© alcatel editorial...5 e n 1992,lorsque topex-poséidon estlancé, l’océanographie spatiale...
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La mission scientifique Jason 1, menée conjointement parle CNES et la NASA, assurera prochainement la continuitéde Topex-Poséidon dédié à l’observation des océans parsatellite. Actuellement en essais à Cannes (chez AlcatelSpace Industries), le satellite Jason est programmé pour unlancement à partir du 28 février 2001. Il ne s’agit plus d’unsystème expérimental. Jason a été conçu avant tout pourrépondre aux exigences des nouveaux utilisateurs de don-nées d’océanographie spatiale.
Jason 1, pour une océanographie
opérationnelle
O c é a n o g r a p h i e
EditorialC e dixième numéro de CNES Magazine paraît alors que la France assure pour
six mois la présidence de l’Union Européenne, à un moment-clé de l’histoire
de l’espace sur notre continent. C’est en effet pour la fin de cette année que les
ministres européens ont demandé à l’ESA et à la commission d’élaborer conjointe-
ment une stratégie spatiale pour l’Europe.
Cette implication de l’Union dans la définition même de la politique spatiale euro-
péenne est une évolution très significative. Elle met en avant de nouveaux facteurs
par rapport à ceux qui ont prévalu lors de la mise en place de l’Agence Spatiale Euro-
péenne.Elle traduit notamment l’importance accordée par les Etats aux applications
de l’Espace pour satisfaire les besoins du service public.
Au-delà des améliorations que cette évolution apportera aux conditions de vie des
citoyens européens, il s’agit là d’une véritable orientation stratégique pour l’Europe,
car le développement de programmes de service public – observation, environne-
ment, navigation, sécurité au sens large – peut être un formidable tremplin pour la
conquête du marché commercial des applications spatiales.
A côté des domaines de base que représentent les lanceurs, la maîtrise des technolo-
gies spatiales et les activités scientifiques,la stratégie en cours d’élaboration met tout
particulièrement l’accent sur deux activités, pour lesquelles la commission euro-
péenne a joué dès l’origine des réflexions un rôle essentiel, et qui, si elles
sont conduites à leur terme, s’avéreront structurantes pour le pay-
sage spatial européen de demain.
Il s’agit de Galiléo,programme européen de positionnement,
localisation et datation par satellite,qui doit franchir une
étape très importante au conseil de l’Union Européenne
en décembre de cette année,à la fin de sa phase de défi-
nition, et de GMES, qui vise à mettre en place un sys-
tème de surveillance de l’environnement et des risques
naturels et industriels et pour lequel un programme
d’actions précis est en cours d’élaboration. Un impor-
tant colloque sera organisé sur GMES (Global Monito-
ring for Environment and Security) le mois prochain (octobre
2000) à Lille et devrait donner une impulsion décisive à la
mise en œuvre de cette initiative.A la veille de cet événement,
nous avons choisi de vous faire partager, dans le dossier de ce
numéro, l’état de la réflexion sur le sujet de la gestion des risques.
Comme on le voit, l’année 2000, et particulièrement son second semestre, sont cru-
ciaux pour l’avenir des activités spatiales européennes.A cet égard,la présidence fran-
çaise de l’Union implique une responsabilité toute particulière.La France doit en effet
animer les travaux de l’équipe européenne dans la phase finale de l’élaboration d’une
stratégie spatiale qui soit acceptable par tous,et elle doit mettre sur les rails les grands
programmes que sont Galiléo et GMES.
Bien sûr, cela signifie pour le CNES une responsabilité particulière au sein de l’Agence
Spatiale Européenne pour contribuer à la définition et à la mise en œuvre de la stra-
tégie de l’ESA, notamment en matière de lanceurs, telle qu’elle a été définie en juin
2000. Notre ministre de la Recherche a eu plusieurs fois l’occasion d’afficher sa déter-
mination à voir notre pays intervenir résolument dans tous ces domaines d’action.
La période que nous vivons est une chance pour notre Etablissement, qui trouve là
l’occasion de jouer pleinement son rôle de force de proposition et de mieux valoriser
ses compétences dans le concert européen.
Dans cette période décisive, comme dans l’avenir, tous nos partenaires institution-
nels et industriels peuvent compter sur le CNES pour contribuer sans réserve à doter
l’Europe spatiale des meilleurs atouts et lui faire connaître au vingt-et-unième siècle
la même réussite que celle qu’elle connaît depuis bientôt trente ans.
Je remercie tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce numéro qui, je l’espère,
répondra aux attentes des lecteurs exigeants de CNES Magazine.
Alain BensoussanPrésident du CNES
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E n 1992,lorsque Topex-
Poséidon est lancé,
l’océanographie spatiale
concerne avant tout les
scientifiques.Les chercheurs
commencent à s’intéresser
de près à l’étude du milieu
océanographique et à ses
interactions avec notre atmo-
sphère déterminantes pour
l’évolution des climats.L’arrivée
de nouveaux outils d’observation
comme les satellites altimétriques
tels que Topex-Poséidon bouleverse
leurs connaissances. Désormais, les
scientifiques disposent d’une vision
globale et homogène des océans qui
vient avantageusement compléter
les mesures in situ sur l’étude de l’at-
mosphère et la biosphère ainsi que
sur la représentation numérique
indispensable aux modélisations.
Des données livrables en trois heures !Si la mission Jason 1 reste de nature
scientifique, la miniaturisation a
permis de minimiser les coûts pour
favoriser une filière opérationnelle.
Le CNES et la NASA ont porté leurs
efforts sur la rapidité de l’informa-
tion fournie.Ses données pourront
être livrées en moins de 3 heures
aux centres météorologiques.Face
à ce délai, des utilisateurs directs
apparaissent tels que la Marine
Nationale, les pêcheurs, les sociétés
de forages pétroliers, de transport
maritime, etc.
De grands centres deprévision opérationnelsMais les plus gros utilisateurs poten-
tiels seront de grands centres de pré-
vision, comme l’explique Philippe
Escudier, chef de projet Jason 1 au
CNES : “ Dans quelques années, le
CNES fournira des mesures satelli-
taires à de grands centres d’assimi-
lation qui élaboreront des modèles
basés sur une vision complète des
océans et seront capables de faire de
la prévision. ”Le client final s’adres-
sera directementà ces centres comme
c’est le cas aujourd’hui avec Météo-
France pour la météorologie.Le CNES
participe déjà activement à la mise
en place d’une océanographie opé-
rationnelle mondiale. La réponse
française s’appelle Mercator.Ce pro-
jet de grand centre de modélisation
et d’assimilation de l’océan,actuel-
lement en phase de définition, lie
de grands organismes tels que le
CNRS/Institut National des Sciences
de l’Univers,l’Ifremer (Institut Fran-
çais de Recherche pour l’Exploita-
tion de la Mer), Météo-France, l’IRD
(Institut de Recherche pour le déve-
loppement,anciennement ORSTOM),
le Shom (Service Hydrographique et
Océanographique de la Marine).
