« reforme de la dependancedata.over-blog-kiwi.com/0/13/69/21/201209/ob_9c1f3e... · 2019-09-18 ·...
Post on 14-Aug-2020
0 Views
Preview:
TRANSCRIPT
Association
« ON LANCE LE DEBAT »
« REFORME DE LA DEPENDANCE : La grande oubliée de 2012 ? »
Conférence-débat du 24 mai 2012 à Reims
Présentée par :
Emmanuel MOLINATTI Fonctionnaire - Conseiller fiscaliste de formation
Michel DAUDIGNY Ancien Secrétaire général d’une fédération syndicale,
Membre du CESE de la République de 2004 à 2010 – Professeur de chantFlorian THIERY
Commercial sédentaire dans la distribution de solutions de maîtrise de l’énergieLaurence CLERY
Harpiste concertiste – Professeur de musique
1
2
PREFACEMadame, Monsieur,
Le 5 octobre 2010, Michel DAUDIGNY et moi animions notre première conférence
dans le but d’analyser les causes et conséquences de l’éclatement de la bulle immobilière
américaine : les « subprimes ». Le 24 février 2011, nous exposions les conséquences accrues
de la crise subies par les modèles de développement économiques et sociaux européens.
Le 7 juillet, nous pensions avoir clos notre cycle de débats en présentant un état du monde
après 3 années d’une crise internationale aux aspects multiples : immobilière, financière,
bancaire, économique, budgétaire, sociale, politique et monétaire.
Or, dès la fin de ce troisième échange et durant les jours qui suivirent, des dizaines de
personnes qui avaient assisté à nos rencontres ou qui avaient pris connaissance de nos
rapports via internet, nous ont demandé de poursuivre notre initiative à condition de la
« moderniser » sous une forme associative.
C’est ainsi que, le 15 décembre dernier, les 5 membres fondateurs de l’association
« ON LANCE LE DEBAT » - Florian THIERY (Secrétaire), Guillaume LEJEUNE
(Trésorier), Laurence CLERY (Secrétaire adjointe), Michel DAUDIGNY occupant la
fonction de Vice-président et bien plus à nos yeux de trentenaires – ont proposé une
conférence ayant pour thème « Crise de la dette : quelles solutions pour la France en
2012 ? ».
Souhaitant que ce nouveau rapport vous donne envie de rejoindre notre espace
d’échange pour ensemble proposer de nouveaux débats économiques ou sociaux culturels, je
vous souhaite une excellente (re)lecture.
Emmanuel MOLINATTIPrésident
3
« REFORME DE LA DEPENDANCE : La grande oubliée de 2012 ? »
Par l’association « ON LANCE LE DEBAT »
Le 15 décembre dernier, les membres de l’association « ON LANCE LE DEBAT »
présentaient leur rapport intitulé « Crise de la dette : quelles solutions pour la France
en 2012 ?». En conclusion de cet échange, il a été soutenu que l’état des comptes
publics de la nation freinait l’adoption de la réforme de la dépendance. Trois
semaines après avoir défendu cette thèse, la ministre de la Santé, d’alors, a une
nouvelle fois reporté tout projet visant à améliorer la prise en charge des personnes
âgées subissant une perte d’autonomie1. Une situation indigne pour un pays qui
demeure la deuxième puissance économique de la zone euro, une situation guère
surprenante pour un Etat surendetté qui ne saurait se passer des Restos du Cœur,
de la Banque Alimentaire... et qui déplore plus de 8 millions d’individus vivant sous le
seuil de pauvreté.
La prise en charge de l’allongement de l’espérance de vie constitue un défi sociétal et
démographique pour notre pacte social. Deux chiffres permettent de comprendre
l’ampleur de l’enjeu : si en 2007, l’on comptait 100 actifs pour 86 inactifs ; en 2035,
il n’y aurait plus que 100 actifs pour 114 inactifs selon l’INSEE. Et dès 2014, alors que
la France dispose du plus fort taux de natalité en Europe, la proportion des moins de
20 ans sera inférieure à celle des 60 ans et plus2.
De tels changements démographiques, le passage du « baby boom » au « papy
boom » n’est pas sans conséquence pour nos dépenses de santé. Si le coût annuel
de la dépendance est aujourd’hui évalué entre 22 et 30Mds€, il faudrait y consacrer
10 à 13Mds€ supplémentaires tous les ans d’ici à 20403.
