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20 heures de vélo à la mémoire du" Vieux Coyote" Que le temps passe vite ! Cinq ans déjà que sur une route de Charente- Maritime aux confins de la Gironde, près de chez lui, Patrick PLAINE s'est fait écraser par un énorme engin forestier, le 27 novembre 2012, à l'âge de 70 ans. Patrick, c'était un "personnage" et vraiment un cyclo "hors normes" à tous points de vue : son mode de vie très particulier, ses excès kilométriques, son "palmarès" énorme et ses performances incroyables, son côté mystique aussi. Très connu dans le milieu cyclotouriste, on pouvait le croiser un peu partout en France voire à l'étranger. Il adorait vivre sur son vélo, mais il aimait aussi faire pédaler les autres en leur proposant de multiples organisations ( "Centrionales", "Rayons du Centre de la France", "40 heures et 20 heures Vélocio", etc...) et également des rendez-vous ponctuels auxquels il invitait ses amis. Il leur écrivait aussi beaucoup, surtout au cours des longues soirées d'hiver, de son écriture caractéristique souvent agrémentée de petits dessins parfois sybillins, avec son célèbre stylo-bille à 4 couleurs. Il signait "Pat" ou "Le Canny" ou le "Vieux Coyote" … On ne peut raconter Patrick en quelques lignes. D'ailleurs, Gilbert JACCON, un ami Diagonaliste à la plume alerte, a écrit un très bon "bouquin" sur lui, après sa mort, intitulé « Coyotement vôtre ». Avec Nicole, nous l'avons croisé de nombreuses fois, à droite, à gauche, mais dans la réalité, nous n'avons presque jamais roulé avec lui. Nous n'étions pas des amis intimes, mais Patrick nous écrivait de temps en temps, déplorant d'ailleurs parfois que nous ne nous déplacions pas à ses rendez-vous de cyclos, assez éloignés. Il nous traitait gentiment de "bourgeois" car nous couchions à l'hôtel au cours de nos voyages itinérants. Alors que lui avait choisi de dormir dans des cartons récupérés ici ou là ou bien sous une couverture de survie à même le sol dans son hôtel naturel aux "mille étoiles" … C'était sa "philosophie". Nous n'avons pas assisté à ses obsèques, mais nous l'avons regretté et dès l'année suivante, nous avons souhaité participer à l'une de ses organisations permanentes (les "Rayons du Centre de la France") pour l'intérêt de ses parcours, mais aussi en sa mémoire. D'ailleurs, début octobre 2013, à l'issue du "Rayon" Bruère-Allichamps – Grassac, nous avons prolongé notre randonnée pour nous incliner sur sa tombe dans le petit cimetière de Chardes, son village, tout près de Montendre. À la fin de cet été, nous avons été invités, comme beaucoup, par Patrice LEGAL (le repreneur des organisations de Patrick), à nous rendre à Montendre le 27 novembre 2017, pour le 5 ème anniversaire de son décès, au domaine de "Croix Gente", chez Jacques et Annie PLAINE (son frère et sa belle-soeur). Nous n'avons pas hésité et j'ai choisi de m'y rendre à vélo, en souvenir de lui, en réalisant les "20 heures Vélocio", randonnée qu'il organisait et que je n'avais encore jamais effectuée. Un petit "challenge" vu la saison et les risques météorologiques. Mais Patrick, très croyant, a dû intercéder pour moi auprès du Ciel car, on va le voir, les conditions atmosphériques ont été tout à fait correctes, globalement. J'ai choisi de partir de notre domicile (à Bouchemaine, près d'Angers), de rejoindre d'abord Vieillevigne (à 30 km au sud de Nantes) et de rallier ensuite quasi directement St-Bonnet-sur-Gironde en traversant la Vendée et la Charente-Maritime. Nous avions en effet réservé une chambre d'hôtes à St-Bonnet, à 25 km de Montendre. Ce programme me donnait 349 km à parcourir, ce qui me semblait jouable entre 3 h du matin et 23 h (le minimum à accomplir étant de 300 km pour être homologué).

