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Revista Barrial Bimestral - Número 12 - Abril / Mayo 2011 - www.desinformemonos.org Visite en territoire indigène du Mexique, Visite en territoire indigène du Mexique, entre résistance et spoliation entre résistance et spoliation LOS NUESTROS Entretien avec Mumia Abu Jamal « Il faut beaucoup de gens pour faire une révolution… et beaucoup d’autres pour l’appuyer » Fernando Martínez Heredia « Nous avons une scandaleuse nécessité d’idées » Oswaldo Seva : « L’offensive du capital contre les peuples indigènes et contre les paysans est globale » LOS NADIE Témoignage de Leticia Des médecins sous la menace à Ciudad Juárez REPORTAJES Les véritables héritiers de Zapata Pédagogie pour la liberté en Amazonie péruvienne Anabel Hernandez Les seigneurs de la drogue au Mexique Ricardo Loewe L’Autriche, aussi riche qu’injuste, se bouge Rio de Janeiro : Rio de Janeiro : ces communautés ces communautés qui ne figurent pas qui ne figurent pas sur les cartes postales sur les cartes postales En Afrique, En Afrique, le cinéma se réinvente le cinéma se réinvente Karina, Karina, La Galle La Galle Ce conte que je te Ce conte que je te raconte, commence et se raconte, commence et se termine avec ta liberté termine avec ta liberté Rossignoles de Rêve, Rossignoles de Rêve, une campagne contre une campagne contre l’exploitation sexuelle l’exploitation sexuelle des enfants et des adultes des enfants et des adultes Au Brésil Au Brésil Détournement des eaux Détournement des eaux du fleuve San Francisco du fleuve San Francisco

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Revista Barrial Bimestral - Número 12 - Abril / Mayo 2011 - www.desinformemonos.org

Visite en territoire indigène du Mexique, Visite en territoire indigène du Mexique,

entre résistance et spoliationentre résistance et spoliationLOS NUESTROS

Entretien avec Mumia Abu Jamal« Il faut beaucoup de gens pour faire une révolution… et beaucoup d’autres pour l’appuyer »

Fernando Martínez Heredia « Nous avons une scandaleuse nécessité d’idées »

Oswaldo Seva : « L’off ensive du capital contre les peuples indigènes et contre les paysans est globale »

LOS NADIE

Témoignage de Leticia Des médecins sous la menace à Ciudad Juárez

REPORTAJES

Les véritables héritiers de Zapata

Pédagogie pour la liberté en Amazonie péruvienne

Anabel HernandezLes seigneurs de la drogue au Mexique

Ricardo LoeweL’Autriche, aussi riche qu’injuste, se bouge

Rio de Janeiro :Rio de Janeiro :

ces communautés ces communautés

qui ne fi gurent pas qui ne fi gurent pas

sur les cartes postalessur les cartes postales

En Afrique, En Afrique, le cinéma se réinventele cinéma se réinvente

Karina,Karina, La Galle La GalleCe conte que je te Ce conte que je te raconte, commence et se raconte, commence et se termine avec ta libertétermine avec ta liberté

Rossignoles de Rêve, Rossignoles de Rêve, une campagne contre une campagne contre l’exploitation sexuelle l’exploitation sexuelle des enfants et des adultesdes enfants et des adultes

Au BrésilAu Brésil

Détournement des eaux Détournement des eaux

du fl euve San Franciscodu fl euve San Francisco

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Numéro 12 - Avril / Mai 2011 - www.desinformemonos.org2

Comment nous organiser :

Il n’y a pas qu’une seule manière de le faire, ni un seul événement pour l’impul-ser, parce que les personnes sont com-plexes et les conditions changent. Selon le grand C.L.R. James l’organisation com-mence quand deux personnes se mettent d’accord pour travailler ensemble. Mao a dit : « une seule étincelle peut incendier une prairie », et c’est ce qu’il s’est apparem-ment passé en Tunisie et en Egypte ces der-nières semaines. Mais il est aussi vrai que s’organiser a pris du temps (spécialement en Egypte), et beaucoup de personnes en sont arrivées à un point de non-retour.

Les partis politiques :

Beaucoup, sinon la majorité, des par-tis politiques, particulièrement ceux des métropoles, sont devenus d’offi ciels ser-vants du capital. Ils sont en compétition entre eux, au service de la richesse, sans même faire semblant de représenter les gens. Le célèbre historien français de Toc-queville l’a dit : « Le citoyen américain ne connaît de profession plus haute que la politique, parce que c’est la plus lucra-tive ». Il a écrit ça il y a 150 ans ! En réalité les partis empêchent de porter attention aux nécessités et intérêts des gens. C’est particulièrement évident dans le monde dit développé, où les partis promettre une chose pour être élus, mais oublient leurs promesses une fois en poste.

La proposition de l’EZLN :

Je suis tout à fait d’accord avec l’idée de nous organiser en marge des partis poli-tiques et de la classe politique. De fait il n’y a que ça qui maintiendra libres et frais les mouvements sociaux au milieu des pièges habituels de la corruption dans la vie poli-tique tout autour du monde. J’en ai discuté pendant des années avec un ami plus âgé

(lui aussi étudiant l’EZLN). Ça devrait être exploré, testé, et être utilisé si les résultats sont probants.

Les afro-américains :

Pour être sincère, la situation est alar-mante. Pour des millions d’enfants dans les ghettos des villes des États-Unis, le taux d’abandon des études est de 50%. Dans cer-taines villes, Baltimore par exemple, ce taux serait de 75%. Et dans plusieurs cas ceux qui arrivent à décrocher le baccalauréat ne sont pas admis à l’université parce qu’ils ont eu une éducation défi ciente. Il s’agit d’enfants ! Et alors que le taux de chômage offi ciel national est autour de 7%, pour les américains noirs il est de 35% et pour les jeunes de 60% ! En plus les jeunes noirs sont ouvertement sujets aux violences poli-cières, brutales et mortelles, et les policiers sont rarement punis pour ce qu’ils ont fait.

L’élection d’Obama a réveillé et mis en valeur les forces de droite et racistes, dont beaucoup se retrouvent dans le mouve-ment Tea Party. Des politiciens chantent les louanges de la guerre civile (1860-1865) du point de vue sudiste. Il y a quelques jours le gouverneur du Mississipi était prêt à honorer avec une plaque d’immatricula-tion un des fondateurs du Ku Klux Klan, le général Nathan Bedford Forrest, respon-sable des tortures et massacres de centaines de soldats noirs de l’Union à Fort Pillow.

Les noirs et les indigènes aux Etats-Unis :

Les diff érences sont réelles parce qu’il n’est pas courant que nous partagions nos espaces vitaux (la majorité des indigènes sont dans des zones rurales ou à l’ouest alors que la plupart des noirs vivent dans des zones urbaines). Ceci dit, il y a une claire action idéologique entre les deux groupes. L’AIM (American Indian Move-ment) a clairement été infl uencé par les

Black Panthers et le mouvement Black power. Les luttes pour l’indépendance et la liberté des noirs et des indigènes se sont réciproquement aidées et infl uencées.

Les migrants :

Le capitalisme en crise force les gens à pen-ser moins globalement et plus égoïstement. Ce sentiment, alimenté par la peur et véhi-culé par les médias dominants, renforce la séparation entre les gens et gomme le commun, la communauté et donc la cohé-sion sociale. A moins que les activistes ne soient capables de construire un sentiment de solidarité entre les peuples, ces impul-sions amèneront de véritables désastres sociaux et, peut-être, historiques.

Sur moi :

Comme disent les mozambicains, «  a luta continua » : la lutte continue ! il faut construire, amplifi er, approfondir, fortifi er notre lutte où qu’elle soit, car comme le disait Frederick Douglass, « sans lutte il n’y a pas de progrès ».

