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Le canard qui vous fait du bien dossier le disque tourne toujours n°5 - Du 19 au 26 février 2015 les héros de l’anti- gaspi un lyonnais à la conquête de l’atacama

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Du 19 au 26 Février

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Le canard qui vous fait du bien

dossierle disque

tourne toujours

n°5 - Du 19 au 26 février 2015

les héros de l’anti-gaspi

un lyonnais à la conquête de l’atacama

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Oyez, oyez

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OURSEdité à l’ISCPA Lyon

47, rue Sergent-Berthet, Lyon 9ème.

Téléphone : 04 72 85 71 76.

Directrice de publication Isabelle Dumas

Rédacteurs en chef Benjamin Logerot

Secrétaire de rédaction Léa Cardinal

Maquettiste Garance Cherubini

Rédacteurs Léna Ailloud, Lorenzo Calligarot, Lizzie Carboni,

Léa Cardinal, Garance Cherubini, Alexandre Festaz, Kévin Charnay,

Irchade Kari, Antoine de Longevialle, Arthur Vernassière, Déborah Zago

Contacter la rédaction : [email protected]

Retrouvez-nous sur le web : www.10dumat.iscpalyon.com Photo couverture : La pochette de King Crimson © Déborah Zago

@iscpalyon #10dumat

facebook.com/10dumat

@10dumat

L'amour du disque

Ecouter un bon disque, c’est comme renifler un vieux bouquin. C’est comme déguster un bour-bon au coin du feu. C’est agréable. Et dans ce cas-là, tant pour les oreilles que pour la tête. Imaginez-vous dans votre canapé, par une froide soirée d’hiver, l’album The Dark Side of the

Moon des Pink Floyd en fond sonore (ou n’importe quel album de musique un tant soit peu potable, l’expérience ne marche donc pas avec un album des One Direction). On entend chaque instrument, chaque sonorité différente. Le tout dans un ensemble intense qui vous fait monter des frissons que vous contenez tant bien que mal. Vous décidez de monter le son pour profiter encore plus de votre extase. C’est plaisant, n’est-ce pas ?Maintenant imaginez-vous en train d’écouter le même album, dans les mêmes conditions… mais dont tous les morceaux ont été téléchargés sur une obscure plate-forme de téléchargement illégale. Vous avez du mal à différencier la batterie de la guitare principale, le clavier de la basse. Les aigus se mêlent aux graves. La voix de David Gilmour (ou de votre chanteur préféré, je sais, nous n’avons pas les mêmes goûts) n’est plus aussi distincte. Vous l’avez compris, ce genre de téléchargement, bien que vous apportant des avantages moné-taires certains, n’en n’est pas moins rempli d’inconvénients, non seulement pour les artistes (on vous pardonne cependant si vous avez téléchargé la complète de Christophe Maé), mais aussi pour vous. La musique, ça se savoure, tout comme la nourriture. Prenez un bon canard à l’orange et versez 100 grammes de ketchup dessus. Ça se mange toujours mais franchement, ce n’est pas agréable. Réfléchissez-y, la musique c’est le bien. Elle nous fait voyager, nous transporte, nous émeut… Alors, autant vivre l’expérience pleinement, non ?

benjamin logerot

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puzzle

la tronche de la semaine

CHAPEAU BAS en jeuxde société

le sportifdu dimancheLe cheerleading, un

sport loin des clichés p.13

retour vers le passé

c’est passé à la trappe

écran total

Charles Hedrich, douze ans

de traversée. p.10

ça fait jaser Le disque est toujours

à l’actualité p.4-5Interview : Guillaume

Lespinasse, amoureux

du vinyle p.6

La visite de Lyon en vélo électrique p.7

le jugement dernier

Le diable est toujours en Tasmanie p.11La face cachée du

Nouvel an chinois p.11

© D

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Le gaspillage alimentaire, un combat dévorant au quotidien

p.8-9

photomaton

1895 : les Lumière illuminent le cinéma p.12

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Better call Saul réussit son spin-off p.14

Chronique : France Télé et Israël p.15

Photo de la semaine : Grange tout schuss p.16

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bike

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Vibeclouds.net, Free MP3 Downloads, Clip to MP3. Ces sites sont devenus en quelques années les meilleurs amis

de notre musicothèque. Jetant les 45 tours d’Hendrix de grand-maman à la poubelle. Jusqu’à présent, lorsqu’on entendait le mot disque, la première chose à laquelle on pou-vait penser était la chambre de Peyton Sawyer dans la série « les Frères Scott », remplie de vinyles. Mais ça, c’était avant qu’on nous dise qu’il y aura le salon international du disque le week-end prochain à Villeurbanne. En ap-prenant cela, la stupéfaction s’est emparée de nous. A partir de cet instant, une seule question a envahit notre esprit : mais qui sont ces gens qui achètent encore des disques ? Une interrogation qui, pour nous, amateurs du téléchargement (illégal), demeure un mystère, aussi énigmatique que le « Da Vin-ci Code ». Mais en véritable Indiana Jones de la capitale des Gaules, nous nous sommes lancées dans la quête des acheteurs de CD.

L’ENQUêTE Notre aventure nous conduit sur la Presqu’île, chez Planet DJ, qui a ouvert ses portes il y a 28 ans. La gérante, Maxime Roumianteff, as-sure à notre grand étonnement que « le vinyle a repris du poil de la bête avec l’arrivée du MP3 ! Beaucoup se sont rendus compte que le MP3, c’est de la purée de pois et que du coup le vinyle c’est vachement bien : le son est plus gras, ça peut craquer. » Le vinyle se vendrait toujours, donc. Sachant qu’il coûte en moyenne entre 10 et 20 euros. Soit. Mais alors qui sont ces irréductibles accros à leur platine ? Un grand-père en charentaises ou un jeune hipster ? Un peu des deux en fait. Suite à ces propos nous donnant l’impression d’être dans la quatrième dimension, nous nous dirigeons vers la rue Chenavard pour aller mitrailler le disquaire de la boutique OCD, dans le but d’élucider ce mystère. « Il n’y a pas de population particulière qui acquiers des vinyles. Il y a des plus de 65 ans qui nous

en prennent mais tout à l’heure on a eu un jeune de 20 ans qui en a acheté, on a aussi eu une trentenaire qui en achetait pour son petit copain. Pour les CD c’est pareil : les per-sonnes âgées sont encore attachées aux CD et les jeunes en font la collection », explique Kevin Florimond, vendeur à la boutique.

Le vinyle, l’accessoire préféré des hipsters

Galvanisées par les infos dénichées, c’est avec la détermination d’identifier ces aficio-nados du CD, que nous entrons Chez Emile (musique électronique). Dans ce repère sou-terrain où l’on trouve autant de hipsters que de disques, Léo Gravelin, 24 ans, nous dresse le portrait de l’acheteur type de vinyles. Selon ses dires, ses clients « sont très variés, on a des gens entre 15 et 35 ans. Il y a beaucoup de personnes entre 15 et 22 ans surtout qui cherchent de la musique actuelle. Et puis il y a des collectionneurs, des personnes qui

Le disque dure Dimanche 22 février, le salon international du disque s’installe à Villeurbanne.

Un mois plus tard, c’est le Disquaire day qui va remplir de joie les incorruptibles du disque. Car oui, il y a encore des gens qui se procurent de la musique, sans télécharger.

