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Annales. conomies, Socits,Civilisations
Le masha'aet la question foncire en Palestine, 1858-1948Monsieur Scott Atran
Abstract
The masha'a and Land Question in Palestine, 1858-1948
This article examines the demise of the masha'a System in Palestine. Masha'a, which prevailed in the plains of the Levant
through the early twentieth century, was a communal tenure characterized by periodic distribution of agricultural plots
among peasant cultivators. The usual claim that masha'a was inimical to economic planning and social management
proves unwarranted. Masha'a was neither "feudally" imposed by the Ottoman Empire nor did it constitute a hold over from
a nomadic regime of communal pasturage. There is an anlysis of the agricultural routines and social organizations of two
villages with masha'a lands in the Plain of Esdaelon. The village with a stronger social fabric was largely able to resist
outside intervention and land expropriation. Nevertheless, British Land Settlement, Zionist colonization and the political
and economic disarray of Arab notables did conspire to alienate the majority of masha'a lands in the country's relatively
fertile plains, thus prompting the revolt of the Arab peasantry.
Citer ce document Cite this document :
Atran Scott. Le masha'aet la question foncire en Palestine, 1858-1948. In: Annales. conomies, Socits, Civilisations.
42anne, N. 6, 1987. pp. 1361-1389.
doi : 10.3406/ahess.1987.283460
http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460
Document gnr le 15/10/2015
http://www.persee.fr/collection/ahesshttp://www.persee.fr/collection/ahesshttp://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://www.persee.fr/author/auteur_ahess_5805http://dx.doi.org/10.3406/ahess.1987.283460http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://dx.doi.org/10.3406/ahess.1987.283460http://www.persee.fr/author/auteur_ahess_5805http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://www.persee.fr/doc/ahess_0395-2649_1987_num_42_6_283460http://www.persee.fr/collection/ahesshttp://www.persee.fr/collection/ahesshttp://www.persee.fr/ -
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HISTOIRE RUR LE
SCOTT
ATRAN
LE
ET
LA QUESTION FONCI RE
EN
P LESTINE
1858 1948
Le
systme
du
qui
prvaut
dans
les
plaines
de
Palestine
jusque
vers
1930
est un rgime
agraire
communautaire
de redistribution
priodique
de
la
terre entre
les paysans
Quoique dans
la pratique
il varie
beaucoup un
village
un
autre
et une
poque
une autre les tudes
sur
la
question ont
gnralement
accept
la
thse
de administration du Mandat britannique le
village
est
intrinsquement fragment socialement et conomi
quement
et
de
ce
fait il
est inadapt
la
production
intensive et la coopra
tion
ncessaires pour
une communaut
soit
viable
dans le monde contem
porain
Les pages qui suivent
ont
pour
objet
analyse
de cette
thse et
de
ses
consquences
est--dire
abolition
du au profit
des
colonies
sionistes
la plupart des
analyses du ont
li les difficults socio-
conomiques
du
dmembrement
des
terres
au
rgime
communautaire
alors
que la paysannerie
cherchait
en ralit maintenir le comme un mca
nisme de dfense contre ces difficults mmes Cet
effort
quoique efficace par
intermittence
finit
par chouer pour des raisons politiques autant
conomi
ques
Non
que le ft
par nature
inadapt
au march colonial mais
on
refusa
purement
et
simplement de le prendre en considration est
ce que les
pages
suivantes consacres
abord
certains traits gnraux du
puis
une
approche anthropologique
du cas de deux villages efforcent de
montrer
Annales
ESC novembre-dcembre 1987 no pp 1361-1389
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FIG
Croquis
de situation la Palestine
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ATRAN
LA QUESTION FONCI RE
EN PALESTINE
La gestion des terres dans
un environnement
marginal et
mouvant
Considr comme
oppos
conomie
politique coloniale
mise
en
uvre
pendant
la seconde
moiti
du
xixe
sicle
le
rgime
du
comme
autres rgimes agraires
communautaires
semblables
est dnonc
dans la plu
part des milieux
occidentaux comme
un mal socio-conomique absolu
qui
offre aucun
avantage Longtemps
aprs
que la
plupart des
modes
exploitation
agraire
communautaires aient disparu
certains commentateurs
semblent
partager encore opinion
de
expert
du
British Land Settlement
en
Trans
Jordanie2 qui
estime
qu aucune communaut sans doute invent un
mode
de
possession
plus
dfavorable agriculture Pour la Syrie Klat
dclare dans un
article
souvent cit
II ne fait aucun doute que
le est
un
des
principaux
responsables
de
la
faiblesse
actuelle
de
la
productivit
dans
les plaines autrefois prospres de
intrieur de la Syrie et
il
onstitue un obstacle vident tout progrs agri
cole3
De
mme selon Warriner4 une des meilleures autorits
pour les problmes
fonciers
au
Levant et
en
Irak
le dans le
Croissant fertile
prsente de
gros inconvnients car
il empche
tout
investissement dans
la
terre
et
constitue
un obstacle
toute
tentative
de
progrs On
retrouvera
une apprciation
sem
blable
chez
er
spcialiste renomm
de
histoire
sociale
conomique
et poli
tique
du
Proche-Orient
Dans
le systme du il existe aucune incitation investir pour
amender des terres qui tt ou tard passeront invitablement autres mains
Dans
ces
conditions
le seul
but
du dtenteur de la terre est de exploiter
au
maximum.
En raison de la fragmentation de la proprit foncire
beaucoup
de
fermes
ont
une
surface trop rduite pour il
oit rentable
de les exploiter
plus efficacement5
Ces points
de
vue venant universitaires supposs
objectifs
on est pas sur
pris de
voir
les
autorits
coloniales Afrique
du
Nord et
du Proche-Orient
encore plus
partiales et
plus
critiques gard de
ces
survivances de coutumes
surannes
qui
auraient
constitu un
obstacle
essor
conomique Presque
tous
les
rapports
coloniaux des agronomes sur la situation conomique en
Palestine7 ainsi
que
le seul
travail
anthropologique dtaill8 qui se fonde
large
ment
sur ces sources font
du systme
indigne du le principal
respon
sable de la ruine
de
la
paysannerie
La
redistribution
priodique
des
terres com
munales caractristique du ne serait pas seulement dsastreuse pour
agriculture
mais
aussi conjugu au systme interne de hamule patri-
lignage le
est
accus avoir
facilit une exploitation fodale
de
la collectivit
villageoise de
multiples
fa ons9
Il pour objet
de
maintenir les
hommes sur
la
terre
imposer un cycle biennal
ou triennal
de
culture de bl
et/ou orge et
de
sorgho et de permettre le paiement
en nature des
impts et
de la rente foncire Quant au systme de redistribution
il semble
servir
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HISTOIRE RURALE
empcher
les paysans
acqurir des droits fixes sur
la terre
de
construire
sur
les parcelles ou de les amliorer 10
En fait rien dans
Orient
arabe ne
reflte
le
rapport
direct de matre
serviteur
qui
caractrise
la
fodalit europenne
Comme
le soulignait
Volney
la
fin
du
xvine
sicle12
Les
paysans
sont
opprims
par
la
tyrannie
du
gouvernement
mais non dgrads par
le servage
de
la fodalit Toute
fois
un point de vue
historique
une
interprtation plus
large
de
la
fodalit pourrait
appliquer
la Palestine pour dsigner exploitation
impitoyable de la masse desfellahin
par
les puissants agents que sont le sheikh
ou Vagha bdouins effendi urbain le pasha du gouvernement ou la famille
nahiyeh de petite
noblesse
Les analyses
historiques les
plus rcentes qui
lient le au problme
foncier
en Palestine
ont rien
fait pour dissiper ce
point de vue13
Paradoxalement
aucune
tude de cas analyse
dans
le dtail la relation fon
damentale que agriculture en entretient avec organisation sociale des
villages palestiniens
Ce qui
empche
pas
les
autorits
coloniales
britanniques
et les
agents de
la
colonisation sioniste qui se
citent
souvent mutuellement14
tre
convaincus que la
fragmentation
priodique
des
exploitations rsultant
du
systme
du trouble profondment
harmonie sociale du village
Certes
la clbre enqute sur cinq
villages
mene en
1944 par
le Palestine
Office
of Sta
tistics
et publie dans le General Monthly
Bulletin
of
Current
Statistics of
Pales
tine
1945-1946 analyse
effectivement la
relation entre
la
distribution des lots
et
organisation sociale poque
du
Land
Settlement
