construction moderne n°142
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MODERNEMODERNEN ° 14 2 J U I N 2 0 14
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Centre d’art –Le Puy-Sainte-Réparade (13)Architectes : Tadao Ando ;Tangram Architectes
Maison individuelle –Saint-Didier-au-Mont-d’Or (69)Architecte : aum PierreMinassian
École d’arts– Carcassonne (11)Architecte : Jacques Ripault
Syndicat départementalde l’énergie – Montauban (82)Architecte : W-Architectures
SOMMAIRE n° 142
15 Bâtiment en bétonet bien-être
Bâtiments en bétonet bien-êtreLa santé et le bien-être des habitants sont des enjeux essentiels de l’acte de construire. La recherche
d’un environnement intérieur sain et confortable fait désormais partie des objectifs de tous les acteurs
de la construction. Grâce à son caractère inerte, le béton n’émet pas de composés organiques volatils
(COV) et facilite la réalisation de bâtiments sains. Il présente également l’avantage d’offrir des solutions
constructives économiques pour atteindre les exigences thermiques et acoustiques des
réglementations.
a
Texte :GaëtanAlomar
bétonBéton et qualité de l’air intérieur P. 16
Béton et confort hygrothermique P. 18
Béton et confort acoustique P.20
Études de cas P.21
Construction Moderne n° 142 - 15
Pour en savoir plus, consulter l’ouvrage : BÂTIMENT ET SANTÉ, bien-être et bien vivre : les solutions bétons – Référence B45. Téléchargeable sur :www.infociments.fr
En ouverture de ce numéro, le centre d’accueil du domaine
Château La Coste est un nouveau projet du maître Tadao Ando,
remarquable de raffinement et de sobriété minimaliste, qui dialogue
avec un site paysager exceptionnel. L’école d’arts de Jacques Ripault
et le Syndicat départemental de l’énergie de W-Architectures
inventent pour leur part de nouvelles propositions formelles et de
nouvelles textures en béton pour trouver leur place dans des
contextes urbains difficiles.
Avec leur EHPAD, Lazo et Mure réinterrogent un programme
complexe et offrent une réponse originale, attentive au confort des
utilisateurs. L’agence CAB Architectes crée, à travers un immeuble-
villas de logements sociaux BBC, une typologie d’appartements
innovante adaptée au climat méditerranéen.
De manière générale, tous ces projets, et notamment celui de la
Maison de la petite enfance de Sispeo Architectes, s’attachent au
bien-être de leurs occupants.
Une thématique reprise dans le Solutions béton axé sur la santé et le
confort dans les bâtiments en béton, alors que le décret d’obligation
de surveillance de la qualité de l’air intérieur pour certains édifices
de la petite enfance entrera en vigueur en janvier 2015.
Judith HardyDirectrice de la rédaction
ÉDITO
Directeur de la publication : François Redron • Directrice de la rédaction : Judith Hardy •Rédacteur en chef : Norbert Laurent • Rédacteur en chef adjoint : Clothilde Laute •Conseillers techniques : Laurent Truchon, Serge Horvath, Claire Barbou, Bétocib •Conception, rédaction et réalisation : Two & Two Paris • Directrice artistique : SylvieConchon • Dessins techniques et plans : Frédéric Olivier • Pour tout renseignement concer-nant la rédaction, tél. : 01.55.23.01.00 • La revue Construction Moderne est consultable surwww.infociments.fr • Pour les abonnements, envoyer un fax au 01.55.23.01.10 ou un e-mail àcentrinfo@cimbeton.net
7, place de la Défense • 92974 Paris-la-Défense CedexTé l . : 01 55 23 01 00 • Fax : 01 55 23 01 10
• E-mail : centrinfo@cimbeton.net •• internet : www.infociments.fr •
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t Couverture • Centre d’artau Puy-Sainte-Réparade,par l’architecte Tadao AndoPhoto : Gabrielle Voinot
Logements –Cannes-La Bocca (06)Architecte : CAB Architectes
Maison des vins –Tain-l’Hermitage (69)Architecte : U_BAHNArchitecture
EHPAD – Paris (75)Architectes : Lazo & MureArchitectes
Maison petite enfance –Juvisy-sur-Orge (91)Architecte : Sispeo Architectes
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Zoo – Vincennes (94)Architecte : Atelier JacquelineOsty & Associés
Éloge du paysage,de la lumière et de l’ombreSur près de 200 hectares dont 125 de vignes cultivées, le Château La Coste, avec sa topographie
vallonnée, support d’une « mer de vignes », incarne un paysage provençal typique du Luberon. Dans cet
environnement d’exception, l’architecte Tadao Ando signe le pavillon d’accueil du site qui affirme sa
présence avec la justesse et la sobriété qui ont forgé la réputation du grand maître. Le béton,
caractérisé par le rythme régulier d’un irréprochable calepinage de banches, entre en résonance avec
la succession rigoureuse des ceps de vigne pour révéler le génie du lieu. Texte : SolveigOrth
Construction Moderne n° 142 - 1
de 45°. L’ensemble s’ordonne et intè-
gre l’allée d'entrée pour mettre en
scène l’accès jusqu'au bâtiment.
Celui-ci est volontairement étendu et
longe un plan d’eau qui reçoit une
œuvre de Louise Bourgeois. Ce che-
minement allongé devient un «par-
cours initiatique » jusqu’au centre
d’art. Aligné sur les lignes directrices
des vignes, ce haut voile de béton
2 - Centre d’art - Le Puy-Sainte-Réparade (13)
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a 1 • La façade principale s’implante parallèlement aux lignes directrices du vignoble.2 • Le bâtiment semble flotter au-dessus du bassin.3 • L’entrée est marquée par un vaste portique.
Dès le début des années 2000 naît
l’idée d’un projet unique, liant, sur les
terres deChâteau LaCoste, art, archi-
tecture et vin. Patrick Mc Killen, le
nouveau propriétaire, entreprend de
réaménager le domaine avec la
volontéde sublimer toutes sespoten-
tialités et d’y introduire à la fois des
vins de qualité, des œuvres contem-
poraines ainsi qu’un hôtel de luxe.
Au vue des nouveaux investisse-
ments, la production viticole connaît
rapidement un nouvel essor, avec
des vins de qualité cultivés selon les
méthodes de la biodynamie, un
mode de culture qui respecte le ter-
roir en préservant la fertilité des sols
et en perpétuant les méthodes de
travail traditionnelles.
UNPROGRAMME INÉDITLa suite duprogrammeest remarqua-
ble : faire de la totalité du domaine
uneœuvre architecturale et artistique
unique en sollicitant le concours des
plus grands artistes et architectes du
momentavecpourseulecommande :
«arriver à faire partager ce paysage».
Pour garder toute sa cohérence dans
le temps et l’espace, cette ambition
nécessitait d’être orchestrée par un
architecte coordonnateur. Le proprié-
taire confiera cette mission hors
normesà l’agenced’architecturemar-
seillaiseTangramArchitectes.
Premier projet de la série, la création
des cuveries est confiée en 2008 à
JeanNouvel et permet d’assurer une
production viticole de premier ordre.
Ce n’est qu’après cette première
réussite et poursuivant son ambition
que PatrickMc Killenmatérialisera sa
volonté de réunir art, vin et architec-
ture par la réalisation du « centre
d’art », pavillon accueillant un point
d’information, un café et une librairie
d’art, en invitant pour sa réalisation
l’architecte japonais Tadao Ando.
L’immersion dans ce paysage et l’ori-
ginalité du concept suffiront à
convaincre le célèbre architecte de
répondre positivement à cette invita-
tion, d’autant que, pour faciliter sa
réalisation, l’opération sera menée
main dans la main avec Tangram
Architectes qui mettra au point et en
œuvre le projet à partir du concept
des dessins du célèbre architecte.
Dans la continuité de l’allée d’entrée,
le centre d’art s’implante à l’avant
des bâtiments d’origine, réutilisés en
caveau de vente pour les vins du
domaine. Le nouvel ensemble forme
deux ailes disposées dans un angle
»Le site est au centre du domaine du Château La Coste, à proximité des
édifices existants et des futurs nouveaux bâtiments de production
viticole.
Pour commencer la conception de ce projet, nous avons étudié attentive-
ment le paysage et dessiné en premier lieu un vaste plan d’eau, de la
forme d’une parcelle du vignoble et son arête sud s’alignant au chemin
d’accès existant. Nous avons ensuite tracé le bâtiment perpendiculaire-
ment à cette ligne droite, commeun pavillon flottant sur l’eau. Colonnade
etmurs supportent un long toit-auvent, qui forme un portique d’entrée et
marque lenouvel axe régulateur.
Ce bâtiment offre un espace continu entre deux ailes disposées dans un
angle de 45 degrés, l’une abritant un hall d’accueil et une petite librairie
d’art, l’autre un café qui se prolonge par une terrasse couverte. Le par-
king des visiteurs est placé sous le bassin ; cet espace semi-enterré est
déterminé par la topographie existante, évitant ainsi tout impact sur le
magnifique site.
L’intégration de ces nouvelles géométries créera des relations très stimu-
lantesentre lepaysage, l’architectureet le parcde sculptures.�
TADAOANDO, architecte
Centre d’accueil du domaine viticolede Château La Coste
Propos
Construction Moderne n° 142 - 3
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a 4 • Le centre d’art se développe sur deux ailes autour du bassin. 5 • La circulation vers le parking en sous-sol borde le haut voile de béton.
constitue une limite solide et franche
dans le paysage, un repère et un
signal pour le visiteur qui, après des
kilomètres tortueux au milieu des
yeuseraies provençales, découvre
presque au hasard d’une pente qu’il
est enfin arrivé à destination.
LUMIÈRE, OMBRE,ETVOLUMEDerrière ce haut mur, le bâtiment se
fait piliers, ombre, lumière et volume.
L’aile principale reçoit, à main droite,
le bureau d’accueil et d’information
qui se prolonge en librairie d’art.
Refermé par un hautmur rideau, l’es-
pace est baigné de lumière. À main
gauche, en revanche, la succession
de piliers se poursuit à l’air libre. Sou-
tenant dans un premier temps la
dalle en toiture, ils revisitent les por-
tiques de l’architecture italienne clas-
sique en créant un espace extérieur
ouvert mais couvert, où le restaurant
peut accueillir des manifestations
lorsque la météo l’autorise. Seuls les
piliers se poursuivent ensuite pour
former une colonnade qui reprend le
rythme et la ligne directrice des ceps
pour aller mourir dans la pente du
terrain naturel. Le café/restaurant où
l’on peut déguster les fruits de la pro-
duction viticole s’organise dans la
seconde aile du bâtiment. Elle
marque un angle vif par rapport au
corps de bâti précédent pour ouvrir
des vues vers la colline où se pro-
longe tout le parcours artistique
du site.
Piliers et voiles s’implantent en pro-
longement de ceux de l’aile précé-
dente pour refermer la figure géomé-
trique. Au final, le bâtiment dessine
une flèche de béton épurée qui joue
avec les reflets de l’eau du bassin et
la transparence de hauts vitrages. Ce
plan a la particularité d’arriver à cana-
liser l’ensemble des flux tout en s’éti-
rant au maximum dans le paysage
pour souligner les lignes directrices
du terrain et mener tout naturelle-
ment le visiteur vers les diverses
œuvres présentes sur le site.
MISE ENŒUVREC’est avec plaisir que Christopher
Green et sa collaboratrice chef de
projet, Barbara Hugues-Blanc, de
l’agence Tangram Architectes, évo-
quent la mise au point du projet,
d’abord par la qualité des échanges
et du dialogue avec l’agence japo-
naise, ensuite par le suivi de ce chan-
tier hors normes.a Plan de rez-de-chaussée. 1 Entrée – 2 Porche – 3 Accueil – 4 Espace de vente –5 Espace de dégustation – 6 Terrasse.
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Bassin
Prairie
N
4 - Centre d’art - Le Puy-Sainte-Réparade (13)
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a 6 et 7 • À l’intérieur, l’espace est fluide, la surface lisse des hauts voiles de béton banché s’anime des jeux d’ombre et de lumière.
