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Physique Generale
HYDRODYNAMIQUE
TRAN Minh Tam
Table des matieres
Les fluides en mouvement 129
Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 129
Les hypotheses sur l’ecoulement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 130
Equation de continuite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 131
L’equation de Bernoulli 134
Enonce de l’equation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 134
Application : formule de Torricelli . . . . . . . . . . . . . . . . . . 136
Application : effet Venturi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 137
Ecoulement autour d’un obstacle 139
L’effet Magnus . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 139
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%
Force de viscosite dans un fluide reel 141
Definition de la viscosite . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141
Application : ecoulements de Poiseuille . . . . . . . . . . . . . . . . 142
Perte de charge . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 144
Ecoulements laminaires et turbulents 146
Deux exemples . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 146
Le nombre de Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 147
Interpretation du nombre de Reynolds . . . . . . . . . . . . . . . . 148
-2-
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Les fluides en mouvement
Introduction
Nous avons deja evoque au chapitre de l’hydrostatique la notion de fluide.
Les etats liquide et gazeux sont des fluides par opposition a l’etat solide.
Nous avons egalement deja evoque “l’hypothese du continu” par lequel nous
considerons le fluide comme un milieu continu dont nous connaissons de
maniere empirique les proprietes : ces proprietes decoulent bien entendu
des caracteristiques microscopiques de la matiere, mais leur deduction de
ces caracteristiques microscopiques est difficile ; il est plus aise de tirer de
l’experience les proprietes macroscopiques et de les “reinjecter” dans notre
developpement.
Nous avons egalement parle de particules ou elements de fluide. A cette
echelle intermediaire entre l’echelle microscopique et l’echelle macrosco-
pique, nous considererons quelques 1010 a 1016 molecules, ce qui permet
deja d’avoir acces a des moyennes locales ayant un caractere macrosco-
pique et, ainsi, de definir ces grandeurs macroscopiques qui decrivent le
fluide comme un milieu continu.
L’etude de l’ecoulement peut se limiter a la connaissance du mouvement
d’ensemble des “particules” de fluide. Deux approches sont des lors pos-
sibles.
1. Le mouvement est decrit par la donnee des trajectoires des particules
de fluide au cours du temps, connaissant leurs positions a une date
initiale t0. C’est l’approche lagrangienne (Louis de Lagrange, astronome
et mathematicien francais (1736 - 1813)).
2. Le mouvement est decrit par la connaissance de la vitesse de toutes
les particules de fluide a tout instant t. C’est l’approche eulerienne
(Leonhard Euler, mathematicien suisse (1707 - 1783)).
En fait, l’approche de Lagrange devient tres rapidement difficile a utiliser,
en particulier pour les ecoulements turbulents ou la notion d’element (ou
particule) de fluide est difficile a saisir. Nous adopterons dans ce qui suit
l’approche eulerienne.
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Les fluides en mouvement
Les hypotheses sur l’ecoulement
La description de l’ecoulement d’un fluide reel est tres complique et certai-
nement au dela du cadre de ce cours de Physique Generale. Nous ferons les
hypotheses limitatives suivantes :
1. Ecoulement stationnaire. La vitesse des particules de fluide pas-
sant en un point donne ne change pas au cours du temps, que ce soit
en module ou en direction.
2. Fluide incompressible. Le fluide est incompressible : sa masse
specifique est constante et uniforme.
3. Ecoulement non visqueux. Nous avons vu dans le chapitre de
l’hydrostatique que, dans un fluide, existaient des forces de volume et
des forces de surface. Les premieres sont des “forces a longue portee”
et s’exercent sur des elements de volume, alors que les forces de sur-
faces s’exercent entre deux “couches” de fluide. Alors que pour un fluide
en equilibre les forces de surface ne peuvent etre que normales (ce sont
les forces de pression), dans l’etude du mouvement des fluides, les forces
de surface tangentielles participent directement au mouvement du fluide
et agissent comme des forces de frottement, les couches de fluide rapides
entraınant les couches lentes. La composante tangentielle des forces de
surface est appelee “force de viscosite”. Comme son nom l’indique, elle
caracterise des fluides reels visqueux, que nous etudierons prochaine-
ment. Dans les ddeux premiers paragraphes de ce chapitre, nous fe-
rons l’hypothese du fluide parfait ou les forces de viscosite seront
negligees.
