-> la négociation commerciale -...

39
1 Introduction En dépit de son intérêt pour le marketing, la négociation commerciale a longtemps été négligée, notamment celle en milieu industriel. Toutefois, un certain nombre d'études récentes et de littératures permettent de jeter un regard nouveau dans ce domaine. Ce sont ces lectures qui ont servis de base à mon étude. Le concept de marketing a souvent été restreint à l'entreprise, mais son évolution lui a permi d'être la discipline qui s'intéresse au concept d'échange et qui fait face aux problèmes liés à ce comportement ; pas uniquement entre le consommateur et les marchés, mais aussi face aux acteurs sur ce marché : les négociateurs. Il s'agit de cette notion de comportement qui se trouve être le coeur du problème de cette étude que nous développerons ultérieurement. -> La négociation commerciale : La négociation commercale possède un certain nombre de traits communs à toute négociation (sociale, diplomatique...) : - L'existence d'une divergence perçue d'intérêt entre les interlocuteurs - L'absence de règles, procédures préétablies permettant de résoudre le conflit - La recherche d'un accord entre les parties par la discussion Elle se caractérise par son champ d'application mais aussi par la nature des relations qui existent entre acheteurs et vendeurs. Toute négociation commerciale suppose qu'au préalable les parties soient entrées en contact à la suite d'une prospection de l'acheteur (ex : appel d'offre) ou du vendeur (démarchage, contact téléphonique...) et que l'acheteur ait exprimé son intérêt. Les fondements de la négociation commerciale ont pour origine principale 3 traditions de recherche : - La théorie des jeux - L'approche psychosociologique - L'approche interactive en milieu industriel Ce sont ces fondements qui m'ont servi pour batir l'étude et son application.

Upload: lamnga

Post on 26-Apr-2018

214 views

Category:

Documents


1 download

TRANSCRIPT

1

Introduction

En dépit de son intérêt pour le marketing, la négociation commerciale a longtemps été

négligée, notamment celle en milieu industriel.

Toutefois, un certain nombre d'études récentes et de littératures permettent de jeter un

regard nouveau dans ce domaine. Ce sont ces lectures qui ont servis de base à mon étude.

Le concept de marketing a souvent été restreint à l'entreprise, mais son évolution lui a

permi d'être la discipline qui s'intéresse au concept d'échange et qui fait face aux problèmes

liés à ce comportement ; pas uniquement entre le consommateur et les marchés, mais aussi

face aux acteurs sur ce marché : les négociateurs.

Il s'agit de cette notion de comportement qui se trouve être le coeur du problème de

cette étude que nous développerons ultérieurement.

-> La négociation commerciale :

La négociation commercale possède un certain nombre de traits communs à toute

négociation (sociale, diplomatique...) :

- L'existence d'une divergence perçue d'intérêt entre les interlocuteurs

- L'absence de règles, procédures préétablies permettant de résoudre le

conflit

- La recherche d'un accord entre les parties par la discussion

Elle se caractérise par son champ d'application mais aussi par la nature des relations

qui existent entre acheteurs et vendeurs.

Toute négociation commerciale suppose qu'au préalable les parties soient entrées en

contact à la suite d'une prospection de l'acheteur (ex : appel d'offre) ou du vendeur

(démarchage, contact téléphonique...) et que l'acheteur ait exprimé son intérêt.

Les fondements de la négociation commerciale ont pour origine principale 3 traditions

de recherche :

- La théorie des jeux

- L'approche psychosociologique

- L'approche interactive en milieu industriel

Ce sont ces fondements qui m'ont servi pour batir l'étude et son application.

2

Ces différentes approches que nous définirons plus loin, ont permis d'identifier un

certain nombre de facteurs intervenants dans la négociation. Ils peuvent être regroupés en 4

catégories :

- Les facteurs généraux qui précédent la négociation

- Les conditions particulières à la négociation

- Le processus de négociation

- Les résultats de la négociation

Les liens qui existent entre ces catégories sont présentés dans la figure suivante :

Les résultats de la négociation sont influencés par 3 facteurs qui les précèdent. Ils

modifient, par effet de retour, certains facteurs généraux. Le processus de négociation dépend

des facteurs généraux et des conditions particulières à la négociation.

Les facteurs généraux concernent les caractéristiques des entreprises auxquelles

appartiennent les négociateurs, produits négociés, la perception des rôles des négociateurs, les

caractéristiques individuelles de ceux-ci (personnalités, motivation, facteurs cognitifs,

expérience...). Ils concernent aussi la culture à laquelle appartiennent les entreprises et les

négociateurs.

Les conditions de la négociation peuvent être divisées en 2 catégories. La première

rassemble les conditions qui précèdent la négociation (objet de la négociation, rapport de

force). La seconde regroupe les conditions qui prévalent lors du déroulement de la

négociation (nombre de participants, nombre de parties présentes, temps, audience, contexte

physique).

Le processus de négociation concerne les stratégies de négociation suivies

(coopératives ou conflictuelles). Celles-ci se traduisent en tactiques tant verbales que non

verbales, en concessions.

3

L'impact de ces différents facteurs sur la négociation commerciale sera présentée à

partir des expériences ou des observations qui ont été réalisées.

Ne pouvant pas étudier toutes ces catégories et tous les facteurs intervenants

dans la négociation, mon étude se base sur les facteurs généraux précédents la

négociation face aux processus de négociation et aux résultats.

-> Le marché de la ferraille : un marché peu connu du grand public.

Pourquoi le marché de la ferraille comme exemple de négociation en milieu industriel ?

Comme nous le voyons sur le schéma 1 (page suivante) qui retrace de manière

simplifiée le processus de génération et de consommation de ferraille, il s'agit d'un marché où

entrent en action un grand nombre d'intervenants venant d'horizons diverses.

En effet, les consommateurs de ferraille sont la sidérurgie et la fonderie. Ces ferrailles

sont consommées dans les hauts-fourneaux (consommation aujourd'hui négligeable), dans les

convertisseurs à oxigène, dans les cubilots, et surtout dans les fours éléctriques à arc ou à

induction. Avec leurs chutes internes de production, ces consommateurs sont aussi

producteurs de ferraille interne qui sont généralement recyclées directement.

L'industrie de la première transformation et l'industrie manufacturière sont générateurs

de chutes neuves. Puis l'industrie manufacturière livre les objets contenant de l'acier qui seront

mis au rebut au bout d'un certain temps : on retrouve alors le gisement au sens minérale du

terme. Une partie seulement de ces objets est récupérée, triée et préparée, et constitue les

vieilles ferrailles. La collecte des ferrailles neuves et vieilles permet le recyclage par la

sydérurgie et la fonderie. Une partie de ce réservoir d'objets rebutés est perdue par

oxydation, enfouissement, immersion (navires) ou tout simplement dans l'espace.

Le premier intérêt du schéma 1 est de faire apparaître un axe de clareté ou de

précision (ordonnées) et un axe du temps (absisse). Au fur et à mesure que le temps passe, la

clareté diminue, et les flux situés autours des objets en service sont de plus en plus mal

connus.

4

Le second intérêt de ce schéma est de montrer qu'il n'existe pas un marché (au sens

de lieu de négociation offre/demande) de la ferraille, mais 3 :

- un marché de ferraille neuves sur leur lieu de production

- un marché de la récupération des ferrailles vieilles

-un marché où se rencontrent les consommateurs finaux (sidérurgistes

et fondeurs) et les offreurs (ferrailleurs).

Comme nous le voyons, il s'agit d'un marché fascinant et complèxe où on l'imagine, la

négociation est le centre de tous les échanges. A nous de vérifier si cette négociation entre

dans les cadres théoriques de la négociation commerciale.

D'autre part, il s'agit souvent d'un marché méconnu du grand public qui a tendance à

s'en désintéresser ou à mal juger ses intervenants. Nous verrons donc s'il existe véritablement

des caractéristiques comportementales particulières (ceci sera défini plus explicitement dans la

problématique).

5

Problématique

Nous venons de définir les grands axes de notre recherche dans l' introduction, à savoir

:

- La négociation en milieu industriel,

- La notion de comportement des acteurs de la négociation : les

négociateurs,

- Le déroulement de la négociation,

- Nous allons travailler sur les facteurs généraux de la négociation et

plus particulièrement sur les caractéristiques individuelles du négociateur car nous avons vu en

introduction que le milieu industriel (et plus particulièrement celui de la ferraille) est un milieu

particulier.