Christopher Green explique : « Les
voiles ont été coulés sur une hauteur
de 4,50m. Conformément à ce qui a
fait la réputation de l’architecte japo-
nais, ils ont été calepinés sur la base
des dimensions du tatami avec au
final un module entre les trous de
banchesde2,025 x0,90m.Ce cale-
pinage se prolonge en sous-face de
dalle pour avoir une parfaite conti-
nuité des joints. »
UNHAVREDE TRANQUILLITÉL’architecte poursuit : « Nous avions
réglé l’ensemble de cette trame dès
la conception. De fait, pour la mise
en œuvre, l’entreprise Poggia a fait
fabriquer des banches sur mesure
conformes à ces dimensions. L’entre-
prise a ensuite réalisé un véritable
travail d’ébénisterie en plaçant systé-
matiquement en fond de coffrage un
contreplaqué marine pour assurer la
qualité de surface du béton final.
Cette qualité représentait une préoc-
cupationpermanente. »
Christopher Green ajoute : « L’entre-
prise a merveilleusement joué le jeu,
l’objectif étant d’atteindre une qualité
conforme aux bétons qui ont fait la
réputation d’Ando. Nous recher-
chions à la fois une couleur et une
texture particulières. Poggia nous a
suggéré d’ajouter des cendres issues
des aciéries locales au mélange ini-
tial. Cet ajout de particules fines a
l’avantage de renforcer la fluidité du
béton pour obtenir au final un béton
de haute qualité. En revanche, du fait
de cette grande fluidité, l’étanchéité
des banches a été un enjeu d’impor-
tance pour éviter les fuites éven-
tuelles lors du coulage. Enfin, au fur
et à mesure de la mise en œuvre,
nous avons volontairement allongé
les délais de coulage. Évitant les phé-
nomènes de condensation du béton,
nous avons remarqué que cela amé-
liorait nettement la qualité finale de la
surface. L’aspect du béton devient
poli, presque commeunmarbre. »
Dans cette recherche permanente
de qualité, la réalisation de la flèche,
cet angle de 45° en béton, a égale-
ment représenté une véritable
prouesse. Des banches spéciales ont
été fabriquées pour couler l’ensem-
ble toute hauteur et éviter toute
reprise de bétonnage. La suite est
simple et le résultat sans appel.
Cette architecture réussit l’alchimie
d’une présence à la fois forte mais
minimale.
La première impression suscitée par
cette architecture, c’est la matérialité.
Cesmurs puissants avec leurs 40 cm
d’épaisseur s’imposent par leur tex-
ture que vient animer la lumière réflé-
chie par l’eaudubassin.
La seconde impression, c’est la tacti-
lité. Au toucher, ces murs rigides
semblent doux. Ils excluent en
créant une limite franche sur le site,
comme s’il y avait un avant et un
après le mur. Passé la limite, ils envi-
ronnent au contraire, laissent entrer
la lumière, les ombres, le vent, et les
visiteurs. En traversant le portique
d’entrée, tout se passe comme si ces
visiteurs laissaient derrière eux leur
quotidien pour venir se réfugier dans
unhavre de tranquillité.
ESPACEÀ l’intérieur, la lumière pénètre
d’abord par un long bandeau hori-
zontal qui engendre des effets chan-
geants en fonction de la course du
soleil. L’essentiel de cette architec-
ture ne peut être saisi que dans ces
instants fugitifs, quand la nature est
présente par les ombres qu’elle des-
sine sur la peau lisse dubéton.
La troisième et dernière impression,
c’est l’espace. À l’intérieur, seuls le
béton et le paysage entourent un
visiteur enfin disposé à faire une
expérience unique : partager ce pay-
sage. Avec l’espacement régulier
des ceps et l’alignement parfait des
échalas de bois, le vignoble marque
fortement le site de son empreinte
géométrique. Cette répétitivité donne
ici une clarté et une lisibilité évidente
au paysage et entre par là même en
résonance avec la trame qui a per-
mis de calepiner l’ensemble du pro-
jet.Merci aux architectes !�
Photos :GabrielleVoinot
Maître d’ouvrage :SCEA Château La Coste
Maître d’œuvre :Tadao Ando,
Tangram Architectes
Entreprise générale :Poggia Provence
Surface : 886 m2 SHON
Vivre avec l’espaceet habiter le paysageCadrée par un grand porte-à-faux en béton, une villa de belle facture réalisée par l’architecte Pierre
Minassian avec la complicité de l’entreprise de maçonnerie Duron, meilleur ouvrier de France, offre un
poste d’observation idéal sur un paysage de coteaux. Dans cette architecture riche de sa sobriété et de
ses détails, la démonstration technique valorise la mise en œuvre d’un béton autoplaçant blanc
intégrant un dispositif isolant qui ouvre de belles perspectives aux amateurs de béton brut tout en
satisfaisant les exigences du label BBC. Texte :ChristineDesmoulins
Construction Moderne n° 142 - 5
6 - Maison individuelle - Saint-Didier-au-Mont-d’Or (69)
1 2
a 1 • La façade d’entrée côté rue est orientée au nord. 2 • Vue sur une partie du voile médian et ouverture sur le paysage.
ÀSaint-Didier-au-Mont-d’Or, petiteville voisine de Lyon, la Chipster Blis-
ter House tire son nom de la forme
de ses brise-soleil semblables aux
petites chips de lamarque éponyme.
Cette superbe villa, où béton blanc et
béton gris coulés en place semêlent,
offre un cadre de vie contemporain
enprise avecunpaysagedecoteaux.
Implantée en largeur et partiellement
encastrée dans la pente, son archi-
tecture semble se laisser traverser
par un paysage que l’abstraction de
sa volumétrie cadre dans un équili-
bre subtil de pleins et de vides. Relati-
vement fermée en façade nord sur
rue, elle s’ouvre largement au sud,
face au jardin et à la piscine. La trans-
parence du rez-de-chaussée paraît
alors porter partiellement le cadre en
béton de l’étage, magnifié par la
console qui le structure à l’est et un
grandporte-à-faux de6mà l’ouest.
Ce dispositif architectural offre le
cadre visuel idéal d’une vue panora-
mique lointaine sur Lyon, son célè-
bre « crayon » et la basilique Notre-
DamedeFourvière.
Dès l’entrée, l’évidence de lamise en
œuvre soignée qui souligne l’écriture
architecturale séduit. Le béton blanc
correspond à l’enveloppe, tandis que
le béton gris est présent à l’intérieur.
La façade nord opaque et protectrice
annonce par ses découpes l’ouver-
ture au sud et le parfait carré de
béton planche du rez-de-chaussée
cultive sa symétrie avec la porte
d’entréeplus sombre etmétallique.
Le dessin de la façade sud repose
sur la volumétrie et l’épaisseur du
béton de la dalle haute qui, en
débord de la façade, limite les
apports solaires en été. Suspendu
devant les chambres de l’étage, un
moucharabieh pondère aussi la
lumière en préservant le bénéfice du
cadre visuel et d’un espace intermé-
diaire qui accentue la sensation de
profondeur protectrice.
MASSE ET LÉGÈRETÉ« Les lignes très monolithiques de ce
volume résolument contemporain se
veulent tendues à l’extrême pour
affirmer la dualité entre pleins et
vides, surfaces vitrées et voiles de
béton brut blanc autoplaçant », pré-
cise Pierre Minassian. Il réalise ici un
véritable exercice de style, tant il se
plaît à déjouer les effets structurels
en créant des solutions atypiques,
pour donner l’illusion qu’il fait porter
du lourdpar du léger.
a Plan de rez-de-chaussée.1 Séjour – 2Cuisine –3Buanderie –4Garage.
a Plan R+1.1 Bibliothèque– 2Chambre–3Chambre
parentale, dressing et salle de bains.
N
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a 3 • La mezzanine et sa poutre maîtresse. 4 • Face au jardin et à la piscine, les pleins en béton magnifient la transparence des baies.
Simple en apparence, l’édifice illustre
en fait un jeu d’équilibre des forces
assez savant qui est l’un des prin-
cipes fondateurs de cette maison.
Ainsi par exemple, le voile médian
sert de point d’appui aux poutres de
toiture qui supportent le porte-à-faux
de la chambre des parents. Elles sont
visibles dans les chambres de l’étage
où cette nouvelle expression de la
structure en béton dans des espaces
plus intimistes que les pièces de
réception intervient tel un contre-
point.
DES EFFETSDEDÉCALAGESSTRUCTURELSPar un jeu de décalages structurels,
l’architecte allège en permanence
l’aspect de l’édifice. Son habileté à
faire de l’équilibre des forces un élé-
ment clé de son écriture architectu-
rale transparaît également dans les
découpes de la façade nord. Sur
cette façade, le dispositif général pro-
pre à la maison, qui consiste à expri-
mer le soulèvement des masses, se
retrouve. L’effet est accentué par le
contraste qui s’instaure entre l’élé-
ment porteur en béton du rez-de-
chaussée, évidé par des découpes,
et la partie haute qui est pleine. C’est
ainsi qu’à l’étage, côté chambres, le
panneau en béton horizontal ne
semble porter que par sa partie
haute, à l’extrémité gauche, comme
s’il était coupédu sol.
UNEMAISONBBCENBÉTONAPPARENTCette maison très vitrée répond au
label BBC en offrant des lignes singu-
lières et esthétiques. À l’intérieur, le
béton accompagne le parcours
architectural.
Au rez-de-chaussée dans le séjour, la
puissance du matériau s’exprime
dans la sous-face d’une mezzanine
et la double hauteur du voile en
béton gris apparent qui met en
valeur la structure de la cheminée.
À l’étage, la passerelle enmezzanine
qui réunit l’espace bibliothèque sus-
pendu au-dessus de la cuisine et les
chambres est une poutre maîtresse
quimet l’espace en tension et sert de
garde-corps. La hauteur limitée à
2,30m dans la partie basse du salon
et l’épaisseur des éléments structu-
rels ajoutent à la puissance du maté-
riau en scénographiant les transpa-
rences, les vides et les cadrages. Ce
jeu entre vides et pleins se retrouve
à l’étage, sous 3 m de hauteur,
quand une fente en équerre magni-
fie la lumière naturelle entre toiture
et façade. Alors que, souvent, les
contraintes d’isolation par l’extérieur
pénalisent l’impact plastique de la
vérité structurelle, des solutions tech-
niques permettent ici de conserver la
structure en béton brut apparente à
l’extérieur et parfois à l’intérieur. La
toiture est isolée par l’extérieur avec
despanneaux isolantsminces.
Pierre Minassian se félicite d’avoir pu
travailler avec une entreprise ayant
préservé des savoir-faire d’une
grande technicité. « Au moment des
études, Gilles Beaumont, patron de
l’entreprise Duron et meilleur ouvrier
de France, a breveté en son nom un
procédé très innovant pour réaliser
des murs en béton coulés en place
intégrant en leur sein un isolant.
Nous l’avons testé dans la buanderie
et nous l’utilisons de façon plus glo-
bale sur d’autres projets. Ce système
ouvre des portes aux amateurs de
béton brut. Tout en respectant les
préconisations de la RT 2012 et des
labels BBC et Passivhauss, il permet
de laisser le matériau apparent sur
ses deux faces sans isolation exté-
rieure et sans pont thermique au
niveau du passage de dalles. Grâce à
des dagues et des connecteurs, il
permet de couler en place un mur
sandwich qui intègre l’isolant entre
les deux parois en béton. Sa mise en
œuvre, qui mobilise les compé-
tences et le savoir-faire des coffreurs-
bancheurs, nécessite de la rigueur
lors du coulage en continu du béton
autoplaçant de part et d’autre de
l’isolant. »�
Photos :ÉricSaillet
Maître d’ouvrage : privé
Maître d’œuvre :aum Pierre Minassian ;
architectes collaborateurs :Marie-Alix Beaudet
et Sébastien Desgranges
BET structure : Syner
Entreprise générale :Duron
Surface : 250 m2 SHON
À Carcassonne, la nouvelle école d’arts regroupe dans un même édifice le conservatoire de musique,
les écoles de danse, d’art dramatique et d’arts plastiques, afin de proposer à la population une offre
publique d’enseignements artistiques de qualité. Comme une référence et un écho à la cité médiévale,
le projet de l’architecte Jacques Ripault fabrique une enceinte entourant un théâtre extérieur. Les
façades en béton blanc, dont le parement évoque les plis d’un rideau de scène, affichent la présence
de l’institution. La qualité des espaces intérieurs et leur luminosité composent un cadre accueillant et
un foyer de vie ouvert à tous, propice à l’épanouissement par la pratique et la découverte des
disciplines artistiques.