soit
aprs
que
le
systme
du ait
cess de fonctionner
mais
la plupart
de
ses conclusions
sur
la
fragmentation
sociale et
conomique de
la
paysannerie ne
se
rfrent
aux
consquences
de
la
stabilisation
ifraz
ou
gel
du
qui
devient
mafruz est--dire que les parcelles sont alloues de fa on dfinitive Ces
conclusions
rejoignent les prcdentes sur
les
consquences conomiques envi
sages long terme mais toutes
supposent tort
que
les effets
pernicieux de la
fin prmature du ont t
provoqus
par sa conception15
organisation
sociale et productive du
Avant application du
Code foncier ottoman
de 1858 le systme du
en Palestine
est
un rgime communautaire caractris par
la possession
collective
de
terres
arables
et la
redistribution
priodique
des parcelles entre
les
membres
de
la communaut
cet
gard
il
fait
partie
un
phnomne
trs
rpandu dans
aire culturelle
du Proche-Orient
qui tend
du Maroc
au
Pakistan16 et qui englobe la plus grande partie du monde
arabe
compris des
groupes aussi divers que les Berbres et les Baloutches
intrieur
de
cette
vaste
zone ce
sont
la
possession
communautaire et la
redistribution priodique
qui dfinissent la
plus
grande
partie des
rgions de
culture
les
plus
sches
entre
une part les
pturages
collectifs
des
nomades
du
dsert et autre
part
les
rgions
les plus peuples
dtenues
sous forme de proprits
libres melk
en
Afrique
du
Nord mulk au Proche-Orient ou de larges proprits
contrles
par
des propritaires citadins absentistes comprenant notamment des olive
raies des
vergers
des
cultures
irrigues
et
des cultures
sches
de
crales rota
tion frquente
et
rgulire
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ATRAN LA QUESTION FONCI RE EN PALESTINE
Le mode
de redistribution
et
sa priodicit varient normment selon co
logie de la rgion et organisation sociale de la
communaut En
Libye cer
taines tribus de
Cyrnaque rpartissent
les terres cultivables galement entre
leurs
membres par
tirage
au
sort lorsque
la pluie tombe
est
aussi le cas
des
tribus
Frashish
et
de
celles
du
Nefzawa
de
Tunisie17
intrieur
de
la
tribu la
division
annuelle
des
terres
peut varier en fonction du nombre de
sub
divisions tribales et galement
selon
que les units domestiques auxquelles la
terre est
attribue
sont
considres principalement
comme
des
units sociales
des units de
production
ou des units de consommation
Ainsi chez
les
Ulad bou Saad de
Tunisie la
terre
est
divise
en
quatre por
tions
gales et
distribue aux
quatre
fractions tribales par
tirage
au sort puis de
la
mme fa on
rpartie
entre
les sous-fractions La
division
finale est
faite en
conformit avec
les forces
productives de
la
sous-fraction
intrieur de
chaque
sous-fraction les attelages
machia
taient mis
en commun
au moment
des labours de mme la rcolte tait
faite
en commun et
celle-ci
partage au
prorata
des attelages fournis
par
chacun
De
mme
chez
les
Hegazin
de
Jor
danie
les terres
cultivables
sont partages
annuellement en portions
gales et
par
tirage
au
sort
entre
les
trois
principales
fractions de
la
tribu Quant
la
der
nire division elle est
conforme
dans ce cas
aux plus
petites units sociales de la
fraction Chacune de
ces
trois parties est subdivise
ensuite
en autant de por
tions
gales
il
de familles de fa on ce que chaque famille nombreuse
ou
non
obtienne
une quantit gale de terrain cultiver
8
La priodicit de
la redistribution
tribale des terres
est variable la
redistribution peut avoir lieu
chaque saison ou chaque anne
comme
dans
les
exemples
ci-dessus ou
beau
coup
plus
rarement
En
Palestine la dure du cycle de redistribution varie mais elle
est
gnrale
ment un de deux ou de quatre
ans
Dans
les
rgions
les
plus sches bordant
le
dsert est la
division annuelle qui
est la
rgle de
mme que
dans le Ghor
et
la
bordure sud de
la
plaine de Philistie alors
que
dans
les
plaines
intrieures
Esdrelon
et de
Jezrel
et
dans
les
plaines maritimes
de
Sharon
de Philistie et
de Zabul
o
la
rotation
biennale est la rgle les cycles biennaux et quadrien
naux
sont courants20
Dans
ensemble les groupes tribaux
bien organiss ne
pratiquent
pas le en Palestine car ils constituent souvent avant-garde
de groupes de du pratiquant le grand
nomadisme
chamelier
Les
tribus frag
mentes
Arabes
semi-nomades cultivent en occasionnellement mais
est
chez
les
fellahm
que
cette
pratique est
de loin la plus rpandue
Bien
que
on
affirme
souvent
que
les
groupes patronymiques
hamayil
des
villages
palestiniens sont des patrilignages21 trs peu de
ces
villages tribaux
ont
rellement
exist dans un pass rcent Dans pratiquement
tous les
villages
dcrits dans la
littrature
ainsi
que
dans tous les villages arabes sunnites Umm
el-Fahm par
exemple
chrtiens El-Bireh et druzes
Isfiyya
dont ai
inter
rog
les habitants les units agnatiques
/e
qui
constituent
chacune
des
hamula ont que
trs rarement
un
lien gnalogique
La
profondeur de ces
units
peut
varier
mais
elles ne
comprennent
jamais
moins
de deux
gnra
tions et rarement plus de cinq On admet de fa
on
gnrale
que
peu ejeb si
tant est il
n
existe
qui
composent
une hamula sont du mme nerf
asab
Pour
ce qui est
des relations
sociales
en gnral entre
les hamayil
elles
expriment
habituellement
dans
le
vocabulaire
de
affinit
nasab
et
de
la
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HISTOIRE
RURALE
matrilatralit
makhwai Les
relations entre
des
groupes ayant le mme patro
nyme mais appartenant
des villages
diffrents
comme par exemple
El-Bireh
et Ramallah expriment quant
elles
en termes de patrilinarit ammari
En
Palestine les terres peuvent commencer tre
distribues par
tirage
au
sort
en parts
gales
entre les
hamayil
du
village
puis
subdivises
intrieur de chaque amula
comme
El-Bireh par exemple soit proportion
nellement
aux
moyens de production est--dire au nombre attelages
feddari
dont
dispose
chaque
foyer soit proportionnellement
aux forces de
consommation
est--dire au nombre de mles
dhukiir
de chaque foyer
enfants
compris autres formes de
division
primaire sont galement
rpandues dans certains
villages
les
terres sont attribues de fa
on
permanente
aux
hamayil puis redistribues
priodiquement
uniquement
intrieur de chaque hafnula Umm el-Fahm par exemple tandis
que
dans
autres
la
terre
est
priodiquement
attribue
directement
aux foyers quelle
que soit
leur
affiliation la hafnula Isfiyya
par
exemple
la
fin des
annes
1860
les
autorits commencent
pouvoir
appliquer
le
Code
foncier ottoman
de 1858 qui exige
enregistrement
de tous
les
lots Aupa
ravant
celui qui
possdait
la force
de se
les
approprier
et les
moyens de
les
cultiver
emparait des
terres
fertiles dans
les
valles cultives par intermittence
Comme
dans
le
reste
du Proche-Orient et
de
Afrique
du
Nord
en priode de
paix et de scurit relatives les ellahin reprenaient
aux
tribus bdouines les
terres des plaines les
plus
exposes et les redistribuaient
collectivement Avant
enregistrement la
communaut
villageoise accordait
gnralement
le
droit de
cultiver
les
terres des valles en fonction des capacits du bnficiaire
exploiter
et
dfendre ces terres
En
Palestine il semble
que la
redistribution en
fonction des facteurs
de
consommation
ne se
soit
produite
que
rarement chez
les
pasteurs
ensemen ant pisodiquement la bordure des terres cultives ou
chez des paysans de valles isoles de rgions
montagneuses
Les conditions naturelles
dlicates
de la rgion en particulier
les
prcipita
tions irrgulires
et
les
vagues de chaleur imprvisibles
khamsin
exigeant
improvisation et excution rapide
des
semailles et
de
la moisson ajoutant
une
situation
socio-politique dangereuse guerres
fermiers des
impts peu
scru
puleux
et raids bdouins on comprend aisment que la communaut ait laiss
la
plus
grande part
de
la responsabilit
collective
au dtenteur
des moyens de
production Il tait en effet le mieux plac pour assurer une
productivit
cons
tante
sinon leve
et
donc un certain niveau de subsistance dans un climat poli
tique
et
conomique
prcaire
est
probablement
pour cette
raison
que
dans
la
grande majorit
des cas
connus pour la Palestine la
division
finale
de chaque
redistribution priodique
des
terres tait proportionnelle aux
moyens
de production En
rpartissant quitablement
les risques de
cette
existence
pr
caire
la
redistribution des
terres
en
fonction
des moyens de production rgulait
galement les bnfices potentiels Mais ce potentiel tait
