naissance d’une science la géomorphologie à travers la...
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Naissanced’unescience:laGéomorphologie
àtraverslaquestiondesformesdurelief
Auteur : Rodolphe Dehard, licencié et agrégé de géographie.
Janvier 2012
Introduction
Aujourd’hui, il semble évident, à la lumière de nos connaissances scientifiques, que les
formesdereliefrésultentd’unensembledemouvementstectoniquesetdediversprocessus
érosifsinfluencésparleclimat,lanaturegéologique,labiologieetl’homme.Cesformesde
relief prennent place sur une échelle de temps aussi bien courte et rapide que longue et
lente.Sicetteconceptionestaujourd’huipartagéepartousaupointquelagéomorphologie
sembleneplusrienavoiràdécouvrir,lecheminfutlongpouryarriver.
Nous allons nous efforcer dans ce petit essai de retracer les grandes évolutions et
révolutions de la science géographique ayant trait aux formes du relief, à savoir la
géomorphologie.Ceparcourss’effectueradel’âgemoderneànosjours,àtraverslesgrands
hommes qui ont marqué la géomorphologie et leurs faits d’armes les plus marquants. Il
s’agitdoncbiend’unediscussionsurunebranchespécifiquede lagéographiephysiqueet
non d’autres sciences telle que la géologie. Nous emprunterons néanmoins parfois cette
voiede lagéologiepuisquecelle‐cia, commenousallons levoir,déterminéde façonnon
seulementdirectemaisaussiindirectel’histoiredelagéomorphologie.
L’importanceducontextehistorico‐scientifiquedesépoquesqueladisciplineatraverséest
indéniable,puisquecommenousallonspouvoir le vérifier, la sciencegéomorphologiquea
évoluéets’estconstruiteenfonctiondesautressciencesdites«naturelles»maisaussien
fonctiondesinnovationstechniquesetdesgrandscourantsphilosophiquesdelaScienceen
général.
1697: Les premiers pas de la géomorphologie sous l’angle des processus de
Gugliemini&desingénieurslombards
Nous prenons, volontairement, la Science Moderne comme point de départ à notre
discussion. Nous aurions, bien sûr, pu démarrer notre discussion avec la géographie
d’Hérodote,d’HomèreetdeStrabon.Nousaurionspuégalementprendrecommepointde
départ les conceptions grecques Neptunisme et Vulcaniste ayant esquissé l’origine de la
terre.
Toutefois,nousavonschoisidedébuternotreexposéen1697aprèslaremarquablepériode
d’expérimentationdesingénieursartisansdelaRenaissancetelsqueparexemple,Leonardo
de Vinci (1452‐1519) et Evangelista Torricelli (1608‐1647). Guglielmini est un ingénieur
italien qui fut l’un des premiers à faire de la géomorphologie par l’étude des processus
d’écoulement des eaux. Gugliemini marque les premiers pas de la géomorphologie.
Guglielminiestunmathématicienexpérimentateurdel’UniversitédeBologne.Ils’intéresse
àl’hydraulique,lachimie,lacristallographie,lamédecine,l’astronomieetlaphysique.Mais
comme une grandemajorité des ingénieurs lombards et bolonais, ses recherches sur les
coursd’eauviennentdesonintérêtdelamécaniquedesfluidesetduconstatqu’ilfaitsuite
auxinondationsrécurrentesqu’ilobserveenLombardie.Guglielminipubliesonlivreintitulé
«Della Natura de’Fiumi». Plus qu’un expérimentateur, Guglielmini utilise la science pour
l’appliquerauxprocessusnaturelqu’ilobserve.Ilaétéparexemplelepremierscientifiquea
montrer l’existenced’unétatd’équilibreuniformeentre lecoursd’eausurunplan incliné
(quiaugmentesavitesse)etlarésistanceactivedesonlit(Corradi2003).
1754:LesystèmedePhilippeBuache
En1754,legéographiefrançaisPhilippeBuache(1700‐1773)1erGéographeduRoi,élabore
le systèmedesmontagnes, selon lequel cesdernières constitueraient l’armatureduglobe
terrestre.Entrecesmontagnes,lesterrainss’affaissentpourformerdesbassins.Dupointde
vue géomorphologique, sa vision est particulièrement intéressante puisqu’il divise le
territoire parbassins hydrographiques séparés par
des lignes de crêtes. Cette façon d’appréhender le
terrain luipermetde faire le lienentre largeurdes
rivières,tailledesvalléesetvolumemontagneux.
Philippe Buache est en outre connu pour avoir
dressé la carte de l’Antarctique avant même que
celle‐ci ne soit découverte. Ce qui lui fit une
réputationquelquepeuobscure,voirmystiquealors
qu’il s’est surtout appuyé sur les observations et
récits demarine pour imaginer un continent glacé
qui libèrerait des icebergs en fonction de sa
superficiepropre.
From the «Architecture hydraulique» to the «5Óence des ingénieurs» 641
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Figure 8
Belictor: L 'Architecture Hydraulique (1737-39)
As the Ita]ian Schoo] of experimenta] hydrau]ics
we remember a great number of scientists and among
them we mention Ottaviano Cametti (1711-] 789)
(Cametti ]777) and Nicco]o Carletti (II ha]f of 17th)
(Carletti ]780)< In this scientific context, it' s very
important to remember the researches of Jacopo
Riccati (1676-1754) on the prablem «to determine
the force caused by tluid bodies crashing into solid
bodies» (Riccati 1742) or, also, his studies «on the
]aws of tluid resistance to delay the motion of so]id
bodies» (Riccati ]722)< The Guglielmini' s works and
his «Epistola hydrostatica» (Guglie]mini ] 731)
written by Domenico Guglie]mini (1655-1710) in
173] ha ve to be remembered. And we also remind
Anton-Maria Lorgna (1735-1796) and his researches
on running waters (Lorgna ]777), Antonio Rocchi
(1724-1780) and his studies on measurement of
bodies velocity and strength in motion and his
application to hydrostatic prob]ems (Rocchi 1775),
Gregorio Fontana (1735-1805) and his dissertation
upon hydrodynamics, on the motion of a body in a
resistant medium, on the waterproof of channels
(Fontana 1802), on the water pressure in motion into
vessels, tubes and pipes, on the effect of centrifuge
force on tluid motion (Fontana] 803), and the mature
studies carried out by Louis Lagrange at the early
eighties of 18th century (Lagrange 1781; Lagrange]781-85). Finally, we have to mention the translation
of Hydrodynamics treatise of abbé Charles Bossut
(1730-]814) by Gregorio Fontana (Fontana 1785) in
]785.
In France, after the important studies begun by
Mariotte and le Chevalier Samuel Morland
(1625-1695) (Mor]and 1685), we remember the
scientific work of C]aude Antoine Couplet
(1642-] 722) on the resistance of pipes subject to
great pressure, and then the very editorial effort of
Bernard Forest de Belidor (1693-] 761), who
published an important encyclopaedic treatise on
Architecture hydraulique (2 volumes in 4 tomes)
where he thouroughly investigate on subjects related
to hydraulic engineering and construction machinery
(hydrauJic whee], watermill, windmin, suction pump,
water pump, hydrauJic pump, vessels, tubes, pipes,
and others topics as mari time construction as weirs,
dams, channels, river ports, and others).
