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Couverture:©conradov/Shutterstock
©HachetteLivre,2017,pourlaprésenteédition.HachetteLivre,58rueJeanBleuzen92170Vanves
ISBN:
Chapitre1
Ben
Sefairegratterledosenpleinenuitauraitdequoimedonnerdessueursfroides,sijenemesouvenaispastrèsclairementquemoncoupdusoirs’étaitbarréenclaquantlaportedèsmonaffairefinie.Etpourforcerlesplusrécalcitrantesàdéguerpir,j’aiunearmeinfaillible:macolocataireetmeilleureamie.Ellesechargepourmoidecettebesognedepuisqu’elleestentréedansmavie,etonpeutdirequesamanièredefaireestpourlemoinsradicale.Àceniveau-là,rienn’achangé.MalgrélapropositiondeJay,Lolan’est pas encore prête à plier bagage pour aller vivre chez lui. Et, clairement, je ne vais pas m’enplaindre.C’est d’ailleurs elle quime caresse le dos dubout des doigts depuis cinqminutesmaintenant.Moi
prétendantdormirpourprofiteraumax,elleessayantapparemmentdemeréveillerendouceur.Lesyeuxencorelourdsdesommeil,jetentemalgrétoutd’enouvrirunmaislalumièrerougeduréveilmebrûlelarétine.Jevaislatuer!—Bordel,Lola,ilest4heuresdumat’,t’abuses!Fallaitsuivretonmecendéplacementsitunesais
pasdormirsanslui!—JesaistrèsbiendormirsansJayden…—…ditcellequimerejointdansmonlitquandelles’estdisputéeavecluioulorsqu’ilpartquelques
jours…—Hey,cequisepasseàVegas,resteàVegas,alorsonn’enparlepas.Jenedonnepascherdenotre
peausiJaydécouvrequ’ilnousarrivededormirensemble!—C’est pas comme si on couchait ensemble. J’ai juste la primeur de te voir baver sur l’oreiller,
ronfleroutéterleboutdetalanguecommeunmiochesuceraitsonpouce.—Menteur!Jefaispasça!Turonflesàpeinecouché,jenevoispascommenttuauraispulevoir!—Croiscequetuveuxmais,quandtupionces,ondiraitungrosbébé.Mon meilleur pote, soi-disant sans cœur, se tape depuis plusieurs mois ma meilleure amie, une
sentimentale qui ne croyait plus en l’amour. Bref, deux personnes qui n’auraient pas dû se trouver…Commequoiledestinfaitbienleschosespourcertains.Maisducoup,moi,jemeretrouveentrecesdeuxbaiseurscompulsifsquis’aimentautantqu’ilssedéchirent.L’Amour,c’estvraimentdelamerde!Jemeretourne,poselatêtesurleventredeLolaetprendssamainpourlamettredansmescheveux.
Messagereçu:ellefourresesdoigtsdansmatignassequ’ellemassecommej’aimetant.L’extasetotale!J’enronronneraispresque.Cinqminutesdepluset,obligé,jemerendorscommeunemasse.Jesuisprêtàme laisser allermais il y a quelque chose qui cloche dans son attitude.Habillée, bien réveillée, sonéternelparfumàlavanille,ettoutçaenpleinenuit?—Qu’est-cequetufousdéjàprête?Tucherchesàimpressionnertonchefenarrivantàl’aube?—Non,riennepourraitl’impressionner,cecon!
Jesourisetnepeuxqu’approuver:leconc’estmoi!—Chouchou…Nemedispasquetuasoublié?Ellemedemandeçad’unepetitevoix,déçue.Lagueuleenfarinée,enpleinmilieudelanuit,elleveut
quejeréfléchisse?Sérieux,jemedemandecommentjefaispourlasupporter,c’estlapiredeschieuses,cettefille!Çasentlecoupfourré.—Lejourdetoncouronnement?Tupassesdeprincesseàreinedesemmerdeuses?Ellemetirelescheveuxetmalgrélapénombrejepeuxdevinersonsourire.—Mieuxqueça,c’estaujourd’huiquemachéried’amourarrive!Bordel.De. Bordel.De.Merde. Rectificatif : la pire des chieuses est incontestablement cette Zoé.
Princesse Lola est une enfant de chœur à côté de sameilleure amie.Comment j’ai pu zapper qu’elledébarquait de France aujourd’hui pour venir me pourrir la vie ? L’excitation de Lola me casse lescouilles,ellem’imposesacopinedansMONappartet,commeledernierdescons,j’aijurédefairedesefforts.Mais comment j’ai pu accepter un truc pareil ? Je nem’en souviens absolument pas, à croirequ’elle a attendu que je sois bourré pour m’entraîner dans ce traquenard. Vise le délire : être encohabitationaveclafillequiterebuteleplus.Sansrire,elleaautantdetestostéronequecertainsmecs,lescouillesenmoinsheureusement.Franchement,jenecomprendraijamaiscommentcesdeux-làpeuventêtremeilleuresamies.—Putain,non!—Oharrêtedefairel’enfant,Ben!Etpuisenlaconnaissantmieux,tunepourrasquel’apprécier.—Qu’elleplantesesgriffesailleursquedansmondosetonenreparle!—Arrête!Etbougetoncul,tum’aspromisdem’accompagneràl’aéroport!Moij’auraispromisd’allercherchermameilleureennemie?Jenecroispasnon!Elleestsousecstasy
ouquoilà?—J’airienditdutoutetjenecomptepasmeleveraveclespoulespourqu’ellepuissemegonflerdès
sonarrivée.—Trèsbien…Danscecastumedonnestesclésdevoiture?Jesensdéjàsonsouriremenarguer,ellesaitcommentmefaireréagir.OK.Voilàpourquoijeluiaidit
quejeviendrais!Horsdequestionqu’elleretoucheàmonPorscheCayenne.Plusjamaiselleneposeralesmainssurmonbébésansmonautorisation.Quejenesuispasprèsdeluidonner.—Jelèveraisbienmonmajeurmaistuneleverraispas!—Oh,monchouchou,lavulgariténetevapas,jetel’aidéjàdis!Jesaisquejesuispuniedepuisque
jetel’aipiquéepourallerchezJay,maistunevaspasm’envouloirindéfiniment?Alorslàjememarre:siellecroitquejevaisoublierdujouraulendemainqu’elleestvenuefouiller
dansmespochespendantquejedormaispourmetirerlesclésetsebarrerentrombe…Elleseplantecarrément.J’ailarancunetenaceetunefiertésurdimensionnée,àcroirequ’ellenemeconnaîtpassibienqueça!Bon,pluslechoix…—C’estbon,t’asgagné,jemelève.J’allume la lampe de chevet, et la lumière blanche m’explose les yeux. Après seulement quelques
heuresdesommeil,jemedirigeversmacommodeenmoderadarpourprendremesaffaires.Ricanementsdansmondos.C’estpasvrai,elleestencorelà.—Maintenant,dégagedemachambrequejemeprépare.
Un petit coup de pied au cul pour la virer plus vitemais elle n’est pas décidée àme lâcher aussifacilement.Ellerigoleetsefoutlittéralementdemagueuleetdemaprétenduerelationfusionnelleavecmavoiture.—Ouais,j’ytiensàmacaisse,etalors?—T’esbeaucoupplussoigneuxavectonjouetqu’aveclesfemmes.—Trouve-moiunenanaavecuneaussibellecarrosserieetonen reparle.Enattendant, sorsdema
chambresinonc’estentaxiquetuiraschercherl’autre!—Elle s’appelleZOÉ !!!T’es pasmarrant quand t’as pas assezdormi, chouchou.T’avais l’air de
meilleurehumeurhiersoiravectablonde!Ellemelesbrise,maispourlecoupellen’apastord.Jenepeuxm’empêcherdesourireenrepensantà
hier.Commentelles’appelaitdéjà?Ana?Tania?Peuimporte,toutcequejeretiensc’estqu’elleavaitchaudaucul!Sonnuméroestdéjàclassédansmesfavoris:unclicetjem’assureuneputaindedose,untrip baise dansmavie déjà bien remplie.Une fille de ce genre, etmon radar s’affole. Pas besoin deconnaîtrelafille,c’estmonérectionquichoisitsesproies.Jenesuispasunsalaud,jedonneautantdeplaisirquej’enprends.UncommerceéquitableversionBen.—C’estladernièrefoisquejetedemandedetebarrer,princesse,parcequedansdeuxminutessit’es
encorelàtudevrasexpliqueràJaycommenttuesaucourantpourmontatouage!—Pfff,t’aspasdetatouage!Tupassestontempsàtraînerdansl’appartenboxeralorsjel’auraisvu
depuislongtemps!—T’enessûre?Ellerigolequelquessecondesets’étouffeenvoyantquejesuissérieux.—Maisoùil…Non,laissetomber,jeveuxriensavoir!Enfinelleselèveetdéguerpitdemachambreenuntempsrecord.Jerisàmontourenrepensantàses
jouesrougesquandelleaenfineucompris.Ehoui,ilsembleraitquej’arriveencoreàlasurprendre!Sachantquej’aiuneréunionavecuninvestisseurenl’absencedeJay,partinégocierungroscontrat,il
fautquejefasseplusclassequed’habitude.L’apparenceauneplaceimportantedansmavie:séduire,conquérir.Uncoupd’œilàmapenderie,monchoixestvitevu:j’attrapemoncostardtroispiècesgrisanthracite, une chemise bleue à laquelle j’ajoute les boutons demanchettes en platine queLola et Jaym’ontoffertàmonanniversaire.Çapue le luxe,maisque j’aimeça !Aumomentoù je fais tomber leboxer,laportes’ouvreengrand.Àpeineletempsdemettrelamainsurmaqueueetdemetourner,quejeluiexposemonculenpleinelignedemire.—Ohputain…Merde!Je…Vraimentjesuis…—Putain,Lola,meréveillerc’estunechosemaisrevenirmatermonculenestuneautre.—Jevoulaispas…Désolée…Je…—Retourne-toiaumoins!Elle se tourne rouge de honte avant de partir dans un rire nerveux. J’enfile rapidement le sous-
vêtement,prêtàm’occuperdesoncas.Jenesuispaspudique,maisêtreàpoildevantellec’estcommem’exhiberdevantmasœur.Bon,jen’aipasdesœurmaisjesupposequeceseraitpareil.Unefoismonpetit,quedis-je,mongrospaquetensûreté,jeluibalancemonoreillerderrièrelatêtepourcalmersescouinements.Ellenevajamaiss’enremettre!—Qu’est-cequet’aspascomprisquandj’aiditquej’allaism’habiller?Sérieux,Lola,jevaisfinir
parmeposerdesquestions!
Direction la salle de bains avecma sangsue sur les talons.Alors que je commence àme laver lesdents,elles’adosseauchambranledelaporteetmefixeavecunpetitsourireencoin.—Quoi?Mon tonestplus secque jene l’avaisprévumais il fautdireque je suisàboutdepatience. Il fait
toujoursnuit, j’enpeuxplusetellemecolleautrain.Qu’est-cequ’ilyaencore?Lolaneréagitpasàmonintonationetsonsourires’élargitaucontraire.—Tum’asmenti!Ledentifriceextramentholm’arrachelatroncheetjerestebraquésurellesanspouvoirparler.—J’aivutesfesses,tun’aspasdetatouage!Putain, elle est encore là-dessus ! Je lève les yeux au ciel et me reconcentre sur mon reflet.Mes
cheveuxsontenbataille,descernesmebouffentlevisage,mabarbebrunejureavecmonteintlivideetmesyeuxsontencoreàmoitiéfermés.Bref,merciLola!Ellemesortdemoninspectionenagitantsonportable,maisc’estsurtoutsonairgênéquiattiremon
attention.Ellefuitmonregardetsemordillelalèvreinférieurecommeàchaquefoisqu’ellen’osepasmedire quelque chose.Mauvais signe. Dernier dérapage en date : une chaussette rouge oubliée dans lamachineàlaver.Résultat:mesluxueuseschemisesblanchesdevenuestoutesroses.Toutçapourdirequesonexpressionsentlamerdeàpleinnez–etmadernièreoncedepatienceestprêteàsefairelamalle.Unrinçagedeboucheavantdeluifaireface,croisantlesbrassurmontorse.—Vas-y,raconte,qu’est-cequetuasencorefaitcommeconnerie?—Bah…Enfait,j’étaisvenuetedirequej’avaismallulemessagedeZoé.—Et?—Ellen’arrivequecetaprès-midi.—QUOI?Elleinspireungrandcoupetavecunepetitemoueboudeuse,meregardedenouveaudanslesyeux.—J’avaiscrulirequ’ellearrivaità5h30,maisenfaitc’estl’heureàlaquellesonaviondécollede
Paris.—Putain,jevaistetuer,t’esentraindemedirequetum’aséjectédemonpieuenpleinenuitpour
rien?Etvoilàqu’ellerecommenceàsemordiller la lèvre.Çayest…Jesuisàboutdepatience,crevéet
assurémentdemauvaisehumeurpour le restede la journée.Dégagede là,Ben,avantdebalancerdesmots que tu pourrais regretter. Je n’ai pas le temps de la dépasser qu’elle m’attrape par surprise enserrantsespetitsbrasautourdemonbuste,sonvisagecolléàmondos.Soupir.Uncâlin improvisé,etcettefillemedésarme,cherchezl’erreur.Ellesaitcommentm’avoir,lagarce!—Jesuisdésolée,Ben,jesuistellementpresséedelavoirquejen’aipasprisletempsdebienlire
sonmessage.Je soupire un grand coup et caresse tendrement ses doigts qui sont noués sur mon ventre pour lui
montrerquejeneluienveuxpas.Dumoins,pasautantquejenel’ailaisséparaître.Bizarrementmonagacement se reporte surZoé, après tout c’est sa faute à elle !Ouais, c’est elle qui vient bouleversernotreroutine.Etpuissoyonsfranc,jesuisincapablederesterfâcheravecLolabienlongtemps.—C’estbon,princesse,maintenantsitulepermetsjeretournemecoucher.Ellenerépondpasmaisnemelâchepaspourautant.Lesfemmessont trop tactiles :constammentà
câlinerouàembrassersansraison.Çafaittellementlongtempsquejen'aipaseudevéritablerelation,
qu'à chaque fois ces moments d'effusion me prennent aux tripes.Même si le geste reste agréable, lasituationmedéstabiliseencore.—Aufait,iln’estpassurmesfessescetatouage!Bingo!Elledesserreenfinsonétreinteetsonhoquetdesurprisearrivemêmeàmefairerire.Cette
fille n’est pas croyable !Obligé, elle a une double personnalité. Parfois si prudemais complètementdéluréequandelleestavecJay.Je regagnemachambreetme laisse tombersur lematelas, fermantaussitôt lesyeuxenespérantme
rendormirrapidement.6heuresdumat’etjen’arrivetoujourspasàdormir.7heures:jemetourneetmeretournedanslelit.Jedoismerendreàl’évidence,manuitestbeletbienfinie.Uneseulefautive:mameilleureennemie,etvucommentlajournéedémarre,jesensquejel’aimeencoremoins,enfinsic’estpossible.L’odeurducaféetlessonsétouffésdelatéléparviennentjusquedansmachambre.JefinisparmeleveretrejoindreLolasurlecanapéaprèsm’êtreserviunmugdecebreuvagenoirqui,jel’espère,vame rendreunpeuplus nerveux.Mesyeuxn’arrivent pas à s’ouvrir entièrement et je bâille àm’endécrocher lamâchoire. Je crois que pour la beau gosse attitude c’est loupé. Aujourd’hui, ça va plusressembleràduWalkingDead.—T’aspasessayédeterecoucher?Ellemeregardeetsonsourireesttellementgrandquesesyeuxseplissent.Jeregrettedéjàdeluiavoir
posécettequestion.—Impossible,jesuistropexcitée!Tuterendscompte,dansquelquesheuresellevaêtrelà!Ellem’a
tellementmanqué!Jelèvelesyeuxaucieletmebrûlelalangueaveclecafépouréviterdedireuneconnerie.Incroyable!
Jesaisquec’estsameilleureamie,qu’elleluimanqueetblablablamais,bordel,c’estuneemmerdeuse,cettefille.Sijenemetienspasàcarreau,elleseraitcapabledefoutrelamerdedansmarelationavecLola,etilenesthorsdequestion.Lajalousie,c’estpasmontruc,commeJays’amuseàmelerépéter,maismerde,c’estmameilleureamieaussi!Mêmepasencorelàetcettefillearrivedéjààcontaminermonhumeur.Commeunconjemesurprends
àcompterlesheuresjusqu’àdemain.Quecettejournéesetermine,etvite!
*
14h30:lebilanestaccablant.Autantdirequ’aujourd’huiilnefallaitpasmefairechier,jedémarraisauquartdetour.MêmeLolam’aévitéautantquepossible.C’estsimple,jen’aiprisaucunappeletj’aipréférédécalerma réuniondumatin.Çanevapasplaireaugrandpatronmais rienà foutre.De toutefaçonJay,avecsonéternelleinsatisfaction,auraittrouvéuneautreraisonpourmedirequ’ensonabsencejegèremal.Entouteamitiébiensûr…Envoyer un simple mail relevait du défi alors me concentrer sur une discussion c’était juste
impossible.PluslesheurespassentetpluscetteZoés’immiscedansmatête.Sansavoirbougéleculdedernière
monbureau,nos joutesverbales,sonregardnoirdecolère, lesclaquagesdeporteetsavoixsi fluettequ’onlacroiraittoutdroitsortied’undessinanimémepolluentpeuàpeulecerveau.17 heures : je touche le fond. Garé devant l’aéroport à attendre comme un gentil toutou que Lola
revienneaveccetyran,leflashd’unsouvenirdeZoéàParismepercutedepleinfouet.Seslèvrescontrelesmiennes,unbaiserenflammésortidenullepart,arrivéentreun«salaud»etun«connasse»,maisquiasuffiàmefairepartirenvrille.Engrandssauveurs,LolaetJaynousontsortisd’unbeaumerdieren
débarquantàl’improviste.Jenesaispascequ’ilenestpourelle,maisdemoncôtél’affaireestclassée.Enfin,Lolapasselesportesvitréesentraînantderrièreelleuneénormevalise.Aussitôt,jedétachema
ceintureetmesdoigtssefigentsurlapoignéequandjel’aperçoiselle…Bordeldemerde,messouvenirsneluirendaientpasjustice,elleestsublime.Enfait,elleestaussibandantequ’elleestinsupportable.Etcommejen’aijamaiseuaffaireàunetelleemmerdeuse,pasdifficiled’imaginerlabeautédecettefille.Belle blonde, avec une coupe à la garçonne,mais féminine jusqu’au bout des ongles.Une valise à lamain,elleavancedansmadirectionavecunlargesourireauxlèvres.Heureuse,elleestheureused’êtreici. Attends de voir, ma belle ! Sans gêne, je la mate à travers mes vitres teintées et savoure sondéhanchement chaloupé.Sa chemise légèrement entrouverte laissedeviner lanaissancede ses seins etsonshortbeaucouptropcourtpourêtredécentdévoiledesjambesinterminables.Mesyeuxremontentsurcettebouchepulpeuseetinsolentedontlegoûtetladouceurmereviennentsoudainenmémoire.Elle sautille de joie comme une hystérique quand Lola se dirige vers le coffre pour y déposer les
valises.Droitsurmonsiège,jeretardelesretrouvaillesnesachantpasàquoim’attendre.Savoixsefaitentendre et je souris de fierté quand elle parle de ma voiture. Même s’il ne m’est pas directementadressé,c’estlepremiercomplimentdesapart,alorsjesavoure.—J’aipasencoredevoiture,alorsBens’estgentimentproposé.Proposé?Monculoui!J’avaispasvraimentlechoixsijenevoulaispasvoirdisparaîtremesclés.—TuveuxdirequeceCayenneestàlui?Putain,ils’emmerdepas!Etiln’apaspeurdeteleprêter?
Nonparcequet’enaspliécombiendevoituresàParis?Le coffre se ferme d’un coup et je n’entends pas la réponse deLola.Une chose est sûre, elle peut
définitivementfaireunecroixsurmacaisse.Plusjamais!Laportièrecôtépassagers’ouvreetjefaisrugirlemoteur,prêtàdécoller.Unsourcilarqué,jeregarde
Zoé se glisser à côté demoi.Vu le regard qu’elleme jette, je pense qu’elle ne s’attendait pas àmetrouver ici. Elle sort aussi sec et s’installe derrière en croisant les bras sous sa poitrine, les lèvrespincéesetleregardnoir.—J’avaispascomprisqueleprêtdelavoitureincluaitaussilechauffeur!Finalement,n’importequel
taximerdiqueauraitfaitl’affaire.Letonestdonné.Sij’avaisencoreundoute,ellemeconfirmequecesretrouvaillesnel’enchantentpas
nonplus.Elle répondun trucen français àmonmajeurdressédans sadirection.Pasbesoind’êtreungéniepoursavoirqu’ellem’insulte.Noteàmoi-même:fairedesavieunenfer!
Chapitre2
Zoé
J’ai senti le poids de son regard sur moi tout le long de la route, comme si le rétroviseur étaitdirectementbraquédansmadirection.Pasuneseulefoisjeluiaidonnélasatisfactiondeleverlesyeux.Petitmerdeux,pourquituteprends?Bond’accord,j’aiconsciencequelapiquequejeluiaiadresséeàpeine débarquée n’était peut-être pas nécessaire, mais j’ai été prise au dépourvu. En fait, je nem’attendaispasàcequ’ilsoit là,à le revoiraussi tôt.Etcommejeneconnaispasd’autresfaçonsdecommuniquer avec lui, j’ai préféré attaquer direct. Je remue surmon siège,mal à l’aise et avec unefurieuseenviedel’envoyerchierunebonnefoispourtoute.Arrêtedemeregarderetconcentre-toisurlaroute,crétin!Ouimaisvoilà,j’aidéjàeudroitàlamoraledeLolaavectouteslessupplicationsquivontavec.Jedoismettredel’eaudansmonvin…Pourtantencemomentj’auraisdavantagebesoind’unbonverredebulles!Lenezsurlavitre,jeprofitedupaysage,despalmiers,desgrandesroutesquejen’aivusqu’àlatélé.Cesbillesbleuazurquicherchentàcaptermonattentionn’offrentpaslemoindreintérêtcomparéàmafascinationpourleslieux.JesuisauxStates!!!Lolaquiétaitsiheureusedemerevoirseretrouveunefoisdeplusentrenousdeux,essayantdumieuxqu’ellepeutdedétendrel’atmosphère.Peineperdue!Ouvrelesyeux,Lola,tesmeilleursamiss’entendentcommechienetchat.Notrechauffeursegareenfindevantunimmenseimmeublegrandstandinget,sanssesoucierdenous,
commencedéjààs’yengouffrer.—Ben,lesvalisessontlourdes!Ilse tourneversLolaet,malgré lamoueboudeusequ’elleaffiche,secouela têteénergiquement, les
mainsdanslespoches.—Elleasusedémerderjusque-là,non?Pasunseulregarddansmadirection…Aprèsm’avoirzieuté toutelaroute,maintenant ilm’ignore!
J’aienviedeluicrierun«dégaget’asraison,j’aipasbesoindetoi»maisunefoisdeplusjeserrelesdents.Lolarestequelquessecondesàl’attendreavantdecomprendrequesonchevalierservantestplusque sérieuxetqu’ilnecomptepasnousaider.Enfinplutôtm’aidermoi ! Ildisparaîtdans l’immeublesansmêmesedonnerlapeinedenoustenirlaporte.Pfff,elledisaitquoisurluidéjà?Ungentlemandestempsmodernes?Lablague!Ellem’adresseunsourireconfusets’excusepourlecomportementdesonami,maisjen’enattendais
pasmoinsdesapart.Jehausselesépaulesluisignifiantmondésintérêttotaletextirpedifficilementmesdeux énormes valises du coffre. Heureusement pour nous, un immeuble comme le sien est équipéd’ascenseurs,cequinousfacilitegrandementlatâche.Quandjedécouvrel’appartement, lesbrasm’entombentetjemeretiensdem’extasier.—Etvoilàtoncheztoi!!!Lolasautillesurplace,heureuseetexcitéecommeunegamine,m’entraînantdansl’antredudiableen
metirantparlamain.Leplusstoïquementpossible, jedétaillelagrandepièceàvivreavecseshautes
baiesvitrées,sadécoultramodernedansdescouleurspopetstylées.J’adore!Maissurmonvisageriennetransparaît.—Ouais,c’estunappartquoi!J’aurais voulu dire que c’est juste énorme, mais je ne voudrais pas que Ben se réjouisse. Valérie
Damidotpeutfairetombersasalopette,cemecaungoûtindéniable.Jen’enrevienspas…rienquecettepièce estplusgrandequemonappart àParis.Enfinquemonancienappart, vuque je l’ai rendupourvenirvivreici…C’estvraimentdécoréavecgoûtetbienquejesacheàquiappartiennentleslieux,jem’yplaisaussitôt.J’avanceinstinctivementverslebalconetmesyeuxbrillentfaceàlavuepanoramiquedeLosAngeles et ses lumières.Vivre audernier étage a ses avantages.Lola se lancedansunevisiteguidée,me laissant découvrir des pièces spacieuses et toutes aussi belles les unes que les autres. Lavache… Je crois que je pourrais vivre dans la salle de bains ! Sérieux, la baignoire spa avec ledspourraitcontenirauminimumtroispersonnes!Onrevientdanslesalon,oùBenestaffalésurlecanapé.Lespiedssurlatablebasse,latélécommande
poséesursacuisse…Manqueplusqu’unemaindanslefutepourparfairelestéréotypemêmedubeauf.Oncontinuelavisitedel’autrecôté,oubliantvolontairementuneportesouslesgrognementsdumaître
deslieux.Paslapeinedemefaireundessin:cesontlesappartementsprivésdeMonsieur.Commesiçam’intéressait!Lolafinitparouvrirladernièreporte,machambre.Lapluspetitepiècedel’appartettrèspeudécoréemaisc’estsurtoutlefaitqu’ellesoitaccoléeàcelledeBenquimedéplaît.—C’étaitlebureaudeBen.C’estunpeupetitmaisjevaistel’arrangerpourquetut’ysentescomme
cheztoi!Finalementjel’aimebiencettechambre.J’entirelasatisfactiond’avoirpiquélaseulepiècequiétait
entièrementconsacréeàBenet,cerisesurlegâteauj’aiunevueimprenablesurlaville.Alorsd’accordelleestpetite,maisellerestedeuxfoisplusgrandequemonanciennechambre.Etpuisc’estpascommesijecomptaism’éterniserici,àlamoindreopportunitéjefouslecamp.—T’espashabituéeauxgrandsespaces.Ont’aréservélapluspetitepièce,aumoinstuneteperdras
pas.Désolé,j’aipasdecageàlapinsenstock.Je sursaute en entendant sa voix derrièremoi, assez près pour pouvoir sentir son souffle dansmes
cheveux.Jemedécalebrusquement,gênéeparcetteproximité.—C’estpasunpalacenonplus!Maist’inquiètepas,tonbureaumevatrèsbien.Enfin…tonancien
bureau!—Etpuistupourraslepeindreetledécorerselontesgoûts,machérie!NouveaugrognementdelapartdeBen.Pourtantilnerelèvepas,etj’aicommel’impressionqu’ilne
refusepasgrand-choseàLola.— Génial ! Un rose flashy me plairait assez. Oh oui, avec des plumes, des paillettes… Je sais
parfaitementquoienfairedecettechambre!Jemeretournepourluifairefaceenluiadressantmonplusbeausourirehypocriteavantdelepousser
pourpouvoirpasser.Jedétestelerose,maissiçapeutl’emmerderdevoirsonbureausetransformerenbonbonnièrejesuisprêteàm’enaccommoder!—Lola…Benalavoixposéemaislourdeetmenaçante.Jeledevineentraindefusillersaprincesseduregard.
Celle-ci rigole avant deme rejoindre dans le canapé, etme prend lamain avec un large sourire auxlèvres.—Elleplaisante,voyons!
—Oupas.Quoi?Jepeuxletitillerencoreunpeu,non?C’estsifaciledelefoutreenrogne!Lolamebousculegentimentenmefaisantlesgrosyeux,c’estsamanièrediscrèteetgentilledemedire
qu’il fautque jemecalme.Trèsbien,marouquine,maisc’estbienparcequec’est toicar,perso, j’enauraisbienremisunecouche!D’ungestedelamain,jeluifaissignequemeslèvressontscellées.Pasunmot ni un regard vers lui, ignorance la plus totale quand il nous rejoint. L’ambiance promet d’êtresympathique!—Allez,champagne!Un silence pesant règne soudain, Lola se lève d’un bond et disparaît derrière l’îlot central de la
cuisine.Descoupesdansunemainetunebouteilledebullesdansl’autre,ellerevienttoutsourire.Ouais,saoulons-nous pour oublier la superbe cohabitation qui prend forme ! Bon sang, j’aurais dû être plusfermeavecelleetprendrel’appartencolocationquej’avaisvupasloind’ici.Delonguessemainesderecherchesfoutuesenl’airparcequejen’aipassuluidirenon!—Tiens,chouchou,faispéterlebouchon!Ils’emparemachinalementdelabouteillequeLolaluitendmaislatournedanssesmainsetlaregarde
d’unairblasé.—Parcequ’enplusc’estmoiquidoisouvrirlesfestivités?Lolamedevanceetluiassèneuneclaquederrièrelatêteavantdeserasseoirentrenous,commesielle
espéraitfairebarrièreavecsescinquantekilostoutemouillée.Benfinitquandmêmeparfairesauterlebouchonetnousservir.Champagnecalifornienmaisquin’enportepourtantquelenom.EnFranceçaserapprocherait plus d’unbonmousseux !Faut que j’arrête demeplaindre, surtout quandma chériemeregardeavectendresse,heureusequel’onsoitenfinréunies.Confortablementinstalléesdanslecanapé,nospiedsemmêléscommeànotrehabitude,ellepiquelatélécommandepourchangerdechaîne.Notresériefétiches’affichesurceténormeécranplat,etc’estavecunsouriredeconnivencequeLolaetmoinousregardons.—ManqueplusquelepaquetfamilialdeM&M’sentrenousetonsecroiraitunjeudisoiràlamaison
enpleineséancederediffusion!—Genreunetélécommelamienneauraitpuentrercheztoi!—Ben… Chouchou, bois un coup et laisse les grandes personnes parler. Quand tu auras quelque
chosed’intéressantàdiretupourraslaramener!—Espècede…La main sur la cuisse de Ben, Lola l’implore silencieusement de ne pas rentrer dans mon jeu. Il
s’enfoncedanslecanapé,lesbrascroisésetleregardmauvais.Jeluisourisenlevantmonverredanssadirection.Àlatienne!J’ai de vagues souvenirs d’une ancienne conversation où elleme parlait de son colocataire qu’elle
avaitconvertiàcettesériepourfilles.Àentendreleslongssoupirsprovenantduboutducanapé,passûrqu’ilapprécieautantqu’elle lepense.Raisondepluspourprendreplaisiràregarder larediffusiondecette série déjà vue un nombre incalculable de fois. Mais au bout d’une heure de visionnage et decommentairesaussifutilesqueniaisautourd’unsaladierdechips,delégersronflementssefontentendre.Comme une seule et même personne, nos regards se tournent vers Ben. Les ronflements cessentrapidementmais sa respiration forte nous fait comprendre qu’il dort paisiblement.Maintenant que j’ypense,c’estvraiqu’ilnes’estpasfoutudenousdepuisunmoment.D’accordonbavelittéralementàlamoindreapparitiondeDamon,etalors?Cemecc’estlasex-attitudeenpersonne,ledieudutrempagede
culotte!Lola adresse à Ben un regard attendri et fait glisser un plaid sur lui. Ce simple geste a le don de
m’irriterunpeuplus.Ilestgrossier,imbudesapersonneetpourtantilfauttoujoursqu’ellesoitauxpetitssoinspourlui.Jefixeducoindel’œillascène,enmemordantl’intérieurdesjouespournepassoufflerd’exaspération. Si je ne la savais pas folle amoureuse de son mec, il y aurait de quoi se poser desquestions!Lasonneriedutéléphonemetfinàcettescènesurnaturelle,jecroisavoiréchappédejustesseàLolaen
modechanteusedeberceuses.Avecunejoienondissimulée,elledécrocheets’éloignesurlapointedespiedsaussivitequepossible.Paslapeinededemanderdequiils’agit.Sonmec,Jayden,ouMonsieurOrgasme-garanticommejelesurnomme,estleseulàlafairesourirecommeça.Jemeretrouveseule,enfinplusoumoins,etbienévidemmentc’est lemomentque lachaînechoisit
pourpasserde lapub. Je résiste, je résiste…Et je craque !Oui,moi aussi jepeuxêtre faible !Monregard se tourne sur cecorpsendormietpour lapremière foisde la journée jeprends le tempsde ledétailler. Il a beaucoup changé physiquement depuis que l’on s’est vus. Regardez-le avec ses longscheveuxnoirsattachésenbuncommeonvoitpartout,sapetitebarbedetroisjoursparfaitementtaillée,sesfringuesbiencoordonnées.Ilvitdansunmagazinedemodeouquoi?Sijeletouche,ilvasefroissercommedupapierglacéoupas?Bon,d’accordilestcanon,etalors?Dommagequedèsqu’ilouvrelabouche, son unique qualité passe inaperçue. Peut-être qu’en le gardant dans cet état, j’arriverais àl’apprécier? Jepourrais l’étoufferavec leplaid…l’étrangleravecmaceinture…luipéter lecrâneàcoupdetélécommande?—T’asfinidemereluquercommeça?Savoixensommeilléemefaitcomprendrequec’esttroptardpourpasseràl’action.Merde,j’ailoupé
lecoche,laprochainefoisjeseraiplusréactive!—Tereluquer?T’esencoreenpleinrêvelà!D’ailleursceseraitsympasitupouvaisallerronfler
danstachambre.—Çafaitunmomentquejenedorsplusalorsjesaistrèsbiencequejedis.Paslapeined’avoirles
yeuxouvertspoursentirlestiensbraquéssurmoi.Ilouvrelespaupièresetpenchesatêteversmoiavecunsourireencoin,fierdem’avoirprisenflag.À
coupsûr,c’estlasonneriedutéléphonequil’aréveillé.MauditMonsieurOrgasme-garanti!—Jet’emmerde,Ducon!—Pasautantquemoi,lachieuse,maisenattendantt’éviterasdefantasmersurmoi.Jeveuxpasêtre
danstatête,c’estdéjàassezpénibledet’avoirchezmoi.—Rassure-toi,leseulfantasmequetumeprocuresc’estceluidet’étriperdanstonsommeil.T’asun
egosurdimensionné,monpauvre!—Siseulementj’avaisqueçadesurdimensionné!Unsourire lubriquesedessinesur sonvisage tandisqu’il relève lebassinpourmettreenavant son
entrejambe.—Non,apparemmentt’aslaconnerieaussi.Vousmefaitesrirevous,lesmecs,toujoursàparlerdela
tailledevotresexe!Tusaiscequ’ondit:«C’estceuxquienparlentleplusquienontlemoins.»—J’aiuneputaind’ogivenucléaireentrelesjambes.Lesfemmesfontlaqueue,sansmauvaisjeude
mots,pourfairepartiedeschanceuses.—Passûrqueleschanceusessoientcellesquetupenses!Bahdis-toiquet’enaurasdéjàunedemoins
!Jeneseraipasunedecesfolles!
—Commesijepouvaisavoirenviedetoi!Faudraitmepayercherpourtetoucher!Tul’asdéjàfaitettut’enespasplaint,connard!Premièreconversation(sionpeutappelerçacommeça)etilmegonfledéjà.MonDieu,ayezpitiéde
moi, je ne vais jamais réussir à le supporter. Et Lola qui ne revient pas… Si je ne m’en vais pasmaintenant,ellevameretrouveràcalifourchonsurlui,mesdoigtsautourdesoncou,àserreraussifortquepossible.Ben,lesyeuxexorbités,leteintrougeetlalanguependante:levoilàmonfantasme!Jemelèveenluijetantlatélécommandedansleventredetoutesmesforces.Aucuneréaction…Iladesabdosenbétonarméouquoi?Àcourtderepartie,jeluidressefièrementmonmajeuravantdetournerlestalons.Apparemmentilne
s’yattendaitpas,caravantdemeretournerj’aieuletempsdevoirsonairchoqué.Jesaisaccepterunedéfaite, mais je ne vais pas non plus capituler sans rien dire. S’il est habitué à vivre avec le douxcaractèredeLola,ilvaapprendreàmeconnaître.Jen’aipasdemandéàvenirvivreaveceux.Jevoulaisjusteprendreunpetitapparticimaismameilleureamienel’apasvusouscetangle.SijevenaisàLosAngeles,c’étaitpourvivreavecelle,pointbarre.Impossibledelafairechangerd’avis.JesupposequeBen, de son côté, a dû aussi capituler. Alors nous voilà,meilleurs ennemis sur le point de cohabiterensemble.J’enaidéjàdessuées,autantdirequelesflammesdel’enfersontproches.Lola,jel’aimepar-dessustout.C’estmasœurdecœur,maseuleetuniquefamille,maisc’estaussiune
filleàfleurdepeauquicraquefacilement.Jenesuispascommeelle,jeneprendspastoutàcœur.Alorss’il s’attendàmevoirpleurer, ilpeut toujoursespérer.De toute façon, jenesaismêmepassi je suisencorecapabledelefaire.Jeclaquelaportedemachambre.Lematelass’affaissesousmonpoidsetjelibère tout l’air demes poumons dans un soupir de lassitude.À peine une journée passée avec lui etj’appréhendedéjàlesautres.Ahhhh,jeledéteste,cemec!
Chapitre3
Zoé
—Çafaitunesemaine,Lola!Unesemainequejesuislàetjesuisdéjààlalimitedepéterunplomb.Tum’énerves,lasituationm’énerve.Je…j’enpeuxplus!T’asvouluquejeviennepourquoiaujuste?Jefermelaportedesachambrepourplusd’intimité,quandj’entendssonlourdinguedecopainrentrer
duboulot.Uneengueuladeàlafois!Ellearrêtedefourrersesaffairesdanssonsacetmeregarde,ahurie.Elle bogue surmoi et je peux la comprendre. Je n’aimerais pas voirma tête vu l’état de transe danslequeljesuis.Jetourneenronddanssachambre,lesmainsfourrageantnerveusementdansmescheveuxcourtsquej’aienviedetireràenavoirmal.—Çat’embêtequejedormechezJaydencesoir?—Oui !!! Je sais que je t’ai dit le contrairequand tum’as envoyéun texto cet aprèmmaisoui, ça
m’emmerdeprofondément.T’esjamaislà!—T’abuses,c’estqueladeuxièmefoiscettesemainequejedécouche!Et merde, je n’ai pas envie de me fâcher avec elle mais ça me bouffe de l’intérieur. Si je ne lui
expliquepasàquelpointjemesensmal,jevaisfinirparrassemblermesaffairesetmetirersuruncoupdetête.Alorsdésolée,Lola,maisj’aibesoindevidermonsac,quitteàégratignertonmondeparfait.—Je suis enmode saturation,Lola. Jemedemande réellement ceque je suisvenue faire ici.Si tu
savais à quel point je regrette de t’avoir écoutée ! J’aurais dû prendre cette colocation que j’avaistrouvéeetvousenvoyervousfairevoir,toiettonenviedem’avoirprèsdetoi!Jesuisunpeudurdansmespropos,jem’enrendscompteenjetantuncoupd’œildanssadirection.
Elle ne dit rien, accuse le coup difficilement. Je vois bien que je lui faismalmais je n’arrive pas àm’arrêter.Jepensaissincèrementréussiràprendresurmoietàremonterlapentemaisjen’yparvienspas.Jen’aiplusenviedefaired’efforts.—T’esconstammentavec lui.Attention, je suisheureusepour toi…Mais si je suisvenue icic’est
avanttoutpourteretrouver.Jesuisseuletoutelajournéependantquet’esautaf,quandtureviensc’estavec lui…Quand iln’estpas là : t’es au téléphoneavec lui…Tonmonde tourneautourde Jay, alorspourquoias-tuvouluquejeviennevivreavectoi?Yapasdeplacepourmoiici!—Jet’interdisdedireça,biensûrquetuastaplaceici.Écoute,jesuisdésolée,jenemerendaispas
comptequejetemettaisdecôté.Jesuistellementheureusequetusoislà!Ellealesyeuxbrillants,elleseretientpournepascraqueretjem’enveuxaussitôt.Jel’accable,elle,
alorsquecen’estpasuniquementsafaute.Jetombesursonlitensoupirant.J’enaimarredemesentirmal.—C’estpasseulementça…J’enaimarredetournerenrond.Jenetrouvepasdeboulotetpourtant
j’arrête pas de chercher ! J’ai démarché toutes les boîtes de communication, de marketing et mêmed’événementieldetoutLosAngelesetsesenvirons!Qu’onnemeparleplusdurêveaméricain,toutça
c’estdelaconnerie.Lessériesaméricainesneserventqu’àatrophiernoscerveaux,àlesbourrerd’idéespréconçues.Ellerigoleetse laisse tomberàcôtédemoi,samainseglissantdans lamienne.Je laserreforten
continuantmesplaintes.—Sansrire,j’aiuséunepairedechaussuresàtournerdanstoutelaville.Maseuleconsolation,c’est
quej’aitrouvéuncoinsuperbepourmonfooting.—Toujoursàcourir?Jenecomprendraijamaiscetteenviedefairesouffrirsoncorps.L’ascenseurdu
boulotsignelafindemaviechaquefoisqu’iltombeenpanne.—C’estpasseulementuneenvie,c’estunbesoinpourmoi.T’imaginesmêmepaslebienqueçafait.
C’estlaseulechosequej’aiici…Etpuisdis-toiquemedéfoulersurlebitumem’évitedelefairesurtoncoloc!—Maispourquoivousn’arrivezpasàvousentendre?C’estvraiquoi,vousêtespourtantpareilstous
lesdeux!—Jet’interdisdemecompareràcetemmerdeur!Luietmoi,onn’arienencommun.Elleselaissetomberàlarenverseetsecouelatêteenrigolant.J’ailoupéuntruclà…Jenesaisispas
biensaréaction.—Quoi?—Turéagispourtantdelamêmemanièrequelui!Ilaprisçapouruneinsultequandjeluiaisortile
mêmediscourslesoirdemonanniversaire.Pourtantilvenaitàpeinedefairetaconnaissance!—Nonmaispourquiilseprend,cecon?Cemecestunemmerdeurfini,unfêlé!C’estvraiquoi,il
passesontempsàmepousseràbout,àmemalmeneretc’estluiquisupportepaslacomparaison?Pfff,lablague!—N’exagèrepas,Zoé,Benaimesefaireremarquermaisiln’estpasméchant.Chouchou…Chouchou
estunmecgénial!Situétaismoinssurladéfensiveaveclui,tut’enrendraiscompte.—Et toi, tudevraisallerconsulterpour tefaireretirer lekilodemerdecolléaucoinde tesyeux!
Lola, tonchouchoufaitsescoupsendouce, ilestconstammentderrièremoncul!Toutes lesconneriespossibles se fontdèsque tuas ledos tourné. Je saispascequ’il cherche,peut-êtremevoirpartir enchialant…—Toi, craquer ?Envingt ansd’amitié, je ne t’ai jamaisvuverser une seule larme.Mêmegamine
quandtut’égratignaislesgenoux:pasuneseulefoistun’aspleuré.—Valuidirealors,etqu’ilmefoutelapaix.Elle finit par se relever et reste unmoment à regarder son sac àmoitié fait. Je prends les affaires
restéessurlelitetlesjettededans.—VadormirchezJay.—T’essûre?Nonparcequesituveuxque…—Jayt’attenddéjà.Vas-y,Lola,onseverrademain.—D’accord,maisavantonsefaitunesoiréejustetoietmoi,commeavant.Ouais,onvaallermanger
unbout,etensuiteoniraaucinéoutraînerdanslesbars…Ons’enfout,onverraoùleventnousmène!Jemerelèvesurlescoudesetunlargesourirefranchitmeslèvresquandjevoismarouquinefourrer
avecdéterminationuneminijupeetunhautàlacetsdanssonsac.Ça,c’estpasunetenuedeboulot!—Jevaisdéposermesaffaires chez Jay, toi tu teprépares. Je te retrouve icidansuneheure eton
rattrapeletempsperdu.Jet’aime,machérie!
*
J’aienfinmaLolaàmoitouteseule:pasdeBennideJay,justeelleetmoicommeaubonvieuxtemps.Pourlecoup,toutelapressionestredescendue.J’ensuistoutexcitée.C’étaitlimitemissionimpossiblepourqueJayaccepte,maismapetiterouquineabienchangéetneselaisseplusfaire.Jesuisfièred’elle.Quandellel’aappelépourleprévenirduchangementdeprogramme,ellenes’estpaslaissédémonterparlemanqued’enthousiasmedesonhomme.Commesielleallaitfairedesconneriesensonabsence!C’estplusmongenrequelesien.Normalement,elledoitmeprévenirquandellepartdechezJay.Elleveuts’assurerquejeseraiprête
quandellearrivera.Ouais,d’accord…ellemeconnaîtbien!Maisjesuistellementheureusedequittercetappartquecette fois jenecomptepasêtreenretard !Jesorsencourantde lasalledebainspourrécupérermonportablerestésurmonlit.UnappelenabsencedeLola,merde!Demi-touretretouràlacasedépartpourlesdernièresretouchesmaquillage.—Qu’est-cequetufouslà?Benestdéjàentraindesedésaperpourallersousladouche.Lesbrascroisés,jelefusilleduregard
pouréviterdematersontorsedéjànu.Jenetedonneraipasceplaisir,Ben,sinontuvascroirequetum’intéresses!—Çafaitplusd’uneheurequej’attendssansriendirequeMadameaitfinidefairesonravalementde
façade.C’estbon,j’enaimaclaque!—Alorspourcommencer,monravalementde façadeetmoi,on t’emmerde.Ensuite, t’attendrasque
j’aifinipourlaprendretadouche!Ilfaitstyledenepasm’écouter,faitsauter lesboutonsdesonjeanetfinitpar leretirerdevantmon
manquederéaction.S’ilcroitquejevaismesauverencourantpoursipeu!Sansmequitterduregard,ilpasse lespoucesdans l’élastiquedesonboxeretcommence lentementà lebaisser.Sérieux, ilcomptequandmêmepassefoutreàpoildevantmoi?—Jetejurequesitusorstonengindevantmoi,jehurleàtelpointquelesvoisinsvontappelerles
flics!Donne-moideuxminutesetjetelarendstasalledebains!—OK,maispropre.T’aslaissétoutetamerde!—Maispuisquejetedisquej’avaispasfini!!!Ilme regarde, rouge de colère, et se baisse pour attraper rageusement ses affaires.Un appart d’au
moinsdeuxcentsmètrescarréetuneseulesalledebains,c’estdébileetc’estpasmonproblème!—Maisc’estquoitouscescris?Onvousentendducouloir,çavapasouquoi?C’estdingue,jepeux
pasvouslaisseruneheuretoutseuls!Ma petite Lola, toute belle et pomponnée, fait son apparition. Pas de jupe comme c’était prévu,
j’imaginequeJayaquandmêmeréussiàmarquerunpoint.Ellenousdévisageàtourderôle,attendantuneexplication.—Regardelamerdequ’ellelaissesursonpassage!Benindiqued’ungestelaserviettemouilléerestéeausol,monmaquillageétaléprèsdulavabo,etmes
affairessalesentasséesdansuncoin.Lesalaud!Jeserrelesmâchoiresàm’enfairegrincerlesdents.Jesaisexactementcequ’ilchercheàfaire.—J’avais.Pas.Fini.
Mon ton est lourd, empreint de menaces. Donnez-moi une mitraillette à la place des yeux et jem’occupedesoncas.—Bahvoyons!Ilafalluquejelarappellepourluidirederanger.—Zoé,t’abuses!Benfaitbeaucoupd’effortspourêtreplussoigneux.Fautquechacunymettedusien
sinononn’yarriverajamais!—Nonmaisc’estuneplaisanterie?Ben,jevaiste…J’aienviede…Bordelcequejetehais!—Pasautantquemoi!Savoixestcalmeetdouce,cequialedondem’énerverunpeuplus.Jefaisunpasversluimaisme
retrouvevitearrêtéeparLola.—Bonçasuffittouslesdeux!Zoé,t’esentort:assume.Maintenantviens,onvaêtreenretardetj’ai
réservéunetable.Ellemeprendparlebrasetm’emmèneàsasuitedevantlesouriresatisfaitdecefouille-merde.Une
foisdeplus,ilagagnéunebataille.Jel’auraiunjour!Jecroisqu’elleneserendpascomptedelasituation.Elleadelachancequejetiennelecoupetque
j’aiducrancarsinonilyalongtempsquej’auraiscramécetappart,avecluidedans.Cetteidéemefaitsourire.J’essaiesincèrementdeprendresurmoietdel’ignorer,maisilchercheréellementàmepousseràbout
et,bienévidemment, il agiten fourbe,histoiredese fairepasserpour lavictimedemon tempéramentcolérique.Jesaisqu’illefaitexprès,maisàchaquefoisjeparsauquartdetour,etlepirec’estqu’ils’enamuse.Lesourireangéliquequ’ilm’adresseaprèsmedonneenviede lecogner,de lui fairemalpourqu’ilarrêtedesourirecommeuncon!Etcequimefoutlesboules,c’estqueLolanes’enrendmêmepascomptealorsqu’onenaparlétoutàl’heure.Ellenesaitpluscommentfairepourcalmerleschosesentrenous,ellecroitencoreaupèreNoëlsielle
pensequ’unjourluietmoionarriveraàêtreamis.Qu’ellearrête,c’esttroptard.Depuislepremierjouroù ellem’a parlé de lui : je le déteste.On se déteste.Mot assez fort et pourtant si faible dans notresituation.Soyonshonnêtes,sionnevapasplusloinquelespiquesc’estuniquementpournotremeilleureamie.Voilà leseulpointcommunquenouspartageons :notreprofondeamitiéenversLola.Jepeuxluireprochertouslesmauxdelaterremaisjesaisqu’ill’aimeprofondément.Jeplaidecoupablesanshonte:jecrèvedejalousiedevantleurcomplicité.Jeleremercied’avoirgardémaplaceauchaudmaisjesuislàmaintenant,et jecomptebienrécupérer l’exclusivité.Jesuispossessiveenamourcommeenamitié,Lolaestàmoiseuledepuisdetropnombreusesannéespourquejelapartageavecce…Merde,leseulmotauqueljepenseest«beaugosse»,pourtantj’aipleind’autresadjectifsquimeviennentquandjel’aien facedemoi, etpasdesplusélogieux ! Jen’aurais jamaisdûposerunœil sur luiquand il était enboxer, mon cerveau semble avoir gardé son image en mémoire. Je me fous des claques imaginaires.Oublie-le,cesoirt’astaLolapourtoi.
Chapitre4
Ben
Enfinenweek-end!!!Jekiffemontafmaisputaincequ’ilestprenant.Cinqjoursavecdeshorairesillimités,desréunionsquis’enchaînent,desfournisseursquitraînent…Jesuissurlesrotules.Maisquiditweek-end,ditsoirée.Jayenorganiseunepetitetranquille…Ouais,maischezmoi.Allezcomprendrepourquoimais depuis qu’il est avec Lola, plus aucune fête ne se passe chez lui. C’est limite défensed’entrer.Maintenantc’estleursanctuaire,leurbulle,commeildit.Monpoteestentraindesetransformeren lopette !Perso, je pensequ’ils baisent tellement et partout que lesmursdoivent être imprégnésdeleursodeurs!Detoutefaçon,lesfiestaschezmoi,çanemedérangepas.Aumoins,jepeuxboire,boire,reboire…Bref,décompresser.C’estsurtoutmaprincessequeçaemmerdepuisquec’estellequiastiquel’appartderrière.Etmanquedebolpourelle,onestunebellebandedecrados.Quec’estbond’avoirunefemmeàlamaison!Cetaprès-midi,j’aidûquittéletafplustôt,jediraimêmetrèstôt.Maisfranchement…aucunremords
delaisserdesmerdessurmonbureau.Detoutefaçon,ellesserontencorelàlundi.Onm’afaituneoffrequejenepouvaispasrefuser.Maqueuefrétilledéjàd’impatienceàl’idéedelaretrouver.MevoilàdoncdevantmonpiedàterredeKinston,monappartementauborddelaplage,magarçonnière.J’adorecetendroit. C’est petit et simple mais je m’y sens bien. Je n’aurai sûrement plus l’occasion de venirtravaillerdanslasuccursaleinstalléeici,maisjen’aipaseulecouragederésiliermalocation.C’esticiquejeviensquandj’aibesoindemeressourcer,dem’isoler,oudemedéfoulersurmaplanchedesurf.Esquisse de sourire. Sur le trottoir, je repère déjà ma belle brune qui patiente en battant du pied.T’inquiètepas,mabeauté,Benvas’occuperdetoi!J’aicommel’impressionquelaplanchedesurfserainutileaujourd’hui,jesaissurquijevaismedéfouler.Jesorsdelavoitureetm’avanceversCharlotteenladétaillantde la tête auxpieds avecce sourire carnassierqui a ledonde la faire rougir.Gagné.Sapetiterobeenjeannetientqu’avecdefinesbretellesetlesboutonsouvertsenhautlaissententrevoirlerougedesonsoutien-gorge.Jen’aiqu’uneenvie:ypasserlamainetfairesautertouslesboutonsunparun.—Salut,mabelle!—Salut,toi.Toujoursaussibeau!Ellemefaitlabise,petitehabitudefrançaisequimeplaîtassez.Seslèvresdoucesfrôlentlesmiennes,
quis’ouvrentspontanément,maisellel’ignoreets’écartebientropvite.OK,elleveutjouer.Attentionàtoi,tusaiscommentjesuis!C’esttoujourscommeçaavecCharlotte:ilfautqu’ellemènelejeu.Alorsjelalaissefaire,dumoinsc’estcequ’ellecroit.Jelalaissefairesachantpertinemmentqu’unefoisaulit,c’estmoiquireprendslecontrôle.—Alorscommeçaturentrescheztoi?Jeregardelagrossevalisesurlaquelleelles’assoit.Commentcetteaccrodushoppinga-t-elletoutfait
entrerdansunseulbagage?Sans rire, jene l’ai jamaisvuavec lesmêmes fringues.Ons’est souventéclatéàfairelesmagasinsensemble.C’estunebonneconseillère,maisc’estsurtoutunedemesseules
potesquinesefoutpasdemapassionpourlamode.—Oui,j’aiplusautantdeplaisiràvivreici.Jecroisquec’estlafindemonrêveaméricain.Enpuisil
fautavouerquedepuisqueLolaettoivousêtespartis,c’estpluspareil.—Danscecas,viensàL.A.avecnous!Onpourraitreprendrecequel’onfaisaitici…Devant mes intentions non dissimulées elle rigole en secouant énergiquement la tête. Dommage,
j’auraissincèrementaiméqu’ellevienne.Elleestsympaet,pourêtrefranc,c’estlameilleuresexfriendquej’aipuavoir.Sansrire,cettefilleaupieu,c’estunebombe,untsunami,unetornade!—Non,jecroisquej’aiaussilemaldupays.Çafaitplusd’unanquej’aipasrevumafamille.Ma
sœuraaccouchédepuisplusieursmoiset j’aipasencorepuvoirmanièce.Alorsnon,mêmepour tesbellesfessesjeneresteraipas!—Pourtantt’asjamaissuyrésister.Desflashsdesesdentssurlapeaudemonculetjemesenssoudainunpeutropàl’étroitdansmon
pantalon.Jesorslesclésdemapocheetlaprendsparlamainmais,unefoisdeplus,ellesecouelatête.Merde,c’estquoisondélire?—Quoi?Tuneveuxpasmonter?—Sûrementpas!Sij’accepte,tusaistrèsbiencommentçavasepasseretj’aipasenvied’arriveren
retardàlafêtedecesoir.J’aipasvuLoladepuisplusieurssemainesetjecompteprofiterd’elle…devousaumaximumavantdeposermonjolipetitpostérieurdansl’aviondemain.—Nonmaisturigoleslà!Tum’asditquesijevenaistechercher,j’auraisdroità…Elle se lèved’unbondetplaqueunemain surmabouche.Siellecroitm’empêcherdeparleraussi
facilement!Malanguelèchesapaume,luidéclenchantunrire.D’habitudejeprocured’autressensationsavecmalangue,faudraitquejeleluirappelle.—T’asbesoinquejeterappelletoutcequetum’aspromis?Nonparcequej’aijusteàsortirmon
portablepourterafraîchirlamémoire.J’aigardétoustessextos.—Jesaiscequejet’aidit,pervers!Maispasmaintenant,jeveuxd’abordvoirmacopine!—Maisellesaitmêmepasquetuviens.Onmontevitefait,tumeremerciesd’êtrevenutechercheret
elleauraàpeineletempsdevoirqu’onestenretard.J’avance lentement vers elle sans la lâcher du regard.Mon corps entre en contact avec le sien. Je
continued’avancerjusqu’àlabloquercomplètementcontrelemur.Laboucheouverte,sarespirationsefaitplussaccadée.Ehoui,t’asjamaissumerésister!D’undoigt,jefaissauterlesdeuxpremiersboutonsdesarobe.Sapoitrinesedévoilesousmesyeuxavantqu’elleneposesamainsurlamiennepourstoppermonélan.Merde,lapartierisqued’êtrepluscompliquéequeprévu.—Arrête,Ben,t’esentraindetefairedumalpourrien,j’aidit:pasmaintenant.Lavoixfébrile,lesyeuxembués,lecorpstremblant…çaluicoûtedem’arrêter.Elleenaautantenvie
quemoi. Je ne compte pasm’arrêter là.Mes lèvres sur les siennes, je l’embrasse sensuellement, endouceur.Nepaslabrusquer,luifaireoublier.Delapointedemalangue,jedessinelescontoursdesabouche,aspiresa lèvre, lamalmène.Quandellegémit, j’enprofiteetglissemalanguedanssabouchepourvenircaresserlasienne.C’estbon,ellelâcheprise.Mesdoigtsretrouventl’ouverturedesarobeetviennentcaresserladentelledesonsoutien-gorge.Nouveaugémissement.Jeraffermismapriseetpassesous le tissu.Sesmains remontentdoucementsurmespectorauxque jecontracte instinctivement. Ilesttempsdemontersielleneveutpassefairebaiseràlavuedetous.Jemimeuncoupdereinpourqu’elleserendecomptedemondésiretj’ailedroitàunnouveaugémissement.C’estbon,jepeuxcriervictoire!Sespoingss’agrippentàmachemise,lafroisse…avantdemerepousserfermement.Lesbrastendus,elle
gardemoncorpsloindusien.—Ben…Bordel,non!Commentluifairecomprendrequejemeursd’envied’êtreenelle.Plus,j’enaibesoin.
Meviderlatête,oublierlesmerdesduboulot,lafatigue,lapression,Zoé…J’enaimarredepenseràcette petite peste quimonopolisemonespacevital.Cette bouledenerfs, toujours enmouvement.Ellem’exaspère, j’ai besoin d’oublier sa présence. Je suis sans cesse sur son dos, la poussant à bout, latitillantconstamment.Àcroirequesonculàfairebanderunmortestuneraisondepluspourluipourrirlavie.Horsdequestionqu’ellem’excite.Monradarabeausemettreenmarcheàsescôtés,mafiertéprendtoujoursledessus.Zoéadécidédemedétesterdèsledébut,j’aimêmepaseuletempsdefaireunpasdanssaviequ’ellem’ajugésanssavoir.Elleveutduconnard,ellevaêtreservi!—D’accord…Allezviens.Dégoûté, jeme détache de son corps, récupère sa valise d’unemain, la traîne jusqu’àma voiture.
Putain…Laisserdesdossierssurlefeu,metaperplusieursheuresderouteettoutçapourquoi?Revenirlaqueueentrelesjambes,ouplutôtderrièrel’oreille!Ouais,jeressembleàunsalegosseàquionn’apascédémaisjem’entape.J’enavaisbesoinmerde!Charlotteneditrienmêmesijevoisbienqu’ellese retient de rire. Vas-y, marre-toi, ce soir tu vas crier. Je prends la route dans un silence de mort,ruminantencoredem’êtrefaitavoir.Résultat:Charlottefinitpars’endormir.Génial,enplusjefaisleretourensolo!
*
Arrivés devant chez moi, Charlotte ouvre enfin les yeux. Il était temps ! Ses bâillements nousaccompagnent jusqu’à laported’entrée tandisquemoi, enbongentleman, jeporteune foisdeplus savalise.Entroisheures,mamauvaisehumeuraeuletempsdesedissiper.Boireunverreavecmesamis,voilàcequimeferadubien.—Princesse,c’estmoi!J’entreetcommed’habitudesignalemaprésence.—Tuveuxquecesoitqui,Ducon,onestdanstonappart!—Commencepasàmelescasser,c’estpas lemoment.Pour info, ladernièrefoisquejesuisentré
sansprévenir, tacopineestpartieseplanquerdansunplacard.Ellesecroyaitseuleetnem’avaitpasentendu. Je l’ai retrouvé complètement flippée. Alors ouais, maintenant je m’annonce. Mais bienévidemment,ça,tunepeuxpaslesavoir!Zoé se décompose sousmes yeux, le teint livide en réalisant que Lola n’a pas encore entièrement
surmontéletraumatismedesonagressioncommeelleveutlefairecroire.Jess,aliasmonancienneamieet collègue, a laissé de lourdes séquelles sur ma princesse. Même si je savais que cette tarée étaitcomplètement mordue de Jay, je n’aurais jamais imaginé qu’elle soit capable de tuer Lola pour sedébarrasserdelaconcurrence.LahainequejeressenspourJess,jelareportesurZoéparlavirulencedemaréponse.Cettehistoirem’aaussilaissédesmarques,fautcroire.Jen’auraispasdû,jesais,maisj’aipasletempsderegretter.Charlottemepassesouslenezenmecollantungroscoupdecoudedanslescôtes,m’arrachantuncridedouleur.Onpeutpasdirequ’elleaitbeaucoupdeforcemaisjel’aipasvuvenir.Putainellem’abienlatté!—Maiscette salopen’estpasprèsde sortirde saprisonpourdétraqués, alorsonarrêtedeparler
d’elle,çaluidonnetropd’importance.Salut!TudoisêtreZoé!Sansluilaisserletempsdequoiquecesoit,CharlottesautesurZoé,laprenantaudépourvu.Ellesse
mettentàdiscutercommesiellesseconnaissaientdepuistoujours,etsurtoutcommesijen’étaispaslà.Je préfère les laisser seules pour aller prendre une douche avant que tout le monde arrive. Elles neréagissentmêmepasenmevoyantpartir,enfaitelless’enfichentroyalement!Unefoisdeplusmonegoenprenduncoup!Décidément,c’estvraimentunejournéedemerde.J’aiàpeineletempsdemeglissersouslejetquej’entendsdescrisaigusdignesd’adoshystériquesen
provenance du salon. Bon, faut croire que Lola est enfin arrivée ! Dire qu’on aurait eu le temps des’envoyerenl’airvitefaitsiCharlottem’avaitlaisséfaire.TroisFrançaisesàlamaison,jenesaispassil’appartvatenirlecoup!Jemelaveenquatrièmevitesseavantdemerendrecomptequej’aioubliédeprendredesvêtements
derechange.Re-merde.J’enfilemonboxeretcomptetraverserdiscrètementlesalonpourrejoindremachambre.SaufqueJaym’interpelle.—C’estcommeçaquetutepromènesquandmacopineestcheztoi?—Quoi,ellenes’enestjamaisplainte!JeregardeLolaetluidécocheunclind’œil,histoiredetitillerlajalousiedemonpote.Saconfiance
estencoreloind’êtretotale.Jaydenamisdanssonlitpresquetoutesnoscopines.Maintenantqu’ilestcasé, iladumalàavalerqueLolaetmoi,çanedépassepas l’amitié.D’accord,c’estuneamitié trèsbizarre,complexeetfusionnelleentrenous,presqueflippante,maisc’estuniquementde l’amitié.Jenesaispaspourquoijemesuisautantattachéàelle.JepensequelafaçondontJayl’atraitéeaudébutm’adonnéenviede laprotéger…Ilnerépondrien,comprenantque je lecherche,mais le regardqu’ilmelanceenditlong.—Ilrigole,moncœur,ilnelefaitplusdepuislongtemps!—Donct’esentraind’avouerqu’avantBensepromenaitàmoitiéàpoildevanttoi?JerigoleàmoitiédevoirErikentrerdanslapièceetaussidansmonjeu.Ilarrivesansfairedebruit
chez moi, mais quand c’est pour foutre la merde, il sait se faire entendre ! Jay ne cache plus sonénervement.Lolavientl’enlacerets’asseoirsursesgenouxmaisilgardesesyeuxbraquéssurmoietmefusilleduregard.J’aidéjàtroisballesdelogerdanslatête!Fautquejemetireetvitefait.Repli!Allerm’habillerrapidementetmefaireoublier.Jesensdéjàsesreproches,d’êtrelaraisonpourlaquelleLolarefuseencored’habiteraveclui.Ill’afaitsouffrircommeunfouiln’yapassilongtemps,maisc’estàcausedemoisielleapeurdes’engageraveclui.Nonmaissérieux?Je me rends compte seulement maintenant que Zoé et Charlotte sont clairement, et pas du tout
discrètement,entraindememater.Fierdemoncorpsvulenombred’heuresdesportqu’ilencaissedanslasemaine,jecontractemesmusclesafindefaireressortirencoreunpeuplusmesabdos.Charlottesepasselalanguesurleslèvresenpensantsûrementàtoutcequejevaisluifairecettenuit.Zoé…Disonségaleàelle-même.Elledétournelatêteenlevantlesyeuxauciel.J’aienviederireparcequej’aibienvuqu’ellebavaitsurmoncorps,etcen’estpaslapremièrefoisd’ailleurs.Commelesoirdesonarrivéeoùjel’aisurpriseàmedétaillercroyantquejedormais.Ouaist’asraison,profiteduspectacle,c’estlaseulechoseagréablequetuobtiendrasdemoi!Je regagnemachambre, enfileun jean et un tee-shirt avantde revenir dans le salonoùunverrede
whiskyavecglaçonsm’attenddéjà.Jem’installedanslecanapéetavalelapremièregorgéemaisaussilameilleure:cellequibrûletoutsursonpassageetprocurecettepetitesensationdeplénitude.Erik sepencheversmoi etmontrede la têtemanouvelle colocataire, toujours enpleinediscussion
aveclesfilles.—Canon!
—Grave!Maissurtouttrèscon!— Et c’est qui exactement ? Personne n’a fait les présentations mais tout le monde a l’air de la
connaître.EncoreuneFrançaisec’estsûr,maisd’oùellevient?—Bah…deFrance!(Jerisdeboncœurdevantsonairblasé.)TuconnaisLola,ellecroiseunchien
errantetelleveutlerameneràlamaison.Alorsunemeilleureamiequipleurequ’elles’ennuied’elle…Bref,j’auraispréférélechien!Instinctivementjetournelatêteverselleenledisantetsuissurprisdelavoirmeregarder.Lesfilles
discutenttoujourssansserendrecomptequeZoéestloindeleurconversation.Jeluiadressemonpetitsourirenarquoishistoiredel’énerverdavantage.Ellemefusilleduregardetpinceleslèvres.Bouh,j’enauraispresquepeur!Ellefinitparmefaireundoigt,commeàchaquefoisqu’ellenesaitpasquoidire…Petitejoueuse!Lesdiscussionsreprennentleurcours,etlesverressevidentlesunsaprèslesautres.Latêtequitourne
etlerirefacile,riendemieuxpourfinirunesemainedeboulot.JebloquesurJayquidévoredesyeuxsadulcinée,installéeplusloinavecsescopines,etjenepeuxm’empêcherderire.—Tutefousdemagueulelà?—Non…Enfinoui!Merde,regarde-toi,mec!Quandjerepenseàlafaçondonttuvivaisavant,jeme
disqueLolatetientdrôlementbienparlescouilles!—Mescouillesseportentbien,t’inquiète!Ett’espaslemieuxplacépourmeparlerdeça.Tuveux
quejeterafraîchisselamémoire?Nonparceque,avecBlue,çapuaitlaguimauve!J’ouvrelaboucheincapablededirequoiquecesoit.Jaydenrigolesansserendrecompteduputainde
poignard qu’il vient demeplanter dans le cœur.Ça fait des années que tout ça est fini et pourtant lesimplefaitd’évoquercenommeretournel’estomac.—Quiça?LolavientdenouveausecolleràJayquil’attrapeparleshanchespourl’asseoiràcalifourchonsurlui.—Bahsonex-fiancée!—QUOI?Lolameregarde,choquée,etc’estseulementmaintenantqueJaydenserendcomptedel’énormitédesa
connerie.S’ilendoutaitencore,çan’estpluslecas:non,jen’aijamaisparlédemonpasséavecLola.Ni avec personne d’ailleurs. C’est une époque de ma vie que je préférerais oublier mais c’est sanscomptersurmonmeilleuramiquicroitque«jeneveuxplusjamaisenparler»veutdire«oublionscettehistoirequelquesannéespourlaressortirlejouroùtut’yattendraslemoins».Touslesregardssonttournésversmoiet,àpartfinirmonverred’unetraiteenespérantytrouverla
mêmemorsurequ’àmapremièregorgée,jenesaispasquoifaired’autre.Foutumeilleuramiquiconnaîttoutemavie!—Toi?Toi,t’asétéfiancé?Lola me regarde les yeux ronds. Aucune moquerie ni amusement, seul l’étonnement se lit sur son
visage.Jelacomprends,jejouemonrôledeplayboydepuistellementd’annéesqu’elleadumalàcroireque je puisse avoir été amoureux. Tellement fou d’amour que j’étais prêt à renier ma famille pourl’épouser.Alors,oui,j’aidéjàétéamoureux,maissurtoutconetnaïf.—C’étaitdansuneautrevie.—Ouimais…—Non,Lola,c’estdel’histoireancienne.
Letontranchantaveclequeljeluirépondslasurprendautantquemoi.Jamaisjeneluiaiparlécommeça.Jemelèvepourattraperlabouteille,enprofitepourdéposerunbaisersurlefrontdemaprincesse.Jenevoulaispaslavexer,justeneplusenparler,c’esttout.Laconversationa jetéun froidet les regards sedétournentprécipitammentdemoi.Enfinc’est sans
compter sur la détermination de Lola qui me dévisage, essayant toujours de comprendre, et Jay quim’adressesilencieusementsesexcuses.Cemecn’apasdefiltreetj’enaisouventri,maisjamaisàmesdépends.C’est le frèreque lavienem’apasdonnéetons’est toujoursserré lescoudes.Jevoisbienqu’ilestmalàl’aisedesabourde,maisjesuistellementmauvaisquejen’aipasenviedeluipardonnertoutdesuite.Onverraçademain.—Bonsinonc’estpaspourchangerdesujet,oupeut-êtrequeouienfait,mais jevousinformeque
Lolaetmoiserontabsentsunesemaine.Mameilleureamiesedétourneenfindemoietseconcentresursonhomme.—Ett’annoncesçaàtoutlemondesansm’enparleravant?—Pour quoi faire ? Je ne te laisse pas le choix. Tu vas faire ta valise car, toi etmoi, demain on
décollepourlaFrance.JeveuxdécouvriravectoitoutcedontAndrewm’aparléettefairel’amourdanstoutesleschambresd’hôteloùnousséjournerons.Etpuis,s’ilnousrestedutempsjemedisaisque…Onpourraitpeut-êtreallervoirjoliemaman!Si elle n’était pas déjà sur lui, elle lui sauterait au cou tellement elle semble heureuse. Jayden lui
apprendquetoutestdéjàenordreetquesamèrelesattendimpatiemment.Commentnepasêtreheureuxpourelle,sachantàquelpointsamèreluimanque?Jaydenletourneàsafaçon,enparlantdeculoudesonfrèreAndrew,maisjesaisqu’ilfaittoutçapourelle.Ellenesaitpluscommentréagir:mélangederemerciements,depleurs,de joie sans jamaiscesserde l’embrasser.Etnous, commedescons,on lesregarde,attendris.—Auboulotsanstoi,jesuishabitué,maissansmonassistanteçavaêtreunepremière!Jaydenmeregardesérieusementavantd’esquisserunsourireencoin.Etmerde,jelesenspascecoup-
là.—T’esfou!Jenetelaissepassansassistante,tuesincapabledetedébrouillerseul!Tuvasmefaire
delamerdes’iln’yapersonnepourpasserderrièretoi!—Sympa,mercilaconfiance!Doncsij’aibiencomprisjerécupèreaussitavieilleassistante,enplus
degérertontaf?—Nonplus,tuvasmelatuer!Iltefautquelqu’unquin’apaspeurdetoioudetadragueàdeuxballes
etenquijepeuxavoirconfiance.—Danscecasvosvacancessontcompromises,t’aspasd’autreschoixquedemelaisserLola!—J’aid’autresprojetspourelle…Saremarqueluivautuneclaquederrièrelatête,maisLolan’arrivepasàretirersonputaindesourire
desonvisage.Jepourraismeretrouverseulouavecn’importequipourmeseconderauboulotqu’ellen’auraitaucunepitiépourmoi.Solidaireoui,maisjusqu’àuncertainpointapparemment!—Maisj’aitrouvésaremplaçante,tunedevraispasêtreperdu!Il se redresse fièrementensouriantdeplusbelleetpointedudoigtmachèrecolocatairequiécoute
d’une oreille distraite la conversation. En gros, elle en a absolument rien à foutre et semble faire lagueuleàcauseduprochaindépartdeLola.Finitlesourire,finiel’euphoriedueàl’alcool.Jaydenvientdemesaperlemoralendeuxsecondes.Enplusdedevoirlagéreràlamaison,jevaisaussidevoirlasupporterauboulot.C’esthorsdequestion!
—Jeteprésentetonassistanteenintérim!ZoéfinitparrecrachersabièreparlenezencomprenantqueJayparled’elle.Çaauraitpuêtredrôlesi
lanouvellenem’avaitpasplombélemoral.Desbullesquipétillentencoresursonmenton,ellesecouenerveusementlatête.—Horsdequestion!!!Nous répondonsd’une seule etmêmevoix sous le regard amusédes autres, aumoinsnous sommes
d’accordcettefois!—Zoé,ce taf, tuenasbesoinet tu le saisaussibienquemoi.Quantà toi,monpote…Je t’adore,
vieux,mais jenete laissepasauxcommandesdemaboîtesanspersonnepour teseconder.Tuesmonbrasdroitmaistuesaussibordéliqueettêteenl’airqu’unputaindemôme.J’emmènemafemmepourdesvacancesbienméritées,etvousvousdémerderezpournepasvousentretuer.Jenevaispaspouvoir lasupporterH24,c’est impossible…Maisleregardsuppliantquenousjette
Lolanousempêchededirequoiquecesoit.Elleabesoind’unpeudebonheuraprèstoutcequ’elleatraversé.Soupir.Rienàajouter.Jemeresserreunverreetleboisculsec.Demainjevaisavoirmalauxcheveux.Jevaismeretrouverseulavecmameilleureennemiechezmoietjevaisenplusdevoirmelafarcir au boulot. Autant dire quema semaine va être un enfer. Jay ne l’emportera pas au paradis. Jecomptebienluifairepayersestrahisonsdecesoirdèsquej’enaurail’occasion.Lasoirée reprenddoucement soncoursmais jen’y suisplus.Lanouvelleme resteen traversde la
gorge.Etcommesiçanesuffisaitpas,levisagedeBluemehante.Lesmêmesquestionsquejemeposaisdesannéesplustôtrefontsurface.J’enailetournis,àlalimitedelanausée,etl’alcooln’arienàvoiravecça.Lesriresdesautresmemontentàlatêteetjemelèveprécipitamment.Mesamisnesemblentpass’enapercevoir.Tantmieux,j’aibesoind’êtreseul.Jevaisjusquedanslasalledebainsetmepassedel’eaufraîchesurlevisage.Safaçondepapillonnerdesyeuxquandellevoulaitquelquechose.Ridicule,maiselleobtenait toutcequ’ellevoulaitaveccettemimique.Sonsourire,sesblaguespourriesquimefaisaientrire…Bordel,maispourquoi jepenseàça?Jedoisoubliercessouvenirsquireviennentmeboufferlecerveau.Aufinal,jemepasselatêteentièresousl’eauenespérantmeremettrelesidéesenplace,maisças’avèretotalement…inefficace!PutaindeJayden,jevaisletuer!Soudain,laportes’ouvreengrand,etZoé,quis’attendaitsûrementàêtreseule,manquedemerentrer
dedans.Envoulantm’éviter,elleaunmouvementdereculmaislesolmouilléparmafautelafaitglisser.Dansungeste instinctif, je la rattrapede justesse et soncorpsvient cogner contre lemien.Leparfumfloral de son shampoingme chatouille les narines – à la rose ilme semble.Nos yeux s’agrippent unmoment.J’ai l’impressiondemeretrouverdesmoisenarrière,àParis.Onmeditsouventque j’aidebeauxyeuxbleus,maislessienssontd’untranslucidehypnotisant.Trèsclairs,nuancésdepetitestachesvertes.Desyeuxmagnifiques.—Euh…Tupeuxmelâcher?Mes bras, qui encerclent toujours sa taille et la maintiennent fermement contre moi, refusent de la
lâcher.Lachaleurdesoncorpsembrase lemiencommelapremière foisqu’ons’estembrassés.C’esttoujoursunedrôledesensationquandelleestprèsdemoi,unmélangededésiretd’irritabilité.Ellesedégaged’elle-mêmevoyantquejetardeàlalibérer.Leregardmauvaisqu’ellem’adressemefaitsortirdemaréflexion.—T’asremarquéqu’Erikt’afaitdurentre-dedansunebonnepartiedelasoirée?Lesmotssortentdemabouchesanspasserparlacasecerveau,mesurprenantautantqu’elled’engager
laconversationpourlapremièrefois.Ellesereprendrapidement,metourneledospourallerselaverlesmains.
—Ilnemedraguepas,ils’intéresseàcequejeluiraconte,c’estdifférent.Toutlemonden’apassesattributsàlaplaceducerveau!—Jenepensepasavecmabitesic’estcequetuveuxdire,lapreuvejen’aijamaisriententéavectoi
!Sonregardcroiselemiendanslemiroiretsonsourcilrelevémefaitcomprendrequ’ellepenseàla
soirée à Paris. Cette fille est une contradiction à elle toute seule, c’est fascinant ! Elle a lamémoirecourte.Sij’aieulepremiergeste,àlafinellen’étaitpasloindem’arrachermonfute.Qu’ellearrêtedemelafaireàl’envers.—Etsijemerappellebien,cefameuxsoir,tunem’aspasrepoussé!T’étaisd’ailleursplutôtexcitée
pourunenanaquin’aimepaslesmecsdansmongenre!—J’aiétépriseaudépourvu,c’esttout.SiLolaetJaydenn’étaientpasarrivéstuauraisgoûtéàma
maindanstatronche!Jememarre.Ellecroitsérieusementauxconneriesqu’ellemesort?Ellepeutdirecequ’elleveutmais
soncorpsnementaitpas,elleenavaitenvie…Autantquemoi.J’aurailederniermot.— Eh bien, dans ce cas, le sujet est clos. Tu ne rentres pas dans mes critères mais si je t’avais
vraimentdragué,dis-toibienquetuauraisétéincapablederésister.Ellerigoleetsetourneversmoienmejetantlaservietteépongedanslatête.—Nonmaistut’entends?Moi,jen’arriveraispasàterésister?Tumeconnaisbienmal!Etsijene
rentre pas dans tes critères, crois-moi, demon coté, je neme rabaisserai pas à coucher avec unmeccommetoi!Ellesefoutdemoi,unepetitepiqûrederappels’impose.Horsdequestionqu’enplusdemepourrirla
vie,jelalaisselaminermonego.Jevaismefaireunplaisirderemettrelespendulesàl’heure.D’unpas rapide jem’avanceverselle, labloquantcontre lavasque.Mesbras seposentdechaque
côté de son corps, empêchant sa probable tentative de fuite car je me tiens trop près d’elle. J’ail’impressiondesentirlesbattementsdesoncœurtellementiltapeviteetfort.Qu’elleessaiedemefairecroire que c’est dû à l’énervement ! Sa respiration saccadée et ses pupilles dilatées par le désir latrahissent.—Etmoijetedisquetucraqueraisetfiniraisdansmonlitsijeledécidais.—Tunedevraispaslancerunpariquetuesincapabledegagner.Ellemefixed’unetoutautremanièreàprésent.J’aibeautoujoursliredudésirdanssesyeux,jevois
aussidel’assurance.Çatombebienparcequemoi,enl’état,j’enaiàrevendre.Jemepencheverssonoreilleetluisusurred’unevoixgrave:—Danscecas…quelejeucommence.Elleseraiditàcesmots,etj’aiàpeineletempsdemedétacherd’ellequeCharlotteentreàsontour
danslasalledebains.—Vousfoutezquoitouslesdeuxici?Erikvientdepartiretlesamoureuxsontalléssecoucher.Zoé profite de la présence de Charlotte pour s’éclipser et je ne peux m’empêcher de la regarder
disparaîtreenmedisantqu’ilyabienlongtempsquejen’aipaseuundéfidecettetailleàrelever.Jevaismefaireunplaisirdelafaireplier.—Jeprendsunedoucheetonsecouchenousaussi?Charlottemetiredemespenséesenfaisanttombersarobesousmesyeux.Sesdoucespromessesme
reviennentenmémoire.D’accord,Zoé,tuneperdsrienpourattendre,maiscesoirj’aid’autreschatsà
Chapitre5
Zoé
Lapirenuitdetouslestemps…pourmoi,celavasansdire,carlesautreshabitantsdelamaisons’ensontdonnésàcœurjoieunebonnepartiedelanuit.J’aicomprisrapidementetàmesdépensoùallaitdormirCharlotte.Sijemesuisposélaquestiondanslasoirée,lespremiersgémissementsprovenantdelachambred’àcôtém’ontdonnélaréponse.C’estdinguecequecettefillepeutêtreexpressive!J’aiviteétégênéeetsuispartiem’installersurlecanapé…PourfinirparsuivrelesébatsdeLolaetJay!Maispersonnen’apitiédemoi?Entendrema copine, j’ai déjà donné et j’en suis encore choquée, alors nonmerci. Jeme suis donc
retrouvéedenouveauàlacasedépart,dansmapetitechambre…Seule.Çamedonnel’impressiond’êtrepriseaupiège,d’êtreletémoingênantd’uneorgie.Etlà,j’aieuledroitàlatotalevenantdelachambred’à côté : les gémissements rauques de Ben, l’exaltation de Charlotte, le lit qui grince, jusqu’auxclaquementssourdsdeleursdeuxcorpsdéchaînés.C’estquoicesmursenpapiermâché?Lepiredanstoutçac’estquejesuissûrequ’illefaitexprès,ilnepeutpasenêtreautrement.Monsieurvoulaitquejel’entende.C’estjusteimpossibledefaireautantdebruit,etc’estencoremoinshumaind’yprendreautantde plaisir.Et puisCharlotte doit surjouer, elle simule, il n’y a pas d’autre explication.Bordel…J’encrèvedejalousie!Moiaussijeveuxunepartiedejambesenl’airorgasmique.Rienqu’unefois,merde!Sansêtreunefillefacile,jepeuxdirequebeaucoup,voiretropd’hommessontpassésdansmavie,etparlamêmeoccasiondansmonlit.Maisjamais,etjedisbienjamais,jen’aiprisdeplaisiraupointd’avoirunorgasme.Lecœurquipalpiteetquelquessuéesoui,maisl’explosiondesensations,jeneconnaispas.Sij’aicruaudébutqueçavenaitdemespartenaires,j’aidûmerendreàl’évidence.Leproblème,c’estmoi!C’estàcetinstantprécisquej’aidétestéceBencommejamais.Ilestentraindeprendresonpiedavec
cettefille,quejecommençaispourtantàapprécier,alorsqu’ilvient justedemelancerundéfipour lemoinsosé.Mais là, ilmeconfortedansmon idéedenepasme faire avoir. Il espèrevraimentque jevienneramperjusqu’àsachambrepourlesupplierdemesoulager?Nonmaisilrêve!Jamaisjenemeferaiavoirparsondéfiàdeuxballes:unleurreafindem’attirerdanssesfiletspourquejesatisfassesonegoetqu’ilabattesadernièrecarteenmerepoussant.Jevoistrèsclairdanssonjeu.Cethommeestpeut-êtrelatentationdudiablepourtoutefemmenormalementconstituéemaispaspourmoi.D’accord,ilestcanonmais,avecmoi, ilvase lagarderbienauchaud. Ilaperdud’avance :moncorpsne réagitpascomme celui de toutes les femmes, ni comme je le voudrais d’ailleurs.Alors oui, il se peut quemoncorpsfrémisseunpeuàsoncontactmaislerésultatseralemême.Jesuistotalementhermétiqueauplaisircharneletcen’estcertainementpasluiquichangeraladonne.J’airetournétoutemachambrepourmettrelamainsurmesécouteursetc’estaveclevolumeàm’en
faireexploserlestympansquejefinisparm’endormir.