Ce ne sera sans doute pas facile, mais c’est nécessaire.

Adiós mis amigos. Y gracias por todo. Mumia

Mumia Abu Jamal « Il manque beaucoup de gens pour faire une révolution »

Gloria Muñoz Ramirez

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Numéro 12 - Avril / Mai 2011 - www.desinformemonos.org 3

La constante, dans les mégaprojets impulsés par les entreprises nationales et transnationales, telle que des habi-tants et ejidatarios indigènes de Jalisco, Durango, Guerrero, Oaxaca, Mexico DF et Michoacán en conviennent lors d’entretiens, est qu’ils sont planifi és et mis en marche sans consulter les popu-lations concernées, sous les auspices du « progrès » et du « développement » - avec comme conséquence immédiate la spolia-tion et la destruction de leurs territoires, c’est-à-dire de leurs cultures, ressources naturelles, sites sacrés, traditions. Autre-ment dit : la destruction de la vie.

Sur le territoire du peuple wixárika, dans le municipe Real de Catorce, San Luis Potosí est sous la menace de 22 conces-sions minières octroyées à l’entreprise canadienne FirstMajesticSilver.

D’un autre côté les membres du peuple purhépecha des communautés de Nurío et de Cherán et du municipe de Uruapan, dénoncent l’invasion de cultures d’avocats transgéniques, en plus de celle de maga-sins comme Wal-Mart ou Soriana.

Au Guerrero, sur la Costa-Montaña et dans la Sierra Madre del Sur, les repré-sentants de la Coordination Régionale des Autorités Communautaires (CRAC - Police communautaire) mettent en évi-dence que plusieurs entreprises minières internationales ont déjà l’autorisation du gouvernement pour explorer et exploiter ces zones pendant 50 ans au maximum.

José Luis Claro Rosa, membre de la com-munauté coca Mezcala, mentionne lui la menace toujours latente de privatiser le cœur de son peuple, l’île de Mezcala, sur le lac de Chapala, le plus grand du Mexique.

Dans l’isthme de Tehuantepec, selon Carlos Manzo, «  sont regroupés près de 500 aérogénérateurs, qui font partie du programme de production d’énergie éolienne impulsé il y a plus de dix ans par des entreprises transnationales d’origine espagnole ».

Déforestation, perte d’espace, disparition d’oiseaux, assèchement des sols, écoule-ment d’acide ou destruction du paysage sont seulement quelques unes des graves conséquences promises par un mégapro-jet de cette ampleur.

Et à Santa María Ostula, Michoacán, les plans prévoient des routes, ponts, projets touristiques, programmes de privatisation des terres. Le projet routier, expliquent les habitants d’Ostula, fait partie du Plan Régional Soutenable du Michoacán, et

complète la construction d’une autoroute, d’hôtels et de lotissements résidentiels pour laquelle la population n’a pas été consultée.

Finalement, à Milpa Alta, à Mexico, est envisagée la construction d’une route vers Metepec (État de Puebla) qui « aff ectera notre territoire nahua, nos forêts, nos fl ore et faune, divisera notre communauté, pas seulement géographiquement mais aussi dans notre unité puisque certains seront pour et d’autres contre : ça aff ectera notre paix interne. »

L’autonomie et l’organisation collective sont la réponse à ces plans, selon toutes les personnes interrogées : les ressources naturelles, la vie et le territoire sont en jeu, et ils ne sont pas disposés à les céder.

Visite en territoire indigène mexique, entre résistance et spoliation

Mines, routes, programmes touristiques, plans immobiliers, boutiques, commerce agraire et production d’énergie éolienne

sont quelques uns des projets nationaux et transnationaux en territoires indigènes du Mexique.

L’autonomie et l’organisation collective est la réponse d’en bas.

Marcela Salas, Sergio Bibriesca, Joana Moncau, Gloria Muñoz y Spensy Pimentel. Photo: Blog Salvemos Wirikuta

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J’ai grandi dans la communauté de Isla de los Caizaras, dans la lagune de Rodrigo de Freitas. C’était en 1965, Carlos Lacerda gouvernait. Nous avons été accusés de contaminer la lagune Rodrigo de Freitas. Tout cela n’était que mensonge ! Aujourd’hui, c’est un quartier distingué de la ville de Rio. Ce fut une spéculation immobilière.

J’ai été déplacé avec ma famille par un camion poubelle. Quand nous nous en sommes rendu compte, nous étions dans un lieu de la ville que je ne connaissais pas et dont je n’avais jamais entendu parler. Un lieu sans lumière, sans eau, sans école, au milieu de rien. C’était « la Ciudad de Dios », le nom de cet endroit. Jusqu’à aujourd’hui, je continue de pleurer lorsque je me souviens de mon enfance et comment on nous a expulsés de notre foyer. Je suis resté sans racines.

C’est seulement adulte que j’ai compris ce qui s’était passé politiquement avec moi, quand, de nouveau, 30 ans après, ma maison était sur le chemin de la ligne jaune, la route qui a été construite pour unir le centre de la ville et la zone ouest. C’était pendant le gouvernement de César Maia. Cette fois, je n’ai pas été expulsé : j’ai été réinstallé. La diff érence est qu’ils nous ont sortis de notre maison, mais ils nous ont mis dans un quartier de maisons construites par le gouverne-ment. Cela signifi e que seuls les murs et les fondations étaient construits, l’ha-bitant était celui qui devait construire le reste. C’était absurde. C’est là qu’a commencé ma lutte, ma conscience poli-tique. J’aime la bagarre. Avec beaucoup de résistance et de discussions avec la

municipalité, nous avons obtenu que le gouvernement paye les travaux, comme ça devait être le cas.

Je suis parti de la Ciudad de Dios, parce que je me suis séparé de la mère de mes fi lles. J’ai recommencé ma vie et j’ai choisi de vivre à Autodromo. Je suis le leader de la communauté depuis 2003.

En 1992, le gouverneur Brizola a accordé pour 40 ans le titre de propriétaires aux personnes de la communauté. Ensuite, cette concession a été renouvelée pour 99 ans de plus. Mais l’actuel gouverneur, Eduardo Paes, essaye encore d’expulser la communauté de la ville de Autódromo.

Chaque heure, le gouverneur invente une chose. Nous avons été traités de tous les noms possibles : pollueurs, dévastateurs, vandales, anti-esthétiques, envahisseurs… C’est l’unique terrain disponible pour la construction des bâtiments des jeux pana-méricains, un lieu de communication pour les médias, une erreur de calcul des

organisateurs, et une zone du périmètre de sécurité des jeux. Maintenant, nous sommes à nouveau dans une zone où il faut préserver l’environnement. Ce qui revient à nous dire que nous sommes des destructeurs. Nous sommes entourés de quartiers de luxe et de classes moyennes, mais les riches ne polluent pas.

Les gouvernants ne pensent à rien lorsqu’ils détruisent des lieux. Ils inter-rompent la vie des personnes. Ils pensent qu’on reprend directement la vie quoti-dienne mais ce n’est pas le cas. Il y a 119 favelas menacées de destruction.

Nous ne partirions d’ici que si nous sommes expulsés, car la solution que nous donne le gouvernement est humiliante. Il n’y a que trois alternatives : un crédit pour acheter une maison éloignée avec un petit espace, une indemnité misérable ou descendre dans la rue.

Pour lire l’interview complète en espagnol visitez www. Desinformemonos.org

Expulsion à la veille du Mondial et des Jeux Olympiques

Rio de Janeiro : ces communautés qui ne collent pas aux cartes postales

À l’ouest de Rio de Janeiro, plus de 900 familles sont menacées d’expulsion. C’est le préambule du Mondial de foot et des Jeux

Olympiques. Témoignage d’Altair Antunes Guimarães recueilli par Tatiana Lima, à Villa Autódromo, Río de Janeiro, Brésil.

