volume 3 numéro 44 dans ce numero novembre 2000 volume 3 numéro 4, l: ´

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« Depuis l’époque des loya- listes jusqu’à la fin des années 80, on a enregistré au Canada un antiaméricanisme très marqué qui a longuement per- duré. La population canadi- enne s’est gaussée de la culture populaire américaine, tout en la partageant et en la consommant. La politique et les programmes des États-Unis en matière étrangère ont été généralement décriés, tout particulièrement par les intel- lectuels, et le côté bravache des Américains a été largement condamné. Il semble que l’on se soit souvent contenté d’asseoir l’identité et le natio- nalisme canadiens sur cette affirmation a contrario : « Nous ne sommes pas les États-Unis. » Il reste alors au Canada à se demander, à l’aube de ce nouveau siècle, ce qu’il compte mettre à la place de l’anti- américanisme pour asseoir sa nationalité. Si le Canada veut survivre en tant que nation indépendante en Amérique du Nord – et on ne voit pas pourquoi il ne pourrait y par- venir – il faut qu’il trouve en lui les forces nécessaires. La meilleure façon pour le Canada de se défendre contre les États-Unis et l’américanisa- tion, c’est de toute évidence de changer de mentalité. » [Tra- duction] J.L. Granatstein, « Two Centuries of Ups and Downs », communica- tion présentée lors de la Con- férence nationale de la recherche sur les politiques de l’an 2000, [email protected], 30 novem- bre et 1 er décembre 2000. Novembre 2000 Volume 3 Numéro 4 APERÇU DE LA RECHERCHE SUR LES POLITIQUES PUBLIQUES Bienvenue! Ce numéro du bulletin Horizons porte sur les thèmes qui seront explorés dans le cadre de la Conférence nationale de la recherche sur les politiques de l’an 2000 [email protected]. Ce numéro d’Horizons met en lumière la nouvelle place du Canada dans la société mondiale et l’incidence de l’interdépendance mondiale sur les politiques publiques du Canada. Ce numéro offre notamment un aperçu des plus récentes recherches portant sur les thèmes de l’adapta- tion des institutions et des infrastructures aux nouvelles réalités mondiales, des possibilités qu’offrent la mondialisation sur le plan économique et social, de la sécurité des citoyens et de la gestion des risques, et de la question du sentiment d’appartenance et du caractère unique du Canada dans une société mondiale et un monde numérique. Ce n’est là qu’un aperçu des différents projets de recherche qui porteront sur ce passage déterminant dans le développement national du Canada qu’est la mondialisation. Mot de la directrice exécutive 2 Activités à venir 3 Chroniqueur invité Les nouveaux impératifs de la coopération au développement 4 Programme de recherche 6 Lauréats Prix pour une carrière exceptionnelle 7 Chroniqueur invité Que peut apporter la politique étrangère à la culture ? 8 Le point sur le PRP Analyse des tendances 12 Témoins Un terrain mouvant : une étape à la fois 14 Liens canadiens 15 Dans le Web 15 Chroniqueur invité Imaginez un Canada plus sécuritaire et plus humain 16 Témoins L’opinion publique face aux politiques autochtones 18 Partout au Canada 19 Chroniqueur invité Pour une gouvernance novatrice : un examen de conscience 20 Lauréats Prix pour contribution exceptionnelle à la recherche 22 Chroniqueur invité Profil des compétences et Cadre d’apprentissage 24 Témoins Recherche sur les politiques et gestion du savoir 26 « Chacun a droit à son opinion, mais personne n’a le mono- pole des faits. » Daniel Patrick Moynihan Ancien sénateur des États-Unis À la recherche d’une identité canadienne Conférence nationale de l’an 2001 De plus en plus, les liens des gens avec leurs communautés prennent une importance renouvelée. Or, ces liens subissent les effets des mesures prises par les communautés pour s’adap- ter et réagir au changement. Le numéro d’Horizons qui sera consacré à la conférence nationale de recherche sur les poli- tiques de l’année prochaine mettra en lumière les travaux de recherche et les conclusions de la conférence intitulée Rassembler les communautés qui aura lieu les 6 et 7 décem- bre 2001. L’une des questions à l’examen sera la suivante : comment notre sentiment de communauté et d’appartenance influera-t-il sur le contexte et le programme stratégiques de l’avenir? [email protected] Reflexion ´

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Page 1: Volume 3 Numéro 44 Dans ce numero Novembre 2000 Volume 3 Numéro 4, L: ´

« Depuis l’époque des loya-listes jusqu’à la fin des années80, on a enregistré au Canada un antiaméricanisme trèsmarqué qui a longuement per-duré. La population canadi-enne s’est gaussée de laculture populaire américaine,tout en la partageant et en laconsommant. La politique etles programmes des États-Unisen matière étrangère ont étégénéralement décriés, toutparticulièrement par les intel-lectuels, et le côté bravachedes Américains a été largement

condamné. Il semble que l’on se soit souvent contentéd’asseoir l’identité et le natio-nalisme canadiens sur cetteaffirmation a contrario : « Nousne sommes pas les États-Unis. »

Il reste alors au Canada àse demander, à l’aube de cenouveau siècle, ce qu’il comptemettre à la place de l’anti-américanisme pour asseoir sanationalité. Si le Canada veutsurvivre en tant que nationindépendante en Amérique duNord – et on ne voit pas

pourquoi il ne pourrait y par-venir – il faut qu’il trouve enlui les forces nécessaires.

La meilleure façon pour leCanada de se défendre contreles États-Unis et l’américanisa-tion, c’est de toute évidence dechanger de mentalité. » [Tra-duction]

J.L. Granatstein, « Two Centuriesof Ups and Downs », communica-tion présentée lors de la Con-férence nationale de la recherchesur les politiques de l’an 2000,[email protected], 30 novem-bre et 1er décembre 2000.

Novembre 2000

Volume 3 Numéro 4

A P E R Ç U D E L A R E C H E R C H E S U R L E S P O L I T I Q U E S P U B L I Q U E S

Bienvenue!Ce numéro du bulletin Horizons porte sur lesthèmes qui seront explorés dans le cadre de laConférence nationale de la recherche sur lespolitiques de l’an 2000 [email protected]. Cenuméro d’Horizons met en lumière la nouvelleplace du Canada dans la société mondiale etl’incidence de l’interdépendance mondiale surles politiques publiques du Canada. Ce numérooffre notamment un aperçu des plus récentesrecherches portant sur les thèmes de l’adapta-tion des institutions et des infrastructures aux

nouvelles réalités mondiales, des possibilitésqu’offrent la mondialisation sur le planéconomique et social, de la sécurité descitoyens et de la gestion des risques, et de laquestion du sentiment d’appartenance et ducaractère unique du Canada dans une sociétémondiale et un monde numérique. Ce n’est làqu’un aperçu des différents projets de recherchequi porteront sur ce passage déterminant dansle développement national du Canada qu’est lamondialisation.

Mot de la directrice exécutive 2

Activités à venir 3

Chroniqueur invité Les nouveaux impératifs

de la coopération au développement 4

Programme de recherche 6

Lauréats Prix pour une carrière

exceptionnelle 7

Chroniqueur invité Que peut apporter la

politique étrangère à la culture ? 8

Le point sur le PRP Analyse des tendances 12

Témoins Un terrain mouvant :

une étape à la fois 14

Liens canadiens 15

Dans le Web 15

Chroniqueur invité Imaginez un Canada plus

sécuritaire et plus humain 16

Témoins L’opinion publique face

aux politiques autochtones 18

Partout au Canada 19

Chroniqueur invité Pour une gouvernance

novatrice : un examen de conscience 20

Lauréats Prix pour contribution

exceptionnelle à la recherche 22

Chroniqueur invité Profil des compétences et

Cadre d’apprentissage 24

TémoinsRecherche sur les politiques

et gestion du savoir 26

« Chacun a droit à son opinion, mais personne n’a le mono-pole des faits. »

Daniel Patrick MoynihanAncien sénateur desÉtats-Unis

À la recherche d’une identité canadienne

Conférence nationale de l’an 2001De plus en plus, les liens des gens avec leurs communautésprennent une importance renouvelée. Or, ces liens subissentles effets des mesures prises par les communautés pour s’adap-ter et réagir au changement. Le numéro d’Horizons qui seraconsacré à la conférence nationale de recherche sur les poli-tiques de l’année prochaine mettra en lumière les travaux de recherche et les conclusions de la conférence intituléeRassembler les communautés qui aura lieu les 6 et 7 décem-bre 2001. L’une des questions à l’examen sera la suivante :comment notre sentiment de communauté et d’appartenanceinfluera-t-il sur le contexte et le programme stratégiques de l’avenir?

[email protected]

Reflexion´

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´Dans ce numero ➢

ments rapides. Face à cette incerti-tude, les politiques doivent faire uneplace aux questions de gestion durisque. Il ne suffit pas d’élaborer deshypothèses de base, puis d’articulerla politique parfaite pour les condi-tions existantes. Comme personnen’a de boule de cristal, les politiquesdoivent pouvoir résister aux situa-tions imprévues, particulièrementaux développements peu probableset à fortes répercussions.

Les spécialistes des politiquesdoivent chercher à mieux compren-dre comment les enjeux passent dela scène internationale à la scènenationale, puis de la scène nationaleà la scène locale. En tant qu’artisansdes politiques, nous devons acquérirune meilleure connaissance de cesdomaines et apprendre à mieuxnous en servir.

La compréhension des ques-tions de politique, grâce à des perspectives flexibles, multimi-nistérielles et pluridisciplinaires,demeure l’essence même du Projetde recherche sur les politiques.Comme en témoignent les thèmeschoisis pour la conférence de cetteannée, [email protected], ils’agit d’un défi qui alimente toujoursnos efforts.

Pour de plus amples renseignementssur le compte rendu de la confé[email protected], veuillez consulterles éditions du matin et du soir du bul-letin Horizons.

Mot de la directrice executive´

Laura A. ChapmanDirectrice exécutive,Secrétariat de la recherche sur les politiques

SURUTILISÉE ET VIDE DE SENS?Plusieurs soutiendraient que lamondialisation est un mot surutiliséqui perd de son intérêt. Dans cecontexte, la notion de mondiali-

sation donne des images très con-trastées – Djihad contre McWorld,les affaires traitées à la vitesse de la lumière et le village global. Dansnotre monde de changements rapi-des, il ne faut guère se surprendreque la mondialisation puisse fairedescendre les gens dans la rue.

Les images – véhiculées par lesprédictions des prophètes des poli-tiques et par les manifestants àSeattle, à Prague ou à Montréal – ne peuvent qu’attirer notre atten-tion. Il en va de même des réalitésstatistiques de la croissance ducommerce et de la circulation descapitaux, de l’accumulation depreuves à l’appui du changementclimatique, l’explosion de l’informa-tion et l’écart de plus en plus mar-qué entre les nantis et les démunis.

Le défi politique que représentela mondialisation ne saurait êtrerelevé uniquement grâce à des solu-tions globales. Il n’y a pas de poli-tique à l’emporte-pièce et il n’existepas de politiques génériques, même

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Politique et mondialisation : l’approche à l’emporte-pièce ne convient pas

si nous parvenons à trouver l’illu-soire village global. Nous constatons,domaine après domaine, que lesconditions locales ont de l’impor-tance. Par exemple, nous avons

durement appris la leçon à l’effetque l’application de la coopérationau développement doit être adaptéeaux contextes culturel, économiqueet social de la région ciblée.

LA RECETTE POUR LES

POLITIQUESBien qu’il n’existe aucune recetteunique pour de bonnes politiques, il y a tout de même des considéra-tions essentielles pour l’élaborationdes politiques dans un cadre mon-dial. Une politique doit être flexible.Un exemple de cette flexibilité est le passage des approches réglemen-taires de commande et de contrôleà une approche de réglementationbasée sur le rendement. Le choix de l’instrument doit être une con-sidération centrale. Avec l’émer-gence de la société du savoir,l’engagement des citoyens et l’in-formation deviennent des élémentsévidents de la trousse d’outils deschercheurs.

Autre critère à retenir : il fauttenir compte de l’incertitude quicaractérise les époques de change-

« Le défi politique que représente la mondialisation ne saurait être relevé

uniquement grâce à des solutions globales. Il n’y a pas de politique à l’emporte-pièce et il n’existe

pas de politiques génériques, même si nous parvenons à trouver l’illusoire village global. »

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DATE

7 ET 8 DÉCEMBRE

2000

8 DÉCEMBRE

2000

ÉVÉNEMENTSConférence sur la prestation de services ruraux etrégionauxL’International Quality and Productivity Centre (IQPC)tiendra une conférence sur la prestation des servicesruraux et régionaux à Calgary. Les participants pour-ront y entendre une quinzaine d’exposés faits par divers ministères fédéraux sur la prestation de servicesruraux et régionaux. Ces exposés porteront notammentsur l’optimisation de la prestation des services, lajeunesse et les ressources en matière de connaissancesdans les collectivités rurales, et les possibilités d’emploidans les régions éloignées. Pour de plus amples ren-seignements, veuillez consulter le site Web de IQPC, àhttp://www.iqpc.com.

Redécouvrir le Canada – Série thématique 2000M. Scott Clark, conseiller spécial du Conseil privé et ancien sous-ministre à Finances Canada, présidera la session d’une demi-journée intitulée L’environne-ment : les objectifs environnementaux et ceux de lacroissance économique sont-ils compatibles? Cette session s’inscrit dans le cadre de la quatrième Série thématique 2000 organisée par le Centre canadien de gestion (CCG). La présentation aura lieu dans lesbureaux du CCG, à Ottawa. Pour de plus amples ren-seignements, veuillez consulter le site Web du CCG, àhttp://www.ccmd-ccg.gc.ca.

La place du Canada dans le monde – Série thématique 2000M. Don Campbell, ancien sous-ministre des Affairesétrangères, animera une session d’une demi-journée intitulée La protection territoriale – Vers un dialoguecanado-américain? La présentation aura lieu dans lesbureaux du Centre canadien de gestion (CCG), àOttawa. Pour de plus amples renseignements, veuillezvisiter le site Web du CCG, à http://www.ccmd-ccg.gc.ca.

Conférence internationale sur le recours aux incitatifs et aux instruments économiquesEnvironnement Canada, en collaboration avec l’Orga-nisation de coopération et de développement éco-nomiques (OCDE), l’Institut C.D. Howe et la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie,organise une conférence internationale sur le recoursaux incitatifs et aux instruments économiques en poli-tique environnementale. La conférence aura lieu au Pan Pacific Hotel, à Vancouver. Pour de plus amples renseignements, veuillez consulter le site Web àhttp://www.ec.gc.ca/eco-n-ference.

11 DÉCEMBRE

2000

11 AU 13 DÉCEMBRE 2000

Le coin du livre

Le contrepoids deTrudeau« Lorsqu’une idéologie politiquedevient universellement accréditéechez les élites, lorsque les« définisseurs de situation » l’em-brassent et la vénèrent, c’est lesigne qu’il est plus que tempspour les hommes libres de la com-battre. Car la liberté politique estessentiellement forte d’équilibre etde mesure. Dès qu’une tendancese fait excessive, elle constitue unemenace. […] Mon action politique,ou ma pensée, pour peu que j’en aieue, s’exprime en deux mots : fairecontrepoids. » [Traduction]

Pierre Elliott Trudeau, Le fédéralismeet la société canadienne-française,Montréal, MMH, 1967, p. vii-ix.

Base de donnéesinternationale sur la réglementationLa base de données internationalede l’Organisation de coopération et de développement économiques(OCDE) sur la réglementation est un ensemble complet d'infor-mations comparables au niveauinternational sur l’état de la régle-mentation et les structures desmarchés dans les pays membres.Elle rassemble plus de 1 100 éléments pour chaque pays, etcouvre la réglementation macro-économique concernant lesmarchés de produits et la régle-mentation touchant des secteursspécifiques.

Une description détaillée du contenuet de l'utilisation de la base estdisponible à http://www.oecd.org/subject/regdatabase/.

