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La Maison de la création est déjà en action L'internet politique au Liban : vers un nouvel espace de conflit ? Rencontre avec l'écrivain Didier Éribon

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Le magazine de l'université Stendhal Grenoble 3

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■ La Maison de la création est déjà en action■ L'internet politique au Liban : vers un nouvel espace de conflit ?■ Rencontre avec l'écrivain Didier Éribon

SommaireÉdito

Alphabets

Échanger pour s’enrichir

Tel est le fi l d’Ariane de ce numéro…Si les partenariats internationaux font partie intégrante de la culture — et donc de la richesse — de l’université Stendhal, aucun jusque là n’avait donné lieu à la création de double diplôme. Avec une formation complète, un parcours international pré-intégré au cursus, le master Lettres-Etudes italiennes viendra pallier ce manque dès la rentrée 2011, suivi en 2012 par un master franco-brésilien déjà sur les rails.Des échanges interdisciplinaires entre la pratique du théâtre et l’apprentissage des langues naissent de nouvelles mé-thodes de pédagogie permettant de dépasser blocages et inhibitions qu’éprouvent à l’oral bon nombre d’étudiants. Dans une acception plus large, le principe des échanges est également une idée maîtresse de la Maison de la création qui aspire à devenir l’espace de croisement / décloisonnement transdisciplinaire et intergénérationnel donnant lieu à un foisonnement d’idées, initiatives et projets créatifs féconds pour notre société. Avec un regard distancié, Zeinab Khalil, docteur en sciences de la communication, nous invite à prendre du recul pour observer l’impact de l’Internet dans l’évolution des rapports, zones d’infl uence et marges de manœuvre sur le terrain politique au Liban. Si les apports sont indéniables, leurs conséquences sont-elles toutes positives ? Le question-nement est légitime, la réfl exion qu’il induit prime. Didier Eribon s’y livre sans conteste, revenant sur le cadre de son enfance, son origine sociale, son homosexualité… et, à chaque étape, sur cette possibilité offerte – fusse parfois dans la douleur – de s’affermir, de mûrir grâce à la famille, à la société, aux autres.

Le magazine semestriel de l’université Stendhal - Grenoble 3 - N°10 - Tirage : 6000 exemplaires - Parution : mai 2011Dépôt légal à parution - ISSN : 1772-1873. Directrice de la publication : Lise Dumasy. Rédactrice en chef : Dominique Abry. Comité de rédaction : Alain Guyot, François Mangenot, Chantal Massol, Georges Tyras. Responsable éditoriale : Nadia Samba Robin.Ont collaboré à ce numéro : Oana Blagan, Nelly Boustie, Christian Del Vento, Zeinab Khalil, François Mangenot, Bernard Miège, Caroline Schlenker, Patrice Terrone, et les entités suivantes : CUEF, ELLUG, GRESEC, service culturel, UFR des Lettres et arts, UFR des Sciences du langage, UFR de Langues.Graphisme et réalisation : Service communication / Thomas Carrias, Aline Girodet. Fabrication : Coquand Imprimeur.Crédits photographiques : © Université Stendhal / Éric Chamberod, Bérangère Haëgy, Waelladki (images LIBAN), univer-sités de Grenoble (plan) Contact : Université Stendhal - Grenoble 3 - Service communicationBP 25 - 38040 Grenoble cedex 9 - France. Tél. : 04 76 82 43 49 - Courriel : [email protected]

ActualitéDeux nouveaux double diplômes issus de partenariats internationaux

FormationLes pratiques théâtrales dans l'apprentissage des langues

Recherche L'internet politique au Liban : vers un nouvel espace de confl it ?

Thèses

PerspectivesLa Maison de la création est déjà en action

Livres

Coup d'œilRencontre avec l'écrivain Didier Éribon

Agenda

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Actualités

Deux nouveaux doubles diplômes issus de partenariats internationaux

Deux nouveaux masters verront bientôt le jour au sein de l’université Stendhal, proposant chacun un double diplôme. Cette formule d’enseignement originale per-met la délivrance conjointe aux étudiants qui s’y sont inscrits de deux diplômes de deux universités de pays différents. Un accord entre les parties régit notamment le cursus commun, les modalités d’évaluation et les périodes demobilité des étu-diants.

Le double diplôme de master franco-brésilien Un tel double diplôme de master / mestrado entre l’université Stendhal et l’université fédérale du Parana (UFPR) est en cours de montage (ouverture prévue en septembre 2012). Il s’agira d’un cursus prédéfini empruntant des unités d’enseignement aux diplômes brésilien et français. Le processus d’élaboration est complexe, car les systèmes universitaires des deux pays sont assez différents.L’objectif commun est d’amener les équipes de recherche, de même que les centres de langues de Stendhal et de l’UFPR à entamer une collaboration dans le domaine de la didactique. Les étudiants brésiliens pourront profiter de l’expertise grenobloise en ce qui concerne la formation ouverte et à distance. Les étudiants français, de leur côté, profiteront du terrain brésilien pour se former à la pratique ou faire de la recherche. Des perspectives d’emploi comme enseignant ou enseignant- chercheur de français existent au Brésil et plus particulièrement au Parana. L’idée est de constituer des promotions franco-brésiliennes qui passeront les deux années ensemble, la première en France, la seconde au Brésil. Durant la première année et lors d’un cours intensif au début de leur séjour à Curitiba, les Français apprendront le portugais. Pour la seconde année, l’UFPR proposera des stages rémunérés d’enseignement du français. D’autres stages concernant la littéracie seront également pos-sibles.

Le nouveau master Lettres - Études italiennes L’université de Padoue (Italie) et l’université Stendhal (France) ouvrent à la rentrée 2011 un nouveau master Lettres - Études italiennes, fruit d’un partenariat pédagogique et scienti-fique de longue date. L’objectif principal de cette initiative est de former des spécialistes ayant une parfaite maîtrise de l’italien et du français ainsi qu’une connaissance approfondie des deux cultures. Il vise également à développer une réflexion sur la notion d’interculturalité et à permettre une activité de recherche dans une perspective biculturelle. La formation est répartie entre Grenoble et Padoue. Un stage obligatoire en milieu professionnel devra être effectué prioritairement dans le pays partenaire.Grâce aux compétences bilingues orales et écrites qu’il développe, le master permet d’embrasser aussi bien une voie professionnelle qu’une voie orientée sur la recherche. C’est également un parcours de formation professionnelle, grâce à son ancrage dans les réseaux spécifiques des milieux culturels. Il prépare ainsi aux métiers de la culture en France et en Italie, aux concours administratifs, notamment ceux de chargés de mission culturelle auprès des collectivités locales ou au sein de ministères des Affaires étrangères, aux métiers liés à la francophonie.

Pour en savoir plus• à l’université Stendhal : Christian Del Vento : [email protected] www.u-grenoble3.fr• à l’université de Padoue : Guido Baldassari : [email protected] www.lettere.unipd.it/magistrali/magistrali.html

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Formation

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Les pratiques artistiques à l’université Stendhal ont été sou-tenues et impulsées par une politique de diversification de l’offre pédagogique émanant à la fois du département LANSAD (Langues pour spécialistes d’autres disciplines), des licences LLCE (Langues, littératures et civilisations étrangères) et du CUEF (Centre universitaire d'études française) ainsi que par une politique forte d’accès à la culture promue par le service culturel. C’est ainsi que progressivement des ateliers de théâtre en langues se sont mis en place ; il en existe à ce jour en six lan-gues : anglais, allemand, espagnol, italien, russe et français langue étrangère.

Les ateliers de pratiques théâtrales en langues ont commencé dans les filières spécialistes de langue au niveau licence : ceux d’espagnol, d'anglais et d’italien notamment ont ouvert il y a une dizaine d’années. D’autres comme celui de russe ont été créés hors cursus et se sont développés via une association étudiante. Il y a trois ans, le département LANSAD a ouvert à son tour des ateliers de théâtre en langues en direction de tous les étudiants du site universitaire grenoblois.Les effectifs de ces ateliers varient aujourd’hui de 8 à 17 étudiants, ce qui maintient une configuration privilégiant la participation active des étudiants. Leurs créations sont présentées publique-ment au terme de chaque année universitaire à l’Amphidice, salle de spectacle de l’université.

