l'éducation aux médias avec l'association fragil
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UNIVERSITÉ DE NANTES
Institut universitaire de technologie
de La Roche-sur-Yon
Département Information et communication
Une FRAGILité : l’éducation aux médias
Rapport d’atelier d’environnement professionnel
présenté par Adeline Viaud, étudiante en communication des organisations
Sous la direction de Claudine Paque, enseignante en expression
Année universitaire 2012-2013
© F
ragi
l.org
UNIVERSITÉ DE NANTES
Institut universitaire de technologie
de La Roche-sur-Yon
Département Information et communication
Une FRAGILité : l’éducation aux médias
Comment éduquer les citoyens aux médias
dans une société où l’information est omniprésente ?
Rapport d’atelier d’environnement professionnel
présenté par Adeline Viaud, étudiante en communication des organisations
Sous la direction de Claudine Paque, enseignante en expression
Année universitaire 2012-2013
© F
ragi
l.org
Résumé documentaire Mots clés : médias, culture, éducation, information, communication
Cet atelier d’environnement professionnel est un rapport réalisé en seconde année d’Information
et communication. Basé à la fois sur des recherches théoriques et des données pratiques, il est la
synthèse d’un travail de réflexion que l’étudiant engage avec une association extérieure de son choix.
Ce présent rapport problématise le travail mené par l’association Fragil en matière d’éducation aux
médias. Fragil est une association située à la Fabrique aux Dervallières, un quartier nantais. Cet exercice
présente l’état des lieux et les enjeux de l’éducation aux médias, ainsi que les activités de l’association.
Fragil est également un média qui informe des actualités sociales et culturelles. Son projet éditorial se
décline sur plusieurs supports : un magazine en ligne et des gazettes au format papier. Romain Ledroit est
rédacteur en chef de la partie éditoriale de Fragil et coordinateur de l’association. Elle propose
également des ateliers d’éducation aux médias aux jeunes. Fragil se positionne dans un processus
d’accompagnement éducatif des médias. Les jeunes peuvent concrétiser leurs envies de créer un média.
L’objectif étant d’apprendre à cerner le processus de création et de diffusion d’une information
médiatique. Fragil cherche à aller à l’encontre de toute vision manichéenne portant sur les médias.
L’association ne chercher pas à juger en bien ou en mal l’accroissement médiatique, mais bien de
comprendre son fonctionnement. Enfin, ce rapport aborde également les raisons qui limitent l’expansion
de cette éducation en France, par faute de moyens économique, sociaux et humains.
239 mots
Remerciements
Mes remerciements vont à Romain Ledroit, coordinateur de l’association Fragil et rédacteur en
chef de la partie éditoriale de Fragil. Il a été également mon référent professionnel pour cet exercice. Sa
disponibilité, sa motivation m’ont permis d’appréhender sereinement cet exercice.
Ma gratitude va à Marie Camier, diplômée en éducation aux médias, pour avoir répondu à mes
interrogations et m’avoir sensibilisé aux problèmes de l’éducation aux médias en France.
Je salue Pascal Couffin, directeur de l’association pour m’avoir appris à maîtrise l’outil Web
Scoop.it pour ma veille documentaire.
Enfin, je remercie Bérénice Kesteloot pour m’avoir initié aux ateliers d’éducation aux médias de
Fragil.
Sommaire
Introduction..................................................................................................................................11
1. L’éducation aux médias, un concept mis en valeur par Fragil… ..........13 1.1 - Définir un concept flou : l’éducation aux médias ...................................................................................... 13 1.2 - Constater une vision manichéenne des médias......................................................................................... 17 1.3 – Pourquoi défendre la nécessité d’une éducation aux médias ? ..................................................... 20 1.4 – Un projet associatif axé sur l’éducation aux médias .............................................................................. 22 1.5 – Fragil, un média participatif ................................................................................................................................... 25 1.6 – L’éducation aux médias est sous jacente à l’activité éditoriale..................................................... 27
2. …en éduquant les citoyens aux médias d’information… ..........................29 2.1 – Les directives de Fragil ............................................................................................................................................. 29 2.2 – Débat démocratiques ................................................................................................................................................30 2.3 – Identités et citoyennetés ......................................................................................................................................... 32 2.4 – Parcours pro(se) ........................................................................................................................................................... 33 2.5 – Centre-Vie(s) .................................................................................................................................................................. 34
3. …mais ralenti par un défaut de communication et de partenariats entre les structures d’éducation aux médias. ..........................................................37
3.1 – Une éducation ralentie par un manque de partenariats…............................................................... 37 3.2 - …à cause d’un manque d’un manque de communication et de sensibilisation…............... 39 3.3 - …à cause d’une absence de plateforme de veille médiatique… ............................................... 40 3.4 - …à cause du vieillissement des acteurs…................................................................................................... 41 3.5 - …il y a nécessité de renouveler la place de l’éducation aux médias dans les programmes scolaires. ........................................................................................................................................................... 42
Conclusion....................................................................................................................................45 Bibliographie ..............................................................................................................................47 Annexes ..........................................................................................................................................53
Annexe 1 – L’équipe de Fragil .......................................................................................................................................... 55 Annexe 2 – La plaquette de Fragil ................................................................................................................................ 57 Annexe 3 – Les locaux de Fragil ...................................................................................................................................... 59 Annexe 4 – La Fragilosphère ............................................................................................................................................. 61 Annexe 5 – Le site Internet de Fragil............................................................................................................................. 63 Annexe 6 – La gazette de Fragil.................................................................................................................................... 65 Annexe 7 – Le Web 2.0 de Fragil.................................................................................................................................... 67
11
Introduction
Pourquoi faut-il s’intéresser à l’environnement médiatique ? Réponse : les médias sont
omniprésents. Avec une consommation moyenne de 3 h 30 par jour, les médias représentent la deuxième
activité des jeunes, après le sommeil. Cet environnement médiatique, souvent sous-estimé, participe à leur
socialisation. Il est en concurrence directe avec la famille et l’école. Clé de voute de leur compréhension
du monde, les médias sont devenus un véritable enjeu1 de société2. « Le numérique, le virtuel, le web,
Internet ont prouvé leur puissance. Le temps des pionniers et des prophètes s'achève. Maintenant vient le
temps de la maîtrise : politique, culturelle, sociale, créative. Mais, il va falloir civiliser l'incroyable explosion
que les nouvelles technologies de l'information, de la communication et de la création catalysent. La
tâche n'est pas simple3. »
Les outils et médias numériques offrent des opportunités d’élargissement des lieux d’échanges, de
débats, d’interactions et de productions de savoirs. Ils contribuent à l’émergence de nouveaux modes
de participation citoyenne4 à la vie publique. La société est démocratique5. Ce besoin de redonner du
sens à la démocratie se fait conjointement avec l’apparition d’une nouvelle revendication : la
réappropriation de l’espace public par les citoyens. Les réseaux et médias sont des outils susceptibles
de favoriser de nouvelles formes d’émancipation. Le militantisme, l’éducation, l’expérimentation sociale, la
critique et la prise en compte des enjeux sociaux s’inscrivent dans cette démarche6.
Quel intérêt l’école doit-elle porter aux médias ? Quelle place accorder aux médias dans
l’enseignement ? Une maîtrise des médias nécessite-t-elle une formation ou une initiation ? Peut-on
revendiquer l'éducation aux médias comme un apprentissage fondamental ? Comment apprendre à la
nouvelle génération (15-25 ans) à distinguer ce qui relève de l'anecdote, de la connaissance, du
témoignage citoyen, de ce qui relève de la véritable information, vérifiée, étayées et mise en
perspective ? Comment éviter qu'un fossé générationnel, géographique, culturel ou social ne se creuse
davantage entre ceux qui maîtrisent les nouveaux outils et les nouveaux usages et ceux qui sont restés à
la marge ou qui n'y ont pas accès7 ?
1 Un enjeu étant à la fois ce qui peut être gagné ou perdu lors d’une action, dictionnaire Larousse 2 FRAU-MEIGS, 2011, p. 57. 3 IMAGINA 97, février 1997, préambule 4 La citoyenneté permet à un individu d’être reconnu comme membre d’une société et de participer à sa vie politique et civique, www.toupie.org 5 Gouvernement du peuple par le peuple, www.linternaute.com 6 BOUCHER-PETROVIC, http://ticetsociete.revues.org 7 LE CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE NANTES MÉTROPOLE, 2008, p. 16
12
Fragil est une association nantaise créée en 2002. Depuis quelques temps, elle s’intéresse au
concept d’éducation aux médias. Selon Romain Ledroit, coordinateur de l’association et rédacteur en
chef du magazine : « Fragil est un média culturel et social réalisé dans la métropole nantaise ». Le média
est directement inspiré du mouvement de pensée philosophique : le « do it yourself8 ». Son projet éditorial
se décline sur plusieurs supports, à savoir un magazine en ligne9, des gazettes au format papier. Fragil
mène, en outre, des actions d’éducation aux médias qu’elle publie sur un blog : la Fragilosphère Grâce à
ces outils, ils tiennent à valoriser toutes formes de contributions et créations de projets. Ils défendent la
notion de culture partagée et pour tous. Au fil des années, avec les moyens acquis, une aventure
collective a transformé les rêves de départ en réalité. Désormais, l’équipe10 éditoriale du magazine Fragil
se compose d’une quarantaine de contributeurs. Ces bénévoles tentent de proposer aux lecteurs un
regard nouveau sur la culture. Le magazine s’est peu à peu professionnalisé. Il offre aux bénévoles
l’accès à des formations. Le projet de Fragil se situe à la croisée de plusieurs dimensions : les médias, la
culture et l’éducation11. À ce jour, 40 000 visiteurs uniques12 lisent chaque mois le magazine en ligne de
Fragil. 2 000 articles sont produits par plus de 300 contributeurs. Une soixantaine de contributeurs
participent chaque année au projet. Entre 3 000 et 7 000 exemplaires de la gazette sont distribués
dans la métropole nantaise13.
Aujourd’hui, l’association est confrontée à divers enjeux dans son expérimentation d’éducation
aux médias. Comment éduquer les citoyens aux médias dans une société où l’information est
omniprésente14 ? Depuis 2009, l’association Fragil pratique des ateliers d’éducation aux médias. Elle
expérimente des méthodes d’accompagnement. Dans cette expérience d’éducation, l’association est
confrontée à divers enjeux. Dans un premier temps, il s’agit de définir les enjeux de l’éducation aux
médias : sa définition, sa nécessité et comment se positionne l’association Fragil dans sa démarche
d’accompagnement à la compréhension des médias. Dans un second temps, il s’agit de démontrer
l’implication de l’association dans les actions d’éducation aux médias qu’elle organise. Enfin, il est
question de démontrer les raisons qui ralentissent la progression de cette éducation.