Photographie: Tatiana Lima

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Numéro 12 - Avril / Mai 2011 - www.desinformemonos.org 5

La Havane, Cuba. Ces réfl exions ont été exprimées par Fernando Martínez Here-dia, historien, philosophe, politologue, penseur critique cubain et amoureux de l’Amérique latine, à l’occasion du Salon international du Livre de La Havane 2011, où un hommage mérité lui a été rendu.

La meilleure défense du socialisme est de l’approfondir

Je ne suis qu’un des millions de cubains qui discutent, avec passion et rigueur, des problèmes et défi nitions fondamentaux qui transcendent de loin ce que contient un document. Le niveau de conscience politique, quasiment inégalé dans le monde, et une grande proportion de per-sonnes ayant des connaissances générales et techniques notables, sont des qualités d’un peuple pour appuyer une des options qui s’off rent : celle de fortifi er le socia-lisme. Nous savons que ce sera une tâche très dure : aujourd’hui les paroles sont en ébullition mais les faits boitent.

De plus, la culture accumulée nous montre que ce n’est pas la Révolution qui a déterminé l’économie, mais bien l’ac-tion, la volonté et l’abnégation des masses qui se sont organisées, ont combattu et se sont unies. Un peuple s’est forgé en une geste héroïque : il vivait presque sans rien, sans emploi, santé publique ou écoles, entre incrédulité et loterie, et s’est mon-tré capable de lutter encore, et de chanter « Cuba récompensera notre héroïsme ». Grâce à quoi la révolution s’est transfor-mée elle-même, a transféré ses pouvoirs sur son pays et a revendiqué des projets pour un futur plus ambitieux.

Ce qui alors était un grand rêve est aujourd’hui devenu nécessité : seul le socialisme est capable d’apporter les fondations nécessaires à la liberté, la jus-tice sociale et la souveraineté nationale.

Je suis fi er d’être le fi ls d’un peuple qui jamais ne permettra que l’autorité légi-time aujourd’hui exercée par les grands ne soit suivie d’une alliance du despo-tisme des petits et l’empire de l’argent. Parce que l’argent ne peut régner seul sur une société, c’est là une illusion : il lui faut s’associer avec le pouvoir. Nous avons accumulé une immense culture de libération, nous avons les instruments adéquats pour construire et créer : le contrôle des travailleurs et du peuple sur les processus sociaux et les décisions essentielles, l’apport réel des eff orts et capacités de chacun et la loi au dessus de tous.

Le capitalisme conduit à une gigantesque guerre culturelle mondiale, de laquelle il prétend triompher depuis la vie quo-tidienne et les processus civilisationnels et au travers d’un grand mouvement de privatisation, idéel comme matériel.

Avec des armes antiques on ne peut pas se battre dans cette guerre, et encore moins avec des armes qui n’ont jamais servi. La culture est au cœur du combat anticapi-taliste dans le Cuba actuel.

Je lance un appel qui s’inspire pour le futur : que la culture cubaine utilise son merveilleux développement pour bien nourrir tous les habitants de Cuba, et fortifi er ainsi esprits et subjectivités dans le but de vaincre les défi s et de créer de nouvelles réalités tangibles, et que la poli-tique qui nous guide soit une culture pour la libération.

La condition de l’utilité

Chacun doit donner dès à présent tout ce qu’il peut avec son travail, quoiqu’il puisse faire, et à ma modeste échelle je participe à un défi d’aujourd’hui : nous avons une scandaleuse nécessité d’idées.

Fernando Martínez Heredia : « Nous avons une scandaleuse nécessité d’idées »

Tamara Roselló Reina. Photo: La Jiribilla

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Mexico DF. Avec la diff usion de Rossi-gnoles de Rêve commence la « Deuxième campagne de mobilisation sociale contre l’exploitation sexuelle commerciale d’en-fants et d’adultes », mise en œuvre depuis 2003 par la Brigade de Rue d’Aide à la Femme « Elisa Martinez ». C’est une orga-nisation qui se consacre à la prévention du VIH/Sida comme pratique de liberté. Leur stratégie comprend des services de santé concernant la sexualité et la repro-duction, et des services de défense des droits humains, civils et professionnels des travailleuses et travailleurs sexuels du Réseau Mexicain de Travail Sexuel.

Rossignoles de Rêves raconte une his-toire dans le style des contes de fées, où la pauvreté, la cherté du panier de la ména-gère, le manque d’équité dû au sexe et au machisme, sont quelques-unes des raisons qui poussent certaines femmes, fi lles et adolescentes à recourir à la prostitution pour gagner leur vie.

Des représentants du système en profi tent pour chercher à s’enrichir par l’exploitation sexuelle de qui n’a pas eu d’autres choix.

Ce n’est pas une tâche que l’on doive lais-ser à l’État et à ses instances, car il a déjà été démontré qu’eux-mêmes ont tiré de considérables avantages et bénéfi ces soit en couvrant l’exploitation sexuelle de per-sonnes soit en en profi tant directement.

Des mesures comme criminaliser le client, interdire les petites annonces de contacts sexuels dans les médias ou « militariser » la vie de ceux qui échangent du sexe

contre de l’argent dans d’interminables guerres contre le crime organisé, sont des palliatifs qui ne diminuent ni ne règlent les crimes contre la dignité des femmes et des enfants.

Il est clair que de nombreux discours pour racheter « les victimes de la prostitution » sont utilisés par ceux qui cherchent un soutien populaire en vue d’obtenir un poste politique. Mais, cependant, jamais le système qui engendre ce fait n’est remis en cause.

Pour la Brigade de Rue, légitimer les entre-preneurs du sexe, sous prétexte de la lutte pour la reconnaissance des droits des tra-vailleurs, pour qu’ils/elles soient exploité(e)s dans le cadre établi par le Droit du Travail National et International pour tous les tra-vailleurs n’est pas une option.

Les personnes qui participent à des mou-vements contre le système et contre le capitalisme devraient prévoir de recru-ter massivement enfants, femmes, homo-sexuels et transsexuels.

Le principe de base est de générer des mouvements sociaux qui ouvrent un dialogue capable de réincorporer à la communauté ceux qui ont été exploités sexuellement, sans aucune sorte d’inéga-lité. Les peuples, les tribus et les nations indigènes y jouent un rôle important, puisque c’est parmi eux que sont recrutés les deux tiers des personnes impliquées.

Par conséquent, la campagne qui est déjà en marche, à travers les bandes dessi-nées, montre la façon d’opérer des gangs lorsqu’ils recrutent. Trois bandes dessi-nées ont été produites entre 2003 et 2009, nées de l’exigence des travailleuses du sexe de la Merced auprès de la Brigade pour défendre leur santé.

La réorganisation du centre historique de la ville de Mexico, est utilisée comme prétexte pour expulser les travailleuses du sexe des rues où elles gagnent leur vie. Une raison de plus pour diff user parmi les gens d’en-bas les causes économiques et culturelles qui génèrent la prostitution.

Pendant le mois de l’Enfant

Rossignoles de Rêve, une campagne contre l’exploitation

sexuelle des enfants et des adultesRossignoles de Rêve est une bande dessinée et un conte audio contre la traite de personnes exploitées sexuellement. C’est à lire

ou à écouter dans les espaces de luttes de nos communautés, quartiers et villages. Jaime Montejo

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Nurio, Michoacan, México. Défendre et travailler la terre, garder l’identité, les cou-tumes, l’organisation et le mode de vie des peuples originaires est la meilleure façon de revendiquer l’héritage du Général Emi-liano Zapata. C’est ce sur quoi sont bien d’accord les membres des communautés et les indigènes des Etats de Jalisco, de Mexico, de Michoacan, de Guerrero, et du District Fédéral.

