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L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis
Par
Gabrielle Roberge
Essai synthèse sous la supervision de Lyne Chayer
Dans le cadre de la Maîtrise en intervention en toxicomanie
Université de Sherbrooke
Faculté de médecine et des sciences de la santé
10 janvier 2015
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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RÉSUMÉ
Plusieurs études démontrent les risques associés à la consommation de cannabis à
l’adolescence. Nous constatons, à travers notre pratique, que les jeunes ayant décroché du
milieu scolaire et qui ont consommé du cannabis hâtivement au cours de leur
adolescence, présentent plusieurs obstacles à leur réintégration en milieu scolaire ou à
leur intégration sur le marché du travail. L’objectif de cet essai est de documenter, par
une recension critique de la littérature, les risques associés à la consommation de
cannabis à l’adolescence sur l’insertion socioprofessionnelle du jeune adulte. Cette
recension critique permettra de dresser un portrait nuancé des différents risques sur
l’adolescent et des possibles conséquences à long terme chez le jeune adulte dans une
perspective socioprofessionnelle, particulièrement sur les aspects scolaires et du travail.
À la lumières de nos analyses de la littérature et de nos observations issues de la pratique,
des recommandations ont été proposées dans le but d’améliorer les pratiques en
prévention, détection et en intervention en toxicomanie auprès de la clientèle adolescente
québécoise.
MOTS CLÉS
Adolescent, cannabis, risques, jeune adulte, insertion socioprofessionnelle
KEY WORDS
Adolescent, cannabis, young adult, risks, professional integration
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Remerciements
Je tiens à remercier les personnes suivantes qui m’ont encouragé et supporté dans la
mise en œuvre de mon essai synthèse.
Premièrement, je tiens à remercier ma directrice d’essai, Mme Lyne Chayer, pour
votre écoute, votre disponibilité, votre rigueur et vos conseils qui m’ont grandement
aidé à réaliser ce travail.
Merci à la Fondation Jean-Lapointe de m’avoir octroyé une bourse pour la réalisation
de l’essai synthèse.
Merci également à Mme Marianne St-Jacques, Mme Karine Bertrand et M. Jorges
Florès Aranda pour vos commentaires et vos rétroactions pour mes travaux lors des
séminaires et qui m’ont permis de mieux orienter le choix de mon sujet.
Finalement, un merci particulier à mes parents et amis pour vos encouragements,
votre patience et votre support tout au long de la maîtrise.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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TABLE DES MATIÈRES
Résumé .................................................................................................................................2
Remerciements .....................................................................................................................3
1. Introduction ....................................................................................................................6
1.1 L’adolescence et le passage vers la vie adulte .............................................................7
1.2 Qu’est-ce que le cannabis? ..........................................................................................8
1.3 Prévalence de la consommation de cannabis chez les jeunes ......................................9
1.4 Les effets recherchés chez les jeunes ........................................................................10
1.5 Les principaux risques associés à la consommation de cannabis à l’adolescence ....10
1.6 Définition de l’objectif ..............................................................................................12
2. Méthodologie ..............................................................................................................12
2.1 Justification du moyen ..............................................................................................12
2.2 Les bases de données .................................................................................................13
3. Résultats de la recherche documentaire ....................................................................15
3.1 L’adolescent, le jeune adulte et la littérature .............................................................15
3.2 Indicateurs et instruments de mesure.........................................................................16
4. Analyse et argumentaire..............................................................................................17
4.1 Risques neurobiologiques et cognitifs .......................................................................17
4.2 Risques psychosociaux ..............................................................................................19
4.2.1 Santé mentale ................................................................................................20
4.2.2 Difficultés scolaires et décrochage scolaire ..................................................22
4.2.3 Travail ...........................................................................................................24
4.2.4 Dépendance et passage vers d’autres drogues ..............................................26
5. Forces et limites de l’essai synthèse ............................................................................29
6. Recommandations et retombées .................................................................................30
6.1 Première recommandation .........................................................................................31
6.2 Deuxième recommandation .......................................................................................31
6.3 Troisième recommandation .......................................................................................32
6.4 Quatrième recommandation ......................................................................................32
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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6.5 Cinquième recommandation ......................................................................................33
7. Conclusion ....................................................................................................................34
Bibliographie ....................................................................................................................36
Annexe ...............................................................................................................................41
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Liste des tableaux
Tableau 1 : Résultats de recherche : PsycInfo ...................................................................15
Tableau 2 : Résultats de recherche : Medline (Ebsco) .......................................................15
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1. INTRODUCTION
Le cannabis est utilisé à des fins médicinales et religieuses depuis plus de 4000
ans (Hall et Degenhardt, 2009). Depuis les cinquante dernières années, il est de plus en
plus utilisé chez les adolescents et les jeunes adultes pour ses propriétés euphorisantes
(Hall et Degenhardt, 2009). D’ailleurs, cette substance est la plus consommée chez les
jeunes québécois de l’école secondaire (Pica et coll., 2012). Selon nos observations sur
le terrain, cette substance est souvent banalisée par les jeunes, les intervenants et les
parents en le comparant par exemple à d’autres substances comme l’alcool. Dans un
récent ouvrage, de l’Institut national de santé publique du Québec, Brochu et coll. (2009)
ont fait le constat, en recensant les études antérieures, que notre société occidentale
normalise de plus en plus la consommation de drogues et accepte la consommation de
type récréative. En travaillant auprès de jeunes décrocheurs âgés entre 14 à 17 ans1, nous
constatons que nombre d’entre eux consommant ou ayant consommé du cannabis
présentent des symptômes ou affichent un diagnostic relié à une problématique en santé
mentale (symptômes dépressifs, anxiété, attaques de panique) et à des troubles cognitifs
(trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)). Dans le cadre de notre
travail, nous tentons de redonner confiance à ces jeunes afin qu’ils puissent retourner
éventuellement à l’école ou intégrer le marché du travail. Cependant, ceux-ci présentent
plusieurs difficultés qui font obstacle à leur intégration sociale (difficultés à se mettre en
action, problèmes de concentration, anxiété, consommation afin d’atténuer les
symptômes, etc.). Ces réflexions nous ont amené à nous poser la question suivante : bien
qu’une majorité de jeunes consomment le cannabis de manière récréative (Brochu et coll.
2009), quels sont les impacts à long terme du cannabis lorsqu’il est consommé à
l’adolescence? Quelles conséquences cette consommation peut avoir sur le passage vers
la vie adulte dans une optique de scolarisation et d’intégration sur le marché du travail?
Afin d’en arriver à notre objectif, nous définirons tout d’abord le concept
d’adolescence versus celui de l’âge adulte, nous présenterons brièvement la composition
et les effets généraux du cannabis, nous présenterons un portrait de la consommation de
cannabis chez les jeunes, les effets recherchés par leur consommation et enfin, les risques
1 Diapason-Jeunesse, organisme en prévention du décrochage scolaire à Laval.
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associés à sa consommation à l’adolescence sur le plan neurobiologique, cognitif et
psychosocial.
1.1 L’adolescence et le passage vers la vie adulte
L’adolescence est une période transitoire entre l’enfance et le passage vers la vie
adulte. C’est une phase de grands changements où le jeune fait face à une multitude de
transformations tant aux plans physiques, psychologiques et sociaux (Cloutier, 1996).
Cette étape passagère entre l’enfant et l’adulte, permet à l’adolescent de créer sa propre
échelle de valeurs, de faire des choix, d’explorer de nouvelles sensations, de se
responsabiliser et de bâtir éventuellement son identité. Cependant, l’adolescence peut être
également marquée par de grands bouleversements intérieurs et de remises en question.
Dans son livre, Psychologie de l’adolescence, Richard Cloutier présente les grandes
théories entourant l’adolescence. Dans cet ouvrage, bien que plusieurs auteurs aient de la
difficulté à situer les intervalles que constitue cette période, Cloutier (1996) situe
l’adolescence en une phase unique de développement et la place entre 12 et 18 ans. Dans
le cadre de l’essai, nous nous concentrerons davantage sur les 14 à 17 ans, puisque nous
travaillons auprès de cette clientèle.
Également, dans ce livre, l’auteur présente les différents travaux de plusieurs
pionniers dans le monde de la psychologie dont ceux d’Erikson et la crise identitaire chez
l’adolescent (Cloutier, 1996). Cette crise identitaire représente une période exploratoire et
de remise en question pour l’adolescent. La présence de repères est importante durant
cette phase (famille, amis, encadrement, soutien scolaire, etc.) et sans ces points de
repère, il sera plus difficile de cheminer à travers cette période (Cloutier, 1996). Dans
notre pratique professionnelle, puisque ces jeunes sont dépourvus de certains repères,
nous devons les aider à définir leur identité, les aider entre autres à explorer ce qu’ils sont
et ce qu’ils veulent devenir. Également, nous remarquons que ces jeunes se sentent
souvent exclus et marginaux, puisque le système scolaire, les centres jeunesse et les
autres institutions n’ont pas « réussi » avec eux. L’échec fait continuellement partie de
leur vie. Selon Erikson :
« Les adolescents qui se sentent exclus de la culture
dominante et qui ont l’impression d’être rejetés par la société se
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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construiront […] une identité négative, c'est-à-dire qu’ils se
définiront par leur marginalité […]. L’identité négative peut être à
l’origine de comportements antisociaux et aussi de névroses
profondes. »
(Cloutier, 1996, p.16).