8 Cette appellation se traduit en français par « fais-le toi même », www.subsociety.org 9 Site Web de Fragil, www.fragil.org 10 Cf. Annexe 1, p. 55 11 Page Facebook du Magazine Fragil, www.facebook.com 12 Internaute visitant un site et considéré comme unique dans les données d’audience du site pendant une période donnée, www.definitions-webmarketing.com 13 Projet associatif de Fragil, www.fragil.org 14 Qui est partout, www.linternaute.com
1. L’éducation aux médias mise en valeur par Fragil…
1.1 - Définir un concept flou : l’éducation aux médias
Des hommes politiques, des philosophes, des éducateurs et des chercheurs se sont intéressés aux
fonctions sociales, économiques, culturelles et politiques des médias. Définir ce concept est une réelle
difficulté. L’éducation aux médias se décompose avec d’une part l’action d’éduquer et d’autre part l’outil
qu’est le média. L’éducation15 est l’action de développer un ensemble de connaissances et de valeurs
morales, physiques, intellectuelles, scientifiques, etc16. Les médias, eux, sont des vecteurs de
représentations. Ils participent à l'organisation des connaissances dans la mémoire sur le long terme. Ils
sont comme une mémoire supplémentaire, extériorisée sur des supports matériels. Ils organisent une
mémoire collective, partagée et distribuée17. Concrètement, il existe 5 grands médias : la presse, la
télévision, la radio, l’affichage et le cinéma18. Internet s’est rajouté à cette liste depuis la démocratisation
du Web et l’immense circulation d’informations sur ce support. Les médias sont à la fois garants et
régulateurs. Ils garantissent le pluralisme de l’information. De plus, ils régulent les manifestations de la liberté
d'information comme des lieux de débats de la démocratie. Le sens du mot « média » évolue
constamment avec la multiplication des chaines de télévision, des radios, des médias en ligne, des
magazines spécialisés, des titres de presse gratuits, des réseaux sociaux19. Les médias sont un vecteur
décisif du développement éducatif et culturel. Un média peut informer, faire de la publicité, divertir,
éduquer ou encore créer. Il est plus que temps de les analyser rigoureusement pour quiconque
souhaiterait contribuer à l’élaboration d’une authentique éducation comparée20. Par ce terme
« médias », on désigne autant des institutions (la chaine de télévision France 3, la radio Europe 1, etc),
des genres (les quotidiens21, les magazines, etc), que des techniques (télécopie22, radio, etc)23.
15 Éducation vient du latin ex-ducere qui signifie guider, conduire hors, www.toupie.org 16 Idem. 17 FRAU-MEIGS, 2011, p. 79 18 Site Web analyse-marketing, www.analyse-marketing.com 19 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, 2012-2013, p. 7 20 PORCHER et GONNET, 2006, p. 110 21 Journal qui paraît tous les jours, www.linternaute.com 22 Transmission à distance de documents, www.linternaute.com 23 GONNET, 2001, p. 56
14
L’éducation aux médias est un processus d'enseignement et d'apprentissage. Cette discipline est
générale et son objet d’étude est le média. Cette analyse ne se limite pas au texte imprimé mais
englobe aussi les autres systèmes symboliques constitués d'images et de sons.
Considérée comme une science, elle a pour objectif de donner à l'apprenant la capacité d'analyser
des récits médiatiques (productions écrites, audiovisuelles, numériques, etc). Ainsi, on peut en comprendre
leur signification et évaluer leurs valeurs et leurs portées. L’éducation aux médias se fonde sur un certain
nombre de compétences : compréhension, critique, créativité, consommation et citoyenneté,
communication interculturelle. Cette éducation est devenue, par la force de la révolution de la société
de l'information, une modalité indispensable dans la construction des savoirs24.
Cette science éducative peut se diviser ensuite en éducation à l’information et à l’image.
L’éducation à l’information est la mise en œuvre de moyens pédagogiques propre à assurer que toute
personne utilisant les réseaux du numérique sache à la fois s’informer et informer. L’éducation à l’image,
elle, est un développement méthodique de la capacité à percevoir l'information visuelle et à
l'interpréter25.
L’éducation à la communication consiste à apprendre à vivre des situations de communication
dans des contextes différents, impliquant ou non les médias. Pierre Bourdieu dans les années 60
introduisait l’idée que toute communication supposait une médiation, des intermédiaires (on reconnaît
clairement le terme des médias), par opposition à « une communion les yeux dans les yeux26 »,
immédiate27.
Une question de sens se pose : doit-on dire éducation « par les médias » ou « aux médias » ?
Selon Jacques Piette, l’éducation par les médias renvoie à l’utilisation d’outils médiatiques en tant
qu’auxiliaires d’enseignement comme des films, émissions de télévision et de radio, journaux, etc. Par
exemple, une projection d’un documentaire scientifique, d’un film en classe d’histoire, de religion ou de
morale permettrait d’ouvrir un débat sur un thème en particulier. Cette méthode d’éducation par les
médias renvoie à une pédagogie du soutien où les productions médiatiques sont au service de
l’enseignement des matières scolaires.
24 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, 2012-2013, p. 46 25 FRAU-MEIGS, 2011, p. 108 26 BOURDIEU, 1966, p. 43 27 PORCHER et GONNET, 2006, p. 96
15
Dans le cas de l’éducation aux médias : ce sont les médias qui deviennent eux-mêmes l’objet
d’étude. Le travail consiste à comprendre la manière dont les productions médiatiques sont construites,
diffusées et consommées. L’élève s’interroge sur la nature des relations que nous établissons avec les
médias, individuellement et collectivement28.
Divina Frau-Meigs, sociologue des médias et professeur à la Sorbonne est également directrice
du master professionnel AIGME29, mais aussi une spécialiste des contenus et comportements à risque et
d’éducation aux médias, une experte internationale auprès de l’UNESCO30, à la commission européenne
et au conseil de l’Europe, une membre du comité scientifique du CIEME31 et enfin coordinatrice depuis
2008 de la section « recherches en éducation aux médias » de l’AEIRI32. Cette sociologue s’interroge
quant à la socialisation des jeunes par les médias. Quels en sont les mécanismes ? Quel impact ont
les médias sur les jeunes ? Doit-on s’inquiéter des contenus et comportements à risques véhiculés par les
médias ? Faut-il censurer la violence, la pornographie et les conduites extrêmes ? Comment en parler
ouvertement, sans tabou, avec les jeunes ? Faut-il aborder ce sujet dans des contextes d’apprentissage
formel ou informel, à la maison, ou en classe ou hors les murs ? Divina Frau-Meigs tient à démocratiser
l’éducation aux médias. Elle analyse de manière cohérente l’environnement médiatique. La sociologue
s’inspire des recherches internationales en matière de cognition sociale sur l’attention, la mémoire et
l’émotion. Le défi est de tenter de garder un point de vue équilibré entre les besoins de liberté
d’expression politique et commerciale des médias et les besoins de protection de l’enfance et
d’éducation aux médias des citoyens. Les solutions pratiques et constructives seraient de répondre aux
inquiétudes et interrogations des parents et éducateurs, sans négliger le rôle très important donné aux
instances issues de la société civile, comme les associations de parents33.
28 PIETTE, www.cahiers-pedagogiques.com 29 Ingénierie de l’éducation aux médias 30 Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture 31 Collectif interassociatif enfance, médias et éducation 32 Association internationale des études et recherches en information et communication 33 FRAU-MEIGS, 2011, p. 114
16
Dans la métropole nantaise, il y a une dense pluralité de médias :
• presse en ligne ;
• presse professionnelle et presse grand public34 ;
• presse locale, régionale, inter-régionale, nationale, internationale35 ;
• presse écrite, gratuite36 et payante ;
• radios37 et télévisions38.
Les citoyens de la métropole Nantaise ont accès à une offre médiatique diversifiée : radios,
journaux, magazines, agendas culturels, télévisions, etc. Ce sont des médias de statuts différents
disponibles auprès d’un large public39. Ils sont créés et animés par des acteurs fortement engagés pour
l’information de service public. Le but étant de faire prospérer l’aventure médiatique au sein de la ville. À
Nantes, ces médias résistent bien malgré la crise économique, ce qui en fait un atout majeur pour le
territoire. Leur force est de savoir travailler en coopération au sein de collectifs (la MIN40, la FRAP41). Le
secteur médiatique Nantais est dynamique. Les médias associatifs Nantais permettent l’engagement de
tous en favorisant toutes les formes d’expression et de participation citoyenne. À Fragil, les bénévoles
trouvent dans cette structure un accompagnement, un cadre collectif pour mener à bien des projets. Ces
médias participent également au développement du « vivre ensemble ». Proche des initiatives
citoyennes, les médias associatifs donnent la parole aux acteurs sociaux et culturels lors de reportages,
d’interviews, de débats en public, etc. Ils contribuent ainsi au développement d’un service public local
de l’information au plus proche des Nantais, tout en redonnant du sens à la pratique de ces outils42.
La question d’éducation aux médias était présente dès la création de l’association, il y a 10 ans.
Considérée comme une priorité, elle fait partie intégrante du projet associatif de Fragil. Ces ateliers
d’éducation sont pratiqués depuis 3 ans et demi.
34 Par exemple, Ouest-France, Presse-Océan, etc 35 Par exemple, le magazine Nantes Passion, Le journal de Nantes Métropole, L’esprit grand ouvert, etc 36 Par exemple, l’agenda culturel le Pulsomatic, etc 37 Par exemple, la radio étudiante Prun’, Sun FM, Radio Nova, etc 38 Par exemple, les chaîne de télévision locale : TéléNantes et Nantes 7 39 RICHARD, 16 juin 2010 40 Marché d’intérêt national de Nantes 41 Fédération des radios associatives en Pays de la Loire 42 Projet associatif de Fragil, www.fragil.org
17
Quelle éducation aux médias proposer aux citoyens face à la profusion d’informations ?
L’association se positionne selon le principe démocratique de la liberté de penser et d’expression du
citoyen, soit la liberté de ne pas être manipulés. La liberté d'expression est un des droits de l'homme qui
protège historiquement les messages des médias de la censure et de toutes sortes de réglementation
visant à la limiter43.
1.2 - Constater une vision manichéenne des médias
« Éduquer aux médias » n’est pas un concept facile à comprendre. Accusateurs des médias pour
les uns, incitateurs pour les autres à les utiliser sans retenue pour vivre un nouvel âge de la
communication44, personne n’est assez objectif pour décider de la définition la plus adéquate.
Selon Romain Ledroit45 : « Il ne faut surtout pas tomber dans le discours manichéen en ce qui
concerne l’éducation aux médias ». La base du manichéisme naît de la division de l’Univers en deux,
avec d’un côté le bien avec le royaume de la Lumière et de l’autre côté le mal avec le royaume des
Ténèbres. Le fondement du manichéisme est donc cette lutte entre le bien et le mal46.
43 FRAU-MEIGS, 2011, p. 147 44 GONNET, 2001, p. 76 45 Coordinateur de l’association Fragil et rédacteur en chef du magazine 46 Définition, www.unisson06.org
Illustration 1 : Logo de Fragil
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ragi
l.org
18
Pourtant, deux avis nets s’opposent au sujet des médias. D’une part, les médias sont criminalisés
par simple peur du risque qu’ils peuvent encourir avec la violence, la pornographie, etc. D’autre part, les
effets des médias sont reconnus comme étant la construction d’un acte individuel maîtrisé et non pas
comme un phénomène collectif incontrôlé47.
