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GUIDE A l'ATTENTION DES PROPRIETAITES DE MOULINS HYDRAULIQUES DROITS DEVOIRS INFORMATIONS CONSEILS Novembre 2013

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GUIDE A l'ATTENTION DES PROPRIETAITES DE MOULINS HYDRAULIQUES

DROITS

DEVOIRS

INFORMATIONS

CONSEILS

Novembre 2013

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LES MOULINS A EAU ET L’ECOLOGIE DES COURS D’EAU

COMMENT AMELIORER LA COMPATIBILITE ?  

Ce document, rédigé à l'attention des propriétaires de moulins hydrauliques, est le fruit d'une collaboration entre l'Association Française des Etablissements Publics Territo-riaux de Bassin (AFEPTB), la Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins (FFAM) et la Fédération Des Moulins de France (FDMF).

 

 

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SOMMAIRE     Editos ............................................................................................................................................................ 1 

Par Daniel MARCOVITCH, prĂ©sident de l’AFEPTB ........................................................................................... 1 Par Annie BOUCHARD, prĂ©sidente de la FFAM, et Alain EYQUEM, prĂ©sident la FDMF ........................................ 2 

1- Historique ................................................................................................................................................. 2  2- Qu’est-ce qu’un moulin hydraulique ? ....................................................................................................... 3  3- Les Moulins : une lĂ©gitimitĂ© historique trĂšs encadrĂ©e ................................................................................. 5  4- Droits des propriĂ©taires de moulins ............................................................................................................ 7  5- Devoirs des propriĂ©taires de moulins ......................................................................................................... 9 

5.1 Devoir d’entretien ............................................................................................................................... 9 5.2 Devoirs de gestion .............................................................................................................................. 9 

6- Fonctionnement des cours d’eau et des milieux aquatiques ...................................................................... 11 

6.1 La dynamique fluviale et le transport sĂ©dimentaire ................................................................................... 11 6.2 La qualitĂ© de l’eau ............................................................................................................................ 11 6.3 Les habitats de la riviĂšre .................................................................................................................... 12 6.4 La circulation des poissons ................................................................................................................. 13 

En conclusion ............................................................................................................................................... 16  Quelques textes rĂ©glementaires importants .................................................................................................. 17  Glossaire des mots et expressions utilisĂ©s dans le document ......................................................................... 18 

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Editos  

 

Editorial Par Daniel MARCOVITCH, prĂ©sident de l’AFEPTB

Bien que d’importants efforts soient accomplis, diffĂ©rents constats nous rappellent que l’état actuel de nombreux cours d’eau français prĂ©sente une situation relativement prĂ©occupante, dans laquelle des problĂšmes de continuitĂ© mais aussi de qualitĂ©, de quantitĂ© ou d’artificialisation s’opĂšrent voire se cumulent. La Directive Cadre sur l’Eau nous impose pourtant l’atteinte du bon Ă©tat des eaux et des milieux d’ici Ă  2015.

Une politique globale, conforme aux Directives euro-pĂ©ennes et prenant en compte le cours d’eau dans toutes ses dimensions, ne peut s’envisager autrement que par une rĂ©flexion Ă  l’échelle des bassins hydrographiques.

Reconnus officiellement en 2003 comme acteurs de la politique de l’eau Ă  l’échelle des bassins, les EPTB sont des Ă©tablissements publics de coopĂ©ration agissant pour le compte des collectivitĂ©s territoriales. Ils Ɠuvrent Ă  la mise en valeur, la gestion et l’amĂ©nagement durable et Ă©quilibrĂ© des fleuves et des riviĂšres. A ce titre, les EPTB se sont emparĂ©s des problĂ©matiques relatives Ă  la continuitĂ© Ă©cologique. Un sujet dĂ©licat qui ne peut s’envisager que dans le cadre de projets de territoires, ce qui suppose au prĂ©alable une volontĂ© politique et un important travail de concertation, en particulier avec les riverains. La restaura-tion de la continuitĂ© doit en effet concilier diffĂ©rents en-jeux, parfois compatibles, parfois opposĂ©s mais dans tous les cas avec le souci constant de rĂ©pondre aux besoins humains et sociĂ©taux.

Au regard des 60 000 ouvrages hydrauliques recensĂ©s en France et des objectifs ambitieux de la DCE, il nous apparait important d’embrasser la problĂ©matique de la continuitĂ© dans son ensemble et d’agir sur les diffĂ©rents leviers qui s’offrent Ă  nous. Fort de ces convictions, l’AFEPTB et ses membres ont souhaitĂ© agir en favorisant le dialogue et la concertation avec les propriĂ©taires de moulins, acteurs incontournables de nos territoires.

Au lendemain de notre colloque national sur le thĂšme des « ouvrages hydrauliques, de la continuitĂ© Ă©cologique des fleuves et riviĂšres aux projets de territoire », l’AFEPTB s’est rapprochĂ©e des reprĂ©sentants des propriĂ©taires de moulin afin d’engager une dynamique autour de cette question fondamentale pour la gestion Ă©quilibrĂ©e de nos cours d’eau. D’un commun accord, la FFAM et la FDMF se sont associĂ©es Ă  ce projet visant Ă  construire collectivement une plaquette Ă  l’attention des propriĂ©taires de moulins afin de leur apporter des informations et des conseils sur les bonnes pratiques Ă  adopter pour optimiser la gestion de leur ouvrage hydraulique.

Ce travail a été suivi par les services du MinistÚre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, et de l'Office national de l'Eau et des Milieux Aquatiques.

Ce guide vise Ă  davantage impliquer et responsabiliser l’ensemble des acteurs concernĂ©s par les moulins autour des problĂ©matiques rencontrĂ©es sur les cours d’eau. MĂȘme si elles ne solutionnent pas tout, Ă  minima, l’exposĂ© des bonnes pratiques concourra Ă  sensibiliser sur les impacts potentiels que les ouvrages hydrauliques peuvent exercer sur les milieux aquatiques. En accompagnant et informant les propriĂ©taires de moulins nous avons pour ambition de permettre une amĂ©lioration substantielle de la qualitĂ© de nos cours d’eau.

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Editorial Par Annie BOUCHARD, présidente de la FFAM, et Alain EYQUEM, président la FDMF

La France est un pays disposant d’une longue histoire qui l’a notamment conduite Ă  domestiquer ses riviĂšres. Pen-dant des siĂšcles, l’énergie apportĂ©e par l’eau a comblĂ© les besoins des hommes. Premiers dispositifs Ă  remplacer la force musculaire, pivot de la vie Ă©conomique et so-ciale, les moulins qui ont façonnĂ© nos paysages, n’ont pas Ă©tĂ© crĂ©Ă©s pour l’agrĂ©ment d’une propriĂ©tĂ© mais bien pour permettre des productions diverses. Outre satisfaire la quĂȘte du pain de nos ancĂȘtres, ils se sont diversifiĂ©s dĂšs le Moyen Age Ă  d’autres usages, avant de devenir les moteurs des ateliers prĂ©industriels.

Durant des siĂšcles, la gestion des milieux aquatiques fut essentiellement hydraulique. Le moulin Ă©tait un outil de travail ; lorsqu’il chĂŽmait, l'usinier ouvrait la vanne de dĂ©charge* ; Ă  la recherche de la meilleure utilisation possible de l’énergie produite, il Ă©tait le cantonnier de la riviĂšre... Aujourd’hui se trouve effacĂ© de la mĂ©moire de la plupart de nos concitoyens un ensemble d’aspects liĂ©s Ă  l’usage de l’eau en tant que source d’énergie d’une vallĂ©e et pourtant les moulins font partie dĂ©sormais du patrimoine industriel de notre pays.

Bien avant l’arrivĂ©e des panneaux solaires et des Ă©o-liennes, les moulins ont su exploiter les forces de la na-ture. En parallĂšle de la Loi sur l’Eau et les Milieux Aqua-tiques (LEMA) de dĂ©cembre 2006, la loi de programme sur l’énergie de juillet 2005 dĂ©finit des mesures destinĂ©es Ă  valoriser le potentiel hydroĂ©lectrique français, une des principales Ă©nergies renouvelables dans le monde. A l’heure oĂč la sociĂ©tĂ© s’inquiĂšte de son environnement et oĂč les ressources Ă©nergĂ©tiques commencent Ă  s’épuiser, il est essentiel de prĂ©server le potentiel de production hydroĂ©lectrique de faible puissance dont l'histoire re-monte trĂšs loin dans le passĂ©, ainsi que les petits amĂ©-nagements hydrauliques qui sont les hĂ©ritiers de cette histoire


Le temps des Ă©quipements consacrĂ©s uniquement Ă  la maitrise de l’énergie laisse peu Ă  peu place Ă  une Ăšre oĂč tous les aspects, y compris Ă©cologiques et sociaux, des divers usages de l’eau devraient ĂȘtre considĂ©rĂ©s. Mais les moulins ne sont pas responsables des facteurs de perturbations majeures de l'Ă©quilibre Ă©cologique des cours d’eau, tels que remembrements, suppression des haies, recalibrage* des cours d'eau, mise en culture gĂ©nĂ©ralisĂ©e des fonds de vallĂ©es, etc. Pas plus qu’ils sont responsables des atteintes graves par les produits orga-niques, chimiques et mĂ©dicamenteux (humains et vĂ©tĂ©ri-naires) dont les rĂ©sidus modifient profondĂ©ment la qualitĂ© des eaux et des milieux aquatiques pouvant aller jusqu'Ă  la mutation de certaines espĂšces
 Les moulins n’en sont pas responsables
 mais ils en subissent les consĂ©-quences !

