financement des micro et petites entreprises pendant la
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- ~ 1
Ministère de l'Education nationale,
de la Recherche et de la Technologie
ECOLE DES HAUTES ETUDES EN SCIENCES SOCIALES
Recherches comparatives sur le Développement
Environnements, Economies, Sociétés
Paris
THESE
pour l'obtention du titre de
Docteur de l'E.H.E.S.S.
Spécialité: Socio-Economie du Développement
Présentée et soutenue publiquement, le 5 février 1999, par
TRAN Anh-Tuan
FINANCEMENT DES MICRO ET PETITES
ENTREPRISES PENDANT LA TRANSITION VERS
L'ECONOMIE DE MARCHE. LE CAS DU VIETNAM
JURY
M. Michel CARTIER, Directeur d'études à l'EHESS, Président
M. Jean-Pierre BOUDE, Professeur à l'Ecole Nationale Supérieure d'Agronomie de Rennes
(ENSAR), Rapporteur
Mme Sylvie FAUCHEUX. Professeur à l'Université de Versailles St. Quentin en Yvelines
M. Jean-François NOËL. Professeur à l'Université d'Angers, Rapporteur
M. Jacques WEBER Directeur de Département à l'Institut de Recherches pour le
Développement Directeur de thèse.
--~-~-~~ --
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS 2
SOMMAIRE 1 - IV
INTRODUCfION GENERALE 4
CHAPITRE 1 : LES PETITES ENTREPRISES ET LEUR ROLE 25
INDISPENSABI.E DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT ET
DE TRANSmON.
SECTION 1 : LES PETITES ENTREPRISES DANS LE MONDE. 26
1. Dans les pays développés. 27
II. Les petites entreprises dans les pays en développement et les pays en 43
transition.
SECTION II : REFLEXIONS SUR LE BIEN-FONDE DU ROLE DE lA PETITE
ENTREPRISE AU SEIN DES ECONOMIES.
1. Qu'est ce que la petite entreprise? 49
II. Les raisons de la renaissance des petites entreprises depuis les années 62
1970.
III. Les rôles des petites entreprises dans la transition des économies de 66
type soviétique.
IV. L'innovation dans la petite entreprise. Les stratégies de la petite 70
entreprise moderne face à la globalisation de l'économie.
CHAPITRE II : EXPERIENCES INTERNATIONALES DE LA MICRO- 78
FINANCE. ASPECTS THEORIQUES D'UN NOUVEAU MODE DE
FINANCEMENT DES ENTREPRISES INDIVIDUALISEES DANS LES
PAYS EN TRANSmON.
SECTION 1 : LES ENSEIGNEMENTS TIRES DU MOUVEMENT 82
DE lA MICRO-FINANCE.
•111111111111j
1111111
ii
1. Les grandes caractéristiques du mouvement, et quelques cas typiques.
II. Bilan de ces expériences.
SECTION II : ASPECTS THEORIQUES DU MODELE LE CREDIT.
L'EPARGNE ET LA CREATION MONETAIRE.
1. Quelques remarques sur le choix d'une forme d'institution financière
adaptée.
II. Le choix d'une forme d'institution financière adaptée aux petites
entreprises dans les pays en transition.
III. Le crédit dans le modèle proposé.
IV. La fonction de création monétaire des banques commerciales (BC).
III. Importance de la collecte des ressources bancaires. L'épargne dans les
pays en développement et dans les pays asiatiques.
CHAPITRE III : LE VIETNAM : LES REFORMES ECONOMIQUES
VERS L'ECONOMŒ DE MARCHE.
SECTION 1. LES PRINCIPALES REFORMES ECONOMIQUES DEPUIS 1989.
BILAN GENERAL.
1. Les principales causes de la crise économique des années 1980.
II. Les principales réformes depuis 1989.
III. Les principaux résultats des réformes.
SECTION II. CONTRAINfES ET POINTS FAIBLES DE L'ECONOMIE.
1. Faiblesse du changement structurel de l'économie.
II. Faiblesses du régime de la propriété et du processus de privatisation.
III. Inadaptation des systèmes juridique, administratif et financier.
CHAPITRE W : LE SECfEUR PRIVE VIETNAMIEN ET SES
PETITES ENTREPRISES.
SECTION 1 : LE SECfEUR PRIVE VIETNAMIEN STRucruRE ET
83
98
105
107
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140
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166
175
197
197
1
11111
111111111111111
iii
CARACfERISTIOUES.
1. Les points forts du secteur privé vietnamien.
II. La fiabilité des statistiques concernant le secteur privé vietnamien.
III. La structure et les caractéristiques du secteur privé vietnamien.
Quelques comparaisons entre le secteur vietnamien et celui de la Chine.
SECTION II : LES PETITES ENTREPRISES VIETNAMIENNES.
1. Compétence et caractéristiques socioculturelles des entrepreneurs
vietnamiens existants et potentiels : le bien fondé d'une définition des
entreprises individualisées vietnamiennes.
II. Les caractéristiques des petites entreprises.
CHAPITRE V : LE SYSTEME FINANCIER ET lA MICRO-FINANCE
AU VIETNAM: UN BILAN-
SECTION 1 : LE SYSfEME BANCAIRE ET LE SECfEUR FINANCIER
INFORMEL AU VIETNAM.
1. Le système bancaire du Vietnam avant les réformes.
II. Les réformes bancaires depuis 1989.
III. Le secteur financier informel.
SECTION II : LE CREDIT BANCAIRE ET LA COLLECfE DES RESSOURCES
DES BANQUES.
1. Une analyse sur l'évolution du crédit bancaire intérieur.
II. Les obstacles à l'expansion du crédit bancaire.
III. Les obstacles à la collecte des ressources bancaires.
IV. Estimation du taux d'épargne privée en 2000 et nécessité d'une
amélioration des services bancaires vietnamiennes.
SECTION III : LA MICRO-FINANCE AU VIETNAM.
1. Micro-finance bancaire.
197
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201
218
220
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250
252
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273
273
281
286
292
294
295
iv
II. Micro-finance non bancaire. 302
III. Le Fonds d'Assistance aux Pauvres pour l'Emploi (Fonds C.E.P.). 312
CHAPITRE VI : LFS CONDmONS POUR LE FINANCEMENT DFS 323
PETITES ENTREPRISES VIE'INAMŒNNES. I.ES IMPACTS SOCIO
ECONOMIQUES D'UN MODE DE FINANCEMENT EFFICACE.
349
325
345
343
326
SECTION 1: PROPOSmONS CONCERNANT LES CONDITIONS
MACROECONOMIQUES ET INSTI1VI10NNELLES.
1. Améliorer les conditions macro-économiques et institutionnelles.
II. Création d'un climat culturel favorable aux petites entreprises.
SECTION II : NOS PROPOSITIONS.
1. Créer la banque vietnamienne pour les petites entreprises une
proposition nécessaire et réaliste.
II. Proposition concernant l'organisation et la gestion de la banque 348"'- 1
, 1 vietnamienne pour les petites entreprises.
,.-- ....
SECTION III: ESSAI D'EVALUATION DES IMPACTS SOCIO- 359
ECONOMIQUES D'UN MODE DE FINANCEMENT DES PETITES
ENTREPRISES EFFICACE.
.........
,. ,
, l
1. Les impacts économiques.
II. Les impacts sur le système financier et bancaire du pays.
III. Promotion des petites entreprises et nécessité de l'élaboration d'une
nouvelle couche nationale d'entrepreneurs.
CONCLUSION GENERALE
REFERENCFS BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
359
367
372
377
384
422
435
~.- .
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier l'ensemble des enseignants de la Formation Doctorale "Recherches
Comparatives sur le Développement" de l'EHESS de m'avoir apporté des connaissances
utiles et nécessaires, dans les domaines de la théorie de l'économie, de la socio-économie du
développement et de la méthodologie de recherche, afin de mener à bien ce travail. Ma
reconnaissance va particulièrement à Monsieur Jacques WEBER, Directeur de thèse, qui, par
sa disponibilité et ses conseils judicieux, m'a permis d'achever cette étude.
L'allocation de recherche que m'a accordée l'ORSTOM (l'Institut français de recherche
scientifique pour le développement en coopération, l'actuel IRD - Institut de recherche pour
le développement) en 1996-1997 a été un moyen précieux et opportun qui m'a permis
d'approfondir certains points de ma thèse. Ma gratitude va à Monsieur Jacques CHARMES et
particulièrement à Monsieur Philippe BONNEFOND qui, par sa rigueur et sa gentillesse, m'a
accordé des jours de travail utiles et agréables à l'ORSTOM Bondy.
Du 07 au 19 avril 1993, j'ai participé au Sème Programme de Dialogue International sur
l'Approche Grameen au Bangladesh grâce auquel j'ai eu des échanges fructueux avec les
représentants des organismes de micro-finance d'une quinzaine de pays, dont ceux de la
"BancoSol" (en Bolivie"), de la "BRI" (en Indonésie), de 1"'Accion International" (en
Amérique latine), de "Women's Self-Employment Project" (aux Etats-Unis), etc.. Je tiens à
remercier le Professeur Muhammad YUNUS, Fondateur - Directeur Général de la Grameen
Bank et le Grameen Trust - l'organisateur de cette Dialogue - de m'avoir invité et d'avoir
totalement pris en charge mes frais de voyage et de séjour.
Je garde toujours au fond de mon cœur un sentiment profond et sincère pour tous mes
collègues qui ont travaillé sous ma direction pendant les années 1989-1992 au Vietnam sur
les projets que j'ai conçus en vue de la création d'emploi: le projet S.L.C. ("Saigon Labour
Company", dont le but était la lutte contre le chômage au travers des activités de services et
de production), le projet national "Accroître les possibilités de création d'emplois pour les
travailleurs" (VIE 0 18-92 96, financé par le Programme des Nations Unies pour le
développement (PNUD), exercice 1992-1996), et le projet C.E.P. ("Le Fonds d'Assistance
aux Pauvres pour l'Emploi"). Plusieurs idées de cette thèse me sont venues de ces projets,
notamment du troisième. Les expériences que j'ai acquises de ces jours difficiles, mais
passionnés et enthousiastes, m'ont été très utiles dans la conception des propositions faites
dans cette thèse.
Enfin, je dois beaucoup à plusieurs personnes, françaises et vietnamiennes, qui m'ont aidé
d'une façon ou d'une autre durant les années ardues, où je me suis consacré à la préparation
de cette thèse, dont les ami(e)s Michèle, Claire, Hery, qui m'ont consacré du temps pour la
relecture de la thèse.
4
INTRODUCTION GENERALE
Durant ces dernières années, le mouvement du financement des micro-entreprises ou de la
micro-finance s'est internationalisé, notamment avec l'organisation du "Sommet du Micro
crédit" ("The Microcredit Summit') à Washington en février 1997 1• D'autre part, dans les
pays développés ainsi que dans les pays en développement, et récemment dans les pays en
transition, la "petite et moyenne entreprise" reste une "formule" préconisée face au chômage
qui s'accroît. En bref, alors que d'un côté, se poursuit la tendance à la fusion des grandes
entreprises, en de plus grands groupes afin de renforcer la compétitivité dans l'ère de la
mondialisation, de l'autre côté, "small is better" devient l'un des slogans les plus répandus
dans le monde.
Curieusement, il me semble que chacun saisit le "small" selon ses préjugés. Pour les uns, le
"small" comporte des composants très diversifiés, du "secteur informel" à la "PME" (petite et
moyenne entreprise ou "SME" en anglais, "small and middle-size enterprise"), en passant par
la "micro-entreprise" (ou "MSE" en anglais, "micro-and small scale enterprise"). Pour les
autres, tout ce qui est considéré comme "small" est mis dans le même panier que les
"entreprises de moins de 500 salariés"2. L'ambiguïté du classement des entreprises conduit à
celle de la méthodologie du choix des politiques adaptées et, entre autres, à celle du
1 Ce Sommet. ayant rassemblé une dizame d'organismes mternationaux dont la Banque mondiale, le PNUD, l'UNESCO.l'UNICEF. le FIDA. plusieurs chefs d'Etat et de gouvernement. des grands bailleurs de fonds au développement, a lancé "unmouvement global pour offrir aux 100 millions de familles les plus pauvres de la planète (dont 4 millions habitant dans lespays développés) des crédits et leur permettre ainsi de lancer leur propre entreprise d'ici 2.01)"" Le fonds mobilisé et prévus'élève à 21.6 milliards d'USD VOir' http://www igc.apc.org/results/.Bien que ce Sommet SOit qualifié comme étant une réunion privée par certains pays, dont la France, et que cet événementSOit diversement appréCié par les autres écoles d'économie du développement (voir' Ph. Ortoh. 1997). notamment par lesmutualistes pratiquant un système de crédit reposant sur l'épargne préalable. Il est désormais un jalon du mouvement demlcrocrédit sans l'épargne préalable contre la pauvreté dans le mondeL'Assemblée générale des NatIOns Unies a adopté deux Résolutions appuyant le Sommet. Grameen Dialogue. N° 30. April1997
5
financement. En effet, face à l'inaccessibilité aux banques commerciales traditionnelles pour
des "small", il existe aujourd'hui deux approches du financement alternatif destiné au "small"
: l'une Vise les pauvres, ayant pour objectif la lutte contre la pauvreté et applique une
approche sociale; l'autre vise les entreprises dites "PME" dont la définition est très variée.
Dans ce cas, l'approche est soit sociale ou subventionnelle, soit commerciale mais mise en
œuvre de façon classique, c'est-à-dire de façon à ce que, en pratique, la plupart des fonds
bénéficie aux entreprises les plus grandes parmi les "small", que l'on nomme "PME".
Dans tous les cas de figure, les vraies petites entreprises, les entreprises conceptualisées par
nous comme les "entreprises individualisées", et qui se trouvent au milieu des deux pôles, ont
toujours du mal à trouver leurs bailleurs. En effet, ni les banques commerciales
traditionnelles ou autres bailleurs classiques, ni les bailleurs alternatifs ne s'intéressent à ces
vraies petites entreprises: elles sont des emprunteurs "à haut risque", pour les premiers;
quant aux seconds, elles ne font pas partie des emprunteurs "pauvres, défavorisés" et qui
peuvent bénéficier des fonds à caractère social ou subventionnel. L'indifférence portée aux
entreprises de cette catégorie, tant sur le plan de leur financement que sur le plan de leur
identification, explique leur identité ambiguë dans la littérature économique, ceci malgré leur
importance incontestable. On les classe, on les baptise et on les traite à volonté, selon ce
qu'on veut, sans aucune contrainte méthodologique.
Nous allons tenter de montrer dans le chapitre 1 que, d'un point de vue méthodologique, il
n'existe que trois formes d'organisation des affaires: (i) les activités de survie pratiquées par
les plus défavorisés de la société ; (ii) l'entreprise socialisée souvent appelée "grande
2 VOIr les projets de tinancement des "small busmesses" dans quatre pays en transition la République tchèque. la Hongrie.la Pologne et la RépublIque slovaque. CCET. 1996.
•11111111111111111111
6
entreprise" qui est, en raison de sa nature, hors de portée de l'entrepreneur individuel et
dirigée par, en quelque sorte, la "technostructure"3; et (iii) l'entreprise individualisée (pouvant
être appelée "petite entreprise") qui est dirigée par l'entrepreneur-propriétaire4 , L'entreprise
individualisée est une entité indépendante oubliée, souvent confondue avec les activités de
survie ou avec les "PME", Elle ne constitue pas un sujet à la mode, mais se trouve être l'un
des moteurs indispensables au processus du développement, notamment celui de la transition
vers l'économie de marché dans les pays ex-communistes,
L'entrepreneur-propriétaire de l'entreprise individualisée se différencie des personnes
entreprenant des activités de survie, ainsi que des managers-salariés des grandes entreprises,
essentiellement non pas par la taille de son entreprise mais par "la liberté individuelle" dont il
dispose et par les risques qu'il supporte. De ce point de vue, à la différence des définitions
traditionnelles sur le classement d'entreprises, la taille de l'entreprise n'occupe qu'une place
mineure. L'entreprise individualisée est caractérisée par l'esprit d'entreprise, le lien étroit entre
la propriété et le management. La potentialité de développement de l'entreprise individualisée
est issue de la créativité, du dynamisme de l'entrepreneur et de la simplicité de la structure de
management. Son nombre d'employés est limité; cette limite dépend du contexte dans lequel
l'entreprise se trouve, mais en général elle ne dépasse pas 50 personnes5.
La position particulière et le rôle spécifique de l'entreprise individualisée dans le processus de
développement et/ou de transition s'expliquent par les facteurs suivants:
3 J K. GALBRAITH. 1989
4 Elit: correspond à ce qUI est parfoIs appelé ., entreprise artisanale" en France. du point de vue juridique. Dans cette étude.les deux termes "petites entreprises" (PE) et "entreprises indIvidualisées" peuvent se remplacer
5 On peut certainement diviser l'entreprise socialisée en plusieurs sous-catégories selon sa taille. mais "essentiel est toujoursle même' Son comportement n'est pas tributaire de la volonté. de l'aptitude. de l'attitude et des faIblesses d'un individucomme l'entreprise individualIsée. mais de la compétence d'une "technostructure" qUI la dIrige. Cette technostructure secomporte elle-même selon les critères socialisés. et non pas ceux individualisés. Même dans It:s cas où l'entreprise socialisée
•1111111111111
)
7
- La tendance à la diminution de la taille moyenne de l'entreprise causée par la
désindustrialisation et par l'expansion du secteur des services (qui se caractérise par les
économies de plus petite échelle).
- La réduction de la taille moyenne effective des entreprises de certaines industries
fondées sur la science.
- La tendance à recourir à la flexibilité pour s'adapter à la mondialisation et à
l'incertitude du marché.
- La réponse à la multiplication de nouveaux besoins, des modes et des différents
petits groupes de consommateurs, etc.
- La possibilité d'individualiser les activités d'affaires, aidée par les nouveaux moyens
de communication et par l'infonnatique, qui pennettent aux initiatives individuelles de se
faire connaître sans passer par les moyens de communication classiques des grandes
structures. En bref, les individus porteurs d'idées rentables, qui étaient obligés de s'intégrer
dans de grandes structures pour les réaliser, ne le sont plus ou ne le seront que de moins en
moins6. Ainsi, la créativité et l'intérêt individuels sont désonnais plus faciles à développer
sous une fonne directe, par le moyen de l'entreprise individualisée. Une nouvelle répartition
et un nouveau rapport entre entreprises socialisées et entreprises individualisées seront établis
pour répondre aux nouvelles structures des marchés.
La renaissance de la petite entreprise (PE) n'est donc pas un phénomène temporaire mais une
nouvelle tendance de l'organisation industrielle, s'adaptant à de nouvelles technologies et de
nouveaux contextes socio-économiques. La nouvelle position des entreprises individualisées
et leur financement sont donc une préoccupation pour tous. et non pas uniquement pour les
dont le propriétaire (ou le propriétaire principal) est un individu. ce constat ne change pas.
6 L' expansion spectaculaire du commerce électronique par Internet pendant les deux dernières années. surtout aux Etats-
~1
a~
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8
pays en transition. La micro-finance destinée aux plus pauvres est absolument nécessaire,
mais n'oublions pas les entrepreneurs individuels porteurs d'idées, créateurs de valeurs
ajoutées et d'emplois. Ces derniers sont également l'avenir de certains "pauvres" actuellement
financés par la micro-finance.
Si l'entreprise individualisée occupe une position importante dans les pays à économie de
marché, elle tient une place beaucoup plus importante dans les pays en transition, tant au
niveau des opportunités offertes par le changement structurel, qu'au niveau des ressources
financières et humaines potentielles. Elle ouvre également la voie à la possibilité de résoudre
plusieurs problèmes épineux de la transition, sans provoquer de graves réactions "allergiques"
au sens politique ou social, comme l'élaboration et le renforcement du secteur privé,
l'allégement des effets négatifs à court terme du changement structurel, la démocratisation et
la formation de la société civile. À titre d'exemple, alors que de nombreux spécialistes
s'accordent à dire que la formation d'un secteur privé fort et sain, fondé sur des droits de
propriété bien définis, est une condition indispensable du succès du processus de la transition
vers l'économie de marché?, la difficulté réside toujours dans la façon de le réaliser. Ainsi, ne
faudrait-il pas oublier l'expérience amère de la Russie et celles d'autres nouveaux Etats
indépendants (NEI) durant les premières années de la transition, et qui ont appliqué une
thérapie de choc dans leur privatisation. Mais, le gradualisme appliqué en Chine et au
Vietnam a conduit, de son côté, à des conséquences non moins négatives: c'est cette
approche qui a pris du retard dans la privatisation du secteur industriel. Ces expériences
posent la question du choix d'une méthode adaptée pour la privatisation. Afin de favoriser
UnIS . .:n .:st un .:"\.:mpl.: t) piqu.:.
7 Banque mondial.:. 1996Martin L WEITZMAN 1993Martha d.: MELO. C.:vdet DENIZER and Alan GELB. 1996
9
une privatisation fructueuse, comment faire pour maîtriser la stabilité sociale, d'un côté, et
neutraliser des obstacles idéologiques, de l'autre côté? Notre thèse vise à évoquer les
possibilités offertes par l'entreprise individualisée afin de trouver une réponse adaptée. Cela
est particulièrement approprié aux pays ayant appliqué une approche graduelle comme le
Vietnam8. Dans ces pays, les changements les plus profonds de la transition vers l'économie
de marché semblent difficiles à mettre en place de façon directe.
Comment faire pour libérer et soutenir ces entreprises individualisées qui constamment font
face aux environnements et aux conditions extérieures les défavorisant ? Sur le plan du
financement, le manque de capital reste la difficulté la plus grande pour ce type d'entreprises.
Et cela est notamment vrai pour les structures non agricoles. En effet, dans les pays en
transition, à dominante agricole, si les petites entreprises agricoles bénéficient d'un certain
nombre de dispositifs de financement en leur faveur, les petites entreprises non agricoles en
sont exclues. La quasi-inexistence de dispositifs de financement alternatifs, destinés à ce type
d'entreprises, ne leur permettent pas d'exploiter efficacement leur potentialité. Si cela est
compréhensible car la transition est surtout un processus de tâtonnement9, la situation nuit
gravement au processus de transition.
En bref, le besoin impératif de réforme des entreprises et de leur financement dans les pays en
transition, la renaissance des petites entreprises dans le monde, l'impuissance des institutions
financières classiques sur ce sujet et les enseignements tirés de la micro-finance. nous
8 Les aVIs récents de certams auteurs au FMI et à la Banque mondiale en cette matière diffèrent de ceux de ces orgaOlsmesau cours des années précédentes. selon lesquels l'approche de réformes au Vietnam n'est pas gradualiste (voir par exemple :John Dodsworth (Sous-Directeur du Département Asie et PaCifique du FMI). 1997). A notre avis. comme en Chme. laréforme au Vietnam est profondément graduallste. voire. dans plUSieurs cas. suiviste de la Chme.
9 "Nous n'avons aucune théorie générale sur celte tranformation (de l'économIe de type SOViétique vers l'économie demarché. TA T ). ni optIOns optimales 01 pomts d'aboutissement bien définiS" R PORTES. "Transformation Traps". TheEconomlc Jal/mal. Vol. 104. n° 426. sept. 1993. Cité par' BIT L'emploi dans le monde 1995. Un rapport du BIT. Suisse
10
suggèrent la nécessité et la faisabilité d'une nouvelle façon de financer les entreprises
individualisées dans les pays en transition afin d'asseoir leurs réformes: telle est l'origine de
notre problématique.
La notion d'entreprise individualisée, à laquelle nous nous intéressons, comprend une
pourcentage des "micro-entreprises" (ME) appartenant au secteur informel traditionnellement
conceptualisé. Cette proportion qui est modeste dans les pays en voie de développement (de 2
à 5 % en Amérique latine, à titre d'exemple 10), devient importante dans les pays en transition.
De même, la nature du secteur informel dans les pays en transition est différente de celle que
l'on observe dans les pays à l'économie de marché. En effet, aussi au sein de ces derniers, les
personnes les plus défavorisées sont les "exclus" de l'économie de marché; dans les pays en
transition, les personnes n'ayant pas (ou pas assez) de capital pour organiser leur activité
rentable, ne doivent pas nécessairement être considérés comme les exclus de l'économie de
marché, tout simplement parce que celle-ci n'existe pas encore. Par opposition, la catégorie
des personnes compétentes, telles que les anciens entrepreneurs et gestionnaires, les
intellectuels, techniciens, ouvriers qualifiés, etc., était appauvrie non parce qu'elle manquait
de qualifications mais parce qu'elle était mal payée et/ou n'avait pas d'opportunités et
d'environnement favorables pour échapper à la pauvreté. Depuis l'ouverture économique, les
potentialités de cette catégorie ont émergé. Pendant les premières années du processus de
transition, en raison du manque de capital et de la médiocrité de l'environnement d'affaires, la
plupart des activités de ces personnes faisant partie de cette classe s'est réalisée dans ce qu'on
appelle traditionnellement le "secteur informel". Le "secteur irformeJ" dans les pays en
transition ne comprend donc pas uniquement les exclus, mais aussi les vrais entrepreneurs. La
1995 223 p..
10 CCET 1996 p.8.
11
problématique du financement des "small" devrait y être posée de façon différente de celle de
la micro-finance traditionnelle : le financement des "small" n'est pas nécessairement le
recours réservé aux exclus, mais représente également une aide aux entrepreneurs pour saisir
de nouvelles opportunités en affaires. D'où vient ce que nous appelons la dualité du secteur
informel dans les pays en transition: (i) le "côté passif', l'aspect généralement connu du
secteur informel dans les pays à l'économie de marché et, dans lequel, le rôle du financement
a pour objectif l'allégement de la pauvreté; et (ii) le "côté actif, moteur", l'aspect particulier
du secteur informel des pays en transition, dans lequel, le rôle du financement se tourne vers
les agents les plus dynamiques et innovants de l'économie. Le financement a pour objectif de
les aider de saisir les opportunités d'affaires, et sur le plan macro-économique, de contribuer à
la croissance économique et à l'industrialisation du pays.
Ce que nous nommerons dans cette étude par "entreprises individualisées" comprend donc
celles appelées traditionnellement "petites entreprises" et une partie de celles appelées
"micro-entreprises", mais non pas les activités de survie. En définissant la petite entreprise
comme une "entreprise individualisée", nous voudrions mettre en valeur les points essentiels
de cette catégorie d'entreprise : l'initiative privée et le moteur de l'intérêt individuel qui,
partout mais notamment dans les pays en transition, répondent aux besoins du marché tout en
développant l'indépendance des individus vis-à-vis de l'Etat et de la société civile. Notre
notion de financement des entreprises individualisées implique donc partiellement la "micro
finance", le mouvement qui a débuté depuis quelques décennies avec les succès reconnus de
la "Grameen Bank" (au Rangladesh), de la "BancoSol" (en Bolivie"), de la "BRI" (en
Indonésie), de 1'''Accion International" (en Amérique), etc. De ce fait, notre étude
s'intéressera à ces expériences pour en tirer les enseignements applicables.
•11111111111111111111
12
En dehors de ces expériences de micro-finance, acquises surtout dans les pays en voie de
développement, les expériences des "régions industrielles" tirées d'un pays développé - la
"Troisième Italie" - nous permettent également de tirer des leçons utiles sur le lien étroit entre
la confiance et le financement alternatif des petites entreprises.
La notion des "régions industrielles" de la Troisième Italie illustre la façon par laquelle les
petites entreprises peuvent surmonter leurs désavantages vis-à-vis des grandes entreprises.
Elles agissent en s'associant aux autres entreprises, au sein du même groupe ou réseau dans la
région géographique, ce qui leur permet de profiter de l'économie d'échelle des grandes
entreprises. Les petites entreprises se concentrent dans les petites régions en fonction de leurs
produits; le processus de production est effectué en étroite collaboration, de façon à ce qu'il
n'y ait qu'un petit nombre de petites entreprises fabricant les produits finaux s'adressant
directement au marché. Le restant des entreprises travaille en qualité de sous-traiteurs. Les
petites entreprises, en Troisième Italie, ne sont pas des acteurs indépendants dans un marché
concurrentiel, ni les sous-traiteurs des grandes firmes. Elles constituent plutôt un système de
production comprenant des unités interdépendantes sur le plan organisationnel, mais
indépendantes au niveau du régime de propriété. Par ailleurs, les régions établissent des
associations coopératives et des centres de services communautaires qui fournissent des
services, comme le design, la formation, le marketing, l'approvisionnement, le financement,
l'assistance technique ou la comptabilité. C'est l'application de la théorie d'Alfred Marshall 11,
selon laquelle la plupart des avantages de la grande production peuvent également être
profitable à une population de petites entreprises, concentrées dans une région géographique.
Ces entreprises se spécialisent dans les différentes phases de production et trouvent leur
Il Giacomo BECATTINI. 1991.
13
main-d'œuvre dans un marché local. Pour que ce phénomène, baptisé par "régions
industrielles", se développe, il est nécessaire qu'une telle population de petites entreprises se
mêle aux personnes qui vivent sur le même territoire, et qui acceptent des valeurs culturelles
et sociales appropriées au processus d'industrialisation. D'après un certain nombre d'auteurs
italiens, la philosophie des "régions industrielles" est fondée sur la notion d"'auto-aide"12,
autrement dit, c'est une forme de combinaison du succès personnel (individualiste) et du
sentiment d'appartenance à la communauté locale (communautaire).
En dehors des associations et centres de services, le gouvernement régional établit, durant les
années 1970 et 80, de nombreuses institutions qui aident les entreprises à trouver les contrats
de sous-traitance à l'intérieur de la région plutôt qu'à l'extérieur. Le gouvernement aide
également les entreprises à se procurer les locaux, les formations professionnelles pour leur
personnel, les services de transport et les services sociaux. Cette politique améliore les
conditions de vie de la communauté qui, à son tour, augmente la flexibilité du marché de la
main-d'œuvre.
Un élément non moins important est la tendance des firmes à se spécialiser dans les phases
particulières du processus de production. Grâce à cette spécialisation, ces firmes peuvent
bénéficier des avantages d'économie d'échelle. Cette forme de spécialisation, qui associe la
coopération entre firmes et l'opération des institutions de soutien locales, permet à la région
de maintenir une grande capacité de réponse aux changements du marché, ceci avec une large
variété de produits. La division du cycle de production en plusieurs parts, et la séparation
entre producteurs. éliminent bien des "goulets d'étranglement". Cela permet également aux
12 "Self-help". une notIOn dévéloppée par Samuel Smiles. un écrivam anglais au XIX siècle.
14
producteurs d'organiser leurs travaux selon les besoins du marché, de préférence à d'autres
phases du processus de production.
Ici la coopération et la compétition se complètent. Il s'agit de la compétition forte entre finnes
fabriquant le même produit à la même étape du processus de production. La coopération
s'effectue entre finnes dont les places dans les étapes de production sont différentes.
La capacité d'innover des petites entreprises (PE) est encouragée par la proximité spatiale
d'un grand nombre d'entrepreneurs s'engageant dans les mêmes activités et par la
collaboration entre ouvriers et techniciens au sein de chaque entreprise.
En bref, une "région industrielle" peut être considérée comme étant une grande unité de
production, dont la coordination et le contrôle des différentes phases de production et de
commercialisation n'obéissent ni à des règles administratives ni à des mécanismes
hiérarchiques; il n'y existe pas de "technostructures", comme on les a souvent vues au sein
des grandes finnes capitalistes et soviétiques13 . On peut dire également que les "régions
industrielles" sont un "modèle d'organisation socio-économique", dans lequel la "confiance"
joue le rôle capital. Cette "confiance" facilite la formation de tous les éléments du succès,
dont le financement et l'octroi du crédit.
Les petites entreprises dans la "région industrielle", qui sont fonnellement autonomes mais
économiqu~ment interdépendantes à cause de leur spécialisation en plusieurs activités
complémentaires. s'échangent en pennanence et dans tous les processus de la production, afin
13 Voir· J K. Galbraith. 1989
15
de mieux répondre aux besoins du marché (voir chapitre 1). Par conséquent, les transactions
ne sont effectuées que si la confiance entre les parties contractantes est fondée sur la
connaissance des caractéristiques professionnelles, morales et personnelles de toutes les
parties concernées. L'environnement socio-économique de la région favorise ainsi le
développement des relations de confiance à l'intérieur de la région. Cette "confiance", fondée
sur la réputation, est donc un "capital personnel", spécifique et précieux de chaque
entrepreneur et la notion de "confiance" devient, d'un point de vue collectif, un "capital
collectif' de toute la "région industrielle". Mais la confiance n'est pas la condition unique.
L'entrepreneur, ou celui qui veut le devenir, doit acquérir une qualification professionnelle
suffisante, lui permettant de bien gérer son entreprise. A partir du moment où l'entrepreneur
répond à toutes ces conditions, "le collatéral semble devenir inutile, même pour garantir le
crédit des banques" 14 15.
Dans les pays en transition, dans lesquels la confiance dans l'Etat est souvent faible l6 , la
confiance entre entreprises s'était érodée sous l'ancien système l7 ; cette expérience nous
14 Gabi Dei OTTATI. 1994
15 Quelques profils de la micro-finance et le financement des PME en Europe de l'Est:1. La Fondation hongroise de promotion d'entreprise (FHPE) est une organisation financée par PHARE-EC. établie en 1990pour étudier et servir les petites et moyennes entreprises (SME) en Hongrie. Elle a été capitalisée par 42 millions d'USDauprès d'un réseau des agences d'entreprises locale (AEL) qUi fournit des assistances et des informations aux petitesentreprises dont les mIcro entreprises.Le programme de micro crédit de la FHPE (PMClFHPE) a été créé en 1994 avec un capital de 9 millions d'USD Pendantque les AEL se spécialisent pour les entreprises de moins de 60 employés, le PMC/FHPE vise la cible répondant auxconditions suivantes. (a) moins de 10 employés: (b) pas plus de 2 ans d'eXistence: (c) chiffre d'aflàires annuel est inférieur à60.000 USD et la fonune nette (net wonh) de l'entrepreneur-propriétaire n'est pas plus de 200.000 USD. En 1994, le prêtmoyen était de 3.000 USD.2 La CorporatIOn de crédit aux entreprises (CCE) a été établie en 1990 par le Fonds d'entreprise polono-américain (FEPA).La CCE a commencé en coopérant avec les banques polonaises afin d'octroyer du crédit aux petites entreprises. Le FEPAfournit 100 % du crédit. mais chaque banque panage 50 % de la pene des prêts contractés auprès de leurs guichets. Alorsque la CCE ne focalise pas exclUSivement sur les micro entreprises. un pourcentage Important de ses prêts est inférieur à15.000 USD.Le FEPA a créé la CCE non seulement pour fournir du crédit aux petites entreprises. mais également pour stimuler lacapaCité des banques polonaises à l'octroi du petit crédit. Celte dualité rend le programme plus conservateur que la FHPEen Hongrie De 1990 à 1994, le programme octroyait 3 500 prèts cumulés à 90 millions d'USD (sOIt un prêt moyen de28000 USD). CCET 1996. Pp. 38-40
16 Banque mondiale. 1996. pp. 113-1 14.
17 Voir chapitre III.
16
semble utile.
***
Au Vietnam, les conditions pour la mise en place des "régions industrielles" et des services
aux entreprises semblent réunies, notamment au Sud du pays. À HoChiMinh-Ville par
exemple, même avant 1975, il existait plusieurs "arrondissements industriels" (les Vème,
Vlème et Xième arrondissements) dont la capacité de production industrielle était comparable
à celle de plusieurs provinces rassemblées. Chacun de ces arrondissements comprenait une
dizaine milliers, voire une vingtaine, de petites unités manufacturières, répandues dans
presque tous les domaines industriels. Après 1975, le nouveau régime a réorganisé ces
arrondissements de façon bureaucratique. Selon ce que j'ai appris lorsque je m'étais chargé
des études économiques et industrielles sur le Vlème arrondissement à HoChiMinh-Ville
(1983-1985), cette réorganisation n'a pas réussi à valoriser la potentialité de ces
arrondissements et à résoudre leurs problèmes: la pollution industrielle, le manque de locaux,
la coopération interentreprises, etc.
À l'instar des leçons tirées de l'expérience de la "Troisième Italie", la possibilité de
restructurer ces arrondissements, de façon à mieux valoriser la capacité de chaque entreprise
et à encourager la coopération interentreprises, ainsi que le financement, est réaliste. À titre
d'exemple. la possibilité de mettre en place une ou plusieurs banques commerciales
spécialisées pour ces arrondissements est envisageable. Ces banques organiseront certains
services destinés aux entreprises : étude et évaluation de projets, conseils au transfert ou
A titre d'e:l.emple. les contrats signés entre entreprises ne sont pas toujours respectés: et les parties violées ne subissentguère des sanClions du tribunaux.
17
changement de technologies, société de crédit-bail, financement à l'exportation, etc. Ce mode
d'organisation permet de surmonter plusieurs difficultés auxquelles font face le système
bancaire et le sous-secteur des petites entreprises vietnamiennes actuelles (voir chapitre V).
Sous l"'économie de la pénurie" des années 1980, le legs de l'économie privée au Sud, avant
1975, avait valorisé ses dynamismes; d'où était venu le rebondissement du secteur informel à
l'époque, et qui devenait le fournisseur principal des produits nécessaires à la population.
C'était un secteur informel différent de celui existant dans les pays en développement. En
effet, on pouvait y trouver des anciens entrepreneurs, des intellectuels et des techniciens
dont l'auteur de cette thèse faisait partie personnellement - qui organisaient avec succès leurs
activités informelles dans plusieurs domaines de l'industrie (mécanique, chimique, textile,
agroalimentaire, matériaux de construction, bois et forestier, etc.), dont une partie des
produits remplaça des produits importés. Une part importante de ce secteur informel se
transformait en petites entreprises industrielles, après l'adoption de la loi autorisant la
création de petites entreprises de moins de 10 employés, en 1988. En 1989, en plus des
micro-entreprises dans le commerce et les services (plus d'un million), il existait plus de
330.000 petites entreprises industrielles employant 940.000 personnes; leur taille moyenne
était de 3,1 personnes l8 . En 1990, la productivité de ces petites entreprises industrielles
représentait 43% de la productivité totale de l'industrie; il y avait quatre branches d'activités
dans lesquelles ces petites entreprises industrielles avaient une productivité comparable à
celle du total de l'industrie, voire plus élevée, telle la production des équipements et
machines, des produits métalliques, des produits chimiques, caoutchouc et engrais, des
produits du cuir.
18 Pour mformation. elle était de 4.6 en France.
18
La productivité des petites entreprises industrielles au Sud-Est du Vietnam-Sud était
supérieure au total de l'industrie et égale à 2,5 fois de la moyenne du sous-secteur des petites
entreprises. Particulièrement à HoChiMinh-Ville, les petites entreprises industrielles
connaissaient une productivité plus élevée que la moyenne des plus grandes entreprises
privées dans l'ensemble du pays et équivalente à 3,8 fois celle des petites entreprises
industrielles à HanoÏ (voir chapitre IV).
Du côté de l'ensemble des petites entreprises non agricoles, tant en zone urbaine (petite
entreprise urbaine, PEU) qu'en zone rurale (petite entreprise rurale, PER), la valeur ajoutée,
créée par l'augmentation de chaque dollar de l'actif des petites entreprises, était la plus élevée
parmi les entreprises vietnamiennes à cette époque. Ce constat, en plus des ratios
bénéfice/ITFl9 des PEU et PER, qui étaient également supérieurs à ceux d'autres catégories
d'entreprises, nous donne un autre point fort au vu de la rentabilité financière de ce sous
secteur.
***
En appliquant les enseignements cités précédemment dans le contexte des pays en transition
et en mettant l'accent sur trois aspects théoriques de base (la nature de la notion de crédit, la
fonction de création monétaire des banques commerciales et la collecte de l'épargne des
banques), nous évoquerons, dans le chapitre II, les perspectives et la faisabilité d'un nouveau
mode de financement des entreprises individualisées dans les pays en transition. Ce mode de
19 [TF Investissement total au moment de la création d'entreprise. en moyenne. "Imtlal total tinancing".
19
financement se fonde, entre autres, sur la confiance entre les personnes (le bien-fondé du
crédit), sur la valorisation de la fonction de création monétaire des banqu~s commerciales et
sur la nécessité et la faisabilité de collecter des ressources et de les orienter vers le circuit
productif. En raison de sa nature, ce mode de financement serait spécifique aux entreprises
individualisées, puisque la confiance est une valeur n'appartenant qu'à des relations
humaines entre individus. Ce mode de financement correspond donc à l'entreprise qui
s'identifie avec son entrepreneur-propriétaire: l'entreprise individualisée.
Les succès de la micro-finance-, une "industrie naissante" d'envergure mondiale-, est
remarquable. Avec l'apparition de la Banco Sol en 1992-, la première banque s'adressant aux
micros- entreprises, qui n'est pas née dans l'esprit de l'assistance sociale, mais dans l'esprit
d'entreprise et de l'attirance du profit, un repère a été posé (voir chapitre II). Les clients de la
micro-finance sont désonnais reconnus comme des agents économiques rentables et solvables
et non pas comme des exclus devant être subventionnés. Le succès de la BancoSol a
également indiqué l'existence d'une masse énonne de clients qui avait été oubliée depuis
toujours par les banquiers classiques et par le manque d'une technologie bancaire convenable.
Les questions qui se posent sont les suivantes: Les leçons tirées de ce modèle et des autres
succès de la micro-finance peuvent-elles être appliquées dans les pays en transition? Et cela,
dans quelles conditions ? En tennes de taille d'entreprise, jusqu'à quel niveau cette
technologie est-ce réalisable?
Notre hypothèse est que, si le financement des entreprises individualisées dans les pays en
transition peut exploiter les enseignements utiles à propos de la micro-finance, celui-ci
devrait avoir son propre modèle qui incarnerait les caractéristiques contextuelles de ces pays.
20
Les questions concernant le crédit, l'épargne et la création monétaire des banques
commerciales, sont celles qui devraient être examinées pour pouvoir élaborer le modèle. La
notion de crédit, qui n'existait pas sous l'ancien système de type soviétique, devrait être
suffisamment éclaircie et valorisée, afin de créer les formes de crédit alternatives. La création
monétaire-, "ressource de financement la plus importante des banques commerciales"2o-,
n'existait pas non plus dans l'économie planifiée. Elle devrait être utilisée pour augmenter la
capacité de subvention des ressources à l'économie, en attirant et en valorisant les ressources
d'épargne - considérées comme inséparables du crédit. Les fonctions de la création monétaire
et du crédit des banques commerciales sont donc des outils indispensables au profit de la
croissance de l'investissement dans l'économie. À travers ces outils, les dépôts à vue, qui sont
en principe la propriété des déposants, sont transformés en monnaie. Cette fonction facilitera
le système de paiement, limitera les paiements en espèces, développera d'autres moyens de
paiement et augmentera, de ce fait, les transactions commerciales. La forme d'institution
financière qui est capable à la fois d'appliquer les enseignements de la micro-finance et de
mettre en valeur les trois leviers cités ci-dessus est, à notre avis, la banque commerciale
spécialisée. La conception de cette forme d'institution financière sera développée dans notre
étude.
***
Le cas du Vietnam étudié dans la thèse illustrera et fera ressortir les observations citées ci
dessus. Dans les chapitres III, IV et V, l'économie vietnamienne, son ,~cteur privé, son sous
secteur des petites entreprises, le système bancaire et la micro-finance seront étudiés. Nous
20 Saml HIRAM. 1984. pp.150+ 154
-'
21
montrerons que, malgré les difficultés auxquelles font face les petites entreprises
vietnamiennes, depuis plusieurs années, celles-ci contribuent dynamiquement à répondre aux
demandes du marché, à créer des emplois et à développer le secteur privé. Étant donné
qu'elles prennent une position particulière entre le secteur fonnel et le secteur infonnel, entre
ce qu'on appelle le "capitalisme privé" et ce qui est proche de la population, elles pourraient
jouer un rôle significatif dans la recherche des solutions adéquates pour des sujets
idéologiquement délicats pendant le processus de transition. En voici un certain nombre : la
privatisation, la transfonnation des entreprises d'Etat, la fonnation d'une nouvelle classe
d'entrepreneurs nationaux en faveur de l'autonomie économique du pays. Étant donné le fait
qu'une part importante des entrepreneurs sont des professionnels provenant des milieux
techniques ou d'affaires, leur capital de connaissance, relationnel et gestionnaire pourrait
pennettre aux petites entreprises de se moderniser plus aisément. Ces dernières pourraient
profiter à la fois de nouvelles technologies, des industries fondées sur la science (c'est-à-dire,
l'infonnatique, l'infonnatique de communication, l'Internet, la biotechnologie, etc.) et de leur
structure flexible et dynamique. De telles entreprises existent déjà aujourd'hui dans les zones
les plus dynamiques du Vietnam, comme à HoChiMinh-Ville.
Il est évident que les perspectives récemment évoquées des entreprises individualisées sont
conditionnelles. L'étude du secteur privé et de son sous-secteur montre que ces entreprises
font face à beaucoup de problèmes, dont les plus épineux concernent les politiques
gouvernementales et le financement. Ces deux problèmes sont eux-mêmes interdépendants.
Un bon financement ne pourrait être mis en place sans que les politiques gouvernementales
en question ne soient appropriées. Par contre, de bonnes politiques en faveur des entreprises
ne pourraient être valorisées sans que ces dernières ne disposent de moyens d'entreprendre,
22
dont le plus important est le financement.
Une question se pose donc: Quel est le point de départ, le financement, les politiques ou les
deux en même temps ? Sans oublier l'aspect politique qui pourrait créer les conditions
économiques, institutionnelles et juridiques indispensables pour un bon mode de
financement, nous avons choisi le financement comme le point de départ. Pour les raisons
suivantes:
1. Personnellement frappé par l'importance du rôle socio-économique des petites
entreprises et par le manque de capital paralysant celles-ci, nous nous sommes engagés
depuis l'année 1989 dans les efforts de recherche d'une solution pour leur financement (de
laquelle est issu le Fonds c.E.P., voir chapitre V). Les succès remarquables du financement
des micro-entreprises, dans les pays en développement, que nous avons eu l'occasion
d'étudier sur place (en avril 1993 au Bangladesh), nous ont beaucoup appris: l'impuissance
des institutions financières classiques (non bancaires et bancaires) vis-à-vis des petites
structures; la confiance entre les personnes comme l'une des formes de garantie alternatives;
l'énorme marché du crédit des petites entreprises et la possibilité de l'exploiter de façon
commerciale ; la capacité d'attirer de grandes sources d'épargne et de les orienter vers la
production. Les connaissances et informations que nous avons acquises, pendant ces
dernières années en France, sur les sujets de développement et de transition et sur l'évolution
de la situation socio-économique et politique du Vietnam, nous ont appris d'autres choses. Si
les petites entreprises ont pris et prendront toujours une place irremplaçable dans les
processus de développement et de transition, le contexte socio-économique des pays en
transition demande et conditionne un nouveau mode quant à leur financement. Il devra être
•111Il1111111111111111
23
différent de ce qu'on a vu jusqu'à présent dans le monde entier. Au Vietnam, face à
l'inefficacité du système financier et bancaire traditionnel et à celle de la micro-finance envers
les entreprises individualisées (qui ont créé de leur part 60% du PIB et 3 millions d'emplois
durant ces dernières années), la nécessité de mettre en place une structure de financement, qui
leur est destiné, se justifie. Mais où seront le capital et le fonds de roulement d'une telle
structure ? Quels sont les principes d'organisation? Les leçons utiles du mouvement
international de la micro-finance et celles de la Troisième Italie, ainsi que les premières
expériences des pays en transition dont celle du Vietnam en la matière, nous ont suggéré des
principes. Les sources d'épargne flottant actuellement en dehors du circuit financier
institutionnel, le mécanisme de création monétaire et notamment la possibilité de réunir un
grand nombre de clients-petites entreprises autour d'une institution adaptée, ouvrent des voies
pour résoudre l'aspect financier quant à la mise en place de ce nouveau mode de financement.
2. Mais aucun mode de financement ne peut fonctionner sans un environnement
politique, économique et institutionnel favorable. Toutefois, nous n'avons pas choisi cet
aspect comme condition sine qua non pour commencer. D'abord, comme nous l'avons dit,
notre point de départ personnel était ailleurs. Ensuite, méthodologiquement, la proposition de
politiques destinées aux petites entreprises devrait être centrée sur un sujet clé ; dans ce cas,
c'est le financement. Et enfin, le changement de politique, touchant les problèmes macro
économiques, est souvent plus difficile à réaliser que la mise en place d'un mode de
financement touchant essentiellement la micro-économie. De là découle notre choix de
présenter, dans un même dernier chapitre, des propositions pour l'organisation de l'institution
elle-même et celles pour améliorer l'environnement économique et institutionnel la favorisant
et, enfin, l'estimation des impacts socio-économiques d'un mode de financement efficace.
24
Dans le dernier chapitre, nous essayerons de présenter certaines propositions concrètes pour
le financement des PE vietnamiennes. Ces propositions s'articulent autour des conditions
macro-économiques et institutionnelles, ainsi que de la nécessité de la création d'un climat
culturel favorable aux petites entreprises. Nous avons mis accent aussi sur l'aspect de gestion
interne de la banque spécialisée à créer, et cela, en tenant compte des expériences
internationales précieusement acquises sur ce sujet et de l'environnement économique
particulièrement délicat pendant la transition vers l'économie de marché du pays. Les impacts
socio-économiques, notamment la contribution du nouveau mode de financement à
l'amélioration du système financier et bancaire, ainsi que la possibilité de développer l'esprit
d'entreprise et de promouvoir une nouvelle génération d'entrepreneurs nationaux, seront
analysés.
25
CHAPITRE 1 : LES PETITES ENTREPRISES ET LEUR ROLE
INDISPENSABLE DANS LE PROCESSUS DE
DEVELOPPEMENT ET DE TRANSITION.
La petite entreprise-, la notion que nous redéfinissons dans cette étude comme "entreprise
individualisée"-, est-elle une nouvelle forme de l'organisation industrielle qui s'adapte à des
technologies nouvelles et au nouveau contexte socio-économique ou est-elle simplement une
"mode" ? Dans le cas où la réponse de cette question serait positive, quelle est sa position
dans les pays en transition ? Nous essayerons de répondre à ces questions de base en
présentant dans la section 1 la situation des petites entreprises dans le monde, dont une place
importante sera réservée aux petites entreprises en France et dans certains pays développés.
Cela nous permettra de préciser un point capital : le rôle des petites entreprises est
particulièrement important, non seulement dans les pays en développement mais également
dans les pays développés. Cela veut dire que le rôle des petites entreprises dans les pays en
transition est remarquable non seulement pour l'étape de transition vers l'économie de marché
mais encore pour les étapes de développement suivantes.
Dans la section II, les réflexions sur le bien-fondé du rôle des petites entreprises dans les
économies seront évoquées. Quelques observations sur le rapport entre grande et petite
entreprise seront également abordées.
26
SECTION 1: LES PETITES ENTREPRISES DANS LE MONDE.
J.K. Galbraith (1968) affirme que "tout le monde reconnaît aujourd'hui que notre époque n'est
plus celle du petit entrepreneur", que "dans le passé, la direction de l'entreprise s'identifiait
avec l'entrepreneur, c'est-à-dire l'individu qui joignait au contrôle du capital la capacité
d'organiser les autres agents de production et, dans la plupart des cas, une aptitude à
l'innovation. Avec la croissance des grosses sociétés, avec l'apparition de l'organisation
qu'exigent la technologie et la planification modernes, et avec le divorce survenu entre la
propriété du capital et la direction effective de l'entreprise, l'entrepreneur n'existe plus en tant
que personne individuelle dans la firme industrielle évoluée", et que "l'entreprise patronale a
décliné, tandis que la technostructure s'est développée."2!.
L'avis de Galbraith sur le rôle dominant des grandes entreprises est également celui d'un
grand nombre d'économistes au cours des années 1950-1970. A cette époque, on espérait que
le développement de la grande industrie moderne pourrait engendrer la croissance
économique et résoudre le problème de la pauvreté; on pensait donc que l'avenir dépendait
des grandes entreprises alors que la petite industrie avait été complètement négligée. L'avenir
résidait, pensait-on, dans la constitution de pôles de développement centrés sur de grandes
entreprises ayant des effets d'entraînement sur le tissu économique22 .
Seulement quelques années après cet ouvrage de Galbraith, la position des petites entreprises
dans la stimulation du développement socio-économique et, en particulier, dans la création
21 J K GALBRAITH. \989 pp. 72 + III + 438. C'est nous qUi soulignons
22 Ceci correspond à la théorie des Industnes industnahsantes (Perroux. de Bernis) pour qui la grande entreprise génèreautour d' elle un processus de développement. par l'emploi et par la sous-traitance.
27
d'emplois a été progressivement prise en compte, et ce, tant dans les pays développés que
dans les pays en développement.
Nous donnerons un bref aperçu sur cette nouvelle position des petites entreprises dans les
pays développés-, en France et en Italie particulièrement-, puis dans les pays en
développement et dans les pays en transition.
1. Dans les pays développés.
1. Les pays de l'OCDE. Parmi les 21 millions d'entreprises que comptent les Etats-
Unis, 98% sont considérées comme "petites"23. Depuis les années 1970, la part des emplois
nouveaux créés par les petites entreprises augmente sans cesse. Pendant les années 1980, les
entreprises de moins de 20 salariés ont ainsi créé environ 1°millions d'emplois nouveaux,
soit plus de la moitié du total des nouveaux emplois créés dans le pays durant cette période24.
Pour l'étape 1990-1994, les entreprises de 1 à 4 employés ont créé 43% du nombre total
d'emplois nouveaux créés25 .
Les points forts des petites entreprises aux Etats-Unis sont les suivants:
(a) Leur dynamisme el leur capacité créatrice de nouveaux
produits et de nouveaux emplois.
23 Norman M. SCARBOROUGH et al 1996. p 35.
24 Norman M SCARBOROUGH el al. 1996 p 35.Un membre du Congrès américain. John J LaFalce. a mème déclaré que "Plus que jamais. la petite entreprise est la clé de
la prospérité et de la compétitivité futures de notre nation". "Capltol Gains" Entrepreneur. May. 1992. p. 82. Cité parNorman M. SCARBOROUGH et al. 1996. p. 3
25 MICROCREDIT SUMMIT. 1996.
28
(b) Leur investissement initial modeste et donc accessible au public :
environ 20.000 USD pour les petites entreprises de services. Par conséquent, elles permettent
de mobiliser largement les ressources disponibles dans la population.
(c) Leur rôle de collaborateur des grandes entreprises en jouant leur rôle de
satellites de ces dernières.
(d) Leur contribution forte au développement technique: le ratio nombre
de brevets/investissement dans la R&D des petites entreprises est 4 fois plus élevées que celui
des moyennes entreprises et 24 fois plus élevé que celui des grandes entreprises26.
L'histoire du développement de l'économie des Etats-Unis montre que de nombreuses petites
entreprises se sont développées en grandes entreprises.
En Europe et autres pays de l'OCDE, depuis les années 1970, une évolution de la petite
entreprise a été observée. A titre d'exemple, entre 1962 et 1972, le nombre d'établissements
ayant moins de 50 employés au Québec ou entre 10 et 50 employés en France diminuait de
16% dans le premier cas ou de 40% dans le deuxième. Au contraire, entre 1972 et 1984, ce
nombre augmentait de 10% au Québec et de 27% en France; à l'inverse, dans ces deux pays,
le nombre d'établissements ayant plus de 200 employés entre 1972 et 1984 diminuait par
rapport à la période 1962-197227. Un document récent de l'OCDE conclut que "les
nombreuses informations concordantes dont on dispose rendent extrêmement improbable
l'hypothèse selon laquelle il s'avérait que les PME ne jouent pas un rôle majeur dans l'emploi
et la création nette d'empbis"28. Les statistiques indiquent également que dans tous les pays
26 NGUYEN Ta QUj.:n. 1995.PHAM Thl Nga . 1995.
27 PI.:rr.:-André JULIEN.!.!l· Les P.\fE Bi/un el perspectn·es. 1994 p 43.28 Cité par :BIT: 1995
29
membres de l'OCDE, la progression nette de l'emploi est beaucoup plus rapide dans les petits
établissements que dans les grands. Pendant la période 1983-1992, alors que la variation nette
de l'emploi des entreprises de plus de 100 salariés a été négative, celle des petites entreprises
a été positive. Le tableau 1 montre qu'en Finlande, en Italie, en Nouvelle-Zélande et en
Suède, les très petits établissements (1- 9 salariés) sont les seuls où l'emploi a progressé.
Dans les pays de l'Union européenne, les petites entreprises occupent également la place
dominante. En 1990, les douze pays de l'Union européenne comptaient 15,8 millions
d'entreprises privées non agricoles, dont 14,7 millions (93%) étaient des entreprises de 0 à 9
salariés, près d'un million (6%) étaient des entreprises de 10 à 99 salariés.
Les analyses suivantes sur les petites entreprises françaises et sur le cas de la "Troisième
Italie"29 précisera encore cette nouvelle position des petites entreprises dans les pays
développés.
29 On surnomme "la Première Italie" est le centre de développement industnel traditIOnnel de l'Italie. "la DeUXième Italie"représente la part la moms développée du pays La "Troisième Italie" qUi comprend 7 zones : Emllie-Romagne. Vénétie.Toscane. Ombrie. Marches. Fnoli-Vénétie-Juhenne et Trentin-Adlge. Il s'agissait d'une distinction entre ces zones et "laPremière italie" qui comprend 4 zones et "la Deuxième Italie" qui comprend 9 zones.
30
Tableau 1 : Variation nette de l'emploi selon la taille des établissements des pays
industriels en 1983 -1992 (taux annuels moyens en pourcentage de l'emploi
total)
Source: OCDE: Perspectives de 1emplOI (Pans, JUillet 1994), tableau 3.12, p.125. BIT. 1995. p.11.
Pays Années Total 1 à 19 20à 99 1 à 99 100à 500 sa/.
salariés salariés salariés 499 sa/. et plus
Canada' 1983-91 2,6 2,2 0,6 2,8 0,1 -0,3
Danemark 1983-89 2,2 2,3 0,3 2,6 -0,42 ...
Finlande 1986-91 -1,6 0,9 -0,7 0,2 -1,1 -0,7
FranceJ 1987-92 0,9 0,4 0,4 0,8 0,3 -0,2
Italie l ,4 1984-92 1,3 1,5 -0,2 1,3 -0,2 -0,5
Nouvelle-Zélande 1987-92 -4,1 0,4 -1,9 -1,5 -1,5 -1,1
Royaume-Uni l 1987-91 2,7 1,6 0,4 2,0 0,3 0,4
Suède 1985-91 1,3 2,6 -0,2 2,4 -0,5 -0,6
.(1) Les données se rapportent aux entreprises.
(2) 100 et plus.
(3) Les données selon la taille de l'établissement ne sont pas disponibles pour la période 1984-87.
(4) La somme des catégories de taille n'est pas égale au total car les entreprises fonctionnant temporairement avec zéro
salarié ne sont pas classées par taille pour la période 1986-92.
2. Le rôle prépondérant des petites entreprises (pm francaises dans la création
d'emploisJo.
30 Voir également· TRAN Anh-Tuan. 1996.
31
Les petites entreprises françaises sont définies ici comme les entreprises ICS (industrie,
commerce et services) dont le nombre de salariés varie de 0 à 49. Selon le tableau 2, en 1993,
les petites entreprises représentent 98,6% panni 2.020.000 entreprises ICS.
Cette domination se confinne pendant ces dernières années : Entre 1993 et 1995, le nombre
d'entreprises ICS a progressé de près de 300.000 unités, résultant presque totalement de
l'augmentation du nombre de micro-entreprises; tandis que le nombre des entreprises de 10 à
49 salariés et de 50 à 499 salariés reste inchangé et que celui de grandes entreprises a diminué
de 200.
Tableau 2 : Nombre de petites entreprises (PE), moyennes entreprises (MoE) et grandes
entreprises (GE) françaises en 1993
Source' Tableau etabh a partir des chllfres donnes dans. B. Ducheneaut. 1995. pp. 41-43 .
Taille en nombre TOTAL petites entreprises (0 à 49) 50à 500 et
de salariés 499 +
ME petites Sous-
(0-9) entrepris total
es
(10-49)
Entreprises les (1 000 salariés) 2020,0 1 854,0 137,0 1 991,0 26,6 2,2
Pourcentage du total (%) 100,0 91,8 6,8 98,6 1,3 0,1
. . . .
Le tableau 3 donne de plus amples infonnations sur la répartition des entreprises de 0 à 9
salariés ("micro-entreprises").
32
Sur le plan de l'emploi, l'effectif salarié des petites entreprises représente 52% de l'effectif
total des entreprises les. La taille moyenne d'une entreprise française est de 6,8 salariés, celle
d'une petite entreprise française est de 3,6 salariés. Si on tient compte des emplois non
salariés, la taille moyenne d'une entreprise française est, dans ce cas, de 7,8 emplois (salarié
et non salarié), celle d'une PE est de 4,6 emplois (salarié et non salarié).
Pour une comparaison, la taille moyenne d'une PE industrielle vietnamienne en 1992 est de
3,1 travailleurs. (Pour mieux comprendre cette comparaison, reportez-vous au chapitre IV).
Au cours de ces dernières années, l'emploi salarié dans les petites entreprises a progressé
parallèlement - bien que moins vite - aux pertes d'emploi dans les grandes entreprises.
Pendant les années 1983-1993, dans les moyennes entreprises (MoE, 50-499 salariés),
l'effectif salarié n'augmente que 1,2%, et dans les grandes entreprises (GE) ce chiffre diminue
29,6%. Durant cette période, les petites entreprises sont les vrais pourvoyeurs d'emploi :
l'effectif salarié augmente 15,4%, dont celui des micro-entreprises augmente 20,1%. Les
petites entreprises ont donc créé 948.000 emplois, dont 561.000 créés par les micro
entreprises.
Notons également que dans le secteur industriel, pendant cette période (1983-1993), les
grandes entreprises ont perdu 39,5% de leur effectif salarié, les moyennes entreprises :
17,3%, les petites entreprises ont presque maintenu leur effectif (de leur côté, les micro
entreprises ont créé 19.000 emplois, soit une augmentation de 4,4%).
33
Tableau 3 : Organismes publics, organismes privés
et entreprises en France en 1993, (en milliers)
Taille en nombre TOTAL ME (Oà 9) 10 à 499 500 et +
de salariés0 là9 Sous
-total
Organismes publics 118,0 73,0 34,0 107,0 Il,0 6,0
Organismes privés 143,0 69,0 61,0 130,0 13,0 1,0
Entreprises 2917,0 1 708,0 1036,0 2744,0 171,0 2,4
dont:
*Entreprises agricoles 859,0 756,0 99,0 855,0 4,0
*Entreprises 38,0 18,0 17,0 35,0 3,0 0,2
financières
*Entreprises les 2020,0 934,0 920,0 1 854,0 164,0 2,2
(industrie, commerce,
services)
TOTAL 3 178,0 1 850,0 1 131,0 2981,0 195,0
3,1
Source: B. Ducheneaut : 1995
34
Tableau 4 : Emplois des établissements les en 1993 en France
Effectif Nombre Effectif
d'entreprises moyen
(en milliers) de chaque
entreprise
Effectif salarié
PE 7 105898 1991,0 3,6
dont ME 3351121
Effectif salarié + non salarié
PE 9268292 1991,0 4,6
dont ME 5513 515
MoE (50-499) 4319221 26,6 162,4
GE (+ de 500) 2215448 2,1 1 055,0
Emplois salariés 13640567 2019,7 6,8
Emplois salariés et non salariés 15802961 2019,7 7,8
Source: ChIffres fournIS par ['UNEDIC. Selon: B. Ducheneaut; 1995. p. 53.
35
Tableau 5 : Evolution des effectifs salariés les par taille d'établissement entre 1983 et
1993 (en milliers de personnes)JI
TOTAL Petltes entreprises 50-499 GE
(hors grandes
entreprises
nationales)
Dont ME
1983 12407 6 158 2790 4268 1 981
1993 12821 7106 3351 4319 1 395
Variation (%) +3,3 +15,4 +20.1 +1,2 -29,6
Sources:
UNEDIC, chiffres bruts au 31 décembre. Ensemble des secteurs, hors agriculture et services financiers.
B. Ducheneaut ; 1995. p. 329.
Tableau 6 : Evolution des effectifs salariés par taille d'établissement dans l'industrie
entre 1983 et 1993 (en milliers de personnes)
Source: UNEDIC Chlftres bruts au 31 decembre. B. Ducheneaut : 1995. p. 330
TOTAL petites entreprises 50-499 GE
(hors GEN)
PE Dont ME
1983 4803 1 341 -130 1 983 1479
1993 3869 1 334 -149 1 640 894
Variation (%) -19,5 -0,5 +4,4 -17,3 -39,5
..
Pour une période plus récente (1988-1993), les petites entreprises ont créé 414.000 emplois,
JI Notons que ce tableau ne tient pas compte des micro-entreprises sans salarié.
36
dont 265.000 provenant des micro-entreprises, tandis que, à la même période, les grandes
entreprises en ont perdu 176.000 et les moyennes entreprises n'en ont presque pas créé.
Malgré l'instabilité des petites entreprises par rapport aux moyennes et grandes entreprises32,
il est incontestable qu'en France les petites entreprises ont soutenu l'emploi sur la période
récente.
Tableau 7 : Répartition de l'emploi salarié les (hors grandes entreprises nationales)
par taille d'établissement entre 1988 et 1993
(en milliers de personnes)
TOTAL PE 50-499 GE
(hors GEN)
Dont ME
1988 12574 6692 3086 4311 1 571
1993 12821 7 106 3351 4319 1 395
Ecart +247 +414 +265 +8 -176
Variation (%) +2,0 6,2 +8,6 #0,0 -11,2
Source Chlflres tournIS par 1UNEDIC. B. Ducheneaut; 1995.
3. Le cas de la "Troisième Italie"33. Après la Seconde Guerre mondiale, il est apparu
en Italie de nombreuses "régions industrielles" (de 60 à 100 selon le'> critère'> utilisés) qui
32 Perrine CHERCHEVRE "Une très grande sensibilité à la conjoncture" l!! . P.HE lin gisement d'emploI qUi reste malnplollé La Tribune Desrossés. 19 aVril 1994 p 19 Cité par B. Ducheneaut; 1995. p. 341.
33 Ce paragraphe a été synthétisé à partir des ouvrages concernant ce sujet. notamment Giacomo BECATTIN r. 1991 :Gabl Dei OTTARI 1994. George C. PETRAKOS. 1996.
37
comprennent essentiellement des petites entreprises. Ces dernières sont devenues fameuses en
fabriquant avec succès plusieurs produits de marque vendus sur le marché national et
international, tels que machines, instruments de précision, chaussures, meubles, bijoux,
textiles et céramiques. Durant la même période, les grandes entreprises italiennes-, bien que
beaucoup mieux préparées à la concurrence sur le marché international-, ont cédé du terrain
aux concurrents étrangers. Tandis que les petites entreprises ont réussi à se placer et de ce
fait, ont créé un grand nombre d'emplois nouveaux, malgré le handicap de leur taille, celui du
difficile accès au crédit et malgré leur faible expérience des marchés étrangers.
Un des succès typiques se trouve à la région Emilie-Romagne. Au début des années 90, celle
ci dispose de plus de 67.000 entreprises industrielles pour moins de 4 millions d'habitants,
soit une pour 60 habitants. 58.000 entreprises, soit 87%, ont moins de dix employés; 1.340
(2%) ont plus de 50 employés, les Il% restants ayant de Il à 49 employés. Bien que la PE
soit dominante, le salaire moyen y est le double de la moyenne nationale. En 1991, le taux de
chômage y est trois fois moins qu'au plan national.
Comment expliquer ces succès? G.c. Petrakos a proposé un certain nombre d'explications
dont les suivantes:
(a) la coopération efficace entre entreprises;
(b) la capacité des entreprises à innover constamment;
(c) le partage d'un système de valeurs communes dans la population;
(d) l'efficacité des institutions de soutien locales;
(e) une main d'œuvre hautement formée ~
(f) la flexibilité de l'organisation du travail.
38
En comparant avec les grandes entreprises et en analysant les éléments institutionnels, G.c.
Petrakos a tenté de tirer des enseignements de ce succès.
Il est important d'abord d'insister sur la façon selon laquelle les petites entreprises sunnontent
leurs désavantages vis-à-vis des grandes entreprises. Elles agissent en s'associant aux autres
entreprises au sein du même groupe ou de réseau dans la région, ce qui leur pennet de
profiter d'économies d'échelle des grandes entreprises. Les petites entreprises sont
concentrées dans les petites régions en fonction de leurs produits. Dans ces petites régions, le
processus de production est effectué dans une étroite collaboration, de façon à ce qu'il y ait un
petit nombre de petites entreprises qui fabriquent des produits finaux à destination du marché.
Le restant travaille en qualité de sous-traitant. L'efficacité collective est donc finalisée de
deux façons.
D'une part, les petites entreprises se spécialisent et investissent dans des équipements chers,
qu'elles utilisent rarement pour leurs propres besoins, dans la mesure où ces équipements
seront utilisés pour un grand nombre d'autres entreprises de la région. En conséquence, les
petites entreprises ici ne sont pas des acteurs indépendants dans un marché concurrentiel, ni
les sous-traitants des grandes finnes. Elles constituent plutôt un système de production qui
comprend des unités interdépendantes, mais indépendantes au niveau du régime de propriété.
D'autre part, les régions constituent des associations coopératives et des centres de services
communautaires qui fournissent des services tels que le design, la fonnation, le marketing,
l'approvisionnement, le financement, l'assistance technique ou la comptabilité. D'après G.
Becatini, c'est l'application de la théorie d'Alfred Marshall, selon laquelle la plupart des
39
avantages de la grande production peut également être obtenu par une population de petites
entreprises concentrées dans une région, ces entreprises se spécialisant dans les différentes
phases de production et trouvant leur main-d'œuvre dans un marché local. Pour que ce
phénomène de "régions industrielles" se développe, il est nécessaire qu'une telle population
de petites entreprises se mêle aux personnes qui vivent sur le même territoire, et qui acceptent
des valeurs culturelles et sociales appropriées au processus d'industrialisation. D'après un
certain nombre d'auteurs italiens, la philosophie des "régions industrielles" est basée sur la
notion d"'auto-aide" ("self-help" - une notion développée par Samuel Smiles, un écrivain
anglais au XIX siècle), autrement dit, c'est une forme de combinaison du succès personnel
(individualiste) et du sentiment d'appartenance à la communauté locale (communautaire).
En dehors des associations et centres de services, le gouvernement régional établit, durant les
années 1970 et 80, plusieurs institutions qui aident les entreprises à trouver les contrats de
sous-traitance à l'intérieur de la région, plutôt qu'à l'extérieur. Le gouvernement aide
également les entreprises à trouver les locaux, les formations professionnelles pour leur main
d'œuvre, les services de transport, les services sociaux et améliorent les conditions de vie de
la communauté qui, à son tour, augmente la flexibilité du marché de la main-d'œuvre.
En général, les institutions représentatives jouent un rôle important dans la régulation de
l'économie des petites entreprises locales. Cela nous évoque l'expérience de la réussite des
pays de l'Asie de l'Est34 .
34 Voir par exemple' Pierre DUHARCOURT 1996: Peter TIMMER. 1996: Attahir YUSUF. 1995
40
Un élément, non moins important, est la tendance des firmes à se spécialiser dans les phases
particulières du processus de production, et grâce à cette spécialisation, celles-ci peuvent
bénéficier des avantages des économies d'échelle. Cette forme de spécialisation, qui associe
la coopération entre firmes et l'opération des institutions de soutien locales, permet à la région
de maintenir une grande capacité de réponse aux changements du marché, avec une large
variété de produits. La division du cycle de production en plusieurs parts et la séparation
entre producteurs éliminent beaucoup de "goulets d'étranglement" et permet aux producteurs
d'organiser davantage leurs travaux selon les besoins du marché que sur les autres phases du
processus de production.
Ici la coopération et la compétition se complètent. Il s'agit de la compétition forte entre firmes
fabriquant le même produit, à la même étape du processus de production. La coopération
s'effectue entre firmes dont les places dans les étapes de production sont différentes. Cette
coexistence des relations compétitives et coopératives permet l'émergence d'innovations à
toutes les étapes de production, induisant l'amélioration de la qualité, ainsi que le moindre
coût du produit final.
La capacité d'innover des PE est encouragée par la proximité spatiale d'un grand nombre
d'entrepreneurs s'engageant dans les mêmes activités et par la collaboration entre ouvriers et
techniciens au sein de chaque entreprise.
Les liens intimes entre le système local de petits producteurs et les marchés finaux extérieurs
de leurs produits est un autre facteur du succès. À travers ces liens, le système - en tant
qu'agent collectif de producteurs - établit et renforce l"'image" de sa "région industrielle".
41
Un autre élément capital est la structure du marché de travail local. En dehors des activités
des syndicats dans les grandes firmes, le reste du marché du travail fonctionne de façon
flexible. Sur le marché, on trouve non seulement les artisans, les ouvriers qualifiés, les
travailleurs à domicile, mais également les retraités qui retournent au travail, les femmes et
les étudiants qui acceptent les travaux saisonniers et temporaires de tout genre. Étant donné la
flexibilité de ce marché du travail, l'heure de travail et le salaire sont souvent négociés au cas
par cas, en fonction du besoin. Les ouvriers sont souvent employés dans plusieurs entreprises.
Tout cela permet aux managers de choisir, de façon flexible, les facteurs de production.
Cette structure du marché de travail, ainsi que l'efficacité des programmes d'éducation et de
formation, permettent aux ouvriers et aux jeunes d'avoir un grand nombre de choix et
d'opportunités: du côté des plus qualifiés, cela peut se traduire par la création de leur propre
entreprise; pour les autres, cela peut être la capacité de choisir les firmes pour lesquelles ils
travailleront.
À première vue, cette flexibilité du marché du travail nous évoque également l"'informalité"
de celui-ci dans les pays en développement3s . En y regardant de plus près, la ressemblance
entre ces deux cas n'est pourtant pas très claire: l'une, issue d'une très bonne organisation
avec l'intervention efficace des pouvoirs publics; l'autre issue - au moins dans la plupart des
cas - de la spontanéité de la masse, sans aucune intervention orientée des autorités.
En bref, une "région industrielle" peut être considérée comme étant une grande unité de
production. dont la coordination et le contrôle des différentes phases de production et de
35 Voir par exemple . Xavier OUDIN 1994: Per RONNAS. 1992 . Jacques CHARMES. 1990: FrançOIs ROUBAUD.1994 : S. ELLIS et Y-A FAURE. 1995
42
commercialisation n'obéissent ni à des règles administratives, ni à des mécanismes
hiérarchiques; il n'existe pas de "technostructures", comme on l'a souvent vu au sein des
grandes firmes capitalistes et soviétiques36. Dans les "régions industrielles", on voit plutôt
une combinaison entre les fonctions "automatiquement" établies par les besoins du marché et
le système des sanctions sociales infligées par la communauté aux personnes violant ses
règles ; ces sanctions sont essentiellement l'annulation des transactions futures et de
l'établissement de la désapprobation sociale contre eux.
Une autre analyse faite par G.B. Ottati a essayé d'invoquer les éléments socio-économiques
de l'expérience de la" Troisième Italie" . Selon cet auteur, les "régions industrielles" sont un
"modèle d'organisation socio-économique", dans laquelle la "confiance" joue le rôle capital.
Cette "confiance" est un "capital collectif' de toute la "région industrielle" qui facilite la
formation de tous les éléments du succès dont le financement et l'octroi du crédit.
La spécialisation flexible de la "Troisième Italie" et plus particulièrement de la région
d'Emilie-Romagne s'observe également dans plusieurs autres cas aux Etats-Unis et en
Europe. Cette flexibilité répond avec succès à la crise des anciennes structures industrielles,
caractérisées par des besoins stables, des produits standardisés et une taille assez grande de
l'entreprise. Citons "Silicon Valley" et "Route 128" aux Etats-Unis, les "Science Parks" en
Angleterre, aux Pays-Bas et en Belgique, les "technopoles" en France et les centres
d'innovations d'affaires en Allemagne. Dans la plupart de ces initiatives, l'accent est mis sur
la flexibilité, la petite échelle, l'environnement innovateur, k développement de réseaux.
l'approvisionnement des services "hard" (les locaux, par exemple) ou "soft" (information,
36 VOir .IX Galbraith. 1989.
•11111111111111111111
consultant, par exemple) et la liaison intime entre la R&D avec le processus de production et
le marché.
Il semble donc que la renaissance de la PE n'est pas seulement un phénomène temporaire,
mais une nouvelle tendance de l'organisation industrielle, s'adaptant à de nouvelles
technologies et de nouveaux contextes socio-économiques.
II. Les Detites entreprises dans les pays en transition. L'expérience chinoise du
développement des entreprises communautaires et villageoises lECYl.
Dans les pays en transition, le passage à l'économie de marché favorise la création
d'entreprises privées, dont la plupart débutent à une échelle modeste. Dans les pays de l'Est, la
privatisation entraîne le démantèlement des grandes entreprises d'Etat et la création de
nombreuses petites entreprises·. A titre d'exemple, en Pologne où la privatisation a commencé
en 1989, dès 1995, il y avait 2,1 millions d'entreprises dont 98% employaient moins de 50
travailleurs. En Roumanie, de décembre 1990 à septembre 1994, 433.000 entreprises ont été
créées, dont 97,7% étaient des petites entreprises privées 2.
En raison de la similarité entre le Vietnam et la Chine, le paragraphe suivant est réservé à
l'expérience de la Chine dans le développement des entreprises communautaires et
villageoises (ECV) - une des causes les plus importantes de la réussite des réfonnes de ce
pays - est exemplaire. Les ECV - les PE non agricoles typiques de la Chine en transition -
1 BIT; 1995.
2 ANTON, Ion; DANCIU, Doina : M1TU, Constanta. 1996. Notons que la population totale de la Roumanie est de 23,3millions. dont 53% urbaine (1991).
•11111111111111111111
44
sont des petites entreprises analogues aux sociétés par actions (avec la participation au capital
des gouvernements locaux) qui sont sous le contrôle direct des collectivités paysannes locales
et appartiennent administrativement aux autorités locales. Cette forme intermédiaire
d'entreprise industrielle n'est ni étatique, selon l'acceptation classique, ni privée, au sens
capitaliste du terme. Pour la période allant de 1980 à 1991, 43% des nouveaux emplois de
l'ensemble de l'économie chinoise ont été créés par ces ECV. Cette forme d'organisation a
influé positivement sur la vie de la population dès la fin des années 1970. En effet, grâce à
ces ECV, le revenu des paysans a augmenté annuellement en moyenne de 10% ; cette
augmentation, à son tour, a accru la demande des produits industriels et stimulé la production
industrielle urbaine39.
Selon VU Quang, les ECV ont contrebalancé les entreprises étrangères en Chine (EEC).
En contrebalançant les EEC, les ECV font que, de façon indirecte, l'augmentation de
l'investissement étranger ne menace pas l'autonomie économique du pays, comme le
redoutent actuellement un certain nombre d'économistes pour le Vietnam.
millions. dont 53% urbaine (1991).
39 VU Quang ; 1993.
45
Tableau 8 : Place des ECV et des entreprises étrangères
en Chine (EEC) en 1985 et 1992.
l285 19..92
Proportion dans la production totale de l'industrie (en96)
+ECV 9 22
+EEC 0 6
Exportation (en milliards d'USD)
+ECV 1,2 20
+EEC 0,3 17
Proportion d'exportation (en 96)
+ECV 4,4 23
+EEC 1,1 20
~ :vu Quang ; 1993.
Grâce à cette fonne d'organisation, en 1993, l'industrie rafale qui occupe 3096 de la
production totale de l'industrie du pays peut fabriquer de nombreux produits issus
précédemment de l'industrie urbaine. Un résultat remarquable de l'industrie rurale
chinoise est sa contribution au changement structurel positif de l'économie et à
l'urbanisation de la campagne chinoise. Le nombre de centres urbains en zones
rurales qui était de 2.000 en 1980 s'élevait à 50.000 en 1993. 5096 d'entre eux sont
les grands centres urbains (de 50.000 à
46
100.000 d'habitants non agricoles). On prévoit que la population des centres urbains chinois
s'élèvera à 300 millions de personnes à la fin du siècle4o.
L'industrie rurale en Chine a également contribué à réduire la pauvreté rurale. Ainsi, de 1979
à 1989 le nombre de foyers pauvres a diminué de moitié ; le rythme d'accroissement du
revenu moyen annuel des paysans a été presque le double de celui des citadins pour la même
période41 .
D'après la Banque mondiale, "Les ECV ont connu une croissance et des résultats
extraordinaires. Leur part du PIB est passée de 13 % en 1985 à 31 % en 1994. La production
y a augmenté d'environ 25 % par an depuis le milieu des années 80 ; les ECV apparaissent
maintenant pour un tiers dans la croissance industrielle totale de la Chine. La part du secteur
non contrôlé par l'Etat dans la production industrielle chinois a explosé, passant de 22 % en
1978 à 66 % en 1995. Les ECV ont créé 95 millions d'emplois au cours des 15 dernières
années. Le coefficient d'intensité du capital dans les branches d'activité concernées n'atteint
que 25 % de celui du secteur d'Etat. Et pourtant, la productivité du travail (production par
individu) est presque égale à 80 % de celle enregistrée dans les entreprises d'Etat - et elle
augmente au rythme de plus de 10 % l'an. Dans les ECV, la productivité totale des facteurs
est plus forte que dans le secteur d'Etat et elle augmente de 5 % par an, soit à un rythme deux
fois plus élevé"42.
40 HOANG Thl Chlnh . 1993Par rapport à une populatIOn de la Chine qui étaU de 1.15 milliards d'habitants en 1992. Pour comparaison. en 1992. leVietnam possédait seulement 500 centres urbains et villes (dont sa population en 1995 est de 74 millions d'habitants) :environ 50% de la population urbaine est concentrée dans les trois Villes les plus grandes' HoChiMinh-vilie. HanOi.Hatphong SRV. UNDP. SIDA. UNEP. IUCN : 1992. pp.232-233.
41 HOANG Thl Chlnh . 1993.
42 Banque mondiale. \996. P 62.
47
Le gouvernement chinois a adopté bien des politiques visant à inciter l'industrie rurale
comme la réduction ou l'exemption d'impôt, l'octroi de crédit, les aides techniques,
l'élaboration de liens avec les EE urbaines pour la sous-traitance des produits ou pour le
rachat des anciens équipements.
Le secteur des ECV chinoises peut être considéré comme un secteur quasi-privé, avec la
participation en matière de capital et de gestion des autorités locales et des paysans. Ce
secteur contribue en grande partie au budget local, c'est la raison pour laquelle les autorités
locales le soutiennent dans tous ses aspects ; c'est une cause importante de sa réussite.
Plusieurs autres facteurs expliquent ce succès:
* Les liens de parenté et les droits implicites de propriété;
* La décentralisation jointe à la discipline financière;
* Les opportunités de marché ;
* Les rapports entretenus avec le secteur des entreprises d'Etat.
Bien que le phénomène des ECV comporte des aspects qui sont propres à la Chine, cette
expérience de promotion de petites entreprises est riche de leçons à méditer pour les autres
pays en transition.
48
SECTION II : REFLEXIONS SUR LE BIEN-FONDE DU ROLE DE
LA PETITE ENTREPRISE DANS LES ECONOMIES.
La nouvelle position depuis deux décennies de la petite entreprise, à l'encontre de la grande
entreprise dans toutes les économies du monde, est donc incontestable. Mais, la petite
entreprise a-t-elle un vrai rôle à jouer ou n'est-ce que la conséquence de la récession
économique mondiale, et plus concrètement, du chômage accru? L'émergence de la petite
entreprise est-elle une tendance nécessaire pour l'avenir ou n'est-ce qu'un sujet à la mode? Et
si la petite entreprise devient indispensable pour la croissance et le développement, quel sera
le rôle de la grande entreprise, quels seront les nouveaux "rapports de force et de coopération"
nécessaires entre elles?
Depuis les années 1980, la littérature économique constate de plus en plus le retour en force
de la petite entreprise, comme nous l'avons vu dans la première section, mais rares sont les
efforts pour élaborer une théorie de la petite entreprise qui pourrait expliquer ce phénomène
de façon profonde et qui permettrait de prévoir la tendance future, ainsi que les conséquences
socio-économiques du phénomène. Même dans les descriptions et les reconnaissances du
phénomène, il existe certains points à élucider, dont l'hétérogénéité des définitions et des
concepts. Celle-ci ne permet pas aux chercheurs et lecteurs d'appréhender le phénomène d'une
manière similaire et conséquente. Par exemple, le concept "petite entreprise" est défini très
différemment suivant les auteurs. Ceci a pour conséquence d'empêcher les lecteurs de
comparer les différents jugements et propositions.
49
Notre effort dans cette section est donc de tenter de présenter quelques réflexions sur le bien-
fondé du rôle de la petite entreprise dans les économies contemporaines et ce pour le siècle
qui vient. Parallèlement à des réflexions sur les économies en général, une présentation plus
détaillée sur les économies en transition sera exposée. Dans la section qui suit, la notion de
"petite entreprise moderne" sera abordée.
I. Qu'est ce que la petite entreprise <PEl?
Dans la littérature économique, il n'y a pas encore une définition définitive de la PE qui soit
universellement acceptée, loin de là. De façon générale, en fonction du contexte socio-
économique, chaque pays a sa propre définition ; quant aux critères quantitatifs habituels
(nombre de personnes employées, chiffre d'affaires, niveau d'investissement), il existe des
"critères d'une extrême variation (...) d'un pays à un autre, d'une étude à une autre"43. Le
choix de termes désignant la petite entreprise est donc très arbitraire. En voici une liste non
exhautive des termes en français et en anglais.
