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8/18/2019 8 - (COMPLEMENTARIA) Leveau - La Ville Antique Ville de Consommation Parasitisme Social Et Économie Antique
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EHESS
La ville antique, "Ville de consommation"? Parasitisme social et économie antiqueAuthor(s): Philippe LeveauReviewed work(s):Source: Études rurales, No. 89/91, L'Asie du Sud-Est entre la Chine et l'Inde Agriculture etpouvoirs (Jan. - Sep., 1983), pp. 275-283Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/20122079 .
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8/18/2019 8 - (COMPLEMENTARIA) Leveau - La Ville Antique Ville de Consommation Parasitisme Social Et Économie Antique
2/10
D?BAT
PHILIPPE LEVEAU
La
ville
antique,
?
ville de consommation
?
?
Parasitisme social
et
?conomie
antique
L Histoire
de la
France
urbaine
succ?dant,
peu
d ann?es
apr?s,
?
l Histoire
de
la
France
rurale
vient
nous
rappeller,
comme
l ?crit G.
Duby,
son
pr?facier
et
directeur,
que
l ?tude
des
relations
entre
ville
et
campagne
constitue
un
des
points
cruciaux
de
la
probl?matique
des historiens
fran?ais.
Au
centre
de
l ouvrage
et
en
faisant
l unit?,
on
trouve cette
id?e,
oppos?e
?
celle
autrefois
d?velopp?e
par
H.
Pirenne
pour
le
Moyen-Age,
que
la
ville
est
d abord
un
ph?nom?ne
politique
:
la
ville
antique
et
celle
du
haut
Moyen-Age
dont
il
est
question
dans le
tome 1
ont en commun le fait d ?tre
d?positaires
du
pouvoir
politique
et de tirer de
cette
fonction l essentiel
de leurs
ressources.
Selon
G.
Duby,
une
telle
situation
se
serait
perp?tu?e
en
France
jusqu ?
la
r?volution
industrielle.
Cette
d?finition
du
ph?nom?ne
urbain
comme
fondamentalement
politique
et
culturel
a
d?j?
?t?
affirm?e
par
des
sociologues.
Dans
La
r?volution
urbaine,
H.
Lefebvre
quali
fiait
de
politique
la
ville
caract?risant
la
phase
agraire
de
l histoire
[1970
:
16].
Dans le
chapitre
intitul?
?Ville
et
campagne?
de
son
Economie
antique
[1975
:
165-200],
puis
dans
un
article
historiographique
traduit
sous
le titre
?La
cit?
antique,
de
Fustel de
Coulanges
?
Max Weber
et
au-del??,
paru
dans le
recueil
Mythe,
m?moire,
histoire
[1981
:
88-120]2,
M. I.
Finley
d?veloppe
une
concep
tion
analogue
en
faisant
l histoire du
concept
de ville de consommation
qui
fut formul?
pour
la
premi?re
fois
par
le
m?di?viste
W. Sombart
et
repris
par
M.
Weber.
Reprenant
la
terminologie
de
W.
Sombart,
C.
Goudineau
qui
a
pris
en
charge
la
r?daction
de
la
partie
de l Histoire
de
la
France
urbaine consacr?e
aux
?villes de
la
paix
romaine?,
c est-?-dire
au
Haut-Empire, p?riode d apog?e
de
la
civilisation
urbaine
gallo-romaine,
conclut
apr?s
avoir
examin?
la
question
de
la
fonction
?conomique
de
la
ville
gallo-romaine
:
?Nul
doute
:
le
concept
de ?ville
de
consommation?
ne
souffre
aucune
contestation.?
[1980
:
381]
Avec
la
concep
tion de
la
ville
antique
exprim?e
ici,
on
assiste
au
glissement
d un
concept
qui
me
para?t incontestable,
celui
de
?ville
politique?,
?
un
autre
que je
conteste,
celui de ?ville
de consommation?.
A
la base
du
probl?me
?
d?battre,
il
y
a
la
question
fondamentale
de savoir
si
l origine
des
sommes
d?pens?es
dans
les villes
r?side,
pour
l essentiel,
dans
l ?conomie
rurale
ou
dans les activit?s
urbaines.
La
position
de
G.
Duby
est
?tudes
rurales,
janv.-sept.
1983,
89-90-91
:275-289.
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276
Ph.
LEVEAU
nette
:
?Entretenir
cette
population
violemment
contrast?e incombait
aux
cam
pagnes.
Pour
se
nourrir,
s embellir,
prodiguer
ses
charmes
il lui fallait
se
greffer
sur
les
forces
productives
d un
empire
paysan.
Par
nature,
la
ville
prosp?rait
en
renti?re
du
sol
rustique.?
[1980
:
24]
Exprim?e
p?jorativement,
cette
id?e
peut
conduire ?
pr?senter
la ville
comme
un
parasite,
ce
que
sugg?re
de
mani?re
inter
rogative
C.
Goudineau
en
opposant
cette
hypoth?se
(?une
minorit? de notables
tirant leurs
revenus
de la
terre
les
d?pensent
?
la
ville
o?
ils
habitent
et
alimentent
le
reste
de
la
population
urbaine
;
la
ville
est
donc
un
parasite
par
rapport
? la
campagne,
vivant
d elle,
vivant
sur
elle?)
?
celle
de
la
ville
productive
par
ses
commer?ants
et
ses
artisans
[1980
:
365-366].
Cette
proposition
se
rapproche
des
positions
d ailleurs
tr?s
nuanc?es
exprim?es par
M. I.
Finley
dans
son
Economie
antique
et
se
rattache
? la
conception
?primitiviste?
de
l ?conomie
antique.
