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1 © Tao-entreprise® et entreprise libérée– Diffusion libre mais avec mention d’origine
Laurent CHATEAU / Mai 2016 – www.taoetorganisation.com (Rubrique « Articles »)
« Tao-entreprise® et entreprise libérée :
similitudes et divergences »
Par Laurent CHATEAU
(Auteur de « La Tao-entreprise : Performance globale et harmonie »)
Mai 2016
Thème de l‘article : Une question revient de plus en plus souvent sur le lien qui peut
exister entre la Tao-entreprise® et le mouvement des entreprises libérées : la Tao-
entreprise® est-elle une entreprise libérée ? Les outils de la Tao-entreprise® sont-ils
compatibles avec les entreprises libérées ? Etc. Cet article a pour but de répondre
en partie à ces questions et de décliner l’un des outils de la Tao-entreprise® autour
de ce phénomène managérial émergent et porteur.
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1. Définition de l’entreprise libérée et de la Tao-entreprise®
« Bien nommer les choses ajoute à la beauté du monde » dit le proverbe. Partons
donc de la définition des concepts que l’on souhaite comparer et mieux connaître.
1.1 L’entreprise libérée 1 L’entreprise libérée est un modèle de gouvernance, d’organisation et de
management qui nous provient des Etats-Unis. Harley-Davidson, Sun Hydraulics,
Southwest Airlines, Carnaud Metalbox, Morning Star ou encore W.L.Gore en ont été
les premiers modèles inspiratifs. Ce mouvement s’étend aujourd’hui dans le monde
entier et de grands groupes, quel que soit le secteur d’activité (grande distribution,
énergie, industrie…) commencent à s’y intéresser.
Ce nouveau modèle s’est développé sur l’idée que 9% seulement des salariés sont
réellement engagés dans l’entreprise, c'est-à-dire capable d’innover, de prendre
des initiatives et de mettre leurs compétences (professionnelles et personnelles) au
service du collectif sans qu’on ait besoin de le leur demander. 65% des salariés sont
de gentils suiveurs et près d’un quart de véritables saboteurs d’organisation.
Fort de ce constat, l’entreprise libérée décide de profondément remanier les
pratiques managériales pour obtenir l’engagement du plus grand nombre en
libérant au maximum les énergies et en responsabilisant au maximum les acteurs.
Ses principes fondateurs et motivationnels sont les suivants :
La liberté est au centre : les salariés s'organisent par eux-mêmes. On peut
s’affranchir de la procédure établie si besoin est, on n’est pas soumis à une
validation hiérarchique. Le contrôle n’existe pas, on s’autocontrôle. Le dirigeant
ne vient pas ici censurer, il vient apporter son regard neuf, stratège et englobant.
Il est une ressource.
Le collaborateur est au centre. Honnête, consciencieux, travailleur, compétent…,
l’entreprise libérée fait le pari de l’homme bon. Pour valoriser bien-sûr mais
également supprimer le coût du contrôle managérial et du reporting associé,
simplifier des procédures devenues inutiles. Cette confiance à-priori permet
d’alléger le coût des fonctions support et d’éviter ce qu’on appelle le
management par les 3%, à savoir manager à partir des 3% de salariés peu
consciencieux qui perturbent les 97% restants en leur imposant des procédures et
des contraintes de fonctionnement chronophages, pénibles et coûteuses
Exemple : on ferme le magasin dans les usines et les gants de travail sont en libre-
service. On vient en chercher une paire lorsque les anciens sont usés. Cette
relation adulte-adulte permet d’économiser 3 magasiniers (en 3*8), le manager
et le reporting associés même si quelques paires de gants disparaissent pour le
1 Pour en savoir plus : consulter le livre référence d’Isaac Getz et Brian M. Carney : «Liberté et cie : quand la liberté
fait le bonheur des entreprises».
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jardinage dominical, ça coûtera toujours moins cher que l’ensemble de la
chaîne de contrôle.