Quant au "secteur informel"44, il y a environ 30 termes le désignant45.
43 Voir: Résolution concernant la promotion des petites et moyennes entreprises. adoptée le 23 juin 1986 par la Conlërencegénérait: de l'Organisation internationale du Travail.
E RHYNE. M.OTERO. 1992.P.A.NECK. R.E.NELSON: 1990P PARIS. S HUTIN. M.KOLOVRAT: 1985 p 3.
~~ Le concept de secteur informel est apparu au début des années 70 au Bureau International du Travail (BIT). Dans sonrapport en 1995. c'est également le BIT qUI estime qu'auJourd'hUi. le secteur informel (ou non structuré) est souvent appelédes "micro-entreprises" - "expressIOn souvent préférée aujourd'hui à celle de "secteur non structuré". jugée trop étroite".BIT. 1995 p. 6.
Dans le chapitre V. nous analyserons le concept "secteur finanCier Informel"
~5 Voir: François ROUBAUD 1994. p. 48
50
Le caractère arbitraire de l'utilisation de tennes reflète celui du contenu des tennes utilisés.
En effet, pour celui qui considère la petite entreprise (PE) comme ce qui appartient au
"secteur infonnel", la PE est définie comme l'entreprise ayant des caractéristiques suivantes
(a) Statut: non enregistré;
(b) Activité: sporadique;
(c) Main-d'œuvre: apprentis, main-d'œuvre peu ou pas rémunérée
(d) Division technique et intellectuelle du travail polyvalence
fonctionnelle des travailleurs;
(e) Accumulation du capital : inexistant;
(f) Technologie: très simple;
(g) Relation commerciale: rapport direct avec la clientèle;
(h) Taille du marché: très limitée46.
46 GRET-CIFACE . 1985. P 4.De nombreux auteurs anglophones unifient toujours "small-scale sector" et "mformal sector" Voir par exemple' HennBernard SOLIGNAC LECOMTE et Naruemol BUNJONGJIT. 1993 . Edward FUNKHOUSER. 1996.
51
En français En anglais (non équivalent)
Petite et moyenne entreprise (PME) Small business
Petite entreprise (PE) Small scale enterprise (SSE)
Petite production Small scale industries
Petite industrie Small establishment
Micro et petite entreprise (MPE) Micro and small enterprise (MSE)
Entreprise individuelle Cottage industries
Entreprise familiale Household manufacturing
Secteur informel InformaI sector
Quant aux PME (ou "small business", selon les anglophones), elles sont les entreprises ayant
de 10 à 499 employés47 . Curieusement, cette désignation ne dépend pas du niveau de
développement du pays. A titre d'exemple, en Grèce, un pays "développé" de l'Union
Européenne, les "petites entreprises" sont celles qui ont de 1 à 9 employés, les "moyennes",
de 10 à 49 employés et les "grandes" - à partir de 50 employés48 . Tandis qu'au Vietnam-, un
pays dont le PŒ par habitant est équivalent à 1/43 de celui de la Grèce-, une moyenne
entreprise est définie comme une entreprise ayant de 50 à 300 employés49 .
-l7 B DUCHENEAUT 1995 P 40.N M. SC ARBOROUGH et al. 1996 p. 35
-l8 G C PETRAKOS. 1996.
-l9 The World Bank. 1995c. p. 28.Selon G.c. Petrakos (1996). en Grèce. en 1988.99% des entreprises sont des petites entreprises de 1 à 49 travailleurs. lenombre d'entreprises de 1-4 travailleurs représentaient 85% des entreprises du pays
52
Le tenne "petite entreprise" ("small enterprise"), comme l'observent Stephen P. Davies et al,
désigne en réalité des entreprises très différentes5o.
A notre avis, cette hétérogénéité de définition résulte de la quasi-inexistence d'une théorie de
la petite entreprise dans les pays en développement51 .
Donc qu'est-ce que la petite entreprise ? Est-ce une vraie entité ou n'est-ce qu'un surnom
désignant un phénomène superficiel ? Afin de répondre à cette question, nous mettons tout
d'abord l'accent sur la différence par nature entre les trois types d'entreprises : la micro-
entreprise, la petite entreprise et la grande entreprise. A partir de cette distinction, nous
essayerons de définir la petite entreprise.
La PE et la grande entreprise sont deux entités différentes par l'essentiel. Alors que la PE est
une entité à la portée de l'entrepreneur-propriétaire, la grande entreprise reste, elle, une entité
hors la portée de ses propriétaires. La première est dominée essentiellement par la volonté, la
compétence et le capital (financier, technique et relationnel) de l'entrepreneur-propriétaire,
celui-ci peut développer ou ralentir son entreprise en fonction de sa volonté, ses compétences
et son capital. Son propre destin est entièrement lié à celui de son entreprise. Tandis que la
deuxième est dirigée par la "technostructure"52 qui, à son tour, est soumise à des éléments
souvent très éloignés de la volonté des propriétaires : le gouvernement et les facteurs
politiques par exemple; le manager lui-même peut être changé, le destin de l'entreprise n'est
dom.: pas son destin. Cnaque grande entreprise est une "institutior de production" de la
société, son activité influe clairement sur la vie de la société, elle appartient à la société, et
50 Stephen P DAVIES. Donald C MEAD: James L.SEALE. Jr : 1991.
51 Michael A. McPHERSON. 1996
53
non aux propriétaires ; tandis que la PE n'est pas une "institution" dans la mesure où son
existence ou sa disparition n'influent en rien sur la vie de la société53 .
La PE et la micro-entreprise sont également deux entités différentes par l'essentiel. Le secteur
des micro-entreprises ou le secteur informel, est un "concept applicable à tous pays, y
compris ceux du Nord. Il est constitué par des entreprises individuelles, de type familial ou de
petite taille (micro-entreprise), non enregistrées"54. Bien que l'enregistrement des activités
ainsi que le respect des réglementations et l'assujettissement aux prélèvements fiscaux et
sociaux ne constituent pas des critères complètement discriminatoires entre l'économie
informelle et l'économie formelle 55, ces critères accompagnés du caractère routinier des
activités à très petite échelle pourraient être considérés comme le signe distinctif de ce
secteur. D'autres caractéristiques sont les suivantes : facilité d'entrée, technologies à forte
intensité de travail, faible niveau d'organisation du travail et de formation de la main
d'œuvre56 .
Il faudrait faire une parenthèse ici pour insister sur la différence entre l'économie informelle
et l'économie souterraine : l'une échappe au contrôle et à la régulation étatique par
impuissance, l'autre par volonté; l'une ne survit que grâce à ce non-respect des lois57, l'autre
52 J K. GALBRAITH. 1989.
53 P. A. JULIEN a eu raison de juger qu'il n'est pas évident que les petits entrepreneurs veuillent changer le statut de leursentreprises en statut de grandes entreprises. Au contraire. Pierre-André JULIEN. ln : Les PME. St/an et perspectIves. 1994.A notre avis. la transformation de PE en GE n'est donc pas du tout un processus "naturel", "logique". Cette transformationn'aura lieu que dans des conditions spécifiques concernant par exemple les politiques du gouvernent concernées. lesdemandes technologiques sectonelles ou les contraintes personnelles de l'entrepreneur et non pas sa volonté "naturelle".
54 Jacques CHARMES 1994.
55 Stephen ELLIS et Yves-A FAURE. 1995.
56 Jacques CHARMES. 1994 : Harold LUBELL \991 : BIT 1993
57 Bruno LAUTIER et al vont encore plus lOin. Selon eux. le non-respect de la loi n'est pas un défaut. une maladie. unretard des SOCiétés en développement. Il est un mode de fonctIOnnement complexe et cohérent des sociétés du tiers-monde.qui "caractérise également bien les grandes entreprises que les petites. l'administration étatique que le contrebandier". BrunoLAUTIER et al. p. 6.
54
l'utilise car c'est la façon la plus rapide de s'enrichir58 . Cette distinction semble importante et
devrait être soulignée, puisque la confusion entre ces deux secteurs empêche une réelle
compréhension de ces phénomènes59 .
Le secteur informel n'est pas la PE, d'abord parce que dans les pays en développement
comme dans les pays en transition60, il existe une différence capitale entre le secteur informel
et la PE au niveau du profil de l'entrepreneur. L'un est souvent entrepris par une personne
âgée ou une femme ayant fréquemment un faible niveau d'instruction, travaillant toute seule
ou avec quelques membres de sa famille; l'autre est dirigée par une personne plus jeune, plus
instruite, plus dynamique61 . L'un est le recours des gens pouvant être considérés comme les
exclus de l'économie de marché, et la création de leur propre activité est leur seul moyen de
survie; l'autre est le choix des gens dont la création d'une entreprise constitue non seulement
un moyen de survie mais aussi "l'aboutissement d'une espèce de périple. Ce sont un peu des
aventuriers, des "touches à tout", des individus qui ne se satisfont jamais de ce qu'ils ont, de
ce qu'ils font, qui sont attirés par la nouveauté et le changement"62 .
Une autre différence fondamentale entre le secteur informel et la PE est le niveau de la prise
de risque. Les activités du secteur informel, du fait de leur caractère routinier représente très
58 Voir également cette dinctinction de FrançOis ROUBAUD. 1994 pp. 47-57. Selon cet auteur. contrairement au secteurinformel. c'est dans les pays développés que l'économie souterraine trouve son champ d'application.
59 La Banque mondiale par exemple. dans son "Rapport sur le développement dans le monde 1996 : De l'économieplamtiée à l'économie de marché" a également commis une confusIOn étonnante entre "l'économie souterraine" et"l'économie informelle". Voir: Banque mondiale 1996. p. 33
Certains économistes vietnamiens. dans un débat sur ce sujet en décembre 1996. ont également confondu l'une avec l'autre.Voir Thal Buo Kmh Te Saigon N°50/96. du 12/12 au 18112/96. p. 18.
60 VOIr. par e'\emple. le cas d'un pays en développement (la Thaïlande) dans Naruemol BUNJONGJIT and XavierOUDIN. 1992 (notamment les observatIOns concernant la dynamique des entrepreneurs (p. 63). Et le cas d'un pays entransition (le Vietnam) dans le chapitre IV de celte étude.
61 Naruemol BUNJONGJIT et Xavier OUDIN (1992). à travers le cas de la Thailande. a retenu une conclusion similaire.selon laquelle la divergence entre la ME et la PE est très importante. puisqu'elle montre que les entrepreneurs de PEn'étalent pas auto-emloyés. "Autrement dit. il n'existe pas un chemin de carrière d'une position d'auto-employé versl'expansion de l'entreprise en investissant dans les machines et en embauchant d'employés" Naruemol BUNJONGJIT and
55
peu de risque voire aucun; le niveau de risque, s'il y en a, n'est équivalent qu'au niveau de
survie du propriétaire et sa famille. La PE par contre, à cause d'un investissement beaucoup
plus important, supporte les risques d'un niveau beaucoup plus important que le niveau de
survie de l'entrepreneur et sa famille63.
A notre avis, pour l'essentiel, la notion de PE n'inclut pas des caractéristiques du secteur
informel. La petite entreprise en tant qu'entité économique n'a rien à voir avec l'informalité.
Si, pour le secteur informel, l'informalité ou le non-respect des lois devient le seul moyen de
survivre64 ; la PE ne peut pas se développer sans "se formaliser", sans s'adapter au contexte
dans lequel elle se trouve, puisque les aspects comme l'image de marque de l'entreprise, la
capacité de faire appel à des compétences extérieures65, ne peuvent pas être développés sans
la formalisation de ses activités.
La confusion entre le secteur informel et la PE a conduit certains auteurs à "révéler" de
nombreuses caractéristiques contradictoires entre la "micro-entreprise" (appartient
traditionnellement au secteur informel) et la PE. A titre d'exemple, H-B S. Lecomte et N.
Bunjongjit ainsi que S. Ellis et Y-A. Fauré estiment qu'on ne peut pas conclure globalement
que les micro- et petites entreprises sont non-enregistrées66 ; X. Oudin conclut qu'en
Thaïlande il n'est pas évident que les entrepreneurs travaillant dans le secteur informel ne
Xavier OUDIN. 1992 p.63.
62 Sophie BOUTlLLlER. 1994 p.363.
63 Selon Sophie BOUTILLIER. "ces entrepreneurs "révolutionnaires" n'ont pas toujours pour objectif la survie coûte quecoûte de leur entreprise. ce sont également des joueurs. et peuvent décider de changer de métier quelques années (voirequelques mOIs) plus tard. même SI la survie de leur entreprise n'est pas menacée". Sophie BOUTILLIER. p. 166
64 FrançOIs ROUBAUD. 1994. P 63
65 L'étude de Sophie BOUTILLIER a montré que cet aspect est très important dans les PE "révolul1onnaires" et innovantesde la Grèce SophIe BOUTILLIER 1994 P 366.
66 Henri-Bernard SOLIGNAC LECOMTE et NaruemoIBUNJONGJIT. 1993 p 169.S. ELLIS et Y-A FAURE. \995.
56
puissent pas entrer dans le secteur moderne, à cause de leur manque de l'éducation67 . Dans un
autre ouvrage, Oudin et Bunjongjit observent qu"'Il y a une différence entre la personne auto-
employée travaillant toute seule ou avec un ou deux membres de sa famille et le propriétaire
d'une entreprise de 10 à 15 employés. Autrement dit, l'auto-employé et le propriétaire de la
petite industrie avec employés ne sont pas dans la même catégorie. Alors que les auto-
employés sont les femmes ou les personnes âgées travaillant à domicile, dont le niveau
d'instruction est bas, les propriétaires des petites industries sont jeunes et mieux instruits.
Cette distinction est très importante, car elle montre que les entrepreneurs des entreprises de
grande taille n'étaient pas antérieurement auto-employés. Autrement dit, il n'y a pas de
chemin de carrière des auto-employés vers l'expansion en entreprise en investissant dans les
machines et dans le recrutement"68. McPherson, pour sa part, observe que "les recherches
futures qui distingueront les micro-entreprises (1-1 0 travailleurs) des petites entreprises (11-
50 travailleurs) pourront être fructueuses. Car les micro-entreprises et les petites entreprises
se conduisent de manière totalement différente"69. Mis à part la différence dans l'utilisation
des tennes, on peut voir, à travers ces observations, qu'il existe un vrai besoin de redéfinir les
catégories entreprises en se basant sur les critères les plus fondamentaux.
Bien que le secteur infonnel ne soit pas la petite entreprise, beaucoup de petites entreprises
commencent comme micro-entreprises (une partie du secteur infonnel, d'après le classement
classique). Mathew GAMSER, Directeur exécutif du "Development Alternative, Inc. (DAI)",
un projet financé par le GEMINI (aux Etats-Unis), a porté un jugement intéressant sur ce
sujet selon lequel "il se peut que de 2 à 5% de micro-entreprises deviennent petites et
moyennes entreprises, mais presque toutes les petites et moyennes entreprises avaient
67 Xaver OUDIN. 1993 p. 128.
68 Naruemol BUNJONGJIT and Xavier OUDIN. 1992 p.63.
57
commencé comme micro-entreprises"70. Cela s'explique par le fait qu'à cause de sa
distinction fondamentale des petites entreprises, la micro-entreprise est très difficile à
transformer en petite entreprise. Par contre, la forme de "micro-entreprise" est la phase
préparatoire de presque toute petite entreprise - la forme, et non pas la stratégie de
développement de l'entrepreneur à la création de son entreprise. Autrement dit, une "micro-
entreprise" transférable en petite entreprise est souvent une petite entreprise potentielle. Cette
constatation paraît importante, dans la mesure où elle explique une des raisons capitales pour
lesquelles la littérature économique confond toujours l'une avec l'autre (micro- et petite
entreprise). Elle est également le fondement méthodologique qui nous conduit à choisir les
faits et les chiffres à analyser dans cette thèse.
La figure 1 suivant illustre la différence entre les termes classiques et les termes que nous
proposons sur les notions concernant les catégories d'entreprises. A notre avis, il n'y a que
trois catégories d'activités d'affaires : (i) les entreprises socialisées qui comprennent les
"grandes entreprises" et une partie des "moyennes entreprises" classiques; (ii) les entreprises
individualisées que sont les "PME", "petites entreprises", une partie des "moyennes
entreprises" et les vraies "micro-entreprises" appartenant traditionnellement au secteur
informel; (iii) les activités de survie.
La distinction entre ces trois catégories vient de la différence essentielle entre elles, les
frontières entre type d'entreprises sont plus précises. Par opposition, le classement classique
vient des critères superficiels, les termes classiques se caractérisent donc par l'ambiguïté des
frontières entre types d'entreprises.
69 M,A, McPHERSON, 1996 C'est nous qUI soulignons,
70 CCET, 1996 P 8,
58
Dans cette étude, le terme "petite entreprise" est utilisé dans le sens d"'entreprise
individualisée", le terme "grande entreprise" - "entreprise socialisée".
Cette démarcation ne devrait pourtant pas être fondée essentiellement sur les critères
concernant la taille de l'entreprise71 , comme on l'a vu jusqu'à présent dans la littérature
économique. Les termes "micro", "petite", "grande" (entreprise) eux-mêmes semblent
scientifiquement incorrects.
Il existe des "petites entreprises" n'ayant que l'entrepreneur lui-même (à la phase de
démarrage de l'entreprise des entrepreneurs innovateurs technologiques n'ayant pas assez de
capital, par exemple).
Afin de définir plus exactement la réalité, faudrait-il appeler les "micro", "petite" et "grande"
(entreprises) successivement "activités de survie", "entreprise individualisée" et "entreprise
socialisée" ? Faudrait-il aussi réserver le terme "entrepreneurs" uniquement aux propriétaires
de petites entreprises72 73 ?
71 Notons une conclusion intéressante tirée de l'étude de [M.D. Litte et al sur "la non-signification de la taille del'entreprise en tant que variable économique" et. en plus. "les données enregistrées montrent que les micro- et petitesentreprises ne sont ni meilleures ni pires que les moyennes entreprises et grandes entreprises du point de vue d'elfetéconomique". Voir: [an M.D.L1TTE. Dipak MAZUMDAR and John M.PAGE; 1987. Sma/l Manufactunng Enterpnsesri Comparative Analysls of Indla and others Economies. New York: Oxford University Press. for the World Bank. Cité par. Donald C MEAD. 1991.
72 Sophie BOUTILLIER a estimé que l'''esprit d'entreprise" est une notion qui n'appartient qu'aux '''entrepreneursrévolutionnaires. mnovants" Quant aux personnes menant des ac!lvités de survie. elles n'ont que l'''esprit dedébrouillardise". Sophie BOUTILUER 1994
73 Michel MARCHESNA Y 1994.Quant à Pierre-André JU LIEN' "Pour l'entrepreneur. l'objec!lf est bien autre que le profit: ou du moins le profit doit être vucomme une contrainte nécessaire pour satisf'<me la survie et le développement de l'entreprise de fàçon à pouvoir rencontrerles objectifs La maximisation du profit dans la théorie économique est donc une fausse conception". Pierre-AndréJULIEN. lI!. Les PME Bt/an et perspectives. 1994. p. 381
59
Figure 1 : Les termes traditionnelles du classement d'entreprises et ceux que nous proposons.
"GRANDES ENTREPRISES"
LES NOTRES
précises. plus faciles à distinguer
ACTIVITES DE
SURVIE
VRAIES MICRO
ENTREPRISES
Les frontières entre types d'entreprises
ambiguës, difficiles à distinguer
TERMES TRADITIONNELS
"MICRO
ENTREPRISES"
"SECTEUR
INFORMEL",
"PETITES
ENTREPRISES",
"PETITES ET
MOYENNES
ENTREPRISES",
"MOYENNES
ENTREPRISES"
60
La petite entreprise est donc l'entreprise dirigée par un individu porteur d'idées et ayant la
capacité de les réaliser, de les développer et d'en prendre de risque personnellement.
L'entrepreneur de la petite entreprise n'est pas seulement régi par les besoins de survie, mais
encore davantage par d'autres besoins, comme la recherche de l'indépendance et de
l'autonomie de décision, et enfin, la recherche de la croissance et du pouvoir. La PE
comprend donc des ME transférables vers les PE, ou bien des PE potentielles existant dans un
premier temps sous forme de ME. Celui-ci se différencie des personnes organisant des
activités de survie et des managers-salariés des grandes entreprises essentiellement non pas
par la taille mais par "la liberté individuelle" dont il dispose et par les risques qu'il supporte.
La petite entreprise est donc caractérisée par les traits suivants:
(a) La notion d'esprit d'entreprise : Un chef d'entreprise, c'est d'abord une
personne ayant l'''esprit d'entreprise", c'est-à-dire, "la capacité à générer des innovations et la
volonté de les voir aboutir"74,75. Dans les petites entreprises, l'innovation est une activité
indispensable mais-, à la différence des grandes entreprises-, discontinue, elle naît d'un
problème du moment, d'une pratique productive quotidienne. L'entrepreneur, son personnel et
souvent ses collaborateurs extérieurs jouent un rôle beaucoup plus important que
l'équipement de l'entreprise76.
(b) Le lien étroit entre la propriété et le management : les chefs de petites
entreprises sont des propriétaires-entrepreneurs, ils supportent des risques personnellement, à
l'inverse des managers-salariés de grandes entreprises.
74 Bruno PONSON 1995a
75 Le BIT détinit un chef d'entreprise comme "quelqu'un qUI analyse le potentiel de son amure. trouve des moyens del'améliorer. mobilise les ressources et agit de manière à exploiter au maxImum les possibilités existantes". BIT; 1995.
76 Sophie BOUTILLIER. 1994. 304-311.
61
(c) Le nombre limité d'employés gérés par l'entrepreneur : Une des
caractéristiques marquantes des petites entreprises est la simplicité de la structure de
management. C'est l'entrepreneur-propriétaire qui prend les décisions importantes et prévoit
tout son fonctionnement. "C'est cette dépendance directe du propriétaire dans tous les aspects
qui est la source quasiment de toute force et faiblesse de la petite entreprise. D'autre part,
l'aptitude et l'expérience d'une seule personne sont limitées. La plupart des propriétaires de
petites entreprises sont dépourvue de compétences spécifiques en matière professionnelle et
seule une minorité d'entre eux a des compétences en management. Ils gèrent leurs entreprises
en se basant sur leur propre expérience et leur connaissance générale. Cette méthode peut être
très efficace tant que la taille des activités reste modeste afin que le contrôle du propriétaire
soit efficace, et tant qu'aucune crise grave ne vient remettre en cause son management fondé
sur le pragmatisme" 77. Selon cette explication, la petite entreprise a, en fait, une certaine
taille définie plus par la compétence de gestion et les caractéristiques socio-culturelles de
l'entrepreneur que par des à priori78. A notre avis, ce chiffre est tributaire, en dehors des
critères subjectifs de l'entrepreneur, du contexte dans lequel l'entrepreneur agit. Du côté de
l'entrepreneur, de l'expérience que nous avons acquise au Vietnam, nous estimons que ce
chiffre est environ 50 personnes, au moins pour l'entrepreneur vietnamien. Dépassé cet
effectif, les entrepreneurs doivent changer leur façon de gérer, la bureaucratisation et la
"technostructure" remplaceront alors la simplicité de la structure de management. L'entreprise
n'est plus une "petite entreprise". Du côté des facteurs extérieurs provenant du contexte, ils
77 J.E BOLTON. 1978 Small Flrms Report 01 the Commlltee ollnqUiry on Small Flrms (London: Her Majesty'sStationery Office. Cmnd. 4811. 1971 . repnnted 1978) ClIé par: Dennis ANDERSON. 1982.BIT: 1995 p 5
78 PlUSIeurs études ont montré qu'un bon niveau d'instruction et des expériences professionnelles sont des élémentsfavorables à la création et la longévité de la PE. Les plus jeunes entrepreneurs ont plus de faCilité à développer leurentreprise que les entrepreneurs plus âgés. Michael A. McPHERSON. 1996
62
sont très variables. Ce sont ces derniers qui, à notre avis, font la variété de la taille présumée
de la petite entreprise79.
(d) Le potentiel de développement de l'entreprise issu de la compétence de
l'entrepreneur-propriétaire, notamment le capital-connaissances.
Toute entreprise manquant d'une de ces caractéristiques n'est pas une petite entreprise.
II. Les raisons de la renaissance des petites entreprises depuis les années 1970.
La renaissance des petites entreprises depuis les années 1970 peut s'expliquer par les raisons
suivantes:
1. La désindustrialisation et l'expansion du secteur des services causeront la
diminution de la taille moyenne de l'entreprise et par conséquent l'augmentation de la part des
petites entreprises dans l'économie, puisque le secteur des services est généralement
caractérisé par les économies de plus petite échelle et les besoins de service ont tendance à
être spécialisés et personnalisés80. D'un point de vue macro-économique, les petites
entreprises se sont étendues normalement d'une part, pendant la récession économique dans
les pays économiquement libéraux et d'autre part, pendant la transition vers l'économie de
marché des pays ex-socialistes.
2. Les changements de technologies industrielles et la réduction de la taille moyenne
effective des entreprises. On l'a vu dans certains domaines comme la micro-électronique, les
79 Rappelons une l'OIS de plus que le critère de taille est relatif et changeable Pour certains entrepreneurs. les PE qu'ilsgèrent peuvent atteindre un effectif de 100 salariés ou plus sans causer aucun changement de structure considérable.
63
nouveaux matériaux et la biotechnologie. Les raisons pour lesquelles ces nouvelles
technologies réduisent l'échelle des firmes sont les suivantes81 :
(i)
(U)
Tandis que les nouveaux équipements flexibles comme
étant les ordinateurs à contrôle numérique peuvent être facilement et
rapidement adaptés à des configurations et standards différents, la
flexibilité de ces nouvelles technologies ne permet pas de faire
fonctionner à pleine capacité l'équipement.
La changeabilité des demandes fait que le cycle de vie
des produits devient de plus en plus imprévisible. Pour que les
entreprises puissent bénéficier de façon optimale des avantages
apportés par ces nouvelles technologies, elles ont tendance à
s'organiser à une échelle plus petite. Dans les industries où les
machines-outils à commande numérique et la robotique dominent, cette
tendance est clairement observée.
3. Le retour à la flexibilité. Quand le marché devient plus incertain en raison de
l'augmentation de la compétition internationale, de la l'instabilité des taux de change ou celle
des besoins, il a tendance à retourner à la flexibilité devant laquelle les petites entreprises ne
manquent pas d'atouts82 • P.A. Julien insiste ainsi sur le caractère "instable et en
renouvellement continu" de la production moderne qui demande et demandera de plus en plus
la créativité et l'innovation technique et organisationnelle ; ces points forts sont présents
"particulièrement dans les petites entreprises". "L'entrepreneur et la petite entreprise sont
fondamentalement des phénomènes de déséquilibre et d'instabilité.( ...). La grande entreprise
80 .long-II YOU. 1995. P 458.
81 AS AHMED. 1996. p. 88-90.
64
est beaucoup mIeux adaptée que la petite entreprise à un environnement qui évolue
lentement. Le dynamisme actuel des PME s'explique par leur plus grande capacité à vivre et à
se développer dans un environnement instable ou turbulent"83.
4. Le coût élevé des économies d'échelle. La critique des économies d'échelle selon
laquelle pour cause des coûts d'échelle élevés payés par les entreprises de grande taille, tant
au niveau de la gestion qu'au niveau de la production ("coûts de contrôle", "coûts de
réorientation", "coûts de transformation", "coûts pollueur/payeur", sans compter les effets
négatifs et coûteux générés par la bureaucratie), les entreprises de petite taille "sont beaucoup
plus efficaces que l'on pouvait le penser"84.
5. La tendance à la segmentation et à la recherche de la variété par une partie
croissante des marchés, ce qui entraîne la multiplication de nouveaux besoins, des modes et
des différents petits groupes de consommateurs. Cette segmentation favorise la production en
petites séries auxquelles les petites entreprises sont mieux adaptées que les grandes85 .
6. Le moindre investissement par travailleur par rapport aux grandes entreprises. Du
fait que les petites entreprises emploient globalement beaucoup de main-d'œuvre, elles sont
plus facilement adaptées à la situation des économies en développement qu'aux grandes. Du
côté des économies en transition, en dehors des raisons citées ci-dessus, les petites entreprises
sont la forme d'organisation adéquate pour la restructuration économique grâce à une grande
disponibilité au niveau de la main-d'œuvre.
82 Jong-II VOU 1995. p. 458.
83 Pierre-André JULIEN !.!!. Les P.HE Bt/an et perspectIves. 1994. p. 64+384.
84 Pierre-André JULIEN.!.!! : Les PME Bt/an et perspectIves. 1994. pp. 52-53.
85 Pierre-André JULIEN.!.!!. Les PJfE Bt/an et perspecflves. 1994. pp. 51-52+55-56.
65
7. La flexibilité dans l'organisation des petites entreprises qui offrent une structure
économique plus adaptable pour les économies en développement et complètent les activités
des grandes entreprises. Grâce à leur flexibilité, les petites entreprises peuvent exister dans
toutes les régions économiques, même dans les forêts et les montagnes. La petite production
pennet la pénétration des capitaux et la division sociale du travail dans les zones urbaines et
rurales à faible productivité, là où ne peut ni s'implanter la grande industrie, ni se concentrer
le capital86 .
8. La contribution à la réduction des inégalités sociales. Les petites entreprises
peuvent contribuer à faire partager les chances, les connaissances et les compétences dans la
communauté. Ainsi, les petites entreprises peuvent réduire les inégalités entre divers groupes
sociaux87.
9. La capacité de création directe d'emplois des petites entreprises88 . La montée du
chômage est un des éléments qui explique l'augmentation de la part des petites entreprises
dans le monde depuis au début des années 1980. Dans les pays en développement et en
transition, les petites entreprises pennettent d'absorber les excédents de main-d'œuvre durant
les périodes d'ajustement structurel, notamment pour la main-d'œuvre non qualifiée. En effet,
les petites entreprises peuvent utiliser un personnel dont la qualification est relativement
basse par rapport à celle demandée par la grande industrie.
86 Dans les pays développés comme la France, on peut citer une autre raison de plus à la renaIssance des PE, c'est l'aide à lacréation d'entreprise. offerte par l'Etat aux chàmeurs créateurs.
87 BIT, 1995
88 BIT: 1995
66
III. Les rôles des petites entreprises dans la transition des économies de type soviétique.
A. Rôle dans la formation du secteur privé national.
Si presque tous les spécialistes s'accordent à dire que la formation d'un secteur privé fort et
sain fondé sur des droits de propriété bien définis est une condition indispensable du succès
du processus de la transition vers l'économie de marché89, la difficulté réside toujours dans la
façon de le réaliser. L'expérience amère de la Russie et d'autres NEI (nouveaux Etats
indépendants) - au moins durant les premières années de ce processus - en appliquant la
thérapie de choc dans leur privatisation, et le retard de la privatisation des pays appliquant le
gradualisme (Chine, Vietnam) posent le problème de choisir une méthode appropriée de la
privatisation. Comment faire pour maîtriser la stabilité politique et sociale d'un côté, et
neutraliser des obstacles idéologiques de l'autre côté, en faveur d'une privatisation fructueuse
?
A notre avis, c'est à travers la promotion de la petite entreprise que l'on peut répondre à cette
question de façon adéquate. Elle est le mode de privatisation le moins sensible politiquement
et socialement pendant le processus de transition vers l'économie de marché - notamment
dans les pays où l'approche gradualiste est dominante comme la Chine, le Vietnam. En effet,
dans ces pays. la petite entreprise est considérée comme plus proche de l'idéologie directrice
que "le capitalisme privé", c'est-à-dire des grandes entreprises privées. Le fait selon lequel-.
en Chine comme au Vietnam-, un grand nombre de chefs de PE privées est issu de l'appareil
de l'Etat ou du Parti (ou ancien Parti) gouvernant reflète cette proximité politique. Quant à
89 Banque mondiale 1996Martin L WEITZMAN 1993.
1
11
11111111111111111.1
67
l'Europe de l'Est où la thérapie de choc est appliquée, la petite entreprise peut être une des
soupapes qui réduisent le coût social.
B. Flexibilité et aptitudes spécifigues des petites entreprises à développer de
nouveaux produits: une réponse aux énormes besoins des économies de type soviétigue
en transition.
L'expérience des pays en développement et des pays industrialisés montre que grâce à la
flexibilité de la petite industrie, le développement de nouveaux produits est un point fort
distinctif de ce secteur face à la concurrence. Etant donné que les économies de type
soviétique sont en train de s'adapter graduellement aux nouveaux produits, ce facteur doit être
pris en compte. Les petites entreprises semblent être une des formes d'organisation les plus
adaptables au développement de nouveaux produits au sein de ces économies9o. Cette
adaptation s'explique, d'une part, par l'atomisation et l'adaptabilité des acquisitions
technologiques dans les économies de type soviétique; et d'autre part, par la demande de
qualité peu exigeante de ces marchés.
Les compétences techniques des intellectuels dans les économies de type soviétique dont le
Vietnam sont assez abondantes, mais son application à l'économie dans l'ancien système est
très difficile. Pour pouvoir transformer ces compétences en produits vendables, on devait
faire face à des difficultés inexistantes dans les économies de marché : (i) la pénurie des
matières premières et des équipements (vous pouvez posséder de l'argent, mais vous ne
pouvez pas les trouver. puisque les matières premières appartiennent au monopole des "EE de
Martha de MELO. Cevdet DENIZER and Alan GELS 1996
90 Edward GREEN. 1993.
•
111111111111111111
68
matières premières" réservées uniquement au secteur public) ; (ii) un marché noir dépendant
en grande partie des décisions administratives tout à fait imprévues ; (iii) les démarches
administratives en vue de l'organisation de la production très compliquées. Notre expérience
personnelle dans l'industrie chimique au Vietnam est une preuve de cette observation; Durant
les années 1980, pour l'amélioration du revenu familial, nous avons fabriqué avec succès
plusieurs produits polymères avec des outils rudimentaires et des matières premières
locales91 . Dans les pays industrialisés, pour fabriquer ces produits, il faut de nombreux
produits chimiques synthétiques qui ne pouvaient pas être trouvés régulièrement au Vietnam
à cette époque. Nous n'étions pas un cas unique pouvant fabriquer certains produits à haute
qualité dans le manque sévère de matériels et de matières premières. C'était aussi le cas de
plusieurs autres chimistes saïgonnais qui voulaient améliorer leur revenu et qui avaient réussi
à inventer des produits de remplacement de ceux importés des pays industrialisés. Cet
exemple montre que le potentiel technologique freiné sous l'ancien système pourrait être
libéré afin de répondre à un certain nombre de besoins de nouveaux produits dans les
économies de type soviétique en transition. Une partie de ces technologies pourrait être
organisée avec succès sous forme de PE. Notre observation récemment citée coïncide bien,
semble-t-il, avec l'observation des autres auteurs sur l'accumulation et l'utilisation de
nouvelles technologies dans les économies de type soviétique. En Chine par exemple,
Guanzhong James Wen (1993) estime que dans l'ancien système commun chinois, les intrants
modernes ont été bien adoptés et accumulés, mais sous ce système, ces nouvelles
technologies n'avaient guère d'opportunité pour démontrer leur valeur et leurs usages. Et ces
91 Concrètement. en 1985-1987, J'ai établi les procédés de fabrication de plusieurs cal :;or;es d.: tissus imprégnés ourecouverts de mélanges polymères modifiées (uréformaldéhyde, POIYVlOyl alcool, POIYVlOyl acétate. polyéthylène) utilisésdans l'industne textile et d'autres industnes. A cette époque. ces produits ont bien remplacé les produits équivalents japonaisimportés et ont été exportés vers le Cambodge. J'ai également innové le procédé de fabncation des adhésifs pour lafabricatIOn des contre-plaqués appropriés aux conditions climatiques et technologiques vietnamiennesJ'ai étudié et fabriqué avec succès un fixateur de couleurs utilisé dans l'impression d'étoffes. qui, à cette époque. s'est biensubstitué à un tixateur Importé du Japon ("Fixer 450"), et ce. avec une qualité équivalente et un prix six fois moins cher,
69
technologies seront disponibles pour être actualisées dans le nouveau système d'économie de
marché92 . En ex-Yougoslavie, Berislav Sefer a également observé que malgré le sous-
développement de la petite entreprise, celle-ci a montré qu'elle était ouverte aux innovations
et s'adaptait facilement aux changements technologiques93 .
C. La formation des entrepreneurs à l'économie de marché. à la mobilisation des
ressources et aux processus de démocratisation sociale.
Pendant la transition, "un des éléments les plus importants de la transfonnation sociale que
nous recherchons est le développement d'une nouvelle classe moyenne dont le noyau serait
composé d'entrepreneurs industrieux, économes, qui veulent grimper dans la société. C'est
panni les propriétaires de ces petites et moyennes unités qu'émergent les pionniers des
progrès économiques et les fondateurs des grandes entreprises, par suite du processus de
sélections naturelles due au marché"94 .
Dans le cas du Vietnam, le rôle de la fonnation des entrepreneurs au profit d'une économie de
marché autonome pourrait être confié aux petites entreprises, surtout si l'on tient compte de la
quantité énonne du besoin en entrepreneurs. Par ailleurs, les petites entreprises favorisent le
retour de l'esprit d'entreprise qui a forcément été détruit sous l'ancien système. La
mobilisation de l'esprit d'entreprise est particulièrement important au Vietnam, où la
démocratisation politique est quasiment inexistante, et où la société ne peut pas le demander
publiquement.
En ce qUI concerne le mode d'orgamsatlOn. nous nous déclarions sous forme de "l'économie des foyers"
92 Guanzhong James WEN. 1993
93 Berislav SEFER. 1992.
94 Janos KORNAI . 1990. pp. 48-49.
70
Les PE peuvent jouer un rôle important dans la mobilisation efficace des ressources locales.
Par exemple, elles peuvent mobiliser l'épargne modeste des propriétaires qui ne souhaitent
pas recourir au système bancaire, mais qui sont prêts à investir dans leurs propres entreprises.
Elles peuvent aussi exploiter efficacement des matières premières locales dispersées qui, sans
elles, resteraient inutilisées.
En créant les conditions économiques nécessaires à l'indépendance des particuliers vis-à-vis
de l'Etat-, un facteur essentiel pour la démocratie sociale-, la PE encouragera la démocratie
sociale. En effet, Martha de MELO et al, en examinant le processus de transition de 26 pays
de l'Est pendant la période 1989-1994, a conclu que "la relation intime entre la libéralisation
économique et la liberté politique nous permet d'expliquer pourquoi certains pays progressent
plus vite que d'autres vers les réformes"95. B. Sefer a également observé que l'un des objectifs
de la transition est la création de conditions économiques pour soutenir un système politique
démocratique.
IV. L'innovation dans la petite entreprise. Les stratégies de la petite entreprise moderne
face à la globalisation de l'économie.
A. Nouvelles technologies et petite entreprise.
Parallèlement aux partisans des petites entreprises, les opposants qui peuvent être d'accord
sur les points forts de ce mode d'organisation d'entreprise insistent également sur la gravité de
ses points faibles. En effet, les petites entreprises traditionnelles ont des faiblesses indéniables
95 Martha de MELO. Cevdet DEN IZER and Alan GELB. 1996 pp 420-421.
71
: un capital modeste, une technologie retardataire, une productivité faible, une mauvaise
qualité de produit, un prix unitaire élevé et par là une faible compétitivité, notamment au
niveau international, dans le contexte de globalisation économique. Afin de surmonter ces
points faibles, depuis plusieurs années, une nouvelle catégorie de PE s'appellant "la petite
entreprise moderne" ("modern small enterprise") vient d'émerger96. Cette notion manifeste
une nouvelle tendance du développement industriel selon laquelle on peut organiser la
production moderne de façon suivante:
1. Morceler le processus de production moderne en produisant dans de petites
entreprises "satellites" de la chaîne industrielle, avec l'aide ou non de l'informatique97 . Dans
ce sens, la petite entreprise moderne peut surmonter les points faibles que subit la petite
entreprise traditionnelle. L'expérience de la "Troisième Italie" (voir la première section) et
des pays de l'Asie du Sud-Est le démontre98 •
2. Pour certains domaines de haute technologie tels que la micro-électronique, les
nouvelles technologies de l'information, la flexibilité technologique permet aux firmes-,
contrairement à l'ancien paradigme de production de masse où des échelles croissantes étaient
cruciales aux réductions de coûts-, de réduire la dimension optimale. Cette flexibilité permet
aussi aux petites entreprises manufacturières d'être compétitives sur les marchés
96 Donald C MEAD. 1991.
97 Etant donné que le pnx des équipements en mformatique chute sensiblement. bien des applications de ce processus ontpu et pourront se produire non seulement dans chaque PED mais également entre les pays en développement et les paysdéveloppés. Voir. VU Quang Viet: 1994.
98 N. DanaraJ. 1993
72
internationaux99. Les raisons pour lesquelles ces nouvelles technologies réduisent l'échelle
des firmes sont les suivantes lDD :
(a) Tandis que les nouveaux équipements flexibles comme les computers à
contrôle numérique peuvent être facilement et rapidement adaptés à des configurations et
standards différents, la flexibilité de ces nouvelles technologies ne permet pas de faire
fonctionner à pleine capacité l'équipement.
(b) L'interchangeabilité des demandes fait que le cycle de vie des produits
devient de plus en plus imprévisible. Pour que les firmes puissent bénéficier de façon
optimale des avantages de ces nouvelles technologies, elles ont tendance à s'organiser à une
échelle plus petite. Dans les industries où les machines-outils à commande numérique et la
robotique dominent, cette tendance est clairement observée.
3. La modernisation des petites entreprises peut se produire également dans d'autres
domaines "plus modernes et plus riches en perspectives d'avenir, tels que le tourisme, la
protection de l'environnement ou les services aux collectivités"IOI, puisque dans ces secteurs,
la flexibilité technologique et celle organisationnelle peuvent interférer. Dans ces domaines,
là où l'investissement dans les équipements n'est pas trop couteux, les PE seront plus faciles à
surmonter la barrière financière dans leur étape de démarrage.
4. La production informatisée permettrait également aux petites entreprises de
fabriquer des biens sur mesure à des prix de production de masse. "La chute du prix des
99 A.S. AHMED. 1996. p. 85.
100 A.S. AHMED. 1996. p. 88-90.
101 Michel FROMONT : 1995 Un programme de promotIOn des ME en Amérique centrale conduit par le BureauInternatIOnal du Travail (le PROMICRO) a aidé à la créatIOn de nombreuses ME expérimentales dans ces domaines. Voir
73
techniques de l'infonnation pennet aux petites entreprises de faire concurrence aux géants
tout en s'assurant l'avantage de la flexibilité dans le recours aux innovations liées à
l'infonnation. Par ailleurs, la sous-traitance des grandes entreprises aux plus petites progresse
rapidement") 02.
5. La modernisation des petites entreprises peut encore se réaliser en
regroupant ou fusionnant des micro-entreprises en petites entreprises. Ce phénomène a été
observé à HoChiMinh-Ville, Vietnam, depuis 1995, face à une concurrence de plus en plus
sévère sur le marché.
B. La relation entre la taille de l'entreprise et son efficacité technique.
Bien que le rôle des petites entreprises soit confinné dans de nombreux cas où les nouvelles
technologies s'appliquent, la relation entre la taille d'entreprise et son efficacité technique
demeure toujours discutable. En effet, en analysant les expériences comparatives des petites
entreprises manufacturières en Inde, en Corée du Sud, à Taiwan, aux Philippines et en
Colombie, LM.D. Litte, D. Mazumdar et lM. Page ont conclu qu'il n'y a pas "une relation
significative entre la taille d'entreprise et l'efficacité technique", les petites entreprises
peuvent acquérir un effet technique élevé non moms important que celui des grandes
entreprises 103. En Asie, en dehors du Japon et des Nouveaux Pays Industriels (NPI) asiatiques
qui ont déjà enregistré bien des réussites dans ce processus de morcellement industriel, l'Inde
est un autre pays qui est en train de se développer dans cette orientation. Une étude publiée en
':galement . Gouvernement de la R':publique tunisienne et Bureau mternatlOnal du Travail: 1995.
\02 BIT. 1995. p.3.
\03 lan M.D.L1TTE. Dipak MAZUMDAR and John M.PAGE : 1987. Sma// Manufactunng Enterpnses A ComparativeAnalysls of Indza and otllers Economies. New York' Oxford University Press. for the World Bank. Oté par' Donald
74
1992 sur la petite entreprise indienne a révélé que pendant les années 1980, plus
l'intensification du capital dans une branche industrielle est élevée, plus la présence des
petites entreprises est importante : à la différence des petites entreprises traditionnelles, les
petites entreprises modernes qui sont définies par un petit nombre de travailleurs sont
"relativement intensives en matière de capital"104.los.
Selon R. Larue de Tournemine, il n'existe pas de relation simple entre taille des entreprises et
performances en matière d'innovations technologiques. Les rôles respectifs joués par les
grandes entreprises et par les PME résultent d'un jeu d'influences complexes qui comporte
divers aspects:
(a) Les spécificités sectorielles à un moment donné.
(b) L'évolution de ces spécificités sectorielles. Par exemple, dans le domaine
des technologies de l'information, la contribution des petites entreprises à l'innovation
technologique a considérablement augmenté dans les années 1960-70 et 80.
(c) La dotation en "avantages comparatifs" du point de vue de la capacité
innovatrice selon la taille à un moment donné : Avantages en ressources financières et
techniques pour les grandes entreprises; avantages de souplesse, d'adaptabilité et de rapidité
de réponse pour les petites firmes.
C MEAD. 1991
104 IraN GANG: 1992
lOS En ce qUI concerne les effets socio-économiques des PE par rapport aux grandes entrepnses. CARE International a l'ailremarquer que "Les petites et moyennes entrepnses créent habituellement "plus d'emplois et plus de production par rapportau montant investi" que les entrepnses de plus grande taille". CARE Smail Business Assistance Corporation, Summary.March 1992. Cité par: Laura Marie CAMPBELL et Gil CRAWFORD: 1994. pp. 17-26.
75
(d) Pour les industries fondées sur la science (IfS, optoélectrotechnique,
biotechnologie, nouveaux matériaux, technologies de l'information), il existe une
complémentarité entre grandes et petites entreprises106.
D'après Acs et Audretsch 107, "les grandes firmes innovent le plus dans les industries
concentrées et fortement capitalistiques, tandis que les petites firmes sont plus innovatrices
dans les industries jeunes caractérisées par une forte dispersion des tailles relatives des
entreprises" .
C. Petite entreprise et innovation.
Selon Schumpeter (1934), l'innovation - la caractéristique capitale de l'esprit d'entreprise -
peut être identifiée par un des cinq critères suivants: l'introduction de nouveaux produits,
l'introduction de nouvelles méthodes de production, l'ouverture de nouveaux marchés,
l'ouverture de nouvelles sources d'approvisionnement et la réorganisation industrielle 1os. Si
on se base sur cette définition, on peut dire que les innovations sont aussi nombreuses dans la
petite entreprise que dans la grande entreprise 109• En effet, bien que dans une petite entreprise,
l'innovation soit une activité discontinue et ne soit pas le fruit du travail planifié et spécialisé
d'équipes de chercheurs à plein temps 110, celle-ci peut conduire aux cinq possibilités citées ci-
dessus. La capacité d'innovation de l'entrepreneur dépend de son capital social qui se
décompose en un capital-financier, un capital-connaissance et un capital-relations. L'étude de
106 R. Larue de Tournemine. 1994.
107 Acs et Audretsch. 1988. "Innovation in large and small tirms' an analysis". Amencan Economlc Revlew Vol. 78. N D 4September. Cité par R Larue de Tournemine ( 1994)
lOS C.H MATTHEWS etaI. 1996.
109 Sophie BOUTlLLlER. 1994.
110 SophIe BOUTILUER. 1994. p. 303·304.
76
s. Boutillier portant sur les petites entreprises en Grèce a montré que l'entreprise dont le
capital est faible ne survit que dans les industries traditionnelles (agro-alimentaire, travail du
bois, confection) : l'entreprise dont le capital est élevé peut survivre dans les industries de
hautes technologies (informatique, électronique, chimique, biotechnologies) III.
Il est important de signaler que dans les pays en développement et les pays en transition, la
petite entreprise recourt souvent à des collaborateurs extérieurs. Même en Grèce, un pays dit
"industrialisé", il y a plus de 90% des petites entreprises recourant aux collaborateurs
extérieurs pour innover, dont 14% dans lesquelles la part des collaborateurs extérieurs par
rapport à l'effectif total s'élève à plus de 100% ! Plus la taille de PE est petite, plus le recours
aux collaborateurs extérieurs est important. En effet, dans les petites entreprises de 1 à 9
salariés, le nombre de collaborateurs extérieurs occupe en moyenne 45% de l'effectif total ;
dans les petites entreprises de 10 à 19 salariés, ce chiffre est de 18%112.
En bref, la relation entre la taille d'entreprise et l'innovation technologique est tributaire de
nombreux éléments très divergents : le secteur, les caractéristiques du marché, la clientèle
ciblée. Mais il est certain que les PE pourraient innover non moins qu'aux grandes
entreprises. Par ailleurs, la possibilité des PE de faire appel à d'experts extérieurs devrait être
prise en compte, notamment dans la perspective où le télétravail se répandra avec la
vulgarisation de l'informatique de communication. Ce recours aide la PE à renforcer ses
capacités technologiques sans perdre sa flexibilité et sa dynamique, due à sa petite structure.
Ce recours aux collaborateurs extérieurs est aussi un phénomène particulièrement intéressant
dans les pays en transition dans lesquels le marché du travail est en cours de restructuration et
Il J Sophl<: BüUTILLIER. 1994
J 12 SophIe BOUTlLLlER 1994. pp. 231-232
77
le coût d'intervention des experts raisonnable permet à de nombreuses PE d'améliorer leur
capital technique.
***
En répondant à une concurrence accrue face à la mondialisation, la fusion des grandes
entreprises en plus grandes groupes se poursuit, tant au niveau de chaque pays qu'au niveau
régional et international. L'hyper-socialisation de ces entreprises, qui se caractérise par la
domination des "technostructures", sera l'une des tendances du nouveau siècle.
De l'autre côté du phénomène, l'apparition de plus en plus nombreuse des entreprises
individualisées se confirmera. La polarisation entre entreprise socialisée et entreprise
individualisée s'accompagnera d'un nouveau rapport entre elles. Les perspectives de
coopération sont réalistes, non seulement sur le plan vertical de l'organisation industrielle (la
sous-traitance, les satellites), mais aussi sur le plan horizontal : cela s'explique notamment par
la diversité du marché et la diversité des besoins technologiques.
Nous verrons dans le chapitre suivant que, malgré son importance socio-conomique, les
entreprises individualisées ne bénéficient toujours pas de politiques de développement
pertinentes, notamment en matière de financement. La situation est encore plus grave dans les
pays en transition. La nécessité de l'élaboration d'un nouveau mode de financement de cette
catégorie d'entreprises nous a conduit à étudier les expériences inte~nationales sur la micro
finance pour en tirer des enseignements applicables. ainsi que les aspects théoriques de base
qui peuvent cimenter le fondement de ce mode de financement.
78
CHAPITRE II :
EXPERIENCES INTERNATIONALES DE LA lVIICRO-
FINANCE. ASPECTS THEORIQUES D'UN NOUVEAU MODE
DE FINANCEMENT DES ENTREPRISES INDIVIDUALISEES
DANS LES PAYS EN TRANSITION.
Malgré l'importance des entreprises individualisées, celles-ci manquent toujours de capital.
De nombreuses études ont montré que les entrepreneurs recourent systématiquement à leur
épargne personnelle, celle de leur famille ou de leurs amis, aux prêts de l'usurier et aux
avances de leurs clients et de leurs fournisseurs 113. Partout dans le monde, le financement
institutionnel n'est pratiquement pas impliqué dans le financement de la petite entreprise.
Quel que soit le pays, quel que soit le secteur d'activité, que ce soit pour lancer son entreprise,
pour accroître ses investissements ou pour faciliter au jour le jour la bonne marche de ses
affaires, l'entrepreneur utilise rarement les services de la banque 114. La situation est plus
grave dans les pays en transition, en raison du refus des banques de courir des risques, des
coûts de transaction élevés, du manque de garanties et de la complexité des procédures. La
banque traditionnelle ne commence à jouer un certain rôle que lorsque les entreprises
atteignent une certaine taille. Cela illustre la passivité des modes classiques de financement à
l'encontre des entreprises individualisées et la nécessité de la création d'une nouvelle forme
de financement.
113 Michel LELART 1995 p.451.
114 Michel LELART. 1995. p. 451-452
79
Ce chapitre a pour but de synthétiser certains enseignements tirés des expériences
internationales concernées et de chercher des bases théoriques d'un nouveau mode de
financement alternatif s'adressant à ce type d'entreprise.
Nous avons distingué, dans le chapitre 1, la PE du secteur informel et de la grande entreprise.
La problématique du financement des petites entreprises devrait être posée de façon différente
de celle des deux autres catégories.
Nous avons également signalé que la notion de PE à laquelle nous nous intéressons comprend
une proportion de "micro-entreprises" (ME) appartenant au secteur informel
traditionnellement entendu. Elles sont la phase préparatoire pour devenir PE, elles sont des
petites entreprises potentielles. Cette proportion est beaucoup plus importante dans les pays
en transition que dans les économies de marché.
"Le financement des petites entreprises" conçu par nous dans cette étude comprend donc
celui des entreprises individualisées, généralement moins de 50 employés, qui ont été
appelées classiquement "petites entreprises" et une partie des "micro-entreprises", mais non
pas du "secteur informel".
Notre notion de financement des petites entreprises implique donc partiellement la "micro
finance"-, le "financement des micro-entreprises"-, un mouvement qui a débuté depuis
quelques décennies avec les succès des "Grameen Bank" (au Bangladesh), "BancoSol" (en
Bolivie"), "BRI" (en Indonésie), "Accion International" (en Amérique), et qui vient de
devenir, en quelque sorte, un mouvement international, après l'organisation du "Sommet du
80
Micro-crédit" à Washington en février 1997" 5. De ce fait, notre étude étudiera ces
expériences pour en tirer des enseignements utiles.
D'où vient la nécessité d'une telle problématique? Pourquoi faudrait-il poser le problème du
financement des petites entreprises dans les pays en transition? Le premier problème de ces
petites entreprises est constamment le manque de capital et l'accès aux banques classiques
qui leur est refusé. Jusqu'à présent, il existe dans les pays en transition les programmes de
micro-crédit, destiné essentiellement au secteur informel et ceux de financement des "PME".
Ces programmes ont pratiqué soit une approche "sociale" ou subventionnelle qui ne convient
pas du tout au contexte de ces pays et, pire encore, fait dériver des fonds vers les grandes
entreprises (plutôt publiques, mais également privées), soit une approche commerciale
"classique" qui refuse les petites en faveur des grandes entreprises. En effet, la façon de poser
le problème de financement des entreprises, jusqu'à présent, nous semble inadéquate. La
confusion persistante entre les notions "secteur informel", "micro-entreprise", "petite
entreprise", "moyenne entreprise" a conduit à la confusion dans le financement destiné à ces
types d'entreprises. On observe partout, dans les pays en transition, les programmes de
financement des "PME", tantôt comprenant les micros-entreprises, tantôt les entreprises "de
moins de 500 salariés" 116. Si l'approche sociale vise des clientèles défavorisées, la dérivation
des fonds s'oriente vers des grandes clientèles: face à cette confusion, les vraies petites
entreprises, ainsi que les vrais entrepreneurs, ne trouvent toujours pas leur financier.
Ces dommages ont particulièrement affecté les pays ayant appliqué une approche
"gradualiste" de la réforme, tel que le Vietnam. Dans les chapitres 4 et 5, nous verrons les
115 Ce Sommet. ayant rassemblé une dizaine d'organismes internationaux dont la Banque mondiale. le PNUD. l'UNESCO.l'UNICEF. le FIDA. plUSieurs chefs d'Etat et de gouvernementet. des grands bailleurs de fonds au développement. a lancé"un mouvement global pour offrir à 100 millions de familles les plus pauvres de la planète (dont 4 millions habitant dans lespays développés) des crédits et leur permettre de lancer leur propre entreprise d'ici 2.005". Le fonds mobilisés est prévu de
81
préjudices causés par ces approches dans le système bancaire et dans le milieu d'affaires dans
ce pays.
Si dans les pays développés, la récession des grandes entreprises a conduit les banques à
chercher leur nouvelle clientèle dans le milieu des petites entreprises 117, tel n'est pas le cas
pour les PE dans les pays en transition.
Par rapport aux petites entreprises dans les pays développés et pays en développement, les
petites entreprises dans les pays en transition disposent davantage de nouvelles opportunités
créées par le changement structurel; la possibilité d'exploiter les technologies appropriées,
oubliées dans l'ancien système par les intellectuels, techniciens ou ouvriers, un ratio
bénéfice/investissement des petites entreprises beaucoup plus élevé que celui de leur
homologues dans les pays développés et pays en développement118.
Une nouvelle définition des types d'entreprises et donc un nouveau mode de financement des
petites entreprises appliqué aux pays en transition est donc indispensable. Quant à la
redéfinition des types d'entreprises, nous avons tenté de le faire dans le chapitre 1. Pour
l'application de cette redéfinition dans le contexte des pays en transition, il conviendrait
d'insister une fois de plus la définition des micro-entreprises dans ce contexte. Cette dualité-,
le côté actif et le côté passif de ce type d'entreprise, qui est une caractéristique particulière,
n'existant que dans ce contexte, devrait être prise en compte pour l'élaboration des politiques
concernées. Cette dualité fait augmenter la proportion des micro-entreprises susceptibles de
21.6 milliards d·USD. Voir: http '11",,\, Ige.ape org/resulls/.
\ 16 CCET 1996a. P. 8.
117 B Dueheneaut. 1995.
118CCET.1996a Pp 19-21.
82
devenir petites entreprises dans les pays en transition. Elle caractérise également le mode de
financement applicable aux petites entreprises dans le contexte de ces pays.
Quel est le mode de financement applicable? Pour pouvoir répondre à cette question de façon
concrète, nous consacrons ce chapitre à l'étude des leçons de la micro-finance et ensuite,
aborder à trois aspects théoriques essentiels concernant le mode de financement que nous
proposerons: la notion de crédit, la fonction de création monétaire des banques commerciales
et la collecte de l'épargne des banques.
SECTION 1 : LES ENSEIGNEMENTS TIRES DU MOUVEMENT
DE LA MICRO-FINANCE.
Contrairement aux prêts classiques, le micro-financement se caractérise par son montant
faible, sa clientèle constituée de personnes n'ayant pas l'accès au crédit institutionnel et la
proximité entre l'institution et l'emprunteur. Sa contrainte principale réside dans le taux élevé
des frais de gestion que génère la multiplication de petits prêts. C'est la cause pour laquelle
presque toute institution de ce type pratique une approche sociale.
Le mouvement du micro crédit s'est développé rapidement durant ces deux dernières
décennies. Selon la Banque mondiale, il existe en 1997, dans 101 pays environ, 900
"institutions de micro-finance" de plus de 1.000 clients avec de plus de 3 ans d'expérience. Il
faudrait noter que, parmi elles, il n'y a que 20-25 institutions (soit 2,5%) dont la viabilité
financière est certaine ; le reste n'entrevoit toujours pas la capacité de devenir autonome
83
financièrement et perpétue sa dépendance vis-à-vis de la subvention en provenance des
gouvernements ou des donateurs internationaux. Elles font face à de~ problèmes inquiétants
concernant le management, la structure institutionnelle, la culture d'institution I19. C'est la
routine bureaucratique qui conduit à cette situation. Dans le contexte des pays en transition,
cette routine, une fois installée, est encore plus difficile à sunnonter; d'où la nécessité de
mettre en place une approche commerciale, dès le départ.
Ce point de vue correspond non seulement au contexte des pays en transition, il est aussi la
nouvelle tendance de la micro-finance: un des sujets d'actualité des institutions de micro-
finance (lMF) est sa possibilité d'''intégration'' au secteur privé. Effectivement, étant donné
que la plupart des IMF ont été instaurées et poursuivies en tant qu'organisations à but non
lucratif, leur fonds est constitué par les subventions et les prêts à taux très bas des bailleurs de
fonds internationaux et/ou gouvernementaux. Cependant, "avec la prolifération de cette
catégorie de programme, les IMF commencent à arriver la limite des ressources" 120.
Nous examinerons de façon générale Il institutions bien installées et, de façon plus concrète,
quelques cas typiques pratiqués au sein de contextes différents sur les trois continents.
I. Les g;randes caractéristiques du mouvement, et quelques cas typiques.
119 Mohim MALHOTRA. 1997. http://www.worldbank.org/html/cgap/cgap html.
120 CGAP. 1997 http://www.worldbank.org/html/cgap/cgap.html.
84
Tableau 1 : Profils des Il institutions de micro-finance en 1993
(1) BKDs LPDs GRAMEEN KREP BRK ADOPEM FINCA ACTUAR BRI BANCOSO ACEP
PAYS Indonésie Indonésie Bangladesh Kenya Nigeria Dominicaine Costa Rica Colombie Indonésie Bolivie Sénégal
DONNEES DES PAYS
(2) 181,3 181,3 108,0 25,0 8,5 77,0 3,2 32,8 181,3 7,3 7,9
(3) $670 $670 $220 $310 $280 $1.050 $1.960 $1.330 $670 $680 $780
(4) 9.5% 9.5% 7.8% 47.1% 0.4% 5.3% 9.0% 19.2% 9.5% 9.3% 6.0%
PROFILS INSTITUTIONNELS DE BASE
(5) 5.345 651 1.030 6 14 6 1 13 3.267 21 19
(6) 16.035 4.913 10.452 60 34 47 19 355 16.067 335 31
(7) $62.59 $25.59 $238.69 $1.94 $1.58 $1.79 $1.70 $15.68 $2.28 $34.10 $2.14
(8) 2% 34% 30% 116% 69% 99% 39% 131% 15% 190% 25%
(9) 50% 40% 94% 60% 45% 100% 26% 50% 24% 71% 20%PROFILS DE SERVICES DE CREDIT
(10) $34.19 $18.80 $159.48 $1.14 $1.50 $1.07 $1.58 $11.73 $937.62 $24.83 $2.14
(11) 907.450 145.183 1.586.71 5.303 8.787 3.500 5.121 32.022 1.897.865 46.428 2.109
(12) $38 $130 $101 $217 $221 $308 $310 $366 $494 $535 $1.016
--------------------85
(13) 0% 25% 35% 213% 65% 92% 36% 134% 8% 182% 41%
(14) 4 10 12 12 10-13 4 & 12 12 5-12 24 4-12 12
(15) 55% 36% 20% 38% 18% 72% 32% 71% 34% 55% 20%
(16) 0% 0% 100% 100% 80% 40% 100% 90% 0% 100% 2%
(17) 100% 100% 0% 0% 20% 60% 0% 10% 100% 0% 98%
(18) 6% 8% 48% 64% 138% 68% 16% 24% 81% 82% 135%
COMPETENCE EN CAPITAL (*)
(19) 82% 20% 31% 89% 100% 18% 29% 16% 5% 16% 93%
QUALITE DE L'ACTIF (*)
(20) 10.3% 3.9% 2.0% 2.3% 20.0% 4.0% 1.7% 1.3% 6.5% 0.0% 3.0%
(21) 37% 36% 20% 22% 9% 49% 24% 50% 28% 45% 27%
MANAGEMENT DU PERSONNEL (*)
(22) 57 30 152 88 200 74 270 90 110 139 88
(23) 69% 65% 64% 68% 69% 48% 65% 75% 53% 60% 55%
(24) Il.5% 6.6% 9.3% 12.9% 10.1% 16.8% 8.7% 16.2% 4.5% 12.5% 10.6%
(25) 6.3% 5.0% 6.1% 6.9% 9.7% 10.2% 8.2% 12.0% 1.9% 9.2% 6.9%
(26) $1.100 $1.150 $687 $6.000 $3.354 $5.750 $6.192 $8.573 $2.567 $3.300 $4.367
(27) 1.8 0.7 3.3 17.6 20.6 12.7 3.3 5.5 4.2 5.1 5.8
(1): Données sommaires en 1993.
11111111111111111111
86
(1): Données sommaires en 1993.
(2) : Populations (millions).
(3) : PIB par habitant.
(4) : Taux d'inflation courant.
(5) : Nombre d'agences.
(6) : Nombre d'employés.
(7) : Actif total en millions d'USD.
(8) : Croissance annuelle moyenne de \'actiftotal.
(9) : Clientèle féminine.
(10) : Valeur totale de crédit en cours en millions d'USD.
(Il) : Nombre de clients.
(12) : Taille moyenne de prêt.
(13) : Taux de croissance annuel de crédit.
( 14) : Tenne moyen de crédit.
(15) : Taux d'intérêt effectif.
(16) : Méthodologie de crédit (En groupe).
(17) : Méthodologie de crédit (Prêt individuel).
(18) : Taille moyenne de prêtlPNB par habitant.
(19) : Capital libéré en pourcentage de "actif total.
(20) : Remboursement en retard de plus de 90 jours.
(21) : Rendement effectif sur crédit octroyé.
(22) : Nombre de prêts / Total du personnel.
(23) : Salaires / Frais administratif total.
(24) : Salaires / Crédit moyen octroyé.
(25) : Salaires / Actif total moyen.
(26) : Salaire moyen d'un agent.
(27) : En pourcentage du PIB par habitant.
(.) Basé sur le dollar américain en 1993.
·ACEP: Agence de Crédit pour l'Enterprise Privée (ACEP) du Sénégal.
·ADOPEM : La Association Dominicana para el Desarrollo de la Mujer (ADOPEM) de la République dominicaine.
·BancoSol : Banco Solidario S.A. (BancoSol) en Bolivie.
·BKD: Badan Kredit Desa (BKD) en Indonésie.
·BRI : Unit Desa System of the Bank Rakyat Indonesia (BRI).
·BRK: Bankin Raya Karkara ofCARE (BRK) au Nigéria.
·CorpoSol : Corporacion de Accion Solidaria (CorpoSol, fonnerly Actuar/Bogota) en Colombie.
·FINCA : Fundacion Integral Campesina (FINCA) de Costa Rica.
·Grameen : Grameen Bank du Bangladesh.
·K-REP : Kenya Rural Enterprise Programme (K-REP) du Kenya.
·LPDs . Lembaga Perkreditan Desas \LPDs) en Indonésie.
Sources: "Maxlmizmg the Outreach of Microenterprise Finance: An Analysls of Successful Micro-finance Programs" (PNABS-519) by Robert Peck Christen, Elisabeth Rhyne. Robert C. Vogel. and Cressida McKean. USAID Program andOperations Assessment Report No. 10. http -//www.soc.titech.aqp/titsoc/higuchi-Iab/icm/icm.html.
87
Tableau 2 : Viabilité financière des programmes, en 1993
PROGRAMMES AUTO-EQUILIBRE Bénéfice/actif total
OPERATIONNEL (%)
(%)
1NIVEAU 1 : Dependance de subventions
BRK 44 -11,5
NIVEAU 2 : Auto-équilibre opérationnel
K-REP 106 -18,5
FrNCA 98 -6,3
GRAMEEN 105 -3,3
ADOPEM 94 -0,8
ACEP 142 0,1
NIVEAU III : Rentable
BancoSol 107
1
1,0
BRI 113
1
1,6
BKD 197\ 3,2
ACTUAR 124
1
4,9
LPD 148
1
7,4
Sources: CHRISTEN, Robert; RHYNE Elisabeth: VOGEL, Robert 1995. "Maxlml=lng the Outreach of Mlcroenterpnse
Finance An Analysis ofSuccessful .\ftcro-jinance Programs". USAID Washington. De. July. h!!I1.
.//\\ w\\' worldbank.org/html/cgap/cgap.html.
88
Les tableaux 1 et 2 fournissent les donnés de ces Il institutions de micro-finance. L'examen
de ces cas typiques illustrera les caractéristiques du mouvement de la micro-finance.
1. La Grameen Bank CGB) au Bangladesh. La GB au Bangladesh est un exemple
typique pour l'approche selon laquelle, afin de répondre aux besoins de la population,
notamment les plus pauvres, on peut démarrer par le crédit et non pas par l'épargne 121 . En
1976, une opération expérimentale a été créée par le Professeur Muhammad Yunus, à
Chittagong, Bangladesh, d'abord avec son propre argent, ensuite en collaboration avec la
Banque centrale et la Banque de développement agricole. En 1983, la GB est reconnue
officiellement comme une banque indépendante. En octobre 1996, cette banque comptait
1.068 agences, avec plus de 2.000.000 d'emprunteurs (dont 94% de femmes) et maniait
environ 30 millions d'USD par mois. On enregistre environ 35.000-40.000 nouveaux
membres par mois, ce qui représente une assistance à 35.000-40.000 familles pauvres (soit
200.000 personnes) pour sortir graduellement de leur pauvreté. En dehors des prêts généraux,
la GB octroie également des prêts pour l'habitat. Jusqu'en octobre 1996, elle a octroyé plus de
340.000 prêts dans ce but l22 . Le montant des prêts consentis par la banque Grameen va de 20
à 200 USD, la moyenne étant de 80 USD environ. La banque a maintenu un taux de
recouvrement de 97 %. De nombreuses études sur la GB ont indiqué que les emprunteurs
améliorent leur revenu, élargissent leur richesse; dans les familles bénéficiant de ces prêts,
on constate un meilleur niveau de nutrition, une mortalité infantile plus basse, une
planification familiale plus élevée. Toutes les études ont également confirmé l'amélioration
claire du droit des femmes bénéficiaires de la GB par rapport aux périodes précédentes l23 .
121 L'approche "épargne d'abord" eXige une épargne préalable pour prêter de l'argent. en estimant que les pauvres doivent. àtravers les institutIOns financières traditionnelles. tout d'abord épargner. VOir: TRAN Anh-Tuan . 1993 p. 8.
122 Grameen Dialogue Newsletter pubhshed by the Grameen Trust. Dhaka. Bangladesh. N° 29. January 1997
123 Muhammad YUNUS. 1994.
89
De façon générale, la GB s'est développée sur les principes de base suivants:
(a) Organisation de groupes de caution solidaire de cinq personnes qui se connaissent
et se font confiance, selon la fonnule 2-2-1. Les prêts sont accordés dans un premier temps à
deux membres ; deux mois après si les premiers emprunts sont bien remboursés, deux autres
personnes reçoivent l'argent et le dernier membre un mois après. Les remboursements sont
hebdomadaires. Des emprunts consécutifs sont accessibles à l'emprunteur et à son groupe s'ils
ont fait preuve de crédibilité.
(b) L'activité des crédits dans un premier temps et de l'épargne ultérieurement. Le
crédit concerne les activités productives, l'habitat, l'aide d'urgence. L'emprunteur est
entièrement libre dans ses décisions pour l'utilisation du prêt en vue de créer un emploi ou un
revenu dans n'importe quel domaine d'activité rentable (ou des aides d'urgence pour les fonds
de groupe ou fonds de secours).
(c) Le montant de chaque emprunt est modeste et son utilisation est contrôlée par le
groupe.
(d) L'épargne obligatoire et l'épargne volontaire gérées par chaque groupe. En
pratique, l'épargne volontaire a un montant modeste par rapport à celui de l'épargne
obligatoire.
(e) Le programme de développement social joue un rôle indirect mais très important
dans le système.
Selon un rapport de M. YUNUSI24, les impacts socio-économiques principaux de la GB sur
ses membres sont les suivants:
124 Muhammad YUNUS 1993. pp.3-4.
90
* L'augmentation du revenu trois ans après l'octroi des prêts est de 58%
environ.
* L'amélioration de la nutrition la consommation par habitant est de 9%
supérieure dans les familles bénéficiaires.
* L'augmentation des dépenses non alimentaires (vêtements, santé, éducation)
s'élève à 18% après trois années.
* Le ratio de femmes qui travaillent est de 36% dans les villages de projet
contre 18% dans les villages-contrôle.
* L'augmentation de l'épargne est considérable : A titre d'exemple, en 1984,
dans les vingt districts choisis, la GB collectait un montant d'épargne quatre fois plus élevées
que celui de cinq banques commerciales.
* La réduction de la pauvreté dans les villages-projet est également manifeste:
La proportion de la population à faible revenu dans les villages-contrôle est de 76% contre
62% dans les villages-projet. C'est aussi un changement durable car le succès des membres de
la GB est basé sur l'acquisition des expériences et des actifs de production.
A partir du succès de la GB, de nombreuses tentatives visent à reproduire la GB dans
plusieurs pays. Jusqu'en juillet 1996, près d'une quarantaine de projets similaires ont été
organisés dans douze pays asiatiques et africains, financés et/ou aidés techniquement par le
"Grameen Trust", avec plus de 122.000 emprunteurs: le taux de remboursement dans la
plupart des cas est plus de 90%125.
125 Grameen Dialogue N° 28 Oetober. 1996.TRAN Anh-Tuan . 1993b pp.78-82.
91
2. Accion International en Amérique latine. Bien que l'Accion International (AI) ne
soit pas une banque, cette institution a eu de fortes influences sur le développement des
petites entreprises en Amérique latine.
Accion International (AI) fut fondée en 1961, à Washington D.C., par l'avocat Joseph
Blatchford. C'est une organisation privée sans but lucratif, spécialisée dans l'octroi de crédit
et la formation dans le domaine des affaires. Les clients de l'Accion International sont des
personnes en zone urbaine dans les pays d'Amérique latine et aux Etats-Unis, ayant peu de
capital voulant créer leur propre emploi à travers les petites entreprises. Il faudrait noter que,
dans plusieurs pays d'Amérique latine, les petites entreprises peuvent occuper 70% des
activités économiques du nombre total d'entreprises et utiliser une moitié de la main-d'œuvre.
Pourtant, elles ne peuvent pratiquement pas trouver leurs ressources en capital auprès des
banques traditionnelles : comme partout, elles doivent souvent recourir aux usuriers avec des
taux d'intérêt très élevés. L'effort de la AI, comme celui de la GB, est l'octroi des crédits à ces
petites entreprises avec le taux du marché. En outre, à la différence de la GB, l'Accion
International aide également les petits entrepreneurs en matière de formation technique
nécessaire pour leur fonctionnement.
Pendant les trois dernières décennies, l'Accion International a fonctionné dans quatorze pays
d'Amérique latine et plusieurs régions aux Etats-Unis. En 1993, elle avait un réseau de plus
de 50 agences. De 1985 à 1990, elle a octroyé un montant total de crédit d'à peu près 100
millions d'USD à environ 100.000 petits entrepreneurs. Après 1990, le rythme de
développement s'est accéléré. Selon William W. Burrus, Directeur de la AL en 1992
seulement, elle a fourni plus de 113 millions d'USD de crédits à 146.000 d'emprunteurs et
92
créé ou renforcé 144.000 emplois. La taille moyenne des prêts s'élève à 409 USD et le taux
de remboursement est de 98%126. Selon le chiffre annoncé par le "Sommet du Micro-
crédit"l27, le réseau de la AI a eu de 277.000 clients dans 13 pays d'Amérique latine et aux
Etats-Unis. En moyenne, pendant les premières années du financement, le revenu familial de
chaque emprunteur augmente de 30% par an. Une des causes principales de ce taux élevé,
selon la AI, est la formation des groupes de solidarité de 4 à 6 personnes. Chaque
entrepreneur (business owner) cherche 3,4 ou 5 entrepreneurs différents afin de former
volontairement un groupe. Chaque groupe est responsable du remboursement des membres
dans son groupe; il joue le rôle à la fois de pression et mais aussi de support l28 •
Depuis 1984, la AI est sur l'initiative de la création d'un fonds de pont (bridge fund) qui
mobilise les ressources d'organisations et d'individus mécènes. Elle les utilise comme une
forme de caution auprès des banques commerciales pour que ces dernières puissent accorder
du crédit aux petites entreprises. En 1990, ce fonds a assuré 23% des ressources à ses
agences. En 1993, ce fonds s'élève à 6,3 millions d'USD. En moyenne, un USD de ce fond
peut assurer un montant de crédit de 2,3 USD; dans quelques cas, ce multiplicateur est de dix
fois ou plus l29 .
3. La banque Rakyat Indonesia (BR!) Unit Desa System, en Indonésie. La BRI Unit
Desa System en Indonésie a été créée par le gouvernement indonésien en 1983 et lui
appartient. Elle est le résultat d'une transformation d'un programme subventionné qui a
échoué. Au lieu d'accorder ses prêts aux agriculteurs comme elle le faisait au départ, elle s'est
126 William W BURRUS. Lettre de décembre 1993
127 The Microcredit Summlt. organisé à Washmgton du 2 au 4 féVrier 1997.
128 Accion International. 1990.Accion International. 1993.
93
orientée vers les prêts aux activités productrices non agricoles et de petite échelle. Le
gouvernement lui fournit des sources de capital assez grandes (250 millions d'USD jusqu'en
1989), mais la plupart d'entre elles sont calculées selon le taux de marché. C'est une
entreprise moins connue que Grameen, mais capable d'accorder des prêts de faibles montants
et de collecter une épargne d'un niveau modeste, tout en étant par ailleurs remarquablement
rentable l30 . De 1984 à 1989, pendant seulement cinq ans, il y a eu plus de 1.800.000
emprunteurs et 6.600.000 épargnants. La taille de prêt varie de 15 USD à 13.500 USD, la
taille moyenne est de 360 USD en 1989. Son taux d'intérêt, à l'instar de la GB et de la
BancoSol, est plus élevé que celui du marché; pour la Bri, cette différence est de 10-12% par
an. En 1989, sa rentabilité était de 21 millions d'USD, alors que le taux de remboursement
était de 97%. Mais "plus important que les succès remportés dans le domaine du crédit, Unit
Desa est également un cas exemplaire de réussite dans la mobilisation de l'épargne volontaire.
Un effort concerté de mobilisation de l'épargne a pennis de porter le montant total de
l'épargne de 38 millions d'USD en 1984, à 460 millions d'USD en 1989 apportés par 6,6
millions d'épargnants, soit une moyenne de dépôt de 70 USD" 131. On peut dire que le succès
de la Bri dépend en grande partie de sa mobilisation de l'épargne.
4. La BancoSol en Bolivie. La BancoSol en Bolivie, fondée en octobre 1991, est
l'aboutissement d'un projet créé en 1987; le projet PRODEM. Elle est la première banque
commerciale privée dans le monde qui fournit des services financiers exclusivement aux
petites entreprises. La BancoSol a été créée car le PRODEM n'avait répondu qu'à 2% des
demandes 132. Le capital soc:al de la BancoSol est de 6,2 millions d"USD, la part des boliviens
129 Accion InternatIOnal. 1993a.
130 Henry R JACKELEN et Dr Elisabeth RHYNE. 1991.
131 Henry R.JACKELEN et Dr. Elisabeth RHYNE. 1991
132 K. MUTUA. P. NATARAOOL et M. OTERO. 1996.
•11J1111111111111Î111
94
étant de 60% et le reste appartenant aux organismes internationaux. La part bolivienne est
tenue par un certain nombre de grands commerçants boliviens qui comptent sur la rentabilité
financière de cette banque et qui ont contribué activement à la transformation du projet
PROOEM en une banque 133 .
Comme la GB, la BancoSol se base sur la forme d'organisation de groupements de solidarité
de quatre à sept personnes pour assurer ses prêts. Tandis que le taux d'intérêt réel de la GB est
plus élevé que celui des banques commerciales classiques (environ 4% par an), celui de la
BancoSol est deux fois plus élevé que le taux du marché. Malgré cela, la banque s'est
développée très vite. Après cinq ans de fonctionnement, en 1996, la banque a ouvert 29
agences dans tout le pays et a octroyé du crédit aux 63.000 clients (le système bancaire
bolivien sert à un total de 167.000 clients, dont 40% sont des clients de la BancoSol), dont
78% sont des femmes, avec un taux de remboursement de 99%134. Le nombre de comptes
d'épargne s'est élevé à 50.000, la taille moyenne d'un compte étant de 120 US0135. Mr.
Romero, à la fois entrepreneur et président de la banque, a déclaré qu'il espérait que "le taux
d'intérêt élevé va attirer davantage non seulement des nouveaux investisseurs mais aussi des
nouveaux concurrents". Ce taux d'intérêt élevé doit être confronté à la forte opposition des
programmes de crédits concurrentiels, car ces derniers considèrent que les pauvres doivent
être subventionnés. Mr. Otero, ancien "social worker" auprès de ces programmes pendant
près d'une décennie a répondu: "Notre taux d'intérêt est élevé parce qu'il implique des frais
généraux. Les grandes banques reçoivent un taux bas mais elles n'ont pas pu approcher leurs
\33 Grameen D/Qlogue. N°15.luly 1993.
134 K. MUTUA. P. NAT ARADOL .:t M. OTERO. 1996Grameen D/Qlogue. N°16. Octob.:r 1993.
135 CGAP - fOCUS. 1997 "Th.: Chalkng.:ofGrowth for Micro-finance InstitutIOns: The BancoSol Experience". Note N°6. March. http://www.worldbank org/html/cgap/cgap.html.
•n~
m
111111111
DD111
95
clients. Selon mon expérience, du crédit avec un taux artificiellement bas ne sera pas
remboursé" 136.
Le certificat de dépôt de la BancoSol a été placé sur les marchés des Etats-Unis et de la
France. Donc "les marchés de capital les plus sophistiqués du monde ont désormais partie liée
avec la promesse de paiement d'une femme microentrepreneur vendant ses marchandises dans
une rue à La paz"l37.
L'expérience de la BancoSol montre que lorsque le financement des petites entreprises
devient institution formelle, il peut avoir de grands impacts.
5. L'expérience du financement des petites entreprises de la "Troisième Italie". Le
succès remarquable des "régions industrielles" en "Troisième Italie a résulté en partie d'un
mode innovant de financement des petites entreprises. Dans ces régions, cette fonction a été
confiée à des "banques locales" qui sont nées dans chaque région, qui ont des relations très
intime avec les entrepreneurs locaux et interviennent profondément dans la vie locale. Le rôle
des banques dans le financement des petites entreprises a été souligné :
- développement de nouveaux produits et processus de fabrication;
- mise en place de nouvelles technologies;
- création d'entreprises à haute technologie l38 .
Selon Gabi Dei Ottati, les petites entreprises dans la "région industrielle", qui sont
formellement autonomes mais économiquement interdépendantes à cause de leur
136 Grameen DlQlogue. N° 15. July ~t N° 16. Octob~r 1993
137 Th~ Microcredit Summll. DeclaratIOn and Plan ofAC/IOn. 1997.
96
spécialisation en plusieurs activités complémentaires, échangent entre elles en permanence et
dans tous les processus de la production pour mieux répondre aux besoins du marché (voir
chapitre 1). Par conséquent, les transactions ne sont effectuées que si la confiance entre parties
contractuelles est basée sur la connaissance des caractéristiques professionnelles, morales et
personnelles de toutes les parties concernées. L'environnement socio-économique de la
région favorise le développement des relations de confiance à l'intérieur de la région. Cette
"confiance" est un "produit" de la culture commune de la région elle-même. La confiance
basée sur la réputation est donc un "capital personnel" spécifique et précieux de chaque
entrepreneur et la notion de "confiance" devient, d'un point de vue collectif, un "capital
collectif' de toute la région industrielle.
La confiance, fondée sur la réputation personnelle est une condition nécessaire et un facteur
capital des entrepreneurs pour obtenir tout genre de contrat dont le crédit des banques. Mais
ce n'est pas la condition unique. L'entrepreneur ou celui qui veut le devenir doit acquérir une
qualification professionnelle suffisante lui permettant de bien gérer son entreprise. A partir du
moment où l'entrepreneur répond à toutes ces conditions, "le collatéral semble devenir inutile,
même pour garantir le crédit des banques" 139.
Quant à l'Europe de l'Est, nous présentons ci-dessous quelques profils de la micro-finance
dans ces pays.
(a) La Fondation hongroise de promotion d'entreprise (FHPE) est une organisation
financée par PHARE-EC, établie en 1990 pour étudier et servir les petites et
moyennes entreprises (SME) en Hongrie. Elle a été capitalisée par 42 millions
138 A. S. AHMED. 1996. p. 93
139 Gabl Del OTT ATl 1994
•11111
111111111111111
97
d'USD a un réseau des agences d'entreprises locale (AEL) qui fournit de l'a
assistances et des informations aux petites entreprises dont les micro-entreprises.
Le programme de micro-crédit de la FHPE (PMC/FHPE) a été créé en 1994 avec un
capital de 9 millions d'USD. Pendant que les AEL se spécialisent pour les entreprises
de moins de 60 employés, le PMC/FHPE vise la cible répondant aux conditions
suivantes: (a) moins de 10 employés; (b) pas plus de 2 ans d'existence; (c) chiffre
d'affaires annuel est inférieur à 60.000 USD et la fortune nette (net worth) de
l'entrepreneur-propriétaire est inférieure à 200.000 USD. En 1994, le prêt moyen était
de 3.000 USD.
(b) La Corporation de crédit aux entreprise (CCE), établie en 1990 par le Fonds
d'entreprise polonais-américain (FEPA). La CCE a commencé en coopérant avec les
banques polonaises d'octroyer du crédit aux petites et émergeantes entreprises. Le
FEPA fournit 100% du crédit, mais chaque banque partage 50% de la perte des prêts
faits chez leurs "fenêtres". Alors que la CCE ne focalise pas exclusivement aux
micro-entreprises, un pourcentage important de ses prêts est de moins de 15.000
USD.
Le FEPA a créé la CCE non seulement pour fournir du crédit aux petites entreprises, mais
aussi pour stimuler la capacité des banques polonaises dans l'octroi du petit crédit : Cette
dualité rend le programme plus conservateur que la FHPE en Hongrie. De 1990 à 1994, le
programme octroyait 3.500 prêts totalisés par 90 millions d'USD (soit un prêt moyen de
28.000 USO)140
140 CCET. 1996. Pp. 38-40
98
Dans les pays en transition où la confiance en l'Etat est souvent faible l41 , celle entre
entreprises était érodée sous l'ancien système l42 , cette expérience est très utile l43 .