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20 heures de vélo à la mémoire du" Vieux Coyote"

Que le temps passe vite ! Cinq ans déjà que sur une route de Charente-Maritime aux confins de la Gironde, près de chez lui, Patrick PLAINE s'est fait écraser par un énorme engin forestier, le 27 novembre 2012, à l'âge de 70 ans. Patrick, c'était un "personnage" et vraiment un cyclo "hors normes" à tous points de vue : son mode de vie très particulier, ses excès kilométriques, son "palmarès" énorme et ses performances incroyables, son côté mystique aussi. Très connu dans le milieu cyclotouriste, on pouvait le croiser un peu partout en France voire à l'étranger. Il adorait vivre sur son vélo, mais il aimait aussi faire pédaler les autres en leur proposant de multiples organisations ( "Centrionales", "Rayons du Centre de la France", "40 heures et 20 heures Vélocio", etc...) et également des rendez-vous ponctuels auxquels il invitait ses amis. Il leur écrivait aussi beaucoup, surtout au cours des longues soirées d'hiver, de son écriture caractéristique souvent agrémentée de petits dessins parfois sybillins, avec son célèbre stylo-bille à 4 couleurs. Il signait "Pat" ou "Le Canny" ou le "Vieux Coyote" …

On ne peut raconter Patrick en quelques lignes. D'ailleurs, Gilbert JACCON, un ami Diagonaliste à la plume alerte, a écrit un très bon "bouquin"

sur lui, après sa mort, intitulé « Coyotement vôtre ».Avec Nicole, nous l'avons croisé de nombreuses fois, à droite, à

gauche, mais dans la réalité, nous n'avons presque jamais roulé avec lui. Nous n'étions pas des amis intimes, mais Patrick nous écrivait de temps en temps, déplorant d'ailleurs parfois que nous ne nous déplacions pas à ses rendez-vous de cyclos, assez éloignés. Il nous traitait gentiment de "bourgeois" car nous couchions à l'hôtel au cours de nos voyages itinérants. Alors que lui avait choisi de dormir dans des cartons récupérés ici ou là ou bien sous une couverture de survie à même le sol dans son hôtel naturel aux "mille étoiles" … C'était sa "philosophie".

Nous n'avons pas assisté à ses obsèques, mais nous l'avons regretté et dès l'année suivante, nous avons souhaité participer à l'une de ses organisations permanentes (les "Rayons du Centre de la France") pour l'intérêt de ses parcours, mais aussi en sa mémoire. D'ailleurs, début octobre 2013, à l'issue du "Rayon" Bruère-Allichamps – Grassac, nous avons prolongé notre randonnée pour nous incliner sur sa tombe dans le petit cimetière de Chardes, son village, tout près de Montendre.

À la fin de cet été, nous avons été invités, comme beaucoup, par Patrice LEGAL (le repreneur des organisations de Patrick), à nous rendre à Montendre le 27 novembre 2017, pour le 5ème anniversaire de son décès, au domaine de "Croix Gente", chez Jacques et Annie PLAINE (son frère et sa belle-soeur). Nous n'avons pas hésité et j'ai choisi de m'y rendre à vélo, en souvenir de lui, en réalisant les "20 heures Vélocio", randonnée qu'il organisait et que je n'avais encore jamais effectuée. Un petit "challenge" vu la saison et les risques météorologiques. Mais Patrick, très croyant, a dû intercéder pour moi auprès du Ciel car, on va le voir, les conditions atmosphériques ont été tout à fait correctes, globalement.

J'ai choisi de partir de notre domicile (à Bouchemaine, près d'Angers), de rejoindre d'abord Vieillevigne (à 30 km au sud de Nantes) et de rallier ensuite quasi directement St-Bonnet-sur-Gironde en traversant la Vendée et la Charente-Maritime. Nous avions en effet réservé une chambre d'hôtes à St-Bonnet, à 25 km de Montendre. Ce programme me donnait 349 km à parcourir, ce qui me semblait jouable entre 3 h du matin et 23 h (le minimum à accomplir étant de 300 km pour être homologué).

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Dimanche 26 novembre donc, je quitte Nicole à 3 heures après une "nuit" de 3 petites heures, de qualité assez moyenne. Nicole, elle, partira en voiture directement pour St-Bonnet vers 15 h sans me voir avant mon arrivée, toute assistance extérieure étant bannie par le règlement de l'épreuve.

Bonne nouvelle : la température est positive (2 °C), le ciel rempli d'étoiles et la chaussée à peu près sèche (à 22 h 30, elle était encore bien humide et les risques de verglas pas négligeables). Bien sûr, j'ai revêtu la "panoplie lourde" adéquate.

