Op. Cit., page 10
39
Competitiveness Plan) dans le cadre d’application du MAP, a été lancé afin de doter le pays d’un
tissus industriel compétitif sur tous les secteurs (en priorité l’agroalimentaire, le textile et
l’artisanat).
En bref, Madagascar disposait pas mal de programmes et de documents pour amorcer sa
croissance économique par le biais de l’industrialisation et plus précisément par le secteur textile.
La situation de ce secteur prévaut en raison de son capacité à offrir de l’emploi et de son
importance pour déclencher le développement économique et social.
2) Structure de production de la filière textile malagasy
La structure de l’économie malagasy est composée principalement de l’agriculture (28%),
de l’industrie (15%) et des services (57%) dont les filières les plus dominantes sont
respectivement le riz, le textile, le tourisme et Technologie d’Information et de Communication
(TIC).55
Pour le textile en amont, certaines activités sont enregistrées dans le secteur de
l’agriculture comme la production de coton graine, de raphia, ainsi que la culture des matières
premières fibreuses. Le textile en aval pour le pays est en grande partie constitué des entreprises
travaillant les confections d’habillement sous le régime des zones franches.
55 Présentation de Madagascar, source : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/madagascar/presentation-de-
madagascar/, site visité le 09/03/2015 à 15 : 13.
40
Figure 2. Répartition des principaux secteurs d’activités à Madagascar en 2014
Source : compilation de l’auteur selon les données du
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/dossiers-pays/madagascar/presentation-de-madagascar/, site
visité le 11/03/2015 à 14 :25
À première vue, on aperçoit que la part du secteur de l’industrie est la plus petite dans
notre graphique, et le secteur industriel est devancé par le secteur agricole, mais tous les deux ne
sont pas de taille face au poids du secteur des services.
Pourquoi s’intéresser à l’industrie textile ? Une maxime malagasy illustre la théorie de
l’avantage comparatif : « izay tsy mahay sobiky, mahay fatrambary ». L’industrie textile en
amont et en aval offre pour Madagascar un large potentiel de marché qui conduira les acteurs (les
investisseurs, les travailleurs et l’État) à trouver la manière dont ils peuvent augmenter leur bien-
être.
28%
15%
57%
Répartition des principaux secteurs
d'activités à Madagascar
argiculture
industrie
services
41
a) Classification du secteur
Les activités de production des industries manufacturières exercées à travers le pays
peuvent être groupées au nombre de sept (7) branches industrielles56
dans laquelle on y trouve le
secteur de :
- l’agro-industrie, l’industrie alimentaire, la boisson, le tabac, les corps gras
- l’industrie du textile et du cuir
- l’industrie du bois, de la papeterie, de l’édition
- l’industrie chimique
- l’industrie métallique, mécanique et électrique
- les matériaux de construction
- les Entreprises de la ZFI
Avec l’expansion des entreprises franches, la branche « Industrie Textile » devint une
branche très porteuse, la production est écoulée sur le marché local mais aussi sur le marché
international. Selon la classification typologique des unités57
, les activités de la branche
consistent aux opérations de :
filature, tissage, impression et finissage des tissus en toutes espèces de fibre
confection d’article d’habillement en chaine et trame, en maille, tricotage
fabrication d’accessoires textiles (fermetures, boutons, galons, étiquettes…)
« L’industrie du cuir » concerne le tannage et la transformation du cuir communément
appelée la maroquinerie. C’est cette branche qui font les travaux de traitement des peaux et la
fabrication de chaussures en cuir à l’échelle industrielle et comme dans le cas de la branche
textile, les produits sont écoulés localement et à l’exportation.
b) Caractéristiques et commercialisations
Au début des années soixante, un certain nombre d’unités textiles ont été créées à
l’époque, et le marché local a été un succès et ce malgré le protectionnisme appliqué dans
l’économie spécialement à partir des années 70.
56 Classification des branches d’activités selon l’INSTAT 57 Classification selon le MINISTÈRE DE L’INDUSTRIE
42
Les principaux acteurs étaient à l’époque : COTONA, SOTEMA, FANAVOTANA,
SAMAF, SOMACOU, TISMA, SUMATEX, SOBAMA58
…
Pour le secteur, les matières premières sont soient fabriqués localement soient importés.
Les matières premières d’origines locales sont principalement le coton, les fibres de paka, le
sisal, le raphia, la soie, le mohair, la fécule de manioc. Mais le coton est le plus utilisé par
beaucoup de firmes travaillant dans le secteur approvisionné en général par la société HASYMA.
Cependant, il existe des matières premières qui ne sont pas fabriquées à Madagascar, les
importations sont donc irréfutables pour accomplir les tâches de finitions pour les entreprises
travaillant la confection d’articles d’habillement en chaîne et trame et en maille ainsi que le
tricotage. C’est en fait les Entreprises Franches (EF) qui utilisent les tissus et accessoires
importés en provenance d’Asie. Pour les entrepreneurs artisanaux et les entrepreneurs qui visent
le marché local, les inputs sont combinés, donc ils choisissent d’introduire à la fois les matières
premières locaux et les importés étant donné que le prix de ces derniers sont largement
abordable.
Les ZFI rassemblent un groupement de firmes qui jouissent des obligations et des
avantages fiscaux. Afin de promouvoir les IDE, la loi n° 89-027 portant règlement sur les Zones
et Entreprises Franches a été promulguée le 29 décembre 1989. La mise en place de la ZFI est
l’une des stratégies de développement adoptées par l’État pour promouvoir la croissance
économique à base industrielle au début des années 90.
Les firmes opérant et bénéficiant des accords de la ZFI exportent leurs productions vers
l’Europe et vers les États-Unis. Ces ZFI ont permis l’installation des usines à capacité de
production à grande échelle de confection de vêtements et ont offert des débouchés aux
entreprises textiles locales. Dans la littérature économique, ceci est un parfait illustration de « la
loi des débouchés » de J.B. Say. Retenons que c’est une loi qui stipule que les produits créeront
des débouchés pour d’autres produits. Pour d’autres, la loi des débouchés est synonyme de
l’offre qui crée sa propre demande.
58 Note Contextuelle Textile et Développement Rural, 3ème Colloque Gouvernemental, 2005, page 1.
43
La Grande Île se devait donc de fournir des efforts pour permettre d’offrir des produits de
qualités (en provenance des usines) et de quantités (à une certaine quantité ou production
industrielle). Et c’est en 2004 (fin de l’Accord Multifibre) que la performance de Madagascar en
termes de volume d’exportations textiles a atteint son apogée. Celle-ci est liée aux avantages
offerts par le traité « Africa Growth Opportunity Act » (AGOA) après les accords multifibres qui
offrent pour le pays des franchises de douanes vers les États-Unis pour les pays bénéficiaires.
Madagascar était éligible à l’AGOA depuis 2000, et exportait ses marchandises qui consistaient
en majeure partie aux textiles.
Graphique 3. Exportations textile malagasy vers l’Europe et les États-Unis en millions USD
Source : Ministère de l’Économie et de l’Industrie
L’exportation textile malagasy a connu un pic en 2001 avec un volume de 333 millions
USD, mais le record n’est tenu qu’en 2004 avec plus de 400 millions USD dont près de 70% sont
destinées au marché américain.
L’origine des flux massifs d’IDE réside dans l’éligibilité de Madagascar à l’AGOA qu’en
2008 le nombre de firmes de la ZFI montaient jusqu’à 175 dont 91% sont tous concentrées à
Antananarivo. En termes de valeur ajoutée, malgré la détérioration de la situation économique
de Madagascar depuis 1991 dans tous les secteurs d’activité, la valeur ajoutée dégagée par les
206
265
333
189
275
402
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
1999 2000 2001 2002 2003 2004
44
Entreprises Franches (EF) affirme une performance extraordinaire dans les périodes situées entre
1991 et 2005 à l’ordre de 20% par an. Vu qu’un nombre important des EF orientent leurs
produits vers l’extérieur, la performance de ce secteur est largement associée par cette activité
d’exportation.
