le bleiberg

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LE BLEIBERGLa mine de plomb de St Avold.

JF. SCHNEIDER / J.KUNZLER CPEPESC

Aperçu historique

Le Bleiberg s’intègre dans la typologie des anciennes exploitations minières qui s’ouvrent dans la côte qui ceint la dépression du Warndt : Wallerfangen en Sarre, Falck, Hargarten-aux Mines, Longeville, St Avold, Cocheren. Elles sont creusées dans le grés intermédiaire et le métal recherché était soit du cuivre soit du plomb.

Vue satellite du Warndt

Au Bleiberg, la plus grande partie du réseau accessible aujourd’hui date des 16ème, 17ème et

18ème siècles.

• Des fouilles archéologiques récentes ont cependant permis de mettre en évidence des zone médiévales plus anciennes (13ème au 15ème) grâce aux observations des techniques d’exploitation et du matériel retrouvé (tessons de poterie).

Fouille archéologique dans la secteur médiéval inférieur en 1985

« Fimel » ou coin trouvé lors de la fouille.

Tesson de poterie commune d’époque médiévale

• Une éventuelle exploitation gallo-romaine reste possible mais n’a pas été prouvée.

• Les archives médiévales sont rares mais un rapport de compte de 1551 mentionne que la mine n’est plus exploitée.

• Au 18ème siècle, les archives sont plus nombreuses et plus précises. En 1785, il y a 30 personnes attachées aux travaux du Bleiberg : 1 commis, 12 mineurs, 2 brouetteurs, un maître fondeur, un maître bocardier, 14 ou 15 laveurs (laveuses) et bocardiers. C’est sans doute un maximum pour le Bleiberg qui est à son apogée, les autres exploitations du Warndt étant en net déclin ou même fermées. En 1797 c’est l’arrêt des travaux.

• La mine retrouve néanmoins une petite activité entre 1858 et 1862 au moment de l’exploitation de la mine de cuivre du Hautbois à Longeville.

• Compte tenu de son intérêt historique et archéologique, le Bleiberg est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Minéralisation.

• Le plomb (ou le cuivre) se trouve dans le grés intermédiaire, immédiatement au-dessus du grés vosgien. 85% du minerai se présente sous forme de cérusite (taches blanchâtres) et 15% sous forme de galène (mouches noires ou grises de 0,5 à 3cm de diamètre).

Minerai de plomb sous forme de mouches de

galène.

Miroir de faille provenant du glissement d’une roche sur l’autre

• Les travaux s’étendent sur 3,5 ha et jusqu’à 5 niveaux superposés au maximum. La longueur du réseau encore accessible est d’environ 2 km.

• Les anciens ont extrait 20 000 tonnes de minerai d’une teneur moyenne de 3 à 4%. Il ne connaissaient et n’exploitaient que la galène.

Plan du système visitable actuellement

Techniques d’exploitation.

• Au Moyen Age, les mineurs utilisaient une technique d’extraction particulière. Elle consistait à creuser d’abord au marteau et à la pointerolle des entailles de 3 à 6 cm de largeur, alignés sur le front de taille et espacées de 10 à 20 cm. Puis des coins métalliques étaient enfoncés dans ces encoches à l’aide d’une masse pour dégager de larges fragments de roches.

• Les mineurs creusaient essentiellement des puits avec des extensions sous forme de

chambres peu élevées quand ils arrivaient dans une zone plus richement minéralisée.

• Du 16ème au 18ème siècle les puits sont délaissés au profit des galeries. C’est un style très typé, caractérisé par la perfection du travail et le souci esthétique. Les galeries sont toujours de section trapézoïdale, plus larges à la base (la sole) qu’au plafond (le toit). Les angles sont parfaitement marqués et forment une ligne continue et régulière, même sur la « sole ».

Galerie trapézoïdale à l’esthétique remarquable

• Les parements (cotés), toit et sole sont plans et le plus lisse possible. On travaillait exclusivement a la massette et à la pointerolle. Chaque coup était frappé exactement dans le sillon précédent, formant ainsi une trace continue en arc de cercle du toit vers la sole pouvant atteindre plus d’un mètre.

Traces de pointerolles sur le

parement

Simulation par Armand MULLER du travail au front de taille selon une

gravure tirée du « De Re Metallica » de Georg AGRICOLA (1556).

De rares et précieuses inscriptions permettent de dater les techniques

de travail.

La mine servit d’abri pendant la dernière guerre:gravure de Joseph DEMANGE, commerçant à St Avold

(frère de Victor D., fondateur du R.L) le jour de la libération de la ville.