Mercator vise le développement d’un
système de prévision climatique
opérationnel utilisant un modèle
couplé océan-atmosphère.
Les applications sont insoupçonnablesaujourd’huiLes Américains et les Japonais créent
parallèlement des centres analogues.
Tous participeront au grand pro-
gramme international Godae (Glo-
bal Ocean Data Assimilation Expe-
riment). Même si l’océanographie
spatiale est à ses balbutiements,
“ son principal moteur est le climat
car c’est un enjeu socio-économique
important. D’autres applications
inconnues à ce jour vont certaine-
ment germer dans le domaine de
l’agriculture, des risques naturels,
de la santé ”.
Jason 1, premier maillon d’un sys-
tème pérenne, est l’objet de nom-
breux enjeux. Très attendu par la
communauté scientifique,il ouvrira,
de façon déterminante, la voie à
cette océanographie opération-
nelle. ■
Comme Topex-Poséidon, Jason 1 scrutera en détail la surface des océans et repassera sur le même point tous les dix jours
pour fournir des données sur le niveau de la mer tous les 6 km depuis une altitude de 1336 km.
www.jason.oceanobs.com
Pour Jason, Américains et
Français permutent leurs rôles
Terminées les suspicions initiales, finies les réti-cences et les divergences d’ordre culturel. Les équipesfrançaises et américaines ont appris à se connaître et à se
respecter après ces 18 années de travail commun au service d’une
réussite exemplaire. Pour beaucoup d’entre eux, une amitié s’est créée.
Signe de cette confiance réciproque : pour Jason, les rôles de la NASA et
du CNES ont été totalement inversés.
Pour la mission Topex-Poséidon, la France fournissait le lanceur
(Ariane), un altimètre expérimental (Poséidon) et un système de posi-
tionnement précis (Doris) alors que les Etats-Unis avaient la responsa-
bilité du satellite, de l’altimètre principal (Topex), du radiomètre, des
systèmes de localisation ainsi que des opérations de mission.
Dans le cadre de la mission Jason, le CNES fournit le satellite (avec la
plateforme Protéus), l’altimètre Poséidon, le système d’orbitographie
Doris et une partie de la composante sol, alors que la NASA prend en
charge cette fois-ci le lancement (lanceur Delta 2), le radiomètre tri-fré-
quence, le récepteur GPS et une partie de la composante sol.
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A C T U A L I T E S
A près le succès du Vol 130 (lan-
ceur 506 emportant les satel-
lites Astra 2B et GE7) le 14 septembre
2000, l’exploitation d’Ariane 5 par
Arianespace est sur une bonne dyna-
mique. Le calendrier d’Ariane 5 est
d’ores et déjà chargé (prochain lan-
cement prévu d’ici la fin 2000), ce
qui n’empêche pas les ingénieurs
d’Arianespace de préparer l’avenir.
La priorité est donnée au dévelop-
pement de la configuration d’Ariane5
ESC-A (Etage Supérieur Cryotech-
nique A) pour disposer, à la fin de
l’année 2001, d’une capacité d’em-
port de 10 tonnes sur l’orbite géo-
stationnaire. L’arrivée sur le mar-
ché de gros satellites de télécom-
munications de plus de 5 tonnes
nécessite de plus grandes perfor-
mances pour le lanceur européen.
Les activités de développement pré-
parant cette évolution se poursui-
vent à un rythme intensif. A la fin
du mois de juillet 2000,le nouveau
moteur cryotechnique Vulcain 2 a
déjà été testé 45 fois, ce qui repré-
sente près de 13 184 secondes en
durée cumulée de fonctionnement.
Après les premiers essais, les exper-
tises ayant montré des fissures sur
le premier disque turbine de la tur-
bopompe oxygène, un renforce-
ment du disque s’est avéré néces-
saire. Il a été testé avec succès. Les
bons résultats de ce développement
permettent de confirmer l’avance
du planning de plus d’un an.Paral-
lèlement, la définition détaillée de
l’ESC-A et de ses constituants s’achève.
Le réservoir complet et les princi-
paux sous-systèmes du premier
exemplaire sont en cours de fabri-
cation. Ce premier étage est des-
tiné à la maquette dynamique qui
sera testée au début de l’année 2001.
Le premier vol de la configuration
Ariane 5 utilisant le moteur Vulcain
2 et l’étage ESC-A est programmé
pour le mois de février 2002. Les
évolutions successives du programme
Ariane participent activement à son
succès commercial.Une fois de plus,
l’anticipation des besoins du mar-
ché jouera en faveur de la compé-
titivité d’Ariane. ■
Il s’agissait de tester le dernier-né
des ballons du CNES : l’Aéroclipper,
un véhicule unique au concept ori-
ginal.Très étanche,l’Aéroclipper est
équipé d’une nacelle Argos/GPS et
doté de huit voies de mesures. Le
tout est prolongé par un filin flot-
tant (guiderope) en contact per-
manent avec l’Océan,ce qui permet
de réguler très finement l’altitude
du ballon.
La grande nouveauté est que l’Aé-
roclipper est capable d’effectuer
simultanément des mesures marines
de surface (températures, salinité)
et des mesures atmosphériques.
Une première,comme l’affirme fiè-
rement son concepteur, Christian
Tockert, ingénieur à la division Bal-
lons du CNES : “ Il n’y a jamais eu
auparavant d’applications marines
de ce type alors que les besoins sont
immenses. ” En effet, l’Aéroclipper
est un moyen de mesures in situ
indispensable pour compléter les
données spatiales des satellites
Topex-Poséidon,puis bientôt Jason
et Smos (qui mesure l’humidité des
sols et la salinité de l’Océan, Soil
Moisture and Ocean Salinity).L’aide
à l’étalonnage des satellites d’océa-
nographie sera l’une des applica-
tions majeures d’Aéroclipper mais
ce sera aussi un formidable petit
laboratoire d’étude pour la mesure
des échanges océan-atmosphère.
“ C’est idéal pour l’étude des varia-
tions climatiques ”,ajoute Christian
Tockert.
