alexandre dorna - pistes pour une Étude contextuelle du discours politique populiste

Upload: mariosapereira

Post on 15-Oct-2015

3 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

  • PISTES POUR UNE TUDE CONTEXTUELLE DU DISCOURSPOLITIQUE POPULISTE

    Alexandre Dorna

    Groupe d'tudes de psychologie | Bulletin de psychologie

    2007/6 - Numro 492pages 593 600

    ISSN 0007-4403

    Article disponible en ligne l'adresse:--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    http://www.cairn.info/revue-bulletin-de-psychologie-2007-6-page-593.htm--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Pour citer cet article :--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Dorna Alexandre, Pistes pour une tude contextuelle du discours politique populiste , Bulletin de psychologie, 2007/6 Numro 492, p. 593-600. DOI : 10.3917/bupsy.492.0593--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

    Distribution lectronique Cairn.info pour Groupe d'tudes de psychologie. Groupe d'tudes de psychologie. Tous droits rservs pour tous pays.

    La reproduction ou reprsentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorise que dans les limites desconditions gnrales d'utilisation du site ou, le cas chant, des conditions gnrales de la licence souscrite par votretablissement. Toute autre reproduction ou reprsentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manire quece soit, est interdite sauf accord pralable et crit de l'diteur, en dehors des cas prvus par la lgislation en vigueur enFrance. Il est prcis que son stockage dans une base de donnes est galement interdit.

    1 / 1

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • Pistes pour une tude contextuelle du discourspolitique populiste

    DORNA Alexandre*

    Discuter propos du discours politique nousimpose demble de rejeter la formule cartsiennedu cogito ergo sum. Sans nier lintrt duneapproche psychocognitive du discours, au senslarge du terme, cest la nature mme du discourspolitique qui (nous) oblige reconnatre et mettreen avant dautres paramtres tout aussi importants :la socit et ses dysfonctionnements, les situationshistoriques, les enjeux de pouvoir, la culture et sesnormes, le tempo des processus sociaux, les projetscollectifs, les sentiments partags ou les sujets polmique. Et, surtout, les idologies.

    Le discours politique est une parole qui se fabrique plutt par et dans le dehors que paret dans le dedans des acteurs politiques, au seindune dynamique complexe dinteractions, intelli-gible et cernable, condition de se tenir lidesuivante : lanalyse du discours politique in situ setrouve doublement surdtermine, en amont, par lepoids des antcdents psycho-socio-culturels, quiagencent lhistoire et le vcu de la communauthumaine, en aval, par les perceptions davenir, lescraintes et les projets collectifs, laune dun cadreconcret dexistence. Voil donc un regard plusperant, fait dune certaine distanciation, dunecomprhension de ltat de la cohsion sociale, durgime politique en place et surtout des idologies(visions densemble) qui constituent, forment etdforment les continuits et les ruptures dans leprocessus de transformation dune mme civilisa-tion. Cest de l que prend son lan et toute sonimportance, la perspective que nous attribuons lapsychologie politique (Dorna 1998, 2004) au curdes sciences humaines et sociales ; celle-ci adopteune position heuristique transversale et intgrative,descriptive et critique, afin dembrasser leslments psychosociologiques de linteractioncommunicative dans son contexte immdiat et loin-tain, pour mieux cerner et valuer les lmentsintellectuels et motionnels qui font de la parolepolitique une praxis vise persuasive.

    La tche est donc difficile. Pour y parvenir, unestratgie mthodologique consiste se pencher surltude des cas extrmes, afin de rendre la rflexion

    plus fconde. La cuisine empirique nousdmontre, curieusement, que ce sont les comparai-sons et les caricatures qui facilitent la puissancevocatrice des composants fondamentaux dunphnomne. Certes, il ne sagit pas de trouver laquintessence des discours, mais de saisir, simple-ment, les traits qui caractrisent le mieux le fonddu discours politique. En consquence, suivantcette logique empirique, on peut se poser diversesquestions. Quel est le type dhomme-discours quiutilise le plus (ou le mieux) les diverses gammesdexpression oratoire et les mcanismes de persua-sion ? Quelles sont ses caractristiques idologi-ques, par rapport quelle situation ?

    La rponse est, titre dhypothse de travail,quil sagit, fort probablement, du discours dunleader charismatique, au cur dune situation decrise socitale qui sinscrit dans une mouvance populiste . Le discours populiste, coup sr, estcelui qui sapproche le plus des racines politiques,sociales et culturelles dune socit. Cest l quelmotion marque un tempo soutenu, pour mieuxsaisir la subjectivit et ouvrir la brche par o doitpasser le contenu de lacte communicatif. Cest uneparole qui rsonne (et raisonne) avec le sentimentde masses. Discours, enfin et par consquent,minemment persuasif.