La Banque Mondiale a affirmé que la faiblesse de la productivité de la main d’œuvre à
Madagascar nuit à la compétitivité des industries de confection59
. Pourtant les résultats de la
recherche menée par l’ « Observatoire pour le Développement national des Ressources humaines
du niveau de l’Enseignement Supérieur » (ODRES) montrent que les travailleurs malagasy dans
l’industrie textile sont compétents et productifs.60
L’ODRES est en étroite collaboration avec le
« Groupement des Entreprises Franches et Partenaires » (GEFP) avec l’ « Institute Of
Developing Economies – Japan Trade Organisation » (IDE-JETRO).
Les EF à Madagascar sont relativement plus compétitives que celles des firmes en
Bangladesh qui se trouvent 7ème
exportateur mondial de produits d’habillement en 2008.
L’explication sera abordée par l’angle coût de main d’œuvre, bon marché pour les firmes
bangladeshis, tandis que celle des EF malagasy puise sa force compétitive dans l’angle
productivité des travailleurs. En d’autres mots, les firmes bangladeshis ont des avantages en
termes de compétitivité-prix, et les firmes malagasy sont hautement compétitives hors-prix.
Pendant moins de 10 ans, la performance remarquable des EF à travers le dynamisme de
leurs exportations a fondamentalement transformé la structure du commerce extérieur de
Madagascar. Une croissance rapide des exportations des produits des EF au détriment des
produits primaires a doublé les recettes d’exportations du pays qu’il est devenu un des rares pays
en Afrique Sub-Saharienne à avoir comme première source de devises l’exportation des produits
manufacturés.
Allant de 56,3% (en 2007) à 74,35% (en 2008), les exportations s’élevant à 617 millions
USD, soit 54,28% des exportations totales, équivalent à 70% des exportations de l’ensemble du
59 Banque Mondiale, « Madagascar : Vers un Agenda de Relance Économique », 2010, page 201. 60 ODRES, GEFP, IDE-JETRO, Rapport sur les résultats majeurs des enquêtes sur les entreprises franches de
confection à Madagascar, enquêtes 2009 et 2010, « Une analyse de leur performance sur la base des principaux
résultats des enquêtes effectuées en 2009 et 2010 », page 11.
45
secteur des EF, ont permis Madagascar d’être à la 2ème
place des pays de l’ASS les plus grands
exportateurs de vêtements, étant donné que l’Île Maurice est le premier.
Graphique 4. Exportation des vêtements de Madagascar en million USD
Source: UN Comtrade (US and EU Report)
D’après le Graphique 4, jusqu’en 1999 (en abscisse), l’Europe était la principale
destination des exportations des EF de Madagascar. Mais avec l’éligibilité du pays pour
bénéficier du programme AGOA, l’exportation malagasy entra sur le marché américain allant de
17,6% à 47,87% de 1999 en 2008 soit 295 millions USD61
(en ordonnée).
En termes d’emploi, 85% du secteur manufacturier soit 20% du total des emplois formels
à Madagascar est fournie par la branche textile et habillement qui est l’équivalent de 107 530
nombres d’employés des EF. Facilité par l’existence d’une infrastructure correcte, l’abondance
de main-d’œuvre diligente et qualifiée, en plus du facile accès aux services administratifs et à
61 Banque Mondiale, « Madagascar : Vers un Agenda de Relance Économique », 2010, page 200.
46
l’approvisionnement, les choix des investisseurs étrangers étaient motivés que beaucoup d’entre
eux n’ont pas hésité de s’installer dans le pays en tant que EF de la branche textile.
La nature du textile et sa forte contribution à l’emploi demeure un facteur clé dans la lutte
contre la pauvreté et le développement socio-économique du pays.
Section 2 – Madagascar et l’AGOA à partir de 2009 en 2013
En 2010, Madagascar fut suspendu parmi les pays bénéficiaires de l’AGOA suite à une
crise politique que l’environnement des affaires se retrouve dans un climat où la confiance des
investisseurs devient dure à gagner. Ce phénomène a été précédé de la crise financière mondiale,
une crise qui va se répercuter dans l’état de l’économie malagasy étant donné que ce dernier a
des insuffisances en matière de financement et des ressources pour donner de l’oxygène à sa
croissance et son développement.
1) Les impacts de la suspension
Nous avons fixé au début que la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises
textiles exportatrices dépend des EF. Donc nous allons alors étudier ce phénomène, la
méthodologie appliquée sera la méthode analytique.
a) Sur la production
Malgré les apports remarquables de l’industrie textile dans l’économie malagasy avant
2009, notamment l’augmentation de la part du secteur secondaire dans le PIB atteignant un taux
de 14,8% en 2008, la production et la Valeur Ajoutée (VA) ont baissé fortement. L’industrie
textile de confection a dû fermer 23 entreprises et il ne restait que 95 en 2010. Ceci implique que
la production va surement diminuer à cause des réticences des investisseurs.
Les flux d’IDE observé en 2009 a connu une régression de 47% par rapport à celui de
2009 d’une valeur respectivement de 1 061 milliards AR et de 2 015,5 milliards AR.
47
Tableau 2. Création d’entreprise en 2008 et 2009
Entreprises créées Entreprises fermées
2008 17 037 1 256
2009 7 147 649
Source : INSTAT
En 2008, le rythme de création d’entreprise est plus rapide qu’en 2009. Outre les
décisions d’attente d’une stabilité du côté de l’environnement de l’investissement, les conditions
de financement dans le monde réduisaient aussi les flux de capitaux vers les économies en
développement.62
Entre 2008 et 2010, les exportations vers les États-Unis avaient baissé de 78% et 70% des
firmes exportatrices sur le marché américain ont dû fermer leurs portes. La productivité du
travail diminue à cause du manque d’effectif qui est à l’ordre de 24,05% pour les firmes
exportatrices et de 59,46% pour les firmes non-exportatrices. Et d’ailleurs l’industrie textile est
classée de branche non-performante en 2009 avec un taux de croissance sectorielle négative de
-24,6%, le cuir aussi est en mauvaise état avec -6,2%.63
Si on fait un flash-back à partir des années 2000 en 2005, les IDE occupent la plus
importante place. La contribution des EF au PIB et à la croissance économique semblait être
significative jusqu’en 2008 où le taux de croissance économique annuel a pu franchir au-delà des
6%.64
Il en résulte que la suspension du programme AGOA est une cause qui explique la
diminution du taux de croissance réelle du PIB (moyen sur 5 ans).
62 MEI, « Rapport Économique et Financier 2009-2010 », 2010, page 37. 63 Op cit., page 58. 64 MEI, MEFB (2005), MCEI (2008)
48
Tableau 3. PIB et PIB/habitant de 2012 et 2013
unités 2012 2013
PIB Milliards AR 21 773,6 23 432,0
PIB/habitant AR/habitant 1 052 732 1 101 635
Taux de croissance
réelle du PIB (moyen
sur 5 ans)
% 3,0 2,4
Source : calcul de l’auteur selon les données de l’INSTAT / DSI
Le PIB augmente (allant de 21 773,6 milliards AR à 23 342 milliards AR) de la même
manière que le PIB/habitant lui aussi augmente de 2012 en 2013, soit de 1 052 732 AR/habitant à
1 101 635 AR/habitant. Le taux de croissance moyen du PIB dans ces deux années d’exercice
régresse. Ici on a fait le taux moyen annuel de 2008 en 2013.
La cause interne est qu’en 2008 jusqu’en 2010, le nombre d’EF est passé de 165 à 149
soit une diminution de 16 entreprises, qui a été empirée par la fermeture d’une vingtaine de
firmes malgré la création de 5 autres.