Nous, public, nous en avons une description assez stéréotypée : monde d'hommes,

monde "machiste", monde clos, bleu de travail...

Qu'en est-il réellement ?

De ce fait, si nous en avons une idée stéréotypée, nous pouvons nous demander s'ils

existent véritablement et s'ils ont une influence sur la négociation.

Le problème peut donc se définir de la manière suivante :

"Les caractéristiques individuelles du négociateur influent-elles sur le rôle

d'acteur dans la négociation en milieu industriel ?"

-> Les caractéristiques individuelles vont nous permettre de définir des stéréotypes.

Nous allons ensuite mesurer ces stéréotypes afin de savoir s'ils sont rééls ou non.

-> On entend par rôle d'acteurs, le déroulement de la négociation.

La littérature va nous permettre de fixer le cadre théorique de cette problématique que

nous allons ensuite vérifier sur le terrain.

6

Fondements théorique et hypothèses

I) Le cadre théorique 11) La négociation commerciale

Nous avons abordé la notion de fondements de la négociation commerciale qui ont

pour origine principale 3 axes de recherche :

- La théorie des jeux

- L'approche psychosociologique

- L'approche interactive en marketing industriel

-> La théorie des jeux (Von Neuman et Morgenstern 1947, Luce et

Raiffa 1957, Ponssard 1977, Roth 1979),

Elle a pu mettre en évidence l'existence de solutions équitables, qui permettent de

maximiser les profits, conjoints. Elle suppose toutefois la rationnalité des acteurs, des

situations simples de monopole bilatéral ou d'oligopole, l'absence de différence

individuelle de comportement autre que celles qui sont basées sur les utilités de

chaque acteur, la connaissance des utilités de l'autre partie, toutes conditions qui

souvent éloignées de la réalité.

Par contre elle fournit une aide intéressante à la préparation de la négociation. Elle

attire en particulier l'attention sur, l'information qui doit être récoltée (coût, fonctions d'utilité

pour les négociateurs), l'identification des solutions équitables pour les parties, l'existence de

situations où aucune partie ne peut améliorer sa position sans détériorer celle de l'autre

(optimalité de Pareto), l'importance des objectifs et de la planification pour la négociation,

l'interaction entre les objectifs et satisfaction du négociateur.

-> L'approche psychosociologique,

Elle s'intéresse aux interactions , processus de négociation, aux conditions de la

négociation, à ses antécédents. Elle prend appui sur des modèles globaux descriptifs. Rubin et

Brown (1975) ou encore Sawyer et Guetzkow (1965), Pruitt (1981) proposent ainsi des

cadres intégrateurs des différents facteurs susceptibles d'affecter la négociation. Pour

vérifier les hypothèses émises, les recherches effectuées utilisent principalement des situations

expérimentales en laboratoires (par exemple le jeu du dilemme du prisonnier (Luce et Raiffa,

1957) ; jeu de transports Acme Bolt (Deutsch et Krauss, 1960); jeu de Pruitt et Lemis,

1975).

7

-> L'approche interactive en milieu industriel,

En marketing industriel, un certain nombre de chercheurs se sont intéressés à la

négociation. celle-ci a été étudiée empiriquement sous un angle dyadique notamment par des

situations expérimentales en laboratoire comparables à celles utilisées en psychosociologie ou

dans la théorie des jeux. L'étude de négociation entre organisations a été effectuée au moyen

de recherches sur le terrain, dans les entreprises.

Christophe Dupont dans son livre "la négociation" pose le 'système négociation'.

Il présente également un schéma qui considère la négociation comme un système formé de

plusieurs composantes (voir ci contre).

Le groupe qui a travaillé sur le réseau PIN (processes of international negotiations)

sous l'auspice de l'IIASA (institut international de l'analyse des système appliqués) a proposé

de retenir 5 composantes de ce système : acteurs, structure, stratégies, processus et résultats.

Ces différentes notions sont explicitées dans l'ouvrage collectif édité par V. Kremenyuk

(1991). Il est commode de les représenter graphiquement comme dans la figure page suivante

qui, à propos de chaque terme, en montre les éléments constitutifs et qui en dessine les

interactions respectives.

Dans ce même ouvrage, Christophe Dupont pose le problème de la négociation :

"Depuis le début des recherches systématiques sur la négociation datant des années

40 et 50 (et entre autre, à la suite des ouvrages pionniers de Schelling (1960) et de Walton et

McKersie(1965)) s'est posé la question de la nature (de "l'essence") de l'activité de la

négociation : s'agit-il d'une activité nécessairement et exclusivement "conflictuelle" ou

nécessairement et exclusivement "concertative" ?

Présentée sous une forme aussi catégorique et contrastée cette distinction ne

correspond pas à la réalité des négociations observées : on peut certes concevoir aux

limites extrêmes des situations voisines de l'affrontement d'une part ou de la

résolution de problèmes d'autre part conduisant à des négociations strictement

conflictuelles ou strictement coopératives, mais la très grande majorité des

négociations sont mixtes, caractérisées par un dosage d'éléments conflictuels et

coopératifs. Les vues les plus récentes et les plus synthétiques de la négociation (Lax et

Sebenius notamment (1986), Kremenyuk prennent la position que la négociation implique

nécessairement la juxtaposition d'éléments conflictuels et coopératifs.

8

Nous allons donc nous intéresser à cette question de stratégie, de type de

négociation, ainsi qu'aux acteurs de la négociation.

A) La statégie

Ainsi Dupont définit les orientations de la négociation : l'orientation à prédominance

coopérative ("intégrative") et l'orientation à prédominance conflictuelle ("distributive").

L'attribut "intégratif" ou "distributif" d'une négociation se réfère essentiellement à la

prédominance et à l'orientation d'ensemble qu'y donnent les protagonistes.

La distinction entre négociation à prédominance intégrative et négociation à

prédominance distributive repose sur 2 autres catégories de considérations : les unes sont

relatives aux missions que vise à observer chaque type de négociation et les autres concernent

les raisons d'être de chacune de ces modalités.

-> La négociation à prédominance intégrative est orientée vers le respect des

aspirations du négociateur tout en faisant en sorte que la partie adverse puisse considérer

l'issue comme également satisfaisante ; elle tend par conséquent à sauvegarder, maintenir,

consolider, voire renforcer la qualité de la relation entre les partenaires ; elle est plus orientée

vers les solidarités réciproques que vers les antagonismes mutuels ; au besoin, la négociation

intégrative pourra conduire à la modification des objectifs particuliers et de leur priorité

respective pour tendre vers des objectifs proches de l'intérêt commun.

Cette négociation obéit à plusieurs raisons d'être :

- Elle s'appuit sur, et tend à développer un climat de confiance, de

réciprocité et de crédibilité mutuelle.

- En diminuant ainsi les risques de remise en cause ultérieur de l'accord; elle

assure une plus grande stabilité à la solutions négociée.

- Elle est propice à la prise en compte de l'avenir dans la relation entre

négociateurs : c'est une négociation autant de "projet" que de "points à résoudre" ou de

"ressources à allouer".

- Elle valorise la créativité, la recherche d'opinions constructives et

dynamique, la mobilisation d'idées et d'actions nouvelles, car s'agit moins de démontrer la

validité d'une position quant au fond que de persuader l'autre de l'intérêt d'agir

ensemble.

- A un plan plus général, elle est susceptible, en devenant un mode quotidien

9

de solution de problèmes, d'enrichir la culture d'entreprise en complétant les modèles

traditionnels de 'l'autorité' et de 'l'entente'.

-> Par opposition, la négociation à prédominance distributive présente des missions et

des raisons d'être fondammentalement différentes.

Elle vise à partager les interlocuteurs en fonction des pouvoirs dont ils disposent ;

s'apparentant à un jeu à somme nulle, elle conduit les protagonistes à vouloir "être gagnant

pour ne pas être perdant". Mais, étant une négociation, elle s'arrête là où commence

l'affrontement (c'est à dire la recherche du gain total et de la soumission complète de l'autre, en

d'autres termes l'imposition d'une solution de "didakt" ou la "victoire" par ultimatum). Ainsi, le

négociateur distributif veille à ne pas provoquer la rupture, car il entend, malgrè tout, ne pas

détruire une relation dont il estime qu'elle est en tout état de cause inévitable, opportune ou

nécessaire et peut être utile et bénéfique dans certaine circonstance.