Recherche de zones plus richement minéralisées par

un sondage de plusieurs mètres de profondeur au toit

de la galerie.

• Au 19ème siècle on utilisait encore la pointerolle, le pic mais aussi et surtout la poudre noire. Les trous de fleuret avec parfois les restes de bouchons d’argile sont encore visibles.

• L’aspect anarchique du réseau est lié au fait qu’il n’existait pas, et n’existe pas encore aujourd’hui, de méthode efficace pour localiser le minerai. Les galeries de recherche étaient percées dans le flanc de la colline et lorsqu’ils rencontraient un « nuage » plus richement minéralisé, les mineurs pratiquaient des extensions en chambres.

Certaines galeries se sont recoupées fortuitement sous terre pour

donner ce réseau labyrinthique.

• Le système comporte actuellement deux entrées mais les accès étaient beaucoup plus nombreux. Certaines galeries comme la « Speckamma » ne sont plus accessibles. D’autres sont à redécouvrir lors de travaux en surface.

Entrée supérieure ou « Bleiloch »

• Le mineur au front de taille utilisait une lampe à huile qu’il suspendait par un grand crochet dans des petits trous creusés à cet effet dans le parement. Les chandelles de suif (graisse animale) étaient placées dans des « niches à lumière » creusées dans le parement pour baliser le chemin du brouetteur.

Lampe à huile utilisée par le mineur au front de

taille.

Niche à lumière avec sa chandelle de suif

permettant au brouetteur de trouver

son chemin

• Compte tenu de l’abaissement de la nappe phréatique ces dernières décennies, il n’y a plus beaucoup d’eau au Bleiberg. Mais il n’en a pas toujours été ainsi. Vers 1930 encore, certaines galeries étaient entièrement inondées. Ce problème était souvent résolu par le simple pendage de la galerie vers l’extérieur, favorisant ainsi l’écoulement naturel de l’eau. Parfois les eaux d’infiltration étaient collectées dans de petits caniveaux creusés latéralement dans la sole ou le parement de la galerie.

Les problèmes d’exhaure étaient résolus par le creusement de

rigoles (ci-dessus) ou la pose de voies de roulement surélevées

(ci-contre).

rigole d’exhaure

Le « Puits » (8m de profondeur), sans doute destiné à la

recherche de minerai dans les couches inférieures.

Traitement du minerai.• Le minerai, sorti à l’aide de brouettes est

passé au « bocards » (marteaux-pilons hydrauliques) où il est concassé. Puis il est tamisé et livré aux laveurs ou laveuses (plus nombreuses). L’eau évacue le sable alors que les parties lourdes restent au fond des stries des planches.

• La dernière opération est la fonte. Il y avait deux fourneaux : l’un pour la fonte, l’autre pour l’affinage.

BocardPlanches à laver

Tiré du « De Re Metallica » de Georg AGRICOLA 1556

• A l’origine le lavoir devait se trouver non loin de l’entrée inférieure. Il est fait mention d’une « Bleiwäsch » à l’entrée de Dourd’hal. Enfin, on installa, juste avant la Révolution, lavoir et fonderie près du moulin d’Oderfang.

• Le plomb entrait dans la composition de l’émail, de la faïence. Il avait également d’autres usages : vitraux, tuyauteries, balles, scellements, toitures.

Biologie.

• L’ensemble des galeries et salles du Bleiberg forment un milieu intéressant mais fragile de type cavernicole qui accueille une faune discrète mais riche : crustacés, insectes, chauves-souris.

Grands Murins en hibernation.

• Les chauves-souris, mammifères protégés, sont particulièrement bien représentées. Neuf espèces et deux genres ont été observés et identifiés. Elles occupent le site (accrochées aux parements ou logées dans de petites anfractuosités) de novembre à avril lors de leur phase d’hibernation (période sensible ou l’animal ne doit pas être dérangé).

• Ainsi le Bleiberg est protégé par un arrêté préfectoral de biotope et il est inscrit dans le projet européen Natura 2000 (mise en place de zones spéciales de conservation). Cela permet un contrôle administratif officiel, un suivi scientifique programmé et toute action de préservation.

•L’accès de la mine est réglementé et l’office de tourisme de St Avold y organise des visites en été.

Soutènement réalisé par la CPEPESC dans une zone

d’effondrement.

• Photos:

• Jacques KUNZLER

• Jean-François SCHNEIDER.

• Texte et montage: Jacques KUNZLER.

• Guide: Charles WEBER

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