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PC 170 PC 16 F bis Original : anglais Assemblée parlementaire de l’OTAN COMMISSION POLITIQUE MISE EN OEUVRE DES ENGAGEMENTS PRIS AUX SOMMETS DU PAYS DE GALLES ET DE VARSOVIE : ASPECTS POLITIQUES RAPPORT GÉNÉRAL Rasa JUKNEVICIENE (Lituanie) Rapporteure générale

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PC

170 PC 16 F bisOriginal : anglais

Assemblée parlementaire de l’OTAN

COMMISSION POLITIQUE

MISE EN OEUVRE DES ENGAGEMENTS PRIS AUX SOMMETS

DU PAYS DE GALLES ET DE VARSOVIE : ASPECTS POLITIQUES

RAPPORT GÉNÉRAL

Rasa JUKNEVICIENE (Lituanie)Rapporteure générale

www.nato-pa.int 19 novembre 2016

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TABLE DES MATIÈRES

I. INTRODUCTION.....................................................................................................................1

II. RUSSIE...................................................................................................................................1

III. UKRAINE.................................................................................................................................3

IV. LES DÉFIS DE LA RÉGION SUD...........................................................................................5

V. RÉPONSE DE L’OTAN : RÉASSURANCE ET ADAPTATION...............................................9

VI. ÉLARGISSEMENT ET PARTENARIATS..............................................................................11

VII. APRÈS LE SOMMET DE VARSOVIE : MENACES SUR LA COHÉSION DE L’ALLIANCE 12

VIII. CONCLUSIONS....................................................................................................................14

BIBLIOGRAPHIE...................................................................................................................15

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I. INTRODUCTION

1. Le sommet de Varsovie de 2016 s’est tenu à un tournant dans l’évolution de la sécurité euro-atlantique. Le comportement agressif de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine et de la Géorgie continue à s’opposer à la vision qu’entretient l’OTAN d’une Europe libre, unie et en paix. L’instabilité chronique de la région Sud a engendré des menaces transnationales et multidimensionnelles pour la sécurité de l’Alliance, menaces susceptibles, à plus longue échéance, de poser des problèmes à la zone euro-atlantique et au-delà de cette zone. Il est clair qu’au vu de la complexité de la situation sécuritaire internationale en 2016, l’OTAN est plus nécessaire que jamais. Toutefois, compte tenu des menaces qui sont apparues sur ses flancs est et sud, la crédibilité de son dispositif de dissuasion et de défense dépendra de la cohésion et de la solidarité des pays alliés et de la riposte qu’ils opposeront collectivement aux menaces en question. Dans ce contexte, tout aussi importante est la durabilité du soutien que l’Organisation apporte à ses principaux partenaires, qui partagent les valeurs euro-atlantiques et aspirent à un resserrement de leurs relations avec l’Alliance.

2. Durant la période qui s’est écoulée entre les sommets du pays de Galles et de Varsovie, l’Alliance a concrétisé divers engagements politiques et militaires pour renforcer la cohésion entre ses membres et la sécurité euro-atlantique. Mais, en même temps, l’ordre des priorités de l’OTAN demeure dominé par les problèmes de sécurité sur les flancs sud et est et des décisions supplémentaires doivent être arrêtées. En outre, la perspective d’une montée en puissance de mouvements populistes dans certains pays alliés reste préoccupante, car cette tendance pourrait avoir des répercussions sur les priorités diplomatiques et le budget de la défense desdits pays. Étant donné les résultats du référendum de juin autour de la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne, il est plus important que jamais pour l’OTAN d’afficher la cohésion des pays alliés et leur attachement à la sécurité collective.

3. Ce de rapport succinct passe en revue les aspects politiques les plus pertinents du récent sommet de Varsovie. Il fait tout d’abord le point sur les défis auxquels l’OTAN est confrontée sur son flanc est, l’accent étant mis sur les relations entre l’Organisation et la Russie ainsi que sur la question connexe d’une expansion des mesures de réassurance et de dissuasion adoptées au sommet du pays de Galles et étoffées à celui de Varsovie. Le rapport traite également de l’assistance à l’Ukraine, à la Géorgie et à d’autres partenaires de la région, ainsi que de la politique de la porte ouverte, à la lumière des progrès accomplis par le Monténégro. Dans sa seconde partie, il examine les problèmes de sécurité très fluctuants qui émanent du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MOAN), et les réponses que les Alliés ont convenu de leur opposer au sommet de Varsovie.

II. RUSSIE

4. En 2014, les Alliés ont réagi à l’agression russe contre l’Ukraine et au mépris généralement affiché par Moscou envers le droit international en suspendant toutes les activités pratiques de coopération civile et militaire entre l’OTAN et la Russie, suspension reconduite au sommet de Varsovie. Ils ont toutefois fait part, comme au sommet du pays de Galles, de leur conviction qu’un partenariat entre l’OTAN et la Russie fondé sur le respect du droit international aurait une grande valeur stratégique et ils ont indiqué qu’ils continuaient à appeler de leurs vœux l’instauration de relations coopératives et constructives avec ce pays, dont l’application réciproque de mesures de confiance et de transparence. À cette fin, ils ont décidé de poursuivre le dialogue politique au sein du Conseil OTAN-Russie en fonction des circonstances, de façon à permettre, au niveau des ambassadeurs, des échanges portant avant tout sur le comportement agressif de la Russie vis-à-vis de l’Ukraine. Malgré la tenue d’une réunion du Conseil OTAN-Russie au niveau des ambassadeurs peu après le sommet de Varsovie, il est clair que les conditions nécessaires à une amélioration des relations ne sont pas réunies aujourd’hui et que les priorités de la politique

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étrangère russe – tout comme les valeurs sous-tendant ces priorités – restent diamétralement opposées à celles de l’OTAN.

5. Par ses agissements et ses propos, la Russie continue à perturber la sécurité européenne et à miner la stabilité dont dépend la sécurité de l’Alliance. Elle fomente toujours des troubles en Ukraine et a refusé de revenir sur son annexion de la Crimée, malgré l’imposition de sanctions internationales. Pas plus tard que le 26 janvier 2016, le ministre des Affaires étrangères de la Fédération, Sergueï Lavrov, a déclaré que son pays n’était pas disposé à négocier le statut de la Crimée, laquelle était un « territoire russe », et que toute reprise des relations avec l’Ouest se ferait aux conditions de la Russie. Usant d’une rhétorique belliqueuse, n’hésitant pas à brandir la menace d’un recours à l’arme nucléaire et privilégiant la politique du pire sur le plan militaire, la Russie a provoqué une escalade des tensions et a même multiplié les risques d’un incident militaire involontaire, ce qui a poussé l’OTAN à renforcer encore ses mesures de réassurance et de dissuasion à ses frontières orientales.