    Cest l notre choix et le point darrive de cesrflexions, conduites la lumire de la littraturespcialise, des donnes empiriques et dune obser-vation participante significative sur le terrain delaction politique. Bien entendu, il sagit duneesquisse et des propositions qui demandent unequte de vrit, videment relative, en termes deconfrontation dopinions, plutt que le passage lamoulinette exprimentale centr sur lindividu toujours laborieux, mticuleux, et qui bute, fina-lement, sur lincommensurable , ou la sente desanalyses psycho-logico-linguistiques, trop ancresdans le dedans dun sujet vid de ses

    * UFR de psychologie, Universit de Caen, esplanadede la Paix, 14032 Caen Cedex.

    593bulletin de psychologie / tome 60 (6) / 492 / novembre-dcembre 2007

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • composantes sociales et politiques, soit de ses liensde consonance avec autrui et du dehors culturel.

    La description de certaines conditions contex-tuelles est indispensable pour aboutir une probl-matisation du discours hors de la linguistique dudiscours et lesquisse dune explication de laparole-politique-en-situation, ici le discourspopuliste.

    La premire condition notable est le besoin derexaminer le dcor et lenjeu pistmologique quialimente ces rflexions, certes sans prtendrelpuiser ; la seconde est de caractriser le phno-mne charismatico-populiste, les conditions histo-riques et culturelles de son mergence ; la troi-sime, de relever les fonctions attribus au discourspolitique et le rle de lmotion ; enfin, laquatrime, de noter les observations pertinentespour esquisser une grille dindices qui se dgagentde la pratique communicative et de linteraction decet ensemble de variables.

    QUE DIRE DU SOCLE PISTMOLOGIQUEDE LANALYSE DU DISCOURSPOLITIQUE ?

    En premier lieu, la rflexion pistmologiquesest prodigieusement rtrcie au sein de scienceshumaines et sociales, jusquau point de perdre devue la perspective densemble (il ny a plus degrandes thories gnrales), elle sest trop engagesur une voie langagire, travers les mandres dunfleuve danalyses, dont la porte nglig leslimites. La consquence est, mtaphoriquementparlant, que les arbres empchent de voir la fort.Cette image mest venue lesprit aprs avoirtravaill, il y a quelques annes, de manire exp-rimentale, diverses variantes langagires dudiscours politique et ses effets. Une srie dexp-riences (Dorna, 1991) qui ont apport des rsultats toujours encourageants montrait une voie int-ressante de recherche, mais nullement une visiongnrale satisfaisante.

    Certes, le support sociolinguistique et psychoso-ciologique quoffre la notion de contrat de commu-nication (Ghiglione, 1986), quoi jai t associ,a permis de combler certains doutes sur la valeurexplicative de lhypothse langagire, dans uneperspective interactionniste et cognitive. Or,lexplication du dehors par le dedans (intrapsy-chique) et mme lutilisation astucieuse du modlecognitif de la communication sociale, ne mesemblaient pas tout fait suffisantes pour fournirun cadre thorique au discours politique, ni utilespour envisager une comprhension matrise de seseffets. Avec le temps, les raisons me semblentaujourdhui presque videntes, et pourtant fortdifficiles combler dans une vision cohrente.

    savoir : limportance non seulement du contexte,mais des modles culturels et idologiques, dont lalinguistique structuraliste, me semble-t-il, ne rendpas vritablement compte. Certes, plusieurscourants de pense ont contribu clairer cedomaine, notamment le retour de la rhtoriquephilosophique (Salavastru, 2005), la logique argu-mentative (Perelman, Olbrechts-Tyteca, 1958,Vignaux, 1976), la pragmatique (Reboul, Moes-chler, 1998) et la psychologie sociale du langagesous linfluence de la pragmatique (Ghiglione,Trognon, 1993) autant que dautres dmarches plusrcentes telles que lanalyse conversationnelle, lesthories de facults, et la thorie de la pertinencedans le cadre des sciences cognitives.

    Une chose est sre, les problmes persistent, carla mise en place dune mthodologie ouverte etpluridisciplinaire, toujours souhaite, est devenuepresque illusoire moins dtre libre des forma-lismes fascistes , dirait R. Barthes (1977) internes lapproche cognitivo-langagiere, et derigorismes mthodologico-statistiques qui rendentforcement incompatible lintgration pleine desquestions cognitives, et les variables contextuellesdu (pr)construit social, dont la dmarche exige laprise en compte de lhistorique et de la transversa-lit du regard.

    Autrement dit, il y a l un problme de dmar-cation entre ce qui est considr comme scienti-fique et ce qui ne lest pas, et de volont daccepterou non, en sciences humaines et sociales, quelapproche canonique des sciences dures resteun vux que la pratique se charge de remettre saplace.