La description de cette forme dure et partiellement impitoyable de négociation

provoque souvent chez les tempéramment généreux et idéalistes un sentiment de malaise et

d'incrédulité. Et pourtant, il y a de très nombreuses négociations qui relèvent du mode

distributif. C'est que la vie sociale est inséparable du jeu parfois sauvage de la compétitivité

entre firmes, de la rivalité entre individus et/ou groupes et de l'aggressivité naturelle. La

négociation distributive tient compte de ces réalités ou containtes dont certaines ont la

particularité d'être choisies mais d'autres, d'être subies.

En premier lieu, l'opposition des intérêts peut être tellement forte qu'un compromis

n'apparait pas possible et qu'il semble dès lors préférable de trancher sur la base des forces

existantes plutôt que de recourir aux coûts et risques d'un conflit déclaré : l'une des 2 parties

est appelée à céder au nom du réalisme. Mais il peut se faire aussi , en second lieu, que le

déséquilibre des forces soit tel que la partie le plus faible craigne d'être manipulée et qu'elle

préfère se battre dans une optique distributive en utilisant sur la table de la négociation tous les

atouts dont elle dispose et dont l'existence peut amener le négociateur adverse à "composer"

pour éviter l'ouverture d'hostilité ouvertes et déclarées. En troisième lieu, il est des situations et

des problèmes qui sont de nature strictement compétitive et obligent à trancher en terme de

"gagnant" et de "perdants".

Dans leur article, Jolibert et Velasquez expliquent que les antécédents d'une

négociation, les conditions existantes lors de son déroulement agissent sur le

10

processus de la négociation et son résultat. Et qu'il en est de même du comportement du

négociateur (Pennington, 1968). Celui-ci peut être identifié par les tactiques et stratégies de

négociation suivies.

Ils identifient donc les 2 stratégies de la négociations qu'ils définissent de la manière

suivante :

-> La stratégie dite coopérative implique une entente avec l'autre partie afin d'éviter

les conflits d'intérêt. Elle cherche à maximiser le bénéfice mutuel de l'ensemble des parties

concernées (d'où le nom de négociation gagnant-gagnant). Elle accorde beaucoup

d'importance au rôle joué par les questions et repose en particulier sur l'identification des

besoins et des préférences du client. Une fois ceux-ci identifiés, le vendeur cherche à les

satisfaire en envisageant différentes solutions possibles, en jouant sur les contreparties à

accorder, sur les concessions à effectuer. Elle est utilisée dans les négociations en

milieu industriel (Dion et Banting, 1988 ; Perdue et autres, 1986) (hypothèse à

vérifier).

-> La stratégie dite conflictuelle repose sur l'affrontement. Chaque partie cherche à

faire prévaloir son point de vue aux dépens de l'autre, en essayant d'obtenir le maximum

de concessions. Le terme de stratégie distributive a pour origine les théoriciens des jeux qui

voyaient, dans la distribution à somme nulle des gains et des pertes, une situation parfaitement

adaptée à cette stratégie. Elle fait appel à la persuasion, la manipulation. Elle se reflète dans le

climat guerrier qu'elle engendre entre les protagonistes, se traduisant par des menaces,

commandements, sermons, aggressions verbales...

Pour Bellenger (1987) elle s'appuie sur la polémique (opposition), le passage en force

(domination), les stratagèmes (manipulation), l'atteinte à l'intégrité de l'autre ou

disqualification (affaiblissement).

Tous précisent que bien que ces 2 stratégies soient distinguées en théorie, dans la

réalité elles sont étroitement liées.

B) Les acteurs

11

Selon la littérature, différentes caractéristiques ont été détéctées comme ayant une

certaine influence sur la négociation commerciale. Il s'agit de la personnalité du négociateur, de

ses motivations, de certains facteurs cognitifs et de son expérience.

Nous nous intéressons aux facteurs cognitifs qui contribuent à la formation du

jugement. Ils influencent donc par cet intermédiaire le comportement du négociateur.

Notamment le rôle des stéréotypes dans la formation des jugements a fait l'objet de

nombreuses recherches.

Ainsi différents indicateurs ont été étudiés en raison de leur importance pour la

création des stéréotypes. Il en est ainsi du sexe, de l'habillement, de l'âge, de la race et du

pays d'origine du produit.

Il a été constaté qu'en centrale d'achat par exemple, les hommes ont tendance à

obtenir de meilleurs résultats que les femmes et à utiliser plus fréquemment certaines tactiques

de négociation : interruptions, questions, dévoilement du jeu (Neu, Graham, Gilly, 1988).

Johnston et Bonoma (1984) montrent que l'habillement est un indicateur de pouvoir

financier de l'interlocuteur. C'est ainsi que la qualité de l'habillement de l'acheteur entraîne une

plus grande acceptation du vendeur à négocier le prix.

Wise (1984) prouve que les sujets les plus mal vêtus sont les plus mal traîtés dans la

négociation.

Nous allons nous baser sur les variables sexe (traitée par Neu et Graham), l'age

(Brewer) et l'habillement (Johnston), afin de construire nos stéréotypes dans la négociation en

milieu industriel et notamment sur le marché de la ferraille.

En revanche, nous excluons la race qui est trop difficile à traîter pour des raisons

évidentes et le pays d'origine du produit qui n'a pas de raison d'être dans cette étude dans la

mesure où nous nous situons sur le marché français et que les produits sont d'origine française.

Nous allons ainsi mesurer s'il existe réellement des stéréotypes vis à vis de l'age, du

sexe et de l'habillemennt de la part des acheteurs en ferraille face à leurs interlocuteurs et s'ils

influent sur la stratégie de négociation.

12) Les stéréotypes et jugements

Selon Eliashberg et autres, le jugement vient de l'information que l'on a au départ et

dépend du poids que l'on y accorde (ici la notion d'importance est essentielle).

Selon Sherif, le continuum est dôté de 3 comportements :

- L'acceptation

- La neutralité

12

- Le rejet

-> Quelques mots sur les stéréotypes d'après l'ouvrage de Vincent Yserbyt :

Connaître et juger autrui :

- Qu'est ce qu'un stéréotype ?

Les trois pères fondateurs : Les stéréotypes sont un ensemble de croyances

concernant les attributs personnels partagés par un groupe de gens (Leyens, Yzerbyt et

Schardon, 1994 ; Stroebe et Insko, 1989).

C'est Walter Lippmann qui, en 1922, a introduit la notion de stéréotype dans son livre

Public Opinion. Ce journaliste empruntait le terme au monde de l'imprimerie où "stéréotypes"

désignait une forme métallique servant à l'impression d'un cliché typographique. Son choix

avait pour but de souligner le caractère stable, voire rigide de l'image que les individus se font

de leur environnement. Outre cet aspect, et bien qu'il n'ait pas formulé de définition précise et

explicite des stéréotypes, Lippmann s'est attaché à présenter un ensemble d'autres réflexions à

leur sujet.

Sa métaphore la plus célèbre est celle des images dans nos têtes. Selon lui, les

humains ne répondent pas directement à la réalité externe, mais à une représentation de

l'environnement qui est plus ou moins créée par l'homme lui-même. Il s'agit d'une version

simplifiée du monde, susceptible de satisfaire notre besoin de voir les gens comme plus facile à

comprendre et à contrôler que ce n'est le cas en réalité.

- L'emprise des stéréotypes :

On peut s'attrister face à l'extraordinaire emprise des stéréotypes. Mais on peut saluer

le fait que les opinions personnelles puissent prendre le pas sur les préjugés même si le refus

du stéréotype se paye, notamment en termes de ressources cognitives. Ce message n'est pas

neuf. Brewer, d'une part et Fishe, d'autre part, ont toutes deux suggéré l'existence de plusieurs

étapes, voire d'un véritable continuum, dans la formation d'impression à propos d'autrui.

Selon Brewer en 1988, 4 étapes composent le processus de perception sociale.

