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Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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Morphologie urbaine & Intégration paysagère Typologie des ensembles bâtis
Makow Nathalie – Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël
1er Master Ingénieur Civil Architecte – Université de Liège - Professeur Jacques Teller
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
1
TABLE DES MATIERES
Introduction ...................................................................................................................................................................................................................................................... 3
Objectifs ............................................................................................................................................................................................................................................................ 4
Détermination des ensembles bâtis .................................................................................................................................................................................................................. 5
Critères de classification ................................................................................................................................................................................................................................... 6
Analyse statistique des critères ...................................................................................................................................................................................................................... 10
Etablissement de la typologie des ensembles bâtis ........................................................................................................................................................................................ 14
Analyse micro ................................................................................................................................................................................................................................................. 21
Analyse macro ................................................................................................................................................................................................................................................ 41
Conclusion ...................................................................................................................................................................................................................................................... 55
Bibliographie ................................................................................................................................................................................................................................................... 56
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
3
INTRODUCTION
Le thème que nous avons étudié sur le canton de
Saint-Vith est la typologie des ensembles bâtis. Les
structures bâties sont un aspect important de la
qualité du canton. Elles présentent de grandes
qualités qui ont fait sa réputation et son attrait
touristique, mais également des défauts qu’il est
important d’appréhender et de contrer.
Nous avons donc abordé la typologie des ensembles
bâtis sous l’angle des points forts et des points
faibles des paysages villageois afin de déterminer ce
qu’il était important de conserver ou au contraire de
modifier, et comment à l’avenir assurer une
croissance pertinente de ces villages.
Ce qu’il est important de noter dès à présent, c’est
que la sauvegarde des paysages bâtis n’est pas un
problème local mais une difficulté à prendre en
compte sur l’ensemble du territoire.
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OBJECTIFS
L’objectif principal que nous avons cherché à
atteindre est de montrer comment aller dans le sens
d’une évolution permettant d’améliorer ou de
préserver la qualité des villages, et de contrer les
processus négatifs et ce pour l’ensemble du
territoire.
Pour cela, nous avions pour objectif initial d’étudier
les typologies générales des villages afin de
déterminer quelles étaient les formes villageoises les
plus souvent rencontrées de façon à choisir un
échantillon de villages pertinents à étudier.
Ensuite, nous avions pour but d’effectuer plusieurs
analyses, aux points de vue micro et macro des
villages, c’est-à-dire au niveau des paysages internes
et externes. Ces études poursuivaient différents
objectifs. Nous souhaitions définir les qualités
villageoises à mettre en valeur ou à préserver, soit
les types de bâtiments, d’ensembles de bâtiments,
de composantes paysagères particulières, de points
de vues depuis ou sur le village qu’il nous semblait
important de conserver. Nous avons également
cherché à définir les éléments à effacer des paysages
macro et micro, et comment y parvenir.
Ainsi, ce travail a pour objectif final d’être un outil de
réflexion sur le traitement global et local des villages
sur tout le territoire du canton de Saint-Vith.
1.1.1.1.1.1.1
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5
DETERMINATION DES ENSEMBLES BATIS
Afin de savoir quels éléments nous allions étudier et
que ces éléments soient directement comparables,
nous devions tout d’abord délimiter les différents
ensembles bâtis. Nous avons ainsi mis en place une
méthodologie stricte.
Tout d’abord, nous avons établis comme règles que
les ensembles comprennent minimum 5 bâtiments,
et les bâtiments d’un ensemble sont distants de
maximum 200 mètres. Cela nous a permis
d’effectuer une première détermination grossière
des différents ensembles.
Nous avons ainsi pu dessiner sur le logiciel QGIS les
routes de chaque ensemble.
Figure 1 Tracé des routes sur QGIS
Nous avons alors utilisé l’outil tampon afin
d’effectuer un contour de 100 mètres de part et
d’autre de ces routes.
Figure 2 Tampon de 100m autour des routes
Ainsi, nous avons obtenu une détermination stricte
des zones étudiées constituant chaque village.
Le résultat de ce travail nous a donné 114 ensembles
bâtis :
- 9 dans la commune de Bütgenbach
- 26 à Bullingen
- 10 à Amel
- 36 à Saint-Vith
- 33 à Burg-Reuland.
Certains de ces ensembles bâtis constituent la fusion
de plusieurs villages.
Nous avons ainsi représenté ces villages sur une
carte des ensembles bâtis, et identifié chacun de ces
ensembles par une identifiant « Commune-
numéro ».
Figure 3 Carte des ensembles bâtis
DETERMINATION DES ENSEMBLES BATIS
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Afin de pouvoir réaliser un classement des 114
ensembles bâtis obtenus et en tirer différentes
typologies, nous nous sommes basés sur différents
critères quantitatifs (superficie, nombre de
bâtiments, date de construction …) mais aussi
qualitatifs (relation au relief, typologie du village).
Superficie totale
La superficie totale de chaque ensemble bâti était
évaluée à partir de la surface qui a été délimitée pour
définir l’ensemble bâti. Celle-ci était directement
calculée grâce au logiciel QGIS. Cette donnée nous
permettait simplement de nous rendre compte de
l’étendue du village.
Figure 4 Superficie totale d'un ensemble bâti
Superficie urbanisée
La superficie urbanisée consiste en l’addition des
surfaces de chaque parcelle urbanisée. Une parcelle
est considérée comme urbanisée lorsqu’un bâtiment
est construit sur celle-ci. Comparée à la superficie
totale, cette donnée pouvait nous indiquer le taux
d’urbanisation de chaque ensemble bâti.
Figure 5 Superficie urbanisée d'un ensemble bâti
Superficie bâtie
La superficie bâtie équivaut quant à elle à la somme
de la surface de tous les bâtiments compris dans
l’ensemble bâti. Cette donnée, comparée à la
superficie urbanisée, pouvait nous donner
l’information relative au pourcentage occupé des
parcelles.
Figure 6 Superficie bâtie d'un ensemble bâti
Nombre de bâtiments
Cette donnée est nécessaire pour obtenir d’autres
données, ou pour effectuer des comparaisons entre
données comme on va le voir dans la suite.
Superficie moyenne des bâtiments
La superficie moyenne des bâtiments est obtenue en
divisant la superficie bâtie par le nombre de
bâtiments. Cette donnée peut nous indiquer si nous
sommes face à un village destiné principalement à
l’habitation ou plutôt à des activités rurales.
CRITERES DE CLASSIFICATION
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Nombre de logements
Cette donnée était disponible dans le cadastre. Si on
compare cette valeur avec le nombre de bâtiments,
elle permet de nous indiquer si le village est propice
à la division d’une grande habitation en plusieurs
logements.
Figure 7 Nombre de logements par parcelle urbanisée
Dans ce cas-ci, nous pouvons observer que la
majorité des parcelles n’est occupée que par un seul
logement, seules 7 parcelles contiennent 2 ou 3
logements.
Date moyenne de construction et écart-type
La date moyenne de construction des bâtiments
présents dans chaque ensemble bâti nous indique si
le village est assez ancien ou plutôt assez récent.
Grâce à l’écart-type, il est aussi possible d’évaluer si
l’évolution du village est étendue ou non dans le
temps.
Figure 8 Date de construction des bâtiments
Dans ce cas-ci, nous pouvons voir que la majorité des
bâtiments ont été construits après 1954, mais qu’il
existe toujours certains bâtiments construits avant
1850. Nous pouvons en conclure que l’évolution de
ce village est assez étendue dans le temps.
CRITERES DE CLASSIFICATION
Nombre de logements :
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Relations au relief
Le canton de Saint-Vith présente un relief marqué et
varié, où lignes de crête et fonds de vallée
s’alternent. Nous avons ainsi pu observer 7 relations
au relief différentes à travers le canton :
- Fond de vallée : le canton étant sillonné par de
nombreux petits cours d’eau, une partie des
villages se sont installés le long de ceux-ci.
Notons que dans certains cas, même si le cours
d’eau est un très petit ruisseau, nous l’avons
considéré comme prédominant dans la
définition de la relation au relief.
- Fond de vallée et versant : cette relation au
relief a été donnée aux ensembles bâtis où l’on
observe des bâtiments le long du cours d’eau
ainsi que des bâtiments qui remontent sur un
versant (ou les deux).
- Versant : ce type de relation est observé quand
l’ensemble des bâtiments sont implantés sur un
même versant.
- Versant et crête : le canton étant marqué par
des lignes de crêtes, nous observons des villages
qui s’y sont implantés. Cette relation au relief
est obtenue lorsque les bâtiments s’implantent
sur une ligne de crête et que l’urbanisation se
poursuit sur les versants voisins.
- Crête : cette relation au relief est observée
quand l’implantation des bâtiments suit une ou
plusieurs lignes de crête.
- Plateau : bien que le canton présente
principalement une alternance de crêtes et de
vallées, la présence de quelques plateaux plus
marqués est à noter. Quelques villages profitent
de cette situation pour s’implanter.
- Fond de vallée, versant et crête : cette relation
au relief, que l’on peut également qualifier de
mixte, est observée surtout pour les plus grands
villages dont l’étendue occupe la majorité des
aspects du relief précédemment cités.
CRITERES DE CLASSIFICATION
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Typologie générale
Ce critère consiste en la forme même du village, qu’il
ne faut pas confondre avec la typologie des
ensembles bâtis que nous allons établir qui prend en
considération l’ensemble des critères étudiés.
Nous avons pu observer 7 typologies de villages
différentes :
- Le hameau : il s’agit d’un petit ensemble de
bâtiments regroupés.
- Le village rue : cette typologie reprend les
villages dont les bâtiments sont implantés le
long d’une rue principale. Nous reprenons dans
cette catégorie également les villages rues en
épis, c’est-à-dire les villages rues qui
commencent à s’étendre par de petites rues
perpendiculaires à la première sans toutefois
prendre plus d’importance que la rue principale.
- Le village sur anneau(x) : ce type de village est
formé par un ou plusieurs anneaux de
bâtiments.