C est
en
effet
celle-ci
qui
est
en
cause,
comme
je
vais
chercher
?
le
montrer.
Un
bref
rappel
historiographique
nous
place
au
c
ur
du
probl?me
dans
la
mesure
o?
ce
sont
les
Grecs
eux-m?mes
qui,
r?fl?chissant
sur
leur
propre
civili
sation,
ont
commenc?
?
le
poser.
Il
semble
acquis
qu au
moins
au
niveau
des
repr?sentations
id?ologiques
et
des
mentalit?s,
les Grecs
et
les
Romains
avaient
du
rapport
entre
ville
et
campagne
une
conception
sensiblement
diff?rente de
la
n?tre.
A
la
diff?rence
d autres activit?s
?conomiques,
en
particulier
du
commerce,
celles
se
rapportant
? la
campagne
?taient
int?gr?es
?
la
vie
civique,
la
reconnais
sance de la dignit? de Vagricola n excluant ?videmment pas lem?pris du rusticus
comme
de
tout
travailleur
d?pendant.
Les ?lites
sociales
de
l Antiquit?
savaient
r?partir
leur
temps
de mani?re
?quilibr?e
entre
occupations
urbaines
et
occupa
tions rurales. Dans
les
mythes
comme
dans
les
utopies,
agriculture
et
vie urbaine
vont
de
pair
pour
d?finir
la
civilisation3.
Une
telle
harmonie
ne
se
retrouve ?vi
demment
pas
dans les
rapports
quotidiens
des citadins
et
des
ruraux
souvent
conflictuels
et
l histoire ancienne
ne
manque
pas
d exemples
d antagonismes
entre
gens
des
villes,
victimes
de violences
paysannes/et
paysans,
chass?s des
villes
et
exclus
des march?s
urbains
en
cas
de
famine.
Elle
a
aussi
retenu
des
explosions
de
violence
que
certains historiens
ont
voulu
interpr?ter
comme
de
v?ritables jacqueries opposant les campagnes aux villes. Mais violence rurale ne
signifie
pas
forc?ment r?volte
paysanne
et
l examen
des
exemples d antagonismes
les
plus
souvent cit?s
montre
que,
dans
ces
troubles,
entrent
des
composantes
qui
rendent
difficile
une
interpr?tation
privil?giant
l hypoth?se
d une
opposition
ville/
campagne.
C est
pour
rendre
compte
de
la crise
de
l Empire
romain
au
lue si?cle
apr?s
J.-C.
que
l on
a
le
plus
souvent
?voqu?
l opposition
de
la
ville
et
de
la
campagne
:
de
cette
?poque
daterait
le
d?clin
de
la
vie
urbaine
et
le
d?but
de
la ruralisation
de
l Empire.
M. Rostovzeff
avait
plac?
cette
opposition
au
centre
de
son
expli
cation
de
la
crise. Pour
lui,
l arm?e,
issue
des
classes
rurales
pauvres,
a
fait
cause
commune avec les paysans contre les gens des villes et cette alliance a entra?n? la
ruine
int?rieure
de
l Empire.
Cette
th?orie
a
?t? r?fut?e
par
S. Mazzarino
[1973
:
161-165]
qui rappelle
que
M.
Rostovzeff
a
con?u
lld?e
d un
tel
conflit
?
partir
de
son
exp?rience
personnelle
de
la
r?volution
bolchevik
de
1917
et
montre
que,
lors de
la
r?volte
africaine de
238,
il
n y
eut
jamais
de solidarit?
authentique
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VILLE
ANTIQUE,
?VILLE
DE CONSOMMATION?
?
277
entre paysans et soldats4. M. Rostovzeff ?tait sensibilis? ? l id?e de lutte des
classes
et
sa
th?orie
peut
rappeler
des
passages
de
l Id?ologie
allemande relatifs
?
l opposition
des
villes
et
des
campagnes5
et
para?tre
m?me trouver des
?chos
dans
les
travaux
d historiens
sovi?tiques
relatifs ?
la crise
de
l Empire
au
lue
si?cle6.
Mais
il
y
a
une
divergence
essentielle
dans
la
mesure
o?
les
historiens
marxistes
ont
toujours
subordonn? l ?ventuelle
opposition
des
villes
et
des
cam
pagnes
aux
probl?mes
de la
soci?t?
esclavagiste
[E.
M.
Staerman
1964,
1972
:
113-158].
Contrairement
?
ce
que
croit
encore une
arri?re-garde
d antiquistes,
attention
aux
probl?mes
?conomiques
et
sociaux
n est
pas
synonyme
de
marxisme.
Actuellement,
la
principale
critique
que
les
historiens,
marxistes
ou
non marxistes, adressent ? M. Rostovzeff est d avoir cru au d?veloppement
d une
classe
montante
de
commer?ants
et
d industriels
dont l essor s identifiait
?
celui
des
villes.
Longtemps
dominante,
une
telle
conception
de la
soci?t?
et
de
l ?conomie
romaine
est
maintenant de
moins
en
moins
admise.
Au-del?
de
la
r?futation
qu en
avait
tent?e
M.
Rostovzeff,
la
r?flexion
historique
revient
?
M.
Weber
comme
le
montrent
conjointement,
nous
l avons
vu,
l Histoire de
la
France
urbaine
et
le
succ?s
des
travaux
de
M. I.
Finley
[1975
:165
sq.]
.
Certains
historiens
emploient
encore
le
terme
de
capitalistes
pour
d?signer
de
riches
romains,
mais
c est
plus
dans
le
sens
familier
o?
il
d?signe
celui
qui
poss?de
beaucoup
d argent
que
dans
le
sens
propre
de
possesseur
de
capitaux
engag?s
dans une
entreprise.