D'abord, l'identification est une étape automatique, non consciente au cours de laquelle le sujet

repère qu'il a bien un stimulus à traîter dans l'environnement. Il se produit une catégorisation

primitive selon des dimensions bien établies telles que le sexe, l'âge et la race. A ce stade, le

sujet est amené à passer ou non à un traîtement davantage contrôlé et doit choisir.

13

Dans le cas où l'individu cible ne présente pas un intérêt suffisant pour l'observateur, le

traîtement se poursuit sur un mode catégoriel. Lors d'une étape de catégorisation,

l'observateur recherche une catégorie appropriée pour le stimulus. Une adéquation

insuffisante a pour effet de déclencher une étape d'individuation. Il s'agit d'effectuer une

différenciation intra catégorielle en créant, le cas échéant, des sous types catégoriels. Plutôt

que le mode catégoriel, c'est le mode personnel qu'adopte l'observateur si la pertinence du

stimulus s'avère suffisante. Au cours de cette étape de personnalisation, le traîtement contrôlé

de l'information aboutit à la formation d'une impression basée sur l'individu et non plus sur une

catégorie. Selon Brewer, le type de résultat est censé avoir des conséquences directes sur le

traîtement de nouvelles informations sur le jugement social.

- la mesure des stéréotypes :

Jusqu'à présent, les nombreuses techniques élaborées pour mesurer les stéréotypes

n'ont guères été abordées. L'espace manque pour présenter chacune d'entre elles, mais il

paraît intéressant d'évoquer l'une ou l'autre dans la mesure où les démarches opérationnelles

adoptées par les chercheurs révèlent leurs opinions théoriques.

Première au hit parade des techniques de mesure des stéréotypes, la liste d'adjectifs

fut inaugurée par Katz et Braly dès 1933 et représente bien la démarche associationniste. Il

peut être utile de rappeler de quoi il s'agit. Les chercheurs présentent aux sujets une longue

liste de traits et les invitent à en séléctionner un certain nombre, disons cinq, qui s'avèrent

représentatifs d'un groupe social donné. Sont alors considérés comme les caractéristiques les

plus fortement associées à l'image du groupe les traits plebiscités par le plus grands nombre de

sujets. Le fondement de la méthode est donc bien celui de la coocurrence entre un trait et un

label catégoriel. Une des difficultés de cette méthode découle du passage obligé par un

nombre substantiel de sujets pour déterminer le lot de traits caractéristiques. On ne peut pas

non plus apprécier la mesure dans laquelle les répondants croient véritablement que l'ensemble

des membres d'un groupe présentent la caractéristique retenue. Enfin, on ne peut réellement

déterminer si un trait associé à un groupe distingue vraiment ce groupe de la population

générale.

La méthode du rapport diagnostique proposée par McCauley et Stitt (1978) répond

de façon satisfaisante à ces objections. On demande aux personnes interrogées de déterminer,

d'une part, la probabilité qu'un trait apparaisse dans la population en général et, d'autre part, la

probabilité que ce même trait apparaisse dans le groupe auquel on s'intéresse. Un écart

important entre ces 2 estimations indique quels éléments on peut utiliser pour caractériser le

groupe.

14

Afin de mesurer les stéréotypes, nous allons utiliser une autre méthode que nous

définirons dans la partie suivante.

13) Le marché de la ferraille

-> L'organisation du marché :

Un marché organisé peut l'être avec des objectifs tout à fait différents :

- Il peut l'être en vue de favoriser des conditions de concurrence. Ainsi, les

pouvoirs publics peuvent favoriser la dérégularisation de certains marchés.

- Au contraire, on peut vouloir limiter la concurrence, afin par exemple de

favoriser la constitution d'acteurs économiques puissants. L'histoire économique récente n'est

qu'un va et vient entre ces 2 points de vue.

D'emblée parler d'organiser le marché de la ferraille en France , où les conditions de

concurrence sont plutôt réunies, ressort du 2e point de vue.

La profession,

Entre la détention de ferraille et sa consommation, 3 grandes fonctions sont remplies

par les métiers de la ferraille :

- Collecte et son regroupage

- Tri et préparation

- Vente et acheminement

L'existence de différentes sources de ferraille (neuves, de collectes et de démolition)

complique le schéma : les ferraille neuves et de démolition suivent un circuit court tandis que

les autres suivent un circuit long. Les ferrailles de démolition sont des flux occasionnels et les

autres sont des flux réguliers.

Les détenteurs constituent une population très disparate, aux intérêts divergents quant

à la valeur qu'ils accordent à la ferraille et quant à la nécessité qu'ils ont de s'en débarrasser.

On les classe de la manière suivante :

- Chineurs

- Dechetteries

- Gros objets métalliques

- Usine de transformation et manufactures

- Garages

15

- Entreprises de démolition

Les demi grossistes sont proches des petits détenteurs et en particulier des chineurs et

déchetteries; Ils rassemblent de la ferraille (apportée ou vont chercher) et effectuent un

premier tri . Ils ont rarement de contact direct avec les consommateurs, mais peuvent fournir

le marché par l'intermédiaires de marchands ou de grossistes qui se chargeront du transport

final.

Ensuite il existe les grossistes, les démolisseurs et les marchands.

En général, il y a mélange des genres.

Nous nous intéresserons aux demi grossistes (qui sont en relations direct avec

les détenteurs de ferraille) pour l'intérêt de la négociation et car ils sont diversifiés en

terme de taille d'entreprise.

Nous sommes donc en présence d'un marché inversé de concurrence à l'achat. Ce

sont les acheteurs en ferraille (demi grossiste) qui sont en concurrence les uns avec les autres.

Nous allons donc essayer de déterminer si la statégie de négociation dépend de la

taille de l'entreprise, du fait que les interlocuteurs soient des hommes ou des femmes, de l'âge

du négociateur...

Nous allons déterminer de quoi dépend la stratégie de négociation de ce marché.

II) Hypothèses

Suite à toutes les informations que nous avons trouvé dans la littérature, et à la

problématique définit en 1ère partie, nous avons pu étblir un schéma conceptuel qui nous

permet de mettre en évidence les grands axes de cette études et de tirer les hypothèses.

Nous avons 3 types d'hypothèses :

16

- H1 : celles liées à la stratégie de négociation

- H2 : celles liées aux stéréotypes

On mesure les stéréotypes relatifs à l'âge, au sexe et à l'habillement, à savoir :

- Les femmes n'ont pas leur place en milieu industriel car c'est un

monde d'hommes.

- L'habillement strict donne un côté sérieux à la négociation.

- L'habillement est un facteur de pouvoir financier.

- Un négociateur de plus de 50 ans sera plus dur dans la

négociation car il a de l'expérience.

- A l'inverse, un jeune aura moins d'expérience et sera donc moins

dur dans la négociation.

- H3 : celles liant le tout.

H1 : H11 : La négociation coopérative est généralement utilisée en milieu

industriel.

H12 : La taille de l'entreprise joue un rôle sur la stratégie de négociation :

plus la une entreprise est petite et plus la négociation sera coopérative.

H13 : Une femme a une stratégie de négociation plus coopérative que celle

de l'homme.

H2 : H21 : L'importance accordée par les négociateurs aux

caractéristiquesphysiques de leurs interlocuteurs est différente selon leur

jugement.

H22 :Les négociateurs en milieu industriel préfèrent négocier avec des

hommes car c'est un monde d'homme.

H23 : Les négociateurs préfèrent négocier avec des interlocuteurs en

costumes et cravattes car cela donne un côté plus sérieux à la négociation.

H3 : H31 : Les stéréotypes ont une influence sur la stratégie de négociation.

H32 : Le jugement que l'on a de son interlocuteur va influencer la

négociation.

17

H33 : Plus il y aura rejet (en terme de jugement) et pus la négociation sera

conflictuelle.

H34 : Inversement, il y aura acceptation et plus la négociation sera

coopérative.

18

Methodologie

I) Procédure suivie et échantillon d'après l'ouvrage de Richard LADWEIN, les études marketing.

Après avoir défini la problématique, nous allons lister une série d'objectifs qui

découlent de notre problématique.

11) Typologie des objectifs

Notre approche est descriptive car nous nous travaillons sur une base de données

concrête d'individus (ils sont répertoriés).

De plus, nous recueillons des informations structurées. Et ces informations vont ensuite

être traîtées afin de décrire les relations qui peuvent exister entre nos différentes variables

(différentes stratégies de négociation entre autres).