6. Face aux provocations incessantes de la Russie, il est crucial que l’Alliance parle d’une seule voix si elle veut préserver sa crédibilité et sa cohésion. De toute évidence, la politique de l’OTAN vis-à-vis de Moscou ne s’élabore pas en vase clos ni exclusivement en fonction des événements qui se produisent à ses frontières orientales. Les relations bilatérales de plus ample portée et de natures diverses que les pays membres de l’Alliance peuvent entretenir avec la Russie, mais aussi les problèmes géopolitiques dans la résolution desquels cette dernière peut jouer un rôle – la recherche d’un règlement politique en Syrie ou le programme nucléaire iranien, par exemple – influenceront les gouvernements alliés dans le choix de leur position sur les décisions prises à Varsovie. Il pourrait s’ensuivre une tendance plus marquée à « compartimenter » les relations avec Moscou, tendance en vertu de laquelle, par exemple, les divergences de vues au sujet de l’Ukraine ne sauraient empêcher la coopération dans d’autres domaines, telle la lutte contre Daech1. À cet égard, les victoires récemment remportées par les forces russes contre des groupes rebelles syriens et la participation de Moscou à la négociation d’une trêve fragile sembleraient avoir conféré aux autorités russes une influence accrue sur le façonnement de l’avenir de la Syrie et, en même temps, encouragé d’autant les Alliés à éviter une rupture totale des relations plus générales.

7. D’un autre côté, l’OTAN et divers pays alliés se sont inquiétés de ce que les frappes aériennes russes prennent essentiellement pour cibles des opposants au régime d’al-Assad, épaulant ainsi ce dernier et sapant les efforts déployés pour trouver une solution politique au conflit. De fait, les pourparlers de paix de Genève sur la Syrie se sont interrompus début février quand les troupes de Bachar al-Assad, allié de longue date de Moscou, ont lancé une nouvelle offensive contre les rebelles à Alep avec le soutien massif des Russes. En outre, des appareils militaires russes ont violé l’espace aérien turc à plusieurs reprises, provoquant ainsi les autorités d’Ankara et aggravant les tensions, bien que les relations entre la Fédération et la Turquie aient sensiblement évolué depuis l’attentat à l’aéroport Atatürk d’Istanbul et la tentative de putsch de juillet 2016.

8. Le facteur économique aura, lui aussi, un rôle à jouer, car bon nombre des pays européens qui ont imposé des sanctions à la Russie aspirent à une « détente économique » qui fortifierait des économies nationales précaires. Effectivement, bien que l’Union européenne ait décidé en juillet 2016 de prolonger une nouvelle fois – jusqu’en janvier 2017 – ses sanctions, qui consistent à suspendre les investissements européens dans les principales banques d’État et compagnies énergétiques et à imposer des restrictions concernant les secteurs de la défense et de l’énergie, une incertitude grandissante plane quant à la longévité du consensus autour desdites sanctions. Les déclarations de divers responsables européens et l’éventualité de l’adoption de politiques populistes par plusieurs gouvernements alliés alimentent cette incertitude.

1 Acronyme arabe utilisé pour désigner l’organisation terroriste État islamique (EI)

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9. Tous les pays alliés s’accordent sur le principe général consistant à rester fermes et à afficher leur force tout en cherchant des occasions de dialoguer avec Moscou. L’application intégrale du plan d’action « Réactivité » (RAP), complétée par l’Initiative de réassurance pour l’Europe (IRE) des États-Unis et par d’autres initiatives adoptées à Varsovie (dont le déploiement avancé de forces multinationales) rassurera considérablement les Alliés orientaux, tout en permettant la poursuite des efforts en vue de l’ouverture, à l’intérieur du Conseil OTAN-Russie, d’un dialogue quant au fond qui porterait sur des questions telles que l’Ukraine ou les mesures de transparence. Le mot d’ordre officieux de l’Alliance pour ce qui est des relations avec Moscou à l’Est de l’Europe demeure : « Ne dialoguons avec la Russie que si nous sommes en position de force ».

III. UKRAINE

10. La Russie continue à déstabiliser l’Ukraine sur le triple plan politique, économique et militaire, maintenant son soutien aux rebelles dans les régions ukrainiennes dissidentes de Donetsk et de Lougansk. L’acheminement d’armes lourdes, de munitions, de carburant et de matériel entre la Russie et l’Ukraine orientale via des frontières internationales non surveillées demeure une grave contravention aux dispositions des accords de Minsk 2. En fait, la situation sur le plan de la sécurité s’est aggravée considérablement et le mois de juillet 2016 a connu le bilan le plus lourd depuis la signature desdits accords, puisque les séparatistes pro-Russes ont tué 40 personnes et en ont blessé 170 autres. Les violations du cessez-le-feu sont quotidiennes et il semblerait que des armes lourdes aient refait leur apparition sur les lignes de front. À ce jour, les hostilités en Ukraine orientale ont fait quelque dix mille morts, des dizaines de milliers de blessés et 1,8 million de personnes déplacées à l’intérieur du territoire ukrainien.

11. De surcroît, au début du mois d’août, les Russes ont annoncé qu’ils avaient déjoué des attentats commandités par l’Ukraine contre la Crimée. Moscou a accusé Kiev de vouloir provoquer un conflit dans cette péninsule, accusations qualifiées de « fantaisistes » par les Ukrainiens. Parallèlement, la Russie a massé des troupes en Crimée, renforçant ainsi sa présence à la frontière ukrainienne. Tout cela aura vraisemblablement des conséquences négatives pour un cessez-le-feu déjà précaire et pour l’avancement des négociations de paix.

12. Mais, sur le plan intérieur, l’Ukraine est confrontée à des problèmes d’une acuité au moins comparable. Les querelles politiques intestines, la corruption omniprésente1 et l’instabilité financière et économique continuent à empêcher le pays d’affirmer sa souveraineté dans sa partie orientale et de progresser sur la voie de l’intégration dans les institutions occidentales, dont l’OTAN. L’Ukraine a manifestement besoin de l’aide de ses partenaires internationaux non seulement pour faire pièce à l’insurrection soutenue par la Russie, mais aussi pour poursuivre sa démocratisation et mettre en place des institutions étatiques plus fortes et plus légitimes. Effectivement, ses partenaires occidentaux, indisposés par la lenteur des réformes, commencent à insister plus explicitement sur la nature conditionnelle de leur assistance financière.

13. L’économie est ravagée par des années de dette galopante, de fuite des capitaux, d’incurie et d’instabilité politique. Les analystes font pourtant montre d’un optimisme prudent pour 2016. La Banque mondiale prédit un retour à une croissance positive cette année, après un recul de 12 % du produit intérieur brut (PIB) en 2015. Qui plus est, l’Ukraine est parvenue, à la mi-2015, à un accord de rééchelonnement de sa dette extérieure qui reporte la maturité d’une partie (quelque 18 milliards de dollars) de celle-ci et qui a permis d’éviter un défaut de paiement dont les effets risquaient d’être dévastateurs.

14. En outre, la persistance de l’instabilité politique menace de saper les efforts de réforme et de mettre la patience des partenaires occidentaux à l’épreuve. L’administration du chef de l’État,

1 Pour plus d’informations sur la corruption en Ukraine, voir le rapport 2016 de la sous-commission sur la transition et le développement Liens entre corruption et sécurité   [168 ESCTD 16 F]

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Petro Porochenko, a essuyé au début de 2016 plusieurs revers qui ont débouché sur une nouvelle crise politique. Le gouvernement d’Arseni Iatseniouk a survécu à un vote de défiance le 16 février, mais deux des membres de la coalition au pouvoir – l’Union panukrainienne « Patrie » (Batkivchtchina) et Entraide (Samopomitch) – ont officiellement quitté cette dernière. Sans leur soutien, le parti de M. Porochenko a plus de mal à obtenir des parlementaires sans étiquette les voix nécessaires à l’adoption de textes de loi, fussent-ils les plus élémentaires. Le pays a également été secoué par plusieurs scandales dans le contexte desquels des membres de l’entourage de M. Porochenko ont été accusés de corruption, tandis que le chef de l’État lui-même était accusé de fermer les yeux sur ces pratiques, ce qui a poussé le ministre de l’Économie, Aivaras Abromavičius, à démissionner en signe de protestation. Le 10 avril dernier, M. Iatseniouk a cédé à la pression et a remis sa démission. Il a été remplacé le 14 avril par Volodymyr Groïsman, président du Conseil suprême d’Ukraine (Verkhovna Rada) et fidèle du chef de l’État.