Le client est au centre : On pense client à tout moment et chacun essaie de voir
à son niveau comment lui faciliter la vie, améliorer l’offre produit/services de
l’entreprise. Exemples : partir sur le champ régler le problème urgent qu’un client
rencontre, accepter qu’un salarié puisse rembourser un client mécontent dès la
première réclamation…
L’excellence est au centre : l’entreprise libérée cherche à être la meilleure dans
sa catégorie. L’excellence est le principe qui fait nommer les responsables. Seuls
les plus doués et estimés comme tels par les intéressés deviennent chefs d’équipe
ou « animateur ». Le manager n’est pas nommé mais choisi pour ses aptitudes
managériales, son expertise, son leadership, sa légitimité… Chacun fait ce en
quoi il est le meilleur. On cherche à innover en permanence car on sait que c’est
le gage de notre pérennité. Tout le monde peut innover et le droit à l’erreur est
une réalité. On peut même dégager du temps pour travailler sur une idée
spécifique.
L’humilité est au centre : La réussite est nécessairement collective. On évite les
marques ostentatoires de pouvoir (bureau au dernier étage de la tour, chauffeur,
places de parking des dirigeants au plus près des portes d’entrée, intitulés de
fonction ronflants…) qui opposent les dirigeants à leurs équipes. En cas de
difficulté, on demande à la personne la plus concernée : comment feriez-vous ?
On accepte de ne pas tout savoir et l’autre devient un pair, un égal. Comme
l’écrit Isaac Gestz, une entreprise libérée est une entreprise où les managers sont
au service des collaborateurs. Pas le plus simple, cette étape suppose un travail
important en matière de développement personnel notamment en matière de
gestion de l’ego.
La simplicité est au centre : l’entreprise libérée cherche à tout simplifier : les
intitulés de fonction, les organisations (le CODIR est-il toujours utile ?), les
procédures, les relations entre les hommes et les femmes, la relation client ou
fournisseur, les contrôles, la communication etc. On pratique l’auto-régulation
des problèmes. La note de téléphone explose ? On affiche les courbes et on
demande au groupe concerné de trouver par lui-même une solution. Le
management n’a plus à intervenir. Le système s’auto-gouverne et s’auto-régule.
La souplesse est au centre : On opte pour des organisations souples, à taille
humaines. Les horaires comme les congés sont plus flexibles, le télétravail est
rendu possible. On affecte des rôles davantage que des places dans les cases
d’un organigramme qui ont tendance à figer quand l’environnement bouge. A
chacun de se positionner au mieux de ses besoins et de ceux de l’entreprise, de
ses envies et de ses compétences.
La transparence est au centre : On accepte de remonter les problèmes en
réunion plutôt que de ne rien dire… On accepte de parler refonte du système de
rémunération, de partager les décisions.
Le plaisir est au centre : ce n’est pas le cas de toutes les entreprises libérées mais
certaines organisations tentent de travailler sur les conditions de travail avec
parfois des initiatives innovantes : musique, animaux domestiques sur le lieu de
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travail, pratiques de relaxation, agencement des bureaux, gamification des
relations et des événements de groupe etc. Plus largement, cette recherche de
l’autonomie permet de diminuer le coût de l’absentéisme
…
On le voit ici, le modèle de gouvernance des entreprises libérées cherche à alléger
l’organisation, à gagner en agilité, en capacité d’innovation, en plaisir et disons-le,
en humanisation.
Ce modèle basé sur une relation adulte/adulte présente toutefois quelques
difficultés dont il faut avoir conscience :
Son fonctionnement peut ne pas convenir à tout le monde notamment auprès
des collaborateurs qui souhaitent travailler dans des contextes stables et peu
responsabilisants.
Les managers peuvent se sentir déconsidérés ou humiliés s’ils ne sont pas
confirmés dans un rôle d’encadrement ou lorsqu’ils ne retrouvent pas de mission
alternative stimulante ou valorisante. Les cas de démission existent lors du
lancement des démarches « libérantes » notamment de la part de
l’encadrement (« Je ne suis pas venu pour ça », « Ca ne marchera jamais… »).