gnralement
pas
ralis
avant les deux
dernires
dcennies du xixe
sicle
car les
dsastres natu
rels
les fermiers des impts
miiltazim
et les bdouins prlevaient
invitable
ment un lourd tribut sur les rcoltes sans se proccuper de partager
les
dom
mages au prorata des facteurs de production Contrairement ce que la littra
ture
politique palestinienne affirme le
est
donc pas une forme primi
tive
de
socialisme
puisque
le
produit
de la
culture revenait exclusivement
aux
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ATRAN
LA QUESTION FONCI
RE EN PALESTINE
individus et
aux
foyers avant dduction des impts et du loyer et
il
avait
pas
de redistribution gnrale des surplus
Mise
en
culture
des
valles
par
les
paysans
En
Palestine en gnral comme dans le reste du Levant et dans la rgion non
irrigue de Irak23
les
pentes
sont
amnages
et
cultives par des familles ind
pendantes
alors
que les terres
des valles sont dtenues collectivement
et
sont
priodiquement
redistribues
toutes les maisons
du
village ou
au moins
la
majorit
entre elles Burkhardt24
qui visite le Haurande
1810a
1816 remarque
que les terres des valles
de
chaque village sont mesures
en
cordes hebel tous
les deux
ou trois ans
et que
chaque fellah
en
obtient autant
il
e dsire Si
autres paysans immigrent
dans
la rgion
les
villageois descendent de leurs
collines au
printemps pour dlimiter
nouveau leur
territoire et le
surveiller
De fa on
gnrale
la mise en culture
des valles reste prcaire tout
au long
des xvn et
xixe sicles en
raison des conflits
locaux ou
gnraux de insalu
brit des terres basses favorisant
apparition
pidmies
et
du
maraudage
des
bdouins la
fin
des annes 1880 la pacification
militaire
des bdouins est telle
que
beaucoup de valles
peuvent tre
considres comme sres Pourtant les
paysans
hsitent encore tablir
dfinitivement
leur rsidence par crainte des
patrouilles du
gouvernement qui
parcourent
le
pays la recherche de conscrits
destins une mort probable
dans
les Balkans ou
dans
la Pninsule arabique
la
fin du
sicle les terres
des valles
sont
encore en
abondance les pay
sans sont
plus
enclins installer durablement sur
le
site de vieilles ruines
khirbat
et transformer
ces agglomrations
saisonnires
en tablissements
permanents
esub
Steuernagel25
voquant
les
voyages
de
Schumacher
comme fonctionnaire intermittent
de
la Turquie
de 1896
1902
remarque
que
les champs sont
souvent
trop
loigns des villages pour
pouvoir tre exploits
directement
par
les villageois est
pourquoi
poque
des
labours et des
semailles puis
celle
de
la
moisson
les possesseurs
de ces terres
cart
du vil
lage
viennent avec leur famille et leurs
ouvriers
sous
une tente proximit des
champs
ou il en trouvait dans des ruines ils
reconstruisent
de sorte
un nouveau
village un
village secondaire
Filialdorf
gnralement appel
ezbiya
et
plus
rarement tait
habit pendant
une
certaine priode
et
pouvait facilement se dvelopper pour devenir un lieu de rsidence permanente
Dauersiedlung
La
culture
des
grandes
villes
tend
alors
au
point
une
grande
partie
de
la
population
des collines de
Palestine
vit du bl produit dans
les
plaines en
Comme
observe
Grant
la
production locale
de
bl
est totalement insuffisante pour
satisfaire
les besoins
des
grands
villages
et encore moins ceux
des villes
et doit tre
complte
par la
production des
champs Esdrelon
les
plaines
maritimes
de Ghor
et de
Hauran
Lorsque
la
quarantaine isole
les
districts
les
uns
des autres
comme
lors des pidmies
de cholra
la
souffrance est
considrable26
la veille
de
la
premire
guerre mondiale
de
nombreux
villages-satellites des
plaines
de
intrieur
Esdrelon et Jezrel et
du
littoral Sharon et Philistie
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-
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9/30
HISTOIRE
RURALE
rivalisent
dj avec les
villages-souches pour
ce qui est
de leur
population et
de
leur production est
pourquoi
pendant la
guerre qui fit
rage particulirement
dans les plaines des pans entiers de la paysannerie furent directement
frapps27
Il est donc pas tonnant que
Sir
Herbert Samuel28 le premier haut
commissaire britannique
ait
dclar
en 1920
l
couvrit
les
plaines
de intrieur tait
la dsolation
Mais
la dsolation ne
rgnait
pas
avant
la
guerre dans intrieur de
la
Palestine29
propos
de
la mme rgion un
rsi
dent de longue
date
observateur attentif avait
pu affirmer dans
les annes
1880 que pratiquement
chaque hectare de
la plaine Esdrelon est
actuelle
ment son plus haut
niveau
exploitation en raison entre autres du
fait
qu on
peut
la traverser
en toute
scurit et sans
arme en toute direction
De
fait la
production de
crales
pour
ensemble
du
pays qui
se concentre dans
les plaines augmente
notablement
de
1856
188230
Ainsi
les villages-satellites
saisonniers
ou permanents jouent un rle crois
sant
et
bientt
vital
pour
le
maintien
de
agriculture
arabe la
fin
du
xixe
sicle ds
lors
que la loi et ordre sont maintenus
plus
rgulirement et
que les
sujets
inquitude
sont plus rares 3 pour
les habitants
des plaines
iso
les et
plus
exposes Pour la
premire fois
une
base agricole peut
se
former
qui permet la
population des
collines
de
accrotre rgulirement et de se
dvelopper En outre elle
fournit
des moyens existence
plus
rguliers la
population
marginale
de
Palestine
Des immigrants venant de rgions monta
gneuses
plus
loignes et agronomiquement
plus
pauvres peuvent attacher
ces villages
comme
ouvriers agricoles comme co-cultivateurs ils possdent un
attelage
et mme comme
propritaires Les
arab
semi-nomades par opposi
tion aux
du
grands
nomades
chameliers dont le
champ
action
ne
cesse de
diminuer
avec
expansion
de
la
culture
des
plaines
peuvent galement
ins
taller
plus facilement
autour et intrieur des villages satellites32
Les premires
colonies
agricoles ont probablement encourag la croissance
de ces villages
Ainsi
en
1882 lorsque Rishon-le-Tsion est
fond dans
la
plaine
du
littoral la localit
voisine
de Surafend est
qu
un petit village en pis 33
presque
en ruines Moins
de
dix ans
plus tard plus de
400 familles arabes
sont installes car
il
Rishon
le-Tsion du travail
pour eux et pour leurs
femmes leurs fils
et leurs
filles
34
De mme les paysans
de Yahudiyya qui
avaient
perdu
la
plus
grande partie de leurs terres en au profit de pr
teurs arabes de Jaffa et des autorits locales pour dfaut de paiement de leurs
impts
peuvent
au dpart
travailler
la
plupart des
terres qui avaient t
vendues
la colonie
de
Petakh
Tikvah
Mais
mesure
que
la colonie
se renforce
les
paysans sont
informs
ils
ne peuvent plus
louer bail leurs anciennes
terres35 Il semble que ce schma ait t
rcurrent pendant
toute la priode qui
va de tablissement des
premires
colonies
par les
Amoureux de Si
Hibbat
Tsiori la fondation du mouvement sioniste en 189736
Avec a naissance
du mouvement
sioniste et
en
particulier aprs inaugura
tion
du
Mandat
commence
ouvertement
une politique exclusion des Arabes
des rgions occupes
par
les colonies juives et de leurs alentours Comme le
rap
porte
la Commission Haycraft37 la suite des troubles de mai 1921 nous
avons
eu la preuve
que
la Commission
sioniste
exerc de fortes pressions sur
un propritaire juif de
Rishon-le-Tsion
afin
il
mbauche une main-d
uvre
juive
au
lieu
des
Arabes qui taient
employs dans
la
ferme depuis
son
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10/30
ATRAN LA QUESTION FONCI RE EN PALESTINE
enfance
Cette pratique est
conforme aux
clauses 11 et 23 de accord affer
mage sur
les
terres achetes par le Fonds
national
juif et qui garantissent au
Fonds un droit
de confiscation des
terres sans aucune compensation
en cas
emploi de main-d uvre autre
que juive
Les Britanniques souscrivent
tacitement
cette
politique
embauch
systmatique
une
main-d
uvre
exclusivement
juive dans les plaines en publiant en 1931 une directive qui limite
aux collines la rinstallation des Arabes sans terres De
plus
en plus immigra
tion et la migration des Arabes tendent reculer dans les rgions leves o la
terre selon la Commission royale38
est dj
surpeuple
La
population
villageoise des plaines semble souvent avoir
pour
caractris
tique tre compose
un
mlange assez
htrogne
de pasteurs sdentariss
et de paysans
cultivateurs saisonniers
La
permanence de cet aspect la fois
marginal et
provisoire
certainement contribu la mconnaissance relle par