« Zapata est le symbole de la résistance pour la terre communale, cette terre qui repré-sente pour mon peuple toute la vie » dit Juan Doinisio, ñañhú de la communauté de San Pedro Atlapulco, État de Mexico.

Tous les jours on revendique les idéaux de la lutte de Zapata à travers la défense de la terre dans diff érents endroits du pays. Le cri « la terre est à celui qui la travaille», 92 ans après son assassinat est toujours en vigueur.

Spoliations et introduction de programmes institutionnels comme le Programme de Certifi cation et de Droits des Terres Com-munales (PROCEDE) sont quelques unes des stratégies menées par le pouvoir pour usurper les territoires de ceux qui en sont les gardiens depuis des millénaires.

« Ils ont des tas de façons de prendre les terres ; l’une d’elles est de faire s’aff ronter les villages entre eux » ajoute Teódulo Santos.

Magdalena Garcia Duran, mazahua de l’État de Mexico et ex-prisonnière poli-tique, observe que «  le gouvernement continue à modifi er les lois pour léser les peuples, il continue à faire la même chose qu’avant la révolution.

Le «caudillo» du Sud

En 1879, au sud de l’État de Morelos, est né Emiliano Zapata. Fils d’une famille pay-sanne, il n’a bénéfi cié que d’une maigre ins-truction, et très jeune il a dû commencer

à travailler comme ouvrier agricole. Il n’a jamais abandonné la défense de la terre et a constitué l’Armée Libératrice du Sud, pour s’unir à la Révolution Mexicaine.

« Actuellement les revendications de jus-tice et de liberté sont centrées sur le res-pect de nos usages et de nos coutumes ; le respect de notre terre et de notre langue », dit Magdalena Garcia.

La validité des revendications de terre et liberté « signifi e que le gouvernement n’a toujours pas résolu le problème agraire pour les communautés », remarque Maria de Jesus Pacheco, de la communauté nahua de Tuxpan, dans l’État de Jalisco.

Melquiades, de la Coordination Régio-nale des Autorités Communautaires (CRAC), de la Montagne et de la Côte de l’État de Guerrero, remarque que « ceux qui soutiennent ce pays, ce sont les paysans, les laissés pour compte, parce que le capitaliste investit ici, mais si cela ne lui convient pas, il s’en va. Le paysan non. Nous sommes pauvres, mais nous restons là ».

Revendiquer les idéaux de Zapata au quotidien

« Les héritiers du combat de Zapata vivent de la terre, ils y font pousser le maïs ; ils maintiennent la coutume et continuent à résister, mais ne cessent de proposer et de faire des choses depuis le lieu où ils sont », dit Juan Dionisio.

« Nous autres –dit Magdalena Garcia- nous défendons nos usages et nos cou-tumes, nous résistons avec notre langue, notre façon de nous habiller et nos traditions ».

Et José Cruz, nahua de Milpa Alta (Dis-trict Fédéral) prend comme engagement « d’arriver à ce que les nouvelles géné-

rations ressentent l’amour de la terre à travers la tradition orale ».

C’est nous qui sommes les véritables héritiers de Zapata

Assassiné par traîtrise le 10 avril 1919, Emiliano Zapata est vivant dans les luttes actuelles du Mexique d’en bas. Tous les ans, l’Etat mexicain célèbre ce triste anni-versaire avec des discours institutionnels.« On se demande comment le gouverne-ment ose fêter cela, alors que chaque jour nous vivons plus mal. C’est une plaisante-rie. Les véritables héritiers du combat de Zapata c’est nous, les peuples indigènes, qui le menons », affi rme, indignée, Mag-dalena Garcia.

«Zapata est avec nous dans la lutte. Il n’est pas mort, son cœur et ses idées nous accompagnent, et ses revendications sont toujours d’actualité », conclut José Cruz de la communauté de Milpa Alta.

Pour lire tout le texte, aller sur www.desinformemonos.org

Les véritables héritiers de ZapataLa validité des revendications de terre et liberté « signifi e que le gouvernement n’a toujours pas

résolu la question agraire pour les communautés indigènes ».

Marcela Salas Cassani, Adrian Castro Bibriesca et Gloria Muñoz Ramirez. Photos : Marcela Salas.

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Je m’appelle Leticia et j’ai 51 ans. Je suis née et je vis à Ciudad Juárez, Chihua-hua. Je suis médecin généraliste, j’ai un diplôme en diabète mellitus. Depuis un an je travaille aux honoraires, je suis médecin dans une entreprise.

La première fois que la violence, déjà bien généralisée à Ciudad Juárez, est venue frap-per à la porte de mon lieu de travail, c’était en 2008. Il y eut une fusillade en face de l’entreprise dans laquelle je travaillais. Les balles ont endommagé plusieurs voitures et la cabane du gardien du parking. C’est arrivé quelques minutes avant l’heure de sortie du personnel, à 17h30.

J’ai décidé d’abandonner mon cabinet il y a un an à cause de l’insécurité, parce que nous avons été victimes d’attaques à main armée dans les cabinets et les hôpitaux ; séquestrations, extorsions et menaces. Des groupes armés ont fait irruption dans les hôpitaux pour achever leurs victimes. Deux compagnons médecins ont été séquestrés, et assassinés plus tard.

Il y a plusieurs cabinets ainsi fermés parce que les médecins sont partis de la ville, ou parce qu’ils préfèrent travailler dans les hôpitaux où ils se sentent plus en sécurité. Cet exode de médecins a occasionné une carence de spécialistes, surtout dans les établissements de l’IMSS (Institut Mexi-cain de Sécurité Sociale) où les médecins sont sur une liste d’attente pour être mutés ailleurs.

Ici à Ciudad Juárez la violence est chaque fois plus présente dans les hôpitaux : en novembre 2009 un commando est entré dans l’hôpital 35 de l’IMSS, en juillet 2010 le docteur José Guillermo Ortiz Collazo est mort dans l’explosion d’une voiture piégée alors qu’il venait secourir

une victime. Plus tard, en septembre de la même année, a été identifi é le corps du docteur Alfonso Rocha, séquestré depuis 40 jours.

Pour tout ce qu’il s’est passé, nous, médecins à Ciudad Juárez, exigeons du gouvernement qu’il arrête cette guerre pour le contrôle du lieu où sont tombés des milliers de victimes innocentes, et où nous nous trouvons à devoir exercer notre métier entre deux feux, portant secours à toutes les victimes sans cher-cher à savoir de qui il s’agit.

Pour protester contre cette situation nous avons fait deux manifestations : la première en décembre 2008 et la plus récente en octobre et décembre 2010. Cette dernière a réuni 95% des médecins de la ville. Mais nous ne demandions pas une sécurité spécifi que pour le syndicat, sinon que se rétablisse la paix dans toute la ville. Nous participons à des travaux de

conscientisation et nous nous intégrons à d’autres groupes de la société civile qui partagent nos demandes.

En janvier 2010, après 10 mois de sollici-tations, le gouvernement a enfi n accepté de surveiller en permanence les 4 « hôpi-taux de sang » de Ciudad Juárez (3 de l’IMSS et l’Hôpital Général) et a été prise une mesure drastique : faire accompa-gner d’une escorte les médecins lors de leurs déplacements.