The difficult field of mechanica] science was a
challange for many other scientists who obtained a
]arge number of interesting resuJts. Henri de Pitot
(1695-1771) invented an instrument to measure
running water; Antoine Chézy (17] 8-] 798)
expressed a mathematica] formula for the evaluation
of water ve]ocity in a channel under constant running
water. This formula is still in use in applied
hydraulics< John Smeaton (1724-1792), a famous
English engineer, was invo]ved in experimental
hydraulics; Charles Borda (1733-1799) carried out
severa] laboratory tests on tluid resistance and on
liquids' eftlux fram one or more orifices in a vessel.
Charles Bossut (1730-] 814) conducted extensive
studies on hydrodynamics (Bossut ]775) and on
experimental hydraulics (Bossut 1795); Pierre Louis
Georges Du Buat (1734-1809) studied various
phenomena re]ated to tluid motion through pipes and
channe]s and so he described veIocity of water eftlux
fram an orifice, pipes resistance under constant
pressure and then he deve]oped a semi-empirical
method to evaluate channe]s' cross section in
accordance with Chézy' theory< Finally, we mention
the contributions of Giovanni Battista Venturi
Figure 1 : Dispositif expérimental de Belidor "L'architecture Hydraulique"
(1737-39) source :
http://www.sedhc.es/biblioteca/actas/CIHC1_061_Corradi%20M.pdf
Figure 2 : Carte de l'Antarctique dressée par
Buache
1780:L’AbbéGiraudSoulavieetleseuildepositivité
Dans son «Histoire naturelle de la France Méridionale»(1780‐1784),
l’Abbé ingénieurGéographeSoulaviepratiqueunepremière«géographie
physique».
Soulavie est précurseur du "transformisme" de Lamarck («Philosophie
zoologique»1809)etdesactualistes,puisqu’ilpense,aprèsavoirobservé
lesvolcanséteintsduMasifCentral,quelereliefn’estpasunélémentfixe
dansletempsetquecesformesdeterrainsévoluentcommelesvalléesse
creusentsuiteàl’actiondel’érosionfluviale.
Soulavie,arrêterasubitementsespublicationsscientifiquesen1885,après
avoirfaitfaceàl’oppositiondesoncollèguel’AbbéBarruel.
Mêmesi,commenousleconstatons,l’évolutiondesconnaissancesengéomorphologieest
encorelente,nousremarquonsl’apparitiond’unevisionnouvelledel’originedesformesdu
reliefquin’estplus immuableetfixédans letemps. C’est cequeCalvet,Giusti&Gunnel
(2007) considèrent comme étant le franchissement du seuil de positivité de la
géomorphologie qui prend son autonomie vis‐à‐vis des processus qui, jusqu’à présent,
représentaient des questions techniques de terrain telles que les inondations pour les
ingénieurslombards.
1792‐1795:LesNeptunistesetlesVulcanistes
Conrad Malte‐Brun constate que seules deux opinions géologiques
prédominent à cette époque, les Neptunien avec le géographe
allemandAbrahamWerner(1792)etlesvulcanistesaveclegéographe
anglaisJamesHutton(1795).
LesNeptuniensavecWernersonttenantd’uneexplicationdesformes
durelief trèsancienne,déjàavancéepar lesEgyptienset lesHébreux
souslaformedudélugeuniversel,venantd’uneformationaqueusede
laterre.Seloneux,laterreétaitàl’originecouverted’eau.Lesterresse
seraient formées suite à une sorte de dessèchement (précipitation,
cristallisation)etseseraientensuiteeffondréessousleurproprepoids
pourformerlerelief.
Selon les Vulcanistes tels que Hutton (1795), dont l’origine de la
pensée pourrait provenir du peuple grec, la terre à son
commencement fut dans une fusion ignée. Elle s’est refroidie et
seulementparlasuitecouverted’eau.Lesforcesquiluiontdonnésa
formeactuellesontcellesdufeu,del’airetducalorique.Lesterresont
étésoulevéesparuneforceintérieureetlesbouleversementsontété
générés par les éruptions volcaniques et les roches se désagrègent
lentementsousl’actionduventetdel’eau.Cependant,écritdansun
stylepeuclair,ilfaudraattendrePlayfairpourpopularisersapensée.
Figure 3 : Portrait
de l'Abbé Giraud
Soulavie
Figure 4 : Portrait de
Abraham Werner
Figure 5 : Portrait de
James Hutton
Nousvoyonsdonc,ici,qu’entrelesvulcanistesetlesneptuniens,lesformesdereliefnese
sontpasréaliséesdelamêmemanière.Lesneptuniensdéfendentl’idéeducatastrophisme
alorsqueHuttonparled’actualismeetd’évolution.
Remarquonsqu’ilestréducteurdeneparlerquedesneptuniensetdesvulcanistes.Eneffet,
Malte‐Brun décrit très bien dans son précis de géographie, la multitude des explications
avancées depuis l’antiquité (Palissy 1581, Stenon 1669, Burnet 1681, Descartes (1670) &
Leibnitz(1683),Whiston(1708),Fontenelle(1716)pourlesneptuniensouRay(1693),Hook
(1705),LazaroMoro(1740),Raspe(1763),Saussure(170‐1786)pourlesVulcanistesetplus
particulièrementBuffon(1745)quiattribuel’originedelaterreàunéclatdusoleil)
L’énumérationdecesmultiplesvariantesduneptunismeetduvulcanismenefaitcependant
pas l’objet de notre discussion puisque l’objectif présent n’est pas de faire l’histoire des
conceptions relatives à l’originede la terremais biende celle desoriginesdes formesdu
relief.
1802:Playfairandthe«IllustrationoftheHuttonianTheoryoftheearth»
Malgré la force des idées neptunistes, un autre seuil très important, celui
d’épistémologisation,futfranchigrâceàJohnPlayfairquiàtraversson«Illustrationsofthe
Huttonian Theroy of the earth» réalise un remarquable travail cohérent à vocation
normatived’étudedesformesetdesprocessusdureliefdelaterre.
«(…)Non, il n’y aplus lieuàdesdoutes, depuis queMM.
Hutton et Playfair ont découvert la vraie constitution de
notreglobe.Nesavez‐vouspasquelescontinentsactuelsse
détruisentpar lesactionsdel’air,delagravitéetdeseaux
courantes;queleursmatériaux,transportéssurlescôtesde
celles‐ci,sontrépandusparlesdifférentsmouvementsdela
mersurtoutel’étenduedesonfond;qu’unegrandechaleur
interne endurcit ces matériaux dont il résulte une masse
semblableàcelledescouchesminéralesdontnoscontinents
sont composés; que, lorsque cette lente dégradation a
détruit nos continents, livrés à leur tour à une lente
dégradation?Cesalternativesde continents naissants et périssants, ont déjà été répétées
plusieurs fois, et on ne peut point fixer un terme à cet enchaînement demétamorphose»
(Calvet,Giusti&Gunnel(2007))
Playfair et Hutton sont tenant de la doctrine «uniformitarianiste» qui postule que les
processus,quis’exercentaujourd’hui,sesontexercésdepuistoujours.
Faitsannexesayantleurimportancedanslasuitedel’évolutiondelagéomorphologie:
1815:LaFranceperdlaSavoie
1818: Sous LouisXVIII les ingénieursgéographes sedéploientenFrancepourdresser la
carted’EtatMajor.