Si les approches pédagogiques mises en œuvre par les en-seignants — Cristina Breuil pour l’espagnol, Christopher Mitchell et Caroline Schlenker pour l’anglais, Ludmila Kast-ler et Genia Konstantinova pour le russe, Katrin Henze pour l’allemand, Filippo Fonio et Lisa El Ghaoui pour l’italien — sont un peu différentes d’un atelier à l’autre, elles se rejoignent sur les compétences qu’elles mobilisent. L’atelier de théâtre en anglais LLCE, par exemple, pratique les fondements du "method acting". Ce système permet une meilleure incorporation de la langue à travers des exercices de diction et de prononciation, voire une association directe entre des mots et des expériences (ou souvenirs) qui sont propres aux apprenants. Encadrés pour cela par Caroline Schlenker, enseignante contractuelle à l'université et chargée de mission à la culture responsable de ces ateliers, les étudiants s’initient également aux tech-niques purement théâtrales (gestuelle, imaginaire, rythme, voix) parfois avec l’aide d’un acteur professionnel.

Les bienfaits du théâtrePourquoi faire entrer le théâtre en cours de langues ? Les difficultés rencontrées dans l’apprentissage des langues relèvent souvent de facteurs psychologiques.Un constat se dresse alors : comment mieux valoriser l’ap-prenant ? Comment dépasser son inhibition face à la langue ? Le théâtre, par le biais du masque et du personnage, per-met de passer outre ces blocages à l’oral. Comment gérer en parallèle la remise en question identitaire et l’adhésion nécessaire et affichée, sur scène, par le corps et la voix, à une autre langue et culture ? La composante culturelle est, elle aussi, souvent peu exploitée en cours de langue, en particulier en regard des codes sociaux dans la gestuelle ou l’intonation, des contacts sociaux (véritables outils de cohésion sociale) ainsi que de l’émotion que véhicule la langue. Les ateliers permettent de développer au mieux chez l’apprenant le goût de la langue, de l’appréhender dans toute la finesse de son oralité et, grâce au jeu théâtral, dans toute la force de sa gestuelle.

Plusieurs « ateliers théâtre » en différentes langues ont progressivement été mis en place au sein de l’université Stendhal afin d’améliorer les compétences linguistiques des étudiants du site à l'oral. Ces ateliers permettent aussi de mieux communiquer à la fois sur le plan cognitif et émotionnel et apprennent à l’étudiant à s’intéresser à la culture de l’autre.

Les pratiques théâtrales dans l'apprentissage des langues

Formation

« Les étudiants, par leur enthousiasme, leurs progrès impression-nants, leur mobilisation généreuse, leur élan vivifi ant, nous encou-ragent à poursuivre sur cette voie », indique Caroline Schlenker. « Le théâtre, par le biais de l’incarnation d’une variété de rôles et de personnages, les aide en effet non seulement à faire ‘‘tomber le masque’’ sur le plan linguistique et culturel, mais réussit aussi incontestablement à motiver et à réintégrer nombre d’entre eux dans le tissu universitaire et plus largement social, par l’effet libératoire que provoque entre autres le déconditionnement de la crainte de la ‘‘faute’’ et de sa sanction systématique. »Au CUEF où l’on enseigne le français langue étrangère, un atelier « expressions orales », animé par Aliette Lauginie et Gaëlle Karcher existe depuis 5 semestres et débouche, à chaque fois, sur une représentation publique du travail. Certaines ont été fi lmées et sont visibles sur internet. Le travail d’échauffement, puis de mise en scène d’une courte pièce permet aux étudiants de donner une dimension « physique » à la langue qu’ils apprennent : ce n’est plus seulement une langue qu’ils parlent, mais aussi une langue qui prend corps en eux. Cette dimension leur permet de vivre la langue plus intensément encore, alors qu’ils vivent en immersion linguistique quotidienne.

Un défi considérableLes ateliers, tels qu’ils sont conçus et mis en œuvre, permettent aux étudiants de s’intéresser tant à la littérature qu’au monde du spectacle en passant par les langues, et créent de surcroît des résonances entre plusieurs filières — lettres, arts du spectacle, langues, sciences politiques et sociales, histoire… — ainsi que des ponts entre des disciplines, parfois assez éloignées l’une de l’autre comme la danse et la littérature. Compte tenu des difficultés liées au volume horaire considérable que représentent ces enseignements et au manque de salles de répétitions, c’est vraiment grâce à la motivation des enseignants de ces ateliers que ce dispositif existe aujourd’hui dans toutes ces langues. « Nous souhaitons que ces pratiques soient à l’avenir de mieux en mieux connues et étudiées », ajoute Caroline Schlenker, « car elles représentent, pour nous, aujourd’hui, un défi considérable, qui nous ouvre grand à la fois l’horizon de la création culturelle et celui de l’apprentissage des langues et des cultures étrangères dans notre université, et au-delà… »

Pour en savoir plus : • Connaitre la programmation des spectacles à l'Amphidice www.u-grenoble3.fr/amphidice• voir les photos d'Éric Chamberod prises lors des représenta-tions et des ateliers de théâtrewww.amhidice.free.fr • revoir les deux courtes pièces de la dramaturge francophone Agota Kristof w3.u-grenoble3.fr/cuef/newsletter/2/la_route.html w3.u-grenoble3.fr/cuef/newsletter/2/line_le_temps.html).

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L'Internet politique au Liban : vers un nouvel espace de conflit ?

L'usage politique de l'Internet au Liban constitue un nouveau phénomène qui vient s'ajouter aux autres moyens de communication dans ce pays où les différents acteurs politiques ont historiquement la mainmise sur le secteur médiatique.À noter qu'au Liban, pays marqué par une longue histoire de conflits, le système politique et médiatique est caractérisé par le confessionnalisme. Dans ce système, les médias sont toujours considérés comme « armes de guerre » dans les conflits. Le recours à l'Internet par les partis politiques ne peut pas être perçu hors de ce contexte politico-médiatique.

Un nouveau support du conflit entre les acteurs po-litiques

Le conflit politique se révèle clairement sur le Net, ce qu’on entend et voit hors ligne est repris par les sites partisans.Le site paraît comme un autre média dont le contenu est construit soigneusement selon une stratégie qui sert le parti : valoriser sa ligne politique d’une part et attaquer le rival d’autre part. Dans leurs pratiques, les sites n’ont fait que renforcer l’image de la division politique au Liban, cela se traduit par une diffusion massive et immédiate de toutes les nouvelles à caractère pro-vocateur. Cependant l’exploitation des potentialités interactives

du site vient renforcer la position du parti et refléter la rivalité politique entre les acteurs, à titre d’exemple, les espaces d’ex-pression citoyenne se transforment en vitrine d’insultes contre le parti rival (incitations confessionnelles, injures, expressions racistes…). Historiquement, les partis politiques se servent des médias pour gérer leurs propres conflits, en ce sens, les sites Internet ne font que continuer cette fonction déjà établie dans les médias traditionnels.

(1) Nous avons analysé les sites des cinq partis libanais. La sélection de ces partis était d’ordre politique et confessionnel.

Nous avons cherché à appréhender les usages que font les partis politiques de l'Internet tout en supposant que la médiatisation de la communication politique sur le Net constitue un prolongement du fonctionnement de la domination confessionnelle et parti-sane(1) .

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Un dispositif pour diffuser de l’information ou de la désinformation ?

Internet est utilisé par les partis comme un outil d’information qui peut s’ajouter aux différents moyens de communication mis en place par ces partis. Sur le site, le parti exerce l’auto-production des messages, il produit son propre discours. Cette autonomi-sation de la diffusion des nouvelles ne consiste pas seulement à informer les internautes selon son propre agenda puisque le site est utilisé aussi pour diffuser les mensonges, les rumeurs et toutes les nouvelles non crédibles dont le contenu a pour but de porter atteinte au rival politique. Ce type de messages, qualifié de « désinformations », est propagé sur tous les sites partisans surtout dans les moments de crise afin de contrebalancer le discours des adversaires.

