crowdfunding : mode d'emploi / tutoriel 1
Post on 30-Mar-2016
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Crowdfunding Les bases à connaître
Nicolas Dehorter
Illustration de couverture © thingamajiggs (Fotolia).
© Nicolas Dehorter, 2013.
RESUME Dans ce premier tutoriel, nous présentons cette nouvelle solution de
financement qu'est le crowdfunding ou financement participatif.
Bien établi aux Etats-‐Unis, le crowdfunding ou financement participatif
prend de l’ampleur en France. Si son principe est simple -‐ mettre en relation
investisseurs et porteurs de projets, en s’appuyant sur Internet et les
réseaux sociaux – sa réalité est plurielle. Seul 20 % des français,
connaissent le financement participatif, les encours sont encore marginaux
face à la finance traditionnelle, mais son potentiel est énorme, si l’on
considère que le crowdfunding suivra le même développement que
l’économie collaborative.
Nous évoquerons ses origines, ses grands principes, son fonctionnement,
ses risques ainsi que ses perspectives. Nous aborderons les aspects
réglementaires et fiscaux pour conclure.
Qu’est-‐ce que le crowdfunding ?
« L’union fait la force », « les petits ruisseaux font les grandes rivières »… Le
crowdfunding se base sur la logique selon laquelle les petits efforts accumulés
peuvent faire aboutir de grands projets.
A retenir
Les sites de financement participatif permettent aujourd’hui à tout un chacun de
contribuer à un projet et de financer une bonne idée, en se basant sur ce principe
simple : si l’on se rassemble pour donner - même un peu -, on multiplie l’impact de
nos contributions.
Le crowdfunding déplace le centre de gravité du financement et permet de trouver
le capital initial pour créer un projet innovant.
Le crowdfunding rassemble des individus pour un projet humain, une aventure
collective. Il faut aller au-delà de l’aspect financier pour voir toute l’importance
et la portée de cette démarche.
Ce que propose ce type de financement communautaire est simple : Un moyen
grâce auquel les gens qui désirent le plus un projet ou produit peuvent obtenir
qu’il soit réalisé.
Les raisons identifiées de la montée en puissance de cette nouvelle piste de financement.
1- La maturité des réseaux sociaux
2- Le circuit classique de financement ne joue plus son rôle
3- Le retour du DIY, de la consommation collaborative et de l’économie du
partage.
Pourquoi faire appel au crowdfunding ?
Pour les créatifs (musiciens, écrivains, cinéastes), il est facile de comprendre
l’intérêt de présenter un projet sur ce type de plateforme : réaliser l'œuvre en
conservant l'intégralité des droits d'auteur.
Mais le crowdfunding offre d'autres avantages. Outre le financement, il est une
formidable opportunité de communiquer et de donner de la visibilité à un projet et
d'organiser un 'buzz' efficace avec ou sans la presse).
Les plateforme n’ont pas peur de jouer sur l’exclusivité ou la soif d’expérience et
de rapprochement des amoureux de la création et au-delà des internautes.
Pour les entrepreneurs et les startups, le crowdfunding est encore plus intéressant.
Initialement né dans le monde artistique, le crowdfunding explose en ce moment
dans le monde de l'innovation et de la création d'entreprise.
Les principaux avantages du crowdfunding :
Le CrowdFunding permet de collecter des fonds rapidement et très en amont du
projet :
Les créateurs d’entreprise ont toujours fait appel au Love money. Le crowdfunding
joue sur la même dynamique et permet d’atteindre un cercle plus large et donc
solliciter plus de personnes et donc différents profils d’investisseurs.
Les premiers apports et fonds d'amorçage, ceux qui permettent le lancement
effectif d’un projet, sont les plus difficiles à trouver : les banques ne se risquent
pas à financer les besoins en capitaux permanents d’entreprises récentes ou en
création, les sociétés de capital risque et fonds d’investissements sont très
sélectifs et ne financent que des besoins importants (plusieurs millions d’Euros).
Si l’intérêt financier n’était pas suffisant. Il faut savoir qu’une campagne de
crowdfunding peut être, si vous l’utilisez bien, un fabuleux tremplin pour votre
produit, et vous permet de bénéficier d'une publicité efficace et à moindre coût.
S’il est besoin de le rappeler, tout « Like », contribution ou même partage de votre
projet, au-delà de votre cercle de proximité, sont en soi des éléments de
validation de votre projet. Voir les premiers contributeurs s’engageant ainsi est
très encourageant et peut donner confiance par la suite au contributeur.
Dans le cas contraire, si vous recevez des commentaires négatifs ou n’arrivez pas à
collecter les fonds nécessaires, cela peut être l’occasion d’une remise en cause et
d’une refondation salutaire, avant de se lancer sur le marché et de risquer le rejet
total, dont il est difficile de se relever.