Je rejoins rapidement les bords de Loire où la température a un peu baissé (0,7 °C à St-Florent-le-Vieil à 4 h 55). Puis je passe correctement les côtes traditionnelles de Bouzillé, Champtoceaux et La Varenne, empruntées encore début octobre lors de ma "Flèche de France" Paris-Nantes. De là, je rejoins Vieillevigne à travers le vignoble du muscadet dans la traversée duquel le thermomètre est passé en-dessous du 0 °C (au pire - 3,1 °C à Aigrefeuille-sur-Maine, à 8 h du matin).

À Vieillevigne (km 114 ; 8 h 35), je dois faire tamponner ma 1ère carte-contrôle avant de la poster. Je commence aussi à avoir faim, n'ayant encore rien mangé (seulement un peu bu). Et puis un double café me réchaufferait un peu. J'attendrai 9 h et l'ouverture du seul bar du pays pour concrétiser tout ça.

Pendant ce temps, un soleil un peu rougeoyant a daigné commencer à réchauffer doucement l'atmosphère qui en avait bien besoin. Et je suis reparti sur les belles routes de Vendée au revêtement impeccable, dans l'ensemble. Bien que Vendéen d'origine, je ne connaissais que de nom les bourgades traversées et justement, j'avais tracé mon itinéraire de façon à découvrir ces routes encore inconnues. Et je n'ai surtout pas été déçu par mon choix.

Après Les Brouzils, je côtoie la Forêt de Grasla qui, au cours des Guerres de Vendée, servit de refuge aux populations civiles, mais aussi de repaire aux soldats de CHARETTE, l'un des chefs vendéens les plus connus. Je pense à tous ces gens qui ont combattu, souffert et même sont morts pour leur Foi (dont certains de mes ancêtres).

À peine suis-je sorti de cette forêt et de mes pensées que je suis doublé soudain par 3 cyclos (deux en fait car le 3ème n'a pas dépassé la hauteur de mon pédalier …). Aucun bonjour, pas le moindre salut ; j'ai horreur de ça de la part de "collègues". Ils pensaient peut-être qu'avec son grand sac de selle, son petit sac à dos, ses garde-boue, ses lumières et sa tenue de combat, ce cyclo un peu "blanchi sous le harnais" n'était que quantité négligeable. Rien de tel pour m'énerver. Et bien sûr, je me cale dans la roue du 2nd qui porte un maillot "Valloire" tandis que le 1er affiche les couleurs de "Bressuire". La vitesse passe de 22-23 à 29-30 km/h, mais malgré mes 130 et quelques km parcourus, je comprends vite qu'ils vont avoir du mal à me lâcher. Seul "Bressuire" roule correctement. Je le relaie rapidement, "Valloire" restant en retrait, puis "Bressuire" repasse et c'est "à toi, à moi" sans qu'aucun mot ne soit échangé tandis que les 2 autres s'accrochent comme à une bouée de sauvetage. Après chaque petite bosse, je m'amuse à relancer l'allure, "au train", tout en surveillant les 3 autres dans mon rétro. "Bressuire" repasse de temps en temps et le manège continue autour de 30 à l'heure pendant une bonne dizaine de km. Je n'ai pas vu grand chose de Chauché (un vague château, un virage à droite, une descente …). Et j'avoue avoir éprouvé un certain plaisir lorsque ces "mal élevés" ont définitivement "lâché le morceau" du côté des Essarts … Peut-être la prochaine fois se méfieront-ils davantage et salueront-ils ?

Je fus quand même content quand la partie de manivelles s'est arrêtée car mes cuisses commençaient à ne plus trop apprécier la plaisanterie … Alors je reprends ma randonnée tranquille et je ne manque pas d'apprécier quelques jolis sites naturels avant et après Bournezeau (vallées de la Vouraie, puis du Lay). Après Bessay, je quitte le Bocage pour la Plaine, assez morne, et plus tard, je "tangenterai" le Marais (le "Poitevin" celui-là car il y a aussi le "Breton", du côté de Challans), les 3 grandes régions typiques de Vendée (en ce qui me concerne, je suis Bocain pur jus).