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Les nouveaux impératifs de la coopération au développementPASSÉ, PRÉSENT ET AVENIRDe façon générale, on peut dire quela coopération au développementinternational a suivi trois grandestendances au cours des 50 der-nières années. On a tout d’abordestimé que le développement devaitêtre pris en charge par un Étatinterventionniste. Les forces du marché étaient alors con-sidérées comme des obstaclesau développement etmenaient à l’enrichissementd’une minorité et à l’appau-vrissement de la majorité.

On a ensuite conclu àl’échec de la planification centrale et de l’interventiondes États. La participationexcessive des gouvernementscausait un endettementinsoutenable, favorisait unebureaucratie inefficace etconstituait une entrave à l’in-novation et à la croissance.Les approches faisant appelaux forces du marché ontalors gagné en popularité, et des pressions soutenuesont été faites pour entraînerdes réformes stratégiques etrestreindre l’intervention des gouvernements.

À l’heure actuelle, une troi-sième tendance reconnaît de plusen plus les faiblesses de l’État et du marché dont on tente de définirle rôle exact. On met l’accent surdes stratégies de lutte contre la pauvreté en tenant compte de l’environnement stratégique uniquede chacun des pays. Plus que lesthéories, ce sont les modèles decoopération au développement qui ont évolué au cours des 50dernières années.

LE NOUVEAU MODÈLE : BIENS

PUBLICS MONDIAUXLa mondialisation a remplacé lagéopolitique comme moteur etprincipe d’organisation de la co-opération au développement. L’inté-gration ainsi que la nature de plusen plus horizontale et internatio-nale des questions stratégiques font

que l’aide au développement estdevenue une préoccupationpublique nationale et mondiale.L’aide internationale n’est plusmotivée par les principes de charitéet de paternalisme autant que par lanécessité d’une coopération en vued’atteindre des objectifs communs.En outre, on ne l’interprète pluscomme un droit acquis. On metdavantage l’accent sur l’efficacité.Cela signifie que les pays dévelop-pés cherchent désormais des parte-

naires compétents plutôt que desalliés dignes de confiance. L’aideprendra de plus en plus la formed’une collaboration entre plusieurspays afin de préserver les biensmondiaux importants (environne-ment, transport sécuritaire, etc.).

En vertu du nouveau modèle,la mondialisation – et l’interdépen-

dance qui en découle –entraînera des pressions tou-jours plus soutenues en vued’une coopération interna-tionale. Les gouvernementssont confrontés à de nom-breuses questions de poli-tiques publiques qui revêtentune dimension supranatio-nale. Le succès d’une poli-tique interne passe par unrèglement des aspects interna-tionaux du problème, commeen témoigne l’augmentationdu nombre d’ententes multi-latérales qui portent sur desquestions de prime abordnationales (p. ex. les polluantsindustriels produits dans unÉtat dont les effets écolo-giques se font sentir dans lespays avoisinants).

Le concept de « bienspublics mondiaux » fait maintenantpartie du vocabulaire des politiquespubliques, et il prendra inévitable-ment de l’importance dans un vil-lage planétaire où les questionsstratégiques revêtent de plus enplus une dimension internationale.En gros, cela veut dire que la listedes biens publics (environnement,stabilité financière, etc.) dont lapréservation nécessite une coopéra-tion et une aide internationalescontinue de s’allonger.

« La mondialisation a remplacéla géopolitique comme moteur et principe d’organisation de lacoopération au développement.L’intégration ainsi que la nature

de plus en plus horizontale etinternationale des questionsstratégiques font que l’aide

au développement est devenueune préoccupation publiquenationale et mondiale. L’aide

internationale n’est plus motivéepar les principes de charité et de paternalisme autant que

par la nécessité d’une coopération en vue d’atteindre

des objectifs communs. »

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Chroniqueur invite

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Pour se persuader de cetintérêt croissant pour les bienspublics mondiaux, il suffit de véri-fier le contenu des discussions auxsommets du G7/G8. Depuis 1995,tous les sommets ont accordé uneplace importante à la question dudéveloppement, qui fait ni plus nimoins partie intégrante de l’ordredu jour.

NOUVELLES PRATIQUES

EXEMPLAIRESLe nouveau modèle intellectuelapparaît au moment où nous nousinterrogeons sérieusement sur lecomment et le pourquoi dudéveloppement international.

Pourquoi? On s’entend de plusen plus pour dire que la réductionde la pauvreté devrait être l’objectifmajeur du développement interna-tional. Dans l’ouvrage de référenceintitulé Le rôle de la coopérationpour le développement à l’aube duXXIème siècle, le Comité d’aide audéveloppement de l’OCDE annonceson intention de réduire de moitié,d’ici 2015, le nombre des personnesvivant dans des conditions de pau-vreté extrême. La place centraleaccordée à la réduction de la pau-vreté est mise en évidence aussidans les énoncés de la Banquemondiale et des Nations Unies, ainsique dans l’approche adoptée pard’autres organismes donateurs.

Comment? Des principes nouveaux viennent guider lacoopération au développement :renforcement des partenariats;prise en charge au niveau local;meilleure coordination des dons;approche axée sur les résultats;politiques d’aide internationalecomplétées par d’autres qui

touchent plus expressément dessecteurs comme le commerce, lesinvestissements et le transfert destechnologies. Certaines des poli-tiques du « comment » peuvent être malgré tout contradictoires.Par exemple, il peut être difficile de déterminer la responsabilité dupays donateur en rapport avec l’u-tilisation que le pays bénéficiairefait de l’aide reçue, surtout dans lecas des États qui ne s’intéressentpas vraiment au développement, où la capacité du secteur public estlimitée, où les systèmes de respon-sabilisation sont inadéquats et où la corruption est monnaie courante.Au même moment, les expériencespassées indiquent que l’intégrationde ces nouveaux principes aux pro-grammes d’aide internationale est la clé du succès. Parallèlement, desapproches novatrices ont aussiémergé pour mettre ces principesen pratique.

Comment? Les recherchesfaites sur les programmes qui ontobtenu du succès démontrent qu’ildoit y avoir un équilibre entre lespolitiques de croissance et de ren-forcement du marché (p. ex. sta-bilisation de l’environnementmacroéconomique, libéralisation du commerce, primauté de la loi) et l’aide aux services publics impor-tants qui ne peuvent pas toujoursêtre financés adéquatement etéquitablement par le secteur privé.Selon Assessing Aid, un rapport derecherche de la Banque mondiale,les dépenses des gouvernementsdoivent complémenter celles dusecteur privé. Dans un bon environ-nement stratégique, chaque dollarpublic d’aide attirera deux dollarsen investissements privés. À l’op-

posé, dans les pays où la gestion estdéficiente, l’incidence de l’aidepublique sur la réduction de la pau-vreté est difficilement mesurable.

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUELa coopération internationale est àla croisée des chemins. Les désillu-sions grandissantes, engendrées parla perception de l’échec de la luttecontre la pauvreté, et les change-ments dans l’environnementexterne entraînent une remise enquestion de la pertinence et de l’u-tilité de l’aide internationale. Enmême temps, de plus en plus degens soulignent l’importance decette aide et suggèrent des façonsd’en améliorer l’efficacité, ce quinous permet de croire qu’une visionrenouvelée de la coopération audéveloppement va bientôt s’im-poser.

Si l’on tient compte du passé,nous devons nous garder d’adopteraveuglément les nouveaux con-cepts. Cela dit, les données incon-tournables, le bagage d’expérienceamassé au cours des 50 dernièresannées, le besoin pressant de trou-ver des façons plus efficaces derésoudre les problèmes persistantsavec des ressources financières li-mitées, tout cela indique clairementque les organismes d’aide devrontréévaluer leurs pratiques en pro-fondeur pour identifier les secteursoù une réforme est nécessaire.

Ron GarsonAnalyste principal en stratégies externes,Agence canadienne de développementinternational

Pour plus de renseignements, consultezRon Garson, Development Cooperationat 50 years : Taking Stock, Looking For-ward, document de travail, 2000.

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Cessons de rêver en couleursUNE SOCIÉTÉ DES LOISIRS, DITES-VOUS?Les loisirs et leur influence possible sur la vie moderneont fait souffler un grand vent d’optimisme sur la popu-lation suite à la publication du classique de JoffreDumazedier, Toward a Society of Leisure, à la fin desannées 60. Diverses publications prédisaient alors laréduction des heures de travail, la croissance des acti-vités récréatives et l’émergence de nouvelles valeurs et d’une nouvelle société. En 1970, un essai de SteffanLinder a remis en question, mais sans grands résultats,cette vision de l’avenir. L’auteur y affirmait en effet queles sociétés industrialisées poussaient les gens à menerun rythme de vie encore plus effréné, et non pas le con-traire. Bien qu’il ait été source d’une certaine curiositéintellectuelle, l’essai n’a eu que peu d’incidence.

Ce n’est qu’à la fin des années 90, au moment où Juliet Schor a publié The Overworked American, que l’on a cessé de rêver d’un avenir ludique poursonger au problème du manque de temps. Du jour aulendemain, l’ouvrage s’est transformé en événementmédiatique et a alimenté le débat sur les politiquespubliques. Aujourd’hui, beaucoup d’études portent sur le manque de temps, les charges de travail accrueset le stress chronique, et les chercheurs s’intéressent deplus en plus aux liens entre le stress et la santé mentaleet physique.

LE STRESS AU CANADAEn 1998, la publication des résultats de l’Enquêtesociale générale (emploi du temps) était attendue avec impatience. Faisant suite à des études semblablesmenées en 1986 et en 1992, elle prouvait les change-ments survenus dans l’emploi du temps des Canadienset démontrait leurs répercussions en termes de satisfac-tion personnelle, de stress et de santé de la population.Certaines conclusions de l’Enquête soulèveront sansdoute dans l’avenir différentes questions liées aux poli-tiques et à la recherche.

Selon les données, le nombre d’heures consacréesau travail rémunéré est demeuré stable entre 1992 et1998, mais le temps nécessaire au travail non rémunéré(travaux ménagers, soins aux enfants et à la famille,magasinage, courses, etc.) s’est accru d’environ 15 mi-nutes par jour. Ainsi, la somme des heures de travailrémunérées et non rémunérées des travailleurs a aug-

menté de quelque 10 minutes par jour entre 1992 et1998, pour atteindre environ 9,4 heures aujourd’hui.Cette charge de travail est légèrement plus importantechez les femmes que chez les hommes.

BOUSCULÉS PAR LE TEMPSSi l’on compare les données de 1992 à 1998, on s’aper-çoit que de plus en plus de travailleurs ont l’impressiond’être débordés. En 1992, 51,7% des travailleurs inter-rogés se sentaient constamment bousculés par le temps,et 56,2% affirmaient que la situation s’était empiréedans les cinq dernières années. En 1998, ces chiffresont grimpé à 53,5% et 59,2% respectivement.

Les données de 1998 indiquent que les répondantsassocient les contraintes de temps au stress qu’ilsressentent ainsi qu’à leurs problèmes de santé. Leurniveau de satisfaction personnelle et l’équilibre entrevie professionnelle et vie personnelle s’en trouventégalement compromis. Bien que le pourcentage des travailleurs canadiens qui sont insatisfaits de leur viepersonnelle demeure assez faible, le pourcentage deceux qui en sont très satisfaits est passé de 49,0% en1986 à 35,0% en 1998.

L’Enquête de 1998 a démontré que les parents dont le travail rémunéré demande plus de 50 heurespar semaine passent la moitié moins de temps avecleurs enfants que les parents qui travaillent moins de 40 heures. De plus, près de 60% d’entre eux considèrentque leur vie professionnelle et personnelle manqued’équilibre, et ils se soucient du fait qu’ils ne passentpas assez de temps avec leur famille et leurs enfants.Même s’il est quelque peu spéculatif d’affirmer que ladiminution du niveau de satisfaction peut être due, enpartie, aux contraintes de temps, il est évident que cesdernières continuent de nuire à la vie familiale.

Des données récentes ont mis en lumière certainestendances devant être prises en considération. Ellesreprésentent un défi de taille pour tous ceux qui, enplus de s’intéresser à la santé et à la qualité de vie, sontconscients de l’effet positif des loisirs sur les problèmesassociés aux contraintes de temps.

Jiri Zuzanek Professeur,Université de Waterloo

Programme de recherche

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SYLVIA OSTRYSylvia Ostry détient un doctorat enéconomique de l’Université McGillet de Cambridge University. Elle estentrée au service du gouvernementcanadien en 1964. Elle a occupédivers postes, dont ceux de sous-ministre de la Consommation etdes Affaires commerciales, prési-dente du Conseil économique duCanada, sous-ministre du Com-merce international, ambassadricedu Canada dans les négociationscommerciales multilatérales etreprésentante personnelle du Pre-mier Ministre pour les sommetséconomiques. De 1979 à 1983, elle a rempli les fonctions de chefdu Département des Affaireséconomiques et statistiques del’OCDE, à Paris. En 1989, elle a éténommée chercheur distingué invitépar Volvo au Council of ForeignRelations à New York, et de 1990 à 1997, elle était présidente du Centre for International Studies de l’University of Toronto.

L’extrait qui suit provient deson tout dernier ouvrage, TheUruguay Round North-SouthGrand Bargain: Implications for Future Negociations.

REPENSER LA THÉORIE DE

LA BICYCLETTE« La théorie dite de la bicyclettedans la libéralisation du commerce- lutter contre les pressions protec-tionnistes par des négociationsrégulières - est une métaphoreinspirée du passé. Le rôle ducycliste était tenu par les États-Uniset, si la bicyclette avait été conçuepour deux, l’Union européenneaurait pu occuper le siège arrière.

Aujourd’hui, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) est devenue un autobus rempli devoyageurs bruyants qui ne peuvent(ou qui ne veulent) s’entendre surla façon d’interpréter les instruc-tions du malheureux conducteurassiégé. Néanmoins, il serait impos-sible d’organiser une discussionraisonnée sur la voie à prendrepour atteindre une destination fixée d’un commun accord.

Les ONG qui s’opposent à lamondialisation des marchés for-ment un groupe hétérogène dontles membres sont en désaccord surbeaucoup de choses, mais qui con-viennent que la mondialisation desentreprises (pour reprendre leurstermes) est la cause de l’écart gran-dissant entre les revenus des dif-férents pays et que l’OMC est leprincipal agent de la mondialisationdes entreprises. De toute évidence,cet écart grandissant est tributairedes taux de croissance différentspuisque, dans la mesure où leséchanges stimulent la croissance –principalement en amplifiant lesprogrès dynamiques nés de la con-currence accrue et de l’accès auxconnaissances – la libéralisation ducommerce est une condition néces-saire, quoique insuffisante, à la con-solidation de l’égalité de par lemonde. S’attaquer au problème de la marginalisation et améliorer lespossibilités de convergence desniveaux de revenus des divers pays du monde nécessiterait de la part des institutions intergou-vernementales une coordinationinternationale sans précédent des

diverses politiques économiques.Jusque là, malheureusement, l’OMCcontinuera de susciter la dissidenceet d’être écrasée par des orienta-tions divergentes.

Peut-être est-ce révélateur que le sommet du G8 tenu à Oki-nawa en 2000 ait été le premiersommet des vingt-cinq dernièresannées qui ait principalement portésur les questions Nord-Sud. Il estégalement révélateur que la pres-cription de tenir un nouveau cyclede négociations sous les auspices del’OMC ait été si doucereuse qu’elleen a perdu tout son sens. De fait,l’exercice tout entier a été si débou-lonné par les critiques éclairés quela légitimité de l’institution estmaintenant remise en cause.

Si l’unique rôle du G8 consisteà produire ‘un jargon mondialisa-teur anesthésiant’ - selon l’Econo-mist -, l’OMC devra alors s’attaquerseule au problème de l’inégalitéentre le Nord et le Sud. Peut-êtreune action positive exécutée dansle cadre du système commercialpermettrait-elle de catalyser lesefforts qu’il faut déployer pourréduire l’écart grandissant entre le Nord et le Sud. » [Traduction]

Sylvia Ostry, « The Uruguay RoundNorth-South Grand Bargain: Implica-tions for Future Negociations », ThePolitical Economy of InternationalTrade Law, University of Minnesota,septembre 2000, pp. 24-25. Pour la listecomplète des ouvrages les plus récentsde Mme Ostry, consultez son site Web à l’adresse http://www.utoronto.ca/cis/ostry.html.

