n° 901
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AU SOMMAIRE DE CE NUMERO:
Directrice de la publication:Marie-Louise DUBOIN
Recherche et documentation:René MARLIN
Diffusion et relations extérieuresAndré PRIME
Rédacteurs (tous bénévoles) :les abonnés qui le souhaitent.Les manuscrits sont choisis
par le comité de lectureet ne sontpas renvoyés.
Impression: R. PERNEL
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TELEPHONEles mardi ai jeudi, l'après-midi
16)1 30715804
MINITEL:3614code:
CHEZ *f
JJjJ* EDITORIAL
page 3 1-né-luc-ta-ble (bis)par M-L Duboin
* ACTUALITES
page 4 Etats d'armes et états d'âmes
parL. Gilot C3
*REFLEXIONS
Ca page 5 Le contrat civique Capar M-L Duboinpage 7 Les entreprises
en économie distributive
par R. Marlin C3i page 9 Vers un crédit vraiment social
r p.Vila
page 11 Un capitalisme à visage humain?
par A. Prime
Ca* BLOC-NOTES page 12
*LECTURES
page 13 Le printemps bourgeoisparH. Muller
* COURRIER page 14
page 15 Apropos du logo Ca
RESUME DE NOS THESESpage 16 LECONOMIE DISTRIBUTIVE a
Pour votre propagande, une brochure à faire lire:- -
L'ECONOMIE LIBEREEpar Marie-Louise DUBOIN
résumant et actualisant les thèses distributistes. Un outil de travail simple, efficace,
facile à lire, court (60 pages), avec de nombreux graphiques. (22 F pièce, franco)
Pour votre réflexion personnelle, un roman:
LES AFFRANCHIS DE L'AN 2000du même auteur. Se lit comme un roman et fait comprendre les mécanismes de l'éco-nomie actuelle et ceux d'une économie alternative. L'économie distributive vécue dansses détails. (Edition Syros, 300 pages, 85 F, franco).
Et deux rééditions de livres de
W©):KOU, L'AHURI et LES YEUX OUVERTS
publiés pour la première fois le premier dès 1934, le second en 1955, mais tous deux,
remarquablement, toujours d'actualité (65 F franco, chacun des deux volumes).Tous ces ouvrages peuvent être commandés au journal.
I -N É-LUC-TA-BLE (BIS)
par Marie-Louise DUBOIN
espère qu'ils ne sont pas auchômage...
C'est peut-être cette réflexion de
Jacques Attali qui était la plus
impressionnante parmi celles, pour-tant toutes émouvantes et apparem-ment sincères, receuillies dans la
remarquable émission télévisée de
Serge Moatti sur les dix ans du dixmai. Un des manifestants quicriaient leur joie le 10 mai 1981 à laBastille, avait dit son bonheur de
pouvoir espérer enfin que son fils nesera pas condamné au chômage,qu'il allait enfin être assuré de pou-voir lui offrir un avenir. Dix ans plustard, J. Attali était interrogé sur saréaction devant ce témoignage del'immense espoir né de l'élection deF. Mitterrand Sa réponse est la
preuve d'une grande sincérité maisn'en montre pas moins la déceptionéprouvée ensuite. Telle celle de L.
Jospin disant "Je pense que cesdix ans nous ont beaucoup changéla vie, mais je ne pense pas quenous ayons beaucoup changé lavie".En conclusion de tant de réflexionssuscitées par les dix ans de "socia-lisme", il ressort que malgré toutes
leurs bonnes intentions annoncées,
les socialistes se sont vus contraints
de renoncer à aller au bout de la
plupart de leurs projets parce qu'illeur fallait d'abord rester au pouvoir.Et pour celà, se concilier les forces
économiques, c'est-à-dire gérer le
système selon les règles qu'ellesimposent. L'une de ces règles étant
que s'ils entreprenaient de les chan-
ger, la droite ne leur accordait pasplus de cent jours avant d'être chas-sés du "pouvoir" politique.Restant par conséquent dans le sys-tème, il leur était impossible de
résoudre le problème du chômage.Nous n'avons d'ailleurs pas manquéde l'annoncer.
La preuve que nous avions vu justeest dans les 2,6 millions de "deman-deurs d'emploi" actuellement recen-
sés.Il n'y a rien à faire dans le systèmeactuel pour revenir au plein emploipour tous . Et François Mitterrand,
qui semble vouloir donner une
implusion "sociale" à sa politique(des élections sont à l'horizon) en
remplaçant l'énarque M. Rocard par
l'énergique E. Cresson, n'aboutiraau mieux qu'à quelques accords au
plan européen pour éviter le "péril
jaune". Mais le problème de notre
temps demeurera les techniques
modernes permettent de produire
toujours plus avec moins de main
d'oeuvre : comment distribuer du
pouvoir d'achat à ceux dont la
production n'a plus besoin ? Des
mesures ponctuelles peuvent enco-re faire perdurer le système, mais
seul un changement radical de lasociété peut résoudre ce problè-me,.devenu primordial.
C'est à ceux qui ont compris quel'évolution Impose l-né-luc-ta-ble-ment un tel changement de le pré-
parer. De le concevoir et d'en imagi-ner les modalités.Même si ce faisant, ils se font enco-
re quelque temps qualifier d'uto-
pistes. Etre utopiste n'est ce pas le
plus souvent aller dans le sens de
l'histoire, mais en avance sur les
autres?Alors, soyons-le résolument. Avec
assez de réalisme pour proposerdes réformes qui suscitent le moins
possible d'oppositions.La notion de contrat (1) civique, en
régime distributif, est de celles-ci.C'est pour en discuter ensemble
que quelques réponses à des ques-tions qu'elle soulève sont suggérées
plus loin dans ce numéro.
Pour la diffusion de la Grande Relève
Nous rappelons à nos lecteurs l'appel, lancé ici-même il y a deux mois, pour qu'ifs nous aident efficace-ment à diffuser La Grande Relève, et ouvrir ainsi le débat au plus grand monde possible. Il s'agit de prendre la
responsabilité de veiller à ce qu'un revendeur, choisi à votre convenance, assure une bonne mise en place denotre journal sur ses rayons. Il faut pour celà en devenir un fidèle client, en allant chez lui aussi le plus souvent
possible, en bavardant, en le recommandant à des amis, éventuellement en l'intéressant à la vente, car noussommes prêts à recommander dans nos colonnes les revendeurs qui feront un effort pour mieux vendre notre jour-nal, trop souvent caché sous des revues d'aspect plus attrayant et faisant moins réfléchir.
Envoyez-nous au préalable le nom et l'adresse exacte du revendeur que vous choisissez. Nous ferons lenécessaire auprès des Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne, seul organisme, à notre connaissance, se
chargeant de la diffusion des périodiques, pour que ce revendeur reçoive régulièrement le journal.
Nous avons en tout et pour tout reçu, à ce jour, DEUX réponses àcet appel!
LA RAN RELEVE N 0901
ETATS D'ARMES ET ETATS D'AMESHypocrites, Inconscients ou
Irresponsables?Il est étonnant d'entendre les diri-
geants des pays qui ont armé l'Irak,s'étonner que Saddam Hussein utili-
se contre les pauvres Kurdes les
moyens qu'ils lui ont fournis. De
même le cyclone du Bangladeshvient de faire des milliers de vic-times dans ce pays qui est ravagépériodiquement depuis des décen-nies, faute d'avoir construit suffi-
samment d'abris anti-cyclones et
des digues en béton. Et la commu-nauté internationale de s'apitoyer à
juste titre sur cette catastrophenaturelle, contrairement à la premiè-re qui est due à la folie des
hommes.
défiance et d'agressivité latente,
perpétuent la militarisation mondiale
aux dépens de l'amélioration des
conditions de vie des pays pauvreset des exclus des pays riches.
Au cours de l'émission "Médiations"du 29 avril 1991 de François de Clo-
sets surTFI, on a pu ainsi entendre
deux responsables de ventes
d'armements proclamer avec le sou-
rire que leur activité ne leur avait
jamais causé d'états d'âme. Mais
pour éprouver ceux-ci, peut êtrefaut-il avoir une âme, c'est-à-dire du
coeur et de la compassion envers
les futures victimes, ou ceux quisouffrent et meurent quotidienne-ment de la pauvreté. On peut alors
se demander si les dirigeants des
'-s
NC.
a.On pourrait multiplier les exemplesdans ce monde bouleversé par lesconflits locaux, les cataclysmes et
les famines, auxquels les gouverne-ments des pays riches et les organi-sations humanitaires tentent de faireface, parfois avec des moyens ridi-cules par rapport à l'ampleur des
désastres.Dans le même temps hélas, tous les
dirigeants poursuivent leur politiquemilitaire et de fabrication d'arme-ments qui engloutit chaque année
des centaines de milliards, lesquelsseraients pourtant plus utiles pour
régler les problèmes sociaux ethumanitaires. Les conférences dudésarmement somnolent et les res-
ponsables ont le toupet de pré-tendre agir pour le bien des
peuples! Au contraire, ces ambas-
sadeurs de la peur de l'autre, de la
4
divers pays et les autres décideurs
de ce genre d'activités sont des
hypocrites, des inconscients ou des
irresponsables ? L'exercice du pou-voir semble annihiler, en effet, cer-
tains principes humanistes.
Et pourtant, la guerre du Golfe a
prouvé le danger que constituait la
vente d'armements à des pays tota-
litaires puisqu'ils peuvent s'en servir
également contre les opposants à
leur régime dictatorial. Après cette
guerre on a parié de mettre en placeun nouvel ordre international et
admis la nécessité d'un contrôle desarmements. Mais ces déclarations
d'intention semblent s'estomper aufil des mois. Et certains préconisentmême de réarmer l'EuropeAlors qu'il faudrait que, sur proposi-tion de la France, l'ONU décidel'interdiction des ventes d'arme-
ments aux pays dirigés par un pou-voir militaire ou un parti unique,bafouant les principes démocra-
tiques, ainsi qu'aux pays du tiers-monde qui ne devraient s'endetter
que pour l'achat des biens d'équipe-ment et de développement.En effet, la poursuite de la politiquede militarisation mondiale, effectuée
sous la pression des lobbies militaro-
industriels, à l'Ouest comme à l'Est,
ne peut que créer ici ou là des pou-drières et des conflits. Cette poli-
tique insensée est de plus contraire
à la volonté exprimée de lutter
contre la faim dans le monde et le
sous-développement.L'économie distributive est peut-êtreune utopie pour nos détracteurs,
mais la diminution des budgets mili-
taires est possible. Encore faut-il
une volonté politique de la part des
grands hommes d'Etat dignes de ce
nom.
