le quartier saint-sauveur - mérici collégial...
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Le quartier Saint-SauveurArrondissement de La Cité
Murale « Des gens, un quartier »301, rue de Carillon
En couvertureCarte ancienne des environs de Québec en 1775-1776Archives nationales du Québec, crédit : Jean Le Rouge, P1000, S5 B342-Québec-1777 (détails)
CoordinationAgents du réseau Villes et villages d'art et de patrimoine
Philippe-Antoine Hamel, Arrondissement de LimoilouHélène Nadeau, Arrondissement de La Haute-Saint-CharlesStéphanie Ouellet, Arrondissement de La CitéLouis-Karl Picard-Sioui, territoire de Wendake
Recherche et rédactionStéphanie Ouellet
Conception graphique et infographieLaframboise Design
Collaboration spécialeSouad Lyahiaoui, Louise Picard
Mention spécialeCette brochure constitue une des actions prioritaires identifiéespar le plan d'action du plan directeur de quartier Saint-Sauveurréalisé en mai 2005. (Orientation 10.4.2. : Organiser des visiteshistoriques à l'intention des résidants du quartier)
Avis importantsToutes les habitations présentées dans cette brochure sont privées.Elles ne sont donc pas ouvertes au public. Nous vous demandonsde respeter le caractère privé de ces résidences et de leur terrain.
L'usage du masculin a été employé pour alléger le texte.
Pour toute question relative au circuit patrimonial, communiquer au : 641-6001
Imprimé en 2005
ÉGLISE
MONUMENT
PLAQUE COMMÉMORATIVE
PANNEAU D'INTERPRÉTATION
Cimetière
Yvon Guillou
Pierre �Bertrand
Alys Robi
Place du Printemps�1918
BO
UL.
LAN
GEL
IER
SIMON-NAPOLÉON-PARENT
ELZÉAR-BÉDARD
DES RÉCOLLETS
ST-VALLIERO.
BOULEVARD CHAREST O.CHAREST O.
DES OBLATS
PÈRE-GRENIER
RUEDE
L'AQUEDUC
BOISSEAU
BAGOT
NAPOLÉON
SAINTE-THÉRÈSE
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Mgr St-Vallier
Adjutor Maranda
Raoul Jobin
Moulin �de l'Hôpital
Parc Victoria
Centre Durocher
Centre communautaire Édouard-Lavergne
Roger Lemelin
ST-JOSEPH O.
Wilfrid Laurier
Escaliers vers la haute-ville
Arrivée
DES COMMISSAIRES 0.
SAIN
T-AM
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Hôpital- Général
Centre �Durocher
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8
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16
11
CHÊNEVERT
Départ
Omer �Létourneau
N
5
6
2
1
3
RIVIÈRE SAINT-CHARLES
12
PatroLaval
Hors-circuit
19
18
Limoilou
Saint-Roch
Montcalm
LeQuartier�Saint-Sauveur
Durée: 2 à 3 heures
Quartier �Saint-Sauveur
Ville de Québec
Centre-ville
ÉLÉMENTS DU PATRIMOINE À DÉCOUVRIR
LE QUARTIER SAINT-SAUVEUR
LE BERCEAU DE SAINT-SAUVEUR :
PREMIÈRES OCCUPATIONS
1. Le moulin à vent de l'Hôpital-Général
2. L'Hôpital-Général et son cimetière
3. Le boulevard Langelier
4. L'ancienne école technique de Québec
5. La première route : la rue Saint-Vallier
LE FAUBOURG OUVRIER :
DÉVELOPPEMENT ET ARCHITECTURE
6. L'ancienne corderie
7. Le sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes
8. La maison à toit à deux versants droits
9. La maison à toit mansardé
10. La maison à toit plat
LE CŒUR DU QUARTIER :
VIE SOCIALE ORGANISÉE
11. L'église Saint-Sauveur
12. L’école Marguerite-Bourgeoys
13. L'ancien hôtel de ville
14. Les maisons en « terrasse »
15. La maison Bissonnette
16. L'ancien marché Saint-Pierre (centre Durocher)
17. Des joyaux d'architecture
18. L'avenue Simon-Napoléon-Parent
19. Le parc Victoria
2
Ceinturée par la rivière Saint-Charles et le coteau
Sainte-Geneviève, la vaste plaine que constitue le quartier
Saint-Sauveur a longtemps arboré un paysage naturel
abondamment boisé, épargné par le développement urbain.
Ce sont les Amérindiens qui profitèrent les premiers
des ressources du territoire sur lequel ils transitèrent et
installèrent probablement leur campement.