Sur le marché international, la crise financière est la cause principale de la baisse des
commandes, bien sûr, de la part des gros clients dans l’AGOA. En effet, ce sont les firmes qui
ont été victimes de la réduction de la demande de produits textile et habillement, il y en a ceux
qui ont dû fermer leurs portes, il y en a ceux qui ont dû licencier ses employés. Cette contraction
de la demande des pays développés peut être imputée à la crise financière qui s’est transmise sur
la sphère réelle de l’économie mondiale.
b) Sur l’emploi et le bien-être des employés.
Un raisonnement logique affirme que les fermetures des firmes, que ce soient
exportatrices ou non-exportatrices, conduira surement à des contractions dans le domaine de
l’emploi. Les licenciements et les chômages techniques étaient inévitables, les effectifs
diminuent et la moyenne par entreprise a de ce fait baissé.
49
C’est tout à fait la réaction des entreprises face à la crise, mais sans oublier de garder les
moyens de productions non-mobilisables dans l’espoir d’une chance de revenir à l’état normal.
Les pertes d’emplois dans le secteur s’élève à 65%. Un taux de chômage alarmant tous les
opérateurs publics et privés mais aussi et surtout requérant une intervention efficace de l’État.
Pour d’autres, la crise de 2009 est de nature sociopolitique, puisque à défaut de sécurité, la
confiance des investisseurs étrangers était comme chercher une aiguille dans une botte de foin.65
Plus de 30 000 emplois ont été perdus suite à l’annonce du gouvernement américain de
leur décision de mettre Madagascar à l’écart des avantages et des franchises dans le marché
d’exportation des textiles. Un caractère commun avec les pays en développement, les femmes
sont les plus nombreuses dans l’industrie textile et particulièrement dans les confections avec
une estimation de 65,% du total du nombre des travailleurs.
Tableau 4. Distribution des travailleurs par genre et par poste dans les entreprises de
confection (%)
Source : Enquête ODRES et GEFP, 2009
M = masculin, F = féminin, Ens. = ensemble
Comme le tableau 3 nous montre, les opérateurs et les petites mains occupent plus de
70% du total, et les cadres supérieurs sont minoritaires. Dans l’ensemble, il n’y a pas grandes
65 Source : http://www.lanation.mg/article.php?id=4872, site visité le 13/02/2015 à 15 :49
50
différences entre les EF et les entreprises hors zones franches (HZF). La proportion des femmes
dans l’occupation des postes non-qualifiés est davantage importante que celle des hommes.
La contribution réelle apportée par l’industrie textile de confection à l’amélioration du
revenu disponible des travailleurs sera abordée sous les angles des postes ou plutôt des
hiérarchies dans les postes occupés.
Le salaire moyen permettra d’apprécier d’une manière générale les revenus moyens des
travailleurs des firmes textiles de confection. Le salaire médian indique le montant de salaire qui
répartira l’ensemble des travailleurs en deux parts égales c’est-à-dire 50% des travailleurs
disposent d’un salaire supérieur et 50% inférieure à la médiane.
Tableau 5. Salaire mensuel moyen et salaire mensuel médian des employés en USD
Source : ODRES et GEFP, enquête 2009
M = masculin, F = féminin, ZF = zones franches, HZF = hors zones franches
Le salaire moyen d’un superviseur est presque l’équivalent du double de celui d’un
ouvrier de petites mains, celui d’un opérateur s’élève à 44,7% supérieure à celui de ce dernier.
Dans l’industrie de confection, le salaire moyen est de 67,55 USD soit l’équivalent de
132 127,8 AR.66
Compte tenu du seuil de pauvreté national, le salaire moyen le plus bas payé à
un ouvrier de petites mains dans une firme de confection est de 40 USD/mois qui est toujours au-
dessus de ce seuil (16,9 USD/mois).
66 Nous retenons le taux de change (US dollar/Ariary) à 1 956 AR en 2009, source : Banque centrale de Madagascar,
cf. ANNEXE l’évolution des taux de change (en AR) de 2005-2012.
51
Ce qui explique aussi les différences et l’essentiel niveau des salaires élevés des
travailleurs, en particulier dans les EF, c’est les heures supplémentaires. Les travailleurs
malagasy sont alors plus productifs puisqu’ils parviennent à travailler 16 à 20 heures en plus des
durées légales par mois qui est de 178 heures/mois.
Les entreprises textiles de confection jouent un rôle important à propos du
développement de la société dans la mesure où le revenu disponible d’un ouvrier détermine le
niveau de pauvreté dans le milieu social.
Une amélioration des revenus traduit dans notre contexte l’augmentation du niveau de
vie. Donc, la promotion est d’emblée indispensable pour les travailleurs si l’on veut agir pour
augmenter leur bien-être. Et dans le même enquête, 62% des firmes accordent aux ouvriers de
petites mains la promotion au poste d’opérateur après quelques années d’expériences d’où le rôle
important du secteur dans la réduction de la pauvreté. L’expérience professionnelle est alors un
atout pour un travailleur voulant profiter d’une promotion.
Graphique 5. Expérience requise par un ouvrier de petites mains pour être promu
Source : ODRES et GEFP, enquête 2009
52
On peut dire qu’aux alentours de 12 mois, un ouvrier a la chance d’être promu pour la
plupart des firmes textiles de confection.
Les EF et les HZF sont les firmes qui offrent un meilleur montant de salaire, pourtant la
durée de travail ne fait que combler ce manque. En d’autres mots, il y a une surutilisation de la
force de travail pour les ouvriers et la gestion de temps de travail ne semble pas être efficiente
pour eux.
La notion d’efficacité et d’efficience sont voisines, mais quelques élucidations s’avèrent
nécessaires pour comprendre la gestion de temps des ouvriers. L’efficacité consiste en l’atteinte
des objectifs préalablement établis. La prise en compte des moyens n’est pas grand-chose mais
seule la réalisation des objectifs prime. L’efficience quant à elle, ne suffit pas que la cible soit
atteinte, il faut aussi mettre dans les éléments de calcul les moyens mises en œuvres tout au long
de la réalisation.
Ce qui est le cas des travailleurs malagasy ci-dessus, ils gagnent de l’argent d’un montant
meilleur que les autres secteurs (on fait comparaison au salaire le plus bas et le salaire moyen),
mais en réalité ils font l’effort au trop pour percevoir ainsi.
Bref, bien que l’industrie textile à Madagascar ait été fortement touchée par les crises
internes et internationales, les travailleurs malagasy comblent les manques par leur forte
productivité pour ne pas laisser leur gagne-pain. Les observations empiriques prendront place
maintenant ici pour mieux mener le travail de scientifique.
2) La compétitivité de la filière et la croissance
C’est par le volume d’exportation effectué par le pays qu’on évalue sa force compétitive
sur le marché mondial. Si on se focalise sur les données à notre disposition, les produits qui ont
été victime de la contraction de la demande sont le café, la vanille, le cacao, les fibres de sisal, et
les produits textiles avec une baisse en 2009 en volume de 34,6%. Des difficultés persistantes ont
gêné le dynamisme de la filière textile, et il en est de même pour les EF dans les ZFI.
Les pays développés ont réduit leur volume de demande, et les clients de l’AGOA se
montraient réticents et de plus le programme a été en mode suspension pour le cas de
Madagascar en 2009. Pour se débarrasser des subjectivités politiques, nous n’allons pas entrer
53
dans les causes des troubles internes, et nous nous concentrons sur les aspects économiques des
choses c’est-à-dire les effets des décisions des investisseurs sur le bien-être de la population et
sur la santé de l’économie toute entière.
Graphique 6. Évolution des importations et des exportations de 2005 à 2012 (en millions de
DTS*)
Source : Banque Centrale de Madagascar
*DTS = Droit de Tirage Spécial
Les droits de tirage spéciaux (DTS, en anglais, Special Drawing Rights : SDR) sont un
instrument monétaire international, créé par le Fond Monétaire International (FMI) en 1969 pour
compléter les réserves officielles existantes des pays membres.