*
Mevoilàdoncdepuisvingtminutesàessayerdecachermespochessouslesyeuxetmonteintblafard.MacolèreenversBennes’estpasatténuéedurantlanuitpuisquejemesuisréveilléeseule,fatiguéeetavecunsimplemotdeLolam’annonçantqu’ellen’avaitpasréussiàmeréveilleretqu’ilsavaientdûserésigneràpartir.J’aitraînélespiedsdanstoutl’appartementafindetrouverâmequivivemaisj’aidûmerendreàl’évidence:jesuiscomplètementseule.BenadûemmenerLolaetJayàl’aéroportetdéposerCharlotteparlamêmeoccasion,sansaurevoir…Rien!UnesemainesansLolaetjen’aidroitqu’àunephrased’encouragementgriffonnéeàlava-vitesurunboutdepapier.Unejournéedemerdecommenceforcémentparuntempspourrietlestrombesd’eauquisedéversent
danslesruesdeLosAngelesm’empêchentd’allermedéfouler.Pourtantmesmuscles,tendusàl’extrême,réclamentleurdosequotidiennedesport.Jeretournedoncdansmachambreetenfilelepremiershortquimetombesous lamainainsiqu’unebrassièrepourunepetiteséancedeyoga.Lefaitd’êtreseuleaaumoinsunavantage:pouvoiroccuperleséjourpourfairemesexercices.Montapisetunetélévisionavecprèsdetroiscentschaînesdevraientsuffireàfairemonbonheur.Quiaditqueleyogan’étaitpasphysique?Auboutd’uneheure,j’ailesmusclesquitremblent,dela
sueurquimedégoulinedansledos,maisjesuissurtoutvidéedetoutetension.Àquatrepattessurmontapis,jepenchemonbusteettendslesmainsleplusloinpossibleenavantpourfinirmonétirement.Doncsijerécapitule,jesuisàgenoux,lacroupeenl’air,lesjambesécartéesetc’estàcemomentprécisquelaporteclaquederrièremoi.—Wahou!C’estdeloinlemeilleuraccueilquetum’aiesjamaisfait!—Va…tefaire…Ben.Jesoufflelonguementencontinuantdepoussersurmesbraspuisremontedoucementpourreveniràla
position initiale.Ducoinde l’œil, jevoisBen, toujoursderrièremoiet lesyeux fixéssurmes fesses.Apparemment il pleut encore, car l’eau dégouline sur son jean usé et sur son sweat sombre.Avec sacapuchevisséesurlatête,seulssesiristurquoiseressortent.—Euh…Çava,jenetegênepas?—Ohnon,pasdesouci,continuejet’enprie.Ilmecontournelentementsansjamaismequitterduregardetvients’asseoirsurlecanapéenfacede
moi.Sesyeux s’arrondissentdavantageenapercevantmabrassière. Je suis fièredemoncorps et, lesregardsdeshommes, j’ysuishabituéemais jedétestequandonmedonnel’impressionden’êtrequ’unvulgairemorceaudeviande.Commeàcetinstant.Sonregardsurmoiachangédepuishier;ilchercheàmedéstabiliser.Ilrentredansuneséductionquin’enestpasune,justepourmettresamenaceàexécution.Vas-y,lancelejeu,jevaisprendreplaisiràtedécouragerdecontinuerlapartie.Jemerelèveetroulemontapis,toujoursinspectéeparBenquimedétaillemaintenantdelatêteauxpieds.Jesuisessoufflée,lecorpstrempédesueuretlevisagesûrementrougeàcausedel’effort,maisvusonpetitsourireildoitêtresatisfaitduspectaclequejeluioffre.—T’asfinidemematercommeça?Lafaçondonttumeregardesmedonneenviedetecreverles
yeuxavecdesépinglesànourrice.Jesuissérieuse…Arrête,jesupportepasça!Mon ton agressif le fait surtout rire, dévoilant une lignededents blanches, et il lève finalement les
mainsensignedereddition.Il retiresacapucheetquelquesmèchesbrunesviennent luichatouiller lestempesqu’ildégaged’unemain.Çafaitbizarredeseretrouverseuleaveclui,sanspersonnepourfairetamponousimplementpourlancerlesdiscussions.Onvadevoirsedébrouillercommedesgrands,entregensciviliséspendantunesemaine.Justelui,moi…etsescrisétouffésdejouissancedelaveillequimereviennententête.Bon,làc’estencoreplusbizarreetsurtoutbienplusgênant.—Enmêmetemps,situneveuxpastefairemater,faudraitéviterdetesaperaveclesfringuesd’une
gaminededouzeans!Tutrouvespasquec’esttroppetit?—C’estunetenuedesport!Jenefaispasundéfilénonplus!Etévitedebaverquandtuparlesde
petitefille…c’estvraimentmalsain!Il rigole franchement et penche la tête en me reluquant de plus belle. J’ai l’impression d’être nue
devantlui,alorsjeserremontapisdeyogafortcontremoi.—Saufquelà-dedans,tun’asriend’uneenfant…Ilnerigoleplusdutoutetjemesurprendsàcontemplersabouchepulpeusetandisqu’ils’humecteles
lèvresduboutdelalangue.Jel’aidéjàsurprisàfairecegeste,illefaitmachinalementsansserendrecompteàquelpointçapeutêtresexy.Ilselèvefinalementducanapéetmefrôled’assezprèspourquejesentesonparfumauxodeursboisées.Çaparcontre,c’étaitparfaitementcalculé!Autantilpeutêtresexyquandilfaitleschosesnaturellement,autantjeletrouveridiculequandilestdanslecontrôle.—Jesuistrempéjusqu’auxosaveccetteputaind’averse.J’aibesoind’unedouche.Ilmepassesouslenezetdisparaîtdanssachambresûrementpourprendredesaffairesderechange.Je
restelàunmoment,toujourscramponnéeàmontapis,àmedemandercequivientd’arriver.Onestrestésdanslamêmepièceplusdecinqminutessansquej’aieenviedel’étrangler,enfinpresquepas.BononestencoreloindecequeLolaattenddenousmaisjetrouvequec’estundébut.Delààl’apprécierjen’ycroisabsolumentpas,maispeut-êtrequ’unjouronarriveraàneplussedétester.Etpuissoudain,jemerendscomptequ’ilvientdemeparlerd’unedouchealorsquec’estsurtoutmoi
quienaibesoin.Prioritéàcellequivientdefairedusport!Jejetteletapisdeyogadansmachambreetfiledanslasalledebains,fermantsoigneusementlaporteavantdemedéshabiller.Jeluttepourretirerlabrassièrequi,sousl’effetde lasueur,mecollecommeunesecondepeauetquandjesuisenfinnue, lapoignéeremue.Ehouimonvieux,tuviensdetefairegrillerlaplaceenbeauté!—Putain,tufaischier,Zoé!—Oh,quandtudisaisquetuvoulaisprendreunedouche…Tuvoulaisdiretoutdesuite?Désolée,
j’avaispascompris!Je l’entends marmonner derrière la porte, qu’il continue d’essayer d’ouvrir. Je commence à faire
coulerl’eauetentameunepetitedanse,raviedeluiavoirmislesnerfs.—Jetedonnedeuxminutespoursortirdelàsinonjetejureque…—…quetudéfonceslaporte?— Je suis assez énervé pour le faire mais je suis pas con. En revanche je suis plutôt doué pour
crocheterlesserrures!—Jesuisdéjàsousladouche,tupeuxpasfaireça!—Jouepaslapesteavecmoi,tut’attaquesàplusfortquetoi.Turisquesdeleregretter!Je l’entendss’éloigneret je resteunmoment immobile,attendantdevoir s’il revientpourmettre sa
menaceàexécution.Jenel’encroispascapablemaisjepréfèrevérifieravantdemeglissersouslejet.Unebonneetlonguedouchechaudepourêtresûrequ’iln’aitdroitqu’àdel’eaufroide.C’estdingue,j’aitoujourscetteenviedel’emmerderencoreunpeu.Jenesuispasrassuréepourautantetnecessedejeterdescoupsd’œilfurtifsàlaportemaisj’airaison,iln’estpasassezcourageuxoufoupouroserrevenir.—Ohnon…Merde…Jeréaliseunpeutroptardquedansmonempressement,mesfringuessontrestéesdansmachambre.Je
cherchedésespérémentautourdemoicequejepourraisbienenfiler.Impossiblederemettremonshortnimêmemabrassièrequisontencoremouillésdemoneffort.Sansautrechoix,jeserreautantquepossible
laservietteautourdemoncorpsenmaudissantunefoisdeplusBen.Pourquoileshommessecontentent-ils de minuscules serviettes alors qu’il existe des draps de bain ? Sérieux, mes fesses sont à peinerecouvertes,etj’aibeautirersurletissu,rienn’yfait.Jesouffleunderniercoup,relèvelatêteetsorsdela salle de bains d’une démarche qui se veut confiante alors que, en moi, c’est la panique. J’ail’impressiond’êtrenue,bordel!Unsouffledesoulagementm’échappequandjevoisqueBenn’estpaslà,etjemeprécipitedansma
chambre.C’estbon,jesuissauvée!Jecommenceàdénouerlaserviettequimecomprimaitlapoitrinetellementelleétaitserréequandunsifflementderrièremondosmestoppedansmonélan.—C’estcon…Àvouloirmepasserdevantt’enasoubliéleplusimportant!JemeretournefurieusepourdécouvrirBennonchalammentadossécontrel’encadrementdemaporte,
lesbrascroisésetunsourirenarquoissurlevisage.Àlafaçondontilmeregarde, jedevineaisémentque,unefoisdeplus,ilchercheàmepousserdansmesretranchements.Maislepeudecalmequ’ilmerestedemaséancedeyogam’aideànepasplongertêtebaisséeetjedécide,aucontraire,deleprendreàsonproprejeu.—Saufsic’étaitprémédité.C’estvrai,peut-êtrequelebutétaitjustementdemepromeneràmoitié
nuedevanttoi…—Tucherchesàmechaufferlà?Ilsemarreetjem’avanced’unpaschaloupéverslui,glissantmespiedsnussurleparquet.—Possible…Jem’avanceencored’unpas, plongeantmon regarddans l’azurde sesyeux.Noscorps se touchent
presqueet je luicaresselespectorauxduboutdel’index.J’agrippelaboucledesaceintureet inclinemonvisage vers lui jusqu’à ce quemes lèvres frôlent les siennes. Son sourire disparaît, il se tend etsembleenfinserendrecomptedemamanœuvre.Jemedégageenrigolant.— Quoi ?Mais je ne fais que jouer selon tes règles, mon cher Ben. Ce n’est pas ma faute si tu
t’aperçois seulementmaintenant que la partie est loin d’être gagnée pour toi.Moi aussi je sais jouer,figure-toi!Jeluiadresseunsourireméprisantetfaisvolte-facepourm’éloignerrapidementdelui,raviedelui
avoir cloué lebec.Zoé :1-Ben :0.Que lapartiecommencechouchou ! J’ai àpeine le tempsdemeféliciterdemoncoupqu’ilm’attrapeettiremonpoignetm’obligeantàmeretourner.—Jemeréjouisd’avancequeturentresdanslejeu,mavictoiren’enseraqueplussavoureuse…Sesparolesmeurentdanssaboucheenmêmetempsquemaserviettetombeàmespieds.Songestesec
pour me forcer à lui faire face a fini de la détacher, lui dévoilant mon corps dans son plus simpleappareil.Ilmefautquelquessecondespourréagir,etjemebaisseprécipitammentenpoussantdespetitscrisridiculesjusqu’àcequetoutcequidevaitêtrecachésoitàl’abridesonregardlubrique.Laboucheentrouverte,ilcontinuedemeregardercommesij’étaistoujoursnue.—Tuvois!Qu’est-cequejedisais?Tut’offresdéjààmoi!Jesensquejevaisaimertevoirperdre!Dansungrognementsourdetdesinsultesquineviennentqu’enfrançais,jelepousseviolemmentd’une
main,l’autreétanttoujoursagrippéeàcettesaletédeminiserviette.Jenesaispassic’estlacolèrequimedonne la forcenécessaire,mais toujours est-il qu’il recule assezpourque je puisse lui claquer laporte de ma chambre au nez. Je l’entends rire encore un peu avant que ses pas ne s’éloignent. Bond’accord:1partout,balleaucentre.Jem’habillerapidementetdécidedeneplusquittermachambredelajournée,saufnécessitéabsolue.
Jechoisisderuminerseulemahonteetmacolère.Mêmepourmanger,jeneluifaispasl’honneurdema
présence.Jepréfèreencoreingurgiterlesbarresdecéréalescachéesdansmatabledechevetplutôtquedesubirunefoisdeplussesmoqueries.Etvulascènedumatin,jenedonnepascherdemapeau.Lajournéepasseàunevitessed’escargot,limiteauralenti,etaprèsavoirenvoyédesnouvellesàmes
amis,épiélaviedesautressurlesréseauxsociaux,épluchélesoffresd’emploidesenvirons,jen’aiplusrienàfaire.Lavieesttoujoursaussibellemaisbon…Jemefaischierdansmacageàlapin!Lebruitdela télévisionm’informe que Ben est toujours là. Évidemment il a compris que je l’évitais. S’il restecloîtré chez lui un samedi c’est uniquement pourm’emmerder ! Rassure-toi, tête de nœud, çamarcheparfaitement!Autant jesuispresséeque la journéese termine,autant jesuisanxieusedecommencer lasemaineà
venir.Zoédanslapeaudel’assistantepersonnelledeBen,quil’auraitcru?Pasmoientoutcas.Sijenemefaisaucunsoucipourletravail,j’appréhendeenrevanchedemeretrouversoussesordres.Ilvamepousseràbout,jelesaisd’avance.Leconnaissant,ilvajouerlesprolongationsaubureauavecsonjeustupide. Mais qu’il ne s’attende pas à avoir une docile et gentille assistante prête à satisfaire sesfantasmeslubriques.Jen’aipassignépourça!Cen’estqu’unesemaineaprèstout,etc’estpourrendreserviceàLola,alorsjevaisprendresurmoi.
Enplus,ceboulotpaiesuperbien,alorssiçapeutm’aideràdégagerplusvited’ici…tantmieux.Jerêved’avoirmonpropreappartement,deretrouvermatranquillitéet,surtout,deneplusvoirceconnardtouslesjours.Jeneme suis jamais couchée aussi tôt, surtoutun samedi soir. J’entendsdes rires et de lamusique
depuisunmoment.Apparemment,Bena invitédes amis, ça a l’aird’être la fêtede l’autre côtéde laporte.J’auraisaiméenprofiterpoursortirunpeudemachambremaismafiertém’enempêche.Etpuiscommesinerienfairedelajournéem’avaitfatigué,jeprendsplaisiràm’allongerdansmesdrapsfraisetparfumés.Soudain,justeavantdesombreretàforcedepenseràcemanqued’argentrécurrent,àcettevieàLosAngelesentouréedepersonnesfriquées,etàcemanqued’amourgrandissant,uneidéevientmepercuterdepleinfouet.Unsourireauxlèvres,jem’endorsenétantsûredem’êtretrouvéunemploisurmesure.Aprèstout,lerêveaméricainserapeut-êtreaussipourmoifinalement.
Unesemaine:unlundienenfer
Jeclaquelaportièreunpeutropfort,cequifaitgrognerBen.Ilneditrien,secontentantdemelancerunregardmeurtrier,etdémarrelavoiture.Coupd’œildiscretdanssadirection.JemedemandeàquellefacettedeBenjevaisavoirdroitaujourd’hui.Indifférencelaplustotale,çamevatrèsbien,maisjerestevigilante.Depuisl’histoiredeladouche(pournepasdiredelachutedemaserviette),c’estlapremièrefoisquel’onseretrouveensemble.Oui,jel’aidélibérémentévitéleresteduweek-end.Moncorpsnudevant son regard brûlant et ma récente implication dans son jeu sordide ont fait que je suis restéecloîtréedansmachambre.Heureusementpourmoi,ledimancheaétéplutôttranquillevuqu’ilestpartiendébutd’après-midipournerevenirquelesoir.Où,avecqui,pourquoi?Aucuneidéeetfranchementjen’enairienàfaire!Maiscesquelquesheuresdesolitudem’ontpermisdeprendreunebonnedouche,demangerautrechosequedesbarreschocolatéesetdesortirunpeudecesquatremurs.Jepenseaussiàmonidéederêveaméricainsurlaquellej’aibeaucoupbossé,passantuntempsfousurInternetàétudierlalégislationaméricaine.Jesuisrodée,maintenantjevaispouvoirattaquer.Bref,mevoilààprésentleculposésurlecuirdecettefantastiquevoiture,avecmonemmerdeurde
colocataireetdésormaisactuelsupérieurhiérarchique,àstresserpourcettepremièrejournéedetravail.—Zoé!—Hein?Quoi?J’arrêteuninstantdemerongerlesonglesetquitteduregardlesruesdeL.A.pourtournerlatêtevers
Benquivientdemesortirdemespensées.—JetedemandaispourquoituavaisquittétonboulotàParis?Lolam’aditquet’avaisuneplaceen
orlà-bas,alorsjemedemandepourquoituastoutabandonnépourvenirici.—Tulesaisdéjà,Lolamemanquait.—Et?Il me regarde du coin de l’œil, trop concentré sur la route pour me dévisager assez longtemps.
Commentsait-ilqu’ilyauneautreraison?EncomprenantqueLolanereviendraitpasenFrance,j’avaisdéjàprisladécisiondevenirlarejoindredèsquepossible.Seulement,jen’avaispasprévuqueceseraitaussitôt.J’avouequesijen’avaispaseuuncoupdepouce,jen’auraisjamaisquittémontravailaussifacilement. Je souffle bruyamment pour lui faire comprendre que cette discussion m’emmerde et meconcentredenouveausurlaroute.—Machefétaitunevieilleconneaigriequineconnaissaitrienàsonboulot.Sisonpaterneln’était
pasleprésidentdelaboîte,jamaisellen’auraitpuavoirceposte.—Ett’espartiepourça?EtlesFrançaiss’étonnentqueleurpaysvamal!—Maisnon…ellem’avirée.J’enaieumarre.J’aifiniparluisortirtextuellementcequejeviensde
tedire.Ilmeregarde,incrédule,avantd’éclaterderire.Jerepensealorsàlatêtedéconfitedemachefquand
jeluiaiditlefonddemapensée,etjefinisparmejoindreàBen,cequialedondemedéstresserunpeu.Jenesaispass’ilcherchaitàdétournermonattentionmaisc’estréussi,etjel’enremercie.Quand on arrive devant le bâtiment, je suis impressionnée par la beauté des lieux. C’est classe et
spacieux, on sent tout de suite que c’est une boîte qui pèse lourd. Les yeux exorbités et la bouchesûrement ouverte, je trottine difficilement, avecmes stilletos et ma jupe crayon, pourmemettre à lahauteurdeBenetlesuissilencieusementjusqu’aucinquièmeétage.Onvoittoutdesuitequ’ilestchezlui.
Ilestàl’aiseetunbrincondescendant,merappelantsafonctiondedirecteuradjointetderesponsabledupôlemarketing,qu’ilgère,d’aprèsLola,d’unemaindemaître.Ilfaitcommesijen’étaispaslàetsaluetoutlemondesursonpassage,sanssedonnerlapeinedefairelesprésentations.Chassezlenaturel, ilrevientaugalop.Connard!Entoutcasc’estclair,toutesonéquipelerespecte.Enfin…jemedemandesi,danslelot,iln’yauraitpasuneoudeuxnanasquirêveraientdesetaperleboss.JesuisBenetserrelesdentsenentendantlesmessesbassesderrièremondos,dugenre«c’estquicelle-là»,«tiensencoreunequivapasser sous lebureau»et j’enpasse.Àpeinecinqminutesdans les locauxet je suisdéjàcataloguée comme la protégée, la cible à abattre. Elles doivent se demander quelle relation nousentretenons.Siellessavaient!Si jeveuxtenir lasemaine, jevaisdevoiréviterd’êtrevueaveclui.Àmoilesbouchonsentaxis.—Tonbureauestici,lemienlà-bas.Ilmemontreletoutd’unvaguemouvementdebrasets’éclipsedanssonbureau,melaissantplantée
devantlemien.Jem’yinstalleetallumel’ordinateurquimedemandeunmotdepasse.Merde…Jetenteplusieurs essais, en vain, avant d’avoir une lumière. Je tape « princesse » et l’écran se déverrouilleaussitôt.Tropprévisiblelarouquine,mêmesijepensaisaudépartqueçaauraitunrapportavecJayden.Unephotos’afficheetjesourisenlareconnaissant.C’enestunedeBen,Jay,Lolaetmoipriselejourdesonanniversaire.Jefouilleunpeudanslesapplications,l’agendaetlesdossierssurlebureau…Maismaintenantjefaisquoi?Benmelâcheseuleicimaisjenesaisabsolumentpasquoifaire!Commes’ilavaitentendumonappeldedétresseintérieure,ilsortdesonbureaumaissansunregard
pourmoi. Je reste comme une conne,mal à l’aise et complètement paumée, le tout sous le regard dequelquescurieuxquicirculentdanslecouloirsansjamaisosers’arrêter.Benrevientcinqminutesplustarduncaféàlamainetjel’appelleavantqu’ilnes’enfermedenouveau.—Çatedérangeraitdem’expliquercequejedoisfaire?—J’auraispourtantpariéqueMissJe-sais-toutsauraitsedébrouillertouteseule!Faceàsonsourirenarquois,jelèvemonmajeurmaisleregretteaussitôtquandjelevoisrepartir.—Non!Attends,Ben,j’aibesoindetoi…S’ilteplaît.Ilrevientsursespasàpeinelesmotsprononcés,avecungrandsourire,etjecomprendsàcetinstant
qu’iln’attendaitqueça:quejelesupplie.C’estuneobsessiondevouloirmevoiràgenouxdevantlui?Salecon! Ilposeunefessesurmonbureauetmeregardeamusé toutensoufflantsursa tassedecaféchaud.S’ilpouvaitsebrûleravec,çacalmeraitl’arroganceaveclaquelleilmedévisage.Malgrétoutjeprendssurmoicarjesaisquesijel’envoiesurlesrosesmaintenant,jen’obtiendraipaslesinfosdontj’aibesoin.—Explique-moicomments’organiseletravailetcequejedoisfaire.S’ilattendencoreuneformuledepolitesseilpeutrepartirtoutdesuite:jetrouvequejemerabaisse
déjàassezcommeça!Mondieu,jesavaisquec’étaitunemauvaiseidéed’accepterdetravaillerpourlui.Tout çapour une fille qui n’amêmepas encoredonné signedeviedepuis qu’ellem’a laissé sonmeilleuramietsonboulot.Jelesdéteste,sonmecetelle!Je fixe l’écran sur lequel j’ai ouvert toutes les applications, attendant queBen se décide àm’aider
quand le téléphone se met à sonner. Un coup d’œil sur l’écran m’annonce que c’est l’accueil et jedécrochesansréfléchir.—Bureaude…Et là c’est le drame.Bordel j’ignore complètement comment il s’appelle. Je doute que ce soitBen
Duconcommejelesurnomme,pourtantçaluiiraitàmerveille.JenesaismêmepassiBenestsonvrai
prénomouundiminutif.Devantmondésarroileplustotal,ilsoupireavantdem’arracherlecombinédesmains.—BenjaminHarper,j’écoute.SontonprofessionnelmesortdemaléthargieetjenotesurunPost-itsonnomavantdel’oublier.Bon,
j’avoue,àcetinstantjemesensaffreusementridicule,maisçajelegardepourmoi.Aprèstout,s’ilavaitfait le nécessaire dès notre arrivée, je n’aurais pas eu ce problème. Ben répond par monosyllabesquelquesminutesàunecertaineBarbieetjedétourneleregardpourm’empêcherderire.Barbie?Sionchangeune lettreàBença faitKen! Ils iraientbienensemble,cesdeux-là. Il raccrochepeude tempsaprèsetfinitd’unetraitesoncafédevenufroidavantdeseconsacreràmoi.Pendant une heure il va m’étonner par son professionnalisme et surtout ses compétences. Je l’ai
toujours vu comme un play-boy à deux balles, une tête de nœud, mais sur son lieu de travail, il estcomplètement différent. Apprendre avec quelqu’un d’aussi passionné par son entreprise est vraimentstimulant et le poste de Lola est très diversifié. Je comprends à présent pourquoi il a besoin d’uneassistante.Travaillericidoitêtrepassionnantmaisunesemaineavecluic’estsuffisantpourmesnerfs.En parlant de nerfs, il est en train deme les mettre à rude épreuve. Il ne semble pas s’en rendre
compte,tropprisparsesexplications,maisplusletempspasseetplusilserapproche.Benqui,toutàl’heure,étaitderrièremonfauteuilàmedonnerlesdirectives,estàprésentcomplètementpenchésurmoi.Sonbrasfrôlemonépauleàchaquefoisqu’ilmemontrequelquechosesurl’écran.Saprésenceperturbemonattention:sonparfumvientmechatouillerlesnarinesetsonsoufflechaudcaresselapeaudemoncouqui s’électrise instantanément.Çame remet les idéesenplace. Il envahitmonespacevital etmoicomme,uneconne,jelelaissefaire.Quandjevoisducoindel’œilunepersonnequinousdévisage,jeme rends comptedenotre réelle proximité et jemebraque aussitôt.D’un coupd’épaule je le force àreprendreuneplaceconvenableetpivotesurlesroulettesdemonfauteuilpourluifaireface.—C’estbon,jecroisquej’arriveraiàmedébrouillermaintenant.J’aipratiquementtoutcompris,j’ai
mesnotesetaupirejedemanderaiauxautresassistantes.Ils’appuiesur lesaccoudoirsetsepencheversmoiavecsonéternelsourireencoin.Sonregardse
posesurmeslèvres,lessiennesdévientversmamâchoirejusqu’àsentirsonsoufflebrûlantsurmajoueetsavoixgravequimesusurre:—Commetuveux,maisjesuisdisposibesoin…Jefrémis.Ilmesurplombedetoutesahauteuretlebleuazurédesonregardm’empêchetouterepartie.
Encoredixsecondesàmefixerainsi,puisilseredressecomplètementetsedirigeverssonbureau,sansoublier deme décocher un clin d’œil au passage. Il m’a eue…Une fois de plus. Ses frôlements, saproximitéetsadouceur,toutçan’étaitquepoursonputaindejeu.Cemecaledondemefairepasserduchaud au froid en un claquement de doigts. Il laisse sa porte ouverte et un sourire se dessine sur sonvisageàmesurequelemiensedécompose.
*
Lapremière journée se termine, et j’aipassémon tempsdans lesnotesdeLola, sesdossierset sesmailspourcomprendredavantagecequel’onattenddemoiet jecroisàprésentavoirbiencernémonrôle.Lesseulesfoisoùjemesuislevéeontétépourallerluicherchersesputainsdecafés.Ilm’aprispoursabonnicheouquoi?Maisencoreunefoisjen’airienditetsuisrestéepolie(enfinàmonniveau)carjevoyaisbienqu’illefaisaitexprèspourmetester.Benpourradirecequ’ilveut,ilnepourrapasmereprochermonimplication.Duranttoutlerestedelajournée,saporteestrestéegrandeouverte,donnantdirectementsurmonbureau,etjesentaissanscessesonregardpesersurmoi.Jenesaispassic’estpour
mieuxmesurveilleroujustepourm’emmerdermaisjedétesteça.Jesaisquejesuisàlahauteurpourceposte,parcontreluisembleendouter.— C’est bon, le boulet, tout le monde est parti. T’as fait plus que ton temps pour cette première
journée,onyva.— Tu m’as traitée comme un chien toute la journée. Je me la suis fermée car je sais rester
professionnellemais,mepoussepasàbout.Majournéeestfinie,j’enaimaclaquedetesordresalorstum’oublies.—Jemedisaisaussi,c’étaittropbeaupourdurer.Bontucomptesdormirlàoùonpeutyaller?Jenedemandepasmonresteetrécupèremesaffairesvitefait,éreintéeparcettejournéedefolie,avant
delesuivrejusqu’àlavoiture.J’aiencorelatêtedanslesquelquescentainesdemailsquej’aidûtraiter,sanscompterlesappelsincessantsauxquelsj’airépondudumieuxquejepouvais.Bref,jesuisépuiséephysiquementmaisaussimoralement.IgnorerlesregardsdeBenm’ademandébeaucoupdeconcentrationetdeténacité.Jenevoulaispasluimontrerqueçameperturbait,iln’attendaitqueça.Leretoursefaitdansunsilenceolympien,seulslesgargouillisdemonventrequicriefaminesefont
entendre.Avectoutça,jen’aimêmepasprisletempsd’allermanger.Bon,j’avoue,jenesavaispasoùetavecquipassermonheurederepas,etcommeBennes’estpasdonnélapeinedemeprendresoussonaile(surprenant,n’est-cepas?),j’aipréféréresteràmaplace.Quand on arrive enfin à l’appart, je n’ai qu’une envie : décompresser. J’enfourne deux ou trois
madeleineshistoiredecalmermonestomacetfiledansmachambre.Cinqminutesplustard,jesuisdéjàen route pour le parc.Vêtue d’un legging noir et d’un tee-shirt ample,me voilà à présent à courir enpetitesfouléespouréchaufferendouceurmesmusclesencoretendus.Quandj’arriveàdestination,jesuissurprisedetrouverplusieursautresjoggeursetjem’insèreàmontourenaccélérantlacadence.Àmesurequemonrythmecardiaques’emballeetquemesmusclesmebrûlent,matêtesevidedetoutescesmerdesaccumuléesdanslajournée.Jemeperdsdanslechantdesoiseaux,lavégétationfleurie,cepetitculquisebalancedevantmoi…Quoi?Jeremetsmoncerveausur«on»quandjecomprendsquemespassontsynchroniséssurceuxduspécimendevantmoi.Monregards’estperdusursespetitesfessesmuscléesquise contractent de manière très sexy. Expertise du périmètre : un dos parfaitement sculpté, de largesépaules où des muscles se dessinent à travers un maillot trempé de sueur. Je ne sais pas à quoi ilressembledefacemaissoncôtépilemeconvientparfaitement!Aïe!!!Àtropmater,mabasketroulesurungroscaillouet jemanquedeperdre l’équilibre.Plusdepeurquedemalmaisdans l’action j’aidûmalencontreusementpousseruncridesurprise,commeàchaquefoisquej’aipeurd’ailleurs.Connexionétablie:monjoggeurauxbellesfessess’estretournéversmoitoutencontinuantdetrottinerenmarchearrière. Oh putain, jackpot ! Ce mec est un canon ! Le teint basané et des yeux presque noirs quim’auraientfaitrougirsicen’étaitpasdéjàfait.Etcesourire…Ohmondieu!Quepersonnenecraqueuneallumetteprèsdemoioujem’enflammedirect!Jeresteunmomentàledétailleravantdefinalementluifaireunsignedelamainluiindiquantquetoutvabien.Ilm’adresseunsourireresplendissantavantdeseretourneretdecontinuersacourse.Etmoi…Moijesuisentranse.Jesuisàdeuxdoigtsdetaperunsprintpourlerattraper.C’estpaspossible,Benm’acontaminéeavectoutessesprovocations.Mevoilàréduiteàl’étatdesuccube,àcroirequesonpetitjeumetravailleplusquejenel’auraispensé.Autantdirequ’aprèscepetitinterlude,j’aiétéincapabledereprendremacourse.J’avaisraison,venir
ici était une bonne idée pour penser à autre chose.C’est donc avec un sourire satisfait que je rejoinsl’appartement,quiestétonnammentsilencieux.J’aiàpeineletempsdefermerlaported’entréequ’elles’ouvresurunBentorsenuentraindes’épongerlefrontàl’aidedesontee-shirt.Commenteffacerlamoindretracedubellâtrequimefaisaitfantasmerilyaencoredeuxminutes?Seretrouverfaceàmoncolocataireàmoitiénuetbaignédesueur…Unlongéchangederegards’opèreetmalgrémoijeressens
uncertainmalaiseetdescrépitementsenvahirl’atmosphère.N’importequoi,viteretourne-toiavantqu’ilprofitedetonmomentd’égarement.Penseauculdetonjoggeurettrouvelemoyend’inverserlatendance!—Ilyaunautreendroitqueleparcpourallercourirprèsd’ici?—Ouais,sûrementmaismoijevaisdanslasalledesportausous-sol.Tudevraisveniràl’occasion,
onyesttranquille.Ilbalancesontee-shirtsursonépauleetmesyeuxsuiventmachinalementlemouvement,explorentla
musculaturesaillantedesontorse,jusqu’àflanchersurlaligneparfaitedesesabdos.Jesuishypnotiséeparunegouttedesueurquiglisselentementsursapeau,jusqu’àdisparaîtresousl’élastiquedesonboxer.Merdedepuiscombiendetempsjesuislààlemater?Ilmedisaitquoidéjà?Sonpetitsouriresuffisantmeremetvitelesidéesenplace.—Ilyaencoreunmessagecachélà-dedanspourmerefourguertonplanbaiseouonpeutvraimenty
fairedusport?—Unmessage caché ? Je t’explique : c’est un truc typiquement féminin de voir des sous-entendus
partout.Jeteparledesportuniquement.Sinonjet’auraisditquepourunebaise,çapeutêtresympaaussi.Maisbiensûr!Jeveuxbiencroirequejecommenceàdevenirparanoàm’imaginerquedanschacune
desesparolesilyadesallusionssexuellesmaisfautpasseleurrer:illefaitexprès.Enfinjecroisqueçamerassuredel’envisagerainsi…Mon téléphone met fin à mes réflexions quand la sonnerie spéciale Lola se fait entendre de ma
chambre. Excuse toute trouvée pourm’éloigner de lui. Je récupèremon téléphone sur le lit, là où jel’avaislaisséenpartant.—Salut,machérie!—T’étaisoù?Çafaituneheurequej’essaiedetejoindre.Surtonportable,surceluideBenetmême
auboulot…Injoignablenullepart!—Alorslàc’estlemondeàl’envers,t’espartiecommeunevoleusealorsquejedormaisetc’esttoi
quim’engueules?—BonOK, j’ai rien dit, c’est juste que j’étais inquiète, j’avais peur que vous ayez fini par vous
entretuer!Alorscettepremièrejournée?Je lui racontedans lesgrandes lignes enomettant lesbâtonsdans les rouesdeBenpourqu’ellene
s’inquiète pas davantage. Elle doit profiter de ce séjour pour se détendre, loin de nous et du boulot.Pourtantjelasensinquiète.Lolaversionmaman,leretour!—Etsinontum’expliquespourquoit’esessoufflée?Commej’arrivepasàjoindreBennonplus,je
commenceàmeposerdesquestions…Ellenefinitpassaphrase,melaissantlesoind’assimilercequ’ellesous-entend:luietmoientrain
de…J’enrigoletouteseule!Elleapeurquel’ons’étripeetl’instantd’aprèselleinsinuequ’onétaitentraindes’envoyerenl’air.—Mabiche,lejouroùilposeralamainsurmoi,c’estqu’iln’yauraplusqueluisurterre!Etencore,
faudraitmebanderlesyeuxpourrepeuplerlaplanète!Jevaismechercherunsodadanslefrigoetm’installesurunechaisedebar,enpicorantdanslagrappe
deraisins.Monappétitestrevenuetjeréfléchisdéjààcequejevaisbienpouvoirfaireàmangercesoir.Benréapparaît,ilsentbonlepropre.JenesaispasdepuiscombiendetempsjeparleavecLolamais
ilaeuletempsdeprendreunedouche,detondresabarbeetdesefairesonéternelbun.Bon,àbieny
réfléchir j’ai peut-être un peu exagéré. Ouais, si je devais sauver l’humanité, je pourrais écarter lescuissesdevantlui.Maiscommec’estpasd’actualité,fautquej’arrêtedeledévisagercommesic’étaitlecas. Ilne semblepas s’enêtre renducompteetva se servirunebièreavantde s’installer faceàmoi,curieuxdesavoircequesa«princesse»meraconte.—Aufaitt’étaisoùducoup?—Partiecourir.J’aiétédansleparcpasloindel’appart.—Ahbon,ilyaunparcàcôté?—Oui,tulesauraissitonculflasquen’étaitpasallergiqueàtouteslesactivitéssportives.—Hey,monculseportetrèsbien!J’entends la voix de Jay derrière qui le confirme et je comprends alors pourquoi elle parle
constamment en anglais maintenant : pour que son dieu du sexe puisse suivre nos conversations.Macopineestcomplètementdinguedecemec,c’estdésespérant.—Si tuveux, lasemaineprochainejeviendraiavectoi,histoirequetu tesentesmoinsseule.Enfin
justeunefoispourvoirhein,commetumel’assigentimentfaitcomprendre,lesportetmoi,çafaitdeux.—Netedonnepascettepeine,jenevoudraispasavoirtamortsurlaconscience!Etpuisjenesuis
passeulelà-bas,onestplusieursàaimercourir,figure-toi.J’aid’ailleursfaitlaconnaissanced’unmec,enfindisonsplutôtquejevaisbientôtfairesaconnaissance…JelanceunsourireàBen,maiscelui-cifaitlagrimaceetpartenemportantsabière.Jememarre!Oh
non,Ben,neparspasdéjà,c’estseulementmaintenantqueçadevientintéressant!Quoi,tunesupportespas laconcurrence?Jaydena l’air luiaussides’êtredésintéresséde laconversationcar jen’entendsplussesremarques.Onparleencoreunmomentjusqu’àcequel’appeldeladouchemefasseraccrocher.Jerécupèremesaffairesetfileavecplaisirmedébarrasserdecettepelliculedesueurquimerecouvrelapeau.Quandjesorsdelasalledebains,Benm’attenddanslesalonetmefaitsignedelerejoindresurle
canapé.Avantquejenecomprennepourquoi,ilmeglisseunefeuilleetunstylodanslamain.Euh…J’ailoupéuntruclà?—Onauraitdûcommencerparlàquandtuasemménagé.Carentantquecolocataires,onadesrègles
àrespecter.—Lolaaussiaeudroitàça?—Non.—Etpourquoimoi?—Parcequejustementtun’espasLola.J’encaissesansbroncher.Non,c’estvraiquejenesuispasLolaetjecomptebienleluimontrer!—D’accorddanscecas…Jeposelafeuillesur la tablebasseetécris toutcequimepassepar la tête.Voyantquejem’attelle
sérieusementàmesdevoirsdusoir,ilprendluiaussiunefeuilleetcommenceàsontouràécrire.Quinzeminutesplustard,ons’échangenoslistesderèglesdecolocation.Ilnevapasêtredéçuduvoyage,maisaprèstoutc’estluiquil’avoulu!Ilregardeuninstantmafeuille,rectoversos’ilvousplaît,etcommenceàlireàvoixhaute.—Baisserlalunettedestoilettes:non,t’esdansmonappartalorsjustementc’estàtoidepenseràla
relever!Sinonrangermonbordel,faireàmangeràtourderôle,nepasseparleravantlecafédumatin,nepastoucherauxaffairesdel’autre:pasdesouci.Fermerlabouchequandjemangesurtoutlematin
avec mes céréales, ramasser mes poils dans la douche et tous tes autres trucs farfelus, d’accord, jevalide.Ilrigole,avantdeposerlafeuille.—Parcontre:êtrediscretquandjeramèneunefille,excuse-moimaisçajenepeuxpaslecontrôler.—Bahvoyons,tupeuxjusteleurdired’arrêterdesimuleretletourestjoué!—Tupeuxpensercequetuveuxmaisaucunefemmenesimuleavecmoi.Cettefois-ci,c’estàmontourderigoler.—Comment tu peux le savoir ? Toutes les femmes simulent, eh oui,mon gars ! Et si tu veux tout
savoir…Jemepencheversluicommepourluimurmurerunsecret.—…lepèreNoëln’existepas!—T’asfinidefairetamaligne?Siunefemmeavaitdéjàsimulédansmonlit,jepeuxtejurerqueje
m’enseraisrenducompte!Maiscen’estpaslecas,onnefaitpassemblantavecmoi.J’aiuneinfopourtoi:nefaispasdetoncasunegénéralité!Touteslesnanasnesontpasobligéesdefeindrel’orgasme.Jesuispiquéeauvif,énervéeetvexéequ’ilsoitautantdanslevrai.Touteslesfemmessimulent!Bon
OK,peut-êtrepas tout le temps…Si jeprends l’exempledeLolaquiatteint leseptièmecielavecsonhomme,c’estl’exceptionquiconfirmelarègle.Onnepeutpasprendreduplaisiràchaquefois,si?C’estsurhumain!Le sourire satisfait de ce prétentieux me donne envie de hurler alors je vais le faire, mais à ma
manière. Je ferme lesyeux et je crie, geins, gémis,memords la lèvre sensuellement et finis par jouirbruyamment commeune chienne en chaleur. J’ai déjà regardé assezdepornospour savoir que je suisdanslevrai.Alorsoui,jesimuleavecmesmecs,maispourluijedonnetoutcequej’ai:—Humm,Ben…Tesmainssurmapeau…Ohoui, touche-moi!J’enpeuxplus,encore!Je lasens
bien,taqueue!Ohoui,quej’aimetaqueue!Vas-youi,commeça…Oh!Oh!OH!MONDIEU!!!Ohouiiiiiii!!!Hum!Han!Hann!Haaannn!C’est tout essoufflée et rouge que je rouvre les yeux et découvre Ben le regard ahuri, la bouche
entrouverte.Satisfactionmaximale:unebellebossesedessinesoussonshort.Merci!D’undoigtsouslementon,jeluifaisfermersonclapet.Oui,lesfemmessaventtrèsbienfairesemblant,maintenantilenalapreuve.—T’aspasl’aird’êtreenconditionpourqu’ondétailletalistecesoir,laisse-moil’étudieretonen
parledemain,d’accord?Pasderéponse,c’estétonnant…Jemelèveetprendsavecmoisalisteavantdem’engouffrerdansma
chambre.Jejetteunœilàsapremièreclause:encasd’absencedeLola,fairedeslasagnesaumoinsunefoisparsemaine.Maisc’estquoicetterevendicationpourrie?Envoilàunequejevalidemaisilnelesaurapasce soir, jen’aipas le temps !Aumieux il auradespâtescar là, j’ai tropà faire. Il fautquej’organisemonavenirici,etsijemedébrouillebien,jepourraipeut-êtremêmecommencermonnouveaujobdèslasemaineprochaine.
Unesemaine:lemardidel’horreur
La tête dansmon bol de céréales, je regarde du coin de l’œil la fameuse liste. Les règles de vieversion Zoé que j’ai accrochées sur le frigo. Je les ai relues une dernière fois avant deme coucher.Sérieux,cette filleestcomplètementcinglée !Encoreaujourd’hui jeboguedessus :nettoyer lacuvettedeschiottesàlalingetteaprèschaquepassage.Jeneluidemandepasd’enfaireautantsurlalunettealorsqu’elleposecarrémentsonculdessus!Laportedesachambres’ouvreetjemanqued’avalerdetraverslorsqu’elleapparaîtdansunesimple
robenoireavecuneputaindefentesurlecôtéquiremontejusqu’àmi-cuisse.Merde,elleabeauvouloirfaire dans le classique, il y a toujours un truc qui fait qu’elle ne l’est pas ! C’est dans desmomentscommeçaquejeneregrettepasdeluiavoirfaitcroirequelajupeétaitderigueurpoursonposte.Jebaisserapidementlesyeuxetmeconcentresurmonbol.Règlenuméro1:Nepasl’emmerderdèsle
matin tant qu’elle n’a pas pris son café. OK, on va attendre un peu. Sans un mot ni un regard, elles’installesurletabouretenfacedemoi,jetteunsucredanssonmugettourneinlassablementsacuillèredansleliquidenoiretcorsé.Ellesemblecomplètementailleurs.Enfait,àvoirlescernessoussesyeux,jepensesurtoutqu’ellen’apasbeaucoupdormi.J’entireraispresquesatisfaction,surtoutaprèsm’avoirfiléunegauledudiablelaveilleausoirensimulantunorgasme.Putainquandj’yrepense,celle-là,onneme l’avait jamais faite ! Sans mêmem’avoir touché, elle a réussi à brancher ma queue sur le modeexcitation.Enplusdem’avoirfilédesdoutes:commeuncon,j’aipasséenrevuemesderniersplanscul.Etfranchement,j’aihésitéplusieursfoisàallerlaretrouverdanssachambrepourluiprouverqu’avecmoi,lesfillesaimentetenredemandent,maisc’étaitsignermadéfaiteprématurément:gameoverdirect,c’esthorsdequestion.Nonmaissérieux,pourquoijemesuisprislatête?!Clairement,c’estpascettenanaquivatoutremettreencause.Biensûrquemesconquêtesonttoujoursprisduplaisiretelleseralaprochaine!Esquissedesourire.Enrevanche,j’aitrouvéunjobsurmesurepourelle:doublagedefilmspornos.Jesuispersuadéqu’ellepourraitdécrocherunoscarduX!Jemetsunenouvellecuillèredecéréalesdansmaboucheetlarefermeaussitôtavantdelescroquer.Je
suisdégoûté,ellesenperdenttouteleursaveur.Ellerelèveenfinsesprunellestranslucidesversmoietmerenvoieunsourirecrispé.J’enenfourneencoreuneprenantsoinunefoisdeplusà limiter lebruit.Cettefoisellerigolefranchementettoutçasansavoirprisuneseulegorgéedesoncafé,autantdirequeçarelèvedumiracle!—Tusaisquetamaladieporteunnom?Ellerelèveunsourcilinterrogateurtoutenposantsonmug,laissantunetracerougelàoùseslèvresse
sontposées.Pourquoijebloquelà-dessus,moi?—Lefaitdenepassupporterlesbruitsdebouche:t’esmisophone!—Recherchetrèsintéressanteetsurtoutquiprouvequetun’asriend’autreàfoutre,maisjenelesuis
pas.Enfinoui,çamegênemaissurtoutavectoi.Jemedisaisqueçacompléteraitmaliste.—T’es en traindemedire que je n’arrivepas à savourermes céréales juste parceque tuvoulais
mettreleplusdechosespossiblesurtaputaindefeuille?—Euh…Ouais!C’esttoiquiasvoulufaireunelistealorstudoist’ytenir,d’autantplusquetul’as
déjàvalidée!Zoéoucommentsefaireavoirparunepesteenuneseuleleçon…J’enrevienspas,j’auraisdûmieux
négociersaliste.Sonsourirevictorieuxmedonneenviedeluijeteràlatronchelerestedemescéréalesàprésentramollies,histoiredelacalmervitefait.Elleposeunefeuillepliéeenquatresurlecomptoiret
laglisseversmoi.Jeladéplieetdécouvremaliste.Trèsrestreintecomparéeàlasienne,etraturéeunpeupartout.J’ycroispas…Elles’estmêmepermisedecorrigermesfautes!Jeserrelesdentsplutôtquedel’attaquertoutdesuiteetmeconcentresursesmodificationsquejelisàhautevoix.—Mefairedeslasagnesunefoisparsemaine.OK,tuvalides,maisseulementenl’absencedeLola.
Pasdesouci,enplusjenesaispascequevalentlestiennes.—Ellessontencoremeilleures.—Ouais,jedemandeàvoir.Bref…Virerlesfemmesdemonlit,tuvalidessansconcessions?Serais-
tujalouse?Ellelèvelesyeuxaucielavecunemineexaspérée.—Lolam’adéjàparlédevotrearrangement,jemeferaiunplaisirdesauvertespauvresvictimes!En
plusj’adorefairedesmisesenscène,j’aidéjàquelquesscénariosentête,jevaism’éclater!Jesourisfaceàsaremarque.Pourquoiçanem’étonnepas?Aumoinsjesaisquelarelèveestassurée
quand Lola sera chez Jay. En son absence, j’évitais d’en ramener de peur de ne pas réussir à m’endéfaire.Maintenant, je vais pouvoirme faire plaisir plus souvent, ce sontmes couilles qui vont êtreravies!—Laclause«pasd’hommechezmoi»n’estpasnégociablecommetuledemandes.C’estmonappart,
jeneveuxaucunmecici.Devantsonairseptique,jepréfèreclarifierlasituation.—Jesuissérieux,Zoé.Situveuxbaiser,tufaisçaailleurs,pasici.—Unefoisdeplus,Lolaadesdroitsquemoijen’aipas!—Lolasortavecmonmeilleurami,c’estpaspareil.J’aipaseuàendurerundéfilédemecsenrut
avecelle.—Attends,tuveuxdirequoi,là?Sonmugclaquesurlebaretsesyeuxmedéfientdecontinuersurceterrainapparemmentminé.Merde,
j’aiparlétropvite!Jenelaprendspaspourunefillefacile,jeneveuxpasl’entendreaupieuavecunmecc’esttout.—JedisjustequeJaydenestcommeunfrèrepourmoidoncjen’yaijamaisvraimentpensé.Toi,tes
mecsjenelesconnaispasetjeneveuxpasd’inconnudansmonappart.Elle semble satisfaite dema réponse et je souffle intérieurement de soulagement. Une guerre vient
d’être évitée de justesse !Ma liste atterrit sur le frigo à côté de la sienne, bien en évidence pour serappelernosobligations.Envoyantmesquatrepauvres règlescomparéesà sa feuille rectoverso, j’aicomme l’impressiondem’être fait complètement rouler. Je regarde ladernièrenoteet sourisquand jevoisqu’elleasimplementétébarrée.Jelatapoteduboutdudoigtetmeretourneversmacolocataireenrigolant.—Quantàladernièreclausequeturefuses,onverrabiensituarrivesàt’ytenir!—Tu peux le noter noir sur blanc ça ne changera rien.Ton jeu stupide est perdu d’avance : je ne
baiserai pas avec toi de mon plein gré. T’as l’air de me prendre pour une salope alors dis-toi que,justement,j’enaivupasserdesqueues.Maislatiennen’ariendeplusquelesautres,bienaucontraire.Puisqu’elleestsuspendueentrelesjambesd’unemmerdeurfini.Lepirec’estqu’ellea l’air sûred’elle !Plusellemerepousseetplus j’aienviede l’avoir.Ce jeu
commencedrôlementàmeplaire.Ellemebousculepourque je libère laplaceque j’aiconsciemmentréduiteentreelleetmoi,mettantfinàladiscussion.
*
Deuxheuresque je suisdansmonbureauet lavueque j’aid’icim’empêchedemeconcentrer troplongtempssurmontaf.Mesyeuxdévientsanscessesurseslonguesjambesquimefontdel’œil.Vuleregardqu’ellemelance,Zoédoitpenserquejelaissemaporteouverteuniquementpourlasurveiller.Ilyadeça,maisc’estsurtoutpourpouvoirlorgnersursesbellescuisses.Dèsqu’ellebougeunpeu,letissuremonteauniveaudelafentedesarobe,melaissantdécouvriràchaquefoisunpeuplusdepeau.Jenesaispassielleenaconscienceousielleestentraindejouer,maissoncroisédécroiséestsiérotiquequema queue risque d’imploser. J’ai l’impression de rejouer la scène deBasic Instinct ou d’être unvoyeurperverstandisqu’ellecontinuedebossersansserendrecomptedel’effetqu’ellepeutproduire.Ellen’apasvouluvenirauboulotavecmoicematin,soi-disantparcequelesfillesl’ontregardéede
travershierquandons’estpointéstouslesdeux.Franchement,jenepensaispasquec’étaitlegenredefilleàsesoucierde l’avisdesautres.Ellefaitsadureàcuiremais,enfindecompte,elleestcommetouteslesautres:fragile.J’ensuislimitedéçu,jelapensaisréellementdifférente.Bond’accord,j’enaibaisé plus d’une ici, mais elles savaient toutes à quoi s’en tenir alors je ne vois pas pourquoi ellesauraientprisZoéengrippe.Ah,lesfemmesentreelles,devraiesfuries!Aumoinsj’entireunavantage,jepeuxvenirenmotocommejelefaisd’habitude.Jebaisselatêtesurlemailauquelj’essaiederépondredepuisdixminutesquandunmouvementattire
monregard.Erikvientdes’installersurlefauteuilenfacedubureaudeZoéetilssemblentmaintenantenpleinediscussion.Jelesignore,meconcentresurcemailetrépondsàquelquesautresavantdereleverdenouveau la tête.Monpoteest toujoursà lamêmeplaceet ils rigolent tous lesdeux. Ildistraitmonassistantedepuisunbonmomentetnepassemêmepasmevoircommeillefaitrégulièrement.Jetendsl’oreillepouressayerd’écouterleurconversationmaisenvain.SeulleriredeZoéparvientjusqu’àmoi.Jebousde l’intérieur, ne sachantpasvraimentpourquoi.Voyantqu’il n’est toujourspasdisposé àmerejoindre,jemelève.—Ahsalut,Ben!Zoémedisaitjustementquetuneluiavaispasfaitfaireletourdelaboîtepourla
présenter.J’ailetempscetaprès-midi,jel’emmèneraiavecmoi.—Commetuveux,sit’asdutempsàperdrepourlapromener,c’esttoiquivois.—Jenesuispasunclébard,espècedetyran,jeleferaipendantmapausesiçategêneautant!Elleestrougedecolère,jedevinequ’auboulot,mesvannesl’amusentencoremoins.Jeluifaissigne
que ça ne me pose aucun problème. Après tout, c’est comme elle veut. Si se faire présenter à despersonnesdontelleneretiendramêmepaslenoml’amuse…—T’esprisecemidi?Zoéjetteuncoupd’œilausandwichqu’elleaprisavecelleavantdereportersonattentionsurEriket
deluiadresserunlargesourire.—Non,librecommel’air!—Super,danscecasjet’emmèneàlabrasserieoùceuxdelaboîteontl’habituded’allermanger,ça
pourraitt’êtreutilepourtefairedesamis.Sit’esprête,onpeutpartirmaintenant?Sansdemandersonreste,Zoéselèveetattrapesonsacàmainavantdemecontournerpourrejoindre
Erik,quis’estlui-mêmelevé.J’ail’aird’uncondeboutdevantsonbureauvide,etavantdepasserparlacasecerveau,mesmotssortentdemabouchesansmonaccord.—Super,jevoussuis,çafaitlongtempsquejen’yaipasmislespieds.Enuneenjambéejelesrejoinset,lesmainsdanslespochesj’avanceendirectiondel’ascenseur,sans
tenircompteduregardinsistantdemonpote.Ilvoulaitpeut-êtreseretrouverseulavecmonassistante…
Pasdebol!Lerepasestd’unennuimortel:toutelaconversationtourneautourdelaviedeZoé,l’enfancedeZoé,
les études deZoé, les passions deZoé…Erik a une tonnedequestions et elle s’y prête avecplaisir,heureused’êtrelecentredel’attention.Pitié,tirez-moiuneballequ’onenfinisse!EnvivantavecLola,j’aidéjàeuledroitàuncompte-rendudétaillé,alorsautantdirequej’enaiabsolumentrienàfoutre!Lescoudessurlatableetlementonposésurmesmainscroisées,jefaissemblantd’écoutertandisquemonespritrepartsurlesnombreusestâchesquim’attendentàmonbureau.Soudainmonregardsefixe,jevoisunepointede sauce sur le coindes lèvresdeZoé.Elle ne semblepas s’en apercevoir et continuedeparler.Jesourisdevantsoncôtéridiculemaisavantquejenemerendecomptedemongeste,monbrass’allonge dans sa direction et, demonpouce, je viens recueillir la goutte de sauce que je porte àmabouche.Cegestelasurprendetlafaçondontellemeregardeestplutôtperturbante.Bordel,pourquoij’aifaitça?—Je…Euh…Jevaisauxtoilettes,jereviens.Elle s’éclipse rapidement, faisant se retournerquelques regards sur sonpassage.LegrosHubertdu
servicejuridiqueenviendraitpresqueàbaver,c’estrépugnant!—Toi,tucouchesavecelle!—Hein?Non,biensûrquenon!—Maist’enasl’intention!—Maisnonenfin,jepeuxbaisern’importequi,pourquoijem’emmerderaisavecelle?Erik lèveun sourcil sceptique face àmon emportement soudain.Bond’accord, c’est unobjectif, je
diraimêmemonprincipalobjectif,maisiln’apasbesoindelesavoir.Cen’estpasdansmeshabitudesdeluiparlerdemesplanscul.Ilesttropromantiqueetfleurbleue,jepréfèredeloinenrigoleravecJay,aumoinsjesaisqu’ilmecomprend,lui.—Danscecas…Tun’asriencontrelefaitquejetentemachance?—Tufaiscequetuveux,mec,c’estpasmonproblème.Jedétournelatêtedevantsonsouriresatisfaitquialedondemeboufferettombesurlapetitenouvelle
dusixièmequimedévoredesyeux.Intéressant!Ellerougitvoyantqu’ellevientd’êtrepriseenflagmaissoutientpourtantmonregard.Commentelles’appelledéjà?Leclind’œilquejeluiadressefinitparluifairebaisserlatêteaumomentoùZoépassedevantellepournousrejoindre.Aprèsça,Eriksemontreplusentreprenantetladragueouvertementdevantmoi.Putain,jesuisdevenutransparentouquoi?Enfaitnon…Zoéme jettede rapidescoupsd’œil,unpeugênéepar lechangementdecomportementdemonpote.Ellen’apasl’airtrèsréceptivemaisacceptepourtantdemangeravecluilelendemain.Maisseuls,cette fois-ci.Message reçucinqsurcinq : jenesuispasconvié.C’estpascommesi j’avaisenviederetenterl’expérienceenmêmetemps!Jen’aipasdécrochéunmottoutlerestantdurepas,detoutefaçonj’avaisl’impressiond’êtredetrop.J’aiprofitéd’unappelsurmonportablepourmebarrerplustôt.
*
Quandellemerejointaubureaupresqueuneheureplustard,elletoqueàlaporte.Jel’aiferméemais,apparemment,ellenecomprendpasquej’aieumadosedeZoépourlerestantdelajournée.—T’asbesoindemoioùjepeuxprendredeuxminutespourallervisitermaintenant?—Vas-y,vat’amusersit’asriend’autreàfaire!Enmepenchant, jepeuxvoirErikquipatientegentimentderrièreelle. J’ai enviede luidonnerdes
tâches ingrates histoire qu’elle soit d’aussimauvaise humeurquemoimais j’oublie aussitôt l’idée. Jeveuxjustequ’ellesortedemonbureau.Ellecommenceàfermerlaporte,maisjemeraviseaussitôt.Ellenes’entirerapasaussifacilement.—Nonattends!Avantj’auraisbesoinquetuappellesShirleyduserviceinformatique(aliaslapetite
brunedelacafétériaquimefaisaitdel’œil,sonprénomm’estrevenud’unseulcoup)pourluiproposerunrencardcesoir,chezmoi.Touslesnumérossontdansl’Intranet,tun’aurasaucunsouciàletrouver.Àmademande,ellealégèrementtiquémaisapourtanthochélatêteavantderefermerlaporte.Sicette
demoiselle accepte mon invitation, ce dont je n’ai aucun doute, je vais avoir de quoi oublier lerapprochement entre cette peste etmon pote de toujours. J’ai comme l’impression que les Françaisescherchentàm’éloignerdemesmeilleursamis.
*
Sanslevouloir,Zoéetmoisortonsenmêmetempsdubâtimentmaisellerepartcommeelleestvenue,sontaxil’attendantdéjàdevant.Jem’installesurmamoto,démarreetaccélèred’uncouppourfairerugirlemoteur.J’adorecebruitsourd,l’odeurdel’essenceetlapousséed’adrénalinequim’envahit.J’arrivebienavantelle:l’avantagedelamotodanslesembouteillagesàcetteheuredepointe.Lorsqu’ellearriveenfin,jesuissurlepointd’allerdansmasalledesport.Vucommentellefiledanssachambre,jedevinequ’ellevaelle-mêmeallercourir.Chacunsafaçondedécompresseretsûrementchacunsesraisonsaussidevouloirlefaire.Jenesaispasvraimentqu’ellessontmesmotivationsréellesmaisjedonnetoutcequej’aipendantpresquetroisheures.C’estl’horlogeaccrochéeaumurquimefaitstoppermacoursesurmontapisetnonlesmusclesquimebrûlent.Jen’enpeuxplus,jesuislessivémaisj’enavaisbesoin.Jemesensmieuxdansmatêteetprêtàm’occuperdecettepetiteShirleyquinedevraitplustarderàarriver.Quandjereviensàl’appart,uneassiettedetagliatellesàlacarbonaram’attendsurlatable.Ellefait
desefforts,çafaitplaisir.Enfindecompte,onvapeut-êtrefinirpars’entendre!Jemangesurlepouceetavaleletoutencinqminuteschronoavantdepassersousladouche.Mesmusclessedétendentdoucementsouslejetd’eauchaudemaisjeneprendspasletempsd’enprofiter.J’aiunautremoyendemedétendre,etd’unemanièrebeaucoupplusagréable,quidoitdéjàêtreenroute.Jemeparfume,tiremescheveuxenarrièreenlesbloquantavecunserre-têteettaillemabarbe.Beaugosse?Perfectionniste?Tombeur?Sivousledites…Jesuisd’accord!Surcespenséespositives,jerejoinsmachambreenservietteetsuislimitedéçudenepasvoirZoé.Lafaçondontellem’épieducoindel’œilmefaittoujoursdélirer.J’aiàpeine le tempsdepasserun jeanetun tee-shirtque l’interphoneannonce l’arrivéedemon rencard. Jejubileintérieurementenpensantàcettepetitebruneauxbeauxyeuxvertsquimedraguaitouvertementcemidi.Le simple fait qu’elle ait acceptéedevenir chezmoi ce soir à ladernièreminute et sans réelleraisonmefaitdirequ’onvapasserunebonnesoirée!J’appuiesurleboutonsansprendrelapeinedevérifierdequiils’agit,avantdepasserlatêtedans
l’embrasuredelaportedeZoé.Dansunpyjamaquin’ariendesexy,elleestallongéesursonlitavecsonordinateurdevantelle.Cesderniersjours,elleestenpermanencescotchéeàlui.Jenesaispascequ’ellefabrique,maisçaluiprendtoutsontemps.—Monrencardestarrivé,tutesouviensdesconsignesoujetefaisunpetitrappel?—C’estbon…Ellenesedétournepasdesonécran, tropconcentréesursesdoigtsqui tapent frénétiquementsur le
clavier.Ellesouffleenmerépondant,signequejelafaisgravechiermaisaumoinsj’aimaréponse.—OK,bahbonnesoiréealors!Jefermesaportederrièremoi,soucieuxdeluiéviterlebruitetmedemandemêmesijevaisêtreassez
gentilpourlimiterlescrisdansmachambretoutàl’heure.Elleafaitdeseffortsdesoncôté,jedevraisenfaireautantmaislefaitdesavoirqu’ellem’entendenpleineactionàuncôtéexcitant.Troiscoupsdiscretsàlaportesuffisentàmesortirdemespenséesetj’avanceverscelle-cilesourire
auxlèvres.—C’estsurtoutàtoiqu’ilfautsouhaiterunebonnesoirée!Zoé crie depuis sa chambre et son ton paraît trop amical pour être sincère.D’un seul coup j’ai un
putaindepressentimentetj’ouvrelaporteavecappréhension.—Bonsoir,monsieurHarper!—Bonsoir…Shirley.Sijesuisétonné, jenelaisserienparaîtreetmêmesi j’aienviederefermerlaporteaussisecpour
courir me cacher, ma bonne éducation m’en empêche. Je laisse Shirley entrer et me préparepsychologiquementàsubircettesoiréedemerdequis’annonçaitpourtantexcellente.Lavengeanceestunplatquisemangefroid,Zoéval’apprendreàsesdépens.
Unesemaine:unmercrediquicommençaitsibien…
Leréveilaétédur,j’aibossétrèstarddanslanuitsurmonprojetmaisc’estsansaucunregret.Jepeuxofficiellementdirequejesuiscequel’onappelleunelovecoach,etjesuisplutôtfièredurésultat!Leblogquej’aicréédetoutepièceavecmespetitesmainsproposedésormaismesservicesàlagent
féminine. Oui je sais, c’est l’hôpital qui se fout de la charité quand on sait que, niveau relationsamoureuses, jesuis loind’êtreunmodèle.Parcontres’ilexisteuncoachingpourréussiràprendreduplaisiravecunhomme,jesuispreneuse!Etpuisquel’onvitàLosAngeles,oùl’apparence,leluxeetlesuperficielprônent,j’aiaussimisen
place ce que j’appelle le « Pigeon en costard ». Ilm’a demandé beaucoup de tempsmais il va fairefureur.Pourtoutescesfemmescupidesetvénalesquicherchentunhommericheàsemettresousladent.C’estdégueulasse?Sûrement.Mais jene faisque les rapprocher, si lepigeon se fait avoir, c’est sonproblème.Ethistoiredelesappâterunpeuplus,j’airécupéréunephotodeBensurlenet,lebonpartideL.A. Sa belle gueule va me servir pour une fois. Merci pour ton investissement dans mon projet,chouchou!Résultatdescourses,j’aideuxoptionsàproposer:
Vousvoussentezseule?Vousnecroyezplusenl’amour?
Vousêtespersuadéequepersonnenepeuts’intéresseràvous?N’hésitezpas,cetteformuleestfaitepourvous!
ou:Vousêtesambitieuseetnevoulezpasn’importequelhommedansvotrevie?
Besoind’aidepourflaireretramenerungrosgibier?Mesdames,jesuisàvotreservice!
Le site sera opérationnel dans la journée, une fois la dernière validation obtenue. Les tarifs sontattractifsetjeseraidispopourlespremièresséancesdèslafindesemaine,quandjeserailibéréedecetafd’assistantepersonnelledeMonsieurHarper-le-baiseur.Quandjepenseàlui,j’aiunesoudaineenviederire.Êtredebonnehumeurdèslematinestvraiment
rarissime, mais ma future entreprise et ma petite blague d’hier soir sont des euphorisants, une vraieboufféed’oxygèneencematinpluvieux.LaportedelachambredeBens’ouvreetjecachemonsourirederrièremonbol.Ilpassedevantmoi,levisageferméetlarageauventrepourallers’enfermerdanslasalle de bains.Quoi, il est énervé aprèsmoi ?Bon, il se peut que jeme sois légèrement trompée enprenantsonrendez-vous,maisc’étaitpresqueinvolontaire.Jenecomprendspas…J’aidûmemélangerles pinceaux entre la Shirley un peu psychopathe du service compta qui bave sur Ben dès qu’ils’approched’unpeutropprès,etcettemignonnepetiteShirleydouceetnaïveduserviceinformatique.D’accord j’avoue, j’étais tellementprisepar la créationdemonblogqu’il sepourrait que j’aie aussioubliédelavirerdesonlitcommelestipulenotre«contratdecolocation».Maiss’iln’envoulaitpas,fallaitpasseforcer!Nonmaissérieusement,ilcroyaitvraimentquej’allaisfairedansletéléphoneroseetprogrammerses
plansculsansriendire?Shirley,quantàelle,esttoutsourire.Elles’installeàcôtédemoietsonregardmelanceunetonnede
remerciements.—Jamaisjen’auraispenséqu’ils’intéressaitàmoi,mercidem’avoirappelée!—Maisjenefaisquesuivrelesdirectivesdemonpatron.—Etiln’yariend’autreentrevous?Non,parcequevousvivezensemblealors…—Patronpourencorequelquesjoursetcolocatairetemporaire.Ças’arrêtelà!—Tantmieuxalors,parcequej’espèrelerevoirbientôt.Nonmaist’imaginesmêmepaslanuitque
j’aipassée.Il…C’estàcemoment-làquejechoisisdeneplusl’écouterafindemeprotégerdeséventuellesimagesqui
pourraients’immiscerdansmatête:Bencomplètementnuluifaisantl’amour,ensueuret…Stop!!!Jelaregardecommesijem’intéressaisethochelatêtedetempsàautremaisjen’entendsquedesblablabladiscontinus.Ilfautdirequejesaisplusoumoinscequ’ils’estpassédanslachambrevoisine.Si,pourunefois,Benestrestésilencieux,onnepeutpasendireautantdesapartenaire.Elledevaitêtrebranchéesuraudiodescription:«tesfessesmedonnentenviedecroquerdedans»ouencore«jepeuxléchertesabdos?»mereviennentenmémoire.Sansrire,cettefilleexpliquaittoutcequ’ellevoulaisluifaire.Elleestdrôle,maissurtoutflippante!JecomprendspourquoiBenm’enveut,pourtantjen’arrivepasàavoirpitiédelui.Quandilrevientfraîchementdouché,sestraitssontdécrispésetmêmes’ilfuittoujoursmonregard,il
sembledemeilleurehumeur.Sansprendrele tempsd’avalersonpetitdéj, ilenfilesavestedonnant lesignaldudépartàShirleyquinesefaitpasprierpourlesuivre.—J’aibesoind’êtreautafdebonneheure.Jetedéposecheztoipourquetupuissestepréparerau
passage.—D’accord,commetuveux.Àbientôt,Zoé!Jeluifaisunbrefsignedelamain,sachantd’avancequejenelareverraipasdesitôt.Benouvrela
porteetsedécalepourlalaisserpasseravantdes’engouffreràsontourdanslecouloir,etcelatoujoursenm’ignorantroyalement.Jepeuxdirecequejeveuxdelui,maisc’estquelqu’undebien.CetteShirleyluisortparlestrousdenezetpourtantilresteaimableetgentlemanavecelle.J’enconnaisplusd’unquiauraitjouéauconnard,maisluinon…Merde,voilàquej’auraispresquedelasympathiepourcecrétinmaintenant.Attention,j’aibienditpresque!
*
Quandj’arriveaubureau,jesuissurprisedetrouversaportefermée.Commehieraprès-midi…Ilfautcroirequ’ilafinidemesurveiller.Jem’installeetj’aiàpeineletempsd’ouvrirmesapplicationsqueletéléphonesonnedéjà.Présaged’unelonguejournée!Quandjerelèvelatêtepourlapremièrefois,lamatinéeestdéjàpasséeetl’heuredurepasestmême
plutôtbienentamée.Benn’estpassortiuneseulefoisdesonbureau,àsedemanders’ilestvraimentlà.Je récupèremon sac et, avant d’aller rejoindre Erik comme prévu, je vais toquer à la porte demonpatron. N’ayant pas de réponse, j’ouvre la porte et le trouve derrière son grand bureau. Comme s’ilsentaitquec’étaitmoi,Bennedaignemêmepasleverlatête.Ilcontinueàlirejenesaisqueldocument.—Tunevaspasmanger?—Non.C’estlapremièrefoisdepuisplusieursjoursqu’ilsembleaussiremontécontremoietsij’enéprouve
delasatisfactiond’habitude,jedoisavouerqu’aujourd’huijemesensblessée.Jemerendsàl’évidence,
j’aipeut-êtreétéunpeu tropdureavec lui.Après tout, ilestpossiblequeLolagèrehabituellementcegenrederendez-vous.Iln’yvoyaitaucunmalenmedemandantdelefaireetmoi,commetoujours,jemesuisemportée.—J’yvais,tu…tuveuxquejeterapportequelquechose?Ilplongeenfinsonregarddanslemien;l’azurdesesirisaviréaugris.—Jen’aibesoinderien,surtoutvenantdetoi,Zoé.VamangeravecEriketnemefaispaschier.—Commetuvoudras.Jerefermesaporteetresteunmomentinterdite.Jemesuisfaitenvoyerboulerenbeautéetjen’airien
répliqué.Lesmotssontrestésbloquésdansmagorge,surpriseparsonagressivité.Toutcequejevois,c’estquejel’airéellementvexé.Jefinisparm’éloigneretjerejoinsErikquim’attenddéjàdanslehalldel’immeuble.—Bonjour,belleZoé!Prêteàallermanger?—Jemeursdefaim!Jeluiadresseunsourireenréponseausienetlesuisdanslarue,nesachantpasoùilm’emmène.On
flâneainsidansunsilencesereinjusqu’àunpetitrestaurantàl’angledelarue.C’estassezcosyetsurtouttrèsintimiste,cequimemetaussitôtmalàl’aise.Laserveusenousinstalleaufonddelapièce,unpeuàl’écartdesautres,etsubitement l’atmosphèrechange.J’ai l’impressiond’assisteràunpremierrencardsanssavoirréellementàquelmomentj’auraisdûcomprendrequec’enétaitun.Erikparledetoutetderiensansjamaisêtreentreprenant,maisleregardqu’ilposesurmoiveuttoutdire.J’essaiedenepasluientenirrigueuretfinalementjepasseunagréablemoment.—Mercibeaucouppourcemidi,jenepensaispasautantm’amuser!—Quoi,tuavaispeurdet’emmerder?Sympa!—J’aipasditça!Maist’essurprenant.C’estvrai,tufaispassemblantdet’intéresseràcequejedis.
T’escurieux…Tumeposesdesquestions…Unvraidialogue,quoi!—C’estsisurprenantqueçaqu’unmecaitdelaconversation?Je hausse les épaules, ne sachant trop quoi répondre. Ça me change surtout des semblants de
discussionsquejepeuxavoiravecsongrandcopain.D’ailleursilparledetoutlemondesaufdelui,etjenevaispasmettrelesujetsurletapis!Tandisqu’ilmeracontesarencontreavecLola,histoirequejeconnaisdéjàparmameilleureamie,je
ledétailleunpeuplus.Seslongscheveuxblondsattachésenqueue-de-chevaletsonteinthâléluidonnentunairdesurfeur.Ildoitassurémentplaireauxfillesavecsesépaulescarréesetsesgrandsyeuxnoisette.Pourtantjen’arrivepasàletrouverbeau,mignontoutauplus…Jemerendscomptequ’ilalescanineslégèrementenavantetquesesyeuxsonttropécartés.Quelquescentimètresenplusetjesuissûrequ’ilpourraitvoirsurlescôtéscommelespoissons.Tropfréquenterlamer,çadoittransformer!Jemepinceles lèvres pour m’empêcher de rire de mes conneries. Allez, Zoé, ressaisis-toi ! Bordel, voilà quemaintenantdes imagesmeviennent!J’essaiedemeconcentrersurcequ’ilmeracontemaisc’estplusfortquemoi,quandjedécèledesdéfautschezunepersonne,jenevoisplusqueçaensuite.Sérieux,c’esttoutmoi:jesuisenfaced’unmecloind’êtredégueuetpourtantjefaisunefixettesurderidiculespetitsdéfauts.Jelesaccentue,lesdéformeet,aufinal,jenevoisplusqueça.Forcémentcomparéàlui,Benestundieugrecavecsesyeuxturquoisebordésdegrandscilsnoirsquirendentsonregardhypnotisant.Etjeneparlepasdesabouchepulpeusenidesesdentsblanchesalignéesàlaperfection.C’estvrai,riendetraversoudemochechezlui.Absolumentrienàjeterchezcemec,sicen’esttoutl’intérieur.L’hommeparfaitdoitavoirlapersonnalitéd’ErikmaisdanslecorpsdeBen!Bordel,unefoisdeplusmespensées
dévientsurlui,alorsqu’ilexistemillefoismieux…Enfinjecrois.Tandisquejem’amuseàdresserlalistedetouslesbeauxmecscommeRyanGoslingouChanningTatum,unemains’agitantdevantmesyeuxvientmesortirdemespensées.—C’estunequestionquidemandetantderéflexion?Hein?Quoi?Merdeilm’ademandéquelquechose…Jeseraisbiententéededonneruneréponseau
pifcomme«oui»,«demain»ouencore«c’étaitdélicieux»,maisjemesuisdéjàtapélahonteavecmesréponsesauhasard.Onvaéviter.—Excuse-moi,j’étaisdansmespensées.EnparlantdeLola,jemedisaisjustementquejenel’avais
paseueautéléphonehier.Mensongesansenêtreunpuisquemacopinem’aeneffetzappéalorsqu’ellem’avaitpromisdeme
donnerdesnouvellestouslesjours.Encoreunefois,Jaydendoittropl’accaparer.—Jetedemandaissituaccepteraisdedîneravecmoiundecessoirs.Etmerde, nous y voilà. Ses joues légèrement rougies et son attitude qui se veut confiantemais qui
laissetransparaîtreunstresstotalmedonnentenviedeluidireoui.C’estunmecbien,tropbienpourmoietmesproblèmes.Etpuis,avecsescaninesenavant,jemedemandes’ilnefaitpaspartieduclanCullen.Peut-êtrequ’ilajusteenviedemesucerlesang!Pfff,n’importequoi!Réagis,Zoé,ilattendtaréponse!—Écoute,Erik,jet’appréciedeplusenplusetjesuissûrequel’onpourraitdevenirdebonsamis…
Maisjen’aiqueçaàteproposer,jesuisdésolée.Ils’affalesurledossierdesachaiseetbalaiemesproposd’unemain.Ilgardelesouriremaisjevois
bienquejeluiaifaitdelapeine.—T’enfaispas,Zoé,jedevaistentermachancemaisjesavaisquec’étaitperdud’avancepourmoi.
Dommage,tunesaispascequetuloupes!—Ettoi,tunesaispasàquoituéchappes!Nous rionsdeboncœur tous lesdeuxet,mêmes’ilnesedépartitpasdesabonnehumeuretdesa
gentillesse,jevoisqu’ilestdéçu.Lafindurepasetleretouraubureausedéroulentdanslajoie.Maislesriressestoppentrapidementquandjevoisquelaportedemonbossesttoujoursclose.Retouràlaréalité: j’ai faitunegrosseboulette.Jesavaisqueçaallait l’emmerderet lefairecriser,mais jen’avaispasprévuqueçametoucheraitautant.
*
17heures:Misàpartmebombarderdemailspourmebalancersesdirectives,Benn’apasbougédesonbureau.Apparemmentsonnouveaucredoestdem’ignorerlepluspossible.Jefinisparplierbagageetrentredirectementàl’appart.Ilestenvisioconférenceàcetteheure-ci,j’aidutempspourmoiavantqu’ilrevienneavecsatroncheàl’envers.J’ysuispeut-êtrealléeunpeufortcettefois…18heures:Maculpabilitétourneenronddansmatête,maisjel’évacueenfaisantmonjogging.Mes
écouteursvisséssurlesoreilles,lederniermorceaudeNekfeuétouffantcebrusquesursautdeconsciencequimepolluel’esprit.C’estvraimentdugrandn’importequoi!Pourquoijemeprendslatête?18h16:Missilesexyenapproche.Monbeaujoggeurcroisemonchemin,enm’adressantunsourire
renversant.Minceuneracine!Gardelesbillesenfacedestrousmagrande,cen’estpaslemomentdes’enracinerlepifdansunemottedeterre!Uncoupd’œilversmonathlète,ilrigolepuism’adresseunsignedelamain.Unpetitsalutmilitaireavantd’accéléreretdemelaisserdanssonsillage.Jemattesonculunedernièrefoisavantdefairedemi-touretderentrerdoucementchezmoi,enfinchezlui…Ouplutôtcheznous.
19h18:Fraîchementdouchée,jerejoinslacuisineoùtrônemonportable.Rien,pasunenouvelle,etBen n’est toujours pas là… Je suis vraiment stupide : comme s’il devaitme rendre des comptes ! Saréuniondoitdurerpluslongtempsqueprévu.Pointbarre!20heures : Jecommenceàmeposerdesquestions.Maisqu’est-cequ’il fout?Fautque j’arrêtede
regardermontéléphonesanscesse!Commeunedébile,jeculpabilisealorsqu’ildoitsûrementsoulagersafrustrationentrelescuissesd’unenana!20h27:Çayest,jesuisinquiète:ildevraitêtrelàdepuisunbonmomentmaintenant.S’ilavaiteuun
souci,ilm’auraitquandmêmeenvoyéunmessage,non?20h52:Jedevraispeut-êtreappelerLola?Non,çanesertàriendel’inquiéter!Quandilaurafinidebouderdanssoncoinilreviendra!Entoutcas,mesexcusessontprêtes,ellescuisentdanslefour.Qu’iln’attendepasplusdemoi,c’estdéjàunsacréeffortdemapart!21heures:Laported’entréeclaque.Merde,merde,merde,c’estlui!Bouge-toi,restepasplantéelà
commeuneconne!Jefaissemblantdem’intéresseràquelquechosesurmonportable.Ouais,surlecoup,j’aipastrouvémieux…Ducoindel’œil, je levoisétudierlatabledresséeetunpetitsourireencoinapparaîtsursonvisage. Ilnedit rien,nem’accordeaucuneattentionet filedanssachambre.J’attendsqu’ilaitrefermélaportepourreprendrel’assietteetlaremettrequelquesminutesaumicro-ondes.J’aiàpeineletempsdelareposeràsaplaceinitialequ’ilrevientenmodedécontracté:joggingencotongrisluitombantdélicieusementsurleshancheset…c’esttout!Autantilpeutêtresexydanssescostumessurmesure,autantlevoiràmoitiénualedondemefaireunje-ne-sais-quoiàchaquefois.—Cequetuvoisteplaît?Bordel,j’aidûresterunpeutroplongtempsàledétaillervul’airsatisfaitqu’ilaffiche.Pourtantj’ai
cruavoirdétournélesyeuxaussitôt.Unedemi-secondedetropfautcroire…— Jeme dis surtout que tu aimes vivre dangereusementmais apparemment tu n’as pas peur d’une
brûlureautroisièmedegré.Pfff,quellegourdequandjem’ymets!Ouic’estvrai,leslasagnespourraientsauterdel’assiette,venir
l’attaqueretlebrûlerautroisièmedegré…Jen’osemêmepasreleverlatêteversluiaprèsmaconnerie!—UnHarperneressentpasladouleur.Aumomentoùcesmotsfranchissentseslèvres,samâchoireseresserreimperceptiblementetsestraits
se crispent. Je devine que cette expression sortie toute seule lui laisse un goût amer en bouche. Il sereprendpourtantrapidement,s’assoitenfacedeseslasagnesetsansplusdecérémonies’emparedesescouverts.Jem’installe faceà lui,maiscommej’aidéjàmangé, jemecontented’uncafépour lui tenircompagnie.—Première clause de notre contrat de colocation :mes succulentes lasagnes ! Profite, très peu de
personnesyonteudroit.— Et elles sont encore là pour en parler ou t’utilises un ingrédient spécial genre…mort-aux-rats,
arsenic,cyanure?—Auxinfosj’aientendudirequedesgrainesdericinavaientétévoléesdansleslaboratoiresdela
CIA.Trèspeu,maisassezpourdécimerlamoitiédeL.A.,figure-toi!Uneenquêteestencoursmaisilsnepourrontjamaisrelierl’affaireàmoi!—Jecroisquetudevraisarrêterlatélé,LesExpertstemontentàlatête!Sabonnehumeurarrivecrescendoetjemesurprendsàluisourire.Pasd’excuse,pasdediscussionsur
cettejournée:onparle…sanssechamailler!—Jevaisboireuncoupaubard’enbastoutàl’heure…
Illaissesaphraseensuspensetmeregardebizarrement,commes’ils’interrogeaitintérieurementpoursavoir s’il m’en dit plus ou pas. Il mastique encore un petit moment l’énorme morceau qu’il vientd’enfourneralorsjemedisqu’ilcomptepeut-êtrem’inviteràmejoindreàlui.Jesuisdéjàentrainderéfléchir à cette supposition. C’est assez risqué, surtout quand on sait qu’on n’a jamais parlé aussilongtempsquecesoirsanss’étriper,maisj’aibienenviedetenterl’expérience.Benetmoicommedeuxamis…Curieusedesavoirsic’estenvisageable.Maisilneposepassaputaindequestionetjeluifaissignedepoursuivred’ungestedelamain.—Sijeramèneunemeuf,tusuivraslesrèglescettefois?Sanscommentaire.Etmoiquicommençaisàcroirequ’uneamitiéentreluietmoiétaitenvisageable…
Connerie ! Comment me remettre à ma place et me faire sentir encore plus idiote ? Je sais pas…DemandezàBend’ouvrirlabouche!Quandjepensequej’aipasséplusd’uneheureàluipréparersesputains de lasagnes pourmettre un terme à cette stupide querelle !Et lui, en grand égoïste et en grosconnard, profite de ce début de bonne entente pour remettre cette clause sur le tapis.Ce n’est pas uncontratnonplus!Jenemerappellepasavoirsignéquoiquecesoit.Pourtantj’opinedelatête,voyantqu’ilattenduneréponse.Jesuisvexéedem’êtrefaitdefaussesidées,c’estsurtoutpourçaquejesuismauvaise.Aprèstout,ilgèresaviecommeill’entend.Ilselèveetdéposesonassietteetsescouvertsdansl’évieravantd’allerdanslasalledebains.Bah
voyons,c’estconnu,çavasautertoutseuldanslelave-vaisselle!Etvoilà,ilm’aénervée,etlamoindreparoledéplacéedesapartvam’agacerdavantage.Lesimplefaitdel’entendresifflotertandisqu’ilsepréparemegonfle.Mestechniquesdeyoganemesontpasd’unegrandeutilité,carjepeineàretrouvermoncalme.Ilrevientetenfilesaveste,prêtàsortir.Jeleregardefaire,finalementpresséequ’ilsetire.Justeavantdefermerlaported’entrée,savoixparvientjusqu’àmoi.—Jepeuxvraimentcomptersurtoi,hein?—Jeserailàpourlavirer,rassure-toi!—Etcequis’estpasséhiernesereproduiraplus?Ilmecherchelà,non?—Non!Inspire,expire…Troptard.—Sit’envoulaispasdanstonlit,fallaitpaslabaiser!!!Je crie aumoment où la porte se referme. Je ne sais pas s’il a entendumais ça fait unbien foude
hurler.Uncrilibérateurquimevidedemesdernièrestensions.Ilnevautpaslapeinequejebousillemasoiréepourlui,àruminer,d’autantquej’aibienmieuxàfaire.Jeprendsmonordisouslebrasetparsm’installersurmonlit.Jesuisexcitéecommeunegamineeten
mêmetempsstresséeàmort.Etsipersonnen’avaitconsultémapage?Ilfautquejerelativise,jesaisqueçafaitàpeineunejournéequeleblogestenlignemaisj’attendstellementdecenouveautravail…C’esttoutcequej’aime:pasdepatron,lecontactaveclesgens,l’indépendanceetsurtoutuneopportunitédemefairedel’argentrapidementetd’avoirmonproprechezmoi.Lapaged’accueilsechargeenfinetjene vois rien…Absolument aucune visite ! J’essayais de ne pas trop y croire mais je suis de natureoptimistedoncjesuisforcémentunpeudéçue.Jenemelaissepasabattrepourautant, j’ai toujoursdûcompterquesurmoi-mêmealors j’aiapprisàmedébrouiller touteseule.Jepassedoncmasoiréesurdiversforumsenlienavecmonactivitépourfaireparlerunmaximumdemoi.Jesursautequandlaported’entréeclaqueetmerendscomptequej’aidûm’assoupir.J’essuielefilet
debave séchée au coindemabouche (ouais, je sais, c’est pas classe),me lève sansbruit et referme
discrètementmaportelaisséegrandeouverte.Àtêtereposée,j’aieuletempsderepenseràmonrôleetjecomptejouerlafanhystériquedevantl’undesmeilleurspartisdeLosAngeles.Iln’estpasdansletop100 et se trouve loin derrière Jayden,mais apparemment il serait sur la liste que toutes ces femmesvénales qui travaillent dans sa boîte semblent connaître sur le bout de leurs griffes manucurées. Jem’apprêteàmettremesécouteurspournepaslesentendre,surtoutquedesbruitsdebouchess’immiscentdéjàjusquedansmachambre,quanduneplaintedeBenvientfoutreenl’airtoutesmesbonnesrésolutionsleconcernant.—Jesuispastropenforme,àtouslescoupsc’estdûàlabouffeinfectedecesoir.Leconnard!J’hallucinetotalement.D’une,meslasagnesétaientdélicieuses,etdedeux,jevaispéter
lesdentsdececrétinafinde lui rappeler le tempsque j’aipasséencuisinepour lui faireplaisir.Cesparolesnem’étaientpasdestinéessinonillesauraitditesenpassantdevantmaporte.—Çavaalleroufautquejemetransformeeninfirmière?Bahvoyons,envoilàunequiperdpaslenord!—T’inquiète,mabelle,j’auraitoujoursassezdeforcepourm’occuperdetoi.Lesbruitsdesuccionreprennentdeplusbelle,melaissantungoûtamerdanslabouche.Jemetsdonc
mesécouteursetlancedelamusiquedoucepourmecalmermaisaufinalçaproduitl’effetinversesurmoncorps. Je tourneen ronddansmachambre,me rongeantnerveusement l’ongledupouce, attendantpatiemmentl’heuredevirersonbouletquanduneidéegermedoucementdansmatête.Aprèstout,cettefoisc’estmérité!Jedécideplutôtdesauvercettepauvrevictimedesmainsdesonbourreau.J’attendsencorequelquesminutesavecunsourirecarnassiersurlevisage,fièredemaprochainevacherie.Quandjejugeletempsnécessaireécoulé,j’ôteunécouteuretlessonsquej’entendsmefontpenserquec’estlemomentidéal.Prépare-toi,Ben,parcequejenecomptepast’épargner!Jepassedanslasalledebainspourme rafraîchir un peu et fouille dans ses placards à la recherche de quelque chose en particulier.Jackpot!Prêteàalleraffronterceprétentieux.Devant sa porte, je souffle un bon coup et entre en trombe, déjà dans le personnage que j’ai
confectionnésurmesurepourlasituation.Lebruitdelaportelesfaitréagir.Jesuisaussichoquéequ’eux.Jesavaiscequi sepassaitdanscettechambre,mais jenem’attendaispasà retrouver lademoiselleàquatrepatteslesfessesenl’airentraindesefaireculbuter(oui,iln’yapasd’autresmots)parunBenplutôt en forme ! Jeme reprends rapidement etm’agite dans tous les sens tandis quemon colocataires’affalesurlelitpourcachersonsexeérigé,m’offrantunevuepanoramiquesursesfesses…croquantes.Lapetitebruneestdéjàdescenduedulit,agenouilléederrièrecelui-cipourcachersanudité.—Putain,maisqu’est-cequec’estquecebordel?—Zoé,tune…Jelepointedudoigtetmacolèreenversluin’estpasfeinte, jebouslittéralementderageenversce
mecquis’amuseàbattrelechaudetlefroidavecmoidepuisunmoment.—Tagueule,toi!Tumefaistraverserlamoitiédelavilleàlarecherched’unepharmacieouverteà
uneheurepareille,justepourt’envoyerenl’air?Ettoutçaàunesemainedumariage?Tuesunmonstre!—Mariage?Lajeunefemmemeregarde,lesyeuxécarquillés,prêteàverserdeslarmesdehonte.Ehoui,tuesune
briseusedecouple…Enfin,enthéorie.JelatoiseavantdemetournerversBenquimeregarde,blasé,attendantsimplementquejefinissema
tirade.—JesupposequelaMSTquetum’asrefiléevientd’elleaussi?
—MST?Leperroquetsembleenétatdechocetserelèveàlavitessedel’éclair,sesvêtementssouslebras.
Ellesortencourantdelachambre.Etvoilà,leverderideau!JemetourneversBenetleregardeavecunsouriretriomphantpuismebaisseavecunelenteurexagéréepoursaluermonpublic.—Jevaistetuer!Jedétourneleregardquandilselèveprécipitamment,exposantsoncorpsentièrementnupourenfiler
sonboxer.—Cettefois,tul’ascherché,connard!Aufait…Tiens,pourtesaigreursd’estomac!Jelui jetteenpleinetêteletubequejetenaisfermemententremesdoigts,cequimevautunevague
d’insultes.Voyantqu’ilvireaurouge,jemeruehorsdesachambre,meprécipitejusqu’àlamienneetclaquema
portedansunbruitsourd.Jechercheàfermeràclémaismamaintouchelevide.Merdemaisoùestcetteclé?Beaucouptropvite,ilestdéjàlàettentedel’ouvrir.Jenesuispasenmesurederivalisercontreluimais l’adrénalinepulsedansmesveineset jemedéfendsplutôtbien.Resteà savoirpourcombiendetemps.—Putain,maist’espirequ’unegamine,sérieux!Meniquermoncoupjustepourunplat?Jeneprendspaslapeinedeluirépondre,tropconcentréeàpoussercontrelaportedetoutmonpoids.
Unelutteacharnées’estengagéemaisjesensqu’ilnepoussepasàfond.Mêmemauvaiscommeill’estactuellement, il a peur deme fairemal en ymettant toutes ses forces. Il comptem’avoir à l’usure etmalheureusementilvayparvenir.—T’esblondealorsjevaislerépéterunedernièrefois:tuviensuniquementquandj’aifini!Jevais
fairequoimaintenantavecunegaulepareille,hein?—T’asqu’àutilisertamain!Aumoinselle…Àparler j’enoubliedepousseret laportes’ouvreengrand,projetant lecorpsdemonadversaireà
moitiésurmoi.—…ellenes’enirapasencourant!C’estplusfortquemoi,ilfautquej’aielederniermot.Jenefaispaslamalignepourautant.Ilestprès,
tropprès.Tellement,quesonnezfrôlelemienetquejepeuxvoirsesyeuxchangerlégèrementdeteinte.—J’aitoutetonattentionlà?Alorsécoute-moibien:laprochainefoisquetumefaisuncoupcomme
ça,c’esttoiquejebaise.
Chapitre9
Ben
Mon regard planté dans le sien, je prends plaisir à voir son visage se décomposer. La boucheentrouverte,lesoufflecourtetlesyeuxronds,elleestenétatdechoc.Esquissedesourire.Parfait,elleacompris lemessage.Fini les conneries !Mepousser dansmes retranchements comme la dernière desgamines l’amuse?Moi,c’estde la fixercomme toutescesproiesqui finissentdansmon lit.Unevoiesansissue,lapropulsantdirectementdanslabrumedemesfantasmes.Unjusteéchangedefluidesetdeplaisirs,sansquecelanem’affecte.Jevoisdanssesyeuxqu’ellechercheàreprendreledessusmaiselleadumal.Elleapeur,etellearaison.D’unemainfébrilemaisferme,ellemerepousse.—Commesimettredeladistanceallaitsauvertoncul!T’asperduZoé.Tunelesaispasencoremais
lapartieestbientôtfinie.—Lâche-moi,Ben.Jen’aifaitqueterendrelamonnaiedetapièce.—Jeteparlepasdeça.Sij’aiétépatientjusque-là,c’estparcequetueslacopinedeLola.Maisça
netesauveraplus.Maintenantdis-toiquetuesseule,àmamerci,etjenevaisplustelâcher.—Jenetelaisseraipasfaire.Tunem’auraspas!—Sij’étaistoi,jen’enmettraispasmamainàcouper.Tulesaisaussibienquemoi.Sontempéramentdefeuetsahaineenversmoinemefaciliterontpaslatâche.Jevaisenchierpour
l’avoirmais,putain,jemettraiunpointd’honneuràlafairetomber,etdepréférencedansmonpieu.Pluselleluttecontremoi,contresondésir,etplusmavictoireserabandante.Elleneserendpascomptedel’effetqu’ellemefait.J’aiune triquedudiableà lasimple idéedeceque jecomptefaired’elle.ZoéreprésentelesaintGraal,letrophéeultime.Cejeuaprisdesproportionsquimedépassent:jelaveux,c’est tout.C’estunemission impossibleversionBen.Ma revancheabsolue, et j’aihâted’êtredéclarégrandvainqueur.
Zoé
Bordel,maisqu’ilarrêtedemeregarderdecettefaçon.Ilparaîttellementsûrdeluiquejecommenceàdouterdemoi,demesconvictions.Ils’avancenonchalamment,réduisantladistancequej’avaisréussiàmettreentrenous.Àchacundesespasenavant, jereculed’autant.Moncœurmanquedesefaire lamallequand jebute contre lemur. Je suis incapabled’esquisser lemoindremouvement alorsqu’il sepenchesurmoi,posantsesmainsdepartetd’autredemonvisage.—Àpartirdemaintenant,lejeucommenceréellement.Jeserailàoùtut’yattendraslemoins.Jevais
te travailleraucorps, imprégner tespensées, immiscer ledésirdans teschairs,devenir tonobsession.