10 du Mat a enquêté pour vous, sur ces aficionados du disque.

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ça fait jaser

au disquaire Chez émile © Déborah Zago

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ne cherchent que des nouveautés, qui ne cherchent que des vinyles d’un certain label etc. » Des propos qui ont pour effet, sur nous qui pensions que le vinyle était un objet expo-sé au musée, de faire sortir nos yeux de leurs orbites. Dans la même boutique, on croise Jules, 18 ans, acheteur régulier de vinyles. « Avec le vinyle, le support est plus joli, et bien sûr le son est meilleur. J’en ai déjà une cin-quantaine. » Après le coup de vieux que nous a donné notre discussion avec le jeune Jules, nous écumons huit marchands de disques, du deuxième arrondissement au Vieux Lyon, persuadées que les disquaires se sont ligués contre nous pour mettre à mal notre théorie. Déterminées à prouver que le règne du télé-chargement n’épargne personne, nous pre-nons notre courage à deux mains pour gravir les pentes de la Croix-Rousse. C’est essoufflées que nous arrivons dans la boutique cosy Fargo. Dès notre arrivée, le gérant Ludo Ferrera, ancien employé de maison de disque, explique sa fidélité aux vi-

nyles : « Pourquoi j’ai décidé d’ouvrir cette boutique ? Peut être parce que j’ai un gros problème neurologique ! » (rires).

« le vinyle va carrément anéantir l’industrie du MP3 ! »

Au fil de la discussion, Ludo met notre théorie à mal. « Il y a une nouvelle génération qui se met à acheter du vinyle, entre 25 et 35 ans. Il y a plein de choses différentes avec le vi-nyle. » La raison de cette engouement pour le vinyle ? « C’est une façon pour les jeunes de prendre le temps d’écouter la musique. C’est le même processus quand on va au McDo ou chez Bocuse. Si vous mangez toujours au McDo, vous n’allez plus sentir le goût de la viande ou d’une épice, alors que Bocuse c’est pour aller reconnaître de nombreuses saveurs ! » Il nous confie avoir une collection

aussi garnie que celle de l’héroïne des Frères Scott, comprenant « 10 000 albums » qu’il a mis plus de trente ans à constituer. Sûr de lui, Ludo assure que « le vinyle va carrément anéantir l’industrie du MP3 ! C’est une bou-tade mais je le pense quand même un petit peu. Je n’ai jamais téléchargé un disque, je ne sais pas faire et ça ne m’intéresse pas ! » Bon, rendez-vous dans dix ans, même jour même heure pour voir si ses prévisions étaient exactes.A la fin de ce périple inopiné qui nous a conduit chez les 11 disquaires lyonnais, nous concluons cette enquête avec une certitude : si quelques délinquants du web, continuent à télécharger plus vite que leur ombre, d’autres continuent à hanter les allées des disquaires de la ville. Preuve qu’il ne faut pas enterrer trop vite les vinyles de mamie.

article irchade kari et déborah zagoinfographie garance cherubini

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la fête de la galetteCréé en 2011, le Disquaire Day fêtera cette année sa cin-quième édition consécutive, le samedi 18 avril. Le but de cette journée est de renouer des liens entre les artistes, leurs labels, les distributeurs et, vous l’aurez compris, les disquaires. Le concept est simple : des vinyles inédits et des séries limitées seront distribués chez les disquaires indé-pendants. En marge, des concerts sont organisés dans les magasins participants. L’événement aura lieu à Paris et dans 25 autres grandes villes de France, dont Lyon.L’an dernier, quelque 238 disquaires y ont participé dans tout le pays. Ça a l’air de rien comme ça, mais le Record Store Dayest (son nom original) est tout de même la rencontre musicale la plus importante du monde. Bref, rendez-vous le 18 avril pour la fête de la galette (les vinyles, pas les ga-teaux) !

ça fait jaser

238disquaires participants au disquaire day. 11 à Lyon

80 %des ventes

des disquaires indépendants

sont des vinyles

458 637albums vendusdont 2,7 % de vinyles

325 M €chiffre d’affaires

des ventes de musique

disques et vinyles

+ 42 %de ventes de vinyles

par rapport à 2013

Sources : Syndicat national de l’édition phonographique. Chiffres pour la France en 2014.

Les centaines de vinyles des disquaires lyonnais, ici chez Planet DJ © Déborah Zago Des plus anciens aux plus récents, il y en a pour tous les gouts © Déborah Zago

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A quel âge avez-vous commencé à acheter vos premiers vinyles ?J’ai d’abord commencé par écouter

ceux de mes parents. Puis, au lycée, j’ai dé-cidé d’acheter des disques. Mais c’était des CD qui venaient de sortir, des nouveautés. Je me suis mis au vinyle parce que j’aime bien collectionner à la base. Collectionner des CD, ça n’avait pas vraiment de sens, d’une part parce que c’est moche et puis parce que ça se dégrade vite. On ne s’en rend pas compte mais quand on écoute des CD qui ont une dizaine d’années, souvent il n’y a plus rien dessus. C’est la taille du visuel, la chaleur du son, le rituel de l’écoute, qui font que je me suis mis au vinyle.

Combien avez-vous de vinyles chez vous ?Chez moi il y a plusieurs collections. La mienne et celle de Louis, un ami avec qui je fais de la musique. J’en ai à peu près mille, mais qui appartiennent à Louis et moi. Ceux qui m’appartiennent doivent être au nombre de 600, 700 peut-être. J’en ai autant parce que ça fait longtemps que j’en achète et que j’ai des lots.

Vous utilisez des vinyles lorsque vous mixez en général. Pourquoi privilégier ce médium par rapport au mp3, voire aux CD ?Techniquement, le toucher n’est pas le même parce que tu as une plus grande surface. Il y a un rapport vraiment direct avec le médium, sur lequel on peut mettre ses mains. Mais au-delà de ça, nous on vient de la génération mp3, on était des « mp3vores ». On téléchar-geait à longueur de journées avec des débits pourris et on écoutait un quart de ce qu’on achetait, enfin de ce qu’on n’achetait pas jus-tement. A un moment, le vinyle nous a permis d’aller complétement à l’envers, de prendre le temps d’écouter un album. Et de faire une sélection plus pointue aussi. Comme c’est un support qui nous vient des années 50, vous allez acheter beaucoup de choses qui sont vieilles, donc chercher des choses qui ne sont

pas forcément connues et qui ne valent rien.

Comment faites-vous pour acheter vos vinyles ? Plutôt disquaire au coin de la rue ou Internet ?Je pense qu’Internet est un accélérateur. On découvre énormément de choses, ce qui nous permet de nous constituer notre « wantlist ». Il y a un site qui s’appelle Discogs, c’est une énorme référence parce que c’est un mélange entre une bibliothèque infinie et une place de revente. Mais pour découvrir, le mieux, ça reste son disquaire. Il nous connaît, il va nous dire de jeter un œil à ce sur quoi on ne se serait pas forcément tourné. Une part de hasard qui est en train de disparaître un petit peu d’Internet, parce qu’il devient de plus en plus intelligent et connaît nos goûts à l’avance. Alors que dans un shop ou dans une brocante, on peut aussi redonner une bonne part au hasard, ça c’est important.

