administration de la revue

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Page 1: ADMINISTRATION DE LA REVUE

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Page 2: ADMINISTRATION DE LA REVUE

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ADMINISTRATION DE LA REVUE Direction

Arsène DJAKO, Professeur Titulaire à l'Université Alassane OUATTARA (UAO)

Secrétariat de rédaction

Joseph P. ASSI-KAUDJHIS, Professeur Titulaire à l'UAO

Konan KOUASSI, Maître de Conférences à l'UAO

Dhédé Paul Eric KOUAME, Maître-Assistant à l'UAO

Yao Jean-Aimé ASSUE, Maître de Conférences à l'UAO

Zamblé Armand TRA BI, Maître de Conférences à l'UAO

Kouakou Hermann Michel KANGA, Maître-Assistant à l'UAO Comité scientifique

HAUHOUOT Asseypo Antoine, Professeur Titulaire, Université Félix

Houphouët Boigny (Côte d'Ivoire)

ALOKO N'Guessan Jérôme, Directeur de Recherches, Université Félix

Houphouët Boigny (Côte d'Ivoire)

BOKO Michel, Professeur Titulaire, Université Abomey-Calavi (Benin)

ANOH Kouassi Paul, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët Boigny

(Côte d'Ivoire)

MOTCHO Kokou Henri, Professeur Titulaire, Université de Zinder (Niger)

DIOP Amadou, Professeur Titulaire, Université Cheick Anta Diop (Sénégal)

SOW Amadou Abdoul, Professeur Titulaire, Université Cheick Anta Diop

(Sénégal)

DIOP Oumar, Professeur Titulaire, Université Gaston Berger Saint-Louis

(Sénégal)

WAKPONOU Anselme, Professeur HDR, Université de N'Gaoundéré

(Cameroun)

KOBY Assa Théophile, Maître de Conférences, UFHB (Côte d'Ivoire)

SOKEMAWU Koudzo, Professeur Titulaire, Université de Lomé (Togo)

HECTHELI Follygan, Professeur Titulaire, Université de Lomé (Togo)

KADOUZA Padabô, Professeur Titulaire, Université de Kara (Togo)

GIBIGAYE Moussa, Professeur Titulaire, Université Abomey-Calavi (Benin)

Page 3: ADMINISTRATION DE LA REVUE

3

EDITORIAL

La création de RIGES résulte de l’engagement scientifique du Département de

Géographie de l’Université Alassane Ouattara à contribuer à la diffusion des

savoirs scientifiques. RIGES est une revue généraliste de Géographie dont

l’objectif est de contribuer à éclairer la complexité des mutations en cours issues

des désorganisations structurelles et fonctionnelles des espaces produits. La

revue maintient sa ferme volonté de mutualiser des savoirs venus d’horizons

divers, dans un esprit d’échange, pour mieux mettre en discussion les problèmes

actuels ou émergents du monde contemporain afin d’en éclairer les enjeux

cruciaux. Les rapports entre les sociétés et le milieu naturel, la production agricole,

l’amélioration des conditions de vie des populations rurales et urbaines, le

développement territorial ont fait l’objet d’analyse dans ce présent numéro.

RIGES réaffirme sa ferme volonté d’être au service des enseignants-chercheurs,

chercheurs et étudiants qui s’intéressent aux enjeux, défis et perspectives des

mutations de l’espace produit, construit, façonné en tant qu’objet de recherche. A

cet effet, RIGES accueillera toutes les contributions sur les thématiques liées à la

pensée géographique dans cette globalisation et mondialisation des problèmes

qui appellent la rencontre du travail de la pensée prospective et de la solidarité

des peuples.

Secrétariat de rédaction

KOUASSI Konan COMITE DE LECTURE

KOFFI Brou Emile, Professeur Titulaire, UAO (Côte d'Ivoire)

ASSI-KAUDJHIS Joseph P., Professeur Titulaire, UAO (Côte d'Ivoire)

BECHI Grah Félix, Professeur Titulaire, UAO (Côte d'Ivoire)

MOUSSA Diakité, Professeur Titulaire, UAO (Côte d'Ivoire)

VEI Kpan Noël, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)

LOUKOU Alain François, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)

TOZAN Bi Zah Lazare, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)

ASSI-KAUDJHIS Narcisse Bonaventure, Maître de Conférences, UAO

(Côte d'Ivoire)

SOKEMAWU Koudzo, Professeur Titulaire, U L (Togo)

HECTHELI Follygan, Professeur Titulaire, U L (Togo)

KOFFI Yao Jean Julius, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)

Yao Jean-Aimé ASSUE, Maître de Conférences, UAO

Zamblé Armand TRA BI, Maître de Conférences, UAO

Page 4: ADMINISTRATION DE LA REVUE

4

Sommaire

AKADJE-Konan Léocadie Marie-Claude

Suivi spatio-temporel de la mangrove du complexe Sassandra-Dagbégo

5

DIOP Khalifa, CISSÉ Ahmadou Bamba

Salinisation et risques pour l’agriculture périurbaine à Pikine : analyse des résultats du suivi de l’évolution saisonnière et interannuelle (2016-2017) de la minéralisation des eaux d’irrigation à travers la conductivité électrique

21

TOFFA Yessia, FANDOHAN Adandé Belarmain, AVOCEVOU-AYISSO

Carolle, SODE Akoeugnigan Idelphonse

Distribution potentielle des habitats favorables au genre Cochlospermum Kunth

et identification des zones prioritaires pour une conservation résiliente au

changement climatique

40

ABIODOUN Adémola Frédéric, FANDOHAN Adandé Belarmain, TOKO

IMOROU Ismaïla, GANGLO Jean Cossi

Modélisation des habitats favorables à la conservation du buffle (Syncerus caffer)

dans le contexte des changements climatiques au Bénin en Afrique de l’Ouest

61

Seausoliait Eusèbe KOUAKOU, Della André ALLA

Les facteurs d’aléas d’inondation et d’érosion dans les petites localités ivoiriennes :

cas des villes de Tiassale et N’douci (Sud de la Côte d’Ivoire)