Un rapport de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) publié en
2010 documente, par une revue de littérature, les conséquences et les facteurs associés à
la consommation de substances psychoactives (SPA) à l’adolescence (Gagnon et
Rochefort, 2010). Dans la première partie du document, il y est présenté une description
de la mise en contexte du développement neurophysiologique du cerveau de l’adolescent.
En fait, le cerveau est en changement constant durant l’adolescence entre autres par
l’épaississement du cortex cérébral et l’organisation du système neuronal (Gagnon et
Rochefort, 2010). C’est à cette période de croissance que le cerveau développe
notamment sa capacité de raisonnement envers la prise de risques (Gagnon et Rochefort,
2010). Ce document permet de comprendre la vulnérabilité du cerveau de l’adolescent
aux SPA, puisqu’il peut y avoir des impacts cognitifs à long terme (Gagnon et Rochefort,
2010). Les prochaines pages expliqueront les composantes du cannabis, ses effets chez
l’individu et les risques associés à sa consommation à l’adolescence.
1.2 Qu’est-ce que le cannabis?
Le cannabis, comme tous les SPA, agit sur le psychisme de l’individu en
modifiant soit le fonctionnement mental, les perceptions, le comportement et parfois
certaines fonctions physiques et/ou psychologiques (Centre Québécois de Lutte aux
dépendances, 2006). Le cannabis fait partie de la catégorie des perturbateurs du système
nerveux central et entraîne une légère euphorie (Centre Québécois de Lutte aux
dépendances, 2006). Elle est la drogue illégale la plus consommée au Québec, au Canada
et à travers le monde (Centre Québécois de Lutte aux dépendances, 2006). Elle est
composée principalement par la molécule de THC (Tétrahydrocannabinol). Le THC agit
directement sur le cerveau en inhibant plusieurs neurotransmetteurs au niveau de
l’hippocampe et du cervelet (la mémoire et la coordination des mouvements), de
l’amygdale (régulation de l’anxiété), du cortex préfrontal (impulsivité/désinhibition) et du
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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méso-cortico-limbique (augmentation de la dopamine, c’est-à-dire de l’euphorie)
(Richard, D. 2009). Le cannabis se consomme généralement de deux manières soit par
voie orale ou par voie d’inhalation et cette dernière est davantage privilégiée, puisque son
absorption est plus rapide. (Richard, 2009).
Tout dépendant de la composition de la substance, de l’individu qui le consomme
et du contexte, les principaux effets physiques sont : les yeux rouges, la bouche sèche, la
tachycardie, l’hypoglycémie et les fringales (Centre Québécois de Lutte aux
dépendances, 2006). De fortes doses de cannabis peuvent engendrer une perturbation des
sens et de la mémoire (Centre Québécois de Lutte aux dépendances, 2006).
1.3 Prévalence de la consommation de cannabis chez les jeunes
Selon l’enquête sur les toxicomanies au Canada (ETC) réalisée en 2004 auprès de
13 700 jeunes de 15 ans et plus, citée par Brochu et coll. (2009), 14% d’entre eux ont fait
usage de cannabis à au moins une occasion au cours de leur vie. De plus, selon l’enquête
québécoise sur la santé des jeunes du secondaire de 2010-2011 (Pica et coll., 2009), 4,9%
des élèves de 1ère
secondaire ont consommé au moins à une occasion du cannabis au
cours des 12 derniers mois; cette consommation augmente significativement passant à 43
% chez les élèves de 5ème
secondaire.
Dans le cadre de dernière cette étude, le DEP-ADO (outil de dépistage créé par le
RISQ (2003) (Recherche et interventions sur les substances psychoactives-Québec)) a été
administré afin de cibler les jeunes à risque face à leur consommation d’alcool et de
drogues et seule une faible proportion de jeunes ont été identifié à risque (5%) ou
nécessitant une aide thérapeutique (5%) (Pica et coll., 2012). Par ailleurs, la prévalence
de consommation de cannabis (au cours des 12 derniers mois) chez les jeunes
décrocheurs est de 84,9% comparativement à 45,5% chez les jeunes en milieu scolaire
(Brochu et coll., 2009). De plus, Brochu et coll., (2009) nous démontrent que les drogues
chez les jeunes de milieux scolaires sont utilisées sporadiquement comparativement aux
autres groupes de jeunes marginalisés (jeunes décrocheurs et jeunes contrevenants) qui
ont une consommation régulière et comportant davantage de prises de risques.
Effectivement, dans notre ressource, en 2013, sur 7 jeunes ayant décroché de l’école, 2
étaient coté « Feu vert » (la consommation ne présente pas de conséquence), 3 « Feu
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jaune » (consommation à risque) et 2 « Feu rouge » (consommation problématique :
référence immédiate) ; en 2014, sur 7 jeunes fréquentant notre ressource, 2 étaient coté
« Feu vert » 2 « Feu jaune » et 3 « Feu rouge ». En conséquence, ces jeunes semblent
être davantage à risque à développer ou présentent une problématique reliée à leur
consommation entre autres de cannabis et à la prise de risques.
1.4 Les effets recherchés chez les jeunes
Tel que mentionné précédemment, ce ne sont pas la majorité des jeunes qui
consomment du cannabis et la majorité qui en consomment ne sont pas à risque (Pica et
coll., 2012). La plupart des jeunes consomment de manière récréative. L’usage récréatif
réfère à une consommation occasionnelle qui n’engendre pas de problèmes néfastes sur la
santé et qui ne génère pas de troubles comportementaux pouvant avoir des répercussions
négatives sur soi ou sur autrui (Centre Québécois de Lutte aux dépendances, 2006). Les
raisons pour lesquelles les jeunes consomment diffèrent d’un individu à un autre soit,
pour l’expérience de « gang », par curiosité, pour se détendre, pour le plaisir, etc. (Centre
Québécois de Lutte aux dépendances, 2006). D’autres consomment plutôt pour apaiser
une souffrance ou pour s’éloigner de la réalité pour quelques instants (Centre Québécois
de Lutte aux dépendances, 2006).
Nos observations cliniques se réfèrent davantage à une consommation ayant pour
fonction d’automédication afin de diminuer les symptômes d’anxiété, se détendre, pour
éviter l’insomnie, etc. D’autres nous disent qu’ils ne sont plus capables d’en consommer
en raison de problèmes qui en découlent (attaque de panique et anxiété).
1.5 Principaux risques associés à la consommation de cannabis à l’adolescence
Selon certaines études, il est démontré que l’exposition précoce au cannabis peut
affecter le développement du cerveau et laisser des lésions permanentes, sachant qu’il est
en importante transformation lors de cette période (Gagnon et Rochefort, 2010). Une
revue de la littérature depuis 1996 par Kalant (2004), sur les effets négatifs du cannabis,
confirme qu’un bon nombre d’études démontrent qu’une consommation à long terme de
cannabis de manière régulière peut laisser des séquelles permanentes et irréversibles sur
la mémoire et la capacité de concentration à l’âge adulte.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Également, il est démontré dans plusieurs études que l’absorption du THC à long
terme dans les tissus peut engendrer une dépendance physique (irritabilité, perturbation
du sommeil, modification de l’appétit) (Kalant, 2004).
De plus, dans notre pratique, nous remarquons que certains jeunes qui
consomment du cannabis présentent des symptômes ou on un diagnostic en santé mentale
(anxiété généralisé, dépression, phobie sociale, attaque de panique). Kalant (2004) a
relevé plusieurs études démontrant un lien étroit entre la consommation de cannabis et le
risque de développer une schizophrénie au début de l’âge adulte. Hayatbakhsh et coll.,
(2007) ont quant à eux ou pour leur part étudié le lien possible entre la consommation
précoce de cannabis et l’émergence de symptômes de dépression et d’anxiété à l’âge
adulte. Cette étude longitudinale sur 21 années (0 an jusqu’à l’âge de 21 ans) a démontré
que les jeunes qui consommaient du cannabis à 14 ans de manière régulière présentaient
davantage de symptômes d’anxiété et de dépression à l’âge de 21 ans que ceux qui
n’avaient jamais consommé ou consommé occasionnellement (en contrôlant également
les autres substances) (Hayatbakhsh et coll., 2007). Également, Hall (2006), dans une
revue de la littérature sur la consommation de cannabis et la santé mentale chez les
jeunes, constate que la consommation de cannabis avant l’âge de 15 ans augmente les
risques de développer une dépendance à cette substance et de développer des symptômes
de dépression ou une psychose.