4. Ecoulement irrotationnel. Nous n’allons pas considerer les
ecoulements dans lesquels les elements de fluide tournent autour d’un
axe passant par son centre de masse.
5. Il n’y a ni source ni puits dans notre fluide.
La premiere hypothese sur un ecoulement stationnaire permet d’ecrire :
~v(~x, t) = ~v(~x, t0) ∀ t , ∀ ~x
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Les fluides en mouvement
La trajectoire d’une particule de fluide (approche de Lagrange) coıncide ici
avec la ligne de courant, ligne qui, a un instant donne, est tangente aux
vitesses des divers elements de fluide (approche eulerienne).
A l'instant t.Approche eulérienne
Pour une particule de fluide.Approche de Lagrange
Trajectoire
Ligne de courant
Tubes de courant Considerons une courbe fermee C dont aucun
troncon ne coıncide avec une ligne de courant. L’ensemble des lignes de
courant qui s’appuyent sur C definit un tube de courant. Par construction,
Lignes de courant
C
aucune ligne de courant ne sort transversalement du tube de courant : au-
cun element de fluide ne traverse le tube de courant. Comme, de plus, nous
sommes en regime stationnaire, les lignes de courant sont constantes, donc,
les tubes de courant ne seront pas deformes.
Exemple : Un “filet” d’eau coulant d’un robinet constitue un tube de cou-
rant.
Equation de continuite
Un fluide incompressible passe dans un tube ayant un retrecissement. Il a
une vitesse ~v1 a gauche, la ou le tube a une section S1. Pendant un intervalle
de temps ∆t, un volume ∆V de fluide entre dans le tube. Comme le fluide
est incompressible, un meme volume ∆V de fluide sortira du tube.
∆V = S1 v1 ∆t = S2 v2 ∆t ⇒ S1 v1 = S2 v2
Cette derniere equation est l’equation de continuite, elle montre que, pour
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Les fluides en mouvement
S1
S2
v2v1
x∆V = S . ∆x
un fluide incompressible, la vitesse du fluide augmente si la section du tube
conducteur decroıt.
Le produit S v est le debit de fluide et est constant : DV = S v = cst.
L’equation de continuite S1 v1 = S2 v2 est aussi valable pour un tube de
courant : puisqu’aucun element de fluide ne traverse le tube de courant, ce
qui entre dans le tube de courant doit en ressortir !
S1
S2
Remarque : Dans tout notre developpement, nous n’avons pas de source ni
de puits dans notre fluide ! Si nous en avions eu, nous n’aurions pas eu de
conservation du debit a l’endroit de la source ou du puits.
Exemple :
La section de l’aorte chez une personne normale au repos est de 3 cm2
et la vitesse du sang y est de va = 30 cm/s . Un capillaire type a une
section d’environ 3 × 10− 7 cm2 et le sang y circule avec une vitesse de
vc = 0, 05 cm/s . Combien de capillaires cette personne a-t-elle ?
Point principal : Le sang qui passe dans les capillaires a du passer par l’aorte ;
par consequent, le debit du sang au travers de l’aorte est egal au volume total de
sang passant par seconde dans les capillaires.
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Les fluides en mouvement
Le debit du sang etant conserve entre les capillaires et l’aorte, nous avons :
Sa va = N × Sc vc
N =Sa va
Sc vc=
3 × 30 cm3/s
3 × 10− 7 × 0, 05 cm3/s= 6 × 109
Point de controle La figure ci-dessous montre un tuyau avec diverses ramifica-
tions. Le debit de fluide en cm3/s est indique pour chacune des ramifications, sauf
une. Dans quel sens le fluide s’y ecoulera-t-il et avec quel debit ?
48
2 5
6
4
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L’equation de Bernoulli
Enonce de l’equation
Considerons un tube de courant en regime stationnaire. Le fluide est un
fluide parfait incompressible. Isolons par la pensee un bout de ce tube de
courant et considerons-le comme un systeme sur lequel s’exercent des forces
exterieures.
y2
P2
y
x
y1
P1
v1
v2
y
x
Dans le systeme, nous n’avons pas de dissipation, le fluide est en effet
parfait (sans viscosite) ; sur lui s’exerce une force conservative : la force de
gravitation dont le potentiel est ∆ m g y. Le travail des forces exterieures
sur notre systeme est donc egal a la variation de l’energie mecanique du
systeme : W = ∆ E mec. .