Mais cette escorte ne concerne que les médecins travaillants dans les « hôpi-taux de sang » quand ils ont à réaliser un acte chirurgical sur des blessés par balle, et seulement si le médecin la sollicite parce qu’il se sent menacé sur le trajet vers l’hôpital. En réalité les médecins qui bénéfi cient de cette aide sont très peu nombreux. Moi je ne travaille pas dans un hôpital, je ne suis pas chirurgienne, je n’ai donc pas accès à cette « aide ».

Témoignage de Leticia Des médecins sous la menace à Ciudad Juárez

A Ciudad Juárez, les médecins deviennent blancs de peur à cause de la guerre contre le narcotrafi c.

Attaques à main armée dans les cabinets de consultation et hôpitaux ; séquestrations, extorsions et menaces

ont provoqué un préoccupant exode de médecins. Témoignage recueilli par Marcela Salas Casani à Mexico.

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Numéro 12 - Avril / Mai 2011 - www.desinformemonos.org 9

L’off ensive sur les terres communau-taires, paysannes et indigènes

C’est une off ensive qui concerne de pré-férence l’Amérique centrale et l’Amé-rique du Sud, mais qui ravage diff érentes régions d’Afrique, d’Asie et d’Océanie. C’est une off ensive globale, capitaliste, qui essaie de surmonter l’une des plus grandes crises structurelles du système capitaliste.

Les cibles de prédilection de l’off ensive sont les endroits et les régions dont les ressources naturelles sont considérées comme stratégiques. Et, à partir de là on crée des projets d’inversions capables de générer de grands profi ts en retour ce qui, bien évidemment, dépend des faibles coûts économiques et sociaux.

Le premier pas pour réussir à concrétiser chacun de ces investissements – à l’inverse de ce que beaucoup avancent - ce n’est pas le fi nancement, car en quelque sorte, le système global regorge de possibilités d’investissement, mais la conquête des territoires qui, généralement, ont déjà des occupants, propriétaires et usagers antérieurs, dans certains cas, même très anciens : des groupes humains établis depuis des siècles. Leurs terres doivent maintenant être « libérées » pour y ins-taller des barrages, de nouvelles indus-tries minières, ou de grandes plantations d’eucalyptus, de palmiers ou de soja, des routes et des voies ferrées pour qu’ils soient connectés au marché mondial. Et là, les usagers et les habitants de ces lieux

choisis par le grand capital doivent deve-nir des prolétaires, une partie d’entre eux des salariés qui ne réussiront à survivre que dans le marché et pour le marché. Et voilà l’off ensive.

La menace sur les conquêtes démocratiques

Le système capitaliste quand il a été menacé reprend ses origines autoritaires, et utilise de plus en plus des intermédiaires pour harceler les peuples, des informateurs qui, dans la pratique, font de la contre infor-mation, pistant les mouvements légi-times et libertaires, et agissant au travers d’escouades qui pistent et intimident les dissidents et ceux qui résistent. Le capi-tal s’appuie plus encore sur les postes de gouvernement dans trois sphères : exécu-tive, législative et surtout judiciaire. Tant que la puissance des grandes entreprises continuera à grandir, les dures conquêtes démocratiques seront rongées et anéanties.

Le faux discours de «  l’intérêt national » face à la résistance d’une minorité

C’est une tentative obsessionnelle de simulation : accuser les autres de faire ce qu’eux-mêmes font. Numériquement, bien entendu, ceux qui résistent aux pro-jets d’investissement sont des minorités. Celles qui vivent dans les territoires choi-sis pour ces projets. Mais les bénéfi ciaires ne sont pas la majorité du pays, bien au contraire, ce sont les minorités les plus riches, les grands propriétaires, le système fi nancier.

La situation future sera d’autant plus grave là où la population sera moins informée, démobilisée, manipulée.

Pour lire l’intégralité de l’interview voir le site : www.desinformemonos.org

Oswaldo Seva : « L’off ensive du capital contre les peuples indigènes

et contre les paysans est globale »Actuellement, la lutte la plus importante dans laquelle est impliqué Oswaldo Seva est la lutte contre l’usine de Belo Monte, sur

le fl euve Xingu. Le paradis de la biodiversité et de la socio diversité en Amazonie est menacé, maintenant, par ce méga projet

hydroélectrique. Depuis les années, Seva publie des études critiques du projet, en montrant ses failles et ses manques. Dans

l’interview qui suit, Seva fait remarquer que le cadre actuel des confl its socio environnementaux possède, en réalité, une ampli-

tude globale, et représente un défi pour les mouvements sociaux du monde entier.

Texte : Spensy Pimentel. Photo : Archives personnelles de Oswaldo Seva

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Buenos Aires, Argentine. ”Depuis l’inté-rieur de la prison des femmes de Ezeira, à Buenos Aires. Je me présente : je suis Karina Dana Germani Lopez. Mes com-pagnons m’appellent ‘La Galle”. Je suis en détention depuis le 1 février 2002. Je me suis fait attraper à Sao Paulo, au Brésil, avec 5 de mes compagnons, sous l’accu-sation de séquestration.

Karina dénonce le procès : on ne parle pas seulement d’un procès plein d’irré-gularités techniques légales, mais plutôt une farce typique des pouvoirs judiciaires, pour faire enrager les militants du peuple et pour ne pas nous reconnaître comme des prisonniers politiques, ce que nous sommes. Après cinq longues années pas-sées à Carandiru au Brésil pour m’acquit-ter de l’absurdité de ma peine, j’ai réussi à être transférée en Argentine, où je suis née, il y a 46 ans.

Karina écrit: ma préoccupation principale est la même que celle de tant de femmes incarcérées, oubliées, pour être plus tard brutalement discriminées par nos sociétés latino-américaines.

Même dans les cas où, après avoir subi inutilement des peines d’emprisonnement (et tout ce que cela implique), durant les processus pour s’absoudre des charges qui pèsent sur toi, tu portes la marque spirituelle et institutionnelle d’être passée par cette terrible expérience. La liberté, ce droit sacré qui chaque jour est moins respecté, n’est pas valorisée par nos sys-tèmes judiciaires, comme s’il ne s’agissait pas d’êtres humains.

Nous devenons un numéro de dossier, qui insensiblement devient une nuisance pour tous. Qui ne tient pas pour sûr qu’être pauvre est un délit majeur ? Et devant ça,

alors que tout le monde le sait, on reste plus à l’aise à regarder ailleurs en ignorant ou en appelant ça notre société, «il y a bien une raison.»

Raconte ta liberté

Ce conte que je te raconte, commence et se termine avec ta liberté.

Dans ce cas, le début et la fi n sont la même chose. Un rêve, un objectif, un désir pro-fond. Seulement ce que ça te raconte…

Il est évident que la liberté ne peut être un conte. Cependant, on ne pas ne pas la raconter, la chanter, l’enchanter.

Tu ne sais pas combien de fois tu racontes la même histoire. Et ça traite toujours de la même chose : ta liberté.

Tu ne sais pas combien de fois par jour je l’imagine, la pense, la cherche…et si je ne le raconte pas c’est parce que ce conte brûle la peau, les mains qui écrivent, dans le corps qui ne veut pas continuer ainsi…sans compter sur elle.

Je compte sur ta liberté. Ce premier jan-vier, je me plais à la nommer.Toutes les promesses que nous renouvelons, tous les désirs que nous formulons du bout des lèvres, tous les toasts que nous portons, comptent sur elle.

Pourquoi ? Pour que ta liberté ne soit pas la bannière de la lutte, mais plutôt ta façon de te comporter dans le monde.

Pour que ta liberté choisisse librement où se réaliser. Pour que ta liberté vole loin ou près de la nôtre. De la mienne.

Ce conte que je te raconte, veut cesser d’être…cesser d’être un conte. Ce conte veut être un souvenir quand ta vie vit la vie choisie.

Ce conte que je te raconte, commence et termine avec ta liberté.