Sur le plan social, une étude longitudinale australienne a démontré que
l’utilisation régulière de cannabis est associée à un risque plus élevé d’abandon scolaire
précoce (Lynskey et coll., 2003) . Bien que le décrochage scolaire soit complexe et puisse
découler de plusieurs facteurs, la consommation de cannabis est associée aux difficultés
et à l’abandon scolaire (Kalant, 2004). La majorité des québécois n’ayant pas de diplôme
d’études secondaire est prestataire de l’aide sociale (Fortin et coll., 2004). Également, la
consommation de cannabis à l’adolescence engendre plus de risques à développer une
trajectoire délinquante et des comportements antisociaux (Brochu et coll., 2009).
Nous devons considérer qu’il peut y avoir des biais dans chaque étude présentée.
Cependant, le nombre d’études reflétant des résultats similaires indique qu’il y a une
association à faire sur les risques associés à la consommation de cannabis à
l’adolescence.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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1.6 Définition de l’objectif
Au départ, nous souhaitions documenter les impacts de la consommation régulière
de cannabis chez les adolescents vers l’âge adulte. La fréquence de consommation
(régulière) a été retirée de l’objectif de départ, puisque c’est à travers la littérature que
nous déterminerons à quelle fréquence il peut y avoir des risques associés. De plus,
puisque nous ne pouvons pas tirer des conclusions en illustrant les causes à effet
(impacts) de la consommation de cannabis à l’adolescence, notre objectif s’est plutôt
défini comme suit :
Documenter les risques associés à la consommation de cannabis à l’adolescence
sur l’insertion socioprofessionnelle du jeune adulte.
De ce fait, les prochaines pages illustreront le moyen afin de répondre à notre
objectif et les résultats découlant de celui-ci.
2. MÉTHODOLOGIE
2.1 Justification du moyen
À la lumière de nos recherches sur les ouvrages réalisés sur le cannabis chez les
adolescents et le jeune adulte, la recension des écrits a été le moyen utilisé pour l’essai
synthèse, puisqu’une grande quantité d’articles a été réalisée sur ce sujet.
La revue de littérature est pertinente à réaliser pour cet essai, puisqu’elle permet
de dresser un portrait détaillé, afin de nuancer notre argumentaire sur les différentes
dimensions abordées, selon les différentes recherches scientifiques.
Puisque l’essai repose également sur des observations tirées de notre pratique, la
revue de littérature donne l’occasion « de distinguer la théorie qui explique le mieux les
faits observés » (Fortin, 2006; p.4) et « permettent d’appuyer les connaissances
expérientielles en faisant la synthèse des données scientifiques de la littérature »
(Dagenais, Martin et Renaud, 2013; p. 6).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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2.2 Les bases de données
Afin de documenter les risques associés à la consommation de cannabis à
l’adolescence, nous avons fait appel à deux bases de données dans le but de comparer les
différents résultats. Nous avons choisi comme première base de données PsycINFO,
puisqu’elle est légitime pour la réalisation de l’essai, car elle contient différents journaux
renommés dans le monde de la psychologie et d’autres domaines connexes tels que
travail social, médecine, etc. (Jasco, 1998). Comme deuxième base de données, nous
avons choisi Medline (with Ebsco), puisqu’elle contient des articles pertinents dans le
domaine biomédical (Ebsco industries, 2014) et qu’elle est appropriée pour notre essai,
puisque nous tentons d’explorer les risques associés au cannabis chez l’adolescent sur
l’insertion socioprofessionnelle également au point de vue neurobiologique et cognitif.
Une des étapes importantes à la revue de littérature est de dégager les principaux
concepts établis dans l’objectif pour l’essai (Fortin, 2006). En fait, la recherche
documentaire s’est effectuée selon des mots clés englobant les thèmes principaux des
différents risques associés lors nos recherches réalisées antérieurement dans le cadre des
travaux des séminaires, soit : « adolescence », « cannabis », « psychosocial
development », « mental health disorders », « mental health problems », « academic
achievement », « school dropouts », « job ». Pour chaque base de données, nous avons
divisé nos recherches sous forme de catégorie regroupant les mots clés utilisés. Par la
suite, pour chaque résultat découlant des différentes catégories, nous avons lu les
résumés des articles et avons sélectionné ceux qui semblaient les plus pertinents pour
répondre à l’objectif. Ensuite, tous les articles sélectionnés ont été lus et résumés sous
forme de fiche de lecture (Annexe 1). Les critères d’inclusion ciblés pour la recherche
documentaire sont les suivants : les études auprès des adolescents et le cannabis, les
études réalisées auprès des jeunes adultes 18-24 ans et le cannabis, les études
longitudinales, les études révisées par les pairs, les revues de littérature et les méta-
analyses. Toutes études réalisées avant 1995 ont été exclues.
Pour la base de données PsycINFO, la recherche a été séparée en six catégories de
mots-clés. Pour la base de données Medline (with Ebsco), la recherche a été divisée en
quatre catégories. Le choix des catégories est similaire à celles de PsycInfo, mon but
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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étant de comparer les deux bases de données afin de cibler les similitudes ainsi que les
divergences. Par ailleurs, j’ai choisi le mot clé « adolescent », puisque le nombre de
résultats pour le mot clé « adolescence » était trop élevé. J’ai finalement exclu les mots
clé « mental health disorders » et « mental health problems », les résultats ne référant pas
à des articles sur l’adolescence et le cannabis en soi.
Les tableaux suivants illustrent les résultats pour chaque base de données :
TABLEAU 1 : RÉSULTATS DE RECHERCHE PSYCINFO
TABLEAU 2 : RÉSULTATS DE RECHERHE MEDLINE (EBSCO)
35
5
5
16
3
2
3
2
2
3
2
1
0 10 20 30 40
« Adolescence and cannabis and…
« Adolescence and cannabis and school…
« Adolescence and cannabis and mental…
« Adolescence and cannabis and mental…
« Adolescence and cannabis and job »
nombre d'articles retenus nombre total d'articles
4
5
2
12
2
2
1
1
0 2 4 6 8 10 12 14
« Adolescent and cannabis and psychosocialdevelopment »
« Adolescent and cannabis and academicacheivement »
« Adolescent and cannabis and school dropouts »
« Adolescent and cannabis and job »
Nombre d'articles retenus Nombre total d'articles
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Les articles qui ont été sélectionnés dans les deux bases de données étaient en lien
avec l’objectif et la population ciblée dans cet essai. Les articles qui s’en éloignaient, soit
parce qu’ils faisaient référence à une autre population ou parce qu’ils étaient trop
spécifiques à une problématique de santé mentale ou à d’autres substances, ont été
exclus.
Par ailleurs, pour cet essai, nous nous sommes concentrés davantage sur les
risques associés à la consommation de cannabis sur les aspects entourant l’école et le
marché du travail, puisque ces dimensions ont été moins explorées dans la littérature et
touchent particulièrement notre pratique. Les résultats de recherche en lien avec les
adolescents, le cannabis et le travail n’ont pas donné de résultats fructueux dans la base
de données Medline. Nous avons donc effectué une recherche auprès de la base de
données FRANCIS, mais nous avons obtenu le même résultat que PsycINFO à la
catégorie « job » ou les résultats n’étaient pas concluants et ce, même si nous changions
les mots clés pour « employment » ou « work ».
Suite à la lecture de tous les textes choisis, 15 articles ont été retenus pour faire
l’analyse et pour la réalisation de la recension critique des écrits. Au final, une trentaine
de lectures ont servi pour la mise en œuvre de l’essai. Les autres textes avaient été
sélectionnés lors des travaux du séminaire I et II et viennent principalement de la base de
données PsycInfo en utilisant les mots clés suivants : « Adolescence », « adulthood »,
« cannabis », « regular user », « psychosocial development », « mental health disorders »,
« academic achievement », « school dropouts ». Tous les mots clés ont été choisis en
fonction de leur pertinence en lien avec notre sujet et des résultats obtenus lors de nos
recherches dans les différentes bases de données.
Voici donc les résultats généraux découlant de la recherche documentaire.
3. RÉSULTAT DE LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE
3.1 L’adolescent, le jeune adulte et la littérature
Les différents articles démontrent que les chercheurs ont pour la plupart étudié
leurs sujets d’étude entre la période de 15 à 18 ans (Degenhardt et coll., 2010; Fergusson,
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Horwood, & Swain-Campbell, 2002; Fergusson & Boden, 2008). Consommer du
cannabis en dessous de 14 ans est considéré comme étant un âge très précoce de
consommation (Kokkevi, Gabhainn, & Spyropoulou, 2006), puisque l’initiation au
cannabis à l’adolescence (15-18 ans) est définie comme étant un âge hâtif de
consommation (Kokkevi et coll., 2006; Lynskey et coll., 2003). La période du jeune
adulte est ciblée entre l’âge de 20 à 24 ans (Degenhardt et coll., 2010; Fergusson &
Boden, 2008; Marmorstein & Iacono, 2011).