Les forces exterieures a notre systeme sont ici sont les forces de pression :
nous devons fournir un travail au systeme pour pousser la masse de fluide
a l’entree et le systeme doit aussi ceder du travail pour expulser dehors la
masse de fluide a la sortie.
Le travail d’une force de pression est W = F ·∆x = P ·(S ∆x) = P ·∆V .
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L’equation de Bernoulli
Ainsi, les travaux des forces de pression sont :
W = P1 ∆V − P2 ∆V = − (P2 − P1) ∆V
Ainsi :
W = ∆ E mec. ⇒ − (P2 −P1) ∆V =1
2∆ m
(v2
2 − v21
)+ ∆ m g (y2 − y1)
− (P2 − P1) ∆V =1
2ρ ∆ V
(v2
2 − v21
)+ ρ g∆V (y2 − y1)
∆m = ρ∆V = masse de fluide qui entre et sort pendant l’intervalle de temps ∆ t .
1
2ρ v2
1 + ρ g y1 + P1 =1
2ρ v2
2 + ρ g y2 + P2
ou
1
2ρ v2 + ρ g y + P = constant le long d’une ligne de courant.
En effet, on peut reduire progressivement la section du tube de courant.L’equation precedente constitue le theoreme de Bernoulli.
Point de controle
De l’eau coule dans la canalisation verticale dessinee sur la figure ci-apres selon le
sens indique. Donnez dans l’ordre decroissant les sections selon a) le debit d’eau
qui les traverse, b) la vitesse de l’eau, c) la pression au sein de l’eau qui y coule.
1 2
3 4
sens de l'écoulement
y
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L’equation de Bernoulli
Application : formule de Torricelli
S0
Sf
A
B
C D
P0h
D
VC
Appliquons le theoreme de Bernoulli a la ligne de courant ABCD pour un
volume ∆V unite :
En A : v ≈ 0
P = P0 (pression atmospherique) et
Epot = 0 (origine du potentiel gravifique)
En C ou D : v = inconnue
P = P0 si on est dans la partie du jet a section constante
Epot = − ρ g h
1
ρP0 =
1
ρP0 +
1
2v2 − g h ⇒ v =
√
2 g h
C’est la vitesse d’un corps en chute libre d’une hauteur h.
Attention : nous avons fait l’hypothese que la section du tube de courant
en D, Sf , est beaucoup plus petite que la section au point A, ce qui nous a
permis de negliger la vitesse du fluide en A (equation de continuite !). Par
ailleurs, la section Sf est d’environ 0.5 a 0.6 fois S0, la section reelle du
trou (en C).
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L’equation de Bernoulli
Application : effet Venturi
SA SB
vA
vB
A
B vC
hA
hB
hC
Appliquons le theoreme de Bernoulli a la ligne de courant horizontale ABC
d’un ecoulement stationnaire incompressible :
PA +1
2ρ v2
A = PB +1
2ρ v2
B = PC +1
2ρ v2
C
Mais PA = P0 + ρ g hA , ( P0 est la pression atmospherique), donc :
hA +1
2 gv2
A = hB +1
2 gv2
B = hC +1
2 gv2
C
La pression est plus basse en B qu’en A ou qu’en C puisque vB > vA et
vB > vC par l’equation de continuite.
Remarque : La pression en C est la meme que celle en A a condition que
la viscosite soit nulle ; ce n’est en general pas le cas.
Autres applications
– Mesure du debit. Nous avons : DV = SA vA = SB vB. En utilisant la
relation deduite de l’experience du tube de Venturi, nous avons :
DV = SA vA = SA
√√√√
2 g (hA − hB)(
SA
SB
)2
− 1
ce qui permet de trouver le debit DV a partir de (hA − hB), le reste
etant connu par construction.
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L’equation de Bernoulli
A
– Vaporisateur Le retrecissement en A donne naissance a une depression
qui permet l’aspiration du fluide et ainsi de le pulveriser.
Soumis a un ouragan, le toit d’une maison peut se soulever pour les
memes raisons.
– Trompe a eau
Tube B
A
Le rétrécissement important provoqueune dépression, donc une aspiration dansle tube B
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Ecoulement autour d’un obstacle
L’effet Magnus
(a)
(b)
(c)
F
A
A
B
B
infini
Sur la figure a), le fluide s’ecoule de gauche a droite et rencontre un cylindre
infiniment long. Pour les deux points A et B situes symetriquement autour
du cylindre, nous avons en negligeant les petites differences de pression
hydrostatique entre A et B :
PA +1
2ρ v2
A = PB +1
2ρ v2
B = P∞ +1
2ρ v2
∞
La vitesse et la pression en A sont egales a celles en B.
