coût format papier 5.00$ - Échos
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Coût format papier 5.00$ - distribué gratuitement aux membres de l’APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
1
Bulletin d’informations
De l’Association des parents et amis de la personne atteinte de maladie
mentale – Rive-Sud
La fête de Noël d’antan de l’APAMM-RS
Le 8 décembre dernier, l’APAMM-RS a tenu sa fête de Noël d’antan, au
sous-sol de l’Église Sainte-Maxime. La troupe de danse Les Éclusiers de Lachine
ont su mettre de l’ambiance à cette soirée festive et le succulent buffet des
Cuisines Leblanc de LaPrairie a sustenté les appétits de nos invités. Un total de
95 personnes sont venues fêter avec nous pour souligner le temps des Fêtes. Vous
pouvez voir des photos de cette superbe soirée sur notre site internet
(www.apammrs.org). Merci à tous ceux qui ont participé et toute l’équipe de
l’APAMM-RS vous souhaite une très bonne année 2013, remplie de santé, de
bonheur et d’amour. ■
Un mot de la directrice Ensemble, nous soutenons le communautaire
Par Patricia Arnaud
Bonne Année 2013! Que vous souhaitez de plus que
la Santé – l’Amour et l’Abondance pour vous et vos proches.
Les internautes auront déjà consulté notre nouveau site
internet mis en ligne. Il se veut plus dynamique et sera mis-à-
jour régulièrement. Je vous invite surtout à vous abonner à
l’infolettre qui vous permettra de recevoir des nouvelles
fraiches au début de chaque mois dans votre boite courriel. Je
vous invite aussi à cliquer « J’aime » sur notre site Facebook.
Dans le dernier bulletin Échos, je remerciais tous les généreux
membres et vous dévoile maintenant le montant reçu suite à la
sollicitation spéciale du mois d’août pour le volet Jeunesse à
l’APAMM-RS : 4 000$. Un gros merci!
ÉCHOS SOMMAIRE
Nouvelles et articles de fond
Consommation de drogues et développement du cerveau à l’adolescence
Page 2
Technologie et santé mentale Page 4
Témoignage d’un membre de l’APAMM-RS
Page 6
La luminothérapie : que de la lumière aux yeux?
Page 7
Résumé d’un article de la revue Protégez-vous (sept.12)
Page 9
Des médicaments utiles, inutiles ou dangereux ?
Page 10
Rubriques
Émissions et webtélé à surveiller Page 3
Suggestions de lectures Page 5
Connaissez-vous l’organisme Macadam Sud?
Page 11
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
2
Important : Dans le cadre de la campagne nationale de
mobilisation, il y aura un grand rassemblement des organismes
communautaires du Québec – le 9 février 2013. J’ose
demander la participation de tous à ce grand événement. Nous
voulons profiter du passage du Parti Québécois à
Drummondville, lors de son Conseil national, pour réitérer
l’importance et l’urgence d’investir dans le financement des
organismes communautaires. Le transport en autobus sera
organisé. Je vous communiquerai l’heure et le lieu de
rassemblement très bientôt. Je serai présente bénévolement à
cette mobilisation et espère vous compter nombreux avec moi.
Merci de me confirmer votre présence :
http://apammrs.org/contact/. ■
Patricia Arnaud, directrice
Consommation de drogue et
développement du cerveau à
l’adolescence : conséquence sur
la santé mentale à l’âge adulte
Par Marie-Christine Dion
Il existe une certaine relation entre les troubles de
santé mentale et la consommation de drogue. La Société pour
les troubles de l’humeur du Canada (2009) stipule que 37%
des personnes dépendantes à l’alcool auraient une maladie
mentale et que 53% des personnes dépendantes aux drogues
auraient une maladie mentale. Plusieurs se demandent si la
consommation de drogue cause le trouble de santé mentale ou
si c’est le trouble de santé mentale qui cause la consommation
de drogue. Le paradoxe de l’œuf ou de la poule.
Malheureusement, LA réponse n’existe pas. Suzanne Michaud
(2012) aurait trois explications à ce sujet. Tout d’abord, une
personne atteinte d’une maladie mentale peut chercher à s’auto
médicamenter afin d’atténuer différents symptômes tels que
l’insomnie, l’irritabilité, l’anxiété, la confiance en soi, etc. De
plus, la consommation de psychotropes pourrait également
accélérer le développement de certaines maladies mentales
dans le cas où une personne a des prédispositions; ou aggraver
les symptômes de la maladie mentale. Aussi, il se pourrait que
la personne ait une vulnérabilité « biologique » aux
dépendances.
À tout âge, la consommation de drogue a un impact néfaste sur
le cerveau. Cependant, l’adolescence est une période critique
où la consommation abusive peut avoir plus de répercutions à
long terme sur la santé mentale. Comment cela se fait-il? À
l’adolescence, le cerveau subit une reconfiguration des
différents lobes. Les centres responsables du plaisir et de
l’émotion sont les tous premiers à subir cette reconfiguration
alors que les lobes frontaux sont les derniers à atteindre leur
maturité. Les lobes frontaux détiennent les facultés de
planification, de stratégie, d’organisation, de concentration et
d’attention. Nous parlons ici d’une maturité de ces lobes qui
ne parvient qu’à l’âge de 24 ans. C’est pourquoi l’adolescence
est vue comme une période où le jeune
L’APAMM-RS a pour mission de regrouper
les membres de l’entourage d’une personne
qui présente des manifestations cliniques
reliées à un trouble majeur de santé mentale,
de leur offrir une gamme de services de
soutien et ce, afin de leur permettre
d’actualiser leur potentiel.
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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vit et ressent les choses intensément sans toutefois être capable
de se projeter dans le futur et d’anticiper les conséquences de
ses actes.
Educ Alcool (2009) explique que le risque de
surconsommation des jeunes vient du fait que le cerveau se
développe lentement jusqu’à l’âge de 24 ans alors que la
puberté se produit de plus en plus tôt. La maturation sexuelle
entraîne des changements hormonaux et cérébraux à l’intérieur
des systèmes de récompense et de motivation des jeunes. Cela
favorise alors la prise de risques ainsi que la quête de
sensations fortes, au moment où les capacités d’anticipation
sont encore faibles. Pour de nombreux adolescents, la
consommation de drogue et d’alcool est une façon
d’expérimenter des sensations fortes. Le sexe, les drogues, la
vitesse, la musique très forte font, entre autres, partie de ces
attraits dont les jeunes raffolent.