    Il ne sagit pas une interrogation nouvelle, encoremoins dun reproche. Cest seulement un constat.Or, cela demande encore clarification. Je suisarriv, lentement, non sans peine, une sorte dergle qui me semble simposer de manire pratiqueen matire de discours : toutes les fois quunprocessus socital tend tre expliqu uniquementpar un phnomne langagier, on peut tre quasi-certain que linterprtation a de fortes chancesdtre fausse et, mme si llgance et finessedautres dmarches permettent denvisager dautrespossibilits, la question de fond sur la pr-domi-nance du dedans continue (me) poser desproblmes et rifier le dbat en le limitant. Car,en un mot, les analystes du dedans (philosophes delesprit, linguistes structuralistes ou psychologuescognitivistes) succombent la sduction de lacomplexit et la tentation dchafauder des tho-ries et des procdures logico-dductives, lesquelles,de fil en aiguille, se transforment en une tendancedominante, aurole dune tradition scientifique,dont la devise est : tout modaliser et, si possible,tout mathmatiser. Do lomniprsence dun fti-chisme mthodologique de limaginaire, si bien

    594 bulletin de psychologie

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • dnonc par Wright Mills (1967) une poquepourtant moins soumise que la ntre de tellesconceptions.

    En ralit, force davoir escamot la radicalitde lenjeu pistmologique, la plupart des sourcesdexplication externe sont sournoisement vinces,ou presque, des analyses du discours, notamment,la prise en compte de ltat gnral de la socit et,curieusement, un moment de crise profonde, lepoids de ltat et des institutions, la nature dudiscours politique en lui-mme, dont les rsidusgardent la trace des valeurs et des sentiments tradi-tionnels des peuples, et le besoin de considrer, dansleur ensemble, les rapports entre discours, idologie,psychologie et culture. Sans oublier, aujourdhui, lesmdiations de la modernisation technologique, dontla tlvision reprsente lavant-poste.

    Ces quelques rflexions me semblent justifierlide dinsrer ltude du discours dans une autreheuristique autant que possible afin dchapper la fragmentation de la connaissance, le rduction-nisme mthodologique de micro-thories et le cloi-sonnement de disciplines. Un nouveau rquilibrepistmologique nous semble non seulement souhai-table, mais aussi indispensable (Dorna, 2004).

    En somme, repasser du micro au macro social,de lintra-sujet lextra-socital, du dedans audehors, est, me semble-t-il, le point de redmarragedune heuristique de psychologie politique pourlanalyse et, surtout, pour la comprhension dudiscours politique. Peu importe que la visiondensemble reste trop vaste et lhorizon encoreincertain, limportant est de ne pas se rendreaveugle en creusant des galeries souterraines sanslumire ni boussole. Il faut chapper lemprisedes critres techniques, la formalisation des rglesmthodologiques, et aux approches qui se limitent lanalyse des situations hic et nunc, en faisantabstraction des antcdents proches et lointains dela culture, de lhistoire, des sentiments, de lammoire sociale et des vicissitudes du temps.

    LA CRISE SOCITALE ET SES MALAISESPOLITIQUES

    Passons maintenant, brivement, lexamen dequelques unes des causes externes, parmi destendances historiques profondes, de la rmergencedu discours politique populiste. Dabord, il y a lacrise. Cest une crise du modle politique, de laforme de gestion gouvernementale et dun manquede projet collectif. Parmi les malaises politiques, leplus frappant est, probablement, celui des dysfonc-tionnements de la dmocratie reprsentative etlemprise des nouvelles oligarchies dont le style etla mentalit rappellent les dmarches dcrites parMachiavel.

    Ainsi, le philosophe Baudrillard (1987), avecbeaucoup de sarcasme, voque ltat de mno-pause de la dmocratie. Le jugement nest pasnouveau. Il y a presque un sicle, R. Michels(1911), dans une enqute, toujours valable, avaitformul le principe de la loi dairain de loligar-chie des organisations, dont la consquence est untotalitarisme tranquille et sournois.

    Faut-il rappeler que limportance de lidentit,individuelle et collective, est dcrite de longue datepar des auteurs fort reconnus, tel Erikson (1968)pour qui le sentiment de plnitude ou totalit est la charge des institutions sociales qui appor-tent, en permanence, aux individus, les rconfortscollectifs face aux angoisses du pass et du prsent.Lane (1982) ne dit pas autre chose : lestime de soinest-t-elle pas une affaire dtat ? Les sociologues(Parsons autant que Durkheim, Cooley que Mead)saccordent sur limportance du lien social traverslidentit collective.