Les exportations ont repris le peloton surpassant le niveau de 2008 pour les produits des
industries travaillant dans la branche d’activité d’extraction minière. Mais c’est un peu différent
des exportations des textiles et habillement. Les effectifs présents dans le marché intérieur ne
suivent pas le rythme dans l’exportation totale.
54
Graphique 7. Évolution de l’effectif des entreprises franches agréées (effectif cumulé) et des
entreprises opérationnelles de 2005 à 2012.
Source : Entreprises franches opérationnelles (DADII/VPEI), liste des Entreprises franches
agréés (EDBM)
Comme le graphique nous montre, une modération des effectifs des entreprises franches
se passe entre l’année 2008 en 2012 malgré une reprise en 2010.
Cette reprise de souffle en 2010, si c’est le terme adéquat, est le résultat de l’ouverture
des marchandises vers le marché européen. La cause de cette régression est qu’il y a eu des EF
qui n’ont pas réalisé leur investissement même si elles ont obtenu des Agréments. Pour faire
preuve de prudence, il y a ceux qui ont mis en veille leur activité d’exploitation pour ne pas finir
comme nombreux de ses confrères ruinés.
L’exportation connait alors un manque à gagner considérable après que le pays soit
suspendu du programme AGOA. Il y a alors une sous-utilisation des potentialités remarquables
du pays en termes d’exportation et particulièrement l’exportation des produits textiles et
d’habillement des EF.
55
Le fait d’être exclu des franchises dans les marchés américains a secoué l’ensemble des
industries textiles et se répercute dans les volumes d’exportation, dans les travailleurs licenciés,
et dans l’ensemble de la structure de l’économie. Toutefois, la contribution des EF aux
exportations demeure toujours significative même si il y a eu une interférence pour leur
débouché.
56
CHAPITRE 2 – L’ANALYSE DE L’IMPACT DE LA COMPETITIVITE DE
L’INDUSTRIE TEXTILE VERS LE DEVELOPPEMENT
Pour plus de scientificité, notre étude se doit de mener des analyses reposant sur les
hypothèses susmentionnées dont l’objet portera l’attention sur la vérification empirique et les
constats des faits durant la période d’observation qu’est de 2009 en 2013. L’investigation s’est
fait par les collectes des données et la méthodologie se focalise sur les méthodes hypothético-
déductives et analytiques, qui pourront nous permettre de proposer des alternatives pour faire
faces aux problèmes que rencontrent les industries textiles d’exportation à Madagascar.
Section 1 – les études empiriques
1) Hypothèse 1 : la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles
dépend largement des Entreprises Franches.
Nous avons vu précédemment que la mise en place de la ZF dans le territoire malagasy a
changé la structure de l’économie mais aussi la structure sociale de la population malagasy.
Notre hypothèse 1 est la suivante : la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles
dépend largement des EF.
Une autre formulation possible de cette hypothèse est : ce sont les EF qui offrent le plus
d’emploi au travailleurs malagasy dans le domaine de l’industrie textile. Autrement dit, l’emploi
dans l’ensemble des entreprises textiles est déterminé par les ZF.
La bonne marche de la ZF est sa capacité contributive à la création d’emploi. Une des
principales caractéristiques de la ZF malagasy est sa forte intensité de main d’œuvre. Les zones
franches offrent-elles l’emploi pour les travailleurs malagasy ou c’est la main d’œuvre bon
marché qui attire les investisseurs d’opérer dans les zones franches ? Il faut dire que les décisions
de s’investir dans un pays sont toujours précédées des analyses coûts-bénéfices.
a) Relation de causalité
En dix ans, avant 2002, la zone franche malagasy est parvenue à employer 70 000
personnes.67
D’une part, elles (les EF) facilitent les tâches de réduction des tensions sur le
marché du travail. Et d’autre part, elle participe à la lutte contre la pauvreté si le revenu par tête
constitue un élément d’évaluation du niveau de bien-être.
67 Mireille Razafindrakoto, François Roubaud, « Les entreprises franches à Madagascar : atouts et contraintes d’une
insertion mondiale réussie », Afrique contemporaine, n° 202-203, 2002, page 151.
57
Dans un premier constat, en 2004, les Zones Franches textiles et habillements absorbent à
elles seules les 94,1% de la main d’œuvre à Madagascar68
. Ce qui veut dire que ces firmes ont
embauché presque la population active de la Grande Île. Mais ce n’est pas tout, il y a aussi les
activités qui naissent par l’existence des ZFI, ce sont les emplois indirects.
La nécessité de contracter avec des fournisseurs de matière première, des services de
maintenance des équipements. Ces derniers vont voir ainsi l’augmentation de leurs chiffres
d’affaire. Il ne faut pas nier l’importance de ce phénomène parce que ces activités sont situées
dans les branches en l’amont et en l’aval des ZF et de l’industrie textile toute entière.
Emploi indirect n’est pas à confondre avec emploi induit qui représente l’ensemble des
emplois pouvant être affectés par le secteur textile. Il en est l’exemple des petits commerçants
des « snacks » et des « gargotes » près des usines, des personnes qui ne sont pas embauchées par
l’entreprise pour laver les voitures du personnel ou pour faires des travaux d’assainissements.
Les personnes profitant l’existence des ZFI créent leurs propres emplois pour en faire une source
de revenu. Il y a alors ce qu’on appelle « gagnant-gagnant », ce qui contredit la théorie de
l’optimum de Pareto qu’il n’est possible d’augmenter l’utilité d’un agent sans diminuer celui
d’un autre.
On utilise la population active pour évaluer un des facteurs humains de production qui est
le travail qui est composée des chômeurs et de la population occupée. Les chômeurs représentent
les potentiels employables de facteur travail, parfois on les appelle la population potentiellement
active. Le chômage est la situation d’une personne sans emploi, disponible à travailler et à la
recherche effective d’un emploi, sans avoir travaillé durant la semaine précédant l’enquête.
68 INSTAT, « Indice de la production industrielle des entreprises franches », Antananarivo, 2004, page1.
58
Figure 3. Structure de la population
Source : compilation de l’auteur selon les définitions du BIT
Graphique 8. Évolution de la population active, de la population active occupée et du PIB
réel entre 2001 et 2010.
Source : Enquêtes 1-2-3, phase 1 « Emploi », 2001-2010, INSTAT/DIAL et INSTAT pour le
PIB
La population active ne cesse de s’augmenter tandis que l’effectifs des actives occupées
semble un peu en retard. Le PIB réel lui aussi a connu une stagnation à partir de 2008.
population totale
population active
population occupée (active)
population privée d'emploi (chômeur)
population inactive
59
« L’arrêt brutal de la croissance n’a pas empêché l’emploi de continuer à augmenter
mais les tensions sur le marché du travail se sont traduites par un développement du chômage et
du sous‐emploi ».69
Pour ce faire, posons notre regard sur le taux de chômage avant l’année 2009 et celui
d’après la suspension de l’AGOA. Les troubles70
ont commencé à la fin de l’année 2008, une
nette dégradation du marché du travail, et ce surtout dans la capitale, a entrainé une stagnation de
la croissance (cf. graphique 8, PIB réel à l’échelle de droite).
Le taux de chômage est le taux correspondant au nombre de chômeur rapporté à la
population active. Ce taux est passé de 5,2% (premier trimestre 2006) à 6,8% (premier trimestre
2010). Ce qui signifie qu’il y a eu des pertes d’emploi lorsque les arrêts de la franchise des
marchandises vers le marché américain ont été annoncés.
Graphique 9. Évolution du nombre de chômeur et du taux de chômage de 2001 à 2010
Source : Enquêtes 1-2-3, phase 1 « Emploi », 2001-2010, INSTAT/DIAL
On constate qu’entre 2006 et 2010, le taux de chômage galope pour atteindre un niveau
alarmant, pour les travailleurs que pour les entreprises, puisque celui enregistré en 2002 avec
7,5% a été dépassé.
69 DSM/INSTAT-DIAL/IRD 70 Nous préférions employer le terme trouble comme synonyme de crise politique pour faire preuve d’objectivité.
