psy antipsy
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7/23/2019 Psy Antipsy
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David Cooper
Psychiatrie et anti-psychiatrie
7/23/2019 Psy Antipsy
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Table des matières
Préface.............................................................................................2
Introduction......................................................................................6
Violence et psychiatrie...................................................................18
Les familles et la schizophrénie.....................................................35
tude d!une famille........................................................................"6
Le malade# sa famille et le ser$ice.................................................%&
Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie...............................%*
+n outre..........................................................................................**
La ,uestion des résultats.............................................................1&6
-ésumé.........................................................................................118
i/lio0raphie................................................................................11*
la mémoire de mon pre
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Préface
Pour quiconque travaille dans le champ psychiatrique et refuse de
voir sa conscience critique de la situation où dès lors il se trouve,paralysée et absorbée par le processus de l’institutionnalisation à
travers l’enseignement théorique et l’endoctrinement au jour le jour
qu'on lui dispense, au cours de son apprentissage hospitalier comme
dans les hpitau! psychiatriques , un certain nombre de questions
g"nantes se posent# $ar c’est bien dans ce champ, au milieu de
sujets vivant des situations e!tr"mes, qu'on éprouve la 4 sensation
de doute %en & pourquoi suisje ici ( qui m’a mis là ( ou pourquoime suisje mis là ( )et quelle est la di*érence entre ces questions (+,
qui me paie pour quoi ( que feraije ( pourquoi faire quelque chose (
pourquoi ne rien faire ( qu'estce que quelque chose et qu’estce que
rien ( qu’estce que la vie et la mort, la santé et la folie (
celui qui a survécu à l’institution, aucune des réponses
ordinaires et plus ou moins faciles que l’on peut faire à ces questions
ne semble adéquate# $’est que ces questions s’étendent à la fois au fondement théorique, tel qu’il lui a été donné, de son travail, et au!
opérations précises et quotidiennes qu'il accomplit gestes, actes,
déclarations en relation avec d’autres personnes réelles# -ne mise
en question plus radicale a conduit certains d'entre nous à proposer
des conceptions et des procédures qui semblent s’opposer
absolument au! conceptions et procédures traditionnelles et qui,
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Préface
en fait, peuvent "tre considérées comme le germe d’une anti
psychiatrie#
.a voie la plus e*icace pour e!plorer les possibilités d’une telle
antidiscipline, ce me semble "tre d’étudier le domaine où la
discipline contestée se trouve confrontée avec un problème majeur#
/oit, pour la psychiatrie, le domaine dit de la schi0ophrénie#
$e que j’ai essayé de faire dans ce livre, c’est de regarder dans
son conte!te humain réel l’individu qu’on a étiqueté comme
1 schi0ophrène # de rechercher comment cette étiquette lui a été
donnée, par qui elle a été posée, et ce que cela signi2e, à la fois pour
celui qui l’a posée et pour celui qui l’a re3ue#
$’est l’étude d’un mode d’invalidation sociale# 4ais ce terme doit
"tre entendu dans un double sens# 5n premier lieu, un individu est
progressivement amené à se conformer à un rle passif et inerte,
celui de l’invalide ou du patient encore que ce rle comporte
quelque illusion d’activité, par e!emple dans les services
d’ergothérapie de l’institution, sur le terrain de sport, etc#
ntérieurement à l’invalidation entendue dans ce sens,concurremment et dialectiquement lié avec elle, on trouve en
second lieu le processus systématique en vertu duquel presque
tous les actes, toutes les déclarations et l’e!périence de celui qui a
été étiqueté schi0ophrène sont décrétés invalides, selon certaines
règles du jeu établies d’abord par la famille, plus tard par les autres,
dans l’e*ort de tous pour produire ce patient invalide dont on a un
besoin vital# 6l nous faudra e!aminer précisément ce 4 besoin vital .
partir du siècle passé et conformément à la pensée d’un nombre
croissant de psychiatres contemporains, la psychiatrie s’est alignée
de manière beaucoup trop étroite sur les besoins, eu!m"mes
aliénés, de la société dans laquelle elle s’e!erce# $e faisant, elle
court perpétuellement le danger de commettre de bonne foi un acte
de trahison à l’égard de ces membres de la société qui ont été jetés
comme patients dans la situation psychiatrique#
"
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7e nos jours, nombre de personnes vont de leur propre 0ré
chercher che0 leur docteur un secours psychiatrique# Pour la
plupart, ces gens, en termes très pratiques, cherchent à se faire
donner un ensemble de techniques qui leur permettraient de se
conformer au mieu! et au plus près à l’attente globale de la société#
5t ils sont généralement aidés dans cette recherche# -n petit
nombre de personnes égarées vont chercher che0 le psychiatre une
sorte de direction spirituelle# $eu!là, généralement, perdent asse0
vite leurs illusions#
$ependant, la plupart de ceu! dont je vais parler ici ont été
précipités dans la situation psychiatrique par les autres# le plus
souvent par leur famille# .e fait que la plupart d'entre eu! ont
actuellement le statut légal de patients de facto plutt que d’internés
ne peut "tre qu’une remarque ironique en marge de notre
discussion# 6l s’agit principalement de jeunes, qui en sont à leur
première ou seconde admission en hpital psychiatrique et qui ont
re3u le label très particulier de 4 schi0ophrènes . $e sont des
personnes ainsi étiquetées qui occupent le plus souvent les deu!
tiers des lits des hpitau! psychiatriques, et il ne faut pas oublier
que près de la moitié des lits d’hpitau! du 8oyaume-ni, sont des
lits d’hpitau! psychiatriques# Près d’un habitant sur di! est, à un
moment quelconque de sa vie, hospitalisé pour ce qu'on appelle une
4 crise schi0ophrénique et le célèbre psychiatre suisse 5# 9leuler a
dit une fois que pour chaque schi0ophrène hospitalisé, il y en avait
di! en liberté# 4ais à regarder les statistiques de cette manière,
nous préjugeons de la schi0ophrénie comme d’une sorte d’entité
réelle que certaines gens 1 ont . $e serait déjà faire fausse route#
6l e!iste dans notre société de nombreuses techniques en vertu
desquelles certaines minorités sont d’abord désignées comme telles,
puis traitées selon une série d’opérations allant du dénigrement
insinué au refus de l’accès dans certains clubs, à l’e!clusion de
certaines écoles ou de certaines professions et ainsi de suite, jusqu’à
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Préface
l’invalidation totale des individus en tant que tels, l’assassinat et
pour 2nir l’e!termination en masse# $ependant, la conscience
publique est si forte qu'il lui faut une e!cuse pour de tels actes : et
cette e!cuse lui est fournie par l’e!ercice préalable de techniques
d’invalidation visant à produire une certaine quantité de victimes,
toutes pr"tes pour les procédures e*ectives d’élimination#
Il n!y a pas de techni,ue d!in$alidation plus respecta/le mieu! &
on la pourrait dire sacrosainte que celle qui a la bénédiction de la
science médicale# .a médecine, bien que toujours consciente
d'appartenir à la classe supérieure et vivant dans une atmosphère un
peu renfermée, est, par tradition, libérale et humaine# 5lle a un idéal
élevé et le serment d’;ippocrate# .a psychiatrie, bien que certains
praticiens aient commencé de tirer sur leur laisse, fait partie de la
médecine# <ous aurons, quant à nous, l’occasion dans ces pages de
mettre en doute la justesse de cette manière médicale ou pseudo
médicale de voir les choses et d’agir dans le domaine du
comportement humain, qui est celui auquel s’intéresse la
psychiatrie# 5n fait, il nous faudra nous demander si la psychiatrie
n’a pas contribué, pour une bonne part de ses activités, à
l'invalidation systématique d’une large catégorie de personnes#
=’ai en premier lieu proposé de considérer le problème de la
schi0ophrénie dans une perspective qui di*ère nettement de
l’approche clinique conventionnelle : une perspective qui se
rattache, en revanche, à certaines études sur la famille faites au!