    Le discours politique, encore davantage popu-liste, sappuie sur lvocation des critres didentitcommune. Cest un rappel de la mmoire cultu-relle, afin de relancer en permanence la cohrenceet la cohsion de lensemble. Ce qui divise est mini-mis et les lments dunit sont mis en relief travers des symboles et commmorations. Les motsdordre sont toujours martels : revenir aux racines,ressourcer les institutions, retrouver lme de lanation et aller au peuple !

    La machiavlisation du discours politiqueOr, la volont de vivre ensemble est mise en

    cause par la prsence, actuellement, dun nouveaumoment machiavlien (Abensour, 1998 ; Dorna,1996) : le machiavlisme semble tre la face cachede la classe politique contemporaine. Une chose estcertaine : les appareils politiques et les rouages dela gouvernance moderne sont guids parlambigut morale des rapports interpersonnels, lesraisonnements de calcul faisant abstraction desentiments moraux, et le got accentu par lesrapports de force.

    Les expriences de Christie et Geis (1979) sontprobantes. Faut-il rappeler que, justement, cestlambigut provoque par les situations de crisedmocratique qui se rvle comme constituant leterrain le plus favorable au dveloppement de latti-tude machiavlique et lmergence des figurescharismatiques et des mouvements caractrepopuliste.

    En somme, incontestablement, cest l que lapsychologie politique du discours retrouvera autantsa raison dtre que son terrain de prdilection ; leleader charismatique populiste est un homme-discours de masse par mdias interpos. La tlvi-sion devenant lagora du spectacle politique

    595bulletin de psychologie

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • moderne, le constat est lapidaire : les mdias sesont appropri une part de lespace public et le petitcran fait clater les valeurs rpublicaines. Unechose est certaine : personne ne reste indiffrent limage mdiatique, car elle apporte la fois lanotorit et la visibilit. Et le pouvoir persuasif la tlvision repose sur un fait incontournable : lepathos lemporte largement sur le logos.

    LE DISCOURS POLITIQUE : REPRESET FONCTIONS

    En attendant llargissement de nos tudes sur lediscours politique in toto, certains travaux empiri-ques (Ghiglione, 1986, 1989 ; Dorna 1991, 1996)nous ont permis de poser quelques prmisses opra-tionnelles relatives lhomme-discours, savoir :

    un acteur stratgique dont la parole est un outilde persuasion. Il sapproprie le langage, afin detransformer ses rapports avec autrui, de convaincreet de rompre avec lenfermement des socitspolitiques ;

    un constructeur de ralits discursives (mundiimago) en conformit avec ses buts. La parole luipermet de refuser le monde unique et le statu quoconsidr comme une fatalit ;

    un conqurant dont les habilets discursiveslui ouvrent les portes du cur des peuples ;

    un ngociateur habile et rus qui sait sadresseravec la mme aisance et la mme cohrence toutes les catgories sociales.

    Dun autre ct, le discours politique exprime lavolont dapprobation et/ou de refus dont lobjectifest dorganiser la socit, un moment donn,autour de valeurs fortes, par la recherche de ladh-sion majoritaire des membres dun groupe. Ilpossde une connotation idologique qui le carac-trise par-del les oppositions classiques (conser-vateurs/progressistes, gauche/droite), afin depromouvoir une action collective sur la base decroyances fortement ancres dans la mmoirecollective. Plus prcisment, Reboul (1980) fait dudiscours politique le vhicule par excellence desidologies, dont les effets sont lemprise et la mani-pulation des adhrents, autant que le rejet (voirelexclusion dans des cas extrmes) des adversaires.Quelles grandes fonctions le discours politiqueremplit-il ?

    Grandes fonctions du discours politiqueFonction structurante

    Lunivers politique, par opposition lunivers dela guerre, sagence travers le dialogue et lchangedopinions. Sans parole persuasive, nulle politiquenest possible. La cohsion sociale exige une coh-rence cognitive et comportementale. Lidologie

    politique agit en amont, dans cette direction, etremplit lespace public en aval.

    Fonction dcisionnelleLe discours joue un rle essentiel dans les prises

    de dcisions, car le politique a toujours besoin deproduire du sens pour informer, persuader etconvaincre les membres dune communaut socialeorganise politiquement.

    Fonction pdagogiqueLa politique, surtout au niveau gouvernemental,

    implique une communication la fois formative,instructive et ducative. Il sagit de dvelopper lesactivits dinstruction et de formation de lespritde la communaut politique, et dapprendre tousles usages de la socit dans une perspectivecommune.

    Fonction thrapeutiqueLe discours politique, travers lidologie quil

    vhicule, apporte non seulement une cohrence,mais galement une symbolique, capable dorga-niser le sens collectif dquilibre, dassurance et derationalisation, afin de surmonter les doutes et lestats dme que les changements produisent chezlindividu.

