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Libre de le dire à l’école : parents et enfants (école maternelle et primaire, collège, lycée) • Cnef

© 2014 • BLF ÉditionsRue de Maubeuge • 59164 Marpent • Francewww.blfeditions.com

Édité sous la responsabilité du CNEF. Collection Libre de le dire.Conseil national des évangéliques de France123 Avenue du Maine • 75014 Paris • Francewww.lecnef.org

Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Mise en page : Jean Schott • www.studiozede.comImpression n° XXXXX • IMEAF • 26160 La Bégude de Mazenc

ISBN 978-2-36249-299-0 Broché

Dépôt légal 4e trimestre 2014

Index Dewey (CDD) : 261.709Mots-clés : 1. Laïcité. 2. Liberté d’expression. 3. École. Collège. Lycée.

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parents et enfantsÉcole maternelle & primaire, collège, lycée

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Déclaration universelle des droits de l’homme (Nations Unies, 10 décembre 1948)

Art.18Toute personne a le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seul ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement de rites.

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Art.19Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit.

Art.26-3Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants.

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À l’école,chacun reçoit un enseignement indispensable à son développement intellectuel mais aussi à sa socialisation. Vivre ensemble à l’école est source d’apprentissage pour parents, enfants et enseignants. Cela reste un défi.

En France, l’école publique est laïque.Elle accueille ainsi des élèves et des parents de convictions très diverses, en toute neutralité. Mais si l’école est laïque, ses usagers ne le sont pas. Leurs convictions, de toutes natures, ne restent pas à la maison.

Comment, dès lors, exercer sa liberté de conscience et d’expression au

sein d’une école laïque ?Voici quelques clés pour trouver

le juste équilibre.

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Code français de l’Éducation,art. L.141–2

Suivant les principes définis dans la Constitution, l’État assure aux enfants

et adolescents dans les établissements publics d’enseignement la possibilité de recevoir un enseignement conforme à

leurs aptitudes dans un égal respect de toutes les croyances.

L’État prend toutes dispositions utiles pour assurer aux élèves de

l’enseignement public la liberté des cultes et de l’instruction religieuse.

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Les enfants ne laissent pas leurs convictions au portail de l'école publique.

Les enfants disposent de la liberté de pensée, de conscience et de religion1.

Si l’école est laïque, les élèves et les parents ne le sont pas pour autant. Ils peuvent

donc apporter leurs convictions à l’école. Ils sont libres de croire et de le dire, même si

certaines manifestations de leurs croyances peuvent être limitées pour préserver la liberté d’autrui, la neutralité scolaire et

l’ordre public.

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La famille est le premier terrain d’apprentissage et d’éducation.

Les parents doivent être attentifs à ce que leur enfant vit dans l’établissement scolaire afin de l’accompagner, de le conseiller et de l’éduquer.

1 ONU : Pacte international relatif aux droits civils et politiques (entré en vigueur le 23/03/1976), art. 18, Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (4/11/1950) ; art. 9 ; Convention ONU relative aux droits de l’enfant 520/11 1989), art.14, Déclaration des Droits de l’homme et du citoyen, (26/08/1789) art. 10, Constitution Française du 4/10/1958, art. 1 ; Code de l’Éducation, art. L. 141-2.

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Les enfants peuvent parler de leurs convictions à leurs camarades de classe.

2 Ostensible : (latin, ostensum, de ostendere : montrer) que l’on ne cache pas, qui est fait avec l’intention d’être vu. (Dictionnaire Larousse).3 Circulaire n° 2004–084 du 18/05/2004 du ministre de l’Éducation Nationale relative à la mise en œuvre de la loi n° 2004–228 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics.

En vertu de la liberté d’expression, les enfants sont libres de parler de leurs

convictions à leurs camarades.La cour de récréation n’est pas soumise à la censure. Comme les adultes, les enfants peuvent échanger des

opinions avec le respect dû à la liberté de l’autre de croire ou non, de vouloir écouter ou non.