15. Bien que, selon ses propres déclarations, M. Groïsman entende s’occuper en priorité de dynamiser les réformes dont dépend le déblocage des mesures d’aide du FMI et de poursuivre la décentralisation, les perspectives de nouveaux progrès dans ce sens ne sont guère prometteuses, compte tenu de la persistance des troubles dans l’est du pays et de l’éclatement de la coalition dirigeante. Certes, le gouvernement a remporté quelques succès dans d’autres secteurs, tels qu’une décentralisation fiscale limitée ou la réforme de la police, mais d’aucuns pensent que les pays occidentaux et les institutions internationales pourraient bientôt mettre en doute la volonté et la capacité des autorités ukrainiennes de mener des réformes significatives, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption.

16. L’assistance fournie par l’OTAN sous forme de conseils vise à l’application de la réforme fondamentale de la défense, l’objectif étant d’assurer le contrôle démocratique des institutions civiles sur ce secteur et l’interopérabilité des forces armées ukrainiennes avec celles de l’Organisation. L’Ukraine s’est engagée à mettre en œuvre le Bulletin de défense stratégique en réformant de fond en comble ses institutions de défense et en introduisant les normes de l’OTAN d’ici à 2020. Par conséquent, il est encore plus urgent de continuer à aider ce pays. Bien évidemment, les problèmes économiques et financiers de ce dernier ne sont pas du ressort de l’OTAN, laquelle peut toutefois, grâce à son Programme pour le développement de l’intégrité (BI), épauler les secteurs de la défense et de la sécurité ukrainiens dans leurs efforts pour renforcer leur intégrité, leur transparence et leur responsabilisation et réduire les risques de corruption. Celle-ci, qui est présente dans les milieux politiques et dans les institutions, compromet la croissance économique comme la démocratisation et empêche les autorités d’affirmer leur souveraineté sur l’ensemble du territoire. Le nombre de participants ukrainiens (fonctionnaires et officiers confondus) aux cours et stages de formation du Programme BI a triplé en 2014. Pour la période 2015-2017, le programme insistera sur la menace que la corruption représente pour la sécurité et sur l’amélioration de la gestion des ressources financières et humaines.

17. D’une façon plus générale, la réaffirmation et la consolidation du partenariat entre l’OTAN et l’Ukraine a constitué l’un des grands thèmes du sommet de Varsovie. M. Porochenko lui-même était présent et le sommet s’est achevé sur une déclaration conjointe de la Commission OTAN-Ukraine. Les Alliés ont condamné l’annexion de la Crimée par la Russie et les manœuvres incessantes et délibérées auxquelles se livre cette dernière pour déstabiliser l’Ukraine orientale, en contravention manifeste au droit international. Ils se sont engagés à appuyer le gouvernement ukrainien dans les efforts déployés par ce dernier pour emprunter une voie politique qui réponde aux aspirations de la population dans tout le pays sans ingérence extérieure. Par ailleurs, ils ont amplifié et réitéré leur engagement au sujet de mesures de conception et d’élaboration de capacités visant à aider l’Ukraine à mieux assurer sa sécurité.

18. Ces mesures privilégiaient les domaines suivants : cyberdéfense, logistique, commandement, contrôle et communications, rééducation des militaires blessés et gestion des carrières militaires des soldats et personnel militaire blessés. Depuis le sommet du pays de Galles, six fonds d’affectation spéciale – instruments qui permettent aux Alliés comme aux Partenaires

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d’octroyer une assistance financière à titre individuel et volontaire – ont été créés pour traiter ces priorités. Depuis le début de l’agression russe, d’autres programmes de coopération entre Kiev et l’Organisation ont été améliorés. Ainsi, depuis avril 2014, le volet ukrainien du Programme de la science au service de la paix et de la sécurité (SPS) comporte 17 nouveaux projets liés à des technologies de pointe dans le domaine de la sécurité. De même, les participants au sommet de Varsovie, en juillet 2016, ont adopté un ensemble complet de mesures d’assistance (CAP) pour l’Ukraine, instrument qui avait été proposé le mois précédent par la Commission OTAN-Ukraine. Le CAP englobe 40 secteurs de coopération et est destiné à contribuer au renforcement et à l’amélioration de l’aide fournie par l’OTAN à l’Ukraine. Il comporte des projets sur mesure relatifs aux capacités et aux moyens requis dans les secteurs de la sécurité et de la défense.

19. L’interopérabilité entre les forces armées ukrainiennes et celles de l’OTAN demeure, elle aussi, une priorité de l’engagement entre les deux parties concernées. Ainsi, à Varsovie, les Alliés ont fait part de leur intention de donner corps à l’intérêt exprimé par l’Ukraine pour le programme « Nouvelles opportunités » dans le cadre de l’Initiative pour l’interopérabilité avec les partenaires, à laquelle Kiev a souscrit dans le prolongement du sommet du pays de Galles. Ce programme donne aux participants la possibilité d’intervenir dès les premiers stades de la planification opérationnelle de missions conduites par l’OTAN et prévoit en outre d’autres formes privilégiées de coopération et un dialogue politique amélioré. De surcroît, diverses initiatives bilatérales et multilatérales lancées par les pays alliés ont joué un rôle crucial dans l’amélioration de l’interopérabilité entre l’OTAN et l’Ukraine. Par exemple, la Lituanie et la Pologne ont créé une brigade lituano-polono-ukrainienne dont le quartier général se situe à Lublin, en Pologne, et qui devrait atteindre son état de préparation maximal en 2017.

20. L’aide accrue de l’OTAN a permis aux autorités de Kiev de satisfaire à leurs besoins les plus urgents ; elle a aussi contribué à l’amélioration des capacités de défense du pays. Il faut bien reconnaître cependant que les progrès accomplis par les Ukrainiens dans les secteurs où l’OTAN a apporté une assistance accrue ont parfois été lents ; cela s’explique par un manque de confiance mutuelle et de coordination, par l’absence de plans nationaux précis à moyen terme au moins et d’un concept clair des tâches à effectuer concrètement, et aussi, du côté ukrainien, par un certain flou autour de la désignation des autorités compétentes pour l’exécution de programmes spécifiques.