    Fonction rhtorico-persuasiveOn oublie parfois que la raison dtre du discours

    est de faire agir lautre.

    Fonction de propagandeLe politique propage toujours des ides, et

    sefforce daccentuer, modifier ou changerlopinion publique (doxa). Car le but est de discr-diter, voire anantir, les informations et lesopinions de ses adversaires, voire de ses ennemis.

    Fonction identificatoireIl y a dans le discours politique, lorsquil est

    russi, une capacit provoquer lidentification et exprimer les reprsentations fantasmatiquesconstitutives dun arrire-fond commun ungroupe, une culture ou une civilisation.

    Fonction prospectiveLe discours politique, populiste de surcrot, est

    une construction prospective mettant en relief, parles jeux du langage, les antcdents de la situation(gnralement critique) et, par-l, favorisant laprise en compte dune certaine vision davenir danslapprciation des dcisions du prsent.

    Les leviers du discours populisteInsistons, maintenant, sur les leviers du discours

    populiste. Parmi les plus frappants on trouve lessuivants :

    596 bulletin de psychologie

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • Le poids des mots

    Prenons une histoire tristement connue. Tout lemonde ou presque a cru que le moyen le plus puis-sant du totalitarisme nazi fut lidologie de la hainecontre les juifs et les bolcheviques, exprime avecvhmence, et non sans talent, par Hitler lui-mme.Or, Victor Klemperer (1947-1996), philologue etvictime de ce drame, nous montre que lunitdanalyse de la propagation massive de lidologienest pas le discours, mais les mots qui se sontimplants partout. Il juge ainsi que, bien plus queles concepts, les mots sont les tyrans les plus puis-sants. coutons-le : Combien de fois nai-je pasentendu le bruit des cartes qui claquaient sur latable et les conversations voix haute au sujet desrations de viande et de tabac et sur le cinma, tandisque le Fhrer ou lun de ses paladins tenaient deprolixes discours, et aprs on lisait dans les jour-naux que le peuple tout entier les avait coutsattentivement. (Klemperer, 2000, p. 39).

    En revanche, le vrai secret de lemprise de lapropagande et de la persuasion rside dans les motsqui cristallisent ltat motionnel du moment, etreconstruisent les valeurs communes, jusquprovoquer une perversion cognitive et dvelopperune volont dexclusion, de haine de lautre. Cesont aussi les mots la gloire des symboles, et quiappellent la fusion groupale.

    Force est de reconnatre avec Klemperer que lediscours inspir par la logique formelle adress la conscience et la raison ne dclenche paslenthousiasme et trs peu ladhsion immdiate,mais les mots touchent et actualisent les noyauxrfrents les plus ancrs dans la subjectivit collec-tive. Ce sont eux qui possdent les clefs des auto-matismes qui faonnent les sentiments jusquformer le langage motionnel de base, dautantquils voquent des processus refouls. Cest unrseau verbal dimpressions, de vcus et de dsirs,qui saisissent les choses de manire mystrieuse etglobale. Et, par un processus deffet de halo, commeune sorte dvidence subjective, cest la mise enscne de lme du peuple, voire de la nation.

    Il faut encore insister sur une autre constatationprcieuse. Ces mots-l ne sont nullementnouveaux, mais sont les mmes qui forment levocabulaire ordinaire, sauf quils sont subtilementet progressivement dtourns de leur valeur habi-tuelle, et rpts de manire de plus en plusfrquente. Le langage totalitaire ne faitquexacerber les mcanismes psychosociologiquesde rejet et dappropriation du sens travers dessignes et des symboles reconnus. Le discours poli-tique et la propagande ne forgent pas des mots,mais changent leur valeur et leur frquence. Et,dans les cas extrmes, ils sont rquisitionns par lepouvoir et confisqus par le chef.

    Ces mots empoisonns circulent dans le cadredes idologies et des visions intuitives, disait Kant,du monde. Lenjeu de la propagande nest pas depenser selon les rgles de la logique, encore moinsde philosopher pour convaincre, mais de rtablir lapuissance des paroles et des symboles pour rduirela pense et convaincre ainsi sans presque utiliserdargumentation.

    Les figures rhtoriquesImpossible de faire abstraction, et de ne pas

    voquer, lutilit des effets rhtoriques. Les formesrhtoriques du discours ont t depuis les dbutsde la dmocratie (Ve sicle avant J.-C.) les fers delance de la persuasion. Inutile de refaire ici lexposdes caractristiques de diverses formules oratoireset de style, dont les rfrences sont classiques.