Figure 6 : Représentaiton artistique de
la théorie vulcaniste de Hutton
1820Malte‐Brun:Précisdegéographie
Malte Brun est un géographe qui va marquer la géographie durant
plusieursdécennies.Sonprécisdegéographieestuneœuvrelittéraire
plutôtdélicieuseà lire.Malte‐Brunestungéographequi voitdans la
géographieunediscipline littérairedont l’objet est dedécrire et non
d’émettredeshypothèsesinvérifiables.
Malte‐BrunvadonclimiterlaportéedesidéesdePlayfairetdeHutton,
puisque s’il conseille au lecteur de ne se rallier à aucune théorie, il
ressort assez clairement qu’il est lui‐même tenant de la théorie des
Neptuniensetrejette,nonsansuncertainhumour,lesidéesnouvelles
tentantd’expliquerl’originedesformesdureliefdelaterre.
«Aprèsavoirsuivi lagéologiejusqu’aumilieudesrégionséthérées,quenousreste‐t‐ilà
faire?Augmenterons‐nouslenombredessystèmesencherchantàdémontrerquelaterre
était jadis entourée d’un anneau comme Saturne, et que cette voûte céleste, en
s’écroulant, donna naissance au globe? Il vaut mieux revenir à la marche purement
descriptive de la Géographie‐Physique, la seule méthode vraiment scientifique et
instructive».(PrécisdegéographiedeMalte‐Brunp.494)
Malte‐Brun insiste. A la page 476 de son précis de géographie, sur l’insuffisance des
observations géologiques et sur le fait qu’il n’est pas autorisé d’appliquer lesmêmes lois
physiqueàl’intérieurduglobequ’àsasurface,ilécrit«D’abord,lapartieduglobequinous
est connue,n’estqu’unemillièmepartie toutauplus,desonvolumeentier… lamassedes
observations est infiniment petite, et cependant on accorde à la spéculation une sphère
immense… En vain voudrait‐on comparer les hypothèses géologiques à celles dont on fait
usagedansl’astronomie,laphysiqueetlachimie.Lathéoriedel’attraction,parexemple,est
purementetsimplementunemanièred’énoncerun faitdonnépar l’observation;c’estune
formulepourcalculerleseffetsconnusdecertainesforcesinconnues,surlanaturedesquelles
onnepréjugerien.Maisdanscespoèmes,qu’onappelleimproprementthéoriesdelaterre,
onnesecontentepasd’énoncerdesfaits,onensuppose».
Unnouveauparadigmeenattente
«Depuis Guglielmini et les hydrauliciens lombards, il existe une géomorphologie des
ingénieurs de tradition fluviatile, qui traiteduprofil en longet de la dynamiquedes cours
d’eau, de l’aménagement des berges, de la construction et de l’entretien des digues, des
levées».(Giusti,2004).
Giusti émet l’idée qu’il ne s’agit pas là d’un nouveau paradigmemais plutôt de l’apogée
d’une période de trois siècles d’étude des cours d’eau qui marque le passage vers une
géomorphologiedesformessculptéesparleseauxvives.
Cependant,lesdiluvialistes,quitenaientledélugebibliquecommecauseducreusementdes
vallées, sont restés plus forts que les ingénieurs. A la différence des ingénieurs, les
Figure 7 : Portrait de
Conrad Malte-Brun
diluvialistesétaientconsidéréscommedessavantsbienenvue.Lesautresn’étaientquedes
ingénieursdeterrains,destechniciens(Baulig,1950).
En réalité, selon Max Derruau, c’est la géologie qui a occulté la recherche
géomorphologique. C’était en effet, le temps des carrières, des mines et des cartes
géologiques. La formation du relief s’expliquait par les stradda et par le structuralisme.
D’ailleurs, même les ingénieurs structuralistes faisaient de l’ombre aux ingénieurs
fluvialistes.Defait,lagéologievaseservirdelathéoriedudilluvialismedesneptunienspour
expliquerladécouvertedefossilesmarinstoutenhautdesmontagnes.
Pendantprèsdecentsans,lesacquisetconnaissancesdesingénieursLombard,deSoulavie
et de Playfair tombent dans l’oubli, ou plutôt le sommeil. Derruau (1965) attribue cette
oblitérationdusavoirà l’arrivéedenouvelles compétencesproduitespar la géologiequi,
elle, tente d’expliquer le relief par les structures géologiques grâce à la publication des
premièrescartesminéralogiquesetgéologiques.
«Nousenretiendronsessentiellement ladifficultéqu’onteuàtriompher les idéesquinous
paraissaient les mieux démontrées aujourd’hui, comme le rôle des cours d’eau dans le
creusementdesvallées.Lasciencemorphologiqueadépensébeaucoupd’énergieàprendre
des citadelles bien gardées. Telle fut, à la fin du XVIIIe siècle, la doctrine neptuniste de
Werner… Si Hutton et Playfair ne triomphent pas c’est aussi en raison des tenants du
diluvialismedont le plus influant était le pasteur Buckland. Les terrasses alluviales
s’expliquaient selon eux, non par des stades de creusement des vallées, mais par des
débordementsàpartirduniveauactuel».(Derruau,1965).
1830:Lafinducatastrophisme
Lyell,1830publieles«Principesdegéologie»etmetuntermeàlathéorie
ducatastrophismeauprofitdel’uniformitarismemaisilnesuitpasHutton
et Playfair sur l’origine des vallées. Pour Lyell, géologue, c’est la mer qui
formalereliefenseretirant.
Figure 8 : Portrait de Lyell
C’estégalementen1830que lespremièrescartesd’EtatMajordesAlpesetdesPyrénées
serontpubliées.
1840Agassiz:Lagéomorphologiedesglaciers
Louis Agassiz (1807 – 1873) voit dans les glaciers un agent d’érosion et de transport. Il
expérimenterasonhypothèseens’installantpendantplusieurssemainessurunglacierdès
1840etcechaqueannéejusqu’en1845.Parl’expérience,ilvapermettreauchanoineRendu
defairelelienentrel’écoulementglaciaireetl’écoulementfluviatile.(NumaBroc2010)
Agassizestintéressantcarsaconceptiondelagéomorphologieglaciaire(1846)contredisait
les neptunistes. Comme le reconnaitra même Buckland, les glaciers ont un effet érosif
puissantetlentconformeàlathéorieactualisteetuniformitaristedeHuttonetPlayfair.
1841Surell:despontsetchausséesàlacompréhensionduprocessusd’érosion
C’estparcontreassurémentSurellquiseralemeilleurreprésentantdufluviatisme.Véritable
hommedeterrain,Surellestuningénieurquichercheàrésoudreleproblèmedel’érosion
surleplanpratique.Al’imagedesingénieurslombards,sonobjectifesttoutàfaitpratique.
Afin de résoudre des problèmes d’inondation et d’érosion des sols, il entreprend de
comprendre le processus. Pour cela, il va effectuer un véritable travail de classement des
formes des torrents de montagne. Il pense également qu’il faut expérimenter dans les
torrentscarlesphénomènesysontplusforts.SurellestunprécurseurdeDavisdanslesens
oùil tentededégagerdes loisgénéralesàpartirdephénomènescomplexesqu’ilobserve.
Surellpoursuitdoncunedémarchescientifique«inductiviste,déductivisteetréductiviste».