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En France, la loi du 15 mars 2004 interdit aux élèves le port des signes religieux manifestant ostensiblement2 leur appartenance religieuse. Les signes non « ostensibles » sont donc admis. Mais l’appréciation

de ce qui est ostensible ou non est subjective. La circulaire du 18 mai 20043 distingue le voile, la kippa et une « croix de dimension

excessive » des « signes religieux discrets » qui, eux, sont admis. Cette loi impose une limitation stricte à la liberté de manifester ses

convictions dans le but d’écarter les revendications communautaires et de favoriser le vivre ensemble. Elle reste critiquée, notamment

au sein de l’ONU4, comme une restriction excessive de la liberté de conscience des enfants et des parents en matière religieuse.

Les enfants peuvent porter un signe religieux discret à l’école.

4 ONU, par les États lors de l’Examen Périodique Universel de 2008 et de 2013, par le Rapporteur spécial sur la liberté religieuse (Rapport de 2006 suite à sa visite en France), par les recommandations du Comité des droits de l’homme dans son rapport de 2008.

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Les élèves peuvent parler de leurs convictions en classe.

Les élèves peuvent exprimer des convictions philosophiques, religieuses voire politiques

en classe mais cela ne doit pas troubler l’enseignement obligatoire, ni l’ordre public, ni s’apparenter à du prosélytisme, ni entraîner le

refus d’un enseignement. Il revient à l’enseignant de mener le cours en toute neutralité et d’éveiller

les élèves à la tolérance.Le ministère de l’éducation nationale souligne l’importance de l’apprentissage de la tolérance en ces termes : « parce que l’intolérance et les

préjugés se nourrissent de l’ignorance, la laïcité suppose une meilleure connaissance réciproque y compris en matière de religions. Les faits religieux, notamment lorsqu’ils sont des éléments explicites des programmes comme c’est le cas en français

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5 Circulaire n° 2004–084, I, deux derniers paragraphes.6 Par exemple, la Bible est inscrite au programme de français de sixième, au collège.

et en histoire, doivent être utilisés au mieux dans les enseignements pour apporter aux élèves les éléments

de culture indispensables à la compréhension du monde contemporain5 ». Les fêtes religieuses

sont des occasions appropriées pour découvrir les cultures et favoriser le respect. L’enseignant peut

demander aux élèves croyants d’expliquer la fête, sa signification et son déroulement. La Bible ou le Coran

par exemple peuvent être étudiés en classe. Ces livres appartiennent au patrimoine culturel. Ils sont

considérés comme « textes fondateurs » des religions et entrent dans le programme6. Les enfants peuvent ainsi être éveillés à la diversité culturelle et religieuse, dans un esprit de tolérance, sans remise en question

de la laïcité de l’école.

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Les élèves peuvent prierà l’école.

Dans la mesure où elle reste discrète (intérieure, personnelle ou en petit groupe), si elle ne trouble pas l’ordre, si personne ne l’impose (surtout pas l’école qui est laïque),

la prière est libre à l’école. Qui pourrait empêcher un élève de prier intérieurement

pour un camarade malade, discrètement avec un autre pour remercier Dieu avant le repas ou pour une difficulté personnelle ?La prière est une parole adressée à Dieu.

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7 Loi du 9/12/1905, art. 2. Décret n° 60–391 du 22/04/1960 et circulaire n° 88–112 du 22/04/1988 parue au BO n° 16 du 28/04/1988.8 Le cas échéant, son refus doit être motivé.

La liberté d’expression et la liberté de conscience la protègent. Dans les

collèges et les lycées7, des aumôneries peuvent être organisées et offrir des

lieux de prières aux élèves. Elles doivent être prévues dans les établissements

avec internat, et sont soumises à l’appréciation du Recteur8

dans les autres.

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Les élèves et les parents doivent être traités avec égalité, quelles que soient leurs convictions.

L’égalité accompagne la laïcité à l’école. Chacun a droit au respect et à l’égalité de traitement.

La discrimination n’a pas sa place à l’école, notamment en matière de convictions. Un élève qui aurait exprimé dans un devoir ses opinions religieuses, philosophiques ou politiques (par exemple, contre l’avortement ou l’euthanasie,

en faveur de l’anarchisme, contre le capitalisme, etc.) ne peut être ni sanctionné, ni raillé pour ses

opinions. Par contre, il peut recevoir une mauvaise note si sa copie était de piètre qualité !