On ne croit
plus
en effet au caract?re
capitaliste
ou
proto
capitaliste
de
l ?conomie
italienne du
premier
si?cle
de
l Empire
comme
l ont
montr?,
en
particulier
dans
l historiographie
fran?aise,
les
travaux
de
P.
Veyne
sur
l affranchi Trimalcion
et
ceux
de C.
Nicolet
;
il
n est
plus
gu?re
possible
de
d?fendre
l identification,
un
moment
?tablie,
entre
l ordre
?questre
et
une
pr?
tendue
classe des
marchands
?
laquelle
crut
pourtant
M.
Weber.
D
existe,
nous
l avons
vu,
un
lien
entre
la notion
de ville de
consommation
et
l accusation
de
parasitisme
social
port?
? l encontre
de
la ville
antique.
Parasitisme
et
symbiose
sont
comme
deux
pr?sentations
id?ologiques
diff?rentes
d une
m?me
d?finition du
rapport
entre
la
ville
et
la
campagne
:
?l ?conomie
et
les
relations
de
pouvoir
? l int?rieur de la ville?
reposaient-elles
?sur une richesse cr??e par des
rentes et
des
imp?ts
qui
s ?coulaient
en
direction des citadins
et
circulaient
entre
eux
??
[M.
I.
Finley
1981
:
118].
A
mon
avis,
et
c est
une
des raisons
pour
les
quelles
s impose
un
recours
?
l historiographie,
la
notion de
parasitisme
urbain,
d?barrass?e d un
contenu
moral
que
l on
pourrait
suivre de
Salluste
?
Rousseau
et
au-del?,
dissimule
l id?e
qu il
y
a
dans
les soci?t?s
antiques
les
conditions
?cono
miques
d une
opposition ville/campagne
et
que
l on
doit
donc
en
trouver
la
trace
dans
l histoire ?v?nementielle.
Le sch?ma
pr?sent?
dans
l Id?ologie
allemande
?
une
sp?cialisation
des
t?ches
productives,
la
ville
se
r?servant
le
travail
artisanal
et
en
offrant
aux
campagnes
ses
produits
contre
ceux
de
la
terre
?
est
difficilement
verifiable.
Par
contre,
la
splendeur
?vidente
de la
parure
architecturale des villes
romaines,
leur
densit?
dans
certaines
provinces
et
le
contraste
?
d ailleurs
plus
suppos?
que
prouv?
?
qu elles
offrent
avec
les
campagnes
ont
conduit
des
histo
riens
? mettre
en cause
la sur-urbanisation
de
l Empire.
Le
parasitisme
social
de la
ville
antique
aurait
jou?
un
r?le
d?terminant
et
serait
?
l origine
du
d?clin
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278
Ph. LEVEAU
de la
civilisation
romaine.
Ainsi,
A.
Aymard
[1954
:
350]
?crivait
:
?Cette civili
sation
?tait-elle
assez
large
?
Elle
a
fait
preuve
d un
favoritisme
aveugle
en accor
dant
une
attention
trop
exclusive
au
soutien,
au
d?veloppement
et
?
l ?clat de
la vie
urbaine
[...]
N?gligeant
d?lib?r?ment les
campagnes,
on
les sacrifiait
aux
villes.
Les
villes
?taient
trop
nombreuses
et
mat?riellement
trop
belles.
Il
s y
?leva
trop
de
monuments et
trop
grandioses.
Il
s y
c?l?bra des
f?tes
trop
fr?quentes.
Il
s y
consomma
en
un
gaspillage
effr?n?
[...]
trop
de
capitaux,
de travail
et
m?me
de vies
humaines.? Parmi
les
causes
du d?clin
de
Rome,
A.
Aymard
fait
une
place
capitale
? ?la
n?gligence syst?matique
des
populations
rurales
par
une
politique
d assimilation
qui
cherchait
?
gagner,
?
peu
pr?s
seuls,
les ?l?ments
citadins
ou
susceptibles de s installer dans les villes. Les charges entra?n?es par le caract?re
trop
urbanisateur
et
trop
urbain de
la
civilisation telle
qu on
la
concevait,
ont
?cras?
les
paysans? [ibid.
:
597].
Un
grief
analogue
est
?galement
formul?
dans
l historiographie
germanique
et
anglo-saxonne8.
Or,
les
quatri?me
et
cinqui?me
parties
de l Histoire
de
la
France urbaine
r?dig?es respectivement
par
P. A.
F?vrier,
pour
la
fin de
l Antiquit?
(?Vetera
et
Nova
:
le
poids
du
pass?,
les
germes
de
l avenir,
IIIe-IVe
si?cles?)
et
par
M.
Fixot
pour
le haut
Moyen-Age
(?Une
image
id?ale,
une
r?alit?
difficile
:
les
villes
du
Vile
au
Die
si?cle?)
ne
reprennent
en
rien
cette
vision
pessimiste
du
rapport
entre
ville
et
campagne.
P.
A.
F?vrier
insiste
plut?t
sur
la
continuit? dans les
domaines
?conomique
et culturel, alors que pour lui la nouveaut? est introduite
par
la
nouvelle
religiosit?
dans
la
topographie
urbaine
et
dans
les
rapports
entre
citadins.
La
ville
du
Bas-Empire
reste
un
lieu de
rayonnement
culturel
et
elle
le
demeure
au
haut
Moyen-Age
;
elle
exerce un
contr?le
sur
son
territoire9.
