923 - Éditions du patrimoine · ces couleurs encore vives et saturées là où elles n’ont pas...
TRANSCRIPT
désigne évidemment les commanditaires et doit être mise en
relation avec les autres témoignages héraldiques du couple formé
par Louis d’Anjou et Marie de Blois. La présence des chiffres et
monogrammes rappelle également tout le poids symbolique de
la lettre dans la pensée de la fi n du Moyen Âge. Mais ces signes
héraldiques et emblématiques évoquent aussi la beata stirps, l’es-
sence sacrée des Anjou-Penthièvre, issus de Saint Louis et de saint
Charles de Blois, en même temps que la mission eschatologique
du prince dont la force armée doit garantir la justice et le salut
de ses sujets au jour du Jugement.
LA M ISE EN SIGNE DE LA TENTUR E
Véritable bande illustrée, la tenture de l’Apocalypse ne se contente
pas d’énoncer en images les visions de l’apôtre consignées dans
l’Écriture. Comme toute l’iconographie de son temps, cette ten-
ture est saturée de symboles, d’attributs et d’allusions plus ou
moins aisément accessibles. Un certain nombre de ces fi gures
n’apparaît d’ailleurs pas dans le récit de saint Jean mais relève
de la volonté du concepteur, responsable des cartons, ou de celle
du commanditaire. Parmi ces ajouts, on peut citer les fi gures des
Monument de l’automne du Moyen Âge, la tenture de l’Apo-
calypse fait depuis longtemps l’objet d’études approfondies et
détaillées de spécialistes, et les éléments emblématiques qu’elle
renferme ont donné lieu à une littérature abondante et érudite 1.
Replacer ces différents signes dans leur contexte spécifi que per-
met de prolonger cette réfl exion et d’en saisir la portée et le sens.
Car la tenture de l’Apocalypse d’Angers, en plus d’être un excep-
tionnel témoin de la commande princière de la fi n du xiv e siècle,
admirablement documenté, offre encore d’inestimables informa-
tions dans le domaine de l’emblématique, c’est-à-dire l’ensemble
des signes qui servent à identifi er un individu au Moyen Âge. Ce
monument compte par exemple parmi les rares témoignages de
l’éphémère ordre de la Croix fondé par Louis I er d’Anjou, une com-
pagnie de fi dèles attachée au duc, caractéristique de ces sociétés
chevaleresques du tournant du xiv e siècle et des pratiques emblé-
matiques des princes de ce temps. La mise en scène de l’héral-
dique princière sur ces pièces, assumée par un cortège angélique,
« lecteurs » qui introduisent chacune des six pièces, la bordure
supérieure fi gurant l’espace céleste et la cour des anges, le tapis
de fl eurs inférieur, et enfi n les éléments héraldiques et embléma-
tiques insérés dans ces décors et dans certaines scènes. Pour en
proposer l’analyse et apprécier les informations objectives que
livrent ces emblèmes, il convient d’abord d’en défi nir la nature
et de préciser leurs positions dans la tenture.
L’emblématique à la fi n du Moyen Âge. À l’époque où s’amorce
ce chef-d’œuvre, l’emblématique des princes connaît un important
renouvellement et devient, plus que jamais, un outil essentiel de
leur représentation. Elle se compose de différents types de fi gures
qui se retrouvent presque tous dans la tenture : les armoiries, com-
plétées de leurs supports, couronnes ou cimiers ; les devises associées
à des mots, des couleurs et des lettres ; et enfi n les portraits dont
Michel Pastoureau a souligné la valeur proprement emblématique 2.
Les armoiries. Le principal emblème de ces princes est, depuis près
de trois siècles déjà, le signe héraldique qualifi é d’armes ou d’ar-
moiries. Inscrites dans un cadre, le plus souvent un écu, les armoi-
ries sont fi gurées selon les règles précises du blason qui régissent
PRÉSENCES EMBLÉMATIQUES DANS LA TENTURE DE L’APOCALYPSE
LAU R ENT HAB LOT
1 Mérindol, 1983 ; Vaivre, 1983 ; Vaivre, 1984 ; Gaborit-Chopin, 1985 ; Mérindol, 1987 1 ; Mérindol, 1987 2 ; Mérindol, 1987 3 ; Vaivre, 1989. 2 Pastoureau, 1988 ; Olariu, 2009 ; Hablot, 2015 2.
