le bht - scc québec · ou de sites web gouvernementaux. elle débutera en traitant du phénomène...
Post on 17-Jul-2020
0 Views
Preview:
TRANSCRIPT
DESS DE COSMETOLOGIE
MONOGRAPHIE
LE BHT
Marilou Nadeau
Présentée le 18/11/2016
Composition du Jury
LIONEL RIPOLL Professeur invité Rapporteur
ANDRE PICHETTE Professeur Examinateur
JEAN LEGAULT Professeur Examinateur
2
3
TABLE DES MATIERES Table des figures…………………………………………………………………………………………………………………………..………….5
Liste des tableaux ………………………………………………………………………………………….....…………………………………….6
Liste des abréviations……………………………………………………………………………………………………………………………….7
Introduction……………………………………………………………………………………………………………………………………………..8
Chapitre 1 : L’oxydation et les antioxydants…………………………………………………….……………………………………..9
1.1 L’oxydation…………………………………………………………………………………………………….………………………9
1.2 La peroxydation des lipides…………………………………………….………………………………………………….….9
1.3 Les antioxydants………………………………………………….………………………….……………………………………10
1.4 Le BHT comme antioxydant.………………………………………………….……………………………..………………11
Chapitre 2 : Le BHT……………………………….….……………………………………………………………………..……..……………..12
2.1 Informations générales.…………………………………………………………………………………………………….…12
2.2 Obtention…………………………………………………………………………………………………………………..………..12
2.3 Utilisation ……………………………………………………………………………………………………………………………13
2.4 Concentrations retrouvées et consommation alimentaire …….………………………..………………….15
2.4.1 Concentrations retrouvées en cosmétique et recommandations..…………………..…..15
2.4.2 Dose journalière admissible et consommation alimentaire moyenne …….…………...16
2.5 Caractérisation………………………………………………………………………………………………………………….…17
2.5.1 Exemple d’une méthode utilisée en cosmétique…………………………………………………..18
2.6 Récapitulatif des propriétés du BHT……………………………………………………………………………………..19
Chapitre 3 : La pharmacocinétique …………………….……………….…………….………………………………………………….20
3.1 Absorption et distribution …………………….…………………………………………………………………………….20
3.2 Métabolisme …………………….…………………………………………………………………………….………………..…20
3.3 Excrétion …………………….………………………………………………………………………………………………………22
Chapitre 4 : La toxicité du BHT …………………….……………………………………………………………………………………….23
4.1 Toxicité orale…………………….…………………………………………………………………………………………………23
4.1.1 Cas de 2 femmes ayant consommées de fortes doses de BHT…………………………..….23
4.2 Effet et toxicité du métabolite BHT-QM…………………….……………………………………………………….24
4.3 Cancérogénicité…………………….……………………………………………………………………………………………24
4.4 Reprotoxicité…………………….………………………………………………………………………………………………..25
4
4.5 Génotoxicité…………………….………………………………………………………………………………………………….25
4.6 Irritation et sensibilité…………………….…………………………………………………………………………………..26
4.7 Impact sur l’environnement …………………….………………………………………………………………………….26
Conclusion et avenir du BHT...…….…….…………………………………………………………………………………………………..27
Bibliographie………………………………………………………………………………………………………………………………………….28
Résumé et abstract………………………………………………………………………………………………………………………………..30
5
TABLE DES FIGURES
Figure 1 : Étapes menant à la formation d’un hydroperoxyde.
Figure 2 : Formation d’un radical de BHT
Figure 3 : Interactions du BHT avec des dérivés réactifs de l’oxygène
Figure 4 : L’hydroxytoluène butylé (BHT)
Figure 5 : La synthèse du BHT
Figure 6 : L’hydroxyanisole butylé (BHA) et l’hydroxytoluène butylé (BHT)
Figure 7 : Spectre d’absorption du BHT
Figure 8 : Spectre infrarouge du BHT
Figure 9 : Spectre de masse du BHT
Figure 10: Quelques métabolites du BHT
Figure 11 : Métabolites susceptibles d’être formés suite à l’oxydation du BHT en son radical phénoxy
6
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition mondiale de l’utilisation de BHT dans différents secteurs
Tableau 2 : Tableau récapitulatif des propriétés du BHT
Tableau 3 : LD50 de différentes espèces animales
7
LISTE DES ABREVIATIONS AFSSAPS : Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
BHA : Butylated hydroxyanisole ou hydroxyanisole butylé
BHT : Butylated hydroxytoluene ou hydroxytoluène butylé
BHT-COOH : Acide 3,5-di-tertbutyl-4-hydroxybenzoïque
BHT-OH : 2,6-Di-tert-butyl-4-hydroxy-4-methyl-2,5-cyclohexadien-1-one
CAS : Chemical Abstracts Service
CosIng : EU Inventory of Cosmetics Ingredients
COSMED : Association des PME de la filière cosmétique
DJA : Dose journalière admissible
EFSA : European Food Safety Authority
EU SCF : European Union Scientific Committee for Food
FAO/WHO : Food and Agriculture Organization, World Health Organisation
FDA : Food and Drug Association
FEBEA : Fédération des entreprises de la santé
GC-MS : Chromatographie gazeuse couplé au spectromètre de masse
GC-FID : Chromatographie gazeuse couplé au détecteur à ionisation de flamme
GRAS : Generally Recognized as Safe
HPLC : High Performance Liquid Chromatography ou Chromatographie liquide à haute performance
INCI : International Nomenclature of Cosmetic Ingredients
IUPAC : International Union of Pure ans Applied Chemistry
JECFA : Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives
LC-MS : Chromatographie en phase liquide couplée au spectromètre de masse
LD50 : Dose létale médiane
NOAEL : No observable Adverse Effect Level ou dose maximale sans effet néfaste observable
ROS : Reactive Oxygen Species ou dérivés réactifs de l’oxygène
SCF : Scientific Committee for Food
TBHQ : Butylhydroquinone tertiaire
UE : Union Européenne
8
INTRODUCTION
Aujourd’hui, les gens font de plus en plus attention à leur mode de vie ainsi qu’aux produits qu’ils
consomment. C’est notamment le cas pour les aliments, mais aussi pour les cosmétiques utilisés de
façon quotidienne. Souvent, le moyen le plus facile et le plus rapide d’en savoir plus et d’apaiser leur
conscience est de faire des recherches dans des bases de données.
Toutefois, lorsque le mot BHT est inscrit dans un moteur de recherches Internet, les premiers sites web
qui apparaissent sont surtout des blogs ou des sites non gouvernementaux qui interpellent les
consommateurs à ne pas consommer de produits contenant cette molécule. Il s’agit en fait de
l’hydroxytoluène butylé; un antioxydant synthétique fréquemment employé dans les industries du
pétrole, du plastique, de l’alimentaire et de la cosmétique, car il empêche ou diminue les réactions
d’oxydation. Il est souvent ajouté aux huiles et aux graisses afin d’éviter leur rancissement. Le BHT a
cependant mauvaise presse. On lui reproche entre autres d’être un perturbateur hormonal, d’être
toxique pour plusieurs organes ou encore d’être cancérigène. [1, 2]
Mais qu’en est-il vraiment ? Les inquiétudes sont-elles justifiées et fondées sur des données scientifiques
véridiques, ou ne sont-elles que des craintes déraisonnables ?