Soissûred’unechose:jenetelaisseraiaucunrépit,Zoé.Jusqu’àcequelesmotssortentd’eux-mêmesdetabouche:J’aienviedetoi.Et,crois-moi,tumelesoffriras,tumesupplierasd’enfinir.Mesyeuxnedécrochentpasdeseslèvresquiannoncentmasentence,cettedoucetorturequ’ilcompte
m’infliger.Jen’arriveplusàréfléchiretencoremoinsàluirépondre.Soncorpssepressecontrelemien,sonérectionvenantconfirmersesdires.Bordel,j’aichaud,jemanqued’airetlapressiondesonsexemebrûlelapeau.Merde,reprends-toi,Zoé,tun’espasfaible!—Jeteprendraicontreunmur,parterre,dansmonlit,oupeut-êtremêmedansletien…Satêtedéviesurlecôtéetjesuissonregardversmonlit.J’imagineparfaitementcequel’onpourraity
faire ! J’avaledifficilementma salive.Son regardbrûlant seposedenouveau surmoi et il sepenchelentement. Je panique quand je vois ses lèvres tentantes se rapprocher des miennes. Bordel, il vam’embrasser!Qu’est-cequejefais?Jelelaissefaireoujelerepousse?Mondieu,ilm’acomplètementretournélecerveau!Jelefixe,incapablederéagir.Maraisonetmoncorps,mahaineetmondésirselivrentunelutteacharnée.Quandseslèvresfrôlentlesmiennes,jesensdéjàmaperte.—Tun’imaginespascombienj’aihâted’yêtre,desentirtapeaunuecontrelamienne,lachaleurde
tonsexe…Et jevois trèsbienque tusaisdequoi jeparle : tuencrèvesd’envie,Zoé,mêmesi tu t’yrefuses.Maisvas-y,rebelle-toi,repousse-moitantquetulepeux.Jevaisvousdompter,toiettafierté.Etbientôtc’estbrûlantededésirqueturamperasjusqu’àmoipourquejesoulagetafrustration.Cequejeferaiavecplaisir…maispascesoir.Un sourire se dessine sur son visage et il me libère de son emprise en se détachant demoi.Mes
poumons me brûlent, j’en ai oublié de respirer. Je l’entends rire alors qu’il sort de ma chambre enrefermant la porte derrière lui,me laissant seule, fébrile et complètement perdue. Jeme laisseglissercontre lemur, essayant de comprendre à quel moment ça a dérapé. Lamain sur le cœur, je tente dereprendreunsoufflerégulier.Maisqu’est-cequ’ilvientdesepasser?Ilneluiapasfalluplusdecinqminutespour inverser la tendanceet reprendre la situationenmain, etmoi, commeuneconne, j’ai ététotalement incapablede réagir. Jeneme feraiplusavoir, laprochaine fois je seraiprêteà l’affronter.Après la peur, le désir et l’envie, c’est la colère qui s’infiltre dans la moindre demes terminaisonsnerveuses.Jedétestecequ’ilfaitdemoi!
Unesemaine:lejeudidel’angoisse
Cettenuit,j’aicrudéfaillirsuiteàunevisitesurprisetandisquejedormais.Jenemerappellepasducommentnidupourquoimaisseul lerésultatest important :Bennudansmonlit,sonpoidspesantsurmoncorps,sonsexetenduàl’extrêmefrottantcontremonintimité.J’aiencorel’odeurdesonparfumetladouceurdesapeauenmémoire.Àaucunmoment,jen’aicherchéàlutter,àlerepousserouàluipéterlesdoigtspouravoiroséseglisserentremesdraps.Non,jel’ailaissémecaresser,memarquer,mepénétrer.Bordel, j’en suis encore toute retournée. Avec l’enfer queme fait vivre cemec…Nonmais sérieux,commentj’aifaitpourrêverdelui???Alorslesrêvesérotiquesjeconnais,maisautantdirequel’étatdans lequel jeme suis réveillée était unegrandepremière. J’aurais euunepousséede fièvrequemesdrapsn’auraientpasétéplustrempés.J’aieumonpremierorgasme…irréelpeut-être,maisjesuissûreque dans la réalité ça doit drôlement y ressembler. C’est dingue, même dans ma tête il arrive à sedémarquer, à s’immiscer là où on ne l’attend pas. Ben s’invite dans mes nuits et il ne s’agissaitabsolumentpasd’uncauchemar…Aprèslecoupqu’ilm’afaithiersoir,jesupposequedelointains(trèslointains)désirsrefoulésontréussiàfairesurface.Croisersonregardalorsquej’aiencoredumalàsortirdemonrêveseraitdangereux,surtoutquandon
saitqu’ilcomptejouerréellementàpartirdemaintenant.Parmesuredesécurité,jepréfèreattendrequ’ilparteaubureauavantdesortirdemachambre.Quandlaported’entréeclaque,jerespireungrandcoupetmedépêchepournepasarriverenretardautaf.Allez,quelajournéecommence!
9h30:Arrivéeenretard(fallaits’endouter).À peine devantmon poste, je suis dérangée par le téléphone.Un rapide coup d’œil à l’écran et je
soupiredéjà.Jelaissesonnerdelonguessecondesletempsd’ôtermaveste,d’allumermonordinateuretdeprendreletempsdem’asseoir.Jedécrochesansformulerlemessagehabituel,sansmêmeparleràvraidire.—T’asuneheurederetard,Zoé.Aucunpasse-droitetencoremoinspourtoi.Laponctualitéestune
règleimportanteici.—Danscecas,vire-moi!—Çateferaittropplaisir!Jepeuxsentirunsouriredanssavoix.Ilaraison,fautcroirequ’ilcommenceàmeconnaître.Mefaire
vireréviteraitd’êtredanssalignedemireàlongueurdejournéemaisrisqueraitfortdedéplaireàJay.—Tuferasuneheuredepluscesoiretçaferal’affaire.Silenceprolongé,jesuissurlepointderaccrocherquandilm’interpelledenouveau.—Quoiencore?—Depuisquandtun’osesplusmeregarder?Jet’aifaitsipeurqueça,hiersoir?Moi,peurdelui?Etpuisquoiencore!Bon…ouic’estpossible,peut-êtreunpeu…maisjepréfère
encorelécherlacuvettedeschiottesd’unbarcrasseuxplutôtquedeleluiavouer!Jetournelatêteetlefusilleduregard.Sonsourireencoinmeprouvequ’ilestsatisfaitquejel’affronte.Desimagesdemonrêve,desatêteentremesjambes,refontsurfaceetjedétournelesyeuxaussisec.Merde,Zoé,ressaisis-toi,c’estjusteunputainderêve!—Jevoulaissurtoutéviterdevoirtasale…
—Doucement,Zoé.Icijesuistonsupérieur,nel’oubliepas.Toujourscemêmesouriredanssavoix,jebousderage.L’attaqueestlameilleuredesdéfenses,c’est
commeçaqueçamarcheentreluietmoi.Maispasici.Leboulotc’estleboulot,ilaraison.Jememordsl’intérieurdesjouespournepasrépliquer.—C’estbon,monsieurHarper?Jepeuxtravaillermaintenant?—Tun’aspasidéedecequelemot«monsieur»danstaboucheprovoquedansmonfute.Situveux
êtreunebonneassistantedévouée,tupourrais…Je raccroche avant d’entendre ses paroles de dominant qui ne lui vont pas du tout. Je ne sais pas
commentilestaulit,maiscettenuit,entoutcas,iln’étaitpascommeça!Ilétaitmaîtredelasituationmais tantôtdouxet tantôtagressif…Bordel, je recommence!Unautreappelme tiredemarêverieouplutôtm’ensauve.Allez,c’estparti!
10h45:Vousavezreçuunmessage(enfin,unmail).
Arrêtedemordretalèvrequandtuteconcentressurunmail.Arrêtedemeprovoquerenmettanttapoitrineenavantàchaquefoisquetut’étires.
Arrêtedeglissertonstylodanstaboucheenréfléchissant.Arrêtedebougertonculsousmonnezdèsquetuquittestaplace.
Arrêtedemefairefantasmer.Querépondreàça?Jemetourneversluietluiadresseunlégersourire.C’estvrai,trèsjolisonpetit
mail!Avecuneextrêmelangueur,etsansjamaislequitterduregard,jem’avanceverslui.Bens’affaledanslefonddesonfauteuiletmeregardeavecunairamusé.Arrivéeauseuildesaporte,jeledéfieduregardsansmedépartirdemonsourireaguicheur.—Tupensaisvraimenttoutcequetuviensdemedire?Benseredressedenouveauetmegratifiedesonéternelsourireencoin.Lesavant-brasposéssurle
boisdesongrandbureau,ilmedétailleuninstantdelatêteauxpiedsavantdeplantersonregarddanslemien.—Chaquemot,mabelle!—Etmevoirainsitefaitfantasmeraulieudetravailler,c’estbiença?—N’importequelhommeseraitincapabledeseconcentreraveccequej’aisouslenez!J’enlèveraispresquelesyeuxauciel,tantilnecroitpaslui-mêmeàcequ’ilraconte.—Jepensequ’ilseraitplusjudicieuxquej’ymettedumienducoup…Jefaisunpasenavant,pénétrantdanssonantre.Benestsurprisetselèveàsontour,sanspourautant
réduireladistancequinoussépare.Ilcontournesimplementsonbureauetposeunefessesurcelui-ci.Lesbrascroiséssursontorse,l’œilrieur.—Ceseraitpasmaleneffet.—Danscecas,lemieuxàfairec’estdecommencerparfermertaporte!Lamainsurlapoignée,jerefermelaportesurluietsonrire.
11h30:Uncaféetçarepart(oupas).Je n’en peux déjà plus !De là où je suis, j’entends la sonnerie demon téléphonemais je feins le
contraire.Lâchez-moi!!!J’aibesoind’unepause,etmaintenant.J’insèreunepièceetsélectionne«cafécorsé».Legobelettombeetlebruitdelamachineàcafésedéclenchesuiviparlepetitpshhhhdusucre.Première dose de sucre depuis que je suis levée et j’en ai besoin si je ne veux pas faire une crised’hypoglycémie.Jemepenchepourrécupérermondûmais,horreur!latouilletten’estpaslà.Cen’estpaspossible,jesuismauditeaujourd’hui!Jemepencheunpeuplusetregardeparletrouoùelleauraitdûtomberquandjesensuneprésencederrièremoi.Unparfumquejecommenceàbienconnaîtresefaitsentir,etuncorpssepressecontrelemiendemanièreexagérée.—Tevoirpenchéecommeça,leculoffert,medonnetoutuntasd’idéessalaces.Samainfrôlemapeau,remontantdoucementlafentedemarobeauniveaudemacuisse.Jemerelève
précipitammentrenversantlamoitiédemoncafésurmesescarpins.Fuck!J’ignorelescrépitementsquesesdoigtsm’ontprocurésetletoisesévèrement.—Profite,t’aurasdroitqu’àça!—Saufquejeveuxbienplus…—Vousperdezvotretemps,monsieurHarper,jenesuispascommetoutescessecrétairesquidéfilent
dansvotrebureau.Ilesquisseunsourireetsepencheversmoi,sonsoufflevenantchatouillermonoreille.—Çam’exciteencoreplusquandturestesdanslerôledel’assistante.Ilsedétachedoucement,sajouecaressantlamienne.Bordel,maispourquoicesimplecontactmefait
autantd’effet?Ilsembleserendrecomptedemontroublecarjevoisunelueurdevictoirebrillerdansses yeux avant qu’il se détourne.Alors que je pense qu’il a enfin fini sonmanège, ilme fait face denouveau.—Oh…Et ne sois pas jalouse. Tu n’as rien à voir avec les autres femmes d’ici.Avec les autres
femmestoutcourtd’ailleurs.Sansme laisser le temps de riposter, il s’éloigne d’une démarche désinvolte, sûr de lui.Encore un
coup tordupour son stupide jeu. Je commenceàmedirequ’il faudrait peut-êtreque je finissepar luitomberdanslesbraspourquetoutças’arrêterapidement!
13heures:L’ascenseurdesémotions.Partiedans laprécipitationcematin, jen’aipaseu le tempsdepetit-déjeuner.Monventremebrûle
tellementilcriefamine.Pasdenouvellesd’Erik,j’ail’impressionquenotrerepasd’hierluiestrestéentraversdelagorgemalgrécequ’ilm’adit.Çaluipassera!Heureusement,j’airéussiàélargirmoncercledeconnaissancesici.Jenesuispaslabêtenoirepour
tout le monde. D’ailleurs c’est l’heure de manger et mes nouvelles copines m’attendent sûrement àl’accueil. Je laisse tout en plan, y compris le téléphone qui continue de sonner et m’engouffre dansl’ascenseur en saluant les quelques personnes présentes à l’intérieur. Je souffle pour la première foisdepuisquejesuisarrivéecematin.Entrelesappelsincessants,lesdemandesurgentes,etleharcèlementde Ben, je suis déjà sur les rotules. Les portes se ferment doucement lorsqu’une main se glisse inextremis,retardantledépart.Monpatronentreensaluantd’unsignedetêteetvient,évidemment,àcôtédemoi.Quatrièmeétage:ungroupedequatrehommesentrentàleurtour,obligeanttoutlemondeàseserrer.
Jeresteconcentréesurlesportespouréviterderegarderàcôtédemoi.Jepeuxsentirsesyeuxbraquésdansmadirection.Tumegonfles,Ben,oublie-moi!
Troisièmeétage:unhommeavecunénormecartondanslesmainsseprésente.S’ilhésiteuninstantdevant l’ascenseurdéjàbien rempli, il finit quandmêmepary entrer.Tout lemondebouge, fait de laplace.Benglissederrièremoietsecollecontrelaparoivitrée.Jemeraidisetn’oseplusfaireunseulmouvement.Sijebougeunminimum,jeletouche.Deuxièmeétage:deuxfemmesentraindejacasserforcentlepassage.J’aienviedepoussertoutesces
personnesetdesortir.L’hommedevantmoireculeetmanquedememarchersurlepiedmaisdeuxmainsme tirent sèchement en arrière.Mon cœur s’arrête de battre un instant avant de repartir à la vitessesupérieure.Sesdoigtss’enfoncentdanslachairdemeshanchesetlachaleurdesoncorpsm’enveloppe.Lenezenfouidansmescheveux,Benrespirelourdement,dessinantdespetitscercleslelongdemanuqueavecleboutdesonnez.Cesimplecontactsuffitàfaireréagirmoncorps.Traître!—Nevienspasmedirequetun’aimespasça…Sonmurmurecaressemajoue,hérissetousmespoilsd’unemanièreinattendue.Jedevraismedégager
ou luihurlerdessusmais lesgensautourdenousm’enempêchent. Il le sait et en joue, le salaud.Sesmains remontent doucement sur mes flancs, frôlant mes côtes pour s’arrêter juste en dessous de mapoitrine.Sespoucesdessinentlecontourdemonsoutien-gorge,etjepriepourqueladescentesoitplusrapide,oupluslente…jenesaispas,jenesaisplus.Maisqu’est-cequim’arrive,sérieux?Ilestfort,vraimentfort!C’estjusteunjeu,bonsang,jenesaismêmepascequ’ilattendréellementdemoi.Mais…ohbordel
dedieu!Jeregardeautourdenous,maistoutlemondealesyeuxbraquéssurlesportes,etpersonnenevoitcequisepasseaufonddel’ascenseur.Personneneperçoitmontroublequigranditàmesurequejesenssonérectionsedressercontremesfesses.J’aichaud…Jesuisentraindedevenirclaustrophobe!Sesmainsqui frôlent le renflementdemapoitrine, sonsoufflechaud, soncœurquibat frénétiquementcontremondos, labosseproéminentepoussant surmes fesses…Jevaisdéfaillir s’ilneme lâchepasmaintenant!Premierétage:çaremuedanslacabineetlegrouped’hommessort,libérantdelaplace.Jepourrais
m’éloignermaisjesuisincapabledefaireunpasenavant.—Tumecroismaintenantquandjetedisquemaqueuen’attendquetoi?Sesmots fouettentma libidoet jeserre lescuissesdevant ledésirqu’il réveille. Jepeuxsentir son
souriresurlapeaudemanuquequ’ilparsèmededouxbaisers.Ilasentimaréaction.Çaaledondemesortir dema torpeur et avant que le ding final ne retentisse,mon corps est déjà tendu vers la sortie.J’avoue,ilmefaitdel’effet–plusquejenel’auraisimaginé.Maisqu’ilarrêtedefairesonarrogant,jesuisaumaximumniveausensationsfortes.Jen’aijamaisressentiplusdeplaisir,etçaresteraainsi.Lesportess’ouvrentenfin.Jemedétacherapidementdeluietmefaufileentre lesgens.Sauvée!Je
repère mes copines et jette un rapide coup d’œil derrière mon épaule avant de les rejoindre. Ben,toujoursadosséàlacabine,lesmainscramponnéesàlabarre,restebloquésurmoi.Sonregardazurmetransperce,chercheàs’infiltrersousmacarapace.Ilaprisl’ascenseuruniquementpourêtreavecmoi.Sedoutait-ilqueça tourneraitdecette façon?Sonéternel sourireencoin s’étireavantque lesportes serefermentsurlui.D’accord,apparemmenttoutétaitcalculé.Jegrincedesdents.Attention,Zoé,ilestentraindeprendreledessus!
15h30:Réuniondangereuse(pourmapeau).—Tuvasdevoirprendreennotetoutcequ’ilsedirapourmefaireuncompte-rendu.—Merci,jesaisquandmêmecequejedoisfaire!
Ben souffle d’agacement devant mon air revêche. Le temps du repas m’a été bénéfique pour mereprendreenmain.Lesfillesavecquij’aimangém’yontgrandementaidéd’ailleurs.Jecroisquej’étaisavec le clan anti-Ben, les seules perspicaces de cette boîte. Il tire ma chaise et me fait signe dem’installer.Connarddegentleman!—Assieds-toilà,àcôtédemoi.Tunebougespas,tunedisrienettutecontentesd’écrire.J’aiunerépliquecinglanteauborddeslèvresmaisjen’aipasletempsdelaluisortirqueplusieurs
hommesencostardarrivent.Lesfournisseursprennentplaceautourdelagrandetableovaleetlaréunioncommencesanspréambule.C’esttendu,l’enjeuestimportantmaisBengèreetmèneladansed’unemaindemaître.Cemecaledondeforcerlerespectd’hommesayantledoubledesonâge.Ilconnaîtsonmétier,ses
produits,etsaitexactementcequ’ilattenddespersonnesiciprésentes.Sondiscoursestrodéetefficace.Demoncôté,jegriffonnedespagesentières,reportantleplusd’infospossible…Jusqu’àcequ’unemainchaude se pose surma cuisse. Je hoquette de surprise et lève rapidement les yeux vers l’assemblée.Certainsmaintiennent la têtebaissée,d’autres regardentBenquicontinuedeparlernormalement,maisaucunnesemblevoircequ’ilsepassesouslatable.Sesdoigtscourentsurlapeaudénudéedemongenouet remontent lentement jusqu’au tissu de ma jupe. Ils suivent le même parcours pour redescendre etcontinuentencoreetencore.Lesmienssontcramponnésàmonstylo,lapointeplantéedansmafeuille.Jesensmespoilssehérisser–est-cequ’illesentaussi?Pasuneseulefoissavoixousapostureneletrahit.Nivuniconnu!Jemedemandequelletêtejedois
avoir,moi!Samainremontedenouveau.J’attendsqu’elleentamelechemininversemaisellecontinuesaprogression,glissesousmajupe,caressel’intérieurdemacuisse.Quandjesenssesdoigtsfrôlerletissudemaculotte,jenetiensplusetpousseviolemmentmachaise.Legrincementsourdfaitdévierlestêtesversmoi,jemesensridicule,maisaumoinsçaaurapermisdemedétacherdestentaculesdeBen.Les processeurs et autres engins électroniques demandés, auxquels je ne connais absolument rien,
arriverontfinalemententempsetenquantitéprévus.C’esttoutcequej’arriveraiànoteràlasuitedecetépisode.
20heures:Unebonnedoucheetçarepart.Laréunionàpeinefinie, j’airécupérémesaffairesetsuispartiedanslafoulée.Aprèslecoupqu’il
vientdemefaire,sonheurederécup,ilpeutselamettreoùjepense!Pasd’appelnidetexto,jesupposequ’ilnes’estmêmepasaperçudemonabsence.Parcontre,j’aireçuunmailquiaeuledondemefairesourirepourlapremièrefoisdelajournée.Jelerelisencoreunefois,heureusedevoirquemonprojetprendunebonnetournure:
Bonjour,jem’appelleJuliaetj’ailavingtaine.
JesuistombéeunpeuparhasardsurvotrepublicitésurFacebooketjeseraisintéressée.Pourrais-jeavoirdesinformationssupplémentairessurvosprestations?
J’aiperdul’amourdemavie.J’aicrucomprendrequegrâceàvousjepourrais
mereconstruireetreprendreconfianceenmoipourêtreenfinheureuse.
Autantdireque je lui ai réponduavecempressement, luiproposantunpremiercontact téléphoniquequandelleseraitdisponible!Quand j’arriveà l’appart, je tourneen rond. J’ai l’esprit embruméetbizarrement je sensquepartir
courirnemecalmerapas.Grandepremièrepourmoi:jen’aipasenviedefairedesport!J’aienvied’unedouche,voilàcequidevraitmecalmer!Jeprendsdesaffairesetquandj’arrivedanslasalledebains,labaignoiremefaitdel’œil.Ohoui,
relaxationmaximum en vue ! Je tire le verrou et préparema séance de relaxation dans lesmoindresdétails : eaumoussante, leds et bain à remous enclenchés. Jem’y plonge avec plaisir et me détendspresqueinstantanément.Lesenceintesjusteau-dessusdemoirépondentàmademandeetlavoixdeJosefSalvatfinitparmefairepousserunsoupird’aise.Lepiedtotal!Lesyeuxfermés,jemelaissebercerparcesentimentdeplénitude.Lesminutess’égrènent,jesuisàlalimitedem’endormirdanslebain,ouplutôtdans cette minipiscine, quand je sens quelque chose me frôler la jambe. Lorsque j’ouvre un œil, jedécouvreBen,allongétranquillement…dansMONbain!Jesursaute,etuncrim’échappe.Jeglissecontrelesparoisdelabaignoireàvouloirensortirtropvite
etm’extirpetantbienquemalsansm’étalersurlecarrelage.Àl’extérieurdemonbain.Jesuisnueetexposéesoussonregardsatisfait.Àl’extérieurdeMONbain.
Bordel de merde ! Nouveau cri d’horreur. Je me cache autant que je peux avec mes bras, cherchantpartoutautourdemoidequoimecouvrir.LeriredeBenraisonnedanslapièceetilfinitparmetendrel’uniqueservietteprésente. Ilacaché lesautresouquoi?Jenecherchepasàm’enm’envelopper.Lagardant contre moi, je recule jusqu’à me plaquer contre le mur, aussi loin possible de lui. Je tented’ouvrirlaportecommeuneacharnée,envain.—Maist’esmalade,maparole?—J’auraispariéquelapremièrequestionauraitété:commentjesuisentré?Mais rien à foutre de comment il s’y est pris ! Je détourne mon regard de cette fichue porte qui
m’empêchedesortirquandjevoisducoindel’œiluncouteaurondqu’ilagitesousmonnez:saclé.—Lepenchepastropversmoi,MacGyver,oùtuvasyperdreunœil!Ilpartdansunéclatderireetpourlapremièrefoisjevoisunefossettesecreusersursajouedroite.
Soncorpsvibre,créantdepetitesvagues. Il se fout littéralementdemoietaprès l’enferqu’ilm’afaitvivre,jesuisàboutdepatience.—T’esvraimentunconnard!Dégaged’ici!—Avectoutlemalquejemesuisdonnépourentrerdansl’eausansmefairerepérer?—Ben,çanem’amusepas.Tuvas trop loin…ton jeuva trop loin.Tum’avaisprévenueet j’étais
préparée,maislàtudépasseslesbornes.Illèvelesyeuxaucieletsortdubain,semettantnudevantmoisansaucunegêne.J’auraisbienvoulu
détourner le regard mais c’est juste impossible. Ses pectoraux incroyablement dessinés, ses abdoscontractésdansl’effort,cemagnifiqueVquiprendformeaubasdesonventre,sa…Ohbordeldedieu!!!OK,làjedétourneleregard.Troptard,maisjelefaisquandmême.Jerepenseàsonexpression«ogivenucléaire»,etlàçaprendtoutsonsens.Monsieurestbienbâti.Trèsbienbâti.Ils’avanced’unpaslentetmesurépuiss’immobilisefaceàmoi,gardantunedistancedesécurité.Je
mecramponneàmaservietteetmeforceàsoutenirsonregardpouréviterdelebaissersursoncorpsnu.Unsourireencoinsedessinesurseslèvres,jedéglutispéniblement.Jusqu’oùest-ilprêtàaller?—Osemedire,làmaintenant,quetuneressensrien.Quetoutçanetefaitrien!
Je respire un grand coup, rassemblant toutes les ressources dont je peux encore faire preuve à cetinstant.—Absolumentrien.Tu.Ne.Me.Fais.Rien.Jenesaispascequ’illitdansmesyeuxmaissonexpressionchange.Sonsourires’effaceetilrestede
longuessecondesàmesonderduregard.Alorsqu’ilsepencheversmoi,jemeraidisimperceptiblement.Nemetouchepas,Ben,s’ilteplaît…Unefoisdeplusmaréactionnepassepasinaperçue.Samâchoireseresserretandisqu’iltendlebraspourdéverrouillerlaporte.—OK,danscecasjenet’emmerdepaspluslongtemps.Quand la porte claque, je reviens à moi. Ben viendrait-il de déclarer forfait ? Non, impossible.
J’expire péniblement l’air resté bloqué dansmes poumons et regarde les ravages que nous venons defairedanslasalledebains.Del’eaupartout,desflaquesénormesdevantlabaignoireetjusqu’àlaporteparlaquelleBenvientdesortir,lesfessesàl’air,etencoretoutmouillé…Allez,Zoé,netelaissepasdémontermaintenant.Nelelaissepast’avoir.Plusqu’unejournée.Demain,
Lolaseraderetourettoutrentreradansl’ordre.Benn’auraplusautantd’emprisesurtoi.Ouais,àforcedemeledire,jevaispeut-êtrefinirparycroire.Benn’ajamaisstipuléquesonjeudemerdeprendraitfinauretourdenotreamiemaisjeseraidéjàunpeumoinsexposée.Jeseraimoinstentéedecraquer.
Unesemaine:dernierjouràdeux
Enfinvendredi!Jesouffledefatigueetmefrotteénergiquementlevisageentrelesmains.Fautquejemeremetted’aplombpourladernièrelignedroite.Jepassedesjournéesdefouentremontaf,celuideJay et les urgencesquime tombent sur la gueule.Ladernière ?Angy, la responsabledupôle relationclient,quidemandeunerupturedecontratpourseconsacreràsafamille.Commentdirenonàunemèredetroisjeunesenfantsquivientchialerdansmesbras?Ellenecomptepassesheuresetc’estlaraisonpourlaquelleelleexcelledanssonboulot.C’estaussipourçaquejecomprendssadécision.Àmonavis,Jaydenn’auraitpasétéaussicompréhensif,surtoutquelespleurslegonflent.Angyenadoncprofitéets’estdécidéeàvenirmevoir.Lundi,Jayreprendlesrênes,etmoimaplacedebrasdroit.IlsedémerderaaveclesRHpourluitrouveruneremplaçante.Chacunsamerdeaprèstout!Ilm’enalaisséenpartant,jeluiendonnequandilrentre.C’estunjusteretourdeschoses.Comme à chaque fois que je réfléchis ou que mon esprit s’égare, mes yeux se posent presque
machinalementsurlebureaud’enface.Zieutermonassistanteestdevenumonpasse-tempsfavori!Ouais,j’aidenouveaulaporteouvertepourl’avoirdansmonviseur.Ellenelesupportepasdavantage,maisjecroisqu’elleafinipars’yhabituer.Oualorsellefaitmieuxsemblant.Jerepenseànotrealtercationd’hier,àsonairsisûrd’elle,çam’aempêchédedormir.Sesparoles
tournentenboucledansmatête.Ilesttempsquej’avouemadéfaite.Gameover,Ben!Pfff,nonjenepeuxpas,jeneveuxpas!Pourlapremièrefoisdemaputaindevie,j’aidéballémonpaquetetmesuisprisunepancartedanslatronche.Jesavaisqu’ellenecéderaitpascommeça,maislàj’aidesdoutes.Plusellemerepousse,plusellem’attire.Cettenanam’obsède,meflinguelesneurones.Enrésumé:mefaitroyalementchier!Bien…Zoé,continuedetedissimulerderrièretonmasqued’indifférence,maisjenetelaisseraipasmassacrermonegounedeuxièmefois.Jem’humidifieleslèvrespuissourisenmatantlegalbedesesmagnifiquesjambescroisées.Ellese
frottelacuisse,tiresurlapointedesescheveux.Elleparaîtaussicrevéequemoi,auborddelarupture.Bref,exactementcommejelaveux.J’aipeut-êtreramé,maisc’esttoiaufinalquiseraspauméeunefoisquejet’auraieue.Demonbureau,j’interpelleZoé.Çafaitdesheuresquelescollèguesfontlaqueuedevantsonbureau
pourlasaluer.Enunesemaineici,ellearéussiàsefaireapprécierdelamajoritéd’entreeux.—Bordel,maisc’estquoitoutcecirquedepuistoutàl’heure?—Çava,Harper,leboulotseraquandmêmefait!Etvoilà,avecmoielleesttoujourssurladéfensive.Enfait,jecroisqu’ellemeréservesoncaractère
demerdecar,quandjelavoisaveclesautres,elleestcomplètementdifférente:rieuse,drôleetdouce.Ellefaitdubonboulot,trèsbonmême,maisjesuiscontentderetrouverLola.Lundi,jerécupèrema
princesseetnoshabitudes.Jenepensaispasm’attacherautantàcettenana,maislesimplefaitdepenseràellemefaitprendreconsciencequ’ellememanqueplusquejel’auraispensé.Direquej’aitentédeladraguer…C’estmieuxcommeça,onn’enseraitpaslàsinon.SiJaydenlesavait…Lolaneluiajamaisrien dit et je lui en serai toujours reconnaissant.On n’en a jamais reparlé tous les deux,mais je suispresquesûrqu’ellenemecroyaitpassérieuxdansmonapproche.Pourtantjevoulaisvraimentlamettredansmonlit,comprendrepourquoiJayétait tellementdifférentàsoncontact.Aujourd’huiellevitchezmoi :on ressembleàunvrai couple, labaiseenmoins.Etc’est encoremieux ! J’ai trouvéunepetitesœur…Putain,voilàquemaintenantjepensecommeunegonzesse.Ondiraquec’estl’effetLola!Laseulejouissancedecesderniersjoursc’estquandZoém’apresquesuppliédel’emmenerchercher
les amoureux à l’aéroport ce soir. Harcèlement qui s’est avéré inutile puisque Jayden m’avait déjàprévenuqu’ilsreviendraiententaxicarilsdoiventpasserchezluiavantdenousrejoindre.Jemetouchemachinalementlacuisse, làoùellem’afaitunebéquillequandelleacomprisquejemefoutaisd’elledepuisplusd’uneheure.Voilàquemaintenantelledevientviolente!Sij’enrigolaisaudébut,leputaindebleuquejemetapemefaitdéjàmoinsrire.Elleadelaforce,lagarce,j’aifaitsemblantdenepasavoirmalmais,bordel…jemorfleencore.Sajournéedetravailtoucheàsafin.Finilematagedesjambes,lestonnesdephotocopiesurgenteset
surtout inutiles que je lui donnais à faire pour l’emmerder. Fini tous les cafés que j’ingurgitais et quim’empêchaientdedormirjustepourlavoirallerjusqu’àlamachineetadmirersondéhanché.OK,jedoisavouerque,malgrémafaçonunpeurudedeleluimontrer,jemesuisquandmêmehabituéàelle.Quandelleveut,ellepeutêtreattachante…Ouplutôtattachiante.Faudrait peut-être lui faire un cadeaudedépart ?Unbonpatron la remercierait pour ses études de
marché,l’élaborationd’unplanmarketingbluffant,sagestiondelanouvellebrochurecommercialeetsamiseenplacedepartenariatsavecnosconcepteurs.Toutçaenàpeineunesemaine…Maismoijefaisquoi?Jeplonge la têtedansmonécran.Bordel, ilétaitmoinsuneavantqueShirley la follenecaptemon
regard!Finalementellessebarrenttouteslesdeuxprendreuncaféetjeprofitedecemomentdesolitudepourpasseruncoupdetéléphone.Voilàc’estfait,maintenantjepeuxm’yremettre!Jerelèvelesyeuxaumomentoùondéposeungrosbouquetdefleurssursonbureau.Zoéleregarde
ahurie,sanscomprendredequiilvientetsuitduregardlelivreurquirepartsansdireunmot.Soudainunlargesourirefendsonvisage.Esquissedesouriredemapart.Vas-y,mabelle,régale-toi!Elleselèveetsepenchesursonbureaupourattraperlapetitecarteglisséeentrelespivoinesblanchesetroses.Jen’yconnaisabsolumentrien,maislafleuristem’acertifiéquelespivoinesferaientleureffet.Jenesaispassic’estlebonchoixmaisentoutcaslalivraisonentrenteminutesaétérespectée.JeregardeZoédéplierlacarteetsonsourires’effacenet.Lemiens’élargit.Ellemeregardeuninstantetcommejem’enseraisdoutéellelèvesonmajeurbienhautenmefusillantduregard.Jenepeuxm’empêcherderireetdeluienvoyer un baiser, ce qui la fait rougir de colère. J’adore l’effet que je lui fais !Ohma belle, je nem’avouepasvaincuaussifacilement.Tuapprendrasquejesuisplutôtdugenrepersévérant!Alors oui, je l’ai remercié mais à ma manière bien évidemment. Si la fleuriste a bien pris mon
message,ildevraityavoirinscritsurlacarte:
Àmonassistantedévouée,quiexcelledanslapréparationducaféetlemaniementdelaphotocopieuse.Impatientdeconnaîtretesautrestalentscachés.
Cordialement,Tonmeilleurennemi
Elleabeaum’envouloir,iln’empêcheque,lorsqu’ellequitteenfinlebâtiment,c’estavecsonbouquetsouslebras.Unefoisdeplus,jesuisfierdemoi.Jeterminematâcheavantdeplierbagagemoiaussi.JaydenetLolanedevraientpastarderàatterriretjeveuxêtrelààleurarrivée.J’enfilemoncuir,attrapemoncasqueetcompteprofiterdeceweek-endbienmérité.
*
Quandj’arriveàl’appart,Zoés’estdéjàchangéeetcommenceàpréparerlerepas.Elleagardésonchemisierensoiemaisaretirélesderniersboutonspourfaireunnœud,dévoilantlapeaudesonventreferme. Elle a troqué sa jupe professionnelle pour une minijupe en Skaï noir et je dois avouer quel’ensembleest…intéressant.Bon,hyper-bandantj’avoue!—Tuveuxuncoupdemain?Merde,c’estmoiquiaiparlé?Ellesuspendsongeste,lecouteauenl’airethausseunsourcil,aussi
étonnée quemoi.Malgré nos règles pourtant bienmises en évidence sur le frigo, j’ai très peu fait àmangercettesemaine.JerevenaistroptarddutafetZoéavaitdéjàprislesdevants.—Euh…Tuvas savoir t’en sortir ?Nonparceque jene t’ai pasbeaucoupvuaux fourneauxcette
semaine,MonsieurLe-big-boss-qui-critique-mais-mange-quand-même-ma-cuisine.Ellenesedébrouillepasmaldutout,mêmesileslasagnesétaientdégueu.Mescritiquesn’étaientpas
fondées,maisilfallaitbienquejedisequelquechose,sinonlesrepassedéroulaientdansunsilencedemort.—T’asbesoind’aideouioumerde?—Ouais…Jevaispasm’ensortirsinon!Ellesoufflesurunemèchequiluichatouillaitlefrontetm’adresseunpetitsourirecontrit.Wahou,Zoé
souritetçam’estdirectementadressé!Jehausseunsourcilpuisretiremaveste,remontelesmanchesdemachemiseetrefaismonbunavantdem’installeràcôtéd’elle.Tousleslégumesdufrigosontétaléssurleplandetravailetdesépluchuressontéparpilléespartout,jusquesurleboutdeseschaussures.—Jefaisquoi?Ellemetendlegrandcouteauetj’esquisseunmouvementderecul.Ellem’enatellementfaitvoirque
je m’attends à tout maintenant. Elle lève les yeux au ciel et secoue la tête, dépitée par ma réactionexagérée,avantdeposerlecouteauàcôtédemoi.Quoi,Zoéavecuncouteaudanslesmainsetiln’yaquemoiquitrouveçadangereux?—Commenceparéplucherleslégumesdevanttoi,têtedenœud!Jememarre,cettefilleaunemanièrebienàelledemedemanderdel’aide!Alors,voyonsvoir…Pas
vraiment certain des gestes à effectuer, jem’exécute en faisant attention de couper les légumes de lamêmemanièrequelessiens.Noustravaillonscommeçaencoreunmoment,côteàcôtedansunsilenceabsolu.Auboutdecinqminutes,j’enaidéjàmarreetcecalmecommenceàdevenirpesant.J’attrapelatélécommandedelachaînehi-fietmetsenrouteledernierCD.BlurredLinesdeRobinThickeemplitlapièceetjereprendsmatâcheensifflotant.L’airentraînantsembledétendreZoé,signequ’ellen’étaitpasàl’aisenonplus.Quoi?Jesuisgentillà!Voilàquemaintenantellesedéhanchesurcettechanson,faisantremontersapetitejupe,cequidévoile
unpeuplusseslonguesjambes.Unsourireàpeinevisibleétirelecoindemeslèvres,etj’accompagnelechanteursanslaquitterduregard.ThewayyougrabmeMustwannagetnastyGoahead,getatme.(Lafaçonquetuasdem’attraperTudoisvouloirdevenirsauvageVas-y,prends-moi.)Alors que jusque-là elle dansait sur l’air, elle stoppe net ses mouvements pour mieux écouter les
paroles.—Jen’aipaschoisilachansonmaisjen’auraispastrouvémieux!—Tut’arrêtesjamais,toi,hein?Jedoisavoirunregardsalace,àlahauteurdesparoles,puisqu’ellelèvelesyeuxauciel,maisjepeux
entrevoirunpetitsourirequ’ellen’arrivepasàcacher.Avantqu’ellen’esquisselemoindresignederepli,jel’attrapeparlamainetlaforceàdanseravec
moi.Unejambeentrelessiennesetunemainaucreuxdesesreins,jel’entraînedansuncollé-serréenpleinmilieude lacuisinesurunechansonquiprône ladépravationsexuelle.Siellesemblehésiteraudébut,ellefinitparpasserlesbrasautourdemoncouensuivantlerythmequejeluiimpose.IfeelsoluckyYouwannahugmeWhatrhymeswithhugme?(JemesenssichanceuxTuveuxm’enlacerQu’est-cequirimeavec«m’enlacer»?)Toutdoucement, j’accentuemonmouvementdebassin,monmembrevenantcaresserunpeuplusson
intimité. Ses yeux se voilent légèrement et elle se laisse faire. J’aimême la sensation qu’elle répondtimidement àmesmouvements.Mais elle reprend rapidement ses esprits et chercheà s’éloigner. Je laserreunpeuplusfortpourl’enempêcher.Résultat:ellemerepoussefermementquandmamainglissesursesfesses.Merde,troptôt…oupeut-êtretroptard.—Jecroyaisavoirétéclairehiersoirentedisantnon.Tuasperdu,Ben.Hier,maintenant,demain:il
nesepasserajamaisrien.Etcen’estpasunbouquetdefleursquiferaladifférence.C’estfini.—C’étaitonnepeutplusclair,rassure-toi.Maispuisquec’estletempsdesconfidences,j’aiunaveuà
te faire : tues faible !Tu te rendscompteque tu risquesdeperdre,alors tu faismachinearrière.Tonregard,toncorps…Ilsparlentd’eux-mêmes.Jecommenceà laconnaître : en laprenantde front je saisque j’aiplusdechanced’obtenir l’effet
inverse.Àcetinstant,toutcequejeveuxc’estqu’elleneseretirepasdenotrejeualorsqueleschosescommencentseulementàavancer,dansmonsensenplus!—Tonassuranceestàmourirderire!D’accord…Tusaisquoi?Vuquetum’amuses,jevaistefaire
unefleur.Quelejeucontinue,c’esttoiquivasplier.Qu’est-cequejedisais?Tellementprévisible!Jeretienslesourirevictorieuxquimanquedefranchir
meslèvres.Jemerapproched’elle,nosnezsefrôlentetjereposemesmainssursesreinsenlaserrantcontremoi.—Chérie,çafaitlongtempsquej’aiplié,maisjeteremerciedemeconfirmerquetuenasenvie.Au
fond,ilsuffisaitdepasgrand-chosepourquetul’avoues.Jesenssoncorpssetendresousmesdoigtsquandelleréalisequ’ellevientdesefairemanipuleren
beauté.Commentlapousseràpoursuivrelejeupournepasperdrelafaceenuneseuleleçon!Elleouvrela bouche pour répondre mais la porte qui claque nous interrompt. Avant que l’on ait le temps des’écarter,JayetLolaentrentetnousjaugentuninstantàtourderôle.Lolaseconcentresurmoi,ledoigtpointédansmadirectionetleregardfurax.—BenjaminMatthewJosuahHarper!!!Qu’est-cequetufaisavecmacopine?—Rien!!!
Nousrépondonsd’uneseulevoixetnousséparonsbientropvite.Jenepeuxpasluidiremesintentionssinonellevamecouper lescouilles.Elleme l’aassez rabâché :«Pas toucheàmescopines,horsdequestionqu’ellescomplètenttontableaudechasse!»Autantdirequem’amuseravecsameilleureamienelaferaitpassauterdejoie!Elleabeauêtretoutepetite,quandelles’énerve,ellepeutêtrevraimentflippante.—Çava,onétaitjusteentraindedanser!Oh,machérie,jesuistellementcontentedetevoir!ZoécourtrejoindreLolaetluisautedessus,mettantrapidementfinàl’interrogatoire.Ellesouritetne
m’adresseplussonregarddetueuseàgage:sauvé!Jayden,quantàlui,mefixetoujoursavecsonsourireencoinquiveuttoutdire.C’estpasmonpotepourrien,ilmeconnaîttropbienpourselaisseravoir!Ils’avanceversmoietmedonneunepetiteaccoladeavantdemeclaquerl’arrièredelatête.—Àcroirequetunetienspasàlavie,monpote!Desmotschuchotésàmonoreillequimefontrire.Jen’aipasencoreeul’occasiond’enparleravec
Jay,mêmesijesaisqu’ilvatrouverçadrôleetmedired’enprofiter,jesaisaussiquejemesuislancédans un jeu dangereux. Je ne la déteste plus vraiment, cette peste. Une fois que je l’aurai baisée, onarriverapeut-êtreàdeveniramis,quisait?Baiserpourdeveniramis…Merde,onauratoutvu!Lolamesautedessus,meserre fortdesespetitsbras,etdeseffluvesdevanillemechatouillent les
narines.Bordel,mêmesonparfumm’avaitmanqué!—Ilétaittempsqueturentres,princesse.Ellem’adresseunsourireattendrissantquimefait littéralementfondreetmegratte labarbedubout
desdoigts.—Faudraitpenseràteraser,t’esmocheenhommedescavernes!Elle n’aimepas…Tout commemes cheveux, plus longs qu’à notre rencontre. Je frottemonmenton
contresesjouesquirougissent,déclenchantdesapartuneplaintenuancéederire.LesbraspossessifsdeJaydenm’enlèventcedrôledepandapourlecollercontrelui.Ilgrogneens’écartant,mettantfinànosretrouvailles.—Putain,arrêtedetoujourslatripoter,mec,sérieux,c’estgonflantàforce.—Quoi?T’esjalouxparcequej’enfaispasautantavectoi?Allez,monfrère…Vienslà!Jem’approchedelui,lesbrasgrandsouverts,sachantpertinemmentqu’ilvamerembarrer.Cemecest
l’emblèmedubadboymachopuérilanti-câlin…Saufavecsarouquinebienentendu!—Tufaisunpasdeplusetjetepètelesbras,frèreoupas!Éclat de rire général face à sa réaction ridicule, surtout quand il nous regarde tous un par un en
espérantnousintimider.Pourlecalmer,jeluiglisseunebièredanslamainetluiparleduboulotetdesmerdesdedernièreminutedontjen’aipaseuletempsdem’occuperavantsonretour.QuandZoérepassederrièreleplandetravailpourcontinuerlapréparationdudîner,jelarejoinsetreprendsmoncouteautout en continuant d’expliquer à Jay ce qu’il a loupé durant cette semaine. Zoém’adresse un sourirereconnaissant.Cetéchangen’échappepasànotremeilleureamie,quinousfixed’unedrôledemanièrejusqu’àcequequelquechosederrièrenousattiresonattention.—C’estquoicesfeuillesaccrochéessurlefrigo?JesuissonregardmaisZoéestlapremièreàréagir.EllelesfourredansuntiroiravantqueLolan’ait
euletempsdelirequoiquecesoit.— Pour éviter qu’on s’entretue, Ben a eu la fabuleuse idée de mettre en place des règles de vie
commune.D’ailleursj’aieul’honneurdesauverquelquessirènesendétresseéchouéesdanssonlit,enfin
quandj’ypensais!Ellem’adresseunclind’œilcompliceaccompagnéd’unsourireàfairefrémirmaqueue.Quandelle
chercheàmecharmer,jenemarchepas…jesaute!Sansmauvaisjeudemotsbiensûr.Jelèvelecouteaudanssadirectionensecouantdoucementlatête.—Nevapassurceterrain-là,traîtresse.D’ailleursonpeutenleverunerègledansmaliste.—C’estvrai,onpeutlarayer?Je devine tout de suite qu’elle pense àma dernière et plus importante règle. Comme si elle allait
sauversonculaussifacilement.—Ohqueoui,jeneveuxplusjamaisgoûterteslasagnes!Jememarrequand,derage,ellemeclaquesoncoudedanslescôtes.Lesmainsprises,ellenepeutpas
m’adressersonéternelmajeur.Ducoupj’ailedroitàunvulgairetiragedelanguepuéril.Jevaistedireoùjelavoudrais,moi,talangue!—Ehbien,ditesdonc,jesuissurlecul!J’avaispeurderetrouverl’appartàfeuetàsangmaisau
finaljevousretrouvecopainscommecochons.—C’est quoi cette expressionpourrie ?Mais sinonouais…onpeut dire qu’on a trouvéun terrain
d’entente.Zoéabienrésumélasituation.Çaabeauêtreencoreexplosifentrenousparfois,lejeunousaquand
mêmerapprochés.Lolasenichedanslesbrasdesonhommeetleregardqu’ilséchangentnemeplaîtpasdutout.Jaydensouritd’unefaçonquej’airarementvue,ceconestheureux!Çapuelamerde!—Çatombebienparcequej’aiunegrandenouvelleàvousannoncer.Bon…c’estassezsoudain,je
sais,mais…Enfinc’estquandmêmemûrementréfléchiet…—CequeLolaveutdirec’estqu’ellevouslaissel’appartpourvenirs’installerchezmoi!Jaydensouritfièrement,ilaenfinobtenucequ’illuiréclamedepuisplusieursmoismaintenant.Jene
l’aijamaisvuaussisereinetamoureux.Fuckl’amour,ilmepiquemaprincesse,là!—Non!!!Unefoisdeplus,Zoéetmoirépondonsenmêmetemps,etJaydenenperdsonsourire.—C’étaitpasunequestion.Vousfaiteschier,touslesdeux!Elleramassesesaffairesquisontrestées
ici,pointbarre.Pasdediscussion,nidenégociationpossible.—T’aspasl’airdecomprendre,Jay.Entreréussiràs’entendreunesemaineetvivrevraimenttousles
deuxensemble,ilyaunsacréfossé.—Chouchou,tusaisbienqueçanechangepasgrand-chosepuisquej’étaisdéjàchezJaylaplupartdu
temps,etjesuisdésoléededéménageralorsquetuviensàpeined’arriver,maZouille,maisj’aipromisàJayquevousn’arriveriezpasàmefairechangerd’avis.Jaydenseredressed’uncoup,manquantdefaire tomberLola,encoreappuyéecontre lui.Et là,sans
comprendrepourquoi,leJaydensévèreetdurrefaitsurface.Àcroirequetoutcetempsiln’étaitpassiloinfinalement.SesyeuxverttempêtesebraquentsurLolaetjemeretiensdememettredevantellepourlaprotéger. Je saisqu’ilne lui ferait jamaisdemalphysiquementmais sesmotspeuventparfois fairepire.—C’estlaseuleraisonpourlaquellet’estoujoursOKpourvenirvivreavecmoi?Parcequetume
l’aspromis?Sic’estuniquementpourmefaireplaisir,netedonnepaslapeinedefairetavalise,resteici!LacolèredeJayestpalpable.Lolaseredresseàsontouretl’enlaceenletenantfermement,sachant
qu’ilseraitcapabledelarepousser.—Oh non,mon cœur, j’avais déjà prisma décision avantmême que tume reposes la question…
devantmamère…pourmeforcerlamain!Jet’aimeetjeveuxêtreavectoi,toutletemps.Jaydens’apaiseaussitôt,commeuncaméquiauraiteusadose.Lolaluiaditexactementcequ’ilavait
besoind’entendre.Ilestheureuxàenjugerparsonsourireencoinetsesépaulesrelâchées.Illaserrecontreluietl’embrassefougueusement,commes’ilsétaientdéjàseuls.C’estmignon…Maisçadevientvitetrèsgênant.Zoéetmoireprenonsnotretâche,àsavoircouperleslégumesenfaisantattentiondebiengarderlatêtebaissée.—Faceàsonmec,onaperdud’avance.Faitchier!—T’assipeurqueçadeteretrouverseuleavecmoi?—Ouais…Peurdefinirpartetueretdecroupiràviedansunedevosprisons.—Displutôtquetucrainssurtoutdefairetombertaculotte!—Pfff,sijel’enlèvec’estuniquementpourt’étrangleravec!—C’estbizarresitamenacemedonneenvie?—Enviedequoi?Discrètement Jayden se poste devant nous. Merde, pas lui ! Les mains sous le menton, il semble
intéresséparnotreconversation.HeureusementLolaadisparu:unseulàmechambrer,c’estsuffisant!D’ailleursellen’estplusdanslapièce.J’espèrequ’ilsnesontpaspressésaupointqu’ellesoitdéjàentrainderamassersesaffaires.—Fautfêterça,jesorslesbouteilles!Jesuiscontentpourvousmonpote,ettusaisquec’estsincère,
maistumepiquesmaprincesse.—TaprincesseestavanttoutMAfemme.—Tuveuxtoujoursavoirlederniermot,hein?Zoéme pousse pour prendre les verres et, d’un signe de lamain,me fait comprendre de sortir la
bouteilledechampagnedufrigo.Avantquej’aieletempsderéagiràlafaçondontellemel’ademandé,j’aidéjàlabouteilledanslesmains.Bonnesmanièresàlacon!Onavaitprévudefêterleurretouretvoilàqu’ons’apprêteàtrinqueràl’inverse.Lolarevientenfinet
c’estavecunsourireforcéqueZoéetmoilevonsnosverres.C’estledébutdelafin:unefoisquej’aurairéussiàlamettredansmonlit,commentonvaréussirà
vivreensembletouslesdeux?
Chapitre12
Zoé
—Ohbordel, j’ai lespiedsencompoteetlacartebleuequiflambemais,bonsang,çafaitdubien,cettejournéefilles!On s’installe à la terrasse d’un café en soufflant d’aise, heureuses de pouvoir se poser après avoir
piétinédanstouslesmagasinsquis’offraientànous.—Sûr,c’estsuperquetuaiespuprendretajournéepourêtreavecmoi,Lola,maisnecherchepasà
meménager,jevaisbien.Ellelèveunsourcilcommesiellenecomprenaitpasoùjevoulaisenvenir.Noscafésarriventetje
n’aipasletempsdecherchermonporte-monnaiequ’elletendauserveurunbilletsortidenullepart.Çafaitbizarredevoirmarouquineavecdel’argent.Jel’aitoujoursconnusansunrond,àfairedescréditspour assouvir sapassionpour les chaussuresde luxe, alors la voir épanouie et à l’abri dubesoinmerassure. En même temps, pour avoir été dans sa peau pendant une semaine, je peux certifier que sagénéreusepaie est plus queméritée.Et encore, je n’ai pas fait le tour de tout ce qui lui incombe,mecantonnant uniquement au plus urgent. Si certaines mauvaises langues de sa boîte disent à qui aimel’entendrequ’elleestgrassementpayéeparcequ’ellecoucheaveclepatron,manifestementcescommèresnevoientpastoutcequeLolagèreauquotidien.Sestâchesvontau-delàdesesfonctions,ellepourraitêtrebienplusqu’uneassistante.—JesuisheureusequetutelancesavecJayden!TonMonsieurOrgasme-garantiestunmecbienetde
toute façon jenecomptepasm’éterniserà l’appart.Si tout sedéroulebienavecmonblog, jedevraisréussiràgagnermavied’icipeu.—Jaydent’aproposéderesterchezDavis&Co,pourquoituneveuxpas?MêmesiBennel’avouera
jamaisjesaisquetuasfaitdubonboulot.Enplus,laplaceserabientôtlibresij’arriveàrécupérerleposted’Angy!Jayn’estpasdumêmeavis, il trouvequec’est troptôtetquejesuistropgentillepourgérerlepôlerelationclientmaisjesuisconfiante.—Jecroissurtoutqu’ilvoulaitquetuprenneslaplacedesavieilleassistantemoustachue!Ettusais
quej’aidéjàdumalàvivreavecBenalorslesupporterenplusauboulot…Nonc’estau-dessusdemesforces!J’aieuunesemainepourletester!—Pourtantvousaviezl’airdemieuxvousentendre,non?—Oui…Non, enfin je sais pas. Je crois surtout que c’est parce qu’on savait tous les deux que tu
reviendraisfairetamponàlafindelasemaine.Iln’estpassidétestablequeça,c’estvrai,maisçarestedeloinlepireemmerdeurquejeconnaisseetjenecomprendstoujourspascommenttufaispourl’aimerautant.—D’aprèsJayden,t’esjalousedemarelationavecBen.—N’importequoi!
Biensûrque je suis jalouse, j’ai lahaine tellement ils sontprochesparfois.Lepirec’estquand ilsrigolentcommedesdératéssurdessujetsquim’échappent.—Commeluiestjalouxdemarelationavectoi!—Ahoui?Bon…Ilsepeutqueparfoisjelesoisunpeualors,maisjusteunpeu!Elleneditrienmaismeconnaîtassezpoursavoirquejenefaispasdanslademi-mesure.Avecmoi
c’esttoutourienalors,«unpeu»,autantdirequecen’estpasdansmonvocabulaire.Sonpetitsourireetsesyeuxbrillantssuffisentàmefaireriredemamauvaisefoi.—Tusaisque je t’aime,hein?Allez, raconte-moiplutôtoù tuenes avec ton sitepour femmesen
chaleuretenmanqued’amourquivatefairedevenirriche?—Tunecroispasenmonsite?—Bien sûr que oui ! Je rigole car c’est un projet pour lemoins originalmais je sais aussi que tu
réussistoutcequetuentreprends,alorsjenemefaisaucunsouci.Tuvastoutdéchirer,t’eslareinedugirlpower!On rigole toutes lesdeuxcar endisant ça je saisqu’ellepense aussi à cegrouped’anglaisesqui a
bercénotreenfance.Rienqued’ypenserj’aileurschansonsquimeviennententête.—Merci,GeriHalliwell,maintenantjevaisavoirWannabedanslatêtejusqu’àdemain!Bon,alors,
riche,jenepensepasmaismefaireunepetiterentréed’argent,pourquoipas?C’estlavilledesfoliesici alors jemedisquec’estpossible.D’ailleurs j’aimonpremier rendez-vousdemainavecplusieursfemmesenchaleurcommetudis.J’aitravaillécommeunemaladedessusetmaintenantqueleschosessemettentenplacej’aiuntracfou!—Zoé,chercheused’hommesfortunéspourfemmesintéressées!—L’idéede«Pigeonencostard»c’estuniquementparceque j’aivucomment les femmesdeLos
Angelespeuventêtre,etj’aieulenezfincarc’estlethèmequimarcheleplus.Cegenredefemmesmedégoûte, seulementc’est aussi cellesquivontme rapporter leplus.Moi, c’est surtoutaidercellesquin’ontplusconfianceenellesquimeplaît.J’airencontréassezdeconnardspoursavoirquelesfemmeslesplusfragilespeuventensortircassées.—J’ail’impressionquetufaisréférenceàmoiendisantça,j’ai…Saphraseresteensuspenslorsquelebruitassourdissantd’unemotosefaitentendre.Elles’arrêteau
feurougejusteenfacedenous,etl’hommequilachevaucheàlatêtetournéedansnotredirection.Jenesaispass’ilnousregardevraimentàcausedesavisièreteintéemaisentoutcas,nous,onnevoitquelui.Confortablementassissurunesportiveorangequisembletoutjustesortieduconcessionnaire,lemotardcontinuedenousregarder.Habillétoutencuir,plutôtgrand,etlesalaud…Ilal’airdrôlementbiengaulé!J’essaiederesterdignemaisjesuisàlalimitedemebaverdessus,bienquejesacheque,souvent,unefoislecasqueretiré,cesmecs-làsontmochesoudumoinsbienpluslaidsquecequ’onimaginait.Maislà, avec cettemoto rutilante et sa combi en cuir… jen’arrivepas à regarder autre part.Quand le feupasseauvert,ilnousadresseunbrefsignedelamainauqueljerépondssansréfléchir,avecsûrementunsourireniaisetlamâchoirequimanquedesedécrocherquandilpartenrouearrière.C’estassurémentunprétentieux,unpetitbranleurmais,bordel,j’ailessensenébullition!QuandjemeretourneversLola,toujoursaveclaboucheouverteetlamainenl’air,ellemeregarde
d’undrôled’air.—Décidémentjenetecomprendspas!—Quoi?Tusaisquejenerésistepasàunmotard.Mapetiteculotteestàlalimitedelacombustion
spontanéedèsquej’envoisun!
Ellesebouchelesoreilles,secouantlatêteetaffichantunedrôledegrimace.Làc’estmoiquinelasuisplus!—Nemeparlepasdel’étatdetaculotteetdeBendanslamêmephrase,s’ilteplaît!—Quoi?Non,Benn’apasunemotocommecelle-là.Pourl’avoirvueplusieursfois,jepeuxtedire
qu’elleestblanche!—Nonmabelle,c’étaitbienlui.Lablanche,ill’utilisepourallerauboulotcarelleestplusadaptée
auxruesdeL.A.,maisquandilsortdelaville,ilprendcelle-cicarelleestpluspuissante.Aujourd’huiilétaitenrendez-vousàl’extérieurdoncjesaiscequejedis.Zoé,tuviensdefantasmersurBen!Bordeldemerde,ilaréussiàmefairefantasmer…Encore!SilasituationfaitrireLola,demoncôté
jesuisencoreplussouslechocquandjemerendscomptequelespetitesboufféesdechaleurnesesontpasatténuéesendécouvrantl’identitédumotard.Jediraismêmequeçaaeul’effetinverse.Moncorpsestuntraître!— Allez viens, apparemment les gars ont fini leur journée, il est temps de les rejoindre. Ça fait
longtempsquej’aipaspasséunejournéeloindeJayetjedoisavouerqu’ilmemanque,monpetitcœurd’amour!Laguimauveoui,maisàpetitedose,làçaluisuintepartouslespores.Aumomentoùlemot«Jay»
estsortidesabouche,jel’avaisdéjàperdue.
*
Quandondébarqueàl’appart,Bennousadresselemêmesignedelamainqu’enmotounpeuplustôt,avecsonéternelsouriresatisfait.—Salut,mesdemoiselles!Ilabiencomprisquejenel’avaispasdutoutreconnusinonjenemeseraispasextasiéeautantdevant
lui,dumoinssachantqu’ilmevoyait.—Hahaha !Vas-y,marre-toi !Autant tedireque jeneme feraiplusavoir ! Jenesavaispasque
c’étaittoi!—Parcequeçaauraitvraimentchangéquelquechose?Attends,t’asquelquechoselà…Deson index, il se frotte lacommissuredes lèvres, et je l’imitemachinalementen frottant lemême
endroit.Nemeditespasquejemesuisbaladéedanslesruesavecunrestedebeignetauchocolatsurlafigure!—Quoi?J’aiquoi?Devantsonhilarité,jefrottedeplusenplusfort.Saletédedépendanceauchocolat!—C’est…Ahnon,autempspourmoi,c’estjusteunrestantdebave!—Salecon!Enmevoyantarriveràgrandspasverslui,Benpivoteetmetourneledos,protégeantsonvisagede
sesmains.Jeluiassènedescoupsdepoingdansl’épaule,pluspourmesoulagerquepourluifairemal.Commesijepouvaisluifairemaldetoutefaçon,cemecestfaitengranite!Plusjefrappe,plusilrit.Plusilrit,etplusjelefrappe.Cerclevicieuxdanslequelnoussommesplongésdepuisledébuttouslesdeux:plusjelefuisetplusils’accroche.—Stop!Çasuffitmaintenanttouslesdeux!Vousêtespiresquedesgamins!Je le lâche après un dernier coup et récupèremes sacs, abandonnés dans la précipitation, pour les
déposerdansmachambre.—C’estellequiacommencé!Unefoisdeplusjen’airientrouvédemieuxquedelevermonmajeur.Puériletpeuoriginal,j’enai
conscience,maiscommeLolanousl’asignalé,noussommesdeuxgrandsgamins.Le reste de la soirée se passe plus tranquillement, avec une pizza et une bouteille de vin que
j’élimineraidèsdemainmatinenfaisantungrosfooting.Jen’aijamaismangéaussigrasquedepuisquejevisici.Sijeneprendspasunminimumsoindemoi,jevaisfinirparressembleràunepaupiette.Maisenattendant,jeprofiteencoreunpeuetmesersunautreverredevinrouge.—Aufait,Zoé,tum’aspasditpourtonjoggeur…Çaavance?Onaeu toute la journéepourenparlermaisnon, il fautqu’elleattendeque l’onnesoitplusseules
pouryfaireallusion.LesmecssontengrandeconversationmaisBenmejetteuncoupd’œil.Rapidemaispasassezpourpasserinaperçu.Jemepencheversmacurieuseetparleàvoixbassepournepasattirerl’attention.Même s’il y aurait eu d’autresmoments plus propices à cette conversation, je suis quandmêmecontentequ’elles’yintéresse,surtoutparcequej’aiégalementavancésurcesujet.—Unsoirdelasemainedernièrequandjesuisarrivéeauparc, ilm’attendaitsagementassissurle
bancprèsdel’entrée.Onadiscutéunmomentetilm’ademandémonnuméro.—Tuleluiasdonné?—Àtonavis?Jecoursderrièreluidepuisplusieurssemaines!—Ouais,questionidiote!Ettuvaslevoir?— Je le vois tous les jours, Lola ! Mais si tu parles d’un rendez-vous, pour l’instant c’est pas
d’actualité.Maisons’envoiedespetitsmessagesdetempsàautre.—Génial,bientôtlessextosalors!Tumedirasquandleschosesévoluerontsurtout!AhmaLola,maisqu’est-cequejeferaissanstoi?Tacuriositéestaussiinsupportablequedrôle!—Comptesurmoi!Enplusmaintenantj’aibeaucoupplusdetempslibre!—Jeterappelleunedesrèglesdecetappart:pasdemecchezmoi!Etvoilà,j’enétaissûrequ’ilécoutaitd’uneoreille.IlvientdecouperJayavecquiilétaitengrande
conversationdepuistoutàl’heurepourmeprouverqu’ilfauttoujoursqu’ilsoitsurmondos.—Depuisquandt’asunerègleaussicon?Jeramènebienmonhommemoi!—Ahtuvois,mêmeLolatrouveçadébile!Etpuisdetoutefaçontupeuxdirecequetuveux,tun’es
paslàenjournéepourvenirvérifier!—Jetejurequesij’apprendsquet’asfaitentrerunmecchezmoije…Aïe!LegrosbrastatouédeJayestvenumesauverd’uneénièmemenaceenenvoyantuncoupdepoingdans
l’épauledemonemmerdeur.Bensetourneversluiensefrottantl’épaule,entremecsilsn’yvontpasdemainmorte.—T’esmaladeouquoi?—Putain,Ben,j’allaistedireuntrucimportantettoitutourneslatêtepourécouterdesdiscussionsde
meufs.—C’estbonjet’écoute…Detoutefaçonellesaittrèsbiencequil’attendsielleenfreintuneseulede
mesrègles.Euh…Non,enfaitonn’enajamaisparlé!Maissic’estencoreenlienavecsonpetitjeu,jenepréfère
mêmepaslesavoir!
—C’estàproposdetonpère.LevisagedeBensedécompose instantanément. Ilnefait jamaisallusionàsafamilleet j’aicomme
l’impressionquec’estunsujetsensible.MêmeJayal’airdeprendredesgantsalorsquecen’estpasdutoutsongenre.—Ilestvenuauboulotquandtuétaisenrendez-voustoutàl’heureetademandéàtevoir.Bensegratte labarbed’unair songeur, sedemandant sûrement la raisondecettevisite surprise. Je
n’arrive pas à regarder ailleurs, son visage passant par une palette d’émotions en un temps record :surprise,dégoût…haine.—Tuasappelélasécuritépourlefairedégager?—Arrête,tonpèren’estpasunhommequ’onpeutvirercommeça.J’aiétélevoiretluiaipromisde
tepasserlemessage.Ben se redresse aussi sec et lève la main devant Jayden pour le couper. Les sourcils froncés, il
dévisagegravementsonmeilleurami.—Jeneveuxpassavoir,çanem’intéressepas.—Jem’endoutaismaisc’estpeut-êtreimportant.Ilneseseraitpaspersonnellementdéplacésiçane
l’étaitpas.Lesmâchoirescrispées, lespoingsqu’ilserreetdesserrenerveusement,Bena l’aircomplètementà
cran.Bordel,maisc’estquisonpère?—Tonpèreestquelqu’und’important?Lola pose la question qui me brûle les lèvres mais que je n’osais pas poser de peur de me faire
envoyerbouler.MaisBenlaregardesansvraimentlavoir,ilsembleperdudanssespenséespendantquesonmeilleurpoterépondàsaplace.—Disonsqu’ils’assoitsurunbelhéritages’ilcontinueàtournerledosàsafamille.—Jesuissûrequechouchouàsesraisons.Enplus,niveauargent,iln’estpasàplaindre.—Mon cœur, tu ne réalises pas à quel point sa famille est fortunée. Les thunes de Ben sont une
broutillecomparéesàcellesdesesparents.Ilsfontpartiedesplusgrandesfortunesdecepays.Depuisletempsquet’eslà,t’asjamaisentenduparlerdelafamilleHarper?—C’estpasvrai!Lola semble sur le cul, apparemment sonmeilleur ami ne se dévoile pas beaucoup puisqu’elle ne
connaîtriendesafamilleoudesonpremieramour,Bluesijenemetrompe.LeregarddeBens’ancredans lemien et neme lâche plus. Il y a quelque chose de déstabilisant, d’insondable, unmélange decolèreetdeconfusion…Jaydencontinuededéblatérersurlesujetmaisjen’yprêteplusattention,tropfocalisée sur le malaise grandissant que je peux lire dans l’azur des yeux de Ben qui virent au bleutempête. Il les ferme, rompantnotrecontact.Laboucheentrouverte, il respire lourdementcommepourtenter de garder lamaîtrise de lui-même.Mais ses doigts cramponnés à la table blanchissent et d’unmouvementbrusque,sachaisevoleparterre.Benselèved’unbondettoiseJaydendetoutesahauteur.Ilesttendu,lespoingsserrés,etjenesaispass’ilseraitcapabled’envenirauxmains.Laméfiancedansleregarddesonmeilleuramimepousseàpenserquisi.—Jecroissurtoutque tuouvresunpeu trop tagueuleencemoment, Jay.J’ai toujours respecté tes
secrets,alorsapprendsàgarderlesmiens.—Jenepensaispasquec’étaitunsecretd’État, justeunsujet sensible.Allez,assieds-toi,mec,on
n’enparleplus.
—Nonmerci,c’estbon,j’aieumoncomptepourcesoir.Jevaisprendrel’air.Tandisqu’ilattrapesaveste,Lolalerattrapeavantqu’iln’atteignelaported’entrée.—Reste,Ben,onn’enparleplus,juré!Jen’aimepastesavoirdehorsquandt’esénervé.Dansungesteremplidetendresse,illuicaresselajoueetluiembrasselefront.—T’inquiètepaspourmoi.Et sans unmot de plus, il referme la porte derrière lui. Je ne sais pas ce qui s’est passé avec ses
parents,ouplusparticulièrementavecsonpère,maisunesimpledisputenelemettraitpasdanscetétat.SeulJaynesemblepasinquietetcontinuedepiocherdanssongâteauauchocolat.Nousrestonstouteslesdeuxfixéessurlui,abasourdies.C’estuncopainça?—Ilvabien,arrêtezdestresser.Ill’aditlui-même:ilestpartiprendrel’air.Traduction:ilestpartià
lachasse.Quandilaurabaisé,ilreviendratranquillement.—Jay!—Bébé,ilvafalloirquetuledescendesdesonpiédestal, tonchouchouestunmeccommetousles
autres!
Sondépartajetéunfroid,etlasoiréetournecourt.Lolan’apasvoulupartiravantleretourdeBen,
maisne levoyantpasrevenirelleadécidédedormirdanssonanciennechambre.Bienentendu,Jayarefusédepartir sanselle.Ducoup lesdeux tourtereauxsontpartis secoucher, encore fatiguésde leurvoyage.Enfin,çac’estl’excusedeJaypourlafairevenirdanslelit!Vulamanièredontillaregardait,jemedisquedormirn’estpasdanssesprojets,entoutcaspastoutdesuite.Etmoi,pourquoijen’arrivepasàallermecoucher?Commeuneidiote,jerestevisséesurlecanapéà
regardercettefichueporte.Iladûsepasserquelquechosedegravedanssafamillepourqu’ilréagisseainsi.Cen’estpasdanssontempéramentdes’emporteraussivite.Jesuisinquiète.Oui,jestressepourunmecquisefoutraitcomplètementdemesétatsd’âmesilasituationétaitinversée.Alorspourquoijerestelààl’attendre?C’estvraimentstupideetenplusjesuiscrevée!J’enaimaclaque,c’estbon,jevaismecoucher ! J’éteins la lumièreet la télé,m’aidantuniquementde la lumièrede la lunepouratteindre laporte.J’espèrequ’ilaprissescléscarjenecomptepaspasserlanuitaveclaporteouverte.Etlà,jenesais pas si c’est la fatigue oumon côté blonde,mais au lieu deme contenter de faire un tour de clé,j’ouvrecomplètementlaportepourvérifiersi,ouiounon,elleestfermée.Graveerreur!JedécouvreBen,lalangueprofondémentenfoncéedanslegosierd’uneblondequisemblefortement
apprécier, au vu de ses gémissements. Ses mains sont cachées sous la minuscule robe qu’elle porte,dévoilantaupassagelamoitiédesoncul.Cen’estpasunsimplebaiser,c’estàlalimitedel’obscène,etjesuispourtantloind’êtrequelqu’undefarouche.Moiquim’inquiétaispourlui,jeleretrouveaveccettefille,ouplutôtcecanonauxjambesinterminables.Bordel,ellefileraitdescomplexesàunmannequin!Unecolèrenoiremenaced’éclater,enversluiquiprenddubontempsalorsquejem’inquiétais,enverscettefillequejeneconnaismêmepasmaisquejedétestequandmême,etsurtoutenversmoiquiairéussiàm’attendrirsurlaviedececonnard.Jayavaitraison,iln’yavaitaucuneraisondestresserpourlui.Tellementprisdansleureffusion,ilsneserendentmêmepascomptequ’ilsnesontplusseulsetjesuis
àlalimitedem’enfoncerlestalonsdanslesoreillespourneplusentendreleursgémissements.Mavoixfermeetforterésonnedanslecouloir,lesfaisantsursauter:—Alorslà,jet’arrêtetoutdesuite,Lolaestcouchéeetmoijevaisenfaireautant.Situveuxtetaper
tapoule,libreàtoi,maisnecomptepassurmoipourlasortirdetonlit!Leschiottesden’importequelbarauraientfaitl’affairepourcegenredefille!
Moi, jalouse de son corps de déesse ?Noooon ! Lesmâchoires contractées,mon serial baiseur nelâchepassaproieduregard,m’ignorantdelonguessecondes.Aumomentoùjecommenceàcroirequ’iladécidédem’ignorerjusqu’aubout,ilsedétached’elleetsetourneversmoi,meflinguantsurplace.—Bordel,fauttoujoursquetularamènestroptôtoutroptard!Lafille,rougedehonte,oudecolèrepeut-être,letoiseenmepointantdudoigt.—Elleestentraindemefairepasserpourunesalopeet,toi,tudisrien?Benhausselesépaulesetsoupirelourdementdevantlananaquisedécomposeàvued’œildevantsa
réaction.—Tumedemandesvraimentde tedéfendre ?Tu semblaispourtant savoir ceque tuvoulais.C’est
justeunplancul,pasunerelationàduréeindéterminée!—Espècede…JenesaispassielleétaitàcourtdemotsousivoirBensoussonvraijourluiaquelquepeudéplu,
maistoujoursest-ilquelagiflemonumentalequ’elleluicolleesttellementjouissivepourmonegoquejelaisseéchapperunlégerrire.Lepoidsdelesavoirsurprisdisparaîtd’unseulcoup,etjerefermelaporteleplusdiscrètementpossible,lelaissantgérerlamerdedanslaquelleils’estmistoutseul.Oui,j’aibiendittoutseul!Je pensais qu’il allait prendre le temps de s’excuser ou du moins de s’expliquer avec elle, mais
deuxièmeerreurdemapart.Cettefois,jenevaispasm’ensortiraussifacilement.Jen’aipasletempsd’atteindre ma chambre, que la porte d’entrée claque et qu’une poigne ferme me pousse violemmentcontrelemur.Cegesteaussibrutalquesurprenantm’arracheunhoquetdesurprise.Desbrasseplaquentdepartetd’autredemoncorps,empêchantmafuite.Macolèrecommenceàmonter.Nonmaispourquiilseprend,cecon?S’ilcroitquejevaismelaisserfaire,ilsefourreledoigtdansl’œil.—Ben,arrêteçatoutdesuiteouje…—Ferme-la!Jedéglutis,lagorgesèche,complètementpriseaupiège.Quecesoitcontrecemuroufaceàsesiris
subitement sombres qui me perforent de toutes parts.Mon cœur s’affole dans unmélange de peur etd’excitation.Sabouche frôle lamienneet sonsoufflechaudse répercutedans toutesmes terminaisonsnerveuses. Ilme fait de l’effet, ilm’en a toujours fait, seulement j’étais trop concentrée surma haineenvers lui pourme l’avouer. Il reste ainsi plusieurs secondes,me laissant le temps de reprendremesesprits,delerepousser.Alorsquejeposemesmainssursespectorauxpourl’éloigner,ilenfermemespoignetsdanssesmainsetmelesbloqueau-dessusdelatête.Complètementàsamerci.Jenesaisplusquoipenserniquoifaire,surtoutquandilmeregardedecettefaçon:désir,colère,envie.Unmélangedetoutcequ’ilpeutéprouver,làtoutdesuite.Seulelalunenouséclairedesafaiblelueur,melaissantjusteentrevoirsesgrandsyeuxbleusquinecessentderegardermabouche.Lesilenceestpesant,électrique.Lesbattementsfrénétiquesdemoncœurdoivents’entendre,ilnepeutenêtreautrement.Quandilsemordlalèvre,jenerépondsplusderienetmoncorpssecambredelui-même,cherchant
davantagesoncontact.Sonregards’assombritetl’emprisedesesmainsseraffermitsurmapeaumaisjene senspas la douleur, je ne ressensque l’envie de ses lèvres surmoi. Il se penchedansune lenteurcontrôlée,mêlantsonsouffleaumien,etalorsque jecroisqu’ilvam’embrasser, ilvientmelécher lecreux derrière l’oreille. Sa langue trace le chemin de ma carotide, qui à cet instant est au bord del’explosion.Sesdoigtsmerelâchentetglissentlelongdemesbras,effleurantlacourbedemapoitrinepourvenirmepresserleshanches.Denouveaulibredemesmouvements,jeretirelenœudquiretientsescheveuxetyglissemesmains.Bordel, jesavaisqu’ilavait lescheveuxdoux!Mespoingssecrispentdanssatignassequandseslèvressefontpluspressantes.Ilsecantonneàélectrisermapeauàcoupde
morsurequ’ilapaiseaussitôtavecsalangue,descendantdemoncouàlanaissancedemesseins.Sansjamais aller plus loin. Ben sait parfaitement ce qu’il fait. Il me chauffe, cherche à faire monter lapression, à l’affût de la moindre réaction de ma part. Je prends sur moi pour ne pas lui donner sifacilementsatisfactionalorsquejecrèved’enviequ’ilm’embrasseàpleinebouche.Jefermelesyeux,cherchantl’airquirestebloquédansmespoumonsenfeu.J’aibaissémagarde,j’enaiconscience,maisjen’arriveplusàraisonner,surtoutquandilreprendsadescente.Majupeseretrousseetsefroissesoussonempressementàtouchermapeaunue.Duboutdesdoigts,ilredessinesensuellementlescontoursdemontanga.Àmesurequesontracés’approchedemonintimité,unevaguedechaleursepropageenmoi.Quand labarrièredu tissu saute etque ladouceurde sesdoigts se rapprochedangereusementdemonsexe,unemoiteurincontrôléeenimprègnel’étoffe.Bonsang,maisqu’est-cequ’ilmefait?Zoé,réagis!Arrête-leavantqu’ilnesoittroptard!Dumajeur,ilcaresselapeaudoucedemaféminité,provoquantdesfourmillementssursonsillon.Ma
respiration s’accélère malgré moi, je meurs d’envie qu’il me touche vraiment. Qu’il s’occupe plussérieusement de l’endroit qui brûle d’anticipation.Mon sexe palpite, comme si les battements demoncœur étaient directement reliés à lui. Frustration, c’est lemot quime correspond le plus à cet instanttellement j’enveuxplus.Puissoudain,c’estcommes’ilavaitentendumasuppliquesilencieuse.D’unelégèrepression,sondoigtglisseentremeslèvresetencaresselescontours.Jen’arriveplusàrespirer,jehappe difficilement des petites bouffées d’air, mon cerveau n’arrivant plus à faire son boulotcorrectement,tropfocalisésurcecorpsétrangerquiembraseleschairsdemonintimité.Bengrognedansmoncouensentantmamoiteurserépandresursondoigt.Àcetinstant,jenevoisplusquelui,nesensplusquesonodeur,neperçoisplusquecequ’ilmedonne,etbonsangcequec’estbon!—Putain,tuestellementmouillée!Nouveaugrognementdesapartpourcorroborersesdires :cequ’ildécouvredoit luiplaire.Etmoi
alors,onenparle?Jesuisauborddelacombustionspontanée!D’unelenteurexagérée, il titillemonclitoris,joueavecmabouledechairquigonfleetsedurcitdeplaisir.Matempératurecorporellegrimpeenflèche.Maiscommentilfaitça?Mesmainsquittentsescheveuxsansréellementtrouverunautrepointd’ancrage. Elles se baladent sur son dos, griffent ses abdos, caressent sa nuque… Un gémissementm’échappe quand il me mord le cou au moment même où il insère un doigt en moi. Il va et vient,s’enfonçantunpeuplusàchaquepassage.Légèrementcourbé,sondoigtappuiesurunezoneultrasensibleetmesjambessemettentinstantanémentàtrembler.Jem’accrochecommejepeuxàsesépaulescarréeset je sens à présent les battements de son cœur. Bordel, Ben est dans le même état que moi. Je necomprendspas,jenecomprendsplus…Pourquoijeressensautantdesensationsavecluialorsqu’ilm’aàpeinetouchée?Tousmesamantsréunisn’ontpasréussiàobtenircerésultat.Ilposesajouecontrelamienne,sabarbefrottantsurmapeaudéjàrougieparlefeuquimonteenmoi.—Sachequejenefaisjamaisdemenacesenl’air…Cesmots qu’il susurre àmonoreilleme font l’effet d’unuppercut.Tout ça n’est rien d’autre qu’un
putainde jeupour lui.Une façon,ouplutôt sa façon,demepunird’avoir fait fuir saproie. Jesuisunsecondchoix, fautedemieuxàsemettresous lamain. Jechercheà le repoussermaissoncorpsvients’écraser totalement sur lemien, son sexe bandé s’écrasant contrema cuisse.Avant que je ne puisseprotesterdavantage,Benenfouitunseconddoigtenmoim’arrachantuncrideplaisir.Ilnemequitteplusdu regard, l’azur de ses iris suspendu aux réactions qu’il provoque dans mon corps. La boucheentrouverte,lesoufflesaccadé,ilregardesanscesselamiennesansjamaiss’enapprocher.Ilenaenviemais,pourjenesaisquelleraison,refusedem’embrasser.J’éprouveuncruelmanquederapprochement.Jerêvedegoutteràseslèvres,desucersalangue.Commence alors une danse rythmée, endiablée à laquelle je suis incapable d’échapper. Ses doigts
fichésenmoietsonpoucequicontinuesadoucetorturesurmonclitorismefontperdrelaraison.Cefeuenmoireprendde l’ampleuretembrase toutsursonpassage.Bordel,maisqu’est-cequ’ilmefait?Àvingt-quatre ans, je vais avoirmon premier orgasme et ilme sera offert parmonmeilleur ennemi. Jel’attendsavecaviditéetdésespoir,melaissesubmergerpardesboufféesdechaleur.Jemanqued’air,mavuese troubleet jeneparlemêmepasdesbruitsridiculeset incontrôlablesquisortentdemabouche.Quandmes jambessontprisesdeviolents tremblementsetn’arriventplusàmesoutenir, jecomprendsquelepointdenon-retourestarrivé.Moncorpsestàlalimited’implosersoussesdoigts.Soudain,ungrincementdeporteàl’autreboutducouloirattirenotreattention.Quelqu’unmarcheàpas
feutrés.Nouveaubruitdeporte.L’undenosinvitésestsûrementalléauxtoilettes.D’ici,onnepeutpasnousvoirmaissicettepersonne,pouruneraisonoupouruneautre,décidedenepasretournersecoucheretvientparici,noussommesfoutus.—Ben…—Chuuuuut!Arrêt sur image : moi, les yeux exorbités, à réaliser subitement que le monde continue de tourner
contrairement à ce que je pensais depuis plusieursminutes.Ben, les doigts toujours enfoncés enmoi,continuant leurdouce torture,unsouriremalicieuxsedessinantsurses lèvres.L’adrénaline, lapeurdenousfairesurprendreaccroissentlessensationsetmesonglesseplantentdanssesépaulespournepasm’effondrer.Soudainlalumièreducouloirs’allume,nousfigeanttouslesdeux.LecorpsdeBens’écrasesurmoi,me fixant droit dans les yeux.Une furieuse envie de l’embrasserme consume de l’intérieur,pourtantjenebougepas,attendantuneréactiondesapart.—Bordel,mec,jesaisqu’onestcheztoi,maist’asunechambrepourça!Cachéeparlecorpsdemonbourreau,jenepensepasqueJaym’aitreconnue.Benchangebrusquement
d’attitude,devenantsoudaintropsérieux.L’intensitédesonregardmeretournel’estomac.Jenesaispascequ’ilsepassedanssatêteàcetinstant,maissesprunellessondantlesmiennesneprésagentriendebon.—Detoutefaçononavaitfini.Claquement de porte. De nouveau seuls. Ben retire lentement ses doigts, coupant net ces exquises
sensations.J’aienviedecrierauscandale.Non,nemelaissepascommeça!Ilsdisparaissentdanssabouche,illessuce,leregardpétillantdedésircommes’ilgoûtaitàlameilleurechosequisoit.Unlégersouriresatisfaits’étiresursonvisagepuis,m’embrassantleboutdunez,soncorpssedétachedumien.Etmoijeresteappuyéefébrilementcontrelemur.Sijebouge,jetombe!—Viensmaintenantmedirequetuneressensrien.C’était justeunavant-goût.C’estavecmaqueue
quejeteferaijouir!Sansunmot,ilm’abandonneaupasdemaporte,pantelanteetfrustrée.
Chapitre13
Zoé
Unesemainequejel’ailaisséglissersesdoigtsdansmaculotte,quej’aifailligoûteràunorgasme…Une semaine que je n’arrête pas d’y penser…Une semaine qu’il fait comme si rien ne s’était passé.Commesisonjeul’avaitfinalementlassé…Pourtantsadernièremenaceprésageunesuite,non?Jesuiscomplètementperdue.Onn’enapasreparléetj’espèrequeçaresteraainsi.Detoutefaçonpourdirequoi?Ilm’aridiculisée
etrabaisséeàl’étatdechienneenchaleurenmelaissantainsisurlepasdemaporte.Jecommenceàmedemander s’il avait vraiment l’intentiond’aller plus loin ou si le fait d’être interrompu lui a sauvé lamise.Bahvoyonsoui,amusons-nousavecZoé,histoiredeluirappelerquimènelejeu!Jerevoisencoresonsouriresatisfait!Siàcemoment-làjen’avaispasétéauborddel’évanouissement,jeluiauraisbienpétélesdents.Bordel,maispourquoijen’arrivepasàêtresoulagéequ’ilnesoitpasalléplusloin?Maconscience me rit au nez, me rappelant que tout ça est dû à un début d’orgasme retombé comme unsoufflet.L’alarme stridente demon téléphone retentit, m’indiquant qu’il est l’heure de quitter l’appart. Oui,
voilààquoij’ensuisréduitepourl’éviteraumaximum:sortiravantqu’ilnerevienneduboulot.Jefermemonordinateur,rangemonagendaquiseremplitdejourenjour.MissJuliam’adonnédesesnouvellesd’ailleurs.J’aireçuunautremaildesapart:
SalutZoé,encoremercipourtonaide.
C’estlapremièrefoisquej’osemefairecoachersurmavieintimeetjesuisraviequelecourantpassebienentrenous.J’aipasséunagréablemomententacompagnie.Vivementla
prochainefois!
Cettefilleestladouceurincarnée.Douceetgentille,illuimanquejusteuncoupdepoucepouroser
s’affirmer.Jesuistouchéequ’ellerevienneversmoi.Ellemeplaît!Bref, jepassemes journéesau téléphoneavec lesclientespourqui jesuisdispoH24,organisedes
soiréesdegroupeetcontinueàpromouvoirmonsite.Jevoisgrandetj’aidesidéespleinlatêtemaisjemanquecruellementdetemps.Monthème«Pigeonencostard»faitbeaucoupparleretj’ail’impressionquetouteslesfemmesvénalesdelavillesesontdonnélemotetaffluentunpeupluschaquejour.Ellessontprêtesàdépenserunbonpaquetdebilletspourmettrelamainsurunhommequidoubleraleurmise.Jetrouveçaaffligeantmaisc’estl’argentquimènelemondeetjecomptebienenprofiter,dumoinstantquecesharpies aurontbesoindemoi.Cequime fait rire c’est qu’ellesveulent toutesunmeccommecelui de la photo :Ben ! Il a fallu trouver la brillante idée de le faire bosser pourmoi pour que lespremièresdemandesarrivent.Ilfaitsonpetiteffet…Est-cequ’ilestaucourant?Nooooon!
Lerappelsonnequelquesminutesplustard,signequ’ilfautquejemebougeleculsijeneveuxpasmeretrouvernezànezavecEdwardauxmainsd’argent.Jemechangeàlahâteetenfilemesbasketspourmonfootingjournalier.Riendemieuxqu’unpeudesportaprèsunejournéeàm’userlesyeuxsurl’écranet àm’exploser les tympans au téléphone à cause des voix nasillardes demes clientes chéries. Cinqminutesplustard,jesuisdéjàdanslarueendirectionduparc.Monsourires’accroîtaufuretàmesureque j’approche de la grande barrière en fer forgé. Owen, mon beau joggeur, est encore en pleinéchauffement.Installédansl’herbe,iltravaillesesabdos.Jeralentis,profitantduspectaclequ’ilm’offre:lesmainscroiséessurlanuque,lesjambesrepliées.Jedétaillesesbellesplaquettesdechocolatquisedessinentsousl’effort.Échauffementsanstee-shirt,lerêvepourmesyeux!Quandj’arriveàsahauteur,jemepostedevantluietluiadressemonplusbeausourire.—Salut,beaugosse!—Bonjour,belleblonde!Jecommençaisàcroirequetuneviendraispasaujourd’hui!—Etloupercebeauspectacle?T’esmalade!Non…Jesaismefairedésirer!—T’aspasbesoindeçasiçapeutterassurer.Unsourireencoinetdesyeuxcharmeurs,Owenmedévoreduregard.Ilselève,s’essuielevisageet
remetsontee-shirt,dommage!Çafaitdeuxlonguessemainesdepuisquel’ons’estéchangénosnuméros,quel’onflirte,maisilnesemblepasdécidéàsauterlepas.Jenesaispass’ilestvraimentintéresséparmoiousipourluiaussic’estjusteunjeu,maisçan’avancepasentoutcas.J’ensuisàmedemandersilesAméricainsnesontpasencoreplusprudesquelesfemmes.Jen’aipascouchéavecunhommedepuisquejesuisicietjecommenceàressentirlemanque.Jenesuispasuneobsédéeniuneaccro,maisj’aidesbesoinsmoiaussi!C’estpaspourleplaisirquel’actemeprocurecarcen’estjamaisl’extase,maisbon, j’ai des pulsionsquandmême !Et puis il faut avouer qu’avec les sensationsque j’ai éprouvé lasemainedernièreavecBen,jemedemandesimonproblèmenevientpasdesedébloquerdelui-même.Si des doigts ont réussi àme faire autant d’effet, j’ose à peine imaginer ce que je pourrais ressentiravec…labête!AvecOwen,onsevoittouslesjours,ontranspireensemble,ons’essouffle,ontestenoslimites…mais
toujourssurlebitume.Jeveuxlamêmechosemaisdansunlit,bordel!Ouunmur,unemoquette,mêmeunetableferaitl’affaireaupointoùj’ensuis.Jeveuxdusexequoi!—Etsiaujourd’huionallaitplutôtprendreunverre?Jestoppenetmesétirementsetleregarde,interloquée.Merdej’aipenséàvoixhaute?—Euh…Ouisituveux,enfinjeveuxdireavecplaisir!Vucommentjeprendsplaisiràflirteraveclui,jenevoispascommentj’auraispurefuser.Jen’attends
que ça depuis des jours ! Passer à la vitesse supérieure et vérifier simon corps fonctionne à présentcorrectement. Quoi de mieux qu’un bel homme comme lui pour réaliser ce test ? L’image de Bens’immiscemalgrémoidansmatêtemaisjelachasseaussisec.Tandisquel’onsortduparc,letempssecouvreetlespremièresgouttescommencentàtomber.Avant
depouvoirréagir,c’estuneaversequinoustombesurlatête.Owenretiresaveste,dévoilantdesbicepstropgrospourpasserinaperçussoussontee-shirt,etnousabriteendessous.C’estdansdesriresnerveuxquel’onatteintunebrasserie…fermée.Maisquelgérantfermesoncommerceenfinde journéequandtoutlemondecommenceàsortir?Apparemmentquelqu’unquisavaitquelesruesallaientêtredésertesàcaused’untempsdemerde.Owen,lesbrastoujoursenl’air,noscorpsserréssouscetabridefortune,medétailled’undrôled’air.