1 Tableau 23 : Quatrième trompette :
l’aigle de malheur (détail).
27
Apo_5.3.indd 27 17/08/15 16:10
déjà exprimée sur la tenture dans un possible portrait du saint
duc que je propose de reconnaître dans l’élu en tenue de cour
fi guré en bas à gauche de la scène 16 de la deuxième pièce (La foule
des élus) [fi g. 10]. Le magnifi que pourpoint de ce martyr portant la
palme des élus – le seul fi guré de profi l ! – ne pourrait-il faire allu-
sion à la célèbre relique du pourpoint de Charles de Blois, vénérée
alors au couvent des Carmes d’Angers et aujourd’hui conservée
au musée historique des Tissus de Lyon (fi g. 11) 57 ?
Y, le bivium, Johannes ou Yesus ? En 1983 Jean-Bernard de Vaivre a
su proposer une explication convaincante et érudite pour justifi er
la présence de la lettre Y à trois reprises sur la tenture d’Angers.
Cette lettre n’a pas ici fonction de monogramme, comme on l’a
pensé un temps 58, mais bien de chiffre, c’est-à-dire de code sym-
bolique. Elle est prise pour sa valeur allégorique et non pour sa
fonction d’initiale. En cette fi n du xiv e siècle en effet, la lecture
symbolique antique du Y ou « lettre de Pythagore » – le choix entre
le bien et le mal – est connue et fréquemment invoquée, y com-
pris dans l’emblématique. Le choix de cette lettre est donc non
seulement un projet de vie, mais également le refl et de la culture
de ce prince Valois et de son entourage. Cette lecture symbolique
coïncide peut-être avec les enjeux des scènes dans lesquelles entre
ce motif : à la première pièce, la scène de l’Agneau égorgé derrière
les vieillards ; à la cinquième pièce sur la scène de la grande pros-
tituée. Ces tableaux correspondent effectivement à des choix de
vie, le bien ultime dans la rédemption et suprême vertu pour l’un,
l’incarnation du mal et des vices pour l’autre. C’est l’une des rares
occasions, avec la scène suivante (La grande prostituée sur les eaux) 59
où, apparemment tenté, Jean sort de sa guérite, repoussé ou tiré
par l’ange. Admettons toutefois que d’autres scènes auraient pu
justifi er la présence de ce symbole et que cette lecture du combat
des vices et des vertus explique diffi cilement sa présence sur le
dais, derrière le premier lecteur, sauf à signifi er que l’audition
de ce récit devra conduire au juste choix. Dans ce décor, le Y
57 Blanc, 1997, p. 64-82. Voir aussi la notice complète sur la base Joconde, portail des collections des musées de France. 58 Une première piste avait voulu y voir le Y de Yolande d’Aragon, l’épouse de Louis II. René Planchenault, « Les Y de la tapisserie d’Angers », Mémoires de la Société nationale des antiquaires de France, t. LXXXI (9 e série, t. I), 1951, p. 241-256. 59 Il en sort encore, à la fi n du récit, pour mesurer la Jérusalem céleste et contempler le fl euve jaillissant du trône de Dieu (6 e pièce, scènes 81 et 82).
12 Gisant d’Édouard III d’Angleterre,
Londres, abbaye de Westminster.
13 Tableau 24 : Cinquième trompette :
les sauterelles (détail).