La monographie suivante, un peu à l’image d’une revue de littérature, tentera de faire le point sur la
situation en fournissant un maximum de renseignements scientifiques provenant d’articles, de rapports
ou de sites web gouvernementaux. Elle débutera en traitant du phénomène d’oxydation, pour
enchaîner avec des généralités concernant le BHT, son utilisation, sa consommation et sa
pharmacocinétique, pour ensuite entrer dans le vif du sujet; sa toxicité.
9
CHAPITRE 1
L’oxydation et les antioxydants
1.1 L’oxydation
Les réactions d’oxydoréduction impliquent un transfert d’électron (e-) entre un agent oxydant (gain d’e-)
et un agent réducteur (perte de e-). Autrement dit, l’oxydation consiste en une perte d’électron alors que
la réduction est un gain d’électron. Plus souvent qu’autrement, l’oxydant se trouve à être l’oxygène.
Celui-ci, par son action, crée des radicaux libres qui sont en fait des molécules ayant un électron non
apparié.
Les radicaux libres sont souvent retrouvés en tant qu’intermédiaires de réactions. Ils suscitent beaucoup
d’attention, car se sont généralement des espèces instables et, de ce fait, ils sont très réactifs. Ils
donnent souvent lieu à des réactions en chaîne, car dès qu’un radical libre réagit avec une molécule, un
autre radical libre est automatiquement créé. Les dérivés réactifs de l’oxygène (ROS) en sont de bons
exemples. Ils sont souvent sous formes d’hydroxyles OH•, de perhydroxyles HOO•, de superoxyde O2•, de
peroxyles ROO•, d’alkoxyles RO• ou encore d’acide nitrique NO•. Ils jouent un rôle physiologique
important, mais ils exercent également des effets toxiques. Ils peuvent être la cause de vieillissement
prématuré, de rides mais aussi de cancers et de maladies chroniques. [3] Contrairement à la réputation
qui les précèdent, les radicaux libres ne mènent pas qu’à de mauvaises choses. En effet, ils sont
impliqués dans des réactions biologiques fondamentales telle que la respiration cellulaire ou encore la
photosynthèse. Il serait facile de croire que ce phénomène ne touche que les domaines généraux de la
chimie et de la biologie, mais les domaines spécialisés tel que l’industrie du plastique, du papier, de
l’alimentaire et même la cosmétologie sont également concernés. [4]
1.2 La peroxydation des lipides
La peroxydation des lipides implique à la fois la présence de molécules possédant des doubles liaisons
(lipides insaturés) et de l’oxygène. En effet, des radicaux lipidiques peuvent réagir avec du dioxygène (O2)
et former des hydroperoxydes. Il est possible de voir les étapes sur la figure 1, où L• représente le radical
lipidique et L-O-O•, le radical hydroperoxyde. [4]
Figure 1 : Étapes menant à la formation d’un hydroperoxyde
10
Ce type de réaction est à l’origine d’une des principales causes de la détérioration de la nourriture; soit le
phénomène de rancissement des corps gras. En effet, les peroxydes graisseux sont instables et ils ont
tendances à se décomposer. Cela fait en sorte que le produit devient inapte à la consommation, car la
valeur nutritive, la texture, la couleur, l’odeur et la saveur changent. [5]
1.3 Les antioxydants
Les antioxydants prolongent la vie des substances dans lesquelles ils sont contenus parce qu’ils
empêchent, dans la mesure du possible, leur oxydation en inhibant la formation de radicaux libres ou en
interrompant leur propagation. Ils agissent comme des agents anti-radicalaires en prévenant les
dommages faits par les radicaux libres qui attaquent souvent les lipides, les graisses et les protéines.
Dans le domaine alimentaire, il existe plusieurs techniques pour protéger un produit de l’oxydation. Par
exemple, il y a la congélation, la déshydratation, la stérilisation, l’hydrogénation ou encore l’utilisation de
molécules bien particulières; les antioxydants. [5]. Dans le cas des lipides, il est estimé que de bons
antioxydants doivent être liposolubles, incolores, insipides et qu’il doit être efficace même s’ils sont
chauffés ou conservés plus ou moins longtemps. Il va de soi qu’ils ne doivent pas avoir de toxicité, ou
bien que celle-ci doive être négligeable. Aussi, il ne faut pas qu’ils causent d’effets dommageables
considérables pour la santé du consommateur. [6] En ce qui concerne le domaine de la cosmétique, les
antioxydants sont utilisés pour protéger la formulation de l’oxydation ou pour lutter contre les radicaux
libres responsable du vieillissement cutané.
Il existe plusieurs types d’antioxydants. En effet, ceux-ci peuvent être endogènes, exogènes, naturels ou
synthétiques. Parmi ceux naturels, on utilise principalement les vitamines C et E, également retrouvées
sous les noms respectifs d’acide ascorbique et de tocophérol. Pour ce qui est de l’utilisation
d’antioxydants synthétiques à titre d’additif, elle remonte à environ 60 ans, lorsque l’on a vraiment
commencé à s’apercevoir des dommages causés par les radicaux. [7] Il peut s’avérer très intéressant de
travailler avec des antioxydants synthétiques au lieu de naturels, car ces derniers sont souvent moins
stables. En effet, les antioxydants synthétiques résistent mieux aux températures atteintes lors de la
cuisson ou de la friture. Parmi ceux phénoliques utilisés en industrie, il y a l’hydroxytoluène butylé (BHT),
l’hydroxyanisole butylé (BHA), le butylhydroquinone tertiaire (TBHQ), ainsi que les propyles, octyles et
dodecyles gallate. [5, 6, 8, 9] Bien que très populaire, l’utilisation du BHT s’est vue diminuer dans les
dernières années comparativement à celle du BHA. Une des raisons qui explique ce phénomène est que
le BHA est davantage stable à température élevée. [7]
Lorsqu’il est question de choisir l’antioxydant à utiliser comme additif, il faut avoir en tête que tous ont
leur forces et faiblesses, notamment en ce qui à trait à leur solubilité, leur concentration, leur stabilité
thermique ou encore leur synergie. [7] La règlementation est également susceptible d’influencer le
choix. [9]
11
1.4 Le BHT comme antioxydant
Afin de contrer le rancissement des corps gras, le BHT est souvent ajouté aux huiles et aux graisses. Il
s’agit d’un excellent antioxydant parce qu’il peut facilement former un radical très stable, comme c’est
généralement le cas pour les antioxydants phénoliques. Il suffit que l’atome d’hydrogène situé sur son
groupement OH soit enlevé, comme il est possible de la voir sur la figure 2.
Figure 2 : Formation d’un radical de BHT
La figure 3 démontre la façon dont le BHT interagit avec le O2, ainsi qu’avec des ROS tels le OH• et le
ROO•.
Figure 3 : Interactions du BHT avec des dérivés réactifs de l’oxygène
Le mécanisme de réaction avec l’hydroxyle (OH•) consiste à une addition du groupement OH qui est
suivie par une catalyse. Cela fait en sorte qu’un radical de type phénoxy est obtenu et que de l’eau est
formée. Le second mécanisme implique deux radicaux de peroxyles (ROO•). En premier temps, un
complexe se forme entre le BHT et un des radicaux. Suite à ce procédé réversible, le complexe réduit le
second radical via un transfert d’hydrogène. Le dernier mécanisme concerne le O2. Il implique également
la formation d’un complexe réversible avec le BHT. [10]
En effet, le cycle permet la stabilisation par
résonance. De plus, après sa formation, le radical
ne peut pas réagir davantage en raison de
l’encombrement stérique causé par les
groupements tert-butyles. Cela fait en sorte que
la réaction d’oxydation en chaîne est arrêtée.