Puis, alors que Québec n'était qu’un comptoir commercial
pour la traite des fourrures, Samuel de Champlain mit
en réserve la plaine boisée du quartier Saint-Sauveur sur
laquelle il planifiait ériger la capitale de la Nouvelle-France
qu’il nommerait Ludovica. Dès 1620, les moines Récollets,
premiers missionnaires de la Nouvelle-France, y firent
construire une chapelle et un couvent à l'emplacement
de l'actuel Hôpital-Général. Toutefois, les successeurs de
Champlain ont préféré les hauteurs du Cap-aux-Diamants
pour installer la ville. Les terres réservées pour le projet
Ludovica furent cédées à des communautés religieuses
qui, à leur tour, procédèrent à plusieurs transactions qui
façonnèrent l'évolution du quartier.
C'est dans ce contexte qu'en 1692 Monseigneur de
Saint-Vallier, alors évêque de la jeune colonie, achète les
installations délaissées par les Récollets depuis quelques
années pour y fonder l'Hôpital-Général qu'il confie aux
Augustines. Ce site constitue le noyau à partir duquel le
développement a été initié dans Saint-Sauveur.
En 1653, Jean Le Sueur reçoit une bande de terre sur
le territoire du quartier Saint-Sauveur qui prolonge jusqu'à
la rivière celle qu'il possède sur les hauteurs de la falaise.
Avant son arrivée en Nouvelle-France, il était curé de la
paroisse de Saint-Sauveur à Thury-Harcourt en Normandie,
en France. Il fut surnommé par les habitants de Québec
« Monsieur de Saint-Sauveur » et ce nom fut associé aux
terres qu’il possédait et est demeuré jusqu’à aujourd’hui.
Second couvent des RécolletsArchives des Augustines du monastère de l’Hôpital-Général de QuébecEn 1629, une flotte anglaise prit d'assaut Québec et les Récollets ont été forcés d'abandonner leur habitation. De retour en 1670, les moines trouvèrent leur installation en ruine et procédèrent à la reconstruction d'un second couvent à partir duquel s’est développé le complexe architectural de l’Hôpital-Général, classé site historique.
LE BERCEAU DE SAINT-SAUVEUR :PREMIÈRES OCCUPATIONS
M onsieur de Saint-Sauveur
En 1692, Mgr de Saint-Vallier mandate quelques Augustines
pour ouvrir l'Hôpital-Général. Le territoire du quartier
Saint-Sauveur convenait parfaitement car, dans la tradition
des hôpitaux généraux, ces établissements offrent l'asile
aux démunis en bonne santé, aux vieillards et aux invalides
et sont situés en périphérie des villes.
En temps de guerre, cette position stratégique à l'extérieur
de la ville, hors de portée des coups ennemis, procure à
l'Hôpital-Général le statut d'hôpital militaire. C'est ainsi
qu'au lendemain de la bataille des Plaines d'Abraham, le 13
septembre 1759, plus d'un millier de militaires français
et anglais y sont hospitalisés. Les militaires morts au
combat ou des suites de maladies sont
enterrés dans un cimetière adjacent à
l'Hôpital-Général. Le corps du célèbre
général de Montcalm a été exhumé et
transféré en 2001 aux côtés de ses
compatriotes inhumés sur ce site
exceptionnel, lieu historique national,
témoin de la Guerre de Sept Ans, au
terme de laquelle la Nouvelle-France
fut cédée aux Britanniques.
Afin de subvenir à leurs besoins en farine, les religieuses
de l'Hôpital-Général ont fait ériger, en 1702, un moulin
à eau près de la rivière Saint-Charles où s'écoulait un petit
ruisseau. Cependant, en raison du manque d'eau fréquent
à cet endroit, les religieuses ont fait construire, en 1710,
un moulin à vent. Les fondations de pierre de ce moulin
subsistent aujourd'hui, mais la tour en bois d'origine a été
remplacée par une tour en pierre en 1731. Le moulin aurait
servi à moudre le grain jusqu’à la première moitié
du 19e siècle. Ce moulin est le seul vestige de quelque
dix-huit moulins à vent qui ont existé dans la région de
Québec. En 1988, le
moulin est déclaré bien
archéologique et le parc
aménagé par la Ville
prend le nom de parc
du Moulin-de-l'Hôpital.
Dans les années 1960-1970, le moulin a été menacé de
démolition en raison d'un projet d’agrandissement de l’École
technique de Québec. Échappant aux pics démolisseurs,
le moulin s'est plutôt retrouvé enclavé dans un bâtiment
servant d'entrepôt, et seule sa partie supérieure émergeait.
Monastère et Hôpital-Général vers 1880Archives nationales du Québec, P600, S5 PLN 43
Le moulin à vent de l'Hôpital-GénéralIntersection du boul. Langelier et de la rue Saint-François O.