14 Tableau 26 : Les myriades de cavaliers (détail).
15 Monnaie du Prince Noir pour l’Aquitaine, Paris, CGB.
36
Apo_5.3.indd 36 17/08/15 16:13
le Verbe de Dieu dans la sixième pièce (tableau 73), en compagnie
de leurs cavaliers. Cette probable allusion aux événements mili-
taires contemporains, notamment les chevauchées dévastatrices
du Prince Noir († 1376) 62, est confi rmée par la plume d’autruche
qui surmonte le casque à vantail du premier cavalier du tableau 26
(fi g. 16). Ce cimier semble une claire évocation de la devise de la
plume partagée par Édouard III et son fi ls le prince de Galles
(fi g. 15) 63. En outre on peut se demander si le chapeau rouge du
cavalier à l’arrière-plan ne renvoie pas lui aussi au cimier royal : un
chapeau rouge, parfois coiffé d’un léopard (fi g. 16 et 17).
Ce déploiement emblématique est donc porteur de sens pour les
concepteurs et les lecteurs de la tenture. Dans quelle mesure pour-
tant son exposition sur l’objet donne-t-elle sens à la fonction que
lui assigne Louis I er d’Anjou ?
OR DR E ET DÉSOR DR E DES COULEURS
Le vocabulaire ornemental du style gothique fl amboyant et la pen-
sée symbolique et emblématique de la fi n du Moyen Âge accordent
une place essentielle à la couleur. En dépit des tons fanés de l’avers
exposé aujourd’hui, il est naturellement impossible d’ignorer la
dimension chromatique de la tenture dont la mise en valeur du
revers 64 a permis de souligner l’éclat originel. Ces couleurs encore
vives et saturées là où elles n’ont pas été ternies par la lumière natu-
relle, obtenues à l’aide de colorants d’excellente qualité (gaude
pour les jaunes, guède pour les bleus, garance pour les rouges) et
conservées au moyen de fi xatifs non moins effi caces, témoignent,
elles aussi, de l’incomparable qualité de l’œuvre et de la puissance
fi nancière de son commanditaire 65. Pour saisir la dimension orne-
mentale et discursive de cette tenture éclatante de couleurs, il est
nécessaire de la replacer dans le cadre probable de son exposition,
un lieu de culte et de pouvoir où elle fait écho à d’autres supports
chatoyants et narratifs tels que des vitraux historiés, de la sculp-
ture et du mobilier peints, des pavements colorés, des vêtements
brodés de couleurs multiples, de l’orfèvrerie émaillée. Tel est l’uni-
vers dans lequel se met en scène le pouvoir princier de cette fi n
du Moyen Âge et qu’illustre brillamment le si célèbre banquet du
mois de janvier des Très Riches Heures de Jean de Berry (fi g. 18) où le
réel et l’irréel, le matériel et le vivant se confondent dans un même
scintillement chromatique qui contribue à leur interférence, où les
personnages réels se mêlent aux héros de tapisserie. Cette capacité
est pointé trois fois quand il n’est accentué qu’une fois sur les
autres fi gurations : hasard ou détail signifi ant ? Ne pourrait-il
signifi er Yesus comme il le fera quelques années plus tard sur
la tavoletta de saint Bernardin de Sienne ? Jésus au nom de qui
parle le disciple, que fi gure l’Agneau et qui pardonne à la prosti-
tuée. Mais ce Y peut aussi bien signifi er Yerusalem, la ville sainte
dont les rois vénérables ont reconnu l’Agneau, le contrepoint
de Babylone la prostituée. En replaçant enfi n cette lettre dans
son environnement emblématique, il est encore possible de rap-
peler sa fréquente apparition dans l’emblématique des princes
prénommés Jean, Yohannes, à commencer par Jean le Bon ou
Jean I er d’Avis, le nouveau roi de Portugal, qui fait fi gurer le Y
couronné sur ses monnaies 60. Louis d’Anjou n’a-t-il pas voulu
évoquer saint Jean autant que Pythagore, Jésus et Jérusalem en
adoptant cet emblème ?