Après St-Jean-de-Beugné, j'ai une pensée pour mon père qui a lui aussi parcouru ces routes à vélo en 1945 – 1946 alors qu'il était gendarme à Ste-Hermine. Eh oui, à l'époque, les gendarmes ne se déplaçaient qu'à vélo et quand ils poursuivaient les voleurs de poules, c'étaient parfois des luttes épiques ! Peut-être Papa m'a-t-il transmis quelques gènes ?

J'espérais trouver un bar ouvert à Nalliers. Que nenni … Alors je poursuis jusqu'à Mouzeuil, 4 km

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plus loin. Pas de café, mais une seule boulangerie encore ouverte (il est 12 h 37 et j'en suis à 192 km). J'achète un "Red Bull" (pas conseillé pour le cœur, a priori, mais je n'ai pas le choix) et j'attaque mon pique-nique sur une terrasse orientée au sud et protégée par un grand mur, sous un chaud soleil. Que c'est bon ! Je dois me déshabiller (il doit bien faire 10 °C) et je pique-nique en tee-shirt technique. Une petite demi-heure d'arrêt au cours de laquelle je téléphone à Nicole, de retour de sa sortie club. Elle partira en voiture vers 15 h.

Requinqué et rassuré, je reprends ma randonnée sous un beau ciel d'azur et sans le moindre zéphyr sur des routes tranquilles et plus agréables dès l'entrée en Charente-Maritime. À Surgères (km 250 ; 15 h 40), j'ai un peu de mal à trouver quelqu'un pour tamponner ma 2ème carte-contrôle en plein dimanche après-midi. Je hèle une dame en train de décorer la vitrine de son magasin fermé ; elle veut bien m'ouvrir. Puis le "Café Français" qui devait être fermé est finalement ouvert ; je m'y engouffre pour un "petit noir" bien mérité tout en mangeant mes sandwiches. Enfin, j'appelle Nicole qui n'en est qu'à Thouars et me dit avoir un peu sommeil ; je lui conseille de faire une petite sieste.

Le crépuscule m'enveloppe avant St-Savinien où je reconnais la boîte à lettres utilisée nuitamment en mai lors du BRM 400 de Ménigoute (rappelle-toi, Dominique …). Avant Saintes, quelques côtes pimentent le parcours et la circulation s'intensifie nettement. Nouvel arrêt dans cette jolie ville très ancienne (km 298) face à l'Arc de triomphe romain de GERMANICUS tout illuminé qui se mire dans l'eau de la Charente (dommage la photo sera floue). Quant à Nicole, elle a bien progressé elle aussi et ne s'endort plus. "Cool" …

Encore pas mal de trafic sur la belle route très roulante qui sépare Saintes de Gémozac. Mon équipement de nuit doit être très visible car les voitures ralentissent et s'écartent nettement lorsqu'elles me doublent.

Ensuite, j'emprunte des toutes petites routes non balisées, bien aidé par mon GPS. Quelques belles bosses dont les deux qui précèdent St-Thomas-de-Conac, lieu d'origine de l'ancien pro Jacques BOSSIS. Nous avons fait 2 fois sa cyclosportive du "Trophée UFOLEP" quand nous étions bien plus jeunes (Nicole y avait fait 1ère féminine en 1990 et 2ème en 1993). Souvenirs, souvenirs (comme aurait dit ce cher Johnny) … Je m'attendais à la 2ème bosse, mais pas à la 1ère. Cependant, en mettant presque "tout à gauche", je suis quand même passé sans problèmes. Mais c'est dans ces moments-là que les petites douleurs musculaires rappellent gentiment que l'on a parcouru quelques km depuis le départ …

Je devais m'arrêter à St-Bonnet-sur-Gironde (km 349) comme déjà dit. Mais comme il n'est que 21 h 30, je poursuis l'aventure, le but des "20 heures Vélocio" étant en principe de rouler … 20 heures pleines ou à peu près. Je vais jusqu'à St-Ciers-sur-Gironde (clin d'oeil à Jacques, mon copain de fac né ici) où je me dois de poster ma carte-contrôle dite "supplémentaire" et photographier la pancarte du patelin avec mon vélo en évidence, tous les commerces étant fermés à 22 h. J'aurais pu pousser éventuellement jusqu'à Braud-et-St-Louis, 5 km plus loin, mais bon, ça n'aurait pas changé grand chose ; et de St-Ciers donc, je reviens tranquillement à St-Bonnet (à 22 h 40, soit 20 min avant le "gong" final).