    Shakespeare met en scne, dans la pice dethtre Jules Csar , le discours de MarcAntoine : remarquable construction rhtorique,capable de soulever la colre des masses et de faireavorter la conspiration de Brutus et de sescomplices. Mais nos yeux, analyse discursiveoblige, rien nest plus rvlateur que le rle joupar les nombreuses figures rhtoriques.

    Le discours de Marc Antoine est un paradigmede la puissance de la parole politique. Il commencepar la clbre allgorie : Romains, mes amis, mesconcitoyens, coutez-moi, je viens enterrer Csar,non le juger. Le mal que les hommes ont fait vitaprs eux, le bien, souvent, sensevelit avec leursos : quil en soit ainsi de Csar.

    Puis, lironie lui permet de prendre distance etde dvelopper une stratgie de persuasion dont lacadence est marqu par des nombreuses figures destyle, notamment lironie, dont la fameuse phrase : Car Brutus est un homme honorable, ils le sonttous, dailleurs, tous honorables . Et, par la prt-rition surtout, qui permet de parler de ce que lonprtend ne pas dire.

    Les figures rhtoriques sont l, non seulementpour embellir la trame discursive, mais pour luidonner de la consistance et de la pertinencemotionnelle. Par ailleurs, on peut sapercevoir quele style persuasif de ce discours repose sur linten-sit des modlisations, massivement utilises parlorateur dans la mise en scne de ses paroles, etla quantit des formules rhtoriques. De plus, lesindices langagiers daction (verbes statifs, dclara-tifs et factifs) sont distribus avec un tonnantquilibre.

    Lemprise idologique discursiveSi la puissance du discours populiste rside dans

    les formes de style, personne ne doute de sesracines idologiques. Il y a, dedans, dosesingales, la croyance nave et fruste des innocents

    597bulletin de psychologie

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • qui souffrent, la dogmatique des idologuesprimaires, mais parfois trs raffins, et les talentscatalyseurs des personnages romanesques et charis-matiques qui se transforment en guides pour lesgars. Ce cocktail Molotov imaginaire restetoujours volcanique. Toujours est-il que son cla-tement rappelle une virulence tellurique devantlaquelle toute tentative dindiffrence relve delinconscience ou de la pure lchet intellectuelleet physique.

    Lidologie populiste est donc une attitudedinterpellation qui demande tous de se posi-tionner pour ou contre une situation (statu quo), unpouvoir injuste (llite en place) et un fait incon-tournable (une crise profonde de socit) autantquun idal ancestral (la volont du peuple), ce quidemande dabandonner les prsupposs rduction-nistes et les clivages habituels.

    Le discours populiste ne dit pas que la socitest divise de manire antagoniste, mais quelle estconfronte des intrts concurrents quil fautdpasser dans un lan de la volont gnrale. Ainsi,au contraire de ceux qui pensent que les classessont surdtermines par les relations de production,le discours populiste reconnat (Laclau, 1978) que le caractre de classe dune idologie lui estdonn par sa forme et non par son contenu .

    Ultime considration sur lidologie populiste : cequi est vraiment populiste ne rside pas dans lemouvement en soi ni dans la forme du discours,mais surtout dans larticulation des rsidus de laculture historique et de la mmoire motionnelledun peuple. Cest justement l que le discours popu-liste trouve linspiration et la ferveur mimtique. Eneffet, il ny a pas une subjectivit interne productricede sens, mais plutt une subjectivit en dehors dudiscours. Ici, le sujet individuel nest pas la sourceautonome du monde, mais la consquence des inte-ractions interpersonnelles et des mutations cultu-relles, dont le sujet collectif est laboutissement.

    Nous pouvons maintenant proposer une grilledindices et quelques paramtres qualitatifs, pourmieux comprendre comment les hommes politiquessont perus comme tant des reprsentants actuelsdu courant no-populiste dans le monde.

    QUELQUES INDICES LANGAGIERSDU DISCOURS POPULISTE

    Impossible de ne pas insister sur un truisme : lesdiscours dits populistes ne sont les mmes ni dansleur contenu ni dans leur forme. Il suffit de serfrer en illustration aux trois hommes-discoursprcdemment voqus. Il y a, indiscutablement, un air de famille . Ici et l, quelques lments,plus ou moins vidents, forment un ensembledindices. Il semble donc possible de prsenter une

    grille dindices langagiers et rhtoriques dudiscours populiste, aprs ces longs dtours par lesantcdents de la crise, les caractristiques dupopulisme, les fonctions et les caractristiquesdiscursives, tout autant que les comportements dequelques leaders.