Lors d’un colloque du Virage en mai 2012 dernier, le Dr.
Louise Nadeau expliquait justement que la surconsommation
de substances peut modifier la reconfiguration du cerveau au
point où la maturation des centres responsables des fonctions
exécutives en serait altérée. Il faut savoir que les fonctions
exécutives sont principalement associées au fonctionnement
des lobes frontaux. Cela regroupe les capacités liées à
l’anticipation, la planification, l’organisation, la résolution de
problème, le raisonnement logique, la mémoire de travail, le
contrôle cognitif, la pensée abstraite, l’apprentissage de règles,
l’attention sélective, la sélection de réponses motrices, la
motivation, l’initiative, etc.
D’ailleurs, plusieurs études animales (de nombreuses
contraintes légales et éthiques existent concernant
l’administration de drogue et d’alcool à des adolescents en
contexte de recherche) démontrent que le cerveau adolescent
serait plus sensible aux effets de l’alcool que le cerveau adulte.
L’hippocampe, la structure principalement responsable de la
mémoire, en serait particulièrement affectée. De plus, la
plasticité du cerveau à l’adolescence, la capacité du cerveau à
se modifier par l’expérience, serait également plus affecté que
celui de l’adulte.
Tout dépendant de la sorte de psychotropes que vous
consommez, les effets à moyen et long terme sur la santé
varieront. Nous parlons ici de quatre catégories de
psychotropes : dépresseurs, stimulants, perturbateurs de
l’humeur et opiacés. Les effets de l’alcool, appartenant à la
catégorie des dépresseurs, sont, par exemple, l’anxiété, la
dépression, les pertes de mémoire, le syndrome de Wernicke
et la psychose de Korsakoff. Pour les benzodiazépines
(Ativan, Valium, Xanax), toujours dans la catégorie des
dépresseurs, on parle d’effets tels que de l’insomnie, de
l’anxiété, de l’agressivité, de l’instabilité émotionnelle, des
pertes de mémoire et de la confusion. Pour la catégorie des
stimulants (cocaïne, amphétamines : speed, crystal), on parle
d’insomnie, d’anxiété, d’irritabilité, d’agitation, d’instabilité
de l’humeur, d’hyperactivité et de déprime. Plus précisément,
l’utilisation de la cocaïne à long terme pourrait causer un
épuisement de la réserve de certains neurotransmetteurs.
Ainsi, pour la personne qui en consomme, elle pourrait avoir
de la difficulté à ressentir le plaisir (anhédonie) puisque son
cerveau ne produirait plus assez de dopamine. Pour les
perturbateurs de l’humeur (cannabis, solvants, ecstasy,
hallucinogène :mescaline, champignons, kétamine), on parle
d’effets tels que des pertes de mémoire, la diminution de la
concentration, la perte de motivation, l’agressivité et la perte
d’intérêt. Pour la kétamine précisément, des études animales
ont démontré que cela pouvait détruire les cellules cérébrales
de l’animal n’ayant pas encore terminé sa croissance (Canal
vie, 2012). Pour ce qui est de la catégorie des opiacés
(méthadone, héroïne), les répercussions sont plus de type
physique. Cependant, une consommation prolongée de
l’héroïne créerait une certaine instabilité de l’humeur.
En terminant, une étude longitudinale (Meier et al., 2012)
révèle que la consommation régulière de cannabis débutant à
l’adolescence résulterait en un déclin du quotient intellectuel
beaucoup plus prononcé que si la consommation avait
commencé à l’âge adulte. Il est important de se souvenir que la
consommation de drogue ou d’alcool n’est pas saine pour
personne et encore moins pour une personne en plein
développement cognitif.■
Marie-Christine Dion, art-thérapeute et intervenante
psychosociale
Émissions et webtélé à surveiller
Vous pouvez visionner l’émission spéciale Malade!
de Radio-Canada; une émission spéciale sur
l’anxiété, la dépression et le trouble bipolaire. À
travers différents sketchs, chansons et témoignage
d’artistes, on tente de défaire certains tabous
concernant la maladie mentale.
http://www.radio-
canada.ca/emissions/malade/2011/document.asp?id
Doc=149412
Lors d’une émission « Une pilule, une petite
granule » à Téléquébec, traitant de santé mentale et
toxicomanie, on fait le lien entre maladie mentale et
surconsommation de drogue et/ou d’alcool. Un
reportage très intéressant qui démontre comment il
est important de traiter ces deux problématiques
distinctes en même temps, plutôt que séparément.
http://pilule.telequebec.tv/occurrence.aspx?id=603
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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Technologie et santé mentale Par Eilyn Miranda
Pendant mes interventions avec les familles de
jeunes atteints de troubles mentaux, j’entends souvent des
plaintes en rapport à l’isolement des jeunes et leur dépendance
aux technologies de l’information. Cependant, c’est aussi un
problème fréquent chez les jeunes en bonne santé. Quelle
contradiction! Communiquer et s’isoler. Des jeunes et des
moins jeunes passent une grande partie de leur temps
connectés à des réseaux sociaux, tels que Facebook ou
Twitter. Beaucoup d’entre eux deviennent des experts en
communication ultra-rapide, presque instantanée, mais pas
nécessairement très profonde. Ils peuvent avoir un réseau de
centaines d’amis. Curieusement, leurs parents se plaignent que
leurs jeunes sont seuls une grande partie du jour ou de la nuit,
enfermés dans leur sous-sol, face à l’ordinateur. Ces parents se
demandent : « Qui sont les amis de nos enfants? » Ils ne voient
jamais leurs enfants sortir ou recevoir des amis à la maison.