Les parents doivent être traités avec égalité, quelles que soient leurs convictions. Ils ne

peuvent pas être écartés, notamment des sorties scolaires9, des instances de représentation des

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9 La question des parents accompagnateurs, portant le voile, a été tranchée de manière isolée par le tribunal de Montreuil (TA Montreuil, 22/11/2011, n° 1012015, Mme O.) qui a confirmé l’interdiction du voile. Cette décision de première instance ne fait pas jurisprudence. Elle est en contradiction avec la position plus nuancée du Conseil d’État, qui n’assujettit pas les parents aux mêmes règles que les enfants. Dans certaines circonstances, il est possible de demander le port d’une tenue neutre aux parents mais il n’existe pas de règle générale en la matière.

parents d’élèves ou d’autres événements en raison de leurs convictions. Dans sa participation à la

vie scolaire, le parent doit rechercher à favoriser l’intérêt de tous les élèves, en particulier lorsqu’il siège dans les instances de parents d’élèves. Il ne

doit pas utiliser ces instances de manière partisane ou pour promouvoir ses convictions religieuses.

Bien entendu, les parents doivent se garder de tout comportement qui troublerait le bon

fonctionnement de l’école. Ils doivent respecter la législation qui encadre la vie scolaire ainsi que les

enseignants, les autres parents et les enfants.

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Convention internationale des droits de l’enfant(ONU, 20 novembre 1989)

Art.141. Les États parties respectent le droit de l’enfant à la liberté de pensée, de conscience et de religion.

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2. Les États parties respectent le droit et le devoir des parents ou, le cas échéant, des représentants légaux de l’enfant, de guider celui-ci dans l’exercice du droit susmentionné d’une manière qui corresponde au développement de ses capacités.

3. La liberté de manifester sa religion ou ses convictions ne peut être soumise qu’aux seules restrictions qui sont prescrites par la loi et qui sont nécessaires pour préserver la sûreté publique, l’ordre public, la santé et la moralité publiques, ou les libertés et droits fondamentaux d’autrui. »

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Les élèves sont des usagers de l’école publique. Leurs parents en respectent aussi les règles.

En confiant leurs enfants à l’école publique, les parents en acceptent les règles. Si cela ne leur

convient pas, ils ont toute liberté de confier leurs enfants à des établissements scolaires

privés ou d’assurer l’instruction dans la famille10. L’obligation scolaire porte sur l’obligation

d’instruction pour les enfants entre 6 et 16 ans révolus et sur le contenu de l’enseignement.

10 Instruction dans la famille : Code de l’éducation, L.131–1 à L.131–12, R.131–1 à R.131–10.

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Les parents détiennent la priorité éducative sur leurs enfants, en vertu de la Convention internationale des droits de l’enfant de l’ONU (art. 14), de la Déclaration universelle des droits de l’homme (art. 26–3). Selon la jurisprudence de la Cour européenne des droits

de l’homme, les parents disposent du droit de former leurs enfants en fonction de leurs propres

expériences, convictions ou opinions11.

11 Cour européenne des droits de l’homme : CEDH, 11/09/2006,Konrad c. Allemagne n° 35504/03.

Les parents détiennent la priorité éducative sur leurs enfants. L’école doit la respecter.

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L’autorité parentale12 comprend l’éducation des enfants, y compris dans

sa fonction morale. Les parents, premiers éducateurs de leurs enfants, ont leur mot à dire sur l’enseignement donné à leurs

enfants. Les enseignants encouragent les parents à s’intéresser à l’enseignement

et sont disponibles à la rencontre et l’échange. Les chefs d’établissements

peuvent également être contactés.

