attraction des ide et développement de l’industrie ... · majorité des pays africains sont...
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Attraction des IDE et développement de l’industrie manufacturière
dans les pays de l’Union Monétaire Ouest Africaine (UEMOA): Cas
d’étude de la Côte d’Ivoire
Étudiant : Alexis ABODOHOUI
Université Laval, 2325, Rue de l’Université, Pavillon Lemieux Ap.6594
Québec (Québec) G1V 0B1
581-990-8282 / 418-656-7777 Poste 18808
Superviseur: Dr. Zhan Su
La question d’industrialisation manufacturière en Afrique est vieille plus d’un demi-siècle et a fait
couler beaucoup d’encres. Plusieurs institutions internationales, structures étatiques et même des
chercheurs ont abordé le sujet sans pour autant trouver des solutions pérennes. L’hégémonie de
l’industrie manufacturière africaine est restée vaine même si ces divers organes ont pu faire
comprendre que la croissance économique africaine est sujette au développement de l’industrie. Les
différentes approches ou modèles (industrialisation par substitution d’industrialisation, programme
d’ajustement structurel, document stratégique de réduction de la pauvreté) proposées autrefois
chancèlent et ne tiennent pas compte des réalités inhérentes à chaque pays ou prosaïquement à
chaque région africaine. Ces problèmes ne sont pas aussi seulement techniques (acquisition de
machines) mais relèvent également des volets institutionnels et socio-politiques. Cette recherche
nous permet d’explorer une compilation de connaissances à travers les rapports de synthèse, les
articles publiés dans les revues scientifiques très reconnus, des entrevues et des études de cas sur
certaines régions de l’Afrique. Il ne s’agit plus non plus d’attirer les investissements mais il faut
forcément prioriser les secteurs appropriés et de mettre en œuvre une stratégie d’apprentissage
national.
Mot clés : Attraction des IDE, industrie manufacturière, UEMOA, Côte d’Ivoire
1
Table des matières
Liste des graphiques .......................................................................................................................................... 2
Liste des tableaux ............................................................................................................................................... 2
Sigles et abréviations ......................................................................................................................................... 3
I. Introduction ............................................................................................................................................ 4
II. Problématique de recherche ................................................................................................................... 5
Objectifs ......................................................................................................................................................... 6
III. Cadre Conceptuel ................................................................................................................................... 7
IV. Méthodologique ................................................................................................................................... 11
Collecte et analyse de données..................................................................................................................... 12
Qualités de la recherche et considérations éthiques ..................................................................................... 15
V. Analyse des résultats ............................................................................................................................ 17
Les déterminants des IDE et impacts sur l’industrie manufacturière........................................................... 17
Les obstacles au développement de l’industrie manufacturière ivoirienne .................................................. 19
VI. Discussion et conclusion ...................................................................................................................... 22
VII. Références .......................................................................................................................................... 24
Annexes ........................................................................................................................................................... 28
2
Liste des graphiques 1
Figure 1Performance de l’industrie manufacturière selon une approche configurationnelle ............ 11
Liste des tableaux
Tableau 1 Adéquation entre les questions de recherche (QR), les thèmes, les questions dans le guide
dans le d’entrevue (QGE) et les résultats attendus ............................................................................ 14
1 Tous les autres figures et tableaux se trouvent dans les annexes
3
Sigles et abréviations
APD : Aide Publique au Développement
BCEAO : Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest
BOAD : Banque Ouest Africaine de Développement
RCI : République de la Côte d’Ivoire
CNUCED : Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement
IED : Investissement Direct Étranger
IM : Industrie Manufacturière
INSEE : Institut National de la Statistique et des Études Économiques
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique
OCDE : Organisation de Développement et de Coopération Économiques
ONUDI : Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel
PAM : Pays moins Avancés
PED : Pays en Développement
PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement
UEMOA: Union Monétaire Ouest Africaine
UNCTAD: United Nations Confrence on Trade and Development
USA: United States of America
VAM : Valeur Ajoutée Manufacturière
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1. Introduction
Plus d’un demi-siècle après la vague des indépendances africaines, force est de constater que la
majorité des pays africains sont classés parmi les Pays les Moins Avancés (PMA) avec un faible
niveau de développement socio-économique (PNUD, 2012). La structure économique de ces pays
et surtout ceux des pays de la zone franc de l’Afrique est caractérisée par une économie agraire, un
État très faible et une structure sociale inégalitaire et déséquilibrée. C’est ainsi qu’au lendemain de
leurs accessions à l’indépendance, tous les pays se sont engagés dans un processus de
développement économique par la mise en œuvre des politiques budgétaires (industrialisation par
substitution d’industrialisation, programme d’ajustement structurel…) d’inspiration keynésiennes.
Ces différentes politiques visent à créer des infrastructures et des industries capables de produire
pour la satisfaction de la demande locale. Malheureusement, l’ensemble de ces politiques ont
entraîné la paupérisation des populations.
Face aux nombreuses crises socio-économiques, les états de l’UEMOA vont recourir à plusieurs
sources de financements dont l’IDE et l’Aide Publique au Développement (APD). Il faut noter que
dans les années 60, les investissements étrangers étaient considérés comme l’objet de méfiance et
de suspicions aussi bien dans les pays industrialisés que ceux en développement (Christian Deblock,
2011). Les investissements des multinationales dans n’importe quel secteur économique d’un pays
étranger étaient appréciés comme un facteur de domination et un affaiblissement de la souveraineté
des États. Cependant, de nos jours, cette conception négative vis-à-vis des IDE a radicalement
changé pour ne laisser place qu’à ses mérites.
Dans les années 2000, une nouvelle voie de développement harmonieux et équilibré du continent
s’est dessinée à travers le NEPAD (2012). Il s’agit d’un cadre stratégique dont l’un des objectifs est
l’attraction des IDE pour pallier à la faiblesse de l‘industrie manufacturière. De plus, plusieurs
études (Gault and Zhang, 2010 ; Shen, de Janvry et Sadoulet, 2010 ; Dunn and Shen, 2007 ; Lall,
2005; Dunning, 1998) tendent à montrer que le secteur manufacturier, est la branche d’activité
industrielle qui offre les plus grandes opportunités en termes de croissance durable, d’emplois et de
réduction de la pauvreté en Afrique. Cependant, la Côte d’Ivoire fait exception à ces prescriptions
économiques malgré ses multiples capacités d’attraction des IDE.
La présente étude est structurée en cinq parties. La première partie est consacrée à la problématique
et les questions de recherche. La deuxième et la troisième partie s’accordent respectivement au
5
cadre conceptuel et à la méthodologie. La quatrième partie présente les résultats issus de notre
analyse. La discussion et la conclusion feront l’objet de notre dernière partie.
2. Problématique de recherche
La RCI est un pays francophone de l’Afrique de l’Ouest. Plusieurs recherches effectuées par les
institutions sous régionales soutiennent que la RCI constitue un important poids économique dans
la zone franc en Afrique. Selon une estimation de la Banque Mondiale (voir annexe 3) la RCI est le
premier pays de l’UEMOA qui a reçu plus d’investissements jusqu’en 2006. La Banque Mondiale
évalue son stock d’investissement à 3 milliards de dollars USA (Banque Mondiale, 2013). En effet,
depuis son indépendance, par rapport aux autres pays francophones de l’Afrique de l’Ouest, la RCI
a connu de « miracle économique» caractérisé et soutenu par une agriculture extensive, une
croissance démographique et un aménagement du territoire par le développement des
infrastructures (OCDE, 1999).
La RCI est devenue un pays à revenu intermédiaire et bénéficie à ce titre de multiples
investissements direct étranger jusqu’en 2005 où le Niger, un autre pays de la zone franc la dépasse
en matière d’attraction et de mobilisation des IDE. Cette situation peut s’expliquer par
l’environnement peu favorable, couplé aux effets de la crise post-électorale survenue en CI et aux
résultats peu satisfaisants de la compagne agricole 2011/2012 qui a induit une baisse sensible de la
croissance économique au niveau de l’UEMOA (BCEAO, 2012). Il faut aussi noter, que la
découverte et l’exploitation des ressources minière du Niger par des sociétés étrangères sont aussi à
la base de cette situation. Néanmoins, la CI reste le second pays qui attire plus d’investissement
dans la zone franc.