12
CHAPITRE 2
Le BHT
2.1 Informations générales
L’IUPAC (International Union of Pure ans Applied Chemistry) reconnaît la nomenclature officielle du BHT
comme étant le 2,6-di-tert-butyl-4-methylphenol. Autrement, il est également possible de retrouver la
molécule répertoriée sous les noms d’hydroxytoluène butylé, di-tert-butyl-2,6 para-crésol, 3,5-di-tert-
butyl-4 hydroxytoluène ou encore sous l’INCI BHT. Plusieurs y font également référence avec des
numéros comme le CAS 128-37-0 et l’EINECS 204-881-4 pour l’industrie chimique ou encore le E321
pour l’industrie alimentaire. [11]
Comme il est possible de voir à la figure 4, le BHT est une molécule cyclique composée de deux
groupements tert-butyles, d’un groupement alcool et d’un groupement méthyl. Sa formule est C15H24O,
correspondant à une masse moléculaire d’environ 220g/mol. Il est soluble dans l’alcool, mais il ne l’est
que très peu dans l’eau; dû à son faible caractère hydrophile. Il s’agit d’un solide inodore retrouvé sous
forme de cristaux ou de poudre de couleur blanche ou jaune. [12] Parmi les impuretés susceptibles
d’être présentes en quantité minime dans le produit, il y a le mercure, le plomb, l’arsenic et les métaux
lourds. [13, 14]
Le tableau 2 retrouvé à la fin de ce chapitre fait le récapitulatif des propriétés du BHT mentionnées si-
haut en plus d’inclure des valeurs reliées à sa physico-chimie.
Figure 4 : L’hydroxytoluène butylé (BHT)
2.2 Obtention
Le BHT n’est pas retrouvé de façon naturelle dans l’environnement. Il s’agit en fait d’une molécule
synthétique. Pour l’obtenir, il suffit de faire une réaction d’alkylation entre le p-crésol (CAS 106-44-5) et
l’isobutylène (CAS 115-11-7), comme il est possible de voir à la figure 5. La préparation se fait via un
procédé à plusieurs étapes. Elle implique d’abord que du p-crésol réagisse avec de l’isobutylène par
catalyse acide avec de l’acide sulfurique. Du carbonate de sodium doit être ajouté pour neutraliser.
Ensuite viennent les étapes de filtration, lavage et cristallisation avec de l’isopropanol. Le produit est
finalement séché et passé au tamis.[13-15]
13
Figure 5 : La synthèse du BHT
En 2000, la production mondiale de BHT a été estimée à 62 000 tonnes/an. Les principaux fabricants sont
surtout retrouvés aux États-Unis, en Europe et en Asie [16]
2.3 Utilisation
C’est en 1947 que le brevet du BHT a été déposé. À ces débuts, il était utilisé comme antioxydant dans
l’industrie pétrolière et dans celle des adhésifs. En effet, la molécule peut être utilisée en tant qu’additif
à carburant afin de stabiliser celui-ci et de réguler la formation et le dépôt de gomme. Il peut tout aussi
être requis dans la production de plastiques, d’élastomères, de peintures, d’huiles et de lubrifiants, car il
améliore leur durée de vie. Les polyoléfines, polyuréthanes, polyesters et polyvinyles sont tous des
plastiques qui sont susceptibles de contenir du BHT. Celui-ci est également incorporé à des
concentrations allant de 0,5 à 2 % à certains caoutchoucs et élastomères afin d’apporter une résistance
aux altérations et fissures tout en maintenant l’élasticité du produit. [7, 14, 17-19]
Ce n’est que plus tard, durant les années 50, que le BHT est apparu dans les industries alimentaires et
cosmétiques. En effet, en 1954, la molécule a été approuvée par la Food and Drug Association (FDA)
pour son utilisation dans la nourriture et dans les emballages. Deux ans plus tard, le Japon a suivi les
États-Unis en l’utilisant dans plusieurs domaines. [7, 15, 20] C’est également au courant de ces années,
ou plus précisément en 1958, que le BHT a obtenu le statut de produit GRAS (Generally Recognized as
Safe).
Le BHT est utilisé comme antioxydant dans les aliments pour hommes et animaux, où il doit avoir en
général une pureté supérieure à 99%. Il est d’ailleurs répertorié sous le numéro d’additif alimentaire
E321 et dans l’Union Européenne, il est inclut en tant qu’additif alimentaire dans le Règlement EU No
1129/2011 de la commission. Comme il se retrouve souvent dans la nourriture, il fait parti de
l’alimentation quotidienne des gens. En effet, il est employé, car comme il l’a été mentionné dans le
chapitre précédent, il empêche d’avoir des produits rancis. De tels produits changent de saveur et
couleur, ont une valeur nutritionnelle et une fraicheur diminuée et peuvent également avoir des effets
néfastes sur la santé. Le BHT permet donc de les préserver et les stabiliser et d’assurer leur innocuité.
Ainsi, le fait de maintenir la qualité des aliments de cette façon augmente leur durée de vie. [15, 19, 21]
Le BHT est entre autre utilisé dans les mélanges secs comme les céréales et les mélanges à desserts
(pâtisseries, gâteaux et biscuits), dans les huiles de cuisson ainsi que dans la mayonnaise et les
14
vinaigrettes crémeuses de salade. Il a aussi été remarqué que l’antioxydant était un ingrédient contenu
dans plusieurs gommes à mâcher commerciales. [5, 10, 13, 21]
Le BHT améliore également la stabilité de produits pharmaceutiques, de vitamines et de cosmétiques. En
effet, le BHT est retrouvé dans plusieurs cosmétiques, produits de soins et d’hygiène tels que les
démaquillants, les fards à paupières, les rouges à lèvre, les produits bronzants, les huiles, les parfums,
déodorants, les shampoings et les crèmes. En 1998, la FDA a déterminé que le BHT était utilisé dans plus
de 1709 formulations. [7, 12, 19, 22]
Dans un tout autre type de domaine, le BHT est utilisé comme additif dans la cryoconservation de
sperme animal. Il a pour but d’inhiber la formation de ROS lors des processus de congélation et de
décongélation. Des études ont d’ailleurs démontrées que l’antioxydant améliore la survie et la fertilité
des spermatozoïdes de différentes espèces de mammifères. Les concentrations requises vont
généralement de 0,5 à 2mM. Deux mécanismes ont été proposés pour expliquer l’effet de protection du
BHT. Le premier suggère que le BHT pénètrerait dans la membrane du sperme et qu’il y augmenterait la
flexibilité et la fluidité pour assurer une protection contre le choc du froid imposé par la procédure. Dans
la deuxième option, le BHT diminuerait les effets dommageables causés par les radicaux en convertissant
les peroxyles lipidiques en hydroperoxydes. [18]
Comme le démontre ses champs d’utilisation variés, le BHT est un des antioxydants très populaires dans
diverses applications industrielles. Le tableau 1 présente d’ailleurs la répartition de l’utilisation du BHT
dans le monde en 2000. Il est possible de constater qu’encore aujourd’hui comme à ses tout débuts, il
domine dans les industries du caoutchouc, de plastique et du pétrole, et que même combinés, les
secteurs alimentaires, pharmaceutiques et cosmétiques sont beaucoup moins concernés. [16]
Secteur Valeur
Caoutchouc 27 %
Plastiques 27%
Huile minérale/ additifs à essence 17%
Alimentaire/Pharmaceutique/Cosmétiques 12%
Alimentaire pour animaux 11%
Encre et autres 6%
Tableau 1 : Répartition mondiale de l’utilisation de BHT dans différents secteurs
Le BHT peut être utilisé conjointement avec d’autres additifs. Par exemple, il est fréquent de voir le BHT
et le BHA utilisés de pair comme co-antioxydants (voir figure 6). L’intérêt d’utiliser un tel mélange est
d’augmenter le pouvoir de ceux-ci vu l’effet synergique qu’ils procurent. En effet, le BHT, tout comme le
BHA inhibe l’auto-oxydation des lipides. [7, 23]
15
Figure 6 : L’hydroxyanisole butylé (BHA) et l’hydroxytoluène butylé (BHT)
2.4 Concentrations, consommation et recommandations
Il peut être difficile de se démêler avec l’ensemble des concentrations de BHT retrouvées. En effet,
celles-ci dépendent du domaine d’utilisation, du type de produits, de l’année, du pays et des références
bibliographiques dont il est question.
