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ADMINISTRATION DE LA REVUE Direction
Arsène DJAKO, Professeur Titulaire à l'Université Alassane OUATTARA (UAO)
Secrétariat de rédaction
Joseph P. ASSI-KAUDJHIS, Professeur Titulaire à l'UAO
Konan KOUASSI, Maître de Conférences à l'UAO
Dhédé Paul Eric KOUAME, Maître-Assistant à l'UAO
Yao Jean-Aimé ASSUE, Maître-Assistant à l'UAO
Zamblé Armand TRA BI, Maître-Assistant à l'UAO
Kouakou Hermann Michel KANGA, Assistant à l’UAO Comité scientifique
HAUHOUOT Asseypo Antoine, Professeur Titulaire, Université Félix
Houphouët Boigny (Côte d'Ivoire)
ALOKO N'Guessan Jérôme, Directeur de Recherches, Université Félix
Houphouët Boigny (Côte d'Ivoire)
AKIBODÉ Koffi Ayéchoro†, Professeur Titulaire, Université de Lomé (Togo)
BOKO Michel, Professeur Titulaire, Université Abomey-Calavi (Benin)
ANOH Kouassi Paul, Professeur Titulaire, Université Félix Houphouët Boigny
(Côte d'Ivoire)
MOTCHO Kokou Henri, Professeur Titulaire, Université de Zinder (Niger)
DIOP Amadou, Professeur Titulaire, Université Cheick Anta Diop (Sénégal)
SOW Amadou Abdoul, Professeur Titulaire, Université Cheick Anta Diop
(Sénégal)
DIOP Oumar, Professeur Titulaire, Université Gaston Berger Saint-Louis
(Sénégal)
WAKPONOU Anselme, Professeur HDR, Université de N'Gaoundéré
(Cameroun)
KOBY Assa Théophile, Maître de Conférences, UFHB (Côte d'Ivoire)
SOKEMAWU Koudzo, Professeur Titulaire, UL (Togo)
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EDITORIAL La création de RIGES résulte de l’engagement scientifique du Département de
Géographie de l’Université Alassane Ouattara à contribuer à la diffusion des
savoirs scientifiques. RIGES est une revue généraliste de Géographie dont
l’objectif est de contribuer à éclairer la complexité des mutations en cours issues
des désorganisations structurelles et fonctionnelles des espaces produits. La
revue maintient sa ferme volonté de mutualiser des savoirs venus d’horizons
divers, dans un esprit d’échange, pour mieux mettre en discussion les problèmes
actuels ou émergents du monde contemporain afin d’en éclairer les enjeux
cruciaux. La dynamique paysagère, la gestion foncière, la distribution des produits
vivriers, l’insécurité urbaine, les migrations, l’intégration des gares routières dans le
tissu urbain, le développement local, les questions sanitaires ont fait l’objet
d’analyse dans ce présent numéro. RIGES réaffirme sa ferme volonté d’être au
service des enseignants-chercheurs, chercheurs et étudiants qui s’intéressent
aux enjeux, défis et perspectives des mutations de l’espace produit, construit,
façonné en tant qu’objet de recherche. A cet effet, RIGES accueillera toutes les
contributions sur les thématiques liées à la pensée géographique dans cette
globalisation et mondialisation des problèmes qui appellent la rencontre du
travail de la pensée prospective et de la solidarité des peuples.
Secrétariat de rédaction
KOUASSI Konan
COMITE DE LECTURE
KOFFI Brou Emile, Professeur Titulaire, UAO (Côte d'Ivoire)
ASSI-KAUDJHIS Joseph P., Professeur Titulaire, UAO (Côte d'Ivoire)
BECHI Grah Félix, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)
MOUSSA Diakité, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)
VEI Kpan Noël, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)
LOUKOU Alain François, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)
TOZAN Bi Zah Lazare, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire)
ASSI-KAUDJHIS Narcisse Bonaventure, Maître de Conférences, UAO
(Côte d'Ivoire)
KOFFI Yao Jean Julius, Maître de Conférences, UAO (Côte d'Ivoire).