12 Code civil, art. 371–1.

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Paroles de parents

« J’ai été amené à signaler mon désaccord, auprès du professeur de mon enfant, au sujet du jeu de rôle choisi pour l’apprentissage du latin. Le

principe du jeu de rôle ne posait pas de problème par lui-même, mais bien plutôt son contenu, en particulier des formules incantatoires intégrant

des propos offensants difficiles à prononcer pour un élève chrétien. Après un temps d’échange

avec le professeur et le chef d’établissement, le professeur a préféré utiliser une autre ressource

pédagogique. » (Midi-Pyrénées)

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« Lors d’un cours d’histoire au collège, un professeur a enseigné que la Bible était un livre historique qui contenait un certain nombre de

fables et de récits issus de la tradition populaire qu’il ne fallait pas prendre pour des faits réels.

Ces propos ont heurté la sensibilité de mon enfant, chrétien, qui assistait à ce cours.Nous avons donc demandé à rencontrer

ce professeur afin de lui faire part de notre étonnement face à son enseignement qui ne

respectait pas les croyances chrétiennes dans la véracité des faits bibliques. Ce professeur

a accepté, à l’avenir, d’entourer son cours des formes nécessaires afin de respecter les

différentes convictions religieuses de ses élèves. » (Bretagne)

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Convention de sauvegarde des Droits de l’homme et des libertés fondamentales(Protocole 1, 20 mars 1952)

Art.2

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Nul ne peut se voir refuser le droit à l’instruction. L’État, dans l’exercice des fonctions qu’il assumera dans

le domaine de l’éducation et de l’enseignement, respectera le droit

des parents d’assurer cette éducation et cet enseignement conformément

à leurs convictions religieuses et philosophiques.

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Entre le droit des parents « de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants13 » et le contenu obligatoire des programmes de l’éducation nationale, la

L’état doit respecter la liberté de conscience des parents, dans sa mission d’instruction et d’éducation des enfants.

13 Déclaration universelle des droits de l’homme, art. 26–3 ; Pacte international relatif aux droits civils et politiques (adopté par l’Assemblée générale de l’ONU le 16/12/1966), art. 18–4 : «les États parties au présent pacte s’engagent à respecter la liberté des parents et le cas échéant, des tuteurs légaux de faire assurer l’éducation religieuse et morale de leurs enfants conformément à leurs propres convictions ».

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liberté pédagogique de l’enseignant, le point d’équilibre doit être recherché.Les programmes de l’éducation nationale définissent le contenu obligatoire des enseignements. Les enseignants, les parents et les élèves doivent s’y conformer. L’État dispose d’une marge d’appréciation pour concilier enseignement et respect de l’éducation des parents conformément à leurs convictions religieuses et philosophiques.

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La Cour européenne des Droits de l’Homme14 a rappelé que :

1. Dans l’établissement du contenu des enseignements, il est interdit à l’État de poursuivre « un but d’endoctrinement des enfants… contraire à la liberté de conscience des enfants et des parents »

14 CEDH, GC, 7/12/1976, Kjeldsen, Busk, Madsen et Pedersen ;CEDH, 29/06/2007, Folgero et a. c. Norvège, CEDH, 25/05/2000 Jimenez Alonso et Merino c. Espagne, CEDH 17/06/2004, Ciftci c. Turquie, CEDH, 13/09/2001, Donjan et autres c. Allemagne

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2. « Les connaissances figurant au programme doivent être diffusées de manière objective, critique et pluraliste »

3. « Des abus peuvent se produire dans la manière dont telle école ou tel maître applique les textes en vigueur […] et il incombe aux autorités compétentes de veiller avec le plus grand soin à ce que les convictions religieuses et philosophiques des parents ne soient pas heurtées à ce niveau, par imprudence, manque de discernement ou prosélytisme intempestif. »

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Ainsi l’école laïque doit conserver une neutralité religieuse mais aussi idéologique. D’ailleurs, dès 1908, un instituteur tenant en classe des propos antireligieux (« ceux qui croient en Dieu sont des imbéciles ») a été sanctionné pour faute personnelle15.L’État ne peut assurer l’enseignement des enfants, au-delà de l’intérêt public, en dépit du respect de la liberté de conscience des élèves et des parents. L’État doit respecter la neutralité.Des parents ont déjà agi en justice contre l’État : s’agissant de cours d’éducation sexuelle en France16, au Danemark et en Norvège17, de la présence de crucifix dans les classes en Italie18, de cours de morale ou de sexualité fondés sur le genre, en Allemagne et en Espagne.