2.4.1 Concentrations retrouvées en cosmétique et recommandations
En 1984, les concentrations dans les cosmétiques et les produits d’hygiène pouvaient atteindre 1%.
Depuis, il a été rapporté que des concentrations allant de 0,01 à 0,1 % ou de 0,0002 à 0,5 % étaient
optimales. Tout dépend des études, mais également du type de produit cosmétique dont il est question.
En effet, une concentration de 0,1% peut être retrouvée dans les crèmes, huiles et lotions alors que dans
les écrans solaires et les démaquillants, ce sera plutôt de l’ordre de 0,2%. [7, 11]
Un exemple concret de recommandation a eu lieu en Europe en 2009. En effet, suite à une demande de
l’AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé), la FEBEA (Fédération des
entreprises de la santé) et la COSMED (Association des PME de la filière cosmétique) ont indiquées dans
un commun rapport les valeurs à respecter dans les produits cosmétiques destinés aux enfants. Leur
recommandation est de ne pas excéder 0,05 % dans les produits siège et corps rincés et non rincés.
Après vérification des produits disponibles sur le marché, ils ont conclu que l’utilisation du BHT dans les
cosmétiques était acceptable. [24]
En ce qui concerne la régulation canadienne, et bien le BHT ne se retrouve actuellement pas dans la liste
critique des ingrédients de cosmétiques de Santé Canada. L’organisation ne règlemente tout simplement
pas le BHT. Elle se fie au «Final report on the safety assessment of BHT» de 2002 réalisé par le Cosmetic
Ingredient Review Expert Panel en collaboration avec la FDA pour affirmer que la quantité de BHT
contenu dans les cosmétiques ne présente actuellement aucun risque. [11, 25]
2.4.2 Dose journalière admissible et consommation alimentaire moyenne
En 1987, le EU SCF (European Union Scientific Committee of Food) a établi que la dose journalière
admissible (DJA) est de 0 à 0,05 mg/kg de masse corporelle/jour. Cette valeur a été déterminée en se
basant sur les effets sur la thyroïde, la reproduction ainsi que l’hématologie des rats ; soit des effets
ayant déjà été évalués lors de précédentes études. En effet, le SCF a trouvé une dose maximale sans
16
effet néfaste observable (NOAEL) de 5 mg/kg masse corporelle/jour, et a jugé adéquat de considérer un
facteur de sécurité de 100, d’où la valeur mentionnée plus haut. [13]
Quelques années plus tard, en 1996, le JECFA (Joint FAO/WHO Expert Committee on Food Additives) a
plutôt indiqué qu’une DJA allant de 0 à 0,3 mg/kg de masse corporelle/jour était recommandée. Ces
valeurs ont quant à elles été établies après que le comité ait regardé les effets sur la reproduction et sur
le foie des rats étudiés dans deux publications parues suite à l’analyse du SCF. Dans les rapports de ces
recherches, le NOAEL est de 25 mg/kg de masse corporelle/jour. [13]
Après avoir révisé de façon complète les précédentes recommandations du SCF et de la JECFA ainsi que
les études parues sur le sujet, le Panel de l’European Food Safety Authority (EFSA) a établi dans son
rapport de 2012 une DJA de 0,25 mg/kg de masse corporelle/jour.
Dans plusieurs articles scientifiques, il est mentionné que certains pays d’Europe, d’Amérique et d’Asie
ont estimé la consommation alimentaire quotidienne et l’exposition au BHT. Toutefois, la méthodologie
utilisée pour les calculs, tout comme les unités de mesures ne sont pas équivalentes d’un endroit à un
autre. De plus, un facteur souvent négligé est le fait que le BHT peut être consommé involontairement,
comme ça peut être le cas s’il est relargué de l’emballage d’un produit. Il est donc difficile de comparer
les résultats et d’en sortir des points marquants. Afin de bien pouvoir comparer ces valeurs de manière
significative, il pourrait être intéressant dans l’avenir de développer une méthode universelle. [5, 26]
2.5 Caractérisation
Plusieurs facteurs font en sorte qu’il est difficile de bien évaluer la quantité de BHT contenu dans divers
produits. D’abord, il faut considérer qu’il y a une grande variété de matrice dans lequel il peut se trouver
et que leur complexité varie. Ensuite, il y a le fait que les quantités de BHT employés sont plus souvent
qu’autrement minimes. Finalement, il faut prendre en compte que le BHT est souvent mélangé à
d’autres antioxydants de natures et propriétés chimiques parfois similaires (exemple: BHT et BHA).
Plusieurs méthodes qualitatives et/ou quantitatives sont répertoriées. On compte parmi celles-ci la
colorimétrie, la spectroscopie tels que l’infrarouge à transformée de Fourier (FTIR) ou la
spectrophotométrie, ainsi que les chromatographies tels que la chromatographie gazeuse couplé au
détecteur à ionisation de flamme ou au spectromètre de masse (GC-FID ou GC-MS) ou encore la
chromatographie liquide à haute performance (HPLC). Dans certains cas, il est nécessaire d’effectuer des
extractions, distillations et précipitations afin de séparer le BHT de la matrice. Le choix de la méthode
peut donc dépendre de la matrice et des instruments disponibles. [12-14]
Voici les spectres d’absorption, infrarouge et de masse attendus lors de l’analyse de BHT.
17
Figure 7 : Spectre d’absorption du BHT
La figure 7 montre que la molécule de BHT a un pic d’absorption situé à des longueurs d’ondes entre 270
et 274 nm, tout dépendant du système utilisé (méthanol-eau 50 :50 ou silice). [23]
Figure 8 : Spectre infrarouge du BHT
Les principales bandes du spectre infrarouge du BHT sont celles des vibrations d’élongation et de
déformation associées aux liaisons des groupements alcool –OH (3625 et 1150cm-1), méthyl -CH3 (2998,
2976 et 1482cm-1), tert-butyles -(CH3)3 (2958, 1470, 1460, 1396 et 948cm-1) et des liaisons carbones C-C
(1305, 1288, 1265 et 925cm-1), tel qu’il est possible de voir à la figure 8. [27]
18
Figure 9 : Spectre de masse du BHT
Le spectre de masse du BHT permet de constater qu’il y a plusieurs ions provenant de la fragmentation.