C est
ou
bien
que
la
situation
renti?re
et
parasite
de
la
ville
antique
n a
pas
eu
les
cons?quences
catastrophiques
que
l on
pouvait
craindre
ou
bien
que
le
con
cept
de ville
de consommation
ne
peut
?tre
attribu?
?
la
ville
antique.
Il
me
semble
que
les
critiques
formul?es
contre
le ?modernisme?
de
M.
Rostovzeff
ne
justifient
pas
un
retour
brutal
?
ses
pr?d?cesseurs
en
faisant
table
rase
de
plus
d un demi-si?cle
de discussion.
La
notion
de
ville
de
consom
mation est li?e ? la th?orie
qui
veut
qu il
n y
ait
pas
eu de v?ritable
progr?s
du
revenu
de
l ensemble
de
l Empire,
mais
un
simple
transfert
de
richesses,
des
provinces
vers
Rome,
des
campagnes
vers
les
villes
;
les
empereurs
?
Rome,
les
notables dans les
villes
de
l Empire
auraient
proc?d?
? la destruction de
ces
surplus
sous
forme
de distributions
et
de
constructions
somptuaires
et
cette
autodestruction serait
une
composante
fondamentale de
la
crise
imp?riale.
Que
les
comportements
ostentatoires
entra?nent des
gaspillages,
que
la
richesse
des
villes
ait ?t?
prise
?
tort
pour
le
signe
d une
?l?vation
g?n?rale
du
niveau de
vie
et
que
leur
prosp?rit?
ait
?t?
excessive,
me
para?t
certain. La
ville
entre
dans
un
syst?me
de
pouvoir, pouvoir
de Rome
sur
son
Empire, pouvoir
des notables
sur
les
humiliores.
Mais faut-il
lui
d?nier
toute
utilit?
dans le domaine
?cono
mique
?
Il
n est
pas
certain
que
ce
soit
leurs constructions
fastueuses
et
leurs
pratiques
?parasitaires? qui
aient
entra?n?
le d?clin des
villes.
Les
?glises
des
villes m?di?vales
et
les
palais
des
marchands
italiens de
la
Renaissance
?taient
tout
aussi
peu
productifs.
Je
crois
que
cette
vision
pessimiste
du
r?le de
la
ville
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6/10
VILLE
ANTIQUE,
?VILLE DE CONSOMMATION?
?
279
est
la cons?quence d une prise de
conscience du caract?re
excessif
de la
place
qu on
lui
attribue dans
la
civilisation
antique
;
on
en
vient ?
br?ler
ce
que
l on
a
ador?. Les
notions
de
ville
renti?re
ou
de ville
de
consommation,
bien
que
moins
p?joratives
que
celle
de
cit?
parasite,
me
paraissent
occulter le
r?le
organisateur
de la
ville
par
la
passivit?
qu elles
impliquent.
Certes la ville
vivait
de
la
rente
fonci?re,
mais,
comme
le
montre
l organisation
de
la
campagne
r?v?l?e
par
l arch?ologie
rurale
et
les
?tudes
de
terrain,
dans
une
relation
active
avec
celle-ci10.
D
en
r?sulte
qu on
ne
peut
admettre
sans
contestation la
conclusion
donn?e
par
C.
Goudineau
au
chapitre
intitul?
?Fonction,
soci?t?
et
valeurs?
:
?La
ville
vit du pr?l?vement inflig? au monde rural, qu elle utilise ? son propre profit.
De
services
?conomiques,
elle n assure
qu un
nombre
limit?
:
la collecte
des
denr?es
exportables, peut-?tre
la transformation
et
le
conditionnement de
quelques-unes
d entre elles.
De
sa
fonction
d objets
manufactur?s,
une
part
sort
sans
doute de
ses
limites
(le
paysan
peut
acheter
parfois
une
tunique
ou
de la
vaisselle)
mais
tout
laisse
supposer
qu elle
est
tr?s
faible.?
[1980
:
381]
Ecartons
d embl?e
toute
critique
?
caract?re
pol?mique
:
M.
I.
Finley
[1981 :118]
pr?cise
bien,
d embl?e,
qu il
ne
faut
pas
se
laisser induire
en erreur
par
?les
connotations
du
mot
consommateur?
:
?M?me
Rome,
le
centre de consommation
par
excel
lence,
exigeait
un
nombre incalculable
d artisans
et
de
boutiquiers
pour
assurer
la
production et la circulation intra-urbaine. Dans lamesure o? ils ?taient engag?s
dans la
production
de
menues
marchandises ,
dans la
production
par
des artisans
ind?pendants
de biens vendus
au
d?tail
et
destin?s
?
la
consommation
locale,
ils
ne
rendent
pas
caduque
la
notion
d une
cit?
vue
comme
centre
de
consommation.?
Remarquons
tout
d abord
que
cette
conception
de
la
ville
va
?
l encontre
d un
?conomisme
?videmment
simpliste
mais
toujours
s?duisant
qui
met
par
exemple
en
rapport
la
conqu?te
de
la Gaule
et
une
p?n?tration
?conomique
romaine.
Depuis
longtemps
d?j?,
on
avait
?crit
que
le
ralliement des
cit?s
gauloises
?
Rome
pendant
la crise de
68-70
apr?s
J.-C.
s expliquait
par
l attitude
d une
nouvelle
aristocratie
de
marchands
et
d artisans dont
la
prosp?rit?
d?pendait
de l unit? de
l Empire11.
Une th?orie analogue est maintenant for
mul?e
pour
expliquer
la
conqu?te
par
C?sar
:
dans
les
ann?es
pr?c?dant
la
con
qu?te,
le
commerce
romain
aurait favoris?
l apparition
d artisans-commer?ants
dans
des
bourgs-march?s.