3.2 Indicateurs et instruments de mesure
À la lumière des études, les risques psychosociaux se sont mesurés à l’aide de
plusieurs questionnaires et d’entrevues réalisées sur plusieurs années (Degenhardt et coll.,
2010; Kokkevi et coll., 2006; Marmorstein & Iacono, 2011). Dans la majorité des études,
les risques psychosociaux sont définis ainsi : santé mentale, délinquance, criminalité et
violence, relations interpersonnelles, satisfaction de la vie, comportements sexuels à
risques, difficultés scolaires, abandon scolaire, aspect du travail (chômage et assistance
sociale), dépendance et passage vers d’autres drogues (Degenhardt et coll., 2010;
Hartnagel, 1996; Pedersen, 2011). De plus, pour la plupart des études, l’instrument pour
mesurer la consommation de cannabis fait à l’aide d’un questionnaire autorapporté de la
consommation au cours des 6 ou 12 derniers mois sur plusieurs années et plusieurs
intervalles (Degenhardt et coll., 2010; Lynskey et coll., 2003; Pedersen, 2011).
Vous trouverez au cours des prochaines pages l’analyse et l’argumentaire
découlant de la recherche documentaire ; s’en suivront les forces et les limites de l’essai
ainsi que de nos recommandations.
4. ANALYSE ET ARGUMENTAIRE
Consommation de cannabis à l’adolescence et risques associés
4.1 Risques neurobiologiques et cognitifs
Bien que l’objectif pour cet essai ne concerne pas directement les risques associés
aux aspects neurobiologiques et cognitifs de la consommation de cannabis, nous ne
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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pouvons pas écarter cet aspect du sujet d’essai, puisque l’interaction chimique du
cannabis au niveau du cerveau présente des risques répertoriés dans un bon nombre
d’études.
Comme nous l’avons mentionné antérieurement, le cannabis agit à titre de
perturbateur sur le système nerveux central (Centre Québécois de Lutte aux dépendances,
2006). Bien que les effets à court terme puissent amener un état relaxant et euphorisant
pour le consommateur, la consommation de cannabis peut, à long terme, avoir des
répercussions sur la mémoire et l’attention chez l’adolescent (Gagnon et Rochefort,
2010). Puisqu’un bon nombre d’études démontre un lien significatif entre la
consommation régulière de cannabis et les déficits cognitifs et neurobiologiques, nous
avons, pour cette partie de l’essai, documenté nos résultats principalement selon des
revues de littératures.
À la lumière de revues de littérature sur les conséquences de la consommation
régulière de cannabis du point de vue neurobiologique (Hall et Degenhardt, 2013;
Schweinsburg et coll., 2008; Kalant, 2004), la majorité des études font consensus sur les
risques cognitifs associés à la consommation régulière de cette substance,
particulièrement à l’adolescence. Les déficits au niveau de la mémoire, de l’attention et
des apprentissages verbaux moteurs sont les aspects les plus souvent soulevés lors des
études réalisées auprès de consommateurs réguliers de cannabis comparativement aux
non-consommateurs (Hall et Degenhardt, 2013; Schweinsburg et coll., 2008; Kalant,
2004). Également, selon certaines études réalisées en imagerie cérébrale chez des
consommateurs adultes abstinents depuis 28 jours (observation des différentes parties du
cerveau lors d’exercices cognitifs), l’activité cérébrale est moins élevée et résulte d’une
atteinte des facultés mnésiques et des capacités d’attention (Hall et Degenhardt, 2013;
Schweinsburg et coll. 2008). Par ailleurs, d’autres études réalisées auprès d’adolescents
ont obtenu des résultats similaires quant à ces déficits cognitifs (Schweinsburg et coll.
2008).
De plus, certaines études longitudinales ont démontré qu’il y aurait une
association négative entre la consommation de cannabis à l’adolescence et le niveau de
quotient intellectuel à l’âge adulte (Hall et Degenhardt, 2013; Schweinsburg et coll.,
2008). Effectivement, certaines études démontrent une plus grande baisse du QI chez les
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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adultes ayant consommé du cannabis régulièrement à l’adolescence et cet impact sur le
cerveau est plus ou moins irréversible (Hall et Degenhardt, 2013; Schweinsburg et coll.,
2008).
Des études en laboratoire effectuées avec des rats montrent des résultats
similaires. En effet, dans leur revue de littérature, Schweinsburg et coll. (2008) exposent
un nombre important d’études réalisées depuis les vingt dernières années démontrant les
déficits cognitifs auprès des rats adolescents suite à une exposition prolongée au THC.
D’ailleurs, les rats adolescents semblent présenter une plus grande vulnérabilité cognitive
comparativement aux rats d’âge adulte quant aux exercices de mémorisation et
d’apprentissage (Schweinsburg et coll., 2008).
En somme, un bon nombre de revues de littérature scientifique présente les
différents risques associés à la consommation de cannabis chez l’adolescent et à long
terme sur le développement du cerveau sur la mémoire et sur les apprentissages.
Cependant, il est important de soulever certaines nuances qui émergent à travers les
résultats des différentes sources scientifiques.
Effectivement, il est difficile selon les études, de prédire si la consommation de
cannabis est directement liée au disfonctionnement cognitif ou si le simple fait d’avoir un
déficit cognitif peut mener à une consommation régulière de cannabis (Hall et
Degenhardt, 2013).
Par ailleurs, dans la dimension neurobiologique du cannabis, il est principalement
mention d’un risque associé à une consommation régulière de cannabis (Hall et
Degenhardt, 2013; Schweinsburg et coll., 2008; Kalant, 2004). Également, les doses de
THC administrées auprès des rats de laboratoires sont souvent très élevées et ne sont pas
généralisables aux consommateurs réguliers de cannabis (Schweinsburg et coll., 2008).
Dans ces revues de littératures, l’aspect d’une consommation occasionnelle et de
ses risques associés été très peu abordé. Cependant, d’autres études, que nous analyserons
au cours des prochaines sections, font le constat qu’une consommation occasionnelle peut
également engendrer des risques sur le plan psychosocial (Degenhardt et coll., 2010;
Lynskey et coll., 2003).
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Lorsque nous intervenons dans la pratique auprès des adolescents qui
consomment ou qui ont consommé du cannabis à un âge précoce, nous constatons que
certains d’entre eux présentent des déficits au niveau de leur attention et de leur
concentration. Nous ne pouvons pas faire de lien direct avec la consommation de
cannabis et les déficits cognitifs chez notre clientèle, puisque nous sommes conscients
que plusieurs facteurs peuvent être la cause de telles conséquences. Cependant, les
différentes études effectuées sur le cannabis et les risques associés sur le plan
neurobiologiques nous démontrent des résultats que nous ne pouvons pas banaliser. Elles
nous permettent de mieux comprendre l’action du cannabis sur le cerveau de l’adolescent
et à plus long terme du jeune adulte et de possibles difficultés d’intégration
socioprofessionnelle que nous élaborons davantage lors des prochaines sections.
4.2 Risques psychosociaux
Plusieurs études démontrent une association significative entre l’usage de
cannabis à l’adolescence et les conséquences psychosociales (Hall et Degenhardt, 2013;
Degenhardt et coll., 2010; Fergusson et Boden, 2008; Gagnon et Rochefort, 2010;
Lynskey et coll. 2003; Marmorstein et Iacono, 2011). De plus, il a été démontré, selon
une étude longitudinale australienne sur 10 ans auprès de 2032 élèves de secondaire
jusqu’à l’âge de 24 ans, que l’usage occasionnel comporte également de tels risques
(Degenhardt et coll., 2010). Selon la littérature, tel que mentionné préalablement, les
conséquences psychosociales sont répertoriées de la manière suivante : santé mentale,
délinquance, criminalité et violence, relations interpersonnelles, satisfaction de la vie,
comportements sexuels à risques, difficultés scolaires, abandon scolaire, aspect du travail
(chômage et assistance sociale), dépendance et passage vers d’autres drogues. Dans le
cadre de l’essai, pour une question de faisabilité et d’intérêt, l’aspect des relations
interpersonnelles, de la satisfaction de la vie, des comportements sexuels à risque et de
l’aspect impliquant la délinquance n’ont pas été analysés. Par contre, nous sommes
conscients que ces dimensions font partie des risques associés à la consommation de
cannabis à l’adolescence (Brochu et coll. 2009; Kokkevi, Gabhainn, & Spyropoulou,
2006; Lynskey et coll. 2003). Les dimensions relatives à la santé mentale, à la
dépendance envers le cannabis et le passage vers les autres drogues ont été analysées;
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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toutefois, nous avons concentré davantage notre analyse sur l’aspect de l’école et du
travail compte tenu du nombre moins élevé d’écrits scientifiques sur le sujet et puisqu’ils
concernent directement notre champs de pratique. En raison de la littérature et de nos
observations sur le terrain, nous analyserons ces dimensions indépendamment en
considérant que les problématiques présentées sont complexes et que plusieurs facteurs
peuvent être en cause (Brochu et coll. 2009).