A Lyon, chez quel disquaire préfé-rez-vous aller ?Il y a deux nouveaux disquaires qu’on adore, qui sont Groovedge, pour son côté brocante et foutoir. Et puis il y a Chez Emile, plutôt pour

le côté nouveauté et repressage d’anciens disques.

Financièrement, ça doit être un coût important à assumer ?J’ai la chance de gagner un petit peu d’argent quand je joue avec ces vinyles et, en fait, la grande majorité de cet argent, voire bien plus, est réinvestie dans l’achat d’autres disques. Après je me mettrai à vendre, mais pour l’instant, je n’y arrive pas. C’est senti-mental.

Vous qui avez un côté collectionneur, c’est aussi ça ce qu’apportent les vi-nyles, ce côté sentimental ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ?C’est comme une collection de livres, c’est quelque chose que l’on s’approprie, que l’on n’aurait pas envie de donner. J’aurais très peur de m’en faire voler. Si je récupère la même copie d’un disque, je sais laquelle j’ai eu en premier. Il reste des détails, chaque pochette a ses marques, surtout les disques qui ont 30-40 ans, ils ont chacun une évolu-tion différente.

recueilli par Alexandre Festaz

« Je possède 600 à 700 vinyles »Même s’il fait lui aussi partie de cette génération Y, grande consommatrice de musique au format mp3, Guillaume Lespinasse est un amoureux des vinyles. Pour 10 du Mat, il

revient sur ses premiers émois et explique la relation qu’il entretient avec ses disques.

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ça fait jaser

Guillaume Lespinasse se reconnaît à travers les vinyles qui composent sa bibliothèque © Alexandre Festaz

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Pignon sur Lyon avec le Bike tourDéjà presque un an que l’idée des deux frères Théoule se dénouait en une start-up

lyonnaise. Aujourd’hui, ils sont fiers de proposer une visite guidée aux curieux de Lyon… en vélo électrique.

Bientôt un Monopoly version Game of ThronesAprès un gros coup de communication en inté-grant de vrais billets dans ses boîtes, Monopoly a annoncé la sortie d’une version de son jeu autour de la série Game of Thrones. Selon The Telegraph, le but du jeu sera d’acheter et de vendre des villages afin d’accéder au fameux Trône de fer. Oubliez le dé à coudre et le fer à repasser, et optez pour l’œuf de dragon ou le loup garou. Les gares et les rues laisseront place aux lieux mythiques de la série. Le jeu devrait être en vente dans le courant de l’année

2015, sur l’e-shop d’HBO.

Elle s’appelle Abcdefg Hijklmn Opqrst UvwxyzC’est une Colombienne de 36 ans qui a réussi à changer de nom et prénom. Au départ, elle se nommait Madame Ladyzunga Cyborg. Et après deux ans de bataille judicaire, l’Etat l’a (enfin) autorisée à s’appeler Madame Abcdefg Hijklmn Opqrst Uvwxyz, soit les 26 lettres de l’alphabet à la suite. Cette enseignante résidente de Bogota aurait eu pour motivation d’avoir un nom difficile à prononcer, et apporter un élément de surprise

à son nom.

Invasion de 1 585 bonhommes de neige au JaponNouveau record du monde pour les Japonais cette semaine. Près de 600 Japonais de la pro-vince de Nagano, ont réalisé 1 585 bonhommes de neige, en une heure seulement. Selon les critères du Guiness World Records, chaque bon-homme de neige doit obligatoirement mesurer 91 centimètres de haut, avoir un visage et des bras. Le dernier record de bonhommes de neige datait de 2011.

C’est une histoire de famille qui se cache derrière Lyon Bike Tour. Alexandre et Cédric Théoule, deux frères de 25 et 30

ans. Ils sont lyonnais, et pour eux, il ne man-quait qu’une seule chose dans leur ville : la possibilité de visiter Lyon en moins de quatre heures, et surtout, « sans devoir forcer ». Alors après avoir passé en revue tous les transports lyonnais qui pourraient être ac-cessibles à tous – métro, bus, ou même la marche à pied – les deux garçons sont mon-tés en selle et ont opté pour le vélo. Mais pas n’importe lequel, le vélo électrique pour « ne pas avoir à faire trop d’efforts ». En avril 2014, ils se lancent et donnent nais-sance à « Lyon Bike Tour ». Les deux jeunes proposent plusieurs circuits touristiques, accessibles à tout le monde, pour des tarifs allant de 30 à 90 euros. « Il y a des grands tours et des plus petits. Mais tous prennent les chemins des plus beaux sites lyonnais,

comme Fourvière, les pentes de la Croix-Rousse », explique Alexandre. Chaque virée comprend un guide et des groupes d’une di-zaine de personnes avec lui. Les fondateurs ont tout prévu. Les circuits touristiques sont en français, en anglais et en espagnol. Autant dire que Lyon Bike Tour ne se limite pas au fait de pédaler.

visiter la ville sans polluerUne valeur écologique chère aux deux frères se cache derrière l’ambition de la start-up lyonnaise. « C’est vrai que quand on voit une dizaine de bus qui montent les uns derrière les autres à Fourvière, on préfère prendre le vélo, sans faire de bruit. On limite la pollution sonore notamment. On veut préserver notre patrimoine », raconte Alexandre. Tout se fait au guidon des vélos électriques donc, avec la visite des grands monuments lyonnais mais aussi des coins un peu moins connus. Dans

les sacoches des deux-roues, Alexandre et Cédric promettent aussi des petites anec-dotes croustillantes. Et d’autres surprises. Sur certains parcours, des dégustations sont possibles sur le chemin. « Pour nous, ce n’est pas logique de visiter Lyon sans parler de gastronomie. On s’est dit qu’il fallait qu’on prévoie de manger un bout sur le chemin », notent les deux frères. Et quand on leur de-mande s’ils sont passionnés de vélo : « Non, pas plus que ça » répond Alexandre. Et après des études de commerce pour Alexandre, et un master environnement pour Cédric, les deux lyonnais ne se prédestinaient pas à devenir les chefs d’une start-up. Pas besoin donc d’être un cycliste ou un sportif de haut niveau pour aller faire un tour, sur les routes lyonnaises, au guidon des vélos de la famille Théoule. lena ailloud23 Quai Romain Rolland, Lyon 5èmewww.lyonbiketour.com

BRÈVES DE COMPTOIR

chapeau bas

Alexandre et Cédric © léna ailloudpas besoin d’être un grand sportif © lyon bike tour les beaux endroits à visiter à lyon © lyon bike tour

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Tard le soir, lorsque les rideaux de fers des supermarchés sont baissés, des collectifs interviennent. Ils finissent le

travail de récolte, commencé par les grands organismes comme les Banques alimen-taires. A Lyon, ils s’appellent Les Gars’pil-leurs et récupèrent dans les poubelles, les invendus (produits non vendus) des grandes surfaces, les produits que personne ne veut et qui, souvent, sont encore consommables le jour même. « La plupart des associations ont des dons des grandes surfaces, mais tous les produits qu’on estime encore bons, même après leur date de péremption, comme les yaourts, sont jetés aux ordures », explique Angela, des Gars’pilleurs. La jeune femme fait partie des membres ac-tifs au quotidien du collectif et si elle fait les poubelles, c’est aussi pour sensibiliser les gens. Les invendus qui se comptent par plu-sieurs kilos, sont distribués gratuitement en

place publique le lendemain. « On veut tou-cher les gens et leur mettre sous les yeux ce qu’ils ne voient pas en faisant les courses. On aimerait aussi qu’ils puissent contourner la grande distribution et privilégier les marchés par exemple », raconte Angela. Au chômage depuis quelques temps, récupérer des den-rées alimentaires gratuitement est un gros avantage pour elle. D’autres collectifs agissent aussi en France : Disco Soupe, qui cuisine les fruits et légumes invendus, souvent « moches », récupérés prin-cipalement auprès de la grande distribution. Zéro-Gâchis, de son côté, aide les grandes surfaces à mieux gérer les invendus et ont permis de sauver en deux ans, 429 tonnes de produits.