Lors de
la
conqu?te
pr?sent?e
comme
celle
d un
d?bouch?
?conomique
vital,
C?sar
aurait
b?n?fici?
de
l appui
de
la
?zone
du
denier?
et
des
artisans-commer?ants
install?s
dans
les
oppida
contre
une
aristo
cratie
plus
ou
moins
en
conflit
avec
les
habitants
des
oppida, n ayant
aucun
int?r?t
au commerce
avec
Rome
et
formant
le cadre
politique
des
civitates12.
Cette
th?orie
pr?tend
s appuyer
sur
des
donn?es
arch?ologiques
issues
de fouilles
r?centes.
Il
n est
pas
question
de
nier l int?r?t
de celles-ci
:
existence
au
d?but du
premier
si?cle avant
J.-C.
de v?ritables
bourgs
o? travaillent des artisans
qualifi?s,
p?n?tration
de
produits
romains13.
Mais la th?orie
qui s appuie
sur
l interpr?
tation de
ces
donn?es
a
une
toute autre
origine
:
c est
la
transposition
?
la
p?riode
antique
des
id?es
de
H. Pirenne
sur
l origine
des villes
m?di?vales14.
En
cela,
il faut
donc
se
r?jouir
qu avec
l Histoire
de
la
France
urbaine
une
probl?matique
plus
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7/10
280
Ph.
LEVEAU
conforme
aux
id?es actuelles vienne
inspirer
des
arch?ologues
?
la
recherche
d une
explication
de
leurs
d?couvertes.
Dans le
passage
cit?
plus
haut,
o?
il
?carte
la
conception
vulgaire
du
terme
de
?consommation?,
M.
I.
Finley
[1981
:
118-119]
continue
en
proposant
ce
programme
:
?SU
est
vrai
qu elles
?taient
toutes,
en
quelque
mani?re,
des
centres
de
consommation,
l ?tape
suivante
dans
l enqu?te
consiste
alors
?
examiner
les
variations
ou
les ?carts
par
rapport
?
l id?altype
et
? ?tablir
une
typologie
des
villes
antiques.?
Sa
conception
de la
ville
para?t
justifi?e
par
des
travaux
r?cents.
Aussi,
bien
qu il
ait
d?clar?
[ibid.
:
116]
que
?l histoire des
villes
anciennes
indivi
duelles
conduit
?
une
impasse?15,
ne
pourrait-il
qu approuver
la
conclusion
de
L.
Maurin
?
sa
monographie
sur
Saintes qu il oppose ? Bordeaux
:
?Bordeaux
doit ?tre mis
au
m?me
rang que
les
autres
grandes
villes
commer?antes
des
Gaules,
Lyon,
Tr?ves,
Arles
et,
dans
une
moindre
mesure,
Narbonne.
Au contraire
Saintes
est,
sur
ce
point,
sur
le
m?me
plan
que
les
autres
villes
de
l Aquitaine
seconde...
Mediolanum
a
?t?
essentiellement
au
Haut-Empire,
une
m?tropole
politique
et
administrative...?
[1978
:
232-233]
Le
jugement
de
L.
Maurin
est,
on
le
voit,
tr?s
?quilibr?.
M.
Labrousse n en
porte
pas
un
tr?s
diff?rent
sur
Toulouse
antique16.
Or,
dans
un
article r?cent
sur
Ostie
et
la
Gaule
de
l Ouest,
G.
Picard
[1981
:
890]
reproche
? L.
Maurin
d avoir
syst?matiquement
sous-estim?
l activit?
commerciale
et
industrielle de
Saintes
;
pour
lui,
l aristocratie
de
l Ouest
de la
Gaule, de Saintes, Bordeaux et Poitiers, qu il rapproche, unit les profits de la
terre
?
ceux
du
grand
commerce17.
On
pourra
toujours
discuter
chaque
cas
parti
culier
;
il
est
tout
aussi
int?ressant
de
porter
la
discussion
sur
les id?es
g?n?rales
Q id?altype
pour
reprendre
l expression
utilis?e
par
M. I.
Finley).
On
pourra
penser que
G.
Picard
reste
attach?
?
l id?e
d une
primaut?
de l urbanisation
qu il exprimait d?j?
?
propos
de
la
r?sidence
des
notables
africains
[op.
cit.
:
178-179].
Mais
son
appr?ciation
de
la
place
du
commerce
et
de l artisanat
me
para?t
soulever
une
question
essentielle. Les ?tudes r?centes
sur
le
grand
com
merce
et
la
haute
banque
tendent
?
montrer
que
ceux-ci
?taient
contr?l?s
par
la
haute
aristocratie romaine
par
l interm?diaire de
ses
clients
et
affranchis
:
? l exercice des fonctions politiques, ? la gestion de ses terres, elle joignait tout
naturellement les
profits
du
commerce.
Sa fortune
pr?sentait
donc
une
compo
sante
commerciale essentielle mais
peu
voyante
car
exerc?e
?
travers
une
cat?
gorie
sociale
m?pris?e.
Pourquoi
n en
aurait-il
pas
?t? de m?me
pour
l aristocratie
provinciale
?
Nous
retrouvons
donc
ici
les
probl?mes
pos?s
par
l
uvre
de
M. I.
Finley
dont
on
trahirait
l esprit
en
l acceptant
sans
contestation
comme un
nouveau
dogme.
Ne
sous-estime-t-il
pas
l importance
de
l ?conomie
de march?
dans
l Antiquit?
romaine
?
Le
reproche
lui
en a
d?j?