4.2.1 Santé mentale
Tout comme pour les aspects neurobiologiques, l’impact de la consommation de
cannabis sur la santé mentale est un sujet qui a été grandement exploité en sciences
sociales. Pour ces raisons, nous avons également choisi ou utilisé certaines revues de
littérature sur cette dimension, puisqu’un bon nombre d’entre elles font état de données
pertinentes pour notre sujet d’essai.
Plusieurs études consultées démontrent les relations entre l’usage de SPA et les
problèmes de santé mentale. Effectivement, la consommation de SPA peut amener des
risques à développer une problématique de santé mentale chez un individu mais ces
problématiques peuvent également amener l’individu à se tourner vers la consommation
(Gagnon et Rochefort, 2010). De plus, elle peut déclencher une problématique si
l’individu a une prédisposition génétique (Gagnon et Rochefort, 2010). Également, la
consommation peut avoir comme fonction d’apaiser les symptômes sous forme
d’automédication (Gagnon et Rochefort, 2010).
Plusieurs revues de littérature scientifique démontrent, suite à des recherches
longitudinales et des méta-analyses, une relation entre l’anxiété (incluant les attaques de
panique) et cette substance (Kalant, 2004; Copeland et coll. 2013). Il est souligné que
l’usage régulier de cannabis à l’adolescence augmente le risque de développer des
problèmes d’anxiété à l’âge adulte (Kalant, 2004; Copeland et coll. 2013)
particulièrement à l’âge de 21 ans (Hayatbakhsh et coll., 2007). De plus, la
consommation de cannabis est associée à une augmentation des psychoses ou des
symptômes psychotiques et au développement d’une schizophrénie lorsque consommé à
l’adolescence (Kalant 2004; Hall et Degenhardt, 2013). L’usage régulier de marijuana
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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est associé à des risques de développer des idéations suicidaires, à une dépression ou à un
trouble bipolaire (Kalant 2004; Copeland et coll. 2013; Hall et Degenhardt, 2013).
Bien que plusieurs études démontrent des liens entre l’usage du cannabis et les
risques associés aux problématiques de santé mentale, nous devons souligner les nuances
et les contradictions qui émergent des différents éléments présentés précédemment.
D’une part, il est souvent difficile de déterminer si la problématique de santé
mentale était présente avant le début de consommation. Par exemple, une étude
longitudinale auprès d’adolescents et de jeunes adultes entre 15 et 21 ans (Mc Gee et coll.
2000) démontre qu’il n’y a aucune relation entre la consommation à l’adolescence et les
risques de développer une problématique de santé mentale lors de la transition vers l’âge
adulte. Il est plutôt proposé dans cette étude 1) qu’une problématique de santé mentale à
l’adolescence soit un facteur de risque à consommer davantage, à l’âge adulte, du
cannabis; et 2) qu’une consommation de cannabis chez le jeune adulte soit un facteur de
risque à développer une problématique de santé mentale. Cependant, soulignons que cette
étude présente des biais au niveau de sa validité interne et externe. En effet, cette étude
longitudinale a été réalisée dans les années 1970 et l’instrument pour mesurer la santé
mentale était le DSM-III, donc moins valide que celui utilisé de nos jours, soit le DSM-
IV-R (Mc Gee et coll. 2000). De plus, la concentration de THC du cannabis des années
1970 n’était certainement pas la même que celle d’aujourd’hui (Richard, 2009). Il est
donc difficile de généraliser les résultats de cette étude à la réalité d’aujourd’hui.
Dans les études recensées dans le cadre de cet essai, la majorité présentent une
association entre l’usage de cannabis et les problématiques de santé mentale,
particulièrement pour l’anxiété, les troubles induits par la substance et la schizophrénie et
ce, même après avoir contrôlé certaines variables afin d’éviter les biais (Kalant 2004;
Copeland et coll. 2013; Hall et Degenhardt, 2013). Également, même si la santé mentale
ainsi que d’autres facteurs tels que le statut socioéconomique, les antécédents familiaux,
les prédispositions génétiques et l’influence des autres substances ont été contrôlées
(Kalant 2004; Hall et Degenhardt, 2013), il est possible que certains autres éléments aient
pu échapper aux chercheurs.
Également, il est difficile pour les chercheurs d’établir des liens de cause à effet
entre la consommation de cannabis à l’adolescence et les problématiques de santé
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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mentale. Cependant, les études récentes réalisées auprès des animaux, particulièrement
auprès des rats, démontrent des associations significatives entre le cannabis l’adolescence
et la santé mentale (Hurd et coll. 2013). Des recherches récentes démontrent également
les risques sur le cerveau et les risques associés à développer des problèmes
psychiatriques (Hurd et coll. 2013).
Par ailleurs, nos observations sur le terrain nous démontrent qu’une majorité des
jeunes qui ont consommé hâtivement du cannabis, bien que nous sommes conscients que
ces jeunes présentent des problématiques psychosociales diverses, mentionnent souffrir
de problèmes d’anxiété et ont souffert d’épisodes dépressifs, ce qui corrobore les résultats
de nos recherches (Copeland et coll.; Kalant 2004; 2013; Hayatbakhsh et coll., 2007;
Hall et Degenhardt, 2013).
En somme, selon les différentes sources énumérées précédemment, la
consommation de cannabis à l’adolescence peut présenter un risque sur le plan de la santé
mentale, particulièrement au niveau de l’anxiété et de la dépression sans toutefois écarter
les autres risques tels que la schizophrénie et les troubles induits par la substance, puisque
ces hypothèses sont également très présentes dans la littérature et sur le terrain.
4.2.2 Difficultés scolaires/décrochage scolaire
L’adolescence est une période exploratoire où le jeune est régulièrement confronté
à ses choix et doit établir des décisions à l’égard de son avenir. L’école secondaire est
une étape importante et transitoire vers le monde des adultes. Comme nous l’avons
mentionné précédemment, l’usage de la marijuana à l’adolescence est associé à des
risques neurobiologiques et psychosociaux. Le cannabis est la drogue la plus consommée
chez les adolescents (Lynskey et coll. 1999). Certaines études se sont intéressées aux
risques associés à la consommation de cannabis à l’adolescence sur les dimensions
scolaires (attitude envers l’école, difficultés scolaires et l’abandon scolaire).
Kokkevi et ses collaborateurs (2006) ont réalisé une étude auprès d’adolescents de
15 ans de différents pays européens (Belgique, République Tchèque, France, Irlande,
Grèce et Pologne) puisque dans ces régions, le marché illégal du cannabis est en hausse
depuis les dernières années. Des questionnaires individuels ont été administrés de façon
anonyme dans le but, entre autres, d’étudier les corrélations et les relations possibles
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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entre la consommation précoce et très précoce de cannabis; ils ont déterminé qu’une
consommation précoce se situe entre l’âge de 13 et 15 ans et que 13 ans et moins est un
âge très précoce de consommation. Les chercheurs ont conclu que la consommation
précoce augmente les risques associés à plusieurs problématiques psychosociales, dont
les difficultés scolaires (échecs scolaires, abandon scolaire et décrochage scolaire). Il y a
possiblement des biais reliés à cette étude puisque ce sont des questionnaires individuels
auto-rapportés. Il n’y a pas eu de validation externe des questionnaires afin de vérifier si
les réponses étaient exactes. Par contre, les chercheurs sont confiants des résultats,
puisqu’ils ne pensent pas que les participants puissent mentir ou faire du déni sur
l’abandon scolaire (Lynskey et coll., 2003). Aussi, les biais ne devraient pas être si
importants quant à l’âge de l’initiation puisque le temps entre la cueillette d’information
et l’âge d’initiation est relativement court (Kokkevi, Gabhainn, et Spyropoulou, 2006).