Comme il est possible de le voir sur la figure 9, le pic de l’ion moléculaire est à 220 m/z. Pour le pic à 205
m/z, il résulte de la perte du groupement CH3-, ce qui produit un C14H21O. Le pic situé à 57 m/z
correspond quant à lui au groupement tert-butyle (CH3)3-C. [28]
2.5.1 Exemple d’une méthode utilisée en cosmétique
En plus de ce qui a été mentionné plus-haut, il existe une méthode d’analyse efficace et pratique pour
les antioxydants présents dans les cosmétiques. Il s’agit de l’extraction par fluide supercritique au CO2,
tel que présenté par Lee et al. dans leur publication de 2006. Cette méthode se voit être une alternative
aux méthodes d’extractions traditionnellement réalisées. Elle a entre autres comme avantages de
consommer moins de solvants organiques et de réduire le travail à effectuer en laboratoire. L’extraction
est combinée à une méthode d’analyse; soit la chromatographie en phase liquide couplée à la
spectrométrie de masse (LC-MS). La méthode est polyvalente puisqu’elle peut aussi s’appliquer à la
quantification de conservateur, et ce simultanément à l’analyse d’antioxydants. Après plusieurs tests
effectués sur une crème, les paramètres optimaux ont été trouvés, autant pour l’extraction que pour
l’analyse subséquente. L’ensemble des résultats de l’étude est satisfaisant. La méthode est très
intéressante lorsqu’il est question de quantifier des antioxydants dont les quantités permises sont
limitées, car le procédé est rapide. [29]
19
2.6 Récapitulatif des propriétés du BHT
Nom IUPAC 2,6-di-tert-butyl-4-methylphenol
Synonymes Hydroxytoluène butylé 2,6-di-t-butyl-p-cresol
2,6-bis(1,1-dimethylethyl)-4-methylphenol CAS 128-37-0
INCI BHT
EINECS 204-881-4
Formule C15H24O
Masse moléculaire 220,34 g/mol
Origine Synthétique
État physique Solide; cristaux ou poudre
Couleur Incolore à jaune pâle
Odeur Inodore
Densité 1,048 g/mL à 20oC
Densité de vapeur 7,6
Point de fusion 70 oC
Point d’ébullition 265 oC
Point d’éclair (coupelle ouverte)
126,6oC
Solubilité Peu soluble dans l’eau (0,6 à 1,1 mg/L) Peu soluble dans le propane-1,2-diol
Soluble dans l’éthanol et dans les acides gras (liposoluble)
Densité à 20oC 1,048 g/mL
Log Pow 5,1
Numéro d’additif alimentaire
E321
Pureté exigée en alimentaire
≥ 99%
Impuretés Arsenic ≤ 3 mg/kg Métaux lourds ≤ 10 mg/kg Mercure ≤ 1 mg/kg Plomb ≤ 5 mg/kg
Tableau 2 : Tableau récapitulatif des propriétés du BHT
20
CHAPITRE 3
La Pharmacocinétique
Avec les années suivant le dépôt du brevet du BHT, des nombreuses études ont été réalisées chez les
souris, les rats, les lapins, les cochons, les poulets, les singes et les humains. Celles-ci ont permis de
recueillir beaucoup d’informations au niveau de la toxicologie du BHT, notamment en ce qui a trait à son
absorption, sa distribution, son métabolisme et son excrétion.
3.1 Absorption et distribution
Plus souvent qu’autrement, l’absorption peut se faire, par voie orale, mais elle peut également avoir lieu
par voie cutanée. Lorsque ingéré, le BHT est rapidement absorbé par le système digestif, pour ensuite
être distribué dans le foie pour être métabolisé, ou bien il va se stocker dans les tissus adipeux. [15]
3.2 Métabolisme
Le métabolisme du BHT s’effectue dans le foie et il est supervisé par le cytochrome P450. Il est plutôt
complexe, et les métabolites formés varient quantitativement et qualitativement d’une espèce à une
autre. [15, 16] En effet, plus de 40 métabolites du BHT ont été répertoriés. Quelques-uns d’entre-eux
sont présentés dans les figures 10 et 11. Les principaux sont le BHT-acide (BHT-COOH), le BHT-alcool
(BHT-OH) et le BHT-quinone méthide (BHT-QM). Ce dernier suscite beaucoup d’attention, car il pourrait
être responsable des dommages causés sur les poumons et le foie des souris. Il en sera d’ailleurs
question dans le prochain chapitre.
Figure 10: Quelques métabolites du BHT
BHT-COOH BHT-QM BHT-MeOH
21
Dans le métabolisme du BHT, il est souvent question de métabolites sous leur forme glucuronide. En
effet, la réaction de glucuronidation aide à l’excrétion, car elle permet de rendre les substances plus
solubles dans l’eau. Deux exemples de métabolites glucuronides sont d’ailleurs présentés dans la figure
10.
Selon plusieurs études effectuées sur le métabolisme du BHT, il y aurait 3 principaux types d’oxydation.
Dans le premier cas, il s’agit d’une oxydation du groupement méthyl en position para, comme c’est le cas
pour l’acide 3,5-di-tertbutyl-4-hydroxybenzoïque (BHT-COOH). Dans le second cas, c’est plutôt une
oxydation impliquant les méthyles des groupements tert-butyles, comme pour le BHT-tert-BuOH. Dans le
dernier cas, c’est le système π du cycle aromatique qui est impliqué, comme pour le BHT-quinone
méthide (BHT-QM). [8, 11] Chez le rat, le lapin, le chien et le singe, l’oxydation du BHT se fait au niveau
du groupement méthyle du cycle, pour l’humain, c’est au niveau des groupements tert-butyles, tandis
que pour les souris, les deux sont observés. [13]
Comme il a été mentionné dans le chapitre 1, lorsque le BHT est oxydé, il devient un radical du type
phénoxy. Sous cette forme, il peut subir plusieurs réactions comme la combinaison avec de l’oxygène, où
du BHT-hydroperoxide (BHT-OOH) est formé. La figure 11 présente d’ailleurs différents métabolites créés
suite à l’oxydation du BHT. Ceux-ci ont ou être déterminés suite à des études in vivo et in vitro chez des
rats, des lapins et des souris. [15]
Figure 11 : Métabolites susceptibles d’être formés suite à l’oxydation du BHT en son radical phénoxy
22
Selon certaines études, le BHT-OOH aurait 10 fois plus de chance de créer des hémorragies mortelles
chez les rongeurs que le BHT sous sa forme non métabolisé. Il serait également possible qu’il entre en
jeu dans la formation de tumeurs. Ces études ne sont toutefois pas complètes et nécessitent plus de
travail. [15]
3.3 Excrétion
Le BHT, ou plus précisément, ses métabolites sont principalement excrétés par l’urine et les fèces chez
l’humain, mais également par la bile chez les rongeurs. [13, 15] Des études réalisées sur le sujet ont
démontrées qu’il y a des différences significatives dans l’excrétion du BHT des différentes espèces
animales. Par exemple, chez les rats, 80-90 % de la dose est excrétée dans les 4 jours dont 24-40 % dans
les urines et le reste dans les fèces et la bile. Pour ce qui est des lapins, ils en excrètent 54% dans l’urine.
En ce qui concerne les singes, ils excrètent 70-80% dans l’urine et le reste dans les fèces.