MĂȘme si les moulins ne sont plus tous des « usines », leurs droits Ă  utiliser l’eau n’ont pas disparu
 TroisiĂšme patrimoine de France, ressources du futur, ils sont toujours des outils Ă©conomiques, Ă©nergĂ©tiques, Ă©cologiques et touristiques, sous rĂ©serve qu’ils soient fonctionnels et correctement gĂ©rĂ©s. Partie intĂ©grante des paysages, il reste cependant aux moulins Ă  affronter une nouvelle mutation. Exister encore comme trace du passĂ©, mais exister aussi et prĂ©tendre Ă  un avenir. Dans cette pers-pective, les moulins Ă  eau doivent s’adapter aux con-traintes environnementales et leurs propriĂ©taires prendre conscience des droits mais aussi des devoirs qui leur en incombent. Ce guide qui est le rĂ©sultat d’un partenariat entre l’Association Française des EPTB et les deux fĂ©dĂ©rations nationales des moulins, est un outil prĂ©cieux pour tout propriĂ©taire ou futur propriĂ©taire de moulin hydraulique. Une belle idĂ©e au service des moulins et de leur environ-nement.

 

* Cf. glossaire page 19

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1. Historique

La plus ancienne description connue d’un moulin Ă  eau est attribuĂ©e Ă  un architecte romain du 1er siĂšcle avant J.-C, nommĂ© VITRUVE.

En France, le dĂ©veloppement de cette source d’énergie semble commencer Ă  partir du IXe siĂšcle. Les moulins Ă  grains Ă©tant les plus nombreux, l’imaginaire populaire associe les moulins Ă  la production de farine. NĂ©an-moins, d’autres usages virent le jour : sciage de pierre (IIIe siĂšcle) et bois, martinets*, foulons*, forges, moulin Ă  huile, Ă  tan, etc...

Les statistiques nationales, autres que nobiliaires et/ou ecclĂ©siastiques locales, ne commencent qu’aprĂšs la RĂ©vo-lution, avec un recensement par dĂ©partement suite Ă  une ordonnance du Directoire le 19 ventĂŽse An VI (9 mars 1798) mais qui ne semble pas avoir Ă©tĂ© exhaustif. Deux enquĂȘtes sur les moulins Ă  blĂ© eurent lieu en l’an II et en 1809 mais elles non plus ne sont pas exhaustives. Il faut attendre 1861 pour voir une systĂ©matisation des recen-sements des prises d’eau* usiniĂšres et d’irrigation au niveau de chaque DĂ©partement. En 1899, le service national de la statistique recense 50 474 ouvrages hy-drauliques usiniers (hors territoires cĂ©dĂ©s Ă  l’Allemagne), non comptĂ©s les seuils* d’irrigation probablement aussi nombreux.

PrivilĂšge nobiliaire ou ecclĂ©siastique sous l’Ancien RĂ©gime, l’établissement d’un moulin devient possible aprĂšs 1790, dans le respect des rĂšgles administratives. De trĂšs nombreux ouvrages verront le jour, ce qui conduira au dĂ©veloppement des techniques et notamment Ă  l’invention de la turbine* (Fourneyron, 1837). Ce dĂ©veloppement se fait sous l’autoritĂ© des ingĂ©nieurs des Ponts & ChaussĂ©es, puis Ă  partir de 1848, de leurs services hydrauliques dont les prĂ©rogatives seront en 1962-1963 transfĂ©rĂ©es aux DDAF et DDE.

Il est intĂ©ressant de noter que trĂšs souvent, les rĂšglements d’eau* des moulins fondĂ©s sur titre* prĂ©voyaient l’ouverture des vannages les jours chĂŽmĂ©s*. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

QUELQUES REPERES HISTORIQUES

A retenir

La crĂ©ation des ouvrages hydrauliques, ainsi que leurs modifications, sur plus de dix siĂšcles ont profondĂ©ment modifiĂ© l’ensemble des cours d’eau. Jusqu’à un passĂ© trĂšs rĂ©cent, les moulins reprĂ©sentaient un Ă©lĂ©ment incontournable de l’activitĂ© et du dĂ©veloppement socio-Ă©conomique de nos territoires. PrĂ©sents sur l’ensemble du territoire français, ils sont donc Ă  la fois des hĂ©ritages du passĂ© et des Ă©lĂ©ments structurants de nos paysages actuels. Certains d’entre eux, aujourd’hui, retrouvent une activitĂ© et dĂ©veloppent Ă  nouveau la production pas seulement d’hydro Ă©lectricitĂ© mais aussi de produits issus de la meule (huiles, farines, papiers,
), d’autres s’inscrivant dans une vie culturelle au service du tourisme. De nouveaux Ă©quilibres Ă©cologiques se sont mis en place, diffĂ©rents d’un Ă©tat initial inconnu. 

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* Cf. glossaire page 19

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2. Qu’est-ce qu’un moulin hydraulique ?

Un moulin hydraulique est un ouvrage destinĂ© Ă  utiliser la force de l’eau pour la transformer en Ă©nergie mĂ©canique. Il s’agit d’un amĂ©nagement au fil de l’eau* qui peut pren-dre trois formes principales :

une partie du dĂ©bit du cours d’eau peut ĂȘtre dĂ©rivĂ©e de son lit naturel vers un emplacement oĂč est crĂ©Ă©e une chute ;

l’amĂ©nagement peut concerner le lit du cours d’eau lui-mĂȘme ; on parle alors de moulin au fil de l’eau* ;

parfois c’est le cours d’eau dans sa totalitĂ© qui a Ă©tĂ© dĂ©placĂ© Ă  flanc de coteau, crĂ©ant une chute pour re-joindre le lit naturel ; on dit alors que le cours d’eau est "perchĂ©".

L’amĂ©nagement est composĂ© d’un ensemble d’élĂ©ments artificiels, appelĂ© "systĂšme hydraulique", indissociables du moulin. Les Ă©lĂ©ments de ce systĂšme hydraulique sont :

La prise d’eau, qui peut ĂȘtre une simple dĂ©rivation, un vannage fixe ou mobile, une digue, un barrage, un ouvrage, un seuil, une chaussĂ©e...

Le canal d’amenĂ©e, en gĂ©nĂ©ral Ă©quipĂ© d’un dĂ©ver-soir* et d’une vanne de dĂ©charge ;

Le canal de dĂ©charge*ou dĂ©versoir de sĂ©curitĂ© per-mettant de rĂ©orienter de l’eau, Ă  partir de la vanne de dĂ©charge, vers le cours d’eau plutĂŽt que vers le mou-lin ;

le moteur hydraulique (roue ou turbine) souvent com-mandé par un vannage dit vanne ouvriÚre ;

Ce principe de base a engendrĂ©, l’ingĂ©niositĂ© humaine aidant, une diversitĂ© telle que chaque moulin est unique et ne ressemble Ă  aucun autre.

 

 

Les moulins d’aujourd’hui

ÉquipĂ©s de roues ou de turbines – ou pouvant l’ĂȘtre – et en fonctionnement ou non.

Lieux de production hydroélectrique ou autres (produits de la meule).

Lieux d’habitation permanents ou temporaires. ValorisĂ©s pour leur usage usinier et/ou patrimonial, le

tourisme, la pĂ©dagogie scolaire, etc. En dĂ©shĂ©rence ou abandonnĂ©s. Espaces d’inspiration poĂ©tique ou artistique, lieu de

méditation, de culture etc.

 

A retenir

Remarque La dĂ©nomination des diffĂ©rents Ă©lĂ©ments d’un systĂšme hydraulique varie suivant les rĂ©gions, et ne peut donc ĂȘtre reprise ici, sous peine d’erreurs ou d’oublis.

Les moulins sont des ouvrages ayant vocation Ă  utiliser la force motrice de l’eau. Ils ont constituĂ© la seule source d’énergie mĂ©canique durant des siĂšcles. Leur systĂšme hydraulique est composĂ© d’un ensemble d’élĂ©ments qui forment un tout indissociable. Ils ont contribuĂ© Ă  façonner notre environnement actuel par leur implantation sur de trĂšs nombreux cours d’eau.