II. Bilan de ces expériences.
1. Approche sociale et approche commerciale. Parmi ces Il programmes, 5 ont été
rentables, avec un ratio "bénéfice/actif total (%)"positif, 5 autres programmes ont pu couvrir
leur coût d'opération sans aide extérieure. Le taux de croissance de la clientèle a été
considérable : de 25 à 100% annuellement. Le taux d'intérêt réel positif a été une composante
clé de l'auto-équilibre opérationnel : à l'exception du KREP qui pratiquait un taux d'intérêt
réel négatif, tout le reste appliquait un taux réel positif, voire plus de 50% (comparer les
lignes (4) et (15) du tableau 1).
L'approche sociale a considéré la micro-finance dans le monde en développement (et dans les
zones les plus démunies des pays industrialisés) comme celle réservée aux pauvres, aux plus
défavorisés de la société. Par conséquent, des subventions afin d'organiser et de maintenir ce
141 Banque mondiale. 1996. pp. 113-114.
142 Voir chapitre III.A litre d'exemple, les contrats signés entre entreprises ne sont pas toujours respectés; et la partie coupable ne subit guère desanction des tribunaux.
143 En France, en 1998, Jacques ATTALI proposa d'utiliser la micro-finance à travers les nouvellestechnologies pour la réduction de la pauvreté. Cette initiative recevant un soutien international. Parmi lesmembres du Comité de parrainnage, on voit le nom de Michel ROCARD, ancien premier ministre français.Parmi les membres du Conseil d'Administration, figure le nom de Muhammed YUNUS, Fondateur etDirecteur général de la Grameen Bank.Depuis plusieurs mois, l'équipe de Jacques ATTALI travaille activement à la mise en place d'une nouvelleinstitution internationale non gouvernementale: PlaNet Bank.« Poursuivant une mission clairement définie - la réduction de la pauvreté - et basée sur un concept innovant- l'institution en réseaux - l'activité de cette nouvelle organisation repose sur le développement de la microfinance. PlaNet Bank offrira également une grande variété de services à ses clients, membres et panenaires.Ses réseaux sont en pleine expansion et les ressources humaines et financières nécessaires à un bonfonctionnement sont en train d'être rassemblées. Pendant la première phase de son développement - jusqu'àb fin de l'année 1998 -, PlaNet Bank commencera par agir en Afrique. Elle étendra ensuite ses activités àd'autres panies du monde, et le lancement de la structure définitive est prévu pour le début de l'annéeprochaine ". Voir: http://www.planetbank.com.
99
financement sont nécessaires. Bien des auteurs qui suivent cette approche saisissent aussi les
facteurs plus ou moins commerciaux de ce financement, comme un taux d'intérêt réel positif
par exemple, mais dans l'ensemble, leur point de vue est toujours une approche sociale, qui
considère que pour l'essentiel ce financement vise avant tout à résoudre des problèmes socio
économiques des pauvres. Jusqu'aux années récentes, la plupart des programmes du
financement des petites entreprises dans le monde en développement et tous les programmes
concernés dans les zones les plus défavorisées des pays industrialisés dépendaient de cette
approche l44 .
Une autre tendance plus récente qUI émerge à partir de 1985 privilégie l'approche
commerciale. Selon cette approche, la caractéristique principale du client de ces institutions
financières n'est pas nécessairement la pauvreté; si le client est seulement pauvre et n'est pas
capable de créer du revenu, il ne peut pas emprunter auprès de ces institutions. La clientèle
correspond à des gens ayant toutes les capacités pour la formation ou le développement d'une
PE : ils manquent seulement de capital. Le système bancaire classique, à cause de sa
conception classique sur la solvabilité de ces gens, n'a pas répondu à des besoins de capital de
cette clientèle. Si celle-ci veut faire des affaires, elle doit recourir au secteur financier
informel. Bien que ce secteur réponde souvent aux besoins des petites entreprises, il incarne
des défauts traditionnels : taux d'intérêt élevé, terme de crédit très court, informalité dans
toute son activité. L'approche commerciale qui compte sur la solvabilité de cette clientèle
considère que la société contient depuis toujours une énorme demande effective non
satisfaite. Cette approche vise donc à répondre commercialement aux besoins de cette
144 VOir par exemple StlJn ALBREGTS. 1990. pp. 185-198.
100
clientèle qui est estimée de plusieurs centaines millions de personnes dans le monde des pays
en transition, de façon institutionnelle.
2. La détermination du public emprunteur. La GB est strictement réservée aux
pauvres, plutôt les femmes, avec des critères précis: ce sont les familles ayant une surface de
terre arable inférieure à 0,5 âcre et dont la valeur des biens n'excède pas le prix d'un âcre de
terre cultivée de qualité moyenne dans la région l45 . La Bri, quant à elle, insiste sur le fait que
son action n'est pas axée sur les "pauvres", mais simplement sur les clients solvables146.
Cependant, dans la pratique, 75% de leurs clients sont propriétaires de 0,5 Vietnam de terre
cultivable. Ainsi, entre le critère "pauvre" et le critère "solvable", lequel est le plus important
? De toute façon, il semble que la réglementation stricte des critères du public emprunteur ne
soit pas absolument nécessaire. Par ailleurs, nous voyons que dans l'ensemble des Il
programmes, le taux des femmes lui aussi est très variable: de 94% à la Grameen Bank à
20% à l'ACEP (Sénégal).
3. La diversification des formes de garantie. La méthodologie de groupe n'est pas une
condition sine qua non pour atteindre la viabilité financière ni pour obtenir un bon taux de
remboursement. En effet, dans le tableau 2, on voit qu'il y a eu 3 programmes financièrement
viables sans méthode de groupes (BKDs, LPDs et BRI), dont les taux de remboursement ont
été relativement satisfaisants: les remboursements en retard de plus de 90 jours ont concerné
moins de 6,5% pour deux cas. Par contre, tous les programmes pratiquant une méthodologie
de groupes ont eu un taux de remboursement très satisfaisant : les remboursements en retard
de plus de 90 jours ont été de moins de 2,3% (voire 0% pour BancoSol).
145 TRAN Anh-Tuan 1993b. p 27.
146 H JACKELEN. RHYNE. 1991.
101
L'organisation des groupes de cinq personnes est sans doute un des "know how" essentiels de
la OB, qui a été également appliqué dans bien des contextes différents l47 . A la Bri, par
opposition, tous les clients sont traités individuellement et, d'un point de vue technique, tous
les prêts sont garantis par un gage. Dans le cas de Bri, la garantie collatérale requise pour les
prêts de 15 USD à 500 USD est le plus souvent un titre foncier ou un reçu d'impôt sur le
lopin de terre sur laquelle est située la maison de l'emprunteur. Ces titres ont une valeur plus
symbolique que réelle et, dans l'histoire de Bri, aucune poursuite n'a jamais été entreprise
pour recouvrer des fonds sur le collatéral. Il convient de souligner par ailleurs que les titres
fonciers sont courants en Indonésie et que cette condition ne constitue pas en soi un facteur
restrictif de l'accès au crédit l48 . La garantie, en définitive, c'est la confiance. C'est aussi
l'enseignement tiré du cas de la "Troisième Italie". A notre avis, la notion de "confiance" et
son poids dans les relations sociales dépendent en partie du contexte socio-culturel et
économique de chaque pays; il est possible que ceci explique le niveau d'efficacité du "know
how" de garantie en groupe 149.
4. Le rôle particulier de l'épargne volontaire. La GB est dans la continuité de ses
succès des années précédentes du projet de Grameen (1976-1983). Les sources de fonds de la
OB sont provenues, dès les premières années, des donateurs étrangers. Sa mobilisation des
sources d'épargne de l'intérieur n'a occupé qu'une part modeste. En effet, le ratio des sources
d'épargne dans le total des sources est seulement de 29% ; d'autre part, la OB mobilise
147 Rares sont les auteurs qui contestent cette technique Pankaj S JAIN. dans son artIcle récent portant sur les leçons de laGrameen Bank. affirme que. selon lui. "le collatéral social à travers le concept de garantie en groupe n'existe pas". Le succèsde la Banque. toujours selon JAIN. s'explique par la qualité du personnel et les politiques adéquates en management de laBanque. Pankaj S. JAIN. 1996.
148 H JACKELEN. RHYNE. 1991
149 VOir notre analyse sur la nollon de "contiance" dans le chapitre V
102
essentiellement les sources d'épargne de ses membres emprunteurs au lieu d'autres sources
intérieures.
Quant à la Bri, la situation est différente. La Bri est la transformation d'un réseau de crédit en
faillite, qui accordait des lignes de crédit agricole à des taux subventionnés Pendant les
premières années, ses sources sont provenues du gouvernement, mais la plupart d'entre elles
sont payées à un taux du marché. Après seulement cinq ans de transformation, à partir de
1989, elle a été entièrement financée par l'épargne. D'autre part, elle mobilise de l'épargne
non seulement des emprunteurs, mais encore, et en grande partie, des épargnants volontaires
non-emprunteurs. Le fait que le nombre d'épargnants est de 3,7 fois plus important que le
nombre des emprunteurs est un fait sans précédent dans ce domaine. La BancoSol, elle aussi,
a montré qu'une banque commerciale spécialisée pour la micro-finance peut attirer un grand
nombre d'épargnants.
Le FIDA, après plusieurs années de financement des projets de crédits dans les pays en
développement, a résumé l'importance de la relation entre le crédit et l'épargne comme suit:
Il .. .il y a une relation intime entre le crédit et l'épargne. Tous les deux jouent le rôle crucial
pour le développement ; ils sont les deux faces d'un problème : il n'y a pas de crédit sans
épargne et il n'y a pas d'épargne sans crédit. Cette connexion réalisée à travers les institutions
financières est nécessairement considérée comme une première priorité" 150. Ce point de vue
est un pas en avant par rapport à d'autres approches qui sont enclines soit à l'épargne 151 soit
au crédit placé dans un programme de développement global 152.
150 IFAD (InternatIOnal Fund for Agncultural Development). 1993. p.193.
151 Dale W ADAMS 1993.
152 Cité par: Khalid Shams. Noeleen Heyzer. Ismael Getubig. 1989.
103
Dans la deuxième section, nous examinerons de façon plus approfondie ces deux notions
capitales: le crédit et l'épargne.
5. La possibilité de reconversion ou de réorganisation des institutions financières
étatiques en bangue(s) commerciale(s) spécialisée(s) à destination des petites entreprises. De
l'expérience de la reconversion avec succès d'un programme subventionné en faillite à une
banque rentable, on peut penser à de nouvelles perspectives dans le changement de direction
du financement des petites entreprises dans les pays en transition. A notre avis, la
reconversion d'un programme subventionné en faillite à la Bri constitue une leçon importante
vis-à-vis des pays en transition dont le Vietnam. Ceci est également l'avis de H.R. Jackelen
et E.Rhyne : "A travers le monde en développement, il existe des institutions financières
publiques non rentables. Etant donné les ressources dont disposent ces institutions sous
formes d'installations physiques, de cadres et de personnel, on peut être tenté de penser que
ces institutions pourraient subir le même type de transition que Bri a su entreprendre, et que
cela ouvrirait la voie à une extension rapide des services. L'expérience de Bri montre que
cette transition est possible. Cependant, il ne faudrait pas sous-estimer l'engagement que
requiert ce type de transformation" 1S3.
Cette transformation est possible mais conditionnelle. En effet, le cas de la Bri nous a montré
qu'elle doit son succès:
(a) au soutien financier considérable pour la formation du personnel, pour
l'encadrement technique et pour le fonds de crédit;
153 H.JACKELEN. RHYNE. 1991.
104
(b) au profond attachement de la direction à un fonctionnement selon le
schéma commercial exigeant que Bri Unit Desa soit rentable;
(c) à une gestion excellente. Si, et seulement si, tous ces éléments peuvent être
amenés à influencer un pays, un autre succès de l'ampleur de celui de Bri peut se réaliser154.
Dans le contexte des pays en transition, parmi ces trois conditions, celle qui est déterminante
est une approche réellement commerciale qui exige que la banque soit rentable. En ce qui
concerne la transition des institutions financières publiques non rentables en banques
finançant les petites entreprises, la condition sine qua non est l'appui des autorités publiques
en matière de politique sur le choix catégorique de l'approche réellement commerciale.
Autrement dit, dans les deux cas, l'approche commerciale est en définitive l'origine et
l'armature du succès.
6. L'importance d'un contingent de nouveaux banquiers. L'expérience de la Grameen
Bank a montré que la qualité du personnel influence fortement la qualité des services offerts
par la banque. A la Grameen Bank, le recrutement, la formation et la promotion sont
rigoureusement organisés. Selon Pankaj S. IAIN, la qualité du personnel et les politiques
adéquates en management sont les sources capitales du succès de la banque l55 . Dans le
contexte des pays en transition, c'est un point capital qui décide le succès ou l'échec de la
mise en place de nouvelles institutions. Au Vietnam où les politiques de recrutement et de
management ne vise pas encore à accroître le professionnalisme du personnel, ce point est
crucial.
154 H.JACKELEN. RHYNE. 1991.
155 Pankaj S. JAIN. 1996
105
Les nouveaux banquiers devraient également être rémunérés de façon satisfaisante,
comparable à leur homologue dans les banques traditionnelles. C'est une des mesures
nécessaires pour limiter les fraudes 156. En comparant les lignes (22) et (27) du tableau l, nous
pouvons en tirer la relation entre le salaire du personnel et sa productivité. Un rapport salaire
d'un agent/PIB par habitant de 3 à 5 fois paraît convenable, dans la mesure où il assure un
rapport nombre de prêts/salarié relativement satisfaisant : de 110 à 152 et ne nuit pas à la
viabilité financière. Par contre, un rapport salaire d'un agent/PIB par habitant trop élevé,
comme le cas du BRK au Nigeria (20,6 fois), peut endommager la viabilité financière ou
l'auto-équilibre opérationnel du programme. Quant au rapport salaire d'un agent/PIB par
habitant trop faible (le cas de BKD et LPD), le rapport nombre de prêts/salarié est également
faible, cela s'explique par une faible qualification du personnel. En bref, la rémunération des
banquiers peut résulter d'un calcul rigoureux.
SECTION II : ASPECTS THEORIQUES DU MODELE:
LE CHOIX D'UNE FORME D'INSTITUTION FINANCIERE A
DESTINATION DES PE DANS LES PAYS EN TRANSITION.
LE CREDIT, L'EPARGNE ET LA CREATION MONETAIRE DANS LE
MODELE PROPOSE.
La créativité dans le domaine de la micro-finance durant ces deux dernières décennies nous
permet de conclure que les services de crédit et d'épargne aux micro-entreprises devraient être
156 USAID (Based on a presentation by Richard Hook. an mdependent consultant based m Danemark. Maine). 1997.Control/lng Fraud ln .\flcro-finance Programs. http://www.worldbank.org/html/cgap/cgap.html.
106
considérés comme une industrie naissante d'envergure mondiale. Une question se pose :
jusqu'à quel niveau, cette technologie est-elle toujours réalisable? Est-ce que ces techniques
ne s'appliquent qu'aux pauvres, au secteur informel? Ou peuvent-elles s'élargir aux plus
grandes entreprises ? Mais jusqu'à quelle taille, dans quels contextes et dans quelles
conditions?
La tendance du développement du mouvement de micro-finance est la commercialisation de
cette activité. À ce titre, l'apparition et le succès de la BancoSol est un repère. En effet, à la
différence de toutes les autres institutions similaires antérieures, la création de la BancoSol
n'a pas résulté de l'esprit d'assistance sociale mais, pour la première fois, de l'esprit
d'entreprise, de la recherche du profit. Ses clients sont désormais reconnus comme étant des
agents économiques rentables et solvables et non comme des exclus, devant être
subventionnés. D'autre part, à l'égard de l'activité bancaire, cet événement contient une autre
signification non moins importante, la révélation d'une masse de clients qui avait été oubliée
depuis toujours par les banquiers classiques, du fait de l'absence d'une technologie adaptée à
la clientèle. Le fait que la BancoSol ait placé ses produits financiers, sur les marchés de
capitaux les plus sophistiqués du monde (aux Etats-Unis et en France),IS7 scelle cette
tendance.
Mais, le modèle de banque commerciale "BancoSol" peut-il s'appliquer et jusqu'à quel niveau
? Rares sont les auteurs qui imposent un seuil en dessus duquel cette nouvelle technologie
bancaire serait inapplicable. G. Crawford et L.M. Campbell, pourtant, dans leur étude en
1994. ont estimé que "lorsque le montant du prêt accordé aux PME passe de 1.000 à 3.000
157 The Microcredit Summit. Washington. Feb. 2-~. 1997. Declara/IOn and Plan aJAC/IOn.
107
USD, le taux de remboursement a tendance à diminuer soudainement et de façon importante".
Les raisons, d'après ces auteurs, sont les suivantes:
"(a) Les capacités d'organisation et de gestion souvent limitées des mlcro-
entrepreneurs lorsqu'une micro-entreprise passe au stade de petite entreprise. Les organismes
de conseil dans le domaine juridique ou comptable (dans les pays en développement) sont
inexistants ou bien affichent des tarifs prohibitifs.
(b) La pression morale constituée par un environnement mutualiste (cercles de
crédit avec caution mutuelle) a tendance à diminuer au fur et à mesure que croît le montant du
crédit octroyé" 158.
I. Quelques remarques sur le choix d'une forme d'institution financière adaptées.
D'abord, un "seuil" de montant de crédit ne peut pas être choisi de façon arbitraire. Il dépend
de plusieurs éléments: le niveau de développement du pays, le contexte socio-économique, le
niveau de la rentabilité des affaires, la culture des affaires, et notamment le revenu moyen des
petits entrepreneurs l59. Ainsi, les prêts de la BR! en Indonésie vont jusqu'à 13.500 USD (20
fois le PIB par habitant), et elle ne pratique aucune méthodologie de groupe. Quant à "la
diminution de la pression morale en raison du montant du crédit octroyé", cette diminution, si
elle existe, s'explique par la première raison évoquée, c'est-à-dire:
(a) les capacités d'organisation et de gestion des petits
entrepreneur; et
158 Gil CRAWFORD et Laura Marie CAMPBELL. 1994.
159 En effet. il s'agltici de calcul de risque. Traditionnellement. quelqu'un qui gagne 50.000 F par mois et qUI emprunte25.000 F présente moins de risque de non-remboursement que celui qUI gagne 2000 F et emprunte seulement 500 F.Cependant. l'interventIOn de ces nouvelles technologies bancaires - dont celle de Banco Sol - change ce mode de calcul derisque.
(b)
lOS
l'existence des organismes de conseil dans le domaine
juridique ou comptable à un coût raisonnable.
Le problème se résume donc par l'aptitude de l'entrepreneur et les conforts juridique,
financière, institutionnel et organisationnel de l'environnement dans lequel l'entreprise se
trouve. Mais jusqu'à quel niveau la garantie sociale serait-elle faisable? Si "les pauvres sont
aussi crédibles que les riches, surtout si le processus de l'octroi du crédit leur destiné est
convenablement organisé" 160, il n'est pas logique de penser que seuls les pauvres puissent être
garantis socialement; car le bien-fondé de la garantie sociale est la personnalité et l'auto
respect des gens, et non pas la pauvreté.
La possibilité d'appliquer-, en cas de besoin-, la garantie de confiance à l'entrepreneur est
réaliste. Ce dernier, qui n'est pas nécessairement pauvre mais surtout une personnes
"collectivisée", une personnalité "engagée". Par ailleurs, pour l'entrepreneur, la confiance que
la société lui confie est une sorte de capital qu'il doit tout faire pour maintenir.
La diversification des formes de garantie appliquée aux petites entreprises réside donc dans la
façon d'organiser de l'institution et dans l'élaboration d'un environnement économique et
institutionnel adéquat.
Mais, même dans le cas où si les opportunités étaient abondantes, l'environnement était
adéquat, l'entrepreneur était capable et l'institution financière était adaptée, la nouvelle
approche ne pourrait en aucun cas s'appliquer à n'importe quel type d'entreprises. Car. comme
160 The Micro-crédit Summlt. 1997. Declaratlon and Plan a/ActIOn.
109
nous allons voir plus loin, la nouvelle technologie de financement se fonde sur la confiance
entre les gens, celle-ci ne correspond qu'aux entreprises occupées par leur entrepreneur
propriétaire: les entreprises individualisées.
Le contexte d'affaires des pays en transition-, tant en Europe de l'Est qu'en Asie-, fournit de
très bonnes potentialités aux institutions financières à destination des entreprises
individualisées, puisque:
(a) il y a une grande et diverse possibilité d'entreprendre des activités à petite
échelle et une grande demande pour de petits sommes de crédit ;
(b) l'infrastructure d'affaires existante n'est pas encore adaptée aux besoins de
petites entreprises, cela crée une lacune considérable entre demandes et ressources
disponibles;
(c) nombre de ressources de développement (aides,
investissement étranger) sont en train d'entrer dans ces pays pour faire
développer le secteur privé naissant.
Il conviendrait de noter également qu'une population bien instruite et motivée est, d'un côté,
une source d'entrepreneurs potentiels et, de l'autre côté, une source de banquiers de nouvelle
génération l61 . C'est à quoi que l'on peut s'attendre dans le cas du Vietnam.
La diversité des entrepreneurs ayant l'accès au crédit ouvrerait à de telles nouvelles
institutions de financement des grands marchés et leur permettrait d'atteindre la viabilité
financière plus facilement que leurs homologues dans les pays à économie de marché.
161 CCET 1996 p.22.
110
Bien que le financement des entreprises individualisées dans les pays en transition puisse
apprendre plusieurs leçons utiles de l'expérience internationale de la micro-finance, il devrait
avoir son propre modèle qui incarne les caractéristiques contextuelles de ces pays. Les
questions concernant le crédit, l'épargne et la création monétaire des banques commerciales
sont celles qui devraient être examinés pour pouvoir dessiner ce modèle.
][ Le choix d'une forme d'institution financière adaptée aux petites entreprises
dans les pays en transition.
Une de nos propositions dans le financement des petites entreprises au Vietnam sera l'octroi
du crédit aux petites entreprises en diversifiant les formes de garantie dont la garantie sociale
basée sur la confiance entre les gens. Les succès du micro-crédit dans plusieurs pays durant
ces dernières années nous conduit à poser la question: si on est arrivé à appliquer la garantie
sociale pour le secteur informel, pourrait-on le faire pour les petites entreprises (PE) ? Sinon,
pourquoi? Si oui, dans quelles conditions?
Nous avons montré dans le chapitre 1 que la PE et le secteur informel sont deux entités
différentes, bien qu'il existe une proportion des ME qui sont des petites entreprises
potentielles. Dans les pays en transition comme le Vietnam, cette proportion est beaucoup
plus importante que dans d'autres pays. Si la micro-finance au sein de ces derniers est plutôt
un recours des plus défavorisés de la société en économie de marché, la micro-finance
pratiquée dans les pays en transition revèle une dualité : le côté "passif' (recours des plus
favorisés, activités de survie) et le côté "actif' (l'entrepreneuriat) du public d'emprunteurs.
Dans le contexte de la transition vers l'économie de marché, ce public "actif' joue un rôle
111
particulièrement important. Cependant, la micro-finance conceptualisée dans la littérature
économique ne comprend guère ce public; car c'est une notion provenant des économies de
marché et non pas des économies en transition. En outre, l'organisation de la micro-finance
sur les principes de charité ou de subvention (approche sociale), est inadéquate, semble-t-il,
s'agissant de la promotion d'entrepreneurs dans des pays marqués par des décennies de
passivité bureaucratique.
Quant aux programmes de financement des "PME" destinés aux pays en transition et financés
par les aides bilatérales ou multilatérales l62, ils se sont réalisés de la même manière que les
programmes de micro-crédit: (i) gérer des fonds bureaucratiquement ; (ii) octroyer du crédit
sans profiter de la création monétaire ni collecter de l'épargne; et (iii) dériver les sources vers
les entreprises privilégiées. Cet état de fait en plus des faiblesses persistantes du système
bancaire dans ces pays pénalise surtout les petites entreprises privées, acteurs les plus
dynamiques de ces économies.
La problématique de financement des petites entreprises dans les pays en transition devrait
donc se poser de toute autre manière. En retenant l'expérience internationale du micro-crédit
et en s'adaptant au contexte des pays en transition, les institutions financières à destination
des PE devraient être mises en place de façon à ce qu'elles puissent répondre aux besoins et
contraintes des petites entreprises dans ces pays. Elles devraient incarner de nouvelles
approches et modes d'organisation, afin de répondre principalement à la question suivante :
La PE a certes un rôle particulier à jouer dans le processus de transition, mais comment les
financer, où trouver les ressources. comment sécuriser le financement ?
162 VOir par exemple: CCET. 1996a.
112
Les constats suivants pourraient être utiles afin de choisir une forme adéquate d'institutions
financières adaptées aux PE dans les pays en transition:
1. Dans les pays en transition, l'allocation des ressources de façon subventionnelle est
incompatible avec les efforts en vue de remédier l'ancienne mentalité et d'établir une
économie de marché. Dans le contexte où les legs du passé pèsent encore lourdement sur le
comportement des gens, cette approche risquerait de faire dériver des ressources.
2. La PE ou entreprise individualisée devrait être traitée comme l'un des acteurs
principaux du processus de transition et de l'industrialisation. L'allocation des ressources
destinée à cette catégorie d'entreprises devrait s'effectuer selon une nouvelle approche
commerciale.
3. Sur le plan institutionnel, deux orientations sont possibles
(a)
(b)
des institutions non bancaires, telles que sociétés de
financement et de capital risque, unions de coopératives ou d'associations,
banques de développement, fonds de garantie; et
des banques commerciales spécialisées.
Les formes classiques revèlent des inconvénients traditionnels : absence d'un réseau par
branches, gamme restreinte de services financiers offerts et limite des ressources disponibles
pour le grand nombre de petites entreprises. Du côté des fonds de garantie, ils s'appliquent
souvent une approche sociale qui provoque la dérivation des fonds et n'encourage guère le
dynamisme des petites entreprises emprunteurs. Quant aux caisses d'épargne et coopératives
•11111111111111111111
113
de crédit, bien que ces fonnes d'organisation puissent constituer une source de financement
importante pour les petites entreprises et les micro-entreprises l63 ; mais dans les pays en
transition, ces fonnes "peuvent perdre ces avantages si elles dépendent des concours
financiers de l'Etat" 164. C'est exactement le cas du Vietnam: les activités de ces organismes
sont subordonnées aux sources financières des banques d'Etat ; ce qui conduit à des
dérivations du crédit (voir chapitre V).
En partant des constats précités, nous proposons de choisir une approche bancaire avec la
création au sein de la banque une société de crédit-bail destinée à l'amélioration
technologique des petites entreprises-clients. Ce choix s'explique par les raisons suivantes:
1. Dans la mesure où la fonction de création monétaire des banques commerciales,
réglée par des politiques financières adéquates, ne provoque pas l'inflation, cette fonction
(voir infra) pennettra aux institutions bancaires en question d'augmenter leur capacité de
répondre aux besoins de capital des entreprises, en créant leurs propres ressources (alors que
les institutions financières non bancaires transfèrent une épargne fonnée préalablementI65).
La fonne de banque commerciale pennettra également de collecter de l'épargne et effectuer
toutes les opérations de service bancaire aux entreprises, dont le crédit inter-entreprise. Ce
dernier est un des outils de crédit efficace très demandé dans les économies de marché et mal
exploité dans les pays en transition l66.
163 BIT 1995. P 51
164 Banque mondiale. 1996 p 127
165 B. AMMüUR. 1993. P. 18.
166 A propos. nous ne pouvons pas partager certaines propositions faites dans les programmes de soutien des PME enEurope de l'Est. pour lesquelles une "Banque étatique de Développement" serait adaptée au financement de micro ou petitsprojets nous voyons mal comment une banque étatique pourrait échapper aux interventions arbitraires et souvent malsainsdes pouvoirs publics. surtout dans les pays en transition.
'---
; 1
1 L.i
114
2. La nouvelle approche commerciale du financement que nous préconisons est
davantage compatible avec la forme de banque commerciale. En effet, le statut légal d'une
banque commerciale permettra à l'institution d'avoir le droit d'attirer des fonds, de collecter
de l'épargne et de choisir les taux d'intérêt ou les prix de services selon les lois de marché.
Les banques ont également la capacité de vérifier plus facilement l'historique de crédit des
emprunteurs et ont de plus de puissance légale pour décider de récupérer le prêt en cas de
besoin. Les banquiers peuvent également mieux aider des demandeurs de crédit à développer
leurs plan d'affaires.
En tenant compte des caractéristiques des PE, ces banques commerciales devraient être
organisée différemment des banques classiques, notamment afin de résoudre les problèmes
concernant la garantie auxquels doivent faire face des petites entreprises ainsi que la
mobilisation et l'orientation de l'épargne vers les circuits productifs.
Il faudrait insister sur le caractère inséparable de l'octroi du crédit et de la collecte des
ressources (à terme et à vue) de la banque, car "la raison d'être des intermédiaires financiers
est d'orienter l'épargne vers l'investissement "167. Les dépôts joueront le rôle d'allocation des
ressources au financement des petites entreprises de la banque.
III. Le crédit dans le modèle proposé.
Dans l'objectif de mieux élucider les point de vue présentés ci-dessus, nous consacrons les
paragraphes suivants à analyser de façon plus approfondie les notions de base du modèle
167 Gurley et Shaw (1956.1960). Cité par : Elsa ASSIDON. 1993
115
proposé : le crédit bancaire, la fonction de création monétaire des banques commerciales, la
collecte de l'épargne des banques.
A. Proposition de définition de la notion de "crédit".
Le crédit joue un rôle indispensable dans les économies contemporaines. Sa paralysie est
l'une des causes principales de récession économique. Celle du Vietnam, avant 1989, était
étroitement liée à une telle paralysie (Voir les chapitres III et V). La restauration du rôle du
crédit est donc primordiale dans les processus de transition.
Malgré son importance, il paraît étonnant qu'il n'y ait jamais eu, jusqu'à présent, de consensus
sur cette notion l68. La définition du "crédit" est en effet très différente d'un auteur à l'autre.
Tandis que la majorité d'entre eux s'approche de la définition suivante: "le crédit désigne une
opération qui pennet au débiteur de différer son paiement, ce qui suppose la confiance du
créancier"169, certains ont proposé des définitions très diversifiées. Prenons par exemple
l'avis de Denis Chemillier-Gendreau, pour qui l'activité de crédit "s'apparente à la vente d'un
bien (l'argent), à un prix détenniné (le taux d'intérêt). Dans ce métier, les établissements
bancaires sont donc, comme n'importe quel industriel, transfonnateurs d'une matière
première, l'argent.." 170.
A notre avis, la relation de crédit n'est pas une relation de vente-achat, mais une relation de
location, une location du pouvoir d'achat de l'argent dont le taux d'intérêt est le prix de cette
location. C'est un genre de location de mobilier. Dans cette optique, l'argent est une sorte de
168 NGUYEN Cong Nghiep et al. 1993 p.118.
169 A. BEITOINEetal 1991. p.72
116
mobilier spécifique. La relation vente-achat n'a pas nécessairement besoin de la confiance.
mais la relation de location de mobilier en a toujours besoin. De plus, l'industrie bancaire
n'est pas une sorte d'industrie de transformation mais plutôt une industrie de transfert ;
transfert du pouvoir d'achat de l'argent. Après le processus de production et d'échange, cette
"matière première" peut changer sa valeur mais n'est jamais transformée.
L'ambiguïté persistante de la notion de "crédit" n'est pas seulement un problème de
"littérature économique". Il s'agit du bien-fondé de l'établissement de nouvelles politiques de
crédit. En effet, les succès de l'octroi de crédit sans garantie réelle dans plusieurs pays
demande une reconnaissance pertinente de cette notion. Cette reconnaissance serait
indispensable pour bien comprendre les enseignements à tirer et à adapter à un contexte
concret
Les efforts afin de saisir plus profondément cette notion ne sont pourtant pas complètement
nouveaux. Qu'est-ce que le crédit? C'est du temps ou de l'argent. C'est du temps que l'on
donne en attendant l'argent ou de l'argent que l'on donne en attendant le temps. Selon G.
Petit-Dutaillis "Faire crédit, c'est faire confiance ; c'est donner librement la disposition
effective et immédiate d'un bien réel ou un pouvoir d'achat, contre la promesse que le même
bien, ou un bien équivalent, vous sera restitué dans un certain délai, le plus souvent avec
rémunération du service rendu et du danger couru, danger de perte partielle ou totale que
comporte la nature même de ce service." 171.
170 0 Chemlilier-Gendreau 1993. p 120
171 Cités par. A.BüUDINüT. J.C.FRABÜT. 1984. p.239. C'est nous qui soulignons.
117
A notre avis, dans les trois définitions choisies ci-dessus, les quatre mots-clés qui reflètent la
nature du crédit sont: "indéfinies", "temps", "confiance" et "pouvoir d'achat". A partir de ces
mots-clés, nous essayons de proposer une autre définition qui est la suivante : Le crédit est le
transfert sur un temps déterminé du pouvoir d'achat en se basant sur la confiance; grâce à lui,
ce pouvoir d'achat de l'économie marchande peut devenir indéfini.
B. Quelques remarques importantes.
A travers cette définition, nous mettons accent sur quelques remarques importantes suivantes
: le transfert du pouvoir d'achat, la confiance, le crédit et les économies de type soviétique.
1. La nature de l'octroi du crédit est le transfert du pouvoir d'achat plutôt que celui de
l'argent comme on l'a souvent dit. Effectivement, le transfert d'une grande somme peut
devenir insignifiant si lors de son arrivée, elle n'englobe plus un pouvoir d'achat dont
l'emprunteur a besoin. Ce phénomène peut être observé dans la pratique ; par exemple, des
causes imprévues (la guerre, les grands événements économiques, financiers ou politiques)
peuvent provoquer la baisse du pouvoir d'achat réel de la catégorie d'argent prêté. Au
contraire, le transfert d'un pouvoir d'achat peut assurer le fait que l'emprunteur recevra
exactement ce dont il a besoin. Par exemple, le crédit fournisseur octroyé à un entrepreneur
en lui délivrant une quantité de marchandises dont il a besoin est un exemple typique. Dans
ce cas, seule la valeur immobilisée de marchandise du vendeur est transférée à l'acheteur-
emprunteur; ce pouvoir (l'achat potentiel sera actualisé et utilisé par ce dernier172 .
172 II s'agit ICI de cr~dit en nature. On n' est peut-être plus dans le domaine bancaire, mais touJours dans le cadre de lanotion de "cr~dit" et celle de "confiance".
118
2. La confiance : une autre garantie de crédit. En dehors de la garantie réelle, le crédit
peut être garanti par la confiance entre les gens, à la condition que ces derniers soient bien
organisés. Même pour les plus pauvres. dont la solvabilité est la plus faible, l'expérience
internationale de l'octroi du micro-crédit pendant les deux dernières décennies montre que
ceux-ci "ont un bon risque de crédit, notamment dans le contexte des systèmes à
responsabilité mutuelle" 173. Le crédit exercé dans la "Troisième Italie", ou les succès de
l'octroi du crédit sans garantie réelle dans les pays en développement, ont également fait leurs
preuves. Le mythe de la non-solvabilité de petits entrepreneurs ou de pauvres, ainsi que de la
solvabilité évidente de riches est désormais douteux 174. "En fait, l'idée de crédit est à peu près
inséparable de la confiance. On ne prête que parce que le débiteur paraît capable de tenir sa
promesse de rembourser au terme convenu" 175. Au lieu de réserver du crédit uniquement aux
"riches" comme l'on a fait depuis toujours, l'insécabilité du "crédit" et de la "confiance"
pennettrait d'étendre le crédit à tous ceux qui gagnent la confiance d'autrui.
3. Le crédit: un produit n'existant pas dans les économies de type soviétique. Le
crédit, avec les attributs cités ci-dessus, a fait son apparition uniquement dans un certain
contexte et dans un certain niveau de développement de la production et des échanges de la
société. En effet, "c'est le développement des communications et, par voie de conséquence, la
naissance du commerce international, qui firent naître le crédit, en créant ses instruments: la
lettre de change et la lettre de crédit. Le recours au crédit se trouvait justifié par
l'élargissement des marchés, l'essor économique, le progrès social"176, Ainsi le crédit ne peut-
il pas réellement se développer dans les économies de type soviétique. Car, au sein de ces
173The Mlcrocredit Summll February 2-4. 1997. Declaratton and Plan ajAc/IOn.
174 TRAN Anh-Tuan 1993b p 83
175 A BüUDINüT. J C FRABüT 1984. P 243
176 A.BüUDINÜT. J.C.FRABüT. 1984. pp.24ü-241
119
économies, dans les affaires, on n'a pas besoin de pouvoir d'achat, ni de confiance entre les
hommes: la suppression du crédit monétaire et du crédit commercial y était inévitable. Le
financement des petites entreprises ne s'applique donc qu'avec succès dans les pays en
transition qu'à la condition que ces derniers se réforment réellement.
IV. La fonction de création monétaire des banques commerciales (Be).
On distingue souvent deux sortes d'interventions dans l'allocation des moyens de
financements :
(a) l'intervention des institutions financières, bancaires et non bancaires;
Cb) l'intervention du marché où l'offre et la demande de fonds se sont
directement confrontés177.
Dans le cas des pays en transition où le rôle du marché financier est encore très limité, la
plupart des fonctions d'intervention dans l'allocation des moyens de financements
appartiennent à l'intermédiation des institutions financières l78 . Dans un pays en transition
comme le Vietnam, l'intermédiation bancaire occupe la très grande majorité de l'allocation
des moyens de financement. Logiquement, le financement de l'économie y aurait dû requérir
une forte création monétaire par le système bancaire179. Malheureusement, la performance de
cette fonction de création monétaire des banques commerciales (BC) dans ces pays est encore
très faible, ceci influe négativement sur le financement de l'économie.
177 Jean-Pierre PATAT 1982. p.223.
178 Celle situation eXiste non seulement dans les pays en développement. En France par exemple, en 1980 c'étaitl'interrnédiation et non pas le marché qui joue le rôle prédominant . à celle année, le marché financier français estprobablement le plus étroit des marchés occidentaux; il représentait seulement de 28.5% du PIB, alors que celui des EtatsUnis était de 116% et de l'Angleterre était de 144% J.P.PATAT. 1982.p.224.
179.r P. PATAT. 1982. p.23\.
120
Nous allons présenter ici cette fonction, le mécanisme de création monétaire des banques
commerciales (BC) et souligner la mauvaise performance de cette fonction qui est considérée
comme un des obstacles principaux à l'expansion du crédit bancaire au profit de l'économie.
A. Aperçu de la fonction de création monétaire des banques commerciales (Be) dans
une économie de marché.
Dans l'économie de marché, la fonction de création monétaire des banques commerciales
(BC) joue un rôle indispensable dans la croissance économique, notamment pour les pays en
transition où les formes de crédits institutionnels non bancaires ne se sont pas encore
développées l8o. Plusieurs auteurs ont souligné cette fonction spéciale des Be. A titre
d'exemple, d'après B. Ammour pour qui, à moins que les besoins des uns soient satisfaits par
l'épargne des autres (ce n'est toujours pas le cas), les banques sont obligées de créer de la
monnaie pour répondre aux besoins de capitaux des agents économiques l81 . Selon S. Hiram,
"Le crédit est une forme des emplois bancaires. Pour financer ses emplois, une banque
possède plusieurs sortes de ressources dont la plus importante est son pouvoir de créer de la
monnaie. Ce pouvoir leur permet de mettre à la disposition des agents en déficit de
financement une monnaie bancaire nouvelle". Et "le pouvoir des BC de créer de la monnaie
réside dans leur capacité de transformer des créances non monétaires en avoirs à vue ayant la
qualité de monnaie"182. Ou, d'après Paul Samuelson pour qui "La fonction économique
principale des BC est de recevoir les dépôts à vue et de payer les chèques délivrés par les
déposants" et "les banques sont les endroits où l'on peut octroyer la monnaie de crédit
180 Bien sûr que la création monétaire par les Be peut également générer 1ïnllation Mais la gestion de l'inllation généréepar la création monétaire relève des tâches opérationnelles de la banque d'Etat qui ne sont pas abordées Ici.
181 Benhahma AMMüUR. 1993. p. 21.
182 Sami HIRAM 1984 pp 150+ 154. C'est nous qui soulignons.
121
bancaire, c'est-à-dire utiliser les dépôts à vue pour payer en chèques Cool. La responsabilité et
les intérêts économiq ues essentiels des BC sont là" 183.
LE Tai Trien et al l'ont également expliqué plus concrètement en écrivant que "Le dépôt à
vue est la composante la plus importante des sortes de dépôts. En principe, les déposants à
vue peuvent retirer le total de leurs dépôts à n'importe quel moment; la banque ne peut donc
pas les utiliser pour octroyer du crédit. Mais dans la réalité, tous les déposants ne retirent
jamais tous leurs dépôts en même temps ; par ailleurs, lorsqu'un client retire son dépôt, un
autre client en dépose un nouveau au même moment. Par conséquent, la banque peut utiliser
une partie importante des dépôts à vue pour octroyer du crédit, et cela est d'un grand intérêt
pour la banque, car, normalement, elle ne paye pas d'intérêt sur les dépôts à vue" 184.
Afin de réaliser cette fonction, la place des dépôts à vue est très importante. Dans le système
bancaire à l'économie de marché, "les retraits s'effectuent soit par virement au compte
ordinaire du titulaire, soit par retrait d'espèces à la caisse du guichet qui tient le compte, soit
même par retrait en espèces aux caisses d'autres guichets". Par conséquent, "l'ouverture d'un
compte est une manifestation de confiance non seulement de la part du client mais également
de la part du banquier" 185. Comme nous analyserons dans le chapitre V, par nature, le
mécanisme économique des économies de type soviétique ne permet pas à ses banques de
réaliser la fonction de création monétaire selon le mécanisme de marché. Durant ces dernières
années, même après plusieurs années de s'engager dans le processus de transition vers
183 Paul SAMUELSON. 1961. Pp 409-410. C'est nous qUI soulignons
184 LE Tai Trien el al 1972 p 566.Comme dans plUSieurs pays développés. actuellement le Vietnam rémunère les dépôts à vue. Par OpposItion, la France restel'un des seuls où la rémunération des dépôts bancaires est strictement réglementée (Francis Lefèbre. 1992. p.69. PierreAndré CHIAPPORI. 1992).
185 Jacques FERRONNIERE et Emmanuel de CHILLAZ. 1980. pp.62 + 18. C'est nous qui soulignons.
122
l'économie de marché, les pays en transition ne s'appliquent pas beaucoup ce mécanisme, Par
ailleurs, étant donné les effets pervers d'ordre monétaire possibles de ce mécanisme - en
particulier, la création monétaire dépassant les besoins de l'économie provoque l'hyper-
inflation - peuvent être causés par l'incapacité des autorités financières de maîtriser ce
mécanisme, il est compréhensible que les institutions financières internationales
n'encouragent guère l'utilisation de cette fonction par le système bancaire des pays en
transition 186, Mais tout cela, à notre avis, ne remet pas en cause l'utilité de ce mécanisme
comme outil dans la gestion d'un système financier à l'économie de marché. Nous allons
présenter de façon plus détaillée dans le paragraphe suivant ce mécanisme de création
monétaire.
B. Mécanisme de création monétaire des BC.
Dans les économies développées, la monnaie est principalement une monnaie scripturale. En
France par exemple, en 1991, la monnaie scripturale représente plus de 85% de la masse
monétaire en circulation. Les 15% restant - la monnaie fiduciaire - se répartissent entre les
pièces (moins de 1%) et les billets. Cette monnaie scripturale est créée pour l'essentiel par les
BC à l'occasion de l'octroi de crédit. Normalement, une BC peut le faire de plusieurs façons:
(a) en créditant le compte d'un agent sans débiter le compte d'un autre d'un
montant équivalent;
(b) en honorant un accord de découvert bancaire l87 .
186 Voir par exemple le chapitre "La mise en place d'un système financier" dans "De l'économie planifiée à l'économie demarché". Banque mondiale. 1996. pp 118·\31
187 A BEITülNE etaI. 1991. pp.214+72.
123
Le mécanisme de création monétaire se caractérise par le multiplicateur de crédit qui est le
rapport reliant la monnaie centrale et la monnaie créée par les Be. Pour un multiplicateur de
crédit k, une quantité de monnaie centrale Mc va pennettre de créer k.Mc de monnaie
supplémentaire. En décrivant ce mécanisme à travers le refinancement de la banque centrale
aux BC, Vivien Lévy-Garboua a éclairci cette multiplication en examinant la relation entre le
crédit bancaire et ce refinancement. A travers cette étude, cet auteur nous donne la relation
entre le "multiplicateur de refinancement" (k') avec le coefficient de réserves obligatoires et la
fraction des besoins de monnaie scripturale dans la masse monétaire l88 . Selon lui, cette
relation peut être déduite par le processus présenté ci-après.
Voyons le bilan d'une banque:
Actif Passif
Crédits (C) Dépôts (0)
Réserves (R) Refinancement (F)
L'actif comprend les crédits aux clients (C) et les réserves auprès de la banque centrale (R).
Le passif comprend les dépôts collectés (0) et le refinancement (F) de la banque centrale aux
banques commerciales en cas nécessaire.
C+R=D+F (1)
188 En ce qui concerne le mécanisme de création monétaire. on peut lire en plus Paul SAMUELSON 1961. pp. 423-440.Sami HIRAM. 1984. pp. 154-159
•11111111111111111111
124
Du point de vue de la théorie macro-économique de la banque, le bilan agrégé des agents
financiers (BC et Banque centrale) fait ressortir l'égalité de la monnaie et de ses contreparties
Monnaie (M) == Dépôts (D)+Espèces (E) == Contreparties (Cp) == Crédits (C)+Réserves de
changes (Rc)+Avances au Trésor (At).
Pour simplifier le modèle, on néglige Rc et At, donc les contreparties Cp sont les crédits
bancaires C :
C == D+E == M (2)
L'on appelle e la fraction des besoins de monnaie en espèces du stock monétaire à peu près
indépendante des influences conjoncturelles:
E == M.e == C.e (3)
(e est environ 10 et 20% selon les pays).
A partir de (2) et (3) :
C == D+E == D+C.e.
Soit: 0 == C(l-e) (4)
•
nfinftnnnnDn
125
L'on appelle g le coefficient de réserves obligatoires:
R = D.g (5)
A partir de (1) et (5) :
F = C+R-D = C+D(g-l) = C[l-(1-g)(1-e)]
Soit:
Crédits(C) = Refinancement(R)/[l-(1-g)(1- e)] (6)
L'on appelle k' le multiplicateur de refinancement : k' = l/[1-(1-g)(1-e)]
Si par exemple, e = 0,20 et g = 0,05 ; k' = 4. Quatre francs de crédits "nécessitent" seulement
d'un franc de refinancement l89 .
C. La faiblesse de la réalisation de la fonction de création monétaire des Be est un
obstacle essentiel à l'expansion du crédit.
189 Vlden LEVY-GARBüUA. 1')92La théorie du "multiplicateur du crédit" a fait objet de plusieurs Cfluques (B AMMüUR. 1993. pp. 24-30)
Contrairement à cette théorie. une nouvelle approche du multiplicateur estime que l'expansion de la monnaie est présentéecomme la conséquence non pas d'une augmentation du "multiplicateur de crédit" mais d'une expansion de la base monétaire.A titre d'exemple. les exerpts du F.M 1. ont proposé que l'expansIOn de la monnaie était analogue au résultat de l'expansionde la base monétaire: cette base comprend les billets en circulation. les réserves des banques auprès de la Banque centrale etles dépôts à vue des postes auprès de la Banque centrale. Par ailleurs. selon B. AMMüUR. 11 existe dans certains payscomme l'Algérie le "diviseur de crédit" (O<k<I) au lieu du "multiplicateur de crédit" (k> 1). Voir: B. AMMüUR. 1993. pp.29-30.
126
L'étude du mécanisme de création monétaire nous permet de conclure que les banques
peuvent créer une partie importante de leurs ressources de financement. La fonction de
création monétaire de crédit des BC est donc un outil indispensable au profit de la croissance
de l'investissement dans l'économie. Grâce à cet outil, les dépôts à vue, qui sont en principe la
propriété des déposants, sont transformés en monnaie. Cette fonction facilite le système de
paiement, limite les paiements en espèces, développe les moyens de paiement non-espèces et
développe, de ce fait, les transactions économiques.
Mais cette fonction des BC ne pourra être réalisée qu'avec la présence des conditions
suivantes:
(a)
(b)
Les banques doivent recevoir les dépôts du public qui doit
donc avoir confiance dans le système bancaire. La société doit avoir
l'habitude d'utiliser les services bancaires, non seulement l'ouverture des
comptes d'épargne mais encore des comptes à vue afin de payer par
chèque ou par virement.
Les banques doivent accorder du crédit et acheter les
valeurs mobilières. A l'inverse, les personnes et les entreprises doivent
pouvoir y emprunter des crédits et y vendre des titres l90 .
190 Paul SAMUELSON. 1961. pp.431-436.TRAN Hung. 1993. Pp.18-19.
La fonction de création monétai~e des banques commerciales est également. dans le sens inverse. celle de destructionmonétaire En effet. "L'une des attributs du banquier est de créer et de détruire de la monnaie scripturale. Lorsqu'un ménagedépose une prOVIsion dans un compte avec carnet de chèque. en terme comptable nous dirons que le banquier inscrit lasomme dans le crédit du compte de ce ménage. mais en terme économique l'opératIOn prend un tout autre sens. car le rôled'agent financier que joue le banqUier vient de créer une quantité de monnaIe scripturale correspondant àl'approvisionnement du compte effectué par son chent. Le banquier a également le pouvOIr de détruire de la monnaiesCripturale lorsque l'opératIOn Inverse est effectuée. c'est-à-dire quand il est appelé à débiter le compte de son client. Ensomme, Il y a création de monnaie par toute opération qui fera augmenter de la même somme le passif et l'actif du banquier.
v
1iuuouuuû~
uo
uuou
127
(c) Il faut avoir une quantité suffisante des BC pour réaliser le
cycle de création monétaire l91 .
Dans la plupart des pays en transition, une ou plusieurs de ces conditions sont absentes. Le
système bancaire qui ne dispose guère de la monnaie scripturale ne pourra pas effectuer la
fonction d'octroi de crédit en multipliant le montant des dépôts à vue. Autrement dit, chaque
BC qui reçoit un montant de dépôts de 10 dông, dépose auprès de la banque centrale 1 dông
(si le ratio de réserve est de 10%), accorde du crédit de 9 dông : elle ne peut pas créer du
crédit et donc l'économie utilise toujours le moyen de paiement principal qui est la monnaie
fiduciaire et non pas la monnaie scripturale. En comparant avec le cas de France par exemple
(voir ci-dessus), on peut comprendre les dommages causées par cet handicap, non seulement
au niveau de l'allocation des ressources mais aussi au niveau des transactions économiques192•
A titre d'exemple, en 1993, tandis que les BC vietnamiennes collectaient un montant total des
ressources de 18.500 milliards de dông l93, le montant de crédit octroyé est de 23.600
milliards de dông, soit seulement 1,28 fois plus : ceci reflète clairement la faiblesse de la
réalisation de la fonction de création monétaire des BC vietnamiennes. Tandis que "les
besoins de crédit sont toujours beaucoup plus élevés que les disponibles des capitaux" 194, la
maîtrise de ce mécanisme a un degré d'importance particulier.
et Inversement destructIOn de monnaie quand son passif et son actif diminuent de la même somme". Mokhtar LAKEHAL.1995. p. 162
191TRANHung 1993 p.18.
192 VOIr également: TRAN Hung. 1993. p.19.
193 Revue Lao Dong. k 28 décembre 1993.
194 La RSV. 1993. p.26.
•
11111111111111111
128
Selon Sami Hiram, un des points essentiels qui permet aux banques de mieux remplir leur
rôle dans les pays en développement est l'amélioration des conditions favorables à la fonction
de créer de la monnaie des BC195. Pour le faire, il faudrait selon cet auteur :
"(a) Le développement de l'utilisation du chèque dans la réglementation. Un tel
développement exige la confiance de la population dans le chèque, ce qui implique la prise de
certaines mesures relatives à la protection juridique, sociale et à la simplification de la
procédure de paiement par chèque.
"(b) L'élargissement du système du chèque barré qUi ne permet pas un
encaissement direct.
"(c) Le paiement des salaires par un virement bancaire ou postal représente une
mesure efficace pour diminuer le circuit des billets dans la mesure où ce système aide les
salariés à mieux acquérir l'habitude bancaire. Certes, le salarié peut retirer, en billets, la
totalité de son salaire, mais au bout d'une certaine période et à l'aide de l'utilisation du chèque
dans le règlement, le remboursement en billets sera de plus en plus failli" 196.
A notre aViS, les obstacles au développement de ce mécanisme dans les pays en transition
dont le Vietnam sont les suivants:
195 Selon M. LAKEHAL. "II Y a trois créateurs de monnaie: le Trésor, la Banque centrale et les banques commerciales ouorganismes de crédit. Le Trésor ou plus exactement l'Hôtel de la monnaie et des médailles frappe des pièces de monnaiequ'il vend à la Banque centrale au prix faCial supérieur au coût de production. La Banque centrale est chargée de la créationmonétaire sous forme de billets de banques. Les banques commerciales et organismes de crédit contribuent à la variation dela masse monétaire d'un pays à travers la pOSSIbilité de créer de la monnaie scripturale.Dans le milieu des spécialistes de la finance on distingue une émiSSIOn monétQlre d'une créatIOn monétQlre. La premièreopération demeure interne au cirCUIt bancaIre. tandis que la seconde se traduit par une hausse de la masse monétaire pUIsquela masse de monnaie réelle détenue par les agents non financiers augmente en contrepartie de la création de monnaiescnpturale par une banque". Mokhtar LAKEHAL. 1995. p. 162. C'est l'auteur qui soulIgne.
196 Sami HIRAM. 1984. pp.333-334
129
(a) A cause d'un système de paiement très retardataire qui se basent
principalement sur les règlements en espèces, les banques disposent très peu de la monnaie
scripturale et sont obligées de conserver une partie importante de leurs dépôts dans leur caisse
afin de répondre aux demandes en billets.
(b) Les paiements au secteur extérieur provoque les demandes de conversion
de la monnaie de crédit en monnaie étrangère. Cette situation est particulièrement grave au
Vietnam où la contrebande frontière est un phénomène de plus en plus généralisé, étant donné
le fait que le pays a une frontière si longue que l'on ne puisse pas la contrôler sans faute.
(c) L'application d'un taux élevé des réserves obligatoires et supplémentaires
de la Banque d'Etat vietnamienne (BEV)-, bien que nécessaire pendant les premières années
de réforme bancaire-, a fait augmenter la demande des banques en monnaie centrale. En
1993, ce taux total de réserves obligatoires et supplémentaires s'est élevé à 30%.
Les fuites du circuit bancaire vers les autres circuits récemment cités endommagent encore la
capacité de créer de la monnaie des Be.
Depuis 1995, l'autorité bancaire vietnamienne a poussé ses efforts vers le développement de
l'utilisation du chèque dans le pays, mais cela n'a pas marché, puisque le problème réside
toujours dans le manque de confiance du public. En ce qui concerne le paiement des salaires,
jusqu'à présent, tout salaire est payé en espèces l97 .
La faiblesse dans la réalisation de la fonction de création monétaire des banques
commerciales dans les pays en transition est donc un des obstacles importants à l'expansion
197 Au Japon. en Corée du Sud et à Taiwan. en dehors du salaire mensuel. on pale aux salariés en prime ("bonus") tous lesSIX mois, ce qui encourage le transfert de cette épargne en dépôt en banques ou en actions des sociétés.
130
du crédit à l'économie de ces pays. Au Vietnam, la proportion basse de la part des crédits par
rapport au PIB ces dernières années est une preuve de cette faiblesse.
V. L'importance de la collecte des ressources bancaires. L'épargne dans les pays en
développement et dans les pays asiatiques.
D'une façon générale, l'importance de l'épargne dans un pays donné se manifeste par la
relation entre les flux d'épargne et les flux d'investissement. Les deux principaux agents
épargnants sont les entreprises et les ménages. L'épargne des ménages est le solde entre le
revenu disponible brut moins la consommation. Les flux d'épargne doivent dans un pays être
comparables aux flux d'investissements à financer. S'ils leur sont supérieurs, le pays a une
capacité de financement vis-à-vis de l'extérieur. Si, au contraire, les flux d'épargne sont
inférieurs aux flux d'investissements, le pays a un besoin de financement vis-à-vis de
l'extérieur: il vit au-dessus de ses moyens l98 .
Avant d'essayer d'estimer le potentiel et l'utilisation des ressources d'épargne privée au
Vietnam dans le chapitre V, nous examinons ci-dessous les intérêts de la collecte d'épargne
des pays en développement et les leçons des pays asiatiques dans ce domaine.
A. La collecte des ressources d'épargne dans les pays en développement.
198 J.P. PATAT. 1982 pp. 231-232.
•11111111111111111111
131
Selon la théorie keynésienne, un investissement additionnel [1] va faire accroître un revenu
additionnel [R] qui est multiplié en un multiplicateur k pr rapport au montant
d'investissement additionnel [1] :
[R]=k.[I]
Le multiplicateur k est l'inverse du complémentaire à un de la propension marginale à la
consommation c, autrement dit il est l'inverse de la propension marginale à épargner e. Si par
exemple c = 3/4, donc e = 1/4, ainsi k = 4 ; c'est-à-dire, un investissement [1] va engendrer un
revenu additionnel [R] = 4.[1]199. Malgré le fait selon lequel, "l'épargne n'est en réalité qu'un
reliquat"200, sa propension marginale joue donc un rôle essentiel dans le mécanisme
économique. Cette propension marginale est le rapport entre la variation du revenu [R] et la
variation consécutive de l'épargne [E] : e = [E]/[R]. Au fur et à mesure que le revenu s'accroît,
l'épargne a tendance à augmenter, tandis que la consommation a tendance à se saturer ; la
propension marginale à consommer c = l-e = [C]/[R]. Normalement, une proportion de plus
en plus importante de [R] est épargnée à mesure que le revenu réel croît. Au Vietnam, allant
de pair avec les résultats des réformes, l'épargne a nettement augmenté (voir le chapitre V) ;
le problème c'est que comment est-elle utilisée, est-ce qu'elle est déposée auprès des
institutions financières dont les banques201 ?
D'une façon générale, l'épargne dans les économies en développement détermine le taux
potentiel de croissance de la capacité de production, et donc du revenu. Les pays en
développement à croissance rapide ont eu un taux d'épargne SUpél icur à celui des pays qui ont
199 Claude JESSUA. 1991. pp.191-l95.
200 John Maynard KEYNES 1976. p.84
201 A cause de l'importance de l'épargne monétaire par rapport aux autres ressources bancaires dans les pays endéveloppement et dans les PET. nous nous intéressons essentiellement à cette forme d'épargne.
"11---'
11111111111111111111
-------_.... _--- ._~ - _. --- -- - _.- ------ -~ - -- - - - - -- - - - - --
132
progressé moins vite202 . En bref, la capacité de la collecte d'épargne dans les pays en
développement dépend du niveau de la monétarisation, de celui de l'investissement intérieur,
de celui de l'indépendance des banques commerciales (BC) auprès de la banque centrale, de
la création monétaire des BC et de l'amélioration du système de paiement. Concernant le
monétarisation des fonnes de garde des biens, on sait que dans les pays en développement,
notamment dans les pays qui viennent d'échapper à une économie centralisée bureaucratique
tels que le Vietnam (où le marché noir et l'économie souterraine occupent une part
importante), le phénomène de garde des biens sous fonnes non monétaires telles que l'or, les
devises étrangères, le riz, est généralisé. Ce phénomène conduit à l'immobilisation d'une
partie des ressources de capital et, de ce fait, endommager l'économie elle-même. Le premier
intérêt de la collecte d'épargne est donc sa contribution à monétariser les fonnes de garde des
biens et les utiliser au profit de l'économie. Ceci contribuera également à la transfonnation du
secteur financier infonnel à celui fonnel.
En encourageant l'investissement étranger et les emprunts rentables, les pays en transition
devraient en même temps considérer les ressources d'épargne intérieure comme les sources
les plus importantes qui n'engendrent pas les effets négatifs sur l'économie. Par ailleurs,
l'investissement étranger ne profite à l'économie qu'à condition où les sources intérieures sont
mobilisées au même niveau. La collecte de l'épargne devient donc une des stratégies de
développement principales des pays en développement. Dans les pays en transition où les
marchés des capitaux et financier ainsi que les institutions financières non bancaires sont
encort: moins développés, le système bancaire joue le rôle indispensable dans la réalisation de
cette stratégie.
202 Banque Mondiale. 1989. p.33.
133
La collecte de l'épargne contribue également à la diminution de la dépendance des Be auprès
de la banque centrale en matière d'approvisionnement en billets. Plus les banques
commerciales collectent d'épargne, moins elles demandent de refinancement à la banque
centrale pour l'approvisionnement en billets2ü3 .
Etant donné le fait que l'épargne liquide est une épargne placée à vue ou à très court terme2ü4,
et que le dépôt à vue est la base sur laquelle les banques commerciales réalisent leur fonction
de création monétaire, la collecte de l'épargne liquide facilite donc la réalisation de cette
fonction. La collecte des ressources bancaires de tous les agents économiques (l'Etat, les
ménages, les entreprises) contribue à améliorer le système de paiement à travers le système
bancaire. De nos jours, le temps où le mode de paiement électronique occupe un ratio de plus
en plus important dans le paiement international, le retard des pays en transition dans la
collecte des ressources bancaires et dans le développement des modes de paiement modernes
nuit aux transactions internationales des entreprises de ces pays.
L'amélioration de la collecte de l'épargne d'un pays dépend surtout des politiques macro-
économique et financière du pays. Mais les banques commerciales pourraient avoir leur rôle,
notamment dans le cas où elles arrivent à regrouper d'un grand nombre de clients-entreprises
qui portent les mêmes intérêts dans l'orientation de l'épargne vers les circuits productifs. C'est
une des raisons d'être de la banque vietnamienne pour les petites entreprises (BVPE) que
nous proposerons dans cette étude.
203 Saml HIRAM. 1984. p.235.
204 A BEITOINE el al. 1991 p.t38.
134
B. Enseignements et importance de la collecte des ressources d'épargne dans les pays
asiatiques, notamment les Nouveaux Pays Industriels (NPI) et les pays de l'ASEAN.
Il est intéressant d'esquisser ici les leçons des pays asiatiques, notamment des Nouveaux Pays
Industriels et ASEAN, dans le domaine de l'épargne. Ce sont des pays qui ont eu des réussites
remarquables du monde entier depuis quelques décennies. Ce sont également des pays
voisins du Vietnam qui partagent avec ce dernier la culture confucéenne - un des moteurs
d'une bonne épargne.
1. Dynamique de l'épargne dans les pays asiatiques. Pendant les années 1970 et 1980,
le niveau d'épargne familiale et personnelle des pays de l'Asie de l'Est était très élevé205 . On
peut évoquer les deux causes suivantes pour l'expliquer:
(i)
(U)
la tradition culturelle et familiale éduque la diligence et
l'économie pour chacun et pour sa famille; et
à cause du manque d'un large système de sécurité
(comme dans les pays occidentaux), tout le monde doit épargner afin
de prendre des précautions contre les imprévus206 .
L'étude de Ashok K.LAHIRI publiée en 1989 sur le dynamique de l'épargne asiatique nous
donne certains enseignements utiles pour la collecte d'épargne au Vietnam. L'auteur a
20S Pa, exemple. en 1993. Singa~our atteint un taux d'épargne de 47% du PIB : Corée du Sud 35%: Thaïlande: 36% .MalaisIe. 38%. Chine: 40%. Taux moyen du monde 22%. PNUD. 1996 pp. 206-207
206 VU Toan. 1993. p.171.Cependant. les jugements sur la pOSSibilité d'épargne des pays en développement sont assez divergents Sophia Mappa parexemple. a écrit que dans "la plupart des sociétés non occidentales. et à l'exception relative de la Chine. ( .) ce n'est pasl'investissement. mais la consommatIOn. l'argent orienté vers la dépense plutôt que le capital vers la production,.." et ".. l'on(les pays riches. TAT) continue à contracter des dettes et à injecter des capItaux dans des sociétés qui n'ont ni la notion de ladette, ni celle du capital. ni celle de la loi. et qui s'approprient des "instruments économiques" avec leur propre logique. qui,elle, n'est pas économique". S MAPPA. 1993 Est-ce que cet auteur ne veut parler que des pays africains?
135
examiné l'épargne des huit pays asiatiques (l'Inde, l'Indonésie, la Corée du Sud, la Malaisie,
les Philippines, Singapour, le Sri Lanka et la Thaïlande) pendant la période 1960-1985. Les
conclusions les plus importantes de l'étude de A.K.Lahiri sont les suivantes207 :
(a) Le taux d'épargne a un impact positif sur l'accumulation du capital et de ce
fait sur la croissance. L'interdépendance de la croissance et de l'épargne est
l'origine des théories de la croissance auto-génératrice (self-generating growth)
et du développement qui s'appelle "le cercle virtuel" ("virtuous circle") du
développement. Ce mode de développement est intimement lié à la culture de
ces pays.
(b) En général, les facteurs qui déterminent le taux d'épargne privée dans les
huit pays examinés sont les suivants:
(i) Dans tous les huit pays, la croissance conduit à l'augmentation de
l'épargne privée. Chaque 1% de point d'augmentation du taux de croissance du revenu réel
par habitant conduit en moyenne à 1% point d'augmentation de l'épargne privée. Le
changement dans la propension moyenne à épargner (pme) est néanmoins très différent entre
le court terme et le long terme. En général, une accélération du taux de croissance provoque
une augmentation claire dans la pme plus dans le court terme que dans le long terme.
(ii) Plus le pourcentage de la population vivant à charge est élevé, plus
le taux d'épargne privée est bas. En moyenne, 1,0 point d'augmentation dans le pourcentage
de la population âgée de 15 à 64 (ou 1,0 point de diminution dans le pourcentage des gens
207 Ashok K LAHIRI. 1989.
136
vivant à charge) conduit à une augmentation de 1,6 point de pourcentage dans la P.M.E. à
long terme dans 5/8 pays examinés.
(iii) En moyenne, l'inflation a un impact négatif sur l'épargne privée
dans tous les huit pays, mais cet impact change considérablement d'un pays à un autre. Il
faudrait noter que ceci est tout à fait différent de celui observé dans les économies
développées. En effet, à la différence de la plupart des pays développés, en Asie, le freinage
de l'inflation a contribué à augmenter le taux d'épargne.
(c) La promotion d'un taux élevé d'épargne intéresse les économistes et
politologues en raison de la relation intime entre l'épargne et la balance de paiement ainsi
qu'en raison d'une influence mutuelle entre l'épargne, l'accumulation et la croissance. En ce
qui concerne les efforts des gouvernements vis-à-vis de la promotion de l'épargne, l'étude
recommande trois conclusions suivantes:
(i) L'initiative gouvernementale dans la génération de l'épargne doit
être faite surtout depuis l'épargne issue d'un rééquilibre du budget de l'Etat. Celle-ci peut
conduire à l'augmentation considérable du taux d'épargne nationale.
(ii) L'épargne conduit à l'accumulation du capital et de ce fait la
croissance, la croissance conduit à son tour à l'épargne.
(iii) Le planning familial de la population peut favoriser le
développement économique, car la diminution du pourcentage des gens vivant à charge
augmente le taux d'épargne privée.
On s'aperçoit facilement que dans tous ces trois conclusions, le rôle des gouvernements dans
la promotion de l'épargne nationale est crucial.
137
En ce qui concerne la relation entre les flux financiers extérieurs (tels que l'aide extérieure),
avec l'épargne nationale, selon le modèle Harrod-Domar des années 1950-60, l'aide extérieure
peut influencer positivement sur l'épargne, car son augmentation conduirait à l'augmentation
de l'investissement et de ce fait, à l'augmentation du revenu et de l'épargne. K. Griffin et 1.
Enos, par contre, ont traité le sujet sous un point de vue différent. Selon ces auteurs, la
relation entre l'aide extérieure et l'épargne est une relation négative et non positive; parce que
l'aide extérieure décourage l'épargne nationale-, car les pays ayant reçu de nombreuses aides
extérieures haussent souvent les dépenses gouvernementales, manquent des efforts dans le
recouvrement d'impôt2os . Ce dernier avis n'a cependant pas été largement partagé. A titre
d'exemple, Donald Snyder et Jacques Morisset ont estimé que l'aide extérieure n'influence en
fait guère sur l'épargne nationale209 . De notre côté, nous pensons aussi qu'il est difficile de
déterminer une relation précise entre l'aide extérieure et l'épargne nationale.
2. La collecte des ressources bancaires des NPI et des pays de l'ASEAN. Comme
l'expérience de plusieurs pays développés, dans les Nouveaux Pays Industriels et les pays de
l'ASEAN, le système bancaire joue le rôle crucial dans la collecte d'épargne21O. Le tableau 3
nous donne la structure des dépôts auprès des banques des huit Nouveaux Pays Industriels et
des pays de l'ASEAN au cours des années 1980.
208 Keith GRIFFIN 1970. "Foreign Capital. Domestlc Savings and Economlc Development". Oxford Bulletin ofEconomlcs and StatIstics. 32. pp.99-112. Et . Kc:Ith Griftin and John Enos. 1970. "Foreign Assistance: ObjectIves andConsequences". Economlc Dc:velopment and Cultural Change. 18. pp.313-337 Cité par: Donald SNYDER 1990
209 Donald SNYDER. 1990.
Jacques MORISSET. 1989.
210 FAIRJCDFCM. 1992 p.47
138
Tableau 3 : Structure des dépôts auprès des banques des huit Nouveaux Pays
Industriels et des pays de l'ASEAN au cours des années 19801, en pourcentage.
Source: Tableau etabh a partir de : FAIRlCDFCM ; 1992.
Dépôts Corée Taiwan Hong Singapou Malaisie Thaklande Philippin Indonésie
Sud kong !:. ~
Total 100 100 100 100 100 100 100 100
à vue2 34,4 21,6 8,3 44,3 64,8 5,9 14,3 77,4
d'épargne 65,6 55,0 28,7 55,7 35,2 31,9 41,7 12,6
à terme3 23,4 63 62,2 44,0
..
1 :La moyenne simple des années 1980-1989. Sauf pour: Hongkong (1981-90) ; Singapour (1985-89) ; la Thaïlande (1987-
89) ; les Philippines (1980-88).
2 : Pour Singapour, ce sont des dépôts inférieurs à un mois. Pour la Malaisie et l'Indonésie, ce sont des dépôts égaux ou
inférieurs à un an ; donc parmi ces dépôts, il y a seulement d'une part des dépôts à vue.
3 : Pour la Corée du Sud, les dépôts d'épargne (dans ce tableau) impliquent les dépôts à terme. Pour la Malaisie et
l'Indonésie, nous rassemblons ensemble tous les dépôts supérieurs à un an dans les "dépôts d'épargne". Pour Singapour,
nous rassemblons ensemble tous les dépôts supérieurs à un mois dans les "dépôts d'épargne". Donc pour tous ces trois pays,
il faut comprendre que les "dépôts d'épargne" (dans ce tableau) impliquent les dépôts à terme.
Tandis que dans les trois pays étant la Corée du Sud, Taiwan et la Malaisie, le tenne des
dépôts (et du crédit) avait tendance à prolonger, dans les autres pays restants, ce changement
positif n'était pas clair, c'est-à-dire le court tenne des dépôts (et du crédit) était toujours la
part la plus importante. On observe que, à l'exception de Hongkong et de Singapour qui sont
pourtant tous les deux deux centres financiers internationaux et régionaux, l'amélioration
lente de la collecte des ressources dans les trois pays restants (la Thaïlande, les Philippines et
l'Indonésie) était étroitement liée au sous-développement du réseau bancaire dans ces pays.
139
Les enseignements de la micro-finance, la pénétration et l'application de la notion du crédit,
de la fonction de création monétaire ainsi que de la collecte de l'épargne, permettraient la
conception d'un nouveau mode de financement des entreprises individualisées dans les pays
en transition. Un modèle qui matérialise toutes ces leçons et éléments peut devenir l'un des
outils indispensables de la transition vers l'économie de marché de ces pays.
Dans tous les cas, chaque modèle, dans un pays concret, devrait représenter les
caractéristiques du contexte de ce pays. Dans les trois chapitres qui suivent, nous
examinerons le contexte économique vietnamien, le secteur privé et son sous-secteur des
petites entreprises et ensuite le système financier et bancaire du pays. En se fondant sur ces
études, nous essayerons de présenter certaines propositions pour le financement des petites
entreprises au Vietnam.
140
CHAPITRE III :
LE VIETNAM: LES REFORMES ECONOMIQUES
VERS L'ECONOMIE DE MARCHE.
Face à la crise socio-économique de la fin des années 70, le Parti Communiste Vietnamien (le
PCV) a commencé des "réformes partielles" à partir de 1979. A partir du mois d'août de
1986, le PCV a décidé une ligne de réforme globale211 • Cette ligne de réforme économique
qui s'appelle "doi moi" a été effectuée résolument à partir de 1989. L'économie du pays est
alors devenue mixte avec une concurrence plus égalitaire entre le secteur étatique et le secteur
privé dont l'émergence des petites entreprises (PE) est une des caractéristiques marquantes.
Le présent chapitre donne un aperçu sur la situation et les problèmes des réformes
économiques du pays.
SECTION 1. LES PRINCIPALES REFORMES ECONOMIQUES
DEPUIS 1989. BILAN GENERAL.
Depuis 1976, quatre plans quinquennaux se sont succédés au Vietnam. Malgré sa relative
abondance en ressources humaines et naturelles, sa position géographique favorable, son
crédit politique après la victoire, malgré les efforts de son peuple dans" la construction du
socialisme" tout au long des années après la réunification-, un peuple dont "l'aptitude à
2\1 TRAN Anh-Tuan. 1993. pp 5-14.PCV. "ProJet du Rapport politique pour le 8ème Congrès du Parti". HanOI. 18 avril 1995.
141
surmonter les difficultés est notoire"212_, l'économie vietnamienne était de plus en plus en
récession avant la réorientation. Au cours des années 1986-1989, "le pays était tombé dans
une crise totale, non seulement en matière économique, sociale mais aussi en matière
idéologique, de ligne de direction, de dirigeants" 213 ; c'est une étape avec" des défis ardus,
quelques fois si périlleux que l'on pense qu'il sera difficile de les surmonter" 214.
Quelques manifestations typiques de la situation:
- avant 1991, bien que le revenu national calculé sur le secteur manufacturier
augmentât en moyenne de 3,6% par an, cette croissance ne reflétait pas le développement réel
du pays qui dépendait de l'aide et de l'emprunt extérieur, notamment de l'ex-URSS;
- de 1975 à 1991, le pays produisait toujours moins que sa consommation, et
devait toujours recourir à l'extérieur; son budget était constamment déficitaire;
- la productivité industrielle et agricole baissait rapidement et continuellement
- l'hyper-inflation était incontrôlée;
- le chômage atteignait plus de 20% de la population active;
- le niveau de vie baissait-, notamment en zone rurale et pour les salariés;
- presque toutes les infrastructures sociales se dégradaient : la culture,
l'éducation, la santé publique.
212 Agence Financière pour l'Asie. 1992. p 1 II.
213 LE Hong Ha. 1992
214 PCV. 1993 pl.
142
J. Les principales causes de la crise économique des années 1980.
On peut citer les causes principales suivantes de la crise économique vietnamienne avant ses
réformes : une situation initiale précaire, les ravages de la guerre et, la cause la plus
importante, les erreurs de la stratégie et des politiques lors de la reconstruction du pays.
1. Une situation initiale précaire.
(a) Production fortement agricole. Avant la réunification du pays, les structures
économiques du Nord et du Sud dépendaient fortement de l'agriculture, alors que la
production agricole ne répondaient pas suffisamment aux besoins de la population; durant la
période 1976-1980, le pays a dû importer environ un million de tonnes de vivres chaque
année.
(b) Faiblesse de la part de l'industrie. La part de la production industrielle dans
le revenu national était inférieure à 20%. Avant la réunification, il y avait, au Nord, 1.350
entreprises industrielles étatiques et 3.100 coopératives, presque toutes à petite échelle. Alors
qu'au Sud, bien que l'industrie se soit mieux développée, elle dépendait toujours des matières
premières importées de l'extérieur215 .
(c) Dépendance de l'aide extérieure. La situation précaire de l'économie avant
la réunification était encore aggravée par sa dépendance envers l'aide extérieure non
remboursable. Du Nord au Sud, l'aide extérieure du bloc ex-socialiste et celle des Etats-Unis
représentaient une valeur équivalente à plus de 50% de la production totale du pays. La
215 TRAN Hoang Kim. 1992. La valeur d'importation des matières premières était de 300 millions d'USD par an : les ratiosdes matières premières dans leur valeur totale étalent de 20 à 100% selon le domaine
•11111111111111111111
143
diminution rapide de l'aide du bloc ex-socialiste et la disparition brutale de l'aide américaine
sont donc à prendre en compte au point de départ de l'économie récemment réunifiée.
2. Les ravages de la guerre. Pendant la guerre, 7 millions de tonnes de bombes sont
tombées sur le territoire. Au Sud, 60% des villages furent détruits; dix millions d'hectares de
terre agricole et cinq millions d'hectares de forêts furent endommagées. Il y a eu plus de cinq
millions morts, plus de deux millions de personnes contaminées par des toxiques chimiques
dont les séquelles restent visibles aujourd'hui; dix millions de personnes ont dû quitter leurs
villages, trois millions de personnes se sont retrouvées au chômage. Au Nord, presque toutes
les villes, centres urbains et villages furent bombardés, détruisant en totalité une partie
d'entre eux216. L'embargo américain est venu se rajouter à cette funeste liste. La guerre est
également la cause profonde de la division du peuple vietnamien et de nombreuses autres
blessures invisibles existent encore aujourd'hui217 .
3. Les erreurs stratégiques et politiques lors de la reconstruction du pays. Cependant la
cause principale du sous-développement de l'économie du pays après sa réunification réside
essentiellement dans les erreurs stratégiques et politiques lors de la reconstruction du pays.
Un modèle socialiste dogmatique et volontariste qui avait été réalisé au Nord durant la guerre
a été appliqué à l'ensemble du pays, sans tenir compte des particularités du temps de paix et
de celles de l'économie du Sud. En voici quelques exemples:
- investir à la hâte dans une industrie lourde à grande échelle à la mode des
économies de type soviétique (ETS) ;
216 TRAN Hoang Kim 1992Agence VietnamIen de Presse. 03/0411995.
217 Selon PHAN Huy Duong "Pendant le 20ème siècle, il n'y a pas d'autre peuple qUi devait payer également cher lesconflits de ce temps que le peuple vietnamien". Interview PHAN Huy Duong par RFl (Radio France Internationale) . le 22
11111111111111111111
144
- créer et subventionner une série d'entreprises étatiques et abolir l'essentiel du
secteur privé ;
- appliquer une gestion centralisée et bureaucratique en se basant seulement
sur les ordres administratifs en dépit des besoins de la vie pratique;
- ces politiques étaient réalisées par des ressources humaines inefficaces qui
disposaient de "cadres compétents dans l'élaboration des stratégies de combats, mais peu
expérimentés pour faire fonctionner l'économie" 218.
Les effets de ces erreurs peuvent être illustrés par la comparaison entre le Vietnam et ses deux
pays voisins - la Corée du Sud et Taiwan : Avant 1975, le niveau de développement
économique du Sud du Vietnam et celui de ces deux pays était comparables; actuellement les
PIB par habitant de la Corée du Sud et de Taiwan sont respectivement 32,5 et 40 fois plus
élevées que celui du Vietnam219.
II. Les principales réformes depuis 1989.
1. Réforme agraire. Avant la réforme, toutes les terres étaient "la propriété commune
de la population" ; l'essentiel de l'agriculture était organisé en fermes d'Etat et coopératives
agricoles. Conformément à la Constitution de 1981, l'ensemble des terres fut officiellement
nationalisé. Cela allait de pair avec une gestion bureaucratique qui conduisit à une mauvaise
situation de production agricole. C'était l'indifférence vis-à-vis des moyens communs de
production et des résultats de production et, de l'autre côté, les abus d'une classe de gérants de
mal 1994.
218 LE Van Cuong el al. p 101.Le caractère "contre-nature" du modèle de développement socialiste appliqué au Vietnam a été indiqué par plusieurs
économistes travaillant sur ce pays. TRAN Thl Anh Dao 1996. p 93.
-145
production qui, à leur tour, accentuaient l'indifférence des paysans. Le paysan se concentrait
essentiellement à sa "parcelle de terre de 5%" - proportion de superficie de terre octroyée au
paysan pour ses besoins propres lui apportant 70 à 80% ou plus de son revenu. Etant un pays
traditionnellement rural - avec une agriculture qui employait 72% de la population active et
participait à 38% du PIB (en 1990)-, cette politique aggravait la pauvreté vietnamienne. En
outre, le processus de la transformation de la propriété agricole féodale vers la propriété
marchande-, connu dans les pays en développement-, n'a pas pu y être réalisé. Sous le régime
de collectivisation totale et forcée, les paysans étaient tous également pauvres. Pendant
quelques décennies, la proportion de l'agriculture dans la structure de l'économie fut presque
intacte. A la différence des autres pays en développement, au Vietnam à cette époque, les
gens ayant la capacité de faire des affaires n'eurent pas l'opportunité de devenir entrepreneurs,
ni dans l'agriculture ni dans les activités non-agricoles. L'esprit d'entreprise de la population
rurale était entièrement étouffé. La conséquence de plus en plus apparente de ce
fonctionnement fut la pénurie de vivres et d'alimentation, et ce, dans un pays possédant une
agriculture tropicale relativement productive.
Cette situation conduisit à la réforme agraire, de façon graduelle mais irréversible. A partir
des années 1985 et notamment de 1988, le système des fermes d'Etat et des coopératives
agricoles a été remplacé par" l'économie des foyers paysans". C'est le paysan, avec la main
d'œuvre de sa famille, qui organise et décide le processus de production, distribution et
utilisation des produits. Les paysans ont désormais le droit d'usage de la terre pendant une
durée minimale de 15 ans. En juillet 1993, le gouvernement a offert aux paysans des
garanties supplémentaires qui leur permettent de bénéficier dorénavant de baux renouvelables
219 VU Toan. 1993
146
de 20 ans pour les cultures annuelles et de 50 ans pour les cultures pérennes. Bien que la terre
reste toujours" la propriété commune de la population", cette réforme a fortement motivé la
paysannerie; l'exportation du riz à partir de 1989 en est une manifestation typique.
2. Réforme industrielle. L'étatisation s'était faite encore plus fortement sentir dans
l'industrie qu'en agriculture. Avant la réunification, au Nord, l'industrie étatique et collective
occupait plus de 95% de la production industrielle totale ; le secteur industriel privé restait
négligeable. Au Sud, bien qu'il y eut à peu près 20.000 capitalistes industriels (dix fois qu'au
Nord après la division du pays en 1954), les biens et moyens de production de ces derniers
furent confisqués, leurs entreprises devinrent des entreprises étatiques ou mixtes après
1975220. En dehors de ces grands entrepreneurs industriels, le Sud comptait encore environ 2
millions d'artisans et de petits commerçants. Après dix années de réalisation de la "Politique
de la transformation socialiste de l'industrie et du commerce privés" (la POTSICP), ces
catégories furent presque toutes supprimées et remplacées par des milliers de coopératives
(hop tac xa) et groupes coopératifs (to san xuat) artisanaux et commerciaux221 . Comme dans
l'agriculture, l'esprit d'entreprise dans l'industrie était étouffé222 .
220 L'entreprise mixte est celle qui comprend en principe l'Etat et les particuliers dont le premier est toujours dominant enpratique. Cette fonne d'organisation d'entreprise. plus fleXible que la fonne étatique. n'est apparue qu'à partir du début desannées 1980 VOIr: TRAN Anh-Tuan. 1983.
221 Selon NGUYEN Duc Nhuan. 1987... En 1975 (.. ) , d'après les économistes du Parti, la région Saïgon-Biènhoa comptaitquelque 500 grandes installations aux éqUipements ultra-modernes, évalués à 12 milliards de dollars US, et surtout un denseréseau de 18.000 petites et moyennes entreprises. employant près de 400.000 ouvriers et techniciens "au savoir-fairetechnique et gestionnaire élevé", tous restés sur place et prêts à coopérer avec le nouveau pouvoir. ( .. ) Cependant. au fil desmois. par une gestion essentiellement politique. changeant au gré des directives contradictoires des échelons centraux etlocaux du Parti. le pouvoir a réussi à installer une anarchie pennanente dans ces usines, réduisant au tiers leur capacité deproduction. Une bonne partie des techniciens et ouvriers, ayant fait leur service militaire sous l'ancien régime. ont étéenvoyés pour rééducation vers les réglons rurales et remplacés par les paysans-soldats ( .. ) ". pp. 223-224.
222 Le nombre des entreprises d'Etat (EE) dans tout le territoire a progressé de 1 900 en 1976 à 32.000 en 1985.Au Nord. de 1960 à 1975. le rythme d'augmentation de l'investissement dans l'industrie était trois fois plus élevé que
celUI dans l'agriculture. ceci deux fois plus dans l'Industrie lourde que dans l'industrie légère. Cette politique industrielleétait toujours Identifiable dans tout le pays après sa réunification. Bien que l'Industrie bénéficiât du ratio d'investissement leplus important du budget de l'Etat. sa part dans la production du pays ne fut jamais bonifiée de manière proportionnelle. La
pénurie pennanente de prodUits industriels était le résultat tangible de cette pohtique.