Les médias : source d’incitation aux comportements à risques
On accuse les médias de divulguer des messages néfastes à la population humaine tels que des
images pornographiques, des images de violence physique ou morale, de la propagande politique, des
stéréotypes et préjugés ou encore du racisme, du sexisme, etc.
La pornographie est la représentation délibérée de matériaux et de produits plus ou moins
obscènes sur le corps destinée à provoquer une stimulation érotique ou l'activation du désir sexuel. Les
conditions de réalisation de l'activation pornographique sont : l'anonymat de la relation intime, la
possibilité de substitution d'un corps par un autre, la mise à distance de l'émotion et du contact,
l'échange financier par le service commercial et le recommencement programmé. La propagande est la
diffusion de messages politiques par le biais des médias de masse pour amener l’opinion publique à
soutenir un gouvernement, un parti ou une personne. Elle vise à recueillir l’adhésion par des procédés tirés
du journalisme (citation de sources officielles, etc) mais aussi par détournement de ces procédés
(désinformation, etc). La violence est un rapport de force ou d’intimidation forçant quelqu’un à agir
contre son gré et pouvant résulter par la mort. Les médias tendent à représenter des rapports de force
allant de l’agression physique et armée à la pression psychologique ou morale. Elle est souvent présente
dans des films d’action et fait l’objet d’effets spéciaux spectaculaires. Son influence sur les enfants fait
controverse : les tenants des effets la jugent traumatique, les tenants des usages la jugent inoffensive48.
Plusieurs cas de violence ont animé la polémique stipulant que la télévision rend les gens violents.
Le 20 juillet 2012, lors de la sortie officielle du dernier Batman de la trilogie du réalisateur Christopher
Nolan, The Dark Knight Rises, une tragédie se produisait dans l’état du Colorado aux États-Unis.
47 FRAU-MEIGS, 2011, p. 158 48 Idem., p. 189.
19
Un certain James Eagan Holmes est entré dans une salle de cinéma, habillé en armure de super héros
mais avec un masque à gaz. L’homme a envoyé des vapeurs fumigènes et tiré sur les spectateurs. Le bilan
était de 12 personnes tuées et 58 personnes blessées. Une autre tragédie s’est produite le 20 avril
1999, au lycée de Columbine49. Deux adolescents ont causé la mort de 13 personnes et ont fait 26
blessés avant de se donner la mort50. Pour le premier exemple, la faute reviendrait aux images violentes
diffusées dans la trilogie et pour la fusillade de Columbine51, la faute est imputée à un usage abusif des
jeux vidéos.
La télévision exercerait une influence sur le spectateur par rapport à ce qu’il voit sur l’écran. « La
violence à la télévision n’exerce une influence que sur les personnalités enfantines déjà mal traitées, mal
aimées et mal équilibrées. Elles contribuent à extérioriser, à manifester ce qui est déjà présent dans
l’identité de l’individu52. »
Selon Jaques Piette, il faut éduquer les jeunes aux dangers des effets potentiellement négatifs
que peuvent avoir les médias sur les eux. Certaines images diffusées à la télévision et au cinéma sont
déformées de la réalité comme les comportements antisociaux (violence, stéréotype, racisme, sexisme,
etc)53.
Les médias : source de pluralité de l’information
Pourquoi ne pas profiter des médias pour alphabétiser à grande échelle des populations
privées de structures d’enseignement ? En plus d’informer sur le monde, les médias présentent des façons
de le percevoir et de le comprendre. Ce rôle des médias force à réviser l’opinion courante des médias
selon laquelle la seule fonction des médias est de renseigner ou de divertir54.
49 Ville de l’État du Colorado aux États-Unis 50 Batman : quand la violence des supers héros crève l’écran, mediasmatrices.wordpress.com 51 VAN SANT, octobre 2003 52 PORCHER et GONNET, 2006, p. 53 PIETTE, 1996, p. 250 54 GONNET, 2001, p. 98
20
1.3 – Pourquoi défendre la nécessité d’une éducation aux
médias ?
Le développement d’une éducation aux médias s’avère primordial. L’arrivée de tous ses
nouveaux outils numériques et la démocratisation d’Internet ont rendu cette nécessité d’actualité55. Un
jeune passe en moyenne 2 heures par jour sur Internet. 22,5 % des jeunes consacrent du temps à leur
propre blog. 9 lycéens sur 10 ont un compte Facebook56. Une nouvelle culture de l’écran qui sert aussi à
se cultiver personnellement57. Environ 4 jeunes sur 5 ont laissé des informations personnelles sur Internet.
Mais 75,8 % des jeunes pensent que les informations trouvées sur Internet ne sont pas toutes fiables58.
Pour les chercheurs, l’éducation aux médias apparaît comme la solution adéquate au problème
que pose la question des rapports entre les jeunes et les médias dans une société de plus en plus
médiatisée. De plus, le développement des nouvelles technologies de l’information et de la
communication laisse entrevoir que l’importance des médias ira en s’accroissant. Les médias sont d’ailleurs
déjà au cœur de la vie sociale, politique et culturelle des sociétés modernes. Ils sont la première activité
de loisir et la principale source d’information59.
« Le public cible de l'éducation aux médias ne cesse de croître et de changer, à mesure que les
« migrants numériques » s'efforcent de rattraper les « natifs », et alors qu'une créativité sans borne semble
donner aux contenus médiatiques de nouvelles formes ou les emmener sur de nouvelles voies presque
chaque jour. Quelle que soit l'ampleur de la tâche, l'éducation aux médias est l'un des objectifs essentiels
que doit poursuivre la politique publique pour que tous les citoyens européens puissent profiter
pleinement des avantages de la société de l'information » selon Vivianne Reding, membre de la
commission européenne60. « Les élèves doivent être capables de jugement et d’esprit critique, ce qui
suppose : être éduqué aux médias et avoir conscience de leur place et de leur influence dans la
société. »61
55 Romain Ledroit, coordinateur de l’association Fragil et rédacteur en chef du magazine Fragil 56 Réseau social sur Internet, www.facebook.com 57 Enquête d’Olivier Donnat sur les pratiques culturelles des Français 58 Projet associatif de Fragil, www.fragil.org 59 PIETTE, 1996, p. 137 60 MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, 2012-2013, p. 56 61 Idem.
21
Les médias sont devenus une source d’information peu accessible à l’école. D’où un jugement
hâtif qu’ils concurrençaient l’école en transmettant des savoirs et des connaissances. Ils sont aussi plus
attractifs et demandent moins d’efforts. Or, information n’est nullement synonyme de savoir ou de
connaissance. Ces derniers exigent recul, discussions, aide ce qui s’apparent à un savoir-faire. De plus,
une éducation aux médias n’a une chance d’aboutir que si elle prend place à l’intérieur d’une éducation
à la communication. Une éducation à la communication car dans l’expression terminologique d’un
message, se trouve, son expression, sa réception, sa production et sa compréhension. L’éducation aux
médias et à la communication est urgente car les hommes sont plus puissants que les médias et les
premiers se servent des seconds. Ne pas entreprendre une telle éducation, laisserait le terrain
complètement libre à l’invasion médiatique, à la prolifération des médias et à leurs débordements déjà
inquiétants62.
L’éducation aux médias fait intégralement partie de projets d’actions culturelles, on n’évalue pas
des savoirs théoriques mais des pratiques fondamentales63 :
• Le savoir-comprendre : être capable de saisir la portée d'un texte ; investir sa culture personnelle
pour comprendre une information ;
• Le savoir-parler : être capable de décrire ce que l'on perçoit, utiliser les termes précis pour parler
d'une image ou d'un texte, justifier ses propres interprétations, débattre, argumenter ;
• Le savoir-être : être capable de se fixer et de se respecter des choix en matière de relations aux
médias, savoir écouter et tolérer des opinions différentes en matière de lecture et d'interprétation de
messages ;
• Le savoir-faire : non pas de savoir faire un film, etc mais savoir « comment c'est fait et pourquoi c'est
fait ».
Ces quatre compétences énumérées ci-dessus sont fortement appréciées et nécessaire dans le
milieu professionnel. Ainsi, l’éducation aux médias à de l’intérêt pour l’élève pour sa vie future sociale et
professionnelle. Il sera constamment amené à réagir face à l’affluence médiatique et se forger son propre
avis, bien qu’il soit fortement influencé par certains médias. Cette influence se répercute sur l’individu et
son activité sociale et professionnelle. Effectivement, certains secteurs du monde du travail réclament
aujourd’hui une réorientation du projet éducatif de l’école.
62 PORCHER et GONNET, 2006, p. 165 63 LA BORDERIE, 1999, p. 145
22
L’objectif serait de garantir la formation d’une main-d’œuvre instruite qui a développé une autonomie de
la pensée critique. Les futurs salariés pourraient alors s’adapter de manière créatrice aux conditions
changeantes d’un univers de plus en plus concurrentiel64.
1.4 – Un projet associatif axé sur l’accompagnement éducatif aux
médias
L’association est confrontée à des enjeux notables en matière d’éducation aux médias. Son
projet associatif s’articule autour de 3 pôles : les médias, la culture et l’éducation65. La profusion de l’offre
médiatique désormais disponible sur Internet est considérablement élevée. Les jeunes, comme les moins
jeunes, ont du mal à faire le tri. L’éducation aux médias devient alors un impératif démocratique afin que
chacun puisse être autonome. La mission de Fragil s’inscrit dans une démarche citoyenne : s’informer,
comprendre le monde qui nous entoure, exercer son esprit critique et prendre part aux débats de
société. Utiliser Internet nécessite des compétences et c’est ce à quoi doit contribuer aujourd’hui
l’éducation au multimédia66.
Pour les années à venir, Fragil s’est fixée des directives de travail :
• susciter et accompagner l’initiative des citoyens ;
• soutenir l’information citoyenne ;
• accompagner les contributeurs bénévoles dans leur démarche d’apprentissage du journalisme ;
• encourager l’expression collective ;
• utiliser des outils pour informer et s’informer ;
• ouvrir la contribution aux citoyens sur tous les territoires de vie ;
• développer le sens critique et l’autonomie des jeunes67.
64 PIETTE, 1996, p. 46 65 Cf. Annexe 2, p. 57 66 Projet associatif de Fragil, www.fragil.org 67 Ibidem.
23
Pour y parvenir, les membres de Fragil préconisent une méthode éducative active : la production
d’un média. Les bénévoles sont immergés dans un environnement médiatique. Ils se focalisent ainsi sur un
sujet ou événement, etc. Ils comprennent et s’interrogent alors sur les mécanismes de production de
l’information. Avec l’aide de professionnels, ils acquièrent des compétences qui leur permettent d’exercer
leur esprit critique. Ils agissent en tant que citoyen libre et informé. Durant ce travail éducatif, la présence
de formateurs, d’animateurs, d’éducateurs est essentielle pour accompagner les participants. Le but étant
d’inciter les citoyens à être acteurs des médias et non pas de simples consommateurs. Cette démarche
pédagogique vise à réintroduire de la valeur dans les médias par l’éducation en s’appuyant sur les
recherches d’experts en éducation aux médias68.