Cependant, la Côte d’Ivoire n’a pas pu mettre en œuvre une vaste politique d’industrialisation
pendant plusieurs années. Il existe très peu d’études qui visent à déterminer les facteurs qui
bloquent l’industrialisation de la Côte d’Ivoire malgré ses prouesses de plusieurs décennies par
rapport aux politiques d’attraction des IDE.
Pour mieux appréhender notre problématique, nous nous sommes posé plusieurs questions qui nous
ont permis d’évaluer la nature des relations qui existent entre l’attractivité des IDE et le
développement de l’industrie manufacturière ivoirienne. Les questions qui se posent sont entre
autres :
1. Comment identifier les facteurs qui déterminent l’attractivité des IDE en RCI ?
6
2. Existe-t-il un rapport entre le développement de l’industrie manufacturière et la capacité
d’attraction des IDE ? Autrement dit, comment l’IDE contribue-t-elle au développement de
l’industrie manufacturière en RCI ?
3. Quels sont les implications de cette recherche et les recommandations pour une adéquate
politique de l’industrialisation manufacturière ?
Telles sont alors les préoccupations majeures auxquelles nous essayerons d’apporter quelques
réponses dans le cadre de notre étude.
3. Objectifs de recherche
Cette recherche a pour objectif général d’identifier les obstacles qui expliquent le retard de la RCI
dans le développement de l’industrie manufacturière malgré sa capacité spectaculaire d’attraction
des ressources IDE. Ceci nous permettra de présenter l’état des connaissances par rapport aux
politiques d’attraction des IDE dans les pays en développement et de formuler des
recommandations visant à une meilleure optimisation des profits issus des IDE. Une telle étude
nous semble nécessaire et pertinent en ce sens qu’elle améliorera non seulement, les recherches sur
la croissance économique des pays de l’UEMOA mais aussi dans le cas d’espèce entre les IDE et le
développement industriel dans un cadre méthodologique bien défini.
Cette recherche a été élaborée à partir de plusieurs sources d’informations agrégées pour l’évolution
des IDE dans la zone franc de l’Afrique de l’Ouest et plus spécifiquement sur la CI. A cet effet, elle
peut être exploitée par les décideurs politiques ou de développement à savoir les organismes, les
institutions sous régionales ou internationales, les chercheurs, les auteurs, les consultants et les
étudiants épris par la nature des relations entre l’IED et l’industrie manufacturière.
Pour atteindre ces objectifs nobles, nous nous sommes fixés un certain nombre d’objectifs
spécifiques. De façon détaillée, cette étude vise à :
- Analyser l’influence de l’IDE sur le développement de l’industrie manufacturière en CI ;
- Identifier les facteurs qui favorisent l’attraction des IDE en CI ;
- Définir les actions à mener pour mieux orienter les IDE dans le secteur susceptible de
favoriser le développement des pays de l’UEMOA ; et de
- Revisiter les facteurs qui favorisent l’attraction des IDE dans les pays en développement tels
que la CI et les pays de l’Afrique de l’Ouest en général.
7
4. Cadre Conceptuel
L’importance des IDE par rapport au développement de l’industrie et à la croissance économique a
fait l’objet de plusieurs recherches et continue d’occuper une place prépondérante dans les sciences
de gestion et surtout celle internationale. Au niveau de notre cadre conceptuel, nous allons dans un
premier temps définir quelques concepts clés qui doivent apporter plus de clarté et de précision à
notre recherche. Ensuite, nous présenterons quelques travaux liés à l’attraction des IDE tout en
faisant références à quelques recherches empiriques récentes effectuées par rapport à la RCI. Dans
une dernière partie, nous allons adopter un cadre théorique qui émerge de tout ce qui précède.
L’industrie manufacturière comprend toutes les activités de transformations physique ou chimique
en nouveaux produits de matières, de substances ou de composants essentiellement issus de
l’agriculture, de la sylviculture, de la pêche ou des activités extractives (OCDE, 2008). Elle
concerne également la réparation et installation d’équipements industriels ainsi que des opérations
en sous-traitance pour un tiers donneur d’ordre (INSEE, 2006). Ainsi définie, l’activité
manufacturière est celle dont la location présente le plus grand degré de liberté géographique même
si parfois elle est tributaire des activités agricoles qui supposent des contraintes de climats, du relief
et des sols. Dans l’économie moderne, elle source d’innovation et participe au développement
économique par la création de multiples opportunités d’emplois et intègre le concept la production
durable en ce qui concerne les normes environnementales. Des études empiriques prouvent que le
continent africain est très en retard dans le domaine de production manufacturière. En effet, sa
valeur ajoutée manufacturière (VAM) et des exportations manufacturières mondiales sont
respectivement 1,1 pour cent et 1,3 pour cent pour l’année 2008 (ONUDI, 2012).
Quant à l’IDE, il est un « investissement réalisé pour acquérir un intérêt durable dans une
entreprise opérant à l’extérieur de l’économie de l’investisseur. De plus, dans les cas d’IDE, le but
de l’investisseur est d’obtenir un rôle significatif dans la gestion de l’entreprise » (CNUCED, 2012).
Selon donc CNUCED, il y a investissement direct étranger lorsqu’un investisseur basé dans un pays
(le pays d’origine) acquiert un actif dans un autre pays (pays d’accueil) avec l’intention de le gérer.
Sous cette définition, on peut distinguer trois types d’IDE : la participation au capital (fusions,
acquisitions) et créations de nouvelles installations (dites Greenfield), réinvestissements des
bénéfices et autres de capitaux (emprunts et prêts à court ou long terme réalisé entre la société mère
et sa filiale).
8
Pendant ces dernières années la réalisation par l’Afrique d’une croissance de 5,5% (Africa Progress
Panel, 2011) a été possible grâce à la capacité et aux diverses stratégies d’attraction des IDE. Par le
passé, l’État détient une place importante dans le choix de l’emplacement et dans la politique
d’attraction des investissements. De nos jours, ce choix est déterminé par un critérium et ce, par les
entreprises multinationales. Vers la fin des années 90, Dunning (1998) a mis au point son modèle
éclectique (OLI – Ownership, Location and Internalization - Spécificité, localisation et
internalisation -) à partir duquel, il soutient que le choix d’un emplacement est spécifiquement lié
aux avantages inhérents à ce site tout en tenant compte des objectifs poursuivis par la firme. Selon
cet auteur, l’élément le plus déterminant à l’installation sur un marché étranger d’une entreprise
multinationale est la rentabilité qu’elle peut dégager et la part de marché qu’elle peut gagner. En
effet, le choix de l’emplacement impose à l’entreprise une étude préalable portant sur les coûts de
communication, les coûts de transport, les coûts liés aux personnels et les obstacles dus à la langue
et à la communication. Pour Porter (1998), l’attractivité d’un emplacement pour une entreprise
internationale repose avant tout sur ses capacités à augmenter l’avantage compétitif de l’entreprise.
Dans la même année, Mucchielli (1998) définit quelques principes permettant aux pays de
promouvoir l’investissement. Ces principes sont : l’amélioration de l’image du pays hôte, la
production directe des entrées et des implantations d’investisseurs étrangers et la fourniture d’un
certain nombre de services d’accueil aux potentiels investisseurs. Les auteurs Wilkinson et
Brouthers (2000) ont aussi précisé qu’une politique gouvernementale a des impacts positifs sur
l’attraction des IDE même si cet effet serait marginal. Toujours dans la quête d’une précision,
Dunning (2009) revient pour spécifier que les déterminants de l’investissement d’une entreprise
dans un pays étranger varient selon le type d’activité de celle-ci. Il peut s’agir de l’exploitation des
ressources naturelles ou de la recherche d’une main d’œuvre particulière pour l’ouverture d’un
centre de recherche de R&D. Vue la complexité du sujet et pour mieux assainir l’environnement
des affaires dans les pays en développement, les organisations internationales telles que le
CNUCED sont intervenues pour instituer les accords visant à mieux sécuriser les investissements
(UNCTAD 2007; Thomas 2011). Ces accords peuvent se présenter sous la forme multilatérale,
bilatérale ou sous la forme de traités. Par exemple le modèle ALÉNA entre le Canada et les États-
Unis constituent une véritable illustration. De la même manière, il existe plusieurs accords de ce
type entre la Chine et les pays africains. Les caractéristiques de l’environnement local d’accueil de
l’IED a également fait d’étude récemment par les chercheurs Monaghan (2012) et Sinanagić et al.,
(2012). Le premier, soutient que l’importance du réseau d’organisations (les agences de
9
développement locales ou régionales, les fournisseurs de services privés, les entités spécifiques à un
secteur ou une industrie, la présence d’autres multinationales, etc.) locales est importante pour la
détermination du choix de l’emplacement. Pour le second, l’attraction des IDE passe préalablement
par l’amélioration de l’image du pays d’accueil, l’existence d’un climat d’affaires favorable,
l’amélioration des infrastructures, la lutte contre la corruption, la stabilité politique (Yao
Amewokunu et Zhan Su, 2009) le financement d’entreprise et la création d’emplois qualifiés
De tout ce qui précède, il ressort que l’attraction des IDE est soumise à certains nombres de
déterminants et contribue ipso facto à la croissance socio-économique et technologique de la CI.