78

Mamadou DIOMBERA

Tourisme à Saly Portudal (Sénégal) : entre vulnérabilité et résilience face aux défis du changement climatique

98

LARE Konnegbéne

L’exploitation des bas-fonds dans la Région des Savanes au Nord-Togo : un enjeu

important pour un développement socio-économique local

123

DEGUI Jean-Luc, KOUADIO Kouakou Abraham

Pratiques culturales et dégradation forestière dans le département de Divo au sud de

la Côte d’Ivoire

149

Page 5: ADMINISTRATION DE LA REVUE

5

Drissa KONE, Seydou MARIKO, Abdoul Kadri KOLLI

Rôle du marché de Nièna dans l’approvisionnement et la commercialisation du

bétail en République du Mali

164

YANOGO Pawendkisgou Isidore, SANOGO Salifou, YAMÉOGO

Joseph

La pastèque (citrullus lanatus), une opportunité pour les acteurs de la

commercialisation dans la ville de Koudougou (Burkina Faso)

177

MASSAR Sène

Le mode d’acquisition foncière à Pikine et à Diaminar : pratiques irrégulières et différenciées entre deux quartiers périphériques et populaires de la ville de Saint-Louis

196

NGUIJOI Gabriel Cyrille, MBOKA MADIBA Jean Jacques, NKOUNGOU Gregory José, JAKPOU NJIPNANG Doris Nadine, MENDOUGA Yanick, ESSE NDJENG M.P.

Désertion et déperdition scolaire dans la Vallée du Ntem : L’attrait des « pétro-francs CFA» guinéens et gabonais sur les jeunes de l’extrême sud-Cameroun

214

Estelle ZUO-DIATE, Dominique COURET, Ousmane DEMBELE

Urbanisation de la périphérie sud-est d’Abidjan : quand un roi impose sa volonté à l’Etat

235

ASSI-KAUDJHIS Narcisse, GNANKOUEN Anicet Renaud

Autoproduction de logements et aménagement de l’espace urbain à Bongouanou (Côte d’Ivoire)

260

OUEDRAOGO Rawelguy Ulysse Emmanuel, NIKIEMA Dayangnéwendé

Edwige, Georges COMPAORE

Prolifération et gestion des bouteilles à usage unique à Koudougou (Burkina-Faso)

277

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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LES FACTEURS D’ALEAS D’INONDATION ET D’EROSION DANS LES

PETITES LOCALITES IVOIRIENNES : CAS DES VILLES DE TIASSALE ET

N’DOUCI (SUD DE LA CÔTE D’IVOIRE)

Seausoliait Eusèbe KOUAKOU, Doctorant, Institut de Géographie Tropicale (IGT),

Laboratoire de Géographie de l’Environnement et des Risques (LAGERIS),

Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody-Abidjan Côte d’Ivoire,

Email : [email protected]

Della André ALLA, Professeur Titulaire, Institut de Géographie Tropicale (IGT),

Laboratoire de Géographie de l’Environnement et des Risques (LAGERIS),

Université Félix Houphouët-Boigny de Cocody-Abidjan Côte d’Ivoire

Email : [email protected]

Résumé

L’urbanisation galopante des villes ignorant au préalable les caractéristiques du site

est la principale cause des risques naturels en Afrique subsaharienne. Cet article

analyse les facteurs d’aléas d’inondation et d’érosion dans les petites localités

ivoiriennes ; notamment celles de Tiassalé et N’douci dans le Sud de la Côte d’Ivoire.

Ces deux centres urbains sont situés dans la zone de contact forêt-savane à une

centaine de kilomètre de la ville d’Abidjan. Ils sont séparés par une frontière

naturelle qui est le fleuve Bandama. Celui-ci conflue avec le N’zi au niveau de

Taboitien près de Tiassalé. Contrairement aux villes des pays développés, celles des

pays en voie de développement sont en majorité construites sur des sites

potentiellement exposés à des risques naturels. Pour traiter cette situation dans les

villes de Tiassalé et N’douci, la démarche suivie comprend deux phases. La première

phase a consisté à la réalisation des pentes, des altitudes, des différents profils

topographiques et le réseau hydrographique à partir de l’utilisation des images

"ASTERGDEM" et des SIG. Le retour des pluies décennales a été réalisé grâce aux

données de la SODEXAM. La seconde a consisté à la conduite d’enquête de terrain,

l’observation du terrain et la collecte d’information relative à l’augmentation

constante de la population de Tiassalé et N’douci depuis 1965. Aussi à mettre en

évidence l’existence d’un réseau de drainage trop sommaire et son mauvais usage

puis celui du lit des rivières. Les résultats montrent que les facteurs d’aléas

d’inondation et d’érosion qui favorisent la présence des risques naturels à Tiassalé et

N’douci sont principalement liés aux caractéristiques physiques du site (la

topographie, les pentes, le type de sol et les pluies extrêmes) et aux actions

anthropiques (croissance démographique, occupation des zones à risque, mauvais

usage du réseau de drainage et la faible en réseau de drainage).

Mots clés : Côte d’Ivoire, les villes de Tiassalé et N’douci, facteurs d’aléa, inondation,

érosion, risques naturels.

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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Abstract

The galloping urbanization of cities unaware of the characteristics of the site

beforehand, is the main cause of natural risks in sub-saharian Africa. This article

analyzes the risks factors of flooding and erosion in small Ivorian localities; in

particular, those of Tiassalé and N’douci in the center of Ivory Coast. Those two

urban cities are located in the forest-savannah contact zone, around one hundred

kilometers from the city of Abidjan. They are separated by a natural border which is

the Bandama river. This one merger with the N’zi at the level of Taboitien near

Tiassalé. Unlike the cities of developing countries are mostly built on sites potentially

exposed to natural hazards. To deal with this situation in the towns of Tiassalé and

N’douci, the approach followed, included two phases. The first phase consisted in

making slopes, altitudes, different topographic profiles and the hydrographic

network through the use of "ASTERGDEM" images and SIG. Similarly, the return of

the ten-year rains was achieved thanks to the SODEXAM data. The second one

consisted in conducting a field survey, field observation and collection of

information related to the constant increasing of the population of Tiassalé and

N’douci since 1965. Then, to highlight the existence of a too basic drainage network

and its misuse as well as that of the river bed. The results show that the risks factors

of flooding and erosion which favor the presence of natural risks in both towns, are

mainly linked to the physical properties of the site (topography, slopes, types of soil,

extreme rains) and, anthropogenic actions (demographic growth, occupation of risks

areas, misuse of the drainage network and the insufficient drainage).