C’est pour cela, que je n’ai pas réussi à écrire son début, et encore moins sa fi n.

Mon écriture est prisonnière avec le conte, avec vous, avec la liberté.

Je ne peux pas te raconter à quoi cela ressemble.

Je ne peux pas te raconter ce que je sens.

Comme la liberté, on peut créer, on peut aimer, on peut imaginer. Mais seulement en conte, libre.

Je le nomme ainsi, premier janvier.

Je la nomme et je te nomme.

Karina, la Galle Ce conte que je te raconte, commence et se termine

avec ta liberté Claudia Korol

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Iquitos, Pérou. L’ancienne « capitale du caoutchouc », aujourd’hui, encore, est desservie par un cargo qui met 3 ou 4 jours pour arriver à l’Amazone. Et là, cohabitent 56 peuples indigènes qui parlent 17 langues diff érentes.

Le Programme de Formation de Maîtres Bilingues de l’Amazonie Péruvienne (FORMABIAP) naît à la lueur des luttes pour le territoire. Cependant le point d’in-fl exion se situe dans les années 80, lorsque les organisations des peuples Ashaninka, Shipibo y Awajun constituent l’Associa-tion Interethnique de Développement de la Forêt Péruvienne (AIDESEP) ; et peu après la Coordination des Organisations Indigènes de l’Amazonie (COICA).

« La défense du territoire est la base de l’AIDESEP, la terre ne se commercialise pas », explique Julian, instituteur bilingue. L’absence de valeurs culturelles ou de libre choix, ont poussé la communauté à remettre en question le rôle des écoles offi cielles.

L’éducation donnée aux peuples indigènes est régie par le principe d’homogénéisa-tion et oublie les particularités de chaque entité. L’AIDESEP, face à l’hispanisation et la catéchisation imposées par l’éduca-tion offi cielle a décidé, en 1988, de créer un institut d’éducation supérieure pour la formation de maîtres bilingues, capables de mener des projets linguistiques et culturels de qualité. C’est ainsi que naît FORMABIAP.

Éducation interculturelle bilingue pour la liberté

Le programme a débuté par deux tâches principales : d’une part, la professionna-lisation des maîtres déjà en poste dans la communauté ; d’autre part, l’élaboration

d’une proposition innovante pour la for-mation de maîtres spécialisés en Educa-tion Primaire Interculturelle Bilingue.

La formation des enseignants a commencé en 1990, et cherchait à former des maîtres aptes à comprendre de façon critique la réalité de leurs peuples.

Pendant la formation commence la sélec-tion des futurs enseignants, ce qui entraî-nera le retour des étudiants, puisqu’un engagement se crée avec la communauté. FORMABIAP a formé plus de 400 maîtres de 15 communautés diff érentes. Tous ont validé l’engagement avec leur commu-nauté et y sont retournés.

En réfl échissant sur la démarche

En 2005 on a commencé à évaluer le tra-vail accompli par le programme à partir de ses objectifs premiers. Réfl exion faite, il s’est avéré que les vues de l’école et des communautés divergeaient. De ce fait, maîtres et étudiants devaient se pencher

sur le type d’éducation qu’ils voulaient construire. Les Communautés et Écoles pour le Bien-être (CEBES) ont été créées avec la participation communale pour améliorer l’apprentissage des enfants.

Alan le crabe contre les communautés indigènes

« C’est toujours contre l’État que nous luttons  », dit Angelica Rios Ahuanai, enseignante de formation initiale de la communauté éducative de Zungaroco-cha. FORMABIAP est un projet politique pluriculturel du mouvement indigène de la forêt péruvienne qui se heurte toujours à la vision uniformisée de l’État Natio-nal. Vu le peu d’intérêt que porte l’État à l’éducation des communautés, l’idée est de chercher à créer un programme plus structuré qui travaille avec des équipes locales pluridisciplinaires. Ces équipes comportent un instituteur indigène de la zone, un spécialiste indigène de la com-munauté, un sociologue ou anthropo-logue, un pédagogue et un linguiste.

Pédagogie pour la liberté en Amazonie péruvienne

Des organisations indigènes gèrent un programme pédagogique bilingue qui articule connaissances ancestrales des peuples

amazoniens et savoirs occidentaux. Luciana Levin y Sebastian Levalle

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De nouvelles formes de distribution et de production cinématographique, appuyées par la technologie numérique, ques-tionnent le retour du cinéma en Afrique en tant qu’espace collectif et la nécessité de repenser le rôle de ce continent dans le monde d’aujourd’hui.

Ouagadougou, Burkina Faso. Pour qui s’intéresse au cinéma africain, la période de transition actuelle est importante. Preuve en est les initiatives proposées pour résoudre les problèmes de la ciné-matographie du continent lors de la XXIIe édition du Fespaco (Festival panafricain du cinéma de Ouagadougou).

Deux problématiques motivent la réfl exion sur le cinéma africain : le fi nan-cement des productions et le public.

Comment produire des fi lms dans un continent qui dépend des aides interna-tionales, y compris pour ses besoins les plus élémentaires ? Et comment toucher un public disséminé dans des territoires diffi ciles d’accès et confronté à l’absence d’infrastructures basiques ?

Jusqu’à aujourd’hui ces fi lms ont été pro-duits grâce à l’aide de la communauté internationale et du coup sont plus des-tinés au public international qu’aux popu-lations locales.

Ces dernières années, l’investissement de capital local dans la production cinéma s’est quasiment éteint, de nombreuses salles ont fermée et la production a presque entière-ment disparue dans les pays subsahariens.

Dans ce contexte diffi cile a surgi un phé-nomène révolutionnaire dans la cinéma-tographie africaine : le développement de l’industrie vidéo du Nigeria (Nollywood). Utilisant la technologie numérique à faible coût et adaptant les stratégies de diff usion à l’informalité de l’économie locale, les pro-ducteurs nigériens ont conçu un système pour introduire près de dix mille fi lms en quinze ans sur le marché de la home video.

Le succès continental de ce phénomène, adopté par d’autres pays du continent, suggère des pistes pour sortir de la crise des problématiques signalées ci-dessus.

Les mots-clés de cette révolution sont : technologie numérique et langage esthé-tique-narratif populaire, orientés vers le public local et non vers les festivals internationaux.

L’arrivée des téléphones portables et des réseaux Internet a ouvert des possibili-tés de communications sans précédents, générant de nouvelles alternatives pour la circulation d’images produites localement.

D’un autre côté, le projet Moloko a comme but la création d’une plateforme en ligne pour coordonner les diff érentes initiatives de diff usion de fi lms africains sur Internet, comme africafi lm.tv et afri-canfi lmlibrary.com.

L’introduction des technologies numé-riques ne concerne pas que la distribu-tion en ligne mais permet aussi de tourner

des fi lms avec des budgets réduits et de le distribuer directement sur le marché local sous forme de DVD. Ce système de distribution ouvre la porte au retour du cinéma comme espace collectif.

Des expériences similaires se mettent en place dans d’autres pays du continent où l’on cherche à réinventer la relation au public local au travers des usages créatifs des moyens off erts par les récents déve-loppements technologiques.

L’introduction de ces modifi cations dans le cinéma africain est principalement attirante pour ceux qui voient dans la réappropriation des médias un pas fonda-mental dans l’émancipation du continent. La consolidation de la production ciné-matographique africaine permettrra de montrer une Afrique diversifi ée, off rant de quoi repenser le rôle de ce continent dans le monde d’aujourd’hui.