21. Le sommet de Varsovie a été pour les Alliés une précieuse occasion de faire le point sur la concrétisation des engagements pris envers l’Ukraine et sur la situation intérieure dans ce pays, d’une part, et de parvenir à un consensus et d’arrêter des décisions en ce qui concerne l’aide future, d’autre part. Une Ukraine souveraine, indépendante, stable et résolue à devenir une démocratie et un État de droit reste un atout majeur pour la sécurité euro-atlantique. Parallèlement, il est indispensable que le pays se montre résolu à entreprendre des réformes significatives pour progresser dans la transition et faciliter son intégration dans l’économie mondiale. En prouvant sincèrement et durablement leur volonté de combattre la corruption et de faire respecter la primauté du droit, les élites politiques ukrainiennes contribueraient grandement à convaincre l’OTAN du bien-fondé d’une assistance à long terme en faveur de l’Ukraine, notamment au vu de l’attitude hostile que la Russie continue à afficher.1

IV. LES DÉFIS DE LA RÉGION SUD

22. À Varsovie, l’OTAN s’est efforcée de trouver un juste équilibre entre ses réponses aux défis émanant de son flanc est et de son flanc sud. D’ailleurs, pour de nombreux Alliés, les répercussions de la poursuite des violences et des troubles dans la région MOAN renferment davantage de périls que le comportement de la Russie.

1 Pour plus d’information sur l’Ukraine, voir le rapport 2016 de la sous-commission sur la gouvernance démocratique Les deux guerres de l’Ukraine   : protéger son indépendance et mettre en place de véritables réformes [158 CDSDG 16 Frév.1 fin]

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23. Les conflits violents et l’instabilité continuent à ravager les États vulnérables du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sans que le bout du tunnel soit en vue. La guerre civile en Syrie, avec son cortège d’atrocités commises par les forces gouvernementales comme par les groupes rebelles, se complique de plus en plus et risque de dégénérer en une conflagration régionale avec l’ingérence grandissante des puissances de cette partie du monde et de la Russie. L’Iraq est la proie de divers maux : violences confessionnelles, faiblesse des autorités centrales et retombées du conflit syrien. Dans ces deux pays, Daech résiste aux efforts que déploie la coalition internationale pour l’affaiblir et continue à attirer des recrues par milliers. En Libye, les querelles politiques et les luttes entre milices rivales lui ont permis de prendre pied dans le pays et d’établir une tête de pont dans la ville côtière de Sourt ; Daech menace maintenant de se développer dans toute l’Afrique du Nord et même dans les pays subsahariens. La multiplication des appels au terrorisme qu’il adresse à ses partisans dans les pays occidentaux, conjuguée au retour des « combattants étrangers » en Europe, représente une grave menace pour la sécurité intérieure des Alliés. On estime que plus de 6000 ressortissants européens combattent actuellement en Syrie et en Iraq, où ils acquièrent l’expérience des armes et se radicalisent plus encore. Des terroristes ayant des liens avec Daech ou s’inspirant de son action ont déjà commis des attentats dans plusieurs pays alliés, notamment en France, en Turquie, en Allemagne, aux États-Unis et en Belgique. Autre conséquence de ces conflits, les flux migratoires en provenance de la région et en direction de l’Europe ont considérablement augmenté dans l’intervalle qui a séparé le sommet du pays de Galles du sommet de Varsovie, engendrant crises humanitaires, tensions politiques et menaces pour la sécurité. Cette instabilité et l’aggravation des périls transnationaux et multidimensionnels dans l’ensemble de la région MOAN concernent directement la sécurité de l’Alliance.

24. Le rôle de l’OTAN sur ce front particulier est mal défini, s’agissant notamment de répondre à la question de savoir à laquelle de ces menaces l’Organisation doit parer et de quelle façon. Elle n’a ni l’expérience ni le mandat politique requis pour relever les défis relativement nouveaux qui apparaissent au sud et au sud-est en recourant aux mesures spécifiques et bien rôdées qu’elle a appliquées pour consolider son dispositif dissuasif et défensif sur son flanc est. De la même façon que la menace émanant de la Russie est évaluée différemment d’un pays allié à un autre, les dangers résultant de l’instabilité au Moyen-Orient et du terrorisme islamiste sont diversement perçus en raison de l’existence de disparités géographiques, historiques et démographiques. En outre, le problème de son image dans l’opinion publique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord se pose à l’OTAN avec plus d’acuité qu’en Europe.

25. Toutefois, tant au sommet du pays de Galles qu’à celui de Varsovie, les Alliés ont décidé que l’OTAN avait un rôle à jouer dans la région MOAN, même si ce rôle est encore modeste. Si elle n’est pas présente en tant que telle au sein de la Coalition internationale contre Daech, tous ses membres y participent d’une façon ou d’une autre. Pour l’essentiel, ils arment et entraînent les opposants iraquiens, kurdes et syriens qui combattent Daech sur le terrain. Par ailleurs, quelques Alliés participent à des missions de reconnaissance et de frappe contre Daech en Syrie et en Iraq, missions dont l’immense majorité est conduite par les États-Unis.

26. Pour accroître, ne fût-ce que légèrement, le niveau de la participation de l’OTAN à la lutte contre Daech, l’Alliance a fait part, lors du sommet de Varsovie, de son intention de mettre son système aérien d’alerte et de contrôle (AWACS) directement à la disposition de la Coalition. Alors que les autorités militaires de l’OTAN travaillent encore à la mise au point des détails, le secrétaire général de l’Organisation, Jens Stoltenberg, a déclaré que les appareils AWACS survoleraient l’espace aérien de la Turquie et pénétreraient dans l’espace aérien international pour surveiller celui de l’Iraq et de la Syrie. Cette opération, censée commencer à l’automne 2016, devrait donner à la Coalition une meilleure vue d’ensemble de la situation. Cela ne signifie pas toutefois que l’OTAN soit devenue un membre de la Coalition. Il ne faut donc pas nécessairement voir dans cette décision le signe d’un changement dans la stratégie de l’Alliance vis-à-vis de Daech, mais plutôt la marque de son soutien à la Coalition et de son approche indirecte à la sécurité dans la région MOAN.

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27. Par ailleurs, l’un des secteurs dans lesquels les Alliés ont décidé que l’OTAN pourrait apporter la contribution la plus importante à la stabilité régionale est celui des activités de construction de capacités avec des partenaires régionaux. Les problèmes complexes et en mutation rapide qui se posent sur le flanc sud ne peuvent être résolus par une simple augmentation des budgets militaires nationaux ; ils demandent plutôt un effort soutenu et ciblé pour renforcer les gouvernements, les forces de sécurité et l’économie des États d’où proviennent ces menaces. De nombreux pays en première ligne dans la lutte contre Daech sont parties au Dialogue méditerranéen1 ou à l’Initiative de coopération d’Istanbul (ICI)2, lesquels, avec le Partenariat pour la paix (PPP), sont les partenariats-phares de l’OTAN en matière de sécurité coopérative.

28. Pourtant, les événements de ces dernières années ont entravé le bon fonctionnement de ces forums : le PPP, dont font partie et la Russie et l’Ukraine, se ressent du conflit en cours, les travaux du Dialogue méditerranéen pâtissent de la discorde entre Israël, l’Égypte et la Turquie et les membres de l’ICI sont divisés sur l’attitude à adopter face à Daech. Plusieurs propositions de réforme de ces partenariats ont été avancées dans l’espoir de les rendre plus efficaces pour ce qui est d’améliorer les relations entre secteurs civil et militaire et d’instiller la notion de discipline et de retenue au sein des forces de sécurité ; cependant, mis à part une attitude d’ouverture à l’égard d’éventuels nouveaux membres du Dialogue méditerranéen, aucune réforme de ce genre n’a été annoncée au sommet de Varsovie.