L'Hôpital-Général des Augustines et son cimetière 260, boulevard Langelier
Le moulin à vent de l'Hôpital-GénéralPoint de départ du circuit
Mausolée du général de Montcalm (1712-1759)
M enacé de démolition
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1 2
6
Boulevard Langelier vers 1895Archives nationales du Québec, fonds Philippe Gingras, N80-1-245D'abord connu sous le nom de « chemin de l’Hôpital-Général », la premièreportion du boulevard Langelier reliait l'hôpital au « chemin de Lorette »,future rue Saint-Vallier. En 1850, ce tronçon de route a été baptisé « rueSaint-Ours », en souvenir de Jeanne-Geneviève de Saint-Ours, bienfaitrice deshospitalières de l'Hôpital-Général. C'est en 1890 que la route adopta son nomactuel en l’honneur de François Langelier, maire de Québec entre 1882 et 1890.
En 1792, la limite occidentale de la ville de Québec est
fixée sur une ligne correspondant à l'emplacement actuel
du boulevard Langelier. Cette limite constitue en quelque
sorte une frontière historique positionnant Saint-Roch dans
la ville et Saint-Sauveur hors de la ville.
En 1866, survient un terrible incendie qui détruisit pas
moins de 2 500 maisons dans les quartiers ouvriers de la
basse-ville de Québec. Pour empêcher qu'un prochain
brasier ne se propage facilement d'un quartier à l'autre, le
boulevard Langelier fut aménagé en rue « coupe-feu ».
Sa largeur passe alors de 9 à 30 mètres. En 1885, l'artère
est divisée en deux voies séparées par un terre-plein et
encadrée par une rangée d’ormes d'Amérique.
Dans les années 1960, la promenade gazonnée encadrée par
le boulevard Langelier connaît quelques bouleversements
avec le prolongement du boulevard Charest dans le quartier
Saint-Sauveur. La continuité du terre-plein qui faisait le charme
du parc Langelier est alors morcelée pour accueillir des com-
modités liées à la circulation autoroutière en milieu urbain.
Au début du 20e siècle, le gouvernement du Québec veut
créer une école technique dans le but d'assurer aux industries
une main-d'œuvre spécialisée. Le quartier Saint-Sauveur est
tout désigné pour accueillir cette institution puisqu'il
fourmille d'ouvriers.
Construite en 1909, l'école technique de Québec a été
agrandie à plusieurs reprises pour accommoder l'enseignement
de divers métiers tels que la menuiserie, la cordonnerie,
l'aéronautique navale, la mécanique, etc.
En 1966, l'enseignement technique est pris en charge par
le Cégep de Limoilou. L’école devient alors un satellite du
cégep et porte le nom de Pavillon Langelier. En 1979, le
bâtiment est doté d'une nouvelle vocation : la partie avant
de l'ancienne école accueille le CLSC Basse-Ville. Depuis
1994, le Centre de production artistique et culturelle
Alyne-Lebel s'est installé dans cet espace. En ce qui a trait aux
ailes arrière, elles ont été converties en unités d'habitation.
À l'origine, l'école technique était surmontée d'une tour
horloge. Menaçant de s'effondrer, elle fut démolie en 1954,
ce qui modifia l’aspect monumental de l’édifice.
Le boulevard Langelierparc Langelier
L'ancienne école technique de Québec310, boulevard Langelier
Ancienne école technique de Québec Archives de la Ville de Québec, N011184
Tour disparue
7
3 4
98
Le développement de Saint-Sauveur en faubourg ouvrier est
étroitement lié à l'histoire du quartier Saint-Roch. Au début
du 19e siècle, le quartier voisin connaît une vague de
prospérité due à l'établissement de nombreux chantiers
navals sur les berges de la rivière Saint-Charles, ce qui
provoque une affluence d'ouvriers dans le secteur. En
1818, le faubourg Saint-Roch compte 4 611 habitants contre
667 dans Saint-Sauveur.
La première route : la rue Saint-Vallier Intersection des rues Saint-Joseph Ouest et Saint-Vallier Ouest
LE FAUBOURG OUVRIER : DÉVELOPPEMENT ET ARCHITECTURE
Un sentier menant les Récollets à leur couvent est à l'origine
de la création de la rue Saint-Vallier. En effet, c'est dans le
prolongement du « chemin des Récollets » qu'a été cons-
truite, en 1706, une route sillonnant d'est en ouest tout le
quartier Saint-Sauveur. La sinuosité caractéristique de cette
route dénommée à l'époque le « chemin de Lorette » est
attribuable à la présence de ruisseaux déferlant de la rivière
Saint-Charles et de marécages qui ont dû être contournés.