Prix pour une carrière exceptionnelle

Laureats´

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Que peut apporter la politique étrangère à la culture ?

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LES PROBLÈMES DE LA QUESTION CULTURELLEC’est dans le contexte de la mondialisation du com-merce des produits et services culturels qu’ont étéredéfinies les politiques culturelles internationales aucours des dernières années. Toutefois, même si nousassistons de toute évidence à l’émergence d’une nou-velle orientation culturelle sur la scène internationale, il semble difficile de définir précisément les intérêts, lesnormes et les enjeux autour desquels s’articule cettenouvelle orientation. Il sem-ble que cette confusionapparente découle du fait quela définition de la culture entant que secteur de politiquepublique cause des tensionstant sur le plan de la poli-tique étrangère que du pointde vue systémique.

Le mouvement actuel de redéfinition de la missionculturelle des États à l’é-tranger établit avec la cultureet l’identité un lien clair quiremet en question les assises de la politique étrangère.Alors que cette dernière est généralement présentéecomme étant l’expression, à l’étranger, d’une identité etd’une culture politiques établies, contribuant ainsi à laréification du caractère politique national de la réalitéculturelle, l’insécurité liée à la mondialisation impose à l’État des exigences qui permettent de croire à uneremise en question de l’indépendance de la culture par rapport à la politique étrangère.

SÉCURISER LES RÉFÉRENTS CULTURELSLa façon dont un État réagit aux demandes expressesd’intégration des référents de la société (cette questionest définie comme étant les préoccupations de l’Étatpour son intérêt national), comme la culture, ne dépen-dra pas seulement de la façon dont les identités y sontancrées, mais aussi des liens qui existent au départentre l’identité et la citoyenneté dans le processus dedéfinition de sa position au sein du système interna-tional. Il est possible que la pénétration culturelle dessociétés causée par la mondialisation ait forcé la poli-tique étrangère à accepter la culture comme référent et non plus comme instrument des politiques dans les

secteurs comme l’armée, l’économie et la politique.Pour intégrer de façon légitime un référent comme laculture au domaine de la politique étrangère, il faut officialiser la présence d’agents sociaux de la commu-nauté culturelle dans la communauté de la politiqueétrangère. Cela implique une transition entre le rôle de« public attentif », dans lequel sont confinés les réseauxémergeants, et celui d’acteur d’un sous-gouvernementassumant d’importantes fonctions de légitimation.

Le succès ou l’échec del’intégration de la culture à la politique étrangère reposeen partie sur le niveau obser-vable de convergence ou dedissonance entre l’identitésociétale, à laquelle renvoie la culture et dont les acteurss’efforcent de faire défendreleurs intérêts par l’État sur lascène internationale, et l’i-dentité politique, à laquellerenvoie nécessairement lapolitique étrangère. Cette

dualité devrait se mesurer par le degré d’ouverture oude fermeture de la communauté de la politiqueétrangère aux réseaux de politique culturelle qui sontactivés dans le contexte des préoccupations expriméesau sujet de la mondialisation, tant du point de vue dudiscours et de la reconnaissance mutuelle que de celuide l’officialisation de leurs relations.

L’ÉCHEC DES RÉSEAUX : L’EXPÉRIENCE DES

NOUVELLES CONVERSATIONSAu cours des deux années qui ont suivi la déclarationde 1995 dans laquelle le gouvernement reconnaît dansla culture le troisième pilier de la politique étrangère,les intervenants de la société et du gouvernement dupays ont tenté d’en établir les fondations. Un nouveauréseau de politiques publiques appelé Nouvelles Con-versations, créé par des particuliers et des groupes dela société civile pour faire pression sur les organismeschargés d’établir les politiques du ministère desAffaires étrangères afin qu’ils respectent les nouveauxengagements du gouvernement, a été le principal lieude rencontre, de dialogue et de négociation. Les mem-bres de ce réseau ont lutté en faveur de l’intégration

« ...l’insécurité liée à la mondialisation

impose à l’État des exigences qui permettent de croire à une remise en question de

l’indépendance de la culture par rapport à la politique

étrangère. »

Chroniqueur invite

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officielle de la culture à la politique étrangère sousdeux aspects essentiels interdépendants. Ils ont toutd’abord tenté de définir un discours, un référent commun qui leur permettrait de concevoir une inté-gration légitime de la culture à la politique étrangère.Ensuite, ils ont tenté d’installer la culture dans le sous-gouvernement de la politique étrangère en établissantses propres mécanismes décisionnels. Le réseau Nou-velles Conversations a échoué sur les deux tableaux et a par la suite été dissous.

Si le réseau n’a pas survécu et n’a pas réussi à inté-grer la culture à la politique étrangère, c’est parce queses membres ont échoué dans leur tentative d’établirune conception officielle de la culture en tant queréférent compatible avec la notion civique essentielle de culture véhiculée par la politique étrangère officielledu Canada. Cet échec est attribuable en partie à larésistance des artisans de la politique étrangère cana-dienne face à ces nouveaux intervenants qui exigeaientpour la culture une place parmi les référents de la poli-tique étrangère. Pour que la chose se réalise pleine-ment, il faut que la culture soit introduite dans cesous-gouvernement par des intervenants de la sociétéreconnus comme des représentants de cette nouvelleréalité culturelle. Mais le réseau créé pour défendre etsoutenir la culture en tant que troisième pilier de lapolitique étrangère n’a pas réussi à s’imposer auprès du sous-gouvernement.

VALEURS POLITIQUES PLUTÔT QUE RÉALITÉ

ARTISTIQUELes députés qui avaient tenu des consultationspubliques ont recommandé que la politique étrangèrefasse partie intégrante du développement culturel del’État, mais le gouvernement, tout en s’appropriantl’idée du pilier culturel, a déplacé le point de mire de la politique étrangère en définissant la culture commeétant une série de valeurs politiques plutôt qu’une réa-lité artistique et intellectuelle. Alors que les agents dugouvernement cherchaient à légitimer une conceptionpopulaire et « politique » de la culture, avec l’appui desmilieux culturels, les agents de la société parlaientd’une culture principalement définie par l’activité artis-tique elle-même et, accessoirement, comme étant l’ex-pression de divers niveaux d’identité.

Cette conception sociale et non civique de la culturen’était pas seulement à l’opposé de la position défendue

par le gouvernement, mais elle semblait également entreren conflit avec le paradigme dominant qui, pour l’ensem-ble des artisans de la politique étrangère, régit la légiti-mité même des exigences de la politique étrangère. C’estdu moins ce que permet de croire l’isolement relatif danslequel se trouvait le réseau.

Cette résistance non seulement de l’État, maisaussi de ses stratèges semble prouver que l’État se soustrait effectivement à l’obligation de répondre à la demande que lui fait la société d’intégrer la culture àla politique étrangère, sous prétexte que ce rapproche-ment de la culture avec la politique étrangère remet enquestion les fondements mêmes de la légitimité de cettedernière. Dans le cas du Canada, le gouvernement avoulu éluder la question en tentant de légitimer uneconception civique de la culture en tant que référent dela politique étrangère. Il reste à voir si pareille stratégiepermettra de satisfaire une société civile de plus en plussoumise à une interpénétration des cultures engendréepar la mondialisation du commerce.

Louis BélangerDirecteur de l’Institut québécois des hautes études internationales,Université Laval

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« Au stade de développement où elles en sontarrivées, les industries culturelles canadiennes seheurtent aux difficultés que posent les liens entre latechnologie et les politiques commerciales des autrespays. Pour relever ces défis, il faut repenser et réori-enter la politique nationale : promouvoir l’adoptiond’un accord international permettant d’échanger unediminution de la protection contre un accès garantiaux marchés étrangers s’accompagnant de mesuresde sauvegarde tenant compte de la sensibilité poli-tique de ces industries. » [Traduction]

Keith Acheson et Christopher J. Maule, Much Ado aboutCulture: North American Trade Disputes, Ann Arbor, TheUniversity of Michigan Press, 1999, p. 116.

Le coin du livre

La culture à l’heure deséchanges commerciaux

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Le Projet de recherche sur les poli-tiques (PRP) évolue continuelle-ment au rythme des activités et des partenariats nouveaux en vued’améliorer la capacité d’identifier,de comprendre et d’aborder lesquestions de politique à moyen et à long terme affectant le Canada. À la lumière des développementsrécents et compte tenu d’une plusgrande diffusion du bulletin Hori-zons, il convient de revenir sur leProjet, d’examiner ce qu’il permetde faire et de mesurer les progrèsréalisés.

La première phase du Projets’est amorcée en 1996 lorsque legreffier du Conseil privé a confié à un groupe de travail intermi-nistériel la tâche d’établir une basede connaissances plus solides surles sources de tensions à moyenterme pour le programme du gou-vernement. La deuxième phase aété marquée par la création, en1997, d’un groupe chargé d’appuyerles efforts de recherche de plusieursministères sur une foule de ques-tions qui se recoupent. Le Projet acommencé à établir des liens entreles chercheurs du gouvernement et la collectivité plus large de larecherche stratégique, afin d’aidertous ces intervenants à mettre encommun connaissances et idées.

RENFORCER LA COMMUNAUTÉ

Le Projet s’est développé et a per-mis d’établir des réseaux de con-naissances plus solides en reliant de plus en plus de personnes des

milieux du gouvernement, des uni-versités et des groupes de réflexion.Par exemple :

• Horizons informe plus de 7 000personnes partout au pays et àl’étranger sur les plus récentsdéveloppements en matière derecherche stratégique.

• http://recherchepolitique.gc.ca répond à plus de 1 000demandes de renseignementspar jour sur les travaux du Projetet sur le milieu de la recherchestratégique.

• Le deuxième numéro de Isuma :Revue canadienne de recherchesur les politiques (www.isuma.net), qui porte sur le développe-ment du jeune enfant, vient toutjuste d’être publié.

• La troisième Conférencenationale de la recherche sur lespolitiques, [email protected],offre à plus de 800 chercheurs etspécialistes des politiques uneoccasion d’établir des contacts et de se renseigner sur les plusrécentes recherches concernantla place du Canada dans lemonde.

• La deuxième cérémonie deremise des Prix pour larecherche sur les politiques au Canada vise à honorer et à reconnaître des réalisationsexceptionnelles dans six catégories.

TROISIÈME PHASECette année, les responsables ontentrepris des consultations impor-tantes sur les orientations futuresdu Projet. Selon ce que nous avonspu apprendre, on prépare actuelle-ment la troisième phase du PRP, qui

comportera trois priorités. Le pre-mier objectif est d’approfondir larecherche stratégique sur les ques-tions émergentes et mieux intégrerles résultats au programme d’actiongrâce à une nouvelle approche à lagestion des activités de recherchehorizontales. Dans un premiertemps, cette approche permet d’accélérer la recherche horizon-tale sur les liens nord-américains, le développement durable et lacohésion sociale, les trois prioritésde recherche du PRP.

Le deuxième objectif est d’ac-croître la capacité de recherche du gouvernement en préparant une main-d’œuvre plus compétente,plus durable et plus diversifiée pourla recherche stratégique grâce à unegamme d’initiatives ciblées enmatière de ressources humaines.

Le troisième objectif est demieux soutenir la collaboration enmatière de recherche horizontalepartout au Canada en améliorant la gamme des produits du PRP. Lesefforts porteront surtout sur l’utili-sation de la technologie pour faci-liter et rendre moins coûteuxl’échange de connaissances issuesdes recherches. Le PRP travailleavec ses partenaires à concrétiserces nouvelles priorités.

Bon nombre des plus récents plans du PRP se trouvent sur notre site Web,à http://recherchepolitique.gc.ca/overview-f.htm. Si vous avez des questions ou des observations quantaux orientations futures du PRP, vouspouvez communiquer avec M. MichaelKeenan à l’adresse suivante :[email protected].

Relance du Projet de recherche sur les politiques

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Le point sur le PRP

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Mobilisation des citoyensLe Prix Suzanne Peters pour la mobilisationdes citoyens a été décerné à Jacquie Dale,coordonnatrice de l’Équipe de développementorganisationnel du Conseil canadien pour lacoopération internationale (CCCI). Mme Dalea lancé un projet pilote national visant à fairel’expérimentation d’une procédure de dialogues’efforçant de motiver les Canadiens à prendre encompte les questions internationales, et à les amenerà contribuer aux décisions sur cette importante ques-tion stratégique.

Ces trois dernières années, le CCCI, sous la direc-tion de Mme Dale, a étudié la possibilité d’instaurer undialogue et de faire progresser ce domaine grâce auxopérations de recherche, de formation et de communi-cation prévues dans le projet pilote. Il a aussi obtenu laparticipation de plus de 600 citoyens à plus de 40 collo-ques organisés dans différentes localités du Canada, ycompris un forum national de trois jours s’adressant àla jeunesse. Ces délibérations ont permis à des citoyensappartenant à tous les milieux d’envisager les avantageset les inconvénients de différentes façons d’aborder lesquestions internationales. Les résultats de ces travauxont été pris en compte dans le cadre du processusd’élaboration des politiques étrangères.

Pour plus de renseignements concernant Jacquie Dale et lesactivités du CCCI et de son équipe de développement organi-sationnel, veuillez consulter le site Web du CCCI à l’adressehttp://fly.web.net/ccic.

Capital de connaissanceLe Prix pour la transmissiondu savoir a été décerné cetteannée au Caledon Institute ofSocial Policy. Voici un extrait

du rapport qu’a publié récem-ment cet institut au sujet des

programmes sociaux :

« Au sein d’une économie mondialisée,les programmes sociaux restent les principaux garantsdu succès économique et de l’identité nationale. LeCanada doit avoir le courage de continuer à modelerson système de sécurité sociale, ancré dans une histoireet au sein d’une économie politique qui lui sont pro-pres, pour faire face aux réalités démographiques,sociales, économiques et politiques du début du XXIe

siècle. Si l’on veut pouvoir relever ces défis, il ne fautpas que nos programmes sociaux soient considéréscomme des pièces de musée, laissées en l’état, sansjamais être réorientées ou modifiées : c’est d’ailleurs lastratégie contraire qui s’impose si nous voulons main-tenir un régime de sécurité sociale fort qui réponde ànos besoins nationaux. Si nous voulons que notrerégime de sécurité sociale se renouvelle et acquière plus de dynamisme, il est indispensable que nous con-tinuions à modifier considérablement nombre de pro-grammes sociaux et, dans certains cas, que nous lesréformions en profondeur. » [Traduction]Ken Battle, Sherri Torjman et Michael Mendelson, Social Pro-grams: Reconstruction Not Restoration, Ottawa, CaledonInstitute of Social Policy, 2000, p. 2, disponible à l’adressehttp://www.caledoninst.org.

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Laureats

Des idées à l’horizonLe bulletin du Projet de recherchesur les politiques, Horizons, diffusedes idées de recherche sur les poli-tiques depuis déjà trois ans. Il aévolué avec le PRP au cours decette période. Dès ses débuts, Hori-zons a été un lieu de convergencede points de vue sur des questionshorizontales s’appuyant sur desarticles de fond, des capsules derecherche, des rapports de témoinset des ressources disponibles surl’Internet. Notre but est de diffuserles recherches innovatrices sur des

questions horizontales afin de con-tribuer à créer la base de savoirnécessaire à la prise de décisionsstratégiques judicieuses. Au coursde l’année passée, Horizons a traitéune gamme étendue de thèmesallant de la société et de l’é-conomie axées sur le savoir à lacriminalité et à la sécuritépublique, en passant par la fron-tière canado-américaine.

L’équipe d’Horizons élaboreactuellement son programme pour

2001. Voici un aperçu préliminairedes thèmes qui seront abordés :

• Les transports

• La cohésion sociale

• Le marché

Si vous souhaitez collaborer à l’un ou l’autre de ces numéros, ou si vous êtes au courant de tra-vaux de recherche ou de pro-grammes susceptibles d’intéressernos lecteurs, veuillez communi-quer avec l’équipe d’Horizons àl’adresse [email protected].