les
autorits
coloniales
de ces villages
est ce
qui explique aussi
que les
tudes
de Robinson attardent
si
peu sur
les nombreux
khirbat
et esub
utiliss occa
sionnellement
pour
la
culture pendant
la
premire moiti
du
xvine sicle39
Notons que
dans
leur tude
monumentale
Survey of Western Palestine mene
pendant
les annes 1880
Conder
et Kirchener tentent timidement de
les
situer
en raison sans aucun doute de leur nombre
et
de leur
importance
grandissants
mais de fa on gnrale il
est
frappant de constater aucune tude systma
tique du nombre de
la
fonction agricole ou de
organisation sociale
des vil
lages satellites jamais t entreprise au
xxe sicle40
est
pourquoi
la relation entre extension de la culture
en en
Palestine et le dveloppement des esbiyeh est le sujet de
bien
peu de commen
taires
Trop
souvent
on les
tient
pour
des phnomnes marginaux ou tempo
raires qui ne mritent aucune considration srieuse
sinon
pour le
fait
ils
constituent
une entrave
aux
conceptions
anglaises une
conomie
intensive
et
une
structure sociale stable Or
ces
conceptions
rejoignent
les efforts
sionistes
pour
bloquer la croissance des
peuplements
paysans dans les
basses
terres et les
remplacer par des colonies
agricoles
Il est donc pas tonnant que ce soit aux
environs des esub que la colonisation de la Palestine extrieur des
villes
se
soit produite le plus rapidement Le trac de la ligne armistice de
1948
qui
eu
pour
effet
de couper tout
accs
partir des collines de Jude
et
de Samarie
aux
villages
satellites
des plaines du
littoral et
de
intrieur est que
aboutissement logique
de ce processus voir
cartes
Consquences
de
enregistrement
des
terres
Les
articles
et
du Code foncier
ottoman
du
12 Ramadan
1274 21 avril
1858 41 interdisent
la proprit communautaire
de
la terre et
ne garantissent
un
droit usufruit
par prescription
tasarruf aux personnes pouvant faire la
preuve elles
ont
effectivement possd et cultiv un lot
sans
interruption
pendant
au moins dix annes conscutives haq el-qarar tant donn que la
possession
des
terres en interdisait elles soient
dtenues pendant plus
de quelques annes correspondant un cycle de redistribution les paysans ne
pouvaient obtenir
de droits
usufruit en ertu
des
deuxime et
troisime dis
positions de article 78 Dans ce cas enregistrement est garan
ti
contre
le
paiement
un
prix
de
rdemption
bedal el-mithl
ou
bedal et-tabu
1369
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11/30
terres cadastres
par
les
autorits
britanniques
en
936
frontire de tat Isral
en 1948
Les
toponymes
sont indiqus figure
Source
Survey of Palestine Jrusalem 1937
50
km
FIG
Le
cadastre
des terres
en
Palestine
avant
la
rvolte
arabe
de 1937
-
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terres
colonises
par
les
juifs
en
936
frontire
de
Etat
Isral
en 1948
Les
toponymes
sont indiqus figure
Sources
Hope Simpson
Report 1929
Palestine
Land Development
Company
1936
50
km
FIG
La
colonisation
juive
en
Palestine
avant
la
rvolte
arabe
de 1937
1371
-
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13/30
HISTOIRE
RURALE
Les
villageois refusant
de payer
le
tabu
perdent tout droit
sur
la
terre
qui
peut
alors tre mise
aux
enchres
Touteterre non enregistre situe extrieur des limites
habites du
village
hawakir est considre comme
lgalement
morte et inculte mawat et
toute
terre
laisse
en
friche
pendant
trois
annes conscutives
est
juge
abandonne mahlut Comme dans autres rgions au Proche-Orient et
en Afrique du Nord42 ces
dispositions
traditionnelles sont
exploites
par
les
autorits
gouvernementales la
bourgeoisie urbaine
et les notables
locaux pour
approprier sans difficult les terres communales
Rappelons
que les paysans
pratiquent la jachre pture sur les terres ce qui signifie que tout
lot
est laiss
en jachre et en pturage
toutes les
deux
saisons
productives
ou
tous
les deux ans
dans
les
rgions
sches
Si
on
ajoute
avant les annes
1880 la
culture
est
intermittente
en
raison de
inscurit
gnrale
qui
rgne dans
les
plaines
de Palestine les paysans
ont bien du mal prouver
que la
terre
avait pas t laisse
en
friche
pendant
une
priode de
trois ans De plus
il
est pas rare que les
autorits
exigent ils
payent
outre la redevance
dont
ils
acquittaient
difficilement un impt sur
les
ronces
ou les
mauvaises
herbes malshok sur le produit
perdu
des
terres
temporairement
en
friche Ceci revenait nier officiellement importance de la jachre et du ptu
rage pour le renouvellement
du
sol et
levage des
troupeaux
ncessaires
la
subsistance43
Notons ce
sujet
que les premiers
conflits graves
qui
ont oppos
les jellahin
aux colons juifs dans les annes 1880
dans
les colonies de Gedera et
Petah
Tikvah de la plaine maritime ont t attribus ce qui
est
en
ralit
une
que
relle villageoise traditionnelle
tigrah
kifarit rigilah 44 car
les
acheteurs
juifs
ignorent les
coutumes
locales
sur
la
libert de
pturage45
Cependant
comme
dans
autres
conflits ultrieurs cette querelle sur
les
droits de pturage
porte
presque toujours
sur des
tentatives desfellahin
de
rcuprer au
moins
un
usage
partiel
des
terres perdues comme le
montrent
clairement les rap
ports de colons qui en ont t
les
tmoins oculaires46
Toutefois
dans
la
mesure
o
les
premiers
colons
ignoraient gnralement
la
nature
intermittente
du
et
sa
relation intime avec
le pturage
on
comprend ils
ient eu une
conception errone de la
situation des plaines de
Palestine et aient
pens
elles
taient largement
laisses
en pturage
En revanche erreur
des
com
mentateurs modernes est moins comprhensible
ou
du moins elle ne
peut
pas
tre mise sur le compte de
ignorance
Peu aprs installation du Mandat en
effet
la Commission
Haycraft rapporte
dj
le
mcontentement des
Arabes
propos de usage persistant de
responsables
sionistes. qui considrent la
Palestine comme une terre dserte et dlaisse 47
enregistrement des terres implique non seulement une dpense en capital
sous forme espces comptantes
difficilement
disponibles mais aussi un
enga
gement payer rgulirement une dme en
nature
aprs
chaque rcolte Parfois
cette dme qui
vers la
fin du sicle passe
un
dixime un huitime de la
rcolte
est
calcule sur une moyenne entre
les bonnes et les mauvaises
annes
parfois aucune
disposition tait
prvue pour
les terres
laisses en jachre
Enfin souvent le fermier des impts qui obtient de tat le droit de recouvrer
impt
en
change une
somme convenue
extorque
purement
et simplement
autant
argent
que
possible
Il
faut
ajouter
avec
introduction
de
la
cons-
1372
-
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14/30
ATRAN LA QUESTION FONCI RE EN
PALESTINE
cription gnrale la suite de la guerre franco-allemande le
Registre foncier
ottoman
Defterkhan sert galement de rle du service
militaire
et dsigne
sous
le mme terme zal me
le
propritaire en titre et le conscrit Mme
si les
paysans taient
prts
risquer
leur vie en
effectuant
leur
service
militaire
la
conscription empchait
exploitation
continue
de
leur
terre et
de
surcrot
ils
ne
recevaient
aucune
compensation
Par consquent la terre
des
soldats
devait
invitablement
revenir tat
La
situation
est
dramatique
pour une grande partie de la paysannerie sur
tout
pour les
villages
satellites
relativement mal protgs tablis rcemment
dans
les plaines et qui
absorbent
la
fois des immigants venant des collines
et
des
semi-nomades
en
voie
de
sdentarisation
Les
villageois ont
souvent
pas
autre choix que de cder leurs
droits
sur une grande
partie des
terres de
riches citadins effendi
ou
de puissants notables
locaux
yn
Les paysans des plaines
de
Sharon et
de
Philistie
taient
gnralement
copropritaires
de toutes
les terres
lorsque la nouvelle loi
exigeant
tablisse
ment actes
fut
promulgue les plus pauvres pour
viter
de payer acte
nirent possder des terres Ils furent alors dpossds
Dans autres
villages
ils
vendirent
leurs droits pour une bouche de pain48
Pour
ces villages amorphes du point de vue de leur
composition
sociale et
dpourvus un
fort
noyau
de
hamayil les
chances sont minces de conserver
les
titres fonciers
Invariablement aprs
une mauvaise
anne
les paysans sont con
traints emprunter pour se
procurer des
semences pour les
prochaines
semailles et
de
argent pour le fermier
des
impts Les capitalistes
des
villes
sont
toujours
disposs
prter
de
argent
des
taux
intrt
exorbitants
de
deux trois pour cent
par mois.