30 ans de lutte anti-gaspillageLe gaspillage alimentaire est un combat ci-

toyen et quotidien. Depuis trente ans, les Banques alimentaires récoltent les dons de la grande distribution et les redistribuent aux as-sociations. « Notre approvisionnement auprès des hypermarchés connaît beaucoup d’aléas. Il se peut que les commandes soient mal ca-librées et qu’il y ait trop de produits inven-dus », explique Camille Gaidier, de la Banque alimentaire du Rhône. En 2014, 15 % de leur récolte provenait des grandes surfaces. Les Banques alimentaires ne distribuent pas de produits périmés mais s’autorisent certaines denrées dont la date limite d’utilisation opti-male (DLUO) est dépassée, les produits d’épi-cerie sèche par exemple, comme les biscuits. Mais tous les produits ne peuvent pas être récoltés par les Banques alimentaires. « Il y a des produits qu’on ne peut pas distribuer, pour des raisons d’hygiène. Nos bénéficiaires dans la précarité n’ont pas forcément le même accès aux soins que nous et une bactérie

La faim ne se gaspille pasLes « Robin des Bois du gaspillage », les Banques alimentaires, la guerre est la même pour tout le monde. Objectif : réduire les 600 000 tonnes d’aliments périssables jetés

par les grandes surfaces, chaque année en France.

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en jeu de société

les Gars’pilleurs font les poubelles des grandes surfaces pour récupérer les d’invendus avant de les redistribuer © Les Gars’pilleurs

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présente dans un produit légèrement périmé peut avoir une conséquence plus importante sur eux par exemple », explique Camille. Ces produits finissent donc à la poubelle. Du côté des grandes surfaces, aucun responsable n’a souhaité s’exprimer auprès de 10 du Mat.

Une initiative étudianteAux grands maux les grands remèdes. Si un projet de loi pourrait être envisagé pour lutter contre le gaspillage, certains ont trou-vé d’autres solutions. A la suite d’un projet d’école, Nicolas Duval commercialise concrè-tement en octobre 2014, la Box « TakeAway », qui permet aux clients de certains restaurants lyonnais d’emporter la fin de leur repas chez eux, une sorte de doggy bag, aussi appelé gourmet bag en France. « On a déjà 25 res-taurateurs à Lyon et plus de 40 dans les pro-chains mois, répartis dans toute la France »,

e x p l i q u e le jeune h o m m e . Une Box « TakeAway », mais aussi une Wine box, pour empor-ter en toute légalité, sa bouteille de vin déjà en-tamée. « Les restaurants d i s p o s e n t aussi d’une vignette sur leur vitrine et sur le menu, qui indique que les clients peuvent em-porter leurs

restes » Un bon moyen pour tout le monde de contribuer à la lutte contre le gaspillage alimentaire, d’une façon détournée. Cantines scolaires, restaurateurs, grandes surfaces ou même particuliers, le gaspillage est une épi-démie pour tous.

Du volontariat à l’obligation2014 a été déclarée « année de lutte contre le gaspillage alimentaire » par le Parlement européen. Dans l’Hexagone, le ministre de l’Économie s’est engagé à sortir rapidement une loi, même si beaucoup de supermarchés donnent déjà volontairement leurs produits non-conformes à la vente. La loi rendrait ces dons obligatoires. « On a peur que cette obligation nuise à nos relations avec les partenaires, qui se passent relativement

bien. On ne veut pas devenir la poubelle des supermarchés », indique Camille. Arash De-rambarsh, élu de Courbevoie, contacté par 10 du Mat, explique son combat pour l’an-ti-gaspillage. En janvier dernier, il a lancé une pétition pour que les supermarchés puissent avoir une incitation contraignante, afin de céder leurs invendus à l’association de leur choix. Il demande que cette obligation pèse à la charge du supermarché, peu importe sa superficie et sa grandeur. « Nous irons à l’en-contre des enseignes réfractaires à cette loi anti-gaspillage, explique Arash Derambarsh. On est dans l’absurdité absolue, on jette des aliments que l’on peut manger. » Aujourd’hui, la pétition a déjà récolté plus de 130 000 si-gnatures d’anonymes et de personnalités.

lizzie carbon 

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L’anti-gaspillage en Europe

En Europe, 79 millions de personnes vivent sous le seuil de pau-vreté et manquent cruellement de denrées alimentaires, selon la FAO (Food and agriculture organization of the United Nations). En Belgique, les supermarchés doivent donner leurs invendus aux associations d’aide alimentaire, sous peine que leur autorisation de s’installer en ville ne soit pas renouvelée. Chez nos voisins al-lemands, une initiative citoyenne met des frigos à disposition. Dis-séminés dans la capitale, les frigidaires sont remplis par les béné-voles d’une association spécialisée dans le partage de nourriture mais aussi par les citoyens, et même par des touristes.

en jeu de société

Un combattant contre la faim

Arash Derambarsh a seulement 34 ans. Elu municipal de Courbevoie, dans les Hauts de Seine, il est engagé depuis de longues années envers la lutte pour l’an-ti-gaspillage, de par son vécu. « A 20 ans, je faisais des études de droit et je gagnais peu par mois. Je sacrifiais un repas. Je sais ce que c’est que d’avoir faim » raconte-t-il. Avec une classe moyenne qui arrive « au bout du rouleau » le 10 du mois et un nombre croissant des sans-abri, Arash Derambarsh agit trois soirs par semaine avec l’aide de bénévoles. Ensemble, ils récupèrent des invendus auprès des en-seignes et les redistribuent directement aux plus démunis. « Quand j’ai été élu en mars 2014, on m’a dit je vote pour vous mais agissez concrètement pour la vie des gens, ne faites pas de baratin. »

Nicolas Duval, étudiant à l’ifag, a créé la box TakeAway, pour emporter la fin de son repas au restaurant © DR

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c’est passé à la trappe

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Amoureux des sports extrêmes et des traversées à la rame, Charles Hedrich a toujours eu une passion pour l’aven-

ture. Connu pour ses exploits au Pôle Nord ou au sommet de l’Everest, cet aventurier a tout de même suivi un schéma classique avant de partir au loin à bord de son voilier. Les études ont occupé sept ans de la vie de Charles Hedrich, avant que ce dernier ne monte sa propre entreprise, Euroman. Le futur explorateur avait toujours an-noncé depuis ses 20 ans qu’il se consacrerait à l’aventure dès qu’il le pourrait. « Mal-gré le fait d’être passionné de sport et de compétition, remporter Rolland Garros ou le Ballon d’or ne faisait pas partie de mes compétences. J’ai donc touché à des activités où les aspects d’endurance et de rusticité étaient présents, j’ai vu que j’avais des qualités et j’ai choisi ma discipline par défaut », admet Charles He-drich. Mais partir à l’aventure n’est malheureu-sement pas donné à tout le monde. Les excursions ont elles aussi un coût. « J’avais des projets, mais il fallait trouver les finan-cements, et comme je ne suis pas un sportif de haut niveau, la tâche était compliquée. J’ai donc économisé au fil des années, puis j’ai vendu ma société pour m’auto-financer. » C’est à partir de ce moment que l’aventure commence : en 2003, avec sa toute première expédition : le Dakar en moto.