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Analyse des tendancesLe Projet sur les tendances est uneinitiative conjointe du Conseil derecherches en sciences humaines etdu Secrétariat de la recherche surles politiques. Treize ateliers ont eulieu dans différentes universités auCanada dans le cadre de ce projet,sur lequel reposait la Conférencenationale de recherche sur les poli-tiques de 1999 : Analyse des ten-dances. Plus de 160 chercheurs etfonctionnaires ont participé auxateliers pour discuter d’un éventailde questions allant des change-ments démographiques et du vieil-lissement jusqu’aux centres depouvoir multiples et à la mondiali-sation. Plusieurs des documentspréparés pour ce projet ont aussiété présentés à des conférences

nationales, y compris celles du Congrès des sciences sociales ethumaines (1999 et 2000), de l’Asso-ciation canadienne de gérontologie(1999) et de l’Association canadi-enne de science politique (1999 et 2000).

Le Projet sur les tendances apermis de se doter d’une bonnebase de connaissances sur des ques-tions à long terme et de circonscrireles domaines nécessitant davantagede recherches. Les projets horizon-taux déjà lancés par le PRP sur lesthèmes de la cohésion sociale, dudéveloppement durable et de l’inté-gration nord-américaine, représen-tent à plusieurs égards la suitelogique du Projet sur les tendances

en ce sens qu’ils réunissent desreprésentants du gouvernement etdu milieu universitaire pour exa-miner les questions soulevées parles équipes de ce projet.

Durant l’année qui vient, sixouvrages seront publiés dans lesdeux langues (University of TorontoPress et Les Presses de l’Universitéde Montréal) et regroupés dans lacollection Recherche sur les poli-tiques : le Projet sur les tendances.

Dans un supplément spécial, la revue Analyse de politiques a publié en août dernier sept articlesrésumant les travaux des équipesdu projet. On trouvera ci-après unebrève description de chacun.

Le point sur le PRP

RésuméLE VIEILLISSEMENT

DE LA POPULATION

ET LES CHANGEMENTS

DÉMOGRAPHIQUESDavid Cheal

Le viellissement de la populationest un sujet qui entraîne souventdes réactions négatives et despréoccupations sur les pensions, les besoins des personnes âgées enmatière de soins de santé et d’aide,le ralentissement de la productionéconomique, l’accumulation desresponsabilités sociales pour lagénération dite « sandwich ». Lestrois principales conclusions de cegroupe sur les tendances sont : pre-mièrement, il convient de procéderà une analyse démographique mul-tidimensionnelle; deuxièmement, ilest possible que l’attention accordéedans les politiques aux personnesâgées ne soit pas dans l’avenir ce

qu’elle est aujourd’hui; troisième-ment, il ne faut pas seulement tenircompte des facteurs démogra-phiques dans l’élaboration des politiques.

LES TENDANCES ÉCOLOGIQUES

ET LA SAINE GESTION DE

L’ENVIRONNEMENT AU CANADAEdward A. Parson

Depuis les années 60, les pressionssur l’environnement dans le mondeindustrialisé ont changé. Elles sesont mondialisées, elles sont de-venues de plus en plus étroitementinterreliées et, de pressions aiguëset visibles qu’elles étaient, elles sontdevenues subtiles et chroniques etproduisent maintenant des effets àlong terme. Pour réussir une sainegestion de l’environnement, il faudratrouver des moyens plus efficaces de tenir compte d’évaluations scien-tifiques et techniques de qualitésupérieure dans la prise de déci-

sions-clés, mettre en place desprocessus efficaces de gestion del’incertitude, savoir s’adapter à l’es-sor du savoir et coordonner efficace-ment le pouvoir et les compétencespartagés entre divers niveaux degouvernement et les intervenants du secteur public et privé.

LA MONDIALISATION, LA

CULTURE ET LA SOCIÉTÉ : L’ÉTAT

DANS LES CHANGEMENTSDavid Cameron et Janice Gross Stein

La mondialisation rapproche lessociétés, tout en fragmentant et entranscendant les structures socialesauxquelles elle fait face. Ce groupesur les tendances avance les quatrearguments suivants. Premièrement,les incertitudes relatives à la vitesseet à la trajectoire des processuscontemporains de mondialisationsont très grandes. Deuxièmement,la mondialisation est comme une

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fontaine alimentée par plusieurssources. Il se peut que certaines se gorgent plus vite que d’autres et que d’autres encore se tarissent.Troisièmement, même si l’Étatdemeure indispensable dans tousles scénarios imaginables, il doitremettre en question son mandat.Enfin, le groupe arrive à la conclu-sion que l’État peut faire des choixstratégiques importants relative-ment aux ressources à investir dansl’économie, les questions sociales et la culture.

La façon dont l’État répond à la croissance de la mondialisationaura des répercussions importantessur sa capacité à réagir si la mondi-alisation échoue.

CHANGEMENT DE VALEURS

ET RÉORIENTATION DANS LES

RELATIONS ENTRE L’ÉTAT ET

SES CITOYENSNeil Nevitte

Les valeurs des citoyens ont uneincidence sur le fonctionnementdes États démocratiques. Maislorsque ces valeurs changent, lescompétences des citoyens changentégalement. Ce groupe sur les ten-dances présente les donnéesempiriques qui démontrent que laconjugaison des changements destructures et de valeurs a modifiéles rapports que les Canadiennes etles Canadiens entretiennent avecleur gouvernement. Elles montrentégalement qu’un nombre croissantde citoyens sont convaincus de lasurdité de leur gouvernement. Deplus, il y a un grand écart entrel’idée que se fait le pouvoir législatifde son rôle et les attentes descitoyens relativement à leursreprésentants.

LE CANADA ET L’INTÉGRATION

NORD-AMÉRICAINEGeorge Hoberg

Depuis bien avant la Confédération,l’identité nationale du Canada estdéfinie en partie par les liens qu’elleentretient avec les États-Unis. Cegroupe étudie les tendances quiressortent de l’intégration nord-américaine et leurs répercussionssur divers aspects de la vie canadi-enne, tout particulièrement lesaspects économiques et politiques.Il présente le concept de l’intégra-tion, donne un bref historique del’intégration nord-américaine,résume les conclusions des travauxde recherche parus dans ce domaineet souligne les nouveaux thèmes, les répercussions stratégiques, et les besoins en recherche. L’hypo-thèse principale du groupe est lasuivante : les répercussions de cetteintégration continentale n’ont paseu l’envergure escomptée. LeCanada a toujours une marge demanœuvre importante, même dansles domaines stratégiques les plustouchés par l’intégrationéconomique grandissante.

LA RÉGIE DE L’ÉTAT ET LES

POLITIQUES DANS UN MONDE

COMPOSÉ DE MULTIPLES CENTRESDaniel Wolfish etGordon Smith

Ce groupe sur les tendances exa-mine trois aspects de nombreuxcentres de pouvoir ainsi que leursrépercussions sur les politiques et la bonne gestion de l’État. La pro-lifération des intervenants à la ges-tion de l’État et à l’élaboration depolitiques n’est pas un phénomènenouveau. L’État subit constammentdes transformations; il doit sur-

monter les obstacles qui se dressentsur son parcours. Il ne faut pascroire que l’État se retire ou qu’ils’est affaibli. L’État d’aujourd’huijoue un rôle essentiel dans la ges-tion et l’élaboration de politiques.Cependant, au lieu de garantir unréseau exhaustif de sécurité sociale,il a maintenant un nouveau man-dat, notamment celui d’aider sapopulation en matière de com-merce international et de liens sociaux.

LA DIFFÉRENCIATION SOCIALE

AU CANADA : COMPRENDRE

LA DYNAMIQUE ET COMBLER

L’ÉCARTDanielle Juteau

Ce groupe sur les tendances affirmeque la différenciation sociale est unoutil efficace de conceptualisationpour voir les liens qui existent entrela diversité et la polarisation ainsiqu’entre la différence et l’iniquité. Il met l’accent sur les processuséconomiques et normatifs dontdécoule la différenciation sociale au Canada. Il fait état des iniquitésfondées sur l’âge, des critères spatiaux, le sexe et l’ethnicité etexamine les mécanismes qui sous-tendent ces iniquités. Il exploreégalement les liens tissés entre les politiques gouvernementales, la différenciation sociale ainsi que les causes d’iniquité sociale et lesmoyens de la réduire. Enfin, legroupe met de l’avant que la mitigation des différences socio-économiques constitue le meilleurmoyen de dissocier la diversité et la polarisation.

Ces articles sont disponibles sur le siteWeb d’Analyse de politiques à l’adressesuivante : http://qsilver.queensu.ca/~cpp/french/special/xxvi_2.html.

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Un terrain mouvant : une étape à la foisLe 10 octobre 2000, Analyse de politiques a lancé sonsupplément spécial relatif au Projet sur les tendances.Dans le cadre de cet événement, Edward A. Parson,professeur à la John F. Kennedy School of Government,a exposé les résultats obtenus par son équipe derecherche sur les pressions exercées sur l’environ-nement et a discuté de la collaboration qui a eu lieuentre les milieux universitaires et la fonction publiquedans le cadre du Projet sur les tendances. François Guimont, secrétaire adjoint à la Politique du développe-ment économique et régional au sein du Bureau duConseil privé, a mis l’accent sur les obstacles liés à la procédure auxquels faisait face le gouvernementlorsqu’il s’occupait de questions comme celles de l’en-vironnement. Marc Renaud, président du Conseil derecherches en sciences humaines, a qualifié le Projetsur les tendances de modèle novateur dans l’univers du savoir.

LE PROBLÈME CONSTANT DE L’INCERTITUDELors de son intervention, Parson a qualifié l’incertitudede problème constant qui joue sur l’élaboration despolitiques, notamment en matière d’environnement.Parson a indiqué que les décideurs n’avaient pas vraiment idée de la gravité des problèmes écologiqueset ne savaient pas quelles étaient les politiques quedevait suivre le gouvernement, ni même dans quellemesure il était en état de le faire. Pour se rendrecompte des effets de l’incertitude, il suffit de prendrel’exemple suivant. La quantité de gaz s’échappant de chaque automobile au Canada a diminué ces 10 dernières années, mais le gouvernement n’avait pas prévu à l’époque que le nombre de véhicules cir-culant sur les routes allait fortement augmenter. Voilàpourquoi nos décideurs doivent à nouveau se préoccu-per des problèmes posés à l’environnement par les gazd’échappement des automobiles.

Parson a expliqué par ailleurs que les questionsliées à l’environnement revêtent toujours une dimen-sion globale, même si elles s’appliquent à des lieux géo-graphiques bien déterminés. Le fait d’avoir conclu queles enjeux environnementaux sont globaux a amenél’équipe de recherche à convenir qu’il était préférablede traiter ce problème au niveau international. Gui-mont est allé dans le même sens en préconisant quetous les paliers de gouvernement au Canada har-

monisent leurs politiques environnementales similairesde façon à ce que l’on ait une politique environnemen-tale cohérente au niveau national.

LE GRADUALISME : UN PAS À LA FOISIl faut non seulement que les mesures prises en matièred’environnement soient cohérentes, mais Guimont sou-tient en outre que les politiques adoptées doivent êtregraduelles et doivent s’attaquer de manière ponctuelleà un problème précis. Il soutient que les solutionsadoptées graduellement sont les meilleures lorsquel’on agit dans un domaine caractérisé par l’incertitude.Guimont a fait remarquer qu’au lieu d’adopter ce genre de solution, les gouvernements s’en tiennent à des politiques portant sur la procédure à suivre. Guimontenjoint par ailleurs les chercheurs à communiquer lesdonnées et les résultats scientifiques aux décideurs defaçon à ce que ceux-ci puissent « les digérer ». Parsonet Guimont souhaitent tous deux que les décideursreconnaissent qu’il est impossible de ne pas faire d’erreur lorsque l’on traite de questions caractériséespar l’incertitude.

LIENS ENTRE LA RECHERCHE ET LES POLITIQUESMarc Renaud a évoqué la nécessité de recherchesfutures en faisant l’éloge du Projet sur les tendances en tant que modèle novateur d’acquisition de connais-sances par les chercheurs et les décideurs. Les troisorateurs ont convenu que le succès du Projet s’expli-quait par la solidité des liens qui s’étaient créés entreles universitaires et les fonctionnaires.

On a proposé pour renforcer ces liens, d’une partde faire participer à l’échelle du pays les jeunes et lesuniversitaires à ce mécanisme de recherche et, d’autrepart, de mettre en place un mécanisme devant permet-tre aux hauts fonctionnaires d’occuper par roulementdes postes à l’extérieur de la fonction publique. Renauda demandé en conclusion que l’on continue, dans lecadre du Projet sur les tendances, à s’interroger sur lafaçon dont le gouvernement pourra faire face à l’incerti-tude et élaborer ses politiques à l’avenir.

On trouvera davantage de renseignements concernant le Projet sur les tendances sur le site Web d’Analyse de politiques à la rubrique du supplément spécial s’appli-quant au Projet sur les tendances à l’adresse suivantehttp://qsilver.queensu.ca/~cpp/french/special/xxvi_2.html.

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Les sites Web ci-dessous fournissent des renseigne-ments sur divers sujets liés au thème de la Conférencenationale de la recherche sur les politiques de l’an2000, [email protected].

• Le Secrétariat des communications et de la consul-tation a créé un nouveau site Web devant servird’outil d’information aux responsables de la consulta-tion et de la mobilisation des citoyens ou à tous ceuxqui s’intéressent à cette question. Vous pouvez con-sulter sur ce site les travaux relatifs à l’adoption desnouvelles politiques et directives fédérales touchantla consultation et la participation des citoyens,recueillir des informations sur l’ensemble des acti-vités, des événements et de la formation dispensée et disposer des services d’une bibliothèque et denombreux réseaux. On peut se reporter au site Web à l’adresse http://publiservice.pco-bcp.gc.ca/comcon/contentsconsult_f.htm.

• La Table ronde nationale sur l’environnement et l’économie a lancé en août une Initiative d’indica-teurs de développement durable. Ce programmevise à mettre en place au niveau national un en-semble d’indicateurs du développement durable pouvant être utilisés à l’échelle du pays. Ces indica-teurs permettent de prendre en compte les facteursécologiques et sociaux dans le cadre des décisionséconomiques des gouvernements, des entreprises etde la société civile, et de suivre les progrès dudéveloppement durable. Branchez-vous dès main-tenant et suivez les

progrès de cette nouvelle initiative passionnante àl’adresse http://www.nrtee-trnee.ca/fre/programs/SDIndicators/ SDIndicators_f.htm.

• Le groupe d’experts sur les compétences, créé par le Conseil consultatif du premier ministre sur les sci-ences et la technologie, a été nommé pour examinerles questions de compétences dans cinq secteursindustriels stratégiques. Il vient de publier un rap-port intitulé Viser plus haut : compétences et espritd’entreprise dans l’économie du savoir, dans lequelon trouve un ensemble exhaustif de recommanda-tions pour que le Canada puisse continuer à jouer unrôle dans l’économie du savoir. On pourra consulterce rapport et nombre de documents annexes àl’adresse http://acst-ccst.gc.ca/acst/skills/home_f.html.

• Dans le document Vivre à l’abri de la peur : la poli-tique étrangère du Canada et la sécurité humaine,que l’on trouve à l’adresse http://www.dfait-maeci.gc.ca/foreignp/g7/ 2000/humansecuritybooklet-f.asp,le Canada s’efforce de revoir la notion de sécuritéconfiée aux États-nations lorsqu’il s’agit de protégerles gens contre la violence et de définir une politiqueinternationale découlant de cet objectif. Il faut pourcela bâtir un monde au sein duquel les principeshumanitaires universels et l’état de droit protègenteffectivement tous les individus; au sein duquel ceuxqui violent ces principes et ces règles encourent uneresponsabilité; et au sein duquel nos institutionsmondiales, régionales et bilatérales sont en mesurede défendre et de faire respecter ces principes.