(Léon Gilot)
General Dynamics : dégraissageLe constructeur aéronautique amé-ricain General Dynamics Corp. aannoncé 30.000 suppressionsd'emplois, soit 30 % de son effectif,au cours des quatre prochainesannées.
(Libération, 2 mai 1991)Pourtant, c'est à cette firme que
l'Egypte a passé commande, aprèsla guerre du Golfe, de 46 avions F16
pour un montant de 1,54 milliards de
dollars.
(voir GR Mai : Lu, vu, entendu).
(André Prime)
La guerre des étoiles
Les recherches et expériencescontinuent, bien que Bush, au début
de son mandat, alt laissé entendre
que la fin de la guerre froide ne les
justifiait plus. Aujourd'hui on ne
cache pas que la dernière mission
de Discovery, début mai, s'inscritdans ce programme.Les "dividendes de la paix" tant
médiatisés après l'effondrement del'Est, semblent bien aujourd'huin'être qu'un leurre de plus.
(André Prime)
LA GRANDE RELEVE N 901
LE CONTRAT CIVIQUENous rentrons ici dans les détails de ce que nous proposons pour qu'en économie distributive I'initativeIndividuelle soit développée au maximum, qu'elle soit à la base même de l'activité économique.Il ne s'agit que d'une ébauche, proposée aux distributistes pour qu'ils alimentent la discussion et la formula-tion. Pour faciliter la présentation, et parce qu'une multitude de questions sont soulevées, J'ai choisi la formed'un dialogue avec un Interlocuteur imaginaire, curieux, éventuellement pointilleux, posant des questions detout ordre, fondamentales ou sur des détails. Ces questions et les réponses correspondantes ont été numé-rotées, pour qu'il soit facile ensuite d'y revenir en fonction des réactions de nos lecteurs.
Question 1. Qu'est-ce qu'uncontrat civique ?
Réponsel. C'est un accord queproposent de conclure un ou plu-sieurs individus, à propos d'un tra-vail quelconque qu'ils s'engagent àfaire pendant une durée déterminée,dans des conditions qu'ils définis-sent eux-mêmes. Si ce contrat estaccepté, la Société fournit lesmoyens demandés, puis contrôle saréalisation.
02. Pourquoi ce nom de contratcivique ?
R2. Parce que c'est par un telcontrat que tout citoyen manifesteson engagement envers le reste dela Société et par conséquent justifieson état de citoyen, ce qui lui assurele versement périodique sur soncompte d'un revenu de citoyenneté,
03. Qui se cache derrière le mot"Société" dans cette définition ?
R3. C'est là qu'intervient le principede "subsidiarité" : si le contratconcerne un petit nombre d'indivi-dus proposant une production oudes services d'intérêt local, c'est unorganisme local, par exemple com-munal, qui a la compétence des'engager au nom de l'ensemble dela population concernée (la sociétéhumaine, au sens large). S'il s'agitde créer une entreprise d'intérêtrégional, c'est un organisme régio-nal qui doit décider et qui sera enmesure de fournir les moyensdemandés
04. De quels moyens s'agit-Il ?
R4. D'abord des biens d'équipementnécessaires (ou une somme desti-LA QRAN RELEVE N °901
née à les financer) et des revenus 06. Quels sont ses critères dedes personnes concernées par le choix ?contrat.
05. L'organisme qui décide est-ildonc une banque ?
R5. L'analogie avec une banqueréside évidemment dans le fait quecet organisme ouvre un compte àl'entreprise contractante, pour sesfrais propres, verse un revenu
chaque mois sur les comptes deses membres et assure la gestionde tous ces comptes. C'est pour-quoi le personnel des banquesactuelles, compétent a priori pourune telle gestion, doit voir dans cesorganismes un débouché à leurmesure.Mais la différence fondamentale estque nous raisonnons en économiedistributive, ce qui signifie quel'argent mis à la disposition del'entreprise n'est pas un créditqu'elle devra rembourser, qu'ellen'aura donc pas d'intérêts à payer.Une autre différence tout aussi fon-damentale et qui en découle est queles critères retenus pour accepterou non un contrat ne seront pasessentiellement des critères de ren-tabilité financière,
R6. D'utilité et de compétence. Utili-té de l'objectif que se fixe l'entrepri-se et compétence des individus quise proposent d'en faire partie. C'estpourquoi les organismes de décisionsont paritaires, comportant desconsommateurs pour juger de l'utili-té et des spécialistes pour juger descompétences,
07. N'est-ce pas l'institution d'unsystème bureaucratique et sclé-rosé à la stalinienne ?
R7. Tout dépend de la façon dechoisir ces décideurs. En régimestalinien, les décideurs apparte-naient à un parti politique tout-puis-sant, centralisé et ils se co-optaient,ce qui n'est pas tolérable.En régimedit libéral, les décideurs sont ceux
qui ont acquis le pouvoir financier,par quelque moyen que ce soit. Euxaussi se co-optent, leurs décisionssont prises à huis clos et n'ont pourcritères que leurs profits personnels,ce qui n'est pas plus tolérable. Lesocialisme distributif, au contraire,se veut décentralisé et démocra-tique et doit donc prendre ses déci-sions en vue de l'intérêt le plusgénéral possible. Comment y parve-nir ? Je verrais des organismes dedécisions mixtes, constitués de spé-cialistes, professionnels de gestion,mais astreints à se déplacer, desélus locaux ou régionaux, et quisoient ouverts par exemple pour letiers de l'effectif total, à n'importequel citoyen se sentant concerné.Pour que les décisions soient bienprises, ii faut envisager que soientpubliés systématiquement à l'avan-ce les contrats à débattre et touteinformation les concernant. Lesmoyens informatiques actuels, ledéveloppement de la télévision
.5
Vivre
Vivre le jour dujouravec scienceet conscienceet en soi,un seul but:I 'étoIution humaine
Albert CHANTRAINE
J41J~ADDcâblée permettent déjà d'assurer
une large diffusion de ces informa-
tions. On pourrait même envisager
qu'une fraction de l'ordre de 1/10e
des voix , ou plus, suivant la déci-
sion à prendre, soit affectée à un
vote ouvert àtous par l'intermédiaire
du minitel ou d'un instrument ana-
logue.
08. Négliger la rentabilité finan-cière, n'est-ce pas la ruine de la"Société" distributive ?R8. Ce ne sera plus le seul critère.
Mais la comparaison des coûts de
production, investissements com-
pris, et des prix de vente estimés
devront être pris en compte par les
décideurs et comparés par eux aux
contrats semblables proposés dans
le même temps. L'intérêt primordialdes contrats civiques est de per-mettre, en économie disrtributive, la
création d'emplois d'utilité reconnue,mais non rentables au sens finan-cier du terme. Je pense par exempleaux emplois d'aide et d'assistance,ou d'entretien, à quelque niveau quece soit. L'information sur cescontrats "d'utilité publique" en prépa-ration doit être largement et officiel-
lement assurée pour permettre à
tous ceux qui cherchent une activité
d'y participer.
09. Et que contiennent cescontrats ?
lis contiennent également la prévi-sion de toutes les causes de trans-
formation ou de résiliation avant
terme : clauses de remplacementd'un membre (départ, décès,
conflits), clauses d'échec (si le
matériel investi se révèle dépasséà quoi le reconvertira-t-on ?). Enfin
les issues possibles à terme, y com-
pris la description des locaux et
matériels disponibles à la fin du
contrat, les pénalisations en cas
d'échec et la reconversion éventuel-
le de ses membres.
Q1O. Quelle est la durée d'uncontrat ?
RiO. Appropriée. Je veux dire par là
qu'une entreprise d'intérêt local
demandant un investissement peucoûteux pourra faire l'objet d'un
contrat à court terme, voire même
pour une durée d'essai. Par contre,
s'il s'agit de mettre en chantier une
entreprise d'intérêt régional deman-
dant un gros investissement, celui-ci
devra être prévu pour un fonctionne-
ment pendant une durée minimum
plus longue et il faudra particulière-ment bien envisager dès le premiercontrat ses possiblités d'évolution
ou de reconversion.
011. Sur quels fonds serontfinancés cescontrats 7
et du même coup de prévoir ainsi
quels sont les contrats défaillants et
quels sont ceux qu'il faudra déve-
lopper.
012. Qu'arrive-t-il quand lecontrat arrive à son terme?
R12. A la date prévue, les contrac-
tants présentent leur bilan à l'orga-nisme gestionnaire qui a pris leur
contrat en charge. Cette présenta-tion doit, elle aussi, être publique.Les décideurs concernés, définis de
façon analogue à celle décrite en
R7 jugent si le contrat a bien été
rempli.Si oui, un contrat semblable ou
légèrement modifié, peut être sur le
champ accepté pour une nouvelle
période. Si les contractants n'en
demandent pas le renouvellement
mais décident de se séparer pours'orienter vers d'autres contrats, le
matériel et les locaux qu'ils ont utili-
sés sont mis à disposition comme
prévu au contrat. Cette mise à dis-
position est également appliquée si
le contrat a été jugé mal rempli et
ne peut donc être renouvelé.
Dans ces deux derniers cas, une
attestation est remise à chaquemembre contractant pour figurerdans ses prochaines demandes
d'un nouveau contrat.
