pierre le goffic - la phrase « revisitée »
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8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »
1/11
LA PHRASE « REVISITÉE »
Pierre Le Goffic
Armand Colin | Le français aujourd'hui
2005/1 - n°148
pages 55 à 64
ISSN 0184-7732
Article disponible en ligne à l'adresse:
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------http://www.cairn.info/revue-le-francais-aujourd-hui-2005-1-page-55.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Pour citer cet article :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------Le Goffic Pierre, « La phrase « revisitée » »,
Le français aujourd'hui , 2005/1 n°148, p. 55-64. DOI : 10.3917/lfa.148.0055
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I.A
PHRASE
(
REVISITÉE
,
Par
Pierre
LE
GOFFIC
Université Paris 3
UMR..LATTICE"CNRS/ENS
n
Après tout, c'est
ainsi
que
nous
communiquons,
par
des
phrases,
même tronquées,
embryonnaires,
incomplètes,
mais
toujours
par des
phrases
,.
É,.
Benveniste, Probllmes dz
ling.istique gênhalz
C'est le
tour
de
la
notion
de
n
phrase
o,
depuis quelques
années,
d'être
re-
mise
en
question,
u
revisitée
o,
en
particulier
par
des
chercheurs
travaillant
sur
l'oral
et/ou
dans
une
perspective
textuelle,
et
qui
n'admettent
pas
la
boutade
de
Benveniste rapportée
ci-dessus.
I.a
phrase
peut-elle
garder
sa
position
de
clé de
voute
de
l'édifice
de
la
linguistique
?
Permet-elle une ar-
ticulation avec des
approches
se
définissant
en
termes cognitifs
?
Certains
cherchent à élaborer des
propositions
alternatives
-
mais la tâche
est ardue.
Curieux trajet,
à
vrai
dire,
que celui
de
la
notion
de phrase :
tard venue
dans
la
réflexion
sur
le langage
(au
XVIII'siècle,
alors que
le
mot
de
phrase
désignait
jusque-là
ce
que nous appellerions
un
groupe
ou un
syntagme),
mais avec un succès
firlgurant qui
fait
d'elle
le
concept central,
indiscutable
et
indiscuté,
de
la
grammaire
(d'une
façon
implicite
ou théorisée,
selon
les
cas), et
maintenant
tenue en suspicion
par certains, parfois
même piétinée.
On
tentera
ici
de
donner une
rapide
vue
d'ensemble
des
problèmes
en
question,
sans pour
autant
prétendre à une
impossible neutralité de
I'examen.
["a phrase n'est sans doute
pas
près
d'être
n
déboulonnée
u
de
son
statut de
concept central
de
la
linguistique,
mais elle pose
de
redoutables
problèmes
pour
une
approche
et
une
problématisation
adéquates.
Comment
résoudre, ou
gérer,
cette
contradiction fondamentale:
d'un
côté
la
phrase
est,
par
définition
nécessaire, une
structure
autonome et
complète
;
de
I'autre,
elle
doit
impérativement
se relier
aux
autres
phrases
pour tisser
les liens
d'un
texte
cohérent
? Ne
pouvant
abandonner
ni l'un
ni
I'autre
bout
de la chaine,
on
doit donc
chercher à travailler
cette
contra-
diction,
pour mieux
la
comprendre
et la
maitriser. Situation inconfortable
sans
doute, mais
inéluctable
-
et
stimulante.
Qu'est-ce
qu'une
phrase
?
Une chose
en
tout
c:N est claire :
on ne peut pas
définir
(d'une
façon
inté-
ressante pour
la théorie
linguistique)
la phrase par ses
limites,
c'est-à-dire
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Le Français
aujourd'hui
n"
148,
Linguistique et
étude de la
langue
par
des marques
de
début et
de
fin
clairement
reconnaissables
dans un
texte,
écrit
ou
oral
-
ce
qui
est assurément foft
regremable
À
l'écrit,
même
si,
dans
une
première approche
informelle
du
texte,
nous nous
repérons
tous en
parlant
de
n
phrase
D
par rapport
au
point,
chacun sait
bien
que ce
qui est
situé
entre
deux
points
(ou
une
majuscule
et
un point)
ne
correspond
pas
toujours,
loin
s'en
faut,
à
une unité
syntaxique
u
phrase
,.