5tats-nis )que j’ai résumées au chapitre >+ et plus précisément
encore au! études phénoménologiques sur la famille menées par
8#7# .aing et # 5sterson au 8oyaume-ni#
.e troisième chapitre cherche, à titre d’e!emple, à rendre
compréhensible la carrière de patient d’un jeune gar3on
diagnostiqué schi0ophrène, en étudiant la nature de son monde
familial et les événements clés qui y sont intervenus# .’e!périence
m’a montré que la compréhension atteinte dans ce cas peut de
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Préface
m"me "tre obtenue dans la plupart des autres cas, et que, pour le
moins, on ne saurait jamais prétendre avoir a*aire à un ensemble de
données cliniques opaques & c'estàdire à des données qui se
laisseraient )théoriquement+ e!pliquer biologiquement tout en
demeurant incompréhensibles sur le plan social#
7ans le quatrième et le cinquième chapitre, j’ai esquissé les
principes et la pratique d'une unité thérapeutique e!périmentale
pour jeunes schi0ophrènes, située à l’intérieur d’un grand hpital
psychiatrique : je me suis référé là au problème de l’irrationalité
institutionnelle )pour autant quelle est distincte de celle des
patients+ et au! di*icultés qu'elle crée pour le type d’e!périence
psychiatrique sociale qui me semble nécessaire et que j’ai cherché à
justi2er# =e crois que c’est seulement dans une unité de ce genre que
nous pouvons e!plorer les possibilités d’une stratégie qui ne soit ni
e!ploitante, ni invalidante, applicable à des sujets hospitalisés parce
qu'ils sont prétendus fous# 9ien que cette unité ait retrouvé nombre
des idées de la 1 communauté thérapeutique proposée par
4a!?ell =ones, @ilmer, rtiss et d'autres, elle fut, me sembletil,
unique dans la mesure où elle s’occupait de schi0ophrènes dans
l’optique d’une thérapie 4 orientée sur la famille .
Pardessus tout, je me suis intéressé au problème de la violence
en psychiatrie et j’ai conclu que la forme de violence la plus
frappante, peut"tre, en psychiatrie n’était rien de moins que la
violence de la psychiatrie & dans la mesure où cette discipline choisit
de réfracter et condenser, sur ses patients désignés, la violence
subtile de la société qu’elle représente trop souvent envers et contre
ces patients# =’ai envisagé une unité e!périmentale future dans
laquelle on pourrait poursuivre le travail entrepris à partir de cette
prise de conscience#
-ne partie de ce te!te, en particulier l’introduction, est
nécessairement comple!e et 4 technique mais j’espère que le
lecteur trouvera quelque intér"t à s’y frayer un chemin# 6l eAt peut
%
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Préface
"tre été possible d’e!poser tout ceci de manière plus agréable à lire :
après tout, on ne saurait éviter une comple!ité qui reBète la
comple!ité réelle d’événements humains réelsC.
=e tiens à reconnaDtre ici ma lourde dette envers le 7r 8#7# .aing
et le 7r # 5sterson, à tous les niveau! de ce travail : mais ils ne
sauraient "tre tenus pour responsables de ce te!te# =’aimerais
remercier le comité consultatif médical et le comité d’administration
de l’hpital, pour les facilités qu’ils m’ont laissées de mener mon
travail et tout particulièrement le médecin consultant de service, le
7r /#E# ;ay?ard# .e souscomité à la 8echerche du bureau
hospitalier régional responsable a 2nancé le secrétariat nécessaire
pour mon travail de recherche sur la famille# .e 7r =#7# /utherland a
lu la majeure partie du manuscrit et m’a fait part de ses précieuses
critiques# =e suis également reconnaissant au 7r =# ;umphrey, au 7r
4acintyre et à 4# Paul /enft à la fois pour leur aide pratique et pour
avoir accepté de lire des parties de manuscrit# =e voudrais toutefois
souligner à nouveau le fait qu’aucune de ces personnes ni de ces
organismes ne porte une responsabilité quelconque en ce qui
concerne les points de vue que j’ai ici e!primés & quelquesuns
d’entre eu! ont, en fait, montré de considérables divergences
d’opinion#
Pardessus tout, je suis redevable à tous ceu! qui ont vécu et
travaillé dans le Pavillon >C >.
1 Pour une introduction plus détaillée certains concepts clés utilisés dans ce
li$re# 7e ren$oie le lecteur lou$ra0e de -.9. Lain0 et 9.:. ;ooper# 8eason
and violence# 1*6".
2 <e remercie =einemann et ;ie pour ma$oir autoriser citer le passa0e
e(trait du Prophète# de >alil :i/ran ?édition de 1*26# réimprimé en 1*65@#
ainsi ,ue léditeur du 9ritish 4edical =ournal# ,ui ma permis dutiliser en
appendice larticle intitulé 4 résultats dune thérapie orienté sur la famille#
dans le cas de schizophrnes hospitalisés # 9rit# 4ed# =## 18 décem/re 1*65
?2@# 1"63)5.
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Introduction
An est tou7ours li/re de ne rien comprendre rien.
:B-I+L CB-;+L
Di nous considérons l!histoire récente de la psychiatrie# disons E
pendant les di( dernires années# nous constatons ,u!il y a en 0ros
deu( types d!approche de ce ,ue l!on appelle la schizophrénie. 9!un
cFté# l!approche traditionnelle# ,ui déclare# ou plus sou$ent suppose#
sans éprou$er le /esoin de le déclarer# ,u!il e(iste une entité
nosolo0i,ue ?c!est))dire répertoriée parmi toutes les maladies@
appelée schizophrénie# dont il faut e(pli,uer les causes. 9!un autre
cFté# une approche fondée sur la remar,ue ,u!on n!a d!aucune faGon
éta/li cette entité patholo0i,ue# ,ue ce 4 modle # ou cette manire
de penser# ne sont peut)Htre pas les mieu( appropriés pour a/order
le 4 champ schizophréni,ue 3 $oire mHme ,ue ledit modle est en
totale contradiction a$ec la $érita/le nature de ce champ.
Doit l!approche nosolo0i,ue# ,uasi médicale E puis,u!il s!a0it
d!une maladie# il y a des symptFmes et des si0nes o/ser$a/les sur
une personne ,u!on peut elle)mHme o/7ecti$er# ,u!on peut
?implicitement ou e(plicitement@ a/straire de son en$ironnement
humain pour les /esoins d!une telle o/ser$ation ensuite# les
symptFmes et les si0nes induisent un dia0nostic ,ui# en retour# induit
un pronostic et un traitement. ;ette entité supposée dia0nosti,uée
3 <appellerai ainsi le champ social o léti,uette 4 schizophrénie est par
certains acteurs attachée dautres acteurs.
*
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Introduction
doit par déJnition a$oir une cause et l les points de $ue di$er0ent
entre# d!un cFté# l!anomalie /iochimi,ue# l!infection $irale# le défaut
structurel du cer$eau# l!ori0ine constitutionnelle 0énéti,ue ?,ui peut
Htre elle)mHme liée d!autres causes@# et de l!autre cFté une
causalité psycholo0i,ue.
La seconde approche# la,uelle il est diKicile de donner un nom#
tend considérer la 4 schizophrénie # comme un mau$ais tour de ce
,ue itt0enstein appelait 4 la séduction de notre intelli0ence par le
lan0a0e . Le psychiatre américain M.D. Dzasz appli,ue la
schizophrénie le terme de panchreston# 'n panchreston est un
4 e(pli,ue)tout # de mHme ,u!il y a des 4 panacées et des dro0ues
lar0e spectre psychotropi,ue. +n fait# su00re)t)on# le terme de
schizophrénie n!a fait ,ue rendre confus le $rai pro/lme# et il n!y a
pas l!om/re d!une preu$e non é,ui$o,ue commandant de faire entrer
la schizophrénie comme entité patholo0i,ue dans le champ de la
nosolo0ie médicale.