L’émergence de la polarisation politique : une voix dominante du parti

Le site accorde une visibilité au dynamisme du parti et à sapoli-tique. Le discours produit sur le site vient renforcer les positions du parti et valoriser l’entité partisane. C’est la voix du parti qui domine sur le site en absence de toute autre dissonance. Par contre, l’adversaire est souvent présent mais de façon stéréotypée par des représentations négatives. Sur le site, nous sommes face à des productions cohérentes relevant d’une seule voix, celle du parti. La conséquence de cette structure est que celui qui consulte le site passe d’une rubrique à une autre mais sans quitter cet espace d’affinité confessionnelle.

Un retour au discours confessionnel

Nous avons constaté que les Libanais qui s’expriment sur le Net en tant qu’acteurs politiques et en tant que citoyens utilisent ce médium pour extérioriser leur identité confessionnelle. Leur discours confessionnel, qui est vif hors ligne, réapparaît aussi sur le réseau sous une image stéréotypée d’un « autre » libanais, dangereux par définition et constituant une menace importante à l’encontre du pays. Dans l’ensemble, le discours produit par les sites sur l’autre libanais, considéré ici comme un adversaire, a une tendance à le représenter sous des images qui mettent l’accent sur la différence, la trahison et la menace. Comme nous n'avons pas tenu seulement à nous focaliser sur les stratégies et les pratiques d'Internet qui sont celles des partis politiques en question, notre attention s’est portée aussi sur les usages des citoyens qui prennent part aux discussions électroniques. L'Internet offre aux utilisateurs la possibilité de créer des espaces de discussion, de prendre la parole et de s'exprimer. Au Liban, les internautes participent aussi aux discussions politiques en ligne et leur participation discursive se décline de multiples façons en ligne. Parmi celles-ci, c'est Facebook qui connaît la plus forte progression au Liban car, grâce à ses fonctionnalités, il permet aux utilisateurs de créer des groupes de discussion. L'une des questions est de vérifier si Internet, via ces groupes de discussions sur Facebook, constitue un espace de rapprochement entre les internautes ou au contraire un espace de conflit.

Une discussion qui favorise l’homogénéité idéolo-gique et le renforcement communautaire

Les internautes libanais rejoignent les groupes de discussions qui appuient leurs opinions. Ce sont des groupes de nature com-munautaire où une forte majorité des messages publiés est idéologiquement homogène et constitue plutôt un renforcement des points de vue des participants. Sur Facebook, nous sommes face à des groupes qui apparaissent comme des chambres closes idéologiquement où les discussions se déroulent entre des per-sonnes ayant des opinions voisines. Il s’agit d’un phénomène que certains chercheurs ont nommé « homophilie » qui montre que les forums de discussions sont formés d’individus de même sensibilité.

Cet article a été rédigé par Zeinab Khalil, docteur en sciences de la communication.Il est basé sur le fruit de son travail de thèse, soutenu en 2010 sous la direction de Bernard Miège, professeur émérite à l’université Stendhal - Grenoble 3.

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La montée d’un espace confessionnel confl ictuel

Même si le groupe est un lieu d'homogénéité politique et confes-sionnelle, il est aussi un lieu de confrontation à la diversité d’opi-nions adverses. La participation des adversaires à la discussion est un élément constitutif pour créer un échange discursif entre les internautes. Une telle possibilité contribue à réduire les ma-nifestations de l’homogénéité dans le discours des participants et facilite aussi la rencontre de points de vue opposés. Cependant la discussion politique n’aboutit pas à la résolution des problèmes puisque rares sont les participants qui tendent à dialoguer pour parvenir à un accord. Le consensus est loin d’être la règle entre les internautes. En revanche, la confl ictualité nourrit la discus-sion et le plaisir d’insulter les adversaires prédomine dans une grande partie de la production discursive. Dans cette mesure, les groupes de notre corpus ne constituent pas un mode d’émer-gence de consensus et ne répondent pas aux caractéristiques de l’espace public idéal.

La domination de la violence verbale

La diversité des opinions et la confrontation des points de vue opposés n’ont pas toujours conduit à un échange raisonnable entre les participants. Ceux-ci, infl uencés par la tension politique hors ligne, profi tent de cet espace vu par l’adversaire pour l’attaquer en utilisant toutes les armes discursives et énonciatives. Les messages témoignent des dérives dans la discussion, qui glisse vers des formes inciviles de communication. L’anonymat, la non co-présence des participants et la non-modération peuvent avoir pour résultat d’augmenter le caractère « relâché » des propos. Par conséquent, les groupes de discussion font apparaître les idées les plus extrêmes qui ne sont entendues que dans les réunions closes où se rassemblent des individus de même affi nité politique. Ici, certains internautes n’ont aucune crainte d’explorer les pensées les plus violentes et extrêmes comme les appels au meurtre, au génocide, à une purifi cation religieuse et sectaire. Sur le Net nous observons des expressions véhémentes ; ce qu’ils n’osent pas dire ouvertement hors ligne, les internautes le disent en ligne.

Salvatore Grandone « Mallarmé. L'image du néant ou la poésie sans être »Sous la direction de Claude Fintz Lettres et arts, CRI, 03/12/2010

Juanita Cifuentes « Les métamorphoses de la voix poétique dans l'œuvre de Susana Thénon »Sous la direction de Michel Lafon Langues, ILCEA, 04/12/2010

Isabelle Perier « Mythe et épopée en science-fiction techno science, sacré et idéologie dans les cycles de Herbert, Simmons, Banks, Hamil-ton, Bordage et Ayerdhal »Sous la direction de Michel Vignes Lettres et arts, CRI, 06/12/2010

Simon Gadras « Mutations de la sphère publique et techniques d’information et de communication : le cas des blogs dans la communication politique locale » Sous la direction d’Isabelle Pailliart Sciences de la communication, GRESEC, 10/12/2010

Thierry Nallet « Jeux et enjeux génériques dans le roman espagnol actuel (Arturo Pérez Reverte, Alvaro Pombo, Manuel Vazquez Mon-talban) »Sous la direction de Georges Tyras Langues, ILCEA, 10/12/2010

Frédérique Penilla « Apprendre une langue étrangère à partir de tâches collabo-ratives sur Internet : processus et performances »Sous la direction de François Mangenot Sciences du Langage, Lidilem, 10/12/2010

Thi Thuoi Nguyen « Interactions verbales dans la formation initiale des ensei-gnants de français au Viet Nam »Sous la direction de Marielle Rispail Sciences du Langage, Lidilem, 13/12/2010

Lin Yu Wang « Acquisition de l’imparfait et du passé composé par les appre-nants sinophones à Taïwan »Sous la direction de Catherine Brissaud Sciences du Langage, Lidilem, 15/12/2010

Farida Sahli « Statut, pratiques et enseignement des langues en Algérie : une enquête en milieux scolaires et en milieux universitaires »Sous la direction de Marinette Matthey Sciences du Langage, Lidilem, 16/12/2010

Amel Bellouche « Plurilinguismes et français précoce en Algérie : le cas des élèves de Bgayet/Béjaia/Bougie »Sous la direction de Marielle Rispail Sciences du Langage, Lidilem, 17/12/2010

Liezl-Marie Swart « L'apprentissage du français langue étrangère en milieu multilingue sud-africain : représentations, motivations et stra-tégies d'étudiants du supérieur »Sous la direction de Jacqueline Billiez Sciences du Langage, Lidilem, 17/12/2010

Claire Lalevee « Développement du contrôle moteur de la parole : une étude longitudinale d'un enfant francophone âgé de 7 à 16 mois à partir d'un corpus audio-visuel »Sous la direction d’Anne Vilain Sciences du Langage, GIPSA-Lab, 17/12/2010

Christine Duminy « L'atelier d'écriture littéraire : analyse du dispositif didactique et de ses effets à partir d'expérimentations sur divers terrains » Sous la direction de Jean-Pierre Bobillot Lettres et arts, Traverses 19-21, 18/12/2010

Abol Ghasem Ghiasizarch « Gènes et mythes littéraires : pour un modèle biologique du dynamisme mythique »Sous la direction de Philippe Walter Lettres et arts, CRI, 14/01/2011

Évariste Dakouré « Promotion des dispositifs multimédias au Burkina Faso : pratiques, discours et stratégies d'acteurs »Sous la direction de Philippe Quinton Sciences de la communication, GRESEC, 08/03/2011

Isabelle Capron« Le sentiment d'efficacité personnelle dans un contexte d'éducation plurilingue. Le cas de la vallée d'Aoste, une région bi-plurilingue »Sous la direction de Mohamed BenrabahSciences du langage - Lidilem, 18/03/2011

Djamal Rehaili« La construction du sens lors de la lecture en français chez les lycéens algériens : une démarche du questionnement. Le cas des lycéens algériens »Sous la direction de Christine Barré de MiniacSciences du langage - Lidilem, 22/04/2011

Habilitations à diriger les recherches

Iva Novakova Sciences du Langage, Lidilem, 09/12/2010

Claudine Fréchet Sciences du Langage, Lidilem, 19/01/2011

Thèses

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Perspectives

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La Maison de la création est l’aboutissement d’un projet proposé dans le cadre de l’Opération campus. Elle se propose de mettre en synergie, recherches, formations et différentes manifestations culturelles qui renvoient à la notion de création dans toute sa complexité, Avec un séminaire de recherche bimensuel et d’autres projets en préparation, la Maison de la création prend vie. Philippe Quinton, porteur de ce dispositif, nous en révèle la teneur.