Un palmarès surprenant entre les banquises et les mers

« J’ai réalisé 17 expéditions au total, depuis mes débuts dans l’aventure. » Un nombre révélateur de la passion de Charles Hedrich. Depuis la vente de son entreprise, cet aventu-rier n’a pas cessé une seule fois de chercher

de nouvelles missions à accomplir. Avec une fréquence de deux à trois expéditions par an, le quotidien de Charles est fait de traversées et d’audace. Entre le Tour du monde à la voile

en solo en 2004, et son record de vitesse lors de sa traversée de l’Atlantique à la rame, il ne s’ennuie certainement pas. Mais au-delà des voyages à travers les océans, ce spor-tif est aussi entré dans le Guiness book des records avec ses trois premières mondiales.La traversée Pôle Nord-Groenland fut la première expédition considérée comme pion-nière, mais aussi la plus dangereuse. « Lors de notre voyage, nous avons eu des tempéra-tures positives. La neige s’est mise à fondre, et nous n’étions pas préparés pour ça. Nous n’avions pas de bateau pour traverser. Nous avons donc mis côte à côte nos deux trai-neaux, et ramé avec la pelle à neige. » Quand Charles Hedrich ne part pas à l’aven-

ture, il revient dans la capitale française, afin de diriger son association Respectons la terre, ainsi qu’une entreprise commerciale, à la recherche de financements pour ses fu-

tures traversées.

Le désert de l’Atacama en terres arides

Le prochain défi de Charles Hedrich consiste désormais à traverser l’endroit le plus sec du monde : le désert de l’Ata-cama, au Chili. Une expédition encore jamais réalisée par aucun aventurier. Un détail qui intéresse particulièrement Charles : « Je ne connais le dé-sert qu’à travers des traver-sées en moto ou en voiture, mais jamais à pieds. Si c’est une première, cela m’inté-

resse encore plus. Avec mon fu-tur compagnon de voyage, Sylvain Bazin, nous avons fait la liste des choses extraordinaires encore jamais faites, et nous avons opté pour ce fameux désert de l’Atacama. » Ce voyage en terre inconnue débutera le 6 avril 2015, durera entre 30 et 40 jours, pour obtenir au final une traversée de 1 000 kilomètres en autonomie. Les aventuriers partiront avec un traineau chargé de 80 litres d’eau et 35 kilos de nourriture, soit 20 jours d’autonomie à trainer dans le désert. Pour rencontrer le moins de difficultés pos-sible, Charles a prévu le coup. « Le principal problème va être d’économiser notre réserve d’eau au maximum, c’est à dire de marcher la nuit aux heures fraiches. Nous retrouverons aussi à mi-chemin une oasis, où nous renou-vellerons nos réserves d’eau. Enfin, en cas de manque, nous avons élaboré un dispositif pour distiller notre urine et nous désaltérer avec. » Aventurier depuis douze ans main-tenant, Charles Hedrich n’a pas terminé de nous prouver que rien n’est impossible.

léa laboureau

Charles Hedrich, à la conquête de l’AtacamaOriginaire de Lyon, Charles Hedrich, 56 ans, vit désormais de sa passion : l’aventure.

A travers le monde, cet ancien chef d’entreprise s’est donné pour objectif de se surpasser dans chacune de ses expéditions. Son prochain défi est d’être le premier

à traverser le désert le plus sec au monde : celui d’Atacama, au Chili.

la tronche de la semaine

l’aventurier dans l’âme Charles Hedrich © Chantal Briand

l’expéditionDépart le 6/04/15

30-40 jours de voyage1 000 kilomètres parcourus

80 litres d’eau 35 kilos de nourriture

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c’est passé à la trappe

«Je fais des dons au WWF pour ce genre de nouvelles. Après, il reste du travail pour faire perdurer l’espèce et qu’elle puisse s’épanouir sans l’aide de l’homme » se

réjouit Julien Cravero, étudiant à l’école de vé-térinaire de Marcy l’Etoile et donateur régulier au WWF (Section française de l’organisation mondiale de protection de la nature). C’est of-ficiel, le fameux diable de Tasmanie connaît un regain de forme, vital pour sa survie. En voie de disparition depuis des années, l’espèce compterait aujourd’hui entre 5 000 et 10 000 spécimens. Une évolution positive qui satisfait les spécialistes : « Nous avons réussi à assurer la survie de l’espèce », s’enthousiasme le doc-teur David Pemberton, garant du programme « Sauvons le diable de Tasmanie ».

Sorti vainqueur du cancer A la fin du XXème siècle, le diable de Tasmanie subit de plein fouet l’at-

taque d’un cancer. Contagieux, il s’avère la principale cause de décès pour nombre de diables. Environ 90% de l’espèce disparaît à la suite

de ce phénomène. Des programmes de sau-vegarde sont aussitôt mis en place. Ce marsu-pial fut réintroduit dans certaines péninsules proches de l’île qui n’étaient pas affectées par la maladie. Ce processus se révèle efficace et les diables s’y reproduisent.

Le diable de Tasmanie ne subira donc pas le même sort que son compatriote le loup de Tasmanie. Car sur l’île, la faune, classée au

patrimoine mondial de l’UNESCO, est extraor-dinairement riche et abrite des animaux que l’on ne trouve nulle part ailleurs. « C’est une zone sauvage qu’il faut protéger à tout prix.

Elle présente tout un écosystème qui nous donne beaucoup d’informations sur la nature », explique Julien Crave-ro. Le diable est donc encore parmi nous et, en plus, on en est fiers.

arthur vernassière

Entrer dans une nouvelle année est normalement l’occasion de faire la fête, et de passer un bon moment. En Chine aussi, mais c’est plus compliqué. Très compliqué, même. Dans le pays, la

tradition veut qu’on se retrouve en famille, autour d’un bon repas. Une bien belle coutume. Mais quand toute la population décide de voyager en même temps, cela peut vite tourner au cauchemar. La réunion familiale, il faut la mériter, et la préparer des semaines, voire des mois à l’avance. Et pour cause. Durant la semaine, les autorités attendent près de 2,8 milliards de trajets sur tout le territoire, tous moyens de trans-ports confondus. Autant dire que pour obtenir un billet de train, il faut prendre son mal en patience, comme le souligne Lei Han, originaire du Nord de la Chine. Arrivé à Lyon en 2011, il fait des études d’ingénierie à l’INSA. « Pour aller voir ma famille, je prenais mon billet de train six à sept semaines à l’avance. Je me rendais à la gare à 5 heures du matin pour être sûr d’avoir une place. » Et encore, Lei Han est un chanceux. Chaque année, ils sont des millions de chinois à désespérer devant

leurs ordinateurs. En 2012, le gouvernement a lancé « 12306.cn », un site internet officiel dédié aux réservations. Mais si trouver un billet est une chose, l’acquérir en est une autre. La plupart du temps, le site sature au moment de payer, à cause de la trop grande fréquentation. Des heures d’efforts réduites à néant, en quelques secondes : « C’est quand même plus facile de trouver un billet avec le site officiel. Au guichet, il y a tellement de monde, c’est presque impossible », affirme Xiaolu Han, étudiante chinoise en littéra-ture à Lyon III. Un vrai parcours du combattant, dans lequel « Baidu » s’est engouffré. Le premier moteur de recherche du pays a développé un logiciel, qui permet d’accélérer le processus de réservation, et ainsi d’éviter de perdre son billet entre la sélection et le paiement. Il faut dire que la réputation de « 12306.cn » commence à prendre du plomb dans l’aile. L’AFP rapporte que sur les réseaux sociaux, les Chinois ironisent sur le site, qui serait devenu « plus difficile à accéder que les îles Senkaku ».