Bien que davantage de recherches soit à compléter pour en savoir plus, il a été déterminés que les
métabolites excrétés seraient parfois les mêmes entre les différentes espèces. Par exemple, dans l’urine
des rats et des hommes, le BHT est souvent retrouvé sous sa forme d’acide carboxylique, parfois avec le
glucuronide. La seule différence est que dans les fèces des rats, il est possible de retrouver du BHT sous
sa forme non métabolisée. [11]
En terme de proportion, des études ont démontrées que pour un homme ayant consommé une dose
orale de 40 mg/kg, 50% est éliminée rapidement dans l’urine dans les 24 heures suivantes, alors
qu’environ 65% est excrété plus lentement dans les 10-11 jours suivants. Il a été suggéré que le BHT
s’accumule plus longtemps chez l’homme en raison de sa circulation entéro-hépatique différente de
celle par exemple des rongeurs. [15]
23
CHAPITRE 4
La toxicité du BHT
Bien que parfois non justifiées, le BHT suscite beaucoup de préoccupations. Certaines publications
mentionnent qu’à long terme, une forte consommation de BHT pourrait mener à des changements au
niveau du foie, des poumons, des reins, du système reproductif et de la thyroïde. Des études in vivo sur
animaux auraient également laissé présager que le BHT pourrait interférer avec le métabolisme des
contraceptifs oraux, avec le développement et le comportement. Il pourrait aussi faire en sorte que des
tumeurs se forment. [15]
Le prochain chapitre tente de faire le point sur la situation en répertoriant les conclusions de plusieurs
études réalisées au cours des dernières années sur la toxicité du BHT.
4.1 Toxicité orale
La dose létale médiane (LD50) représente la quantité d’une substance qui occasionne la mort de la moitié
d’une population. Dans le cas présent, elle est exprimée en mg BHT/kg de masse corporelle et elle varie
selon l’espèce étudiée. Le tableau 3 permet d’avoir un aperçu sur les doses orales pour différentes
espèces animales.
Espèce LD50
(mg BHT/kg masse corporelle)
Rat Sprague-Dawley
1700-1970 2930
Lapin 2100-3200
Cochon d’inde 10 700
Chat 940-2100
Souris 2000
Tableau 3: LD50 de différentes espèces animales
Il est possible de voir qu’à l’exception du cochon d’inde, les valeurs sont toutes plus ou moins dans le
même ordre de grandeur. [13, 14].
4.1.2 Cas de 2 femmes ayant consommées de fortes doses de BHT
Comme il faut s’y attendre, les études de toxicité sont plus souvent qu’autrement effectuées chez
diverses espèces d’animaux et non chez les hommes. Il a malgré tout été possible d’évaluer l’effet qu’a le
BHT à forte dose, bien que cela n’ait pas eu lieu dans le cadre d’une étude clinque. En effet, deux
femmes ont vu leur état de santé se détériorer, après avoir ingéré respectivement des doses de 67mg/kg
de masse corporelle et 1,3g/kg de masse corporelles. Elles ont expérimenté des troubles de l’élocution,
des crampes à l’estomac, des nausées, de la confusion, du déséquilibre, des étourdissements ainsi des
24
pertes de conscience. Notons toutefois qu’après avoir reçu des soins médicaux, les deux se portaient
mieux. [13]
4.2 Effet et toxicité du métabolite BHT-QM
C’est en 1972 qu’on été présentés des résultats inquiétants sur des dommages causés par le BHT sur les
poumons. Des tests ont été faits sur des souris après qu’une dose de 2,5 g/kg de BHT leur ait été
administrée. Les rongeurs ont eu des signes de détresse respiratoire. Des examens ont révélés que les
poumons des souris étaient hémorragiques, hyperplasiés, hypertrophiés et qu’il y avait une
désorganisation aux niveaux cellulaire près des alvéoles. Toutefois, les études ont démontrées que les
effets sont réversibles.
Bien qu’il ait été évalué que les métabolites atteindraient leur maximum de concentration dans les
poumons de 4 à 8 heures après l’administration, le mécanisme exact décrivant l’action sur les poumons
du composé fautif, le BHT-quinone méthide (BHT-QM), demeure inconnu. Il faut toutefois prendre ces
résultats un peu à la légère car ils n’ont été remarqués que chez certains types de souris, et pas chez
d’autres espèces tels que le rat ou le hamster. [15]
En ce qui concerne le foie, les effets néfastes répertoriés sont également dus à la molécule de BHT-
quinone méthide. Par exemple, chez les rongeurs ayant consommé de fortes doses de BHT (ex : 500
mg/kg/jour), plusieurs études ont remarquées une augmentation de la prolifération des cellules du foie
ainsi qu’une augmentation du poids de cet organe. Cela ne s’observent que lors des premiers jours, mais
le phénomène disparait par la suite. Encore une fois ici, du travail reste à faire, car le mécanisme
enzymatique n’est pas connu.
Plusieurs hypothèses ont été lancées quant aux explications des effets néfastes provoqués par le BHT
chez les rongeurs. Par exemple, le fait qu’il peut créer des hémorragies pourrait être parce qu’il diminue
un facteur de coagulation relié à la vitamine K. Ce serait en fait un des métabolites, le BHT-quinone
méthide qui aurait en effet antagoniste avec la vitamine C, ce qui serait responsable de l’inhibition cette
dernière. [13, 16]
4.3 Cancérogénicité
Dans la littérature répertoriant des expériences effectuées, il est possible de retrouver des publications
qui font mention du caractère cancérigène, tumorigène et anti-cancérigène du BHT. Par exemple,
l’antioxydant aurait des effets cancérigènes pour le foie des souris et des rats.
En 1988, Inai et al. ont publié une étude concernant le caractère tumorigène du BHT administré de façon
oral chez les souris l’espèce B6C3F1. Le but de leur travail était d’évaluer la toxicité chronique du BHT.
Pour ce faire, des souris devaient ingérer sur une période de 104 semaines des doses de 1 ou 2% de BHT.