Sur la figure b), le fluide est mis en mouvement par la rotation du cylindre ;
ceci n’est possible que si le fluide lui-meme est visqueux.
Sur la figure c), nous avons la superposition de l’ecoulement a) du fluide et
du mouvement de rotation b). Avec cette superposition, en A les vitesses
dues aux deux mouvements s’additionnent et en B, elles se retranchent.
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Ecoulement autour d’un obstacle
Donc : vA > vB ⇒ PA < PB si nous avons a la fois l’ecoulement du
fluide et la rotation du cylindre entraınant celle du fluide. Puisque PA <
PB , une force verticale apparaıt qui souleve le cylindre.
On obtient l’ecoulement dessine sur la figure b) en faisant tourner l’obs-
tacle. Dans un fluide parfait, cela n’a aucun effet ! Mais grace a la viscosite,
le mouvement de l’obstacle (balles de ping-pong, de tennis, de golf, bal-
lon de football et autres objets plus serieux) se transmet au fluide. Dans
ces exemples, c’est l’obstacle qui se meut a la vitesse ~v∞, le fluide etant
immobile, du moins a grande distance.
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Force de viscosite dans un fluide reel
Definition de la viscosite
Dans le modele du fluide parfait, nous avons considere que les forces de
surface entre deux “couches” de fluide etaient uniquement normales a l’in-
terface entre ces deux couches. Les observations faites sur les fluides reels ne
peuvent cependant etre expliquees qu’avec l’introduction de la composante
tangentielle des forces de surface (exemple : effet Magnus).
Ces forces sont opposees aux vitesses relatives des elements de fluide : elles
sont, par consequent, toujours dissipatives de l’energie mecanique du fluide
puisque toujours opposees au mouvement.
Considerons le cas simple ou les couches de fluide paralleles au plan Oxz
glissent les uns sur les autres. Ce cas est un bonne approximation d’un
ecoulement reel dans lequel les dimensions Ox et Oz sont trs grandes par
rapport a l’epaisseur Oy du fluide.
Supposons que les vitesses des particules de fluide sont paralleles a l’axe
Ox. Comme les dimensions du fluide selon Ox et Oz sont tres grandes, la
seule variation possible des vitesses des particules ne peut etre que selon
l’axe Oy : ~v = vx (y) i.
Considerons deux elements de fluide S1 et S2 separes par la surface Σ
normale a Oy.
v
v
vF F
x
y
z
O
Σ
S1
S2
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Force de viscosite dans un fluide reel
La force de viscosite, exercee a travers Σ par S1 sur S2 est :
– tangente a Σ
– proportionnelle a l’aire S de Σ
– de sens oppose a i si vx (y) est une fonction croissante de y
– son module est proportionnel au taux d’accroissement de la vitesse en
fonction de y,d v
d y: F = η
d v
d yS
Cette force ~F tend a ralentir les couches de fluide rapides et a accelerer les
couches lentes. Le coefficient η est le coefficient de viscosite ou, simple-
ment, la viscosite du fluide et depend de la temperature assez fortement.
L’unite de viscosite est le poiseuille (Pl) : 1 Pl = 1 N · s/m2 = 1 Pa · s
Dans la situation decrite ici,d v
d yest le taux de variation des vitesses de
deux nappes de fluide planes et voisines. La force de viscosite apparaıt ici
car il y a tendance au glissement d’une nappe sur l’autre.
Application : ecoulements de Poiseuille
(Jean-Louis Marie Poiseuille, physiologiste et physicien francais (1799-1869)
a etudie la circulation des liquides dans des tuyaux cylindriques)
Un ecoulement de Poiseuille est un ecoulement laminaire permanent
dans un domaine limite par une paroi cylindrique immobile de section quel-
conque.