L’IDE favorise le transfert de connaissances entre les nations industrialisées et celles émergentes ou
en développement. Que le transfert soit internalisé (entre une société mère et une filiale étrangère
appartenant et contrôlée par elle); soit externalisé (entre une entreprise multinationale et une entité
qu’elle ne contrôle pas); le rôle des IDE dans le transfert des IDE demeure indéniable (Monaghan
2012). L’IDE favorise la diffusion des innovations technologiques et industrielles en ce sens qu’il
aide à disposer de biens de haute technicité pour la production. Il favorise aussi une communication
interculturelle entre les entreprises et surtout entre les pays (Musolesi 2006). Pour l’OCDE (2002),
les pays qui disposent de ressources naturelles, peuvent facilement attirer les IDE au profit du
développement de leur industrie manufacturière qui a besoin d’un niveau adéquat de capital humain.
Les IDE favorisent également le commerce extérieur ou régional d’un pays. Qu’il soit horizontal
(duplication de la firme dans un autre pays pour éviter des obstacles tarifaires) ou vertical
(fragmentation des diverses étapes de conception, de production et de commercialisation entre
divers pays dans le but de produire des biens intermédiaires), l’IDE favorise les activités des firmes
internationales et le commerce international (Raphaël Chiappini, 2012).
La RCI a fait objet de plusieurs recherches empiriques par rapport à l’IDE. Nous pouvons citer
entre autres les travaux de Koukpo (2005) qui à partir des données de l’UEMOA a constaté que le
capital humain et l’ouverture économique sont très déterminants pour la croissance ivoirienne
depuis les indépendances jusqu’en 2003. Pour Tidiane Kinda (2005), les déterminants principaux
pour la région de l’UEMOA par rapport à l’attraction des IDE sont les infrastructures, l’ouverture et
l’instabilité politique. Enfin, Dembele (2008) à travers son étude a analysé l’impact des IDE sur la
croissance économique de la RCI et a déterminé les mesures politiques pour tirer les meilleurs
profits des investissements.
Il existe plusieurs approches qui nous permettent d’aborder la complexité des phénomènes relatifs
aux sciences de gestion et surtout avec la multiplication des efforts de recherche théoriques qui
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justifient une gamme d’approche ou modèles explicatifs. Ainsi, à travers la littérature, nous avions
pu comprendre que l’IDE peut exercer des effets directs et indirects sur la croissance économique
des pays. Par exemple, l’approche de dépendance (Raùl Prebish, 1950) soutient que les IDE
apportent plus d’effets négatifs que positifs et ne fait que renforcer le sous-développement. L’école
de la modernisation (Saskia Wilhelms, 1998) considèrent l’IDE comme favorable pour la
croissance économique à condition que l’Etat règlemente l’investissement. L’approche des
ressources et des compétences (Brulhart, 2010 ; Porter, 1991 ; Wernerfelt B., 1984) fonde
l’attraction des IDE des pays sur l’existence de certain nombres d’infrastructures et de compétences
nationales. En ce qui concerne l’écologie des populations (Hannan et Freeman, 1977),
l’interconnexion entre l’environnement (ressources naturelles, humaines et infrastructures), le
système (institutions politiques, économiques et sociales) et la politique (les actions entreprises par
les gouvernements) permettent de comprendre le fonctionnement des IDE et leurs impacts sur le
développement industriel.
Dès lors que l’analyse de l’IDE recouvre un caractère multipolaire et complexe, dans le cadre de
notre recherche, nous avons conçu un modèle intégrateur et dynamique qui tient compte de toutes
les dimensions constitutives des politiques d’attraction des IDE et leurs impacts sur le
développement de l’Industrie manufacturière. Pour ce faire, nous allons recourir aux travaux de
Miller (1996) et Mintzberg (1982) sur l’approche des configurations. Les configurations
s’entendent comme des constellations d’éléments organisationnels soudés ensemble par un thème
unificateur… La première constellation rassemble la mission, les moyens et les marchés (Miller,
1999 cité par Mintzberg, 2009). Pour les auteurs (Crutzen et al., 2008 ; Song et al., 2008),
l’approche des configurations tient compte des paramètres tels des compétences clés, les facteurs
microéconomiques (ressources, gestion), macroéconomiques et de la perception des opportunités et
possibilités qu’offre l’environnement. Dans cette perspective, la performance de l’industrie
manufacturière (figure 1) ivoirienne ou celle des pays de l’Afrique de l’Ouest est soumise aux
caractéristiques relatives à : l’environnement socio-culturel (Esc), les ressources et les compétences
(Rc), et les institutions du pays d’accueil (I). Le déséquilibre entre les caractéristiques provoque des
performances partielles (PP) ou des contreperformances (Cpt) totales. La conjonction de l’ensemble
de ces archétypes nous permet d’avoir le modèle suivant :
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Figure 1 Performance de l’industrie manufacturière selon une approche des configurations
5. Méthodologique
Notre recherche à travers multiples interrogations a pour objectif de découvrir et de comprendre les
handicaps au développement de l’IM en RCI malgré sa meilleure capacité d’attraction d’IDE dans
la région francophone de l’Afrique de l’Ouest. Elle est donc fondée sur une analyse empirique,
exploratoire et interprétative (Giodano, 2003) des processus d’attraction des IDE et leurs impacts
sur la croissance de l’IM. Dans ce projet de connaissance, nous utilisons une méthodologie
qualitative basée sur une étude de cas, une des stratégies privilégiées en science de gestion
(Gomabult, 2005). Ce choix d’approche est pertinent en ce sens qu’il permet d’acquérir une
« perception solidement fondée de la réalité d’un milieu particulier de la réalité (Miles et Huberman,
2003 : 307). Notre cas remplit également les conditions de rareté et d’accessibilité décrites par Yin
(2003). La Côte d’Ivoire, pays membre l’UEMOA, de la CEDEAO, de la BCEAO, de la BOAD, de
l’UA et de plusieurs autres institutions internationales ; est un des rares pays qui a pu attirer assez
d’IDE très tôt dès son indépendance dans les années 1960. Actuellement, depuis 2002, ce pays est
déchiré par les crises post-électorales qui ont suscité une guerre civile qui a couté la vie à des
milliers de personnes. Elle continue dès lors de décrire une nouvelle page de son histoire par de
nombreux défis au niveau de la communauté internationale. Néanmoins, il faut mentionner que ce
pays, dispose d’une base de traitement de l’Information et de statistique avancée par rapport aux
autres pays africains (Dembele, 2007). Ainsi, cette étude portant sur les pays de l’UEMOA avec
12
l’étude d’un cas précis, constituent une porte d’emblée pour investiguer l’ensemble des autres pays
membres de l’UEMOA.