1 Alexandre LECHET : « Roselyne Bachelot renonce à la réforme de la dépendance », Le Monde du 6/01/2012.2 Marie BELLAN : « Un Français sur trois aura plus de soixante ans en 2060 ». Les Echos du 27/10/2010.3 Etienne LEFEBVRE : « Dépendance : 10 milliards de dépenses de plus d’ici à 2040 », Les Echos du 23/05/2011
4
De tels bouleversements ne peuvent être omis par les décideurs politiques comme en
témoigne la déclaration de la ministre de la Santé en avril 2011 dernier : « Plus
personne ne peut dire : « Tout va très bien, Madame la Marquise ». Nous disposons
d’un scénario auquel la décision politique devra répondre »4. Pourtant, la réforme de
la dépendance ne semblait pas être au cœur des priorités de l’ensemble des
candidats à l’élection présidentielle.
4 Vincent COLLEN : « Personnes dépendantes : plus pessimistes, les nouvelles précisions suscitent le débat », Les Echos du 06/04/2011.
5
Bien sûr, les projections de l’INSEE d’ici à 20605 peuvent paraître abstraites comme
en témoigne l’analyse du sénateur Bernard Cazeau : « Raisonner à l’horizon de 2060,
c’est de la politique fiction »6, mais il n’en demeure pas moins que selon la Direction
générale de la concurrence (la DGCCRF) : le coût actuel de la prise en charge d’une
personne dépendante vivant à son domicile est de 1800€ mensuels, 2300€ en
maison de retraite. Et ce alors que la moitié de ces retraités touche moins de 1000€
de pension par mois7.
Malgré ces données comptables qui démontrent que tous ne peuvent ou ne pourront
s’assurer seul une fin de vie décente, il n’est pas évident de proposer une mesure qui
recueille l’unanimité des citoyens8 :
5 LesEchos.fr du 22.08.2011 : « Deux fois plus de personnes âgées dépendantes d’ici à 2060 »6 Vincent COLLEN : « Personnes dépendantes : plus pessimistes, les nouvelles précisions suscitent le débat », Les Echos du 06/04/20117 VOTTORIA DE BAGNOLO : « Les clefs pour bien s’assurer contre la perte d’autonomie », Les Echos du 4/02/20118 Dr Olivier BADELON : « Réforme de la dépendance ou prise en charge familiale », Le Cercle Les Echos du 06/12/2010.
6
Loin de considérer les résultats de ce sondage comme la simple expression d’une
forme d’égoïsme d’une partie de la population, les membres de l’association « ON
LANCE LE DEBAT » considèrent que nul ne peut se prononcer sans être informé des
enjeux et besoins d’une telle réforme. Aussi, afin que nul ne puisse le cas échéant
déclarer « je ne savais pas », il apparaît nécessaire d’expliquer et de débattre des
tenants et aboutissants d’une réforme qui doit permettre à chacun de vivre la fin de
son existence en toute dignité. Rappelons que la « fraternité » constitue l’un des
trois piliers républicains gravés sur le fronton des 36.000 communes françaises.
Le sujet étant technique, avant de débattre des modes de financements futurs de la
prise en charge des personnes dépendantes, nous vous proposons une présentation
succincte des principaux acteurs de la dépendance.
7
LES ACTEURS DE LA PRISE EN CHARGE DE LA DEPENDANCE
Le droit français prévoit qu’une personne dépendante peut faire appel à deux types
de financeurs : la solidarité familiale et la collectivité. La France compterait
aujourd’hui plus d’un million de personnes dépendantes bénéficiant de l’Aide
Personnalisée d’Autonomie (l’APA) et la moitié vivrait en Etablissement
d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (les EHPAD)9. L’APA ne
couvrant la totalité du coût de la perte d’autonomie, de nombreuses institutions
publiques interviennent en plus de l’effort financier supporté par les familles. La
multitude d’intervenants a pour conséquence que le dépôt d’un dossier de prise en
charge relève d’un parcours du combattant faute d’un guichet unique10. Les
projections démographiques démontrent que le nombre de personnes concernées ne
cessera de progresser. En cas d’absence de réforme, tous s’accordent pour affirmer
que de nouveaux acteurs pourraient devenir incontournables : les compagnies
d’assurance.
A ce jour, il existerait 8 acteurs-financeurs de la dépendance11 auxquels il faut
ajouter de nombreux professionnels tels que les médecins, infirmières, aides à
domicile, etc.