- Le village rayonnant sur anneau(x) : cette
catégorie concerne les villages dont la structure
de base est formée par un ou plusieurs anneaux
de bâtiments et d’où rayonnent plusieurs rues
le long desquelles l’urbanisation s’est
poursuivie.
- Le village rayonnant sur point : cette typologie
est celle de villages donc le cœur est formé par
un point d’où partent en rayonnant plusieurs
rues.
- Les villages tentaculaires regroupés : cette
catégorie a été créée par nous-même car il s’agit
d’une forme de village observée à plusieurs
reprises dans le canton de Saint-Vith. En effet,
des villages voisins se développent de façon
tentaculaire et finissent par se rejoindre pour
former une grande entité.
- Autre : une dernière catégorie est destinée aux
villages qui ne présentent pas une des formes
précédentes.
CRITERES DE CLASSIFICATION
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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Une fois toutes les données récupérées pour chaque
ensemble bâti, il fallait analyser cette masse
d’informations et effectuer des liens entre les
différents critères afin de générer nos types.
Pour ce faire, nous avons utilisé deux méthodes
statistiques.
La première est la méthode en composantes
principales (ACP) qui est une méthode factorielle de
réduction de dimension pour l’exploration
statistique de données quantitatives complexes. Elle
permet d’explorer les liaisons entre un grand
nombre de variables et les ressemblances entre
individus. Le principe utilisé par la méthode est de
définir k nouvelles variables combinaisons linéaires
des p variables initiales qui feront perdre le moins
d’informations statistiques possible. Ces variables
sont nommées composantes principales et
déterminent un sous-espace Fk de Rp. Les axes de ce
nouvel espace sont ajustés de telle sorte que la
distance entre chaque individu soit minimale au sens
des moindres carrés.
La première information importante que l’on peut
retirer de cette méthode est la matrice des
corrélations croisées entre les dix critères choisis.
ANALYSE STATISTIQUE DES CRITERES
Tableau 1 Corrélations croisées entre les 10 critères
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Le tableau 1 permet de conclure que les critères
surface totale, superficie urbanisée, superficie bâtie,
nombre de logements et nombre de bâtiments sont
très fortement corrélés et par conséquent ne
représentent pas des critères statistiquement
indépendants. Cela signifie que plus le village est
grand, plus la superficie urbanisée est grande et plus
le nombre de logements est grand.
Nous avons donc pu réduire le nombre de critères à
six, et la matrice des corrélations croisées
devient celle du tableau 2.
En analysant ce tableau, on remarque que les
critères retenus sont faiblement corrélés entre eux,
ce qui indique qu’il n’y a pas de lien important entre
les différents critères choisis et que les ensembles
bâtis sont relativement hétérogènes du point de vue
des critères conservés.
ANALYSE STATISTIQUE DES CRITERES
Tableau 2 Corrélations croisées entre les 6 critères retenus
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Le graphique suivant représente le pourcentage cumulé de représentation de
chaque nouvelle variable créée par la méthode. Si l’on conserve uniquement les
deux premières variables afin de représenter les résultats dans un plan, on
remarque que les nouvelles variables (composantes principales) ne représentent
que 60% des données initiales. Ce qui signifie que tirer des conclusions sur base de
ces deux premières composantes est relativement dangereux. La méthode n’est
donc pas très adaptée dans notre cas et il faudra compléter l’analyse par d’autres
méthodes.
La figure suivante représente visuellement la dispersion des données dans l’espace
défini par les deux premières composantes principales. Cette figure confirme la
répartition erratique des données et la relativement mauvaise représentation de
l’information statistique par ces deux composantes.
0
20
40
60
80
100
0
0,5
1
1,5
2
2,5
F1 F2 F3 F4 F5 F6
Var
iab
ilité
cu
mu
lée
(%
)
Val
eu
r p
rop
re
axes
Ame01
Ame02
Ame03
Ame04
Ame05
Ame06
Ame07
Ame08
Ame09
Ame10
Bul01
Bul02
Bul03
Bul04Bul05
Bul06
Bul07
Bul08
Bul09
Bul10
Bul11Bul12
Bul13
Bul14
Bul15Bul16
Bul17
Bul18
Bul19
Bul20
Bul21
Bul22Bul23
Bul24
Bul25Bul26
Bur01
Bur02
Bur03Bur04
Bur05
Bur06
Bur07
Bur08
Bur09
Bur10
Bur11Bur12
Bur13
Bur14
Bur15
Bur16
Bur17
Bur18
Bur19Bur20
Bur21
Bur22
Bur23 Bur24
Bur25
Bur26
Bur27
Bur28
Bur29
Bur30
Bur31
Bur32
Bur33
But01
But02
But03
But04
But05
But06
But07But08
But09SV01
SV02
SV03
SV04
SV05
SV06
SV07
SV08
SV09SV10
SV11SV12
SV13
SV14
SV15
SV16
SV17
SV18SV19
SV20
SV21
SV22
SV23
SV24
SV25
SV26
SV27SV28
SV29SV30
SV31SV32SV33
SV34
SV35SV36
-3
-2
-1
0
1
2
3
4
5
-6 -5 -4 -3 -2 -1 0 1 2 3 4 5
F2 (
25
.84
%)
F1 (33.30 %)
Observations (axes F1 et F2 : 59.15 %)
ANALYSE STATISTIQUE DES CRITERES
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La deuxième méthode statistique
utilisée est celle du K-means. Celle-
ci est basée sur un algorithme
itératif de quantification vectorielle
dont le but est de séparer des
données en K sous-ensembles sur
base de P variables. Ces ensembles
sont générés en minimisant la
distance entre chaque donnée et
les P barycentres des ensembles
dans l’espace des variables R. Sans
entrer plus dans les détails de la
méthode, le principe est de
regrouper les données semblables
dans des sous-ensembles.
Le tableau 3 présente les 5 groupes
de données générés par la
méthode. La faiblesse de la
méthode réside dans son caractère
aléatoire lors du choix des
barycentres initiaux. Dans notre
cas, les groupements réalisés
semblent parfois incohérents. En
effet, certains villages ne semblent pas avoir de
points communs mais se retrouvent dans un même
groupe. Le tableau contient les différents
groupements générés par la méthode ainsi que les
codes correspondant aux villages (voir section
suivante).
Les résultats de cette méthode ne sont donc
également pas miraculeux, mais nous avons voulu
conserver cette idée de regrouper les ensembles
bâtis sur base de critères, qui est d’ailleurs l’objet de
la section suivante.
En conclusion, ces deux méthodes ont permis
d’apporter des informations statistiques relatives à
nos données comme la matrice de corrélation
croisée. Cependant, ces deux méthodes
quantitatives montrent des limites certaines et ne
permettent pas, seules, de générer des typologies
d’ensembles bâtis représentant le territoire du
canton de Saint-Vith.
ANALYSE STATISTIQUE DES CRITERES
Tableau 3 Groupes générés par la méthode du K-means
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Sur base des informations obtenues à l’aide des
méthodes statistiques, il apparait nécessaire de
compléter ces méthodes quantitatives à l’aide d’une
analyse qualitative des ensembles bâtis. Nous avons
décidé de conserver uniquement 3 critères : la
surface totale qui représente le groupement de 5
critères (voir section précédente) et les deux critères
ayant les corrélations croisées les plus élevées avec
ce premier critère, soient la typologie et la relation
au relief. Ces trois critères nous semblent en effet les
plus cohérents et intéressants afin de regrouper les
villages semblables entre eux.
Nous avons donc analysé chacun des trois critères
séparément et défini des classes au sein de chacun
d’eux.
Commençons par la surface totale des 114
ensembles bâtis du canton. Le premier graphique
suivant représente les surfaces classées par ordre
croissant. On remarque que l’évolution présente une
tendance exponentielle et que la proportion de
petits ensembles est largement supérieure à celle
des plus grandes agglomérations.
Cette observation est confirmée en choisissant un
axe vertical logarithmique. La régression linéaire (en
rouge) approche la courbe des surfaces de manière
quasi parfaite.
ETABLISSEMENT DE LA TYPOLOGIE DES ENSEMBLES BATIS
0
1000000
2000000
3000000
4000000
5000000
6000000
7000000
1 5 9
13
17
21
25
29
33
37
41
45
49
53
57
61
65
69
73
77
81
85
89
93
97
10
1
10
5
10
9
11
3
SUR
FAC
ES [
M2]
ENSEMBLES BÂTIS
Surfaces totale des ensembles bâtis
1
10
100
1000
10000
100000
1000000
10000000
1 5 9
13
17
21
25
29
33
37
41
45
49
53
57
61
65
69
73
77
81
85
89
93
97
10
1
10
5
10
9
11
3
SUR
FAC
ES [
M2]
ENSEMBLES BÂTIS
Surfaces totale des ensembles bâtis (échelle logarithmique)
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Ce constat nous a amené à définir cinq catégories de
taille :
- Catégorie 1 : surface totale < 1 km2
- Catégorie 2 : 1 km² < surface totale < 2 km2
- Catégorie 3 : 2 km² < surface totale < 3 km2
- Catégorie 4 : 3 km² < surface totale < 4 km2
- Catégorie 5 : surface totale > 4 km2
Notons que seule la ville de Saint-Vith se retrouve
dans la catégorie 5. Saint-Vith est en effet bien plus
grande que les autres agglomérations du canton, il
est donc logique de la traiter séparément.
En ce qui concerne les deux autres critères que sont
la relation au relief et la typologie, nous avons
conservé les sous-catégories précédemment
définies. Pour chacun de ces critères, il existe donc 7
sous-catégories.
Nous sommes à présent capables de regrouper les
ensembles bâtis sur base de ces trois critères en sous
classes. La nomenclature adoptée est composée
d’un code de trois chiffres allant de 100 à 576.
- Le premier chiffre va de 1 à 5 et représente
les 5 classes de surfaces.
- Le deuxième chiffre va de 1 à 7 et représente
les 7 classes de relation au relief.
- Le troisième chiffre va de 0 à 6 et représente
les 7 classes de typologie.