On va simplement décrire le marché industriel quant aux stratégies qui prévalent dans

ce milieu.

Notre deuxième objectif est de déterminer l'importance qu'accordent les acheteurs

quant aux caractéristiques physiques de leurs interlocuteurs (naissance de stéréotypes).

Les objectifs descriptifs se basent sur des informations inventoriées dans la littérature.

Et notre troisième objectif est lui aussi descriptif ; en effet, nous allons tenté d'établir un

lien entre les stratégies de négociation adoptées et l'importance des caractéristiques physiques

(jugement que l'on se fait de son interlocuteur quant à ses caractéristiques individuelles :

stéréotypes). Malgrè les informations que nous pourrons avoir, nous nous ferons que des

constats. Rien ne nous permettra de généraliser.

12) Variables et hypothèses

Comme nous le précise Richard LADWEIN, les objectifs détaillent la problématique,

mais ne peuvent être opérationnels qu'en formulant des hypothèses ou des questions d'étude.

Il faut pour cela décomposer les objectifs en un certain nombre de variables, avant de

chercher à transcrire celles-ci en mesures exploitables dans le cadre d'un recueil

d'informations.

-> Les variables :

19

Dans cette étude, nous avons identifié un certain nombre de variables :

- Les variables explicatives, celles que l'on contrôle et que l'on observe sont

les suivantes : Age, la taille de l'entreprise (métriques), le sexe, la ville d'implantation

(qualitative).

- Les variables dépendantes : les stratégies de négociation : coopératives ou

conflictuelles.

-> Les Hypothèses :

Les hypothèses décomposent chacun des objectifs en un certain nombre de questions

d'étude précises. Ces interrogations de base portent sur les variables précédemment définies.

Chaque type d'hypothèses trouvent des réponses statistiques ou methodologiques. La

formulation d'un objectif conditionne simultanément celle des variables et des hypothèses.

Chaque type d'objectif privilégie certaines hypothèses au détriment d'autres. Ainsi, les

objectifs descriptifs sont principalement caractérisés par des hypothèses de regroupements,

d'association, de comparaison et de généralisation.

Tableau récapitulatif :

OBJECTIFS VARIABLES

- Décrire les stratégies de négociation

utilisées en milieu industriel en fonction des

critères du négociateurs

- Les différentes stratégies

- Les critères du négociateurs : âge, sexe,

ville d'implantation, nombre de salariés (taille

entreprise) et fonction.

- Décrire l'attitude des négociateurs face à

leurs interlocuteurs suivant des critères

physiques : décrire les stéréotypes sur le

marché industriel.

- Critères physiques : âge, sexe, habillement.

- Associer une stratégie de négociation au

jugement vis à vis de l'interlocuteur.

- mêmes que celles citées précédemment.

Voir hypothèses parties précédente. 13) Opérationnalisation des variables et besoin en information

20

Une variable peut être opérationnelle de plusieurs manières : informations verbales ou

comportementales et différentes sources d'informations peuvent être exploitées : informations

collectées sur le terrain par exemple.

Dans cette étude, la nature des informations est verbale. Les informations verbales

sont généralement des informations que l'on obtient à partir d'une requête spécifique. Elles sont

rarement obtenues à l'insu de la personne qui s'exprime. Les informations verbales prennent

des formes variées : elles peuvent être plus ou moins structurées, plus ou moins standardisées

selon la technique de collecte choisie.

Ne disposant pas déjà d'informations susceptibles de répondre à nos questions, nous

avons dû recueillir ces informations nous-même. Ce sont donc des sources d'informations

primaires. Ce sont celles que nous avons choisi de collecter dans le cadre d'une étude

spécifique. Elles doivent répondre précisément aux questions que nous nous sommes posés.

14) Mesure des stratégies de négociation

Dans la partie précédente, nous avons parlé de la théorie des jeux comme analyse de

la négociation. Cette théorie nous a permis de déterminer les caractéristiques de chaque

stratégie de négociation.

Les caractéristiques de la négociation coopérative et conflictuelle relevées dans la

littérature, d'après l'ouvrage de Dupont et l'article de Jolibert et Velasquez, sont répertoriées

page suivante sous forme de tableau.

A partir de ces caractéristiques, nous avons bâti une question par caractéristique

relevée afin de constituer le questionnaire, instrument de mesure des stratégies de négociation.

En effet, ce type de questionnaire est assez simple d'utilisation par sa compréhension et sa

rapidité d'administration.

15) Mesure des stéréotypes

Le problème était de déterminer un instrument de mesure des caractéristiques

individuelles des négociateurs (des stéréotypes) qui ont le plus d'importance pour les

acheteurs.

Cette étude a pour but de montrer la possibilité de constituer un instrument de mesure

des caractéristiques et de leurs combinaisons (formation de stéréotypes à partir de 3

caractéristiques physiques).

Comme nous l'avons vu en littérature, les caractéristiques retenues sont l'âge, le sexe

et l'habillement.

21

Nous cherchons ainsi les attributs qui sont choisis par ordre de préférence entre l'age,

le sexe et l'habillement.

16) Echantillon Les techniques d'échantillonnage ont pour objectif de contrôler la fiabilité du recueil

des informations et nous permettent de tirer des conclusions avec un risque connu.

La population que nous étudions (le marché des récupérateurs de ferrailles, demi

grossistes) n'est pas assez grande pour que nous ayons recours à une procédure

d'échantillonnage.

Il faut noter également qu'il existe 2 problèmes lors de l'identification d'une population :

- Les informations dont on dispose sur la population de référence. Il faut donc

que nous soyons le plus précisément possible en mesure de quantifier et de qualifier

l'hétérogénéité de cette population afin que l'exploitation des informations soient rigoureuse.

- L'accès à la population. Il faut être en mesure de qualifier les unités

d'échantillonnage. Notre base d'échantillonnage se trouve être l'annuaire des pages jaunes.

Notre critère : les entreprises récupératrices de métaux et ferrailles sur la région Nord

et la région parisienne. Cette catégorie est bien définie dans l'annuaire. Elle représente un petit

nombre. Nous pouvons donc essayer d'interroger la population entière.

L'étude se passe en milieu industriel sur le marché de la récupération de ferraille. Nous

avons vu qu'il s'agit d'un marché de concurrence à l'achat et que nous allons interroger les

acheteurs en ferraille (demi grossiste de taille très variable) qui sont en relation directe avec les

détenteurs (eux mêmes très diversifiés : chineurs, déchetteries, usine de transformation ou

manufactures, garages ou entreprise de démolition) car la négociation sera très variée de part

la diversité des interlocuteurs.

Nous allons interroger ces acheteurs sur leur stratégie de négociation et leurs attitudes

envers les différentes personnes qu'ils rencontrent en négociation par rapport à trois

caractéristiques que sont l'âge, le sexe et l'habillement.

Les personnes interrogées sont donc les professionnels d'un marché très concurrentiel.

En terme qualitatif : pour des questions pratiques, notre échantillon se compose des

acheteurs en ferraille de la région Nord Pas de calais et de la région parisienne.

En terme quantitatif : Le nombre de demi grossistes étant limité sur ces régions, nous

avons essayé de tous les toucher.

22

II) Recueil des données

Les études descriptives sont basées sur un recueil structurés d'informations qui dans

notre cas sont verbales. Il est réalisé à partir de questionnaire et d'instruments de mesure.

21) Le questionnaire

"Le questionnaire est aujourd'hui encore un mode d'investigation particulièrement prisé

par les responsables marketing. Simple à construire, apparamment facile à exploiter et

fournissant de nombreux résultats quantitatifs, la technique est dôtée de nombreuses qualités

opérationnelles. Il doit répondre à une problématique, des objectifs et un ensemble

d'hypothèses ou de questions d'étude. Dans un questionnaire de qualité, chaque question doit

être justifiée : elle doit correspondre à une variable explicative ou expliquée, et en tant que

mesure, elle doit traduire correctement les informations que le chargé d'études souhaite

recueillir." Richard LADWEIN

Il permet l'obtention d'informations verbales et structurées.

Il permet de qualifier les répondants : ici nous souhaitons les qualifier selon : l'age, le

sexe, la taille de l'entreprise, la ville d'implantation et la fonction du répondant dans

l'entreprise.