Ag. La description la plus précisepossible des productions à réaliser
ou des services à fournir. Celle du
public "ciblé". Le coût de l'investis-
sement nécessaire. Le coût de fonc-
tionnement (matières premières et
entretien) et son impact dans l'envi-
ronnement (déchets, pollutions). Le
nom des membres de l'entreprise,
supposés en faire partie pendanttoute la durée du contrat. S'il est
prévu que certains de ses membres
se voient attribuer un revenu supé-rieur au revenu social, une justifica-tion du supplément. Le volume de la
production à réaliser en fonction du
temps et son prix de vente. Les
clauses de modification.
Toutes les estimations étant chif-
frées avec une marge d'incertitude
précisée.
All. Il s'agit de contrats en écono-
mie distributive, donc d'une gestiondistributive. Les comptabilitéslocales et régionales prennent en
compte les investissements décidés,
les prix de vente et le volume des
productions annoncées pour en
déduire une estimation du montant
des revenus à distribuer.
Un tel bilan peut être fait en utilisant
les moyens informatiques dont les
boursiers se servent aujourd'hui
pour connaître en permanence tous
les cours mondiaux : ils sont même
capables d'anticiper sur leurs varia-
tions malgré l'impondérable supplé-mentaire de la spéculation ! Il est
donc possible d'annoncer à chaqueinstant la "tendance", c'est-à-dire
l'impact sur le prochain revenu de
citoyenneté de toute variation par
rapport aux prévisions des contrats,
Q13. Et quel est le sort d'un indi-vidu qui ne participe pas à uncontrat civique 7
R13. S'il n'a pas atteint l'âge de la
majorité, le compte de son tuteur
légal est alimenté pour lui d'un reve-
nu de citoyen mineur. Le jour de sa
majorité, il se fait ouvrir, sans frais,
un compte personnel sur lequel lui
est régulièrement versé ce même
revenu de citoyen mineur tant qu'ilne figure pas parmi les membres
engagés par un contrat accepté.Ensuite, il touche le revenu de
citoyen majeur (revenu "de base" ou"d'existence') sauf pendant la durée
d'un contrat auquel sa participationlui vaut un supplément de revenu.
A l'âge officiel de la retraite, ou bien
il continue son engagement contrac-
tuel, ou bien il touche son revenu de
citoyen retraité. M-L DUBOIN
6: LA GRANDE RELEVE Pi' 901
LES ENTREPRISESEN ECONOMIE DISTRIBUTIVE
La
monnaie de consommationn'est pas thésaurisable et necircule pas. Elle s'annule
quand une production ou un serviceest parvenu à son consommateur.C'est un moyen pour ce dernier
d'exprimer son choix quand à la pro-duction à renouveler (la loi du mar-ché retrouve donc son rôle) etd'orienter les investissements enfonction des besoins.
Le lecteur attentif aura reconnuquelques phrases de notre résuméde l'économie distributive figuranthabituellement en dernière page decouverture de la G.R. Mais alors
puisque la monnaie ne circule pas,comment les entreprises fonction-nent-elles ? Comment se réapprovi-sionnent-elles ? Comment leursrésultats sont-ils jugés ? Voici des
questions auxquelles nous allonstenter de répondre dans cet article.
LE STATUT
Rappelons que dans notre concep-tion, l'économie est entièrementvouée à la satisfaction des besoinsfondamentaux plus tous ceux quipeuvent être atteints par les moyensscientifiques et techniques évolués.
Nous ne voyons que les limites sui-vantes-a) la durée du travail acceptée parles citoyens qui en décident en touteliberté étant entendu qu'elle estrépartie dans la journée, la semaine,le mois, l'année, la vie, au mieuxdes intérêts des consommateurs-producteurs et en fonction de lapénibilité et de l'intérêt des tâchesqui ne peuvent être encore accom-plies par les machines automa-tiques,- b) l'énergie et les matières pre-mières à disposition qui seront utili-sées rationnellement, c'est-à-diresans gaspillage, ni parcimonieexcessive, en pensant aussi bien auprésent qu'au futur, compte tenudes procédés d'extraction, de trans-formation, de synthèse existants, enpréparation ou à prévoir,c) le respect de l'environnement et
des équilibres écologiques, ce quisuppose le souci d'y penser dès la
conception des projets dans tousles domaines.
Ces limites seront fixées concrète-ment sous la responsabilité des
organismes autogérés, coopératifset fédéralistes qui oriententl'ensemble du système.
Rappelons aussi que les entreprisesne seront pas nationalisées, maissocialisées. Les PME et PMI fonc-tionneront en principe au niveau dela commune. Dans une autre étapedu passage à ta nouvelle économie,elles pourraient être gérées, aumoins sur le plan technique, par leur
patron actuel afin d'assurer uneévolution souple. La marche desgrandes entreprises agricoles,industrielles et commerciales seraassurée suivant leur importancerégionale, nationale ou internationa-le par leur conseil d'administrationou mieux conseil de gestion. Dès la
période actuelle, ce conseil seracomposé à part égale de représen-tants- 1) du personnel,- 2) des élus, au niveau précité,- 3) des consommateurs.
La transition se poursuivrait ainsi
par cette démocratisation qui sesubstituerait à l'archaïsme de lasociété à propriété personnelle ou
par actions, de même que, dans ledomaine politique, le suffrage uni-versel a remplacé le suffrage censi-taire en 1848.
L'ORGANISATION INTERNE
Outre le Conseil de gestion, l'orga-nisation interne de l'entreprise com-prendrait un Comité d'entreprise etéventuellement, pour les sociétés àfiliales, un Comité de groupe. Lesinstitutions représentatives du per-sonnel pourraient être celles défi-nies par les lois d'octobre,novembre et décembre 1982, diteslois Auroux de démocratisation dusecteur public qui ont largementétendu les droits des travailleurs et
par René MARLIN
qui seraient généralisées àl'ensemble des entreprises sociali-sées. Bien entendu, ces lois devrontêtre encore perfectionnées enconcertation tripartite et suivantl'état des relations du travail aumoment de l'instauration de la nou-velle économie. Elles n'en consti-tuent pas moins une base intéres-sante et utile.
De même, la comptabilité interne serapprocherait de la comptabilité ana-
lytique actuelle étant entendu qu'elleserait uniquement matérielle etsociale, non plus financière.Une batterie d'indicateurs telle quecelle qui existe dans la plupart des
grandes sociétés permettrait aux
organismes de gestion interne etexterne de suivre les résultats obte-nus par l'entreprise, comme lesdirections générales le font déjà.L'utilisation intensive de l'informa-
tique assure immédiatement lavisualisation de "tableaux de bord"avec suivi en temps réel de tous lesratios nécessaires. La bureaucrati-sation excessive des sociétés estainsi évitée.
Le bilan social (1) affiche dans ledétail les effectifs, les rémunéra-tions, es conditions et la durée dutravail, les mesures de formation etde promotion, les relations internes,les oeuvres et les avantagessociaux, etc.
La comptabilité matière et le plan de
production fournissent le détail desbesoins de l'entreprise vis-à-vis desfournisseurs et des clients.
La nécessité de transcrire toutesces données en une unité monétai-re, même immuable, à la différencedu franc capitaliste, n'est nullementévidente.
LE CONTRAT
Les organismes autogérés sontainsi en mesure de juger de l'utilité,éventuellement de la suppressionou de la réforme des entreprisesmultiples nécessaires à l'économie
LA GRANDE RELEVE N° 901
4- 1bzlondes besoins. Ils peuvent également
envisager la création de nouvellessociétés.
Le plan d'entreprise fixe les straté-
gies de développement et de fonc-
tion, les actions et leurs éléments
chiffrés pour, par exemple, les cinqannées à venir (2).
Il constitue un contrat entre l'entre-
prise et la collectivité dont il dépend
qui peut ainsi en assurer la sur-
veillance et décider les mesures
nécessaires à un redressement qui
pourrait s'avérer nécessaire. Un rap-
port annuel établi par la société pré-cise les résultats atteints en fonction
des objectifs fixés et facilite ainsi le
contrôle.
Lorsqu'une décision est prise, aussi
bien au niveau de l'entreprise quede la collectivité, elle est immédiate-
ment suivie d'effets sans qu'il soit
nécessaire d'assurer,en plus, le
financement par une banque ou un
organisme de crédit.
Au nom de quel pouvoir, un tel inter-
médiaire vient-il d'ailleurs s'immis-cer, dans le système capitaliste,entre le client et son fournisseur ?
La plupart du temps, ces financiers
ne connaissent pas et ne veulent
pas connaitre les impératifs de la
production, les procédés tech-
niques, le niveau de compétencedes différents personnels, ni lesdélais, etc. Ils ne tiennent compte
que de la rentabilité brute d'un
investissement spéculatif. Ces para-sites sont, dans notre système, éli-
minés. Ils sont transférés vers des
activités utiles à la collectivité.
Les décisions sont donc prises en
fonction des hommes. L'économie
est tout entière consacrée à la satis-faction des besoins réels et non pasdes seuls besoins solvables.
LES ÉCHANGES INTERNATIONAUX
La monnaie de consommation, enraison même de sa définition, estessentiellement propre à la nation
ou aux nations qui l'ont adoptée. Si
l'Europe, par exemple celle de laCEE, décide, après des étapes tran-
sitoires dont nous avons déjà tracé
8
ailleurs quelques perspectives (3),de passer à l'Economie distributive,
les échanges interentreprisess'effectuent comme il vient d'être dit.
Si, dans une phase intermédiaire
qui peut éventuellement durer plu-sieurs années ou plusieurs décen-
nies, seuls quelques pays ou même
un seul pays, le nôtre en particulier,se trouve à la pointe de l'évolution, ii
convient de prévoir les mesures
propres à assurer les échangesinternationaux. L'état présent du
commerce est caractérisé par une
multiplicité des transactions et une
interdépendance que nous ne pou-vons ni ignorer, ni faire cesser sous
peine d'irréalisme.