Un engin polymorpheAéroclipper, en suivant les masses
d’air, est un remarquable traceur
de vent qui permet d’étudier les
vents de surface.En plus de toutes
ses qualités,cet engin est aussi poly-
morphe. Equipé d’une program-
mation permettant d’arrêter le vol
lorsque le ballon franchit telle lati-
tude ou longitude, la nacelle d’Aé-
roclipper tombe à l’eau et se trans-
forme en bouée dérivante.Elle peut
alors continuer à effectuer des
mesures marines de surface, très
intéressantes pour la climatologie.
Durant cette campagne de démons-
tration, trois Aéroclippers ont été
lancés depuis la station de biologie
marine de Funchal (Madère, Por-
tugal) pour accomplir des distances
respectives de 660 km,5 800 km et
4 540 km,une performance que l’on
ne soupçonnait pas pouvoir obte-
nir.
C’est un nouveau concept qui vient
enrichir la gamme des ballons exis-
tant au CNES. Les idées d’applica-
tions sont très nombreuses d’au-
tant que ce véhicule est très écono-
mique.D’ores et déjà,20 Aéroclippers
sont pressentis pour une prochaine
étude océan-atmosphère qui se
déroulera dans l’Océan indien.
Aéroclipper,c’est aussi une longueur
d’avance pour la France qui peut se
vanter de mener le programme Bal-
lons le plus important du monde
après celui des Etats-Unis ! ■
L a n c e u r s
B a l l o n s
Ariane 5, priorité aux évolutions
Grand succès pour
un nouveau véhicule spatial :
l’Aéroclipper
L es pêcheurs et plaisanciers de Madère ont pu croiser un véhicule peu
banal dans les eaux portugaises à la fin du mois de juin 2000… Un
ballon tétraédrique a survolé leurs eaux à une altitude de 50 m au-dessus
du niveau de la mer et parcouru des milliers de kilomètres.
Aéroclipper est un formidable traceur de vert. On constate clairement le sillage
de l’île de Madère dans le flux des alizés.
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L a nacelle Claire est arrivée à
Gap (Hautes-Alpes,France) le
17 mai 2000, suivie de près par la
lentille gamma proprement dite,
pour y subir les dernières étapes
d’intégration et d’essai.Se sont suc-
cédées alors différentes opérations
telles que l’intégration de la nacelle
puis de l’instrument, les essais de
pointage solaire en configuration
intégrée, les vérifications d’aligne-
ment du système de pointage et de
la lentille, l’intégration et la vérifi-
cation des moyens de télécommande
et de télémesure.
L’ensemble de ces activités a été
mené avec l’objectif d’être prêt pour
un vol prévu dans un créneau astro-
nomique étroit : la conjonction de
la Nébuleuse du Crabe avec le Soleil,
du 14 au 16 juin 2000.
Premier vol réussi !Après quelques jours d’inquiétude
due à une météo perturbée, le vol
inaugural de Claire a eu lieu le 15
juin. La chronologie a débuté à 2h
(heure locale) par le point météo qui
a donné le feu vert pour le lance-
ment. Dès lors, l’équipe Claire s’est
scindée en deux :une partie est res-
tée à la base de Tallard pour effec-
tuer les dernières vérifications et la
mise en condition de vol de la nacelle,
l’autre partie est allée s’installer à la
station de télémesure de la Céüzette
pour effectuer le suivi du vol. C’est
de cette position,à 1600m d’altitude,
que quelques privilégiés ont pu
contempler le magnifique spectacle
du décollage de la “ dame blanche ”.
Durant tout le vol, les équipements
de la nacelle ont parfaitement fonc-
tionné.Le système de pointage pri-
maire a assuré sa fonction avec la
précision habituelle de quelques
minutes d’arc (hors perturbations)
et le pointage fin de la lentille a
donné une précision de l’ordre de
la seconde d’arc. Les analyses en
cours doivent confirmer et
affiner ce bilan prélimi-
naire.
Les scientifiques sont satis-
faits :tous les systèmes ont
fonctionné etde nombreuses
données instrumentales
ont été enregistrées.L’ana-
lyse “quicklook”des spectres
d’énergie a montré que les
neufs détecteurs en Ger-
manium de la matrice située
au point focal du téléscope
ont fonctionné nominale-
ment.Le niveau de bruit de
fond a été compatible avec
les simulations faites préa-
lablement.
Comme c’était à prévoir
pour un système d’une telle
complexité,l’étalonnage en
vol et l’optimisation du poin-
tage absolu ont pris un cer-
tain temps et il ne pourra
être déterminé qu’après
une analyse approfondie,
combien de photons de la
nébuleuse du Crabe ont été
collectés.
Néanmoins, étant donné
la stabilité démontrée de
la lentille (elle a survécu au
transport entre Toulouse et Gap
sans perdre en efficacité) et la sta-
bilité de sa température pendant
le vol,on peut s’attendre à ce qu’elle
ait fonctionné correctement.
Bientôt d’autresobservations Dans un avenir proche les données
scientifiques et technologiques
seront analysées de façon appro-
fondie afin de vérifier la perfor-
mance de l’instrument scientifique
et du système de pointage.A moyen
terme,il sera possible d’inverser les
rôles : non plus utiliser des astres
connus pour caractériser l’instru-
ment, mais utiliser l’instrument
pour observer de façon originale
des régions énigmatiques de l’uni-
vers,comme par exemple le Grand
Annihilateur situé au centre de notre
Galaxie.
Bien des organismes issus de dif-
férents pays collaborent à ce projet
(France, Italie, Grande-Bretagne,
Etats-Unis,Suisse) dont le CNES est
le maître d’œuvre de la nacelle et
conduit les opérations de lance-
ment. ■
Claire 001 : réussite du premier vol
d’une lentille Gamma
Le 15 juin 2000, la nacelle Claire a permis d’effectuer le
vol de démonstration, sous ballon stratosphérique depuis
le Centre de lancement de ballons de Gap-Tallard, d’un
instrument inédit : la lentille gamma qui promet de révo-
lutionner les expériences d’astrophysique spatiale en
imagerie gamma.
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Claire 001 : réussite du premier vol
d’une lentille Gamma
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R a d i o co m m u n i c a t i o n s
A C T U A L I T E S
L e programme Stentor (Satel-
lite de Télécommunications
pour Expérimenter des Nouvelles
Technologies en ORbite) vise à pré-
parer la nouvelle génération des
satellites de télécommunications,
premier domaine d’application de
l’espace. De lui dépendent les poli-
tiques mondiales en matière de lan-
ceurs.On comprend alors toute l’im-
portance d’effectuer les bons choix
technologiques au bon moment et
d’anticiper les besoins.