La « Fabrique des arts »
Texte :Norbert Laurent
8 - École d’arts - Carcassonne (11)
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a 1 • Les ailettes brise-soleil en BFUP protègent les salles de danse. 2 • La conque est habillée de panneaux de vêture en BFUP.
La ville de Carcassonne, préfecture
de l’Aude, est connue de tous pour
sa célèbre cité médiévale, restaurée
par Viollet-le-Duc au XIXe siècle. Cet
ensemble, unique par sa taille, est
inscrit au patrimoine mondial de
l’Unesco depuis 1997. Il reçoit,
chaque année, près de quatre mil-
lions de visiteurs, ce qui en fait le
deuxième site touristique le plus visité
enFranceaprèsLeMont-Saint-Michel.
Patrimoine et culture marquent donc
fortement de leur empreinte la ville de
Carcassonne.
La communauté d’agglomération
du Carcassonnais, aujourd’hui appe-
lée Carcassonne Agglo, a, dès sa
création en 2001, pris sous sa com-
pétence les enseignements artis-
tiques publics. Ils étaient à l’époque
essentiellement représentés par la
musique, la danse et un peu d’arts
plastiques. Ces enseignements ren-
contraient un grand succès auprès
de la population et particulièrement
auprès des jeunes. Les locaux dans
lesquels ils se déroulaient ne répon-
daient plus aux besoins grandissants,
ainsi qu’aux normes d’accessibilité
entre autres. Les élus de Carcas-
sonne Agglo font alors le choix poli-
tique de créer « un établissement
d’enseignements artistiques publics
destiné à dispenser une solide for-
mation intellectuelle, humaine et
artistique ».
L’objectif de ce nouvel équipement
est de regrouper dans unmême édi-
fice le conservatoire de musique et
les écoles de danse, d’art drama-
tique et d’arts plastiques, afin de pro-
poser à la population une offre artis-
tique de qualité. Ainsi, les différents
arts enseignés se côtoient, peuvent
travailler ensemble et proposer des
projets artistiques faisant appel à plu-
sieurs disciplines.
RÉUNIR LESARTSLe conservatoire de musique com-
prend un grand nombre de salles de
répétition dédiées aux différents ins-
truments, des salles de cours, une
grande salle de percussions et une
salle de répétition chorale pouvant
contenir 80 personnes. L’école d’arts
graphiques possède 8 grands ate-
liers. L’école de danse bénéficie de
4 studios, dont un est équipé de
gradins démontables, permettant
d’accueillir du public. L’école d’art
dramatique a à sa disposition 2 pla-
teaux de répétition et de jeu. À cela
s’ajoutent un espace médiathèque
et une salle de 184 places. Sa confi-
guration permet d’accueillir un
orchestre classique, mais aussi de
nombreuses autres manifestations
liées à la vie de cette école. En effet,
au-delà des enseignements qu’elle
délivre et des représentations qu’elle
propose, l’école reçoit de nombreux
projets artistiques sous forme de
rencontres, conférences, master
classes, stages… Lauréat du
concours d’architecture, Jacques
Ripault a organisé son projet autour
d’un théâtre extérieur.
L’écolebaptisée la «Fabriquedesarts»
est prévue pour accueillir 2 000 élè-
ves et ce sont au total 41 profes-
seurs qui interviennent dans les dif-
férentes disciplines. La section arts
graphiques comprend une prépa
qui propose un enseignement spéci-
fique aux jeunes ayant obtenu le
baccalauréat, qui souhaitent présen-
ter les concours des écoles d’art
nationales.
COMMEUNE ENCEINTEL’école d’arts se dresse au sud-ouest
de Carcassonne, en proche périphé-
rie, et s’inscrit dans lesméandres des
voiries d’entrée de ville. Nous ne
sommes pas ici en milieu urbain, le
lieu est assez vide et peu construit,
seulement scarifié par le tracé des
voies de circulation. La «Fabriquedes
arts» devait se trouver initialement en
vis-à-vis de la future médiathèque, et
délimiter, sur le côté ouest, un parvis
qui préserve un large dégagement
entre les deux mas Saint-Jacques et
a Coupe transversale sur le hall. 1 Salle d’orchestre – 2 Hall – 3 Plateau de jeu – 4 Salle de danse.
1 2 3
4
10 - École d’arts - Carcassonne (11)
3 4
a 3 • Le parement en béton évoque les plis d’un rideau de scène. 4 • Le théâtre extérieur au cœur de l’édifice.
Prat Mary présents, l’un au nord et
l’autre au sud du site. Comme une
référence et un écho à la cité médié-
vale, le projet fabrique une enceinte
entourant le théâtre de verdure. Les
corps de bâtiment linéaires est et
nord dessinent une équerre, dont
les extrémités sont reliées par un
volumecurviligne et ondoyant. «Dans
les premières esquisses, se souvient
JacquesRipault, nousétionspartis sur
une figure très orthogonale. Aussi
bien en maquette qu’en plan masse,
cette figure semblait trop rigide et
trop indépendante du contexte. En
effet, surtout du côté sud, le site n’a
pas une limite nette. Elle paraît un
peu floue, sinueuse. Par ailleurs,
nous nous trouvons dans un quartier
où il y a de nombreux giratoires.
Nous savions, lors du concours, qu’il
était prévu d’en réaliser un nouveau
au sud du terrain. Plutôt que de reje-
ter ces aménagements que nous
n’aimons pas, il me semble impor-
tant que le bâtiment les prenne en
compte pour leur donner du sens.
De là est venue l’idée d’introduire un
mouvement courbe dans la figure et
cette façade ondulante côté sud, qui
adoucit la volumétrie générale. Le
giratoire, aujourd’hui réalisé, semble
ainsi épouser le bâtiment. Enfin, dans
ce quartier peu construit, souvent
balayé par un vent violent, j’avais le
sentiment qu’il fallait créer un espace
extérieur protégé, spécifique à
l’école. De là est née l’idée de conce-
voir le projet comme une conque
autour d’un théâtre extérieur, qui
fédère l’ensemble de l’édifice et tient
son identité. »
LUMIÈRE ET ESPACEL’enchaînement des courbes et l’arti-
culation des volumes installent l’édi-
fice avec justesse dans ce paysage.
Sa présence, sans êtremonumentale,
proposeungermed’urbanité dansun
lieu où la ville est en devenir. Il pré-
sente des façades extérieures en
bétonblancdont le parement évoque
lesplis d’un rideaudescène.Ce pare-
ment brut est obtenu à partir d’un
motif de matrice existant de type
bambou. Sa matière minérale des-
sine l’enceinte du bâtiment et met en
valeur samorphologie.
La façade principale, côté est, sur-
montée par le volume des salles de
danse caractérisé par le rythme des
ailettes/brise-soleil en BFUP, affirme
la présence du bâtiment et la trans-
parence du rez-de chaussée invite à
rentrer. La grande salle d’orchestre
marque un ancrage près du hall
d’entrée, comme un contrefort. Les
salles de musique se déroulent, au
sud, le long de la façade curviligne
qui installe, sur 2 niveaux (rdc et
R+1), les salles trapézoïdales dessi-
nées pour une meilleure diffusion
sonore. Le calepinage en quinconce
des panneaux de vêture en BFUP
blanc se combine avec le rythme
des fenêtres verticales des salles du
conservatoire et accompagne le
tracé ondulant de la conque. Dans le
même corps de bâtiment, les ate-
liers d’arts plastiques, répartis en
éventail, s’ouvrent au nord face aux
salles d’art dramatique organisées
de part et d’autre de la scène du
théâtre extérieur.
N
a Plan de rez-de-chaussée.1 Hall de distribution – 2 Salle d’orchestre –
3 Espace médiathèque – 4 Plateau de jeu –
5 Salle d’arts plastiques – 6 Conservatoire de
musique – 7 Salle de répétition chorale –
8 Salle de percussions – 9 Théâtre de verdure.
3
48
7
5
9
6
1
2
Construction Moderne n° 142 - 11
5 6
a 5 • Une rampe sculpturale conduit vers les studios de danse. 6 • Vue sur une salle d’arts plastiques.
Le hall d’entrée est le foyer spatial du
projet. Il donne à lire les quatre écoles
de la « Fabrique des arts » et offre un
espace généreux baigné de lumière
naturelle. Sa transparence et son
ouverture s’accompagnent de tout
un jeu de perspectives et de vues qui
facilitent l’orientation des utilisateurs.
Conformément au souhait de l’archi-
tecte, il permet d’accéder directe-
ment aux différents lieux d’enseigne-
ment. Métaphore des évolutions
aériennes des danseurs, une rampe
sculpturale en béton blanc conduit
par une douce déambulation vers les
studios de danse à l’étage. Entre la
rampeet la boîte de verre de l’espace
médiathèque, le hall se prolonge vers
les salles d’art dramatique. Enfin, face
au sas d’entrée, on peut accéder
directement aux deux niveaux du
conservatoire demusique et des ate-
liers d’arts graphiques. Présence de
la lumière naturelle, ponctuation du
parcours par des cadrages de vues
sur le paysage, touches de couleurs
inspirées des tableaux sur le thème
de la danse d’Henri Matisse, agré-
mentent l’ambiance des circulations.
Les couloirs du conservatoire de
musique sont ponctués d’espaces de
respiration lumineux, généreusement
vitrés sur l’extérieur. Ces petits salons
permettent de se retrouver avant ou
après un cours, de profiter d’un
temps de pause. À l’étage, la circula-
tion est éclairée par une douce
lumière zénithale prise au nord. La
structure à l’intérieur du bâtiment est
réalisée en béton coulé en place.
Certains poteaux et la rampe qui res-
tent visibles sont en béton de ciment
blanc. Les qualités du béton partici-
pent aux exigences d’isolation acous-
tique en particulier au niveau du
conservatoire demusique. L’articula-
tion et lemouvement des volumes en
béton blanc composent un édifice
harmonieux et esthétique. L’architec-
ture conçue par Jacques Ripault lui
donne son identité et en fait un lieu
unique. La qualité des espaces inté-
rieurset leur luminositécomposentun
cadre accueillant. Ainsi, plus qu’un lieu
d’apprentissage, la «Fabriquedesarts»
est un véritable foyer de vie ouvert et
offert à tous pour leur épanouisse-
ment par la pratique et la découverte
desdisciplinesartistiques.�
Photos :HervéAbbadie
6–PatrickHMüller
Maître d’ouvrage :Carcassonne Agglo
Maître d’œuvre :Jacques Ripault architecture ;collaborateur Guillaume Picard
BET tout corps d’état : BetomIngénierie Sud-Ouest
Acoustique : Lasa
Entreprise gros œuvre :Eiffage ConstructionLanguedoc-Roussillon
Préfabricant (murs à coffrageintégré) : SEAC – Préfabay
Préfabricant (vêture BSI®
blanc) : Eiffage BSI® ;AAB Atelier artistique du béton
Surface : 5 700 m2 SHON
Coût : 10 M€ HT
UUnnee eennvveellooppppee ppeerrffoorrmmaannttee eett eesstthhééttiiqquuee Le bâtiment a le label THPE+/RT 2005 C ref-34 %. L’ensemble du projet
est isolé par l’extérieur. La façade curviligne et celles de la grande salle
sont composées d’un voile béton coulé en place, sur lequel est fixé l’iso-
lant. Les panneaux de vêture en BFUP blanc constituent la peau exté-
rieure. Les autres façades font appel à des murs à coffrage intégré. Il s’agit
de panneaux préfabriqués constitués de deux peaux en béton reliées par
des connecteurs. Dans le cas présent, un isolant a été incorporé en usine
sur la face interne de la peau extérieure, ce qui supprime les ponts ther-
miques. Le vide maintenu entre les deux peaux est rempli avec du béton
coulé sur chantier après mise en place des armatures. La peau extérieure
de ces panneaux présente le même parement que les éléments de
vêture. Enfin, les grandes baies vitrées des salles de danse sont protégées
par des ailettes/brise-soleil préfabriquées, elles aussi en BFUPblanc. Ainsi,
les danseurs bénéficient d’une vue sur le massif des Corbières, tout en
étant à l’abri d’un soleil trop direct. Le bâtiment possède une ventilation
double flux. Il n’y a pas de climatisation à l’exception de la grande salle.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
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Au cœur d’une zone industrielle incertaine située à l’une des entrées de ville de Montauban, se
dresse la silhouette sombre et originale d’un petit bâtiment aux lignes pures et contemporaines. Il s’agit
du Syndicat départemental de l’énergie. La problématique majeure de ce projet fut pour les architectes
de concilier, et même de réconcilier, une vraie conception architecturale avec un environnement
totalement hétéroclite pour en constituer une image de l’institution. Pour ce faire, ils ont travaillé en
contre-point du règlement d’urbanisme, intégrant les contraintes pour mieux les contourner et s’en
jouer. La peau de béton lasurée se fait sombre lorsque le ciel est menaçant ou lumineuse quand le
soleil brille.