Dès lors, deux solutions apparais-sent qui pourraient être appliquéessimultanément ou choisies en fonc-
tion de l'opportunité du moment : le
troc ou l'utilisation d'une monnaie
spéciale. Le troc n'est pas, comme
les tenants du capitalisme essaient
de nous e faire croire, le retour au
temps des cavernes. C'est un
moyen d'échange moderne puisque,comme nous l'avons déjà précisé, il
régit présentement la moitié (4) du
commerce mondial. Les pays, dont
la monnaie n'est pas convertible ou
dont elle est très faible, 'emploientforcément pour leurs importations et
leurs exploitations. D'autres l'utili-
sent afin d'éviter les transferts en
devises toujours onéreux et pour
empêcher les fuites... Il faut recon-
naitre néanmoins que l'autonomie
souhaitable des entreprises envers
I'Etat parait peu compatible avec ce
processus. D'autre part les achats
ou ventes de détails seraient malai-
sés. Néanmoins le troc reste le
recours en cas d'opposition politiquehostile venant de l'extérieur.
Le choix d'une monnaie spécialeexterne offre un remède à l'indivisi-
bilité relative du troc. La marche de
l'Europe vers l'écu qui parait inéluc-
table rend tout à fait possible l'utili-
sation de cette seconde monnaie.
Elle devra, de toute façon, coexister,
au moins pendant une période tran-
sitoire assez longue avec les mon-
naies nationales actuelles. Les
entreprises ayant leur siège en
France pourront donc l'utiliser, en
économie distributive, sans difficul-
tés prévisibles.
A propos des entreprises, nous
croyons avoir démontré que l'éco-
nomie distributiveest- une économie où tout ce qui est
physiquement possible peut être
réalisé,- une véritable économie de mar-
ché dans le sens où elle permettraune vraie confrontation entre les
besoins et les moyens de les satis-
faire,une véritable économie de liberté
puisque tous les citoyens, et non
pas seulement les plus favorisés,
pourront recevoir leur part du prodi-
gieux héritage commun des
sciences et des techniques,- une économie compatible avec la
démocratie puisqu'elle ira progressi-vement vers l'égalité économique,
gage de l'égalité politique,- un système vraiment concurren-
tiel où les résultats obtenus par les
entreprises peuvent être vraiment
comparés grace à la diversification
des critères au lieu de chiffres bruts
exprimés dans des unités fluc-
tuantes,- un système simple sans bureau-
cratisation excessive où l'autonomie
des personnes et des entreprisessera possible grâce à la décentrali-
sation des décisions et à l'autoges-tion.
Contrairement au capitalisme qui
prétend être tout cela et dont ceux
qui nous lisent voient, mois aprèsmois, qu'il n'en est rien.Mais
'emploi mêlé du conditionnel, du
futur et du présent montre que la
transition est déjà engagée.
(1) Tel que celui défini par la loi du 12
juillet 1977 dans les entreprises de
transport.(2) Afin d'assurer une vue à long terme.Mais une mise à jour annuelle paraitindispensable afin d'ajuster en perma-nence les moyens aux objectifs. C'est lanotion de plan "glissant" édité tous les
ans ex. 91-95, 92-96, 93-97, etc...
(3) Voir notamment "Stratégies" GR n°
897.
(4) Soit plus de l'équivalent de 1000 mil-liards de dollars d'après le Monde du
1er novembre 1988.
(5) Ceux qui veulent étendre leurconnaissance de nos thèses doiventévidemment lire les ouvrages de
Jacques Duboin et "Les affranchis del'an 2000" ainsi que nos brochures.
LA cRANDE RELEVE N° 901
Le texte qui suit nous a été présenté par son auteur comme une simple ébauche. Mais son Intérêt nous a
Incitésà le publier tel quel pour permettre à nos lecteurs d'y réfléchir.
VERS UN CRÉDIT VRAIMENT SOCIALpar Paul VILA
Enraison des difficultés de tous
ordres pour chiffrer le bilan
réel des circuits de production-consommation, qui définirait rigou-reusement le crédit des comptesindividuels engagés dans l'écono-mie, on recourt à l'usage empiriquedu crédit financier, agrégat (de ladistribution par l'échange) des prêtsbancaires consentis au système
économique par le système de créa-
t;on et de gestion du crédit. Cette
pratique entraîne deux imprécisions:1° sur la valeur de l'unité de comptemonétaire2° sur sa distribution réelle à l'échel-
le micro-économique des échangesdans le temps.La valeur d'un bien ou service n'est
donc reprérée qu'à l'instant d'un
échange par le "prix du marché"commodément fixé en monnaie.Mais cette monnaie elle-même n'aun sens défini qu'à condition qu'onpuisse suivre la circulation de cha-cune de ses unités en contrepartiede réalités économiques. D'où un
monopole double du système ban-caire, qui impose aux institutionsd'Etat la création de liquidités aunom d'évaluations forcément arbi-traires sur le crédit réel du systèmeéconomique réel, et qui impose auxindividus ses conditions d'accès aucrédit.Il y a une troisième distorsion, celledu postulat financier
3° la monnaie et le crédit sont indû-ment assimilés à une marchandiseun peu particulière fabriquée par les
banques pour le bien commun et lebénéfice des opérateurs astucieux,
descendants de ces éleveurs de
veaux d'or qui faisaient de la riches-se à l'infini avec la richesse-bétail.
Nos échotiers de finance qui corna-
quent les gouvernants persistent àdécrire l'objet-crédit comme une
super-marchandise identifiée aux
antiques monnaies-bétail ou -bijou.La nature comptable en est deve-nue immatérielle, ajoutant au mystè-re qui p!ane sur ses manipulations
justifiées à divers niveaux par le
besoin de sécurité. La relation préci-se de ce crédit avec les méca-
LA GRANDE RELEVE N C901
nismes socio-économiques réels
qu'il est censé représenter est
occultée par des controverses
d'experts sur les déséquilibres entre
Etats ; en façade, ces débats d'opi-nion alternent avec les vieilles
notions mystiques sur le rôle de l'or
comme facteur mondial d'équilibredes bazars-Bourses. Le pouvoirfinancier s'impose sans discussion
derrière une telle série d'inconsis-
tances aux opérateurs politiques,aisément rappelés à l'antique ter-
reur du pouvoir : pénuries, famines,
révoltes, défaites dans l'opération
néolithique de base qui est la guerreextérieure. Et ces malheurs sont
présentés par nos vertueux ortho-doxes banquistes comme l'héritagedes agressivités et des paresses
nomadiques de l'espèce.Eh bien oui, c'est une paresseintellectuelle qui pousse les nantis à
se garder de poser les questions de
comptes du crédit, de dette de cré-
dit national, de l'ascension et de lachute des puissances économiques
quelles que soient leurs victoires
militaires et même leur rôle
d'arbitres mondiaux de l'échangemonétaire par la propriété des sym-boles monétaires. Quelqueshommes libres se sont posé depuisla première guerre d'exterminationmondiale la question de la validité
du système bancaire ? Les distribu-
tistes veulent en finir avec ces
fausses terreurs collectives mêlées
d'envies paranoïaques pour
i"argent-sécurité", envies qui repro-duisent les guerres et les ban-
quismes modernes dans un mouve-
ment de décomposition incessante.
Je pense que c'est la contrainte
indiscutée du pouvoir financier quidéchaîne I'hyperconcurrence com-
merciale à tous les niveaux ; le
mobile essentiel de ce crime contre
l'espèce me parait être le prix exor-
bitant du crédit, profit très spécial de
la banque.Il existe une quatrième distorsion
dans l'effet boule-de-neige des inté-
rêts bancaires à sens unique4° Il n'est pas possible aux utilisa-teurs du crédit de payer l'intérêt
sans contracter de nouveaux
emprunts ; le système est indolore
grâce aux progrès de productivité et
à la multiplicité des profits réels de
l'ensemble économique, mais le
"secret" des opérations bancaires,
c'est cette accumulation systéma-
tique de la dette.
Il n'est pas facile de corriger ces
profondes distorsions . c'est peut-être pour cela que les économistes
"orthodoxes" cherchent à les
"oublier" dans leurs tableaux quali-tatifs et embrouillés des méca-nismes du marché.
La reforme à faire s'appuiera sur un
chiffrage rigoureux des flux écono-
miques réels. Actuellement ce sont
les défauts de ce chiffrage qui impo-sent la course au crédit et la spécu-lation abusive. Bien sûr comme
toute l'humanité, les hommes
d'affaires ont leurs rapaces, mais
leur caractère principal est le réalis-
me, pas la soif de superpouvoirs. La
concurrence effrénée qui sévit
actuellement dans leurs rangs n'est
qu'une manière de s'assurer les
outils de nouveaux échanges à par-tir d'avoirs thésaurisés par l'entrepri-se elle-même sous deux formes
l'épargne sur le profit prévu et le
fruit des spéculations intelligentes.Ces avoirs sont la récompense des
sciences et des techniques, mais
aussi de la longue chaîne d'effortset de progrès qui fondent la société;
ils constituent le véritable crédit-humanité, qui devrait bénéficier le
plus également possible à tous les
vivants d'un pays.Pour que cette répartition soit pos-sible, il faut cesser de tricher sur le
crédit, donc transformer profondé-ment le système bancaire.