Les emblèmes de l’Autre ? L’emblématique mise en scène dans
la tenture est majoritairement celle du commanditaire Louis
d’Anjou. Mais une lecture attentive permet encore de découvrir,
habilement dissimulée dans l’illustration de la tenture, à côté des
symboles de l’Ennemi diabolique, l’emblématique de l’ennemi
politique. En effet, dans la scène des sauterelles (2 e pièce, tableau 24),
il est probable, comme cela a déjà été avancé 61, que le roi cavalier
évoque Édouard III d’Angleterre. Son profi l, assez fi dèle à ce que
l’on en connaît, se trouve d’ailleurs répété sur les chevaux mons-
trueux et cuirassés, sans doute pour fi gurer les rois d’Angleterre
précédents (fi g. 12 et 13). Le thème de l’image se prête bien à cette
allusion politique et l’ajout, dans le dos du roi, d’ailes de dragon,
fi gure qui appartient à l’emblématique du roi d’Angleterre, vient
conforter cette identifi cation. Mais l’évocation des ennemis anglais
est plus convaincante encore dans la scène des myriades de cavaliers
(2 e pièce, tableau 26). Les montures monstrueuses des cavaliers ren-
voient clairement aux trois léopards des armes d’Angleterre (fi g. 14).
On les retrouve plus loin dans la Bête de la mer (3 e pièce, scène 40)
et la Bête de la terre, dans les scènes suivantes, puis chassées par
60 Voir, sur la base Devise, Jean I er de Portugal. 61 Voir Muel et alii, 1996, p. 36-37. 62 Par exemple le sac de Limoges en août 1370, dont le beau-frère de Louis d’Anjou, Jean de Penthièvre, est alors vicomte. 63 Sur cette devise, voir Nicolas, 1846, p. 350-384, et Siddons, 2009, p. 178-190. 64 Voir notamment Muel et alii, 1996. 65 Sur ces questions de relations technique et symbolique de la couleur au Moyen Âge, voir Pastoureau, 1997.
16 Tableau 26 : Les myriades de cavaliers (détail).
17 Armorial Gelbre, Bruxelles, Bibliothèque royale de Belgique
(ms. 15652, fol. 56 v o).
37
Apo_5.3.indd 37 17/08/15 16:13
qu’elle constitue en Arles, elle forme une sorte de lieu clos, hors du
temps et de l’espace, avec son propre sol (les bandes herbeuses du
bas de la tenture) et son ciel qui fi nissait par se confondre avec celui
de notre monde. Mais on ne sait si c’est cette vision, enveloppante
et idéale, qui, au cours de son histoire, fut le plus fréquemment
favorisée lors de l’exposition de la tapisserie.
Pièce de prestige, la tenture de l’Apocalypse n’était vraisembla-
blement pas réservée à un usage liturgique, même si elle pouvait
être tendue dans un édifi ce religieux. Ainsi, un manuscrit révèle
qu’elle a été exposée dans la cathédrale d’Angers en 1404, de Noël
à l’Épiphanie 1. Certes, il n’existe pas de rapport direct entre les
fêtes au cours desquelles on l’expose et le sujet de la tenture : c’est
une constante au cours du temps, qui marque la dimension presti-
gieuse de l’œuvre, embellissement avant d’être objet de catéchèse.
Il est donc très probable qu’au xv e siècle, lorsqu’elle appartient
aux ducs d’Anjou, son usage est profane. Aurait-elle pu être la
pièce maîtresse d’un trésor destiné à magnifi er l’ordre de la Croix,
fondé par Louis I er d’Anjou ?
Cependant, si nous voulions imaginer la tenture présentée dans
un édifi ce, il faut savoir qu’au xiv e siècle le duc d’Anjou ne dis-
posait pas d’une salle de taille suffi sante pour l’exposer dans son
entier. Il semble d’ailleurs qu’il ne songea pas même à en faire
édifi er une. La salle comtale du château d’Angers comme celle
dite des halles, toutes deux longues d’une quarantaine de mètres,
Les dimensions impressionnantes de la tenture de l’Apocalypse
ont toujours été un obstacle à son appréhension. Aussi la première
diffi culté qui se pose est-elle la suivante : comment doit-elle être
présentée ? Au cours des temps, son mode d’exposition a évolué
de façon importante, posant constamment la question du rapport
entre la tapisserie et l’architecture.