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Sommaire
BOUKPESSI Tchaa, ADRIKA Nafiou, KOUMOI Zakariyao
Dynamique de la végétation et état actuel de la flore du plateau de l’Adélé (Centre-Togo)
7
Sylvestre Abiola CHAFFRA, Toussaint Olou LOUGBEGNON, Jean Timothée Claude CODJIA
Analyse de la distribution de l’avifaune du Bénin en relation avec les différents écosystèmes : essai cartographique et perspectives de conservation des habitats d’intérêt écologique
25
KOFFI Kan Emile, KOUASSI Kouamé Julien, ETTIEN Zénobe N’dadja
Mutations paysagères dans la forêt classée de Foro-Foro (Centre, Côte d’Ivoire) dans une région en crise
50
OUREGA Kouessi Remi Stephane, KONAN Kouadio Eugène, KOLI BI Zuéli
Occupation de l’espace dans un contexte d’évolution démographique dans la sous-préfecture de Korhogo (Côte d’Ivoire)
65
BA Aïcha Idy Seydou Wally, DIOUF Adama Cheikh, CISSOKHO Dramane
Analyse des modes de gestion foncière dans le delta du fleuve Sénégalo : exemple des communes de Diama, Gandon et Ronkh
77
Moussa TOURE, Siaka DOUMBIA
Analyse de la gestion coutumière des espaces agricoles dans le cercle de Dioïla au Mali
88
KONAN Kouamé Hyacinthe
La gestion participative, une solution à l’orpaillage clandestin au nord de la Côte d’Ivoire
105
THIOR Mamadou, SANE Tidiane, MBALLO Issa, BADIANE Alexandre, SY Oumar, DESCROIX Luc
Contraintes à la production rizicole et reconversion socioéconomique dans la commune de Diembering (Sénégal)
118
Codjo Clément GNIMADI Rôle des coopératives de producteurs d’ananas dans la réduction de la pauvreté dans la commune d’Allada au sud du Bénin
133
5
DIALLO Mary, COULIBALY Katchenin Aminata, ASSUÉ Yao Jean-Aimé
Contributions des femmes rurales aux ressources des ménages dans les Sous-préfectures de Boundiali et de Siempurgo (Nord, Côte d’Ivoire)
148
KOUMAN Kouassi Alain, KOUASSI Patrick Juvet, GOGBE Téré
Action municipale et développement de la ville de Man (ouest de la Côte d’Ivoire)
162
Lamourdja BIALI, Iléri DANDONOUGBO, Komi N’KERE
Les facteurs de l’insécurité à Lomé dans un contexte de croissance urbaine
179
KAKOU Golly Mathieu, KOUAME Carine Natacha, AMAND M’boh Serge
La gare routière de Bonoua et ses implications socio-économiques et environnementales
197
GBANFLIN N’dri Amos, ALOKO-N’guessan Jérôme
Insertion des gares routières spontanées dans le tissu urbain de Yopougon (Abidjan, Côte d’Ivoire)
214
Ibrahima Faye DIOUF, Mamadou Bouna TIMERA, Papa SAKHO
Migration de retour des diplômés sénégalais de France et investissement citoyen au Sénégal
231
SAMAKE Charles, FOFANA Sory Ibrahima
Analyse des déterminants de la mortalité des enfants de 0 à 5 ans dans la commune rurale de Miena/cercle de Koutiala (Mali)
245
KOUAME Koffi Fiacre, KOUAME Dhede Paul Éric, LOUKOU Alain François, DJAKO Arsène
Les disparités d’usage éducatif du smartphone dans les établissements secondaires de la région de la Marahoué (Centre-Ouest, Côte d’Ivoire)
261
MAFOU Kouassi Combo
Migrations agricoles à Bonon: de la fin des mouvements d’aller-retour à la sédentarisation des populations
278
YEBOUE Konan Thiéry St Urbain
Problématique de la consommation du riz importé dans les bassins de production du riz local du centre de la Côte d’Ivoire
293
6
Philippine SONON, Abou-Bakari IMOROU
Santé publique et sciences sociales : quels apports, quelle convergence pour la compréhension des difficultés d’appropriation de l’offre contraceptive biomédicalisée à Zè (Sud-Bénin) ?
312
Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 7 Décembre 2019, ISSN 2521-2125
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LES DISPARITÉS D’USAGE ÉDUCATIF DU SMARTPHONE DANS LES
ÉTABLISSEMENTS SECONDAIRES DE LA RÉGION DE LA MARAHOUE
KOUAME Koffi Fiacre
Doctorant, Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire)
Courriel : kkfiacre32@gmail.com
KOUAME Dhede Paul Éric
Maître-Assistant, Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire)
Courriel : dhedepaul@yahoo.com
LOUKOU Alain François
Maître de conférences, Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire)
Courriel : alain_loukou@hotmail.com
DJAKO Arsène
Professeur Titulaire, Université Alassane Ouattara (Bouaké, Côte d’Ivoire)
Courriel : djakoarsene@yahoo.fr
Résumé
La transformation des techniques d’apprentissage avec le numérique devient de plus
en incontournable face à l’expansion de la téléphonie mobile. En Côte d’Ivoire,
comme dans beaucoup de pays du monde, les téléphones mobiles seraient
incompatibles avec l’enseignement pourtant la génération adolescente actuelle est
fortement ancrée dans la technologie. Malgré l’interdiction de l’utilisation des
téléphones portables dans les établissements secondaires de la région de la
Marahoué, les élèves ont recours à leurs smartphones pour apprendre. Cependant, le
recours à ces technologies mobiles dans ces établissements révèle une série de
disparités. Cette étude vise à montrer les fronts d’inégalité persistant au niveau de
l’usage éducatif du smartphone dans les écoles secondaires de cette localité. Pour la
réalisation de cette étude, l’approche méthodologique a porté sur la littérature grise
et sur des enquêtes de terrain. Les résultats révèlent que le smartphone est utilisé à
des fins éducatives. Par ailleurs, l’usage éducatif du smartphone reste encore
inégalitaire à cause de plusieurs facteurs liés aux lieux de résidence, aux conditions
socioéconomiques et culturelles, et à l’attitude des élèves ainsi qu’à la politique
éducative.
Mots-clés : Diffusion, Téléphonie mobile, Apprentissage mobile, Educatif,
Smartphone, fracture numérique, région de la Marahoué.
Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 7 Décembre 2019, ISSN 2521-2125
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Abstract
The transformation of learning techniques with the digital becomes more and more
essential in the face of the expansion of mobile telephony. In Côte d'Ivoire, as in
many countries of the world, mobile phones would be incompatible with teaching
yet the current teenage generation is strongly anchored in technology. Despite the
ban on the use of mobile phones in secondary schools in the Marahoué region,
students use their smartphones to learn. However, the use of these mobile
technologies in these establishments reveals a series of disparities. This study aims to
show the fronts of persistent inequality in the educational use of the smartphone in
secondary schools of this locality. To carry out this study, the methodological
approach focused on gray literature and on field surveys. The results reveal that the
smartphone is used for educational purposes. In addition, the educational use of the
smartphone remains unequal because of several factors related to the place of
residence, the socio-economic and cultural conditions, and the attitude of the pupils
as well as the educational policy.
Keywords: Diffusion, Mobile telephony, mobile learning, Educational, Smartphone,
Digital divide, Marahoué region.
Introduction
Les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC), en particulier les
téléphones portables, influencent toutes les activités humaines, y compris celle de
l’éducation. Ils ont révolutionné ces dernières années la manière d’apprendre (M.
AMRI, p. 139). La technologie mobile, singulièrement le téléphone portable peut
permettre notamment d’étendre et d’enrichir les possibilités éducatives des
apprenants en accédant aux informations, aux ressources éducatives, en se
connectant aux autres, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de la salle de classe
(UNESCO, 2013, p. 21). Les technologies mobiles semblent particulièrement bien
placées pour venir en aide aux écoles et aux systèmes scolaires plus pauvres qui
possèdent rarement des ordinateurs équipés de bonne connexion Internet (UNESCO,
2012, p. 14). L’intégration du numérique, en l’occurrence les téléphones portables,
dans les méthodes d’enseignement et les techniques d’apprentissage est vivement
recommandée par les institutions internationales (OCDE, 2015, p. 555 ; UNESCO,
2015, p. 52). Pour ces institutions, les TIC ont le pouvoir de compléter, d’enrichir et
de transformer positivement l’éducation. Ainsi dans le discours politique africain, les
TIC sont considérées comme le levier d’une avancée prodigieuse de l’éducation (W.
Z. TIEMTORE, 2006, p. 32). Cependant, l’apprentissage mobile souffre d’une image
négative (UNESCO, 2012, p. 8). Pour beaucoup d’éducateurs, de parents et
d’enseignants, le téléphone mobile n’a pas sa place à l’école, car il est potentiellement
nocif pour les élèves. Pourtant, le téléphone portable, produit emblématique de notre
Revue Ivoirienne de Géographie des Savanes, Numéro 7 Décembre 2019, ISSN 2521-2125
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ère, a révolutionné les moyens de communications. Cet appareil connait un essor
sans précédent au cours de ces 15 dernières années, y compris en Afrique (A. O.
MBA, 2017, p. 92). La téléphonie mobile en Afrique et particulièrement en Afrique de
l’Ouest connait une évolution dynamique irréversible. De 122 millions en 2012 avec
37% de taux de pénétration, le nombre d’abonnés uniques a atteint 185 millions en
2018 avec 48% de taux de pénétration (GSMA, 2018, p. 7). Cette progression est
portée par le développement du multi-SIM, par des offres d’abondance
promotionnelle, par la baisse des tarifs de communication et du coût des terminaux,
par l’extension de la couverture des réseaux mobiles et par l’introduction des
services mobile 3G (A. CHENEAU-LOQUAY, 2010, p. 4). En Côte d’Ivoire, le nombre
d’abonnés à la téléphonie mobile s’est accru de 6 millions d’abonnés sur la période
de 2016-2017, pour dépasser les 30 millions d’abonnés à la fin de 2017
(ABIDJAN.NET, 2018). Le taux de pénétration de la téléphonie mobile au 31
décembre 2018 est de 134% (ARTCI, 2019). Cette progression exponentielle du
téléphone mobile en général et du smartphone en particulier s’est progressivement
insérée clandestinement dans le paysage scolaire ivoirien. Malgré l’interdiction de
l’utilisation du téléphone portable à l’école, les élèves des établissements secondaires
de la région de la Marahoué s’adonnent à une kyrielle de pratiques éducatives avec
leurs smartphones. Il s’observe également entre ces élèves une disparité liée à l’usage
éducatif du smartphone dans la région de la Marahoué. Qu’est ce qui explique cette
inégalité dans l’apprentissage mobile chez les élèves du secondaire de la région de la
Marahoué ? La présente étude vise à faire un diagnostic de l’usage éducatif du
smartphone et de mettre en évidences les facteurs explicatifs de l’inégalité liée à
l’usage éducatif du smartphone chez les élèves du secondaire de la région de la
Marahoué.
1. Le cadre théorique, les matériels et méthodes de recherche
1.1. Le cadre théorique
Afin de mieux appréhender ce fait scolaire préoccupant, la présente étude se réfère à
la théorie du déterminisme technologique, à la théorie de l’anomie et au modèle
d’utilisation éducative des téléphones portables.