1. Une gestion nationale du créditIl n'existe que deux types d'activitésdont le contrôle soit une question de
vie ou de mort pour un pays. Cesont évidemment les fabricants
d'armes, mais encore bien plus les
banquiers ; car non seulement cesderniers doivent régler les échanges
après marché conclu ; beaucoupplus stratégiquement encore, ilsdevraient effectuer le chiffrage de
9
î4YbA~fii__ces échanges dont la connaissanceest la condition sine qua non d'unevraie démocratie économique, et ladonnée de base permettant de défi-nir le crédit réel du pays donné.Il. La vraie source des richessesLa notion de profit est fondamentaleà l'économie elle appelle à uneévaluation de ce profit, qui mesurele progrès du système économiqueà capter l'énergie et transformer lesrichesses totalement gratuites denotre belle planète pour le biend'autres hommes. Le crédit, c'estl'effort utile du producteur pour ser-vir le consommateur.Le grand écart des comptes dedette banco-capitaliste a été biendécrit par les ouvrages fondateursde C.H. Douglas et de JacquesDuboin il semble atteindre
aujourd'hui son état d'auto-instabilitéterminal... N'y revenons pas, mais
essayons de voir comment aller,nous autres Européens de l'ouvertu-re, vers une économie redevenueréaliste. Il me semble que tout doitvenir des pays relativementmodernes où les outils d'une trans-formation sont aisément disponibles,alors que les racines du peuple tien-nent encore à une terre et à deshorizons accueillants, (de même
que les réformes ouvrières réussiesont commencé dans les provincesde Grande-Bretagne encore "pros-pères" ou de l'Allemagne occidenta-le re-moralisée des tourmentes del'après-désastre de 1919 et de
l'après-cauchemar de l'hitlérisme).La difficulté des réformes moné-taires tient aux interdépendancesmultiples entre les secteurs de l'éco-nomie, où cependant la réflexiondistributiste lait rechercher des ges-tions financières différenciées. Cesont le secteur primordial desbesoins vitaux (aliments-logements-vêtements-équipements individuels)et les secteurs de services (collectifsavec recherche, transports, télécom-munications et commerce, en paral-lèle avec les grands services indivi-duels de santé, éducation, loisirs etculture) ; ces deux grands secteurssont reliés à l'ensemble des sec-teurs de production.Une première réforme radicale doitlibérer le secteur primordial ; lesentrées et les sorties du crédit ysont directement contrôlables à
cause du caractère visible du mar-ché populaire et des temps assezcourts qui séparent la production dela consommation (ou de l'acted'achat commercial). Il est donc aiséde le prévoir il est juste de le finan-cer intégralement pour tous esvivants d'un pays par un dividendesocial ; il est nécessaire d'instituerla destruction des signes moné-taires correspondants à l'instant dela consommation, ce qui permet uneobservation simple et fréquente des
échanges. Les spéculations audumping en vue des hausses des
mégastores peuvent ainsi être corri-gées en accord des consommateursavec l'autorité de contrôle en
période de surplus, il est plus évi-dent de stocker au meilleur comptesous forme ultérieurement distribuéeen aides extérieures.
Reste à concevoir les massesmonétaires d'échange des serviceset de la production, les plus lourdeset les plus sensibles aux conditionsdu "marché". Là, en sens inversedes programmes socialistes, il mesemble que le prélèvement fiscal acessé de permettre une surveillancede l'évolution, et qu'il faille s'enremettre à l'initiative des produc-teurs. Le principal argument pourcette confiance à accorder aux
entrepreneurs est qu'aucun systèmecentralisé ne peut économiquementprévoir et adapter les stratégiesd'innovation qui s'imposent (enfin)aux groupes privés et nationalisésl'éducation nationale elle-mêmerecherche l'excellence dans unecertaine autonomie de gestion desécoles. Il serait plus facile de fairedes comptes clairs si la part derecettes d'Etat ne remettait dans les
prix ce qu'on "donne" dans le servi-ce public. On devrait se contenterde prélever sur les superprofits, et
s'appliquer essentiellement à coller
par la monnaie aux biens et aux ser-vices, ce qui assouplirait les
rouages des grands services,actuellement menacés par rapportaux acitivités du secteur "libre".La masse du budget national doit-elle pour autant disparaitre ? Evi-demment non, elle doit être géréeavec la précision et la continuitédésormais disponibles grâce aux
grands ordinateurs et elle peut enfin
tenir compte du besoin de transfor-mation renouvelante des activitésde production et de services
presque toujours combinées dansun "produit" donné. La "perte' dufinancement fiscal s'appliquant àces salaires sociaux, hospitaliers et
d'enseignement serait largementcompensée par un financement
adapté aux services rendus, et lachose publique pourrait devenirréellement celle des citoyens qu'ellesert. Loin de moi, la moindre tenta-tion de franciser le système des'fondations" américaines qui ont
permis aux principaux spéculateursde parasiter et corrompre la consti-tution américaine. Il taut donc un
arbitrage fondé sur les donnéesvraiment contrôlées sur place et surles exemples vraiment compa-rables.La disponibilité des moyens statis-
tiques et comptables par les fichierséconomiques d'aujourd'hui permetainsi à l'organisme de contrôle ducrédit de totaliser les résultatsd'échanges. Elle autorise ainsi lanouvelle comptabilité financière quiinvestira sans contrepartie usuraire
pour le compte des entrepreneurs etannulera les sommes correspon-dantes à l'instant de l'épuisementdu service ou de la matière vendue.Ces brèves suggestions ne permet-traient certes pas de lancer à brefdélai la réforme. Une difficulté malmaitrisée par le système actuel, lacirculation à vitesses inégales dansle temps et selon la nature desbiens oblige à expérimenter d'abordsur des modèles, pour mieux pré-voir les dispositifs réellement appli-cables.
On voit de dessiner les fonctionsd'un Office du crédit réunissant les
pouvoirs des présentes banquessans spéculer sur le crédit financier.Ce système briserait le chantage àa dette et mettrait fin à la guerrequotidienne pour l'emploi, à l'avan-
tage d'une qualité de vie retrouvée
quel que soit le talent de chacundes Européens, l"emploi pour tous"est devenu un mythe aberrant. Aucontraire les sciences et les tech-
niques vont relever enfin la peinedes hommes pour un monde en
paix.
in LA GRANDE RELEVE N° 901
UN CAPITALISME A VISAGE HUMAIN ?par André PRIME
Provocation
après avoir écrit labrochure 'Un socialisme à
visage humain" ? Non pas.J'avais donné ma brochure à lire àun ami socialisant. Après s'être diten total accord avec la premièrepartie (la crise des marchés), il mon-tra envers la deuxième partie (l'Eco-nomie Distributive) et la troisième
(Quelles sont les chances d'instau-rer l'E.D. ?) le scepticisme quenous ne connaissons que trop bien:"C'est trop beau, ça ne verra jamaisle jour, les hommes sont tropégoïstes, il faudrait d'abord changerles mentalités, les puissancesd'argent sont trop fortes et prêtes àlout pour conserver leurs privilèges,le tiers-monde connaît une démo-
graphie galopante, etc...". Puis, toutà coup, mon ami - appelons-leLucien - laissa tomber, l'oeil mali-cieux :" Si déjà on pouvait instaurerun capitalisme à visage humain...".Cette "réflexion-boutade" servit de
point de départ à une large discus-sion sur l'état et l'avenir du monde.Tu ne vas tout de même pas, dis-
je, prétendre que tu es d'accordavec Francis Fukuyama (1) quand ilécrit "C'est cette adhésion à ladémocratie libérale en tant queforme ultime de gouvernement quej'appelle "la fin de l'Histoire" ; ouencore "L'égalitarisme de l'Amé-
rique moderne incarne dans ses
grandes lignes cette société sansclasses dont rêvait Marx".La pensée de Lucien n'allait pasjusque là, mais il admettait au mieuxdes progrès par le "réformisme". Jelui fis remarquer que c'était le nou-veau credo des socialistes français,qu'il n'était plus question pour eux,comme en 1981, de "changer la vie"en changeant de régime.Leur seule ambition était désormaisde prétendre, comme les Socialistesallemands après Bad Godesberg(2), changer le régime par desréformes, ainsi que l'a écrit dans leMonde du 3 avril, Michel Charzat en
charge du Nouveau Projet Socialiste
pour l'an 2000 "Revenons auxsources d'un réformisme consé-
quent, pour lequel le chemin et lebutne font qu'un'
Lucien rétorqua que si les Socia-listes au pouvoir depuis dix anss'étaient, au lieu, dans un premier
temps, de rêver et ensuite de gérerau mieux le capitalisme, engagés àfond dans cette voie, c'eût été déjàun grand pas ... Nous connaîtrionssans doute, continua-t-il, une sortede "capitalisme à visage humain".C'est du reste, précisa-t-il, ce queFabius préconise, sans le dire decette façon, dans son dernier livre"C'est en allant vers la mer"(3).Je demandais à mon ami de me
décrire ce que pourrait être, selonlui, un "capitalisme à visagehumain' Il cita (je résume) : réduc-tion des industries d'armementcomme promis par les Socialistesen 1981 ; politique cohérente etsuivie pour l'éducation nationale,
qui, depuis dix ans, change avec
chaque nouveau ministre ; politiqued'urbanisme, et non seulement
construction de logements sociauxsans cadre de vie ; mesures dras-
tiques contre la spéculation immobi-lière ; résorption massive du chô-
mage par une réduction concertéeet progressive du temps de travail etce, en partageant, comme en ex-RFA, les gains de productivité
suppression de la précarité luttecontre la pornographie souvent liéeà la drogue, etc.Lucien convenait qu'un tel objectifn'était possible qu'avec un gouver-nement de gauche et volontariste,car il était bien conscient qu'avec ladroite au pouvoir seul le profit tousazimuts -
peu importaient les dégâts-était la règle.Je fis remarquer que tous ces
nobles objectifs étaient -optimisés
et avec beaucoup d'autres - ceuxdes distributistes, comme il avait pule lire dans ma brochure que lesSocialistes nous rebattaient lesoreilles avec "leur culture de gou-vernement acquise dans la dureconfrontation avec la réalité" et justi-fiaient ainsi leur inaction sociale. Et
quand on leur demandait ce qu'ilsavaient fait en huit ans que la droiten'eut fait sous la pression d'une
opposition syndicale et politique, ilsressassaient indéfiniment : abolition
de la peine de mort, lois Auroux,
RMI., et, nouveau dada : faire
payer les villes riches pour les villes
pauvres. En tant d'années de pou-voir "socialiste", c'est un peu court.En un mot, concluais-je, on constate
que les Socialistes français, toutcomme la social-démocratie en
général (exception faite en partie dea Suède d'Olof Palme) ont renoncéà "changer la vie", ce qu'ils ne pou-vaient faire qu'en sortant du systè-me, comme c'était formellement ins-crit dans leurs statuts et leur projetde 1980.
