baruk joseph - les hallucinations dans la paralysie générale (1894)
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Les hallucinations dansla paralysie gnrale /par Jacques Baruk,...
Source gallica.bnf.fr / Bibliothque H. Ey. C.H. de Sainte-Anne
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Baruk, Jacques (1872-1975). Les hallucinations dans la paralysie gnrale / par Jacques Baruk,.... 1894.
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-
Les ~MC~ dans la
~r~ ~M~
Baruk J.
G. Steinheil
Paris 1894
-
Symbole applicablepour tout, ou partie
des documents microfilms
Or
-
Symbole applicablepour tout, ou partie
des documents nucroffims
Texte dtrtor reliure dfectueuse
MF Z 43-120-11
-
E S
TT'T A T T TT/T'~T A rtif y~~T~t
HALLUCINATIONS
LA PAttALYSHS
-
~g~ ~M.
HALLUCINATIONS
DANS
LA PARALYSIE GENERALE
t~~
Jacques BARUK
DOCTEURMM~DECtNEOELAFACUM&DEPAntSMTEHNE CE L'HOPITALCtVtLMHVKnSAtLLRa~NCir~'1, Dr 1,'IiOPITALCIVILDE VifR.PAlLi.rg
fNTEnNERESASft.KSDELASEtNE
PARIS
~j G. S T E IN H E 1 L D 1 T E U H
2, RUEMSIMM-MLAVtGNE,2
~S044
-
A M. MAutucECATTAUt
~'0: ytOMM~S d'MMC prO/bM~f ;-eCOKMMS
-
Au dbut de nos tudes sur l'alination mentale, notre
matre M. le D' Briand, dont nous avons eu l'honneur
d'tre l'interne pendant notre premire anne, avait sou-
vent attir notre attention sur les formes nombreuses et
varies que revt le dlire chez les paralytiques gnraux.Il nous disait souvent la paralysie gnrale est aux vsa-
nies, ce que l'hystrie est aux affections du systme ner-
veux. !1 ne prtendait nullement tablir une analogie quel-
conque entre la paralysie gnrale et l'hystrie, deux ma-
ladies absolument diffrentes. Il faisait, pour ainsi dire,
une simple proportion arithmtique. Autrement dit, de
mme que l'hystrie, en dehors de ses signes particuliersou stigmates, peut donner lieu des syndromes rappelant
de trs prs les affections les plus varies du systme ner-
veux, de mme la paralysie gnrale, en dehors de ses stig-
PREFACE
LES
HALLUCINATIONS
UAMS LA t'ARALYSt SMttALE
-
-~6~
mates (dmence et signes physiques), peut donner Heu
des syndromes fdlire~) rappelant de trs prs toutes les
autres maladies de l'esprit. Nous aurions voulu faire un
travail dans ce sens, mais l'tendue et ht dlicatesse du
sujet r6clan)aient un temps et une comptence que nous
nepou\'ionsavoir. Nous avons recu! devant la difficult
et nous avons prfre tudier i'un des nombreux troubles
intellectuels de la paralysie gnrale les hallucinations.
Nous remercions M. le D'Vallon, dont nous avons l'hon-
neur d'tre actuellement l'interne, del bienveillancequ'iila montre pour notre instruction clinique et des excellents
conseils qu~il nous a prodigus dans le cours de ce travail.
Que nos maitres des hpitaux de Paris et de l'hpitalcivil de Versailles reoivent ici le tmoignage de toute
notre reconnaissance,
Nous remercions vivement M. le ProfesseurJotfroy de
l'honneur qu'il nous fait en acceptant la prsidence do
~notre~thse. ~J~
-
INTRODUCTION
La question des haitucinations dans la paralysie gn-
raie est encore trs obscure. Admises par les uns, nies
'par les autres, les erreurs des sens sont considres par
un certain nombre d'anteurs comme trs frquentes dans
la paralysie gnrale.
Nous essayerons dans ce modeste travail de fixer ce
point de la pathologie mentale.
Pour jnstiffer l'opinion que noua dvelopperons, nous
emprunterons nos arguments din'rentcs sources.
Outre tes faits cliniques nous consulterons les crits des
auteurs, ainsi que l'anatomie et la physiologie pathologi-
ques.
C'est pourquoi nous adopterons l'ordre suivant
Dans le premier chapitre nous prsenterons un court
rsume des connaissances actuelles sur les hallucinations
en gnral. Si nous nous tendons sur certains dtails et
en particulier sur le mcanisme du phnomne, c'est quenous aurons besoin dans la suite de nous appuyer sur ces
donnes.
Dans un second chapitre~ nousnumrerons sans com-
mentaire les diffrentes opinions mises par les auteurs
relativement l'existence ou la non-existence des halluci-
nations dans la paralysie gnrale.
-
8Nous donnerons ensuite notre opinion personnelle et
nous chercherons voir si une critique raisouue des opi-nions des auteurs ne vient pas dj en sa faveur.
Dans le chapitre !V nous verrons quoi peuvent nous
amener tes considrations tires de 'auatomie et de la `
physiologie pathologiques.Nous aborderons ensuite tes faits cliniques, et, aprs
avoir montre combien est quelquefois difucilela constata-
tion des troubles sensoriels chez les paralytiques, nous
donnerons un certain nombre d'observations de malades
atteints d'hallucinations et illusions.
Aprs avoir cherch prciser dans quelle frquence se
rencontrent les fausses perceptions et dans queUe pnodede la paralysie gnrale elles s'observent, nous terminerons
par les conclusions.
-
CHAHTHH! 1
De l'hallucination en gnral.
t/ballucination, dont l'tymoto~ie est gnralement at-
tribue au mot /
-
~10'Dans tes deux ou trois derniers sicles, un certain nom-
bre de savants tudient mieux l'hallucination, qu'Us ratta-
chent un trouble intellectuel mais c'est avec Esquirol
que cette tude entre dans une voie vraiment scientin-
que. Depuis, de nombreux travaux ont paru sur la ques-
tion, parmi lesquels ceux de BaiMat'~er, de Uriere, de
Boismont, etc.
Nous n'avons pas l'intention de dcrire l'hallucination
eu dtail; nous donnons seulement quelques notions in-
dispensables pour comprendre les dveloppements ult-
rieurs de notre sujet.Et d'abord, ilimporte de distinguer l'hallucinatiou de
l'illusion. Dans l'illusion, il existe une sensation rellement
perue, maiscettescnsation devient la base d'une interpr-
tation errone, dlirante. Un bel exemple d'illusion est
celui d'une loueuse de chaises d 'un6 glise de Paris, cite
par Leuret, qui, atteinte d'une pritonite chronique, expli-
quait les douleurs qu'elfe prouvait par la. prsence de plu-sieurs evques qui tenaient daus son ventre un concile (t).
LeshaHucinations peuvent frapper tous les sens la vue,
l'ome, l'odorat, le got et le toucher. Il existe gaIemBtdes hallucinations du sens gnital et de la sensibilit g-
nrale.
~ous devons nous tendre davantage sur la ua-ture et la
pathoguie des hallucinations car de cette tude dcoule-
ront pour nous des notions permettant de nous dem~adeE
(i)DAcoN~T,Trat
-
il:
si, M~o~, les hallucinations doivent occuper une placea r. r,ic, "s;t:;yimportante d.ms !a paralysie gnnilH.
Sans nous arrcteraux thories tho)ogiquc(dans la
-
12-
factives; optiques, celles qui conduisent les impressions
de la sensibilit gnrale, et enfin les fibres acoustiques. Les ~H/M'0/M ~pM.yw
-
-~3
tives aux localisations crbrales, a formule une thorie quirallie actuellement ia majorit. des sun'ra~'cs. Htif. voir que
sous une inHuence quelconque les coures corticaux de la
sensibilit peuvent entrer en action;, primitivement, sans y
tre solicites par une excitation priphrique, absolument
comme les centres moteurs entrent en action sans l'in-
fluence de la votont pour produire les convulsions de l'-
pilepsie partieltc.C'est mme ce qui a fait dfinir l'haitucination par cer-
tains auteurs /wrini, c.~ ~H ~i'c.M'o/ ~.sv
-
avec ce centre que nous localisons la sensation. Voil quinous explique que dans l'hallucination, le trouble senso-
riel a une analogie telle avec l'image normale, qu'il amne
une conviction absolue et que les malades ne peuvent pas
admettre qu'il s'agisse l d'un phnomne pathologique.Voil pour la partie sensorielle du phnomne halluci-
natoire la participation de l'intelligence s'explique facile-
mentparlesrelationsanatomiquesnomhreusesquiexistententre les centres de perception eties centres suprieurs ou
intellectuels de la rgion frontale. Les recherches de ces
dernires annes, celles de Meynert en particulier, ont
montre en eu'et la. prsence dans le cerveau de systmes de
nbrcs varies reliant entre elles les circonvolutions des deux
hmisphres, ainsi que les din~rentes circonvolutions d'un
mme hmtsphf'e.
C'est 1~ expose ~ndtail, la thorie de Tambun qM!est trs satisfaisante et quia. pour elle des arguments scieH"
tinques d'une grande valeur. M. Magnant) l'a adopte
dans ses leons, et JM. le prolesseur Jonrpy (2), dans~sa
Ipbn d'onvertnre ala clinique de l'asile Ste-Anne, l'a ad-
mi~eegaiement'san~restrtction.~
Mais revenons Bailiar~er. A cote des hallucinations
psycho'schsorielles dont nous venons de parler, il admet,
et cela surtout pour le sens de 1'oue~ l'existence d'halluci-
nations purement psychiques. Ces dernires qui ont
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18
retrouves depuis par un grand nombre d'observateurs,
ont t dont la lsion peut produire isolment la perte de la m-
moire auditive des mots, de la mmoire visuelle, etc.
Pour ce qui est du centre moteur d'articulation, on ad-
met qu'il est voisin d'un centre percepteur sensitif. C'est
dans ce dernier que vient s'emmagasiner la sensibilit
musculaire nous donnant la notion des mouvements de la
langue qui s'effectuent dans l'articulation des mots. Que
sous l'influence d'une cause quelconque, ce centre vienne
a tre te sige d'une excitation spciale, d'un rthisme
pathologique, une image motrice d'articulation se mani-
feste, s'extriorise, etle malade prouve la mme sensation
que s'il parlait, tl n'entend rien, mais itala sensation d'un
mot on d'une phrase prononce intrieurement. C'est l ce
que l'on a appel le langage intrieur, le langage de la
pense. C'est l'hallucination verbale psychomotrice (i).Tel est le mcanisme de l'hallucination en gnral.
Nous allons maintenant tudier ce symptme dans la
tnaladie qui nous occupe.
(t) Sn'ir.s, T
-
CHAPITRE)!
Opinion des auteurs sur le sujet.
Bien que l'unit del paralysie ~nerate ait et procla-me dj depuis 1822 (1), l'histoire de cette maladie s'est
depuis cette poque enrichie tous les jours de documents
nouveaux. Aujourd'hui mme, cette histoire n'est pas en-
tirement faite, c< malgr d'innombrables travaux, biendes dtails de cette maladie restent encore e)) litige. C'estainsi que, pour les haUucinations en particulier, les opi-nions les plus contradictoires ont t miss tour tour.