Longtemps demeuré un lieu de passage, le quartier
Saint-Sauveur est né en quelques sorte du tracé de cette
artère. Le chemin de Lorette constitue en effet l'épine dorsale
autour de laquelle se sont installés les premiers établis-
sements. De plus, c'est à partir de ce tracé tortueux que
l'espace urbain s'est organisé. L'arpenteur Joseph Hamel, qui
découpa les grandes propriétés des communautés religieuses
et celles d’autres propriétaires terriens en parcelles
destinées à l'occupation résidentielle, a dû composer non
seulement avec le tracé en serpentin du chemin de Lorette,
mais aussi avec celui de la rivière, de la falaise et de l'enceinte
de l'Hôpital-Général. C'est pour cette raison que la trame
urbaine du quartier comporte certains alignements irréguliers. Il faudra toutefois attendre 1845 pour que la population
ouvrière déborde véritablement dans Saint-Sauveur. Sous la
pression démographique, les communautés religieuses et autres
grands propriétaires terriens font diviser leurs propriétés en
une multitude de lopins qu'ils revendent aux familles ouvrières
de plus en plus nombreuses à vouloir s'établir en basse-ville.
De plus, en 1845, un incendie majeur rase le quartier
Saint-Roch. Plusieurs familles sinistrées, ne pouvant faire
face aux charges que représente la nouvelle réglementation
qui oblige les citoyens de Saint-Roch à reconstruire avec
des matériaux incombustibles, n'ont d'autre choix que de se
relocaliser dans Saint-Sauveur. Demeurant en marge de la
ville, Saint-Sauveur n'était pas assujetti à ce règlement et
les petites maisons du faubourg typiquement construites en
bois se multiplièrent.
La population de plus en plus nombreuse sur le territoire
entraîne la création d'une paroisse en 1866 et d'un village
en 1872, lequel fut annexé à la Ville de Québec en 1889.
Chantiers navals dans le quartier Saint-Roch au début du 19e siècleArchives nationales du Québec, N874-268
5
Intersection des rues Saint-Vallier et Saint-Joseph vers 1945Archives de la Ville de Québec, N001308Le carrefour formé par les rues Saint-Vallier et Saint-Josephconstitue un point
névralgique témoin, à travers le temps, du constant va-et-vient entre lesquartiers Saint-Roch et Saint-Sauveur.
Aujourd'hui, la rue Saint-Vallier Ouest est caractérisée par
la présence de nombreux commerces, dont certains ont
pignon sur rue depuis plusieurs décennies et d'autres, plus
récents, reflètent la diversité culturelle croissante du quartier.
1110
Sur le site du foyer Notre-Dame-de-Lourdes s'élevait une
chapelle portant le même nom. Cette chapelle érigée en
1879 était dédiée à l'adoration de la Vierge et à sa récente
apparition à Lourdes, en France. Elle est construite à une
distance d'à peine 200 mètres de l'église Saint-Sauveur qui
ne suffit plus à remplir les besoins de sa communauté.
La chapelle Notre-Dame-de-Lourdes fut démolie en
1968, mais le culte à la
Vierge a persisté dans le sanc-
tuaire aménagé en 1929 à
même la falaise.
L'emplacement du sanctuaire Notre-Dame-de-Lourdes
offre un large point de vue sur le quartier et ses environs.
Deux édifices se démarquent par leurs dimensions dans le
paysage urbain à proximité de la falaise. Alignés sur la rue
De Mazenod, le foyer Notre-Dame-de-Lourdes (à l'intersection
de la rue Hermine) et l'église Notre-Dame-de-Grâce (au pied
de la falaise) émergent d'une masse d'habitations composée
majoritairement de maisons à logements à deux étages.
Une imposante fabrique de cordages a constitué un moteur
pour le développement urbain dans le secteur près de la
falaise et ses environs. En effet, une corderie s'étendant des
rues Arago et Bagot sur une bande comprise entre les rues
De Mazenod et Signaï embauchait plusieurs ouvriers. Les
piétons qui voulaient traverser de part et d'autre le long
bâtiment devaient emprunter un escalier qui enjambait la
corderie sur le toit, probablement à la hauteur des rues
Hermine et Christophe-Colomb. L'empreinte de la corderie
est toujours palpable aujourd'hui à l'intersection des rues
Signaï et Châteauguay où le tracé de cette dernière est
interrompu, ce qui témoigne de la coupure que créait la
corderie sur la trame urbaine.
Chapelle Notre-Dame-de-Lourdes vers 1950Archives nationales du Québec,E6, S8, P(A-3)Derrière la chapelle s'élevait un autre imposant édifice qui abritait un orphelinat.
