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1 A Manille, le 28 avril 2017 Chers amis, chers sponsors, Nous y voilà déjà, à la moitié de mission, et même un peu plus (les 2/3 pour être exacte)! Le temps passe décidément très (trop ?) vite. En même temps, pour être honnête, la France commence à me manquer, surtout lorsque je vois arriver les beaux jours. Ici, à l’heure où je prends le temps de rédiger cette deuxième newsletter, il fait 35°C et je remercie au passage l’inventeur du ventilateur. Aux Philippines, l’été s’est bel et bien installé nous assommant sans pitié de sa chaleur écrasante. En effet, aux Philippines, le mois d’avril est annoncé comme étant le plus chaud. D’où le fait que les jeunes soient en vacances d’été. Et qui dit vacances d’été, dit camps de vacances. C’est donc mon activité principale pendant ces deux mois : des animations de camps avec mes différents programmes. Un moment qui j’attendais avec impatience car il me permet de passer du temps avec les jeunes, dans un cadre autre que celui du pur « travail », qui consiste à visiter leurs familles et s’assurer de leur suivi pour Enfants du Mékong. _______ Ma mission continue donc aussi bien qu’elle a commencé, si ce n’est qu’à présent, je me sens plus à l’aise et intégrée dans le pays ! Je parle quelques mots en tagalog (m’apportant à tous les coups l’admiration des philippins), et me déplace sans stress et avec beaucoup beaucoup de patience à travers les Philippines. Il m’est toujours difficile de devoir récapituler mon aventure en quelques mots. Difficile de prendre conscience que ce qui est à présent mon quotidien est parfaitement inconnu pour mes proches. Difficile également de penser qu’un jour bientôt, il faudra boucler les valises et repartir. Sur ce dernier point, notez que la difficulté ne sera pas seulement émotionnelle, mais aussi matérielle : les philippins me couvrent de cadeaux, de petites attentions, de lettres, que je ne saurais laisser ici ! Au fil des jours, j’apprends à découvrir des personnes incroyables, que je qualifierais sans hésitation de « héros modernes ». Il s’appelle Ricky Boy et est orphelin, mais je ne l’ai jamais vu sans son sourire lorsqu’il m’accueille au programme de l’Eau Vive. Elle s’appelle Kristine Joy et va devenir professeur pour les enfants handicapés. Il s’appelle John Paul et s’occupe tous les samedis des enfants qui, comme lui, ont été trouvés par la fondation « He Cares » alors qu’il fouillait dans les poubelles. Elle s’appelle Dianara, et à 21 ans, elle gère tout le service de soutien aux jeunes dont l’un des parents est en prison. Tous ces jeunes, plus beaux les uns que les autres

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A Manille, le 28 avril 2017

Chers amis, chers sponsors,

Nous y voilà déjà, à la moitié de mission, et même un peu plus (les 2/3 pour être exacte)! Le temps

passe décidément très (trop ?) vite. En même temps, pour être honnête, la France commence à me manquer,

surtout lorsque je vois arriver les beaux jours. Ici, à l’heure où je prends le temps de rédiger cette deuxième

newsletter, il fait 35°C et je remercie au passage l’inventeur du ventilateur. Aux Philippines, l’été s’est bel et

bien installé nous assommant sans pitié de sa chaleur écrasante.

En effet, aux Philippines, le mois d’avril est annoncé comme étant le plus chaud. D’où le fait que les

jeunes soient en vacances d’été. Et qui dit vacances d’été, dit camps de vacances. C’est donc mon activité

principale pendant ces deux mois : des animations de camps avec mes différents programmes. Un moment

qui j’attendais avec impatience car il me permet de passer du temps avec les jeunes, dans un cadre autre que

celui du pur « travail », qui consiste à visiter leurs familles et s’assurer de leur suivi pour Enfants du Mékong.

_______

Ma mission continue donc aussi bien qu’elle a commencé, si ce n’est qu’à présent, je me sens plus à

l’aise et intégrée dans le pays ! Je parle quelques mots en tagalog (m’apportant à tous les coups l’admiration

des philippins), et me déplace sans stress et avec beaucoup beaucoup de patience à travers les Philippines.