antoine de longevialle

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c’est passé à la trappe

Le casse-tête chinois du Nouvel anLe 19 février, la Chine entame l’année de la chèvre. Un événement marqué par les festivités,

mais aussi redouté par les Chinois eux-mêmes. Car pendant plusieurs jours, le pays devient le théâtre du plus grand mouvement de population sur la planète. Embouteillages garantis.

Le diable est toujours en Tasmanie Le diable de Tasmanie, espèce emblématique de l’île australienne, est officiellement

sauvé de l’extinction, selon les dires des experts du pays. Un fait rare dans le monde de la faune et la flore, qui ne connaît que des mauvaises nouvelles depuis des années.

un diable de Tasmanie © Futura Science

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13 février 1895 : que les Lumière soientIl y a tout juste 120 ans, les Lyonnais Auguste et Louis Lumière déposaient le brevet

du cinématographe. Cette invention a révolutionné le XXème siècle, et fait partie intégrante du paysage du XXIème. Entre inventions, fortune et périodes sombres,

retour sur une vie et un destin hors du commun.

L’histoire d’une, ou plutôt de deux vies, commence à Besançon, en 1862. Le petit Auguste Lumière vient alors au

monde, suivi deux ans plus tard de son petit frère, Louis. Sous la faible autorité d’un père artiste et non-conformiste, les deux premiers enfants de la famille Lumière baignent très tôt dans l’univers de la photographie. En 1870, la famille fuit le Nord-Est de la France en pré-vention des attaques prussiennes, et s’ins-talle à Lyon. Antoine, le père, ouvre un studio de photo qui marche bien, tandis que ses deux futurs prodiges grandissent et étudient à La Martinière, le plus grand lycée technique de Lyon à l’époque. En 1881, à seulement 17 ans, Louis va assu-rer une pérennité financière à toute la famille, grâce à l’invention et la commercialisation de plaques photographiques instantanées, appelées « plaques étiquettes bleues ». Les Lumière surfent alors sur leur succès pen-dant treize ans, jusqu’à un voyage du père de famille dans la capitale française. Antoine assiste par hasard à une démonstration du kinétoscope. Inventé par le célèbre Thomas Edison et son assistant William Kennedy Dick-son, cet appareil est le premier à diffuser un film animé. Problème : le film ne peut être vu que par un spectateur à la fois. Le père de famille flaire néanmoins le filon, et l’avenir ré-side selon lui dans le développement du film, combiné à la projection sur grand écran.

Le cinématographe, une révolution

Convaincu lui aussi, c’est le cadet Louis, aidé de son méca-nicien Charles Mois-son, qui se lance dans l’aventure. A l’été 1894 dans leur usine de Monplai-sir (qui abrite au-jourd’hui l’Institut Lumière), les deux compères travaillent d’arrache-pied pour concurrencer la machine d’Edison. Ils utilisent aussi la pellicule 35 mm mais changent le système de mise en mouve-ment des images, appelé photogramme.En décembre 1894, le journal Le Lyon Ré-publicain consacre un article aux frères, qui « travaillent actuellement à la construc-tion d’un nouveau kinétographe, non moins remarquable que celui d’Edison et dont les Lyonnais auront sous peu, croyons-nous, la primeur ». Deux mois plus tard, le 13 février 1895, Louis et Auguste déposent le brevet de leur invention : le cinématographe est né. Ils empruntent d’ailleurs le nom de « cinéma-tographe » à Léon Bouly qui l’avait déposé mais n’avait pas payé les redevances de ses brevets. Le succès est immédiat. Le 28 dé-

cembre 1895 a lieu la première pro-jection publique de leur invention. Pour un franc, les spec-tateurs peuvent dé-sormais regarder dix films, dont la célèbre « Sortie de l’usine Lumière à Lyon ». Ils consolident leur fortune et arrêtent les films pour se consacrer à la vente de l’appareil à de

riches familles. Georges Méliès, un célèbre réalisateur français, tente de leur racheter leur invention, en vain.

De la Lumière à l’ombreCent ans plus tard, en 1995, le nom des frères réapparaît dans un contexte particu-lier. Jacques Chirac vient d’assumer la res-ponsabilité de l’État français dans la Shoah. L’heure est au repenti, mais la banque de France propose de sortir le nouveau billet de 200 francs à l’effigie des inventeurs du ciné-ma. Colère du PCF et des résistants, pour qui Louis et Auguste ont activement participé à la collaboration. « Ce serait une grande faute que de refuser le régime de collaboration dont le maréchal Pétain a parlé dans ses ad-mirables messages », affirmait Louis Lumière en 1940. Le cadet fait partie du conseil na-tional de Vichy, son frère siège au conseil mu-nicipal de Lyon (vichyste), et tous les deux sont chargés du recrutement. Ils participent à la création de la Légion des volontaires français, qui a pour but de soutenir militai-rement l’effort de guerre allemand. Louis et Auguste meurent respectivement en 1948 et en 1954, en ayant à tout jamais marqué Lyon de leurs empreintes, mais avec un épilogue qu’ils auraient peut-être préféré couper au montage.

lorenzo calligarot

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retour vers le passé

les frères lumière © larousse

devant la sortie de l’usine des frères lumière © dr

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Le cheerleading, loin des clichésLoin des clichés de la jeune fille sexy qui secoue ses pompons pour encourager

son équipe, le cheerleading est une pratique sportive qui demande synchronisation et technique. Pour vous, j’ai assisté à un entraînement de l’équipe de Gones de Lyon.

Nous ne sommes pas sur un terrain de foot. Et il n’y a pas de pompons non plus. 10 du Mat s’est rendu au gymnase du lycée du Parc, dans le 6ème arrondissement de Lyon. Tous les mardis

et jeudis soirs, l’équipe de cheerleading de Gones de Lyon, l’un des deux clubs de cheerleading de la ville, s’entraîne, de 20 à 22 heures. Elles sont 19 au total à faire partie du club. « Elles », pas vraiment, puisqu’on compte aussi un garçon parmi l’équipe. Aux commandes, on retrouve Marine Heurteau, 27 ans et la doyenne de l’équipe, qui a enfilé sa casquette de coach depuis maintenant deux ans. On a forcément tous vu une fois dans un film américain, une équipe de cheerleading, faire le show pour soutenir son équipe de foot préfé-rée. Mais cette discipline va au-delà du spectacle et de l’esthétique. Derrière tout ça, il y a la technique, la rigueur et la synchronisation. Ce sport se découpe en quatre parties : la danse, le saut, le porté, la pyramide, et le tout en musique bien sûr. Pour l’entraîneur, « c’est surtout la motivation qui compte. L’esprit d’équipe est important et différent des autres sports, car on ne peut pas faire sans les autres ».