COM M ENT MONTR ER LA TAPISSER I E ?
La première présentation de la tenture, telle que la mentionnent
les archives, joue un rôle capital dans la manière dont nous l’ap-
préhendons : elle est suspendue autour de la cour de l’archevêché
d’Arles, pour le mariage de Louis II d’Anjou et de Yolande d’Aragon
en 1400. Il s’agit bien d’une tenture utilisée lors d’importantes
festivités : elle n’est visible que durant une période limitée et ordi-
nairement conservée dans des coffres ou armoires. Dans le décor
ne permettaient qu’une présentation partielle 2. Leur hauteur, à
peine suffi sante, supposerait que la tapisserie touchait le sol, et
que sa partie supérieure devait être suspendue à la charpente
elle-même. Si cette disposition a jamais existé, elle n’a pu être
qu’éphémère. Aussi il est probable que, dès l’origine, la tenture
n’était pas exposée en totalité, si ce n’est occasionnellement et
à l’extérieur.
En 1474, le roi René, petit-fi ls de Louis I er d’Anjou, rédige son tes-
tament par lequel il destine la tenture à la fabrique 3 de la cathé-
drale d’Angers. Il la conserve cependant jusqu’à sa mort, bien
qu’elle ne l’accompagne pas dans son ultime séjour provençal :
durant ce temps, elle est déposée dans son château de Baugé, en
Anjou. À partir de 1480, date du décès du roi René, nous disposons
d’un peu plus de renseignements. La tenture était suspendue
chaque année dans la nef et le transept en quatre occasions : la
fête de saint Maurice, Noël, Pâques et la Pentecôte. Cette dispo-
sition empêchait d’en avoir une vision générale. Mais, en 1699,
le jubé fi t place à une grille de chœur : les deux pièces précédem-
ment installées dans le transept prirent alors place dans le chœur 4
tandis que les quatre autres étaient présentées dans la nef : pour
la première fois depuis plus de deux siècles, la continuité de la
tenture était respectée. Elle enveloppait alors les piliers, formant
une ondulation gênant sans doute la lecture, mais faisant ressor-
tir les couleurs au gré des éclairages changeants.
LA TENTURE DE L’APOCALYPSE ET
SA PRÉSENTATION AU COURS DU TEMPS
ÉTI EN N E VACQU ET
1 Mention découverte par Marc-Édouard Gautier, qui l’a portée à notre connaissance. Qu’il en soit chaleureusement remercié. 2 Le mur ouest de la salle comtale du château était aveugle, mais une cheminée en rompait le linéaire : une seule pièce aurait pu y être suspendue ; le mur est était percé de cinq baies qu’il aurait ainsi fallu en grande partie occulter par la suspension au maximum de deux pièces, à condition que l’une d’entre elles fasse un retour perpendiculaire sur le pignon nord. Le cas devait être assez proche pour la salle des halles. 3 Instituée dès 1209, la fabrique gérait la cathédrale d’Angers. 4 La tenture offerte par Charles VII en 1428 et suspen-due dans le chœur depuis ce temps fut ainsi exposée dans le transept à partir de 1699.
1 Présentation actuelle
de la tenture de l’Apocalypse, 2015.
61
Apo_5.3.indd 61 17/08/15 16:14
187
XIV
1 Je reg
ardai en
core,
et je vis l’Ag
neau
d
ebo
ut su
r la m
on
tagn
e de Sio
n,
et avec lui cen
t q
uaran
te-qu
atrem
ille qu
i avaient
son
no
m et le n
om
d
e son
Père écrit
sur le fro
nt.