en
dfinitive le propritaire
est contraint
de
cder son titre
en devenant
sherik
el-hawa partenaire du vent 49
Sachant que
la quantit
de
semences
ncessaires
pour unfeddan est--dire pour cultiver
100
dunams
reprsente plus
un tiers
du
cot
total de
la culture les
autres
frais tant
ceux du
matriel de labour et attelage et que les intrts sur les
semences vont de 200 300
par
an50 il est pas rare un paysan
ayant
perdu sa terre
une anne
perde
la totalit
de
son capital
anne suivante
Sous administration ottomane
la politique enregistrement
des
terres est
loin
tre cohrente
Les agents
de tat tant gnralement nomms pour
une
priode
limite les
autorits
locales peuvent tenter augmenter considra
blement
leurs
revenus en dclarant mortes
ou abandonnes
des
terres
cultives par intermittence en jachre ou en pturage puis en
les
vendant
au
plus
offrant
gnralement
un capitaliste citadin En outre pour
assurer des
rentres plus rgulires ils peuvent
encourager
un
notable
local
enregistrer
sous son
nom
les terres de
villages
entiers
Le
notable comme le capitaliste
peuvent alors
proposer leurs paysans
de maintenir le rgime
de
plutt que celui de la proprit comme systme de
tenure51
en change une
rente
foncire
qism ard qui reprsente
gnralement
un cinquime de la
production
Bien
que
le dtenteur du titre reste lgalement
responsable
du
paie
ment
de
la
dme qui rappelons-le passe
la
fin du sicle
un
dixime un
huitime de
la production
brute il
prlve
souvent le loyer sur le produit net
des
paysans
une
fois
dduits
les
impts
1373
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15/30
HISTOIRE RURALE
Si dans la plus grande
partie
de la Syrie et de Afrique
du
Nord
appro
priation
en masse des terres encourage le dveloppement de la grande proprit
absentiste
en Palestine en revanche
alination
progressive
de la
terre des
paysans se fait
plutt
au profit de la
bourgeoisie urbaine
et
de
la petite aristo
cratie
foncire52
Avec
enregistrement
les
titres
fonciers qushar
acquirent
une
valeur
marchande comme cinquime
facteur
de production
aprs
les
atte
lages fedda fi les semences
Jbedhar
la main-d uvre et la
jouissance
de la
terre
Les
moyens de production feddan et bedhar prennent alors de impor
tance dans
une
conomie de march
florissante
et
deviennent
la mesure
commu
nment
admise
du capital fixe53 Quiconque manque de capital
fixe est
oblig de
devenir laboureur harrath
louant
ses bras un shaddad
est--
dire un
possesseur
de capital en change
un
quart ou
un
cinquime de la
rcolte un quart si le shaddad est le dtenteur du titre un cinquime
il ne est pas
Tant que
le reste
un systme
de proprit
communau
taire dirig
par
une
collectivit villageoise
est
le shaddad qui continue de
grer
la
forme
du
et
avoir
la jouissance
de
la
terre
En
revanche
si
un dtenteur de titre tranger
parvient acqurir suffisamment de
parts en
pour
exercer
un
contrle
effectif sur la collectivit est lui qui dter
mine la
nature
des cultures et les personnes charges de les faire Il obtient ce
pouvoir en
devenant crancier en particulier en fournissant
une
proportion
toujours plus grande de
capital fixe en change
une
hypothque
sur
les titres
fonciers Tout
investissement en quipement accompagne
une augmenta
tion
de
la rente foncire En outre
plus
la quantit
de
capital que le propritaire
fournit
son
associ
villageois sha
rik
est
grande plus associ
est dfavoris
et
plus
association sharika tend se rduire une relation de
patron
client
La
redistribution priodique en disparat pas pour autant
En
effet en
appropriant la
discipline
communale
de la collectivit villageoise le grand
propritaire peut
mieux parer
aux
tentatives
invasion de son territoire par des
concurrents
extrieurs Ce
contrle de
la collectivit
villageoise galement
pour effet de rduire au silence les insatisfactions internes des tenanciers indivi
duels qui
ont
pas de base matrielle sur laquelle fonder
leurs
plaintes Le
fournit aux notables
locaux une
forme
particulire de clientle qui
couvre non seulement
les
relations
conomiques
mais aussi toute
une
gamme
de
relations sociales Ces relations
assurent
la
petite
aristocratie foncire la
fois
un soutien politique de masse et
un
prestige certain Comme est
gnrale
ment
le
cas
dans
les rapports
de
clientle caractriss par
de
vritables
liens de
dpendance personnelle 54 la relation
entre patron
et
client est pas entire
ment
asymtrique
En
effet
elle
assure
aux paysans une
certaine scurit poli
tique militaire et
mme sociale55
cet tat de
choses freinait exploitation
acharne et le mpris une classe pour autre Pour la bourgeoisie urbaine au
contraire avantage organique
du
maintien
du
systme de tenure en
est moins vident est pourquoi avec accroissement de la colonisa
tion
europenne
la spculation
foncire devient
un
moyen
encore
plus sdui
sant de raliser des profits rapides condition toutefois
que
le propritaire
absentiste
mette un terme la pratique
du
et commercialise ses terres
Au dbut
du
xxe
sicle
la
paysannerie
avait cd ses
droits
aux titres fon
ciers
sur
la
majorit
des
terres
des propritaires
absentistes
soit
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16/30
ATRAN
LA
QUESTION
FONCI
RE EN PALESTINE
directement soit par dfaut
de
paiement de
ses
dettes56
Nanmoins la
plupart
des
terres
des plaines continuaient
tre cultives sinon sous
le
systme
de
pro
prit du moins sous
celui
de
la
tenure
arrive
des
Bri
tanniques 70 des
terres
des villages
sont encore
priodiquement
redistri
bues57
Tant
que
les
propritaires conservent les
titres
organisation
socio-
conomique de la paysannerie reste
largement intacte
Cependant lorsque les
propritaires investissent de plus grandes quantits de capitaux la rentabilit du
capital
est
moindre
probablement
en raison du
fait
que les paysans se sentent
de moins
en moins responsables
de
exploitation de la terre58 En fait les effets
long terme de enregistrement des terres
ne commencent
se faire sentir que
lorsque les propritaires absentistes en viennent vendre leurs titres aux
colons Ainsi Gedera un de
ces
colons crit
La
terre
que
nous avons
achete
est esprit et
me du
village arabe
voisin de
Qatra Le
prteur fran ais Polivar accable les villageois par
les
taux
intrt
levs
il
xige
au
point
ils
ont
forcs
de
vendre
leurs
terres
aux
prix
demands par ce requin Tant
que Polivar
tait propritaire de ces terres
les fellahin ne
sentaient
pas
le
poids
de
leur malheur ils ouvaient cul
tiver
ferme Mais
ui oyant
que nos
frres juifs travaillent la terre
eux-mmes et ont pas intention
de
la
donner
ferme. es fellahin
sont
tota
lement dsempars et se
demandent
comment ils gagneront
leur
pain59
La
transformation
de leurs terres en marchandise
prive
les paysans
de tout
contrle
ils uraient
pu
exercer sur la terre ils ravaillaient Avec
le temps
la
situation conomique
et
politique
ne
fait encourager
une
plus
grande
alination
de
la
terre
opposition politique
des Arabes achat des
terres par le Fonds national
juif
Keren Kayeme empche les prix
de chuter
alors que la
valeur
conomique
de
la terre
ne
cesse de
baisser
En outre la pro
ductivit diminue mesure
que
le tissu
socio-conomique
commence
effilo
cher De plus en plus les fellahin tendent chercher des emplois salaris dans
des exploitations juives ou