Nous considerons un conducteur cylindrique et un element de fluide de
meme axe que le conducteur et de longueur ∆ x. Cet element de fluide
est en mouvement rectiligne uniforme le long de l’axe sous l’effet de deux
forces :
1. les forces de pression F1 = P1 π r2 et F2 = P2 π r2 (cf. dessin),
2. la force de viscosite F = −ηdv
dr∆x 2π r (la derivee
dv
drest negative :
la vitesse des nappes de fluide de meme axe que la conduite decroıt
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Force de viscosite dans un fluide reel
quand r augmente. En r = R, cette vitesse est nulle : le fluide visqueux
“colle” a la paroi de la conduite).
2R
x
Conduite cylindrique
r
F
F1
F2
∆xv
r
Le mouvement de l’element de fluide etant rectiligne uniforme, nous avons
l’egalite des forces agissant sur lui :
π r2 (P1 − P2) = − ηdv
dr∆x 2π r
dv
dr= −
r
2 η
∆ P
∆ x
L’integration de l’equation precedente, avec la condition a la limite suivante
v(r = R) = 0 , donne
v(r) =
∣∣∣∣
∆ P
∆ x
∣∣∣∣
1
4 η(R2 − r2)
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Force de viscosite dans un fluide reel
Perte de charge
Nous avons vu, pour un fluide parfait, que le debit volumique dans une
conduite de section S est de S v. Dans notre cas, la vitesse varie en fonction
du rayon de la conduite : nous devons effectuer l’integrale suivante
DV =
∫
v(r) dS =
∫ R
0
v(r) 2πr dr =
∣∣∣∣
∆ P
∆ x
∣∣∣∣
π
2 η
∫ R
0
(R2
− r2)
r dr
DV =π
8 η
∣∣∣∣
∆ P
∆ x
∣∣∣∣
R4
Poiseuille, auteur de travaux sur la circulation sanguine et sur l’instrumen-
tation physique, enonca cette loi en 1844.
Ecoulementà l'air libre
tube de section constantex
y
Remarques
1. Pour un liquide en ecoulement laminaire dans un tube de section S et
de longueur `, le debit est proportionnel a la quantiteS 2
`. On peut
verifier experimentalement ce resultat, en prenant deux tubes de meme
section mais de longueur differente, places a une meme hauteur d’un
reservoir.
2. Pour obtenir un meme debit, la pression varie comme la puissance 4 du
diametre du tuyau !
-144-
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$
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Force de viscosite dans un fluide reel
3. Pour un debit constant et une section constante de la conduite,∆ P
∆ x= cst : la pression decoıt lineairement avec la distance x.
Point de controle Un fluide coule d’un bassin au travers de deux tubes de meme
section (quelques mm2) mais de longueur (quelques dizaines de cm) double l’une del’autre. Les deux tubes sont places a la meme hauteur de la base du bassin. Quelle
relation trouvez-vous entre les volumes de liquide recueilli dans les bechers ?
L 2L
h1 h2
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$
%
Ecoulements laminaires et turbulents
Deux exemples
– Lorsque nous laissons la fumee d’une cigarette monter dans l’atmosphere,
nous voyons que la fumee a un aspect regulier au debut, puis, a partir
d’une certaine hauteur, se transforme en un ecoulement turbulent dans
lequel nous n’arrivons pas a distinguer les lignes de courant ; nous n’arri-
vons pas a associer aux elements de fumee des trajectoires bien definies
et stables. L’explication en est la suivante : initialement, l’air chaud a un
ecoulement laminaire car sa vitesse d’ascension est relativement faible ; ce
mouvement est cependant accelere parce que l’air chaud monte dans un
environnement d’air plus froid. Arrive un moment ou la vitesse de l’air
chaud est telle que nous avons des turbulences.
– Observons l’eau qui sort d’un tuyau. Si le dbit est faible, un filet d’eau
transparent s’ecoule regulierement ; ce type d’ecoulement ne se rencontre
que si la vitesse est faible ou lorsque le fluide est tres visqueux. Si nous
augmentons progressivement le debit en augmentant la vitesse de l’eau
( DV = S v ), la surface du jet d’eau n’est plus parfaitement lisse et
son aspect varie avec le temps, puis il perd sa transparence. Les lignes de
courant n’ont plus la forme reguliere du rgime laminaire ; elles forment un
reseau complexe enchevetre et changent rapidement et constamment de
forme : c’est le regime turbulent. Ce regime turbulent est atteint d’autant
plus rapidement que le diametre du robinet est grand.
Un ecoulement est laminaire si les lignes de courant “glissent” les
unes sur les autres en restant paralleles ; un ecoulement laminaire existe
generalement si la “vitesse” est faible.