29. L’une des propositions destinées à renforcer le caractère effectif des partenariats consiste à insister de plus en plus sur les relations bilatérales (28 + 1) en fonction des besoins et des priorités de l’Alliance et de l’intérêt du pays concerné et à s’écarter ainsi des formules multilatérales dans lesquelles les partenaires fixent eux-mêmes les limites de leur coopération. Ces partenariats individuels peuvent donner naissance à des mécanismes coopératifs permanents grâce auxquels l’Alliance recevrait un soutien des pays partenaires (dans le domaine de la gestion des crises, par exemple) en échange de programmes de formation et de matériel. Au sommet de Varsovie, les Alliés ont annoncé qu’ils avaient instauré des programmes individuels de partenariat et de coopération sur mesure de ce type avec tous leurs partenaires du Dialogue méditerranéen et de l’ICI, à savoir l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, la Mauritanie, le Maroc, la Tunisie, ainsi que Bahreïn, le Koweït, le Qatar et les Émirats arabes unis.

30. Avec l’Initiative de renforcement des capacités de défense et des capacités de sécurité s’y rapportant (DCB), lancée au sommet du pays de Galles, l’Alliance dispose d’un instrument supplémentaire pour projeter la stabilité sans déployer de forces de combat ; la DCB s’inscrit dans la contribution générale de l’Alliance à la sécurité et à la stabilité internationales et à la prévention des conflits. À cet égard, les Alliés ont réaffirmé lors du sommet de Varsovie leur attachement au partenariat de l’OTAN avec l’Iraq et ils se sont engagés à redynamiser leurs efforts pour aider ce pays à se doter de forces de sécurité plus efficaces. C’est pourquoi l’Organisation a adopté, en juillet 2015, un train de mesures de renforcement des capacités de défense destiné à consolider le secteur iraquien de la défense et de la sécurité, plus spécifiquement dans les domaines suivants : réforme du secteur de la sécurité, lutte contre les engins explosifs improvisés, neutralisation des explosifs et munitions et déminage, planification civile et militaire, cyberdéfense, médecine militaire et assistance médicale, formation militaire et plans civils d’urgence. Plus récemment, à Varsovie, les Alliés ont annoncé qu’ils accéderaient à la demande formulée par l’Iraq en mai 2016 et portant sur la mise en place dans le pays même d’une formation des forces de sécurité et des forces armées iraquiennes, formation dispensée par l’OTAN. Jusqu’à présent, la formation assurée par l’Alliance avait lieu au KASOTC (centre d’entraînement « Roi Abdallah II » pour les opérations spéciales) en Jordanie, et dans des centres d’entraînement et d’instruction en Turquie. Dans le

1 Le Dialogue méditerranéen rassemble actuellement sept pays non membres de l’OTAN de la région méditerranéenne, à savoir l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, la Mauritanie, le Maroc et la Tunisie.

2 L’Initiative de coopération d’Istanbul rassemble actuellement Bahreïn, le Qatar, le Koweït et les Émirats arabes unis.

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contexte des actions découlant de la DCB, l’assistance de l’OTAN à l’Iraq portera aussi sur l’édification d’institutions et les plans préliminaires à cet effet devraient être prêts pour octobre 2016, lorsqu’ils seront soumis à l’attention des ministres de la Défense. La formation et la construction de capacités devraient commencer en Iraq au mois de janvier 2017.

31. De plus, l’OTAN a indiqué au sommet de Varsovie qu’elle était prête à aider le gouvernement libyen à se doter de capacités de défense, à augmenter l’aptitude du pays à se défendre lui-même et à œuvrer à la stabilisation en contribuant au développement des capacités des garde-côtes et de la marine libyens si le gouvernement d’entente nationale le demande. Par ailleurs, les Alliés ont dit vouloir apporter une contribution à l’opération Sophia que mène l’UE sur le territoire libyen pour lutter contre l’immigration clandestine mais, là aussi, ils attendent une demande formelle. Pourtant, bien que la formation d’un gouvernement d’unité nationale en décembre 2015 ait laissé espérer l’instauration de relations plus étroites avec l’OTAN, le chaos qui règne actuellement et l’ampleur des violences limitent la marge de manœuvre de cette dernière ou de toute autre entité extérieure. Reste à voir quelles seront les conséquences de la campagne aérienne entamée par les États-Unis en août 2016.

32. Par ailleurs, l’OTAN est intervenue dans le règlement de la crise migratoire en Europe en annonçant, en février 2016, qu’elle lancerait une opération maritime pour empêcher la traversée de la mer Égée par les trafiquants et les migrants clandestins. Le 2e Groupe maritime permanent, qui appartient à la Force de réaction de l’OTAN (NRF), est arrivé sur zone 48h après que les autorités politiques eurent pris leur décision et il s’acquitte actuellement de missions de reconnaissance, de contrôle et de surveillance. Il fournira à l’Agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures des États membres de l’UE (Frontex) et aux autorités grecques et turques des renseignements propres à aider ces deux pays à contrer efficacement les agissements des filières clandestines. À Varsovie, les Alliés ont annoncé que cette opération ferait l’objet d’une évaluation en septembre 2016 avant la réunion des ministres de la Défense prévue pour le mois d’octobre suivant.

33. Toutefois, il n’est pas certain qu’une intervention de l’OTAN dans la crise migratoire exerce une grande influence sur le flux des réfugiés qui fuient la guerre civile en Syrie, une guerre qui dure depuis cinq ans. Les forces alliées présentes dans la mer Égée ont pour mission d’aider les autorités grecques et turques à secourir et, parfois, à reconduire en Turquie les migrants en route pour l’Europe. Parallèlement, les perspectives que cette nouvelle mission offre en matière de coopération avec Frontex, qui mène des opérations d’une grande importance en mer Égée, ont été le catalyseur d’une collaboration accrue entre l’OTAN et l’Union au Moyen-Orient et en Afrique du Nord plus généralement. La Stratégie mondiale de l’Union européenne pour la politique étrangère et de sécurité, publiée en juin 2016, fait de multiples références à des possibilités de coopération avec l’OTAN et, au sommet de Varsovie, le secrétaire général de l’Organisation, le président du Conseil européen et le président de la Commission européenne ont publié une déclaration commune dans laquelle ils ont souligné la nécessité d’un approfondissement de la coopération entre l’OTAN et l’Union européenne dans toute une série de secteurs, dont le partage de données du renseignement pour contrer les menaces hybrides, la coopération opérationnelle en Méditerranée, la coordination de la cybersécurité, le développement de l’interopérabilité et l’organisation d’exercices conjoints. Le Service européen pour l’action extérieure et le Secrétariat international de l’OTAN seront les principaux responsables de l’élaboration de méthodes d’application et le Conseil de l’Atlantique Nord rendra compte aux ministres des Affaires étrangères des conclusions tirées de son examen des propositions, en décembre 2016. Voilà qui marque une avancée considérable sur le plan de la coopération entre l’UE et l’OTAN et de la solidarité transatlantique à un moment crucial pour l’Alliance.