La Maison de la création est déjà en action

De quand date le projet de Maison de la création ? Comment cette idée a-t-elle émergé ? Le concept a germé dans le cadre de groupes de réflexion qui se sont constitués à l’occasion de l’appel à projets pour l’Opération campus en 2007. Les participants mobilisés autour de ces enjeux se sont alors intéressés à ce qui manquait à l’université Stendhal pour développer ses forces fondamentales et favoriser leurs synergies avec les autres acteurs du site dans la perspective de l’Université de Grenoble. Paradoxalement, il était demandé de penser dans l’urgence le projet en termes de locaux, de bâtiments à créer ou réhabiliter.Cette possibilité immobilière a donc posé la nécessité d’objectifs et de contenus institutionnels ancrés dans les identités historiques et tournés vers les stratégies d’avenir pertinentes pour notre établissement, cela en tenant compte de besoins importants déjà identifiés comme l’extension de l’Amphidice, envisagée pour satisfaire des demandes croissantes d’espaces scéniques et de lieux de répétition.La création est apparue à l’évidence comme une thématique porteuse très pertinente pour notre université dans le paysage grenoblois. C’est donc sous la dénomination « Maison de la créa-tion », en association étroite avec le projet Innovacs de l’université Pierre-Mendès-France (UPMF), que ce dispositif a constitué la partie impulsée par l’université Stendhal dans la réponse globale du site grenoblois à l’Opération campus.

La création, dans son acception large, est assez présente – de façon explicite ou sous-jacente – dans les recherches effectuées à l’université Stendhal. Que peut apporter cette structure ?Il y a effectivement à l’université Stendhal un foisonnement extra-ordinaire d’initiatives étudiantes ou enseignantes, de recherches, de colloques, de conférences, de spectacles, d’expositions, etc., autour des questions de création, de culture — l’inventaire des manifestations publiques de ces trois dernières années est très impressionnant de ce point de vue. Mais toute cette richesse créative, culturelle, scientifique et pédagogique d’un très bon niveau est un peu éparpillée dans le temps et l’espace, peu visible alors que tout cela participe d’une même dynamique universitaire dans le domaine de la création. Il y a là un trésor créatif dont nous ne tirons pas assez parti, même en interne. Visant à développer la capacité de mise en visibilité et de connexion des savoirs, des compétences et des potentiels créatifs issus de notre université, la Maison de la création permettra de les valoriser.

Comment la maison de la création se positionnera-t-elle par rapport à l’organisation actuelle ?La Maison de la création est une « enveloppe » institutionnelle qui ne se substitue à aucune autre composante : ce n’est pas un laboratoire, ni une formation, ni une UFR, ni un service. Cela ne change donc rien aux formations ou aux recherches actuelles, mais la possibilité est ainsi offerte d’en développer d’autres. Les directeurs de laboratoire sont les piliers du comité scientifique de la Maison de la création qui s’appuie par ailleurs sur une Structure fédérative de recherche inter-laboratoires. La Maison de la création fournit donc un cadre transversal qui suppose des projets concrets et des équipes porteuses motivées. Il reste à exploiter pleinement ces opportunités et leurs capacités d’innovation pédagogique et scientifique. Bienvenue donc à toutes les idées dans ce domaine !

Il s’agit donc d’une structure de valorisation. Comment va-t-elle évoluer ? La Maison de la création offre une possibilité stratégique d’expé-rimentation et de valorisation, pas assez affirmée actuellement. Chacune des quatre composantes (Créardis, Est, Crafte, Skenos) prend en charge à sa manière cette question de la valorisation. Les acteurs sont, comme on peut s’y attendre, les enseignants et enseignants chercheurs, artistes associés, professionnels formateurs, et bien entendu les personnels administratifs et techniques sans lesquels rien ne tient debout.Tous les détails de présentation sont sur le site Internet de l’uni-versité (www.u-grenoble3.fr). Rappelons juste les principes des quatre composantes :

Perspectives

• CRÉARDIS, plateforme de création, formation, recherche, expérimentation et valorisation établira des liens étroits avec d’autres formations en art, design, culture, communication sur le site ;• EST, Espace scénique transdisciplinaire, est un support à la formation et à l’action culturelle ;• SKENOS, dont le nom est provisoire, est un atelier d’expé-rimentation et de recherche autour de l’écriture, de l’écran, de la scène, de l’image, du cinéma. C’est le lieu de recherche et de valorisation des travaux autour du théâtre, des arts du spectacle, de la scénographie ;• CRAFTE, centre de technologies éducatives, est un sup-port pour la recherche et la formation à distance ainsi que la conception et la valorisation des innovations pédagogiques liées aux technologies numériques.

Quelles sont les actions développées ? Pensez-vous y faire collaborer les étudiants ?Certaines actions concrètes ont déjà démarré et d’autres vont pouvoir bientôt commencer « hors les murs », sans attendre la livraison des locaux spécifiques (2014-2015) dont le programme de conception est bien engagé pour la partie qui accueillera Créardis, Skenos et Crafte, partie traitée dans le même volume architectural que celle de l’UPMF. L’autre bâtiment indépendant concernant EST, qui sera situé à côté de l’Espace de vie étudiante (EVE), est en phase de définition. Les étudiants et les associations étudiantes ont évidemment une place essentielle dans ce dispositif et sont déjà associés à la réflexion participative engagée sur le programme de l’EST.Le « séminaire création » a démarré en septembre 2010 et se poursuivra jusqu’en septembre 2011. Il donnera lieu à des publi-cations scientifiques. L’an dernier, un projet autour de la création a été construit et soumis avec l’UPMF et des partenaires institu-tionnels à l’Agence nationale de la recherche (ANR). Des ateliers spécialisés (design, art, culture, imaginaire) sont à l’étude… Ainsi, diverses manifestations culturelles et scientifiques peuvent dès maintenant se positionner aisément sous le chapeau Maison de la création qui les connecte avec un ensemble d’objets et de pratiques créatives aussi riche que diversifié.

La Création est un vaste sujet… Peut-on réellement la définir ?Il est vrai que c’est un sujet qui occupe du monde et suscite le débat ! La confrontation, la mise en synergie, l’explicitation des tensions autour de la création : c’est le but du jeu Associer les diversités, montrer que malgré les différences de domaines, dans la très grande hétérogénéité des conceptions disciplinaires, les contradictions des diverses approches artistiques, sociales, politiques de la création, tout cela participe d’un mouvement fondamental pour la société. Bien sûr il y a cette confusion usuelle entre création, créativité, innovation… S’il y a plusieurs termes, cela indique bien quelque chose de différent. Le séminaire création est là pour creuser cela, questionner les objets et les pratiques, confronter les points de vue, positionner les rapports entre in-novation et création.Ainsi, selon une approche générique bien ancrée dans les fonda-mentaux des humanités, de la culture et des sciences humaines et sociales, la création est conçue comme processus de génération, non limité à l’art ou à une modalité d’expression particulière. Elle n’est pas confondue avec la créativité appliquée. La Maison de la création ne se limite donc pas à la création artistique. Elle montre que les démarches de création, les « compétences création » sont à différencier très nettement de la créativité appliquée comme capacité à trouver des idées nouvelles dans des applications concrètes et sont d’une grande pertinence sociale, culturelle ou économique très en amont de tous les processus d’innovation dans tous les secteurs d’activité. Cela a un rapport direct avec la compétitivité intellectuelle et créative d’aujourd’hui, la valeur hu-maine et sociale produite au-delà des seuls dispositifs techniques.