Ce n'était pas l'opinion de Lucien. Il
persista dans son idée-clef : les
temps ont changé. Seuls les Socia-listes pouvaient, par une politiquerénovée sous la pression populaire,réaliser les réformes qui condui-
raient au moins à rendre le capitalis-me plus humain.
Toute cette discussion, vous vousen doutez, amis distributistes,m'amena à réfléchir à nouveau à lafameuse transition -serpent de mers'il en est - que nous avons cent fois
évoquée dans nos colonnes, sansavancer il faut bien le constater, dessolutions, ou plus simplement desidées vraiment pertinentes.C'est que le problème n'est passimple. Notre ami Guy Marchand,
citoyen du monde et acquis à nosthèses, nous pose sans cesse la
question : "Quelles sont vosmesures de transition pour parvenirà l'économie distributive ?" D'abord
quelques rappels-En 1986, nous avions lancé un
appel à nos lecteurs pour qu'ilsnous écrivent sur ce sujet. Et la
Grande Relève de mai publiaitdivers articles.
Rien de décisif.Nous avions par ailleurs publié desextraits de la brochure de 40 pagesque nos "ainés", les Jeunes d'avant-
guerre, avaient éditée "Un plan detransition". Fort intéressant, maisavec un postulat qui élude en fait le
problème essentiel : ils supposaientun gouvernement distributiste. Tout- ou presque - reste donc à faire.-Nous avons à plusieurs reprisesrendu compte d'idées - sinon de
LA GRANDE RELE.VE N 0901. 11
solutions - proposées par différentes
personnalités ou écoles : André
Gorz qui cite souvent J. Duboin
Voland Bresson (Le Participat) (4)BIEN. pour redistribuer les gains de
production ; Jacques Robin (Trans-versales) ; Guy Aznar (le deuxième
chèque) ; le AMI, la monnaie verte,
embryons de distributisme; cartes à
puce comme moyen, etc.
L'échec des régimes communistesde l'Est a laissé beaucoup de révo-lutionnaires orphelins, même parmiles distributistes. Dramatique, car
pour beaucoup et non des
moindres, un soleil s'était levé en1917 qui devait changer le monde.Retour à la case départ ? Triomphedéfinitif du capitalisme ? Ni l'un, ni
l'autre. Bernard Henri Lévy (BHL)n'est le pape, ni de la pensée, ni del'Histoire comme il le croit. La dis-
cussion, en fait, ne fait que com-mencer.
Jean Ziegler, écrivain, député suisse
(ses "collègues" défenseurs des
banquiers de l'argent sale, ont réus-
si à faire lever son immunité parle-mentaire suite à la publication deson livre "la Suisse lave plus blanc"
dont la GA. a rendu compte),vientde publier un nouveau livre (5) "A
demain Karl" (il s'agit de Karl Marx).Il commence par des citations deBertold Brecht, entre autres
"Changer le monde, il en a besoin".Cela, c'est indubitable. C'est plus
que jamais l'objectif, et ce n'est pasle Nouvel Ordre Mondial de Bush
qui peut le réaliser.Le fait capital, à une décennie à
peine de la fin du siècle, c'est, avecl'effondrement des régimes de l'Est
et le soi-disant triomphe d'un capita-lisme "restructuré", l'avènement, ou
plutôt l'approfondissement de ladouble société duale- des pauvres toujours plus pauvreset toujours plus nombreux,- des riches toujours plus riches et
de moins en moins nombreux.Cela vaut pour les sociétés indus-trialisées et, plus encore, au niveau
Nord-Sud. C'est dans ce contexte
que vont se dérouler les luttes àvenir.
Je lisais récemment (6) que le Ben-
gladesh, en surface le quart de laFrance, souvent inondé par la merou les trois grands fleuves qui for-ment un delta, comptait 100 millions
d'habitants et, au rythme actuel, en
compterait 400 millions en 2050.Peut-on espérerune prospérité rela-
tive pour tous - ne parlons pasd'abondance - dans de telles condi-tions ? Le Bengladesh fait partiedes cinq pays les plus pauvres dumonde.
Force est donc, s'agissant d'Econo-
mie Distributive de l'Abondance, decommencer par l'instaurer dans les
pays 'triches" actuels ou potentiels."La meilleure façon de nous aider
(vous, les pays riches) disait DonCamarra, serait de faire d'abord la
révolution chez vous."Sage conseil.
Alors, amis distributistes, à vos
plumes pour un débat approfondisur la transition. A prendre au sens
large : mesures de transition par-tielles, globales, moyens de les faire
connaitre, de les faire appliquer,transition dans le temps (dix ans, un
demi)siècle ?) Tout cela, comptetenu de nos moyens. Que votre ima-
gination prenne le pouvoirPour ma part, je m'expliquerai ué-rieurement. Dans l'immédiat, en tant
que responsable de la diffusion dela Grande Relève, je voudrais sim-
plement dire qu'en attendant le jour"J", nous devons étendre notreaudience. Réunissez quelques per-sonnes, faites leur connaitre nos
thèses, abonnez-les à la G.R. (7).C'est un pas en avant concret que
O
Le Bengladesh. le Soudan. I'Ethiopie. - - la Somalie...l'Arménie... les Kurdes...
tout le monde peut faire, doit faire.Au moins, de la sorte, sommes-
nous sûrs d'oeuvrer pour la transi-tion, si modestement que ce soit.
Pour convaincre les incrédfules oumêmes les sceptiques, citez leurSusan George (8) : "Nous sommes
tous embarqués sur le Titanic,
même si certains voyagent en pre-mière classe."
PS. Question qui pourrait lancer ledébat "Que pensez-vous du "raison-
nement"de Lucien ?"
(1) A plusieurs reprises, la GR a évoquél'article de cet obscur conseiller politiqueaméricain, d'origine japonaise.(2) Petite ville où le SPD, lors de son
congrès de 1959, a répudié officielle-ment le marxisme et s'est rallié à l'éco-nomie de marché.
(3) Editions du Seuil, novembre 1990.
(4) Voir compte rendu GR de février1987.
(5) Editions Régine Deforges, 1991, encollaboration avec Uriel da Costa.
(6) Jean-Marie Pelt. Fayard 1990. "Letour du monde d'un écologiste".(7) La cassette a permis à plusieursd'entre vous de faire écouter la "confé-rence maison" àdes amis qui ont ensui-te par 5, voire par 10, commandé "unsocialisme à visage humain". Il faut"concrétiser" par un abonnement à laG. R.
(8) Susan George "Jusqu'au cou". LaDécouverte,1988. Découverte 1988.
12 LA GRANDE RELEVE N° 901
Une hirondelle ne fait pas le printemps
LE PRINTEMPS BOURGEOISRendons justice à l'autour. Emule de J.Fourastié, sans doute a-t-il tort deconclure, pareillement piégé par desdonnées statistiques portant sur des
moyennes, à un embourgeoisementquasi-général des Français. Après s'enêtre réjoui, il en relève les inconvénientsenvahissement de domaines réservés,
jusque-là, à une minorité cultivant uncertain art do vivre, mais, aussi, difficul-tés d'y accéder pour un nombre crois-sant d'universitaires leurrés par ladémocratisation d'un enseignementdégradé, privés le plus souvent des
moyens financiers de profiter de leurnouveau statut social. En somme,l'auteur découvre une notion dérangean-te, occultée par les économistes férusde statistiques le taux d'insatisfaction,son évolution en fonction du considé-rable accroissement des besoins face àune progression modérée des revenusdont le pouvoir d'achat suit le caprice demillions de prix. Il souligne honnêtementles conséquences multiples de cettefrustration ressentie par ces nouveaux
bourgeois confrontés à une masse debesoins qu'ils ne sont pas en mesure desatisfaire, Ansi les études supérieures,ed...es accessibles à une frange plusage ce copulation, ont-elles surtoutceeioppe ses besoins en aggravant lesax insatisfactionCependant, toute la France n'est pas,loin s en faut, le milieu issu de l'universi-té bourgeoise. Le déchet reste immensemême su n apparaît quo furtivementsous léclairago du livre. Peut-on parlerde vie bourgeoise pour ces masses
d'employés, de petits bureaucrates, deratés aux prises avec les aléas du quoti-dien, vivotant dans la médiocrité, dansl'insécurité, dans l'anxiété ? Une hiron-delle ne fait pas le printemps. La nouvel-le élite demeure ultra-minoritaire. Ellen'a pas détrôné les 200 familles". Unesolide barrière continue de séparer leschanceux des malchanceux, les "profi-teurs" et leurs victimes, les riches et les
pauvres...Des valeurs dites bourgeoises, l'auteurfournit une liste non exhaustive repro-duisant les mythes contemporains atta-chés à la seule réussite financière,comme si l'argent était le but suprêmede la vie. Ainsi les valeurs dominantesseraient-elles le succès et la dépense, lenon-travail. Le bourgeois fait du golf,joue au bridge, voyage au loin, fréquen-te cercles et clubs. L'enfant l'encombre.
S'y ajoute toutefois une attaque au vitriolsur la culture de masse, sur "imposturede tant d'oeuvres qui se veulent oeuvresd'art", sur ce "marché de la naïveté".LA GRANDE RELEVE N 9O1
Encore un coup au but sur les "scienceshumaines et la parapsychologie". Unevolée de bois vert en direction de lanouvelle bourgeoisie enrichie par lecommerce et qui s'efforce de singer l'artde vivre propre à l'aristocratie.