34. Considérées dans leur ensemble, ces actions donnent à penser que, dans l’esprit des pays alliés, l’OTAN n’a qu’un rôle limité à jouer ici, mais que des mesures progressives et ponctuelles sont prises pour tenir compte du souhait de certains d’entre eux de veiller à ce que l’Alliance ne se concentre pas uniquement sur l’Europe de l’Est. Il est clair que l’OTAN a un rôle à jouer face aux

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défis émanant du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. Toutefois, elle ne peut certainement pas s’attaquer seule aux causes profondes de ces défis : États faillis, violence omniprésente, extrémisme et absence de perspectives pour l’homme de la rue. Elle doit procéder avec prudence, en analysant soigneusement la situation de chacune des régions où elle peut apporter une contribution supplémentaire aux efforts déployés par les acteurs régionaux et la communauté internationale, non comme dans le rôle d’un protagoniste, mais plutôt dans celui d’un rôle de soutien.

V. RÉPONSE DE L’OTAN : RÉASSURANCE ET ADAPTATION

35. La crédibilité durable de l’OTAN repose sur sa volonté et sa capacité de s’acquitter de sa tâche fondamentale : la défense collective. Tous les Alliés doivent avoir l’assurance que l’Organisation est prête à les défendre si la nécessité s’en fait sentir. Après des années de réduction des effectifs et de l’état de préparation des forces armées alliées et américaines en Europe, les problèmes de sécurité auxquels l’Alliance est désormais confrontée exigent une nouvelle réflexion sur le sujet. La puissance, la cohésion et la solidarité de l’Alliance dépendent de la crédibilité des moyens de dissuasion de celle-ci et de l’efficacité de son dispositif de défense. Aussi l’OTAN a-t-elle, lors des sommets du pays de Galles et de Varsovie, adopté diverses mesures propres à accroître son aptitude à assurer la défense collective, tandis que, parallèlement, les États-Unis engageaient une démarche visant à rassurer leurs alliés est-européens en augmentant leur présence militaire dans la région grâce à l’Initiative de réassurance pour l’Europe.

36. Au sommet du pays de Galles, les Alliés avaient marqué leur accord sur le RAP, qui est une réponse aux problèmes posés par la Russie et par l’instabilité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord. Le RAP comprend des mesures de réassurance – présence aérienne, terrestre et maritime permanente et activités militaires d’envergure dans la partie orientale de l’Alliance –, ainsi que des mesures d’adaptation – modifications à plus long terme des forces de l’OTAN et de leur structure de commandement – grâce auxquelles l’Alliance sera mieux à même de réagir promptement et de manière décisive à des crises soudaines.

37. Durant l’année qui a précédé le sommet de Varsovie, l’Organisation a accompli des progrès notables dans l’application des mesures de réassurance et d’adaptation prévues dans le RAP. S’agissant de la réassurance, elle a augmenté le nombre de patrouilles de police aérienne au-dessus des pays baltes, déployé des chasseurs en Roumanie et en Pologne et entamé l’exécution d’un programme de survol périodique du territoire des Alliés orientaux par des appareils AWACS. Pour ce qui est de la réassurance en mer, elle a déployé diverses forces navales multinationales telles que le Groupe permanent OTAN de lutte contre les mines, qui croise en mer Baltique et dans le secteur oriental de la Méditerranée, ou encore un groupe maritime permanent OTAN élargi, qui mène des activités de réassurance maritime en plus de la conduite de patrouilles antiterroristes. Enfin, des forces terrestres ont été envoyées sur le flanc est de l’Alliance pour des activités d’entraînement et des exercices. Sur près de 300 exercices organisés en 2015, plus d’une centaine étaient consacrés aux mesures de réassurance de l’OTAN.

38. Parmi les mesures d’adaptation figurent le triplement des effectifs de la NRF, qui sont passés à 40 000 hommes, et la création d’une force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation (VJTF), dite « fer de lance » ; elle est composée de plusieurs milliers de soldats des forces terrestres appuyés par des forces aériennes, navales et spéciales et est censée pouvoir se déployer sur très court préavis depuis le début de cette année. La VJTF s’est déployée pour la première fois lors de l’exercice Noble Jump en Pologne au mois de juin 2015, et était prévue pour être pleinement opérationnelle d’ici au sommet de Varsovie.

39. L’Alliance a également pris des mesures pour établir une présence visible et permanente sur le territoire des Alliés orientaux. En septembre 2015, dans le cadre du RAP, six unités d’intégration

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des forces de l’OTAN (NFIU) ont été déployées pour la première fois en Bulgarie, Pologne, Roumanie, Estonie, Lettonie et Lituanie, l’objectif étant de faciliter le déploiement rapide de la VJTF et des forces de remplacement alliées. Cette première vague de NFIU est maintenant opérationnelle, et deux autres unités seront déployées en Hongrie et en Slovaquie. Les NFIU stationnées en Pologne et dans les pays baltes resteront sous le commandement stratégique du corps d’armée multinational Nord-Est (MNCNE), installé à Szczecin (Pologne), tandis que les NFIU installées en Roumanie et en Bulgarie dépendront du nouveau quartier général de division multinational Sud-Est, sis en Roumanie et récemment devenu opérationnel.

40. À Varsovie, l’Alliance a adopté d’autres mesures pour établir une présence plus visible sur le flanc est avec la confirmation du déploiement de quatre groupes de bataille multinationaux de la taille d’un bataillon en Pologne, Lituanie, Lettonie et Estonie. Ces bataillons, dont chacun sera placé sous l’autorité d’une nation-cadre, se déploieront par rotation, de manière à respecter les dispositions de l’Acte fondateur ; les nations-cadres seront l’Allemagne, le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis. En soi, cette mesure ne modifiera guère le rapport des forces avec la Russie dans la région, mais elle servira à rassurer les Alliés et à manifester à l’endroit des pays membres orientaux la solidarité des pays membres nord-américains et ouest-européens. Le maintien sur le flanc est d’une force de taille réduite mais efficace, constituée d’unités multinationales, est également appelé « fil déclencheur », en ce sens qu’un agresseur potentiel aurait affaire à plusieurs pays alliés s’il venait à passer à l’acte.

41. D’autres mesures d’adaptation sur le flanc est touchent à l’amélioration de l’état de préparation du quartier général du MNCNE, installé à Szczecin, réinvesti par le Danemark, l’Allemagne et la Pologne cette année, et à la mise en place d’un nouveau quartier général multinational déployable pour la région Sud-Est à Bucarest. Le quartier de division multinational Sud-Est a été inaugurée dans la capitale roumaine en décembre 2015 et a affiché une capacité opérationnelle initiale avant le sommet de Varsovie, en juillet 2016. En outre, des discussions portent actuellement sur la création en Roumanie d’une brigade-cadre multinationale, projet pour lequel la Bulgarie et la Pologne ont manifesté leur intérêt. 42. Le sommet de Varsovie a été l’occasion de faire le point sur l’avancement des mesures de réassurance et d’adaptation et de renforcer les mesures de dissuasion en cas de besoin. De fait, plusieurs pays alliés souhaiteraient que l’OTAN en fasse davantage et montrent du doigt les lacunes des mesures prises jusqu’ici pour dissuader un éventuel agresseur de lancer une attaque classique par surprise sur le flanc est et pour parer à une attaque de cette nature. Une série de récentes simulations de guerre de la Rand Corporation ont montré que les forces russes pourraient atteindre les abords de Tallinn ou de Riga en soixante heures ou moins. La VJTF ne ferait pas le poids face aux dizaines de milliers d’hommes que la Russie pourrait – comme elle l’a déjà prouvé – mobiliser sur très bref préavis.