Les informations collectées sont psychocognitives (jugements, valeurs, attitudes vis à

vis de personnes, opinions face à des stratégies de négociation).

Nous allons réaliser une échelle de Likert car elle va permettre aux répondants de se

positionner sur une dimension polarisée, en réaction à un stimulus. De plus, comme nous

souhaitons obtenir des évaluations c'est à dire que nous voulons évaluer dans quelle mesure un

individu adopte une stratégie coopérative ou conflictuelle, une échelle semble être adaptée.

Face aux caractéristiques de chaque stratégie qui forment chacune une question, les individus

vont se positionner sur une échelle de 1 à 5 par rapport à toutes les caractéristiques citées.

Ensuite par une analyse nous pourrons déterminer une tendance dans les stratégies utilisées en

milieu industriel.

L'échelle de Likert permet aux répondants de spécifier leur degré d'accord ou de

désaccord à l'égard des différentes caractéristiques. Comme nous venons de le dire elle

23

permet de mesurer des opinions et attitudes.

Il est d'usage de se poser 2 questions avant d'utiliser une échelle :

- Question relative à la métricité de cette échelle : dans notre cas nous

supposons que l'échelle est métrique et que les intervalles entre 2 postes sont égaux.

- Question relative au nombre de postes à utiliser : nous utiliserons une

échelle à 5 postes car nous utiliserons différentes techniques d'administration (que nous

définissons plus loin).

22) L'analyse conjoint

-> Les variables à mesurer :

Le but est de déterminer les importances que les répondants accordent aux 3

caractéristiques que sont l'âge, le sexe et l'habillement. Les importances relatives sont

déterminées à partir des utilités des niveaux des attributs. Il faut donc mesurer dans un premier

temps ces utilités :

- L'âge : -> 20 à 35 ans

-> 35 à 50 ans

-> Plus de 50 ans

- Le sexe : -> Homme

-> Femme

- L'habillement : -> Strict (costume-cravate)

-> Cool (Jeans-baskets)

-> De travail (bleu de travail)

L'importance accordée à l'âge par exemple sera l'écart le plus grand entre les utilités

maximum et minimum. Les importances sont relatives car on peut exprimer toutes les utilités

dans la même unité et donc ramener les écarts sur un attribut à la somme des écarts.

Ce développement partiel de la procédure n'a de sens que parce que l'on ne peut pas

mesurer directement les importances ni les utilités, on mesure les préférences des paniers

d'attributs d'où l'on déduira des variables utiles.

24

On doit donc présenter aux répondants 3*2*3=18 possibilités à classer du premier au

18ème. Mais 18 individus représentent un nombre trop important à classer, donc nous allons

réduire le nombre de personnages à 9 grâce à une méthode appelée "carré gréco-latin".

Nous avons donc combiner les différents attributs afin de former 9 personnages à

présenter aux répondants. Pour cela un montage photo a été réaliser.

-> L'échantillon :

Il est le même bien entendu que celui du questionnaire car nous voulons ensuite

fusionner les résultats pour établir un lien entre les deux. Donc chaque individu répond à 2

études : à l'échelle et à l'analyse conjoint (classement des personnages).

23) L'administration

Afin d'obtenir le maximum de réponses, nous avons utiliser les 2 méthodes

d'administration : par le biais d'un enquêteur (par téléphone et sur le terrain) et auto

administrée.

Devant la compléxité du recueil des données (professionnels ciblés et limités en

nombre), et afin de toucher tous les ferrailleurs du Nord et de la région parisienne,

l'administration a été effectuée par différents moyens :

- Par courrier / fax

- Par téléphone / fax

- En face à face

->Par le biais d'un enquêteur :

- Sur le terrain

Nous avons commencé par administrer l'échelle et l'analyse conjointe en face à face.

Nous en avons effectuer une dizaine, mais le recueil par ce procédé est vite devenu ingérable

car trop long et trop couteux.

- Par téléphone

Une 2ème série a été administrée par téléphone et fax. Après avoir relévé une

cinquantaine de noms de ferrailleurs en région parisienne, nous les avons appelés en

25

demandant à parler à l'acheteur (quand il était disponible) et nous lui avons posé l'échelle par

téléphone et paralèllement nous avons envoyé par fax les 9 personnages afin qu'ils puissent les

classer en direct.

Dans ce cas-ci, nous avons qualifié les personnages pour des raisons de manque de

netteté des photos par le biais du fax.

-> Auto administré :

Afin d'éviter le maximum de biais liés à l'administration, nous avons joint une feuille

explicative afin que les 2 études soient le plus correctement possibles remplies. (cf annexes)

Nous avons donc envoyés plus de 100 courriers (listant tous les ferrailleurs du Nord

rélévés dans les pages jaunes) en leur indiquant un numéro de fax pour la réponse afin d'avoir

un taux de réponses convenable. Ces courriers étaient adressées à l'acheteur.

Nous avons choisi différents moyens d'administration pour recueillir un maximum de

réponses valables et valides.

Donc après 3 semaines d'administration, 53 réponses ont été recueillies. Le potentiel

ayant été épuisé, nous avons décidé de traiter l'étude avec ces réponses car il semble que le

marché soit représenté de telle sorte.

Au niveau des non réponses ; soient ils ne correspondaient pas à la cible, soient ils

n'ont jamais voulu répondre (notamment en région parisienne).

-> Test du questionnaire :

Nous avons testé notre échelle sur une dizaine de personnes afin de vérifier la

compréhension de chaque question et la distribution de celles-ci.

26

Résultats

I) Traîtement statistique des données

11) Echelle de la négociation commerciale

Remarques préalables :

Lorsque nous calculons les moyennes et les écarts types des différentes questions,

nous remarquons que toutes les distributions ne tournent pas autour de la moyenne (=3). Or,

nous avons conservé toutes les questions intactes car elles ont été construites à partir des

caractéristiques des différentes stratégies données par la littérature (théorie des jeux). Et nous

voulons vérifier sur le terrain s'il existe réellement ces 2 stratégies.

Notons que nous avons travaillé sur 51 individus (cf échantillonnage).

Variables explicatives : nous avons recodé l'âge et le nombre d'employés afin d'en

faire des variables qualitatives (calcul des Khi 2).

Aux vues de l'analyse univariée des variables explicatives, nous pouvons qualifié la

population que nous avons étudiée, à savoir :

- C'est une population (un marché) masculine à 80,4 %.

- Quant à l'âge des individus, la répartition est à peu près égale.

- Au niveau de la taille de l'entreprise, il y a une majorité de petites

entreprises (- de 10 salariés). En effet, les entreprises de plus de10 salariés représentent 35,3

%.

Analyse factorielle et ACP:

Nous cherchons à déterminer s'il existe réellement 2 stratégies de négociation. Nous

cherchons donc 2 facteurs qui correspondent aux 2 stratégies.

Nous avons extrait 3 facteurs qui représentent 43,3 % d'informations à eux 3 comme

nous le voyons page suivante :

27

Comment se qualifient ces 3 facteurs ?

-> Le 1er : les variables de ce premier facteur sont les suivantes :

Persuader

Identifier les besoins

points à résoudre

Poser les bonnes questions

Réciprocité

Agir ensemble

Valider sa position

Identifier les préférences

Accord commun

Climat de confiance

Crédibilité mutuel

Créativité

=> Il reflète bien la stratégie de négociation coopérative.

-> Le 2ème a pour variables :

Avoir le dernier mot

Obtenir le maximum de concessions`

Imposer son point de vue

Avoir le dessus

Aimer manipuler

Elever la voix

Aimer gagner

Opposition des intérêts

Domination

=> Celui-ci reflète la négociation conflictuelle.

28

-> Le 3ème a pour variables :

Faire des compromis

Idées nouvelles

Actes nouveaux

Concessions

Contre parties

Opinions constructives

=> Ce 3ème facteur que l'on n'attendait pas peut se qualifier aux vues des variables

qui le composent d'adaptation dans la négociation. C'est un résultat très intéressant que l'on

obtient car on voit que sur le terrain, les négociateurs s'adaptent à leurs interlocuteurs.

Nous voyons grâce à ces résultats qu'il y a véritablement 3 stratégies de négociation

sur le marché que nous étudions ; le marché industriel.