Il m’est toujours difficile de devoir récapituler mon aventure en quelques mots. Difficile de prendre conscience

que ce qui est à présent mon quotidien est parfaitement inconnu pour mes proches. Difficile également de

penser qu’un jour bientôt, il faudra boucler les valises et repartir. Sur ce dernier point, notez que la difficulté

ne sera pas seulement émotionnelle, mais aussi matérielle : les philippins me couvrent de cadeaux, de petites

attentions, de lettres, que je ne saurais laisser ici ! Au fil des jours, j’apprends à découvrir des personnes

incroyables, que je qualifierais sans hésitation de « héros modernes ».

Il s’appelle Ricky Boy et est orphelin, mais je ne l’ai jamais vu sans son sourire lorsqu’il m’accueille au

programme de l’Eau Vive. Elle s’appelle Kristine Joy et va devenir professeur pour les enfants handicapés. Il

s’appelle John Paul et s’occupe tous les samedis des enfants qui, comme lui, ont été trouvés par la fondation

« He Cares » alors qu’il fouillait dans les poubelles. Elle s’appelle Dianara, et à 21 ans, elle gère tout le service

de soutien aux jeunes dont l’un des parents est en prison. Tous ces jeunes, plus beaux les uns que les autres

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me l’ont tous dit, ils m’admirent. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est que ce sont eux, ma motivation et mon

inspiration. Un peu cliché certes, mais c’est pourtant la vérité.

Mais les héros ne sont pas tous tout jeunes, nous le savons bien. Elle s’appelle Ate Beng, et malgré son travail,

elle s’occupe de tous les jeunes du programme de Bagong-Silangan avec une incroyable bienveillance. Il

s’appelle Kuya Al et vient parler aux jeunes des valeurs telles que l’amour ou le travail, pendant des heures.

Elle s’appelle Ate Didon, et tous les mois, elle marche plusieurs heures dans la montagne pour visiter tous les

jeunes du programme alors qu’elle-même vis dans une grande pauvreté.

La liste serait encore bien longue, et ils mériteraient tous d’être cités, mais cela vous donne un (tout petit)

aperçu des personnes extraordinaires qui rythment mon quotidien. Ils n’ont rien à m’envier et ont tout à

m’apprendre, mais le plus impressionnant chez eux, c’est leur simplicité ! Cliché numéro 2, mais toujours aussi

vrai que le premier.

Ci-dessus, Kristine Joy, Dianara, Ate Didon et John Paul

Enfin, ajoutons que ma mission ne serait pas ce qu’elle est sans les autres volontaires. J’ai la chance

de vivre cette aventure avec des personnes toutes différentes mais qui sont un vrai soutient pour moi. Nous

pouvons échanger sur nos difficultés, mais surtout sur les moments terriblement drôles et les situations

aberrantes que l’on peut voir aux Philippines. Il faut préciser que la logique des philippins est très très loin de

la nôtre, ce qui parfois, nécessite un vrai travail de patience et de self-control. Le dernier en date ? Il y a

quelques jours, mon bus est parti avec 1h30 de retard car un des billets était perdu. Pas de problème, chacun

est descendu un par un pour montrer qu’il avait bien le siens – pourquoi pas tout simplement demander qui

n’en n’a pas, me demandez-vous ? Et bien pour comprendre la réponse, venez aux Philippines. Il est des choses

que l’on ne peut pas croire sans voir !

Le nouvel an entre volontaires, à Manille Sortie entre filles sur l’île de Mindoro

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Mon mois de février a été enrichi par la visite de ma famille, à qui j’ai pu faire découvrir le pays. Ils

n’ont pas semblé très convaincus par le Halo-Halo (à traduire par mélange/mix), la glace dont tous les

philippins raffolent. Une explosion de saveurs et de couleurs composée de : glace, lait concentré, maïs,

haricots, viande, biscuits et autres substance encore inconnues à l’heure actuelle.

Ce fût pour moi un vrai bonheur de leur montrer mon environnement. Nous avons eu la chance d’effectuer

un trek de deux jours dans les rizières en terrasse de Banaue, souvent définies comme la 8ème merveille du

monde. Ma sœur y aura même planté elle-même quelques pousses. Comme quoi, les Philippines, ça vous

gagne. Le slogan qu’on retrouve d’ailleurs partout ici est « It’s more fun in the Philippines ! ».

_______

Comme vous le voyez, ma mission est riche et variée. Elle est rythmée par des rencontres, par des

discussions, par des paysages et des situations inédites.