?t?
fait
par
J.
Andreau ?
propos
de
l activit?
financi?re
et
bancaire
;
ce
dernier
a
voulu
montrer
que
les id?es
de
M.
I.
Finley
se rattachaient ? la
pens?e
?conomique
n?o-classique
et ?taient donc
susceptibles
d encourir
les
critiques
adress?es ?
ce
courant
[197J
1129-1152].
Par
ailleurs,
il
importe
de
rappeller
les
implications
du
concept
de
?ville
de
consommation?. Il
pr?sente
un
rapport
ind?niable
avec
celui
de
production
de
consommation
que
l on
opposait,
de
mani?re
classique,
?
production
d ?change.
Cette
notion
a
?t?
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8/10
VILLE
ANTIQUE,
?VILLE
DE
CONSOMMATION?
?
281
justement
critiqu?e
sous
un
de
ses
aspects
parce
qu elle sugg?rait
une
autarcie
qui
n a
probablement
jamais
exist?
dans
aucune
communaut?
primitive.
On
ne
saurait,
bien
entendu,
reprocher
?
M.
I.
Finley
de retenir
cet
aspect
:
il
l ?cart?
aussi
cat?goriquement
que
les
acceptions
vulgaires
du
terme
consommation
[1975
:
168].
Par
contre,
le
second
aspect
du
concept
de
?production
de
consom
mation?
?chappe
?
cette
critique
et reste
fondamental
pour
comprendre
l ?cono
mie
antique
:
dans
la
production
de
consommation,?l ?change
et
la
production
d ?change
tendent ?
satisfaire
les besoins imm?diats de
subsistance,
non
?
pro
curer
un
profit.
[...]
Plus
fondamentale
encore
qu un
certain
type
d ?change
est
la
relation
du
producteur
au
proc?s
de
production.
Non
plus
seulement
une
?production
de
consommation?,
mais
une
production qui
tend
?
prendre
valeur
d usage,
? travers
les
actes
m?mes
d ?change,
et
qui
s oppose
par
l?
?
la
qu?te
de
valeurs
d ?change?
[M.
Sahlins
1976
:
127].
Cette
?circulation
simple?
est
caract?ristique
des
?conomies
paysannes.
On
voit donc
que
l urbanisation
int?gre
les
paysans
dans
un
autre
syst?me
qui
d?bouche
sur
le
profit,
ce
profit justement
consomm?
par
la
ville.
Doit-on admettre
?
et
l on
retrouve l?
une
question
pos?e
plus
haut
:
y
a-t-il
progr?s
ou
simplement
transfert
?
que
la ville romaine
constitue
un
simple
?largissement
de
la
communaut?
paysanne
et
que
l Empire
romain
juxtaposerait
des unit?s int?ress?es seulement
par
la
valeur
d usage
et
non
par
la
valeur
d ?change
?
Une
telle
position
para?t
difficilement admissible.
Certes
politiquement
l autarcie de
la
cit?-?tat
a,
nous
l avons
vu,
constitu?
un
id?al
et
donc
pu
?tre
assign?e
comme
but
? la
communaut?
politique
par
les
id?ologues.
Mais
elle
ne
correspond
plus
aux
r?alit?s
du
temps
[J.-P.
Vernant
1966
:166].
Je
pense
donc
qu il
n ?tait
pas
bon de ressusciter
le
concept
de
?ville
de
consommation?.
Il
pr?sente
certes
un
int?r?t
historiographique
ind?niable.
Il
a
le
m?rite de
rappeler
que
la
ville
antique
comme
la
ville m?di?vale
sont
des
formes
politiques
et
que
les facteurs
politiques
jouent
un
r?le
fondamental dans
son
?mergence
et
dans
son
fonctionnement.
Mais
il
ne
me
para?t
pas
rendre
compte
du
r?le
capital
des
aristocraties
urbaines
dans
l organisation
de la
pro
duction
agricole
ni
dans
celle du
commerce.
Dans
leurs
d?penses ?verg?tiques,
les
notables
municipaux
n utilisaient
pas
seulement les
profits
de
la
terre,
ils
disposaient
aussi
de
sommes
gagn?es
dans
leur
participation
aux
?changes
commerciaux.
Oui,
donc,
? la
?ville
politique?,
non
? la
?ville de consommation?.
NOTES
1.
P.
A.
F?vrier,
M.
Fixot,
C.
Goudineau
et V.
Kmta,
La
ville
antique
des
origines
au
IXe
si?cle,
in G.
Duby,
ed.,
Histoire
de la
France
urbaine,
Paris,
1980.
2.
Voir,
en
particulier,
p.
105
sq.
Cet
aspect
de
l
uvre
de
M. I.
Finley
a
suscit?,
?
ma
connaissance,
peu
de d?bats
?
la diff?rence de
ses
positions
sur
l esclavage
antique (objet
d un
colloque
de
l Istituto
Gramsci
de
Rome,
publi?
dans la
revue
Opus,
1982). J.
Andreau
a
abord? une
question
parall?le
? propos de la
banque
antique
(cf. infra).
3. La
bibliographie
est
assez
abondante.
On
pourra
se
reporter
aux
travaux
de
M.
I.
Finley
pour
les
comportements
des ?lites
sociales,
de
P.
Vidal-Naquet
et
de
J.-P.
Vernant
pour
les
aspects
id?ologiques
de la
question,
et
de
P.
B
riant
[1976
:208]
pour
une
pr?sentation
du
rapport
entre
agriculture
et
civilisation.
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9/10
282
Ph.
LEVE
AU
4.