* Vérification de la fidélité des facteurs :

L'alpha de Cronbach est très bon (> 7,5) donc ils sont fidèles.

* Descriptions plus précises des 3 stratégies :

Au niveau de la négociation coopérative :

29

On remarque que la distribution est correcte. Mais la stratégie coopérative a des notes

qui tendent quand même vers 4 à 5 donc elle est assez fortement utilisées par les négociateurs.

C'est la raison pour laquelle, nous allons recoder en 3 catégories :

- Négociation coopérative moyenne

- Négociation coopérative forte

- Négociation coopérative très forte

Voici sous forme de graphique comment est représentée cette stratégie :

Au niveau de la négociation conflictuelle :

30

Cette histogramme nous montre que la distribution est bonne car la moyenne tourne

autour de 3 (=2,97). Contrairement à la stratégie précédente, les notes sont beaucoup plus

étalées, elles vont de 1 à 4,67. Nous avons ainsi recodé en 3 classes :

- Négociation conflictuelle faible

- Négociation conflictuelle moyenne

- Négociation conflictuelle forte

Ceci peut se représenter de la manière suivante :

Cette stratégie est équilibrée : il existe ceux qui ne l'utilisent pratiquement pas, ceux qui

l'utilisent de temps en temps et ceux qui l'utilisent fréquemment.

Au niveau de l'adaptation dans la négociation :

31

La distribution tend un peu vers 4, ce qui signifie que cette stratégie à tendance à être

fréquemment utilisée. Ce qui est en soi logique dans la mesure où les caractéristiques de cette

'nouvelle' stratégie sont celles de la négociation coopérative que nous donnait la littérature. Les

notes vont de 2,29 à 4,71 ; elles sont plus concentrées que celles de la négociation

conflictuelle.

Dans ce cas aussi, nous pouvons segmenter en 3 catégories :

- Adaptation faible

- Adaptation moyenne

- Adaptation forte

Ici aussi, les individus sont partagés entre ceux qui l'utilisent peu (et non pas 'pas du

tout'), ceux qui l'utilisent de temps en temps et ceux qui l'utilisent fréquemment. D'une manière

générale, les acheteurs l'utilisent plus souvent que la stratégie de négociation conflictuelle.

* Correlation : nous avons voulu déterminer les corrélations entre les 2 facteurs que

nous cherchions afin de savoir s'ils sont proches ou pas. On note que les 2 ne sont pas du tout

correlés donc ils sont totalement opposés. Ceci nous conforte dans le fait que les 2 stratégies

sont bien distinctes et distinguées par les individus.

* La typologie :

La typologie va nous permettre de déterminer des familles dans notre population afin

de voir si notre population peut être segmentée suivant des caractéristiques qui lui sont

propres.

Nous découpons notre population en 3 familles (justifié par l'arbre en annexe).

On calcule les scores d'utilité des familles afin de pouvoir les qualifier.

32

On ne voit pas véritablement de grandes tendances qui se dégagent. Cependant, en

observant les résultats de plus près, on peut dire que :

- La négociation conflictuelle caractérise la famille n°3

- La négociation coopérative caractérise la famille n°1

- Malheureusement l'adaptation dans la négociation ne caractérise pas

la famille 2, mais plus la famille 1 aussi.

Comme nous le disait la littérature, les individus utilisent souvent les 2 ou 3 stratégies

et non pas une en particulier.

En revanche, la négociation qui caractérise le mieux une famille est la négociation

coopérative. C'est donc cette stratégie qui est fortement utilisée par toutes les familles

confondues.

*KHI DEUX : Nous avons procédé à une séries de KHI 2 entre les variables

explicatives et les différentes stratégies afin de déterminer s'il y a dépendance ou non. En effet,

le calcul du Khi 2 est un test d'indépendance.

On voit que tous sont indépendants sauf la taille de l'entreprise et la négociation

conflictuelle car le khi 2 est significativement différent de 0. Ce qui signifie que le fait d'adopter

une négociation conflictuelle dépend (peut s'expliquer par) de la taille de l'entreprise.

Le nuage de point nous prouve qu'aucune tendance ne peut être dégagée avec

précision entre les stratégies coopérative et conflictuelle. Le nuage est étendu. Les individus

utilisent les 2 (consciemment ou inconsciemment) et la 3ème stratégie qui s'est dégagée

prouvent bien qu'aucune négociation ne se ressemble (car chaque interlocuteur est différent) et

que par conséquent il faut savoir s'adapter et doser les méthodes utilisées.

12) L'analyse conjointe

Afin de présenter les résultats de façon simple et concrête, nous utiliserons les

diagrammes récapitulatifs.

33

D'une manière générale, les acheteurs préfèrent négocier avec des interlocuteurs

habillés de façon stricte (costume et cravate).

Ils préfèrent négocier avec des hommes. Notons que nous avons interrogé une

majorité d'hommes (80,4 %). Donc est-ce qu'en milieu industriel les hommes préfèreraient

négocier avec des hommes ? Pourquoi ?

Ils préfèrent négocier avec 2 catégories : les 20-35 ans et les 45 ans et plus. Mais la

deuxième catégorie est plus importante.

* Récapitulatif des importances :

Nous pouvons dire que les négociateurs en ferraille (milieu industriel)

préfèrent négocier avec des hommes habillés en costume-cravate et de 45 ans et plus.

Mais ils accordent plus d'importance d'abord à la façon dont leurs interlocuteurs sont

habillés, puis à leur âge et enfin au fait que ce soit un homme ou une femme.

* Typologie :

Egalement en analyse conjoint, sur la base des importances,nous avons procédé à une

typologie afin de segmenter les populations. Ici aussi, le choix de 3 familles est justifiés par

l'arbre en annexe qui représente la segmentation de la population interrogée sur la base des

importances accordées à chacun des attributs. Nous allons essayer des les qualifier en

fusionnant les résultats des 2 études : échelle et analyse conjointe.

13) Fusion des 2 études

Afin de qualifier nos familles 'stéréotypées', nous avons fait des tableaux croisés entre

le CLUSTER et les variables explicatives (tranches d'âge, sexe et taille de l'entreprise) :

Les femmes accordent plus d'importance aux Habits de leurs interlocuteurs et les

hommes accordent plus d'importance à l'âge, mais aussi aux habits.

34

Les - de 35 ans accordent plus d'importance aux habits et au sexe,

Les 35-45 ans, aux habits,

Et les plus de 50 ans accordent plus d'importance aux habits.

Les acheteurs des petites entreprises font attention à l'habillement

Ceux des grandes entreprises, aux habits également.

Afin de qualifier les 3 familles, nous pouvons dire que (il suffit de calculer la part de

chacun dans sa catégorie) :

-> La famille 'habits' est qualifiée par des femmes (70 % = 7/10 alors que

16/39=41 % pour les hommes) de 35 ans et plus travaillant dans des grandes entreprises.

-> La famille 'Sexe' sont des femmes de moins de 35 ans travaillant dans des

grandes entreprises.

-> La famille 'âge' est des hommes de plus de 50 ans travaillant dans des

petites entreprises.

* Tableau récapitulatif analyse conjointe :

Les 3 courbes représentent les 3 familles de l'analyse conjointe (jugement par rapport

à l'âge, au sexe et à l'habillement). Elles nous montrent dans quelle mesure une famille

accordent de l'importance aux trois attributs. Par exemple, la famille 'Habit' accorde une très

grande importance aux habits par rapport à l'âge ou au sexe qui sont presque insignifiants.

Alors que la famille 'sexe' accordent une part plus petite au sexe et une part assez importante

aux habits et assez peu à l'âge. Quant à la famille 'age', elle peut être autant qualifiée par l'âge

que par les habits et très peu par le sexe.

Nous venons donc de qualifier les 3 familles stéréotypes.

Si nous comparons cette qualification à celle effectuée grâce aux tableaux croisés, ce

ne sont pas les hommes qui accordent le plus d'importance au sexe.

* AFC entre les Cluster : nous voulons établir un lien entre les stéréotypes et les

familles des stratégies de négociation. Le schéma page suivante résume les calculs :

La dimension 1 est qualifiée par la famille SEXE et la famille n° 1 (coopérative et

adaptative). Donc les individus qui adoptent une stratégie coopérative accordent

35

plus d'importance au fait qu'ils négocient avec un homme ou une femme, ils vont alors adapter

leur stratégie à leur interlocuteur et peut-être être plus coopératifs avec les femmes?