dans
administration urbaine De plus le march
des
produits
agricoles
tant
au niveau
national au niveau international est
en crise une
des
rares
solutions qui offre alors aux propritaires
pour
main
tenir leur
niveau
de
vie
est de vendre les titres ils possdent
encore
Dans les
annes 1930 mme
les
familles de notables villageois ou de la petite aristocratie
rurale dont le
statut
politique et social dpend de leur clientle et de leur opposi
tion
au
sionisme
se
voient obliges
de
mettre
un terme
au
systme
du
pour vendre subrepticement ces terres
en
apparence
peu rentables un
point
de vue agricole
Les
propritaires
arabes sont davantage
encore
encourags vendre
dans
la
perspective
de
la cration du cadastre Car la Land Settlement Ordinance
de
1928 et la Land Settlement Amendment Ordinance de 1930 visent mettre un
terme au systme du
dans
ensemble
du
pays
grce un cadastre tabli
de village village Dornavant
les
individus se voient
attribuer un
titre
pour
chaque
lot
de terre
spar
ils ont
cultiv au cours
du
dernier cycle
En fait entre
juin
1929 et fvrier 1932 le est
aboli
la suite une
action officielle que dans
huit
villages60
Mais
la possibilit de arrive immi
nente
du
Settlement Officer
incite
souvent
la population locale
stabiliser
ou
1375
-
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17/30
HISTOIRE RURALE
geler elle-mme la terre ifraz baran En effet un propritaire
doit
prouver
il
possd un lot de terre donn sans interruption
pendant
dix
ans pour pouvoir
rclamer
auprs
du
Tribunal foncier un titre
permanent sur
ce lot
tant
donn que
souvent
les
propritaires
ne possdent
de
titres que
sur
une partie
du
territoire
en
du
village
le fait
de
revendiquer
un
certain nombre de parts
des
terres
du
village ne suffit pas assurer
leur
revendication sur la terre elle-mme Il est en effet possible que
les
lots de
terres
en aient chang de mains plusieurs fois au cours de nom
breuses redistributions
priodiques est pourquoi
pendant toute
la
dcennie 1930 certains
propritaires puissants
qui ne possdent que
des
int
rts
partiels
dans
une collectivit
villageoise
obligent
les villageois mettre un
terme
aux redistributions
du
bien avant
arrive
prvue du
Settlement
Officer
Les
notables locaux et la petite aristocratie ne choisissaient pas
cette
option
par
recherche de profit dans
une
spculation
foncire
car
celle-ci
portait des
stigmates
tant
politiques que sociaux
Ils
efforcent
seulement
chapper
la
crise
tant plus en mesure de lutter efficacement dans conomie de
march
Reste que
dans ces conditions
la paysannerie
ne
pouvait
plus survivre
conomiquement et
encore moins
se dvelopper est pourquoi en 1936 la
population arabe rurale se
soulve
et la
rbellion
se
prolonge
pendant
trois
ans62 De
fa
on
gnrale
la
rvolte freina
alination
des terres
cla
tement de la
deuxime
guerre mondiale mais ne parvint jamais empcher
Aprs la guerre un
vent
de
sympathie bien
comprhensible pour les
souf
frances
des
juifs
en Europe
souffle sur le monde entier et se traduit
par
un
renouveau
du
programme sioniste qui se fait plus
intransigeant
La
dtermina
tion
britannique
poursuivre le rexamen de la politique conomique
du
Mandat
qui
avait
t suscit par les meutes
de
1929
en
est branle63
Ici
ou
l le
systme
du se prolonge mais aprs 1948 il pratiquement
disparu
En
rsum
disons avant enregistrement des terres la proprit
constitue
le ciment
conomique
et
social une collectivit villageoise
pratiquement autonome
Avec application du Code
foncier ottoman
la pro
prit
fait rapidement place affermage Ce nouveau
mode
exploitation
offre
lite des familles de propritaires fonciers de
Palestine
un
systme
social de clientle conomique
et
de soutien politique de grande
envergure
certains gards
la
bourgeoisie
urbaine qui
ne
cesse
de
crotre
encourage
galement
le
systme
affermage
mme
si
elle
est
aussi
favorable sa
disparition
pour favoriser la
spculation
En
raison de leur fertilit et
du
caractre encore clairsem de leur population
au dbut de la colonisation
ces
terres sont
particulirement
convoites par les
sionistes
qui
esprent raliser
leurs
ambitions
La
paysannerie
arabe
pla
ant
elle aussi
dans ces
terres espoir un avenir
o serait prserv
un
semblant de
structure sociale reconnue un conflit
ne
tarde pas
clater
entre les ennemis
irrconciliables
que
sont
les paysans et les colons Comme dans autres
rgions
au Proche-Orient et en Afrique du Nord poque de la colonisation ce sont
gnralement les
fellahin
qui
perdent
la partie
1376
-
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18/30
ATRAN
LA QUESTION FONCI RE EN PALESTINE
organisation
sociale du
dans
la plaine Esdrelon
la
fin du xixe sicle
et
au dbut du xxe sicle
la
production agricole
et la
scurit
amliorent
sensiblement
dans
les
plaines
de
Palestine
tandis
que
organisation de
la
production
et la
distribution de
la
proprit foncire chan
gent notablement
Il suffit
pour
en
convaincre
examiner la
situation de
la
plaine
intrieure
Esdrelon Mar
Ibn mar Ds
le dbut des
annes 1880
une famille de
banquiers syriens
bass Beyrouth les Sursuq acquiert des
titres sur la plus grande partie des terres des villages de la plaine Esdrelon Il
est
difficile de
savoir si les
Sursuq taient
rellement comme on
souvent
dit
des spculateurs agissant par pur calcul Il faut souligner en effet au
moment de
la
division
de la Syrie
ottomane aprs
la
premire guerre
mondiale
les Sursuq ne sont pas de simples
propritaires
absentistes
mais
sont
devenus
au regard
de
la loi des ressortissants un
tat
tranger le Liban sous Mandat
fran
ais
Quoi
il
n
soit
vers
1925
la
plupart
de
leurs
terres
de
Palestine
ont
t vendues au Fonds national juif et leurs occupants en ont t
vincs
La
cul
ture
cralire et levage extensifs sont remplacs par diffrentes formes
agriculture et
levage
intensifs Des
villes
comme
Jenin ou
Nazareth qui
distribuent et commercialisent la production cralire au niveau
local
subis
sent un grave dclin tandis
que autres
comme Hafa ou Afula spcialises
dans
entretien du
matriel
agricole et industriel et la commercialisation des
rcoltes et autres
produits
sur le march prosprent et accroissent en cons
quence64
in
t
de Umm el-Fahm font
partie
des villages organiss
en
sur
les
collines
et les coteaux
bordant Esdrelon
qui chappent
au
destin
initial des
villages des plaines
les
plus
exposes Leurs terres sont pratiquement
contigus et forment une bande de terre sur la bordure sud de la plaine que
suit
ancienne via maris qui reliait Egypte
la
Syrie
in itu
sur le
site
biblique
de Jezrel cent
mtres
environ
au-dessus
de
la plaine
avait un accs
direct
ses terres qui
couvrent
une
surface de plus de
20 000 dunams
2000 hectares Umm el-Fahm
est situ
plus
en hauteur prs de 500
mtres
dans les collines
de Samarie quelque distance de
ses
150000
dunams
15000
hectares
environ de terres des valles dont
seulement
une
partie
est
cultive en Depuis sa esbiyeh
situe
sur ancien tell de Megiddo et
qui comprend Khirbat Lajjun et Tell el-Mutsellim in
st
porte de vue
in
st
un village
moyen
fait
de
ruines en
pierres
remises en tat
et
de huttes en
pis En 1870
il semble
que vingt trente
foyers
de migrants
venant des collines et de semi-nomades approximativement 150 mes
en
tout
soient installs de fa
on