6. Collecte et analyse de données
Notre dispositif méthodologique a débuté d’abord à travers une observation directe et régulière lors
de notre entretien. En effet, l’observation est un matériau heuristique qui nous a permis de faire une
immersion dans la vie de notre participant. Elle recouvre une variété d’activités qui va de l’examen
du cadre d’étude, de l’apprentissage de gens et des routines liés à l’échantillonnage et le temps dont
dispose le chercheur pour enregistrer les actions et interactions (Marshall et al. 2011 : 139). Au
cours de nos entretiens dans le cadre de cette recherche, nous avions pu observer les comportements
de notre informateur et surtout leurs attitudes dans leurs réponses argumentées. Il est aussi question
d’examiner si la formulation de nos questions est bien comprise par nos participants. Nous avions
également fait également attention aux évolutions des interactions. Ceci nous a donné l’occasion
d’apprécier les moments où nos participants se sentent à l’aise dans l’évolution de l’ambiance créé
par la discussion, et de voir s’ils correspondent aux personnes indiquées pour répondre aux
questions relatives à notre thème.
Ensuite, nous jugeons important de préciser que nous avions choisis comme l’entretien mode de
recueils de données. L’entretien joue un rôle prépondérant dans la collecte des données en
recherche qualitative car combiné à l’observation, le chercheur appréhende les significations et les
activités quotidiennes des personnes (Marshall et al. 2011 :145). Il constitue un site de construction
de savoir (Kavale, 1996 cité par Marshall et al. 2011 : 144). Ceci nous amène à penser à comment
faire pour utiliser toutes les ressources dont nous disposons pour extirper autant de connaissances
du participant. Ces connaissances identifiées constituent le socle et le « noyau » qui sert de base à la
construction de notre nouvelle connaissance (Marshall et al. 2011 : 144) sur l’industrie
manufacturière en RCI. Patton (2002 cité par Marshall et al. 2011 : 144) identifie trois (3) types
d’entrevues : l’entrevue informelle (qui se fait sur-le-champ et spontanée), l’entrevue guidée et
structurée et celui standardisée. Dans le cadre de notre recherche, nous allons adopter celle guidée
et structurée car elle est plus utilisée et permet aux chercheurs d’explorer un certain nombre de
thèmes et aide le participant à donner ses points de vue tout en respectant la structure de ses
réponses (Marshall et al. 2011 : 144-145).
Dans notre recherche, au total trente-huit personnes ont été interrogées entre le 21 Mars et 31 mai
2013. Il s’agit de consultants internationaux en investissement étranger et en coopération, de
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directeurs d’entreprises et de doctorant en économie, statistique et gestion. Ces choix ont été faits
en tenant compte des expertises dans leurs domaines diversifiés en matière des IDE et de leurs
nombreuses contributions au renforcement des coopérations économiques entre les pays. En outre,
il s’agit des africains (Afrique de l’Ouest) passionnés des problématiques ayant trait au
développement du continent africain pour avoir effectué plusieurs études et consultations dans les
pays africains et même en CI. Nous avions pris contact avec eux par le truchement de leurs adresses
électroniques à partir de site internet. Ce qui nous a permis d’obtenir de rendez-vous dans la salle
de réunion de leurs bureaux ou par le Skype pour certains directeurs travaillant en Afrique de
l’Ouest (Bénin, Côte d’Ivoire et Togo). Au cours de nos entrevues, nous les avions encouragé à
nous « peindre » le tableau panoramique de la réalité industrielle africaine et surtout ceux des pays
de l’UEMOA, les obstacles qui empêchent ces pays d’attirer l’investissement étranger, les
contraintes de la mise en place d’une industrie manufacturière sous régionale (le cas de la CI a été
abordé avec plus de minutie) et les caractéristiques majeures d’attraction des investissements ont
été finalement abordé avec quelques recommandations. Nos entretiens se sont déroulés dans les
meilleures conditions. Les participants, au terme de nos entrevues, ont précisé les connaissances
jugées importantes à nos yeux tout en donnant certaines sources pertinentes à notre recherche. Il a
duré 58 minutes pour la plupart suivant le guide d’entretien (voir annexe 1) préétabli et adapté à
notre situation. Les entretiens ont été retranscrits constituant au final un matériau empirique de 668
pages saisies (dactylographiées) avant de procéder au codage des données.
Le codage reprend les thèmes abordés dans le guide et nous a permis de comprendre les schèmes
qui sous-tendent l’attraction des IDE en Afrique et leurs impacts sur l’industrie manufacturière. Les
différentes catégories définies a priori (avant notre entretien) sont rendues riches à travers la lecture
de notre verbatim. Ce qui nous a favorisé à concevoir une grille d’analyse stable composée d’autres
catégories plus fines voire raffinées. La profondeur de nos discussions et nos engagements
respectifs par rapport à notre sujet de recherche (Marshall et al. 2011 : 145) ont été très
déterminants et bénéfiques.
Enfin, une dernière partie de notre méthodologie est consacrée à l’analyse documentaire. L’analyse
documentaire est capitale en ce sens qu’elle permet de juger la qualité d’une recherche en spécifiant
nos questions de recherche. Elle nous offre la possibilité d’utiliser des paradigmes et des concepts
communément admis dans le champ de notre recherche. Ceci nous permet d’identifier les mots-clés,
de situer notre problématique et identifier d’autres recherches pouvant servir de triangulation des
données et l’intégration des points de vue (Gephart, 1993, 1997 cité par Dariau et al. 2007 : 17).
14
Dans le cadre de notre recherche, nous avions identifié et examiné une centaine d’articles. L’outil
électronique nous a permis d’utiliser les bases de données multidisciplinaires et spécialisées telles
que ProQuest ABI/Inform global, EBSCO Information services, Web of Science (ISI) et Google
scholar. Ces documents sont constitués d’articles académiques (rédigés des années 1990 et 2013),
de rapports annuels élaborés par la Conférences des Nations Unies pour le Développement du
Commerce, Organisation des Nations Unies pour le Développement Industriel, Union Africaine,
Nouveau Partenariat de Développement de l’Afrique et d’autres de la République de la CI. Nous
avons eu accès à des bandes vidéo réalisées sur l’Industrialisation africaine (Congo). Nous pouvons
citer entre autres, les notes d’entrevues, les documents internes aux entreprises, les magazines, les
transcriptions et autres documents du terrain tel que le journal de bord. En effet, la rédaction d’un
« research diary » permet de prendre des notes analytiques, descriptives et méthodologiques. Cette
rédaction augmente la réflexion du chercheur et nous a permis de revisiter les liens entre la
méthodologie et l’épistémologie. Nous avions, in fine constituer une grille MS Excel d’analyse de
données avec des informations telles que le titre, l’auteur, année de publication, la nature de la
recherche, les thèmes développés, la langue et nos commentaires appropriés. Le tableau 1 présente
convenablement les liens entre nos différents thèmes, nos différentes questions ainsi que les
réponses escomptées lors de notre entrevue.
Pour éviter des erreurs et donner plus de fiabilité à notre recherche, ce travail est doublé d’une
analyse de contenu qui requiert une analyse des documents (Depelteau, 2007 : 303). Cette dernière
analyse nous a permis d’extraire certaines idées maîtresses tout en attribuant un code à chacune
d’elles.
Tableau 1 Adéquation entre les questions de recherche (QR), les thèmes, les questions dans le
guide dans le d’entrevue (QGE) et les résultats attendus2
Nº
QR
Thèmes Nº
QGE
Résultats attendus
1, 2
Déterminants d’attraction
des IDE et
développement de
l’industrie manufacturière
4, 5,
7
Compréhension du participant des relations ou
impacts entre l’IDE et le développement de
l’industrie manufacturière
Explication du participant des politiques
d’attraction des IDE (les rôles du gouvernement par
exemple)
2 A défaut d’une matrice de classement des matériaux recueillis qui va rendre notre cadre conceptuel redondant, nous
avons proposé ce tableau (1) qui donne une vue panoramique sur le classement de notre observation au cours de l’entrevue.
15
1
Atouts pour un
développement industriel
en Afrique (CI)
2, 6,
7, 8
Explications des ressources et opportunités des
ressources intrinsèques dont disposent les pays
africains qui peuvent favoriser l’attraction et le
développement de l’industrie manufacturière (les
infrastructures d’accueil ou les ressources naturelles
disponibles par exemple)
Obstacles et
développement de
l’industrie manufacturière
2, 3
Perception du participant des différents goulots
d’étranglement liés au développement de l’Industrie
manufacturière en Afrique
3
Recommandations
générales et spécificité du
contexte ivoirien
8, 9
Formulation par le participant de certaines
recommandations ou pistes de solutions par rapport
à la stratégie d’attraction des IDE et le
développement de l’industrie manufacturière en
Afrique de l’Ouest (UEMOA) et plus
spécifiquement la CI.