C’estlafoliedanslarue,lesgenscourentdanstouslessens,pressésdesemettreausectandisquenousrestonsfigésenpleinmilieudutrottoirànousregarder.Sesirismaintenantsombresépousentlestraitsde
monvisage,s’enfoncentdanslesmiensavantdes’attardersurmeslèvres.Jedéglutis,etsamainseposesurmonbrasrecouvertdegouttelettesd’eau,propageantainsiunirrépressiblefrissonsurmapeau.— J’habite juste derrière. J’ai du café, des serviettes et accessoirement une douche si tu veux te
réchauffer.Partante?—D’accord.Quoidired’autrealorsquejem’imagineàquoiilpourraitressemblernudepuisqu’ils’estretourné
surmoi lapremière fois? Il retire saveste,nousexposantà lapluiequi sedéchaînesurnosvisages,avant dem’attraper par lamain et de semettre à courir. Il nementait pas, nous tournons dans la rueadjacenteetils’élancedanslepremierimmeuble.Sansmelâcherlamain,Owenm’emmènejusqu’àlaportedesonappartement.Tandisqu’ilinsèresaclé,ilnecessedemejeterdescoupsd’œilattentifs.—Vapascroirequec’étaitunpiège.Pourtedirelavérité,tueslapremièrequientreicidepuismon
divorce.Laportes’ouvreetilsedécalepourmelaisserpasser.Lescheveuxcollésauvisage,desgouttesd’eau
quidévalentmesjoues,mesbasketsquicouinent,j’entre.—Jecommenceàbienteconnaître,Owen.Dumoinsassezpoursavoirquetuesquelqu’undebien!—Jetrouvequetuasunehauteestimedemapersonne.Jepourraistrèsbient’avoirentraînéejusqu’à
chezmoipourtoutautrechosequ’unsimplecafé.Peut-êtrequecequej’aientêten’ariendegentil.—Owen,làtoutdesuite,jesuisloindevouloirquetusoisgentil…—Zoé,làtoutdesuite,jesuisloindevouloirêtregentil…Moncœurfaitunbondetmesnerfscrépitentd’impatience.Sespasdansmondosserapprochent.Je
prendspleinementconsciencedesaprésencelorsquesonsoufflecaresselecreuxdemanuqueetquesesmainss’approprientmeshanches,meplaquentàsontorse.Monsouffledevienterratique.—C’est-à-dire…?—Hum…Ehbien,pourcommencer…Àpeineletempsderéagirqu’ilmetournefaceàluietquesaboucheécraselamienne.Sonbaiserest
fermeetpossessifcommejelesaimeetquandsalanguedemandeaccès,jeleluioffreavecplaisir.Sesmainsagrippentfermementmeshanchesetmefontreculerdanslapiècequejen’aipaseuletempsdedécouvrir.Mesjambesbutentcontrequelquechoseetlaseconded’aprèsjesuisaffaléesurlecanapé.Ilsedétachedemoiet,sansmequitterdesyeux,commenceàsedéshabiller.Quandilretiresontee-shirt,mesyeuxseposentavecgourmandisesuruntatouagetribalquirecouvresonflanc.Jel’avaiszappétoutàl’heurecelui-là…J’adore!Cecôtémauvaisgarçonmeplongedansunétatd’excitation totaleetc’estsansuneoncedegrâceque jemedébarrasseàmon tourdemes fringues trempées.Nus tous lesdeux,nousnousdétaillonsuninstantavecenvie.Jevaisprendremonpied,jelesens!À genoux devantmoi, il se jette de nouveau surma bouche comme un affamé alors que sesmains
impatientescourentdéjàlelongdemoncorps.Seslèvresdescendentdoucementetviennenttitillermestétonsdurcis.Salanguejoue,memalmène,maislaseulechoseàlaquellejepensec’estàsescheveuxmouillésquimechatouillent.Merde,Zoé,c’esttonmoment,concentre-toi!Sesmainsglissentsousmescuisses,empoignentfermementmesfessespourmetireràlui.Salangue
traceunsillonmouilléjusquesurmonnombriloùilnes’attardepasetlorsquesonsoufflechauds’arrêtesurmon intimité, jemedemandesi sa langue feradavantagedemerveillessurmonclitoris,messeinsétantrestéssurleurfaimetsuruneputaindefrustration.Uncunnidèslapremièrefois?Jesuissurprisemaisaprèstoutpourquoipas,surtouts’ilestexpertenlamatière.Aupremiercoupdelangue,mesmainss’insinuentdans ses cheveuxpourqu’il ne s’arrêtepas. Il comprend lemessageet s’attelle à sa tâche
avecdévotion…Beaucouptropdedévotion!Sérieux,c’estlimiteducannibalismeàceniveau!Maisilmefaitquoi,là?Ilaspire,lècheavecunefrénésiequimefaitpenserqu’ilnedoitpasavoirmangéetj’aipeurqu’ilnefinisseparvouloirmegoberl’entrejambe.Quelqu’unluiadéjàditquelemot«moule»n’étaitqu’unemétaphore?Doucement,ilinsèreundoigt,puisdeuxetlesbougeenrythme.Jerelâchesatignassequejetenaisfermementetmelaissetombersurlecanapé,mordantmonpoingàpleinesdents.Mevoyantainsi,ilpoursuitsatorturebuccalesansmelâcherduregard.Jemordsunpeuplusfortmesdoigts,medemandantcombiende tempsjevaisgarder les tracesdedents.Non,moncoco, jene jouispas…C’estuniquementpouréviterderiredevantlascèneburlesquequetum’offres!Pourabrégersessouffrances,ouplutôtlesmiennes,jereplongeavecdéceptiondansmesvieilleshabitudes:lasimulation,dont je suis devenue la reine incontestable. Actrices porno et filles de joie ne m’arrivent pas à lacheville.Lapreuve, devantmes cris déchirés et rauques, son excitationmonted’un cran et, lesmainstremblantes,ilouvreuntiroirdumeubled’àcôtéetenextirpeunpréservatif.—J’aitellementenviedetoi…Ça,jelevois!Dommagequejenesoispasdanslemêmeétatd’esprit.Ladernièrechancerésidedans
son impressionnante érection.Allez,Zoé, rienn’est perdu ! Je lui souris tandis qu’ilm’allonge sur lecanapé avec délicatesse. Cette première fois depuis son divorce est importante pour lui, je le sens àtraverssonregard.Owenm’embrassetendrementetdansunelentepoussées’enfonceentièrementenmoi.Ses va-et-vient sont doux, il se délecte des sensations que ça lui procure tandis quemoi jeme poseseulementunequestioncritique:pourquoiest-ilséparédesafemme?Siçasetrouvec’estparcequ’ils’yprendcommeunmancheaulitetqu’elleenaeumarre…Bordel,j’aimisésurlemauvaischeval,çanepeutêtrequeça!Benm’amontréquejepouvaisjouir,doncleproblèmevientforcémentdelui!Jeneveuxpascroirequec’estencoremoil’handicapéedusexe.Jetournelatêteàlarecherched’unehorloge,j’ai l’impressionqueçafaituneheurequejesuis là, lespattesécartéesàmesentiroppresséeparsonpoids.Parceque,oui,c’estlaseulechosequejeressens.Dansundernierrâle,iljouitetjel’imitesansgrandmal,jouantmonrôleàlaperfection.J’aiapprisàfairesemblantquandj’aicomprisquelemanquederéactiondemapartvexaitmespartenairesetsoulevaitunetonnedequestionsauxquellesjen’avaispasenviederépondre.Ilresteallongésurmoi,mecouvrantdebaisersdanslecou,m’enfonçantunpeuplusdanslecanapé
alorsquejen’aiqu’uneenvie:mebarrer.Jesuisdéçue,ilmeplaisaitpourtantbeaucoup,cemec.Maisvoilà, comme à chaque fois, mon non-orgasme va de paire avec la durée de mes relations. Je suishabituée,j’enaifaitmondeuil.Jemecontented’unelongévitélimitée,puisquesansconnexionsexuelleunerelationnepeutpasmarcher.OwenvientdesignerlafindesonCDD.Quandilselèveenfin,jerécupèremesaffairesàlahâteetavantqu’iln’aitletempsdejetersacapote
àlapoubelle,jesuisdéjàprête.—Tut’envasdéjà?—Oui,jesuisdésoléemaisjetravaillecesoiret,sijenemedépêchepas,jevaisêtreenretard.Bon d’accord, je veux surtout fuir mais ce n’est qu’un demi-mensonge puisque j’ai réellement du
boulot ce soir.Mapremière réunionpour femmesbrisées. Je suis ravie et impatientede rencontrer legroupe.J’enaidéjàmarredecesfemmesvénalesquipètentplushautqueleurculetsontprêtesàsauter(etsefairesauter)surlepremiermilliardairevenu,aussimocheouvieuxsoit-il.Dupouce,jeluicaresselajoueavantdeplanterunbaisersurseslèvrespouratténuersadéception.—OK,onsevoitbientôtalors?—Biensûr…Jet’appelle!Jeclaquelaporteavantqu’ilnecomprennelesensdemesmots,parcequebienévidemmentc’estune
excusebidonqueleshommesserventsouventàleurscoupsd’unsoir.Jedevaisêtreunhommedansunevieantérieure.Lapluieacesséet jerentred’unpaspresséàl’appart.Unedoucherapideet jem’enfermedansma
chambreaveclamusiqueàfondtoutenmepréparant.Oublier leproblèmeOwenetmeconcentrersurmonfuturrendez-vous,voilàcequejedoisfaire.J’airéussiàéviterBenjusque-là,prionspourquej’aieletempsdesortiravantd’avoiràlecroiser,uneseuledéceptionàlafoissicen’estpastropdemander.La première impression est primordiale surtout dans mon métier, j’opte donc pour une petite jupe
crayon,unechemiseceinturéepourlecôtéprofessionneletlesstilletosnoirsquej’aipiquésàLolapourle côté glamour.Unedernière touche de parfumet je suis fin prête. Jeme regarde dans lemiroir unedernièrefois:maquillagenickel,coiffurevalidéeetfringuesadaptées.LeProfesseurMamourestprête!J’éteinsmaplaylistetsorsdemachambreentrombepourgrignoteruntrucvitefaitavantdepartirmaisj’aiunmouvementdereculquandjemanquedepercutermameilleureamiequisetientdevantmaporte.—Tum’asfaitpeur!Qu’est-cequetufouslà?Etcommentt’esentrée?—Bah,sympa,l’accueil!Elle tourne les talons et se dirige vers le frigo, où elle se sert tranquillement un soda avant de
s’installersurunechaisedubar.J’aiàpeineeuletempsdem’habitueràelledansl’appart,maislavoiraussiàl’aisedansceslieuxmerappellequ’elleyaquandmêmevécudenombreuxmois.—J’aitoujourslescléssurmontrousseau.NeledispasàBen,ilseraitcapabledemelesreprendre
justepourmerappelerqu’ilestvexéquejesoispartie.Jem’installeàcôtéd’elleaprèsavoirchopéunepommeaupassage.—Tunemangespas?C’estpassérieux,Zoé,surtoutpourunesportivecommetoi.—Oui,maman, je sais ! J’ai pas le temps deme faire la popote ce soir et commemon boulet de
colocatairenesaitpasfaireàmanger,jemecontenteraid’unepomme.Jecroquededanssoussesgrimaces.Ellenesupportepasquandjel’appelleainsimais,d’aussiloin
quejemesouvienne,ellem’atoujoursmaternée.«Non,Zoé,situtecouchestard,t’arriverasjamaisàteleverdemain…Attention,Zoé,si tuenvoiesdessignauxpareils, leshommesvont teprendrepourunefillefacile…Révisetescours,Zoé,situneveuxpasredoubler»,etj’enpasse!—Etjesupposequetuespartiefairetonsportsouslapluie?Voilà, qu’est-ce que je disais ! Elle va bientôt me dire que je vais tomber malade ! Cette fille
m’exaspère!Sijeveuxunemère,jen’aiqu’àretournerchez…lasienne.—Ouij’aifaitdusportmaispasauparc,situveuxtoutsavoir.Jel’aifaitàl’abridelapluieetdes
regards.—Hein?Jelèvelesyeuxaucieldevantsonexpression«moipascomprendrecequetoidire».—Owenm’afaitvisitersonappart…enfinsonsalontoutdumoins.Jemelèvepourallerjetermontrognondepommesoussonregardahuri.Elleselèved’unbondpour
merejoindre.Çayest,j’aiaiguisésacuriosité.C’estlimitemalsainchezelle,cetraitdecaractère.—Bahalors,raconte!Tu…C’étaitbien?J’ai envie de lui dire que son meilleur ami m’a fait plus d’effet avec juste deux doigts mais je
m’abstiens sinon je suis foutue. Les questions vont pleuvoir, elle va être excitée, énervée, fâchée,heureuse…bref, la tornadeLolavaentrerenactionet jen’aipasle temps…Etsurtoutpasl’enviedepartagercemoment.Jen’arrivedéjàpasàcomprendre,alorsmettredesmotsdessusestimpossible.
—C’était…constructif.Disonsqu’ildevaitsansdoutetesterunenouvellefaçondefairel’amour.—Oh,Zoé,arrêtedetournerautourdupotetdis-moi!Jeluifaisface,lesbrascroisés,unlongsoupirs’échappantdemeslèvresdevantsaténacité.Elleme
parlesanscessedesonmecquiluifiledesorgasmesàrépétitionetmoijesuisjustebonneàluirappelerqu’elleaunechanceinouïe.—J’aieuledroitàuncunnidepieuvreetaumissionnaired’unebaleine.Satisfaite?—Jenesaispassic’estparcequej’aieuunelonguejournéemaisjenecomprendsabsolumentrien!
Maisjecroisdevinerqueçan’apasétéconcluant?Ellem’adressesonregardspécial«mapauvre, jecompatis»avecsapetitemouerempliedepitié.
Commesij’avaisbesoindeçapourmesentirmieuxetrelativisercenouveléchec!—T’aspas trouvé lebon,c’est tout !Jesuispersuadéeque lemecqui te feragrimperauxrideaux
n’estpasloin.Tuvasfinirparletrouver,machérie!Commentluidirequeleseulquim’aitfaitentrevoircettepossibilitésetrouveêtresonmeilleurami,
celuiquiprendunmalinplaisiràmepousseràbout?Jecrèved’enviedemeconfieràelle,enparleràvoix haute me ferait du bien et ses conseils seraient les bienvenus… Mais c’est tout bonnementimpossible.Jeluipassesouslenezenévitantdelaregardercarellemeconnaîtparcœur.M’éloignerd’elle,voilàquivamepermettredegardercepetitsecretpluslongtemps.—Toi,tumecachesquelquechose!Merde!Ellemesuitjusqu’aucanapéoùjem’affalesanséléganceensoufflant.Assiseàcôtédemoi,
sesyeuxcherchantlesmiens,elleestàl’affûtdelamoindreinfo.—J’aifaitlaconnaissanced’unhommequi,jepense,pourraitleverlevoilesurmonproblème.Mais
avecluic’estpaspossible.—Pourquoi?Bordel,commentjevaism’ensortir?Lacuriositéestunvilaindéfaut,Aliceauxpaysdesmerveilles
enestl’exemple.Jesuissonlapinblanc!—Jepenseêtreunjeupour lui,unesortedetrophéequ’ilveutà toutprixremporter.Jesuisentrée
danssonjeuetjenesaispluscommentensortirindemne.—Fuis-le,c’estuncoupàcequetusouffres.Lesmecsdanssongenresonttrèsdangereux!Unrirejaunes’échappedemeslèvresdevantsaminesérieuse.Ellen’aeuquedeuxgrandeshistoires
d’amour.Lapremièreavecunhommequil’adétruitetlasecondeavecJay,avecquiellefileleparfaitamour.Çan’apastoujoursétérosemaisjamaisellen’aétédanscetteposition.Pourtant,ellemedonnequandmêmedesconseils.—Etqu’est-cequetuensais,Lola?Saufsitum’ascachéuneliaison,cedontjedoute,tun’asjamais
étédanscettesituation.—Nonc’est vrai,mais je saisquandmêmedequoi jeparle !Benest l’exemplemêmede ce type
d’homme.Tului lancesundéfi,n’importe lequel,et ilneserapassatisfait tantqu’iln’aurapasgagné.Pourluitouslescoupssontpermispouratteindresonbutalorsjesaiscommentsecomportentcesjoueurs!Jesourisdifficilementfaceàcetterévélation.Netrouvantrienàyredire,jemecontentedehocherla
tête.Tuasraison,Lola,saufquejenepeuxpasfuir,c’esttoiquim’asmisedanssesfilets.Ledouten’estplus possible, à ses yeux je suis uniquement attrayante par le défi que je représente.Au fonddemoi,j’espéraisluiplaireunminimum,maiscerapprochementétaitcalculé,ilnefaitrienparhasard.Ilneme
laissepasindifférenteetillesait,resteàsavoirsijesuisdetailleàrivaliseraveclui.—Pourenreveniràtonjoggeur…—Owen!—Oui,jemedisaisqueleproblèmevientpeut-êtredelui!—Ettufaisquoidetouslesautres?J’ensuispasàmonpremieressai,Lola!—Ehbien,peut-êtrequ’àchaquefoistutombessurlesmauvais?Oualorsilsavaienttousunepetite
bite!Ellemeregardeenhaussantlesépaules,avantd’enrire.Mêmesiellen’ycroitpas,çaaaumoinsle
méritedemedétendre.—Impossible,sit’avaisconnuRémi,tusauraisquelesgrossesnemefontpasplusd’effet!—Grosse…grosse…toutestrelatif!Elleétaitgenre…commeça?Lesdeuxindexenavant,ellelesécartejusqu’àindiquerunemesure.Jerigolequandjeréalisequ’on
estrepartisdanslescomparaisonsquel’onfaisaitadosàproposdenospremièresexpériences.—Ehbien,enfait,c’étaitplutôt…Commeça!Duboutdesdoigtsjepincesesindextoujourssuspendusdanslevidepourlesécarterdavantage.Je
n’aipaslecompasdansl’œilmaisj’aiplutôtbonnemémoire.Limiteunanacondaentrelescuisses,cemec,commentoublier?Laboucheprêteàsedécrocher,Lolapassedesarègleimaginaireàmoi.Lesyeuxexorbités,elledoit
sedemandercomment«toutça»apurentrer.Ehoui,lecorpshumainasesmystères,carmoinonplusjen’ycroyaispas!—Etavecunequeuecommeça,t’aspasréussiàprendreduplaisir?—Quoi?Nous sursautons toutes les deux devant Ben qui s’est matérialisé devant nos yeux. Que la honte
m’achève!Tuez-moiou,mieux,tuez-le,lui!Habilléd’unsimpleboxerblanc,uneservietteautourducouetlescheveuxencoremouillés,ilsortvraisemblablementdeladouche.Pendanttoutcetempsilétaitlà,l’enfoiré!Qu’a-t-ilentenduexactement?IlsebaissepourdéposerunbaisersurlajouedeLolaquiaviréaucramoisi.MacopineselèvedanstoussesétatsfaceauriredeBen.—Non,t’aspasentenduqueZoéétaitfrigide!Jemelèveàmontour,horsdemoi.—Maisc’estpasvrai,tais-toi!Lamaindevantlabouche,ellemeregardeavecdesyeuxexorbités.Troptard,traîtresse,t’asdéjàtout
dit.Sielleestrougedehonte,moijelesuistoutautant,maisdecolère.Ellen’imaginepasquellebombeellevientdelâcherdevantlui.Etunsecretdemoins…—Aucunefillen’estfrigide,princesse,etencoremoinstacopine.Jesenssonregardsurmoi,attendantuneréactiondemapartmaisjepréfèremeconcentrersurLola
quejenelâchepasduregard.Tunet’ensortiraspasaussifacilement,traîtresse!Endisantça,ilrepenseforcémentàlamêmechosequemoi.Dansungestemécanique,Lolaattrapeson
sacetsedirigeverslaporteenbafouillantdesexcuses.Laseconded’après,ellelaclaqueenmelaissantseuleavec lui.Son regardest toujoursbraquésurmoi,et il attendque je réagissemais jenesuispasd’humeur.Jen’aipasenvied’enparleretencoremoinsaveclui.Detoutefaçon,ilesttempsquej’aillerejoindremesclientes.
—Tuveuxquejetedise?—Non!Je l’ignore tandisque jepassedevant luipour récupérermon sac restédansmachambre.Seule, je
soufflenerveusementenespérantreprendreunecertainecontenanceavantderevenirdanslesalonoùjesuissûrequ’ilm’attend.J’aiàpeinefaitunpasquejeletrouveadosséaumuràm’attendre.—Jevaistedirequandmême,unavisdemect’aiderasûrement.Alorssoitcesmecsnesaventpas
manier leurqueue,soit leproblèmec’est toi.Et jepencheraisplutôtpour lasecondeoption.Faut leurdonnerenvie…situt’yprendsmal,pasétonnantqu’ilsnetedonnentpascequetuattends.Alorsquejecomptaisl’ignorer,jemeretourneverslui.Iln’apaschangédeplaceetmedévisageavec
ceregardtroublantquilecaractérise.—T’esentraind’insinuerquejenesaispasm’yprendreavecleshommes?—Jedisjustequ’ilfautsavoirdonnerpourrecevoir.—Etdonc,cequeje«donne»n’estpassuffisantpourquelemecenquestionmefassegrimperaux
rideaux?—C’esttoiquiviensdeledire!Ilhausselesépaulesavecdésinvolture,latêtepenchéeetcesourireencoinquej’aiaussitôtenviede
luifaireavaler.Appuyécontrelemur,cesmusclesparfaitementciseléssontmisenévidence.Mesyeuxtombentsursespectoraux,sesabdossibiendessinés,sansparlerdesaceintured’Adonisdontunepartieest cachée sous son boxer. Je fais tombermon sac àmes pieds,m’avance lentement vers lui, faisantclaquer mes talons au sol sans le quitter du regard pour me planter juste devant lui. Il se redressedoucement,anticipantsûrementmaripostemaisjen’enfaisrien.Dumoinspascommeill’imagine.Duboutdudoigt, je tracedespetits cercles sur son épaule.D’unhaussementde sourcil, je le fixe enmerapprochantunpeuplusdelui.Assezprèspoursentirsonsouffle,pourfrôlerseslèvres.Doucementmaissûrement,jedescendssursespectoraux,glissesursesabdosavantqu’ilneposesamainsurlamienne.Pasassezfermepourmestopper,pasassezsouplepourmedonnersonaccord.—Tufaisquoilà?—Jeteprouvequejesaisparfaitementcommentfaireplaisiràunhomme…Jeluirépondsdelamêmemanièrequelui,dansunmurmure.Meslèvrespuislapointedemalangue
effleurent sonoreillependantque,encoresoussonemprise, jemarquedemesongles ledessindesesabdos.Malgré son apparentedécontraction, lesmusclesde sonventre se crispent, et jeme réjouisdesaisir l’éclat d’excitation ornant ses prunelles turquoise. Sa prise sur mon poignet se resserredélicatement.—Nejouepasàçaavecmoi,Zoé,carilsepourraitqueçaseretournecontretoiet…Je ne lui laisse pas le temps de terminer sa phrase,me libère sansmal de samain et continuema
descentejusqu’àfrôlerlerenflementdesonentrejambe.Leboutdemesdoigtstourneautour,remontesursacuisse,sonaine,flirteavecl’élastiquedesonboxer.Sonsouriredisparaîtaufuretàmesurequemapaumeglissesurlecoton,qu’elleépouselescontoursdesondébutd’érection,pourfinirparleprendrefermement en main. Son regard est braqué sur moi alors que, à travers le tissu, je caresse son sexebrûlant. De plus en plus dur, il enfle dans ma paume, gonfle, autant quemon ego. Je déglutis enmeretenantd’écarquillerlesyeux.Bordel,sacréebête!Jesuisenpleineconfusion,jevaisjusqu’auboutdemonidéeouj’arrêteavantqueçanedégénère?
Ducoindel’œil,j’observelesouriredeBenrevenirmenarguer.Sûrementparceque,commeuneconne,jemesuisfigée,lamainsursaqueue!Ahnon,Ben,tunevaspast’entireraussifacilement:tuvasmele
fairepayer,pasdedoutelà-dessus,maishorsdequestionquejeperdelafaceunedeuxièmefois!D’unemainferme, j’appuiesurson torse jusqu’àcequesondossecolleaumur,plaquemoncorps
contre le sien, ma tête logée au creux de son cou. Je ne sais pas si c’est son pouls, le mien, ou laconjugaison des deux qui bat de façon désordonnée, mais je ne perçois plus que ça. Ces intensespulsations se répercutent jusqu’au tréfondsdemesentrailles alorsquemon index,puismonmajeur sefaufilentavecunelenteurmaîtriséesousl’élastique.Souscettezoneinterditequejem’étaispromisdenejamaisfranchir.Maislavengeanceestunplatquisemangefroidet,Ben,jecomptebienlebouffertoutcru!Mes doigts légèrement tremblants se referment sur sa verge et entament un lent va-et-vient qui lui
arracheunrâledeplaisir.Sapoitrinesesoulèvecontrelamienne,sesmainsosentdévalermachutedereins,enveloppermesfesses.OK,Ben,1partout!Quoique,demoncôté,jesuisàpeuprèspersuadéequesongesteestassociéàunréflexedeplaisiretnondedomination.Monpoingsecrispesurladouceurde sa peau, poursuit sa torture, tentant d’ignorer ces petites décharges crépitant jusqu’au bout demesdoigts.Jemeconcentresurlui,sursamanièredepressermeshanches.—Commeça,jem’yprendsbien?Ilravalesasaliveetjenepeuxquesouriremalgrécetteenvieobsédantequiinondemonbas-ventre.
Seslèvressurvolentmamâchoiretandisquesamainaccentueunpeulerythmedemonbras.—C’estunbondébut…—Eneffet.Siseulementtusavaiscequejesaisfaireavecmabouche…Je laisse roulersurma langue lessyllabesduderniermot. Justepoursavourer l’emprise indéniable
quej’aisurlui.Ils’humidifieleslèvresavantdemordrededans,defermerlespaupièresenrejetantsatête en arrière. La vision est sublime. Des images brûlantes s’implantent dansmon cerveau, et je lesrefouleaussitôt.Siseulementjepouvaismoiaussil’embrasser,mesouvenirdesongoût,justeunefois.Non,stop,çavatroploin:netelaissepasavoir,c’esttoiquimènesladanse!Emprisonnédansmatoile,sonbassinaccompagnechacundemesmouvementset l’unedesespaumesvientenveloppermanuque,merapprochantdelatentationdesabouche.Maintenant!Audacieuse, je coulisse une dernière fois avant de retirer lentement ma main en faisant claquer
l’élastiquesursonventre.Allez,Ben,dégustemapetitevengeance.Toinonplustunejouiraspascesoir!Ilredresselatête,lesyeuxencorefiévreuxetj’aienvied’yretourner,deluidonnercequ’ilattend.Delesoulager.Maisaulieudeça,jemeredresse,melibérantdelachaleurdesoncorpsetluiadresseunsourire (faussement peut-être) satisfait. Me détournant de son expression mi-amusée mi-fascinée, jereprendsmonsacavantdemedirigerverslaporte.J’entendsunrirenerveuxdansmondosetjel’imaginepassersesmainssursonvisage,sescheveux,en
comprenantcequ’ilvientdesepasser.—Bienjoué…Nonvraiment.Maistuneperdsrienpourattendre.Sansmeretourner,jeluiadresseunsignedelamainavantdefermerlaportederrièremoi.Unefois
seule,jem’effondrecontrelemurpourrecouvrermonsouffle.Jesuisenretard.Lesfillesdoiventdéjàcommenceràarriver,etj’auraisdûêtrelàpourlesaccueillir.
Pourtant,jeprendsquelquesminutespourmoi,pourmereprendre.Jenem’étaispasrenducompteàquelpointmoncœurbattaitvite.Jesoufflefortpourretrouverunpeud’aplomb,etc’estlatêtehaute,fièredemoncoup,quejem’envais.
Chapitre14
Ben
Je tourne commeunputainde lion en cage.Bordel, j’arrivepas àmecalmer !C’estmêmepire envoyantlesheuresquidéfilent.Jetireunedernièrelatteavantdejetermaclopeparlafenêtre.Soupir.3heuresdumat’etellen’est toujourspasrentrée.Jevoulaisattendrequ’ellereviennepourluirendrelamonnaie de sa pièce et me voilà àm’inquiéter. Un samedi soir à l’appart, seul comme un con.Monrépertoiretéléphoniqueestblindédeplansculquiauraientdequoim’occuperetsurtoutmesoulagervulatriquequejemetape,maisnon,jeveuxêtreautaquetquandlafurieferasonretour.J’aipassétoutelasoiréeàpenseràsamaindansmonboxer.Jeveuxplus,bienplus.Cetavant-goût
n’afaitqu’attisermonappétit.Jevenaisàpeinedesortirdeladoucheet,pourtant,j’aidûenreprendreune.Froide.Siçaachangéquelquechoseàmonétat?Absolumentrien!Mamaintenantfermementmonérectionquin’avaitpasdésenflé,j’aidûmesoulagermoi-même.Çan’afonctionnéquelorsquel’imagedeZoés’estimmiscéedansmatête.Vafalloirquej’analyseçaplustard.Merde,maisqu’est-cequ’ellefout?Jesuisclaqué,àboutdepatience.Alorspourquoij’arrivepasà
allermepieuter?Aprèstout,ellen’apasdecompteàmerendre.Qu’ellesedébrouilletouteseule,tiens!J’éteinsleslumièresetm’apprêteàabandonnerquandj’entendslaclédanslaserrure.Jepréparemon
accueil:brascroisésetregardnoir.Ellevamorfler.—Putaint’asvul’heurequ’ilest?—Chuuuut!Faispasdebruitsinontuvasréveillerlecasse-couilles!Elleparledemoi là ?Chaussures enmain, ellepose surmoiun regardvitreux enplaçantundoigt
devantsabouche.Elleclaquelaported’uncoupdetalonetgloussebêtement.—Oups…Troptard!Ouais,d’accord.—Maist’escomplètementsaoule,maparole!—Bahtusaiscommentçasepasse:unverre,puisunautre…aufinaljenesaismêmepluscombien
j’enaibu!Ellerigoled’unemanièrequejenereconnaispas.Sansretenue.Seschaussuresetsonsacvolentdans
l’entrée, le contenude cedernier s’éparpillant aupassage. J’enconnaisunequivamoins riredemainquandelleauradécuvé.—Tusaisquoi?Cesoirj’étaisavecdesfemmesenmanqued’amour.JesuisleurCupidon,jedoisles
aideràreprendreconfianceenellesetàtrouverl’amour!Elleéclatederire.Bordel,elleestvraimentdéfoncée.Çaenseraitpresquerisiblesi jen’étaispas
aussi remonté contre elle. J’ai passéma soirée à flipper alors qu’elle se saoulait la gueule. J’espèrequ’ellefiniralerestantdelanuitau-dessusdelacuvette!
—Ouais,et…?—Bahtulesauraisvues!Descoincéesduculencolsronds,desviergeseffarouchéesquin’osaient
mêmepasregarderendirectiondelagentmasculine.Ellesontpassél’heurelatêtebaisséesurleurfraiseàl’eau.Unmeccommetoietellessepissentdessus,lespauvres!Je laisse couler sa dernière remarque, pas sûr de vouloir savoir ce que ça veut dire. Sortant de sa
bouche,çanedoitsûrementpasêtreuncompliment.—Etdoncaufinalturentrestorchéed’unrendez-vousd’affaires!— Hein ? Noooon… J’ai bu après ! Je sais rester professionnelle quand même ! Mais dans ce
groupe…jemesuisfaitunecopine!Elle tapedesmains commeunehystérique, un large sourire scotché auvisage.Moi : blasé.Zoé en
modeado,nonmerci.Çalacalmedirectetellesoupiredevantmonattitude.—Tucomprendspas…J’aiqueLola iciet…bah,ellen’estpassouventdispopourmoi. Jene lui
reprocherien,elleestamoureuse…Maisavoirtrouvédanscegroupedecoincéesunefillegénialeavecquijem’entendsautop,çafaitdubien!Alorsoui,aprèsonestpartiestouteslesdeuxdanslebard’àcôtéetj’aiunpeuperdulanotiondutemps.Là,toutdesuite,situattendaisdemoiquejesoiscompréhensif,tut’esplantéedepersonne,Zoé!Des
heuresquemacolèremacère,mebouffedel’intérieur.Ellemarche,ouplutôttitubejusqu’aucanapéoùelles’affaleenrigolantdeplusbelle.—Rienàfoutre,Zoé!T’auraispurépondreàmonmessagequejepuisseallermecoucher!Bordelça
faitplusieursheuresquejesuislàcommeunconàt’attendre!—Quoitut’inquiétais…pourmoi?C’estsisurprenantqueça?Sérieux,ellenesortpaslesoir,dumoinspassansnous,alorsoui,ilyade
quoi s’imaginer toutes sortesde scénarios ! Jen’ai jamaispris le tempsde lui fairevisiter laville etencore moins les quelques quartiers à éviter. Elle vit chez moi, donc d’une certaine manière je suisresponsabled’elle,s’illuiarrivaitquoiquecesoitjen’osemêmepasimaginerlaréactiondeLola.Zoémedévisage,troubléeparmonénervement.Jereculed’unpas,surpris,quandjemerendscompte
que je me cache derrière l’excuse « Lola » alors que cette colère, cette crainte qu’il lui soit arrivéquelquechosemetouchepersonnellement.Àceconstat,unpicseplantedansmapoitrineetjecroiselesbrassurmontorseavecunedésinvolturecalculée.—Àtonavis?Primo,tutebarressansmedireoùtuvas,deuzio,tunerépondspasàmonputainde
message.Tout çapour te ramener enpleinenuit complètementbourrée !Tuconnaispas le coin et lesdangersd’ici,alorsnejouepaslesingénues,pasavecmoi!Ellelèvelesyeuxaucielensouriant.—T’esmignonquandtut’énerves…Jevaislatuer!—Réflexionfaite,j’auraispeut-êtredûprévenirLola.Ellegrimace,j’enétaissûr.Jefixesapetitemoueboudeuseenmeretenantderire.Avecsoncaractère
demerde,j’auraisplutôtpenséqu’elleauraitl’alcoolmauvais.Commequoicettefillearrivetoujoursàm’étonner.—Ohçava,chouchou,arrêtedemegronder!Gronder?Elleabienutilisélemot«gronder»?C’estunefesséequ’ellevarecevoirsiellen’arrête
pasderire!
—Hey,tusaisquedanschouchouilya«chou»?C’estvraiquet’eschou!Enfinjeveuxpasdirequetu ressembles à un chou, non parce que c’est tropmoche, ces trucs.Non, toi t’es chou !Mais pas lelégumehein…enfintucomprends!Nouveauxfousriresmaiscettefoisavecleslarmesauxcoinsdesyeuxettoutcequivaavec:rouge
écarlate et pliée endeux.Cette fille est complètementbarrée.Etpour le coup, je commenceà en rireaussi.Petiteflatterie,enfinsij’aibiencompris…Jesuisimpressionné!—Maintenantquejesaisquetuesenvie,enfinplusoumoins, jevaispouvoirallermecoucher.À
demain,l’alcoolo.Jem’apprêteàgagnermachambrequandunmiaulementmepousseàme retourner.Lesbras tendus
vers moi, ses doigts s’agitent sous mon nez. Qu’est-ce qu’elle me fait maintenant ? Bordel, je ne lareconnaispas,jenel’aijamaisvuerireautant.—Aide-moiàmerelever…j’yarrivepô…Jeresteuninstantàlaregarderdanscettepositiongrotesque.L’aideroulalaissersedémerder?Fait
chier,mabontémeperdra!Jel’attrapeparlespoignetsetlasoulèvemais,sanscomprendrecommentnipourquoi,elleperdl’équilibreetm’entraînedanssachute.Lesmainstoujoursfermementagrippéesàsespoignets,moncorpssurlesien,mabouchetropprèsdelasienne.Bordeldemerde.Pourlecoup,ellenerigoleplus,moinonplusd’ailleurs.Jedevraismerelever,m’écarteravantquemoncorpsneréagisseàcetteproximité,maissesyeuxquimetranspercentm’enempêchent.Jesuiscaptivéparsapoitrinequiselèvefrénétiquement,parcettelèvrequ’ellemord,parceregardquinelaissepasdedoute.Elleaenviedemoi.—Fais-moil’amour,Ben.Enfin !!! Putain c’est encore plus jouissif de l’entendre !Mabite vient de se prendre une décharge
électriquerienqu’aveccesquelquesmotsetmontredéjàsonaccord.Alorspourquoijerestelàcommeunabruti?Sûrementparcequ’ellen’estpasdanssonétatnormal.Jelaveuxelle, toutentière,pasunepâlecopiedésinhibéeparl’alcool.Silencepesant,lourd,électrisant.Silencequ’ellecomblepardesbruitsdebouche.Seslèvreschaudes
se posent sur mon cou, s’acharnent à me déstabiliser. Elles lèchent, aspirent ma peau, rongent maréflexion. Mes mâchoires se contractent, mon souffle se coupe tandis que je tente de récupérer mamaîtrise. Ses dents, sa langueme filent le frisson, et sa joue caressantma barbe naissante agacemonpouls.Etmerde!Uneputaind’impulsion,undésirurgentetj’encerclesespoignetsd’unemain,exploresescourbesde l’autre.Jedescends jusqu’àsacuisseque jesoulèvepourmieuxm’installercontresoncorpschaud.Bonsang,c’estencoremeilleurquecequej’avaisimaginé!Lesboutonsdesonchemisiersautentdanslafouléeluiarrachantuncridesurprise.Ehouais,mabelle:quandonmecherche,onmetrouve!Ladentelle noire de son soutifmet en valeur sa belle poitrine. Je la détaille un instant, savoure ce
moment.Mesdoigtsglissentsousladentelle,caressantsapeaudouce,libérantsespointesdéjàérigées.Lesgémissementsétouffésdansmoncouàchaquepincementégayentmonego.Satêtetombeenarrière,etleregardqu’elleposesurmoimecoupelesouffle.Bordel,qu’elleestbelle,cettenana!Maisellen’estpasconscientedecequ’elles’apprêteàfaire,demainellevas’enmordrelesdoigts.—Ben…—Zoé,tuterendscomptequetuvasperdre?—Àcetteheure-ci,j’enairienàfoutredetonjeu!BenHarper,jeteveuxlàetmaintenant!Soupir.Lesmainsremontéesdansunezonemoinsdangereuse,jen’arrivepasàmedétacherdecette
bouche pulpeuse. C’est un véritable appel à la luxure. Brouillard total dans ma tête. Profiter de lasituation?Jouerausalaud?—Zoé…Jepourraisêtren’importequiquetutelaisseraisbaiser.Jeveuxquetumeregardesbienen
face,quetuterendescomptedel’ampleurdetesmots.Enl’état, t’asjustetroppicoléetbesoinqu’ons’occupe de ton cas. Je ne serai pas cet homme. La prochaine fois, force moins sur la bouteille, çat’éviteradevouloirduculpourducul.Cequisepasseentrenous,c’estplusqueça…ettulesais.Jemerelèverapidementquandsonexpressionvireàl’orage.Merde,sonhumeurjoviales’estenvolée
!Jeluitendslamainpourl’aidermaisellelarepousseviolemment.OK,lavraieZoéestderetour.—T’esqu’unenfoiré!Tumeprendspourqui,unepute?OK…J’aiencoreperdul’occasiondemetaire.—Sic’étaitlecas,jetesauteraisettelaisseraisunbilletcommetoutbonclient.Nemélangepastout.
Encoremieux,n’interprètepasmesparoles.Tebaiser,çafaitunbailquej’auraispulefairemalgrécequetupeuxbienenpenser,làencore.Neconfondspasrespectetdédain.Demain,tumeremercieras.— Pas besoin d’attendre demain pour tes pseudo-remerciements ! Lis surmes lèvres : Dans. Tes.
Rêves!—Incroyable,t’escomplètementfolleenfait!Sijet’avaissautédessus,tunem’auraisriendit,etlà
je te repousse et tumepètes une crise ?Qu’est-ce qui se passe,Zoé, c’est ton ego froissé qui te faitdébiterdesconneries?—Jetedéteste!Autantsur ladéfensivequeblesséparsesproposqu’elledoit l’êtreelle-même, jeserre lespoings.
Cettescèneestuneputaindemascarade!—C’estpourtoiquejefaisça,Zoé.—Allezvousfairefoutre,toi,tonjeu,tonimbécillité…toutcequetureprésentes!Elleselèvedifficilementetpassedevantmoienfuyantmonregard.Elletitubejusqu’àsachambreet
claque la porte derrière elle, en prononçant des mots français incompréhensibles. Je soupire en meretenantd’écrasermonpoingcontre lemur.Cettenanaestnocivedans tous lessensdu terme,mais jereste persuadé qu’elleme remerciera. Pour le reste… il va vraiment falloir que l’on solutionne notreproblèmeavantdecramerl’appart!
*
Déjàmidi,sijenemebougepas,jevaisloupermaviréejetskiavecJayden.Effortsurhumainpourquittermonlit,aprèsunenuitdemerdeàcogiter.Zoésortdeladoucheetmelanceunregardnoirenmedécouvrantdanslecanapé,monbolàlamain.
Jeprendssurmoipour,malgrétout,testerlatempérature.—Pastroplagueuledebois?—Àtonavis,Einstein?Ettupeuxpasprendreducafécommetoutlemonde?Jet’entendaisbouffer
tescéréalesdepuislasalledebains!Ohputain,elleremetçaavecsamaladiebizarre.Zoé,nemechauffepasdèslematin,t’esclairement
pasenpositiondeforce!—T’asdécidéd’êtreconneencorelongtempsouc’estjustehistoiredemefairepayerpourhier?Jete
croyaisplusmalignequeça.
Nouvellefournéequejemangelaboucheouverte,pourl’emmerderencoreunpeuplus.—Quoi,hier?Ilnes’estabsolumentrienpasséetjeneveuxplusjamaisenentendreparler.Etelleespèrem’intimideravecsondoigtqu’ellepointedansmadirectionetsonregarddekilleuse?
Mes mains se rappellent encore la douceur de sa peau. Elle me croit déjà suffisamment sénile pouroccultercombienelleainsistépourquejelaprennesurcecanapé?—Commetuveux…Assumeoupas,cen’estpasmonproblème,etçanechangeraenriencequis’est
passé.Jeluioffremonplusbeausourirenarquoisetellesecrispedespiedsàlatête.Facile,tropfacile.Elle
s’apprêteàenremettreunecouchequandsontéléphonesonne.Elledécroche,parleparmonosyllabes,mefusilledu regardentredeux, et s’énervedenouveau.Quelquesmotsde français et elle raccroche, sonregardseplantantdanslemien.J’aicommel’impressionquecetteconversationmeconcerne…—C’étaitLola.Jedoismechanger.—Parceque…—Parcequetacopineveutquejevienneavecvous!Tiens,maintenantc’estmacopine?Àcetinstantjen’ensuisplustrèssûrpourtant.C’estcenséêtreune
journéedétenteetZoévalapourriravecsatroncheàl’envers.Super,essayonsdenousamusermalgréleboulet!—Génial!Riennepouvaitmefaireplusplaisir!—T’enessûr?Alorsdis-toiqu’ilssontdéjàenrouteetqu’onvadevoirlesrejoindretouslesdeux.—Jedétestecetterouquine!—Ehbien,pourunefois,onestd’accord!Uneheurederoutepourrejoindrenotreplagehabituelle.Pasunmot,pasunregard,pasmêmeungeste.
Zoéestmontéeàcôtédemoi,atournélatêteverslafenêtreetn’aplusbougé.Àpeinedixminutesquel’onestsurplacequ’elleseplaintànouveau.Quecettejournéesetermine,etvite!—JemonteavecLola!—Ohnonsûrementpas!Ouijesais,Zoé,çaneteplaîtpasmaisonn’aquedeuxjetsskietjenete
laissepaslaviedemafemme.T’estropénervéepourquejetelaconfie,prendsBenplutôt.Sympa.Mercimonpote.Zoé,lesbrascroisés,ledévisageméchamment.Avecsagueuled’angeetses
tatouagespartout, Jayn’estpashabituéàcequ’une femmenesoitpas intimidée,etencoremoinsàcequ’elleluitiennetête.—D’accord…maisc’estmoiquiconduisl’engin.Alorslàjememarre.Horsdequestionquejelaissemavieentresesmains.Jevaisdevoirmebattre
avecellepourpouvoirconduiremon jetski.Commesinosrelationsn’étaientpasdéjàasseztendues!Sesvêtementstombentparterre,sonmaillotdebainmefaitdel’œil,ouplutôtcequ’ildissimuleetletemps que je réagisse, elle est déjà installée sur la machine. Et merde, je suis foutu. Je tire sur lafermeturedemacombinaisonetm’installederrière.Autantenfinirauplusvite.—Euh…Chouchou,t’asquoidanslecou?Quoi?Jepasse lamaindansmoncousanssavoirquoichercher.Lolasepencheversmoi, lesyeux
rétrécis,etsecouelatête.—Sacrésuçon,letombeur.Ellenet’apasloupé,celle-là!C’estpeudeledire!L’imagedeZoémesuçantlecoumerevientaussitôt.Jesourisenmeforçantàne
pastournerlatêtedanssadirection.Jepeuxsentirsoncorpssetendre.—Ouais,hiersoirj’aieuaffaireàuneenragée…Soudainmoncorpsestprojetéversl’arrièrequandZoédémarrelejetskientrombe.Làjenerigole
plus,aupointd’enoublierlavannequejevoulaisajouter.J’aijusteletempsd’accrocherleshanchesdemacastratricepournepasrisquerdetomberàl’eau.Sijenefaispasgaffe,ellevamelesboufferavantmêmed’avoirpulesvider!—Maist’esfolleouquoi?—Laferme,jegère!Sit’espascontentt’asqu’àtejeteràl’eau!L’eau nous éclabousse le visage, les remous provoqués par le jet de Jayden qui nous a rejoint fait
sauterdavantagelenôtre.J’aibeauêtreamateurdesensationsfortes,bordel,jenesuispassuicidaire!Jesuisàdeuxdoigtsdemepisserdessus!—T’enasdéjàfaitaumoins?—J’aidéjàconduitunscooter,çacompte?Ohputain,cettenanaestunepsychopathe ! Je renforcemaprisesursa taille,meplaquecontreelle
commesimavie endépendait.Non, en fait,mavie endépend !Commeuncon, je ferme lesyeuxenimaginanttouteslesatrocitésquejevaisluifairesubirunefoissurlaterreferme.Mieux,jevaislanoyer!Zoé,tuvasmorfler!Lessecondesetlesminutesdéfilent,mesmusclessontcrispésàleurmaximumet,contretoutattente,monculesttoujoursinstallésurcebolidedelamort.J’ouvrelesyeux.J’ycroispas…cette emmerdeuse se débrouille plutôt bien.Son accélération dudébut a laissé place à une vitesse decroisière.Mes épaules puismon corps tout entier se relâchent, enmême temps quemon souffle. J’enprofite pour regarder le paysage, Jayden qui s’éclate en faisant des embardées à vive allure avec sarouquinecramponnéeàluicommeunsinge.PauvreLola,passûrqu’elleapprécietantqueçacettevirée.D’un seul coup notre engin tourne brusquement, nous éjectant dans l’eau. Le système de sécurités’enclenche et lemoteur se coupe.Quand je remonte à la surface, je suis aspergéd’eaupar une follefurieusequitentemaintenantdemenoyer.—C’estquoitonproblème?T’asfaillinoustuer!—Non,c’esttoiettesmainsbaladeuses!Quoi?Zoécontinued’essayerdemecouler.Lesdeuxmainssurmesépaules,elleappuiedetoutesses
forces.La garce, elle veut vraimentme tuer. J’agrippe ses hanches, elle se crispe etme relâche. J’enprofitepourlasouleveretlajeterplusloin.Soncridisparaîtdansl’océanavecelle.Letempsqu’elleremonteàlasurface,jesuisassissurlejetski.Àmaplace,devant.Ellemerejointenquelquesbrassesetresteunmomentàmelorgnerl’œilmauvais.MaisoùestpasséelaZoéd’hier?Jeluitendslamainpourl’aideràmonter.Bienentendu,ellerefuseets’obstineàvouloiryparvenirseule.—Neposeplusjamaistesmainssurmoi,laprochainefoisjetepètelesdoigts!J’essaiedenepas riremaisn’arrivepasàcachermonsourire. Ilyaquelquesheuresàpeine, elle
n’avaitpasdutoutlemêmediscours!Bordel, j’ai jamais vuune fille aussi butée.Elle s’y reprendplusieurs fois, et avecdifficulté,mais
arriveàs’asseoiràl’arrièreengardantunespaceentreelleetmoi.—Jeteproposejustemonaidepourmonter,Zoé!—Jeteparlepasdeçamaisdetesmainsquimecaressaientleventretoutàl’heure.—Quoi,quandje t’aipousséedansl’eau?T’étaisentraind’essayerdemecouleret j’auraisdûte
laisserfairepeut-être?
—T’es conou tu le fais exprès ? Je te parle de tes doigts qui faisaient despetits cercles surmonventre quand je conduisais ! Et tu… tes doigts descendaient, j’ai perdu les pédales et j’ai eu unmouvementbrusque,d’oùnotrechute.Sionafaillimourir,c’estàcausedetoi!Jemeretourneetplantemesirisdanslessiens.Moi,latoucherinconsciemment?Ceseraitbienune
première.—Jenesaisabsolumentpasdequoituparles.Sijet’aicaressée,c’estsansm’enrendrecompte.Mes
caressessontintentionnellesengénéral.Jenem’attardepasàcesconneriesinutilement.—Jem’enfousmaisnerecommenceplus,c’esttout.Ellesembleanxieused’uncoupettournelatêteverslacôtepourcloreladiscussion.Unsourireétire
lecoindemeslèvres.Intéressant,maisjesaisaussiêtregentleman.—Excuse-moi.Ellebraquesonregardsur lemien,unsourcil relevé.Apparemment,ellen’ycroitpasvraiment.Tu
m’étonnes!—Non,vraimentjesuisdésolé.Jen’avaispasconsciencedel’effetquejepouvaisavoirsurtoi!Au
moinsmaintenantjesuisfixé!—Vatefairefoutre,Ben!—J’ycomptebien,maisavectoi,chérie!Allezaccroche-toi,c’estparti!Démarragebrusque,etZoésecramponnefermementausiège,m’évitantainsisonlégendairemajeur.
C’est bien, ma belle, mais tu peux encore faire mieux. C’est à mon tour de m’amuser. Un bon coupd’accélérateur et, la secondequi suit, soncorps se colle aumien, ses tentacules s’enroulent autourdemoi.Ehbien,voilà,c’étaitpascompliqué!Sa poitrine contremondos, ses bras autour demonbuste et sa tête dansmon cou, j’avance à vive
allure. Le palpitant au bord des lèvres, l’adrénaline qui pulse dansmes veines, le vent fouettant nosvisages…Jeprendsunpieddemalade à provoquer les éléments.Mon jouet bien enmain, j’accélèreencore,faisdesembardéescontrôléesetdesbondsdanslesvagues.Mapetiteblondepoussedescrisetseserreunpeupluscontremoiàchaquefois.Jayattiremonattentionpardegrandsgestesetjestoppetout.—J’emmèneLolaàlacrique,vousfaitesquoi?Par-dessus mon épaule, je regarde Zoé pour avoir son avis. Et à la voir, je me marre. Les yeux
larmoyants,lesoufflecourtetlevisagetrempé,elledoitêtresoulagéed’enfinir.—Alors?Tuveuxallertebaigneràlacrique?—Non,oncontinue!Jemetourneunpeupluspourmieuxlavoiretjerisdeplusbelle.Sérieux,cettefilleestuneénigmeà
elletouteseule!Onvoitclairementqu’elleestauboutdesavieetpourtantellerefusepourjenesaisquelleraisondemettrefinàsoncalvaire.—T’essûredetoi?Unesoudainedéterminationenvahitsespupilles.Sescuissesseresserrentautourdesmiennes,sesbras
m’enlacentdenouveau fermementet ellepose sonmenton surmonépaule,prête ày retourner. Je suisbluffé!—Roule,jetedis…Enfinavancequoi!JenemefaispasprieretaprèsavoiravertiJayqu’onpassaitnotretour,jereparsdeplusbelle.T’en
asredemandé?Tuvasêtreservie!Àlapremièreembardée,jesenssesmusclessecrisperetsajouese
coller àmondos.À la suivante, elle garde la tête haute et affronte sa peur en lâchant un petit cri. Jem’amuse à la torturer ainsi encorede longuesminutes et finis par enoublier sa présence.Aubout deplusieursminutesàtenterdedompterlanature,jecroisentendreunrireàmonoreille.Aprèsunedemi-heure d’efforts, mes muscles me brûlent et je ralentis pour reprendre mon souffle quand un crid’excitation surpasse le bruit dumoteur.Un rapide coup d’œil derrièremoi suffit àme rebooster.Unsourire craquant illumine son visage et ses yeux brillent d’une lueur que je ne lui connaissais pas.Soudain, elle se décolle de l’assise,m’enveloppe d’un bras pour garder l’équilibre et brandit l’autrefièrement.—Encore!!!Sasoudainebonnehumeurmecontamine,etjeluisourisàmontour.Cettenanam’étonneunpeuplus
chaque jour. Je pensais qu’elle aurait peur, surtout que je ne l’ai pas ménagée, mais non… Elle enredemande!J’oubliemesmuscleséchauffésetreparsavecunputaindesourirescotchésurlatronche.Commentnepasappréciercesmomentssiraresoùelleetmoisommessurlamêmelongueurd’onde?Finalement,onpassel’après-miditouslesdeux,Zoérefusantdequitterl’engin.Labonneententeétait
tellequejel’ailaisséeremonterdevant.Mesconseilsontétéécoutéssansbroncheretmisenapplication.Attention,lafurieestencoursdedressage!Jememarre,siellem’entendait…
*
Unventfraiscommenceàselever,signequ’ilesttempsderentrer.Unedernièreaccélérationetlejetskiglissesurlesableavantdes’arrêter.Bordel,jesuissurlesrotules!Jedescendsetm’affalesurlesable encore chaud. Zoé s’étale à plat ventre, appuyée sur les bras, elle a les yeux qui brillent encontemplant l’océan. Elle n’a pas cessé de sourire depuis tout à l’heure et, à chaque fois que je laregarde,lemienrefaitsurface.—Bonsang,c’étaitgénial!Quandtuveux,Harper,onremetça!—T’asvu,jet’avaisditquetuprendraistonpiedavecmoi!Ellerigoleenlevantlesyeuxaucieletglissesamaindansmescheveuxpourdécollerunemèchede
mon front. Je ne bouge pas d’un pouce, surpris par ce geste qu’elle réalise d’une manière tellementnaturellequ’oncroiraitquenotrerelationatoujoursétéaussisimple.—Allezdebout,lesamoureuxsontderetour!J’entendslesvoixdeLolaetJayquiserapprochentmaisjerestebloquésurcettemainqu’ellepose
surmonbraspourserelever.Bordel,ils’estpasséquoienunaprès-midi?—J’enpeuxplus…Jesuisrestéecrispéetellementlongtempsquej’aimalpartout.Tum’astraînéede
forceici,Jay,jenesuispasprêteàl’oublier!J’aimalaucul,t’imaginesmêmepas!—T’inquiète,bébé,jevaism’enoccuper,moi,detoncul.Jesaiscommenttedétendre…—J’aisurtoutbesoind’unbonbainchaud!Lolaenfilesarobeengrimaçant.Samanièred’enfairetoujourstropesttordante.Ellesetourneverssa
copineetladévisageuninstant,gênée.—Ondevaitfinirlajournéeensemblemaisvraiment,j’enpeuxplus!Çatedérange,Zouille,sionse
voitplustard?Zouille?Lemotest tellementbizarreque j’essaiede leprononcerdansmatêtesansyparvenir.Ça
veutdirequoi,cetruc?Entoutcassa«zouille»quibâilleàs’endécrocherlamâchoireal’airplutôtrassurée.Bandedepetitesjoueuses!Quelquesheuresdansl’eauetonn’entireplusrien.
—Aucunsouci,jepensemefairelemêmeprogrammequetoi!—Quoi,fautaussiquejeviennem’occuperdetoncul?SiZoénerelèvepaslablague,maprincesseenrevancheestloind’enrire.Elleneditrienparcequ’il
s’agitdesacopinemaisentempsnormalelleauraitdéjàsortisesgriffes.Unregardencoinendirectiondesonhomme,unsourireforcéànotreattention,etellelepoussejusqu’àlavoiture.MonpoteadorevoirLolaenmodejalouse,alorsforcémentilenjouedèsqu’illepeut,pourtantildevraitsavoirqu’àchaquefoisçafinitmalpourlui.Jenecomptepluslenombredefoisoùellel’avirédel’appartàcausedeça!Jemedemandecommentçavasepasserlaprochainefois,vuqu’ellehabitechezluimaintenant…—Bon,tucomptesdormiriciouonpeutyaller?—Allezenroute,onaunbainàprendrenousaussi!Lafaçondontellemefusilleduregardm’apprendqu’ilestencoretroptôtpourenrire.Apparemment
lascènedelasalledebainsluiresteencoreentraversdelagorge.Pourtantc’estmoiquimesuisfaitrembarrercesoir-là!Décidément,lesFrançaisesn’ontpaslesensdehumour!—Jerigole,Zoé,jerigole!Elles’installesurlesiègepassagerettrifouillelastationderadioavantdes’arrêtersurlachansonde
Green Day. Ouais, bon choix ! Décidément, elle continue de m’étonner. Je fais vrombir le moteur,directioncheznous.—Tumelaisseraslaconduireunjour?Jeretirecequej’aidit.FinalementlesFrançaisespeuventêtretrèsdrôlesquandellesveulent!
Chapitre15
Zoé
—Avoue-le!Allez,Ben,avouequet’asflippé!Ilmeregardeamuséavecunhaussementdesourciletsegaresursaplacedeparking.Quaranteminutes
debagnoleàdébrieferetàrirecommedesconsetmonsieurneveuttoujourspaslâcherl’affaire!—Jevoistoujourspasdequoituparles,maistapersévéranceestdistrayante!— Curieux vu la manière dont tu t’es accroché à moi. Continue d’esquiver, les bleus que j’aurai
demainmedonnerontraison!Je lui balancemon sourire assuré et savoure l’éclatmalicieuxde son regard tandis qu’il se penche
dansmadirection.—Pourtantsijereprendstespropresmots,c’estbiendespetitscerclesquejetraçaissurtonventre
quinousontfaittomberàl’eau…Sasoudaineproximitémedéstabilise.Perduedansl’azurdesesprunelles,j’entrouvreleslèvres.Les
battementsdemoncœurs’affolenttandisquejeressensencoreleveloutédesontouchersurmapeau,lapointedesesdoigtsglissant jusqu’à l’élastiquedemonmaillot.Zoé, reprends-toibonsangou ilva tebouffer!—Tellementprévisibletaréponse!C’estdinguequeturefusesd’avouerquet’aseupeuralorsqu’au
finaljemedébrouillaisplutôtbien!Ben reste silencieux, imperturbable, il continue de me détailler durant de longues secondes, en
pianotantsurletableaudebord.Mapressionsanguineaugmente,etjepeineàsoutenirsonexamen.J’ail’impressiondecreveràpetitfeu!Unrictussedessinesurseslèvresalorsqu’ils’extirpedel’habitacle,embarquantmaraisonaupassage.C’étaitquoiça?Jelesuisàbonnedistance,d’unpaslent.Épuisée,vidée, je ne sais plus si je dois mon état à nos frasques dans l’eau ou à cette fichue attractionindéfinissable.Cemec essaie deme polluer la cervelle !Ben, tu auras beaume jouer ton numéro decharme,iln’empêchequetonegodemâlerefused’admettreque,nonseulementtuaseupeur,maisqu’enplusj’airéussiàconduiretonengindemalheur.Lesportesdel’ascenseurserefermentsurnous,Bens’adossenonchalammentcontrelaparoi,lesbras
croiséssursontorse.Ilnemequittepasdesyeuxetquandjem’imaginequ’ilnemerépondrapas,jemeconcentremalgrémoiplutôtsurlemouvementdeseslèvresquesursesparoles.—Tuasraison…Je le regarde bêtement, pas certaine d’avoir bien entendu. La cabine démarre, et les soubresauts
associésàmafatiguemefont tanguer.Maisd’unbrasilenvelopperapidementmesreinsetmeramènecontresontorse.Puisillogesonindexsousmonmentonpourmeforceràluifaireface.—Ouais,j’aiflippé…Maisc’estvraiquetut’esplutôtbiendémerdée.Jedétesteavoirtortmaispas
quand c’est justifié. Et puis… Je dois avouer que j’ai passé une excellente journée. Tu mérites mes
remerciementspournepasnousavoirtués!Lesportess’ouvrentànotreétageetsansqu’ilmelaissele tempsdecomprendresesparoles, ilme
soulèvesansdifficultéetmeplaquecontrelui.Alorsquemapoitrinesepressecontresontorse,quesonparfum,bientropenvoûtant,embaumemespoumons,j’ouvrelabouchepourprotestermaisilmecoupeaussitôt.—Jevoisbienquetuesfatiguéealorsprofiteettais-toipourunefois.Sciée,jelelaisseappuyerlesommetdematêtedanslecreuxdesoncou.Çaneveutriendire,çane
veutriendire.Necraquepas.Merde,pourquoiilmeplaît?Jecommenceàregretternosengueulades!Pourtant,jemeshootecommelapremièredesimbécilesàsonodeur,melaissebercerparchacundesesmouvementsfluidesenfermantlespaupières.Pathétique,Zoé!Subitement, jesensmonépaulepartirenarrièrealorsqu’il tentaitdese libérerunbras.J’ouvre les
yeuxenlâchantunpetitcri,maisilmerattrapesansgrandmal.—Zoé, si tune fais pasun effort onva avoir unproblème, accroche-toi si tuveuxpas finir sur le
carrelage.L’image,lalégèretédanssavoixm’arrachentungloussement.—J’enpeuxplus,jesuisàboutdeforce…Jepensaisqu’avectoutelamuscuquetufaistuauraispu
meporteràlaforced’unseulbiceps!Unrires’extirpedeseslèvrestandisqu’ildétaillemaposture,avachieentresesbras:jedoisavoir
l’aird’unebaleineéchouéesuruneplage.—C’estpasunequestiondeforce.Jen’aipasunbrasàrallonge.Tutecomportespeut-êtrecomme
unegossemaist’enaspaslataille.Jepeuxpastetenirlesjambesetledosd’unseulbras!Alorssoittudescends,soitturécupèreslesclésdanslapochedemonjean.Devantmapetitemoue,genrej’aipasenviedebouger,illèvelesyeuxaucielavantd’ajouter:—Ousinononpasselasoiréesurlepalier,auchoix.—OK…j’aicompris!Jetâtonnedanslevidejusqu’àtouchersonjeanetpalpersonculmaissonlégerraclementdegorgeme
stoppedansmonélan.—Jesavaisqueçaallaittemotiver,saufquetunecherchespasaubonendroit.Mescléssontdansla
pocheavant…Je le regarde en soufflant pourmontrermon agacement face à ce petit jeu etme contorsionne pour
trouversapocheavant.J’yglisselesdoigts,fouilleàl’aveuglelecotonpouréchouersursabraguette.Instinctivement,mapaumeserefermesurlapremièrechosequejesens.Ohbonsang!—Non, chérie, ça c’est àmoi…Si tu crois arriver à la faire entrer dans le troude la serrure, tes
espoirsvontêtredéçus!Honteuse, je dégagemamain et cherche à pincer le premier bout de chair qui atterrirait sousmes
onglespourfinalementtombersurletrousseauquejesorsvictorieusement.—T’esvraimentunprofiteur,sic’esttefairetripoterquit’excite,ilsuffisaitdedemanderaulieude
mefairelecoupdesclés!Amusé,ilmelanceunregardjoueur.—J’aiditquej’allaisprendresoindetoimaispasquej’allaistemâcherletravail.Ç’auraitététrop
facile, j’adoretevoirtedémener.T’eshyperconsciencieusequandtut’ymets!Allez,ouvrenouscetteputaindeportemaintenant…
Jemesuis faitavoirenbeauté !Pourquoi j’aienviede rireetnonde luiarrachersonservice troispièces?Zoé,tufilesunmauvaiscoton!Jemedégagedesonemprisepourlaformeetdéverrouillelaporte.—T’esvraimentqu’unobsédé!—Oh…Sipeu…Pourunefoisquet’étaissympa,j’aipréféréfermerlesyeuxettelaisserfaire!Incroyable!Jemelaissetomberleculenpremiersurlecanapéavantdem’affalerdetoutmonlong,
unejambependantdanslevide.—T’essérieuse?Àpeinequelquesheuresdejetett’escuite?Necroispasquejevaistefoutreaulit
et teborder,mêmepasenrêve!Lasoiréenefaitquecommencer.Unbainet tu tedébrouillespour terequinquer!Jelèveunpoucechancelantetsonrireaccompagnesespasendirectiondelasalledebains.Jenesais
pascequ’ilnousprévoit,maisçaaleméritedetitillermacuriosité.Benetmoi,enbonneententeplusd’unedemi-journée?Ilaraison,çasefête!Quelquesminutesplustard,delamusiqueenvahitl’appartementetungémissementfranchitleseuilde
meslèvresalorsquejeplongemoncorpstoutentierdansl’eaubienchaude,empliedemousse.Extaselaplus totale.Mince, iln’apas fait les chosesàmoitié ! Ilnememanqueraitplusqu’une…Ducoindel’œil,j’entrevoislaportes’ouvriretBenenfranchirleseuil.OK,j’aidelamoussejusqu’aucou,riennedépasse,maisfautpasabusernonplus!—Çadevientunevilainemaniecheztoidetepointerdanscettepiècesansyêtreinvité!C’estsympa
detapartdem’avoirfaitcoulerunbainmaisçanetedonnepasledroitd’alleretvenircommeça!Ilme gratifie d’un sourire en pointant sousmon nez une bouteille bien fraîche, l’air de vouloirme
narguer.Commentsait-ilquec’estlaseulechosequimanqueàmonbaindel’extase?—Jereparsdoncavectabière?—Hum…çapeutsenégocier…Son regard concentré surmon visage, il s’appuie contre le lavabo, s’enfile une gorgée de sa bière
aprèsavoirposélamiennesurlemeuble.—Jet’écoute,lesnégociationssontouvertes.Àquelpointtuassoif?J’arrivepasàlecroire,ilyadeuxsemainesencorejeluiauraiscoupélalangueavantdelaluifaire
bouffer,etlàjememarrecommeuneconnedansmoneausavonneuse.—Jesuisprêteàpompertouslesjusquisetrouverontsousmonnez!Effaré, il suspend son geste. Un sourire sadique aux lèvres, j’observe le contenu de sa bouteille
s’écoulersursontee-shirt,imbibersonjoggingavantqu’ilnesereprenne.—Maist’esfolle,çavapasdediredeschosespareilles!L’éclatsombredanssesprunellesazuréesmeconfirmequej’airéussià ledétournerdesonobjectif
initial. Ben : 0 - Zoé + bière = victoire écrasante ! Allez,maintenant, laisse-moi savourerma bière,looser!Jetendslamaindanssadirection,pourluisignifierdem’offrirmarécompense.—Jecroisquejel’aiméritée!Benacquiesceavecunairdiabolique.Merde,jelesenspas!Ilseredresseets’avancelentementvers
moi,emportantmabouteilleaveclui.—Sij’étaistoi,j’ouvriraislabouche!
Àpeine le tempsderéagirque, lesyeuxexorbités, impuissante, je l’observem’arroser.De labièrecoule entre mes lèvres, et son regard me brûle la peau alors que l’alcool dévale mon cou, jusqu’àatteindre le sommet de ma poitrine… dont une pointe durcit au contact frais du liquide. Je crie etm’étouffesouslepoidsdudébitqu’ilm’impose,détournelatête,lesbrasenavant,etilarrêteenfin.—Àlatienne.Savoixsubitementrauquem’arracheunfrisson.Jetousse,rigole,incapabledeluisortiruneréplique
biencinglante.—Tuneperdsrienpourattendre…!Un silence soudain nous aspire alors qu’ilme détaille. Semblant ne pasm’avoir entendue, ses iris
balaientmesépaulesnues,mabouchehumideavantdeseplanterdansmonregard.—OK.Vautmieuxquej’aillechercherdesmunitionsalors…—Desquoi?Ildécampesansmerépondre,etjemelaissecoulerdansl’eau.J’aibesoind’effacerlestracesdeses
frasquesetl’imageperturbantequis’estinfiltréedansmoncerveau.Benquimedévoredesyeux.Benquimesourit.Benquipasseunemaindanssescheveux.Benqui…J’expirebruyammentl’aircomprimédansmespoumonsetdepetitesbulless’échappentdemesnarines.Un bruit sourd me pousse à rejoindre la surface et j’ouvre les yeux. Mauvaise idée… je peux
désormais ajouter à ma liste : Ben qui ôte son tee-shirt ! Mais qu’est-ce qui lui prend ? Mes yeuxcheminentsursapeaulisse,sonventrefermeoùsedessinentdesabdosciseléstandisqueletissudésertelesommetdesontorseetlibèreàmavuesespectoraux.Relèvelesyeux,Zoé!—Mais…qu’est-cequetu…?Mais…voilàqu’ilretirelebasmaintenant!Vêtud’unsimpleboxerblanc,moulantprécisémentson
anatomie,ilattrapeunebouteillederhumposéedanssondosetinvestitlabaignoiresansmelaisserletempsdeprotester.Non,non,non!Jetentedem’écarterdumieuxquejepeux,toutencherchantcommentmedépêtrerdecettesituation.Mince,jesuisàpoilquandmême!Rienàfaire,horsdequestionquejevalidecettemascarade.Jemeredresserapidementmaisilmeretient,mereplongeantdansl’eau.C’estpasvrai,ilveutmetuerouquoi!Jecroiserapidementlesbrasautourdemapoitrineafindecacheraumieuxmanudité,cequimevautunhaussementdesourcildesapart.—C’estbonj’enaivud’autres!Décoince-toi,c’estpaspourunboutdeseinquejevaism’emballer!Sesprunellesbraquéessurchacunedemescourbes,ils’installeconfortablementetétendsesbrassur
lesrebordsdelabaignoireavecunsourireencoin.—Regarde,moiaussijesuisàmoitiéàpoiletj’enfaispasdestonnes!T’asjamaisfaitdetoplessou
quoi?L’intensitédanssonregardmeplongeenpleintrouble.J’ail’impressiond’êtredansunautremonde,
uneautredimension.Ilsepassequoilà,bordel?—Ben,àquoitujoues?—Çafait troisplombesquet’esdanslaflotte.D’une,jem’emmerde,etdedeux,j’aibesoindeme
rincer.Alorsautantjoindrel’utileàl’agréable,apérodanslebain!Unaqua-rhum,çatebranche?—Etc’esttout?—Pourquoi?Tuproposesunecontre-soirée?Allez,bois,çavatedétendre!Il poste le goulot sous mon nez et j’hésite quelques secondes avant de m’en emparer. Après tout
pourquoipas?Zoé,t’esadultealorsarrêtederéfléchiretprofite!T’asunbeauspécimendevanttoi,à
refoulertesenviestuvasvraimentfinirparpasserpourunecruche!Décidée, j’avale une gorgée quime brûle la trachée. La vache, ça décape !Aumêmemoment des
doigtseffleurentbrusquementmoncou,m’arrachantunsursaut.Legoulotdéviedemaboucheetunpeudeliquideambrécoulesurmapeau.Super,çadevientunehabitude!—Hey!Negâchepastouteslesmunitions!—Nonmaisqu’est-cequetutrafiques?—Rienmaisc’estquoicettemerdequetuportestoujoursautourducou?Mesdoigtsenlacentlependentifsuspenduàmoncoudepuistellementlongtempsquejen’yprêteplus
attention.Riend’extraordinaireetsûrementpasd’unegrandevaleur,maiscettepetiteétoilemeplaît.—C’estlecadeaud’unex-copain.—Valeursentimentale?Benditouplutôtcrachecettequestionavecuneespècededédaindanslavoix.Ilgardecepetitsourire
etsonairdécontractémaisjesavouresilencieusement.Monsieurestjaloux!—Nonabsolumentpas,jel’aimebienc’esttout.D’unhaussementd’épaules,ilm’indiquequetoutçaluiestégal.Maisbiensûr…J’aiapprisquetous
les hommes amis, amants, frères oumême collègues ont ce côté possessif,macho, sans forcément deraisonvalable.Çadoitêtredansleursgènes!J’avaleunenouvellegorgéequipasseaussidifficilementquelapremièreavantdeluitendrelabouteille.J’aiintérêtàyallerdoucementsijeneveuxpasquesonaqua-rhumfinisseenaqua-tarte.Trenteminutes plus tard, j’ai oubliémes bonnes résolutions.Entre la sublime vision de ce corps à
moitiénufaceàmoi,mesenviesrefouléesetlalégèretédel’instant,j’aieubesoind’unpeuplusd’alcoolpour supporter cette situation.Résultat, la bouteille s’est vidéedemoitié et il a fallu ajouter de l’eauchaude à deux reprises pour me maintenir dans mon bouillon. Merci, mon ami le rhum et ses effetscalmants!Aussidétenduequ’uneétoiledemer,jem’étends,chevauchelescuissesdeBenquitentedem’énerver.Continue,Ben, tune t’imaginespasàquelpoint jesuisanesthésiée!D’unevoixsortie toutdroitd’undessinanimé,ilm’imiteenjurantdefaçongrotesquemais,bordel,c’estjusteexcellent.—Tonimitationétaitnulle!D’abordj’aipascettevoixridiculeet,surtout,jamaistunem’entendras
direquejesuisunepétasse!J’assumebeaucoupdechosesmaisfautpasabuser.Nouvel éclatde riredemoncolocatairequand ilmevoitme renfrogner, lesbras croisés en faisant
semblantd’êtrevexée.En tempsnormal, surtoutvenantde lui, je l’auraisété,mais sonpoucemassantsubitementlaplantedemonpied,m’extorqueungémissementavantquejen’encomprennelasource.—Aufinal,tun’espassicompliquéequeçaàapprivoiser…Unregardenvoûtants’associeaurictusplaquésurseslèvres.Non,Ben…Nemecherchepas,neme
regardepascommeça…Monenduranceàterepousseradeslimitesetlàjesuisàboutdesouffle.—Tucroisvraiment?—Tuesbeaucoupmoinsimpressionnantequejelepensais.Il croise sesbrasderrière sanuque.Un rirenarquois s’échappedemagorge, semêlant auxbasses
cognantcontrelesmurs.Lesvoisinsvontpenserqu’ilyaencoreunesoiréeici!Non,c’estunetoutautresortedesurprise-partiequisedéroulecesoir!—C’esttapauvreimitationpourriequitepermetdemejugeraussifacilement?Tunemeconnaispas.
Sijelevoulais,jepourraisêtrecellequejeveux,quetuveux.Jemordslapulpedemondoigtenlefixantsansciller,ilhausseunsourcil.
—Jet’écoute.Qu’est-cequejeveuxd’aprèstoi?Enhardie par nos échanges, je m’extirpe de ma mousse, toute pudeur remisée au placard et je
m’approchelentement,mapoitrinenueenévidence.L’alcoolmedonnedesailes,jemesensforteetsûredemoi.—Tuattendsquejesoisunejeunefemmedocile,émerveilléepartesprouesses?Ounon…Peut-être
unefilleplusentreprenantequitedonneraitduplaisircommetun’enasjamaiséprouvé…Àtoidevoir!Maissouhaites-tuvraimentréitérerl’expérience?Monindexcourtsurlapeaudoucedesontorse,traceunsillonentresesabdosquisecontractent.Son
expressionchange,s’assombritprogressivementetavantqu’iln’attrapemonpoignet,jeluibalanceàlafigureunegicléed’eauenricanant.Siprévisible,cemec!Ilessuiesonvisaged’unemain,etmonsouriresefigelorsquesesprunellesécrasantesmeperforent.
D’instinct,jerecule,tentantdemereplaceràl’endroitquejen’auraisjamaisdûquitter,àsavoirl’autrebout de la baignoire. Mais il ne m’en laisse pas le temps. À mesure qu’il se redresse, mon souffles’amenuise.Sesdoigtssefaufilentalorssurmatailleetpressentmeshanches,empêchantmafuite.Lesbattementsdemoncœurcaléssurlerythmeenvoûtantdelamusique,jepeineàentrevoirlasuite.Ilmeplongetoutentièredansunbainforcéavantdem’enextirperetjel’arroseautantquejepeux,medébatsentoussant,maischaqueattaquem’estrendueauquintuple.L’eautangueentrenous,sedéversesurlesoletj’aisubitementchaud,jerigolesanspluspenseràmanudité.PuisBensourit.Undesesfameuxsourires,hypnotisant,intense…aussibrûlantquelaprofondeurde
sesirisàcetinstant.Lesmienss’imprègnentdesaplastique,dévorentchaquecourbedesoncorpssansdéfaut.Dieuqu’ilestbeau!Desgouttelettesglissentsursapeauetj’ensuisletracéjusqu’àlalisièredel’élastiquedesonboxerdevenutransparent.Ilestdanslemêmeétatquemoi:emplidedésir.Uneputaind’érectioncolleau tissuetune tachesombresedessine.Nemeditespasqu’ilaun tatouageà l’aine!Merde,çayestjeperdslatête!Jen’aijamaisétéaussipauméeetconscienteàlafoisdecequejevoulais.Cettecertitudevibredans
toutmoncorps,setransformeenunesortederageintérieure,unbesoinurgentd’abuserdelasituation.Mon rythme cardiaque s’emballe quand sa paume enlace ma nuque. Les murs vibrent, crachent unemusique assourdissante dont je n’entends plus qu’un son étouffé tellement je suis submergée parmessensations,parsonsoufflequidéviejusqu’àmonoreille.—Jenesavaispasqu’ilfallaitquejesoisàcepointprécis:c’esttoiquejeveux.—Alorsneperdsplusdetemps!Sa bouche se plaque directement sur lamienne enmême temps qu’il ramène sèchementmonbassin
contrelesien.Ungémissementsefaufileentremeslèvresaucontactdesonimpressionnanteérection,salangue s’y engouffre, me dévore. La violence de notre baiser n’a plus de sens, mis à part s’assurerqu’aucundenousdeuxneferamarchearrière.Jem’accrocheàlui,plantemesonglesdanssesomoplatesetsonpoingserefermesurlesommetdema
tête.Sesdentspénètrentmagorge,ilmemord,mesuce.Jegémis,lemarqued’autantplus,avecl’enviedeluiarracherlapeau.J’aiautantenviedeluiquedeluifairemal!Soudainsonbrasselogesousmesfesses,mesoulève,etmescuissesétreignentsataillecommesije
voulais l’étouffer. Mon souffle percute sa mâchoire alors qu’il écrase sans aucune douceur mon doscontre la céramique. L’acharnement de sa bouche revient me tyranniser, hérisse ma peau à coups demorsure. Jeme cambre comme je peux, tire violemment sur ses cheveux, c’est alors que nos regardsembraséssecroisentetquesamainremontejusqu’àmagorge.Jemanqued’air.—Jet’interdisdechangerd’avis!
Sapoigneseresserresubitement,j’entendsmoncœurcreverdeplaisirsousmapoitrine.—Commeçanoussommesdeux.Tuveuxquejetebaise,Zoé?Mespupillessedilatentdeplaisir,monsangpulseàm’enbrûlerlesveinesetjecriedesurprisequand
subitementlesmaillesdemoncolliercèdentetquemachaînependdanssonpoing.Il la lâchedanslebain.—Tun’asplusbesoindecettemerde!Seslèvress’emparentdenouveaubrutalementdesmiennes,m’extirpentdesflopéesdegémissements
enmêmetempsquesaqueuetenduesoussonboxerfrottecontremonsexe.Presséecontresontorse,toutpartenvrilledansmatêtealorsqu’ilenjambelabaignoire.Unbruitdeverrequisefracasseausol,etilétalemoncorpssurlasurfaceplanedumeubledulavabo.Mapoitrinesesoulèvefurieusementsouslepoidsdesonregardquis’abaisseauniveaudemescuissesouvertesmaintenantcaléessursesépaules.Perdue,unepaumeplaquéesurlemiroiràmadroite,jesubislamaîtrisedesalanguecaressantmafente,s’immisçantentremeslèvrespourmassermonclitoris.Mesfessessepressentenarrière,tentantdeluiéchapper,maissesmainsseplaquentvivementcontremescuisses.Jetrembleincapabledesaisircettetensiondemaladequitranspercemonbas-ventre.J’ail’impressiond’écloreouplutôtdemedésintégrer!C’estquoiça?Bonsang,ilfautqueças’arrête!Monrythmecardiaqueestentraindecreverleplafond.Ses prunelles braquées sur lesmiennes, ses lèvres remontent jusqu’àmon nombril,mes hanches se
soulèventcommepossédées.Jeleveux,jeleveux!Cetteobsessionrésonnedanstoutmonêtrecommejamaisauparavant.Çayest, jesuisdingue, je…Uncrideplaisir franchit leseuildemabouchealorsqu’il plonge un, puis deux doigts entre mes parois enflammées. Un sourire cruel fend son visage,décuplantcefeuintérieurquiprendpossessiondetoutmoncorps.—N’oubliepas,c’estavecmaqueuequejeteferaijouir.Lapièce semble tourner autourdemoi.Un tiroirqu’on tire, unbruitdeplastiquequ’ondéchire,un
irrépressible frisson courant surmapeau, et je gémis, totalement hantéepar ce besoinquime ravage.Jouir,lesentir,jouir,lesentir…Sesbrasencerclentmondos,m’attirentcontrecettebouchesensuelleetsauvagesurlaquellejelaisses’abattretoutemafrustration.Commesij’avaispeurquetoutcecinesoitqu’un rêve. Nos langues enlacées, mes muscles se crispent alors qu’il me pénètre centimètre aprèscentimètre. D’un coup sec, il s’enfonce entièrement, m’obligeant à absorber toutes ces nouvellessensations qu’ilm’inflige. J’en deviens folle,m’accroche à lui comme je peux. Son bassin s’active àm’en faire perdre la raison, puis s’arrête.Mon corps se retrouve subitement plaqué contre unmur.Àpeineletempsd’observerlaplanteducouloirrouleràterrequemespaupièressefermentsoussescoupsdereins.—J’aienviedetefairepayertoutescesfoisoùtum’asrendudingue!Jel’embrasse,legriffeenréponse.Mondossedécolledumur,unbruitdeporteétoufféparlamusique
résonne à mes oreilles. Aussitôt, mon corps encore mouillé rebondit sur un matelas, ses pupilless’enfoncentdanslesmiennes,melaissenthaletantetandisquejecontemplesabeautévirile.Jepeuxenfinvoirsontatouage:unesortedetribalauxlignesépaisses,courbées,masculines.Unsourireétirelecoindeseslèvres,etavantquejenecomprenne,ilencerclemeschevillesetmeretournesurleventreavecune facilité déconcertante.Le prolongement de son corps contre lemienme fait frissonner alors qu’ilmordillemanuque,laissantsalangueatténuercettedoucetorture.Souscetassaut,mesfessesondulentetfrottentcontresaqueuedure,brûlante.—Ben,j’aienviedetoi…Unemains’immisceentrelesdrapsetmonbuste,descendjusqu’àmonentrecuisseliquide,affaméede
lesentir.Mesyeuxsefermentspontanément,mabouches’entrouvre,àlarecherched’airtandisqueson
glandforcel’entrée.Laconjugaisondesescoupsdereinsetdelapointedesesdoigtsencerclantmonclitoris,précipitemoncorpsverslarupture.Soumiseàsabouche,sesdentsquis’attaquentàmonépaule,jefrémis,m’accrocheauxdrapssoussesrâles.Benm’envahit,etjemedéliteentresesbras,melaissetotalement submergée par cette montée en puissance, cette vague prête à m’engloutir. Des larmesd’impuissance tententde franchir labarrièredemescils, sonbassinpercutemes fesses, sa languemesuce,sonmajeurm’électrise…etjesombredansl’orgasme,metordssouslepoidsdesoncorps.Mesparoissecontractentautourdesonérectiondeplusenplusdure,s’enfonçantdansmonventreenmêmetempsqu’ilselibère.Étalésl’unàcôtédel’autre,jecontempleavecdélicesapoitrinesesouleversousl’effetduplaisirque
je lui ai procuré. Il retire la capote et la balance par terre. Il rigole et je l’accompagne alors qu’ilembrasselecreuxdemonoreille,pétritlachairdemeshanches.—Putain,Zoé…Benme jetteundernier coupd’œil avantde se redresser comme si j’étais unmirageouun trucdu
genre.Mes dents plantées dansma lèvre inférieure, j’épie son cul ferme etmusclé quand il quitte lachambreavantdem’alanguirparmilesdraps.UnebaiseetBenrèglemonsoi-disantproblème!Je.Suis.Normale!Mestalonstapentfrénétiquementlematelasd’excitationetjemeretiensdecriercommeuneidiotelorsquelamusiquedisparaîtbrusquement.—Celle-cionmel’avaitencorejamaisfaite…maispourquoipas!Hilare et nu, Benme regarde, accoudé au chambranle de la porte avec une bière à la main, qu’il
s’enfilerapidementaugoulot.Çayest,jesuismortifiée!—Ohnon…Merde,merde,merde!—Inutiledetemettredanstoustesétatspourunsimpleorgasme…Un sourire narquois se profile sur ses lèvres et j’ai déjà envie de le trucider.OK,monsieur a tout
comprisetseprenddéjàpourunsuper-héros!J’aienviedel’étoufferavecsacape!—Tais-toi!D’abordsilencieux,sonregardsuitlacourbedemesseins,lapointedesalanguehumidifiesabouche
etmoi,commeunegirouette,j’aidéjàchangéd’avis;jeveuxlebouffer!—Çatombebien,cettefois-cij’aienviedet’entendregémirmonnom.Monsoufflesecoupe.Benlaissetombersabièreàpeineentamée,quisevideparà-coups.Lebruitdu
verreroulantsurleparquets’incrustedansmestympanstandisquesonregardm’embraseetlentementilmerejoint.Duplatdesesmainsilm’effleure,mesurplombedesoncorpsalorsquejerêvedesongoûtdansmaboucheetqu’ilmetouche.Éblouieparcetteconnexionirréelle,jesuccombeàseslèvres,àleurdouceursurlapointedemesseins.Salanguem’échauffe,meravitdesgémissementsenmêmetempsquemeshanchespartentàsarencontre,maisd’unemainfermeetdouce,ilmeretientcontrelematelas.—Gémis,Zoé,maintenantquejesaisquetunevasplustedéfiler,jecompteprendretoutmontemps
pourtefairel’amour.Il se rassasiedemes lèvresen les suçotant, les léchantdansunedouceurcontrôlée. Jem’enflamme
soussescaresses,sesdoigtsredessinantlescontoursdemesflancs,dechacunedemescourbes.Sonsexeglisse contre lemien, électrisemes sens, alors que je reste perdue, enchaînée à cet azur troublant quisavourel’ensembledemesréactions…Ben,qu’es-tuentraindemefaire?Sans jamais rompre lecontactvisuel, il tend lebras, fouilledansson tiroiretporteà saboucheun
sachetbrillantqu’ildéchiredesesdents.J’ailecœurauborddel’explosiontantilbatfort,anticipantdéjàlamontéed’adrénaline.Ilsepencheetdéposeuntendrebaisersurmaboucheavantdesemettreà
genouxetdeglisserleboutdelatexsursonmembredéjàgonflédedésir.Commentcesimplegestepeut-ildeveniraussiérotiquelorsqu’ils’agitdelui?Soncorpschaudretrouvesaplacesurlemientandisqueseslèvrespossèdentdenouveaulesmiennes.
Sesmainsglissentsurmespointesqu’ilfaitroulerentredeuxdoigts,m’arrachantungémissement.Jelesens sourire, satisfait dema réponse tandis que sesmains reprennent leur ascension. Lentement, ellesremontentsurmesépaules,effleurentmesbraspourserefermersurmespoignetsetmeforceràlâcherprise. Sous le poids de son regard hypnotisant, je le laisse me dominer, faire de moi sa chose etabandonneladouceurdesescheveuxpourmeretrouverlesmainsemprisonnéesau-dessusdelatête.Saqueuemefrustre,faitmonterlapressionenglissantentremeslèvres,frottantmonintimitédéjàhumidesansjamaisenfranchirlesremparts.—Ben…Sourdàmessuppliques,ilprendplaisiràmetorturerenmerefusantcequemoncorpsréclame:lui,
entièrement, pleinement.Désespérée,mes jambes s’accrochent à seshanches essayantde l’attirer versmoimais il résiste. Jen’enpeuxplus, je tremble commeunecaméeenmanque…J’aibesoinde lui !Alors que je cherche à me défaire de son emprise, il glisse enfin son gland, m’arrachant un crid’impatience.Centimètreaprèscentimètre,ilm’emplit.Lasensationesttellementexquisequejepeineàgardermesyeuxouverts, cependant j’yparviens rienquepouradmirer l’expressiondeplaisir sur sonvisage.Lerâlequis’échappedeseslèvres,sapeauquifrissonneetlerythmeeffrénédesarespirationdécuplentmessensations.Sonnezfrôlelemien,ilembrasse,lèchemamâchoire.Sesattentionsassociéesàsescoupsdereins
langoureuxmefontfermerlesyeuxdeplaisir.Jeprendstoutcequ’ilmedonne,accueillechaquenouvellesensation. Quand je les rouvre, mon cœur pompe de manière désordonnée l’afflux de sang soudain.Happéeparl’éclatdesonregard,ilmecontempledetoutesahauteuretjesuccombeàsonintensité.Uneboufféede chaleurme submergeet je fonds sur ses lèvrespourunbaiserpassionné.Soudain, lebruitsourdd’uneportequiclaquenousstoppenet.Lesoufflecourt,unsilencedeplombnousenveloppe.Nousnousjaugeonsuninstant,pascertainsdesaprovenancejusqu’àcequ’unevoixtranspercelesmurs.—Ben,t’eslà?
