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  • XXme COLLOQUE INTERNATIONAL DE CLIMATOLOGIE

    Climat,

    Tourisme et Environnement

    Actes du colloque de Carthage (Tunisie)

    CENAFFE

    3-8 septembre 2007

    Textes runis par

    Habib Ben BOUBAKER

    Publication des deux Units de Recherches GREVACHOT (Groupe de Recherche sur la Variabilit du Climat et l Homme en Tunisie)

    de l Universit de Tunis et Biogographie, Climatologie Applique et Dynamique Erosive

    de l Universit de Manouba

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    Conception et ralisation de la couverture:

    Hichem Sammoud et Habib Ben Boubaker

    Les opinions dfendues dans cet ouvrage n engagent que leurs auteurs ; elles ne sauraient tre imputes aux institutions auxquelles ils appartiennent ou qui ont financ leurs travaux

    Publication des deux U.R. GREVACHOT (Groupe de Recherche sur la Variabilit du climat et l Homme en Tunisie) de l Universit de Tunis (U.R. 01/UR02-12) et Biogographie, Climatologie Applique et Dynamique rosive de l Universit de Manouba, (U.R. 99/UR/02-04)

    TUNIS, 2007

  • XXme Colloque de l Association Internationale de Climatologie

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    INTRODUCTION

    Le XXme colloque de l Association Internationale de Climatologie (AIC) se tient du 3 au 8 septembre 2007 en Tunisie. L AIC est une association francophone qui a dploy, depuis sa cration en 1988, continment ses efforts pour rapprocher les climatologues francophones du monde entier, pour changer leurs ides et expriences et discuter chaque anne, au sein d un grand colloque, des thmes d actualit de leur discipline. Une anne sur deux, le colloque de l AIC se tien dans un pays francophone, en dehors de la France.

    Carthage, carrefour de l histoire et o se sont rencontres et entremles tant de cultures et de civilisations, accueille cette manifestation. Le choix du thme n est pas arbitraire. Le thme principal du colloque Climat, tourisme et environnement rappelle la vocation touristique antique de Carthage. Les thermes d Antonin attiraient chaque anne des milliers de personnes. Aujourd hui, Carthage est un haut lieu de tourisme culturel par ses vestiges archologiques. .

    Climat, Tourisme et Environnement est un thme d une grande actualit. Les enjeux qu il soulve sont trs importants notamment pour un pays comme la Tunisie, o le tourisme occupe une place de choix dans sa stratgie de dveloppement. L on comprend alors l intrt port ce thme par les organisateurs locaux du colloque de l AIC.

    Deux units de recherche de l universit tunisienne ont eu l honneur de l organisation de cette manifestation scientifique :

    U.R. GREVACHOT (Groupe de Recherche sur la Variabilit du climat et

    l Homme en Tunisie) de l Universit de Tunis (U.R. 01/UR02-12)

    dirige par Latifa HENIA

    U.R. Biogographie, Climatologie Applique et Dynamique rosive

    de l Universit de Manouba, (U.R. 99/UR/02-04)

    dirige par Amor Mokhtar GAMMAR

    Le Comit d Organisation manant de ces deux U.R. et coordonn par Habib Ben BOUBAKER, n a mnag aucun effort pour la bonne russite de ce colloque et chacun de ses membres mrite d tre flicit vivement. Il s agit de :

    Latifa HENIA, Universit de Tunis Zouhaier HLAOUI, Universit de Tunis Taher ALOUANE, Universit de Sousse

    Amor Mokhtar GAMMAR, Univ. La Manouba Taoufik EL MELKI, Universit La Manouba Zeineb BENZARTI, Universit La Manouba

    Habib BEN BOUBAKER, Universit La Manouba (Coordinateur)

    Les membres du comit de lecture mritent galement d tre remercis vivement pour l admirable efficacit dont ils ont fait preuve dans leur dlicate mission de slectionner d entre plus de 140 propositions de participation qui nous sont parvenues, les pages composant le prsent travail. Ces remerciements s adressent donc :

    Grard BELTRANDO Zoubeida BERGAOUI Jean-Pierre BESANCENOT Sylvain BIGOT Pierre CARREGA P. Annick DOUGUEDROIT Vincent DUBREUIL. Wilfried ENDLICHER Michel ERPICUM

    Universit de Paris 7 (France) Universit de Tunis el Manar (Tunisie) Universit de Bourgogne (France) Universit de Grenoble (France) Universit de Nice Sophia Antipolis (France) Universit d'Aix-Marseille (France) Universit de Rennes (France) Universit de Berlin (Allemagne) niversit de Lige (Belgique)

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    Jean-Michel FALLOT AmorMokhtar GAMMAR Latifa HENIA Andr HUFTY Claude KERGOMARD Panagiotis MAHERAS Abderrahman MEDJRAB Abdelmalik SALAOUI Marc VANDIEPENBEECK Yadh ZAHAR

    Universit de Lausanne (Suisse) Universit La Manouba (Tunisie) Universit de Tunis (Tunisie) Universit Laval (Qubec - Canada) Ecole Normale Suprieure (Paris) Universit Thessalonique (Grce) Universit de Bab Zouar (Algrie) Universit de Mohammadia (Maroc) Institut Royal de Mtorologie (Belgique) Universit La Manouba (Tunisie)

    Ce volume compte 100 actes de participation, classs par commodit en ordre alphabtique du premier auteur.

    Signalons enfin que les trois derniers jours du colloque, les 6, 7 et 8 septembre 2007 sont rservs pour une excusion d tude et de dcouverte du potentiel climato-touristique de la Tunisie orientale et saharienne.

    L organisation de ce colloque n aurait pas t possible sans le soutien moral et financier de plusieurs personnes et institutions :

    Ministre de l Enseignement Suprieur, de la Recherche Scientifique et de la Technologie

    Acadmie Tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts (Beit El Hikma)

    Ministre de l Education Nationale Centre d Etudes et de Recherches Economiques et Sociales (CERES)

    Ministre du Tourisme Association des Gographes Tunisiens (AGT) Ministre de l Environnement et du Dveloppement Durable

    Coopration Technique Tuniso-AllemandeGTZ

    Universit de la Manouba Office National du Tourisme Tunisien (ONTT) Universit de Tunis Les vignerons de Carthage (UCCV) Facult des Lettres, des Arts et des Humanits de Manouba

    Union Tunisienne de l Agriculture et de la Pche (UTAP)

    Facult des Sciences Humaines et Sociales de Tunis

    AMEN Bank

    Ecole Normale Suprieure de Tunis (ENS) ACRPOLIUM Carthage Centre National de Formation des Formateurs en Education (CENAFFE)

    Mdina Mediterranea Hammamet

    Institut Suprieur des Mtiers du Patrimoine de Tunis

    Maison des Jeunes de la Marsa

    Qu ils trouvent tous ici l expression de nos vifs remerciements.

    Nos remerciements vont galement aux 162 participants ce colloque, originaires de 22 pays (Algrie, Allemagne, Belgique, Bnin, Brsil, Centre-Afrique, Cameroun, Canada, France, Grce, Irak, Italie, Liban, Lybie, Maroc, Oman, Pologne, Roumanie, Sngal, Suisse, Tunisie et Yemen).

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    Organisateurs et partenaires

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    Confrences invites

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    CARTHAGE ET L EAU DANS L ANTIQUITE

    Habib BAKLOUTI Universit de Tunis Mail : [email protected]

    Rsum : En Tunisie et dans le bassin occidental de la Mditerrane, l histoire commence avec la fondation d une ville, Carthage, la fin du IXe sicle a.C. Depuis lors, cette histoire parcourut, jusqu nos jours, plus de 2800 ans. Elle est incontestablement l histoire la plus longue en Mditerrane occidentale et elle a indniablement beaucoup apport l dification de la civilisation mditerranenne.

    Ce texte s intresse au problme de l eau dans l histoire de Carthage. Ce problme est d autant plus crucial que, dans l Antiquit comme de nos jours, dans un pays comme la Tunisie, situ la lisire septentrionale du plus grand dsert du monde, l eau vient en tte de liste des denres considres rares et prcieuses. La matire se prtant au traitement de ce problme est profuse et complexe. A travers les exemples d installations et ouvrages hydrauliques, nous cherchons notamment apprhender la facult d adaptation dont avaient fait preuve nos devanciers et les solutions les plus ingnieuses qu ils avaient apportes pour assurer l alimentation de leurs villes en ce liquide vital dont elles avaient tant besoin.

    Mots cls : Antiquit, Aqueduc, Archologie, Carthage, Citernes, Nymphe, Puits, Pluies.

    Abstract : In Tunisia and in the eastern basin of the Mediterranean sea, history starts with the city foundation of carthage, at the end of the IXth Century B.C. Since that moment, this history

    has covered so far more than 2800 years. It is, undoubtedly, the longest history of the eastern Mediterranean. Also, it is undeniable that it has brought a lot to the construction of the Mediterranean civilization. This text is interested in the water supply problem in Carthage history. This problem is all the more crucial since, like nowadays, antiquity in a country such Tunisia is located at the edge of the northern side of the largest desert in the world, water comes on top of the rare and precious commodities. The material taken into consideration to the treatment of this problem is abundant and complex. Through the examples of installations and hydrolic works. We specially look for dreading the adaptation faculty which our pioneers have proved as well as the most ingenious solutions that they have brought to ensure the city supply of vital liquid which they need so much.