-este ,ue la schizophrénie n!est pas un terme dépour$u de sens
mHme pour ceu( ,ui tra$aillent dans cette dernire direction# et 7e
donnerai titre d!essai la déJnition sui$ante# pour 0uider notre
recherche E la schi0ophrénie est une situation de crise microsociale F#
dans laquelle les actes et l’e!périence d’une certaine personne sont
invalidés par les autres, pour certaines raisons culturelles et
microculturelles )généralement familiales+ compréhensibles, qui
2nalement font que cette personne est élue et identi2é plus ou moins
précisément comme 4 malade mentale et ensuite con2rmée )selon
une procédure d’étiquetage spéci2able mais hautement arbitraire+
dans l’identité de 4 patient schi0ophrène # par des agents médicau!
ou quasi médicau!# ;ette déJnition# on $oudra /ien le noter# se
réfre un désordre e(trHme ?crise@ l!intérieur d!un 0roupe# et ne
dit rien sur le désordre chez la personne 4 schizophrne .
" Le terme de microsocial se réfre un 0roupe Jni de personnes en
interaction sur le mode du face face# personnes ,ui se re0ardent et sont
re0ardés par les autres.
1&
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Introduction
;ependant# la personne élue a 0énéralement# antérieurement la
crise# 0randi en faisant du monde une e(périence conditionnée par le
man,ue 0lo/al ou partiel de $alidation consensuelle et de sa
perception de soi et de sa perception d!autrui. L!état ,ui en résulte#
sur le plan de l!e(périence et du comportement# est parfois dési0né
par les psychiatres comme 4 schizoNde . L encore# 7e ne suppose
aucun défaut préala/le chez le futur patient 7e su00érerais
seulement ,u!il y a un échec démontra/le dans un champ microsocial
de personnes en relation.
B$ec cette déJnition comme point de départ# le pro/lme central
m!apparaOt Htre le sui$ant E dresser le ta/leau comportemental ?la
totalité du comportement communicatif# $er/al et non)$er/al@
présenté par celui ,uon a dia0nosti,ué comme un 4 patient
schizophrne ai0u au moment de son e(amen en ser$ice
d!admission# et ensuite décou$rir dans ,uelle mesure ce ta/leau peut
s!e(pli,uer par ce ,ui s!est passé et se passe entre le patient et ceu(
a$ec ,ui il est en relation. +n recherchant cette compréhension# 7e
mettrai particulirement l!accent sur la famille du patient# puis,ue#
dans le cas des 7eunes patients en premire admission# la famille est
0énéralement le 0roupe le plus acti$ement si0niJcatif o ceu()ci se
trou$ent en0a0és.
La $aleur heuristi,ue de cette manire de poser le pro/lme m!a
été su00érée par les e(périences ,ue 7!ai eues en parlant tour tour
a$ec des schizophrnes# a$ec leur famille# puis a$ec le patient et sa
famille réunis. ;e dernier type d!entretien# au,uel un nom/re
croissant d!études sur la famille faites au( +tats)'nis a tracé la $oie#
produit une situation d!interaction de 0roupe d!un 0enre trs
particulier E c!est partir de cette e(périence ,ue les formulations
hypothéti,ues présentées dans cet essai# se sont dé$eloppées.
<e décidai ,ue concurremment a$ec les o/ser$ations faites sur les
patients dans leur interaction a$ec le 0roupe du ser$ice# les patients
seraient $us a$ec leur famille. Les interactions dans ces deu(
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Introduction
0roupes seraient ensuite comparées# et cherchée la lumire 7etée sur
les phénomnes d!interaction le ser$ice par la compréhension
ac,uise du fonctionnement du 0roupe familial.
9es o/7ections peu$ent immédiatement Htre opposées une
recherche de cette nature. uels sont $os moyens de contrFle Q
;omment allez)$ous ,uantiJer les matériau( rassem/lés Q ;omment
pourrez)$ous prétendre ,uel,ue 0énéralisation de $os résultats
partir d!un aussi fai/le nom/re de cas Q 9e$ant ces o/7ections# ce
,u!il faut reconnaOtre c!est ,u!il y a un certain nom/re de principes
propres au( sciences naturelles ,ui ont été e(portées
inconsidérément par certains chercheurs dans le domaine des
sciences humaines ?ou sciences anthropolo0i,ues@ et dont on a
prétendu faire par la suite des desiderata# sinon l!essentiel ou les
conditions préala/les# de toute étude ,ui se $oudrait scientiJ,ue.
;ette tendance a conduit des confusions méthodolo0i,ues
intermina/les et des tentati$es répétées pour 4 prou$er # alors
,ue la 4 preu$e est une impossi/ilité a priori pour le domaine $isé.
***
<e ,uitterai ici le pro/lme particulier de la schizophrénie pour
considérer# en un e(cursus iné$ita/lement schémati,ue# les étapes
par les,uelles procde la science e(périmentale de la nature# puis
$oir si ces étapes sont pertinentes et applica/les dans une 4 science
des personnes . ;!est peut)Htre seulement l!intérieur d!un cadre
scientiJ,ue comme celui)l ,ue nous pourrons donner un sens ce
,ui sem/le Htre la folie.
Les sciences e(périmentales de la nature se fondent sur
l!o/ser$ation précise. Moute recherche doit procéder de faits
o/ser$és. +n physi,ue et en /iolo0ie# ces faits sont 0énéralement
inertes, c!est))dire ,u!ils sont appréhendés de l!e(térieur par un
o/ser$ateur ,ui n!est pas aKecté par eu( et ,ui ne les aKecte pas par
son o/ser$ation. CHme en microphysi,ue# o le principe
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Introduction
d!incertitude nous ensei0ne ,ue l!o/ser$ation aKecte le champ des
faits o/ser$és# il e(iste des techni,ues mathémati,ues ,ui
maintiennent l!o/ser$ateur dans une sorte de relation d!e(tériorité
par rapport au( faits et par rapport ses techni,ues d!o/ser$ation
elles)mHmes. 9ans une science de linteraction personnelle# au
contraire# il est non seulement iné$ita/le ,ue l!o/ser$ateur et
l!o/ser$é s!aKectent mutuellement dans tous les cas# mais c'est ce
rapport mutuel qui donne naissance au! premiers faits sur lesquels
la théorie se fonde & ce rapport# et non pas les entités personnelles
aKectées ou aKectantes. Les faits ,ui constituent les données
d!o/ser$ation des sciences anthropolo0i,ues sont diKérents de ceu(
dont procdent les sciences naturelles non pas comme peu$ent l!Htre
les faits ,ui intéressent la /iolo0ie de ceu( ,i intéressent la
physi,ue E ils diKrent des faits ,ui font l!o/7et des sciences
naturelles de par leur statut ontologique# Butrement dit# la relation
o/ser$ant)o/ser$é# dans une science des personnes# est
ontolo0i,uement continue ?su7etRo/7et visàvis su7etRo/7et@# alors ,ue
dans les sciences naturelles elle est discontinue ?su7et visàvis o/7et@
et permet une description purement e(térieure du champ o/ser$é.