Contraste et continuité
Texte : Clotilde Foussard
12 - Syndicat départemental de l’énergie - Montauban (82)
Construction Moderne n° 142 - 13
1 2
a 1 • Une lasure métallisée reflète la lumière. 2 • La façade sur la rue est aveugle et met en valeur le jeu des volumes.
La construction du siège social du
Syndicat départemental de l’énergie,
qui est une émanation du conseil
général du Tarn-et-Garonne (82),
représente un enjeu architectural fort
pour l’agence toulousaine W-Archi-
tectures. « Sur ce projet, nous avons
été confrontés à une problématique
un peu particulière qui a été le préli-
minaire à notre conception générale
du bâtiment. Nous nous trouvions au
cœur d’une ZAC à l’urbanisme tota-
lement chaotique comme il en existe
dans toutes les entrées de ville fran-
çaises, et nous devions construire un
équipement représentatif de l’institu-
tion publique », explique l’architecte
Raphaël Voinchet. La première opé-
ration consiste à se pencher très
sérieusement sur le règlement d’ur-
banisme de la ZAC, naturellement
très contraignant dès lors que l’on
souhaite sortir des sentiers battus.
Il s’agit, en effet, de concevoir un
équipement n’ayant rien à voir avec
ses voisins, tant dans la fonction du
bâtiment qu’au niveau de la qualité
architecturale qu’exige ce type d’édi-
fice public.
« Dans notre démarche, nous avons
exploité au maximum les entre-deux
du règlement en nous glissant dans
ses failles. Nous n’avons pas réagi
contre mais plutôt agi avec toutes
ces contraintes », ajoute Raphaël
Voinchet. Et l’on sait combien la
contrainte est un stimulant à la créa-
tion... Le projet va donc se tisser sur
une série de contrepoints « raison-
nés » au règlement.
JEU DE VOLUMESÀ un alignement défini par rapport à
la rue, avec l’implantation du parking
à l’avant, les architectes répondent
par un espace planté ; un parvis pay-
sager qui met en scène le bâtiment
et le démarque. À une entrée pré-
coni-sée sur la rue, ils proposent la
mise en place d’un accès perpendi-
culaire en trois registres : l’aire de sta-
tionnement, la voie pour les véhi-
cules et une allée piétonne en béton
qui mène à l’entrée. La façade sud
sur rue est complètement aveugle.
De même, à la contrainte de gabarit
qui confère aux bâtiments environ-
nants une sorte de monumentalité
ingrate, ici la réponse est claire, avec
l’implantation d’un étage sur une des
ailes. En résulte un jeu d’empilement
et de juxtapositions affirmé de plu-
sieurs volumes, qui crée de petits
décalages, des avancées en porte-à-
faux, des retraits et confère à l’en-
semble une échelle bien singulière.
Le bâtiment forme ainsi une liaison
urbaine entre la zone industrielle et
le quartier pavillonnaire qui se déve-
loppe en fond de parcelle.
L’enveloppe extérieure est consti-
tuée de doubles murs porteurs en
béton préfabriqués. « La majorité des
constructions situées autour de la
nôtre sont réalisées en charpentes et
bardages métalliques. Introduire le
béton a permis de mettre en scène
une nouvelle matérialité pour singu-
lariser l’architecture et d’affirmer la
fonction particulière de notre bâti-
ment par rapport à ce qui l’entoure,
d’exprimer la dimension pérenne de
l’institution », précise Raphaël Voin-
chet. Et il poursuit : « L’économie du
projet a imposé le recours à la préfa-
brication. Néanmoins, nous ne sou-
haitions pas que le bâtiment renvoie
l'image d’une construction indus-
trielle. Nous avons détourné à notre
profit le système de doubles murs
préfabriqués en développant un sys-
tème de pièces comportant un
réseau de trames et de sous-trames.
Chaque pièce étant unique et pour-
vue de faux joints, une fois l’ensem-
ble claveté, il devient impossible de
distinguer les « vrais joints » des « faux
joints ». La notion d’élément disparaît
au profit d'une image de compacité
et de l’expression d’une matière
unique. » Précisons que le calepi-
nage fut un véritable casse-tête pour
que vrais et faux joints se confon-
dent. Les architectes se sont égale-
ment penchés sur le choix de la cou-
leur du bâtiment. Comme presque
Trap
pe te
chni
que
All.
30
Vidoir
a Plan de rez-de-chaussée et coupe.
N
14 - Syndicat départemental de l’énergie - Montauban (82)
3 4
a 3 • Le contraste entre l’extérieur et l’intérieur crée un véritable effet de surprise. 4 • La palette limitée des teintes répond à la sobriété extérieure.
tous les entrepôts environnants sont
blancs ou clairs, ils souhaitaient que
le siège du SDE s’en distingue. Plu-
sieurs couches de lasures de diffé-
rentes teintes sont superposées sur
l’enveloppe extérieure, dont une
avec des éclats métal liques. L’effet
produit est une surface presque
noire, légèrement irisée, qui change
avec la lumière, pour devenir tantôt
sombre lorsque le ciel est menaçant,
tantôt extraordinairement lumineuse
lorsque le soleil darde ses rayons
méridionaux. La couleur retenue est
une référence explicite aux bronzes
d’Antoine Bourdelle, sculpteur origi-
naire de Montauban.
Des séries de baies verticales ryth-
ment les façades est et ouest. Ce
rythme est soutenu par le dessin des
joints qui anime les parois. En fait,
depuis l’extérieur, c’est une sorte
d’écrin précieux qui se présente à
notre regard...
AUTOUR D’UN PATIOD’une typologie assez simple, sui-
vant le programme également sim-
ple, le bâtiment se déploie en deux
ailes principales à l’ouest et à l’est,
accueillant des bureaux et des salles
de réunion. Celle du côté ouest
possède un étage. Les ailes sud et
nord abritent l’accueil, des locaux
techniques et des salles d’archives.
Le tout s’articule autour d’un patio
central rectangulaire, planté d’arbres
fruitiers, qui évoquent ce type de
production très importante en Tarn-
et-Garonne. Lorsqu’on pénètre dans
le bâtiment, la surprise est totale : ici
tout est lumière, clarté, blancheur.
«Nous souhaitions créer un véritable
contraste entre les impressions res-
senties à l’extérieur et à l’intérieur.
L’extérieur est sombre et clos sur lui-
même, l’intérieur est ouvert par de
larges baies sur le patio. La circula-
tion du rez-de-chaussée est organi-
sée autour de ce jardin. Nous l’avons
traitée comme un véritable espace
de rencontres, vaste et agréable »
commente l’architecte. Les murs
sont en béton brut légèrement blan-
chi par une lasure à 30 %.
Le béton est partout présent (cloi-
sons et plafonds), et c’est un senti-
ment de sérénité qui prédomine,
grâce à une palette très limitée de
teintes et de matériaux : le gris du
béton, le blanc du sol en résine, le
noir des huisseries et la couleur bois
du mobilier.
À l’étage, la circulation donne sur
l’extérieur alors que les espaces de
travail bénéficient d’une vue plon-
geante sur le patio. Une pompe à
chaleur géothermique sur pieux four-
nit calories en hiver et frigories en été.
Grâce à l’inertie thermique du béton,
le bâtiment présente de très faibles
niveaux de consommation et répond
aux d’exigences BBC de la RT 2012.
« Nous sommes ravis de travailler
dans un tel lieu ! » commente Corinne
Schwaller-Chatron, assistante de
direction. «De plus, il est très confor-
table, chaud en hiver et agréable-
ment frais en été. »�
Photos : Cyrille Weiner
Maître d’ouvrage : Syndicat départemental del’énergie du Tarn-et-Garonne
Maître d’œuvre : architecte mandataire :
W-Architectures, Voinchet &Architectes Associés
BET structure : BETCE
Entreprise de gros œuvre :ETC
Préfabricant : SEAC – Préfabay
Surface : 1 300 m2 SHON
Coût : 1,8 M€ HT
t Le système constructif retenu
pour l’ensemble de l’enveloppe exté -
rieure de ce projet est composé
composé de murs à coffrage intégré
avec isolation, fabriqués en usine. Deux
peaux de béton sont reliées et fixées
entre elles par des connecteurs. Une
couche d’isolant est posée sur la face
interne de la paroi extérieure, ce qui
permet d’atteindre d’excellentes perfor -
mances énergétiques (BBC RT 2012).
Photo : DR
Minéralité et durabilitéméditerranéennesPour l’ensemble de 20 logements sociaux BBC situé à Cannes-La Bocca, CAB Architectes a conçu un
véritable petit immeuble-villas. La desserte par coursives extérieures côté rue remplit son rôle de
prolongement de l’espace public. Elle fonctionne comme un empilement de trottoirs et l’on entre dans
son logement comme dans des villas en bande. Tous les logements sont traversants et s’organisent
selon une stratification des lieux de vie. Le béton est ici structure et architecture. Minéralité, soleil,
lumière et espace portent l’écriture architecturale. Texte : Norbert Laurent
Construction Moderne n° 142 - 23
24 - Logements - Canne-La Bocca (06)
1 2
a 1 • Les coursives fonctionnent comme un empilement de trottoirs. 2 • Sur les coursives, entre rue et logement, le rapport au paysage est constant.
Le quartier de La Bocca se situe à
l’ouest du centre-ville de Cannes, du
Vieux-Port, du Palais des Festivals et
de la célèbre Croisette avec son ali-
gnement de palaces. Il est essentiel-
lement habité par une population
appartenant à la classe moyenne et
présente une certaine mixité sociale.
L’ambiance de la rue Antoine Brun
est toute méditerranéenne.
MUTATION, PERMANENCECe quartier calme est en cours de
mutation et de densification. En effet,
au gré des opportunités foncières
qui se présentent, les villas et leurs
jardins cèdent la place à des immeu-
bles de logements sociaux ou privés.
La résidence Éole, ensemble de 20
logements sociaux BBC conçu par
CAB Architectes (Calori, Azimi, Boti-
neau), s’inscrit dans ce processus.
« Les premières fois que nous
sommes venus sur le site de ce pro-
jet, nous avons constaté que les
habitants vivaient beaucoup dehors,
qu’ils avaient encore l’habitude de
poser leur chaise dans la rue pour
voir passer les gens, pour causer
entre voisins… Les maisons exis-
tantes ne représentent pas un patri-
moine architectural particulier, mais
elles sont porteuses d’un mode de
vie méditerranéen, où il existe une
certaine perméabilité entre espace
public et espace privé. Pour nous, il
était fondamental de concevoir un
édifice résidentiel qui permette de
perpétuer ce type de mode de vie et
de rapports sociaux », soulignent les
architectes. Ils ont choisi de dévelop-
per un véritable petit immeuble-
villas, desservi par des coursives
extérieures sur rue. Celles-ci offrent
des circulations collectives éclairées
naturellement et proposent un par-
cours qui met en scène la question
du seuil de l’habitation, ainsi que la
transition douce entre la rue et le
logement. Les horizontales des cour-
sives affichent sur la rue la présence
de l’immeuble. Elles accompagnent
dans la perspective les échelles du
paysage construit. De plus près,
dans une perception plus frontale,
toute la stratification du projet et la
profondeur des logements se don-
nent à lire ou à deviner. Pour les archi-
tectes, « la desserte par coursives
ouvertes côté rue remplit son rôle de
prolongement de l’espace public. Elle
fonctionne comme un empilement
de trottoirs. On entre chez soi
comme dans des villas en bande ».