SECTION 1 : Le rôle des institutions publiques et privées
9 http://www.epargneretraiteentreprise.axa.fr/Pages/Actu-La-dependance-parlons-en.aspx 10 Et ce malgré le Centre Local d’Information et de Coordination (CLIC) qui se veut être un accueil d’accueil de proximité.11 Projet annuel de performances pour 2008 de la mission « solidarité, insertion et égalité des chances »
8
1. Le rôle des institutions publiques
a. L’assurance maladie
En raison même du principe fondamental de l’universalité de l’assurance maladie, les
textes ne sont qu’exceptionnellement ciblés sur des publics spécifiques12. En
pratique, c’est l’ensemble des assurés qui est bénéficiaire potentiel, en fonction de la
maladie, de la grande majorité des prestations. Ainsi, s’agissant des prestations de
soins, les personnes âgées en général, et les personnes âgées en perte d’autonomie
en particulier, ne font pas l’objet de dispositions spécifiques dans le code de la
sécurité sociale13.
b. Les départements
Depuis la création de l’APA en 200114, le département est la pierre angulaire du
dispositif car il attribue et verse la prestation aux ayants droits. En plus de l’APA, de
nombreux départements exercent une compétence extralégale afin de réduire le
reste à charge des patients les moins aisés financièrement à travers des dispositifs
tels que l’aide sociale extralégale ou l’aide facultative. Ces actions (aides pour la
prise en charge des frais d’obsèques, téléassistance) représentaient 2.4Mds€ de
dépenses en 200515.
Le département n’est pas la seule collectivité à agir en plus du cadre légal : les
communes peuvent apporter un soutien financier via leur Centre Communal
d’Action Social (les CCAS). Selon une étude de la DREES16, en 2002, huit communes
sur dix développaient déjà des actions en faveur des personnes âgées.
c. Les Caisses nationales
12 Selon l’article L.321-1 du code de la sécurité sociale, les prestations sont définies de façon globale, sans cibler de publics particuliers, à l’exception de certains actes tels que les interruptions volontaires de grossesse et la prise en charge des enfants ou adolescents handicapés.13 http://www.ladocumentationfrancaise.fr/var/storage/rapports-publics//114000343/0000.pdf HCAAM: « Contribution du HCAAM au débat sur la dépendance des personnes âgées », rapport adopté à l’unanimité lors de la séance du 23 juin 2011.14 Loi n° 2001-647 du 20 juillet 2001 relative à la prise en charge de la perte d'autonomie des personnes âgées et à la l'allocation personnalisée d'autonomie, complétée par le décret n° 2001-1084 du 20 novembre 2001 relatif aux modalités d'attribution de la prestation et au fonds de financement, publié au JO le 21 novembre 2001.Les différents textes y afférents ont été notamment été codifiés dans le code de l'action sociale et des familles, aux articles L232-1 et suivants et R232-1 et suivants.15 CREDOC : « Approche du coût de la dépendance des personnes âgées à domicile », Cahier de recherche n°221, décembre 2005, par Anne LOONES.16 Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques
9
La Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (la CNSA) propose, depuis 2006,
une prestation de compensation du handicap.
La Caisse Nationale d’Allocations Familiales (la CAF), ou la MSA si le patient relève
du régime agricole, verse l’Allocation aux Adultes Handicapées (l’AAH) au profit des
personnes disposant de très faibles ressources. Contrairement au département qui
attribue et verse sa prestation, l’AAH n’est pas octroyée par la CAF mais par la
Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées.
L’action de la Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse (la CNAV) se limite aux
champs d’application des GIR 1 à 4 alors que celle des caisses de retraite se
concentre sur les GIR 5 à 6. Mais remarquons qu’en plus de son domaine de
compétence traditionnel, la CNAV agit notamment dans le cadre de l’Aide au Retour
D’Hospitalisation (ARDH) et de l’hébergement temporaire.
Groupes iso-ressources
(GIR)
Profils
GIR I Personnes confinées au lit ou au fauteuil et dont les fonctions intellectuelles sont gravement altérées, qui nécessitent une présence indispensable et continue d'intervenants.
GIR II - Personnes confinées au lit ou au fauteuil, dont les fonctions intellectuelles ne sont pas totalement altérées et qui nécessitent une prise en charge pour la plupart des activités de la vie courante,- personnes dont les facultés mentales sont altérées mais qui ont conservé leurs capacités de se déplacer (souvent dénommés les « déments ambulants »).