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* Cf. glossaire page 19

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3 Les Moulins : une légitimité historique trÚs encadrée

Les moulins hydrauliques ont de tous temps été encadrés par le droit à la fois pour des raisons économiques et pour des raisons de sécurité des biens et des personnes.

Sous l’Ancien RĂ©gime -avant 1789-, il s’agissait d’un droit nobiliaire ou ecclĂ©siastique. Les moulins relevaient des droits seigneuriaux directement ou indirectement (droit de « banalitĂ© »)

AprĂšs 1789, la premiĂšre loi sur l’eau -22 novembre 1790- Ă©dictait que nul ne pouvait Ă©tablir d’ouvrage hy-draulique sans une autorisation administrative, l’eau fai-sant partie du patrimoine de la nation. Des « rĂšglements d’eau ont Ă©tĂ© instaurĂ©s, destinĂ©s essentiellement Ă  rĂ©gler des litiges (inondations, « vol d’eau » entre moulins,
) ordonnĂ©s souvent par le Conseil d’Etat du Roi.

Toutefois, pour des raisons Ă©conomiques, les moulins existants sous l’Ancien RĂ©gime, pourvu qu’ils aient Ă©tĂ© rĂ©pertoriĂ©s comme utiles et nĂ©cessaires Ă  la suite d’une enquĂȘte, ont Ă©tĂ© autorisĂ©s par l’autoritĂ© administrative, pour leur puissance de l’époque. Le droit de ces moulins est dit « fondĂ© en titre », l’utilisation de l’énergie hydrau-lique se fait sur le fondement de titres antĂ©rieurs Ă  la pĂ©-riode rĂ©volutionnaire. Ils n’ont besoin ni d’autorisation, ni de rĂšglement d’eau, pour que leur droit soit reconnu, ce qui ne dispense pas leurs propriĂ©taires de se tenir infor-mĂ©s des droits et rĂšglements les rĂ©gissant. Certains ou-vrages reconnus comme Ă©tant « fondĂ©s en titre » ont pu ĂȘtre pourvus d’un rĂšglement administratif par les services hydrauliques des Ponts & ChaussĂ©es soit Ă  la suite de litiges, soit pour mĂ©nager d’autres usages, soit pour une augmentation de puissance. Dans ces cas, le droit fondĂ© en titre perdure pour la puissance initiale.

Les moulins crĂ©Ă©s entre 1789 et 1919 sont en principe autorisĂ©s par des « rĂšglements d’eau », ensemble de documents administratifs Ă©tablis en fonction de circulaires ministĂ©rielles, sanctionnĂ©s, suivant les Ă©poques, par une ordonnance royale ou impĂ©riale, un dĂ©cret prĂ©sidentiel ou un arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral.

Le processus de reconnaissance ou d’établissement d’un rĂšglement d’eau se faisait selon le principe intangible de « libre cours des eaux ». Cela veut dire qu’un ouvrage hydraulique devait obligatoirement ĂȘtre « transparent » aux crues, c’est-Ă -dire que son fonctionnement ne devait pas entraver le cours des eaux. La dimension des vannages de dĂ©charge Ă©tait calculĂ©e de façon Ă  ce que toutes les eaux s’écoulent comme si l’ouvrage n’existait pas. Pour les ouvrages « fondĂ©s en titre » l’administration n’avait pas Ă  intervenir si l’établissement ne donnait lieu Ă  aucune plainte. C’est la raison pour laquelle beaucoup de mou-lins n’ont pas de rĂšglement administratif.

La loi sur l’utilisation de l’énergie hydraulique du 16 oc-tobre 1919, codifiĂ©e depuis au Code de l’Énergie, a crĂ©Ă© un rĂ©gime gĂ©nĂ©ral du droit d'usage de la force hy-draulique des cours d'eau, lacs et marĂ©es en soumettant systĂ©matiquement les ouvrages Ă  autorisation ou conces-sion*. Elle distingue toutefois le cas des ouvrages « fon-dĂ©s en titre » (article 29) ou « ayant une existence lĂ©gale » qui ne sont pas soumis Ă  autorisation administrative* relative Ă  l’utilisation de l’énergie hydraulique. De la mĂȘme maniĂšre les ouvrages autorisĂ©s avant le 16 octobre 1919 et ayant une puissance brute de moins de 150 kW (article 18) demeurent autorisĂ©s conformĂ©ment Ă  leur titre d’alors, « sans autre limitation de durĂ©e que celle rĂ©sultant de la possibilitĂ© de leur suppression dans les conditions prĂ©vues par les lois en vigueur sur le rĂ©gime des eaux ».

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* Cf. glossaire page 19

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A retenir

Les moulins fondĂ©s en titre, c'est-Ă -dire existant avant 1566 sur les cours d’eau domaniaux et avant 1789 sur les autres cours d’eau. Pour ces ouvrages, le droit d’eau existant Ă  l’époque est maintenu sans limite de durĂ©e. Le plus souvent les moulins « fondĂ©s en titre » ne disposent pas de rĂšglement d’eau ; lorsqu’il en existe un, il rĂ©sulte soit de conflits de voisinage, soit d’une augmentation de puissance, soit d’une nĂ©cessitĂ© administrative historique. Les moulins autorisĂ©s avant le 16 octobre 1919, d’une puissance de moins de 150 kW de puissance brute ; pour ces ouvrages, le droit d’eau est maintenu sans limite de durĂ©e, conformĂ©ment au rĂšglement d’eau qui a Ă©tĂ© Ă©tabli Ă  l’époque. Le rĂšglement d’eau peut ĂȘtre modifiĂ© ou abrogĂ© pour des questions motivĂ©es d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral (L124-4 et L215-10 du CE). Les autres ouvrages hydrauliques, c’est-Ă -dire ceux autorisĂ©s aprĂšs le 16 octobre 1919 ou ceux existant plus anciennement et ayant fait l’objet de modifications administratives aprĂšs 1919 ; sont soumis Ă  des autorisations administratives limitĂ©es dans le temps et leur rĂšglement d’eau est rĂ©visable Ă  chaque renouvellement d’autorisation.

 

L’eau Ă©tant considĂ©rĂ©e comme un patrimoine commun de la nation, un moulin doit trĂšs logiquement disposer d’un droit d’usage de l’eau. Ce droit d’usage a toujours Ă©tĂ© rĂ©glementĂ©. La situation juridique d’un moulin se dĂ©cline en trois cas de figure reposant sur des critĂšres historiques, Ă©ventuellement relatifs Ă  la puissance de l’installation :

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Prouver qu’un moulin est fondĂ© en titre est Ă  la charge de son propriĂ©taire, puisque dĂ©coulant de l’histoire des territoires. Cette preuve est avĂ©rĂ©e par tout document datant d’avant 1789, ou 1566 pour les cours d’eaux domaniaux : c’est par exemple une mention sur les cartes historiques de Cassini (Ă©tablies entre 1756 et 1789) ou celle de Belleyme (Ă©tablie pour la Guyenne en 1776). Il faut signaler que les Ă©tats statistiques Ă©tablis par les services hydrauliques des Ponts & ChaussĂ©es de 1920 Ă  1945 mention-naient le statut juridique de chaque moulin, et par ailleurs que les services de l’État avaient Ă©tabli, et conservaient, un dossier propre Ă  chaque moulin.

Deux situations réglées par la jurisprudence :

1. la preuve du droit fondĂ© en titre peut ĂȘtre validĂ©e aprĂšs que le moulin a Ă©tĂ© rĂ©glementĂ© ;

2. la consistance lĂ©gale, puissance d’un moulin fondĂ© en titre, en l’absence de documents an-ciens la dĂ©terminant, est celle de l’état existant actuellement, sauf preuve de modification appor-tĂ©e par l’administration.

4 Droits des propriétaires de moulins

Le droit d’eau, qu’il soit fondĂ© en titre ou rĂ©glementĂ©, est un droit Ă  l’usage de l’eau lequel est encadrĂ© par la lĂ©gislation. Quel que soit leur statut, les ouvrages hydrau-liques disposent ainsi de droits, mais aussi de devoirs. Les uns ne vont pas sans les autres.

Le droit concerne l’utilisation de la force hydraulique, c'est-Ă -dire la dĂ©rivation de l’eau et son utilisation pour faire fonctionner un moteur hydraulique. Ce droit est perma-nent, sans limitation de durĂ©e pour les ouvrages fondĂ©s en titre et pour les ouvrages antĂ©rieurs au 16 octobre 1919 d’une puissance infĂ©rieure Ă  150 kw. Bien entendu, il s’exerce dans le respect de la lĂ©gislation en vigueur.