    Key Words : antiquity, aqueduct, archeologie, Carthage, tanks, water, water lily, wills, rains, urbanism.

    Introduction

    Vers 814 a.C., voil bientt trois milles ans, une princesse d Orient, du nom d Elissa, soeur de Pygmalion, roi de Tyr en Phnicie, vint en Libye prsider la fondation d une Ville-Neuve , une Qart hadasht dans la langue cananenne de ses fondateurs, celle-ci mme dont le nom fut corrompu plus tard en Karchedn

    par les Grecs anciens et en Karthago par les latins. C tait Carthage telle qu elle est encore appele aujourd hui ; cette ville ternelle au sein de laquelle les organisateurs des travaux du prsent colloque ont bien voulu nous faire le plaisir et l honneur de nous convier. Chers collgues et invits, Mesdames et Messieurs, soyez les bienvenus dans la ville d Elissa, au pays de l agronome Magon, du Grand Hannibal, de Tertullien, de Saint Augustin et, que dis-je, de bien d autres illustres Carthaginois qui, en un moment ou en un autre de l histoire de l humanit, avaient profondment marqu de leur gnie et de leurs faits la civilisation mditerranenne et dont tout mditerranen se doit, par consquent, de faire prvaloir l hritage.

    1. Spcificits et particularits de la fondation de Carthage

    1. 1. Les fondateurs

    Le rcit de la fondation de Carthage, nous apprend que, dans son uvre de fondation, Elissa tait particulirement assiste de nombreuses familles appartenant la haute aristocratie tyrienne et chypriote qui taient venues se joindre elle et apporter la Ville-Neuve leur savoir et leur savoir-faire. Des notables de la ville d Utique taient venus de leur ville rendre hommage leur princesse. Ils avaient certainement une trs bonne connaissance des lieux pour savoir qu il n y avait pas, dans les environs, de site mieux appropri que celui sur le rivage duquel vinrent chouer les navires des nouveaux venus. Il parat mme que des tractations taient dj pralablement engages avec les autochtones de la tribu des Maxitani (les Mazices dans les textes grecs) qui peuplait alors le Nord-est de la Tunisie. C taient ces

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    autochtones qui, nous dit l abrviateur Justin, Attirs par l espoir du gain, accouraient en foule pour vendre leurs denres ces htes nouveaux. Ils s tablissaient parmi eux et, leur nombre toujours croissant, donna bientt la colonie l aspect d une ville . Ainsi, crit Justin, du consentement de tous, Carthage est fonde . C est dire, somme toute, que rien ne fut laiss au hasard ni l improvisation et ce, contrairement ce que voulaient nous faire croire le rcit de la fondation dont les vnements qu il nous relate sont, parfois, trop enrobs de romantisme et de lgende. Pour se dmarquer politiquement de sa mtropole et assumer ainsi l intgralit de son devenir, elle adopta trs tt une divinit poliade, Baal Hammon, auquel elle adjoignit bientt une pardre, Tanit, dite face de Baal (pen Baal), la Notre Dame de Carthage qui dpassa de clbrit le dieu Matre de la destine de la ville. Bien que Carthage d Elissa demeura au fond bien attache la culture phnicienne orientale dans laquelle elle avait continu puiser son identit smitique, elle sut cependant s adapter aux facis culturels des peuples de l occident mditerranens, sur lesquels elle avait tabli une domination politico-conomique des plus restrictives (l empire de Carthage), et exercer sur eux une influence telle, qu au fil des sicles, une nouvelle civilisation vit le jour, la civilisation dite punique.

    1. 2. Le site

    Carthage est fonde dans une position gographique des plus stratgiques de la Mditerrane et dans un des plus beaux paysages du monde. Cantonne au fond d un golfe, en plein milieu de la Mditerrane, sur la pointe Nord-est de la Tunisie, elle contrlait avec rigueur, vigilance et discrtion le dtroit de Sicile, point de passage oblig entre l Orient et l Occident mditerranens

    Fig. 1 : Le golfe de Carthage

    On construisit la ville de Carthage sur le ct sud-est d une pninsule qui, se terminant au Nord et au Sud par deux bras tentaculaires, et se rattachant au continent par un isthme de 5km environ de large (isthme que ferme, l Ouest, les lvations des Jebel Ennahli et Jebel Lahmar), voque, pour les uns, l image d une tte de flche tourne vers l Orient, pour les autres, celle d un navire l ancre, pour d autres enfin, celle d une ancre gigantesque jete vers le large.

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    Fig. 2 : La pninsule de Carthage

    Cette pninsule, de 50km2 environ de superficie, offrit la ville naissante tout ce dont elle avait besoin pour vivre longtemps en scurit, se dvelopper et grandir sans prcipitation pour devenir l une des plus grandes capitales du monde mditerranen antique. Elle lui offrit un rivage dot d abris, de criques et de havres o l on peut tirer en toute quitude des navires venant du large ; elle lui offrit galement des collines au ventre desquelles les carthaginois avaient tt confi leurs morts mais que, plus tard, les pentes avaient servi de soupapes d chappement un urbanisme grimpant d une ville qui ne cessait de s agrandir.

    Au-del de cette ceinture de collines s talaient, vers l Ouest et le Nord-ouest, les riches et fcondes plaines de Mgara (Louina-Soukra-Gammarth), dont le sol, texture argilo-sableuse, est de tout temps propice l arboriculture.

    1. 3. Les caractristiques climatiques et le problme de l eau

    Que dire du climat qui baigne cette pninsule sinon qu il est mditerranen nuance semi-humide. Profitant amplement de l influence rgulatrice de la mer (humidit et brise de mer) ainsi que de la latitude (36,9 Nord), la pninsule de Carthage n chappe pas pour autant, compltement, au type de climat qui caractrise le continent auquel elle se rattache, la Tunisie.

    Situe la lisire septentrionale du plus grand dsert du monde (le Sahara), celle-ci se trouve de tout temps sensiblement marque par l aridit. En t, rares sont les rgions dans ce pays qui chappent aux excs de la chaleur et de la scheresse. A Carthage, la moyenne des maxima quotidiens du mois d aot, dpasse les 30c. On y connat mme quelques jours de sirocco o les tempratures dpassent aisment les 40c., et ce, aussi bien dans l Antiquit que de nos jours. Mais c est plutt l hiver et la saison humide qu il reprsente qui fait la distinction entre les diffrentes rgions de la Tunisie. A Carthage, les tempratures les plus frquentes, de dcembre jusqu en fvrier, se situent, comme sur la majeure partie de la cte est de la Tunisie, entre 11 et 13c. ; les geles et les chutes de neige y sont des exceptions rares. Les pluies les plus abondantes et, souvent les plus violentes, tombent en automne o elles peuvent atteindre, parfois, plus de 380mm, sachant que la moyenne annuelle se situe entre 450 et 500mm. La saison humide y est, cependant, irrgulire dans sa dure ainsi que dans les dates de son avnement. Les premires pluies commencent tomber le plus souvent fin septembre-dbut octobre et continuent tomber par intermittence jusqu mars-avril ; mais elles peuvent s arrter ds le mois de dcembre comme elle peuvent connatre un retard de plus de deux mois, voire plus, ce qui est, videmment, gravement compromettant pour les cultures, le btail et, par l mme, les hommes. C est dire que, dans l Antiquit comme de nos jours, c est beaucoup plus la rpartition gographique et saisonnire des pluies que leur quantit qui constitue le fond du problme de l eau en Tunisie.

    Quoi qu il en soit, et d une faon gnrale, Carthage n avait relativement pas beaucoup se plaindre, dans l Antiquit comme de nos jours, de l insuffisance en ressources hydrauliques. Son bilan hydrique est, tant bien que mal, positif et il y a toujours de quoi ralimenter sa nappe phratique. Car, beaucoup plus de ce qu elle est devenue aujourd hui,

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    Carthage n aurait jamais t, pendant plus d un millier d annes, l une des capitales les plus peuples du monde mditerranen si jamais le problme de l eau y tait d une grande acuit : l eau provenant de la nappe phratique, ajoute celle tombant du ciel et mticuleusement conserve dans des rservoirs publics ou dans des citernes prives, pourvoyait dj aux besoins de la ville et pour boire, et pour irriguer et pour entretenir son hygine et, enfin, pour faire fonctionner des industries grandes consommatrices d eau dans lesquelles les Carthaginois, comme leurs anctres phniciens, avaient acquis une grande rputation, savoir la tannerie, la teinturerie et les textiles d une faon gnrale.