Nous obtenons un total de 245 combinaisons
possibles (les 476 nombres n’étant pas tous
représentés par la nomenclature), mais il est
intéressant d’observer la récurrence de certaines de
ces combinaisons. Le graphique suivant représente
ces occurrences par ordre croissant.
On remarque que seulement 21 combinaisons
suffisent à représenter l’ensemble des villages du
canton. Ce résultat est une image de la corrélation
non nulle entre les trois critères choisis.
Nous avons au départ décidé d’étudier les types
présentant plus de 3 occurrences. Nous avons tout
de suite constaté que le nombre élevé de très petits
villages nous menait à devoir étudier des ensembles
bâtis qui n’avaient pas une grande importance au vu
de nos objectifs.
Dès lors, nous avons supprimé les villages de moins
de 100 000 m² de notre liste de village, et effectué
un classement similaire au précédent. Nous avons
dès lors considéré les types dont l’occurrence était
au moins égale à 3. Ainsi, les types finalement
étudiés et leurs occurrences sont les suivants :
0123456789
101112
110
116
130
131
135
146
151
165
240
272
275
341
422
572
114
126
136
141
160
174
221
222
242
123
143
144
163
170
171
241
271
472
121
176
372
124
133
153
113
154
134
Occ
ure
nce
Types d'ensembles bâtis
Occurence des groupes d'ensembles bâtis
0123456789
10
1 2 1 1 2 4 1 3 4 1 4 4 1 5 4 1 7 0 1 7 1 1 7 6 2 4 1 2 7 1 3 7 2 4 7 2
Occ
urr
ence
s
Types d'ensembles bâtis
Occurences des groupes d'ensembles bâtis
ETABLISSEMENT DE LA TYPOLOGIE DES ENSEMBLES BATIS
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Nous avons ainsi déterminé 12 types de villages à
étudier. Pour chacun de ces types, nous avons
sélectionné un exemple le plus représentatif à visiter
et étudier. Nous avons veillé à inclure Bracht et
Krewinkel qui sont les deux seuls villages comportant
une partie classée du canton de Saint Vith et à
sélectionner des villages qui se répartissent sur tout
le territoire.
Pour chaque village, nous avons réalisé une analyse
de leur structure bâtie interne qui sera présentée
plus en détail dans la section ANALYSE MICRO. Les
éléments suivants ont été mis en évidence :
Éléments isolés :
- Pavillonnaire
- Rural
- Particulier
Ensembles homogènes :
- Noyau historique
- Ensemble mitoyen
- Lotissement
- Ensemble rural
- Ensemble pavillonnaire
- Ensemble économique (industriel)
Ensembles hétérogènes :
- Résidentiel
La légende suivante sera suivie pour l’ensemble des
figures suivantes.
Voici un bref aperçu des villages choisis pour chaque
type analysé:
121 : Espeler
Ce village se situe dans la commune de Burg-
Reuland.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km², il se situe en fond de vallée et se développe
sur versant, il est de type rayonnant sur anneaux.
Figure 10 Structure bâtie d'Espeler
Nous pouvons observer que ce village s’étend par
des ensembles pavillonnaires implantés le long des
routes menant au centre du village.
Espeler Bracht
Krewinkel
Setz
Amelscheid
Malscheid
Neubrück
Neidingen
Hinderhausen
Schoppen
Deidenberg
Weywertz
Wirtzfeld
Figure 9 Carte de la répartition des villages représentatifs
ETABLISSEMENT DE LA TYPOLOGIE DES ENSEMBLES BATIS
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121 : Bracht
Ce village est également situé dans la commune de
Burg-Reuland.
Ce village n’avait initialement pas été choisi pour
représenter la catégorie 121 car Espeler était le plus
représentatif de cette typologie, mais finalement,
nous avons également repris ce village, car il s’agit
d’un village classé et nous avons donc estimé qu’il
serait intéressant de l’étudier.
Figure 11 Structure bâtie de Bracht
Nous pouvons remarquer que le village se compose
d’un cœur ancien et de nombreux éléments isolés
implantés de façon éparse autour du village.
124 : Krewinkel
Krewinkel se situe dans la commune de Bullingen.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km², il se situe en fond de vallée et se développe
sur versant, il est de type village rue. De plus,
Krewinkel est un village classé.
Figure 12 Structure bâtie de Krewinkel
Nous pouvons observer que dans ce cas-ci, il s’agit
d’un village rue en épis. De nombreux éléments
ruraux sont présents dans le village. Le pavillonnaire
commence à s’implanter à une extrémité du village.
134 : Setz-Atzerath-Mackenbach-Heuem
Cet ensemble formé de 4 villages se situe dans la
commune de Saint-Vith.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km². Bien que l’Our coule à proximité du village,
celui-ci s’est majoritairement développé sur un des
versants du ruisseau. Ce village est de type village
rue.
Figure 13 Structure bâtie de l'ensemble formé par Setz, Atzerath, Mackenbach et Heuem
A nouveau, nous sommes face à un village rue en
épis. Nous pouvons remarquer un ensemble
industriel en plein centre de l’ensemble formé par les
quatre villages en enfilade.
ETABLISSEMENT DE LA TYPOLOGIE DES ENSEMBLES BATIS
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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144 : Malscheid
Ce petit village est situé dans la commune de Burg-
Reuland.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km², il se situe sur une crête et se développe aussi
sur versant, il est de type village rue.
Figure 14 Structure bâtie de Malscheid
Nous pouvons voir que ce village est assez cohérent,
mais suite à la visite de celui-ci, nous avons observé
l’implantation récente d’un lotissement en bordure
de voirie.
154 : Amelscheid
Amelscheid est un village de la commune de Saint-
Vith.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km², il se situe sur une crête et est de type village
rue.
Figure 15 Structure bâtie d'Amelscheid
A nouveau, ce village semble assez cohérent et
présente plusieurs bâtiments ruraux ponctuant le
village.
170 : Neubrück
Neubrück se situe également à Saint-Vith.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km², sa relation au relief est mixte et sa typologie
n’est pas définissable.
Figure 16 Structure bâtie de Neubrück
Nous pouvons observer que ce village semble très
peu cohérent.
ETABLISSEMENT DE LA TYPOLOGIE DES ENSEMBLES BATIS
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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171 : Neidingen
Ce village se situe lui aussi dans la commune de Saint-
Vith.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km², sa relation au relief est mixte et il s’agit d’un
village rayonnant sur anneaux.
Figure 17 Structure bâtie de Neidingen
Nous pouvons voir qu’il s’agit d’un village qui a
tendance à s‘étendre le long des routes qui mènent
à son centre peu dense.
176 : Hinderhausen
Hinderhausen fait aussi partie de la commune de
Saint-Vith.
Il s’agit d’un village dont la superficie est inférieure à
1 km², sa relation au relief est mixte et il s’agit d’un
village rayonnant sur point.
Figure 18 Structure bâtie de Hinderhausen
Nous pouvons observer que les extensions du village
sont principalement dues à l’implantation
d’habitations de type pavillonnaire.
241 : Schoppen
Ce village se situe dans la commune d’Amel.
Il s’agit d’un village dont la superficie est comprise
entre 1 et 2 km², il se développe sur crête et sur
versant et il s’agit d’un village rayonnant sur
anneaux.
Figure 19 Structure bâtie de Schoppen
A nouveau, l’extension du village est due à
l’implantation d’habitations 4 façades.
ETABLISSEMENT DE LA TYPOLOGIE DES ENSEMBLES BATIS
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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271 : Wirtzfeld
Wirtzfeld est un village de la commune de Bullingen.
Il s’agit d’un village dont la superficie est comprise
entre 1 et 2 km², sa relation au relief est mixte et il
s’agit d’un village rayonnant sur anneaux.
Figure 20 Structure bâtie de Wirtzfeld
La structure bâtie reste assez similaire à celle des
autres villages déjà cités.
372 : Deidenberg-Born
Cet ensemble formé par deux villages se situe dans
la commune d’Amel.
Sa superficie est comprise entre 2 et 3 km², sa
relation au relief est mixte et il s’agit de deux villages
tentaculaires regroupés.
Figure 21 Structure bâtie des deux villages Deidenberg et Born
On peut clairement distinguer qu’il s’agit de deux
villages qui se sont rejoints à cause d’extensions
pavillonnaires.
472 : Weywertz-Oberweywertz
Ces deux villages font partie de la commune de
Bütgenbach.
Il s’agit d’un ensemble dont la superficie est
comprise entre 3 et 4 km², sa relation au relief est
mixte et il s’agit deux villages tentaculaires
regroupés.
Figure 22 Structure bâtie de Weywertz et Oberweywertz
Dans ce cas-ci, nous nous apercevons que la forte
extension du village de Weywertz a conduit à
différencier ces extensions du centre en leur
attribuant un nom spécifique.
ETABLISSEMENT DE LA TYPOLOGIE DES ENSEMBLES BATIS
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MICRO
Explication de la démarche
L’un des buts de ce travail était d’analyser les
paysages internes des villages, que l’on appellera
paysages micro. Afin de percevoir la diversité des
paysages micro, nous avons visité les villages
représentatifs de chaque typologie.
Nous avons parcouru ces villages afin de comprendre
quelles étaient leurs composantes principales,
percevoir leurs qualités et leur défauts. De cette
façon, nous avons appréhendé leur complexité afin
de les réduire à leurs éléments constitutifs pour
déterminer les interventions permettant de
sauvegarder et ramener la qualité des paysages
internes de ces villages.
Nous présenterons tout d’abord les différents types
de sous-ensembles bâtis que nous avons relevés et
analysés. Nous présenterons ensuite les différentes
composantes des villages, leurs points forts et leurs
points faibles pour finalement amener des solutions
via l’illustration par des cas concrets. En guise de
conclusion, nous analyserons le contenu du
Règlement général sur les bâtisses en site rural. Nous
montrerons en quoi ce document présente de
nombreuses lacunes au vu de notre analyse des
villages.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
22
ANALYSE MICRO
Présentations des structures bâties des paysages micro
En parcourant le canton de Saint-Vith et en
observant les dates de construction, les fonctions et
les types d’implantations des différents bâtiments,
nous avons pu classer les structures bâties. Nous
pouvons distinguer deux grandes catégories : les
ensembles et les éléments isolés. Ces catégories sont
elles-mêmes séparées en sous-classes que nous
allons vous présenter.