GIR III Personnes âgées ayant conservé leurs fonctions intellectuelles, partiellement leur capacité à se déplacer mais qui nécessitent plusieurs fois par jour des aides pour leur autonomie corporelle. De plus, la majorité d'entre elles n'assurent pas seule l'hygiène de l'élimination tant anale qu'urinaire.
GIR IV - Personnes qui n'assument pas seules leur transfert, mais qui, une fois levées, peuvent se déplacer à l'intérieur du logement. Elles doivent parfois être aidées pour la toilette et l'habillage. La grande majorité d'entre elles s'alimentent seules,- personnes qui n'ont pas de problèmes pour se déplacer mais qu'il faut aider pour les activités corporelles ainsi que les repas.
GIR V Personnes qui assurent seules leurs déplacements à l'intérieur de leur logement, s'alimentent et s'habillent seules. Elles nécessitent une aide ponctuelle pour la toilette, la préparation des repas et le ménage.
GIR VI Toutes les personnes n'ayant pas perdu leur autonomie pour les actes de la vie courante.
d. L’Etat
10
Sans être le pilote des dispositifs, l’Etat joue un rôle majeur en versant une
contribution aux départements dans le cadre de l’APA et prend en charge une partie
du coût des soins infirmiers à domicile et des dépenses liées à l’emploi de personnes
à domicile via une réduction d’impôts. De plus via l’Agence Nationale pour
l’Amélioration de l’Habitat (l’ANAH), l’Etat tend à améliorer les logements des
personnes dépendantes en apportant une aide aux bailleurs.
2. Le rôle des institutions privées
Un établissement financier n’étant pas une œuvre philanthropique, le rôle de ces
acteurs consiste à verser une indemnité sous forme de capital ou de rente en
fonction des conditions tarifaires du contrat souscrit par l’assuré. L’assurance
dépendance, qui existe depuis 1998, est proposée par les mutuelles (dont l’objet
est d’apporter un complément aux prestations légales de l’assurance maladie), les
caisses de prévoyance professionnelles et par les compagnies d’assurance qui se
sont réunies au sein du Syndicat National des Sociétés d’Assurance (le SNSA).
Section 2 : Le rôle des familles et des professionnels de l’aide à domicile
1. Le rôle des familles
En plus d’assumer les dépenses non prises en charges par la collectivité, si la
personne dépendante ne peut couvrir elle-même ce coût, la solidarité familiale
demeure l’élément incontournable du maintien à domicile. L’étude Cribier pour le
CREDOC montre que les trois quarts des personnes âgées ont au moins un enfant à
moins d’une heure de leur domicile17. De manière générale, la famille intervient seule
en cas de dépendance modérée (courses, ménage, repas) ou en complément d’une
aide à domicile en cas de perte d’autonomie plus prononcée.
17 Etude CRIBIER, travaux du CREDOC sur les besoins des personnes âgées à Paris et Lorient, Etude sur la PSD pour la CNAV, notamment.
11
L’étude montre également que ce rôle est également joué par les gardiens
d’immeubles dans les grandes villes telles que Paris ou par les voisins,
notamment en zone rurale.
2. L’aide à domicile
Elle constitue une expression générique qui renvoie à une multitude de services qui
sont délivrés en fonction des pathologies dont souffre le patient : lever, hygiène,
alimentation, ménage, courses, etc. Il existe de nombreuses structures qui proposent
ce type de service : l’Aide à Domicile en Milieu Rural (l’ADMR) qui est un réseau
d’associations, l’Union Nationale de l’Aide des Soins à Domicile (l’UNA, anciennement
l’UNASSAD) qui regroupe plus de 100.000 professionnels.
3. Les soins infirmiers à domicile
Ils sont principalement assurés par des salariés de Services de Soins Infirmiers A
Domicile (les SSIAD) ou par des professionnels de santé libéraux. Dans plus de
60% des cas, ces services interviennent au profit de personnes âgées de plus 80 ans
et dont la majorité se déplace en fauteuil.
4. L’aide technique
En complément de l’aide humaine, il ne faudrait pas occulter l’aide technique qui
lui permet de se sentir autonome. A titre d’exemple, les téléalarmes, détecteurs de
chutes et autres systèmes de téléassistance apportent un soutien apprécié par les
personnes âgées.