Pour Stentor, la mobilisation fran-
çaise est importante. L’équipe éta-
tique comprend des membres du
CNES,mais aussi de France Télécom
et de la DGA (Délégation Générale
pour l’Armement) qui doivent
conduire le programme et prononcer
les qualifications. Les groupes
industriels Astrium et ASPI (Alca-
tel Space Industries) dévelop-
pent et construisent, en co-
maîtrise d’œuvre,le satellite
Stentor.
Stimuler notreindustrie spatiale
Pour les industriels, c’est un
coup de pouce important.Afin
de rivaliser avec les grands groupes
américains qui bénéficient de nom-
breux contrats de R&D et de com-
mandes pour la Défense, il fallait
mettre des moyens conséquents
dans la recherche et la technologie,
des investissements qu’ils n’auraient
pu entreprendre sans cette fédéra-
tion d’efforts. Les programmes de
télécommunications représentent
de gros enjeux économiques pour
les opérateurs qui hésitent donc à
prendre des risques avec l’emploi de
nouvelles technologies.
Alors que le satellite n’est pas encore
lancé,le programme de R&T de Sten-
tor leur a déjà permis de développer
des technologies innovantes comme
les tubes à ondes progressives ou les
modules de propulsion plasmique
qui,d’ores et déjà,vont pouvoir être
produites à grande échelle et com-
mercialisées. Astrium et ASPI ont
gagné chacun d’importants contrats
à l’export de réalisation de satellites:
Astra 1K, Ni-Alpha, Inmarsat 4, GE
Americom. Des sous-ensembles de
propulsion plasmique, similaires à
ceux de Stentor,seront installés sur
les satellites Astra 1K (Aspi) et Ni-
Alpha (Astrium).L’avionique embar-
quée de Stentor sera également uti-
lisée sur les satellites Eurostar 3000
d’Astrium. La technologie des accu-
mulateurs la plus récente sera ins-
tallée à bord du satellite Stentor afin
de démontrer sa fiabilité à de futurs
clients.
Etre les premiers dans lacourse à la compétitivité“ Le programme Stentor a permis de
développer des produits très inno-
vants et d’en disposer au plus tôt en
version embarquée. Ces produits
nouveaux sur étagère doivent être
testés en vol afin de connaître leurs
performances et de maîtriser leur
utilisation opérationnelle ”,explique
Bernard Ehster,chef du projet Sten-
tor au CNES.
La course à la performance a payé.
Stentor embarquera les amplifica-
teurs à ondes progressives ayant le
meilleur rendement mondial. Les
trois répéteurs construits dans le
cadre du programme sont égale-
Un laboratoire
de démonstrations en vol
Au-delà des expérimentations technologiquesprévues en orbite sur la plateforme et la charge utile,le satellite Stentor permettra la réalisation de nombreuses
démonstrations en télécommunications spatiales, destinées à
valider de nouveaux équipements sol, de nouveaux protocoles de
transmissions ou de nouveaux services et applications auprès des uti-
lisateurs. Cet ensemble d’activités, dénommé “démonstrations de ser-
vices”, se déroulera pendant les 9 ans de durée de vie du satellite et
sera conduit par une équipe de projet “Nouveaux Services Stentor”
créée au CNES avec la participation de la DGA pour les transmissions
dans la bande EHF.
De multiples expérimentateurs pourront accéder au satellite dans ce
cadre : des universitaires et laboratoires de recherche, des industriels,
des opérateurs de télécommunications, des organismes publics, des
fournisseurs de services. Une ouverture internationale sera même
possible.
Le CNES assurera la coordination de ces activités, analysant les diffé-
rentes demandes de démonstration d’un point de vue technique et
assurant leur planification dans le temps. Il fera alors des choix de
configuration de la charge utile satellite pouvant répondre aux
besoins de la démonstration prévue.
Il mettra également à disposition des différents partenaires des sta-
tions sol de télécommunications permettant d’accéder au satellite à
partir d’interfaces standard (réseau informatique, vidéo…). Ces sta-
tions seront implantées temporairement sur les sites participant
aux diverses démonstrations. Actuellement, le CNES approvisionne
un ensemble de stations sol transportables auprès de la société
Dateno, basée à Dinard (France). Enfin, il assurera un support aux
activités ainsi qu’une surveillance des signaux de télécommunica-
tions transmis lors des démonstrations.
Avec Stentor,
la France fédère les talents
pour être plus compétitive
En engageant le programme Stentor en 1995, le gouverne-ment français a un objectif majeur : améliorer la compétitivitéfrançaise dans le domaine très concurrentiel des télécom-munications spatiales. Le satellite Stentor sera lancé au coursdu premier semestre 2001. Il va permettre de tester, dans l’es-pace, les technologies de demain.
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L o c a l i s a t i o n
La vie sauve grâce aux satellites
C e 15 octobre 1997, la NASA a eu
chaud.Non pas à cause des éco-
logistes qui,voulant perturber le lan-
cement, avaient réservé toutes les
chambres d’hôtel de Cap Canaveral,
mais parce qu’un juge américain
s’était déclaré compétent pour auto-
riser ou non le lancement du vais-
seau européen Cassini-Huygens. La
présence à bord de RTG, une source
électrique à base de plutonium,a été
la cause de ces remous. Finalement,
au soulagement des scientifiques
travaillant sur le projet,le juge amé-
ricain donna son autorisation et le
lancement eut lieu avec succès.
Le long voyage de 7 ans à destination
de Saturne et de ses satellites natu-
rels pouvait commencer loin des tur-
bulences terrestres.Enfin,pas tout à
fait car après deux survols successifs
de Vénus au mois d’avril 1998 et en
juin 1999,la sonde devait revenir très
près au-dessus de notre planète bleue.
Encore une fois, il fallut rassurer les
écologistes en colère et leur assurer
que cela se passerait sans risque.
Peine perdue! La NASA a pris la déci-
sion de passer plus au large. Le sur-
vol de notre planète a eu lieu le 18
août 1999 à 1171 km d’altitude pour
une prévision de 1166 km.Une belle
performance technique pour la NASA
qui a démontré ainsi son savoir-faire.
Quelques astronomes amateurs
eurent même la chance d’apercevoir
le satellite lors du survol.