La façade nord-ouest de l’immeuble-
villas donne donc sur la rue, tandis
que celle du sud-est s’ouvre sur les
jardins voisins en cœur d’îlot. Les
pignons nord-ouest et sud-ouest
sont pour leur part aveugles. Celui du
côté sud-ouest accueille la séquence
de circulation verticale, escalier et
ascenseur. Du fait de la desserte par
coursives extérieures, tous les loge-
ments, du T2 au T5 en duplex sont
traversants nord-ouest et sud-est.
PROMENADE ARCHITECTURALELe rez-de-chaussée du bâtiment, sur-
élevé d’un demi-niveau, est mis à dis-
tance de la rue. Cela permet d’ap-
porter air et lumière naturelle au par-
king. Les logements de type T2 et T3
occupent les 3 premiers niveaux (du
rdc au R+2). Tous les grands loge-
ments en duplex (4 T4 et 1 T5) sont
regroupés au dernier niveau (R+3).
Depuis l’escalier ou l’ascenseur, cha-
cun rentre chez soi par les coursives,
qui semblent comme suspendues
entre rue et logement. Plus qu’une
simple fonction, le déplacement
dans les circulations collectives
devient une véritable promenade où
le rapport au paysage est constant et
le rapport avec le voisin est possible
par un petit signe cordial en passant
ou un échange de quelques mots.
Les coursives sont séparées du nu
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aAxonométrie.
Construction Moderne n° 142 - 25
3 4
a 3 • Jeu de vues entre les différents niveaux. 4 • Accès au logement par le jardin d’hiver/terrasse.
de la façade par un vide de 1 m. L’ac-
cès à chaque logement se fait par
une petite passerelle, donnant sur
une porte vitrée. Le franchissement
du vide marque comme un seuil, le
passage de la circulation collective
au lieu de vie privé. Il offre aussi tout
un jeu de vues en plongées ou en
contreplongées qui mettent en rela-
tion les passerelles et les différents
niveaux.
STRATIFICATIONTous les logements s’organisent
selon une stratification des lieux de
vie, comme le soulignent les archi-
tectes. « Notre travail porte sur la
typologie. La structure en dalles et
refends porteurs définit les alvéoles
des logements. Ces derniers se
caractérisent par une stratification de
dispositifs qui ont pour fonction de
gérer la porosité du logement vis-à-
vis du milieu, c’est-à-dire de la tem-
pérature, de la luminosité, du bruit, et
de garantir l’intimité. La grille structu-
relle en trois dimensions accueille
dans ses vides des appartements/
fenêtres dont la trame se projette en
façade. Ce type de réponse est très
adaptée au climat méditerranéen,
car le glissement des refends et des
dalles vers l’extérieur apporte ombre
et fraîcheur. »
Pour chaque logement, une paroi,
composée de persiennes vitrées
orientables et de la porte vitrée des-
servie par la petite passerelle, définit
un lieu intermédiaire. Cet espace
ouvert sur la coursive et la rue peut
être utilisé par chaque habitant
comme il le souhaite. Comme on
peut le constater sur place, certains
vont y installer des plantes, d’autres
le personnaliser par leur décoration,
etc. Il est, selon les cas, hall d’entrée
du logement, jardin d’hiver, terrasse
d’été prolongeant le séjour, voire tout
cela à la fois. Cet espace est séparé
du séjour par deux ensembles, d’une
part des volets coulissants en métal
perforé et d’autre part de géné-
reuses baies vitrées coulissantes, qui
vont de dalle à dalle et de voile à
voile. Les lames vitrées peuvent
prendre trois positions, verticale fer-
mée, horizontale ouverte, et à 45°.
Ces persiennes orientables et les
larges baies vitrées créent un jeu de
reflets et de transparences qui varie
selon les orientations des lames de
verre et filtre le regard et les vues.
Dans le prolongement de chaque
passerelle d’accès, un voile de béton
évite la vue directe dans le séjour.
Lorsque les volets sont ouverts, les
panneaux viennent se ranger devant
ce voile. L’entrée dans l’espace
séjour/repas se fait en chicane par la
grande baie coulissante. Un bloc
central regroupant wc et salle de
bains sépare la partie jour de la par-
tie nuit. Dans les appartements T3 et
T5, une circulation de part et d’autre
de ce noyau le fait apparaître comme
une boîte dans l’espace du loge-
ment. Une bande servante permet
d’intégrer les appareils électroména-
gers côté séjour. Elle se poursuit en
dressing dans le dégagement face
au bloc sanitaire et devient range-
ment dans la chambre. La chambre
(ou les chambres) bénéficie d’une
grande loggia orientée au sud-est et
sur les jardins voisins. Un élément
structurel en béton en forme de U
ménage dans chaque loggia un
séchoir permettant de dissimuler le
linge. Il peut aussi se transformer en
lieu de rangement extérieur protégé.
Pour les grands appartements en
duplex, le principe général d’organi-
sation connaît quelques petites varia-
tions. La partie jour se développe
dans tout le bas du duplex et les
chambres sont regroupées à l’étage.
Le jardin d’hiver et la loggia devien-
nent 2 terrasses à ciel ouvert. a Plan d’étage courant. 1 Coursives – 2 Jardin d’hiver/terrasse – 3 Séjour/repas –4 Chambre – 5 Loggia/séchoir.
1
2
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5
N
26 - Logements - Canne-La Bocca (06)
5 6
a 5 • Chaque chambre bénéficie d’une grande loggia orientée au sud-est, avec vue sur les jardins voisins. 6 • Le système structurel dessine la façade sud-est.
La conception de la structure en
3 entités participe de la réponse aux
réglementations thermique et sis-
mique. Le corps principal, avec ses
refends et dalles porteurs en béton,
fabrique les alvéoles qui contiennent
les logements. Les ensembles cour-
sives/jardins d’hiver et loggias sont
structurellement autonomes et indé-
pendants du corps principal. Les
dalles de sol intérieur des logements
sont ainsi totalement désolidarisées
des dalles de sol des loggias ou de
l’ensemble coursives/jardins d’hiver
par un interstice vide. Ce dernier est
rempli d’isolant, ce qui élimine tous
les ponts thermiques entre les
espaces intérieurs et les prolonge-
ments extérieurs. Ceci permet aussi
de réaliser des seuils conformes à la
réglementation d’accessibilité PMR.
Enfin, côté nord et sud, les refends en
contact avec l’extérieur sont consti-
tués de deux voiles en béton coulés
en place intégrant entre eux l’isolant.
Le bâtiment est fondé sur pieux. Le
béton est recouvert d’une lasure
opacifiante grise.
BIEN VIVRE ENSEMBLEComme le disent les architectes, ce
projet s’inscrit « dans notre recherche
de minéralité et de durabilité du Sud.
Nous avons délibérément évité tout
capotage par des vêtures, dont la
pérennité reste à démontrer dans un
climat marin. Comme souvent dans
nos projets, quand le béton est
coulé, l’essentiel est là. » Minéralité,
soleil, lumière et espace portent
l’écriture architecturale. Ici la matière
est exacte, structure et architecture.
Dalles et voiles dessinent le volume
et sa modénature. Coursives et log-
gias accrochent ombres et lumières,
en façonnent le rythme, le mouve-
ment au fil des heures. Les parois de
verre, les garde-corps, les volets
métalliques perforés ponctuent la
stratification des espaces et fabri-
Maître d’ouvrage : Office publicde l’habitat de Cannes
et de la Rive Droite du Var
Maître d’œuvre : CAB Architectes
Jean-Patrice Calori, Bita Azimi,Marc Botineau ; chef de projet :
Aurélia Guimard
BET structure : Turra
Entreprise générale : Vigna
Surface : 1 700 m2 SHON
Coût : 2,6 M€ HT
BBBBCC mmooddee ddee vviiee De nombreuses dispositions tant au niveau de la conception du projet
que de sa construction participent à la performance BBC du bâtiment.
Les logements traversants profitent d’agréables prolongements exté-
rieurs, qui en plus du confort de vie apportent par le jeu des ombres por-
tées une protection face à un rayonnement solaire trop intense en été.
L’espace jardin d’hiver/terrasse, équipé de panneaux coulissants et de
persiennes à lames vitrées orientables, permet des utilisations différen-
tes au fil des saisons et de contrôler la température intérieure de l’appar-
tement. Ainsi, en hiver, les lames de verre sont fermées afin de créer une
paroi protectrice contre le vent froid. Le jour, cette même paroi permet
de récupérer de la chaleur par effet de serre et en ouvrant les fenêtres
coulissantes de la diffuser dans le logement tout au long de la journée et
la nuit en profitant de l’inertie thermique de la structure en béton. En été,
lorsque les lames de verre sont ouvertes, la terrasse est largement venti-
lée et l’ouverture des fenêtres la nuit crée une double ventilation natu-
relle qui rafraîchit l’appartement. Là aussi, l’inertie de la structure va per-
mettre de restituer la fraîcheur dans la journée. Sur la toiture, des
panneaux solaires assurent le chauffage de l’eau chaude sanitaire qui
est stockée et redistribuée dans tout le bâtiment.
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quent à l’échelle de la façade tout un
jeu de transparences et de reflets.
Nous ne sommes pas dans une
architecture de l’image. Le bien vivre
ensemble aujourd’hui et demain est
au cœur de cet immeuble-villas
conçu par CAB Architectes. L’archi-
tecture est ici projet de vie.�
Photos : ouverture, 2 et 4–
Aldo Amoretti ;
1, 3, 5 et 6 – Serge Demailly
Construction Moderne n° 142 - 27
a 1 et 3 • Le bâtiment présente un aspect minéral. 2 • Vue du laboratoire. 4 • La salle de dégustation. 5 • Le béton brut est aussi présent à l’intérieur.
a Le parement évoque le schiste.
Maison des vins
4 5
Maître d’ouvrage : Communauté de communesdes Pays de l’Hermitage
Maître d’œuvre : U_BAHN, Ronan Martin,
Frédéric Burellier
BET structure : CEH
Économiste : AB2C
Entreprise gros œuvre : Maron Goudard Construction
Surface : 1 126 m2 SHOB
(avec porche et parking couvert)
Coût : 1,4 M€ HT
La Maison des vins de Tainl’Hermi-
tage se dresse en bordure d’une
zone d’activité, à proximité du péage
de l’autoroute A7. Situé au cœur du
territoire du vignoble septentrional
de la vallée du Rhône, ce nouvel
équipement constitue un outil de tra-
vail technologique. C’est aussi un lieu
ouvert au public destiné à la promo-
tion du territoire vitivinicole et au
développement de l’œnotourisme.
Le bâtiment, conçu par Ronan Martin
et Frédéric Burellier de l’agence
U_BAHN, abrite dans une même
entité le laboratoire œnologique et
les bureaux d’Interhône, ceux de
l’Organisme d’inspection viticole de
la vallée du Rhône (OIVR), les locaux
de différents acteurs de la filière vini-
cole, une salle de dégustation utilisée
par les professionnels et un espace
d’accueil œnotouristique. L’édifice,
en R+1partiel, s’enroule autour d’un
vaste patio central recréant un envi-
ronnement favorable au confort des
usagers et des visiteurs.
UN SIGNE DANS LE PAYSAGELe bâtiment fait signe dans le pay-
sage. Ses façades extérieures sont
opaques. Elles présentent un aspect
minéral, qui se distingue dans l’envi-
ronnement connoté et uniforme de la
zone d’activité. Elles sont en béton
matricé, dont la peau évoque le
schiste caractéristique du sol de la
région. La façade principale est per-
cée par un porche. Ses parois rouge
vif invitent à entrer dans le bâtiment. Il
donne accès à l’espace œnotouris-
tique et au couloir périphérique qui
ceinture le patio et dessert l’ensem-
ble du projet.
Le bâtiment est construit en béton
coulé en place, qui constitue les dif-
férents composants de la structure.