Entre Paul
a réussi etJean a échoué,
on peur insérer
sur le papier
(en
écrivant,
ou
rrouver,
en lisant)
une
virgule,
un point
virgule,
ou un point
(et/ou
un
marqueur
comme
et)
;
ces
signes corres-
pondent
certes
(concurremmenr
avec
l'intonation)
à
des
mises
en rapport
différenciées
des
deux
segmenrs,
mais
y
a-t-il
pour
âutanr
un
nombre
différent
de
u
phrases
)),
en
un
sens
de ce
mor
utilisable
dans
une
théorie
syntaxique
? La syntaxe est
incapable
de caractériser les
différents
produits
résultants comme
des
entités
syntaxiques
distinctes dotées
de
strucrures
syntaxiques
différentes,
elle
analyse
chacun
de
ces
deux segments
comme
une
phrase
;
les
différences
induites
par la
ponctuation
concerneronr
la
mise en relation
de deux phrases
(on
pourra
chercher
à
y
voir
la
constitu-
tion
d'une
unité
d'un autre
niveau),
et non
pas
le
fait
de
savoir
ce qui est
phrase.
À I'oral,
la recherche
de
phrases
sur la
base
de
marques
formelles
de
début
et
de
fin
est encore plus
incertaine
:
la
structuration intonative
(notam-
ment le
jeu
des
montées
et
des
descentes de
la
voix)
est
difficile
à mettre
en
correspondance
avec
des
constituants
moqphosyntaxiques
et,
d'une manière
générale,
elle
est plus
en
rappoft
avec
la
structure
communicative
ou infor-
mative
du
message
qu'avec
sa
structure syntaxique.
On
pourra
très
bien
avoir
une
intonation
montante
(un
intonème
continuatifl
sur
un segmenr
initial
tel
que
II pleuuait,
en
raison
de
sa
valeur thématique, par rapporr
à
une
suite
comme
j'ai
pris
mon
parapluie
(avec
intonème
conclusif), bien
que
ce
u
thème
>
ne
puisse
s'analyser
au
plan
syntaxique
que
comme
une
phrase complète.
Si I'intonation
traite
de
la
même façon
un
u
thème
o,
qu'il
soit
une
phrase,
un GN,
ou
tout
autre
chose, cerrains
vont
jusqu'à
conclure
que
la
notion
syntaxique
de
phrase
est non pertinente
pour l'oral
-
ce
qui
est
peut-être
aller
un
peu
vite
en besogne.
Si
on
ne
peut définir
la
phrase
u
par
les bords
u,
il faut
chercher à la
définir
u
par
le
centre
>,
c'est-à-dire par
ses
propriét&
intrinsèques
essentielles.
L'histoire peut aider
:
le
terme
de
phrase
a
dt
sa forrune
à ce
qu'il
réalise
un
compromis
entre
la
n
proposition
,
de
la
logique et la
u
période
o
de
la
rhétorique :
de
la
<
proposition
,
des
logiciens,
il retient
I'idée
d'une
arti-
culation
cenûale entre
un
sujet
et
un
prédicat,
cimentée
par
un acte
de
l'énonciateur
(tel
que,
prototypiquement,
une
asserrion)
;
de
la
o
période
,
de
la rhétorique,
le
terme
retient
l'extension
au-delà
d'une proposition
unique,
la
possibilité
d'une
ceftaine
multiplicité,
pour
auranr
que celle-ci
puisse
se
r6orber
dans
l'unité
d'une
strucrure
matrice.
D'oir la
définition
(qui
concerne
aussi
bien
I'oral
que
l'écrit)
: la
phrase
est
une
proposition
étendue le
cas échéant
à
tout
ce
qu'elle englobe
(par
enchâssement)
ou
s'annexe
(par
ajout).
Ou encore
: la phrase
est un
fais-
ceau
de dépendances hiérarchisées,
une strucrure syntaxique
complète
et
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(
La
phrass
"revisitée"
n
autonome,
autour
d'un
cenrre
de
dépendance
unique
lié
à
un acre. La
phrase
est
donc,
inséparablement,
une
réalité
à la fois syntaxique
(prédica-
tive)
et énonciative.
.
La
phrase
comme
prêdication:
la phrase se
consritue
d'un
(et
aurour
d'un)
prédicat,
rapporté
à
un
terme
dont
la
réalisation
rype est
celle
de
sujet
;
c'est
le
domaine proprement rectionnel,
comporrant
des
éléments
(
essentiels
u
(et
qu'on
peut figurer
par
exemple
autour
d'un
verbe,
en
termes
de valence
à
la Tesnière)
et
des éléments
u
accessoires
,
intégrés.