Liens canadiens

http://www.socwatch.org.uy/indicators/query.htmLa Base de données sur les indicateurs de développe-ment social de Social Watch est un outil de compa-raisons internationales. On y trouve un ensembled’indicateurs liés au développement économique etsocial des États membres de l’ONU. Elle offre de nom-breuses possibilités de comparaisons et c’est ainsi, parexemple, que l’on peut retracer l’évolution de la morta-lité infantile par rapport à la croissance du PIB ou véri-fier quel est le nombre d’appareils de télévision quepossède chaque habitant de différents pays ou régions.Social Watch est un système de surveillance des ONGvisant à contrôler les engagements pris par les gou-vernements lors du Sommet mondial sur le développe-ment social et de la Conférence mondiale de Beijing surles femmes.

http://www.globalcompact.orgPour élargir leur audience, les Nations Unies, dans lecadre de Global Compact, ont trouvé un moyen nova-teur de s’associer au secteur privé pour se doter encommun d’un ensemble de valeurs et de principes.L’objectif est d’instaurer un marché mondial à visagehumain, en respectant neuf principes dans lesdomaines des droits de la personne, des normes dutravail et du respect de l’environnement. On trouve surce site des études de cas, des outils et des ressources,de l’information sur un programme de récompensesainsi qu’une section traitant des débats et des publica-tions des chercheurs universitaires et des groupes deréflexion.

Dans le Web

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LA PUNITION AU DÉTRIMENT DE

LA PRÉVENTIONLa sécurité publique ne tient qu’àun fil, comme vous le diraient lesvictimes de crimes. Nous pourrionsen faire beaucoup plus pour que leCanada soit plus sécuritaire et pourrendre justice aux victimes en

investissant dans des stratégies de prévention éprouvées.

Malgré une baisse dans lesannées 1990, le taux de criminaliténational, qui avait grimpé lors des trois décennies précédentes,demeure inacceptable. Cette année,selon des rapports de StatistiqueCanada, on s’introduira par effrac-tion dans une plus grande propor-tion de foyers canadiens que defoyers américains ou britanniques.Le taux de meurtres dans les collec-tivités du Nord canadien est compa-rable à celui des ghettos américainsdans les années 1980.

Que s’est-il produit? Nospoliciers sont mieux payés et mieuxformés qu’il y a 30 ans, et ils jouis-sent de meilleures conditions detravail que dans la plupart desautres pays. Grâce au concept depolice communautaire que nous

avons mis de l’avant, les Canadiensont une opinion plus favorable deleurs policiers que les Européens,les Américains ou les Australiens.Nos avocats et nos juges sontindépendants et mieux outillés avec la Charte des droits et libertés.Notre système de justice civile et

criminelle fait l’envie du mondeentier et nos services correctionnelsforment des gardiens de prison auxquatre coins de la planète.

Malheureusement, ce ne sontpas les forces de police, les tri-bunaux ou les services correction-nels qui déterminent le niveau desécurité communautaire, comme l’a démontré récemment un exa-men approfondi des évaluations des mécanismes d’application de laloi et du système de justice pénalemené pour le Congrès américain.Plusieurs pays aux prises avec unehausse vertigineuse du taux decriminalité, notamment la Russie et l’Afrique du Sud, comptent plusde policiers par habitant que leCanada. En seulement deux décen-nies, le nombre d’adultes incarcérésaux États-Unis a triplé pour s’établirà deux millions – pour la plupart

des jeunes hommes provenant demilieux défavorisés – soit un tauxpar habitant huit fois supérieur àcelui du Canada.

VERS DES STRATÉGIES AXÉES

SUR LA PRÉVENTIONPar opposition, on a constaté auxÉtats-Unis, en Europe et en Aus-tralie que les projets de préventionqui se sont attaqués avec succès auxcauses du crime ont permis unebaisse importante de la criminalité.L’analyse subséquente des coûtsassociés à la mise en œuvre de tellesstratégies a confirmé leur granderentabilité. Les gouvernements quisiègent aux Nations Unies s’enten-dent pour dire que ces stratégiesdevraient être largement mises àprofit. L’Union européenne tented’élaborer une politique de préven-tion du crime commune à tous sesÉtats membres. Le résultat des ren-contres internationales de mairesconfirme que la sécurité passe parune approche de prévention com-munautaire. En 2001, la Commis-sion de l’ONU pour la prévention du crime tentera de trouver desmoyens concrets d’obtenir des fonds afin de mettre sur pied desprogrammes communautaires là où le besoin se fait sentir.

Des villes comme Boston aux États-Unis et Newcastle au Royaume-Uni ont réduit de plus de 40 % en 5 ans le nombre descrimes causés par la délinquancejuvénile et urbaine. Leur stratégieétait de mobiliser tous les inter-venants capables de traiter le mal à ses racines. Pour appuyer la luttecontre la criminalité, l’Australie, laNouvelle-Zélande et la plupart despays membres de l’UE ont établides centres de prévention. Ces centres forcent les ministères

Imaginez un Canada plus sécuritaire et plus humain

« Imaginez un Canada où les impôts serviraient autant à prévenir le crime qu’à

entretenir les prisons, où les politiques sur la sécurité publique seraient fondées sur des résultats

attestés plutôt que des émotions, où les querelles de voisinage seraient réglées à l’amiable plutôt

qu’en cour, où les policiers s’occuperaient autant des victimes que des malfaiteurs et où les écoles

de droit mettraient davantage l’accent sur la réparation que sur la punition. Imaginez un Canada plus sécuritaire et plus humain. »

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responsables des écoles, du loge-ment, des services sociaux et descorps policiers à travailler ensemblepour enrayer le problème à lasource. Ils possèdent aussi un bud-get pour aider les villes et les gou-vernements locaux à mobiliser cessecteurs au niveau local afin de lut-ter contre le crime.

LE CANADA TIRE DE L’ARRIÈREAu Canada, nous investissons beaucoup moins d’argent dans desstratégies de prévention du crimeque les 10 milliards de dollars con-sacrés annuellement au systèmecarcéral et à l’application de la loi.Le Conseil national de préventiondu crime, chapeauté par le mi-nistère de la Justice, a un budget de seulement 30 millions de dollars, et seules quelquesprovinces consacrent des fonds à la prévention.

De son côté, le Trésor britan-nique y consacrera 250 millions dedollars, et probablement beaucoupplus d’argent l’an prochain. Cettedécision a été influencée en partiepar les travaux du Centre interna-tional pour la prévention de lacriminalité, un organisme établi à Montréal et financé par les gou-vernements internationaux. Lesfonds britanniques seront affectés à des programmes permettant delutter contre la violence faite auxfemmes, de prévenir les vols rési-dentiels et de réduire la criminalitéchez les jeunes en aidant les adoles-cents à risque à compléter leursétudes. Aujourd’hui, toutes lesmunicipalités du Royaume-Uni ontune stratégie de sécurité commu-nautaire qui incite les écoles, lesservices sociaux, les organismesjeunesse et les corps policiers àidentifier des façons concrètes d’enrayer les causes du crime. Enoutre, 25 millions de dollars serontinvestis pour déterminer la renta-bilité de ces mesures.

Le gouvernement français,quant à lui, va créer 15 000 postesd’intermédiaires communautairespour faire participer les citoyens au système judiciaire. En milieudéfavorisé, il a mis sur pied des« maisons de justice » s’inspirantdes succès obtenus grâce aux pro-jets pilotes réalisés dans des com-munautés canadiennes, notammentà Kitchener et à Waterloo, dans lesannées 1970.

IMAGINEZ UN CANADA…Cette année, le gouvernementfédéral et le gouvernement duQuébec ont commandité le Xe

Symposium international de victi-mologie, qui a eu lieu à Montréal.Durant une semaine complète, plusde 1 300 participants provenant de62 pays ont cherché ensemble denouvelles façons de prévenir lecrime et de promouvoir les droitsdes victimes. Le service de policed’Edmonton, qui a obtenu des prixinternationaux dans les années1980 pour l’aide apportée aux vic-times, accueillera en 2001 la Con-férence nord-américaine surl’assistance aux victimes. LeCanada a joué un rôle clé dans la

Déclaration des principes fonda-mentaux de justice pour les vic-times de la criminalité, qui a étéadoptée par l’Assemblée généraledes Nations Unies en 1985 et quisera au centre des discussions de la Commission de l’ONU pour laprévention du crime en 2002.

Imaginez un Canada où lesimpôts serviraient autant à prévenirle crime qu’à entretenir les prisons,où les politiques sur la sécuritépublique seraient fondées sur desrésultats attestés plutôt que desémotions, où les querelles de voisi-nage seraient réglées à l’amiableplutôt qu’en cour, où les policierss’occuperaient autant des victimesque des malfaiteurs et où les écolesde droit mettraient davantage l’ac-cent sur la réparation que sur lapunition. Imaginez un Canada plussécuritaire et plus humain.

Irvin WallerDirecteur général,Centre international pour la prévention de la criminalité

Pour plus de renseignements, consultezles 100 programmes pour soutenir l’ac-tion à travers le monde, disponibles àl’adresse http://www.crime-prevention-intl.org/francais/programmes/index.html.

Nous recherchons des travaux, idées et connaissances de pointe sur le thème Rassembler les communautés pour les présenter dansle numéro d’Horizons de l’année prochaine qui sera consacré à laconférence nationale de la recherche sur les politiques. Si vous êtesau courant de travaux de recherche horizontale sur les politiquesdignes d’intérêt, veuillez communiquer avec l’équipe de rédactiond’Horizons à l’adresse [email protected], ou téléphoner au(613) 947-1956.

– Des idées – Rassembler les communautés

On recherche...

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La perception générale des dossiers autochtones a-t-elle changée depuis vingt ans? Comment l’opinionpublique affecte-t-elle les politiques en cette matière?Pour répondre à ces questions, le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien a parrainé un colloquequi a eu lieu le 19 juillet 2000. Trois rapports derecherche préparés par Rick Ponting, professeur de sociologie à l’Université de Calgary, ont alors fait l’objet de discussions.

Le premier rapport, intitulé Public Opinion on Aboriginal Issues, 1976-98: Continuity, Change,Cohorts and Communications, présente une analysedes changements survenus au cours des vingt dernièresannées et propose des stratégies de communicationpour susciter un débat public sur les questions autoch-tones. Cette recherche révèle que l’opinion estdemeurée remarquablement stable depuis 1976, l’appuide la population ne s’étant renforcé que légèrementdans la plupart des dossiers, y compris la protection de la culture autochtone et le recours aux poursuites etaux barricades pour régler les désaccords. On remarquepar contre une légère baisse du nombre de ceux etcelles qui croient que les revendications territorialessont motivées par un souci d'équité. M. Ponting faitaussi état du peu de connaissances des personnes inter-rogées durant cette période au sujet des questionsautochtones en général.

Pour mieux sensibiliser la population, M. Pontingprône une publicité télévisuelle axée sur l'incidence des politiques sur les individus. Il suggère, par exemple,de recueillir des témoignages dans des villes commeVal d’Or ou encore de faire valoir le bien-fondé des politiques pour conserver la culture autochtone et en favoriser l'expression.

Dans son deuxième rapport, The Political Process-ing of Public Opinion Data on Aboriginal Issues in the Governments of Canada, British Columbia andAustralia, M. Ponting tente d'appliquer les conseilsd’Herbert Blumer qui, en 1948, avait suggéré de « com-mencer par la fin », c’est-à-dire de prendre commepoint de départ l'opinion exprimée par la population,puis de scruter les différents courants d'expression.

À l’aide d’entrevues menées en Australie et auCanada, M. Ponting a entrepris de faire la lumière sur

les interventions gouvernementales et de retracer la source du débat public. Conclusion : même si lesdécideurs consultent souvent les sondages d'opinion, ils s’en servent davantage pour légitimer leurs politiquesque pour éclairer leurs décisions. Selon l’auteur, ils neles utilisent pas tant pour jeter les bases d’un débatpublic que pour soutenir les politiques présentées à la population.

M. Ponting termine toutefois sur une note positive.Dans son troisième rapport (Multiple Points of Light), il soutient que les Canadiens devraient se montrer plusoptimistes concernant le sort réservé aux collectivitésautochtones. Depuis la publication du livre blanc de1969, le contexte sociologique touchant les Autoch-tones s’est passablement transformé, et en déployantplus d’efforts, on peut réussir à réformer le système de manière substantielle.

Pour plus d’information veuillez consulter First Nations inCanada: Perspectives on Opportunity, Empowerment, andSelf-Determination, sous la direction de Rick J. Ponting,Whitby, Ontario, McGraw-Hill Ryerson, 1997.

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L’opinion publique face aux politiques autochtones

Le coin du livre

L’Observateur internationalde la productivitéL’Observateur international de la productivité est un nouveau périodique publié par le Centred’études des niveaux de vie. Cette publication apour objet de faire valoir l’importance de la pro-ductivité dans l’amélioration des niveaux de vie et de la qualité de vie. L’Observateur publie deuxfois par an des articles de chercheurs éminentssur les questions de productivité, les tendances et les progrès au Canada et ailleurs; il sert ausside forum de discussion international sur les questions relatives à la productivité.

L’Observateur international de la productivité estdisponible à http://www.csls.ca.

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Partout au Canada

Un carrefour d’information et de savoirs stratégiques endéveloppement économiqueConvaincue de la nécessité de stimuler le développe-ment de connaissances de pointe en développementéconomique, notamment en ce qui a trait aux enjeux et défis que pose la nouvelle économie, l’Agence dedéveloppement économique du Canada pour les régionsdu Québec esquissait, en 1998, le projet de se doterd’un mécanisme de veille stratégique permettant delire les tendances socio-économiques.

Quelque deux ans plus tard, non seulement l’Ob-servatoire de Développement économique Canada a-t-ilvu le jour, mais une quinzaine de projets de veille et derecherche et autant d’activités de diffusion, d’intégra-tion et de transfert ont été complétés ou sont en voie de l’être. Aujourd’hui, l’Observatoire se définit de plusen plus comme un lieu d’analyse des problématiques et des besoins des acteurs de la nouvelle économie etun outil de développement, d’intégration et de diffusiondes connaissances de pointe.

C’est pour participer activement au développementéconomique du Québec que l’agence porte autant d’at-tention à l’anticipation des changements à venir, à l’identification des nouveaux enjeux et à la mise enplace des conditions qui permettront aux entreprises et aux régions de se doter des capacités nécessaires àleur développement dans le contexte d’une économietoujours en changement. Les principales activités derecherche de l’Observatoire sont en lien avec la nou-velle économie et abordent des thématiques telles l’in-novation et la productivité, les nouveaux facteurs de

développement pour les petites et moyennes entre-prises (PME), le commerce électronique, les nouvellestechnologies de l’information et des communications, la société de l’information, la métropolisation et les fac-teurs déclencheurs de la croissance dans les PME.

D’ailleurs, l’Observatoire, en collaboration avec l’Institut de recherche sur la PME de l’Université duQuébec à Trois-Rivières participera à la troisième Con-férence nationale de la recherche sur les [email protected]. Les chercheurs exposeront leurpoint de vue sur les enjeux stratégiques des PME dansun contexte globalisé et l’Observatoire abordera la ques-tion des nouvelles pratiques publiques à cet égard.

Pour les gouvernements, les nouveaux enjeux auxquels se confrontent les PME nécessitent la mise au point d’une nouvelle instrumentation publique endéveloppement économique régional. Celle-ci devranotamment concevoir des objectifs et des cibles d’ac-tion adaptés aux enjeux stratégiques des PME. Ces nouveaux instruments devront viser prioritairement le développement de l’environnement d’affaires et descapacités organisationnelles des entreprises. Ces nou-veaux instruments devront miser sur l’expérimentation,la démonstration et l’exemplarité des pratiques ainsique s’appuyer sur des initiatives émanant d’associa-tions, d’institutions et de réseaux de PME.

Pour en savoir davantage sur les travaux de l’Observatoire et sur les activités auxquelles il participe, voir : http://www.dec-ced.gc.ca/fr/4-2.htm#observ.