Keywords: Ivory Coast, town of Tiassale and N’douci, risk factors, flood, erosion,

natural risks.

Introduction

L’urbanisation galopante est au cœur des mutations que connaissent les sociétés en

Afrique au sud du Sahara ces dernières décennies. De 15% en 1960, le taux

d’urbanisation en Afrique subsaharienne est estimé à près de 40% de la population

totale en 2017 (Nation Unies, 2017, cité par Gbocho Yapo Antoine, 2017 p 2). Selon les

projections de cette institution, plus de la moitié de la population subsaharienne

devrait résider en ville en 2030 (D. Tabutin et al, 2004, p 570 cité par Gbocho Yapo,

2017 p 2). Cette explosion urbaine se manifeste principalement par une accélération

de la croissance démographique, l’un des facteurs de la morphogénèse. Les actions

anthropiques sont l’une des causes de l’évolution et de la dynamique des versants en

zone urbaine (Michel Tchotsoua, 1994 p2). Les localités de Tiassalé et N’douci ont

connu une extension rapide des zones urbanisées induite par la croissance

démographique au détriment des espaces verts et même des zones, à priori, non

constructibles (zones humides). Cela induit des conséquences néfastes, parfois

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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irréversibles sur les sites topographiques habités. Cette installation tout azimut

expose les populations aux aléas tels que l’érosion et l’inondation.

A cet effet, l’aléa reste un phénomène menaçant d’origine naturelle et/ou

anthropique, susceptible d’affecter un espace donné, en particulier par la nature et la

valeur des éléments exposés que cet espace supporte (hommes, biens, activités….). Il

se caractérise par sa nature, son identité, sa probabilité d’occurrence et sa fréquence

quant elle peut être estimée (Gbéassor, 2006 cité par Saïdou Bani Samari, 2011, p 18).

L’aléa est lié à la notion de hasard. Dans le contexte de l’étude des risques, l’aléa se

définit comme la probabilité d’occurrence d’un phénomène. C’est un processus

physique, lithosphérique ou climatique. L’objectif de l’étude, au-delà du simple

constat, est de contribuer à amener les décideurs à assurer l’intégration des facteurs

d’aléas naturels dans les politiques et stratégies de développement des villes.

L’analyse et la compréhension des facteurs d’aléas semblent être l’un des préalables

indispensables à toute approche et réflexion sur les risques naturels en milieu urbain.

Aussi l’intervention humaine dans le domaine des études d’impact et de

l’élaboration des stratégies tant sur le plan conceptuel qu’opérationnel, est-elle

indispensable afin de parvenir à une meilleure valorisation du cadre urbain à

Tiassalé et N’douci.

1. Matériels et méthodes

1.1. Présentation de la zone d’étude

Les localités de Tiassalé et N’douci situées à la lisière du "V" baoulé, appartiennent à

la région de l’Agneby-Tiassa. Les villes de Tiassalé et N’douci sont classées dans la

catégorie des villes secondaires. Elles ont respectivement des populations qui ont

évolué dans le temps. La population de la ville de Tiassalé est estimée à 11079

habitants en 1975, avant de connaître une évolution en 1998 pour atteindre 17823

habitants. En 2014, cette ville compte 29535 habitants (RGPH1, 2014) pour 500 ha.

Concernant la ville de N’douci, sa population est estimée à 8143 habitants en 1975.

De 1998 à 2014, elle est passée de 19607 habitants à 31386 habitants (RGPH, 2014)

installés sur une superficie totale de 718 ha (Figure 1). Ce dynamisme

démographique se manifeste essentiellement par un étalement urbain qui s’opère

sans tenir compte des risques naturels.

1 Recensement Général de la Population et de l’Habitat

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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Figure 1 : Présentation des villes de Tiassalé et N’douci

Source : CNTIG. Fond de carte, 2011. Réalisation : Kouakou.S.E, 2018

1.2. Présentation de la loi de Gumbel

Dans ce travail, la loi de Gumbel est utilisée pour mener l’analyse fréquentielle. En

effet, au vu des pratiques en hydrologie, cette loi est fréquemment utilisée pour

modéliser des événements extrêmes, notamment pour les pluies de retour à Abidjan

pour des auteurs ivoiriens comme (Alla, 2013). Elle est très utilisée en hydrologie et

en climatologie pour estimer les valeurs extrêmes de phénomènes. Pour ce faire, on

utilise la méthode d’analyse fréquentielle.

L’analyse fréquentielle est une méthode statistique de prédiction consistant à étudier

les événements passés, caractéristiques d’un processus donné (hydrologie ou autre)

afin d’en définir les probabilités d’apparition future. Cette prédiction repose sur la

définition et la mise en œuvre d’un modèle fréquentiel, qui est une équation

décrivant le comportement statistique d’un processus. Ces modèles décrivent la

probabilité d’apparition d’un événement de valeur donnée.

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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1.3. Matériels et données

Les données utilisées dans ce travail sont de deux catégories : les données

cartographiques et les données statistiques.

1.3.1. Données cartographiques

Il s’agit de fichés numériques qui ont permis la réalisation des différentes cartes

thématiques relatives à cette étude. Elles se composent de : données topographiques

et de données relatives à l’armature urbaine.

- Modèle numérique de terrain

Pour réaliser les cartes d’altitudes et de pentes, une image "ASTERGDEM" a été

téléchargée (30 m) de résolution datant de 2018 sur le site de la NASA (earth explorer

us.gouv). Des courbes de niveau d’équidistance de 2 m ont également été utilisées.

Elles ont été transférées sur "ArcGis" 10.2. L’image a été importée sous le logiciel Arc-

gis 10.2. Ensuite, les opérations d’extraction "by Mask", de création de contour et de

pentes ont été effectuées.