12
DEVELOPPER LA PREVENTION DE LA DEPENDANCE
Il s’agit là d’un enjeu majeur pour préserver l’autonomie des personnes âgées et
faciliter le maintien à domicile. Il convient de prendre en compte les facteurs
environnementaux, sociaux et médicaux. La perte d’autonomie ne se limite pas
seulement au grand âge : les modes de vie et l’activité professionnelle ont une
incidence à terme sur le nombre de personnes concernées.
Dès l’enfance, l’éducation sanitaire et alimentaire, la pratique d’activités physiques
sont des facteurs déterminants pour l’avenir.
Les entreprises, les partenaires sociaux, les organismes de protection sociale et le
service de santé au travail doivent faire partie du processus conduisant à réduire les
maladies professionnelles et les accidents du travail qui auront des répercutions pour
l’avenir.
Il faut encourager le dialogue social, le développer afin de promouvoir la prévention
et le suivi médical en entreprise et ce, pour l’ensemble des salariés et plus
particulièrement pour les plus exposés. De nombreuses actions peuvent être menées
en corrélation avec la Sécurité sociale et les organismes complémentaires sur les
aspects liés à la santé, à la prévention et à la préparation de la retraite (ce qui est
encore loin d’être généralisé).
→ Dépistage précoce de certaines pathologies : hypertension, diabète, surdité,
cancers, maladies neurovégétatives, ostéoporose (pour les femmes), etc.
13
PREVENIR LA DEPENDANCE DES PERSONNES LES PLUS VULNERABLES
Par l’information à l’endroit des familles et des médecins généralistes
La multitude d’intervenants rend le système opaque pour les familles. La mise en
place d’un guichet unique permettrait de simplifier une situation inextricable. Oui, le
médecin traitant doit être au cœur du dispositif car c’est à lui qu’incombe l’effectivité
de la coordination. En d’autres termes, il doit être considéré comme le « gestionnaire
de cas ».
Le CESE recommande la généralisation du dossier pharmaceutique en attendant la
mise en place du dossier médical personnel. A cela, je préconise une évaluation
continue de chaque patient. Comment ?
La transformation des MDPH en MDA permet de fédérer l’action de l’ensemble des
intervenants. Pour exemple, ce type de démarche a déjà permis une meilleure prise
en charge des personnes souffrant d’Alzheimer au sein des MAIA18.
Par la formation continue des professionnels soignants
Ces dispositifs doivent se faire parallèlement avec l’augmentation du ratio personnel
résidant dans les EPHAD. Les ratios d’aujourd’hui n’atteignent même pas les
engagements du plan « Bien Vieillir ».
Par l’accompagnement des patients
Le maintien des personnes à domicile ou en résidence, n’est envisageable qu’en :
1. Favorisant le développement des « résidences intergénérationnelles »
En effet, il faut adapter le domicile et les établissements d’hébergement en favorisant
le développement des familles d’accueil, des petites unités de vie (moins de 25
résidents) en milieu urbain ou rural. Ceci est notamment crucial pour les personnes
isolées. Des initiatives doivent être prises pour un hébergement accessible à tous
quelque soit le niveau des revenus. L’objectif d’une bonne régulation des prix est
possible si la Caisse des dépôts assume le rôle de coordinateur vis-à-vis des
partenaires publics et privés. Pour cela, il faut mettre en place des référentiels de
coûts d’hébergements et les rendre opposables afin de garantir que la diminution du
reste à charge bénéficiera bien aux familles.
18 L’article 78 du 20 décembre 2010 sur le financement de la Sécurité sociale, pour 2011, élargit leur compétence à toute personne âgée en perte d’autonomie fonctionnelle.
14
Aussi, il faut réserver un pourcentage de lits à l’aide sociale lors de la création d’un
nouvel établissement.
2. Subventionnant davantage les travaux pour le maintien à domicile
3. Finançant le déménagement des personnes âgées isolées lorsque le maintien
à domicile n’est plus possible
4. Développant l’information en direction des publics concernés
En plus de l’information, il est nécessaire de créer une structure d’écoute notamment
pour les personnes dépendantes victimes de maltraitances. Lorsque ce type de
méfaits sont commis, la personne fragilisée dépose rarement plainte de peur de
perdre contact avec les structures familiales et professionnelles qui sont sensées
l’accompagner. La création d’un Défenseur du Grand Age à l’instar du Défenseur des
Enfants est une idée à envisager sérieusement.