    2. La gouvernance de l eau Carthage dans l Antiquit

    2. 1. Installations et monuments d eau Carthage dans l Antiquit punique

    La tradition littraire et, surtout, l archologie, nous apprennent que, ds la fin du VIIe

    sicle a.C., Carthage, devenant une grande ville, bnficiait d ores et dj d un tissu urbain assez dvelopp qui rpondait presque toutes les normes de cet urbanisme "savant", prconis deux sicles plus tard par les philosophes grecs. Dans un Etat aussi institutionnalis que Carthage et dans une ville o l urbanisme faisait l objet d une tude rsolument dlibre, l lment hydraulique devait reprsenter l un des piliers des "plans directeurs" de l amnagement urbain. Et si la documentation archologique en matire d hydraulique dilitaire pour la priode punique est, dans l tat actuel des connaissances, fort indigente, nous disposons cependant d une documentation relativement profuse en matire de ce que nous appelons "la petite hydraulique". En effet, dans chaque maison punique, l on se devait d tre quip, selon les convenances de la topographie du terrain, d une citerne ou d un puits et parfois des deux installations ensembles, disposes l une ct de l autre dans la cour de la mme demeure. ? Carthage par exemple, dans le quartier dit d Hannibal, quartier rsidentiel construit sur le flanc mridional de la colline de Byrsa, o les habitations taient disposes en immeubles, une seule citerne, le plus souvent oblongue, arrondie sur ses deux petits cts, profonde de trois mtres environ, longue de trois quatre mtres et large dans les limites de un mtre, desservait tous les rsidents de l immeuble (fig. 3).

    Fig. 3 : Citerne punique Byrsa

    Fig. 4 : Salle de bain Kerkouane

  • Par contre, dans le quartier dit de Magon, situ dans la ville basse front de mer, les maisons, plutt vastes et somptueuses, disposaient parfois et d un puits et d une citerne nourrie en eau par un tube de terre cuite qui, encastr dans la maonnerie, recueillait l eau de pluie tombant sur la terrasse. ? Kerkouane, une autre cit punique de Tunisie, situe au Cap Bon, une dizaine de kilomtres au Nord de Klibia, les citernes sont inexistantes. Chaque maison disposait d un puits, le plus souvent de section quadrangulaire (carr), et tait quipe d une salle d eau dote, le plus souvent, d une baignoire dite "baignoire-sabot" et o l usage du plomb comme matriaux de tuyauterie n tait pas rare (fig. 4) . ? Kerkouane, aussi bien qu Carthage, l on peut constater la prsence d une voierie si minutieusement organise et si dlibrment prconue qu elle ne peut tre que l expression d une civilisation bien volue et d une volont politique o l hydraulique publique tait compte parmi les priorits majeures de l amnagement urbain.

    Fig. 5: Batterie de citernes Hammam Bazzez

    ? Ras Ed-Drak, tout prs d el-Haouaria au Cap Bon, ou Hammam Bazzez, dans la rgion montagneuse du Nord-ouest tunisien, des fortifications militaires de priode punique, taient dotes de plusieurs batteries de petites citernes qui, amnages sur les flancs les plus abruptes du mont ou du piton sur lequel se dressaient celles-ci, tenaient en mme temps lieu de structures de soutnement (fig. 5)

    Bien que dcouvertes dans un contexte architectural qui relevait plutt du domaine militaire, ces batteries de citernes pourraient apporter un clairage sur ce que devait tre l hydraulique dilitaire dans une ville telle que Carthage o l on se devait, quoiqu il en soit, de prconiser une "politique d eau" pour pouvoir subvenir, en temps de guerre comme en temps de paix, aux besoins de ses habitants.

    2. 2. Installations et monuments d eau Carthage dans l Antiquit romaine

    Jamais dans l Antiquit tunisienne, et la lumire de ce dont nous disposons comme documentation archologique, une politique de l eau n a t aussi bien conue, accomplie et russie que pendant la priode africo-romaine. Les empereurs romains et les collectivits locales firent de l eau une affaire d Etat, comme d ailleurs le pain et le cirque. Ils se voyaient dans le devoir de la fournir gratuitement, sauf exception, tout citoyen relevant de leur autorit politique.

    En Tunisie, les vestiges des monuments et ouvrages qui tmoignent de cette uvre sont on ne peut plus nombreux et varis. On en trouve de tout : du puits la galerie drainante, de la petite citerne au chteau d eau, de la conduite de surface l aqueduc, du bassin d irrigation au barrage, de la fontaine du quartier au nymphaeum monumental, des thermes aux latrines, etc. Retenons, titre d illustration pour la prsente communication, les ouvrages et monuments les plus spectaculaires et les mieux connus : les citernes de la Malga Carthage et l aqueduc de Zaghouan.

    - Les vestiges des citernes dites de la Malga sont situs au nord nord-ouest de la colline de Byrsa. C est une batterie de quinze citernes longitudinales accoles les unes aux autres, que ferme, du ct sud, un compartiment transversal qui avait probablement servi de compartiment de service (fig. 6). L ensemble formait un rectangle de 131m environ de long sur 102m environ de large. Votes en berceau, les citernes avaient chacune, intrieurement, 100m de longueur, 7,5 m de largeur et 4 m de profondeur d eau. Ainsi, leur contenance maximale, qui s levait plus de 44 000m3 environ, faisait d elles le rservoir d eau le plus grand de l Antiquit romaine. Parce que long sur toute la longueur de sa faade mridionale par un tronon de l aqueduc de Carthage, d aucuns avaient cru que c tait

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    par le biais de cet aqueduc que le rservoir tait aliment en eau. Or, les investigations archologiques n ont pas pu encore tablir de rapports fonctionnels entre les deux monuments. Par ailleurs, la construction des citernes de la Malga prcdait d un sicle environ celle de l aqueduc, ralise probablement au milieu du IIe sicle ap. J.-C. Aussi, la question de l alimentation en eau du gigantesque rservoir reste-elle encore lucider.

    Fig. 6: Citernes de la Malga Carthage

    - Parcourant 132km travers plaines, collines et vallons, l aqueduc de Carthage, que nous venons d'voquer ci-dessus, est l aqueduc le plus long de l'Antiquit romaine (fig. 7). Son dbit maximal est estim de 25000m3/jour, soit une consommation moyenne de 2501 litres/jour par tte d habitant, sur la base d une population estime 100 000 habitants au IIe sicle. Bicphale, il allait puiser le prcieux liquide dans deux sources majeures : celle de Zaghouan, une cinquantaine de kilomtres vol d oiseau de Carthage (fig. 8), et celle de Djougar, situe une trentaine de kilomtres au sud-ouest de Zaghouan.

    Fig. 7 : Aqueduc de Zaghouan-Carthage Fig. 8 : Nymphe de Zaghouan

    Tmoignage trs loquent d une technique jamais atteinte jusque l en matire d hydraulique, l aqueduc de Zaghouan a suscit, de tout temps, l admiration. Sa partie arienne, longue de plus de 17km, marqua jamais, par la hauteur et la cadence majestueuse de ses arcades, le raffinement de ses matriaux et la beaut de son architecture, les valles de l oued Ellil et de l oued Miliane. L admiration que suscita et continue susciter cet aqueduc est d autant plus grande que sa longvit a dfi le temps. Il est gnralement admis que la dcision d entreprendre l dification de cet

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    aqueduc fit suite au voyage effectu en 128 ap. J.-C. par l empereur Hadrien en Afrique Proconsulaire qui tait alors fortement prouve par une scheresse qui svissait depuis plusieurs annes. L on a pris l habitude d tablir, sans pouvoir le prouver, une relation de cause effet entre l dification de cet aqueduc et la construction Carthage d une autre installation non moins grandiose, les thermes d Antonin, dont une inscription date l achvement des travaux en 162 p. C. (fig. 9)

    Fig. 9 : Thermes d Antonin Carthage

    L aqueduc de Zaghouan-Jougar continua fonctionner au moins jusqu la fin de la priode vandale (536 p.C.). On pense que pendant la priode byzantine, priode qui tait marque par la frquence des troubles politiques et de l inscurit dans les campagnes, l aqueduc commenait battre de l aile sans qu on puisse dire qu il fut compltement mis hors service. Mais ce n tait pas pour autant fini. Plus de six sicles plus tard, le sultan hafside, Abu Abdullah Mohammed Ier, alias al-Mustancir, lui redonna vie en lui apportant, de 1250 1267, les rparations ncessaires pour le rattacher, par de nouvelles constructions, la Kasbah de Tunis travers les jardins de Ras-at-Tabia, du Bardo et de la Rabta.

    Etrange destine que celle connue par l aqueduc de Carthage et par bien d autres monuments d eau qui, surgissant de l Antiquit et faisant fi des vicissitudes de l histoire, traversrent le temps et constiturent, pour ainsi dire, l expression la plus loquente de cet esprit de continuit, d enchanement et de persvrance qui avait caractris, de tout temps et dans presque tous les domaines, l empirisme tunisien.

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    MODES DE VARIABILITE INTERANNUELS DE L ANOMALIE

    DE LA TEMPERATURE DE SURFACE DE LA MER (SSTA) ET PLUVIOMETRIE EN TUNISIE

    MOHAMED BEN SAKKA

    INFOGIS : 12, rue Tahar Ben Achour - Le Bardo Tunisie. Email : [email protected]

    Rsum : On montre par diffrentes mthodes d analyse spectrale (spectres de puissance, filtrage numrique, etc..), l existence de deux modes de variabilit ocaniques inter annuelles dtects dans le paramtre Anomalie de la Temprature de Surface de la Mer (SSTA), priodiques et de priodes respectives : 2

    3 ans et 6

    10 ans. On constate alors que le premier mode (2

    3 ans) a une envergure plantaire, et rgne la fois sur le Pacifique quatorial (zone domine par le phnomne El Nino), l Atlantique Nord et la mer mditerrane. A partir de l, et en suivant les mmes mthodes d analyse spectrale, on a pu montrer de faon probante la forte corrlation entre les modes de variabilit de l anomalie de la temprature de surface de la mer (SSTA) cits auparavant, et ceux des cumuls pluviomtriques observs par des stations pluviomtriques tunisiennes de la Direction Gnrale des Ressources en Eau du Ministre tunisien de l'Agriculture et des Ressources Hydriques.