Lorsqu’il existe un rĂšglement d’eau, il prĂ©cise parfois le dĂ©tail de la consistance de ce droit et en particulier le dĂ©bit ou la puissance utilisable. S’agissant d’une autorisa-tion administrative, les services de l’État ont la charge de leur conservation. Toutefois les changements successifs de tutelle et de gestion de ces autorisations (de l’administration des Ponts & ChaussĂ©es aux Directions DĂ©partementales de l’Agriculture et de la ForĂȘt et aux Directions DĂ©partementales de l’Equipement puis aux Directions DĂ©partementales des Territoires) ainsi que la dĂ©suĂ©tude d’utilisation, ont fait que les archives ont sou-vent Ă©tĂ© dispersĂ©es, voire Ă©garĂ©es. C’est pourquoi il est parfois difficile, voire impossible, de retrouver l’intĂ©gralitĂ© de ces actes, mĂȘme dans les Archives DĂ©partementales. Toutefois, le croisement de documents administratifs divers permet souvent de retrouver des bases avĂ©rĂ©es.

Important

Le Conseil d’État a admis qu’un droit fondĂ© en titre est assimilable Ă  un droit immobilier attachĂ© Ă  un site et qu’à ce titre son propriĂ©taire n’a Ă  demander ni autori-sation, ni transfert d’autorisation comme pour les ou-vrages autorisĂ©s administrativement. En outre, ce droit ne se perd pas par la non-utilisation, mĂȘme de longue date. Mais un droit fondĂ© en titre peut ĂȘtre modifiĂ©, voire supprimĂ©, pour des motifs d’intĂ©rĂȘt gĂ©nĂ©ral : salubritĂ©, inondations, menaces sur les milieux aqua-tiques, abandon des ouvrages ou non-entretien.

La nature de l’utilisation d’un ouvrage hydraulique (mouture, foulon, papier, etc...) Ă©tait initialement men-tionnĂ©e dans les actes administratifs jusqu’en 1884, date Ă  laquelle une circulaire ministĂ©rielle a prĂ©cisĂ© que le bĂ©nĂ©ficiaire d’une autorisation pouvait en "faire tel usage qui lui convient" tant qu’il s’agit toujours de l’usage de la force hydraulique (circulaire ministĂ©rielle du 26 dĂ©cembre 1884).

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Extrait d'une carte de Cassini (IGN-GĂ©oportail)

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A retenir

Les propriĂ©taires se doivent de faire annexer tous ces documents pĂ©rennes Ă  leur acte de propriĂ©tĂ© auquel sera joint, pour ceux fondĂ©s en titre, le courrier de l’administration reconnaissant ce droit. Cela dans le but d’éviter les litiges ultĂ©rieurs, ainsi que les "descriptions des biens" fantaisistes du genre "ancien moulin", ou "bĂątiment anciennement Ă  usage de moulin", etc..., qui ont gĂ©nĂ©rĂ© et gĂ©nĂšrent encore des litiges qui ne peuvent se rĂ©soudre le plus souvent que devant les tribunaux. Un droit d’eau peut ĂȘtre prĂ©cisĂ© par un rĂšglement d’eau. Il s’agit d’un acte administratif qui a avant tout pour vocation de rĂ©gler les conflits ou de concilier les usages. Souvent, il n’en existe pas pour les ouvrages fondĂ©s en titre. Pour les ouvrages plus rĂ©cents ou ceux qui ont fait l’objet de modifications, il doit normalement exister un rĂšglement d’eau. L’administration dispose gĂ©nĂ©ralement de certains Ă©lĂ©ments et les propriĂ©taires de moulins sont invitĂ©s Ă  apporter aux services de l’Etat les Ă©lĂ©ments dont ils disposent. Cependant, il est parfois difficile de retrouver les documents qui n’ont pas toujours Ă©tĂ© conservĂ©s. Lorsqu’il existe, ce rĂšglement d’eau doit ĂȘtre connu du propriĂ©taire, appliquĂ© et respectĂ©. L’autoritĂ© administrative a toujours la possibilitĂ© de complĂ©ter par arrĂȘtĂ© motivĂ© un rĂšglement d’eau. En cas de besoin, c’est au service de Police de l’eau de la Direction DĂ©partementale des Territoires (et de la Mer) qu’il faut s’adresser. Il est possible au prĂ©alable de prendre conseil auprĂšs d’Associations spĂ©cialistes, si l’on n’est pas dĂ©jĂ  un minimum informĂ© sur ces sujets complexes. Un propriĂ©taire de moulin est libre de renoncer Ă  ses droits. Cette renonciation doit ĂȘtre expresse.

Les documents administratifs rattachĂ©s aux moulins : - Pour les ouvrages fondĂ©s en titre non rĂ©glementĂ©s : ce sont ceux prouvant son existence avant 1566 ou 1789 selon le classement du cours d’eau. - Pour les ouvrages fondĂ©s en titre et rĂ©glementĂ©s, il faut ajouter au cas prĂ©cĂ©dent les piĂšces du rĂšglement d’eau. - Pour les ouvrages rĂ©glementĂ©s, ce sont les documents du rĂšglement d’eau, y compris l’acte administratif l’autorisant.

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5 Devoirs des propriétaires de moulins

Les propriĂ©taires souhaitant maintenir leur moulin fonction-nel, disposent de droits mais aussi de devoirs et cela quel que soit le statut de l’ouvrage hydraulique. Les uns ne vont pas sans les autres.

 

5.1 Devoir d’entretien

Il existe tout d’abord un devoir d’entretien de l’ouvrage qui doit ĂȘtre maintenu en Ă©tat de fonctionnement, ceci de façon permanente, ou au minimum en position de respect de l’environnement par son propriĂ©taire ou son gestion-naire.

Des seuils et dĂ©versoirs opĂ©rationnels. Les seuils de prise d’eau*, les seuils de dĂ©charge* et les seuils ou-vriers* doivent ĂȘtre conservĂ©s en bon Ă©tat et maintenus aux bonnes cotes. Ces seuils conditionnent en effet la rĂ©partition des eaux dans les diffĂ©rentes parties de l’amĂ©nagement et garantissent le bon fonctionnement de l’ouvrage. Les embĂącles* doivent ĂȘtre notamment enlevĂ©s.

Des vannages fonctionnels. Le bĂ©nĂ©ficiaire d’un droit Ă  l’usage de l’eau, souvent dĂ©nommĂ© "usinier" dans les actes administratifs, doit entretenir l’ensemble des ou-vrages rĂ©gulateurs du systĂšme hydraulique de son moulin en Ă©tat de fonctionnement permanent.

Respect des prescriptions relatives au maintien du dĂ©bit rĂ©servĂ©, c'est-Ă -dire du dĂ©bit minimum qui doit ĂȘtre maintenu en permanence dans le lit naturel de la riviĂšre et qui s’élĂšvera au moins Ă  10% du dĂ©bit moyen* du cours d’eau Ă  compter du 1er janvier 2014.

En cas d’existence d’une passe Ă  poissons, celle-ci doit ĂȘtre maintenue en permanence dans son Ă©tat de fonctionnalitĂ© par nettoyage et enlĂšvement des embĂącles.

Lorsque des travaux d’entretien ou de rĂ©novation sont menĂ©s sur un ouvrage, tels que des opĂ©rations sur un seuil de prise d’eau ou sur une vanne, il convient au prĂ©alable d’en informer l’administration. Les services de la Police de l’eau doivent ĂȘtre prĂ©venus dans les meilleurs dĂ©lais de la nature des travaux envisagĂ©s. La sociĂ©tĂ© de pĂȘche locale et le maire de la commune doivent Ă©galement ĂȘtre infor-mĂ©s.

Les canaux d’amenĂ©e, de fuite et de dĂ©charge sont des ouvrages privatifs appartenant au moulin – ou sur lesquels existent des servitudes permanentes au bĂ©nĂ©fice du moulin – dont la gestion et l’entretien ne relĂšvent pas des mĂȘmes contraintes que celles liĂ©es au cours naturel, bien que leur longueur et/ou leur dĂ©bit puisse engendrer des cas parti-culiers.

Bien Ă©videmment, toutes ces opĂ©rations de travaux et d’entretien doivent prendre en compte la proximitĂ© avec le cours d’eau et la fragilitĂ© des milieux aquatiques. C’est ainsi qu’on privilĂ©giera de façon systĂ©matique l’emploi de produits biodĂ©gradables et compatibles avec les milieux aquatiques (graisses, lubrifiants, produits de traitement
). De mĂȘme, on utilisera toutes les techniques d’entretien mĂ©caniques en lieu et place de produits chimiques, pour l’entretien de la vĂ©gĂ©tation ou le dĂ©sherbage par exemple. Enfin on Ă©vitera les pĂ©riodes de reproduction et de migration des poissons.