147
La réforme dans l'industrie fut également inévitable. Les principales caractéristiques de cette
réforme furent :
- l'amélioration du management des entreprises étatiques (EE) vers une
autonomie;
- l'acceptation de l'existence du secteur privé dans l'industrie;
- la réorientation vers l'industrie légère et dans une économie ouverte.
3. Réforme du droit de la propriété. Non seulement dans l'agriculture et l'industrie,
mais également dans toutes les autres branches d'activités telles que le commerce, les
services, le secteur financier, la propriété fut étatique à presque 100%. Avant la réforme, bien
que doté de 90% de l'actif fixe, de plus de 90% de la main d'œuvre qualifiée et de plus de
95% du total de crédit bancaire, le secteur étatique créait seulement 37% de la production
totale du pays et 30% du revenu national. Comme dans les autres pays en transition, cet état
de fait était dû à une structure inadéquate de la propriété conduisant à une expropriation de
fait. Cette situation, d'une part, engraissa un petit nombre d'opportunistes et d'autre part,
engendra l'indifférence du reste de la société vis-à-vis de sa production.
L'encouragement du secteur privé et la réorganisation des entreprises d'Etat dans toutes les
branches d'activités étaient donc indispensables. En 1987, la création des petites entreprises
privées fut pour la première fois autorisée dans l'agriculture, l'élevage, l'artisanat, l'industrie
et les services; celles-ci pouvaient employer de la main-d'œuvre à condition que le nombre
de salariés n'excède pas dix personnes. En 1990, l'Assemblée naticnale adopta des lois sur les
entreprises et les sociétés qui permirent de créer des établissements privés plus importants.
148
L'amélioration de la propriété fut réalisée simultanément avec l'amélioration de l'égalité
économique entre le secteur étatique et le secteur privé. A partir de 1989, des réformes visant
à alléger le rôle de l'Etat vis-à-vis des entreprises d'Etat (EE) furent mises en œuvre : les EE
durent s'orienter vers la formation du profit, les subventions furent peu à peu supprimées. A
partir de ce moment, ces entreprises bénéficièrent d'une plus grande autonomie. En 1992,
plusieurs décrets furent adoptés, visant à réorganiser les EE ; ils permirent de les louer,
vendre, fusionner ou liquider.
4. Réformes du marché et de la réglementation sur les prix. En 1989, la libération du
marché constitua la rupture fondamentale avec la période subventionnée, bureaucratique et
marqua le commencement d'une nouvelle période historique où le marché existe et évolue.
"Le marché n'était plus dorénavant un ennemi mortel du socialisme ou un fauve
épouvantable comme le pensait un certain nombre de personnes ; par contre, il pourrait être
un outil utile, si l'on sait le commander sagement" 223. La réforme des prix, sans laquelle le
marché restait impossible, fut introduite en 1989. Avant la réforme, le "régime des deux prix"
("che do hai gia") -, manifestation typique du volontarisme dans l'économie dirigée-,
dominait et troublait les relations monnaie-marchandise. A partir de 1989, ce régime fut
supprimé; la circulation libre des marchandises dans tout le territoire est désormais permise.
A l'exception de quelques produits (l'électricité, les médicaments, les combustibles pour le
transport), tous les produits ont été vendus aux prix de marché.
5. Réformes financ~ères. Avant les réformes, les financeJ du Vietnam dépendaient
fortement de l'extérieur. Parmi les recettes du pays. seulement 50-60% étaient issues de
223 Ouvrage à l'échelle ministérielle .. 1992. pp.146-147.
149
l'intérieur, le reste provenant de l'aide soviétique. Le déficit budgétaire était compensé par
l'émission des billets de banque et la mobilisation des ressources de la population à travers
l'emprunt public ou les autres fonnes restait négligeable. En 1986, l'inflation accéléra pour
atteindre plus de 800%224.
En entrant dans la réfonne, la structure des recettes et des dépenses du gouvernement a été
graduellement modifiée afin de réduire le déficit budgétaire. L'ancien système bancaire -
jusqu'alors monobanque d'Etat - fut transfonné en un système bancaire à deux niveaux. La
création de banques commerciales par actions et l'implantation de succursales de banques
étrangères furent encouragées. Plusieurs décisions importantes pour diminuer le déficit
budgétaire, encourager l'épargne et lutter contre l'inflation furent prises afin d'améliorer cette
situation: arrêt de l'émission des billets de banque pour la compensation du déficit budgétaire
(depuis 1991) ; application des politiques du taux d'intérêt positif (1992) ; diminution de
l'octroi du crédit subventionné aux entreprises d'Etat (1993). Le contrôle des liquidités
injectées dans l'économie et l'application de politiques du taux d'intérêt plus pertinentes ont
joué un rôle clé dans l'amélioration de la situation financière du pays. Depuis 1993, le pays
dispose d'un marché interbancaire.
6. Réfonne des systèmes de change et de commerce. Traditionnellement, le commerce
extérieur du pays orientait vers les économies de type soviétique (PET). Avant 1989, dans
une économie fennée, le ratio exportation/importation n'était en moyenne que de 25% par an
; la balance du commerce extérieur était constamment déséquilibrée, notamment pour la zone
d'échange non-convertible. Depuis 1989, le pays a réorienté ses échanges commerciaux vers
224 Institut des Sciences Economiques. 1990. p 289.WALTER. Thomas S . 1994.
150
la zone convertible. Pour les encourager, le gouvernement abolit pour la première fois la
plupart des contingents à l'importation et à l'exportation et adopta une politique de taux de
change basée sur les lois de marché. Dès l'effondrement du système ex-socialiste, le
commerce extérieur changea brutalement et les échanges furent développés avec les pays
d'économie marchande.
7. La réintégration dans la communauté financière internationale. Sur le plan
international, le pays était pratiquement en cessation de paiement depuis 1982. A cause de
l'embargo américain et du blocage des institutions financières internationales, au détriment du
pays, l'aide publique au développement (APO) provenant des pays occidentaux était très
faible: en 1990, les décaissements nets de l'APD par tête de toutes origines furent seulement
de 2,9 US0225. Du côté de l'investissement étranger, avant 1988, il était inexistant.
Le changement des politiques envers l'occident et l'amélioration de la situation économique
ont fait progresser - notamment depuis 1993 - le processus de réintégration du pays dans la
communauté financière internationale. En décembre 1987, une nouvelle loi visant à
promouvoir les investissements étrangers fut adoptée. En Juin 1990, celle-ci fut largement
amendée pour tenir compte des premières expériences. En Décembre 1992 et en Novembre
1996, de nouveaux amendements y furent apportés afin de les faciliter davantage.
225 Pour une comparaison' Le Bangladesh a reçu 2 \00 mIllIons d'USD (soit 19.7 USD par tête) .Ia même année.
151
II. Les principaux résultats des réformes.
En novembre 1995, le gouvernement vietnamien et les institutions financières l'aidant dans
sa réforme ont pu déclarer que "l'économie est sortie de la crise, a créé des conditions sine
qua non pour commencer une nouvelle période de développement"226 et "a établi les bases
pour une croissance rapide durable"227. Le PIB a augmenté à concurrence de 8,3% par an en
moyenne pendant les six dernières années (1991-1996). Ce rythme est non seulement
supérieur à celui de la période 1986-1990, mais encore supérieur aux objectifs fixés par
l'Assemblée nationale selon lesquels le rythme de croissance moyen annuel pour les années
1991-1995 devrait être de 5,5-6,0% par an228 . Ce changement positif s'est fait dans toutes les
branches de l'économie. La croissance rapide s'accompagne d'un taux d'inflation acceptable:
5,1 % en 1993 ; 14,4% en 1994 ; 12,7% en 1995 ; 4% en 1996229• Grâce à la croissance
économique, l'épargne et l'investissement ont été améliorés. Le taux d'épargne qui était
négatif en 1989 est devenu de 17% en 1995. L'investissement qui croît rapidement a été de
plus en plus financé essentiellement par l'épargne intérieure et ceci est aussi "le fondement le
meilleur pour le développement à long terme"230. L'efficacité de l'investissement mesurée par
le ratio ICOR est encourageante: environ 2 par rapport à 3-4 normalement231 .
226 GOY. 1995. p.5.227 [MF. [995228 Thal bao klnh te Saigon. N°41-95. du 5octobre au Il octobre 1995, p.3.229 NGUYEN Ngoc Tuan. 1996. En 1995. l'intlation s'est prodUite essentiellement pendant les six premiers mOIs Apartirdu mOIs de juillet. l'indice des priX s'est stabilIsé. Le gouvernement considère la stabIlIté des priX comme une des tâches lesplus Importantes.Dien Dan Forum. N° 57. novembre 1996.230 World Bank. 1995.
Pendant les années 1991-1995. le taux d'investissement s'amélIore de 10.1 à 20.0% du PIB. r'ietnam Economlc Times02/09/1996231 ANDERSEN. H 1994 P26. ICOR . Incrementai Capital Output RatIO qUi indique le montant d'investissementnécessaire pour créer 1unité d'output. On préVOIt cependant que ce ratio augmentera dans les années à venir.
152
Dans l'agriculture, l'augmentation de la production est passée successivement de 3,7% pour la
période 1986-1990 à 4,3% pour lapériode 1991-1995. Malgré le taux élevé de la croissance
démographique, la production vivrière par tête pour la période 1991-1995 était de 371 kg
contre 300 kg pour la période 1986-1990. Peu après les réformes de 1989, la production de
riz et de céréales a atteint des niveaux records, surtout dans le Sud ; on observe également
une augmentation considérable de la part des revenus des ménages paysans dans la récolte232 .
L'expansion de la production agricole a été sans doute due à l'abandon des formes
d'organisations de production étatique et coopérative qui n'ont jamais suscité l'intérêt, l'effort
et la créativité des individus. Il est possible de dire que c'est la restitution de l'autonomie aux
paysans sous forme d'organisation de "l'économie des foyers" qui est le moteur principal des
transformations positives de l'agriculture pendant les dernières années233 234.
L'industrie a connu un véritable essor pendant la période 1991-1995 : la production
industrielle croît annuellement de 12,5%-, taux de croissance le plus élevé depuis 1975 et
supérieur à 100% par rapport à la période 1986-1990. Le secteur industriel et artisanal privé
s'est graduellement développé; il a créé, en 1995, environ 35% de la production totale de
l'industrie.
Le commerce et les services ont également connu une croissance rapide, notamment ceux du
secteur privé. Le chiffre d'affaires de la vente de marchandises et de services de la société tout
232 Problèmes Economiques, N 2 238. Pans. le 28 août 1991. p.24
233 Notons ICI un jugement de Monsieur VU Oanh - membre du Bureau politique du PCV Jusqu'au mois de Juin 1996 - surla cause principale du succès économique du Vietnam pendant ces dernières années: "Toute la politique nationale dedéveloppement du pays passe par la libération des travailleurs, la libération des forces productives..... VU Oanh. 1994.
234 En ce qui concerne l'expérience de la réforme agraire dans les pays en développement. selon une élude publiée en 1985qUi analyse les données de la FAO (Food and Agriculture Orgamsatlon) sur les 15 pays en développement. dansl'agriculture. les petites fermes ont pu avoir une productivité et une absorptIOn de la main-d'oeuvre plus élevées que lesgrandes fermes. La redistribution de terre à travers la réforme agraire conduira donc immédiatement à l'augmentation de laproductIOn, à la créallon d'emploIs. à l'amélioration de la pauvreté et à l'application des techniques employant plus de main-
153
entière en 1995 est 6,3 fois plus important que celui de 1990. A la différence de l'industrie où
les EE jouent toujours la place prépondérante, dans cette branche d'activité, les petites
entreprises privées ont remplacé rapidement les entreprises d'Etat (EE). Ce repliement se
manifeste particulièrement au Sud du pays.
L'exportation atteint 5,4 milliards d'USD en 1995 (quatorze fois plus qu'en 1976), en faisant
du commerce avec 120 pays et territoires (43 pays en 1976). Le nombre de sociétés d'import-
export s'est accru de 20 en 1976 à 600 en 1995235236. Pour la période 1991-1995, le chiffre des
exportations a augmenté en moyenne de 20% par an.
Bien que la balance du commerce extérieur soit toujours déficitaire, celui-ci a bien progressé
pendant ces dernières années. Le tableau ci-après nous permet de voir plus précisément le
progrès du commerce extérieur vietnamien:
En comparaison avec le rapport exportations/importations en 1993 du total des pays en
développement qui est de 91 %237, ce rapport du Vietnam pendant la période de 1991-1995 est
encore bas, mais il a évolué régulièrement depuis 1976.
d'oeuvre. Giovanni Andrea CORNIA. 1985.
235 LUU Tien Hal. 1995.
236 LE Van Toan. 1996.
237 PNUD 1996 p. 195.
154
Tableau 1 : Balance du commerce extérieur du Vietnam du 1976 au 1995
1976-80 1981-85 1986-90 1991-95
Exportation (A) millions d'USD 1.602 2.862 7.065 16.926
Importation (B) millions d'USD 5.779 7.953 12.685 22.139
(A)-(B) millions d'USD - 4.177 - 5.091 - 5.620 - 5.213
(A) /(B) % 27,7 36,0 55,7 76,5
Source: ThOl Bao Kmh Te Saigon. 24 octobre 1996.
Avant les réformes, le déficit budgétaire était une des causes principales de l'inflation. Grâce
à l'augmentation des recettes internes, ce déficit a été contrôlé: son ratio qui s'élevait à plus
de 7,0% du PIB au cours des années précédentes a atteint moins de 5% en 1995238. L'inflation
est donc maîtrisable.
Les investissements directs étrangers ont progressé rapidement au cours des trois dernières
années. Jusqu'en décembre 1995, il Y a eu 1.700 projets agréés avec un montant
d'investissement enregistré de 18 milliard d'USD et un montant déboursé de plus de 6
milliards d'USD239. Outre l'investissement étranger, le pays bénéficie d'autres ressources
extérieures dont la plus importante est le transfert des vietnamiens d'outre-mer : on estime
que ces ressources sont de l'ordre de 600 millions d'USD par an, soit 11% du chiffre des
exportations en 1995.
238 GDV 1995. p.S. Selon la Banque Mondiale (1995) et le FMI (1995) , ce chiffre est de moms de 2%.
239 GDV. 1995 plOVietnam Economlc Times 02/09/1996
L'investissement étranger direct en 1995 est de 7,5 milliards d'USD (capital enregistré) . il augmente donc de SO% parrapport à celui de 1994 ThOL Bao Kmh Te Saigon. N° 1-96. du 04 au 10 Janvier 1996.
155
La régularisation de la situation du Vietnam à l'égard des institutions financières
internationales à partir du quatrième trimestre de 1993, la levée de l'embargo commercial des
Etats-Unis en février 1994, la normalisation totale des relations entre ces derniers et le
Vietnam en juillet 1995, l'adhésion du pays à l'ASEAN et la conclusion d'une convention
cadre entre le Vietnam et l'Union Européenne en 1995 créeront davantage de nouvelles
conditions favorables pour le processus de transition du pays240.
Parallèlement aux changements de l'économie, le lllveau de vie de la population a été
amélioré. Selon un document de la Banque mondiale publié en 1995, le taux des familles
pauvres a diminué de 70% à 50% depuis le commencement de la rénovation (doi moi) 241.
Selon le gouvernement, en 1995, il y a environ 80% des ménages dont le niveau de vie
s'améliore par rapport à celui en 1990242 .
Les réformes institutionnelles ont apporté un certain nombre de résultats positifs. De
nombreuses nouvelles lois qui ont été promulguées rénovent le cadre juridique en faveur des
réformes vers l'économie de marché. Le nombre d'entreprises d'Etat (EE) a diminué de
12.000 à 6.000 ; le mécanisme "organisme en charge" ("che do chu quan") appliqué aux EE a
été graduellement éliminé (voir la section B) ; la loi des entreprises d'Etat promulguée en
240 DepuIs 1993 et pour la première fois depuis 1983, le pays a le droit d'emprunter près d'un milliard d'USD auprès de laBanque Mondiale, du Fonds Monétaire International et de la Banque ASiatique de Développement. A la "Contërenceinternationale des donateurs au Vietnam" organisée à Paris en Septembre 1993, le gouvernement vietnamien a reçu despromesses d'aides bilatérales et multilatérales atteignant 1,86 milliards d·USD. Ce chiffre est respectivement de 2 milliard etde 2,3 milliard lors des deux Conférences en Novembre 1994 et Novembre 1995. De plus, la Réunion des créanciers duVietnam organisée également à Pans en Novembre 1993 a abouti à la propOSition d'annuler la mOItié des dettes du pays.
Selon M. Russell Cheetham. Vice Président de la Banque mondiale. chargé de la région d'Asie de l'Est et Pacifique. leprogramme du tïnancement au développement de son institution au Vietnam est un d.:~ programmes les plus importantsdans la région. A partir de 1995. chaque année la BM y tinancera 400-500 millions d·USD. ThOl Bao Kmh Te Saigon. N°30-95. du 20 au 26 .JUillet 1995. p.15241 World Bank 1995242GDV.1995 p.12.
Une enquête du Département général des statiqtiques (DGS) faite en 1993 sur k changement du niveau de vie de lapopulation en 1993 par rapport à celUI en 1990 a révélé que 52% de la population enquêtée disaIt aVOIr un niveau de viesupérieur à celUI de 1990 (52% en général dont 47% en zone urbaine et 53% en zone rurale). DGS. 1995. P382.
156
1995 a distingué les EE d'utilité publique et celles n'ayant pas cette caractéristique. Le secteur
privé a été largement reconnu, les activités économiques privées peuvent se développer "sans
limite en matière de taille et de champ d'action pour les branches d'activité que la loi n'interdit
pas"243. Le mécanisme de marché a été établi dans tous les aspects: marché financier, marché
du travail, marché de la technologie, la bourse, .. Le programme national de rénovation de
l'administration est en train d'être réalisé, il tente de perfectionner les institutions, le système
juridique, à rénover l'appareil administratif, à former et reformer un contingent de
fonctionnaires répondant à de nouvelles demandes des réformes.
SECTION II. CONTRAINTES ET POINTS FAIBLES DE
L'ECONOMIE.
En dépit de nombreux résultats encourageants des réformes, le Vietnam demeure l'un des
pays les plus pauvres du monde. Le pays est en train de faire face à plusieurs problèmes des
plus épineux de la transition: la faiblesse du changement structurel de l'économie, les limites
de l'infrastructure physique, les faiblesses du régime de propriété, les inconvénients du
système financier, administratif et juridique et la dégradation du capital humain. La crise
asiatique aggrave davantage la situation. L'analyse de ces problèmes nous permet de mieux
comprendre l'importance du développement du secteur privé notamment des petites
entreprises dans les années à venir.
243 GDV. 1995 p.13
157
I. Faiblesse du changement structurel de l'économie.
A. Une évolution lente de la structure de l'économie.
Malgré les progrès dans toutes les branches de la production, la structure de l'économie du
pays n'enregistre guère de changement positif. Le Tableau 2 l'illustre.
Tableau 2: Part relative des secteurs dans le PIB pendant la période 1989-1994, en
pourcentage.
Sources: Tableau etabh a partir de :
Secteur 1990 1991 1992 1993 1994
Industrie 23,7 23,6 27,5 25,4 26,6
Agriculture 38,6 40,8 34,5 36,4 35,4
Services 37,7 35,6 38,0 38,2 38,0
Total 100 100 100 100 100
..
- LE Van Toan. 1993. p.25.
- TRAN Thi Anh Dao. 1996. p. 450.
Par rapport à la structure avant les réformes, la part de l'industrie vietnamienne ne s'est guère
améliorée, celle-ci est seulement de 26,6% en 1994244 . D'après VU Quang qui a calculé ces
chiffres selon les normes statistiques des Nations Unies, ce ratio est encore 4 ou 5 points
encort. plus bas, c'est-à-èire que la part de l'industrie en 1994 n'est que de 21-22%245.
244 Selon le Rapport politique du PCV adopté par le vIIIe Congrès National du PCV en 1996, en l'an 2000, la part desbranches d'activités dans le PlB est la suivante AgrIculture: 19-20%: Industrie et construction: 34-35%; Services: 4546%. PCV 1996.
245 VU Quang 1994a.
158
Contrairement à la situation positive des pays voisins de l'Asie de l'Est sept ans auparavant
(voir Tableau 3), l'industrie vietnamienne se trouve toujours dans une position très faible. Il
faudrait noter aussi qu'à la différence des pays industrialisés, le secteur des services
vietnamien, comme dans plusieurs autres pays de l'Asie, comprend en grande partie des
activités de subsistance comme la restauration, la réparation; les services à haute technologie
n'y occupent qu'une part modeste.
Tableau 3 : Part relative des secteurs dans le PlO
des pays de l'Asie de l'Est en 1965 et 1987, en pourcentage.
34,0 1 45,0 1
28,0 1 34,0 1
100,0 1----1-0-0,-011Total
Secteur Asie de l'Est en Asie de l'Est en
1965 1987
IIndustne
1 Agriculture
1Services
Source: Banque mondiale. 1989. p.195.
En observant la relation entre l'évolution de la part de l'agriculture dans la structure de
l'économie et le ratio d'augmentation du PIB réel des pays de la région d'Asie-Pacifique dans
les années 1980, nous en tirons l'observation suivante: Pendant la période 1980-1988, parmi
les vingt pays examinés, il y a trois pays dans lesquels le ratio de l'agriculture dans la
structure de l'économie augmente: Fidji, la Birmanie et les Philippines. Ces trois pays sont
ceux où le ratio d'augmentation du PIB réel (pendant la période 1986-89) est bas (ou négatif).
1 159
1 Par contre, pour les cinq pays (Taiwan, la Thaïlande, la Corée du Sud, les Maldives et le
Source : Tableau etabh a partir de . DGS : 1991. pp.21-22.
Pays DR] R2
Taiwan -3,1 9,8
Thaïlande -3,7 8,9
Corée du Sud -4,6 10,5
Maldives -8,0 9,7
Bhoutan -10,6 10,4
..
Pays DR] (l980-88) R2(l986-89)
Fiji +1,3 3,7
Philippines +1,8 4,6
Binnanie +10,6 -2,3
B. Pays où l'évolution de la structure de l'économie est progressive.
A. Pays où la structure de l'économie est à dominante agricole.
pourcentage.
Tableau 4 : Relation entre l'évolution de la structure de l'économie et celle du ratio
d'augmentation du PIB réel des pays de la région d'Asie-Pacifique des années 1980, en
DRI . La différence en pourcentage entre les deux ratios de la part de l'agriculture dans la structure de l'économie pendant
Bhoutan) où le ratio de l'agriculture dans la structure de l'économie diminue le plus
rapidement, le ratio d'augmentation du PIB réel est élevé.
1
111
1
111
1
11
1
111
1la période 1980-1988 (DR 1 = ratio de 1988-ratio de 1980).
R2 : le ratio d'augmentation annuel du PIB réel (\a ma) enne simple) pendant la période 1986-1989.
11
•11111111111111111111
160
Cette observation nous pennet de conclure que, comme prévu246, la croissance économique
des pays de la région d'Asie-Pacifique durant les années 1980 est étroitement liée à la
diminution relative de la part de l'agriculture dans la structure de l'économie.
L'examen de la structure de l'emploi par secteur au Vietnam de 1985 à 1993 nous montre une
situation contraire aux tendances de développement largement connues : durant cette période,
la part de l'emploi dans l'agriculture a augmenté de 0,1% et la part de l'emploi dans l'industrie
a diminué de 0,7% (Tableau 5).
Tableau 5 : Structure de l'emploi dans les branches d'activité au Vietnam du 1985 au
1993 (en pourcentage).
Branche d'activités 1985 1993 (B) - (A)
(A) (B)
Agriculture 72,9 73,0 + 0,1
Industrie 14,1 13,4 - 0,7
Services 13,0 13,6 + 0,6
Total 100,0 100,0
Source: TRAN Thl Anh Dao. 1996. p. 451.
Le niveau d'industrialisation des pays de l'Asie du Sud-est se manifeste par le remplacement
graduel des industries traditionnel1es basées sur les ressources naturel1es (industrie agro
alimentaire, bois, papier) par des industries intensives en main-d'œuvre (textile, habil1ement
chaussure) et ensuite par des industries intensives en capital et en technologie (matériels de
246 WIlhelm KRELLE 1991. p. 288.
161
transport, machines et équipements, industrie chimique)247. Cette tendance n'est pas encore
connue précisément au Vietnam. L'exploitation des ressources naturelles (pétrole, charbon,
minerai, produits forestiers et agricoles) occupe toujours une proportion beaucoup plus
importante par rapport à la transformation des ressources exploitées. Le niveau technologique
de la plupart des entreprises ne change guère; un grand nombre d'équipements de production
industrielle (95%) ont été fabriqués avant 1990248. La compétitivité de l'industrie au niveau
technologique est donc inquiétante, notamment avec l'adhésion du Vietnam à l'ASEAN à
partir du 1er janvier 1996249.
B. Les faiblesses persistent dans les branches d'activité.
1. Dans le commerce extérieur, l'exportation par tête (85 USD en 1996) est encore très
basse par rapport à la région de l'Asie Pacifique où l'exportation joue un rôle clé dans la
stratégie du développement. Bien qu'il y ait eu un certain nombre de changements vers la
libération du commerce extérieur, cette libération est encore pour l'essentiel réservée aux
entreprises d'Etat (EE) ; la quasi-totalité des entreprises privées (EP) ne peuvent exporter
leurs produits qu'à travers l'intermédiaire des grandes EE. Ces dernières, d'une part, n'ont
guère d'expérience dans les relations avec les pays importateurs ; et d'autre part, les
commissions (officielles et non officielles) qu'elles demandent diminuent la marge
commerciale des EP exportatrices et découragent de ce fait, l'exportation par ces dernières.
247 TRAN Thi Anh Dao. 1996. p. 452-453
248 TRAN Van Tuc. 1996a.
249 La faiblesse de la structure de l'économie vietnamienne se manifeste non seulement par un faible ratio de l"industrie.mais encore par la structure mtérieure de l'agriculture Le ratio entre la culture et l'élevage est toujours bas (environ 311 encomparaison avec celui de 2/1 des pays voisins) et il est en tram de baisser. Selon VU Quang. le ratio élevage/culture dansl'agricultre vietnamienne est de 26174 en 1990 et a baissé à 24176 en 1993. VU Quang 1994a
Le rapport du gouvernement vietnamien préparé pour le "Sommet mondial pour l'Altmentation" (organisé à Rome. Italie.13-17 novembre 1996. Voir' GOVERNMENT Of THE SOCIAL/ST REPUBLIC Of VIETNAM. 1996) et l'ouvrage de laBanque mondiale sur le Vietnam publié en Octobre 1996 (The World Bank. 1996) confirment cette faiblesse. Selon le
162
Cette fonne de contrôle du commerce extérieur n'existe plus dans les autres pays
asiatiques25o . Le paradoxe est que, parallèlement à ceci, l'importation contrebandière se
développe fortement. Ces deux situations parallèles endommagent la jeune industrie du pays,
notamment l'industrie légère. Le secteur des petites entreprises, un producteur important des
produits de l'industrie légère, est l'une des victimes principales de cette situation.
2. Puisque l'épargne nationale du Vietnam est encore faible par rapport aux autres
pays de la région, l'investissement étranger y joue toujours un rôle important. En 1993 par
exemple, l'épargne nationale est de 12% du PIB, en comparaison avec les 19% aux
Philippines, 30% en Malaisie, 32% en Thaïlande et à Hong Kong, 36% en Corée et en Chine,
47% à Singapour.
Malgré le rôle important de l'investissement étranger, le ratio investissement
étranger/population du Vietnam reste beaucoup plus faible par rapport à celui des autres pays
voisins: il est égal seulement à 11511 de celui à Singapour, 1/61 de celui de la Malaisie, 118
de celui de la Thaïlande, 2/5 de celui de la Chine251 . De plus, l'investissement étranger est
réparti de façon géographiquement irrégulière ; il est essentiellement concentré dans 6
provinces (HoChiMinh-Ville, Hanoi, Dong Nai, Haiphong, Baria-Vungtau, Song Be) : 16%
de la population bénéficient de 81 % du montant total des projets252 .
Quarante pour cent de l'investissement étranger proviennent des pays sinophones. Dans
l'ensemble, l'investissement étranger au Vietnam en 1993 atteint 40% de la totalité des
premier. le ratio élevage/culture reste touJours de l'ordre de 25175 (p.13) . selon notre calcul du deuxième. ce ratio qui fut22.50% a baissé à 22.26% en 1995 (p. 188)
250 PHAM Van Thuyet 1993.
251 World Bank. 1995c p.38.
163
investissements dans le pays. Cette proportion est équivalente à celle de Singapour
(l'économie la plus ouverte de l'Asie), le double de celle d'Hongkong, le triple de celle de la
Malaisie, 15-20 fois plus élevée que celle de la Chine ou de la Corée du Sud. Cette situation
montre qu'il faudrait prendre des mesures adéquates pour augmenter l'investissement intérieur
de l'économie, en particulier de la part de la population, "sinon notre pays ne sortirait pas du
cercle vicieux : remplacer la dépendance du bloc socialiste par celle du bloc capitaliste"253.
Comment faire pour à la fois inciter l'investissement étranger et l'investissement intérieur-,
c'est le problème à résoudre. Au cours des dernières années, le gouvernement n'a guère incité
à l'investissement intérieur. Bien des politiques appliquées dans l'impôt, dans l'import-export
et ou dans l'octroi du crédit montrent l'indifférence en pratique des autorités vis-à-vis de
l'investissement intérieur, particulièrement l'investissement dans l'industrie254.
Comment promouvoir l'investissement de la population pour contrebalancer l'investissement
étranger ? A notre avis, il faudrait, d'une part, créer des conditions favorables au
développement des petites entreprises, en particulier celles concernant le financement, le
cadre institutionnel et juridique.
3. Dans l'agriculture, bien que les foyers paysans puissent être autonomes dans leur
activité de production et d'affaires, ils ne peuvent vendre leurs produits qu'à l'intermédiaire
des entreprises d'Etat. Ces dernières imposent toujours des prix artificiellement faibles au
252 World Bank. 1995c p 36
253 VU Quang. 1994a.
254 VOIr les cntlques sur l'influence négatlve de la politique fiscale vis-à-vis du secteur privé de HOANG Kim Giao. Seloncet auteur, celle politique conduit à l'investissement dans le commerce et les services plutôt que dans la production. et àl"amenu\sement des entreprises plutôt que leur expansion (HOANG Kim Glao. 1993). En ce qui concerne l'import-export,il suffit de citer Ici un chiffre: en \993. le chiffre des importations des motocycles était de 300 millions d'USD, équivalent àl'Investissement de la population de cette année: en 1991, ce chiffre était de 500 millions d'USD. environ trois fois plus quel'investissement de la population' (VU Quang. 1994a)
164
détriment des producteurs. Alors que l'agriculture s'est bien développée pendant ces dernières
années, les paysans n'ont bénéficié guère de ce développement.
4. Un des gros problèmes d'actualité auxquels fait face le Vietnam est les dettes
extérieures. Il est un des dix pays du monde en développement dont le ratio dette extérieure /
PIS est le plus élevé: 200% du PIS (1993)255, par ailleurs, 45% de ces dettes sont arriérées;
le ratio service de la dette extérieure/exportation est de 138%, selon une estimation de la
Banque d'Etat du Vietnam (BEV)256. De nouveaux signes d'une secousse du système bancaire
en raison d'une dette non remboursable estimée de 1 à 1,2 milliards des entreprises d'Etat et
de grandes entreprises privées (voir chapitre V) nous inquiètent257.
B. Limites de l'infrastructure pbysique.
Malgré des efforts importants consentis ces dernières années, le réseau de communication
reste encore insuffisant, notamment au Nord et en zone rurale258. Le réseau routier occupe
40% de la masse totale des transports du pays, mais sa qualité est médiocre: 58% des routes
du Nord et 18% des routes du Sud sont impraticables. Le réseau fluvial prédomine, mais sa
capacité d'exploitation demeure modeste, à cause de la pénurie des travaux nécessaires. Bien
que le pays soit doté d'un littoral important, le ratio du transport côtier est encore faible, ce
qui indique également un échange encore très limité entre les régions principales du pays. Le
255 Pour comparaison: ce ratio est de 40% pour les 152 pays en développement, 78% rfJur les pays les moins avancés et73% pour les pays de l'Afrique subsahJrienne. PNUD 1996. pp. 194-195.
256 Alors qu·ordinalrement. ce ratio ne peut pas dépasser 30%. VOIr' Interview M. DAO Quang Thong. Vice Directeur duDépartement de la gestion des dévises étrangères appartenant à la Banque d'Etat du Vietnam. Thal Bao Kmh Te SOlgon, N°46-95. du 9 au 15 novembre 1995. p.16.
257 "Les pouvoirs publtcs et les institutions internationales doivent rester vigilantes en ce qui concerne la gestion de la delledu pays" Hiroshl HARUTA. Forum économique du FMI. le 29 mal 1996. F.'vt/ Bulletm. 8 juillet 1996.
258 Le nombre de téléphones/population augmente rapidement: en 1991. ce ratio est de 0.18 appareil/lOO habitants: en1995. ce ratio est de 1 appareil/lOO habitant. Thoi Bao Kinh Te Saigon. N° 1-96. du 04 au 10 janvier 1996.
165
réseau ferroviaire qui est construit il y a 100 ans est trop ancien. Le pays a 16 aéroports, dont
3 sont internationaux (Noie, Tansonnhat, Danang) ; ils ont également besoin d'être
modernisés pour pouvoir fonctionner efficacement.
La consommation énergétique commerciale représente 1/3 du niveau moyen des pays à bas
revenu. L'électricité pose un problème pour les entreprises du Sud Vietnam. En effet, la
plupart des usines thermoélectriques ont subi d'importantes dégradations. Le réseau de
transmission et de distribution est obsolète et mal géré, provoquant ainsi de grandes pertes.
Le système d'approvisionnement de l'eau pose un autre problème d'infrastructure. En 1993,
seules 50% de la population urbaine et 25% de la population rurale étaient alimentées en eau
potable.
La faiblesse de l'infrastructure physique est un des principaux obstacles au développement.
L'expérience des autres pays en transition nous montre que ces limites peuvent engendrer un
"effet de goulet d'étranglement" qui endommage le développement. Une amélioration
préalable de l'infrastructure physique afin à la fois d'éviter "bottlenecking effect" et de créer
le revenu-, une des leçons tirées des expériences de l'Europe de l'Est259, serait utile.
La pauvreté de l'infrastructure physique est également un obstacle au développement du
réseau bancaire du pays ainsi qu'à l'expansion des transactions économiques dont celles des
petites ~ntreprises. Bien qne le gouvernement le considère toujours comme un sujet
259 Mark KNELL and Chrlstme RIDER. 1992. p.242.
166
prioritaire, les ravages dus à la guerre, la mauvaise gestion dans les périodes de subventions
ainsi que le manque de capital expliquent ce retard.
Les estimations du gouvernement vietnamien sur le besoin d'investissement dans
l'infrastructure physique est d'environ un milliard d'USD par an pour les années à venir. Ce
besoin ne sera résolu que grâce à l'aide internationale260. Cette aide ne sera efficace qu'à la
condition que les autres réformes, notamment en matière institutionnelle, soient réalisées.
II. Faiblesses du régime de la propriété et du processus de privatisation.
A. L'ambiguïté des droits de propriété au Vietnam.
Malgré les progrès des réformes en matière des droits de propriété, ces derniers sont toujours
mal définis et cela empêche le processus de la transition. Les terres appartiennent toujours à
"la propriété commune de la population" dont l'Etat est le représentant. La modification de la
loi agraire adoptée par l'Assemblée nationale en juin 1993 offre le droit d'usage des terres aux
usagers assortie de 5 clauses: l'héritage, l'hypothèque, la location, l'échange et le transfert,
alors que la propriété est toujours dans la main de l'Etat261 . Personne n'a le droit de vendre ou
d'acheter des terres. Pour des causes imprévisibles, l'usager peut être déchu de son droit
d'usage; pour cette raison, celui~ci n'ose pas investir à long terme. Le mode d'exploitation des
terres, sans compter les conséquences à long terme, est une manifestation de l'ambiguïté de la
propriùé.
260 Ann üRR et VU Quang Viel. 1994 pli.
261 DepUIS l'approbation de la nouvelle Loi agraire. de nombreux règlements sur le droit d'usage des terres ont étés mis enplace Parmi eux. un Imponant Décret a été approuvé en février 1995 (Décret 18/CP). ce qUI a provoqué une grande
diScussIon de par son ambiguïté.
167
Comme cela a été souligné dans un récent ouvrage de la Banque mondiale, l'accès inéquitable
au droit d'usage des terres est un grand problème en dépit du développement du secteur privé.
"Ce n'est pas parce que les autorités veulent maintenir la propriété des terres par le peuple; la
propriété nationale des terres au nom de la population totale est pratiquée dans plusieurs
économies de marché sans causer des problèmes vis-à-vis du développement des affaires. Le
droit d'usage des terres est devenu un problème au Vietnam, parce que la mise en place de la
Loi agraire a provoqué des confusions ; ces confusions limitent ainsi la validité et la
transférabilité du droit d'usage des terres. Les objectifs du gouvernement - maintenir la
propriété des terres du peuple, réduire la spéculation, limiter la perte des terres par des
groupes vulnérables, et éviter l'usage abusif des ressources - ne sont pas incompatibles mais
ont encore besoin d'augmenter l'efficacité de l'usage des terres. Ceci est particulièrement
important au Vietnam, où la pénurie des terres agricoles est causée par les usagers
résidentiels, industriels et commerciaux. Pourtant, les règlements existants n'assurent pas que
la terre soit allouée aux usages les plus efficaces: le processus d'allocation du droit d'usage
des terres qui n'est pas transparent, conduit à des décisions discrétionnaires; le prix auquel le
droit d'usage des terres est alloué ne reflète pas la rareté de la terre, mais plutôt les critères
arbitraires tel que le secteur d'activité de l'usager; le droit de transférer du droit d'usage des
terres est limité, empêchant l'élaboration d'un marché transparent; et les spéculateurs, au lieu
du gouvernement, moissonnent les bénéfices du changement de l'usage des terres"262.
L'ambiguïté263 du régime de propriété engendre d'autres problèmes: (a) le blocage du secteur
privé: Cb) l'hésitation des investisseurs étrangers; Cc) les difficultés dans l"application des
262 World Bank 1995c. p 62
263 D'après J. Weber et J P.Reveret. c'est la confusion entre la notion de propriété et celle de droit d'usage qUI causel'ambiguïté... C'est dans la confusion entre ces deux notions. proprtété commune et accès libre. que réSide le drame de latragédie des communaux" et "l'accès aux ressources et la transtërabilité des droits d'accès constituent le heu principal des
168
procédures de garantie bancaire ; et (d) dans certaines conditions, elle favorise la corruption
et même le crime organisé.
Le Programme pilote de transformation des EE en sociétés par actions (SPA) a débuté depuis
juin 1992, mais jusqu'en 1997, il n'y a qu'une dizaine d'EE ayant réellement été
transformées264 . Jusqu'à ce jour, "l'actionnarisation" ("equitization") des EE et "l'économie
coopérative" sont les deux choix principaux des autorités vietnamiennes pour la réforme des
EE et l'organisation des entreprises 265. Ces solutions entraînent néanmoins beaucoup de
problèmes266 .
A partir de mars 1994, le gouvernement a promulgué un programme pilote pour la formation
des grands groupes économiques étatiques. L'objectif de ce programme est de mettre en
évidence la compétitivité du secteur économique étatique dans un environnement de plus en
plus concurrentiel, tant sur le plan national qu'international. Du point de vue de la
concentration du capital au profit de la concurrence et de l'industrialisation, cette option est
compréhensible. Mais encore faudrait-il ne pas réunir seulement les EE mais également les
EE et les entreprises privées, afin de minimiser les faiblesses persistantes des entreprises
d'Etat et d'assurer l'efficacité de la gestion d'entreprise et la compétitivité267 .
rISques et de l'incertitude liés à l'environnement économique et politique (décisionnel)" Jacques WEBER. J.P. Revere!.1993.
264 World Bank. 1994 pp.42-43.World Bank. 1995c. p.1 06.
265 PCV. 1993 Pp 17-18PCV. 1996
266 Voir par exemple: TRAN Du Llch. 1992. NGUYEN Ngoc Tuan 1993.
267 L'expérience réussie de la Corée du Sud en organisant des "conglomérats" dans son processus d'industrialisation a puêtre une des raisons de ce choIx du gouvernement vietnamien. En effet. "Le capitalisme coréen est particulièrementconcentré les trente premiers groupes représentent les troiS quarts de la production industrielle nationale; les dix premiersréalisent 23% de la production nationale et 60% des exportations" et "A la différence du Japon. la domination de cesconglomérats ne s'appuie pas sur la constitution d'un vaste réseau de PME. à la fois dépendantes et protégées: elle s'exercesimplement par leur ramification en filiales. intervenant dans des activités diversifiées". Pierre DUHARCOURT. 1996 Maisattention' Le contexte coréen à son époque d'industrialisation est tout à fait différent de celui du Vietnam actuel. Et surtout.
169
Les autorités vietnamiennes ont peur que, semble-t-il, le développement du secteur privé
conduise à la perte du rôle directeur de "Etat; le maintien des EE est considérée comme une
manifestation du pouvoir de ce dernier. Comme dans les autres pays en transition, cette
approche est évidemment supportée d'une part, par une grande partie des gens dont les
intérêts sont étroitement liés à l'ancien appareil et d'autre part, par des gens qui sont
idéologiquement fidèles à la tradition268. A notre avis, l'erreur de base ici est la confusion
entre le pouvoir d'Etat (qui est une catégorie abstraite) avec les droits de propriété des
moyens de production concrets des gens concrets. Ceci veut dire que c'est la maintenance des
moyens concrets par les gens concrets qui affaiblit le pouvoir d'Etat réel. Ce pouvoir réel ne
réside pas dans les moyens concrets mais réside dans la confiance de la société dans son Etat.
Cette analyse conduit à une conclusion selon laquelle la privatisation renforcera le pouvoir de
l'Etat-, un Etat de l'ensemble de la société et non pas seulement celui des gens gérant les
moyens de production. Dire comme James Gustave Speth, Directeur général du PNUD après
sa visite au Vietnam en 1994, "Le développement du secteur privé ne signifie pas que l'Etat
perdra son rôle directeur. Par contre, le gouvernement doit être plus fort pour pouvoir assurer
que la propulsion du marché sert les intérêts du pays et les bénéfices du peuple, aujourd'hui
comme demain"269.
ces "conglomérats" sont d'ordre privé' les deux tiers de leur capital sont entre les mains des familles des fondateurs.Dans son ouvrage "L'Industrialisation et les politiques industrielles au Vietnam", la Banque mondiale a prévenu trois
dangers possibles du regroupement des EE : (al tendances monopolistiques; (b) l'intra-subvention entre les EE du groupeen faveur des EE inefficaces; (c) obstacle au processus de réforme et à l'actionnarisation des EE. World Bank. 1995c.p.IOS.
VU Quang Viet a également critiqué le regroupement des EE au Vietnam. Selon cet auteur, l'investissement de l'Etat dansles grands groupes économiques étatiques conduira à des pertes et des subvention~. comme on l'a vu dans le passé. Parconséquence, l'Etat ne sera pas financièrement capable de traiter des problèmes sociaux. VU Quang Viet. 1996.268 Qui sont les gens ayant une attitude hostile aux réformes dans les pays en transition? Selon Robert DAHL. en Europede l'Est, Ils sont "non seulement parmi les bureaucrates de tous niveaux mais également parmi tous les autres dont lasécurité. le revenu. la posItIOn sociale. la carrière et la négligence dans les habitudes de travail dépendent de la pérennité deces systèmes obsolètes" (R.DAHL. 1990). Et selon Oleg T.BOGOMOLOV. "même les protestations de larges sections dela classe OUVrière contre les privatisations de la période de restructuration" (O.T.BOGOMOLOV. 1990). A la différence del'Europe de l'Est. et même de la Chine (voir l'explIcation raisonnable de BWOMACK sur ce sujet. B.WOMACK. 1993) , auVietnam il y a une petite partie d'une autre couche qUi prend une attitude plus ou mOins hostile aux réformes seulement par"traditIOn révolutionnaire" qu'elle poursuit depuis plusieurs génératIOns familliales. Cette attitude s'aggrave par la le manqued'informatIOns269 James Gustave SPETH, interview du journal de la Jeunesse. le 01er tëvrier 1994. C'est nous qui soulignons.
170
On sait aujourd'hui que la privatisation est un processus complexe qui dépend assez
largement du contexte concret de chaque pays le choix des formes, de la vitesse et de
l'itinéraire de ce processus doit être fait avec prudence et demande des études approfondies.
L'expérience des pays en transition indique que" le contrôle de la vitesse et du processus de
la privatisation est crucial" 270. Sous "le socialisme", on a été crédule face à la propriété
publique et cela a conduit à tant de catastrophes. Sous l'économie de marché, il ne faudrait
pas être naïf face à la propriété privée, ceci d'une façon inconditionnelle. Les formes de la
propriété sont en fin de compte seulement les moyens et non pas le but de l'économie et il ne
faudrait pas confondre le but et les moyens271.
B. Réflexions sur la privatisation dans les pays en développement et sur la cause
profonde du blocage du processus de privatisation au Vietnam.
Le choix souvent difficile de la politique de privatisation se reflète par divers avis en cette
matière. Nous présenterons ici quelques avis et tenterons ensuite tentons d'expliquer le
blocage de la privatisation vietnamienne actuelle.
270 Mark KNELL and Ch. RIDER. 1992.
271 Janos Kornaï soulignait, dans une étude publiée en 1990. qu'un des sujets principaux des réformes des économies detype soviétique est la propriété. En ce qui concerne le rapport entre secteur public et secteur privé; ~a écrit que ce rapport". évoluera continuellement en faveur du second (également vite que possible. espérons-le) , mais les deux secteurscoexisteront pendant encore une longue période. Cette symbiose, quoique pleine de conflits et de frictIOns. est inévitablepour un bon bout de temps". Bien que d'accord avec la nécessité absolue de la propriété privée et de la privatisation en tantque moteur du processus de transition vers l'économie de marché des économies de type soviétique, nous ne pourrions paspartager complètement cet avis de Kornai. L'existence des EE. même dans les pays capitalistes développés, est nonseulement inéVitable mais encore-. dans un certain nombre de domaines et sous certaines conditions contextuelles-.nécessaire. A partir de cette expérience. au lieu d'" une symbiose pleine de conflits et de frictions" entre le secteur privé et lesecteur. un partage et une coopération entre eux est envisageable. Janos KORNAI. 1990. pp.27+98. C'est nous quisoulignons.Cet auteur énonce également SIX conditions concrètes pour le développement du secteur privé. Elles sont les suivantes: (a)Le secteur privé doit être entièrement et véntablement libéralisé. (b) Le respect des contrats privés doit être garanti par laloi: (c) On doit affirmer catégoriquement l'absolue sûreté de la propriété privée: (d) Le système fiscal ne doit pas être unfrein à l'Investissement privé: (e) L'investissement privé ainsi que la formation et la croissance du capital privé doivent êtredéveloppés par le crédit. (1) On doit apprendre à respecter le secteur privé sur le plan social. pp. 37-47.
171
Selon les conclusions tirées d'une étude portant sur l'expérience de la privatisation des pays
en développement pendant les années 1970-1980, publiée dans la Revue "World
Development" en 1989:
(a) L'inefficacité des EE est un problème important ; cependant, la
privatisation, elle seule-, c'est-à-dire sans aller de pair avec la libéralisation effective-, ne
conduira généralement pas à des résultats significatifs.
(b) Au niveau des entreprises, la possession est moins importante que leurs
objets concrets tels que le contrôle opérationnel et les motivations des travailleurs de
l'entreprise. Par conséquent, il est possible d'argumenter que la libéralisation combinée avec
la restauration des motivations d'une entreprise-, pas nécessairement avec la privatisation-,
peut être suffisante pour atteindre les effets désirés et réduire les pertes d'opération.
(c) L'environnement politique de la privatisation est le facteur crucial vis-à-vis
de la viabilité à long tenne du processus. Si les résultats de la privatisation ne peuvent pas
être assurés par un support politique à long tenne, la tentation de rétablir des EE, avec leurs
bénéfices politiques attractifs, pourra menacer le processus.
(d) Même dans la situation où les conditions politiques préalables sont
suffisantes, l'on doit toujours tenir compte des détails compliqués de l'exécution.
(e) En bref, bien que la privatisation soit un choix attractif vis-à-vis des EE,
elle n'est pas le seul choix possible ni nécessairement le meilleur272 .
Une étude récente du PNUD publiée en 1993 portant sur la privatisation dans les pays en
développement et dans les pays en transition a mis l'accent sur l'as"~ct humain: "L'une des
questions les plus importantes - et généralement la plus méconnue - est celle de savoir quelles
272 Robert E. CHRISTIANSEN : 1989.
172
sont les conséquences de la privatisation pour les gens.(...). Il serait plus rationnel de
commencer le processus par la restructuration de la plupart de ces entreprises avant de les
privatiser, puis de tenter de créer des emplois dans le secteur privé. Si les licenciements sont
inévitables, les pouvoirs publics devraient y procéder avant la privatisation. Cela permettrait
aux travailleurs de recevoir la compensation à laquelle ils ont droit et de suivre des stages de
recyclage ou d'accéder au crédit s'ils veulent créer leur propre entreprise.
"Il convient de ne pas oublier que la privatisation n'est pas le seul - ni le meilleur - moyen de
réduire les pertes du trésor public attribuables aux EE" 273.
Selon D.Beggs et al, "le transfert de la propriété du secteur étatique vers le secteur privé n'est
pas le problème le plus important. (... ).
" ... la plupart des économistes sont tout à fait d'accord que le problème crucial n'est pas la
propriété elle-même mais la terrible concurrence du marché ou bien, ce qui la remplace est la
politique de concurrence concernée du gouvernement (...). Les intérêts principaux de la
privatisation ne sont souvent pas issus du transfert de la propriété vers le secteur privé lui-
même mais issus des mesures concernées qui font comprendre aux gestionnaires qu'ils
doivent obligatoirement concurrencer efficacement et créer le profit" 274.
Dans son premier grand ouvrage qui tente de synthétiser le processus de transition de
l'économie planifiée à l'économie de marché dans 28 pays, la Banque mondiale a défini la
propriét~ comme "le droit ':l'user d'une chose, d'en autoriser ou d'en interdire l'usage à
d'autres, d'en percevoir les revenus et de la vendre ou d'en disposer d'une autre manière" et
273 PNUD. 1993. p.54.
274 DavId BEGGS et al . 1991. Vol 2 pp 460-461
173
"Le droit de propriété est l'ossature du régime d'incitations d'une économie de marché. Il
pennet de savoir qui supporte le risque et qui gagne ou perd dans une transaction". Dans les
pays en transition vers l'économie de marché, "Des droits de propriété bien définis sont
nécessaires pour que les forces du marché puissent jouer à plein, ce qui passe, à tenne, par
une généralisation de la propriété privée"275.
Après deux ans de l'application de la "Loi d'encouragement de l'investissement domestique",
on constate que:
(a) l'encouragement de l'investissement domestique est toujours inférieur à
celui étranger, notamment au niveau fiscal;
(b) les incitations réservées aux investisseurs nationaux sont appliquées surtout
et dans la plupart des cas aux entreprises d'Etat;
(c) Les procédures d'encouragement sont très compliquées, bureaucratiques276.
Les informations les plus récentes nous montrent que certains leaders du Parti communiste
vietnamien (PCV) veulent toujours conserver "le rôle directeur" ("vai tro chu dao") du
secteur d'Etat, alors que le taux de rentabilité de ce secteur est seulement de 5%-, inférieur au
taux d'inflation277 . A notre avis, il n'y avait pas et il n'y a pas au Vietnam de privatisation
275 Banque mondiale 1996. pp. 59 + 172.Contrairement à cette affirmation de la Banque mondiale, David D. LI a tenté de prouver, à partir du succès extraordinairedes entreprises communautaires villageoises (ECV) en Chine, qu'une propriété ambiguë peut être utile et nécessaire dans desenvironnements de marché imparfaits comme ceux de la Chine et des autres pays en transition. Dans ces environnements,"les droits de propriété ambigues peuvent se voir plus efficaces que les droits de propriété clairement définis". David D. LI.1996. A. S. AHMED (1996. p. 244) a partagé cet avis: "Dans une période de transition, les droits informels de propriétécomportaient certains avantages. Les communautés peuvent continuer à observer des normes idéologiques tout en acceptantdes institutions essentielles au fonctionnement du marché et à l'accumulation des ressources. En mettant le frein sur l'aspectcollectiViste. les entrepnses purent avoir accès au crédit et autres avantages. tandis que les droits "flous" permettaient unpartage des risques entre indiVidus et l, s communautés dans un environnement incertain"A notre avis. les droits de propriété ambiguës des ECV chinoises sont en prauque les droits implicites de propriété: ceux-cipeuvent être une forme transitoire appropriée dans un contexte comme celui de la Chine pendant un certain temps, mais Ilsdevront évoluer. Ces droits de propnété limités et ImplIcites ont sans doute des effets pervers tels que la corruption. Ilsdevraient donc être mieux définiS et plus facilement ceSSibles.
276 LUU HAü 1997a.
277 Selon le "Projet du Rapport polItique auprès VIII ème Congrès national du PCV". Voir: Dien Dan Forum, Paris N°51.le leravnl. pp 1+9.
174
dans le sens d'un transfert des droits de propriété de l'Etat vers le secteur privé; il n'y a que la
création de nouvelles entreprises privées sous plusieurs formes. Dans le chapitre suivant nous
reviendrons sur ce point. Notons ici que ce processus n'a pas été fait puisqu'il n'existe pas une
réelle volonté politique des autorités en cette matière. Le Parti Communiste Vietnamien (le
PCV) a affirmé et affirme toujours que l'économie étatique (accompagnée de l'économie
coopérative) est le fondement de l'économie nationale278. Et si "l'actionnarisation"
("equitization") est la mesure principale dans la réforme des EE, celui-ci n'a rien à voir avec
la notion de "privatisation" largement reconnue dans la littérature économique, puisque,
d'après le PCV, l'actionnariat des EE "vise à mobiliser davantage de capitaux, à créer
davantage de moteurs pour la formation des bénéfices et à augmenter de plus en plus les
biens dans la main de l'Etat"279. 280.
Le refus ferme de la privatisation et l'attitude paternaliste vis-à-vis du secteur privé sera l'un
des obstacles majeurs de la transition vietnamienne dans les années qui viennent. Certains
auteurs pensent que la question de privatisation au Vietnam n'est pas venue uniquement,
même pas essentiellement, des contraintes idéologiques; selon eux, elle vient principalement
des contraintes budgétaires, puisque les entreprises d'Etat ont été des principaux acteurs
contribuant au budget de l'Etat281 . Il nous semble difficile de partager ce point de vue, pour
des raisons suivantes:
278 pcv. 1996
279 li semble que certains auteurs ne distInguent pas "l'actionnariat" au Vietnam de la privatisatIOn. Voir par exemple:LYSlane CARTELIER. 1996 "L'objectif du gouvernement vietnamien est de garder publiques seulement les entrepnses quiJouent un rôle stratégique dans l'économie et de privatiser les autres" (p. 13. C'est nous qUI soultgnons).
280 PCV 1996 C'est nous qui soulignons.
281 Adam Horde and Stefan Vylder 1996. p. 255.
175
(a) La privatisation elle-même apportera à l'Etat de grandes sources financières
(b) Les calculs détaillés qui comptent également des éléments tels que
l'inflation ou le coût d'opportunité montrent que le montant pour lequel les EE ont contribué
au budget de l'Etat, a été nettement inférieur au montant accordé en subventions par l'Etat. Le
dégagement des entreprises d'Etat dont la plupart ont été perdues aidera l'Etat à éviter ces
déficits;
(c) Le développement du secteur privé, accompagné d'un système fiscal
raisonnable, apportera à l'Etat des recettes fiscales importantes.
La cause profonde du retard de la privatisation au Vietnam relève donc des contraintes
idéologiques et des intérêts de certaines classes de la nomenklatura, et non pas des contraintes
budgétaires282 .
III. Inadaptation des systèmes juridique, administratif et financier.
La libération du potentiel économique du Vietnam est encore bloquée par plusieurs
inadaptations institutionnelles dont les plus importantes sont d'ordre juridique, financier et
administratif. Pour que le pays puisse parvenir à un développement économique durable, ces
contraintes devront être supprimées.
A. Inadéquation du système juridique et administratif aux lois du marché.
282 Berislav SEFER donne également une observation qui explique la situation similaire en ex-Yougolslavie : les EE ontpeur du secteur privé et des petites entreprises privées parce qu'elles sont moins efficaces et naturellement. ne veulent pas laconcurrence. Berislav SEFER. 1992. p. 89.
176
Une série de politiques et législations en faveur des activités économiques en général et du
secteur privé en particulier ont été promulgées pendant ces dernières années. Cependant,
l'inadéquation du système juridique aux lois du marché est toujours un obstacle persistant au
développement des affaires, notamment celles des entreprises privées. Les trois pouvoirs
politiques (législatif, exécutif et judiciaire) ne sont pas encore délimités. La faiblesse du
système juridique, la non-rigueur dans l'exécution des lois ainsi que la mésestimation des lois
sont souvent observées. L'indépendance du pouvoir judiciaire, la capacité et la qualité des
tribunaux, la transparence et l'efficacité des lois sur les affaires ainsi que l'élaboration d'un
système de comptabilité et d'audit efficace sont des problèmes pressants à résoudre pour
pouvoir continuer à dynamiser les réformes économiques.
La réforme du système administratif projetée par la Résolution du VIe Congrès national du
PCV en 1986 n'a pas été réalisée283 . Plusieurs réglementations et procédures administratives
qui conduisent à l'abus de pouvoir, existent toujours. D'après une nouvelle enquête réalisée
par un organisme du gouvernement, il existe actuellement des milliers de textes
réglementaires ministériels et provinciaux violant la loi284 . Le GDV dans son rapport publié
en novembre 1995, a également avoué que, jusqu'à présent, "les réformes institutionnelles se
produisent plus lentement que les réformes économiques"285. Le retard des réformes
institutionnelles, à notre avis, se manifeste par l'augmentation sans fin de l'appareil de l'Etat et
la non-dépolitisation de la fonction publique. Au cours des réunions de l'Assemblée nationale
en Octobre 1996, pour la première fois, le fardeau de l'appareil a été révélé. En effet, selon le
ministre des Finances, "Il n'y a aucun autre pays dans le monde dont le budget de l'Etat doit
salarier 6,1 millions de personnes pour une population totale de 75 millions et une population
283 Document à paraître .. 1993. p.13 (Ch. V).
284 Thal bao kmh te SaIgon N° 48-95. du 23/11 au 29/11/1995. p. 2.
177
active de 32 millions. Qui sont ces 6,1 millions? C'est l'appareil du gouvernement, du Parti,
des organismes de collectivités ("doan the quan chung")286. Ce chiffre ne prend pas en
compte le personnel des communes ("xa")"287. Alors que dans la plupart des économies en
transition, le poids de l'Etat diminue et donc, la part des dépenses publiques dans le PŒ se
réduit, cette part, au Vietnam a augmenté de 20% en 1986 et d'environ 27% en 1994288 .
Contrairement à ce que l'on pense, le nombre de fonctionnaires travaillant dans l'appareil de
l'Etat a augmenté régulièrement pendant ces dernières années. Le tableau suivant nous le
montre:
Tableau 6 : Le nombre de fonctionnaires travaillant dans l'appareil de l'Etat de 1993 à
1996 (en personnes).
1993 1994 1995 1996
Nbre de fonctionnaires 1.091.935 1.141.935 1.185.705 1.236.457
Rythme d'augmentation par 100,0 104,6 108,6 113,2
rapport à 1993 (%)
Source: TRAN Van Tuc. 1996. p. 12.
285 GOV 1995. p.17.
286 Les "organismes de collectivité" (syndicat des travailleurs. fédération de la Jeunesse communiste. association desfemmes. association des paysans). comme le gouvernement et tous autres organismes dans le système sont placés sous ladirection du Parti Communiste Vietnamien.
287 HO Te Exrall de. TRAN Trong Thuc. 1996. p. 8 Concrètement. 6.\ milions de salariés comprennent: 1.4 millionsdans l'appareil de l'Etat, 1,8 millions de retraités et 2.9 millions de salariés travaillant dans l'appareil du Parti et des"organismes de collectivités"
288 Chiffres tIrés à partir de : Banque mondiale. 1996. p. 136.
178
Depuis la fin de la guerre froide, les effectifs totaux des forces armées du Vietnam se sont
réduits289 . Malgré cela, le pays est toujours l'un des huit pays au monde ayant les effectifs les
plus élevés.
L'organisation encombrante de l'appareil (de l'Etat, du Parti et des "organismes de
collectivités") et la non-dépolitisation de la fonction publique est liée intimement au "rôle de
direction du Parti unique". Dans chaque organisme de l'Etat ou des "organismes de
collectivités", il existe obligatoirement une cellule du Parti ; dans bien des cas, ce dernier
dispose des fonctions similaires à celles de l'organisme de l'Etat qu'il dirige. La superposition
et la répétition des fonctions entre l'Etat et le Parti nuisent à l'efficacité de l'appareil et ont été
déplorée à plusieurs reprises290 mais cela n'a jamais pu être résolu.
La distinction en matière de pOUVOIr, de droit, d'obligation et de responsabilité entre le
gouvernement central, les gouvernements locaux et les ministères n'est toujours pas claire ;
elle provoque l'inefficacité de l'appareil dans la réalisation des politiques. La capacité des
fonctionnaires dont la plupart était formée dans l'ancien système ne répond guère aux
nouveaux besoins de l'appareil. Le recrutement, la formation et l'utilisation de nouveaux
fonctionnaires correspondant au nouveau contexte sont difficilement mis en œuvre. Car d'une
part, il s'agit là de la survivance des points de vues étroits, du sectarisme et du régionalisme,
et d'autre part, du manque de démocratie dans l'utilisation de capital humain (voir infra).
289 Notons que le ratIO "effectifs totaux des forces armées en 1994/effectifs totaux des forces armées en 1985" du Vietnamest de 56%, par rappon à celui de 93% du monde entier. à celUI de 97% du total des pays en développement et à celui de75% de la Chine PNUD. 1996. P 196-197.
290 Voir par exemple. va Van Kiel. 1996
179
Tableau 7 : Les huit pays dont les effectifs totaux
des forces armées sont les plus peuplées du monc!e.
fs!E. Population Effectifs totaux des CIB
(en millions), en forces armées (en (en pourcentage)
1993 milliers), en 1994
Vietnam 71 5721
1
0,80
0,44
0,24
1,16
Chine 1.196 2.930 1
Etats-Unies 258 -------:1-.6=-=5:-:"1-;-1-----=-0,-=6-:-14
Russie 148 1.7141
Inde 901 -----:-1.--=-2--=-65---i-1----0-'1-4
Pakistan 133 5871
Corée du Sud 44 -----6-3-3-i-1-----l,-4---;4
Corée du Nord 23 1_.1_2_8...J...1 4_,_9----'0
Source: Tableau établi par nos soins à partir de : PNUD. 1996.
Selon une estimation, environ 40% du nombre de fonctionnaires ne répondent pas aux
nouvelles demandes291 . Nous pensons que ce chiffre est encore sous-estimé.
La désynchronisation et l'incompatibilité entre les réformes micro et macro-économiques
constituent un autre obstacle à l'efficacité des réformes institutionnelles. En effet, l'expérience
des pays de l'Europe de l'Est montre que de nombreuses politiques macro-économiques de
marché n'ont pas pu être appliquées efficacement dans les pays en transition à cause du
manque de politiques micro-économiques adéquates. A titre d'exemple, dans les économies
180
développées, le freinage du crédit par exemple, conduira au contrôle plus rigoureux de la
trésorerie des entreprises et à la diminution des dettes afin d'éviter leur faillite. Dans les pays
en transition dont le Vietnam, la situation est différente : Lorsque les EE ne peuvent pas
emprunter auprès des banques, elles se prêtent entre elles en recevant et délivrant leurs
marchandises sans qu'il y ait échange de monnaie. Toutes manquent donc de liquidité. Le
mauvais paiement conduit les entreprises de l'économie de marché à être poursuivies en
justice; par contre cette pénalité n'a souvent pas lieu pour les EE des pays en transition, à
cause de l'ambiglÜté du système juridique et des relations personnelles des dirigeants
d'entreprises292 . Les mesures de freinage du crédit qui sont efficaces dans le mécanisme de
marché ne sont donc pas efficaces dans les pays en transition.
B. Dysfonctionnement de l'appareil administratif.
Comme partout, les difficultés les plus profondes des réformes institutionnelles et
organisationnelles au Vietnam résident, en fin de compte, dans des causes intrinsèques liées
aux intérêts des couches sociales concernées. Le plus souvent, ces intérêts sont protégés par
des idéologies qui sont d'une part la foi de ces couches et d'une autre part ses boucliers. Dans
les sociétés dans lesquelles ces difficultés ne peuvent pas être publiquement débattues, la
situation devient plus grave, car un des outils les plus efficaces pour les résoudre-,
l'intelligence collective de la société civile-, reste inefficace. Tentons d'expliquer les causes
profondes de cette situation.
291 Journal Lao Dong, cllé par RadIO France InternatIOnal. le 5 mars 1994.
292 VUONG Huu Bot. 1992a.
181
1. Les legs du mode d'organisation de l'appareil politique et économique de type
soviétique et ses conséguences. On sait que le mode d'organisation de l'appareil politique et
économique des économies de type soviétique est celui de rapport vertical. La relation de
travail en économies de type soviétique est "une relation hiérarchique liée aux formes du
pouvoir politique"293. Chacun est nommé par sa hiérarchie et est responsable seulement
devant elle ; les échelons inférieurs n'ont presque pas d'influence sur sa position. Ce mode
d'organisation conduit évidemment aux conséquences suivantes:
(a) Le caractère pyramidal antidémocratique dans le processus d'élaboration et
d'exécution des décisions. Dans la pratique, bien des décisions importantes du pays ont été
réellement prises par quelques personnes, même par une seule personne, et ce, sans l'aide d'un
état-major compétent ni l'écoute de l'avis du public. Les avis publiés des intellectuels, des
experts, des échelons inférieurs et du public ne jouent que le rôle d'illustrer les décisions
prises par le sommet de la pyramide (sinon ils n'auraient pas pu être publiés!). Malgré cela,
les gens qui prennent des décisions ne sont jamais responsables de leurs actes, parce qu'il y a
toujours eu une" collectivité" incorporelle, invisible et intouchable derrière chaque décision;
par conséquent, grâce à cette incorporalité, personne n'est réellement responsable. Au
Vietnam, on n'a jamais vu un fonctionnaire démissionner à cause d'une faute professionnelle.
(b) L'indifférence du public face aux problèmes liés à son propre sort est un
syndrome permanent de la société totalitaire. Le sous-développement des sciences sociales
est une des manifestations dt; cette indifférence294 .
293 Ramine MüTAMMED-NEJAD. 1992. p.269
294 D'après un grand intellectuel vietnamien. le Professeur HA Van Tan. "la situation généralisée des sCIences sociales ethumaines actuelles est que les recherches ne sont jamais menées à fond .. Le Vieillissement (des sciences sociales) est à ladImenSIOn nationale". Lao Dong 14/03/1995. Cité par: Dien Dan Forum. 01/05/1995. p. 8.
182
(c) Quant au mode d'organisation d'un pays à économie de marché, chaque
fonctionnaire sert les gens qui sont sous sa responsabilité. C'est l'efficacité de son travail
mesurée pour l'essentiel par des critères de mécanisme de marché qui l'évaluera et qui
décidera du bénéfice octroyé en retour. D'autre part, pour bien exécuter sa fonction, il doit
élaborer de bons rapports horizontaux et verticaux avec les autres personnes et organismes.
Ce mode d'organisation exige que chacun doive s'orienter vers son public concerné et
coopérer avec les autres. Le mode d'organisation dans les économies de type soviétique est
tout à fait différent. Chaque fonctiormaire dépend - en pratique - uniquement de son supérieur
: c'est ce dernier qui décide de tout. Tous les autres rapports horizontaux et verticaux
deviennent donc négligeables. Ce mode d'organisation oblige chacun à s'orienter vers son
supérieur et toute autre relation est accessoire295 . Alors que le public est pérenne, la hiérarchie
supérieure est changeante-, en matière de position hiérarchique et en matière de "pensées
directrices" 296 ; un corollaire de ce mode d'organisation est donc l'instabilité des décisions qui
se manifeste aux yeux du public par la mésestimation des lois ou des décisions de
l'apparei1297 . Ce mécanisme est à l'origine du développement de l'opportunisme, de
l'hypocrisie, de l'irresponsabilité et de l'indifférence d'un certain nombre de fonctionnaires.
C'est aussi la cause de la contradiction dans les décisions des organismes et hiérarchies
concernées, ainsi que l'abus de pouvoir et la corruption. En outre, dans le cas du Vietnam, les
séquelles du mode d'organisation militaire pendant la guerre ainsi que celles du féodalisme
influencent aussi sur la manifestation de ces maladies.
295 Au niveau du style de commandement. DARBELET el al. résume cette différence en écrivant que le style decommandement des entrepnses dans les économies de type soviétique est "centré sur le chef' et celui des entreprises dansles économIes de marché est "centré sur le règlement ou sur les résultats" DARBELET el al. 1995
296 Les "pensées dlrectnces" des organismes du PCV qUI existent partout dans l'appareil
297 Bien des auteurs ont analysé ce phénomène au Vietnam. Voir par exemple TRAN Hung 1993.
183
2. L'influence de ce dysfonctionnement sur l'économie. Les dysfonctionnements de
l'appareil sur l'économie ont des séquelles dans tous les azimuts. Nous pouvons en citer ici
quelques unes.
(a) Jusqu'au début de 1996, toute EE appartient à un organisme qui s'appelle
"organisme en charge" (co quan chu quan). C'est ce dernier qui décide en pratique sur les
sujets les plus importants des EE, comme la nomination du dirigeant de l'entreprise,
l'approvisionnement en capital, la stratégie de développement. Malgré ce pouvoir, il n'est pas
responsable en cas d'échec de l'entreprise.
Depuis 1994, les autorités ont décidé de supprimer le "mécanisme d'organisme en charge".
NGUYEN Trung, dans un article publié en avril 1994, a analysé profondément les
caractéristiques, les dangers de ce mécanisme vis-à-vis de l'économie et de la vie de la
société, et a considéré que cette lutte pour l'annulation de ce mécanisme d'organisme en
charge est "la deuxième percée permettant à l'économie du pays d'entrer dans une nouvelle
étape de développement"298 299.
(b) La corruption, devenue un "fléau national", a été dénoncée par plusieurs
leaders vietnamiens; elle touche mêmes les fonctionnaires les plus hauts placés de l'appareil.
Les causes de cette corruption sont les suivantes: Le Vietnam n'échappe pas aux jugements
généraux suivants de la Banque mondiale portant sur ce sujet dans 28 pays en transition
examinés : "Des règles floues, une réglementation pesante et des contrôles omniprésents
298 NGUYEN Trung 1994 Selon cet auteur. la première percée était l'annulation du mécanisme de deux prix en 1989.En Janvier 1995. le GOYa décidé de créer le "Département général de gestion du capital de l'Etat" appartenant au
Ministère des Fmances. Ce département est le représentant de l'Etat dans les EE et les entreprISes ayant du capital de l'Etat.Il faut attendre pour connaître l'efficacité de cette organisatIOn.
184
donnent aux fonctionnaires un pouvoir exceptionnel et de nombreuses occasions d'obtenir des
pots-de-vin et de s'approprier des biens publics. La société civile - partis politiques, groupes
de défense des intérêts publics, organisation sociale - qui représente habituellement un
contrepoids important face à cette corruption est, dans certains pays en transition, en grande
partie inexistante.
"Le faible salaire officiel des fonctionnaires accroît l'attrait de la corruption, qui est d'ailleurs
maintenant dans certains pays la principale raison de rester dans la fonction publique"30o.
Comment lutter contre la corruption tandis que le salaire mensuel d'un ministre est seulement
de 900.000 VND (environ 450 francs !) et que le salaire d'un certain nombre de directeurs
d'entreprises en joint-venture est de l'ordre de 35.000-40.000 francs30q La corruption est
donc, semble-t-il, une forme de redistribution de revenus dans un pays où d'autres moyens de
le faire ne sont pas disponibles ou ne sont pas efficaces.
Un autre facteur psychologique, qui empêche les réformes institutionnelles et
organisationnelles, est la peur d'un certain nombre d'anciens fonctionnaires face à un avenir
incertain dans une économie marchande et concurrentielle. A partir de cette psychose, un
certain nombre d'entre eux ont abusé de leurs positions privilégiées. Cette situation, en plus
d'un régime de salaire trop bas, et le manque d'un système d'assurance adapté pour les
retraités, aggrave la corruption. Une bonne transition vers l'économie de marché implique,
semble-t-iL la nécessité de mettre en œuvre des mesures pour assurer un niveau de vie décent
pour tout le monde, sans aucune discrimination.
299 Voir également l'aVIS de Monsieur va Van Kiet. premier ministre du Vietnam. Olen Dan Forum. N° 48, pp 16-23,
300 Banque mondiale. 1996. p. 115
185
3. La faiblesse des institutions chargées de mettre en ouvre les lois. L'application des
lois reste peu efficace, à cause du manque de personnel compétent et, notamment, du manque
d'indépendance des tribunaux. L'on constate même un "marchandage entre les coupables ou
leurs familles et les tribunaux afin de réduire ou changer la peine"302. L'intervention des
organismes du Parti dans la juridiction est un autre obstacle, sans doute même "l'obstacle le
plus gros"303. De nombreux jugements ne sont pas exécutés; selon la Banque mondiale, au
Vietnam, "moins de 40 % des décisions de justice en 1993 et 1994 ont été effectivement
appliquées"304,305.
C. Le système financier et bancaire.
Jusqu'en 1997, le système bancaire fonctionne toujours pour l'essentiel sur la base de
transaction en espèces. Les chèques de paiement sont rarement utilisés, à cause du manque de
confiance du public et l'immaturité du marché interbancaire ainsi que celle du système de
comptabilité. La faiblesse du système bancaire, en dépit de l'économie, se manifeste par deux
aspects:
(a) L'insuffisance de capital est toujours un obstacle économique majeur de
l'économie. Avant 1995, le besoin du crédit était toujours beaucoup plus élevé que les
ressources collectées, tandis qu'une part importante des sources de financement circulait hors
301 TRAN Trong Thuc. 1996 p 8 et TRAN Van Tuc. 1996. p. 12.
302 L'avIs de Monsieur LE Quang Dao. Président du "Front de la Patrie vietnamienne", lors d'une réunion de l'Assembléenationale en novembre 1996. Dien Dan FOrllm. 01/12/1996 p 6.
303 L'avIs de Monsieur DANG Cong Tarn. Vice-Procureur du Parquet de HoChiMinh-Vilie. lors d'une réunion del"Assemblée nationale en novembre 1996 TIIOI Tre. 12/11/96 Cité par: Dien Dan FOrllm 01/12/1996. p. 7.
304 Banque mondiale. 1996. p. 113
305 Au début de 1997. il Y a eu des signes de la pOSSibilité d"un effondrement du système bancaire vietnamien, à cause desmontants Importants de crédit réservés aux entreprIses d'Etat et grandes entreprises privées qUI ne sont pas remboursés. Cesdettes sont évaluées à 1 à 1.2 milliards d'USD Voir le chapitre V.
186
du système financier formel. En 1995, on estime que seulement 10% de la population avaient
des relations avec le système bancaire306 ; l'ensemble du système mobilisait un montant de
ressources de 600 millions d'USD, en moyenne un dépôt bancaire de 8 USD par habitant!
Ces chiffres reflètent la faiblesse du système de collecte des ressources intérieures. D'autre
part, la fonction spécifique de création de la monnaie des banques commerciales au profit de
la croissance économique est très peu appliquée. L'insuffisance de capital est aggravée par la
distribution inégale du crédit. Les entreprises privées les plus petites sont les premières
victimes de cette inégalité.
(b) Depuis 1996, une nouvelle situation a commencé à endommager encore les
activités économiques: A cause d'un taux de crédit trop élevé, malgré le manque de capital,
les entreprises n'osent pas emprunter auprès des banques. Le taux de crédit du dông
vietnamien, bien que déjà réduit, est toujours plus élevé que celui pratiqué dans les pays
voisins. Tout en faisant face à des marchandises importées (importation officielle et
contrebande), les entreprises vietnamiennes ne peuvent pas subir un taux d'intérêt élevé qui
hausse leur prix de revient. Conséquence de cette situation : les banques commerciales ne
veulent plus collecter de l'épargne - notamment l'épargne à long terme, puisque le taux de
l'épargne déposé est proportionnel au terme du dépôt307.
306 Selon N.FREEMAN. il est probable qu'il y ait moins de 4% de la population possédant un compte à la banque(N.FREEMAN. 1994).
307 HUYNH Buu Son. 1995.
Dien Dan Forum. N°48. 01/0111996.Voir également l'explication de M. Lakehal dans le cas de France: .... plus un individu se sépare longtemps de son argentplus sa frustration sera forte et plus il demandera un plus grand dédommagement (les intérêts) Dans l'ordre des choses. lestaux d'Intérêt à long terme sont plus forts que les taux d'Intérêt à court terme Mais dans la pratique des marchés monétaireset fmanclers cette logique a été maintes fois supplantée par une autre logique qui Inverse les priorités. La coordination despolitiques monétaires avec les politiques économiques induit une série d'arbitrages entre les nécessités de soutenir unemonnaie. par le relèvement des taux d'intérêt. et les nécessités d'encourager un redéploiement industriel du pays. parl'attirance de l'épargne vers les actions et obligations. Il s'agit de doser les efforts d'épargne entre le court terme qui relève dela politique monétaire et le long terme gUI correspond à la politique industnelle.... M. Lakehal. 1995. p.I72. C'est nous quisoulignons
187
D. La déeradation du capital humain et la difficulté de sa restauration.
Les problèmes institutionnels et organisationnels et les problèmes de capital humain sont
étroitement liés. La frontière entre eux est imprécise.
A partir des années soixante, la notion de "capital" est étendue à" toute ressource susceptible
de fournir des flux de revenus futurs" 308. Selon Gary S. Becker, le capital humain est
constitué de l'ensemble des capacités économiquement productives d'un individu, y compris
l'éducation, la formation, la santé, l'habitude, l'expérience et les autres facteurs formant la
connaissance et la santé. L'investissement dans le capital humain est la contribution la plus
importante à la croissance économique309• Si, au cours des siècles précédents, les ressources
naturelles, la technologie et le capital financier jouaient les rôles les plus importants, de nos
jours, le facteur le plus stratégique est le capital humain : homme travaillant dans
l'économie31o.
Durant les années précédant les réformes, le capital humain vietnamien a été gravement
détruit, tant physiquement que moralement: La pauvreté, la destruction de la société civile,
de la créativité, de l'indépendance de la pensée et de l'esprit d'entreprise. Ces destructions
sont cependant difficiles à aborder de façon directe dans le contexte actuel du pays, et donc, à
y apporter des remèdes.
308 A.BEITOINE et al 1991. p.27.
309 Gary S BECKER 1993. Selon ['auteur. dans sa théone du capital humain. l'h~fTIme évalue rationnellement lesbénéfices et le coût des activités telles que l'éducation, la formation. les dépenses pour la santé. la migration. la formatIOndes habitudes, etc. afin d'orienter son comportement dans chaque cas Même les décisions en matière de sentiment telles quele marnage, le divorce et la taille de famille sont toutes prises après avoir mesuré les avantages et les inconvénients dechaque chOIX Nous avons l'impreSSion que cette théorie, malgré sa valeur évidente. ne peut expliquer de nombreuxphénomènes socio-économiques dans une culture comme celle du Vietnam
310 VUONG Huu Bot. 1992.
D'après une étude récente de la BM sur l'expérience de succès économique des huit pays asiatiques. le capital humain joue
188
1. La pauvreté et l'inégalité sociale. La densité de la population (200 hab/km2) est la
plus élevée des pays agricoles de la région; la superficie de terre cultivable est la plus faible
de la région (inférieur à 0,1 ha par habitant). Le taux de croissance démographique reste
élevé (2,1% en 1995), par rapport à celui de la Chine (1,5%) , de la Thaïlande (1,8%) , des
Philippines (1,7%). Le nombre de chômeurs est estimé à 7-8 millions (20-22% de la
population active), chaque année cette pression augmente avec 1,1 millions de jeunes
travailleurs arrivant sur le marché du travaiP Il. L'épargne et l'investissement sont encore bas
par rapport aux demandes. Ce sont les raisons principales pour lesquelles la pauvreté y reste
toujours importante. Selon la méthode de calcul de la Banque mondiale, le taux de la
population vivant en dessous du seuil de la pauvreté est encore extrêmement élevé (51 %). La
disparité dans le niveau de vie entre régions et entre zones rurales et zones urbaines est
considérable312 .
La différenciation sociale entre les grandes villes et la campagne est de plus en plus
importante. Selon les chiffres publiés dans un ouvrage récent du PNUD, les disparités des
services entre zones rurales et urbaines mesurées par l'écart entre population ayant accès aux
services de la santé, celui de l'eau potable et celui de l'assainissement au Vietnam sont
éloignées de celles des pays voisins.
Une "Enquête sur le standard de vie du Vietnam" faite en 1992/93, sur un échantillon de
4.800 familles, financée par le PNUD et le SIDA, conseillée par la Banque mondiale, a révélé
certaines choses impressionnantes. Selon le critère du seuil de la p<1uvreté de 100 USD (1,1
million de VND) par personne et par an choisi par la BM. une moitié de la population
égalt:ment un rôle décisif. World Bank The East ASlGn Jfvracie, Washmgton De., 1994,
311 VOir, VU Quang Viel. 1996.
. '
189
vietnamienne est pauvre. Selon le critère choisi par le DGS (600.000 VND par an en zone
rurale), seulement 20% de la population est pauvre. D'après les deux enquêtes, près de 90%
de la population la plus pauvre se situe en zone rurale313 . Même dans les deux deltas, en
1993, les dépenses familiales n'excèdent pas 130 USD par an314.
Tableau 8 : Disparités des sen-ices entre zones rurales et urbaines: une comparaison
entre le Vietnam et quelques autres pays voisins.
~ Population Disparités des services entre zones rurales et
rurale (en % de urbaines (/OO=éga/ité rurale/urbaine)·
pop. totale),
1993
Santé Eau potable Assainissement
1985-95 1990-95 1990-95
Vietnam 80 80 60 34
Thaïlande 81 100 89 90
Indonésie 67 ... 68 55
Philippines 48 96 83 78
Corée du Sud 21 100 76 100
Total pays en 64 78 69 35
développement
Pays les moins avancés 79 ... 74 38
Source: PNUD. 1996. pp. 174-175.
• Ces chiffres sont exprimés en fonctIOn de la moyenne urbaine (base' 00). Plus le chiffre est faible, plus l'écart est
grand Plus le chiffre est proche de 100. plus cet écart est faible
312 The World Bank. 1996. p. 549
313 United Nations (UNDP. UNFPA. UNICEF). 1995. pp.8-9 Alors que pr':s de 2/3 des 20% de la population la plus richese situe en zone urbaine.
190
A cause de la diminution des subventions de l'Etat ces dernières années, l'éducation nationale
et le système de santé publique ont été gravement touchés. Parmi 1,1 millions de jeunes
arrivant sur le marché du travail chaque année, 85% n'ont ni métier, ni formation3[5.
Comme dans les autres pays en développement, la pauvreté au Vietnam est fortement liée à
l'agriculture. L'excédent de main d'œuvre agricole est de 50% ; la productivité de l'agriculture
est encore très basse: un paysan vietnamien ne nourrit que 3-5 personnes alors que dans les
pays moyennement développés, cet indice est de 20-30 personnes316. Selon un auteur
vietnamien et d'un point de vue politique, "le gouvernement central et les gouvernements
provinciaux ont dévalué le rôle de l'agriculture et de la campagne vis-à-vis de la croissance
économique"317.
2. Le bouleversement du système des valeurs. Parmi les dégradations du capital
humain, la plus inquiétante est probablement celle de l'éducation au sens large du terme. Les
erreurs conduisant au bouleversement du système des valeurs sont aussi les principales causes
de la destruction des conditions indispensables de tout progrès économique: la société civile,
la créativité, l'indépendance de la pensée et l'esprit d'entreprise.
L'ancien système encourage dans bien des cas l'attitude soumise et passive, l'inertie et le
dogmatisme. Elle n'encourage pratiquement pas l'indépendance et la liberté de pensée, l'esprit
critique et la créativité. Le contexte historique et géographique engendre une autre maladie
3[4 World Bank 1993 p xiiI.
315 VU Oanh. 1994. Et selon Mr TRAN Dinh Hoan. ministre du traVail du Vietnam. dans un interView de la Revue TUDI Irechu nhal (La Jeunesse en Dimanches! . le 27 septembre 1992.
316 VU Oanh. 1994.
317 TRAN Dinh Dang. 1995
191
dans l'utilisation des ressources humaines: le sectarisme et le régionalisme. Ils sont de mise
lors du recrutement et l'organisation du personnel.
Pour une comparaison de la gravité des bouleversements des valeurs entre le Vietnam et
l'Europe de l'Est, on peut évoquer l'opinion de Brantly Womack selon laquelle "le niveau de
la corruption et de l'hypocrisie au Vietnam est très grave, même plus grave que celui en
Europe de l'Est (...), en raison du fait qu'on ne peut pas lutter publiquement contre les fléaux,
les masses vietnamiennes de plus en plus indifférentes et éloignées de l'Etat" 318.