1857‐59Laconfirmationdufluvialisme:
Le fluvialisme devient une discipline à part entière qui, à force d’être étudiée, finira par
apporterdessoutiensprécieuxauxidéesdePlayfair.
C’estainsiqueJamesDanaconfirmeralerôledel’érosionfluvialesurlesvolcansd’Hawaïet
que Oldham en 1859 remarquera que certaines formes tropicales sont le résultat de
puissantsprocessusd’érosion.
1860:L’alpinismeetlepyrénéisme
Enquelques années seulement, plusieurs avancées technologiques et faits politiques vont
offrir aux idées «anciennes» de Hutton, Playfair et de Surell une nouvelle légitimité et
jeunesse.
Ils’agitparticulièrementen:
• 1849de l’invention du baromètre anéroïde de Bourdon faisant office d’altimètre
portable;
• 1858delatechniquedelalithogravurequipermettralaproductiondescartesd’Etat
Majorpourunprixdérisoire.
• 1860,laFrancerécupèrelaSavoie.
C’est suite à l’annexion de la Savoie en 1960 que les chercheurs de l’école de Grenoble
découvrent un nouveau terrain d’investigation qu’ils vont pouvoir arpenter avec des
nouveauxoutils.
Cet engouement, et surtout cette démocratisation des moyens d’accéder à la montagne
vontamenerd’autrespersonnesquedessavantsàparcourirlesmontagnes.«L’alpinismeet
le pyrénéisme deviennent des activités à la fois sportives et scientifiques. On explore les
montagnes,ongravitlescimespourlesimpleplaisir,maisaussipourcontribuerauprogrès
des connaissances dans les domaines les plus variés: géologie, géographie, botanique,
météorologie,glaciologie,physique,…»«Souventconsidérésparlegrandpubliccommedes
excentriques,lespremiersalpinistesdoiventinvoquerl’alibidelasciencepourjustifierleurs
dangereusesactivités».«Danscemouvementgénéraldecuriosité, lesAlpesoccupentune
placeprépondéranteet laproductionscientifiqueyestà lafoisabondante,disperséeetde
valeur très inégale. Dans les Pyrénées, la science géographique se confond presque avec
l’œuvred’unseulhomme:FranzSchrader(1866)».(NumaBroc,2010).
Remarquons que Schrader n’est pas un géographe, c’est un «alpiniste» ou plutôt un
«pyrénéiste», en 1866, il découvre les Pyrénées et en tombe amoureux et en parfait
autodidacte,ilferadesPyrénéessonterraindejeuderecherchesscientifiques.
Lagéographieadonc,grâce,entreautre,àlacarted’Etat‐majormarquéuntournantdécisif.
Celle‐cinese faitplusuniquementparnécessitépratiqueouparobligationpolitiquemais
aussietsurtoutparlegoûtdeladécouvertescientifique.En1864,leColonelBorsonmeten
gardecontrelaméconnaissancedessommetscarl’intérêtmaintenantestceluidelascience
etnonplusceluidesmilitaires
C’estd’ailleursainsiqu’en1874serafondéleClubAlpinquimarquel’engouementdesnon
spécialistespourlamontagne.
1870:Lamorphométrieetlagéographiequantitative
La géographie n’échappe pas au mouvement de quantification et d’expérimentation du
positivisme.C’estainsiquelamorphométrieestinventéeetintroduitlanotationd’altitude
moyenne, de volume des montagnes, d’aération des massifs,… La mesure de la vitesse
d’érosion(1870)seraréaliséepardéductionsuiteàl’observationd’unechausséeromaineet
donneradesvitessesd’ablationde500mmen1000anssuivantl’hypothèseuniformitariste.
Remarque: DeMagerie et Schrader utiliseront lamorphométrie pour réaliser leurs études
hypsométriques (1892) qui reposeront sur les statistiques pour découvrir des niveaux
d’aplanissementconfirmantlathéoriedescyclesd’érosion
1873Dupaigne&Magerie
«Lesmontagnes»(1873)deDupaigneétablituneclassificationdesformesdesmontagnes.
Mais son principal intérêt est d’avoir forméMagerie et lui avoir enseigné la lecture des
cartesd’Etat‐Major.
DeMagerieestungéographeinitialementinfluencéparl’écoleAllemande.Bienquen’étant
pas chercheur, son œuvre sera décisive. En faisant la synthèse des connaissances de la
géographiephysique,ilrassembleratouteslesdonnées,mesures,observationsprécédentes
etiraseformerjusqu’enAmériqueauprèsdePowel(1875),deGilbert(1877)etdeDavis.
Il vapréparer lagéographie françaiseà changerdeparadigmeà travers sonouvrage«les
formesdurelief»quiétabliraunedoctrinecohérenteimposantlefluvialismeetouvrantla
voieauparadigmedescyclesdel’érosiondeW.Davis.Margerieregretteeneffetque«La
géographie usuelle est habituée à considérer les formes de la surface terrestre comme
quelquechosedefixeetpermanent»(Magerie,1880).
Magerie feraune rencontredécisive.Avec leGénéraldeLaNoé, ils rédigentensembleun
ouvrage concis dont la rédaction se veut comme une sorte de démonstration
mathématique:«Supposonsdeuxcoursd’eauaetb»;«ceciposé»;«ilrésultedecequi
précède»,…Ilfaitlasynthèse(géographe,géologues,ingénieurs,…)avantl’arrivéedeDavis.
Ilintroduitlesnotionsd’hydrographie,deniveaudebase,deprofild’équilibre,…
LeGénéral De laNoé expérimente unmodèle réduit«réductionniste»sorte d’illustration
expérimentaleà l’ouvragequ’il coécrit avecMargerie.«Ondoitaugénéralde laNoéune
expérience qui permet de reproduire en petit les conditions de développement du profil
d’équilibre. Une caisse est remplie de plâtre en poudre. Du sable fin est versé par un
entonnoir vient s’écouler à la partie supérieur de la caisse convenablement inclinée. En
s’écoulant, il érode la surface, sans pouvoir l’abaisser au‐dessous du bord inférieur de la
caissequireprésenteleniveaudebase,maisenabaissantprogressivementleprofil.Cequ’il
lui importeest laportéepédagogiquede sonexpérience car il est conscientdes limitesdu
réductionnisme»(DeMartonne,1909).
AprèslamortdeLaNoé,Margerievaproposerunprogrammederechercheàlagéographie
française visant à réaliser des cartes hydrogéomorphologiques. A. Vacher va d’ailleurs lui
aussi proposer de réaliser des monographies régionales sur des monographies fluviales.
Cependant, le programme de Margerie et de Vacher était sans doute trop ambitieux et
prématurés.Celui‐ciserapoursuiviplustardavecDeMartonne.
FinXIXe:lesthéoriescycliques
Davis–DeMartonne–Blanchard
La fin du XIXème sièclemarque l’émergence de nouvelles lois sur la sculpture fluviale ou
glaciaireet la formulationde la théorie de l’érosiondeDavis (1850‐1934). Il s’agit làd’un
seuildescientificitéetdeformalisationoud’unerévolutionscientifiqueausensdeKuhn.
«Davisestnéen1850dansunefamilledeQuakersdePhiladelphie,ilatrèstôtmontréson
goûtpour les sciencesexactes. Il sortd’Harvardavecundiplômed’ingénieurdesminesen
poche, il montre un goût immodéré pour le raisonnement pur, il semble accorder en
géographielavaleurd’unedémonstrationàunthéorème»(DeMartonne,1934).