Depuis, la sérénité est revenue à
bord ou presque.En effet, l’épreuve
de la ceinture des astéroïdes atten-
dait les opérateurs au sol.Le 23 jan-
vier 2000, Cassini a pris quelques
images de l’astéroïde 2685 Masursky,
malheureusement pas très spec-
taculaires car la distance était de
1,6 million de km. Juste suffisantes
néanmoins pour déterminer ses
dimensions et pour affirmer que
Masursky n’a pas la composition
attendue.Au mois d’avril 2000,Cas-
sini est enfin sorti de la ceinture
principale sans dommage. ■
S c i e n c e s
Cassini-Huygens survolera bientôt Jupiter
Déjà des propositions
de démonstrations
Plusieurs propositions ont déjà été faites au CNES,de la part de partenaires très divers : le ministère del’Intérieur souhaite réaliser des démonstrations relatives à
l’apport opérationnel des liaisons satellite pour la gestion des
risques et catastrophes naturelles ; ASPI propose de démontrer l’ap-
port du répéteur régénératif DVBPROC de Stentor pour l’intercon-
nexion de réseaux locaux d’universités ou d’entreprises ; Astrium
propose de valider des prototypes de modulateurs/codeurs dévelop-
pés pour le projet West et faisant appel à des canaux de transmission
très large bande.
D’autres démonstrations dans les domaines de la télémédecine, du
travail coopératif, etc. sont également envisagées par diverses entités
et sont en cours d’analyse.
O n connaît mal, dans le grand
public,le système Cospas-Sar-
sat, cousin du système Argos. Pour-
tant, certains peuvent bénir ce ser-
vice international de sauvetage puis-
qu’il a déjà secouru,depuis sa création
en 1982,plus de 11 200 personnes.
Le 5 juin 2000, le voilier Wind and
Love croisait au large des côtes maro-
caines (à 280 km) avec quatre per-
sonnes à bord.Soudain,c’est la catas-
trophe:le voilier au pavillon maltais
fait naufrage. Equipé d’une balise
Cospas-Sarsat 406 MHz à bord, sa
position est alors donnée :30° 27 N /
12° 40 W. L’information est reçue via
le satellite (détection par satellite géo-
stationnaire GOES-8 le 5 juin à 19h51-
localisation par Cospas 6 puis Sarsat
7 quelques minutes plus tard) ettrans-
mise, comme il se doit, immédiate-
mentà Malte ainsi qu’au Rescue Coor-
dination Centre (RCC) d’Agadir au
Maroc,pour sa localisation etau MRCC
Madrid (Maritime RCC) car le voilier
est proche de la zone espagnole.
Très rapidement,l’alerte est donnée
et les secours peuvent se mettre en
place.Le sauvetage des quatre nau-
fragés s’effectue par un hélicoptère
espagnol, l’Helimer Canarias et les
quatre personnes sont saines et
sauves.
Ce scénario se répète plusieurs fois
par an.Durant l’année 1999,ce sont
ainsi 1218 personnes qui ont été sau-
vées au cours de 330 détresses.
Cospas-Sarsat est un programme
international humanitaire dont la
mission est d’aider à la recherche et
au sauvetage. Quatre pays fonda-
teurs (Etats-Unis, Canada,Russie et
France) fournissent les équipements
spatiaux et depuis 1999, 27 autres
pays sont impliqués pour la fourni-
ture des stations terriennes et des
centres de traitement associés.
L’exploitation du système est assu-
rée,en France,par le CNES depuis le
Centre Spatial de Toulouse etles admi-
nistrations utilisatrices : la DGAC
(Direction Générale de l’Aviation Civile)
et le DAMGM (Direction des Affaires
Maritimes et des Gens de Mer). ■
ment particulièrement innovants.
Le satellite Stentor est actuellement
en phase d’essais de qualification à
Cannes (France),chez Aspi.Son lan-
cement pour l’orbite géostation-
naire est prévu depuis Kourou au
premier semestre 2001 par une
Ariane 5.La mise à poste et le main-
tien à poste jusqu’en 2009 seront
réalisés par le CNES.
Les deux premières années seront
consacrées essentiellement aux
expérimentations technologiques
du système et à la mise en œuvre
de divers scénarii de fonctionne-
ment de la charge utile.Des démons-
trations de nouveaux services de
télécommunications seront pro-
grammées (encadré ci-dessus). Les
sept années suivantes seront éga-
lement mises à profit pour relever
la stabilité des performances. ■
Jupiter
l’ultime répétitionPendant ce temps les scientifiques préparent activement le survol
de Jupiter. Après les Pioneer,Voyager et autres Ulysses, ce
survol pourrait paraître sans enjeu. Pour les équipes scien-
tifiques responsables des instruments, ce survol présente deux
intérêts majeurs. D’une part, ce sera la dernière répétition avant l’arrivée sur
Saturne et la plupart des logiciels d’opérations et de traitements seront mis à
l’épreuve en vraie grandeur. D’autre part, ce sera la première fois que deux
engins observeront simultanément Jupiter. En effet, la sonde Galiléo, en orbite
autour de la planète géante depuis décembre 1995, est encore en service même
si elle est un peu usée par les fortes doses de radiations déjà reçues. Jupiter sera
ainsi observée ce qui est particulièrement intéressant pour l’étude de la magné-
tosphère. Rendez-vous donc le 30 décembre 2000 pour le dernier événement
planétaire du millénaire.
© N
ASA
© C
NES
/ E. G
rim
ault
10
R éalisé par la Suède dans le
cadre d’une collaboration
internationale avec la France, le
Canada et la Finlande,le projet Odin
a été conçu pour combiner deux
thèmes de recherche. En astrono-
mie, Odin permettra l’étude de la
formation d’étoiles et du système
solaire primitif, et dans le domaine
de l’aéronomie, il contribuera à la
connaissance de la chimie de l’ozone
dans la stratosphère et la méso-
sphère.
Après des essais à Intespace à Tou-
louse, sous la responsabilité des
équipes suédoises, le satellite Odin
est actuellement en salle blanche,
au Centre d’Etudes Spatiales des
Rayonnements (CESR,Toulouse) où
l’on procède à des essais d’aligne-
ment de son télescope.Il retournera
ensuite en Suède pour la prépara-
tion de son lancement, prévu fin
d’année 2000.
Odin dispose d’instruments inno-
vants permettant l’observation du
rayonnement émis par les molécules
submillimétriques. L’utilisation de
technologies nouvelles a permis l’in-
tégration de la charge utile sur un
mini-satellite d’environ 250 Kg.
Le télescope grégorien a un diamètre
de 1,1 m.Sa structure,en fibre de car-
bone, permet d’obtenir à la fois un
gain de masse et une haute stabi-
lité contre les déformations thermo-
élastiques. L’ensemble a été carac-
térisé au CESR. Le principal instru-
ment focal est un radiomètre équipé
d’un spectromètre acousto-optique.
Cet instrument français,développé
par le Laboratoire d’Astronomie Spa-
tiale (LAS) est une véritable inno-
vation (faible poids, petit
volume et consomma-
tion réduite).La contri-
bution technique fran-
çaise a impliqué trois
laboratoires du CNRS
soutenus par le CNES :CESR,
Arpège (Observatoire de Meu-
don) et le LAS (Marseille).Le deuxième
instrument est le spectromètre Osi-
ris utilisé en aéronomie et développé
par le Canada.