- Délimitation des bassins versants

Cette opération s’est faite usuellement sous "ArcGIS", à partir de l’image

"ASTERGDEM"2. Pour délimiter le bassin versant du fleuve et ressortir le réseau

hydrographique, les outils d’analyse spatiale du logiciel ArcGis ont été utilisés

(N’cho Lionel, 2020 p 10). Le réseau hydrographique est d’abord créé avant de

délimiter le bassin. Dans l’outil d’analyse spatiale, les outils d’hydrologie sont

d’abord utilisés, puis un double clic est effectué sur "remplissage". Une fenêtre

s’ouvre, dans laquelle le "ASTERGDEM" est intégré, avant de lancer le géotraitement.

On ouvre une nouvelle fenêtre avec l’outil direction du flux, où est intégré le raster

de remplissage. On ouvre encore une fenêtre avec l’outil d’accumulation du flux,

dans laquelle le raster de direction du flux est inséré. L’étape suivante consiste à

utiliser l’outil "con" qui se trouve sous "condition" dans les outils d’analyse spatiale.

On renseigne la fenêtre avec le raster d’accumulation du flux. Ainsi, le réseau

hydrographique est généré, mais en format raster, donc difficile à modifier pour

d’éventuel ajustement avec les courbes de niveau et la réalité. La transformation du

raster en vecteur permet d’avoir la table attributaire du réseau hydrographique avec

toutes ses caractéristiques. Pour ce faire, l’outil de conversion est utilisé, l’option

raster vers polyligne est choisie. La hiérarchisation utilisée pendant le traitement est

celle de Strehler. La dernière étape consiste à délimiter les bassins versants des

rivières Kplégblé et Pétémé à Tiassalé puis Pêtêfouê, Oppoutomiké et Aléguébroua à

N’douci. Cette opération consiste à marquer un point en aval de la rivière au niveau

de son exutoire en vue de délimiter son bassin hydrographique. Deux données sont

2 Advance Spacebone Thermal Emission and Reflection Radiometer Global Digital Elévation Modèl

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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nécessaires, le point et le raster de direction du flux. Le résultat obtenu (raster) est

également converti en vecteur.

- Altitudes et zones potentiellement inondables

Pour réaliser la carte des altitudes, l’outil 3D analyst est d’abord sélectionné, ensuite

raster surface et isoligne. Dans la fenêtre qui s’ouvre après un double clic sur

isoligne, le SRTM est inséré en donnée, puis 5 m d’équidistance entre les courbes de

niveau sont choisis pour que les lignes soient resserrées. Le traitement est lancé pour

que le logiciel génère les courbes de niveau. Une fois le traitement terminé, le lissage

des lignes qui permet d’améliorer le résultat est effectué en nettoyant les "déchets"

(N’cho Lionel, 2020, p 11). Cette étape consiste à utiliser l’outil "lisser des lignes", puis

une modification du fichier est réalisée. Dans une session de mise à jour, et avec les

outils d’édition, l’élimination des "déchets" se fait, un ajustement avec la réalité est

également réalisé à ce stade. Les courbes de niveau sont par la suite exprimées en

TIN3, toujours avec l’outil 3D analyst.

- Données relatives à l’armature urbaine

Ces données concernent le bâti, l’occupation du sol des localités de Tiassalé et

N’douci de 1983 à 2010. Elles sont recueillies auprès du cadastre de la ville

d’Agboville, le chef-lieu de la région de l’Agneby-Tiassa. Ces données ont permis

d’établir une typologie de l’habitat et d’appréhender le mode d’occupation du sol.

Les données relatives aux infrastructures d’assainissement pluvial ont été acquises

auprès du service technique de la mairie de Tiassalé. Elles renseignent sur le tracé du

réseau de drainage des eaux pluviales des villes de Tiassalé et N’douci en 2018. A la

suite de ce tracé, la numérisation sous "Arc Gis" du réseau hydrographique de ces

deux localités a été faite.

1.3.2. Données statistiques

Les données statistiques recueillies portent sur la démographie et la pluviométrie.

- Données démographiques

Les statistiques relatives à la démographie de la zone d’étude ont été extraites du

recensement général de la population et de l’habitat de l'Institut National de la

Statistique de 1998 et l’estimation de la population des localités de Tiassalé et

N’douci de 2014. Ces données démographiques traitent de la répartition des ménages

de la ville de Tiassalé et N’douci par quartier en 1998 et 2014 puis celles de la

répartition de la population des villes de Tiassalé et N’douci par quartier selon le

sexe 1998 et 2014. Enfin, les données proviennent également du recensement des

victimes d’inondation de 2017 et 2018 initié par la préfecture de Tiassalé.

- Données pluviométriques

Elles portent sur les variations mensuelles des précipitations qui s’abattent sur les

villes de Tiassalé et N’douci de 1971 à 2016. Ces données ont été acquises auprès des

3 Network Irregular Triangulation

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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services de la SODEXAM. Elles ont permis de déterminer le retour des pluies

décennales et le régime pluviométrique dans ses rapports avec la manifestation des

risques naturels à Tiassalé et N’douci. La ville de Tiassalé disposait d’une station

pluviométrique qui a connu un fonctionnement jusqu’à la crise poste-électorale de

2010. Après cette date, on assiste à un arrêt de prélèvement de données

pluviométriques. Facteur de déclenchement d’aléas d’origine naturelle, ces données

portent sur les variations annuelles, mensuelles et parfois journalières des pluies.

1.3.3. Matériels de travail

Ce travail a nécessité l’utilisation des logiciels ArcGis, Sphinx V.5.1.0.5 et de

d’appareil photographique.

- Arc Gis 10.2.1

Arc Gis est la forme la plus élaborée d'Arc View. C'est l'un des puissants outils

actuels utilisés dans la réalisation d'un SIG. Sur ce logiciel, les différentes couches

d'information relatives aux facteurs d'aléas et aux enjeux obtenues ont été intégrées

dans le module Arc Map version 10.2.1 pour l'élaboration des cartes.