1.1.1. La théorie du déterminisme technologique
Selon M. MAC LUHAN (1950, cité par P. N. KADJA, 2015, p. 66), les enfants
subissent souvent les médias, car on ne leur donne aucun outil de recul et d’analyse
de comportements. Le téléphone mobile est sans conteste l’un des médias dominants
dans notre société. Aussi, son influence sur les élèves est la chose la plus perceptible
dans les écoles. Cette théorie est ici, une efficace clef de lecture et d’illustration de la
question de l’usage du téléphone mobile à l’école.
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1.1.2. La théorie de l’anomie
La théorie de l’anomie est initiée par E. DURKHEIM (1991, cité par V. AILLET et al.,
2000, p. 19) pour révéler un défaut ou une carence d’adaptation ou encore de
régulation au sein d’un système social en transformation. C’est l’absence ou
l’insuffisance de règlementation sociale dans les relations qui crée cet état anomique.
Ce présent article s’adosse sur cette théorie qui renvoie à l’absence de normes et de
règles. L’individu ne trouve pas les possibilités d’atteindre un objectif défini. Cette
« anomie » nous amène à une déficience des règles et une perte des repères. Du coup,
l’individu ne sait pas comment orienter sa conduite. Elle vient du décalage entre les
objectifs que la société va valoriser et les moyens que les individus ont pour les
réaliser. Pour lui, du fait de l’absence de moyens donnés aux membres de la société
pour réaliser certaines fins, des déviances apparaissent. L’un des problèmes de
l’usage éducatif du téléphone mobile est l’absence de cadre formel codifié par les
décideurs que l’on pourrait interpréter comme l’absence de moyens donnés aux
élèves en vue d’un meilleur usage du téléphone mobile.
1.1.3. Cadre théorique de l’évaluation de l’utilisation éducative des téléphones
portables
Le cadre théorique est construit dans le but d’expliquer un seul problème précis. En
effet, pour évaluer le niveau d’utilisation des téléphones portables à des fins
d’apprentissage, ce travail prend appui sur le modèle d’utilisation des téléphones
portables à des fins d’apprentissage pour débutants (MUTAD). Ce modèle, proposé
par T. KARSENTI et al. (2015, p. 71) constitue l’un des rares modèles disponibles
dans le domaine de l’apprentissage mobile (figure 1).
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Figure 1 : Modèle d’utilisation des téléphones portables à des fins d’apprentissage
pour débutants (MUTAD)
Source : T. KARSENTI et al., 2015, p. 71
Le MUTAD permet de visualiser l’ensemble des types d’usage des technologies
mobiles dans les écoles. Le MUTAD a répertorié quatre catégories d’usage à savoir :
l’usage des téléphones portables pour la recherche documentaire (consultation des
sites relatifs à des sujets d’intérêt ; consultation des bibliothèques en ligne ;
consultation des blogs éducatifs, etc.) ; l’usage des téléphones portables pour le
partage d’informations et de ressources (messagerie et consultation des réseaux
sociaux numériques) ; l’usage des téléphones portables comme support didactique
(enregistrer les cours ; noter les explications en cours ; réaliser des exercices) et enfin
l’usage des téléphones à des fins ludiques (« chatter » ; jeux en ligne). Ces catégories
d’usages conduisent directement au savoir. Mais en recourant aux technologies
mobiles, l’apprentissage s’en trouve certainement accru. Les usages qui composent
chacune des quatre catégories sont basiques, simples et faciles à réaliser. Ils sont à
fort impact cognitif et grandement bénéfiques pour l’apprentissage de divers savoirs
(C. SHULER, 2009 cité par T. KARSENTI et al., 2015, p. 72). Il peut sembler
surprenant de trouver sur le MUTAD, les jeux en ligne. Cela s’explique bien au
regard de la charge cognitive des jeux, de leurs effets avantageux pour la mémoire
ainsi que de la culture de la concentration. En effet, les jeux en ligne peuvent
également faire partie des ressources pédagogiques utiles et nécessaires à
l’apprentissage. Ce modèle est également préconisé pour une utilisation judicieuse
des téléphones portables et des tablettes dans les systèmes éducatifs des pays en voie
de développement.
1. Recherche documentaire
2. Partage d’information et de
ressources
3. Comme support didactique
4. À des fins ludiques
Téléphones mobiles
Apprentissage
Savoir
4 types d’usage Apprenant
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1.2. Matériels
Le cadre géographique de notre étude est la région de la Marahoué, région située au
centre-ouest de la Côte d’Ivoire (Carte 1). Elle est limitée au Nord par la région du
Béré, au Sud par la région du Gôh, à l’Est par les régions du Gbêkè et du Bélier et à
l’Ouest par la région du Haut-Sassandra. La région de la Marahoué avec pour chef-
lieu la ville de Bouaflé est située à 7°10 de la latitude nord et 5°49 de la longitude
ouest. Selon le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) en 2014,
la région de la Marahoué compte 862 344 habitants répartis dans trois départements,
à savoir, Bouaflé, Sinfra et Zuenoula. Elle regroupe par ailleurs, cinquante-cinq (55)
établissements d’enseignement secondaire, dont 38 privés et 17 publics qui
dépendent de la Direction Régionale de l’Éducation Nationale, de l’Enseignement
Technique et de la Formation Professionnelle (DRENET-FP) de Bouaflé.