    Mots cls : SSTA, Cumul pluviomtrique mensuel en Tunisie, modes de variabilit, analyse spectrale.

    Abstract : Through different methods of spectacl analysis, we show the existence of two oceanic inter-annualvariability modes detected by the anomaly parameter of water surface temperature, of the respective period 2-3 years and 6-10 years. We are deduce that the first mode (2-3 years) has a global scale and prevails on the equatorial pacific (EL Nino area of dominance), the Atlantic ocean and the Mediterranean sea. Following the same methods, we could show the strong correlation between anormaly variability modes and water surface teperatures as well as the quantity of rain observed by tunisian stations of the General Direction of water ressources of Tunisian Ministry of agriculture and hydric Ressources.

    Key words : monthly rain Cumulus in Tunisia, variability modes spectral analysis.

    1. Introduction

    Plusieurs tudes de recherche ont eu le mrite d aborder le problme difficile du couplage terre-ocan-atmosphre essentiellement pour corriger les modles de prvision de la circulation atmosphrique gnrale. En effet, cette circulation rsulte en grande partie du dsquilibre nergtique du systme terre-ocan-atmosphre. Ce dsquilibre varie en fonction de la latitude et de l altitude. Ainsi, s oprent dans les diffrentes couches de l atmosphre et aussi dans les ocans des transferts d nergies diffrentes chelles compensant les dficits et quilibrant globalement les bilans nergtiques l chelle plantaire (Corti, S., F. Molteni, et T. N. Palmer, 1999). Ces transferts d nergie se ralisent notamment par le biais des modes de variabilit (ondulations atmosphriques ou ocaniques qui sont gnralement priodiques) entre l ocan, l atmosphre et la terre, et peuvent en interagissant entre eux et avec le milieu dans lequel ils se propagent lier les diffrentes chelles entre elles permettant ces transferts en cascade. Ces modes de variabilit ou ondulations sont couramment responsables de situations climatiques, en particulier de perturbations gnratrices de prcipitations ou de scheresse.

    Par les mthodes d analyse spectrale (mthode de l entropie maximale et le filtrage numrique rcursif de second ordre de Butterworth, on a pu dterminer l existence de deux modes de variabilits ocaniques inter annuelles dtects dans le paramtre SSTA, priodiques et de priodes respectives : 2

    3 ans et 6

    10 ans. Le premier mode (2

    3 ans) rgne la fois sur le Pacifique quatorial, l Atlantique Nord et la mer mditerrane a une envergure plantaire. Le deuxime 6 10 ans domine la zone Nord de l Atlantique et est fortement corrl avec l indice d oscillation nord atlantique (NAO) (Watanabe, M. et T. Nitta, 1999).

    Grce l tude de ces modes de variabilit, on a pu montrer qu au Nord de la Tunisie, il existe une forte corrlation entre les fluctuations de l anomalie de la temprature de surface de la mer (SSTA) et celle des cumuls pluviomtriques observs par des stations pluviomtriques les quels cumuls fluctuent en composant avec les modes de variabilits 2

    3 ans et 6 -10 ans trouvs dans le paramtre SSTA.

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    1. Etude du mode de variabilit 2 - 3 ans

    La rpartition spatiale du rapport de variances entre les sries chronologiques relles et celles filtres autour de 2

    3 ans (figure 1) montre que la variabilit considre possde de fortes

    proportions de la variance totale (allant jusqu 30%) aussi bien au Pacifique qu l Atlantique et en mditerrane.

    Figure 1: Rapport de variances (%) entre les sries chronologiques filtres autour de 2 - 3 ans et les sries relles de la SSTA

    D un autre ct, le calcul de corrlation entre la srie chronologique de la SSTA relatif au point de grille A situ au Nord de la Tunisie et les sries de tous les autres points de grille de la zone d'tude et toutes filtres autour de 2 - 3 ans, montre que les fortes valeurs de cette corrlation concident avec celles du rapport de variance de la figure 1. Il en ressort donc, que cette variabilit 2

    3 ans possde une zone d influence privilgie symbolise par le trait blanc continu. Ceci a t confirm par l analyse temps-frquence en calculant la moyenne temporelle des coefficients d ondelettes de type Morlet.

    1.1 Mise en vidence de l impact direct du phnomne El Nino sur la zone de la mditerrane occidentale

    En reprenant l'tude des sries chronologiques filtres autour de 2 3 ans situes seulement dans la zone d'influence axe sur le trait blanc (figure 1), on a pu constater que les valeurs de la SSTA relatives tous les points et reprsents dans la figure 1 (B, 1, 2, 5, 6 et A du Nord de la Tunisie), fluctue pratiquement en phase entre eux. Ceci est illustr dans la figure 2 o l'on a reprsent l'volution temporelle de cette SSTA pour les diffrents points en question dans la bande 2

    3 ans. Finalement on montre avec ceci que l'une des composantes essentielles du phnomne El Nino atteint bien la Mditerran occidentale passant par l'ocan Atlantique via le trac blanc de la figure 1. En plus, les fluctuations en phase traduisent le fait que le phnomne El Nino agit aussi instantanment sur la Mditerran via cette composante 2 3 ans.

    Figure 2 : Fluctuations en phase de la SSTA filtres autour de 2 3 ans pour les points de grille situs sur

    le trac continu

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    19

    2. Etude du mode de variabilit 6 - 10 ans

    D un autre ct, la rpartition spatiale du rapport de variances entre la srie chronologique relle et la srie filtre dans la bande 6

    10 ans (figure 3) montre que cette variabilit possde cette fois-

    ci, de fortes proportions de la variance totale (jusqu 30%) dans zone Nord l ocan Atlantique. On montre que ce mode de variabilit est fortement corrl avec les fluctuations de l'indice d'oscillation Nord atlantique (NAO) et qu'il se propage du Sud vers le Nord (Stockton, C. W., et M. F. Glueck, 1999 - Delworth, T. L., et M. Mann, 2000).

    Figure 3: Rapport de variances (%) entre les sries chronologiques filtres Autour de 6 - 9 ans et les sries relles de la SSTA

    L'analyse mene une chelle plus fine (Nord de la Tunisie) confirme bien ce que l on a avanc prcdemment. En effet, l tude chronologique de cinq points de grille situs en mer et rpartis comme indiqus sur la figure 4 montre que les spectres de puissance (MEM) indiquent la prsence de pics significatifs autour de la 6

    10 ans, 2

    3 ans et le troisime reprsentant le pic de la variabilit annuelle du paramtre SSTA en ces points.

    Figure : 4 Spectres de puissance de la SSTA relatifs aux points de grilles du Nord de la Tunisie (1, 2, 3, 4 et 5)

    Ces spectres de puissance traduisent le fait qu au Nord de la Tunisie, les fluctuations de la SSTA sont le fruit d une composition modulant, entre autres, l amplitude des deux variabilits 2

    3 ans et 6 10 ans.

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    82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 020

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    SSTA PLUV

    Cum

    ul p

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    riqu

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    m)

    SS

    TA

    ( C )

    3. Relation entre pluviomtrie et la ssta

    Dans cette partie, on va dterminer dans ces diffrentes chelles la corrlation existante entre les fluctuations de la SSTA et celle de la pluviomtrie au Nord de la Tunisie. Pour cela, on a eu recours d une part, aux donnes du cumul pluviomtrique mensuel d un ensemble de stations pluviomtriques (Ain Draham, Bizerte, et Tunis M, etc..) et aux donnes de la moyenne mensuelle de la SSTA d autre part. Dans ce document, on va prsenter la corrlation entre les fluctuations des donnes pluviomtriques de la station de Bizerte avec celles de la SSTA du point de grille 3 le plus proche de Bizerte (voir figure 4). Il est important de noter que l analyse des donnes brutes des deux paramtres a t infructueuse car il nous a t difficile de constater une quelconque relation entre les deux sries chronologiques brutes (figure 5). Pour cette raison, on a eu recours au filtrage numrique afin d isoler chacun de ces modes de variabilit et de pouvoir l tudier part.

    Figure : 5 Evolutions mensuelles de la SSTA (C) relatif au point de grille 3 et du cumul pluviomtrique mensuel (mm) observ dans la station de Bizerte

    -1,0

    -0,5

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    82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02

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    SSTA PLUVIO

    SS

    TA (

    C)

    Plu

    viom

    tri

    e (m

    m)

    Dans ce qui suit, on va prsenter les rsultats l tude des variabilits trouves.

    3.1 Cas de la variabilit annuelle

    En filtrant les deux sries chronologiques relatives au cumul pluviomtrique mensuel de la station de Bizerte et de la moyenne mensuelle de la SSTA autour de 2

    3 ans, on a constat la SSTA volue avec des maxima priodiques situs vers les mois d aot et de septembre arrivant avant les maxima du cumul pluviomtrique qui sont situs vers les mois de dcembre et de janvier. Les fluctuations annuelles de la SSTA sont donc en avance de phase (4 5 mois) par rapport aux fluctuations de la pluviomtrie.