Nous allons en noter les principales, autant que posstbt
par Ordre chronologique.Bien que l'on trouve quelques cas d'hallucina.tipns dans
les observations d'Hsquirol~ nous ne pouvons rechercher
ce phnomne dans !a. littera.ture mdicale qu' partir du~}
moment o la paraiysic ~~erle pnt sa place dansj~ cadr
nosologiquc. Bayle, lepre de cette maladie, ufatt aucune
mention du symptme qui nous occupe, et dans les nom"
breuses observations relates dans son livre ~M ~a/
-
17
CAttCK
Apres Bayle, les premiers auteurs qui ont crit sur la
mningo-encphattte ne s'occupent pas dans leurs descrip-
tions du phnomne hallucination. Quelques-uns cepen-dant le notent en passant dans leurs observations. C'est
ainsi que Calmeil (
-
,i8-
manifestement dues l'alcool, un cas unique d'hallucina-
tions auditives paraissant bien dpendre de !a lsion cr-
brale.
'< De/)MM /~M~:6M?'s/oM~, ditParchappe, /e/M~
-
19--
raly tique; Lasgue (1) considre les hallucinations comme
un signe diffrentiel trs important en faveur de l'alcoo-
lisme. Le mme auteur, propos de la description de la
priode prodromique de la paralysie gnrale, admet que la
mlancolie avec ides de perscution ouvre gnralement
la scne, et, pntr de ses ides sur le dlire de perscution
dont une anne auparavant il avait fait une entit mor-
bide (2), il s'exprime de la faon suivante Une semblable
disposition d'esprit appelle les hallucinations de l'oue,
comme je l'ai dmontr ailleurs par l se Justine la re-
marque de quelques auteurs qui rangent les hallucinations
parmi les prodromes de la paralysie.
Ainsi donc, pour Lasgue l'hallucination n'est pas un
symptme de paralysie gnrale, c'est un phnomne
part se manifestant comme consquence des ides de per-scution par le mme mcanisme que dans le dlire syst-
matis.
Cependant pour tre juste, nous devons citerle passagesuivant de la thse de Lasgue, propos de l'tude de la
deuxime priode 0/! s'tonne de voir
-
20
~fMc?t~'e~si'' M~e
-
2t
MM//
-
22
Z
d'une monomanie ambitieuse simple. Une seule fois, des
hallucinations de l'oue sont notes chez une malade qu'il
considre comme paralytique (Tome page 4i4).Sans donner une opinion prcise sur le sujet qui nous
occupe, HaiUarger, dans des travaux antrieurs l'ouvrage
auquel uous faisions allusion parle des hallucinationsd'une
faon incidente. C'est ainsi que, dans une note sur le dlire
t~pochondriaquc des paralytiques gnraux publie dans
les M/M/M /M~co-?yc/!0~y~Mc~, il cite quelques mala-
des qui prtendaient que leur corps tombait en putrfac-
lion, et il ajoute que plusieurs d'entre eux paraissaient avoir
des hallucinations de l'odorat (1).Dans un court article insr dans les A~M/M~~fo-
/~r/
-
2:!
insinue timidement que quelques rares paralytiques sem-
blent vouloir chapper des hallucinations terrifiantes.
Pour f'o\'i!!e (f), prvue tousies paralytiques prouvent t
des hallucinations bien caractrises, mais qui empruntent,
au moins paria manire dont les malades les racontent,
certains caractres ht dmence, c'est--dire qu'elles sont
niaises, contradictoires, mobiles., souvent tout fait absur-
des. Les illusions ne seraient du reste pas moins frquentes.A. Voisin (2) considre les hallucinations comme fr-
quentes, mais l'instar de Foviilc, il les dit moins nettes,
moins constantes et moins systmatises que dans la folie
simple.
Saury (3), aprs avoir dit que les erreurs des sens se
rencontrent souvent dans les formes mlancoliques avec
ides de perscution o elles peuvent quelquefois se pr-senter avec une telle persistance qu'elles impriment au d-
lire un cachet particulier, rapporte l'opinion de M. Magnansur cette question. M. Magnan, en effet, divise les halluci-
nations qui accompagnent la paralysie gnrale en trois
classes les unes, sans cause apprciable, semblent pou-
voir constituer un phnomne purement psychique (hallu-
cinations simples); d'autres peuvent se rattacher une
lsion du nerf acoustique, comme on le voit, par exemple,dans certaines maladies de la moelle se propageant au
(i) Articje pa.ra.iystc gtira!e du f)te
-
24
cerveau (hallucinations symptomatiqnes) d'autres enfin
se rattachent &l'alcoolisme (hallucinations de cause alcoo-
lique). Ces dernires seraient les plus frquentes.
Nous avouons que nous ne comprenons pas trs bien les
hallucinations de la premire catgorie et nous ne voyons
pas ce que M. Magnan entend par phnomne purement
psychique.Mais s'il est vrai qu'il s'agisse de troubles sensoriels pro-
voqus par la mise en activit de l'imagination d'un cer-
veau malade, cela voudrait dire que ces troubles ne cons-
tituent pas un symptme de la paralysie gnrale, mais
simplement un phnomne concomittant, peut-tre d
une dgnrescence mentale antrieure. Si cette explica-tion est la bonne, tant donn que les hallucinations des
deux autres catgories sontdues des causes secondaires,il en rsulte que M. Magnan n'admet pas l'existence des
fausses perceptionscomme manifestation directe del m6-
ningo-encphalite.Dans sa thse de 1880, Millet (i) arrive la mme con-
clusion. Le ~a~/y~/e ~M~'a/, dit-il, M'~ ~~MCj~/MM
f/MCMs~o~, son ~OMMp~ est M:&?< ~Me/~Me/bM
/o/o~~ e/ ~ro/o/ Thomeuf, cit par Girma, est ga-lement du mme avis Dans ~MM~~ ~M~'a/
-
.25
Au contraire Girma
(2)
dans sa thse de 188) arrive:').
cette conclusionque
les hallucinations sont trsfrquentes
dans la
paralysie gnrale.
Luys (3)
est aussi du mmea~is.
Dans les conclusions de la thse de Colovitch(4)
on note
cettephrase:
L'existence des hallucinations est trs dou-
teuse M.
Rgis (S),
Hall
(6),
Jules Fairet
(7),
considrent
les hallucinations comme trs rares.
()) D(c(toMs!)'c demedccttte et
-
26
l:i eCuilerrc
(i ), Dagonet (2)sont
galementdu mme avis.
Christian et Ritti (3) soutiennent au contraire quepende paralytiques n'ont pas prouv d'hallucinations un
moment donne et principalement vers la tin de la mala-
die.
Les mmes contradictions rgnent en Allemagne.
Nous avons dj dit que, dans le livre deGriesingcr, il
n'est fait aucune mention des hallucinations.
Westphal, Jung, Kran't-bing (4) ne s'y tendent point.Ce dernier dit mme qu'elles sont si rares, que leur pr-
sence doit faire douter du diagnostic et faire penser a des
manifestations alcooliques. Hitxig, dans l'Encyclopdie de
Ziemssen, dclare que les illusions de la sensibilit gnralesont frquentes, mais que les hallucinations de la vue et
de l'oue ne se rencontrent gure.
Hagen les admet, non dans l'excitatMnmaniaque/ m
sous forme d'hallucinaUons terrinantes dans la dpression
mlancolique.~Clans (5:) conclut:ainsi:: .L~ ~M/'A' .i'
-
-27
PonrSchule 't ), Mcndcl (2) et Obersteiner (~), les lial-
lucinations sont galement frquentes.
Huppcrt (4) conclut au contraire leur absence absolue.
En Angleterre, te travail de Mickie (5) publi dans le
./o?v~/ o/' M
-
28
suivants S/.afkowski, Michea, Trla~ Morei, Brierre de
Boismont, FoviUe, A. Voisin, Girma, Luys, Christian et
Ritti, Clans, Schd!e, Mendei, Obersteitier- et Mictde.
Tous admettent, eu efict, que ies hatiucinations sont fr-
quentes dans le cours de !a mningo-enccphalite chroni-
que, quelque soit d'ailleurs le degr de cette Frquence.
-
Aprs nous tre content d'numrcr sans commentaire
les opinions les plus diverses relatives a l'existence ou
la. non-existence des erreurs des sens chez les paralyss
gnraux et s'il nous tait permis d'avancer une opinion
personnelle, nous avouerions que nous sommes persuade
de l'existence des hallucinations dans lamningo-encpba-
lite, et que nous sommes fort dispose croire leur trs
grande frquence dans le cours de cette affection.
Les arguments en faveur de cette manire de voir sont
multiples et peuvent tre tirs de diffrentes sources.
Et d'abord, un coup d'il jet surl'historique de la ques-tion nous permet dj de constater que les auteurs qui
admettent l'existence du phnomne morbide qui nous
occupe sont beaucoup plus nombreux que ceux qui la
nient. M. Magnan, qui videmment reprsente une autorit
en la matire, semble avoir, dans sa rcente monographiede la paralysie gnrale publie avec le D" Srieux, modi-
fi sa manire de voir. Tout en maintenant que le plus
grand nombre des hallucinations observes chez les para-
lytiques est d a. des excs de boissons, il reconnat qu'il
y en a d'autres, rares il est vrai, mais qui existent, d-
citApiTHEtn
Opinion personnelle.
-
30
pendant directement de l'an'ection crbro-mninge (i).
En outre, nous croyons que, si pendant longtemps on
s'est refus croire l'existence des fausses perceptions
dans la maladie de Bayle, c'est uniquement sous l'empired'ides prconues, d'ides doctrinales.
En effet, comme nous l'avons dj dit au dbut de ce
travail, on considrait autrefois l'hallucination comme un
phnomne purement intellectuel enfant par l'imagina-
tion et auquel la mmoire donnait un cachet de vrit. Or
ce qui caractrise essentiellement la paralysie gnrale,
c'est l'affaiblissement en masse de toutes les facults intel-
lectuelles et en particulier de la mmoire. Logiques avec
eux-mmes, comment les anciens pouvaient-ils admettre
l'existence des hallucinations dans la dmence paraiy-
tique?
Ce n'est pas l, du reste, une simple vue de l'esprit, car
on dcouvre nettement ces ides dans les crits des au-
teurs. C'estainsi que Mret pre proclamait que t(~a//M~
CMa~o~~M~OA'p ~'o~
-
31
-
32--
dans la sclrose de l'axe crbro-spinal. Rien d'tonnant,
par consquent, ce que les paralytiques prsentent, sou-
vent des manifestations alcooliques.Nous croyons cependant que, en dehors des hallucina-
tions d'ordre toxique faciles caractriser, il en existe, et
trs frquemment, qui ne reconnaissent aucune autre cause
que la paralysie gnrale elle-mme. Nous ne sommes
pas du reste seul de notre avis. FoviIIe, Christian et Hitti,
Girma, Mendel et Schuie pensent de mme.