Le Canada : Un état d’esprit« Le savoir étant la pierre detouche de la compétitivité et lemeilleur moyen de lutter contreles inégalités au Canada, on serend compte aujourd’hui quepour promouvoir à la fois lacompétitivité économique et lacohésion sociale du Canada, ilfaut avant tout que notre sociétés’engage à l’avenir à promouvoir

son capital humain. […] le nou-vel ordre mondial s’applique in-trinsèquement aux populations,aux citoyens et non auxressources ou aux capitaux ou aux territoires. Si nous pri-vilégions l’avenir économique et social de nos citoyens, lesautres politiques devant nous permettre de prospérer à l’ère

de l’information s’imposerontautomatiquement. » [Traduction]

Pour plus de renseignements, sereporter à l’étude de Thomas Courch-ene, A State of Minds: Canada in theInformation Era, École d’études poli-tiques de l’Université Queen’s, docu-ment de travail 10, 21 octobre 2000,à l’adresse http://SPSpapers.net.

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LES ÉCHECS DE LA MONDIALISATIONBeaucoup trop de gens sont pauvres dans le monde.Pourtant, la richesse est de plus en plus concentrée, et dans des proportions énormes, ce qui ne fait qu’ac-centuer les disparités économiques dans un mondedevenu injuste et peu sécuritaire. Les conflits engen-drent la misère et la mort dans le monde entier. Lesarmes de destruction massive représentent une menacepour nous tous, et trop nombreux sont ceux et cellesqui vivent dans la crainte des armes dites légères. Leclimat se réchauffe, changeant au passage notre habitatnaturel et notre façon de vivre. Ce sont là autantd’échecs qui nous incitent à améliorer notre façon denous gouverner, en grande partie à cause de notre inca-pacité à atténuer les dommages et les inégalités de lamondialisation, et aussi de la croissance de la popula-tion et des pressions qui s’exercent en conséquence sur l’environnement.

La mondialisation tend non seulement à intégrerles pays et les sociétés, mais aussi à les briser, par despolitiques de sécession et par la division des généra-tions et des croyances, et c’est contre cet obstacle quel’on se bute dès qu’il est question de gouvernance. Elledonne du pouvoir à certains et appauvrit les autres, quise traduit principalement par un affrontement des cul-tures que bon nombre de gens dans le monde associentà une lutte entre Hollywood et la diversité, entre la con-sommation et l’identité.

Aujourd’hui, une bonne gouvernance exige lareconnaissance de trois des éléments clés de l’actuelprocessus de mondialisation :

• Intérêts – La mondialisation n’est pas inévitable. Onpeut l’influencer, et même la renverser. Les forces encause sont en bonne partie soutenues par de puis-sants intérêts, à la fois privés et publics, dont il fauttenir compte si l’on veut mettre en pratique unemeilleure gouvernance.

• Équité – Malgré toutes les possibilités qu’elle offre, la mondialisation a creusé les écarts existants et créé de nouvelles inégalités. L’interdépendance quien découle a des effets radicalement opposés : alorsque certains prospèrent grâce à elle, d’autres ensouffrent. Une meilleure gouvernance implique une meilleure répartition des coûts et des avantagesde la mondialisation.

• Gouvernance – La mondialisation fait fi de l’État,mais souligne en même temps son rôle essentiel àl’égard de la gestion des biens publics. Elle limite

l’autonomie des politiques. Mais pour ce qui est desgrands objectifs de la gouvernance (assurer la paix,atténuer la pauvreté, établir une harmonie socialeéquitable et protéger l’environnement), la mondiali-sation dote les États de nouvelles capacités et d’unenouvelle légitimité leur permettant d’agir bien au-delà de leurs frontières nationales.

À PROBLÈMES COMMUNS, SOLUTIONS COMMUNESLa mondialisation met l’État au défi et exige davantagede lui. Toutes nos institutions de gouvernance sont àrisque dans le désordre apparent de ce processus. L’unedes caractéristiques les plus frappantes de la mondiali-sation à l’heure actuelle est qu’elle fait échec aux tenta-tives des États de gérer leurs propres affaires. Aucund’eux, pas même les superpuissances, ne peut à lui seulprotéger ses citoyens contre les conflits, le changementclimatique, les effets dévastateurs du trafic de drogueou l’agitation causée par les crises financières qui sur-viennent de l’autre côté du monde. Nous habitonsmaintenant une planète où nos problèmes les plusgraves deviennent vite des problèmes communsexigeant des solutions communes, c’est-à-dire une collaboration entre les États et les organisations inter-nationales, les ONG, les entreprises et d’autres orga-nismes dans les alliances plus ou moins bien définies qui caractérisent notre façon de gouverner.

La gouvernance passe nécessairement par ladémocratie. Les citoyens ont de plein droit voix auchapitre dans les institutions qui régissent leur vie, qu’il s’agisse de leur propre législature ou de l’Organisa-tion mondiale du commerce. En fait, la mondialisationdes communications fournit aux citoyens l’informationet les moyens dont ils ont besoin pour l’accepter ou larefuser. Par définition, une meilleure gouvernance signi-fie plus de transparence, une plus grande obligation derendre des comptes et une participation plus active dela population aux décisions importantes.

LES DÉFIS MONDIAUX DE L’AVENIRPour illustrer certains échecs dangereux de la gou-

vernance, penchons-nous sur trois grands défis mondi-aux et sur les mesures qu’ils exigent :

• Prévenir les conflits meurtriers – Que ce soit entre les pays où à l’intérieur de ces derniers, ouencore qu’il s’agisse de la menace sans frontière du terrorisme, ce défi exige que nous comprenionsautrement, et mieux, la norme émergente de l’inter-vention humanitaire et son rapport à la souverai-neté. Il faut également procéder à une réforme

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Pour une gouvernance novatrice : un examen de conscience

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immédiate des opérations des Nations Unies pour,notamment, donner au secrétaire-général le pouvoird’annoncer l’imminence d’un conflit, restreindre lerecours au droit de veto de la part des cinq membrespermanents du Conseil de sécurité, accroître lacapacité de l’ONU de déployer des forces policières,des Casques bleus et, si nécessaire, des troupes decombat afin de prévenir ou de faire cesser les bainsde sang et ensuite rétablir la paix.

• Offrir des possibilités aux jeunes – Comme on s’at-tend à ce que la population passe de 6 à 8 milliardsd’habitants au cours des 25 prochaines années, ilfaut dès à présent trouver une série de mesures prag-matiques à prendre pour offrir des possibilités et desemplois aux jeunes. Ces mesures consistent notam-ment à soustraire les enfants à l’épidémie de SIDA, àoffrir une éducation de base à tous les jeunes, à éten-dre l’accès à Internet et à adopter des règles sévèrespour assurer la protection de la santé des jeunes enexerçant un contrôle international de l’industrie dutabac et en mettant fin progressivement à la vente del’essence au plomb.

• Gérer les nombreuses causes du changement clima-tique dans le monde – Gérer et atténuer le change-ment climatique est à la fois une obligation collectiveet une belle occasion d’agir. Le succès de la mise enœuvre d’une stratégie mondiale visant à réduire l’ef-fet de serre repose sur la conclusion, entre les paysriches et les pays pauvres, d’un « marché d’enver-gure » qui devra promouvoir un développement

accéléré et durable. Les termes en ont été définis au Sommet de la Terre à Rio et dans le protocole de Kyoto. Il ne manque plus maintenant que lavolonté d’agir.

Ce sont là les trois thèmes urgents que devrontaborder les chefs de gouvernement du monde entierpour être en mesure de relever les défis du XXIe siècle.Les obstacles au progrès sont nombreux : de l’intran-sigeance des groupes d’intérêts aux idéologies, en

passant par les faiblesses des insti-tutions. Nous devons égalementporter une attention particulière aux risques de la « coexistence pacifique » c’est-à-dire négliger lesproblèmes en se donnant commeexcuse qu’ils sont insolubles. Ceserait faire preuve de naïveté, voiremême de folie, que de croire qu’iln’y a rien à faire.

UNE NOUVELLE APPROCHE DITE

DE RÉSEAUIl ne s’agit pas d’un argument enfaveur d’un gouvernement mondial.Au contraire, la dynamique de lamondialisation a tout pour favoriserla décentralisation des pouvoirs versceux qu’elle touche le plus et ceuxqui travaillent le plus efficacement.

Le principe directeur devrait être de concentrer lesénergies sur les paliers mondial, régional, étatique etsous-étatique, et sur les réseaux qui les relient. En effet,la structure du pouvoir de la présente mondialisationprend davantage l’aspect d’une série de réseaux que dehiérarchies. Les Nations Unies doivent être au centre detoute nouvelle démarche à entreprendre. Le système del’ONU constitue un lien naturel vers ces réseaux de gou-vernance — une banque de connaissances, un endroitoù plaider les causes et se faire entendre en toute jus-tice, une source de légitimisation des actions des États.Il est grand temps de réorienter les grandes énergies dela mondialisation vers un meilleur avenir commun.

Gordon SmithDirecteur,Université de Victoria

Pour plus d’information, voir Gordon Smith et Mosés Naím,Des États remaniés, Centre de recherches pour le développe-ment international, Ottawa 2000, disponible à l’adresse sui-vante : http://www.idrc.ca/acb/showdetl.cfm?&DID=6&Product_ID=527&CATID=15.

« Il ne s’agit pas d’un argument en faveur d’un gouvernement mondial […] Le principe

directeur devrait être de concentrer les énergies sur les paliers mondial, régional, étatique et

sous-étatique, et sur les réseaux qui les relient […] Les Nations Unies doivent être au centre

de toute nouvelle démarche à entreprendre. Le système de l’ONU constitue un lien naturel vers ces réseaux de gouvernance — une banque de

connaissances, un endroit où plaider les causes et se faire entendre en toute justice, une source

de légitimisation des actions des États. »

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L’équipe d’Horizons aimerait attirervotre attention sur les trois contri-butions majeures suivantes enmatière de recherche sur les poli-tiques au Canada.

PROMOTION DE

L’AUTOSUFFISANCELe projet d’autosuffisance est unprojet pilote visant à apporter uneaide financière aux personnes àfaible revenu tout en les incitant àaccepter et à rechercher de nou-veaux emplois.

Plus de 5 000 chefs de famillesmonoparentales prestataires à long terme de l’assistance sociale au Nouveau-Brunswick et enColombie-Britannique ont étérépartis au hasard en deux groupes.Les membres de l’un des groupesont touché des suppléments derevenu venant compléter le revenutiré d’un nouvel emploi et diminu-ant progressivement à mesure queleur revenu augmentait; les autresmembres faisaient partie d’ungroupe témoin. Des sous-catégoriesont par ailleurs été établies afin d’évaluer les répercussions des services liés à l’emploi et les modifi-cations du comportement des nou-veaux demandeurs de l’assistancesociale du fait de l’introduction dece programme.

L’étude des effets de ce pro-gramme n’en est encore qu’à sesdébuts. Toutefois, les premiersrésultats donne à penser qu’unestratégie de rémunération du travailassociant des mesures incitativesfinancières à l’obligation d’occuperun emploi peut être triplementbénéfique. Dans le cadre de ce pro-jet, les chefs de familles mono-parentales prestataires d’une aideau revenu à long terme ont étédeux fois plus nombreux à accepterun emploi à temps plein. Le revenu

de ces familles pauvres a augmenté,ce qui a permis d’éviter largementles conséquences de la pauvretépendant la période de versementdes suppléments de revenu. Il peuten résulter des économies pour legouvernement étant donné que lecoût du versement des supplémentsde rémunération dans le cadre duprojet d’autosuffisance est partielle-ment compensé par les économiesd’aide au revenu réalisées et par lesrecettes fiscales supplémentairesenregistrées au titre de l’impôt surle revenu. Les suppléments versésainsi que les gains des participantssont imposables alors que lesprestations d’aide au revenu ne lesont pas.

On trouvera une description plusdétaillée du projet sur le site Web de laSociété de recherche sociale appliquéeà l’adresse http://www.srdc.org/french/projects/SSP.htm.

ÉQUITABLE OU NON? – C’EST

LA QUESTION QUI SE POSEDans l’étude Taxing CanadianFamilies: What’s Fair, What’s Not,Carole Vincent et Frances Woolleyexaminent la fiscalité appliquée auxfamilles canadiennes.

L’étude porte sur trois grandsdomaines de la fiscalité et de l’é-conomie familiale :

• la prise en compte par la fiscalitédu coût et des responsabilités dusoin des enfants;

• jusqu’à quel point les pro-grammes liés à l’enfance permet-tent de fournir des paiements detransfert raisonnables auxfamilles à faible revenu sans met-tre une pression indue sur leurtaux d’imposition marginal;

• la prise en compte de l’organi-sation choisie par la famillelorsqu’on évalue sa capacité à payer l’impôt sur le revenu.

Se basant sur les principes de l’équité et de l’efficience écono-mique, l’étude de Vincent et deWoolley nous révèle que le réta-blissement d’un programme uni-versel de prestations pour lesenfants permettrait de reduire l’effet pervers découlant du tauxmarginal élevé que doivent payerles familles à faible revenu ayantdes enfants.

On trouvera l’étude sur le site Web del’Institut de recherche en politiquespubliques à l’adresse http://www.irpp.org/fr/ index.htm.

UN INDICE DE VULNÉRABILITÉDans une publication regroupantdivers documents d’étude, DouglasWillms examine de manièreexhaustive la question cruciale desenfants vulnérables. Cette étude apour titre : Vulnerable Children:Findings from Canada’s NationalLongitudinal Study of Childrenand Youth.

On a utilisé dans cetterecherche les chiffres tirés de l’é-tude longitudinale nationale demanière à contribuer à la mise enplace d’un profil démographiquedes enfants vulnérables et à réper-torier les principales caractéris-tiques du milieu familial, scolaire et communautaire qui contribuentau développement harmonieux desenfants. L’un des principaux résul-tats de cette recherche a été la mise en place d’un indice devulnérabilité au Canada, partantdes failles enregistrées au niveau du développement et du comporte-ment des enfants. Les résultats con-tredisent l’idée reçue selon laquelleles enfants à risque proviennentgénéralement de familles à faiblerevenu. Certes, les revenus jouentun rôle, mais une foule d’autres fac-teurs revêtent plus d’importance,

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Prix pour contribution exceptionnelle à la recherche

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« La croissance des villes canadiennes est influencéepar les phénomènes mondiaux, notamment les migra-tions internationales, les flux de capitaux et l’apparitiond’une division internationale de la main-d’œuvre. Cestendances soulignent l’importance grandissante desvilles-régions à l’échelle internationale, mais l’apparitionde ces rôles de type nouveau peut aussi poser des pro-blèmes, par exemple en intensifiant la concurrenceentre villes, en faisant disparaître au sein des grandesvilles canadiennes des relations socioéconomiquesinternes traditionnelles, en donnant naissance à unepolarisation sociale et à des tensions interculturelles et en entraînant des répercussions écologiques dues à la croissance urbaine à la fois au niveau de l’écologierégionale et mondiale. Il est urgent d’effectuer davan-

tage de recherches et d’apporter de meilleures réponsespolitiques à ces questions et à ces problèmes nouveauxou en voie d’apparition, notamment en accordantdavantage de pouvoir de décision aux élus des grandesagglomérations, en renforçant les pouvoirs des munici-palités pour leur permettre de jouer leur rôle essentielau niveau international et mondial, en étudiant la possi-bilité d’instaurer une coopération entre les villes et ens’engageant à effectuer des recherches concernant lesrépercussions de la mondialisation sur les villes-régionscanadiennes. » [Traduction]

Thomas A. Hutton, « Globalization and Canadian Cities: Issuesand Opportunities », communication présentée lors de la Con-férence nationale de la recherche sur les politiques de l’an2000, [email protected], 30 novembre et 1er décembre 2000.