«L’attentiondeDavisseportesurtoutsurlamorphologiedanssesrapportsaveclastructure
géologique.Unesériedemémoiresouarticlessurcesujetsesuccède,suivantunrythmede
plusenplus rapide,àmesurequegrandit sonexpérienceetque sedéveloppent ses idées,
systématiquement élaborées au cours de longues années d’enseignement. Il est un
professeurautantqu’unsavant»(DeMartonne,1934).
«Notons d’ailleurs, l’édifice doctrinal n’a pas été construit en un jour. C’est lentement et
pierreàpierrequ’il s’est élevé. Les fondementsenavaient étéposéspardesobservateurs
aussisûrsqu’unPowell,unGilbert,unChamberlin;etleursoliditésembleattestéeparlefait
que, indépendamment et parfois sous d’autres noms, des notions analogues avaient été
dégagéespardesgéologuesoudesgéographeseuropéens,unHeim,unRichthofen,undeLa
Noé»(DeMartonne,1934).
Davisexhumealorsles«IllustrationoftheHuttoniantheoryoftheEarth»poursoutenirsa
théorieducycled’érosion(1884)etcelledespénéplainesen1889.
Davis est probablement influencé par la dimension évolutionniste caractéristique du
contexteaméricaind’entre guerrede sécessionetPremièreguerremondialepourmettre
sur pied sa théorie du cycle de l’érosion. «Les vues davisiennes sont en effet bienmoins
darwiniennesquenéo‐lamarckiennes»(InkpenetCollier,2007).PourDavis,iln’yaeneffet
pas d’évolution aléatoiremais bien une évolution déterministe liée aux différents stades
d’évolution du relief. Il illustre cela très bien dans un article sur la classification des
différentesformestopographiques.
Cen’estqueparlarigueurdesesdémonstrationsqu’ilparviendraàconvaincrelesespritsles
plusrétifs.«Al’éléganceconvaincantedesdémonstrationsverbales,s’ajoutenteneffetdes
démonstrationgraphiquesparcesblocsdiagrammesschématiquesdontDavisfaitetferade
plusenplusunusageprestigieux»(DeMartonne,1934).
Dans sa démarche scientifique, Davis applique une nouvelle méthode: il utilise la carte
d’EtatMajorqu’ilétudieminutieusementavantdeserendresurleterrainpourvérifierses
hypothèses. Il préconise et utilise le recours aumodèle: «un seul fait, considéré comme
décisif,sertàéclairertoutunproblème.L’emploidelaméthodedéductive,dontl’usages’est
révélé fécond, est de plus en plus généralisé.Davis préconise avec ardeur et cherche à en
démontrer l’excellence en l’appliquant à certains cas particuliers. L’usage des blocs
diagrammes est en même temps perfectionné et poussé à un raffinement extrême» (De
Martonne,1934).
Trèsrécemment,NumaBroc(2010)écrit:«AvecDavis,l’étudedesformesdureliefpassede
l’empirisme descriptif au rationalisme déductif». Désormais les formes du relief sont
intégrée dans une dimension temporelle et non statique, il apporte une idée‐force qui
constitue le cœur de sa théorie: les formes de terrain ont un âge et une région passe
nécessairementpardesphasesdejeunesse,dematuritéetdevieillesse,pouraboutirau
stade final: la pénéplaine. Il introduit le terme d’érosion «normal» relative à l’agent
principald’érosion:lefluviatisme.
On peut dire que maintenant, la géomorphologie dispose d’une définition, d’axiome, de
propositions,destructure,d’uneébauched’unprogrammederecherche,…Sathéorieouvre
lagéographiephysiquesurunprogrammed’étudevaste:l’étudeduréseauhydrographique
delaFranceetdesterrassesfluviatiles.
1909 «Le traité de géographie physique» et la géographie universitaire de
l’EcoledeParisdeDeMartonne
DeMartonne(1873‐1955)estagrégéd’histoireetdegéographieen1895.Dès1898, ilest
chargédecourdemétéorologieetenseigneraàlaSorbonnependant35ans.
DeMartonneestunferventdéfenseurdeDavisquivaexploiteraumieuxetparfoistrop1la
théorie du cycle d’érosion de Davis. C’est sous DeMartonne que seront poussées à leur
maximumlesétudesdesformeshydrographiques.
1 Voir à ce sujet la bataille des Alpes entre De Martonne et Blanchard au sujet de l’origine de la forme des
vallées glaciaires.
Si De Martonne est connu comme étant le maître de la géographie physique française
moderne, ce n’est pas pour autant lui qui en a bouleversé l’histoire. Par contre, il en
popularisera les concepts en créant les anales de géographie en 1891 et surtout en
rédigeant le manuel des manuels «le traité de géographie physique» en 1909 qui sera
reconnuaupremierplanmondial.RemarquonsencoreunefoisqueDeMartonnes’appuie
surlestechniquesdeDavis(cartes,croquisetblocsdiagramme)pourréalisersonœuvre.
Enpleincœurduparadigmeducycledel’érosionnormale,DeMartonneetpresquetoutela
géographiefrançaiseverra,pendantdenombreusesannées,despénéplainespartoutdans
lesformesderelief.
Toutefois,c’estsurtoutà lasuited’unedisputedeplusde35années que lesgéographes
appellent«labatailledesAlpes»entreDeMartonneetBlanchardqueDeMartonnedevra
accepterquelereliefpeutavoirpourorigined’autresagentsd’érosionquelesécoulements
d’eau. C’est en effet avec la reconnaissance des formes d’érosion glaciaires que De
Martonne abordera la géomorphologie depuis un point de vue différent, celui de la
géomorphologieclimatiquequirestera,toutefois,dansl’ombredelathéoriecycliquejusque
1950.
1950:La finduparadigmedes théoriescycliqueset lenouveauparadigmede la
géomorphologieclimatiqueetdynamique
C’est à partir de 1950que la géographie connaît denouvelles transformationsprofondes,
tant quantitatives que qualitatives. Ces transformations s’opèrent principalement par la
création de «laboratoires» de géographie et par le développement des moyens de
transportsrapidestelquel’avionquivontoffrirdesperspectivesnouvellesàlagéographie.
Mais qui aussi vontmener à l’explosion de la discipline en plus de 25 spécialités dont 20
rubriquesconcernentlagéographiephysique.
Parconséquent,silarecherches’élargit,denouveauxproblèmesseposent.Dèsledébutdu
XXème siècle, l’eustatisme qui sera alorsmis en lien avec l’étude des terrasses fluviatiles
rendra les interprétations des terrasses fluviales de plus en plus caduques. Le paradigme
résiste mais se complexifie avec l’apparition des surfaces d’érosion polygéniques, des
pénéplainesfossilesexhumées,desreliefsfossilisés,…C’estainsiqueDeMartonneconclura
son ouvrage en 1940 par «l’image géographique de la France apparaît de plus en plus
coloréemaisaussideplusenpluscomplexeaufuretàmesurequ’onchercheàacheverle
tableau».
Des nouveaux concepts fleurissent comme, par exemple, l’environnement, les milieux
intégrés, l’érosionanthropique, les systèmesmorphoclimatiqueset surtout la zonalitéque
De Martonne (1946) bien que grand défenseur de Davis démontrera l’importance en
distinguant le domaine de validité de la théorie cyclique et en ouvrant le champ à la
géomorphologieclimatique.