En effet, si toutes les hallucinations des paralytiquestaient le rsultat des excs de boissons commis par les
malades avant leur squestration, elles seraient temporai-res et cesseraient quand les malades restent un certain
temps sans boire de spiritueux. Ce n'est pas ce qui a tou-
jours lieu pour les malades qui nous occupent. Les hallu-
cinations persistent plus ou moins longtemps, puis elles
peuvent s'attnuer ou cesser mme pendant un certain in-
tervalle pour reparatre ensuite avec toute l'intensft du
dbut, sans qu'aucun excs de boisson ait t commis
(FoviMe). La plupart des observations rapportes par Gir"
ma nous montrentdessujetsprsentantdes hallucinations
dans une priode avance de leur maladie, alors qu'ils sont
interns depuis un temps parfois trs long.D'autre part, les hallucinations des alcooliques, sans tre
exclusives au sens de la vue, affectent plus particulirementce sens. De plus, elles ont presque toujours un caractre
triste, pnible. Ce sont, autrement dit, le plus souvent des
hallucinations terrifiantes,
-
33
,t!AMt: H
Dans la paratvsie gnrale, les haiiucinations et illusions
ne sont point aussi cantonnes a un sens. Elles peuvent, au
contraire, frapper tous les sens runis on isoies tes fausses
perceptions auditives paraissent mme les p!ns frquentes,
d'aprs Pcyron.
En outre, si elles sont quelquefois de nature pnible, elles
revtent le plus souvent un caractre gai en rappor! avec
le dlire. L'observation suivante emprunte M. Garnier
nous montre un cas de ce genre.
OnsEuvATto~ (C.\nMt:n) (1).
M. G. ingnieur lectricien, troubl depuis p)u sieurs semai-
nos, est pris d'(3XcilaUondans
.nla journe du 1.2 fvrier 1888.
(S7i
nes, est. pria d'excitation dans )a journ'c du 12 fvrier 1888. )I
se prsente au palais de l'Elyse c) demande a parif' :') ~). C:)!
not. Sur la carte q'.)'H ;) remise nu concierge, il a cct'it I)"p:u'
la votoni.6 de Dieu Amen au depi., il y passe une nui! ires
agite, et, le iendejnain n 1a visite, il s'offre avec tous les dehors
du paralytique gt''nral rariicutation verbaie est, dcfect.ucuse,
les pupilles sent. ingales, ies diva~;u.ions ambitieuses tradui-
sent l'tat de dmence. .te vous annonce, dit M. G. que jesuis monte au ciel cette nuit. La, un spectacle merveilleux s'est
oner! a mes yeux: j'ai vu i'univers tout entier passer devant
moi. Des milliers d'ouvriers travaiHaientj la terre et portaientdes costumes d'une rare beaut. Des images obscures cachaient
des formes fminines, passaient, rapidement et touchaient terre.
Ces formes se mirent bientt a danser de ta faon la pins gra-
cieuse. Des perles, des rubis, des diamants traversaient i'air et
se croisaient. Plus loin, je vis la terre couverte d'arbres gigan-
tesques et de forts immenses. Puis ce fut mon apothose,
~'apothose du Travail, que je personnifie. A mes pieds s'talaitle monde. Des milliers d'tres, genoux, tendent leurs bras vers
(i) La~/te~ Pa~, 1890, pnge 28S.
-
3.4
moi pour m'adorer. Tout coup, un Si lectrique est mis encontact avec mon nombril. Immdiatement toute cette scnemcrveiUeuse s'illumine d'une manire blouissante. Je vous ledis j'ai touch la divinit, par cela seul que j'ai rsolu le pro-blme de la conservation de l'nergie, etc.
Ainsi donc, la critique impartiale des opinions mises
par les auteurs fournit dj des arguments en faveur de
notre manire de voir. !Sous croyons que des argumentsdu mme ordre peuvent dcouler de certaines considra-
tions sur les lsions encpha!ique8 de la paralysie gn-`
rale. A cet eH'et, nous demandons !a permission de passeren revue, trs sommairement du reste, les diffrentes l-
sions anatomiques qu'on rencontre dans le cerveau de ces
matades.
-
CHAP!THE!V
Considrations tires de l'anatomie et de la
physiologie pathologiques.
La lsion anatomique de la paralysie gocruic a t d-
couverte parjBayIe, qui l'a qualifie d'arachnitis chronique.
On l'a considre longtemps comme une mningo-encpha-
lite interstitielle diffuse. Depuis les rcents travaux parus
sur le sujet, on tend admettre que !a lsion de la parfdy-
ie gnrale n'est pas seulement Umiteo aux centres enc-
phaliques, mais qu'eue s'tend ata moeUe et aux nerfs p-
riphriques. Nous ne nous occuperons ici que des lsions
crbrales, qui nous intressent plus particulirement.L'arachnode et la pie-mre sont paissies, opalescentes,
tantt spares de la surface corticale par un epanchemcntdmateux plus ou moins abondant, tantt au contraire
adhrentes cette mme surface. Si l'on essaye de sparer
la pie-mre de l'ecorce, on entrane avec elle une couche
plus ou moins paisse de substance ~risc ramollie. La sur-
face de l'hmisphre ainsi dpouille de sa pie'mre scprc-sente alors parseme d'ulcrations irregulires et plus ou
moins profondes.Ces adhrences mninges, quoique diffuses, ne sont pas
absolument gnralises a toute la surface des hmisphres,
-
mais se localisent le plus souvent sur certaines circonvo-
lutions, trs variables du reste, selon le cas. Cependant on
peut dire que, chez la plupart des paralytiques gnraux, les
circonvolutions des lobes frontaux sont les plus au'ectes.
Nous ne dirons rien des lsions ventriculaires.
L'examen microscopique de l'corce crbrale ainsi al-
tre montre une prolifration du tissu conjonctif inters-
titiel qui enserre les lments nerveux et finit paren ame-
ner la dgnrescence granulo-graisseuse et pigmentairc
et, conscutivement, l'atrophie.Tucxeh a dcouvert la disparition des fibres myline
intracorticales.
Sclrose du tissu interstitiel et altrations cellulaires
taient les lsions que, jusqu' ces dernires annes, on a
considres comme propre!; la paralysie gnrale.
M. JolTroy ( ) a mon tr rcem ment que la lsion primor-
dialo sige au contraire dans la cellule crbrale. Cette l-
siot) de la cellule est raremeBt seule, nais seule elle est
l'lment indispensable, l'encphalite interstitielle n'tant
pas ncessaire.
Quelle que soit la thorie admise, il n'en est pas moins
vrai que ces lsions peuvent tre prdominantes en un point`
quelconque de l'corce, etsuivantles centres auxquels elles
correspondent, elles donnent lieu aux syndromes des l-
sions crbrales en foyers. Souvent, il est vrai, onrencon-
tre dans le cerveau des paralytiques des lsions circona-
(i) Co't
-
37
crites surajoutes (hmorrhagie, ramollissement, gommes,
etc.). Alors se produisent des monoplgies localises tel
ou tel membre, des hmiplgies, des contractures, de l'a-
phasie, de la surdit verbale, etc.
Cependant ces phnomnes paralytiques ou spasmodi-
ques, ces aphasies plus ou moins compltes peuvent aussi
reconnatre pour cause simplement, une prdominance de
l'encphalite interstitielle au niveau des territoires corres-
pondants.Mais pour provoquer une paralysie ou une aphasie, il
faut une altration profonde, une destruction plus ou
moins complte des cellules des criconvolutions corres-
pondantes. Supposons que l'inflammation du tissu inters-
titiel soit moins avance, et il n'y aura qu'une irritation
anormale du centre auquel cette inflammation sera loca-
lise. Danse cas,aulieu d'une hmiplgie, parexemple, on
aura des alternatives de contraction et de relachementdans
les muscles du ct correspondant on aura de l'pilepsie
jacksonienne, autrement dit.
En un mot, les lsions de la paralysie gnrale peuventtre destructives elles peuvent tre aussi irritativcs. H
semble mme que ces dernires soient plus importantes,du moins au dbut, car les attaques pilepiiformesne sont
pas rares dans le cours de la maladie, tandis que les mo-
noplgies ou les aphasies ne sont pas d'observation vul-
gaire.
Supposons maintenant que des lsions irritatives du
mme ordre sigent au niveau d'un centre sensoriel ou
-
38
sensitif, et ce centre va entrer en activit~ indpendamment,d'une action extrieure. Une image surgit, s'extriorise, et
l'hallucination est. constitue.
Si donc il est vrai, comme nous t'apprend la thorie de
Tamburini, l'hallucination reconnat pour cause un tat
d'excitation, un rthisme anormal d'un centre sensitif ou
sensoriel,rien d'tonnant ce qu'on observecesymptmedans la paralysie gnrate, o ta lsion est surtouteorticale.
Bien plus, c'est l'absence d'hallucinations qui paratrait `
incomprhensible. Ce n'est pas la, du reste, une vue pure-
ment thorique.
Mic!de, qui, dans son dernier travail sur les paralytiques
hallucins, a tudi dans un grand nombre d'autopsies la
distribution des adhrences mninges, a souvent rencon-
tr une prdominance des lsions au niveau des centres
CQrre~pocdntauxsensafTcts.M. Srieux ( i ), chez une malade quia prsent des hal-
lucinations verbales motrices et qui est morte rapidementd'une aHection intercurrente, a trouv des lsions presque
uniquement localises a. la troisime circonvolution fron-
tale des deux cts. Nous rapporterons plus loin cette ob-
servation en dtail.
A cette action de la lsion anatomique vient s'ajouterencore celle des pousses congestives crbrales qui se
manifestent si frquemment dans le cours de la maladie.
Ce sont elles surtout qui provoquent les attaques pilepti-
(l)SKit[UX,~t?'c/t!Md
-
39
formes. Elles doivent trs probablement aussi, })ar l'r-
thisme qu'elles'produisent dans les centres sensoriels, fa-
voriser l'apparition des erreurs des sens. A ce propos,
l'observation suivante dePick(J) est trs difiante. He
concerne un homme paralytique gnral qui, trois repri-
ses diffrentes, la suite d'attaques pileptiformes droites,
a t aH'ecte d'aphasie et de surdit verbale avec halluci-
nations auditives unilatrales droites. Nous la rapportons
ici entirement.
OuSEhVATfON ff (Ptr;K).
W. Franz, paralytique gnra), entre a In clinique de Praguele 9 mai '1889. Apres une attaque pilcptifbrme type dont il a t
atteint le 28 juin 1889, il conserva une hmiparsic droite avec
une aphasie motrice presque complte. Au sortir de l'attaque, on
put diagnostiquer encore une hmianopsie droite en mme
temps qu'une surdit verbale complte. La sensibilit cutane
est diminue considrablement du ct droit. Le troisime jour
aprs l'attaque, les troubles moteurs et sensitifs s'amendrent
considrablement. On note en mme temps un peu d'excitation.