plus ou moins permanente65 Bien origine
la
plupart des terres aient t enregistres sous le
nom
des immigrants ds le
dbut
du sicle
les
membres de la
puissante
famille
des Abd el-Hadi de Arrabeh entre
Jenin
et Naplouse
commencent acheter des titres
et
acqurir des
intrts
qui
leur permettent exercer un
contrle
sur la communaut villageoise
Pas
plus
que
les
autres familles
nahiyeh de la petite aristocratie terrienne
locale les Abd el-Hadi ne
sont
des
exploiteurs
impitoyables de la paysannerie
ni des spculateurs
capitalistes
Ce sont des membres de leur
famille
qui grent
personnellement
les terres
du
village
partagent
les
dpenses
quipement
et
les
1377
-
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19/30
HISTOIRE
RURALE
fonctions
sociales et supportent
plus
que leur part
des pertes
conomiques avec
les habitants ls ont
frapps par adversit
Cependant
avec
la crise
gnrale
de agriculture des annes 1930 mme les familles
de
la petite aristo
cratie
dont
le prestige
social
et le
statut
politique dpendent
de la terre
vendent
leurs
biens
diffrentes
agences
sionistes
in
omme
ailleurs quand
les
temps sont difficiles ces familles noblesse oblige tombent au
mme
rang que
les
fellahin
Pour
Umrn el Fahm
les
choses en vont
diffremment Il
agit
un
des villages
les
plus anciens des collines
habit
sans
interruption et poss
dant un
tissu social
solide
organisation
sociale
de in tant relativement
amorphe on
trouvait
pas
de trace
de
fort
hamayil66 Au contraire
Umm
el Fahm qui en 1880
est
dj un grand village de quelque 000
mes
exis
tence
une forte
organisation
hamula est
vidente
Le
village
est
compos de
quatre quartiers
ayant chacun son propre Sheikh el Jabarin el Mahamin
el Mejahineh et el Akbariyeh 67
La
division des terres suit
stricte
ment les
lignes des hamula Chaque
hamula re oit un lot
permanent de
terres
100
feddans
chacune
Aghbariyeh
et
Mahamid
675
Mahajn
et
795
Jabarin
Unfeddan
reprsente
la quantit de terre un attelage de ufs
peut
travailler en une saison 26 30 jours 68
Les
lots
de
hamula sont
leur
tour
partags de fa
on
permanente entre
un
certain nombre de
zones
agraires mawaqa chaque zone tant caractrise par
la qualit de son
sol
son
accessibilit
sa topographie etc
Les diffrentes
zones
ont une superficie qui va de
quelques
centaines de dunams
plus
de 000
comme pour le mawqa de tell el-Wayat du quartier Aghbariyeh et peuvent
tre
composes de terres assez superficielles
rocailleuses
et escarpes ou bien
profondes riches et plates Chaque
zone est
divise
de fa
on
gale en autant de
parcelles il
de
parts feddans
dans la communaut
hamula
Ces
parts
sont ensuite distribues
par lots
quraf
entre
les foyers
membres
de
la
hamula
proportionnellement au nombre de parts
que
chaque foyer possde dans la
communaut
origine le nombre de parts
tait
gal
au nombre attelages
de
ufs que
possdait chaque
foyer
Aprs
enregistrement
des terres le
nombre des
parts reste
fixe mais
avec
le temps
la
part de chaque
foyer
tend
diminuer en raison de
la pratique
de hritage egalitaire entre
les
fils69
Comme la plupart
des
hamayil de Palestine ceux
de Umm el-Fahm
sont
des
groupes patronymiques relevant de la communaut
sans
tre
des patrilignages
En autres termes les units
patrilinaires
constituantes jeb de
chaque
hamula
qui
varient en profondeur de
deux
cinq
gnrations
ont rarement de
lien
gnalogique
entre elles
Nanmoins appartenance
la
communaut
exprime
dans
un idiome patrilineaire oun qui revient un
membre de
la
mme
hamula
est une
aide
due une parent patrilineaire Si un
malade est
pas en mesure de faire les labours les moissons
ou
le battage du bl
il
incombe
aux autres
membres
de sa hamula de aider sans recevoir aucune contrepartie
De
mme
si un eux
est
attaqu par un tranger la hamula les membres de
son groupe patronymique sont tenus de
lui
porter secours Dans ces conditions
toute
la partie
rsidentielle du village peut se transformer en une vritable
forte
resse de pierres
Ceci
reste
vrai pour
Umm el-Fahmaux
nnes
1950 Les
membres
de la hamula exercent galement un
contrle
marqu
sur le
sort
des
femmes Bien que ce soit la dcision des parents en ligne
directe
qui
prvaut
pour
le
choix
un poux
les autres membres
de
la hamula
peuvent
opposer
1378
-
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20/30
ATRAN
LA
QUESTION
FONCI RE EN
PALESTINE
leur veto au mariage
une
femme avec un membre
une
autre
hamula En
outre un large rseau de relations affinit entre les
sections
des diffrentes
hamayil fournit
une rserve disponible et
efficace
allis politiques et conomi
ques
potentiels
ils
sont renouvels ces liens affins peuvent se
transformer en
attaches
matrilaterales
qui
renforcent
et
rendent plus
durables
les
relations
poli
tiques
et conomiques La
parent
matrilaterale
peut
servir
par exemple
appuyer la position un individu dans la comptition
pour ascendance
dans
sa propre hamula
ou
pour
quiconque
manque de capitaux crer des associa
tions
avec autres agriculteurs Enfin le fait que les
membres
une
hamula
dtiennent des lots adjacents de terres
ncessite
une coopration cons
tante
sur
des dtails
pratiques
de
agriculture En somme intgrit
politique
conomique
et sociale
de ces hamayil multifonctionnelles des villages
forme
donc un
tout
Le village est aussi un agent moral qui encourage les associations politiques
sociales et conomiques entre
les
diffrents hamayil Les conflits entre hamayil
sont arbitrs
au
moins
par
les
anciens du
village
dont les familles
ne
sont
pas
directement impliques
Ces
anciens ikhtiyariyeh organisent
la
dfense
com
mune
du village
contre les attaques et
dterminent
les modalits
particulires
de la protection
du
patrimoine villageois poque de la moisson et
en
prvi
sion
un raid
de
bdouins
comme
les
Bni Skur par exemple
les
anciens assu
rent
que les hamayil entraident pour faire la rcolte et
pour
stocker abri des
regards
matmur la
plus grande
quantit
le plus rapidement possible
Les
anciens
jouent galement
un rle de
mdiateurs entre
les
autorits de tat
et
les
diffrentes hamayil mme
si
celles-ci ont souvent
tendance accommoder
avec
les agents de tat en particulier pour ce qui touche
aux
problmes de la
collecte des
impts
La
composition
globale
du
village
et
de
la hamula pour
effet
de
dcou
rager
les investissements en quipements dans
les
possessions de la
hamula
de
la
part de personnes trangres au
village
mais non pas autres
membres
autres hamayil
intrieur du village Un membre
une hamula
manquant de capital
peut
par
exemple
former une
association
sharik avec un
membre une autre
hamula
qui
lui fournit
les ufs ou les semences nces
saires pour cultiver la terre
pendant
un cycle Cette association
doit
tre noue avant
attribution de
la
terre par
la hamula
et ne peut pas
tre
dis
soute
avant la
distribution
suivante De
cette fa
on les
membres
une hamula
peuvent acheter des parts de
biens une
autre Chacune cherche
ail
leurs rduire
au
minimum
le
degr
de
pntration
de
autre partie en
propo
sant
autant
que possible
des conditions
plus
gnreuses
ses
propres membres
Malgr tout les ncessits de la
vie
villageoise encouragent dans une certaine
mesure le dveloppement de relations entre les entits que sont les hamayil
autre part on remarque que
mme
si un certain nombre de