    Dans diverses tudes (Dorna 1995, 2004 ;Chawadronow, Neveu 1993 ; Gribova, 2002)portant sur les leaders populistes et charismatiques,on montre, malgr les grandes diffrences gogra-phiques et culturelles, la prsence convergente etrcurrente de marqueurs linguistiques, compor-tementaux et smantiques. Certes, cest avecprcaution que nous livrons ici une grille de lecture,en sachant quen cette matire, probablement plusquen toute autre, les caractristiques personnellesdu leader comptent pour beaucoup dans la produc-tion discursive. Nous retiendrons donc quel-ques-uns des indices les plus frquents.

    Langage simple, avec peu de termes techni-ques, facilement comprhensible par tous. Lalogique discursive reste pleine de bon sens et devolontarisme. Les arguments utiliss dans lesanalyses ne sont nullement abstraits. La gestuelleest l, large et chaleureuse, pour accompagner etdevancer la parole.

    Forte prsence de promesses construites envoix passive, sans actant explicite, mais dcrivantavec nergie un lan collectif et une visiondavenir.

    La bipolarisation du discours est gnralementattitudinale (pour ou contre), polmique et tran-chante. Dun ct, il y a le nous et de lautre ct,il y a les autres, ces derniers tant souvent connotsngativement.

    Lloge du peuple et lidentification, parfoisfolklorique, avec ses racines, traverse les discours,afin de donner tout son poids lexistence et ladfense de lidentit nationale.

    La critique des lites dirigeantes devient unleitmotiv comme corollaire de la lutte contre lestatu quo impos par llite dirigeante, la classepolitique et les forces illgitimes qui confisquentle pouvoir du peuple.

    La prise en charge discursive se fait autour dun je toujours mis en avant, ainsi que dautrespronoms personnels dclins sous la forme dun avec moi , mon pays , mes compatriotes ...

    Il y a toujours une opposition eux / nous ,et un nous englobant le peuple et lorateur dansun tout dynamique : notre programme , notrepatrie , notre avenir , notre voie , etc.

    Les principaux noyaux rfrents sont la nation,le peuple, le nous , llite (connote ngative-ment), la patrie, notre pays, les puissants, les riches,les petits, le travail, la famille, leffort national, la

    598 bulletin de psychologie

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • souverainet, les valeurs traditionnelles, la scuritindividuelle et nationale...

    Lutilisation massive des figures rhtoriques,notamment la rptition, la mtaphore, lallgorie,lironie, lantithse, la parabole...

    Le lexique, la grammaire et la smantique sontl pour produire une sorte de musique, danslaquelle lenchanement des mots forme une cartede sons qui renvoie un rythme entranant etparfois envotant.

    Lorateur utilise souvent la troisime personneen parlant de lui-mme, afin de mettre en scne sonpropre personnage et de thtraliser ses actes.

    Le style est direct, avec un franc-parler quicasse la langue de bois traditionnelle de la classepolitique et des fonctionnaires de la technocratie.

    Utilisation massive dune smantique fortecharge affective qui, par analogie, remplace facile-ment la dmonstration de la logique formelle.

    Rfrence permanente lhistoire de la nation,afin de souligner lappartenance, la proximit etlenracinement personnel.

    Dramatisation et thtralisation des enjeux etdes choix politiques.

    Gestuelle affirme et rythme, o les mots-clefs sont ponctus de manire rpte, et lesimages mtaphoriques suivies de gestes daccom-pagnement expressifs.

    Appel la cohsion nationale autour dessymboles et des mots-clefs qui renvoient auxclivages idologiques anciens.

    vocation des grands mythes (nationaux)fondateurs et exploitation fort habile des lgendeset des images populaires.

    Lensemble des indices, voqus ici de manirenon exhaustive, fait du discours populiste uneproblmatique part entire, tant ce moyen poli-tique mobilisateur se nourrit de limaginaire

    populaire, des perceptions despoir et davenir, etpuise dans une rserve culturelle de symboles quirenvoient lhistoire des peuples. Ni les thmes niles contenus ne sont les mmes partout, leur varitest prodigieuse, mais ces discours ont une formequi fait passer le souffle en produisant des motsaudibles pour tous ceux qui se trouvent danslattente et le besoin.

    VERS UNE HEURISTIQUEPSYCHOPOLITIQUE DU DISCOURS

    Au terme, provisoire, de notre rflexion, ladescription du discours politique dans sa variantepopuliste, se rvle comme une piste non ngli-geable pour revenir, la fois, sur les conceptionsqui commandent les analyses et la manire derecueillir les donnes. Un nouveau rquilibre pis-tmologique nous semble, non seulement souhai-table, mais aussi indispensable. Revenir du microau macro social est le point de redmarrage dunenouvelle heuristique danalyse du discours poli-tique. Rptons-le : peu importe que la visiondensemble reste trop vaste et lhorizon encoreincertain, limportant est de ne pas se rendreaveugle en creusant des galeries souterraines sanslumire ni boussole.