Dans la société actuelle, les téléphones dits « intelligents »
sont devenus un élément indispensable et, pour beaucoup, un
symbole de statut social. J’ai entendu une mère dire que ces
téléphones « sont des appareils qui se vendent pour
communiquer, mais en fait, ils isolent mon fils ». D’autres
diront : « Internet et les réseaux sociaux font que mon fils
massacre la langue. Maintenant, il parle et écrit un jargon que
je ne comprends pas ». Mais je connais aussi le témoignage de
quelqu’un qui a réussi à réunir ses jeunes autour de la table
familiale en leur envoyant une invitation sur Facebook. Chers
lecteurs, ne perdez pas espoir! La technologie en soi n’est pas
mauvaise, elle dépend seulement de l’usage qu’on en fait.
J’aimerais maintenant vous donner quelques exemples positifs
de l’usage des technologies de l’information avec les
téléphones intelligents, en tant qu’outils efficaces pour aider
les personnes atteintes de troubles mentaux à être plus
autonomes et responsables.
Le Centre de recherche Fernand-Séguin de l’Hôpital Louis-H.-
Lafontaine et une équipe de chercheurs dirigée par Mme
Catherine Briand, ont conçu trois applications pour téléphones
intelligents afin d’épauler les gens atteints de problèmes de
santé mentale. Madame Briand est directrice du Centre
d’Études sur la réadaptation, le rétablissement et l’insertion
sociale, et professeure à l’Université de Montréal. Il ne fait
aucun doute que sélectionner les applications les plus
appropriées n’a pas été une mince affaire, sachant qu’il existe
près de 400 00 applications pour téléphones intelligents.
L’objectif était de trouver celles qui pourraient aider les
patients en phase d’insertion sociale, en les aidant à :
souvenir des rendez-vous médicaux ;
faciliter la gestion d’activités quotidiennes ;
rappeler la prise de médicaments ;
donner des conseils pour vaincre l’isolement ;
aider à avoir une bonne nutrition ;
aider à faire attention à la santé physique.
Les chercheurs du Centre de recherche Fernand-Séguin, avec
l’appui de l’École de technologie supérieure de l’Université du
Québec (ÉTS), ont sélectionné les applications appelées
Psyassistance, iSmart et RéalApps, conçues pour iPod Touch,
iPhone et iPad. En d’autres mots, on peut dire qu’avec le
iPhone et en utilisant Psyassistance, nous pouvons :
avoir de l’information personnalisée, centralisée et
utile sur le traitement en cours ;
permettre à la personne en détresse d’avoir une
communication rapide avec cinq contacts qui peuvent
lui venir en aide par conférence téléphonique (l’appui
est donc instantanée) ;
mettre à la disposition de la personne un système de
géolocalisation intégré. De cette façon, la personne
qui a besoin de secours a un accès immédiat aux
adresses des services d’urgence les plus proches. Une
telle application est un bon élément pour la
prévention du suicide.
L’application iSmart aide à baisser le niveau de stress
chronique des personnes souffrant d’une dépression majeure.
Cette application détecte de façon régulière le niveau de stress
perçu par la personne à des moments spécifiques et l’aident à
prendre conscience des éléments qui causent son stress.
L’application RéalApps quant à elle, s’adresse aux personnes
atteintes de troubles mentaux graves en processus de
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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réhabilitation et réinsertion sociale. Elle a été créée comme un
portail qui aide à la réinsertion. Ces applications ont été testées
pendant six mois, avec 11 patients et 12 intervenants. De
nouveaux tests seront faits pendant la saison hivernale en
2013.
Il faut pourtant qu’une chose soit bien claire : cette
technologie est un bon instrument d’appui. Pourtant, on n'a
pas encore inventé – et je ne pense pas qu’on puisse le faire –
une technologie qui puisse remplacer une société inclusive,
loin des préjugés et qui donne une place digne aux gens qui la
composent, sans juger leur vulnérabilité en santé mentale. Une
technologie ne peut pas remplacer une société qui reconnait la
famille comme noyau fondamental. Le jour où l’on inventera
une technologie qui puisse remplacer l’être humain en tant
qu’appui précieux pour la réhabilitation, l’intégration et
l’insertion sociale, la famille perdra peut-être sa raison d’être,
tout comme les amis et les intervenants. Mais nous sommes
des êtres sociaux de par notre essence même, et je suis sûre
que rien ne pourra vous remplacer vous, les familles.■
Eilyn Miranda, travailleuse sociale
Suggestions de lectures Ces livres sont disponibles à l’APAMM-RS.
Informez-vous!
Le secret de la micropuce cérébrale. Ce guide destiné
aux personnes atteintes de psychose est présenté sous
forme de bande dessinée, racontant l’histoire d’un jeune
homme vivant une première crise psychotique. À travers la
bande dessinée, les auteurs ajoutent des explications, de
l’information et les traitements possibles.
Conquérir la dépression. Écrit par deux psychiatres, cet
ouvrage tente de dissiper la confusion et les notions
erronées au sujet de la dépression et offre des
renseignements précieux sur les énormes progrès réalisés
dans le traitement de cette maladie. Il explique comment
les patients et leurs proches peuvent participer activement
à la prise en charge et au traitement de la dépression.
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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Témoignage d’un membre de l’APAMM-RS Par Michel
J`ai connu l’APAMM-RS lors d’un rendez-vous
avec une infirmière au CLSC pour évaluer mon épouse lors de
sa troisième dépression majeure. La pauvre infirmière ne
savait pas lequel des deux était le plus malade. J’étais
tellement affecté que je ne pouvais pas parler des symptômes
de mon épouse sans pleurer. La première dépression majeure
de mon épouse était arrivée à l’âge de dix-neuf ans, suite à un
épuisement professionnel, en plus, sans doute, d’autre chose.
Je ne la connaissais pas à ce moment.
Nous avons eu trente années de vie commune sans l’ombre de
la maladie mentale. C’est pourquoi la première dépression
majeure de mon épouse dans notre vie commune était pour
moi un accident de parcours et ne reviendrait pas.
Je suis arrivé à l’APAMM-RS bien mal en point, en entrevue
avec Lionel Sansoucy que je remercie beaucoup. Je venais tout
juste de sortir d’une dépression moi-même, suite à celle de
mon épouse qui a été accompagnée de deux tentatives de
suicide. Lors de la première sortie accompagnée de mon
épouse, l’infirmière m’a obligé à prendre un rendez-vous au
Centre de crise l’ACCÈS devant elle, car je n’allais pas bien.