68 Projet associatif de Fragil, www.fragil.org
© F
ragi
l.org
Illustration 2 : Schéma des objectifs et activités de l’association
24
Fragil, un titre surprenant ? Il est le reflet d’une période de crise économique et sociale. De plus, le
magazine donne la parole à tout citoyen69. Fragil a été impulsé par La Fabrique dans le quartier
Nantais des Dervallières70. Le projet culturel de ce laboratoire artistique est de soutenir l’émergence
artistique, les nouvelles formes de création et de prendre en compte les attentes des artistes et des
créateurs. Son enjeu est de permettre à ces projets associatifs de se développer dans de meilleures
conditions. Ainsi, Fragil est membre et adhérent de l’association de La Fabrique : Trempolino71. Cette
association met à disposition des locaux associatifs aux loyers modérés pour les structures associatives,
selon Romain Ledroit.
La volonté de la municipalité de Nantes est que la ville rayonne dans une dynamique culturelle
innovante72. Depuis les années 2000, une politique est lancée contre la « ghettoïsation73 » du quartier
des Dervallières74. L’idée est de favoriser les contacts de proximité75.
L’association Fragil s’inscrit dans un mouvement de pensée particulier, celui du « do it yourself ».
Ce mouvement est associé à une philosophie de vie. Celle-ci est caractérisée par les notions d’action,
d’indépendance, d’autogestion et de réappropriation. Le DIY76 émerge en réaction contre l’aliénation
de l’individu qu’a progressivement imposé le modèle capitaliste77. Ce mouvement décrète que l’école
nous apprend la passivité et la soumission, que nous subissons le travail, que nous consommons les loisirs
et que nous déléguons la gestion de nos vies aux bureaucrates et hommes politiques. La dépendance
au système capitalisme s’est matérialisée en argent. L’initiative individuelle est étouffée dans une culture
de l’apathie généralisée entretenue par les médias78. Cette volonté du « express yourself » tient du désir
de l’association de s’appuyer sur des valeurs de participations et collaborations citoyennes79.
69 OUEST-FRANCE, 25 avril 2012 70 Cf. Annexe 3, p. 59 71 Association de La Fabrique qui défend l’émergence artistique, culturelle et l’innovation 72 Projet culturel de La Fabrique, www.lafabrique.nantes.fr 73 Phénomène consistant à enfermer symboliquement une minorité en la tenant à l’écart de la société, dictionnaire Larousse, www.larousse.fr 74 La Fragilosphère, blogs.fragil.org 75 OUEST-FRANCE, 25 avril 2012 76 Abréviation du mouvement « do it yourself » 77 Système économique et politique caractérisé par la liberté d’échange et la prédominance des capitaux privés, www.linternaute.com 78 Définition du Do it yourself, www.subsociety.org 79 Romain Ledroit, coordinateur de l’association Fragil et rédacteur en chef du magazine Fragil
25
1.5 – Fragil, un média participatif
L'information est-elle un bien public à financer comme tel, le métier de journaliste est-il une
profession à protéger alors que son activité est de moins en moins rentable80 ? Le statut de l’information
et le rôle du journaliste sont remis en question dans le cas d’un média participatif.
Selon Romain Ledroit, coordinateur de Fragil, le mouvement participatif est né dans les années
2000. Cette émergence du média participatif implique directement le citoyen. C’est lui qui régit le média.
La crise économique des années 2000 est devenue une crise sociale. Les citoyens sont dans une
position de défiance face aux institutions et de critique face au gouvernement. Ils n’ont pas le sentiment
d’être représentés, d’où la naissance d’une active participation et collaboration des citoyens. La
démocratisation du Web, la diminution drastique des coûts d’accès au Web et le manque total
d’expression des citoyens a permis cette ascension. Les citoyens ont alors utilisé les blogs pour exprimer
leurs avis. Les blogs sont une source d’informations qui influencent de plus en plus et dans certains cas
grimpe en popularité. On parle de Web 2.081.
80 LE CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE NANTES MÉTROPOLE, 2008, p. 43 81 Stade du Web apparu en 1999, fondé notamment sur le partage de l’information, l’implication des utilisateurs dans la création de contenu et l’apparition des réseaux sociaux, www.linternaute.com
Illustration 3 : Visuel de l’association Fragil
© F
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l.org
26
Mais ils n’ont pas de règles déontologiques82. Suite à la popularité des blogs, certains ont
acquis une certaine légitimité. Les frontières entre le blog et le journaliste sont devenues de plus en
floues. Certains bloggeurs ont un comportement anarchique : quelles seraient leur légitimité culturelle ? Le
travail d’information est pourtant de citer ses sources. Mais le droit à l’image n’est pas toujours respecté
dans son intégralité. Face à ce nouveau média, le blog, il faut donc réfléchir à son sens de production.
Dans le cadre du média participatif, l’utilisateur est à la fois consommateur et producteur de contenus.
L’enjeu est de trouver les bonnes pratiques à adopter sur le Web et de se construire une identité
numérique et sociale, en commençant par les réseaux sociaux83. Internet à deux facettes, c’est une
industrie de divertissement, mais qui doit faire de l’audience.
Le magazine Fragil ainsi que ses domaines associés (notamment la Fragilosphère84) franchissent
le pas de la licence du Creative Commons. L’association est alors libre de partager soit reproduire,
distribuer et communiquer l’œuvre et d’adapter l’œuvre85. En effectuant ce choix, Romain Ledroit, le
rédacteur en chef du magazine Fragil tient à afficher clairement son modèle de la contribution volontaire
en rendant libre la production intellectuelle de son équipe composée de soixante personnes engagées
dans la production d’une information citoyenne, alternative et proche.
« Libre avant d’être gratuit » est le credo de Fragil. Le magazine doit être accessible et avoir
pour mission rendre l’accès gratuit à l’information. Les citoyens engagés doivent pouvoir produire de
l’information. S’il est de notoriété publique que la gratuité des médias à un coût, l’association ne souhaite
pas pour autant que ce soit le lecteur qui paie. Les membres de l’association veulent permettre à
chacun de pouvoir trouver en Fragil un espace de réflexion, de proposition et de production collective
sans barrière. L’équipe du magazine revendique les publications « libres » pour permettre à chacun de
faire circuler l’information et soutenir la contribution au bien commun86.
Exercer sa citoyenneté, c’est d’abord faire l’usage de son esprit critique et pouvoir exprimer son
point de vue. Fragil permet à tout un chacun de donner la possibilité d’exercer sa citoyenneté au travers
de l’écriture : c’est le sens des médias participatif.
82 Ensemble des règles ou des devoirs régissant la conduite à tenir. Elle peut être imposée ou non par la loi, www.toupie.org 83 Facebook, Twitter, Google plus, etc. 84 Cf. Annexe 4, p. 61 85 Licence Creative commons, www.creativecommons.org 86 Site Web de Fragil, www.fragil.org
27
« Nous avons l’impression de nous saisir d’enjeux de territoire en donnant notre avis sur des sujets qui
concernent notre quotidien » confie Pauline Vermeulen, bénévole à Fragil87.
Ainsi, Fragil est un média participatif, au sens où chacun pense et développe collectivement le
projet éditorial88.
1.6 – l’éducation aux médias est sous jacente à l’activité éditoriale
La ligne éditoriale du magazine Fragil se trouve ancré dans un projet tourné vers les médias, la
culture et l’éducation. Plus d’une quarantaine de bénévoles contribuent aux publications de Fragil
chaque année. 340 articles ont été publiés en 2009 pour le magazine en ligne89. Près de 1 500 articles
ont été publiés en 8 ans d’activité. Son magazine en ligne a reçu 300 visiteurs uniques par jour, selon
Google Analytics90, en 2009. Aujourd’hui, Fragil est à sa 11e année d’activité.
87 BRETAGNE DURABLE n°6, 88 Un espace de formation, des ouvertures sur le blog Fragil, www.blogs.fragil.org 89 Cf. Annexe 5, p. 63 90 Google Analytics, www.google.com/analytics
Illustration 3 : Visuel de l’association sur le site Web
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28
L’association tient à montrer tous les aspects de la culture et à soutenir son émergence. Fragil a
l’ambition d’allier deux dimensions de la culture, qui ne se confond ni avec « élitisme », ni avec «
divertissement » : la culture au sens de « fondement d’une civilisation et d’une société », et la culture, au
sens de « culture générale ». L’accent est mis sur les innovations et l’émergence de formes nouvelles,
qu’elles soient artistiques, culturelles, sociales, économiques ou politiques.
L’association veut montrer que la société porte des valeurs humanistes, qu’elle comprend les
mutations et qu’elle repère les innovations. Ses bénévoles apportent un regard nouveau sur les mutations
sociales, sociétales et technologiques d’une société de plus en plus complexe. Ils attachent une grande
importance aux projets sociaux innovants : la culture au plus proche des habitants, vecteur de lien social
et les innovations de l’économie sociale et solidaire. La ligne éditoriale des publications de Fragil se
décline sur plusieurs supports (un magazine en ligne, des gazettes91 et un blog). La qualité de la forme et
du contenu est privilégiée et se veut au service d’un public exigeant face au flux croissant d’information92.
Depuis sa création à Nantes, en 2002, Fragil développe près de 400 articles par an : des
reportages, des interviews, des portraits, des analyses, etc. Il s’appuie sur différents supports pour
transmettre l’information : le « navire amiral » étant Internet. Le site Fragil compte 35 000 visiteurs par mois,
issus de la région principalement. Quant à la gazette, elle est éditée trois ou quatre fois par an. Sept
mille exemplaires sont diffusés93.
91 Cf. Annexe 6, p. 65 92 Projet éditorial de Fragil, www.fragil.org 93 OUEST-FRANCE, 25 avril 2012
29
2. … en éduquant les citoyens aux médias
d’information…
2.1 - Les directives de Fragil
Dans son implication pour l’éducation aux médias, l’association Fragil s’est donnée 3 directives
d’impulsion : sensibiliser et fédérer les éducateurs, former les citoyens et rendre acteur les jeunes.
Sensibiliser et fédérer les éducateurs
Les éducateurs sont des professeurs, des parents, des animateurs et toutes personnes qui
interviennent dans un corps éducatif. Un éducateur est toujours un communicateur, toute éducation
implique une communication, un échange94. Fragil choisi d’articuler cette sensibilisation autour de
l’éducation aux médias. Quelques 60 bénévoles participent à la rédaction du magazine en ligne et des
gazettes. 40 % d’entre eux sont issus du milieu universitaire. Les autres, âgés de 25 à 40 ans, sont des
passionnés de journalisme, d’écriture et de photographie95.