Parlant du capital humain vietnamien, on ne peut pas ne pas aborder l'esprit confucéen qui
pénétrait profondément la pensée des Vietnamienss et des habitants de l'Est asiatique en
général. Selon de nombreux économistes, cet esprit est un facteur important qui contribue à
expliquer le "miracle économique" actuel des pays de l'Asie de l'Est319. L'esprit confucéen
enseigne la diligence, l'économie, l'intégrité, la droiture, l'humanité, la loyauté, l'éthique et la
confiance. Toutes ces qualités sont nécessaires à la construction d'une économie progressive
et saine. La diligence, l'économie engendreront la productivité et l'épargne. L'intégrité, la
droiture et notamment la confiance sont utiles non seulement pour les entrepreneurs maiS
aussi pour l'appareil d'administration publique. L'humanité, la loyauté, l'éthique sont
nécessaires au développement social parallèle à la croissance économique. Ceci est très
important, puisqu'" Il ne faudrait donc jamais parler d'un développement économique opposé
318 Brantly WOMACK. 1992.BUI Mong Hung aborde même "l'érosion de la dimension de la citoyenneté vietnamienne actuelle" par rapport à sa
dimenSIOn passée Une érosion dont la responsabilité est imputée par auteur aux autorités et à la presse vietnamiennes. BUIMong Hung. 1996
319 VU Toan 1993Selon Pierre DU HARCOURT. en Asie du Sud-Est. "la "mentalité confucéenne". qUI a pu être initialement facteur deconservatisme et de stagnation. a sans doute été plus tard un atout de la crOIssance . morale humaniste. sentimentd'appartenance communautaire. traditIOn d'ordre et d'obéissance. respect des lettres et souci de la culture". PierreDU HARCOURT 1996
192
à un développement social. En réalité, les deux ne font qu'un" 320. Et "le fait qu'une
croissance économique soutenue soit une condition nécessaire pour que le processus de
développement ait des répercussions sur l'ensemble de la société n'implique pas que la
croissance économique engendre fatalement le développement social" ; en plus, "si un pays
est engagé dans la voie du maldéveloppement, qui se traduit par des coûts sociaux et
écologiques élevés, plus le taux de croissance est élevé, plus les dommages sont
importants" 321. En Asie, de nos jours, l'esprit confucéen concorde en fait avec un
développement socialement durable.
Aujourd'hui, le capital humain vietnamien s'éloigne des valeurs confucéennes, alors que
l'ambition d'imposer une idéologie dominante à la société a échoué: la société manque d'une
base de morale largement acceptée et donc le capital humain perd les "anticorps" les plus
forts pour se protéger. La diligence et l'économie par exemple, sont détruites par le gaspillage
au sein de l'appareil administratif et d'une partie de la population; cela endommage l'épargne
nationale322 . La droiture, l'humanité, la loyauté, l'éthique sont détruites par l'irresponsabilité
d'une partie de l'appareil administratif ainsi que dans l'appareil judiciaire; la faible efficacité
de l'appareil législatif ainsi que l'irrespect des lois par la population sont à la fois les
manifestations de la faiblesse institutionnelle et celles de la dégradation du capital humain. La
confiance entre les gens, un bien-fondé pour un milieu d'affaires sain, est gravement
érodée323 .
320 Jean-Marie ALBERTIN[ 1981. p.254
321 Ignacy SACHS. 1990 C'est l'auteur qUI souligne.
322 Par exemple. la ribote et le gaspillage dans les EE ainsi que dans leurs organismes en charge; l'abus de l'alcool et le jeu"sa de "Uouer sur les deux derniers chiffres du gros lot de la loterie nationale} dans la population, notamment en zone ruraleet dans les quartIers urbams pauvres au Sud
323 Un auteur françaiS a observé qu'au Vietnam II n'y a pas encore la "société de confiance" Daniel Haber. Le MOCI
23/5/96 p 18
193
Parmi les" patrimoines" disponibles du Vietnam, le capital humain est le capital le plus
précieux et le plus important. Il sera le facteur principal qui mènera à bien le processus de
transition vers l'économie de marché du pays. La restauration de ce capital au travers diverses
mesures, en particulier en faveur de l'éducation et de politiques pertinentes, est un des points
stratégiques et urgents pour le pays.
Dans le document réservé aux donateurs à la Conférence Internationale des Donateurs au
Vietnam organisée à Paris en Septembre 1993, le gouvernement vietnamien a affirmé
"Notre stratégie place l'homme au centre du développement, - un processus de
développement pour la population et par la population". (...). "Dans notre stratégie de
développement, le premier objet est l'investissement dans l'homme, c'est-à-dire
l'investissement dans les processus et dans les institutions qui créent de bonnes conditions
pour que la population vietnamienne puisse participer efficacement à la préparation de
l'avenir" 324,325. Depuis lors, bien que les autorités vietnamiennes fassent de nombreux efforts
en cette matière, le résultat ne semble pas satisfaisant. En effet, Monsieur le Premier ministre
va Van Kiet, dans sa lettre fameuse adressée au Politburo en août 1995, a reconnu que "nous
ne touchons pas encore les problèmes les plus fondamentaux"326.
La restauration de cette infrastructure invisible est nécessaire pour l'économie et pour la
formation d'une nouvelle génération d'entrepreneurs ainsi que de fonctionnaires qualifiés afin
324 GOV. 1993. pp.38-39.325 .. La production moderne a besoin de quatre facteurs : l'infrastructure. les ressources humaines. le capital et latechnologie (). Lorsqu'un pays développe son infrastructure de base et ses ressources humaines. le capllal et latechnologie sUivront. C'est une des leçons les plus importantes des économIes autour du Vietnam". World Bank. 1993.p.229 C'est la BM qui souligne326 VO Van Kiet 1996
Quant à la réforme institutIOnnelle par exemple. comment peut-on la mener à bien sans toucher aux institutions du PartilUI-même') Puisque. comme le souligne Jean-Luc OOMENACH. "dans les pays communistes. l'énorme puissance du Partiet de ses dirigeants s'étend bien au-delà de l'étroite sphère des Institutions". Jean-Luc OüMENACH. 1996.
194
de répondre à de nouvelles demandes du pays. Cependant, à la différence de l'infrastructure
physique où l'investissement en argent joue le rôle décisif presque unique; l'amélioration de
l'infrastructure humaine demande non seulement de l'investissement en argent mais encore,
beaucoup plus important, de l'investissement en reconnaissance, en responsabilité et en
courage de l'ensemble de la société-, notamment de la part des autorités. Un environnement
favorable au développement des aptitudes devra être créé, parce que, comme l'observe un
intellectuel vietnamien, "Nous ne manquons pas des talents mais manquons du mécanisme
pour les admettre" 327.
***
Nous avons examiné la situation et les problèmes des réformes économiques vers l'économie
de marché du Vietnam ces dernières années. Parallèlement à plusieurs succès indiscutables, le
pays est en train de faire face à des problèmes plus fondamentaux. De l'avis d'un spécialiste
portant sur la situation économique du pays en 1996, "plusieurs années de forte expansion ne
sont pas synonymes de transformation économique (... ), la vraie mesure du succès sera
l'aptitude à maintenir la croissance durant les vingt ou quarante années à venir"328. De sa
part, le gouvernement vietnamien lui-même reconnaît que, jusqu'à présent, les autorités
vietnamiennes "n'ont pas encore élaboré le modèle global et l'itinéraire du processus de
rénovation"329. À notre avis, le pays a commencé à entrer dans la deuxième étape de la
327 OÜAN Quang Thien 1994
328 James RIEOEL. Forum économique du FMI. le 29 mai 1996. FJlI Billie/ln. 8 juillet 1996.
329 GOY 1995. p. 17.
195
rénovation. qui lui demande des changements de base, touchant même l'ossature du régime et
les fondements de son économie330.
À partir de 1997 et notamment de 1998, notamment depuis la crise asiatique, il y a eu
plusieurs signes qui montrent le recul de l'investissement, tant étranger que national. Malgré
les politiques privilégiées de l'Etat réservées aux entreprises d'Etat et au système bancaire
étatique, le secteur étatique a continué à faiblir, la corruption devenant incontrôlable, la
menace de la tempête de l'effondrement du système financier, à cause des dettes arriérées des
grandes entreprises favorisées, est désormais prévenue331 . Par ailleurs, la participation du
pays aux institutions régionales et internationales demande à l'économie davantage de
compétitivité, qui ne peut se trouver ailleurs que dans le secteur privé. La première étape,
relativement aisée de l'ouverture économique, étant passée, le pays est en train de faire face à
des questions des plus difficiles à résoudre.
Alors que les exigences de vraies réformes fondamentales vers l'économie de marché
obligent des grands changements politiques, dont l'attitude vis-à-vis du secteur privé
national, les politiques récentes des autorités vietnamiennes montrent que le réformisme a été
progressivement obligé de céder sa place au conservatisme. D'après le VIIIème Congrès du
Parti Communisme Vietnamien organisé en juin 1996, le "rôle directeur" du secteur étatique
a été re-confirmé. M. DO Muoi, secrétaire général du Parti, a déclaré en Mars 1997, une fois
de plus la volonté ferme du PCV de maintenir ce point de vue332.
330Jusqu'à présent. un certam nombre de ces "top leaders" pensent toujours que la lutte des classes sociales est le moteur dudéveloppement de la société et que l'on doit expliquer les évènements politiques contemporains en se basant sur cettethéorie. Le dogmatisme et le manque d'esprit critique empêchent toujours l'élaboration d'une bonne stratégie dudéveloppement du pays.
331 TRAN To Tu. 1997.
332 A la différence de nombreux auteurs. nous partageons le point de vue d'Adam Ftorde and Stefan de Vylder pour qUI les
196
Que pourrait-on proposer pour développer le secteur privé? Si, pour des raisons différentes,
on ne peut pas ou ne veut pas aborder des sujets idéologiques politiquement sensibles,
comment libéraliser les initiatives privées, tout en évitant les protestations du conservatisme?
Il existe plusieurs solutions, mais quelle est la solution la moins « allergique» et donc la plus
réaliste pour le contexte vietnamien? Notre thèse est un effort contribuant à trouver une telle
solution. Dans les deux chapitres qui suivent, nous nous consacrerons à étudier le secteur
privé, son sous-secteur des petites entreprises et ensuite, son système financier et de micro-
finance, avant de proposer un nouveau mode de financement des petites entreprises, adapté au
contexte du pays et considéré comme étant l'une des solutions.
changements positifs au Vietnam pendant ces dernières années ne peuvent pas être attribués aux politiques, aux propresinitiatives du Parti gouvernant. VOIr: Adam Horde and Stefan de Vylder 1996. p. 267. Pour nous, il semble que lecontraire soit plus convaincant Les pressIOns de la Pratique ouvrait la voie, le Parti était obligé de poursuivre, puisqu'iln'avait pas de chOix (souvenons-nous la situation extrêment difficile du Vietnam des années 1989-90). MaiS dès qu'il arétabli ses forces (grâce à l'aide internationale. au investissement étranger et notamment à la vitalité du peuple), l'exemplechinoIs l'a conduit à renforcer son "droit unique de gouverner". à resserer la main. Cela explique le zig-zag de ses politiquesau cours des dernières années. Il semble que le conservatisme vietnamien a oublié l'existence des différences Importantesentre les contextes vietnamien et chinois (voir chapitre IV. section 1), et qui lui demande le courage et la créativité politiqueset non pas la copie du "socialisme de marché chinois" afin de garder son pOUVOir à tout prix
197
CHAPITRE IV
LE SECTEUR PRIVE VIETNAMIEN
ET SES PETITES ENTREPRISES.
L'expérience vietnamienne nous apprend que, l'un des facteurs cruciaux de la réussite des
réfonnes vers l'économie de marché, est la libération des forces de production qui avaient été
freinées dans l'ancien système. Lorsque les facteurs environnementaux ont été valorisés,
même de façon relative, la vitalité de la population du secteur privé est le moteur principal du
succès. La première section de ce chapitre analyse la structure, les caractéristiques, les
perspectives et les problèmes de ce secteur; cette analyse conduira à la reconnaissance du
rôle spécial du sous-secteur des petites entreprises, considéré comme l'un des acteurs
essentiels de l'économie pendant la transition.
SECTION 1 : LE SECTEUR PRIVE VIETNAMIEN:
STRUCTURE ET CARACTERISTIQUES.
Dans le chapitre III, nous avons présenté les grandes lignes de l'économie vietnamienne.
Dans ce chapitre, l'attention sera portée sur le secteur privé et son sous-secteur des petites
entreprises.
198
I. Les points forts du secteur privé vietnamien.
Bien qu'il y ait des caractéristiques générales analogues aux autres pays en transition, le
secteur privé vietnamien possède deux points forts importants:
1. L'existence préalable d'une économie marchande au Sud pendant la période 1955-
1975 : Alors qu'en Chine, à partir de 1949, le secteur privé était presque supprimé333 ; en ex-
URSS, avant 1985, les entreprises privées non agricoles n'avaient réellement présentes que
durant la période de la NEP (New Economie Policy)-, à partir de 1927, elles n'existaient
presque plus. En 1985, on ne dénombrait dans tout l'ex-URSS que 84.000 travailleurs
indépendants dotés d'un statut légal, dont seulement quinze médecins et trois dactylos à
Moscou334. Au Sud du Vietnam, au contraire, en 1975, il y avait 20.000 capitalistes
industriels et 2.000.000 personnes environ travaillant dans les activités privées non agricoles
(voir chapitre 3). Malgré les points faibles d'une économie dépendant de l'aide extérieure, à
cause de ces ressources humaines, l'économie du Sud était considérée par certains auteurs
comme "une économie potentiellement forte" 335. Ses germes de l'économie de marché
s'épanouissant pendant un processus des vingt années sont un "capital" précieux du pays-, le
"capital" dont presque tous les autres pays en transition ne disposaient pas au départ de leur
réforme.
333 En fait. Il existe un secteur privé chinois à Taiwan et dans les autres pays SInisants. ce qui est l'un des moteursImportants de la croissance rapide de la Chine après son ouverture depUIS 1978. Cette particularité est toutefois différente del'existence d 'un secteur pnvé au Sud vietnamien. qUI a été restauré après seulement quatorze ans d'interdiction dans lin paysréllnlfié au lieu d'un contexte de séparatIOn politique comme dans le cas chinOIS.
334 Mane-Agnès CROSNIER 1990.
335 M BERESFORD. 1990 P 13 C'est l'auteur qui souligne.
199
2. Le poids relativement léger des entreprises étatiques CEE) dans l'économie : En
comparaison avec la Chine, l'ex-URSS et les autres pays en transition, la place du secteur
étatique au Vietnam est beaucoup plus faible. Effectivement, dans la plupart des pays en
transition, la contribution des entreprises étatiques (EE) dans le PIE avant leur réforme est de
65% (la Hongrie en 1984) à 97% (la Tchécoslovaquie en 1986), alors que celle au Vietnam
en 1989 est de 24%336, égale à celle de la Malaisie en 1987337. Le remplacement de ce secteur
par le secteur privé ne provoquerait donc pas de conséquences économiques et sociales
graves. Autrement dit, le coût social de l'ajustement structurel vers l'économie de marché y
serait moins élevé.
Notons en parenthèse que certains auteurs ont attribué à l'économie vietnamienne un autre
atout selon lequel, même avant les réformes, celle-ci était dominée par une agriculture privée
de type familial, et, toujours selon ces auteurs, en général, le secteur privé y jouait un rôle
significatif, "la planification centrale ne s'était pas, en pratique, complètement enracinée"338.
A notre avis, cette observation semble difficile à partager, puisqu'elle ne reflète pas la réalité
et l'évolution de l'économie vietnamienne pendant ces deux dernières décades. En pratique, la
planification centrale s'était totalement enracinée et l'agriculture était entièrement dominée
par les propriétés étatiques et "coopérative"339 au Nord du pays. Jusqu'en 1986 (et même
jusqu'en 1989-90. dans certains provinces au Centre du pays) les autorités imposaient avec
toute leur force ce modèle au Sud du pays. Les activités non-étatiques existaient, mais ce
336 Le tableau 2 montre que ce chllTre augmente réguliérement depuis lors, en fonction des politiques en làveur desentreprises publiques menées par les autorités
337 The World Bank 1992. pp 75-ï6.
Rana. P B 1995338 John Dods\\orth 1997.339 Sachant que la forme de propriété coopérative au Vietnam à cette époque n'avait rien à voir avec la notion decoopérative dans les pays à économie de marché. Il n'y eXistait pas la mise en commun volontaire des membres. Tous lesmembres étalent. d'une làçon ou d'une autre, obligés de se réunir dans une coopérative sous la directIOn des pouvoirspublics locaux "Coopérative". cela Signifiait moms d'eflicacIlé et plus de bureaucratique Cette notion a connu, jusqu'à
200
n'était pas le secteur privé dans le sens correct de ce tenne : il n'existait pas un contingent des
entrepreneurs qui disposaient d'un moindre cadre institutionnel et juridique. Il s'agissait des
activités souterraines (hoa! dong xe rao), non pas parce que les entrepreneurs le voulaient,
mais parce qu'ils étaient interdits aux activités d'affaires légales.
II. La fiabilité des statistiques concernant le secteur privé vietnamien.
Du côté des statistiques, les analystes du secteur privé vietnamien doivent faire face à la
faible fiabilité des chiffres officiellement publiés. Il est difficile d'obtenir les infonnations
entièrement authentiques sur ce sujet, tant depuis les sources vietnamiennes que depuis les
sources internationales. La fiabilité de ces dernières dépend de celle des premières. De la part
de l'appareil statistique vietnamien, il ne produit que des données et n'est pas autorisé à les
analyser340 341. La collecte des infonnations est aussi problématique. Pour des raisons
suivantes:
(a) la plupart des activités économiques privées sont effectuées par les
entreprises familiales dont le revenu et le chiffre d'affaires sont mal collectés statistiquement;
(b) comme dans tous les pays où le système fiscal est handicapé - la
dissimulation du revenu et de l'activité afin d'éviter la taxation342 persiste toujours au
Vietnam ;
(c) l'ampleur du secteur économique infonnel ; et
pn'sent. une très mauvaise réput~lon dans l'esprit des Vietnamiennes.
340 Noh-en HENAFF. 1996
341 Martha de Melo el al, estime également qu'il faut être très attentif avec les data. les statistiques collectées des pays exsocialistes. Martha de Melo. Cevdet Denizer. and Alan Gelb. 1996.
342 World Bank 1995c p 23.Mc KenZie 1994 Selon cet auteur, dans une enquête menée en 1993 sur 630 patrons d'entrepnses. 86% d'entre eux ont dit
qu'Ils n'aVaIent pas de système de comptabilité
201
(d) l'interférence entre le secteur privé et le secteur étatique qui empêche la
collecte des informations réelles du premier343 .
III. La structure et les caractéristiques du secteur privé vietnamien. Quelques
comparaisons entre le secteur vietnamien et celui de la Chine.
A. Structure et caractéristiques du secteur privé vietnamien.
Avec cette mise en garde sur la fiabilité des statistiques, nous présenterons dans cette section
la structure et les caractéristiques du secteur privé vietnamien. Quelques comparaisons entre
le secteur vietnamien et celui de la Chine seront également présentées.
Le tableau 1 nous donne le nombre d'entreprises privées enregistrées à la fin de 1994, en
comparaison avec le nombre d'entreprises d'Etat, et le nombre estimé des petites entreprises
en 1995. Le tableau 2 illustre le développement comparatif du secteur privé par rapport au
secteur d'Etat durant ces dernières années. Il montre que pendant les années 1990-1994, alors
que le taux de croissance global de l'économie était de 7,3%, celui du secteur privé était de
6,2%, la part du PIB généré par le secteur privé diminue continuellement (de 67,5% à
59,8%). Cette diminution se manifeste essentiellement dans l'industrie et les services. Ainsi,
la part du PIB généré par le secteur privé dans l'industrie est passé de 37,2% en 1990 à 34,8%
en 1994 ; de même, la part du PIB du secteur privé dans le domaine des services a diminué de
55,8% en 1990 à 51,9% en 1994 (tandis que la part du PIB du secteur privé en agriculture n'a
pas changé).
343 Par e"\emple. la sous-traitance fournie par les micro- et petites entrepnses pnvées à une entreprise d'Etat permet à cettedernière de considérer la production faite par des premières comme la sienne Donc dans les statistiques. on ne voit que la
202
Tableau 1 : Nombre d'entreprises du secteur étatique et du secteur non-étatique.
·Total d entrepnses engenstrees (Decembre 1994).
Catégories Nombre d'entreprises·
Secteur étatique Secteur privé et les coopératives
Nombres dont petites entreprises
d'entreprises
1. Entreprises d'Etat (EE) 6.019
2. Holdings 131
3. Coopératives 6.100(a)
4. Sociétés par actions 103(b)
(SPA)
5. Bureaux de 926
représentations des
entreprises étrangères
6. SARL 5.034 3.550
7. Entreprises individuelles 13.532 12.200
8. PE manufacturières 450.000
9. PE du commerce et des 930.000
services
Total des PE #1.400.000
,
Sources'
al Estimé selon la BM (1995c ; pp.27-28).
bl Chiffre enregistré à la fin de 1993. Hoang Kim Giao; 1995.
cl Selon le Rappon du Gouvernement vIetnamien enjum 1996. VOIr' SRV 1996 p.
dl LE Dang Doanh. DINH Duc Sinh . 1995.
production des EE. tandis qu'elle appanlent au secteur pnvé
203
En bref, contrairement à l'attente des réformateurs, la part du secteur non-étatique344 dans le
PIB a constamment diminué depuis 1986 : Parallèlement aux difficultés auxquelles doivent
faire face les entreprises privées, le secteur de l'économie des foyers paysans est également en
train de se heurter à des problèmes en termes de capital. de marché, d'infrastructure et de
technologie.
Selon HOANG Dat (1993), le nombre de commerçants non enregistrés était de 1.200.000.
D'après notre définition présentée dans le chapitre l, c'est le secteur informel dont une
proportion deviendra petite entreprise (PE). Le nombre total des petites entreprises, en 1994,
est estimé de 1AOO.000, dont 450.000 sont des petites entreprises industrielles. 60% des
SARL (3.550 sur 5.034) et 90% des entreprises individuelles (12.200 sur 13.500) sont des
petites entreprises34S . En 1993, le nombre de grandes entreprises privées (ayant un capital de
plus de 5 milliards de VND) est de 500346 . Cependant, à la fin de 1993, seulement 103
sociétés par actions (SPA) sont enregistrées. En bref, le nombre d'entreprises individualisées
est estimé d'environ 1AOO.OOO en 1994.
Ces chiffres montrent que la plupart des établissements privés sont des petites entreprises. De
l'autre côté, bien que la forme d'organisation de SPA soit appropriée au contexte vietnamien
(voir section II) et bien qu'elle soit encouragée par les autorités vietnamiennes, celle-ci n'a
pas pu se développer. Car le marché boursier n'y existe pas encore.
344 Du fait que nous devons utiliser certames statistiques offiCielles du Vietnam impliquant la notIOn de "non-étatique".cette dernière a été évoquée dans notre étude Cette notion n'est cependant pas très SCientifiquement corrrecte
345 Etant donné que la plupart des SARL sont dirigées par des entrepreneurs-propriétaires. on peut considérer ces PEcomme étant des entreprises mdivldualisées conformément à notre définition.
346 Selon la Chambre de Commerce et de l'Industrie du Vietnam (CClV). dans une enquête sur les pelltes et moyennes
entreprISes au Vietnam (Septembre 1993). Cité par: World Bank 1995c. pp 28-29
204
Tableau 2: Part (%) du PIB par secteur 1990-1995.
Part du PIB (%) 1990 1991 1992 1993 1994 1995
al
Total 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Secteur étatique bl 32,5 33,3 36,2 39,2 40,2
Secteur non-étatique 67,5 66,7 63,8 60,8 59,8
1.Agriculture, sylviculture, 38,7 40,5 33,9 29,9 28,7 27,2
Aquaculture
Secteur étatique 2,9 2,9 2,8 2,8 2,9
Secteur non-étatique 97,1 97,1 97,2 97,2 97,1
2.Industrie, construction y compris 22,7 23,8 27,3 28,9 29,6 30,3
Secteur étatique 62,8 63,5 64,7 65,7 65,2c/
Secteur non-étatique 37,2 36,5 35,3 34,3 34,8
3.Services 38,6 35,7 38,8 41,2 41,6 42,5
Secteur étatique 44,2 -17,5 45,5 46,9 48,1
Secteur non-étatique 55,8 52,5 54,5 53,1 51,9
Taux de croissance (%, calculé en 1990 1991 1992 1993 1994 1995
prix constant de 1989) al
Total 5,1 6,0 8,6 8,1 8,8 9,5
205
Tableau 3: Taux de croissance (%) par secteur 1990-1995.
-22,91
Taux de croissance du PIB (%) 1990 1991 1992 1993 1994 1995
al
Secteur étatique 2,5 8,6 12,4 11,6 12,8
Secteur non-étatique 6,4 4,7 6,8 6,2 6,7
I.Agriculture, sylviculture, 1,5 2,2 7,2 3,8 3,9 4,5
Aquaculture
1 Secteur etatlque
Secteur non-étatique 2,2 2,2 7,3 3,7 3,8
2.Industrie, construction y compris 2,9 8,7 13,5 12,8 13,6 13,0
1 Secteur étatique
Secteur non-étatique
13.services
1Secteur étatique
Secteur non-étatique
Sources: -Département général des statistiques, 1995. p.74.
-World Bank, 1995c. p 25. P 97
-GDV 1995
al Chiffre estimés en Novembre 1995 par GDV (GDV; 1995. pp 5-7)
blY compris les EE et l'adminIstration publique. Pour les EE uniquement. ces chiffres sont respectivement: 1990 : 22,9% .
1991 23.5%. 1992 26.4%; 1993 : 27.5%: 1994 : 28.5%.
cl Ce chiffre est de 71%. si on exclut la part de la construction PUisque dans la construction. le secteur privé s'est développé
beaucoup plus rapidement que dans le secteur d'Etat.
206
En vue d'évaluation de l'effet économique du secteur privé, nous avons essayé d'analyser le
ratio valeur ajoutée/valeur de production totale. En se basant sur les chiffres fournis par LE
Van Toan et af347 sur la valeur de la production totale, la consommation intermédiaire et la
valeur ajoutée de l'ensemble de l'économie (en 1989) selon les branches d'activité et selon le
régime de propriété, nous avons calculé le ratio valeur ajoutée/valeur de production totale en
pourcentage (VAlVPT %) pour l'ensemble de l'économie, pour l'agriculture et pour
l'industrie. Nous avons révélé que, même en 1989-, l'année où les réformes plus
fondamentales ont commencé et où le secteur non-étatique n'était encore qu'à l'état
embryonnaire-, dans l'ensemble de l'économie, le ratio VAlVPT du secteur non-étatique était
de 63,2% alors que celui du secteur d'Etat était seulement de 49,9%. Dans l'agriculture, le
ratio VAlVPT du secteur non-étatique était de 67,0% alors que celui du secteur étatique était
seulement de 36,2%. Dans l'industrie, ce ratio du secteur non-étatique était de 41,2% alors
que celui du secteur étatique était seulement de 29,7%. Ces chiffres nous montrent que l'effet
économique est beaucoup plus élevé dans les deux branches d'activité principales pour le
secteur non-étatique, plus prononcé pour l'agriculture que pour l'industrie. Ceci veut dire que
la libéralisation du secteur privé dans l'agriculture est plus catégorique que dans l'industrie.
Cette situation s'est instaurée au cours de ces dernières années. En effet, le Tableau 3 montre
que la présence du secteur privé vietnamien s'est essentiellement manifestée dans
l'agriculture.
Le tableau 4 nous donne également une illustration de l'évolution de l'industrie privée
pendant les années 1990-1993. La diminution de la part de la production industrielle des
347 LE Van Toan et al 1992. pp.113-114.
207
coopératives s'accompagne de l'augmentation de la part de celle des entreprises privées,
notamment celle des petites entreprises.
Tableau 4 : Part de la production industrielle par type d'organisation dans J'industrie
privée pendant la période 1990-1993 (%).
,-=----:---:---------------------------+--------1 Coopératives
Entreprises privées (SARL, SPA, El-non compris les PE)
Ensemble du sous-secteur de l'industrie privée, y compris 100,0 100,0 100,0 100,0
les coopératives
Source: World Bank; 1995c. p.32.
La répartition géographique des entreprises privées et leur part de capital par rapport à celle
des EE sont présentées dans le Tableau 5.
Environ deux tiers du nombre et du capital total des entreprises privées (EP) se trouvent au
Sud. Le total du capital des EP est seulement de 12% par rapport à celui des EE ; même au
Sud, il ne représente que 14% de celui des EE.
D'après les chiffres fournis par LE Van Toan et al (1991), en 19<)0, dans l'industrie privée, la
valeur des équipements par travailleur dans les entreprises privées du Sud est de 4,7 fois plus
élevée que dans celles du Nord. Concernant la productivité dans les entreprises privées, elle
208
est 3,8 fois plus élevée au Sud qu'au Nord. Il conviendrait de noter que le niveau
d'équipement des petites entreprises est devancé celui des grandes et petites coopératives
(CO)348,349.
Tableau 5 : Répartition géograpbique des entreprises privées et leur part de capital par
rapport à celle des EE (1993)350
Au Sud Au Nord Au Centre Total
% du nombre d'EP par rapport au total du pays 63 19 18 100
% du capital investi dans les EP par rapport au total du pays 68 20 12 100
Part du capital des EP par rapport à celle des EE (%) 14 10 7 12
Source: HOANG Kim Glao; 1994.
Tandis que les EE se spécialisent dans ['industrie lourde, le secteur privé, notamment les
petites entreprises, se trouvent plutôt dans l'industrie légère, la construction, le commerce et
la production de produits à haute intensité de main-d'œuvre, telle que l'agro-alimentaire et la
confection. Au cours de ces dernières années, on a vu de plus en plus de petites entreprises -
s'inscrivant toujours dans les branches d'activité précitées - s'équiper de nouvelles
technologies importées, en particulier dans les grandes villes telle que HoChiMinh-Ville.
348 En ce qui concerne la pre ~uctivIlé et le rallo chiffre d'affaire/capital. les EE:' sont respectivement au premier etdeuxième rang. leur productivité est 9.3 fois plus élevée que celle des EP : leur rallo CNcapIlal est 3.1 fois plus élevé queces derniers. II faut noter que, dans ce cas. les chiffres fournis par LE Van Toan el al sont un peu différents de ceux de PerRonnas. probablement à cause de la différence entre deux méthodes de statistiques appliquées.
349 En ce qUI concerne la dlf1ërence dans l'industrIe entre le Nord et le Sud. vOir le chapitre V, et en savOIr plus. vOIr.
World Bank. 1992 pp. 74-102
350 Selon HOANG Kim Giao. 1995.
209
Le développement du secteur privé a créé un grand nombre d'emplois. De 1989 à 1993, alors
que les entreprises étatiques (EE) et l'administration publique ont licencié 1,1 millions de
personnes, le secteur non-étatique a créé 5,4 millions d'emplois. Le sous-secteur des petites
entreprises est l'acteur le plus créateur d'emplois.
Au niveau de l'accès au crédit du secteur privé, la part des entreprises non-étatiques dans le
total du crédit a augmenté de 10% en 1991 à 37% à la fin de 1994. La plupart du crédit est à
court tenne. Ce crédit s'est adressée, en zones rurales, essentiellement aux foyers des paysans
; et en zones urbaines, aux grandes entreprises. Le sous-secteur des petites entreprises n'en
bénéficie pratiquement pas.
Le secteur privé vietnamien a été libéré seulement depuis peu, et, en raison des séquelles de
la période d'interdiction et de fonctionnement souterrain, il est encore timide et réticent. En
plus, l'Etat n'a pas élaboré de stratégie de développement ni énoncé des politiques adéquates
en faveur du secteur privé, notamment dans l'industrie. Contrairement à l'agriculture où la
restitution aux paysans de l'autonomie de l'organisation de production sous fonne de
"l'économie des foyers" a été catégorique et a pennis des changements positifs et rapides,
dans l'industrie, la libération des forces de production s'est faite de manière hésitante. A
l'opposition de la plupart des PECQ et des NEI, il semble que les autorités vietnamiennes
veuillent garder toujours leur domination dans le secteur étatique industrieP51.
351 L~s d~rnièr~s Informations que j'ai~s à ce sujet (octobre 1998) semblent plus ~ncourag~ant~s qu~ celles-cl. CertainsI~aders Vietnamiens ont commencé à Critiquer vivement les grandes ~ntr~prises industrielles d'Etat vi~tnamiennes,qUi. selon~U". fix~nt d~s prix trop élevés et cré~nt b~aucoup des ennuIs aux consommateurs à cause de I~ur monopole. Ils encouragentl'Investlssem~nt pnvé (national et étranger) de s'engager dans ces activités Industrielles pour remédier ces genres de
problèm~ RF! Octobre 1998.
210
Tableau 6 : Octroi du crédit par les banques commerciales.
199011991
11992
11993
11994
1
(milliard de VND, à la fin de périodes)
Total du crédit
Il. Aux EE
12. Aux coopératives
3. Aux sociétés par actions et SARL
14. Aux coentreprises
5. Aux autres formes du secteur privé
Répartition (%)
11. Aux EE
12. Aux coopératives
3. Aux sociétés par actions et SARL
14. Aux coentreprises
5. Aux autres formes du secteur privé
5.2241
al 1---,---::'"
62,91
1,0 1
Note: al . Inclus dans (5) : Autres formes du secteur privé.
Source: World Bank. 1994c. p.34.
A l'intérieur du secteur privé, le sous-secteur des petites entreprises est un des composants
pour lequel l'Etat n'a pas de politique d'encouragement. Par ailleurs, de nombreux
économistes vietnamiens ne considèrent pas les petites entreprises comme étant un des
211
moteurs les plus importants de l'économie352. De leur côté, les législateurs et les politologues
vietnamiens s'intéressent très peu aux activités de ce type d'entrepnses353 .
Jusqu'à présent, aucune étude spécialisée sur ce sous-secteur n'a été faite. En s'intéressant au
secteur privé, les pitologues et chercheurs s'en préoccupent essentiellement des grandes
entreprises354. Le secteur de petites entreprises qui-, en ne parlant que des petites entreprises
manufacturières-, s'élève à plus de 400.000 entreprises355 , a entièrement été mésestimé.
Certains économistes ont même écrit que "Les PMI/PME ou l'artisanat contribuent sans doute
à l'activité économique du Vietnam, mais sont inappropriés pour un développement durable
du pays"356. Une des causes de cet état de fait vient, semble-t-il, des attitudes erronnées
envers les petites entreprises dans le passé: Habitués aux grandes entreprises étatiques dans
l'ancien régime, certains pensent que les petites entreprises ne sont pas capables de contribuer
352 Voir par exemple:LE Van Cuong, TRAN Hai Hac, TRAN Thi Anh Dao; 1996HOANG Kim Giao; 1993.VU Quang; 1994a.Dans les articles récents, cet auteur a changé d'avis, en reconnaissant le rôle du "secteur infonnel" (mot utilisé par cetauteur) dans la création d'emploi (VU Quang. 1996), et la flexibilité des PME dans la production moderne (VU Quang Viet(VU Quang). 1997).Du côté des aides multilatérales au Vietnam, il y a déjà eu plusieurs programmes d'aide au développement pour de petitsprojets menés par des grandes institutions Internationales, telles que la Banque mondiale, la Banque asiatique pour ledéveloppement, l'Union européenne. Mais tous ces programmes ont été et sont effectués par des institutions vietnamiennesqui manquent toujours de points de référence et méthodes adéquates. La bureaucratie, la mentalité "d'être subventionné"('Tasslstanat"). le détournement des sources, sont des attributs exemplaires de ces programmes.Il semble que le Vietnam a plus que Jamais besoin d'études approfondies sur ce sujet.
353 LE Dang Doanh. DINH Duc Sinh. 1995.Mc Kenzie 1994.
354 L'ouvrage sur l'économie vietnamienne de l'Age de l'Ouverture du DEPARTEMENT GENERAL DESSTATISTIQUES DU VIETNAM (1996. V,elnam Non-Slale Economy ln Open-Door Tlme /99/-/995 StatisticalPublishers Hanoi. 311 poo) n'a étudié que 25 000 grandes et relativement grandes entreprises. Les PE y sont absentes.
355 Dans un ouvrage récent du gouvernement vietnamien. l'auteur s'est trompé en écrivant: "jusqu'en 1995, il Y avait plusde 400.000 entrepnses (industnelles) non-étatiques, principalement dans l'lndustne artisanale et à petite échelle. utilisantd'enViron 3 millions de travailleurs" (SRV. 1996. p. 30). Plus de 400.000 petites entreprises industrielles. oui. mais 3millions de travailleurs est l'effectif de toutes les petites entrepnses confondues. y compns les petites entreprises dans lecommerce et les services.
356 LE Van Cuong. TRAN Hai Hac. TRAN Thl Anh Dao 1996.Comme nous avons tenté de prouvé dans le chapitre I. même dans un pays développé comme la France. Il y a actuellement98.6% du nombre total des entreprises qui sont des entrepnses de 0 à 49 salanés dont J'effectif moyen est de 3.6 salariés etdont J'InVestissement moyen est seulement de 180.000 francs et celles Ci sont conSidérées comme les plus importantspourvoyeuses d'emplOi.
212
à l'industrialisation357. Quant au Parti gouvernant, il garde, comme toujours, une attitude
"paternaliste" vis-à-vis des petites entreprises : dans le 'Rapport politique' du VIIIème
Congrès national du Parti organisé en Juin 1996, le PCV a trouvé que "les petites entreprises
ont toujours besoin d'être aidées et dirigées vers l'orientation socialiste"358. Le premier
obstacle à la réalisation de tout projet de promotion des petites entreprises réside donc dans
le manque de connaissances sur l'importance de ce sous-secteur et celui de volonté à
l'encourager de la part des autorités et experts vietnamiens.
Les politiques gouvernementales concernant le droit d'usage de la terre et des locaux ne sont
pas claires et changent souvent. Cette ambiguïté pèse le développement du marché de crédit
en raison du manque de garanties crédibles359.
Mais l'obstacle le plus important est le manque de confiance de la population vis-à-vis de la
stabilité des politiques à l'égard du secteur privé : est-ce que le secteur privé continuera à
exister et à se développer après la période de transition, et ce, pendant combien d'années ?
Devant la volonté persistante du Parti unique portant sur la priorité toujours réservée aux EE,
la peur d'être nationalisé, d'être frustré des biens comme cela s'est pratiqué pendant la période
de "POSTCIP" des années 1970-80 reste l'obsession des entrepreneurs360.
A partir de 1995, on observe un phénomène inquiétant: la baisse de l'investissement privé
domestique. Selon le Service des Statistiques de HoChiMinh-Ville, le nombre d'entreprises
privées nouvellement créées au cours des 9 premiers mois de 1995 ne représente que 62% de
357 Voir par exemple· Marvin JACKSON. 1996.
358 PCV. 1996
359 Adam Fforde and Stefan de Vylder. 1996. p 261
360 LE Dang Doanh. DINH Duc Sinh. 1995
213
celui de la même période pour 1994. De plus, le ratio de l'investissement dans l'industrie est
de moins en moins élevé: 39% en 1992, 23% en 1993. 9,6% en 1994, 8,7% en 1995361 . Ce
phénomène s'explique par des raisons suivantes:
(a) Faute de l'encouragement de l'Etat, les petites entreprises qui utilisent les
technologies retardataires, de faible compétitivité, n'ont pas pu affronter les nouveaux
bouleversements du marché-, la libération du marché, la contrebande.
(b) Le manque de capital, de locaux et de main-d'oeuvre qualifiée se font
cruellement sentir.
(c) La discrimination à l'encontre du secteur privé des politiques concernant
l'exportation et l'impôt, l'inégalité en pratique par rapport au secteur public sont des
problèmes qui empêchent toujours le développement du secteur privé.
(d) La peur d'investir dans la production et le manque de confiance dans la
stabilité des politiques de l'Etat362 .
B. Quelques comparaisons entre les politiques chinoises et vietnamiennes à
destination des secteurs privés.
Avant de terminer cette section, nous ferons quelques comparaisons des politiques chinoises
et vietnamiennes à destination de leurs secteurs privés.
THE AN 1995
361 Dien Dan Forum N°48 01/01/1996. P 8. Par conséqu~nce. le rallo de l'inv~sussement dans le commerce ~t les servicesaugment de 43% ~n 1992 à 86% ~n 1995.
362 ThOl Bao Krnh Te SaIgon. N°45-95. du 2 novembre au 8 novembre 1995. p.1 0-13.Hoang KIm Gmo. 1995
214
Au cours des dernières années, la Chine a récolté bien des résultats encourageants. Une étude
comparative a été faite par la Banque Mondiale en Septembre 1993 qui a essayé de comparer
les indicateurs économiques et sociaux de la Chine à ceux des autres pays asiatiques et de
l'Europe de l'Est, qui sont les suivants:
• l'Inde, largement similaire à la Chine, à faible revenu mais avec une économie de
marché (réglée) et un régime politique démocratique;
• les pays du Sud-Est asiatique représentés par la Corée du Sud, l'Indonésie, la
Thaïlande et Taiwan considérés comme les pays à économie de marché assez
typiques en Asie;
• les pays de l'Europe de l'Est représentés par la Hongrie, la Pologne, l'ex-URSS et
la Yougoslavie.
D'après cette étude, à la différence des années 1960, la Chine a acquis des rythmes de
croissance économique importants pendant les années 1970 à 1980, a dépassé l'Inde et est
comparable à ceux des pays du Sud-Est. L'investissement en Chine a été essentiellement
financé par l'épargne domestique; en 1990, sa dette extérieure est seulement de 3% du PŒ
par rapport à 22% en Inde et 53% en Europe de l'Est. A partir des années 1980, la Chine et les
pays du Sud-Est asiatique ont toujours gardé un taux d'inflation inférieur à 10%. Pour
l'Europe de l'Est, ce taux était de 64% en moyenne dans les années 1980 et de 180% en
moyenne pour les années 1990-1991. A partir des années 1980, les indicateurs sociaux de la
Chine, mesurés par l'espérance de vie et par le taux de mortalité infantile ont été également
améliorés par rapport aux années 1960-1970 et par rapport aux autres pays asiatiques363 . Un
autre auteur s'est également aperçu que le coût social de la transition à l'égard du salaire réel
363 Alan GELB. Gary JEFFERSON and [nderjit SINGH. 1993. pp.6-8.
215
et de l'emploi en Chine est beaucoup moins élevé qu'en Europe de l'Est. En Europe de l'Est
(concrètement la Hongrie, la Pologne et la Bulgarie), à partir de 1989, le salaire réel a
diminué en moyenne de 30%, le chômage a augmenté de plus de 10%. En Chine, au
contraire, les réformes économiques ont amélioré graduellement le salaire réel et le niveau de
vie364 365.
Dans l'agriculture, le Vietnam et la Chine étant tous les deux pays agricoles ont également
relativement réussi leur réforme agraire vers la libération du droit d'usage de terre aux
paysans. Du côté de l'ouverture économique, les deux pays adoptent une même politique de
l'incitation à l'exportation et à l'investissement étranger. Dans l'industrie, la Chine possède
une production industrielle plus développée que celle du Vietnam; cela s'est manifesté par la
proportion des produits industriels destinés à l'exportation: celle du premier est de 74% alors
que celle du second est seulement de 26%. Cependant, dans tous les deux pays, l'efficacité du
secteur industriel étatique est très faible seulement de 30 à 40% des EE sont
économiquement efficaces366. Ces comparaisons nous donnent une impression de
ressemblance des réformes économiques effectuées dans les deux pays367.
364 André SOLIMANO. 1993.365 Selon tes informations les plus récentes. la Situation économique des pays de l'Est est en général en train de s'améliorer.après une longue période de difficulté depuis 1989. On estime que ces pays vont progresser sensiblement plus vite pendantles années à venir. VOIr Banque mondiale 1996; Problèmes économiques N°2 441. Il octobre 1995. pp. 1-4.366 VU Quang. 1993.367 La tranSItIOn économique au Laos. le pays dont l'agriculture - pnncipal secteur économique - n'a Jamais été collectiviséeet est demeurée essentiellement entre les mams de petits exploitants pnvés. et dont l'industne essentiellement contrôlée parl'Etat ne représentait que 15% du produit national, l'application des politiques de réformes Similaires à celles de la Chine etdu Vietnam a conduit également bien à des résultats positifs (maîtrise de l'inllation. taux de crOissance élevé) qu'à desproblèmes Similaires en Chme et au Vietnam amblguité des drOits de propnété. faiblesse de la privatisation. blocagesstructurels et contraintes administratives et institutIOnnelles qUI empêchent toujours de parvenir à un développementéconomique durable. VOir Filippo di MAURO. 1996.
216
Comme l'on va le voir plus loin, en général, les réformes de la Chine et du Vietnam sont
assez analogues; les leçons tirées de la réforme d'un pays pourrait être utile pour l'autre. Les
points faibles de la Chine ont été en partie reconnus au Vietnam.
Quant aux principes directeurs des réformes du Vietnam, on s'aperçoit que, d'une façon
générale, par opposition aux réformes entreprises en Europe de l'Est et par analogie à celles
entreprises en Chine, le processus des réformes au Vietnam a été qualifié de gradualiste et
d'incrémentaI. Comme en Chine, les réformes au Vietnam sont effectuées de façon à ce que le
pays puisse éviter des ruptures brutales. Aux yeux des dirigeants des deux pays, cette
méthode vise à maintenir la "stabilité politique" au profit du développement économique.
Comme observé par certains auteurs, cette approche gradualiste risque d'engendrer des cycles
d'instabilité macroéconomique du type "stop and go"368. "Dans le même temps, les réformes
n'ont jamais été tout à fait complètes et la gestion globale de l'économie ayant pour finalité
l'établissement d'une économie de marché n'a pu se réaliser pleinement. Le problème est
moins une insuffisance de moyens d'action relevant d'une économie de marché, que le fait
que les mécanismes par lesquels ces moyens affectent l'économie réelle (taux d'intérêt, prix
relatif des biens, et taux de change) ne reflètent pas toujours la situation véritable de la
demande et de l'offre. De plus, beaucoup d'agents économiques ne sont pas soumis à la
discipline du marché et en conséquence ne répondent pa" aux signaux que constituent les prix
comme ils le feraient dans un véritable régime de marché"369. Cette observation pour la Chine
semble également juste pour le cas du Vietnam.
368 M W BELL et al. 1993
369 Michael W BELL Ee KHüR et Kalpana KüCHHAN. 1993. C'est nous qUI souhgnons
217
En regardant des choses de plus près, on peut constater que mis à part de l'idélogie, le
Vietnam se différencie de la Chine par plusieurs points importants. Ces différences auraient
du être pris en compte en choississant une stratégie vis-à-vis du secteur privé et des petites
entreprises. D'abord, la Chine est beaucoup plus facile à attirer et maintenir l'investissement
étranger qu'au Vietnam. L'immense marché chinois qui est 15 fois plus grand que celui du
Vietnam impose tout investisseur. Par ailleurs, la plupart de l'investissement étranger en
Chine (80% à peu près) est venue de la diaspora chinois, tandis que presque tout
l'investissement étranger au Vietnam est venu de l'étranger, la part de la diaspora vietnamien
est négligéable. Etant donné le fait que le flux du capital de la diaspora-, à cause des relations
familliales-, est une source importante de la création de nombreuses nouvelles petites
entreprises (souvent assez moderne) dans ces pays; la faiblesse de l'investissement en
provenance de la diaspora vietnamien nuit au développement du sous-secteur de petites
entreprises du pays.
Si la Chine a des atouts qui lui permet d'être en retard relativement à la privatisation et au
développement du secteur privé, le Vietnam n'en a pas. Si le Vietnam ne crée pas les
conditions et un environnement stable et fiable en faveur du sectur privé, il risque de perdre
son flux d'investissement étranger dans les années qui viennent370 ,
L'expérience de tout pays en transition sans exception montre indéniablement l'inefficacité
des EE issues de l'ancien système. La privatisation ou la dénationalisation de ces EE est non
seulement inévitable mais encore encourageante. Du point de vue de l'intérêt du pays, ce
370 Les dernières informations que nous avons à ce sujet confirment cette observation, Selon la RFI ( RadIO FranceInternatlOna/) (octobre 1998), l'investissement étranger au Vietnam a diminué conSidérablement cette année. Certes. unedes causes de cette situation est la crISe asiatique actuelle. mais même avant cette crise. depuis 1995. cette situation a étéobservée
218
processus n'endommagera en rien le pouvoir d'Etat mais créera les nouvelles conditions pour
faire valoir le rôle de l'Etat dans la construction d'une économie forte, saine et autonome.
SECTION Il : LES PETITES ENTREPRISES VIETNAlVIIENNES.
L'économie vietnamienne est fondée sur la petite production, dont l'agriculture occupe encore
une place prépondérante. Au-delà des suites funestes de la guerre, les erreurs d'avant les
réformes n'ont pas contribué à favoriser la formation d'une grande production efficace, ainsi
que d'une nouvelle génération d'entrepreneurs. D'autre part, les entreprises industrielles
étatiques vietnamiennes sont également de petite taille et, par leur faible efficacité, ne jouent
guère en pratique un rôle positif dans la transition, tant sur l'économie que sur la vie
sociale371 . Dans ces conditions, du point de vue de la production nationale, l'acteur essentiel
de l'économie de marché, durant la transition, reste la petite production privée avec ses
entrepreneurs.
À la différence des pays de l'Europe de l'Est, la transition du Vietnam est donc celle d'une
petite production vers l'économie de marché. Elle ne comporte pas les difficultés auxquelles
les pays de l'Est se confrontent : une structure industrielle trop lourde et difficile à
restructurer; un coût social élevé, à cause d'une grande partie des travailleurs utilisée par les
EE. D'autre part, comme dans tous les pays en transition, l'ajustement structurel pose des
problèmes socio-économiques, dont le plus important est le chômage. Au Vietnam toutefois,
le problème de chômage concerne en grande partie une population jeune, c'est-à-dire
219
davantage l'emploi des nouveaux jeunes travailleurs, que des travailleurs "reconvertis", Le
contexte vietnamien permet aux petites entreprises, avec leurs caractéristiques et capacités
propres, de répondre à cette demande.
À la différence des pays développés et de plusieurs autres pays en voie de développement à
économie de marché, les gens ne possédant pas de capitaux au Vietnam, ne sont pas
nécessairement considérés comme les exclus de l'économie de marché, tout simplement parce
que celle-ci n'existe pas encore. Par opposition, un certain nombre de personnes, notamment
les intellectuels, techniciens et ouvriers qualifiés-, ont été appauvris, non pas parce qu'elles
manquent de compétences, mais parce qu'elles perçoivent des salaires trop bas. Dans le
nouveau système, leurs potentialités de production auront besoin d'être utilisé. En tenant
compte de la possibilité de devenir entrepreneur dans ces couches sociales, au niveau de la
taille d'entreprise, la notion de "PE" utilisée dans cette étude implique toutes les plus petites
entreprises de l'économie, mais non pas les activités de survie du secteur informel.
Le sous-secteur des petites entreprises vietnamiennes n'est donc pas essentiellement le
recours des exclus, mais plutôt l'opportunité des entrepreneurs potentiels. Cette observation
nous conduira à choisir des politiques adaptées372 •
Dans le chapitre l, nous avons défini la petite entreprise par quatre attributs: la notion d'esprit
d'entreprise, le lien étroit entre la propriété et le management, le nombre limité d'employés
gérés par l'entrepreneur et le potentiel de développement de l'entreprise qui est issu de la
compétence de l'entrepreneur-propriétaire, notamment le capital-connaissance. Nous avons
371 UNDP. 1994 p.13
372 Par exemple. nous proposerons un OIveau moyen de prêts de la SYPE relativement élevée. par rapport à celle des
220
également évoqué les 3 nouvelles notions remplaçant les notions traditionnelles et indiquant
l'ampleur d'entreprise: entreprise socialisée (grande entreprise), entreprise individualisée
(petite entreprise et vraie micro entreprise) et activités de survie (secteur informel). Nous
essayons d'appliquer ces notions dans le cas du Vietnam.
J. Compétence et caractéristiques socioculturelles des entrepreneurs vietnamiens
existants et potentiels : le bien-fondé d'une définition des entreprises individualisées
vietnamiennes.
Etant donné que la gestion interne d'une entreprise individualisée dépend directement de la
compétence et des caractéristiques socio-culturelles de l'entrepreneur-propriétaire, la
détermination de la taille de ces entreprises dans un contexte donné dépend de la qualité
moyenne de l'ensemble des petits entrepreneurs se trouvant dans ce contexte. Un recapitulatif
sur les compétences et sur les caractéristiques socio-culturelles des entrepreneurs vietnamiens
permettra de mieux comprendre le sous-secteur des PE dans ce pays.
1. Entrepreneur et niveau d'études: les avis différents. Certains auteurs estiment que
les gens ayant un niveau d'études peu élevé réussissent plus facilement dans le monde des
affaires que ceux ayant un niveau d'études plus élevé373 . Cette observation n'est cependant
pas acceptée largement. En effet, aux Philippines par exemple, une étude montre que 80% des
entrepreneurs-propriétaires ont le niveau secondaire ou plus374. Par ailleurs, pour répondre à
programmes pour (' allégement de la pauvreté au Vletnam et dans les autres pays en développement.
373 PHO Ba Long. 1990.Dennis ANDERSON 1982.
374 DenniS ANDERSON. 1982Selon PHO Ba Long (1990), le succès dans le monde des affaires exige de l'entrepreneur un certam niveau d'éducation (au
moins la sortie de l'enseignement secondaire) amsl qu'une expérience mmimum. D'après l'auteur, une étude sur les 36entrepreneurs en échec a révélé que parmi eux Il personnes étaient en échec à cause d'un faible niveau d'éducallon. Il
221
la question quelle est la cause la plus importante des échecs des programmes
d'industrialisation dans les pays en développement, certains auteurs ne partagent pas le point
de vue selon lequel c'est le mauvais transfert de technologie des pays développés qui en est
premier responsable. D'après ces auteurs, cela existe, mais la cause la plus importante et
souvent négligée est le manque de maturité en gestion de production dans les pays en
développement. Ce défaut est accentué par le contenu des programmes d'éducation des
universités qui négligent toujours la gestion de production et "s'il n'y a pas, par avance, des
forces qualifiées en gestion de production, tout programme d'industrialisation a peu de chance
de réussir"375.
2. Entrepreneur et niveau d'études: notre avis. Nous essayons d'analyser ci-après le
lien entre le niveau d'études d'un entrepreneur et la réussite de son entreprise, dans le cas du
Vietnam.
(a) Devenir entrepreneur, c'est surtout d'accepter, de manière permanente, les
risques d'affaires qui peuvent conduire à la faillite. Les gens qui possèdent un bon
niveau d'études sont embauchés plus facilement et deviennent salariés avec un niveau
de vie relativement stable. A notre avis, c'est cette stabilité qui est la barrière la plus
importante à l'ambition de devenir entrepreneur. Par contre, les gens, qui ont moins de
chance dans leur parcours scolaire, trouvent plus difficilement un emploi ou sont mal
rémunérés. Par conséquent, pour ces derniers, cette barrière est beaucoup moins
importante.
autres à cause du manque d'expénence et 14 personnes en raison de ces 2 lacunes.
375 peL Goonaulake 1983.
222
(b) Les sciences de gestion indiquent précisément que la compétence de
gestion d'entreprise interne dépend certainement du capital humain du gestionnaire, dont le
niveau d'études est une des composantes les plus importantes376. Dans les grandes entreprises,
le manager peut résoudre ce problème en embauchant les professionnels ; pour les
entrepreneurs-propriétaires, l'entrepreneur ayant un bon niveau d'études l'exerce évidemment
mieux que celui ayant un faible niveau d'études. C'est l'une des raisons qui renforce
l'argument selon lequel, dans les petites entreprises, un bon niveau d'études de l'entrepreneur
est nécessaire, notamment pour les petites entreprises modernes, dans lesquelles les moyens
de production nécessitent des connaissances conséquentes.
3. Le cas du Vietnam. Dans le cas du Vietnam, on peut espérer la création d'une
nouvelle couche d'entrepreneurs, dont une part importante serait constituée de personnes
ayant un bon niveau d'études. En voici les raisons:
(a) Comme nous l'avons décrit plus haut, étant donné un trop bas niveau de
salaire par rapport aux bénéfices acquis par les activités d'affaires, la difficulté de
devenir entrepreneur (la barrière de « stabilité»), pour les personnes ayant un bon
niveau d'études, est beaucoup moins importante que celle qu'on a connu dans
plusieurs autres pays en développement.
(b) Une des caractéristiques importantes des intellectuels, techniciens et
ouvriers vietnamiens est leur possession d'un potentiel technologique, qui n'a souvent
pu être exploité de façon efficace dans l'ancien système. Dans le nouveau système, les
376 Michel GLAIS. 1990.PHO Ba Long 1990.
223
perspectives de la mise en œuvre de ces potentiels, dans un marché encore inexploité,
sont un moteur important pour que ces personnes puissent devenir entrepreneurs, en
exploitant d'abord leur supériorité technologique,
(c) Comme partout, les hommes d'affaires377 qUI ne sont SOumiS à aucune
hiérarchie, peuvent se sentir libres et indépendants, Ce facteur psychologique est un
élément considérable et qui influence sur la décision des intellectuels vietnamiens de
devenir entrepreneurs. En effet, dans une société où la liberté personnelle ainsi que la
liberté des salariés dans l'appareil sont encore limitées, ce facteur joue un rôle
significatif.
(d) Chaque année, il y a environ un million de jeurIes qui entrent dans le
marché du travail, dont environ 10 % possèdent un niveau de bac à bac plus 5. En
terme des débouchés possibles, ils n'ont guère de choix : la fonction publique ne
recrute guère, les entreprises d'Etat baissent de plus en plus leurs effectifs, les
entreprises privées étrangères et nationales, ainsi que les joint-ventures, ne recrutent
que quelques dizaines milliers de personnes annuellement378 . Que font les autres?
Comme le montre l'expérience de la Grèce, examinée par Sophie BOUTILLIER,
"créer une entreprise répond à un acte de survie. Mais, c'est également un moyen de
valoriser des connaissances de haut niveau, acquises au cours de longues études
universitaires. "379.
377 En utlilsantles mots "entrepreneur" ou "homme d'affaire", nous Impliquons également les gens exerçant des professionslibérales. En pratique. il n'y a pas. au Vietnam. une distinction claire entre les deux termes.
378 En 1998, à cause de la crise aSiatique. et d'une forte présence des entreprises étrangères d'origme asiatique. le Vietnamsubit des licencements Importants de ces dernières
379 Sophie BüUTILLIER. 1994 p 363
•11111111111111111111
224
II. Les caractéristiques des petites entreprises.
A. Caractéristiques des petites entreprises présentées par Per RONNAS.
Il Y a très peu d'étude sur les petites entreprises vietnamiennes. Pour recapitualiser les
caractéristiques de ce sous-secteur au Vietnam, nous nous sommes basé sur quelques études
de la Banque mondiale, un ouvrage de Per RONNÂS portant sur la création d'emplois à
travers l'esprit d'entreprise privé au Vietnam380 et certaines statistiques de l'Office central des
Statistiques vietnamien. L'ouvrage de Per Ronnas, réalisée en 1991, a porté sur un échantillon
de 1008 entreprises du secteur privé comprenant 100 coopératives (CO), 118 sociétés SARL,
305 entreprises individuelles (PEI), 434 PE et, pour la comparaison, 51 entreprises d'Etat
(EE). Toutes les entreprises individuelles choisies sont de petite taille. L'échantillon a été
choisi dans les trois villes : Hanoi, Haiphong, HoChiMinh-Ville et dans les zones rurales des
cinq provinces: Hasonbinh, Vinhphu, Quangninh au Nord et Longan, Cuulong au Sud. Etant
donné que l'étude porte sur les entreprises de production non agricole, on a donc choisi, parmi
les entreprises non-étatiques, 89,5% d'entreprises de production, le reste représentant des
entreprises de commerce et de services. Parmi 305 PEI, il Y a 124 PEI se situant en zone
urbaine et 181 PEI se situant en zone rurale. Parmi 434 PE, il Ya 334 PE non agricoles et 100
PE agricoles pour la comparaison ; 117 PE se situant en zone urbaine (PEU) et 317 PE se
situant en zone rurale (PER). La structure de l'échantillon des petites entreprises est présentée
dans le tableau 7.
380 Per RONNÀS . Employment GeneratIOn through Prlvate Entrepreneurshlp ln VIetnam. ILO. Geneva. 1992. Celle étudeétait le résultat d'une coopération entre l'Organisation International du Travail (OIT) avec l'Institut du Travail et des AffairesSociales du Vietnam (lTAS) financée par le SIDA (Swedish International Development Authonty) (appelée également"l'étude OITIITAS/SIDA").
Il
i1111111111111111111
225
L'ouvrage de Per Ronnas nous donne une image assez précise sur les caractéristiques
structurelles des petites entreprises vietnamiennes. Nous présenterons dans ce paragraphe de
façon générale cette image.
1. Les caractéristiques structurelles moyennes des petites entreprises. Le Tableau 8
montre les caractéristiques structurelles moyennes des petites entreprises urbaines (PEU) et
petites entreprises rurales (PER). On peut en tirer les observations suivantes:
(a) Alors que la taille des petites entreprises - mesurée en nombre de
travailleurs, revenu, valeur ajoutée, bénéfice, ou actif total - est beaucoup plus faible que celle
des entreprises d'Etat (EE), coopératives (CO) et des plus grandes
entreprises privées, l'effet économique des petites entreprises est relativement positif. En
effet, pour les trois ratios « valeur ajoutée/travailleur », « valeur ajoutée/USD» et « salaire
moyen », les PEU se montrent plus efficaces que les CO. Le ratio « valeur ajoutée/USD » des
petites entreprises est en général plus élevé que celui des autres entreprises plus grandes (sauf
les SARL rurales). En ce qui concerne le salaire moyen, celui des PEU est plus élevé que
celui des EE ; celui de PER est comparable de celui des CO.
226
Tableau 7 : Structure de l'échantillon des petites entreprises dans l'étude de
1 Zones urbaines
1 Hanoi
1 Haiphong
1 HoChiMinh-Ville
1Zones rurales
1 Hasonbinh
1 Vinhphu
\ Quangninh
1 Longan
1 Cuulong
1 Total
1Au Nord
1 Au Sud
OITIITAS/SIDA en 1991.
A. En zone urbaine.
MElTotal 1 Non agricole Agricole 1
117/ 117
1
35
1
35
1
25
1
25
157
1
57
1
B.En zone rurale.
PEITotal 1 Non agricole 1 Agricole 1
317
1
217
1
100 1
47
1
331 14\
68
1
50
1
18
1
75\ 57
118\
67\ 42\ 25[
60
1
35
1
25
1
c. Au total. au Nord et au Sud du pays.
434
1
334\ 100 1
250 1200
1
50
1
184[ 134
1
50
1
Source: Per Ronmis : 1992 p 12
PEI
Total
124
35
26
63
Total 1
1-
227
(b) Le niveau de l'investissement des EE est 16 fois plus élevé que celui des
PEU alors que sa productivité est seulement 6 fois plus.
(c) Le total des dettes des petites entreprises reste très modeste et illustre bien
que ce sous-secteur utilise essentiellement ses propres ressources plutôt que les ressources
extérieures.
L'âge moyen des chefs d'entreprise est de 45 (PER : 46) dont 22% sont des femmes (PER :
15%).25% d'entre eux (PER : 14%) ont un niveau d'études supérieur à dix années. 78% ont
précédemment acquis une expérience plus ou moins importante dans les activités d'affaires
qui ont été exercées dans les CO et EE (PER : 59%).
Quatre-vingt-deux pour cent des travailleurs des PEU sont des membres de la famille du chef
d'entreprise (PER : 94%) ; le reste du personnel est recruté à l'extérieur. Le niveau d'études
moyen des travailleurs est de 8,5 années de scolarité (PER : 8). L'âge moyen des travailleurs
est de 31 (PER : 33) dont 34% de femmes (PER : 41). Le ratio des femmes travaillant dans
les petites entreprise~-, notamment dans les PER-, est assez élevé, ceci montre qu'il est
possible d'attirer de~ femmes dans les activités non agricoles.
En comparaison avec les entreprises d'Etat (EE), les petites entreprises requièrent souvent un
niveau de formation plus modeste pour les jeunes travailleurs. En conséquence, elles peuvent
élarg:r l'accès à l'emploi pour ces derniers par rapport aux EE qui demandent fréquemment un
niveau beaucoup plus élevé. Etant donné que 80% des jeunes travailleurs n'ont pas de
•
Source. Tableau etabh a partIr de . Per RONNAS ; 1992 Les chIffres excluent les entrepnses n'ayant pas de revenu en
228
1990 ainsi que les entrepnses ayant un effectif de plus de 100 personnes.
par entreprise, en 1990.
Tableau 8 : Caractéristiques structurelles générales des PEU et PER, chiffres moyens
381 VOIr chapitre 1. section 2.
formation professionnelle381 , cela permat aux PE de devenir créateurs d'emplois pour les
Jeunes.
Valeur 648 356 813 773 505 4.011
ajoutée/travailleur,USD
Actif/travailleur,USD 1.501 538 2.188 709 1.332 23.909
Valeur ajoutée/actif 1,65 1,94 0,87 1,96 0,79 1,31
Salaire moyen,USD 344 233 402 322 255 290
..
PEU PER SARL CO EE
Urbain Rural
Recettes, USD 11.586 4.127 48.456 27.693 66.855 1.897.080
Valeur ajoutée,USD 3.592 1.216 12.590 6.299 13.420 360.364
Bénéfice,USD 2.838 1.015 5.725 3.871 4.816 30.482
Actif total,USD 8.450 1.847 30.273 5.679 38.935 2.596.203
Capital circulant,USD 1.127 10.646 8.166 1.382.028
Dette,USD 52 33 2.549 347 2.165 55.173
Emploi (nomb. de 4,77 3,53 13,63 10,40 31,57 68,48
pers/entreprise)
11111111111111111111
229
L'investissement au moment de la fonnation de l'entreprise: 50% du nombre de PEU ont du
capital de démarrage inférieur à 890 USD (PER : 300 USD), 25% inférieur à 170 USD (PER
: 100 USD), et 10% des PEU démarrent avec un capital plus de 7.200 USD; donc en
moyenne: 3.200 USD (PER: 910 USD).
2. Les relations avec le système bancaire. Le crédit bancaire et le crédit commercial
des petites entreprises. Le manque de capital au démarrage est l'obstacle le plus grave des
PEU et PER. 86% des PEU n'utilisent que leur propre capital, 13% d'entre eux doivent
recourir au crédit infonnel. Plus de 90% des PER qui doivent recourir à leur propre capital ou
au prêt infonnel ; le secteur financier fonnel, en 1990, fournissait seulement 1,4% du capital
de démarrage des PER. Dans certains cas, notamment avant 1992, les EE qui empruntaient à
la banque à un faible taux d'intérêt et puis reprêtaient à un taux nettement supérieur aux
petites entreprises ou autres emprunteurs. Dans les PEU ainsi que les PER, le capital de
démarrage dépend de la possibilité propre de l'entrepreneur plutôt que du besoin de
l'entreprise. Dans bien des cas, c'est l'accès aux crédits qui détennine le futur entrepreneur et
la taille de son entreprise.
Avant 1992, plus de 95% des PEU et des PER n'ont pas eu de relations avec les banques
commerciales en raison de la lenteur et de la complexité des démarches, mais surtout du
manque de confiance réciproque entre les petites entreprises et les banques. Non seulement
les banques ne faisaient pas confiance aux petites entreprises; ks petits entrepreneurs de leur
côté n'ont pas attendu que les banques résolvent leur besoin en capitaux. La banque semble
être un monde assez lointain pour eux.
230
En ce qui concerne le crédit commercial, l'économie des petites entreprises était celle du
paiement comptant. Moins de 1% des petites entreprises recevaient des crédits commerciaux
des fournisseurs382. D'autre part, le paiement par chèque n'a guère été utilisé par les petites
entreprises. Cette situation réduit l'échange commercial entre les entreprises383.
3. Caractéristiques structurelles moyennes des petites entreprises individuelles (PEI).
Généralement, les caractéristiques des PEI et celles des petites entreprises sont relativement
analogues. Nous présenterons ci-dessous seulement quelques points spécifiques pour les PEI.
De même que pour les petites entreprises, afin de faciliter la comparaison, nous indiquerons
les chiffres concernant les PEI rurales (PEIR) (ou PEI urbaines - PEIU- dans les cas
contraires) entre parenthèses.
La taille moyenne des PEIU est de 13,7 personnes (PEIR : 10,4) alors que cene des PEU est
de 4,8 (PER : 3,5) personnes. La différence la plus importante entre les PEIU et les PEU
réside dans le statut des travailleurs. En effet, la plupart des travailleurs des premières sont
recrutés librement alors que la plupart des travailleurs des secondes sont les autres membres
de la famille du chef d'entreprise.
Il est logique que le niveau de scolarité de l'effectif des PEIU est plus élevé que celui des
PEU. Le pourcentage des travailleurs ayant un niveau de plus de dix années dans les premiers
est de 54% (PEIR : 40%), alors que celui des seconds est de 40% (PER: 17%).
382 A l'instar du crédit bancaire. l'élimination du crédit commerCial dans les économies de type soviétique est issue d'uneonglne théorique profonde et non pas casuelle (voir chapitre III. section 1) En effet. d'après un ouvrage en économieofficiellement publié au Vietnam en 1987. "Avec les deux formes de propnété . la propriété de l'ensemble de la populationet celle des collectivités. le socialisme a éliminé la propnété pnvée en matière de moyens de production. et a donc éliminéégalement la base de l'eXistence du crédit commercial". Termes économiques. 1987. p 380.
383 Rappelions que. dans certaines branches d'activités dans les pays développés. le crédit fournisseur est SI important queles entrepnses fonctionnent avec un très faible fonds de roulement. Pierre CONSO et al. 1991. pp.150-151
231
Comme l'on peut le prévoir, le pourcentage des PEIU qui accepte de payer un certain nombre
d'avantages sociaux (congés maladie, de maternité et congé annuel) est beaucoup plus élevé
(56% ; PEIR : 20%) que celui des PEU (15% ; PER : 1%). Ces chiffres nous donnent une
image de la différence assez importante entre les PEI en zone rurale et celles en zone urbaine.
En général, les PEIR payent moins d'avantages sociaux que les PElU ; le niveau de scolarité
des premières est également plus bas que celui des secondes. En ce qui concerne le nombre
de travailleurs recrutés et payés, celui des premières est également plus faible que celui des
secondes.
En ce qui concerne le capital circulant, le capital moyen de chaque PEIU est de 10.600 USD,
alors que celui de chaque PEU est de 1.100 USD seulement (PER : 380). La valeur ajoutée
totale moyenne des PElU est de 12.600 USD (PEU: 3.600), leur actif total moyen est de
30.000 USD. Cependant, en ce qui concerne la valeur ajoutée par employé et le salaire, les
PEI et les petites entreprises sont assez proches. La valeur ajoutée par employé des PEIU est
de 810 USD (PEIR : 770), alors que celle des PEU est de 650 USD (PER: 360).
Le niveau moyen de l'investissement total au moment de la création d'entreprise des PEIU est
4 fois supérieur à celui des PEU. Il faut noter que ce niveau médian est assez différent du
niveau moyen. En effet, la médiane de l'investissement total au moment de la création
d'entreprise est de 6.400 USD pour les PEIU (PEU : 890) et de 1.020 USD pour les PEIR
(PER : 300). Ces chiffres sont nécessaires pour l'estimation de leur besoin de financement.
En 1991, pour l'ensemble des petites entreprises -, PEI et PE-, plus de 95% des entreprises se
basent sur leur source de capital propre plutôt que sur des sources extérieures.
232
La différence en matière de nIveau d'investissement se traduit évidemment au niveau
technologique: il est compréhensible que le niveau technologique des PEI soit plus élevé que
celui des petites entreprises, en zone urbaine ainsi qu'en zone rurale. En outre, le niveau
technologique du Sud est supérieur à celui du Nord.
Le manque de capital des PEIU semble encore plus grave que celui des PEU; le pourcentage
des PEIU dénonçant le manque de capital comme étant la première difficulté de leur
fonctionnement, est de 42% (PEU: 30%).
Trente-sept pour cent des gestionnaires des PEU (c'est-à-dire PEIU et PEU) ont acquis des
expériences professionnelles préalables dans les EE, dans le secteur public ou collectif. En
zone rurale, ce pourcentage est de 48% pour les PEIR et 26% pour les PER. Ces chiffres
montrent que les petites entreprises sont les "débouchés" du personnel issu de l'ajustement
structurel. Ces chiffres renforcent également notre argumentation sur la taille assez grande
des petites entreprises vietnamiennes pendant la transition ainsi que celles sur les
caractéristiques et les supériorités de ce sous-secteur.
Cinquante pour cent des PER estiment qu'elles ne sont confrontées à aucun concurrent. Ce
chiffre est seulement 3,5% pour les PEU. Ceci veut dire qu'actuellement, en zone rurale
vietnamienne, le besoin de création de nouvelles petites entreprises afin de répondre au
marché intérieur est important.
4. Les remarques importantes sur le sous-secteur des PE vietnamiennes.
233
(a) Le sous-secteur des PE vietnamiennes n'appartient pas au "capitalisme
privé" - terme utilisée par la classification officielle d'entreprises des autorités
vietnamiennes. Puisque, curieusement, en promouvant l'investissement étranger, certains
leaders vietnamiens semblent toujours hostiles au "capitalisme privé" nationaP84.
(b) Ce sous-secteur est et sera issu des couches sociales familières et voisines
de l'appareil actuel-, cette proximité lui évitera des "allergies" désavantageuses de la part des
autorités ; ces "allergies" sont toujours un obstacle au développement des autres formes
d'organisation du secteur privé vietnamien.
(c) Ce sous-secteur est l'intermédiaire entre:
*le secteur économique formel et le secteur informel (dont une partie
dispose des relations intimes avec le secteur public et les EE) ;
*le secteur moderne et le secteur traditionnel;
*le secteur "non capitaliste privé" et le secteur "capitaliste privé".
Dans un contexte politique délicat du Vietnam actuel, ces caractéristiques sernnlent pouvoir
jouer un rôle important dans le choix de politiques d'industrialisation à travers le
développement du secteur privé. Le sous-secteur des PE est l'accompagnateur le plus
facilement acceptable pour l'idéologie directrice. Nous sommes persuadés que, pendant la
transition où l'interférence entre ancienne et nouvelle idéologies est une caractéristique
remarquable de l'environnement politique, la promotion des petites entreprises industrielles
privées est une "thérapie" convenable non seulement pour un itinéraire raisonnable de
l'industrialisation mais aussi pour celui du processus de privatisation.
384 VU Quang V let observe que les autorités vletnarnlennes hésitent davantage à développer le secteur pnvé national queles entrepnses étrangères VU Quang. 1996.
234
B. Les petites entreprises industrielles.
Les petites entreprises industrielles sont le composant le plus important du sous-secteur des
petites entreprises vietnamiennes, non pas en terme de quantité, mais aussi en terme de sa
capacité de contribuer au développement du pays. Certaines caractéristiques des petites
entreprises industrielles seront présentées ci-dessous, en se basant sur les données fournies
par l'Office des Statistiques et la Banque mondiale.
De 1989 à 1993, le nombre de petites entreprises industrielles a augmenté 36,0%, son rythme
de croissance annuel est de 8%. Pendant cette période, alors que la part de la production des
sociétés privées et des coopératives dans la production industrielle est passée de 12,9% à
5,6%, celle des petites entreprises industrielles a augmenté de 20,7% à 23,1%. Les petites
entreprises industrielles ont joué le rôle de contrebalancer vis-à-vis de la croissance des EE.
Le taux de croissance de la production des petites entreprises industrielles en 1993 était
néanmoins de 8,7% seulement, par rapport à 10,6% en 1992 et 24,9% en 1991. La croissance
ralentie de ce sous-secteur reflète les difficultés auxquelles il a du faire face. Cette tendance a
été observée au cours des dernières années. En effet, faute de politiques d'encouragement
gouvernementales, les entrepreneurs privés hésitent à investir dans l'industrie. Les données
les plus récentes le confirment: En 1995, parmi plus de 1.800 El créées, seulement 150
étaient de type industriel, soit 8%385.
385 ThOl Bao Klnh Te Saigon N° \-96. du 04 au 10 janvier 1996.Selon la Banque Mondiale. la plupart des investissements dans l'Industrie pendant les dernières années sont venus del'étranger les investisseurs étrangers ont créé en partenariat avec les entrepnses d'Etat les co-entreprises industrielles danslesquelles la contribution de ces dernières sont "le droit d'usage des terres". World Bank. 1995
235
Tableau 9 : Nombre d'entreprises industrielles, 1989-1993.
1989 1990 1991 1992 1993
Entreprises d'Etat 3.020 2.762 2.599 2.268 2.030
Coopératives (CO) 21.901 13.086 8.829 5.723 5.287
Sociétés et entrep. 1.248 770 959 1.114 3.322
individuelles privées
PE industrielles 333.337 376.900 446.771 368.000* 452.866
Source: DGS ; 1995. p.212.
• : " faut noter que la diminution du nombre de petites entrepnses manufacturières en 1992 vue dans ce tableau est dûe au
changement de critère de statistiques. A partir de 1992, un certain nombre de catégories de petites entreprises (confection
sur mesure, réparation d'outils familiaux) ont été transférées au secteur des services, et ne sont plus incluses dans le secteur
industriel comme précédemment. Si l'on recalcule le nombre de petites entreprises en 1991 selon ce critère, il est 379.300 au
lieu de 446.700386.
De 1989 à 1992, alors que le nombre de travailleurs des EE et des CO a diminué
continuellement, celui des petites entreprises industrielles a augmenté de 20%. Le sous
secteur de petites entreprises industrielles a contribué à résoudre le chômage issu de
l'ajustement structurel. La productivité de ce sous-secteur s'est améliorée de 27,6% pendant
cette période mais elle reste néanmoins modeste et ne représente que 43% de la productivité
de l'industrie et 20% de celle des EE.
386 DGS 1994 p.77
236
Tableau 10 : Nombre de travailleurs
et productivité de l'industrie, 1989-1992.
1989 1990 1991 1992
Travail Produc Travail Produc Travail Produc Travail Produc
leurs tivité leurs tivité leurs tivité leurs tivité
(1000 (1000 (1 000 (1000 (1000 (1000 (1000 (1000
pers) VND) pers) VND) pers) VND) pers) VND)
Total 2558 5366 2254 6224 2229 6949 2051 8832
EE 782 Il 525 744 12739 665 15204 629 19 143
Secteur 1 776 1 510 1 532 1 384
privé
CO 786 2050 458 2793 288 2596 207 2485
SP 48 6674 23 7009 28 9088 47 10835
PE 942 2992 1030 3030 1 216 3203 1 129 3817
Sources: - World Bank; 1995c.
- DGS; 1994. p.140.
En 1992, la taille d'une PE industrielle vietnamienne était de 3,1 travailleurs. Pour une
comparaison, la taille moyenne d'une PE française était de 4,6 travailleurs (salariés et non
salariés) ; la taille d'une PE suédoise était de 2-3 personnes387.
387 Hans SJOGREN and Sven JUNGERHEM. 1996. P 28.
237
Tableau Il : Le nombre et la part du PIB des petites entreprises industrielles dans un
certain nombre de branches d'activité industrielle, 1990-1993.
1
199
°1
1991
1
1992
1
1993
1
Nombre Part du Nombre Part du Nombre Part du Nombre Part du
PE (%) PlO PE (%) PlO PE(%) PlO PE (%) PIB
(%) (%) (%) (%)
Total des PE 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0 100,0
Equip. et machines 4,7 5,0 3,9 5,7 2,8 6,2 1,9 6,6
Production prad. 7,1 4,1 7,0 5,3 4,9 5,2 4,6 5,4
métalliques
Prad. chim. caout 1,2 4,2 1,0 5,5 1,0 6,2 0,7 7,7
engrais
Matér.construction 7,7 8,3 8,3 8,0 Il,1 9,0 Il,9 8,9
Prad. du bois et 15,8 9,5 15,8 9,0 17,6 8,5 19,0 7,7
forestiers
Nourriture Il,5 9,3 12,1 8,7 9,0 10,2 8,4 9,3
Prod. alimentaires 24,4 42,7 24,5 39,6 31,2 37,7 30,7 37,8
Tissage 9,3 7,2 10,1 7,3 12,2 7,0 12,6 5,8
Sources Tableau établi à partir de:
DGS. 1995 P 190 + p.218.
238
En 1993, les petites entreprises de production alimentaire représentent une part prépondérante
dans le sous-secteur des PE : 31 % en nombre et 38% en production du sous-secteur. Les
autres branches où la quantité des petites entreprises industrielles est importante sont les
produits du bois et forestiers, le tissu, les matériaux de construction et l'alimentation. Ces
quatre branches représentent 52% du nombre total de petites entreprises, mais leur part dans
la production du sous-secteur est seulement de 32%. Par contre, les trois branches :
équipement et machine, produits métalliques et produits chimiques représentant seulement
7% du nombre de petites entreprises, font part de 20% de la production du sous-secteur.
Bien que la productivité des petites entreprises industrielles soit seulement de 43% de celle
du total de l'industrie, il y a eu quatre branches d'activité dans lesquelles les petites
entreprises industrielles ont une productivité comparable à celle de l'ensemble de l'industrie,
voire plus élevée. Elles sont les suivantes: (a) production des équipements et machines; (b)
production des produits métalliques; (c) produits chimiques, caoutchouc et engrais; (d)
produits du cuir. Pour la branche d'activité des équipements et machines, la productivité des
petites entreprises industrielles est supérieure à celle du total de l'industrie, à celle des EE et
des CO. Pour la branche d'activité des produits du cuir, la productivité des petites entreprises
industrielles est double de celle du total de l'industrie et triple de celle des EE (et CO).
239
Tableau 12 : Productivité des PE dans un certain nombre de branches d'activité industrielle, en
comparaison avec les autres formes d'entreprise, 1992, (1000 VND).
Catégories d'entrepnses Productivité
Total de l'industrie 8832
Entreprises d'Etat (EE) 19 143
Coopératives (CO) 2485
Sociétés privées (SO), Entreprises individuelles (El) 10835
PE 3817
Production des équipements et machines 7048
Entreprises d'Etat (EE) 6156
Coopératives (CO) 5807
Sociétés privées (SO), Entreprises individuelles (El) 10 125
PE 8918
Productions des produits métalliques 4833
Entreprises d'Etat (EE) 5501
Coopératives (CO) 3388
Sociétés privées (SO), Entreprises individuelles (El) 7263
PE 4905
Produits chimiques, caoutchouc et engrais 17641
Entreprises d'Etat (EE) 20104
Coopératives (CO) 5893
Sociétés privées (SO), Entreprises individuelles (El) 18916
PE 16526
Produits du cuir 5568
Entreprises d'Etat (EE) 3918
Coopératives (CO) 3617
Sociétés privées (SO), Entreprises individuelles (El) 12721
PE la 712
240
Source: Tableau établi à partir de : DGS. 1994. pp.140-145.
Tableau 13 : Distribution géographique
des PE industrielles (en milliers d'entreprises).
Source. Tableau etablt a partir de : DGS : 1995. pp.225-226.
1990 1991 1992 1993
PE % PE % PE % PE %
Total du pays 377 100 447 100 368 100 453 100
Au Nord 204 54 271 60 216 59 303 67
I.Région M&MR du Nord 36 47 38 46 10
II.Région Delta du FR 113 130 114 172 38
I1I.Littoral cenLdu Nord 55 93 63 85 19
Au Sud 172 46 176 40 152 41 150 33
IV.Littoral central du Sud 53 53 40 44 10
V.Plateau central 6 8 7 8 2
VI.Sud-est du Sud 32 38 34 33 7
VII.Delta du Mékong 81 71 72 64 14
. .
241
Tableau 14 : Productivité des petites entreprises industrielles et la taille moyenne de
petites entreprises industrielles dans les sept zones géographiques et dans quelques
provinces, 1992.
Productiyité Taille moyenne
(milliers de VND) de l'entreprise (en
personnes)
Total de l'industrie 8832 5,4
EE 19143 >300,0
CO 2485 35,0
SO, El 10 835 47,0
PE 3817 3,1
Pour les PE - les régions
I.Région M&MR du Nord 2 117 2,6
II.Région Delta du FR 1 746 2,4
III.Littora1cent.du Nord 1249 2,8
IV.Littoral central du Sud 2765 4,4
V.Plateau central 5485 2,6
VI.Sud-est du Sud 9690 4,3
VII.Delta du Mékong 6053 3,2
Pour les PE - quelques provinces
Hanoi 2991 2,5
HoChiMinh-Ville 11365 4,2
Haiphong 1757 2,7
Hanamninh 6986
Quangninh 1431
Quangnam-Danang 2930
Dongnai 7 117
Cantho 11288
242
Sources: Tableau établi à partir de :
DGS ; 1994 pp.146-150.
World Bank; 1995c.
Région M&MR du Nord: Région montagne et région moyenne du Nord.
Région Delta du FR : Région Delta du Fleuve Rouge.
Linoral central du Nord: Ancienne zone 4 du pays.
Le Nord comprend les régions J, Il, III (non compris les deux provinces Quangtri et Thuathien-Hue appartenant à la région
m). Le Sud comprend les régions IV, V, VI, VII (y compris les deux provinces appartenant à la région m cités ci-dessus).
Approximativement, les notions "Ie Nord" et "Je Sud" sont utilisées comme SUit: "Ie Nord"=les régions [+II+m ; "Ie
Sud"=Jes régions IV+V+VI+VII.