L’aggiornamento managérial et organisationnel de l’entreprise libérée prend du
temps. En prise avec la culture, l’identité, les valeurs, la vision et les rêves des
individus, ce changement nécessite le charisme d’un leader et la solidarité
durable du Top management. C’est enfin un chemin ardu et redoutable dans le
domaine du travail de l’ego2. Cette variable du temps suppose enfin une relative
pérennité du Top Management qui vient incarner le changement, ce qui est loin
d’être le cas aujourd’hui, en période de forte volatilité managériale.
Malgré ces limites, les entreprises libérées comptent aujourd’hui et en occident
parmi les organisations socio-économiques qui se rapprochent le plus des principes
de la philosophie taoïste et de la Tao-entreprise® que nous allons aborder à présent.
1.2 La Tao-entreprise®3 La Tao-entreprise® est un modèle d’entreprise holistique développé en 2014. En
résonance avec les maux du 21è siècle, elle cherche à répondre à la question de la
finalité des organisations socio-économiques (entreprises, associations,
établissements publics ou para-publics, collectivités…) en s’inspirant des
enseignements de la nature et de la tradition taoïste chinoise. Elle tente de trouver
une issue à l’absurdité de nos sociétés basés sur la brutalité, la démotivation, le
déplaisir, la défiance (les 3D), le court terme, l’incurie, le gaspillage et l’anoémie
(absence de sens). De nombreux outils inédits et opérationnels ont été développés
pour répondre aux questions de gouvernance, d’organisation et de management
2 Lire sur ces questions : « Mon ego, ce héros : 35 techniques pour transformer l’ego en puissance de réalisation et
d’harmonie » Editions Dangles, 2015. 3 Cf Taoetorganisation.com et l’ouvrage éponyme aux éditions Deboeck.
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des décideurs. Selon les outils, ils s’adressent aux individus, aux équipes ou au Top
Management.
Le tableau ci-dessous reprend rapidement les différents outils disponibles :
Le site taoetorganisation.com (http://www.taoetorganisation.com/outils.html)
détaille plus avant chacun de ces outils. Quelques articles en ligne vont plus encore
en profondeur (http://www.taoetorganisation.com/articles.html).
La Tao-entreprise® s’inscrit dans une vision de long terme respectueuse du monde
vivant, des hommes et de l’ensemble des parties prenantes. De nature holistique,
elle se base sur les 18 principes suivants qu’il serait long de décrire en détail : 1)
l’harmonie, 2) l’impermanence, 3) l’interdépendance, 4) la bipolarité, 5) l’en-bas est
à l’image de l’en-haut, 6) le cosmocentrisme, 7) l’unité/immortalité, 8) la nature, 9) la
frugalité, 10) le juste milieu, 11) la simplicité, 12) le non attachement, 13) la
spontanéité/intuition, 14) la bonté, 15) la vérité intérieure, 16) le beau, 17) la joie, 18)
l’ici et le maintenant.
A l’image de la cellule pour l’organe ou de l’organe pour le corps humain, la Tao-
entreprise® considère qu’elle s’insère dans un écosystème dynamique et vivant plus
vaste qu’elle et qu’elle a un rôle à jouer pour tenter de rendre notre territoire de vie
plus harmonieux, plus vivable, plus bienveillant, plus beau etc. Disons-le, à rendre le
monde meilleur. A ce titre, la Tao-entreprise® dispose d’une vision supérieure
supposée servir une triple utilité : l’utilité à elle-même (profitabilité, bonheur au
travail…), l’utilité aux autres (clients, fournisseurs, actionnaires…) et l’utilité au monde
(social, sociétal, environnement…). Parce qu’elle doit donner envie à l’ensemble
des parties prenantes, on l’appelle l’ « Envision ». Cette Envision est le véritable
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patron de la Tao-entreprise®. Elle est supposée à ce titre arbitrer les choix
d’investissement, les orientations stratégiques, les décisions terrain etc. Des exemples
d’Envision sont donnés dans l’article cité ainsi que dans l’ouvrage de référence.