- Sphinx V.5.1.0.5

Il a permis de faire un questionnaire, de rentrer les réponses issues de l’enquête afin

de faciliter le dépouillement du questionnaire et faire des graphiques pour analyser

les résultats de ce questionnaire. Les données traitées par le sphinx sont de deux

types. On a les données de nature quantitative et les données de nature qualitative.

Pour les données qualitatives, il y a les données nominales et des données ordinales.

Pour les données quantitatives, il existe les données continues et des données

discrètes c’est-à-dire variables continues et variables discrètes.

- Appareil photographique

Deux types d'appareils photographiques ont été utilisés. Le premier est un modèle

mécanique. Il s'agit d'un appareil de marque MINOLTA X-370, muni d'un zoom de

75 mm. Le second est numérique. C'est un Panasonic DMC-L53 de 5,0 Méga Pixels.

Ces appareils ont servi à des prises de vue d’événements climatiques et

géomorphologiques qui surviennent dans les agglomérations de Tiassalé et N’douci

jugés significatifs pour l’étude.

1.4. Méthodes de collecte des données

Deux techniques de collecte des données ont été nécessaires pour obtenir les

informations. Ce sont : la collecte des données documentaires et la collecte des

données de terrain.

Page 13: ADMINISTRATION DE LA REVUE

Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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1.4.1. Collecte des données documentaires

La recherche documentaire a consisté à consulter un certains nombres d’ouvrages.

Ces ouvrages ont été consultés dans les locaux des bibliothèques du CERAP, BNETD

et celle de la Faculté des Lettres, des Arts et Sciences Humaines (FLASH) de

l'Université de l’Université Félix Houphouët Boigny de Cocody-Abidjan. Cette étape

a permis de faire la revue de littérature sur notre sujet. Des documents généraux et

des documents spécifiques traitant certains aspects de notre étude ont été consultés.

Il ya également la recherche sur internet qui a permis de consulter des travaux

scientifiques, des thèses et des livres qui ont permis de constituer notre revue de

littérature.

1.4.2. Collecte des données de terrain

Elle s’est déroulée en deux phases : l’observation sur le terrain et l’enquête par

questionnaire.

- L’observation sur le terrain

Cette méthode d’investigation a consisté à visiter les sites de l’étude. Elle a permis de

voir de près les réalités et de procéder directement au recueil des informations sans

nous adresser aux sujets concernés. A cet effet, cinq sorties de terrain ont été

organisées entre 2017 et 2018 en utilisant la méthode de transect. Ces sorties ont

permis d’identifier et de localiser des endroits potentiellement favorables à

l’occurrence des aléas inondation et érosion. Cette enquête a constitué une source de

collecte d’informations utiles. Les entités observées sont le cadre environnemental,

les ouvrages d’assainissement pluvial, l’habitat et les infrastructures. Des visites de

terrain ont été effectuées en période pluvieuse (juin-juillet) pour apprécier la

manifestation de l’érosion hydrique, la réaction des populations et des autorités face

à la manifestation catastrophique de ce phénomène.

- L’enquête par questionnaire

Un questionnaire a été établi et a été adressé aux chefs de ménage. En effet il s’agit de

la femme ou l’homme chef de ménage. Parfois on trouve la femme du chef de

ménage à domicile donc nous l’interrogeons. Le chef de service technique de la

mairie et son collaborateur sur le terrain ont été interrogés. Les questions ont porté

sur certaines caractéristiques sociodémographique et économique des ménages, telles

que les mobiles d’occupation des sites, la personne à l’origine de leur installation sur

le site, la qualité du bâti, la perception des sites occupés, les aléas auxquels ils sont

exposés, les périodes de leur survenue. Les questions relatives à la manifestation des

aléas, moyens de lutte ou aux réactions en cas de survenu des risques, aux

dommages subis.

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Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 10 Juin 2021, ISSN 2521-2125

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2- Résultats

A Tiassalé et N’douci, les facteurs d’aléas qui sont à l’origine de la survenue des

risques naturels sont d’ordre naturels et humains. L’aléa est la première composante

du risque. Il désigne la probabilité d’occurrence d’un phénomène.

2.1. Les facteurs physiques d’aléas d’inondation et d’érosion dans les villes de

Tiassalé et N’douci

2.1.1. Un site topographique fortement vallonné

L’élément constitutif de ce milieu fragile est la dénivellation du site. Les altitudes

varient d’une localité à une autre (Figure 2 et 3).

Figure 2 : Les altitudes de Tiassalé Figure 3 : Les altitudes de N’douci

Le relief de Tiassalé est moins moutonné que celui de N’douci. En effet, le paysage

topographique de cette ville est traversé par deux vallées encaissées en forme de "U".

La vallée située au sein du quartier François Kouadio est moins importante au niveau

de la taille. Elle présente une forme allongée et peu profonde. Celle prenant sa source

au niveau du quartier Résidentiel à la périphérie du domaine Bony est plus large.

Elle traverse le quartier Dafindougou pour croiser celle citée un peu plus haut au

niveau du quartier Prof, à la lisière des quartiers Baoulé et Corridor. Ces deux vallées

Source : image ASTERGDEM, 2011

Réalisation et conception : Kouakou.E, 2020

Source : image ASTERGDEM, 2011

Réalisation et conception : Kouakou.E,

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sont séparées par un talus à replat qui présente des pentes raides. En plus des

vallées, il y a une butte au sommet large avec une altitude maximale de 35 m. Elle

s’étale au pied de la vallée entre la mairie et la gare routière où coule la rivière pétémé.

A sa suite, le relief s’élève de 50 m avant d’amorcer une descende abrupte vers le

Bandama avec des altitudes de 25 m.

La ville de N’douci se développe sur un plateau disséqué dans la direction Sud-Est,

Est et Ouest. Ce plateau est occupé dans sa partie centrale par une immense vallée en

direction Sud-Est et Nord-Ouest sous forme d’une échancrure dans la terre ferme.

Deux plateaux séparés par la principale vallée se font face. A l’Ouest, il y a un

plateau dont le point le plus important ce situe à 76 m au quartier Akoudjê-cité. Les

plateaux Est et Sud-Est concernent les quartiers Scierie, Dallas et Mosquée où

l’altitude maximale est autour de 87 m. Ce type de relief est favorable à

l’urbanisation, raison pour laquelle N’douci s’étend dans la direction Ouest, Est et

Sud-Est.