Ensembles
Les ensembles constituent des tissus de bâtiments
suffisamment cohérents pour pouvoir les distinguer
les uns des autres. Voici les principaux types
d’ensembles que nous avons rencontrés sur le
canton et la présentation de leurs caractéristiques
générales.
Noyau historique
Les noyaux historiques consistent en ensembles de
bâtiments traditionnels. Ils constituent en général le
centre des villages et la base de leur développement.
On y retrouve des fermes et des habitations
traditionnelles, et une église ou au minimum une
chapelle marquent généralement leur centre. Nous
présenterons plus en détail les constituants de ces
noyaux historiques dans le point abordant les points
forts des composantes bâties. Ces ensembles sont
d’une grande importance dans la qualité des
paysages micro des villages.
Figure 23 Centre historique d’Espeler
Figure 24 Centre historique de Burg-Reuland
Ensemble homogène pavillonnaire
Les ensembles homogènes pavillonnaires consistent
en des ensembles de pavillons 4 façades implantés
de façon régulière le long des routes depuis la moitié
du XXème siècle. Ces ensembles, comme dans la
grande majorité de la Belgique, constituent un des
problèmes majeurs du développement des villages
du canton de Saint-Vith. Ils présentent des
caractéristiques en totale inadéquation avec le bâti
traditionnel et des paysages micro totalement
étrangers à la qualité, au pittoresque et au charme
des villages.
Figure 25 Ensemble pavillonnaire de Weywertz
Ensemble homogène mitoyen
Les ensembles homogènes mitoyens constituent en
une série de bâtiments mitoyens. Ils sont en général
assez rare sur le canton, où les bâtisses isolées les
unes des autres forment la majorité du tissu bâti. On
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23
ANALYSE MICRO
constate cependant leur présence au niveau de
certains noyaux historiques tels que celui de Burg-
Reuland ou d’Espeler.
Figure 26 Ensemble mitoyen de Burg-Reuland
Figure 27 Ensemble mitoyen d'Espeler
Lotissement
Les lotissements sont des ensembles de bâtiments
fortement semblables construits selon un plan
initial. En général, les lotissements ont une date de
construction unique. Ils présentent également un
point faible dans le développement des villages,
puisqu’ils sont en général très éloignés du type de
tissu traditionnel, comme on peut le voir sur la figure
28 présentant le tout nouveau lotissement de
Malscheid.
Figure 28 Lotissement de Malscheid
Ensemble homogène rural (ensemble de fermes et installations)
Les ensembles homogènes ruraux sont des
ensembles de bâtiments à vocation fermière.
Certains, comme celui d’Espeler sont bien intégrés
au paysage car ils sont issus d’une évolution lente et
sont construits dans la continuité pertinente des
choses. D’autre, comme nous le verrons, constituent
un défaut des villages actuels.
Figure 29 Ensemble rural d'Espeler
Ensemble homogène industriel
Les ensembles homogènes industriels sont des
ensembles de bâtiments à vocation industrielle. Ils
constituent un défaut important dans les villages, où
ils s’implantent sans prendre en compte les qualités
et la tradition de l’existant.
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ANALYSE MICRO
Figure 30 Ensemble industriel de Schoppen
Ensemble hétérogène résidentiel
Les ensembles hétérogènes résidentiels sont
constitués de tissus où bâti ancien et bâti
contemporain cohabitent. Ils constituent l’évolution
la plus souvent représentée des noyaux villageois
traditionnels. En fonction de l’intégration des
nouvelles constructions, ces ensembles présentent
plus ou moins de défauts et de qualités. On constate
en général une perte du bâti ancien au profit de
constructions moins bien adaptées et une
diminution de la composante naturelle associée au
tracé et à l’élargissement des routes de ces villages.
Figure 31 Ensemble hétérogène résidentiel
Eléments isolés
Les éléments isolés consistent en des bâtiments qui
sont à un nombre restreint (maximum 3) et qui
constituent un type de bâti indépendant de celui qui
l’entoure ou implanté à l’écart des autres tissus
villageois.
Isolé pavillonnaire
L’isolé pavillonnaire consiste en une habitation 4
façades unique, implantée le long d’une route à
l’écart du village, ou encore jouxtée à une ferme. Ce
type d’élément isolé constitue souvent le point de
départ d’une extension pavillonnaire du village.
Figure 32 Isolé pavillonnaire d'Espeler
Eglises
Les églises consistent en un type de bâtiment qui par
nature est unique. Elles sont presque
systématiquement présentes dans les villages, et
constituent la marque de leur centre.
Figure 33 Eglise de Weywertz
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ANALYSE MICRO
Isolé rural (ferme et installations)
Les éléments isolés ruraux consistent en des fermes
ou installations fermières limitées, souvent
implantées au cœur des villages. Ces bâtiments
constituent souvent un point faible étant donné que
leur intégration n’est pas étudiée, tant au niveau du
positionnement, que de la forme et des matériaux
comme on peut le voir au niveau de cette ferme
installée au milieu des habitations à Weywertz.
Figure 34 Ferme isolée à Weywertz
Isolé industriel
L’isolé industriel, comme l’ensemble industriel,
consiste en une installation industrielle mais plus
limitée. Ces éléments sont également des points
faibles des villages, car ils s’installent au cœur des
villages ou encore à leurs entrées, comme par
exemple cette industrie à l’entrée sud-ouest de Saint
Vith.
Figure 35 Industrie isolée à Saint Vith
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
26
ANALYSE MICRO
Point forts des paysages micro
Généralités
La qualité des villages du canton de Saint-Vith réside
principalement dans les structures d’habitations
traditionnelles. Elles présentent une grande
cohérence, tout en offrant des espaces diversifiés et
intéressants, entrainant une dynamique interne aux
villages qui permet d’éviter toute monotonie.
C’est ces structures bien ancrées dans le territoire,
cohérentes et pertinentes qui ont fait la réputation
de l’Ardenne au milieu du XIXème siècle et fait naître
une vocation touristique particulièrement forte pour
ces régions.
Nous allons ainsi commencer par présenter ce qui
faisait et qui fait toujours pour certains d’entre eux
la qualité de paysages internes aux villages.
Composantes micro des villages traditionnels
Nous allons présenter les composantes principales
qui font la qualité de ces structures villageoises. Il y a
tout d’abord les composantes bâties, représentées
par l’habitat traditionnel, les fermes et les églises. La
composante naturelle occupe également une place
importante. Enfin, les voiries et espaces publics
traditionnels présentaient un attrait particulier.
Composante bâtie
Habitat et fermes
Les constructions traditionnelles présentent une
variété dans les matériaux, les volumétries et les
implantations. Malgré cela, les structures
villageoises présentent une forte cohérence. Cette
cohérence provient du fait que la création de ces
bâtiments était dictée par le bon sens, l’utilisation de
matériaux locaux et la tradition. C’est cela qui a
permis à des structures de matériaux, volumétries et
implantations différentes de former des tous
cohérents et harmonieux. Ainsi, les fermes
s’intègrent parfaitement parmi les habitations, et
parfois en font partie intégrante.
a) Volumétries
L’habitat traditionnel est compact. Le principal type
d’habitation traditionnelle est la ferme
pluricellulaire. Les deux formes les plus représentés
sont la ferme en carré (appelée ferme de type large
ou maison bloc, maison en surface, maison
ardennaise) ou la ferme en long (à plan
rectangulaire, appelée ferme des cantons de l’est) à
toiture unique. On voit également se développer la
ferme à logis. L’habitat mitoyen est très rarement
observé dans le canton de Saint-Vith. On constate
que ces volumétries répétitives varient par les
proportions, ce qui fait que tous les bâtiments sont
différents mais conserve une unité harmonieuse.
Figure 36 Ferme en carré
Figure 37 Ferme en long
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27
ANALYSE MICRO
b) Implantations
Les habitats sont donc en général non mitoyens,
entourés de jardins, de potagers, de champs ou de
vergers. Cela est dû le plus souvent à la nature
agricole qui nécessite une circulation aisée entre les
bâtiments. Les implantations sont assez libres : les
bâtiments présentent des reculs et des orientations
différents. Ces positions sont dictée par le relief, la
rue, les accès, le parcellaire et les besoins
fonctionnels, soit par le bon sens traditionnel. Ainsi,
le long des rues, les habitations sont principalement
parallèles ou perpendiculaires, parfois obliques, avec
différents reculs et les séquences mitoyennes sont
rares. Les paysages intérieurs des villages ne sont dès
lors jamais monotones, mais toujours équilibrés. La
nature et les espaces verts ont une grande place
dans ces implantations. De plus, il arrive que des
haies et murets marquent l’espace rue ce qui
renforce encore le dynamisme et la diversité.
Figure 38 Implantations diversifiées à Espeler
c) Matériaux
Les matériaux utilisés dans les bâtiments
traditionnels sont issus d’exploitations locales. On
retrouve ainsi différents types de matériaux aux
murs et en toiture.
Au niveau des murs, quatre matériaux sont
principalement utilisés: la pierre du pays, le crépi ou
badigeon blanc, l’ardoise et le bois.
La pierre utilisée dépend des exploitations locales
mais le schiste ou grès schisteux est le plus souvent
représenté. En effet, « l’ensemble du sud de la
Communauté germanophone appartient au massif
schisteux Rhénan » (Etude paysagère de l’Eifel
belge). Aujourd’hui, la dernière carrière en activité se
situe à Weywertz.
L’exploitation ardoisière commença quant à elle
après 1850 et dès lors on constate l’apparition des
parements en ardoises. Aujourd’hui, l’ancienne
ardoisière de Recht a été transformée en musée
(Etude paysagère de l’Eifel belge).