Dur la /ase de l!e(posé des faits o/ser$és# le naturaliste procde
des 7u0ements con7ecturau(# ,ui re$Htent la forme conditionnelle E
4 si nous a$ons telle et telle conditions# nous pou$ons nous attendre
ceci et cela dans le champ d!o/ser$ation . ue les prédictions
ainsi posées dans l!hypothse soient e(périmentalement $ériJées# et
nous serons en mesure de former une théorie. Cais dans la sphre
de l!interaction personnelle# le 7u0ement personnels sont modiJés
comme suit E étant données telles conditions spéciJa/les# nous
pou$ons attendre de telle personne# sur la /ase de tout ce ,ue nous
sa$ons d!elle et de son passé# ,u!elle se conduise de cette manire)
ci cependant l!action personnelle# dans son essence# est la
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Introduction
possi/ilité de 4 dépasser5 toutes les déterminations et d!aller
é$entuellement dans la direction opposée celle ,u!on attendait
moins encore ,u!il n!y ait un choi( possi/le ,ui se laisse conformer
ces attentes# un choi( de ne pas choisir. ;ertes# le champ des actions
humaines se conGoit aisément en termes pro/a/ilistes mais ce ,ui
ne doit pas Htre écarté# c!est la possi/ilité pour le su7et de
comprendre cette structuration pro/a/iliste du champ o il est situé
et# tra$ers cette compréhension# de déstructurer le champ pour
a0ir de manire 4 non pro/a/le . ;ette possi/ilité# tou7ours
disponi/le pour le su7et# de se conduire diKéremment de ce ,u!on
attendait de lui# tra$ers la conscience réSéchie des facteurs ,ui le
conditionnent a# un certain moment# constitue réellement une
diKérence cruciale.
+n /ref# s!il est $rai ,ue nous a$ons le droit# et mHme ,ue nous
sommes contraints par le conte(te prati,ue# de procéder des
attentes ?dont nous de$ons nous attendre ce ,u!elles soient déGue@
portant sur un comportement personnel# une prédiction naturaliste
doit Htre considérée comme n!étant ni possi/le ni impossi/le dans les
sciences de l!homme mais comme simplement inappropriée au
champ de leur discours.
9ans les sciences naturelles# la possi/ilité de $ériJer ou d!inJrmer
des hypothses dépend de la possi/ilité de répéter les situations.
9ans les sciences de l!homme# la répétition d!une situation
indi$iduelle ou de l!histoire de la $ie d!un 0roupe est en principe
impossi/le. Il y a certainement toutes les apparences de la
répétition# mais dans cha,ue cas# nous décou$rons ,ue cette
4 répétition est le produit d!un pro7et illusoire d!auto)
déshistoricisation. 'ne personne se déshistorise ,uand elle choisit
5 9u terme franGais dépasser tel ,u!il est utilisé par <.)P. Dartre dans la $ritique
de la raison dialectique ?1*6&@. Il doit Htre entendu dans le mHme sens ,ue le
aufheben de =e0el# c!est))dire comme un mou$ement au)del de l!état
présent des choses $ers un état ultérieur# conser$ant l!état premier sous une
forme modiJée# dans une nou$elle totalisation.
1"
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Introduction
?mHme son insu@ de nier ,ue par une premire série de choi( elle a
déplacé sa $ie d!une situation premire en une situation seconde E
cette déné0ation ?acte ,ue# par un acte ultérieur# elle nie en retour#
et ,ue par consé,uent 4 elle i0nore @ donne l!illusion dune J(ité et
d!une su/stantialité histori,ues. ;!est l pour un indi$idu la
meilleure manire de se li/érer de l!an(iété ,ue lui donne la
reconnaissance de sa responsa/ilité. Il est remar,ua/le de $oir# de
temps autre# une théorie scientiJ,ue procéder au mHme type
d!é$asion.
Di la répétition de situations histori,uement $écues est
impossi/le# alors les critres naturalistes du $ériJa/le et de
l!inJrmation ne sont pas pertinents et il nous faut trou$er d!autres
critres en $ertu des,uels nous puissions Htre assurés ,ue nous
4 disons $rai . Pour cela# nous de$ons distin0uer entre deu( types
de rationalités# chacun approprié un champ de discours diKérent#
mais co)relié celui de l!autre. ;es rationalités sont dites analyti,ue
et dialecti,ue.
Par rationalité analyti,ue# 7!entends une lo0i,ue de l!e(tériorité en
$ertu de la,uelle la $érité repose# selon certains critres# en des
propositions formées en dehors de la réalité ,ui les concerne. Le
modle épistémolo0i,ue est ici caractérisé par une dou/le passi$ité E
le systme o/ser$é est passif par rapport l!o/ser$ateur ?,uelles
,ue soient les actions et réactions ,ui ont lieu l!intérieur du
systme@ l!o/ser$ateur est passif par rapport au systme ,u!il
o/ser$e# toute l!acti$ité ,u!il sem/le manifester se limitant des
réarran0ements conceptuels des faits ,u!il enre0istre de l!e(térieur#
et des inférences ,u!il en fait.
;e type de rationalité peut Htre $ala/lement appli,ué la
physi,ue classi,ue# par e(emple# o les o/7ets de science sont des
totalités inertes mais son emploi en psycholo0ie# en sociolo0ie et en
histoire est une autre aKaire# car ici sa $aleur est restreinte
sé$rement. La réalité humaine est un secteur de la réalité dans
15
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Introduction
le,uel la totalisation est le mode mHme de l!Htre. 'ne totalité est
,uel,ue chose de complet# et ,ui peut donc Htre appréhendé comme
un tout une totalisation# l!in$erse# est un mou$ement perpétuel
tra$ers la $ie d!un su7et un mou$ement d!autodéJnition
synthéti,ue pro0ressi$e# ,ui ne pourrait en principe pas Htre
appréhendé par une méthode ,ui larrHterait. La rationalité)
analyti,ue impli,ue l!hypothse d!une perspecti$e de complte
e(tériorité en ce sens ,ue 7e $ous résume# c!est))dire $ous saisis
conceptuellement comme une totalité# et ,u!il n!y a rien chercher
de plus. Cais si# en mHme temps ,ue 7e $ous résume# $ous me
résumez# il me faut inclure $otre résumé de moi dans mon résumé de
$ous. ;!est))dire ,ue la situation se compli,ue de manire trs
particulire. 9ans la relation récipro,ue de la transaction entre deu(
personnes# les choses se passent ainsi E 7e $ous totalise mais $ous#
dans $otre totalisation récipro,ue de moi# $ous incluez ma
totalisation de $ous# de telle manire ,ue ma totalisation de $ous
inclut une totalisation de $otre totalisation de moi et ainsi de suite.
9ans la transaction# chacun de nous est une unité synthéti,ue
mou$ante de totalisationRdétotalisation. Par cha,ue acte# 7e
m!o/7ecti$e moi)mHme# 7e m!imprime dans le monde et cette
o/7ecti$ation de moi découle de cette totalisation en cours ,ue 7e
suis. Cais mon o/7ecti$ation de moi)mHme échappe ma sphre de
contrFle et péntre dans la $Ftre# de telle manire ,ue $ous pou$ez
interpréter mes actions comme ayant une si0niJcation totalement
diKérente de celle ,ue 7e leur donnais. <e produis li/rement une
impression de moi sur Ie monde# mais cet acte tout fait li/re
produit une o/7ecti$ation par la,uelle# $ous# tra$ers $otre li/erté#
limitez ma li/erté. 9e mHme# moi# tra$ers ma li/erté# 7e limite la
$Ftre.
;ette conception des relations humaines s!éclairera par l!e(emple
sui$ant6 E <e re0arde su/repticement tra$ers le trou d!une serrure
une scne intime ,ui se passe dans la pice $oisine. <e m!aperGois
6 ;et e(emple reprend celui donné par Dartre dans l’5tre et le <éant# m# ".