Notre cadre conceptuel a également joué un rôle prépondérant dans cette partie subtile et
intellectuelle de notre travail. Pour rendre notre analyse plus fidèle à la narration et à la réalité de
notre observation, nous nous sommes servis du logiciel QDA Miner (voir annexe 5). Même si le
monde des logiciels évolue à une vitesse foudroyante et vertigineuse, QDA Miner selon Jean-Marie
Milon et al., (2007 : 164) se caractérise par la simplicité de ses fonctions.
7. Qualités de la recherche et considérations éthiques
Le chercheur dans sa recherche est à la quête permanente de la validité de ses résultats. En effet,
cette validité vise la généralisation de la recherche par le respect de certains critères de qualité et de
considérations d’ordre éthique. Ainsi, la validité de la connaissance produite par le chercheur se
mesure par sa capacité à exprimer en terme clairs les vérités sur lesquels il fonde explicitement ses
raisonnements et argumentations. La scientificité de notre recherche réside dans sa capacité à
« engager la conviction de la communauté des scientifiques en dépit du caractère local et contextuel
de l’étude » (Mukamurera et al. 2006 : 111). De plus, les travaux de Lincoln et Guba (1985) ; Miles
et Huberman (1994) ont permis de déterminer les critères visant à valoriser les résultats de notre
recherche. Ces critères sont au nombre de quatre : la crédibilité, la confirmabilité, la transférabilité
16
et la fiabilité. Ces critères de scientificités de notre recherche sont abordés ici en termes d’outils
garantissant la généralisation de nos résultats et nous permet de construire des connaissances
valides mais dépendantes du contexte.
La crédibilité repose sur l’exactitude des conclusions avancées par notre participant et qui « collent
» à la réalité (Fortin et al., 2006 : 244). A travers notre recherche, nous avions fait preuve de rigueur
méthodologique par rapport à nos comptes rendus, les buts et objectifs sont nos véritables sources
de crédibilité. Nous avions aussi respecté la transparence par rapport aux différentes justifications
relatives à notre démarche. Nous avions également fait recours à la triangulation qui constitue un
moyen additif d’accroître la crédibilité d’une recherche. Elle permet d’employer plusieurs méthodes
d’observation (Denzin, 1978 : 28). Notre recherche est le produit de deux sources de données
(entretien et divers documents) répond à cette perception méthodologique. L’analyse des données,
des va-et-vient entre les nombreux « patterns », « thèmes » et « gestalts » (Miles et Huberman,
2003 : 438), la profondeur de nos analyses confirment l’assertion de Patton : « being able to report
that you engaged in a systematic search for alternative themes, divergent, patterns and rival
explanations enhances credibility » (2002 : 553).
En ce qui concerne la confirmabilité, nous avions usé de notre neutralité afin de rendre compte le
plus fidèlement possible des témoignages des participants. Elle nous a permis d’éviter des biais
(Miles et Huberman, 2003 : 502). Plusieurs extraits de témoignages des participants sont cités dans
la recherche afin de permettre aux lecteurs et chercheurs d’opérer des interprétations respectives par
rapport à ce que nous proposons. Nos données brutes (le verbatim) sont gardées et peuvent aussi
être consultées en tout temps au besoin.
Le troisième critère est celui de la transférabilité. Elle permet la transposition des résultats à
d’autres contextes que celui de l’étude autrement dit, il s’agit de l’élargissement de portée au-delà
des particularismes de l’échantillon (Miles et Huberman 2003 : 505). Mukamurera et al., (2006 :
130) identifient trois conditions liés à la transférabilité des résultats. Il s’agit de : la pertinence
théorique de l’échantillon, la saturation des données et l’atteinte d’un niveau d’abstraction. Dans
notre recherche, nous avions expressément définit notre échantillon pour favoriser son applicabilité
au plan théorique. Nous avions également dans le respect de notre posture thématique cherché de
manière incrémentale à atteindre un niveau de conceptualisation parfaite.
Quant à la fiabilité, elle vise la cohérence et la stabilité du processus de recherche (Miles et
Huberman, 2003 : 503). Nous avions décrit de manière plus ou moins exhaustive les détails qui
17
fondent l’ossature et l’élaboration de cette recherche. Ces détails permettront la « réplicabilité » de
notre recherche par un autre chercheur dans le respect des situations identiques et similaires.
Il faut néanmoins noter que cette recherche n’est pas absolument objective et par ricochet, elle n’est
pas exempte de tout biais et de toute subjectivité. Notre seul participant (entretien individuel) ayant
à cœur le développement de l'Afrique est sujet de ses passions et de ses émotions de même que
nous.
Tout au long de cette recherche, nous avions fait preuve du respect de certains principes d’éthiques
régissant les recherches en sciences sociales. Nous avions élaboré un formulaire de consentement
éclairé. Nous avions également obtenu un rendez-vous délibéré de nos participants. Nous n’avions
pas fait usage de force physique ou financière (absence de coercition et de manipulation) pour
obtenir leurs adhésions. Chacun de nous a fait preuve d’un respect mutuel. Cette étude révèle d’une
importance et d’une noblesse capitale en ce sens qu’elle participe au développement de l’Afrique.
Elle peut avoir des impacts positifs sur la croissance économique de l’Afrique. Nous avions
également respecté la vie privée, la confidentialité et l’anonymat (Sieber 1992 cité par Miles et
Huberman, 2003 : 528) des participants. Les résultats issus de cette recherche ne seront ni détournés
ni utilisés à des fins personnelles (preuve d’impartialité).
8. Analyse des résultats
La présente partie expose les résultats issus de l’analyse thématique de l’entretien que nous avons
mené. L’analyse a été effectuée en fonction de nos questions de recherche. Aussi, la présentation de
nos résultats respecte, à quelques exceptions près, l’ordre dans lequel les questions ont été posées
au participant. Nous avons structuré les résultats autour des deux axes suivants : déterminants des
IDE et industrie manufacturière de la Côte d’Ivoire et les obstacles au développement de l’industrie
manufacturière ivoirienne. Pour chaque axe, nous allons fournir une analyse détaillée, basée sur
l’interprétation que nous avions justifiée dans notre devis méthodologique. Nous illustrons cette
analyse par les verbatim représentatifs de nos propos et aussi par la mise à disposition du lecteur de
nombreuses annexes approfondissant nos explications.
8.1 Les déterminants des IDE et impacts sur l’industrie manufacturière
Notre cadre conceptuel a permis de développer les facteurs importants qui expliquent les
fondements et les critères d’attraction des IDE. La présente étude permet plus précisément
18
d’affirmer que ces critères sont les vecteurs qui déterminent l’investissement. La RCI, d’abord dès
son accession à l’indépendance s’est dotée de plusieurs plans quinquennaux à caractère prospectifs
et opérationnels. Ces plans visent à définir un ensemble cohérent et réaliste d’objectifs qui ont
favorisé le décollage économique du pays. La littérature a prouvé que l’entrée des investissements
étrangers sur un marché est soutenue par les conditions institutionnelles et les caractéristiques des
infrastructures du pays d’accueil.
La Côte d’Ivoire, dans l’objectif de créer un climat incitatif aux investissements a adopté un
nouveau code d’investissement dans les années 90 pour remplacer celui ancien. Celui-ci est régi par
la Loi 95-620 du 03 Août 1995. L’objectif fondamental de ce code est d’accroître la compétitivité
de l’économie ivoirienne. Ce nouveau code est ouvert à tout investisseur, constitué sous forme de
société ou d’entreprise individuelle, de nationalité ivoirienne ou étrangère, résident ou non résident
d’être éligible aux différents régimes mis en place lorsqu’il remplit les conditions. C’est aussi un
code largement vulgarisé et dont l’accès a été largement facilité. Ce climat d’affaires déjà favorable
est renforcé par des infrastructures dont disposé ce pays de l’UEMOA. Un de nos participants, pour
souligner la singularité de ce pays affirmait :
L’ancien (Félix Houphouët Boigny) Président avait mis en place une bonne stratégie de
gestion. Il était quelqu’un qui était très ambitieux pour son pays. (…) On peut discuter de
ses stratégies géopolitiques, de ses politiques etc. Mais on ne peut pas douter de ses
ambitions pour son pays ; parfois même des ambitions démesurées mais, il voulait faire de
la Côte d’Ivoire devient un pays émergeant…
La Côte d’Ivoire a donc bénéficié d’une part considérable des flux d’IDE de la région sur la base
son infrastructure et par ses diverses coopérations multilatérales, bilatérales ou par des accords et
traités d’investissements (Banque Mondiale, 2012 ; Manguy, 2009 ; Mishra et al., 2001). Ces
accords de coopération facilitent le transfert de technologie entre un pays avancé et un pays en
retard en comblant le « gap technologique » entre les deux pays (Findlay, 1978).