Carte 1: Localisation de la région de la Marahoué et des établissements
d’enseignement secondaire sélectionnés
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1.3. Méthodes de collecte de données
Pour le choix des écoles, la méthode de choix raisonné a été utilisée. La possession
d’une salle numérique (informatique ou multimédia) a été l’indicateur qui a guidé le
choix des écoles retenues. Sur cette base, huit sur cinquante-cinq (08/55)
établissements d’enseignement secondaire dont trois sur trente-huit (03/38) privés et
cinq sur dix-sept (05/17) publics ont été obtenus. Le tableau 1 répertorie les écoles
ayant servi de base de sondage pendant la phase d’enquêtes.
Tableau 1: Choix des établissements à enquêter dans la région de la Marahoué
Source : SELC 2 et DEEP, DRENET Bouaflé, Avril 2018
Cette étude s’inscrit dans une approche méthodologique à visée qualitative et
quantitative. Deux méthodes de collectes de données ont permis d’atteindre nos
objectifs. La première est le parcours de la littérature grise afin de mieux
appréhender quelques notions de notre sujet (Usage éducatif des TIC, Apprentissage
mobile, l’anomie, etc.). La deuxième est fondée sur les procédés empiriques de
recherche. Il s’agit d’une part d’une observation directe sur le terrain pour nous
imprégner des finalités d’utilisation du téléphone portable par les élèves et les écarts
dans ces usages dans la région de la Marahoué. D’autre part, une enquête par
entretien (entretien semi-directif) a été menée auprès des administrateurs
d’établissements et des enseignants. L’enquête par questionnaire, en tant que
méthode quantitative, est appliquée aux élèves de la classe de 3ème et de terminale en
prenant en considération la localisation, le sexe et le type d’établissement (privé ou
public). La détermination de l’échantillon des élèves repose sur les données du
service des lycées et collèges du second degré (SELC 2) pour le public et de la
direction pour l’encadrement des établissements privés (DEEP) pour le secteur privé
de la DRENET-FP de Bouaflé (2017-2018). Ainsi, sur une population mère (n) de
6769 élèves, un prélèvement aléatoire a été effectué à partir de la méthode des quotas.
Dans cette optique, 300 élèves répartis par genre ont été enquêtés (tableau 2). Par
ailleurs, la base de sondage mentionne 2374 élèves filles soit 35,07%. Pour le
traitement cartographique des données collectées, le logiciel ArcGIS 10.2 a été utilisé.
Critères
Établissements
Types
d’établisseme
nt
Salle informatique ou
multimédia
Lycée moderne Excellence Bouaflé (LYMEXB) Privé Salle multimédia
Collège Privé Olympe zuenoula (CPOZ) Privé Salle informatique
Collège les Cactus Bonon (CCB) Privé Salle informatique
Collège Mod. Charles Koffi Diby (CMCKD) Public Salle multimédia
Lycée moderne 2 Bouaflé (LM2B) Public Salle multimédia
Lycée HKB sinfra (LHKBS) Public Salle multimédia
Lycée moderne Zuenoula (LMZ) Public Salle informatique
Lycée moderne BAD Gohitafla (LMBADG) Public Salle informatique
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L’expression des données sous forme de figure a été possible grâce à l’utilisation du
logiciel Microsoft Excel 2010.
Tableau 2 : Échantillon des élèves de 3ème et de Terminale à enquêter par genre et
par établissement
Source : SELC 2 et DEEP, DRENET Bouaflé, Avril 2018
2. Résultats
2.1. Diagnostic de l’usage éducatif des smartphones par les élèves du secondaire
de la région de la Marahoué
Dans les établissements secondaires de la région de la Marahoué, des élèves
s’adonnent à quatre types d’activités liées à l’usage des smartphones dans leurs
apprentissages (figure 1).
Figure 1 : Les types d’activités éducatives réalisées avec les smartphones par les
élèves
Source : Nos enquêtes, Mai 2018
La figure 1 révèle que dans l’ensemble, 60,33% d’élèves ont recours aux smartphones
à des fins ludiques, 52% d’élèves affirment utiliser le smartphone pour le partage
Etablissements privés et publics
Effectif des élèves
3ème et Tle
Échantillon des élèves
enquêtés
H F T H F T
LYMEXB 405 289 694 19 13 31
CPOZ 519 287 873 26 13 39
CCB 519 287 806 23 13 36
CMCKD 343 252 595 15 11 26
LM2B 493 315 808 22 14 36
LHKBS 870 473 1343 39 21 60
LMZ 668 284 952 29 13 42
LMBADG 511 187 698 23 8 31
TOTAL 4328 2374 6769 195 105 300
43%
52%
2,67%
60,33%
0% 10% 20% 30% 40% 50% 60% 70%
Recherche documentaire
Partage d'information et de ressources
Usage comme support didactique
Usage à des fins ludiques
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d’informations et de ressources, 43% d’élèves utilisent cet appareil pour la recherche
documentaire et 2,67% d’élèves l’utilisent comme support didactique. L’usage du
smartphone à des fins ludiques est davantage pratiqué à cause de son caractère
divertissant. Par contre, l’usage du smartphone comme support didactique est une
activité très peu pratiquée par rapport aux autres à cause de son interdiction dans les
écoles. Malgré cette interdiction, quelques rares élèves, comme au Lycée moderne 2
de Bouaflé (LM2B), utilisent leurs smartphones de façon informelle et illégale en
classe (Planche 1).