Chapitre16
Zoé
À peine un baiser furtif sur la tempe et Ben a sauté dans un boxer pour rejoindre Lola avec un «t’inquiète,jegère».20heuresetmameilleureamiedébarqueenleréclamant,lui.Doncsijerécapitule,je me retrouve à poil dans son lit, royalement frustrée, avec en prime des envies sanguinaires quim’envahissent:1/TuerBenpouravoirprismaplaceauprèsdeLola.2/ÉtriperBenpourmeplanteraupiremomentetapriorisansaucunremords.3/ApprendreàLola,àcoupsdeceinturon,qu’ilfautfrapperavantd’entrer!Mince,reprends-toi,Zoé, t’es immonde, t’aspaseule tempsd’avoir tonorgasmealors tuenveuxà
tout lemonde ! Jeme filerais des gifles : je suis en train de faire une crise de jalousie alors que jel’entends pleurer de l’autre côté de la porte. Ma pauvre petite puce… Qu’est-ce que ton MonsieurOrgasme-garantiaencorefait?Cinqminutesplustard,sessanglotsm’arrachentlecœur.Bordel,c’estdansmesbrasqu’elledevrait
être!Jetendsl’oreillepouressayerdecomprendremaisellenesortquedesinjures.LavoixdouceetcalmedeBenchercheàl’apaiser.Direqu’ilyaquelquesminutescettemêmevoix,teintéededésir,mesusurraitdesobscénitésaucreuxdel’oreille…SiLolanenousavaitpasinterrompus,jegoûteraisencemomentmêmeàunnouvelorgasme!Auboutdequinzeminutes,desmotscomme«connard»,«voisin»et«liste»transpercentlemuret
jesuisincapabledecomprendrequoiquecesoit,bonsang!J’aibeaulesretournerdanstouslessens,jen’arrivepasàfairelelien.Jesuisunenouvellefoisfrustréemaispluspourlesmêmesraisons.L’ongledupoucey est déjà passé et j’attaque l’index.Seule consolation : ses pleurs ont cessé, c’est déjà ça.Avec un peu de chance, Ben va rapidement régler le problème et me rejoindre… Des promessessurgissent de ma mémoire : « Si t’es sage, je te ferai goûter aux merveilles de ma langue entre tescuisses…Quelquechosed’uniquedonttuterappellerastoutetavie.»J’ensuisencoretouteretournée.Jesuisencoretoutechambouléeàl’idéedecettedélicieuseperspective.Jefermelesyeuxetmemordilleleslèvrespournepassuccomberauximagesquicherchentàs’infiltrerdansmatête.Monself-controlestentraindeprendresesjambesàsoncou.Bientôtuneheure…Jecroisqu’onsefoutlittéralementdemagueule.Unéclatderireretentitetmefait
légèrementbouillirdel’intérieur.J’imagineBenluisortiruneconneriepourluichangerlesidées.Bravo,ça a l’air demarcher !Aumoins il y en a une qui a de la chance…Mon ironie etmoi commençonsdoucementàperdrepatience.Macopineabeauêtreauplusbas,j’aidumalàcompatir.DixminutesqueMadameritsanssavoirqu’endébarquantici,elleagâchécemomentparticulierquisepassaitentreBenetmoi.Toutcequejeretiens,c’estquejenel’aipasentenduuneseulefoisprononcermonnom.ÀcroirequeLolamecroittoujoursenFrance!Pfff,qu’ellevienneencoremedirequ’elleabesoindemoiici!Est-cequ’aumoinsj’auraisétéaucourantdesesdéboiressijen’avaispasétéenferméeici?J’enrage…
Ilsm’onttouslesdeuxzappée!Ben, quand tu vas revenir c’est la douche froide qui t’attend ! Bon sang, j’ai besoin de chocolat !
J’ouvreletiroirdesatabledechevetettombesurunpaquetdegâteaux…auchocolat,merci!
QuasimentuneheureetdemiequejepoireauteetjemedemandesiBensaitencorequej’existe.J’ai
abandonné l’idée de comprendre ce qui s’est passé entre les amoureux. Je n’entends plus que deschuchotements.Marredemebaladerenveloppéed’undrap,j’aifiniparfouillerdanssestiroirspourdégoterunboxer
etuntee-shirt.Pourm’éviterdepéterunplomb,jem’occupecommejepeux:j’airefaitlelit,classéleslivres par ordre alphabétique et rangé les chemises selon un code couleurs. Qu’il ne vienne pas seplaindre que j’ai touché à ses affaires, en cemoment il s’occupe bien desmiennes !Attention, je neconsidèrepasLolacommeunobjet,jemecomprends!Bonsang,jesuisentraindedisjonctertotallà!Maisqu’est-cequim’empêchedefranchircetteputaindeporte?
Presque deux heures et plus rien, juste un long silence de mort. 21 h 47, des chiffres rouges qui
m’accablentetmedonnentenviedem’arracherlescheveux.Leréveilestdevenumonpireennemi.Jeleregardesanscesse,leprendenmain,ledéteste.Lesminutess’égrainentavecunelenteuraffligeanteetjenesaisplusvraimentpourquelleraisonjedoisrestercachée.Àtournerainsienrondsurleparquet,jevaisfinirparl’user,maisjefaistoutdemêmeattentiondenepasfairedebruit.Bordelmaisqu’est-cequ’ilsfoutent?LolapleureetBenrapplique,maisetmoidanstoutça?Marredejouerlamorte,stop,çasuffit.N’ytenantplus, je tournelentement lapoignéeenretenantmonsouffle.Lapièceestplongéedansla
pénombreetuncalmeolympienyrègne.Maisoùsont-ilspassés?J’oseunpasen-dehorsdelachambreet un léger craquement sousmonpiedme fait sursauter.Mon cœur bat la chamade,mesyeuxbalaientrapidementlapièce.N’importequoi,jeneparticipepasauxHungerGamesnonplus!Zoé,reprends-toi,aupiretudevrasexpliqueràtameilleureamiepourquoitusorsdelachambredetoncolocataireavecsesfringuessur lecul!Fuck, jenesupporteraipasuninterrogatoiremaintenant,alorsqu’elleestvenueletirerdulit,demesbrasaupiredesmoments.Personne.Jerespiredenouveauetc’estsurlapointedespiedsquejefaisletourdel’appart.Sonsac
estencoresurlecanapé,signequ’elleesttoujourslà.En arrivant dans le couloir, je perçois une faible lueur filtrer sous la porte de la chambre deLola.
Trouvés!Jetendsl’oreillemaistoujoursaucunson.Etmaintenantjefaisquoi?Du bout des doigts, j’entrebâille doucement la porte et découvre des jambes enlacées sur le lit.
Focalisée sur le peu que je vois, je n’ose plus esquisser le moindre geste, pas sûre de vouloir endécouvrir plus. Mon cœur cogne un peu plus fort dans ma poitrine et une tonne d’images plusdésagréableslesunesquelesautress’insinuentdansmatête:leslèvresdeBensurmonamie,lesmainsde Lola caressant le torse de Ben…Reprends-toi, Zoé, la solitude t’a rendue parano ! Ben et Lola,BenolacommeJaydens’amuseà lesappeler,ontune relationassezparticulièremais fautpasabuser !Lolaestbientropamoureusedesonhommepourfaireuneaussigrossebêtise.Sij’hésitequelquessecondes,lacuriositémeronge,mepousseàsavoircequ’ilenest.D’unemain
moiteetfébrilesurlaporte,jel’ouvredavantage.Assezpourenvoirplus,pourenvoirtrop.Assezpourleregretteramèrement.L’hommequiaréussiàabattremesdéfenses,auquel jemesuisdonnéecorpsetâmeilyaquelques
heuresàpeine,dortpaisiblementdanslelitd’uneautre.J’aidécidédelâcherprise,desuccomberàcettepassiondévorantequimeconsumaitdepuistroplongtempspensantqu’ilenétaitdemêmepourlui.Jemerendscompteunpeutardquecesentimentn’estpaspartagé.Étendudetoutsonlongsurledos,latêteenfouiedanslescheveuxdeLolaetsesbrasreferméssurlecorpsdecelle-ci,Bensembletellementàl’aisequecettescène,quimeparaîtgrotesque,prouvequ’ellen’ariend’exceptionnelle.Combiendefoiscelaest-ilarrivé?Mameilleureamieestpresqueallongéesurlui,latêtenichéedanssoncouetunbrasserefermantsursesflancs.JegrincedesdentsenconstatantqueBenn’apasprislapeinedes’habillerdavantage.Àmoitiénuaveclafemmedesonpotedanslesbras…Iln’yaquemoiquitrouveçachoquant?Bordel,maisilsepassequoiici?Tremblante, je recule, l’esprit totalementembrouillé.Lavision troubleet lesyeuxdans levague, je
trébuche.Unequestion:qu’est-cequ’ilsepasseentreeux?Touts’obscurcitdansmatête.Jemarchesansm’enrendrecompteetm’affalesurmonlit…
Ben
J’aichaud,oppresséparlepoidsd’uncorpssurmoi.Lesyeuxencorefermés,jelaisselesimagesmerevenir.Esquissedesourire.Putainc’étaitdeloinlameilleurepartiedebaisedetouslestemps!Quandj’ai senti sondoute, sadifficultéàmaintenir sesbarrières, jen’aipashésitéuneseule seconde.Toutecetteputaindefrustrationquejegardaisenmois’estfaitlamallequandelleaenfinrendulesarmes.Jen’ai jamais ressenti un tel besoin, une telle urgence de posséder une femme. Il n’était pas questiond’amour, de tendresse ou de délicatesse. Juste d’assouvir cette passion quime prenait aux tripes.Maqueue n’avait qu’une envie : être enfouie au plus profond d’elle. Et pourtant après…Les choses ontcomplètementchangé.Si j’aiprisunpieddemaladeà labaiser sauvagement, lui faire l’amourpar lasuitem’a complètement retourné. Il y avait quelque chosedegrisant à la voir prendreduplaisir, à lasentirfrissonnersousmoncorps.Franchementjen’aipasdemotexcepté:extasesuprême!Ledésirquibrillait dans son regard, son corps qui réagissait aumoindre contact dema peau sur sa peaum’a faitouvrirlesyeux:l’avoirunefoisestloind’êtresuffisant.Jelaveux,pointbarre.L’interprétationviendraplustard.Enmerefaisantlefilm,mesmainsseremettentspontanémentenmouvement.Lanaissancedesesfesses,sesflancs,sonépaule…Mesdoigtss’arrêtentdanssescheveux.Quelquechosecloche:ilssonttroplongs!Mesyeuxs’ouvrentengrandsurunemassedecheveuxroux,monbrasretombeaussisec.Merde,Lola
!Toutelafindesoiréemerevientdanslatronche.Jetournelatêteversleréveilàcôtédemoi,maisilestdébranché.Merde,jesuismal!Àpartmonboxer,jen’airiend’autresurmoi.Ilestquelleheure,bonsang?JedétachelebrasdeLolaagrippéàmoicommedulierreetregardesursamontre:23heures.Bordeldemerde!J’aidûm’endormirsansm’enrendrecompte.Unrapidecalculetjesuisdéjàentraind’essayerdem’extirperdestentaculesdelafautive.Jedevaisuniquementl’aideràs’endormir…Sûrquematêteestdéjàmiseàprix.Troisheuresquej’aifaitfauxbonàZoépourvenirconsolermaprincesse.J’imaginedéjàlaséried’insultes,danssalanguematernelle,àlaquellejevaisavoirdroit.Franchement,siç’avaitétél’inverse,jenepensepasquej’auraisététendrenonplus.Sijerésumebien: j’ai laisséseuledansmonpieulafemmedemesfantasmeslejouroùelleaccepteenfindemelaisserlatoucher.Jem’occupe de sa meilleure amie en pleurs parce quemon pote a encoremerdé avec elle. Je me suisendormiaulieud’allerlarejoindreetdeluirefairel’amourcommej’encrevaisd’envie.Riend’autreàajouter?
Sérieux,Jayauraitpuattendredemainavantdeluifairesacrisedejalousieàlacon!Toutçapourunvoisinquiapparemments’inscritsurunelonguelistedemecsquidraguentLola.Ons’enfoutbordel!Franchementjenepensaispasenavoirpouraussilongtemps,ilsfontchiercesdeux-là,jen’avaispas
besoindeça.Surtoutpascesoir,jevoulaisjusteenprofiterunmaxavantqu’ellenemerejetteànouveau.Justeêtreavecelle.Enfinlibre.JelaisseLolaquihoquetteencored’avoirautantpleuréettraverselecouloiràlahâtemais
avecunecertainehantise:etsielleenavaiteumarredem’attendre?J’ouvrelaportedemachambreetjemestoppenetdansmonélan.Jefaisquelquespasàl’intérieur,mêmesic’estinutile.Zoén’yestplus.Jepasserageusementlesmainsdansmescheveuxàmedemandercommentjevaisfairepourrattraperlecoup.T’asgravemerdélà,monpote!Putain,mêmelelitaétéfait,commesiriennes’étaitpassé.Avecbeaucoupmoinsd’aplomb,j’avancejusqu’àlaportedesachambre.Lesilencerépondàmestroiscoups.—Zoé?Pasunbruit,pasuneinjure,pasuncraquementdelit.Laconnaissant,impossiblequ’elledorme.—Zoé,ouvre-moi.Fais-toiplaisiretinsulte-moiaulieudefairelagueule…Soupir.Elleadécidédemelefairepayerbiencommeilfaut.Onnepeutpassautercetteétapepour
quejeretrouvetoutdesuitelachaleurdesoncorps?Danstesrêves!LasimpliciténevapasdepaireavecZoé.Jefrappeunpeuplusfortsansplusderésultat.Bordel,elles’imaginequejevaislasupplier,c’estencoremalmeconnaître.—Jesuisdésolé,j’auraisdûrevenirplustôt!Allez,mabelle,ouvrecetteporte…sinonj’entreavec
ousanstonaccord.MenacerZoé?Jelèvelesyeuxaucieldevantmapitoyableapprochepourluiforcerlamain.Tantpis,
je n’irai pas plus loin dans les tentatives de séduction.De toute façon, elle a déjà compris que je nemenace jamaisen l’air. Je l’imaginedéjàpostéederrière laporte,brascroisés,àm’attendredepiedsfermes.Enfin,siellen’apasfermélaporteàclé!J’abatslamainsurlapoignée.Mesépauless’affaissentdesoulagement:ellenes’estpasenferméeà
double tour. J’ai peut-être une chance finalement. La chambre baigne dans le noir total et il me fautquelques secondes d’adaptation pour réussir à distinguer les choses uniquement avec la lumière ducouloir.—Maisc’estquoicedélire?J’allumeetfouille lapiècedesyeux.Vide.Unboxeretun tee-shirtàmoigisentsur leparquet.Une
montéed’adrénalinemeparcourtlacolonnevertébraleetjeretournedansmachambrecommesij’avaispulalouper.Non,nefaispasça,Zoé…Onn’enestpluslà!Jerécupèremontéléphonesurlacommodeetl’appelletandisquejemedirigeverslasalledebains.
Unesonnerie,deux,trois,quatre,répondeur.—Putain!Je raccroche nerveusement et recommence plusieurs fois. Les muscles contractés, la mâchoire
douloureusetellementjeserrelesdents.Aufinal,jepassetoutl’appartaupeignefinpuisjemerendsàl’évidence:Zoés’esttiréedecheznous.Ellemefuitunefoisdeplus.
Chapitre17
Zoé
—Situnerépondspas,jevaisfinirparlefaireàtaplace!Tropobnubiléepar lachorégraphiedemon téléphonesur la table, jenevoispas Julia revenirà sa
place.Àsavoix,jesorsdemacontemplationetglisseledoigtsurl’écranpourfairebasculerl’appelsurmaboîtevocale.Encore.Àchaquefois,c’estlemêmescénario: lesbattementsintensifsdemoncœurquis’emballeetlenomdeBenquis’affichesanssurprise.JelèvelesyeuxversJuliaquiparaîtamuséeparlasituation.Aumoins,ilyenaunequeçafaitrire!—Excuse-moi,c’estpastrèssympapourtoi,jevaisl’éteindre.—Non,çanemedérangepas.C’estjustequepourinsisterautant,jemedisquecedoitêtreurgent!Unrireamers’échappedemeslèvres.Uneurgence?Lablague!Àpartvouloirsefoutreouvertement
demoi, jenevoispas laquelle ! Je finismonverredevodka-pommed’uneseule traiteavantde fairesigneauserveurdemeremettrelamêmechose.—Non,t’inquiètepas,toutvabien.Siellenerelèvepas,jevoisbienqu’ellen’ycroitpasvraiment.Pourtant,ellemesouritgentimentet
acquiesce.—Bonalors fautque tum’expliques.Çavafaireuneheurequ’onest lààenquiller lesverreset je
commenceàavoirunpeuchaud.Vas-tuenfinmedirepourquoit’avaisbesoindemevoir?Elledétourneleregard,soudaingênée,trituresonverreuninstantavantdeleclaquersurlatableetde
meregarderd’unairdéterminé.—D’accord…Jet’aidéjàparlédemonex,tuterappelles?Ehbien,toutcequetum’asditatourné
unlongmomentdansmatête.Tuasraison,jenepeuxpasallerdel’avantsijecontinuedepenseràlui.Alorsj’aisuivitonconseilet…hierj’aidécidédeprendreleschosesenmain.Ilyacemecaubureau…Ons’entendbienetjesaisquejeluiplais,maisjusque-làj’aitoujoursrefusésesavances.Jenesaispascommentluifairecomprendrequej’aichangéd’avissanspasserpourunegourde!—Maisc’estsuperça!Enfinunebonnenouvelle!Ducouptuveuxsavoircommentleluidirequand
tuleverras,c’estça?—Oui, enfinnon.Rigolepasmais jeneme senspascapablede lui avouer en face, alors… jeme
disaisquejepourraisl’appelerici,avectoiàmescôtés?Jenepeuxm’empêcherderiredevantsoncôtéinnocentetpeusûrd’elle.Detoutesmesclientes,Julia
estvraimentcellequi sedémarque.Elleestbelle, attachante,gentille,drôle…Parfois jemedemandequelleaidejepourraisluiapporter.C’estd’ailleurspourçaque,decliente,elleestvitepasséeàcopine!—OK,donctuvassimplementl’appeler,luiproposerdevousvoiràl’extérieurduboulotetmoije
restelà,ensoutien.Tusaisquoiluidire?
Sontéléphoneenmain,ellehochelatête,soudainconcentréesurlediscoursqu’elleadûpréparer.Jeluiadresseunsourired’encouragementtandisqu’elleporteletéléphoneàsonoreille…Pourraccrocherprécipitammentetlelâchercommes’illuibrûlaitlesdoigts.—Bonsang…Jesuisuncasdésespéré!Paslapeinedechercherd’autresclientes,tuvasfairefortune
avecmoi!—N’importequoi,etpuist’esplusunecliente,justeunecopinequiabesoind’uncoupdepieddans
le cul pour avancer !T’asun sex appealdemalade et t’es lagentillesse incarnée, faut juste réussir àoubliercetexdemalheurquit’asflinguétoutetonassurance.Cemecestunconnardetneteméritaitpas.Quandtuaurascomprisça,t’aurasplusbesoindemoi.Àl’évocationdesonex,ellesecrispelégèrement.Jenesaispasexactementcequecethommeluia
fait mais elle devait sacrément l’aimer pour être encore fragilisée aujourd’hui. Inconsciemment, mespensées se tournent vers Ben et Lola. Est-ce que, elle aussi, a été trahie de la pire des manières ?D’accord,Benetmoineformionsmêmepasunsemblantdecouple,maisjem’étaisaccrochéeplusquejenelepensais.QuantàLola,jenesaisvraimentplusquoienpenser,jenelareconnaispas.Nousquipartagionstout…Combiendechosesm’a-t-elleencorecachées?Bonsang,ellemedéçoittellement!Merde,Zoé,arrêtedepenseràeux,t’eslàpouroublierdurantquelquesheures!—Etsipourcesoirtutecontentaisdeluienvoyerunmessage?Elleselaissetombercontreledossier,soulagéeetdétendue.—Ohoui,çajepeuxlefaire!Tandis que Julia est concentrée sur son téléphone, lemien semet de nouveau à vibrer. Je devrais
l’éteindre, pourtant j’en suis incapable. Je suis autant rassurée qu’énervée de voir la photo de Bens’afficher.Quands’est-ilrenducomptequej’étaispartie?Est-cequ’ilm’attendencore?Qu’est-cequ’ilsepasseentreluietmameilleureamie?Avantquej’aieletempsdeprotester,Julias’emparedemontéléphoneetsesyeuxsemettentàbriller
devantl’écran.—C’estpaslemecdetonsite?—Si…C’estlui.Sonregardprendune teinteplussombreets’attardesur laphoto,unpeu tropàmongoût.Ouais, je
sais…Ilfaitceteffet-lààtouteslesfemmes.Moiycompris,mêmesij’aitoujoursfaitensortedenepasleluimontrer.J’aichoisiunephotodeluitelquejel’aiconnu:sanssabarbedetroisjoursetaveclescheveuxpluscourts.Jeletrouvaisbeaucoupplussexyàl’époque,maispourjenesaisquelleraison,j’aichangéd’avisdepuis.Bordel,fautquej’arriveàmelesortirdelatête!—Etcomments’appelletonpetitami?—Ils’appelleBenmais…c’estpasmoncopain.Mavoixestsoudainementgrave.Maisqu’est-cequ’ilfoutceserveur?J’ailagorgetellementserrée
quej’aidumalàdéglutir.—D’accord,mais il s’est passéquelque chosepour qu’il te harcèle depuis tout à l’heure !Et tout
porteàcroirequeçasentlamerde.Jeplisselenezdevantcetteconstatation.Ellenepouvaitpastomberplusjuste.—T’inverseraispaslesrôleslà?C’esttoncasqu’onestcenséétudier,paslemien!—Oharrête,çachangeunpeu!Etpuis,jepeuxaussiêtrelàpourtoi.Bonjesuispaslamieuxplacée
pourdonnerdesconseilsmaisjesuistrèsdouéepourécouter.Lescopinesc’estfaitpourça,non?
Elle sepenchepar-dessus la table et prendmamaindans la sienne.Elleme regardeun instant, lesjoueslégèrementrosiesparl’alcooletunsourireamicals’étirantsursonjolivisage.—Je t’aimebien,Zoé, sincèrement.Etmescopines, je lesdéfendsbecetongles,alorsçame rend
tristequandjetevoisdanscetétatpourunmec.Jeleconnaispasmaisjepeuxtedirequ’ilneteméritepas!—T’esgénial,Ju!Sesparolesontledondemeréconforter.Ellearaison,jemeprendslatêtepourunhommequin’en
vautpaslapeine.J’aidelachanced’avoirrencontrécettefille.Çatombevraimentbien,siçasetrouvec’estlaseulepersonnequ’ilmeresteici…—Ouijesais…Dommagequ’enamourjenesoispaspareille!Unsoupiràfendrel’âmes’échappedesonpetitcorpsetelleselaisseretombersurledossierdesa
chaise, un vrai sketch à elle toute seule ! Sa petitemoue boudeusem’arrache un rire.Attends que jem’occupedetoi,mabelle,etonenreparlera!Montéléphonerefaitsadansediabolique,telleunepiqûrederappel.Commesij’avaisbesoindeça!
Je souffle un grand coup et appuie longtemps sur le bouton, la belle gueule de Ben disparaissantdéfinitivement.—C’estvrai,maiss’il fautque jeparledemavie, ilvamefalloirde l’aide !C’estpasdansmes
habitudesdemelivreretjesuiscomplètementperdueavectouslesrebondissementsdemajournée.Bref,j’aibesoind’unverre,dedeuxoupeut-êtremêmedeplus!Sonrirerésonnedanslebarbondé,entraînantlemienaupassage.Cettefilleestexactementcequ’il
manquaitàmavieici!Elleselèved’unbondetjelasuisduregardjusqu’aubar,commelaplupartdesmecsprésents.Ellemarche,droitecommeunIenprenantsoind’éviterlesregardsdeshommesqui,eux,nesegênentpaspourlamatersansdiscrétion.Elleneserendpascomptedesonpotentiel,c’estdingue!Àpeinetroisminutesplustard,ellesepointeavecdeuxshots.OK,letonestdonné!Aveccequej’ai
déjàbuendébutdesoirée,jesensquejevaismalfinirmoi!
*
—Etdonc…—Etdoncquoi?Jemesuistirée,j’allaispaslesborderetleurchanteruneberceusenonplus!J’ai
hésité à faireun scandale, à leur jeterun seaud’eau…Saufquec’estpasparcequ’onaeuunebaisephénoménalequej’aiunquelconquedroitsurlui!C’esttoncoupdefilquim’asauvée,jenesaispascequej’auraisfaitsinon…—Julia,grande sauveuse…Ouais, çameplaît !Par contre,pitié, t’es restéeun longmoment àme
parlerdesafaçondetefairel’amour,quec’esttonmeilleurcoupetj’enpassealors,s’ilteplaît,n’enrajoutepassinonjevaisfinirparsaignerdesoreilles!J’aidéjàtropd’imagesdanslatêteetjen’aimepasvraimentça!—Pourtant,moi,j’aibeaucoupaimé!Tropmême…—Zoé!!!Commentpasserdelacolèreàunéclatderireensipeudetemps?Çac’estl’effetJulia.Bon,peut-
êtrequel’alcoolm’aideaussimaisbonsang,cettefilleestabsolumentgéniale.Etlepirec’estqu’ellesemble sérieuse.Les sourcils froncéset lavoixgrave, ellemedéfiedecontinuer.Elle claqueun shotdevantmoietboitlesiend’unetraiteengrimaçant.Jel’imite,laliqueurmebrûlelatrachéeetm’emporte
unpeuplusdansunétatdebien-être.Ellefaitsigneaubarmandenousresservir…Bordel,jevaisêtremalade!Ellechercheàmesaouler?
Ah non, ça c’est déjà fait. À me faire tomber dans un coma éthylique peut-être… ou à profitersexuellementdemoi…N’importequoi!Etpourquoijemeparleàmoi-même?Zoé,arrête,tudeviensgravelà…Ouais,jesais!Ellemefileuncoupdepieddansletibia,mesortantparlamêmeoccasiond’unmonologueentremoi
etmoi.Jemeretiensderirepournepasvirercomplètementfolleetlaregardemefairedessignesdetêteendirectiondubar.—Quoi?Fautquej’aillechercherlesverres?Juju,jesuismêmepassûred’êtreencorecapablede
meleverlà!—Maisnon,regardecommentlebarmantedévoredesyeux…Jetourne la têteaumomentoùcelui-cimeregarde.Unsourirecraquantfendsonvisageavantdese
concentrersurleclientdevantlui.—Jecroissurtoutqu’ilsedemandecombiendeverresd’alcoolfortdeuxfillescommenouspeuvent
ingurgiteravantdevomir.Ilapeurdedevoirpasserlaserpillièreaprèsnotrepassage!—Ça fait uneheurequ’il tebouffedesyeuxderrière sonbar et, crois-moi, c’estpas la serpillière
qu’ilaenvied’avoirenmain!Tandis qu’il contourne les tables et avance dans notre direction, je le passe rapidement en revue :
blondinettypecalifornien,plusjeunequemoiassurément,sourireravageuretsûrdelui…Ouais,plutôtmignon.—C’estlemomentdememontrertestalents,coach!Lesyeuxexorbités,jemetourneversmanouvelleamiequichuchotecesmotsjusteavantquel’appât
arrive à notre niveau.Elle veut vraiment que je luimontre, làmaintenant, comment on fait ?Avec ungrammedanschaquebrasetsûrementunevoixunpeupâteuse,jedoisluidonneruncourssurlepouce?OK,jerelèveledéfi!Jeleregardeposerleplateausurlatableetattendsunsignedesapart.Sesyeuxs’attardentquelques
secondessurmapoitrineaumomentoùildéposemonverre.Bingo!—Merci…Beaucoupdemondecesoir,hein?Monamieetmoionteregardedepuistoutàl’heureet
tunousdonneschaud…àcourirdanstouslessens.Il suspend son geste et me regarde un instant sans répondre. Oui, c’est bien un sous-entendu ! Un
sourireencoinsedessinesurseslèvreset,lesyeuxrieurs,ilhochelatête.—C’estvraiquec’estlafoliecesoirmaisjecroisquej’aieudroitàlameilleuretable!Vousfêtez
quelquechoseenparticulier?Lesavant-brasposéssur le rebordde la table, iladresseunsourireàJuliaavantdeconcentrerson
attentionsurmapersonne.Plusdedoute,ilestpourmoi.—Absolumentrien,onnoienotresolitudedansl’alcool…Jedisaisjustementàmonamiequelebar
estremplid’hommesetqu’aucunnesembleintéresséparl’unedenous.Leconstatestplutôtdur!—Ça,c’estparcequevousn’entendezpastoutcequiseditaubar!Vousêtesl’attractiondelasoirée
depuisquevousêtesentrées.Sivousvoulezmonavis,jecroisquevousleurfaitespeur!Jeprendsunairfaussementdésabuséetboisunepetitegorgéedemonbreuvage.Jem’accrocheàson
regardetdoucementmalanguevientcaresserlapulpedemalèvreavantdemordrededans.Trèscliché,mais ce geste marche à tout les coups. Ses yeux chocolat prennent une teinte un peu plus noire et il
déglutitpéniblement.—Peur?C’estencorepirequecequejepensais!—Enfaitc’étaitplutôtuncompliment!Mesclientsnesontpashabituésàvoird’aussibellesfemmes
danslecoin.Etjepenseques’ilsentendaientcepetitaccentceseraitpire!Il se penche en avant, assez près pour que je puisse sentir l’odeur de son aftershave et plante ses
prunellesdanslesmiennes.—Vousêtesbientropdangereusespoureux!—Etnotreserveur,ilalegoûtdurisque?Un groupe de jeunes à côté l’interpelle. Il se redresse, récupère son plateau et leur fait signe de
patienter un instant. Son bloc-notes enmain, il griffonne quelque chose dessus avant deme tendre lepapier.—Monnuméro…Çatombebien,jesuisplutôtdugenreàaimerledanger.Appelle-moiquandtuveux,
mabelle.Surunclind’œil,ils’éloignejusqu’àlatabled’àcôté.JemetourneversJulia,latêteposéedanssa
paume,ellen’arienloupéduspectacle.—Tumevendsdurêvelà!Iltemangeaitdanslamain,c’estàpeines’ils’estrenducomptedema
présence.Enmêmetemps,ilneloupepasgrand-chose,lepauvre…—Arrête ou je vais vraiment te lemettre ton coupde pied au cul !Bon, ça c’est le rentre-dedans
versionsoft,parcequ’onn’estpasdeschiennesnonplus!Maisça,c’estquandtuvoisquelapartieestgagnéed’avance.Lebutestdel’ameneràcroirequec’estluiquialepouvoir.Etce…Jedéplielepapierpourvoirlenomdenotrecobayedelasoiréeavantdelechiffonner.—…Jude en a été le parfait exemple.C’estmoiqui orientais la conversationmais en lui laissant
croirequec’étaitlui.Questiond’ego…Jejettelaboulettedepapiersurlatabledevantlesyeuxexorbitésdemacopine.Ellelerécupèreetle
défroisseenjurantentresesdents.—Maisqu’est-cequetufais?—T’asl’occasiondepasserdubontemps,alorsparsolidaritéavectesclientesquiespèrentunjour
arriveràcerésultat,tuvaslegardersoigneusementetlerappeler!—Quoi?Noooon!C’étaitjustepourtemontrer!Cemecnem’intéressepas,iln’estpas…lui.Lesyeuxfermés,jelaisselesimagesdeBensebousculerdansmatête.Sesgestestendressurmapeau,
sa bouche, son regard fiévreux quand il était surmoi… J’arrivemême à sentir son odeur. Bordel demerde,fauttoujoursquej’enrevienneàlui.Àtâtons,jecherchemonverreduboutdesdoigtsetlefinisd’unetraite.Labrûlureeffacesongoûtdansmaboucheet,quandj’ouvrelesyeux,jedécouvremonamie,leslèvrespincéesetleregardfuribond.—Jem’inquiètepourtoi,Zoé,tuvasvraimentluidonnerunenouvellechancedetefaireencoreplus
mal?—Biensûrquenon…C’est fini toutça.De toutefaçon, ilaobtenucequ’ilattendaitdemoi, jene
l’intéressedéjàplus.Sesépauless’affaissentetsonsourireréapparaît.Avecbeaucoupdedifficulté,elleserelèveetattrape
sonsac.Cettepetitebrunecachebiensonjeu,elleauntempéramentdefeuenfait!Enamourelleapeut-êtredumal,maisenamitiéellesaittrèsbiens’yprendre.Çafaitdubiendesentirqu’elles’inquiètepourmoi.Ellemedonnelaforcedontj’avaisbesoinpouraffronterlasuite.Jemelèveàmontouretenfilema
veste.Ohbonsang…Çatourne!—Merci,grâceàtoijevaispouvoirrentrercheznouset…— Parce que vous vivez ensemble ? J’ai dû louper un épisode ! Je croyais que vous n’étiez pas
ensemble?Jemedébatsaveclabandoulièredemonsacquirefusedepasserau-dessusdematête.Maiscomment
çasemetcemachin?—Oh,c’estune longuehistoire!Jevischez luialors techniquement,oui,onvitensemble.Maisne
t’inquiètepas,iladûlâcherl’affairedepuislongtemps.Jevaisrentreretmecoucherdirect.—Ahd’accord!Mais…Enfinjeveuxdire…Etsitacopineesttoujourslà?Monbrassefigedanslesairsetunesoudainepaniquem’envahit.JepensaisuniquementàBenmaisle
problèmeestpluscompliqué.AffronterBen,jenesaisdéjàpassij’enseraiscapable,maislesaffrontertouslesdeux…Jelaregardeuninstant,interloquée.Unfrissondefrayeurmetraverseetjemelaisseretombersurla
chaise.Merde,non,jenepeuxpas!
Chapitre18
Ben
—C’estbon,j’aidonnélefeuvertpourlacommercialisationdeslunettesinteractiveshorsterritoireàl’instant.Putain,j’enrevienspas,Davis&Covaenvahirlaplanète!Lecombinécoincéentrel’oreilleet l’épaule, j’écouteJaydendéblatérerdepuiscinqbonnesminutes
surlesactionsmisesenplacedepuiscedébutdesemainealorsquej’essaiederépondreàcefoutumailen même temps. J’en ai rien à foutre de son récap, si ça m’intéressait j’aurais assisté aux réunionsd’information!Ilestsurexcité…Jedevraisl’êtreaussi.—Tum’écoutes,Ben?—Hein?Ouais,c’estbien,monpote.Silenceàl’autreboutdufil.J’enprofitepourvérifierleschiffresquej’annonceauclient.C’estceux
del’annéedernièrebordel!J’effacenerveusementetrecommence.—Etsinonj’auraisbesoindudossierHatcher.T’enesoù?DossierHatcher:étudehyperurgentequ’illuifallaitlimitelaveillepourlelendemain.J’aibosséen
continusurceputaindedossier,faitdesheuresdemaladeet ilprendlapoussièresursonbureau?Jegrincedesdents.—Ilestsurtonbureaudepuislasemainedernière,connard!—Maisc’estquoi tonproblème?Si t’esàcran,vacourir,vabaiser…Bref,défoule-toicommetu
veux,maisilfauttecalmer!Sérieux,mec,jenetereconnaispas!Sijesuisàcran?Ilsefoutdemoilà!J’aidûréconfortersacopine,userdetouslesstratagèmespour
luifaireoubliersacrise,resterprèsd’ellependantdesheureset louperuneputaindebaise…Toutçapourquoi?DesexcusesàdeuxballesetLolaluisautantdanslesbras!Tantmieux,affairerégléepoureux,maismoidanstoutça?—Monpote,c’estàcausede toisi toutpartenvrille !Toiet ta jalousie, j’enaimaclaque!Mon
appartc’estpasuneaubergeespagnole.T’asunenanagénialeamoureusedetoi,alorsouvrelesyeuxetfoutez-moilapaix!Jeraccroche,larageauventre.Ilsmefonttouschieràêtrederrièremoncul.Jem’enfermedansmon
bureau pour être tranquille et on arrive encore à venirme les briser. Je relis brièvementmonmail etm’apprêteàl’envoyerquanduncoupàmaportemestoppedansmonélan.Sansattendremonaccord,onouvrelaporteengrand.Lola, les traits tirés,faitsonapparition.Respire,Ben, taprincesseestaussiàcran.—T’aseudesesnouvelles?Toujours et encore cette question. Depuis qu’elle s’est rendu compte que sa meilleure pote avait
disparudelacirculation,Lolaestenmodepanique.Etbordel,jesuisdanslemêmeétatdenerfs.Troisjours.Troisputainsde joursqueZoés’estbarréesansexplication,sansmedonner lapossibilitéde la
rassurersurcequenousvenionsdepartager.C’étaitunesigrosseconneriepourelle?—Non,aucune.Comment lui direque j’ai joué au conavec sa copine ?Unmot et ellem’arrache les couilles !Un
problèmeàlafois.Pourl’instantleplusimportantestderetrouverlafugueuse,etsonsilenceradioestcarrément en train de me rendre malade. Je ne sais rien de ses activités, de ce qu’elle fait de sesjournées… Je ne connais pas grand-chose de sa vie finalement. Zoé n’est pas quelqu’un qui se livrefacilement, en tout cas pas àmoi !Elle s’est saoulée il n’y a pas longtemps avec une cliente, qui estdevenuesonamie,maisjenem’ysuispasintéressé.Résultat,onn’aaucunepiste!Lolas’affalesurlefauteuilenfacedemoiensefrottantlevisage.Letéléphonescotchéàlamainen
permanence et une tonnedequestions sans réponses.Çame faitmal d’être aussi impuissant face à satristesse.—J’avouequejenesuispastoujoursassezprésentepourZoémaisellemeconnaît,ellesaitqueje
feraisn’importequoipourelle…Bonsang,pourquoiellenemerépondpas?Non,ilyaforcémentuneraisonmaisj’arrivepasàmettreledoigtdessus.Elleenpinçaitpourunhommeladernièrefoismaisellenem’enapasreparlé.Bordel,jesuislapiredescopines!—Tuparlesdumecavecquiellecourt?Gardetonairdétaché…Nemontrepasquet’asenviedetoutdémonter…Respire,Ben!—Non,elleafaitallusionàuntype,uneespècedesalauddans…Sonregardrencontrebrusquementlemiencommesiellemevoyaitpourlapremièrefois.Àl’intérieur
c’estunvéritablecataclysme.Jesuissuspenduàseslèvrescommeunclébardentraindes’étranglerauboutdesalaisse.Elleveutdirequoi?C’estquicemec?—…tongenre!Silencetotal.Bordel, jevaisenprendrepourmongrade.LeregardnoirdeLolanedéviepasdesa
trajectoire,pasunbattementdecil,rien.Jelesoutiens,nelaissepastransparaîtrelestressquimonteenmoi.Sesépaulessedétendentetellefinitpars’affalersurledossierdufauteuilensoufflant.—Excuse-moi, je suis sur les nerfs ! J’avais imaginé que…C’est ridicule je saismais…Vous ne
pouvezpasvoussaqueralors…Bref,j’aicrucomprendrequ’elleaimaitbienunhomme,maisqu’ilétaitplutôtdugenre joueuralors jesaispas…C’estpeut-êtreàcausede lui,peut-êtrequ’elleafiniparsefaireavoiretelleavaitbesoindesechangerlesidées…Bonsang,jesuiscomplètementpaumée,çaneluiressemblepastoutça!AlorsZoém’aimebien?Àmoinsqued’autresluiaientproposéunjeumalsain,toutporteàcroireque
c’estdemoidontellesontparlé.Jeréprimelesourirequimenacedefranchirmeslèvresetmecontentedehocherlatêtecommeunpantin.Bordel,elleenpincepourmoi!Jenesaispasquoienpensermaisjedoisavouerquecettenouvellemeplaît.Beaucoup…Beaucouptrop.Çanem’avaitpasfaitçadepuis…DepuisBlue.Terrainminé,nevapasparlàBen!Soudain,letéléphonedeLolasonneetellesursauteaupointdelelâcher.Sejetantlimiteausol,elle
réponddanslaprécipitation.—Allô?…Salut,monchéri.Son regardvissé sur lemienperdde son intensité enune fractionde seconde.Soupir.Cen’estpas
encorepourcettefois…—Non,biensûrquenon…Tunemedérangesjamais,Evan.Attends,jevaisrejoindretononcleJay,il
vaêtrecontentdelesavoir.
Loladécampedemonbureau.Jecomprendsmieuxpourquoisacopinearéagicommeçamaintenant.Zoéestunesanguine,elledémarreauquartdetour.Avecelletoutestnoiroublanc,iln’yapasdejustemilieu.Sielleavraimentdessentimentspourmoi,commeLolal’alaisséentendre,alorselleaprismondépartcommeunrejet.Etcommeledernierdesabrutis,jemesuisendormiaulieud’allerlarejoindre.Mabarbecrissesouslefrottementnerveuxdemesongles.Marredecettefurieetdesontempérament
dechien!Jereportemonattentionsurmonécranetaumomentdevalidermonmail,jemerendscomptequeje
mesuis trompédedestinataire.Ras-le-bol, j’enaimaclaque.Jeréparemonerreur,balance lemailetéteinsmonécrandanslafoulée.Ilestàpeine14heures,etjen’arriveraiàrienaujourd’huiencore.Detoutefaçon,çafaittroisjoursquejenefaisquedelamerde.
*
UneheureàtournerdanslesruesdeL.A.enmotoaveclesnerfsàvif.Cettevillegrouilledemilliersd’habitants,etjesuisassezconpourimaginertombersurelleaucoind’unerue.Jenesaismêmepasoùchercher,parquoicommencer,maisjenesaispasquoifaired’autre.Siellerevientvivante,jejuredelatuerdemespropresmains!Quandj’arriveàl’appart,unsilencedemortm’accueille.Machinalementjevaisjusqu’àsachambre
oùrienn’abougé.Bordel,maisoùes-tu,Zoé?Encoreunevibrationdansmapoche.—Putain,lâche-moi,Lola,t’aurasdesnouvellesavantmoi!JegrogneenfaisantdéfilerlestroismessagesqueLolam’aenvoyésdepuisquej’aiquittélebureau.Je
prendssurmoipournepaslesenvoyerchier,elleetsonharcèlement,etmecontentedetaperlesmêmesmotsqueceuxque je lui ai répétés toute la journée :«Pasdenouvelles.»Lecul sur lecanapéet latélécommande dans la main, je fais défiler les chaînes sans réussir à me fixer. Sport, musique, film,politique…Esquissedesourire.C’estpaspossible,jesuismaudit!Pfff,jepréfèreencoreregarderunsoapoperaplutôtquedemetaperdemonpleingréleursériedebuveursdesang.Jelèvelebraspourzappermaisjesuspendsmongesteauclaquementdelaported’entrée.Mesmusclessecontractent,matensionmonted’uncran.Avantmêmedelavoir,jesaisquec’estelle.Jelesens.Jemelèveetquandmesyeuxseposentsurelle,unmélangedesentimentssebousculent:colère,soulagement,énervement…J’aiautantenviedelagiflerquedelabaiser.Stoppéenetdansl’entrée,ellesemblesurprisedemetrouverici.Ehoui,fautcroirequej’aieulenezfinsurcecoup-là!Lespoingsserrés,levisagecrispé,jelafixedurement.Elle estmorte !Aupremier pas que j’esquisse dans sa direction,Zoé sort de sa stupeur etdéguerpit dans sa chambre. Oh non, n’espère même pas t’en tirer aussi facilement ! Je la rejoins enquelquesenjambéesetpousseviolemmentlaporteavantqu’ellen’aitlapossibilitédelafermeràclé.Leclaquementsourdduboiscontrelacommodelafaitsursauter,luiarrachantuncridesurprise.—Tupeuxavoirpeur,jesuisd’unehumeurexécrable!T’étaisoù,putain?Ellerestesilencieuse,etj’enrage.Ledostourné,jelavoisjustesecouerdoucementlatête.Enclair:
jelafaischier!Safaçondem’ignorermerenvoiequelquessemainesenarrière,lorsqu’onsebattait,sepoussaitàboutdetouteslesmanièrespossibles.Unebouledefeugonfleetm’arrachetoutelatrachéeàmesurequ’elle remonte,provoquantungrognement sourd.Sonmajeurse lèveet jegrogneencoreplusfort,larageauborddeslèvres.—Zoé,merde,jeteparle!Autondemavoix,soncorpspivotebrusquementetunpetitrirecaustiques’échappedeseslèvres.Les
brascroisés,ellemedéfieduregard.—Alorsc’estcommeçaqueçasepasse:Monsieurparleetilfaudraitquej’écoute?Maisfous-moi
lapaix,Ben,j’aiaucuncompteàterendre!—Tuvischezmoialorssi,tumedoisdesexplications.Tutebarressansunmot,tucoupestontél…
Nonmaisqu’est-cequit’estpasséparlatête?—Commesiçaavaitréellementput’inquiéter!Nonmaisarrêtetonnuméro!—Monnuméro?Nonmaist’essérieuse?Çafaittroisjoursquetufaislamorte,bordel!!!Lagorgemebrûletellementjecriemais,bonsang,jen’arrivepasàmecontrôlerfaceàelle.Àlahâte,
ellefourredesfringuesdansunsac.—Tufaisquoi,là?Aucuneréponse.Ellem’ignorecomplètementetcontinuedebourrersonsacnerveusement.Ellen’est
pasrevenue.Ellecomptaitpasserencoupdeventpendantmonabsencepourprendrelenécessaireetserebarrercommeunefourbe.Cetteévidencemefaitpartirenvrille.Monpoings’abatviolemmentcontrelaportequicogneànouveaulacommode.—Maist’esqu’uneputaind’égoïste,enfait!Biensûrquej’étaisinquietetjeteparlemêmepasde
Lola!Ellelancecequ’elleadanslesmainssurlelitetsetournebrusquementversmoi,leregardpolaire.
Sesyeuxd’habitudesiclairs,limitetranslucides,meflinguentsurplace.—Maisoui,parlons-enjustementdeLola!Depuiscombiendetempstuprendstonmeilleuramipour
uncon?Jenecomprendspas;sacolèremepercutedepleinfouet.Abasourdi,j’aiunmouvementderecul.—Faispasl’innocentetvas-y…parle-moideLola!Raconte-moicequisepasseentrevous!—Maisqu’est-cequetumefais?Commentça,entreLolaetmoi?CequisepasseentreLolaetmoi…Onenestlàalors?Unsoupiretjemelaissetombersursonlit.
Marre de cette question, de toujours devoir me justifier… Fatigué par mon manque de sommeil àm’inquiéter justepourunecrisede jalousie à la con.Faceàmon silence,Zoé fourre toujoursplusdefringuesdanssonsac.—T’embêtepasàt’expliquer,tonsilencevauttouslesmots.Jevousaivustouslesdeuxenlacés,vous
medégoûtez.EtLola…Jenelareconnaispas.Ellen’auraitjamaisdûvenirici,c’étaitunegraveerreur.Elleestàdixmillelieuxdelavérité.Malgrétoutcequ’ilapudire,Jaydenaconfianceenmoi.C’està
causedesoncôtémachoetpossessifqu’ilaeudumalàdigérermarelationavecsanana.Jen’aijamaiseubesoindemelancerdansdegrandesexplications,ilmeconnaîtassezbienpourlireentreleslignes.Mais Zoé semble blessée. Je la connais assez pour savoir qu’elle ne se contentera pas de la versioncourte.Jeneluidoisabsolumentrienmaissijenemelivrepasunminimum,ellepartira.Lesavant-brasposéssurlescuisses,jeprendssurmoietmeconfiepourlapremièrefois.—Tacopineestlameilleurechosequimesoitarrivéedepuistroplongtemps…—Ohnonpitié!Tesexplicationsbateautupeuxtelesgarder!Bordel, mais pourquoi il a fallu que jem’attache à une chieuse pareille ? Jeme lève rapidement,
attrapesonsacd’unemainetlejetteàtraverslapiècepourattirersonattention.Gagné.Ellemefusilleduregardmais,aumoins,ellesetait.—Tuveuxdesréponsesalorsjevaist’endonner.Maistulabouclesettumelaissesparler.T’écoutes,
t’enpensescequetuveux,maisaprèslesujetestclos.D’accord?
Je n’aime pas particulièrement parler de çamais s’il faut en passer par là pour calmer Zoé, pourqu’ellereste,alorsjedoislefaire.Impassible,ellehochelatêteets’appuiesurlacommode,sonregardbraquésurmoi,attendantquejemelance.—Tum’assortiplusieursfoisquejen’aijamaismanquéderien,quejesuisnéavecunecuillèreen
argentdans labouche,mais tune saispas cequeça représente auquotidien. J’aipas eu ledroit à lapanoplie de la mère aimante et attentive et encore moins à celle d’un père disponible, juste à deuxconnardsquinepensaientqu’àeux.Toutcequilesintéressaitc’étaitquejerentrebiendansleurmoulepournepasentacherleurréputationetleurpetitevie.Maisl’enversdudécorn’avaitrienàvoiraveccequis’étalaitdanslesmagazines.J’aigrandiavecdesinconnus,desfantômes.Àcausedemonéducation,j’aiapprisàcachermesfaiblesses,ànepasm’encombrerdepersonnesquinet’apportentrien,àrefoulermessentiments.Zoé lève les yeux au ciel et souffle d’exaspération. Ma patience a des limites, repasser par ces
conneriesnem’amusepas.Ellecroitquec’estfacilepourmoi?—Putain,arrêtetoncirque,j’yarrive!D’unsignedelamainaccompagnéd’unsourirenarquois,ellemefaitsignedecontinuer.Jesuisàdeux
doigtsdechangerd’avisetdelâcherl’affaire.Jelafoudroieduregard,encoreuneréflexionetc’estmoiquil’aideàfairesavalise!Mamenacesilencieuseémise,jepoursuismonmonologuerasoir.—Àdix-septans,j’étaisàleurimage:unconnardarrogantetdestructeur.Bref,j’envoulaisàlaterre
entière.Saufquejesuistombésurpirequemoi:Jay.Ilvenaitdeperdresonpèreetpassaitsontempsàsebattre,uneaubainepourunpetitmerdeuxdansmongenre.J’avaisqu’uneseuleenvie,ledémolirouqu’ilmedémolisse.Ons’estbattuunnombreincalculabledefois,avecousansraison,jusqu’aujouroùilestvenumetirerd’unsaleplan.Bizarrementàpartirdecemoment-làonnes’estplusquittés.Andrew,son frère,m’a pris sous son aile et, putain… ça faisait du bien d’avoir une vraie famille ! Puis j’airencontréBlue…Elleetmoi,c’était…Bref,elleacontinuédefissurermacarapaceetjecommençaisàêtrebien,àêtreenfinmoi-même.Maismonpèreasentiqu’ilavaitmoinsd’emprisesurmoietafiniparfoutresonnezdansmavie…Perdudansmes souvenirs, jemetspeuàpeudesmots sur tout ceque je ressens, toutes ces choses
refouléessur lesquelles jenem’attarde jamais.Jusqu’àocculter laprésencedeZoé,sonregardplantédanslemien,avidedetouscesdétailsquejepréfèremaintenanttaire.—Bref,jemesuisprisunegrosseclaquedanslatronche.J’aiperduBlue,tiréuntraitsurmafamille
etjesuisrepartidansmestravers.Maconfiance,jenel’accordaisplusqu’àJay,leseulrescapédemonpassé.Dans lavie, j’aiapprisunechose : si tubaisses lagarde, tu te faisbouffer.SaufqueLolam’adémontrélecontraire.Elleadébarquédujouraulendemainavecsadouceuretsanaïveté.Legenredenanaquinecadreabsolumentpasavecdesgarscommenous!Jayluiafaitlamisèreetsansréfléchirj’aipréférémemettremonpoteàdospourlaprotéger.Jelapensaistropfragilepourtomberamoureused’untypecassécommelui…Etfinalementjemesuisroyalementplanté!Ilyacetrucchezellequifaitquetut’attachesvite.Tucroislacouver,ladéfendreetenfaitc’esttoutl’inverse.C’estellequitefaitdubien,qui t’aideà te reconstruire.Doncouais, je l’aime…J’aibesoind’elleautantqu’elleabesoindemoi,maispascommetulecrois.Lola,c’estmonangegardien,cellequiaréussiàfaireexplosermesderniersremparts.Ses doigts glissent dansmes cheveux,mais j’arrête son geste et garde sesmains dans lesmiennes.
L’éclat troublantdesesprunellesmerassure, jen’ydécèleaucunepitié, justedelacompréhension.Laréactiond’unepersonnequiacertainementvécudeschosessimilaires.Plus j’exploreson regard,plustoutmesembleévident.
—Ben,jecroisquel’onabeaucoupplusdepointscommunsqu’onauraitpulepenser.Ilsembleraitqu’onaitlemêmeange,touslesdeux,mais…Pourtoi,jeveuxbienlapartager.Sonlégersouriremepousseàvouloircreusercelienquinousunitetnouséchappeenmêmetemps.—Etselontoi,c’esttoutcequenouspartageons?—Nous?—Oui,tuastrèsbiencompris:qu’est-cequejesuispourtoi?Ma question la prend au dépourvu. Elle ouvre plusieurs fois la bouche mais aucun son n’en sort.
Merde,c’estbienunepremière…Pourunefoisquej’attendsvraimentuneréponse!Mesmainsremontentsursesbras,sesépaulesetserefermentsursanuque.Esquissedesourire.La
voiraussiperdue,troubléefaceàmoiaquelquechosedegrisant.Apparemmentjeluifaisdel’effet,maisva-t-elle finir par l’avouer ?Changement de tactique de sa part : un haussement d’épaules, un regardmutinetj’aienfacedemoiuneautrefacettedudiamantZoé.—Tucherchesàmeséduire,là?Sa voix n’est pas aussi assurée qu’elle le voudrait, elle doute. Putain, j’en aimarre desmontagnes
russes, du chaud froid. Je la désire à un point qu’elle n’imaginemême pas ! Cette nana je la veux !Commentrésisteretluifairepayersondépartalorsquelafaçondontellemeregardesuffitàmerendredingue?Jeresserremaprisepour la forceràserapprocherdemoi.Sesyeuxfiévreuxfontdesva-et-vient entre lesmiens etmabouche. Jeme rapprocheunpeuplus,monnez frôlant le sien, son soufflemaintenanthaché sebrisant surmes lèvres.Si ellemeveutvraiment, elledoitme lemontrer. Jeveuxqu’ellefasseledernierpasquinoussépare,qu’elleviennem’embrasser.Desdoigtsfraisglissentsousmontee-shirt,remontentsurmesabdos,déclenchantdesfourmillements
maisc’estleregardhypnotiquequ’ellem’adressequimeprendauxtripes.Desyeuxbrillantsd’undésirqu’elletentedecanaliseralorsquejevoudraisqu’ellelâcheprise.Cettesituationmerendaussimaladequetoimaisencoreuneffort,Zoé,prouve-moiquecequeLolam’aditcematinestvrai.Millimètreaprèsmillimètre,ellecomblecettefichuedistanceentrenous.Seshanchessecollentàmon
bassin,sesbrasencerclentmonbusteetseslèvresseposentenfinsurlesmiennes…Maisnebougentpas.Monsourirenarguesafrustration,sonbesoinquejecède.Maissitumeveux,embrasse-moiVRAIMENT!—T’attendsquoidemoi,Ben?À son tour de sourire pour se donner de la contenance. Colère, confession, désir et maintenant
amusement…J’enrigoleraiss’iln’yavaitpascette tensionsexuellequimevrille lecerveau.Quelquechoseachangéouestsurlepointdeseproduire.Jenesaisabsolumentpascequivaenémergermaisjen’aiqu’uneenvie:yêtredéjà.Montéléphonevibredansmapoche,sonnedanslevide,passetotalementinaperçu.Bordel,Zoé…Je
te laisse le contrôle alors arrête de réfléchir et embrasse-moi ! Mes doigts explorent ses cheveux,caressent les courbesde ses flancs, s’arriment à seshancheset s’incrustentdans la chair tendrede sapeau,lamarquent.Réagis,arrêtedejoueravecmesnerfs,defrôlermeslèvres:prends-les,putain!Encoremonportable.Jesuisàlalimitedelefracassercontrelemur.Sesonglesrougissentmondos,
la pointe de sa langue humidifie sa bouche, et lamienne au passage, etmon désir de la savourer esttellementobsédantquejesuisàdeuxdoigtsdecraquer.Dépêche-toi,Zoé,oujereprendslesrênes!Troisième relance. Si c’est Lola qui cherche encore à s’immiscer entre nous, elle rêve !Mais Zoé
s’écartelégèrement,unsourireencoin.—J’auraisdû répondreà tes appels au lieud’éteindremon téléphone.Si lapersonne insiste autant
c’estqueçadoitêtreurgent,tudevraisrépondre…Commentose-t-ellemedireçatoutencontinuantàdévorermaboucheduregard?J’enaiabsolument
rienàfoutredesautreslà.Mais,àsamanière,ellemefaitcomprendrequ’elleaeutortdefuiralorspourcettefoisjecapitule.Soupir.Encoreuneinterruptiondecegenreetjenerépondsplusderien:jeprendset jeme sers jusqu’à l’overdose.Comme si elle avait comprismon intention, samain glisse dansmapoche, caresse sciemment mon érection et en extirpe l’objet du crime. Son doigt glisse sur l’écran,décroche sansmême vérifier l’interlocuteur etme le tend avec un sourire faussement innocent. Petitegarce…Lola,tutombesvraimentmal…Saufqueladoucevoixquirésonneàmonoreillen’estpascelledema
princesse.Commejem’endoutais,ceputaind’appelmetfinànotrerapprochement.
Chapitre19
Zoé
«Oui,mabelle.»…«Tusaisbienquejenepeuxrienterefuser.»…«Bougepas,jeviensm’occuperdetoi.»…Nonmaisquelsalaud,cemec,commentj’aipumefaireavoirunenouvellefois?!Jehurleet tape frénétiquementdespieds,cherchantàsortir toutecette ragequimanquedemefaire
imploser.Lepirec’estquejesavaisquec’étaitunemauvaiseidée!J’auraisdûm’acheterdenouvellesaffairesoucontinuerdepiquercellesdeJuliaplutôtquederevenirici.Bordel,jevaisdevoirsquatterchezJujuencorecombiendetemps?Encorecombiendejournéesàletraiterdetouslesnomsavantqu’ilnesortedematête?Ilselivreàmoi,seconfiepourlapremièrefoissurunepartiedesonpassé,mefaisantmesentirassez
prochede lui, et la seconded’aprèsc’est ladouche froide !Tropaccaparéepar les sensationsdesesmainssurmoi,desabouchechaudeetdesonregardbrillant, jen’aipassudéceler lemomentoù ilarangé lacartede la sincérité.Maismerde,qu’est-cequinevapaschezmoi?Etpuiscettequestion :Qu’est-cequ’ilestpourmoi?Direquej’aifailliyrépondre!Etc’estLola,lanaïvedansl’histoire?—T’estropconne,mapauvreZoé!Jenesaispasquiétaitcettefilleautéléphoneavecunbesoinsiurgentqueçanepouvaitpasattendre,
maisjepeuxlaremercier.Etdirequ’ilaeuleculotdemedemanderdenepasbougerd’ici,qu’ilfaisaitauplusvite!Maisquel…—Connard!Jesorsmontéléphoneetl’allumepourlapremièrefoisdepuistroisjours.Objectifs:prévenirJuliade
monretardetdéguerpird’iciavantqueBennerevienne!Bonsang,c’estquoiçaencore?Monportableesten traindepéterunplomb! Ilclignote,sonneetvibredans tous lessens.Je regarde, incrédule, lenombre demessages vocaux et de textos qui n’en finit pas d’augmenter. Principalement deBen,maisaussibeaucoupdeLolaquej’aibêtementglissédanslemêmepanieret…lesclientesquej’aizappéespar lamêmeoccasion.Etmerde !Toutçaàcausedecetenfoirédepremière ! J’efface lessienssansmêmeenouvrirun, tapoteun rapidemessageàmacopinequidoit s’inquiéteret récupèremonsacdevoyage.Ilcroitsincèrementquejevaispatientersagementpendantqu’ils’envoieenl’airavecjenesaisquelle
greluche?Jevauxmieuxqueça,Ben,dommagequetunet’ensoispasencorerenducompte!Avectoic’estunpasenavant,deuxenarrière…Maislàc’estbon,j’aieumadose!Jenevaispastelaissermemanipulerselontesenvies.Aussibeauquecon,jel’aitoujoursdit!Macolèreannihiletouteslesémotionsqu’ilavaitréussiàréanimerenquelquesminutes.Mesfringues
s’entassent,mes effets personnels sont rassemblés,mon ordi est posé à coté.Ça va lui faire un drôled’effetàmonchercolocatairequandilvas’apercevoirquejenecomptepasrevenir.IlsedébrouillerapourtoutexpliqueràLolacar,moi,jemetire!Lesacsurledos,prêteàquitterl’appartetsonpropriétaire,j’observeavectoutdemêmeunepointe
dedouleur,deregretmachambreet lessouvenirsquiysont rattachésavantde tourner les talons.Unepagesetourne…Jesursautequandmontéléphonesemetàsonneraumomentoùjelerécupèresurlacommode.J’hésite
un instant avantdedécrochermaismon soudaindésir devengeance alimentema réflexion.Un souriresadiquesedessinesurmonvisageàmesurequ’une idéegerme.OK, jevaispartir,maispar lagrandeporte!
*
Ilest17heures tapantesquandl’interphonesonne.Pileà l’heure!Jeregardeunedernièrefoismonrefletavantd’allerouvrir :courterobenoiremoulantmoncorpsà laperfection,décolletéscandaleux,talonsaiguillesprovocants.Parfait!Jepatienteencorequelquesminutesavantquel’ontoqueàlaporte.Allez,c’estparti!Phase1delavengeanceversionZoé,enclenchée!—Salut!—Salut,tues…magnifique!JemedécalepourinviterOwenàentrermaisilrestesurlepasdelaporte,lesyeuxécarquillés,àme
détaillerdelatêteauxpieds.Merde,j’enaipeut-êtrefaitunpeutrop!Ungrandsouriresedessinesurseslèvreset,avantquejeneréagisse,ildéposeunlégerbaisersurlesmiennes.Sonétonnementdemevoir aussi peu vêtue laisse rapidement place à la stupéfaction lorsqu’il découvre les lieux, sifflantd’admiration.—Belappart,disdonc!—Oui,maisjesuissurlepointdedéménager.—Quoi?Pourquoi,ilestgénial!—Jesaismais…Ilestenvahiparlavermine.Uneespècetrèscoriace!—Oh…Jemeretiensderirequandjelevoisscruternerveusementautourdelui.Unmectoutenmusclesquia
peur d’une petite bête ! Bon, là en l’occurrence il a raison de s’inquiéter car je compte le jeterdélibérémentdanslagueuled’unloup…Owenréduitladistancequinoussépareetjemeretiensdenepasreculer.Sesmainsseposentsurmes
hanches,exercentunelégèrepressiontandisqu’ilessaiedecaptermonregard.D’unseulcoup,jenesuisplustrèssûredevouloirallerjusqu’auboutdemonplan.Jemesersdeluialorsquec’estquelqu’undebien…BonOK,jen’aipasassezd’empathiepourn’avoirquecetteexcuse.J’avouequejenesupportepasqu’ilmetouchedenouveau,qu’iltentedeposersesmainsàcertainsendroitsquil’ontàprésentenhorreur,qu’ilsalisselessouvenirsquemapeaugardedeBen…Bonsang,pourquoij’enreviensencoreàlui?C’estpourcetteraisonquejedoiscontinuer.Aprèscettesoirée,jeseraidébarrasséedecesdeuxhommes.—Jenetevoisplusausquareettunerépondspasàmesappels…Le souffle chaud d’Owen près de mon oreille m’arrache à mes états d’âme. Sa mâchoire frôle la
mienneetjedétournelégèrementlatêteavantqu’ilneréitèreunnouveaubaiser.—J’aipaseubeaucoupdetempsàmoicesdernierstemps.—Jediraiplutôtquetuprenaissoindem’éviter!Bingo,Sherlock,eneffetjenecomptaispasterevoirdesitôt!Jeplongemonregarddanslesienetlui
répondssansciller.—Ehbien,tupensaismal.Lapreuve…Tuesici,non?D’unhaussementd’épaules,ilclôtlaconversationmaisnemerelâchepaspourautant.Onvayvenir,
Owen…Maisquandmoi je l’auraidécidé!Jemedégagedesonemprised’unairdétaché,unsourirefacticeauxlèvres.—Tuveuxboirequelquechose?—Nonmerci,j’aiplusfaimquesoifàvraidire…Jedoisyvoiruneconnotationsexuelle?Jenerelèvepasetmedétournedeluipourmeservirunverre
d’eau.Jejetteunrapidecoupd’œilpar-dessusmonépauleet…Ouais,vuleregardqu’ilmelance,iln’ya pas l’ombre d’un doute ! Le liquide passe difficilement tantma gorge est serrée.Mais dans quellemerdejesuisencoreentraindemefourrer?Allez,Zoé,t’ascommencé,maintenanttuvasjusqu’aubout.Cen’estpassympapourOwen,ilferapartiedesdommagescollatéraux,maisBenabesoind’unebonneleçon.Lesimple faitd’imaginersa réaction,sonhumiliationdebeaumâle joueur faceàsonéchecmeredonneconfiance.Moiaussijesaisbluffer!JeposemonverreetmetournedenouveauversOwen,unsourireaiguisésurlevisage.—Ildoitbienêtrel’heuredemangerquelquepart…Viens!Phase2,enpréparation:dégoûtermonfuturex-colocdes’amuseravecmoiunebonnefoispourtoutes.Lamainque je tendsàOwen trouvevitepreneuseet ilmesuit sanshésitation jusqu’àmachambre.
D’unmouvementd’épaule,ilclaquelaportederrièrenousavantdemeprendredanssesbras.Sontorsecolléàmondos,ilembrasselabasedemanuque,déclenchantunfrissondésagréabletoutlelongdemacolonnevertébrale.—Tapeauesttellementdouce…Était douce !Non seulement ta toilette de chatm’irrite,mais en plus elle vient d’enlever toutmon
parfum!Respire,Zoé…Sesdoigtstracentdepetitscercles,caressentmesflancs,remontentdangereusementversmapoitrineet
instinctivement, jeposemesmainssur lessiennespourstopper leurprogression.Jenepeuxpas, jenepeuxpas !Laported’entréeclaqueet lebruitd’un trousseaudeclésque l’on jettesur la tablese faitentendre.Bordel,ilestrevenu…Biensûrqueoui,jepeux!Concentréàmelaver lecou,Owennefaitaucuncasdubruitdanslapièced’àcôtéetcontinueson
léchageintempestif.Àcontrecœur,j’inclinelatêtepourluidonnerplusd’accèsàmapeauetenlacenosdoigts,ondulantdubassinpourleforceràpasseràlavitessesupérieure,maisilsembledécidéàprendresontemps.OK,jeprendsleschosesenmains!J’avancedoucementjusqu’aulitavecmalimace,poseungenou sur lematelas etme cambre jusqu’à sentir son érection contremes fesses.Un grognement et ilraffermitsaprise,m’écrasantpresquelesdoigts.Bon,maintenantçasuffit!—Viens…Allonge-toi,àmontourdem’occuperdetoi…Meschuchotementssontvoilésd’excitationmaispaspourlesraisonsquemonpauvreappâts’imagine.
Owens’installe,ledoscontrelatêtedelit,lesyeuxbrillantsdedésiretunsouriredevainqueur.Attends,mon beau, la partie est loin d’être gagnée ! Je grimpe àmon tour, relevant légèrementma robe pourpouvoirlechevaucher.Voilàquemaintenantsonérectionpoussecontremonintimitéetquelespaumesdesesmains courent sur le renflement dema poitrine. Il se relève brusquement etm’embrasse à pleinebouche. Sa langue s’insinue entremes lèvres, caresse lamienne…La bilememonte à la gorge. Lespoingsserrésdanssescheveux,jefermelesyeuxetl’imagedeBenm’aideànepasmebarrerencourant.Attentionauretourdemanivellequivaterevenirenpleinetronche!
Qu’est-cequ’il foutd’ailleurs ?S’il faut l’aider àvenir jusqu’ici, il suffit dedemander ! Jegémis,respirefort,ondulesurunOwenunpeutroppassifàmongoût.Jecomptebiendonnerdutorrideànotrefutur invité. J’attrape les pans de sa chemise et les écarte d’un geste ferme, faisant voler les boutonsautourdenous.—Bonsang,Zoé…Tumetues!Latorturedelalangue,leretour!Latêtedansmapoitrine,Owenlèche,aspiremapeautandisqueje
montedequelquesoctaves.Laboucle de sa ceinture saute et sa braguette glisse rapidement sousmesdoigts pressés, provoquant une série de grognements de sa part. Je tends l’oreille mais discerneuniquementcebruitrépugnantdesuccion.Soudainj’entendslaportedufrigoclaqueret…Lesond’unecanettequel’ondécapsule?Bordel,maisbouge-toi,Ben!Jenecomptepaspasseràlacasserole,justetelefairecroire!Lalangued’Owentracelescontoursdemondécolletéetjerespiredifficilement.Ilestvraimenttrès
beau,cen’estpasunmauvaisgarsetcen’estpasnonpluslepirecoupdumonde,j’aitoujourstendanceàexagérer,maissoncontactmerépugnedeplusenplus.Jesature,cemanègedoits’arrêteretmaintenant!Phase3:enclencherlemodefurie.Mesmainss’agrippentaulit,lesphalangesblanchiestellementjeserrefort,etjecommenceàm’agiter
violemment,lebarreautapantcontrelemur.Lesprofondssoupirsquejepousseetlebruitmétalliquedulitquicognefontreleverlatêted’Owenquinesaitabsolumentpascommentréagirfaceàmonagitation.Les yeux exorbités, la bouche qui s’ouvre et se referme sans prononcer le moindre mot, il doit sedemander ce qui se passe. Malheureusement pour lui, je n’en ai pas encore fini. Rassure-toi, tu vasrapidement comprendre ! Je dois faire peur à voir, comme possédée, et le bruit des pas qui serapprochentm’empêchederassurerOwen.Enmodeamazone,jecontinuedelechevaucheretgémisdeplusenplusfort,aupointdedéclencherunéchodanslachambre.Sesmainssontrelevéescommesijepointaisunearmedanssadirection,etjecroisquejesuisentraindeluifairelaplusgrandepeurdesavie.Quandlaportes’ouvreenfin, je trembled’appréhension, lepalpitantauborddeslèvres.Lecorpssituésouslemienseraiditetjen’aipasletempsd’esquisserlemoindremouvementqu’unbrasentouremonbuste,mesoulèvebrutalementpourm’envoyervalsersurlematelas.—Putaindemerde,làtuvastroploin,jevaistetuer,Zoé!Heureuse que toute cette mascarade prenne fin, je ne trouve aucune réplique acerbemais un large
sourire fendmonvisage.La fureur dans le regard deBen efface le triomphedumien et une déchargeglacialeme traverse l’épinedorsale.Lesmuscles tendus à l’extrême, lespoings serrés et lamâchoirecontractée,Benestauborddel’explosion.Lesoufflecourt,ilrestebraquésurmoijusqu’àcequ’Owenattiresonattentionendescendantpromptementdulit.—Bordel,t’esquitoi?Benaboieplusqu’ilneparleetOwenhésiteàrépondre.Monjoggeurabeauêtremusclé,iln’enmène
paslarge.Fautdirequ’ilestcomplètementdéboussoléparleretournementdesituationetilyadequoi.J’aiassezabusédelui,jedoisluivenirenaide.Jedescendsàmontourdulit,mepositionnedevantluipour leprotéger touten tirantunpeusurmaroberetroussée.Cegesten’échappepasàBenquisuit lemouvementdemesmains.Si jenegardaispasunedistancede sécurité, jepourraisvoir des flammesjaillirdesesiris.Sonregardmebrûlepartoutoùilsepose.Mesjambesdénudées,mespiedschaussésdetalonsaiguillessurlesquelsjepeineàresterenéquilibre,mesfinesbretellesquiontglissésurmesépaules.Jelesremonterapidementetmesenssoudainhonteuse.Bonsang,maispourquoij’aifaitça?Unefoisdeplus,jen’aipasréfléchietmavengeanceseretournecontremoi.Ledégoûtquejepeuxlirechezluiestexactementlaréactionquej’attendais.Pourtantmaintenantquej’ysuis,jenelesupportepas.
Unebouleseformedansmagorge.Sij’étaisencorecapabledepleurer,jeseraisdéjàentraindelefaire.—Enfaitjeveuxpassavoirquitues.Juste…Casse-toidechezmoi.Maintenant.J’adresse à Owen un regard confus mais celui-ci me dévisage, comme s’il prenait pleinement
consciencedelasituation.—Tuvisici…Avectonmec?J’ycroispas!Maist’esqu’uneputainde…Avantmêmequesoninsulte,méritéed’ailleurs,nesortedesabouche,Benl’empoigneparlachemise
etlevireviolemmenthorsdelachambre.—Unmotdeplussurelle,etjetejurequejenemeretiensplus!Casse-toi!!!JesursauteaucrilourddemenacedeBen.Maintenantdosàmoi,ilfaitfrontàmonpauvreappât.Je
n’avaispaspenséàlatournurequeprendraientlesévénements,jevoulaisjustequ’ilmesurprennedanslesbrasd’unautre.Encoreuneerreur!Lamainsursonpantalondébraillé,Owennousfixeàtourderôlesurlepasdelaporte.Jenesaispas
quelletêtejedoisavoirmaisjenesaisplusquoifaireniquoidire.Toutçamedépasse,jeveuxjustemebarreretoublier…—Maisc’estavecplaisirquejemetiredecettemaisondefous!UndernierregardpourmoietOwentournelestalons.Enmoinsdecinqminutes,j’airéussiàattirerle
mépris de deux hommes. T’as fait fort sur ce coup-là, Zoé !D’accord c’était le but,mais jeme faisl’impressiond’êtreunemoinsque rien. Je récupèremon sac laissé aupieddu lit,mais jen’ai pas letempsdemettreunpieddehorsqu’unepoignese refermesurmonbrasetme tire sansménagementenarrière.—Aïe!!!Nonmaisçavapas?Lâche-moi!Jemedébatscommejepeuxmaisplusjem’agiteetplusilresserresonemprise,m’arrachantuncride
douleur. Il ne réagitmêmepas, la tête tournée vers la sortie qu’ilme refuse.Quand la porte d’entréeclaque,signequ’Owenestparti,ilmerelâcheenfin.—Maintenant,ànousdeux.Devant son regard furieux, jeme retiens de caressermon bras endolori. Au contraire, je relève le
mentonetlefusilleàmontourduregard.Ilesttempsd’assumer,jenecomptepasmelaisseravoirparsontonglacial.D’uncoupdepieddanslaporte,ilnousenferme.Merde,machambreestbientroppetitepourcontenirnosdeuxcorpsprêtsàexploser!—Quoi, tu vasme faire un scandale parce que j’ai désobéi à une de tes règles ?T’as le droit de
t’envoyerenl’airmaispasmoi?Ahnonpardon,j’ailedroit…Maispascheztoi,c’estça?Il secouedoucement la tête, commepourmedire«nemecherchepas»maismacolère revient au
grandgalopetjelalaisseéclater.—C’estquoitonproblème?Toncoupd’unsoirnet’apasdonnésatisfactionettucomptaissurmoi
pouryremédier?Ben fronce les sourcils etouvre labouchemais jene luidonnepas le tempsdeme servirunautre
mensonge,dem’endormirunefoisdeplusavecsesbellesparoles.—Tucroyaisvraimentquej’allaissagementt’attendreici?Àcourtdemots, je lui jettemonsacdans leventre leplusviolemmentpossible.Commes’ils’était
heurté à unmur en béton, il retombe aussi sec. Sans arracher à ce fichumec la moindre douleur, lemoindremouvementderecul, lamoindreréaction.Déterminé, ilenjambemonmissileetseposte justedevantmoi. Je déglutis péniblement et tente de garder une contenance. Pourtant je suis complètement
déstabiliséepar l’intensitédeses irisazur.À lamanièredont il se tient, jedevinequ’ilchercheàmesonder,àlireenmoi.Ilavanceencored’unpas,pénétrantmonpérimètredesécurité.Dosaumur,jen’aipasd’autrechoixquedeluifaireface.—Toi,t’asvraimentledondememettrehorsdemoi…Tun’imaginespasàquelpointtumegonfles
quandtut’ymets.J’aienviedete…Putain!Je sursaute quand son poing vient s’écraser à quelques centimètres de mon visage. Mon cœur
tambourine dans mes tempes et quand sa paume se pose sur mon cou, je sursaute une nouvelle fois,réalisant que, dans la peur, j’ai fermé lesyeux.Quand je les rouvre,Ben est si prochedemoique jepourraisrespirersonsoufflesilemienn’étaitpasbloquédansmagorge.—Làmaintenant,j’aiautantenviedetegiflerquedetebaiser.Savoixrauquem’arracheunfrissonetsesmotsmepétrifientsurplace.—Arrêted’essayerd’interpréterchacunedemesparoles,arrêtedechercheràmedisséquer!Tu te
croisforte?Tucroistoutsavoir?Maist’esfaible,Zoé!T’assumespasquituesetencoremoinscequeturessens…T’eslafemmelapluschiantequej’aijamaisrencontrée.C’estbon,jenesuispasàmonprocèsnonplus,j’enaiassezentendu.Lesmainsencorefébriles,jele
poussepourmelibérerdesonemprisemaisilraffermitsesdoigtsautourdemoncou,collantsoncorpscontrelemien.Lesyeuxécarquillésetlaboucheentrouverte,jerespiredifficilement.Lapressiondesamainsurmagorge,laproximitédesoncorpsmeperturbent.Jedevraisledétesteretsurtoutavoirpeurdelui à cet instant…Alors pourquoi ce n’est pas le cas ? Je reste impuissante tandis que sa bouche serapprochedelamienne,frôlantmeslèvres,mamâchoire.—Arrêtedevouloirmelafaireàl’envers:c’esttoiquiesentort.—Non,Zoé,c’esttoiquinecomprendsrien.Sesdoigtsglissentsurmapeau,sefaufilentsouslesbretellesquitombentsurmesépaulesetj’arrête
unenouvellefoisderespirer.Uneétincelleilluminesesirisquelquessecondes,etjecroisvoirunsourirenarquoissedessinersursonvisage.Bordel,ilsefoutencoredemoi!—Donctun’étaispaspartirejoindreunefemme?—Si.Marageremontecrescendoàmesurequesonputainderictusrevient.Jemedécolledumurmaisavant
d’avoirpuesquisser lemoindremouvement, ilmeplaquedenouveauviolemmentcontrecelui-ci.Sonsourireadisparuetsonregardmebrûle.D’unemain,ilmemaintientcontrelemurtandisque,del’autre,ilfaitcoulisserlafermeturedemarobe.Aprèsavoirmismonflancànu,ilglissesesdoigtssousletissu,électrisantmapeau.Bordel,réagis,Zoé!T’arrivaistrèsbienàluirésisteravant,qu’est-cequiachangé?Alorsque je sensmoncorps faiblir, jeme répètecesmotscommeunmantrapournepas le laisser
gagner:ilneteméritepas…Ilneteméritepas…Ilneteméritepas…Lesagrafesdemonsoutien-gorgesautentetl’instantd’aprèsjemeretrouveenculotte,larobesurles
chevilles.—Encoreettoujourstonputaindejeu,hein!Tuprendsunplaisirmalsainàmevoirperdrelatête,à
me prouver que tu es bien meilleur que moi. Tu as gagné, OK ? Alors fous-moi la paix et retournet’occuperdeta…Desonindex,ilécrasemeslèvrespourm’empêcherdefinirmaphrase.Uncoupdesangmemonteàla
tête,jenesupportepasqu’onmecoupelaparole,surtoutdecettemanière.Jedoisêtrerougedecolère,pourtantils’enmoquecomplètement.Sonregarddurplongédanslemien,ilnecillepas,mêmelorsquemesonglesseplantentdanssesavant-brasetrougissentsapeau.Jeveuxluifairemaletj’aiàpeinedroit
àungrognement.—Monjeu?Ilétaitfiniavantmêmedecommencer.Sesparolessontlagoutted’eauquifaitdéborderlevase.Lamanièrequ’ilademefairecomprendre
queçaaétésifacilepourluidemefairepliermemethorsdemoi.Instinctivement,j’ouvrelaboucheetmordssondoigt.Jeserrejusqu’àmesoulager,jusqu’àêtresûredelaissermesmarquessursapeau.Benémetuncrisourdetjelâcheprise.Sonregards’assombritenunefractiondesecondeet,avantquej’ai le tempsderéalisercequ’ilse
passe,seslèvresfondentsurlesmiennes.Unemainagrippéeàmescheveuxm’empêchededétournerlatêteetjesubissonassaut.Lesyeuxclosetlespoingsferméssurlespansdesachemise,jesuisstatufiéeetprendssurmoipournepasrépondreàcebaisersauvage.Sonautremaincheminejusqu’àmaculotte,biendécidéqu’ilestàm’endéposséder.Jeremue,m’agite
danstouslessenspourl’enempêchermaisjesuispriseaupiège.Soudainsesdoigtstranspercentlafinedentelle et tirent d’un coup sec.Ma plus belle culotte part en lambeaux et je gémismalgrémoi.Moncorpsentierfrissonnequanddesmotschuchotéscontremeslèvresmedisentenfincequej’attendais.—Iln’yaplusd’autresfemmesdepuislongtemps,saufquetuneveuxpaslevoir.Ces paroles arrivent trop tard, au mauvais moment et surtout dans de mauvaises circonstances.
J’aimeraislecroire,maisjen’yarriveplus.Pourtantquandseslèvressontdenouveausurlesmiennesjel’embrasseavecautantd’ardeuretd’énergiequelui.Salangues’immiscedansmabouche,maltraitelamienne,lasuceavecavidité.Nosdentss’entrechoquentsouslaviolencedecebaiserenflamméetmesgémissementsemplissentlapièce.Mesmainsglissentsoussachemise;jelegriffe,lecaresse,enfoncemesonglespartoutoùjelepeuxtandisquesamaindansmescheveuxtireunpeuplusfort,m’arrachantuncriplaintif.D’ungenou,ilécartemesjambesetsesdoigtss’insinuentsansdifficultédansmonintimité.UnrâleprofondfranchitleslèvresdeBenquandilserendcomptequejesuisdéjàprêtepourluietillesenfoncesansménagement.Seslèvresdescendentsurmoncou,maclavicule,alternantmorsuresetsuçons.Jesuisauborddel’explosionquandellesserefermentsurlapointeérigéedemonseinqu’ilmordille,passantleboutdesalanguesurlameurtrissurepouratténuerladouleur.Fébrile,mesdoigtsserefermentsurlaceinturedesonpantalon,àlaquellejem’accrocheensentantmonterunesensationdechaleurquejereconnais. Le va-et-vient soutenu de ses doigts, sa langue, ses dents, ses pupilles dilatées qui nemequittentpas…Jenetiensplusetunevagued’uneviolenceinouïedéferle,écrasanttoutsursonpassage.Lesparoisdemonsexesecontractentautourdesesdoigtsetjejouisbruyamment.—Jen’aiaucuneenvied’uneautrefemmequandjetevoisprendreautantdeplaisir…Lesyeux fiévreux, il sedélectedema jouissance.Sabouche reprendpossessionde lamienneavec
cettemêmeaviditéet,d’unmouvementbrusque,Benmeretourne.J’aijusteletempsdemettremesmainssurlemurpouramortirlechocqu’ilposedéjàunepaumeentremesomoplatespourmeforceràtenirlapose.Lebruitdelaboucledesaceinturesefaitentendre,unfroissementdetissu,ledéchirementd’unétuienplastique…Lesoufflecourtetlesmusclescrispés,j’attendsavecimpatiencelasuite.Untressaillementparcourtmonépinedorsalequandsesdoigtsfrôlentl’entréedemonsexepourguider
lesien,puisenuneprofondepoussée,ilm’emplittotalement.Unrâled’extaseremontedesagorgeetsonsoufflevientcaressermanuque.Sesdoigtss’arrimentfermementàmeshanches,jemecambredavantageet Ben ressort lentement avant de revenir brutalement. Bon sang que c’est bon !Mes fesses poussentcontrelui,àlarecherchedesoncontact.Iln’yapasdeplacepourladouceuroulatendresse.Benmepunitpourl’avoirdéfié,pourOwen,pourmafuite…Lescoupsdeboutoirqu’ilm’infligereflètenttoutelacolèrequ’ilressentpourmoi.Colèrequej’accueilleengémissant,entremblant,rassuréedesavoirquej’aipu le toucher.Jehalète,sescoupsdereinsmecoupent lesouffle.Subitementsesdentsseplantent
dansmoncou,m’arrachantundélicieuxfrisson,etjeperdspiedlorsqueseslèvresfrôlentmonoreille.—J’étais…avec…Ava.Toutmoncorpssecrisped’uncoup.Merde,c’estquicelle-là?Pourquoiilmeparled’ellemaintenant
?Sansquejem’yattende,jemeretrouvedenouveaufaceàlui,mondosbutecontrelemur.Sesmainspuissantesmesoulèventparlesfessesetm’aidentàm’accrocheràseshanches.Mesdoigtsretrouventladouceurdesescheveuxet je ferme lespoingsdedans, tirant fort. Jenecomprendspaspourquoi ilmeparledecetteAvamaisjeveuxleblesserautantqu’ilmeblesseenmentionnantcettefemme.Sescoupsde reins reprennent de plus belle, éraflant mon dos contre la surface froide et rugueuse. Son regardchercheàcaptermonattentionmaisjemeconcentresurlaporte,l’uniqueissuedontilm’arefusél’accès.Ilsefige,restesilencieuxuninstantàmeregarder.—Ava,c’estlabelle-sœurdeJay.Elleétaitàlaportedechezluiaveclesenfants,j’étaisjusteparti
luidonnermondoubledesclés.Soulagement.Honte.Remords.Ilaraison,pourquoifaut-ilquejemefassedesfilmsàchaquefois?Ce
mecm’attire trop, je cherche sans le vouloir une excuse pour le repousser. J’ai tellement peur d’êtredéçue…Voyantquejecontinuedel’ignorer,sesdoigtsempoignentmamâchoireetmeforcentàluifaireface.Lafureurdanssesyeuxaccentuelemalaisequigranditenmoi.J’ouvrelabouche,maisaucunsonn’ensortàpartunsoufflesaccadé.Sesdoigtsreprennentleurplacesousmesfessesetmemaintiennent.Dansunsilencepesant,Ben reculedequelquespas, se retourne,et jecriedesurpriseenm’enfonçantdanslematelas.Jemeredressesurlescoudesetl’observejeteràlahâtesachemiseetsonpantalonsurleparquet.Jevoudraisluidirequelquechose,calmerlasituationmaislebleutempêtedesesyeuxm’endissuade.Ilestàprésentnudevantmoi;sonimpressionnanteérection,emballéedanslelatex,aimantemonregardetéveillemonappétit.Ils’installeau-dessusdemoi,écartemesjambesavecautoritépoursefaire une place. Les bras tendus de chaque côté de ma tête, Ben se fiche en moi d’un coup sec. Jem’arrime à ses épaules, lève le bassin, allant à sa recherche en prenant son rythme. J’absorbe lessensationsaussiexquisesquedéroutantesetgardemonregardancrédanslesien.J’yvoissondésir,sacolèreetundébutdedoute.Sescoupsdereinssecalmentdoucementetsoncorpsseposesurlemien.Ilestchaud,ensueur,tremblant,etjepeuxsentirlesbattementsfrénétiquesdesoncœur.Àboutdesouffle,ils’arrêteetposesonfrontcontrelemien.J’hésiteuninstantet,d’unevoixtremblante,luidonneàmontourdesexplications.—Jenecomptaispascoucheraveclui.Jevoulaisjustetefaireréagir.Benenfouitsatêtedansmoncouetsonsoufflechaudmedonnelachairdepoule.—Jesais.Commentça,ilsait?Ildéposeundouxbaiserderrièremonoreille,encompletdécalageavecsafaçon
dememalmenerdepuistoutàl’heure,etrelèvelatête.Unebouleseformedansmagorgesousl’intensitédesonregard.—Tucroisquejen’aipasvuclairdanstonjeu?Jecommenceàbienteconnaître,Zoé.Maistul’as
laissét’embrasser,tetoucher,etc’estçaquimefoutenrogne.—Toutçac’esttafaute,Ben.Tupassestontempsàsoufflerlechaudetlefroid,àmechaufferpuisà
m’envoyerdessignescontradictoires.Tuasobtenucequetuvoulaisdemoialorsjenecomprendspaspourquoituestoujourslà…Qu’est-cequetuattendsdemoi?Paumée,jecaressedemesdoigtslesmusclestendusdesondos.Jeneveuxpasmedisputeraveclui,
justeleperceràjourettantpissijemeprendsuneclaque.Detoutefaçon,cettebaiseressembleplusàunrèglementdecomptes,àunaurevoir.Lesimplefaitd’ypensermepincelecœur,pourtantj’enavaisparfaitementconscienceenrevenantici.