47
L’Agneau sur la
montagne de Sion
Op
po
sé à l’app
arition
ho
rrible d
es Bêtes q
ui
étend
ent leu
r jou
g servile su
r les ho
mm
es, voici
l’Ag
neau
deb
ou
t sur la m
on
tagn
e de Sio
n, fi g
ure
du
Ch
rist agissan
t par so
n É
glise p
ou
r affranch
ir d
u p
éché u
ne m
ultitu
de sym
bo
liqu
emen
t exp
ri-m
ée par les cen
t qu
arante-q
uatre m
ille. Ceu
x-ci
con
servent le sceau
du
rachat d
ivin im
prim
é sur
leur âm
e à leur b
aptêm
e. Le p
arallèle avec les ver-sets p
récéden
ts est éviden
t. Les u
ns so
nt m
arqu
és d
u sig
ne d
u C
hrist, les au
tres du
sign
e de la B
ête.D
ans ce tab
leau, la m
ultitu
de est réd
uite à n
euf
perso
nn
ages d
on
t seules so
nt visib
les les têtes, au
fron
t marq
ué d
u sceau
en fo
rme d
e tau g
rec repré-
sentan
t la croix
sur laq
uelle le C
hrist a o
ffert son
sacrifi ce p
our le salu
t des h
omm
es. Ici fi gu
rent d
éjà, p
ar anticip
ation
sur le verset 3, les vin
gt-q
uatre
vieillards, les q
uatre A
nim
aux
et des an
ges m
usi-
ciens (les «
jou
eurs d
e harp
e » du
verset 2).
TABLEAUX DISPARUS
Illustrés par le manuscrit latin 14410 de la Bibliothèque nationale de France, intitulé Apocalypsis cum fi guris.
251
première pièce
1
Saint Jean dans l’île de Patmos
Tous les manuscrits les plus proches de la tenture,
ceux du cycle apocalyptique appelé anglo-français,
illustrent les versets i, 9 et 10 par une représenta-
tion de saint Jean sur l’île de Patmos où il était exilé
lors de ses visions1. De nombreux indices matériels
témoignent qu’un tableau, dont aucune trace n’ap-
paraît dans les documents du xix e siècle, existait
entre le Lecteur précédent et le tableau suivant
(2, Les sept Églises)2.
1 Voir annexe « Concordances iconographiques », p. 260-261.
2 Erlande-Brandenburg, 1987, p. 94.
I
1 La révélation de
Jésus-Christ, que Dieu
lui a donnée pour découvrir
à ses serviteurs les choses
qui doivent arriver bientôt ;
et il l’a fait connaître,
en envoyant son ange
à Jean son serviteur
2 qui a rendu témoignage à
la parole de Dieu, et de tout
ce qu’il a vu de Jésus-Christ.
3 Heureux celui qui lit et
écoute les paroles de cette
prophétie, et garde les
choses qui y sont écrites,
car le temps est proche.
4 Jean aux sept églises qui
sont en Asie : la grâce et
la paix soit avec vous, de
la part de celui qui est, qui
était, et qui doit venir ; et
de la part des sept Esprits
qui sont devant son trône
5 et de la part de Jésus-Christ,
qui est le témoin fi dèle,
le premier-né d’entre les
morts et le prince des rois
de la terre ; qui nous a
aimés et nous a lavés de nos
péchés dans son sang
6 et nous a faits le royaume
et les sacrifi cateurs de Dieu
son Père ; à lui soit la gloire
et l’empire dans les siècles
des siècles. Amen.
7 Il viendra sur les nuées ;
et tout œil le verra, et même
ceux qui l’ont percé.
Et toutes les tribus de la terre
se frapperont la poitrine
en le voyant. Certainement.
Amen.
8 « Je suis l’Alpha et l’Oméga,
le commencement et la fi n »,
dit le Seigneur Dieu, qui
est, qui était, et qui doit
venir, le Tout-Puissant.
9 Moi Jean, votre frère,
qui ai part à la tribulation,
et au règne, et à la patience
de Jésus-Christ, j’ai été
dans l’île nommée Patmos,
pour la parole de Dieu
et pour le témoignage
que j’ai rendu à Jésus.
10 Un jour de dimanche
je fus ravi en esprit, et
j’entendis derrière moi
une voix éclatante comme
une trompette.
1 (fol. 1)