16
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Introduction
d!une présence derrire moi. <e me retourne et décou$re ,ue
,uel,u!un m!o/ser$ait. B ce moment# il se produit une
4 hémorra0ie . La pure su/7ecti$ité ,ue 7!ai été en tant
,u!o/ser$ateur de la scne dans la pice $oisine s!écoule de mon
monde dans le monde de l!autre# o 7e ne de$iens plus ,u!un o/7et
honteu( o/ser$é par lui au moins 7us,u! ce ,ue 7e trou$e un
moyen de re0a0ner mon e(istence# de retourner au centre de mon
monde, et de réduire l!autre en retour n!Htre ,u!un o/7et pour moi.
;!est la dialecti,ue entre l!acceptation d!Htre la périphérie et la
saisie du centre.
;e ,ue 7!ai décrit ici comme une relation récipro,ue est une
relation d!intériorité mais les deu( personnes sont# de surcroOt# des
réalités or0ani,ues# liées l!une l!autre par une relation
d!e(tériorité. Les descriptions anatomi,ues et physiolo0i,ues du
corps traitent la personne comme un 4 pur o/7et par rapport
au,uel le /iolo0iste adopte une perspecti$e de pure e(tériorité. ien
,ue cette perspecti$e e(térieure s!accorde a$ec certaines idées
con$entionnelles touchant l!o/7ecti$ité scientiJ,ue# ses limites sont
trs rapidement atteintes. ;es limites# lors,ue nous les décou$rons#
nous montrent ,uel point les théories# disons /iochimi,ues# sur les
causes de la schizophrénie ne peu$ent nécessairement ?,uel,ue
a$ancée ,ue soit la techni,ue /iochimi,ue@ ,ue man,uer leur /ut# le
type d!e(plication causale ,u!elles se proposent.
La rationalité implicite de telles théories de la cause# ,ue nous
appelons rationalité analyti,ue# e(clut par déJnition toute
compréhension des relations d!intériorité ,ui e(istent entre indi$idus
?,u!on appelle parfois intersu/7ecti$ité@ et pourtant# ce sont de
telles relations ,ui fournissent leur médiation ces séries d!actes
,ue nous appelons le 4 comportement schizophréni,ue E c!est))
dire la manire dont la personne éti,uetée schizophrne so/7ecti$e
dans le monde. Di nous $oulons comprendre cette médiation# si nous
$oulons comprendre le comportement schizophrne# ou tout autre
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Introduction
comportement# nous a$ons /esoin non seulement d!une techni,ue
descripti$e spéciale mais d!un type de rationalité radicalement
diKérent de la rationalité analyti,ue des sciences naturelles. ;et
autre type de rationalité est la rationalité dialecti,ue.
La rationalité dialecti,ue est concrte en ce sens ,uelle n!est rien
d!autre ,ue son fonctionnement réel dans le monde des entités
réelles. ;!est une méthode de connaissance au sens o# par
connaissance# nous entendons la saisie de structures intelli0i/les
dans leur intelligibilité mHme. Par ces derniers termes# nous
impli,uons de la rationalité dialecti,ue ,u!elle est compréhensi$e E
elle doit non seulement connaOtre des o/7ets# mais constituer en
mHme temps ce ,ui sera pour elle les critres de la $érité
?dialecti,ue@ des assertions ,u!elle émet# touchant ces mHmes o/7ets.
La connaissance dialecti,ue des o/7ets est donc insépara/le de la
connaissance de la connaissance dialecti,ue# et les deu( sont des
moments nécessaires d!un processus de synthse ,ue nous appelons
précisément la dialecti,ue.
Cais la dialecti,ue n!est pas seulement un principe
épistémolo0i,ue# un principe de connaissance de la connaissance#
c!est aussi un principe ontolo0i,ue# un principe de connaissance de
l!Htre. Il y a un certain secteur de la réalité# un 0roupe entier de
réalités# ,ue nous connaissons# ,ui sont animées par un mou$ement
dialecti,ue. La dialecti,ue est donc la fois une méthode de
connaissance et un mou$ement au sein de l!o/7et connu. ;e
mou$ement n!est pas le processus inerte étudié par les sciences
naturelles# mais la pra!is, c!est))dire l!acti$ité totalisante ,ui n!est
pas simplement constituée par un champ d!é$énements réels# mais
,ui se constitue elle)mHme comme un certain mode de l!Htre et
constitue dans une certaine relation elle)mHme un certain champ
d!autres Htres. ;e secteur de la réalité est la réalité humaine et son
étude scientiJ,ue est l!anthropolo0ie# entendue comme la science
des personnes.
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Introduction
L!anthropolo0ie ainsi conGue constitue la métathéorie d!un certain
nom/re de disciplines la psycholo0ie# la microsociolo0ie# la
sociolo0ie# l!anthropolo0ie sociale dans les,uelles# de manire
$aria/le# l!historio0raphie se trou$e incluse# dans la mesure du moins
o elle dépasse le pur récit chronolo0i,ue. L!historio0raphie est
distincte de l!histoire comme acti$ité réelle des indi$idus la,uelle
l!étude historio0raphi,ue s!intéresse. L!histoire est ce ,ue les
hommes# tous les homme#Rfont et ont fait5.
La dialecti,ue est 3ihMi une acti$ité totalisante dans la,uelle sont
reliés deu( types d!uniJcation E l!uniJcation uniJante ?l!acte de
connaOtre@ et luniJcation uniJée ?l!o/iet connu@. L action et
l!interaction humaines et leurs produits sociau( sont intelligibles si
nous pou$ons déceler en eu( le schéma del synthse d!une
multiplicité en un tout. Di nous pou$ons aller plus loin et lier la
pra(is ?les actes d!un indi$idu ou d!un 0roupe@ l!intention dun
indi$idu ou d!un 0roupe# alors nous o/tenons la compréhension de
cette pra(is. Di# du fait d!une aliénation# l!acteT s!est trou$é séparé
de l!intention# nous pou$ons encore décou$rir son intelli0i/ilité# mais
il est de$enu incompréhensi/le. Les eKets de la séparation entre
l!acte et l!intention sont lar0ement illustrés dans la $ie politi,ue# o
des personna0es politi,ues# réalisent de pseudo)actes# prennent de
pseudo)décisions# et produisent de pseudo)é$énements# pour se
conformer au( intentions de 0roupes de pression ou d!éminences
0rises plus ou moins anonymes. 9ans de $astes institutions# telles
,ue les hFpitau( psychiatri,ues# une pra(is Sotte o/scurément entre
les di$ers ni$eau( de la hiérarchie# sans a0ent clairement
identiJa/le# pour freiner ou prolon0er un certain chan0ement or0ani)
sationnel.
9ans les familles des patients schizophrnes# les intentions liées
au( U actes psychoti,ues du patient sont niées ou
mHme se trou$ent ?par une sorte d!antithse@ retournées de
manire telle ,ue les actions du patient prennent l!apparence d!un
1*
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Introduction
pur processus# coupé de toute pra(is# et peu$ent mHme Htre $écues
par le su7et sous cette forme.
uand les choses en arri$ent l# le patient celui ,u!on a
identiJé comme tel doit# aJn de donner sa $ision du monde une
certaine cohérence# une certaine 4 santé # in$enter une
représentation ima0inaire de ces mystérieuses inSuences ,ui
a0issent sur lui ;!est ici ,ue trou$ent leur sens les 4 hallucinations
relati$es l!inSuence e(ercée par des su7ets $enus d!autres plantes#
ou par des institutions plus proches# telles ,ue l!+0lise catholi,ue# le
parti communiste ou les francs)maGons. ."
Le patient cherche ainsi rendre plus intelli0i/le ce ,ui sur$ient
eKecti$ement entre lui et les autres les seules $oies par les,uelles il
puisse y par$enir ont malheureusement été au préala/le décrétées 0
illusoires par le reste de la société. ;ruelle ironie ,ui fait ,ue
lors,ue nous nous eKorGons de décou$rir mal0ré tout l!intelli0i/ilité#
nous courons le ris,ue d!Htre pris pour des fous ou /ien d!Htre# d!une
manire WeWou d!une autre# re7etés et in$alidés.