Une discipline collective et solidaireDéjà sept ans que Marine Heurteau pratique le cheerleading, alors elle sait de quoi elle parle. « Il faut toujours avoir confiance en ses coéquipiers. » Car si une personne ne joue pas le jeu, plus rien ne fonctionne. Comprenez qu’il faut s’entendre, bien s’entendre avec les autres pour réussir à faire quelque chose. J’assiste à l’entraînement, qui se déroule dans un esprit bon enfant. Les filles (et le garçon) semblent fatigués, mais ne lâchent rien et écoutent attentivement leur coach. « Genoux en haut, talons fesses ! », Marine Heurteau com-mande son équipe, tel un petit soldat. Mais un gentil petit soldat. La jeune femme prend soin de chaque membre de la troupe et veille à ce que les exercices se déroulent correctement. Quand soudain, le coach lance : « On va faire un full, puis un prep, enchaîné d’un craddle ». Ok,

j’avoue être perdue. Mais Marine Heurteau me rassure et m’explique le « dialecte » du cheerleading. « Full, c’est lorsque la personne se trouve en haut sur un porté. Prep, c’est pour qualifier un mouvement au niveau du torse, et craddle, c’est quand la personne redescend et que ses coéquipiers la rattrapent ». Désormais, c’est beaucoup plus clair dans ma tête. En assistant à l’entraînement, je me prends rapi-dement au jeu et observe chaque détail des figures réalisées. Divisées en deux groupes, les équipes se forment à quatre le plus souvent : trois en bas pour soulever, une debout en haut.

Le cheerleading se démocratiseSi le coach aimerait étendre davantage cette pratique sportive, les cheerleaders de Gones de Lyon peuvent être ravis du travail accompli. Qualifications régionales à Bordeaux en mars, finale à Bordeaux en mai, on comprend donc les motivations de l’équipe de Marion Heur-teau. Il reste un peu moins d’un mois aux coéquipiers pour se prépa-rer, affronter d’autres équipes, mais surtout les battre. Le cheerlea-ding a été reconnu comme un sport à part entière, l’année dernière seulement. Difficile de faire reconnaître cette discipline au niveau na-tional, mais peu importe, la troupe de Marion Heurteau en veut et se battra jusqu’au bout. léa cardinalInscription : 150 € à l’année.

Créé au XIXème siècle, le cheerleading est un sport qui nous vient tout droit des Etats-Unis. Comme son nom l’indique, il s’agit d’une pratique de leader, et composée essentiellement d’hommes à la base. La première rencontre remonte en 1884, lors d’un match de football américain, à l’université de Princeton. Ce n’est qu’en 1923 que les femmes le pratiqueront. Le cheerleading évolue jusque dans les années 60, mais se pratique surtout dans le domaine sco-laire. La pratique fait son apparition en France dans les années 80, mais a encore du mal à trouver des initiés.

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le sportif du dimanche

l’équipe travaille sa souplesse avant les portés © léa cardinal

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le jugement dernier

l’instant pop corn Le pitch : Eggsy, petite raclure anglaise, passe le plus clair de son temps avec ses potes à boire des bières et à narguer la police à coups de donuts en voiture volée. Mais ce qu’il ne sait pas, c’est que son père, mort lorsqu’il était petit, était un agent secret, em-ployé par Kingsman, une agence de renseignements britannique au chic outre mesure. Alors, lorsque ces super gentlemen ont besoin de nouvelles recrues, Eggsy se retrouve sur la liste des candidats pour aller combattre un mégalo, évidemment plein de mauvaises intentions.Une chose est sûre, ils ont la classe ces Anglais. Entre costumes sur-mesure, gadgets ultrasophistiqués et jolies filles, Kingsman a tout d’un grand en nous offrant tous les codes du pur film d’agent secret britannique. Alors pourquoi croire qu’il suffit de remplacer le quarantenaire fringant par un jeune imberbe, pour se dire qu’on a rafraichi le thème ? On pourrait peut-être prendre les grands méchants ultra caricaturaux ou encore les armuriers inventifs pour des hommages, s’ils étaient à la hauteur. Mais malgré une bonne dose d’humour, qui fonctionne, il s’avère difficile de rattraper une

intrigue plate et prévisible. Au final, Kingsman reste juste un film d’action, mais un bon film d’action, distrayant. Les scènes de combats sont époustouflantes, même si un peu trop retouchées, et le hé-ros a le mérite d’assurer. Le jeune Taron Egerton, pour ses premiers pas dans une grosse production, parvient à nous amuser sous son air narquois, quitte à en éclipser un Colin Firth, qui nous a ressorti sa mono-expression ultra-britannique tout au long de sa prestation. On retiendra aussi le coup de pied au derrière à notre société de communication, très réussi.Kingsman, 2 h 09, de Matthew Vaughn, avec Colin Firth, Samuel L. Jackson, Mark Strong et Taron Egerton. En salles.

guillaume fradin

Better call Saul, avocat des spin-offsLe spin-off, principe de démarrer une nouvelle série en s’inspirant d’un personnage

ou d’un pitch déjà existant, est un jeu dangereux. Mais lorsqu’il est utilisé avec autant de brio que pour Better call Saul, il ne peut être qu’applaudi. La série des créateurs de

Breaking Bad semble marcher dans les pas de sa grande sœur.

Elle est née la divine série. Depuis le 8 fé-vrier 2015, un nouveau venu est entré dans le panorama déjà bien rempli du

monde des séries télévisées. Better call Saul, le spin-off de la célèbre série américaine Breaking Bad, a fait une entrée remarquée sur scène. Serait-ce grâce à Bob Odenkirk, le génial inter-prète du désormais célèbre avocat au bord de la crise de nerfs ? Certainement. Deu-xième fils d’une famille de sept enfants, il a tout d’abord fait ses preuves en tant que scénariste au Saturday night live, émission actuellement présentée par Jimmy Fallon, et pour laquelle il a rempor-té un Emmy award en 1989, pour son travail d’écriture. Bob Odenkirk est connu pour ses rôles décalés, mais toujours bourrés de confiance en soi. Et ici, il ne dé-roge pas à la règle. Coincé dans un bureau situé au fond d’un institut de beauté coréen,

l’avocat Jimmy McGill (le personnage qu’il interprète dans Better call Saul, l’histoire se situant quelques années avant les événe-ments de Breaking Bad) veut mettre toutes les chances de son côté pour récupérer un

couple de clients pesant un demi-million de dollars. Mais, chanceux comme il est, ses plans échafaudés à la va-vite vont le mettre sur la route de dangereux gangs.Peut-on mettre le succès de cette nouvelle

série sur le dos d’un seul homme ? Certai-nement pas. Si Better call Saul réussi aussi bien le pari du spin-off, qui n’est pas toujours bien relevé, c’est aussi grâce à Vince Gilligan

et Peter Gould, les deux créateurs et scénaristes. Le premier n’est autre que l’un des producteurs de la sé-rie X-Files : aux frontières du réel. Le second s’est essentiellement fait connaître par Breaking Bad. Dès le premier épisode de Better call Saul, on retrouve la tension qui caracté-rise son aînée. L’ambiance froide, malgré la température élevée du Nouveau-Mexique, à laquelle on s’accoutume vite, tant certaines situations sont ubuesques. On re-tiendra la scène où l’avocat défend bec et ongles trois jeunes, accusés

d’avoir violé la tête d’un cadavre préalablement tranchée dans une morgue. Des clients indéfendables ? Ce n’est jamais le cas pour Saul.Diffusée sur AMC.