—T’esvraimentconnequandtut’ymets.Ouvrelesyeux,bordel,ettuverrasqu’iln’yaquetoi!Lesyeuxécarquillés,jeledévisage,cherchantunefoisdeplusàsavoirs’iltentedem’endormir,mais
toutdanssafaçondemeregardermepousseàlecroire.—Toi,Zoé.Toietseulementtoi!Unstupidesourires’étiresurmonvisage.Jenesaispasencorequelleinterprétationdonneràcetaveu
maislesimplefaitdesavoirquecesdernierstempsilnevoitpersonned’autremesoulage.Ilsepencheetseslèvrescharnuesseposentavecdélicatessesurlesmiennes.Jepeuxsentirsonpropresourirecontrema bouche avant qu’il n’approfondisse son baiser, se délectant avec gourmandise de ma langue.Lentement,sensuellement,ilbougedenouveauenmoisansjamaisromprenotrelien.Centimètreparcentimètre,ilmecomble,m’envahit.Noscorpss’échauffent,secherchent,s’imbriquent
dansuneparfaiteosmose.Mesgémissementsmeurentdanssaboucheetsonregardpassionném’emportedoucementversl’orgasme.C’estcomplètementdifférentmaistoutaussigrisant.J’ailatêtequitourne,mavuesetroubleetmoncorpsentierestprisdesoubresauts.Jen’entendsplusrienàpartnosgémissementsmêlésetmonnomqu’ilrépèteinlassablementtandisqu’ilatteintlui-mêmelajouissance.Leslarmesauxcoinsdeyeux,lecœurquibatlachamade,jeréalisequeBenvientdem’offrirdeuxorgasmesd’affilée.Moiquipensaisqu’enavoirunseulétaitmissionimpossible…J’ensuisàmedemandersiau-delàdedeuxmoncœurtiendrait lecoup!Benresteplusieursminutesallongésurmoiavantdeseretireretderoulersurlematelas.Prisedanslacontemplationduplafond,jememordsl’intérieurdesjouespournepaslaisseréclater
majoie.Ceseraitmalvenuvulasituationdanslaquellenoussommes.Onenestoùexactementd’ailleurs?—Jen’aipasledroitàtadansedelajoiecettefois?Commentfait-ilpour toujours lireenmoi?Jesuissi transparentequeça?Je tournela têtedanssa
direction et lui rends son sourire.Détendu, le regard intense, les lèvres encore gonflées, et son corpsparfait…Dieuqu’ilestbeau!Maisaussitroparrogant!—Parcequetucroisquetul’asmérité?Bensetourneversmoietserelèvesurlecoude.Unsourirenarquoissedessine,creusantlafossette
sursajoue.Aprèslatempête,lamerd’huileetlecalme.J’aimecesdeuxfacettes,soncôtévirulentautantquesoncôtétaquin.—Deuxorgasmesquandmême!Sonsourires’effaceetsesyeuxs’assombrissentquandilajouteamèrement:—C’estpastonconnardquitelesauraitdonnés!—Ben,je…Ilbalaiemaphrased’unemainetselaisseretombersurlematelas.Ilexpirebruyammentensefrottant
levisage.Lascèneburlesquequejeluiaioffertesembleresterfigéesoussespaupières.—Oui,jesais,tun’allaispasbaiseraveclui!Silence.Dansmatête,touttourbillonne.Qu’est-cequivaressortirdetoutça?—Heureusementquejesaisquetum’aimesbien,çam’aideàpasserau-dessusdetapetitevengeance
!Sonéternelsouriredeflambeurrefaitsurface.Maiscommentfait-ilpourpasserd’uneémotionàune
autreenaussipeudetemps?Etonvamedirequel’astrologiec’estdelaconnerie?Regardez-moicegémeauxdanstoutesasplendeur!
—Jetedemandepardon?Jenemerappellepast’avoirdituntrucdecegenre!—Toinon,maisLolaoui.Sijereprendssesmots:tuenpincespourmoi!Jeme tournevivementvers lui, lesyeuxexorbités. Jen’ai jamaiseucegenredeconversationavec
LolaconcernantBen.Faceàmonairahuri,iléclatederireetmetireverslui.Matêteselogeaucreuxdesonbras.—Jen’aijamaisditça!—Ohsi,tul’asdit.Fallaitpasluiraconterquet’avaisrencontréundangereuxjoueur!Etmerde.Ouid’accord, je revoisparfaitement lascène.SaletédeLolaquinesait riengarderpour
elle.Va falloir que je filtre ce que je lui raconte si je ne veux pas que ça arrive aux oreilles de sonmeilleurami.—D’accord,j’assume,ilsepeutquejenetedétestepasautantquejelepensais…—Tum’aimesbien,dis-le!—Non!D’unmouvementbrusque,jemeretrouvesouslui.Sesdoigtsglissentsurmesflancsetmechatouillent.
Jemedébats,criesoussonassautetsesriressejoignentauxmiens.Àboutdesouffle,jelèvelesmainsensignededéfaite.—Arrête!OK,jet’aimebien!Seschatouillescessentaussitôtet,leregardtriomphant,ildéposeunbaisersurmonnez.—Ehbien,voilà,c’étaitpassidifficile!—Jet’aimebien…Maisj’aimaisbienmonchienaussi…Çanem’apasempêchéedelefairepiquer
quandçaaéténécessaire!Devantsonair incrédule, je luiassèneuneclaquesur la fesse,heureusede l’avoireu. Inutilede lui
direquejen’aijamaiseudechien!Ilsecouedangereusementlatête,unairrieuretlesdoigtsdenouveausurmesflancs,prêtàsevenger,quandlasonneriedemontéléphonesefaitentendre.Nous nous tournons tous les deux vers la source du bruit. Je me crispe quand je devine aisément
l’identité du trouble-fête : Julia. Après tout ce que j’ai pu lui balancer sur Ben ces derniers jours,commentexpliqueràmonamiequej’aiétéincapabledeluirésister?Ellequis’inquiètetellementpourmoi…Doucement jem’écarte prête à tendre le bras versmon portablemais samainme retient. Lesmusclescontractés,sonregardombrageuxmesonde,mecommuniquel’ampleurdesescraintes.—Neparspas.
Chapitre20
Ben
—Jenesaispascequimeretientdetebaffer!Lolaentredansmonbureausansfrapper,claquelaportederrièreelleetposesonculsurlefauteuilen
facedumienenmefoudroyantduregard.Petitescènequiserépètedepuiscematinetquinesemblepaslafatiguer…Ilestquandmême17heures!Soupir.Jelèvelesyeuxaucieletm’affalecontreledossierenlalaissantdéblatérer.Putain,ellepourraitaumoinschangerdedisque!—Je te l’aurais dit que ta copinevenait de faire songrand retour si t’avais pris la peinedevenir
quandj’aidépannéAva.—Maispuisquejetedisquej’étaisàl’autreboutdelavilleàsarecherche!Rougedecolère,Lola se lèveetpose sesmainsàplat en sepenchant au-dessusdubureau.Si elle
continue, elle va finir par passer par-dessus pour m’en coller une ! J’ai tout essayé : les excuses,l’indifférence,l’énervement,maisrienn’yfait.Ellerevientàlacharge…Encoreetencore.Jayn’estpasdécidéàm’aider,ilsefoutmêmeouvertementdemoialorsjeprendsmonmalenpatienceetattendsquemaprincessefinissesacrise.Sijel’avaisprévenueentempsetenheure,elleseseraitpointéechezmoiillico.Lavoilàmaraison!Calmer labêteavantqu’ellen’attaque. Je lève lesmainsensignede reddition.De toute façon,elle
peutcontinueràs’acharnersurmoi,riennepourraentachermabonnehumeur.—Excuse-moi,Lola,jesaisplusquoitedirepourtecalmer!Jememordslalanguepournepasajouterle«encore»quimanquedesortir.Sesépauless’affaissent
etelleretombesurlesiège.—T’auraispum’envoyerunmessageaumoins…Désolé,tropoccupéàlabaiser.—Jefaisaisensortequetapotenesefassepluslamalle,c’estpasçaleplusimportant?—Si…Biensûrquesi,maisj’étaistellementinquiète!Elleselèveetarpentelapièceenserongeantunongle.Bonsang,elleapasbientôtfinisoncirque?
Sespassestoppentdevantmoietelleposesonfessiersurmondossierencours.—T’esassisesurM.Vans!Lolabaisselesyeuxsurlesfeuillesqu’elleaelle-mêmerédigéesavantdemeregarder,l’œilrieur.—Ehbien,pourunefois,iln’apasl’airdes’enplaindre!MonportableannonceunnouveaumessageetjemeredresseprécipitammentavantqueLolanevoiele
destinataire.Depuiscematin,Zoéetmoisommespartisdansunnouveaujeu:exciterl’autreparsextos.Résultat j’aiunetriquepermanenteetdesphotosbandantespleinletéléphone!Faussejoie,c’est justeErikquim’envoieuneconnerie!
—Jel’aieueautél toutàl’heuremaiselleresteévasivesurlesraisonsdesondépart.Elleétait…bizarre!Tuensaisplus,toi?Jemeretiensdeluidemanderdequanddatesonappelquandjemerendscomptequeçafaitplusd’une
heurequemonderniermessageestrestésansréponse.Attends,commentça,elleétaitbizarre?—Tucroisvraimentquec’estàmoiqu’ellevaseconfier?Ellehausselesépaulesàmaremarqueetselève,emportantavecelleunefeuillevolantecolléeàson
cul.—Oups…Décidément,cecherM.Vansm’aimebienaujourd’hui!Ellereplacelafeuilledansledossieravantdesortir.Jeparcoursmesmessages:aucunnouveau.Vula
photo que je lui ai balancée, c’est plus que louche qu’elle ne réponde pas. Je l’appelle mais tombedirectementsursonrépondeur.Ladeuxièmetentativeesttoutaussiinfructueuse.Jetentedelajoindresurletéléphonedemaison,maisilsonnedanslevide.Bordel,maispourquoiellenedécrochepas?Jetiensuneheuredeplussansnouvelleetdécidedeplierbagages.SiZoés’esttiréeunenouvellefois,
je…Putainjesaispasmaisunechoseestsûre,elleestdanslamerde.—Àdemain.Sansunmotdeplus,jepassedevantlepostedeLolaendirectiondel’ascenseur.—Turentrescheztoi?—Nonjevaisfaireunepartiedescrabbleaveclespetitsvieuxdel’hospiced’àcôté!Lesyeuxronds,marouquinemedévisaged’unairincertain.Maisellemeconnaîtoupas?Jesouffleet
hochedoucementlatête.—Oui,Lola,jerentre.Elleselèved’unbond,unénormesourirescotchéauvisage,jettesonsacsursonépauleetmerejoint
endeuxenjambées.Etmerde,jelesenspascecoup-là!—Génial,jetesuis.Jeneresteraipasunejournéedeplussanslavoir.Sourireetacquiescer…Nepasmontrermonagacement…Bordel,cettejournéesebarrevraimenten
couilles!
*
J’aiunmomentd’appréhensionquandj’insèremaclédanslaserrure.Lolasurlestalons,j’entrechezmoi.Ilnemefautpaslongtempspourmerendrecomptequ’ellen’estpaslà.Lamâchoireserréepournepaspartirenvrilledevantsacopine,jevaisdroitdanssachambre.Videcommejem’yattendais.Putain,jesuisdéçu,énervéet…soulagéenuninstant:sonsacd’hieresttoujourslà.—Zoé?Lolal’appelleetfaitletourdespiècesalorsquejerestedanssachambreàessayerdecomprendrece
qu’ilenest. Jechercheun indice,n’importequoi,mais lamaniaquea tout rangédepuishiersoir.Ellen’estpaspartie,OK,maisoùest-elle?Soudainlaported’entréeclaqueetdespasserapprochent.Mesépauless’affaissentquandjelavois.Enshortetbrassière,dégoulinantedesueur,elles’avanceversmoid’unpashésitant.—Jenet’attendaispasaussitôt!Le souffle court et les joues rouges, elle s’épongeavec sa serviette. Je suis lemouvement, fixeune
gouttesursoncouquiserpentedoucementverssapoitrine.Desimagesdesoncorpshumideetglissant
mereviennentenmémoireetelleleseffaceenl’essuyant.—Tontéléphoneétaitéteint.Ellelèvelesyeuxensoupirantquandellecomprendoùjeveuxenvenir.—Paséteintmaisenmodeavion,pourécoutermamusique!Elleagite sonportabledevantmoiavecun sourireniaisque j’ai aussitôt enviede lui faire ravaler.
Menaçant,jem’avanced’unpas,elleenfaitautant.D’accord,elleveutjouer!J’aienviedelaprendrelà,maintenant.Deluifaireregretterdem’avoirinquiétépourrien.Noscorpssefrôlent,mamainremontesursonflanc,ellefixemeslèvres.—Zouille!ZoésefigeetajusteletempsdeseretourneravantqueLolaluitombedanslesbras.Marouquinela
serrefortetjelavoislutterpournepaslaissersortirseslarmes.Jeprendsunpeudedistanceettiresurlespansdemachemisepourcachermondébutd’érection.Commentellearriveàmefaireçaavecunsimpleregard?Lolarouvrelesyeux,beaucoupplusrassurée,etsedégagedesbrasdeZoéavantdeluiencollerunesurl’épaule.—Aïe,maist’esbargeouquoi?Tum’asfaitmal!—Est-cequetuasseulementconsciencedel’étatdenerfsdanslequelj’étais?Bordel,Zoé,nereste
plusjamaissansmedonnerdenouvelles!Jemeretiensderireetm’éloignequandLolaluiassèneunautrecoupdepoing.Siçapartenbagarre,
ilfautvitequejetrouvedelaboue!—Maisarrête,bonsang!Jesuisdésolée,OK?J’avaisbesoindeprendremesdistances…J’aipas
penséquetut’inquiéteraisautant!Alorslà,jememarre!Laphraseànepasdire!LolalèvedenouveaulamainetZoébutecontremoi
enreculant.J’aienviedelatoucher,depassermamainsursondosbrillantdesueur,maisjeveuxaussilavoirmorflerunpeu.Vas-y,Lola,achève-la!Jem’écarte, laissantplusdeplaceàmaprincesserebelleetmepostedansuncoinpourprofiterdu
spectacle.—Ohnon…J’étaisjustefolled’inquiétude!!!Jenedorsplusdepuistroisjours,j’airetournélaville
etj’aimêmefailliappelerlesflics!Maist’étaisoù,putain?Lola, mode enragé activé. Ses bras partent dans tous les sens et sa lèvre inférieure tremble
nerveusement.—Chezunecopine.—Quoi?Quellecopine?Jesuistaseulecopineici!D’oùjesuis,jepeuxvoirZoésetendre.Lecombatrisqued’êtreplusaniméfinalement.Quandladite
copineaappeléhier,Zoél’aprévenuequ’ellerestait.Jenesaispasquiestsapotemaisellesemblaitinquiète,aumoinsjesaisquependanttroisjourselleétaitentredebonnesmains.—Parcequeselontoijenesuispascapabledemefaired’autresamies?Mafuriesortentrombedesachambre, levisageferméet lamâchoireserrée.Lolalasuitet je leur
emboîtelepaspournepasenperdreunemiette.Merde,j’aiditmafurie?—Nonj’aipasditça,mais…—Maisquoi,Lola?C’estuneclienteavecquilecourantestbienpassé.Àforcedesevoir,desliens
sesontcréésetc’estdevenuunebonnecopine.Elleétaitlàquandj’enavaisbesoin.
Lesdeuxamies se fixent, se jaugent silencieusement.Ce seraà cellequi lâchera lapremière.C’estfinalementLolaquidétournela tête, leregardvoilé.C’estdégueulasse,Zoéjouesur lacordesensiblealorsquecen’estpasdutoutpourcetteraisonqu’ellen’estpasvenuevoirsameilleureamie.Vas-yZoé,dis-luipourquoitul’asignorée!Jeruminedansmoncoin,énervéàmontourparlatournurequeprennentleschoses.—T’esdure,là!Est-cequejepeuxaumoinssavoirlaraisondetafuiteoutuasaussiuntrucàme
reprocherlà-dessus?Zoéblanchitd’unseulcoupettenteuneœilladedemoncôtédansl’espoirquejeluivienneenaide.
L’espoirfaitvivre,mabelle!Appuyécontrelemur,lesbrascroisésetaffichantungrandsourire,jeluifaiscomprendrequesurcecoup-làelleestseule.—Je…J’avaisbesoindem’éloignerparceque…Disonsque…—C’estsiterriblequeça?Crachelemorceau,Zouille,c’estmoi!Lolaprendlesmainsdesacopineetlatireverslecanapéoùelless’installent.Zoésoupireunlong
momentensepinçantl’arrêtedunez,grommelantdesmotsenfrançais.Ellen’oserajamaisluienparler!—C’estàproposdecemecquiteplaît?—Oui,c’estça!Saréponsefuse,troprapidepourparaîtrenaturelle.Elledevaitvraimentgaléreràtrouveruneexcuse
bidon pour se jeter dans la gueule du loup aussi facilement.À voir son soulagement, pas difficile decomprendrequ’ellenevoiepasdequiLolaveutparler.Moioui…—Ilarecommencé,c’estça?Yeuxrondsetsilencetotal.Lolacontinuesursalancéepourmonplusgrandbonheur.—T’asfinipartefaireavoir?T’esentréedanssonjeuetlepièges’estrefermésurtoi?—Je…Quoi?—Cemecquit’attire…Tondangereuxjoueur!C’estàcemomentquejechoisisdememontrer.Jemeposeenfaced’elles,surlatablebasse.Figée,
Zoé reste focalisée sur sa copine mais je sais qu’elle me voit. Je jubile en observant son visage sedécomposer.Çayest,elleacompris!—Je…Ouienfinnon…C’estque…Enfin…Ellemefusilleduregardquandj’éclatederiremais,bordel,quec’estjouissifdelavoiraussigênée!
Lolaarriveàsecontenirmaissonœilrieurnevautpasmieux.—Jenepensaispasqu’iltefaisaitautantd’effet!D’habitudetuesplusloquacepourmeparlerdetes
conquêtes!Merdealors,j’enrevienspas!Etc’estquicemec?Zoé se lève d’un bond en secouant énergiquement la tête. Dommage, ça commençait seulement à
devenirintéressant…—Onenreparleplustard.Jenediraipasunmotdeplusdevantlui!Ellemepointedudoigt,énervée.Jememarred’autantplus.—Chouchoudégage!Macopineetmoidevonsparlerdechosessérieusesquineteregardentpas!J’ensuispassisûr,moi!—Onenparleraplustard,machérie.Maispourlemomentj’aisurtoutbesoind’unedouchecommetu
peuxlevoir!—Mais…
—Non,Lola, je teprometsqu’onenparlera,maispasmaintenant !Onpourraitsefaireunesoirée,rienquetouteslesdeux?Etjeteraconteraitout!Parcontre,plusunmotdevantcecurieuxquienadéjàtropentendu.C’estpastoiquivisavec,ilnevapasarrêterdemefairechieravecçamaintenant!—Voyonsj’airiendit,chèrecolocataire.Jenesaismêmepasquiestcetype!Jeluitiremonchapeau
s’ilaréussiàtedompter!—Personnenemedompte!Jesuisunelionne,sauvageetdangereuse.Unemantereligieusequibouffe
seshommesaprèsl’amour.Jemefaisuncollieravecleursbijouxdefamilled’accord?—Quoi,lesmiensaussi?Encoreassis,lescoudesposéssurmesgenoux,jelaregardeperdresacontenance.J’aitellementenvie
d’ellequejen’arrivepasàlecacher.Pluselles’énerveetplusçam’excite.Jenedevraispasavoiràretenirmespulsions.Jevoudraispouvoirlasoulever,laserrerentremesbrasetluirappelercommeelleaimequejeladomine.MaisilyaLola…Jenesaispasoùtoutecettehistoirevanousmeneralorscen’estpaslemomentdefairedevagues.—Etpourquoielleseserviraitdetescouillesencollier?Jesuiscenséeêtreaucourantd’autrechose
?Marouquinenoussouritàtourderôlemaisonvoittoutdesuitequ’elletentesurtoutdecacherunélan
decolère.Luidire?Ohnon!—Non,princesse, iln’yaabsolument rienà savoir.C’est tacopine,elle rêvedemoietdemes…
attributs!LesyeuxexorbitésdeLolaseplantentdansceuxdesacopine,attendantuneréponse.Jejubile.Vas-y,
mapuce,àtoideprendrelarelève.Mapuce?Maisqu’est-cequim’arrive,bordel?—Dansmesrêvesuniquement.Enfinnon,jevoulaisdiredansmescauchemars,mespirescauchemars
uniquement !Cemecm’exaspèreet tu le saisaussibienquemoialorsarrêted’imaginerdes trucsquipourraientmefilerdel’urticaire,s’ilteplaît,Lola!Elleyvaunpeufortmaisaumoinsçaaledondecalmernotrecopine.Sesépauless’affaissentetelle
selaissetombersur lecanapé.Ceseraitsidurqueçad’imaginersacopineavecmoi?Sontéléphonesonneet,vulesourireniaisqu’elleaffiche,çanepeutêtrequemonpote.Elles’éloigne,coupantcourtàsondébutdesuspicion.—Tuluidirasquejevaisprendremadouche?Jefaisvite.—T’oublieraspasdel’enlever!Alorsqu’elleétaitdéjàengagéedanslecouloir,elleseretourneversmoisanscomprendre.D’ungeste
circulaire,jetournel’indexdanssadirection.—Tonsupercollier…T’oublieraspasdeleretirer,çaseraitdommagedel’abîmer!Sonmajeurse lèveenmêmetempsquesesyeuxetelledisparaît.Dans laminutequisuit, j’entends
l’eaucouler.Putain,elleestàpoilet,commeuncon,jedoisresterlà!Lolaparle,gloussecommeunedinde,prendsontemps…Bordel,fautquej’arriveàlavirerd’ici!—TudirasàZoéque je l’appelledemain? Jepeuxpas rester, Jayabesoindemoipour…Euh…
Bref,jedoisrentrermaintenant,tuluidiras?J’imaginetrèsbiencequeJayveut,etj’espèrefairelamêmechose!Jeluifourresavesteetsonsac
danslesbrasetl’attendsdéjàlaporteouverte.—J’aimêmepaseuletempsdeluiposertoutesmesquestions!Rienàcarrer.Jet’adore,princesse,maistire-toi!Ellem’embrassesurlajoueetquandelleestenfin
partie,quejesuisprêtàrefermer,ellelancelaphrasedetrop:—Tucroisqu’elleaétérejoindresonbeaujoggeurpourcourir?Owen.Mesdoigts se resserrent sur lapoignéeàm’en faireblanchir lesphalanges.L’imagedeZoé
chevauchantcenazemereviententêtecommesic’étaithier.Bordel…C’étaithier!Ilsepassequoientreeux ? Elle est avec lui ? Etmoi alors, je suis juste bon à lui filer des orgasmes ? Le visage fermé,j’esquisseunrictusenespérantqueçapassepourunsourire.—Tuasraison,tropdequestionsensuspens.Àdemain,princesse.Jeprendssurmoipournepasclaquerlaporteetfoncedroitverslasalledebains.Ellenepeutpas
jouersurdeuxtableaux,pasavecmoi.M’amuseroui,partagernon!Lavitredeladoucheembuée,jedevinelecorpsdeZoéautravers.Sesmainssebaladentsursapeau,
l’eauchaudefumanteemportantlamousse.Cettevisionsublimealedondemecalmerunpeu.Appuyécontrelechambranledelaporte,jerestequelquesminutesàladétailleràsoninsu.—T’étaispartiecourir?Ausondemavoix,Zoésursauteetmanquedeglissersurlafaïencemouillée.D’ungestedelamain,
elleessuielacondensationsurlecarreaupourmeservirsonregardnoir.—Maisqu’est-cequetufouslà?Lolaestnaïvemaisjusqu’àuncertainpointseulement.Tetrouverici
entraindemereluquernevapasnousaider!—Elleestpartie.Alorst’étaisoù?Montonestsec,tranchant,traduisantparfaitementmonétatdenerfs.Ellesetourne,m’offrantunevue
sur son joli petit cul et commence à se laver les cheveux.De lamousse longe sa colonne vertébrale,dévalejusqu’àsesfesses.Jerongemonfreinenattendantsaréponsequitardeàvenir,melaissantungoûtamerdanslabouche.Laquestionest:pourquoi?Sansunmot ni un regardversmoi,Zoé sort de la douche et s’essuie grossièrement, puis repose la
serviette.Nueetencoreunpeumouillée,leregardpénétrantqu’ellemelancemedéstabilise.— Pose-moi directement la question qui te brûle les lèvres : est-ce que, oui ou non, j’étais partie
rejoindreOwen?Jesuissiprévisible?Unpetitsouriremoqueursedessinesursonvisage.Elleentourematailledeses
bras,soncorpschaudethumidesecolleaumientandisquemesmainserrentsurlapeaudoucedesesflancs.—J’étaisenbas,dans la sallede sportdont tum’asparlé.Tuavais raison,c’est tranquille là-bas.
Alorsend’autrestermes,non,jen’aipasrevuOwen.Etvulecoupquejeluiaifait,tun’aspasàenêtrejaloux,ilnerisqueplusdem’approcher!Jaloux?Vulesoulagementquesaréponsemeprocurealors,ouais,j’étaisrongéparlajalousie!Mes
mainsdescendentplusbasetempoignentfermementsesfesses.Jelapoussejusqu’àlacoincercontrelemur,àmamerci.Meslèvress’écrasentsurlessiennes,mesmainsremontentsursapoitrinetandisquemonsexeexerceunepressioncontreseschairsécartées.Zoégémitdansmabouche,lespointesdesesseinsdurcissentsousmesdoigtsetseshanchesremuentàlarecherchedemoncontact.C’estexactementcegenrederetrouvaillesque jem’imaginaisenmatantsessextos.Bordel,cequec’estbon…Jecroisquejen’arriveraijamaisàmerassasierdecettefemme.—J’aipenséàçatoutelajournée…Cetteaffirmationluidécrocheunsourire.C’estexactementceàquoielles’attendaitenm’envoyantdes
messages toute la journée. Comme si j’avais besoin de ça pour avoir envie d’elle ! Je m’écarte
légèrementpourpouvoirglisserunemainentresescuisses,caressesabouledechairquidurcitsouslapressiondemesassautsavantd’investirsonsexe.Sondésirserépandsurmesdoigtsetj’englissedeuxàl’intérieur avec une telle facilité…Putain, elleme tue ! Ses gémissements résonnent dans la salle debains,serépercutentàl’intérieurdematête.J’accélèrelacadence,courbelesdoigtspouratteindresonpointGetsesmusclessecontractentsurmoi.Leregardvoiléparl’orgasmeetlabouchetremblante,elleselaissesubmergerparsessensations.Àlavoirlà,aussibelle,jetrouveçacruelqu’ellen’aitjamaispuatteindreceplaisirplustôt.Maisbordel…Jenesupporteraipasdesavoirqu’unautreaitpulavoirainsi!Les jambes flageolantes, elle se laisse tomber sur le carrelage. À genoux face à moi, ses doigts
remontent surmescuisses, caressentmonérectiondouloureuse.Silencieusement, ses irisbleusplantésdans les miens, elle défait ma ceinture. La respiration saccadée, le cœur tapant fort contre ma cagethoracique,jen’enmènepaslargequandmesfringuestombentàmespieds.Zoésemordlalèvre,etsonregardjugeavecgourmandisemonsexepointantdroitverssonjolivisage.Samainl’empoigne,coulissedoucement et, quand sa bouche se rapproche, que son souffle chaud caresse mon gland, je déglutisdifficilement.Salanguelongemonmembreavantqu’ellenemeprenneenbouche.Sesjouessecreusentetsesongless’incrustentdansmesfesses.—Oh,Zoé…Putain,c’estbon…Mavoixsortdansunmurmureetmoncœurpompecommeunmalade.Jenecontrôleplusrien,surtout
quandlebleutranslucidedesesyeuxprendcetteteintededésirquejen’aijamaisvueauparavant.J’aidevant moi la plus belle des visions et je sens déjà la pression monter. Je n’arriverai pas à tenirlongtemps.Jelaforceàsereleveretlasoulève.Mabouchedévorelasienne,laremercie,l’idolâtre.Sesjambes croisées dansmon dos,ma queue s’humidifiant au contact de son sexe, je l’emmène d’un paspressédansmonlit.—Tuasméritéunnouvelorgasme,mabelle!
*
Allongésde toutnotre long sur le canapédevant jene saisquel filmqueZoéachoisi, je souris enentendantsarespirationlenteetprofonde.Ellemeclaqueunfilmmerdiqueets’endortdevant,nonmaisje rêve !Son téléphonevibre à côtéd’ellemais elle ne s’en rendpas compte. « Juju la diabolique»n’auraplusdenouvellespouraujourd’hui.Jenesaispasquiestcettecopinemaiselleprendunpeutropdeplace.Ellen’apasarrêtédeluienvoyerdesmessagestoutelasoirée.—Zoé…Allez,mabelle,vatecoucher!Unpetitgrognementteintédesommeilsefaitentendre.Jelasecoueunpeuplusfort.—Hummm…Jesuisbienlà…—Tonfilmétaittellementpourriquemêmelesacteursontfiniparsependre!Allez,aulit!Jemelèvepourlaforceràenfaireautant.Lanuisettefroisséeparmesdoigtsquin’ontpasarrêtédela
retrousser pour caresser sa peau, les yeux lourds de fatigue et les cheveux décoiffés, elle se lève ducanapé. Alors qu’elle commence déjà à se diriger vers sa chambre, elle revient sur ses pas etm’embrasse.Unsimplebaisersurlabouchemaisquiasonimportance.—Bonnenuit…Je lasenssoudaingênée, fuyantmonregard,elle retourned’unpas lentendirectiondesachambre.
Esquissedesourire.Jelaregardes’éloigneretj’entendsdelàlesquestionsquiluibouffentlecerveau.LaZoésisûred’elleadenouveaulaisséplaceàlafemmerempliededoutes.
—Nefermepastaporte.Sesépauless’affaissentetellemelanceunregardbrillantpar-dessussonépaule.Commesimaintenant
j’allaisgarderceputaindemurentrenous!—Ouvaplutôtdansmachambre,lelitestplusgrand.Jeterejoinsvite.J’éteinslatélé,leslumièresetquandj’arrivedansmachambrejemarqueunepause.Zoé,étenduesur
monlit,ledrapcouvrantàpeinesoncorps,elleestdéjàentraindeserendormir.Jepourraism’habitueràcettesituation…J’appuiesur l’interrupteur,nousplongeantdans lenoiretmeglissecontreelle.Sondosappuyécontremontorse,sesjambessemêlentauxmiennesetmonbrasserefermesurelle.Jemerendscomptequejesuisbien.Qu’elleestàsaplaceavecmoi.—Ben…Onestquoi,toietmoi?—Commentça?Silence.Jesenssesmusclessetendre.Jerelèvelatêtecommesijepouvaislavoirdanslapénombre,
déposeunbaisersursanuque.—Jepensaisquec’étaitclairpourtant.T’esàmoi,Zoé.Sonpetitcorpssedétendimperceptiblementdansmesbras.—Etpuisdetoutefaçon,iln’yaquemoiquisachetefairejouir!Àmesrires,ellemedécocheuncoupdecoudedanslesflancs.Çaveutdirequoi«enfoiré»enanglais
?—Jeneveuxpastefaireflipper,mabelle,maisjecroisquetoietmoi…onestensemble!Alorsquejen’attendaisplusaucuneréponse,unmurmurefranchitseslèvresaprèsdelonguesminutes
desilence:—Ettoi,çanetefaitpaspeur?Saquestionmeprendaudépourvu.Jen’yaipasvraimentréfléchietpourtantçameparaît tellement
évident!Sij’aipeur?Bizarrement,non.—Pasvraiment…Dorsmaintenant,jecomptet’épuiserunpeuplusdemain.Un dernier baiser sur son épaule et je resserre ma prise avant de poser de nouveau ma tête sur
l’oreiller. Zoé ne m’effraie pas, je suis même plutôt curieux de voir où ça va nous mener. Pour ladeuxièmefoisdemavie,jesuisencouple.J’espèreseulementquecettefoisjen’engarderaipasungoûtamerdanslabouche.
Chapitre21
Ben
—T’essaiesdemefairecomprendrequejevaisdevoirtrouverunenouvelleassistante?Jayseredressedanssonfauteuildeministreetcroiselesbras.L’airgrave,ilmejugecommesij’étais
n’importequi.—Arrête,monpote,t’estrophabituéàfairetremblertonpersonnelmaisavecmoi,çamarchepas!Ilselaisseaussitôtretombercontreledossier,menarguantavecsonsourireencoin.—Faispastongamin,Ben!Lolaméritemieuxqu’unvulgairepostedesecrétaire.Etpuistoutçac’est
ta faute : t’as laissépartirAngyetdepuiselles’estmisen têtede la remplacer.Lolasera lanouvelleresponsabledupôlerelationclient…Etjevaisenfinpouvoirrécupérermonlit.Ilmarmonneladernièrephrasepourlui.Etaprèsilvamedirequelaprincesseneletientpasparses
bijouxroyaux…Pfff,pathétique!—Tum’emmerdes,Jay…—Etdansquelque temps tume remercieras,mec.Pense à ta futureproie…Dis-toi que celle-là tu
pourraslabaiser!—Mais jem’en fous,bordel !Tusaisquoi,donne-moi tavieilleassistantepoilueetc’est réglé.À
défautdegarderLola, j’enauraiunecompétente !Et jenecomptepasme taper toutes les femmesquibossent là…Enfinçanem’intéresseplus.Cherchepasàvivremavieparprocurationparceque tuescasé!Silence.Lesyeuxplissés,lesdoigtsbattantlamesuresurlebureau,monpotemeregarded’undrôle
d’air.—Larumeurétaitdoncvraie,legrandBenHarperatirésarévérence?Quoi?Quellerumeur?—Depuisquandt’écouteslescommérages?Vas-ybalance,onditquoisurmoi?—Que la gent féminine de Davis & Co est frustrée depuis quelque temps. Alors vas-y crache le
morceau,qu’est-cequetumecaches?Monportablevibredansmapocheetjenel’écoutedéjàplus.
Zoé :Taplace est froide.Se réveiller seuledans le lit d’unmec…Onneme l’avait jamais faite
celle-là!D’habitudeavecmoi,onenredemande!
Lagarce,ellearriveàm’énerveràdistance.L’imaginerdans le litd’unautren’estpas lameilleure
vision que j’ai d’elle. Et comme je ne connais que son connard d’Owen, c’est à côté de lui que je
l’imagine.Jen’aipasletempsderépondreàsontexto,qu’unautrearrive.
Zoé:Maiscettefois,c’estmoiquiréclame!
Bordel,j’aicrééunmonstre!Unejouisseusecompulsiveetinsatiableetleconquejesuisapréféré
partirautafplutôtquederesteravecelle.J’aipristellementderetarddansmontravailquejesuispartiàl’aubepournepasrentrertroptardcesoir.UnraclementdegorgemesortdemespenséesetquandjevoisJayunpeutroppenché,essayantdelirepar-dessuslebureau,jeverrouillel’écranaussisec.—C’estqui?—Personne!Jeposeavecdésinvolturemontéléphone,quiglissesurleboisvernisdubureau.Resterdétaché.Ne
pasmontrerquejesuistroublé.Jayselève,contournelatableetposesonculdessus.Lesmainsdanslespoches,ilbraquesonregardsurmoi;jesensquejenevaispaséchapperàsoninterrogatoire.—Alors,commentelles’appelle?Bahvoyons,çam’auraitétonnéqu’ilnefassepaslelien!J’aienviedeleluidire,maisjelesconnais
trop,luietsafaçondetouttournerendérision.Jen’aipasenviequ’ilsaccagecequejesuisentraindevivreavecsesblaguesfoireuses.Unhaussementd’épaules,etjegardemonairblasé.—Nonvraiment,jenevoispasdequoituparles.—Jesaispascequ’elleabienpuécriremaisparcontrejen’aipasloupétonsourireàlacon.Ilya
unefemmelà-dessous,melafaispasàl’envers!Pourquoiturefusesdemediresonnom?Jelaconnais?Ohoui,tulaconnais!Fautquejemecassed’icisijeneveuxpasfairedebourde.Jefinismoncafé,
viselapoubelleetmelève.Lebrastendupourrécupérermontéléphone,jemarqueunarrêt,surprisparsavibration.Unnouveaumessage.C’estlàquejecommetsuneerreur:aulieudel’attraperdirectement,jejetteuncoupd’œilàJay.Cettehésitationluipermetdemedevanceretdes’ensaisir.—Zoé?T’essérieux?Ilpartdansunéclatderireetjeluiarrachemonportabledesmains,lefourrantdansmapoche,làoù
j’auraisdûlelaisser.—C’estbon,laramènepas!Jeluitourneledos,larageauventrequandjel’entendssefoutredemoi.J’ouvrelaporteetalorsque
j’aidéjàunpieddehors,Jaym’interpelle.—Promets-moid’attendrequejesoisdanslesparagesquandLolal’apprendra,jeveuxpaslouperça!Je neme donnemême pas la peine de lui répondre et regagne directementmon bureau. Bordel, je
regrettel’époqueoùmonpotefaisaitlagueuleàlongueurdejournée,aumoinsilmefoutaitlapaix!Jereprendsmaplacederrièremonordi,sorsmonportableetcommenceàtapermaréponseàZoé.Onvitensemble,onafaitl’amourplusieursfoisetmaintenantons’envoiedessextos…Onatoutfaitàl’envers!J’effacemonmessageetenrédigeunautre.
Moi:Réservetasoirée.Onsort.Zoé:Unrencard?Genrerestoettoutletralala?
Putain,Jayaraison,jesensquej’aiunsourireridiculescotchésurlatronche.
Moi:Ouais,ilesttempsdefaireleschosesdansl’ordreetçacommencecesoir.
Saréponsefuse.
Zoé:Impossible.Jedoisvoirmesclientes.
Je n’aime pas quand on fout mes plans en l’air. Et encore moins quand ça ne prête même pas à
discussion.Jelaissemontéléphoneprofessionnelsonnerletempsdeluirépondre.
Moi:Annule.
Lola, qui n’était pas à son poste, revient et intercepte la communication.Merci,ma belle, déjà une
chosederéglée.Monregardtombesurl’écrandemonportablequis’allumeetlesmotsquis’affichentmefontgrogner.
Zoé:Jerépète:IMPOSSIBLE.
Saletédecaractèreetdeclientesquinepeuventpassedébrouillersansleurcoach.Sérieux,c’estpas
grâceàcettesoiréequ’ellesvontd’unseulcoupsavoirseprendreenmain!OK,onvalajouerautrement!Jesorsd’unpasassuré,passedevantmafutureex-meilleureassistanteetretournevoirsonhomme.La
porteclaquederrièremoi.J’aiaussitôttoutesonattention.—Jeprendsmajournée.TuracontescequetuveuxàLolaetauxautres,moijemetire.Maintenant
que t’es au courant pourmanana, je vais plusmegêner.Disons que c’est à charge de revanche pourtouteslesfoisoùjet’aicouvert!Jesensquejel’aiperduencoursderoutevulamanièredontils’estlevé,meconsidèrantavecunair
ahuri.Ilgardelapausedelonguessecondesavantdesiffleretdetaperdanssesmains.Maispourquoiilapplaudit,cecon?—Jecroyaisjustequetutel’envoyais,pasquetusortaisavec!J’enrevienspas,BenjaminHarpera
unepetitecopine!Alorslàjememarre.—Ditlemecquin’aeuqu’uneseulevraierelationdanssavie!—Rienàvoir.J’avaispasd’avenir,jeprofitaisdumomentprésent.Toi,tuoubliais.C’est dur…Et chiant qu’ilme connaisse autant. J’avale la remarque avec difficulté. Je n’aime pas
parler d’elle. L’ombre de Blue plane au-dessus de moi depuis tellement d’années que j’ai fini parm’habituer,jusqu’àl’oublier.
Lamainsurlapoignée,j’hésiteunmomentàrépondremaisnetrouvantrienàajouter,jepréfèrecoupercourt.—Bref,pasunmotàlaprincessetantquejenesaispasoùjemetslespieds.Ildressesonindexdevantsabouchepourmefairecomprendrequ’ilnedirapasunmot.Dumoinspour
l’instant…J’ouvrelaporteetaumomentdelarefermer,Jayprendunevoixposéeetgrave,cequineluiestpasarrivédepuisledébutdenotreconversation.—Hey,Ben,jesuiscontentpourtoi.Ilétaittemps!Esquissedesourire.Fautque jemebarre,çavireaumélodramatiqueet jenesuispashabituéàça
venantdelui.Depuiscombiendetempsn’a-t-ilpasparléaussisérieusementendehorsdesdiscussionsdeboulot?J’envoiemonderniermessageetretourned’unpastranquillerécupérermesaffaires.Ilyalongtemps
quejen’aipasprisunejournéedecongé!
Zoé
Àpeineai-jemisunorteilhorsdulitquemonportables’affoledéjà.J’enaimarredecemachinquisonne sans arrêt, à croire quemes clientes pensent que je n’ai aucune vie sociale en dehors d’elles !D’accord,c’étaitlecasiln’yapassilongtemps,maisleschosesontviteévolué…Unsouriregoguenards’étiresurmeslèvresquandjerepenseàlafaçondontilm’afaitl’amourhieraprès-midi.Safougue,sapassion,sonféroceappétitm’ontfaitatteindrelenirvanaenuntempsrecord.Jecroisquejenepourraisplusmepasserdecesorgasmes…Deluiengénéral.Quelretournementdesituation!Nouvellesonnerie.Bonsang,jevaisfinirparl’éteindre,cetengindemalheur.C’estlaquellecettefois
: Abbie, la bégayeuse ? Carol qui jure comme une charretière ou Jane qui est au bord del’évanouissementquandellestressetrop?J’aiététropconfiante,certainessontdescausesperdues!Mesépaules s’affaissent de soulagement quand le nomde « Juju la diabolique » s’affiche. Faudrait que jepenseàchangercesurnomridicule!Jeluimanque…Unamourdecopine!Sevoir?OK,maisicialors,jenesorspasdanscettetenueetaveclatroncheencorechiffonnéedemagrassemat’.Quandl’interphoneretentit,j’aiàpeineeuletempsdemepréparer.Elleavubienpirependantnostroisjoursdecolocation,ellenedevraitpasm’entenirrigueur!—Coucou,toi!J’ouvregrandlaporteetlalaisseentrer.Crispée,lamainserréesurlalanièredesonsacàmain,elle
avancedoucementendécouvrantl’appart.—Tuessûrequeçanelegênepasquejeviennechezlui?—Évidemment,c’estchezmoiaussijeterappelle!Etpuistantquet’asrienquipendouilleentreles
jambes,t’asrienàcraindre!Lavoyanthésiter,jel’attrapeparlebrasetlatireàl’intérieurenladébarrassantdesonsac.Ledos
tenduetlesjambesraides,elleavancemalgrétoutjusqu’aucanapéoùjelaforceàs’asseoir.—Iln’estpaslà,détends-toi.Etpuisc’estpasn’importequelmec,c’estlemien,alorstun’asaucune
raisond’êtretimide.Un léger rictus gagne ses lèvres et je prends ça pour un sourire. C’est déjà ça ! C’est dingue, dès
qu’ellen’estpasdanssonélément,elleestmalàl’aise.C’esttouchantetagaçantenmêmetemps.—Alorsleschosessesontarrangéesfinalemententrevous?T’essûredetoi,ouplutôtdelui,cette
fois?—Oui,onverraoùçanousmènemais…Disonsquec’estunbondébut.Tuveuxboirequelquechose
?Unsoda,del’eau…uncognac?Simpleetuniquedénégationdelatête.Bon,jevaisdevoirsortirencorecombiendeconneriespourla
dérider?—Toutvabien,Julia?—Oui,biensûr!Jevoulaisjustesavoircommenttuallais.Tuparschercherdesaffairescheztoiet
puisplusrien…Silenceradio!Etdepuisj’aiquasimentpaseudenouvellesalorsjem’inquiétais,c’estnormal,non?J’avais déjà unemère poule avec Lola, voilà quemaintenant j’en ai une autre. Faudrait que je les
réunissecesdeux-là,ellesdevraientbiens’entendre!Jeluiprendslamainetlapresselégèrementdansla mienne. Savoir que je compte assez pour qu’elle s’inquiète me confirme qu’une belle amitié acommencé.—Jevaisbien…Mêmeplusquebien,alorsnetetracassepluspourmoi.Etpromis,jenetefaisplus
decoupcommeça!Un timide sourire tente de franchir ses lèvresmais elle résiste, ou se force àm’en faire un sans y
parvenirvraiment…Danstouslescas,j’airéussiàlatoucheretj’ensuisravie.Onprogresse!—Bon,alorsvousêtesofficiellementensembleducoup?—Ilparaît,oui,maispersonnen’estaucourant.Onadécidédegarderlesecretpourlemoment.C’est
toutneuf alors affolerLola est inutile.Etpuis franchement…C’est tellementplus excitantquandc’estcaché!Monportablevibreetlenomquis’afficheaffolemoncœur.D’ungesterapide,jedéverrouillel’écran.
Ben:Puisqu’unesoiréedecongéc’esttroptedemander,c’estmoiquivaisprendreleschosesen
main.Prépare-toiàpasserlajournéeavecmoi,j’arrive.
Ben quitte le travail en pleinmilieu de lamatinée juste pourmoi ? J’aimal aux joues à force de
sourire,fautcroirequel’idéedepassertouteunejournéeseuleavecluimefaitplusplaisirquejen’oseme l’avouer. Je ne prends pas la peine de lui répondre, le connaissant il est déjà en chemin. Je suispersuadéequ’ilaenvoyélemessagesurlaroute,histoired’êtresûrquejen’aipasletempsdemedéfiler!—Quandonparleduloup…Jevaisbientôtenvoirlaqueue!J’éclatede riredevant lagrimace et lesyeuxplissésdemonamiequi, cette fois, ne cachepas ses
sentiments.—Maisarrête,bonsang!Tusaisbienquejenesupportepasça!Jevaisencoremettredesheuresà
enlevercetteimagedetoidevantsa…Brefsij’aibiencompris,ilvaarriver?Ellese lèveetmachinalement j’enfaisautant.Quandellerécupèresonsacsur lebar, jecomprends
qu’ellenecomptepasresterpluslongtemps.—Oui,ilaprissajournéepourlapasseravecmoimaisreste,j’aimeraisbeaucoupteleprésenter.
Aumomentdesortir,Juliasetourneversmoietafficheunsourirecontrit.—Uneprochaine fois, promis. J’étais justepasséepourvoir si t’étais encorevivante avantd’aller
travailler.C’estchosefaite,maintenantilfautvraimentquejepartesijeneveuxpasarriverenretard.J’essaie deme libérer pour la réunionde ce soirmais c’est pas gagné. Je te tiens au courant dans lajournée.—Encore?Maispourquoitutedéfilesautant?—Mavieestcompliquée,queveux-tu!Fautquej’yaillesijeneveuxpasmefairevirer.Àplus,ma
belle!Pressée,elleneperdpasunesecondeets’engagedéjàdanslecouloirdel’immeublequandelleme
lancesadernièrephrase.D’unhaussementd’épaules,jerefermelaporte.Monregardeffrayétombesurlemiroirdansl’entrée.Desépisdanslescheveux,destracesdemaquillagedelaveilleetdesloquesenguisedefringues.Merde,jesuisdansunétatlamentable!Jecourspresquejusqu’àlasalledebainspourremédierauproblèmeavantqueBenarrive.Etsijenemetrompepas,ilmerestetrèspeudetemps!
*
Aprèsuncharmantrepasdansunebrasserieauborddel’eau,nousvoilàpiedsnus,jeansretrousséssurleschevilles,àmarchersurlesable.LosAngelesprendsoudaindesalluresromantiquesàsescôtés.Samainglissedansmapaumeetsesdoigtsenlacentlesmiens.Songesten’estpasnaturel,jesensqu’iln’estpasà l’aisedans sadémarcheetpourtant çame réjouit.Ducoinde l’œil, jevois son sourireencoins’étirerquandjeresserremesdoigtssurlui.Aprèstout,cecontactn’ariendechoquantdansuncouple.C’estmonpetitami,non?Mêmedansmatêtecemotrésonnebizarrement:Benestmon«petitami».Maconscienceéclatederiredevantceconstat.—Qu’est-cequetuas?T’esbiensilencieused’unseulcoup!MonautopsychanalyseestcoupéeparlavoixamuséedeBen.J’aidûavoiruneabsencedequelques
minutesvulafaçondontilmedétaille.—J’étaisentraindemedirequetonidéedecettejournéeàdeuxétaitauxantipodesdelamienne!Ils’arrêtenetetlesablecommencedéjààmebrûlerlavoûteplantaire.Lesoleilestàsonzénithence
début d’après-midi et on sent que l’été n’est pas loin.L’eau turquoise de l’océan en arrière-plan a lamêmeteintequesesyeux,quiàcetinstantmesondentintensément.Bondieu,qu’ilestbeau!—Ett’imaginaisquoipournousaujourd’hui?Vusonsourire,ilaparfaitementconsciencedecequej’avaisimaginépourcomblercesheures.Jele
forceàreprendrelamarche,nousavançonsverslerivageetjesuissurpriseparlafroideurdel’eau.Eneffet,nousnesommespasencoreenété!—Jen’avaispasd’idéepréciseentête…Maisunechoseestsûre,tuétaisbeaucoupmoinshabilléet
beaucoupplusensueur!Samainquittelamienneetsonbrasencerclemataille,merapprochantdelui.Sonrirerésonneàmes
oreilles et il secoue la tête commes’iln’en revenaitpas.Quoi,y a riend’étrangeet encoremoinsdedéplaisantlà-dedans!—LesFrançaisessontvraimentdespetitesdépravées!—Non,c’estjustequetoiettonacolyteavezprislespires!T’auraisdûyréfléchiràdeuxfoisavant
decommencertonstupidejeu!Samainappuiesurmachutedereinetjemeretrouvecolléecontresontorse.Mespiedsdansl’eau
fraîchen’empêchentpaslefeudemeconsumer.Lalueurdedésirquipassedanssonregardsuffitàfairebriller lemien,mais c’est sa voix rauque qui finit parme faire chavirer. Bordel, mais qu’est-ce quim’arrive?—Peut-être…Maissanscestupidejeu,commetudis,onenseraitoù,dis-moi?Aucune idée.Est-ce quenos engueulades continuelles, nos coups endouce etmes idées demeurtre
seraienttoujourslà?Vasavoir!Maisàlafaçondontilregardemeslèvresavecgourmandise,jemedisque c’est bien le cadet demes soucis. Lentement, faisant grimperma chaleur corporelle de quelquesdegrés, il se penche vers moi. Sa prise autour de mes reins se raffermit et sa bouche charnue serapproche.Jefaisdemême,désireusedegoûteràladouceurdesapeau.Maisjemanqueseslèvresetbrutalement,jepercutesonfrontdansunbruitsourd.Aïe!Jemeretournevivementetfusilleduregardleballonàmespiedsetungroupedegaminsunpeuplusloin.Bandede…—Nonmaisçavapas?Vouspouvezpasallerjouerailleurs?Unpetitrondouillardquinedoitpasavoirplusdeseptanssedémarquedesautresetmeregardeavec
sesjouesrougies.—Pardon,madame,onn’apasfaitexprèsdevousl’envoyerderrièrelatête!Jerécupèreleballonetplantenerveusementmesonglesdedans.Biensûrlecuirest tropépaispour
éclater.Jem’attendaisàquoi?Idiote!—J’espèrebien!Maintenantfilezjoueràlamarelle,vousferezmoinsdedégâts!LeballonquittemesmainsetBenm’embrasselefront,làoùjesensdéjàunebosseseformer.L’œil
rieur,ilseretientdesemoquerdemoi.—C’estpasgrave…T’asjamaisétégosse,toi?Sansmelaisserl’opportunitéderépondre,leballonsouslebras,ilcourtrejoindrelegrouped’enfants.
Lesourireauxlèvres,jel’observetaperquelquesballesaveceux.Auboutdecinqminutes,jefinisparm’asseoirdanslesable,remetsmeschaussuresetmeperdsdanslacontemplationdurefletdusoleilsurlamerd’huile.MavieàParismesembletellementloin…Deséclatsderirejuvénilesattirentmonregard.JesourismalgrémoienvoyantBenattraperungamin
et le soulever avec facilité pour lui piquer le ballon. Il slalome entre les autres enfants jusqu’auxbouteillesd’eaudresséesenguisedebutettire.Lemiochedanssesbrasestdressécommeuntrophéeettouslesenfantsseregroupentautourdelui.Ungrandsouriresurlevisage,lesyeuxpétillants,illeurtapedanslesmainsavantdevenirmerejoindreentrottinant.Ilagardésonsourireéblouissantetmoncœurfonddevantsajoie.Arrivéàmahauteur,ils’accroupitenfacedemoietdéposeunlégerbaisersurmeslèvres.Lesoufflecourtd’avoircouru,ilrigoleetselaissetomberàcôtédemoi.—T’asunetracerougesurlefront!Instinctivement,jepassemesdoigtsdessus.Merde,jevaisavoirbesoind’unebonnecouchedefond
de teint si je ne veux pas être ridicule ce soir !Allongé,Ben respire lourdement pour reprendre sonsouffle.Dusableluicolleàlapeauetquandils’essuielefront,ils’enmetpartoutsurlevisage.Maisquelidiot!Jemepencheversluiet,demesdoigts,caressesonfront,sesjoues,sabouchetentatricepourenenleverlesgrainsavantdel’embrassertendrement.Salanguecherchelamiennepourapprofondirlebaiseretd’unemain surmanuque, ilm’obligeàmecoller à lui.Mais sesnouveauxpetits copains lesifflentetl’acclamentpardesapplaudissements.Bon,d’accord,c’estnormal,cesontdesenfantsmaisducoupBens’écartedemoi,melaissantsurmafaim.—Tudoisbient’entendreavectesnouveauxamis…Vousavezlemêmeâgemental!Il s’assoitetmepince l’arrièrede lacuissem’arrachantunridiculecouinement.Lesmainsdans les
cheveuxpourremettrelesmècheséchappéesdesonserre-tête,ilregardesespotess’éloigner.—C’estdespetitsmerdeux…Ilssontcool!—T’esàl’aiseaveceux,t’asl’aird’apprécierlesenfants.—Ouais,c’estvrai,çafaitpartiedesobjectifsdemavie.J’espèrequ’unjourj’enauraiàmoi…Jehochelatête,impressionnéequ’unmecdesonâgepuisseéprouvercetyped’envie.—T’asvingt-sixans,t’asletempsdepenseràça!—J’aimelesgossesetjesaisquej’enauraiunjour.Jenetecachepasquejemesuistoujoursditque
je ferais mieux que mes parents. En même temps, ça sert à rien de se précipiter, parfois ça permetd’éviterdeserreursmonumentales.Les avant-bras sur les cuisses,Ben est loin demoi, les yeux perdus dans l’océan.Un silence nous
aspire.J’aisubitementunedrôled’impressionetpasforcémentdesplusrassurantes.—Àquoitupenses?Iltournevivementlatêteversmoietjeregretteaussitôtmaquestion.Sonregards’obscurcit.Ilselève
enmetendantlamainpourquej’enfasseautant.Ilenlacenosdoigtstandisquejecomprendsqu’ilnousemmèneloind’ici.Alorsquejepensequ’ilnemerépondrapas,savoixpercelesilencepesantquis’estinstallé.—Àmonex.Çaauraitpuarriveretjemedisqueçaauraitétélaplusgrosseerreurdemaviequand
onvoitcommentças’estterminé.La pointe de douleur qu’il cherche àme cacher a le don d’aiguiserma jalousie. Cette fille devait
drôlementcompterpourluipourqu’auboutdetantd’années,leurruptureluiresteencoreentraversdelagorge.Iln’enparlejamais,jenesaismêmepascequis’estréellementpassé,sicen’estquesonpèreajouéunrôledansleurséparation.—Tuenétaistrèsamoureux…Cen’estpasunequestion,justeunconstat.Jenem’attendspasàcequ’ilm’explique,d’autantquecette
Bluesembleêtreunsujettaboumais,unefoisdeplus,ilm’étonne.—C’étaitmonpremieramour,biensûrquej’enétaisamoureux.Ellereprésentaitmaportedesortie,
l’échappatoireàmafamilledetordus.Onavaitleprojetdesefiancerpeudetempsavantqu’elle…s’enaille.Fiancer ? Merde, j’avais totalement oublié cette histoire. Je croyais qu’il s’agissait d’un simple
premieramourmais,apparemment,jem’étaiscomplètementplantée.Jemesurprendsàserrerlesdents,écœurée et jalouse qu’une fille ait pu prendre autant de place dans son cœur. Je fous une pichenettementale àma petite voix intérieure quime souffle qu’il a eu une vie avantmoi. Seul un gros chagrind’amourpeutfairechangerunhomme.Lapreuve,ilestdevenucollectionneurdevaginsaprèsça!—Doncunjourellet’aquitté?—Non,ellenem’apasquitté.Elleaacceptél’argentqueluioffraitmonpèrepoursortirdemavieet
adisparudujouraulendemain.C’estmonpaternelquis’estfaitunplaisirdemel’apprendre.Jenel’aipascrusurlecoup,maisj’airapidementcomprisquec’étaitmoiquim’étaisplantésurtoutelaligne!Unecolèreamèreteintesavoixetjem’enveuxdel’avoiremmenésurceterrain.Ilselivreàmoiet
j’ensuisheureuse,maisc’estnotrepremièresortieentantquecoupleetjesuisentraindelagâcheravecmesquestions.Mamainseresserresurlasienneet,del’autre,jeluicaressel’avant-bras.Ilm’adresseunpetitsourirequandilcomprendmonintention.Ilsedétendetsedéridecommejel’espérais.Quandonarriveàsamoto,ilmetenduncasqueetenjambel’engin.Levrombissementsourdserépercutejusqu’à
mesentrailles.J’adorecebruit!Jeleregardemettresoncasque,sonblousondecuir.Toutennoir,seulssesyeuxazurressortentavantqu’ilnerabattesavisière.—Arrêtedemematercommeça,Zoé.Mefaispascroirequetun’aimespaslegenrebadboy!Jepasselapointedemalanguesurmeslèvrespourvérifierunechose…Non,c’estbon,jen’étaispas
entraindebaver.Lesmotardsmemettentdanstousmesétatsmaisjeneveuxpasluidonnercettejoie,surtoutquejedevineque,chezlui,c’estessentiellementunpiègeàfemmes.Jem’agrippeàluietenjambeà mon tour la moto. Les cuisses serrées autour des siennes, mon buste collé à son dos et les mainsfermementcroiséessursonventre,jesuisprête.—Tuparles!Surtoi,çafaitpluspanopliedeserialbaiseur!J’entendssonrireavantquelebruitassourdissantdumoteurprenneledessusetqueBens’engagedans
l’artère.Jesuissoulagéequenotrejournéefinissesurunetouchedelégèreté.Lesoleilprenduneteinterose,l’heureestdéjàbienavancée.Latêteposéesursonépaule,jelelaissemeraccompagneràl’appart.Jedoismepréparerpourmaréunionaveclesfilles.Jeregrettedéjàdenepasl’avoirécouté:j’auraisvouluquecettejournéenes’arrêtejamais.
Quelquesjoursplustard…
—Ondevraitfaireçaplussouvent!Lesouriredissimuléderrièreunénormehamburger,Lolamefixeuninstantavantdecroquerdedansà
pleinebouche.Ungémissementdeplénitudes’échappedeseslèvresetelleselaisseretombercontreledossierdelabanquette.EttoutçasansMonsieurOrgasme-garantidisdonc!—Quoi,mangeruntrucquidégueuledegras?Tutefouspeut-êtred’avoirleculflasquemaismoije
vaisdevoirtrimerdeuxfoisplussurletapisdecourse!—Monculflasqueetmoi,ont’emmerde,mavieille!Le regard noir, elle enfourne une nouvelle bouchée avant de le reposer nerveusement. Les joues
pleines,ellemastique longuement sans jamaismequitterdesyeux. J’adorema rouquine, surtoutquandellepensem’intimider.—Jeparlaisdeprendredutempsrienquetoietmoiensemainemaisjenesuisplussûredelevouloir
maintenant!Bon,sérieusement,onnesevoitplus:t’estoujoursavectesclientesouaveccettenouvellecopinemystère…Ellemefaitquoilà,unecrisedejalousie?C’estbienunepremière!J’aitoujoursaiméêtreentourée
etellenes’estjamaissentieendanger.C’estvrai:Lolac’estLolaetçanechangerajamais,mêmesijedoisavouerquej’apprécieénormémentJulia.Faceàsontrouble,jechercheunemanièredeluiexpliquerça sans tomber dans le mélodramatique. Pas envie de la voir pleurer au milieu du resto. En pleineréflexion, jecroqueàmontourdansmoncheeseburger.Bordel, ilest immonde!J’ai l’impressionquemesdentsbaignentdanslafriture!Lolarigoledevantmagrimace.Jelereposeetmecontentedepicorerdesfrites.—Excuse-moid’avoiruntravail,etquimarchebienquiplusest!Etcen’estpasmoiquiaiannulé
notresoiréefilles…Sit’écoutaismoinstoncopain,tuauraisrencontréJujucesoir-là,alorsnememetspastoutsurledos,s’ilteplaît!Ouais t’as raison, cache-toi derrière ton sandwich et fuis mon regard ! Lola reste silencieuse un
momentetjesavouremapetitevictoire.Vienspasmelafaireàl’envers!—Bref…Jesuiscontentequetuaieseul’idéedevenirmechercheraubureau.T’aseudelachance,
normalementjedevaisêtreenformationpourlajournée.Oh,çajelesaismachérie!C’estexactementpourcetteraisonquej’avaisprévudefaireunesurprise
àBen.Maisilafalluquejetecroisedanslescouloirsetquemesplanstombentàl’eau!T’asledonpourplombertousmesprojetsavectonmeilleurami…Commesituétaisaucourantdequelquechose…—Pourquoitumeregardescommeça?Jemeredressequandjemerendscomptequejelafixais,lessourcilsfroncésetlabouchepincée.Je
hausselesépaulesetreprendsunebonnepostureavantdechiperunenouvellefrite.—Jemedisaisjustequ’ilyaunmomentqu’onestlàetquepasuneseulefoistun’asmisJaysurle
tapis,t’esenprogrès!Rienàmeracontersurlui?Àl’évocationdesonamoureux,sesyeuxbrillentd’unetendrelueuretunlargesourires’étiresurses
lèvres.Commesiellen’attendaitqueça,unflotdeparolessortdesaboucheauqueljen’accordequ’uneattentiondistraite.Maquestionn’étaitpasanodineet j’aidéjàmaréponse :non, Jayn’apasvendu lamèche!JesuisenstressdepuisqueBenm’aditquesonmeilleurpoteétaitaucourantpournousdeuxmaisapparemmentilseraitdugenrefiable.Fautcroirequejen’aipasdesouciàmefaire…
—…maisbon,jenesuispaslàpourracontermavieaveclui.EtavecBen,çavasinon?Merde,alorsellesait?J’en lâche lafriteque je tenaisentremesdoigtsetécarquille lesyeux.Non
impossible,saréactionesttropmesurée,tropcalme.—QuoiBen?—Tunet’enplainsplus,satêteest toujoursaccrochéeàsoncorpset tunemefaispluspartdetes
projetsd’appart…J’endéduisqueçavamieux!Jeréprimelesourirequichercheàfranchirmeslèvresenmemordantlesjoues.Çavaplusquemieux
eneffet!Maisça,c’estmonjardinsecretettun’espasprêteàl’entendre.—Fautsavoir,Lola,tunesupportespasquejecritiquetonchouchoumaistut’inquiètesquandjenele
faispas!Tuveuxquejet’expliquecommenttonsupercopainm’abarbouilléedecrèmechantillyalorsquejevenaistoutjustedesortirdemadouche?—Non,c’estbonj’aicompris…Labonneentente,c’estpaspourdemain!Jelalaisse,dépitée,digérersesespérancestroprapidementavortées.Siellesavaitquej’étaisnueet
qu’ilsuivaitdesalanguelalignedechantillyquipartaitdemestétonsjusqu’àma…—Ilestimpossible,çanemarcherajamaiss’iln’ymetpasdusien!Hummmmnon,jenediraispasça.Quandilveut,ilsaitparfaitementdonnerdesapersonne!—Jetel’avaisditquec’étaitpeineperdue.Maisquisait,peut-êtrequ’unjourtesdeuxmeilleursamis
finirontpars’apprécier?—Quedieut’entende!Surtoutpas!Leschosesquisepassententreluietmoin’ontriendecatholiques!Justementquandon
parledelui…LenomdeBens’affichesurl’écrandemonportablequejegardetoujourssouslesyeuxpourletravail.Jelerécupèreetm’adosseàlachaise,mettantunpeudedistanceentreLolaetmoi.
Ben:J’aiencoretongoûtsurmalangue,lasensationdetabouchesurmaqueueetunetriquequi
refusedemequitterdepuiscematin…
Uneboufféedechaleurm’envahitsubitement,jesensmesjouess’échaufferausouvenirdenotrepetite
sessiondecematinavantqu’ilnepartetravailler.Plusieursjourssesontécoulésdepuisquedesmotsontétéposéssurnotrerelation.Nouspassonsnosnuitsdanslemêmelit,onrit,ons’amuse,onjoue…Sansqu’iln’aitréussiàmelefaireregretteruneseulefois.Inquisiteur, le regard de Lola pèse soudain surmoi. Je relève immédiatement la tête et rangemon
téléphonedansmavestesansprendrelapeinederépondreaumessage.Cen’estpaslemomentd’aiguiserlacuriositémaladivedemonamie.Celle-cis’apprêteàparlermaisjeluicoupel’herbesouslepied.—Etsinoncenouveauposte,çadonnequoi?Çadoittechangerlaviedeneplusêtresouslesordres
decetemmerdeur!Changementdesujetefficace.Sielleavaitdesquestionsàproposdemesjouesrosies,elleleszappe
aussitôtettapefrénétiquementdesmains,unelueurd’excitationdanslesyeux.Soulagée,jemeconcentresurelleetmefaisoublier.—J’adoraistravailleravecluimaisc’estsansregrets.L’équipeestgéniale,j’aimapropreassistante
ettuverraismonbureau!Cepostejel’aivoulu,maisjevaisdevoirfairemespreuves,quitteànepascomptermesheureset…
Elleregardesubitementsamontreetselèved’unbond.—Merde,jevaisêtreenretard!Ilfautabsolumentqu’ons’organiseunesoiréetousensemble,j’enai
marredetevoirencoupdevent.Elleenfilesavesteàlahâteetm’embrasserapidementsurlajoue.—Allezjefile,àplus,maZouille.Ellemeplantelà,devantmonassietteencorepleineetl’additionàpayer.MerciLola!Jerèglelanoteetprendsletempsderépondreàquelquesmailsavantdememettreenroute.Malgré
l’irruptiondeLoladansmonplan, jenem’avouepasvaincueetcomptebienrendreunepetitevisiteàBen!Unlégerstressmegagnelorsquejemeretrouveaupieddubâtiment.N’importequoi,Zoé,tunefais
que rendre une visite à ton petit ami secret ! Je souffle un grand coup et passe devant Barbie et sonsourirehypocrite.J’accélèrelacadenceavantquelablondeperoxydéenesedemandepourquoijesuisderetouretm’engouffredansl’ascenseurqui,parchance,arriveaumêmemoment.J’enprofitepourmerefaireunebeauté.Jepassemesmainsdansmescheveuxindisciplinésetmeremetsunetouchederougeàlèvres.L’angoissemesaisitquand jeréaliseque jenesaispasoùsesitue lenouveaubureaudeLola.Pourquoijen’aipaspenséàluidemandersielleavaitchangéd’étage?Mefairesurprendreunefoisdepluséveilleraitlessoupçons,etj’auraisintérêtàtrouverunebonneexcuse.Soudainlacabineralentitetlesportess’ouvrent.OK,opérationcommandoenclenchée.Jepasselatête
parl’ouverturepourvérifierquelavoieestlibre.Regardàgauche:personne.Àdroite:RAS.Jequittel’ascenseuràpasdeloup,àl’affûtdumoindremouvement.Appelez-moiBond,ZoéBond!Lamoquettecouvrelebruitdemestalonsaiguillesetj’avanceaussivitequemajupemoulantemelepermet.Jejettedescoupsd’œilfurtifsdanstouslessensetlesoulagementm’envahitquandj’approcheenfindubureaudeBen.Cibleverrouilléedroitdevant.Soudainuneporteclaqueetdeséclatsdevoixsefontentendre.Merde!Emportéeparl’adrénaline,jeneréfléchispas,sprintejusqu’àunpetitrenfoncementetmeplaquecontrelemur,lesoufflecourt.Finalement,lespass’éloignentetjepeuxenfinreprendremarespiration.C’est du grand n’importe quoi ! Tout ça pour voir Ben quelquesminutes. Lorsque je suis sûre d’êtreseule,jequittemacachetteetfoncedroitsurmonobjectif.Lebureaudesanouvelleassistanteestvide,c’estmonjourdechance.J’ouvrelaporteàlavoléeetlarefermeaussisec.Soulagée,jeposemonfrontsurleboisquelquessecondesetvidel’airdemespoumons.C’estbon,jesuissauvée!—Zoé?Qu’est-cequetufaisici?L’étonnementdanslavoixdeBenmefaitsourire.Tun’imaginesmêmepastouslesobstaclesquej’ai
dûaffronterpourparvenirjusqu’àtoi,moncoco.Jemeretourneetmonsouriresefaitlamalleenmêmetempsquemoncœur.Bordel, je suismaudite !Tranquillement installés autourdubureau,uncafé à lamain,Ben,LolaetJaym’observentcommeunebêtedefoire.Maispourquoijen’aipaspenséàluipasseruncoupdefilavantdedébarquercommeunefurie?—Bah,machérie,qu’est-cequetufaislà?J’aioubliéquelquechoseauresto?Lesyeuxécarquillés,jelesdévisageàtourderôlesansréussiràtrouverlemoindreraisonvalableà
maprésence.Jaydenvientàmarencontre,déposeunebisesurmajoueavantd’entourernonchalammentunbrasautourdemesépaulespourmeforceràavancerdansl’antre.Non…Laisse-moipartir!Unelueurétrangeanimesespupillesetquandsonrictusencoinsedessine,jesaisd’avancequ’ilnevapasm’aideràmesortirdecetteaffaire.—Maisnon,bébé,Zoésaittrèsbienquetuaschangédebureau…T’esvenuevoirBenalors?Silence.Sonregardancrédanslemien,Jayprendplaisiràfoutresamerde.Jen’osemêmepasjeterun
œilendirectiondemacopine.EncoremoinsversBen,quinem’estd’aucunsecours.—Alors,mabelle,tonex-patrontemanque?Tuveuxrevenirbosseravecnous?Unseulmotdeta
partetonteretrouveuneplace…N’est-cepasBen?Aprèsuneseconded’hésitation,Benacquiesce,pascertaindesavoiroùJayveutenvenir.—Enplus,iln’estpasenformeencemoment.Lolase lèveetdégage lebrasdeJay.Paspar jalousie,maiscarellesaitque jenesupportepas le
contactdesautressansqu’ilsysoientinvités.—Maisturacontesn’importequoi,ilestdesuperbonnehumeurencemoment!Jayseposesurl’arêtedubureaufaceàmoi,cachantBen,restédanssonfauteuil.Jambestendueset
brascroisés,iltapotesalèvredesonindexcommes’ilréfléchissait.—T’asraison,moncœur, ila toujoursunsourireniaissur la tronchecesderniers temps.Enfait je
croisqu’ilestsurtoutfatigué.—Tupeuxéviterdeparlerdemoicommesij’étaispaslà?Jenevoispassonvisage,maisjedevineaisémentsonexpressioncrispéeàl’intonationtranchantede
sa voix. Son pote ne se laisse pas démonter pour autant et continue sur sa lancée sans se soucier dugrognementdanssondos.—Àmonavis,maintenantquetun’espluslàpourlesurveiller,ildoits’endonneràcœurjoieavec
lessecrétaires.Çadoitêtreunbeaubordelici!Lola secoue la tête en signede réprobation, regardant par-dessus l’épaule de sonhommepour voir
Ben.Ecœurée,elleserassoitencroisantlesbras.Lessourcilsfroncés,elledoitseremémorerlesalléesetvenuesdanscebureauiln’yapasencoresilongtemps.—C’estfinitoutça,tulesais,alorsfermetagueuleJay!Non,Ben,neréagispas,tonpoten’attendqueçadenouspousseràlafaute!Jemimel’indifférencedevantsonregardscrutateuretlenarguemêmeavecunpetitsourire.Jesaisà
quoitujouesalorsn’espèrepasmevoirtomberdanslepiège.MalgrélesimagesdésagréablesdeBenavecsesconquêtesquicherchentàs’immiscerdansmatête,jeneferaipasceplaisiràJay.Latensionestpalpable,Lolatiresonamoureuxparlebrasetleforceàs’asseoirsurlefauteuilenfacedubureau,puisseposesursesgenouxavantdereportersonattentionsurmoi.—T’occupepasdecesdeuxabrutis,etdis-moiplutôtcequit’amèneici!Merde, encore cette satanée question à laquelle je n’ai toujours pas de réponse. Je lui fais signe
d’attendre et sors mon téléphone qui m’annonce unmessage pour gagner du temps. Julia. J’hésite unmomentmaisfinispardéverrouillerl’écran.Blablabla…Elleneviendrapasàlaréuniondedemain.Merde, c’est pas çaquivame sauver ! Je lui répondsbrièvement et relève la tête à contrecœurpourm’apercevoirqueLolacontinueàmesonder.Çanesentpasbon…Pasbondutout!—Je…J’étaisvenuedireàBenquemaréuniondecesoirétaitreportéeàdemainetquedoncilétait
toujoursdecorvéepourledîner.Ce n’est pas vraiment un mensonge.Ma rouquine semble satisfaite de ma réponse sachant qu’elle
veille à ce que les règles de notre colocation soient respectées pour ne pas avoir à gérer une énièmecrise.—Ettuasfaittoutcecheminpourluidireça?Unsimplemessageauraitsuffi,maisc’estvachement
délicatdetapart,Zoé.Àtaplace,Ben,jelaremercieraiscommeilsedoit!Maisilvasetaire!Unejoutevisuelles’instaureentrelesdeuxamis,levertémeraudesatisfaitcontre
l’azurnerveux.Lola,aumilieu,setend.Ellecomprendquequelquechoseluiéchappe.Jepeuxsentirlabombe s’amorcer, je ne veux pas être là quand elle va éclater. Je recule lentement de plusieurs pas.L’issuedesecoursestderrièremoi,resteplusqu’àmesauveravantl’explosion.—Bon,jevaisvouslaisserbosser…Vousdevezavoirpleindetrucsàfaire.Bref,àplustard!Les deux hommes continuent de se fixer effrontément, et c’est à celui qui lâchera le premier.Ne te
laissepasavoir,Ben!Lolasetourneversmoi,lesyeuxécarquillés,dépasséeparlesévénements.Elleme fait un rapide signe de main et se concentre de nouveau sur les deux hommes de sa vie avecinquiétude.Ellenesedoutepasquejefaispartiedel’équation,etj’espèrequeBenarriveraàsesortirdecemerdiertoutseul.Resterpluslongtempsseraittropdangereux,maisJaynevapasnouslâcher.Sansmoi,sesplanstombentàl’eau.Jeleurtourneledosetmedirigeverslasortie.Lamainsurlapoignée,j’entrouvrelaporteetentrevoitmaliberté.—Attends!JemeraidisàlavoixsourdedeBen.Tendue,incapabledelâcherlaporte,jetourneseulementlatête
verslui.Debout,sonregardimplacablebraquésurmoi,ilcontournesilencieusementlebureau.Affolée,jeconsulteJayden,unsourireglorieuxdéformantsonvisage.Lesalaud!Lola,elle,nelâchepasBenduregard.Seslèvressepincent,sondosseraidit,sesjouesrougissentquandsonmeilleuramis’arrêteàmahauteur. Le puzzle vient de semettre en place, elle a compris. Soudain, ses doigts glissent sousmonmenton et ilme force à lui faire face, à assumer àmon tour.Mamain lâche la poignée etmon corpsbasculeverslesien.Happéeparcetteattirance,j’enoublielaréactiondemonamie.L’hommeenfacedemoi ne bouge plus, me sonde, attend un accord de ma part. Son regard me brûle, j’y vois toute sadéterminationetmesdoutess’envolent.Délicatement,seslèvresseposentsurlesmiennes,s’affirment,imposentnotrerelationofficiellement.Lecœurquibatàcentàl’heure,jerépondsàsonbaiseretbientôtses bras encerclent ma taille, me rapprochent de lui. Ses lèvres se font plus pressantes, sa langues’immiscedansmaboucheetcaresselamienne.Mesmainss’accrochentàsaveste,àsoncou,glissentdanssescheveux.Sesdoigtss’incrustentdansmachair,sonodeurm’enivre.J’enoublieoùnoussommes,lespersonnesautour,lesraisonsdecebaiser.LessifflementsetlesapplaudissementsdeJayfontéclaternotrebulle.Benromptnotrelien.Lesyeux
brillantsetun léger sourire sur ses lèvresenflées, ilme laissedoucement reprendremesespritsavantd’affronterLola.Levoirsisûrdeluialorsquenotrerelationestencoretellementfragilemepousseàycroire.Ilestàmoi,jesuisàluietonnesecacheplus.Soncorpsquifaisaitrempartsedéportesurlecôté,nousexposantànotremeilleureamie.Debout,lespoingsserrésetlecorpstremblantd’énervement,ellefusilleduregardl’hommeàmescôtés.Bizarrement,toutesacolèresembleconcentréesurBen.Sij’ensuissoulagée?Oui!Semblantsortirdesatorpeur,elleavanceverslui,ledoigtmenaçant.—Espècedepetitmerdeux,commentas-tuosétoucheràmacopine?!D’ungesterapide,Benclaquelaportedesonbureaurestéeentrouvertepourétouffersescris.Ilouvre
labouchepoursejustifiermaisLolalaisseexplosersafureur.S’iln’avaitjamaisvusaprincessecommeça,ilvaapprendreàlaconnaître!—TubaisesavecquituveuxmaistunetouchespasàunseulcheveudeZoé!C’estpasunedetes
fillesquetusoulèvesetutilisescommeçatechante.Merde,Ben,jet’avaisinterditdel’approcher!Sapaumechaudeseglissedansmamainetmeramèneàlui.Cegesten’échappepasàLolaquifixe,
lesyeuxrouges,nosdoigtsentremêlés.Lepalpitantàsonmaximum,jelaisseBengérer,vuqu’ilsemblesavoircomments’yprendre.Moi,enl’état,j’arriveàpeineàtenirsurmesjambes.D’unevoixcalmeetposée,ilprofitedesonétonnementpourenplacerune.
—Princesse,tufaisfausseroutelà.Zoén’estpasunplancul.Jemeretiensderirequandonsaitcommenttoutçaacommencé.Non,c’estjusteunjeusexuelquia
dérapé !Lola lève lesyeuxvers luipuisversmoietattenduneconfirmationdemapart. Je lui souristendrementetposelesmotssurnotrerelation.—Benetmoi,onest…ensemble?!Çame fait bizarrede ledire àvoixhaute, jebute sur lemotqui rouledifficilement surma langue.
Machinalement, je me tourne vers Ben et son regard amusé me laisse penser que c’est aussiinvraisemblablepourluiqueçal’estpourmoi.—Ensemble?Genre,t’essonpetitami?Lavoixtropdanslesaigus,Lolapeineàycroire.Rassure-toi,j’ensuisencorelàégalementetpourtant
çafaitplusieursjoursquej’essaiedem’enpersuader!UnegrimacedéformelabouchedeBenàcetteexpression.Illâchemamainetinstalleunbrassurmesépaulesavantdedéposerunrapidebaisersurmatempe.—Disons que je suis son mec oui. Enfin on est en couple quoi, qu’est-ce que tu n’arrives pas à
comprendrelà-dedansLola?—Merdealors…Celle-làjenem’yattendaispas!Ellemefileunetapesurl’épauleetmedévisageuninstantdesesyeuxrétrécistellesdesmeurtrières,
comme si elle se souvenait soudainement d’une chose. Pourquoi c’est toujours moi qui ai droit à saviolence?—Tut’esbienfoutuedemoi!Ilyaàpeineuneheuretumedisaisàquelpointtuledétestais!T’avais
l’occasiondemeledire,pourquoitunel’aspasfait?Elleestsérieuseavecsaquestion?— Tu vois bien ta réaction disproportionnée, Lola. Pourquoi je me serais risquée à t’en parler ?
C’étaitnotrepetitsecretenattendantdesavoiroùnousallions.Tupeuxleconcevoir,non?Oncomptaitteledire,maispastoutdesuite…Lolafaitquelquespasenarrièreetselaissetombersurlefauteuil.Surtout,Ben,nemelâchepas,je
faismamalignemaisjen’enmènepaslarge.Tudesserrestaprise,jem’écroule.—Vousmeprenezaudépourvumaisj’auraispum’enapercevoiraussi!Çafaitlongtemps?Vousêtes
amoureux?Bensecrispe,sonpoucequimecaressaitl’épaules’arrêteaussitôt.Avantqu’ilneprononcedesmots
quipourraientmeblesser,jeprendslesdevants.—C’esttoutnouveau,etnonjenesuispasamoureuse,maisjel’appréciebeaucoup.LeregarddemarouquinesebraqueaussisecdansceluideBenquirestesilencieux.Ilsoupire,agacé
dedevoirsejustifiersurdeschosesquineregardentquenous.—Rangetesyeuxrevolver,jenecomptepasluifairedemal.Moiaussijel’aimebeaucoup,tafollede
copine!Un coup de coude bien placé dans les côtes et il ressert son étreinte en rigolant. L’atmosphère se
réchauffed’uncoup,autantquemoncœur.Ilm’aimebien!Lolanousobserveàtourderôleetunvraisourirefendsonvisage.Elleselèved’unbondetmeprenddanssesbras,avantd’enfairedemêmeavecBen.—Situtiensàtescouilles,vautmieuxpourtoiquetunefassespaslecon!LamenacedeLolalefaitrireunpeuplusetillaserrefortdanssesbras.Ilyaunetellecomplicité,un
telamourfraternelentreeuxquejenecomprendspascommentj’aipudouterdeleurrelation.Lajalousiepeutfairedesravages.Ellesedétacheetplantesonregarddanslesien,toutetraced’humouradisparu.—Jesuissérieuse.Chouchououpas,t’esunhommemortsitulafaissouffrir.—Jesais.Lecœurgonflé,labouleàlagorge,j’observeLolamenacersonmeilleuramipourmeprotéger.C’est
ma seule famille,mon unique amour jusque-là et elleme le rend bien.Comment j’ai fait pour douterd’elle?Lasonneriedemonalarmem’indiquequedansuneheurejedoisêtreàl’autreboutdelavillepourrencontrerunenouvellecliente.Jesaisdéjàquejeseraienretard.—Onenreparleplustardsituveux,maislàilfautvraimentquejeparte.Benme libèreetme faitunclind’œil enguised’au revoir. Je regrettedéjà ses lèvresmais je suis
soulagée.Ons’estdéjàtropdonnésenspectacle,mieuxvautyallerdoucement.Alorsquejesuissurlepointdepartir,jemetourneversceluiquiestàl’originedetoutecettemerdeetquiestrestéétrangementsilencieuxdepuis.—Aufait,Lola,tonhommeétaitaucourantdepuisplusieursjours!Ben ricane alors quema rouquine, le visage furibond, se tourne vers son amoureux et commence à
l’incendieravantmêmequej’airefermélaporte.Çac’estfait!Lesourireauxlèvres,lecœurléger,jequitte le bâtiment. C’était pas si terrible que ça finalement ! Je suis officiellement la petite amie deBenjaminHarperetcerisesurlegâteau:ilm’aimebeaucoup!
Chapitre23
Zoé
Aprèsunaprès-mididétenteàfairelesmagasins,jeregagnelabouchedemétroavecdessacspleinlesbras.MespenséessetournentversBen.Unesemainedepluss’estécouléedepuisqueluietmoisommesofficiellementensemble.Notrevieestchamboulée,Lolaestencoreunpeuenretrait,sceptiquequantànotrerelation,etjenepeuxpasluienvouloir.Onasimulénotrehainetroplongtemps.Ellen’apaseuletempsdevoir tourner leventets’estpris la rafaleenpleine tronche.Benetmoiétionsd’accordpourgarder çapournousmais c’était sans compter sur Jay. Il savait parfaitement comment faire réagir sonpote.Lesecretétaittroplourdàgarderouc’étaitjustepourleplaisir?Maisfinalementc’estunmalpourunbien,maintenantonestlibres,unvraicoupleauxyeuxdetous,et
lepirec’estqueçatient!Rienquepourça,jetrouvequeçamériteunepetitefête.Oui,c’estdécidé:cesoir,ZoéPerezsortlegrandjeu!
*
Jetrépignesurplace,àmi-cheminentrel’excitationetledoute.Commesisonretardétaitlesignequej’ai encore le temps de tout annuler et d’éviter la bourde du siècle. Les yeux écarquillés, je regardeautour de moi et c’est comme si j’observais ma mise en scène pour la première fois : les bougiesdispersées, lamusique douce en arrière-fond,moi quasiment nue…Aumieux ilme prendra pour unepsychopathe,aupireilvas’imaginerquejesuisfolleamoureuse,quejenevisquepourluioujenesaisquoi ! Parce que là, en l’état, ça ressemble plus à une demande en mariage qu’à une simple soiréeimprovisée.Bordel,j’aiencorefaitdansl’excès,ilvaflipperàcoupsûr!Chausséesurdouzecentimètresdetalonsaiguilles,jetrottineaussivitequepossiblejusqu’àlatable
dressée et ramasse à la hâte les pétalesde roseque j’avais déposésdessus. Je range le chandelier etrécupèrelesbougiesuneàune.J’aiàpeinesoufflésurladernièrequelaported’entrées’ouvreengrand.Laseconded’aprèslalumières’allumeetm’exploselesyeuxaupassage.Àmavue,Bensursaute.—T’eslà?Qu’est-cequetufoutaisdanslenoir?—Jenem’étaispasrenducomptequ’ilfaisaitsisombre,j’allaisallumerjustement!Larespirationhaletanted’avoircouruauxquatrecoinsdelapièce,lespoingsserréspourcacherles
pétalesquejen’aipaseuletempsdejeter,jechercheàparaîtrenaturelle.Toutvabien,ilnesepasserien!LesyeuxdeBencaressentmescourbesetilafficheunsourirediscretavantdesedétourner.Quoi,etc’esttout?Onpeutapercevoirmesgrainsdebeautétantlanuisetteesttransparenteetçaneprovoquemêmepaschezluiunfrancsourire?Iljettesescléssurlebaretsesertunebièreavantderevenirversmoietdeposerseslèvressurlesmiennes.Apparemmentjen’aipasledroitàunvraibisounonplus…C’estseulementàcemoment-làquejeremarquequ’ilalestraitstirésetleteintpâle.Ilsedégagedeluiunetensionpalpable.Jeluicaressetendrementlajoue,cequimevautundernierpetitbaiseravantqu’ilnes’éloigne.
—Est-cequetoutvabien?D’ungestemécaniqueildesserresacravateavantdepousserunlongsoupir.—Ouais,lajournéeaétédurec’esttout.Monpèreestencorepasséaujourd’hui.Sujetsensible.Samâchoiretressauteàlasimpleévocationdesonpère.—Tuluiaslaissél’occasiondes’expliquercettefois?—T’es sérieuse ? Jeneveuxplus avoir affaire à lui, tu le sais. Jevoismêmepaspourquoion en
parle.Benfinitsabièred’unetraiteetclaquelabouteillesurleplandetravail,lesnerfsàfleurdepeau.Je
larécupèreetlajetteàlapoubelle,medébarrassantparlamêmeoccasiondespétalesquimecollentauxmains. J’ai failli bousiller cette soirée avec ma folie des grandeurs, mais ce n’est pas non plus sonpaternelquivas’enchargeravecsessoudainsétatsd’âmeaprèstoutcequ’illuiafaitendurer!—T’asraison,c’estluidonnertropd’importance.Alorsjeteproposeuntruc…Mesdoigtscourentsursontorseet,d’ungestehabile,luiôtentsacravateavantd’ouvrirsespremiers
boutonsdechemise.Benmelaissefaire,maissamâchoirecontractéememontrequ’iln’estpasd’humeuràjouer.Lentement,mesmainsremontentlelongdesanuqueetlibèresescheveuxretenusenchignon.Ilfermelesyeuxtandisquejefourremesdoigtsdedansetlemasse.Ungrognementdeplaisirs’échappedeseslèvresetilbasculelatêteenarrièrepourprofiterpleinementdemescaressesdanssachevelure.—… Je vais te faire couler un bon bain chaud, t’apporter une autre bière et tu vas gentiment te
détendrependantquejefaisréchaufferlerepas.Sesmains seposent surmeshanches etme ramènentbrusquement à lui aumomentoù il baisse son
visageversmoi.Sonsouriredeplay-boyrefaitsurfacemêmesisesyeuxrestentvoilés.—Situveuxmedétendre,j’aiunautrescénarioàteproposer…Ettaboucheauraitlepremierrôle!Bahvoyons!Aumoinsilaretrouvésoncôtéobsédé,c’estdéjàça!—Memettreàgenouxdevanttoifaitaussipartieduprogramme,maisavantt’asbesoindeteviderla
tête.—Latête?Nonparceque,perso,jemedisquej’aisurtoutbesoindemeviderles…La main sur sa bouche, je l’empêche de sortir sa connerie. Lui qui respire la classe, sa réplique
douteuseneluicorrespondpas.ÀcroirequeJaydenafinipardéteindresurlui…Unrireétouffésefaitentendreetjelâchemaprisequandlapointedesalanguechatouillemapaume.
Unvraigamin!—Encoreunephrasedanslegenreetjerisqued’ymettrelesdentsalorsméfie-toi!L’imagedemesdentsrayantsacarrosserieluiprovoqueunevisiond’horreur.Unegrimacededouleur
sepeintsursonvisage.Jeprofitedesessecondesd’absencepourmedégagerdesesbrasetfiledanslasalledebains.Quandjereviensquelquesminutesplustard,Benn’apasbougéd’unpouce,àpartqu’ilauneautrebière entre lesmains.Appuyécontre lebar, perdudans sespensées, il neme remarquequelorsquej’arriveàsahauteur.Letristesourirequ’ilm’adressemefendlecœur.Jenesaispasàquoiilpensait,mais je comptebien faire réapparaître leBendrôle, chiant et attachant que j’ai l’habitudedevoir.—Jeteramènedel’alcoolfortouuneaqua-bièreserasuffisante?Unelueurdemalicetraversesesprunellesàl’évocationdecettesoiréeparticulièreoùilaorganiséun
apéroimprovisédanslabaignoire.Lapremièrefoisoùilm’afaitl’amour,oùilm’adonnémonpremierorgasme.