La Tao-entreprise® s’inspire par ailleurs de 41 enseignements de la nature (Le
Benchmarking de la nature) pour guider ses comportements en matière de
gouvernance, d’organisation ou de management. A la croisée de la finalité de
l’Envision, de la gouvernance, de l’organisation et du management, on retrouve les
dimensions cardinales classiques que sont l’ambition, les valeurs, les missions, et les
objectifs.
Tout cela forme ce qu’on appelle un Tao-projet© qui s’inscrit dans le présent et peut
se représenter un peu à la manière de la roue de DEMING, bien connue des
qualiticiens et des partisans de l’amélioration continue :
En résumé, l’Envision fonde la triple utilité, à soi, aux autres et au monde de
l’entreprise. Le paradigme fondateur est inverse à celui établi par Peter Drucker dans
les années 70. Ce n’est pas parce que l’entreprise fait des profits qu’elle peut être
utile au monde. C’est parce qu’elle se veut utile au monde que l’entreprise se doit
de faire des profits. Cette logique inversée est à la base de l’Envision et explique que
la Tao-entreprise® se pense fondamentalement comme une entreprise du
POURQUOI et non du COMMENT. Cette finalité supérieure engendre un sentiment
très fort d’appartenance, de valeurs et de motivation du corps social. L’agilité,
l’innovation, la coopération sont alors au rendez-vous ainsi que la performance. On
s’inscrit alors dans la philosophie chinoise selon laquelle l’excellence n’est pas un
objectif mais une conséquence.
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Pour en savoir plus, on pourra consulter l’article en ligne suivant
(http://www.taoetorganisation.com/wa_files/Qu_27est-ce_20que_20la_20Tao-
entreprise.pdf) ou mieux encore, consulter l’ouvrage de référence
(https://www.amazon.fr/Tao-entreprise-Performance-globale-
harmonie/dp/2804184005). Un réseau de Tao-Consultants©
(https://www.google.com/maps/d/viewer?mid=1hBPvLVJzJH5qSNsh49qXW6Igkpc)
certifiés est également à la disposition des dirigeants et des managers pour
approfondir ces notions.
2. Comparaison de l’entreprise libérée avec la Tao-entreprise®
Examinons rapidement les points d’accord et de divergence entre la Tao-
entreprise® et les entreprises libérées.
2.1 L’approche par les 18 principes taoïstes
Si les 18 principes taoïstes étaient un clavier, une entreprise traditionnelle n’utiliserait
qu’une à deux touches du clavier. On peut considérer que l’entreprise libérée en
active de 12 à 14 ce qui est déjà une excellente performance. La Tao-entreprise®
de son côté cherche à activer l’intégralité de la gamme des leviers que lui propose
la nature. Elle ajoute notamment aux entreprises libérées l’inspiration de la nature, la
recherche de la beauté, le travail de l’intuition, une bienveillance interne et externe
qui n’est pas toujours présente au sein des entreprises libérées. Le tableau ci-dessous
tente de décrire cette idée.
Principes taoïstes
Modèle organisationnel 1.
Ha
rmo
nie
2.
Imp
erm
an
en
ce
3.
Inte
rdé
pe
nd
an
ce
4.
Bip
ola
rité
5.
En
ba
s =
en
ha
ut
6.
Co
sm
oce
ntr
ism
e
7.
Un
ité
8.
Na
ture
9.