    Fig : 6 Evolutions mensuelles de la pluviomtie (station de Bizerte) et de la SSTA (valeurs filtres autour de 12 mois) partir des valeurs relles de la figure 5

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    Plu

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    trie (m

    m)

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    82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02

    SS

    TA (

    C)

    3.2 Cas de la variabilit 2 3 ANS

    De la mme manire, en filtrant les deux sries chronologiques brutes relatives la SSTA et la pluviomtrie cette fois-ci autour de 2

    3 ans, on a pu remarquer (figures 7 et 8) qu il existe cette

    chelle une bonne concordance entre les fluctuations des deux paramtres cette chelles temporelle. Aussi, on a constat que ces deux sries filtres sont pratiquement en phase (fig. 7- 8).

    Figure 7 : Evolution chronologique de la moyenne mensuelle de la SSTA (C) compare sa srie filtre dans la bande 2 3 ans

    -1,0

    -0,5

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    1,0

    1,5

    2,0

    82 83 84 85 86 87 88 89 90 91 92 93 94 95 96 97 98 99 00 01 02

    SS

    TA (

    C)

    Figure : 8 : Evolution chronologique du cumul pluviomtrique mensuel (mm) compare sa srie filtre dans la bande 2 3 ans

    3.2.1 Cas de la variabilit 6 10 ans

    De la mme faon et en filtrant, cette fois-ci autour de 6 10 ans, les deux sries chronologiques brutes relatives la SSTA et la pluviomtrie, on remarque (figures 9 et 10) qu aussi bien pour la SSTA et la pluviomtrie, le mode 6

    10 ans est bien incrust dans les sries chronologiques mensuelle relatives ces deux paramtres.

    Figure : 9 : Evolution chronologique de la moyenne mensuelle de la SSTA (C) compare sa srie filtre dans la bande 6 10 ans

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    Figure : 10 : Evolution chronologique du cumul pluviomtrique mensuel (mm)

    compare sa srie filtre dans la bande 6 10 ans

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    Plu

    viom

    trie

    (mm

    )

    Par contre, on constate que contrairement au mode 2 3 ans, il existe pour le mode de 6 10 ans un dphasage entre la SSTA et la pluviomtrie. En effet, la SSTA est en avance de phase par rapport la pluviomtrie d environ une anne. Une tude plus pousse nous renseignerait sur l origine de ce dphasage.

    Conclusion

    Les sries chronologiques de la SSTA et de la pluviomtrie filtres par un filtre passe bande dont la frquence de coupure est centre autour des 12 mois, montre que de l anomalie de temprature de surface de la mer, possdant des maxima au cours des mois d aot

    septembre, est en avance de phase de 5 6 mois par rapport la variabilit annuelle de la pluviomtrie dont les maxima se situent autour de dcembre janvier.

    L tude de l anomalie de la temprature de surface de la mer (SSTA), caractrise par la prsence en mer de noyaux chauds, nous a permis de constater que les fluctuations de ce paramtre est compose essentiellement par deux modes de variabilits temporelles, en l occurrence 2 - 3 ans et 6

    10 ans. Ces mmes modes composent aussi les fluctuations du cumul pluviomtrique mensuel d un bon nombre de stations du Nord de la Tunisie. Ceci traduit le fait qu ces deux chelles, l anomalie de la temprature de surface de la mer (SSTA) et la pluviomtrie au Nord de la Tunisie sont intimement lis et que par consquent, l augmentation de la SSTA est gnralement suivie par des manifestations pluvieuses comme par exemple 1987, 1990 - 1991, 1996 et 1997.

    Rfrences Bibliographiques

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    Thompson, D. W. J., et J. M. Wallace, 1998: The arctic oscillation signature in the wintertime geopotential height and temperature fields. Geophys. Res. Letters, 25,1297-1300.

    Tourre, Y. M., B. Rajagopalan, et Y. Kushnir,1999: Dominant patterns of climate variability in the Atlantic Ocean region during the last 136 years, J. Climate, 12, 2285-2299

    Watanabe, M. et T. Nitta, 1999: Decadal changes in the atmospheric circulation and associated surface climate variations in the Northern Hemisphere winter. J. Climate, 12, 494-510

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    CHANGEMENT CLIMATIQUE, TOURISME ET SANTE

    LE CAS DU BASSIN MEDITERRANEEN

    Jean-Pierre BESANCENOT

    Climat & Sant, Facult de Mdecine, BP 87900, 21079 Dijon, France [email protected]

    Rsum : Il est assez tonnant que le tourisme, jusqu' prsent, n'ait occup qu'une place assez minime dans la littrature consacre aux impacts potentiels du changement climatique. Pourtant, non seulement le tourisme contribue ce changement par ses missions de gaz effet de serre, mais il aussi trs sensible au contexte climatique. Certains marchs particuliers, comme celui du tourisme de soleil, de mer et de plage des pays mditerranens, risquent de subir de plein fouet les mfaits du changement climatique.

    Mots cls : climat, changement climatique, tourisme, pays mditerranens.

    Abstract: Until now tourism has played a relatively minor role in the climate change literature, which is surprising, as tourism not only affects climate change through greenhouse gases emissions but it is also climate sensitive. Some particular markets, such as sun, sea and sand mass tourism in the Mediterranean countries are obviously in danger of being adversely affected by climate change.

    Key words: climate, climate change, tourism, Mediterranean countries.

    L'importance de la Mditerrane comme foyer touristique et comme espace rcratif n'est plus dmontrer. Les pays riverains de la mer intrieure accueillent aujourd'hui prs d'un tiers du tourisme international et constituent sans conteste la premire rgion touristique au monde (Lozato-Giotart, 1990). Le tourisme y est trs largement, et mme de plus en plus, concentr dans les rgions ctires et tout spcialement sur la frange littorale. Il prsente en outre un caractre fortement saisonnier, la saison de concentration ne dpassant gnralement pas trois mois, avec une priode de pointe de l'ordre d'une trentaine de jours (Lanquar, 1995).

    Si le tourisme en milieu mditerranen est en partie dtermin par des motivations culturelles (dcouverte du patrimoine artistique, par exemple), il est aussi

    et depuis longtemps

    ax sur la recherche individuelle ou collective du soleil, de la mer et de la plage (Sun, Sea, Sand). C'est dire si le climat constitue, dans cette rgion plus encore qu'ailleurs, un des moteurs essentiels de l'activit touristique et rcrative (Besancenot, 1990, 1991 ; G?mez Mart?n, 2005 ; Smith, 1993). A partir du moment o les rputations et les choix de beaucoup de destinations se fondent sur les images que le climat gnre, le changement climatique annonc pour les dcennies venir, en relation avec une intensification de l'effet de serre d'origine anthropique, peut transformer radicalement la nature, la configuration et la saisonnalit du tourisme, national et plus encore international, et donc modifier le potentiel attractif des pays riverains de la Mditerrane. Une telle modification s'avrerait durable: si le mauvais temps ne fait que ruiner une saison, un changement de climat peut ruiner une destination. Or, les travaux relatifs aux impacts potentiels du changement climatique sur le tourisme (Cron, 1998 ; Cron et Dubois, 2005a et b ; Hall et Higham, 2005) se sont plutt focaliss jusqu' prsent sur la priode hivernale et sur la pratique des sports d'hiver. Nous nous proposons ici de passer rapidement en revue quelques-uns des travaux rcents consacrs la question en milieu littoral mditerranen (Perry, 2004a et b).

    Trois questions seront plus prcisment abordes.

    La premire porte sur la contribution du tourisme aux changements climatiques, via les missions de gaz effet de serre qu'il entrane, en raison essentiellement de son fort recours aux transports, notamment routiers et ariens. G?ssling (2002) value 5,3% la part du tourisme dans le total des rejets d'quivalents CO2 ; Hart et al. (2004) prcisent qu'environ 90% de ces missions proviennent des transports, le reste dpendant des hbergements et des quipements touristiques. Pour 2050, et par rapport 1992, le scnario global de l'Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) envisage une multiplication par 3,8 de la contribution de l'aviation au changement climatique. Si l'on considre l'ensemble des scnarios, la fourchette va de 2,6 11 fois, soit 10

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    40% de la quantit de gaz effet de serre mis dans le monde en 1992. Or, l'chelle mondiale, prs de la moiti des passagers-kilomtres de l'aviation correspondent des voyages d'agrment. Les motivations touristiques, majoritairement en direction des pays mditerranens, sont ainsi l'origine de 79% du trafic arien au dpart des aroports britanniques (Dubois et Cron, 2005). La tendance qui se dessine actuellement ("Plus souvent, moins longtemps, plus loin") ne fera vraisemblablement qu'amplifier le phnomne.