Dans le cas contraire, pour des vitesses “elevees”, l’ecoulement est turbu-
lent. Il est instable et sa structure est chaotique.
-146-
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Ecoulements laminaires et turbulents
Le nombre de Reynolds
Nous recherchons une grandeur sans dimension qui nous permette de
determiner de maniere quantitative la “frontiere” entre ecoulements la-
minaire et turbulent.
Choix des parametres
D’apres les experiences precedentes, la transition entre ecoulements lami-
naire et turbulent est fonction de
– La vitesse d’ecoulement : c’est le parametre que nous avons mis en
evidence dans les deux experiences.
– La viscosite η du fluide : il est bien plus difficile d’obtenir un ecoulement
turbulent dans l’huile que dans l’eau.
– Le diametre du tube : il est plus facile d’obtenir un ecoulement laminaire
dans un tube de faible diametre !
– La masse specifique du fluide : ce parametre n’est pas evident, mais il
apparaıt dans toutes les equations d’evolution du fluide.
Analyse dimensionnelle
Les dimensions des differents parametres precedents sont
[v] = L · T−1 [η] = M · L−1 · T−1
[D] = L [ρ] = M · L−3
Re =ρ v D
ηest la seule grandeur sans dimension que l’on peut former
a partir des parametres precedents.
Pour Re ≤ 1 l’ecoulement est laminaire. Pour Re � 1, l’ecoulement est
turbulent. L’ecoulement peut etre laminaire pour Re ' 1 − 2000 dans le
cas ou la vitesse est contrainte a avoir une direction determinee (dans un
tuyau, par exemple)
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Ecoulements laminaires et turbulents
Interpretation du nombre de Reynolds
Rappelons d’abord que dans un fluide en movement, un element de fluide
de masse dm traversant une surface dS a la vitesse v pendant dt transfere
de proche en proche au fluide une quantite de mouvement : ce transfert est
appele transfert convectif de quantite de mouvement et vaut :
d pC = v dm = v ρ v dS dt︸ ︷︷ ︸
= dm
= ρ v2 dS dt
v
v dt
dm dS
dS
y
y + dy
vx(y)y
x
dpcdpd à travers la surface dS
Transfert convectif de p Transfert par diffusion de p
ddy
D’autre part, comme nous l’avons vu, dans un fluide visqueux, les couches
de fluide rapides entraınent les couches lentes : il y a la aussi un transfert
de quantite de mouvement, mais lie a la viscosite. On appelle en Physique
ce transfert le transfert par “diffusion”, car du point de vue microscopique,
c’est le passage des molecules d’une couche a l’autre qui en est a l’origine.
Nous avons vu que la force de frottement visqueux est de
dF = ηd v
d ydS pour une surface dS. On peut estimer l’ordre de grandeur
ded v
d ypar
v
Lou L est une distance caracteristique normale a la direction de
l’ecoulement. Comme le transfert de quantite de mouvement par “diffusion”
est d pD = dF dt =η v
LdS
︸ ︷︷ ︸= dF
dt .
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$
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Ecoulements laminaires et turbulents
Le nombre de Reynolds est defini comme etant le rapport du transfert
de quantite de mouvement par convection et du transfert de quantite de
mouvement par diffusion.
Re =pC
pD=
(ρ v2
)
(η vL
) =ρL v
η
nombre de Reynolds faible nombre de Reynolds eleve
Re � 1 ⇔ pD � pC Re � 1 ⇔ pD � pC
predominance des transferts predominance des transferts
de quantite de mouvement de quantite de mouvement
par diffusion par convection
L’ecoulement est plutot laminaire L’ecoulement est plutot turbulent
On peut definir des veines de fluide On ne peut plus definir
de veines de fluide
La definition du nombre de Reynold contient une ambiguite dans ladefinition de la longueur caracteristique de l’ecoulement L : cette longueurest, par exemple, le diametre ou le rayon de la conduite, la distance entredeux plans ou l’on force le liquide.
Point de controle Deux spheres sont lachees dans un bassin dont les dimensions
sont tres grandes par rapport aux dimensions des spheres.
a) Comment defineriez-vous la “longueur caracteristique” L de l’ecoulement.
b) L’une des spheres est proche d’une paroi fixe. Quelle est la sphere qui a la plus
grande vitesse ?
Paroi fixe
deux sphèresidentiques
-149-
top related