Les résultats jugés significatifs qui ont été gardés montrent qu’il y a belle et bien incidence de tumeurs,
mais seulement dans le foie des espèces mâles. Les auteurs n’ont pas étendu leur recherche à savoir
25
pourquoi l’effet était exclusivement masculin, et ils n’ont pas répété l’expérience chez d’autres types de
souris. [20]
Cependant, en ce qui concerne l’être humain, une étude en 2000 a démontrée qu’il n’y avait pas de lien
entre la consommation d’aliments contenant du BHT et le risque d’avoir un cancer du foie. [16, 21] De
plus, en 1996 et en 2002, des études effectuées sur des rats et des dindes ont évalué l’effet d’une faible
consommation orale de BHT combiné avec de l’aflatoxine B1; un agent cancérigène. Alors que de
précédentes recherches avaient déjà établies que des doses de 1000 ou 6000 ppm inhibaient la
cancérogénicité, les résultats ont démontrés que le même phénomène est observé à de faibles doses (5,
25 ou 125 ppm). Ces résultats rejoignent à la fois les observations faites en 1975 par Branen et celles de
Williams et al. en 1999. Il avait été mentionné dans leurs publications qu’à des concentrations aussi
basses que 100 ppm, le BHT à des propriétés anti-cancérogènes, réduirait le caractère mutagène et
cancérogène de plusieurs composés chimiques et aurait d’autres effets bénéfiques pour la santé. Dans
le même ordre d’idée, Le BHT augmenterait la détoxification de métabolites cancérigène et aurait un
effet préventif sur le bris de chromosomes induit par des cancérogènes. [19, 30] Afin d’expliquer le
phénomène, les auteurs des articles ont avancé qu’il se pourrait que ce soit dû au piégeage de radicaux
libres réalisé par le BHT. Toutefois, malgré les efforts, le mécanisme d’action du BHT n’a pas encore été
complètement déterminé. [31, 32]
De façon plus officielle, en se basant sur l’ensemble des informations mises à sa connaissance, l’IARC
(International Agency for Research on Cancer) à établie en 1986 que le BHT pourrait avoir des effets
cancérogènes pour les animaux, mais qu’il n’y avait pas de données pour les humains. L’agence a de ce
fait classé le BHT dans le groupe 3; une catégorie qui comprend les substances non classifiables quant à
leur cancérogénicité pour les humains. [13, 19]
4.4 Reprotoxicité
À des doses plus grandes ou égales à 100 mg/kg de masse corporelle/jour, il a été observé que le nombre
de portées de plus de 10 progénitures était diminué chez les rats. En ce qui concerne les souris en
gestation, ce serait plutôt à partir de 240 mg/kg de masse corporelle/jour que des effets comme une
augmentation du poids de la rate et une diminution du poids des reins sont ressentis. Aucun autre
impact n’a été répertorié au niveau de la toxicité du BHT pour la reproduction. [16]
4.5 Génotoxicité
En considérant l’ensemble des études in vitro et in vivo réalisées, il a été établi que le BHT n’est pas un
mutagène ou un clastogène; qu’il ne provoque pas d’aberrations au niveau des chromosomes et qu’il
n’interagit ou n’endommage pas l’ADN. Le BHT n’est alors pas génotoxique. [13, 19]
26
4.6 Irritation et sensibilisation
Selon des expériences effectuées chez des lapins en 1949, 1952 et 1976, le BHT serait un léger irritant et
un sensibilisant modéré pour la peau. Il faut toutefois prendre en considération que dans le cadre des
études qui ont menées à ces observations, le BHT était non dilué et il était appliqué de façon non-
occlusive et/ou de façon occlusive. [11, 16] En 1976, des chercheurs se sont aussi penchés sur l’étude de
la sensibilité cutanée mais cette fois-ci c’était pour des gens qui étaient exposés à certains antioxydants,
dont le BHT à une concentration de 2%. Ils ont donc procédé avec des tests épicutanés sur des patients
souffrants de dermatite. Sur un total de 112 patients, seulement trois d’entre eux ont eu une réaction
positive après avoir été exposé au BHT. [6]
Une expérience du même genre c’est déroulé de 1987 à 1989 alors que des chercheurs du Danemark ont
effectués des tests épicutanés sur 1336 patients avec du BHT à 2%. Toutefois, aucun test ne s’est révélé
être positif, et de ce fait, il a été conclu que l’antioxydant n’était pas susceptible de provoquer des
réactions allergiques. [33] Cela va dans le même sens que des études réalisées en 1955 et en 1987 en
lient avec la sensibilisation, où des patchs tests effectués sur des cochons d’inde et des hommes ont
démontrées que le BHT n’est pas un sensibilisant. [16]
Malgré les publications disponibles, il demeure impossible de tirer une conclusion généraliste. En effet, il
n’y a pas assez d’études réalisées ni assez de résultats sur l’intolérance au BHT en application cutané.[13]
4.7 Impact sur l’environnement
Il est difficile d’évaluer le présence du BHT dans les cours d’eau et son impact, car la molécule n’est que
très peu soluble dans l’eau, et qu’elle a tendance à se décomposer, tout dépendant des conditions. Le
BHT n’est pas biodégradable et de ce fait, son potentiel de bioaccumulation a été classé comme étant
modéré à élevé. [16]
27
CONCLUSION ET AVENIR DU BHT
Le BHT est un antioxydant synthétique qui, depuis ses tout débuts en 1949, a fait ces marques, tant dans
les secteurs pétrolier et du plastique que dans ceux alimentaire et cosmétique. Il a su démontrer sa
polyvalence dans différents types de produits en empêchant la formation de radicaux libres créés par
oxydation ou en interrompant leur propagation.
L’objectif de cette monographie était de savoir si les préoccupations concernant le BHT étaient justifiées.
Après avoir fait le point sur le BHT en présentant d’abord des informations générales sur sa synthèse,
son mode d’action, son utilisation et sa consommation pour ensuite traiter de sa toxicité, il est possible
d’en arriver à une conclusion. Celle-ci est que tant que les valeurs limites ne sont pas excédées, il n’y a
aucun souci à se faire. Ce qui est dangereux est en fait le mésusage et l’abus du BHT, analogiquement à
toute autres substances existantes sur Terre.
Il a toutefois été remarqué que certains résultats d’études sur la toxicité et les effets du BHT consommé
à fortes doses différaient quelque peu. Davantage de recherches, notamment au niveau des actions des
métabolites du BHT sur les organes, seraient donc à prévoir afin de parfaire les connaissances sur
l’hydroxytoluène butylé. De plus, la réglementation du BHT tant dans le secteur alimentaire que
cosmétique devrait être mieux définie.
Présentement, plusieurs auteurs axent leurs recherches sur des dérivés du BHT. En effet, ils prennent la
structure du BHT comme base et y ajoute d’autres groupements fonctionnels pour générer de nouvelles
molécules dans l’espoir qu’elles soient plus performantes. Selon des essais réalisés, il a déjà été observé
que certains dérivés créés en faisant des substitutions sur la molécule de BHT seraient de bons anti-
inflammatoires, en plus de conserver des propriétés antioxydantes. Ce secteur de recherche semble
prometteur, surtout pour le domaine de la cosmétique. [7, 34]
28
BIBLIOGRAPHIE 1. Suzuki, F.D. BHT et BHA. 2014 [cited 2016 13 novembre]; Available from:
http://davidsuzuki.org/fr/champs-dintervention/sante/enjeux-et-recherche/substances-
toxiques/bha-et-bht/. 2. pouce, C.d. 5 ingrédients à éviter. 2013 13 novembre 2016]; Available from:
http://www.coupdepouce.com/sante-et-vitalite/nutrition/article/5-ingredients-a-eviter. 3. Simon, H.-U., A. Haj-Yehia, and F. Levi-Schaffer, Role of reactive oxygen species (ROS)
in apoptosis induction. Apoptosis, 2000. 5(5): p. 415-418. 4. Houée-Levin, C., C. Sicard-Roselli, and J. Bergès, Chimie et biochimie radicalaires.
2005, Paris, France: Editions Belin. 1 ressource en ligne (161 p.). 5. Leclercq, C., D. Arcella, and A. Turrini, Estimates of the theoretical maximum daily
intake of erythorbic acid, gallates, butylated hydroxyanisole (BHA) and butylated hydroxytoluene (BHT) in Italy: a stepwise approach. Food and Chemical Toxicology, 2000. 38(12): p. 1075-1084.
6. Roed‐petersen, J. and N. Hjorth, Contact dermatitis from antioxidants. British Journal of Dermatology, 1976. 94(3): p. 233-241.
7. Yehye, W.A., et al., Understanding the chemistry behind the antioxidant activities of butylated hydroxytoluene (BHT): A review. European Journal of Medicinal Chemistry, 2015. 101: p. 295-312.