43. Les inquiétudes des Alliés orientaux sont partiellement prises en compte, notamment par les États-Unis. Le récent budget pour 2017 demande à Washington de plus que quadrupler les dépenses militaires pour l’Europe (de 789 millions de dollars à 3,4 milliards). Ces fonds seront consacrés au déploiement d’armes lourdes, de véhicules blindés et d’équipements divers en Europe et, essentiellement, sur le territoire des Alliés est-européens. Cela s’inscrit dans le cadre de l’IRE, annoncée par Washington en 2014 après l’annexion de la Crimée et destinée à couvrir les aspects suivants : présence, formation et exercices, infrastructures, équipement prépositionné et construction de capacités pour les partenaires. L’un des aspects les plus applaudis de l’IRE est le projet des États-Unis de conserver le déploiement par rotation d’une brigade blindée chez les Alliés orientaux et de compenser ainsi un tant soit peu un fait observé ces derniers temps : le retrait du continent européen de la plus grande partie des blindés lourds états-uniens. Cette annonce récente a été bien accueillie par les Alliés orientaux et préfigure une nouvelle adaptation à long terme au défi russe. D’ailleurs, les gouvernements de plusieurs pays d’Europe de l’Est ont fait de la présence permanente de troupes de l’OTAN dans la région l’un des principaux objectifs

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de leur politique extérieure. Pour l’instant, toutefois, l’Alliance a décidé de limiter les déploiements sur le flanc est à l’envoi des quatre nouveaux bataillons multinationaux. 44. Indépendamment du stationnement de forces supplémentaires sur le territoire des Alliés orientaux (à titre permanent ou par rotation), l’OTAN pourrait prendre d’autres mesures pour renforcer le dispositif de dissuasion : amélioration des procédures relatives à l’état de préparation nucléaire, réintroduction des plans de défense permanents, octroi aux commandements de l’OTAN d’autorisations politiques préalables pour le déploiement de forces - de manière à réduire le temps de réaction à une crise - et amélioration des infrastructures pour un déploiement avancé rapide et efficace de troupes et de matériel à l’intérieur d’un pays allié ou entre pays alliés.

45. La nécessité d’assurer une dissuasion et une défense crédibles sans provoquer inutilement la Russie demeurera à l’ordre du jour des débats entre Alliés. Trouver le juste équilibre entre dissuasion et réassurance crédibles sans fermer la porte au dialogue avec la Russie restera une question cruciale pour les Alliés, tout comme les questions récurrentes de la répartition des ressources et de l’attention politique entre l’Est et le Sud et de l’adéquation des mesures politiques et militaires à prendre pour relever ces défis.

VI. ÉLARGISSEMENT ET PARTENARIATS

46. Au sommet de Varsovie, les chefs d’État et de gouvernement des pays de l’OTAN ont envoyé un message politique clair et capital : la « politique de la porte ouverte » demeure en vigueur. Cela est important, notamment eu égard aux relations avec la Russie, qui ne cesse de critiquer l’élargissement de l’Organisation à l’est. En poursuivant cette politique, les Alliés refusent d’accepter un quelconque empiètement de Moscou sur le droit d’États souverains et indépendants de rejoindre librement une alliance. Les perspectives d’adhésion de la Géorgie et des pays candidats des Balkans occidentaux restent d’actualité et concernent exclusivement l’Alliance et les pays concernés.

47. En décembre 2015, conscients de l’attachement du Monténégro aux valeurs euro-atlantiques et des progrès accomplis par ce pays dans la réforme de son secteur de la défense et de la sécurité, les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’OTAN l’ont invité à entamer des négociations d’accession. Ces négociations ont débuté en février 2016, lorsque les autorités de Podgorica et l’OTAN ont discuté de divers aspects de l’adhésion et, entre autres, de ses dimensions politiques, militaires et juridiques. La prochaine étape sera la signature par les Alliés d’un protocole d’accession, après quoi le Monténégro commencera à assister aux réunions de l’OTAN à titre d’invité. Une fois le protocole ratifié par les Alliés, le Monténégro accédera au Traité de Washington et deviendra ainsi le vingt-neuvième membre de l’Alliance. La taille relativement petite du pays devrait garantir une intégration sans encombre. L’accession du Monténégro enverra un message politique important, même si ses incidences militaires sont minimes.

48. De l’avis de la rapporteure, l’OTAN devrait réaffirmer sa « politique de la porte ouverte » et sa décision du sommet de Bucarest de 2008, de manière à éviter tout différend autour d’un futur élargissement. La question de l’élargissement et celle des partenariats restent cruciales pour la sécurité et la stabilité de la région euro-atlantique. Par exemple, l’adhésion du Monténégro contribuera à la stabilisation des Balkans occidentaux, où subsistent, plus de vingt ans après la signature des accords de paix de Dayton, des tensions régionales aux causes profondément enracinées. De la même façon, l’accession de la Géorgie sera bénéfique, elle aussi, pour la sécurité et la stabilité de la région euro-atlantique. L’élargissement est un élément à part entière d’un processus de transformation continu de l’Europe de l’Est et du Sud-Est dans le sens d’une Europe libre, unie et en paix, en même temps qu’un moyen d’améliorer les capacités et l’efficacité de l’Alliance. Cela dit, il est capital que les États admis dans l’Alliance tiennent les promesses et honorent les engagements qu’ils ont pris en vue d’y entrer.

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49. La Géorgie a montré qu’elle était un partenaire majeur et loyal de l’Alliance ; elle a apporté d’importantes contributions aux opérations de l’OTAN, notamment en Afghanistan. De plus, elle a accompli des progrès remarquables dans l’exécution de ses réformes. Aussi M. Stoltenberg a-t-il déclaré, le 11 février 2016, qu’elle « se rapproch[ait] de l’OTAN grâce à ses réformes et à ses contributions de poids à notre sécurité collective ».

50. Le Paquet substantiel OTAN-Géorgie, composé de 13 projets conçus pour améliorer la défense de ce pays, a été proposé lors du sommet du pays de Galles. Ces projets portent sur divers domaines, dont la cyberdéfense, les communications stratégiques, l’édification et le développement d’institutions vouées à la défense et formation dans le secteur de la sécurité. L’ouverture du centre conjoint OTAN-Géorgie de formation et d’évaluation en août 2015 est une preuve de l’approfondissement des relations entre les deux parties. En outre, les Alliés doivent maintenir et amplifier leur contribution aux capacités d’autodéfense du pays. Alors que la région de Tskhinvali, capitale de l’Ossétie du Sud, et l’Abkhazie sont toujours occupées par la Russie, la sécurité en Géorgie et dans le Caucase du Sud demeure précaire dans l’ensemble. Compte tenu de la contribution de la Géorgie à l’OTAN, du rôle que joue ce pays au profit de la sécurité et de la stabilité régionales et de ses progrès dans l’exécution de réformes les plus diverses, la rapporteure voudrait souligner que la porte de l’Organisation doit lui rester ouverte. Qui plus est, l’occupation de l’Ossétie du Sud (région de Tskhinvali) et de l’Abkhazie ne saurait empêcher un nouveau rapprochement entre l’OTAN et la Géorgie.