Le mme jour, couch sur le ct droit, le malade se plaint de
s'entendre crier a l'oreille sur laquelle il tait couch les mots
< Snat, Snat mots dont il ne connait du reste pas le sens. il
se demande ce qu'on veut lui dire, et frappe sur son oreilh'r
comme pour viter cette sensation. Plus tard, il entend le mot
Presto qui ne correspond non plus aucun moi; du vocabu-
laire tchque. Cela dure plusieurs heures pendant lesquelles il
est excit par ces voix pnibles et se plaint que son entouragen'attache pas d'importance a ce qu'il raconte. Quelques heures
aprs, ces hallucinations disparurent, et le malade reprit l'tat
o il tait avant son attaque.
(i) PtCK, A'
-
40
Ces mmes phnomnes se reproduisirent plus tard sous l'in-
ftuem'e des mmes causes. Le 22 aot, nouvelle attaque epilep-tiforme, la suite de laquelle hmiplgie brachio-faciale droiteavec hmianestlisie correspondante, Hurdit verbale, hemi-
anopsie droite. Le 28 aot, disparition presque totale dos troublesdu langage, nouvelle apparition d'hallucinations' auditives uni-latrales et droites. II accuse sous son lit la prsence d'un chien
qui aboie et qu'il supplie de chasser. On a beau retourner le
malade, c'est toujours a la mme oreille qu'il rapporte sa fausse
perception. Le jour suivant, tout a disparu.Le 27 septembre, troisime attaque epileptiforme suivie des
mmes phnomnes hrnipleg'e, hemiMesthsiee). aphasie, qui
disparaissent les jours suivants. Le 3 octobre, excitation le ma-
lade crie Va-t-en, ya-t-en Certainement., l encore il s'agis-sait. d'hallucinations, mais leur caract.ere unilatral ne pouvait,cette fois, tre dtermine, l'affaiblissement intellectuel ayantfaitdes progrs.
Cette observation est sans aucun doute d'un trs grand
tutft et vient parfaitement i'apput de ce que nous di-
sons plus haut. U est certain que cette succession r
-
--4i
L'anatomie et }a pttysiolo~ic pathoio~iqucsconciuent par
consquent, en faveur dcia t.bcse que nous soutenons. /i
/0/'
-
CHAP!T! V
DifRcuKs de l'observation clinique.
Au premier abord {'observation des faits semble venir
en contradiction avec ce que les considrations tires de
l'tude anatomo-pathologique nous avaient amen a ad-
mettre. Tous ceux qui ont frquent les asiles d'alins
savent bien en eue! qu'il n'est pas frquent de trouver des
paralytiques qui disent entendre des voix ou tenir des con-
versations entires avec des tres imaginaires, comme
les mlancoliques ou les perscuts, par exemple. Rare-
mant aussi on leur voit prendre l'attitude des alines hal-
lucins, tendre avec persistance l'oreiUe dans une d irection
dtermine, ou avoir longtemps les yeu~: fixs sur un
mme point.NouH croyons cependant que cette raret des hal!ucina-
tions chez les paratytiques est plutt apparente que relle
et s'explique par diuerentes raisons.
Tout d'abord, le caractre mme des troubles sensoriels.
Comme toutes les manifestations psychiques del fb!ie
parntytiquc, les hailucinafions sont passagres, fugaces et
trs mobiles. Tel paralytique qui vous dit voir un tre
Imaginaire ou converser avec telle ou telle personne ne
raconte plus la mme chose le lendemain ou mme quel-
-
4:}
ques heures aprs. Tous les auteurs, du reste, ont insiste
sur ces caractres. H faudrait donc une observation de
tous les jours, de tous !cs instants, dirions-nous presque,
pour avoir la conviction que des erreurs des sens existent
bien chex ces malades. Or une observation aussi rigou-
reuse est impossible dans les asiles publics, o dans chaque
service te nombre des malades est trs considrable.
D'autre part, mme quand les hallucinations sont assez
nettes et assez intenses, elles peuvent encore passer ina-
perues pour l'observateur, et cela pour plusieurs rai-
sons
L'affaiblissement intellectuel tant la rgle che/ les
maladesqui nous occupent, beaucoup de ces derniers ne
sont pas mme de rendre compte des sensations qu'ils
prouvent.C'est l un fait bien connu et qui se passe de commen-
taires.
2 Au lieu d'tre exprimes, les troubles sensoriels peu-
vent quelquefois agir sur les manifestations dlirantes aux-
quelles ils impriment une forme dtermine. Seule alors
l'interprtation judicieuse des faits peut rendre compte de
leur origine sensorielle. C'est ainsi que l'on admet commu-
nment aujourd'hui que le dlire hypochondriaquc des pa-
ralytiques, si bien dcrit parUaiIlarger, prend sa source
dans les troubles de ta sensibilit gnrafe. En en'et, ces
malades qui racontent qu'ils sont bouches, qu'ils ne peu- }
vent plus manger, qu'ils n'ont plus de bouche, plus d'a-
nus, etc., sont certainement victimes d'hallucinations ou
-
-4.4
d'illusions ayant leur point de dpart dans les diffrents
appareils organiques.Klein (i) cite le cas d'une malade qui, interroge sur son
refus de s'alimenter, disait J~ ~c~MM MMM~o'~c.s'MM ~o
-
43-
bien des paralytiques, en dehors de toute manifestation
dlirante?
On pourrait peut-tre admettreque. chexcesmatades,des
sensations agrables sont perues dans le domaine de la
sensibilit gnrale qui mettent le malade dans un tat de
bien-tre tout fait particulier. On comprendrait ainsi cet
air de batitude et de bonheur profond que certains para-
lytiques expriment sur leur figure tandis qu'ils sont au
dernier degr de la dcadence intellectuelle et physique
paralyss, gteux, et couverts d'eschares.
Kous risquons cette thorie qui nous parat trs plausi-ble et que Klein (i ) avait dj hasarde avant nous.
Ainsi donc, si dans certains cas les troubles sensoriels,
quoique perus par le malade, ne sont pas ports la con-
naissance de l'observateur, grce l'tat de dmence du
sujet, d'autres fois le malade lui-mme ne s'en rend pas
compte et base l-dessus toute une catgorie de manifes-
tations dlirantes.
3" Certains paralytiques, sans que leur tat de dmence
soit bien avanc, mais entrans pent-etrcdans un dlire
trop actif, laissent passer inaperus leurs troubles senso-
riels.
C'est ainsi que nous avons observ dans le service de
M. Vallon un malade qui, ayant prsent une ide dli-
rante qui a persist pendant plusieurs mois, n'a pu nous
clairer sur l'origine hallucinatoire de cette ide que grce
(t)KLE~ ~OCOCt't
-
-46-
une rmission survenue dans le cours de sa maladie.
Nous donnons ci-dessous cette observation en dtaii
OnsERVA'noN)!) (personnelle).
SoMMAtM. Pfu'atysio gtx't'ate. Dbuta 36 ans.Evolution lente,HaHtMinatio)tU))iqacde t'oue. Dtire ambitieux dont l'ide princip~toest le feat.dtat da i'haiittcination auditive. R&missioa.
Louis-Paul, Gus. entre l'asile de Villejuifle '!3juin '!892,aprs avoir passe Ste-Anno.
Le certincat de M. Dagonet est. ainsi conu< Paralysie gnrale, affaiblissement psychique, ides de ri-
chesse,!ngaHt.pupiI!aire)).M.VaUonpoi'f.eaussiIemmedia~nost.tc.,)M.
-
47
Plus tard, actes draisonnables G. allaitdans les restaurants
sans payer, se faisait conduire en voiture des heures entires
sans avoir de l'argent sur lui.Au commencement de l'anne 1892, il dcouchait souvent ne
savait plus ce qu'il faisait.Dans le courant, du mois de juin, il va djeuner dans un res-
taurant mais ne voulant, pas payer son djeuner, il se fait ar-rter et conduire chez le commissaire de police. Quelques joursaprs, pass en jugement pour escroquerie, il est condamne a
deux mois de prison. Mais il est bientt reconnu alin et con-
duit l'infirmerie du dpt, et de !a, Ste-Anne.A son entre Villejuif, G. 1t ~r,rr.r3 ~iii ~3 i'l1 a, ~1x'f_trxrifet. tl est le crateur du ciel et de !a terre. Son pre a 250 mil-
lions il doit avec son associ P. transformer Londres.
Ingalit pupillaire, embarras de la parole.A Villejuif, G. a subi frquemment des alternatives d'excita-
tion et de calm. Ses ides ambitieuses ont beaucoup vari pendant la dure de sa maladie. Une seule ide est reste cons-
tamment la mme pendant plusieurs mois. H la rptait souventet y tenait pour ainsi dire.
Le 8 septembre prochain, disait-il, il y aura un dluge. Son
pre qui est Dieu va ouvrir les grands robinets qui sont l-hautet il ajoutait < Mon pre a sept ou huit cents ans. )1 est Dieu,mais je ne suis pas Jsus-Christ. Jsus tait fils de Joseph le
charpentier, et il a dit qu'il tait le fils de Dieu pour monter le
coup aux Juifs. La Sainte Vierge est une blague. Son pre a faitsa mre avec une cte. Il l'a rendue folle, et elle est morte a la
Salptrire et il s'criait Drle de familleAu milieu de ce dlire multiple, incohrent et mobile, l'ide
qu'un dluge devait avoir lieu le 8 septembre s'est conserveIntacte pendant plusieurs mois.
Pendant toute cette priode G. n'a jamais eu d'ictus.Au mois de janvier 1894, G. est entr dans une priode de
-
48
calme. !1 a abandonn petit petit toutes ses ides dlirantes,ta mmoire lui est revenue graduellement, la parole devenait
plus aise; G. entrait, en un met, dans une rmission presquecomplte qui lui permeKaft de se mettre au travail.
Profitant de cette priode de lucidit, nous interrogeons no-tre malade sur l'origine de cette ide du dluge prochain quis'est montre avec une telle persistance. G. nous raconte que
pendant son sjour a Sainte-Anne, son pre lui avait caus une
nuit dans sa cellule et lui avait dit qu'il y aurait un dlug'e le8 septembre.
11 ne se rappelle pas l'avoir vu mais il a parfaitement en-
tendu une voix qu'il a bien reconnu tre celle de son pre. fl
sait bien aujourd'hui que le fait ne pouvait tre possible maisil affirme qu' l'poque il en avait la conviction la plus abso-lue. M qualifie du reste lui-mme le phnomne d'
-
-49-
HAKtfK 4
ques hsitations. La tangue excute encore des xiouvonents
ataxiques et. est. anime de t.re)nb]enmnLfibriUai)'(;tt'eMneL Les
pupiHes sont gales eL reagissent bien la iumire et. a l'accom-modation. Renexes rotuliens et. des poignef.s exagres.
RFLEXtONs. Cette observation est intressante bien
des points de vue. Tout d'abord, le diagnostic de paralysie
gnrale ne nous parait pas douteux. H a t port partous les mdecins qui ont observ notre malade. L'histoire
de la maladie montre bien du reste qu'il ne pouvait s'agird'autre chose.
Tout l'intrt de l'observation rside en ce fait que, d'une
part, une haUucination unique de l'oue se produit avec une
telle nettet qu'elle s'impose pour ainsi dire et dirige )
-
-so-
vations sont encore assez nombreuses. Quelques-unes sont
dj assez anciennes le plus grand nombre date des vingt
dernires annes.