60
L’accroissement du nombre de chômeurs est le résultat d’une part de la difficulté plus
grande des jeunes diplômés à s’insérer sur le marché du travail71
et d’autre part de
l’augmentation des licenciements opérés par le secteur. Les licenciés proviennent des grandes
sociétés privées (49% des cas) et de la zone franche (36 % des cas)72
.
Comme interprétation aux données, la mise en place du régime des ZFI a contribué à la
formation de l’emploi pour les EF. L’existence de la trouble socio-économique a eu un impact
négatif sur la structure de l’emploi et sur le marché de travail sur les EF.
b) Conséquence
L’emploi dans le secteur formel s’est dégradé. Ce qui veut dire que les choix de ne pas
travailler restent un « luxe » que « l’informalisation massive » de l’économie devient inéluctable.
L’obligation de travailler même pour un salaire de « gagne-pain » (il y a juste de quoi à nourrir la
famille et sans autre consommation tels que les loisirs) est une facette du sous-emploi : c’est le
sous-emploi lié à la rémunération. Le sous-emploi lié à la durée du travail le fait de travailler au-
delà de la durée légale dictée par la loi (178 heures/mois).
Tableau 6. Évolution du sous-emploi 2001-2010
Source : Enquêtes 1-2-3, phase 1 « Emploi », 2001-2010, INSTAT/DIAL, le déflateur utilisé est
l'indice des prix à la consommation à Antananarivo.
Le sous-emploi global passe de 65,9% à 70,4%, il est la somme du taux de chômage, du
sous-emploi lié à la durée du travail et de la situation d’emploi inadéquats.
71 On les appelle aussi les « primo-demandeurs d’emploi ». 72
INSTAT
61
C’est le secteur informel qui est le stock de main d’œuvre venant du secteur formel. Vu
que le secteur privé formel a baissé ses effectifs d’employés, le secteur informel s’avère être le
réservoir de stockage des mains d’œuvre de ce premier. Cependant, cette régression brutale sera
accompagnée d’un changement de structure pour le secteur industriel, pour la branche de
l’industrie textile et l’économie toute entière.
La structure de l’emploi par branche est déterminée principalement par la branche
industrie textile qui est largement dominée par les industries des ZFI. La crise de 2009 a entrainé
une compression massive des emplois dans la ZF. Ce qui implique que la structure de l’emploi
dans les industries textiles dépend largement des EF.
2) Hypothèse 2. La suspension de l’éligibilité de Madagascar de l’AGOA
intimide la compétitivité des industries textiles dans le pays et donc ralentisse la croissance
a) Les apports de l’AGOA
En termes d’exportation, 42% des recettes d’exportation de l’Océan Indien étaient
produites par les industries malagasy73
. L’inquiétante diminution des investissements s’est
répercutée dans l’économie, et surtout dans la production textile. Voyons l’évolution du PIB
pour connaître les changements en chiffre.
73 Banque Mondiale.
62
Graphique 10. Variation du PIB (%) de 2005 en 2012
Source : INSTAT
Le premier fait marquant dans toute notre période d’observation est la chute vertigineuse
du taux de croissance en 2009 (-4,1%). Un taux de croissance négative signifie la diminution des
valeurs ajoutées créées dans l’année antérieure à l’observation.
La croissance de la production est déterminée à la fois par le niveau d'investissement de
la période précédente et l'efficacité de l’investissement. Il y a un creux qui représente un manque
à gagner pour l’économie malagasy.
63
Graphique 11. Évolution des Investissement Directs Étrangers (IDE) de 2005-2012 (en
millions de DTS)
Source : Banque Centrale de Madagascar
Une situation de désinvestissements s’est passée en 2008, à savoir un recul des IDE allant
de 881 millions de DTS à 487 millions DTS pour la période 2010.
Les entreprises des branches textiles et ZFI ont été les premières victimes de la
suspension du pays. La reprise du souffle pour la branche se remet en 2010, mais les
performances de 2008 n’ont pas été atteintes malgré la recherche de nouveaux débouchés.
Pour la période 2005-2008, le taux de croissance du PIB et l’évolution des volumes
d’IDE sont en accroissement, ce qui signifie que le volume du capital détermine le niveau de
croissance économique pour Madagascar. Les industries textiles malagasy sont hautement
compétitives sur le marché international que ce soit en termes de prix que ce soit en termes de
qualité des produits.74
74 ODRES et GEFP
64
Bien que Madagascar ait déjà des débouchés vers les marchés européens, les échos de
l’annulation de l’AGOA sont plutôt perçus en termes d’exportations et particulièrement dans le
marché à destination des États-Unis.
Tableau 7. Sortie et survie des firmes selon le marché entre 2009 et 2010
Source : ODRES et GEFP, enquête 2009 et 2010
Les sorties et les survies (lecture en ligne) sont les effectifs des ayant fait l’objet
d’observation dans notre étude. Au total, 23 ont décidé de sortir contre les 95 survivants parmi
les 100 entreprises enquêtés.
Afin d’identifier les facteurs qui déterminent la survie ou non des firmes locales
exportatrices, on a choisi un modèle économique, appelé « Probit model »75
. Ce modèle
économétrique a pour but d’analyser et d’étudier les résultats du choix irréfutable d’un agent
économique, c’est-à-dire : la suppression d’une variable endogène (une variable explicative)
peut-elle influencer ou non la variable expliquée ? Ainsi, il a été constaté que l’exportation vers
les USA est le facteur le plus déterminant dans la mesure où elle réduira la probabilité de survie
par 54,3%. Nous avons trouvé également que les facteurs tels que la PTF (¨Partenaires
Techniques et Financiers), la jeunesse des firmes et le fait d’être une firme locale ne sont pas
significatifs, c'est-à-dire qu’ils n’affecteront pas significativement la survie des firmes locales.
75 Sous l’appellation française : modèle Probit multinomial de choix.
65
Dans ce contexte donc, la relation entre exportateurs et importateurs est plus déterminant que les
autres facteurs (comme la PTF et l’expérience des firmes sur le marché).76
b) Les contraintes
Le marché américain fut une porte de prospérité de l’industrie textile malagasy. Vu que la
quasi-totalité de la population malagasy vit encore sous le joug de la pauvreté, le pays se trouve
bloqué par des obstacles qui freinent ou même accentuent sa croissance économique que le bien-
être de la population repose essentiellement sur le caractère monétaire. Ce qui veut dire que le
revenu est dépensé en majeure partie par les dépenses sociales de bases comme la nourriture,
l’habillement, et le toit.
La thèse de l’échange inégal d’Arghiri Emmanuel77
Cependant, la pratique du commerce est contrainte par l’échange inégal en ce sens que
l’échange entre les pays développés et les pays sous-développés fait naître un écart de
développement. L’inégalité de l’échange des marchandises a comme racine cette mauvaise
répartition des salaires entre les pays coéchangistes, une forme de distribution non-équitable des
revenus. Même si le commerce international occasionne pour un pays sous-développé les
transferts de technologies et les transferts de connaissances, l’échange est inégal à cause de la
différence de salaire des travailleurs dans les PD et les PED. Comme nous avons énoncé dans les
paragraphes du premier chapitre, la valeur d’un bien dépend du temps nécessaire à la fabrication
de ce bien et donc du salaire des ouvriers (théorie marxiste de la valeur). Et de ce fait, la
demande locale des biens reste faible, cela est la conséquence de la diminution du pouvoir
d’achat des salariés.
Ample dépendance des financements extérieurs des investissements
L’insuffisance de ressources internes du pays, empirée par la lourdeur des
investissements et la rareté des devises pour faire des transactions lors du commerce
international réduisent le courage des industriels nationaux.
76 ODRES, GEFP, « Une analyse de leur performance sur la base des principaux résultats des enquêtes effectuées
en 2009 et 2010 », 2010, page 26. 77 Arghiri Emmanuel, « L’échange inégal-Essais sur les antagonismes dans les rapports économiques
internationaux », collection « Économie et socialisme », Paris, 1972.