Les analyses réductrices# ,u!elles empruntent leurs termes a laphysiolo0ie# la théorie de l!apprentissa0e# ou mHme la
psychanalyse# peu$ent# de manire trs compétente# faire le
prXrMra> Ynfe(te e(tra et intra)or0aniaue au,uel
la personne résiste mais dans cha,ue cas# et pour la mHme
raison# la réalité personnelle elle)mHme est omise. 9ans cha,ue cas#
les approches réductrices ,ue nous a$ons mentionnées# a/outissent
un a0ré0at spéciJ,ue en ses corrélations d!entités inertes#mécanismes neurophysiolo0i,ues ou /iochimi,ues# unités
instincti$es de comportement# tendances li/idinales et a0ressi$es. Le
point d!intersection d!une série de li0nes théori,ues a/straites est
proposé comme la réalité ?plus ou moins@ irréducti/le de la
personne. Mout cela n!est pas seulement cFté de la ,uestion lors,ue
nous nous interro0eons sur une réalité personnelle# mais ne
concerne
2&
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http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 21/167
Introduction
,ue ,uel,ue chose de compltement diKérent Les analyses
réductrices nous e(pli,uent de ,uelle faGon# une entité per)cnnnrllf
est constituée au moyen de facteurs ,ui lui sont pytérieurs ?mHme
,uand ces facteurs sont des forces situées l!intérieur du corps du
su7et# ils sont e(térieurs ce dernier en ce sens ,u!ils sont
l!intérieur de son corps considéré comme o/7et pour un autre et non
comme ce corps ,u!il est6@. La $ie personnelle# cependant# nest pas
seulement constituée de l!e(térieur# mais se constitue ellem"me sur
la /ase de sa constitution e(térieure. Butrement dit# la personne se
choisit elle)mHme sur la /ase de ?contre# face # ou conformément @
laT totalité des faopurs$,ui la conditionnent.
;es considérations nous laissenr" Qntre$oir un schéma plus
adé,uat ,ui nous fournirait les /ases métathéori,ues et
métaméthodolo0i,ues nécessaires toute théorie de la $ie
personnelle et toute hypothse touchant les transactions
interpersonnelles# au ni$eau du petit er,0pe comme celui de
l!histoire. 'n tel schéma doit Htre pro0ressif aussi /ien ,ue
ré0ressif# synthéti,ue aussi /ien ,u!analyti,ue car# si i le
mou$ement histori,ue de la $ie d!une personne en relation a$ec la
$ie d!autres personnes consiste en une série Z de 4 moments
analysa/les et de relations entre ces moments# il est dans son
essence mHme une synthse en train de se faire# une unité mou$ante#
une totalisation se retotalisant perpétuellement =lp)mWmp parWr
dp l!intériorisation de sa déto)
I talisation par autrui G
Il y a d!a/ord les actes par les,uels u0e personne se présente elle)
mHme nous dans ces acWls# nous décelons une ou des intentions
,ui se rattachent un choi( antérieur et plus fondamental de soi E
cette présentation de soi ?de soi ,ui est pur écoulement e(cédant
perpétuellement la perpétuelle o/7ecti$ation de soi dans le monde@#
ci[r la dialectique
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Introduction
constituée 9!une description phénoménolo0i,ue de ce moment
institué# nous passons# par un mouvement régressif, une
dialectique constituanteG par ce dernier terme# nous entendons tous
les facteurs de\ conditionnement socio)en$ironnementiels ?intra)
familiau(# e(tra)familiau(# socio)histori,ues# de classe économi,ue@
dans la plénitude de leur interpénétration. Cais nous ne pou$ons en
rester l. Par un mouvemenfGprogressif nous de$ons atteindre la
synthse personnelle# la totalisation totale la totalisation uni,ue
faite par la personne de la totalisation conditionnante# sur la /ase de
sa totalisation de soi. ]ous a$ons alors atteint la 4 $érité de la $ie
de la personne# ou d!un secteur particulier de cette $ie. y = +n
d!autres termes# nous de$ons comprendre ce ,ue le su7et
' fait a$ec ce ,u!on lui fait# ce ,u!il fait de ce dont il est f fait.
;hacun de ces termes E 4 ce ,u!il fait # 4 ce ,u!on i lui fait # 4 ce
dont il est fait # peut Htre pour sa part 7 l!o/7et d!une in$esti0ation
analyti,ue. Cais ils ne sont cha)i cun rien de plus ,ue des
4 moments . ;es^O-iOre ,u!ils sont des t_rmes en opposition a$ec
d!autres lintérieur d!une i d`lecti,H. _t ,u!ils ne peu$ent Htre
isolés ,u!au pri( d!une distorsion de tout le reste du ta/leau 0lo/al.
or, si en nous occumnt Uba su7ets a0issant en relation les uns
a$ec les autres# nous a$ons aKaire des unités synthéti,ues# et si le
4 pro/lme central de la schizophrénie est pose en termes de
su7ets a0issant de mHme en relation# nous de$rons manifestement
opérer un ni$eau 0ui ne saurait comporter réduction au formalisme
,uantitatif ]ous constatons alors com/ien est illusoire le point de
$ue ,ui $eut ,ue tous les e(posés 0énérau( empruntent# au moins
idéalement# la forme d!e(pressions mathémati,ues ,uantitati$es.
]ous n!entendons par l nullement e(clure toute e(pression en un
lan0a0e formel des rapports 0énérau( relatifs l!inter)
action personnelle au contraire# 7e crois ,ue la mise au point
d!un formalisme relationnel non métri,ue# est tout fait possi/le et
,u!il faut y consacrer ses eKorts
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Introduction
+nJn# en ce ,ui concerne la 0énéralisation partir de séries peu
nom/reuses# et lors,u!on nous o/7ecte ,u!un nom/re limité de cas
peut donner un ensem/le particulier# non représentatif# nous ne
saurions mieu( faire ,ue rappeler les mots de >urt :oldstein ?1*51#
p. 25@ E
4 ;ette o/7ection méconnaOt compltement la situation réelle...
une accumulation de faits# mHme nom/reuse# n!est d!aucun secours
si ces faits sont éta/lis de manire imparfaite elle ne conduit pas
la connaissance des choses telles ,u!elles se passent réellement...
]ous de$ons ne choisir ,ue ces cas ,ui permettent de formuler des
7u0ements ache$és. +t alors# ce ,ui est $rai pour un cas l!est aussi
pour tous les autres.
+n d!autres termes# ce ,ui peut Htre analysé faussement comme
un parti pris# pourrait Htre en fait une sélection 7udicieuse. Les
critres de la sélection 7udicieuse en ce domaine doi$ent faire l!o/7et
d!un autre essai pour le moment contentons)nous d!éta/lir le
principe# de le di0érer# de l!assimiler# de le réaliser dans la totalité de
ses implications# et poursui$ons notre tra$ail.
]otre tra$ail porte sur la folie. Il s!intéresse cette zone trs
Treprésentati$e de la folie la,uelle médecins et mHme sa$ants ont
donné l!éti,uette de schizophrénie. ue la schizophrénie en tant ,ue
maladie e(iste ou non# c!est ce dont il nous faudra discuter et
dé/attre# mais au)del de cette incertitude# une certitude repose. <e
suis persuadé# et 7e donnerai ,uel,ues)unes de mes raisons# ,ue le
processus par le,uel ,uel,u!un se $oit dési0né comme schizophrne
NmpNO,_ une $iolence su/tile# psycholo0i,ue# mythi,ue# mysti,ue#
spirituelle. ;ette $iolence est si tortueuse ,u!elle a pu ne pas Htre
démas,uée depuis au moins un sicle mais nous sommes présent
enJn en mesure de commencer dire ce ,u!elle est.