Une psychologue de l’ACCÈS et une du privé m’ont aidé à
traverser cette crise; le sentiment d’abandon était terrible.
Mon épouse venait de passer huit semaines à l’hôpital où elle
avait des sorties progressives pour la motiver et garder contact
avec le monde extérieur. J’étais à ce moment un aidant naturel,
qui faisait tout son possible pour la retenir dans notre réalité.
Ce fût une période difficile, car j’ai même cru à un moment
donné devoir la placer, mes visites étaient même devenues
dérangeantes pour elle.
Durant son séjour, une semaine à l’avance, nous avions été
avisés que sa psychiatre allait la rencontrer et lui donner son
diagnostic. Cette soirée-là, à mon retour de l’hôpital, mes deux
filles et ma belle-mère m’ont appelé pour en savoir plus. Le
diagnostic fût : dépression nerveuse sévère, mais tous ses
symptômes n’avaient pas été dévoilés à ce moment-là. C’est
pendant l’hôpital de jour que mon épouse m’a révélé le reste.
J’ai été détruit par cette révélation et m’ai trouvé à dire qu’elle
prenait plus soin de son auto que de son propre corps et lui ai
fait comprendre que si elle n’en parlait pas, qu’on ne pouvait
pas la soigner et qu’une rechute était à prévoir. L’ACCÈS m’a
aussi aidé en attendant la prochaine réunion du groupe
d’hommes de l’APAMM-RS. C’est à ce moment qu’elle a été
acceptée comme patiente à l’hôpital de jour à Pierre-Boucher,
même si elle avait un médecin de famille, étant donné que le
sevrage allait être difficile et qu’une médication en
permanence allait être à prévoir.
Après, il y eut huit semaines d’hôpital de jour. La suite a été
une adaptation de part et d’autres. Selon ses dires, j’étais la
cause de ses dépressions; je l’empêchais de se réaliser; nous
étions à l’opposé. C’est alors que les rencontres à l’APAMM-
RS m’ont beaucoup aidé, où je pouvais parler, avoir des
conseils pour apprendre à vivre avec la maladie. Après ces
rencontres, je flottais pendant une journée ou deux. Ces
réunions m’ont permis d’évoluer, de grandir plus rapidement
que seul dans mon coin, recroquevillé sur moi-même à pleurer
sur mon sort.
Une moitié de la guérison vient des médicaments et l’autre de
soi. C’est pourquoi un support de son entourage est important
et peut faire la différence. C’est sûr qu’en tant que conjoint qui
partage sa vie à 70% du temps, ma participation à sa guérison
est importante, et pour l’aider il faut que je sois bien moi-
même. C’est à ce moment que l’APAMM-RS intervient. En
tant que conjoint, on doit contrôler beaucoup de choses,
comme la perception de la maladie par les proches, afin de
conserver le noyau familial; ne pas faire exploser la famille en
plus d’être frappé par la maladie; ne pas éloigner les enfants
de nous, ni nos petits-enfants. Notre petit-fils demandait à sa
mère : « Maman, est-ce qu’ils ont trouvé la pilule pour guérir
grand-maman? »
Les semaines qui suivirent étaient démoralisantes. Son estime
d’elle-même était au plus bas. Son retour au travail, quoique
progressif, était démoralisant. En tant que travailleuse
autonome, elle avait perdu de la clientèle et son salaire
suffisait à peine à payer ses dépenses. Ses camarades de travail
lui disaient que c’était mieux pour elle, moins stressant, mais
elle voyait de ses vieilles clientes de plusieurs années
l’abandonner.
De l’empathie de la part de ma belle-famille, je n’en avais pas.
De ma famille, j’en avais trop. De mes amis d’hommes, ils me
comparaient à leur vie avec leur conjointe; et de mes deux
filles, je ne voulais pas semer la panique avec la possibilité
qu’elles soient atteintes, par la génétique, et nous priver de nos
trois petits-fils qu’on adore.
C’est à l’APAMM-RS que j’ai trouvé une oreille attentive qui
ne juge pas et enseigne un comportement pour mieux vivre
avec la maladie mentale. Un gros merci à Normand et André,
animateurs des groupes pour hommes! Le fait de partager son
vécu chaque deux semaines nous force à penser à ce que nous
allons partager; analyser ce que nous avons fait; ce que nous
aurions pu faire, etc. Et l’expérience des autres autour de la
table nous aide à surmonter nos problèmes. J’ai beaucoup
appris des autres, surtout pendant qu’on attendait des services
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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et que la situation ne faisait qu’empirer. De plus, dans un
couple, le retour en arrière est souvent impossible; alors c’est
bon de pouvoir en parler à d’autres personnes.
De l’empathie pour une maladie physique apparente, ça vient
tout seul : stationnement pour handicapés, rampe d’accès,
accès aux trottoirs, etc. Pour la maladie mentale, « Donnes-toi
un coup de pied au cul » ou « C’est un fou! ».
L’hiver dernier, je regardais ma belle-sœur, épouse de mon
frère qui est décédé un mois après les tentatives de suicide de
mon épouse. Survivre à ces tentatives de suicide et préserver
son couple étaient plus difficiles qu’un deuil. Avec trois ans et
demi de travail, je sais qu’aujourd’hui c’est moins pire.
J’ai dû me résigner à vivre avec la maladie. Quand on dit
accepter, cela sous-entend qu’on a le choix de dire oui ou non,
mais avec la maladie on n’a pas le choix. C’est déchirant de
dire oui. C’est pourquoi je cherchais une paix intérieure et que
je pensais au pèlerinage de Compostelle. Je n’avais rien fait
pour être tourmenté; pas volé, pas nuit à mon prochain -
seulement une victime de la maladie. C’est alors que je suis
parti à la quête du bonheur suite à l’avertissement de ma
psychologue que je devais arrêter ça, sinon je ne passerai pas
au travers. Les recommandations de Lionel Sansoucy pour un
angoissé comme moi m’indiquaient que je devais changer ma
perception. Je suis devenu un conjoint non affecté
émotionnellement par la maladie de son épouse, tout en étant
un conjoint attentionné.