Qui peut participer aujourd’hui à la Maison de la création et comment contribuer à son développement ?En fin de compte, la dimension fédératrice et participative de la structure proposée ici est primordiale. Tous les personnels et étudiants y ont évidemment leur place. La force du collectif peut y fédérer l’énergie des individus…La Maison de la création apporte de la valeur ajoutée grâce à une connexion institutionnelle et un foisonnement d’intelligences, de talents et d’initiatives. Mais pour cela il ne faut pas attendre que quelqu’un dise ce qu’il y a à faire. A chacun d’y créer des oppor-tunités, d’y inscrire des projets existants ou alors d’y trouver un cadre pour développer des idées. L’une des tendances actuelles de notre société est de nous im-poser d’innover de force ; à l’université Stendhal, la Maison de la création propose de créer vraiment…

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Livres

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Babel : ordre ou chaos ? Nouveaux enjeux du mythe dans la Modernité littéraireSylvie ParisetDans la collection « Ateliers de l’imaginaire » 2010 – 228 p. – 14 cm x 21,50 cmISBN : 978-2-84310-177-9ISSN : 1277-7749Prix : 25 €

En reprenant le mythe de Babel, les écrivains de la Modernité ont mis au jour ses enjeux politiques, herméneutiques et téléologiques, ouvrant la voie à un renversement de point de vue : l’univers du multiple ne serait plus signe de chaos, mais « ordre » bénéfique.

L’Orientalisme victorien dans les arts visuels et la littératureLaurent BuryDans une nouvelle collection “Vers l’Orient”Dirigée par Daniel Lançon et Sarga Moussa2011 – 241 p. – 14 cm x 21,50 cmISBN : 978-2-84310-176-2ISSN : 2111-6636Prix : 28 €

Ce livre étudie l’intérêt pour l’Orient qui se manifesta dans l' Angleterre des années 1830 jusqu’à la fin du xIxe siècle, en litté-rature, en peinture, en photographie et en architecture.

« Bizarre », « bizarrerie » de Constant à Proust - EssaiRégine BorderieDans la collection « Bibliothèque stendha-lienne et romantique »2011 – 252 p. 14 cm x 21,50 cmISBN 978-2-84310-178-6ISSN : 1294-0658Prix : 25 €

Si « bizarre » signifie d’abord singulier, irrégulier, bigarré, ce livre étudie les formes et les enjeux, dans le roman psychologique et d’autres genres, de la valorisation d’un nouveau sens au xIxe siècle : inexpliqué.

Babel : ordre ou chaos ?

Nouveaux enjeux du mythe dans les œuvres de la Modernité littéraire

Sylvie Parizet

Babel : ordre ou chaos ?

Nouveaux enjeux du mythe dans les œuvres de la Modernité littéraire

Sylvie Parizet

ISBN 978-2-84310-177-9ISSN 1277 7749Prix 25 B

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?La perte de la langue unique est-elle vraiment un drame ? À lire les travaux de nombreux critiques, exégètes ou philosophes contem-porains, on pourrait en douter. Si l’image de la tour inachevée évoque encore pour certains un champ de ruines, l’univers babé-lien qui est le nôtre, celui du multiple, tend souvent désormais à être considéré comme une bienheureuse nécessité – un ordre, au sens le plus noble du terme. La littérature moderne a joué un rôle crucial dans cette volonté d’en fi nir avec une image négative de Babel. Mais en reprenant ce vieux mythe biblique, des écrivains comme Kafka, Dos Passos, Borges, Pierre Emmanuel ou Paul Auster ne se sont pas contentés d’ouvrir la voie à un renversement axiologique : ils ont subtile-ment mis au jour le substrat politique, éthique et philosophique du récit, et souligné, en particulier, les enjeux herméneutique et téléologique qui lui sont attachés. Ordre et chaos n’existent qu’à la faveur d’un sens et d’une fi nalité à l’aune desquels il est possible de les évaluer.

L’Orient a toujours occupé une place privilégiée dans l’imaginaire occidental. Au XIXe siècle, grâce au bouleversement des conditions politico-économiques, ces contrées longtemps fantasmées deviennent plus que jamais accessibles ; artistes et écrivains entreprennent donc le voyage qui leur permettra de confronter leurs rêves à la réalité. Comme le montre ce livre, la Grande-Bretagne n’a pas échappé au phénomène orientaliste : des peintres, des photographes, des architectes, des poètes et des romanciers ont visité l’Afrique et l’Asie, poussés par un désir d’authenticité, ou ont préféré, au contraire, éviter la rencontre avec un réel qui ne pouvait que les décevoir. Créateurs d’images profanes ou sacrées, auteurs de textes documentaires ou de fi ction, les uns comme les autres auront eu à lutter contre le poids de préjugés et la force des stéréotypes pour s’approprier, s’assimiler l’Orient.

Laurent BURY est Professeur de littérature anglaise du XIXe siècle à l'université Lumière-Lyon 2.

Prix : 28 €ISBN 978-2-84310-176-2ISSN à venir

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L’Orientalisme victoriendans

les arts visuels etla littérature

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les arts visuels etla littérature

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« BIZARRE », « BIZARRERIE »

De Constant à Proust

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Étoile à quatre branches, le bizarre signifi e l’écart, l’irrégularité, la bigarrure, mais aussi, plus tardivement, l’inexpliqué. Là gît sa spéci-fi cité au XIXe siècle, que le mot apparaisse dans le roman psycho-logique, les relations de voyage, le récit d’enquête, de rêve, le récit fantastique, la critique littéraire et picturale, la poésie… De là naissent les questions de fond : qu’est-ce qu’une expérience esthétique de l’inexpliqué, une esthétique de la méconnaissance ? quels sont les enjeux moraux d’une valorisation de l’incompris ? pourquoi cette valorisation ? Il s’agit à la fois d’étudier la tresse des sens, et de mettre en valeur, comme un fi l rouge, le sens spécifi que du mot dans les textes, dont l’émergence a pour fond un puissant courant irra-tionaliste et vitaliste, ainsi que l’émancipation de la psychologie (les « bizarreries du cœur humain ») à l’égard de la religion et de la morale.

Illustration de couverture : Étude pour Roger délivrant Angélique, Ingres, Bayonne, musée Bonnat. Crédit photo : © RMN / René-Gabriel Ojéda.

ISBN 978-2-84310-178-6ISSN 1294-0658Prix 25 B

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« BIZARRE », « BIZARRERIE »

De Constant à Proust

Essai

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Ouvrages des Ellug Revues des Ellug

Pour plus d’informations : www.u-grenoble3.fr/ellug

Cahiers d'études italiennes, n° 12, 2010, 240 p.Texte et image dans la culture italienne (Moyen Âge, Renaissance, époque contemporaine)ISBN 978-2-84310-190-8

Études écossaises, n° 14, 2011, 270 p.Empire - Recherches en cours / Research in Scottish StudiesISBN 978-2-84310-191-5

Géolinguistique, n° 12, 2010, 178 p.ISBN 978-2-84310-186-1

Lidil, n° 42, 2010, 194 p.Multimodalité de la communication chez l’enfantISBN 978-2-84310-184-7

Recherches & Travaux, n° 77, 2010, 151 p.Le devenir-roman des Mythologies de BarthesISBN 978-2-84310-187-8

Les rites de passage – De la Grèce d’Homère à notre XXIe siècleOuvrage coordonné par Philippe Hameau avec la collaboration de Christian Abry et Françoise LétoublonMusée dauphinoisCollection Le monde alpin et rhodanien2010 - 302 pagesISBN : 978-2-35567-049-7Prix : 20 €

En octobre 2008, Le Centre alpin et rhodanien d’ethnologie, le centre de recherche Homerica et le Musée dauphinois décident de fêter le centenaire de ce concept en réunissant une quaran-taine de chercheurs dans plusieurs disciplines des sciences humaines et sociales et en jouant sur le long terme : de la Grèce d’Homère à notre xxIe siècle. Les actes de cette rencontre, riches de près d’une trentaine de contributions, explorent de nombreux terrains et expriment toute la richesse réfl exive que les trois phases du passage peuvent susciter lorsqu’elles sont analysées selon différentes sensibilités.