15 TC, 2/06/1908, Girodet c/ Morizot.16 CE 18/10/2000, Rec. CE 2000, p425.17 CEDH, GC, 7/12/1976, Kjeldsen, Busk, Madsen et Pedersen ; CEDH, 29/06/2007, Folgero et a. c. Norvège, CEDH 13/09/2011, Dojan et autres c. Allemagne18 CEDH, GC, Lautsi c. Italie, 18/03/2011.

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Jusqu’alors, les parents n’ont pas souvent obtenu gain de cause puisqu’il a été jugé, dans la majorité de ces affaires, que l’État n’avait pas dépassé les limites légales. En Espagne, les cours concernés ont toutefois été retirés des programmes suite à la mobilisation de certains parents19.En Allemagne, aprés négociation avec le gouvernement, les parents ont obtenu un mécanisme de dispense. La Cour Européenne des Droits de l’Homme ne s’est donc pas prononcée dans ces deux cas, qui se sont résolus avant de pouvoir être jugés. A défaut, la cour aurait eu à déterminer si les états avaient outrepassé leur mission d’instruction, notamment en tentant d’endoctriner les enfants....La neutralité de l’école revêt en effet une importance particulière en raison de la vulnérabilité des enfants et des libertés fondamentales qui sont en jeu.

19 http://www.objectiondelaconscience.org/parents-objecteurs-traduction-du-guide-parents-espagnols/

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Les parents et les enseignants doivent rester vigilants pour garantir la neutralité dans tous les domaines : les supports écrits utilisés en classe, le contenu des programmes, le comportement des enseignants, les intervenants extérieurs et les activités organisées par les élèves hors du temps mais dans l’espace scolaire, comme le souligne la jurisprudence du Conseil d’État20.

20 Pour les manuels, CE, 20/01/1911, Sieur Porteret (admission du recours pour excès de pouvoir), pour le contenu obligatoire des enseignements, notamment CE, 18/10/2000, Association Promouvoir, sur la neutralité stricte des agents publics. CE, avis contentieux, 3/05/2000, Mlle Marteaux, concernant les intervenants extérieurs : CE, 1/03/1993, Ministre de l’éducation contre Association des parents d’élèves de l’enseignement public de Montpellier à propos de la « Semaine d’éducation contre le racisme » animée par SOS Racisme, concernant les activités organisées par les élèves dans l’espace scolaire, CE, 6/11/1991, MEN, à propos de l’organisation d’un « débat d’ordre civique et social »

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Les enseignants ont droit au respect de la liberté de conscience mais sont soumis au devoir de neutralité dans leurs fonctions21.

21 La question de la liberté de conscience et d’expression des enseignants sera traitée plus en détail dans Libre de le dire au travail.

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22 CE, avis du 3/05/2000, Mlle Marteaux, n° 217017 : « le principe de liberté de conscience …bénéficie à tous les agents publics… le principe de la laïcité de la République, affirmé à l’article 1er de la Constitution, qui a pour corollaire le principe de neutralité des services publics, fait obstacle à ce que les agents publics disposent dans le cadre du service public, du droit de manifester leurs croyances religieuses ».

Les enseignants aussi ont leurs propres convictions. Jules Simon, ministre de l’instruction publique en 1871, le reconnaissait très justement : « Il n’y a pas d’école neutre, parce qu’il n’y a pas d’instituteur qui n’ait une opinion religieuse ou philosophique ». Depuis la loi du 9 décembre 1905 et la Constitution française de 1948, la liberté de conscience des enseignants est reconnue mais limitée en raison de la laïcité de l’état. Le devoir de neutralité s’applique ainsi aux enseignants dans le cadre de leur fonction22. À l’école publique, les enseignants doivent user de réserve quant à leurs propres convictions. Leur liberté pédagogique ne peut servir de prétexte pour diffuser des convictions religieuses, politiques ou philosophiques.