Pourquoi participer à un projet en tant que contributeur ou investisseur ? :
• Pas de risque si le projet n'est pas collectivement soutenu (celui-ci n'est
validé que sur la base d'un montant global atteint, qui est la somme des
apports individuels, c’est-ce que l’on appel XXXXX
• Investissement dans des actifs non liés aux marchés financiers
• Le projet étant « cofinancé » avec d'autres internautes investisseurs, il est
(en principe) possible de suivre de manière transparente son évolution. Un
risque existe néanmoins que le projet échoue après la collecte des fonds
(sachant que le capital investi peut être faible, il est fixé par chaque
participant)
• Certaines plateformes de soutien aux startups mettent en place des outils de
reporting permettant aux entreprises de donner des informations aux
investisseurs ayant décidé de les soutenir.
• Grande variété de contre-parties généralement corrélées au montant de
l'investissement (intérêts, services, etc.)
•
Comment ça marche ?
Revenons sur le fonctionnement basique à travers un schéma simple
1. Les internautes participent ou contribuent pour un montant égal ou supérieur à
une contrepartie choisie. Le porteur de projet conserve l'intégralité des droits. Les
récompenses proposées en contrepartie sont non financières. Elles peuvent être
symboliques, concrètes ou numériques, mais le plus souvent d’un coût plus faible
que le montant de la contribution, afin de s'assurer qu'il est assez d'argent pour le
projet.
2. Les collectes durent un temps limité pendant lequel les participations se
cumulent dans le but d'atteindre ou de dépasser l'objectif minimal déterminé par
l'auteur ou le producteur du projet.
3. Tant que l'objectif n'est pas atteint, les contributions des participants sont
enregistrées et mises en attente, sans débit bancaire réel. Les plateformes
récupèrent une commission sur le montant total collecté (généralement 5 à 8 %).
Qu’est-‐ce qu’un projet ?
Il doit avoir une finalité bien précise et déboucher sur une réalisation concrète : un
livre, un spectacle, un web documentaire, une exposition, un jeu vidéo, une
application...
Les projets personnels sont refusés (vacances, voyages de noces, anniversaires,
financement d’un prêt...). Pour les projets qui correspondent aux critères de
créativité et d’innovation, la crédibilité et le sérieux du projet doivent être
clairement exprimés pour que le projet soit validé par les équipes d’une
plateforme de financement et être présenté sur le site.
Nous vous présentons une typologie des plateformes.
TYPOLOGIE DES PLATEFORMES Il existe 4 types de plateformes qui correspondent chacune à une forme de
transaction distincte
Les plateformes de don. L’internaute apporte un soutien financier au projet sans
recevoir de contrepartie.
Les plateformes avec contrepartie en nature. En échange de son soutien financier
l’internaute reçoit une contrepartie. Par exemple, dans le cas d’un film il peut
recevoir un DVD ou le costume d’un acteur (le thème des contreparties fera l’objet
d’un prochain article).
Les plateformes de prêt. Il s’agit d’un prêt accordé par les internautes à un
individu ou à une organisation.
Les plateformes d’investissement direct (participation) Les internautes
investissent directement dans le capital d’une entreprise.
Les plateformes ont-elles toutes le même fonctionnement ? Ont-ils toutes le
mêmes modèles économiques ? S’adressent-elles aux même porteurs de
projets ?
Différentes formes de relation avec la plateforme
Les labels communautaires : le modèle Mymajorcompany comme référence
Ils forment avec la mutualisation de leur investissement à hauteur de quelque
dizaine d’euros le plus souvent, des groupes qui vont avoir un rôle déterminant
dans la sortie du disque ou du film de l’artiste : sans leur argent, pas de
production. Evidemment, leur rôle dans la production artistique est limité. Mais
l’important n’est pas là, les sites de financement participatif donnent pour la
première fois un rôle aux passionnés, aux amateurs. En investissant, ils sont
intéressés sur la réussite du projet, ils s’impliquent et souhaitent donc voir le
projet réussir. Ils peuvent suivre l’évolution du projet et évidemment participer à
la promotion du disque ou du film. L’intérêt pour Mymajorcompany est autant
financier qu’en terme de communication et de publicité. Ils s’appuient sur ce petit
groupe motivé pour partager autour d’eux, créer des communautés de fan. Le
sentiment d’appropriation des internautes naît de l’investissement permet une
campagne virale efficace. Mymajorcompany a fait évoluer son modèle économique
et s’appuie maintenant sur le modèle du label participatif et sur celui qui est
devenu la référence l’intermédiation (exemple : Kickstarter)
Les plateformes d’intermédiation comme Ulule, KissKissBankBank et Kickstarter.
Le principe mettre en relation des porteurs de projets (artistes ou rêveurs) en
recherche de soutien financier et internautes prêts à les soutenir sans notion
d’investissement, ni de coproduction.