Former les citoyens
Fragil a choisi de valoriser la participation des citoyens en proposant des formations. Ces
formations sont composées d’ateliers de pratiques bimensuels. Ils permettent aux contributeurs d’acquérir
des compétences qui leur font défaut dans tous les domaines. Les rédacteurs deviennent ainsi
rapidement autonomes sur la définition des sujets, la rédaction, les outils de communication, la mise en
ligne et la mise en images. Faire un journal est une éducation aux médias. C’est un acte qui permet de
mesurer l’impact des écrits et du nécessaire respect de l’autre quand on s’exprime publiquement96.
« Comme on apprend à écrire, à lire, à marcher, etc, on doit apprendre à être à la fois producteur et
consommateur des médias97 » explicite Romain Ledroit.
94 PORCHER et GONNET, 2006, p. 163 95 OUEST-FRANCE, 25 avril 2012 96 GONNET, 2001, p. 61 97 France 4, mars 2012
30
Rendre acteur les jeunes
L’association propose des ateliers d’éducation aux médias, comme Centre-Vie(s) et Parcours
pro(se). Ces ateliers sont proposés à la tranche d’âge des 15-25 ans. La participation est gratuite. Seul
un engagement sur l’année est demandé pour le bon déroulement des activités programmées. Les jeunes
se retrouvent alors le mercredi après-midi ou bien le samedi dans les locaux98 de Fragil. Des interventions
se font aussi dans les maisons de quartiers99 et les centres socio-culturels100. Fragil propose également
des stages d’une semaine. Les participants apprennent à écrire des textes, à prendre des photos
expressives, réaliser des vidéos, faire des interviews, à produire une gazette, etc.
« On a pris un quartier comme les Dervallières, comme on prend une thématique. La première année, la
réflexion portait sur les associations et les habitants. La deuxième année, c’était la rencontre avec les
entrepreneurs et là cette année, c’est la rencontre avec les territoires sur des exemples réels : le quartier
et le territoire virtuel, l’espace numérique » explique Romain Ledroit101.
2.2 – Débats démocratiques
L’association propose des débats démocratiques. En 2012, Fragil a expérimenté une nouvelle
forme de communication sous la forme de débat public. Ils s’inscrivent dans une démarche d’éducation
aux médias puisqu’ils permettent l’appropriation de techniques d’expression médiatique à l’oral et à l’écrit.
Ils sont organisés comme sur un plateau télévisé, selon Romain Ledroit. Le premier a eu lieu le 26 janvier
2012. Il abordait le thème de la fracture entre les médias et les citoyens. Le second débat s’est déroulé
le 16 février 2012. Les intervenants ont fait le point sur les offres culturelles dans la région102. Le dernier
débat abordait les nouvelles solidarités : comment le citoyen, en temps de crise, recompose ses
comportements individuels et collectifs ? Des portraits de seniors engagés dans des associations
d’économie libérale sont présentés. L’objectif étant d’amener le citoyen à questionner l’influence qu’ont
les médias sur lui.
98 La Fabrique dans le quartier des Dervallières à Nantes 99 Lieu de vie dans un territoire prédéfini où les habitants et associations peuvent mener leurs activités avec les populations proches, www.linternaute.com 100 Un lieu d’animation de la vie sociale, www.centres-sociaux.fr 101 Jet FM, 14 novembre 2012, www.jetfm.asso.fr 102 OUEST-FRANCE, 25 avril 2012
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Illustration 4 : Fly pour un débat démocratique
32
2.3 – identités et citoyennetés
L’association Fragil a mis en place un projet nommé identités et citoyennetés, en lien avec le
lycée Nicolas-Appert à Orvault. Il s’adresse aux élèves de seconde suivant l’option « littérature et
société ». Fragil amène les jeunes à réfléchir sur ces notions d’identités et de citoyennetés103. Ils sont
accompagnés d’un journaliste radio, de presse écrite Web et Alice Ligier, artiste slammeuse104. Ce
partenariat questionne les sens de l’identité : dans la ville, sur les réseaux, la « carte d’identité ». Une
question se pose : Et si la carte d’identité était une carte géographique sur laquelle chacun représente
une facette de sa personnalité 105? Ce projet vise ainsi à explorer avec les jeunes l’expression et la
transmission de l’information106. Au début de chaque atelier hebdomadaire, les jeunes sont invités à
produire des reportages radio, de l’écriture journalistique ou du slam107.
Des intervenants extérieurs viennent faire profiter les jeunes de leurs parcours : comme Michèle
Rakotoson, une journaliste et auteure Malgache. Elle témoigne de son parcours d’immigrante : la
reconstruction de son identité et sa réintégration citoyenne. Eloi Coly, conservateur de la Maison des
esclaves de Gorée108, est également intervenu auprès des élèves. Il a échangé avec les professeurs et
les élèves sur l’esclavagisme. À partir de ces diverses rencontres, les lycéens écrivent et publient des
articles sur la Fragilosphère. Ainsi, ce blog est le principal support pédagogique. Il permet de faciliter la
prise de parole et ensuite le passage à l’écriture. Euradio Nantes109, la Casa Africa110 sont partenaires
de ce projet. Au printemps 2013, identités et citoyennetés sera valorisé lors de rencontres publiques111.
103 Identités et citoyennetés, blogs.fragil.org/appert 104 Personne qui fait du slam, s’inscrit dans la poésie urbaine sans musique, costume, décors, www.slaam.ch 105 Identités et citoyennetés, blogs.fragil.org/appert 106 CAMARADERIE – le magazine des Francas n°299, octobre-décembre 2012, p. 20 107 Identités et citoyennetés, blogs.fragil.org/appert 108 Ville du Sénégal 109 Station de radio nantaise 110 Association promouvant les cultures africaines 111 CAMARADERIE – le magazine des Francas n°299, octobre-décembre 2012, p. 20
33
2.3 – Parcours pro(se)
Parcours pro(se) est une action d’éducation aux médias couplé à une démarche d’expérience
participative et d’édition pour les jeunes, selon Romain Ledroit. Ce projet s’articule autour du quartier en
l’assimilant à une entreprise d’idées. Il a réuni 8 jeunes. Fragil a ouvert sa rédaction aux jeunes habitants
des Dervallières et du Breil, ainsi qu’à des étudiants Nantais. Au début de l’aventure, les jeunes sont partis
à la rencontre de leurs voisins entrepreneurs. Ils étaient alors témoins des transformations de leur quartier.
L’idée pour Parcours Pro(se) était de faire rencontrer deux mondes qui se côtoient et ne se connaissent
pas forcément : la jeunesse et la réalité du monde de l’entreprise112.
Avant de partir chercher l’information, les jeunes ont fait des mises en situations d’interviews. Que
signifie être patron dans un quartier d’habitat social ? Comment y travaille-t-on ? Votre avis a t-il évolué
face aux a priori qui circulent sur le quartier, notamment au sujet du chômage ? Ces idées préconçues
ont-elles un impact sur votre entreprise ?
Une fois les échanges réalisés avec les entrepreneurs, les jeunes sont passés à l’étape de la
réalisation de portraits. Les clichés se sont estompés pour laisser place à des portraits singuliers d’hommes
et de femmes.
Dans une démarche d’éducation aux médias, les jeunes devenus apprentis reporters, se sont
appropriés un nouveau moyen de participation pour redonner du sens aux réalités socio-économiques
du quartier et à la découverte de l’autre. L’association Lolab, spécialisée dans les arts numériques a
rejoint les jeunes pour ce projet.
112 Parcours pro(se), blogs.fragil.org/parcoursprose
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l.org
Illustration 5 : Visuel de Parcours pro(se)
34
Ils ont remodelé leurs portraits avec un dessinateur et graphiste ainsi qu’un plasticien et musicien. Le
travail avec Lolab a donné des portraits en dessins d’animation avec du son réalisés par des jeunes. Le
résultat est hybride, il se retrouve à la fois sur le papier et sur le web ainsi que dans l’espace public. En
effet, la dernière partie du travail a été de projeter ces portraits sur des hauts bâtiments du quartier. Ils
devenaient alors un espace d’exposition, de diffusion. La projection s’est faite de nuit. Les habitants ont
ouvert leur fenêtre, interloqués par le bruit de la vidéo projetée. Ils ont commencé par se plaindre, puis ils
sont restés à regarder les animations en les commentant. Le public découvrait spontanément le travail
réalisé113. La fabrication d’un nouveau média est nécessaire à la création de liens sur le quartier et entre
les quartiers114.
2.4 - Centre-Vie(s)
Fragil a mis en place un projet appelé Centre-Vie(s). Ce projet s’adresse aux jeunes de la
métropole nantaise. Il est question d’aborder l’actualité différemment de ce que font déjà les médias.
Avec ce projet, on propose « une éducation aux médias en ouvrant la rédaction aux apprentis
journalistes115 ». « On est parti de l’idée du centre-ville, repère objectif pour s’orienter vers les centres de
vies, Centre-Vie(s), des jeunes des quartiers : là où ils ont grandi, où ils ont été scolarisés, où ils
rencontrent leurs copains, s’amusent, font du sport, affrontent d’éventuelles galères.
« On ne cherche pas à casser les stéréotypes, mais plutôt à les étudier. Notre but n’est pas de juger,
mais de comprendre comment on en vient à penser ainsi » explique Romain Ledroit.
Des salariés interviennent pour former les bénévoles, comme Bérénice Kesteloot en service
civique. Cette expérience permet aux jeunes de se former aux techniques journalistiques, apprendre à se
servir des outils numériques et découvrir comment utiliser certains logiciels libres, concevoir un média de
façon collective, etc. Les jeunes se mettent alors dans la peau de créateurs d’informations médiatiques. Ils
apprennent les techniques journalistiques par le biais de leur lieu de vie, leur quartier.
113 Jet FM, 14 novembre 2012, www.jetfm.asso.fr 114 Parcours pro(se), blogs.fragil.org/parcoursprose 115 OUEST-FRANCE, 20 septembre 2012
35
Ils font de la data-visualisation116. La data-visualisation est l’étude, la science ou l’art de
représenter des données de façon visuelle117. Cette démarche consiste à mieux illustrer des informations,
en utilisant des cartographies. Ainsi, une présentation sous une forme illustrée rend les données plus lisibles
et compréhensibles. On parle également de data journalisme, soit l’exploitation et la mise en images de
données sous des formats plus ou moins structurés. C’est une forme de journalisme qui travaille sur des faits,
les compare entre eux et les met en scène dans des formes visuelles susceptibles d’éclairer les internautes
et d’interpeller les instances du pouvoir118. « C’est un outil qui va nous permettre de représenter une
information autrement qu’en l’écrivant ou en la photographiant ou en faisant une vidéo119. »
Toutes les semaines un compte-rendu est écrit sur la Fragilosphère et sur les outils du Web 2.0120
de Fragil. Ainsi, en terme pédagogique et d’éducation, le résultat et la progression sont directement sur
le site.
Un data journaliste121 anime ces ateliers. Il aide les jeunes à maîtriser et à comprendre le
fonctionnement de ces outils de data-visualisation. Fragil met à disposition de nombreux outils pour ces
ateliers comme des appareils photos, des caméras, des logiciels informatiques, des sites Internet, etc.