Brierre de Boismont, Saury, Girma, en ont publi un
grand nombre. Nous leur en emprunterons quelques-unes.Mais dans fous les cas la paralysie gnrale n'est pas re-
connue ds le dbut, et certains auteurs observant quel-
ques manifestations anormales n'hsitent pas considrer
la paralysie gnrale comme une complication survenue
dans le cours d'une folie simple. C'est ainsi que nous avons
trouv dans les j~a~' H!e
-
514
excitation violente, embarras de ht parole. Disparition des ides (h;grandeur et de richesse. Diminution progressive do l'excitation.Rapparition des ides de perscution par les gnomes, Persistance dol'embarras de la parole. Dmence paralytique. Mort.
Il s'agit d'un aline entr dans mon service, a l'asile de Saint-
Gemmes, dans les premiers mois de l'anne ~866, et, dont l'tat
!ait caractrise par les conceptions dlirantes les plus bizarres.
L'ide prdominante tait qu'il tait travaill l'intrieur pardes milliers d'tres qu'il appelait des gnomes et qui lui occasion-
naient les sensations les plus diverses tantt ils lui chatouil-
laient l'oreille gauche, tantt, ils l'affamaient en mangeant !e
suc de sa nourriture (.s'
-
S2
Cet tat durait avec les mmes caractres depuis plusieursmois, lorsqu'un jour, le 29 juin, nous constatmes une modifi-
cation dans les manifestations du dlire.Les gnomes, qui existaient par milliers, ne sont plus
que deux ils ont des ttes de veau sans yeux, sans oreillesleur langue est picote, lastique comme du caoutchouc; ils
~rossissenten plein air, et se rduisent rien lorsqu'ils sont pri-vs d'air ils ont t levs Jrusalem, a l'aide de souscriptionsdes conseillers municipaux et des conseillers de prfecture. L'une
s'appelle Elisabeth et l'autre Amlie la premire a 48 ans, la
seconde 18; elles sont loges dans la cave de l'lectricit; ellesont beaucoup de cervelles et parlent la langue des Hbreux.
On observe alors un peu d'excitation. Le 26jU)Uet, on voit poin-dre une ide de grandeur le malade dit qu'il est directeur de
la fabrique de tuiles de M. Joubert, Angers et qu'il gagne180,000 francs par an.
Un peu plus tard, l'excitation augmente, et nous croyons re-
marquer un peu d'embarras dans la parole; depuis ce momentle malade abandonna successivement les conceptions qui ca-ractrisaient son alination premire eUes remplaa par les ides
de grandeur et de richesse, Le 21 dcembre, :i reproche a~M. Chauvin, interne, de lui: avoir pris ses millions et d s't.re
prsent a' sa place rem'perur. r
L'excitation redoubla, et l'embarras dans la parole devint do~
plus en plus manifeste; le diagnostic de la paralysie gnralene laisse plus alors aucun doute.
Nous avons tenu rapporter ce cas, car, outre le fait
que nous cherchions montrer, il prsente des halluciua-
tionsvraimentcuneuses
De ce qui prcde, il rsuUe qu'il faut une observation
bien rigoureuse pour dceler l'existence des troubles sen-
soriels chez les paralytiques. Mais il ne faut pas se laisser
-
-53
tenter trop vite, et bien des causes d'erreurs peuvent, tropfacilement faire prendre pour des hallucins des ~ens (juine le sont pas.
Nous n'en voulons pour preuve que le fait suivant quinous est arriv rcemment:
Un paralytique gnerai du service de M. Vallon nous
disait depuis plusieurs mois qu'il s'entendait insulter par
des voix qui lui rptaient constamment les mots pu-
tain, vache, prostitu . Sa dbilit intellectuelle ne lui
permettait pas de nous donner de plus amples renseigne-
ments.
Une enqute rigoureuse ouverte dans le quartier sur le
conseil de M. Vallon nous apprit que les antres malades le
dcoraient souvent, en effet, de ces qualificatifs peu flat-
teurs. Du reste, une l'ois chang de quartier, il ne s'est pas
trouve avec les mmes malades et n'a plus rien entendu.
H est certain qu'un examen trop superficiel aurait puamener considrer ce malade comme un hallucin.
-
Les fausses perceptions de la paralysie gnrale peuvent
porter sur fous les sens. Souvent elles affectent plusieurssens la fois dont l'association est des plus variables. Nous
en rapporterons plus loin un certain nombre d'exemples.Dans certains cas, tous les sens sont pris la fois.
MM. Vallon et Ballet observent actuellement dans une
maison de sant de ~aris un malade de 42 ans qui, aprsune priode de neurasthnie de plusieurs annes, prsente
depuis un an de la faon la plus nette tous les symptmesde la paralysie gnrale aS'aiblissm intellectuel, in-
galit pupiUaire trs marque, embarras de la parole d'a-
bord intermittent, puis contiuu. Il n'a aucune hrdit ni
vsanique ni congcstive. Comme antcdents personnels,
syphilis il yaunequinxaine d'annes. Au cours d'un accs
maniaque avec prdominance d'ides de perscution, en
dehors ??/
-
-55-
pelaientdans la rue, et s'irritait parcequ'on ne voulut pas le
laisser sortir. Dans sa chambre il a eu des hallucinations
terrifiantes de la vue. !1 voyait des individus qui venaient
lui faire du mal. A diverses reprises on a lev une trappedans le mure! il a vu des figures grimaantes, Tl refusait
de prendre des aliments, prtendant qu'ils avaient mau-
vaise odeur et mauvais got. U disait tout le monde
Tenez, sentez et gotez cela, on y a mis de l'arsenic pour
m'empoisonner Enfin il se plaignait que, la nuit surtout,
on lui chauffait et on lui lectrisait les jambes.Les hallucinations se localisent quelquefois a un seul
sens. Nous avons dj rapport (Observation H!) un cas
d'hallucinations isoles de l'oue. il faut citer aussi la des-
cription de la maladie du musicien Schumann, qui est mort
paralytique; chez ce malade, un ton dtermine s'tablis-
sait tout a coup. la suite duquel se craient des mlodies
toujours plus tendues, et finalement des ouvertures en-
tires (t).L'observation suivante concerne un paralytique que nous
avons observ dans le service de M. Vallon et qui a pr-sent des hallucinations tactiles isoles
OBSEnv.ATtoNV (personnelle).
SoMMAmn. Paralysie g[)conjonctives noulaires.
Alfred 13. g de 46 ans, entre l'asile de Villejuif le 21 jan-vier 1891. Dans ses antcdents hrditaires on ne relev rien
(i) ScHUt.E,~COC!
-
86
de saillant, sauf que sa grand'mre est morte l'ge de 73 ansd'une congestion crbrale. Sa mre a t opre d'une cata-
racte double il y a huit ans. Tous les autres membres de sa fa-mille n'ont prsente rien de particulier.
Non 1848,B. est d'un caractre emporte, exubrant, ra-contant ses moindres affaires tout !e monde. Il n'aurait fait.aucun excs vnrien ou alcoolique. [1 buvait de l'eau ses re-
pas jusqu' l'ge de 30 ans. Depuis son mariage il boit, il est
vrai, du vin, mais d'une faon trs modre. Sauf un vermouth
de temps en temps, il n'a jamais fait usage d'aucune liqueur.
D'aprs la tante de sa femme, il aurait contract la syphilisavant son mariage. En 1878, il a t atteint d'un eczma gn-ralis qui n'a guri qu'en 1889, trait par des bains et des pi-Iules.
x
Mari depuis 17 ans, H. aurait t malheureux en mnage.
!1 a eu six enfants dont deux sont vivants une fille de 1 anset une autre de 10, toutes deux bien portantes. Les quatre au-tres sont morts en bas-ge de dysenterie?. Pas de convulsions.
H. aurait eu Un bubon suppur de l'aine en 1877. 11 tait,
sujet des cphalalgies frquentes. Dans ces dernires annesson caractre a chang, il est devenu sournois, jaloux. 11 y adeux ans excitation gnitale pendant plusieursmois. A lasuite,il a eu des priodes de frigidit.
Depuis 18 mois, on remarquait que sa mmoire n'tait plusaussi bonne qu'auparavant., mais la diminution n'tait pas con-sidrable et son frre n'en avait pas t frapp.
Cinq jours avant son internement, le 13 avril 1890, sa femme.l'a emmen chez un notaire dans le but de lui faire faire un acteen vertu cluquelillui abandonnerait tous ses biens s'il venaita dcder. Le 17 avril, il entrai) dans une maison de sant deParis.
Le frre de H. prtend que cet internement est une squestra-lion extorque par sa fet'nme, qu'il accuse d'avoir une conduiteirrguliere. Toujours est-il que, aprs neuf mois passs danscette maison, il arrive a Villejuif avec le diagnostic de paraly-
-
S7
sic gnrale. Ce diagnostic no partit pas douteux, et tous les cer-
tificats de M. Magnan et de M. Vallon le proclament de la faon
la plus catgorique.
Quand nous le voyons, en 1894, sa maladie avait, fait des pro-
pres. Les facults intellectuelles de H. sont considrablement
affaiblies, il n'a plus conscience de son tat, ne sait plus o il
se trouve et marmotte constamment entre ses dents des paro-les inintelligibles. Cependant quand on l'interroge, quoique sa
langue soit trs embarrasse, il arrive a rpondre d'une faona peu prs comprhensible.
Sa mmoire est trs affaiblie; il ne se rappelle plus ni son
ge, ni le nombre de ses enfants, ni le lieu de sa rsidence.
Quand on lui demande l'poque de sa naissance, i) repond seu-
lement < Je suis n pendant la guerre de Paris Maigre cet
affaiblissement intellectuel, il prsente des ides de grandeurassez actives. Quand on lui demande s'il a de l'argent, il re-
pond < J'ai des millions de coffres-forts )), et il fait suivre cette
phrase du mot < millions, millions qu'il rpte un certain
nombre de fois avec un air bat et une prononciation embarras-
se, Sa satisfaction porte sur toutes ses ides il est trs content,
il se porte trs bien, il mange 1res bien, il est trs fort, etc.
Mouvements de mchonnement constants, tremblement, mar-
qu de la langue, pupilles contractes et insensibles, taie sur
la corne gauche. L'criture excessivement tremble et ind-
chiHrable consiste en une srie de lignes brises, irrgulireset entrecroises dans tous les sens. Sensibilit cutane trs oh-
tuse la piqre profonde d'une pingle dans la peau ne donne
aucun signe de douleur. Gtisme complet.Les rflexes rotuliens sont tout a fait abolis, mais il n'y a pas
d'ataxie dans les mouvements des membres infrieurs et la mar-
che est assez aise.