5. Relevant les plafonds d’aides en fonction des revenus
6. Garantissant une formation continue des aidants à domicile
Toute formation accrue doit non seulement être reconnue par le dispositif dit « de
Validation des Acquis de l’Expérience » et être accompagnée d’une meilleure
rémunération. Ces deux conditions sont d’autant plus impératives qu’il n’existe pas
de protocole d’évaluation satisfaisant des opérateurs et ce, selon les derniers
rapports du CESE et du Sénat. A ces deux rapports, j’ajoute que l’offre est loin de
répondre aux besoins. En effet, il faut que les personnels puissent intervenir auprès
des publics les plus vulnérables GIR 1-2. Aussi, la création de centres de ressources
permettrait de trouver aides et conseils tant pour les professionnels que pour les
familles. Mais tout cela reste insuffisant si on ne s’attaque pas aux causes du
manque de formation des intervenants. De ce fait, il convient de :
- développer l’alternance
- lutter contre les stéréotypes qui font des métiers de l’aide aux personnes un
secteur essentiellement féminin
- développer les métiers d’encadrement et de direction dans les services d’aide
à domicile
- négocier une convention collective étendue pour garantir à tous les salariés
les mêmes droits sociaux.
15
SOUTENIR ET ACCOMPAGNER LES AIDANTS
La famille est l’élément central pour rendre réalisable le libre choix. Il convient de
prévoir un accompagnement pour rompre l’isolement de la personne (75% sont des
femmes). Certains soins d’hygiène ne devraient pas être accomplis par la famille
mais par un professionnel. Il importe par des campagnes d’informations ciblées,
diffusées par les mutuelles et par les organismes de prévoyance complémentaire,
qu’une vraie sensibilisation des familles soit effectuée pour lutter contre les préjugés
et le sentiment de culpabilité. En effet, pour 75% des aidants, la tâche est excessive
et a inexorablement des répercussions quant à la santé physique et psychique des
aidants familiaux. Une telle pression quotidienne entraine dépression, épuisement,
risques cardiovasculaires... Que faire ?
Au niveau de la sphère familiale :
• Prévenir l’épuisement physique et psychique des aidants en développant une
palette diversifiée de structures de répit accessible géographiquement et
financièrement en les intégrant au plan d’aide de l’APA (gardes itinérantes de
jour et de nuit).
• Développer des plates formes d’écoutes, l’accès à des groupes de paroles pour
se ressourcer hors du domicile.
• Instituer un suivi médical régulier de l’aidant afin que le médecin traitant
puisse détecter tout signe de dépression.
• Diffuser des systèmes d’alerte et de surveillance pour prendre le relais des
aidants et ce, dans le respect de la vie privée.
Au niveau de la sphère professionnelle :
• Inciter les entreprises à intégrer la question de la dépendance dans leur
réflexion sur « la vie professionnelle et familiale » en :
o négociant une plus large diffusion des « chèques emploi service
universels » préfinancés afin de soutenir l’embauche d’aides à
domiciles
o facilitant le maintien de l’activité professionnelle de l’aidant grâce à
des solutions d’aménagement du temps de travail
16
AMELIORIER LA GOUVERNANCE
Comme cela a été évoqué précédemment, la multitude d’intervenants institutionnels
publics et privés rend le système inextricable pour les familles, et même pour les
administrations elles-mêmes. Afin de simplifier ce mille-feuilles, il nous faut proposer
des éléments de simplification et d’harmonisation par :
- la création d’un label public accordé aux intervenants respectant un cahier des
charges définis par la CNSA
- la création d’un référentiel commun et opposable aux acteurs afin d’évaluer le
degré de perte d’autonomie de la manière la plus objective et incontestable
possible. En effet, aussi surprenant que cela puisse être, tous les
départements n’utilisent pas le même référentiel. A ce sujet, Michel
DAUDIGNY en tant qu’ancien membre du CESE, a co-rédigé en 2008 un avis à
l’endroit du Gouvernement en ce sens.
- la création d’un pilotage national renforçant l’autorité de la CNSA qui doit
demeurer l’opérateur national des politiques d’accompagnement de la perte
d’autonomie en :
a. répartissant les dotations nationales aux départements et aux
établissements médicaux sociaux
b. redéfinissant les actions de prévention menées par l’assurance maladie
en matière d’éducation thérapeutique, d’accompagnement de gestion
du risque, de politique conventionnelle avec les professionnels de
santé.
- la création d’un « droit universel de compensation pour l’autonomie » afin de
garantir l’égalité de traitement sur l’ensemble du territoire national.