66
En sus, le « limited access » ou l’accès limité au marché financier international en
constitue aussi une raison de plus pour empêcher le phénomène « d’industries industrialisantes ».
En effet, c’est une théorie qui énonce l’existence d’une industrie qui modifie dans son
environnement local la structure des relations interindustrielles, transforme les fonctions de
production et augmente la productivité et donc la compétitivité de l’ensemble de l’économie.
L’angle classique de la théorie de la croissance appuyé sur les investissements – donc de
l’apport de capital – semble confirmer notre hypothèse que la suspension de l’AGOA freine la
croissance après une modération de la compétitivité des industries textiles à Madagascar. Vu que
la suspension de l’AGOA explique la réduction du rythme de croissance, comment expliquerons-
nous le fait que le secteur informel s’accroît dans la même période de 2008 en 2013 ?
3) Extension du sujet : le secteur informel tient un rôle prépondérant pour
apaiser les tensions dans le marché du travail.
Le terme de stockage sera assimilé en tant que réserve de main d’œuvre pour notre étude.
Le secteur informel lui aussi est indispensable dans le fonctionnement du marché du travail dans
une économie puisqu’il constitue un secteur de réserve d’emploi et de secteur formateur des
travailleurs.
Il est à remarquer que 9 employés sur 10 se trouvent dans le secteur informel avec 75%
dans les entreprises informelles agricoles.78
La précarité des emplois et l’invention des emplois
propres à leurs comptes devinrent une des principales caractéristiques de l’emploi dans le pays.
Et déjà en 1993, on comptait 678 300 unités de productions informelles (UPI) qui
employaient plus de 1116 500 personnes dans les branches marchandes non agricoles.79
Les
activités commerciales informelles sont fréquentes et plus favorables en milieu urbain.
Le secteur informel hors agriculture comprend les services domestiques aux ménages et
les activités qui entrent dans les catégories des aides familiales. Avec une durée d’activité la plus
78 INSTAT, ENEMPSI, 2012, page 37 79 http://www.instat.mg/pdf/sect_informel.pdf, visité le 19/03/2015 à 10 :25.
67
longue par rapport aux autres activités, le secteur informel contient beaucoup plus de femmes
que d’hommes.
Les entreprises informelles agricoles mobilisent beaucoup plus de main-d’œuvre
masculine que les entreprises informelles hors agriculture : situation généralement observée dans
la plupart des pays en voie de développement où les travaux agricoles nécessitent beaucoup plus
une main d’œuvre masculine que féminine.80
Section 2 – Défis et recommandations
1) Les limites de l’étude.
Pour des raisons d’impossibilité dans les collectes de données, certaines indicateurs
n’étaient pas en mesure d’expliquer totalement la réalité des choses. Il en est l’exemple des
périodes d’observations, 2009-2013, certaines chiffres auprès des établissements et dans les
institutions de tutelles sont encore non disponibles faute d’enquête et des organisations internes
de celles-ci.
2) Les modalités d’intervention pour l’avancée de l’industrie textile
d’exportation de la Grande Île.
L’industrie textile d’exportation constitue une amorce pour le développement pour
beaucoup des pays de l’Afrique Sub-Saharienne, et particulièrement pour Madagascar. Elles sont
compétitives si l’on fait référence au Bangladesh, et les travailleurs malagasy sont habiles et
productifs. Les EF offrent des tarifs de fabrication d’un produit très compétitifs en termes de prix
et de qualité si l’on ne compare que les prix offerts par la Chine sur le marché.
Sur les firmes
Les EF devraient chercher des moyens pour pouvoir valoriser leurs activités notamment
par la mise en place d’un système bien structuré pour la création et le maintien des chaines de
valeurs. Les importations des EF constituent les ¾ de l'approvisionnement total du secteur des
EF, ce qui est à l’origine des insuffisances des matières premières faisant gonfler le prix.
80 Op. cit., page 38.
68
Pour que les EF soient pérennes, les approvisionnements en matière première ne doivent
pas constituer un blocage pour les activités. Dans le cadre des accords et conventions régionaux,
les EF de Madagascar sont fragiles et sensibles par les chocs d’origines externes tels la
fluctuation des devises et les crises financières mondiales.
Les EF doivent élaborer une politique qui prend en compte dans leurs stratégies les
institutions, les spécificités de l’environnement de l’affaire malagasy. Par exemple les conditions
de travail et du traitement des travailleurs devraient être améliorés de façon à ce que ces facteurs
deviennent de plus en plus productifs. Mais l’augmentation des salaires de base aussi est source
de motivation pour les travailleurs malagasy.
Les ateliers doivent respecter les normes de santé pour éviter ou du moins réduire les
accidents professionnels (vieux machines, lieu de travail insalubre…). Concernant les
traitements, les gros mots et les harcèlements sexuels faits par les chefs à ses subordonnés ainsi
que les heures supplémentaires de travail excédant les 20 h/semaine, l’État détient un rôle dans la
mise en place ou plutôt le renforcement des systèmes de contrôle et d’inspection mais aussi et
surtout appliquer les règles et sanctionner les attitudes non-conformes à la loi.
Les activités syndicales restent relativement faibles dans les EF, seulement 14% de
syndicalisation. Pourtant, les travailleurs ne doivent pas seulement se contenter de travailler et de
percevoir les salaires, les avantages des multiples interventions des syndicats – surtout les
mesures de sécurité sociale – leurs sont nécessaires pour qu’ils puissent mener à bien leurs
travails tout en connaissant leurs droits et obligations. Il en est l’exemple des besoins de
formations et de recyclages pour améliorer la productivité et l’efficience du capital humain
malagasy.
Sur le marché
Au niveau régional, les stratégies d’amélioration de la compétitivité nationale dépend de
la structure et du fonctionnement de la chaine de valeur intégrée composée (exemple : les
agriculteurs planteurs de coton et fournisseurs de laines, les entreprises de filatures et de tissages,
les fabricants de tissus, les confectionneurs de vêtements…). L’instauration d’un cadre
règlementaire visant à renforcer et à faciliter les échanges au sein de l’Afrique et dans tout le
monde entier serait la clé pour Madagascar d’augmenter son dynamisme compétitif.
69
L’extension du marché et la diversification des produits à exporter pour en tirer de
nouveaux débouchés est la solution convenable pour rattraper les retards suite à l’arrêt de la
franchise des marchandises malagasy vers le marché américain.
Un blocage institutionnel et matériel reste le principal problème des EF de confection de
textiles et habillement, mais le cas est presque le même pour l’ensemble de l’industrie malagasy.
La libéralisation du marché de l’énergie favorisera la concurrence et fera en fin de compte
diminuer le prix et améliorera la qualité des services. Par exemple la société JIRAMA est la
seule productrice d’eau et d’électricité, et cette position de monopole attirera beaucoup
d’investisseurs une fois qu’elle sera libérée (que ce soit en termes de gestion ou en termes de
financement).81
L’instauration d’un climat favorable au développement des affaires est de nature cruciale
pour notre économie via le changement structurel des politiques sectorielles pour amorcer le
développement des industries naissantes locales visant à promouvoir une croissance économique
à base sociale élargie.
81 Andriampeno Ramiliarison, « Le rôle du secteur privé dans le processus du développement économique »,
Conférence du CREM, CCI Antaninarenina, 26/02/2015.
70
CONCLUSION GENERALE Au cours des trente dernières années, l’industrie des pays en développement, poussée par
une croissance explosive des échanges de produits manufacturés, a connu une croissance rapide.
En revanche, une part importante du monde en développement risque toujours de ne pas arriver à
créer une économie dynamique et compétitive s’appuyant sur le secteur industriel82
.