La dimension 2 est qualifiée par l'âge et l'habillement et la famille n°2 (à dominance

adaptative) et 3 (conflictuelle). Donc les négociateurs plus conflictuels vont attacher de

l'importance à l'âge et à l'habillement. On peut imaginer que les acheteurs vont s'adapter en

fonction de l'âge et des habits, malheureusement on ne peut pas dire dans quel sens changera

leur stratégie.

II) Validation des hypothèses

11) Hypothèses liées à la stratégie de négociation

- H11 est vérifiée. En effet la négociation coopérative est plus utilisée en milieu

industrielle, mais elle est à nuancer (cf discussion).

- H12 En effet la taille de l'entreprise n'est pas indépendante de la stratégie de

négociation, mais cela n'a été vérifié que pour la négociation conflictuelle.

- H13 est réfutée car lors de nos calculs de Khi 2 la part des femmes dans la

négociation coopérative est inférieure à celle des hommes (50 % des femmes sont

coopératives à très coopératives face à 63 % des hommes).

- H21 est vérifiée de part les résultats obtenus par l'analyse conjointe. Les

négociatieurs n'accordent pas la même importance aux caractéristiques physiques de leurs

interlocuteurs.

- H22 est vérifiée (cf résultats graphiques récapitulatif).

- H23 est également vérifiée (cf graphique dans résultats).

- H31 est partiellement vérifiée, mais aucune conclusion n'a pu être tirée quand à la

nature de l'influence.

- H32 idem que précédemment.

- H33 n'est pas véritablement vérifiée, disons que c'est nous qui allons tirer des

conclusions nous même (cf graphique avec les 2 dimensions + explications).

- H34 Idem que précédemment.

36

Discussions et limites

I) Discussion

Nous avons donc bien vérifié la plupart des hypothèses précédemment citées.

Nous pouvons donc dire qu'au niveau de la stratégie de négociation, les 2 citées en

littérature apparaissent bien.

Aux vues des résultats, on peut également dire que la négociation coopérative est plus

utilisée dans ce milieu (ici le marché de la récupération de la ferraille représentant le milieu

industriel). Notre exemple a bien démontré l'hypothèse. Il faut quand même nuancer ces

résultats comme nous l'avons vu dans la partie précédente car aucune grande tendance ne

s'est dégagée.

Le traitement des résultats nous a également montré qu'une 3ème catégorie existe sur

ce marché : un facteur que nous avons appelé :ADAPTATION. Bien que ce troisième facteur

apparaissent, nous voyons par l'analyse typologique que cette adaptation est présente dans

toutes les familles (sauf la n°3), certe elle est plus représentée dans la n° 1, mais la famille n°2

(qui est restée indéterminée) est plus représentée par ce facteur d'adaptation.

En effet, sur le terrain (comme nous le disions au départ) la négociation n'est pas soit

coopérative soit conflictuelle, elle est un mélange des 2. En revanche, on s'aperçoit que les

négociateurs s'adaptent à leurs interlocuteurs. Ils vont faire preuve de créativité, de nouveauté

par leurs actes et paroles et donc ils vont devoir s'adapter en accordant des compromis et des

concessions.

On peut également qualifier cette 3ème partie de sous catégorie à la négociation

coopérative car les différentes variables qui composent ce 3ème facteur sont tirées (par la

littérature) de la qualification de la négociation coopérative.

Ce qui nous démontre davantage la validité de la 1ère hypothèse. Il s'agit plus souvent

de la négociation coopérative qui est utilisée, mais à un degré supérieur que celle citée en

littérature. Ceci s'est également vérifié lors de l'administration car le commentaire le plus

fréquemment relevé était : "ça dépend".

Ainsi dans un milieu très concurrentiel où les conditions du marché sont assez

similaires pour tous les intervenants (le prix entre autres), on s'aperçoit que le côté relationnel

est très important. Les acheteurs vont s'adapter à leurs interlocuteurs (aux différentes

catègories citées). Sur ce marché, la personnalité du négociateur va être déterminante.

Voyons maintenant de quelle manière ils perçoivent leurs interlocuteurs et s'ils

adaptent leurs comportements face aux caractéristiques physiques de ces derniers.

37

On a pu mesurer les stéréotypes suivants, à savoir que les femmes sont considérées

comme ne pas avoir véritablement leur place dans le milieu industriel et plus particulièrement

sur le marché de la ferraille, bien que personne n'ose le dire véritablement.

Il apparait que les habits jouent un rôle primordial dans la formation des jugements et

des stéréotypes et qu'à notre avis le costume et la cravate apportent un côté sérieux à la

négociation. C'est le premier élément qui est important pour les acheteurs.

Quant à l'âge, on peut difficilement déterminer de stéréotype face à celui-ci, mais l'âge

va de pair avec le sexe. On peut l'expliquer par le fait que ce sont 2 caractéristiques que le

négociateur ne peut modifier. Son interlocuteur sera donc plus indulgent sur ce point. Mais le

fait que les acheteurs préfèrent négocier avec des personnes de plus de 45 ans montrent cet

âge apportent de la contenance à la négociation de part l'expérience.

Si nous voulons qualifier les adeptes de la négociation conflictuelle, ceux de la

négociation coopérative et ceux de la négociation adaptation, nous nous apercevons que seule

la taille de l'entreprise est dépendente de la négociation.

D'une manière générale, quant à la mesure des stéréotypes, on voit que les acheteurs

en milieu industriel accorde le plus d'importance à l'habillement à près de 53 %, vient ensuite

l'âge à 27 % et enfin le sexe à environ 21 %.

Donc le fait de négocier avec un homme ou une femme dans un milieu qualifié de

masculin et "machiste" n'apparait pas avoir d'importance pour les négociateurs. Pourtant une

majorité d'hommes ont été interrogés, alors peut-être que leur classement a été influencé par

leur souhait de ne pas apparaitre comme sexiste ?

Si nous regardons plus en détail, les négociateurs en milieu industriel (principalement

des hommes) préfèrent quand même négocier avec des hommes habillés de façon "strict" et

d'âge mûr pour le côté sérieux certainement.

Types de négociation et stéréotypes : on ne peut pas tirer de conclusion quant à

l'influence des stéréotypes sur les stratégies de négociation employées. Un élément peut

cependant être signalé : le rapprochement entre des négociateurs à prédominance coopérative

(+adaptation) et le fait d'accorder de l'importance au sexe ; ainsi que le rapprochement entre

une population qui emploiera des statégies conflictuelle et d'adaptation avec l'importance

accordée à l'âge et aux habits. La nature de ce rapprochement n'a pu être déterminé.

II) Limites

38

Comme nous l'avons vu dans le recueil des données, quelques biais ont été introduit

lors de l'administration de l'échelle et de l'analyse conjointe :

A Savoir :

- Administration par différents procédés donc tous n'ont pas été

passés dans les mêmes circonstances.

- Le manque de lisibilité des personnages de l'analyse conjoint par

le biais du fax.

- Le nombre de personnes interrogées est un peu faible : nous

avons donc une tendance générale du marché de la récupération de

ferraille dans le Nord et la région parisienne.

39

Conclusion

L'étude qui vient d'être réalisée a été passionnante à traîter de part la diversité des

informations récoltées et le milieu sur lequel elle a été réalisé (marché de la récupération).

Par ailleurs, nous avions des soupçons par rapport aux résultats que nous allions

obtenir, et ceux ci ont été confirmés en grande partie. Mais l'étude de stéréotypes est d'autant

plus intéressante qu'elle reflète les tendances d'un marché spécifique, aussi particulier que celui

de la récupération de ferraille et métaux. On s'aperçoit que c'est un monde assez clos qui

fonctionne depuis des années comme il le fait aujourd'hui. Donc cette étude a été intéressante

à réaliser pour la dimension sociologique qu'elle a apportée à ce mémoire.

D'un autre côté le travail en parallèle sur 2 études (échelle et analyse conjointe) a

permis de diversifier les recherches et d'approcher une méthode de traîtement statistique

qu'est l'analyse conjointe jusque là méconnue mais très intéressante car très concrête.