B. tait dans cet tat depuis plusieurs mois, lorsqu'un jour la visite nous le trouvons en train de se regarder dans la paumedes mains, les secouant de temps en temps comme pour jeter
un objet qui s'y trouve. En l'mterrog'eant, il nous raconte qu'on
-
38g
lui fi mis du poison dans les mains, qu'on ne doit pas le faire,
qu'il n'en veut. pas et qu'il veut le jeter. Nous ne pouvons lui entirer dava~ag'e, et toutes les questions que nous lui posonsconcernant la couleur, l'odeur de cette substance, etc., il secontente de nous rpondre Du poison, du poison. b
Ce phnomne se reproduit, pendant quelquesjours, puis dis-parait sans laisser aucun souvenir dans l'esprit du malade. A
quelque temps de l (mai'1894), alors que nous regardions ses
pupilles, B. s'crie < On me met du poison dans les yeux avecune ponge a pique, c'est un poison violent on m'en met aussisur toute la figure. Les mots empoisonner, poison violent. pr
reviennent souvent. Nous avons une certaine peine comprendrece qu'il dit, tellement l'embarras de la parole est considrable.
HFLXtOKS. Nous croyons qu'its'agit bien dans ce
cas d'hallucinations tactiles. Car si les explications du ma-
lade sonCempreintes d'un cachet de dmence, sa physto
nom!e, les gestes qu'U~tsaitpour se dbarrasser du po!-
so" parafssntplaidernettement en faveur d'une sensation
perue. Ces haHucin&tions auraient port d'abord sur 1&
peau de la paume des mains, plus tard sur la conjonctive
ocuiaire. Peut-tre s'~git-ii icid'ittuMOn., car on remarquaiten mme temps utt~ger degr de conjonctivite.
Taguet(!)cite un cas de fausse perception d'un seul
sens. Seulement, ici il est difficile de dire s'il s'agit de la
sensibilit cutane ou de la sensibilit gnrale. Quoi qu'il
eu soit, cette observation concerne un malade qui accusait
dans le pli de l'aine un point douloureux qui,se dplace,
(t) .').NK
-
59
gagne l'estomac pour monter la gorge, o it dtermine
une sensation de constriction, comme cela existe dans
l'hystnc. Le malade croit que c'est l'me d'une personne
qu'il dsigne qui cherche a s'introduire chez lui pour chan-
ger son corps en graisse..
Brierre de Boismont donne une observation d'hallucina-
tions isoles de la vue, qui ont failli avoir de graves con-
squences. Nous en reproduisons ici la partie qui nous in-
teresse
UHSEttVATIO~ VI (HtUEtUtE ))E HofSMO~) ('t).
M. B. alin paralytique depuis prs de quatre ans, parait
avoir perdu l'usage du langage. De t,emps en temps il profredes cris rauques, des sons inarticuts, puis reste quinze jours,
un mois gardant le silence. A certaines poques, il recouvre ta
parole, prononce plusieurs phrases, qui toutes annoncent qu'il
est. sous l'influence d'une hallucination effroyable. En effet, il
croil voira ses etes un requin prl a le dvorer. Ses efforts pour
chasser l'animal sont terribles. Il pousse des hurlements qu'on
entend de fort loin, frappe contre les parois de sa chambre ses
traits sont bouleverss, ses yeux sortent de l'orbite, la sueur
ruisselle sur son corps.Celte hallucination a eu des consquences fort graves. Un
jour, s'imaginant, que sa sa'ur qui lui prodiguait, ses soins tait.
le requin, il se prcipita sur elle avec un rasoir et la frappa.Heureusement, elle pu), se soustraire a ses coups, etc.
Nous rapporterons quelques cas d'hallucinations de
plusieurs sens
(t) BHtKXHEM KmsMOK'r. Ubscn'utio)) 4~, p. t69.
-
.60--
A) HMtMctzmtiona de la vue et de t'oMe
OoSERVATMN Vif (SAOiv).
SojfMAttiE. Pai'aiysie gnrale avec ides incohrentes ambitieuses.Ides de perscution. Hallucinations de la vua et do l'oue.
L. Josphine, .couturire, 3(i ans, prsente un affaiblissement.
marque de l'intelligence et. de la mmoire. conscience incom-
plte de sa situation.
Pupilles ingales, droite plus large.Hsitation de la parole.Ides incohrentes de satisfaction oHe se contente de son
sort, a de trs belles choses chez elle, de belles robes, un beaubuffet a tagre.
Attitude mlancolique. Depuis un mois elle a, dit-elle, beau-
coup de chagrin parce qu'elle entend des choses tristes.Hallucinations de l'oue trs caractrises.; elle rpond des
voix hnag'inaires. EUe fait eHe-itemelesdenmndesetlesl'pon-ses: Que faites-vous la-ltaut, M. Mathusalent? M. Lagheau son
parrain, et Mme de St-Maurice? Vous n'aYez~donc plus de loge-~ment pour habiter ainsi dans ies murs~ Positivement ils sontici, je les entends. -Tien~ les voila en-dessous. Que faitesvous ? Cela ne vous regarde pas. C'est une noce. Mais ona dit vous enterrer. Vous pourriez bien venir me chercher.Cela ne te regarde pas. Comment se fait-il qu'il y ait tant, de
meubles, quand Paris est tomb en ruines? Us ne rpondent
plus, parce qu'ils font quelque niche.
Elle frappe du pied contre le plancher quand on tarde trop lui rpondre.
Les voix, dit-elle, passent du plancher dans le mur; elles
l'injurient elles font une noce sans vouloir venir la chercher;on va l'enterrer. Elle s'ennuie parce qu'elle n'est pas maladeet qu'elle entend des voix affreuses, etc.
-
-61
OttSEXVA'HOXVi)f (Gt!)MA).
Soxatattt~. Pttralyrlc3 ~~nral,, eamplir.luk~ed't,pilr,ehsie. Ifallur;inations rlr.SoMMAmE. Pfu'atysie gonera.tc coinpiiqu~o d'epitepsi~. !diucinationadD. Pierre, 33 ans, pas d'hrdit, pas d'habitudes alcooli-
ques pilepsie depuis ragede '12 ans attaques trs rares
entre le 12 mars -188t.
La mort de sa femme survenue e!t 't877 lui :t cnust'' un veri!!)-
ble dsespo'r; depuis lors, trist.p,!aciturne. dprime; il perd
peu a peu ses aptitudes et. son got pour le travail, qu'il aban-
donne dfinitivement, en t880, aprs une attaque convulsive.
L'intetUgence s'anaibUt en mme temps que su dveloppent des
ides de pondeur, un contentement exagr de sa personne. La
parole devient, embarrasse, tranante; des contractions Sbril-
la'es agitent continuellement !es utuscles de la face les pu-
pilles sont ingales, les mouvements d'ensemble mal coor-
donnes.Ce malade n'a t soumis notre observation que. pendant
quelques semaines, et, au milieu des symptmes qui nous ont
permis de porter le diagnostic de paralysie gnrale, nous rele-
vons des hallucinations de l'oue presque continuelles, de nature
gaie, et des illusions de la vue remarquables. Les hommes et
les choses lui paraissent d'une petitesse et d'une exigut de
forme inconcevables c'est un vritable monde de Lilliputiensdans lequel il se trouve. il en rit jusqu'aux larmes. (Quanta lui,il se sent grand, dominant tout le monde, et cependant, quand
il regarde ses pieds, il les trouve aussi trs petits.Ce sont des voix connues qu'il entend il lie avec elles des
conversations interminables, agit d'aprs les conseils ou les
ordres qu'elles lui donnent; elles veillent presque toujours desides riantes.
A quel tat morbide faut-il attribuer ces troubles sensoriels ?1A l'pilepsic ou a la paralysie gnrale ? On ne peut rien aSir-
-
R2
mer cet gard une remarque cependant, est permise. Le mal
piieptique a dur plus de vingt ans sans donner lieu a des
phnomnes hallucinatoires qui se manifestent, aprs que la
nouvelle affection est venue se gren'er sur la premire de plus,les hallucinations de l'pilepsie ont un tout autre aspect.
OBSERVA'no's )X (personnelle).
SoMMAmE. Attaques apoplectiformes. Paralysie gnrale. HaHuctna-tions visuelles et auditives de faible dur~'e.
Alphonse-Emile J. entre l'asile de Villejuifle 4 avril 1894./
-
63
Il s'est trs bien remis de cette dernire attaque.A partir de ce moment, hallucinations visuelles et, auditives.
.).voit un homme, qu'il dits'appeier'Pijomas, qui veut tuersa
femme et s'introduire chez eux pour les voler. il l'entend parler.
Il voit, aussi sa femme, l'entend crier, et s'imagine qu'on lui
coupe le cou.
Il a cependant assex-de mmoire pour reconnatre les gens
qui l'entourent..
A son arrive a Viltejuif, prsente tous les signes de la
paralysie gnrale. Les facults intellectuelles sont affaiblies. )t
ne se rappelle pius ni son ge. ni la date de sa naissance, ni le
nom de ses enfants. Une sait pas dire o il se trouve et. d'ou il
vient. L'embarras de la parole est considrable. Les pupillessont ingales (droite plus grande que gauche). Signes d'ArgyIt-
liobertson. Hftexes exagres..Ses jiallucinations persistent
pendant la premire quinzaine de son se jour mles des ides
ambitieuses absurdes.
Le lendemain de son arrive, il dit au surveillant Voyez le
sergent, qui coupe la tte a Mlle Richard il lui a coup quatrefois la tte".
Pendant plusieurs jours il nous dit voir Mlle Richard. Quandon lui objecte: < Mais vous l'avez vu tuer? Oui, rpond-il,mais .je l'ai ressuscitee je suis bien avec Jsus-Christ et avec
saint Albert Et il continue < Je suis trs for!, niais je serai
plus fort quand je serai mont au ciel, j'y monterai dimanche
probablement, .t'ai de l'argent au Trsor; on est en train de
faire mon compte en ce moment.
De temps en temps, on le voit tendre l'oreille dans une direc-
tion donne, puis, croyant entendre appeler son nom, il rpondt Ah oui, M..). Bon; tout l'heure! Son regard est attir
aussi de temps en temps d'un cot de la salle, comme s'H y
voyait quelque chose.
Ces hallucinations ont t de faibte dure elles s'attnueront
petit petit et disparurent compltement vers la nn du mois
d'avril.
-
M-
Aujourd'hui notre malade prsente l'aspect du paralytiquevulgaire, avec son air de satisfaction et. ses divagations ambi-tieuses.
Il n'a jamais eu d'ictus depuis son arrive Villejuif.
H)''LHX!QNs. tant, donn ta faible dure des halluci-
nations de J. et leur apparition au dbut de sa sques-
tration, on serait tent de les considrer comme alcooli-
ques mais nous ferons remarquer que, son arrive & Vit-
lejuif, J. venait de passer huit mois l'hpital St-Josepb,
o il n'est pas probable qu'il se soit livr des excs de
boisson.
B) MttMM~mtMUmma Qmi
-
-C5-
B.tnux 5
de grandeur. Une fugue subite a annonce le dbut, de ia maladie.
Alors garde-rpublicain,.). quitte tout d'un coup la caserne
de la rue de Tournon et, ne rentre qu'a deux heures du matin,
trs excise, mettant, tout sens dessus-dessous. Le lendemain, il
fut conduit au Val-de-Grce, et de l, a Charcnton. H resta a Cha-
rentonjusqu'au23dcembre 1893et futalors transfre a Ste-Anne,
o M. Magnan fait le certificat suivant
< Paralysie gnrale avec proccupations hypochondriaques,
excitation par intervaHes, iisitation de la parole, ingalit pu-
pillaire. v
Le 27 dcembre,.). arrive a ViDejuif. Le diagnostic de paraly-sie gnrale n'est pas douteux, 'fous les certificats de M. Vallon
l'attestent.