Une journée à Cyrène. Lecture du Rudens de PlauteÉtudes réunies par Bénédicte Delignon, Sabine Luciani et Pascale Paré-ReyPULMCahiers du Gita n°182011 - 205 pagesISBN : 978-2-84269-918-5Prix : 19 €

Le Rudens ou Cordage occupe une place à part dans le corpus plautinien comme dans le théâtre latin. Outre les problèmes posés par les rapports de Plaute à sa source grecque, cette palliata, composée au tournant du IIe siècle avant notre ère, ré-serve en effet bien des surprises, de son titre énigmatique à son dénouement amoral. C’est de cette partition théâtrale atypique que les contributions réunies dans le présent volume proposent de renouveler l’interprétation.

Temps et éternité dans l’œuvre philosophique de CicéronSabine LucianiPresses de l’université Paris-SorbonneCollection Rome et ses renaissances 2010460 pagesISBN : 978-2-84050-715-4Prix : 18 €

Cicéron est-il un penseur du temps ? Cette interrogation conduit à une interprétation d’ensemble de l’œuvre philosophique de l’écrivain, envisagée non comme une compilation de sources

disparates, mais en termes de cohérence et d’unité. L’enjeu est de taille : il s’agit d’éclairer la pensée complexe et foisonnante du plus grand auteur de la République romaine en référence aux Tusculanes, qui représentent le couronnement de son œuvre et l’aboutissement de sa réfl exion sur la notion de sujet.

Le doux nom de libertéIsabelle CogitoreAusonius ÉditionsCollection Scripta Antiqua 312011 - 346 pagesISBN : 978-2-35613-041-9Prix : 18 €

Cette réfl exion sur l’idée de liberté à Rome s’inscrit au confl uent de la politique et de la littérature, dans ce champ qu’on peut appeler la culture politique ; en effet l’affi rmation que telle ou telle action a fait naître la liberté des citoyens, l’a préservée ou la leur a rendue, est une constante dans les sources littéraires à partir de la mort de César. Loin d’une défi nition théorique, les historiens, mais aussi les philosophes, les poètes, les rhéteurs donnent ainsi à la liberté un rôle complexe, parfois contradictoire. Or, comme ces textes reviennent sur le passé de Rome et sur l’événement fondateur que fut la fi n de la monarchie et l’établissement de la république, pour ensuite considérer les siècles suivants, l'ouvrage aborde ainsi plus de huit siècles d’histoire pour voir fonctionner cette idée de liberté, jusqu’au IIe siècle après J.C., à travers ses transformations successives ainsi que par le biais de personnages ou de lieux symboliques.

La mise en scène théâtrale de 1800 à nos joursTextes de Bénédicte Boisson, Alice Folco, Ariane MartinezPUF - Collection Licence 2010 - 256 pagesISBN : 978-2-13-057641-9Prix : 15 €

De 1800 à aujourd'hui, la mise en scène s'est progressive-ment revendiquée comme un art à part entière. L'ouvrage fait la synthèse des principales évolutions esthétiques et débats idéologiques qui ont jalonné son histoire. Sans se cantonner au théâtre français, il s'ouvre au champ européen ou internatio-nal, en évoquant les œuvres et les artistes qui constituent des modèles, ou dont l'infl uence est demeurée forte sur la création actuelle.

Autres éditeurs

Livres

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Scripta Antiqua 31ISSN : 1298-1990 ; ISBN : 978-2-35613-041-9 18 €

RenseignementsAusonius ÉditionsMaison de l’ArchéologieUniversité de BordeauxF – 33607 Pessachttp://ausonius.u-bordeaux3.fr/EditionsAusonius

VenteLibrairie De Boccardhttp://www.deboccard.com

Les Scènes de l’enchantementArts du spectacle, théâtralité et conte merveilleux (XVIIe-XIXe siècles)Sous la direction de Martial Poirson et Jean-François PerrinÉditions Desjonquères2011 - 416 pagesISBN : 978-2-84321-131-7Prix : 34 €

De l’Âge classique jusqu’aux prémices de la modernité, le goût du merveilleux, du magique et du surnaturel est essentiel au spectacle théâtral. Le présent ouvrage envisage les rapports entre le conte merveilleux et les arts du spectacle, allant des tragédies lyriques de la fin du xVIIe siècle aux féeries roman-tiques et aux premières tentatives cinématographiques du xIxe siècle.

Le Théâtre des amateurs et l’expé-rience de l’art Textes réunis et présentés par Marie-Chris-tine Bordeaux, Jean Caune et Marie-Made-leine Mervant-RouxÉditions l’EntretempsCollection Champ théâtral 2011 - 344 pagesISBN : 978-2-35539-127-9Prix : 23 €

Entièrement consacré au théâtre tel qu’il est pratiqué en amateur, c’est-à-dire dans un cadre amateur, et organisé autour de la notion d’« art », l’ouvrage peut être présenté sous trois éclairages différents. Il propose une approche originale d’un monde insuffisamment étudié, malgré les travaux pionniers réalisés depuis quelques années. Du fait de sa double dimension anthropologique et esthétique, il s’inscrit tout naturellement au cœur des réflexions actuelles sur la définition de l’« art ». Enfin, et peut-être surtout, l’ouvrage présente l’originalité d’être issu d’une longue collaboration (elle a duré plusieurs années), entre des animateurs de compagnies, d’associations et de fédérations d’amateurs d’une part, de chercheurs, d’universitaires et d’étudiants d’autre part.

Adelphiques. Sœurs et frères dans la littérature française du XIXe siècleTextes réunis et présentés par Claudie Ber-nard, Chantal Massol et Jean-Marie RoulinEditions KiméCollection Détours littéraires2010 - 398 pagesISBN : 978-2-84174-527-2Prix : 31 €

Cet ouvrage collectif, franco-américain, examine les repré-sentations littéraires du lien adelphique dans la société du xIxe siècle français, issue des bouleversements révolution-naires. Il montre ses redéfinitions au sein de la fiction qui lui accorde une place remarquable. Au fil des contributions, il apparaît que cette relation se constitue en lieu — au sens rhétorique du terme — de la réflexion sur la société dans le nouveau régime familial et politique.

Politique du renonçant Le dernier RousseauJean-François PerrinÉdition Kimé2011 - 366 pagesISBN : 978-2-84174-546-3Prix : 30 €

Cet ouvrage envisage pour la première fois dans la critique concernant Rousseau le dyptique formé par ses deux derniers ouvrages « autobiographiques » : Rousseau juge de Jean-Jacques, Dialogues et les Rêveries du promeneur solitaire. Leur unité tient à leur interrogation sur le fonctionnement de l’opinion publique dans une monarchie désormais en crise irrémédiable ; leur différence tient au passage d’un ultime dispositif argumentatif adressé (les Dialogues), à une écriture libérée de toute adresse où le Promeneur-renonçant réinvente sa langue dans un ultime examen de soi, tout en prêtant une oreille attentive à ce que la rumeur lui indique de ce que deviendra sa pensée.

Le Règne de la critiqueL’imaginaire culturel des mémoires secretsSous la direction de Christophe CaveÉditions Champion2010 - 448 pagesISBN : 978-2-74531-990-6Prix : 80 €

On connaît en général les Mémoires secrets dits (à tort) « de Bachaumont » comme une source d’informations sur la vie culturelle de la seconde moitié du xVIIIe siècle utile aux historiens, aux spécialistes de la littérature, du théâtre, de l’opéra ou de la musique, de l’esthétique. L’objet du présent volume est d’évaluer la nature et la spécificité de la critique esthétique des Mémoires secrets.