La géographie physique s’intéresse désormais plus aux processus qu’aux formes et aux
dépôtssuperficielsqu’auxstructures.
Lafinduparadigmedescyclesd’érosiondébuteparlaremiseenquestiondespénéplaines
suiteàunevéritableoffensiveanti‐davisiennedesthéoriescycliquesetduconceptd’érosion
normale. Cette offensive fut menée par l’école de Grenoble qui voit là une occasion de
s’opposerànouveauàl’écoledeParisdeCholley.LeplusredoutableennemideDavissera,
pourdesraisonspolitiques,Tricartquientre1965et1978mèneraunvéritablerèglementde
compteàtitreposthume.
C’est le conceptd’érosion«normale»qui sera leplusdiscuté (CailleuxetTricart) lorsque
Cailleux (1907‐1986) étudiera les phénomènes d’érosion dans le bassin parisien. Ces
observations vont par conséquent déboucher sur la condamnation de l’actualisme: «On
n’apasledroitd’étendreauxplainestempéréeslesnotionsacquisesenpaysdénudéouen
montagne.Al’étatdenature,leruissellementestrarissimeennosplaines.Etlaplupartdes
effetsqu’onseraittentédeluiattribuersontimputablessoitàl’interventionhumaine,soità
lasolifluctionliéeaugel»(Cailleux).
En1950,CailleuxetTricartfondentlaRevuedegéomorphologiedynamiquequ’ilsutiliseront
pourattaquerleconceptcentraldelathéorieDavisienne.
Une fois le nouveau paradigme de la géographie climatique en place, de nombreuses
expériences seront menées en laboratoire et à l’extérieur pour déterminer les effets
climatiques sur les dégradations des roches, sur la puissance des transports éoliens, la
granulométrie, l’analysedesdépôtscorrélatifs,etc…C’esttoutunnouveauprogrammede
recherchequiseradéveloppéautourdelagéomorphologieclimatiqueintégrantlaphysique,
la chimie, la biologie et l’écologie pour expliquer les formes de relief qui traduit un
basculement épistémologique de premier ordre de la géomorphologie vers une approche
systémiquedeladisciplinequel’onnomme«géosystème».
Enconclusion:
Comme nous avons pu le voir, c’est avec Giraud Soulavie et son traité de géographie
méridionalequel’étudedesprocessusdel’écoulementdeseauxtelsquelepratiquaientles
ingénieurs italiensde la renaissanceetde l’époquemoderneestpasséeàunegéographie
physiqueentantquedisciplineàpartentière2.
Ilestremarquabledeconstaterquedès1780,GiraudSoulavieexprimedéjàleconceptdela
théoriedescyclesd’érosionetdel’évolutiondesformesdurelief.
Nous avons, en effet, remarqué qu’à de nombreuses reprises et époques, les idées de la
théorie des cycles d’érosion que Davis érigera en paradigme, seront avancées par
Hutton(1795),Playfair(1802),Agassiz(1840),Surell(1841),Margerie&DeLaNoé(1873).
Laquestionquiseposeest,dèslors,«pourquoilathéoriedescyclesdel’érosionnes’est‐
elleimposéequeplusdecentansaprèsGiraudSoulavie?».
Uneexplicationpourraitêtred’opposerlascienceetlareligion.
Giraud Soulavie a semble‐t‐il arrêté subitement ses publications de géographie physique
aprèsavoirétémissouspressionparsoncollèguel’abbéBarruel.Pourtant,Soulavieagardé
unesprit révolutionnaire jusquesur son litdemort.Pourquoiaurait‐il alors si rapidement
cédéàlapression?GiraudSoulavieseseraitenfaittournéverslagéographiepolitiquepour
servirlacauserévolutionnairequ’iladéfenduetoutesavie.
Hutton, lui aussi, a semble‐t‐il vu ses idéesêtreoccultéespar lesneptuniens tenantde la
théoriebibliquedudéluge.Toutefois,Playfairalui‐mêmereconnuquelestextesdeHutton
étaient si peu clairs qu’ils ne pouvaient être compris que par lui‐même. De plus, si les
dilluvialistes avaient tant de succès c’est surtout parce qu’à cette époque, le dilluvialisme
permetd’expliqueraisémentlaprésencedefossilesmarinstoutenhautdesmontagnes,ce
quel’actualismedeHuttonnepeutexpliquer.
Playfair éclairci, quelques années plus tard (1802) la pensée de Hutton en effectuant un
véritable travailàvocationnormativesur leclassementdes formesde reliefquipeutêtre
définicommeleseuilépistémologique3delagéomorphologie.Cependant,encoreunefois,
lecontextescientifiquedel’époquen’estpasfavorableàsesidées.C’estlagrandeépoque
de la géologie appliquée et des mines. Selon les géologues, le relief est formé par des
stradda et seul le structuralisme peut expliquer les formes de relief. La géomorphologie
étant alors une affaire de géologues et les théories géologiques dumoment ne pouvant
s’accorderaveclesidéesdePlayfairetHutton,celles‐cirestentànouveaudansunecertaine
indifférence.Deplus,PlayfairetHuttonsontdesingénieursetnondessavants.Al’époque,
l’influencedes intellectuelsuniversitairesétaientencore très forteet lorsqu’ungéographe
2 Lemomentàpartirduquelunepratiquediscursives'individualiseetprendsonautonomie,lemomentpar
conséquentoùsetrouvemisenoeuvreunseuletmêmesystèmedeformationdesénoncés,ouencorele
momentoùcesystèmesetransforme,onpourral'appelerseuildepositivité.(MichelFoucault,1969) 3Lorsquedanslejeud'uneformationdiscursive,unensembled'énoncéssedécoupe,prétendfairevaloir
(mêmesansyparvenir)desnormesdevérificationetdecohérenceetqu'ilexerce,àl'égarddusavoir,une
fonctiondominante(demodèle,decritiqueoudevérification),ondiraquelaformationdiscursivefranchitun
seuild'épistémologisation.
decabinet telqueMalte‐Brunappelle lesgéographesas’en tenirà fairede lagéographie
descriptiveetnonexplicativeetqu’ilremetencause,nonsanshumour,lesidéesdeHutton
etdePlayfair,iln’estpasévidentdefavoriserladiffusiondesidéesdePlayfair.
Commenousvenonslevoir,lecontextedel’époquenesemblepaspermettrel’émergence
des idées de l’évolution des formes du relief et le traité de géographie de Malte‐Brun
continuera, d’ailleurs, à faire foi dans les universités jusqu’à la publication en 1909 du
nouveautraitédegéographiephysiquedeDeMartonne.
Néanmoins, pendant ce temps, une révolution scientifique se prépare pour la
géomorphologie.
Cette révolutionsera l’œuvredeplusieurshommes telsqueLyell,ungéologueanglaisqui
soutiendraen1830l’idéedel’actualismedeHuttonetPlayfair;maisaussiAgassizen1840
quimettraenévidence l’effetérosifdesglaciers,Surell,un ingénieurfrançaisdespontset
chaussées qui en 1841 réalisera un extraordinaire travail de classement et de
compréhension des formes des torrents alpestres, De Margerie, Schrader et De La Noé
apporteront quant à eux en 1860 la dimension quantitative de la morphométrie qui, en
guisededémonstrationmathématique,apporteradesgagesde scientificitéetdepreuves
deseffetsdel’érosionsurlesformesdurelief.Margerieserafinalementceluiquipréparera
au mieux le terrain pour Davis en faisant la synthèse de toutes les connaissances en la
matière.