La participation du CNES à ce pro-
jet international comprend aussi :
l’approvisionnement chez les indus-
triels français des senseurs solaires
et stellaires et des gyroscopes ; le
contrôle et la détermination de l’alt-
titude du satellite, avec en particu-
lier la fourniture d’un catalogue
d’étoiles pour le senseur stellaire et
le détachement d’un ingénieur CNES
au sein du groupe projet suédois ;
les essais d’environnement satellite
à Intespace, sous la responsabilité
suédoise ; une participation finan-
cière au service de lancement (lan-
ceur russe Start 1) ; la mise
en place, avec les labo-
ratoires impliqués,d’une
composante sol per-
mettant d’assurer la
validation scientifique
des données.Elle est prin-
cipalement constituée d’une
chaîne de traitement scientifique
pour l’aéronomie,développée avec
l’Observatoire de Bordeaux,afin de
restituer les profils des molécules
de l’atmosphère (produits de niveau
2) et d’un système de gestion et de
traitement des données pour l’as-
tronomie, qui sera installé sur les
moyens informatiques du Centre
Spatial de Toulouse. ■
Odin,
lancement
prochain
du minisatellite
scientifique suédois
L ’astrophysique a pour objectif
de mieux connaître les objets
composant notre univers par l’étude
des rayonnements qu’ils émettent.
Les rayonnements gamma sont la
signature de phénomènes physiques
extrêmement violents qui caracté-
risent les trous noirs, le cœur des
supernovae ou les étoiles à neutrons.
Ils permettent d’identifier les élé-
ments lourds jusque dans les régions
les plus éloignées de l’Univers.
Durantces dernières années,quelques
missions spatiales ont commencé
à déchiffrer ce domaine (CGRO,
Sigma) mais le projet Integral (INTEr-
national Gamma-Ray Laboratory),
une importante mission scienti-
fique décidée par l’ESA en 1993 dans
le cadre de son plan Horizon 2000,
sera, de loin, le plus puissant.
Integral sera équipé de quatre ins-
truments dont deux de surveillance
en optique et en rayons X et deux
instruments principaux d’observa-
tion gamma : un imageur (Ibis) et
un spectromètre de haute résolu-
tion (SPI),réalisé en maîtrise d’œuvre
interne par le CNES à Toulouse. Le
modèle de vol du spectromètre fran-
çais est en cours d’intégration depuis
la fin du printemps. Il subira avant
la fin de l’année l’ensemble des
essais fonctionnels et de perfor-
mances puis,en début d’année
prochaine, des essais d’envi-
ronnement au sein d’Intespace
à Toulouse.
Une campagne originale d’éta-
lonnage clôturera sa validation
puisque cet instrument sera
transporté dans un des accéléra-
teurs de particules du CEA (Com-
missariat à l’Energie Atomique) afin
de parfaire l’étalonnage scientifique
pendant un mois.
Le spectromètre sera ensuite livré
à Alenia (Italie), le maître d’œuvre
du satellite, au mois d’avril 2001
pour être intégré sur le satellite.La
date de lancement est prévue au
mois d’avril 2002.■
Dernière ligne droite pour
le spectromètre d’Integral
S c i e n c e s , s u i t e
A C T U A L I T E S©
CNE
S/J.-
L. Au
riol
, 200
0
© C
NES/
E. G
rim
ault
, 200
0
© CNES/J.-L. Auriol, 2000
511
Tout va bien
pour STAR à bord
de Champ
I l aura fallu 4 ans
après la perte de Clus-
ter lors du vol inaugural d’Ariane5
en juin 1996 et beaucoup d’efforts
pour faire revivre cette mission tant
attendue par la communauté scien-
tifique.
A l’origine Cluster, fruit de l’initia-
tive de scientifiques et d’ingénieurs
européens, devait constituer avec
Soho la première pierre angulaire
du programme scientifique de l’ESA.
C’était en 1988.Après la destruction
des satellites lors du lancement en
1996,l’ESA a décidé la mission Clus-
ter 2 le 3 avril 1997. Rumba, Tango,
Salsa et Samba, noms des quatre
satellites en tous points identiques,
ont pour objectif d’explorer l’envi-
ronnement terrestre, l’environne-
ment magnétique et électrique de
la Terre. La mission Cluster 2 s’inté-
ressera donc à l’influence des phé-
nomènes solaires sur notre planète.
Le 9 août 2000,Rumba et Tango se
sont envolés de Baïkonour (Kaza-
khstan) grâce au lanceur Soyouz-
Fregat, fourni par le consortium
franco-russe Starsem.Ils ont rejoint
alors Salsa et Samba lancés le 15
juillet dans les mêmes conditions.
“ Ce second lancement,parfaitement
réussi, moins de quatre semaines
après celui de la première paire,signi-
fie que nous sommes en route vers
le succès ”,a déclaré,soulagé et satis-
fait, le professeur Roger-Maurice
Bonnet, directeur du programme
scientifique de l’ESA.
Une première, le vol enformation tétraédriquede quatre satellitesAprès de complexes manœuvres
orbitales, les quatre jumeaux vole-
ront finalement en formation tétra-
édrique (pyramide à base triangu-
laire) sur une orbite polaire ellip-
tique d’à peu près 4 x 19 rayons
terrestres,un nou-
veau concept élaboré
pour affiner l’interprétation des
résultats obtenus.
Le vol en formation des satellites
permettra,pour la première fois,de
séparer de manière non ambiguë
les variations spatiales des varia-
tions temporelles pour les phéno-
mènes observés dans la magnéto-
sphère.
En effet, contrairement aux ins-
truments de type imageurs (tels la
majorité des instruments embar-
qués sur Soho),capables de photo-
graphier des objets éloignés,les ins-
truments de type mesures in situ
équipant Cluster ne mesurent que
les propriétés locales du milieu dans
lequel ils baignent.Aussi pour avoir
accès aux mesures différentielles
dans toutes les directions de l’es-
pace,quatre points de mesures sont
nécessaires, d’où les quatre satel-
lites. En combinant de manière
appropriée leurs différentes mesures,
on aura alors accès à une descrip-
tion tri-dimensionnelle, à petite
échelle, de la magnétosphère ter-
restre et des différentes régions
frontières qui la constituent.
L e satellite de géophysique
Champ de l’agence spatiale
allemande (DLR) dédié à l’étude du
champ de gravité et du champ
magnétique de la Terre,a été lancé
depuis la base russe de Plessetsk,
le 15 juillet dans l’après-midi. Les
premières télémesures,reçues deux
heures plus tard,ont confirmé que
tout allait bien à bord et que l’or-
bite était celle prévue.