Pour lire l’interview complète en espagnol visitez www. Desinformemonos.org

En Afrique, le cinéma se réinventeAlessandro Jedlowski. Photo: Carmen McCain et Isabel Moura Mendes

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Mexico, DF. La dite « guerre contre le tra-fi c de stupéfi ants » lancée par Felipe Calde-ron est fausse, car en réalité « il s’agit d’une guerre entre les cartels de la drogue dans laquelle le gouvernement de Calderon a pris parti pour l’un des belligérants, Joa-quin Guzman Loera, alias El Chapo, leader du cartel de Sinaloa » affi rme Anabel Her-nandez, journaliste mexicaine et auteur du livre Les seigneurs de la drogue (éditions Grijalbo Mondadori, 2010, p. 496).

Le livre révèle les noms des chefs du trafi c de stupéfi ants au Mexique, de même que ceux des fonctionnaires du gouvernement mouillés avec la délinquance. Les seigneurs de la drogue rapporte aussi une « négocia-tion ratée entre le gouvernement fédéral et les cartels de la drogue » et note que, jusqu’à la moitié des années 80, le trafi c de drogue au Mexique était une aff aire contrôlée par le gouvernement fédéral. « La relation se fondait sur la corruption et la complicité entre les diff érentes par-ties » dit l’auteur. Cependant, peu à peu la situation a changé.

« Le point de rupture – affi rme Anabel Hernandez- quant à ce changement est dû au pouvoir économique que la drogue a acquis. Dans les années 80, grâce à l’in-tervention de la CIA, dans le cadre de l’opération Iran-Contra, les trafi quants colombiens se sont associés aux Mexi-cains. C’est le pouvoir économique de la cocaïne qui change l’asymétrie des rela-tions : les trafi quants commencent à sou-doyer des policiers, des commandants, des politiciens locaux, des gouverneurs jusqu’à en arriver à l’heure actuelle où le trafi c de drogue a sous son contrôle une bonne partie du gouvernement fédéral ».

Aujourd’hui, El Chapo apparaît comme le chef le plus puissant du Mexique. Le 20 janvier 2001, El Chapo a réussi à s’échap-per de prison. En septembre 2001, déjà en

tant que « fugitif », El Chapo Guzman a réussi à faire asseoir, ensembles, tous les principaux chefs du trafi c de drogue au Mexique et à former une fédération de cartels. «  Tandis que ses associés mettaient sur la table les territoires, les routes, les contacts, les tueurs à gages, lui , El Chapo, n’off rait qu’une seule chose : la protection du gouvernement fédéral », dit Anabel Fernandez. En eff et, selon la jour-naliste, ce qui convient au gouvernement c’est que El Chapo prenne le contrôle du trafi c de drogue.

Cependant, avec sa stratégie, le gouverne-ment a sous-estimé les adversaires. « Le fait de soutenir l’une des parties a eu pour conséquence que les autres s’arment plus encore ». Et elle ajoute : « Il me semble que le gouvernement fédéral n’a pas une idée très claire de la puissance de feu des cartels ». La situation serait en train d’échapper peu à peu à tout contrôle : « Les nouveaux membres des cartels ont déjà commencé à penser tous seuls. Cette dite guerre est en train de devenir une guerre territoriale pour le contrôle du marché » affi rme l’écrivaine.

Un autre aspect qu’elle souligne est la rela-tion entre le trafi c de drogue et l’économie formelle au Mexique. Et elle demande : « Pourquoi ne pas commencer par les piliers qui soutiennent le narcotrafi c : ban-quiers, chefs d’entreprises, fonctionnaires corrompus ». Et elle ajoute : « Il n’y aurait même pas besoin de tirer une seule balle, il suffi rait de faire des audits, d’arrêter les responsables, de saisir biens et capitaux. Avec cela, le narcotrafi c ne disparaîtrait pas tout de suite, mais il serait miné à la base. Il est clair que sans cet appui économique et politique El Chapo ne serait rien ».

En janvier 2011, pour la première fois, le gouvernement fédéral mexicain a publié des documents dans lesquels est recon-

nue la mort violente d’un peu plus de 34 000 personnes, morts liées à des faits dus à l’aff rontement entre cartels. Anabel Fernandez souligne à ce sujet que « les morts sont tous innocents tant qu’un jugement n’aura pas lieu pour prouver les responsabilités de chacun. Aujourd’hui, on considère que quiconque meurt avec plus de trois balles dans le corps relève de la « délinquance organisée » et de ce fait tombe dans l’impunité ».

Pour fi nir, la journaliste commente  : « Nous sommes dans un moment clé : nous en fi nissons avec le problème ou pas. Tout est entre les mains de la société. J’es-père une riposte citoyenne très énergique. S’il y a des pays comme le Guatemala, le Pérou, le Chili, l’Argentine ou le Brésil qui font venir leurs fonctionnaires sur le banc des accusés pour qu’ils rendent des comptes, pourquoi est-ce impossible au Mexique ? »

Pour lire l’interview complète en espagnol visitez www. Desinformemonos.org

Interview de la journaliste Anabel Hernandez

Les seigneurs de la drogue au Mexique Matteo Dean

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Vienne, Autriche. L’assassinat de son grand-père par les fascistes et le racisme ont marqué Ricardo Loewe, médecin, fi ls de réfugiés d’Europe centrale, qui se consacre à la lutte contre l’impunité, depuis en bas à gauche.

Loewe nous parle de la pauvreté et de l’inégalité qui sévissent en Autriche ; de la répression et de l’ultranationalisme crois-sant, de la désinformation des moyens de communication.

La « richesse » autrichienne

L’Autriche est un pays immensément riche. En apparence il n’y a pas de pro-blème de faim, de manque de logements salubres, de lacunes des services de santé, de chômage ou d’inégalités. Mais il y a une réalité diff érente.

La pauvreté y est remarquable parmi les milliers d’immigrants, qui ne peuvent tra-vailler et contre lesquels le gouvernement autrichien exerce une « politique rigide », qui notamment sépare les familles.

Une telle politique raciste se manifeste dans la vie quotidienne au travers d’ac-tions policières, de propagande électorale, de l’interdiction du port de la burqa et de l’intention de célébrer massivement l’anniversaire du führer dans son Brau-nau natal.

Malgré sa création sous le régime de neu-tralité, l’Autriche a envoyé des soldats en Afghanistan, au Tchad et en Bosnie, entrant ouvertement dans cette mauvaise blague de « lutte contre le terrorisme » ; laquelle a aussi des répercussions à l’in-térieur du pays. En eff et, à travers l’in-vention de délits, l’Etat prétend établir des jurisprudences pour lutter contre le « crime organisé ».

Votes pour la droite

Il n’est pas facile d’expliquer pourquoi tant de gens votent à droite. L’ÖVP, le FPÖ et le BZÖ ont obtenu 54% des votes aux élections fédérales de 2008, les partis de « gauche » SPÖ et Die Grünen obte-nant 39%, permettant à la coalition ÖVP-FPÖ de continuer à gouverner.

Dans les districts électoraux où il y a le plus fort taux de population immigrée, c’est l’ultra-droite qui arrive en tête : les étrangers ayant acquis la nationalité autri-chienne votent pour elle, afi n que cesse l’arrivée d’autres immigrés.

De surcroît la « gauche » manque d’ar-guments. Le KPÖ retranché derrière sa bureaucratie y est quasiment inexistant.

Il y a une tendance généralisée en Europe à voter à droite, à cause de la peur crois-sante des « envahisseurs » venus de pays saccagés par l’Union européenne.

Luttes sociales

Parmi les luttes revendicatives les plus importantes du pays, il y a celle des étudiants contre la privatisation de l’enseignement supérieur, ou celle contre les lois migratoires et pour le regroupement familial.