2.1.2. Pentes relativement faibles

La pente topographique est l’une des conditions de base de la manifestation des

phénomènes naturels (Alla, 2013 p 120). Plus la pente est raide, plus l’érosion est

forte. Dans le cas contraire l’érosion est faible (Figure 4 et 5).

Figure 4 : Répartition des pentes à Tiassalé Figure 5 : Répartition des pentes

à N’douci

Source : image ASTERGDEM, 2011

Conception et réalisation : Kouakou. E, 2020

Source : image ASTERGDEM, 2011

Conception et réalisation : Kouakou. E, 2020

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Dans les centres urbains de Tiassalé et N’douci, les pentes sont généralement

modestes. Cependant, les pentes sont plus fortes à N’douci qu’à Tiassalé. En effet, à

N’douci, les pentes inférieures à 6% occupent environ 40% de l’espace et s’étendent

sur l’ensemble du territoire sauf la partie centrale. A Tiassalé, ces pentes sont

essentiellement circonscrites dans la partie septentrionale. Ces pentes constituent des

déterminants non négligeables d’aléa d’érosion.

2.1.2. Des sols aux propriétés physiques favorables aux phénomènes d’inondation et

d’érosion

L’étude pédologique de la région d’Abidjan au 1/200000 ème, et donc de la Commune

de Tiassalé, N’Douci fait apparaître les sols ferralitiques, les sols hydromorphes et les

sols récents (Perraud, 1971) (figure 4). On trouve également dans le département, des

vallées à fond plat encombrées d’alluvions. Des zones marécageuses et de

nombreuses zones inondables dans le bassin versant du Bandama constituent des

éléments clés du relief.

2.1.2.1. Des sols hydromorphes favorables à l’inondation

Les sols hydromorphes sont en général plus représentés à N’douci qu’à Tiassalé. Ils

occupent 51% du territoire de N’douci soit 364 ha. A Tiassalé, ils représentent 32% du

site urbain. Ce qui correspond à 159 ha. Ce type de sol est plus localisé dans les bas-

fonds de la ville où coulent les différentes rivières. Les espaces inondables sont plus

étendus et plus nombreux à N’douci en raison de l’emprise spatiale des sols

hydromorphes et des fonds de vallées.

2.1.2.2. Des sols ferrallitiques favorables à l’érosion

Les sols ferrallitiques représentent 68% de la superficie de la ville de Tiassalé sur 340

ha (Figure 6). Au niveau de N’douci, c’est 49% sur 354 ha (Figure 7). Ils sont situés

sur des zones présentant des altitudes les plus élevées des localités de N’douci et

Tiassalé. Ces sols sont très sensibles à l’érosion et se localisent où les pentes sont plus

importantes à Tiassalé et N’douci. On les trouve au nord et au centre de Tiassalé et à

l’ouest, sud-est et l’est de N’douci.

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Figure 6 : Contexte pédologique de Tiassalé Figure 7 : Contexte pédologique de N’douci

Source : image ASTERGDEM, 2011 Source : image ASTERGDEM, 2011

Conception et réalisation : Kouakou. E, 2020 Conception et réalisation : Kouakou. E, 2020

2.1.3. Les périodes de retour des pluies extrêmes déclencheur de l’aléa érosion et

inondation

Les relevés pluviométriques de la station de Tiassalé (1983-2016) fournissent des

informations sur les pluies mensuelles de chaque année. Ces dernières ont été

utilisées en retenant pour chaque année la pluie journalière la plus élevée. (Figure 8)

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Figure 8 : Répartition graphique des pluies journalières extrêmes par la loi de Gumbel

L’eau est un élément catalyseur de la dynamique de l’aléa érosion et l’aléa

inondation. La prévention des pluies extrêmes, permet d’anticiper les événements

désastreux. Ce n’est pas le cas dans les centres urbains de Tiassalé et N’douci. La

durée de retour des pluies maximales journalières à Tiassalé-N’douci varie d’environ

3 à 100 ans. Les pluies maximales allant de 290 à 339 mm sont susceptibles de tomber

à Tiassalé et N’douci tous les 50 et 100 ans. Quant aux pluies journalières de 81 mm

dont la durée de retour est d’environ de 3 ans, sont plutôt tombées au cours des

années 1962 et 1979. Des pluies de plus 122 mm ayant une période de retour de 5 ans,

ont été enregistrées en 1951 (124,8 mm). Bien que ce modèle soit plus précis pour la

prévision des pluies sur les longues périodes, dans les faits, cela ne signifie nullement

que les pluies indiquées (81, 122, 175, 290, 339 mm) reviennent réellement tous les 3,

5, 10, 50 ou 100 ans. Cet outil permettant de prévoir les quantités de pluie qui

pourraient tombées sur Tiassalé et N’douci est méconnu des populations et des

autorités. La survenue de ces pluies exceptionnelles est l’un des facteurs des aléas

érosion et inondation. Elle constitue un indicateur de risques naturels.

2.2. Les facteurs humains d’aléa d’inondation et d’érosion dans les villes de Tiassalé

et N’douci

2.2.1. Une population en constante évolution depuis 1965 jusqu’à 2014

Les villes de Tiassalé et N’douci connaissent en générale, une évolution constante de

leurs populations de 1965 jusqu’à 2014 (figure 9). Cette croissance s’effectue sur deux

périodes bien définies. Il s’agit des périodes allant de 1965 à 1988 et 1988 à 2014.

Durant la période 1965 à 1988, Tiassalé compte 48 879 habitants nettement supérieurs

à celle de N’douci (22 351 habitants). Cependant, de 1988 à 2014, N’douci dispose une

population importante (79 238 habitants) au détriment de Tiassalé (73 938 habitants).

y = 17,57x + 69,81R² = 0,537

0

20

40

60

80

100

120

140

160

-2,0 0,0 2,0 4,0 6,0

P M

ax j

ou

rn

ali

ère (

mm

)

Variable réduite

pluie mois maxi (mm)

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En faisant une comparaison entre les villes de Tiassalé et N’douci, sur la période

1965-1988, Tiassalé connait une croissance de 29087 habitants contre 25349 habitants

pour N’douci. Une différence de 3738 habitants. Cependant, au cours de la période

1988-2014, c’est la ville de N’douci 93344 habitants qui a une population supérieure à

celle de Tiassalé 87946 habitants. Soit une différence de 5398 habitants.