La productivité élevée des petites entreprises industrielles dans un certain nombre de
branches d'activité et dans un certain nombre de villes et provinces est en relation étroite avec
leur niveau technologique. Ce phénomène illustre la compétitivité et les perspectives de ce
sous-secteur. Dans un environnement politique et institutionnel favorable, les petites
entreprises industrielles les plus performantes pourront continuer à se moderniser et/ou
s'agrandir.
En 1993, 2/3 du nombre de petites entreprises industrielles sont au Nord du pays. Il
conviendrait de noter que de 1990 à 1993, alors que le nombre de petites entreprises au Nord
augmente de 54% à 67% par rapport au nombre total de petites entreprises industrielles du
pays, celui au Sud diminue de 172.000 PE industrielles en 1990 à 149,000 en 1993. Puisque
l'émergence des SARL, SPA et El pendant cette période s'est déroulée essentiellement au Sud
du pays, est-ce que ce phénomène reflète l'agrandissement ou la fusion d'un certain nombre
de petites entreprises industrielles en plus grandes petites entreprises industrielles? C'est-à
dire, alors que l'émergence du secteur privé s'est manifestée par l'apparition d'entreprises
relativement grandes au Sud, elle s'est traduite en grande partie par la création de petites
243
entreprises industrielles au Nord.
Le Tableau 14 montre qu'en 1992, la taille moyenne des petites entreprises industrielles au
Sud est plus grande que celle au Nord. De plus, la productivité des petites entreprises
industrielles du Sud est beaucoup plus importante que celles du Nord. La productivité des
petites entreprises industrielles au Sud-est du Sud est supérieure à celle du total de l'industrie
et égale à 2,5 fois la moyenne de ce sous-secteur. Les petites entreprises industrielles à
HoChiMinh-Ville ont une productivité plus élevée que la moyenne des SO et El du pays et
égale à 3,8 fois celle des petites entreprises industrielles à Hanoi.
Co Effet comparatif de l'investissement dans les petites entreprises.
Une des questions les plus importantes du financement des petites entreprises dans quelque
pays que ce soit est l'efficacité de l'utilisation du capital des petites entreprises par rapport aux
autres catégories d'entreprises. Le Tableau 15 illustre cet effet des entreprises vietnamiennes à
cette époque.
Nous allons examiner l'effet comparatif de l'utilisation du capital en matière financière et en
matière de création d'emplois.
1. Effet comparatif de l'utilisation du capital du point de vue financier.
On sait que la valeur ajoutée d'une entreprise, qui est égale à la production de cette entreprise
moins les consommations intermédiaires. mesure la richesse créée par l'entreprise. Le ratio
•11111tt111111t1t1II11
244
valeur ajoutée/unité de l'actif d'une entreprise est l'un des indicateurs qui reflète l'efficacité
financière de cette entreprise. Selon le Tableau 15, les ratios valeur ajoutée/USD actif des
PEU et PER sont beaucoup plus élevés que ceux étant dans l'ensemble de toute autre
catégorie d'entreprises. Cela nous pennet de conclure que la valeur ajoutée créée par
l'augmentation de chaque unité de l'actif des petites entreprises est la plus élevée panni les
entreprises vietnamiennes à cette époque. Ce constat, en plus de la supériorité des petites
entreprises en matière de productivité enregistrée par LE Van Toan et af388 renforce
davantage l'efficacité économique positive des petites entreprises dans l'économie. D'autre
part, les ratios bénéfice/ITF des PEU et PER qui sont également supérieurs à ceux d'autres
catégories d'entreprises nous donnent un autre point fort à l'égard de la rentabilité financière
de ce sous-secteur.
En ce qui concerne la deuxième catégorie des petites entreprises - les PEI - le fait que son
ratio «valeur ajoutée/USD actif» et son ratio «bénéfice/ITF » sont assez bas s'explique pour
l'essentiel par la dissimulation du chiffre d'affaires et du bénéfice ; ce phénomène était
généralisé pour les PEI pendant ces années-là. Cet argument est encore renforcé par le ratio
VAlUSD actif beaucoup plus élevé des EE par rapport à celui des PEI : les chiffres sont plus
fiables pour les premières que pour les secondes.
388 LE Van Toan el al 1991.
245
Tableau 15 : Investissement et emploi
dans les entreprises vietnamiennes.
Source: Tableau etabh a partir de : Per Ronnas; 1992.
PEU PER PEI SP CO EE
ITF*,USD 3 190 910 12940 8680 32000 120000**
Valeur 1,65 1,94 0,87 0,72 0,79 1,31
ajoutéelUSD actif1
Profit,USD 2838 1 015 5725 6 140 4816 30482
Bénéfice/ITF % 88,96 111,54 44,24 70,73 15,05 25,4
Nbre d'emplois 4,8 3,5 13,6 14,7 31,6 82,8
Coût de création 664 260 951 590 1 012 1449
d'un emploi
. .
PEU: petite entreprise urbaine; PER : petite entreprise rurale ;PEI : petite entreprise dite "individuelle" ;SP : société privée
; CO : coopérative; EE : entreprise d'Etat.
• : ITF :Investissement total au moment de la création d'entreprise, en moyenne (Initial total financing).
•• : Estimation.
2. Efficacité comparative de l'utilisation du capital à l'égard de création d'emplois.
Cette efficacité des entreprises qui s'est manifestée par les ratios « ITF / nombre d'emplois
crées» (ITFINEC) présenté dans le Tableau 15. Ces ratios nous indiquent également que la
capacité de création d'emplois calculée par le capital de démarrage des petites entreprises est
plus remarquable que celle d'autres catégories d'entreprises, notamment par rapport aux CO et
EE. Il conviendrait d'ajouter ici que le capital de démarrage estimé pour les EE est celui des
246
petites EE. En général, au Vietnam, le taux du capital de démarrage pour la création d'un
emploi dans l'économie est encore relativement modeste; dans un avenir proche, en fonction
de l'augmentation de l'investissement étranger, ce taux s'accroîtra. Comme les autres
catégories d'entreprises, du point de vue de la compétitivité, les petites entreprises vont
également accroître leur capital de démarrage ; les ratios ITFfNEC seront augmentés.
Cependant, à notre avis, la place prépondérante relative des petites entreprises dans cette série
ITFfNEC sera certes encore maintenue, au moins pendant toute la période de transition. Il
faudrait donc ébaucher à temps les politiques adaptées afin de profiter de cette prépondérance
temporaire.
3. La corrélation entre l'augmentation du capital, du nombre d'emplois et de la
productivité du travail des petites entreprises vietnamiennes.
Une autre question qui se pose, relative à la capacité d'attrait de la main-d'œuvre des petites
entreprises en augmentant le capital, est le remplacement éventuel du travail par le capital.
On sait que, de façon générale, l'augmentation du capital accompagne l'accroissement de
l'équipement et engendre, par la même occasion, la diminution du travail. Ce souci a été
souligné par Per Ronnas dans son ouvrage ; selon l'auteur, dans le cas du Vietnam à cette
époque, l'augmentation du capital au profit des petites entreprises entraîne non seulement la
création d'emplois mais encore une amélioration de la productivité du travail et, par
conséquent, une augmentation du salaire. En même temps, on ne dispose pas d'information
indiquant que le capital remplacera le travaiJ389. A notre avis, cela est compréhensible pour le
cas du Vietnam, pendant son processus de transition, pour les raisons suivantes:
389 Per RONNAs 1992 p 154
247
(a) L'économie de marché est encore récente, la concurrence n'est pas encore
féroce, la pénurie dJJ capital pour les petites entreprises se traduit principalement par le capital
circulant et pas encore par l'investissement de l'équipement.
(b) La plupart des crédits aux petites entreprises sont à court terme. Ces crédits
ne peuvent donc pas souvent être utilisés pour l'investissement de l'équipement. De l'autre
côté, pendant les années du début de l'ouverture économique, les petits entrepreneurs ont été
enclins à opter pour l'utilisation du capital circulant plutôt que de l'investissement en
équipement39o .
Evidemment, après la transition, avec la croissance de la concurrence, cette situation
changera et l'investissement dans la rénovation du capital technique pour maintenir la
compétitivité s'accentuera.
***
La réalité vietnamienne des années récentes montre que la libération de ce sous-secteur est le
moteur principal de la croissance économique et également un remède social pour le pays
durant sa transition. Presque tous les progrès dans l'agriculture et la grande partie des progrès
dans les deux secteurs secondaire et tertiaire depuis 1989 en sont issus, notamment en ce qui
concerne la création d'emplois, l'utilisation des technologies appropriées et l'amélioration du
niveau de vie de la population. Tandis que le nombre des entreprises d'Etat (EE) et des
coopératives (CO) a diminué, les grandes entreprises étrangères et nationales privées se
390 C'est cette psychologie encore timide et réservée qUi explique également la tendance à investir dans le commerce et lesservices plutôt que dans l'Industrie.
Ce phénomène est également observé en Europe de l'Est Les entrepreneurs y ont tendance à focaliser sur les opportunitésde profit à court terme plutôt qu'à long terme. "Cela reflète également l'incertitude des entrepreneurs si les politiques
248
développent lentement. C'est ce sous-secteur des petites entreprises qui est l'acteur essentiel
de l'économie en transition.
La distinction, entre l"'entreprise individualisée", l"'entreprise socialisée" et les activités de
survie, nous permet de mieux comprendre le secteur privé vietnamien et son sous-secteur des
petites entreprises. La position et le rôle socio-économique de la PE ("entreprise
individualisée") dans l'économie vietnamienne sont particulièrement importants. Le
financement des petites entreprises, amsi que les réformes institutionnelles
d'accompagnement, qui le faciliteront, sont indispensables pour que le pays puisse mener à
bien son processus de transition.
Dans le chapitre suivant, nous examinerons le système bancaire vietnamien, la situation de
l'octroi du crédit bancaire et de la collecte de l'épargne, afin de mieux comprendre la
nécessité et la faisabilité de la création des banques commerciales pour les petites entreprises
dans ce pays.
gouvenementales changeront vers la limitation des potentiels d'affaires à long terme. comme la dévaluatIOn, nouvelles taxessur les petites entreprises ou les contraintes réglementaires". CCET 1996. Pp. 28-29.
249
CHAPITRE V : LE SYSTEME FINANCIER
ET LA MICRO-FINANCE AU VIETNAM: UN BILAN.
"The banks hold the key position in the transition from a lower to a higher scale of activity".
John Maynard KEYNES, The Ex-Ante Theory of the Rate of Interest. The Economlc Journal,
December 1937.
"Un système financier qui manque de maturité est par lui-même un obstacle au progrès économique"
, par contre, "un système monétaire efficace est une condition indispensable de la croissance
effective de l'ensemble de la collectivité".
GURLEY et SHAW, La MonnGle dans une théorle des actifs financIers, p.43 et 178.
(Cités par : Sami HIRAM, Le rôle du système bancGlre des pays en VOle de développement, Thèse
pour le Doctorat d'Etat ès-Sciences Economiques, Université Paris II, 1984, p.100)
Parmi les moyens de financement des entreprises les plus souvent utilisés dans la plupart des
pays développés - fonds propre, crédit, dispositions fiscales, primes et subventions-, le fonds
propre et le crédit occupent le premier rang dans le secteur privé vietnamien. Effectivement,
les dispositions fiscales, ainsi que les primes et subventions, sont principalement réservées
aux entreprises d'Etat. Le recours au marché boursier, ou aux différentes formes de quasi
fonds propres (obligations convertibles, prêts participatifs) ou encore aux sociétés financières,
est presque inexistant. Quant au crédit, le système des institutions financières spécialisées
(prêts à long terme, crédit coopératif) est très sous-développé et le système bancaire reste
donc le recours le plus important.
250
Ce chapitre a pour objectif d'éclairer les propositions faites dans le chapitre suivant, portant
sur les changements institutionnels nécessaires et sur le modèle du financement des petites
entreprises. Dans la première section, nous allons présente sommairement le système
bancaire et le secteur financier informel au Vietnam. Nous consacrerons la section suivante à
décrire le crédit et la collecte des ressources du système bancaire du pays. Dans la dernière
section, nous donnerons quelques exemples de micro-finance au Vietnam.
SECTION 1 : LE SYSTEME BANCAIRE
ET LE SECTEUR FINANCIER INFORMEL AU VIETNAM.
I. Le système bancaire du Vietnam avant les réformes.
Depuis 1951 au Nord et 1975 dans tout le pays, le système bancaire fut étatique. Avant 1988,
le gouvernement avait gardé le mode d'organisation bancaire socialiste: une banque centrale
qui fournissait tous les services bancaires intérieurs aux organismes et entreprises étatiques à
travers les deux banques spécialisées. Elles étaient les suivantes:
• Banque vietnamienne pour le Commerce Extérieur (BVCE) finançant les
transactions d'import-export ;
• Banque Vietnamienne pour l'Investissement et le Développement (BVID)
fournissant les financements à long terme aux entreprises d'Etat (EE) et aux projets de
l'Etat.
251
En ce qui concerne la politique de crédit, le système bancaire octroyait du crédit selon la
décision de l'Etat ; il jouait donc le rôle d'une machine à imprimer de l'argent afin de servir le
secteur public. En 1989, seuls 2,3% du crédit de fonds de roulement ont été accordés au
secteur privé.
A l'instar du système bancaire des économies de type soviétique, les banques vietnamiennes
ne fonctionnaient pas comme des entreprises intermédiaires financières ; elles étaient tout
simplement des agènces de services du gouvernement. En tant que système économique
reposant sur la socialisation des moyens de production, le socialisme niait les marchandises et
le marché. Par conséquent, le système bancaire dans ces pays était entièrement différent de ce
que nous connaissons dans les économies libérales391 ,392. La monnaie y était neutre. "Les flux
monétaires ne sont que le reflet pur et simple des quantités physiques de marchandises, dont
la répartition est centralement planifiée, préalablement à la circulation monétaire. Autrement
dit, la monnaie n'est plus qu'un instrument technique entre les mains du planificateur,
permettant l'évaluation comptable des flux réels de marchandises, allouées aux
entreprises"393. "La monnaie en URSS n'est pas une monnaie, mais une sorte de quittance, ne
donnant pas lieu à l'échange... "394. Ou bien "C'est une monnaie de règlement sans "pouvoir
d'achat". Même la notion de "pouvoir d'achat" est inexistante dans les économies de type
soviétique"395.
391 Ces partlculantés sont Issues de l'ongIne théorique et Idéologique du socialisme. En effet, il suffit d'évoquer ici l'aVISconcerné de Lénine . "La nationalisation des banques ne suffit pas à elle seule. Il faut des mesures plus radicales pourpréparer la suppressIon de la monnaie( .)". V I.LENINE. 1961. Oeuvres Complètes, Editions du Progrès (Moscou), EditionsSOCiales, Moscou, Pans. Tome 29. p 112. Cité par: R.MOTAMMED-NEJAD. 1993a. p.96.
392 Paul COLLIER and Jan Willem GUNNING 1991.
393 R.MOTAMMED-NEJAD 1993a. p97.
394 1 S MALYCHEV. 1960. Cité In : J PA VLEVSKI. 1968 Les fonctions de la monnaie en économie socialiste, Thèse dedoctorat en sCiences économiques. Université de Pans. Faculté de Droit et de SCiences économiques, février, 427p.. Recitépar R Motammed. 1993a p.99.
395 R MOTAMMED 1993a. p.340+159
252
Il n'y a pas donc dans les économies de type soviétique de système bancaire commercial ni de
banque centrale au sens où nous l'entendons dans les économies de marché396. Dans la
mesure où la monnaie n'intervient plus comme monnaie de crédit, la relation entre les
banques et les entreprises est une relation purement administrative.
La Banque d'Etat distribuait donc les ressources financières du pays selon les décisions de
l'Etat au lieu de répondre aux performances économiques des emprunteurs. Ce mode
d'organisation bancaire a entraîné de graves conséquences sur l'économie. Certains auteurs
estiment que le système bancaire bureaucratique vietnamien faisait diminuer de quelques
points le pourcentage annuel du PIB pendant les années avant les réformes397 !
II. Les réformes bancaires depuis 1989.
En 1990, le gouvernement a promulgué une nouvelle loi bancaire qui remplace la Banque
d'Etat par un système bancaire à deux échelons; le monopole des banques étatiques est donc
supprimé. Le système actuel comprend : la Banque d'Etat, les banques commerciales, les
autres institutions de crédits (étatiques et par actions), le marché monétaire et des capitaux.
A. La Banque d'Etat du Vietnam <BEV).
La BEV est la banque centrale exerçant les principales fonctions de régulation de la masse
monétaire et de la totalité du système bancaire du pays. Elle comprend un réseau de bureaux
provinciaux. Depuis les réformes. comme dans les économies de marché. une des fonctions
396 P COLLIER and J W GUNNING 1991
397 En Europe de l'Est. avant 1990. environ 60% des prêts bancaires étalent surannés. 50% du montant des crédits était
253
les plus importantes de la BEV est la protection de la valeur de la monnaie nationale (le dông
vietnamien, VND). On sait qu'un des signes les plus fiables de la suffisance de la masse
monétaire est l'indice des prix à la consommation (IPC). D'une façon générale, la BEV
compare cet indice avec le taux d'inflation accepté par l'Assemblée Nationale pour régler la
masse monétaire en utilisant les outils habituels tels que le ratio de réserve obligatoire, le taux
de réescompte, les opérations d'open market398.
B. Les banques commerciales étatiques et privées.
Après 10 ans de réformes bancaires, le système bancaire vietnamien a fortement changé. En
1997, il existe au Vietnam plusieurs types de banques399 :
(a) Les quatre banques étatiques qui tiennent constamment le rôle dominant:
• la Banque Vietnamienne pour le Commerce Extérieur (BVCE, Vietcombank),
• la Banque Vietnamienne de l'Investissement et du Développement (BVID),
• la Banque vietnamienne de l'Industrie et du Commerce (BVIC, Incombank),
• la Banque Vietnamienne de l'Agriculture (BVA).
Le nombre de leurs agences se sont développées très rapidement dans tout le pays.
accordé de manière tout à tillt inconséquente avec les critères des banques OCCidentales. Voir NGUYEN Xuan Oanh. 1991.
398 C'est-à-dire l'achat et la vente des autres formes de monnaies comme les deVises étrangères, l'or, l'argent, les titres,l'obligation. L'achat, c'est introdUire la monnaie dans la circulation et la vente. c'est l'en retirer Egalement à travers cesmarchés, le taux de change va être tixé.
399 Le capital minimal obligatoire nécessaire pour la création d'une banque commerciale au Vietnam esttixé comme suit:- Banque d'action en ville' 7 - 10 milliards de YND- Banque d'exponation - ImportatIon 70--- Banque maritIme 40--- Banque par actIons rurale' 300 millions YND- SOCiété tinancière . 10 mIlliards YND- Banque jOint - venture' 10 millIOns d'USD- Branche d'une banque étrangère (succursale) 15 millions d'USD- Caisse de crédit rurale' 10- 30 millions de YND
(Sachant que le taux de change 11000 YND pour 1 USD)
254
(b) Les institutions non-étatiques sont représentées par plus de quarante
banques commerciales par actions en zone urbaine, quatorze banques commerciales rurales.
(c) Il existe 15 succursales de banques étrangères, 4 banques sous forme de
joint-venture et 62 bureaux de représentation de plus de 40 banques de 17 pays différents.
On peut donc dire que, en ce qui concerne la quantité, le système bancaire vietnamien se
développe relativement vite vers l'économie de marché, mais encore sous-développé par
rapport aux pays voisins. A la fin de 1993, le nombre d'habitants par agence était de 90.000 (y
compris les banques étrangères), contre 110.000 au Sud Vietnam en 1975. En 1996, il est
analogue à celui de la Thaïlande (en 1969) et égale 50% de celui de Taiwan (en 1969). Si l'on
compare avec les Nouveaux Pays Industriels et ASEAN, le réseau d'agences du Vietnam est
encore assez faible.
En ce qui concerne l'aspect qualitatif, bien qu'il y ait de nombreux progrès par rapport aux
périodes précédentes, les banques vietnamiennes sont encore loin des demandes de
l'économie; quant aux banques étrangères, elles gardent encore une attitude "wail and see" et
ne sont pratiquement pas encore entrées en jeu.
255
Tableau 1 : Rapport population/agence du Vietnam (fin 1993)
et des huit Nouveaux Pays Industriels et ASEAN à la fin des 1980.
En nombre d'habitants/agence!.
Source: Tableau etabh a partir de : FAIRJCDFCM ; 1992. pAl .
Pays Nombre Moment
d'habitants référencé
par agence
Hongkong 3968 fin 89
Singapour 8 130 mars 90
Malaisie 12345 sept. 88
Corée du Sud 18518 juin 90
Thaïlande 25641 fin 89
Taïwan 26315 fin 89
Philippines 33333 fin 87
Indonésie 111111 mars 89
Vietnam 90000 fin 93
. ,
. NPI (NIE) : new industry economies : ASEAN :Assoclation of Southeast Asian Nations, Association des Nations de
l'AsIe du Sud-est (A.N.A.S E), fondée en 1967 à Bangkok et regroupant l'Indonésie. la Malaisie, les Philippines,
Singapour. la Thailande et (1984) BruneI. Les chiffres sont calculés à partir de' FAIRJCDFCM(1apan) ; 1992, pAl. Cet
ouvrage étudie les marchés financiers et les capitaux des Nouveaux Pays Industnels (la Corée du Sud, Taiwan, Hongkong et
Singapour) et ASEAN (la Malaisie. la Thaïlande. les Philippines et l'Indonésie). Pour une comparaison plus large. il faut
ajouter ici le nombre d'habitants par agence au Japon (8 000, fin 1989) et aux Etats-Ums (3 876. fin 1987)
•11111111111111111111
256
C. Autres institutions de crédits.
1. Les coopératives de crédit.
(a) Les coopératives de crédit rurales (CCR) furent créées au Nord à partir des
années 1955 dans les petites communautés. Elles visaient à collecter l'épargne et à fournir du
crédit aux particuliers, aux foyers paysans et aux petites entreprises collectives. Dans le
passé, ce système jouait le rôle de lien entre la BEV et les clients dans les villages où celle-ci
n'avait pas pu s'implanter, en raison d'une infrastructure trop peu développée. Ces
coopératives étaient sous le contrôle direct des Comités populaires locaux. Après 1975, ce
système, peu efficace en raison de sa faible capacité de liquidité, a graduellement perdu la
confiance du public. Depuis 1992, il a été transformé en partie en "Fonds de crédit populaire"
ou en "Coopératives de crédit de la communauté". Cette transformation a néanmoins causé
l'inquiétude des politologues par sa pauvre base des ressources matérielles et humaines4oo.
(b) Les coopératives de crédit urbaines (CCU). Contrairement aux CCR, les
CCU constituent un nouveau phénomène qui a émergé parallèlement à la libération du
système financier ces dernières années. Elles ont été adoptées par les autorités locales, pour
l'intermédiation des ressources locales et pour répondre aux besoins de financement des
entreprises. Malheureusement, cette démarche s'est révélée catastrophique durant cette
période de transition économique, typique d'un manque de maturité évident. En effet, au
cours des années 1988-1990, plus d'une centaine de coopératives de crédit qui se sont créées
dans un vide juridique total. A partir de février 1990, plusieurs de ces coopératives qui
400 BUI Dinh Nguyen. 1993.
1D111111111111111111
257
appâtaient les épargnants en leur proposant des taux d'intérêts de 15% par mois étaient de
simples schémas pyramidaux où les capitaux des derniers arrivés finançaient les intérêts des
premiers4ol . Les plus frauduleuses auraient réussi à détourner environ 40 millions d'USD en
deux ans. Cette crise a provoqué l'effondrement de la confiance du public vis-à-vis de toutes
les organisations de crédit. Tout le monde avait peur en parlant du mot "tin dung" (crédit)402.
A partir de 1992, plusieurs coopératives de crédit de ce type qui se sont arrangées, ont
fusionné et se sont transformées en banques commerciales par actions (BCPA).
2. Les fonds de crédit agricole. Avec un capital mobilisé d'environ 6 millions de dollar
américain, près de 200 fonds de crédit agricole qui sont actuellement très appréciés par les
paysans. Le taux de remboursement est élevé. Les paysans préfèrent emprunter aux fonds
plutôt qu'aux banques. En conséquence, le capital mobilisé par les fonds est insuffisant pour
répondre aux demandes403 . Cette expérience illustre, d'une part, l"'allergie" des gens ayant
peu de capital à l'égard des banques traditionnelles et d'autre part, la micro-finance au
Vietnam est plutôt encline à servir aux activités agricoles qu'à celles non agricoles. D'où, une
fois de plus, la nécessité de la problématique du financement des petites entreprises non
agricoles vietnamiennes.
3. Les banques pour l'habitat. Le pays dispose de plusieurs banques pour l'habitat se
situant dans les grandes villes. Elles sont autorisées à recevoir les dépôts et à accorder du
crédit pour l'habitat. Elles peuvent également investir dans des projets de construction
d'habitat. Quelques-unes unes ont attiré une part importante de leurs dépôts en or en payant
401 Nord-Sud Export Consultants 1991.
402 En Jum 1993. une cnse simIlaire a eu lieu dans un club qUI s'appellalt "Quan Tre". situé dans le 5ème arrondissement àHoChlMmh-vIlle . avec le détournement d'un montant de 150 milliards de VND (14 mIllIards d'USD). Cet état de faitreflète une fOIS de plus la fmblesse dans la gestion des activités de crédit
258
un taux d'intérêt très compétitif. La place de ces banques dans l'économie est relativement
modeste, mais pour éviter les problèmes graves éventuels dans l'avenir, il faudra renforcer la
réglementation et la surveillance vis-à-vis de ces dernières404•
D. Le marché monétaire et des capitaux.
Avant 1975, il existait à Saigon (ancienne capitale du Sud Vietnamien, HoChiMinh-Ville
actuelle) une Bourse des valeurs405 . Depuis quelques années, la discussion sur le bien-fondé
d'un tel organisme à HoChiMinh-Ville est relancée. Cette bourse est certainement un élément
nécessaire dans une économie de marché. Une bonne gestion de ce système demande un
certain nombre de conditions subjectives et objectives, notamment en ce qui concerne
l'infrastructure juridique et l'assainissement financier. Ces conditions restent valables pour les
autres PED et pays en transition. James Tobin par exemple a porté un jugement concernant ce
sujet: "De mon point de vue, les pays en développement et les anciens pays communistes ne
devraient pas mettre trop de hâte à copier les institutions et les marchés financiers des Etats-
Unis et du Royaume-Uni ou, en l'occurrence, du Japon. Quand je lis que les Wall Streeters
séjournent à Pékin pour aider la République populaire à créer une Bourse, j'ai le frisson.( ... ).
Ces pays ne devraient pas non plus se presser de libérer les mouvements de capitaux sur leurs
devises de tout contrôle ni de les soustraire à la surveillance de la Banque centrale.
N'oublions pas que la croissance rapide des pays européens et du Japon après la Seconde
Guerre mondiale s'est largement produite avant le démantèlement complet des contrôles des
403 LE Viet Duc. 1996 Selon cet auteur. le taux de remboursement y est très encourageant. Le retard n'existe que pour desraisons obJectives.
404 The World Bank 1991 p 55
405 The World Bank. 1991. p 56.
259
changes et des mouvements de capitaux"406 . Selon l'avis d'un certain nombre d'organismes
internationaux et d'experts, en attendant la convergence des conditions en vue de créer et de
perfectionner la bourse des valeurs et le marché monétaire et des capitaux, le Vietnam doit et
peut former suffisamment tôt le marché interbancaire afin d'améliorer l'activité du système
bancaire, notamment en ce qui concerne le système de paiement et d'octroi de crédit407 .
Malgré la croissance assez rapide du système bancaire (y compris les banques étrangères
(BE) implantées), son efficacité vis-à-vis de l'économie est encore limitée. La bancarisation
de la population, aux alentours de 4-6% en 1993, est encore très modeste408 et le sous-secteur
des petites entreprises reste toujours en dehors des circuits bancaires. Enfin, le secteur
financier informel joue toujours un rôle important dans le système financier du pays.
III. Le secteur financier informel.
A. Aperçu sur le secteur financier informel dans les pays en développement et les
pays asiatiques.
De nos jours, le rôle positif du secteur financier informel en tant que ressources
complémentaires du crédit et de l'épargne est largement accepté409 . Comme partout, au
Vietnam, la plupart des clients de ce secteur sont de petits producteurs, artisans, commerçants
406 James TOBIN 1990
407 The World Bank. 1993. p.56.TRAN Quang Hung. 1993. pp.25-26
408 The Banker. London June 1993. p.26. Ce chiffre a été contirmé par la revue Saigon Economie Times en Janvier 1994.Jusqu'à présent (1997), cette situation ne s'est pas amél iorée.
409 Garry CHRISTENSEN. 1993F J A BOUMAN. R.HOUTMAN 1988
•.,
, _..
260
indépendants, exploitants agricoles. Ils s'exercent typiquement avec un faible niveau
d'organisation et de technologie, ayant pour objectif principal de créer des emplois et des
revenus à ceux qui y participent4lo. Ces activités sont menées sans approbation officielle des
autorités et échappent aux mécanismes administratifs sur les impôts, les salaires et autres
conditions de travail411 •
A la différence du secteur financier formel, les modes de financement informels permettent
de réduire le coût et le risque des transactions par des moyens inaccessibles au premier. Les
prêteurs d'argent peuvent exercer à domicile, échapper au contrôle des autorités monétaires,
limiter de façon optimale le risque en connaissant profondément leurs emprunteurs. Dans
bien des cas, ils peuvent également emprunter au réseau bancaire et prêter à nouveau à des
clients privés d'accès aux banques, avec un taux d'intérêt beaucoup plus élevé. Cela a
empêché les banques d'appliquer des taux suffisamment élevés pour couvrir les risques et les
frais pour des petites entreprises et d'autres emprunteurs à faible revenu412 • Le crédit à court
terme est la forme de prêt la plus fréquente de ce secteur. Pour la plupart, les taux d'intérêt
sont très élevés, voire extrêmement usuraires (par exemple, le taux "cinq-six, dix-douze"-,
l'emprunteur reçoit cinq francs le matin et en rembourse six francs le soir, soit 20% par jourl).
Dans les pays asiatiques, pendant les années 1980, le crédit informel occupait une place
importante : Il peut représenter de 30 à 70% du crédit total, voire 75% (zone rurale en
Malaisie) ou 76% (zone rurale au Népal) ; concernant le nombre de prêts, ce ratio est
beaucoup plus élevé, à cause de la petite taille et du court terme des prêts informels par
rapport aux prêts formels. La réalité nous montre que même dans les pays du Sud-Est
410 Banque Mondiale. 1989. p.134.
411 OrganIsation Internationale du Travail (OIT). 1987.
•11111111111111111111
261
asiatique où le développement économique et celui du système bancaire se sont bien
développés, le secteur financier informel occupe toujours une place considérable dans le
marché financier. C'est le cas de la Corée du Sud, de la Malaisie, de la Thaïlande et de
Taiwan.
B. Les composantes du secteur financier informel vietnamien.
1. Les particularités du secteur informel vietnamien. Les caractéristiques du contexte
historique du Vietnam peuvent expliquer les particularités de son secteur économique
informel. Celles-ci sont les suivantes:
(a) Côté actif du secteur informel vietnamien vis-à-vis de l'économie413 . A
cause de la présence précédente du secteur privé au Sud pendant la période 1955-1975, le
secteur informel au Vietnam s'est développé très fortement pendant les années 1980. Au sein
de l"'économie de la pénurie" à cette époque, dans bien des cas, c'est le secteur informel qui
est le fournisseur principal des produits nécessaires à la société. C'est le côté actif de ce
secteur. Dans la pratique, il y avait beaucoup d'entrepreneurs, d'intellectuels et de techniciens
dynamiques qui avaient organisé des activités informelles ou semi-informelles pendant cette
étape.
(b) Relation spécifique du secteur informel avec le secteur public. Le secteur
informel au Vietnam comprend non seulement les particuliers mais également les entreprises
412 Malcolm GILLIS. D.H.PERKINS. el al. 1990. p. 432.
413 VOIr notre aVIs sur la différence entre "l'économie informelle" et "l'économie souterraine" au chapitre Il.
262
et les autres organismes publics qui ont besoin d'améliorer le salaire encore très modeste de
leur personnel.
On peut s'apercevoir que les petites entreprises se situent dans une position spéciale dans la
relation entre le secteur formel et le secteur informel. Elles sont l'intermédiaire entre les deux
secteurs. Est-ce que les politiques appropriées ainsi que les mesures concrètes sont les forces
pour restructurer ce secteur informel au profit de l'intérêt de l'économie ? Le financement
organisé des petites entreprises proposé dans cette étude est une des mesures allant vers cette
direction.
2. Les composantes du secteur financier informel vietnamien. Les tontines sont des
associations non réglementées par les autorités, qui ont pour but de promouvoir toute action
de solidarité et de constituer périodiquement un marché financier informel fermé, aussi bien
en zone urbaine qu'en zone rurale. Elles permettent à ses membres, pour les uns de placer leur
épargne et pour les autres d'accéder au crédit. Au Vietnam, 60% des citadins et probablement
40% des paysans pratiquent la tontine414 . Le nombre de membres d'une tontine est
généralement compris entre 10 et 20 personnes, la durée des tours est de 4 à 6 mois.
Signalons que les tontines sont pratiquées surtout par les gens aisés et moyens415 , cette forme
de crédit informel n'est pas le recours des plus défa\"arisés.
En dehors des tontines et des prêts sans intérêt entre individus, comme dans les pays en
développement, les prêts entre les paysans et les prêteurs usuraires se sont également bien
développés depuis longtemps. Au Sud vietnamien avant 1975, c'était les Vietnamiens-
414 Murray HIEBERT. 1993
415 Dominique GENTIL. 1991 pp.II-12.
•263
chinois, plus exactement les Phuckien, qui assuraient le crédit aux paysans pauvres. Malgré
certains progrès faits par la Banque Vietnamienne de l'Agriculture (BVA) et par les
programmes de micro-finance, l'usure existe toujours: les paysans doivent emprunter à des
taux mensuel de 20%, voire 50-70%. Par conséquent, les emprunteurs qui ne peuvent
rembourser sont obligés de vendre leur droit d'usage de terre et prendre en métayage d'autres
terres aux plus riches416. Dans la région du delta du Mékong, l'usure existe sous les trois
formes:
(a) Prêt en achetant des riz encore verts (mua tua non), le taux d'intérêt est de 50-
100% par récolte;
(b) Prêt en espèce, le taux de 15-20% par mois; et
(c) Prêt en or, le taux de 10% par mois417.
En zone urbaine, les formes d'organisation traditionnelles du secteur financier informel sont
les tontines, les clubs d'investissement, les prêts personnels. L'usure destinée aux plus
pauvres est toujours un des fléaux sociaux les plus navrants. A HoChiMinh-Ville par
exemple, malgré des efforts des programmes de l'allégement de la pauvreté, en raison du
manque de l'offre par rapport à la demande de crédit, les usuriers agissent encore en despotes.
Ils utilisent souvent les bandits pour la répression des impayés. "Beaucoup de spectacles
déchirants de récupération d'objets en compensation des dettes ont lieu chaque jour dans les
familles citadines pauvres"418.
Grâce à la corruption. les usuriers empruntent souvent des grandes sommes aux institutions
bancaires étatiques (la BVA par exemple), et les prêtent à nouveau aux autres. De la part des
416 Murra) ~HEBERT 1993
417 NGUYEN Van TuaI. 1993.
1111111111111111111
264
emprunteurs, contrairement à ce que l'on pense, bien que le taux d'intérêt usurier soit plus
élevé que celui des banques, son coût de transaction est beaucoup plus faible, même nul. En
fin de compte, le taux d'intérêt effectif du premier est inférieur au second419. Ces deux états
de fait se sont liés organiquement et expliquent la situation pratique des flux de crédit et le
mécanisme de son octroi.
Notons que, comme dans les autres pays en développement, il existe au Vietnam deux
composantes du secteur financier informel urbain, le "secteur d'accès facile" et le "secteur
informel supérieur"420. A cause du manque de confiance dans le système bancaire, les
citadins riches organisent entre eux ces formes de financement; une partie des PEU (petites
entreprises urbaines) ont également recours à ce secteur.
Co L'estimation de l'ampleur du secteur financier informel vietnamien.
L'ampleur du secteur financier informel et son impact sur l'économie vietnamienne sont
considérables, pour les raisons suivantes:
(a) le secteur financier formel ne s'est pas encore bien développé;
(b) en raison de l'interdiction du système centralisé, l'économie souterraine et
le marché noir fortement développés sont d'énormes sources de clients du secteur financier
informel ;
418 Saigon Glai phong, 12 août 1993
419 TRAN Tho Dat. 1997.
420 Claude SUMATRA 1993 Nous sommes d'accord avec cet auteur sur l'Importance de ce "secteur informel supérieur"dans la vie économique des centres urbains des pays en développement. Dans bien des cas. ce secteur est intimement lié à lapartie souterraine du secteur public (des entrepnses d'Etat. des banques commerciales d'Etat). \1 est difficile d'évaluerl'importance de ce secteur.
265
(c) les activités "annexes" des entreprises d'Etat et des autres orgamsmes
publics421 ;
(d) à la différence des autres pays en transition (PET), le secteur informel
vietnamien a pu se développer rapidement, grâce à son existence préalable au Sud
avant 1975422 .
En raison du manque de statistiques, notre travail sur ce sujet reste seulement une estimation.
Cette projection est nécessaire pour déterminer les mesures concrètes du financement des
petites entreprises.
Nous avons fait trois analyses suivantes pour déduire l'ampleur du secteur informel
vietnamien :
1. Estimation à partir des statistiques. On peut évoquer quelques chiffres suivants:
(a) En 1992, dans le commerce et les services, le nombre de personnes
travaillant dans le secteur institutionnel est estimé à 1,23 million contre 1,20 million dans le
secteur informel.
(b) En 1992, en agriculture, seulement 18% des demandes de crédit auprès de
la BVA étaient acceptées, ce qui signifie que les demandes non satisfaites (82%) le furent
probablement auprès du secteur financier informel. Une enquête du Ministère de l'Agriculture
421 Par exemple. la valeur ajoutée totale correspondant aux services rendus par les administrations centrales s'est avéréereprésenter 140% de l'activité statuaire de celles-ci. Ces services sont normalement non repris dans leurs rapports officiels.Agence Financière pour l'ASie. 1992. p.1 2
422 Dans la lIttérature économique. plusieurs auteurs considèrent toujours le secteur linancler Informel comme un produitspéCifique des zones rurales. ce secteur appartient donc aux sphères de subsistance (non monétansées) de l'économie (VOIrD Germldls 1991. p 13). Nous ne pouvons pas partager ce pOint de vue La réalitè du Vietnam (et de bien d'autres PED)prouve. au contraire. que le secteur finanCier Informel eXiste. tant en zone rurale qu'en zone urbaine. tant dans l'économie desubSistance que dans l'économie moderne.
266
vietnamien réalisée en 1991 montre que le montant total des prêts aux agriculteurs provenant
du secteur non institutionnel s'élevait à 68%423.
(c) Dans l'industrie, comme l'on l'a vu dans le chapitre IV, de 90% à 95% du
nombre de petites entreprises urbaines et rurales n'ont pas de relation avec les institutions
financières officielles.
(d) Selon VU Quang, avant 1989, le marché noir (ou "marché libre") du
Vietnam était beaucoup plus important que celui des autres économies de type soviétique. En
se basant sur les chiffres d'affaires du commerce de détail de la société des pays concernés,
cet auteur a en effet montré que le marché "contrôlé" du Vietnam représentait seulement 40%
du marché total, contre près de 80% en Chine et près de 100% en l'Europe de l'Est424 .
(e) En 1992-1993, une enquête effectuée sur le niveau de vie au Vietnam a
révélé que 27% du crédit rural sont fournis par les institutions formelles, le reste (73%), par le
secteur informel. Parmi ces 73%, 60% sont fournis par les familles et les amis, 40% par les
usuriers425 .
A partir de ces chiffres, nous pouvons estimer sommairement qu'en 1992, la part du crédit
informel dans la totalité du montant de crédit du pays est non inférieure à 60% en matière de
montant total des prêts et non inférieure à 70% en matière de nombre total des prêts. Par
ailleurs, une comparaison entre le Vietnam actuel et la Corée du Sud dans le passé à ce sujet
peut être utile. D'après D.M. Leipziger, pour bien des indicateurs socio-économiques, le
Vietnam en 1989 connaît plusieurs points équivalents à ceux de la Corée du Sud en 1965426 .
423 NGUYEN Van Tiem 1992.
424 VU Quang 1989 p 28
425 United Nations. UNDP. UNICEF. 1996. p. 66
426 0 M LEIPZIG ER. 1992. pp.28-29
267
On a estimé que l'encours des crédits du marché infonnel de ce dernier en 1964 représentait
approximativement 70% de l'encours des prêts des banques commerciales427 •
2. Examen du ratio de la monnaie fiduciaire hors banque dans Ml. On sait qu'un des
indicateurs importants pennettant d'estimer la part du marché financier non institutionnel
dans l'économie est le ratio de la monnaie fiduciaire hors banque dans M1428 . Plus ce ratio est
grand, plus la part du marché financier non institutionnel est importante429. Le Tableau 2
nous montre qu'au Vietnam, ce ratio a augmenté assez régulièrement de 1989 à 1992.
Parallèlement à l'intervention récemment intensifiée du système bancaire depuis 1990, on
peut déduire que ce ratio est en train de diminuer; la vérité est au contraire toute autre: la
part du marché financier non institutionnel vietnamien est en train d'augmenter, parallèlement
au développement de l'économie de marché.
427 Banque Mondiale. 1989. p.80. Ce ratio a cependant dimmué en 1972 et atteint 30%, principalement en rmson desréformes des taux d'intérêt du secteur formel vers le millieu des années 60. Néanmoins, "après que les autorités monétaireseurent réduit les taux d'intérêt à la fin des années 70. le marché mformel a connu un regain d'activité" (BM. 1989. p.80). Cetexemple souligne une l'OIS de plus l'importance du taux d'intérêt dans les politiques monétaires et notamment dansl'amélioration du dualisme tinancier des pays en développement.
428 MI = Monnaie fidUCiaire hors banque plus dépôts à vue, à l'exclusion de ceux des administrations publiques et desinstitutions bancairesM2= ML plus ks dépôts à terme et les dépôts d'épargne (autres que les gros certificats de dépôts) dans les banquescommerciales.M3= M2. plus les dépôts auprès des institutions d'épargne non bancaires Banque Mondiale. 1989. p.x.En dehors de ces troiS sortes de monnaies. l'on utilise encore la monnaie L qui regroupe l'ensemble des liquidités del'économie. L=M3+I'épargne contractuelle gérée par les banques+actlfs à court terme négociables émIS par les agents nonbanCaires (Luc BERNET-RüLLANDE. 1987)
429 FAIRJCDFCM. 1992 pp 39-40.
268
Tableau 2 : Ratios de la monnaie fiduciaire hors banque dans Ml
(MFHB/M1) pendant la période 1989-1992.
lJlJité 19B9. 199Q l!l91 199.2.
Ml milliards VND 3507 5313 9126 13875
Mon. fiduciaire hors mlardsVND 2352 3735 6419 10579
banque (MFHB)
MFHB/M1 % 67,1 70,3 70,3 76,2
Tableau 3 : Ratios de la monnaie fiduciaire hors banque dans Ml
(MFHB/M1) des Nouveaux Pays Industriels et ASEAN ainsi que du Japon
et des Etats-Unis en pourcentage, en 1989.
~ MFHBIM1(%)
Taiwan 16,8
Japon 32,0
Hongkong 36,0
Indonésie 37,0
Etats-Unis 39,4
Corée du Sud 42,8
Malaisie 43,2
Singapour 48,1
Thaïlande 68,2
Philippines 67,3
269
L'étude de FAIRlCDFCM sur ces ratios des Nouveaux Pays Industriels et ASEAN ainsi que
du Japon et des Etats-Unis nous donnent une conclusion similaire. En effet, les ratios
MFHB/Ml de ces pays sont présentés dans le tableau 3.
D'une façon générale, ces ratios reflètent l'ampleur du secteur financier informel. Parmi ces
dix pays, la Thaïlande et les Philippines sont les deux pays où la part du marché financier non
institutionnel était la plus grande. Ces deux pays avaient également une faible capacité de la
mobilisation du capital. Ceci reflète la relation entre l'ampleur du secteur financier informel et
la mobilisation des ressources en faveur de la production43o. En comparant l'augmentation
graduelle du ratio MFHB/Ml (Tableau 5) et la diminution graduelle du ratio des dépôts/M2D
(Tableau 4) pendant la période 1988-1992, on peut dire que cette relation a existé aussi au
Vietnam.
3. Examen de la disponibilité monétaire et quasi-monétaire à partir de la structure de
la masse monétaire.
Le Tableau 4 nous donne les données sur la situation de la structure monétaire qui peut nous
permettre d'évaluer également l'évolution de l'ampleur du secteur financier informel.
Sami HIRAM s'est fondé sur la notion de la disponibilité monétaire et quasi-monétaire, ce qui
lui permet de tirer quelques caractéristiques en examinant la structure de la masse monétaire.
D'une façon générale, cette méthode peut nous apporter des résultats satisfaisants tant pour
430 FAIRlCDFCM 1992 pp 39-40
270
les pays développés que pour les pays en développement. D'après cette méthode, la
masse monétaire est décomposée en :
Tableau 4 : Structure de la masse monétaire de 1988 à 1993.
En milliards de VND
19IHl 191J9 J.99Q 1991 1922 l293
M~monétaire totale(M2) 2569 7420 11357 20301 27144
Masse monétaire en 2327 5324 7677 11947 18931
VND(M2D) Dont:
l.Monnaie fiduciaire hors 1024 2352 3735 6419 10579
banques
2.Dépôts à vue 13701 1578 2707 32961 10
2682
3.Dépôts à terme 16021 2365 2821 50561
Dépôts en dévises étrangères 242 2096 3680 8354 8213 8232
PIB(à prix courant) 13266 25558 38167 69959 102 125
000 704
En pourcentage
Sources: Tableau etabli a partir de :
a) The World Bank ; 1993.
M2/PIB 19,4 29,0 29,7 29,0 26,6
M2D/PIB 17,5 20,1 20,1 17,1 18,5
Dépôts totaux en dông/M2D 56,0 55,8 51,4 46,3 44,1
Disponibilité mon.en 69,9 69,2 76,4 73,3
VND/M2D
Dépôts à terme/M2D 30,1 30,8 23,6 26,7
Dépôts à \ue/M2D 25,7 20,6 22,6 17,4
..
271
b)lntematlonal Monetary Fund, 1992a.
c)Revue Lao Dong, le 28 décembre 1993
d)Revue Saigon Economlc Times. N°2/1994, du 6 au 12 janvier 1994.
1 Chiffres rectiliés à partir des chiffres des deux sources d'information (WB et [MF).
2 :Total des dépôts à vue et dépôts à terme en 1993.
(a) la monnaie ou la disponibilité monétaire qui regroupe les billets, pièces
hors banques et les dépôts à vue ;
(b) la quasi-monnaie ou la disponibilité quasi-monétaire qui comprend les
dépôts à terme et les dépôts d'épargne des institutions bancaires et non
bancaires.
Selon l'auteur, pour la période 1969-1978, dans un certain nombre de pays développés, plus
la disponibilité monétaire est grande, plus l'économie est sous-développée; et vice-versa
quant à la disponibilité quasi-monétaire431 . De ce point de vue, l'ampleur du secteur financier
informel est proportionnelle à la disponibilité monétaire et inversement proportionnelle à la
disponibilité quasi-monétaire. Le Tableau 4 montre que le ratio de la disponibilité monétaire
en VND dans la masse monétaire en VND (M2D) augmente de 1989 à 1992. Ce ratio est
beaucoup plus élevé que celui des pays développés durant la période 1969-1978 (environ
30%). Il est également plus élevé que celui de quelques pays pauvres comme le Bangladesh
et le Kenya pour la même période. Le ratio des dépôts à terme (disponibilité quasi-monétaire)
dans la M2D était, par opposition, très bas ; pour les années 1991-1992, il se situait aux
alentours de 25% alors que, dans les pays développés, il atteignait déjà 70% dans les années
1969-1978. Le Tableau 4 nous montre aussi que le ratio "dépôts à terme/M2D" atteint son
minimum en 1991 ; ceci est, sans aucun doute, une manifestation directe de la conséquence
de l'effondrement du système des coopératives de crédit en 1990.
•11111111111111111111
272
Ces analyses nous permettent de conclure que:
(a) Le secteur financier informel vietnamien augmente régulièrement depuis
les réformes de 1989 ;
(b) L'ampleur de ce secteur est grande ; il est probable qu'en 1992, la part du
crédit de ce secteur dans le total du montant du crédit soit non inférieure à 60% et dans le
total du nombre de prêts soit non inférieure à 70%432.
A notre aViS, la cause la plus importante d'une grande ampleur du secteur informel est
qu'après les réformes, le rythme de développement du secteur financier informel a été plus
rapide que celui de son institutionnalisation. Parmi les modes de transaction qui provoquent
l'augmentation du marché financier non institutionnel après les réformes, les plus importants
sont:
(a) Le mécanisme de transformation du crédit institutionnel en crédit informel
fait par l'intermédiaire des entreprises d'Etat et personnes ayant de relations intimes avec les
banques et les programmes de crédit (voir la section 3) ;
(b) La contrebande qui est estimée à cinq cent millions d'USD par an pendant
ces dernières années (soit de 5.500 à 6.000 milliards de VND).
Si les autorités vietnamiennes ne prennent pas de mesurf:'S adéquates afin de limiter les
éléments qui engendrent son augmentation, le secteur financier informel continuera sans
aucun doute à se développer dans les années à venir.
431 Sami HIRAM 1984 pp 243-245
432 Selon la Banque mondlak. d'après des estimatIOns fondées sur la consommation d'électricité. entre 1989 et 1994. la pande l'informel dans l'économIe des pays en transition serait passée en moyenne de 18 à 22% dans un échantillon de PECQ etde 12 à 37% dans un échantIllon de NE!. Banque mondiale 1996 p 33Bien que ces chiffres ne soient pas la part du secteur finanCier Informel. ils retlètent quand même que l'ampleur de l'informelau Vietnam est plus importante qu'en Europe de l'Est.
.l
11111111111111111111
273
SECTION II : LE CREDIT BANCAIRE
ET LA COLLECTE DES RESSOURCES DES BANQUES.
I. Une analyse sur l'évolution du crédit bancaire intérieur.
Dans le chapitre Il, nous avons examiné la nature de la notion de crédit. Ce paragraphe
consacre à analyser l'évolution du crédit bancaire au Vietnam. Cette analyse nous permettra à
évaluer les problèmes de l'octroi du crédit et à contribuer à élucider la nécessité des
rénovations institutionnelles concernant le système bancaire et du financement des petites
entreprises au Vietnam.
Dans les pays en développement, le choix d'un taux réel positif peut contribuer à améliorer
l'assainissement du système. Ce choix incite les épargnants à se porter vers les instruments
financiers et à délaisser d'autres formes d'épargne, ce qui contribue au développement du
système financier'l33. En analysant la relation entre le taux d'intérêt, le taux de croissance du
PIB et le ratio investissement/PIB des 14 pays en développement pendant la période 1965
1985, la Banque mondiale souligne que "les pays à taux d'intérêt réels positifs se distinguent
par un taux de croissance moyen beaucoup plus élevé. Au début des années 70, tandis que
l'économie mondiale s'ajustait au premier choc pétrolier, la productivité et la croissance ont
fléchi dans la quasi-totalité des pays. Cependant, cette baisse a été beaucoup plus prononcée
dans les pays à taux d'intérêt réels négatifs. Globalement, dans les pays à taux d'intérêt réels
positifs. la croissance de la production a été, en moyenne, presque trois fois plus rapide que
433 Banque mondiale. 1989 p.38.
274
dans les pays à taux d'intérêt réels fortement négatifs"434. Des études plus récentes ont
confirmé l'importance de ce choix435 .
Au Vietnam, après 1990, à la différence des années précédentes, des changements importants
se sont produits, notamment dans la reconnaissance des autorités sur le rôle et les objectifs du
crédit bancaire, dont les plus significatifs sont:
(a) l'application d'un taux d'intérêt réel positif;
(b) le taux d'intérêt est en principe égalitaire et non discriminatoire entre les
différentes formes de propriété de l'entreprise;
(c) l'arrêt d'utilisation du crédit bancaire en tant que ressource de subvention
au déficit budgétaire et aux entreprises d'Etat.
En ce qui concerne le choix des politiques de taux d'intérêt, les politologues des pays en
développement sont souvent confrontés à la question concernant la politique du taux d'intérêt
des prêts aux paysans. Celle-ci est un sujet provoquant souvent le débat entre deux approches
contradictoires. L'une considère qu'on doit accorder du crédit à un taux bas aux paysans, car
ces derniers n'ont pas de moyens et l'agriculture des pays pauvres subit souvent des
incertitudes climatiques. L'autre préconise des taux suffisamment élevés selon l'approche
commerciale. En se basant sur l'expérience du système mutualiste d'épargne et de crédit en
Afrique sub-saharienne, Bernard Taillefer a promu et expliqué la nécessité de la deuxième
approche: "Certes les paysans ont peu de revenus. Mais en général ils demandent de petits
prêts et l'incidence des taux est très mineure sur la dépense du paysan. Les quelques sous qu'il
434 Banque mondiale. 1989 pp 38-39.-l35 VOIr par exemple. FAIRlCDFCM. 1992. pp.71-74
TA Thi Xuan 1992 pp.77-8üThe World Bank 1992. p.7.
....
.....
1111111111111111111
275
aura économisé dans une situation de faibles taux par rapport à une situation de taux plus
élevés iront rapidement sous une autre fonne de consommation mais non dans
l'investissement. En pratiquant des taux plus élevés le système pourra accumuler des réserves
qu'il sera possible de réinvestir dans d'autres structures de développement et qui engendreront
un mieux être pour les paysans. Ce scénario est préférable à condition que la mutualité ait
bien défini au préalable un objectif de réinvestissement.
"Cette politique de taux d'intérêt aura en outre l'indéniable avantage de constituer des réserves
mettant le système à l'abri de tout accident de parcours.
"La mutualité doit devenir un vrai "business" pour la cause du développement du monde
rural "436.
Dans le cas du Vietnam, nous pensons que l'approche commerciale dans le choix du taux
d'intérêt est nécessaire. Cette approche est recommandée de s'appliquer non seulement pour
les prêts aux paysans mais aussi pour ceux adressés à toute autre catégorie de PE, rurale ainsi
qu'urbaine. Dans les affaires, toute ambiguïté provoque des abus, dérivations et fraudes. La
réalité du financement des micro-entreprises présentée dans la section III va le prouver437 .
The World Bank. 1993b.
436 Bernard TAILLEFER 1993 p.28.
437 Selon la Declara/IOn and Plan of AC/IOn (The Mlcrocredlt Summit WashIngton. February 2-4. 1997), dans les pays endéveloppement. le taux d'intérêt du micro-crédit dOIt COUVrir le coût d'opération; dans les pays développés, il dOIt être aumoins égal aux taux commerciaux. Nous avons montré dans le chapItre" que dans les pays en développement. ce taux estnormalement de 10-12% plus élevé que le taux commercial.De sa part. J D Wolfensohn. Président de la Banque mondiale. dans son allocution de cloture au "Microcredit Summit"(WashIngton. 4/2/97) a estimé que tout le monde a beSOIn de se sentir quelque chose en lui-même, et non de la chantéWolfensohn. J D 1997. C'est nous qui soulignons.
•11111111111111111111
276
Le Tableau 5 nous permet d'analyser concrètement l'évolution du crédit bancaire intérieur au
Vietnam de 1987 à 1993. D'après le classement du Fonds Monétaire International (FMI), les
emplois bancaires sont répartis en deux groupes: emplois à l'intérieur et emplois à l'extérieur.
Nous nous intéresserons à la première forme de ces emplois qui est le crédit intérieur
comprenant celui du gouvernement et celui à l'économie. Dans le Tableau 5, le crédit à
l'économie se divise en trois petits groupes:
a) les entreprises d'Etat (EE) non financières;
b) les coopératives (CO) ;
c) les sociétés privées (SP), les petites entreprises (PE : EP+EEP).
La croissance économique demande l'augmentation correspondante du crédit bancaire, mais
l'efficacité du crédit dépend de la nature de l'utilisation du crédit par les agents qui en
bénéficient. A partir du Tableau 5, on s'aperçoit d'abord que l'augmentation du crédit intérieur
avant 1990 s'explique en grande partie d'une part, par l'hyper-inflation et d'autre part, par
l'utilisation du gouvernement et des EE. La part du secteur non-étatique pendant ces années
était négligeable. On observe également qu'à la différence des années 1980, à partir de 1990,
le rythme d'augmentation du crédit au gouvernement a graduellement diminué d'une année à
l'autre : 26,5% en 1990, seulement 3,6% en 1991 et moins 53,6% en 1992. En 1992, le
pourcentage du crédit au gouvernement dans le total du crédit intérieur est seulement Il,2%-,
un pourcentage très bas par rapport à celui des autres pays en développement438 . Pendant ces
années, le rythme d'octroi de crédit aux EE a été également freiné et on a pu constater,
parallèlement, l'accroissement des crédits accordés aux coopératives (CO) dans une
438 En 1979 par exemple. ce pourcentage est de 73% en Egypte. 70% au Brésil et en Zambie, 66% au Ghana. 58% auMaroc et 50% au Soudan. Saml HIRAM. 1984. P 116.
277
proportion similaire. En même temps, le crédit accordé au secteur privé est passé
successivement de 996 en 1991 à 1596 en 1992 et 2896 en 19931•
Tableau 5 : Evolution du crédit bancaire intérieur de 1987 à 1993.
Chiffres absolus. en milliards de VND :
~ 1988 12E9. WQ ~ 1.222. 122J
l.Crédit intérieur. Dont : 532 2633 7261 9906 14276 17122 260001
a)Crédit du gouvernement 80 669 3144 3977 4121 1913 24001
b)Cr.à l'économie. Dont: 452 1964 4117 5929 10155 15209 23600
b1)EE non financières 376 1709 3606 5309 9129 12439
b2)CO 44 171 511 620 1026 2770
b3)SP,PE 32 84 66082
Pour mémozre :
2.PIB3, milliards VND 3099 13266 25558 38167 69959 102000 125074
3.Population,mlions hab 62,4 63,7 64,7 66,2 68,0 70,0 71,9
4.Cr.int.par hab(1/3)lOOO 8,5 41,3 112,2 149,6 209,9 244,6 361,61
VND
5.Cr.int.par PIE (1/2) % 17,2 19,8 28,4 25,9 20,4 16,8 20,81
6.Inflation,% 450 340 65 40 85 17 4
Pourcentage de changement par raOJ)Ort à l'année précédente
~ 1988 12E9. 19!JQ ~ 1.222. 122J
Crédit intérieur.Dont : 248,6 395,3 175,8 36,4 44,1 19,9 51,8
a)Crédit du gouvernement 328,0 740,5 370,0 26,5 3,6 -53,6
b)Crédit à l'économie.Dont 335 110 44 71 50 55
b1)EE non financières 221,9 354,5 111,0 47,2 72,0 36,3
b2)CO 238,5 288,6 199,0 21,:": 65,6 169,9
b3)SP,PE 680,5 162,5
1CAO Si Kiem. 1994.
•11111111111111111111
278
Sources' Tableau établi à partir de .
a) The World Bank; 1993.
b) International Monetary Fund ; 1992b
c) LE Van Toan; 1993.
d) La RSV; 1993.
e) CAO Si Kiem ; 1994. Seulement pour les chiffres en 1993.
1 . Chiffres estimés par nos soins pour 1993.
2 . CO Y compris
3 : PIB à prix courant.
En 1993, le ratio crédit bancaire par habitant au Vietnam était seulement de 361.600 VND
(soit 34 USD), alors que pour la période 1975-1979, dans les autres pays en développement
asiatiques, il s'étalait entre 55 et 326 USD (326 USD en Malaisie, 66 USD en Inde et 55 USD
en Indonésie)440. En 1993, le ratio crédit bancaire par le PIB au Vietnam était seulement de
20,8%, alors qu'en 1980, il était de 33% en Malaisie, 38% au Brésil et 38% au Maroc441 .
Bien que la part du secteur privé dans le total du montant de crédit octroyé à l'économie ait
augmenté à partir de 1992, celle-ci reste encore modeste et déséquilibrée par rapport à
l'importance de ce secteur dans l'économie442 . Effectivement, le secteur économique privé qui
occupe en 1993 plus des deux tiers du PIB bénéficie seulement de 28% du montant total des
crédits. La distribution de ces crédits à l'intérieur du 3ecteur privé nous inquiète davantage. A
titre d'exemple; en 1992, la BVCE a octroyé à une seule société privée (qui s'appelle "Van
440 Saml HIRAM 1984. pp.108-109. Dans quelques pays en développement en Amérique latine. ce ratio pendant cettepériode est encore beaucoup plus élevé: 1.465 USD en Argentine. 431 USD au Brésil. 377 USD au Chili.
441 Saml HIRAM. 1984 p.113.
442 Si l'on examine la part de la contribution au budget de l'Etat des entreprises d'Etat (EE) et du secteur privé, on observeraque de 1990 à 1995. la part des EE a diminué de 59% à 41 %. tandis que pour le secteur privé (agricole et non agricoleconfondus), cette part s'est maintenue dans unordre de 15% The World Bank. 1996. p 173.
n
nn
nn
nnnnn
nfin
279
Loc") un crédit de 40 milliards VND, soit environ 2.000 fois plus que le montant moyen
octroyé aux autres entreprises au même moment443 .
La part du crédit allouée au secteur privé par les banques commerciales par actions (BCPA)
occupe une proportion beaucoup plus élevée que celle des banques commerciales étatiques
(BCE) (70% dans les BCPA à HoChiMinh-Ville). Cependant, la position des BCPA dans le
système bancaire du pays est toujours médiocre. En effet, la plupart d'entre elles ont été
créées récemment, à partir d'anciennes coopératives qui ont porté des créances persistantes.
D'autre part, à l'exception de quelques banques privées mixtes dont la plus grande partie du
capital est issue des EE et d'une banque pratiquement contrôlée par les chinois outre-mer, les
BCPA vietnamiennes ne possèdent pas de capitaux suffisants. Leur capacité de concurrence
reste improbable dans un avenir proche444•
La durée du crédit est une autre faiblesse du système bancaire vietnamien. On sait qu'avec
l'allongement du délai, le rôle du crédit change et leur finalité est différente. En effet, le crédit
à court terme a pour objet essentiel d'élargir la trésorerie de l'entreprise pour les dépenses
courantes. Les crédits à moyen et à long terme sont, quant à eux, généralement utilisés pour
les investissements. D'une façon générale, les économies en développement manifestent un
financement à un terme relativement long. Pendant les années 1980, le pourcentage moyen du
total des encours de crédit à moyen et à long terme (plus d'un an) provenant des banques
commerciales des cinq pays asiatiques NPI et ASEAN était de 22,5% (la Corée du Sud) à
443 Comme dans quelques autres pays en développement. les chiffres concernant les banques. en particulier le montant descrédits et de l'épargne et leur distribution concrète dans une certaine population, sont toujours très sensibles et très difficilesà collecter.
444 Une décIsIon récente de la BEY N°223/QD-NH5 le 27 Novembre 1993 a augmenté le capital social minimal desbanques commerciales par actions. D'après cette décision, ce niveau minimal change selon l'endroit où la banque établit sonsiège central. Il est de 70 milliards de YND à HoChiMinh-ville. 50 milliards de YND à Hanoi, 20 milliards de YND pourd'autres provinces.
280
54,2% (Taiwan) (voir le Tableau 6). Ce ratio augmente régulièrement dans tous ces pays (à
Taiwan, en 1989, il était de 66,1 %). Au Vietnam, il reste modeste mais évolue quand même:
5% avant 1989,10% avant 1991, 16,2% en 1992 et 22,4% en 1993445 .
Tableau 6 : Structure du terme de crédit des cinq Nouveaux Pays Industriels et ASEAN
pendant les années 1980, en pourcentage'.
f!M. Corée du Sud Taïwan Singapour Philippines Malaisie
A court terme 77,5 45,8 75,1 69,8 54,8
A moyen et long terme 22,5 54,2 24,9 30,2 41,2
Source. Tableau établI à partir de : FAIRlCDFCM ; 1992. pp.48-51.
1 : Pour le cas de la Corée du Sud, le tenne de crédit est divisé en deux catégories: a) crédit pour l'investissement (à moyen
et à long tenne) ; et b) crédit pour les affaires (à court tenne). Pour les autres pays, la distinction générale se fait comme suit
: à court tenne, c'est-à-dire un an ou moins; à moyen et long tenne, c'est-à-dire plus d'un an. Les chiffres sont calculés par
nos soms (TAT) en moyenne (simple) des dix années 1980-1989, sauf pour les Philippines (seulement neuf années 1980
1988).
Le taux bas du montant de crédit à moyen et long terme du Vietnam reflète la faiblesse de son
système financier. Une des principales causes de cette situation s'explique par la politique de
crédit d'une économie subventionnée, En effet, l'ancien système considère qu'il faut
privilégier sans condition les crédits à moyen et long terme, car l'utilisateur de ces crédits a
besoin de plusieurs années pour les rentabiliser. Ce point de vue a conduit à l'instauration
d'un taux d'intérêt réel négatif pour ces catégories de crédit. Le Tableau 6 nous montre que le
taux d'intérêt des crédits pour le capital fixe (à long terme) octroyé aux EE avant 1992 est
toujours le plus bas et négatif. Cet état de fait persiste en 1996. Alors que tous les autres taux
445 CAO Si Kiem 1994
281
réels de crédit ont été positifs depuis 1992, ce taux privilégié a été toujours maintenu au
niveau négatif; en 1993, ce taux d'intérêt était de 9,6% par an, alors que celui des dépôts d'un
an était de 24% par an. En pratique, seules les EE et le secteur public sont susceptibles de
contracter ces catégories de crédit; une part de ces emprunts a été effectuée de façon abusive
dans des buts différents de ceux pour lesquels ils sont en principe destinés.
Ce qui précède montre que le crédit bancaire vietnamien ne contribue pas encore
efficacement au financement de l'économie. Sa faiblesse se manifeste par trois aspects: son
volume de crédit par habitant et par PIB, son ratio au secteur privé et son terme de crédit.
Puisque la place du crédit bancaire est prédominante dans le financement de l'économie du
pays, cette situation devrait être améliorée.
II. Les obstacles à l'expansion du crédit bancaire.
A. Les risques bancaires.
La gestion des risques est une des fonctions les plus importantes et les plus délicates du
banquier. C'est un art qui reflète l'aptitude de concilier deux exigences contradictoires: la
sécurité et la rentabilité. On peut distinguer trois catégories de risques bancaires: le risque de
liquidité, le risque de solvabilité et le risque de rentabilité446 .
1. Risque de liquidité (ou risque d'immobilisation). Le risque de liquidité ou le risque
d'immobilisation du crédit est dû à la probabilité de retrait des billets de banque de clients
446 Gilles GOBIN. 1980. P 99
•11111111111111111111
282
dans certaines conditions. La banque doit donc conserver la liquidité nécessaire pour
répondre aux besoins éventuels de retraits. Puisque "la liquidité d'un bien est l'aptitude de ce
bien à se transformer en monnaie rapidement et sans perte de valeur"447, le banquier doit donc
être assuré de celle-ci.
En dehors des causes générales, le risque de liquidité au Vietnam est encore engendré par les
causes suivantes :
(a) Jusqu'à présent la plupart des paiements sont réalisés en billets, même pour
les grandes sommes et à longue distance. En raison de la faiblesse du système de paiement, il
existe une habitude de détention de la monnaie sous forme de billets.
(b) La jeunesse du marché interbancaire qui ne date que de Septembre 1993
aggrave davantage ce risque. Face à ce risque, la BEV est en train de réglementer un ratio de
réserves obligatoires et supplémentaires qui atteindra 30% du total des dépôts. Ce ratio
diminue la marge financière des banques commerciales qui se découragent alors à collecter
de l'épargne448.
2. Risque de solvabilité ou de non-paiement. A l'égard d'une personne juridique, le
banquier distingue le crédit public du crédit privé: (i) crédit public qui est le crédit octroyé à
l'Etat, à une collectivité publique ou à une entreprise d'Etat; (ii) crédit privé qui est le crédit
octroyé à une entreprise non-étatique ou à un particulier.
Normalement, le crédit public est plus sûr et ne pose pas de problème de risque de solvabilité.
Au Vietnam, avant les réfonnes et même aujourd'hui, c'est ce "postulat" qui a conduit des
447 Gilles GOBIN. 1980 P \00.
448 The World Bank. 1993. p.60.
~I
U
1111111111111111111
283
banques commerciales d'Etat à conserver presque toutes leurs ressources au crédit public.
Ceci s'explique aussi par une cause psychologique importante et souvent occulte: s'il y a des
pertes en octroyant du crédit public, les responsables des banques d'Etat ne sont pas
personnellement responsables vis-à-vis de l'Etat et ne seront en pratique pas inquiétés. Ils
n'octroient donc du crédit privé qu'à condition qu'ils puissent recevoir "le prix" correspondant
aux risques qu'ils devront supporter éventuellement en tant que banquier(s) ; c'est ainsi que la
corruption dans l'octroi du crédit apparaît449. C'est une des causes profondes de la structure
irrationnelle persistante du crédit. Une comparaison simple de cette structure des BCE et des
BCPA à HoChiMinh-Ville en 1992 nous permet de renforcer cet argument : tandis que le
ratio du crédit public des premiers est environ 80-85%, celui des seconds est seulement 25
30% (le reste est réservé au crédit privé). La dette arriérée des entreprises d'Etat et grandes
entreprises privées est estimée de 1 à 1,2 milliards d'USD450 ; personnellement, les
responsables des banques privées n'osent pas se confronter à cette insolvabilité car ils ont
peur de leur responsabilité vis-à-vis de leurs actionnaires. Cet état de fait souligne, une fois
de plus, la nécessité et l'urgence de la création de banques privées innovantes comme le
système des BVPE que nous proposons. Ces dernières assumeront les besoins de crédit privé
qui sont en train d'augmenter fortement dans l'économie. L'assainissement bancaire
vietnamien dans l'avenir nécessite la présence de telles banques privées.
Notons également que, jusqu'à aujourd'hui, le risque d'insolvabilité au Vietnam est enregistré
principalement par les EE ; cet état de fait peut s'expliquer par la grande quantité de crédit qui
leur a été octroyée pendant plusieurs années. Par contre, on constate la bonne solvabilité des
petits emprunteurs aussi bien à la campagne qu'en ville, à condition que ces prêts ne soient
449 Selon Lisa ROMAN. la corruption dans les BeE vietnamiennes est un phénomène assez généralisé. Lisa ROMAN1993 P 18
284
pas octroyés de façon subventionnée. Les infonnations optimistes similaires sont également
enregistrées en examinant le crédit privé aux paysans du Sud vietnamien à travers les banques
rurales avant 1975451 . La gestion du risque de solvabilité du crédit privé dans l'avenir dépend
donc en grande partie des choix politiques concernant le secteur privé.
3. RiSque de rentabilité. Au niveau de l'activité bancaire, le risque de rentabilité d'une
banque est généré, d'une part, par la fluctuation quotidienne des taux d'intérêts et d'autre part,
par la proportion croissante de ses frais généraux dans les composantes de la valeur
ajoutée452 . Au Vietnam, plusieurs facteurs peuvent aggraver le risque de rentabilité des
banques cornrnerciales dont un des plus importants concerne les politiques monétaires et
notamment les taux d'intérêts. Ces derniers qui étaient administrativement fixés peuvent nuire
à la rentabilité des BC. Prenons quelques exemples:
(a) Le ratio total de réserves en vigueur étant de 30%, les banques
cornrnerciales vietnamiennes bénéficient d'une marge très basse qui n'encourage pas l'activité
d'intennédiation du dông vietnamien453 . Ceci nuit non seulement à la rentabilité des banques
mais aussi à la collecte d'épargne et à l'expansion du crédit pour l'économie.
(b) Tandis que les banques commerciales doivent supporter les taux d'intérêt
rigoureusement réglementés par la BEV, les autres organismes financiers de l'Etat tels que les
"Centres financiers" ou "Trésors d'Etat" peuvent proposer au public des taux d'intérêt plus
élevés pour provoquer le dépôt de leur épargne. Cette concurrence inégalitaire s'est perpétrée
plusieurs fois et a provoqué la création de mesures d'autodéfense de la part des banques
450 D,en Dan Forum N° 62. 01/04/1997
451 "Les banques rurales ont connu un bon pourcentage de recouvrement des prêts par rapport aux expériences des autresinstitutions de crédit dans les pays en vOie de développement". Brigitte LE TH! NGOC TUYET. 1977 p.141.
452 Gilles GOBIN. 1980 p 105
285
commerciales privées, telles que l'élévation du taux d'intérêt à la fois de dépôt et de crédit, à
travers des mesures illégitimes afin de rester en concurrence454 .
B. Autres obstacles à l'expansion du crédit bancaire.
En dehors des obstacles cités ci-dessus, les autres obstacles à l'expansion du crédit sont les
suivants:
1. Insuffisance des ressources des banques commerciales. La taille des BCPA est
encore trop petite et leurs ressources sont donc très modestes. Quant aux BCE, malgré leur
plus grande taille et leur approvisionnement plus facile auprès de la BEY, elles sont en train
de supporter les grandes dettes arriérées des EE, qui menacent l'effondrement du système
bancaire lui~même455.
2. Comme dans les autres pays en développement, la procédure bancaire est trop
compliquée et trop longue - ce qui fait hésiter les entrepreneurs privés. Plusieurs entreprises
ont peur de la sous-estimation de leurs biens à nantir de la part des banquiers, et ceci les
pénaliserait dans le cas où elles ne pourraient pas rembourser leurs emprunts à échéance ; il
n'y a pas de mécanisme adéquat d'évaluation de la valeur de ces biens. D'autre part, en raison
de la complexité de la procédure, le crédit qui est octroyé souvent tard ne répond pas à temps
aux opportunités des affaires. De plus, le terme du crédit étant souvent trop court, il ne
répond pas aux demandes456.
453 The World Bank 1993. pp.59-60
454 Saigon Giai Phong. HoChIMinh-vIiIe. le 5 aôul 1993
455 Dien Dan Forum. N° 62. 01104/1997.
456 NGUYEN Thac Hoa!. 1993
286
3. Le réseau bancaire trop faiblement étendu ainsi que le manque de banquiers
qualifiés sont les obstacles organisationnels à l'expansion du crédit. La faiblesse du réseau
bancaire vietnamien sera abordée dans la section suivante qui consacre aux problèmes de
collecte d'épargne.
III.Les obstacles à la collecte des ressources bancaires.
Dans le chapitre Il, nous avons vu l'importance de la collecte de l'épargne pour le processus
de transition dans un pays comme le Vietnam. Pourtant, alors que l'épargne s'accumule de
plus en plus importante, elle demeure en dehors du circuit institutionnel. Le Vietnam est sur
un gros trésor, mais il manque toujours de l'argent, tel est l'observation d'une revue
vietnamienne au début de 1997457 . Parallèlement au rétablissement de la confiance du public
au système bancaire, une banque (ou système bancaire) se ressemblant plusieurs centaines de
clients-petites entreprises est une autre solutions permettant de collecter de l'épargne de ses
clients et l'entourage de ces derniers.
1. Obstacles liés à l'hésitation des déposants. Les deux principaux facteurs suivants
ont empêché le dépôt en banque du public : (a) l"incertitude de pouvoir retirer des espèces
des banques ; et (b) l'inefficacité du système de paiement.
La confiance érodée du public au système bancaire est une conséquence des périodes
ceptralisées bureaucratiques précédentes où les dépôts en espè-:es étaient presque impossibles
à retirer et où les chèques bancaires n'étaient pas transférables en billets ou en marchandises.
457 Olen Dan Forum N° 62. 01/0411997
287
Le ratio dépôts totaux/liquidités en VND qui diminuait graduellement et le taux de
"bancarisation" encore très bas montrent que cette confiance n'a pas encore été rétablie. En
réalité, presque tous les paiements concernant les particuliers sont toujours effectués en
espèces ; entre les entreprises, la plupart des affaires sont également payées en espèces. Tout
ceci limite la quantité de crédit bancaire pouvant être octroyé.
2. Obstacles liés au niveau de développement et au problème démographique. Il est
évident que la collecte des ressources bancaires est étroitement liée en ce qui concerne le
développement; normalement, plus ce niveau est bas, plus cette collecte est faible. Dans le
cas du Vietnam, cela se manifeste concrètement par les constats suivants : la sous
monétarisation et l'octroi modeste du crédit, un niveau faible du revenu, les influences
démographiques et la dégradation du capital humain.
(a) Sous monétarisation et faiblesse dans l'octroi du crédit. Le degré de la
monétarisation est mesuré par "le coefficient de monétarisation", c'est-à-dire la proportion des
biens et des services échangés contre la monnaie. Il peut aussi être mesuré à l'inverse, par
"coefficient de non-monétarisation" = l-"coefficient de monétarisation". Actuellement, la
sous-monétarisation au Vietnam touche plus particulièrement les zones rurales, étant donné
que l'agriculture vietnamienne avant les réformes était une économie autarcique, en 1989, le
taux de monétisation dans ces zones était seulement de 19,1 %458.
En 1970, le coefficient de non-monétarisation du Sud Vietnam était de 12%, contre 21 % en
Corée du Sud. 20% en Malaisie et en Inde, 18% à Taiwan et en Chine et 10% en Thaïlande et
458 LE Van Toan et al. 1991 pAl.
288
aux Philippines. Ce coefficient était également inférieur à ceux de presque tous les pays
africains459. On peut espérer que le niveau de monétarisation du pays pourra être amélioré
relativement vite parallèlement à l'expansion des réformes, grâce à l'amélioration du système
de transport, du système bancaire et de l'expansion des activités commerciales.
Puisque l'octroi du crédit va faire augmenter l'épargne460, la faible réalisation de la fonction
de création monétaire des BC est donc un autre obstacle à la collecte des ressources bancaires
(voir le chapitre II). D'où l'importance d'un système des banques commerciales permettant de
la création monétaire.
(b) Faible nIveau revenu et éléments concernant les dépôts d'épargne en
banques en qualité d"'une forme de l'utilisation des revenus". Si dans les pays en
développement, il existe un rapport entre le niveau de revenus exprimés par le PNB par tête et
les dépôts d'épargne; en général, ces dépôts croissent parallèlement à l'accroissement du
PIB461, ce n'est pas le cas du Vietnam, pour des raisons suivantes:
* La croissance n'augmente l'épargne qu'à partir du moment où le
niveau de vie est supérieur au seuil de la pauvreté absolue. Si ce n'est pas le cas, la croissance
n'augmente pas l'épargne, car la consommation incompressible des agents économiques est
supérieure à leur revenu462. Cette situation se révèle juste pour les zones économiques
défavorisées du pays. Par contre, dans le cas où la consommation incompressible serait
459 Saml HIRAM. 1984 p.127.
460 Amedeo GAMBINO 1972. pp 31-32G A KAHN 1992. Selon cet auteur. le crédit augmente la masse monétaire et pas Inversement. Nous pouvons en déduire
que celuI-cI va-. selon ce chemIn-, hausser l'épargne
461 G GURLEY. "Structures financières dans les économies des PYD". In Les problèmes monétaires et fiscaux des pays endéveloppement. Dunod. Paris. 1967. pp 97-119 Cité par Saml HIRAM 1984 pp.265-266.
289
inférieure au revenu, la propension marginale à épargner peut être proportionnelle en ce qui
concerne la pauvreté.
* L'augmentation de l'épargne monétaire et donc des dépôts d'épargne
en banque est influencée par l'inflation et/ou la confiance du public vis-à-vis du système
bancaire. Quand l'un des éléments ou les deux émergent, l'épargne peut être augmentée-,
comme l'a conclu A.K. Lahiri dans le cas d'inflation -, mais celle-ci sera laissée sous forme
non monétaire; les dépôts d'épargne ne pourront donc pas s'accroître.
Ces deux éléments sont présents au Vietnam et sont une des causes de la limitation du niveau
de collecte d'épargne des banques.
(c) En ce qui concerne les influences démographiques sur la collecte d'épargne.
On peut s'intéresser à deux aspects suivants: le niveau d'urbanisation et la pyramide des âges.
* Niveau d'urbanisation. Selon S. Hiram, dans les pays en
développement, plus le pourcentage de la population active vivant dans les milieux ruraux est
élevé, plus l'épargne collectée est faible: l'agriculteur confiant plus difficilement son épargne
aux institutions financières que le citadin463 . Cet argument semble inexact dans le cas du
Vietnam où le réseau des comptoirs d'épargne de BCE en zone rurale sont très développés par
rapport aux zones urbaines.
* Pyramide des âges. Il s'agit d'un lien révélé depuis longtemps selon
lequel l'habitude de confier son épargne à une institution financière est moins importante chez
les jeunes que chez les adultes. Plus la pyramide des âges est jeune, plus la possibilité de
462 P J LEHMAN 1988. P 171.
463 Saml HIRAM. 1984 pp.277-278
290
collecte d'épargne est difficile464 . Cela coïncide aussi la conclusion de A.K. Lahiri citée dans
le chapitre II (p. 25), selon laquelle le pourcentage élevé des gens vivant à charge est un
obstacle à l'épargne privée. Dans le cas du Vietnam où la structure de la population coïncide
avec la traditionnelle pyramide des âges du Tiers-Monde : une très large base, avec un
pourcentage très élevé des gens vivant à charge (85% en 1995), la faiblesse du ratio de
l'épargne peut être expliquée en partie par cette pyramide des âges465 .
(d) La dégradation du capital humain. Un autre obstacle à l'épargne réside dans
le gaspillage, la ribote, l'abus d'alcool de la part des nouveaux embourgeoisés (voir le chapitre
III).
3. Obstacles liés à la mauvaise organisation des services bancaires.
(a) Points faibles concernant la faible commodité du service bancaire. La faible
commodité du service bancaire vietnamien se manifeste par les points suivants: (i) Un réseau
bancaire moins étendu; jusqu'à présent, seule la BVA a un réseau relativement développé en
zone rurale, toutes les autres BC ne sont pratiquement présentes qu'en zone urbaine ; (ii)
L'ancienne bureaucratie des BCE n'a pas encore été bien améliorée; (iii) Les réglementations
sans compter les commodités des clients telles que la nécessité d'effectuer les retraits
uniquement à l'agence où le compte a été ouvert ; (iv) Le manque des fonnes de titres
d'épargne et des produits financiers qui peuvent satisfaire les diverses préoccupations des
épargnants. Comme dans les autres pays où le système bancaire est moins développé, la
monotonie de formes de comptes d'épargne dans les banques vietnamiennes ne répond guère
~64 Saml HIRAM. 1984 pp 278-280
465 TRAN Anh-Tuan 1993 p.6.
291
aux besoins de plus en plus diversifiés de leur clientèle ; (v) La faible qualification des
banquiers qui sont en grande partie formés selon le mode d'organisation bancaire des
économies de type soviétique; (vi) Le manque d'équipements bancaires.
Depuis quelques années, plusieurs efforts de la part des autorités monétaires vietnamiennes
ont été faites pour améliorer cette situation. Mais il faut plusieurs années pour que la
commodité bancaire vietnamienne soit adaptée aux critères régionaux et internationaux.
(b) Dommages causés par la faible commodité bancaire: Expérience d'un
PED : cas de l'Egypte des années 1970. La faible commodité du service bancaire des banques
nationales pose un problème grave dans la concurrence contre les banques étrangères en ce
qui concerne la collecte d'épargne. L'étude de Sami Hiram nous donne bien des
enseignements utiles sur ce sujet. En se basant sur les données concernant les activités des
banques commerciales étrangères en Egypte durant la période 1975/1977, l'auteur a indiqué
qu'en raison de la commodité de leur service bancaire, les banques étrangères collectaient la
plus grande partie des dépôts d'épargne des clients locaux. Malgré cela, "ces banques ne
remplissent pas réellement le rôle d'intermédiaire financier qui se charge de transférer
l'épargne des agents excédentaires pour financer les déficits des agents ayant besoin de
financement à l'intérieur du pays". Selon le terme utilisé par le ministre égyptien de
l'Economie, "les banques étrangères sont devenues un passage par lequel les épargnes
égyptiennes s'infiltrent à l'étranger au moment même où l'Egypte éprouve un grand besoin de
financement et se trouve obligée d'emprunter à des intérêts élevés". La concurrence entre
banques étrangères et banques nationales montre une nette supériorité des premières dans la
collecte de l'épargne intérieure. Leur part dans le total des dépôts d'épargne bancaire est très
élevée par rapport à leur nombre. En effet, elles représentent seulement 5% du total des
292
banques, et des succursales travaillant en Egypte. Mais 26% des dépôts d'épargne sont
confiés aux banques étrangères. Leur politique de collecte ne fait pas une place aux petits
épargnants. Elle est concentrée essentiellement sur les organismes étrangers, les grandes
entreprises nationales et les clients riches. (..) La concurrence entre banques étrangères et
banques nationales en Egypte présente également un autre aspect négatif dans ce domaine.
Lorsqu'elles sont installées en Egypte, les banques étrangères ont attiré les meilleures
compétences du secteur bancaire égyptien en leur offrant des salaires élevés"466.
Ce danger subit par l'Egypte des années 1970 pourrait-il se répéter au Vietnam dans les
années qui viennent, si la commodité bancaire de ce dernier ne s'améliore pas de façon
satisfaisante ?
IV. Estimation du taux d'épargne privée en l'an 2000 et nécessité d'une amélioration des
services bancaires vietnamiennes.
Un des paramètres importants pour élaborer le projet du financement des petites entreprises
est l'estimation du taux d'épargne privée dans les années qui suivent. Nous consacrons le
paragraphe suivant pour cette tâche.