Porteuses, les façades périphériques
sont des voiles de béton de 20 cm
d’épaisseur. Le motif texturé du pare-
ment extérieur est obtenu avec des
matrices de coffrage en polyuré-
thane. Une lasure de couleur grise
« obsidienne » et d’aspect irisé est
appliquée sur le parement brut après
décoffrage. Les façades sont isolées
par l’intérieur. Les parois en béton du
porche d’entrée (sol, murs, plafond)
sont pour leur part recouvertes
d’une résine époxy rouge. Le sol du
rez-de-chaussée est lui aussi en
béton apparent avec finition par
métallisation.
Le bâtiment répond aux exigences
du niveau BBC RT 2005. Son organi-
sation autour d’un patio central et sa
desserte par un couloir périphérique
adjacent favorisent la circulation d’air
et la régulation thermique naturelle
des lieux. L’orientation nord/sud des
locaux a été prise en compte dès la
conception par les architectes pour
optimiser la régulation thermique
(confort d’été/hiver) et l’apport de
lumière naturelle. L’inertie thermique
des parties en béton brut présentes
dans les espaces intérieurs participe
de cette démarche de conception
bioclimatique.�
Photos : Éric Saillet
2
3
1
Exemplaire en termes d’empreinte environnementale, l’architecture proposée par Lazo & Mure
architectes pour l’EHPAD Annie Girardot offre des espaces variés où le choix entre intimité et sociabilité
se fait dans une relation permanente au quartier. Moderniste et humaniste, la réalisation se fonde sur
une attention accrue aux conditions de vie des futurs occupants et la mise en œuvre de solutions
constructives béton. Des qualités qui ont fait de ce projet un étalon pour la mise au point du référentiel
de certification Habitat & Environnement EHPAD.
Une résidence convivialeet chaleureuse
Texte : Hervé Cividino
28 - EHPAD - Paris (75)
Construction Moderne n° 142 - 29
1 2
a 1 • Les volumes dessinent une figure en U ouverte sur la capitale. 2 • En rez-de-jardin, les espaces de vie communautaire profitent d’aménagements extérieurs conviviaux.
Sans conteste, le bâtiment est
accueillant. Plus résidentiel qu’hospi-
talier, il ouvre largement sur un quar-
tier encore en devenir. On y pénètre
par un vaste hall marqué par les puis-
sants piliers en béton armé de la
structure. Tout de suite, la générosité
des espaces frappe l’esprit. Comme
dans un équipement public ou une
belle résidence touristique, la hau-
teur sous plafond est conséquente.
L’espace, décloisonné, offre des
perspectives lumineuses.
Ici, pas de blouses blanches, pas de
signes ostentatoires de prise en
charge mais de vastes salons meu-
blés d’un mobilier contemporain et
ornés de grandes photographies.
Ces images, commandées au photo-
graphe Hervé Plumet dans le cadre
du 1 %, mettent en scène des jeux
d’enfants dans les lieux embléma-
tiques du 13e arrondissement de
Paris. Une manière de renforcer le
lien entre le dedans et le dehors,
entre la jeunesse et la vieillesse.
Un lien qui constitue le cœur même
de la démarche de conception de
l’EHPAD Annie Girardot. « Vieillir sans
rester chez soi mais dans la conti-
nuité, cela paraît donc possible »,
pourrait-on se dire en visitant la réali-
sation des architectes Lazo et Mure.
Habitués des espaces du grand âge,
les deux concepteurs sont habités
par une conviction : « L’entrée en ins-
titution pour des personnes âgées
dépendantes doit pouvoir être vécue
comme l’accès à un nouveau chez-
soi. Une continuité dans la vie sans
rupture avec le passé. » Leur pré-
occu pation se ressent jusque dans
l’organisation des lieux dont l’identifi-
cation aisée facilite la vie quotidienne
des résidents et le travail du person-
nel. Comme dans une grande mai-
son, les circulations et les salons
permettent, selon les humeurs, la
déambulation ou la contemplation, la
sociabilité ou la tranquillité. Leur rela-
tion permanente au quartier incite
les résidents à aller et venir, à circuler
ici comme dans une résidence.
Seule l’unité Alzheimer, située au pre-
mier niveau, rappelle que la vieillesse
est parfois également synonyme
d’enfermement.
AU CŒUR DE LA VILLEL’établissement est situé à proximité
de la Butte-aux-Cailles, à l’angle de
l’éco-ZAC de Rungis, une opération
d’aménagement ambitieuse menée
par Bruno Fortier sur un terrain de
près de 4 hectares. Là, au cœur du
quartier Maison Blanche, la ville de
Paris conduit un projet urbain dans le
respect des principes du Développe-
ment Durable.
Le terrain d’assiette est marqué par
la forte déclivité des anciens coteaux
de Bièvre. Le bas est occupé par une
crèche, le haut par l’EHPAD Annie
Girardot ; une manière d’établir des
liens intergénérationnels. Les servi-
tudes de vue et d’ensoleillement au
profit d’un bâtiment de grande hau-
teur voisin, couplées à la recherche
de la meilleure exposition possible et
de perspectives sur Paris, ont induit
l’épannelage général de l’ouvrage :
deux volumes agencés selon un U
ouvert sur la capitale. Le premier est
aligné sur la rue Annie Girardot. Il fait
face au jardin public de 5 000 m2
implanté au centre de l’écoquartier.
Le second est situé à l’ouest, face à
l’immeuble Cap Sud, un élément
plus massif et plus bas.
Revêtu d’un parement en béton poli,
l’établissement est construit sur un
socle transparent dans lequel sont
organisés les espaces communs.
Entre eux, une large faille permet à la
a Plan d’étage. 1 Salle à manger – 2 Petit salon – 3 Salle de préparation et de soins –4 Palier – 5 Office – 6 Loggia – 7 Terrasse plantée.
JD 1
1
2
2
3
4
7
65
30 - EHPAD - Paris (75)
3 4
a 3 • Les façades combinent surfaces vitrées et panneaux préfabriqués en béton blanc. 4 • Au troisième niveau, le jardin suspendu offre un espace ouvert sur les toits de Paris.
lumière de pénétrer jusqu’au cœur
du programme. Ce dispositif orga-
nise une succession de terrasses
plantées à la manière d’une cascade
végétale. L’aménagement des exté-
rieurs appuie le projet architectural
tout en permettant aux patients d’ac-
céder à des lieux sécurisés aux
échelles variées. Ils créent des
espaces de convivialité et d’agré-
ment pour les résidents, en offrant un
spectacle végétal à l’ensemble des
usagers de l’établissement. Dans les
niveaux inférieurs, ils assurent le trai-
tement des limites et des vis-à-vis
avec les parcelles voisines, dans un
contexte urbain dense. Dans les
niveaux supérieurs, ils se déclinent
dans le prolongement des salons et
des salles à manger d’étage aux-
quels ils offrent un environnement
végétal. On les retrouve jusqu’en toi-
ture et notamment sur le deck en
bois du jardin suspendu aménagé au
troisième niveau d’où les usagers
peuvent profiter d’une vue extraordi-
naire sur les toits de Paris, la tour
Montparnasse et la tour Eiffel.
L’édifice se développe verticalement
et horizontalement de manière
rationnelle. Au rez-de-chaussée et
sur rez-de-jardin, les espaces de vie
communautaires (pôle d’activités et
de soins adaptés, restaurant, ter-
rasse-jardin, accueil de jour, adminis-
tration…) s’enchaînent les uns après
les autres selon une grande fluidité.
Les quatre niveaux supérieurs
accueil lent cent lits, distribués selon
six unités d’hébergement dont deux
protégées.
CONVIVIALITÉ ET CHALEURLes unités sont organisées autour
des vastes paliers regroupant les
accès aux circulations verticales et
les bureaux des infirmiers. Ces pôles
mettent en scène les terrasses plan-
tées vers lesquelles sont orientés
les salles de repas et les salons de
détente. Leur position centrale per-
met des liaisons rapides facilitant une
présence permanente du personnel
dans tout l’établissement. Les cham-
bres sont regroupées par petits
modules de part et d’autre de ce
noyau. Elles présentent une entrée
en retrait, une large salle de bains et
un espace de vie généreux, doté
d’une grande ouverture. Comme
dans tous les espaces du grand âge,
les lits hospitaliers, tout comme les
largeurs de couloir et l’équipement
des salles de bains, rappellent visuel-
lement la réalité des carences du
corps. Mais ces questions ont été
abordées avec délicatesse par les
architectes qui ont cherché à tirer le
meilleur parti possible des maté-
riaux, non seulement pour répondre
à des critères d’entretien et d’exploi-
tation, mais aussi de confort acous-
tique et visuel. Ainsi, les revêtements
sources de clarté et d’apaisement
ont-ils été préférés. Ils assurent une
ambiance conviviale et chaleureuse
qui doit favoriser le lien entre les rési-
dents et leurs lieux de vie.
Enfin, pour pallier la régularité d’un
plan répétitif, la mise en couleur et
la signalétique ont été confiées à
l’Atelier Akiko qui a réalisé un travail
subtil sur le chromatisme en différen-
ciant les unités selon les niveaux et
leurs emplacements.
UN ÉDIFICE DURABLELa réalisation se révèle exemplaire en
termes d’empreinte sur le milieu. Le
gain annoncé sur la consommation
PPrroojjeett ppiilloottee La qualité architecturale combinée aux solutions constructives béton ont
permis de faire de l’EHPAD Annie Girardot un projet pilote pour la mise
au point du référentiel de certification Habitat & Environnement EHPAD.
Cette certification, destinée aux maîtres d’ouvrage souhaitant intégrer
un bon niveau de performance environnementale, porte une attention
particulière à l’environnement intérieur (confort, accessibilité et santé
pour l’occupant) et à l’environnement extérieur (préservation des res-
sources naturelles et diminution des émissions de gaz à effet de serre).
Elle offre un cadre et une ambition pour ces établissements spécifiques
conciliant confort d’usage et adaptation à l’autonomie des résidents
avec une démarche exigeante en termes de qualité environnementale.
Un objectif atteint par le bâtiment de Lazo et Mure qui, avec ses volumes
clairement identifiables et ses lignes sobres et sereines, offre des
espaces variés dans lesquels la course du soleil, la qualité du bâti et les
espaces végétalisés forment une unité.
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Construction Moderne n° 142 - 31
5 6
a 5 • Des matériaux chaleureux, favorables au confort et au bien-être des résidents. 6 • La hauteur conséquente du hall magnifie un espace décloisonné et lumineux.
énergétique conventionnelle appro -
che les 35 % et l’édifice peut préten-
dre au label THPE, notamment grâce
à la qualité de l’enveloppe. Cette der-
nière combine une conception pré-
cise des surfaces vitrées et de leurs
occultations à des façades en béton
coulé en place, isolées par l’extérieur
et habillées de panneaux préfabri-
qués en béton blanc.
La mise en œuvre de salles de bains
préfabriquées entièrement équipées
en usine constitue une originalité du
chantier qui va également dans le
sens du développement durable. Les
modules prêts à l’emploi, entièrement
dessinés par les architectes, sont pré-
parés en atelier. Ils sont conçus sur
des fonds supports en béton coulés
dans des moules intégrant la forme
de pente et comportant une remon-
tée périphérique de 60 mm assurant
l’étanchéité au niveau de la jonction
entre le sol et les cloisons murales.
L’électricité et la plomberie sont réali-
sées et contrôlées en usine par un
organisme certificateur, avant que les
modules ne soient montés sur chan-
tier à l’avancement des niveaux. Ils
sont alors positionnés sur dalle béton
dans un décaissé d’environ 5 cm de
profondeur avant d’être raccordés
aux réseaux. Le système, développé
dans le but de garantir une qualité
constante à des éléments concen-
trant un grand nombre de corps
d’état et des contraintes techniques
fortes, permet de limiter les temps de
chantier et de réduire les déchets de
construction.�
Photos : Sergio Grazia
Maître d’ouvrage : Centre d’action sociale de la ville de Paris
Maître d’ouvrage délégué :Paris Habitat – OPH
Maître d’œuvre : Lazo & Mure Architectes ;
chef de projet : Magali Bombrun
BET – Économiste : Igrec Ingénierie
Entreprise générale : Eiffageconstruction IDF
Surface : 8 602 m² SHON
Coût : 15,3 M€ HT
Une enveloppe de qualité
La protection thermique est composée d’un
manteau de laine de roche de 160 mm d’épais-
seur protégé par une vêture de panneaux en
béton préfabriqué. Les éléments de 12 cm
d’épais seur sont réalisés en béton de ciment
blanc mélangé à des granulats de marbre blanc.