Marquant sa préférence pour les
grandes écoles, mieux adaptées àl'entrée des jeunes dans la vie profes-sionnelle que l'Université avec "sesdirections fantômes et ses professeursfaisant trois petits tours et puis s'enallant", avec son année scolaire de 5 à6 mois, J.F. de Vulpiillières n'est guèretendre pour l'Education nationale, auterme d'une étude sociologique appro-fondie de la jeunesse étudiante."Vive la préretraite" eu égard à 'l'effrite-ment de la valeur travail". Ici, l'auteursemble oublier que le travail reste unecontrainte pour une majorité de salariés
assujettis aux horaires, à des hiérar-chies, à une discipline,aspirant au
repos, aux loisirs et que l'aura conféréeau travail rendu obligatoire, n'est qu'uneinvention de la propagande patronale envue de disposer d'une main-d'oeuvredocile, dévouée à la cause du profit.La même remarque vaut pour la "partici-pation" mise au placard dans la grandemasse des petites entreprises, danscelles qui fonctionnent à la imite d'unendettement supportable. Elle a surtoutcréé des zizanies au sein des person-nels de qualification équivalente.La vie sociale au sein de l'entreprise?L'exception. Rendement, productivité,automatisation, cadences, imposent un
rythme qui ne laisse guère de place aux
palabres, aux échanges, à la communi-cation. Elle so développe plus efficace-ment hors de l'entreprise, dans les acti-vités de bénévolat. Dans l'entreprise, onse borne à faire du profit. Un point, c'esttout. La règle du jeu.Décrit comme une conquête du capita-lisme, l'embourgeoisement n'échappepas à la critique. J.F. de Vulpillières ne
manque pas de faire état du désen-chantement des victimes de la concur-rence, en raison de l'encombrement des
professions les plus convoitées. Il sou-
ligne également les limites de cetteréussite, son coût social, l'effacementdes règles morales, la décadence desmoeurs, le dessèchement spirituel, labaisse de la qualité, les effets d'une pol-lution galopante, la menace écono-
mique du Tiers-Monde. Voilà qui nous
éloigne fort du progrès social et humain
que revendique la thèse libérale.Une dimension manque à l'ensemble dudiscours les moyens concrets demoraliser une économie articulée sur le
profit, sur son individualisation; les
moyens concrets de distribuer, dans
l'équité, tout ce qu'il est possible, maté-riellement et techniquement, de produireen matière d'utilité ; les moyensconcrets, enfin, de lever l'obstacle finan-
cior.(2).Le progrès technologique multiplie les
quantités que le marché ne peut tou-
jours absorber. L'existence, la perma-nence de "surplus" provoque la chutedes prix et des profits, paralysant les
rouages du capitalisme. Le système sovoit ainsi contraint de mener un combatsans merci contre l'abondance, devenuefléau : élargissement des débouchésétatisés, y compris l'aide au Tiers-Monde, malthusianisme agricole, arme-ments, guerres et gaspillagesencouragés par une délirante publicité.Liés aux à-coups, aux caprices de la cir-culation monétaire, les revenus, formésdans l'anarchie, n'épousent qu'épisodi-quement l'ampleur croissante d'une pro-duction parfois peu maitrisable encom-brée d'inutilités, de futilités et d'un fatrasd'offres accessoires tels les titres bour-siers, occasions, antiquités, faisant
pareillement office de marchandises,vendues et revendues cent fois. Le sys-tème du profit ne doit ainsi sa survie
qu'à une lutte incessante contre l'abon-dance de l'offre, une lutte qui coûte
chaque jour davantage aux contri-buables et au gros des consommateurs.Mais ce genre d'analyse, propre àl'école d' Edward Bellamy et de JacquesDuboin, reste ignorée des générationsd'économistes férus des thèses d'AdamSmith et de J -B. Saytombées en désué-tude.N'accablons pas l'auteur. Bien né, J.F.de Vulpillières, profondément marquépar son milieu familial, reste attaché àses valeurs traditionnelles. Truffé deréférences statistiques, d'exemplesconcrets, son texte, bien écrit, aéré, delecture agréable, abordant mille et un
sujets de la vie quotidienne, accessibleau vulgum pecus, s'apprécie comme unutile instrument de réflexion.
Henri Muller
(1) Jean-François de Vulpillières (Edi-tions de la Table Ronde - septembre1990)(2) cf "Projet de société pour demain"
(décembre 1982)."La carte de paiement à mémoire.
Aujourd'hui, une révolution monétaire.Demain une révolution économique"(septembre 1985)
13
J'ai lu l'excellent N° 900 de la GM.et tout spécialement le bon travailde Jean Pierre Mon "Question devocabulaire". Combien vrai. Tout estparfaitement expliqué. C'est la
logique. Le mot-clef, c'est le capital.C'est une excellente idée de déve-lopper le vrai capital. Un capitalsans capitalistes! Un capital uni àla production et au social = écono-mie distributive.J'espère encore que François Mit-terrand va nous épauler et entre-prendre une fin de septennat enbeauté en nous préparant un renou-veau social, le chemin de la véri-table évolution économique. Jeveux encore y croire...Oui, il faut continuer l'effort de
chaque jour afin d'expliquer quel'ED. existe déja ;les éléments sontsous nos yeux, cet autre capital quienglobera l'autre capital. C'est lebon sens à suivre. Notre grand pro-blème, ce n'est pas d'expliquer maisde décider, même ceux qui com-prennent, de passer à l'action del'information 24 h sur 24 h.
A. C., Liège
Je me permets de vous poser unequestion : quand donc les "grou-puscules abondancistes", les "crédi-tistes", les élèves de C.H. Douglas,les "alternatifs", auront-ils l'idée etle courage de se grouper pourmettre au point un projet "d'écono-mie alternative" compréhensiblepour le commun des mortels.Quand les "distributifs", après 60ans de surplace, envisageront-ilsune action commune ?. ..ll esttemps de démystifier la monnaie
pour libérer l'économie.Certes, nous sommes face à plu-sieurs réalités incontournables : lemarché et les règles de productivité,de compétitivité, de rentabilité dontil faut tenir compte tout en dénon-çant leurs perversions par le capita-lisme financier. Autre réalité : com-ment résister à l'argent qui est l'unedes incitations de rattachement à lavie la plus importante : celle dubonheur achetable / Deux combatssont à mener de front : réformer lesstructures économiques (les struc-tures de péché dit Jean-Paul Il),mais aussi les mentalités. Commentlibérer l'homme de l'argent déifié ?Faire face à I'idôlatrie dans ses
deux formes les plus envoûtantesle "Moi" (égoïsme, orgueil...) l'argent(le Veau d'Or est toujours debout).Comme l'écritjustement Jean-PierreMon, il faut réfléchir sur le vocabu-laire employé, je suis tout à faitd'accord.A l'heure de la faillite des régimesde l'Est, qui veulent bénéficier du
système de l'Ouest, et qui vontconnaître bien des désillusions,l'heure n'est-elle pas aux "abondan-cistes" ?
R.L., Anzin
Voilà qui réactualise le slogan dema pancarte lors de la grande manif
pour les retraites en 88 ou 89 et quiévoquait et qui évoque encore bienl'état d'esprit du gouvernement, debeaucoup de responsables dans
notre société, de nombreux journa-listes au sujet des retraites "Cotisa-tions au berceau - Retraite au tom-beau" (slogan cité le lendemain parl'Humanité et par Yvon Levai sur
Europe 1).En E.D que ferions-nous ?A mon sens, il serait nécessaire decontenir la démographie sur tout le
globe (dixit le Commandant Cous-teau qui considère que la démogra-phie est un grand danger pourl'humanité demain). Il y aurait certes
plus de vieux, de retraités en 2010.Mais ce n'est pas beaucoup debébés que nous demanderions de
"fabriquer", mais beaucoup derobots qui assureraient la produc-tion des biens et produits néces-saires à la vie des jeunes comme àcelle des vieux
PB., Bagnolet
14
G.S.ED.
Groupe desSalariés
pour l'Economie Distributive11, rue St Vincent-de- Paul
13000 MARSEILLE*
EDEN
Equipes pour la Diffusiond'une Economie Nouvelle2, rue Berthe-de-Boissieux38000 GRENOBLE
*
LI A CO FA
LiaLson etaction con la faim4, square du Nouveau Belleville
75020 PARIS
UNION PACIFISTE4, rue L. Hoche
92100 BOULOGNE
CITOYENS DU MONDE15, rue Victor Duruy75015 PARIS
COMBAT NATUREroute des Piles
24750 PERIGUEUX
CLUB DE L'AN 2000Cercle de Réflexion pour une
nouvelle citoyenneté et unenouvelle économie
contact L.Gilot12/59 rue de Belfort
92110 CLICHY
TRANSVERSALES29, rue Marsoulan
75012 PARIS
L'HOMME LIBRE
BP.205
42005 SAINT-ETIENNE
LA LUCARNE11, rue du Monnel
7500 TOURNAY Belgique
TAM-TAM33, rue de Rénipont
1380 OHAIN Belgique
INFOR VIE SAINE127, rue de Fernelmont
5020 CHAMPION Belgique
AGIR ICIPOUR UN MONDE SOLIDAIRE
17, placede rAronne
75015 PARIS
FRAGMENTSLettre mensuelle Alternative
de recherche créditiste5, passage Fontaine del Saulx
59800 LILLE
n mn .me cci cue .iO GAI
cQffJJà proposdu logo
Je n'ai pas d'idée sur votre logo, jecrois que seul un styliste décorateur
pourrait donner une touche actuelle,il ne faut pas charger un dessin,l'abondance étant un fait établi en
Europe, l'équité en tous domainesserait plus importante.
J.N., Gairaut Supérieur
Suite au concours d'idée pour un
sigle, . il faut que ce sigle soit
reproductible de mémoire, dessi-nable à la main inexpérimentée,bref un signe, une signature.
M.D., Mérignac
Logo : mon idée est de suggérer larame de TGV, je ne suis malheureu-sement pas dessinateur, il faudraitdonc trouver parmi les abondan-cistes un dessinateur professionnelsi possible, pour reprendre l'idée,en admettant que cela ne s'avère
pas trop difficile.Le TGV est connu et apporte l'idéede progrès en même temps que demouvement, impliquant l'idée queFED n'est pas statique mais évolutive.