Lynskey et coll. (2003) ont quant à eux examiné l’association entre la
consommation régulière de cannabis durant l’adolescence et la précocité du décrochage
scolaire auprès d’un échantillon de 1601 jeunes australiens âgés de 15 ans sur une période
de 6 ans. Des questionnaires sur la consommation hebdomadaire de cannabis et d’alcool
ainsi que sur le cheminement scolaire ont été administrés à tous les 6 mois. Les données
sociodémographiques et la santé mentale ont été contrôlées afin de diminuer la
contamination des variables étudiées. L’utilisation régulière de cannabis est associée à un
risque plus élevé d’abandon scolaire précoce (Lynskey et coll., 2003). L’âge de
consommation (15 ans) est associé à un départ prématuré de l’école (Lynskey et coll.,
2003). Bien que l’étude ait été réalisée en Australie et qu’il est difficile d’en généraliser
les résultats à la population québécoise. Les résultats démontrent une association entre la
consommation de cannabis et la précocité de l’abandon scolaire que nous devons
considérer au plan scientifique et pratique. De plus, cette étude confirme qu’il y a bel et
bien une association entre la consommation de cannabis et la faible scolarité et corrobore
d’autres études qui s’entendent sur cet aspect (Fergusson et Bodden 2008; Hall et
Degenhardt, 2013; Kokkevi, Gabhainn, et Spyropoulou, 2006). Par contre, elle n’en
démontre pas les causes, mais souligne des hypothèses intéressantes.
Il est difficile de faire des associations directes entre la consommation de
marijuana et des problématiques émergentes liées à celle-ci, puisque l’adolescence est
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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une période de grands bouleversements et d’autres facteurs entrent probablement en
cause comme par exemple l’influence des pairs, des traumas durant l’enfance ou des
antécédents familiaux (Brochu et coll. 2009). De plus, les difficultés scolaires et le
décrochage scolaire sont des réalités complexes et peuvent également être influencées par
de multiples facteurs (Fortin et coll. 2004). Par contre, ces résultats sont pertinents quant
à l’analyse sur l’âge précoce de consommation de cannabis et ses possibles conséquences
sur le cheminement scolaire. De plus, les différentes dimensions des risques associés à
l’usage de cannabis à l’adolescence, abordées dans les sections précédentes, donnent des
hypothèses intéressantes sur les possibles raisons qui peuvent entraîner des difficultés sur
le plan scolaire. Effectivement, comme nous l’avons mentionné antérieurement, nos
observations sur le terrain démontrent que les jeunes décrocheurs présentent souvent
plusieurs problématiques cognitives et/ou psychosociales et ont bien souvent consommé
de la marijuana au début de l’adolescence. Cette consommation est peut-être une des
causes associées au décrochage scolaire. Pour ces raisons, il est important de considérer
dans notre pratique les risques associés à la consommation hâtive de cannabis sur le
parcours scolaire.
4.2.3 Travail
Comparativement aux autres dimensions illustrées antérieurement, peu d’études
ont été réalisées sous le thème du travail. Cependant, certaines recherches démontrent
des résultats intéressants. En effet, Fergusson et Boden (2008) ont exploré, par une étude
longitudinale réalisée en Nouvelle-Zélande auprès de 1265 participants sélectionnés à la
naissance et suivis jusqu’à l’âge de 25 ans, l’association entre la consommation de
cannabis pendant l’adolescence et la période du jeune adulte sur la trajectoire de vie.
Particulièrement, cette étude tente de mesurer les impacts de la consommation de cette
substance sur les aspects de l’éducation, des relations interpersonnelles, de la satisfaction
face à la vie et de la dépendance aux programmes de sécurité du revenu. Les résultats
démontrent, même après avoir contrôlé plusieurs variables dont le statut socio-
économique des parents, les traumas durant l’enfance, la santé mentale et le parcours
scolaire, qu’une consommation régulière de cannabis est associée à une faible scolarité, à
un faible revenu, à une plus grande dépendance aux programmes de sécurité du revenu et
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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à une insatisfaction à l’égard des relations interpersonnelles et de la vie en général à l’âge
de 25 ans (Fergusson et Boden, 2008). Dans cette étude, les auteurs soulèvent l’hypothèse
du contexte social comme facteur de risque à la trajectoire de vie, puisque la
consommation de marijuana se fait probablement dans un contexte qui n’encourage pas
l’accomplissement scolaire et le succès sur le plan matériel (Fergusson et Boden, 2008).
Le nombre de variables contrôle est une force importante de cette étude, puisqu’elle
limite les biais possibles dans les résultats. Par contre, puisque cette étude provient de
Nouvelle-Zélande, nous ne pouvons pas entièrement généraliser les résultats à la
population québécoise. Cependant, elle démontre les possibles risques associés à la
consommation régulière de cannabis sur les difficultés liées à l’insertion
socioprofessionnelle du jeune adulte. Dans le même ordre d’idée, une autre étude
démontre des résultats intéressants quant au volet de l’emploi.
Effectivement, une étude longitudinale norvégienne s’est intéressée à l’association
entre la consommation de marijuana et la prestation d’aide sociale (Pedersen, 2011). Il est
démontré dans cette étude que cette association est davantage présente chez les
consommateurs réguliers (Pedersen, 2011). De plus, les périodes de prestations sont
beaucoup plus longues chez les consommateurs que chez les non-consommateurs et il y a
moins de cycles récurrents chez ces derniers (Pedersen, 2011).
Malgré les résultats intéressants de cette étude, il est possible que ce soit plutôt le
mode de vie qui tend vers une consommation de cannabis ou qu’une altération cognitive
amène l’individu à avoir des difficultés à se mobiliser et à se mettre en action (Pedersen,
2011). Selon Pedersen (2011), la consommation de cette substance peut engendrer divers
problèmes et des conséquences complexes et l’assistance sociale en fait partie, ce qui
appuie les autres dimensions présentées antérieurement. Dans cette étude, il n’est pas fait
mention que l’usage de cannabis à l’adolescence soit associé à des impacts entourant les
aspects du travail. Cependant, elle démontre les difficultés à s’insérer sur le marché du
travail, bien que nous sommes conscients de la complexité de la problématique entourant
cet aspect. De plus, puisque l’usage de marijuana est associé aux difficultés sur le
parcours scolaire (Fergusson et Bodden 2008; Hall et Degenhardt, 2013; Kokkevi,
Gabhainn, et Spyropoulou, 2006; Lynskey et coll., 2003), nous pouvons émettre comme
hypothèse que les difficultés scolaires peuvent amener chez le jeune adulte une difficulté
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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à s’insérer sur le marché du travail si nous considérons qu’ « au Québec, 82% des adultes
prestataires d’aide sociale et aptes au travail n’ont pas complété leurs études
secondaires» (Fortin et coll. 2004). De plus, il a été démontré que les individus qui
abandonnent l’école sont plus à risque de consommer régulièrement du cannabis, ce qui
explique peut-être les difficultés reliées à la dimension du travail (Hartnagel, 1996)
D’ailleurs, à travers nos observations, il est difficile pour les jeunes de se
mobiliser et de se mettre en action en lien avec un objectif de retour à l’école ou
d’insertion sur le marché du travail. Puisque la plupart d’entre eux consomment
occasionnellement les fins de semaines ou quotidiennement de manière régulière, il est
possible que leur consommation de marijuana soit associée à une difficulté à se mobiliser
concrètement. Par contre, nous sommes conscients que ces jeunes présentent plusieurs
difficultés psychosociales ou cognitives qui peuvent également faire obstacle à la mise en
action (TDAH, instabilités familiales, problématiques de santé mentale, expériences
traumatiques). Cependant, les différentes dimensions illustrées au cours des pages
précédentes nous démontrent que nous devons accorder une importance aux risques
associés à l’usage occasionnel et régulier du cannabis sur l’insertion socioprofessionnelle
des jeune adultes en devenir.
4.2.4 Dépendance et passage vers d’autres drogues
Nous observons de plus en plus dans la pratique, en plus des données dans des
revues de littérature, qu’il est possible de développer une dépendance au cannabis
(Gagnon et Rochefort, 2010; Hall, 2006; Kalant, 2004). Également, plusieurs s’entendent
à savoir que l’usage de cette substance peut ouvrir la voie vers d’autres drogues (Gagnon
et Rochefort, 2010; Hall, 2006). Avant de présenter l’argumentaire sur cette dimension
voici les critères de dépendance à une substance selon le DSM-IV-TR (2000) :
Mode d’utilisation inadapté d’une substance conduisant à une altération du fonctionnement ou
une souffrance, cliniquement significative, caractérisé par la présence de trois (ou plus) des
manifestations suivantes, à un moment quelconque d’une période continue de 12 mois :
1. Tolérance, définie par l’un des symptômes suivants :
a. Besoin de quantités notables plus fortes de la substance pour obtenir une intoxication
ou l’effet désiré ;
b. Effet nettement notablement diminué en cas d’utilisation continue d’une même quantité de la substance.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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2. Sevrage caractérisé par l’une ou par l’autre des manifestations suivantes :
a. Syndrome de sevrage caractéristique de la substance (v. les critères A et B des
critères de sevrage à une substance)
b. La même substance (ou une substance très proche) est prise pour soulager ou éviter
les symptômes de sevrage.