L'ancienne corderie Intersection des rues Signaï et Châteauguay
Le sanctuaire Notre-Dame-de-LourdesAu bout de la rue Colbert, dans la falaise
Corderie dans le quartier Saint-SauveurArchives nationales du Canada, crédit : Jules-Ernest Livernois/PA-122757Les façades des maisons ouvrières étaient orientées est-ouest pour faire face à la corderie. Depuis sa disparition du paysage urbain lors de l'incendie de1866, les maisons reconstruites ont adopté une orientation nord-sud quicaractérise le secteur aujourd'hui.
Quant à l'église Notre-Dame-de-Grâce, elle fut érigée en
1925 puis fermée au culte en 1997. Au début du siècle
dernier, Saint-Sauveur a été morcelé en plusieurs paroisses.
Cet éclatement témoigne de l'affluence des citoyens désor-
mais attirés dans le quartier par l’amélioration notable de la
qualité de vie et l'essor du
secteur industriel avec l'arrivée
du 20e siècle.
Église Notre-Dame-de-Grâce vers 1990Collection : Luc NoppenPhotographe : Paul LalibertéLa vaste charpente en bois du toit qui, au lieu d'avoir été dissimulée, demeurevisible de l'intérieur constitue le joyau de cette église.
Église Saint-MaloEn 1998, la paroisse Saint-Maloa célébré son 100e anniversaire.
6
7
1312
La maison à toit à deux versants droits234, rue Châteauguay
La maison à toit mansardé 230-234 et 216-222, rue Christophe-Colomb Ouest
La maison à toit mansardé, construite à partir de 1870
jusqu’en 1910, a l'avantage d'offrir plus d'espace, le deu-
xième étage étant habitable sous le toit. Les maisons les
plus élaborées de ce type ont des murs en brique solides,
c'est-à-dire faits de trois rangs de brique d'épaisseur, sont
percées d'ouvertures arquées généralement soulignées par
un travail de brique soigné et sont posées sur de solides
fondations de maçonnerie. Des spécimens plus rudimen-
taires ont été conçus dans Saint-Sauveur compte tenu des
ressources de la population ouvrière.
En arpentant les rues du quartier, il est possible de remonter
le temps et de retracer la séquence dans laquelle l'architecture
du faubourg, largement résidentielle, s'est développée depuis
environ 150 ans. Le premier type d'habitation était de petite
taille, construite en bois sur un étage et couverte d'un toit à
deux versants droits. Cette construction simple témoigne des
conditions de vie plutôt précaires dans lesquelles évoluaient
les premières familles ouvrières à s'établir dans Saint-Sauveur.
Quelques-unes de ces maisons ont résisté au passage du
temps et n’ont subi que quelques modifications.
Feu de la basse-ville de QuébecArchives nationales du Canada, crédit : Jules-Ernest Livernois/C-004733 Aux petites heures du matin, le 14 octobre 1866, un incendie prend naissance chez un épicier de la rue Saint-Joseph dans le quartier Saint-Roch.Les vents ont eut tôt fait de propager les flammes dans Saint-Sauveur. Les petites maisons en bois du faubourg ouvrier ont été rasées en quelquesheures. C’est pour cette raison que le type le plus ancien d’habitation deSaint-Sauveur, la maison à toit à deux versants droits, a presque disparu.
Maison à toit à deux versants droits
Maisons à toitmansardéLe toit mansardé a été nommé ainsi en souvenir de son concepteur, l’architectefrançais : FrançoisMansard (1598-1666).
8 9
La maison à toit plat258, rue Kirouac
10
Les maisons à toit plat construites à partir de 1890
deviennent la norme dans le quartier à partir de 1910.
Elles comportent deux étages, sont recouvertes de brique et
sont généralement peu ornementées, mises à part les
corniches qui couronnent plusieurs d'entre elles.
Au fil du temps, nombreux sont
les propriétaires de maisons à
toit à deux versants droits et
à toit mansardé qui, désirant
agrandir leur maison, la surélè-
vent d'un étage et la recouvrent
d'un toit plat, moins coûteux et
au goût du jour.
Maison à toit plat
1514
Il circonscrit également une bande de terrain en bordure de
la falaise pour établir un cimetière qui a ultérieurement été
transféré dans le secteur de l’actuel cimetière Saint-Charles,
magnifique cimetière-jardin enserré entre la rivière
Saint-Charles et la rue Saint-Vallier Ouest.
L’agglomération de Boisseauville s’organise rapidement
autour du pôle que constitue l’église. S’ensuit l’établissement
d'une première école, de l’hôtel de ville, d’un marché public,
et d’autres services et commerces au cœur du faubourg.