La grande nouveauté de cette mis-
sion est la fourniture,par la France,
d’un accéléromètre ultrasensible
STAR,développé par l’Onéra sous la
maîtrise d’œuvre du CNES. L’ins-
trument a été mis en marche le 19
juillet 2000 et a aussitôt fourni une
image en temps réel des frotte-
ments subis par le satellite et de
ses mouvements d’attitude.
L’étalonnage de l’instrument reste
à faire,en particulier lorsqu’il aura
atteint son équilibre thermique et
que l’on pourra confronter ces don-
nées avec les données précises d’or-
bite et d’attitude du satellite. Plu-
sieurs mois de recette en vol et de
mise au point des traitements au
sol sont prévus avant que les don-
nées utiles à la géodésie soient com-
plètement validées.
A bord de Champ se trouvent éga-
lement des magnétomètres, dont
un scalaire développé par le CEA/Leti.
Tous fonctionnent parfaitement.
Après 6 mois de recette en vol et
d’étalonnage de tous les équipe-
ments,la phase scientifique de l’amé-
lioration du modèle potentiel ter-
restre franco-allemand, Grim 5,
pourra commencer. ■
A s t r o p hy s i q u e
Cluster 2 en orbite
grâce à 20 ans
de ténacité
© E
SA
© E
SA
12
A s t r o p hy s i q u e , s u i t e
A C T U A L I T E S
■ 6e symposium “ Space Ops 2000 ” Anticiper l’avenir
du spatial dans un contexte de profondes mutations, tel a été l’objectif de ce sym-
posium qui s’est tenu à Toulouse du 19 au 23 juin 2000. Organisé par le CNES en
collaboration avec le DLR, l’ESA et le soutien d’Astrium, d’Alcatel Space Industries et
de Cap Gemini, il a regroupé plus de 350 participants représentant les principaux
acteurs publics ou privés du domaine spatial. ■
■ Tournée en France de Jean-François
Clervoy Depuis sa dernière mission spatiale à bord de la navette
Discovery, le spationaute français Jean-François Clervoy n’avait pas eu l’occasion
de revenir en France. Le CNES l’y a donc convié en juin 2000, afin de faire parta-
ger sa formidable aventure : la réparation du télescope spatial Hubble. Plusieurs
rencontres ont été organisées notamment avec les étudiants de l’ENSICA à
Toulouse et de l’Ecole Polytechnique à Paris (dont Jean-François Clervoy est issu),
et des lycéens passionnés d’espace (Cité de l’espace à Toulouse et Lycée à
Dijon). Il a également participé au séminaire du CNES sur les activités spatiales
aux U.S.A. et au colloque organisé au Sénat à l’initiative du sénateur Revol sur le
thème “l’Homme dans l’espace”. Jean-François Clervoy est actuellement déta-
ché par l’ESA à la NASA à Houston, au Johnson Space Center, en tant que spé-
cialiste du bras robotique et peut raisonnablement penser être à nouveau affec-
té sur un vol de la navette dans les 2 années à venir. ■
■ Spot 5, lancement prévu pour 2001 Depuis
les dernières décisions prises en 1999 d’embarquer Végétation 2 ainsi qu’un pas-
sager pour la stéréoscopie dit HRS (Haute Résolution Stéréoscopique) et un répon-
deur Radar, le développement de Spot 5 se poursuit relativement normalement en
vue du lancement programmé pour la fin de l’année 2001. Le prototype de la char-
ge utile vient d’être recetté avec succès après avoir été couplé aux premiers élé-
ments de la composante sol pour la vérification de la bonne mise en œuvre et de
la bonne décommutation des données image. La plupart des équipements de vol
de la plateforme dont les instruments HRG (Haute Résolution Géométrique) sont
aujourd’hui livrés et l’intégration du modèle de vol a commencé. ■
■ Accord CNES-ONERA-DLR L’accord signé le 16 juin 2000
entre les trois organismes portera sur quatre domaines d’ores et déjà identifiés.
Il s’agit de la combustion d’hydrogène-oxygène liquide, de la combustion d’hy-
drocarbures-oxygène liquide, de l’étude des instabilités de combustion haute
fréquence et des phénomènes de décollement de jets dans les tuyères. L’accord
est prévu pour une durée de cinq ans. Les travaux seront orchestrés par un
comité de coordination composé de membres des trois organismes. ■
■ 12 CNRT pour la compétitivité de la France
Roger-Gérard Schwartzenberg, ministre de la Recherche, a installé le 5 juillet 2000
les 12 premiers centres nationaux de recherche technologique. Implantés sur un
site local avec un domaine de compétences clairement ciblé, chaque CNRT se
fonde sur une collaboration étroite entre la recherche publique et la recherche pri-
vée. Ce couplage recherche-industrie vise à accroître la capacité d’innovation et la
compétitivité de l’industrie française dans des secteurs clés. ■
Té l ex
L’implication de la France
dans les expériences
Ces expériences ont été élaborées par des groupesde scientifiques constitués d’Européens et d’Américainssous la responsabilité, pour chaque expérience, d’un
Investigateur Principal (PI).
Sur les onze groupes de scientifiques élaborant les expériences à bord
des satellites du programme Cluster 2, trois sont de responsabilité fran-
çaise:
● CIS (Cluster Ion Spectrometer) : comprend 2 instruments destinés à fournir des
mesures tridimensionnelles des distributions ioniques et électroniques
(Responsable: H. Rème au CESR, Centre d’Etudes Spatiales des Rayonnements,
Toulouse).
● STAFF (Spatio-Temporal Analysis of Field Fluctuations) : constitué d’un magné-
tomètre alternatif 3axes, il permet, relié aux antennes électriques de l’expé-
rience suédoise EFW, de mesurer les fluctuations des champs électromagné-
tiques qui se développent dans les régions frontières de la magnétosphère
(Responsable N. Cornilleau-Wehrlin du CETP, Centre d’Etude des environne-
ments Terrestres et Planétaires,Vélizy).
● Whisper (Waves of HIgh frequency analyser and Sounder for Probing of Electron
by Relaxation) : cet instrument permet de mesurer la concentration électro-
nique totale du milieu (Responsable P.Decréau du LPCE,Laboratoire de Physico-
Chimie de l’Environnement, Orléans).
Par ailleurs, le CETP participe à une expérience anglaise de mesure de particules,
Peace, et assure la coordination technique de l’ensemble des expériences de
mesure des ondes qui, outre Staff et Whisper, comporte les expériences anglaise
DWP, suédoise EFW et américaine WBD.