 

 

 

 

 

 

A retenir

Un moulin possĂšde un droit d’usage de l’eau, dans le respect de la lĂ©gislation existante, laquelle oblige Ă  un entretien et Ă  une gestion permanent des ouvrages composant son systĂšme hydraulique afin de ne porter prĂ©judice ni aux milieux aquatiques, ni aux droits des tiers, ni au bien immobilier lui-mĂȘme. Certains travaux doivent faire l’objet d’un courrier prĂ©alable Ă  la Police de l’eau et peuvent, le cas Ă©chĂ©ant, nĂ©cessiter l’obtention d’une autorisation de l’administration. La responsabilitĂ© civile du propriĂ©taire peut ĂȘtre engagĂ©e si ces dĂ©marches n’ont pas Ă©tĂ© menĂ©es. Toute intervention d’entretien doit ĂȘtre menĂ©e en tenant compte de la fragilitĂ© des milieux aquatiques.

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* Cf. glossaire page 19

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5.2 Devoirs de gestion

Un moulin est avant tout un outil dont la rĂ©alisation, Ă  quelque Ă©poque qu’elle ait eu lieu, a impactĂ© le milieu aquatique de façon variable en fonction de ses caractĂ©ris-tiques propres et celles du cours d’eau sur lequel il a Ă©tĂ© Ă©difiĂ©.

La gestion de cet outil a pour but de rĂ©duire au minimum l’impact sur le cours d’eau et ses consĂ©quences sur les droits des tiers, notamment celles des inondations.

Un ouvrage hydraulique dont le niveau lĂ©gal est correcte-ment gĂ©rĂ© par manipulation des vannes ne peut produire d’inondations par lui-mĂȘme ; en effet, la hauteur des vannes a Ă©tĂ© dĂ©finie par rĂ©glementation, ou, en l’absence d’un rĂšglement, par connaissance ancestrale administrati-vement acceptĂ©e, de façon Ă  ce que leur levĂ©e maximum laisse passer les plus hautes eaux. C’est ce que l’on ap-pelle rendre l’ouvrage hydraulique transparent.

Le respect du niveau lĂ©gal implique une prĂ©sence perma-nente. En cas d’absence prolongĂ©e, les vannes de dĂ©-charge doivent ĂȘtre ouvertes complĂštement ; toutefois, cette ouverture peut provoquer des Ă©rosions de berges ou la formation d’embĂącles dans les vannages. L’automatisation des vannes peut supplĂ©er une prĂ©sence permanente.

NĂ©anmoins, vannes levĂ©es ou automatisĂ©es, le propriĂ©taire doit s’assurer qu’une surveillance sera exercĂ©e par une tierce personne de façon Ă  ce que des embĂącles n’obstruent pas le dĂ©bouchĂ© des vannes et que le libre Ă©coulement des eaux soit respectĂ© en tout temps.

De plus, des ouvertures pĂ©riodiques des vannes de dĂ©-charge doivent ĂȘtre mĂ©nagĂ©es pour assurer le transit des sĂ©diments* lorsque le cours d’eau le nĂ©cessite ; une ges-tion optimisĂ©e consiste Ă  effectuer ces ouvertures de façon coordonnĂ©e sur l’ensemble du cours d’eau, comme les anciens le faisaient les dimanches et jours chĂŽmĂ©s*. La pĂȘche rĂ©crĂ©ative Ă©tant exercĂ©e maintenant ces jours-lĂ , les ouvertures coordonnĂ©es devront ĂȘtre dĂ©terminĂ©es en liai-son avec les associations de pĂȘche locales et, le cas Ă©chĂ©ant, les associations de canoĂ«s-kayaks.

 

 

A retenir

Le niveau lĂ©gal doit ĂȘtre respectĂ© en permanence quels que soient l’état et le niveau de fonctionnement du moulin : le moulin est en activitĂ© ou il n’est pas utilisĂ© en tant que tel. En cas d’absence du propriĂ©taire, un dĂ©lĂ©gataire doit ĂȘtre dĂ©signĂ©. Etre propriĂ©taire ou gestionnaire d’un ouvrage hydraulique et disposer d’un droit d’usage de l’eau, rĂ©glementĂ© ou non, entrainent la responsabilitĂ© civile permanente du bĂ©nĂ©ficiaire en cas de dommages occasionnĂ©s aux tiers du fait du non-respect du niveau lĂ©gal ou du manque de gestion des ouvrages rĂ©gulateurs non seulement au plan administratif, mais Ă©galement au plan pĂ©nal.

* Cf. glossaire page 19

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6. Fonctionnement des cours d’eau et des milieux aquatiques

Les cours d’eau sont des milieux complexes dont le fonc-tionnement repose sur des Ă©quilibres parfois fragiles. Ils sont soumis Ă  des atteintes multiples et de plus en plus importantes avec le dĂ©veloppement des activitĂ©s hu-maines.

Le devoir d’un propriĂ©taire de moulin est de s’intĂ©resser Ă  ces milieux et, au-delĂ  des rĂ©glementations, de chercher Ă  minimiser les impacts nĂ©gatifs que sa prĂ©sence pourrait avoir sur eux.

Le plus souvent, les ouvrages existent depuis longtemps et les Ă©quilibres actuels de la riviĂšre se sont Ă©tablis Ă  partir de leur prĂ©sence. Mais l’évolution, l’amĂ©nagement ou la modification d’un ouvrage peut faire changer ces Ă©qui-libres.

 

6.1 La dynamique fluviale et le transport sédimentaire

Le lit et le profil d’un cours d’eau rĂ©sultent d’un ajustement permanent entre les dĂ©bits et les sĂ©diments charriĂ©s par la riviĂšre. La riviĂšre dissipe ainsi ses trop-pleins d’énergie en Ă©rodant ses berges et en roulant ses matĂ©riaux (galets, sables,
); elle dĂ©pose au contraire ses alluvions* lors-qu’elle n’a plus assez de puissance. L’évolution du climat et des prĂ©cipitations, mais aussi les changements de l’occupation des sols et de leur aptitude Ă  l’érosion, peu-vent ainsi faire changer la forme, le tracĂ© et donc la dynamique d’une riviĂšre.

Les amĂ©nagements hydrauliques, les moulins en particu-lier, constituent des points stables, fixes, Ă  partir desquels s’ajustent les profils des cours d’eau. L’énergie ne peut plus se dissiper n’importe oĂč mais seulement au niveau des chutes qui sont imposĂ©es par les ouvrages.

Les ouvrages hydrauliques changent aussi les processus sĂ©dimentaires. En amont des prises d’eau (barrages, chaussĂ©es, seuils,
) les vitesses de courant sont ralenties et les sĂ©diments tendent Ă  se dĂ©poser. Cette accumulation peut parfois colmater certains organes du moulin, comme les vannages, s’ils ne sont pas manƓuvrĂ©s rĂ©guliĂšrement.

La dynamique fluviale d’un cours d’eau peut Ă©voluer en fonction des modifications portĂ©es sur les ouvrages hy-drauliques qui le façonnent
 Ainsi, des dynamiques d’érosion et de dĂ©placement du lit pourront apparaĂźtre dĂšs lors qu’un ouvrage disparaĂźt
 De la mĂȘme maniĂšre, un ouvrage reconstruit ou rehaussĂ© conduira Ă  de nouveaux processus de sĂ©dimentation. Sauf dans le cas de trĂšs gros ouvrages, ces phĂ©nomĂšnes sont limitĂ©s aux zones proches de l’ouvrage et leur ampleur est directement liĂ©e Ă  l’importance ainsi qu’à la rapiditĂ© des changements qui interviennent sur l’ouvrage.

A retenir

Les ouvrages conditionnent la dynamique fluviale et les processus sĂ©dimentaires des cours d’eau. Pour les ouvrages anciens, des Ă©quilibres se sont installĂ©s avec par exemple une stabilitĂ© du tracĂ© des riviĂšres et une relative transparence sĂ©dimentaire. Pour autant, une disparition des ouvrages n’entraine pas forcĂ©ment de bouleversements notamment si elle intervient de façon progressive dans le temps.

Ce que vous pouvez faire

ManƓuvrer rĂ©guliĂšrement les vannes pour faciliter le transit des sĂ©diments vers l’aval (respecter les pĂ©riodes d’interdiction de manƓuvre des vannages pouvant ĂȘtre prescrites notamment durant l’étiage*). PrĂ©fĂ©rer des entretiens rĂ©guliers des ouvrages plutĂŽt que des grosses opĂ©rations de rĂ©paration qui perturbent les Ă©coulements. S’il n’a plus d’usage, ni d’intĂ©rĂȘt et que l’ouvrage se dĂ©grade, veiller Ă  ce qu’il n’engendre pas de nuisance ou de dommage sur les tiers. Dans ce type de situation, il est recommandĂ© a minima pour l’ouvrage, d’enlever ou de laisser ouverts les vannages ou le clapet, et de prĂ©venir ensuite la police de l’eau pour envisager le devenir de l’ouvrage. 