L'expérience des pays asiatiques montre que chaque d'augmentation de 1% du taux de
croissance du revenu réel par habitant conduit en moyenne à une augmentation de 1% de
l'épargne privée (chapitre II). Au Vietnam, de 1990 à 1996, le rythme de croissance moyen
annuel du PIB est de 8%. le taux de croissance démographique moyen annuel est de 2.2%, le
466 Saml HIRAM. 1984 pp.3ü3-3ü8.
293
ratio de l'épargne pourrait donc augmenter de 5,8% chaque année. D'ici l'an 2000, selon
plusieurs prévisions, le rythme de croissance économique du pays pourrait tourner aux
environs de 8% par an en moyenne, tandis que le taux de croissance démographique qui
continuera à diminuer pourrait se situer aux environs de 2% par an en moyenne467. Par
conséquent, en se basant seulement sur ces facteurs, on peut espérer que, d'ici l'an 2000, le
ratio de l'épargne privée pourra augmenter de 6% par an en moyenne. Enfin, le taux
d'inflation a diminué ces trois dernières années et se situe aux environs de 3% pour l'année
1996. Ce faible taux d'inflation encouragera l'épargne privée.
Dans l'avenir, l'amélioration du système financier et bancaire permettrait une orientation plus
efficace des économies des capitaux et des ressources d'épargne vers les activités productives
par l'investissement direct ou par le dépôt dans les institutions financières. Etant donné que
dans une économie de marché, l'épargne peut être constituée soit sous forme monétaire, soit
sous forme financière (achat de titres à des entreprises qui, en contrepartie de la monnaie
reçue, peuvent investir)468 ; les efforts du système financier et bancaire vietnamien pourront
diminuer l'épargne non monétaire et augmenter l'épargne monétaire et financière vers la
production. Cependant cette transférabilité sera encore probablement menacée gravement par
la fuite vers le circuit de l'échange extérieur. Ce risque de fuite s'explique par les deux
possibilités suivantes: (a) la contrebande frontière continuera tant que l'industrie intérieure
n'opérera pas des transformations décisives pour sa compétitivité; et (b) l'augmentation de la
tendance à consommer des produits provenant des pays développés, comme on l'a, le plus
souvent observé, dans les pays en développement et les pays eL :ransition.
467 The World Bank. 1996. p. 3.SRV.1996.
468 P J LEHMAN. 1988. p.I?!.
294
En guise de conclusion, si les politiques concernées sont pertinentes, et si les influences
positives et négatives des autres facteurs peuvent s'annuler, les facteurs qui contribueront à
décider du taux d'épargne privée resteront le taux de croissance économique et
démographique. Dans cette hypothèse, théoriquement, d'ici l'an 2000, le taux d'épargne privée
pourra augmenter de 6% par an en moyenne. Il est évident que ce rythme ne peut rester
constant, car "une accélération du taux de croissance provoque une augmentation claire dans
la propension marginale à épargner plutôt à court terme qu'à long terme"469. En général, la
possibilité d'avoir au Vietnam, en l'an 2.000, un taux d'épargne comparable à celui des pays
voisins (soit de l'ordre de 35%) est réaliste.
Le potentiel des ressources bancaires dont l'épargne au Vietnam dans les années à venir est
donc attirant. Dans un environnement de plus en plus concurrentiel, si les banques
commerciales vietnamiennes n'améliorent pas de façon rapide la commodité du service
bancaire, elles n'exploiteront guère cette potentialité.
SECTION III : LA MICRO-FINANCE AU VIETNAM
Dans le processus de transition, le gouvernement vietnamien s'est rendu compte de plus en
plus précisément de l'importance du rôle du financement à "l'économie des foyers des
paysans" en zone rural~. Le 28 juin 1991, pour la première fois, le Conseil des Ministres a
donné les directives N°2ü2/CT sur "la politique de l'octroi du crédit aux foyers paysans pour
469 Ashok K. LAHIRI. 1989.
295
le développement de la production agricole, sylvicole et de pêche en zone rurale" . Le 2 mars
1993, le gouvernement a promulgué l'arrêté N° 14/CP pour compléter ces directives. Ensuite,
la Banque vietnamienne de l'Agriculture (BVA) et la Banque vietnamienne de l'Industrie et
du Commerce (BVle) ont concrétisé ces nouvelles politiques du gouvernement en les
réalisant.
Afin d'améliorer la situation du chômage et de la création d'emplois, le Il avril 1992, le
Conseil des Ministres a promulgué la résolution N° 120/HOBT sur la politique de crédit à de
petits projets de création d'emplois, dans tout le pays et notamment en zone urbaine. A partir
de 1992, plusieurs autorités locales (notamment celles de HoChiMinh-Ville), collectivités
(Confédération du Travail, Union des Femmes, Fédération de la Jeunesse, ..), ONG (ClOSE,
ICMC,..), et quelques organismes internationaux (notamment l'Union européenne) ont
entrepris des programmes du financement pour l'allégement de la pauvreté et pour la création
d'emplois.
Cette section vise à synthétiser ces efforts, en tirer les leçons et évaluer les problèmes à
résoudre.
I. La micro-finance bancaire.
Parmi les quatre banques étatiques, la BVCE et la BVIO sont les deux banques spécialisées
respectivement pour le commerce extérieur et pour l'investissement public ; elles ne
participent pas au financement des petites entreprises. Cette tâche est assumée par la BVA (en
zone rurale principalement) et. partiellement, par la BVIC (en zone urbaine principalement).
296
A. La Banque Vietnamienne pour l'Agriculture (DVAl.
1. Résultats. En zone rurale, les efforts du financement des foyers paysans fixés par le
gouvernement ont essentiellement été réalisés par la BVA. Grâce à son réseau rapidement
développé sur tout le pays comprenant 1.800 agences (1995), la BVA est la seule banque
susceptible d'innerver l'ensemble des régions rurales. Depuis 1991, elle s'est rapidement
développée vers l'octroi de crédit à la plupart des familles paysannes plutôt qu'aux EE comme
précédemment. Quatre-vingt-dix pour cent du montant des crédits sont utilisés pour
l'agriculture et l'industrie agricole. En 1995, le nombre d'emprunteurs était de 7 millions, soit
720% du chiffre de 1992. La taille des prêts était de 200 000 à 50 millions de VND, la
moyenne étant de 1,25 millions de VND.
C'est un pas important effectué par la banque. Car à la fin de 1990, la proportion du montant
de crédits aux EE était de 92% et celle aux foyers paysans était seulement de 2%. L'encours
de crédit aux foyers paysans qui était seulement de 30 milliards de VND au début de 1991 est
passé à 2.500 milliards de VND en juin 1993 et représentait alors 56% de l'encours total de la
BVA. Le taux de remboursement des foyers paysans était de plus de 97%470.
Parallèlement à l'octroi de crédit, la banque a augmenté sa capacité de collecter des ressources
d'épargne. Pendant les neuf premiers mois de 1993, elle attirait deux millions d'épargnants,
avec un montant d'épargne de plus de 2.000 milliards de VND. Le nombre de foyers paysans
en relation avec la banque augmente sans cesse: 12% en 1991, 26% en 1992,40-45% en
1993. Mr. PHAM Van Thuc, Directeur général de la BVA. lors d'un entretien en août 1993, a
470 C.: chiffre a été confirmé par le Gouv.:rneur de la BVE. CAO SI Klem 1994
297
porté un jugement intéressant : Avant 1991, nous mobilisions l'épargne des paysans afin
d'accorder du crédit aux EE avec un taux d'intérêt subventionné. La conséquence était que la
banque perdait chaque année 300 millions de VND, alors que les EE qui comptaient
passivement sur l'Etat continuaient à perdre et ne pouvaient donc pas rembourser leurs dettes.
A partir de 1991, le flux de capital a été inversé : nous mobilisons les ressources de la ville
pour les allouer aux paysans471 .
En dehors de la forme de garantie réelle classique, les autres formes de garantie ont
également été appliquées par la BVA : (a) Pour les prêts inférieurs à 500.000 VND, il faut
seulement l'approbation de l'autorité de la commune; (b) Depuis 1993, il est apparu la forme
de garantie par l'intermédiaire. A titre d'exemple, la Fédération de la Jeunesse à HoChiMinh
Ville possède un fonds de N dôngs ; ce fonds peut être utilisé en qualité de garantie pour
inciter ses membres à emprunter aux banques, à condition que le montant total des crédits
n'excède pas 4 N dôngs. Ce Fonds qui doit évidemment être déposé à la banque sera payé par
cette dernière à un taux d'intérêt normal.
Ces efforts de la BVA ont contribué sans doute au rétablissement de l'économie rurale au
cours des dernières années. Si l'on compare avec l'ancien mode de fonctionnement, on peut
dire que la banque a réellement réalisé un essor vers le secteur privé agricole.
2. Problèmes. Cependant, des problèmes ont émergé dans le financement des petites
entreprises de la BVA.
471 Interview de Mr. PHAM Van Thuc. Revue hebdomadaire Lao Dong (Le Traval!). Hanoi. 15 Août 1993.
298
En raison d'un taux d'intérêt moins élevé que celui des usuriers, les ressources de la BVA ont
tendance à octroyer des crédits aux emprunteurs les plus surs, comme les paysans avec
collatéral et à bon revenu potentiel. Les plus pauvres ont moins de chance de les obtenir.
D'une façon générale, la structure actuelle du taux d'intérêt ne permet pas de s'acquitter du
coût administratif et de faire des provisions pour pertes. Par ailleurs, cette structure d'intérêt
n'est pas encore assez flexible, pas très conséquente avec la relation offre-demande du marché
de chaque région géographique ou branche d'activité. De plus, la taxation informelle (c'est la
réserve supplémentaire de 20% plus la réserve obligatoire) pèse lourdement sur la rentabilité
de la banque et sur sa capacité de création monétaire de crédit.
Le personnel de la banque est, d'une part, excédentaire et d'autre part, insuffisant pour
permettre de répondre à toutes les demandes de crédit472 . Autrement dit, la compétence du
personnel de la banque est limitée par rapport au nouveau mécanisme. Malgré cela, la
direction de la banque n'a pas suffisamment d'autonomie pour un arrangement plus rationnel
de son personnel.
Le monopole de la BVA est un autre point faible : A titre d'exemple, les gens ayant "de
bonnes relations" avec les banquiers emprunteraient du crédit et le prêteraient aux autres à un
taux beaucoup plus élevé473 . C'a été un phénomène souvent connu dans les pays en
développement et au Sud du pays avant 1975.
472 DominIque ALBERT. 1992. pp.3-5.473 NGUYEN Van Tlem. 1993.
TRAN Tho Dat 1997
299
Le public emprunteur est toujours constitué des foyers ayant des biens à hypothéquer ; le
nombre des foyers empruntant de façon non hypothécaire est encore très limité474 .
En outre, l'on doit souligner un autre point faible: le terme de crédit trop court ne répond pas
aux besoins des paysans.
Le point faible subjectif le plus grave réside dans les formalités de la banque. En effet, le
point faible le plus grave de la BVA réside dans ses formalités souvent jugées trop longues et
trop compliquées. Un agriculteur qui désire emprunter de l'argent doit d'abord obtenir les
signatures du chef de brigade, puis du directeur de la coopérative et enfin du président du
Comité populaire avant l'examen du projet par la banque. Au total, entre le moment où
l'emprunteur dépose sa demande de financement et celui où il obtient son argent, il faut
cinquante-cinq signatures. De plus, à chaque récolte, l'emprunteur doit refaire un dossier
identique au précédent !475. Les frais de dossier sont fixes et relativement élevés pour les
petits emprunteurs. Outre ces frais formels, il y a encore les autres frais informels liés aux
différents intervenants476 . D'après une estimation, tous les frais (formels et informels) peuvent
atteindre plus de 10% du montant du prêt ! Dans la pratique, un agriculteur qui avait
emprunté 400.000 VND a dû payer des frais de 50.000 VND, soit 12,5% du montant de
prêt477 . Le taux d'intérêt effectif est beaucoup plus élevé que le taux nominal.
La BVA n'a toujours pas appliqué une approche commerciale pour son fonctionnement.
Certains préconisent que la banque fournisse ses crédits à de faibles taux d'intérêt, même
inférieurs à celui des dépôts, "en raison des spécificités de la production agricole et de la
474 NGUYEN Hong Hai 1994
475 NGUYEN Van Tlem. 1993476 0 ALBERT 1992. pp. 3-5.
477 NGUYEN Thong. 1993.
300
capacité limitée des paysans"478. A notre avis, si les paysans payaient justement le taux
d'intérêt officiellement publié et n'étaient pas obligés de payer les autres frais "informels", ils
seraient tout à fait capables d'emprunter du crédit à la banque de façon commerciale et sans
faire appel à des subventions de l'Etat479.
D. La DVIC et la DCPA en zones urbaines.
1. Efforts en zone urbaine de la banque vietnamienne de l'Industrie et du Commerce
CBVIC) et des banques commerciales par actions CBCPA). A la différence de la BVA, les
efforts en zone urbaine ne sont guère remarquables et ceci est un phénomène généralisé dans
les pays en développement : Le financement des petites entreprises est organisé plus
facilement en zone rurale qu'en zone urbaine.
En 1992, bien que le montant des prêts versés par la BlVC au secteur privé atteigne 1.200
milliards de VND soit 239% du chiffre de 1991, le ratio de l'encours de crédit octroyé au
secteur privé occupait seulement 15% de l'encours total de la banque (56% pour la BVA).
Quelques agences de la banque telles que l'agence du district Hoankiem à Hanoi ont
commencé à octroyer du crédit directement aux petites entreprises dans les marchés de ce
district mais ces initiatives restent encore rares.
De la part des BCPA, leur ratio du crédit au secteur privé est beaucoup plus élevé que celui
du secteur étatique. Par exemple. à HoChiMinh-Ville en 1992, seize BCPA collectaient un
478 HOANG Van Hach 1993.
479 Un article nous donne des infonnations plus encourageantes sur les efforts de la BvA dans la correction de ses POintstàlbles Concrètement. à travers j'èlUde de cet auteur dans quatre arrondissements à HoChiMinh-vilie (Nhabe. Thuduc.Hocmon, Binhchanh), les points faibles tels que la complexité des procédures, \'intennédiaire dans l'octroi du crédit ont été
301
montant total des ressources de 1.610 milliards de VND et octroyaient un montant total de
crédit de 1.591 milliards de VND, dont 70% au secteur privé480 . Comme la BVIC, quelques
BCPA telles que la BCPA Dong A, ont commencé à fournir du crédit aux petites entreprises
dans les marchés à HoChiMinh-Ville et à Hanoi.
2. Points faibles. D'une façon générale, en raison de leurs ressources modestes et de
leurs réseaux moins développés, la place de la BVIC et des BCPA dans le financement des
petites entreprises en zone urbaine est très limitée. Bien que quelques expérimentations soient
en train de réaliser, elles existent seulement à Hanoi et à HoChiMinh-Ville. En dehors de
cela, en raison de l'augmentation rapide du prix de l'immobiliers dans les grandes viHes, la
spéculation dans ce domaine attire un grand montant du crédit au détriment du financement
pour la production, notamment en ce qui concerne les petites entreprises.
Comme nous allons voir dans le chapitre IV, les petites entreprises urbaines ont peu utilisé le
système bancaire, tant pour les dépôts à terme que pour les dépôts à vue. Cette situation pèse
davantage sur le manque de ressources des banques, et donc de leur faculté à octroyer des
crédits.
Il faudrait ajouter une autre cause qui empêche l'octroi du crédit de ces banques au secteur
des petites entreprises: la corruption. Etant donné que la plupart du capital octroyé est dans la
main des banques d'Etat, et que normalement l'entrepreneur devrait payer sous table pour
a peu près résolues (NGUYEN Tuong Loc. 1994). Ces améliorations ne se sont cependant pas généralisées.
480 D'après les réglementations de la BEY. les banques commerciales ont drOit de collecter des ressources multipliantjusqu'à vingt l'OIS leurs fonds propres: en 1992. le fonds propre total des BCPA à HoChiMinh-vllle est de 320 milliards deVND. elles collectent néanmOinS seulement 1.610 milliards de YND, SOit près de 40% du montant maJumum permis. Cecirellète la faiblesse dans la collecte des ressources (et donc de l'octroi du crédit), cecI même pour les BCPA
302
obtenir du crédit, ce qui augmente le taux d'intérêt pratique et lui fait hésiter d'emprunter
auprès de ces banques.
II. La micro-finance non bancaire.
A. Les prov;rammes v;ouvernementaux et non v;ouvernementaux de financement
destinés à la création d'emplois et à l'allév;ement de la pauvreté.
1. Programme de création d'emplois du gouvernement central. En avril 1992, le
gouvernement vietnamien a voté un budget de 830 milliards de VND pour un programme
pour l'emploi dont 250 milliards de VND réservés aux crédits destinés aux petits projets
d'emplois en zone urbaine et dans les" nouvelles zones économiques" ( vung kinh te moi).
Le public emprunteur réglementé est formé des personnes et des établissements ayant
présenté des projets rentables et créateurs d'emplois mais manquant du capital pour les
réaliser ou les développer. Ce sont des individus, familles, petites entreprises ou collectivités.
Les objets privilégiés de ce programme sont les travailleurs provenant du secteur étatique, les
soldats démobilisés, les étudiants en fin d'études. Les branches d'activités privilégiées sont
celles qui sont capables de créer de nombreux emplois481 . La taille maximale du prêt s'élève à
cinq millions de VND pour les individus ou les familles et 200 millions de VND pour les
entreprises. Les personnes n'ayant pas de garantie réelle pourront obtenir ce prêt s'ils sont
cautionnés par leur Comité de commune, de district ou par la collectivité concernée.
481 Journal Lao Dong. HanoI. 27 Septembre 1992
303
Ainsi, à HoChiMinh-Ville, d'octobre 1992 à juin 1993, 90 projets acceptés ont reçu 17
milliards de VND et le nombre d'emplois créé s'est élevé à 6.500 personnes, soit 2,6 millions
de VND pour un emploi.
Ce fonds est considéré comme l'investissement de l'Etat au profit des programmes sociaux,
avec un taux d'intérêt subventionné. Afin de limiter les dettes arriérées, une mesure
réglementée a été instaurée : il s'agit de la multiplication de 150% du taux d'intérêt normal
pour les montants arriérés. En comparaison avec le taux d'intérêt pratiqué sur le marché, le
taux d'intérêt de ce fonds est trop bas, plus bas que celui des dépôts. Même dans les cas
arriérés, le taux de pénalité est encore très bas. Ceci peut provoquer les déviations des
ressources482 .
2. Programmes de financement pour l'allégement de la pauvreté des gouvernements
provinciaux. Parallèlement au programme pour l'emploi du gouvernement central, un certain
nombre de gouvernements locaux ont également organisé depuis 1992 leurs programmes
pour l'allégement de la pauvreté.
Le programme le plus important en la matière est celui de HoChiMinh-Ville. dont l'objet a
été les familles pauvres ayant un revenu par habitant inférieur à 500.000 de VND par an (soit
45 USD, prix en Avril 1992). Un recensement de l'Office central des Statistiques a indiqué
que la cause de la pauvreté, pour 78% des familles pauvres recensées, était le manque de
capi:al. Ce programme accorde du crédit sans intérêt. Jusqu'en juillet 1993, après quatorze
mois d'application, 22.500 familles pauvres ont bénéficié de ce crédit qui s'élevait en
482 The World Bank. 1993. p.215.
304
moyenne à 530.000 VND. Le nombre d'emplois reporté créé s'est élevé à 3.000 personnes et
30.000 aide-travailleurs483 .
3. Programmes des ONG. Des ONG ont mis en place un certain nombre de
programmes en faveur des familles pauvres et des petits entrepreneurs. On ne citera là que les
plus typiques:
(a) Le programme du CIDSE (Comité International pour le Développement et
la Solidarité). Il applique l'approche Grameen Bank en zone urbaine en organisant des
groupes de cinq personnes pour l'octroi de crédit à très faible montant, en encourageant
l'épargne hebdomadaire en pennettant des remboursements échelonnés et en offrant la
possibilité de renouveler les crédits.
(b) La CMCI (Commission de Migration Catholique International), a collaboré
avec le Ministère du Travail vietnamien dans un programme d'expérimentation pour la
fonnation en gestion et pour le financement de petits crédits aux petits entrepreneurs le
niveau de financement est de 200 à 2.000 USD.
(c) La Communauté Européenne, dans un programme de financement des
"boat people" rapatriés qui favorise la création d'emplois à travers de petits projets a octroyé,
jusqu'en Décembre 1993, un montant de crédit de vingt deux millions d'USD. Ce programme
était co-géré par le Ministre du Travail, la Banque d'Etat et le Bureau de la Communauté
européenne au Vietnam. La BVA et la BVIC sont les deux banques étatiques partenaires pour
ce programme et restent bénéficiaires par un coût administratif correspondant à 0,2% du total
du crédit octroyé.
483 Journal 5G1gon GIGI phong (5G1gon Libérée). 29 JUillet 1993
305
4. Programme Fleuve Rouge. Le programme de crédit rural de l'Association pour la
coopération franco-vietnamienne au Fleuve Rouge (le PFR, Programme Fleuve Rouge) est un
des programmes très bien préparés. Il nous semble intéressant de rappeler ici quelques phases
de ce programme.
Le PFR est "un système permanent de crédit" sans garantie réelle, géré localement pour toute
activité (agricole et non agricole), généralement en faveur des paysans ayant réellement
besoin de crédit, surtout les paysans moyens et pauvres. C'est aussi un système de crédit
complémentaire à celui proposé par la BVA et non concurrent avec cette dernière en matière
de public ciblé, de modalité. D'après les spécialistes s'occupant de ce programme, il est la
mise en application de l'approche Grameen Bank en zone rurale vietnamiennes484.
Après une première étude menée en 1991, l'implantation pratique des caisses a commencé à
partir de mai 1992 ; la première caisse s'est ouverte en juillet 1992 et la cinquième caisse en
mars 1993. Ces caisses n'ont pas de cadre juridique officiel et fonctionnent sous l'aile
protectrice de la BVA. En mars 1995, il y avait 30 caisses et 4.600 emprunteurs, avec un taux
de remboursement impressionnant: 98,4%485.
Les principales caractéristiques et l'organisation d'une caisse de ce système de crédit sont
sommairement présentées ci-dessous.
"(a) Crédit accordé à des individus appartenant à un petit groupe de solidarité,
de 5 à 6 membres de condition économique homogène, se choisissant librement et
484 D ALBERT. 1992.
D GENTIL. 1993
485 Dominique GENTIL 1996
306
volontairement. A défaut des garanties physiques que peuvent offrir les paysans riches, (..) il
faut donc des garanties morales, c'est-à-dire la qualité des emprunteurs et la caution solidaire.
"(b) Des crédits bien étudiés, et "rentables". Un des moyens de bien ajuster les
crédits est que l'emprunteur expose son "projet" devant le groupe et l'agent de crédit. Il peut
donc y avoir une discussion pouvant entraîner la réduction du montant demandé, l'abandon
(si les débouchés semblent inexistants ou les risques trop importants) ou des conseils sur les
conditions de réussite.
"(c) Des crédits à l'ensemble de l'exploitation pendant toute l'année.
"(d) Une progressivité dans le montant des crédits. (.. ). Le volume demandé est
libre mais il doit être plafonné. Pour la première année, le plafond est de 200.000 dôngs. Le
plafond peut s'élever l'année suivante pour les groupes ayant remboursé sans problème
l'année précédente.
"(e) Une progressivité dans l'octroi des crédits. On commence les prêts pour
les 8 ou 10 premiers groupes. Si les remboursements sont corrects, on accorde le crédit à 5 ou
6 nouveaux groupes. Ainsi il y a intérêt de tous et pression sociale sur les premiers
emprunteurs.
"(f) Un remboursement pendant toute l'année par petites quantités.
"(g) Les différentes modalités précédentes concourent toutes à l'objectif d'avoir
un remboursement à 100%. En situation de forte inflation, il faut aussi ajuster les taux
d'intérêt pour couvrir les frais de gestion et surtout conserver la valeur du capital. "Le taux
choisi par les premières caisses est de 3,6% (le même que le taux pratiqué par la Banque
Agricole).
307
"(h) Procédures simples et compréhensibles: La demande de crédit est faite
oralement devant le groupe et l'agent de crédit. Elle est enregistrée par l'agent de crédit sur
une fiche cartonnée en 2 exemplaires (.. ) Un exemplaire reste à la caisse.
"(i) Système de suivi régulier.
L'organisation d'une caisse:
"(a) Les groupes (5-6 personnes). (.. ). Ils servent de garantie en cas de
difficultés de remboursement (aide, pression sociale, suppression de crédit au groupe). Ils
envoient un représentant ou un délégué au comité provisoire de gestion (Cette fonction peut
être tournante, tous les ans).
"(b) Le comité de gestion (CG). Il est composé des différents délégués de
groupes (ou de leurs représentants).
"(c) Le secrétaire (ou agent de crédit).
"(d) Le comité de crédit (se réunit tous les mois).
"(e) Le comité consultatif (CC). Il se réunit en principe une fois par mois avec
le comité de crédit pour statuer sur la qualité des groupes. Il est composé de trois à cinq
responsables du village ou du hameau. Il vérifie la qualité et le sérieux des groupes
constitués. Il donne son avis sur la politique de crédit et le fonctionnement de la caisse et le
choix du secrétaire.
"(t) L'équipe de l'expérimentation (EE).
308
Pendant la phase transitoire d'expérimentation, le pouvoir de décision finale sur les crédits et
ses modalités doit revenir aux responsables de l'expérimentation. L'équipe joue un rôle
fondamental dans le processus de suivi et la formation"486.
On peut constater que ce programme est sans doute bien étudié pour l'application de
l'approche Grameen en zone rurale au Vietnam. Cette expérience peut nous donner des
indications utiles pour la recherche de solutions comparatives d'octroi de crédit aux plus
défavorisés dans les deux pays. Ce programme nous apporte également quelques
enseignements pour le financement des petites entreprises:
En premier lieu, la plupart des emprunteurs sont séduits par l'échelonnement du
remboursement et par la limitation au maximum du temps de réunion et de formation.
L'échéance la plus convenable est mensuelle487. La limitation du temps de réunion et de
formation s'explique par le coût d'opportunité de différentes catégories d'emprunteurs. Le
coût d'opportunité, dans ce cas, est mesuré par le temps matériel dépensé pour les réunions et
formations; étant donné que plus le paysan est aisé, plus son coût d'opportunité est cher488.
En second lieu, les agriculteurs les plus aisés sont peu intéressés par le système proposé,
parce que le plafond de 200.000 dôngs est trop bas pour eux. D'autre part, ils ne souhaitent
pas constituer des groupes de solidarité qui est une forme d'organisation demandant trop de
486 D.ALBERT 1992. pp. 5-10. C'est l'auteur qUI souligne.
487 Selon D. GENTIL et Y FOURNIER' "Au Vietnam. où. avec le retour à l'agriculture familiale, le temps de travail aquasiment doublé. dépassant souvent les qumze heures par jour. les paysans veulent limiter au maximum le temps deréUnion et de formatIOn. et souhaitent un remboursement mensuel. pour mmimiser le temps de remboursement" DGENTIL et Y FOURNIER. 1993 P 123.
488 Shah Id KHANDKER et al. 1994.
309
temps de réunion. A notre avis, ce programme correspond plutôt aux plus pauvres qu'aux
paysans "moyens et pauvres" comme le définit le programme.
Nous osons penser que, dans la mesure du possible, il faudrait mettre en place une forme
d'organisation de crédit la plus simple possible. D'un point de vue socioculturel, la culture
vietnamienne est assez différente de cel1e des autres pays africains ou du Bangladesh ; toute
intention d'application des expériences de ces pays dans ce contexte doit en tenir compte489.
5. La Banque Vietnamienne pour les Pauvres (BVP). Baptisée "Banque pour les
pauvres", cette institution n'est pas vraiment une banque. Créée à la fin de 1995, la BVP est
une institution de prêt à un taux très privilégié, sans garantie réel1e, avec une taille moyenne
de prêt d'environ 100 USD. Octroyer du crédit de façon subventionnée, sans recevoir de
dépôts, sans personnel spécialisé (actuellement, le personnel de la BVA travaille pour le
compte de la BVP), sans structure propre et avec une direction qui comprend des vice-
ministres, pose le problème de la viabilité de la BVP : "elle ne peut répondre ni à son objectif
social, ni à son autonomie financière"490.
489 A l'occasIOn de notre participation au 5ème Programme de Dwlogue InternatIOnal sur l'approche Grameen Bank auBang(;'desh en avril 1993. nous a\ 'lns eu l'occasion d'observer sur place le fonctionnement de la GB et la mentalité desemprunteurs paysans bangladeshis La réalité nous révèle l'existence effective d'une grande différence entre les culturesmusulmane et vietnamienne. Bien que ces deux pays aSiatiques aient un niveau de pauvreté équivalent, cette différenceculturelle demande beaucoup d'imagmatlon et de créativité SI l'on veut appliquer l'expérience de la Grameen Bank auVietnam Dans notre mémoire de DEA. nous avons présenté dans de plus amples détails ce pomt précis r'olr. TRAN AnhTuan 1993b. pp 103-105.
490 United Nalions. UNDP. UNICEF 1996. p. 67.
310
B. Les problèmes posés par les programmes de financement non bancaire
gouvernementaux et non gouvernementaux.
1. Risque de déviation des ressources des programmes du gouvernement. Une des
idées directrices du programme gouvernemental de création d'emplois est l'octroi de crédit à
faible taux d'intérêt au public emprunteur capable d'organiser ou de développer ses affaires en
créant des emplois nouveaux. Pour gérer ce fonds et pour limiter les abus, le gouvernement
en a confié la responsabilité aux trois ministères: le Ministère du Travail, le Comité d'Etat au
Plan et le Ministère de la Finance. Les procédures de réalisation du programme sont très
compliquées. Il faut en pratique de quatre à six mois pour obtenir les prêts491 •
Après deux années d'application du programme, la surprise est de constater que seule une
partie des ressources avait été distribuée ! Ceci est sans doute dû au fait que, d'une part, bien
des individus et entreprises hésitent devant la complexité des démarches et d'autre part, bien
des autorités locales n'osent pas signer leur cautionnement492 . Par ailleurs, de nombreux
projets ont utilisé leur crédit de façon tout à fait différente des objets déclarés. Dans la
pratique, seulement de 30% de travailleurs ont été embauchés par rapport à l'estimation
préalable des projets. Dans le contexte où le secteur financier informel pratique un taux
d'intérêt très élevé (15-20% par mois ou plus), ce programme, avec son taux subventionné, a
des risques de déviation des ressources. Par ailleurs, un des enseignements les plus
documentés, tiré de l'expérience des projets pratiqués par la Banque Mondiale dans les années
1970 à 1980 dans les p~yS en développement. est celui selon lequel "en prêtant à un taux
491 L1NH HA. 1993,
492 Après l'effondrement des coopératives de crédit en 1990. de nombreuses autorités locales ont été condamnées pour leurcautionnement aux emprunteurs,
311
hautement subventionné, les emprunteurs auront tendance à dévier les fonds octroyés de leur
destination première et à les utiliser pour des objectifs non productifs"493.
La simplicité des procédures est une des conditions indispensables pour limiter les fraudes
des programmes de micro-finance, ce principe est toujours violé au Vietnam.
2. Faible efficacité des programmes provinciaux. A HoChiMinh-Ville, après 15 mois
d'application du programme, on a constaté le phénomène suivant: Bien que le taux d'intérêt
du programme soit très faible, le nombre d'emprunts arriérés s'élève à 38% ! Plus de 50% des
emprunts ont été partiellement utilisés pour des objets non rentables494. L'option de l'octroi du
crédit à des taux subventionnés d'abord aux plus pauvres s'est avérée non convenable.
Tandis que les fonnes de financement non bancaire sont encore très peu développées495, les
petites entreprises ne peuvent pas non plus attendre ces programmes de financement non
bancaires.
En mars 1997, une réunion organisée par le PNUD à Hanoi pour faire le point sur la micro-
finance au Vietnam, avec la participation de plusieurs représentants des organismes
internationaux, des NGO et du CGAP (The Consultative Group to Assist the Poorest,
appartenant à la Banque mondiale) a estimé que non seulement le système de micro-finance
mais aussi le système bancaire vietnamien manque de la transparence, octroi du crédit à des
taux artificiellement bas, et ne peuvent pas atteindre l'auto-équilibre opérationnel496,
493 Jacob LEVITSKy 1986. p.13494 Journal Saigon GIGI Phong (Saigon Libérée), 26 Juillet 1993
495 ThOl Bao Kmh Te Saigon. Du 28/11 au 4/12/1996
496 "Vietnam _ Mlcrotïnancmg after the Global Summit". http .Ilwww soc titech ac jp/titsoc/higuchl-Iabilcm/icm.html. Au
312
III. Fonds d'Assistance aux Pauvres pour l'Emploi (Fonds C.E.P.).
A. Généralités.
Avant de terminer cette section, nous présenterons sommairement le Fonds CEP qm est
l'institution que nous avons créée au Vietnam en 1991 et qui peut être considérée comme
l'esquisse d'une banque commerciale spécialisée pour les petites entreprises.
Fin 1989, dans le processus de l'étude des possibilités pour contribuer à résoudre le problème
de chômage aigu au Vietnam, nous nous sommes aperçues qu'un grand nombre de
travailleurs se retrouvaient dans la pauvreté uniquement parce que l'accès au crédit leur était
littéralement refusé. Ceux ci avaient pourtant des métiers convenables et utiles pour la société
; ils tenaient à organiser de très petites entreprises, mais manquaient de capital et ne
pouvaient pas l'emprunter aux institutions officielles. S'ils empruntaient aux usuriers, ils
devaient alors payer des taux d'intérêt si exorbitants ( environ 20 à 40% par mois en 1990, à
HoChiMinh-Ville) que toute installation semblait impossible. Cette situation ne pouvait donc
atténuer le chômage. A partir de cette prise de conscience et malgré de nombreuses difficultés
durant cette période, nous avons envisagé de créer une banque spécialisée pour les petites
entreprises dont le Fonds d'Assistance aux Pauvres pour l'Emploi est une illustration
préliminaire497 .
cours de cette réunion. le représentant du CGAP a déclaré ne plus financer à la "Banque pour les pauvres vIetnamiennes".mais lU! prodiguera des conseils techmques pour remédier à ses problèmes.
497 TRAN Anh-Tuan 1993b pp 92-95TRAN Anh-Tuan. 1996 p 43
313
Le Fonds d'Assistance aux Pauvres pour l'Emploi (Fonds CEP; CEP Fund : Capital Aid
Fund to Employment for the Poor) a été créée par notre décision ( Décision N°7/QD.SLC le
10 août 1991 du Directeur de la Société SLC) et par la Décision N°6l O/QD-UB du Comité
Populaire de HoChiMinh-Ville. C'est la première institution au Vietnam qui donne l'accès au
crédit pour l'emploi sans exiger de garantie réelle, et jusqu'en 1993, ce fut la seule institution
visant cet objet ayant été approuvée officiellement par les autorités498.
Jusqu'en décembre 1994, le Fonds d'Assistance présentait les caractéristiques suivantes: Le
capital s'élevait à 5 milliards de dongs (soit 2,5 millions de francs), quatre agences avaient été
créées et 5.550 prêts avaient été octroyés. Le montant moyen de ces prêts était de 1.300.000
VND et taux de remboursement était de 100%499.
Le Tableau 7 montre la répartition du montant de crédit selon les branches d'activités en 1992
et 1993 de ce Fonds.
On observe que le CEP finance essentiellement les petites activités urbaines et semi-urbaines.
La petite industrie occupe un ratio modeste, puisque le montant de crédit octroyé par le Fonds
ne correspond pas aux besoins de ces activités.
Pendant les deux dernières années, le Fonds s'est développé très rapidement. Pour dix
premiers mois de 1996, le Fonds a octroyé des crédits à plus de 12.000 emprunteurs d'un
montant moyen de 150 USD. Le taux de remboursement est de 98%500. Pour l'année 1996, le
nombre d'emprunteurs a atteint plus de 16.000.
498 Celle observallon est parue dans un article du Journal "La Jeunesse" (HCMV) en Mai 1993
499 CEP Fund. 1993.
CEP Fund. 1995
500 Thal Bao Kmh Te Saigon N° 42-96 Du 17/10 au 23/10/96.
314
Tableau 7 : La répartition du montant de crédit du Fonds CEP selon les branches
d'activités en 1992, 1993 et 1994, en pourcentage.
Branche d'activité 1992 1993 1994
Services 12,5 15,6 15,6
Commerce 19,3 23,5 31,6
Elevage 55,8 54,6 46,4
Agriculture 1,4 2,1 2,0
Pêche 1,2 1,3 0,8
Petite industrie 2,8 2,6 3,3
Divers 7,1 0,4 0,3
Total 100,0 100,0 100,0
Sources:
CEP. 1993.
CEP. 1995
B. Oreanisation-eestion du Fonds501
Le Fonds a commencé à fonctionner à partir de juillet 1991. Au début, le Fonds ayant un
budget très modeste. la société S.L.e. l'aidait par la mise à disposition de ses locaux,
matériels, personnels. Depuis novembre 1991, après la décision N° 610 QD-UB du Comité
Populaire de HoChiMinh-Ville, il a été organisé et géré à travers les statuts approuvés par ce
Comité. La présentation suivante en est tirée.
50\ Voir ':gakment notre m':mOlre de DEA (TRAN Anh-Tuan. 1993b) pp 95-98
315
1. Objectif et structure d'organisation du Fonds.
(a) Objectif du Fonds. Le Fonds CEP est une organisation à but non lucratif qui
vise à servir les familles pauvres, aussi bien rurales qu'urbaines. 11 délivre aux pauvres de
petits crédits sans garantie, pour des activités rentables. Au travers de l'activité d'assistance en
crédit aux pauvres, il vise également l'augmentation à la fois de l'autogestion et de l'entraide.
(b) Structure d'organisation du Fonds. Le Conseil d'Administration du Fonds est
composé de 5 à 9 membres. La société SLC, la Confédération du Travail et le Service des
Activités sociales de HoChiMinh-Ville sont des membres de droit. Les autres membres sont
choisis panni les organismes ou particuliers qui l'aident. La durée des fonctions du Conseil
est de 4 ans. Le Conseil d'Administration désigne le Directeur qui gère le Fonds et le
commissaire aux comptes qui surveille et contrôle les activités du Fonds.
2. L'Organisme Responsable Concerné CORC).
(a) l'ORC comprend les confédérations du travail des districts.
(b) l'ORC est chargé de renseigner les candidats et d'en établir une liste, il
s'engage à percevoir les remboursements de l'emprunt et de l'intérêt le cas échéant et de les
déposer au Fonds.
(c) l'ORC a le droit de choisir le candidat et proposer à la fois la somme
pouvant être empruntée et la modalité de remboursement en fonction de chaque cas; il
participe au Conseil d'Examen.
316
C. Les principes de la constitution du capital et de la délivrance de crédit.
Le capital du fonds est constitué par des aides non remboursables ou partiellement
remboursables des organismes internes ou externes au pays. En mars 1995, la part du capital
provenant de l'étranger représentait 13%. La délivrance de crédit est basée sur des principes
suivants:
1. Les clients du fonds sont constitués uniquement de familles pauvres.
2. Le crédit est seulement accordé pour des buts de création d'emplois rentables et pas
pour des buts non rentables (le mariage, le deuil).
3. Le personnel du Fonds doit bien renseigner les pauvres sur le but, les principes et les
démarches. Ces derniers, après les avoir bien compris, se choisiront et se réuniront en
groupes d'autogestion (de 3 à 5 personnes). Chacun dans le groupe surveille l'un - l'autre
pour l'utilisation et le remboursement des prêts.
4. Les groupes peuvent être mixtes.
5. Les réunions des centres sont organisées mensuellement.
6. En cas de bon remboursement, le groupe peut réemprunter.
7. Les emprunteurs potentiels du Fonds sont:
- Des pauvres n'ayant pas encore d'emplois stables mais capables de créer des emplois
s'ils acquièrent un petit capital.
- Des pauvres ayant des emplois peu stables et ayant besoin d'un petit capital pour
stabiliser leur situation.
- Cadres et personnels ayant peu de revenus, désireux de s'organiser pour augmenter
leurs revenus.
- Cadres ou personnels retraités ou licenciés.
8. Les conditions nécessaires pour accorder du crédit:
- Les personnes citées ci-dessus sont capables de créer des emplois mais n'ont pas de
capital.
317
- Elles se sont organisées en groupes d'autogestion de 3 à 5 personnes.
- Elles s'engagent à utiliser l'emprunt pour la création d'emplois rentables.
- Elles s'engagent à contribuer à l'épargne du groupe pour s'entraider si nécessaire.
- Elles comprennent bien et acceptent tous les règlements du Fonds en matière de
remboursement et d'autres termes concernés.
- Chaque membre du groupe doit surveiller l'un - l'autre dans l'utilisation du prêt et dans
le remboursement.
9. En matière de somme empruntable, taux d'intérêt, remboursement.
- La somme empruntable ne dépasse pas 1.000.000 dôngs pour chaque emprunt ( en
avril 1993, 1 USD = 10.500 dôngs ). Depuis 1993, cette somme a été augmentée.
- Le taux d'intérêt change en fonction de la somme, la durée de remboursement et la
façon d'échelonner, mais ne dépasse pas 2,5% par mois.
- La façon de rembourser dépend des caractéristiques de chaque affaire le
remboursement peut se pratiquer par jour, par semaine, par mois ou par semestre.
- La durée de remboursement ne dépasse pas 12 mois.
- En cas de retard du remboursement d'un emprunt, son groupe doit prélever de son
fonds d'épargne pour rembourser et l'intéressé doit le repayer ultérieurement.
- En cas d'impossibilité de remboursement d'un emprunteur et de son groupe,
l'organisme responsable concerné (ORC) doit rembourser le Fonds.
Il est évident qu'en comparaison avec notre projet de Fonds CEP en 1989 et en 1991, la
banque BVPE proposée dans cette présente étude a été entièrement modifiée pour s'adapter
aux petites entreprises. Mais le but général du projet n'est pas changé: c'est la création d'une
banque commerciale spécialisée pour les petites entreprises vietnamiennes, le sous-secteur
économique occupe une position très importante dans la transition de l'économie du pays.
318
Malgré des progrès indiscutables, par rapport à l'avance des réfonnes, le système financier et
la micro-finance du Vietnam révèle beaucoup de faiblesses et inconvénients, vis-à-vis des
petites entreprises. Les legs de l'ancien système influent lourdement sur tous les aspects du
système. En bref, on peut en citer quelques-uns:
1. Tandis que le système financier infonnel s'est développé rapidement, notamment du
fait de la connivence entre usuriers et banquiers étatiques, l'actif total du système bancaire est
de l'ordre de 29 % du PIB (0911994), un ratio encore très bas par rapport aux autres pays de
l'Asie502 . L"'approfondissement" financier ("financial deepening"), représenté par le ratio
M3/PIB, est toujours bas. Ce chiffre a atteint 23 % pour le Vietnam en 1994, contre 140 %
pour la Malaisie, 110 % pour Singapour, 96 % pour la Chine, 75 % pour la Thaïlande, 47 %
pour l'Indonésie et 30 % pour les Philippines. Cela reflète le manque de confiance du public
dans le système bancaire et la faiblesse du système de paiement503 .
2. Les banques étatiques, grâce aux privilèges dont elles bénéficient de la part de
l'Etat, provoquent des dysfonctionnements du système. En outre, les banques étatiques
fonctionnent toujours d'après le principe de spécialisation opérationnelle et monopolistique.
Chaque banque contrôle en pratique presque tous les prêts dans son domaine, la concurrence
au sein du système bancaire est donc très faible504 . Les banques étatiques sont aussi habilitées
à gérer des programmes du crédit de développement, comme celui de la création d'emploi,
502 The World Bank. 1995a. p. II.
503 The World Bank. 1995a. pp. Il +99.
504 Par exemple. la Banque vietnamienne pour le Commerce Extérieur (BYCE. Yietcombank) est spécialisée pour lecommerce extérieur. la Banque vietnamienne de l'Investissement et du Développement (BYID) pour les Investissements à
319
celui du développement rural et celui de la réintégration des "boat people". Ce sont des
programmes dont le taux de crédit est toujours négatif. Dans bien des cas, une fois reçues les
nouvelles ressources de crédit, ces banques les transmettent aux agences locales. Au plan
local, les fonctionnaires ne s'intéressent pas à l'efficacité de ces ressources, ils ne prêtent donc
qu'à quelques entreprises ayant de "bonnes relations" avec eux, même si leurs affaires sont
mauvaises. L'efficacité des contrôles est très faible, notamment dans les conditions actuelles
de corruption massive. Les employés peuvent facilement violer la loi, prendre le pot-de-vin
ou bien participer aux affaires illégales et prêtent avec un risque très élevé.."505.
3. Le gouvernement central et les gouvernements provinciaux interviennent souvent
dans les activités opérationnelles des banques commerciales, pour imposer à ces dernières le
fait d'octroyer des crédits aux secteurs et entreprises "prioritaires" leur appartenant. Plusieurs
projets inutiles sont donc mis en place par les autorités provinciales, dans le but de faire des
bénéfices ou maintenir leur indépendance économique, sans se soucier de l'intérêt national.
Avec le mécanisme actuel, dans lequel toutes les entreprises (dont les banques) se situant sur
le territoire d'une province doivent être dirigées par l'appareil du Parti de cette province, les
banques peuvent difficilement refuser leurs demandes.
4. Les lacunes du système juridique empêchent les opérations des banques. Par
exemple, pour emprunter de l'argent, un bien immobilier peut être hypothéqué au profit de
plusieurs banques simultanément506 .
long terme. la Banque vietnamienne de l'Industrie et du Commerce (BVIC, Incombank) pour les échanges domestiques del'industrIe et du commerce. et la Banque vietnamienne de l'AgrIculture (BVA) pour les actiVités agricoles.
505 LE Vlet Duc: 1996.
506 LE Vlet Duc. 1996
320
5. L'organisation du système bancaire reflète également le cloisonnement à l'intérieur
du système. Étant donné que le marché interbancaire est encore très faible et que l'intérêt des
banques étatiques dominantes n'est pas toujours celui déterminé par "la loi du marché", les
ressources des capitaux domestiques et étrangers dans les banques excédentaires ne sont pas
transférées efficacement aux banques déficitaires.
6. En raison du manque de confiance du public dans le système bancaire, surtout au
niveau du paiement, le moyen essentiel de transaction est toujours l'espèce. Le chèque n'est
pratiquement utilisé que dans le secteur public. Le manque de liquidités est donc un
phénomène courant; cela fait monter le degré de "dollarisation" de l'économie et empêche
l'activité des entreprises, particulièrement celle des petites entreprises.
7. La contribution du crédit bancaire dans l'économie est très modeste par rapport aux
pays voisins et aux besoins de l'économie. Le mécanisme de création monétaire, qui pourrait
être utilisé pour financer l'économie, a été paralysé. Le secteur privé et le sous-secteur des
petites entreprises sont des victimes directes de cette situation.
8. L'épargne domestique, l'un des leviers les plus importants du développement
durable, n'a pas été utilisée pour l'économie. La collecte de l'épargne fait face à beaucoup
d'obstacles persistants et attendent de grands changements politiques pour se développer507 .
507 Selon" TUai Tre" (Revue de la Jeunesse. le 17102/97 et le 11103/97). aujourd'hui l'épargne augmente sans cesse tandiSque l'épargnant ne Salt pas où Il peut s'investir. "Le Vietnam est en train de manquer du capital tandis qu'il se couche surl'or".En 1996. le capital à moyen et à long terme à Investir n'a occupé que 9% du total des fonds mobilisés par le systèmebancaire Cité par. Olen Dan Forum N° 62. Avnl 1997
321
9. Quant aux programmes de micro-crédit, bien que le marché soit énorme et que le
taux de remboursement des emprunteurs est élevé (95-100% dans la plupart des cas), ces
programmes, ainsi que le système bancaire lui-même, font constamment face au risque de
faillite, en raison du manque de transparence, des taux intérêt arbitraires, les blocages
institutionnels et organisationnels, l'intervention irrationnelle du Parti et du gouvernement
dans les programmessos.
10. A l'intérieur du système bancaire, le problème le plus grave réside dans la qualité
du personnel. La corruption et le manque de compétences conduisent souvent à la violation
des réglementations bancaires. Déjà les "signes d'une tempête" provoquée par une politique
de crédits prioritaires réservés aux grandes entreprises-, notamment grandes entreprises
d'Etat, se font sentir. En avril 1997, on estime à plus d'un milliard d'USD la dette cumulée
des entreprises étatiques (et de certaines grandes entreprises privées) subie par le système
bancaire vietnamien. En se souciant d'une chute du système, par la propagande d'information,
le gouvernement a interdit à la presse de publier les informations concernant les banques,
sans autorisation de leur part ou de la part de la Banque d'EtatS09 . Tandis que le gaspillage
s'est poursuivi sans discontinuer dans les grandes entreprises inefficaces économiquement et
socialement, les petites entreprises, pourvoyeuses d'emplois, manquent gravement de capital:
telle est l'une des clés de la problématique du financement des petites entreprises au Vietnam.
La liste non exhaustive précitée des points faibles du système bancaire traditionnel illustre ses
inconvénients vis-à-vis du financement des entreprises, surtout des petites entreprises. La
508 VOir également· r'/etnam - ,lt,llcrofinanclng after the Global Summll 1997 Chamber World Network InternatIOnal LtdSources ASla Intelligence Wire International Market Inslght Reports. 31/03/97 http //www soc titech ac. jp/titsoc/higuchilab/icm/icm.html.
509 Tran To Tu. 1997.
322
demande de changement est urgente, tant au niveau macro qu'au niveau micro-économique.
Dans l'objectif d'y contribuer, nous essayerons de présenter, dans le chapitre suivant, un
certain nombre de propositions concernant l'un des domaines clé de l'économie : le
financement des petites entreprises.
Cao Si Kiem. 1997.RadIO France Internationale. 07/04/1997
323
CHAPITRE VI : LES CONDITIONS POUR LE
FINANCEMENT DES PETITES ENTREPRISES
VIETNAMIENNES.
LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES D'UN MODE DE
FINANCEMENT EFFICACE.
La réalité du financement des petites entreprises, tant dans les pays en développement que
dans les pays développés durant ces deux dernières décennies, a montré que la garantie réelle
est l'une des formes de garantie, mais elle n'est ni irremplaçable ni obligatoirement la
meilleure. Tout dépend de la façon d'organiser le processus de l'octroi de crédit (facteur
interne) et de l'environnement dans lequel l'entreprise se trouve (facteur externe). Si ces deux
facteurs, interne et externe, sont adéquats et compatibles, les autres formes de garantie se
fondent sur la confiance, sans laquelle aucune garantie réelle ne pourrait s'appliquer. Ces
formes de garantie alternatives sont en faveur d'un certain nombre de petites entreprises qui
manquent de biens à garantir en demandant du crédit.
Le choix des formes de garantie alternatives, fondées sur la garantie sociale ou la confiance
entre les personnes, est plus réaliste dans l'ère de la communication, où les distances sont de
plus en plus réduites, où les gens sont de moins en moins éloignés et où l'image d'une
personne et la crédibilité d'un entrepreneur, ainsi que l'image de son entreprise, deviennent de
plus en plus faciles à identifier. Perdre de la crédibilité, de la confiance, ou avoir une
mauvaise réputation. est probablement plus défavorable que de perdre de l'argent, puisque
l'entrepreneur ne pourra plus agir comme entrepreneur, s'il n'a plus la moindre crédibilité.
324
C'est pourquoi il doit tout faire pour la conserver: d'où le fondement pratique des garanties
établies sur la garantie sociale ou de la confiance dans une ère de communication.
Malgré l'émergence de cette nouvelle "industrie bancaire", son application au financement
des petites entreprises dans les pays en transition, dont le Vietnam, est encore timide51O• Les
legs du passé, le retard des réformes politiques et économiques, ainsi que la méconnaissance
du nouveau positionnement de la petite entreprise dans l'économie moderne et du rôle qu'elle
joue dans les économies en transition, sont les causes principales de cette situation5ll . Par
ailleurs, au Vietnam, au-delà de ces contraintes, il faudrait ajouter les difficultés
particulières: la survivance des points de vue étroits et le manque de démocratie dans le
recrutement, la formation et l'utilisation des ressources humaines (voir chapitre III)
empêchent la mise en place d'institutions politiques indépendantes, l'une des conditions de la
viabilité financière de telles institutions.
Dans ce chapitre, en se basant sur les conclusions tirées des chapitres précédents, nous
tenterons de présenter un certain nombre de propositions concernant les conditions macro-
économiques et institutionnelles, indispensables pour mener à bien la mise en place
d'institutions finançant les petites entreprises, celles relatives à la mise en place d'une telle
institution et enfin, les impacts socio-économiques de l'application du nouveau mode de
financement des petites entreprises au Vietnam.
510 En Chine. si le succès des "entrepnses communautaires et VillageOIses" (ECV) est ,vtOlre (vo:r chapitre 1), la microfinance destinée aux micro entrepnses et au secteur Informel est au contraire très en retard par rapport au mouvement et auxénormes demandes de ces clIentèles. Voir par exemple les documents concernant la micro-finance en Chme chez:hllp://www.soc lItech ac Ip/tllsoc/hlguchl-Iab/icm/icm.html.Comme au Vietnam. cet état de l'ail peut s'expliquer par le facteur "externe" "environnement politique et institutionnel n'yest pas très favorable.
511 Voir CCET. 1996
325
SECTION 1 : PROPOSITIONS CONCERNANT LES CONDITIONS
MACROECONOMIQUES
ET INSTITUTIONNELLES.
Par rapport aux pays en développement et notamment aux pays développés, les pays en
transition ont un plus grand besoin de création d'institutions financières spécialisées pour les
petites entreprises. En effet, au niveau du contexte socio-économique, le changement
structurel crée de nouvelles opportunités, le chômage est élevé, le bénéfice des entreprises est
fort et l'écart entre les ressources de crédit et les besoins est considérable. Contrairement aux
pays développés, de par la faible proportion de grandes entreprises, les petites entreprises,
dans les pays en transition, ont plus de facilité à atteindre leur viabilité fmancière. Les
institutions financières spécialisées peuvent focaliser leurs efforts sur les entrepreneurs qui
possèdent des compétences techniques et/ou connaissances sur le marché et qui veulent avoir
une carrière plus libre, plus aisée. Les entrepreneurs les plus performants peuvent devenir les
acteurs les plus dynamiques de la croissance économique du pays, les moins performants,
assurer la garantie d'un minimum vital pour leur famille512 . La diversité des entrepreneurs,
ayant accès au crédit, donne à de telles institutions de grandes opportunités de marché et peut
leur permettre d'atteindre plus facilement une viabilité financière.
Sur le plan des ressources, entre autres, les aides multilatérales et bilatérales qUi sont
accordées à ces pays peuvent être orientées vers ces institutions; le niveau d'études
généralement élevé de la population et la forte motivation des professionnels, fournissent une
bonne ressource humaine5l3 . Le contexte des affaires, des pays en transition, fournit un bon
marché à de telles institutions, puisqu'il existe une grande possibilité d'entreprendre des
512 CCET 1996a. pp 19-22.
326
activités diverses à petite échelle et donc une grande demande pour de petites sommes de
crédit.
Dans tous les cas de figure, un modèle de financement, quelle que soit sa performance, ne
peut fonctionner s'il dispose d'un contexte économique et institutionnel trop défavorable.
Nous ne pensons pas que les modèles, tels que "Grameen Bank" au Bangladesh, "BancoSol"
en Bolivie ou "région industrielle" à la "Troisième Italie", pourraient aussi bien réussir s'ils
étaient organisés dans un contexte comme celui du Vietnam. La création des conditions
macro-économiques et institutionnelles, et d'un climat culturel favorable au développement
des petites entreprises dans les pays en transition, est donc indispensable pour pouvoir mener
à bien un tel projet.
J. Conditions macro-économiques et institutionnelles.
En contrepartie des conditions objectives favorables au développement des petites entreprises
dans les pays en transition décrites ci-dessus, ce développement s'est heurté à certains anciens
points de vue. Premièrement, la tendance préférentielle à l'industrie lourde et aux grandes
structures technocratiques sous l'ancien système, l'admiration qu'ont les politologues des pays
en transition pour les grandes entreprises des pays riches depuis la transition, conduisent
ceux-ci à mésestimer les petites entreprises. Deuxièmement, spontanément, les entreprises
d'Etat et l'appareil concerné n'appuient pas le développement du secteur privé représenté pour
la majeure partie par les petites entreprises privées, afin de ne pas être concurrencés par un
secteur plus dynamique yue le leur514 . Bien qu'on note partout le développement de la petite
propriété, par la création de petites entreprises autorisées dans le cadre de la libération des
513 CCET. 1996 pp 19-22
514 Voir également l'aVIS de B. Sefer sur ce sUIet Benslav SEFER. 1992.
327
activités ainsi que par la "petite privatisation""515, cette émergence est spontanée plutôt
qu'organisée ou orientée. Troisièmement, dans les pays où l'allergie au secteur privé et à la
privatisation est un des points clés dans les politiques économiques, comme le Vietnam, la
petite entreprise - entreprise individualisée - n'est toujours pas réellement encouragée (voir le
chapitre IV pour le cas du Vietnam).
La question est donc la suivante: dans un contexte politique aussi défavorable, est-il
envisageable de créer une institutions pour favoriser "l'individualisme" ?
En définissant la petite entreprise comme une "entreprise individualisée", nous voudrions
mettre en valeur l'essentiel de cette catégorie d'entreprise: l'initiative privée et le moteur de
l'intérêt individuel qui, partout mais notamment dans les pays en transition, répondent aux
besoins du marché tout en développant l'indépendance des individus vis-à-vis de l'Etat et la
société civile.
Notons qu'au Vietnam, avant les réformes, la notion d"'individu", dlllindividualisme" étaient
considérée comme quelque choses de très mauvaises moralement; celle de "collectivité", de
"collectivisme" étaient au contraire très respectées. Cela semble 2nécessaire pendant la guerre
mais ne le semble pas pendant la paix. Curieusement, les leaders vietnamiens soulignent
toujours l'importance de la lutte contre l"'individualisme"-, considéré comme la cause des
maux de la société vietnamienne actuelle (la corruption, l'indifférence de l'intérêt social).
Deux questions se posent:
J. Est-ce que ["'individualisme" ou, au contraire, le manque d'un individualisme
"organisé", "orienté" qui en est vraiment coupable?
515 Problèmes économiques. N. 2.490. 16 Octobre 1996 pp. 6-8.
328
2. Quelle est la véritable position des entreprises individualisées vietnamiennes dans
l'idéologie dominante au Vietnam actuelle?
Pour pouvoir développer le secteur des petites entreprises, il faudrait d'abord se dégager des
legs des anciens points de vue, et créer des conditions macro-économiques favorables au
secteur privé et à la petite entreprise. En voici les plus importantes:
1. L'amélioration des droits de propriété. Les droits de propriété sont l'ossature de
l'économie de marché. Tandis que la plupart des NEI (Nouveaux Etats Indépendantes) et des
PECO (Pays d'Europe Centrale et Orientale) ont renforcé et élargi le champ de la propriété
privée, au Vietnam (et en Chine), la tendance semble contraire. Bien que les particuliers et
les petites entrepreneurs puissent prendre des baux à long terme, la propriété d'Etat est
toujours souveraine. Dans ces deux pays, l'accès à la terre qui est toujours dans la main de
l'Etat est très difficile à obtenir pour les entreprises privées urbaines, notamment celles qui ne
possèdent pas des ressources financières suffisantes et « des relations» nécessaires.
Comme nous avons expliqué dans le chapitre III, que la propriété soit étatique ou non n'est
pas en soi le problème principal. Une telle propriété publique n'exclut pas l'existence de
droits d'usage, et pouvant s'échanger sur un marché. Pour peu qu'un tel marché existe et soit
transparent.
En pratique, au Vietnam, un des grands problèmes des petites entreprises urbaines est le
manque de sécurité de jouissance du terrain et des locaux. La plupart d'entre elles occupent
un terrain sans titre de propriété ou en contrepartie d'un loyer élevé. Aucune mesure
concernant ce problème n'a été adoptée, essentiellement en raison des politiques menées pour
329
privilégier les entreprises d'Etat. Les terrains et locaux sont accordés essentiellement par ces
dernières et par un petit nombre de grandes entreprises privées. L'égalité de l'accès aux
locaux n'existe pas. Les petites entreprises ont de grandes difficultés à résoudre ce problème.
Donc, dans ce pays, les droits de propriété (et les droits en découlant) dans l'ensemble de
l'économie devraient être rapidement améliorés. Le changement des mentalités sur la
propriété privée, vers le respect et la protection de cette forme de propriété qui conduira à une
sécurisation du secteur privé et à une réduction considérable de la taille du secteur d'Etat, est
indispensable. Au niveau de l'accès aux locaux, l'égalité entre entreprises publiques et
entreprises privées, notamment petites entreprises, est nécessaire. La simplification des
procédures d'obtention des titres fonciers, favorisera les petites entreprises par rapport aux
plus grandes516, devrait être réalisée.
2. Le renforcement de la capacité de l'appareil juridique. Pour bien définir et respecter
les règles du jeu de marché, sécuriser les relations commerciales et lutter contre la corruption
en faveur des entreprises, la réforme des institutions juridiques dans les pays en transition est
indispensable. L'élaboration et la modification des lois concernant les activités d'affaires est
nécessaire et son application devra alors être respectée. Du côté des tribunaux, leur pouvoir et
leur capacité de juger objectivement, et de faire appliquer leur sentence, devraient convaincre
le milieu d'affaires. L'intervention de l'Etat ou du Parti, dans les tribunaux, doit être
supprimée. Il s'agira d'établir un cadre juridique favorable au développement du secteur privé
pour guider la pratique dans certains domaines:
(a) Les contrats. Le manque de confiance dans les mécanismes d'exécution de
contrats en raison de l'incompétence des tribunaux limite le~ activités des entreprises. "Mais
la limitation des opérations contractuelles n'est que l'une des conséquences de cet état de
516 BIT 1995 pp 26-27
330
choses. Ce qui est plus grave, c'est que cette carence du système judiciaire peut conduire à
l'emploi de moyens de coercition violents, comme ceux de la mafia, qui ébranlent encore
davantage la confiance"517.
Au Vietnam, la faiblesse dans l'exécution des contrats affecte particulièrement les petites
entreprises qui, en raison de leurs faibles ressources, se sont toujours positionnées plus
défavorablement que leurs partenaires contractuels. Cette faiblesse est également l'une des
causes pour lesquelles un certain nombre de petites entreprises ont choisi arbitrairement le
mode informel pour une partie ou la totalité de leurs activités.
(b) L'adoption d'un droit des sociétés moderne, comme d'autres réformes
juridiques, constitue un changement radical pour les gouvernements des pays en transition
dont "le rôle est non plus de contrôler l'activité économique, mais simplement de la faciliter.
Les droits des sociétés doivent établir un juste équilibre entre deux objectifs souvent
contradictoires: la souplesse et la protection. Les propriétaires et les dirigeants d'entreprises
doivent avoir une marge de manœuvre aussi large que possible pour organiser leurs activités,
mais le public, y compris les investisseurs, les employés et les autres parties intéressés, doit
être protégé contre les malversations et les erreurs de gestion. (...). La tension entre souplesse
et protection pose des problèmes particuliers dans les pays en transition"518.
Au Vietnam, au nom de la protection, les formalités d'enregistrement d'une nouvelle
entreprise se fait normalement en plusieurs mois, limitant les nouveaux venus, notamment les
petits entrepreneurs, et constituent des sources de corruption. C'est une autre raison qui
pousse les petits entrepreneurs à rester dans l''' informalité".
517 Banque mondiale. 1996 p 109.
518 Banque mondiale. 1996 p 109
331
(c) Le droit de la concurrence. Héritant une structure industrielle
monopolistique ou oligopolistique, de nombreux gouvernements des pays en transition
"continuent d'ériger des obstacles au commerce par le biais de droits de douane et de
contingents à l'importation, de taxes sur les exportations ou de restrictions à la circulation des
produits entre provinces, imposées par les autorités locales"sI9. Ces traditions et ces pratiques
anticoncurrentielles pénalisent surtout les petites entreprises. Au Vietnam, l'organisation de
grands groupes d'entreprises étatiques-, destinés en principe à améliorer la compétitivité de
ces entreprises nationales vis-à-vis des grandes entreprises étrangères-, bénéficiant de
nombreuses priorités, peut aggraver l'inégalité entre grandes et petites entreprises nationales,
entre secteur étatique et secteur privé. Si cette réorganisation est nécessaire, il faudrait la faire
de façon à ce que toutes les entreprises, publiques et privées, grandes et petites, puissent se
réunir de manière égalitaire, non sur la base de la propriété, mais sur les demandes objectives
du renforcement financier, technologique ou de marché.
(d) Le respect de la propriété intellectuelle. Le non-respect des lois en matière
de propriété intellectuelle dans les pays en transition entrave les innovations technologiques,
non seulement pour les entreprises occidentales, mais aussi pour les petites entreprises
nationales innovantes. À titre d'exemple, une enquête sur la piraterie des logiciels
informatiques dans le monde montre qu'au Vietnam 99% des logiciels utilisés sont
illégalement copiés, ce chiffre est de 96% en Chines2o. Comment les petites entreprises
nationales fabriquant des logiciels peuvent-elles alors protéger leurs innovations?
S19 Banque mondiale 1996 p III
520 Radio France internationale (RFI). Programme Vietnamien Le 31 Décembre 1996.
332
3. Le renforcement de la capacité du système bancaire. Nous avons analysé cette
matière de façon approfondie pour le cas du Vietnam dans le chapitre V. Pour l'ensemble des
pays en transition, afin de bien développer le secteur privé et son sous-secteur des petites
entreprises, le système bancaire actuel - chargé d'un lourd héritage d'impayés - devrait être
rénové. En effet, une des fonctions de la transition de l'économie planifiée à l'économie de
marché est la redistribution à grande échelle des ressources et de la propriété, qui, à leur tour,
font changer radicalement la physionomie de la société. Cette fonction aurait dû être facilitée
par un système financier et bancaire efficace. Mais actuellement les systèmes financiers des
pays en transition ne peuvent pas remplir cette fonction parce qu'ils sont composés de
banques d'Etat passives, dont beaucoup sont dans une situation très précaire; les moyens
d'évaluation des risques d'insolvabilité sont limités; il n'existe pas de réglementation
financière, d'institutions d'appui essentielles et de marché de capitaux521 . Les techniques
bancaires courantes, comme la gestion des risques, l'évaluation et la sélection des projets et
l'utilisation d'instruments diversifiés pour attirer l'épargne, ainsi que la fonnation d'un
contingent de banquiers compétents et bien payés pour limiter les dérives, sont encore très
faibles. "Le maintien de banques d'Etat spécialisées dans le financement de certains secteurs
ou de certaines activités risque de perpétuer la répartition inefficace des ressources qui
caractérisait l'économie planifiée" 522. L'intervention de l'Etat dans les activités des banques
d'investissement est un autre aspect de l'inefficacité du système financier. En Chine par
exemple, le gouvernement fixe les taux d'intérêt pour les nouvelles banques d'investissement
public en fonction des objectifs de sa politique et non selon des critères commerciaux. Tout
cela favorise les grandes structures, en particulier celles étatiques, et au contraire, défavorise
les petites entreprises.
521 Banque mondiale 1996 p 118.
522 Banque mondiale 1996 p 126.
333
La conception de nouveaux types d'intermédiaires financiers adaptés au contexte des pays en
transition est fortement recommandée, dans la mesure où ils pourront valoriser la fonction de
création monétaire pour contribuer à résoudre le problème du manque de capital523 , collecter
de l'épargne pour financer l'économie et orienter le crédit vers le secteur privé dont une part
importante devrait être alloué à son sous-secteur des petites entreprises. Dans le cas du
Vietnam, la possibilité de transformer les banques d'Etat et les programmes de financement
subventionnés en banques privées ou autres formes d'intermédiaires plus efficaces serait
conseillée. La formation d'un nouveau contingent de banquiers adaptés, la modernisation du
système en informatisant et en automatisant, sont aussi des politiques préconisées, non
seulement pour améliorer la qualité des services bancaires, mais aussi pour augmenter la
compétitivité et la rentabilité financière des institutions elles-mêmes.
4. La mise en place des réseaux de services visant à servir les petites entreprises. À
partir de maintes expériences réussies d'organisation de réseaux d'appui destinés aux petites
entreprises dont les "régions industrielles" en "Troisième Italie" (voir chapitre 1), dans les
pays en développement ainsi que dans les de l'Europe de l'Est, les centres de développement
des entreprises qui fournissent une série de services aux petites entreprises connaissent une
croissance rapide : les services d'informations, les conseils en matière de recherche, les
essais et mesures de la qualité, la conception, le conditionnement, l'organisation de réseaux
d'entreprises, l'amélioration de la productivité et les conditions de travail. À titre d'exemple,
le programme PHARE a permis la création en Pologne de 32 centres d'informations et
d'appui aux entreprises qui côtoient 119 chambres de commerce autonomes destinées aux
PME. Parmi ces réseaux d'appui. on trouve les centres d'équipements collectifs qui
appartiennent généralement à un même secteur industriel et qui utilisent collectivement des
523 Equilibrer deux obJectifs contradltOires la création monétaIre des banques commerciales et le contrôle de l'mflationappartient à la Banque d'Etat Une façon passive de contrôler l'inflation n'est pas recommandée
334
équipements spécialisés, des services d'étude, des lieux de stockage de matériaux et des
installations destinées à la formation524 .
En outre, il y a, tant dans les pays développés que dans les pays en développement, des
pépinières d'entreprises, des zones de développement industriel, des technopoles, et de
nombreux programmes d'appui aux petites entreprises, tels les programmes visant à
encourager l'établissement de liens entre les entreprises, les programmes sectoriels pour la
promotion des PME, le franchisage, les programmes d'aide à l'intemationalisation525 .
Au Vietnam, ces services sont très sous-développés alors que les conditions pour mettre en
place les "régions industrielles" et les services aux entreprises sont présentes, notamment au
Sud du pays. À HoChiMinh-Ville par exemple, même avant 1975, il existait plusieurs
"arrondissements industriels" (les Vème, VIème et Xième arrondissements) dont la capacité
de production industrielle était comparable à celle de plusieurs provinces rassemblées.
Chacun de ces arrondissements comprenait une dizaine voire une vingtaine milliers de petites
unités manufacturières, dans presque tous les domaines industriels. Après 1975, le nouveau
régime a réorganisé ces arrondissements de façon bureaucratique. Cette réorganisation n'a pas
réussi à valoriser la potentialité de ces arrondissements et ni à résoudre leurs problèmes: la
pollution industrielle, les locaux, la coopération interentreprises. À l'instar des leçons tirées
de l'expérience de la "Troisième Italie", la possibilité de restructurer ces arrondissements, de
façon à mieux valoriser la capacité de chaque entreprise et encourager la coopération
interentreprises sur le plan technologique, de l'input et de l'output ainsi que du financement,
est réaliste. A titre d'exemple. la possibilité de mettre en place une ou plusieurs banques
commerciales spécialisées pour ces arrondissements est tout-à-fait envisageable. Ces banques
524 BIT. 1995 pp 52-56.CCET 1996a
335
organiseront certains services destinés aux entreprises: étude et évaluation des projets,
conseils au transfert ou changement de technologie, société de crédit-bail, financement à
l'export.
5. Les politiques concernant la fiscalité, la fonnation des entrepreneurs et le
financement. La politique fiscale est un autre aspect qui, dans plusieurs cas, pèse lourdement
sur les petites entreprises. Elle devrait être améliorée pour encourager l'investissement de ces
dernières et pour éviter le paiement sous table entre les petites entreprises et les agents
d'impôts, comme cela se pratique dans de nombreux pays en développement. Au Vietnam, la
politique fiscale laisse à désirer. D'une part, elle est trop compliquée, difficile à appliquer
pour les petites entreprises; d'autre part, elle est inefficace et encourage le fraude fiscale.
Dans les pays en transition, là où l'ancienne éducation excluait entièrement l'entrepreneur, et
où l'enseignement privilégiait l'accumulation de connaissances plutôt que leur application526,
la réfonne des politiques en matière d'enseignement et de fonnation devrait être orientée de
façon encore plus radicale. La promotion de l'esprit d'entreprise, de la créativité, de l'initiative
individuelle, de l'indépendance vis-à-vis de l'Etat doit être renforcée. Sachant que
l'entrepreneur préfère la fonnation pratique et se méfie souvent des approches théoriques, et
que les besoins en connaissances des petits entrepreneurs sont bien réels, "il conviendrait de
mettre en particulier l'accent sur la planification commerciale, l'organisation du travail, la
négociation des prêts, la gestion des achats et des stocks, la commercialisation et le contrôle
financier, la gestion du personnel ainsi que de l'hygiène et la sécurité du travail" 527.
Afin d'encourager le financement des petites entreprises selon l'approche commerciale, il
faudrait que le gouvernement continue à libérer le taux d'intérêt du crédit et de l'épargne. En
525 BIT 1995. pp. 57-78
526 Banque mondiale 1996 p 149
336
cas de nécessité, il faudrait permettre à des banques, telles que la banque vietnamienne pour
les petites entreprises, de pratiquer des taux d'intérêts suffisamment élevés pour couvrir leurs
frais. Le gouvernement devrait admettre que les techniques du crédit et de l'épargne pour les
petites entreprises puissent être différentes de celles des autres objets, par exemple, le
remboursement par échéance, l'épargne prélevée. Dans un certain nombre de cas, un cadre
juridique convenable est nécessaire pour protéger plusieurs types de prêts sans garantie
réelle.
La non-intervention de l'Etat dans les activités des banques commerciales est aussI une
condition fondamentale pour le financement des petites entreprises.
Nous avons également connu bien des échecs des programmes de crédits (notamment en
Afrique), dus à l'intervention non pertinente conduisant à l'abus des hiérarchies
d'exécution528. Quant à l'application de l'approche Grameen dans un certain nombre de pays
en développement, D.S. Gibbons conseille que "l'approche Grameen nécessite une économie
de marché et au moins une non-intervention des autorités politiques et des partis
politiques"529. Dans le cas concret de la Grameen Bank, la GB "a gardé son autonomie et, en
même temps, a obtenu l'aval des autorités; ce dernier est nécessaire pour demander des aides
ou des subventions de donateurs étrangers ou internationaux"530.
527 BIT. 1995. Annexe. p. 111.528 Un programme de crédit des pelites entreprises en Afrique des années 1970-80 tinancé par la Caisse Française deDéveloppement (Ancienne Caisse Centrale de Coopération Economique Française) (et la Banque Mondiale) parl'intermédiaire de la banque de développement des pays concernés a connu une grande fragilité selon laquelle "après 3 ans,la moitié des entreprISes financées sont en situation de déficit" (GRET. 1983. p.76). Bien des cas similaires sont égalementrépertoriés depuIs les années 1950 Jusqu'à la tin des années 1980. notamment en Afrique et en Amérique Latme (Voir:Michel BenOlt-Cattm. 1993 pp 1-18). On peut évoquer beaucoup de causes pour expliquer cette situation dont la mauvaisemterventlOn gouvernementale est l'un des principales.529 David S Gibbons. 1992. p 144
530 TRAN Anh-Tuan. 1993b. p.76
337
En bref, il est probable que la conclusion suivante de Sami Hiram, en étudiant le rôle du
système bancaire dans les pays en développement, soit acceptable: "Il faut limiter
l'intervention des autorités politiques dans le fonctionnement bancaire dans la mesure où cette
intervention oblige les banques à consentir des crédits à des débiteurs douteux surtout du
secteur public. Par contre, un contrôle du gouvernement est utile s'il a pour but d'orienter de
crédit bancaire vers les activités productives dans l'économie.. "531.
Au Vietnam, l'intervention inadéquate de l'Etat dans les affaires est un des gros problèmes.
Tantôt elle est absente, tantôt elle est trop présente. À titre d'exemple, les services destinés
aux entreprises qui ne peuvent pas s'effectuer sans soutien de la part de l'Etat sont toujours
négligés. En contrepartie, l'Etat intervient dans les activités d'affaires où les chefs
d'entreprises devraient décider et en être responsables: par exemple, l'octroi du crédit
privilégié aux entreprises d'Etat et grandes entreprises privées amène l'Etat ou les instances
juridiques à intervenir lorsque ces entreprises ne peuvent pas rembourser à temps leurs dettes,
ce qui ne pennet pas aux chefs d'entreprises de résoudre leurs problèmes. Cela va jusqu'à la
comparution devant les tribunaux pour affaire criminelle. Cette "criminalisation" des activités
d'affaires532 reflète un mécanisme d'intervention inefficace et non méthodique qui nuit au
milieu d'affaire jeune du pays.
6. Les principaux changements indispensables. Mais dans l'ensemble, la création (ou
l'amélioration) des conditions macro-économiques et institutionnelles favorables aux petites
entreprises devrait s'accompagner de changements dans l'idéologie: la redéfinition du
système des valeurs. le respect de l'homme et la reconnaissance de la liberté et de l'intérêt
individuels, la redéfinition du rôle de l'Etat - tout ceci est indispensable pour mettre en valeur
531 Saml HIRAM 1984 P 337.
532 LUU HAO. 1997
338
le capital humain et établir un véritable consensus politique et social, pour "créer le climat de
confiance nécessaire au bon déroulement des transactions, limiter les risques de corruption et
de délit, mobiliser et répartir les ressources" 533. Le secteur privé et les entreprises ne se
développent de façon saine et soutenable que sous ces conditions.
Revenons au cas du Vietnam, tandis que pendant ces dernières années, la stabilité
économique a été poursuivie, reflétée par une série d'indicateurs tels que taux d'inflation, taux
de change, taux de croissance économique, taux d'épargne et d'investissement, l'évolution
récente des politiques concernées adoptées par les autorités nous inquiète: la poursuite
persistante de l'ancienne idéologie; le refus de la démocratisation du système; la domination
du secteur étatique, tant dans le secteur financier que dans le secteur des entreprises;
l'ambiguïté des droits de propriété; la faiblesse du système juridique; l'opposition aux
nouvelles technologies de communication534 . En 1997, la secousse du système bancaire par
ses dettes non remboursables ainsi que le phénomène de désinvestissement étranger et
national seraient-ils des alarmes d'un tournant inévitable?
II. Création d'un climat culturel favorable aux petites entreprises.
Dans beaucoup de pays, qu'ils soient développés, en transition ou en développement, devenir
salarié dans une grande entreprise publique ou privée ou dans la fonction publique est
socialement valorisant. Avoir un poste dans une administration, une université, un institut de
533 James D. Wolfensohn. PréSident de la SM. Avant-propos de l'ouvrage De l'é"onomle plamfiée à l'économie de marché.Rapport sur le développement dans le monde Banque mondiale. Washington. 1996. 275 p..
534 Sous prétexte de la protection du régime contre la "fUite des secrets d'Etat". les "attaques de l'extérieur" et la "violationde la "culture traditionnelle" du peuple". les autontés reglémentent très rigoureusement l'utilisation de l'internet. Jusqu'àprésent (Avnl 1997). seuls les universités et les centres de recherche sont autorisés à l'utiliser, mais essentiellement pour leséchanges du courrier électronique Ces échanges ne sont pourtant pas directs. mais se font par l'intermédiaire des stations àSaïgon et à HanOl L'explOltatlOn des informations sCientifiques sur l'internet, est encore très difficiles même pour la
339
recherche est le but de nombreux jeunes diplômés; le fait de créer une entreprise n'est
souvent qu'un acte de survie, conditionné par le manque d'embauche dans ces premiers535 . En
Afrique, l'emploi dans une petite entreprise est souvent considéré comme un pis-aller ou un
tremplin pour travailler dans la fonction publique ou dans une grande entreprise. En
Indonésie, seuls 5% des diplômés ayant fait des études commerciales considèrent les
activités d'entreprise comme une option de carrière536.
Dans certains pays en transition en Europe de l'Est, l'ancienne mentalité, selon laquelle, la
source du développement se trouve dans l'Etat et non dans les initiatives privées a longtemps
prévalu; l'esprit d'entreprise et l'aptitude à prendre des risques sont très faibles, le "syndrome
de dépendance" est persistant537 .
Au Vietnam, cette mentalité existe également, maIS plutôt au Nord du pays. C'est
compréhensible, puisque le Nord est sous le "socialisme" depuis 1954 et le Sud, avant 1975,
disposait quand même d'une économie de marché.
Dans tous les cas, le succès des petites entreprises dépend non seulement de la compétence et
des caractéristiques socioculturelles de la couche d'entrepreneurs, mais aussi - et c'est peut-
être le facteur déterminant - de l'intervention des pouvoirs publics. Ces derniers peuvent
favoriser ou entraver le développement des petites entreprises538. Le succès de Nouveaux
Pays Industriels (NPI) asiatiques, par exemple, nous le montre539. Certains auteurs doutent
communauté sCientifique Vietnamienne. Quant à la société civile. c'est encore beaucoup plus lointain.
535 Sophie BOUTlLLlER 1994 pp 362-363
536 BIT. 1995. P 18.
537 Benslav SEFER. 1992Georges C PETRAKOS 1996
538 BIT. 1995. P 18.
539 Kenneth 0 RAMSING el al 1993.Attahir YUSUF 1995
340
même que l'esprit d'entreprise puisse se développer sans le soutien de facteurs extérieurs
favorables540. L'expérience du Vietnam illustre également cette observation.
Il conviendrait de souligner que, si le climat culturel de la société et la culture d'entreprise
sont particulièrement importants dans les pays en transition pour faciliter le développement
du secteur privé et des petites entreprises, il n'est pas évident que la privatisation d'une
entreprise publique puisse entraîner le changement de la culture de cette entreprise. En effet,
une étude comparative portant sur l'esprit d'entreprise entre deux pays en transition - la Chine
et la Russie - a montré qu'il existe une différence intéressante dans le changement de la
culture d'entreprise entre ceux-ci. En Chine, l'esprit d'entreprise qui a été créée depuis la fin
des années 1970 avec la création des "entreprises communautaires et villageoises" (ECV)
était essentiellement issu d'un environnement de compétition du marché. Par conséquent, la
culture d'entreprise est formée par cet environnement. Les "entreprises communautaires et
villageoises" chinoises sont donc profondément différentes des entreprises publiques, tant au
niveau organisationnel qu'au niveau de l'attitude vis-à-vis des risques et de la réaction aux
changements du marché. On y trouve un réel esprit d'entreprise. Par contre, une grande partie
des entreprises privées russes est issue de la privatisation des entreprises d'Etat; dans la
plupart de ces nouvelles entreprises privées, les managers maintiennent toujours leur rôle
ancien, et les relations interpersonnelles sont restées les mêmes. Il semble que cela explique
le développement plus lent de l'esprit d'entreprise en Russie qu'en Chine, et la différence
entre l'efficacité des "entreprises communautaires et villageoises" chinoises et celle des
nouvelles entreprises privatisées russes. Il paraît plus facile de changer les droits de
propriétés d'une entreprise que de changer la culture d'entreprise elle-même. Les entreprises
privatisées avec l'ancienne culture, l'ancien style de management et l'ancienne attitude vis-à-
540 Gary A Glamartmo 1991
341
vis des risques, ne peuvent pas être efficaces541 . Un changement dans la propriété est donc
nécessaire mais pas suffisant pour rendre viable et dynamique une entreprise. Cette leçon
serait utile pour la politique "d'actionnarisation" ("equitizationfl) des entreprises d'Etat au
Vietnam, qui prétend maintenir l'ancienne structure de l'entreprise transfonnée et donc ne
change pas sa culture.
En dehors de la compétitivité du marché, d'autres éléments paraissent indispensables pour
créer et encourager une nouvelle culture d'entreprise, de qualité et de productivité dans les
pays en transition: les récompenses solennelles réservées aux petits entrepreneurs ou jeunes
chefs d'entreprises ayant réussi dans la gestion de leur entreprise ou ayant su innover,
améliorer la qualité et/ou la productivité de leurs produits. L'intégration de la notion
d'entrepreneuriat à tous les niveaux du système d'enseignement et de fonnation afin que les
étudiants puissent acquérir les connaissances. Les compétences et les comportements liés à
l'esprit d'entreprise, peuvent être des moyens essentiels pour développer durablement la
culture d'entreprise et promouvoir l'image du chef d'entreprise542. Quant aux pays en
transition, ces mesures sont davantage encore nécessaires pour "décongeler" l'esprit
d'entreprise inactivé dans l'ancien système.
La fonnation de propriétaires-managers devrait être spécialement appuyée, car dans les
économies ex-socialistes. la notion de "management" n'avait pas la même signification que
dans les économies de marché. Les "managers" étaient fonnés essentiellement en techniques,
les connaissances en "affaires" étaient négligées543 .
541 Charles H MATTHEWS 1'( al 1996 p 80
542 BIT. 1995. p. 19
543 CCET 1996a. P 86
-
342
Au Vietnam, depuis quelques années, des "fonnations en gestion d'entreprise" ont été
organisées, dans les universités ou dans les centres de fonnation indépendants, avec ou sans
l'aide des pays développés. Cependant la qualité de ces fonnations reste discutable.
L'attitude de la population et les politiques gouvernementales vis-à-vis de l'innovation et des
nouvelles idées influent aussi sur le climat d'innovation - le cœur de l'esprit d'entreprise et le
succès. L'investissement important de Singapour dans l'intelligence artificielle est un cas
exemplaire544 .
SECTION II : NOS PROPOSITIONS.