Planche 1 : Des élèves en situation d’illégalité d’usage du Smartphone au LM2B
Auteur : KOUAME Fiacre, Octobre 2019
La planche 1 montre des élèves en classe de Terminale D au Lycée moderne 2 de
Bouaflé en train de jouer des jeux sur leurs Smartphones. Ils affirment qu’ils jouent
des jeux éducatifs pour se récréer en absence de l’enseignant. De ce fait, ils violent les
dispositions réglementaires d’interdiction de l’usage du téléphone portable en classe
et dans l’enceinte de l’établissement. Si dans l’ensemble, les élèves réalisent quatre
principaux types d’usages éducatifs avec leurs téléphones mobiles, qu’en est-il de la
disparité de l’usage éducatif du smartphone à l’échelle géographique et au niveau du
genre.
2.2. Les disparités liées à l’usage éducatif du smartphone par les élèves du
secondaire de la région de la Marahoué
L’apprentissage mobile par les élèves du secondaire de la région de la Marahoué est
caractérisé par une inégalité dans l’usage du smartphone au niveau géographique
d’une part et au niveau du genre d’autre part.
1a : Un élève en train d’utiliser
son smartphone en classe
1b ; Une élève en train d’utiliser son
smartphone en classe
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2.2.1. Une inégalité liée à l’usage éducatif du smartphone au niveau géographique
À l’échelle des différentes localités (sous-préfectures) de la région de la Marahoué, les
types d’usage éducatifs du smartphone sont développés par les élèves de ces
différentes localités. Ces usages basiques sont initiés par les élèves eux-mêmes. La
carte 2 permet de mettre en évidence ces types d’usage avec le smartphone sous
l’angle spatial.
Carte 2 : Répartition géographique des élèves ayant différents usages éducatifs avec le
smartphone.
La carte 2 révèle une inégale répartition des élèves en fonction des quatre types
d’usages éducatifs du téléphone mobile. À l’échelle des localités (sous-préfectures),
des nuances existent. Pour la recherche documentaire sur Internet, les élèves de
Bouaflé (55,91%) et de Bonon (55,5%) enregistrent les taux plus élevés par rapport à
aux taux de ceux de Gohitafla (29,03%), de Zuenoula (30,86%) et de Sinfra (38,33%).
En ce qui concerne, l’usage des téléphones portables pour le partage d’informations
et de ressources (consulter et/ou envoyer des mails ou des sms, échanger avec leurs
camarades et leurs enseignants, etc.), les élèves de Bouaflé (76,34%) et de Bonon
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(75,00%) enregistrent également des taux élevés par rapport aux taux des élèves de
Gohitafla (32,26%), de Zuenoula (41,98%) et de Sinfra (25,00%).
Pour ce qui est de l’usage des smartphones à des fins ludiques comme jouer à des
jeux éducatifs en ligne ou hors ligne (Puzzle, 4 images un mot, mots croisés, etc.), les
élèves de Bouaflé (81,72%) et de Bonon (61,11%) sont aussi les plus nombreux à
pratiquer cette activité par rapport aux élèves des autres localités (Gohitafla, 58,06% ;
Zuenoula, 49,38% ; Sinfra, 41,67%). L’usage du smartphone comme support
didactique est une activité rarement pratiquée par les élèves, néanmoins, quelques
rares élèves de Bouaflé (7,53%) et de Bonon (2,78%) s’adonnent à cette pratique. Cette
dernière situation est imputable à l’interdiction du téléphone portable à l’école. Les
élèves issus des écoles secondaires situées dans les localités de Bouaflé et de Bonon
sont les plus nombreux à intégrer ces outils numériques dans leurs apprentissages
(figure 2).
Figure 2 : Niveau d’usage éducatif du smartphone par établissement
Source : Nos enquêtes, Mai 2018
La figure 2 montre une disparité des niveaux d’usage éducatif du smartphone d’un
établissement à un autre. Elle révèle également que le LM2B, le CMCKDB, le
LYMEXB et le CCB abritent des élèves qui sont les plus nombreux à recourir aux
téléphones portables dans leurs apprentissages par rapport aux élèves du LHKBS, du
LMBADG, du CPOZ et du LMZ. Le LM2B, le CMCKDB, le LYMEXB et le CCB sont
respectivement situés dans la sous-préfecture de Bouaflé et de Bonon tandis que le
LHKBS, le LMBADG, le CPOZ et le LMZ sont respectivement situés à Sinfra, à
Gohitafla et à Zuenoula, Cette inégalité spatiale dans l’apprentissage mobile chez les
élèves peut s’expliquer par l’inégal accès des élèves aux téléphones portables, plus
précisément aux smartphones. Les élèves scolarisés dans les départements de
Bouaflé, de Zuenoula et de Sinfra sont équipés respectivement de smartphones pour
88,94%, 56,96% et 35,51% d’entre eux. Les élèves des sous-préfectures de Gohitafla,
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de Bonon et de Sinfra sont pour la plupart issus des familles et des localités
défavorisées. De ce fait, il leur est difficile d’acquérir un téléphone portable
intelligent. Un autre facteur sous-jacent à cette inégalité spatiale liée aux pratiques
éducatives avec le smartphone pourrait être l’analphabétisme des parents d’élèves de
ces localités. Dans une approche géographique, des disparités liées à l’usage éducatif
des smartphones persistent entre les élèves des différentes sous-préfectures à cause
des conditions socio-économiques et culturelles. Qu’en est-il de l’usage éducatif des
téléphones mobiles au niveau du genre ?