17
REDEFINIR LE ROLE DES PRINCIPAUX ACTEURS
Le rôle de la CNSA
Comme je l’ai soutenu précédemment, la CNSA doit devenir le pilote. A cette fin, il
faut redéfinir son schéma de gouvernance interne en garantissant une juste
représentation de tous les acteurs de la dépendance au sein de son conseil
d’administration. Une fois cette réforme adoptée, la CNSA pourra repenser ses
prérogatives en :
1. assurant une véritable péréquation qui permettra à chaque département de
couvrir l’ensemble des dépenses de l’APA
2. fixant les dotations régionales aux établissements
3. élaborant un référentiel commun d’analyse de l’activité et des coûts des
services d’aides à domicile sur la base des données des conseils généraux, de
l’ADF et des opérateurs.
4. programmant les budgets dans la loi de financement de la sécurité sociale
Le rôle de l’UNCAM
En tant que principal financeur des soins ambulatoires et hospitaliers, et signataire
des conventions et accords avec les professionnels de santé, l’UNCAM doit jouer un
rôle central en matière de :
1. conception des programmes de prévention
2. coordination des soins
3. mise en place des délégations de tâches et des transferts de compétences
4. mise en action d’un réseau d’experts médicaux sur l’ensemble du territoire au
plus près des patients
18
Le rôle des ARS aux côtés de la CNSA
L’assurance maladie participe non seulement au pilotage des ARS mais également à
l’élaboration de leur programme de gestion du risque. Dans ce cadre, elles peuvent
promouvoir des programmes à destination des personnes âgées dépendantes et ce,
notamment pour celles hébergées en EHPAD. Pour ce faire, il faut consolider
financièrement les plans d’aide à l’investissement dans les établissements médico-
sociaux qui étaient subventionnés par des crédits non consommés de la CNSA. Hélas,
ils sont aujourd’hui résorbés. Si l’on note une nouvelle fois l’importance stratégique
de la CNSA, il est nécessaire de repenser les missions stricto-sensu des ARS en :
- préparant les programmes régionaux de santé aux côtés des conseils
généraux et les autres acteurs et ce, en respectant le cadre prédéfini par la
CNSA
- de même, en améliorant les différents dispositifs de proximité (EHPAD...)
- enfin, en élaborant les schémas gérontologiques départementaux
19
COMMENT FINANCER LA REFORME DE LA DEPENDANCE ?
Une multitude d’institutions fournisse des statistiques qui se contredisent les
unes les autres. Si la science a progressé ces 20 dernières années, peu de progrès
sont attendus à court terme pour mieux soigner les maladies dégénératives. De ce
fait, il convient d’adopter 2 priorités :
- la réduction du reste à charge supporté par les familles (hébergement, soins et
dépendance)
- un système d’aides plus redistributif
Pour partie, ces objectifs peuvent être atteints en réformant le système fiscal via :
- la mise en place d’une échelle dégressive de l’APA en fonction des revenus du
patient
- l’instauration de modes de financements complémentaires en instaurant une
cotisation pesant sur les salaires que je détaillerai dans une prochaine partie.
Considérant que la dépendance constitue un risque encouru par chacun, son
financement doit reposer sur un socle essentiellement public et de ce fait, il revient à
la solidarité nationale de l’assumer notamment par :
- l’instauration d’une taxe progressive sur l’ensemble des mutations à titre
gratuit (successions et donations hors transmission d’entreprises et d’outils
professionnels) au taux de 1% : les rendements peuvent être évalués à
1.5Mds€.
- l’alignement du taux de la CSG sur les pensions de retraite (6.6%) sur celui
des actifs (7.5%) : le rendement de cette mesure est évaluée à 1.7Mds€.
- l’augmentation de la cotisation vieillesse
- la majoration du taux de TVA de 1 à 2 points sur les produits de grand luxe
(haute couture…). C’était le cas avant avec un taux de 33%.
- l’introduction d’une CSG progressive pesant sur les revenus du patrimoine
(passage du taux de 0.5 à 1%)
- la taxation des stocks options et des retraites « chapeau »
L’affectation de ces ressources à la CNSA permettrait à court terme d’atteindre
l’objectif d’un financement mieux réparti entre les principaux financeurs que sont la
CNSA et les départements.