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« Si parfois vous étiez embarrassé pour savoir jusqu’où il vous est permis d’aller dans votre enseignement moral, voici une règle pratique à laquelle vous pourrez vous tenir. Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. Demandez-vous si un père de famille, je dis un seul, présent à votre classe et vous écoutant pourrait de bonne foi refuser son assentiment à ce qu’il vous entendrait dire. Si oui, abstenez-vous de le dire, sinon, parlez hardiment : car ce que vous allez communiquer à l’enfant, ce n’est pas votre propre sagesse ; c’est la sagesse du genre humain, c’est une de ces idées d’ordre universel que plusieurs siècles de civilisation ont fait entrer dans le patrimoine de l’humanité. Si étroit que vous semble peut-être un cercle d’action ainsi tracé, faites-vous un devoir d’honneur de n’en jamais sortir ; restez en deçà de cette limite plutôt que vous exposer à la franchir : vous ne toucherez jamais avec trop de scrupule à cette chose délicate et sacrée, qui est la conscience de l’enfant. »Jules Ferry, Lettre aux instituteurs (1883)

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Spécial élèves du primaire

Papa, maman, suis-je libre de le dire ?De dire ce que je crois à l’école ?

Dans la cour, à la récré, à la cantine, tu es libre de parler de ce que tu veux avec tes amis, même de Dieu. Tu peux prier dans ton cœur ou même avec deux ou à trois camarades si vous restez discrets pour ne pas gêner les autres, ceux qui ne croient pas.

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Et pendant la classe ?

Si c’est le sujet de discussion et que l’occasion se présente dans le cadre du cours, tu peux tout à fait parler de tes croyances ! Tu peux en parler aussi à l’occasion d’une fête, comme Pâques pour les juifs et les chrétiens, l’Aïd pour les musulmans… ou en cours d’Histoire.Tu restes croyant, même en classe ! Tout le monde croit en quelque chose de toute façon. L’important est que tu acceptes d’écouter les autres aussi, quand vous discutez de vos idées, de vos croyances. On n’est pas toujours d’accord mais tout le monde peut dire ce qu’il pense ou croit, dans le respect des autres.

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Tu n’as pas à avoir honte. Les autres ne doivent pas se moquer de toi parce que tu crois. Tu as toujours le droit de dire ce que tu crois, si tu respectes les autres. Ton enseignant le sait aussi et s’il y a un problème avec tes camarades, tu peux lui en parler, comme à nous, tes parents.

Et si on se moquait de moi ?

C’est vrai, c’est comme cela que nous pouvons vivre ensemble avec nos différences !

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Charte de la laïcité à l’école6 septembre 2013

La Charte de la laïcité à l’école est un document administratif déclaratif qui n’a pas force de loi. Elle explicite les droits et devoirs en matière de laïcité à l’école. Annexée à une circulaire du Ministère de l’Éducation Nationale23, elle en rappelle les lignes directrices pour les usagers de l’école et pour les enseignants :

23 Circulaire n° 2013–144 du 6/09/2013 du Ministère de l’Éducation Nationale.

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« La laïcité garantit la liberté de conscience à tous. Chacun est libre de croire ou de ne pas croire. Elle permet la libre expression de ses convictions, dans le respect de celles d’autrui et dans les limites de l’ordre public. » (Point 3)

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La possibilité de recourir à un établissement privé, en particulier confessionnel, relève de l’exercice de la liberté de conscience des parents et de la liberté de l’enseignement24.

24 Conseil Constitutionnel, décision n° 77–87 DC du 23/11/1977 qui fait de la liberté de l’enseignement un « principe fondamental reconnu par les lois de la République ».

École publique, école privée, quelles différences pour les libertés ?

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25 Code de l’Éducation, Art. L.442–1.

Les établissements privés sous contrat d’association avec l’éducation nationale25 doivent accueillir tout enfant, sans distinction d’opinion ou de croyance. L’État prend en charge une majorité des frais de fonctionnement en contrepartie d’une application stricte des programmes de l’éducation nationale. Tout en conservant leur caractère propre, notamment confessionnel, les établissements privés sous contrat assurent l’enseignement dans le total respect de la liberté de conscience des élèves et des enseignants. La manifestation des croyances religieuses peut y être plus libre qu’à l’école publique. L’instruction religieuse doit y être facultative pour les élèves.