Le bois est également utilisé en bardage mais
principalement au Sud du canton. Il est important de
remarquer que la brique est totalement absente des
structures villageoises traditionnelles.
Les toitures sont en schiste sous différents formats
et plus rarement en ardoise. On constate ainsi une
homogénéité dans les tons des toitures.
Figure 39 Matériaux utilisés traditionnellement
On peut observer une distinction dans les aspects
extérieurs des maisons de secteur nord et du secteur
sud. En effet, « les habitations anciennes de la région
malmédienne et de Bütgenbach-Büllingen sont des
constructions en gros moellons et parfois en torchis
recouvert de lattes de bois, tandis que la partie sud
ne connaît pas ce type. La majorité des maisons y
sont crépies ou rejointoyées en blanc. C’est le type
de la maison dite tréviroise (« Trierer Haus »)» (Plan
de développement stratégique du GAL 100 villages –
1 avenir).
L’utilisation de matériaux de différents types mais
dans une gamme très locale amène une diversité au
sein des villages, mais conserve une cohérence
globale et harmonieuse. Les différentes déclinaisons
d’utilisation de ces matériaux apportent également
une diversité qu’il est important de prendre en
compte.
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ANALYSE MICRO
d) Ouvertures :
Les fenêtres présentent une dominante verticale.
Leur taille est souvent restreinte afin de se protéger
du climat extérieur. On constate qu’il y a une
tendance à marquer l’encadrement de la fenêtre,
souvent par un matériau distinct du parement de la
façade, ou simplement par un badigeon de couleur
différente.
Figure 40 Types d'ouvertures traditionnelles
Eglise
L’église est un élément que l’on retrouve de façon
quasiment systématique dans les villages, même les
plus petits ont en général au moins une chapelle. Elle
a une importance primordiale puisqu’elle marque le
centre de village et lui donne son identité. Tout
comme les habitations et les fermes traditionnelles,
les matériaux utilisés pour leur construction sont
locaux. On retrouve ainsi des églises en pierres ou en
crépi blanc à couverture d’ardoise. On constate que
les églises sont rarement accolées à des places : c’est
le chemin public qui tient lieu d’espace de
rassemblement.
Figure 41 Eglise de Burg-Reuland
Figure 42 Eglise de Thommen
Composante naturelle
Jardins et potager, prés et vergers
Les habitations et fermes traditionnelles sont non
mitoyennes et accueillent entre elles et à la
transition habitat-route des jardins et des potagers.
Parfois, les espaces verts occupent une place plus
importante et constituent des prés ou des vergers.
Ainsi, les formes diverses qu’elle prend et les
positions qu’elle occupe participe à la dynamique et
la variété des espaces que l’on rencontre.
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ANALYSE MICRO
Figure 43 Jardin à Espeler
Figure 44 Pré à Espeler
Arbres, haies
Les haies sont des structures naturelles typiques de
la région. Les fermiers en plantaient dans leurs
champs (haies bocagères) mais également autour de
leurs fermes pour se protéger du vent. Les arbres
sont également très présents dans les paysages
intérieurs des villages. On y retrouve principalement
des feuillus. A nouveau, leurs positions et les espèces
multiples plantées apportent de la variété aux
paysages villageois.
Figure 45 Arbres et haies à Espeler
Ouvertures sur le paysage naturel
Les espaces naturels, présents entre les
constructions, permettent d’appréhender le paysage
situé derrière celles-ci. Ils participent ainsi
pleinement au spectacle de la rue puisqu’ils
dégagent des vues et aménagent des espaces de
respiration. Le paysage villageois n’est ainsi pas
limité aux façades des habitations, mais s’étend bien
au-delà, comme on peut le voir sur cette vue depuis
le village d’Amelscheid.
Figure 46 Paysage depuis Amelscheid
Composante voiries et espaces publics
Rues
Les rues traditionnelles ne sont pas clairement
délimitées comme les sont les rues contemporaines.
Elles consistent en des espaces multifonctionnels qui
se placent entre les constructions et les espaces
verts. Une transition entre l’espace de circulation et
les habitations s’effectue de façon progressive via la
création de haies, des clôtures et de murets et le plus
souvent via des sous-espaces multifonctionnels : des
jardins, des potagers, des espaces verts, des zones de
repos ou encore des espaces où s’asseoir pour
travailler.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MICRO
Figure 47 Rue traditionnelle de Butgenbach
On constate ainsi que la composante naturelle
occupait une place très importante et que les
bâtiments étaient diversifiés au niveau de la
volumétrie, de l’implantation et des matériaux mais
formaient un tout cohérent. L’espace rue en
résultant est ainsi dynamique et multifonctionnel.
On peut tant s’y déplacer qu’y tenir des activités
diverses. Cette constitution de l’espace rue
serpentant entre les habitations et les espaces verts
et accueillant une multitude d’espaces particuliers
favorise le phénomène de découvertes et de
dynamisme des rues.
Figure 48 Composantes principales de l'espace rue traditionnel
Composante bâtie
Composante
naturelle
Espace rue
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ANALYSE MICRO
Qualités micro des villages découlant des composantes
Village intégré à son environnement
Le fait que les bâtiments utilisent des matériaux
locaux, que leur volumétrie et leur implantation
soient adaptées aux besoins et aux conditions
naturelles fait que les villages traditionnels sont
fortement intégrés à leur environnement. La
présence de la nature et la perception des paysages
au-delà des bâtiments rajoutent une force
supplémentaire à cette intégration à
l’environnement naturel.
Créations de « lieux » vivants et appropriables
Les espaces rues traditionnels ont également été
créés par les besoins de la population et les
conditions dans lesquelles ils se trouvaient. Ces
espaces ont su s’adapter et former des entités
multifonctionnelles appropriables par tous, typiques
et singulières. On peut parler de la création de
« lieux » à part entière, qui participaient à la vie
villageoise.
Cohérence au niveau du village, sans monotonie
Les différents aspects des bâtiments, de la nature et
de l’espace rue font des villages traditionnels des
entités cohérentes, mais dans lesquels la répétition
n’existe pas. Chaque élément est singulier mais
adapté à la structure villageoise qui forme un tout.
Au niveau des matériaux, des implantations, de la
volumétrie, des espaces naturels et de l’espace rue,
on constate une diversité mais toujours basée sur un
schéma typique et cohérent.
Cohérence au niveau du canton de Saint-Vith, sans monotonie
Bien que les composantes de tous les villages du
canton de Saint-Vith soient du même type, le fait
qu’elles soient intrinsèquement liées au paysage, au
relief, aux exploitations locales et à l’évolution lente
du village apporte une diversité. On voit ainsi
apparaître des variantes dans la composition des
villages, différentes déclinaisons de matériaux par
exemple, ou d’implantations qui amènent un
caractère unique à chaque ensemble bâti.
Pittoresque et charme
Toutes ces composantes amènent ainsi un caractère
pittoresque et un charme dans ces villages, qui fait
toute leur qualité. Il est dès lors très important de
préserver les structures villageoises typiques et
suivre leur exemple afin de conserver cet atout
important pour l’activité touristique de la région.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
32
ANALYSE MICRO
Problèmes des paysages micro et solutions proposées
Ainsi, les constructions traditionnelles présentent un
intérêt important. Malheureusement, « aujourd’hui,
seulement 30% des constructions dans les villages de
la région datent de l’époque précédant la 2ème GM»
(Analyse paysagère de l’Eifel belge). « La destruction
massive que l’Eifel belge a subie lors de l’offensive
Von Rundstedt (hiver 1944/45) fut le point de départ
d’un grand réaménagement architectural de
l’habitat rural. 92 % des habitations ont été
anéanties dans le canton de St.Vith (soit 3.595 sur
3.908 habitations).» (Plan de développement
stratégique du GAL 100 villages – 1 avenir). Ces
nouvelles constructions ne sont souvent pas la
continuation de l’habitat traditionnel. La rupture
avec le passé a été brusque, dictée par les nécessités
économiques et de production rapide de logements,
et ne répond souvent plus aux exigences
énergétiques d’aujourd’hui.
Ainsi, les villages perdent leur charme authentique.
Ceci est notamment dû à l’agencement et la forme
des nouvelles constructions mais aussi à la multitude
de matériaux utilisés. On constate ainsi une
tendance à mal intégrer les bâtiments dans le
paysage et à négliger les traditions architecturales de
la région. Cette mauvaise intégration est également
due au plan de secteur qui a affecté des zones
constructibles sur base de plans, sans tenir compte
du paysage et des structures existantes. Il va ainsi à
l’encontre du développement traditionnel et
pertinent qui avait construit le charme des villages.
Un autre élément négatif consiste dans le fait que les
zones d’activités fermières et industrielle modernes
sont souvent situées aux entrées et aux cœurs des
villages. Ces structures viennent encore détériorer la
qualité des villages traditionnels d’autant plus
qu’elles ne cherchent en général pas à s’intégrer par
une volumétrie et des matériaux adéquats.
Par ailleurs, les aménagements villageois des routes
et des espaces ont également mené à une perte du
pittoresque de ces villages. Là où l’espace était riche
et multifonctionnel, il est aujourd’hui devenu
monofonctionnel et centré sur la voiture. Il existe
ainsi très peu d’aménagements d’espaces de
transition de qualité entre surfaces construites et les
routes.
Dès lors, les qualités traditionnelles des villages se
font de plus en plus rares et les structures
villageoises se dissolvent à cause des extensions
actuelles qui ne respectent pas la continuité logique
de l’existant.
Nous allons ainsi dans ce chapitre présenter ces
maux des villages, et montrer qu’il existe des
solutions pour modifier la situation actuelle et
prévenir les problèmes futurs.
Perte de l’habitat traditionnel
Problème
Comme nous l’avons dit, aujourd’hui seulement 30%
des constructions datent d’avant la 2ème guerre
mondiale. L’offensive « Von Rundstedt » en est la
cause principale, mais aujourd’hui ces constructions
sont confrontées à un autre problème.