Comme
dit
Benveniste
:
n
Les
rypes
de
phrase
qu'on
pourrait
distinguer se ramènent
tous
à un seul, la
proposition
prédicative,
et il
n'y
a pas
de phrase
hors
de la
prédicatiott
,
1i966,
n.
IZù.
.
La
phrase comme
acte
d'énonciation;
d'autre
pan
la
phrase procède
d'un acte
du
sujet énonciateur
(les
classiques
l'ont bien
marqué
pour
la
n
proposition
n),
que
cet
acte
soit
une
assertion
(comme
dans
la
phrase
type,
celle
qui
énonce
une
(
proposition
r,
c'est-à-dire
un
o
jugement
,),
une
interrogation,
ou
une
injonction
(mais
le
para-
digme
est fort
restreint).
Ainsi
abordée,
la phrase ne
se
distingue
pas de
l'< énoncé
,
: elle
est
non
seulement une
totaliré structurale
(smtence
en anglais), mais
aussi
un
acte
(statetnmt),
énoncé
unique
inséparable
de son énonciation.
C'est dans
I'alliance
de
la
prédication
et
de
l'énonciation
que réside le
saut qualitatif
qui
marque
la
rupture avec les
unités inférieures
à la phrase,
et
qui
donne
à
celle-ci son statut
spécifique.
C'est par là également
qu'on peut
répondre
à la
question
classique :
u
l,a
phrase
appartient-elle
à
la langue
ou
au
discours ?
o.
Pour
Saussure,
on
le
sait,
la
phrase
appartient
à
la
parole
(assimilable
au
discours),
pour
une
raison
simple: la
langue
est
faire
d'éléments
minimaux
et
de
latitudes
d'associations,
mais
les associations
elles-mêmes,
synragmes
ou phrases,
sont
des
réalisations
contingentes,
des
faits
de parole
er
non
de
langue.
Pour
Chomsky,
en revanche,
la phrase
appartient
à
la
u
compétence
o
(version
chomskyenne
de
la
n
langue
o)
: toutes les
règles
de
la
grammaire
pârtent
de
la
phrase, clé
de
voute
de
l'édifice
syntaxique
;
la grammaire
est
l'ensemble
des
règles
qui permettent
de
former
une
phrase.
Qui
a raison
? Les
deux Car
I'un
et
l'autre
disent
la
même
chose,
mais de
deux façons
différentes,
en
désignant
le même objet
de
deux
points
de vue
opposâ
mais
complémentaires:
Saussure
et Chomsky
sont
d'accord
pour
reconnaitre
que la phrase
est l'horizon
limite
de la
langue, mais
I'un voit
cette
limite
comme
extérieure
(Saussure),
l'aurre comme
intérieure
(Chomsky).
Vue
côté
langue,
la
phrase est
le
produit des
règles
;
vue côté
discours, la
phrase
est
un
acte
énonciatif
individuel et
unique.
Aurrement
dit,
la
phrase
appartient
à la fois
à la langue et
au discours, en
ranr qu'elle
est
le point
de
passage
entre les
deu.
La
phrase est
une
unité
charnière,
enrre
langue
et
discours, sorte
de miroir-à-passer-au-travers,
de passe-muraille,
qui
met
en
communication
des mondes incommensurables,
c'esr le
n
format
de
sonie
n
pour
l'énonciateur
locuteur,
le
o
format
d'entrée
D
pour le
co-énonciateur
récepteur.
C'est
ce que
dit
en réalité Benveniste,
qui cenes
affirme
que
u
la
phrase
est
l'unité
du
discours
>,
mais
explicite
son
starur
d'unité
de passage
:
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Le
Français auiourd'hui
no
1a8, Linguistique et
étude
de la langue
n
Avec
la
phrase on
quitte
le
domaine
de
la
langue
comme domaine
de
signes,
et
I'on
entre
dans
un
autre univers,
celui de
la langue comme
instru-
ment
de
communication, dont
l'expression
est
le discours
,
(1974,
p.
130).
Une alternative
à
la phrase ?