—Jesavaisqueleconceptt’avaitplu!Onprendunbaintouslesdeux?—L’idéeesttentantemaisnon,pascettefois.Jedoisfinirdeprépareràmanger.Ouplutôtdéballerlesbarquettesd’aluetlesmettreaufour,maisçajemegardebiendeleluidire.Du
coin de l’œil il détaille la cuisine : propre et bien rangée. Avant qu’il ne se fasse ses propresconclusions, je luiattrape lesmainset le forceàse relever.Sonregardancrédans lemien, ilmesuitsilencieusementjusqu’àlasalledebains.—Leshommesprennentdesdouches.Lesbaignoires,c’estpourlesgonzesses.—Bahvoyons,etsit’enasunecheztoic’estjustepourladécoalors?Maiscommejecommenceàte
connaître,jet’aipréparéunbainmasculin,viril:sansmousse,niselsdebainouboulesparfumées.Etdansledoute,j’aipasmislafonctionspa!—Je.Ne.Prends.Pas.De.Bain.Dumoins,passeul.C’estuneinvitationdirectemaislefaitdepenserqu’ilaitpuenprendreunavecuneautrefemmeme
déplaîtfortement.Cetappart,c’estsagarçonnière.Mieuxvautnepasimaginertouslesendroitsoùiladûbaiser,aurisquedesalirmespropressouvenirs.Jedéfaislesderniersboutonsdesachemiseetlalaissetomberausolavantdem’attaqueràsonpantalon.JedébouclesaceintureetdescendslafermetureÉclairquandsesdoigtsremontentdoucementletissudemanuisetteetcaresselegalbedemesfesses.Sapeauchaudesurlamiennem’électrise,accélèremonrythmecardiaque.—Alorstumerejoins?Savoixsoudainementrauque,empreintededésir,m’émoustilleetm’intimidecommeàchaquefois.Ce
n’estpasdansmeshabitudes,c’est le seulmecquiproduitceteffet surmoi.Moi,Zoé, j’arriveàêtreintimidéeetjenedonnepascherdemapeauvulamanièredontilmeregarde.Unecanineplantéedanssalèvre,ilattendmaréponse.Horsdequestionquejeluiservederepasalorsqu’ilétaiténervéilyapeu!—Pascettefois!Priseaupiègedesonregardenvoûtant,jesecouelentementlatêteetbaisselesyeuxavantdefléchir.
L’ombred’unsouriretentateurourleseslèvresetsesdoigtscontinuentleurascensionaupointquejen’aiplus de tissu en dessous de la poitrine. Une petite tape sur lesmains pour lui signifier d’arrêter sonnuméro.—Tsstsstss,restetranquille!Sonrirerésonnedanslapièce.Jem’accroupisetdélaceseschaussuresavantdelesluiretirer.Jen’ai
jamaisfaitçapourunhomme,jen’aimepasmaterner.Maisaveclui,toutestsensuel,sexy.Jeglissemesdoigtssousl’élastiquedesonboxer,découvrel’encrenoiresursonaineetfaistombersonpantalondanslafoulée.—J’aimetevoirdanscetteposition…Unsouriretaquinetlesyeuxbrillants,Benmeregardedetoutesahauteur.Jedéposeunpetitbaisersur
lapeaudoucedesonsexeàmoitiédurcietmerelèveprécipitamment.D’uneclaquesurlafesse,jeluifaissignederentrerdansl’eau.—Tuescruelle,jesauraim’ensouvenirtoutàl’heure!Je lève lesyeuxauciel :commes’ilavaitbesoindecetteexcuse! Ilprendunmalinplaisirà faire
monterlapressionjusqu’àm’entendrelesupplier!Jemedélectedelavueimprenablesursonjoliculmuscléquipénètredansl’eau,avantdetournerlestalonsetdemedirigerverslacuisine.Leplataufour,jemeprendsunebièredanslefrigoetrécupèrelasiennelaisséesurlebaravantdele
rejoindre.Étendudetoutsonlong,latêteposéesurlerebordetlesyeuxfermés,ilsembleêtredétendu.
Commequoij’avaisraison!Lestracesdemoussesursontorsemefontcomprendrequ’ils’estdéjàlavé.J’enlève mes escarpins et m’assois en face de lui sur le rebord. Les pieds dans l’eau chaude, jel’éclaboussepourl’obligeràouvrirlesyeuxavantdeluitendresabouteille.—Merci,t’eslameilleure!—Justepourunebière?Jevaisavoirdroitàquoiquandtuvassavoircequetumanges?—Àmaspécialité!Jenesaispasàquoiilfaitallusion,cemecestunespécialitéàluitoutseul.Uneformulecinqétoiles
pourunmenuorgasmique!Lesbrasétendusdechaquecôtédelabaignoire,ilmedétailledelatêteauxpiedssansretenue.Sonregardmebrûlepartoutoùilsepose.—Aufait,jenetel’aipasditenarrivanttoutàl’heure,maistuesmagnifiquedanscettetenue.—T’aurasmisdutempsàledire,maismerci!Pasd’adjectifcommebandante,appétissante,alléchanteouexcitante.Magnifique.Jesuismagnifique.
Àcetinstant,jenemesuisjamaissentieaussifemme,aussisexy.Pourtantj’aitoujoursétésûredemoietdemesatoutsphysiques.—Sérieux,delàjepeuxvoirtestétonsquipointent!Desnuisettescommeçatupeuxenmettretous
lesjours!D’accord,autempspourmoi,j’aiparlétropvite.Monpiedselèvecommeunressortetluiaspergele
visage,effaçantsonœillubriquesansparvenirnéanmoinsàluienlevercesourireblancdeblancqu’ilmesertàtouteslessauces.Craquant.Irrésistible.Énervant.—Bonalors,onmangequoi,femme?Merde,voilàquemaintenant il passe enmodehommedescavernes.Àmon froncementde sourcils,
Bensaitqu’ilestsurunterrainglissant.T’astoutàfaitcomprismoncoco,laféministeenmoiestentraindefairedesbonds.Ilseredressepourmieuxmefaireface.Sesmainstrouventmonpiedetmassentmavoûteplantaire,m’arrachantungémissementdesoulagementaprèsdesheuresàpiétineravecsesfichustalonsaiguilles.Quandjelevoissemoquerdoucementdemoi,l’enviedeluifaireravalersonsouriresefaitsentir.Tantpissiçaentachemafiertéaupassage.—Jet’aifaitdeslasagnes.Sesmainssestoppentnetetàsontourilfroncelessourcils.Voilà,jememarre.—Moiquipensaisquetum’aimais!Silencegênant,pesant.Ilécarquillelesyeuxenréalisantlaportéedesesparolesetdébiterapidement
lasuitepourserattraper.— Enfin je veux dire que tu m’aimais bien ! Tes lasagnes sont dégueu, j’ai frôlé l’indigestion la
dernièrefois!Impossibledem’énerver.Àvraidirejeprêteàpeineattentionàcesmots,lespremiersétantencoreen
trainde tourner enboucledansma tête. Je sais parfaitementqu’il a parlé tropvite, qu’il ne croit pasréellementquejesuistombéeamoureusedelui.Maismoi,j’enpensequoi?Sipenseràluiàlongueurdejournée,avoirlecœurquibatplusvitequandjelevoisouavoirdespapillonsdansleventredèsqu’ilposeseslèvressurlesmiennesc’estêtreamoureuse…Bordel,jesuisentraindetomberamoureusedeBen!Jesensmesjouesrougiretmemordslalangueàm’enfairemalpourmeforceràréagir.Ondiraitunecarpe,Zoé,disoufaisquelquechose,n’importequoi,maisbouge!Montre-luiquetun’aspasfaitcasdesabourde!—Aucun autre effet depuis ? Faudrait que je pense à augmenter les gouttes d’arsenic dans ton vin
alors.Sesépauless’affaissentsensiblementetunlégersourireéclairesonvisage.Maisoui,rassure-toi, je
n’airienentendu.Jesuisblonde,n’oubliepas,jen’aidoncabsolumentriencompris!—Garce,jecroyaisquelegoûtbizarrevenaitdetonvinfrançais.—Jedevraisenmettredanslabière,çamarcheraitmieux!Surce,jevaisallervérifierlacuissondes
lasagnes…dutraiteur!Jecroisentendreun«merci,mondieu»maislebruitdel’eauquandjesorscouvresesmurmures.Au
momentoùjem’apprêteàfranchirlaporte,savoixcettefois-cisefaitclairemententendre.—Tantquetuyes,femme,vadoncmechercherdesfringues!Jemeretourneaussisecetlefusilleduregard.Leschaussuresdanslesmains,jelemenaceenpointant
lestalonsdanssadirection.—Encoreunephrasedanscegenreetteshabitsj’enfaisdestorchons.Rangetoncôtémacho,j’enai
assezeupourcesoir.Faisattention, turégresses tellementviteque tuvasfinir lasoiréeenhommedeCro-Magnon!Alorsquejefermelaportedelasalledebains,jel’entendsgrognercommeunhommepréhistorique
avantd’enrire.Maisquelidiot!Lesourireauxlèvres,jevérifieleplatavantd’allerdanssachambre.Jeretournesestiroirsàlarecherchedequelquechosederidicule,n’importequoi,maiscemecatropdeclassepourgarderunseulvêtementtaché,déforméoudécoloré.Agenouillée,j’ouvrelederniertiroirdesacommode.Jetombesurunjoggingencoton,d’unbleuchinéquimerappellelacouleurdesesyeux.Àdéfautdelevoirridicule,j’aurailasatisfactiondebaverdevantlaperfection.Jetirelepantalondufonddutiroir,etunobjetsefracasseparterreparlamêmeoccasion.Jetourne
rapidement la têtevers laportemais lebruitsourdsur leplanchernesemblepasêtreparvenujusqu’àBen.Curieuse,monregardrevientversl’objet:uncadre.Qu’est-cequ’ilfoutaitlà?Jeleramasseetmesdoigtseffleurentsescontours.Merde,jel’aiabîmé!Jeleretournepourvoirl’étenduedesdégâtsmaislafissureduverre est le cadetdemes soucis.Mesyeux scrutent laphotoencadrée, les sourires remplisd’amour qui font saignermon cœur en un instant.Le souffle coupé, les doigts tremblants, je découvreavechorreurlepremieramourdeBen.Iln’yapasdeplacepourledoute.ÀlavisiondeBenetdecettefille,monmondes’effondre.Unriresansjoies’échappedemeslèvres,mesdoigtsquiseserrentfissurentunpeuplusleverre.Laconnexionentresesdeuxêtresesttellementfortequejecomprendspourquoiiln’a pas réussi à l’oublier. Le souvenir de Blue gardé caché pendant tant d’années en est la preuve.Maintenantque lavéritém’exploseenpleine face, jemedemandecomment j’ai faitpournepasm’enrendrecompte.Maispourquoiilafalluquecesoitelle?Quellessontmesarmesfaceàelle?Moncœurestdanslemêmeétatqueleverre:fenduendeux.Unjour,lepassénousrattraperaet,moi,jedeviendraiquoi?—Maisqu’est-cequetufous?Jesursauteàsavoixdansmondosetmelèveprécipitamment.Réalisantquemesdoigtssonttoujours
fermementcramponnésaucadre,jepassemonbrasderrièremondosàlarecherchedelacommodeet,d’unemainfébrile,jeposel’objetaussidiscrètementquepossible,tandisquedel’autre,jeluitendssonjogging.Ill’attraped’ungestemécaniqueetlejettesurlelitsansyprêterattention.Levisagegrave,ilposesamainsurmonfrontcommesijecouvaisquelquechose.—Zoé,t’estouteblanche…Çavapas?Jenesuispasmalade.Enfinsi,jecrèvedejalousie,decolèreetdetrouillemaislà,tunepeuxplus
rienpourmoi.Monregardrencontrelesienetlefuitquandjerevoiscevisaged’unevingtained’années
quidévoraitdesyeuxceluid’uneautre.Reprends-toi,Zoé!—Siçava.Jecherchaisuneconnerieàtefaireportermaislagravuredemodequetuesn’ariende
pourridanssesplacards.Il rigoledoucementetmeprenddanssesbras. Il sentbon le fraiset sapeauencorehumidemefait
frissonner.Àmoinsqueçaprovienned’autrechose…J’aibeaumedirequec’estdel’histoireancienne,jenepeuxm’empêcherdepenserquemontempsavecluiestcompté.Lecompteàreboursestenclenchéetjeneveuxpasattendreladernièreminutepourleperdre.Jedoismeprotéger,jemesuissuffisammentmiseendangeraveclui.Posantmesmainssursontorsepourlerepousser,ilnebougepas,tenducommeunarc.Jem’écarte,chercheàcaptersonregardmaisilestfixésurquelquechosederrièremoi.Bordeldemerde… Le cadre. Me bousculant presque, il attrape rageusement l’objet en bois et le jette dans lepremiertiroirouvertsansunregardsurlaphoto.—Depuisquandtutepermetsdefouillerdansmesaffaires?Le ton tranchant de sa voix me fait sortir de ma torpeur. Je me redresse et affronte ses yeux aux
couleursdel’orage.Ilesténervé?Etmoialors,jedevraisréagircomment?—Jetel’aidit,jecherchaisdesaffaires.Jenesavaispasquelefonddetontiroircachaituntrésor!
C’estBlue,c’estça?—Pourquoitumeposeslaquestionsituasdéjàlaréponse?Toussesgestesetsesmotsnesontquehargne.—Etjesuisquoi,moi,unplacebo?Unvulgairesubstitutpourcomblercevide?Siparlerd’ellete
faitencoremal,c’estque tuas toujoursdessentimentsmalgré ta rancœur,malgréceque tuveux fairecroire.Jenemebattraipascontreelle,Ben!Alorsquejechercheàsortirdesachambre,ilm’attrapeparlepoignetetjemeretrouvedenouveau
contresontorse.—Tunepeuxpastebattrecontreunfantôme.Bluefaitpartiedemonpasséettoituesmonprésent.Ne
fuispasàcaused’elle.Jen’ai jamaisétéaussibienetc’estentièrementgrâceàtoi…Zoé,tucomptespourmoi.Sesparoles,l’intensitédesonregard,ladouceurdesesdoigtssurmesjouesarriventuntantsoitpeuà
mecalmer.Jetentedem’yraccrocher.Fermantlesyeux,jemelaisseallercontresoncorpschaudetcalemon rythme cardiaque effréné sur le sien. Ses doigts caressent mes cheveux, mon dos, mes bras,m’apaisent.Maisquandilsdeviennentplusosés,qu’ilsdescendentsurmeshanchesetflattentlescourbesdemesfesses,jemetends.Benn’estpasdupe.Sonsoufflechaudcontremonoreille,ilmurmuresesmotsquisortentcommeunesupplique.Jelesreçoiscommeuncoupdepoing,memettantcomplètementK.-O.—Situsavaisàquelpointj’aibesoindetoi…Nemerepoussepas,Zoé.Sesmainspassent labarrièredu fin tissudemanuisette, remontent lentement surmes flancs, etme
forcentàleverlesbraspourmelaretirer.Jelelaissefaire,impuissante,incapabledelerepoussermaisquandmesyeuxpercutent l’azurdes siens, je suishypnotiséepar ledésir que je lis dans sespupillesdilatées.Unebouleseformedansmagorgetandisqueseslèvresembrassentavecgourmandisel’arêtedemamâchoire,moncou,maclavicule…Jegémismalgrémoiquanddesesdoigtsilpincelapointedemestétons.Moncorps répondà ses attentes,mes seins s’alourdissentdeplaisir etmonentrejambepalpited’impatience.Maisdansmatête,c’est legrosfoutoir.Lui,elle…Eux.Leur images’incrustesousmespaupièresetdénaturel’instant.Est-cequ’ill’aimetoujours?Jesuisquoipourlui?Est-cequej’aiunechancefaceàelle?J’aienviedelecroire,d’oublierpourmelaisserallerdanssesbras,maismaraisonmehurledememéfier.Bonsang,jen’yarriveraipas,j’ail’impressiond’étouffer.Ilfautquejem’isole,
que je détourne son attention.D’une voix étranglée, obstruée par cette douleur latente, cette putain deboulequim’empêchederespirer,jesorslapremièrechosequimetraversel’esprit.—C’estl’heuredemanger.Leslasagnesdoiventêtreprêtes.Bennesemblepasm’entendreoudumoinsn’yprêtepasattention.Ilmeconduitdoucementversson
lit.Mesjambesbutentcontrelerebordetl’instantd’aprèsjemeretrouveallongée,soncorpsrecouvrantlemien.—Sûrement.Maislà,c’esttoiquejeveuxmanger.Ses lèvres fondent surmoi,mehappent et jemeperdsdans leur chaleur.Nos langues se cherchent,
s’emmêlent,secaressent.Ladouceurdesoncontact,desabouche,desesmainsquim’idolâtrentabaissemes barrières.Mes doigts parcourent son corps, cherchant déjà àmémoriser chaque parcelle de peauavantdenepluspouvoirletoucher.Demainestunautrejour,enattendant,ilestencoreàmoi.
Chapitre24
Ben
Aucune journée de taf ne m’a jamais paru aussi longue, et cette fois impossible d’échapper auxréunionsniauxrendez-vousprogrammésdepuisdeslustres.Jeprendssurmoi.Jebous.J’enrage.Unairinébranlablefichésurmatronchefaceàtoutescestêtesdeconsencostard-cravate,jeprésidelaréunionenl’absencedeJay.Ladernière.Ilvaêtre20heuresetjen’aiqu’uneenvie:foutrelecamp.Leportableposéàcôtédemoi,jeregardel’écrannoir.Encore.Monindexglissedessuspourledéverrouiller.Rien.Cette furie cherche à me rendre fou en évitant mes appels, en laissant mes messages sans réponse.Apparemmentellem’enveutencorepourhier.Cettephotoestcachéedansmon tiroirdepuis tellementlongtempsquej’aifiniparlazapper.D’accord,jen’aipeut-êtrepasréagidelameilleurefaçonquandjel’ai vue sur la commode,mais je nem’y attendais pas. Je nem’attendais pas à revoir sonvisage.Cesouvenirdenousdeuxm’aprisdecourt.Zoéaledonderemuerlamerde,meposantrégulièrementdesquestionssurBlue,surmonpassé.Toutesceschosesque j’ai refouléesdansuncoindematêteenmecoupantdetoutesrelationsdecouple.Merde,elleneserendmêmepascomptequec’estellequiaréussiàmefairepassercecap!Lacolèreetl’amourquej’aipuéprouverpourBluemeparaissentbienloindepuisqueZoéestentréedansmavie.Pourquoineveut-ellepascomprendrequetoutçaestderrièremoi?Qu’ilyalongtempsquejenem’étaispassentiaussibien?—MonsieurHarper?Àmonnom,jerelèvelatête,unedizainedepairesd’yeuxbraquéssurmapersonne.Silencieux,jeles
regardeàtourderôle,cherchantàsavoircequ’ilsattendentdemoi.Bonsang,voilàquemaintenantjemeridiculisedevantmesconfrèresàcausedecesconneriesquimebouffentlecerveau.Monassistanteéteintlerétroprojecteuretposesesnotessurlatableavantdeseconcentrersurmoi.—J’aifinilaprésentation.Avez-vousquelquechoseàajouter?C’estbon,j’entrevoisenfinlaportedesortie.Jemelèveetl’assembléem’imite.Ouais,lesgars,vous
aussivousenavezpleinleculàcequejevois.—C’estbonpourcesoir,ilesttard.Merci,messieurs,jevousrecontactebientôt.Jefermemonordinateur,fourremonportabledansmapocheetdécampeavantqu’ilsneviennenttous
meserrerlamain.Ilestgrandtempsderentreretdecomprendrelesraisonsdesonsilence.
*
Quandj’arriveàl’appartetquejeletrouveplongédanslenoir,unputaindepressentimentmonteenmoi. Elle n’a quandmême pas osé se barrer… Pas encore une fois ! J’investis les lieux, lancemoncasquedemotosurlecanapéetdéfaismonblousonavecrage.Cesilencealedondemefairemonterenpression.Jevaism’enprendrepleinlatêteparLolamaisilfautquejel’appelle,j’aibesoindesavoirsiellesaitoùestZoé.Leportabledanslamain,jesuspendsmongestequandj’entendsdessonsétouffésvenantdesachambre.Delalumièrepassesouslaporte:elleestlà.Sansréfléchirjefoncedroitdevant
etouvrelebattantquicognecontrelemurdesachambre.Zoésursauteavantdefroncerlessourcilsetdemefairesignequejesuisfou.Macolèremonteencored’uncran.Lesmâchoirescrispées,j’essaiedemecontenir.Peineperduequandellemetourneledospourreprendresaconversationtéléphonique.Putainelledépasselesbornes!Siellemecherche,ellevametrouver!Avant qu’elle ne s’éloigne un peu plus, je lui arrache le téléphone des mains et coupe la
communication. Zoé se retourne brusquement vers moi et écarquille les yeux en me voyant jeter sonportablesurlelit.—Nonmaist’espasbien,j’étaisavecunecliente!—ÇaauraitpuêtrelepapeoulePrésidentquej’enauraisrieneuàfoutre!J’aipassélajournéeà
essayerdetejoindre,unputaindemessagec’étaittroptedemander?J’ail’impressionderevoirlaZoédudébutquandellesoufflebruyamment.Clairement:jel’emmerde.
Bordelmaisilsepassequoilà?Aupremiermouvementpourrécupérersonportablejelachopeparlebrasetlaforceàmefaireface.Àmoncontact,ellesecrispeetsesprunellesglacéesmetranspercent.Jelarelâcheaussisec,paumé.—Çavatoujoursêtrecommeçaavectoi?Aupremiertrucquitegênetuvasterenfermer?Jenevais
pasmebattrepournousdeux,Zoé.Explique-toiaulieudemefuir!Enunefractiondeseconde,lafureurquittesesyeuxetellesedétourne,commesielleabandonnaitla
partie. Sa réaction me prend aux tripes parce que, cette fois, si elle part, elle me quitte. Les mainscroiséesderrièremanuque,jelaregardes’asseoirsurleborddulitetseperdredanslacontemplationduplafond.Unsilencepesants’installeet j’ai l’impressionqu’elleestdéjàloin.Çanedevraitpasmetoucherautant,cettehistoireétaitàpeinecommencée…—Cettephotom’abeaucoupplusretournéequej’aibienvoululemontrer.C’esttonpremieramour,et
Blue…Elle se tait brusquement quand jem’agenouille devant elle. Son regard plonge dans lemien etma
colèresefaitlamalledevantsoninquiétude.—Zoé…Nelaissepastapeurnouséloigner.Tuveuxqu’onparledeBlue?OK,onvalefairemais,
je te préviens, on ne reviendra plus dessus ensuite. Si ça peut te rassurer, vas-y. Pose-moi toutes lesquestionsquitetravaillentetj’yrépondraientoutehonnêteté.Sonhésitationàposerdesmotssursescraintesmerendd’autantplusnerveux.Jen’imaginaispasà
quelpointmonexpouvaitavoiruneemprisesurnotrerelation.Çamerenddingue.Zoépinceleslèvresetinspirelonguement.—Àquelpointl’as-tuaimée?Jefroncelessourcilsenhumidifiantmeslèvres.—Entoutesincérité,jen’aipasdepointdecomparaison.Toutcequejepeuxtedirec’estquej’étais
jeuneetqu’ellem’obsédait.Alorsoui,j’étaisfoud’ellecommen’importequeladoquiapprendàaimerpourlapremièrefois.Maistusaistrèsbiencommentças’estterminé,avecl’interventiondemonpère.Entreelleetmoi,çaajusteétéunfeudepaille.Puissant,maisviteéteint.—OK…Maissiunjourtutombaisdessusparhasard,ilsepasseraitquoi?Moijedeviendraisquoi?L’espace d’une seconde, sa question parvient àmedéstabiliser.On arrive au cœur du problème, et
j’étaisàdixmille lieuxd’imagineràquelpoint son inquiétudepouvait la ronger,commentunesimplephotoapulafairebasculerdansledoute.Jecontractelesmâchoiresenprenantletempsdemesurerlaportée de ce qu’elle me demande. Elle veut que je pense à Blue, que je sois sincère… Inspirantlentement, je laisse lesbribesdemonpassé investirma tête.Des rires,desbaisers,noséchanges,ma
jeunesse…Non.Toutçac’estfini.J’aiévolué,jesuisunhommeconscientdecequ’ilveut,etdecequ’ilneveutplus.Jeremballemesfantasmesd’adoenlissantdemonpoucelabouchepincéedecettefemme,faceàmoi,pleined’appréhension.—Oublie tes craintes, çane changerait absolument rien.Neconfondspas tout,Zoé, tunepeuxpas
comparermonamourd’adolescentàcequel’onpartagemaintenant.Elleaétéimportantepourmoi,c’estvrai,mais çan’a rienàvoir avecmesattentesd’aujourd’hui. J’ai tourné lapage, et c’estgrâce à toi.Oublielepassé,concentrons-nousplutôtsurcequinousarrive,nelalaissepass’immiscerentrenous.Sespupilless’agitentenmeregardantetjen’aiqu’uneenvie:finirdelarassurer,luiprouverquec’est
ellequiestimportanteàmesyeux.J’approchemeslèvresdessiennesmaissoudainementellereculesonvisageenmeretenantparlesépaules.Saréactionmefaitl’effetd’unuppercutenpleindansl’estomac.—Avanttoutechose,unedernièrequestion:est-cequ’ellesavaitfaireleslasagnes?Son air mutin vient me narguer, m’arrache un soupir de soulagement avant de ricaner. Un sourire
séducteurauxlèvres,jemepencheverselle,empoignesescheveuxquejetiredoucementpourdégagersagorge.Monsoufflesurvolelecreuxdesonoreilleavantdelamordiller.—Divinementbonnes…Malanguetracedessillonssurlapeaudesoncou,remontejusqu’àsamâchoire.Ellegémitenserrant
lespoings,jepoursuissurmalancée.—Fondantes,généreuses…Je laisse glissermamain sur son chemisier, défais les premiers boutons et enveloppe son sein, le
caressetandisquej’aspiresalèvreinférieure.Elles’agite,râle,entreplaisiretindignation.Ellemefoutuncoupàl’épauleetjem’écarteenmemarrant.—Stop,c’estbon,j’aicompris!Jevaism’inscrireàuncourss’illefaut!Unrictusapparaîtsurmeslèvres.—Quoiencore?—Qu’est-cequ’ons’enfoutdeseslasagnes?Jenelesaijamaisgoûtées!Zoésemordillelalèvrepourretenirsonrire.—Jetedéteste.Notre complicité retrouvée, je pose ma main sur sa joue, la caresse de mon pouce en savourant
l’intensitédanssonregard.Sesyeuxfixentmeslèvres,sonindexendessinelescontoursetjefondssurlessiennescommeunaffamé,uncaméenmanquependanttouteunejournée.Parcequec’estcequesuis:unaccroàlameilleuredesdroguesquisoitmaissûrementaussilaplusdangereuse.Lenirvanamaisavecle risqued’unedescenteenbad tripqui causeramaperte.Parcequenotrehistoiren’estpeut-êtrepasfaitepourdurer.C’estsûrementunepassadepluslonguequelesautres,maisjen’aipasenviequeçaseterminemaintenant.Paspourunephotoàlacon.
Chapitre25
Zoé
UnesemainequelenomdeBluen’apasfranchimeslèvresmêmesij’aiencoreunetonnedequestionsàsonsujet.J’aifaitsemblantdecroireBenaudébut,maisjecommenceréellementàpenserquesonexpourraitnepasêtreunobstacle finalement.D’unecertainemanière, il aconfesséavoirdes sentimentspour moi en affirmant qu’il l’oubliait à mes côtés. Le souvenir de ses mots, la douceur de sa voixm’avouantsonattirancemefontencorevibrer…Alorsj’aibeaumedirequelepassén’estpassiloin,moiaussijeveuxcroireennous.Arrêtederessassertoutça,Zoé!Pourl’instantcen’estnisurlepassénisurleprésentqu’ilfautte
concentrer.Tupréparestonaveniralorssors-toiBendelatêteetpasseenmodeprofessionnel.Jepousselaportedusalondethéetmestalonsclaquentsurlesoltandisquej’entre,cherchantdéjà
mon rendez-vous du regard. Pause détente dans ce genre d’endroit, pas vraimentmon truc,mais bon,j’imaginequeçadoitplaire.Uneparune,jedétaillelespersonnesprésentesàlarecherchedemacliente.Quandj’arrivedevantladernièretable,jetendslamain,unlargesourireauxlèvres.—Bonjour,vousdevezêtreAshleyBrown?Étonnée,elleclignedesyeuxavantdemeserrerlamainetdem’inviteràm’asseoiràsatable.—Comment saviez-vous que c’étaitmoi ? Il y a plusieurs femmes seules ici et pourtant vous êtes
venuedirectementversmoi.Jetirelachaiseetmeglisseenfaced’elleavecassurance,avantdeluiconfirmerquejesuislafemme
qu’elleattendait.—Disonsquejeconnaismonmétier.Connerie.Jesuisentraind’apprendreetmetrompeencoresouvent.Seulement,jefoncetêtebaisséeet
c’estmadéterminationquel’onprendpourduprofessionnalisme.Pourtant,cettefois,j’étaissûredemoncoup.Lafemmeenfacedemoiestleportraittypedetoutescelles,vénales,quifontappelàmesservicespourmaformule«Pigeonencostard».Sonsacgriffé, sonairhautainet fier, sa tenueminutieusementétudiée…Elleaimeleluxeetsesdentslongueslapoussentàvouloirdavantagequecequecesmoyenslimitésluipermettent.—Votrenom ressort régulièrementdans les conversations avecmesamies et jedoisdirequevous
m’intriguez.Alorsj’aidécidédemejeteràl’eau!Vostarifssontattractifsetpuisjen’airienàperdre!Parcontre,jesuiscurieusedeconnaîtrevotremanièredetravailler:jemedemandecommentvousfaitespourtrouvertousceshommesfriquésetnouslescollerentrelespattes…Devantmonairblasé,elleperddoucementdesacontenanceetlaissesaphraseensuspens.Savision
deschosesmerépugnedeplusenplusetjepeineàlecacher.Lesmainscroiséessurlatable,unrictusdéformemabouche.—Jenefaisriendetoutça.Jesuislàpourvousaideràétudierceshommes,àlesappâter,àchoisir
lesquels sont susceptiblesde correspondre àvos attentes.Mais c’est à vousdeprendre les choses enmain.Jenesuispasuneagencematrimoniale.—Non…Biensûrquenon,maisjeveuxêtresûredurésultat.L’hommesurvotresite,jepeuxenavoir
uncommelui?Mon sourire disparaît, jememords la langue pour ne pas lui sortir ce que je crève d’envie de lui
répondre.Cen’estpaslapremièrefoisquel’imagedeBenmeramènedesclientes.Siaudébutjeprenaisçapourunepetitevengeancepersonnelleenverslescrassesqu’ilmefaisaitsubir,maintenantçam’irriteauplusaupoint.Cetteidéetoutdroitsortiedematêtequejeprenaispourleconceptdusièclemeparaîtpeut-êtreexagéréeaujourd’hui…J’aidépassélesbornes,jenemereconnaispasdanscettedémarche.Sicertainspuissantsdecemondeméritentdesharpiesdanslegenredelablondeenfacedemoi,tousnesont pas à mettre dans le même panier. Ben ne mérite pas une de ces femmes, ni mon manque deconsidération.Apprendreàleconnaîtrem’afaitouvrirlesyeuxsurmonabsencedediscernement.Monjugementarriveavecuntrainderetard,maispourl’instantj’aiuneclienteenfacedemoiquiattend.—Toutdépenddevous,Ashley.Jevousdonnelescartes.Jesuisvotreatout,maisàvousdesavoir
jouer.Nevousattendezpasàcequejevouslivreuncatalogueavecunesélectiond’hommes.—Doncsijesuisvosconseils,jepourraismedégoterunjeunehéritier?Sansmelaisserletempsderépondre,elleécartecettepossibilitéd’unreversdemain.—Ohvoussavez,aprèstout,unvieuxpeutaussibienfairel’affaire.Àdéfautd’êtrebeau,jel’aurai
moinslongtempsdanslesjambes.Allez,sortezcecontrat,jesuispresséedetravailleravecvous!Etvoilà,unenouvellecliente.Unedeplusquejevaisdétester.Àcetinstant,jemejurequec’estla
dernière. «Pigeonen costard»vientde tirer sa révérence.Tantpis si je loupe l’opportunitéde fairedécoller mon chiffre d’affaires, je n’en peux plus de toutes ces arrivistes. Je lui serre la main pourconclurenotredeal,unrictusfacticefichésurlevisage.Connasse.
Chapitre26
Ben
—Jevaisfinirobèsesitucontinuesàt’occuperdesrepas!Zoédéfait ses chaussures etme rejoint sur le canapé.Elle s’étendde tout son long, piochedans le
saladierposésurmesgenouxavantdesenicheraucreuxdemonépaule.Unsoupird’aises’échappedesoncorpsfrêle.Cesoir,c’étaitmontourdefaireàmanger,j’aichoisil’optionplateau-repasdevantlatélé.Ellenetravaillepas,çadevientexceptionnelcesdernierstemps.Elleesttoutàmoietjenevoulaispasperdremontempsàfaireàbouffer.Aulieudeça,onaprisunaquapéro–labaignoireestdevenuemonendroitpréféréaprèsmonlit–etmaintenantc’estboldecrakersdevantunfilm.Etensuite…—Rassure-toi,j’aiprévuunepetiteséancedesportjusteaprès.—Lecontrairem’auraitétonné!Elle rigole et tape sur ma main qui descendait sur sa poitrine avant de lancer le film. C’est une
Françaisequimefaitdécouvrirundesmeilleurs filmscomiquesaméricains,d’aprèselle…Cesoir jeregarde Very Bad Trip mais les sourires de Zoé, ses yeux brillants, sa façon de glousser à chaquerépliquedébilem’empêchentd’enriremoiaussi.Jesuisplusfixésurelle,surseslèvresquidévorentlesbiscuitsapéroquesurlesimages.C’estplusdivertissantetsurtoutbeaucoupplusstimulant.Uncrakerss’échappedesesdoigtsettombedanssondécolleté.Avantqu’elleneréagisse,jepenchelatête,plongeentresesseinsetrécupèrelegâteauavecmesdents.Lapointedemalangueremontedanssoncou,surl’arêtedesamâchoire,puissursonlobed’oreillequej’aspireetmordille.Ungémissementfranchitseslèvresetellemelesoffreensetournantversmoi.Salangues’enrouleautourdelamiennetandisquesesmains s’engouffrent dans mes cheveux qu’elle tire doucement. L’instant d’après, elle a complètementoubliésonfilmetmechevauche,unejambedechaquecôtédemonbassin.Bordel,cettefemmealedondemerendrefou.Littéralement.Elleesttellementréceptiveàmesdésirsquematensionmonteenflècheàchaquefois.Mesmainssursesflancs,jesuislemouvementdesonva-et-vient.Monérectiondevientvitedouloureuse,compresséedanscefute,guidéeparcettefurieuseenviedelaposséder.Lesoiroùelleadécouvertcettephoto,j’aisentiqu’ellen’étaitpasentièrementavecmoi.Luifairel’amour,luimontrerque je suis à elle s’est avéré beaucoup plus difficile que prévu. Le fait qu’elle ne jouisse pas est unindicateurpourmoi.Horsdequestionderevivreça!C’étaitilyadeuxsemaines.Cettehistoiresemblederrièrenousmais,depuis,lafairejouirestdevenuunenécessité,uneobsession.J’aibesoindesavoirqu’elleestbienavecmoi.—Danslachambre…Toutdesuite!Incapabledemedétacherd’elle,jecontinuedebaisersabouche,mesbraspassentsoussescuisseset
jeluiempoignefermementlesfesses.Sontéléphonesonne,seslèvresm’échappent.Ellesepenche,prêteàdécrocher.—Attends,çadoitêtreleboulot!J’interceptesonpoignetetlaramèneàmoi.
—Situdécroches,peuimportelanana,jetejurequec’estellequejebaiseetpastoi!Sesyeuxs’assombrissentetellesejettesurmeslèvres.Sesongless’incrustentdansmesépaules,me
marquent. Jeme lève, Zoé agrippée àmoi, et avance en direction de la chambre la plus proche : lamienne.Lesbrasautourdemoncou,ellemedévore,mesuce,memordlalangue.Sesjambesencerclentmonbusteetellecontinuedesefrottercontremoi.Lasonneriedesonportablecesseenfin,quandlemienprendlerelais.Maisfoutez-nouslapaix!—Ben…Touche-moi,jepeuxplusattendre!Sesmurmures se répercutentdirectdansmonentrejambeetmoncœurpompecommeunmalade. Je
m’arrêtenetetl’assoisprécipitammentsurlatable.Sesdoigtss’agitentdéjààdéboutonnermachemise,quitombeparterre,avantdes’attaqueràmaceinture.Sontéléphonerecommenceàsonner.Jemeretiensdenepaslejetercontrelemur.—Touche-moi,touche-moi!Lesyeuxfiévreux,elleestàlalimitedemesupplieretjenerésisteplusàluidonnercequ’elleattend
demoi.D’uncoupsecjeretroussesajupe,luiécartelesjambesetm’yengouffre.Mesdoigtss’insinuententresescuisseschaudes,lacaressentàtraverssaculottedéjàtoutemouillée.Bordel!—Tuveuxquoi,Zoé?Monmajeurglissesousletissu,s’imprègnedesamoiteuretfrôlesonclitoris.Ellegémit,seshanches
ondulentsurleboisàlarecherchedemoncontact.Sonfrontcontrelemien,ellepeineàrespirer.—Tesmains,talangue,toi…Jeveuxtoutdetoi!Mondoigtlapénètre,lalibèredesonattenteetjefondssursabouche,étouffantsoncridedélivrance.
Elles’agrippeàmaceintureàmoitiédéfaite,incapabledesoutenirlerythmequejeluiimposeàprésent.Attentifàsonplaisir, jemeretiensdeplongerenelle.Lasonneriedemonportablerésonnecommeunécholointain,maisjen’entendsplusrienàpartsonsouffleerratique.Satêteserenverseversl’arrière,jelèche la peau de son cou, mouille le tissu de son chemisier en mordillant ses tétons qui pointent autravers.Concentrésursaboucheentrouverte,sursesgémissements,sursestalonsquiattirentmesfessesvers elle, je continuema torture en attendant lemoment où elle va basculer. Ses chairs se contractentautourdemesdoigtsetjemeredressepourcapterdanssonregardlajouissancelasubmerger.Lamainsursanuque,jelaforceàserelever.Jeveuxlavoir.—Bébé,regarde-moi.Ses yeux s’ancrent dans les miens, ses pupilles se dilatent et… la porte s’ouvre en grand. Un cri
stridentnous fait sursauteret, instinctivement,mesbrasse refermentsurZoé. Je ladécollede la tablepourlacacherderrièremoi.—Bonsang, j’arrivaispasàvous imaginerensemble, jecroisque là jesuisservie !Vousêtesdes
sauvages…Jenemangeraiplusjamaissurcettetable!LolasecachederrièresesmainsetJay,mortderire,neperdpasunemietteduspectacle.Zoédans
mondosmarmonne jene saisquoi et remetde l’ordredans ses fringues tandisque jemecontentederesserrer ma ceinture. Mon érection s’est fait la malle et ma frustration me bouffe les entrailles. Ilsn’avaientpasledroitdedébarquer…Pasmaintenant!—Vousnepouvezpasvenirchezmoisansprévenir,merde!Ilesttard,qu’est-cequevousfoutezici?Lolaretiresesmainsdesonvisageetcroiselesbras.SalangueclaquesursonpalaistandisqueJay
s’avancedanslapièceetposesesfessesauborddelatable.Àl’endroitmêmeoùj’allaisprendreZoés’ilsnes’étaientpaspointés.Unsourirenarquoissefichesursonvisage,ilestcontentdesoncoup.—J’aiessayédevousprévenir, figure-toi.Jaydenpeut te ledire, j’aiappelé jenesaiscombiende
foissurvosdeuxtéléphonespendantqu’onétaitsurlaroute!J’avaisunesupernouvellequejevoulaispartageravecvous…Enfinquenousvoulionspartager…Bref, jenepouvaispasattendrealorsonestvenus…Maisjepensaispasvoustrouvercommeça.Enmêmetemps,j’aipasvraimentréfléchi…C’estvraiquevousvivezensemble.Etquevousêtesensembleaussimais…Je secoue la tête de lassitude.Lola enmode panique qui balance dixmots à la seconde, j’ai assez
donné!Jaylacouvedesyeuxavecunsourireàlacon.L’amouravraimentfaitdesravagessurmonpote!—C’estbon,Lola,respire!Maintenantquetueslà,raconte-nousl’objetdevotrevisite.Aupirecette
interruptionsurpriseneteferaperdrequeledoubledemesclés.Et,s’ilteplaît,ouvrelesyeux,onn’estpasàpoil!Elle cligne des paupières quelques secondes, nous étudie, sa copine et moi, à tour de rôle et un
immensesourirefendsonvisagetandisquedeslarmespointentauxcoinsdesesyeux.Jaylarejointetlaprendcontrelui,caressantsonbraspourlacalmer.Jestressequandsonmentoncommenceàtrembleretque lespremières larmesdévalent ses joues.Qu’est-cequi lui arrive, elle sourit ouellepleure ?Zoéprendlesdevantsetlesessuiedureversdelamain.—Qu’est-cequ’ilsepassemachérie?—Non,je…jesuis…Jeme raidis quand elle éclate en sanglots, incapable de prononcer unmot de plus. Je suis perdu,
cependant jevois Jaycontinuerde sourire. Jene l’ai jamaisvuaussi fier.Braquésurmonpote, jenecomprendsrienàcequisepassequandsoudainmafuriepousseuncrihystérique.Lesdeuxcopinessemettentàsautersurplace,elless’étreignent,s’embrassentetcrientdenouveau.C’estquoileursdélires,jepigequedallelà!Maprincessesedégageetmesauteaucou.Levisagestriédelarmes,incapabledeprononcerlemoindremot,elleagitesamainsousmonnez.Jel’attrapeetlafixeuninstantavantdemetournerversmonpote.—Putain,nemeditespasque…—SI!Onvasemarier!Lolamecriedanslesoreilles,etcettephrasecommenceàtournerenboucledansmatête.Ellerepart
danslesbrasdesonhommeetl’embrassetendrement.Bonsang,cepetitboutdefemmen’apasfinidechanger nos vies ! D’un pas, Zoé me rejoint, et sa main chaude se glisse dans la mienne. Ses yeuxs’ancrentdanslesmiens.Silencieusement,ellemefaitpartagersajoie,sontrouble,avantdereportersonattention sur l’étreinte des futurs mariés. Je reste un instant à la regarder, à essayer de décoder sonémotion.Subitement,jedonneraischerpoursavoircequ’ellepense.
Chapitre27
Zoé
J’ajustemacoiffure,glisselespiedsdansmesescarpinsvernisetregardeunedernièrefoismonrefletdans lemiroir.Sous lesnéonsde la salledebains,mesyeuxbrillentd’une lueurquine laissepasdeplaceaudoute.C’estpresqueécritsurmonfrontquejeviensdem’envoyerenl’air!Lesbrasdansledos,jemecontorsionnepourfermermarobe.Avecdifficulté,jeremontelezipàmi-
cheminmaismesdoigtspeinentàallerplushaut.—Unmecpossessift’interdiraitdesortirdanscettetenue.Ceboutdetissuestscandaleusementtrop
court,mapuce.J’adore!Unsourireilluminemeslèvresenentendantcesurnomridicule.Pourquoia-t-ilfalluquejeluiavoue
quejetrouveabsurdeslesmièvreriesdecegenre?Jeleregardepar-dessusmonépaule,adossécontrelechambranledelaporte,encoreàmoitiénu,àselécherleslèvresavecgourmandise.—Aulieuderesterplantélà,viensplutôtm’aider.J’arrivepasàremontercettefichuefermeture.Un rire s’échappede ses lèvresquand ilmevoitm’agiterdans tous les senspour réussir à la faire
monterdecinqmalheureuxcentimètres. Il se redresse, sepositionnederrièremoi etplante son regarddanslemienfaceaumiroir.—OK,laisse-moim’occuperdeça,poussin,jesuisl’hommedelasituation!Sanssedépartirdesonsourire,Benposesonindexà lanaissancedemanuque,suit le tracédema
colonnevertébralepourdescendrejusqu’aumilieudemondos.Cesimpleeffleurementsuffitàrecouvrirmapeaudechairdepoule.Sansromprelecontactvisuel,ilposeseslèvresdansmoncou,ydéposeunchapelet de baisers, lèche mon lobe d’oreille, mordille ma peau. Sa main dans mon dos trouve lafermetureetluifaitsuivrelecheminensensinverse.—Ben,t’escensélaremonter…Saboucheexploremondos,sesdoigtsglissentdansl’ouverturequ’ilsontélargiepourvenirréchauffer
lapeaudemonventre.Quandilfrôlel’élastiquedemonstring,mesmusclessecontractentetmonsoufflesecoupe.Jefaisuneffortsurhumainpournepasmelaisserdistraireouplutôtpourmereprendre.—Ben,fermecetterobe.Jevaisêtreenretard.Jesaiscequetucherchesàfaireetçanemarcherapas
!Comment ne pas comprendre que ça l’embête que je travaille ce soir quand il use de tous les
stratagèmespourmegarderici?Monbeaubrunsoupireets’exécuteàcontrecœuravantdemeprendredans ses bras. Sonodeurme chatouille les narines : unmélange de son parfum, de sueur, de sexe. Jelaissetombermatêtecontresonépauleetprofitedemesdernièresminutesaveclui.Onesttellementpristouslesdeuxencemomentqueparfoisonnefaitquesecroiser.—Turevienstard?—Jenesaispasmaisjeterejoinsleplusvitepossiblejusteaprès.Ettoitufaisquoicesoir?
D’unfroncementdesourcils,ilréfléchitaudéroulementdesasoirée.Undernierbaisersurlatempeetilmelibèredesonétreinte.Lachaleurdesoncorpsmemanqueaussitôt.—Aucuneidée.Mananasetiredraguerdanslesbarsalorsjesupposequejevaisenfaireautantde
moncôté.Onverralequeldesdeuxaleplusdesuccès!Etmaintenant ilattisemajalousie!J’ignoredélibérémentsaremarqueetmepencheversmonreflet
pour appliquer une dernière touche de gloss. Je peux sentir le regard deBen surmes fesses avant desentirsesmainsseposerdessus.—Quoique,aveclatenuequetuportes,j’aidusouciàmefaire!Jemeretournepourluifaireface.Mesbrasserefermentautourdesoncouetmesdoigtsjouentavec
unemèchedesescheveux.Jesaisqu’ilaconfianceenmoi, jeneluiai jamaisdonnéuneseuleraisond’endouter.Leshommesmeparaissent trop fades et sans intérêt à côté de lui et, surtout, il s’arrangetoujours pour me faire l’amour juste avant de sortir de façon à ce que je flotte sur la vague post-orgasmiquepourlerestedelasoirée.— Je les pousse à prendre confiance en elles,moi j’observe uniquement. Le bar n’est pas loin de
l’appartetjerentreaussitôtaprès.Çatevacommeça?—Non,resteavecmoi.Sesmainsseposentsurmeshanches,meramènentunpeuplusprèsdeluietjem’enivredesonodeur.
Jenepeuxpasmepermettrederefuserdutravail.Jesecouelatêtenégativement,incapabledeluidire«non»unefoisdeplus.Bensaitquedeschangementssontencoursdansmonactivitémaisilnemeposepaslamoindrequestion.Cetravailc’estmonunivers,monjardinsecret,etillerespecte.Jenepensaispasquece revirementadministratifposeraitdesproblèmes.Ducoup,enattendantd’avoir l’accorddesupprimer«Pigeonencostard»,jemecontentederefusercegenredeclientèle.—Ceweek-end,neprendsaucun rendez-vous. Je teveuxpourmoi tout seul.On laisseLolaet son
foutumariage,leboulot,lestéléphonesetonsebarre.Justetoietmoi.Lamétéoannoncedubeautemps,alorsonpourraitalleràKinstonpoursurfer,t’enpensesquoi?Unlargesourirefendmonvisageetmoncœurbatunpeuplusfortàsesmots.Unweek-endrienque
touslesdeux,commen’importequelcouple!Unefoisdeplus,Benasafaçondemeprouverquenotrehistoirecomptepourlui.—Quejevaisavoirbesoind’unnouveaubikinietd’unbonprofcarj’aijamaismisunpiedsurune
planche!—Encoreunechoseàtefairedécouvrir?Jevaisfinirpartedemanderdem’appelermaître!Nonmaisjerêve!Jelèvelesyeuxaucieletsecouedoucementlatêtedevantsonmanquedemodestie.
Bon d’accord, jusqu’à présent il est le seul àm’avoir fait connaître l’orgasme,mais j’aurais fini partomber surunautreprodusexe.Non?L’alarmedemonportable sedéclenche,annonçantmondépartimminentetemportantlesriresdeBen.Monbeaubrundéposeunbaiserchastesurleboutdemonnezavantdemerelâcher,résigné.Moiaussijevoudraistellementrester…—Àtoutàl’heure,maîtreYoda!Jequittelasalledebains,récupèremonsacàmainet,alorsquejecommenceàsortirdel’appart,Ben
m’interpelle.—Passeunebonnesoiréeetlaisseladragueàtesclientes.—SeulsceuxquipeuventtedétrôneraurontdroitàmonattentionJe crois apercevoir une étrange lueur éclairer ses prunelles tandis qu’il s’approchedemoi,mais il
baisseleregardtroprapidementpourquej’ensoissûre.—Tesclésétaientrestéesàcôtédulavabo.Sesdoigtsglissentdansmonsacpourydéposerletrousseaudeclésetd’ungesterapide,ilplaquesa
main derrièrema nuque avant de fondre surmes lèvres. Sa langue s’y engouffre à la recherche de lamienne.Surprise, jelelaisseprendrepossessiondemabouche,étalantmonglossaupassage.Lamainsursontorse,mesyeuxsefermentetjeluirendssonbaiseravecautantdepassionquelui.Lesbattementsdemon cœur s’accélèrent,mon corps se colle au sien etmes lèvres, voraces, en demandedavantage.MaisBens’écartesubitement,melaissantchancelanteetencoresurmafaim.Lamainsurlapoignée,ilouvregrandlaporteet,d’unsourire,mesignifiequejepeuxpartir.—Tune trouveraspasmieuxquemoi, lapin, tu le sais,maisvas-y, j’aihâted’écouter toncompte-
rendu!La porte se referme sur son sourire satisfait, fier de son coup. Jemets quelques secondes avant de
réalisercequivientdesepasser.Unrireétouffés’échappedemeslèvresetjetournelestalons.Toi,moncoco,tunet’entireraspascommeça!
*
—Bon,lesfilles,vousavezbienenmémoiretoutesmesrecommandations?Mesquatreclientesautourdelatablehochentlatêteavecdétermination.Aprèsuneheuredethéorie,
onenarriveàlapratique.Enquelquessemaines,ellesontréussiàprendreconfianceenellesetjesuisfièredemonpetitgroupe.Cesnanassontgénialesetj’aientièrementconfianceenelles.—Alors,mesdames,c’estl’heuredepasseràl’action!—Attends,Julianevientpascesoir?Jeregardemachinalementmonportable,maisjemerappellesoudainsonmessagem’annonçantqu’elle
avaitunempêchement.Commesouvent j’aienviededire!Ellen’estpasuneclientecommelesautresalorsellealedroitàuntraitementdefaveur.Juliaestlaseuleàs’incrusterdanstouslespetitsgroupes,cequifaitquetouteslesfilleslaconnaissentetl’apprécientd’ailleurs.—Elleavaitunimprévualorsnecomptezpassurellepourvousmotiver.Vousyarrivereztrèsbien
toutesseules,rassurez-vous.Discrètement,jescrutelasalledesyeuxàlarecherchedenoscobayesdusoir.Allerversunhomme
n’est déjà pas chose facile, alors draguer celui qui vous plaît demande de l’entraînement. J’élimined’office lesgroupesnombreuxoubruyants.J’enrepèredéjàdeux,dans la tranched’âgerequise,àunetablenonloin.Jecontinuemoninspectionendirectiondubarquandunesilhouetteattiremonattention.Jenevoispassonvisagemais je lereconnaissanshésiter,mêmededos.Accoudéauzinc,unverreà lamain,Bendiscutetranquillementavecleserveur.Maisqu’est-cequ’ilfoutlà?Ilestvenumesurveiller?Commenta-t-ilsuoùjemetrouvais?Jereste
fixée sur lui, enattendantdecapter sonattention.Pourtant,pasuneseule fois, ilne se tournedansmadirection.Quandjelevoisrireaveclebarman,jemerendscomptequ’ilsseconnaissent.Quoideplusnormalquandjechoisis lebar leplusprèsdechez lui?Maconscienceéclatederire :sonmondenetournepas autourde toi, idiote ! Jem’apprête à le rejoindrequandune autre idéemevient.Uneplusperverse,plusjoueuse…Plusmoi.—Jen,j’aichoisitacible.Jennifer,soitlaplusmignonnedesquatreavecsesgrandsyeuxgrisetsatailledeguêpe,finitsonverre
culsecavantdereportersonattentionsurmoi.T’asraison,mabelle,donne-toiducouragecarilvat’en
falloir!D’unsignedetête,jeluiindiquelebeaumâlequisefaitservirunautreverre.—Lebrundedosavecuneespècedechignon,c’estletien.Elleleregardeuninstantetsouffleunboncoupavantdeselever.—J’acceptelamission,chef.LesfillesrigolentetnoussuivonsdesyeuxlajolieJenquiavanced’unpashésitantverslebar.Après
underniercoupd’œildansnotredirection,elles’installesurletabouretàcôtédeBen.J’aiunmomentd’appréhensionquand je réaliseque je la jettedans lesbrasde l’hommequi représentemonsite. Il achangédepuislaphoto:sescheveuxremontésenchignonetcettebarbedeplusieursjoursluimodifientlevisage.Ilesttoujoursaussibeaumaislerapprochementestplusdifficileàfaire.Ànotretable,lesilenceesttotal,cartoutenotreattentionestconcentréesurlapremièredugroupeàse
jeteràl’eau.J’aicomprisqu’enfaisantl’expérienceàplusieursetdansuneambiancebonneenfant,lesfillessontmoinscrispéeset leprennentpluscommeun jeu.Après tout,cen’estquede l’entraînementjusqu’àcequ’ellesaientassezconfianceenellespourlefaireseule.Ben tourne la tête dans sa direction et elle lui adresse un sourire. Ça y est, c’est parti, le premier
contactestétabli!Lestressmontequandilrépondàsonsourire.Personnenesemblefairelelien,mesépauless’affaissentdesoulagement.Jenengagelaconversationavecfacilité. Ilse tourneverselle, luirépondavecsonéternelsourireblancdeblanc.Bordel,maispourquoij’aifaitça?Qu’est-cequ’illuiracontepourqu’elle rieautant?J’expliqueauxfilles lespointspositifs,cherche lesnégatifsmais toutsemble très bien se passer. Mes clientes à côté de moi jubilent tandis que je me ratatine dans monfauteuil. Jeme raidisquandellepose samain sur sonbras.Çanedurequ’unedemi-seconde, juste letemps nécessaire pour lui montrer qu’elle est intéressée. Bon sang, c’est une trop bonne élève, elleappliquemesconseilsàlalettre.J’enrage,toutsepassebien…Tropbien.Jeserrelesdents,incapabledecontinuermonargumentationauprèsdesfilles.Soudain,Jendescenddutabouretetrevientversnousenfaisantsignequec’estfoutu.J’arriveàpeineàcachermonsourire.—As-tuvuversquel spécimen tum’asenvoyée?Nonmais sérieux, lemecestunebombe,c’était
perdud’avance!Jenniferreprendsaplaceets’adossesursachaised’unairdépité.Lesfilleslarassurentaussitôtetla
félicitentdes’êtrebiendébrouillée.Cequej’approuve.—Nonj’aiéchouédansmamission!Vouslevoyezdedosmaisdeprès…Cetypeestmagnifiqueet
supersympaenplus…Enfinbref,totalementhorsdeportée!—Personnen’estinaccessible,ilfautsavoirs’adapteràlasituationetàl’hommequiestenfacede
soi.Elleestsceptique,toutcommelerestedelatablée.Leurenthousiasmeretombecommeunsoufflé,etje
décidedepasseràlasuite.Lesdéssontpipésmaisjesuislaseuleàlesavoir.Ellesontbesoind’uneleçon, et moi j’ai envie de le retrouver, alors autant joindre l’utile à l’agréable. Je me lève etl’incompréhensionsepeintsurleursvisages.—Exceptionnellementjevaisyaller,maisuniquementpourvousprouverquetoutestfaisablequand
on a confiance en soi et que l’on sait comment s’y prendre.Mesdames, prenez des notes, car c’est lapremièreetladernièrefois!Jequittelatablesousleursencouragementspourallerlerejoindre.Çamegênedelesduperainsimais
lasituationest troptentantepournepasenprofiter.Tandisquejem’installe, lebarmanmeregardeducoindel’œilavecunlégersourire.—Tuasdusuccèscesoir,monpote!
Bendévisagesonamiavantdecomprendreetsetourneversmoi,unsouriresurlevisageavantmêmedemeregarder.Pfff,dragueurdansl’âme!—Quoi,ilyatantdeconcurrencequeça?L’étonnementdemedécouvrirpassé,Benserrelamainquejeluitendsetdéposeundouxbaisersur
mesphalanges.Simesclientesnepeuventpasm’entendre,ellesnedoiventpaslouperunemiettedelascènequejeleuroffre.Ilouvrelabouchepourrépliquermaissonamiledevance.—Jeneveuxpastefairedefaussejoie,majolie,maist’eslacinquièmeàtentertachance.Cemeca
delamerdedanslesyeuxdepuisunmoment.L’hommepose le torchonqu’il tenaitentre lesmainsets’accoudeaubar, rapprochantsonvisagedu
mien.Instinctivementjereculeetjetteuncoupd’œilàBenquiparaîtamuséparlasituation.D’accord,soncopainvientdemeconfirmerqu’ilyabieneuundéfilédefemmessurcetabouretetçanem’amusepas.—Tuneloupesrienc’estuncon,surtoutaveclesfemmesd’ailleurs.Ilyatellementmieuxpourtoi…
Lebarmanparexemple!Jeteserreunverre,majolie?Devantletonamusédesoncopain,parlantdesafaçondesecomporteravecsescoupsd’unsoir,Ben
perdsonsourireetposesamainsurmacuisse,commepourmerameneràlui.—Serre-luiunverredevinblancetarrêtetoutdesuitetonbaratin,jetevoisvenir,Jeff.C’estpasta
jolie,etelleestavecmoi.LedénomméJeffseredresseetmeregardeavecintérêt.Ilnedoitpasêtrehabituéàentendrecesmots-
là de la part deBen et se demande encore comment interpréter ce « elle est avecmoi » qui ne veutabsolumentriendire.Jetendslamainau-dessusdubaretprononcelesmotsqueBenadumalàdire.—Bonsoir,Jeff.JesuisZoé,lapetiteamieducon!Ilmeserre lamainenpouffantderire,mais jemedemandecequi l’amuse leplus :marepartieou
notrecouple.—Toi,tudoisêtreunsacrélotpouravoirréussiàluipasserlacordeaucou!Bencasé…Merde,t’as
faitmasoirée,là!Ehbienj’aimaréponse!J’imaginequejemetrouvedanslerepairedeBen,lelieudeprédilectionoù
il venait chasser il y a encore quelques semaines. Une bouffée de colère m’envahit tandis que Jeffs’éloigneenrigolant.Lapressionsurmacuissesefaitplusinsistanteetjelèvelesyeuxsurunevagueazurdanslaquellejemenoie.Commentenvouloiràcesfemmesquionttentéleurchancealorsquemoi-mêmej’enauraisfaitautantsinotrerencontrecatastrophiqueavaitétédifférente?—Tutravaillesencore?—Oui,jesuisaveclesquatrefillesaufonddelapièce,àdroite.Discrètement,Bentournelatêtepourregarderdansladirectionquejeluiindiqueetrevientversmoi
avecunsourireamusé.—Doncsijecomprendsbien,cetteJenniferestuneclienteetc’étaituntest?Jeff dépose mon verre devant moi et repart aussitôt, à la demande d’un consommateur plus loin.
J’acquiescedelatêteavantd’enboireunegorgée.—Maisc’étaituntestpourelle…oupourmoi?Mayday!Mayday!Moncerveaudéclencheunesonneried’alarmeettousmessenssefigent.J’avale
une deuxième puis une troisième gorgée dans la foulée. Le liquide frais aux notes fruitées engourditlégèrementmalangueetmefaitgagnerdutempsmaisvulamanièredontilmeregarde,ilconnaîtdéjàla
réponse.—Unpeudesdeuxjesuppose.Ettoialors,qu’est-cequetufaisici,toutseul?Iln’estpasdupedemonintentiondenoyerlepoissonenchangeantsivitedesujetmaisilnerelève
pasetsecontentedemesourire.Unsourireencoin,amuséplusqu’énervé.—Erikdevaitmerejoindremaisj’ail’impressionquejeviensdemefaireposerunlapin.Ducoupma
soiréevaêtrelongue.Tuvasretourneravectesclientesetmoi…Jesupposequejevaisdevoirespérerqu’uneautrefemmeviennetrompermonennuienattendantquemananadécidedes’occuperdemoi!Lecoudesurlezinc,latêtesurmonpoing,jel’écoutedébitersesplaintesavecattention.—Sijecomprendsbien,jesuiscenséem’apitoyersurtonpauvresortalorsquetum’asabandonnée
toutunweek-endpourtoncircuitmotoiln’yapassilongtemps?—T’étaisavecLolaalorsneparlepasd’abandon,surtoutque t’étaisbiencontentede l’avoir juste
pour toi.Cette virée était prévue depuis plusieursmois et, simamémoire est bonne, j’ai sume fairepardonnercommeilsedoit.Ilhumidifieseslèvres,gonfléesdedésiràlasimpleévocationdecesouvenir.Sesdoigtspassentsous
marobe,caressentmapeaunueet réduisant ladistance jusque-là raisonnable.Mamainsursonavant-bras, je le pousse légèrement sachant que les filles ne loupent pas une miette de notre échange. Ladouceurdesapeaumechauffe,desbribesd’imagesdecettenuitderetrouvaillesmereviennentaussitôtetsonregardm’envoûte.Ilsepencheversmoi,frôlemajouedeseslèvresetsonsouffleprèsdemonoreillem’électrise.—Rentre avecmoi,maintenant.Et les imagesque tu as en tête seront unepâle copie de ceque je
comptefairedetoicesoir.Cette douce promesse combinée à sa voix plus rauque a le don deme liquéfier sur place. Je serre
instinctivementlescuissespourcalmercedésirquivientselogerentremesjambes,tentedegardermonairdéterminépournepaslelaisserm’avoir.—Jenepeuxpas,lesfillescomptentsurmoi.Ma réponse est fébrile, sort dans unmurmure à peine audible.Niveau crédibilité on repassera ! Je
crèved’enviede toutquitter et de le suivre.Samainglisse et vientmasser lapeau finederrièremongenou.Marespirationsesaccade,moncœurs’affole.Bonsang,depuisquandcettezoneest-elleérogène?—Cetteoffreprendfindansdeuxminuteslapin,avecousanstoi:jerentre.Maintenantàtoidesavoir
cequetuveux.Bientropvite,ils’écartedemoietprendvolontairementdeladistance,meprivantdesonodeur,de
sontoucher.Seulssesyeuxfiévreuxmaintiennentlaflammequiembrasechaqueparcelledemoncorps.Commentluirésisterquandilmedévoreduregarddecettefaçon?Devantmonsilence, ildétournelatête,selèveetdéposedesbilletssurlebarpourréglerlanote.Benesttrèsdouépourmemettredanstousmesétatsmaislapatiencen’estpassonfort.Safiertél’empêcherad’insisteretsijeneréagispasmaintenant,ilvavraimentpartir.Sansmoi.Jemelèveàmontour,monchoixestdéjàfait.—Laisse-moidireaurevoirauxfilles,j’arrive.Ilneditrien,restestatiquemaislesourireencoinqu’ilarborenem’échappepas.Commesisonoffre
pouvaitse refuser !Les jambescotonneuses, je rejoinsmesclientes.Leurssouriressontcontagieux,etquandj’arriveàlatablej’aidescrampesauxjoues.Pourlecôtéprofessionnelonrepasseraaussi!—Alors?
Lesmainssurledossierd’unechaise,jemecramponnepourmemaintenirsurmestalons.Auboutdecombien de temps, les avances de cemec ne provoquent plus demini-crises cardiaques ? Je ne vaisjamaistenirsurladurée,moncœurvafinirparlâcher!—Alors…Vousallezm’envouloirsij’écourtenotreréunion?Ellesparlenttoutesenmêmetempsmaisjecroisentendrequerefuserlesavancesd’unhommecomme
luiseraituncrimecontrel’humanité.Rienqueça…HeureusementqueBenn’estpaslàpourlesentendre!—Jevouslaissefinirentrevousmaisavecundéfi:obtenirchacuneunnumérodetéléphoneavantde
rentrer.J’attendsdevosnouvellesdèsdemainpourledébriefing!Elles se ratatinent sur leur siège en marmonnant leur accord. Seule Paola, la doyenne avec ses
cinquanteprintemps,sembleencoremotivée.—Dites-vous que si je n’avais pas confiance en vous, je ne vous laisserais pas seules. Vous êtes
prêtes,toutessansexception.Jecomptesurvousdemain,mesdames!Mesclientesseregardentà tourderôleet leurbonnehumeurrevient.C’estpourcetteraisonquele
travailengroupemarchemieux,elless’entraidentetsepoussentàavancer.Aprèsundernieraurevoir,jetourne les talons pour rejoindre Ben. Quand j’arrive à sa hauteur, il me tend la main et son sourirem’apaiseaussitôt.Sij’étaismalàl’aiseàl’idéedelaissermesclientes,ilvientdefaires’envolermesderniersdoutes.—Erikestenroute,jel’aiprévenuques’ilsedémerdaitbien,ilneperdraitpassasoirée.Maisqueje
nel’attendaispas…quej’avaisd’autresprojetsbeaucoupplusexcitantsquedepasserlasoiréeaveclui.Lalueurperversequitraversesespupillesmefaitpoufferderire.Unsourirecraquants’étiresurson
visageetilnousguideverslasortie.Jelesuisàgrandesenjambées,soudainpresséed’êtreseuleaveclui.Brutalement, jemestoppeavantdepasserlesportes.Danstoutecetteagitation,j’enaioubliémonsacsurledossierdemachaise.—Attends,fautquejerécupèremonsac!Ilestrestéàlatabledesfilles.Aupremiermouvementquej’esquisse,sesdoigtsseresserrentsurlesmienset ilmetireenarrière.
J’aijusteletempsdemettremamainsursontorseavantdem’échouerdessus.D’extérieur,onpourraitcroireàundébutdedanseimprovisée.—Interdictiond’yretourner.Bougepas!Benmelâchelamainets’éloigne.Soncôtégentleman?Absolumentpas!Vuladémarchedésinvolte
avec laquelle ilpasseentre les tables, ilcherche justeàse faire remarquerunedernière foisavantdepartir.Jelèvelesyeuxaucielquandjelevoispresquesepavanerdevantmesclientes.Lesyeuxbrillantsetlesjouesrougies,ellesledévorentduregard.Lapointedejalousiequejepeuxéprouverestétoufféeparunecouchedefiertébienmolletonnée.Cemeccanonestàmoi…Rienqu’àmoi!Jesoupirequandjelevoissepencheretdiscutertranquillementaveclegroupe.Desriresrésonnentjusqu’ici.DugrandBendanstoutesasplendeur!Lachaleurdelapièce,accentuéeparl’alcoolquicouledansmesveines,medonne chaud et je choisis de l’attendre dehors.Avecunpeude chance, ça le fera revenir plus vite…Enfins’ilserendcomptedemonabsence!J’ouvrelesgrandesportesetunefoissurletrottoir,respireàpleinspoumonsl’airfraisdecedébutdesoirée.Lesyeuxfermés,sûrementunsourireidiotsurlevisage,j’écoute le bruit de la ville, des voitures, des rires étouffés provenant du bar… Je neme suis jamaissentieaussiheureuse.Lebeaubrunquisefaitattendreyestincontestablementpourquelquechosemaisj’aimemavieici.JecomprendsmieuxLolaàprésent.—Zoé!
Jemecrispeetouvreprécipitammentlesyeux,cherchantlavoixquim’interpelle.Juliacourt,slalomeentrelespassantssurletrottoiretarrivejusqu’àmoiàboutdesouffle.—Mais…Tunedevaispasêtrelà!Mon ton est sec, je suis surprise qu’elle soit venue. Les mains sur les genoux, elle respire
difficilement.Son regards’ancredans lemienet jevois l’incompréhensionsedessinerdanssesyeux.Ellemedévisageuninstantavantderire,paslemoinsdumondeoffenséeparmonapparenceglaciale.—Bah,sympal’accueil!J’arriveàmelibéreretc’estcommeçaquetuleprends?Qu’est-cequetu
fais,tut’enallais?Sijepars?Quelleréponseseraitlaplusappropriée?Oui?Non?Lesportesderrièremois’ouvrentetavantmêmedelevoirjesaisquec’estlui.Moncœurcessede
battre quand sa main se pose sur mes reins. Instinctivement je récupère mon sac qu’il me tend etmémoriselafaçondontseslèvress’ourlentquandilmesourittendrement.Jenesaispluscommentréagir,enmoic’estlefoutoirleplustotal.Jesensleventtourner,unoragesurlepointd’éclatersansparveniràtrouverlemoyendem’ensortir indemne.Lesmainsmoites, lecœurauborddeslèvres, jenesaispascommentmetirerdecemauvaispas.Commentluiexpliquerqu’elleetmoinousnousconnaissons?Jesavaisquec’étaitunemauvaiseidéeetpourtantjenevoyaispascommentfaireautrement.Toujours
penchée,lesoufflecourt,Julianeserendpascomptequesonarrivéemetuntermeàladélicieusefindesoiréequis’annonçait,metuntermeàtout.—Prêteàrentrercheznous,chaton?Jen’arriveplusàrespirer, lechatonestentraindesenoyercommeunanimalquel’onplongedans
l’eaupours’endébarrasser.SeulementBenn’apasencoreconsciencedelamainquimeplongedansleseau.Quand Julia se relèveetque leurs regards se croisent, lamainchaudequime soutenait retombeaussitôt.Unsilencenousenveloppe,lourd,asphyxiant,pesant.Jelesregardeàtourderôle,spectatriced’une scène que jeme suismaintes fois imaginée, sans jamais oser aller jusqu’au bout. Julia trembled’appréhension, sûrement entre la peur du rejet et l’excitation dumoment.Quant àBen, il est tendu àl’extrême,levisagevidédetoutsonsang.Blanccommeunlinge,ilexaminelapersonneenfacedeluiavantdereportersonattentionsurmoi.L’expressiondesesyeuxatotalementchangé.Jen’yvoisplusquedelacolère,delarancœuraussi,etdudégoût.—Vousvousconnaissez?J’avale difficilementma salive, en réalisant déjà qu’ilm’associe à elle. Ilme regarde de lamême
manière, comme si je ne valais pasmieux qu’elle. J’aimerais pouvoirme jeter dans ses bras pour lerassurer,luisignifierquetoutcequel’onavécuaunsenspourmoimaissaposturetellementfroidemecloueausol.MapeurserenforcelorsqueJulias’immisceentrenous.—Salut,Ben.Lamâchoiredemonbeaubrun–sijepeuxencorel’appelerainsi–tressauteenentendantsonprénom
maisilrestebraquésurmoi.Jenesaispasquoidireouquoifaire,monregardresteplongédanslesien,essayantdeluifairecomprendretoutelaprofondeurdemessentiments.—Ben,je…D’ungestedelamain,ilcoupenetJuliaetfermelesyeuxcommepoursereprendre.Cettesituationle
déstabiliseetjenesaispascommentfairepourl’aider.—Jeneveuxrienentendre.Pasunmotdeplus!—J’avaismesraisons,ilfautquejet’explique…
—Non!Sa têtepivotebrusquementvers Julia et sondébutd’excusesmeurt dans sabouche.Les larmes aux
yeux,elleserendcomptequeleursretrouvaillesnesepassentpasaussibienqu’ellel’avaitimaginé.Unhoquets’échappedeseslèvreset,d’unemaintremblantequ’elleposesursabouche,elletented’étoufferunsanglot.L’expressiondeBens’adoucitmaissesmusclestendusprouventqu’ilsecontient.—Tesexplicationsarriventavecquelquesannéesderetard,Blue.Ellesnem’intéressentplus.UnelarmeroulesurlajouedeJulia,ouplutôtdeBlue,maiselleaunregarddéterminé,pasprêteà
s’arrêteraupremierrejet.Elleesquisseunpasverslui,Benrecule.Lesmainsenavant,désireusedeletoucher,elleouvreetrefermelabouche.Seulunsanglotensort.Jedevraisêtreattristéemaisj’aiarrêtéd’éprouverlemoindresentimentpourelledepuislesoiroùj’ai trouvésaphotodansletiroir.Depuis,c’estunvidesansfond,legoûtamerdelatrahisonquim’anime.Jelaprenaispouruneamie,maisj’étaisjuste lemoyen idéal pour qu’elle puisse se rapprocher de lui. Silencieusement,Ben recule encore dequelquespasavantdetournerlestalonsetdepartir.Sansunmotdeplus,sansmêmeunregardpourmoi.Ilfautquejelerattrape,quejeluidiseàquelpointjesuisdésolée.Jen’auraispasdûluicacherquejelaconnaissaismalgrémoi,maismapeurdetoutluiavoueralorsquenotrerelationvenaitàpeinededébuterm’apousséeausilence.Maintenantilesttroptardcar,pourBen,mêmeunmensongeparomissionestunetraîtrise.Quandjemedétourneàmontour,unemainsurmonbrasm’enempêche.Elleatentésachance,qu’elle
negâchepaslamienne.Jemedéfaisdesonemprisebrutalementetluifaisface.—Nemetouchepas!—Tusavais,n’est-cepas?Tusavaisquij’étais?Larespirationsaccadée,laragemenaçantd’exploser,jelafusilleduregard.—Pourquoitunem’asriendit,pourquoituascontinuéàjouerlacartedel’amitiésituconnaissais
mesintentions?Cettevoixmielleuse,ceregarddouxet inquiet,cetairnaïf…Toutenellemerebutedésormais.Les
poingsserréssurlalanièredemonsac,jemefaisviolencepournepasluisauteràlagorge.Toutecettemascarade devait être bien rodée dès la première fois qu’elle m’a contactée. Seulement, elle nes’attendait pas à être confrontée à lui ce soir.Que devait-il se passer normalement ?Dequelle façoncomptait-ellenousséparer?— Tu sais ce qu’on dit, non ? Sois proche de tes amis et encore plus de tes ennemis. Tu serais
simplement venueme voir, tout aurait été différent !Mais non, tu as choisi dem’utiliser, deme fairecroire qu’il n’en valait pas la peine. Quand je repense à toutes tesmises en garde, tous tes sermonsbidon…T’asfaillim’avoirbordel!Quoiqu’ilarrive,jeneveuxplusjamaisterevoir.Jeluitourneledosetcommenceàm’éloignerquandelletentedem’amadouerànouveau.—J’aipeut-êtremalagiavec toimais jenesavaispluscomment faire. Il fautque tusachesque je
t’appréciebeaucoupetçamefaisaitmaldet’infligerça.Unrireamersortdemabouchedevantcettepiètretentative.Safaçondesevictimiseratoujourseule
dondem’énerver.Avantmêmedesavoirquielleétait.Jem’arrêtenetet,sansmeretourner,luisorsavecundégoûtnoncontenu:—Tafaussecompassionnem’atteintpas,Julia.Vaservirtamerdeàquelqu’und’autre.Sansluilaisseruneautrechancedemefaireperdremontemps,j’allongelepasetmemetsàcourir
quandj’arriveaucoindelarue.Lefeuauxjoues,lapeurauventre,jecoursaussivitequejepeuxpourlerejoindre.Bonsang…Jeneveuxpasleperdre!L’ascenseurestd’unelenteureffroyable,jetrépigne
surplace,incapabledemecalmer.Jedoislevoir,luiparler…Jeveuxretrouverlachaleurdesesbras,legoûtdeses lèvres,sonregardemplitde tendresse…Jeveuxqu’ilme laisseunechancede l’aimer.Quandj’arriveenfindevantlaporte,j’aiunmomentd’appréhension.J’entredoucementetleretrouveàtourner en rond dans le salon. Les mains dans les cheveux, le regard baissé, il arpente la piècerageusement.Jeposemonsacsurlatableetm’avanceversluimaissafaçondemefusillerduregardmeretourneetmedissuaded’avancerplus.—Tulesavais,n’est-cepas?Sa voix est grave, empreinte d’une colère que je ne lui connais pas. Un rictus mauvais barre son
visage.—Laissetomber,tonsilenceparlepourtoi.Jenesaismêmepaspourquoijechercheàmerassurer.
Vas-yqu’onsemarre,çaduredepuisquandcetteaffaire?Jedéglutis.—Depuisquejesuistombéesurlaphoto.—Pourquoi jenesuispassurpris !Doncdepuisdessemaines!Et t’attendaisquoipourme ledire
bordel?—J’avaismesraisonset…Un rire nerveux s’échappe de ses lèvres,m’arrachant un frisson. Il secoue la tête lentement et une
grimacedéformesestraitsremplisdedégoût.—Arrête,Zoé,j’ail’impressiond’entendretagrandecopine!—Cen’estpasmacopine…Enfinçanel’estplusdepuisquej’aicomprisqu’ellememanipulaitpour
serapprocherdetoi.Ben,ilfautmecroire,j’aivoulutelediremais…j’aieupeur.—Maispeurdequoi,bordel?Tuveuxsavoircequejemesuisimaginéquandjet’aivuavecelle?
Quevousmepreniezpourleroidescons!—Maisnon,bonsang,j’auraisdûtelediremaisc’étaitplusfortquemoiparceque,malgrécequetu
peuxendire,jesaiscequ’ellereprésentepourtoi!Jenesaispascomment je trouvelaforcedehurleraussifortquelui.Tremblante, lesnerfsàvif, je
soutiensdumieuxquejepeuxsonregardcorrosif.Lepoingdevantlabouchepours’empêcherdecrierencoreunfois,ilsedétourneets’assoitsurlatablebasse.Sesmainsfourragentnerveusementsatignasse,frottentsonvisagetendu,tombentsursesgenoux.—Ben,s’ilteplaît,parle-moi,nelalaissepastoutpourrirentrenous!Unlourdsoupird’agacements’expulsedesespoumonsetsesyeuxseperdentsurlavueofferteparla
baievitrée.D’unpashésitant,jemedécideàlerejoindre.S’ilsentmaprésence,iln’enfaitpascasetcontinuedefixerlecielétoilé.—Tuterendscompteàquelpointtuesridicule,Zoé?Tutesensmenacéeparunputaindefantômede
monpassé.Tonmanquedeconfianceremetencausepasmaldechoses.Etlepiredanstoutçac’estqueje t’en veux à un point que tu n’imaginesmême pas. Je ne supporte pas lemensonge et là c’est toutsimplementunetrahison.Jamaisjenet’enauraiscrucapable.Son ton calme et détaché exacerbema crainte de vivremes derniers instants avec lui,me tord les
boyaux à un point tel que je ressens le goût acide de la bile sur ma langue. Ben fait ressortir mesmeilleurscommemespiressentiments.Jesuisperdue,effrayée;unbesoinviscéraldeletouchermecomprimelapoitrine.Deboutfaceàlui,
j’osepasserunemaindanssescheveux. Il se laisse fairemais,à lamanièredont il se tend, jedevine
qu’ilseretientdesedégager.Nemerepoussepas,Ben!—T’astoujourspascomprisquej’aidessentimentspourtoi?Etc’estàcaused’euxquejen’airien
dit.Je…jeneveuxpasteperdre,Ben.Larespirationlourde,ilfermelesyeux.Jevoudraisluidirequejesuistombéeamoureusedelui,que
j’angoisseàm’enrendremaladedepuisquejesaisquesonpremieramourarefaitsurface,maislapeurdurejetm’empêchedetoutluiavouer.Aprèsd’interminablessecondesdesilence,illèveenfinlesyeuxversmoietjerespiredenouveauenvoyantquetoutetracedecolèreadisparudesonregard.—Onferaitmieuxd’allersecoucher.Ilesttroptardpourcontinuercetteconversation.Jen’espéraispasqu’ilm’avoueàsontoursessentiments,maisjem’attendaisencoremoinsàlevoir
clore le sujet de cette manière. J’ai encore tant de choses à lui dire, à lui expliquer pour lui fairecomprendremesagissements.Jem’écartequandilselèveetluiemboîtelepas.Iln’apeut-êtrepastortaprèstout.Unebonnenuitdesommeilpourraitpermettred’avoirunevisionplusclairedelasituation.Quandonarrivedevantsachambre,ilsetourneversmoi.Lamainsurlechambranledelaporte,ilmebloquelepassage.—Pascesoir,Zoé.J’aibesoind’êtreseul.Sansmelaisserl’occasiondeplacerlemoindremot,ilbaisselesyeuxpourneplusêtreconfrontéàla
détressedesmiensetmefermelaporteaunez.Interdite,jeresteuninstantdevantlachambredontilmerefusel’accès.Cettemêmechambreoùjem’endorsdanssesbrasdepuisdessemaines.Désorientée,jerejoins lamienneetm’allongesur lesdrapsfroids.Recroquevilléeenpositionfœtale,sansprendre lapeined’enlevermesescarpins,jerestefixéesurlalumièrerougeduréveil.Lesminutess’égrainentàunelenteur infinie. Je ne pense à rien, je suis remplie de vide.Un trou béant, voilà à quoi je ressemble.Bordel,jesuislamentable,surtoutquandonsaitquetoutestmafaute.Jevoudraislerejoindre,leserrerdansmesbrasetluidireàquelpointjesuisdésolée,maislepeudefiertéqu’ilmerestem’enempêche.Jenesaispasdepuiscombiendetempsjesuislà,maisj’ail’impressionquelerestantdemanuitva
êtredumêmeacabit.Soudain,lesilencesebriseavecleclaquementdelaported’entrée.Unebouleseformedansmagorge:ilestparti.J’aimeraispouvoirmelaisseraller,pleurer,maisj’ensuisincapable.Jeresteainsi,àattendresonretourjusqu’àcequemespaupièressefermentsansm’enrendrecompte.
Chapitre28
Zoé
Réveilléeensursautenpleinmilieudelanuit,jefoncedroitdanssachambre.Laporteestentrouverte,jesaisdéjàcequejevaisytrouver:duvide.J’allumelalumièreetconstatequesonlitn’amêmepasétédéfait.Ils’estenfermédanssachambrependantdesheuressansessayerdesecoucher.Monestomacseserreenl’imaginantfulminer,tournerenrondetmedétesterunpeuplusàchaqueminutequipassait.Non,non,non !Unemontéede stressmegagneet jecours récupérermon téléphone, levisseàmonoreilletandisque je reviens surmespas. Je tombe sur saboîtevocale, raccroche et réessaie aussitôt.Mêmerésultat. Putain, réponds-moi ! Je respire un grand coup pour me calmer et attends la fin del’enregistrement.—Ben,c’estmoi…Jesaisquetuesencolèremais,s’ilteplaît,dis-moiquetuvasbien.Jeneperdspasunesecondeetretentemachance.Envain.Pourquoin’est-ilpasencorerentré?Ets’il
étaitpartilarejoindre?Non,impossible,pasaprèscequ’ilm’aditsurellehier.Unebouled’émotionseformedansmagorge,jememaudis.Çamebouffedel’intérieurdesavoirquec’estenpartieàcausedemoi qu’il est dans cet état. Je réitère nerveusement la même action, le portable à l’oreille, mais lestonalitéss’enchaînenttoujoursetsonmessagederépondeurprendlerelais.—Ben, je…Appelle-moi,envoie-moiunmessagesi tupréfères,maisneme laissepasm’inquiéter
inutilement.Siseulementilm’avaitlaisséunechancedeluiexpliquer,del’aideràcomprendre…Savoixrésonne
danslecombinéetlebipmeprévientquec’estàmontourdeparler.Jeravaleunsanglot,resteenlignesans rien dire. Les mots dans ma tête refusent de franchir la barrière de mes lèvres. Ce silence esthorribleàsupporteretpourtantjesuisincapablederaccrocher,decoupercemincelienentreluietmoi.J’appuiedenouveausurl’interrupteuretavancedanslenoir.Jeconnaiscettechambreparcœurmais
défairelacouetteetm’yglissersansluimefaitunedrôledesensation.Sanssesbrasquim’encerclent,sontorsecontremondos,sonsoufflesurmanuque…jenesuispasàmaplacedanssonlit.Désemparée,jedéverrouilledupoucel’écrandemonportableetappuiesurlatouchederappel.Jesaisqu’ilnemerépondrapasmaisj’aibesoind’entendresavoix.Àpeinedeuxsonneriesetjebasculedirectementsurlaboîtevocale.Ilmerejette.Moncœurseserredansmapoitrine,jepeineàtrouverdel’air.Saréactionestdémesurée, je ne comprends pas. Il me bloque l’accès à notre chambre, me fuit, et maintenant ilm’ignore…Unepeureffroyablemegagnecaroui,jel’avoue,j’aipeurdesouffriretjen’oseimaginercequivasuivres’ilnerentrepas.Ladouleurpeut-elleêtrepirequemaintenant?Unesensationdefroids’insinueenmoietsepropagedanstoutesmesterminaisonsnerveuses.Tellementfroidqueçafinitpardevenir brûlant. Je n’ai jamais été amoureuse comme ça. Comment gère-t-on ce genre d’émotions ?Paniquée,jem’allongedesoncôtédulitetplongelatêtedanssonoreiller.Sonodeurm’apaise,m’aideàcalmer les tourments qui vrillent mon esprit et je finis par me rendormir, mes doigts cramponnés autéléphone.Unelumièreviveperceàtraversmespaupièreset,doucement,j’ouvrelesyeux.Lejourselèveetil
n’estpasrevenu,jelesensenmoicommeuneévidence.Monportable?Pasd’appel.Pasdemessage.Toujoursrien.Jeregardepar lafenêtresansrienvoir.J’essaiederéfléchirmaismonespritestembrumé.J’espère
que tout va s’arranger sans vraiment y croire. J’ai perdu la notion du temps. Jeme lève comme uneautomate,détaillemesvêtements froissésde laveilleetévitemon refletdans lemiroirenme rendantdanslacuisine.Tandisquelecafécoule,jeregardeautourdemoietj’éprouveunesoudaineenviedenettoyer,ranger,
aspirer.Comme si le foutoir dansma tête s’étaitmatérialisé devantmesyeux.Les bras croisés sur lapoitrine, je tourne surmoi-même et détaillemon environnement, agressée par ce que je vois.Aucuneissue,sicen’estdebriquer,frottertoutcequim’entoure.Jemejettesurlepremierchiffonquimetombesouslamainetmemetsenaction.Deuxheuresplus tard, l’appart estnickelmais jenevaispasmieux.C’estmême tout le contraire :
bientôt10heuresettoujoursaucunsignedeviedeBen.Jevaispéterunplomb!Jesorsmonportabledelapochearrièredemon jean. Je tentedeme raisonner,denepas l’étouffer avecunénièmeappelquiresterade toute façon sans réponse.Ma fierté,mapeur freinent cette envie,malgré cebesoinpresqueviscéral d’entendre sa voix. S’il devait me rejeter de nouveau j’aurais trop peur de ma réaction, desouffrir un peu plus. Je sursaute et mon cœur bat de nouveau quand mon téléphone m’avertit d’unmessage.Enfin!Lesdoigts tremblants,pressants, jedéverrouille l’écran.Ladéceptiondoitse liresurmonvisage:Lola…Cen’estqueLola.
Benbrilleparsonabsenceaubureau,j’espèrequeçavautlecoup!Cettefoisc’étaitcadeaumais
ne comptez pas sur moi pour le couvrir la prochaine fois. Passez une bonne journée, bisous leschouchous.
Bordel,maisoùest-cequ’ilest?Ildécouche,neseprésentepasautravailetaprioriLolan’estau
courantderien.Jevaispéteruncâbleàresterainsidansl’ignorance!Fautquejem’occupesijeneveuxpas disjoncter. J’attrape mon ordinateur, le pose sur le bar et me ronge un ongle en attendant qu’ils’allume.Leportableposéàcôtédemoimefaitdel’œilmaisjerésiste.J’ouvremesmails,faisletourdemonsitesansvraimentyprêterattentionquandmonregard tombesur laphotodeBen.CettemêmephotoquiafaitrevenirJulia,enfinBlue,dansnosvies.Putain,maispourquoij’aifaitça?J’auraisdûladégagerdèsledépart,ledireàBenauraitpeut-êtretoutchangé…Dansquelétatd’espritva-t-ilêtreàsonretour?Est-cequeJuliaaréussisoncoup?A-t-ilcompris
quejen’avaisrienàvoiravecelle?Tropdequestions–toujourslesmêmes–sebousculentdansmatête. Je n’arrive plus à réfléchir correctement, et plus le temps passe, plus je sens un poids quim’oppresse la poitrine. Jeme sensmal, toutmon corps est tendu comme un arc et j’ai besoin d’unedouche…Oui,voilàquidevraitm’aideràmecalmer!Jerécupèredesaffairespropres,monportableaucasoùilsedécideàdonnersignedevieetfiledanslasalledebains.L’eauchaudedétendmesmuscles,j’ail’impressiondemieuxrespirer.Jemelaverapidementetquandjem’enveloppedansuneserviette,jecroisentendreunbruit.Lessensenalerte,jemefige.—Ben?Pasderéponse.Un trousseaudeclésque l’on jettesur laconsolede l’entrée,desbruitsdepasqui
résonnent.Portesquiclaquent,bruitscristallinsdeverres.Merde,qu’est-cequ’ilfout?Jem’habilleàlahâte,l’humiditédemapeaunem’aidepas,maisj’enfiletantbienquemalmonjeanet
montopavantdesortirprécipitamment.Quandjeledécouvredanslacuisine,jemarqueuntempsd’arrêt.