Le dlire de notre malade roulait surtout sur des ides ambi-
tieuses ila tgnrat pendantdouzejours a tiesancon, prtre
Rome. il a couchavec toutes ics petites nftes de son pays. On
note aussi quelques ides de perscution. A Charenton, on lui a
mis de l'urine et du poison dans le ventre. Les voques de
Saint-Sulpice lui voulaient du mal ils ont essay de l'empoison-
ner; sa femme lui faisait des misres, etc.
La mmoire des faits anciens parait assez conserve il se
rappelle trs bien le lieu et la date de sa naissance et raconte
avec prcision quelques vnements de sa Jeunesse. La mmoire
des faits rcents est. au contraire presque compltement abolie.
Embarras marqu de la parole, tremblement tibriHairc de ia
langue; les pupilles sont ingales (gauche plus large). Elles
sont insensibles a la lumire et l'accommodation. Rflexes
rotuliens exagrs. Sensibilit cutane intacte.
Les facults intellectuelles de.). vont en s'affaiblissant de
plus en plus, et rapidement. Le !3 janvier 1894, gtisme complet.
Le 16 mars, le malade nous raconte que, la nuit, pendant son
sommeil, un individu dont il donne le signalement, qu'il semble
avoir vu, est venu se livrer sur lui des actes de pdrastie. Haa
nettement senti l'intromission du membre viril. Cela lui faisait
-
66
mat. H ajoute mme que l'individu a d pratiquer une incision
pour faciliter l'accomplissement de l'acte.L'examen de l'orifice anal et de la partie infrieure du rectum
ne rvle rien de pathologique.tl dcrit cet. individu il est gros, imberbe, des yeux rouges.Les jours suivants, il nous repte la mme chose. Toutes les
nuits il prouve les mmes sensations. Seulement il ne voyait
plus l'individu, il le sentait seulement.30 avril. ictus apoplect-iformc le malade perd connaissance
pendant quelques heures, puis revient lui-mme pas d'hmi
plagie, mais aphasie complte. Le malade ne peut articuleraucun mot. !I a cependant l'air de comprendre ce qu'on lui dit.11 couvre constamment ses organes gnitaux comme pour lesprserver d'un accident et se trouve trs effray ds qu'oT) lestouche.
3 MNt. Toujoursaphasique.J. trouve cependuntquelqueamots oui, non, quoi? Quand il veut commencer une phrase,dit: 'Je. puis s'arrte. Se cache~oujours lesorganesgni-t.aux; rflexes trs pxsigrs.'sphijtcters: relchs, toujours~ alit.
6 ~MM. Le malade parle comme avant son attaque, la pro-nonciation toujours tr~s embarrasse. Moins faible, il peut selever. Les hallucinations gnitales ont compltement disparu et
n'ontplus t observes, bien que nous l'ayons interrog sou-vent a ce sujet. n semble mme quelle maladen'en a gardaucun souvenir.
Depuis, l'tat dej. a t en s'aggravant de plus en plus.Aujourd'hui il est trs affaibli, peut peine se tenir sur ses
jambes. Son langage est a peine comprhensible. La mmoireest compltement perdue. Les pupilles sont gales, mais insen-
sibles. Rflexes patellaires et des poignets exagrs. Sensibilitencore conserve.
-
(;7
C) M
-
68--
Des commerants, qui l'employaient comme femme de m-
nage s'taient aperus de son changement de caractre elletait triste, apathique; ils ont d ta renvoyer.
A la 6n de dcembre i893, son mari la retrouve un soir, en
rentrant, avec un bras brle. H. ne peut dire comment cela lui
tait arriv elle ne paraissait mme pas en souffrir.
Quelque temps aprs, elle se plaint de la gorge dit que sa
bouche sent mauvais, elle accuse un gargarisme qu'on lui donne
de scntirl'acide phonique.H. commence cette poque a parler d'un individu qui lui
verse des odeurs dans la bouche. Elle l'entend l'insulter, maissans sortir de son apathie. Jamais, dit son mari, elle n'a t re-
garder si quelqu'un pariait dans la chambre ou sur le palier.Elle entendait la voix, mais ne conversait pas avec elle.
Le 8 janvier, elle sort de chez elle cet se perd dans Paris. Son
mari finit par la retrouver et la ramne chez elle.Dans le courant du mme mois, le mari trouve un jour son
logement vide. B. avait envoy sa literie et ses vtements
dsinfecter, parce que, disait-elle, tout! tait empeste et: pourri cause de l'odeur qu'elle a daoslabouche. J
Quelques jours aprs, H. s'agite, sort sur le palier ~out~;nue en poussant des cris. Sur la requte des voisins, la police ad intervenir, et la: malade a t interne.
B. arrive Villejuifde 27 janvier ')894.
Le diagnostic de paralysie gnrale n'est pas douteux.:M.Briandfaitlecertincatsuivant:
Paralysie gnrale avec ides hypochondriaques, hsitation
deIaparole,ingalitpupiUaire.' J
Nous reproduisons les deux notes prises sur son tat pendantson court sjour Villejif.
/~M'M' 1894. !1 y a un homme qui est en dessous quilui dit des salets. Elle l'a -u, c'est un voisin qui touche du
piano; il demeure au t't0. H est assez grand, il a les cheveux
chtains. H dit des salets vache putain, charogne. a dure
depuis plus de deux mois il met des salets dans c6 qu'il fait,
-
69-
des bouts de foie coups qu'il vous met dans la bouche. Sa
bouche a elle empoisonne; elle fait. tousser les maladesa cause
de son odeur. C'est, la nuit qu'il lui parle.il a fait marcher cette nuit la machine qui fait Kss, Kss, il la
met en l'air, c'est comme un ni. filait pipi, il vous l'envoie; a
fait que le lit. est tout mouill.
Paupires tombantes.
Pupille gauche plus petite que la droite, Signe d'Argyll-Ho-bertson.
HHexes forts aux quatre membres.
Accrocs encore peu accentus dans les mots difficiles.
Lar~e nvus de la main gauche.
U/tW)'He
-
70
nresentjLa surface des ventricules prsente un chagrinage trs accuse.
r/se~s. Broncho-pneumonie avec congestion des bases.Coeur Masque, dilate. Pas d'athrome artriel. Reins con-
gestionns. Rate augmentes de volume, de consistance ferme.Foie volumineux de couleur rouge clair prsentant sa sur-
face de larges taches irrgulires de couleur jaune.&?'MS.Fibrome intraparital.
E) MaMMeimtom
-
7~
nature des haUucinations elles-mmes. Girma rapporte un
cas d'hallucinations autoscopiqucs. Nous lui empruntons
cette observation, qui est vraiment intressante.
OBSERVAT)0~! XtV (GtRM.\).
SoMMAUt. Paralysie gn'jrale la premire priode t'haHucination n'est,pendant plusieurs jours, pour )o matadc que la reprsentation de son sosio.
HaUncinations de Fone.
L. (A.) 37 ans, entr le 11 fvrier 1880.
11 se vante d'avoir mne ,joyeuse vie avant son mariage,d'avoir us largement de tous les plaisirs. Toujours est-il que
depuis plusieurs mois, il inquitait sa femme par les carts de
sa conduite toujours en mouvement, insatiable dans ses dsirs,
achetant sans compter, parlant de projets fabuleux qu'il allait
raliser, d'alliances royales qu'il allait contracter. Soumis a un
examen mdical, il est envoy Charenton. Quelques jours
avant son: entre, il avait eu des hallucinations de la vue et de
l'oue il seplaignait, la nuit surtout, du vacarme que l'on faisait
autour de lui, demandait sa femme si c'tait elle qui l'occa-
sionnait un personnage singuliers" prsentait lui coiff d'un
bonnet, rouge.Les dtails qu'il nousdonne sur la manire dontila t arrt
sont aussi caractristiques de rhaHucinafion
< Depuis quelques jours, nous raconte-t-il, j'avais toujours a
mes cts un homme qui, sous le rapport de la taille, del
physionomie, du costume, etc., tait exactement semblable a
moi. Je m'tais habitu lui et je l'appelais Benoit ce devait
tre un gredin, car au moment o nous passions dans les jardins
du Palais-Royal, des agents del police se sont jels sur lui
pour l'arrter, mais au lieu de lui, C'est de moi qu'on s'est em-
jpar. f
Ce malade tombe rapidement dans le gtisme les hallucina-
tions persistent il rend des visites a M. Grvy; l'embarras de
-
'72-
la parole, rincgaliR' pupiUaire ajoutes aux symptmes psychi-
ques que nous avons indiqus fixent le diagnostic.
Des hallucinations psychiques ou psycho-motrices ont
t galement observesdansia paralysie gnrale. La thse
de Girma en renferme trois cas, mais qui ne sont pas abso-
lument nets.
La premire observation trs complte d'hallucinations
psycho-motrices que l'on trouve dans la littrature est
celle qui a t publie tout rcemment par M. le D" Srieux,
dans les A?'
-
73
thctiqucs, visuottas. auditives, ~nstittives.tat de confusion ha.t[uoina-toirc.Pneumonie.Mort.
AuTOt'mE. EnMphaiitc chronique inters[itit.'itc uvec adhrences tnunin-
~eM locatist'es syn)6tri
-
74--
qu'on lui avait dit la veille; elle se livrait, des dpenses inutileset inconsidres. En janvier 1891 se produisirent des accidents
convulsifsavec perte de connaissance, mais sans morsure de la
langue ni miction involontaire les bras taient, tordus, les dents
serres convulsivement ne permettant pas l'ouverture de la bou-che. L'attaque n'tait pas suivie de troubles moteurs, mais de
phnomnes d'excitation psychique: P. s'habille et. court, a
8 heures du soir, chez des amis, hors de Paris.En avril, la malade manifeste des ides mlancoliques et de
perscution elle dit s'ennuyer dans sa loge, prtend tre dans
la misre, se cache pensant, qu'on va venir l'arrter, craint qu'unne l'empoisonne, parle de mourir, de se. jeter la Seine.
En mai survient, une priode d'excitation. La malade court de
tous ctes, montrant, une activit exagre eMe fait des prodi-
galits, se met boire de l'absinthe, entreprend un voyage.Bientt apparaissent des ides de grandeur: elle a fait un hri-
tage, elle a des millions, elle veut acheter des chteaux. L'agi-tation ne faisant qu'augmenter ncessite l'internement l'asile
clinique (Ste-Anne), le ~8 mai i89t.ElIe y sjourne~queIqUe~semaines, en proie un accs maniaque assez intense elle:
manifeste des ides de grandeur et. de perscution, tient des
propos incohrents, crie, pleure les pupilles sont mgales,:laparole hsitante. Elle est transfre n l'asile de ViMjuif d~hsle service de M. Marcel Briand, qui porte le diagnostic d pa
ratysie gnrale.~ture pnible. Vous n'entendez pas?.. dit-elle, la surveillante,on dit que je fais des traits mon mari, que je suis une salope,
que je suis damne Elle rpond a son interlocuteur imagi-naire en parlantdans les bouches des calorifres
-
7M
mois, et par son intensit ncessita, pendant un laps de temps
prolong, le maintien de ta malade dans une chambre d'isole-
ment.. L'insomnie tait presque constante, les tendances agrs*sives trs dveloppes. P. frappait sans cesse malades et in-
firmires, dchirait, cassait des carreaux elle nt plusieurstentatives d'vasion.