Elle a su adopter une politique d’ouverture aux capitaux étrangers. Cette ouverture lui permet
d’accueillir sur son territoire l’immigration de cadres, de travailleurs qualifiés et surtout
d’entrepreneurs originaires de divers pays plus spécialement ceux d’Europe et de Liban (Tapino,
1990). Avec cette diversité de main d’œuvre, la technologie et la productivité des entreprises
domestiques s’améliorent lorsque les entreprises étrangères entrent dans l’économie. Elles
apportent des technologies nouvelles et procurent de l’assistance technique. L’IDE par le transfert
de connaissances améliore le capital humain. Les travailleurs et les cadres locaux obtiennent un
19
niveau supérieur de qualification en travaillant dans les entreprises étrangères. Au niveau de
l’industrie manufacturière, l’IDE contribue à l’amélioration du savoir-faire en introduisant les
nouvelles technologies et permet de former les travailleurs plus compétitifs. Il favorise également
un certain nombre de techniques de gestion et de contrôle de qualité.
Il est donc indéniable que la libéralisation économique, la stabilité politique (1960-2002), la
désétatisation, l’ouverture commerciale, le développement de l’agriculture (café et cacao), les
ressources minières et la capacité démographique énorme du pays constituent autant de paramètres
qui ont permis à ce pays de bénéficier d’un important capital étranger pendant de longues années.
Toutefois, malgré l’importance des flux de capitaux étrangers, nous avions constaté que son
incidence sur le transfert de technologie, les systèmes d’apprentissage domestiques et les systèmes
d’innovation n’ont favorisé la CI pour faire de lui un pays émergent avant la crise politique.
8.2 Les obstacles au développement de l’industrie manufacturière ivoirienne
L’analyse de nos entretiens a permis d’identifier plusieurs handicaps qui agissent négativement sur
une politique industrielle dans le domaine manufacturier. Il faut premièrement noter que les pays de
l’Afrique se singularisent par leur diversité et disparité sur plusieurs plans. Il existe plusieurs
déséquilibres socio-économiques au niveau des pays de l’UEMOA. Même si, la mondialisation a
unit les frontières et fait du globe un village planétaire, il subsiste en Afrique au sein de tous les
pays des pratiques culturelles spécifiques. Ces disparités ne favorisent pas une certaine
homogénéisation au niveau des actes économiques susceptibles de favoriser le secteur
manufacturier. Cette disparité est rendu cruciale par l’inexistence d’infrastructures. A cet effet,
notre chercheur-participant interpelle :
Qu’est-ce qui cause ? Quel est le premier facteur ? Mais, il en demeure pas moins que,
quand il n y a pas d’infrastructures, évidemment, on ne peut pas penser industries. Quand je
parle d’infrastructures, je parle d’infrastructures des transports, les routes, les chemins.
Les chemins ferroviaires, vous savez ce que c’est que, ce que sont que les routes en
Afrique…
Deuxièmement, pendant la période de « miracle économique » ivoirienne, plusieurs pays de la sous
régions étaient dans une instabilité politique. Ceci n’a pas permis une certaine commercialisation de
ces produits dans la sous-région. Les guerres civiles et insurrections dans les pays comme le
Burkina Faso, le Mali, le Libéria, la Sierra Leone, le Togo… sont autant de phénomènes sociaux
qui ont eu des répercussions économiques sur les pays stables parmi lesquels la Côte d’Ivoire.
20
Le troisième handicap est lié à la mauvaise gestion des ressources humaines. Même si la Côte
d’Ivoire dispose de plusieurs centres de formation supérieure, il n’en demeure moins pas que les
employés des secteurs manufacturiers sont constitués du personnel sous-qualifié et travaillent dans
des conditions précaires. Plusieurs études ont également prouvé que le système éducatif après les
indépendances encourage la bureaucratie. Ce système était prioritairement mis en place par le
colonisateur pour favoriser l’exploitation et le drainage des matières premières locales vers les
métropoles. Ainsi, les postes de conception et de directions des entreprises revenaient aux
ressortissants de la puissance coloniale ou d’autres nationalités étrangères (Dembele, 2008).
Le quatrième handicape a trait au choix de la coopération. Il est évident que les traités
d’investissements favorisent l’essor économique. Cependant, il faut savoir opérer des choix de
coopération stratégique qui sauvegarde la souveraineté économique du pays. L’afflux des
investissements dans les PED (la Côte d’Ivoire) contribue à expliquer le déficit structurel de la
balance des biens et de services et accentue la dépendance des pays vis-à-vis de l’extérieur. Le
point d’un participant à cet égard est inéluctablement illustratif :
D’abord je parle de la chine. La coopération sino-africaine, c’est une coopération qui
fonctionne un peu comme un couteau à double tranchant. Ça dépend de là ou on se place
(…) Cela dit, la chine ne fait pas autre chose que ce que faisaient justement ces pays
colonisateurs. L’Afrique bien sûr, la Chine n’a pas la politique de France mais je pense que
le résultat est toujours le même. C’est à dire à savoir voilà un pays qui vient en Afrique
exploiter les ressources africaines, tirer parti de ses ressources africaines, sans rien donner
en échange, je veux dire que la coopération de la chine pour ne serait bénéfique pour
l’Afrique que dans la mesure où ce soit une coopération vraiment fondée sur le l’échange,
sur une dynamique d’échanges, une dynamique de mutualisation. Ce qui n’est pas du tout le
cas aujourd’hui.
Le cinquième désavantage se caractérise par le manque d’infrastructure énergétique. L’un des défis
les plus urgents des pays africains dans leur ensemble est la fiabilité de l’approvisionnement
énergétique. La Côte d’Ivoire selon les statistiques (Africa Infrastucture Country Diagnostic) a joué
un rôle pionnier dans la sous-région dans les échanges d’électricité. Elle a profité de l’avantage que
lui donne sa situation centrale, son réseau de transport électrique et sa réputation d’exportateur
d’énergie. Il faut quand même préciser que le secteur de l’énergie était géré par les services privés,
ce qui engendrait un coût pour les entreprises domestiques.
21
Le sixième point soulève les problématiques à l’adaptation de l’industrie manufacturière aux
besoins réels de l’économie. Il ne fait aucun doute que dès l’accession aux indépendances plusieurs
industries produisaient non pas pour satisfaire à la population locale mais des produits destinés aux
étrangers. Les produits agricoles ou ceux issus de la pêche ne sont valorisés. Une politique
d’industrialisation qui s’accompagnerait avec les besoins génériques des populations aura un effet
positif sur la croissance économique. La RCI, malgré ces nombreux centres de formation a accordé
moins d’attention à l’adaptabilité des besoins aux exigences industrielle du pays.