    La deuxime question, dont les acteurs du tourisme sont prompts se saisir puisqu'elle les menace directement, concerne les impacts potentiels du changement climatique sur les ressources climatiques et non climatiques du tourisme. On se placera pour cela dans l'hypothse que le modle actuel de tourisme reposant sur le soleil et la plage est appel perdurer (Aguilo et al., 2005). Seront d'abord envisags les effets du changement climatique sur le choix des lieux (Bigano et al., 2006a et b) et des priodes de vacances. Agnew et Viner (2001) voquent par exemple, chance du milieu du XXIme sicle, une possible sinon probable dsaffection des touristes pour le mois d'aot en Grce et en Turquie. La perspective de vagues de chaleur plus frquentes, plus intenses et plus durables jouerait sans doute un rle important dans une telle volution des comportements, comme Morabito et al. (2004b) l'ont montr sur l'exemple de Florence. De toute manire, il parat acquis que des considrations sanitaires sont appeles prendre une place grandissante dans le choix des destinations touristiques, diffrentes chelles (Didaskalou et al., 2004). Il faudra galement se pntrer de l'ide que les impacts du climat sur le tourisme dpendent moins de la valeur absolue des diffrents lments du climat que de leur variabilit et de l'occurrence de grands paroxysmes (Katz et Brown, 1992) Mais, paralllement, il faudra se garder de ngliger les consquences indirectes du changement climatique, passant par exemple par l'rosion des plages (Phillips et Jones, 2006), par l'lvation du niveau de la mer (El-Raey et al., 1999), par l'aggravation des dommages provoqus par certaines temptes ou certaines inondations et, plus encore, par la diminution des rserves d'eau. Cependant, il conviendra d'viter toute position trop tranche : alors que certaines rgions ou certaines localits risquent d'accuser une diminution de la demande des touristes, d'autres - actuellement moins prises en tant que destinations touristiques - pourraient en tirer profit. Avantages et inconvnients devront donc tre soigneusement pess (De Freitas, 2004), en termes de risques et de contraintes (fig. 1).

    .

    Figure 1 Ressources (en trait plein) et contraintes touristiques (en tirets), en fonction du climat (d'aprs Perry, 1997 et De Freitas, 2003, modifi).

    La dernire question, gnralement occulte en dpit de son importance, sera celle des rpercussions que pourraient avoir sur le tourisme les politiques de lutte contre le changement climatique.

    Faib

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    Extrme Climat Extrme

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    LE POTENTIEL CLIMATO-TOURISTIQUE DE LA TUNISIE

    LATIFA HENIA* et TAHAR ALOUANE**

    *Universit de Tunis, FSHS, **Universit du Centre UR Climat, eau et dveloppement durable [email protected]

    / [email protected]

    Rsum : Le secteur touristique occupe une place importante dans l conomie tunisienne. Il s agit cependant d un tourisme balnaire de masse. La Tunisie dispose pourtant de potentialits climato-touristiques importantes qui permettent de diversifier le produit et d quilibrer la rpartition des activits touristiques entre les saisons et les rgions. Dans cette tude, nous essayons de caractriser ces potentialits partir d un indice appropri.

    Mots cls: Climat, Tunisie, tourisme, ambiance thermique

    Abstract : The tourist sector occupies a crucial position in the national Tunisia economy. It is a mass tourism which is concentrated along the Tunisian coasts. Tunisia has significant tourist and climatic potentialities which make it possible to diversify the product and to balance the distribution of tourist activities according to the season and the region. The purpose behind conducting this study is to find out these potentialities starting from an appropriate index.

    Key words : Climate, Tunisia, tourism, thermal environment.

    Introduction

    La Tunisie est le premier pays touristique de la rive sud de la Mditerrane et dans le monde arabe et elle est la deuxime destination africaine aprs l'Afrique du Sud, avec 816 htels, 229 873 lits et 6 378 435 touristes trangers non rsidents en 2005, soit plus que la moiti de la population. Le secteur touristique occupe une place importante dans l conomie tunisienne, avec plus de 2587 millions de dinars, ce qui reprsentent presque 19% des exportations. L emploi direct et indirect li au tourisme ne cesse d augmenter avec plus de 367 739 actifs en 2005 (ONTT, 2005). L essor du tourisme qui a commenc depuis les annes 1960, est favoris par un certain nombre de facteurs : un climat caractris par une dure d insolation importante, 1300 km de cte sableuse dans sa majeure partie et une situation gographique proximit de l Europe. Il est remarquer cependant que le tourisme tunisien est un tourisme de masse presque standardis, il se base essentiellement sur deux dterminants naturels : le soleil et la mer. Le littoral accapare 95% des investissements touristiques et des lits fonctionnels. La haute saison qui s tend du mois d avril jusqu au mois d octobre enregistre 73% des entres de touristes non rsidents. Il en rsulte une homognit pousse du "produit" et des ses "consommateurs". Cette standardisation est rductrice des aptitudes touristiques relles du pays. Ce tourisme de masse essentiellement balnaire (93% des nuites), s est avr insuffisamment rentable (une mauvaise rpartition rgionale et saisonnire, des activits peu diversifies, un faible taux d occupation et de sjour). De ce fait, la politique du pays a pris rcemment une nouvelle orientation qui vise la diversification du produit touristique (tourisme saharien, cologique et culturel).

    L objectif de cette tude est d valuer les conditions climatiques tout le long de l anne dans les diffrentes rgions du pays et de dgager les potentialits climato-touristiques dans leur diversit spatio-temporelle en vue d une meilleure perception et valorisation de cette ressource naturelle au niveau de diffrentes saisons et rgions.

    1. Donnes de base et mthodes

    Les ambiances climatiques les plus favorables au tourisme sont celles qui prsentent deux caractristiques fondamentales : le confort thermique et l absence de phnomnes atmosphriques qui risquent de gner les activits de plein air. Ce sont donc ces deux composantes de l ambiance climato-touristique que nous traitons dans cette tude. Nous les prsentons d abord sparment, puis combines dans un indice que nous appelons l Indice Climato-Touristique (ICT).

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    28

    Pour ce faire, nous nous rfrons aux mesures et

    observations de diffrents paramtres mtorologiques composant l ambiance climatique (temprature, vent, humidit de l air, pluie, phnomnes de sable, dure d insolation) et ce l chelle tri-horaire. Ces donnes concernent la dernire dcennie (1991

    2000) et 9

    stations reprsentatives aussi bien du littoral que de l intrieur (fig. 1).

    Pour caractriser les ambiances thermiques, nous nous rfrons aux indices de bioclimatologie humaine. Certains de ces indices associent la temprature et l humidit de l air, d autres, la temprature et la vitesse du vent ou bien les trois paramtres la fois (Besancenot, 1990).

    Chacun de ces indices a des avantages et des inconvnients et son intrt change d un climat un autre et mme d une saison climatique une autre. Une analyse critique de diffrents indices appliqus au climat de la Tunisie a t ralise par P. Escourrou (1996) et par T. Alouane (2002). Pour notre tude, nous avons opt pour la combinaison des rsultats de deux indices de bioclimatologie humaines les plus utiliss par les chercheurs. Il s agit de :

    Figure 1 : Carte de localisation

    - l indice de confort thermique THI (temperature-humidity index) de THOM, qui intgre la

    temprature (TC) et l humidit relative (U%);

    THI = T- [(0,55- 0,0055U%)(T-14,5)], avec cet indice on obtient des tempratures

    quivalentes dont la signification est reprsente dans le tableau 1;

    - l indice K de Sipple et de Passel (ou le cooling power) qui intgre la temprature (TC) et la

    vitesse du vent (Vm/s). K= (10 V + 10,45-V) (33-T);

    K s exprime par kilocalories par m2 de surface corporelle et l heure (kcal/m2 /h). Les rsultats indiquent la nocivit d un temps trop chaud associ une faible agitation du vent ou bien celle d un temps trop froid et trs venteux.

    Pour caractriser le degr de confort des ambiances thermiques, nous avons combin les rsultats des deux indices THI et K (Hnia et Alouane, 1999). Nous avons calcul pour chaque journe l chelle tri-horaire la valeur de l indice THI et de l indice K. Nous avons accord un code de 3 0 (du plus confortable vers le moins confortable) chacune de ces valeurs (tableau 1). En additionnant, l chelle tri-horaire, les codes (celui de THI et de K), on obtient une valeur globale que nous appelons indice d ambiance thermique (IAT) qui varie entre 0 (ambiance nfaste) et 6 (ambiance trs confortable).

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    THI

    Code 0 1 2 3 2 1 0 Classes Trs froid froid Frais confortable Chaud Trs chaud Torride Limites THI 30

    K Code 0 1 2 3 2 1 0

    Classes Contractant Hypertonique

    Tonique Relaxant Hypotonique Atonique Torride

    Limites K>=1200 1199 900 899 600 599-250 249 150 149 0 4,8

    Tableau 2 : Classes d'ambiances thermiques journalires (ATJ) selon les valeurs de l'IAT

    Pour l tude des ambiances climato-touristiques journalires favorables aux activits de plein air, nous avons fait varier, selon les saisons, le nombre de relevs tri-horaires adopt dans cette tude. Pour l hiver (o le jour, priode d activit de plein air, est court), nous retenons 5 groupes de relevs (ceux de 6h, 9h, 12h, 15h, 18h). Pour la saison estivale, nous avons retenu 7 relevs sur 8 par jour (6h, 9h, 12h, 15h, 18h, 21h et 0h), vu que pendant cette saison, de nombreuses activits ont un caractre nocturne et sont pratiques en plein air profitant du rpit thermique nocturne aprs la canicule du jour. Pour les saisons intermdiaires, nous retenons les observations tri-horaires de 6h, 9h, 12h, 15h, 18h et 21h.