parts
des
terres de la
hamula passent
un propritaire tranger ces terres ne sont pas
vritablement perdues
Car le nouveau propritaire uniquement le droit
de
participer
la redistribution priodique au
mme
titre que les autres dtenteurs
de parts de la
hamula
Dans tous
les
cas est gnralement ancien
propri
taire qui
travaille
effectivement la terre et qui paye au propritaire tranger une
rente
correspondant
un quart de la production
Ainsi
alination de
parts
de
terre
ne
signifie
pas
forcment
alination
des moyens
existence de
la
1379
-
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21/30
HISTOIRE
RURALE
mulo
agriculteur droit quant
lui
un quart de la rcolte en change
de son travail et la moiti
restante
est partage proportionnellement apport
de capital Les
semences
comptent
pour un
quart de
la
production
et attelage
pour autre
quart
La
dme
est
gnralement prleve sur aire de battage
avant
le
partage de
la rcolte
et
elle
est
calcule
au
prorata
des
quatre
princi
paux
facteurs
de
production
Grce son
prestige religieux
comme patron de la mosque et ses
grandes
proprits
prives oliveraies et de vergers une section de la hamula Aghba-
riyeh
parvient atteindre une
position
de suprmatie qui
lui donne
un rle poli
tique dominant dans le village elle sert de
mdiateur
avec
les
autorits de tat
et
obtient
le droit de percevoir les impts du village Ayant ainsi accs
de
grandes
quantits
de
capital disponible
le
chef
de
la section
Hassan
ad ui
prend le titre Effendi acquiert des intrts conomiques substantiels sur
un
tiers
environ des terres Aghbariyeh et
un
quart de celles de
Mahamid et de Jabarin Seule la
hamula
rivale de
Mahajn refuse
de cder des
terres
Hassan
ad
ffendi
bien
elle
vende
plus
de
aixfeddans
de
terres
un rsident
chrtien
de Nazareth
et que certains
de
ses
membres tra
vaillent
comme
coagriculteurs
apportant leur
travail
et
parfois leur
capital
sur
les terres Aghbariyeh
En dpit
du
fait que
Hassan
ad Effendi possde des titres sur un quart
environ de ensemble des terres du village il ne
parvient
ni stabiliser
ses lots ni mettre un terme la redistribution priodique comme avaient
fait
les
Abd
el-Hadi
immdiatement avant de vendre
les terres de
in
Les
fellahin de Mahajn
mais
aussi la majorit
de
ceux
de
Jabarin de
Mahamid
et
mme
Aghbariyeh refusent de mettre un terme aux redistributions priodi
ques
des
terres et
mme de consentir des exceptions Les arguments
selon
lesquels la
terre
pourrait alors
tre
avantageusement
transforme
en ver
gers ne les sduisent pas car ils savent non seulement il audrait au moins
sept
ans pour que les
arbres
produisent
des fruits commercialisables mais
aussi
que
toute
la
production
cralire
se
trouverait menace Des
informateurs
ayant particip au
dbat
sur
opportunit
de
stabiliser
ou geler
la
terre
ifraz
baran sont conscients
des consquences
sociales
du dclin
de la
culture
cralire traditionnelle leurs yeux le reprsente la dernire
garantie
contre la
destruction de tout un mode de vie un
mode
de vie qui
vidence se dsagrge de toutes parts
Les
collectivits
qui
vont de pair
avec
une production
cralire extensive
fournissent un
moyen
existence
qui
il
est
peu
exaltant
un
point
de
vue
conomique
en
est
pas moins sr Elles
fournissent
galement un cadre stra
tgique familier qui
offre une
certaine
latitude pour
diriger
les
choix de vie
sociaux les alliances matrimoniales
par exemple
et conomiques les associa
tions entre agriculteurs 70 Ce
cadre donne
une mesure continue de contrle sur
le sort
de
chacun une
poque o
la majorit
des
fellahm paraissent destins
devenir des associs du
vent La Palestine Royal Commission reconnat
existence de ce sentiment71 mais
semble-t-il
elle ne le comprend pas II
apparat de fa on
vidente
que dans certaines
rgions
les
Arabes
considrent
ce systme de tenure
le
comme une
garantie
contre alination des
terres alors en
ralit il constitue
un obstacle tout dveloppement
est
la
force interne
de
la
hamula
encourage
par
la
concurrence
entre
les
1380
-
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22/30
ATRAN
LA
QUESTION FONCI RE EN PALESTINE
hamayil et intrieur de chacune entre elles qui empche les
plus
gros
dtenteurs de
parts
acqurir des
intrts
leur permettant
de
contrler
et de
diriger
la communaut villageoise
Mme
si les hamayil
du
village autorisent la
vente de parts de terres des trangers au village
ces
ventes sont examines
avec
attention
et
elles
doivent
se faire
au
moins
avec
accord tacite des
anciens
du village Il est interdit par
exemple
de vendre tout tranger soup onn de
vouloir transformer des
parts
de terres en lots alinables Ceci concerne
notam
ment
les
reprsentants de diffrentes agences sionistes Ce faisant
les paysans
empchent tout
morcellement
des terres Umm el-Fahm leur
saisie
par
le nouvel tat isralien en
1948
Avec la fin du disparaissent
aussi les multiples facettes des fonctions de la
communaut
villageoise Des fac
tions
fortement marques
par
endogamie commencent rgir
des
relations de
plus
en
plus conflictuelles entre
les
hamayil
ce que
tat
ne demande
encourager72
Il est
exact
que
Hassan
ad
ffendi toujours
t oppos
aux ventes
au
Fonds
national
juif
En
effet
sa
famille tait
allie
au
Mufti
de
Jrusalem
Haj
Amin
el-Husseini
qui tait la fois le soutien spirituel
du
Palestine Arab Party
fond
en
1936 et
sous la direction
de son cousin Jamal et le
leader
religieux
notoire
de la Rvolte arabe Mais les Abd el-Hadi taient aussi au premier
rang
de
opposition
politique au sionisme Le Secrtaire
gnral
du Parti de Ind
pendance
Istaqiat fond en 1932 fut AwniAbd
el-Hadi
conseiller juridique
du
Suprme Muslim Council que
prside
le Mufti
Certes
de fa on
gnrale
les
Abd el-Hadi comme les Nashishibi qui
organisent
en
1936
le
National
Dfense Party ne soutenaient pas le
Mufti pendant
les
dernires phases de la
rvolte Cependant
ils participaient
au
Supreme
Arab Committee qui
deviendra
le
Arab
Higher
Committee
qui coordonnait
au
niveau
national
les
oppositions locales
la
politique britannique de colonisation agricole
et
aux
achats
de
terres
par
les sionistes
partir de 1936
Comme les
Nashishibi
les
Abd el-Hadi
pendant
les
dcennies
1920 et 1930 vendaient subrepticement
des
terres
aux
agents acqureurs juifs est
gnralement
le
cas
autres
membres
des familles
les
plus eminentes de propritaires terriens qui composaient
une
assez grande
partie
du
omme les
Husseini bien
que
ces
derniers
aient vendu
avant
le
Mandat
En rsum la population marginale
des
plaines qui
ne
cesse augmenter
ne
dispose aucun
des
mcanismes
sociaux
et structurels les
plus
aptes
rsister ou du moins
mettre un terme la fragmentation
conomique
et la
dsintgration
sociale
du village
enregistrement
forc
des
terres
et
le
trans
fert des titres grande chelle qui en rsulte mettent le sort
conomique
de la
paysannerie marginale entre
les
mains de propritaires absentistes
Une
dpen
dance
toujours plus grande
gard
de agriculture
spculative
conjugue
une politique de
sdentarisation force
empche toute autre
utilisation du
capital et rend impossible toute vie
semi-nomade
Dans la lutte pour le contrle conomique de la Palestine qui
oppose
les
capitaux
des propritaires arabes ceux des
juifs
dans un march agricole en
crise
ce
sont
les capitaux juifs