En octobre 1891, les hallucinations pnibles, les ides de per-scution s'amendent, puis disparaissent, ainsi que l'agitation.P. entre en rmission; elle s'occupe rgulirement l'atelier de
couture elle es! tranquille, rserve et a conscience de la p-riode dlirante qu'elle vient de traverser. En dcembre, la luci-
dit est revenue tout entire la mmoire et l'intelligence sont
cependant quelque peu affaiblies. croit tre en 1889 ou
1890 elle n'a gard qu'un souvenir trs confus de son sjourde plusieurs semaines Ste-Anne, Elle rpond assez correcte-
ment aux autres questions et donne des renseignements suffi-
samment prcis sur ce qui s'est pass avant qu'elle ft folle
11 y a un certain optimisme, mais pas de traces d'ides de gran-deur. Pas de rves.
Au point de vue somatique, on constate la persistance de l'h-
sitation de la parole, un tremblement vibratoire des extrmits;les pupilles, ingales, prsentent le signe d'Argyll-Robertson; lacommissure labiale est abaisse d'un cot la langue est sillon-
ne de rhagades, l'criture, trs dfectueuse, est caractristique:
les lettres sont irrgulires certaines d'entre elles sont omises,
redoubles o transposes. Le pouls est frquent (120), le corpsthyrode est lgrement plus dvelopp qu' l'tat normal, il
n'y a pas d'exophtalmie. Pas de signe de Romberg, pas d'en-
gourdissement ni de douleurs dans les membres infrieurs. Lesdivers rnexes tendineux sont exagrs. Il existe une sensationde brlure au niveau de l'estomac. Les sensibilits tactile, ther-
mique et douloureuse sont conserves. Pas d'achromatopsie nide rtrcissement du champ visuel. La malade, qui avait eu des
mtrorrhagies assez abondantes durant six mois avant son in-
ternement, n'est plus rgle depuis son entre.
-
76
La rmission se maintenait, lorsque, le 2 dcembre, noustrouvons P. grinant, des dents d'une faon continue, Interro-
ge sur ce. que cela signifie On me parte l dedans, rpond-elle en montrant, sa bouche. Elle prtend ensuite entendre
par l'lectricit les malades d'un quartier voisin qui lui cau-sent Nous ne voulons pas que vous disiez quelque choselui dit-on, et elle rpte cette phrase en scandant, comme pourreproduire non une parole entendue, mais une articulation men-tale. Aux questions qui lui sont poses dans le but. de recher-cher l'existence d'hallucinations auditives, elle rpond Je
n'entends pas les paroles, mais.je les comprends je n'entends
pas dans l'oreille, a vient da.ns les dents. 0" constate, en
effet, qu'au moment o se manifeste cette voix intrieure, il se
produit, ou bien un grincement de dents, ou bien des mouve-ments de mastication. Un pareil tableau clinique ne permettaitgure de douter de l'existence d'hallucinations motrices verba-
les.Les examens rpts auxquels, pendant plus d'un an, nous
avons soumis la malade, non seulement nous le dmontrrent,de la faon la pluspremptoire, mais encore nous nrnt consta-ter le caractre presque toujours pnible de ces hallucinations,leur association trs frquente avec des spasmes des muscles
masticateurs, leur rle dans la gense des accs dlirants quisurvinrent, ainsi que l'absence d'hallucinations des autres sens,et en particulier d'hallucinations de l'oue
Pour dcrire avec exactitude ces symptmes intressants,nous lie saurions mieux faire que de reproduire textuellementles interrogatoires que nous avons fait subira la malade. Le
mars ~892, nous trouvons P. grinant des dents, la physio-nornie trs absorbe, comme lorsque se manifestent ses hallu-
cinations motrices verbales. Nous lui demandons:D. Entendez-vous le son de la voix dans tes oreiiks ?
R.Non. C'est toujours dans ma bouche qu'on parle. ame serre les dents.
D. Est-ce nne voix d'homme ou de femme? Y
-
77
~Jen'entendsriendutout.cen'estniune\'oixd'homme
ni une voix de femme. ce sont mes dents qui me serrent.
La malade reste ensuite silencieuse elle semble 1res atten-
tive, excute des mouvements de mastication; les lvres sont
agites de mouvements analogues ceux de l'articulation ver-
bale, puis tout. cesse. interroge, P. repond qu'on vient de lui
causer: Vous ne savez pas ce que a veut. dire, a-t-on dit. u
Nous lui demandons pourquoi ces mouvements de mchoires
C'est pas moi, dit-elle, c'est pas moi. C'est un mystre. Je ne
peux pas m'expliquer. toute la nuit. et toute la journe voi)a
ce qu'on me fait; on me brise lesdents, c'est l'lectricit..)ene
dors pas. C'est, affreux. MVoici les phrases qu'elle a senti ar-
ticuler en elle Vous ne vous en irex jamais. vous ne pouvez
pas comprendre ce que c'est que cette maison. ce que l'on veut
vous faire. vous ne pouvez pas savoir comme on fait. du ma'
votre pauvre mari. il ne va pas savoir ce que cela veut dire
et elle ajoute:' Ce n'est pas dans mon oreille.)e n'entends
pas de bruit.Came serre les dents".
27 MM/'s. La malade se plaint de la persistance des convul-
sions des muscles masticateurs et des hallucinations motrices
verbales: elle dit ne plus pouvoir dormir a partir de minuit,
heure laquelle te grincement de dents se produit avec une in-
tensit extrme. P. mord parfois son drap pour empcher le
grincement ce dernier ne cesse que quelques minutes pour re-
prendre ensuite. Ces phnomnes ne se sont manifestes que
depuis son entre a l'asile; la premire fois, P. s'est dit.:
C'est un mystre On lui avait dit intrieurement que son
mari travaillait. D'ordinaire, le grincement de dents et les hal-
lucinations motrices sont simultanes. La malade rpond tout
haut aux gens qui lui parlent dans la bouche Quelquefois
on la tutoie ou on la menace < Mme P. ne sortira pas, etc. p
29 ~M?'.s. P. grince des dents el pleure elle ne peut em-
pcher ces contractions spasmodiques trs douloureuses. Pas
d'hallucinations motrices. Pouls !)6.
8 CM'
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des intervalles de repos. P. s'en plaint beaucoup La pressiondes dents est, tellement forte, que je ne peux l'empcher. R-flexes pupillaires paresseux. Parsie des deux cts du corps.Pouls 88.
i" tM
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qu'on va lui faire, on va ta mettre dans une voiture, son mari
est dans un tat terrible. Parfois on repte dans sa bouche
les questions qu'elle pose. Apres une nouvelle minute d'at-
tention, elle rpte haute voix ce qu'on lui a dit La maison
est trop petite pour vous. Ne prenez pas de bromure. Vous
n'avez pas le droit de faire un repas dans la maison. Vous ne
travaillez pas bien. < Qu'est-ce que cela veut dire? interrogeP. tout en larmes.c'est une chose que je necomprends pas? A
').9~K~t. Les ractions d'aspect mlancolique s'accentuent. 1,.
P.pleure parce qu'on lui dit des choses pouvantableselle refuse de s'alimenter on lui dfend de manger parce
qu'elle travaille mal. Je voudrais bien tre morte, s'crie-
t-elle. C'est une souffrance.. on me serre la bouche d'une force
On me dit On va vous mettre au cachot, pourquoi tes-vous
venue ici ?. Je ne reconnais pas la voix D. Nous lui demandons
si elle < entend les voix; elle rpond catgoriquement :< Je
n'entends pas de voix p. Puis elle sanglote, hallucine de nou-
veau, pendant, que notre doigt, appliqu sur les massters, en
peroit trs nettement les contractions successives. P. nous
communique ensuite ce qu'on lui dit Vous faites du mal a
f votre mari en venant ici. x
2./Mt7~. Les spasmes des muscles masticateurs sont telle-
ment intenses, qu'il semble que les dents doivent tre brises,P. s'crie en s'adressant, ses interlocuteurs imaginaires:< Canailles, qui est-ce qui m'abme les dents comme a ?.te
sais bien que je suis coupable, mais ce n'est pas une raison
pour me tourmenter Je n'ai pas dormi cette nuit parce que
j'ai des voix. a me fait souffrir. Ce sont des personnes que
je ne connais pas. P. se frappe la tte contre les murs : Je
veux bien la mort'crie-t-elle. "Elle nous rpte ce qu'on lui
dit
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20 ~Mt7
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8-t
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BAMK a
les et auditives qu'elle avait dans tes premiers mois de son s-
jour l'asile:" J'tais folle, dit-elle. o
18 janvier 't893. 0)) me parle toute tu nuit., on me brise
les dents. Ces personnes-l savent tout. ce qui s'est pass ici.
C'est M. F. qui me parie. c'est une pression Priode de si-
lence pendant laquelle les lvres sont. agites de mouvements,et les massters se contractent, (on lui dit intrieurement qu'ellen'ira plus au parloir, que son mari ne viendra plus la voir) Vous des une crapule rpond-elle qu'est-ce que je vous ai
fait? Puis un dialogue trs anime s'engage, des mouvements
.de mastication accompagnant l'hallucination verbale; le dialo-
gue se termine par ces mots qu'elle peroit, dans la bouche
C'est fini, nous ne le ferons plus. tdes do suicide. P. ra-conte a sa soeur qu'on la mprise, qu'on va la mettre toute nue,la faire passer en cour d'assises, la faire mourir J'ai une per-scution dans les dents, dit-elle, on me raconte des choses dans
mes dents20 ~HMM'e?'. < On lui a dit, dans la bouche, qu'on allait lui
brler la cervelle Elle rpond avec vhmence ses halluci-
nations < Je vais aller en prison, avec indignation.comme rpondant une menace qu'elle vient de sentir articuler:
des femmes publiques. salets La mmoire est assez bien
conserve. La voix devient nasoMe.
2~'
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ments de dduction se traduisant, pat' des grincements de dents.
Les hallucinations motrices verbales sont le plus souvent asso-
cies aux convulsions des muscles masticateurs, que l'on per-oit par la vue et par le toucher, pendant que se produisent les
hallucinations. Il ne nous a pas t possible de constater l'exis-
tence de mouvements simultans de la langue; < L~angue,dit la malade, ne remue pas ce sont les dents qui appuient. g
Parfois nous avons pu observer des mouvements des lvres ac-
compagnant l'hallucination verbale. Pas de convulsions dans ledomaine du facial ni dans les membres d'aucun ct du corps.A deux reprises seulement, et cela passagrement., P. nous a
dit avoir ressenti un jour un engourdissement du ct droit, etune autre fois, unengourdissementdu pouce ga
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