2.2.2. Une inégalité liée à l’usage éducatif du smartphone selon le genre
Dans l’enseignement secondaire de la région de la Marahoué, un écart lié à
l’apprentissage par le mobile persiste entre les filles et les garçons (figure 3).
Figure 3 : Répartition des proportions des élèves utilisateurs des smartphones par genre
Source : Nos enquêtes, Mai 2018
La figure 3 montre une inégalité entre les garçons et les filles dans l’usage éducatif du
smartphone. Dans les établissements secondaires de la région de la Marahoué, sur
300 élèves interrogées, 181 soit 60,33% affirment utiliser les téléphones portables dans
leurs apprentissages. Parmi ces élèves utilisateurs, les garçons (65,65%) sont les plus
nombreux à intégrer ces outils numériques dans leurs styles d’apprentissages par
rapport aux filles (50%). Les raisons sous-jacentes à ces inégalités sont : le manque de
temps ; le manque d’intérêt pour l’apprentissage mobile ; le faible niveau
d’appropriation ; l’interdiction de l’usage du téléphone portable à l’école ; le manque
de moyens financiers ; la perte ou le vol des téléphones portables à l’école et la taille
de l’écran du smartphone (figure 4).
65,65%
50,00%60,33%
0,00%
20,00%
40,00%
60,00%
80,00%
GARÇONS FILLES TOTAL
ELEVE
% d'usage éducatif du
Smarphone
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Figure 4 : Niveau de perception des facteurs explicatifs de la disparité au niveau
du genre
Source : Nos enquêtes, Mai 2018
La figure 4 révèle que 90% et 71,33% d’élèves perçoivent respectivement le manque
d’intérêt pour l’apprentissage mobile et le manque de temps comme les principaux
facteurs explicatifs à ces disparités liées au genre. Ils affirment que les garçons ont
assez de temps par rapport aux filles qui sont plus sollicitées pour les travaux
ménagers et que les filles s’intéressent moins aux potentiels éducatifs des
smartphones. Elles préfèrent les utiliser davantage pour la mode et la musique. Le
manque de moyens financiers (38%), la taille de l’écran du smartphone (35%),
l’interdiction de l’usage du téléphone portable à l’école (30%) et le faible niveau
d’appropriation (20%) constituent également des facteurs explicatifs. La perte et le
vol de téléphones portables est aussi une raison affirmée par 14% d’élèves. Ce qui
pourrait expliquer la réticence des filles à posséder un smartphone et ensuite à
l’utiliser pour en tirer profit dans leurs apprentissages.
Discussion
Les usages basiques réalisés avec les smartphones pour améliorer les apprentissages
scolaires émanent des propres initiatives des élèves du secondaire de la région de la
Marahoué. Ce qui traduit la théorie du déterminisme technologique évoquée par M.
MAC LUHAN (1950, cité par P. N. KADJA, 2015, p. 66). Ces usages éducatifs sont
également révélés par A. O. MBA (2017, p. 100). Dans le cadre de son étude, 85%
d’élèves partagent et recherchent des informations scolaires avec leurs smartphones,
23% d’élèves utilisent leurs appareils mobiles pour jouer des jeux éducatifs en ligne
et l’enregistrement des cours en classe est l’une des activités la plus pratiquée par
76% d’élèves. Ainsi, les résultats de son étude réalisée au Gabon confirment les
premiers résultats de cette présente recherche. Malgré le fait que l’utilisation
71,33%
90%
20%
30%
14%
35%
38%
0,00% 50,00% 100,00%
Manque de temps
Manque d'Intérêt pour l'apprentissage mobile
Faible niveau d'appropriation
Inerdiction de l'usage du téléphone…
Perte ou vol du Smartphone
Taille de l'écran du smartphone
Manque de moyen financiers
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informelle de l’appareil mobile continue d’être pratiquée, le besoin des élèves
d’utiliser les téléphones mobiles dans leur apprentissage est une réalité. À ce propos,
les résultats de l’étude de T. KARSENTI et al. (2015, p. 70) réalisée au Bénin
confirment cela.
À travers ce résultat, on peut constater que malgré la réticence institutionnelle et les
préjugés sur les téléphones portables en classe, des usages clandestins en classe et
des usages hors de celle-ci se pratiquent. Ces usages clandestins sont la conséquence
d’une insuffisance et une incohérence des règles et des normes liées à l’intégration
des TICE. Cette situation traduit la théorie de l’anomie initiée par E. DURKHEIM
(1991, cité par V. AILLET et al., 2000, p. 19). Ainsi, nous nous interrogeons,
comment comprendre le fait que les gestionnaires éducatifs ne tolèrent pas
l’apprentissage mobile alors que l’État prône l’intégration pédagogique des TIC.