Ce printemps nous avons eu peur d’une rechute : elle était
démoralisée, avait peur que je me tanne et que je l’abandonne.
Elle souffrait d’une grande détresse. Je suis fier de moi car j’ai
pu l’aider en lui faisant voir d’autres perceptions sur les
évènements de notre vie; évènements pourtant anodins pour
quelqu’un en santé mais hors de contrôle pour elle.
Je suis arrivé à l’étape de me faire confiance et d’arrêter les
réunions du groupe d’hommes; devenir un conjoint
attentionné; laisser l’accompagnateur au garde-robe; et vivre à
plein les moments où mon épouse est stable sans voir un
changement de comportement comme la maladie, mais voir ça
comme une évolution. Tout le monde change suite à des
évènements marquants dans la vie.
La pire détresse de mon épouse est que je puisse me tanner et
la quitter. C’est pourquoi je dois avancer et me maintenir fort
émotionnellement, de façon autonome et reprendre une vie
comme si la maladie n’était plus là. J’ai changé et mon épouse
aussi depuis la maladie, il faut s’apprivoiser de nouveau.
Aujourd’hui, nous vivons notre quotidien avec la maladie.
Mon épouse suit sa médication à la lettre et a adapté sa vie
avec les recommandations de l’hôpital de jour; et moi je
discerne quand il s’agit de la maladie ou d’un caprice. J’évite
les mauvaises nouvelles qui ne nous concernent pas et ne les
commente pas. J’accepte de participer davantage à ses projets,
faire de la relaxation et la rassurer, non seulement
monétairement sur notre futur, mais aussi sur la société en
général. Nous avons des enfants et petits-enfants que nous
aimons beaucoup et nous voulons qu’ils aient une belle vie sur
cette terre. ■
Michel, membre de l’APAMM-RS
La luminothérapie : Que de la
lumière aux yeux? Par Denise Dorval
La luminothérapie, qu’est-ce que c’est?
La luminothérapie consiste à s’exposer quotidiennement à une
lumière artificielle blanche, dite « à large spectre », imitant
celle du soleil.
La principale application de la luminothérapie, et également
celle qui est le mieux documentée scientifiquement, concerne
son effet sur la dépression saisonnière. Ce syndrome apparaît à
l’approche de l’hiver, à mesure que diminue la clarté
extérieure, et a un effet néfaste sur l’horloge biologique
interne de certaines personnes.
Dans les pays nordiques, on estime que 10% des gens
souffrent de dépression saisonnière, principalement les
femmes. Elle se manifeste par une humeur dépressive, une
fatigue chronique, une baisse de libido, un besoin exagéré de
sommeil, des réveils difficiles, des crises de boulimie ou un
appétit anormalement grand, notamment pour le sucre et les
hydrates de carbone. Au Canada, près de 3% de la population
serait touchée par la dépression saisonnière, tandis que 18%
vivrait une déprime hivernale (caractérisée par des symptômes
dérangeants, mais moins invalidants que ceux de la dépression
saisonnière).
On emploie également la luminothérapie pour contrer d’autres
symptômes pouvant être associés à un dérèglement de
l’horloge biologique interne comme :
o les troubles du sommeil : diminuer l’agitation et
améliorer le sommeil chez les personnes âgées
atteintes de démence. ;
o les problèmes attribuables au décalage horaire du
transport aérien ;
o le manque de la lumière du jour des gens qui
travaillent de nuit ou toute la journée sans voir celle-
ci ;
o certains cas de dépression, comme le post-partum ou
la dépression chez les personnes âgées.
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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L’horloge biologique interne, un puissant centre de
contrôle
Le Dr Norman E. Rosenthal, psychiatre et chercheur au
National Institute of Mental Health, a été le premier à
démontrer, en 1984, le lien entre lumière et dépression. C’est
lui qui a défini le Seasonnal Affective Disorder,
communément nommé SAD, qu’on traduit par Trouble
Affectif Saisonnier (TAS) ou dépression saisonnière.
C’est en constatant que l’exposition à la lumière artificielle à
large spectre pouvait profiter aux personnes souffrant de
symptômes dépressifs pendant la saison hivernale que
Rosenthal a pu démontrer le rôle joué par la luminosité sur les
rythmes circadiens et l’humeur, et ainsi décrire avec précision
cette maladie.
En pénétrant dans l’organisme par les yeux, la lumière joue un
rôle fondamental dans la régulation des rythmes circadiens,
c’est-à-dire ceux qui s’échelonnent sur une période d’environ
24 heures (plus ou moins). Ces rythmes se synchronisent avec
les indices environnementaux externes, dont la lumière du
jour, de façon à conserver le bon rythme.
Si les rythmes qui sont soumis à notre horloge interne ne sont
plus synchronisés avec le jour et la nuit, nous ressentons des
symptômes dérangeants. En fonction des signaux envoyés par
l’horloge interne, l’organisme peut alors sécréter l’hormone du
sommeil (mélatonine) le jour plutôt que le soir. Selon le cas,
on pourra remettre l’horloge à l’heure en s’exposant à la
lumière, à un moment précis de la journée, et ainsi faire
avancer ou reculer son horloge interne.
Par ailleurs, lorsque la lumière pénètre dans l’œil, elle est
transformée en signaux électriques qui, envoyés au cerveau,
agissent sur des neurotransmetteurs. Un de ceux-ci, la
sérotonine, souvent appelée l’hormone du bonheur, régularise
l’humeur et gouverne la production de la mélatonine.
Certaines recherches scientifiques indiquent que le
métabolisme de la mélatonine est déréglé chez les personnes
qui souffrent de dépression saisonnière. En effet, on a observé
chez celles-ci un taux anormalement élevé de mélatonine
durant le jour, même si l'exposition à la lumière diminuerait sa
production.
Le simulateur d’aube
Le simulateur d’aube reproduit les conditions d’un lever de
soleil. Plutôt que de vous tirer du sommeil brusquement par
une alarme ou la radio, l’appareil vous éveille en douceur en
commençant à éclairer progressivement la chambre, à une
heure préprogrammée. Par exemple, pour un lever à 7 heures,
la lumière pourra s'allumer doucement dès 6 heures ou
6 heures 30, et atteindre son maximum d'intensité à 7 heures.