On trouvera
une
pr?sentation,
une
discussion
et
une
bibliographie
compl?te
portant
sur
cet aspect de l
uvre
de
M.
Rostovzeff dans l ouvrage de
M.
Mazza [1973
:
79-91
et
notes:
539-543].
5.
L opposition ville/campagne
est
d?crite de la
mani?re
suivante
:
?La
division du travail
?
l int?rieur
d une nation entra?ne
d abord la
s?paration
du
travail
industriel
et
commercial,
d une
part,
et
du
travail
agricole,
d autre
part
;
et,
de
ce
fait,
la
s?paration
de la ville
et
de
la
campagne
et
l opposition
de
leurs
int?r?ts.? Plus
loin,
Marx
et
Engels
?voquent
le
rapport
entre
formes
de
propri?t?
et
division du travail.
Avec
le
d?veloppement
de
la
propri?t?
priv?e
immobili?re,
?la division
du
travail
est
plus
pouss?e.
Nous
trouvons
d?j?
l opposition
entre
la
ville
et
la
campagne
et
plus
tard
l opposition
entre
?tats
qui
repr?sentent
l int?r?t
des
villes
et
ceux
qui
repr?sentent
l int?r?t des
campagnes,
et
nous
trouvons
?
l int?rieur
des
villes
elles-m?mes,
l opposition
entre
le
commerce
maritime
et
l industrie.
Les
rapports
de
classe
entre
citoyens
et
esclaves
ont atteint leur
complet d?veloppement?
[l977
:
45
et
46],
propositions reprises dans Le Capital [1976, t. 1 :256]. Ce sch?ma a ?t? justement critiqu?,
ce
qui
n exclut
?videmment
pas
le
fait
que
certaines activit?s
artisanales
soient
sp?cifique
ment
urbaines,
comme
par
exemple
dans le
textile
le travail des foulons
et
des teinturiers
[E.Wipszyckal965].
6.
Ainsi
E.
M.
Staerman,
dans
un
article
sur
?La
composition ethnique
et
sociale des
troupes
romaines
sur
le
Danube?
a
cherch?
?
montrer
?qu au
Ille
si?cle,
l arm?e
danubienne
ne se
recrutait
plus
dans
les villes
comme au
Ile
si?cle,
mais dans les
campagnes.
Le
lien
entre
l arm?e
et
la
population
rurale libre
se
trouvait
renforc?
du
fait
que
les soldats avaient
la
possibilit?
de cultiver
des
terres
sur
le
territoire
de leur
cantonnement.
Lors des troubles
du
Ille
si?cle,
les
l?gions
auraient servi de
porte-parole
aux
petits
agriculteurs
qui
souhaitaient
un
pouvoir politique
fort
contre
les
entreprises
des
grands
propri?taires
fonciers?
[M.
Raskolnikoff 1975
:188-189].
7. Cf. M. I. Finley [1975], S. Mazzarino [1973 :142 sq.]et M. Mazza [1973 :518, n.
214].
P.
Veyne
a
jou?
?galement
un
r?le dans la
r?surgence
de
ce
courant
[l978
:104-106}
Die
Agrarverhaltnisse
der
Altertum
vient
d ?tre traduit
en
italien
avec
une
pr?face
de
A.
Momigliano
[M.
Weber
1981
].
8. Cf.
U.
Kahrstaedt
[1958
:
255-256].
La
notion
de
parasitisme
urbain
est
?galement
utilis?e
par
L.
Munford
?
propos
de
Rome
[l964
:
309].
Sur
les
conceptions
de
L.
Munford,
cf.
F.
Choay
[1970
:
1145-1146].
La
notion
est
employ?e
par
M.
I.
Finley
?
propos
de Rome
?vivant
de
dons,
de
rentes,
d imp?ts,
de
tributs?
[1975
:
167].
Dans le
chapitre
?Town and
Country?
de
sa
r?cente
Roman
Britain,
P.
Salway
oppose
la
conception
de
Collingwood
pour
qui
la
ville
romano-britannique
occupe
une
fonction
parasitaire
et
J.
S.
Wacher
d apr?s
qui
elle r?alise
la fusion
entre
le
monde
classique
et
la soci?t?
celtique
[1981
:573].
9.
P.
A. F?vrier
[pp.
cit.
:
476]
:
?Si la ville
demeurait
le lieu du
pr?l?vement
et
le
lieu
de convergence des denr?es rurales, elle ?tait aussi un lieu d ?change, voire de production.?
10.J ai
trait?
de
cette
question
dans
?La
ville
antique
et
l organisation
de
l espace
rural
:
villa,
ville,
village?,
?
para?tre
dans
les
Annales
ESC.
ll.J. J.
Hatt
[1959
:
155]
:
?La d?cision
de
l assembl?e
de
Reims
est le
triomphe
de la
nouveDe
aristocratie
municipale,
issue
des
artisans
et
des
commer?ants,
qui
a
remplac?
les
anciens chevaliers
de
la
guerre
des
Gaules
et
qui
tient
?
la
paix
parce
que
sa
fortune
repose
sur
la
prosp?rit?
?conomique
dont elle
est
la
condition
indispensable.?
12.Cf.
A.
Duval
[1982].
J avais
entendu
parler
de
cet
article
par
une
?mission
de
France
Culture.
13.C est
le
cas
d Al??a
par
exemple
d apr?s
M.
Mangin
[1981
:
393]
:
?Le
gros
vicus
ou
la
ville
qui
devient
Al?sia
au
second
si?cle
est
un
exemple
caract?ristique
de la
gen?se
de
ce
type
d agglom?ration
o?
l habitat
et
l activit?
artisanale
sont ?
l origine
du
groupement
urbain,
au c ur d une
r?gion
o? existe une
importante
population
rurale
qui
vit en sym
biose
avec
lui.?