Le dernier handicap est fondamental en ce sens qu’il est la conséquence de tout ce qui précède. Il
s’agit du mimétisme industriel. Il est caractérisé par une industrialisation sans but fondamental,
sans vison et sans aboutissement. L’industrialisation ne doit pas être considérée comme une
panacée aux problèmes de développement mais doit être inscrit dans le programme de
développement économique du pays. Par rapport à ce mimétisme, un participant s’indigne :
On peut vous montrer dans chaque pays des industries, des usines, qui ont été créées de
toutes pièces qui ont fonctionnes peut être pendant peut- être une, deux ou trois années et
qui ont cessé de fonctionner ; alors même qu’on y a investies des millions et des millions de
dollars. Donc, il faut voir dans quelles conditions ces usines-là ont été créées pour répondre
à quels besoins. Et, en fonction de quel potentiel ? Certainement ces usines qui ont été
créées par mimétisme, par imposition de ce qu’ on peut appeler l’aide liée, c’est à dire les
pays qui finançaient avaient en même temps aussi des choses à vendre aux pays qui étaient
des bénéficiaires de sortes que ces industries qui ont été implantées, ne répondaient pas aux
besoins des pays africains et ne répondaient pas non plus à un marché réel qui existe, a un
potentiel réel qui existe…
La stratégie de développement du secteur manufacturier doit être accompagnée de réglementation
de secteur industriel. Ce qui manque à la majorité des pays africains dont la CI. Il ne s’agit pas
seulement d’attirer les IDE mais il faut savoir se positionner par rapport au marché surtout que nous
sommes à une phase de mondialisation économique. Ce positionnement industriel permettra aux
états de la sous-région ouest-africaine de concentrer leurs efforts sur les la capacité technologique
domestique, telle que les entreprises multinationales étrangères ne puissent pas avoir la mainmise
sur le marché et, par conséquent, en exclure les entreprises locales.
22
9. Discussion et conclusion
Par cette étude, les bénéfices et les retombées positives des IDE ne sont pas remises en cause.
Prioritairement, nous avons comme objectif d’identifier les freins au développement du secteur
manufacturier malgré une énorme capacité d’attraction des IDE. Le cas de la Côte d’Ivoire est un
exemple très illustratif. L’historique de l’industrie manufacturière de la Côte d’Ivoire et de
plusieurs autres pays de l’UEMOA a été bien court. Dans les années 80, ce secteur contribuait pour
17% au produit national brut (PNB). Ce pourcentage plaçait la RCI au rang des pays industriels de
l’Afrique sub-saharienne (Lesueur, 1995 : 2). Les résultats de cette recherche permettent de montrer
que l’attraction majoritaire des investissements étrangers ne suffit pas à lui seul d’insuffler un
dynamise au niveau de l’industrie manufacturière. Le gouvernement doit jouer un rôle central et
fondamental hormis ses fonctions régaliennes telles décrites dans la littérature. Il doit veiller à la
protection des industries domestiques et assurer un transfert réel de connaissances et de
technologies entre les multinationales et les filiales installées sur son territoire à l’instar des pays de
l’Asie du Sud-Est (Chine). Car le transfert est perçu comme un processus qui favorise l’émergence
des apprentissages. Il est donc du devoir des états de mettre en œuvre des stratégies dans la
dynamique d’acquisition de compétences et de technologies. Car le secteur de production de biens
manufacturés exige un apport important de qualification professionnelle.
Beaucoup sont également les pays de l’UEMOA qui cherchent à renforcer leur compétitivité
industrielle afin de participer aux marchés mondiaux. Cette présence ne serait que possible que
lorsqu’ils font la promotion de l’entrepreneuriat, soutiennent les entreprises nationales par l’accès
aux crédits de financement avec un taux d’intérêt moins élevé et surtout par le développement de
l’agriculture. Le secteur manufacturier couplé avec l’agriculture comprend de nombreuses activités
à forte intensité de main d’œuvre utilisant des technologies matures et faciles d’obtenir.
En Afrique, par rapport à nos données statistiques de la Banque Mondiale, les flux d’IDE ont
tendance à se concentrer dans un petit nombre de pays. L’investissement étranger peut être attiré
par les pays ayant un marché intérieur étendu. La plupart des pays de l’UEMOA sont unis par des
accords de coopération économiques permettant à divers pays de tisser de produire des biens pour
une population de plus de 90 millions habitants. Pour favoriser cette stratégie, il est opportun voir
majeur que les entreprises se constituent en réseaux œuvrant comme des grappes. En effet, les
grappes industrielles regroupent des entreprises de tailles diverses, unies par une communauté
d’intérêt, des complémentarités ou des indépendances et développant volontairement des relations
23
de coopérations dans un ou plusieurs domaines. Pour Porter (1990: 131) la grappe industrielle (voir
annexe 6) s’entend comme: « a consequence of system of determinant is that a nation’s competitive
industries are not spread evenly through the economy but are connected in what I term cluster
consisting of industries related by various kinds ». Ainsi, les grappes industrielles favorisent
l’émergence et la croissance d’une région ou d’un pays sur le plan international. Dans un dynamise
de coopération régionales sécurisée par de multiples accords, la grappe industrielle constitue
également une des approches pour accélérer l’industrialisation de l’Afrique. Ce modèle de diamant
de Porter tiennent compte des conditions de facteurs telles que la main d’œuvre et des
infrastructures, les conditions de la demande sur le marché local, des industries en relations avec
même les universités et tout ceci mise en mouvement par une structure et stratégies compétitives
des entreprises soutenues par le gouvernement. Un participant s’interroge sur de l’avenir de
l’Afrique et déclare :
Il n’y a pas de raison pour que l’Afrique ne décolle pas disposant de toutes ses ressources
là. Alors qu’est-ce que l’avenir nous réserve évidemment ? L’avenir nous réservera ce que
les dirigeants d’aujourd’hui, les sociétés civiles d’aujourd’hui sont entrain de concocter
comme avenir.
Dans un monde changeant et versatile, une industrialisation manufacturière réussie nécessite des
institutions fortes mise en place par les gouvernements des pays, d’une technologie basée sur
l’innovation, de constitutions de réseaux, de stratégies d’alliances et de coopérations et d’une
utilisation adéquates des ressources qui sont aussi de plus en plus rares et limitées. Le modèle des
configurations de Miller est riche et vraiment explicatif de la situation de la RCI.
Notre première contribution est de montrer qu’il ne suffit pas d’attirer les investissements mais il
demeure important de mettre en œuvre des stratégies performantes pour la compétitivité de ces
industries. Les différents critères d’attraction des investissements sont louables. Cependant, à quoi
serviront ces investissements s’ils manquent de stratégies nationales ? Notre seconde contribution
est théorique. En effet, pour une performance au niveau du secteur de l’industrie manufacturière, les
stratégies doivent s’inspirer d’une vision synchronique permettant à combiner plusieurs paramètres
ou « archétypes » tels que l’aspect l’environnement socio-culturel, les compétences et les
institutions. Cette approche nous a donné la capacité de réduire le spectre de notre analyse en
dégageant des typologies et nous permet de définir l’état d’un élément même si nous n’avons pas
une idée de ce que pourrait être les autres (Miller et al., 1983). La troisième contribution n’est que
la conséquence de la performance industrielle. Une fois réussie, ces entreprises doivent s’intégrer
24
dans des réseaux sous régionaux à travers les politiques d’intégration. Ce réseau va leur permettre
de se développer au-delà des frontières territoriales et de conquérir des compétences et des savoir-
faire dont l’entreprise ne disposait pas ainsi que l’élargissement de son marché.
Ces trois contributions mettent en évidence le devenir de la performance industrielle dans les pays
de l’UEMOA et interrogent les dirigeants à réfléchir sur la mise en œuvre d’une vision
synchronique et intégrative. Néanmoins, il faut noter que cette recherche ne serait à lui épuiser la
complexité des freins ou des obstacles liés au développement de l’industrie manufacturière dans les
pays de l’UEMOA. Pour de futures recherches concernant les pays de l’UEMOA, il serait toutefois
intéressant d’apprécier d’abord la dynamique des exportations du secteur manufacturier afin de
comprendre les spécificités sectorielle nationales et régionales. Ensuite, l’impact de la
mondialisation sur la division mondiale du travail dans le domaine manufacturier peut être
interprété de même que le niveau des qualifications subséquentes. L’étude de la littérature révèle
également une pénurie d’études à caractère prospectif sur les phénomènes de délocalisation, de la
sous-traitance et de cluster industriel. Ces différentes thématiques constituent les bases théoriques
qui doivent nourrir le développement des entreprises industrielles en Afrique, continent du prochain
millénaire.
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Développement International (CERDI-CNRS), Université d’Auvergne, Clermont-Ferrand,
France.
28. Wernerfelt B. (1984). “A resource-based view of the firm”, Strategic Management
Journal, vol. 5, 1984, p. 171-180.