Pourtant, les supports mobiles font bel et bien parties des TIC.
L’étude a aussi révélé que l’appropriation du smartphone à des fins d’apprentissages
entraine différentes formes d’inégalités d’usage entre les élèves du secondaire de
ladite région, notamment celle liée à la zone de résidence et celle liée au genre. Au
niveau des disparités d’usage selon l’espace géographique, les résultats révèlent que
les zones défavorisées à caractère rural (Zuenoula , Sinfra et Gohitafla) abritent des
élèves qui utilisent moins les smartphones dans leurs apprentissages que les élèves
des zones favorisées (Bouaflé, Bonon). Notre résultat corrobore avec celui de l’étude
de M. LE MENTEC et P. PLANTARD (2014, p. 237) réalisée en France. Ils confirment
que les inégalités éducatives liées aux usages du numérique sont importantes chez
les adolescents et qu’elles dépendent, entre autres, du territoire dans lequel ils vivent.
Ils précisent que cette inégalité d’usage éducatif, lorsqu’elles sont importantes, ne
dépendent quasiment plus de l’équipement mais de la connexion, particulièrement
en zone rurale.
En ce qui concerne le résultat sur les disparités d’usage selon le genre, celui de
l’étude de J. JOUET et D. PASQUIER (1999, p. 43) réalisée en France confirme le
nôtre. Ces auteurs observent également que l’usage des écrans digitaux accuse des
écarts importants entre les garçons et les filles. Cependant, les résultats des travaux
de G. DAFFE (2011, p. 3) réalisés au Sénégal viennent infirmer ce résultat, car il
montre qu’il y a une similitude dans l’utilisation des fonctions de base des TIC par
les hommes et les femmes, il y a des disparités marquées dans celle des fonctions
secondaires des TIC. Selon lui, l’utilisation du téléphone mobile présente une faible
disparité de genre. Quant aux résultats sur les facteurs explicatifs des disparités de
genre, ceux de l’étude de G. DAFFE (2011, p. 20) viennent les corroborer. L’auteur
affirme que les raisons de cette asymétrie observée dans l’utilisation poussée des TIC
portent sur le manque de temps, de compétences techniques, d’équipement en TIC et
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le coût de l’accès limite les femmes à l’utilisation des services de la messagerie
électronique de l’Internet.
Malgré les limites que pourraient renfermer la méthodologie utilisée et les résultats
obtenus, la présente recherche sur la question de l’usage éducatif de la téléphonie
mobile par des élèves de l’enseignement secondaire général à l’échelle de la région de
la Marahoué pourrait constituer une étude de cas en prélude à d’autres études à une
échelle nationale. Par ailleurs, malgré l’importance du sujet l’apprentissage mobile
en rapport avec l’espace et le genre est rarement exploré en Côte d’Ivoire en général
et dans la région de la Marahoué en particulier. La présente recherche ambitionne de
combler un tant soit peu ce vide. L’objectif de cette étude serait d’identifier les usages
éducatifs en lien avec le téléphone mobile auxquels s’adonnent les élèves et de
montrer les disparités qui en découlent. La réussite de l’intégration pédagogique des
TIC, tant prônée par les dirigeants politiques et éducatifs, passe nécessairement par
la téléphonie mobile. Plutôt que de le proscrire, il faudrait envisager la formalisation
de l’utilisation du téléphone portable dans les salles de cours.
Conclusion
Les élèves de l’enseignement secondaire de la région de la Marahoué, dans un
contexte de résistance et d’interdiction du port et de l’usage des téléphones portables,
ont recours à leurs smartphones pour effectuer des activités d’apprentissages.
L’étude a décelé qu’à l’intérieur ou qu’à l’extérieur de l’école, quatre principaux
types d’usages éducatifs sont développés par les élèves avec leur téléphone mobile.
Ils l’utilisent comme support didactique, à des fins ludiques, pour la recherche
documentaire et pour le partage d’informations et de ressources. L’utilisation du
smartphone pour des jeux éducatifs est la plus pratiquée à cause de son caractère
divertissant. Il apparait également que les inégalités liées à l’usage éducatif du
smartphone persistent entre les élèves. Ces inégalités dépendent d’une part du
milieu dans lequel ils vivent et d’autre part du genre. Les élèves des milieux
défavorisés (Zuenoula, Sinfra et Gohitafla) sont les moins nombreux à intégrer le
smartphone dans leur apprentissage. De même que les filles ont moins recours aux
smartphones dans leurs apprentissages que les garçons.
Généralement, ces résultats viennent corroborer les résultats d’études antérieures.
Cependant, la présente étude pourrait contenir des insuffisances à certains égards.
Notamment, tous les aspects des inégalités liées à l’usage éducatif du smartphone et
l’avis des parents d’élèves n’ont pas été pris en compte. De ce fait, nous considérons
que cette étude est un point de départ d’étude ultérieure et il serait très intéressant de
poursuivre d’autres projets de recherche abordant l’impact de la téléphonie mobile
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dans les résultats scolaires dans l’enseignement secondaire de la région de la
Marahoué.
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