Une autre semaine est ensuite consacrée à exposer les productions réalisées dans les quartiers
Nantais. Cet atelier permet aux jeunes de s’interroger sur la réalité et les interprétations qu’ils se font de
leur territoire de vie : les restructurations urbaines, le repli identitaire avec la crise économique et la
richesse du lien social cependant fragile.122
Ainsi, Centre-Vie(s) permet aux jeunes de questionner et réinterpréter l’espace public à l’aide du
data-journalisme et de la cartographie. Ce projet s’inscrit dans une dynamique d’enrichissement des
pratiques. Fragil amène l’éducation aux médias dans les quartiers pour rendre le citoyen participatif et
valoriser toute contribution. Il est important de mieux comprendre le tournant majeur de notre début de
siècle : le numérique. L’éducation populaire dans ses quartiers peut bousculer les représentations, les
préjugés et rapprocher les médias des usages quotidiens123. Ce projet a aussi pour but « que le
journalisme ne se limite pas aux sites Web ou sur le papier124 ».
116 Centre-Vie(s), blogs.fragil.org/centrevies 117 La data-visualisation, c’est quoi ?, www.parteja.net 118 Qu’est ce que le data journalisme ou journalisme de données ?, www.datajournalismelab.fr 119 Jet FM, 14 novembre 2012, www.jetfm.asso.fr 120 Cf. Annexe 7, p. 67 121 Profession du data journalisme ou journalisme de données 122 OUEST-FRANCE, 20 septembre 2012 123 Centre-Vie(s), blogs.fragil.org/centrevies 124 Jet FM, 14 novembre 2012, www.jetfm.asso.fr
36
Voici un tableau recensant les exemples d’exercices réalisés lors de ces ateliers d’éducation aux médias
et leurs intérêts125 :
Exercices Intérêts
Pacman quartiers Apprendre des notions d’encodage et de P.A.O (publication
assistée par ordinateur) avec des logiciels libres
Mettre des mots sur les
quartiers
Travail autour de l’écriture
Définir les frontières du
quartier
Questionner les repères spatiaux
Modéliser l’évolution du
quartier
Apprendre aux jeunes a modéliser une partie du quartier avec un
logiciel de modélisation 3D, sketchup126 pour redessiner leur
quartier tel qu’ils le perçoivent
Atelier photo • Connaître les techniques d’appareils photographiques
numériques et argentiques
• S’interroger sur le choix du cadrage, du contenu, de la
lumière, la censure photographique
• Se questionner sur les photographies dans les médias
Légende photo Trouver des mots, phrases, expressions qui illustreraient les
photographies pour interroger ces notions de territoires, de
subjectivité et de représentation
Suivi au quotidien (twitter,
foursquare)
Apprendre à maîtrise un outil de ciblage et localisation
géographique : Foursquare127
Stops photos Trouver où se situe la photographie dans la réalité et observer les
différentes phases de réflexion
Data-journalisme • Questionner la relation qu’on a avec les médias
• Mettre en forme une information autrement qu’en la
photographiant ou qu’en l’écrivant.
125 Jet FM, 14 novembre 2012, www.jetfm.asso.fr 126 www.sketchup.com 127 www.foursquare.com
37
3. …mais ralenti par un défaut de communication et de
partenariats entre les structures d’éducation aux
médias
Le premier frein de l’éducation aux médias, à ses débuts, a été l'absence de volonté politique
d'éduquer les citoyens aux médias. Depuis 1983, Le CLEMI128 est chargé de l’éducation aux médias
dans l’ensemble du système éducatif français. De nombreuses structures, comme Fragil s’intéressent à cette
problématique d’éducation aux médias. Aujourd’hui, selon Marie Camier129, ce concept est confronté à
plusieurs problèmes en France qui ralentissent son avancée. Le manque de partenariat, de
communication et de sensibilisation, l’absence de plateforme de veille médiatique et le vieillissement des
acteurs rendent cette pratique méconnue. Il y a donc un besoin de réformer la méthode d’éducation
afin de mieux sensibiliser les citoyens.
3.1 – Une éducation ralentie par un manque de partenariats…
Il existe un réel manque de partenariats entre les structures pratiquant l’éducation aux médias.
Parmi ces structures, on retrouve la Ligue de l’enseignement130, le centre de liaison de l’enseignement et
des médias d’information (CLEMI), le centre d’entrainement aux méthodes d’éducation active131
(CEMEA), l’institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire132 (INJEP), le centre d’études des
jeunes et des médias133, la fondation Varenne134, l’association Jets d’encre135, l’association les pieds
dans le PAF136, l’association APTE137, etc.
128 Institution qui a pour mission d’apprendre aux élèves une pratique citoyenne des médias, www.clemi.org 129 Diplômée en master d’éducation aux médias et bénévole dans des structures d’éducation aux médias comme Jets d’encre 130 Confédération d’associations d’éducation populaire et laïque, www.laligue.org 131 Association nationale d’éducation nouvelle, populaire et organisme de formation professionnelle, www.cemea.asso.fr 132 Établissement national de formation et organisme d’études et réflexion sur la jeunesse, www.injep.fr 133 Association de chercheurs qui étudient les pratiques médiatiques des jeunes et adolescents, www.jeunesetmedias.fr 134 Fondation promouvant la presse et la communication, www.fondationvarenne.com 135 Association nationale pour la promotion et la défense de la presse d’initiative jeune, www.jetsdencre.asso.fr 136 Association de téléspectateurs et d’éducation aux médias, www.piedsdanslepaf.com
38
Celles-ci n’ont en effet développé aucun partenariats. Leurs échanges concernant leurs
pratiques et actions médiatique restent encore trop faibles. Il n’existe aucune mise en commun des
actions de terrain. Cette absence se retrouve autant au niveau national qu’international. Ces structures
évoluent chacune de leurs propres côtés, sans qu’aucun mouvement national ou instance ne les
réunissent. Il en résulte alors un fractionnement de l’éducation aux médias par l’absence d’actions
communes.
Sur les sites officiels de ces organismes pratiquant l’éducation aux médias, peu de liens renvoient
vers des sites partenaires. Les partenariats existants ne regroupent pas plus de deux ou trois structures.
Par exemple, l’association Jets d’encre co-organise le concours des journaux scolaires avec le CLEMI et
la fondation Varenne. Sur le site Internet de l’association Fragil, aucune page Web ne mentionne la
totalité des partenaires. Pourtant Fragil possède des partenariats avec des institutions comme la ville de
Nantes, la région Pays de La Loire, la FAL44138, les Francas139 et l’ACCOORD140.
L’éducation aux médias n’est pas un sujet exclusivement réservé à la France. Des organismes
comme HabiloMedias141 au Canada œuvrent pour l’éducation aux médias. Cependant, il n’existe pas
non plus de partenariat direct avec les structures françaises d’éducation aux médias.
Le résultat est inéluctable, c’est un mouvement fractionné, inégal et pauvre sur certains
territoires142. Développer des partenariats entre ces structures permettrait l’impulsion d’actions
d’éducation aux médias.
137 Association spécialisée dans l’éducation à l’image, aux médias, dans la formation aux usages de l’internet et la visualisation de l’information, www.apte.asso.fr 138 Fédération des amicales laïques, réseau associatif, éducatif et sportif 139 Mouvement d’éducation populaire nationale 140 Association engagée dans la culture, éducation et citoyenneté 141 Centre d’éducation aux médias et de littérature numérique, www.habilomedias.ca 142 Mais qu’est-ce qui bloque l’éducation aux médias en France ?, www.mariecamier.wordpress.com
39
3.2 - … à cause d’un manque de communication et
sensibilisation…
Les citoyens sont encore trop peu sensibilisés à ce concept d’éducation aux médias. La
communication envers les citoyens est à améliorer pour être davantage comprise par un large public. Par
exemple, à Fragil, encore trop peu de jeunes participent aux ateliers d’éducation aux médias. Les chiffres
de participation aux ateliers restent peu élevés. « Le projet parcours pro(se) s’est effectué avec 8 jeunes.
3 jeunes filles participent à l’atelier « légende de photographie »143.
De plus, dans tous les articles de presse abordant le travail de l’association : une confusion
flagrante ressort. Fragil est une association connue pour son site Internet, en premier lieu, puis pour ses
gazettes. Lorsque le terme « Fragil » est employé, les journalistes évoquent en priorité « le magazine », le
« site Web ». Cependant, l’association revendique de se faire également connaître pour ses actions
d’éducation aux médias.
Dans l’équipe pédagogique du CLEMI, il n’y a pas de service communication à proprement
parler. Il existe seulement des responsables pour chaque média : journaux scolaires et lycéens, radio et
Web radio, publications, audiovisuel, Web, relations médias144. De plus, le réseau CLEMI aux fonctions
d’impulsion, de coordination et de veille intervient seulement auprès des recteurs d’académie. Qu’en est-il
de la place des actions auprès des citoyens ?
De plus, le paradoxe de l’éducation aux médias est que ce domaine qui analyse les stratégies
de communication, et pourtant qui est très peu évolué dans sa propre valorisation. En effet, peu de
citoyens savent ce que recouvre l’expression éducation aux médias. Marie Camier s’exprime : « Combien
de fois ais-je été confrontée à l’expression interrogative de mes interlocuteurs lorsque j’annonçais étudier
ses enjeux ? ». Rien qu’en écrivant « éducation aux médias » dans un moteur de recherche, le résultat
prouve son aspect parcellaire en France145.
143 Jet FM, 14 novembre 2012, www.jetfm.asso.fr 144 Le CLEMI, www.clemi.org 145 Mais qu’est-ce qui bloque l’éducation aux médias en France ?, www.mariecamier.wordpress.com
40
3.3 - … à cause d’une absence de plateforme de veille
médiatique…
L’éducation aux médias est confrontée à un autre problème d’ordre bibliographique : l’absence
de plateforme de veille. On distingue différentes sortes de veille : la veille documentaire et médiatique.
La veille documentaire est l’ensemble des techniques facilitant l’identification des ressources pertinentes
et le maintien d’un flux régulier d’informations appropriées dans des domaines précis. La veille médiatique
reprend la définition de la veille documentaire : les informations médiatiques sont surveillées, identifiées et
sélectionnées selon des sources, puis collectées, analysées, synthétisées et diffusées. La différence réside
dans les sources d’informations interrogées et dans l’étape d’analyse pour la veille médiatique146.
Cette absence de plateforme de veille se caractérise par le fait qu’aucun outil Web ne recense
les actions d’éducation aux médias, l’actualité des acteurs en France, la recherche scientifique dans ce
domaine, etc. Le moteur de recherche est un outil de recherche qui référence automatiquement les
pages Web se trouvant sur le réseau. Lorsqu’on écrit « éducation aux médias » dans un moteur de
recherche, cette absence se confirme. Alors, les sites Web les mieux référencés en matière d’éducation
aux médias apparaissent, mais pas de plateforme Web de veille documentaire.