Deux façons différentes d’aborder le financement
Dans le premier cas, ce sont des producteurs classiques qui font appel aux
internautes, pour compléter ou financer intégralement le budget d’un film ou un
disque et de l’autre, les plateformes d’intermédiation, qui mettent en contact les
protagonistes, jouent le rôle de facilitateur entre des artistes et d’éventuels
mécènes ou contributeurs, mais n’ont aucun rôle dans la production, et ne
prennent qu’une commission dans la réussite de la rencontre.
L’un s’appuie sur son expérience de la production, sélectionne des projets
prometteurs et espère que l’un d’eux réussira et générera la quasi intégralité de
son chiffre d’affaire, et l’autre compte sur le réseau, le marketing viral et la
démultiplication de l’initiative individuel pour réussir à lever des fonds pour le
maximum de projets.
.
Positionnement d’IndieGOGO est différent
Fondée en 2008, avant même Kickstarter. Ils ont une autre approche. Ils ne font
pas de sélection à l’entrée, Ce sont les internautes, par leurs contributions, qui
servent de lancement et de premier entonnoir. Ils sont ouverts à tous types de
projets et de collecte ou d’idées, et cela à travers le monde. Le non filtrage a ses
limites lorsque l’on est en concurrence avec des milliers d’autres projets : il n’y
pas de sélection sur le sérieux de la démarche, aucune étude, ni prescription. Il
faut déjà bénéficier d’un bon réseau ou être capable de communiquer par ses
propres moyens.
Des modèles en pleine croissance mais encore freinés par la réglementation
Financement direct en fonds propre (Equity based)
Le « Love Money » a toujours existé : les créateurs font tous appel à un moment ou
un autre à leur cercle de proximité pour débuter et lancer leurs entreprises. Leurs
proches sont les premiers à leur faire confiance, à s’intéresser à leurs travaux. La
présentation de leur projet sur une plateforme de financement participatif permet
d’agrandir ce cercle, de donner à voir, et ensuite, dans un second temps, de
démultiplier l’initiative individuelle. L’internaute “investisseur” acquiert une
participation dans le projet et à le droit en échange à des contreparties financières
en cas de succès commercial du projet. C’est le modèle de différentes plateformes
qui permettent de prendre une participation direct au capital des entreprises. Au
niveau mondial, les sommes collectées représentaient 472 millions de dollars en
2012, là aussi déjà en forte progression (+ 317% vs. 2011). C’est sur ce modèle que
se mènent actuellement beaucoup de réflexions, dans le prolongement du JOBS Act
aux Etats-Unis, et aujourd’hui en France au ministère de Fleur Pellerin.
Un cadre juridique sécurisé en préparation pour le déploiement de la finance participative en France
Aujourd’hui, le crowdfunding se développe rapidement, il intéresse Wall Street, la
Maison Blanche, mais aussi en France, le ministère de l’économie numérique et de
la culture. Le président de la République a annoncé à l’occasion de la clôture des
Assises de l’Entrepreneuriat, l’établissement d’un cadre juridique sécurisé pour le
déploiement de la finance participative en France.
La prochaine étape du financement communautaire consistera à passer du simple
don ou de la précommande d’un produit à un véritable investissement dans
l’entreprise elle-même (Equity Based). Mais un tel placement est strictement
réglementé en France par l’Autorité des Marchés Financiers ou aux Etats-Unis par
la Securities and Exhange Commission (SEC) et réservé d’ordinaire aux investisseurs
spécialisés et autorisés.
Un certain nombre de créateurs d’entreprises, de leaders technologiques,
d’acteurs du secteur se mobilisent pour faire évoluer la législation que cela soit
aux Etats-Unis, en France, ou à l’échelle européenne.
A l’heure actuelle, seul Washington a réagi et a inclus le crowdfunding dans la loi
Jumpstart Our Business Startups (Jobs) signée par le président Obama en avril
2012. Malheureusement, son application est retardée, notamment par le puissant
lobby bancaire qui souhaite évidemment garder la main.
En France, le Gouvernement fera dès septembre 2013 des propositions pour
construire un cadre qui favorise l’essor de ce nouveau mode de financement des
projets.
Dans l’intervalle, et afin de favoriser dès à présent le développement de ces
plateformes de financement, l’AMF et l’ACP ont rédigé un guide permettant aux
porteurs de projet de connaître précisément, à droit constant, les règlementations
qui s’appliquent aujourd’hui en fonction des modalités choisies. Le guide est
téléchargeable librement et gratuitement sur internet.
Le guide du crowdfunding de l’A.M.F et l’A.C.PL
Lien direct : http://www.acp.banque-france.fr/agrements-et-autorisations/le-
financement-participatif-crowdfunding.html
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