Fru
ga
lité
-No
n a
gir
10
. V
oie
ju
ste
mil
ieu
11
. S
imp
licit
é
12
. Lib
ert
é,
ca
lme
13
. S
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uté
17
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ie
18
. Ic
i e
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ain
ten
an
t
TOTAL
L’entreprise « classique » 1-2
Les entreprises « libérées » 12-13
La Tao-entreprise 18
2.2 L’approche par les principes de l’entreprise libérée
Si on s’inspire des principes structurants de l’entreprise libérée, on peut tenter le
rapprochement suivant :
Principes de
l’entreprise libérée
Entreprise
libérée
Tao-
entreprise®
Commentaires
La liberté est au
centre
Oui Oui La liberté est au cœur de la philosophie taoïste. C’est
notamment l’une des traductions du principe
« Spontanéité/Intuition », « Liberté/Calme ».
Le collaborateur est au Oui Oui La bonté est l’un des 18 princes taoïstes. L’homme est le
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centre, pari de
l’homme bon
trait d’union entre la terre et le Ciel, entre l’Envision et le
terrain.
Le client est au centre Oui Oui Le client fait partie de la 2è utilité.
L’excellence est au
centre
Oui Oui L’excellence est une conséquence et non un objectif.
Elle est à la croisée de principes comme « Ici et
maintenant », « Spontanéité/intuition »,
« interdépendance », frugalité/Non agir »,..
L’humilité est au
centre
Oui Oui L’humilité est l’une des 5 vertus taoïstes.
La simplicité est au
centre
Oui Oui La simplicité est le 11è principe taoïste.
La souplesse est au
centre
Oui Oui Les principes taoïstes de référence sont la « Bipolarité »
et « Ici et maintenant ».
La transparence est au
centre
Oui Oui Pricnipes taoïstes : « Vérité intérieure », « nature »,
« Harmonie », « Unité » etc.
Le plaisir est au centre Oui Oui La joie est 17è principe taoïste.
Finalement, on pourrait être tenté de dire que Tao-entreprise® et entreprise libérée
sont identiques. Insistons donc de manière très synthétique sur les différences les plus
notables :
Où est la 3è utilité, où est le sens ? L’entreprise libère mais sans nécessairement se
référer à l’Envision, à une finalité supérieure. De fait, sans vision et leader
charismatique durable, l’entreprise libérée peut rester dans la logique du
« Comment » et ne pas accéder à l’entreprise du « Pourquoi » supposée remotiver les
collaborateurs, doper les résultats mais surtout améliorer le monde dans lequel on se
trouve. Une entreprise libérée sans vision ne permet pas de sortir de l’ « absurdité du
monde ». C’est là une différence fondamentale et ontologique entre les deux
démarches.
Où sont la nature, le beau, la bienveillance, l’intuition et le travail du corps ? On
trouve ici, on l’a vu rapidement, des dimensions importantes dans la culture taoïste
et qui manquent cruellement au paradigme libéré. Les réponses de la Tao-
entreprise® sur ces sujets sont multiples et dépassent le cadre strict de cet article.
A la toute fin, la question reste la suivante : l’entreprise libérée contribue-t-elle à
rendre les hommes et les femmes plus heureux ? Contribue-t-elle à l’harmonie du
monde ? Selon les cas, il n’est pas sûr que ce soit le cas, preuve s’il en est que
l’harmonie n’est pas forcément la finalité du mouvement « libératoire ». Ici comme
ailleurs, libérée ou pas, c’est l’intention du dirigeant qui déterminera si l’entreprise
tente (ou pas) d’apporter sa pierre à l’édifice de la construction d’un monde
meilleur.
De manière plus précise, on pourrait s’interroger sur la déclinaison possible des outils
de la Tao-entreprise® au modèle proposé par l’entreprise libérée. L’outil POOC
pourrait en être une belle illustration.
3. Le modèle POOC s’applique-t-il à l’entreprise libérée ?
Cette question nous est de plus en plus souvent posée.
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3.1 Qu’est-ce que le modèle POOC ? Le modèle POOC est l’un des outils de la Tao-entreprise®. POOC signifie « Problème-
Origine-Organes-Cycles ». Il vise à soigner les dysfonctionnements de l’entreprise
comme un corps humain à partir de l’une des plus anciennes médecines du
monde : la médecine traditionnelle chinoise. Cette médecine holistique utilise
notamment un modèle éprouvé depuis 2500 ans appelé la théorie des 5 éléments
qui pose, pour faire TRES court, que les 5 organes du corps humain (Cœur, rate,
poumons, reins et foie) s’engendrent et se contrôlent mutuellement.