Cette
mise en
place
de
la phrase,
si
justifiée
soit-elle
en
elle-même,
n'empêche
pas les
difficultés
de
se multiplier,
quand
il
s'agit de
cerner la
phrase dans
le
concret
des
textes. Il
convient
de
rappeler
(en
espérant
leur
rendre
justice
malgré
la
brièveté
de
I'exposé), quelques-unes
des principales
propositions qui,
à
partir
de
ces
difficultés,
visent
à
dépasser
ou
à
remplacer
la
phrase
comme
cadre
théorique. Nous
en
citerons trois.
C.
Blanche-Benveniste,
analysantle français
parlé
(1990,
1997),
cherche
à
dégager,
à
côté des
énoncés
autonomes
minimaux
(ou
o
noyaux
,)
-
c'est-
à-dire
assimilables
en
dernière
analyse
à
des
phrases, verbales
ou
non
verbales
-,
un
domaine
oir
une
relation
de dépendance
ou
d'interdépen-
dance
s'exerce
entre deux
segments
(a
et
b),
bien qu'il
n'existe entre
etu(
âucune
relation
de
type
rectionnel
(C.
Blanche-Benveniste,
1990,
p.
113).
Dans
ce domaine, appelé
(
macrosyntaxe
o (et
oir
on
reconnait
des
relations
connues sous
le nom
de
relations
paratactiques),
C.
Blanche-
Benveniste
distingue
(op.
cit.,
p.
II8-157)
.
des
u
noyaux
complexes
n,
formés
de
detx
noyaux dont
le
premier
appel-
le l'autre,
du
type
:
Plus il mange
plus
il
grossit.
Telpère
telfk.
Tantôt
il
pteure
tantôt
il
rit.
Les ans
se
pkignaient
les
aunes
s'm
rnoquaient.
.
des
u
regroupements
,
formés d'un
noyau
et
d'un
n
affixe
u,
I'affixe pou-
vant être
-
préfixe
: il
a
eu beau
faire,
.
.
.
-
suffixe
: ...,
car P
elle
auait
perdu
son
père
elle éuit mfant
-postfixe
:...,
dit-il.
C. Blanche-Benveniste
mentionne
encore,
comme cas particuliers
de
macrosyntaxe:
.
les
n
parenthèses
r,
une
parenthèse
étant une
u
construction verbale
noyau
[...]
qui
interrompt
le
déroulement
d'une
autre
construction
verbale
,,
(ibid.,
p.
147), comme dans
pour
lz mommt
je
toucbe
du
bois
ça
a I'air d'aller
.
les
<
projections
,
comme dans
:
tu
as gagné
une
fois
moi troi"s
fois.
l,a
recherche de C.
Blanche-Benveniste
attire l'aftention de
manière
pertinente
sur
des
phénomènes difficiles
à traiter
en termes de phrase.
Elle
apporte à
la
théorie de
la
phrase des
compléments, peut-être
davantage
qu'une
remise
en cause
fondamentale.
lJne autre proposition
émane
de
M.-A. Morel et
L.
Danon-Boileau
(1998),
qui
prennent
comme
point
de dépan
I'analyse de
l'oral.
Tenant
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(
La
phrase
"revishée'r
pour
acquise
l'inadéquation
de la phrase
pour
une
description
de
l'oral,
ils
proposent, comme
unité pertinente
d'analyse de
I'oral,
sur la base
d'indices
suprasegmentaux,
le
u
paragraphe
D
;
un
paragraphe
oral
s'analyse,
sur la
base
de
marqueurs
segmentaux
(lexicaux
et
morphosyntaxiques),
en
n
préambule
,
/
u
rhème
>
/
<
postrhème
,.
Ainsi
(op.
cit.,
p.22)
:
On
remarquera ici
immédiatement
que
le syntacticien
ne peut pas
suivre M.-A. Morel
et L.
Danon-Boileau
: quelle
que puisse
être
la
peni-
nence
de I'analyse opérée, il
est
clair qu'elle se situe
à
un niveau
qui
n'est
pas celui
de
la syntaxe
proprement
dite
(c'est-à-dire
de
la
syntaxe de la
phrase). L'analyse
peut s'ajouter
à
une
analyse
syntaxique
menée dans le
cadre
de la phrase, mais
elle ne
saurait
la
remplacer.
Et les structures
prédi-
catives
et énonciatives
restent clairement idendfiables
dans
les
exemples
avancés.
A.