alexandre festaz

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écran total

Le meilleur avocat de tout le Nouveau-Mexique, Jimmy McGill © DR

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le jugement dernier

Top Aucun plan prévu ce week-end ? Same-di 21 février, The Kooks sera en concert au Transbordeur. Les garçons présenteront en live leur dernier album, « Listen », sorti en sep-tembre 2014. Ambiance psyché et pop pour le groupe, véritable ambassadeur de la pop anglaise. The Kooks signe ainsi son grand re-tour, après des années plus noires : en 2011, au bord de l’implosion, le groupe a bien failli tout arrêter. Avec « Listen », les Anglais tiennent enfin leur revanche. Un son neuf, frais avec des airs de funk qui se détachent enfin de leur premier album. Pas tout à fait convaincus ? En première partie, les deux très bons groupes Bleachers et Nat Jenkins seront aussi présents pour chauffer la salle. Entrée : 35 €, samedi 21 février au Transbordeur. Ouverture des portes à 18h30.

FlopCe vendredi 20 février, nous vous conseillons fortement d’éviter la Halle Tony-Garnier et ses alentours, au risque de croiser une horde de jeunes filles en fleurs, venues entre copines pour le concert de Katy Perry. Rassurez-vous, nous autres Lyonnais ne seront pas les seuls à subir cela, puisque l’Américaine est en tour-née dans toute l’Europe pour son Prismatic tour. La dernière image que vous avez en tête

la concernant est probablement le concert de mi-temps du Superbowl (suivi par 118 millions de spectateurs !). Après s’être trémoussée entre deux requins qui chantent, la jeune Améri-caine ramène donc ses fesses dans la capitale des Gaules ce vendredi. Pour notre plus grand désespoir.

Le choix de la rédacQuand l’évolution technologique cham-boule l’art. Du 25 février au 1er mars, l’association lyonnaise Dolus & Dolus organise la troisième édition du Mirage Festival. L’objectif ? Mettre en avant des cultures émergeantes et innovantes. Depuis 2013, le rendez-vous est la pre-mière manifestation lyonnaise autour des nouvelles technologies dans la création contemporaine. Pendant ces quelques jours, les spectateurs pourront assister à des performances, des soirées mais aussi, et c’est une nouveauté, assister à des workshops, des conférences et autres meeting créatifs, lors du « Mirage Open Creative Forum ». Trois lives sont prévus du vendredi au dimanche soir, au Sucre et au Transbordeur. L’enjeu est de réfléchir à quoi pourrait ressembler la création ar-tistique de demain, par le biais d’artistes aux univers différents, locaux mais aussi internationaux. Ce festival dédié aux arts audiovisuels se déroulera à différents en-droits de la capitale des Gaules.Infos pratiques : Du 25/02/15 au 01/03/15. Plus d’infos sur miragefestival.com

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le jugement dernier

France Télévisions et Sodastream, un partenariat qui dérangeFrance Télévisions n’a jamais été connue pour le luxe des cadeaux qu’elle offre aux candidats de ses jeux télévisés. Encyclopédies sur les herbivores, weekends en Bretagne… Pas foufou mais rien de bien méchant. Parce que depuis quelques temps, Julien Lepers, Cyril Féraud et Tex offrent d’autres cadeaux : des machines à soda de la marque Sodastream. Toujours pas très foufou mais plus pro-blématique pour l’image du groupe.Une pétition, lancée par la campagne BDS, parue dans Libération notamment, regroupe déjà 15 000 signataires pour faire cesser ce partenariat. Des rassemblements de protestation ont eu lieu de-vant les bureaux de France Télé. Le petit problème de ce partena-riat, c’est qu’à l’heure actuelle, la principale usine de Sodastream

est implantée dans une colonie en terri-toire palestinien. Et conformément au droit international, même si tout le monde s’en fout, la colonie de Maale Adounim est occupée de façon illégale par Israël. Selon l’ONG israélienne « Who profits », la main d’œuvre palestinienne est exploitée dans des conditions déplorables. Compliqué de gérer cette image sereinement.Alors, après tout, si des entreprises privées sont prêtes à nouer des partenariats avec Sodastream, pourquoi pas. Seulement voi-là, France Télévisions n’est pas un groupe privé. Il est détenu à 100% par l’État. C’est une chaîne de service public. Et en offrant des produits Sodastream, France Télévisions fait la promotion de cette marque, qui produit ses machines sur un sol contesté. La seule réponse que France Télévisions a pu fournir est la suivante : « l’importation des produits Sodastream n’est pas interdite par la législation française ». Rien d’illégal certes, mais pas très moral.L’année dernière, l’ONG Oxfam avait ainsi décidé de rompre son partenariat avec Scarlett Johansson, parce que celle-ci avait ac-cepté de faire des pubs pour Sodastream. Alors, pour éviter que l’on vous associe à Sodastream, un conseil Monsieur Rémy Pfimlin, remettez les encyclopédies sur les herbivores et les weekends en Bretagne. Finalement, on adore ça.

kévin charnay

kékidit ?Un palestinienqui travaille dans l'usine israelienneSodastream © Ammar Awad

© Jenn Five/NME

© David J. Phillip

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La phrase de la semaine

« La France vous dit son amour, un amour bien plus fort que les actes de haine. » Manuel Valls, s’adressant aux juifs de france après la profanation

d’un cimetière juif, le 16 février sur RTL.

Grange a fait trembler les portes

photomaton

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Les mondiaux de Beaver Creek, aux Etats-Unis, n’avaient pas souri à l’équipe de France. Seules deux médailles de bronze avaient jusque-là été glanées par les skieurs français Adrien Théaux en

Super-G, et Alexis Pinturault en géant. Mais pour LA grande surprise de ces mondiaux, il a fallu attendre le dernier jour et la dernière épreuve : le slalom messieurs. Cette surprise, on la doit à Jean-Bap-tiste Grange, qui a remporté l’épreuve. Le sportif en est à son deu-xième titre mondial, après celui de 2011. Mais si le vainqueur peut être surprenant, le scénario a lui aussi apporté sa touche de drama. Classé cinquième après la première manche, Jean-Baptiste Grange, âgé de 30 ans, a réalisé une deuxième

manche exceptionnelle. Le tout dans des conditions extrêmement dif-ficiles, puisque la neige est tombée en quantité, gênant fortement la visibilité. Surtout, le skieur de Valloire a déjoué les pronostics, lui qui n’était même pas cité comme outsider. Il a aussi profité de la sortie de piste du favori, l’Autrichien Marcel Hirscher, qui avait réalisé le meilleur temps de la première manche. Au final, le Français devance les deux Allemands, Fritz Dopfer et Felix Neureuther.Une belle récompense pour le skieur français, qui a connu des années de galère, depuis son sacre mondial en 2011, ponctuées de trois blessures (au genou droit en 2009, à l’épaule gauche en 2011-2012 et enfin au dos en 2013-2014). martin casamatta

jean-Baptiste Grange a créé la surprise en remportant la médaille d’or sur slalom ® HANS KLAUS TECHT