Comme la tradition l’a fait pour l’Empire de Chine en son temps, la Tao-entreprise®
suggère que le protocole thérapeutique, destiné à soigner et maintenir l’harmonie
d’une organisation est le même que pour celui d’un être humain. On pose ainsi par
équivalence que le Cœur est la Direction (Gardien du sens et de l’ambition), la Rate
est la DRH et la ligne managériale (Gardien des hommes, de la motivation et des
compétences), les Poumons représentent la DAF, la Direction juridique et
informatique (Gardien de la sécurité intérieure), les Reins la R&D, le marketing
stratégique, la fabrication et la logistique (Gardien de la réalisation et éclaireur de
l’avenir) et le Foie les forces de ventes, la com et le marketing opérationnel (Gardien
des ventes et de l’image). Dans le cas d’une entreprise classique, on dispose alors
du logigramme suivant :
Le fonctionnement du modèle est dans ce cas précis assez simple à appliquer. En
cas de problème (P) (baisse des ventes, perte de compétitivité, dégradation de la
qualité produite, hausse des réclamations clients etc.), on regarde si l’origine (O) du
problème est interne ou externe, puis on regarde quel est l’organe (O) impliqué dans
le problème. On fait ensuite tourner les cycles (C) d’engendrement et de contrôle
propre à la théorie des 5 éléments pour connaitre l’origine réelle des troubles
constatées dans l’entreprise. Cas le plus facile, une baisse des ventes par exemple
concerne en priorité l’organe du Foie. Mais l’origine de la baisse des ventes peut
être trouvée du côté de la R&D (Reins), des finances (Poumons) ou de la
gouvernance (Cœur) de l’entreprise ou de tous ces organes simultanément.
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Le modèle POOC se complexifie dans le cas d’une entreprise délégatrice.
Imaginons une entreprise décentralisée qui donnerait délégation de décision à
chaque niveau d’organisation (Tête de Groupe, Business-Unit, équipes) pour le
champ de compétence qui est le sien. L’origine des causes pour la résolution des
problèmes et la recherche d’harmonie seraient alors à trouver au niveau de chaque
maille décisionnelle. C’est ce que traduit le schéma ci-dessous.
Dans le cas de l’entreprise libérée enfin, on ne peut tenter de rechercher une
analyse des causes dans un quelconque groupe constitué puisque chaque individu
est à la fois Foie-vendeur (des produits et services de l’entreprise ), donne le cap et
la direction à son action (Cœur-Direction), se gère sur le plan managérial et se
contrôle (Rate-RH), fixe son cadre budgétaire (Poumons-Finances), fabrique et se
trouve à l’origine de sa propre innovation de process ou de veille du marché (Reins-
R&D). Dans une entreprise libérée, chaque salarié devient ainsi une micro-entreprise
ou une entreprise intégrée qui cumule chacun des rôles organiques d’une entreprise
traditionnelle. Le système est devenu un système holistique atomisé.
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De fait et on le comprend facilement, les ressorts de l’harmonie et de la
performance d’une entreprise qui dispose déjà d’une vision établie et partagée sont
à rechercher en priorité du côté de la psychologie, du développement personnel et
du travail sur l’ego. A ce titre, la lecture du livre « Mon ego, ce héros »4 lui serait
hautement profitable.
Laurent CHATEAU
(Mai 2016)
***
Vous pouvez retrouver Laurent CHATEAU sur son site : www.taoetorganisation.com
ou le contacter par mail : contact@taoetorganisation.com
4 « Mon ego, ce héros : 35 technique pour transformer l’ego en puissance de réalisation et d’harmonie ». Editions
Dangles. 2015
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