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Livres

Poète, même en proseBertrand VibertPresses universitaires de VincennesCollection L’imaginaire du texte 2010 - 419 pagesISBN : 978-2-84292-259-7Prix : 28 €

Peut-on encore, à la fi n du xIxe siècle, être poète par le fait même de raconter... en prose ? Telle est la question qui traverse cet ouvrage consacré à un objet méconnu, le recueil de contes poétiques symbolistes. Récusant l’interdit de « narrer » queMallarmé a paradoxalement édicté pour la poésie, cet essai examine six recueils parus entre 1892 et 1901, tels que les proposent Bernard Lazare, Marcel Schwob, Rémy de Gourmont, Henri de Régnier, Camille Mauclair et Georges Rodenbach. Il s’efforce de les donner à lire et de comprendre comment opère le charme des contes pour grandes personnes. Par un retouraux sources homériques et aristotéliciennes, il s’agit de défendre résolument une poésie narrative et une conception dans laquelle le poète sait captiver ses lecteurs en leur contant de belles histoires.

Zazirocratie Très curieuse introduction à la biopolitique et à la critique de la croissanceYves CittonÉditions Amtersdam2010 - 380 pagesISBN : 978-2-35480-088-8Prix : 21 €

Ce livre propose une interprétation jubilatoire de l’œuvre de Charles Tiphaigne de la Roche qui, dès 1760, avait « anticipé » la photographie, la télésurveillance globale, l’hyper-réalité, la digi-talisation, les phéromones et les nanotubes. Les Zaziris, ce sont tous les simulacres qui mobilisent nos désirs vers la Croissance de nos économies consuméristes. La Zazirocratie, c’est un régime qui épuise nos vies à force de vouloir les enrichir.

Le tutorat en formation à distanceTextes de Christian Depover, Bruno De Lièvre, Daniel Peraya, Jean-Jacques Quin-tin, Alain JailletÉditeur De BoeckCollection Perspectives en éducation et formation 2010 - 288 pagesISBN : 978-2-8041-6342-6Prix : 34 €

Cet ouvrage porte sur la formation à distance en abordant toutefois cette notion à travers un aspect particulier qui est celui du tutorat. À ce niveau, il comble une lacune car, alors que les spécialistes s’accordent pour considérer qu’il s’agit d’un aspect essentiel d’un dispositif de formation à distance, relative-ment peu de publications traitent spécifi quement du sujet.

Même s’il concerne un champ qui pourrait paraître pointu, cet ouvrage ne s’adresse pas uniquement à un public de spécialistes. Au contraire, il est conçu pour engager le lecteur dans une découverte progressive des principales problématiques qui traversent le domaine à travers trois parties qui devraient permettre à chacun de se forger une vision cohérente des méthodologies, des techniques et des voies de recherche qui caractérisent aujourd’hui le tutorat en formation à distance. Pour rencontrer les préoccupations d’un lectorat diversifi é,l’ouvrage offre des itinéraires de lecture multiples en proposant, aux lecteurs moins avertis, une découverte progressive des notions-clés et, aux chercheurs déjà familiers, des orientations pour découvrir les recherches les plus récentes dans le domaine.

La grammaire des tout premiers tempsMarie-Laure Chalaron, Roselyne RœschPUG (Presses universitaires de Grenoble)2011 - 176 pagesISBN : 978-2-7061-1632-2Prix : 19,90 €

Cet ouvrage grammatical permet aux apprenants de com-prendre les traits fondamentaux de la morphologie et de la syntaxe de la langue française grâce à des textes introducteurs simples, des explications grammaticales accessibles, des exer-cices systématiques d’appropriation.Le document sonore, un CD MP3 de 170 minutes, intégré au volume, permet aux utilisateurs de s’entraîner à la compréhen-sion et à la production orale guidée et d’animer l’observation de la langue. Cet ouvrage est conçu à la fois comme un ouvrage de classe et comme un auxiliaire/outil d’auto-apprentissage à partir du niveau A1.

Un siècle de phonétique expéri-mentale. Fondation et éléments de développement Hommage à Théodore Rosset et John OhalaLouis-Jean Boë, Coriandre-Emmanuel VilainENS Éditions2011 - 340 pagesISBN : 10 2-84788-210-3Prix : 34 €

Ce livre vise à donner un éclairage général sur l'histoire de la phonétique expérimentale, ses évolutions techniques et concep-tuelles et sa contribution à la linguistique. Il met en exergue les fi gures de Théodore Rosset et de John Ohala. Théodore Rosset, véritable pionnier de la discipline a fondé en 1904 l'Institut de phonétique de Grenoble et l'a doté des moyens techniques les plus en pointe de l'époque. Certains témoins instrumentaux ont pu parvenir jusqu'à nous et sont conservés dans le "musée" de l'institut situé en salle C009 de l'université Stendhal. Cet ins-titut, premier institut universitaire de France, évoluera ensuite en s'alliant avec les sciences de l'ingénierie pour donner nais-sance à l'Institut de la communication parlée puis au laboratoire GIPSA-Lab, tout en restant ancré dans les sciences du langage.

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Livres

Éditions Amsterdam

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978-2-8041-6342-6 • 288 pages • 16 x 24 cm • 34,00 e www.deboeck.com

Le tutorat en formation à distance

Perspectives en éducation & formation

War, resistance and counter-resis-tance in Modern times Francis FeeleyCambridge Scholars Publishing 2010 - 134 pagesISBN : 978-1443823678Prix : 50£

Ce livre est basé sur une conférence qui s’est déroulée en mai 2008 à l’université Paris x de Nanterre, dont le but était de réunir des chercheurs et des activistes afi n d’arriver à une compréhension commune des épisodes passés de résistance anti-guerre aux USA et en France. L’intention de ce livre est de démontrer que les mouvements de résistance ont souvent suscité des mesures de contre-résistance utilisées le plus souvent par des offi cines gouvernementales pour empêcher l’épanouissement de certains groupes et pour permettre la réalisation d’autres intérêts.

El volcán latinoamericano, Izquier-das, movimientos sociales y neolibe-ralismo al sur del Río BravoFranck GaudichaudEdiciones EscaparateColección Ensayos y Ciencias Sociales2011 - 383 pagesISBN : 956-7827-92-3Prix : 24 €

Cet ouvrage collectif pluridisciplinaire, publié en 2008 en France, paraît dans une version actualisée en espagnol. Il propose une approche claire et synthétique de l’état des mobilisations collectives et des processus sociopolitiques en cours en Amé-rique latine. Vingt chercheurs européens et latino-américains passent également au crible le « Volcan latino » en Bolivie, au Chili, en Colombie, en Équateur, au Brésil, au Mexique et au Venezuela.

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Livres

Coup d'œil

Rencontre avec l'écrivain Didier Éribon

L'université Stendhal a accueilli Didier Éribon le 15 avril dernier pour un échange autour de son ouvrage Retour à Reims, ouvrage que l'auteur définit comme un voyage mental et social difficile à accomplir

Voyage personnel, auto-analyse marquée par la démarche bourdiesienne, Retour à Reims touche aussi au collectif. C'est que ce livre qui se situe entre l'autobiographie et l'essai, renvoie à un sentiment de honte que l'auteur, philosophe, sociologue, croyait avoir réglé en luttant pour assumer son homosexualité et en s'engageant politique-ment, socialement pour la reconnaissance des droits des homosexuels. Etait-ce une priorité ? Sans doute. Il décide cependant d'affronter une autre honte plus enfouie, celle de son milieu social d'origine, la classe ouvrière, celle de ses parents, de ses frères, la honte du racisme ordinaire de fi n de banquet ou des cités, la honte du vote d'extrême droite de ceux qui se défi nissaient viscéralement comme communistes, l’oc-casion aussi de mettre la gauche socialiste devant ses responsabilités. Revenir sur sa généalogie, percer les secrets de famille, aborder de front les confl its avec le père, comprendre la haine, la désertion des lieux familiaux, le mensonge ou la fuite pour ne pas « avouer » d'où l'on vient lorsqu'on est « parvenu » à un statut social, qu'on est universitaire, qu'on écrit des livres, qu'on passe à la télé... Didier Éribon raconte, analyse, explique, il revient à Reims. Nous avons tous notre Reims. La structure de Retour à Reims rend compte de cette volonté de Didier Éribon d’échapper à l’autobiographie, le « je » s’efface ainsi devant le témoignage de sa mère à partir duquel s’élaborent la réfl exion, le discours sociologique et politique. Le sociologue échappe ainsi à tout excès de pathos même si certaines pages, les plus diffi ciles à écrire selon Didier Éribon, provoquent chez le lecteur une très forte émotion : l’évocation de la rencontre fortuite du grand-père laveur de vitres, les forces et les faiblesses d’une grand-mère qui a traversé la tourmente de l’Occupation et de la Libération.