;ette recherche nous amnera considérer des structures plus
fondamentales# ,ui nous en0a0eront leur tour dans une étude de la
famille E en particulier# la manire dont la famille se fait la médiation
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Introduction
de l!aliénation sociale et de l!étran0eté dans leur 0énéralité
auprs de tous ses mem/res# mais principalement et de faGon plus
destructrice auprs de ses mem/res les plus 7eunes.
]ous étant# 7e l!espre# déli$ré nous)mHme du pseudo)scientisme
pré$alent# pi,uons notre /a0uette di$inatoire ?,ue l!on pardonne
cette Seur de rhétori,ue@ au cur de la $iolence ,ui r0ne entre les
hommes.
2"
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Violence et psychiatrie
La $iolence est au cur mHme de notre pro/lme. ;ependant# le
type de $iolence ici considéré n!a rien $oir a$ec celle ,ui poussedes hommes se donner les uns au( autres des coups de marteau
sur la tHte# ni a$ec ce ,ue les malades mentau( sont supposés faire.
Di l!on doit parler de $iolence en psychiatrie# la $iolence ,ui cr$e les
yeu(# ,ui crie son nom# ,ui se proclame elle)mHme comme telle a$ec
tant RM d!éclat ,u!elle est rarement entendue# c!est la $iolence su/)
tile et mas,uée ,ue les autres# les 4 hommes normau( . e(ercent
sur ceu( ,uon a /aptisés tous. 9ans la mesure o la psychiatriereprésente les iaterHts# ou les prétendus intérHts# des hommes
normau(# nousWu$ons constater ou!en fait la $iolence en
psychiatrie est au premier chef $iolence de la Psychiatrie.
Cais ,ui sont les hommes normau( Q ;omment se déJnissent)ils
eu()mHmes Q Les déJnitions de la santé mentale proposées par les
e(perts se ramnent 0énéralement cette notion E la conformité un
ensem/le de normes sociales plus ou moins ar/itrairement admises ou /ien elles sont si commodément 0énérales du type E 4 la
capacité de tolérance et de dé$eloppement tra$ers les conSits
,u!elles se pri$ent elles)mHmes de toute si0niJcation
opératoire. An en $ient cette amre pensée ,ue les hommes
normau( sont peut)Htre ceu( ,ui n!ont pu se faire admettre dans un
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Violence et psychiatrie
ser$ice d!o/ser$ation mentale. ;!est))dire ,u!ils se déJnissent eu()
mHmes par une certaine a/sence d!e(périence.
Ar# cela n!a pas empHché les nazis de 0azer des dizaines
normal iti E arrHt
partir de leur naissance, la plupart des individus progressent
vers la réalisation de la normalité sociale, à travers ces situations
d’apprentissage social que représentent la famille et l’école# .a
plupart arr"tent leur développement au stade de la normalité#
Huelquesuns s’e*ondrent en cours de progression et régressent
jusqu'à ce qui est appelé folie dans le diagramme# ;autres, très peu,
s’arrangent pour glisser à travers l’état dinertie ou d’arr"t
représenté par la normalité statistique aliénée et progressent sur la
voie ?J@ vers la santé, tout en conservant une conscience du critère
social de normalité telle qt/ils évitent d’"tre considérés comme
malades )c’est toujours une question d’habileté+# In remarquera que
la normalité est située à un ple qui l’oppose non seulement à la folie
mais aussi à la santé# .a santé approche de la folie : mais un blanc
décisif, une di*érence, demeure toujours# $’est le point oméga ?4 X@
de milliers de malades mentau( et# dans ce pays)ci# des dizaines
de milliers d!autres malades mentau( ont leur cer$eau
chirur0icalement mutilé ou ra$a0é par des séries d!électrochocs E et
par)dessus tout# leur personnalité est systémati,uement déformée
par l!institution psychiatri,ue. ;omment de tels faits# si concrets#
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Violence et psychiatrie
peu$ent)ils naOtre d!une a/sence# d!une né0ati$ité la contrai0nante
a/sence de folie des hommes normau( Q
+n fait# le domaine entier o se déJnissent santé et folie est si
confus et ceu( ,ui s!y a$enturent sont si 0énéralement terriJés
?,u!ils soient professionnellement ,ualiJés ou non@ rien ,u!
entre$oir ce ,u!ils pourraient y rencontrer# non seulement chez les
autres# mais en eu()mHmes# ,ue l!on doit sérieusement en$isa0er de
renoncer l!en,uHte. An ne peut a$ancer# me sem/le)t)il en tout cas#
sans contester la classiJcation élémentaire de la psychiatrie clini,ue
en E 4 psychoti,ue # 4 né$roti,ue et 4 normal . Cais puis,ue
l!histoire de la psychiatrie a lar0ement consisté en l!éla/oration d!un
immense ser$ice pu/lic prenant la forme de 0rands hFpitau( pour
malades mentau(# de clini,ues de consultation# d!unités
psychiatri,ues dans des hFpitau( non spécialisés et parfois# hélas
mHme# la forme du di$an du psychanalyste# on ne doit pas se laisser
découra0er d!essayer ce ,ui pourrait Htre une radicale et ,ui sait Q
dan0ereuse réé$aluation du pro/lme de la folie. Jt#>#+
M.p0Gpnfp cptrp nprpccairp réé$aluation# telle ,ue ie la conGois#
sera peut)Htre e(posée le plus 7ustement et le plus économi,uement
par le dia0ramme dp norre J0ure 9ans cette représentation
schémati,ue# ,ui pour notre propos actuel s!en tient une
terminolo0ie trs con$entionnelle# nous trou$ons d!a/ord en alpha le
point d!insertion de l!indi$idu. B partir de ce point# la personne se
dé$eloppe pro0ressi$ement en rece$ant# enre0istrant# puis adoptant
pour sa conduite# les r0les ,ue ses parents ont apprises# $écues et
lui ont incul,uées comme 4 correctes . Paralllement# elle apprend
son rFle social 4 masculin)instrumental # ou 4 féminin)e(pressif . Di
tout se déroule 4 /ien dans la famille et l!école# elle atteint la
4 crise d!identité de l!adolescence# au cours de la,uelle# en
eKet$!eMMe fait la somme de tout ce ,ui l!a conditionnée 7us,u!alors#
de toutes les identiJcations antérieures ,u!elle a opérées# de tout ce
dont elle a été 4 faite # de tout ceWdo0t on l!a 0a$ée. ?;ela constitue
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Violence et psychiatrie
la 4 normalité un concept statisti,ue sur le,uel la plupart
d!entre nous r0lent leur $ie comme sur une r0le d!or.@ +nsuite a$ec
plus ou moins de /onheur# elle se pro7ette dans un a$enir
indépendant# mais ,ui nécessairement# moins ,u!il n!y ait eu
,uel,ue part une erreur propice# doit la ramener ce ,ui est
con$entionnellement accepté. +lle $it partir de ce moment
,uargntéou cin,uante ans dans ce ,ui reste $irtuellement le mHme
état# /ien ,u!elle de$ienne# par un processus de croissance
or0ani,ue# plus 4 e(périmentée # plus 4 sa0e # ,u!elle dé$eloppe
une plus 0rande capacité d!a7ustement au( circonstances
chan0eantes# ,u!elle sache mieu( ce ,ui est le 4 meilleur pour elle
W)pro/a/lement pour la plupart des autres. +lle $it ainsi# puis meurt.
+lle est connue# on se sou$ient d!elle# puis on l!ou/lie. ;es dernires
périodes peu$ent $arier chronolo0i,uement# mais l!échelle du
temps cosmi,ue cela n!a aucune importance. ;!est l assurément la
carrire et le destin de la plupart d!entre nous E particulirement si
nous sommes 4 mentalement sains .