La simulation de l’aube n’agit pas de la même façon que la
luminothérapie, puisque l’intensité lumineuse n’est pas très
élevée. Mais, chez certaines personnes, elle réduirait les
symptômes d’insomnie ou de dépression. Pour les gens
souffrant de dépression saisonnière, il semble que le traitement
soit efficace, mais les études sont moins nombreuses que dans
le cas de la luminothérapie.
La luminothérapie en pratique
Pour profiter des bienfaits de la luminothérapie, il est
nécessaire de s’exposer à cette lumière quotidiennement, tous
les matins (plutôt que le soir) pendant environ 30 à 45
minutes, dès septembre ou octobre et ce, jusqu’au début avril.
Lorsque les beaux jours du printemps se pointent, il est
préférable de diminuer son exposition graduellement.
Il est très important d’adopter une position qui permet à la
lumière d’atteindre l’œil, et non la peau. Pendant l’exposition,
le champ lumineux doit également être suffisamment grand
pour que vous ne soyez pas confiné à un espace restreint.
Si l’on croit souffrir de dépression saisonnière, il est préférable
de s'adresser à son médecin afin qu’il établisse un diagnostic
clair. D’ailleurs, lorsque le traitement est prescrit par un
professionnel de la santé, certaines compagnies d’assurances
remboursent le coût des appareils.
En général, les résultats se font sentir dès la première semaine
de traitement, mais 4 semaines d’utilisation sont
habituellement nécessaires avant d’observer une réponse
clinique claire et des changements biologiques mesurables. La
luminothérapie est efficace chez environ 2 patients sur 3
souffrant de dépression saisonnière. Dans leur cas, les
symptômes sont réduits de 50 % à 80 %. Ce taux est
comparable à celui des antidépresseurs, mais la luminothérapie
engendre moins d’effets indésirables.
Contre-indications
Il semblerait que la luminothérapie n’entraîne pas de
dommages oculaires à court, moyen ou long terme cependant,
certaines mises en garde s’imposent.
D’autre part, bien que les effets secondaires soient plutôt rares
(possibilité de maux de tête, d’agitation et d’insomnie), les
spécialistes s’entendent pour déconseiller ce traitement aux
personnes souffrant de certains problèmes oculaires
(cataractes, rétinite pigmentaire, dégénérescence maculaire et
glaucome), ainsi que certaines maladies affectant la rétine (par
exemple le diabète). De même, les gens utilisant des
médicaments aux effets photosensibles, dont le lithium, ne
devraient pas y avoir recours. Tout excès d'exposition est
nuisible, il est recommandé de confirmer auprès de votre
ophtalmologiste que vos yeux sont capables de supporter cette
lumière.
À l’achat de lampe de luminothérapie, assurez-vous que celle-
ci n’émet pas de rayons UV et que l’intensité de la lumière
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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atteint environ 10 000 lux (ou 2 500 lux dans les cas des
lampes DEL).
Luminothérapie au naturel?
Pour chasser la déprime hivernale, rien de tel que d’aller jouer
dehors! Ski, raquette, glissades : profitez du soleil extérieur
qui peut diffuser, les belles journées d’hiver, jusqu’à 12 000
lux! Et pour ceux qui se posent la question, sachez que les
sessions au salon de bronzage ne remplacent pas la «vraie»
lumière du soleil ni la luminothérapie! ■
Denise Dorval
Résumé d’un article de la revue
Protégez-vous (sept. 2012) « La
pilule miracle? » Par Marie-Anick Duchesne
Le baclofène est utilisé dans certains pays pour
traiter l’alcoolodépendance. Au Québec, des médecins
commencent à le prescrire pour cet usage.
Depuis la parution du livre Le dernier verre (2008), écrit par le
cardiologue et professeur de médecine français Olivier
Ameisen, le baclofène fait de plus en plus parler de lui pour
traiter la dépendance à l’alcool.
C’est le Dr Ameisen qui a trouvé l’efficacité du baclofène en
fouillant dans la littérature scientifique américaine. Il aurait
tenté de traiter sa propre dépendance à l’alcool en
s’administrant du baclofène à fortes doses, et il aurait
« guérit » en quelques semaines.
Cette médication est habituellement prescrite pour lutter
contre la sclérose en plaques ou d’autres affections de la
moelle épinière et vise à « réduire et soulager la tension
musculaire excessive ». On a commencé à parler de ses
possibles vertus contre l’alcoolisme dans les années 1990 aux
États-Unis, et au début des années 2000 en France. La
molécule du baclofème agit sur le système nerveux central en
régulant la production de dopamine, aussi appelée
l’hormone de la récompense. « Le médicament rééquilibre le
système de la récompense et rétablit le phénomène de satiété.
Pris à forte dose, le baclofène supprime chez la personne
alcoolique la montée du craving, ce besoin irrépressible de
boire. Le traitement se met en place progressivement jusqu’à
ce que cette personne devienne totalement indifférente à
l’alcool » rapporte le Dr Olivier Ameisen. Selon le médecin, le
baclofène pourrait aussi agir sur d’autres dépendances
(cocaïne, boulimie, jeu, etc.).
Le livre rapporte le cas d’une femme ayant reçu une
prescription de baclofène pour traiter son alcoolisme, disant
qu’elle pouvait boire jusqu’à 3 bouteilles de vin par soir. Elle
raconte avoir commencé son traitement en janvier 2011, avoir
continué à boire, mais plus la dose de baclofène augmentait,
plus sa consommation diminuait. Jusqu’au jour où elle a
regardé son verre et s’est dit : « Beurk, je n’en veux plus »,
c’était le 18 mars 2011. Elle était devenue totalement
indifférente à l’alcool.
Depuis une vingtaine d’année en Amérique du Nord, les
médecins prescrivent surtout des benzodiazépines
(tranquillisants, somnifères, etc.) dans le traitement de la
dépendance à l’alcool, qui provoquent un état de sédation,
mais qui peuvent également entraîner une nouvelle
accoutumance. Ces traitements réduiraient les cravings,
retarderaient la réalcoolisation et préviendraient la rechute,
sans garantir l’abstinence.