Pascal Couffin est chargé de communication, journaliste, président de l’association Fragil et
directeur des publications électroniques et papier. Il pilote le projet « médias, culture et éducation » et
gère les partenariats. Pascal Couffin conseille le site Internet Scoop.it147 pour la veille. Cet outil Web
s’utilise pour la curation. La curation consiste à sélectionner, filtrer, organiser et partager des liens. Il s’agit
alors d’organisation de contenus. Scoop.it permet de suivre l’actualité d’une thématique en collectant
des informations issues de plusieurs sources. Les informations sont publiées comme une sorte de
« magazine » Internet qui recenserait divers articles parus sur le Web autour d’un thème choisi148. Ainsi,
chaque internaute peut, dès qu’il le veut, partager un article dans un thème particulier aux autres
internautes abonnés. Le défaut de Scoop.it est qu’il faut être abonné pour accéder aux informations par
thématiques. De plus, au fur et à mesure d’utilisation, le site propose une version payante. Enfin, il n’est pas
simple d’utilisation et encore peu connu. Scoop.it ne peut alors pas être une plateforme légitime de veille
médiatique en matière d’éducation aux médias.
146 Veille documentaire et veille médiatique, atlas.irit.fr 147 Site Web de l’outil de curation : www.scoop.it 148 Définition, www.slideshare.net
41
Cette absence de plateforme de veille médiatique rend, l’éducation aux médias, marginale. Elle
est alors mise de côté par le système éducatif français. Ce qui n’en fait pas une priorité dans l’Éducation
nationale française.
3.4 - … à cause d’un vieillissement des acteurs…
L’éducation aux médias est également confrontée au problème de vieillissement des acteurs. La
composition des salariés et bénévoles des structures d’éducation aux médias en est la preuve. Le conseil
d’orientation et de perfectionnement du CLEMI, instance de réflexion et de proposition d’actions, est
présidé par Jean-Marie Dupont qui approche les 70 ans. Les membres du conseil d’administration de la
Ligue de l’enseignement149 et de l’INJEP sont également sexagénaires. Ces acteurs étudiant les questions
de l’éducation aux médias vieillissent. L’équipe de la Ligue de l’enseignement cherche à se renouveler
par le biais de structures associatives dynamique, tel qu’Animafac150. Pour cela, la Ligue de
l’enseignement soutient Animafac. Par exemple, de nombreux salariés d’Animafac travaillent également
pour la Ligue de l’enseignement. L’association Jets d’encre est une structure entièrement dirigée par des
jeunes de 16 à 25 ans.
Selon Marie Camier151, il y a donc nécessité que de jeunes chercheurs, membres d’associations,
éducateurs, accompagnateurs, etc renouvellent la conception de l’éducation aux médias en France.
Pour cela, il faut intégrer la notion d’éducation aux médias dès le plus jeune âge à l’école jusque dans
les formations post baccalauréat.
Fragil a, pour cela, choisi de valoriser le service civique qui permet d’être un tremplin aux jeunes
cherchant à avoir de l’expérience professionnelle. Le service civique vise à développer l’engagement
citoyen des 16-25 ans. Les volontaires s’engagent pour une durée de 6 à 12 mois, non renouvelable. Il
comprend 24 heures de travail hebdomadaires, indemnisées 530 € par mois. Ils se réalisent
généralement dans le cadre d’une association ou parfois d’une collectivité locale. Il est comme un pont
entre les études et la vie professionnelle152.
149 La ligue de l’enseignement, www.laligue.org 150 Association de réseau d’échanges d’expériences et centre de ressources pour les initiatives étudiantes, www.animafac.net 151 Diplômée en master d’éducation aux médias et bénévole dans des structures d’éducation aux médias comme Jets d’encre 152 OUEST-FRANCE, 26 juin 2012
42
3.5 - … il y a nécessité de renouveler la place de l’éducation aux
médias dans les programmes scolaires
Les problèmes énoncés ci-dessus qui ralentissent l’éducation aux médias, ont besoin d’être
contrés par un renouvellement de la méthode d’éducation aux médias. La pédagogie153 traditionnelle
française pose problème. Des méthodes alternatives ne sont envisagées que dans certaines filières
accueillant des élèves en difficulté. Or l’éducation aux médias doit être enseignée de manière ludique et
attrayante pour donner de l’intérêt aux citoyens154.
Marie Camier155 propose : « l’idéal serait de généraliser une pédagogie moderne, comme celle
de Freinet ». Célestin Freinet propose une pédagogie qui met les élèves au cœur de l’apprentissage. Ils
se responsabilisent alors en créant des supports de liberté d’expression pour les jeunes : journaux, blogs,
etc. Cette méthode intègre les élèves en les rendant acteurs par le biais de projets pratiques et
d’observations. La pédagogie Freinet développe la créativité de l’élève et sa confiance en lui, ce qui
est indispensable pour contrer l’échec scolaire grandissant156.
L’élève doit être au centre du dispositif. Les savoirs doivent l’être également. À quoi peut servir,
pédagogiquement un savoir que l’élève ne comprend pas ? Quelle peut bien être, en matière de
construction de l’esprit, l’utilité d’une éducation qui ferait l’économie de tout savoir ?157
Michel Pichette158 plaide : « dans les programmes scolaires, l’éducation aux médias doit et peut
recouvrir la totalité des enseignements. Toutes les disciplines sont autant d’occasions de traiter les
médias comme ils sont depuis longtemps l’occasion de développer la maîtrise de la langue maternelle.
De l’enseignement des mathématiques à l’étude de la géographie, de l’écologie humaine, de l’histoire ou
de la langue maternelle, toutes les disciplines peuvent concourir à une alphabétisation aux médias. »
153 Science et pratique de l’éducation, www.linternaute.com 154 Mais qu’est-ce qui bloque l’éducation aux médias en France ?, www.mariecamier.wordpress.com 155 Diplômée en master d’éducation aux médias et bénévole dans des structures d’éducation aux médias comme Jets d’encre 156 Pédagogie Freinet, www.ecole-vivante.com 157 PORCHER et GONNET, 2006, p. 167 158 Chercheur à l’université
43
L’école à un rôle irremplaçable pour apprendre les valeurs de l’humanisme, pour donner le goût
de l’amélioration des pratiques démocratiques et pour faire partager le bonheur de la liberté de pensée
dont on oublie la force. Partir de l’actualité pour valoriser le savoir dispensé est une motivation
irremplaçable159. L’élève doit considérer que penser de manière critique est le gage d’une réussite160.
Qu’elle doit être la place de cet enseignement à l’intérieur du programme scolaire ? Beaucoup
espèrent que « des postes d'enseignants en éducation aux médias naissent » comme Marion Moureaux,
attachée de presse qui exprime son désarroi sur le réseau social Twitter. Les passionnés d’éducation aux
médias attendent beaucoup de changement avec la réforme qu’entreprend Vincent Peillon161,
notamment une revalorisation de leur discipline.
Vincent Peillon a débuté une réforme sur l’éducation nationale. L’espoir, que l’éducation aux
médias soit reconsidérée, est grand. Le ministre a annoncé la création d’un Conseil au numérique
éducatif. En effet, l’éducation aux médias n’est pas mise en avant faute de moyens financiers. Seulement il
n’y a qu’un seul responsable en éducation aux médias par académie. Cette éducation est alors possible
qu’au cas par cas dans les écoles où les enseignants, documentalistes, etc ont la volonté de monter des
projets, selon Romain Ledroit. Par exemple, Fragil intervient au lycée Nicolas-Appert à Nantes dans le
cadre d’une option « littérature et société » en classe de seconde. Malheureusement, il y a une grande
disparité pour les établissements scolaires dans la mise en œuvre de projet et la connaissance de cette
éducation.
Les fédérations de parents d’élèves défendent le droit des citoyens à une information de qualité,
pluraliste et indépendante162.
Enjeu e-médias163 est une nouvelle association aide les jeunes et leur famille dans leur
consommation des médias. Le président Christian Gautellier est partisan de l’idée : pas d’écrans avant
10 ans pour ne pas mettre un frein à la créativité des enfants. Ce qui fait la fierté de cette association
est que cette éducation aux médias, fondamentale ait été inscrite dans le projet de loi d’orientation et
de programmation pour l’école164.
159 GONNET, 2001, p. 49 160 PIETTE, 1996, p. 50 161 Ministre de l’éducation nationale du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, premier ministre 162 DEFRESNE, février 2013, p. 32 163 « Enjeu e-médias vient de voir le jour », décembre 2012, www.cemea.asso.fr 164 DEFRESNE, février 2013, p.32
44
Cette éducation aux médias pour les jeunes doit intégrer les enjeux du réseau social Facebook.
Roger Trémoureux, professeur d’économie-gestion dans un lycée professionnel s’est immiscé dans la vie
de jeunes via Facebook en se créant un faux profil. Cela lui a permis de voir le comportement qu’ont les
adolescents avec cet outil Web. Il a ensuite utilisé pour expérience pour l’expliquer à ses élèves et leur
faire un cours sur Facebook et ses risques. Pour témoigner de cette expérience, il a écrit un livre destiné
aux jeunes qui pensent tout maîtriser sur le Web ainsi qu’à leurs parents qui sont soit débordés par les
nouvelles technologies de la communication, soit naïf de penser contrôler tous les agissements de leurs
enfants165.
165 TRÉMOUREUX, 2013, préambule
45
Conclusion
L’éducation aux médias est un concept complexe à définir. Ce sujet contient trop d’approches
théoriques et pratiques différentes. Et pourtant, il faut réagir : notre société actuelle est face à des enjeux
non négligeables depuis l’arrivée du numérique. Les médias sont à la fois vus comme une source de
dangers, de comportements à risques mais également source de pluralité de l’information. Il faut « Tourner
l’apathie166 citoyenne actuelle en activisme citoyen, à mesure que les jeunes deviennent des
producteurs et des créateurs de contenus sur les réseaux numériques167. »
Depuis 2002, l’association Fragil expérimente cette science éducative. Elle tente de répondre
au problème de l’omniprésence des médias dans notre société en y éduquant les citoyens. Elle se
positionne dans un processus d’accompagnement éducatif. Par le biais d’ateliers (Débats
démocratiques, Parcours pro(se), Centre-Vie(s)) les jeunes découvrent instantanément ce qu’est un
média. Cette pratique leur permet de s’immerger dans le travail de conception, rédaction, diffusion et
consommation d’un média. L’objectif principal est d’amener le jeune citoyen à questionner sa relation
avec l’omniprésence médiatique168.
Cependant, la progression de cette science éducative est ralenti par un manque de partenariat
entre les associations pratiquant cette éducation, par un défaut de communication et de sensibilisation
envers les citoyens, par une absence totale de plateforme de veille médiatique et par un vieillissement
des acteurs.
Devant l’ampleur grandissante des nouvelles technologies de l’information et de la
communication, le devoir de l’école est de former les jeunes aux médias. L’enseignement de l’éducation
aux médias à l’école reste insuffisant. Elle a sa place dans les programmes scolaires, mais la mise en
œuvre de ces projets reste faible. Il existe une autre disparité considérable : la connaissance de cette
éducation169. Pourtant, les professeurs, les éducateurs, les formateurs, les associations, etc tous
revendiquent la nécessité d’une éducation aux médias. Comment valoriser l’engagement citoyen des
associations comme Fragil en éducation aux médias ? Comment donner plus d’importance aux volontés
des fédérations de parents d’élèves ?