6

* Cf. glossaire page 19

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6.2 La qualitĂ© de l’eau

Depuis la directive cadre sur l'eau de 2000, il faut en-tendre par qualité de l'eau, non seulement la dimension chimique mais aussi écologique.

Un ouvrage hydraulique qui comporte une retenue fonc-tionne Ă  la maniĂšre d’un dĂ©canteur, de façon d’autant plus importante que la retenue est grande et que le temps de sĂ©jour de l’eau est important. A l’inverse d’un tronçon d’eau courante, il existe peu d’échanges avec les nappes et peu de phĂ©nomĂšnes de filtration.

Les pollutions des eaux sont intimement liĂ©es aux activitĂ©s humaines et peuvent se prĂ©senter sous diffĂ©rentes formes. Elles peuvent ĂȘtre de nature domestique, urbaine, indus-trielle et agricole. Ainsi, des matiĂšres peuvent ĂȘtre sto-ckĂ©es dans la retenue et peuvent provoquer, selon les conditions, des phĂ©nomĂšnes de dĂ©composition ou de relargage* qui accentuent les problĂšmes d’eutrophisation* que peut dĂ©jĂ  connaĂźtre la riviĂšre.

Certains produits toxiques (mĂ©taux lourds, PCB
) peuvent Ă©galement s’accumuler et se stabiliser dans les sĂ©diments. Ils sont susceptibles de crĂ©er des problĂšmes s’ils sont remis en suspension, lors des vidanges ou de travaux dans les biefs* par exemple.

Les ouvrages composĂ©s d’un plan d’eau de grande super-ficie, peuvent favoriser les Ă©changes de chaleur avec l’atmosphĂšre, ce qui peut contribuer Ă  rĂ©chauffer l’eau de la riviĂšre en Ă©tĂ© et Ă  la refroidir en hiver.

 

A retenir

Les ouvrages hydrauliques peuvent modifier les processus d’évolution de la qualitĂ© des eaux. Ces impacts sont d’autant plus considĂ©rables que les ouvrages comportent des retenues importantes, qu’ils sont nombreux sur le cours d’eau, et qu’ils sont implantĂ©s dans des secteurs soumis Ă  des pollutions issues des bassins versants.

Ce que vous pouvez faire

Signaler une pollution.

Attention à la manipulation des sédiments, intervenez avec précaution surtout lorsque les débits sont faibles.

Eviter les produits toxiques, ne les utilisez jamais Ă  proximitĂ© de l’eau. 

Psy
 ou Pisci


* Cf. glossaire page 19

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6.3 Les habitats de la riviĂšre

On parle d’habitat pour dĂ©crire les conditions d’environnement qui permettent Ă  une espĂšce de remplir ses fonctions vitales (nourriture, reproduction, repos). La profondeur, la vitesse des courants, la nature des fonds, la tempĂ©rature, la prĂ©sence de caches (branchages, racines, vĂ©gĂ©tation
) sont des Ă©lĂ©ments essentiels des habitats aquatiques.

Ainsi les espĂšces vont se rĂ©partir diffĂ©remment autour des ouvrages hydrauliques : espĂšces d’eaux calmes prĂ©fĂ©ren-tiellement en amont, dans la retenue, et espĂšces d’eaux vives dans les portions courantes en aval des seuils.

Sur les riviĂšres oĂč les moulins sont nombreux, ces habitats courants peuvent ĂȘtre rares et ne se rencontrer qu’à l’aval des barrages. Beaucoup d’espĂšces rares ou en danger sont infĂ©odĂ©es Ă  ces habitats courants (moule perliĂšre, grande mulette, chabot, lamproies, toxostome, 
). Il convient donc de prendre des prĂ©cautions vis-Ă -vis de l’intĂ©gritĂ© de ces zones courantes.

A retenir

Les espĂšces piscicoles et autres se rĂ©partissent diffĂ©remment dans la riviĂšre, en fonction notamment des conditions d’écoulement. Dans les riviĂšres fortement amĂ©nagĂ©es, il convient de prĂ©server et de protĂ©ger les « habitats courants », importants pour de nombreuses espĂšces rares et donc pour la biodiversitĂ©.

Ce que vous pouvez faire

Préserver la diversité des habitats dans la riviÚre.

Respecter les périodes de reproduction des espÚces pour effectuer les travaux ou les interventions.

Quand vous intervenez, pensez aux poissons et Ă  tous les organismes aquatiques qui vivent dans la riviĂšre. 

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6.4 La circulation des poissons

Un ouvrage hydraulique constitue un obstacle pour la circulation des organismes aquatiques et en particulier pour les poissons. Ce problĂšme peut ĂȘtre vital pour cer-taines espĂšces de poissons migrateurs qui doivent impĂ©ra-tivement remonter suffisamment haut dans les riviĂšres pour se reproduire. C’est en particulier le cas du saumon sur certains cours d’eau.

La remontĂ©e des poissons est d’autant plus difficile que les seuils sont hauts et nombreux. D’une façon gĂ©nĂ©rale, la franchissabilitĂ© d’un ouvrage est trĂšs directement liĂ©e Ă  sa hauteur et au rĂ©gime hydraulique du cours d’eau. Par ailleurs, les pĂ©riodes de hautes eaux ne correspondent pas toujours aux pĂ©riodes de migrations de toutes les espĂšces.

Des difficultĂ©s peuvent Ă©galement se produire pour la dĂ©valaison* des poissons. C’est notamment le cas lorsqu’un ouvrage est Ă©quipĂ© de turbines. Les poissons qui tentent de dĂ©valer Ă  travers les pales* peuvent ĂȘtre blessĂ©s, parfois mortellement. Par ailleurs, au passage des dĂ©versoirs, au moins vingt Ă  trente centimĂštres de lame d’eau dans lesquelles les poissons peuvent s’engager pour dĂ©valer sont nĂ©cessaires pour la plupart des espĂšces.

Il existe plusieurs types d’amĂ©nagements, adaptĂ©s aux diffĂ©rentes espĂšces de poissons et dont le coĂ»t et la diffi-cultĂ© de mise en Ɠuvre sont gĂ©nĂ©ralement proportionnels Ă  la hauteur de chute entre l’amont et l’aval de l’ouvrage. En rĂ©sumĂ© il peut ĂȘtre assez simple de concevoir des dispositifs rustiques efficaces pour des barrages de moins de 1,5 mĂštre. Il s’agit toujours de dispositifs con-sĂ©quents et lourds dĂšs que l’on dĂ©passe les 2 mĂštres. Dans les rĂ©flexions sur un amĂ©nagement, il est toujours utile de penser aux possibilitĂ©s d’abaissement du niveau des retenues d’eau. Parfois, de simples ouvertures de vannes peuvent amĂ©liorer la situation. Mais il s’agit de cas plutĂŽt rares car souvent, les vitesses de courant transi-tant par les vannes ouvertes sont trop importantes par rapport Ă  la capacitĂ© de nage des poissons.

Pour la dĂ©valaison, il est recommandĂ© d’implanter des plans de grilles fines qui forment des Ă©crans physiques pour les poissons en amont de la prise d’eau des turbines, et qui sont associĂ©s Ă  des exutoires vers lesquels sont guidĂ©s les poissons pour franchir les ouvrages.

Dans tous les cas il est impĂ©ratif de surveiller et d’entretenir rĂ©guliĂšrement les dispositifs pour les maintenir en bon Ă©tat de fonctionnement : enlĂšvement des embĂącles, respect des niveaux d’eau, dĂ©sensablage


La rĂ©glementation (article L.214-17 du code de l’environnement) impose des obligations sur la circulation des poissons sur une liste de cours d’eau qui est Ă©tablie dans chaque grand bassin par des arrĂȘtĂ©s prĂ©fectoraux.

A titre d’exemple, une vanne relevĂ©e avec une hauteur de charge supĂ©rieure Ă  0,50m pour une ouverture infĂ©rieure Ă  0,20m est considĂ©rĂ©e comme trĂšs diffici-lement franchissable pour de nombreuses espĂšces.

* Cf. glossaire page 19

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Ce que vous pouvez faire

Lorsqu’il existe des obligations rĂ©glementaires, vous pouvez vous faire assister pour trouver les meilleures solutions coĂ»t efficacitĂ©

Au-delĂ  des obligations rĂ©glementaires, il faut rĂ©flĂ©chir Ă  des solutions simples permettant de faciliter la circulation des poissons ; par exemple il peut ĂȘtre utile de maintenir les vannages ouverts lors des pĂ©riodes de dĂ©valaison, voire pendant les pĂ©riodes de remontĂ©e des poissons si la configuration des vannages est adaptĂ©e (absence de jets plongeants et faibles vitesses).