Domaine Bas-Bijou en 1800Bibliothèque et Archives Canada, crédit : William Hall et Jean-Baptiste Duberger/ANC 206608 (détails)
LE CŒUR DU QUARTIER :VIE SOCIALE ORGANISÉE
Toutefois, c’est Pierre Boisseau qui, ayant acquis la
propriété de Michel Sauvageau, donna le véritable coup
d’envoi à ce projet en 1845. Il confia à l’arpenteur Joseph
Hamel le soin de planifier le tracé des rues et des lots de
Boisseauville qui correspond au secteur compris entre la
falaise et la rue Saint-Vallier, approximativement entre
les rues De Mazenod et Bayard. Il y réserve un terrain
pour construire une église à l'emplacement de l'actuelle
église Saint-Sauveur.
Le domaine Bas-Bijou correspond au secteur où s’est
organisée la vie sociale dans le faubourg. Alors que
Saint-Sauveur était encore une plaine peu peuplée qui
offrait un vaste territoire de villégiature dont profitaient les
notables de la région, le notaire Michel Sauvageau habitait
une villa sur un domaine nommé Bas-Bijou. En 1810,
il projetait de morceler son domaine et de vendre des lots
pour favoriser le développement urbain du secteur.
Maison de Pierre Boisseau(303, rue Boisseau)
1716
C’est le père Zéphirin Charest (qui laissa son nom au
boulevard Charest), curé de Saint-Roch, qui suggéra au père
Durocher la création d'une première école dans le quartier
tenue par les sœurs de la Congrégation Notre-Dame.
En 1856, trois classes sont offertes par les religieuses
dans une maison louée près de l’église. En 1861, une école
de trois étages en brique est construite sur la rue des
Oblats. Détruit par les flammes en 1866, l'édifice a
été immédiatement reconstruit pour être démoli presque
cent ans plus tard, en 1958, pour faire place à une
construction moderne, l'école Marguerite-Bourgeoys.
En 1846, Pierre Boisseau fait don à la fabrique Saint-Roch
d’un terrain pour construire une église succursale devant
desservir les fidèles de Saint-Sauveur et des environs. Oeuvre
de l’architecte Michel Patry,
la première église de
Saint-Sauveur est érigée en
1851-1852 et est confiée
aux pères Oblats.
En 1866, l’église n’est pas épargnée par le terrible
incendie qui dévaste Boisseauville. La reconstruction est
entreprise l’année suivante selon les plans de l’architecte
Joseph-Ferdinand Peachy. Il réutilisa les murs existants
pour édifier une église plus grande pouvant accueillir
4 000 paroissiens. Le concept architectural de la nouvelle
église s’articule autour d’une tour saillante qui fut
parachevée avec l’installation du clocher en 1892, soit
25 ans après le début des travaux. L’intérieur est décoré
de magnifiques fresques et tableaux : à voir absolument !
Église Saint-Sauveur vers 1880Archives nationales du Québec, fonds Vallée, P1000, S4, D60, P17
École de la congrégation Notre-Dame à Saint-Sauveur de QuébecMusée de la civilisation, fonds d'archives du Séminaire de Québec,Castonguay, T. et frère photographe, N°Ph1986-0735
L'église Saint-Sauveur215, avenue des Oblats
Première église Saint-Sauveur vers 1853Archives nationales du Québec, E6, S8, D76.1256.P34(35)
L’école Marguerite-Bourgeoys325, avenue des Oblats
1211
Le 28 février 1867, les pères Oblats ont obtenu de
l’évêque la création de la paroisse Saint-Sauveur. Le père
Flavien Durocher, supérieur des Oblats de Québec, devient le
premier curé à administrer la paroisse.
1918
L'ancien hôtel de ville 363, rue Boisseau
Les maisons en « terrasse »436-440, 428-432 et 422-424, avenue des Oblats
Cet ensemble de trois bâtiments est encadré par deux
maisons presque identiques qui se distinguent dans le
paysage urbain de Saint-Sauveur. Construites vers 1890
et coiffées de toits mansardés, les deux maisons ont
été surélevées d'un étage vraisemblablement en 1902
(comme en témoigne l'inscription sur le fronton) de façon
tout à fait inusitée.
En effet, un étage surmonté d'un toit plat a été ajouté sans
que ne disparaisse la paroi, en façade, du toit mansardé
d'origine. De plus, les éléments décoratifs nombreux et la
présence de loggias, enfoncements formant des balcons
couverts, contribuent au caractère original de cet ensemble.
Cet édifice construit en 1879 a d'abord abrité l'hôtel de
ville de la municipalité de Saint-Sauveur créée en 1872.
À l'époque, le territoire de la municipalité était compris
entre le boulevard Langelier et la rue Marie-de-l'Incarnation.
À partir de 1890, le bâtiment abrita le poste de pompier no 7.