14.C est
l?
un
exemple
caract?ristique
de ?faits indiscutables?
expliqu?s
par
une
th?orie
contestable
qu ils
viennent
ainsi
renforcer.
J.
Andreau
a
donn?
un
bel
exemple
de
ce
type
de
d?marche
dans
?Le tremblement
de
terre de
Pompei?
o?
il
montre comment Maiuri
a
attribu?
?
une
r?volution
socio-?conomique
un
ph?nom?ne
urbanistique
r?sultant
d une
catastrophe
[1973:369
sq.\
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8/18/2019 8 - (COMPLEMENTARIA) Leveau - La Ville Antique Ville de Consommation Parasitisme Social Et Économie Antique
10/10
VILLE
ANTIQUE,
?VILLE DE
CONSOMMATION?
?
283
15.Une
telle
proposition
est excessive
et
doit ?tre
comprise
comme une
r?action
contre
les
tenants
d une
histoire
(ou
d une
arch?ologie)
exclusivement
descriptive. Rappelons
la
r?flexion
humoristique
faite
par
M.
Sahlins
?
propos
du
dialogue
de
sourds
entre
des
anthro
pologues
refusant
de
comparer
des
soci?t?s
avant
de
les
avoir
comprises
et
d autres
ne conce
vant
pas
qu on puisse
les
comprendre
sans
les
avoir
compar?es
:
?Malencontreuse
conjonction
de v?rit?s
qui
laisse,
semble-t-il,
l anthropologue
dans la
position
de
cet
ing?nieur
des che
mins
de fer de
l ?tat
du
Connecticut o?
(me
suis-je
laiss?
dire)
une
loi,
d?ment
couch?e
sur
les
registres,
fait
obligation
?
deux
trains
qui
se
d?placent
en
sens
inverse le
long
de rails
parall?les,
de
s arr?ter
compl?tement
lorsqu ils
se
croisent,
aucun
des deux n ?tant autoris?
?
repartir
avant
que
l autre
n ait
disparu
de
l horizon
[l976 :117-118].
16.Cf.
M.
Labrousse
[1968
:
502]
:
?Ce
qui
fit, semble-t-il,
sous
l Empire,
la fortune
continue
de
Toulouse,
ce ne
furent
ni
son
commerce,
ni
son
artisanat,
mais les
exception
nelles
ressources
agricoles qu elle
avait
pu,
de
tout
temps,
tirer de
son
terroir
et
la chance
nouvelle
que
lui valut la
r?putation
de ses ?coles.?
17.
G.
Picard
met
en
parall?le
l ?volution
d une
partie
de
l aristocratie de la Gaule
de
l Ouest
avec
la
reconstitution de
l ?volution
de l aristocratie des Trois
Gaules
propos?e
par
J.
F.
Drinkwater
?
partir
de
recherches
portant
essentiellement
sur
la vall?e
du
Rh?ne
:
il
y
aurait
eu
association
entre
les
principaux
marchands
et
les
plus
importants
aristocrates
des
cit?s,
les marchands devenant
propri?taires
fonciers
et
r?ciproquement
|j.
F.
Drinkwater
1978
:
817-850].
Une
r?ponse
de Christian Goudineau
Ph.
Leveau
m a
demand?
de
lui
r?pondre.
Je
m ex?cute
tr?s
volontiers
pour
plusieurs
raisons.
D abord,
je
suis ravi de l honneur
inattendu
qui
est
ainsi
fait
au
tome
1
de l Histoire
de la
France
urbaine
et,
plus sp?cialement,
aux
pages que
j y
ai
?crites.
Ensuite,
parce
que
je
trouve cet
article
stimulant,
propice
?
une
discussion
autre
que
superficielle.
Enfin,
parce que,
comme
Ph.
Leveau,
je
suis
convaincu
que
quiconque
tente
de faire
(m?me
dans
un
ouvrage
de
vulgarisation)
uvre
d historien
ne
peut,
ne
doit
se
d?rober
aux
probl?mes
de
conceptualisation.
La
seule
r?serve
que
je
mettrai
en
avant
d?s le
d?part,
c est celle-ci
:
je
ne
suis
pas
naturellement
port?
? la
g?n?ralisation
?tous
azimuts?
;
je
ne
crois
pas
(sans
en
?tre
s?r)
qu on puisse parler
des
villes
africaines
comme
de
celles de la
Gaule
romaine,
je
n aime
pas
trop
m?ler
les
affaires du Ve
si?cle
avant
J.-C.
avec
celles
du IVe
si?cle
apr?s
J.-C.
(manie
contract?e
en
tentant
de
distinguer
avec
pr?ci
sion
des
couches
stratigraphiques
?).
Je
concentrerai donc
l illustration
du
d?bat
sur
ce
que
je
connais
un
peu
:
la
Gaule
du
Haut-Empire.
Reprenons
la
d?monstration de
Ph.
Leveau.
Le d?bat
porte
sur
les
relations
villes/campagnes.
Ce
que j ai
?crit
constitue
?un
glissement
du
concept
de
ville
politique
? celui de
ville de consommation?
(p.
275), glissement
qui
s inscrit
dans
le
prolongement
de
la
d?marche
plus
nuanc?e
de
W.
Sombart,
de
M.
Weber
et,
plus
r?cemment,
de
M.
I.
Finley.
Or,
ce
glissement
est
contestable,
condamnable
pour
deux raisons
essentielles
: en
premier
lieu
il
ne
rend
pas
compte
du
cours
des