Enfin, il est indispensable d'entretenir les dispositifs de franchissement en Ă©tat de fonctionnement.

A retenir

Sur les cours d’eau classĂ©s, le maintien de la circulation est une obligation. Sur les autres, c’est une recommandation. Il existe des panels de solutions techniques, mais au final les amĂ©nagements Ă  rĂ©aliser sont propres Ă  chaque ouvrage, en fonction des espĂšces de poissons prĂ©sentes, des caractĂ©ristiques de la riviĂšre, des caractĂ©ristiques des ouvrages, des usages de l’ouvrage
 Des aides financiĂšres peuvent exister pour amĂ©nager les ouvrages.

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En conclusion

Les moulins reprĂ©sentent un patrimoine exceptionnel qui a façonnĂ© la majeure partie du pays et trĂšs souvent dĂ©terminĂ© son Ă©conomie et sa sociologie actuelle. MĂȘme s’ils ont impactĂ© l’équilibre premier des cours d’eau, leur existence sĂ©culaire a installĂ© de nou-veaux Ă©quilibres Ă©cologiques. Ce bouleversement a eu des consĂ©quences dont il est difficile d’apprĂ©hender l’ampleur, tant les paramĂštres sont multiples et dĂ©pendants les uns des autres.

Pour de multiples raisons aussi bien patrimoniales qu’économiques et Ă©cologiques, leur suppression systĂ©matique ne peut ĂȘtre envisagĂ©e. NĂ©anmoins, nous ne pouvons pas nous affranchir d’une rĂ©flexion globale Ă  l’échelle des bassins versants (EPTB).

La gĂ©nĂ©ralisation des bonnes pratiques pourraient contribuer pour la part qui les con-cerne Ă  l’atteinte du bon Ă©tat des eaux. Le maintien d’ouvrages hydrauliques fonction-nels est une obligation qui d’une part doit faciliter ces bonnes pratiques et d’autre part permettrait de renforcer la richesse patrimoniale de nos territoires.

Pour Ă©viter des actions onĂ©reuses et irrĂ©versibles, il est indispensable d’élaborer des stra-tĂ©gies d’action Ă  l’échelle du bassin, partagĂ©es par l’ensemble des parties prenantes. Pour y parvenir, il est essentiel que l’ensemble des acteurs du territoire concernĂ©s par les moulins apprennent Ă  s’écouter ainsi qu’à Ă©changer de façon constructive sur les pro-blĂ©matiques rencontrĂ©es, les objectifs poursuivis et les perceptions de chacun.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Quelques textes rĂ©glementaires importants  

Article L. 214-17 du Code de l'environnement :

Cet article prĂ©voit que l’autoritĂ© administrative arrĂȘte pour chaque bassin ou sous bassin deux listes de cours d’eau sur la base des critĂšres suivants :

Liste 1 : la liste des cours d’eau en « trĂšs bon Ă©tat Ă©cologique » ou jouant un rĂŽle de « rĂ©servoir biologique ». Cette liste est Ă©tablie parmi les cours d’eau qui rĂ©pondent au moins Ă  l’un de ces 3 critĂšres :

‐ cours d’eau en trĂšs bon Ă©tat Ă©cologique ;

‐ cours d’eau qui jouent un rĂŽle de rĂ©servoir biologique nĂ©ces-saire au maintien ou Ă  l’atteinte du bon Ă©tat Ă©cologique des cours d’eau d’un bassin versant, identifiĂ©s par les SDAGE ;

‐ cours d’eau qui nĂ©cessitent une protection complĂšte des poissons migrateurs amphihalins.

Dans les cours d’eau inscrits sur la liste 1, aucune autorisation ou concession ne peut ĂȘtre accordĂ©e pour la construction de nou-veaux ouvrages s’ils constituent un obstacle Ă  la continuitĂ© Ă©colo-gique. S’agissant des ouvrages existants et rĂ©guliĂšrement instal-lĂ©s, le renouvellement de leur concession ou de leur autorisation est subordonnĂ© Ă  des prescriptions permettant : ‐ de maintenir le trĂšs bon Ă©tat Ă©cologique des eaux ;

‐ de maintenir ou d’atteindre le bon Ă©tat Ă©cologique des cours d’eau d’un bassin versant ;

‐ d’assurer la protection des poissons migrateurs vivant alterna-tivement en eau douce et en eau salĂ©e.

Les nouvelles obligations (interdiction des nouvelles autorisations ou concessions d’ouvrages constituant un obstacle Ă  la continuitĂ© Ă©cologique) s’appliquent Ă  la date de publication des listes.

Liste 2 : la liste des cours d’eau dans lesquels il est nĂ©cessaire d’assurer le transport suffisant des sĂ©diments et la circulation des poissons migrateurs.

Tout ouvrage prĂ©sent sur les cours d’eau en liste 2, doit ĂȘtre gĂ©rĂ©, entretenu et Ă©quipĂ© selon des rĂšgles dĂ©finies par le prĂ©fet, en concertation avec le propriĂ©taire ou, Ă  dĂ©faut, l’exploitant. Elles peuvent concerner tant des mesures structurelles (construction de passe Ă  poissons, etc.) que de gestion (ouverture rĂ©guliĂšre des vannes, etc.).

Les propriĂ©taires (ou exploitants) des ouvrages existants qui Ă©taient en rĂšgle avec la lĂ©gislation (ayant installĂ© des dispositifs permettant le franchissement des poissons conformĂ©ment Ă  l’article L. 432-6 du Code de l’environnement) ont 5 ans Ă  comp-ter de la publication des arrĂȘtĂ©s (ces arrĂȘtĂ©s dĂ©finissent les cours d’eaux concernĂ©s) pour s’équiper (il s’agit notamment d’adapter l’ouvrage pour assurer le transport suffisant des sĂ©diments).

Les propriĂ©taires (ou exploitants) des ouvrages existants qui n’étaient pas en rĂšgle doivent mettre en conformitĂ© leur ouvrage :

‐ dĂšs la publication de la liste des cours d’eau concernĂ©s s’agissant des dispositifs de franchissement des poissons ;

‐ dans un dĂ©lai de 5 ans s’agissant des nouvelles obligations en matiĂšre de transport des sĂ©diments.

Article L. 214-18 du Code de l'environnement (ancien L. 432-5):

Institue l'obligation pour les ouvrages situĂ©s dans le lit d'un cours d'eau "de comporter des dispositifs maintenant dans ce lit un dĂ©bit minimal garantissant en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espĂšces qui peuplent les eaux au moment de l'installation de l'ouvrage". Il s'agit lĂ  d'une obligation de rĂ©sultat, tendant Ă  garantir un dĂ©bit suffisant pour la vie des espĂšces aquatiques, Ă  laquelle concourent des prescriptions associĂ©es. Leur respect suppose Ă©galement le bon fonctionnement et l'entre-tien des dispositifs permettant le dĂ©bit minimal, ainsi que, le cas Ă©chĂ©ant, l'installation de dispositifs empĂȘchant la pĂ©nĂ©tration du poisson dans les canaux d'amenĂ©e et de fuite. La nĂ©cessaire continuitĂ© des dĂ©bits sur un cours d'eau conduit Ă  la gĂ©nĂ©ralisa-tion de cette obligation Ă  l'ensemble des ouvrages (usines hy-droĂ©lectriques, barrage Ă  usages divers, etc.), qu'il soit ou non fondĂ©s en titre ; elle est Ă©galement applicable au barrage de dĂ©rivation des eaux servant Ă  alimenter une pisciculture (circulaire du 5 janvier 2011 - source : JurisClasseur Environnement et DĂ©veloppement durable)

Article L. 432-6 du Code de l'environnement :

Dans les cours d'eau ou parties de cours d'eau et canaux dont la liste est fixée par décret, aprÚs avis des conseils généraux rendus dans un délai de six mois, tout ouvrage doit comporter des dispositifs assurant la circulation des poissons migrateurs. L'exploi-tant de l'ouvrage est tenu d'assurer le fonctionnement et l'entretien de ces dispositifs.

Les ouvrages existants doivent ĂȘtre mis en conformitĂ©, sans in-demnitĂ©, avec les dispositions du prĂ©sent article dans un dĂ©lai de cinq ans Ă  compter de la publication d'une liste d'espĂšces migra-trices par bassin ou sous-bassin fixĂ©e par le ministre chargĂ© de la pĂȘche en eau douce et, le cas Ă©chĂ©ant, par le ministre chargĂ© de la mer

Par ailleurs, l’article L214-18 du Code de l’environnement con-forte l’obligation instaurĂ©e par la loi pĂȘche de 1984 visant Ă  laisser un dĂ©bit minimum biologique Ă  l’aval des ouvrages de type seuils et barrages (garantir en permanence la vie, la circula-tion et la reproduction des espĂšces vivant dans le cours d’eau). L’ensemble des ouvrages existants, y compris les ouvrages « fon-dĂ©s en titre » devront respecter ce minimum biologique ou au moins le 10Ăšme du module au 1er janvier 2014.