L’augmentation de la population de Tiassalé entre 1965-1988 tire son explication au

fait que durant cette période, Tiassalé était un centre de cercle au de la cour de la

pénétration française en Côte d’Ivoire. C’est à partir d’elle que le département de

Tiassalé a été pacifié. Dès lors, Tiassalé bénéficie d’un niveau d’équipements et

d’infrastructures et d’activités économiques attrayant telles les plantations d’ananas

et de la banane douce de la Société de Culture Bananière (SCB) et le commerce des

essences. Cet état de fait va accroître sa population au détriment de N’douci qui était

de l’autre rive du Bandama qui dépendait de Tiassalé. La situation est tout autre

entre 1988-2014. Par l’entremise des Grands Travaux (gtx), sous l’impulsion de l’Etat,

N’douci connaît son essor avec la mise en œuvre d’un plan directeur d’urbanisme. A

la suite de cela, la croissance démographique de N’doucie s’accentue. Le

développement de l’activité économique s’en suit. Ce développement économique

attire les populations venues d’horizons diverses. Cette population venue d’ailleurs

dans l’optique de faire fortune, colonisent les sites dangereux sensibles aux aléas

d’inondation et d’érosion à Tiassalé et N’douci.

Figure 9 : Evolution de la population urbaine dans les villes de Tiassalé et N’douci

de 1965 à 2014

Source : RGPH, 1975 ; 1988 ; 1998 ; 2014

0

5000

10000

15000

20000

25000

30000

35000

1965 1975 1988 1998 2010 2014

Effectifs

N’douci

Tiassalé

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2.2.2. Pratique d'urbanisme sur des sites non aedificandi

Avec une densité moyenne de 57 habitants à l’hectare pour la ville de Tiassalé et 44

habitants à l’hectare 2017 pour celle de N’douci, certains quartiers de ces villes dans

leur expansion obstruent et empiètent sur l’espace réservé à l’écoulement des rivières

et ruisseaux qui drainent ces deux villes (Photo n°1).

Photo n°1: construction en bordure du lit majeur au quartier Dafindougou à

Tiassalé

Cliché : Kouakou.S.E, 2018

Il est vrai que ces populations effectuent quelques aménagements (remblais) avant de

s'installer. Cependant, en périodes de crue il est très difficile d'éviter les inondations

surtout ces dernières années marquées par une augmentation des débits tels

qu’indiqué par les populations.

2.2.3. Mauvais usage du réseau de drainage et du lit des rivières

Les populations de Tiassalé et N’douci font un mauvais usage du réseau de drainage.

Elles procèdent par le rejet des déchets dans les lits des cours d'eau (Photo n°4). Dans

ces deux centres urbains, 80% de la population considère le lit des rivières canalisé

comme des dépotoirs d'ordures. Il y a des cas où les populations bradent les interdits

de la mairie et elles construisent sur les canaux d’évacuation des eaux pluviales

(Photo n°3).

Cet ouvrage est un grand canal qui permet d’évacuer une partie des eaux en

provenance des quartiers Scierie, Dallas et Mosquée. Cette image nous démontre

l’incivisme de la population en encombrant l’ouvrage par des constructions.

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Cliché : Kouakou.S.E, 2018 Cliché : Kouakou.S.E, 2018

Le mauvais usage des ouvrages d’assainissement par la population et la mauvaise

qualité des de ces ouvrages conduira à la perte de certaines vies et de biens matériels

à Tiassalé et N’douci.

2.2.4. Réseau de drainage trop sommaire

Le contrôle des eaux pluviales constitue le problème environnemental majeur de

Tiassalé et N’douci. La proximité géographique de ces deux villes explique le fait

qu’elles soient confrontées aux mêmes aléas en occurrence l’érosion et l’inondation.

Toutefois, le réseau d’assainissement mis en place pour le drainage des eaux

pluviales est spécifique à chaque zone.

La ville de Tiassalé possède un réseau de drainage relativement important. Elle a

hérité de ces ouvrages non négligeables des colons en raison de son statut de

commandant de cercle. Les ouvrages sont concentrés dans les quartiers Résidentiel,

Cocody 1 et 2, Mosquée, Tiassalékro et Bété. La ville est couverte de 15 km de réseau

de drainage (Figure 10). Ce réseau de drainage se concentre au niveau des quartiers,

Tiassalékro, Résidentiel, Mosquée, Cocody 1 et 2, Bété et Ptt. Tous les écoulements

sont dirigés vers les points bas de la ville c’est-à-dire les bas-fonds.

A N’douci, les ouvrages se situent le long des importantes artères desservant la ville.

Il s’agit de l’ancienne route de Bouaké-Abidjan et l’actuelle voie de N’douci menant à

Tiassalé. Les quartiers concernés sont Abbeykro, commerce et Régional. N’douci ne

dispose pas d’ouvrage à l’intérieur des quartiers, du coup, cela amplifie plus les

inondations et le déchaussement du pied des maisons. La couverture de N’douci en

ouvrage d’assainissement est inquiétante par rapport à Tiassalé. Elle n’a seulement

que 5 km (Figure 11). Les ouvrages d’assainissement sont visibles aux quartiers

Régional et Abbeykro.

Photo n°2 : Mauvais usage de cet

ouvrage d’assainissement au quartier

Commerce à N’douci

Photo n°3 : L’exutoire de ce dallo sert de

dépotoir d’ordures ménagères au quartier

Dallas à N’douci

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Source : service technique de la mairie, 2016 Source : service technique de la mairie, 2016

Conception et réalisation : Kouakou. E, 2020 Conception et réalisation : Kouakou. E, 2020

Le problème de drainage est d’autant plus important et persistant qu’actuellement,

les villes de Tiassalé et N’douci ne possèdent qu’un faible linéaire de canalisation qui

est loin de répondre à la demande urbaine en matière de drainage des eaux de pluie.