L’habitat traditionnel de ferme de type carré ou long
est grand, et entouré d’importantes surfaces de
terrains. Leur rachat, rénovation et entretien coûte
cher, et les personnes âgées restent parfois seules
dans ces grandes bâtisses. Leur état se détériore
durant cette occupation, et une fois la personne
âgée partie, ces biens deviennent difficiles à
revendre et surtout à rénover. On constate ainsi des
bâtisses traditionnelles abandonnées, comme par
exemple cette ferme en long de Krewinkel.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
33
ANALYSE MICRO
Figure 49 Ferme en long abandonnée de Krewinkel
Pour donner quelques chiffres, une ferme 7
chambres à rénover entièrement est actuellement
en vente pour 150 000 euros. La surface habitable
est de 150 m², et la bâtisse est entourée d’un terrain
de 10 000 m². Les travaux de rénovation complète
sont estimés à plus de 200 000 euros. Le coût total
de 350 000 euros est une somme assez importante
pour un seul ménage.
Solutions
Ainsi, une solution qui permet de conserver ces
infrastructures est la rénovation. Cependant,
lorsqu’un bâtiment est racheté par un seul ménage,
la rénovation est souvent partielle et toute une
partie du bâtiment se détériore.
Une solution permettant de conserver entièrement
ces bâtiments traditionnels est la division en
plusieurs logements. Cela permet d’avoir un habitat
plus adapté aux besoins et également moins cher. Le
livre Métamorphouse propose des solutions de
divisions de bâtiments en plusieurs logements.
Ainsi, par exemple, une ferme en carré à Saint Vith a
été entièrement rénovée et divisée en appartements
dont les prix varient entre 115 000 (76m², 2
chambres) et 145 000 (110 m², 4 chambres). Les
coûts sont donc plus abordables tant à l’achat qu’à
l’entretien et le bien directement utilisable après
achat.
Mauvaise intégration des nouvelles constructions
Problème
On a vu que trois caractéristiques définissaient
l’habitat traditionnel. L’utilisation de matériaux
locaux (la pierre du pays, le crépi blanc, l’ardoise et
le bois), des volumétries compactes, carrées ou
rectangulaires, et des implantations variées.
Les bâtiments actuels sont en opposition avec cette
forme traditionnelle. En effet, même s’il existe
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MICRO
encore des maisons et bâtiments agricoles qui ont
été construits avec des matériaux typiques de la
région, ces derniers doivent de plus en plus souvent
faire face à des concurrents atypiques.
Solution
Afin de maintenir le caractère local et de favoriser les
structures existantes, il est primordial d’aller à
l’encontre de ce phénomène de constructions
inadaptées. Il serait adéquat de mettre en place des
règlementations plus strictes et adaptées aux
spécificités locales que le RGBSR dont nous parlerons
par la suite.
Il faut ainsi créer de nouvelles constructions qui
utilisent des matériaux adaptés, s’approchent de la
volumétrie traditionnelle et s’implantent de la façon
la plus adéquate possible. L’Etude paysagère donne
comme exemple une habitation récente jugée
exemplaire sur ces trois plans.
Figure 50 Habitation moderne adaptée
Mauvaise intégration des exploitations économiques, industrielles et fermières modernes
Problème
Les exploitations fermières étaient jadis implantées
de façon adaptée aux villages. Aujourd’hui, les
exploitations agricoles sont plus importantes et
moins bien implantées.
Figure 51 Exploitation agricole à Weywertz
De plus, les zones d’activités économiques se sont
développées au sein et aux entrées des villages.
Selon l’Etude paysagère de l’Eifel belge, « aucune
zone d’activités économiques n’est aménagée de
façon écologique, naturelle, respectant les critères
de développement durable ». Ces éléments
constituent ainsi un important point faible dans les
paysages micro des villages.
Figure 52 Exploitation industrielle à l'entrée SO de Saint Vith
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
35
ANALYSE MICRO
Solution
La solution aux implantations préexistantes est le
travail du paysage micro par l’utilisation de la
végétation. Des haies et des arbres permettent de
cacher ces éléments discordant avec les villages.
Figure 53 Intégration d’une exploitation agricole à Weywertz
Figure 55 Intégration d'une exploitation industrielle à Saint Vith
Pour les implantations futures, il est important de
prendre en compte les localisations des entreprises,
qui ne doivent pas nuire aux paysages micro des
villages, et également veiller à leurs apparences.
Perte de l’espace route traditionnel multifonctionnel
Problème
L’espace rue traditionnel très riche dont nous avons
parlé est aujourd’hui très rare, voire inexistant.
L’utilisation de la voiture et la nécessité pour certains
règlements d’avoir des limites nettes a mené à une
perte drastique des qualités anciennes. On constate
que là où l’espace rue naissait de la combinaison de
la nature et des bâtiments, aujourd’hui c’est la route
qui gère l’environnement. Elles ont été créées dans
l’unique but d’accueillir les voitures. Les espaces
piétons se sont réduits à des trottoirs et des espaces
Figure 54 Evolution de l'espace rue
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ANALYSE MICRO
résiduels minéralisés, et la nature a été reléguée au
second plan.
Solution
La perte de ces qualités n’est pas une fatalité. Depuis
quelques années on voit se développer des espaces
que l’on nomme espaces partagés. Comme le nom
l’indique, il s’agit d’espaces partagés par tous les
utilisateurs et tous les moyens de transport. L’espace
n’est plus délimité, il n’y a plus de panneaux de
signalisation et dès lors il devient entièrement
utilisable et appropriable pas tous. Cela permet de
ramener une grande qualité aux rues et d’entrainer
une baisse de la vitesse des voitures qui quand elles
pénètrent dans ces espaces où rien n’est délimité
réduisent instinctivement leur vitesse.
Dans des villes comme Butgenbach, fortement
étendues et fréquentées, il est dur, anecdotique et
non prioritaire de modifier la route sur certains
tronçons pour ramener un espace de qualité.
Toutefois, certains villages s’y prêtent
particulièrement.
Burg-Reuland par exemple vit du tourisme et est un
petit village au bâti ancien d’une grande qualité. La
mise en valeur de l’espace route permettrait de
mettre en évidence les qualités traditionnelles de ce
village, et dès lors de la rendre plus attrayante et
favoriser les visites et son développement. Par
ailleurs, étant donné qu’il s’agit d’un petit centre
bâti, sa mise en place serait possible et ramènerait
une image de qualité qui ne serait pas anecdotique
mais centrale.
On constate qu’actuellement la route est clairement
délimitée par des filets d’eau. L’espace, qui autrefois
formait un tout cohérent, a été limité, et on voit que
cela a entrainé des lieux qui n’ont plus de sens : des
espaces trottoirs très étroits et inutilisables et des
placettes qui se terminent en angles aigus. La nature
a également été totalement éradiquée de cet
endroit.
Figure 56 Centre de Burg-Reuland actuellement
La création d’un espace partagé est ainsi une
solution à ce problème. La mise en place d’un
revêtement unique permet de supprimer tous les
non-espaces. La plantation d’arbres et de surfaces
naturelles permet de créer des sous-espaces
intéressants, partagés et multifonctionnels. Il n’y a
plus de route mais une place commune sur lesquelles
les voitures pourront passer avec précautions. On
voit ainsi que l’espace a retrouvé du pittoresque et
du charme en ramenant l’usager au centre de ses
priorités. Dans un même temps, la nature a été
réintroduite, et la qualité ancienne du bâti remise en
valeur.
Figure 57 Plan du centre de Burg-Reuland avant et après la création d'un espace partagé
Figure 58 Espace partagé au centre de Burg-Reuland
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ANALYSE MICRO
Perte des points de vues et espaces naturels
Problème
La croissance des villages suivant le plan de secteur
et les recommandations du RGBSR ont mené à des
implantations sans considération de la qualité
existante. De nombreux points de vue ont disparu,
des espaces naturels de qualité ont été perdus. On
peut voir sur la figure suivante une évolution très
probable d’un paysage à Amelscheid. Le terrain étant
constructible d’après le plan de secteur, la tendance
actuelle mènerait à l’implantation de pavillons qui
occulteraient totalement la vue vers un paysage
d’une grande qualité et qui participait jusqu’alors au
charme du village.
Figure 59 Simulation d'une perte de point de vue probable à Amelscheid
Solution
La solution à ce problème est la prévention de
constructions mal intégrées, et également l’étude
village par village des points forts à préserver afin de
cibler les espaces sur lesquels on peut ou non
construire. Revenir sur le plan de secteur est
complexe. Rendre un terrain constructible non
constructible demande des compensations.
Toutefois, on peut espérer que si l’erreur ne peut
être réparée, il n’y aura plus dans le futur de
nouveaux plans faisant les mêmes faux pas. On
constate dès lors qu’il est primordial non pas
d’établir les zones constructibles en plan dans ces
villages, mais au cas par cas et en visitant ces villages
pour appréhender leurs qualités.
On peut par ailleurs, dans certains cas, intégrer
harmonieusement le bâti en prenant en compte tous
les facteurs. Ainsi, voici un exemple qui s’oppose au
risque d’une implantation pavillonnaire inadéquate
représenté précédemment. On constate que le
paysage peut être mis en valeur par des nouvelles
constructions en harmonie avec la tradition et la
typicité des villages. Rien n’est impossible, le tout
étant de composer avec la situation existante pour
préserver la qualité des villages.
Figure 60 Exemple d'intégration harmonieuse avec mise en valeur du paysage
Pavillonnaire
Problème
Le pavillonnaire synthétise tous ces problèmes :
composante bâti mal intégrée, perte de la
composante naturelle de qualité, création d’un
espace rue monotone et centré sur les voitures qui
circulent vite. Le bâti ne présente aucune qualité
traditionnelle. Ce genre de bâtiments est issu d’une
mauvaise réglementation. Le RGBSR, par exemple,
prône des volumes monoblocs, des alignements
pour assurer une continuité, et n’interdit en rien
l’usage des briques comme nous le verrons par la
suite.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MICRO
Figure 61 Composantes du pavillonnaire
Solution
Dans ce genre de cas, contrairement à Burg-Reuland,
on ne peut travailler avec les façades qui ne
présentent pas de qualité à mettre en évidence. La
solution la plus adéquate est de créer des espaces
qui vont casser cette monotonie rectiligne, et
d’intégrer le bâti via la mise en place de végétation.