J’en profite d’ailleurs pour vous rappeler que si vous souhaitez suivre ma mission de façon plus régulière, je

possède un blog dont l’adresse est la suivante thebigadventuresite.wordpress.com (vous y trouverez plus de

détails et de photos que dans mes newsletters). Pour en savoir plus sur Enfants du Mékong, c’est sur leur site

directement qu’il faut vous rendre (pour parrainer ou soutenir l’envoi des volontaires) :

www.enfantsdumekong.com

Dans la liste des belles choses, je ne peux évidemment pas oublier de citer les enfants. Que ce soit des enfants

qui dorment à même le trottoir, des enfants qui me gratifient d’un sourire édenté, des enfants qui travaillent

dans les champs, ou encore ceux qui me serrent dans leurs bras, ils me marquent tous. Je ne cesse de me dire

que si l’on nait tous égaux en droits, on ne nait en revanche pas tous égaux en chances. Il m’est difficile de

réaliser à quel point la chance nous souris lorsque nous naissons aux côtés d’une famille aimante. Et à quel

point quelques kilomètres peuvent engendrer de telles différences de situations.

C’est pour cela que je suis si heureuse et fière des jeunes aidés par Enfants du Mékong, des jeunes qui sont

motivés pour prendre leur avenir en main. Des jeunes qui font preuve d’une grande générosité, d’une

ouverture d’esprit, et qui, je l’espère, changerons l’avenir de leur pays. Ils sont aidés par cette idée qu’un

sponsor les aide chaque mois, et je vous encourage aussi à devenir parrain/marraine d’un jeune si vous

souhaiter contribuer à cette grande aventure. Au début du mois d’avril, nous avons organisé un séminaire

pour les jeunes qui venait d’être diplômés, afin de les préparer au monde du travail. Un beau moment de

partage, qui nous a permis de les découvrir encore mieux.

Chaque jour qui passe ici apporte son lot de découvertes (même après 7 mois). Je sais qu’en France,

si l’on entend parler des Philippines, il sera question soit de politique, soit de paysages idylliques, soit du

monstre Manillais. Mais mon expérience me prouve qu’il serait bien trop réducteur de parler des Philippines

seulement via ses sujets. Car dans chaque rencontre, je suis sidérée par l’extrême bienveillance et le courage

que la plupart des philippins ont à cœur de partager. Ils sont fiers de leur pays et curieux d’en apprendre

d’avantage sur le miens. Ils sont simples et partagent leur simplicité à qui est prêt à l’accueillir. Encore une

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fois, il me reste beaucoup de choses à dire sur ma mission, mais je me ferai un plaisir de vous partager mon

expérience à mon retour !

La joie que je ressens ici m’accompagnera bien évidemment à mon retour, que je redoute quelque

peu. Et si j’étais partie pour donner de ma personne, je peut dire que le challenge est plus que relevé ! Au lieu

de me donner pour les autres, je comprends que ce sont les jeunes qui se donnent pour moi.

Certes ma mission me déconnecte du monde dans lequel je vivais avant mon départ, mais elle me reconnecte

avec des réalités bien plus fortes. Et je laisse mon cœur être touché par toutes ces sources de joie. Le mot

d’ordre aux Philippines reste la patience et le lâcher-prise (même si j’hésite un peu avec pollution et chaleur).

Je savoure les précieux souvenirs que ma mission m’apporte et je fais le plein de tous ces beaux moments

d’échange, de peur, de découverte, de satisfaction et bonheur.

Evidemment, qui dit moitié de mission, dit qu’il me reste encore beaucoup de choses à faire, à voir, à vivre. Je

suis vraiment heureuse de cette belle année qui me fait grandir et prendre conscience de beaucoup de choses.

Je ne peux vous parler plus longtemps car mon temps est limité en cette période de vacances (pour les jeunes,

je précise). Je repars de ce pas sur mes camps d’été ! Alors comme on dt ici… INGAT – prenez soin de vous !

Summer camp à Sorsogon

Summer camp à Calauan

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Et puisqu’il est parfois difficile de trouver les mots justes pour parler de ce que l’on vit, tout comme

pour précédente newsletter, je vous laisse avec quelques photos ! Encore un immense merci pour votre

soutient !

A bientôt,

Marie-Cécile Hardy