    Voil une schmatisation pluridisciplinaire ettransversale, afin que lanalyse du discours poli-tique puisse trouver de nouvelles perspectives etdes outils plus adapts, concernant, la fois, lesintentions des orateurs, les effets de leurs paroleset les attitudes qui relient le politique et lauditoire(les citoyens). Il importe ici de percevoir, dans lediscours, quelque chose de plus que du discours :car la dramatisation ou la thtralit, dont le but servle toujours une tentative de faire agir les autrespar des moyens directs ou dtourns, correspond une culture et une idologie dont les enjeux sontreprables dans un temps pass, un temps veniret un temps prsent qui oscille entre les deux.

    RFRENCES

    ABENSOUR (Miguel). La dmocratie contre ltat.Marx et le moment machiavlien, Paris, Presses univer-sitaires de France, 1998.

    BARTHES (Roland). Leon, Paris, Seuil, 1977.BAUDRILLARD (Jean). Cool memories, Paris, Galile,

    1987.CHAWADRONOW (O.), NEVEU (V.). tude de mca-

    nismes rhtoriques dans le processus de persuasion dudiscours politique, Mmoire de matrise, Universit deCaen, 1993.

    CHRISTIE (Richard), GEIS (Florence L.). Studies inmachiavellianism, New York, Academic press, 1979.

    DORNA (Alexandre). Discurso centrista y estrate-gias discursivas, dans Montero (M.), La psicologiapolitica latinoamericana, II, Caracas, Ed. Eduven,1991.

    DORNA (Alexandre). Les effets langagiers du discourspolitique, Herms, 16, 1995, p. 131-146.

    DORNA (Alexandre). Personnalit machiavlique etpersonnalit dmocratique, Herms, 19, 1996.

    599bulletin de psychologie

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie

  • DORNA (Alexandre). Les fondements de la psycho-logie politique, Paris, Presses universitaires de France,1998.

    DORNA (Alexandre). De lme et de la cit, Paris,LHarmattan, 2004.

    ERIKSON (Erik H.). Identity, youth and crisis [1968],trad. fr. Adolescence et crise, Paris, Flammarion, 1968.

    GHIGLIONE (Rodolphe). Lhomme communicant,Paris, Armand Colin, 1986.

    GHIGLIONE (Rodolphe). Je vous ai compris, oulanalyse des discours politiques, Paris, Armand Colin,1989.

    GHIGLIONE (Rodolphe), TROGNON (Alain), O va lapragmatique ?, Grenoble, Presses universitaires deGrenoble, 1993.

    GRIBOVA (Olga). Les indices du leadership populisteet lanalyse de deux programmes lectoraux en Bilo-russie, Mmoire de matrise, Universit de Caen, 2002.

    KLEMPERER (Victor). Jusquau bout. Journal1942-45, Paris, Seuil, 2000.

    LACLAU (Ernesto). Politica e ideologia en la politicamarxista, Mexico, Siglo XXI, 1978.

    LANE (Robert E.). Government and self esteem, Poli-tical theory, 10, 1, 1982, p. 5-31.

    MICHELS (Robert). Zur Soziologie des Parteiwesensin der modernen Demokratie [1911], trad. fr., Les partispolitiques, Paris, Flammarion, 1971.

    MILLS (Charles Wright). The sociological imagina-tion [1959], trad. fr., Limagination sociologique, Paris,Maspero, 1967.

    PERELMAN (Charles), OLBRECHTS-TYTECA (Lucie). Lanouvelle rhtorique. Trait de largumentation, Paris,Presses universitaires de France, 1958.

    REBOUL (Olivier). Langue et idologie, Paris, Pressesuniversitaires de France, 1980.

    REBOUL (Anne), MOESCHLER (Jacques). Pragmatiquedu discours, Paris, Armand Colin, 1998.

    TROGNON (Alain), LARRUE (Janine). Pragmatique dudiscours politique, Paris, Armand Colin, 1993.

    SALAVASTRU (Constantin). Rhtorique et politique :le pouvoir du discours et le discours du pouvoir, Paris,Budapest, Turin, Lharmattan, 2005.

    VIGNAUX (Georges). Largumentation. Essai dunelogique discursive, Genve, Droz, 1976.

    600 bulletin de psychologie

    Doc

    umen

    t tl

    cha

    rg

    depu

    is ww

    w.ca

    irn.in

    fo -

    - -

    85.

    241.

    48.3

    4 - 0

    3/06

    /201

    4 22

    h59.

    G

    roup

    e d'

    tude

    s de

    psy

    chol

    ogie

    D

    ocument tlcharg depuis www.cairn.info - - - 85.241.48.34 - 03/06/2014 22h59. G

    roupe d'tudes de psychologie