En fait, suite à un incendie majeur survenu en 1889, les
citoyens de Saint-Sauveur constatent leur impuissance à
combattre cette calamité, n'étant pas équipés d'un réseau
de distribution d'eau ni d'égout. Ils songent alors sérieusement
à annexer leur municipalité à celle de Québec qui bénéficie
de ces services.
Les citoyens se prononcent par référendum en septembre
1889 en faveur de l'annexion. Saint-Sauveur fait alors l'objet
d'importants travaux qui améliorent grandement la qualité
de vie dans le quartier : réseau de distribution d'eau et de
drainage, aménagement de trottoirs, pavage et éclairage
des rues, postes de pompier et de police et création d'un
grand parc public.
Le poste de pompiers no 7 vers 1896Archives nationales du Québec, fondsPhilippe Gingras,N80-1-143Sur cette photo, les pompiers posentperchés dans la nouvelle échelle de sauvetage.L'édifice abrite aujourd'hui unecoopérative d'habitations.
13 14
Maison en « terrasse »
Les halles du marché Saint-Pierre et sa place publique
deviennent rapidement des lieux très fréquentés et animés
où les commerçants déploient leurs étals et où se réunissent
les membres de divers regroupements sociaux et culturels.
En 1945, le marché Saint-Pierre est rasé par les flammes.
Le marché public disparaît, mais le lieu de rassemblement
populaire ressuscite quelques années plus tard. Le centre
Durocher ouvre ses portes en 1950. Son architecture
constitue un bel exemple du style Art déco à Québec. Une
bibliothèque, des salles de billard, de quilles et de
spectacles, un restaurant et des locaux réservés à l'usage
des organismes de la paroisse sont alors mis à la disposition
de la population.
Le centre Durocher, centre communautaire et de loisir,
est toujours au cœur de la vie de quartier. Une variété
d'activités et de services favorisant le mieux-être des
résidants de tous âges y est offerte.
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Depuis plus de cent ans, l'emplacement des actuels parc et
centre Durocher est un lieu de rassemblement populaire
pour les citoyens de Saint-Sauveur et de la basse-ville en
général. En effet, en 1888, un imposant édifice de trois
étages ouvre ses portes à cet endroit.
Cette magnifique maison inspirée de la figure des
résidences cossues de la Grande Allée a été construite
vers 1910. Cette maison qui s'apparente au style château,
dont le plus illustre exemple à Québec est le château
Frontenac, a accueilli pendant cinquante ans, de 1924 à
1974, la famille du docteur
Bissonnette bien connu
des résidants du quartier.
Statue du père Flavien Durocher vers 1935Archives de la Ville de Québec, N010871Une statue a été élevée sur la place publique du marché Saint-Pierre en souvenir du père Flavien Durocher, fondateur de la paroisse de Saint-Sauveur.
La maison Bissonnette388, rue Saint-Vallier Ouest
L'ancien marché Saint-Pierre290, rue de Carillon
Le « château » de Saint-Sauveur
Rassemblement populaire à la place Saint-Pierre à l'occasion de la fête nationale de la Saint-Jean-Baptiste en 1921Archives de la Ville de Québec, N09022
Le marché Saint-Pierre a été nommé en l'honneur de
Pierre Boisseau, principal instigateur du développement
urbain de Saint-Sauveur.
Saint-Pierre Boisseau !
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L'avenue Simon-Napoléon-Parent témoigne de la réalisation
d'un projet d'envergure qui marqua le paysage de
Saint-Sauveur : le parc Victoria, projet parrainé par le maire
de l'époque : Simon-Napoléon Parent. Initialement prévu à
l'emplacement de la place et du marché Saint-Pierre
(actuels parc et centre Durocher), le projet de parc urbain
se destine finalement à un site localisé dans le creux d'un
méandre de la rivière Saint-Charles, aujourd'hui asséché.
Ces deux maisons constituent de véritables joyaux dans le
quartier. La première fut construite en 1896 dans le style
forteresse comme en témoigne la petite tourelle, nommée
échauguette, qui rappelle les postes de surveillance érigés
sur les châteaux forts.
La deuxième fut construite en 1899-1900. Sa porte d'entrée
monumentale surmontée d'une logette vitrée, son balcon, sa
corniche richement ornée, ainsi que son revêtement de
brique ont été très bien conservés au fil du temps.
Maison de style forteresse Porte d'entrée monumentale
Oriel monumental(193-197, rue des Récollets)Au coin des rues des Récollets etSaint-Ambroise trône un fabuleuxoriel qui constitue sans contreditle plus bel ornement de ce type de toute la basse-ville deQuébec. Cette structure en formede poivrière, mieux connue sousle nom de baie vitrée, laissepénétrer une lumière abondanteaux étages supérieurs. Plusieurshabitations dans le quartier sontdotées de pareil dispositif enfaçade ou en coin se déployantsur un ou plusieurs étages, certains richement ornementés,d'autres plus sobres.