Le développement des industries peut soutenir une croissance rapide et soutenue tout en
réduisant le taux de pauvreté. La compétitivité reste une brèche pour l’épanouissement de
l’industrie malagasy était l’ouverture vers l’extérieur bien que le protectionnisme ou le libre-
échangisme succédèrent dans notre système. Pour l’industrie textile d’exportation et surtout les
firmes des ZFI, le marché américain et européen était une sorte de « success story » dans le cadre
des régimes des EF. Il en est l’exemple de l’AGOA, un libre accès avec « zéro taxe – zéro
quotas », dans le marché américain que l’exportation de textile et d’habillement devient une
activité importante pour l’ensemble de l’exportation et pour l’économie nationale.
De ce fait, l’économie est donc dépendante des IDE faute de ressources internes en sus de
l’immensité des coûts nécessaires et indispensables pour entretenir une activité de production.
Pourtant, le pays semble très sensible aux chocs exogènes, le cas de la crise financière mondiale
de 2008, qui sont empirés par la fragilité politique et sociale interne, se répercutant dans toute
l’économie.
La suspension de l’éligibilité de Madagascar en fin décembre 2009 suite à la décision
prise par le gouvernement américain a eu des échos négatives tant pour les acteurs dans les ZFI
(les EF), tant pour les travailleurs malagasy, tant pour l’économie dans son ensemble. Notre
étude s’est forcée d’analyser la contribution des EF dans l’emploi et le marché du travail dans un
premier temps. On a pu constater que l’interruption des franchises vers le marché américain a
causé du tort pour les firmes travaillant dans les ZFI, qui étaient contraintes de réduire l’étendu
de la production et ceci en terme d’effectif des travailleurs et de moyens mobilisés dans leurs
activités. L’hypothèse de la contribution des EF dans la création d’emploi à Madagascar a été
donc vérifiée dans notre étude.
82 ONUDI, « Rapport sur le développement industriel 2009 », page 2.
71
Dans un second lieu, la compétitivité de firmes industrielles dans le secteur textile et
habillement a été mise en question à propos de la suspension du programme AGOA. Le focus de
l’analyse a été axé sur le volume des exportations et le nombre des entreprises qui ont survécu
dans l’arène du marché de textile d’exportation. On a alors confirmé que malgré les faibles
reprises connues en 2010, la performance en termes d’exportation pour le pays a été affaiblie par
les troubles socio-politiques de 2009.
En conséquence, le nombre massif des opérateurs informels qui montent leurs propres
UPI explique les moyens de survies des travailleurs égarés lors des malaises économiques de
2008 en 2013.
Le choix de l’industrie doit faire preuve d’intégrité pour les dirigeants politiques pour
faciliter les effets d’entraînement afin d’atteindre l’expansion de l’économie tout en considérant
les avancées de la technologie dans le secteur et la protection de l’environnement. L’État détient
le monopole de la violence physique légitime, il est le seul qui est à même d’utiliser les
contraintes de force pour faire régner l’ordre public, il fait alors partie intégrant des acteurs
majeurs dans la promotion du développement.
Bref, le développement des industries reste un moyen inévitable si l’on veut se
débarrasser des blocages qui empêchent l’éradication de la pauvreté et l’amélioration du niveau
de vie des malagasy
V
Annexe 1. Évolution du taux de change (en AR) de 2005-2012
Source : BCM
Annexe 2. Évolution du nombre d’entreprises franches agréées et d’emplois prévus
de 2005 à 2012
Source : EDBM
VI
Annexe 3. Liste de premières sociétés malagasy de textile :
COTONA : Cotonnerie d’Antsirabe
SOTEMA : Société Textile de Madagascar
SAMAF : Société Malagasy de Filature
SOMACOU : Société Malagasy des COUvertures
TISMA : TISsus de MAdagascar
SUMATEX : Société Unipersonnelle MAlagasy de TEXtile
Annexe 4. Dates d’entrée des pays de l’ASS bénéficiaires de l’AGOA
Maurice: le 18 janvier 2001
Kenya: le 18 janvier 2001
Madagascar: le 06 mars 2001
Afrique du Sud : le 07 mars 2001
Lesotho: le 23 avril 2001
Swaziland: le 26 juillet 2001
Éthiopie : le 02 août 2001
Malawi: le 15 août 2001
Botswana: le27 août 2001
Ouganda : le 23 octobre 2001
Namibie : le 03 décembre 2001
Zambie : le 17 décembre 2001
Tanzanie : le 04 février 2001
Mozambique: le 08 février 2002
Cameroun: le 1er mars 2002
Ghana: le 20 mars 2002
Sénégal : le 23 mars 2002
VII
Bibliographie Ouvrages
Adam Smith, « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations », vol 1, tome 1,
Chapitre I
Arghiri Emmanuel, « L’échange inégal-Essais sur les antagonismes dans les rapports
économiques internationaux », collection « Économie et socialisme », Paris, 1972
Ashton T.S., « La révolution industrielle : 1760-1830 », Paris, 1955
Aurélie Samuel, « L’art du textile en Asie », 2014
Charles-Albert Michalet, « Globalisation, attractivité et politique industrielle », Hachette, Paris,
1993
Charles-Albert Michalet, « Qu’est-ce que la mondialisation ? », Paris, éd. La découverte, 2002.
Christian Chavagneux, « Une brêve histoire des crises financières », éd. LA DECOUVERTE,
Paris, 2011, 235 pages.
Christian Palloix, « Impéralisme et échange inégal », éd. L’homme et la société, 1969.
David Ricardo, « Principles of Political Economy and Taxtation », 1817.
Henri LEPAGE, « La nouvelle économie industrielle », Hachette, 1989. 449 pages
Jean Marc Fontaine, « Mécanismes et politiques de développement économique. Du big Push à
l’ajustement structurel », éd. CUJAS
Jean RAZAFINDRAVONONA, Eric RAKOTOMANANA, Jimmy RAJAOBELINA, « Etude
sur les échanges entre Chine et Madagascar », 2008.
Laurence JOURDAIN, « Les nouveaux processus d’intégration régionale vers la restauration
d’un ordre dans les relations internationales », Paris
Nadine Keim, « Annuaire Suisse de développement », 2004.
Patrick Arthus, Marie-Paule Virard, « Croissance Zéro », Fayard, 2015
Philippe Moreau Defarges, « La Mondialisation », Presses Universitaires de France, éd. Que
sais-je ?, 2012, 128 pages.
RASOLOFO Adamson Andrianirina, « L’industrie comme moteur de croissance économique à
Madagascar : Identification d’une relation de long terme et de causalité », CREAM, 2014
VIII
Thomas Coutrot, Michel Husson, « Les destins du Tiers Monde. Analyse, bilan et perspectives ».
Coll. CIRCA, éd. NATHAN. 1993
Viviane Forrestier, « L’horreur économique », Coll. Librairie Arthème Fayard, éd. Le Livre de
Poche, 1996
Rapports
Banque Mondiale, « Madagascar : Vers un Agenda de Relance Économique », 2010
INSTAT, « Indice de la production industrielle des entreprises franches », Antananarivo, 2004
INSTAT, ENEMPSI, 2012
Jack Lang, « Pour l’Afrique. Contre l’indifférence et le cynisme », Rapport de la COMMISION
FOR AFRICA, La documentation française, 2005
Les parties contractantes à l’Accord Général sur les Tarifs douaniers et le Commerce, « Le
Commerce International en 1961”. Genève, 1962
ODRES, GEFP, « Un success story mis en échec par la crise politique », Rapport sur les
résultats majeurs des enquêtes sur les EF de confection à Madagascar, enquêtes 2009 et 2001.
ODRES, GEFP, « Une analyse de leur performance sur la base des principaux résultats des
enquêtes effectuées en 2009 et 2010 », 2010
ONUDI, « Rapport sur le développement industriel 2009 : Accéder au marché et y progresser,
nouveaux défis industriels pour les pays du milliard inférieur et les pays à revenu
intermédiaire », 2009
BIT, « La situation du secteur des entreprises franches à Madagascar : état des lieux du secteur
des entreprises franches », 2007
MFPTLS, « La Politique Nationale de l’Emploi », 2000
Thèses et mémoires.