Berrendonner,
pour sa
part, voulant
substituer
à la
phrase
u
un
remplaçant
plus
opératoire
o
(1990,
p.25),
fait
u
I'hypothèse
qu'il
existe
un
niveau
auquel la chaine
parlée
s'articule
en
unités
minimales
à fonction
communicative
,,
qu'il appelle
u
clauses
ou énonciations
,
(op.
cit.,
p.26),
sans
les
définir
par rapport
à
la prédication ou
à
une
modalité d'énoncia-
tion
(et
dont il signale
sans le développer
qu'elles
peuvent
s'intégrer
à des
unités
de
rang supérieur,
nommées
n
périodes
,r,
ibid.,,p.27).1,a
clause
ou
énonciation est
ainsi
la
n
plus petite
unité
délimitée
par
un passage en
mémoire
discursive
n,
selon la formulation
d'E. Roulet
(200L,
p.65), ce
passage
étant
caractérisé
par
rapport
aux
possibilités
d'anaphore.
A. Berrendonner
considère
(ibid.,
p.30-32)
qu'il y a une clause
ou énon-
ciation
en
propre
dans des
structures telles que
:
.
les
relatives
appositives :
Sauoir
plusieurs
langu.es
est
une cltance.
Sartoû
poar
nous, Suisses, où
quane
langu.es
se côtoient,
A.
Berrendonner
s'appuie sur le
fait que
dans
les
relatives appositives, il
peut
se
faire que le relatif
n
loin
de réitérer
un SN
antécédenr
et
de
s'accorder avec lui,
[...i
pointe sur
un objet implicite
construit
par
inférence
,
(1990,
p.33),
comme
c'est le
cas
dans
I'exemple
cité.
.
les
constructions participiales
détachées
:
En
me promenant
hier soir
/
y auait une
grmouille
dans
lc
champ.
.
ou
même
des GN
proleptiques
(disloqués
à gauche)
:
Ah
bm k Seine euh
les
quais
les
quais maintmant
sont canalisés
aoas sauez.
59
préambule
rhème
postrhème
mnis c'est bon
elle
est
décapotable
la bagnole
lui
il était
petit
le
grand-père
hein
moi
j'aimcrai
vraiment
pas
être
une
fille
qui a la cæurfermé
qui
pense pas
à
donner
des
cadeatu.
aw autres
D o c u m e n t t é l é c h a r g é d e p u
i s w w w . c a i r n . i n f o - -
- 1 8 9
. 2 1 7 . 8
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a
La
ohrase
"revishée"
r
Intfuration
délémenrc
mémoriels
-
Il ne
s'agit
pas
ici
de la recherche
de
l'antécédent
d'une
anaphore,
mais
des
cas,
nombreux, d'incomplétude formelle superficielle (autiement
dit
:
d'ellipse),
nécessitant,le
rappel
d'éléments
présents
en
mémoire
pour
assurer
une
compléude
syntaxique
permeftanr
I'intelligibilité
:
Paul
panit
à gauche,
Jean
à
droite.
Tu
as gagné
une fois
moi
trois
fois.
Demain
(répondant
à la question
Q""nd
reviendras-tu
?).
On
ajouterales
cas embarrassanrs
d'incomplétude
sémantique non appa-r.ente,
par exemple
dans
les cas
(fréquents)
oir
une
phrase
esr sous
la
ponée
d'un marqueur
de cadre
présent
dans
une
phrase
antérieure,
comm.àan,
t
Hier,
Marie
est
allée
à I'université
;
moi,
je
suis
resté
travailler
à
la maison.
_Il
est clair
pour
le sens
que Hier
estaussi le
cadre
temporel
de
la
deuxième
phrase
(quelle
que puisse
être la
ponctuation,
ave. ou
sans
a/),
bien
qu'il
n'en
fasse
pas
_formellement
partie
en
surface.
Faut-il
alors
dire
qur-
Hio
n
fait
partie,
de
la deuxième
phrase
er
qu'on
a
affareà
une softe d ellipse
?
Cette
réponse
ne
semble
pas
sarisfaisante
intuitivement,
er
sa
misè
en
æuvre
poserait
d'ailleurs
des
problèmes
insolubles
;
on
préftrera
sans
doute
considérer
que la
deuxième
phrase,
tour en
étant
complète
er
autonome,
se
range
dans
un
ensemble
textuel
dominé
par Hier.
Mais
ce
cas
de figure
fait
évidemrnent
problème
par rapporr
à I'autonomie
et
à
la
complétudé
présu-
mées
de
la phrase,
ainsi
qu'à son mode
d'intégration
dans des
unités
textuelles
plus
vastes
à
définir.