Ils présentent des faces extérieures polies. Les
plus lourds pèsent jusqu’à 4 t pour une dimen-
sion de 5,2 x 2,6 m. Ils sont accrochés aux
façades porteuses. Posés à joints ouverts avec un
écartement de 20 mm, ils sont tenus en partie
haute par deux suspentes. Cette disposition
répond à un protocole de mise en œuvre extrê-
mement précis.
Dans un premier temps, les panneaux sont équi-
pés de suspentes et de vérins permettant les
réglages par rapport aux murs. Parallèlement, le
traçage des points d’ancrage est réalisé sur les
façades porteuses. Des tiges filetées supports
sont alors fixées dans le voile béton grâce à des
chevilles chimiques. L’isolation est mise en place
et découpée au droit des ancrages. Le panneau
est ensuite levé et amené face à son emplace-
ment. Les suspentes sont alors fixées aux che-
villes positionnées dans la paroi porteuse. Si
nécessaire, un réglage est ensuite opéré par le
haut du panneau. Enfin, les réservations d’an-
crage sont calfeutrées avec de l’isolant.
1 – Voile béton 18 cm2 – Isolant 16 cm3 – Goupille4 – Vérin distanceur5 – Suspente 6 – Parement de façade
en béton préfabriquéfinition poli mat blanc,épaisseur 12 cm
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2
Soucieuse de proposer à ses habitants un équipement de qualité pour la petite enfance, la ville de
Juvisy-sur-Orge choisit de regrouper les crèches existantes, d’augmenter leur capacité d’accueil et d’y
associer un centre de protection maternelle et infantile. Sur une parcelle d’environ 2 500 m2, libre de
toute construction et facile d’accès, les architectes ont conçu un bâtiment composé de plots de béton
et de verre, qui s’inscrit parfaitement dans le tissu urbain. Il fait le lien entre une série de grands
immeubles et une zone pavillonnaire.
À l’échelle des enfantset du lieu
Texte : Béatrice Houzelle
32 - Maison petite enfance - Juvisy-sur-Orge (91)
Construction Moderne n° 142 - 33
1 2
a 1 • Une architecture de béton et de verre, aux lignes épurées et facilement identifiable. 2 • La plupart des salles réservées aux enfants sont orientées sur les patios intérieurs.
Pour permettre d’identifier claire-
ment les quatre structures à intégrer
dans l’équipement, le parti adopté
est celui de fragmenter le volume en
respectant la trame parcellaire et en
créant 3 bandes orientées est/ouest,
reliées par des passerelles et articu-
lées autour de patios. Ce décou-
page, efficace d’un point de vue pro-
grammatique, a également l’avantage
d’offrir une échelle idéale à l’équipe-
ment. Seule la partie avant de
chaque plot est en R+1. Un léger
décalage en plan marque la pré-
sence de ce niveau supplémentaire.
Le terrain faisant partie d’une zone
soumise aux règlements du PPRI, les
bâtiments devaient obligatoirement
être surélevés par rapport au niveau
de la rue. S’inspirant du tissu existant,
les différents volumes sont implantés
en retrait, à l’instar de la plupart des
constructions avoisinantes qui pré-
sentent un petit jardin sur l’avant.
UNE PLASTIQUE ÉPURÉEL’espace libéré fait office de parvis,
associé à une rampe d’accès, autant
pour les poussettes que pour les per-
sonnes à mobilité réduite. Cette
galette de béton assoit les trois plots,
les relie entre eux et facilite la distinc-
tion entre les deux entrées, celle de
la PMI et le hall d’accès commun aux
trois crèches distribuées en étoile. Il
donne, en outre, le recul nécessaire
pour appréhender l’élégance de
l’équipement. D’un point de vue archi-
tectural, la sobriété est de mise – des
cubes de béton brut rythmés de
quelques notes de couleur par l’inté-
gration de grands panneaux de verre
coloré. Le dessin va à l’essentiel en
mettant l’accent sur la qualité de la
réalisation et des matériaux employés,
comme l’expriment les concepteurs.
«Nous avons choisi le béton pour sa
matérialité et sa qualité plastique.
L’aspect lisse et soyeux du béton
architectonique, tel que nous l’avons
défini, avec l’emploi de banches de
grande hauteur qui supprime le joint
de reprise de coulage d’étage,
confère un aspect abstrait aux
volumes. L’idée est d’évoquer un jeu
de cubes, des volumes purs. »
Ce souci du détail associé à une
recherche d’efficacité se retrouve à
l’intérieur. L’organisation de chaque
entité est soignée et facilement com-
préhensible, notamment par cette
décomposition en plots reliés par
des passerelles entièrement vitrées.
On se repère facilement en circulant
et, point non négligeable, on peut
appréhender ce qui se passe dans
les autres entités. Ces larges transpa-
rences permettent ainsi une surveil-
lance aisée depuis tous les points du
bâtiment – une caractéristique parti-
culièrement appréciée par le per-
sonnel de l’établissement. Chaque
crèche bénéfice de locaux privatifs,
auxquels s’ajoutent patio, jardin
ou terrasse équipés pour les jeux
d’extérieur et directement reliés aux
salles d’activités, à partager selon les
envies et les besoins.
DOUCE AMBIANCECôté confort, la qualité et l’abon-
dance de lumière naturelle, excepté
dans les salles de repos, génèrent
une atmosphère assez douce qui est
renforcée par la présence de bois
blond. Le dessin sur mesure de l’en-
À l’échelle des enfantset du lieu
Patio
Patio
Patio
PMI
Allée publique
Crèche collective
Rue
de
Mon
ttess
uy
Crèche multi-accueil Services
Activités
Activités
Activités
Services
Accèspublic
Accèsservices
Hall
Jardin
Jeux
Jeux
Protection maternelle et infantileN
a Plan de rez-de-chaussée.
34 - Maison petite enfance - Juvisy-sur-Orge (91)
3 4
a 3 • Vue sur un des espaces de jeux extérieurs. 4 • Au rez-de-chaussée, les galeries permettent aussi l’accès aux patios.
semble des menuiseries intérieures
et des espaces de change dénote,
une nouvelle fois encore, un soin
particulier apporté aux détails.
DES EFFORTS EN TOUTE DISCRÉTIONOn retrouve cette recherche de per-
fection dans la réalisation des
façades en béton autoplaçant gris
coulées in situ. Pour obtenir un résul-
tat le plus parfait possible, la réalisa-
tion ne s’est pas faite par façade mais
par angle de mur, de façon à obtenir
de très belles arêtes et à placer les
jonctions entre coffrages au droit des
parties vitrées, minimisant la pré-
sence de joints visibles. Les façades
sont porteuses et les planchers sont
tous de type dalle en béton armé. Le
bâtiment présente comme seul point
délicat le porte-à-faux en angle du
plot central côté rue, rendu possible
grâce au choix du béton : « Les possi-
bilités plastiques offertes par le béton
laissent une grande liberté au
concep teur. Nous avons réalisé ce
porte-à-faux d’angle très important
pour marquer l’entrée et l’accueil du
bâtiment principal, en faisant travailler
les voiles d’étage en drapeau. L’effort
structurel est invisible, ce sont les
nappes d’armatures intégrées dans
les voiles qui permettent de réaliser
cet élément. Le béton armé permet
de créer des formes libres, com-
plexes, tout en gardant un aspect d’en-
veloppe parfaitement homogène. »
Enfin, compte tenu de la nature du
terrain situé en zone PPRI, seule une
partie du bâtiment, sur l’arrière, est
posée sur un vide sanitaire servant
de réserve d’eau en cas de crue.
La construction a fait l’objet, dès les
premières études, de préoccupa-
tions environnementales et satisfait
aux exigences du label THPE, suivant
en cela ce que le programme de
l’équipement et la collectivité deman-
daient, à la fois pour réduire l’impact
environnemental du bâtiment, mais
également pour engendrer une prise
de conscience de la population
locale. L’isolation intérieure est per-
formante avec un traitement des
ponts thermiques par rupteurs et un
choix de menuiseries extérieures de
qualité, assurant également un bon
confort acoustique, notamment le
long de la rue Monttessuy qui est très
passante. À ce titre, le choix de
façades porteuses en béton armé
renforce cette protection acoustique
par la simple masse du matériau, qui
a de plus l’avantage d’apporter une
belle inertie thermique au bâtiment.
Côté intérieur, l’isolation acoustique
entre locaux est particulièrement soi-
gnée et la correction acoustique
assurée par les faux-plafonds.
Enfin, la majorité des salles d’activités
et de repos sont situées sur cour, de
façon à éviter les nuisances de la rue
Monttessuy.
UNE GESTION SANS FAILLECôté gestion de l’énergie, l’apport
solaire est pris en compte tout autant
que la protection, assurée par des
volets extérieurs motorisés et des
stores intérieurs lorsque les volets ne
pouvaient être installés – un disposi-
tif complété par des brise-soleil mis
en place pour les passerelles vitrées.
Côté chauffage, un système de géo-
thermie verticale relié à une PAC ali-
mente des planchers chauffants
alors qu’une VMC double flux assure
une ventilation efficace en limitant la
perte en énergie. Sa modulation
asservie à l’ouverture des fenêtres se
fait à partir de sondes de qualité d’air.
La majorité des toitures-terrasses
sont végétalisées, à l’exception de
celles des passerelles. Elles jouent le
double rôle de protection thermique
et de rétention d’eau, et participent à
la gestion des eaux pluviales, assu-
rée par ailleurs par une cuve de
stockage et une plaine inondable,
retardant et limitant au maximum le
rejet d’eau dans le réseau de la ville –
laquelle peut se réjouir aujourd’hui
d’offrir à ses habitants un équipe-
ment de qualité.�
Photos : Denis Gabbardo
Maître d’ouvrage : Ville de Juvisy-sur-Orge
Maître d’œuvre : Sispeo Architectes
BET structure : Batiserf
BET acoustique : Ayda
BET HQE® : Penicaud
Entreprise gros œuvre : EssorConstruction
Surface : 1 750 m2 SHON
Coût : 4,9 M€ HT
Construction Moderne n° 142 - 35
a 1 • Le zoo révèle une architecture de théâtralité et de mise en scène. 2 • Les vues ont été dégagées autour du Grand Rocher. 3 • Le rocher des Gardes reconstruit à l’identique.
Repenser le zoo
Maître d’ouvrage : Groupement Chrysalis
Maître d’œuvre : Atelier Jacqueline Osty & Associés,paysage ; Bernard Tschumi
Architectes, nouveaux bâtiments ;Synthèse Architecture,
bâtiments techniques et rénovés ;El Hassani & Keller, vivariums
et signalétique
Entreprise générale et gros œuvre : Bouygues Bâtiment Île-de-France
Faux rochers et bassins : Atelier artistique du béton
Surface traitée : 13 ha
Coût : 167 M€ HT
Depuis son inauguration au mois
d’avril 2014, Parisiens et touristes se
pressent pour découvrir le nouveau
visage du zoo de Vincennes. Dans le
parc animalier du XXIe siècle, pas
question de barreaux ni de cages :
les visiteurs observent les animaux à
travers des vues minutieusement
choisies, cadrées par de larges vitres.
Évoluant dans des enclos au sein
d’une flore rappelant leur écosys-
tème, les différentes espèces ont la
liberté de se soustraire aux regards.