166 Absence d’énergie, incapacité à réagir, www.linternaute.com 167 FRAU-MEIGS, 2011, p. 54 168 Projet associatif de Fragil, www.fragil.org 169 Romain Ledroit
47
Bibliographie
Tous les liens actifs et vérifiés le 10 février 2013.
Éducation aux médias
Ouvrages
• BARBEY WEABEY Francis, L'éducation aux médias : de l'ambiguïté du concept aux défis d'une pratique
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• GONNET Jacques, Éducation aux médias : les controverses fécondes, Hachette éducation, 2001,
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• LA BORDERIE René, Éducation à l'image et aux médias, Nathan pédagogie, 1999, 213 p.
• MOEGLIN Pierre, Outils et médias éducatifs : une approche communicationnelle, PUG, 2005, 296 p.
• PIETTE Jacques, Éducation aux médias et fonction critique, l’Harmattan, 1996, 357 p.
• PORCHER Louis, GONNET Jacques, Les médias entre éducation et communication, Vuibert, 2006, 198
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Littérature grise
• FRAU-MEIGS Divina, L’éducation aux médias, un kit à l’intention des enseignants, des élèves, des
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• LE CONSEIL DE DÉVELOPPEMENT DE NANTES MÉTROPOLE, présente Nantes 2,30, Nouveaux
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• MINISTERE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, éduquer aux médias, ça s’apprend !, Édition 2012-2013,
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Article
• DEFRESNE Alexandra, « éducation aux médias : être parents aujourd’hui dans la société de
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Sites Web
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• BOUCHER-PETROVIC Nathalie, « La société de l’information « appropriée » par l’éducation
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• CAMIER Marie, « Mais qu’est-ce qui bloque l’éducation aux médias en France », in éducation aux
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• CENTRE D’ENTRAINEMENT AUX MÉTHODES D’ÉDUCATION ACTIVE, www.cemea.asso.fr
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• ÉCOLE VIVANTE, LA PÉDAGOGIE FREINET, www.ecole-vivante.com/pedagogie-freinet.html
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• PIETTE Jacques, « Éducation « par les médias » ou « aux médias » ? », in l’actualité éducative, site des
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Associations d’éducation aux médias dont Fragil
Ouvrages
• FRAGIL, gazettes du numéro du printemps 2005 à l’été 2007 ainsi que du numéro 1 à 13
Littérature grise
• FRAGIL, médias, culture, éducation, apprendre les médias en pratiquant l’information, 2012, 2 p.
• LE CLEMI, l’éducation aux médias d’information, éduquer aux médias ça s’apprends, édition 2012, 52
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Articles
• « Fragil initie des jeunes au journalisme – Nantes », Ouest-France, 20 septembre 2012,
• « Fragil, un magazine 100 % citoyen – Nantes », Ouest-France, 25 avril 2012
• « Fragil fait découvrir aux jeunes les professionnels locaux – Nantes », Ouest-France, 28 avril 2012
• « Le service civique, une expérience formatrice – Nantes », Ouest-France, 26 juin 2012
• DELOTTE François, « Médias participatifs : quand les citoyens donnent de la voix », Bretagne durable
n°6, hiver 2013, p. 33
• « Zoom sur Identités et citoyennetés et le projet Centre-Vie(s) », Camaraderies, Le Magazine des
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CEMÉA, http://www.cemea.asso.fr/multimedia/enfants-medias/spip.php?article1076
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• CENTRE-VIE(S), blogs.fragil.org/centrevies
• FACEBOOK DE FRAGIL, www.facebook.com/MagazineFragil?fref=ts
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• HABILOS MEDIAS, www.habilomedias.ca
• IDENTITÉS ET CITOYENNETÉS, blogs.fragil.org/appert
• INSTITUT NATIONAL DE LA JEUNESSE ET DE L’ÉDUCATION POPULAIRE, www.injep.fr
• LA FRAGILOSHPÈRE, blogs.fragil.org
• NETVIBES DE FRAGIL, www.netvibes.com/magazinefragil#General
• PARCOURS PRO(SE), blogs.fragil.org/parcoursprose
• PROJET ASSOCIATIF DE FRAGIL, www.fragil.org/IMG/pdf/LeProjetFragil.pdf
• TWITTER DE FRAGIL, twitter.com/Magazine_Fragil
Autres
• Interview de Romain Ledroit, France 4, mars 2012
• Interview de Romain Ledroit et Bérénice Kesteloot, émission de radio Ressources urbaines, Jet FM, 14
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Autres recherches
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• IMAGINA 97, Préambule à l’avant programme, 19-21 février 1997
Littérature grise
• BOURDIEU Pierre, Le Langage, Éditions de l’Institut pédagogique, 1966
Sites Web
• CALAMÉO DE FRAGIL, fr.calameo.com/accounts/40406
• DAILYMOTION DE FRAGIL, www.dailymotion.com/Magazine_Fragil
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• DÉFINITION DE L’OUTIL SCOOP.IT, www..slideshare.net/ardesimp/scoopit-mode-demploi-lexemple-
dardesi
• DÉFINITION DU MANICHÉISME,
www.unisson06.org/dossiers/religion/ecrits_spirituels/manicheisme/origines_manicheisme.htm
• DÉFINITION DU MOUVEMENT DO IT YOURSELF, www.subsociety.org/diy.php
• DÉFINITION DE SCOOP.IT, www.slideshare.net/ardesimp/scoopit-mode-demploi-lexemple-dardesi
• DÉFINITION WEBMARKETING, www.definitions-webmarketing.com
• DICTIONNAIRE TOUPIE, www.toupie.org/Dictionnaire
• GOOGLE ANALYTICS, www.google.com/analytics
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• LICENCE CREATIVE COMMONS, www.creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/3.0/fr
• RICHARD Soizic, « Connaître la presse locale ? », in communication/médias, site de Nantes
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• SKETCHUP, www.sketchup.com/intl/fr
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Autres
• VAN SANT Gus, Elephant, octobre 2003
Bibliographie complémentaire
Ouvrages
• TRUCK Betty, ALLAINMAT Henry, Tout savoir sur la presse et l’information, Filipacchi, 1973, 157 p.
52
Littérature grise
• CLEMI DE L’ACADÉMIE DE BESANÇON, aide personnalisée : progresser par l’éducation aux médias,
juin 2010, 32 p.
• L'éducation aux médias : un kit à l'intention des enseignants, des élèves, des parents et des
professionnels, UNSECO : organisation des nations unies pour l'éducation, la science et la culture,
2007, 209 p.
• LE MAGAZINE DES FRANCAS, l’éducation aux médias : un défi à relever !, janvier à mars 2007, 24 p.
Articles
• LASSAGNE F., ICONIKOFF R., « Google, le nouvel Einstein », Sciences & Vie, juillet 2012, p. 46 à 63
Sites Web
• CENTRALE D’ACHAT DE PROGRAMMES AUDIOVISUELS ET MULTIMÉDIA RÉSERVÉE AUX RÉSEAUX
CULTURELS ET ÉDUCATIFS, www.adav-assoc.com
• CENTRE D’ÉTUDE DES JEUNES ET DES MÉDIAS, www.jeunesetmedias.fr/site/node/19
• Collectif CIEM (collectif interassociatif enfance et média), « Enjeux et intérêt éducatif », in éducation
médias/Internet, éduscol, www.eduscol.education.fr/numerique/dossier/competences/education-aux-
medias/interet-educatif
• EDUSCOL, www.eduscol.education.fr
• GICQUEL Camille, « Éducatec – Éducatice : l’enjeu de l’éducation aux médias numériques », in
éducation, site de regard sur le numérique, www.rslnmag.fr/post/2012/11/23/Educatec-Educatice-
lenjeu-de-leducation-aux-medias-numeriques.aspx
• « Le Slam, qu’est-ce que c’est », in le slam, site de la société lausannoise des amatrices et amateurs de
mots, www.slaam.ch/definition-slam#.URUwS1ojjug
• MEDIA SMARTS, www.mediasmarts.ca
• MESURE D’AUDIENCE DES MÉDIAS, www.mediametrie.fr
• MINISTÈRE DE L’ÉDUCATION NATIONALE, www.education.gouv.fr
• SALON DES PROFESSIONNELS DE L’ÉDUCATION, www.educatec-educatice.com
• SEMAINE DE L’ÉDUCATION AUX MÉDIAS, www.semaineeducationmedias.ca/fr
• SOCIÉTÉ DE TRAITEMENT DE PRESSE, www.stp-presse.com
53
Annexes
Annexe 1 – L’équipe de Fragil
Annexe 2 – La plaquette de Fragil
Annexe 3 – Les locaux de Fragil
Annexe 4 – La Fragilosphère
Annexe 5 – Le site Internet de Fragil
Annexe 6 – La gazette de Fragil
Annexe 7 – Le Web 2.0 de Fragil
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Annexe 1 – L’équipe de Fragil
J’ai réalisé ce document pour rendre compte des salariés et bénévoles Fragil afin de cerner
comment est organisée l’équipe.
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Annexe 2 – La plaquette de Fragil
Elle a été réalisée par Lisa Guérin, ancienne étudiante à l’IUT de La Roche-sur-Yon au
département information et communication, lors de son stage en deuxième année. Cette plaquette est
de base recto verso et pliée en 3.
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Annexe 3 – Les locaux de Fragil
L’association Fragil se situe au 1er étage de La Fabrique des Dervallières au 19, rue Jean-Marc
Nattier (44 100 Nantes).
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Annexe 4 – La Fragilosphère
L’association Fragil dispose d’un blog dans lequel sont recensé tous les chantiers numériques
entreprises par l’association, dont notamment ces ateliers d’éducation aux médias, avec Centre-Vie(s),
parcours pro(se), etc. Ci-dessous voici une copie écran de la Fragilosphère dont l’adresse url est
blog.fragil.org.
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Annexe 5 – Le site Internet de Fragil
Voici une copie écran ci-dessous du site Internet de l’association Fragil, dont l’adresse url est
www.fragil.org. Sur ce site Internet sont publiés tous les articles écris par les contributeurs bénévoles de
l’association. Romain Ledroit est le rédacteur en chef de la partie éditoriale qui comprend ce site
Internet mais également les gazettes papiers.
© F
ragi
l.org
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Annexe 6 – La gazette de Fragil
Les publications de l’association Fragil se déclinent sur des gazettes papier en plus du site Web
et de la Fragilosphère.
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Annexe 7 – Le Web 2.0 de Fragil
Fragil utilise de nombreux outils du Web 2.0 pour se faire connaître.
© F
ragi
l.org
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Ainsi, le magazine associatif est présent sur les réseaux sociaux : sur Twitter et sur Facebook sous
le pseudonyme de « Magazine Fragil ».
Copie écran de la page Facebook :
Copie écran de la page Twitter :
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