Nicole est bien là ainsi que le propriétaire de la chambre d'hôtes, très accueillant, qui a déjà ouvert son garage pour que je puisse y entreposer mon vélo en sécurité.

J'ai effectué au final 367 km en 19 h 40 (dont 2 h 05 d'arrêts). Quant à la dénivelée mesurée de 2772 m, elle vérifie que le parcours était assez facile. En tout cas, cette belle journée restera pour moi un super souvenir de vélo malgré la fraîcheur du petit matin.

Le lendemain, nous rejoignons en voiture le lieu de rendez-vous, le domaine de "Croix Gente", pour 10 heures. Nous y sommes accueillis par Jacques et Annie PLAINE et par Patrice LEGAL (au centre de la photo), autour d'un café agrémenté de madeleines et de viennoiseries que nous partageons avec une bonne vingtaine d'amis de Patrick souvent accompagnés par leurs conjointes. Nous retrouvons entre autres notre

ami parisien Alain COLLONGUES et le Diagonaliste bordelais Francis POUZET, venu en quasi voisin.

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Une fois sustentés, nous partons en convoi automobile sur le lieu de l'accident de Patrick, à une quinzaine de km de là, en admirant au passage cette région assez peu connue, un peu vallonnée et très agréable avec ses nombreuses forêts aux couleurs encore automnales. Je m'attendais pour le lieu de

l'accident à une petite route forestière éventuellement sinueuse. Eh bien pas du tout ! L'accident s'est produit sur une départementale certes, mais large, plate et au milieu d'une ligne droite de plusieurs centaines de mètres. Vraiment incompréhensible que le jeune conducteur (23 ans) de l'énorme engin forestier, qui avait une vue panoramique depuis son poste, n'ait pas vu Patrick qui roulait bien à droite devant lui (d'après des témoins). Sans doute un fatal moment d'inattention ? Heureusement pour lui (si l'on peut dire … ), Patrick est mort "sur le coup" …Nous nous sommes recueillis quelques instants devant la photo de Patrick placée là avec quelques explications, tandis que Jacques, son frère, nous a décrit les circonstances supposées de l'accident. Puis Patrice LEGAL a pris la parole pour signaler que la FFCT envisageait d'ériger une stèle un peu en retrait de la route et qu'un circuit de

la Semaine Fédérale de Cognac 2019 devrait passer par là, en mémoire de Patrick.Puis nous sommes tous repartis vers le petit cimetière de Chardes où se trouve la dernière

demeure de Patrick. Sa tombe personnalisée est magnifique. Aurait-il été d'accord pour une si belle sépulture s'il avait pu donner son avis ? Pas sûr …

On peut lire, gravé dans le marbre, le très impressionnant kilométrage parcouru à vélo par Patrick lors de sa vie : 1747820 km ! Qui dit mieux ? Sans doute très peu de cyclistes dans le Monde ?

Jacques reprend un peu la parole ainsi que Marie-Jo, l'une de leurs sœurs qui ressemble beaucoup à Patrick. Puis nous revenons à "Croix Gente" pour une photo de groupe et un sympathique repas en commun au cours duquel il a été presque exclusivement question de vélo et de Patrick. Conjointes allergiques s'abstenir …

Il nous restera à visiter le musée dans lequel sont disposés de multiples souvenirs de Patrick (des médailles à foison, des coupes et trophées, des plaques de cadre, des cartes de route, ses carnets, des lettres qu'il a écrites à des amis, …). Tout cela est assez émouvant, notamment le relevé de son avant-dernière sortie la veille de l'accident …Certains comme Alain, géographiquement très éloignés, vont reprendre la route sans attendre l'ultime réunion de Patrice LEGAL où un dernier "carré" d'une douzaine apprendra la naissance d'une nouvelle randonnée permanente initiée par Patrice : les "Ligatures des Rayons". Décidément, tout est prétexte à poursuivre l'oeuvre du "Vieux Coyote", pour le plus grand bonheur des amateurs de voyages itinérants, à la

découverte de notre belle France.En tout cas, Patrick a été omniprésent dans nos têtes pendant ce voyage, tant au cours des

"20 heures Vélocio" pour moi que lors de la journée du souvenir pour tous. Sa trace profonde ne disparaîtra pas de sitôt.

Jean-Claude CHABIRAND

(Randonneurs Cyclos de l'Anjou)