Contrairement à ses homologues
européens rénovés par tranches, le
zoo de Vincennes a fait l’objet d’une
refonte intégrale de ses espaces pay-
sagers pendant les trois ans de tra-
vaux. Assurant une continuité totale
d’un bout à l’autre du parc de 14,5 ha,
le projet conçu par l’atelier d’urba-
nistes-paysagers Jacqueline Osty &
Associés propose un parcours de
4 km à travers cinq zones géogra-
phiques du globe. Un délicat travail
de nuances, de mise en scène et de
points de vue permet de passer des
reliefs montagneux de la Patagonie
aux plaines désertiques du Soudan
jusqu’aux horizons verdoyants de
l’Europe, de la Guyane et de Mada-
gascar. La topographie conduit
progressivement les promeneurs
jusqu’au pied de l’emblématique
Grand Rocher, autour duquel gravi-
tent deux nouveaux bâtiments phares
réalisés par l’agence Bernard Tschumi
Architectes : l’immense serre tropi-
cale et la spacieuse volière accessi-
bles au public. À l’exception du Grand
Rocher rénové dans les années 90,
du rocher des Singes et de celui des
Gardes, reconstruit à l’identique, rien
n’est resté du cadre pittoresque ima-
giné par l’architecte Charles Letrosne
en 1934. L’état de dégradation
avancé du paysage de pierres artifi-
cielles a conduit les concepteurs à
envisager des solutions alternatives,
bien que « le thème du rocher
demeure central à toutes les échelles
de la scénographie. Aujourd’hui
encore, le béton reste un excellent
moyen pour créer une architecture
de théâtralité et façonner cascades,
grottes et bassins », indique Mikaël
Mugnier de l’agence Jacqueline Osty.
Les blocs du nouveau décor sont
ainsi composés de deux couches de
béton s’appuyant sur une cage métal-
lique autoportante fixée au sol. La pre-
mière strate projetée est rainurée
pour permettre une meilleure adhé-
rence de la suivante, sculptée et peinte
à la main. Chaque biozone possède
sa propre typologie d’éléments rocail-
leux jouant sur des contrastes de tex-
ture, de patine et de couleur : strates
angulaires dégradées du noir au
blanc dans le Grand Sud, volumes
ronds semblant érodés par le vent au
Sahara… Outre leur fonction esthé-
tique permettant de modeler le relief
et les perspectives, les faux rochers
intègrent également une série de dis-
3
2
1
positifs pour attirer les animaux au
plus près du public (rochers chauf-
fants, abris orientés) et camoufler l’en-
semble des éléments techniques
(mangeoires, réseau électrique). �
Photos : Martin Argyroglo
Margotte Lamouroux
Actualités
TROPHÉE BÉTON, LIBERTÉ DE L’ESPACE, 2014-2015Les inscriptions à la 3e édition du « Trophée béton, liberté
de l’espace» sont ouvertes depuis le 4 mars. Organisé par
les associations BÉTOCIB, CIMbéton, et la Fondation École
française du béton, sous le haut patronage du ministère de
la Culture, ce concours invite les jeunes diplômés des
écoles d’architecture, ayant obtenu leur projet de fin
d’étude (PFE) aux sessions de 2013 et 2014, à s’interroger
sur les qualités esthétiques, techniques et environnemen-
tales du matériau béton.
Des conférences proposées dans le cadre du concours
se tiennent tout au long de l’année à la maison de l’Archi-
tecture en Île-de-France.
PRIX
�1er prix : 5 000 € �3eprix : 3 000 €
�2eprix : 4 000 € �Mention spéciale : 2 000 €
Règlement, modalités, actualité du concours et programme des conférences surwww.trophee-beton.com
CONCOURS «LE BÉTON, NATURELLEMENT»session 2013-2014
Les propriétaires de maisons individuelles ont
jusqu’au 3 septembre 2014 pour inscrire leur
maison basse consommation au concours « Le
béton, naturellement » organisé par l’ensemble
de la filière béton, et tenter de gagner un prix de
3 000 euros.�
Détails du règlement et calendrier sur :
www.lebeton-naturellement.com/le-concours.
50 ANS DU SNBPE
Pour célébrer cette date anniversaire, le Syndicat
National du Béton Prêt à l’Emploi proposait le
5 juin 2014 au Conseil économique, social et
environnemental (CESE) un colloque retraçant
« 50 ans de performances et d’innovations ». En
parallèle, le SNBPE accueillait le 6 juin à Paris
l’assemblée générale d’ERMCO, la Fédération
européenne du béton prêt à l’emploi.�
SALON DES MAIRES 2014Paris Porte de Versailles 25, 26, 27 novembre 2014
En partenariat avec la FIB et le SNBPE, CIMbéton
sera présent lors de la prochaine édition du Salon
des maires (stand C20 hall 2.2).�
COLLOQUE Bâtiments et ouvrages en bétonApplications en sécurité incendie Cergy-Pontoise le 27 mai
Initié par CIMbéton, ce rendez-vous scientifique et
technique se tient régulièrement depuis 2006 à
l’université de Cergy-Pontoise. Cette édition pré-
sentait les nouvelles avancées sur le comporte-
ment au feu des bétons, ainsi que des études sur
la valorisation des bétons issus de la déconstruc-
tion en distinguant la place, l’avenir et les perfor-
mances des nouveaux matériaux en résultant.�
Contact :CIMbéton,Serge Horvath –
s.horvath@cimbeton.net –Tél. : 01 55 23 01 00
JOURNÉES D’INFORMATION Sols en béton
Lyon le 3 juin 2014 et Paris le 10 octobre 2014
CIMbéton, en partenariat avec l’UNESI-FFB et le
SNBPE, propose des journées d’information sur
la conception des sols en béton adaptés aux
bâtiments industriels et commerciaux, et sur les
bétons décoratifs pour les sols intérieurs.�
Contact :CIMbéton,Serge Horvath –
s.horvath@cimbeton.net –Tél. : 01 55 23 01 00
LA FABRIQUE DU BÉTONUne journée exceptionnelle pour découvrir le matériau béton et ses composants, le 16 octobre 2014 à la maison de
l’Architecture en Île-de-France.
BÉTOCIBet CIMbéton invitent industriels, fournisseurs de matériaux, entreprises, préfabricants, compagnons, qui de la
matière brute jusqu’aux produits finis, à présenter des échantillons de matière autour de 3 thèmes :
�nouveaux systèmes constructifs et performances ;
�nouveaux types de bétons (isolants, dépolluants, translucides, fibrés…) ;
� traitements, textures, coffrages, couleurs et constituants (adjuvants, granulats, sables, colorants, matrices…).
En plus de l’exposition d’échantillons, cette journée donnera l’occasion d’approcher le matériau à travers des visites
guidées gratuites et des ateliers pédagogiques pour mettre la « main à la pâte » qui seront proposés tout au long de la
journée.
La soirée sera l’occasion pour les architectes, étudiants, maîtres d’œuvre, bureaux d’études, ingénieurs, etc., d’échan-
ger et de débattre avec les industriels autour du matériau et de ses composants. �
Renseignements et inscriptions : info@trophee-beton.com
BÂTIMENT ET SANTÉBien-être et bien vivre :Les solutions bétons La santé dans le bâtiment consti-
tue un réel enjeu. De nouvelles
thématiques sont prises en
compte pour assurer le bien-être
et le confort sanitaire des habi-
tants. Cet ouvrage s’appuie sur les résultats d’études
récentes sur la qualité de l’air intérieur, l’acoustique
et l’hygrothermie. Au regard de ces nouvelles exi-
gences, les qualités intrinsèques du béton apportent
des solutions constructives, réponses simples éco-
nomiques et innovantes.�
Référence B45.
Téléchargeable sur : www.infociments.fr
Publications
Annuaire BÉTOCIB 2014 L’annuaire de BÉTOCIB recense
architectes, bureaux d’études,
industriels, entreprises, maîtres
d’ouvrage, partenaires, écoles…
rassemblés autour de la même
passion du beau béton. À travers
leurs actions (conférences, publica-
tions, concours…), ils valorisent la qualité esthé-
tique et technique de l’architecture en béton.�
Téléchargeable sur : www.betocib.net
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Bibliographie
EILEEN GRAY L’ÉTOILE DE MERLE CORBUSIER - Trois aventures en Méditerranée
Ouvrage collectif sous la direction de Claude Prelorenzo
En 1927, la créatrice de mobilier irlandaise
Eileen Gray achète, au Cap-Martin, une par-
celle de terrain où elle construira, avec Jean
Badovici, sa maison de vacances dénommée
« E-1027 ». En 1949, Thomas Rebutato ouvre
sur la parcelle de terrain qui jouxte la maison
un modeste bar-restaurant à l’enseigne de
« L’Étoile de mer ».
Le Corbusier devient très vite un hôte attitré du
restaurant. En 1952, il accole au bar-restaurant
son «Cabanon » qui va lui servir de résidence
de vacances jusqu’à sa mort. Les auteurs de ce
livre, architectes ou spécialistes de l’histoire de
l’art et de l’architecture du XXe siècle, présen-
BERNARD ZEHRFUSS(1911-1996)La poétique de la structure
Bernard Zehrfuss, figure majeure de l’architecture des Trente
Glorieuses et Grand Prix de Rome en 1939, s’inscrit dans la
grande lignée des architectes du courant rationaliste. Engagé
très tôt dans la modernité, il adopte les modes de production
les plus novateurs de son temps. À travers un ensemble de
maquettes, de dessins originaux, de photographies, de plans,
de films d’époque, l’exposition déroule l’exceptionnelle maî-
trise d’œuvre de l’architecte et dévoile les bâtiments, leur
genèse, la force et la beauté de leur architecture. �
Commissariat de l’exposition : Christine Desmoulins,
journaliste et critique d’architecture
et Corinne Bélier, conservatrice en chef du patrimoine, Cité
de l’architecture et du patrimoine
Exposition
JEAN BOSSUUne trajectoire moderne singulière
Xavier Dousson
Cet ouvrage est la première monographie
consacrée à Jean Bossu (1912-1983). Il fait
partie des disciples de Le Corbusier dont
l’œuvre est restée longtemps méconnue. Son
chef-d’œuvre, le centre Saint-Réparatus à
Orléansville (Algérie), a été détruit en 1980 lors
d’un tremblement de terre. Au fil des pages, le
lecteur découvre ses maisons individuelles sur
la côte vendéenne, sa contribution à la recons-
truction en Picardie, ses réalisations à la Réu-
nion et en Algérie, son fascinant projet théo-
rique pour une artère résidentielle. �
Collection «Carnets d’architectes »
Éditions du patrimoine
tent au lecteur des articles passionnants et une
riche iconographie sur ces trois aventures
humaines et intellectuelles. �
Éditions Archibooks
En 4e de couverture : École d’arts à Carcassonne. Architecture Jacques Ripault. • Photo : Patrick H MülleraNotre engagement environnemental : la revue est imprimée sur du Satimat Green (60 % de fibres recyclées, 40 % de fibres FSC) par l’imprimerie Frazier qui est certifiée Imprim’vert, PEFC,FSC, ISO 14001, URGA n° 041.
LE CORBUSIER,une synthèse
Stanislaus von Moos
Publié en 1968, Le Corbusier, une synthèse estla première approche critique de la vie et de
l’œuvre de Le Corbusier, parue peu de temps
après sa mort. Ce livre est devenu rapidement
un ouvrage de référence. L’auteur n’a cessé de
compléter et de remanier cette étude qui
demeure, ainsi, l’ouvrage synthétique majeur sur
Le Corbusier, alliant une approche chronolo-
gique et un regard critique, riche de données
biographiques et analytiques sur l’œuvre. �
Éditions Parenthèses
LA TENDENZAUne avant-garde architecturaleitalienne, 1950-1980
Sous la direction de Cristiana Mazzoni
Épisode majeur de la pensée architecturale, la
Tendenza naît dans l’Italie des années soixante
et acquiert une renommée internationale. Le
présent ouvrage retrace les grandes lignes de
son histoire.
Outre une analyse féconde de la spécificité de
ce mouvement dans le débat architectural et
urbain de l’après-guerre et une lecture de ses
concepts propres, Cristiana Mazzoni propose
ici une sélection d’articles, de leçons universi-
taires, d’extraits ou de préfaces de livres de ses
principales figures. �
Éditions Parenthèses
Centre national des industries et destechniques, Paris-la-Défense, 1952-1958, vue de la voûte en cours dechantier. Photo : © AA/CAPA/Archives d’archi -tec ture du XXe siècle/Jean Biaugeaud.
Exposition du19 juin au 13 octobre 2014– Galerie moderne et contemporaine Cité de l’architecture et du patrimoine – 1, place du Trocadéro – Paris 16e (métro Trocadéro)Ouverture tous les jours de 11 h à 19 h
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