3. La substance souvent prise en quantité plus importante ou pendant une période plus
prolongée que prévue ;
4. Il y a un désir persistant, ou des efforts infructueux, pour réduire ou contrôler l’utilisation de la substance ;
5. Beaucoup de temps est passé à des activités nécessaires pour obtenir la substance (p.
ex., consultation de nombreux médecins ou déplacement sur de longues distances), à utiliser le produit (p. ex., fumer sans discontinuer), ou à récupérer de ses effets ;
6. Des activités sociales, professionnelles ou de loisirs importants sont abandonnées ou réduites à cause de l’utilisation de la substance ;
7. L’utilisation de la substance est poursuivie bien que la personne sache avoir un
problème psychologique ou physique persistant ou récurrent susceptible d’avoir été
causé ou exacerbé par la substance (p. ex., poursuite de la prise de cocaïne bien que la
personne admette une dépression liée à la cocaïne, ou poursuite de la prise de boissons
alcoolisées bien que le sujet reconnaisse l’aggravation d’un ulcère du fait de la consommation d’alcool).
Des revues scientifiques de la littérature démontrent une association entre l’usage de
cannabis à l’adolescence et les risques de développer une dépendance à cette substance
selon les critères mentionnés précédemment (Gagnon et Rochefort, 2010; Hall, 2006;
Kalant, 2004), particulièrement s’il est consommé avant l’âge de 15 ans (Hall et
Degenhardt, 2009). Également, les jeunes ayant consommé hâtivement du cannabis
seraient plus enclins à consommer de la cocaïne et de l’héroïne à l’âge du jeune adulte,
les études démontrant que les consommateurs de cocaïne et d’héroïne ont consommé la
marijuana à un âge précoce comparativement à ceux qui ne consomment pas ces
substances (Hall et Degenhardt, 2009)
Cependant, plusieurs facteurs peuvent amener un individu à développer une
dépendance ou à consommer d’autres drogues tels les évènements traumatiques, les
instabilités familiales, les facteurs biologiques et les problèmes de santé mentale
(Degenhardt et coll., 2010). De plus, l’influence des pairs peut également être un autre
facteur déterminant dans le maintien de la consommation (Brochu et coll. 2009;
Hartnagel, 1996). Il est difficile de tracer des liens de causalité entre l’usage de cannabis
et le passage vers d’autres drogues en raison de la complexité et l’influence de plusieurs
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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facteurs (Hall et Degenhardt, 2009). Par contre, plusieurs études émergentes convergent
et s’entendent sur les risques associés à la consommation hâtive de cannabis,
particulièrement à l’adolescence, sur la dépendance tant sur le plan physique (irritabilité,
perturbation du sommeil, modification de l’appétit) que psychologique (Gagnon et
Rochefort, 2010; Hall, 2006; Kalant, 2004).
En plus des données scientifiques présentées dans cet essai, nos observations dans la
pratique ajoutent un argument qui corrobore les résultats des différentes revues de
littérature. Effectivement, la majorité des jeunes qui ont accès à nos services ont
consommé hâtivement du cannabis et plusieurs d’entre eux ont un suivi en centre de
réadaptation en dépendance (CRD) à l’externe pour d’autres substances ou ont déjà suivi
une thérapie à l’interne comme par exemple à Portage. De plus, certains d’entre eux
présentent des critères de dépendance à la marijuana (tolérance, sevrage, diminution des
activités sociales) et d’autres répondent aux critères d’abus pour cette même substance,
c’est-à-dire qu’ils ont des conséquences directement liées à leur consommation, mais
n’ont jamais eu un problème de dépendance (DSM-IV-TR, 2000).
5. FORCES ET LIMITES DE L’ESSAI SYNTHÈSE
Le nombre élevé d’articles et d’études scientifiques sur l’usage de cannabis chez
les jeunes est selon nous une force à considérer dans le cadre de cet essai, puisqu’il nous
a permis de dresser un portrait nuancé de la problématique. En effet, les revues de
littérature et les études scientifiques présentées ont permis d’avoir un portrait général des
risques associés à la consommation de cannabis chez les jeunes, dans une optique
d’insertion socioprofessionnelle du jeune adulte. La convergence des données sur le sujet
est selon nous une autre force de cet essai, puisqu’elle donne un poids supplémentaire à
notre analyse et à notre argumentaire sur les risques associés à cette substance chez
l’adolescent et le jeune adulte. En plus d’être appuyé sur le plan scientifique, nos
observations terrains ont appuyé les données issues de la littérature. Nous avons tenté, à
travers celles-ci, de démontrer les relations possibles entre les données de la littérature et
nos expériences issues de la pratique, ce qui représente selon nous une force additionnelle
à l’essai synthèse.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Cependant, bien que nous ayons pu dresser un portrait nuancé des risques associés
en consultant un nombre important d’écrits sur le sujet, pour une question de faisabilité, il
nous a été impossible d’effectuer un portrait exhaustif de la problématique en raison du
trop grand nombre d’études sur le sujet et des exigences pour la réalisation de l’essai
synthèse (limites quant au temps de réalisation et nombre de pages). De plus, les
problématiques psychosociales, telle que la toxicomanie, étant des réalités complexes et
non-linéaires, il nous a été difficile de cerner si la consommation de cannabis à
l’adolescence est directement liée aux différentes problématiques présentées. Nous
sommes conscients également que nos observations issues de la pratique proviennent
d’un petit échantillon de jeunes dans un contexte donné et ne sont peut-être pas
généralisables à tous les jeunes adolescents québécois. Par contre, le nombre d’études
convergentes et l’appui par nos observations nous ont permis de faire des constats et des
recommandations sur les risques associés à la consommation précoce de cannabis qui
pourraient avoir des retombées aux plans clinique et scientifique.
6. RECOMMANDATIONS ET RETOMBÉES
Considérant, selon les données issues de la littérature :
• Qu’il y a des risques associés à la consommation régulière et précoce de cannabis
(moins de 15 ans) (Copeland et coll., 2013; Gagnon et Rochefort, 2010 ;
Fergusson et Boden, 2008; Hall, 2006; Hall et Degenhardt, 2009; Kalant, 2004;
Kokkevi, Gabhainn, et Spyropoulou, 2006; Marmorstein et Iacono, 2011;
Schweinsburg et coll., 2008);
• Qu’il y a également des risques associés à la consommation occasionnelle de
cannabis à l’adolescence (Degenhardt et coll., 2010; Lynskey et coll., 2003);
• Que plusieurs auteurs tels que Hayatbakhsh et coll. (2007) et Hurd et coll. (2013)
recommandent une détection et une intervention hâtives chez les jeunes et
également auprès des consommateurs occasionnels (Degenhardt et coll., 2010);
• Qu’il est recommandé de favoriser des interventions visant le maintien en milieu
scolaire plutôt que d’exclure systématiquement les jeunes qui consomment et
présentent des problématiques liées à cette pratique (Lynskey et coll. 2003);
• Que peu d’études couvrent les dimensions de l’école et du travail.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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Considérant, selon nos données issues de la pratique :
• Qu’une majorité des jeunes qui fréquentent notre service ont consommé du
cannabis à un âge très précoce (13-14 ans);
• Que certains en consomment encore de manière régulière ou occasionnelle;
• Qu’une majorité présentent des problématiques neurobiologiques/cognitives
(problème de concentration et d’attention) et psychosociales (anxiété, dépression,
consommation abusive ou dépendance, décrochage scolaire);
• Que la plupart ont un suivi au CRD pour leur consommation;
• Que la plupart des jeunes ont de la difficulté à se mobiliser pour toute démarche;
• Que plusieurs présentent une inconstance dans la démarche d’insertion.
6.1 Première recommandation
Nous recommandons :
« Qu’un dépistage soit fait systématiquement auprès des jeunes dès l’entrée au
secondaire »
La transition entre l’école primaire et l’école secondaire est une période
importante et bouleversante pour le jeune et s’effectue au début de l’adolescence, étape
de grands changements, de grands chambardements internes et de prises de risques
(Cloutier, 1996). Cette période transitoire vers le secondaire rend le jeune possiblement
plus vulnérable vis-à-vis ses choix et ceci peut mener, entre autres, à l’usage précoce de
drogues. Nous croyons qu’un dépistage hâtif, dès l’entrée au secondaire, permettrait
possiblement de cibler les jeunes consommateurs occasionnels ou réguliers dans une
perspective de prévention des risques à court, moyen et long terme.
6.2 Deuxième recommandation
Nous recommandons :
« En appui avec la première recommandation, que des interventions brèves soit faites
systématiquement auprès des jeunes consommateurs occasionnels de cannabis»
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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L’intervention brève est utilisée dans le but de donner l’information sur des
comportements nuisibles aux saines habitudes de vie, dans ce cas-ci, sur la consommation
et ainsi à ce que l’individu puisse faire des choix sur celle-ci (St-Jacques et coll. 2009).