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Spécial parents. Les 5 clés pour

les parents

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1. S’impliquer dans l’éducation devotre enfant.

En transmettant vos convictions et vos valeurs, en respectant chaque enfant dans son degré de développement intellectuel et affectif, vous offrez à votre enfant des racines et une confiance dans la vie. En vous s’impliquant dans la vie des établissements scolaires, (sorties scolaires, parents élus, fêtes, etc.), vous manifestez un soutien à l’éducation de votre enfant, y compris en milieu scolaire.

Spécial parents.Les 5 clés pour les parents

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2. S’informer sur ce que vit et apprend votre enfant à l’école, au collège ou au lycée.

En vous intéressant à son univers, vous comprenez mieux ce que votre enfant « ramène » de l’école : ses idées, ses émotions, ses préoccupations.Lorsque vous rencontrez les enseignants ou des chefs d’établissement en début d’année, lors des rencontres parents/professeurs, vous avez la liberté de demander quels sujets seront abordés, quels intervenants extérieurs viendront en classe et quel contenu sera utilisé. Vous anticipez ainsi les éventuelles questions liées à votre liberté éducative et à la liberté de conscience de votre enfant.

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3. Dialoguer avec votre enfant et avec ses enseignants.

En parlant avec votre enfant sur des sujets qui touchent vos convictions, vous lui montrez qu’il est digne de votre confiance et déjà capable de discernement, que chacun est libre de croire et de le dire. Vous montrez également que l’éducation morale et religieuse n’est pas du ressort de l’école.En dialoguant avec les enseignants, lorsqu’une difficulté survient, vous vous montrez responsable et en recherche de solutions pour le respect de votre liberté d’éducation morale et de la liberté de conscience de votre enfant, mais aussi des autres parents et enfants.

Spécial parents.Les 5 clés pour les parents

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4. S’associer avec d’autres parents ou associations qui veillent à l’intérêt des enfants.

En vous s’associant avec d’autres, vous échangez et partagez vos préoccupations. Vous vous sentez moins isolés face à une problématique et disposez d’une information plus fiable. Vous pouvez aussi vous indigner contre une situation qui nuirait à votre liberté éducative ou la liberté de conscience de votre enfant, avec la force d’un groupe. Les associations de parents d’élèves ou les associations familiales26 peuvent être des soutiens ou des relais de choix.

26 Par exemple, les associations familiales protestantes, les associations familiales catholiques ou les associations familiales laïques ou les fédérations de parents d’élèves (comme la FCPE, la PEEP, l’UNAAPE).

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Spécial parents.Les 5 clés pour les parents

…vous êtes LIBRE DE LE DIRE.

5. S’exprimer dans le respect et la liberté.En vous exprimant avec vos enfants, les parents, les enseignants et au sein des associations de parents d’élèves ou les associations familiales, vous êtes acteurs de l’éducation de votre enfant et de la société, pour défendre la liberté de conscience des parents et des enfants. Vous faites partie du débat citoyen.

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Spécial élèves du secondaire !De la 6e à la Terminale : faites le test du vrai ou faux !

Quand j’entre dans l’établissement, c’est fini, on ne parle plus religion, c’est interdit.

FAUX ! Le collège ou le lycée public est laïc, il n’est lié à aucune religion mais les élèves sont libres de croire et de parler de ce qu’ils croient. Il n’y a pas de tabou ou de censure. C’est ça, la liberté d’expression.

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FAUX ! Le professeur est là pour t’apprendre une matière dont il est spécialiste (le français, l’histoire, les langues, les maths, le sport…) Par contre, il peut arriver que, en toi-même, tu ne sois pas d’accord avec certaines de ses idées sur le bien et le mal, sur la vie, sur le monde. Tu as le droit de ne pas être d’accord. C’est ça, la liberté d’opinion. Parles-en avec tes parents, et si vraiment cela te choque ou te bouleverse, parlez-en ensemble avec le professeur.

Je suis obligé(e) d’être d’accord avec tout ce que dit le professeur, même si je crois ou pense profondément autrement.