La reconstruction de la charge utile à été exceptionnellement financée sur le bud-
get de contribution obligatoire du programme scientifique de l’ESA. Les crédits
correspondant à la reconstruction des expériences françaises (32 MF) ont été ver-
sés au CNES.
11 expériences pour mesurer les champs électriques et magnétiquesChaque satellite emporte à son bord
11 expériences dédiées aux mesures
de champs électriques et magné-
tiques et à celles des particules peu-
plant le milieu ambiant.Chacun des
quatre satellites abrite un ensemble
de onze équipements sensibles aux
champs électriques et magnétiques
ainsi qu’aux électrons et aux parti-
cules chargées.Des détecteurs élec-
triques, fixés au bout d’antennes
longues de 50 m à l’extérieur du
satellite, se déplacent grâce à l’en-
traînement de la rotation du satel-
lite et exploreront l’espace envi-
ronnant. Les réponses aux impul-
sions radio etaux faisceaux d’électrons
émis par chaque satellite seront alors
enregistrées pour une analyse qui
sera effectuée au sol. ■
513
D epuis le lancementde Hélios1B
le 3 décembre 1999, tout va
pour le mieux pour le satellite mili-
taire d’observation de la Terre.Lancé
en tout début de la fenêtre de tir,
Hélios 1B a fait l’objet d’un suivi sans
faute,notamment en ce qui concerne
sa mise à poste, conséquence de
longs mois de préparation et de mul-
tiples répétitions.
La première image test a été effec-
tuée dès le lendemain et les opéra-
tions de mise en route des différents
sous-systèmes se sont poursuivies,
ainsi que les manœuvres pour
atteindre l’orbite définitive.
Moins de 10 jours après le lance-
ment,les utilisateurs opérationnels
pouvaient ainsi programmer leurs
premières images.L’état des entités
du système, et principalement du
satellite,a été analysé en détail pen-
dant les premiers mois de vie orbi-
tale,et présenté à la “ revue de recette
en vol ” le 25 février 2000. Cette
réunion rassemblant les utilisateurs
militaires français, italiens et espa-
gnols, la DGA (Délégation Générale
pour l’Armement),le CNES et le maître
d’œuvre industriel Astrium,a conclu
à la bonne qualité du satellite et for-
mellement autorisé sa prise en
compte dans le système Hélios.
Un bilan plus détaillé de la qualité
géométrique et radiométrique des
images a été effectué lors d’une pré-
sentation complémentaire le 22 mai,
après analyse par le CNES des prises
de vues spécifiques effectuées depuis
le lancement sur des sites non opé-
rationnels mais bien adaptés à ces
expertises.
Hélios 1B a un comportement tout
à fait comparable à son prédéces-
seur qui continue à fonctionner par-
faitement après plus de 5 ans.Le sys-
tème Hélios est désormais exploité
en bisatellite,ce qui accroît ses per-
formances en termes de quantité
d’images effectuées par jour et de
délai d’accès à l’information. ■
L e colloque Végétation 2000 a
réuni environ 200 participants
au début du mois d’avril en Italie.
Les résultats obtenus à partir des
données acquises depuis deux ans
par cette charge utile installée sur
le satellite Spot 4 dédiée à l’étude
de la biosphère et du couvert végé-
tal, ont été présentés et discutés.
Ces résultats concernaient aussi
bien ceux qui avaient pu être obte-
nus dans le cadre du programme
préparatoire à l’utilisation des don-
nées initialisé il y a 5 ans, que ceux
d’utilisateurs plus récents. Ils cou-
vrent tous les domaines théma-
tiques d’étude,d’analyse et de suivi
de la couverture végétale visés à
l’origine de la mission.
Outre les utilisations à caractère
scientifique, la disponibilité opé-
rationnelle des données depuis envi-
ron un an a donné naissance à des
projets appliqués par de grands
organismes nationaux ou interna-
tionaux (Centre Commun de
Recherche de la Commission Euro-
péenne-CCR, Centre Canadien de
Télédétection, US Department of
Agriculture,Institute for Remote Sen-
sing…). Ces projets concernent le
suivi des productions agricoles, la
cartographie des forêts et des feux,
la délimitation des zones propices
à l’éclosion de ravageurs (criquets
pèlerins), le suivi global des pro-
ductions alimentaires.
Les deux figures suivantes, issues
de travaux du Centre Commun de
Recherche sur Madagascar,concré-
tisent les remarques générales effec-
tuées par les participants sur la qua-
lité du système. Les produits sont
livrés très rapidement (moins de
trois jours après une acquisition,
quelquefois même en quelques
heures). Ils sont sous une forme qui
leur permet d’être directement uti-
lisés sans manipulation préalable
(réduction des coûts d’utilisation).
Leur qualité géométrique permet
un suivi temporel précis.Alors qu’il
fallait encore plusieurs mois pour
faire une cartographie moins pré-
cise à partir d’autres données, la
carte des forêts de Madagascar à
cette échelle a pu être dressée en
deux semaines. ■
■ Le Restec (centre japonais de télédétection) a organisé les 10 et 11
juillet 2000, à l’occasion de son 25e anniversaire, un symposium international sur la
Télédétection face au 21e siècle. Plus de 600 participants, venus pour la plupart des
agences spatiales internationales, se sont réunis à l’Hôtel Capitol Tokyu à Tokyo pour
assister à ces deux journées de présentations autour d’un thème principal : la
collaboration entre agences spatiales et secteur privé dans le domaine de la
télédétection. Pour de plus amples renseignements sur ces présentations :
http://www.restec.or.jp/eng/news/whatnews25.html ■
■ La station spatiale est désormais habitable Le
module de service Zvezda embarquant le premier équipement européen s’est
amarré à la station spatiale internationale le 26 juillet 2000. Le système informatique
européen du module est prêt à prendre en charge la commande et le contrôle de la
station dans sa nouvelle configuration. Ce système informatique représentant le nec
plus ultra de la technologie a été fourni par l’ESA. Le raccordement de Zvezda aux
deux éléments déjà en orbite (Zarya et Unity) marque une étape décisive car la
station est désormais habitable et il est possible d’y mener des recherches
scientifiques. Le premier équipage de trois astronautes devrait rejoindre la SSI à la fin
du mois d’octobre 2000 grâce à un lanceur Soyouz. ■
Té l ex , s u i t e
Image composite obtenue à partir des
observations faites par Végétation en
juin 1999 (représentation en perspective)
O b s e r va t i o n d e l a Te r r e
Hélios 1B déclaré bon pour le service
Végétation : les utilisateurs
sont satisfaits
© S
POT
Imag
e
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