20
CONCLUSION : De l’impérieuse nécessité d’anticiper la crise intergénérationnelle
« Plus personne ne peut dire : « Tout va très bien, Madame la Marquise ». Nous
disposons d’un scénario auquel la décision politique devra répondre ». Si le constat
de la ministre de la Santé d’alors paraissait sans ambiguïté il y a un an, aucun
candidat à l’élection présidentielle n’a souhaité placer la réforme de la dépendance
au cœur de son programme. Pourtant, la prise en charge de l’allongement de
l’espérance de vie constitue un défi économique, démographique et sociétal pour
notre pacte social. Rappelons que si dans 2 ans, la proportion des moins de 20 ans
sera inférieure à celle des plus de 60 ans, le passage du « baby boom » au « papy
boom » nous coûtera plus de 10Mds€/an supplémentaires dès 2040 alors que les
inactifs seront plus nombreux que les actifs. Les chiffres démontrent que nous
devons agir aujourd’hui pour éviter une crise intergénérationnelle demain.
Outre ces défis à relever, il est nécessaire de simplifier une organisation qui propose
une multitude d’intervenants, en d’autres termes : un casse-tête institutionnel pour
les patients. A cela, nous proposons que la CNSA assure un rôle pilote.
Changer les modes de gouvernance, modifier les pratiques des administrations,
instaurer une fiscalité pour assurer le financement des dépenses futures demande du
courage et oblige le politique à tenir un discours de vérité. Bien sûr, il est plus simple
de ne pas évoquer ce défi qui nécessitera inexorablement d’augmenter les impôts
des uns pour financer le droit à vivre dignement des autres.
Aussi plus que les défis que nous avons souhaité soulever, cette réforme nous
renvoie à une question qu’aucun ne devrait occulter: sommes-nous encore prêts à
financer un modèle de développement économique et social où la valeur
« fraternité » constitue un socle inébranlable du « vivre ensemble » ?
21
LEXIQUE
AAH : Allocation aux Adultes Handicapés
ADF : Association des Départements de France
AMDR : Aide à Domicile en Milieu Rural
ANAH : Agence Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat
APA : Aide Personnalisée d’Autonomie
ARDH : Aide au Retour D’Hospitalisation
ARS : Agence Régionales de Santé
CAF : Caisse Nationale d’Allocations Familiales
CCAS : Centre Communal d’Action Social
CDAPH : Commission des Droits et de l’Autonomie des Personnes Handicapées
CESE : Conseil Economique Social et Environnemental de la République
CLIC : Centre Local d’Information et de Coordination
CNAV : Caisse Nationale d’Assurance Vieillesse
CNSA : Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie
CREDOC : Centre de Recherche pour l’Etude et l’Observation des Conditions de vie
DGCCRF : Direction générale de la concurrence
DREES : Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques
EHPAD : Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes
GIR : Groupe Iso Ressources
MAIA : Maison pour l’Autonomie et l’Intégration des malades d’Alzheimer
MDA : Maison Départementale de l’Autonomie
MDPH : Maison Départementale des Personnes Handicapées
MSA : Mutualité Sociale Agricole
SNSA : Syndicat National des Sociétés d’Assurance
SSIAD : Services de Soins Infirmiers A Domicile
UNA : Union Nationale de l’Aide des Soins à Domicile
UNASSAD : l’UNASSAD, aujourd’hui l’UNA
UNCAM : Union Nationale des Caisses d’Assurance Maladie
22
23
Bulletin d’adhésion 2012Nom ............................................................................................................
Prénom ............................................................................................................
Adresse ............................................................................................................
Code postal .........................................Ville .......................................................
Téléphone 03 / _ _ / _ _ / _ _ / _ _ - 06 / _ _ / _ _ / _ _ / _ _
E-mail ............................................................................................................
Date de naissance_ _ / _ _ / _ _ _ _ Profession .......................................................
Le montant de votre cotisation est libre, vous la fixez vous-même à partir de 10€.
J’adhère à l’association «On Lance le Débat» et je joins un chèque de _________€❏ à l’ordre de «On Lance le Débat».
Date et signature obligatoires
A retourner à :« ON LANCE LE DEBAT »Chez M. MOLINATTI Emmanuel52, rue du Cdt Arnaud51100 REIMS
Portable : 06.32.72.35.37 Courriel : emmanuel.molinatti@dbmail.com
Les informations nominatives recueillies sont traitées conformément à la loi du 6 janvier 1978 « Informatique et Liberté ». En application de l’article 27 de cette loi, vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de retrait des données vous concernant en nous contactant.
24
top related