Le succès de certains modèles de financement des petites entreprises, dans les pays en
développement, transmet aux pays en transition des leçons importantes, qui pourront être
reproduites avec des modifications pour les adapter à ces contextes. Le choix d'un public
emprunteur spécifique dépendra des caractéristiques du milieu d'affaires et de l'existence
d'autres institutions financières. Dans le cas du Vietnam, comme nous avons expliqué dans
les chapitres précédents, ce public sera composé d'entreprises individualisées n'excédant pas
de 50 employés dites "petites entreprises", y compris les vraies microentreprises (ou petites
entreprises potentielles). Elles sont différentes des activités de survie et des entreprises
socialisées (grandes entreprises).
Nous avons souligné, dans le chapitre II, que la fonne d'organisation de "banque
commerciale spécialisée" pour financer les petites entreprises dans les pays en transition
544 Kenneth D Ramsmg et al 1993. P 35
343
devrait être une des formes d'organisation privilégiées. Dans le cas du Vietnam, il existe
actuellement les banques et les fonds de financement destinés aux grandes entreprises, les
programmes de crédit agricole, une "banque pour les pauvres" (organisée et gérée par l'Etat)
et de nombreux programmes destinés aux pauvres, mais il n'existe toujours pas de mécanisme
de financement bancaire destiné aux petites entreprises non agricoles. Rappelons que ces
catégories de financement (destinée aux grandes entreprises, aux activités agricoles et aux
gens défavorisés) sont elles aussi peu efficaces (voir chapitre V). Tandis que le sous-secteur
des petites entreprises - reconnu comme "la base et le levier de développement"545 - manque
sérieusement du capital, les grandes entreprises privilégiées ont fait perdre à l'Etat environ 1
milliard d'USD546. La garantie classique, appliquée dans un contexte où le cadre
institutionnel est faible (comme celui du Vietnam), est la cause de cette catastrophe.
La petite production non agricole vietnamienne est également menacée par la contrebande,
par le manque de moyens pour le changement technologique, par l'insuffisance d'une main-
d'œuvre qualifiée et par la concurrence des produits importés et notamment par le manque du
capital. On parle de « l'effondrement de la petite production vietnamienne"547 qui peut
conduire à des conséquences graves concernant la souveraineté économique du pays. Une
nouvelle approche de financement pour sauver les petites entreprises au Vietnam paraît
urgente.
L'expérience internationale de la microfinance, les inconvénients du système financier
vietnamien à l'égard des petites entreprises, ainsi que les caractéristiques politiques,
économiques et culturelles du pays et, enfin, la position particulière des banques
commerciales dans les économies de marché (ses fonctions de création monétaire, sa capacité
dans la collecte de l'épargne, ses soutiens en faveur du crédit inter-entreprise) nous amènent à
545 Jugement de Thal Bao Kmh Te 5G1gon Décembre 1995.
546 Voir: Dien Dan Forum N° 64 Avn11997 LUU HAü 1997
•1111111111
344
proposer un nouveau mode de leur financement. Nous préconisons dans ce cas la forme
d'organisation de "banque commerciale spécialisée pour les petites entreprises".
Cette forme d'organisation devra être réalisée dès la création de l'institution, pour éviter les
difficultés graves d'une transformation ultérieure de l'approche sociale vers l'approche
commerciale, comme on l'a vu dans plusieurs pays. Prenons le cas de la BancoSol, qui a été
transformée avec succès d'une ONG (Prodem) en une banque commerciale. Malgré son
contexte économique, politique et juridique favorable et le succès de son prédécesseur
(Prodem), la BancoSol devait surmonter beaucoup de difficultés pour devenir une banque
commerciale rentable, dont les plus importantes étaient les pressions financières de la
transformation et de la croissance rapide ainsi que les demandes de changement en
management548. Au cas où les facteurs extérieurs posent également des problèmes, ce
processus de transformation deviendrait beaucoup plus difficile.
11
I. Créer la banque vietnamienne pour les petites entreprises
nécessaire et réaliste.
une proposition
11111111
Les expériences internationales, et celles tirées du système financier et de la micro-finance au
Vietnam dont le "Fonds CEP", nous permettent de faire les constatations suivantes sur la
nécessité de la création de la banque vietnamienne pour les petites entreprises:
1. La solvabilité des petites entreprises vietnamiennes. Similaire à ce que l'on observe
dans plusieurs pays en développement, à la condition que le financement soit organisé de
547 ThOl BaD Kmh Te SQ/gon (Saigon Economies Times) . N° Décembre 1995.
548 CGAP 1997. "The Challenge of Growth for Micro-finance Institutions: The BancoSol Expérience". Note N° 6, March.http'//www worldbank.org/htmJ/cgap/cgap html
345
façon méthodique et non subventionné549 et que l'environnement institutionnel apporte les
conditions minimales à le réaliser. Dans le contexte vietnamien, il est recommandé
d'appliquer, dès le début du fonctionnement de la banque, une approche complètement
commerciale.
2. La potentialité de l'épargne des entrepreneurs et celle des ménages vietnamiens.
Depuis longtemps, ces ressources, bien qu'énormes, ne sont pourtant pas mobilisées pour se
réinvestir dans l'économie, en raison du manque de confiance du public envers le système
bancaire55o. Il faudrait que celles-ci soient attirées vers l'investissement dans l'économie à
travers des institutions intermédiaires financières crédibles. Les expériences de la BancoSol,
de la Bri et d'autres institutions, ainsi que celle de la BVA au Vietnam, ont montré que la
possibilité de collecter de l'épargne à travers un système de financement décentralisé est
réaliste. La banque vietnamienne pour les petites entreprises, avec sa nouvelle méthodologie,
a la volonté de devenir un des centres collecteurs des épargnes du pays.
3. Corrélation positive entre l'intensité du capital (mesurée par le ratio "actif
total/travailleur") et la productivité du travail. Contrairement à ce qu'on pense normalement,
pour les petites entreprises vietnamiennes actuelles, il existe une corrélation positive entre
l'intensité du capital (mesurée par le ratio "actif total/travailleur") et la productivité du travail
ainsi que le niveau de salaire. Par ailleurs, il n'y a pas d'indication, selon laquelle, le capital
549 L'importance de la méthodologie dans les formes alternatives de crédit est indispensable. En effet, dans son étude sur lecrédit aux paysans pour leur accès aux intrants en Basse Casamance (Afrique) où le projet PIDAC (Projet Intégré deDéveloppement Agricole en Basse Casamance) subissait un taux de remboursement en 1984 de 59% seulement (par rapportà des taux de 90 à 95 vOire 100% dans presque tous les projets mis en place dans les pays asiatiques par exemple),Bonnefond a esllmé que le rôle de la méthodologie est capital (Philippe BONNEFOND. 1987). Bien que ce soit un projetportant sur le crédit rural et non pas le crédit destmé aux pelltes entreprises urbames, ce jugement est toujours valable.Puisque comme l'esllme G. D Ollatl. malgré la différence considérable entre la sItuation agricole des pays endéveloppement et la forme industrielle des "réglons industrielles" dans les pays développés, l'''aspect essentiel" des relationsSOCiales dont la confiance entre les gens dans les transacllons économiques est identique entre deux cas. C'est égalementcette confiance qUI permet d'octroyer du crédit aux petites entreprises sans garanlle réelle dans ces "régions industrielles" dela TroiSième italie. VOir G D. OTTATI. 1994.
550 The World Bank J',etnam An Agenda/or FlnanclG/ Sector Deve/opment. March 1995. p. Ii.
346
peut remplacer l'emploi. Il apparaît que le capital et l'emploi sont complémentaires et que
l'augmentation du capital peut engendrer un impact positif, non seulement sur la productivité
du travail, mais encore sur le nombre d'emplois créés551 .
Dans le contexte actuel, en appliquant une approche commerciale dans l'octroi du crédit aux
petites entreprises, une banque créée pour cet objectif peut assurer un bénéfice prometteur
pour ses actionnaires.
4. La formation de banquiers qualifiés. En ce qui concerne les ressources humaines, la
formation de banquiers qualifiés pour la banque vietnamienne, à destination des petites
entreprises, bien qu'ardue, semble possible. Au Vietnam actuel, si on propose un régime de
salaire comparable à celui des autres banques commerciales existantes et un style de travail
moderne, l'attirance et la formation d'une main-d'œuvre qualifiée ne seront pas difficiles.
Effectivement, notre expérience dans l'organisation et la gestion du Fonds C.E.P. et de
l'institution S.L.C. (<< Saigon Labour Company») au Vietnam avant 1992, montre qu'un
niveau élevé de salaire n'est pas le facteur unique pour attirer de bonnes ressources humaines.
Le style de leadership, le climat de travail, l'objectif organisationnel et notamment l"'idéal
social de l'entreprise" y jouent un rôle non moins important. Une entreprise ayant une
approche commerciale gérée de façon moderne, étant capable d'assurer un niveau de salaire
relativement raisonnable à son personnel et s'étant dotée d'un idéal social visant au
développement du pays, mobilisera certainement l'enthousiasme de son personnel.
II. Proposition concernant l'organisation et la gestion de la banque vietnamienne pour
les petites entreprises552
551 Per RüNNAS. 1993
552 Voir également· TRAN Anh-Tuan 1996
347
La banque vietnamienne pour les petites entreprises que nous proposons ne sera pas une
banque commerciale comme les autres cas; en effet, en dehors des fonctions propres à une
banque commerciale, elle assurera le financement des petites entreprises selon un mécanisme
souple et correspondant à leurs caractéristiques.
L'organisation de la banque sera le fruit d'une synthèse critique des enseignements tirés des
expériences internationales appliquées au contexte vietnamien. Il est évident que les principes
de base de l'organisation de la banque sont rigoureusement basés sur les réglementations
mises en vigueur par le gouvernement vietnamien et sur la réalité vietnamienne. Nous
raisonnons à partir d'hypothèses fondées sur une attitude mesurée et en les comparant à
l'expérience d'autres pays.
La banque commerciale spécialisée pour les petites entreprises au Vietnam (la BVPE) sera
organisée selon les principes suivants:
1. Statut. La banque vietnamienne pour les petites entreprises sera une banque
commerciale par actions, dont l'organisation et le fonctionnement observent la loi bancaire
vietnamienne. Le mot "spécialisée" signifie qu'en dehors des fonctions universelles d'une
banque commerciale, selon la loi, elle disposera des fonctions réservées aux entreprises
individualisées (petites entreprises et petites entreprises potentielles): octroi du crédit,
services bancaires aux petites entreprises - tels des services facilitant le crédit inter
entreprises, financement de l'innovation et de l'exportation des petites entreprises,
refinancement des petites entreprises vietnamiennes grâce à des ressources du gouvernement
et de l'extérieur du pays.
348
Le capital social de la BVPE sera constituée de la contribution des personnes physiques et
personnes morales vietnamiennes ou étrangères-, y compris celle des organismes
internationaux et des ÛNG. En dehors de la participation directe des actionnaires étrangers, la
forme des prêts participatifs est également envisageable.
La contribution des petites entreprises elles-mêmes au capital social est particulièrement
encouragée, notamment dans les villes où la possibilité d'organiser des "zones industrielles"
est réaliste, comme HoChiMinh-Ville.
2. Types d'activités, étendue, compétences. La banque vietnamienne pour les petites
entreprises s'orientera vers tous les besoins solvables des activités productrices non agricoles,
en zone urbaine ainsi que rurale. En général, les clients de la banque seront les petites
entreprises non agricoles. La banque attirera un grand nombre de clients - petites entreprises;
cela permettra à la banque à la fois de s'alimenter ses ressources de dépôts à vue - source
importante de la banque à travers le mécanisme de création monétaire - et de fournir à ses
clients des services adaptés dont ces derniers ont besoin.
La banque sera organisée sur une envergure nationale. En appliquant les techniques bancaires
modernes, la banque étendra ses activités sur tout le territoire du pays. En collaborant avec
les organismes concernés, elle encouragera le développement des petites entreprises
modernes en appliquant des technologies nouvelles ou appropriées. La possibilité de créer
une société de crédit-bail dans cet objectif est également prévue.
En mettant en valeur le mécanisme de création monétaire pour l'allocation des ressources aux
entreprises (chapitre Il), la source la plus importante de la banque vietnamienne pour les
petites entreprises sera les dépôts à vue, dont ceux des petites entreprises - clients. Dans les
349
contrats signés avec les petites entreprises - clients, une clause devrait être incluse: Tandis
que la banque vietnamienne pour les petites entreprises satisfera tous les besoins de
financement justifiés et tous les services financiers des petites entreprises-clients, ces
dernières devront déposer auprès de la banque vietnamienne pour les petites entreprises
toutes leurs sources disponibles et effectuer toutes leurs transactions à travers la banque.
Cette clause facilitera la collecte des dépôts à vue de la banque.
3. Définition des besoins de financement des petites entreprises. le public emprunteur.
les créateurs de petites entreprises. De façon générale, on peut décomposer les besoins de
financement des entreprises en besoins concernant les investissements, pour lesquels les
dépenses ne seront récupérées qu'au terme de plusieurs années, et en besoins concernant
l'exploitation, pour laquelle les dépenses sont, en général, récupérées grâce aux ventes au
cours de l'année. Les besoins de financement sont engendrés par le décalage entre
l'engagement des dépenses et la perception ultérieure des recettes.
(a) Les investissements. Les capitaux employés sont immobilisés pour une
longue période et récupérés au fur et à mesure par les amortissements pratiqués et par
l'autofinancement dégagé chaque année. Les investissements comprennent les
investissements matériels. les investissements incorporels et les investissements financiers.
(b) Le cycle d'exploitation. L'entreprise doit également financer son cycle
d'exploitation, les coûts d'approvisionnement, de fabrication et de distribution. Le besoin de
financement de l'exploitation (B.F.E.). ou besoin en fond de roulement, est le solde entre les
actifs d'exploitation (stocks et crédits accordés aux clients) et les dettes d'exploitation (crédits
350
accordés par les fournisseurs et autres dettes d'exploitation). Par approximation, en ne
retenant que les éléments essentiels:
B.F.E. # Stocks + Créances clients - Dettesfournisseurs
En bref, les besoins de financement permanents sont constitués par deux composantes:
* les immobilisations,
* le besoin de financement de l'exploitation553 •
On peut aussi décomposer les sources de financement en sources de financement des
investissements et sources de financement de l'exploitation. Les sources de financement des
investissements comprennent le capital social, l'autofmancement, les emprunts et le crédit
bail. Les sources de financement de l'exploitation comprennent le crédit "fournisseur",
l'escompte bancaire des effets de commerce, les découverts bancaires et l'affacturage.
La BVPE interviendra non seulement dans les besoins de financement des immobilisations,
ceux de l'exploitation mais aussi dans le crédit-bail, le crédit commercial, l'escompte bancaire
des effets de commerce, les découverts bancaires et l'affacturage. En raison d'une grande
quantité de clients-PE, la BVPE pourra mettre en place de nombreux nouveaux produits et
services financiers (n'existant pas encore sur le marché) qui lui permettra optimiser son
bénéfice.
Pour estimer le besoin de financement des clients de la banque, il faudrait d'abord déterminer
son public emprunteur: la banque BVPE s'orientera vers tous les besoins solvables des
activités productrices non agricoles et de petite échelle, dans tout le pays, en zone urbaine
351
ainsi que rurale. De façon générale, les clients de la BVPE seront les petites entreprises non
agricoles existantes et potentielles. La taille d'entreprises n'excédera pas, sauf dans les cas
particuliers, 50 employés.
4. Les garanties. Tout crédit doit être garanti. Mais, la notion "garantie" ne se limitera
pas dans la garantie réelle. Diverses formes de garantie sont envisageables qui correspondent
aux conditions pratiques des petites entreprises. À la différence des modèles "Grameen" et
"BancoSol", la diversification des formes de garantie (et non pas la garantie collective
unique) facilitera davantage l'accès au crédit de plusieurs catégories des petits entrepreneurs,
dont la garantie collective n'est pas nécessaire ou n'est pas concevable. Certaines expériences
de la Bri et du FIDA ("Fonds international de développement agricole") concernant ces
formes de garantie mixtes ont justifié cette possibilité554 .
En effet, la pratique-, par exemple celle du Projet Fleuve Rouge (voir chapitre V)-, nous
montre que la forme de garantie de groupe est compliquée et pas aisée à appliquer pour la
plupart des petits entrepreneurs - notamment en zone urbaine - car ils ont besoin de tout leur
temps pour travailler. À notre avis, il faut mettre l'accent sur des formes de garantie flexibles
et plausibles, basées sur la capacité réelle des emprunteurs et sur la confiance. Cette dernière
peut être créée par plusieurs initiatives et, non seulement, par la formation de groupes. Nous
pensons que, pour la banque vietnamienne pour les petites entreprises, les principes suivants
sur la garantie de l'octroi de crédit pourront être élaborés:
553 M. DARBELET et al 1995. pp 156-161
554 Jeffrey M. Riedmger. 1994FlDA,1995.
352
(a) Le cas le plus simple: Pour les petites entreprises, ayant un bien
légalement "garantissable" dont la valeur est équivalente au montant de crédit demandé, on
peut considérer celui-ci comme garantie classique selon les lois en vigueur.
(b) Dans le cas où l'emprunteur n'a pas de bien légalement "garantissable", "la
confiance" devra se traduire par des formes autres que la constitution de groupe, telles que le
fonds de pontage, la caution personnelle. Dans ce cas, la qualité de relation du banquier, qui
contacte directement les demandeurs, joue le rôle décisif.
(c) La garantie à travers les médias, les associations professionnelles, les
réseaux ou les communautés comme cela a été pratiqué en "Troisième Italie" devrait être
examinée et appliquée.
(d) Dans certains cas, la forme de garantie collective peut être appliquée.
5. Facilité d'accès à l'épargne. L'encouragement de l'épargne est un des principes de la
banque vietnamienne pour les petites entreprises. L'épargne au Vietnam a été très mal
collectée et très mal utilisée (voir chapitre V). L'amélioration de l'affectation de l'épargne
vers l'investissement des petites entreprises sera une grande tâche de la banque vietnamienne
pour les petites entreprises. En dehors de l'épargne volontaire, l'épargne fixe sera prélevée
selon le montant du prêt. Elle sera considérée comme une garantie complémentaire.
L'échelonnement du remboursement qui encourage l'épargne et les efforts permanents du
client sera appliqué. Il faudrait choisir l'échelonnement et la durée de remboursement adaptés
aux conditions concrètes des clients.
353
La méthode de collecte d'épargne à travers l'automatisation et un réseau bien étendu du
système sera capable de toucher une proportion importante de la population. C'est ici qu'on
voit, une fois de plus, le rôle spécial de la banque vietnamienne pour les petites entreprises,
vis-à-vis du processus de développement.
6. Typologie des opérations de crédit. Concernant le type d'opération de crédit, une
partie importante des petites entreprises non agricoles opèrent des cycles d'activités à court
terme, de six mois à deux ou trois ans, voire mensuelles. Le financement à court terme est
donc le besoin le plus fréquent. Notre expérience dans le domaine de l'industrie chimique
montre que ce terme de crédit peut être appliqué efficacement même pour l'application des
innovations technologiques. Cependant, afin de promouvoir la rénovation technologique des
petites entreprises, les termes de crédit à moyen et à long terme seront prévus et encouragés.
7. Les taux d'intérêt. Etant donné le coût administratif des petits crédits, souvent
élevé, les auteurs qui adoptent l'approche commerciale proposent un taux d'intérêt supérieur à
celui du marché555 . Quelques auteurs proposent un taux d'intérêt qui se situe dans la moyenne
de celui des banques commerciales et celui du secteur informel. Plus concrètement, le taux
d'intérêt des petites entreprises proposé est de 10-12% par an plus élevé que celui des
banques commerciales. Dans la pratique, le taux d'intérêt de la Grameen Bank est supérieur à
celui des banques commerciales de 14% par an, Banque Bri - 12%, Banque de
développement des planteurs (PDB) aux Philippines - 12%. Il est intéressant de noter qu'à la
Bancosol de la Bolivie, bien que cet écart s'élève à 45% (double du taux d'intérêt appliqué par
d'autres banques commerciales), son taux de remboursement est très élevé (99%, en juin
1993). Un taux d'intérêt élevé allant de pair avec un taux de remboursement élevé, cet état de
fait paraît difficile à comprendre pour la théorie classique du crédit! Pour le cas du Vietnam,
354
nous observons qu'à travers l'octroi des micro- et petits crédits (pas nécessairement
infonnels) au Sud avant 1975, et dans tout le pays actuellement, la solvabilité des gens ayant
peu du capital est tout à fait réaliste. À notre avis, ce sont les facteurs sociaux et culturels et
non seulement les facteurs purement économiques qui expliquent ce phénomène.
En tenant compte du contexte vietnamien, la banque vietnamienne pour les petites entreprises
choisira un taux d'intérêt assurant un rapport raisonnable entre la rentabilité de la banque et la
qualité des services offerts par la banque.
8. Les fonnes de financement complémentaire. Les sociétés de crédit-bail jouent un
rôle important dans les pays en transition, puisqu'ils n'ont pas besoin d'une infrastructure
juridique aussi développée que les autres intennédiaires et que ces fonnules sont viables,
même si la législation en matière de nantissement est incomplète556. En plus, elles ont les
avantages suivants: elles ne demandent pas de garantie, elles peuvent financer jusqu'à 100 %
du capital demandé, elles concordent bien aux tendances à exporter des machines des pays
développés vers les pays en développement ou en transition, elles correspondent bien aux
demandes des petites entreprises. Cependant, l'expérience vietnamienne a montré que le
lancement des sociétés de crédit-bail indépendantes n'est pas un réel succès, car il n'est pas
facile pour les bailleurs de fonds de trouver de bons preneurs, étant donné le manque de
relations entre eux557 . La banque vietnamienne pour les petites entreprises, en tant que
banque commerciale, et en ayant une bonne connaissance de sa clientèle, surmontera
aisément cette lacune. Elle mettra en place une structure de crédit-bail pour le financement
des changements technologiques des petites entreprises.
555 Examiner notamment le cas de la Bancosol en BoliVie présenté précédemment.
556 Banque mondiale. 1996 p. 128
355
9. La sélection des projets à financer. L'acceptation du crédit doit se faire en regard de
la viabilité du projet (ou des affaires proposées) et les procédures de contrôle devraient être
développées tôt. Les assistances techniques faites par la banque (ou ses structures
périphériques) se développeront pour aider les petites entreprises à bien préparer leurs projets
et à les mener à bien.
Notons que la banque vietnamienne pour les petites entreprises est également une préparation
pour les micro-entreprises, servies par les programmes de microcrédit, qui se développent en
petites entreprises. Au Bangladesh par exemple, ce phénomène est déjà apparu avec les
clients de la Grameen Bank: après plusieurs années de fidélité à la Grameen Bank, certains
"microentrepreneurs" sont devenus riches et veulent agrandir leurs entreprises: le modèle
proposé dans cette étude est une contribution à financer cette clientèle.
l O. Les relations avec la clientèle. Les agents de la banque devraient développer avec
leur clientèle des pratiques d'écoute et des relations de proximité et de confiance. Ceci
accompagne de la modernisation de la banque: l'informatisation, l'automation, même
l'utilisation du réseau internet, qui sont des outils efficaces, permettant à la fois la réduction
du coût de transaction et la valorisation des garanties alternatives et des services que la
banque apportera à ses clients.
Il. Ressources humaines. L'investissement dans l'homme, dans le management et le
leadership sont les éléments clés du succès. Des politiques de recrutement, de formation, de
promotion et de rémunération efficacessont indispensables pour pouvoir assurer de bons
services aux clients et pour prévenir les fraudes.
L'audit interne devrait être réalisé de façon systématique.
557ThOl bao kznh le saIgon Du 28/11 au 4112/1996. p Il
356
Le tableau suivant pennet d'avoir une comparaison entre la banque vietnamienne pour les
petites entreprises et les programmes de micro-finance actuels.
Tableau 1 : Une comparaison entre les programmes de micro-crédit et la Banque
vietnamienne pour les petites entreprises
Programmes de micro-crédit Bangue vietnamienne pour les petites
entreprises
Statut Programme de crédit Banque commerciale
Capital Subvention Contribution des actionnaires et participation des
instituions
Cible Les familles les plus pauvres. dans la plupart des Les entrepreneurs s'occupant des plus petites
cas en zone rurale. notamment les femmes entreprises non agricoles (en général n'excédant
pas de 50 employées)
Epargne Encourager l'épargne des membres Encourager et accepter l'épargne des clients et
du public
357
Source du crédit Source subventionnelle et l'épargne des Capital social, l'épargne, mais la plus
membres importante: mettre l'accent sur les dépôts à vue
en profitant du mécanisme de création monétaire
Objectif du crédit Crédit pour "auto-emploi Crédit pour financement de l'entreprise
Garantie Formation de groupes de solidarité et réunions Divers\fication des fonnes de garantie
régulières de groupes comme système de
responsabilité collectIve qui remplace la garantie
réelle
Procédure de l'octroi Procédure la plus simplifiée possible Procédure la plus simplifiée possible
du crédit
Tenne de crédit Tenne de crédit: 3 mOIS à 1 an Plus long, selon les besoins des entreprises-
clients
Taux d'intérêt Taux d'Intérêt assez élevé pour couvrir le coût Taux d'intérêt commercial, en respectant le
d'opération rapport qualité-prix dans l'objectif de créer le
bénéfice des actionnaires
Modernisation Pas ou peu importe Une des stratégies principales de la banque, mise
en place dès le début
Services bancaires Pas de services bancaires Diversité et perfectionnement des services
bancaires
SECTION III : ESSAI D'EVALUATION DES IMPACTS SOCIO
ECONOMIQUES D'UN MODE DE FINANCEMENT DES PETITES
ENTREPRISES EFFICACE.
I. Les impacts économiques.
A. La création d'emplois.
Au Vietnam, alors que les entreprises d'Etat (EE) et les grandes entreprises privées utilisent
souvent une main-d'oeuvre de haute qualité, les petites entreprises, par contre, peuvent
•11111
111Î
111111
,
11111
358
utiliser une main-d'oeuvre moins qualifiée.
85% des jeunes travailleurs vietnamiens (dont les soldats démobilisés) sont à bas niveau de
scolarité et à très faible profession (ou sans profession). Ce sont les personnes faisant partie
de celles dont l'insertion professionnelle est la plus problématique. Etant donné que le besoin
en qualité de la main-d'oeuvre des petites entreprises n'est pas exigeant, ce sont elles qui
seront le meilleur recours pour les jeunes à bas niveau de qualification dans leur recherche
d'emploi.
Quant aux petites entreprises modernes, comme on peut le prévoir, en dehors de la main
d'oeuvre simple, elles peuvent attirer de nombreux techniciens et ouvriers qualifiés. Ceux-ci
peuvent travailler soit en tant que salariés de l'entreprise (à temps plein ou à temps partagé),
soit en tant que collaborateurs extérieurs. L'expérience de la Troisième Italie montre qu'un
marché du travail flexible favorise les petites entreprises.
Bien qu'il soit difficile d'estimer le nombre d'emplois indirects additionnels créés, l'examen
d'un sous-projet en Colombie par la Banque mondiale citée ci-dessus montre que ce nombre a
pu représenter jusqu'à 48% du nombre total des emplois directs. Selon cette étude, la création
d'emplois indirects s'explique par l'approvisionnement en matières premières à l'industrie, par
exemple du bois, du cuir, de l'alimentation par l'agriculture, la sylviculture, l'élevage, la
pêche; cet approvisionnement créera à son tour des emplois indirects. (La création d'emplois
indirects reste néanmoins guère significatif au regard de l'évaluation des effets économiques
du projet; elle peut être souvent négligée par les experts de projets).
B. Le développement du potentiel technologique et la productivité du travail.
•11111111111111111111
359
Le potentiel technologique s'entend ici comme étant toutes les possibilités que peuvent
utiliser les petites entreprises pour développer l'entreprise vers un processus de production de
plus en plus moderne.
1. Le développement du potentiel technologique grâce à l'amélioration du
financement. En général, la faiblesse la plus importante des petites entreprises traditionnelles
est la faible productivité du travail. Dans le cas du Vietnam, comme dans le cas des autres
pays, celle-ci est aggravée par le manque de capital. A la différence des grandes entreprises,
l'augmentation du capital des petites entreprises n'engendre pas la diminution du travail. Au
contraire, elle accroîtra à la fois l'emploi et la productivité du travail. A partir de cette
conclusion, on en déduit que, pour les petites entreprises, la productivité du travail puisse être
améliorée simplement par leur accès plus facile au crédit.
2. Le développement du potentiel technologique grâce au capital humain. Le
facteur le plus important qui améliorera la productivité des petites entreprises vietnamiennes
réside dans la promotion du potentiel technologique atomisé et oublié. Ce potentiel se
caractérise par les points suivants:
(a) Ce sont des technologies appropriées acquises dans le processus de
travail des intellectuels, techniciens et ouvriers qualifiés et qui ne pouvaient pas être
appliquées de manière efficace sous l'ancien système.
(b) Celles-ci existent souvent sous forme de know-how (savoir faire)
ou de formules de fabrication.
(c) Elles ont été adaptées au contexte technique et économique du
pays, c'est-à-dire de façon générale elles ne demandent pas des équipements à prix élevé.
360
Dans de nombreux cas, ces technologies appropriées sont susceptibles d'utiliser des matières
premières disponibles à l'intérieur du pays plutôt que celles importées. C'est la particularité la
plus importante permettant une application généralisée dans les petites entreprises.
Les points forts précités du potentiel technologique vietnamien renforcent notre argument
selon lequel une des formes d'organisation les plus convenables afin de faire valoir ce
potentiel au profit du processus d'industrialisation est la petite entreprise. C'est un atout
spécial des petites entreprises vietnamiennes qui n'existe pas dans celles des pays en
développement d'économie de marché. Alors que la lacune technologique (technological
gap) est une des principales difficultés du développement des petites entreprises dans les
pays en développement, grâce à ce potentiel, pendant les premières années de la transition, le
Vietnam pourrait éviter beaucoup de problèmes épineux résultant de cette lacune, si le pays
sait l'exploiter de façon adéquate.
Selon plusieurs auteurs, à la différence des pays développés, dans les pays en développement,
"le changement technologique dépend de l'expérience pratique accumulée plutôt que de la
recherche scientifique"558. A notre avis, c'est aussi le cas au Vietnam. De plus, le choix
technologique optimal devrait être l'utilisation des technologies appropriées plutôt que celles
sophistiquées; par ailleurs, l'utilisation des équipements fabriqués à l'intérieur du pays ou des
équipements de "second-hand" - qui conviennent à ce type de technologies - pourrait être
encouragée, pour réduire le coût de revient et améliorer la compétitivité sur les marchés
régional et international. Tout ceci réaffirme la perspective de l'exploitation de ce capital
immatériel précieux et fréquemment oublié au Vietnam559.
558 BHALLA. A.S. and FLUITMAN. A G. 1985559 S. Boutillier estime que les actIVItés d'Innovation technologIque dans les pays en développement "sont davantage duressort d'un "bricoleur averti" que de l'Ingémeur-chercheur professionnel. Ces pratiques s'inscrivent en fait, en marge de lalégalité. plus proches de la contrefaçon que de l'Innovation proprement dite". S. Boutillier. 1994. p.51. De par notreexpérience dans la chimie. nous avons du mal à partager ce pOint de vue En effet. toute innovation technologique provientdes demandes pratIques. tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Le talent du chercheur. partoutailleurs. réside dans sa capaCité de résoudre le problème posé dans la limIte des moyens dont il dispose. Nous avons
361
Ce capital est cependant temporaire: il est valable pour l'essentiel pendant le processus de
transition où la demande du marché n'est pas encore très exigeante et la concurrence ne
devient pas encore très féroce. Cette temporalité de la supériorité du potentiel technologique
atomisée au Vietnam est une autre raison qui demande de créer assez tôt la banque.
C. Le développement des PE en grandes entreprises.
Au début du siècle qui vient, un certain nombre de petites entreprises pourraient devenir de
plus grandes entreprises. En effet, contrairement à l'avis d'un auteur vietnamien selon lequel
dans l'avenir "les petites entreprises auront peu de chances de devenir grandes entreprises"560,
d'autres auteurs, en étudiant le cas des petites entreprises dans les pays en développement de
l'Asie du Sud-Est et d'autres continents, affirment que "bien des études montrent qu'une
majorité des grandes entreprises ont débuté comme des très petites entreprises"561. Selon lan
M.D.LITrE et al., « les très petites entreprises de 1-4 ouvriers diminuent rapidement selon leur
niveau de développement, les petites entreprises inférieures à 10 ouvriers sont toujours la
source principale de création d'emplois dans les pays en développement à faible revenu. Par
ailleurs, ces dernières sont également à l'origine de la plupart des moyennes et grandes
entreprises privées"562.
commercialisé. pendant les années 1980 au Vietnam. plusieurs produits chimiques de même qualité que celle des produitsimportés des pays industrialisés. et qUi étalent fabriqués à l'aide des moyens techniques très rudimentaires. En général. leschercheurs du Sud doivent faire tàce à des questions analogues à celles posées dans les pays développés. et qui leurdemandent des solutions adaptées et de haute quai ité Avec les moyens techniques rudimentaires et les moyens financiersmodestes. Il tàudrait qu'ils SOient très créatifs et inventifs. et non seulement "bricoleurs", pour pouvOIr trouver de tellessolutions560 HOANG Kim Glao 1993a561 BFHOSELlTZ 1980. "Small Industry ln Underdeveloped Countries", Journal of Economlc Hlstory. Volume 19(1959). Repnnted m lan Livmgstone (Ed). De\'elopment Economlcs and Pohcy Readmgs (Georges Allen and Unwm,(980). Oté par. DenniS Anderson 1982 C'est nous qUI soulignons562 lan M.D.LITTE. Dipak MAZUMDAR and John M.PAGE 1987. Small Manufacturmg Enterprzses A ComparativeAnalysis of Indw and otllers Economies. New York Oxford UniverSity Press. for the World Bank. Cité par. Donald
362
D. Le développement du revenu, du niveau de vie et du marché.
Les activités des petites entreprises créeront un nouveau revenu et donc un nouveau pouvoir
d'achat. Le développement du marché est donc une conséquence naturelle de cette
augmentation du pouvoir d'achat.
On peut se demander si la demande du marché ne risque pas d'être saturée par les
marchandises et les services produits par les petites entreprises, si leur nombre augmente
rapidement. En s'inspirant des études sur l'expérience de la Grameen Bank au Bangladesh et
de la Bri en Indonésie, cette question pourrait être répondue comme suit:
(a) Le marché des produits non agricoles et des services augmente en
même temps que le revenu. Une augmentation dans le revenu conduit à une augmentation de
la demande non céréalière, de celle de vêtement, d'outils familiaux et d'outils productifs.
(b) L'augmentation des échanges stimule la production. Le volume
d'affaires des personnes hors des petites entreprises croît selon l'augmentation du revenu des
entrepreneurs et travailleurs des petites entreprises. Dans la population de ces derniers, il y a
bien sûr des gens étant originalement chômeurs ou chômeurs déguisés; l'intervention du
système des BVPE permettra en fait à cette partie de la population d'entrer dans le système
de production et d'échange.
(c) Avec l'expansion des activités des petites entreprises, l'économie
rurale -, en particulier dans les zones sous-monétarisées -, deviendra plus commerciale et
C.MEAD. 1991. C'est nous qUI soulignons
363
monétarisée. La spécialisation des métiers va s'accélérer. Ces facteurs contribuent à
diversifier et à accroître le marché interne.
(d) Avec l'amélioration du niveau de vie, cette population dépensera
plus pour l'éducation, la santé, le vêtement, .. et stimulera donc davantage la production.
II. Les impacts sur le système financier et bancaire du pays.
L'amélioration du système financier et bancaire relève pour l'essentiel de la responsabilité des
autorités financières et bancaires du pays. Les innovations et le dynamisme des
établissements faisant partie du système (financier et bancaire) peuvent cependant contribuer
à cette amélioration. Dans le contexte transitoire du Vietnam, les impacts qui viendraient de
ces établissements jouent un rôle significatif. De ce point de vue, l'activité de la banque
BVPE sera donc capable d'influencer positivement le système financier et bancaire dans la
mesure où elle contribuera à l'assainissement du secteur financier infonnel et à la diminution
du dualisme financier, à la stimulation des ressources financières au profit de
l'industrialisation et à l'accélération des améliorations du service bancaire des banques
nationales.
A. L'assainissement du secteur financier informel et la diminution du dualisme
financier.
On sait que les points faibles traditionnels des institutions financières fonnelles dans les pays
en transition sont leur tendance de négliger la collecte de l'épargne des ménages et en général
celle de petits montants. Celles-ci privilégient le secteur public au détriment du secteur privé,
364
les grandes entreprises et les ménages à revenus élevés au détriment des petites entreprises et
des ménages à revenus faibles.
L'atout du secteur financier infonnel est sa capacité de sunnonter ces lacunes. C'est pourquoi,
bien qu'il existe un grand consensus sur les effets néfastes du dualisme financier et sur la
nécessité de le réduire, la littérature économique est assez divergente sur la manière de
réaliser cette réduction.
La banque vietnamienne pour les petites entreprises, par sa position particulière dans le
système financier, pourra y Jouer un rôle significatif. Une partie de sa clientèle aura
appartenue antérieurement au secteur financier infonnel. Par conséquent, la banque
vietnamienne pour les petites entreprises sera la seule qui sera capable d'établir un lien direct
entre le secteur financier fonnel et le secteur financier infonnel. A travers son propre mode
d'organisation et de fonctionnement, elle pourra donc jouer le rôle de catalyseur pour la
réorganisation ou l'institutionnalisation du secteur infonnel du pays. Ce mode propre pourra
se concrétiser de la façon expliquée par Gennidis et al., pour qui qu"'en donnant accès aux
prêteurs et aux responsables de groupements du secteur infonnel à des lignes de crédit ou à
d'autres services, les institutions financières fonnelles peuvent, par leur intennédiaire, initier
le reste de la population aux modes et aux principes de fonctionnement du système financier
fonnel" 563. Et, "les institutions financières fonnelles devraient chercher à assurer des services
financiers appropriés, notamment pour les petites sources, prévoir des conditions de
remboursement plus souples et offrir davantage de crédits à la consommation et de prêts
personnels. De nouvelles fonnules de garantie pourraient être envisagées selon lesquelles des
biens matériels ou la constitution d'une épargne préalable (sous fonne de dépôts en banque)
563 Genmdls el al. 1991
365
pourraient servir de garantie pour un prêt"564. Selon Gunnar Myrdal, le moyen de diminuer
graduellement le dualisme financier dans le marché de crédit semble être, premièrement,
d'augmenter considérablement le taux d'intérêt dans le marché organisé et deuxièmement, de
diminuer ou d'éliminer les subventions pour les prêts publics au secteur traditionnel.. Si le
crédit dans le secteur traditionnel est utilisé sur une base commerciale (business basis), le
montant du crédit peut augmenter sans implication du "coût payé par la société" (cost of
society), dans ces conditions, l'Etat pourrait concurrencer plus efficacement les usuriers, et le
taux d'intérêt moyen pourrait diminué565. Par ailleurs, la banque vietnamienne pour les
petites entreprises pourra contribuer à institutionnaliser le secteur financier informel, grâce à
ses autres points forts suivants:
(a) Le secteur informel vietnamien ne comprend pas seulement la population
rurale et urbaine socialement défavorisée, mais encore et surtout une couche des petites
entrepreneurs potentiels récemment libéralisés de l'ancien système. Ce sont ces derniers qui
constitueront la base sociale de la performance de la fonction d'''organisateur du secteur
informel" de la BVPE.
(b) L'équipement moderne de la banque vietnamienne pour les petites
entreprises (BVPE) que nous proposons est un outil indispensable pour la collecte des
ressources bancaires encore inexploitées au Vietnam; ces ressources existent actuellement
principalement dans le secteur informel.
Ces deux facteurs faciliteront la contribution de la banque à l'institutionnalisation du secteur
financier informel.
564 Germidls et al. 1991
565 G MYRDAL. Asian Drama. Cité par Dennis ANDERSON, 1982. p. 933.
366
B. L'attirance des sources de capital au profit de l'industrialisation.
Les efforts du système bancaire et financier du Vietnam dans la collecte des ressources en
faveur de l'investissement intérieur est un sujet ayant un degré d'importance stratégique pour
le Vietnam actuel. En effet. la source de capital la plus importante est l'épargne et
l'accumulation à l'intérieur du pays. Sans cette source, on ne peut pas répondre aux besoins
d'investissement largement étendus dans tout le pays. Par ailleurs, en tirant la source de
capital intérieure vers l'économie, on peut attirer davantage la source de capital extérieure. A
ce sujet, le grand potentiel réside actuellement dans la population et les entreprises.
Mais le rôle des petites entreprises dans la promotion des ressources vers la production
s'explique encore par un autre aspect. Dans le contexte du Vietnam où le capital a été
atomisé sous l'ancien système et l'accumulation primitive du capital ne peut pas être réalisée
de façon traditionnelle, l'itinéraire de l'industrialisation pourrait passer par le pontage
transitoire du sous-secteur des petites entreprises. Grâce à cet itinéraire, l'autonomie
économique du pays serait protégée, son développement vers l'économie de marché serait
possible et durable. Le pays pourrait éviter un "mal développement" avec la montée du
chômage, la crise des services sociaux ou un gaspillage manifeste. s66
Il faudrait ajouter que la stimulation des sources de capital au profit des petites entreprises
contribue également à l'amélioration de l'approfondissement financier (''financial
deepening").
C. Susciter l'amélioration des services bancaires des autres banques
commerciales (Be) vietnamiennes.
367
L'équipement moderne de la BVPE ainsi que la formation d'un contingent de banquiers
qualifiés et la diversification de ses services bancaires stimulent évidemment les
améliorations similaires des autres banques commerciales (BC) du pays. La compétitivité de
la BVPE pousserait certes les autres BC à la modernisation. Du point de vue de l'intérêt du
système financier et bancaire du pays, ceci a un degré d'importance particulière, non
seulement dans le perfectionnement du système au profit du développement économique
mais aussi dans l'augmentation de la concurrence des BC nationales vis-à-vis des banques
étrangères implantées dans le pays.
III. Promotion des petites entreprises et nécessité de l'élaboration d'une nouvelle couche
nationale d'entrepreneurs.
Nous allons examiner ici les faiblesses de la couche d'entrepreneurs vietnamiens existante et
insister sur la nécessité de l'élaboration d'une nouvelle génération d'entrepreneurs
vietnamiens à travers la promotion des petites entreprises.
1. Des entrepreneurs en trop faible quantité. Le rôle de l'entrepreneur dans le
développement de l'économie de marché est un "postulat", comme l'affirment bien des
auteurs. "Evidence: pas de marché sans commerçant"567. "L'émergence d'entrepreneurs
constitue un des principes moteurs du développement économique"" 568. "La croissance de
l'esprit d'entreprise est essentiel pour l'industrialisation en base large" 569. "La fonction des
566 Ignacy SACHS. 1980
567 Jean GALLAIS. 1993
568 Michel BOTZUNG 1988 P 132
569Jacob LEVITSKY. 1986 plO
368
entrepreneurs, leurs décisions d'investissement, sont le ressort essentiel de l'activité
économique"570.
Pendant la transition, dans les pays en transition, le rôle spécial de l'entrepreneur a été bien
exprimé par Janos Komaï. Selon cet auteur "L'un des éléments les plus importants de la
transformation sociale que nous recherchons est le développement d'une nouvelle classe
moyenne dont le noyau serait composé d'entrepreneurs industrieux, économes, qui veulent
grimper dans la société. C'est parmi les propriétaires de ces petites et moyennes unités
qu'émergent les pionniers des progrès économiques et les fondateurs des grandes entreprises,
par suite du processus de sélections naturelles dû au marché"571.
Malgré l'importance de l'entrepreneur dans le développement économique du pays, celui-ci
semble encore rare au Vietnam.
Sous l'économie planifiée sans souci de l'efficacité, d'une part, la politique de la
transformation socialiste de l'industrie et du commerce privés (la POTSICP) a éliminé la
plupart des entrepreneurs précédemment formés au Sud, et d'autre part, l'essentiel du
mécanisme économique socialiste ne nécessite pas une telle couche d'entrepreneurs et n'est
pas capable de la former. L'économie vietnamienne dans la transition vers le marché manque
donc son acteur essentiel.
En outre, également pour des causes historiques, la quantité des entrepreneurs vietnamiens
existants tant dedans qu'en dehors du pays (les vietnamiens d'outre-mer ou les vietkieu)
semble très insuffisante par rapport aux besoins de la construction d'une économie réellement
570 Raymond BARRE. 1985
571 lanos KüRNAI. 1990. pp.48-49
369
autonome. Le problème de la qualité, la moralité de l'entrepreneur est aussi un autre sujet non
moins important.
2. Des entrepreneurs faibles, sur le plan qualitatif. Dans l'ouvrage à l'échelle
ministérielle vietnamienne sur le marché et le prix du Vietnam, les conclusions suivantes sur
ce sujet ont été abordées: Les entrepreneurs vietnamiens "ont l'habitude de faire des affaires
de façon illégale, car ils sont freinés arbitrairement. Parce qu'ils n'ont pas l'occasion de faire
des affaires à grande échelle, leur point fort est donc de les faire petitement. Parce que leurs
affaires ne sont pas fondées sur des bases juridiques solides, ils doivent donc saisir des
occasions passagères... Toutes ces forces réprimantes ont induit la technique de faire des
affaires de manière aberrante et pernicieuse... Les lois sont donc peu efficaces. Le mot
"confiance" ("tin") est donc à la fois rare et a peu de poids. Ces points faibles qui existent
depuis deux cent ans sont devenus une maladie traditionnelle. Celle-ci est un des obstacles
les plus importants à l'élaboration d'un marché sain et conciliable avec le reste du monde.
C'est aussi un défi pour nous (les vietnamiens) : il nous faudra gagner sur nous mêmes."m.
3. Nécessité de l'élaboration d'une nouvelle génération d'entrepreneurs vietnamiens.
Les analyses précitées nous pennettent de conclure que, pour une transition réussie vers
l'économie de marché, d'une part, il faudrait faire valoir la capacité de tout entrepreneur
existant tant vietnamien que vietnamien-chinois ou d'autres minoritaires vietnamiens; et
d'autre part, il faudrait promouvoir des entrepreneurs potentiels pour fonner une nouvelle
génération d'entrepreneurs nombreuse en matière de quantité et "bonne" en matière de
qualité.
572 Ouvrage à l'échelle mInl5tnelle. Cité par DANG Phong. 1992.
370
Comment le faire dans le contexte du Vietnam actuel? On peut proposer plusieurs solutions
dont une est le financement des petites entreprises et donc des entrepreneurs. Effectivement,
à la fin de 1996, l'ensemble des grandes entreprises privées nationales représente 15.000
entreprises573 . Pendant les trois dernières années, ce secteur s'est développé à un rythme
inférieur à 10%. Si l'on suppose, de façon optimiste, que le gouvernement adopterait à temps
les politiques appropriées, et que ce rythme annuel serait de 10% jusqu'en l'an 2000, le
nombre de grandes entreprises privées en l'an 2000 ne serait pas plus de 22.000. Rappelons
que le nombre de grands capitalistes industriels (non compris les petits entrepreneurs) au Sud
en 1975 était de 20.000, par rapport à une population totale 19 millions d'habitants.
Proportionnellement, ce nombre devrait être 95.000 en l'an 2000 (la population totale du
Vietnam sera de près de 90 millions d'habitants). D'où une conclusion inévitable: Sur le plan
de la quantité, les grandes entreprises privées ne seront pas capables de répondre aux besoins
d'entrepreneurs. En revanche, avec une quantité et un rythme de développement écrasants,
c'est le sous-secteur des petites entreprises qui sera la source essentielle des entrepreneurs
vietnamiens dans les années à venir.
Afin de répondre à l'assertion selon laquelle la petite taille d'entreprise pourrait influer
négativement sur la formation d'entrepreneurs dignes de ce terme, il conviendrait d'évoquer
ici à l'avis de R. Dhonte, pour qui "La cible du projet n'est en réalité ni l'emploi, ni
l'entreprise mais l'entrepreneur. L'objectif est en effet, dans des pays qui ont été fortement
étatisés, de faire émerger une génération d'entrepreneurs privés. (... ) Dans ces conditions, la
taille de l'entreprise importe peu, tout au moins dans un premier temps; ce qui reste essentiel
c'est que l'activité soit structurée comme une entreprise, avec un concept d'organisation, de
warketing, de développement, de comptabilité.
573 Thoi Bao Kmh Te 5mgon 19/12-25/12/1996.
•11111111111111111111
371
"Ce qui est fondamental, c'est l'identification de "bons" entrepreneurs.( ... ) "L'identification
de "bons" entrepreneurs exige une intervention particulière et demande d'une expérience
spécifique acquise probablement plus sur le terrain que dans une école de commerce"574.
Avec un bon financement et un environnement favorable, les petites entreprises
vietnamiennes seront bien structurées et deviendront des "grandes écoles de commerce" des
entrepreneurs nationaux de l'avenir.
Au Vietnam, les couches sociales susceptibles de fournir de nouveaux entrepreneurs seront
probablement les couches suivantes:
(a) Le personnel de l'appareil étatique et les gens possédant des
expériences préalables d'activités de production ou de services. Parmi eux, les gens les plus
prometteurs sont les gestionnaires, les intellectuels, les techniciens et les ouvriers qualifiés
ayant acquis de compétences, d'expériences et de relations au cours de leurs emplois
précédents. L'expérience de l'Est européen et celle de la Chine montrent que cette catégorie
était assez nombreuse et normalement ces créateurs acquièrent beaucoup de points forts,
notamment en ce qui concerne les performances professionnelles et les relations dans le
milieu d'affaire et dans les circuits de décision. Selon Per Ronnas, au Vietnam, il y a environ
50-55% des petites entreprises formées et gérées par cette catégorie de créateurs575 .
574 Dans l'ouvrage de cet auteur publié en 1991 Le financement des pelltes entreprises en Afrique Réflexion sur laméthodologIe d'interventIOn. (lié par D GENTIL et Y FOURNIER. 1993. pp.141-142. C'est nous qui soulignons.L'ONUDI va encore plus lOin dans ce sens Selon cette organisation, même le secteur infonnel fournit des entrepreneurs àl'économie. "Le secteur non structuré n'est pas seulement une source majeure de revenus et d'emplois pour une bonne partiede la main-d'oeuvre. mais Il constitue également une pépinière d'entrepreneurs, qUI méntent un soutien et, finalement, unereconnaIssance officielle" ONUDI. 1995
575 Per RONNAS . 1992. pp.50+62+65.
•1nD
D
n
1111
1
372
(b) Les civils voulant éprouver leur capacité dans l'économie de
marché. La récente libéralisation du Vietnam stimule la volonté d'entreprendre de
nombreuses personnes voulant tenter leur chance dans l'économie de marché.
(c) Les vietnamiens revenus de l'étranger. Les avantages de cette
catégorie sont d'une part, la possession d'une source de capital considérable accumulée à
l'étranger et d'autre part, leur expérience professionnelle dans les sociétés développées. Ils
pourront également profiter de leurs relations à l'étranger pour développer les activités
d'import-export de leur future entreprise.
(d) En dehors des trois couches citées ci-dessus, l'on peut citer les
diplômés sortis des universités et des écoles ne pouvant pas ou ne voulant pas travailler en
tant que salariés. Leurs points forts sont la connaissance et l'enthousiasme de la jeunesse576.
Une petite partie des soldats démobilisés ayant un bon niveau de profession peuvent être
aussi devenir entrepreneurs.
***
Les impacts socio-économiques de la mise en place d'un système alternatif du financement
des petites entreprises semblent encourageants. Ce système, s'il peut être réalisé,
contribuerait à accélérer le processus de transition vers l'économie de marché du pays.
La crise asiatique depuis l'année 1998 résulte de nombreuses causes, dont l'une des plus
importantes est le manque d'un système financier et bancaire sain et de sa connivence avec
576 Plusieurs études montrent que cette catégone pourrait devenir des entrepreneurs les plus innovants et les pluspromeneurs. Vou par exemple Sophie BüUTILLIER. 1994; Michael A. McPherson. 1996.
373
les grandes entreprises dans l'utilisation des ressources bancaires. Les entreprises
individualisées y occupent depuis toujours une position modeste dans les politiques des
gouvernements, surtout du point de vue du financement. On constate cette situation dans les
pays les plus touchés par la crise: l'Indonésie, la Corée, la Thaïlande577 •
Le temps est venu, semble-t-il, de refonder les politiques en direction des entreprises.
Commençons par la compréhension du sujet duquel on parle: une définition claire des petites
entreprises, un classement logique des entreprises. En absence de ces précisions, aucune
politique ne peut répondre efficacement à la réalité et cela, surtout en matière de financement,
particulièrement dans les pays en transition vers l'économie de marché.
577 A ce sUJet. Taiwan semble un cas qui mérite une étude approfondie. Pourrait-on exphquer en partie la stabilité de ce paysdevant la CriSe régionale par sa particularité dans l'organisation des entreprises ~ On y voit la domination absolue des petitesentreprises. et surtout. ce sont de vraies entreprises Indlvlduahsées.
374
".1111
1
1
1
Il
111111111111111
375
376
377
CONCLUSION GENERALE
Un des objectifs de notre étude est de tenter de distinguer les entreprises individualisées des
deux autres formes d'organisation des affaires: les activités de survie pratiquées par les plus
défavorisés de la société et les entreprises socialisées, dites "grandes entreprises". Cette
distinction permettrait de classer précisément les entreprises, d'éviter l'ambiguïté persistante
en cette matière et de concevoir de façon plus pertinente les politiques vis-à-vis de chaque
type d'entreprises, en particulier les politiques de financement. Elle ouvre ainsi la voie à la
compréhension selon laquelle, bien qu'il existe partout de nombreux dispositifs de
financement destinés au "secteur informel" et aux "PME-PMI", la polarisation des deux
approches - l'approche sociale et l'approche commerciale classique - conduit à l'inaccessibilité
à ces dispositifs pour de vraies micro- et petites entreprises qui, de par leur nature dynamique
et créative, sont l'un des moteurs principaux du développement.
De ce point de vue, certaines politiques de financement des entreprises, dans les pays en
développement et en transition, devraient, semble-t-il, être remises en cause.
L'éclaircissement de la différence, par nature de ces trois types d'entreprises, facilitera
l'élaboration des politiques liées au secteur informel ("activités de survie"), aux entreprises
socialisées ("grandes entreprises") et aux "entreprises individualisées" ("micro- et petites
entreprises").
L'approfondissement de ce point de vue, tant au niveau théorique, qu'au niveau politique,
paraît utile. Le ratio "nombre de micro entreprises pouvant devenir petites entreprises
("vraies micro-entreprises", sur lesquelles nous insistions maintes fois) /nombre total de toute
378
type d'entreprises" ("Ratio vraies MElE total"), dans un pays, deviendrait l'un des paramètres
indispensables pour l'élaboration des politiques de financement d'entreprises, surtout pour les
pays en transition vers l'économie de marché. Au sein de ces derniers, ces ratios sont
beaucoup plus élevés que ceux observés dans les pays en voie de développement. Cela nous
aide à mieux comprendre le secteur dit "informel" dans ces pays, les particularités en cette
matière dans les pays en voie de développement et celles dans les pays en transition. Par
ailleurs, cette observation faciliterait l'adaptation des expériences et des politiques de la
micro-finance au financement des entreprises individualisées. Le fait que le mouvement de la
micro-finance au Vietnam et en Chine se soit développé lentement, ne semble pas un hasard:
l'une des causes principales serait l'application mécanique des politiques pratiquées dans les
pays en développement aux pays en transition579.
L'instauration de méthodologies permettant d'estimer ce ratio "Ratio vraies MElE total" serait
peut-être l'un des sujets de recherche intéressants issus de cette étude.
Nous avons également montré que l'entreprise individualisée jouerait un rôle socio-
économique bien plus important dans les pays en transition que dans les pays en
développement. Dans les pays en transition tel que la Chine, le Vietnam, où l'approche
graduelle s'applique, les micro- et petites entreprises sont les formes les plus faciles à
accepter d'un point de vue de l'idéologie directrice. La promotion des petites entreprises
industrielles privées est donc une "thérapie" appropriée non seulement pour un itinéraire
raisonnable et maîtrisable de l'industrialisation, mais également pour celui du processus de
579 Certaines conciustOns de notre étude pourraient s'appliquer aux autres pays en transition, notamment à deux autres paysde la péninsule indochinOise et à la Chine. Concernant la Chine, nous avons eu l'occasion d'aborder dans la thèse lasImilarité entre ce pays et le Vietnam. En ce qui concerne le Laos et le Cambodge. Ii existe également plusieurs analogIesfrappantes entre ces trois pays ex-indochinois' l'économie dominée par l'agrIculture familiale, l'extrême pauvreté, le passé
379
privatisation. Ces petites entreprises industrielles, qui établissent souvent entre elles des liens
spontanés, devraient être organisées afin de surmonter leurs désavantages vis-à-vis des
grandes entreprises. La mise en place de "régions industrielles" est l'une des solutions
pertinentes, en associant ces petites entreprises industrielles et en constituant ainsi des unités
économiquement interdépendantes, mais indépendantes au niveau du régime de propriété et
de la gestion. La complémentarité entre la coopération et la compétition au sein de ces
"régions industrielles" se fonderait sur la "confiance" entre entrepreneurs. La notion de
"confiance" deviendrait un "capital collectif' de toute la "région industrielle" - un "capital
collectif' qui pourrait remplacer utilement les anciennes notions de "collectivité" dans la
culture des affaires des pays en transition580. On pourrait trouver ici une "thérapie" alternative
qui contribuerait à améliorer l'environnement d'affaires du pays.
Cette analyse, rejoignant les expériences internationales de la micro-finance, nous a conduit à
proposer le cadre théorique du financement des entreprises individualisées dans les pays en
transition. Ce cadre comprend les trois aspects suivants:
(i)
(ii)
(iii)
la confiance comme étant élément essentiel, axe directeur de la
philosophie du financement,
la collecte de l'épargne intérieure (réinjectée vers la production par le
biais du financement), comme étant ressources principales du financement,
l'exploitation et la maîtrise du mécanisme de la création monétaire en
faveur de l'allocation des ressources des entreprises, comme étant catalyseur
très récent d'isolement ou de contlits militaires. le sous-développement instItutionnel et la pratique relativement brève de laplanificatIon. FJfI Bulletin, 8 Juillet 1996.
580 Avant 1992. une notion largement soutenue par les autorités vietnamiennes était "Ie droit collectif des travailleurs"(" quyen lam chu tap the cua nguoi laD dong") dans les affaires L'ambigUlté de cette notion était une des causes de lacorruption. l'irresponsabilité et I"hypocnsle dans la gestion des entreprises à cette époque.
380
d'un financement moderne remplaçant tout type de financement bureaucratique
qui persiste dans les pays en transition.
Ces trois aspects concernent, à leur tour, la théorie de l'organisation industrielle pendant le
processus de transition vers l'économie de marché. En effet, le nouveau mode de financement
des entreprises individualisées, que nous avons proposé, ne pourra fonctionner que si
l'industrie est réorganisée, de façon à ce que les relations entre entreprises se fondent
davantage sur la coopération, la coordination et la confiance que sur les hiérarchies
administratives.
Étant donné la tendance des pays ex-socialistes à privilégier les grandes entreprises-, une
tendance qui persiste jusqu'à présent dans ces pays et qui pèse sur la réforme de l'organisation
industrielle, tel est le cas du Vietnam (voir le chapitre IV), notre proposition pourrait être
utile dans l'élaboration de nouvelles stratégies de l'industrialisation pour ces pays.
Actuellement, ces pays ont tendance à imiter l'organisation industrielle des pays développés.
La nécessité des grandes entreprises est indiscutable, mais il ne faudrait pas l'amplifier. Pour
tous les pays, l'implantation de grands groupes nationaux et multinationaux est indispensable,
mais il ne faudrait pas oublier l'importance des entreprises créées et dirigées par le
dynamisme et l'intérêt individuel. Un rapport raisonnable entre entreprises individualisées et
entreprises socialisées, dans les pays en transition, tant sur le plan de la quantité, de la
répartition géographique et sectorielle, que sur le plan des politiques d'incitation, serait,
semble-t-il, un sujet de recherche intéressant et influencerait la physionomie industrielle de
ces pays au XXI siècle.
381
À ce titre, n'oublions pas, par ailleurs, que le développement rapide du commerce
électronique pourrait favoriser les entreprises individualisées, puisque "l'Internet va changer
la façon de faire son "business""581. Avec l'Internet, les entreprises individualisées peuvent
combler ses points faibles en organisant leurs transactions par la voie électronique582.
Imaginons que l'industrie d'un pays comprenne, parallèlement aux grandes entreprises
("entreprises socialisées"), un grand nombre d'entreprises individualisées qui coexisteront et
coopéreront avec les premières sur la base d'une stratégie industrielle bien définie. Ces
entreprises individualisées seront organisées selon des critères géographiques et sectoriels,
dont le principe est l'interdépendance économique, allant de pair avec l'indépendance en
matière de régime de propriété. Elles surmonteront ainsi les inconvénients des petites
structures, mettront en valeur leurs points forts et s'adapteront aux (et profiteront des)
caractéristiques de l'ère de l'information. Ces entreprises individualisées seront financées par
les banques commerciales spécialisées qui disposent d'une clientèle homogène et qui auront
également besoin de la confiance que des "garanties réelles" pour accorder du crédit. Les
entreprises-clients, suffisamment financées, constitueront à leur tour une source importante
des dépôts à vue de ces banques commerciales spécialisées. Ces dépôts deviendront, à leur
tour, la source de financement à travers le mécanisme de création monétaire. La grande
quantité de clients et de transactions effectuées assurera ainsi la viabilité commerciale et
financière de ces institutions bancaires spécialisées.
581 Net Commerce. Contërence de l'IBM, organisée à la Défense le 27 mars 1997.
582 En 1996. le chiffre d'affaire du commerce électromque dans le monde entier n'était qu'environ 1 milliard d'USD. Cechiffre est estimé de 150 à 600 milliards d'USD en l'an 2.000. Net Commerce. Conférence de l'IBM, organisée à La Défensele 27 mars 1997.
382
Notons que les transactions électroniques ont également un effet sur les banques. En effet,
aujourd'hui, on vient de moins en moins aux guichets ; 20 % des clients n'y passent plus583 .
En surfant sur l'Internet, on observe de plus en plus d'organismes qui effectuent
électroniquement des petites transactions. Le coût de transaction-, la difficulté majeure qui
empêchait les petites entreprises d'aller vers les banques-, - semble être en cours de
disparition. Les nouvelles technologies paraissent compatibles avec ce que nous préconisons:
le rebondissement des entreprises individualisées.
Au temps des marchés bancaires saturés dans les pays développés, la révélation d'un grand
nouveau marché de crédit solvable, dans les pays en transition, ouvnra une nouvelle
perspective pour le système bancaire de ces pays. Comme nous l'avons expliquée, la
différence entre le mouvement de la micro-finance et le financement des entreprises
individualisées, implique un marché différent pour ces deux entités584 . Le financement des
entreprises individualisées n'inclurait pas "les pauvres", les "défavorisés de la société",
comme dans les pays en développement, bien qu'il puisse inclure les vraies micro-entreprises
créées par "les pauvres" et "les défavorisés" des économies de type soviétique. Ce
financement inclurait en principe les vrais entrepreneurs d'une société en mutation.
Si jusqu'à présent, dans le monde, le financement institutionnel ne s'est pratiquement pas
impliqué dans le financement de la petite entreprise, pourrait-on espérer que le manque de
capital-, la maladie traditionnelle des petites entreprises-, ait disparu au XXIe siècle ?
Comment exploiter le marché bancaire énorme des entreprises individualisées-, une immense
demande effective non satisfaite-, de façon efficace, en profitant des nouvelles technologies
583 Net Commerce Contërence de l'IBM. organisée à La Défense le 27 mars 1997.
584 Voir. MICROCREDIT SUMMIT. 1997. Declaration and Plan ofAc/lon Washington. February 2-4.
383
de communication? Plus généralement, comment profiter de l'économie digitale pour réduire
les écarts entre les pays riches et les pays pauvres? Ces questions relèveraient un grand défi
en matière théorique, stratégique et organisationnelle pour tous ceux qui s'intéressent aux
nouveaux sujets de socio-économie du développement pour le siècle à venir.
384
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422
II. Les Petites entreprises dans les pays en développement et les pays en transition. 43
II. Les raisons de la renaissance des petites entreprises depuis les années 1970. 62
3. Le cas de la "Troisième Italie" 1. 36
63
26
4
2
25
27
28
1 - IV
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENTS
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE
3. Le retour à la flexibilité.
1. Les pays de l'OCDE.
2. Le rôle prépondérant des petites entreprises (PE) françaises dans la création
DANS LE PROCESSUS DE DEVELOPPEMENT ET DE TRANSITION.
1. Qu'est ce que la petite entreprise? 49
1. La désindustrialisation et l'expansion du secteur des services. 62
2. Les changements de technologies industrielles et la réduction de la taille 62
1. Dans les pays développés.
CHAPITRE 1 : LES PETITES ENTREPRISES ET LEUR ROLE INDISPENSABLE
1 Ce paragraphe est une synthèse des ouvrages concernant le sUJet, notamment : Giacomo BECATIIN1. 1991 ; Gabi DeiOTTARI. 1994 . George C. PETRAKOS. 1996
moyenne effective des entreprises.
SECTION II : REFLEXIONS SUR LE BIEN-FONDE DU ROLE DE LA PETITE
ENTREPRISE AU SEIN DES ECONOMIES. 49
SECTION 1 : LES PETITES ENTREPRISES DANS LE MONDE.
d'emplois. 30
•11111111111111111111
423
4. Le coût élevé des économies d'échelle. 64
5. La tendance à la segmentation et à la recherche de la variété. 64
6. Le moindre investissement par travailleur. 64
7. La flexibilité dans l'organisation des petites entreprises. 64
8. La contribution à la réduction des inégalités sociales. 65
9. La capacité de création directe d'emplois des petites entreprises. 65
III. Les rôles des petites entreprises dans la transition des économies de type 66
soviétique.
A. Rôle dans la formation du secteur privé national. 66
B. Flexibilité et aptitudes spécifiques des petites entreprises à développer de 67
nouveaux produits : une réponse aux énormes besoins des économies de type soviétique
en transition.
C. La formation des entrepreneurs à l'économie de marché, à la mobilisation des 69
ressources et aux processus de démocratisation sociale.
IV. L'innovation dans la petite entreprise. Les stratégies de la petite entreprise 70
moderne face à la globalisation de l'économie.
A. Nouvelles technologies et petite entreprise. 70
B. La relation entre la taille de l'entreprise et son efficacité technique. 73
C. Petite entreprise et innovation. 75
CHAPITRE II : EXPERIENCES INTERNATIONALES DE LA MICRO-FINANCE.
ASPECTS THEORIOUES D'UN NOUVEAU MODE DE FINANCEMENT DES
ENTREPRISES INDIVIDUALISEES DANS LES PAYS EN TRANSITION. 82
SECTION 1 : LES ENSEIGNEMENTS TIRES DU MOUVEMENT
DE LA MICRO-FINANCE. 82
1. Les grandes caractéristiques du mouvement, et quelques cas typiques. 83
424
1. La Grameen Bank (GB) au Bangladesh. 88
2. Accion International en Amérique latine. 91
3. La Banque Rayat Indonesia (BRI) Unit Desa System, en Indonésie. 92
4. BancoSol en Bolivie 93
5. L'expérience du financement des petites entreprises de la "Troisième Italie". 95
II. Bilan de ces expériences. 98
1. Approche sociale et approche commerciale. 98
2. La détermination du public emprunteur. 100
3. La diversification des formes de garantie. 100
4. Le rôle particulier de l'épargne volontaire. 101
5. La possibilité de reconversion ou de réorganisation des institutions financières 103
étatiques en banque commerciale spécialisée à destination des petites entreprises.
6. L'importance d'un contingent de nouveaux banquiers. 104
SECTION II : ASPECTS THEORIQUES DU MQDELE : LE CREDIT, L'EPARGNE
ET LA CREATIQN MONETAIRE. 107
1. Quelques remarques sur le choix d'une forme d'institution financière adaptée 107
II. Le choix d'une forme d'institution financière adaptée aux petites entreprises
dans les pays en transition. 110
III. Le crédit dans le modèle proposé 114
A. Proposition de définition de la notion de "crédit". 115
B. Quelques remarques importantes 117
1. Le transfert du pouvoir d'achat 117
2. La confiance: une autre garantie de crédit 118
3. Le crédit: un produit n'existant pas dans les économies de type soviétique. 119
IV. La fonction de création monétaire des banques commerciales (BC). 119
120
122
425
A. Aperçu de la fonction de création monétaire des BC dans une économie de
marché.
B. Mécanisme de création monétaire des BC.
C. La faiblesse de la réalisation de la fonction de création monétaire des BC est un
obstacle essentiel à l'expansion du crédit. 125
V. Importance de la collecte des ressources bancaires. L'épargne dans les pays en 130
développement et dans les pays asiatiques.
A. La collecte des ressources d'épargne dans les pays en développement. 130
B. Enseignements et importance de la collecte des ressources d'épargne dans les
pays asiatiques, notamment les Nouveaux Pays Industriels (NPI) et les pays de l'ASEAN. 134
1. Dynamique de l'épargne dans les pays asiatiques. 134
2. La collecte des ressources bancaires des NPI et des pays de l'ASEAN. 137
CHAPITRE III : LE VIETNAM: LES REFORMES ECONOMIQUES VERS
L'ECONOMIE DE MARCHE. 140
SECTION 1. LES PRINCIPALES REFORMES ECONOMIQUES DEPUIS 1989.
BILAN GENERAL. 140
1. Les principales causes de la crise économique des années 1980. 142
1. Une situation initiale précaire. 142
2. Les ravages de la guerre. 143
3. Les erreurs stratégiques et politiques lors de la construction du pays. 143
II. Les principales réformes depuis 1989. 144
1. Réforme agraire. 144
2. Réforme industrielle. 146
3. Réforme du droit de la propriété. 147
4. Réformes du marché et de la réglementation sur les prix. 147
426
148
149
150
151
156
157
157
161
164
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166
5. Réformes financières.
6. Réforme des systèmes de change et de commerce.
7. La réintégration dans la communauté financière internationale.
III. Les principaux résultats des réformes.
SECTION II. CONTRAINTES ET POINTS FAIBLES DE L'ECONOMIE.
I. Faiblesse du changement structurel de l'économie.
A. Une évolution lente de la structure de l'économie.
B. Les faiblesses persistent dans les branches d'activité.
C. Limites de l'infrastructure physique.
II. Faiblesses du régime de la propriété et du processus de privatisation.
A. L'ambiguïté des droits de propriété au Vietnam.
B. Réflexions sur la privatisation dans les pays en développement et sur la cause
profonde du blocage du processus de privatisation au Vietnam. 170
III. Inadaptation des systèmes juridique, administratif et financier. 175
A. Inadéquation du système juridique et administratif aux lois du marché. 175
B. Dysfonctionnement de l'appareil administratif. 180
1. Les legs du mode d'organisation de l'appareil politique et économique de
type soviétique et ses conséquences. 181
2. L'influence de ce dysfonctionnement sur l'économie. 183
3. La faiblesse des institutions chargées de mettre en œuvre les lois. 185
C. Le système [mancier et bancaire. 185
D. La dégradation du capital humain, et la difficulté de sa restauration. 187
1. La pauvreté et l'inégalité sociale. 188
2. Le bouleversement du système des valeurs. 190
CHAPITRE IV : LE SECTEUR PRIVE VIETNAMIEN ET SES PETITES
427
ENTREPRISES.
SECTION LE SECTEUR PRIVE VIETNAMIEN STRUCTURE ET
197
197
1981. Les points forts du secteur privé vietnamien.
1. L'existence préalable d'une économie marchande au Sud pendant la période
1955-1975. 198
2. Le poids relativement léger des entreprises étatiques dans l'économie. 199
II. La fiabilité des statistiques concernant le secteur privé vietnamien. 200
CARACTERISTIQUES.
III. La structure et les caractéristiques du secteur privé vietnamien. Quelques
comparaisons entre le secteur vietnamien et celui de la Chine.
A. Structure et caractéristiques du secteur privé vietnamien.
B. Quelques comparaisons entre les politiques chinoises et vietnamiennes à
destination des secteurs privés.
SECTION Il : LES PETITES ENTREPRISES VIETNAMIENNES.
201
201
213
218
1. Compétence et caractéristiques socioculturelles des entrepreneurs vietnamiens
existants et potentiels : le bien fondé d'une définition des entreprises individualisées
vietnamiennes.
II. Les caractéristiques des petites entreprises.
A. Caractéristiques des petites entreprises présentées par Per RONNÂS.
1. Les caractéristiques structurelles moyennes des petites entreprises.
2. Les relations avec le système bancaire. Le crédit bancaire et le crédit
commercial des petites entreprises.
3. Caractéristiques structurelles moyennes des petites entreprises individuelles
220
224
224
225
229
(PEI).
4. Remarques importantes sur le sous-secteur des PE vietnamiennes.
230
232
428
B. Les petites entreprises industrielles. 234
C. Effet comparatif de l'investissement dans les petites entreprises. 243
1. Effet comparatif de l'utilisation du capital du point de vue financier. 243
2. Efficacité comparative de l'utilisation du capital à l'égard de la création
d'emplois. 245
3. La corrélation entre l'augmentation du capital, du nombre d'emplois et de la
productivité du travail des petites entreprises vietnamiennes. 246
CHAPITRE V : LE SYSTEME FINANCIER ET LA MICRO-FINANCE AU
VIETNAM: UN BILAN. 249
SECTION 1 : LE SYSTEME BANCAIRE ET LE SECTEUR FINANCIER INFORMEL
AU VIETNAM. 250
1. Le système bancaire du Vietnam avant les réfonnes. 250
II. Les réfonnes bancaires depuis 1989. 252
A. La Banque d'Etat du Vietnam (BEV). 252
B. Les banques commerciales étatiques et privées. 253
C. Autres institutions de crédits. 256
1. Les Coopératives de crédit. 256
2. Les Fonds de crédit agricole. 257
3. Les Banques pour l'habitat. 257
D. Le Marché monétaire et des capitaux. 258
III. Le secteur financier informel. 259
A. Aperçu sur le secteur financier informel dans les pays en développement et les
pays asiatiques.
B. Les composantes du secteur financier informel vietnamien.
1. Les particularités du secteur informel vietnamien.
259
261
261
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429
2. Les composantes du secteur financier informel vietnamien.
C. Estimation de l'ampleur du secteur financier informel vietnamien.
1. Estimation à partir des statistiques.
2. Examen du ratio de la monnaie fiduciaire hors banque dans Ml.
3. Examen de la disponibilité monétaire et quasi-monétaire à partir de la
structure de la masse monétaire. 269
SECTION II : LE CREDIT BANCAIRE ET LA COLLECTE DES RESSOURCES DES
BANQUES. 273
1. Une analyse sur l'évolution du crédit bancaire intérieur. 273
II. Les obstacles à l'expansion du crédit bancaire. 281
A. Les risques bancaires. 281
1. Risque de liquidité (ou risque d'immobilisation). 281
2. Risque de solvabilité ou de non-paiement. 282
3. Risque de rentabilité. 284
B. Autres obstacles à l'expansion du crédit bancaire 285
1. Insuffisance des ressources des banques commerciales. 285
2. La procédure bancaire est trop compliquée et trop longue 285
3. Les obstacles organisationnels 286
III. Les obstacles à la collecte des ressources bancaires. 286
1. Obstacles liés à l'hésitation des déposants. 286
2. Obstacles liés au niveau de développement et au problème démographique. 287
3. Obstacles liés à la mauvaise organisation des services bancaires. 290
IV. Estimation du taux d'épargne privée en 2000 et nécessité d'une amélioration des
services bancaires vietnamiennes.
SECTION III : LA MICRO-FINANCE AU VIETNAM.
292
294
430
295
296
300
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1. Micro-finance bancaire.
A. La Banque Vietnamienne pour l'Agriculture (BVA).
B. BVIC et BCPA en zones urbaines.
II. Micro-finance non bancaire.
A. Les programmes gouvernementaux et non gouvernementaux de financement
destinés à la création d'emplois et à l'allégement de la pauvreté.
1. Programme de création d'emplois du gouvernement central
2. Programmes de financement pour l'allégement de la pauvreté des
gouvernements provinciaux.
3. Programmes des ONG.
4. Programme Fleuve Rouge.
5. La Banque Vietnamienne pour les Pauvres (BVP).
B. Les problèmes posés par les programmes de financement non bancaire
gouvernementaux et non gouvernementaux. 310
1. Risque de déviation des ressources des programmes du gouvernement. 310
2. Faible efficacité des programmes provinciaux. 311
III. Le Fonds d'Assistance aux Pauvres pour l'Emploi (Fonds C.E.P.). 312
A. Généralités. 312
B. Organisation-gestion du Fonds 314
1. Objectif et structure d'organisation du Fonds. 315
2. L'Organisme Responsable Concerné (ORC). 315
C. Les principes de la constitution du capital et de la délivrance de crédit. 316
CHAPITRE VI : LES CONDITIONS [F 11POUR LE FINANCEMENT DES PETITES
ENTREPRISES VIETNAMIENNES. LES IMPACTS SOCIO-ECONOMIQUES D'UN
MODE DE FINANCEMENT EFFICACE. 323
431
SECTION 1 : PROPOSITIONS CONCERNANT LES CONDITIONS
MACROECONOMIOUES ET INSTITUTIONNELLES.
I. Améliorer les conditions macro-économiques et institutionnelles.
1. L'amélioration des droits de propriété.
2. Le renforcement de la capacité de l'appareil juridique.
3. Le renforcement de la capacité du système bancaire.
4. La mise en place des réseaux de services visant à servir les petites
entreprises.
325
326
328
329
332
333
5. Les politiques concernant la fiscalité, la fonnation des entrepreneurs et le
financement. 335
6. Les principaux changements indispensables. 338
II. Création d'un climat culturel favorable aux petites entreprises. 339
SECTION II : NOS PROPOSITIONS. 343
I. Créer la banque vietnamienne pour les petites entreprises une proposition
nécessaire et réaliste. 345
1. La solvabilité des petites entreprises vietnamiennes. 345
2. La potentialité de l'épargne des entrepreneurs et celle des ménages
vietnamiens. 346
3. Corrélation positive entre l'intensité du capital (mesurée par le ratio "actif
total/travailleur") et la productivité du travail.
4. La fonnation de banquiers qualifiés.
II. Proposition concernant l'organisation et la gestion de la banque vietnamienne
pour les petites entreprises.
1. Statut.
2. Types d'activités, étendue, compétences.
346
347
348
348
349
432
3. Définition des besoins de financement des petites entreprises, le public
emprunteur, les créateurs de petites entreprises. 350
4. Les garanties. 352
5. Facilité d'accès à l'épargne. 354
6. Typologie des opérations de crédit. 354
7. Les taux d'intérêt. 355
8. Les formes de financement complémentaire. 355
9. La sélection des projets à financer. 356
10. Les relations avec la clientèle. 357
Il. Les ressources humaines. 357
SECTION III: ESSAI D'EVALUATION DES IMPACTS SOCIO-ECONOMIOUES
D'UN MODE DE FINANCEMENT DES PETITES ENTREPRISES EFFICACE. 359
1. Les impacts économiques. 359
A. La création d'emplois. 359
B. Le développement du potentiel technologique et la productivité du travail. 360
1. Le développement du potentiel technologique grâce à l'amélioration du 360
financement.
2. Le développement du potentiel technologique grâce au capital humain. 361
C. Le développement de l'esprit d'entreprise et la promotion d'une nouvelle 362
génération d'entrepreneurs.
D. Le développement du revenu, du niveau de vie et du marché. 366
II. Les impacts sur le système financier et bancaire du pays. 367
A. L'assainisse.nent du secteur financier informel et la diminution du dualisme 368
financier.
B. L'attirance des sources de capital au profit de l'industrialisation. 370
433
C. Susciter l'amélioration des services bancaires des autres banques
commerciales (BC) vietnamiennes.
III. Promotion des petites entreprises et nécessité de l'élaboration d'une nouvelle
couche nationale d'entrepreneurs.
1. Des entrepreneurs en trop faible quantité.
2. Des entrepreneurs faibles, sur le plan qualitatif.
3. Nécessité de l'élaboration d'une nouvelle génération d'entrepreneurs
vietnamiens.
CONCLUSION GENERALE
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
371
372
372
373
374
377
384
422
436
435
LISTE DES TABLEAUX ET FIGURES
CHAPITRE 1
Tableau 1 : Variation nette de l'emploi selon la taille des établissements des pays 30
industriels en 1983 - 1992 (taux annuels moyens en pourcentage de l'emploi total).
Tableau 2 : Nombre de petites entreprises (PE), moyennes entreprises (MoE) et 31
grandes entreprises (GE) françaises en 1993.
Tableau 3: Organismes publics, organismes privés. 33
et entreprises en France en 1993, (en milliers).
Tableau 4 : Emplois des établissements ICS en 1993 en France. 34
Tableau 5 : Evolution des effectifs salariés ICS par taille d'établissement entre 1983 et 35
1993 (en milliers de personnes).
Tableau 6 : Evolution des effectifs salariés par taille d'établissement dans l'industrie 35
entre 1983 et 1993 (en milliers de personnes).
Tableau 7 : Répartition de l'emploi salarié ICS (hors grandes entreprises nationales) 36
par taille d'établissement entre 1988 et 1993 (en milliers de personnes).
Tableau 8 : Place des ECV et des entreprises étrangères en Chine (EEC) en 1985 et 45
1992.
Figure 1 : Les tennes traditionnelles du classement d'entreprises et ceux que nous 59
proposons.
CHAPITRE II
Tableau l : Profils des Il institutions de micro-finance en 1993. 84
436
Tableau 2 : Viabilité financière des programmes, en 1993. 87
Tableau 3 : Structure des dépôts auprès des banques des huit Nouveaux Pays 138
Industriels et ASEAN au cours des années 19801, en pourcentage.
CHAPITRE III
Tableau 1 : Balance du commerce extérieur du Vietnam du 1976 au 1995. 154
Tableau 2 : Part relative des secteurs dans le PIB pendant la période 1989-1994, en 157
pourcentage.
Tableau 3 : Part relative des secteurs dans le PIB des pays de l'Asie de l'Est en 1965 et 158
1987, en pourcentage.
Tableau 4 : Relation entre l'évolution de la structure de l'économie et celle du ratio 159
d'augmentation du PIB réel des pays de la région d'Asie-Pacifique des années 1980, en
pourcentage.
Tableau 5 : Structure de l'emploi dans les branches d'activité au Vietnam du 1985 au 160
1993 (en pourcentage).
Tableau 6 : Le nombre de fonctionnaires travaillant dans l'appareil de l'Etat de 1993 à 177
1996 (en personnes).
Tableau 7 : Les huit pays dont les effectifs totaux des forces armées sont les plus 179
peuplées du monde.
1
Tableau 8 : Disparités des services entre zones rurales et urbaines : une comparaison 189
entre le Vietnam et quelques autres pays voisins.
CHAPITRE IV
Tableau 1 : Nombre d'entreprises du secteur étatique et du secteur non-étatique. 202
Tableau 2 : Part (%) du PIB par secteur 1990-1995. 204
437
Tableau 3 : Taux de croissance (%) par secteur 1990-1995. 205
Tableau 4 : Part de la production industrielle par type d'organisation dans l'industrie 207
privée pendant la période 1990-1993 (%).
Tableau 5 : Répartition géographique des entreprises privées et leur part de capital par 208
rapport à celle des EE (1993).
Tableau 6 : Octroi du crédit par les banques commerciales. 210
Tableau 7 Structure de l'échantillon des petites entreprises dans l'étude de 226
OITlITAS/SIDA en 1991.
Tableau 8 : Caractéristiques structurelles générales des PEU et PER, chiffres moyens 228
par entreprise, en 1990.
Tableau 9 : Nombre d'entreprises industrielles, 1989-1993. 235
Tableau 10 : Nombre de travailleurs et productivité de l'industrie, 1989-1992. 236
Tableau Il : Le nombre et la part du PIB des petites entreprises industrielles dans un 237
certain nombre de branches d'activité industrielle, 1990-1993.
Tableau 12 : Productivité des PE dans un certain nombre de branches d'activité 239
industrielle, en comparaison avec les autres formes d'entreprise, 1992, (1000 VND).
Tableau 13 Distribution géographique des PE industrielles (en milliers 240
d'entreprises).
Tableau 14 : Productivité des petites entreprises industrielles et la taille moyenne de 241
petites entreprises industrielles dans les sept zones géographiques et dans quelques
provinces, 1992.
Tableau 15 : Investissement et emploi dans les entreprises vietnamiennes. 245
CHAPITRE V
438
Tableau 1 : Rapport population/agence du Vietnam (fin 1993) et des huit Nouveaux 255
Pays Industriels et ASEAN à la fin des 1980. En nombre d'habitants/agence.
Tableau 2 : Ratios de la monnaie fiduciaire hors banque dans MI (MFHB/M1) 268
pendant la période 1989-1992.
Tableau 3 : Ratios de la monnaie fiduciaire hors banque dans MI (MFHB/Ml) des 268
Nouveaux Pays Industriels et ASEAN ainsi que du Japon et des Etats-Unis en
pourcentage, en 1989.
Tableau 4 : Structure de la masse monétaire de 1988 à 1993. 270
Tableau 5 : Evolution du crédit bancaire intérieur de 1987 à 1993. 277
Tableau 6 : Structure du tenne de crédit des cinq Nouveaux Pays Industriels et 280
ASEAN pendant les années 1980, en pourcentage.
Tableau 7 : La répartition du montant de crédit du Fonds CEP selon les branches 314
d'activités en 1992, 1993 et 1994, en pourcentage.
CHAPITRE VI
Tableau 1 : Quelques points différençiant les programmes de micro-finance et la 358
banque commerciale pour les petites entreprises.
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