8. Rodil, R., et al., Determination of synthetic phenolic antioxidants and their metabolites in water samples by downscaled solid-phase extraction, silylation and gas chromatography–mass spectrometry. Journal of Chromatography A, 2010. 1217(41): p. 6428-6435.
9. Haigh, R., Safety and necessity of antioxidants: EEC approach. Food and Chemical Toxicology, 1986. 24(10): p. 1031-1034.
10. Lambert, C.R., H.S. Black, and T. George Truscott, Reactivity of butylated hydroxytoluene. Free Radical Biology and Medicine, 1996. 21(3): p. 395-400.
11. Lanigan, R.S. and T.A. Yamarik, Final report on the safety assessment of BHT(1). International journal of toxicology, 2002. 21 Suppl 2: p. 19.
12. Capitán-Vallvey, L.F., M.C. Valencia, and E.A. Nicolás, FLOW-THROUGH SENSOR FOR DETERMINATION OF BUTYLATED HYDROXYTOLUENE IN COSMETICS. Analytical Letters, 2002. 35(1): p. 65-81.
13. EFSA, Scientific Opinion on the re‐evaluation of butylated hydroxytoluene BHT (E 321) as a food additive. EFSA Journal, 2012. 10(3): p. n/a-n/a.
14. Cancer, I.A.f.R.o., Some naturally occurring and synthetic food components, furocoumarins and ultraviolet radiation. Apresentado em: IARC Working Group on the Evaluation of the Carcinogenic Risk of Chemicals to Humans: some Naturally Occurring and Synthetic Food Components, 1985., 1985.
15. Witschi, H., A.M. Malkinson, and J.A. Thompson, Metabolism and pulmonary toxicity of butylated hydroxytoluene (BHT). Pharmacology & therapeutics, 1989. 42(1): p. 89-113.
16. OECD-SIDS, 2,6-di-tert-butyl-p-cresol (BHT) 2002: Paris, France. p. 185. 17. Yadav, G.D. and T.S. Thorat, Kinetics of Alkylation of p -Cresol with Isobutylene
Catalyzed by Sulfated Zirconia. Industrial & Engineering Chemistry Research, 1996. 35(3): p. 721-731.
29
18. Öğretmen, F. and B.E. İnanan, Effect of butylated hydroxytoluene (BHT) on the cryopreservation of common carp (Cyprinus carpio) spermatozoa. Animal Reproduction Science, 2014. 151(3-4): p. 269-274.
19. Williams, G.M., M.J. Iatropoulos, and J. Whysner, Safety Assessment of Butylated Hydroxyanisole and Butylated Hydroxytoluene as Antioxidant Food Additives. Food and Chemical Toxicology, 1999. 37(9): p. 1027-1038.
20. Inai, K., et al., Hepatocellular Tumorigenicity of Butylated Hydroxytoluene Administered Orally to B6C3F 1 Mice. Japanese Journal of Cancer Research, 1988. 79(1): p. 49-58.
21. Botterweck, A.A.M., et al., Intake of butylated hydroxyanisole and butylated hydroxytoluene and stomach cancer risk: results from analyses in the Netherlands Cohort Study. Food and Chemical Toxicology, 2000. 38(7): p. 599-605.
22. Race, S., Antioxydants : The truth about BHA, BHT, TBHQ and other antioxydants used as food additives. 2009, Tigmor Books. p. 51.
23. Capitán-Vallvey, L.F., M.C. Valencia, and E. Arana Nicolás, Solid-phase ultraviolet absorbance spectrophotometric multisensor for the simultaneous determination of butylated hydroxytoluene and co-existing antioxidants. Analytica Chimica Acta, 2004. 503(2): p. 179-186.
24. AFSSAPS, Ingredients dans les produits cosmetiques incrimines par le Comite pour le developpement durable en sante (C2DS). 2009, AFSSAPS p. 18.
25. Canada, S. Sécurité des produits de consommation: Innocuité des ingrédients cosmétiques. 2016 21 octobre 2016]; Available from: http://www.hc-sc.gc.ca/cps-
spc/cosmet-person/labelling-etiquetage/ingredients-eng.php - a4.1. 26. Suh, H.J., et al., Estimated daily intakes of butylated hydroxyanisole (BHA), butylated
hydroxytoluene (BHT) and tert -butyl hydroquinone (TBHQ) antioxidants in Korea. Food Additives and Contaminants, 2005. 22(12): p. 1176-1188.
27. Chinna Babu, P., et al., FT-IR, FT-Raman spectra, density functional computations of the vibrational spectra and molecular geometry of butylated hydroxy toluene. Spectrochimica Acta Part A: Molecular and Biomolecular Spectroscopy, 2011. 79(3): p. 562-569.
28. Yuan, M. Analysis of Butylated Hydroxytoluene in Food with Headspace Trap-GC/MS. 2010.
29. Lee, M.-R., et al., Simultaneous analysis of antioxidants and preservatives in cosmetics by supercritical fluid extraction combined with liquid chromatography–mass spectrometry. Journal of Chromatography A, 2006. 1120(1): p. 244-251.
30. Branen, A., Toxicology and biochemistry of butylated hydroxyanisole and butylated hydroxytoluene. Journal of the American Oil Chemists’ Society, 1975. 52(2): p. 59-63.
31. Klein, P.J., et al., Dietary Butylated Hydroxytoluene Protects against Aflatoxicosis in Turkeys. Toxicology and Applied Pharmacology, 2002. 182(1): p. 11-19.
32. Williams, G.M. and M.J. Iatropoulos, Inhibition of the hepatocarcinogenicity of aflatoxin B 1 in rats by low levels of the phenolic antioxidants butylated hydroxyanisole and butylated hydroxytoluene. Cancer Letters, 1996. 104(1): p. 49-53.
33. Flyvholm, M.a. and T. Menne, Sensitizing risk of butylated hydroxytoluene based on exposure and effect data. Contact Dermatitis, 1990. 23(5): p. 341-345.
34. Ziakas, G.N., et al., New analogues of butylated hydroxytoluene as anti-inflammatory and antioxidant agents. Bioorganic & medicinal chemistry, 2006. 14(16): p. 5616.
30
Résumé
L’hydroxytoluène butylé (BHT) est un antioxydant synthétique fréquemment utilisé dans les
industries du pétrole, du plastique, de l’alimentaire et de la cosmétique. Afin de contrer le
rancissement des corps gras, le BHT Il est souvent ajouté aux huiles et aux graisses. Il a toutefois
souvent mauvaise presse, car on lui reproche d’être un perturbateur hormonal, d’être toxique pour
plusieurs organes ou encore d’être cancérigène. La monographie suivante tente de faire le point sur
la situation. Elle débute d’abord par des généralités concernant le BHT, son mode d’action, son
utilisation, sa consommation et sa pharmacocinétique pour ensuite entrer dans le vif du sujet; sa
toxicité.
Abstract
Butylated hydroxytoluene (BHT) is a synthetic antioxydant which is frequently used in the
petroleum, plastics, food and cosmetic industries. It is often added to oil and fat to inhibit their
rancidity. However, it has bad reputation because people blame it of being a hormonal disruptor, of
being toxic to several organs and of being carcirogen. The following monograph attempts to take
stock of the situation. It starts with general information about BHT, its mode of action, its use, its
consumption and its pharmacokinetics and then goes to the point of interest; its toxicity.
top related