AT, Grenoble
Le "logo" (mais d'où vient ce mot
bizarre?). J'ai été séduit par l'élé-
gance des deux lettres enchevé-
SOUSCRIPTION PERMANENTEPOUR QUE
VIVE LA GRANDE RELEVE
P. Botte 845 - D. Bloud 60 - MmeAlibert-Thines 45 - R. Quille 40 -Mie Renon 45 - J. Donadio 50 -Mme Lahens 300 - Lecaille 90 - H.Escurpeyrat 1.000 - A. Dauteau 40- Mme Moinet 90 - H. Anquetil 90 -Mme Mouchet 18 - Julien 40 - E.Siroit 60 - Mme Fabre 40 - D.Bloud 45 - H. Hesto 240 - J.M. For-cade 40 - R. Schwartz 40 - P.Maffre 45 - Mme Blaye 45 - MmeLuce 460 - Mme Bourdoiseau 90 -C. Tarie 40 - Y. Houchot 100 - J.J.Fiihos 40 - P. Béné 120 - R. Perrin45 - R. Labesse 390 - P. Herdner100 - CL. Monet 40 - Mie Théric140
Total 4.873 francsMercià tous!
trées qui figurent aux pages 4 et 13du n° 899. Pour le texte, je suggèrequelque chose comme"La production au service desconsommateurs"."Le travail, équitablement réparti, àla disposition des producteurs"."En finir avec un système absurde,facteur de misère, d'inégalités et de
violences".Eviter d'évoquer les problèmesmonétaires, difficiles à comprendre.Il n'est pas aisé de trouver un des-sin adéquat : les questions écono-
miques s'y prêtent peu. Je souhaite-rais qu'il soit tracé en lignes pâles,formant un fond au texte sans nuireà sa lisibilité, et couvrant presquetoute la surface.
PH., Saint-Mandrier
Ma préférence parmi les logos déjàproposés va aux deux lettres EDenchevêtrées des propositions N
15 et 19, avec ou sans le sloganqui est au-dessous, un peu tropbref.
Mais franchement je suis très déçude voir si peu d'idées nouvelles. Laroue dentée qui représente lamachine.., vos correspondants ensont donc restés en sont restés au
temps de J. Duboin ? La machine a
pourtant sérieusement évolué
depuis vingt ans. Pourquoi n'y pen-sent-ils pas? Et cette corne d'abon-dance, ça devientplutôt ringard...Il est vrai que je me sens incapablede vous suggérer quelque chose dela classe de la main "Touche pas àmonpote!".Ce sont les jeunes qui devraientfaire preuve d'imagination.Je souhaite de tout cour que leconcours continue pour voir appa-raitre enfin de bonnes idées, mêmesi vous devez payer un dessinateur
professionnel pour en réaliser une.M.M, Bolquère
Dommage que la seule bonne sug-gestion, parmi toutes celles quevous avez reproduites, soit celled'un E et un D enlacés en forme decour Car la forme, très bonne, fait
penser au Sacré Cour, et on voitune petite flamme au-dessus. Bref,
pour celle-ci, I'Egllse a delà donné!'Ii faut donc trouver une aussibonneidée, mais plus originale.
J.B., St Germain en Laye
INITIATIVESM. Lucien Tissot a fait paraitredans le Dauphiné Libéré"On préoccupe actuellement les
jeunes en affirmant que les cotisa-tions des actifs seront insuffi-santes, en l'an 2015, pour rétri-buer la retraite des autres. Enoutre, les perspectives de l'Europede 1993 poussent à un impérialis-me plus agressif et des transfertsd'industrie dans le tiers-mondesont à prévoir : ainsi le nombredes exclus ou assistés devraits'accroître.
"
"Qu'on se rassure, car le petitnombre de travailleurs de l'an
2015, avec l'immense progrès des
sciences et techniques dont il
pourra disposer, sera parfaitementen mesure de produire, en abon-dance, de quoi entretenir grasse-ment tous les retraités. Il faut
mettre en évidence, par exemple,le fait que les 7 % de citoyens,travaillant aujourd'hui dans l'agri-culture, produisent plus que les 50% du début du siècle, ou bienencore comment Renault a réussi,en dix ans de progrès technique, àdiminuer de moitié le temps defabrication d'un véhicule.""Il faut comprendre que noussommes entrés dans une ère oùla croissance économique suppri-me plus d'emplois qu'elle n'en
crée. Qui ne peut admettre cettenouvelle théorie de la science éco-
nomique ne comprendra rien aux
temps modernes."Le Dauphin n'est pas sûr que tousses lecteurs partageront l'optimis-me de M. Tissot.
NDLR. Le Dauphin devrait ajouter quec'est le système économique actuel
qui empêche la distribution des pro-duits.
LA GRANDE RELEVE Nc 901 15
(jî
-
Pour produire ce dont fi a besoin pourvivre, l'homme a toujours cherché àaméliorer ses techniques, afin d'allégersa peine. Mais en ce XX ème siècle,rarbn des progrès technologiquesest une révolution sans communemesure avec celles du passé. De puis-santes machines et des robots sontcapables aujourd'hui de remplacer letravail de l'homme dans toutes lestâches de routine, se substituant nonseulement à ses muscles et a l'agilitéde ses doigts, mais aussi à samémoi-re,à la plupart de ses sens, et mêmeaux activités purement logiques de soncerveau.Avec a découverte des codes de lartre rie génie en per&ik) et lesproductions de matières premières surmesure, l'humanité est en train de vivreune véritable mutation elle est auseuil d'une nouvelle civilisation.Cette "révolution de 'intelligence "est,comme l'annonçait J. Duboin en !an-cant ce journal en 1934, 'la granderelève "de3 hommes par la technique,dans tous les processus de produdbn.Fini le temps, où, pour assurer sa sur-
vie, l'être humain était obligé d'y consa-crer toutes ses fortes et toute sa vieL'essentiel des pfodJctlonS nécessairespeut désormais être réalisé par desrobots...Ceci Implique d'énormes change-ments dans nos comportementséconomiques.Le pouvoir d'achat ne pouvant plusêtre mesuré par la durée d'un travail
accompli, Il taut imaginer d'autres
moyens que le salaire our accéder ace que les robots doivent fabriquerpourtous.Parce que nous n'avons pas eu le cou-rage de renoncer à des habitudes qui serévèlent inadaptées, nous avons laissénotre monde se transformer en unegigantesque poudrière, où tout craque,où tous s'affrontent. La course au profitdes uns, la lutte des autres pour leur sur-v, bi coin à ncti enÀtniemert desdies nass, alors que le fossé secreuse entre les riches qui s'enrichis-sent, et les pauvres qui s'açpauvssent.La misère grandit en ce mondeau moment où s'ouvre l'ère del'abondance Ce monde absurde
où ron dépense plus de 10 millions defrancs chaque minute pour la guer-re, mais où on ne trouve pas d'argentpour empêcher des millions de gens desoufrir de malnutrition !Nous sommes placés à la charnièreentre deux cIvilisatIons. Héritièred'un formidable potentiel de savoir-faire et de techniques (qui est le fruitdes efforts accumulés par toutes celles
qui l'ont précédée), notre génération a'énorme tâche d'assurer l'adaptationde la société à cette brutale transfor-mation. II nous appartient d'ima-
giner et d'installer les moyenspour que ces immenses possi-bilités, au lieu d'écraser la plu-part d'entre nous, soient maîtri-sées et organisées pour assu-rer l'épanouissement optimumde tous les êtres humains.., etde leurs descendants sur cette
planète.A l'époque où le monde dit civilise sur-montait la crise de 1929... pours'enfoncer dans la seconde guerremondiale, ces moyens ont été propo-sés par J. Duboin sous le nom de:
Ii 1,1cJJ/Mettre l'économie au servicedes gens et non plus l'inver-se, adopter et suivre unesaine politique de gestiondes ressources, celà n'est paspossible tant que la monnaie(le "sang de économie') per-met la spéculation et tant quela création de cette monnaieex-nihilo reste le privilègeexercé par les banques avecleur intérêt pour objectif.
La première et radicale transfor-mation nécessaire est donc celle deLA MONNAIE : la monnaie dis-tributive n'est pas thésau-risable et elle ne circulepas. C'est une monnaie deconsommation qui s'annule(comme s'annule un billet detrain) quand une production ouun service est parvenu à sonconsommateur. Elle est crééeproportionnellement à la pro-duction : il y a équilibre entrerevenus distribués et montantdes richesses disponibles._
TRAVAIL Même en développanttoutes es possibilités, il restera tou-
jours les tâches que seul un humainpeut accomplir. Celles-ci doiventêtre partagées entre tous, en fonc-tion des aptitudes et des besoins.C'est à la fois un devoir, celui de
participer, et un droit, celui'. d'être uncitoyen qui assume son rôle. Cetteparticipation aux tâches néces-sairos devient un SERVICE SOCIALdcnt la durée calculée sur une viene fera que diminuer à mesure des
progrès de l'automatisation. Ainsi
peut augmenter pour tous la propor-tion de temps dégagé pour desactivités librement choisies.Dès lors que le temps de travailhumain décroît pour une produc-tioncroissante, il faut dissocier travail etrevenus.LES REVENUS : Les revenus n'étant
plus mesurés par le travail, il fauttrouver d'autres critères pour quechacun reçoive sa part d'une pro-duction qui peut croître à volonté.L'économie distributive assure àchacun cette part en lui versant
régulièrement son REVENU DECITOYEN (la carte à mémoire est
parfaite pour cela) de la naissanceà la mort: tout individu homme oufemme, travaillant ou pas, devientainsi un être économique-ment Indépendant. C'est unmoyen pour ce dernier d'exprimerson choix quant à la production àrenouveler (la loi du marchéretrouve donc son rôle) et d'orien-ter les investissements en fonctionde ses besoins.LEs INVESTISSEMENTS de mêmeque le fonctionnement des ser-vices publics, sont pris en comptepour évaluer la production "dispo-nible" et celle-ci détermine le mon-tant total des revenus à distribuer;il n'y a donc pas d'impôt et lesrevenus augmentent avec la pro-duction.Ainsi l'ère de l'abondance n'est plus lerègne du veau d'or, c'est celui d'une
gestion objective des biens de cemonde en fonction des besoins.
La compétitivité tait
place à la convivialité.
La Grande R&ève, mensuel 'ondée, 1934. BP08,78110 Le Vésinet
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