Ilestlà,danssesfringuesdelaveille,lestraitstirésetdescernesviolacéssouslesyeux.Lanuitsembleavoirétéaussidésastreusepourluiquepourmoi.—Tuétaisoù?Jem’inquiétais,tunepeuxpaspartirenpleinenuitsansdonnerlamoindrenouvelle!Lesoulagementde le revoirestdecourteduréequandsesyeuxseposent surmoi.Froids.Distants.
Toutesaposturerévèlequ’ilest tendu,horsdelui,etqu’ilsecontient.Ilavaleunegorgéedelabièrequ’iltientdanssamainsansdéviersonregardpolairedumien.Jen’osepasbouger,piégéeparsesirisazur,essayantdedéchiffrersonattitudeglaciale.—Ettoi,t’avaisledroitdemeprendrepouruncon,demementir?Tucroisqu’onestquittes,ducoup
?Letimbredesavoixestcalme,beaucouptropcalmeàmongoûtetjen’aimepasça.J’aiunmauvais
pressentiment.Pourtant jem’approched’unpashésitant, contourne le bar etm’y appuiepourme tenirfaceàlui.—Jene t’aipasmenti,etencoremoinsprispouruncon.Comprends-moi,bordel, je laconsidérais
commeune copine et, du jour au lendemain, j’apprends queMA Julia estTABlue ! Je ne savais pascommentréagir,alorsjemesuisditquelegarderpourmoietvoircequ’elleattendaitétaitlameilleuresolution.J’aimerdé,j’enaiconscience,maistoutsepassaittellementbienentrenous…Jenevoulaispasrisquerdetoutperdreàcaused’elle.Sespaupières seplissent, son regardqui jusque-là était videde toute expressionprendune étrange
lueur.L’azurdesesirisplongésdanslesmiensmesonde,chercheàvoirau-delàdemonâme.Jelelaisses’yengouffrerpourqu’ilcomprenneàquelpointjesuisdésolée.Jesuistombéeamoureusedetoi,nemelaissepas!Jeveuxqu’illecomprenne,qu’illedevinecarjesuisincapabledeleluiavouer.L’amourquej’aipuéprouverdanslepassén’estriencomparéàceluiquimeronge,medévore,s’immiscedanschaquepartiedemoncorps.Jenemesuisjamaissentieaussivivante,vibranteetmoi-mêmequedepuisqu’ilestentrédansmavie.D’unpas,ilserapprochedemoi.Samainseposesurmonvisageetcaressedupouceleslignesdema
bouche,recourbemalèvreinférieureencontemplantsilencieusementsongeste.Lachaleurdesapeau,cecontacttantattendu,m’apaiseinstantanément.—Doncçayest,t’asdécidédejouerfranc-jeu?OK,plusaucunmensongeentrenous.Jesecouepositivementlatête,unlégersourireétirelecoindemeslèvresenpensantquelatempête
s’éloigne,emportantavecelle touscesnon-ditsetces secretsquiont faillibrisernotrecoupleencoretropfragile.Maismonapaisementestdecourteduréeetmondébutd’euphoriedisparaîtaussisecquandje vois son visage se déformer dans unemoue de dégoût. Samain retombe contre son flanc, et il sedétourne.Jesuispaumée,complètementperdue!Ilsepassequoilà?Bordel,ilnemecroittoujourspas,jedoisencoreleluiexpliquer.—Maisjetejurequequandj’aivuJulialapremièrefois…—Commentellet’atrouvée?Surpriseparsontonsec,jemeréfugiedanslemutisme.Lacolèredissimuléedanssavoixmeprendau
dépourvu.—Jereformule:commentenserapprochantdetoia-t-ellesuqu’ellepourraitm’atteindre?Çac’estàcausedemonsiteetdecetteputainde…Monsangseglace,jetournelatêtedanslamême
directionqueBen.Monordinateur restégrandouvertaffichesaphotoavec la légende«Lepigeonencostard,lasolutionpourbaguerlerichedevotrechoix».Jememordsl’intérieurdesjouesàm’enfairemal.Non…pasça!Jemedécompose,lesmotss’étouffentdansmagorge,jesuisauborddel’apoplexie.
Ilrefermel’écrand’ungestelourdet,quandsesprunellesglacialespercutentlesmiennes,jecomprendsqu’ilaeutoutleloisirdedécouvrirmonsite,decomprendrequej’aiutilisésonimageavantquejenesortedelasalledebains.Aupremierpasquej’esquissedanssadirection,ilreculed’autant.Ilplaceunemaindevant luipourmaintenirunedistancede sécurité entrenouset, de l’autre, il jette sabièredansl’évier.Leverresefracasse,etdel’écumeserépandunpeupartout.—Plusdemensonge,hein?Putainjusqu’àquandtucomptaismeprendrepouruncon?—Attends,laisse-moit’expliquer!C’estpartid’uneconneriequandonn’étaitpasencoreensemble
et…—Putain,maisferme-la!Monflotdeparolesmeurtdansmabouche,ahuriequ’ilosemeparlercommeça.Ilmecontourne,va
danslesalon,récupèreunebouteilledewhisky,s’ensertunverreavantdeleviderculsec.Lespoingsserrés,lerougememonteauxjouesetjelerejoins.Safaçondemeparlermesidère,rallumemesbasinstincts,etmafiertéexplose.—Jet’interdisdemeparlercommeça.OK,tuesénervé,déçu,choquéetjepeuxlecomprendre,mais
ilyadeslimites!Sansunmot,levisagefigéparlesnerfs,ilsesertunautreverre.Jerestedebout,droitecommeunI.
Sonregardtranchantseposedenouveausurmoi,jefaisuneffortsurhumainpournepasmontrerquesonattitudemedéstabilise.Sanssedépartirdecetteexpressionhaineuse,ilsortdesonmutisme.—Etlestiennesdelimites,onenparle?Nonparcequeteservirdemonimagepourterenflouerles
pochesçavaloinquandmême!C’estçaquejesuispourtoi?Uneputaindepompeàfricpourtonlovebusiness?Etc’estquoimadatedepéremption?Unan?Deuxans?Combiendetempsavantquejenesoisplussuffisammentattractifpourqu’onresteensemble?Blueaprislesthunesdemonpèreets’esttiréemaisj’avouequet’asmislabarretrèshaut.Tuespirequ’elle,t’asfaittoutçaderrièremondos!Jedoisdirequejenel’avaispasvuvenircelle-là,alorsbravo,tuasréussitoncoup!Il claque le verre sur la table et applaudit, un rictus amer collé sur le visage. Complètement
estomaquée, je ne trouve rien à répliquer. Tout se retourne contremoi, et je n’ai aucunmot pourmadéfense.Jecomprendssoncheminementdepenséemêmesitoutestfaux.L’alcoolqu’ilingurgiteaggravemasentence.Iladéjàsignémonarrêtdemort.—Aufinal,c’esttoilagrandegagnantedujeu,t’asréussiàmebaiserenbeauté.Jet’aipeut-êtreeue
dansmonlitmaistuasfaitdemoidelachairfraîche.Lepigeonencostardquejesuisaétéprisàsonproprepiège…Putain,j’enrevienspasdem’êtrefaitavoiràcepoint!T’asaucunesensibilité,t’esjustebonneàbouffer lesmecs.T’espasunenana, t’es justeuneespècedemante religieusequidévoresesmecsaprèsl’amour.Quoi?Ilnepeutpaspenserça.Pasaprèstoutcequenousavonspartagé.—J’ai toujours été sincère avec toi, dumoinsdepuisque l’on est ensemble.Tun’as jamais étéun
pigeonpourmoi,nedispasdebêtises, tumeconnaissuffisammentpoursavoirquetoutçan’estqu’unmalentendu,c’estdesconneries,Ben.—Tupeuxdirecequetuveux,Zoé,toutseretournecontretoi.Jenesaispluscequejedoiscroire,ce
quiétaitvraioupasentrenous,cequetumecachesd’autre…T’asplusaucunecrédibilitéàmesyeux.Jen’aiplusconfiance…J’ail’impressiondemeprendreunegifle,aller-retour.Jevacille,meretiensaudossierd’unechaise
pour ne pas tomber. Je prie intérieurement pour qu’il se rende compte que tout est faussé. Je vaismeréveiller,cen’estpaspossible,jesuisenpleincauchemar!
Sonverredenouveaurempli,illeremuemécaniquement,m’observeavantdesel’enfilerd’unetraite.Jefermelesyeuxetinspirelentement,tentedemeraisonner.Ilnepensepasunmotdecequ’ildit.C’estl’alcoolquiparle,paslui.Cen’estpasleBenquejeconnais.Jeprendstoutelamesuredesasouffrancemaisj’espèrequ’ilserendracomptedesonerreur.Ilestdéçu,vexé,sonamourpropreenaprisuncoup,etilluifautdutempspourassimilertouteslesinfosdecesdernièresvingt-quatreheures.Perdue,jenesaisplussijedoisencoretenterdem’expliquer.C’estimpossiblequeçasetermineainsi.C’esttellementconet en completdécalageavecmoiqu’il nepeutpas croireque jeme suismise avec lui justepourl’argent,quejeluiaimentiausujetdeBluejustepourlegarderprèsdemoi.Jen’enairienàfoutredesonargent,ildevraitlesavoir!Muré dans son silence, il continue de boire en prenant soin de ne jamais faiblir l’intensité de son
regardsurmoi.Jerestelà,postéedevantluiàattendrequelapressionretombe,qu’ilréalisequetoutecettesordidehistoireaététroploin.Saufque…—Pournotrebienàtouslesdeux,lemieuxseraitquetupartesd’ici.Jemefige,passûredecomprendre,ouplutôtdevouloircomprendrecequ’ilmedit.—Quoi?—C’estpasassezclair?Barre-toidechezmoi!Son haussement de tonme sort dema torpeur et son regard haineuxme cloue sur place.Une boule
douloureuseseformedansmagorgeet,sansquejem’yattende,unelarmecoulesurmajoue.Jel’essuierageusement, ravalant les autres qui menacent de franchir la barrière de mes cils. Ma fierté reprendrapidementledessusetjelepoussedesdeuxmainspourrejoindremachambre.Laporteclaquederrièremoi,jesuisprisedeviolentstremblements…Jen’aipaspleurédepuismessixans,quandmamèrem’adéposéeàlaDDASSsansseretourner,etjenevaispaslefaireaujourd’hui.J’aivécul’enferplusd’unefoisdansmavieetjemesuistoujoursrelevée.Jemesuisendurciesansjamaisverserlamoindrelarme.Et pour une peine de cœur, je serais prête à pleurer ? Hors de question ! Il a peut-être réussi àm’atteindre,àabaissermesdéfensesmaisjerefusequ’unhommequimeviredesaviesuruncoupdetête,sansmêmechercheràcomprendremesactions,aitdroitàmespleurs.Mesaffairess’entassentàlahâtedansmesvalisespuis,sansunregarddanssadirection,jemedirige
verslaported’entrée.Lamainsurlapoignée,j’ouvrelaportemaism’immobilisesurleseuil.Non,jenepeuxpaspartircommeça!Jelaissemesvalisesdanslecouloiretretournedansl’antred’unpasdécidé.Ben est dos àmoi, regardant par la baie vitrée, sûrement pour éviter demevoir partir. Tu as raisonfinalement,tunemeconnaispassitucroisquejevaispartirsansunmot!Tonattitudeaattisémarage,sijemesuislaisséefairejusqu’àprésent,attends-toiàygoûteravantquejeparte.—T’astropbuetjesaisquetunem’écouterasprobablementpas,maisjevaisquandmêmetedirele
fonddemapensée : j’ai cru à notre histoire, sincèrement et de toutmon cœur.Est-ce que jeme suisfoutue de toi ? Est-ce que j’en avais après ton argent ? Franchement je n’ai même plus envie dem’expliquer.Aufonddetoituconnaisdéjàlesréponses.Maist’estropbornépourteposerlesbonnesquestions.Lesmusclestendusdesondosm’indiquentqu’ilm’aparfaitemententendue,malgrétoutilcontinuede
semurerdanssonsilence,d’attendrequelatempêteZoépasse.J’enprofitepourcontinuer,guidéepasmacolèreetmarancœur.—Tusaisquelesttonproblème?Tuveuxmemettretoutsurledosparcequec’estplusfacilepour
toi.T’esqu’unlâchequin’assumepaslefaitderevoirsonex.Çat’abienpluschambouléquetuneveuxl’avouer.TapetiteBluet’aretournélecerveauetcettehistoiretombeàpiquepourtedébarrasserdemoi!
Àcesmots, ilse retourneetmefait face. Ilposesonverresur la tablesansmelâcherduregardetavanced’unpasmenaçantversmoi.Sasoudaineproximitémeperturbe,autantque la fureurqui se litdanssesyeux.Sonsoufflealcoolisésebrisesurmeslèvresetlefroncementdesessourcilsprouvequ’ilesthorsdelui.Mesjambesreculentd’elles-mêmes,tandisqu’ilcontinued’avancer.—Neconfondspastout,c’estàcausedetoisionenestlà.Etmets-toidanslatêtequej’enairienà
foutredeBlue…commej’enairienàfoutredetoi.Jetombedesnues,lecœurauborddeslèvres.Mesjambessefigentcommeprisesdansunechapede
plomb.Uncoupdepoignard aurait eu lemêmeeffet que sesmots. Je n’ai jamais été aussi blessée ethumiliée de toutema vie.Quandmes talons résonnent dans un écho sourd, je comprends que ses pasm’ontamenéejusqu’aucouloir.Ilm’adéjàsortidechezlui,desavie.Maissijepensaisqu’ilnepouvaitpasmefaireplusdemal,c’étaitsanscomptersurBenetsonenvied’enfinir,d’appuyerlàoùçafaitmal.—Ons’estamusésunmomentmais,aufinal,combiendetempsçaauraittenu?Regarde-toi,Zoé,t’es
aussifrigideducœurqueducul!J’ail’impressiond’éclaterenmillemorceaux,jenelereconnaispas.J’ouvreplusieursfoislabouche
puislareferme,incapablederépliquer.Jenesaispass’illepensevraimentous’ilchercheuniquementàmefairemal,mais iln’yaplusde retourenarrièrepossible.Plusaprèsça.Sonregardancrédans lemien,j’observelaporteserabattresurmoi.Ilneveutplusdemoi,c’estfini.Jesuistombéeamoureuse,puisjesuistombéetoutcourt.
Chapitre29
Ben
Metirerenpleinmilieud’uneréunion,jenel’avaisencorejamaisfait;envoyerchierJaydendevantles collègues quand il s’y oppose, non plus. Les poings serrés, je rejoins à grandes enjambées monbureau.Besoindem’isoleravantderéellementpéterunplomb.—Quepersonnenemedérange.Ducoindel’œil,jevoismasecrétairesursauteràmontontranchant.—Bien,monsieurHarper.Sansunremerciementniquoiquecesoit,jeluipassesouslenezetm’enfermedansmonbureau.Les
nerfsàfleurdepeau, je tireuneclopedemonpaquetet l’allume.Moiquinefumaispresqueplus,mevoilààclopern’importeoù,n’importequand.C’estlaseulechosequiarriveàmedétendrecestemps-ci,quimepermetd’évacuertoutescesmerdesquicherchentàmepolluerlecerveau.LeregardtendudeJaydurant la réunionn’a fait qu’alimenterma rancœur,mon envie de tout plaquer.Encoreune chosedontj’auraisdûmedouter:ilestaucourantbiensûr.Maisenquoiçaleregarde!Mavie,meschoix,c’estpas compliqué bordel ! Je veux qu’onme foute la paix ! La nicotine s’infiltre dansmes poumons etj’expirel’airlentement,desanneauxdefuméeseformentavantdedisparaître.SiZoémevoyait,ellemediraitquel’arsenicqu’ilyadanscestubesestplusnocifqueseslasagnes.Unsourirecyniques’étiresurmeslèvres.Commesisonavispouvaitm’intéresser!Mon portable vibre et je l’extirpe de ma poche. Je le regarde jusqu’à ce que la boîte vocale se
déclenche et avale le énième message qui ira rejoindre tous les autres. Tellement prévisible ! C’estencore elle. Blue. J’imagine qu’elle veut toujours me voir, mais je ne me sens pas concerné. Sesexplicationsj’enavaisbesoinilyacinqans,ladatelimiteestdépassée.Zoéavaitaumoinsraisonsurunpoint:revoirBluearéveillétoutuntasd’émotionschezmoi…Àcommencerparlarancœur.Inutiledesedemandercommentelleapuavoirmonnuméro.Riennesertd’allerchercherbienloin…
Unecollaborationentremesdeuxexest loind’être ridiculequandonypense.Jesuis le roidescons,ellesm’ontbienbaisélagueule!J’écraserageusementmaclopeet,surlepointd’engrilleruneautre,jestoppemongeste.Unbrusque
raffutdanslecouloiraffolemonassistanteetm’interpelle.—Non,vousnepouvezpasentrer,M.Harperademandéàn’êtredérangésousaucunprétexte!—Nevousenfaitespas,Abigail,çavaêtretrèsrapide!Une colère dans la voix à peine dissimulée, des pas précipités se rapprochant dangereusement. Je
contractelesmâchoiresd’avance.Çacontinue…putain,c’estpaslemoment!Laportedemonbureaus’ouvreàlavolée,claquebrutalementcontrelemur.Unregardassassinbraquésurmoi,Lolas’engouffre,dévore mon espace vital. Le visage rouge, déformé par la hargne, elle m’envoie toute sa haine à latronche.Pasdedoute,c’estpourmoi!
Faisgaffe,Lola,mechauffepaslà-dessus,jerisquedevitem’enflammer.Monassistantemeregarde,totalementpaniquée,nesachantcommentréagirfaceàl’ouraganrouxqui
foncedroitsurmoi.—Toi,j’auraisdûtecouperlescouillesdèsquetuasposétessalespattessurelle!T’asdelachance
que j’aiencoreunminimumdeconsidérationpour toimalgré toutceque tu luias fait subirparcequesinont’auraisdéjàgoûtéàmongenoubienplacé!Ledoigtaccusateurpointésurmoi,jesensqu’ellenecomptepass’arrêterlà.—C’estbon,Abigail,jem’encharge.Vouspouvezprendreunepause.Hâtivement,jemelèveetfermelaporte.Paslapeinequequelqu’unassisteàça.Lolamefixedansun
silencedeplomb,lesbrascroisés,lesonglesincrustésdanssapeaublanche.Jenel’aijamaisvuedanscetétat.Tentantdeconserverlamaîtrisedemoi-même,jemepincel’arêtedunezetrespirelentement.—Sit’esvenuepourmeparlerdetacopine,tuperdstontemps.Directionmonfauteuiloùjemelaissetomber,jebraqueunregardincisifsurmarouquine,psalmodiant
jenesaisquellesinsultesenfrançais.Lesraresfoisoùelleparledanssalanguenatale,c’estquandelleestremontée.Maislàc’estuneuphémisme:elleesthorsd’elle.Sielleveutjoueràçaonvaêtredeux,saufquejesuistellementàcranquejerisquedelablesserelleaussi.J’ouvrelabouchepourenplacerune,aumilieudesatiradeàlaquellejecomprendsquedalle,maisellenem’enlaissepasl’occasionetcommenceàmedonnerdescoupsdepoingsurlebras.—Tu. Es. Un. Véritable. Connard. Dire que je t’ai cru quand tum’as affirmé qu’avec elle c’était
différent!Pourquoi?Pourquoituluiasfaitdumal?Mapatiencemiseàrudeépreuves’estdéjàfaitlamalle.Brusquement,jeluiattrapelespoignetspour
qu’ellecessedemefrapperet,menaçant,jemedépliedetoutemahauteur.—J’espèrepourtoiquet’asconsciencequetudépasseslesbornes.C’estmoiquimefaispigeonneret
tuprendssadéfense?C’estquoiledélire,vousvousêtestoutesdonnélemotouquoi?Uneétrangeimpressionmetireunrirenerveux.—Enfaitj’auraisdûm’yattendre.Siçasetrouvet’étaismêmeaucourantdepuisledébut.Monregardenfoncédanslesien,elleécarquillelesyeuxavantdesedébattrepourquejelarelâche.
L’espaced’uneseconde,jeperdspiedetinstinctivementjeresserremaprise,latireàmoi.Moncœurbatà tout rompre face à cette éventualité.Après tout ce que l’on a vécu, tout ce qu’ellem’a apporté, laconfiance que je lui ai donnée, je prie pour me planter. Étant sa meilleure amie, est-elle dans laconfidencedecetraquenard?Merde,soitjesuisentraindevirerparano,soitjemesuisfaitavoirenbeauté.—Commentoses-tupenserça?Jamais jenet’auraisfaitunechosepareille!EtZoés’enmordles
doigts,tunepeuxpaslalaissercommeça.Ben,faisquelquechosemais…—Non.Àl’évocationdesonprénom,jem’écartedeLola,lanuquetendue,etdeslarmesdefrustrationroulent
sursesjoues.Voilàpourquoionnevoulaitpasquenotrerelationsoitdévoilée,maintenantnosamisontleculotdes’immiscerdansnotrehistoire.Uncrirageursortdesagorgeetd’ungestebrusque,ellebalaietoutcequisetrouvesurmonbureau.Dossiers,lampe,téléphone.Touts’écraseàmespieds.—Tu l’asviréedechez toi, traitéecommeunemoinsquerienetpourtantelle refuseque jeprenne
partipourl’und’entrevous.Çafaitdeuxjoursqu’elleestenferméechezmoi,quejeresteavecelleaulieudevenir travailler.Deuxputainsdejoursquejedois lui tirer lesversdunezpoursavoircequ’il
s’estpasséparcequ’elleneveutmêmeplusentendretonprénom!Onnageenpleindélire là!JeneretiensplusmacolèreetexplosequandjeréalisequeZoésefait
passerpourlavictime.—Unconseil,situtiensneserait-cequ’unpeuànotreamitié,surveilletesparoles.Moij’ail’esprit
tranquille.Alorsoccupe-toiplutôtdetonmariage!—Tun’aspasledroitdemedireça!Ouvrelesyeux,bordel!Tulaprendspourqui?Pourinfo,elle
m’a raconté pour ton ex et pour la photo. OK, elle a ses torts mais, contrairement à toi, moi je l’aiécoutée. As-tu seulement essayé de la comprendre ? Oumieux, toi qui as l’esprit si tranquille, tu asforcémentpenséauxconséquencesdetesactes!Quejesuisbête,biensûrquenontun’yaspaspensé,sinontunel’auraispasfoutueàLAPORTE!Jeserrelesdents.C’estbonj’aieumadose.—Jecroisqu’ons’esttoutditsipourtoipardonnerestfacilequandons’estfaitprendrepouruncon.
Retournevoirtacopine,remballetesleçonsdemoraleavantquelasituationn’empire.M’engueuleravectoinefaitpaspartiedemonprogramme.Montonestfroid,sansappel.JeveuxjustequeLoladégage,qu’ellerejoigneZoé,lapauvrevictime
detoutecettehistoire.Aulieudeça,ellearpentelapiècecommeunefollefurieuse.—Maleçondemorale?Maleçondemorale!T’asvraimentdécidédetoutfoutreenl’air,t’esqu’un
putaind’égoïste,unimbécile,maismoijeneveuxpaslaperdre.Sa voix se brise sur ces derniersmots et d’un revers demain, elle essuie ses jouesmouillées. La
perdre?Subitementtirédemahaineetdemarancœur,sesparolesmepercutent.Largué, je tented’endémêler le sens, le regard braqué sur la tristesse de Lola. Je voudrais la prendre dans mes bras, laconsolercommej’ysuishabituémaisjeneveuxpasqu’ellecroiequejecapitule.Jerespirelentementpourmecalmeretlarejoinsmais,sansquejem’yattendre,ellemerepousse.—J’aipasréussiàlaretenirettoutçac’estàcausedetoi,alorstuvasteprendreparlamainetmela
ramener!Sonregardhaineuxestdenouveaufichédanslemien.Jesature,cettemascaradeaassezduré.—Telaramenerd’où?Tumefatigues,Lola!Sérieusementjesuisàboutdepatience.Jemeretiensde
tevirerd’ici.—Elles’enva,ellerepartenFrancepartafaute!Sonaviondécolledansdeuxheures.Jetepréviens,
Benjamin,t’asplutôtintérêtàtesortirlesdoigtsduculetàlarécupérersinontupeuxfaireunecroixsurnotreamitié.Sijedoischoisirentrevousdeux,c’estelle.Ceseratoujourselle!Saremarquemeblesseplusqu’ellenel’imaginemêmesijemedoutaisdéjàdecettepossibilité.Mais
ce qui m’écœure le plus, c’est que Zoé puisse encore peser sur moi, sur mes sentiments. Fuir, c’esttellementprévisibledesapart!Jeserreetdesserrelespoings,nesachantpascommentréagirfaceàcedépartprécipité.MaislesinterrogationsquejelisdanslesyeuxdeLolafontressortirmafierté.—Bonvent!Nousfairecohabiterétaitunemauvaiseidée,tulesavais,alorsnevienspasteplaindre
maintenant.—Décidémenttunecomprendsrien…Elleestamoureusedetoi,abruti!Jeresteinterditquelquessecondes,fixantLolasansréagir.—Deuxheures,Ben.Faislebonchoix.Lolasedétourneetquittelapièceaussivitequ’elleyestentrée,mejetantundernierregardlourdde
menaces. Jeme laisse tomber dans le fauteuil,me tirant les cheveuxpourme faire réagir.Lamise en
scènedeLolam’aépuisé,commesij’avaisbesoindeçaencemoment!—Putain!Monpoingcogneviolemmentsurlebureau,faisanttomberlesderniersstylosquiavaientéchappéàla
bourrasqueLola.Ellem’ai-me.Nouveaumensongeoupremièrevérité?Jesuistellementremontéquejenesaismêmepascequeje
préfèreàcet instant.C’estdesconneries !Etpourtantcesdeuxpetitsmots lourdsdesens tournentenboucledansma tête.Monrythmecardiaques’accélère.Commeun foutuautomatisme, je récupèremonportablequigîtsurlesol,hésiteentrelefracassercontrelemuretaccéderàcebesoinridiculedesavoir.Çamebouffe.Ellem’aime.Ledoigtsurl’écran,jesecouelentementlatête,dérape.Lapressionmonteàmesure que les tonalités s’enchaînent. Forcément, elle ne me répondra pas ! Je ferme les yeux, merecentre.C’estmieuxainsi…LadétressedeLolamepercute la tronche, je suis largué.Soupir. Pourelle…J’envoieunmessageàZoé.Moi:T’enaspasmarredefuir?Arrêtedetevictimiseretreste.PourLola.Je fixe l’écran. Pas de réponse. Rien d’étonnant. Elle a mérité tout mon mépris après tous les
mensonges qu’elle m’a servis mais je ne souhaitais pas pour autant qu’elle s’en aille. Comme uneimpressiondedéjà-vu,leremaked’unfilmpourri.UnescènemerdiqueoùJaydenatellementfaitsouffrirLolaqu’elleachoisidequitterlepays.Souriresarcastique.JesuisJay.Zoé:Vatefairefoutre,j’aiaucuncompteàterendre!Biensûr…Jem’attendaisàquoi?Mesmâchoiresseserrent,mesdoigtssecrispentsurlacoquedu
téléphone.J’aifaitensortequ’ellemedéteste,jedevraisêtresatisfait.Alorspourquoicen’estpaslecas?Toutçac’estàcausedeLolaetdecequ’ellen’auraitjamaisdûm’avouer.Ledoutemesaisitànouveauetmetordlestripes,m’obsède.J’aibesoindesavoir!S’ilexisteuneinfimepossibilitépourquetoutenotrehistoiren’aitpasétébâtiequesurdesmensonges,jesuisprêtàlasaisir.Moi:Unequestion,aprèslibreàtoidefairecequetuveux.Maiscettefois,jeveuxlaVÉRITÉ.Es-
tuamoureusedemoi?Lesyeux rivés surmesmots, je regrette aussitôt de les avoir envoyés.Nonmais franchement, c’est
quoi cette question à la con ? Soupir. Dans le genre plus gland, tu meurs ! Prêt à balancer monSmartphone,ilvibredansmamain.Zoé:Quandonestaussifrigideduculqueducœur,onnepeutpastomberamoureuse.Bordel!Elleretournemesmotscontremoietdevinantcequ’elleapuéprouver,jeperçoispeuàpeu
combienj’aipulablesser.Déstabilisé,mespoucess’activentàluirédigeruneréponse.Moi:Mesparolesontdépassémapensée, tusais trèsbienquejen’enpensaispasunmot!Bon
sang,Zoé,réponds-moi,es-tutombéeamoureusedemoi?Une,deux,troisminutes.Mesdoigtstapentfrénétiquementlamesuresurlebureau,leregardvissésur
l’écrandemonportable.Rien.Quedalle.Nada.Auboutdedixminutes,jenetiensplusetluienvoieunderniermessage.Moi:C’esttoilalâche.Situpars,necomptepassurmoipourvenirtechercher.Larageauventre,jepoussemontéléphoneloindemoi.Ellenerépondraplus,sonfichucaractèrea
toujoursledessus.J’enlèvemonserre-têteetmemasselecuirchevelu.J’ailecerveauenvrac…—Tellementfaciledesebarrer,putain!Mespoingsseserrentdansmescheveux,jetireàm’enfairemal.Etmaintenantjefaisquoi?Mesyeux
fontdesva-et-viententremonordinateuretmonportable.Travailleretoublier?Connaîtrelavérité?Zoé…Pourquoij’enrevienstoujoursàelle?Peut-êtreparcequelepoignardqu’ellem’aplantédansledosesttoujoursfichéenmoi,ouquel’odeur
desonparfumsurmonoreillerm’empêchedel’oublier…ouparcequelafaçondontjel’aidégagéedechezmoimelaisseungoûtamerenbouche.Impossible.Jemelèvebrusquement,arpentelapièce,lesmainstoujoursfourréesdansmatignasse.Je
doisfaireunchoix,maisvite.Luifairedumalautantqu’ellem’enafait…Maisladétressequej’ailuedans ses yeux quand je lui ai balancé toutes ces horreurs reste ancrée sous mes paupières. Je peuxentendrelatrotteusedemamontremenarguer,merappelerqueletempsestcompté.Jenedevraismêmepasm’ensoucier,maisc’estplus fortquemoi…Commentelleva? Jecroisque j’aiété trop loin, jem’enveux.Marage,mafrustration,toutsechevauchedansmatête.—Etpuismerde!Jerécupèremonportable,mesclésdevoitureetfoncedroitdevant.Incapablederesterenplacepour
attendre l’ascenseur, je dévale les escaliers. Jeme retiens de courirmême si je n’ai plus de temps àperdre.Lecompteàreboursacommencé.Jedoislastopper.Dansunedernièretentative,jeluilaisseunmessagevocalsursonrépondeur.—Zoé,neprendspasceputaind’avion.Tunepeuxpaspartirsansqu’onseparle.J’ouvre laportière, jette le téléphonesur lesiègepassageretdémarre.Lemoteurrugit, jem’engage
dans l’artère,mesdoigtssecrispentsur levolantet j’écrasemonpiedsur l’accélérateur.Moinsd’uneheurepourtraverserlavillebondée,latrouver,lafairechangerd’avis.—Avance,connard!Jeklaxonne,hurlecontretouscescrétinsquisesontpassélemotpourmeralentir.J’éteinslamusique,
meconcentresurlafiledevoituresquejedoubleuneparune,roulantbeaucouptropviteetpourtantpasassez.Bordel, je suismalbarré ! Jeme range justeà temps, avantque le feunepasseau rouge.Monregardbraquédessus,jeperdspatience,mesdoigtspianotentnerveusementsurlecuirduvolant.Quandla couleurvire enfin auvert,mespneus crissent sur lebitume, jeprendsunegrosse accélération, faissortirleschevauxdemonV8etavalel’asphalte.Àl’intersection,jemedéportebrutalementsurladroiteen direction de l’aéroport. Attends-moi, Zoé, j’y suis presque ! La route est encore moins fluide. Jeslalomeàgauche,àdroite,poussecertainsvéhiculesàsedécaler.Lesyeuxplissés, je regarde leplusloinpossiblepourappréhenderlesobstacles.L’aéroportestlà,justedevantmoi.Soudainmonportablesonne,mesortantdematranse.C’estelle!Jetendslebraspourattrapermontéléphonemaisiln’estplusàsaplace.Avectouteslesembardées,iladûtomber.Lesyeuxrivéssurlaroute,jemepenche,chercheàtâtonssurlesol.Lavoituredevantmoipilebrusquementetinstinctivement,jeviresurlavoied’àcôté.Lesoufflecoupé,lesdeuxmainssurlevolant,jetentederedresserlesrouesmaisunvéhiculearriveenface et je donne un autre coup de volant pour l’éviter. Cette fois je perds le contrôle. Le poteau serapprochedangereusementdemoisansquejepuisseréagir,macaissedérapeet je lepercutedepleinfouet.Lesbrastendus,jefermelesyeux,impuissant.Unbruitdetôlesfroissées,unchoc,lesairbagsquisedéploient,puisplusrien.Lecœurauborddeslèvres,jerelâchel’airbloquédansmespoumons,expirebruyamment.Lesilence
soudainme fait rouvrir lesyeux.Lebâtiment est juste en facedemoi, à cinqcentsmètresàpeine. Jetremble,j’aimalàlatête.Quandjemefrottelevisage,destracesdesangtachentmesdoigts.L’impactadûêtreviolent.JeviensderuinermaPorschemaisc’estletempsécouléquimefaitpartirenvrille.Plusquedixminutes!J’arrachemaceinture,m’extraisdel’épavepliée.Monpoulsbatcommeundératé,la
terretanguemaisjefonce,portéparl’adrénalinequipulsedansmesveines.Lesyeuxfixéssurlesportescoulissantes, je tape le sprintdemavie.Allez,plusquequelquesmètres ! J’ai le soufflecourtetdesgouttesdesueurmélangéesausangquicoulentsurmonvisagequandj’arriveenfindanslehall.Jedoisavoirl’aird’unfou.Lespassantss’écartentetsecramponnentàleursvalisesenmedévisageant.Rienàfoutre.Leregardenl’air,jecherchesurlespanneauxd’affichagelevolpourParis.Jelerepèrequandilpasse au rouge : hall 4, porteE–départ imminent. Je regarde autourdemoi, vois ce sasdontonmerefuseral’accèssanscarted’embarquement.Trouveunesolution,Harper,t’aspasfaittoutçapourrien!Uncoupd’œilvers l’accueil et je respire enfin. Je cours, bouscule lesgensdans la filed’attente etarrivedevantlecomptoir.Desreprochesfusentderrièremondosmaisjenem’ensouciepasetdégainedéjàmacartebleuedevantl’hôtesseavantqu’ellenepuisseréagir.—Unbilletpourunembarquementimmédiataudépartduhall4,s’ilvousplaît.PourParisaumeilleur
descas!Perplexe, elleme fixe comme si j’étais un taré échappé de l’asile. Je prends surmoi, tente deme
maîtriser.OK,monapparencen’inspirepasconfiance,mademandeparticulièreencoremoins.— Écoutez, je sais très bien ce que je fais. Je comprends que vous puissiez me prendre pour un
malade,etquevoussoyezprêteàappelerlasécurité,mais…Merde!Onperddutemps!Je…Jeveuxjusteunbillet,passerlesasetretrouverlananaquejesuisàdeuxdoigtsdeperdre.Jemecontrefousduprix,dufric,j’enai!Ellefroncelessourcils,samainquiglissaitnerveusementverslecombinéserétracted’uncoup.—Vousêtesprêtàacheterunbilletjustepourtraverser!Sérieusement?Monregardfichédanslesien,jeluitransmetstoutemadétermination.—C’estexactementcequej’aidit.Peuimporteladestination.Expédiez-moienChinesiçapeutvous
faireplaisir,faites-moipayerdeuxplaces,unepremière,unebusiness…J’en.N’ai.Rien.À.Foutre!Jevousdemandejustedeprendrecettecarte,dedébiterlemontantdevotrechoix,etd’éditermonbillet.Unsourireintriguésedessinesursonvisage.—Vousdevezvraimentl’aimer…Encore cesmots quimepercutent la tronche sans que je puisse en interpréter le sens.Tout ça peut
attendre,pourlemomentilfautjustequejelavoie,avantqu’autourdemoitoutsefracasse.Lamaindel’hôtessemetendenfinlesésame.—Parisavaitl’airdevousplaire.Vousavezuneplacesurlevoldecesoirmêmesijesupposeque
vousnousaurezquittéd’icilà.Prisd’uneprofondegratitude, jemepencheau-dessusducomptoir, regardesonbadgeet l’embrasse
surlajoue.—Linda,vousvenezdemesauverlavie!Sansplusattendre,jezigzagueparmilafoule,passel’enregistrementenuntempsrecordetfoncevers
leportiquedesécurité.Monsangpulsedansmesartères,cognedansmestempes.Soudainunesilhouettefamilière attiremon attention.Une blonde coupée à la garçonne tire une valise. Elle est de dosmaiscommentnepaslareconnaître?Monrythmecardiaques’emballeetjeneréfléchisplus.Leregardfixésurcettenana,pourqui jesuisprêtàmefoutredans lamerde jusqu’aucou, jedépasse tout lemonde,reprends ma course. Elle continue son chemin sans savoir que je suis là, se dirige vers le posted’embarquement.Ellevapartir.Merde!Jefranchisleportique.Desbipsrésonnent,onmerepousse.—Voschaussures,votreceinture!
Laferme!—Zoé!Mon cri résonne dans la salle. Lamasse devantmoim’empêche de passer.Des regards curieux se
tournentversmoi,lesienresteconcentréailleurs.Allez,Zoé,regarde-moi,jesaisquej’aidéconné,mais,s’ilteplaît,regarde-moi.—Monsieur,dernieravertissementaprèsvousserezforcédemesuivre.Jevousdemandedereculer,
d’enlevertoutobjetmétalliqueenvotrepossessionetdeleoulesdéposersurletapis.Nosregardssepercutent,jeserrelesdents.—Écoute,jeveuxjustepasseretparleràlananaquetuvoislà-bas,avantqu’ilnesoittroptard.C’est
tout ce que je demande ! Après si tu me prends toujours pour un putain de terroriste, promis, je telaisseraimetripoterautantquetuveux.—Ehbien,faislaqueuecommetoutlemondeetjeviendraitetripoterquandtontourviendra.Respire,Ben.Calme-toi,c’estpaslemoment.—Zoé!!!J’arrêtedemedébattrequandenfinelle se tourne,que sesyeux seposentenfin surmoi.Moncœur
flanche,jevoissonvisagesedéformerenuneminededégoûtavantqu’ellenedisparaisseparuneporte.Retourné,paumé, je recule.Cette femme…cen’étaitpasZoé.Comment j’aipu laconfondreavecuneautre?Maissurtoutsicen’estpaselle,oùestlavraieZoé?Retouràlacasedépart.Chaussures,ceinture,portablesurletapisetjepasseleportique.Desmains
courent surmes flancs,partentdansmespoches, cherchent jene saisquelle arme.Alorsque JESUIScetteputaindebombeprêteàexploser!—Bonvoyage!Sourirehypocritedel’autreenfoirédeG.I.Joe.Monpoingmedémange,maisjetrace.Hall4.PorteE.
Jejurequejen’aipasfaittoutçapourrien,quejevaislaretrouver,c’estpaspossibleautrement.—ZoéPerez…J’auraisbesoindesavoirsiZoéPerezaembarquésurlevolpourParis,s’ilvousplaît
!L’hôtesse relève la tête de son écran et esquisse un mouvement de recul. Ses yeux s’attardent un
momentsurmonvisage,machemiserougiepar lesangavantdesereprendreetd’affichersonmasqueprofessionnel.—Jesuisdésolée,monsieur,maiscegenred’informationestconfidentiel, jenesuispashabilitéeà
vousfourniruntelrenseignement.—Trèsbien…Danscecaspouvez-vousmediresitouslespassagerssontmontés?Jerespirelentementpournepasmontrermonétatdenerfsetluiadresseunsourireblancdeblancpour
l’amadouer.Unpoilagacée,ellemerépond:—Non,ilyaeudeuxdésistementsdedernièreminute.EtcommentjefaispoursavoirsiZoéfaitpartiedel’und’eux?—Danscecaséchangezmonbilletpourquejepuissemonterdanscetavion.Jeposemacarted’embarquementprévuepourcesoirsursoncomptoiravecmonpassgrandvoyageur,
lesésamequiouvretouteslesportesici.Àpeineuncoupd’œilsurcequejeluiprésentequ’ellebalaiemademandeenmelesrendant.— Monsieur, je suis désolée mais je viens de clôturer le vol et j’ai annulé les deux dernières
personnes.Ilvafalloirpatienterjusqu’auprochain.Bordeljevaisdégoupillersiellen’ymetpasdusien.Mamaintapelourdementsurlesdocumentsque
jepoussedenouveauverselle.Harper,t’asplusrienàperdre,tenteletoutpourletout.Jemepencheverselle,fixesonprénomsursoninsigneetplongemonregarddanslesien.—OK,Karen, jemedoute quemes problèmesperso ne vous intéressent pas et quem’aider est le
cadetdevossoucis,maisfaites-moiunefaveur,laissez-moiprendrecevol.J’aiavecmoiunbilletpourleprochaindoncjesuisobligatoirementsurvotrelisted’attente.Vousdevezpouvoirfairequelquechosepourmoi, vous êtesma dernière chance… Il y a une femmedans cet appareil que je dois à tout prixrejoindre.Impassible,ellemeregarde.Mespupilless’agitent,cherchentàcaptersaréflexion.Unevibrationdans
mapochedétournemonattentionetjepriepourquecesoitZoéquiaitchangéd’avis.Jefourremamaindansmonjeanetenextraismonportable.Blue.Encore.Çam’étonnaitaussiquelachancetourneaussirapidementenmafaveur.Faceàmoi,l’hôtessesoupire,pinceleslèvres,réfléchitsilencieusementavantd’afficheruninfimesourire.— Je vais le faire pour vous. Je ne sais pas pourquoimais vousm’inspirez l’envie de vous aider.
J’ouvre le vol, je vous préviens, vous avez cinq minutes. Allez voir ma collègue au comptoir pouréchangervotrebillet,jevousattends.Soulagement total, j’ai enfin réussi. Deuxième vibration dansmamain. Troublé par le contenu qui
s’afficheàmoitié,jeglissemonpoucesansréfléchirsurl’écranquisedéverrouille.Jedeviensblême.Uncoupaucœur,desmotsquimepercutent,mebrisentendeux.—Monsieur?Jerelève lentement lesyeuxvers l’hôtesse,perçoisdavantageses lèvresbougerque jen’entendssa
voix.Monbilletdansunemain,letéléphonedansl’autre,elleattendjenesaisquoidemoi.—Vousvouleztoujoursprendrecevol?
Àsuivre…
Chapitre1
Il était sept heures lorsque j’arrivai dans la zone industrielle du port de Seattle, ce matin-là.L’embarcadèrefourmillaitd’hommesenuniformes,etdedockersquiobéissaientàleursinstructionspourdéplacerd’énormescontainers,allantetvenantentrelesnaviresetlequai.LePercivalLowellm’apparutenfin,amarréaudernierappontement.Encoreplusimpressionnantque
je l’avais imaginé. Ses quarante mille tonnes d’acier s’élevaient à travers la brume et rendaient lesvaisseauxalentourridicules,lesreléguanttousaustatutd’embarcationsdeplaisance.Lequartier-maîtredesecondeclasse,quiconduisaitlajeepdanslaquellej’avaisembarquéàl’entrée
de la zone sécurisée du port, me mena au plus près du monstrueux navire, jusqu’à la passerelle quipermettait d’y accéder. Tandis qu’il déchargeait mes deux énormes sacs et ma valise, j’observais lemastodonte,bouchebée.J’avais vingt-six ans, et j’étais jeune lieutenant, ingénieure en météorologie pour la Navy. Mon
homologue sur le navire avait chuté d’une des échelles du porte-avions qui reliaient les coursives dubâtimententreelles.Sonaccidents’étaitsoldéparuntraumatismecrânienetunedoublefracturedutibiaetdupéroné.Messupérieursdelabasenavaled’Everettavaientpenséàmoipourleremplaceraupiedlevé.Les
primes offertes auxmilitairesmobilisés enmer étaient conséquentes. J’aimais changer d’air, j’aimaisl’océan,alorsj’avaisaccepté.Aujourd’hui,j’intégraislasectionchargéed’établirlesdossiersmétéonécessairesaubondéroulement
delamissionencours.Monaventure allait durer troismois, et contempler lePercivalLowell« en chair et en os »me fit
l’effetd’unedouchefroide.Aupieddelapasserelle,unhommeentreilliskakiet tee-shirtnoiràmancheslonguesm’adressaun
signedemainhésitant.Jehochailatêtepourluiconfirmerquej’étaiscellequ’ilattendaitetmedirigeaiversluiavectoutmonbarda.Nousnoussaluâmesselonlesrègles.— Bonjour, lieutenant, je suis le maître principal Andrew Ganipy. On m’a chargé de vous
accompagneràbordetdevousinstaller.Lescheveuxpresqueblondplatinedececolosseétaient taillés trèscourts, etenduitsdegelqui les
rendaitbrillantssouslespremiersrayonsdusoleil.— Laissez tomber l’étiquette ! Je suis encore en civil et c’est moi qui suis épatée par tout ça !
répondis-jeendésignantlenavirederrièrelui.Etenriantsouscape…—Vousmesuivez,lieutenant?—Ai-jelechoix?Amuséparmacandeur, ilm’adressaunsourireséducteur,quiallaitbienau-delàde lacourtoisiede
rigueurpourunpremiercontact.Celamerenditméfiante.J’avais tout à prouver à chaque fois que je mettais les pieds sur une nouvelle base, et devais
régulièrementcomposeraveclespréjugésetlesréactionsmachistesdecertains.Celafinissaitparpasseraufildessemaines.Letempsdemettreleschosesauclairetdem’imposer,toutenévitantdecastrerlesrécalcitrants.J’étaisunegrandebrunetteauxyeuxbleufoncétirantsurlegrislesjoursdepluie, jeune,pas tropmal fichue et libre d’esprit ; on me proposait parfois davantage qu’un café.Mais je ne melaissaisjamaisallerdanslesbras,parfoistrèsmusclés–etsouventtentants–,decesmessieurs.Plusaprèsm’êtresérieusementbrûlélesailes,unefois.Ganipyempoignamesdeuxsacs,memontrantainsiqu’illessoulevaitavecunefacilitédéconcertante.
Sceptiqueetréservée,jegardaimavaliseetlesuivaidanslenavire,oùlavisitecommença.Jecraignaispar-dessustoutsouffrirduconfinementdeslieux,maismonsupérieuràEverettm’avaitassuréquel’onsefaisait vite à cette promiscuité. Tout en ajoutant que vivre dans un espace exigu n’avait rien d’unesinécure…Jeconstataiavecsoulagementquelescoursivesetcouloirsn’étaientpasaussiétroitsquejelepensais. Les pièces et les cabines que nous dépassions non plus. Il y faisait frais, le système deventilationproduisaitunronronnementsourdetrégulier.Nouscroisâmesunedizained’hommes.Certainsm’observaient avec insistanceavantdedaignerme
saluer,lesautresm’ignoraientoufilaientlelongdescoursives.—Voicilepontprincipal,ditenfinGanipyquandnousarrivâmesenhautd’ungrandescalier.Dansla
deuxièmegalerie, vous trouverez la sallede contrôle et, tout au fond, lequartierdespilotes avecunesalledeconférencesoùsetiennentlesbriefings.Jerelevaidesindicesautourdemoiettentaidemesouvenirdequellemanièrenousétionsparvenus
jusque-là,sansmefaired’illusions…Noustraversâmesd’autrescouloirs,empruntâmesplusieursescaliers.Lesnomsdesdifférenteszones
se bousculaient dans ma tête et, malgré mes efforts, j’étais sûre de me perdre lorsqu’il s’agirait decheminer seule.Nousarrivâmesenfindansunegrandepièce,au sommetdubâtiment.Lesmursétaiententièrementvitrés,offrantunevuepanoramiquesurlepontd’envol.Cettefois-ci, leslieuxmesemblèrentplusfamiliers.Unedizained’ordinateursaffichaientdescartes
entroisdimensionsetdessériesdetableauxdedonnées.Unepoignéed’hommesétaitconcentréesurdesreprésentationsducieletdesflotsétaléessurdegrandestables.Nousétionsparvenusdanslasalledetravailoùjeprendraismesordresdeuxheuresplustard:àla
météo,monrepairedurantlestroisprochainsmois.—LieutenantAlexiSnow,voicilelieutenantJermaineRios,annonçasolennellementGanipy.Unhommeàlapeaumateetauxcheveuxnoirdejaissetournaversnous.Quelquesmèchesrebelles
affleuraientàlabasedesesoreilles.Jeluitendislamain.—LieutenantRios…—Pitié!Nousallonsresterenfermésdesheuresdanscebocal,onlafaitcourte!JesuisJerry.—Etmoi,Alexi.Ilhaussaunsourcil.SeprénommerAlexietêtreunefilleétaitunechose,s’appelerSnowetbosserdanslamétéoenétait
uneautre…Jem’attendaistoujoursaupirequantauxsobriquetsridiculesdontonm’affublait.—Salut,Alexi.On se retrouve dans deux heures, quand le capitaineVanAllen sera remonté. Sans
remettreenquestiontescompétences,ilyauntasdeprocéduresàingéreretquisontspécifiquesàcequenousfaisonsici.End’autrestermes:ilyadupainsurlaplanche,finit-ilpardireenriant.
Le ton de sa voix n’appelait aucune hésitation et sa poignée demain était franche ; je l’appréciaiimmédiatement.—Jenevienspasenvacances.Jemetiensprêteàtoutapprendre.—Alorsnousallonsnousentendre,répondit-il,satisfait.Nousprîmesvitecongédu lieutenantRios,descendîmesànouveauunescalier,pouren remonterun
autre,etarrivâmessurlepontd’envol;lecœurdesopérationsmenéessurlePercival,l’immenseplate-formed’oùdécollaientetatterissaientleschasseursTroisF/A-18SuperHornet étaientalignéslelongdubastingage.Deshommess’activaientautourde
l’und’euxpourledirigerversl’ascenseuràcielouvertquilemèneraitjusqu’auhangar.Jenemanquairienduspectacle, toutensuivantGanipyqui longeaitunepiste.Aupiedde lagrandetourdecontrôle,deuxhommess’intéressaientauxmarquagessurlesol.—LecapitaineVanAllenn’estpasdanslecoin?lesapostrophalemaîtreprincipal.Celui qui nous prêta attention était presque aussi grand quemoi, et plus jeune.D’origine asiatique,
commeentémoignaientsesyeuxbridéscouleurnoisette.Leregardcurieux,puismalicieuxqu’ilposasurmoimelaissapenserqu’iln’étaitpastimideniréservépourautant.Jusqu’àcequ’ilaperçoivelesgalonssurmonépaule…— Lieutenant Snow, voici le quartier-maître de seconde classe Pierce. Le lieutenant Snow va
remplacerTilmoreletempsdesaconvalescence.Décontenancé,ledénomméPiercemesaluacommeleprotocolel’exigeait.Jebrisaicettesolennitéen
luitendantmamain.—AlexiSnow.Ilsourit,rassuré,maissurtoutenchantéparcechangementdeton.—JesuisKenneth.Bienvenuesurnotrecroisière,répondit-ilenmefaisantunclind’œil.Lesfestivitéscommençaient.—EtVanAllen?s’impatientaGanipyagité.Quelqu’unl’avu?—Comment veux-tu que je le sache, et qu’est-ce que ça peutme foutre ? Je ne suis pas sous ses
ordres,réponditPierceenhaussantlesépaules.Jenesuismêmepascertainqu’ilsoitrentréaubercail.Ganipygrommelaunnomd’oiseau,avantd’avancer.—Àbientôt,lieutenantSnow!lançalejeunehommetandisquejerattrapaismonguide.Bredouillespourlasecondefois.Ganipynousconduisitverslegigantesqueascenseurquicontenaitl’undesHornetaperçusurlepont,et
nousdescendîmesversl’antredesmécaniciens.—Jevaisvousprésenterauxpilotes,lança-t-ilendésespoirdecause.Les seigneurs et princes du navire. Bonne idée : je devais rencontrer ceux à qui j’exposerai
quotidiennementl’étatduciel; leursmanœuvresdépendraientengrandepartiedesbulletinsmétéoquej’établiraiavecmonéquipe.Nous traversâmes une partie du hangar, jusqu’à nous arrêter devant un groupe d’hommes qui
s’affairaientautourd’unautrechasseur.Desmécaniciens,casquessurlesoreilles,s’agitaientautourdesréacteursdel’aéronef,tandisquedeux
hommes–despilotes,àenjugerparleurscombinaisonsbeiges–lesobservaientattentivement.Lebruitassourdissantdégagépar lepuissantappareilme transperça les tympans.Ganipy leur fit signedefaire
1
unepause.Levrombissements’atténua.—Les lieutenants de vaisseauEgor Sachs et TimothyPeyton.Le lieutenant juniorAlexi Snow, qui
prendlaplacedeTilmore,meprésentat-ilauxhommesquis’étaienttournésversnous.Ilseurentàpeineletempsdemesaluerqu’unevoixclaironnantes’élevaau-dessusdenous.—Qu’est-cequel’état-majornousenvoie,Ganipy?Unhommeportantlamêmecombinaisonquelesdeuxautresémergeaducockpit.Ilnepritpaslapeine
dedescendrejusqu’aubasdel’échelleetbonditsurlesol.Sonvisages’illuminalorsqu’ilrelevalatête.— Le capitaine Theodore Drake, lieutenant de vaisseau et numéro deux de l’escadron des Silver
Dragons,annonçaGanipyavecmoinsd’enthousiasme.Grand,brun,baraqué,degrandsetbeauxyeuxvertspétillantsdemalice: j’ignoraisquelesdragons
pouvaientêtreaussisexy…L’autre dragon, cousu sur l’écusson de sa combinaison, paraissait tout droit sorti d’une estampe
japonaiseetmefixaitdesesyeuxmenaçants.—LieutenantAlexiSnow,doubluredeTilmore,continuaGanipy.JetiquaisurlemotdoublureetserrailamainqueDrakemetendit.—Drake!lança-t-il,enjoué.Pourvousservir.—Snow!Pourfairelapluieetlebeautemps.Ilritjoyeusement.Avantd’apercevoirlechargementquejetraînaisd’unétageàl’autredepuisplusd’unquartd’heure.Il
fronçalessourcils.—Besoind’aide?—Jedevraispouvoirsurvivrecinqminutesdeplus…JemetournaiversGanipy.— Van Allen est introuvable et nous avons suffisamment tourné : si vous me conduisiez à mes
quartiers,maintenant?—J’yvenais,Alexi,répondit-il,l’airagacé.Agacé,vraiment?Jenemesouvenaispasnonplusl’avoirautoriséàm’appelerparmonprénom.Aumomentderepartir,Drakesepenchaversmoietchuchotasurletondelaconfidence:—Voustombezàpic.J’aitoujoursrêvéqu’unefemmenousfasselapluieetlebeautemps…Leboute-en-traindeservice.Jen’allaispasm’ennuyer.—Vousvoilàexaucé,Drake.Maisméfiez-vousquandmême…Onditquelesfemmesportentmalheur
àbord,ilsepeutquelamétéodeviennemoinsclémentedésormais.Sesyeuxbrillèrentderoublardise.—Alors,ilmetardequenousappareillions,lieutenant.Unclind’œil,puisilreculaetjepusm’éloigner.Nousrepartîmesdanslesprofondeursdunavireàtraverslesinterminablesgaleries.—Ponttrois?demandai-jeaumaîtreprincipalquandils’arrêtadevantuneporte.—Pontdeux,lieutenantSnow.Couloirsix.Lacrèchedesofficiers.Perdu…
Mon erreur parut l’amuser. Il poussa encore une porte, nous avançâmes dans une aile à l’écart desautresdortoirs.— Le commandant tient à votre tranquillité. Vous partagerez les quartiers de deux autres femmes,
officierscommevous.Chacunesacabine,maislasalledebainsestcommune.Ildésignaunepremièreporteavantdes’arrêterbrusquementdevantuneautre.Jeletrouvaibeaucoup
moinsprofessionnelquand il l’ouvrit pourm’inviter àpénétrerdans lapetitepièce. Je ledépassai enignorantsonsourireencoinetsonregardperçant.Une couchette aux draps immaculés, un bureauminuscule et une chaise. Rien d’original,mais cela
suffirait.Je laissai tombermonbagagesur lesol.Ganipyposamesdeuxvalisesavecplusdedélicatesse.Je
m’assissurlematelasetsoufflai.Était-ceunebonnechosedenousavoir logé lesunesàcôtédesautres?ÀEverett, j’avais tentéde
collaboreravecdeuxfemmesofficiantdansmonunité,àunand’intervalle.Jen’étaispasfutéequandonsefrottaitàmoid’unpeutropprès;lespimbêchess’étaientdécouragéesavantmoietavaientdemandéàintégreruneautreéquipe,melaissantseulmaîtreàbordparminoscollèguesmasculins.—J’espèrequevousvousplairezavecnous,lieutenantSnow.—Jel’espèreaussi,soupirai-je,songeuse.— Nous appareillons dans trois heures. Cela vous laisse le temps de faire connaissance avec
l’équipage, et d’explorer les lieux.Même si je doute qu’il soit possible de faire le tour complet dubâtimentensipeudetemps.Jemerembrunisdavantage.—Jecroisqu’unbonmoismeseranécessaire…—Sivous avezbesoindequelque chose,n’hésitezpas : je serai dans les entrepôtsqui jouxtent le
hangar.Sontonétaitdoucereux,ilnemequittaitpasdesyeux.Lessiens,d’unbleunuitsingulier,étincelaient
danslapénombredelacabine.Tropzélépourêtrehonnête,ceGanipy.Sesmanièresnemeplaisaientpas.Lorsqu’illouchasansdiscrétionsurmamaingauche,jefinisparlefusillerduregard.—Merci,quartier-maîtreGanipy.—C’estmaîtreprincip…—Jemedébrouilleraisansvous,lerembarrai-jepourmettreleschosesauclair.Ilbougonnadeuxmotsenguisedesalutetquittalachambre.Jem’écroulaisurlelit,évaluantaupassagel’étatdumatelas,etfislebilandecettepremièreheure.Mes homologues semblaient plutôt avenants. Rios allait enrichir mon domaine de compétences. Je
verraisvolerlesmeilleurspilotesdupays.Celaauraitpuêtrepire.Il neme restait plus qu’à rencontrer mes voisines de chambre. Et mon supérieur, le capitaine Van
Allen,quej’avaispresquefiniparoublier.C’étaitdebonaugurequeseshommesparaissentsidétendus.L’introspection s’arrêta là et je me résignai à déballer mes affaires : les uniformes, les vêtements
réglementaires,matenuedecérémonie.Lepetitplacardétaitjusteassezgrandpourlescontenir.Encherchantmeschaussuresdansunautre sac, je retrouvaimes sous-vêtements, écrasésentredeux
livres:desculottesnoiresetblanchesencoton,assortiesàdessoutien-gorgeaussiconfortables.Lepeu
dedentellesquejepossédaisétaitrestéàterre,aveclesouvenirdemesderniersamants.Jelespoussaiaufonddelavaliseenattendantdeleurfaireunemeilleureplace.Devantlemiroirplaquéderrièrelaporte, jeredressailecoldemacombinaison–d’unbleumarine
pastrophideux,pourunefois–,emprisonnaimescheveuxdansunchignonserré,avantd’appliquerunenoisettedebeurredekaritésurmeslèvres;jerentreraisdanslesbonnesgrâcesdecesmessieurssanspasserpouruneallumeuse.Enfin,jesaisisunevesteetquittaimacabine,àladécouvertedemonnouveauterraindejeu.J’erraiuneheureetdemiedanscelabyrinthe.Jesympathisaiaveclescuistotsqui,magouailleetmon
sensdelarepartieaidant,enprofitèrentpourmemontreroùl’équipageplanquaitlesbouteillesd’alcoolàl’insu–relatif–desgradés.Puisjebusuncaféencompagniedelachefderangchargéedegarantirunservice impeccable auprès des officiers qui déjeunaient au mess. Je ne lui promis pas de revenirsouvent…Enquittantlazonedévolueàremonterlemoraldestroupes,jeconsultaiundesplansplacardéssurle
muretrepéraimaprochainedestination:lesbureauxdelamétéo.L’étroitessedecesboyauxauxparoisd’acierm’oppressaitenmêmetempsqu’ellemedonnaitchaud.
Lavestequej’avaisemportéem’embarrassaitdéjà:ilmefallaitregagnermacabineavantderetournersurlespontssupérieurs.Jetournailongtempssurlepontdeuxavantderepérerlesdortoirs,puisnotreespaceprivé.Jefronçailessourcils:lesasnem’avaitpasparuaussigrandlapremièrefois.Parcequeleplafonnier
étaitéteint,etlecouloirplussombre?Jemedirigeaiverslaportedemacabine.Jeposailamainsurlapoignée,ouvrisfranchement,etme
figeai…Bordeldemerde.Ilyavaitdevantmoiunhomme.Unhomme.Nu.Etqui…quisortaitdeladouche,bonsang!Le dos tourné, il frottait ses cheveux humides dans une serviette. Deminuscules gouttelettes d’eau
roulaientsursesépaules largesethâlées,sursesbicepsetsursondospourvudemuscles longilignes.Ellesdégoulinaientaussisurl’arrondidesesfessesfoutrementbiengalbées.Unemerveil…Non!Unecatastrophe!Surpris parmon arrivée fracassante, il se retourna brusquement et je fus foudroyée par l’éclat bleu
acierdesesyeuxenamande.Frappéeparlabeautédesonvisageauxlignesanguleuses:despommettessaillantes,unnezcourtetdroit,auxquelsdeslèvrespleinesconféraientnéanmoinsuneétrangedouceur.Sabouches’ouvritetle«qu’est-cequevousfoutezlà?»qu’ilaboyamefitsursauter.Paralysée, je continuai à fixer les obliques de ses abdominaux descendant bas, très bas… jusqu’au
saintdessaints.Merde,alors…Latempératuregrimpadedixdegrés.Peut-êtremêmedevingt.Et…etaprès?—Dégagez,bordeldemerde!finit-ilparhurlerenprécipitantsaservietteautourdeseshanches.
Etsursonsexe…C’estàcemoment-làquejeréussisenfinàclaquerlaporte.Lecœurbattantlachamade,jecourusdroitdevantmoi,dévalailepremierescalieretm’arrêtaifaceà
denouvellesrangéesdechambres.J’avançaidanslecouloiretreconnus,cettefois,mesquartiers,puismachambre.Jeposaimavestesurlelit,essouffléeparmacourse,troublée–etmortifiée…Jen’euspas le tempsdemelamenterdavantage : ilnefallaitplus tarder !J’attrapaimonpaquetde
cigarettes–fumercaracolaitdésormaisentêtedemespriorités–,etfilai.Jetournailongtempsetatterris,parhasard,danslasalledesmachines.Unmatelotproposadem’aider,
jelesuivisjusqu’aupontprincipal.Unautredutmeconduirejusquedevantlaportedesbureaux…J’étais terriblementen retard, terriblementnerveuse.Celanepouvaitpasêtrepirequemapremière
déconvenueauxétagesinférieurs?Jefrappaipuisentrai.Réflexionfaite,çal’était,pire…Apocalyptiquemême.J’ignorai tous les regards curieux et fixai, terrorisée, l’homme penché au-dessus de la plus grande
table,aucentredelapièce,lesmainsappuyéesdechaquecôtéd’unegrandecarte.Lui.Plushabillé,moinsencolère.Unemèchedesescheveuxauxrefletsdoréstombasursonfront.—LieutenantSnow,vousvoilàenfin!s’exclama-t-ilenseredressant.Unsourirenarquoiséclairasonvisage.JerryRiossetenaitàsescôtésetmelançaitdesregardsinquiets.Jefixaibêtementlafeuilledechêne
doréecousuesurlacombinaisondel’angeblondenpriantpourquelesols’ouvreàmespieds.Cette cabine isolée, confortable, était occupée par un haut gradé. Un capitaine de corvette. Mon
supérieur.Ilavaitfalluquejetombesurlui.Moi.Jemeredressai,cramoisie,etlesaluaicommeilconvenait.—Repos,lieutenant.Jedécelaiunbrindemoqueriedanssavoix,etrestaiimpassible.Dumoins,essayai-je…JerryRiosseraclalagorge.— J’expliquai au capitaineVanAllen que le vent d’ouest risquait d’être plus fort que ce que nous
avionsprévuaupetitmatin.Nousallonsêtresecoués.Lecapitaineenquestionnemequittaitpasdesyeux.Ilmetoisad’unregardsévèrequimefitfrémir.—Laissonscet aspectdecôté,Rios. Jecroisque le lieutenantSnowa suffisammentété…secouée
aujourd’hui,railla-t-il.D’accord,jel’avaismérité.Le lieutenant Rios hocha la tête avant de s’éloigner vers un bureau voisin. Il y ramassa un tas de
feuillespuisrevintauxcôtésdeVanAllenquimefitsigned’approcher.Jememaudisderougir–despommettesàlaracinedescheveux…Jeme plaçai prudemment à sa droite. VanAllen se retourna aumêmemoment vers un homme qui
l’interpellait,avantderevenirànosaffairesenfrôlant–délibérément?–mahanche.
—Nousallonsavoirbesoindevoscompétences,Snow,lança-t-ilavecinsolence.Quelquechosemeditquevousexcellezdansl’analysedenomenclaturedesplansdebâtiment.J’oseespérerqu’ilenestdemêmepourlescartesmaritimes.Jelefixai,interdite.Apocalyptique.C’estcommeçaquemonaventuresurl’USSPercivalLowellcommença.Danslaconfusiondessenset
l’impuissance.Danslapromessedelendemainshouleux.
Notes1. Le McDonnell Douglas F/A-18 Hornet est un avion de combat multi-rôle américain, initialementdestinéàêtreembarquéàborddeporte-avionsdel’USNavy.
Chapitre2
Lorsquearrival’heurededéjeuner,jedirigeaiJerry,peuhabituéàfrayeraveclesautresmembresdel’équipage,versleréfectoireprincipal.Nousfîmesunpremierbilandecetteépouvantablematinée.—TuavaisdéjàeuaffaireàVanAllen?mequestionna-t-ilenengloutissantuneboulettedeviande.Il
avaitl’airencolèreavantmêmequetutepointes!Non, jen’avaispaseu leprivilègedecroisercebelenfoiréauparavant,etm’enserais souvenuesi
celaavaitétélecas!Laséancedetravailavaitétéàlahauteurdecequej’avaiscraint.Monnouveausupérieurn’avaiteu
decessedereprendreetcritiquermesinterventions.Jetournaimafourchettedansuneassiettedespaghettispeuappétissants,dansunsenspuisdansl’autre,
hésitantàparler.Jerrymescrutaitdesesgrandsyeuxnoirs,l’airbienveillant.J’avaisbesoind’unalliédanslatourde
contrôle, ou je ne tiendrais pas trois mois, aussi je décidai d’être franche dès le début de notrecollaboration.—Jel’aisurprisdanssachambre.Jebusunegorgéed’eaufraîcheavantdeluilivrerl’informationprincipale.—Nu.Ilmanquades’étouffer.—Tuasquoi?—Nem’obligepasà le répéter.C’estdéjàbienassezpéniblecommeça…gémis-jeenfermant les
yeux.—Mais,enfin,commentas-tu…Etàpoilenplus?finit-ilpars’exclamer.—Quiça,àpoil?demandaTheodoreDrakequiarrivaitprèsdenous.Hilare,iltiralachaiseprochedemoipours’installer.Sonplateautombaavecfracassurlatable.—MissMétéoadéjàdeschosesàcacher?clama-t-ilensetournantversmoi.MissMétéo…Drakeavaitannoncélacouleurdanslehangar.—VanAllenl’apriseengrippe,réponditJerryàmaplace.Jeleremerciaid’unregardassassin.—Et tuas l’intentionde tedéshabillerpourqu’il te foute lapaix?demandaDrake, labouchedéjà
pleine. C’est à cause de sa gueule d’amour, non ? Elles tombent toutes pour sa putain de gueuled’amour…Mauvaisplan.Cemecestdéterminéetincorruptible.—Jeconfirme,renchéritJerry.J’ajoutequ’ilestmarié.OK.Etalors?—Cen’étaitpaslesujet!rétorquai-jepourlesarrêter.—Mariéàunejolieblondesnobinarde,ajoutaDrakeavantdeporteràseslèvresunecanettedesoda
noirmétallisé.Etçanedatepasd’hier!Jeledévisageai,curieuse.—Tuleconnaispersonnellement?—Pasplusqueça.J’aifaitmesclassesdanslemêmecentredeformationquelui.Ilpilotaitdansla
divisionsupérieure.VanAllenvolait.Cegarsvolait…—Snow!KennethPierce, le jeunehommeque j’avais croisé sur le pontd’envol, venait denous rejoindre. Il
posaunemainsurmonépauleens’asseyantàmagauche.J’étaiscernée.Jemeredressaibrusquementetbondisàcôtédelatable.Lestroishommesmeregardèrent,perplexes.Lesgars,vousêtesdéjàtrèsenvahissantspourunepremièrejournée!—Jevoudraisfumer,m’exclamai-jeenbrandissantmonpaquetdecigarettes.Ilsparurentaussitôtrassurés.—Surlapasserelledupontquatre,réponditJerry.Elleestréservéeauxofficiers.Jen’osaipasluidemanderoùfumaitlecommundesmortelsetmecontentaidesoninformation.—Situsuislecouloirhuitjusqu’aubout,tuarriverasàuneportequimèneàl’extérieur.Encoreunecoursed’orientation…—Etlà,oùonest?demandai-je,navrée.—Pontcinq.Évidemment…—Merci,Jerry.—Snow,netefrottepastropàVanAllen!melançaDrakeavantquejem’éloigne.Onvolecetaprès-
midi.Ilvaêtred’unehumeurdechiensituleprovoques.Leprovoquer?Est-ceque,àunmomentouunautre,celaavaitétélecas?Quantàmefrotteràlui,je
nepréféraismêmepasypenser…Pont quatre. Couloir huit. Je fumerais ma cigarette à la saint-glinglin. Pourtant, à ma plus grande
surprise,jeparvinslà-bassansdifficulté.Lanicotine–plusquelafaim–justifiaitdonclesmoyens.L’entracte fut salvateur. Je tirai de grandes bouffées sur ma cigarette, tandis que l’air marin me
chatouillait les narines.Une brise légère fit voler lesmèches de cheveux que je n’avais pas réussi àcoincerdansmonchignon.Nousavionsquittéleport,sansquejefassemesadieuxàlacôte.Jereverrailaterrefermedansdeux
semaines,etpasn’importelaquelle:nousferionsescaleàHawaï.J’avaisencoretantàapprendre,etàapprivoiserd’ici-là–àcommencerparVanAllen…Rios l’avait décrit comme un parangon de vertu, loin du cliché qui collait à la peau desmilitaires
mobilisésenmer–etdontj’étaislaparfaitereprésentante…Raisondepluspourrentrerdanslerang,etaccomplirmamissionsansfairedevagues.—LieutenantSnow?ÀconditionaussiqueVanAllenetmoinenousretrouvionsplusdansdessituationscompromettantes…Jeserrailesdentsetmeretournailentement.
—Ilmesemblequevousêtestoujourssousmesordres,commença-t-ilavecsarcasme.—Jedéjeunais!—Maissousmesordres,insista-t-il.Uneautrespécificitédelavieàbordd’unporte-avions?m’interrogeai-je,déroutée.—Notremoded’organisationdiffèreunpeudecequevousavezconnuàterre.Tantquejenevousai
pasexplicitementrenvoyéedansvotrecabine,vousnedevezenaucuncasfumer,boireouvousadonneràjenesaisquelleautreactivitésurlenavire.Jefronçailessourcilstandisquelesangbattaitàmestempes.—Jeplaisante,Snow!s’exclama-t-il,avecunsourirediabolique.Enfoiré.Je fus étonnéede levoir allumerune cigarette. Il prit place à côtédemoi, les coudesposés sur la
rambarde,unpiedsurlebastingage.Ilmefixaitdesonregardpâletandisquejeveillaisàsoufflermafuméelàoùiln’étaitpas.—Vousvousêtesengagéeilyalongtemps,Snow?La réponse était dans le dossier qui relataitmes états de service—Quatre ans, lui répondis-je en
fixantunpointimaginairedansleseauxgrises.Avait-ildécidédefairelapaix?—Etvous?Monaudaceneparutpasl’offenser.Ilsourit,jemelaissaiattendrir.—Unedizained’années.Bientroplongtemps…S’ilavait suivi lecursusnormaldepilotedechasseembarquée, réaliséquelques faitsd’armes–et
tenantcomptedesonavancementactuel–,ildevaitavoirtrenteetquelquesannées.—Vousavezsuvousfaireuneplacedansnotrebelleinstitution,reprit-ilnonsansironie.Bravo!Jepestai.—Onm’afaitconfiance,etjesuislà,capitaine.—Etavecunsensdelarepartiecommelevôtre,çanedoitpasêtrefaciletouslesjours.Quiprovoquaitl’autre,là?Jetiraiplusfortsurmacigarette.Imperturbable,ilportalasienneàseslèvres.Ilm’observaittoujours,sesyeuxcouleurdeglacepétillaientd’amusement.—J’espèrequenotrecollaborationserafructueuse,Lex.Ilyavait euAlex,Lexi, surtoutLexLuthordurantmonadolescence.Pireencore, en référenceàma
peaulaiteuseetàmescheveuxébène,onavaitmêmeosémesurnommerSnowWhite!—C’estAlexi!Ilm’éblouitd’unsourireradieuxavantdeseredresser.— Je sais… Briefing à quatorze heures, sur le pont principal. Vous y assisterez avec Rios, pour
comprendredequellemanièrenousvivonssurlePercival.Etilmeplantalà…Peut-êtrequelasituationméritaitd’êtreréévaluée?VanAllenn’étaitfinalementpascetimmondeconnardcanon,prétentieuxetarrogant,maisunconnard
canontoutcourt.Jefiniraisparm’yfaire.Une demi-heure plus tard, j’entrai dans la salle de réunion, l’esprit plus léger. Pas longtemps
cependant…Les regards insistants et railleurs des hommes de l’unité pesèrent lourd surmes épauleslorsquejetraversailapiècepourrejoindreJerryquiterminaitd’écrirequelqueslignessurunrapport.—Alors,cettepausecigarette?demanda-t-ilsansleverlatête.Jesourisintérieurement.—Pasmal…Notreéchangefutinterrompuparl’arrivéedeVanAllen,suivideDrakeetdesautrespilotesentenue.
Combinaison,pantalon,gantsàlamainoudansleurspoches, ilneleurmanquaitplusqueleurgiletdesauvetageetleurcasque.Celamerappeladelointainssouvenirs.—Toutlemondeestlà?Jerryacquiesça.—Jecroisqu’onpeutcommencer,capitaine.VanAllenprit lerapportqueluitenditJerryetseplaçaderrièremoi.Jefussurprisederespirerles
effluvesd’unparfumsophistiqué.—Bonjouràtousceuxquejen’aipascroiséscematin,commença-t-il.Jevousprésenteofficiellement
lelieutenantjuniorAlexiSnow,chargéederemplacerlelieutenantTilmoredurantletempsquedurerasaconvalescence.Onmesaluachaleureusement tandisque jegagnaiunedeschaisesencore libresautourde lagrande
table, lerougeauxjoues.J’avaisbeaunepasavoirfroidauxyeux, jen’endemeuraispasmoinsmalàl’aiselorsqu’ils’agissaitdemeproduiredevantunpluslargepublic.—Jevousdemanded’être indulgents, carSnown’avraisemblablementpas l’habitudede travailler
avecefficacitéetrapidité.Aussi,jevoustransmetsledossierétabliparlelieutenantRiosetsonéquipe,termina-t-ilenfaisantpasseruneliassededocumentsàl’hommeassisleplusprèsdelui.Enfoiré!Etdirequ’ilavaitosémejouerlacartedelabienveillance,pourensuitemetrahiraussilâchement!Jelefusillaiduregard.— Même configuration qu’hier après-midi, à quelques éléments près, poursuivit-il en m’ignorant
royalement.Ventdesud-sud-ouestàdeuxcentcinquantedegrés.Vitessedetrentenœuds.Notezcependantquelavisibilitéhorizontaleestinférieureàneufmillemètres.VanAllencontinualebriefingd’unevoixclaireetautoritaire.Ilavaittoutel’attentiondesonauditoire.
Cethommeétaitunchefné.Avecbeaucouptropdecharismeàmongoût.Lorsqu’ilcédalaparoleàDrake,ilmejetaunregardsévère.Jefulminaietcelaleravit.La session se prolongea dans la douleur quand Van Allen fit encore deux fois mention de mon
incompétence.Lorsquenousnousséparâmes,j’avaislespoingsengourdisàforcedelesavoircrispés.—C’étaittafête!ditJerrylorsqueledernierpilotequittalapièce.Mafête?Montriomphe,oui…—Maisc’estfinipouraujourd’hui,reprit-il,moinsembarrassé.Tuveuxlesvoirdécoller?
Décoller?Évidemment!Onm’avaitracontéàquelpointc’étaitimpressionnant.J’enavaisuneidéetrèsprécisedepuislaterreferme,maiscequiallaits’enchaînersousmesyeuxseraitincomparable!Nous entrâmes dans la salle de travail contiguë à la nôtre. Elle bénéficiait d’une vue panoramique
étenduesurlepontd’envol.Jem’installaiavecJerry,devantlavitre.Lesofficierschargésdedonnerauxpilotes l’autorisationdedécolleretd’atterrirétaientéquipésde
casquesetdemicros,etcommençaientdéjààcommuniqueravecleshommessurlepontd’envol.Ons’agitaitencontrebas.Leshommess’affairaientautourdesHornet.J’aperçuslecapitaineVanAllen
quifinissaitdesanglersongiletdesauvetageaupiedd’undesappareils.Leventdulargemalmenaitsatignassedorée.Ilgravit rapidement lesbarreauxde l’échelle, s’installadans lecockpit, soncasqueà lamain,puis
échangeaquelquesmotsaveclemécanicienrestéprèsdutraind’atterrissage.Enfin,ilmitsoncasqueetfermal’habitacledel’avion.Illefitroulerjusqu’àsonpointdedépart.Le ballet des hommes sur le pont continua de se dérouler avec rapidité et précision. Ces derniers
arrimèrentletrainavantdel’aéronefàlacatapulte.—Ilvaatteindrecenttrentenœudsenmoinsdedeuxsecondes.Autanttedirequeçadécoiffe!Jemepromisdelevérifierauretourducapitaine…—Ilsfontçatouslesjours?demandai-je,impressionnée.—Quasiment.Cesontlesmeilleurs,tusais.Oui,jesavais.J’imaginais ces hommes, enfermés désormais devant le tableau de bord de leurs chasseurs, brûlant
d’impatience,perfusésd’adrénaline.Cesprocéduresd’avant-décollagemerenvoyèrentàdeschosesquej’avaistouchéesdudoigt,jadis.Six Hornet décollèrent les uns après les autres, dans un vacarme assourdissant et à une vitesse
prodigieuse, avant de déchirer le ciel et de disparaître.Vol en patrouille, simulations d’attaque et delargagedemissiles,figureslibres,l’escadronneménageapassesefforts.J’étaisfascinée.—Allô,laterre?Alexi!m’apostrophaJerry,amusé.Toutvabien?Jesecouailatête.—Lafatigue,l’airdularge,çafaitbeaucouppourunpremierjour.—Ouvrelesyeux,ilsreviennent,répondit-il,l’airmoqueur.Unpremierchasseurtouchalepont,attrapantaumêmemomentlecâbletenduautraversdespistes.Il
s’arrêtaviolemmentà l’extrémitéde lapistepuiss’enécartaaussitôt tandisqu’unautreapprochait.Lapartitionétaitorchestréeàlasecondeprès.Tousrevinrentsansencombreenmoinsdedixminutes.Lescockpitss’ouvrirentetlafourmilièredetechniciensetdemécanosseprécipitasurlesengins.Drakes’éloignaavec lesautres,endirectiondesportesquimenaientauxponts inférieurs.Jeguettai
VanAllenquelquesminutesdeplus,sansobtenirsatisfaction.L’heureétaitmaintenantaudébriefing.Silesmanœuvresprécédentesneressemblaientenrienàceque
jeconnaissais,ildemeuraitquandmêmedesfondamentaux.Jerryetmoiregagnâmesnosquartiers.Noustravaillâmeslongtempsetjequittailepontprincipalvers
dix-neuf heures, éreintée. Mon binôme était drôle, et très calé dans son domaine. Cela allait êtreconfortabled’évolueràsescôtés.Jeprouveraisà tousceuxquej’allaiscôtoyerquej’étais loind’être
unenovice,encoremoinsuneincapable.—Unremontant?meproposaJerrycommenouspassionsàproximitédescuisines.—Jenedispasnon!Jerrymeplaisaitdeplusenplus...Ilouvritlaportedesréservesetj’aperçusunefemmeaufonddelapièce,juchéesuruncontainer.Jerry
blêmit.—Toutcomptefait,j’aiunappelurgentàpasser,bredouilla-t-ilàmi-voix.Ilreculaendirectionducouloir,puisdisparutaussitôt.Quelétaitleproblème?Cettefille?—Tueslanouvelle!Notrevoisinedepalier!s’exclamacettedernièreenmevoyantapprocher.Elle descendit de sonperchoir pourme tendre samain.Ellemedépassait d’aumoinsune tête.Ses
cheveux cuivrés, aux reflets presque rouges, étaient raides comme des baguettes de tambour etretombaientenunélégantcarréplongeantquimettaitsonvisageémaciéenvaleur.—Jesuis le lieutenantAprilDonovan,undesdeuxmédecinsofficiantàbord, seprésenta-t-elleen
penchantsoncorpslongiligneversmoi.—LieutenantAlexiSnow,pourlamétéo.—Forcément !s’exclama-t-elle.Comments’estpassée tapremière journée?Jeveuxdire,avec les
autres.Ellesemblaitcurieuseetjenecomprispastrèsbienpourquoi.—AvecVanAllen,surtout!ajouta-t-ellemalicieusement.Ah,ça…—Pourfairecourt…—C’estunconnard,n’est-cepas?mecoupa-t-elle.Jehochailatête,ravie.—Etc’estunmisogynedepremière!—C’estcequej’aicrucomprendre…—MêmeZoran’arriveàrienaveclui!Quiça?—Jeparlebeaucoup…—Oui!—C’est lewhisky. Je ne tiens pas l’alcool.C’est bon à savoir si tu veux connaître les secrets de
l’équipage!Horreur,cettefillemefaisaitdéjàmalaucrâne!Elles’interrompit,songeuse.Cenefutquepourmieuxrepartir:—Tun’aspasrencontréZora?Elle
dirigel’unitédesMarineCorpsembarquéesurlePercival.LechefdesMarineCorpsétaitunefille.Chouette!—Elleleurenfaitbaver,c’estformidable!Moi,jelesréparequandilssonttropcassés.Inutiledete
direqueceboulotaparfoisdescôtéstrèssympas!—Etl’éthiquedanstoutça?
—Restéeàterre,aveclestrucssérieuxetlescasseroles.—Lescartesmaritimesetlessatellites,c’estmoinsamusant,expliquai-jeàmontour.Maisjepense
êtretombéesurunboncoéquipier.—Quiça?Jerryétaittroubléparcettejeunefemmequiignoraitjusqu’àsonexistence.Qu’avait-ilfichutousces
mois?—JerryRios.Lelieutenantm’endevaitune,surcecoup-là.Manouvelleamiehaussalesépaules.—Jevoisdequiils’agit.Ilestsympaetdiscret.Maisiln’yenaqu’unicisurquitupourrastoujours
compter.Drake?—Parcequ’ilestbienveillant,bienqu’ilsoitencoreplusautoritairequelesautres,poursuivit-elle.Et
parcequ’enplusilestcharmant!—J’élimineVanAllen,pourlecôtébienveillant!Etc’est…?—Lecommandant!Rienqueça!—Ilestpasséàl’infirmeriehiersoirpour…—L’infirmerie?l’arrêtai-je.Pontsept?Ellefutdéçuequejenel’interrogepasdavantage.Cesmessieursétaientpartoutsurlenavire,jusqu’à
devenirl’objetdenosconversationsquandnousnousretranchions.Ilfallaitdécrocher!—Non,Pontsix.Pourquoi?—Jetestemesconnaissances.Ilfautquejemefamiliariseavecleslieux,j’aitendanceàmeperdre
dèsquejecirculedanslescoursives.Etàmeretrouverlàoùilnelefaudraitpas,danslesmomentslesplusinopportuns.—Tun’aspaseudroitàunevisiteguidée?demanda-t-elle.—Ganipys’enestchargéàmonarrivée,maisçan’apasététrèsloin.Celaavaitsurtoutétépénible.Aprilfitunegrimacelorsquejeprononçailenomdumaîtreprincipal.—Ilyaunproblèmeaveccegars?—C’estuntordu,expliqua-t-elle.Commetantd’autresici.Celan’enfaisaitqu’undeplus.Je me souvins qu’elle avait évoqué le commandant du navire peu avant que je l’interrompe. Un
dénomméFord,d’aprèsmonordredemission.—Jen’aipaseul’occasiondemeprésenteraucommandant.Aprilfronçalessourcilsavantdepoursuivre.—Ilesttrèsoccupéencemoment.Ilgèredesproblèmesdepersonnel,etdematériel.Netardepas
trop,quandmême:ilestprévenant,aimable,maistrèssusceptible.Unhommecaractérieldeplusàbord,un.
—Onleboitceverre?s’impatientaenfinApril.Qu’est-cequetuprends?—Ungin,çaexisteici?— Il y a tout ce dont tu peux rêver, plaisanta-t-elle en se penchant sur le carton qui contenait les
bouteilles.Autrebonnenouvelle!Quandnous en terminâmes, la nuit était presque tombée. Je redoutai lemomentoù les coursivesdu
Percivalvireraientaurouge.Avantderegagnermacabine,jefisundétourparlepontquatrepourgrillerunedernièrecigarette.Lepointd’orguedemajournée.Ilfaisaitdouxàl’extérieur,etjereprislamêmeplacequ’auparavant.Lejourmouraitdansundernier
rayondesoleilorangé.Cefutpropiceàdenouvellesintrospections.Jerry,April.J’espéraisqueZoraseraitaussid’unecompagnieagréable.Jepriségalementlafermedécisiondetoutmettreenœuvrepourmontreràmonsupérieurquij’étais
réellement.Àsavoir,unebattantetrèsconcernéeparsesprérogatives.Uneporteclaquaderrièremoi.—LieutenantSnow!Onnevientpass’encanaillerdansmesquartiers?J’étais maudite. Il suffisait que je pense à Van Allen pour qu’il se matérialise à proximité. Je me
retournailentemententâchantdecontrôlermarespiration.La journée avait été longue pour lui aussi. Les traits de son visage étaient tirés et ses cheveux
pointaient dans tous les sens. Sa combinaison était négligemment ouverte jusqu’au bas de sa gorge etlaissaitapparaîtreunmorceaudetissuencotongris.Untee-shirt?Undébardeur?Mon imagination s’enflamma, attiséepar les imagesde la scène à laquelle j’avais assistée lematin
même.—Snow?répéta-t-il.—Vousattendiezvraimentuneréponse,capitaine?Ilfronçalessourcilspuisallumasacigarette.—Oui,lâcha-t-ilaprèsavoiraspiréunepremièretaffe.—Jesuisdéterminéeàvousprouverquejeconnaismonboulot,capitaine.Quoiquevouspensiez.—Jen’aipasremisenquestionvoscompétences,Snow.Seulementvotrecapacitéd’adaptationàun
nouvelenvironnement.— Dois-je vous rappeler que vous avez souligné, devant l’équipe au grand complet, à quel point
j’étais nulle… Ça ne fait pas vingt-quatre heures que je suis là ! m’insurgeai-je Le sang battaitfurieusementdansmestempes,àtelpointquejecommençaisàyvoirtrouble.—Onsecalme,Snow,gronda-t-il.N’oubliezpasàquivousvousadressez.—C’esttellementfaciled’avancercetargument…marmonnai-je.—Jevousdemandepardon?Voilàquejel’avaisfichuenrogne.—Vousaveztrèsbienentendu…— Je n’ai pas l’habitude qu’on me contredise, lieutenant. Sachez-le. Soyez sûre que je ne vous
laisseraipasmeparlersurceton,lieutenant!Ilfallaitcreverl’abcès.Jemelançai,quitteàêtreridicule.—Encequiconcernel’épisodedecematin…Jen’aijamaiseuunbonsensdel’orientation.Jesuis
désolée…—Vousêtestoutepardonnée,seradoucit-ilenesquissantunsourire.—Jenepeuxpasm’empêcherdepenserque cela a influé sur lamanièredont vousm’avez traitée
aujourd’hui.—J’aisufairelapartdeschoses,énonça-t-ilavecsérieux.Pasmoi,malheureusement.—Vousetmoinesommespaspartissurdebonnesbases,Snow.Sachezquejen’aimepasqu’onme
contredise.Unmaniaqueducontrôle.Formidable…Ilpritlezipdesacombinaisonetl’abaissajusqu’àsonnombril.—Qu’est-cequevousfaites?paniquai-je.—Jememetsàl’aise,dit-iltranquillementIl s’approcha et je fus forcée de reculer.Mon dos heurta la rambarde. Jem’immobilisai, tétanisée.
Lorsqu’ilfuttoutprès,ilposasesmainsdepartetd’autredemoncorps,etmeretintprisonnièrecontrelabarred’acier.Sesyeuxdeglacemepoignardèrent.Unparangondevertu?Jen’ycroyaispasuneseconde.Jemordismalanguejusqu’ausangenpriantpourqu’iln’approchepasplus.—Snow,jecroisquec’estcommeçaquejevouspréfère,dit-ilplusbas.Muette,etdocile.S’ilfaut
quejemedéshabilledetempsentempspouryarriver,çanemeposerapasdeproblème.Il ne bougea pas d’un pouce.Mon embarras était tel que je finis par baisser les yeux pour ne pas
m’humilierdavantage.Satisfait,ilreculad’unpaset,sansmelâcherdesyeux,mecongédia.—Votrecigaretteestterminée.Nousavonsduboulotdemainmatin.Regagnezvotrecabine.Jeluilançaiunregardmeurtrier,qu’ilaccueillitavecunsourirenarquois,puispassaidevantluipour
regagnerl’intérieurdunavireplusencolèrequejamais.Maispasseulement…Cequiétaitbienpire.
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