L’intervention brève réalisée auprès des adolescents qui font usage de cannabis de
manière occasionnelle, permettrait peut-être de diminuer les risques associés à leur
consommation. De ce fait, l’intervention brève permettrait aux jeunes qui n’ont peut-être
pas de conséquences immédiates sur leur consommation, d’avoir l’information sur les
risques à long terme, afin qu’ils puissent faire des choix davantage éclairés sur celle-ci.
L’intervention brève devrait également être appliquée d’emblée auprès des jeunes
décrocheurs qui fréquentent des programmes de réinsertion scolaire ou d’insertion
professionnelle et qui consomment occasionnellement ou régulièrement du cannabis.
Effectivement, ces interventions pourraient permettre de leur donner l’information sur les
risques associés à leur consommation et de comprendre également certains de leurs
comportements, qui font ou ont fait obstacle à leur insertion socioprofessionnelle. Ce type
d’intervention permettrait également de servir de levier d’intervention pour les
intervenants advenant le cas qu’un jeune présente des difficultés à se mobiliser et à se
mettre en action.
6.3 Troisième recommandation
Nous recommandons :
« Que des programmes d’intervention soient intégrés dans les écoles afin de maintenir le
jeune en milieu scolaire»
Selon nos observations, la consommation en milieu scolaire est perçue comme un
étant un facteur d’échec à la réussite et à la performance scolaire. Pour ces raisons, un
jeune ayant des problèmes de consommation ou qui consomme de manière occasionnelle
ne se sent peut-être pas à l’aise de parler de sa consommation à un intervenant en milieu
scolaire. Des interventions préconisant une ouverture face à la consommation du jeune et
visant le maintien en milieu scolaire permettraient peut-être aux jeunes d’être moins
méfiants envers le système scolaire et ainsi minimiser l’exclusion scolaire et de diminuer
les difficultés d’insertion socioprofessionnelle à long terme.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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6.4 Quatrième recommandation
Nous recommandons :
« Que le CRD ainsi que les services d’insertion auprès des jeunes travaillent en étroite
collaboration et s’inspirent de l’approche du traitement intégré comme stratégie
d’intervention»
Selon le guide des meilleures pratique de Santé Canada (2002), le traitement intégré est
définit comme suit :
« Traitement des troubles mentaux et traitement des
troubles liés aux substances offerts simultanément par les
mêmes cliniciens et intervenants, ou par une même équipe
de cliniciens et d'intervenants, à l'intérieur d'un même
programme, de façon à assurer à l'individu une
explication cohérente des problèmes et des objectifs de
traitement compatibles plutôt qu'un ensemble de messages
contradictoires de professionnels différents. »
(Santé Canada, 2002)
Bien que l’approche intégrée soit utilisée particulièrement pour les troubles
concomitants (santé mentale et toxicomanie), nous pensons qu’une telle approche devrait
être davantage mise de l’avant auprès des jeunes présentant des problématiques de
consommation et qui désirent réaliser un projet de retour aux études ou d’intégration sur
le marché du travail. En fait, le traitement intégré permet de traiter les problématiques
simultanément plutôt que de manière séquentielle (travailler une problématique à la fois
(CHUM, 2014)). Ainsi, une étroite collaboration inspirée de l’approche intégrée entre le
CRD et les services d’insertion auprès des jeunes permettraient de faire un suivi sur leur
consommation tout en favorisant leur mise en action dans leurs démarches.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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6.5 Cinquième recommandation
Nous recommandons :
« La réalisation d’un plus grand nombre d’études québécoises et canadiennes sur la
consommation de cannabis chez l’adolescent et ses risques associés sur l’insertion
socioprofessionnelle, particulièrement sur les aspects neurobiologiques, scolaires et du
travail »
Beaucoup d’études réalisées sur le cannabis et l’adolescence se sont penchées
principalement sur les aspects englobant les problèmes au niveau de la santé mentale. Les
études neurobiologiques, bien qu’il y ait plusieurs écrits sur le sujet, présentent des
résultats pertinents pour la recherche quand aux actions du cannabis sur le cerveau. De
plus, plusieurs aspects entourant les composantes du cannabis et de ses interactions au
niveau des neurotransmetteurs échappent encore aux chercheurs. La réalisation d’autres
études sur les dimensions neurobiologiques permettrait de connaître davantage les
composantes du cannabis et ses interactions au niveau du cerveau et d’informer la
population générale, en particulier les jeunes, sur les risques à consommer à
l’adolescence.
Également, l’examen plus approfondi des aspects scolaires et du travail du jeune
adulte permettrait d’avoir un portrait plus global de la problématique et des risques
associés à la consommation de cannabis à l’adolescence. Davantage de données sur ces
dimensions permettraient éventuellement d’adapter les programmes de prévention et
d’intervention en milieu scolaire auprès des jeunes qui sont initiés hâtivement au
cannabis. De plus, il serait pertinent d’avoir d’autres études réalisées dans le contexte
québécois, afin de pouvoir généraliser les résultats à la population québécoise.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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7. CONCLUSION
Nous avons présenté dans cet essai, à travers les données de littérature et nos
observations, que la consommation régulière et occasionnelle de cannabis à l’adolescence
peut présenter des risques associés au plan neurobiologique, cognitif et psychosocial.
Cependant, nous sommes conscients que plusieurs facteurs peuvent contribuer au
diverses problématiques chez les adolescents et aux difficultés rencontrées lors de
l’insertion socioprofessionnelle à l’âge du jeune adulte. Il est important de souligner que
dans tous les cas, les risques associés et les effets liés à la consommation de cannabis (et
de tout autres psychotropes) diffèrent d’un individu à l’autre et ce, selon le contexte de
consommation, la substance et les caractéristiques de l’individu, que nous appelons la loi
de l’effet dans la pratique (Hall et Degenhardt, 2009; Gagnon et Rochefort, 2010). Selon
nos observations terrain, la loi de l’effet nous permet de conceptualiser la consommation
et ainsi agir en prévention auprès de notre clientèle. Bien que nous devons prendre en
considération la loi de l’effet et les différents facteurs qui peuvent influencer l’individu à
consommer, les données convergentes sur les risques associés à l’usage de la marijuana à
l’adolescence nous indiquent qu’il ne faut pas banaliser ses effets probables à moyen et
long terme. Les recommandations découlant de notre analyse permettront peut-être
d’adopter un nouveau regard sur les risques associés à son usage hâtif et d’opter pour de
meilleures pratiques auprès de cette clientèle.
En ce sens, selon la littérature scientifique et par nos observations, nous nous
questionnons à savoir si le personnel enseignant et tout autre professionnel travaillant en
milieu scolaire ou en décrochage scolaire a suffisamment d’information au sujet des
drogues. Le personnel est-il suffisamment formé pour intervenir auprès de cette clientèle?
Se sent-il compétent à repérer ou intervenir auprès d’un jeune qui consomme? Le
système scolaire est-il adapté aux jeunes qui présentent une problématique de
consommation? Nous croyons qu’il serait pertinent d’étudier ces aspects afin de diminuer
les difficultés associées à la consommation de SPA, particulièrement du cannabis, sur
l’insertion socioprofessionnelle.
L'essai synthèse demeure un exercice académique. Le lecteur doit mettre les résultats en contexte avec l’ensemble de la documentation clinique et scientifique disponible et il demeure responsable de leur utilisation. Pour citer cet essai: Roberge, G. (2015). L’insertion sociale et professionnelle des jeunes consommateurs de cannabis Essai synthèse inédit, Maîtrise en intervention en toxicomanie. Université de Sherbrooke
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41
Annexe 1
Canevas fiche de lecture
Référence (style APA) :
Quel est le but ou l’objectif de l’étude ?
Quelles sont les variables étudiées ? (VD, VI et
autres variables si cela s’applique)
Quelles sont les hypothèses ou les
questions/objectifs de recherche ?
Quel est le devis utilisé ?
Méthodologie
Quel type d’échantillon a été utilisé ?
Quels sont les outils pour mesurer les variables ?
Et quel(s) outil(s) mesure(nt) chaque variable ?
Résultats
Interprétation Quelles sont les conclusions ou
recommandations de l’auteur en ce qui a trait 1)
à la recherche et 2) la clinique?
Commentaires
CRITIQUES DE L’AUTEUR
FORCES ET LIMITES RAPPORTÉES
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CRITIQUES PERSONNELLES
CRITIQUES INTERNES CRITIQUES EXTERNES
COMMENT CE DOCUMENT FAIT-IL AVANCER VOTRE
SUJET/OBJECTIF ?
RÉFÉRENCES DE L’ARTICLE À CONSULTER
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