Lecontextesocialcultureletpolitiqueseraégalementdécisifpuisqu’aveclarécupérationde
laSavoiepar laFranceen1860, lapublicationàgrandeéchelledescartesd’EtatMajoret
l’inventiondel’altimètreportatifl’engouementpourl’alpinismesportifetscientifiquedans
lesAlpesetlesPyrénéesseraconsidérableaupointquecertainsautodidactesdeviendront
devéritablesexperts.
Ilne resteraalorsplusqu’àDavisà formuler l’énoncéde la théoriecyclique (1884)etdes
pénéplaines et de la communiquer d’une manière efficace grâce à son goût pour le
raisonnementpur, sonéloquenceet grâce à l’utilisationd’unnouveau support didactique
qu’estleblocdiagramme.
Il s’en suivra alors une véritable révolution scientifique à laquelle tous les scientifiques
s’allieront.Pendant,prèsdecinquanteannées,touteslesformesdereliefsserontexpliquées
par lathéoriecyclique.Lesgéographeschercherontpartoutdespénéplaines,desterrasses
fluviatiles, jusqu’à ceque le nouveaumodèle commenceàdevenir d’une complexité telle
qu’à nouveau, certains et en particulier l’école de Grenoble commenceront à critiquer la
position dogmatique de la théorie de Davis, popularisée en France par De Martonne et
Choley.
C’est ainsi que finalement, une autre révolution scientifique se produira après les années
1950 avec l’apparition de la géomorphologie climatique qui va s’imposer sous l’idée que
toutegéomorphologieestclimatiqueetquel’érosionnormaleobservéeenmontagnen’est
qu’uneformeprécisedelagéomorphologieclimatique.
Une fois ce nouveau paradigme de la géographie climatique en place, de nombreuses
expériences serontalorsmenéesen laboratoireetà l’extérieurpourdéterminer leseffets
climatiques sur les dégradations des roches, sur la puissance des transports éoliens, la
granulométrie,l’analysedesdépôtscorrélatifs,etc…
Grâce àHugett avec son idée de système reposant sur l’intégration de la physique, de la
chimie, la biologie et l’écologie pour expliquer les formes de relief la géomorphologie
climatiqueserarenomméeauprofitdelagéomorphologiedynamiquequiintégrera,grâceà
lagéologie,leparadigmedelatectoniquedesplaques.
La grande différence entreDavis et la géomorphologie dynamique est queDavis voit la
géomorphologique comme l’étude de l’histoire du relief alors que la géomorphologie
dynamiqueconstituel’étudeintégréedesprocessusresponsablesdurelief.
Il est, aujourd’hui, par conséquent légitime de se poser la question de savoir si la
géomorphologie a encore des choses à nous apprendre contrairement à ce que pensent
certains géographes quimaintenant se tournent vers la géographie humaine qui offre un
champderecherchequasiinépuisableousilaconceptionactuelledeladisciplinevaencore
prendrelaformed’unnouveauparadigmeavecsonnouveauprogrammederecherche.
Résumé
Lagéomorphologieentantquetelleestunedisciplineencorejeune.Siplusieurshommesde
sciences se sont intéressésà l’étudedes formesdu relief, cen’estque lorsde la seconde
moitié du XIXème siècle que celle‐ci est devenue une branche à part entière de la
géographie et plus particulièrement de la géographie physique. Les géographes
«traditionnels»commeMalteBrun(1820)restaientàl’originedessavantsdecabinetdont
la formation littérairene les poussait guère à s’aventurer sur le terrainde l’explicationet
préféraits’entenirauxdescriptionsgéographiquesde laterretellesqueproposéesdepuis
Hérodote.
Néanmoins, l’étudedesprocessusdescoursd’eauadéjà fait l’objetderecherchespar les
hydraulicienslombardsdèsleXVIIèmesiècle.Ceux‐ci,toutcommeSurelldeuxcentsansplus
tard,ferontlelienentrefluviatismeetformedesvallées.
C’est doncprès dedeux cents ans d’étudedeprocessus hydrologiques qui ont permis de
fairedesavancéestrès importantesdans lacompréhensiondesformesdureliefbaséesur
l’observationdel’érosionfluviatile.
Pourtant,malgré l’incursionde l’idéed’uneévolutiondans le tempsdes formesdu relief,
tellequesoutenuetoutuntempsparl’AbbéSoulavieàlafinduXVIIIèmesiècle,l’avancéede
lagéomorphologievamarquerun tempsd’arrêt lorsque lagéologievaelle se servirde la
théoriedudilluvialismedesneptunienspourexpliquerladécouvertedefossilesmarinstout
enhautdesmontagnes.
La géologique, qui à cette époque est une science plus mûre que la géomorphologie,
imposerasespropresconceptionsquinepouvaients’accorderaveclesidéesdesfluvialistes.
D’une part les premiers sont tenants d’un système de révolutions formant le relief à
l’occasiond’événementscatastrophiquesalorsqued’autrepartlesautressonttenantsd’un
systèmeactualistequifaitévoluerenpermanencelereliefdelaplanète.
LasecondemoitiéduXVIIIèmesièclemarquerauntournantdelagéomorphologiegrâceàla
conjonctiondeplusieursévénements.En1815, laFranceperd laSavoie.LouisXVIIIdécide
alorsdefaireréaliserdescartesd’EtatMajorpoursonarméedontlespremièrescartesdes
AlpesetdesPyrénéesserontpubliéesen1830.Cescartesd’EtatMajordeviendrontavecle
baromètre anéroïde les outils de prédilection de la géomorphologie alpine. En 1860, la
France récupère la Savoieet redécouvreunnouveau terraind’exploration. Il vaalors s’en
suivre une véritable explosion de l’intérêt pour les montagnes tant chez les chercheurs
universitairesaveclacréationdel’écoledeGrenoblequechezlessportifsavecleClubAlpin.
On ne fait dès lors plus de la géographie physique par nécessité mais par goût de la
découverteetdusavoir.
La géomorphologie voulant être reconnue comme une véritable discipline scientifique
n’échappera, alors, pas au mouvement de quantification et d’expérimentation du
positivisme.C’estainsiquelamorphométriefutinventéeetintroduisitlanotationd’altitude
moyenne,devolumedesmontagnes,d’aérationdesmassifs,etdevitessed’érosionsuivant
l’hypothèseuniformitariste.
De Magerie initialement influencé par l’école Allemande et bien que n’étant pas un
chercheur, produira une œuvre décisive. En faisant la synthèse des connaissances de la
géographie physique, il rassemblera toutes les données, mesures, observations
précédemment réalisées et ira se former jusqu’en Amérique auprès de Powel (1875), de
Gilbert(1877)etdeDavis.
Ilva,donc,préparerlagéographiefrançaiseàchangerdeparadigmeàtraverssonouvrage
«les formesdurelief».Celui‐ciétabliraunedoctrinecohérente imposant le fluvialismeet
ouvrantlavoieauparadigmedescyclesdel’érosiondeW.Davis.