    Les phnomnes atmosphriques qui peuvent gner les activits de plein air en Tunisie sont essentiellement les prcipitations, les vents forts et le vent de sable. Ajoutons ceci, la fraction d insolation qui a une influence sur le degr du confort physique et psychique de l organisme humain. Pour chacun de ces paramtres et au niveau de chaque jour, nous avons accord le code 1 dans le cas o il ne constitue pas une contrainte pour les activits de plein air et 0 lorsqu il est contraignant, en passant par une valeur intermdiaire (0,5) lorsque l empchement n est pas total. Nous avons accord ensuite chaque jour de l anne un indice de potentiel climato-touristique (IPCTJ) gal la somme des codes de l indice de l ambiance thermique (cod de 0 6) et de ceux relatifs aux phnomnes atmosphriques (dont de code peut tre 0, 0.5 ou 1)

    IPCTJ = IAT + IP + IV + IE, o :

    IPCTJ : indice de potentiel climato-touristique journalier,

    IAT : indice d ambiance thermique (cod de 0 6) ; IP : indice de prcipitation; IV : indice du vent (il regroupe les jours de vent de sable et de vent fort); IE: indice d'ensoleillement;

    L examen des rsultats nous a permis de dfinir cinq classes d ambiances climato-touristiques (tableau 3).

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    Valeurs de IPTCJ

    < 2 2 3,9 4 5,9 6 7,9 >=8

    Classes Trs dfavorable* favorable Modre favorable Trs favorable**

    Tableau 3 : Les classes du IPCTJ

    * Au nombre des jours dont l indice est 8m/s, vent de sable, pluie >5 mm) et ce quelque soit la valeur de l IPCTJ.

    ** Les jours trs favorables sont ceux qui se caractrisent par des ambiances thermiques trs confortables en absence de tout phnomne atmosphrique contraignant.

    Cette dmarche assez longue a le mrite d intgrer le maximum de paramtres climatiques qui interviennent dans la dtermination de l ambiance climatique-touristique.

    2. Rsultats

    2.1 Predominante des ambiances thermiques confortables

    Les valeurs de l'IAT (tableau 4) montrent que les ambiances thermiques inconfortables trs inconfortables caractrisent moins de 4 % des jours de l anne sur la cte. A l intrieur, leur frquence augmente lgrement, sans atteindre, pour la plupart des stations, 10% des jours. Seules les stations leves l ouest du pays, comme Thala (1091m) et celles du Sud-Ouest saharien, comme Tozeur, connaissent en moyenne entre 50 et 75 jours d'inconfort thermique, soit 15 20 % des jours de l'anne; cet inconfort thermique est li au froid de l hiver dans le premier cas et la chaleur de l t dans le deuxime. Les ambiances confortables trs confortables occupent 75 81 % des jours de l anne dans la plupart des stations. Mme dans les stations continentales leves o l'hiver est relativement froid et dans les stations sahariennes o l't est trs chaud, les ambiances confortables trs confortables caractrisent autour de 60 % des jours de l'anne (57% Thala et 63 % Tozeur).

    Inconfortable trs inconfortable

    Modre

    Confortable

    Trs confortable

    Tabarka 4 16 47 33 Nabeul 1 18 39 42 Monastir 2 20 40 38 Jerba 2 22 35 41 Le Kef 4 31 44 21 Siliana 5 28 47 21 Thala 20 23 33 24 Kairouan

    6 23 40 31 Tozeur 16 21 36 27

    Tableau 4 : Frquence des types d'ambiances thermiques (% du nombre total des jours de l'anne)

    Les saisons intermdiaires sont les plus confortables sur le plan thermique (tableau 5). L'hiver vient gnralement en troisime position, par la frquence des ambiances thermiques journalires confortables, aprs le printemps et l'automne. Il est signaler cependant que dans le Sud-Ouest du pays, climat saharien, l'hiver est plus confortable que le printemps. A Tozeur on y compte en moyenne, 20 jours de temprature trs confortable, 55 jours de temprature confortable et 16 jours d'ambiance modre. Les jours inconfortables sont presque totalement absents. Dans les stations d'altitude l'ouest, l'hiver est par contre la saison la plus inconfortable. A Thala, on compte en moyenne, 52 jours inconfortables trs inconfortables. Seuls 15 % des jours de l'hiver sont confortables dans cette station. L't est, partout, la saison la moins confortable cause de la forte chaleur, sauf Thala o la chaleur estivale est modre par l'effet de l'altitude. Dans cette station, les ambiances thermiques estivales sont plus confortables que celles des autres saisons et des autres

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    stations. La temprature estivale est mme plus confortable Thala que dans les stations littorales, L'air y est en effet, non seulement moins chaud, mais aussi moins humide que sur la cte. A Tozeur, par contre, plus que 50 % des jours de l t prsentent des ambiances stressantes cause de la forte chaleur.

    Tabarka

    Kef

    Siliana Thala

    Kairouan

    Nabeul Monastir

    Jerba

    Tozeur

    Hiver 74 39 45 15 86 83 83 87 83

    Printemps

    90 85 88 64 95 96 95 96 88

    Et 66 48 45 74 20 52 47 41 9

    Automne 87 86 76 73 80 90 84 78 71

    Tableau 5 : Frquence (% des jours) saisonnire des ambiances thermiques confortables trs confortables

    2.2 Faible frquence des phnomnes atmosphriques contraignants pour les activits de plein air

    Les activits touristiques de plein air peuvent tre gnes, comme mentionn plus haut, mme si l'ambiance thermique est confortable, par certains phnomnes atmosphriques. Nous avons considr que la situation est non favorable dans le cas :

    - d'un vent dont la vitesse dpasse 8 m/s (Besancenot, 1987). Le vent agit en effet, non seulement par son influence sur la sensation de la temprature effective (indice K) mais aussi par son effet mcanique ;

    - d'une pluie journalire suprieure 5 mm, (nous considrons qu une pluie journalire infrieure 2 mm n est pas contraignante). Par contre une pluie suprieure 5 mm empche les activits de plein air ;

    - d'une dure d'ensoleillement infrieure au 1/3 de la journe; la faiblesse de l ensoleillement n'entrave pas totalement les activits touristiques, mais cause de son effet psychique, nous considrons qu un ensoleillement infrieur 1/3 de la journe est gnant pour les activits touristiques ;

    - d'un vent de sable qui persiste au moins pendant deux observations tri-horaires de la journe.

    Dans la plupart des stations, la contrainte lie au vent (les vents forts dont la vitesse > 8 m/s) et au vent de sable constituent un facteur de gne pour les activits de plein air dans 1 6 % des jours de l'anne, sauf Monastir, Tozeur et Thala o les pourcentages se situent entre 10 et 25 %. A Thala (station d'altitude) et Monastir (situation de cap avanc dans la mer), c'est surtout le vent fort qui constitue un facteur de gne. A Tozeur c'est plutt le vent de sable qui est contraignant. Ce type de vent affecte autour de 30 jours en moyenne par an dans les stations les plus touches (celles du Sud-Ouest). Sa frquence diminue considrablement dans la Tunisie orientale (une dizaine de jours Jerba, moins de deux jours Monastir). Le phnomne est rare dans le Nord, comme si la Dorsale constitue une barrire la propagation du vent de sable vers cette direction.

    L'ensoleillement faible caractrise entre 24 % ( Tabarka) et 12 % des jours ( Jerba et Tozeur). Les pluies suprieures 5 mm se produisent dans 5 7 % des jours de l'anne dans les stations telliennes (soit 18 28 jours en moyenne par an). Dans les stations du Sud, le nombre de jours totalisant plus de 5 mm de pluie n atteint que 2 5 jours par an. Dans les stations de la Tunisie centrale, il est de 7 9 jours.

    2. 3 Dominances des ambiances climatiques favorables aux activits de plein air.

    L'examen de l'indice du potentiel climato-touristique journalier (IPCTJ) montre la prdominance, pour toutes les stations, des ambiances favorables trs favorables aux activits de plein air, c est-

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    -dire celles caractrises par le confort thermique et l'absence de phnomne atmosphrique de nature empcher, ou trop gner, ces activits (fig. 2). En dehors de Thala (station d'altitude) et de Tozeur (station saharienne), 60 75 % des jours de l'anne prsentent des ambiances climatiques favorables trs favorables aux activits touristiques. L'ensemble des ambiances dfavorables (dfavorables trs dfavorables) ne constitue que 5 12 % des jours.

    0

    10

    20

    30

    40

    50

    60

    70

    80

    Tabarka Nabeul Monastir Jerba Le Kef Siliana Thala Kairouan Tozeur

    % d

    es jo

    urs

    de l'

    ann

    e

    Dfavor. trs dfavor. Moyenne Favor. A trs favor.

    Fig. 2 : Frquence des types d ambiances climato-touristiques

    Sur la cte nord (Tabarka), les ambiances dfavorables sont dtermines le plus frquemment par les chutes de pluies en hiver et/ou par le vent. Sur la cte orientale, c'est surtout la forte tension de la vapeur d'eau associe une forte chaleur en t, Ajoutons ceci, la frquence de vent relativement fort Monastir. A Jerba, la contrainte est surtout estivale cause de la chaleur. A Thala, malgr le froid hivernal, seuls 33 % des jours de l anne sont, en moyenne, dfavorables. A Tozeur, c'est la chaleur estivale qui fait que 22% des jours de l anne sont dfavorables trs dfavorables aux activits de plein air. La situation varie selon les saisons et les mois. Les deux saisons intermdiaires apparaissent comme les deux saisons les plus confortables. A l'intersaison s'ajoute l't dans les stations d'altitude comme Thala et l'hiver dans les stations sahariennes (fig. 3).