Si Didier Éribon est à coup sûr un écri-vain, c’est aussi un lecteur qui invite à la relecture et à la découverte d’ouvrages auxquels il sait rendre hommage, des romanciers américains notamment qu’il éclaire d’un regard de critique. Il avoue trop modestement que s’il n’a pas choisi le genre romanesque pour écrire cette honte sociale c’est parce que d’autres avant lui s’y sont essayés et qu’ils l’ont fait mieux que lui n’aurait su le faire. La parenté de ce livre avec certains romans et textes autobiographiques d’Annie Ernaux est évidente même si les deux écrivains sont peu familiers et ont rarement communiqué sur leurs œuvres respectives. L’édition du Printemps du Livre de Grenoble 2011 leur a donné l’occasion d’échanger leurs points de vue sur leurs milieux, les confi gurations de la famille, la place et le rôle des femmes, sur la honte sociale.

Didier Éribon évoque ce livre comme une première étape dans ce travail à la fois de mémoire et d’analyse, une piste qu’il souhaite suivre et qui laisse présager une lecture aussi forte que celle de Retour à Reims dans lequel il écrit :« A n’en pas douter, nous pouvons ranger Histoire de la folie, sur les rayons de nos bibliothèques, ou plutôt de nos « sentimenthèques », selon le mot forgé par Patrick Chamoiseau pour désigner les livres qui nous « font des signes » et nous aident à combattre en nous-mêmes les effets de la domination, à côté d’un autre grand livre dont l’intention fut de contester le regard social et médical sur les déviants, et de rendre, ou de donner, à ceux-ci un statut de sujet du discours et non plus d’objet, de faire entendre leurs paroles qui contestent et récusent la parole que les autres tiennent sur eux : il s’agit bien sûr, du Saint Genet de Sartre. »p. 226Si le livre de Didier Éribon n’appartient pas à cette catégorie des grands livres comme ceux de Foucault et de Sartre, j’inscrirais bien, en tout cas, Retour à Reims dans ma « sentimenthèque ».

Didier Éribon est enseignant-chercheur à l'université de philosphie, sciences humaines et sociales d'Amiens. Lors de cette rencontre organisée en lien avec Le Printemps du Livre de Grenoble par le Secteur Formation continue Lettres de l’université Stendhal et le Département de sociologie de l’université Pierre - Mendès - France, il a répondu aux questions des étudiants et du public sur l'ensemble de son œuvre : Réfl exions sur la question gay, De la subversion, D'une révolution conservatrice et de ses effets sur la gauche française, Michel Foucault .Le débat a été animé par Patrice Terrone, maître de conférences en littérature et par Serge Dufoulon, maître de conférences en sociologie.

■ Patrice Terrone

• Papiers d'identité. Interventions sur la ques-tion gay, Fayard, 2000.• Hérésies. Essais sur la théorie de la sexua-lité, Fayard, 2003. • Retour à Reims, Fayard, 2009.• Michel Foucault, 1926-1984, nouvelle édition, revue et augmentée, Champs-Flammarion, 1989- 2011.

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Agenda

Jeudi 16 et vendredi 17 juin 2011Le récit d’enquête Journée d’étude organisée par l'ILCEA : [email protected]

Jeudi 16 juin 2011 à 15h30Les compagnies théâtrales : des entre-prises de création ?Maison des Langues - salle J. Cartier Conférence donnée par Séverine Ruset (université Stendhal - Traverses 19-21) suivie d’une discussion : [email protected]

Vendredi 17 juin 2011 à 14h00SMS pour la sciencePetite salle des colloquesSéminaire DéLiCorTal. Intervenants : Georges Antoniadis, Virginie Zampa et Gaëlle Chabert : [email protected]

Jeudi 23 juin 2011 à 15h30Séminaire de la Maison de la création Maison des Langues - salle J. CartierSéance réalisée par des doctorants de l'université Stendhal : Camille Vorger (LI-DILEM), Maya Hanna (CRI), Lucile Magnin (ILCEA), Salvatore Grandone (CRI). : [email protected]

Du jeudi 23 au samedi 25 juin 2011Echanger pour apprendre en ligne (EPAL)Colloque organisé par le laboratoire Lidilem : [email protected]

Jeudi 30 juin 2011 à 14h00Séminaire transversal du CEMRA Présentation du projet de l'équipe par l'axe Commonwealth : [email protected](lieu à préciser)

Du mercredi 31 août au samedi 3 sep-tembre 2011Conférence pan-européenne sur la voix Faculté de Médecine Timone, Marseille : [email protected]

Vendredi 16 septembre 2011 Canon et pathologieJournée d'étude organisée par l’UFR d’anglais : [email protected]

Du jeudi 13 au samedi 15 octobre 2011 Re/membering place Salle J. Cartier – Maison des languesColloque international organisé par l'axe Commonwealth du CEMRA : [email protected]

Pour plus de détails sur ces événements : www.u-grenoble3.fr

Colloques, séminaires et conférences

Ces événements ont lieu, pour la plupart, dans les locaux de l’université Stendhalà Saint Martin d’Hères sauf mention contraire.

Lundi 30 mai 2011 Recherches émergentes en didactique des languesSalle J. Cartier – Maison des languesConférence organisée conjointement par le Lidilem et l'Acedle : [email protected]

Mercredi 8 juin 2011Langues du monde : description, typolo-gie et modèles acoustiques3e Journée d'étude et de formation sur la parole (JEEP) organisée par le Laboratoire d'informatique de Grenoble et Gipsa-Lab : [email protected]

Jeudi 9 juin 2011 à 15h30Inventer le théâtre / inventer le politique :l'exemple du théâtre grecMaison des Langues - salle J. CartierConférence donnée par Malika Bastin (université Stendhal - équipe RARE) suivie d’une discussion : [email protected]

Jeudi 9, vendredi 10 et samedi 11 juin 2011Savoir et pouvoirs dans la postmodernité : transformations et enjeux des formes de l’engagement à l’ère de la modernité liquideColloque international organisé par le GERCI à Amphithéâtre du DEFLE, Univer-sité Michel de Montaigne Bordeaux 3.Adresse: Esplanade des Antilles, 33607 Pessac cedex. Intervenants : Martine Bovo Romoeuf, Ana Maria Binet, Lisa El Ghaoui

Du jeudi au samedi 11 juin 2011Image et enseignement / apprentissage des langues : le cas du secteur LANSAD IUT de La Rochelle 33e congrès de l’Association des profes-seurs de langues des IUT centré sur le concept d’image commun à tous les cou-rants méthodologiques d’enseignement des langues étrangères. : [email protected]

Vendredi 14 et samedi 15 octobre 2011Théâtre et justice Journées d'études organisée par Tra-verses 19-21. En lien la pièce Les Bri-gands de Schiller. Mise en scène par Ri-chard Brunel à la Comédie de Valence : [email protected]

Jeudi 10 novembre 2011L’esclavage féminin en Orient au XIXe siècle Salle de conférences du 2e étage de la BU Droit-LettresSéminaire Littérature et esclavage orga-nisé par Traverses 19-21 et LIRE, accom-pagné d’une exposition : [email protected]

Jeudi 17 et vendredi 18 novembre 2011 Joyce Mansour, postérité(s) de Joyce Mansour : oubli, relecture, réception. Bilan critiqueJournées d’études en lien avec le spec-tacle intitulé L'Histoire nocive de Jules César, d'après Joyce Mansour présenté par la compagnie Figure Libre dans la soi-rée du 17 novembre 2011 à l’Amphidice : [email protected]

Du mercredi 23 au vendredi 25 novembre 2011 à la MSH-AlpesL’expérience romanesque au XIXe siècle Colloque organisé par Traverses 19-21 : [email protected]

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I comme...

"La technique est moins importante que les hommes ou que la société, l'important, c'est le projet humain qui est derrière."

Dominique Wolton

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