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On n’a pas le droit de se moquer, de maltraiter ou de mettre à l’écart quelqu’un parce qu’il est différent ou parce qu’il est d’une certaine religion, qu’il s’habille ou mange autrement.

VRAI ! Chacun a droit au respect de sa personne (de son corps, de sa réputation et de sa vie privée) et de ses idées. On a le droit d’être différent, de croire et de vivre en fonction de sa croyance. On n’a pas le droit de faire du mal aux autres. Rien ne le justifie. On est tous différents en fait, quand on y réfléchit. C’est ça, le droit à l’égalité.

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Jusqu’à ce que j’aie 18 ans, mon père et ma mère sont responsables de mon éducation, même sur le plan sexuel ou moral, même sur le plan religieux. Ils sont prioritaires sur le collège ou le lycée.

VRAI ! Ton père et ta mère sont les premiers à te connaître, ils sont tes racines. Ils te donnent une éducation pour que tu sois prêt(e) à voler de tes propres ailes quand tu seras majeur(e). Plus tu grandis et plus tu as ton mot à dire pour ta vie et tes choix, par exemple sur ce que tu veux croire pour toi. Tes parents doivent t’écouter pour te guider au mieux. Au niveau moral, de l’éducation sexuelle ou des croyances en Dieu par exemple, tes parents sont tes premiers éducateurs. Le collège et le lycée doivent respecter ce que tes parents croient et veulent de mieux pour toi. Ils ne peuvent remplacer tes parents ou leur imposer des choses pour toi, ce serait très grave. C’est ça, la liberté d’éducation.

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Dans certaines circonstances où tu serais en danger dans ta propre famille, cela serait différent et tu pourrais demander de l'aide auprès de l'infirmière scolaire par exemple, pour être écouté(e) et soutenu(e).Tu peux aussi appeler gratuitement et à tout moment le 119 Allô enfance en danger.

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Conseils d’un directeur d’école

Les relations entre parents et enseignants sont le plus souvent paisibles. Il peut arriver que des divergences apparaissent à propos d’un problème relationnel de votre enfant avec l’un de ses camarades ou l’enseignant, à propos d’un livre étudié en classe ou une sortie « école et cinéma » qui vous semble inappropriée ou qui n’est pas conforme à ce que vous jugez bon pour votre enfant.

Que faire lorsque, en tant que parent, on n’est pas en accord avec ce qu’enseigne l’école ou ce qui se passe à l’école ?

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Demandez un rendez-vous à l’enseignant (directement ou par le biais du « cahier de liaison ») en précisant simplement le sujet que vous désirez aborder (mais ne détaillez pas, car on se comprend généralement mal par des écrits !).

Lors de votre échange : rappelez votre sujet d’inquiétude (si vous tenez l’information de votre enfant, rapportez ses émotions – s’il a été choqué, troublé, effrayé, perturbé, etc.), interrogez l’enseignant afin de connaître son point de vue, écoutez-le attentivement et donnez alors votre avis. Il est possible que l’enseignant invoque sa « liberté pédagogique », pour des questions de choix littéraire ou cinématographique par exemple. Redites-lui alors l’estime que vous avez pour ses fonctions et sa personne, mais rappelez-lui avec respect et douceur que votre responsabilité de parents ne s’arrête pas à la porte de l’école.

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Code civil, art. 371–1 :

« L'autorité parentale est un ensemble de droits et de devoirs ayant pour finalité l'intérêt de l'enfant. Elle appartient aux parents jusqu'à la majorité ou l'émancipation de l'enfant pour le protéger dans sa sécurité, sa santé et sa moralité, pour assurer son éducation et permettre son développement, dans le respect dû à sa personne. »

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Libre de le dire au travailEmployés et employeurs

(Secteur privé et fonction publique)

À paraître dans la même collection

Libre de le dire à l’universitéÉtudiants

(Faculté, lycée professionel et école supérieure)

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Libre de le dire au travailEmployés et employeurs

(Secteur privé et fonction publique)

Libre de le dire à l’universitéÉtudiants

(Faculté, lycée professionel et école supérieure)

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