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La mondialisation : difficultés et opportunités

Toronto : la création d’une communauté régionale

Les villes canadiennes

« La ville de Toronto nous fournit une étude de casintéressante lorsque l’on se penche sur certains pro-blèmes d’administration auxquels sont confrontées lesvilles-régions à l’ère de la mondialisation. D’un point devue politique et économique, l’Ontario est dominé parune conurbation : Toronto et ses villes dortoirs. En fait,on peut considérer que l’agglomération torontoise s’é-tend à tout le sud de l’Ontario. Récemment, les ques-tions d’environnement et de qualité de vie ont étéappelées à jouer un rôle dans la planification de larégion. L’opération de décentralisation et de restitutiondes pouvoirs est largement en cours en Ontario. Larégion du sud de l’Ontario est l’une des plus urbanisées

en Amérique du Nord et elle est au cœur de l’économieindustrielle du Canada (environ 50 % de celle-ci). Lamondialisation est à la fois une source de difficultés etun atout pour les régions urbaines. Elle exige la créa-tion de villes-régions fortes en mesure d’intervenir defaçon décisive face à l’étalement urbain, aux besoinsd’infrastructures et aux préoccupations sociales et envi-ronnementales qu’elle entraîne. » [Traduction]

Kevin S. Hanna et Anjala Puvananathan, « Divestment andDevolution, Globalization and the Needs of the New CityState: A Case Study of Ontario », communication présentéelors de la Conférence nationale de la recherche sur les poli-tiques de l’an 2000, [email protected], 30 novembre et1er décembre 2000.

notamment le niveau d’instructionde la mère, la cohésion familiale etla mesure dans laquelle les parentss’associent à la vie de leurs enfantsà l’école et dans leur quartier.

Les études ont montré que cequi importait avant tout, c’est que

l’enfant soit pris en charge tout aulong de la journée par des adultesaimants et responsables, dans uncadre offrant des moyens d’appren-tissage. Au vu de ces recherches, les stratèges, et la société dans sonensemble, se doivent d’associer lavulnérabilité des enfants moins à

la pauvreté et aux familles mono-parentales qu’au cadre dans lequelles enfants sont élevés.

On trouvera les rapports de recherchesur le site Web du Canadian ResearchInstitute for Social Policy à l’adressehttp://www.unb.ca/crisp/pubs.html.

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Le Comité consultatif sur l’appren-tissage (CCA) pour les politiqueslancera une série de produits à la Conférence nationale de larecherche sur les politiques del’an 2000 pour doter le secteur des politiques de meilleurs moyensd’action et y favoriser l’apprentis-sage, notamment le Profil des compétences et le Cadre d’appren-tissage, qui formeront la base desfuturs travaux du CCA au niveau de l’apprentissage et du perfection-nement professionnel des cher-cheurs en politiques.

POURQUOI AVONS-NOUS

ENTREPRIS CE PROJET?L’un des grands principes de la réforme de la gestion au sein dusecteur public canadien est que legouvernement a un rôle à jouerdans l’économie et la société, maisce rôle doit s’inscrire dans la moder-nité. Le secteur des politiques doitdonc acquérir les compétencesessentielles qu’il lui faut pourinformer les décideurs des options,des avantages et des répercussionsdes choix actuels et futurs, et ce,afin que tous les Canadiens en profitent.

LES DÉFIS QUI ATTENDENT LES

CHERCHEURS EN POLITIQUESIl est difficile de définir la notion de « chercheurs en politiques » car elle fait intervenir les compé-tences et les talents de diverses professions; on trouve donc parmiles chercheurs en politiques desgens provenant des horizons lesplus divers.

« L’élaboration des politiques »est aussi une manière de réfléchirdans une optique stratégique. Dansl’élaboration des politiques intervi-ennent la nécessité et la capacité de

gérer des intérêts multiples, desautorités partagées, des partena-riats et des relations. C’est aussi lacapacité de trouver des solutions en intégrant des vues diverses, desanalyses et des intérêts divers, dansun contexte de relations en évolu-tion au sein de l’économie et de lasociété. Des politiques bien faitesfont appel à l’excellence —recherche, rédaction, processusdécisionnels — et exigent un per-sonnel chevronné.

LES NOMBREUX DÉFISDans la foulée de l’examen des pro-grammes, les ministères s’adaptentaux nouveaux mandats et méca-nismes de prestation, et à la néces-sité constante d’une plus grandeefficacité, d’une plus grande clartédes rôles et responsabilités et del’innovation dans les processusdécisionnels. Les défis qui atten-dent les ministères sont entreautres les limites au niveau desressources et des moyens d’action,l’évolution des intérêts des diverspartenaires, l’horizontalité et lacomplexité accrues des problèmes.

Les chercheurs en politiquesdoivent également être en mesurede voir venir les changements dansleur univers, et ils doivent aussiavoir les moyens de s’adapter à detels changements contextuels, cequi leur impose entre autres lanécessité d’avoir une vision plusprospective, de partager lesdossiers, la nécessité d’avoir desleviers d’influence et non de pou-voir, et de s’adapter aussi à l’évolu-tion du capital humain et de laconfiance, aux changements tech-nologiques, à l’apparition de nou-veaux acteurs dans les diversdossiers, aux défis que posent lagouvernance et la démocratie, etainsi de suite.

LE PROFIL DES COMPÉTENCESIl s’offre aux chercheurs en poli-tiques une vaste gamme de compé-tences et de comportements quileur permettent de relever les défismodernes. Un profil des compé-tences peut être considéré commeun sommaire des compétencesessentielles et de comportementsque l’on doit trouver chez les personnes ou dans les équipes.

Le Profil des compétences pourle secteur des politiques fait inter-venir trois rôles différents chez leschercheurs : les spécialistes, lesgénéralistes ou intégrateurs, et lesgestionnaires, chacun s’appuyantsur un ensemble générique de com-pétences mais qui s’appliquent dif-féremment dans chaque contexte. Ilne s’agit pas de fonctions étanches;le personnel chargé de l’élaborationdes politiques joue souvent desrôles différents. Les compétences etcomportements à l’intérieur de cesrôles clés constituent des élémentsessentiels de l’excellence dansl’élaboration des politiques.

Les trois éléments du Profil descompétences sont :

• les compétences génériques quel’on trouve chez les spécialistes,les généralistes ou intégrateurs etles gestionnaires;

• les comportements génériquesmais qui s’appliquent différem-ment aux trois rôles;

• les profils comportementauxdétaillés de chacun.

Les indicateurs comportemen-taux sont axés sur les pratiquesexemplaires, comme en témoignentles caractéristiques des employésles plus productifs. On peut ainsidéfinir ces compétences et les com-

Profil des compétences et Cadre d’apprentissage

Chroniqueur invite

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portements qui les accompagnentde la manière suivante :

• les éléments qui contribuent à la gestion optimale des dossiers;

• les équipes existantes à l’interneou à l’externe ou les personnestalentueuses que l’on peutrecruter au fur et à mesure quel’on acquiert de nouvelles com-pétences;

• et il s’agit d’un objectif de rende-ment et non de critères ou denormes de perfection.

LES APPLICATIONS DU PROFIL

DES COMPÉTENCESLe Profil des compétences a de

nombreuses applications, incluant :

• Application personnelle – « con-nais-toi toi-même » : On trouveune application immédiate de ceprofil, et du Cadre d’apprentissagequi y est associé, au perfection-nement professionnel des gens.Ce cadre présente des normesd’autoévaluation aux fins de l’ap-prentissage personnel, ce qui aideles chercheurs en politiques àévaluer leurs points forts et leurspoints faibles et à déterminer lesmeilleurs moyens d’accroître leurscompétences ou leurs capacités sibesoin est. Le Cadre d’apprentis-sage donne aussi des indicationssur la manière d’acquérir descompétences.

• Planification de carrière : Lesprofils de compétences peuventrehausser la spécificité du con-cept de « planification de car-rière », chose que les gens ontsouvent du mal à « visualiser ».Le Profil peut aider les gens àplanifier ou à faire des choix decarrière : par exemple, éviter lasurspécialisation dans certainsdomaines, ou acquérir les com-pétences manquantes dans lessecteurs de haute priorité tout enprofitant des avantages compara-tifs, ce qui permet aux intéressésde mieux saisir les possibilitésd’apprentissage.

• Application généralisée : Lescomportements identifiés pourles trois rôles valorisent les « pra-tiques exemplaires » appliquées à l’élaboration des politiques. Enprivilégiant les comportements au lieu de la « connaissance desdossiers », on peut favoriser l’ex-cellence dans l’édification deséquipes, favoriser l’excellencedans la gestion des dossiers etrepenser la manière dont on va-lorise les ressources humaines etle leadership.

• Une culture d’apprentissage etde formation généralisée : Ceprofil, qui tient expressémentcompte des rôles différents, peutdémontrer aux spécialistes la

valeur de l’intégration et des com-pétences en matière de gestiondes problèmes, démontrer auxgénéralistes la valeur des spécia-listes et des compétences enmatière de gestion des problèmeset démontrer le danger qu’il y a à faire carrière dans un seuldomaine ainsi que la nécessitéd’acquérir la vaste gamme decompétences qui sont nécessairesà l’élaboration des politiques.

CONCLUSIONEn conclusion, le Cadre révèle lanécessité de valoriser et d’intégrertous les intrants dans le processusd’élaboration des politiques, l’im-portance d’être exposé à uneapproche généralisée en début decarrière dans le but d’acquérir descompétences de gestion et l’effetrédhibitoire de la gestion en vaseclos pour l’élaboration de politiquesde qualité.

Lori RidgewayDirectrice générale,Pêches et océans Canada

On peut trouver des détails sur le Profildes compétences et le Cadre d’appren-tissage (notamment les outils d’auto-évaluation) à : http://learnet.gc.ca/.

ISUMA No 3Le capital socialLa notion de capital social renvoieaux liens, aux réseaux et auxnormes qui facilitent l’action collective. On constate de plus en plus que ces caractéristiquessociales ont des répercussionsimportantes sur la prospérité, lasanté et le bonheur de chacun.

Dans le troisième numérod’Isuma : Canadian Journal of Policy Research/Revue canadi-enne de recherche sur les poli-tiques, qui doit paraître à la finjanvier, un certain nombre d’ex-perts canadiens et internationauxfont le point de ce que l’on sait ausujet du capital social, de ses élé-

ments constitutifs et de ses réper-cussions.

Collaborateurs : MichaelWoolcock, Robert Putnam, RéjeanLandry, Tom Schuller, J. DouglasWillms, Gerry Veenstra, VincentLemieux, Sylvain Côté, TakashiOmori et Edward Glaeser.

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Le ministère des Services communautaires et sociauxde l’Ontario a tenu un forum le 20 septembre 2000dont l’objectif était de faire le point sur les pratiquesexemplaires en matière de gestion du savoir. La fonc-tion publique de l’Ontario voulait profiter de cette discussion pour enrichir les travaux de ses propreschercheurs en politique.

On s’est rendu compte au cours de la journée queles intervenants donnaient des sens divers à l’expression« gestion du savoir ». Pour certains, la gestion du savoirdésigne l’application de la technologie de l’informationpar la création de bases de données et de logiciels quipermettent de diffuser une vaste gamme d’informationsà l’intérieur d’une organisation. Pour d’autres, il s’agitd’une culture organisationnelle qui valorise le savoir ets’en sert pour hausser la qualité des décisions. Au seindu gouvernement fédéral, l’expression coiffe les diversesinitiatives qui ont été entreprises au cours des cinqdernières années pour améliorer les facultés décision-nelles de l’État. Nous allons traiter de ces diverses signi-fications dans les paragraphes qui suivent.

LA GESTION DU SAVOIR AU SEIN DU

GOUVERNEMENT FÉDÉRALSi l’on en croit Alan Nymark, sous-ministre d’Envi-ronnement Canada, et Michael Keenan, directeur des stratégies au Secrétariat de la recherche sur lespolitiques, le Projet de recherche sur les politiques dugouvernement fédéral a pour objet de prendre connais-sance de l’état des lieux et d’encourager une réflexion à long terme en matière de politiques. Les chercheursdoivent ainsi comprendre les tendances économiques,technologiques et sociales qui vont influencer les poli-tiques publiques. Certaines tendances sont prévisibleset graduelles alors que d’autres sont imprévisibles etsoudaines. La recherche sur les politiques a donc pourobjectif de cerner les faits qui peuvent servir de pointde départ à tous.

En marge de ces observations sur le Projet, Nymarka parlé de la recherche sur les politiques qui se pratiquedans les ministères et a fait état de l’expérience qu’il aacquise dans les diverses divisions chargées de la for-mulation des politiques. Dans chaque ministère, il acréé un service de recherche dont tous les membresdétenaient un doctorat. Le gros de la recherche étaitconfié à des universitaires contractuels. Nymark estd’avis que la recherche à contrat devient très rentable

si celui qui la commande détient un doctorat et s’il enrésulte une publication arbitrée. Keenan a abordé poursa part la gestion des grandes équipes de recherche universitaires et multidisciplinaires, défi qui se compareà celui qui consiste à contourner les silos organisation-nels du gouvernement. Il a souligné lui aussi l’impor-tance de la diffusion des résultats des recherches dansles publications, aussi bien imprimées qu’électroniques,et dans les conférences.

L’expérience du gouvernement fédéral soulève desquestions intéressantes pour la fonction publique del’Ontario, dont les capacités analytiques ont longtempsété jugées égales à celles de la plupart des autres fonc-tions publiques du Canada. La fonction publique del’Ontario a vu se rétrécir ses capacités analytiques par suite des compressions et de la nouvelle prioritéaccordée à l’amélioration de la gestion. Le gouverne-ment de l’Ontario cherche maintenant à freiner l’éro-sion de ses capacités analytiques en prenant desinitiatives comme celles du ministère des Services communautaires et sociaux, Policy Matters!, et un programme de stages qui vise à attirer les jeunes talents dans la fonction publique.

L’EFFET BAGEL : L’INCIDENCE DE LA TECHNOLOGIE

DE L’INFORMATIONLe professeur Paul Hoffert a fait le point sur les effets de la technologie de l’information. Il constate qu’ellefragmente les grandes organisations, les grands États etle contrôle central en faveur des réseaux, des marchéset d’une autorité décentralisée. Le pouvoir a doncquitté le centre de l’organisation pour se diriger vers sa périphérie, phénomène qu’il a baptisé l’effet bagel.

L’expérience qui a été vécue au conseil scolaire dudistrict de Toronto, telle qu’elle a été relatée par la sur-intendante Maureen Kaukinen et la coordonnatrice del’apprentissage nouveau, Janet Murphy, illustre les effetsde la technologie de l’information sur les opérationsd’une entité. Ainsi, on a augmenté l’efficience (p. ex.bulletins électroniques), le perfectionnement profes-sionnel, et on a modifié la prestation des services eninstitutionnalisant l’apprentissage assisté par ordina-teur. La technologie de l’information crée de nouveauxcanaux pour la prestation des services en éducation,tout comme les transactions aux guichets électroniques et sur Internet remplacent désormais les visites en personne aux bureaux du gouvernement.

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Recherche sur les politiques et gestion du savoir

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Campbell Collaboration est un pro-jet international qui vise à aider les gens à prendre des décisionséclairées en mettant à leur disposi-tion des études systématiques surl’incidence des politiques et despratiques éducatives et sociales. Ils’inspire d’un autre projet extrême-ment fructueux, Cochrane Collabo-ration, qui consiste à effectuer desexamens systématiques de l’impactdes interventions cliniques et dessoins offerts par les aidants naturels.

Nommé en l’honneur du psychologue américain Donald

Campbell, qui a fait valoir le besoind’évaluer les répercussions des poli-tiques sociales et éducatives, Camp-bell Collaboration se concentreprésentement sur trois domainesdistincts : éducation, justice cri-minelle, travail social et bien-êtresocial. Dans chaque secteur, desgroupes d’examen sont créés autourde différentes questions d’intérêt.Les études sont évaluées suivantune méthodologie et des règles deprésentation permettant de pro-duire une métasynthèse des plusimportantes conclusions, et pu-bliées par voie électronique pour

pouvoir être facilement mises à jourou modifiées en fonction des cri-tiques formulées ou des progrèsméthodologiques. À mesure qu’ellesdeviennent disponibles, ces étudessont intégrées au site Web et à la base de données de CampbellCollaboration.