On va ainsi pouvoir ramener une nature plus typique
via la mise en place de haies semblables aux haies
bocagères, et créer des espaces partagés qui vont
permettre de rendre un attrait à la rue et limiter la
vitesse dans ces banlieues. Ces interventions sont à
effectuer en priorité dans les banlieues
pavillonnaires en opposition avec les villages de
qualités. En effet, elles se situent à leurs entrées et
nuisent à l’attrait touristique de ces villages.
Figure 62 Travail par la nature et espace partagé dans un quartier pavillonnaire
Figure 63 Plan de l'ensemble pavillonnaire avant et après intervention
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ANALYSE MICRO
ANALYSE MICRO
Présentation des recommandations du RGBSR
Généralités
On a ainsi constaté les qualités, les problèmes et les
solutions que l’on pouvait appliquer dans ces
villages. A présent, étudions la façon dont le RGBSR
est un non-outil, et déterminons ses failles. Nous
montrerons ainsi qu’une règlementation plus précise
devrait être mise en place.
Nous avons étudié le Règlement Général sur les
Bâtisses en site rural. L’Ardenne, Des villages des
paysages.
Premier problème, il s’agit d’un règlement général
pour l’Ardenne, il n’y a pas de spécifications relatives
aux différentes régions. Or, il serait adéquat
d’étudier plus en détail la spécificité régionale. Ce
document met toutefois en relief le fait que
« l’application de règles d’urbanisme, sans tenir
compte du contexte local ou régional est vouée à
l’échec » et la nécessité d’adaptation de ces règles au
contexte. Cette phrase, très générique, souligne le
peu d’intérêt de ce document, qui dès lors annonce
qu’il reste dans la généralité.
Règles d’implantation :
Ce document débute en soulignant que
l’implantation des volumes doit respecter le relief et
être effectué en fonction des lignes de force du
paysage. Cela est tout à fait pertinent.
Malheureusement, il présente juste après des
recommandations d’implantation qui n’étudient que
la disposition en plan.
En effet, le RGBSR recommande que l’implantation
des volumes se fasse sur l’alignement, parallèlement
ou perpendiculairement à la voirie ou sur la limite
parcellaire latérale avec un recul plus petit que 1,5
fois hauteur sous gouttière.
Ainsi, l’alignement est imposé dans le RGBSR mais
contraire à l’implantation traditionnelle villageoise
qui varie. Ces conseils sont dès lors très réducteurs
puisqu’ils mènent à une perte du jeu des
implantations différentes typiques des villages
traditionnels.
De plus, le RGBSR recommande le placement sur
limite mitoyenne, ce qui est contraire à l’habitat
traditionnel qui est non mitoyen.
Ainsi, selon ce document, ces recommandations
amèneraient une continuité positive. Or, nous avons
vu que c’était la discontinuité qui apportait la qualité
aux espaces traditionnels.
Règles de composition avec le relief :
Selon le RGBSR, il est nécessaire de chercher à
minimiser les modifications du relief, ce qui est en
effet souhaitable.
Volumétrie :
Ce document propose une volumétrie avec des
proportions variables entre certaines limites. Il crée
ainsi une généralité pour proposer un volume type
ce qui va vers une absence de caractère, typique de
l’habitat 4 façades traditionnel, ce qui est une grave
erreur. Ainsi, selon le RGBSR, les maisons doivent
avoir deux versants de même inclinaison et même
longueur, un plan carré à rectangle muni de volumes
secondaires plus bas, deux niveaux avec le dernier
niveau engagé dans toiture (min. 3,7 m sous
corniche). Il permet quelques variantes dérisoires et
anecdotiques comme par exemple l’installation de
croupettes en toitures.
Il conclut que ces recommandations permettent
d’apporter une homogénéité mais au final cela
entraine la création de banlieues pavillonnaires
typiques et monotones. Selon ce document, c’est le
jeu d’implantation qui va créer la diversité mais le
choix qu’il laisse dans le chapitre consacré aux
implantations est restreint.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
40
ANALYSE MICRO
Façades :
Selon le RGBSR, les ouvertures doivent avoir une
allure verticale, et la diversité arrive du fait de
proportions et dispositions. De plus, l’ensemble des
baies doit avoir surface inférieure à plein. Il
n’apporte aucune autre précision concernant ce
sujet, qui présente encore des lacunes dans le cadre
d’une réglementation.
Matériaux
Selon le RGBSR, l’utilisation de matériaux locaux au
niveau de la toiture et des murs apporte
l’homogénéité aux villages, ce qui est vrai.
La suite est plus délicate. Ce document préconise
l’utilisation de pierre, de crépis et d’ardoises,
cependant il ne précise pas quels types de pierres, ni
quelles couleurs donner au crépis. Il est également
écrit que l’on peut faire usage de maçonneries en
briques et même en blocs de béton, ce qui au vu de
l’analyse du canton de Saint-Vith est une aberration.
Conclusion
En conclusion, le RGBSR est un non outil, et peut
même être à la base de constructions totalement
inadaptées, alors que ce document se présente
comme une base pour la conception de
constructions. Il est ainsi primordial de prendre les
éléments dont nous avons parlé en compte pour
créer des règlementations plus strictes et
permettant de conserver des bâtis diversifiés mais
cohérents et de qualité.
Conclusions des paysages micro des villages
En conclusion, on constate que le canton de Saint-
Vith présente de grandes qualités au niveau des
composantes traditionnelles. Ces composantes se
perdent, et il est important de réagir afin de
conserver et ramener les qualités de ces villages. Ces
interventions ne doivent pas se résumer à quelques
villages, mais l’ensemble du territoire doit être
étudié afin de voir où intervenir prioritairement afin
d’être le plus efficace possible. On voit qu’il est
également primordial pour l’avenir des villages de
renforcer et améliorer le cadre réglementaire.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
41
ANALYSE MACRO
Explication de la démarche
Un autre but de ce travail était d’analyser les
paysages donnant vue sur des villages, que l’on
appellera paysages macro.
Afin de cibler les aspects positifs mais aussi les points
négatifs pour en tirer des interventions possibles sur
ces paysages que l’on peut avoir sur les villages, nous
avons choisi d’étudier plus précisément trois
exemples : Bracht, Espeler et l’ensemble formé par
les villages de Setz, Atzerath, Mackenbach et Heuem.
Figure 64 Bracht
Le choix s’est porté sur ces trois villages précis car
après avoir observé les vues disponibles pour les 13
villages sélectionnés, il s’agissait de ceux présentant
les meilleurs points de vue. De plus, ils reprenaient à
eux trois l’ensemble des problématiques qu’il était
possible de soulever dans les paysages macro du
canton de Saint-Vith. Parmi les trois exemples, le
village de Bracht est un village classé, tandis que les
deux autres ne le sont pas. Ainsi nous pouvons
percevoir la qualité que présentent autant les
villages classés que non classés et bien insister sur le
fait que l’entièreté du territoire possède des qualités
qu’il faut maintenir ou mettre en valeur.
Figure 65 Espeler
Grâce à l’observation des vues sur les 13 villages
finalement sélectionnés, nous pouvons remarquer
que les villages de fond de vallée/versant sont ceux
qui présentent les vues les plus intéressantes. En
effet, grâce au relief du canton, il est assez aisé de
trouver un point surélevé par rapport au village
duquel celui-ci est visible. Par contre, les villages
implantés en crête sont plus difficilement
appréciables dans leur ensemble car, parmi les
villages retenus suite à la catégorisation par
typologie, le relief ou la végétation masque
généralement le village depuis un point de vue en
contrebas et il n’est pas évident de trouver un point
supérieur au niveau du village pour pouvoir
l’observer dans son entièreté.
Figure 66 Setz-Atzerath-Mackenbach-Heuem
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MACRO
Exemple de Bracht
Figure 68 Paysage macro de Bracht
Figure 67 Point de vue sur Bracht
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43
ANALYSE MACRO
Une des qualités dans la vue sur le village de Bracht est le relief du canton, offrant
une vue magnifique sur le paysage et participant à la mise en évidence du village.
En effet, on peut remarquer des lignes de forces qui structurent la vue. Deux lignes
horizontales, marquées par le relief de l’avant-plan et de l’arrière-plan, délimitent
une zone centrale où se situe le village. Ensuite, la végétation guide le regard grâce
à des lignes plus obliques dirigées vers le village.
Figure 69 Relief à Bracht
On remarque également la cohérence entre la nature et le bâti. En effet, on peut
voir que le village s’est développé d’un seul côté du ruisseau qui le borde, en
remontant légèrement sur le versant et qu’il s’est implanté dans un creux formé
par le relief qui l’entoure. On peut ressentir une réelle harmonie entre les
composantes bâtie et naturelle, le village est comme entouré et protégé par un
écrin de verdure.
Figure 70 Cohérence entre bâti et nature à Bracht
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MACRO
Malheureusement, certains éléments viennent perturber la lecture du village,
comme des bâtiments isolés implantés à distance du cœur du village. Nous pouvons
remarquer une ferme à l’avant plan et quelques hangars isolés sur le versant
opposé au village. Ces éléments peuvent masquer le village selon certains points de
vue et ne sont pas toujours très esthétiques. L’implantation d’éléments isolés de ce
type résulte du plan de secteur qui indique les zones urbanisables sans pour autant
donner plus d’informations quant à la meilleure façon de s’implanter pour
conserver une structure urbanistique de village harmonieuse.