Perte
d'autonomie
L'existence
d'une relation
sémantique
forte
entre
Pl
et
P2
peut
annuler
en
pratiqrr
I'indépendance
syntaxique
de I'une
des
phrases:
c'est
le
problème
de
la
parataxe.
La
difficulté
esr
qu'on semble
bien
avoir
affaire
à un
conrinuum
:
on
peur
représenter
grossièrement
les
variations
du
lien
existant
entre
deux phrases
consécutives
Pl
et P2
de la façon
suivante,
en
les
ordonnant
sur
un
axe :
a) indépendance
totale +
absence
de cohérence
Napollon
est
rnort
à Sainte-Héhne.
Nbubliez pas
h
seruice.
L'autonomie
et
l'indépendance
de Pl
et
P2 sont
incontestables,
mais
c'est
ici
le
texte
qui
souffre
de
I'absence
de lien
entre
les
deux.
b)
indépendance
qyntaxique
+ cohérence
u
ordinaire
u
Pl
et P2
sont
liés
par
une
relation
de
succession,
d'appanenance
à
une
même
scène...
:
Paul
mtra.
II
regarda
autour
de
lui.
Il
faisait
froid.
J'ai
mis
rnon TnankAu
[avec
deux
conrours
intonarifs
dis-
tincal.
61
D o c u m e n t t é l é c h a r g é d e p u
i s w w w . c a i r n . i n f o - -
- 1 8 9
. 2 1 7 . 8
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2 1 - 0 1 / 0 5 / 2 0 1 4 0
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8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »
9/11
Le
Français aujourd'hui
n" 148,
Linguistique et
étude de Ia
langue
L'autonomie
et I'indépendance
de
PL etP2
sont bien
assurés'
même sr
les
derx
coopèrent
pour
former un
texte
anaphore'
continuité
thématique,
organisation
temporelle.
.
c)
indépendance
syntaxique
+ lien
sémantique
fort
Pl
et P2
sont
liés
par une
relation par
exemple
de
causalité,
n'entamant
pas
leur indépendance:
Il
fai"saitfoid.
Jbi
rnis
rnon
mantenu
[avec
un
seul
contour intonatif
;
d.
la
paraphrase
avec
subordination
;
comme
ilfaisai.tfroid"
'..1.
Comment
capter
le fait que,
dans
I'activité
de langage
en temPs
réel, une
structure
de phrase
autonome
est
aussitôt réinvestie
comme parde d'une
strucnue
signifiante
plus
large ?
On
est tenté
de
parler d'u
enchâssement
sémantique
,,
par analogie
avec
l'enchâssement
sFntaxique.
d)
perte d'autonomie
+ lien
sémantique
très
fort
Pl
et P2 sont
liés par une
relation
fone d'implication
dans
:
Tu lui
parbt
il n'écoute
même
Pas.
L'autonomie
de
P1 (malgré
sa
structure, qui
est
en
tout point
celle
d'une
indépendante)
est compromise
:
il
n'y
a
pas de
réponse évidente
à
la
ques-
tion de
savoir si
on
peut
détacher
P1 :
n
Prenons
la situation
que
tu lui
parles.
Eh bien, dans
è.
cits...
)
;
peut-être
I'intonation
peut-elle
introduire
des
degrés
dans
l'autonomie
relative.
Cenaines
structures
phrastiques,
sans
Pofter
de
marques de
subordina-
don,
sont spécialisées
dans
cet emploi
d'n
indépendante
non
indé-
pendante
u
:
J'ai
eu beau
lui
parler,
il
n'a
rim
uoulu mtendre.
Plus
il mange,
(et)
plus il grossit'
Intrication
de
phrases
Deux
phrases
peuvent
s'entremêler
sans
se
confondre,
si elles
relèvent
de
deux
niveaux
énonciatifs
différents.
L'intonation
(ou
la
ponctuation)
joue
alors
un
rôle déterminant.
Le deuxième
énoncé
porte
sur
le premier
(ou
sur
l'énonciation
du
premier)
dans
:
II
a
(on
s'en
doute
)
accepté irnmédiaternent
Jean
n'a rim
kissl
-
j'alkis
oublier
dc
uous
Ie dire
-,
malgré
ses promesses.