Pour de plus amples renseignementssur Campbell Collaboration veuillezconsulter http://campbell.gse.upenn.edu.

Pour en savoir davantage sur CochraneCollaboration : http://www.cochrane.org.

Campbell Collaboration

La discussion sur la gestion du savoir a égalementporté sur le potentiel que présente la technologie de l’information dans le décloisonnement entre le gou-vernement et la société. Paul Hoffert a démontré com-ment le projet pilote de la communauté branchée deNewmarket a facilité l’organisation communautaire par la voie de l’électronique. Une telle édification com-munautaire virtuelle peut s’appliquer aux fonctionspubliques du Canada. Par exemple, le Projet derecherche sur les politiques exige des consultationsapprofondies entre les gouvernements et les universi-taires, processus où la technologie de l’information, particulièrement Internet, peut jouer un rôle vital dans les échanges d’idées et le dialogue.

GESTION DU SAVOIREnfin, prenons la gestion du savoir dans le contexte de la culture organisationnelle. Les nouvelles idées enmatière de services proviennent souvent des premièreslignes ou des niveaux intermédiaires des organisations.Dans son récent livre, Leading the Revolution, GaryHamel montre comment un simple programmeur et ungestionnaire intermédiaire se sont faits les championsde l’entreprise sur Internet chez IBM. Les gestionnairessupérieurs ont pour rôle de soutenir des initiativesprometteuses de ce genre en les encourageant morale-ment et en les dotant des ressources voulues. Unebonne gestion du savoir qui diffuse l’information à

l’intérieur de toute l’organisation donne à ces champi-ons des premières lignes ou de la gestion intermédiairede meilleurs outils de travail.

Le forum sur les politiques a donné naissance à desidées dont les gestionnaires de la fonction publique del’Ontario peuvent s’inspirer pour améliorer l’élaborationdes politiques et la gestion du savoir à l’intérieur deleurs propres ministères. Les trois affirmations qui sui-vent résument bien l’aboutissement de cette conférence :

Les politiques sont importantes. L’articulation de poli-tiques judicieuses est tributaire de l’acquisition desinformations servant à l’analyse. Dans le cadre de laplanification à long terme, la base d’informations doitêtre en place et l’analyse doit être entreprise bien avantque l’on prenne des décisions.

Les services ont leur importance. La gestion du savoirpeut améliorer la prestation des services, par exempleen fournissant au personnel des informations dont ilpeut se servir pour amorcer des améliorations.

La transparence est essentielle. La véritable valeur dela gestion du savoir tient au partage des ressources per-tinentes à l’intérieur du gouvernement et avec le public.Plus on est nombreux à réfléchir, plus on a de chancesde parvenir à une solution valable.

Sandford BorinsProfesseur,Université de Toronto

Le coin du livre

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CBC RADIO« Health Canada Grapples withHIV/AIDS and Intravenous DrugUse »23-28 novembre 1999

Dans la série d’émissions radiodif-fusées par CBC intitulée HealthCanada Grapples with HIV/AIDSand Intravenous Drug Use, lesjournalistes Maureen Brosnahan,Chris Grosskurth, Curt Petrovich et Scott Dippel se sont penchés surles recommandations sans conces-sions faites par un groupe d’étudede Santé Canada sur cette question de santé publique. Rapprochant ces recommandations des politiquesactuelles et passées ainsi que desméthodes et des recherches inter-nationales, ces journalistes ont faitconnaître à leur public canadientout un éventail de politiques liées à la question du VIH et du sida enexposant leurs conséquences pourles professionnels de la santé, leslégislateurs et le grand public.

MACLEAN’SMARY JANIGAN« Stretching the Medicare Enve-lope »3 avril 2000

Voici un extrait de l’article publiépar Maclean’s au sujet du régime desanté public du Canada.

« Au bout du compte, le publiccanadien doit se demander quelleest la valeur de la solution alber-taine par rapport à d’autres solu-tions envisagées pour ce qui est deréformer le système de santé. RalphKlein oblige ceux qui veulent vrai-ment sauver notre système de santéà s’interroger en profondeur, nousdit le Dr Michael Rachlis, analystedes politiques de santé de Toronto,qui soutient que les provinces se

doivent de modifier la prestation deleurs services – tout en préservantla notion de fonds publics. Toute-fois, les propositions albertainesvont probablement entraîner uneaugmentation des coûts – etéventuellement une diminution dela qualité. Rachlis prétend que legouvernement pourrait économiserdavantage d’argent en incitant lesmédecins à opérer au sein d’équipespluridisciplinaires, englobantdiététiciens et personnel infirmier,de façon à procurer de meilleursservices de prévention aux maladesatteints d’affections chroniques. Onpourrait aussi se doter d’un plusgrand nombre de programmes desoins palliatifs et à domicile. Le seul espoir d’amélioration et dechangement véritable, c’est undébat public, nous déclare HughSegal, président de l’Institut derecherche en politiques publiques,dont le siège est à Montréal. » [Traduction]

LA PRESSE

ALAIN DUBUC« Réinventer notre avenir – Desidées pour sortir du cul-de-sac »Du 19 au 26 février 2000

Dans une série d’articles, AlainDubuc soutient qu’au bout de 40ans, la politique québécoise estentrée dans une impasse. Lesséparatistes s’accrochent à uneoption politique dont les Québécoisne veulent pas. Les fédéralistes continuent à s’inventer une récon-ciliation constitutionnelle qui n’intéresse pas le reste du pays.Partout, dit-il, le monde entre dansle XXIe siècle. Si le Québec ne veutpas se laisser dépasser, il lui fauttourner la page sur la questionnationale. En réalité, la bataille fon-damentale pour la survie a été rem-

portée. Les Québécois devraientdébattre entre eux pour savoir s’ilsconstituent un peuple, une nationou quelque chose entre les deux,clore le sujet et passer ensuite à unautre projet national : réussir dansles domaines de l’éducation, de laculture et de la nouvelle économie,qui relèvent tous de la compétenceconstitutionnelle du Québec.

Les articles d’Alain Dubuc ont étéreproduits dans Options politiques. Onles trouvera à l’adresse http://www.irpp.org/po/archive/jun00/dubuc.pdf.

THE GLOBE AND MAIL« Family Matters »De septembre 1999 à juin 2000

« Family Matters » est le titre d’unesérie d’articles publiés par le Globeand Mail de septembre 1999 à juin2000. Voici un extrait d’un articleintitulé « The Nurse Is In – School,That Is, » rédigé par André Picardet publié le 10 mars 2000.

« Le travail médical consistant« à s’occuper des élèves » n’estqu’une petite partie de la tâche. Ils’agit principalement d’apprendreaux enfants à rester en bonne santé.Toutefois, même si les bienfaitsd’une telle action sont évidents, le rôle des infirmières scolairesdiminue. Ces cinq dernières années,le nombre d’infirmières scolaires auQuébec a baissé de 24 %, passant de 468 à 355. Cela signifie dans lapratique qu’il y a une infirmière àtemps plein pour 2 402 élèves (leratio était d’une infirmière pour1 553 élèves en 1994).

« Les gouvernements prennentparfois d’étranges décisions et l’uned’entre elles a consisté à réduire lenombre d’infirmières dans les éta-blissements scolaires », nousdéclare Gyslaine Desrosiers, prési-

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Prix des médias de l’an 2000

Laureats´

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Volume 3 Numéro 4A P E R Ç U D E L A R E C H E R C H E S U R L E S P O L I T I Q U E S P U B L I Q U E S

dente de l’Ordre des infirmières etinfirmiers du Québec. « Les besoinsde nos enfants en matière de santésont plus complexes que jamais etc’est pourquoi les besoins sont plusgrands que jamais. »

Cette intervenante soutient que « le travail des infirmières scolaires est l’un des meilleursinvestissements que l’on puissefaire en matière de santé, qu’il suffit d’éviter une seule maladietransmise sexuellement, une seulegrossesse d’adolescente, de dis-suader un seul élève de fumer ou de dépister précocement un seulcas de malnutrition ou d’abus sex-uel pour faire économiser au sys-tème des centaines de milliers dedollars. » [Traduction]

On trouvera la série d’articles intitulés« Family Matters » sur le site Web duGlobe and Mail à l’adressehttp://www.globeandmail.com.

NATIONAL POST

ANDREW COYNE« Andrew Coyne’s Alternative Budget »19 février 2000

Voici un extrait du budget derechange d’Andrew Coyne. « Il n’y a pas de règle inflexible qui doiveguider M. Martin – certainementpas de règle aussi simple que cellequi a fait l’objet de la dernière cam-pagne électorale du gouvernement :la moitié de l’excédent devant êtredépensée, l’autre moitié se répartis-sant entre réductions d’impôt etremboursement de la dette. Cettepromesse remarquable a amené

le gouvernement à s’engager àdépenser une somme fixe d’argentsans avoir aucune idée de lamanière dont il allait l’affecter.

Il n’y a pas de règle, simple-ment des compromis à faire. Ainsi,à partir de quel moment est-on tropendetté? Les montants globaux nenous disent rien. La seule façon demesurer utilement la dette de notrepays est de la comparer au revenunational – soit le ratio d’endette-ment par rapport au produit inté-rieur brut. Il se monte à 60 % àl’heure actuelle, ce qui est inférieurau maximum atteint au milieu desannées 1990, soit 70 %, mais ce quireste supérieur à tout ce que l’onavait connu jusque-là. Est-ce que letaux de 60 % est trop élevé? Com-ment le savoir? » [Traduction]

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Le coin du livre

Connaissance, technologie et croissance économiqueDans leur texte, Andrea Bassanini, Stefano Scarpettaet Ignazio Visco tracent une comparaison interna-tionale des tendances de croissance dans les pays de l’OCDE, en portant une attention particulière aux progrès de la productivité du travail – qui permetl’accumulation de capital humain – et dans la produc-tivité multifactorielle (PM) – qui permet des change-ments dans la composition du capital fixe. On tenteici également d’identifier les volets matériels (en par-ticulier dans l’équipement NTIC) et virtuels du pro-grès technique. Ils traitent du rapport possible entreles améliorations dans la productivité multifactorielleet l’accumulation du savoir (cf. les dépenses enR&D), et avancent quelques hypothèses qui portentessentiellement sur les conditions générales d’en-cadrement pouvant stimuler les changements technologiques.

« Les auteurs concluent en substance que cer-tains facteurs « traditionnels » sont à l’origine desécarts dans les tendances de croissance des pays del’OCDE. En particulier, ils s’attardent sur la facultéqu’ont les pays d’employer leur main-d’œuvre. Il exis-terait aussi de nouveaux facteurs impulsant la crois-sance, particulièrement en ce qui concerne ladiffusion des NTIC et les augmentations des taux decroissance PM aux États-Unis. Cependant, il est troptôt pour dire, même aux États-Unis, si le relèvementrécent du volet virtuel du PM a aussi un rapport avecla présence des effets de débordement et desréseaux. » [Traduction]

Pour plus d’information, veuillez consulter Knowledge,Technology and Economic Growth: Recent Evidence fromOECD Countries, document de travail du Département desaffaires économiques n° 259, octobre 2000, Andrea Bas-sanini, Stefano Scarpetta et Ignazio Visco disponible à http://www.olis.oecd.org/olis/2000doc.nsf/linkto/eco-wkp(2000)32.

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CoéditeursDaniel Wolfish Patrick Morin

Traduction : Traduction TPSGC

Conception et mise en page : Zsuzsanna Liko Visual Communication Inc.

Horizons est publié à tous les deux moispar le Secrétariat de la recherche sur lespolitiques, dans le but de favoriser l’échangede renseignements entre les chercheurs del’intérieur et de l’extérieur de l’administra-tion publique fédérale qui s’intéressent auxpolitiques.

Pour les commentaires, les questions, lesdemandes d’abonnement ou les change-ments d’adresse, voici nos coordonnées :

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© Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, 2000

Rédacteur en chefAllen Sutherland

CollaborateursSushma BarewallÉric Bélair Line DeschampsChris Durham Jeffrey FrankMichelle GagnonMichael KeenanAlfred Leblanc

David MacIsaacMichael MacKinnonJacques PaquetteKeith PattersonRoger RobergeIsabelle SteersGreg Sweet

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Volume 3 Numéro 4A P E R Ç U D E L A R E C H E R C H E S U R L E S P O L I T I Q U E S P U B L I Q U E S

Les frontières nationales conservent leur importanceDoit-on applaudir ou regretter le maintien des États-nations séparés? John Helliwell nous répond que l’exis-tence des frontières est une des données du monde danslequel nous vivons et qu’elle n’est en soi ni bonne nimauvaise. « En dépit du fait que l’on a à maintes occa-sions renforcé et resserré les liens internationaux aucours des 40 dernières années, les structures écono-miques et sociales internes des différents pays restentbien plus soudées qu’on ne le croit généralement. J’aiqualifié de problèmes limitrophes nombre de ces dispa-rités s’appliquant aux liens nationaux et internationaux,terminologie qui ne doit pas amener le lecteur à partirdu principe qu’elle s’explique par des problèmes de fron-tières dont la suppression s’impose. En réalité, la cohé-sion renforcée des sociétés et de l’économie nationaleque l’on enregistre à l’heure actuelle s’explique davan-tage par la puissance de l’information et des réseaux

institutionnels, qui permet à tous les citoyens de traiterà meilleur compte les uns avec les autres.

Un deuxième élément nous prouve qu’en réalitécette mise en commun des activités des économiesrégionales et nationales n’est pas trop onéreuse et peuts’avérer finalement avantageuse : c’est le fait que lespetits pays restent aussi viables et dynamiques qu’ils ne l’étaient il y a plusieurs dizaines d’années. Que l’onretienne des critères économiques précis tels que le PIB par habitant, des indicateurs sociaux plus larges, ou même les taux individuels de satisfaction, les petiteséconomies continuent à bien se classer. D’ailleurs, lespetits pays semblent se porter particulièrement bien enfonction de critères plus larges tels que celui du bien-être. » [Traduction]

John F. Helliwell, Globalization: Myths, Facts and Conse-quences, Toronto, Institut C.D. Howe, 2000, p. 41, disponibleà l’adresse http://www.cdhowe.org/PDF/Helliwell.pdf.

Des mesures incitatives durables« On a pris l’habitude d’employer l’expression développement durable, priseau sens général, en l’appliquant simplement à l’environnement. Toutefois, levéritable problème politique qui se pose est de savoir si les marchés ouvrentla voie à une croissance durable sans l’intervention bénéfique des gouverne-ments. Il est important de relever les failles du marché liées au développe-ment durable avant de chercher à remédier aux insuffisances de ce marché.

Le problème qui se pose est celui d’un mauvais calcul du coût d’utilisa-tion des ressources du fait des incidences dommageables qu’ont sur le restede la population certaines pratiques défectueuses liées à l’environnement.Le marché peut parfois réagir en adoptant des mesures permettant de réglerles questions en suspens. Il se peut que le gouvernement soit appelé à par-ticiper au mécanisme de définition des problèmes que doivent prendre encompte les participants au marché. Toutefois, si le marché n’est aucune-ment incité à corriger les problèmes liés à une mauvaise évaluation descoûts, son échec sera patent. Une fois que l’on a reconnu cet échec fonda-mental du marché, il est possible de proposer des politiques permettant derésoudre les difficultés liées à l’environnement, notamment en adoptant despolitiques contraignantes et des mesures de contrôle, et en faisant appel àdes moyens comme la fiscalité ou les permis négociables.

Finalement, on ne sait vraiment pas comment envisager les différentespolitiques, en partie en raison de l’incertitude entourant l’application destechniques de l’avenir aux différents problèmes rencontrés. On préconisedonc, face aux problèmes posés par l’environnement, une certaine soup-lesse, qui fait la supériorité de certaines politiques par rapport à d’autres. »[Traduction]

Jack Mintz, « Real Issues and Real Solutions », communication présentée lors de la Conférence nationale de la recherche sur les politiques de l’an 2000,[email protected], 30 novembre et 1er décembre 2000.

Le coin du livre

L’equipe Horizons du PRP´