Des joyaux d'architecture267-271 et 279, rue Saint-Vallier Ouest
Pour faciliter l'accès du parc aux résidants de Saint-Sauveur,
la Ville a fait l'acquisition d'une bande de terre qui s'étend
de l'intersection des rues Elzéar-Bédard et Saint-Ambroise
jusqu'à la rivière Saint-Charles.
Sur cette bande de terre, l'avenue Parent est tracée, d'une
largeur atypique pour le secteur et désaxée par rapport à la
trame urbaine existante. L'aménagement de cette avenue,
véritable porte d'entrée du parc Victoria, propulse la cons-
truction résidentielle dans ce secteur.
L'avenue Simon-Napoléon-ParentIntersection de la rue Saint-Ambroise, et de l'avenue Simon-Napoléon-Parent
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Résidences de prestige(210-218, rue Elzéar-Bédard et 111-113, avenue Simon-Napoléon-Parent)Plusieurs résidences de prestige, inhabituelles dans le quartier ouvrier, font leurapparition au début du 20e siècle. Les citadins qui choisissent d'établir leursnouvelles demeures aux environs du parc apprécient particulièrement la proxi-mité de l'îlot de verdure, de plus en plus rare dans les vieux quartiers de la ville.
En 1896, les Augustines de l'Hôpital-Général consentent à
céder à la Ville un terrain ceinturé par un méandre de la
rivière Saint-Charles pour aménager un vaste parc urbain.
Cet emplacement offre l'avantage de pouvoir profiter à la
fois aux résidants de Saint-Sauveur et de Saint-Roch.
Ouvert à la population en 1897, le parc Victoria était alors
parcouru par un dédale de sentiers.
Au fil des ans, l'apparence générale du parc a connu
d'importantes modifications. Notamment, la Ville procéda à
l'assèchement du méandre de la rivière Saint-Charles lors
du réaménagement de son lit, ce qui a entraîné la démolition
du pont Parent et réduit le charme insulaire du parc.
Néanmoins, le parc Victoria constitue un parc exceptionnel
dans lequel il fait bon se balader et pratiquer des activités
sportives en plein cœur de la ville.
Plan du parc VictoriaArchives de la Ville de Québec, FC01611Inauguré le 22 juin 1897 à l'occasion du 60e anniversaire du couronnement de la reine Victoria, le parc Victoria nommé en l'honneur de la reine devait initialement porter le nom de parc Parent, du nom du maire de l'époque.Simon-Napoléon Parent, maire de Québec de 1894 à 1906, participait à la vie politique de Saint-Sauveur à titre de conseiller municipal depuis 1890. Surnommé le «maire des grands travaux », on lui doit, entre autres, la construction du Château Frontenac, de l'hôtel de ville de Québec et l'ouverture du parc Victoria.
Le parc VictoriaAu bout de l'avenue Simon-Napoléon-Parent
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Un réseau, une collection
Le réseau Villes et villages d'art et de patrimoine (VVAP) a pour
mission de promouvoir et mettre en valeur les arts, la culture et
le patrimoine selon une optique de développement du tourisme
culturel dans toutes les régions du Québec. Ce réseau, tissé grâce
à la collaboration initiale de l'Université Laval et du ministère de
la Culture et des Communications du Québec, compte sur le
dynamisme d'une centaine d'agents de changements postés dans
les villes, les municipalités régionales de comté, les municipalités,
certains organismes et conseils de bande du Québec.
Les agents VVAP de la Ville de Québec, en concertation avec
l'agent VVAP du Conseil de la Nation huronne-wendat et des
partenaires du milieu, ont développé une collection de circuits
pédestres qui présentent les richesses patrimoniales de divers
territoires. La collection Itinéraires histoire et patrimoine fournit
des clefs de lecture aux promeneurs afin qu'ils soient en mesure
d'interpréter l'évolution du territoire en y reconnaissant les traces
d'occupation et d'utilisation, lointaines et contemporaines, dans
le paysage d'aujourd'hui. Ce projet structurant poursuit un double
objectif de sensibilisation et d'éducation du public à la richesse
du patrimoine et de renforcement des liens qui unissent les
forces vives du réseau VVAP.
Réseau Villes et villages d'art et de patrimoine
www.vvap.ulaval.ca
Dans la même collection
Itinéraires histoire et patrimoine :
› Histoire de raconterle Vieux-Wendake & Loretteville
› Histoire de raconterle quartier de Maizerets
Disponibles dans les bureaux d'arrondissement de La Cité,
de Limoilou, de La Haute-Saint-Charles et à la Maison Tsawenhohi.
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