On
retrouve
ici
la réflqrivité
déiàévoquée
ci-dessus
à propos de
l'intégra-
tion
d'élémena
non
régis.
Autre
cas
:
un
énoncé
est cité
dans
un autre
:
Il dlchra
:
o
Cbst
bien.
,
fdiscours
cité CODI
Cbst
bien, d/clara-t-il,
lhiérarchie
discutable
entre
les
deux]
Concluons
: la phrase
plie
mais
ne
romPt
point...
Les quatre
points de
difficulté
qui
viennent
d'être
rapidement
indiqués
ont
quèlqo.
.hot.
.tt commun
: ils
renvoient
tous au
fait
que
la phrase
est
D o c u m e n t t é l é c h a r g é d e p u
i s w w w . c a i r n . i n f o - -
- 1 8 9
. 2 1 7 . 8
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8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »
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<
La
phrase
"revisitée'
l
une réalité
non
seulement
syntaxique
(prédicative)
mais
énonciative:
ils
renvoient
à la réflexivité
de l'énonciation,
à la mémoire
organisatrice,
à
la
construction du
texte,
en
un
mot
à
rout
ce
qui fait
que
la phrase ne
peur
se
limiter
à
une
strucure
formelle
statique
présente
dans un-texte
comme
un
fruit
dans
un
cageot.
De
par
leur
narure, ces
difficultés
sont
même
à leur
manière
la
meilleure
preuve
de
la
nature
énonciative
de
la
phrase.
Du
même
coup, le
rôle
de
la
phrase
esr
tour
rracé
comme
o
palier
de
traitement
o
dans le
processus
de
compréhension
en
temps réel
(recherche
de
rattachement
immédiat
ou
indirect
à
un
cenrre
organisateur
prédicatif
et
énonciatif,
saturation...)
-
quelles
que puissent
être
les
modalités
de
sa
mise en æuvre
effective,
et
quelles que
puissent
être les
unités
textuelles
(dont
la
phrase
fait partie).
Le
côté
énonciatif
de la
narure
de
la phrase
n'empêche
naturellement
pas
qu'il
faille
pousser
la
caractérisation
syntaxique
de
la
phrase
en tanr
que
,,
domaine
syntaxique
"
(f
les
rravar.D(
èxisants
par
exemple
sur
l'anaphore,
dans
sa relation
à la frontière
de la phrase).
ôn
remarqù.t"
p"t
exenple
que
la
?taphore
(à
la
différence
de
l'anaphore)
ne semble
possible
qu'à I'intérieur
des
limites
de la phrase
: on peur
avoir
Quand
il aniaa,
paul
ne
connaissaitpas
encore
Ianouuellz,
mais
non
(avec
ilcataphorique
de
Paul)
*II
arriua.
Paul
ne connaissait
pas
mcore
la nouuelle.
Mais
cene
double narure
de la
phrase
emporre
quelques
conséquences.
Si la
phrase
est
une réalité
énonciative,
sa formalisation
complète
sur
un terrain
exclusivement
synraxique
(non
énonciatif
)
est
impossible.
Si
l'on
veut intégrer
dans la
formalisation
la
dimension
énonciative,
il
faut
alors formaliser
le paradoxe
de
la réflexivité.
La
célèbre
quesrion :
(
La
syntaxe
est-elle
autonome
?
>,
ne peut
avoir
de
réponse
en
<
oui
>
ou
(
non
D
:
la
syntaxe
ne
peut avoir d'autonomie
absolue,
en
tant qu'elle
est
un moyen
et
non
une fin
(moyen
adaprable, révisable,
violable),
mais
c'est
un moyen
contraignant
: si la
syntaxe
n'était
pas
contraignante,
elle
n'existerait
pas.
Le
mot
de
la
fin,
revenanr
à la
contradiction
signalée
au
début,
sera
donc
qu'il
ne
faut
pas rejeter
la
phrase
(concept
puirsant
et nécessaire)
comme
concept
organisateur
central,
même
s'il
est malaisé
de circons-
crire
son
autonomie
relative
: y
parvenir serait
résoudre
l'équation
du
sujet parlant.
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- 1 8 9
. 2 1 7 . 8
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8/16/2019 Pierre Le Goffic - La Phrase « Revisitée »
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dans
Cerquiglini-Toulet
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Collet
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de
philologie
et
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linérature
rnédînàlzs
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Michel
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i s w w w . c a i r n . i n f o - -
- 1 8 9
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