    0102030405060708090

    100

    Tabarka

    KefSiliana

    Thala

    Kairouan

    Nabeul

    Monastir

    Jerba

    Tozeur

    % d

    es jo

    urs

    de la

    sai

    son

    Hiver Printemps Et Automne

    Figure 3 : Frquence saisonnire des ambiances climato-touristiques favorables trs favorables

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    Conclusion

    Le climat de la Tunisie offre un cadre trs favorable pour passer d un tourisme de base presque standardis des formes de tourisme alternatives avec un produit plus authentique et porteur de plus de sens. En effet, les ambiances thermiques et climato-touristiques confortables trs confortables dominent partout l chelle de l anne, avec cependant des nuances assez marques l chelle des saisons et des rgions. Les saisons intermdiaires sont les plus confortables. L ambiance thermique estivale est par contre la plus difficile cause de la chaleur, mais elle est la plus favorable au tourisme balnaire et dans ce sens, elle est bien valorise dans les rgions ctires surtout celles de la Tunisie orientale. Il est noter cependant que l t est moins stressant dans les stations d altitude mme par rapport aux stations ctires. L hiver, en dehors des rgions continentales leves, est partout plus confortable que l t et il l est particulirement dans le sud du pays. Ces nuances mritent d'tre exploites pour le dveloppement de nouveaux crneaux touristiques notamment caractre environnemental et patrimonial. Il est vrai que cette proposition peut faire l objet de dbat surtout lorsqu il s agit d tendre le tourisme des secteurs naturels fragiles (assez rpandus en Tunisie). Mais il faut remarquer aussi, que la valorisation par le tourisme des spcificits regionales pourrat avoir un impact positif sur leur prservation.

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    DEVELOPPEMENT D UN SCENARIO DES PLUIES

    DURANT LA PERIODE HUMIDE EN TUNISIE

    P. MAHERAS(1), K. TOLIKA(1), M. VAFIADIS(2) et CHR. ANAGNOSTOPOULOU(1)

    (1) Dpartement de Mtorologie et de Climatologie, Universit de Thessaloniki 54124, Thessaloniki, Grce, Tel. 00.30.2310.998471, Fax. 00.30.2310.995392 e-mail: [email protected]

    (2) Division Hydraulique, Facult de Technologie, Universit de Thessaloniki, 54124, Thessaloniki, Grce

    Rsum : Dans ce travail, on a utilis les principes des rseaux artificiels (RNA) afin de dvelopper la mthode statistique de dsagrgation d chelle et de simuler les prcipitations saisonnires en Tunisie. Le potentiel prvisionnel de la mthode a t vrifi de deux faons : validation des rsultats par confrontation avec les donnes d observation ; compatibilit des valeurs estimes par le processus des neurones artificielles avec les donnes d observation faites dans des conditions semblables. La comparaison des rsultats obtenus dans cette tude avec les rsultats d autres travaux bass sur le mme prdicteur qu ici (pour la mme priode mais pour d autres pays), montre que les rsultats obtenus ici sont moins satisfaisants surtout en ce qui concerne les coefficients de corrlation. Quoi qu en soit, presque l ensemble des totaux pluviomtriques en Tunisie semblent tre en rduction jusqu la fin du sicle.

    Mots cls: neurones artificiels, Tunisie, prcipitations, scnarios

    Abstract: A statistical downscaling model based on artificial neural networks technique has been applied in the present study for the development of future precipitation scenarios over the area of Tunisia. The skill of the downscaling model in reproducing the observational data was examined by validation the simulated results and by comparing them with the observed precipitation data from the stations used in the study. In comparison to previous studies where the same downscaling model and the same predictors (but for different study areas) were applied it was found that the present results were quite inferior especially concerning the correlation between the simulated and the observed time series. Concerning the future projections it was found that the rainfall totals are expected generally to decrease at the end of the century.

    Key-words: artificial neural networks, Tunisia, precipitation, scenarios

    1. Introduction

    Le problme des changements climatiques constitue aujourd hui, du point de vue scientifique, cologique et conomique, une des proccupations les plus importantes pour tous les pays du monde. L apprciation des changements climatiques se fait par la construction de scnarios en utilisant les Modles de Circulation Gnrale (MCG). Pourtant, les valeurs ainsi que les champs pluviomtriques produits par ces modles, mme les plus rcents, apparaissent insuffisants pour des applications directes, car la reprsentation des facteurs gographiques rgionaux et locaux est limite par l chelle de MCG. Pour rsoudre ce problme, des mthodes de dsagrgation d chelle ont t dveloppes afin de fournir partir de MCGs des produits l chelle rgionale et locale. Ces mthodes se divisent en deux grandes catgories: mthodes dites dynamiques fondes sur les modles eux-mmes, et mthodes empiriques dites statistiques fournissant des solutions simples mais de forte importance scientifique.

    Les mthodes statistiques sont bases sur les relations empiriques entre les lments du climat (prcipitations, tempratures) et les lments de la circulation rgionale ou locale slectionns trs attentivement et dites prdicteurs (Goodess et al., 2005; Maheras et al., 2004; 2006). Elles procdent soit par rgression multiple linaire ou non linaire (neurones artificiels), soit par analyse canonique, soit enfin par classification de types de circulation chelle rgionale.

    2. Donnes et mthodes

    On a utilis les donnes des prcipitations saisonnires de 6 stations de Tunisie distribues de faon relativement uniforme sur la priode 1958-2000. Toutes ces stations se trouvent au nord du 33o parallle. Selon Henia (1980,1993) la plus grande partie de la Tunisie reoit des quantits de pluies modestes ou trs modestes, l indigence de la pluviosit de la plus grande partie du pays est aggrave par:

    1- l irrgularit qui s observe, tant au niveau des caractres de la saison pluvieuse, qu au niveau des totaux pluviomtriques;

  • XXme Colloque de l Association Internationale de Climatologie

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    2- la courte dure effective de la saison de pluies; 3- le faible groupement des jours pluvieux et l importance des intervalles secs les sparant; 4- enfin, par le fait que les totaux levs de pluie sont, pour la plupart, ds des chutes intenses

    et orageuses plus qu des pluies fines et rptes.

    Il est noter que la pluviomtrie annuelle des stations utilises varie entre 172.5 et -626.9 mm.

    On a de mme utilis les donnes des gopotentiels au niveau de 500hPa en point de grille (rsolution spatiale 2.5o x 2.5o).de NCEP/NCAR Reanalysis project couvrant l Europe, la Mditerrane, et une partie de l Afrique du nord (fenetre 10oW

    22.5oE et 25oN -50oN) sur la mme priode que les prcipitations (1958-2000). Egalement, on a utilis les gopotentiels saisonniers du modle HadAM3P (1960-1990 et 2070-2100) au mme niveau, la mme fentre et la mme rsolution que les donnes NCEP/NCAR.

    Dans cette tude, on a utilis le principe des rseaux des neurones artificiels (RNA) afin de dvelopper la mthode statistique de dsagrgation d chelle dans le but de simuler les prcipitations saisonnires en Tunisie. Pour avoir plus de renseignements concernant la technique des neurones artificiels, le dveloppement de la mthode statistique de dsagrgation d chelle, ainsi que le mode de l utilisation des donnes voir: Maheras et al., 2006; Tolika et al., 2007.

    3. Rsultats

    3.1 Priode de validation

    Le tableau 1 prsente les rsultats de calcul concernant la priode de validation 1979-1993 pour toutes les stations et pour toutes les saisons except l t (absence de prcipitation). D aprs ce tableau, on constate que les coefficients de corrlation (c.c.) pour toutes les stations sont relativement faibles. En hiver, ils varient entre 0.0 (Gabs) et 0.7 (Jandouba). Les coefficients de corrlation des autres saisons ne sont pas meilleurs. Au printemps, ils varient entre -0.1 (Bizerte) et 0.4 (Gafsa, Jandouba) et en automne entre -0.1 (Gabs) et 0.6 (Kairarouan).

    Tableau 1. Rsultats pour la priode de validation (1979-1993) du modle de rseaux des neurones artificiels (dsagrgation de chelle statistique)

    En rgle gnrale, les carts entre les prcipitations simules et observes pour la priode de validation pour toutes les stations et les saisons sont ngatifs, except les carts de la station Jandouba, en hiver, et les stations Gabs et Sfax, au printemps, o les pluies apparaissent surestimes (carts positifs). La saison de printemps prsente les carts les plus faibles (Bizerte : -9.6mm et Sfax : 5.3mm) et au contraire, la saison d automne, les carts les plus levs (Bizerte : -94.2mm, Gabs : -13.1mm). Pourtant, l application du t-test de Student montre que les carts pour toutes les saisons ne sont pas significatifs et cela pour toutes les stations, except quatre stations pour l automne (Bizerte, Gafsa, Jandouba et Kairarouan) o les carts sont significatifs.

    Stations

    Bizerte Gabes Gafsa Jandouba Kairarouan Sfax Coefficients De Corrlation

    0.1 0.0 0.0 0.7 0.5 0.2

    Ecarts (Sim Obs) -48.7 -1.4 -17.6 0.9 -12.8 -8.4 Hiv

    er

    Ecarts des carts types -27.9 -3.5 -46.3 -25.7 -29.3 -18.1 Coefficients De