Pas de marché pour le baclofène ?
Les défenseurs du baclofène estiment qu’il sera difficile de
faire reconnaître l’indication « traitement de
l’alcoolodépendance ». Pour ce faire, il faudrait réaliser des
essais cliniques et qu’une compagnie pharmaceutique finance
les dits essais. Par contre, une compagnie pharmaceutique doit
voir un intérêt à financer des essais pour une médication qui,
dans ce cas-ci, n’a pas de marché. Au Canada, dix laboratoires
auraient mis sur pied des médicaments génériques similaires et
peu coûteux. De plus, rien n’empêche les médecins désireux
de prescrire du baclofène à des patients alcooliques de le faire,
même si cela est considéré « hors indication ».
En contrepartie, pour justifier le refus de prescrire du
baclofène pour traiter l’alcoolisme, certains médecins
parleront des effets secondaires des fortes doses (somnolence,
sédation, nausées, etc.). Selon le Dr René Lavigueur, médecin
de famille à Sainte-Anne-des-Monts, qui a lui-même
commencé à prescrire le médicament pour
l’alcoolodépendance, il s’agit d’un faux argument. « Les
patients sont prévenus, les effets secondaires sont connus et,
dans la mesure où le dosage est progressif, on peut les
contrôler ».
Le Dr Ameisen se questionne : est-il mieux d’avoir certains
effets secondaires du baclofène ou ceux de l’alcool ? ■
Marie-Anick Duchesne, intervenante psychosociale
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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Des médicaments utiles, inutiles ou
dangereux ? Par Patricia Arnaud
50% des médicaments que nous prenons dans la vie
courante seraient inutiles… 20% seraient mal tolérés… et 5%
seraient potentiellement très dangereux. A-t-on raison de
s’inquiéter?
Philippe Even, ancien doyen de la faculté de médecine Necker
(France) ; et Bernard Debré, professeur d’urologie et membre
du Comité national d’éthique pour la recherche et les sciences
de la vie à Paris – ont rédigé le Guide des 4 000 médicaments
utiles, inutiles ou dangereux aux Éditions Cherche Midi Paris
(2012).
Un important document de recherche de 906 pages fondé sur
40 ans d’expérience et plus de vingt mille références. Toutes
les données et affirmations seraient vérifiables. Cet ouvrage a
suscité beaucoup de réactions en Europe. Il nous fait au moins
réfléchir.
Pour cet article, je ne vous soulignerai que quelques
affirmations en lien avec la psychiatrie. Si le sujet vous
intéresse, je vous recommande de venir feuilleter le livre à
l’APAMM-RS ou vous le procurer en librairie.1
Des frontières sont encore mal limitées entre normalité et
anormalité, entre psychoses et névroses, et entre les maladies
psychotiques elles-mêmes, et pour tous, le poids des facteurs
affectifs, émotionnels, culturels, sociaux et économiques.
Clarifions un peu les grandes catégories fréquemment utilisées
en psychiatrie :
les antipsychotiques, dirigés contre les « psychoses »,
les maladies graves et peu réversibles, la
schizophrénie, les manies, les formes graves des
troubles bipolaires, etc. On dit aussi
« neuroleptiques » ou « tranquillisants majeurs » ;
les traitements symptomatiques de situations
« névrotiques » transitoires réversibles (pas des
maladies, au sens strict du terme) : antidépresseurs,
anxiolytiques, hypnotiques.
Jusqu’au début des années 1900, le cerveau était vu comme
une matière molle, homogène, sans structure et non comme un
réseau câblé. Cajal et Golgi (Nobel 1906) ont mis les bases qui
n’ont cessé de se développer depuis, soit : les interactions
entre les parties du cerveau, l’identification des premières
molécules (dites neuromédiateurs) : noradrénaline, dopamine,
sérotonine, etc. L’explication biochimique des fonctions
1 Even, Philippe et Debré, Bernard. (2012) Guide des 4 000
médicaments utiles, inutiles ou dangereux. Éditions Cherche Midi.
Paris.
cérébrales a saisi les neuroscientifiques, les neurologues et les
psychiatres. L’ère de la biochimie s’ouvrait.
Depuis cette époque, on en connaît beaucoup plus, mais la
déception semble grande :
on n’arriverait plus à compter le nombre de
neuromédiateurs et leurs actions;
plusieurs fonctions du cerveau resteraient encore
inconnues;
le câblage des réseaux neuronaux échapperait à toute
systématisation cohérente complète;
l’échec des approches génétiques les plus
performantes pour identifier les gènes dont les
mutations pourraient être liées aux maladies
psychiatriques;
le piétinement des imageries fonctionnelles, etc.
La science actuelle ne comprend pas tout devant la trop grande
complexité d’un réseau de 100 milliards de neurones, entre
lesquelles les synapses se créent, s’évanouissent ou se
titularisent entre chaque neurone, sur lequel des milliers de
dendrites poussent chacun 10 000 bourgeons palpeurs,
« spines », sans cesse en mouvement, se connectant ici, puis
là. Tout ça pour vous dire que l’utilité et l’efficacité ou non
d’un médicament n’est pas simple !
Il est évident que les médicaments d’aujourd’hui marquent un
certains progrès, mais ne sont pas des solutions miracles pour
tous.
Comment pouvons-nous simplement traiter des conséquences
sur notre santé, sans pouvoir en traiter les causes ? Ainsi, les
auteurs nous parlent du marché de la tristesse et du
découragement, afin de ramener l’enthousiasme et surtout la
productivité, sans que changent en rien les conditions de vie
qui avaient créé, par exemple, une dépression. Médicalisation
du mal-être, mais comment faire autrement ?
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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895, rue Sainte-Hélène, Longueuil. Tél : (450) 677-
9021 / site : www.macadamsud.org
Selon les auteurs, le DSM-5 (5e version du Manuel diagnostic
de psychiatrie américain), en cours de rédaction, s’appuierait
sur 170 membres permanents et 4 500 experts extérieurs, dont
58% ont des liens étroits et publiés avec l’industrie
pharmaceutique. Pourrait-il y avoir des conflits d’intérêts?