51. Bien que les Alliés aient déclaré que les partenariats formaient un élément central du programme politique et militaire de l’Alliance, ils n’ont pas saisi l’occasion du sommet de Varsovie pour passer en revue la politique générale de l’OTAN en la matière. Cela est fâcheux, dès lors que les partenariats ont une importance grandissante pour l’engagement de l’Organisation vis-à-vis de la sécurité coopérative. Au vu des récents événements survenus sur les flancs sud et est de l’OTAN, les Alliés et leurs partenaires doivent s’efforcer ensemble de rendre les forums existants plus efficaces.

VII. APRÈS LE SOMMET DE VARSOVIE : MENACES SUR LA COHÉSION DE L’ALLIANCE

52. Si elles sont correctement appliquées, les décisions prises au sommet de Varsovie contribueront grandement à renforcer les capacités de défense de l’Alliance et, partant, la défense collective. Il est indispensable que les gouvernements et les parlements des pays membres de l’OTAN trouvent les ressources et la volonté politique requises à cet effet.

53. Mais au moment où les Alliés appliquent les décisions arrêtées à Varsovie, un certain nombre de problèmes risquent d’avoir des conséquences pour l’Alliance, même s’ils ne présentent pas nécessairement un rapport direct avec la sécurité ou l’OTAN en tant que telle. Ils pourraient, par un effet de débordement, influer sur la cohésion alliée, qui est un concept pérenne pour l’Organisation.

54. Il est beaucoup trop tôt pour dire si les résultats du référendum sur la sortie du Royaume-Uni dans l’Union européenne – ce que l’on a appelé le Brexit – auront des répercussions sur l’Alliance. La rapporteure est convaincue que ce pays conservera la même position à l’intérieur de l’OTAN et qu’il demeurera un Allié loyal et engagé. Cependant, lorsqu’il définira le prochain chapitre de ses relations avec l’UE, il devra consacrer des ressources politiques et diplomatiques considérables à ses négociations avec cette dernière. Il en ira de même pour la plupart, voire la totalité des Alliés européens. La concrétisation du Brexit détournera inévitablement l’attention d’autres questions, ce qui pourrait aussi gêner la mise en application des décisions de Varsovie. Qui plus est, cette incertitude concerne directement l’OTAN, comme l’a fait observer M. Stoltenberg : « L’imprévisibilité engendre des problèmes pour notre sécurité. (...) Nous sommes cernés de toutes parts par tant d’incertitude, d’imprévisibilité et d’instabilité. Tout ce qui concourt à cet état de choses est une source de préoccupation supplémentaire. »

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55. De la même façon, il faudra voir si le Brexit aura des conséquences néfastes pour l’économie du Royaume-Uni et des Alliés européens. Si tel était le cas, il serait capital que ceux-ci ne renoncent pas à leur engagement de renverser la tendance à la baisse des dépenses de défense. Ces dernières années, l’amenuisement du budget militaire de nombreux membres de l’OTAN a entraîné une détérioration des capacités alliées. Compte tenu de la multitude de problèmes sécuritaires, l’OTAN ne peut se permettre un affaiblissement des capacités en question, ce qui aurait des répercussions négatives sur la cohésion de l’Alliance.

56. Autre incertitude concernant le Brexit : ses conséquences éventuelles pour la coopération entre l’OTAN et l’Union européenne. Il entraînera en effet une réduction de la contribution des États membres de l’UE aux dépenses de défense globales de l’OTAN, qui passera de 24 % à 17 %. Il portera en outre un coup sévère à la Politique étrangère et de sécurité commune (PESC) de l’Union. On parle déjà d’un rôle accru de l’UE dans le domaine de la sécurité (militaire) à la suite du « Brexit ». De nombreuses possibilités s’offrent à l’Europe d’augmenter ses capacités grâce à la mutualisation et à l’intégration, mais les initiatives de l’Union européenne ne devraient pas faire double emploi avec celles qui existent déjà au sein de l’OTAN. Certes, on ne peut que se féliciter de la perspective d’une coopération accrue entre les États membres de l’UE dans le domaine de la sécurité, mais cela ne saurait se faire au détriment de l’Alliance.

57. Les menaces grandissantes qui apparaissent à la périphérie de l’Europe ont un effet tangible sur la politique intérieure et le comportement des pays concernés ; elles alimentent la montée des mouvements populistes et modifient le paysage politique dans les pays alliés. C’est là une évolution préoccupante, car les populistes préconisent des solutions nationales plutôt qu’une coopération internationale. Ils s’opposent aux solutions internationales, à la mondialisation et prônent la préférence nationale. Or, en matière de défense, une stratégie nationale, qui s’accompagne souvent d’implications isolationnistes, est, d’une part, incompatible avec l’engagement de l’OTAN envers la défense collective et, d’autre part, anachronique à une époque où le monde est de plus en plus interconnecté et où les défis et les périls transnationaux exigent une coordination et une cohésion accrues entre les pays, comme le montrent la crise migratoire et le terrorisme. De surcroît, les mouvements populistes et nationalistes peuvent, avec le temps, menacer les valeurs fondamentales communes de l’OTAN que sont la démocratie et l’État de droit. Il faut ajouter à cela le « mariage de convenance » entre la Russie et les partis populistes européens, qui, par le biais de campagnes de désinformation, est exploité pour saper l’Union européenne et polariser le débat sur le continent. Un exemple par excellence de l’efficacité de la guerre de l’information menée par Moscou est le référendum organisé aux Pays-Bas sur l’accord d’association entre l’Union et l’Ukraine.

58. Au moment de la rédaction de ces lignes, les perspectives d’un accord rapide autour du Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (TTIP) semblent lointaines. Cela est regrettable, parce qu’un tel partenariat renforcerait le lien transatlantique et faciliterait vraisemblablement la coopération entre les secteurs de la défense. La rapporteure espère que le TTIP pourra être conclu bientôt et ne pas être victime de politiques populistes, avec les conséquences nuisibles que cela entraînerait pour la cohésion de l’Alliance.

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VIII. CONCLUSIONS

59. Dans un monde en mutation rapide, la nécessité de pouvoir compter sur une Alliance transatlantique solidaire, efficace et reposant sur des valeurs, des règles et des principes communs n’a jamais été aussi grande. Le sommet de Varsovie de 2016 a été un succès : les décisions qui y ont été prises permettront à l’Alliance de se développer davantage, notamment sur le double plan de ses politiques et de ses capacités, et, partant, d’être mieux préparée à affronter les défis sécuritaires à venir. Toutefois, les Alliés doivent honorer leurs engagements, aplanir leurs divergences et dégager les ressources nécessaires pour répondre aux besoins existants et futurs. Cela n’est pas chose aisée, compte tenu de la montée des voix populistes dans de nombreux pays membres. Nos démocraties sont sous pression et nos principes démocratiques sont mis à l’épreuve, sur la scène intérieure comme à l’extérieur. Il nous incombe de défendre et, au besoin, de restaurer ces valeurs. Face à tous ces défis, et dans un environnement pollué par l’intoxication et la désinformation, l’Assemblée parlementaire de l’OTAN peut exercer une fonction vitale en expliquant aux électeurs à quoi sert l’OTAN et quelle est sa pertinence. De fait, au sommet de Varsovie, les Alliés ont reconnu le rôle de l’Assemblée, s’agissant de compléter les efforts de l’OTAN pour promouvoir la stabilité dans toute l’Europe.

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