29. Wilhelms, Saskia K.S. Institutional FDI Fitness: Determinants of Foreign Direct Investment
to Emerging Economies. PhD Thesis. Medford, MA: Fletcher School of Law and
Diplomacy, February 1998.
30. Yao Amewokunu et Zhan Su. (2009). « Repenser l’évaluation du risque-pays dans le
contexte de la mondialisation », Management international, vol. 13, n° 2, 2009, p. 35-52.
27
Sites des institutions spécialisées
United Nations Organisations (Divers rapports et statistiques provenant de l’OCDE,
UNIDO, BANQUE Mondiale, UNCTAD) http://www.un.org/en/ consulté du 02 février au
20 avril 2013
Union Économique et Monétaire Ouest Africaine : (Divers rapport de la BCEAO, BOAD,
NEPAD et Africa Progress Panel) http://www.uemoa.int/Pages/Home.aspx consulté du 02
février au 20 avril 2013
29
Annexe 1
Guide d’entrevue
1. Pouvez-vous me parler un peu de vous ? Votre parcours professionnel ? Votre milieu de
travail ?
2. Quelles sont vos premières sensations ou sentiments quand on vous parle de
l’industrialisation manufacturière de l’Afrique ? De l’Afrique de l’Ouest et surtout de la
Côte d’Ivoire ? Autrement dit, quelles sont vos premières idées ?
3. Selon vous, quels sont les obstacles majeurs qui freinent ce type d’industrialisation dans les
pays de l’Afrique ?
4. Les statistiques récentes des Nations Unies témoignent de la performance économique des
pays Africains. Cette croissance économique n’a été possible que grâce à la capacité de
mobilisation des investissements par les pays africains. Pensez-vous qu’une forte attraction
des IDE (Investissement Direct Étranger) peut favoriser le développement de l’industrie
manufacturière dans les pays africains ? L’IDE est-il toujours profitable pour les pays
africains ?
5. Quelles sont selon vous, les critères qui peuvent augmenter la capacité d’attraction
d’investissement de l’investissement étranger ?
6. Pouvez-vous me dire quels sont les atouts dont dispose les pays africains (par exemple la
Côte d’Ivoire) pour une hégémonie au niveau de l’industrie manufacturière?
7. Plusieurs pays, de nos jours développent des stratégies clés d’investissement par la
coopération. Pensez-vous que les accords de coopération peuvent-ils participer au
renforcement des capacités industrielles des pays Africains ou de la Côte d’Ivoire ? Faut-il
des coopérations intra régionales ou avec les pays du Sud, émergent ou du Nord ?
8. J’espère que vous connaissez bien la Côte d’Ivoire. Singulièrement, quelles impressions
aviez-vous de la Côte d’Ivoire par rapport à l’Industrialisation manufacturière ? Après ces
indépendances jusqu’à la crise post-électorale?
9. Pour terminer, quelles sont vos recommandations pour une industrialisation performante
africaine ? Existe-t-il des pistes de solutions ?
30
Annexe 2
Formulaire de Consentement
Madame / Monsieur
Je suis étudiant à l’Université Laval. Mon nom est Alexis Abodohoui. Je puis être contacté à
alexis.abodohoui.1@ulaval.ca
Je fais mes études en Gestion Internationales et je m’intéresse spécialement aux thématiques
relatives à l’Industrialisation de l’Afrique. Je travaille actuellement sur l’Attraction des IED et le
Développement de l’Industrie Manufacturière en Afrique de l’Ouest : Cas d’Etude de la Côte
d’Ivoire. C’est dans ce cadre que je vous invite à participer à ma recherche en répondant à mon
questionnaire. Vous pouvez m’arrêter pour avoir plus d’éclaircissements lorsqu’une question vous
semble confuse.
Votre participation consiste à répondre à une dizaine de question pendant une durée maximale
d’environ soixante minutes. Par votre participation, nous croyons pouvoir apprendre davantage sur
les sur les différentes stratégies pour une industrialisation africaine. Pendant le déroulement de
l’entrevue, vous pouvez mettre fin à votre participation en tout temps sans aucun préjudice. Vous
pouvez aussi ne pas répondre à certaines questions qui vous semblent très personnelles. Je veillerai
à ce que votre participation reste confidentielle. Vos réponses resteront anonymes de même que
votre identité. Les résultats ou autres données peuvent être publiés à des fins scientifiques.
Cette étude sera partagée par mon Comité de Thèse et d’autres membres de l’Université Laval. Les
résultats issus de mes travaux seront présentés à des conférences, publiés et logés dans la
bibliothèque de ladite université.
Sincèrement, je vous remercie de votre précieux temps que vous accordiez à cette étude qui
m’aidera à mieux identifier les obstacles d’une industrialisation manufacturière africaine.
Votre signature ci-dessus signifie votre acception à participer à cette recherche. Vous recevez une
copie du formulaire signé et daté que vous allez conserver pour des références ultérieures.
Je vous remercie
__________________________ __________ ________ ________________________
Participant (ou son représentant) Date Heure Nom et Prénom (s)
31
__________________________ __________ ________ ________________________
L’enquêteur Date Heure Nom et Prénom (s)
Pouvons-nous conserver et utiliser cette participation pour d’autres recherches ?
Oui
Non
32
Annexe 3
Evolution des IDE dans l’UEMOA (1996 – 2011)
Country
Name
Country
Code
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Bénin BEN 35517375.
98
27015294.
53
37952254.
68
39264307.
43
59736541.
13
43858541.
8
13508119.
58
44731565.
66
63844349.
5
-8785364.6
95
-12352499.
8
139006086.8
48016408.
32
-18732013.
56
53454932.
99
118465835.6
Burkina
Faso
BFA 16225134.
49
9765809.0
46
4407138.2
08
7925950.8
3
23219874.
87
9164593.5
86
16063399.
56
30831022.
58
3829373.7
85
52109308.
16
83774772.
55
21683121.
76
33056780.
41
56426881.
77
34619011.
18
7417360.0
13
Côte d'Ivoir
e
CIV 269180619.3
415303614.5
380014112.4
323675947.6
234701641.1
272680081.7
212629136.7
165347467.5
282979933.1
348920761.5
350652855.7
443215533.1
46648959
7
39603077
4
35811890
9
344165504.6
Guinée-
Bissau
GNB 1030000
11479108.
88
4407138.2
08
730876.61
34
702270.86
31
395613.59
63
3561035.8
79
4005503.6
87
1726341.5
19
8692468.0
9
17887123.
56
18768252.
52
6627881.1
23
-1346926.0
17
1469884.4
65
19366091.
22
Mali MLI 44793062.
54
62986001.
56
8868521.5
06
2178011.8
41
82439544.
84
121731667.8
243804700.2
132260768.2
101002336.4
17487691
2
16959586.
42
-50072320.
6
100318161.6
102764525.3
26928364.
17
177804715.8
Niger NER 9873865.7
1
18171246.
43
-1023812.5
276108.88
37
8437078.8
97
22895113.
75
2404631.8
02
14912242.
46
26326708.
16
49733809.
25
40274236.
62
98942805.
39
281935056.4
63127838
7
940316227.1
10136352
27
Sénégal
SEN 8722468.5
8
176017459.3
70619331.
61
153246927.1
62937490.
49
31942387.
44
78052970.
94
52494809.
92
77028525.
68
167871749.6
289579009.5
350986144.1
453898201.2
330149356.4
274894642.9
286098171.9
Togo TGO 17308098.
79
20999902.
65
30161787.
4
42554875.
65
41921340.
74
63584654.
22
53363887.
38
33733636.
29
59358133.
05
95965416.
47
91315553.
92
62324369.
4
50687212.
17
46118873.
9
124942198.6
53771621.
6 Source : Banque Mondiale, 2012 http://www.worldbank.org/en/country/cotedivoire/research/all?qterm=&teratopic_exact=International+Economics+and+Trade
33
Annexe 4
Evolution des IDE dans l’UEMOA
Annexe 5 (Verbatim)
-2E+08
0
200000000
400000000
600000000
800000000
1E+09
1.2E+09
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
BEN
BFA
CIV
GNB
MLI
NER
SEN
TGO
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