On combat aussi le fascisme, l’ultra-droite et le militarisme, particulièrement l’OTAN. Le forum social autrichien est intéressant, car il vient du zapatisme mexicain et des observations et rapports sur les droits de l’homme au Mexique et en Colombie. Ces luttes gagnent les rues et les espaces publics, mais ne sont pas coordonnées et ne sont pas dans la logique d’un changement social en Autriche.

Répression et violence

L’Etat réagit avec violence face aux luttes sociales d’en bas à gauche. Il y a un choix tacite pour réprimer les mouvements pro-gressistes et les jeunes, l’invasion croissant de la sphère privée coïncide avec la réap-parition de l’Etat policier.

Si on cherche une démarche militante radicale, il vaut mieux aller en Amérique latine. En Europe centrale le capitalisme a encore une grande marge de manœuvre politique ; et même s’il est actuellement en déclin, la conjoncture le renforce poli-tiquement, malgré sa proximité avec des régions où la lutte est eff ervescente.

Pour lire le texte complet en espagnol visitez www. Desinformemonos.org

Entretien avec Ricardo Loewe L’Autriche, aussi riche qu’injuste, se bouge

« Dans ce pays d’Europe centrale, il y a un choix tacite pour réprimer les mouvements progressistes et les jeunes ».

Propos recueillis par Lutz Kerkeling

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En janvier 2005, le photographe João Zin-clar débuta sa journée par le San Fran-cisco, le plus grand fl euve qui traverse le territoire brésilien.

Avec près de 3 000 kilomètres de longueur il est considéré, par son importance dans l’histoire du pays, comme le Fleuve de l’Unité nationale.

L’objectif de Zinclar était de rendre compte avec ses objectifs de la lutte des riverains, des communautés de pay-sans, d’indigènes, de quilombolas et de pêcheurs se défendant pour leur survie, leur terre et l’eau de leur rivière.

La menace : un mégaprojet du gouverne-ment brésilien visant au détournement des eaux du San Francisco, un plan de plus de quatre milliards de dollars pour amener l’eau captée du secteur de Per-nambuco et de Bahía jusqu’aux États du Ceará, du Rio Grande do Norte et de Paraíba sur une distance de plus de 700 kilomètres.

Un projet idéalisé depuis la période impé-riale, au XIXe siècle, et ironiquement concrétisé par un travailleur élu président du Brésil.

Les photos de cet essai font partie d’un travail qui est paru dans le livre La rivière San Francisco et les eaux dans le Sertão sorti fi n 2010.

Entre images et récits, surgit un pano-rama des confl its autour de la défense, de l’usage et du contrôle des eaux dans une région où les ressources hydriques peuvent être un don de Dieu ou une valeur marchande.

Les eaux du Viejo Chico, comme on a l’habitude d’appeler ce fl euve important, sont la source de vie et de travail pour les

riverains, mais avec l’aide publique de grands projets de l’agro-exportation et miniers sont réalisés dans le semi-aride brésilien.

Alors que l’eau est privatisée, beaucoup de communautés restent dans la misère. Le détournement amplifi e ce cadre d’inégalité.

Le travail du photographe Zinclar montre quelques uns des faits les plus signifi catifs de la lutte contre le détournement : les grèves de la faim du frère Luiz Cappio en 2005 et en 2007, année durant laquelle débutèrent les travaux ; l’occupation par les mouvements sociaux de l’axe nord du détournement, exigeant l’arrêt des travaux ; la contamination par des cyanobacté-ries1, en 2006, de la rivière das Velhas, un des principaux affl uents du San Francisco.

Le photo-reportage est disponible sur www.desinformemonos.org.

Les cyanobactéries (appelées aussi algues bleues) réalisent la photosynthèse oxygé-nique, transformant l’énergie lumineuse

en énergie chimique utilisable par la cellule - en fi xant le dioxyde de carbone et

en libérant du dioxygène.

Au Brésil Détournement des eaux du fl euve San Francisco

Photos : João Zinclar, du livre La rivière San Francisco et les eaux dans le Sertão. Texte extrait d’entretiens avec João Zinclar

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REVUE DE QUARTIER BIMESTRIELLE Numéro 12 - Avril / Mai 2011 www.desinformemonos.orgDirection Gloria Muñoz Coordination Amaranta Cornejo Hernández et Marcela Salas Casani

Maquette : Francis Goche Traduction Traducteurs solidaires

Desinformémonos hermanos

tan objetivamente como podamos

desinformémonos con unción

y sobre todo con disciplina

que, espléndido que tus vastas praderas

patriota del poder

sean efectivamente productivas

desinformémonos

qué lindo que tu riqueza no nos empobrezca

y tu dádiva llueva sobre nosotros pecadores

qué bueno que se anuncie tiempo seco

desinformémonos

proclamemos al mundo la mentidad y la verdira

desinformémonos

nuestro salario bandoneón se desarruga

y si se encoge eructa quedamente

como un batracio demócrata y saciado

{...}

garanticemos de una vez por todas

que el hijo del patrón gane su pan

con el sudor de nuestra pereza

desinformémonos

pero también desinformemos

verbigracia

tiranos no tembléis

por qué temer al pueblo

si queda a mano el delirium tremens

gustad sin pánico vuestro scotch

y dadnos la cocacola nuestra de cada día

desinformémonos

pero también desinformemos

amemos al prójimo oligarca

como a nosotros laburantes

desinformémonos hermanos

hasta que el cuerpo aguante

y cuando ya no aguante

entonces decidámonos

carajo decidámonos

y revolucionémonos.

Mario Benedetti

Chers compagnons,

Nous vous écrivons depuis la revue virtuelle Desinformémonos

(Désinformons-nous), espace de communication alternatif, libre

et indépendant d’où, avec joie et dignité rebelle, nous nous ajou-

tons aux eff orts de contre-information déjà existants.

Nous nous situons complètement en bas à gauche, là où bat le

cœur, tout simplement.

Nous vous invitons à naviguer dans notre tentative désinforma-

trice et à télécharger, imprimer et diff user notre revue de quartier

et communautaire disponible sous forme d’un simple PDF sur

www.desinformemonos.org dans la rubrique « Revista Barrial ».

Les articles de la revue de quartier que vous tenez entre les mains

– revue bimestrielle disponible en 6 langues - sont des versions

courtes de quelques uns de ceux publiés en espagnol sur le site,

Desinformémonos étant fabriqué et mis en ligne au Mexique.

Quelques idées :

- Vous pouvez l’imprimer et la coller comme un simple jour-

nal mural dans les lieux de rencontre de votre quartier, centres

sociaux ou communautaires. Un mur de son quartier, de sa

chambre... Vous pouvez prendre d’assaut un mur d’école, ou de

centre commercial... Un mur quelconque, dans quelque lieu du

monde que ce soit.

- Vous pouvez l’imprimer, l’agrafer et lui donner la forme d’une

revue à la taille d’une lettre. Pour la diff user dans le quartier, dans

une communauté, une salle de cours, une manif, un débat...

- Vous pouvez en faire un avion en papier et l’envoyer à un ami,

un allié, ou mieux, un destinataire inconnu.

- Vous pouvez garder les feuilles détachées, dans l’espoir qu’un

jour proche nous réunissions les pages manquantes.

- Vous pouvez renvoyer la version électronique à vos contacts,

pour ainsi sauver les arbres.

Pour fi nir, ce qu’en réalité nous vous demandons c’est que – et ce

serait un très grand honneur - vous nous aidiez à le diff user, si

vous considérez ça pertinent et si vous vous sentez en harmonie

avec nous. Nous ne vous quittons pas longtemps. Il ne nous reste

qu’à vous dire que ce modeste espace vous appartient, qu’il est

ouvert à vos propositions, joies et tragédies.

Nous vous envoyons de vigoureuses et solidaires embrassades,

Bien à vous, L’équipe des désinformateurs