 

 

 

Remarque : les obligations relatives au I de l’article L. 214-17 s’appliquent Ă  la date de publication des listes. Celles relatives aux 2° du I s’appliquent, pour les ouvrages exis-tants rĂ©guliĂšrement installĂ©s, Ă  l’issue d’un dĂ©lai de cinq ans aprĂšs publication des listes.

Le cinquiĂšme alinĂ©a de l’article 2 de la loi du 16 octobre 1919 relative Ă  l’utilisation de l’énergie hydraulique et L. 432-6 du Code de l'environnement demeurent applicables jusqu’à ce que ces nouvelles obligations y soient substituĂ©es, dans le dĂ©lai prĂ©vu Ă  l’alinĂ©a prĂ©cĂ©dent.

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Glossaire des mots et expressions utilisĂ©s dans le document  

Alluvions : dĂ©pĂŽts constituĂ©s par des matĂ©riaux solides (cailloux, graviers, sables limons) transportĂ©s et dĂ©posĂ©s par les eaux courantes d’une riviĂšre, d’un fleuve.

Autorisation administrative : acte de police administrative qui autorise une activité ou un aménagement (prélÚvement, rejet, travaux, ...) en fixant leurs conditions d'exercice ou de réalisation tout en permettant à l'administration une surveillance.

Bief : tronçon d'un cours d'eau ou d'un chenal. À l'origine, "bief" dĂ©signe un canal d'amenĂ©e Ă  un ouvrage hydraulique. AppliquĂ© Ă  un cours d'eau, il doit garder la nuance de tronçon particulier, ne comportant notamment ni chute ni rapides.

Concession : acte juridique qui traduit un accord entre l'État ou une collectivitĂ© et un autre partenaire privĂ© ou public.

Débit réservé : le débit réservé est le débit minimal obligatoire d'eau (exprimé en pourcentage du débit total moyen) que les propriétaires ou gestionnaires d'un ouvrage hydraulique doivent réserver au cours d'eau pour garantir en permanence la vie, la circulation et la reproduction des espÚces présentes.

Débit moyen : moyenne arithmétique des débits mesurés en un point donné et pour une période donnée.

Dévalaison : chez un poisson, action de descendre un cours d'eau pour retourner dans son lieu de reproduction ou de déve-loppement.

DĂ©versoir : 1) barrage, crĂȘte du barrage par oĂč s’écoule l’eau en excĂšs. Le dĂ©versoir a Ă©tĂ© imposĂ© Ă  partir de la RĂ©volution. 2) vanne plongeante qui joue le rĂŽle d’un dĂ©versoir mobile.

DĂ©versoir de sĂ©curitĂ© : dĂ©versoir Ă©quipant l’extrĂ©mitĂ© aval du canal d’amenĂ©e pour protĂ©ger le moulin contre les inondations.

EmbĂącle : objet solide emportĂ© par les eaux lors d’une crue puis bloquĂ© dans le lit de la riviĂšre (notamment au niveau d’ouvrages hydrauliques transversaux) et qui gĂȘne le passage de l’eau.

Etiage : niveau minimal des eaux d'un cours d'eau; débit le plus faible.

Eutrophisation : enrichissement excessif des eaux en matiĂšres nutritives.

Fil de l’eau : utilisation de la force hydraulique qui se fait sans stockage de l’eau en riviĂšre. Cette utilisation peut s’effectuer au droit de l’ouvrage en riviĂšre ou en dĂ©rivation. La production au fil de l’eau s’oppose Ă  la production par Ă©clusĂ©es ou de la qui permet de rĂ©pondre aux pointes de consommation grĂące au stockage de l’eau.

FondĂ© en titre : caractĂ©rise tout moulin dont l’existence est attestĂ©e avant la rĂ©volution.

Foulon : dĂ©signe un moulin Ă  eau oĂč le drap, soumis Ă  l’action de maillets, se feutre et gagne en rĂ©sistance. On y travaille Ă©galement les peaux.

FrayÚres : lieu de reproduction (fécondation et ponte) des pois-sons, des batraciens mais aussi des mollusques et crustacés.

Jours chĂŽmĂ©s : dans le cadre de l’activitĂ© d’un moulin, jour oĂč on cesse le travail.

Ligne d’eau : ligne matĂ©rialisant la hauteur d’eau d’un cours d’eau, d’un lac, d’une mer


Martinet : 1) gros marteau actionnĂ© par les cannes de l’arbre d’une roue hydraulique. 2) treuil ou cabestan servant Ă  virer un moulin Ă  vent pour mettre les ailes face au vent.

Module : correspond au débit moyen inter annuel, c'est une synthÚse des débits moyens annuels (QMA) d'un cours d'eau sur une période de référence (au moins 30 ans de mesures consécu-tives).

Pale : 1) rectangle de bois fixĂ© sur un ou deux coyaux d’une roue hydraulique par en dessous ou par en dessus. 2) rectangle de bois, souvent creusĂ© en forme de cuillĂšre, qui reçoit l’eau dans une roue horizontale.

Pertes de charge : les pertes de charge en hydraulique dési-gnent les pertes irréversibles d'énergie que subit un liquide lors de son passage dans un conduit, un tuyau ou un autre élément de réseau de fluide.

Prise d’eau : 1) orifice, vanne oĂč l’on prend l’eau. 2) endroit oĂč l’eau d’un cours d’eau est dĂ©tournĂ©e vers le canal d’amenĂ©e.

Recalibrage : intervention consistant Ă  reprendre en totalitĂ© le lit et les berges d’un cours d'eau dans l'objectif prioritaire d'aug-menter sa capacitĂ© hydraulique. Cela implique l'accĂ©lĂ©ration des flux et donc l'augmentation des risques de crues en aval. Il s'agit d'une intervention lourde modifiant profondĂ©ment le profil en travers et le plus souvent le profil en long du cours d'eau, aboutis-sant Ă  un milieu totalement modifiĂ©.

RĂšglement d’eau : acte administratif qui fixe les prescriptions relatives aux modalitĂ©s d'exploitation des ouvrages hydrauliques. Il peut se prĂ©senter sous diffĂ©rentes formes comme une ordon-nance royale ou un arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral. Le rĂšglement d’eau peut ĂȘtre modifiĂ© par simple arrĂȘtĂ© prĂ©fectoral.

Relargage : remise en suspension des substances chimiques accumulées dans les sédiments.

SĂ©diments : dĂ©pĂŽt meuble laissĂ© par les eaux, le vent et les autres agents d'Ă©rosion, et qui, selon son origine, peut ĂȘtre marin, fluviatile, lacustre ou glaciaire.

Turbine : moteur composĂ© d’un stator et d’un rotor : le fluide moteur peut ĂȘtre de l’eau ou un gaz.

Vanne de dĂ©charge : vanne qui permet d’évacuer l’eau en excĂšs.

Vanne dĂ©versoir : vanne dont la crĂȘte sert de dĂ©versoir.

Vanne ouvriĂšre (ou vanne motrice voire seuil ouvrier) : vanne situĂ©e Ă  l’amont immĂ©diat de la roue ou turbine.

 

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Principaux contributeurs

Raphaël MICHAU (AFEPTB), Olivier GUERRI (EPTB Dordogne), Guy PUSTELNIK (EPTB Dordogne), Claudine BORREL (EPTB SÚvre-Nantaise), Antoine CHARRIER (EPTB SÚvre-Nantaise), Boris LUSTGARTEN (EPTB SÚvre-Nantaise), Annie BOUCHARD (FFAM), Jean-Marie PINGAULT (FFAM), Alain EYQUEM (FDME), Claire Cécile GARNIER (MEDDE), Alexis DELAUNAY (ONEMA)

 

Photos EPTB Dordogne, FFAM, EPTB SĂšvre-Nantaise

Dessins Jacques HURTAUD

Mise en page, infographie  Jean-François GUERIN (EPTB Dordogne)

 

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Association Française des Etablissements Publics Territoriaux de Bassin (AFEPTB) Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins (FFAM)

Fédération Des Moulins de France (FDMF).

OĂč se renseigner pour Ă©quiper, entretenir et gĂ©rer de façon optimale son ouvrage

FĂ©dĂ©ration Française des Associations de sauvegarde des Moulins (FFAM) 

www.moulinsdefrance.org 

FĂ©dĂ©ration Des Moulins de France (FDMF)  

www.fdmf.fr 

EPTB 

www.eptb.asso.fr 

Direction DĂ©partementale des Territoires et de la Mer (DDTM) 

Novembre 2013