Avec leGénéralde LaNoé,Magerie rédigeraunouvrage concisdont la rédaction se veut
êtreuneformededémonstrationmathématique:«Supposonsdeuxcoursd’eauaetb»;
«ceci posé»; «il résulte de ce qui précède»,… Cet ouvrage fera la synthèse entre
géographie,géologieethydrauliqueet introduira lesnotionsd’hydrographie,deniveaude
base,deprofild’équilibre,…
Le Général De la Noé expérimente un modèle réduit«réductionniste»illustrant par
l’expérience le phénomène d’érosion fluviatile. Après la mort de La Noé, Magerie va
proposerunprogrammederecherchevisantàréaliserdescarteshydrogéomorphologiques.
Toutefois,lagéomorphologien’étantpasencoredansleparadigmeducycledel’érosion,ce
programmederecherchearriveratroptôtetneseramisenœuvrequ’avecDeMartonne.
C’estlorsqueDavisformuleralathéoriedel’érosionquelasciencegéomorphologiquefera
l’objetd’unevéritablerévolutionscientifiqueausensdeKuhn.
Davisatrèstôtmontrésongoûtpourlessciencesexactes.Ilsortd’Harvardavecundiplôme
d’ingénieurdesminesenpocheetmontreungoûtimmodérépourleraisonnementpur.Son
rôleseraessentielpuisqu’ilsembleaccorderengéographielavaleurd’unedémonstrationà
unthéorèmetoutcommel’ontinitiéMagerieetdeLaNoé.
Notonsd’ailleursquel’édificedoctrinaln’apasétéconstruitenunjour.C’estlentementet
pierreàpierrequ’ils’estélevé.Lesfondementsenavaientétéposéspardesobservateurs
aussi sûrsqu’unPowell,unGilbert,unChamberlin;et leur solidité sembleattestéepar le
faitque,indépendammentetparfoissousd’autresnoms,desnotionsanaloguesavaientété
dégagéespardesgéologuesoudesgéographeseuropéenscommeMagerieetdeLaNoé.
C’estainsiquepoursoutenir sa théorieducycled’érosion (1884)etcelledespénéplaines
(1889),Davisvaexhumerles«IllustrationoftheHuttoniantheoryoftheEarth»dePlayfair.
Ilsera,enoutre,probablementinfluencéparladimensionévolutionnistecaractéristiquedu
contexteaméricaind’entre guerrede sécessionetPremièreguerremondialepourmettre
surpied sa théoriedu cyclede l’érosion. InpenetCollier (2007)notentà ce sujetque les
vuesdeDavis sontnéo‐lamarckiennes. Pour lui, il n’y aeneffetpasd’évolutionaléatoire
maisbienuneévolutiondéterministeliéeauxdifférentsstadesd’évolutiondurelief.
Comme nous l’avons noté, c’est par la rigueur de ses démonstrations qu’il parviendra à
convaincre les esprits les plus rétifs. Dans sa démarche scientifique, Davis applique une
nouvelleméthode: ilutilisecette fameusecarted’EtatMajorqu’ilétudieminutieusement
pourémettredeshypothèsesqu’iliravérifiersurleterrainparlasuite.Enfin,pourparfaire
la communicationdesa théorie, ilutilise le recoursaumodèledéductivisteet réductiviste
qu’estleblocdiagramme.
Très récemment,NumaBroc (2010) conclu surDavis: «AvecDavis, l’étudedes formesdu
relief passe de l’empirisme descriptif au rationalisme déductif».Désormais, les formes du
relief sont intégrées dans une dimension temporelle et non statique, Davis apporte une
idée‐force qui constitue le cœur de sa théorie: les formes de terrain ont un âge et une
régionpassenécessairementpardesphasesdejeunesse,dematuritéetdevieillesse,pour
aboutiraustadefinal:lapénéplaine.Ilintroduitletermed’érosion«normal»relativeà
l’agentprincipald’érosion:lefluviatisme.
On peut dire que maintenant, la géomorphologie dispose d’une définition, d’axiome, de
propositions,destructure,d’uneébauched’unprogrammederecherche,…Sathéorieouvre
lagéographiephysiquesurunprogrammed’étudevaste:l’étudeduréseauhydrographique
de la France et des terrasses fluviatiles que poursuivra De Martonne et la géographie
françaisedurantdetrèsnombreusesannées.
Ceparadigmeperdurerajusqu’audébutdesannéescinquante.Saremiseenquestionsefera
par une offensive anti‐davisienne des théories cycliques de l’érosion normale et des
pénéplaines.Cetteoffensivefutmenéeparl’écoledeGrenoblequivoit làuneoccasionde
s’opposerànouveauàl’écoledeParisdeCholley.
C’est le conceptd’érosion«normale»qui sera leplusdiscuté (CailleuxetTricart) lorsque
Cailleux (1907‐1986) étudiera les phénomènes d’érosion dans le bassin parisien. Ces
observations vont par conséquent déboucher sur la condamnation de l’actualisme: «On
n’apasledroitd’étendreauxplainestempéréeslesnotionsacquisesenpaysdénudéouen
montagne»(Cailleux).
Finalement, l’idée s’imposera que toute géomorphologie est climatique et que l’érosion
normaleobservéeenmontagnen’estqu’uneformeparticulièredecettegéomorphologie
climatique.
Une fois le nouveau paradigme de la géographie climatique en place, de nombreuses
expériences seront menées en laboratoire et à l’extérieur pour déterminer les effets
climatiques sur les dégradations des roches, sur la puissance des transports éoliens, la
granulométrie, l’analysedesdépôtscorrélatifs,etc…C’esttoutunnouveauprogrammede
recherchequiseradéveloppéautourdelagéomorphologieclimatiqueintégrantlaphysique,
la chimie, la biologie et l’écologie pour expliquer les formes de relief qui traduit un
basculement épistémologique de premier ordre de la géomorphologie vers une approche
systémiquedeladisciplinequel’onnomme«géosystème».
Bibliographie
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NumaBroc.UnehistoiredelagéographiephysiqueenFrance(XIXe–XXesiècles)Leshommes–Les
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NumaBroc.UnehistoiredelagéographiephysiqueenFrance(XIXe–XXesiècles)Leshommes–Les
œuvres–Lesidées,Tomes2.CollectionEtudes;PressesUniversitairesdePerpignan2010
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Conrad Malte‐Brun. Précis de la géographie universelle: Ou description de toutes les parties du
monde,surunplannouveau,d'aprèslesgrandesdivisionsnaturellesduglobe;précédéedel'histoire
delagéographiechezlespeuplesanciensetmodernes,etd'unethéoriegénéraledelagéographie
mathématique,physiqueetpolitique,Volume2.Berthot,Buisson,1810
René Neboit‐Guilhot, Philippe Allée, Laurent Lespez. L'érosion entre société, climat et
paléoenvironnement: table ronde en l'honneur du professeur René Neboit‐Guilhot, Clermont‐
Ferrand,25‐26‐27mars2004.Volume3deCollection"Nature&sociétés"PressesUnivBlaisePascal,
2006.
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MassimoCorradi,Fromethe«Architecturehydraulique»tothe«Sciencedesingénieurs»:Hydrostaticsand
HydrodynamicsintheXIXthcentury»In:ProceedingoftheFirtsInternationalCongressonConstruction
Hystory,Madrid,20th‐24thJanuary2003,ed.S.Huerta,Madrid:I.JuandeHerrera,SEdHC,ETSAM,A.E.
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