RAHASIMBELONIRINA Ando, « La fragilité de la politique d’exportation à Madagascar »,
Université d’Antananarivo, Département Économie, Mémoire de Maîtrise, 2012.
RANDRIAMANAMBINTSOA Marius, « L’exportation textile malgache : qui de l’après
l’Accord Multifibre, cas de l’AGOA », Université d’Antananarivo, Département Économie,
Mémoire de Maîtrise, 2006.
THIERRY Christelle Erika Matthias, « Industrialisation et croissance : cas de l’industrie textile
à Madagascar », Université d’Antananarivo, Département Économie, 2013.
IX
Articles, revues, conférences, autres
Andriampeno Ramiliarison, « Le rôle du secteur privé dans le processus du développement
économique », Conférence du CREM, CCI Antaninarenina, tenue le 26/02/2015.
Lazamanana Pierre André, Cours d’Expertise International, 4ème
année, 2014.
Léa Ratsiazo, « Investissements, Madagascar classé pays à très grands risques en raison de la
fragilité de la situation politique », Madagascar Tribune, 03/02/2015.
Mireille Razafindrakoto, François Roubaud, « Les entreprises franches à Madagascar : atouts et
contraintes d’une insertion mondiale réussie », Afrique contemporaine, n° 202-203, 2002
Vonjy, « Effets de la crise sur l’industrie de confection », Atelier sur les effets de la crise dans la
performance, Madagascar Tribune, éd. du 27/08/2012
Rainelli, « La nouvelle théorie du commerce international », Repères, réalisé par Manon
Cheminat, IUFM, Paris, SES.
Rajaonson Hugues Février, « Les décisions à risque, Madagascar face à ses besoins
d’investissement », Conférence du CREM, CCI Antaninarenina, tenue le 26/03/2015.
Webographie
www.agoa.org
www.aunege.fr
www.banque-centrale.mg
www.economie.trader-finance.fr
www.gefp.com
www.instat.mg
www.melchior.fr
www.unido.org
www.worldbank.org
www.wto.org
X
Table des matières
Remerciements ......................................................................................................................................... I
Sommaire ................................................................................................................................................ II
Liste des tableaux ................................................................................................................................... III
Liste des graphiques ............................................................................................................................... III
Liste des figures ..................................................................................................................................... III
Liste des acronymes ............................................................................................................................... IV
INTRODUCTION ................................................................................................................................... 1
PREMIERE PARTIE : INDUTRIALISATION, CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT ...................... 4
CHAPITRE 1 – LES CONCEPTS ET THÉORIES SUR L’INDUSTRIALISATION ........................... 6
Section 1 - Définitions et théories : .................................................................................................. 6
1) Industrialisation ....................................................................................................................... 6
2) Industrie moteur de croissance et développement économique .................................................. 7
3) Révolution industrielle ............................................................................................................. 9
Section 2 - L’industrie textile ......................................................................................................... 11
1) Définitions ............................................................................................................................. 11
2) L’industrie textile en amont .................................................................................................... 12
3) L’industrie textile en aval ....................................................................................................... 13
CHAPITRE 2 – LA MONDIALISATION ET LA COMPÉTITIVITÉ DES INDUSTRIES TEXTILES
ET HABILLEMENT ......................................................................................................................... 15
Section 1 - La mondialisation et l’industrie textile .......................................................................... 16
1) De l’avantage absolu à l’avantage comparatif ......................................................................... 16
2) Le commerce international et la mondialisation ...................................................................... 18
Section 2 – De la compétitivité vers la croissance économique ....................................................... 29
1) Quelques définitions :............................................................................................................. 30
2) La relation entre compétitivité et croissance ........................................................................... 32
DEUXIÈME PARTIE : L’INDUSTRIE TEXTILE ET L’ÉCONOMIE MALAGASY ........................... 35
CHAPITRE 1 - L’INDUSTRIE TEXTILE MALAGASY, QUELLE AVENIR POUR LA
POPULATION ? ............................................................................................................................... 36
Section 1 – Regard sur l’évolution et la spécificité de la filière : ..................................................... 36
1) De la production artisanale à la production industrielle ........................................................... 36
XI
2) Structure de production de la filière textile malagasy .............................................................. 39
Section 2 – Madagascar et l’AGOA à partir de 2009 en 2013 ........................................................ 46
1) Les impacts de la suspension .................................................................................................. 46
2) La compétitivité de la filière et la croissance........................................................................... 52
CHAPITRE 2 – L’ANALYSE DE L’IMPACT DE LA COMPETITIVITE DE L’INDUSTRIE
TEXTILE VERS LE DEVELOPPEMENT ........................................................................................ 56
Section 1 – les études empiriques ................................................................................................... 56
1) Hypothèse 1 : la structure de l’emploi de l’ensemble des entreprises textiles dépend largement
des Entreprises Franches. ............................................................................................................... 56
2) Hypothèse 2. La suspension de l’éligibilité de Madagascar de l’AGOA intimide la compétitivité
des industries textiles dans le pays et donc ralentisse la croissance ................................................. 61
3) Extension du sujet : le secteur informel tient un rôle prépondérant pour apaiser les tensions dans
le marché du travail. ...................................................................................................................... 66
Section 2 – Défis et recommandations ............................................................................................ 67
1) Les limites de l’étude. ............................................................................................................ 67
2) Les modalités d’intervention pour l’avancée de l’industrie textile d’exportation de la Grande Île.
67
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................ 70
Annexe 1. Évolution du taux de change (en AR) de 2005-2012 ................................................................ V
Annexe 2. Évolution du nombre d’entreprises franches agréées et d’emplois prévus de 2005 à 2012 ........ V
Annexe 3. Liste de premières sociétés malagasy de textile : .................................................................... VI
Annexe 4. Dates d’entrée des pays de l’ASS bénéficiaires de l’AGOA.................................................... VI
Bibliographie......................................................................................................................................... VII
Résumé ................................................................................................................................................. XII
Nom : RANDRIAMANANJARA Fidèle
Encadreur : RAZAFINDRAKOTO Jean Lucien
Titre : « La compétitivité de l’industrie à Madagascar de 2009 en 2013 : cas du secteur textile
d’exportation »
Nombre de pages : 71
Nombre de tableaux : 07
Nombre de graphiques : 11
Nombre de figures : 03
Résumé Il est exposé dans notre étude le rôle moteur de l’industrie pour la promotion d’une
croissance économique et social en mettant l’accent sur les contributions de l’industrie à la
création d’emploi. Madagascar, la Grande Île aux multiples atouts de par sa position
géographique, naturelle et sa spécificité de sa population, n’est pas la dernière à s’être
industrialisé parmi ses homologues africains. Mais de la période coloniale jusqu’à présent, elle
connait encore des instabilités en matière de dynamisme de son secteur industriel à cause de
l’incapacité des performances économiques à réduire la pauvreté de la population. En plus des
interférences créées par les troubles socio-politiques de 2009 et la crise financière mondiale, la
déficience en ressources (énergétiques, technologiques, méthodologiques et humaines)
affaiblisse la structure du tissu industriel malagasy que malgré les performances prometteuses, la
croissance économique à base sociale élargie semble rester une utopie. Toutefois, le secteur
textile malagasy se trouve être un facteur clé de croissance et un secteur d’amorce du
développement pour le pays. Et en plus, les perspectives industrielles sont bonnes, la grande
potentialité agricole, la disponibilité d’une main d’œuvre jeune et compétitive et les proximités
des marchés régionaux font naître de l’espoir pour l’avenir de la population malagasy.
Mots clés : industrialisation, avantage absolue, avantage comparatif, commerce international,
compétitivité, AGOA, croissance économique
Adresse de l’auteur : LOT III T 137 BIS CB Anosibe Mandrangobato II – Antananarivo 101.
Contacts : 032 71 300 20, 034 31 438 58 ; e-mail : [email protected]