3. Discussion

L’analyse des facteurs d’aléas qui favorisant la présence de risques naturels dans les

villes de Tiassalé et N’douci pose l’épineux problème des principales causes de ces

phénomènes dans les villes d’Afrique subsaharienne. En effet, les résultats de cette

étude montrent que les conditions physiques prédisposent les sites aux aléas naturels

qui, exacerbées par l’action de l’homme, amplifient leur occurrence. Les facteurs

d’aléas favorisant la présence de risques naturels à Tiassalé et N’douci se situent à

deux niveaux : les facteurs physiques et les facteurs humains. Au niveau des facteurs

physiques, il y a la pente topographique. C’est l’une des conditions de base de la

manifestation des phénomènes naturels. Plus la pente est raide, plus l’érosion est

forte. Dans le cas contraire l’érosion est faible. Dans les centres urbains de Tiassalé et

N’douci, les pentes sont généralement modestes. Cependant, les pentes sont plus

fortes à N’douci qu’à Tiassalé. En effet, à N’douci, les pentes inférieures à 6%

occupent environ 40% de l’espace et s’étendent sur l’ensemble du territoire sauf la

Figure 11: Couverture spatiale de

N’douci en réseau de drainage

Figure 10: Couverture spatiale de

Tiassalé en réseau de drainage

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partie centrale. A Tiassalé, ces pentes sont essentiellement circonscrites dans la partie

septentrionale. Ces pentes constituent des déterminants non négligeables de l’aléa

inondation. Ce résultat conforte l’étude antérieure, menée à Yaoundé par M Zogning

et al (2017, p 42) qui ont mis en évidence le facteur passif des pentes face aux

inondations. L’étude à montré que les fortes pluies reçues par les centres urbains de

Tiassalé et N’douci en 2017 et 2018 sont dû au retour des pluies décennales qui

demeurent un agent déclencheur de l’érosion et l’inondation, car les populations et

autorités ne sont pas préparées à ces fortes précipitations. Ces résultats corroborent à

l’analyse faite par M. Tchotsoua et al, (1997 p 5). Pour eux, les précipitations, que ce

soient de par leur intensité ou leur durée plus ou moins longue en milieu tropical

humide ou sec, sont le principal facteur naturel de l’érosion. L’étude montre que

l’insuffisance, la vétusté du réseau de canalisation des eaux de ruissellement et le

mauvais usage par la population amplifient l’aléa érosion et inondation à Tiassalé et

N’douci. Abordant dans le même sens, S Frédéric, (2014, p 46) affirme que l’une des

causes des inondations au Cameroun dans la ville de Bamenda, est la mauvaise

exécution des infrastructures comme la construction des ponts et de la pose des

buses pour évacuer les eaux de ruissellement. En plus des facteurs physiques, la forte

emprise de l’homme sur les sites de Tiassalé et N’douci à travers leur installation,

leurs activités dénudent les versants, accentuent le ruissellement enfin favorise

l’érosion et l’inondation. C’est ce qui ressort des travaux de Issiaka Hamadou, (2010,

P 32) qui souligne que l’inondation qui a touché les populations de Niamey est due

au fait qu’elles ont occupé les zones inondables. En effet, les populations rurales

fascinées par les possibilités que la ville peut leur offrir en termes d’amélioration des

conditions de vie. Cette fascination et cet attrait irrésistible ont fini à faire de

l’eldorado, un territoire de désillusion où se mêlent désarroi et mélancolie. De ce fait,

ces citadins de type nouveau occupent les espaces inconstructibles par ce que

déclarés inondable.

Les résultats de cette étude revêtent un intérêt scientifique et pratique indéniable

pour les différents acteurs de développement du milieu étudié, notamment les

aménagistes. Ils vont se servir de premières bases de données permettant d’agir

durablement sur les facteurs qui engendrent l’aléa érosion et inondation dans les

centres urbains de Tiassalé et N’douci.

Conclusion

Les principaux facteurs d’aléas d’inondation et d’érosion de Tiassalé et N’douci sont

multiples. Ils se subdivisent en deux catégories. On a les facteurs physiques et les

facteurs humains. Au niveau des facteurs physiques, les sites topographiques des

centres urbains de Tiassalé et N’douci sont fortement disséqués par des bassins

hydrologiques. A Tiassalé et N’douci, la grande saison de pluies s’étend du mois

d’Avril jusqu’au mois de Juin. Au cours de cette période, 554 mm de pluie tombent

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sur ces deux villes. Cette quantité d’eau qui tombe sur des terrains où les pentes

importantes se situent à 6% avec des sols hydromorphes et ferrallitiques ont des

propriétés physiques plus propices à l’inondation et l’érosion. Cet état des lieux va

dégénérer sous l’effet des actions humaines. La dynamique démographique à

Tiassalé et N’douci, associée à des populations de faible revenu mensuel, les

contraint à occuper de façon anarchique les zones non aédificandies où foisonnent

l’aléa érosion et inondation. Cette population déverse les ordures ménagères à

l’intérieur des ouvrages d’assainissement qui les obstruent. Ces actes posés rendent

difficile l’écoulement des eaux de ruissellement puis les détournent dans les

habitations en les inondant. Les autorités municipales œuvrent moins pour la

couverture de Tiassalé et N’douci en infrastructure pour canaliser les eaux de

ruissellement. Si les ouvrages existent, soit ils sont en nombre insuffisant où bien

défectueux et inadaptés. Au vu des aspects qui viennent développés, on note que

Tiassalé est moins vulnérable que N’douci. Elle dispose un site moins hostile à

l’urbanisation et un nombre important de réseau d’ouvrage d’assainissement existe

pour réduire l’impacte de l’inondation, cependant des efforts sont faits à N’douci. La

résurgence de l’érosion et l’inondation y va de la responsabilité des élus locaux. Ils

font fi des caractéristiques intrinsèques de la topographie des sites, exposant les

occupants à de graves risques d’érosion et d’inondation.

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