Figure 71 Eléments isolés à Bracht
Une solution simple et peu onéreuse pour remédier à ce problème serait d’utiliser
la végétation pour intégrer ces éléments isolés et remettre en valeur et en évidence
le cœur du village depuis ce point de vue. Par exemple, en bordant les structures
bâties isolées d’arbres et de buissons, il est possible d’effacer ces éléments
disgracieux du paysage. Il est également intéressant d’utiliser des rangées d’arbres
ou de sapins pour renforcer les lignes de force obliques du paysage qui guident l’œil
vers le village.
Figure 72 Solution pour les éléments isolés de Bracht
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
45
ANALYSE MACRO
Le plan de secteur mène généralement à la construction en bande autour des
routes existantes. Le développement futur potentiel lié au plan de secteur peut
donc nuire au village. En effet, si l’on urbanise toutes les zones prévues dans le plan
de secteur, le centre du village s’efface à cause des extensions et le village perd la
cohérence de sa structure et son charme authentique. De plus, le plan de secteur
prévoit bien trop d’espace par rapport à la taille du village et à son nombre
d’habitants.
Figure 73 Evolution potentielle suivant le Plan de secteur à Bracht
Nous pouvons voir que la zone urbanisable prévue par le plan de secteur ne tient
pas compte de la structure initiale du village, ni du relief et les zones constructibles
proposées peuvent avoir une influence sur le paysage.
Figure 74 Ajout de bâti sur base du Plan de secteur
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ANALYSE MACRO
Il serait donc préférable d’indiquer dans le plan de secteur des zones à urbaniser en
priorité, afin de conserver la cohérence initiale du village et de la renforcer.
Figure 75 Evolution améliorée de Bracht
Dans le cas de Bracht, il serait plus cohérent de densifier le centre en premier lieu.
De plus, il n’est pas nécessaire pour ce village de posséder autant de surface
constructible et il serait donc plus judicieux de laisser les zones d’habitat rural qui
pourraient nuire au paysage si elles sont urbanisées, vierges.
Figure 76 Zone à urbaniser en priorité à Bracht
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ANALYSE MACRO
Exemple d’Espeler
Bien qu’Espeler et Bracht soient des villages appartenant à la même typologie, nous
avons choisi d’étudier ces deux villages pour prouver que les vues sur Espeler,
village non classé, présentent aussi des qualités et que tous les villages du canton,
aussi bien que les villages classés, présentent donc un intérêt.
Figure 77 Paysage macro d'Espeler
Figure 78 Point de vue sur Espeler
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ANALYSE MACRO
La silhouette d’un village est une composante importante dans un paysage et une qualité du village d’Espeler réside dans la silhouette villageoise typique de la région qu’il
présente. Celle-ci se constitue d’une église qui domine au cœur d’un village nébuleux.
Figure 79 Silhouette villageoise d'Espeler
Mais cette silhouette est déforcée par la dispersion de l’habitat autour du cœur du village à cause du manque d’indications du plan de secteur quant à l’utilisation du territoire.
En effet, le plan de secteur invite à construire le long des routes, conduisant le village vers une structure tentaculaire qui s’éparpille dans le paysage.
Figure 80 Dispersion de l'habitat autour du centre d'Espeler
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ANALYSE MACRO
Une solution serait d’utiliser de la végétation pour masquer ce bâti dispersé et l’intégrer au paysage tout en renforçant la vue sur le cœur de village à la silhouette intéressante.
Il serait également judicieux d’indiquer une zone d’urbanisation prioritaire afin de créer une unité villageoise, comme dans le cas de Bracht.
Figure 81 Solution pour l'habitat dispersé
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ANALYSE MACRO
Exemple de Setz-Atzerath-Mackenbach-Heuem
Figure 83 Paysage macro de Setz-Atzerath-Mackenbach-Heuem
Figure 82 Point de vue sur Setz-Atzerath-Mackenbach-Heuem
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ANALYSE MACRO
Une qualité de cette vue sur cet ensemble de villages est la participation du relief à
la mise en valeur du village. En effet, nous pouvons percevoir deux lignes guides
horizontales qui sont formées par l’avant et l’arrière-plan, ainsi que des lignes
obliques formées par le relief et la végétation. Ces lignes directrices guident l’œil
vers l’ensemble des villages et l’encadrent pour le mettre en évidence.
Figure 84 Relief à Setz, Atzerath, Mackenbach et Heuem
De plus, la cohérence entre nature et bâti est à noter. En effet, bien qu’il s’agisse
d’un village rue, celui-ci ne se présente pas sous un aspect rectiligne comme on
pourrait l’imaginer pour une telle typologie. Au contraire, la suite des villages se
présente sous un aspect sinueux, comme l’Our en contrebas du versant sur lequel
s’est implanté le village. On ressent très bien le respect des éléments naturels dans
l’implantation du bâti.
Figure 85 Cohérence entre nature et bâti à Setz, Atzerath, Mackenbach et Heuem
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MACRO
Une faiblesse dans la vue sur ce village est la présence d’une industrie imposante
en plein centre du village. A cause de la taille de cet ensemble industriel, le clocher
de l’église, qui devrait être un élément dominant dans le paysage, et qui est assimilé
à un point de repère, s’efface face à l’industrie. Le repère est donc faussé et l’œil
est attiré par un élément disgracieux dans le paysage ce qui fait perdre de la qualité
à ce paysage macro.
Figure 86 Industrie entre Atzerath et Mackenbach
Au vue de la taille de telles industries, il n’est pas aisé d’y trouver une solution
simple pour celles déjà présentes sur le territoire. Par contre, il serait intéressant
de définir des zones plus favorables à l’implantation future de telles infrastructures
pour éviter de nuire aux villages. Effectivement, nous pouvons voir que dans ce cas-
ci, cette industrie s’est implantée en partie hors de la zone d’habitat à caractère
rural et respecte donc le plan de secteur, mais il est clair que cet emplacement,
compris entre deux zones d’habitat rural, n’était pas idéal pour ne pas avoir
d’impact sur les villages à proximité.
Figure 87 Position de l'industrie sur le plan de secteur
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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ANALYSE MACRO
Impact du Plan de Secteur
Nous constatons que le plan de secteur peut nuire
aux structures villageoises ainsi qu’aux paysages qui
faisaient la richesse du canton de Saint-Vith.
En effet, ce plan d’aménagement du territoire qui se
trouve être un outil règlementaire ne prend pas en
compte le relief, la présence d’eau ou encore la
structure initiale des villages, lorsque des zones sont
attribuées à une certaine activité.
La construction d’habitations en bande le long de
voiries dans la prolongation d’axes menant aux
cœurs des villages dénature très souvent ces
derniers d’où une perte du charme authentique que
l’on reconnaissait autrefois à ces villages. C’est
notamment le cas d’Espeler mais aussi d’autres
villages comme Hinderhausen, ou encore Schoppen.
Figure 88 Hinderhausen Figure 89 Schoppen
De plus, cette prolongation des villages mènent
assez souvent à leur rapprochement jusqu’à ne plus
pouvoir les distinguer les uns des autres et obtenir le
rassemblement de plusieurs villages en un seul grand
ensemble comme dans le cas du rassemblement de
Setz, Atzerath, Mackenbach et Heuem, ou encore de
Deidenberg et Born :
Figure 91 Rapprochement de Deidenberg et Born
Le plan de secteur indique également des zones
constructibles qui influence le paysage et souvent
négativement car l’implantation d’industries ou
d’éoliennes est autorisée sans tenir compte de
l’impact que cela aura sur le village et le paysage. On
peut alors citer le cas de Setz, Atzerath, Mackenbach
et Heuem, mais aussi le village de Krewinkel, village
classé, qui se voit entouré par des éoliennes qui
viennent contraster avec l’ancienneté du village.
Figure 90 Eoliennes à Krewinkel
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ANALYSE MACRO
Conclusion pour les paysages macro
Suite à l’analyse des paysages macro, nous nous
apercevons que ceux-ci possèdent de nombreuses
qualités mais que celles-ci s’effacent peu à peu à
cause de l’aménagement du territoire résultant du
plan de secteur. Il est donc primordial d’intervenir
pour maintenir la qualité des paysages que l’on
retrouve à travers tout le canton de Saint-Vith.
Dans le futur, il n’est évidemment pas question
d’interdire toute nouvelle construction mais de
veiller à bien intégrer ces nouveaux éléments dans
les structures villageoises afin d’influencer
positivement le paysage.
Il semble évident que le plan de secteur ne va pas
dans cette direction et qu’il serait très profitable au
canton de Saint-Vith de le revoir et d’identifier dans
un premier temps des zones à urbaniser en priorité
afin de limiter l’extension disgracieuse que de
nombreux villages connaissent actuellement.
Enfin, il est intéressant de souligner que l’utilisation
de végétation est un moyen simple pour renforcer
les qualités que présente un paysage et pour
masquer ses faiblesses.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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CONCLUSION GENERALE
Suite aux visites de ces villages, la beauté du canton
nous a frappés. Il s’agit sans doute là d’une région
d’une grande qualité, tant dans ses espaces verts que
dans les paysages bâtis qu’elle présente.
Nous avons cependant remarqué et soulevé
plusieurs points qu’il semble aujourd’hui primordial
de prendre en compte.
Au niveau micro, on peut retenir que la composante
bâtie future doit être mieux gérée, que la
composante naturelle doit être préservée et que
l’espace rue doit être mis en valeur.
Au niveau macro, on peut retenir que c’est la gestion
des implantations futures et l’utilisation de la
végétation qui est la clé de la sauvegarde et de
l’amélioration des paysages.
Ainsi, des réglementations plus strictes mais surtout
plus adaptées et des interventions prioritaires
ciblées sont à considérer dès aujourd’hui, et ce pour
l’ensemble des 5 communes.
En effet, la beauté de cette région est aussi sa force,
et la perdre serait bien plus lourd à gérer que les
investissements pour la préserver.
En conclusion, c’est tout le territoire bâti qui doit
être pris en main de façon efficace, et ce pour que
ces 100 villages aient un avenir commun : qualité et
prospérité.
Morphologie urbaine et Intégration paysagère Makow Nathalie - Marcelle Romain – Vanoorbeek Raphaël Typologie des ensembles bâtis 2015- 2016
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