La vérité est rarement blanche ou noire. Vous devez trouver
pour vous et votre proche la meilleure voie qui convient. Ça
vous demandera de la patience, de la recherche d’information
et peut-être des périodes d’essais et d’erreurs; le but étant
d’obtenir les meilleurs résultats avec le moins de risques
possibles. Nous réagissons tous différemment à l’absorption
de médicaments. Ils peuvent être bienfaisants pour certains et
néfastes pour d’autres. Ils peuvent être aidants pour une
période de vie ou pour toute une vie dans des cas très sévères.
Malgré que cela soit rassurant de savoir qu’un de nos proches
prend une médication afin d’alléger sa souffrance, il est plus
important de cibler sur les comportements et l’état du proche,
plutôt que de savoir seulement si la personne a pris ou non sa
pilule. En cas de doutes, informez-vous auprès du médecin
traitant ou auprès d’une de nos intervenantes à l’APAMM-RS.
Vous avez un rôle important et nous sommes là pour vous
soutenir. ■
Patricia Arnaud, directrice
Connaissez-vous l’organisme
Macadam Sud ? Une ressource… Plusieurs volets… Une seule
approche
L’organisme Macadam Sud existe depuis maintenant
30 ans et vient en aide aux jeunes par différentes manières,
adaptées à leurs besoins et leurs contextes uniques.
Anciennement appelé Carrefour jeunes Longueuil Rive-Sud,
ils ont opté pour la dénomination Macadam Sud en 2009. La
mission de Macadam Sud est de favoriser des « conditions
idéales à leur développement, épanouissement et bien-être en
soutenant et outillant les jeunes de 12 à 35 ans afin qu’ils
puissent s’engager à améliorer leurs conditions de vie dans le
respect et la dignité humaine. » Plus spécifiquement, les
personnes visées par les services de Macadam Sud sont les
adolescent(e)s et les jeunes adultes, dont ceux en marge de
l’école, de la famille, du marché du travail, les itinérants, les
utilisateurs de drogues injectables, ainsi que les enfants et
familles en difficulté. L’année dernière (2011-2012), les
intervenant(e)s de Macadam Sud ont réalisé plus de 10 000
interventions auprès de 4 400 personnes différentes dans le
cadre de 18 000 rencontres significatives avec des jeunes, des
jeunes adultes et des familles de la région. Les services de
Macadam Sud sont variés, afin de répondre aux besoins
diversifiés des personnes ciblées.
Le TROC est une unité mobile d’intervenants pouvant
accueillir jusqu’à huit personnes en même temps et offrant de
l’écoute, des interventions et des premiers soins. Cette unité
mobile se déplace surtout dans les quartiers défavorisés de
Longueuil, St-Hubert et LeMoyne.
L’équipe des Travailleurs et travailleuses de Rue est une
équipe d’intervenants qui travaillent à dépister, prévenir et
intervenir en première ligne auprès de personnes en difficulté,
directement dans leur milieu de vie.
Le SQUAT est une équipe d’intervenants jeunesse qui favorise
la prise en charge des temps libres des jeunes, en créant des
lieux de rencontre, des activités et des loisirs où l’estime de
soi, le sentiment d’appartenance à la communauté, le sens de
la productivité et de la collaboration sont mis de l’avant.
L’École de la rue CAPAB (Centre d’Apprentissage Personnel
Adapté aux Besoins) permet aux jeunes âgés entre 16 à 24 ans,
en marge du réseau scolaire et/ou vivant diverses
problématiques psychosociales, de poursuivre gratuitement
leurs études secondaires de niveau 1 à 3 (reconnu par le
Ministère de l’éducation), dans un contexte d’apprentissage
adapté à leurs besoins.
L’Espace-Jeunes est un centre d’intégration qui permet aux
jeunes en difficulté, âgés entre 15 à 29 ans, d’avoir de l’aide
(écoute, soutien dans leurs démarches) sans aucune autre
condition d’admissibilité. Les intervenants de l’Espace-Jeunes
visent par l’intervention, les références et l’accompagnement,
à stimuler et motiver les jeunes, en fonction de leur capacité et
de leur situation, à reprendre du pouvoir sur leur vie.
Le BLOC est un lieu d’expression, d’information,
d’intervention et de référence pour la communauté. C’est un
café-ressources équipé d’un système de sonorisation,
d’éclairage et de multimédia professionnel, ainsi que d’une
cuisine commerciale, rendant possible des activités sociales et
culturelles pour toute la communauté. ■
ÉCHOS – APAMM-RS Janvier 2013, volume 22, numéro 1
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ASSOCIATION DES PARENTS
ET AMIS DE LA PERSONNE
ATTEINTE DE MALADIE MENTALE –
RIVE-SUD
10, boulevard Churchill, suite 206
Greenfield Park, Québec, J4V 2L7
Téléphone : 450.766.0524
Courriel : info@apammrs.org
Site web : www.apammrs.org
ÉCHOS EST LE BULLETIN D’INFORMATIONS DE L’ASSOCIATION DES PARENTS ET AMIS DE LA
PERSONNE ATTEINTE DE MALADIE MENTALE – RIVE-SUD (APAMM-RS)
Conseil d’administration
Guy Savoie président
Rita Roy vice-présidente
Jacques Petit secrétaire
Pierre Daoust trésorier
Chantal Boisclair administratrice
Iréné Chabot administrateur
Ghislaine Pilon administratrice
Personnel
Patricia Arnaud directrice générale
Eilyn Miranda travailleuse sociale
Marie-Christine Dion intervenante psychosociale
et art-thérapeute
Marie-Anick Duchesne intervenante psychosociale
Denise Dorval secrétaire réceptionniste
Coordination du bulletin
Patricia Arnaud
Chroniques et textes
L’équipe du personnel
Photographies et illustrations
Canstockphoto.com et APAMM-RS
Conception et réalisation du bulletin
Marie-Anick Duchesne
Révision de textes et correction
L’équipe du personnel
DÉPÔT LÉGAL ISSN : 1703-0471
Bibliothèque nationale du Québec
1er
trimestre 2013
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Adhésion annuelle 20$
Famille à la même adresse 35$
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