Peut)Htre# cependant# ce schéma n!est)il pas inélucta/le. Peut)Htre
y a)t)il moyen d!échapper ou de nous li/érer $ers un a$enir plus réel#
moins stéréotypé. <e le crois# mais cela ne $a pas sans le ris,ue de
passer pour fou et de su/ir un traitement psychiatri,ue. Le
traitement psychiatri,ue est sou$ent tourné en dérision en raison de
ses échecs E c!est l une 0rande in7ustice# car si l!on $eut parler
réellement de l!échec du traitement psychiatri,ue# on doit s!attendre
constater ,ue son échec réside trs précisément dans son succs.
;e traitement# sous ses formes oKicielles ou non oKicielles
?conditionnement thérapeuti,ue non médical@# réussit 0énéralement
produire le conformisme re,uis# aussi /ien au ni$eau du ré0ressif
chroni,ue ,u!au ni$eau ?plus ou moins éle$é@ du tout puissant
capitaine d!industrie. Il y a de nom/reu( 0enres et espces de
lé0umes mais tous# selon nos principes de classiJcation# poussent
dans la /oue. ;!est l ,u!ils poussent et ,u!on les ramasse. Patates#
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Violence et psychiatrie
tomates# chicorée et na$ets. Les humains et les non)humains. Pour
prendre une autre ima0e# pous pourrions dire ,ue nos $ies sont
mises en /oOtes% du /erceau la tom/e. 9u $entre ,ui nous met au
monde la /oOte de la famille# ,ui précde celle de l!école. Lors,ue
nous ,uittons les /ancs de l!école# nous a$ons été si /ien
conditionnés $i$re ainsi ,ue nous construisons alors notre propre
/oOte# notre prison# notre caisse# autour de nous# 7us,u! ce ,u!enJn#
suprHme déli$rance# on nous mette dans un cercueil ou dans un four.
<e re$iendrai plus loin sur les perspecti$es de li/ération mais pour
l!instant# d!autres tgches nous attendent. ]otons simplement la
relation entre la santé telle ,u!elle est socialement prescrite# le
traitement psychiatri,ue et la /oOte. )Ga . g @
Il nous faut considérer d!un peu plus prs l!=omme normal. B
défaut de connotation# nous $oyons# par dénotation# ,ue ce terme
recou$re les familles des patients# les employeurs# les médecins# les
fonctionnaires de la santé mentale# la police# les ma0istrats# les
sociolo0ues# les psychiatres# les inJrmires# etc. Mous ce ,ui
n!e(clut pas ,ue certains soient trs sincres et dé$oués au patient
sont impli,ués# plus ou moins profondément# mais iné$ita/lement#
et mHmeconife leur propre 0ré# dans une su/tile $iolence l!é0ard
de l!o/7et de leurs soins. <e n!ai pas l!intention de déni0rer certains
psychiatres ou d!autres fonctionnaires de la santé mentale ,ui se
/attent sans arrire)pensée# et sou$ent contre d!immenses o/stacles
institutionnels# pour donner leurs malades une aide eKecti$e. Cais
il ne faut pas# d!un autre cFté# ou/lier ,ue /ien sou$ent les /onnes
intentions et tous les ornements de la respecta/ilité professionnelle
recou$rent une réalité humaine dont la cruauté est la $érité. ]ous
rappellerons# par e(emple# ,ue o0er d!Busc/itz a$ait une
conception du traitement donner au( délin,uants 7u$éniles assez
proche de celles défendues par nom/re de mem/res éminents et
respectés de notre société on a pu noter chez le 9r ;apesius# aprs
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Violence et psychiatrie
la 0uerre# une pré$enance et une /ien$eillance particulires en$ers
les animau( et les enfants. JK# - L+
Pour saisir ce ,ue i entends par ce terme de 4 $iolence # il faut le
mmprpndrp @Xrfron mrmsi$e de la lihprfé
d!une personne sur la li/erté d!une autre. Il ne s!a0it pas d!une
a0ression directe# physi,ue# /ien ,ue celle)ci puisse en découler.
L!action li/re ?ou pra(is@ d!un su7et peut détruire la li/erté d!un autre
ou du moins la paralyser par mystiJcation. Les 0roupes humains sont
formés en relation une ,uelcon,ue menace e(térieure# illusoire ou
réelle mais ,uand cette menace e(térieure s!estompe# le 0roupe#
,ui s!est littéralement ou métaphori,uement fondé sur le serment# se
trou$e dans la nécessité de réin$enter la peur# pour assurer sa
propre permanence ;ette peur seconde# ,ui est un li/re produit du
0roupe décidé pré$enir sa dissolution interne# est la terreur,
induite par la violence de la li/erté ordinaire. La $iolence# en ce sens#
dans le champ psychiatri,ue# commence au sein de la famille du
malade mental $irtuel. Cais elle ne s!arrHte pas l.
Les patients ,u!on rencontre dans les hFpitau( psychiatri,uesposent des pro/lmes trs $ariés. 9ans certains cas# an
comportement considéré socialement comme trou/lé s!e(pli,ue par
un processus /iolo0i,ue E douleurs céré/rales# $ieillissement
patholo0i,ue du cer$eau# épilepsie# etc Cais dans d!autres cas# les
plus nom/reu(# le comportement est diKérent de par sa nature et ne
saurait Htre e(pli,ué par aucun processus /iolo0i,ue connu E il n!est
intelli0i/le ,u! partir de ce ,ue les personnes réellement en
relation a$ec# le malade lui font en réaction ce ,u!il leur fait. Il
nou`W)faut distin0uer) aJn dé$itpr une confusion fatale# entre ces
deu( comportements# celui ,ui se présente comme .un processus
e!plicable et celui ,ui est intelli0i/le partir de l!action réelle de
plusieurs su7ets les uns sur les autres. B des pro/lmes ,ui se
présentent diKéremment correspond une diKérence dans les
méthodes d!approche. Le fait ,ue des types de pro/lmes
3&
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Violence et psychiatrie
compltement diKérents coha/itent dans une mHme institution
est74 ne des raisons pour les,uelles le mythe du processus
patholo0i,ue# a$ec toute sa $iolence implicite# a pu se perpétuer
dans le cas de la schizophrénie. Les 4 schizophrnes # les
4 né$rosés # les 4 psychopathes ont été placés dans les ser$ices
cFté des $érita/les malades mentau(. ;ette maladie douteuse
appelée 4 schizophrénie 7ustiJe loccupation de la 0rande ma7orité
des lits d!hFpitau( psychiatri,ues et ceu()ci constituent peu prs
la moitié des lits d!hFpitau( de ce pays.
9ans l!ima0erie populaire# le schizophrne est le prototype du fou#
il est l!auteur d!actes insensés# parfaitement 0ratuits et tou7ours
empreints de $iolence l!é0ard d!autrui. Il se mo,ue des 0ens
normau( ?son c aKectation # ses 4 0rimaces # ses 4 /ouKonneries
sont des moyens su/tils ,u!il a pour se mettre en retrait@# mais en
mHme temps il leur fournit les éléments de sa propre in$alidation. Il
est l!homme illo0i,ue# celui dont la lo0i,ue est ymalade . Au du
moins le dit)on. Cais peut)Htre pourric<ns)nous décou$rir nn noyau
de sens air cur de ce non)sens apparent. 9!o $ient)il donc#
ce lunati,ue Q 9!o $ient)il et comment est)il arri$é parmi nous Q
De pourrait)il ,ue sa folie dissimulgt une secrte
santé Q Xt.r
Premirement# il est né dans une famille# et certains diraient ,ue
c!est l le plus 0rand des facteurs ,u!il ait en commun a$ec nous.
Cais e(aminons)la# sa famille# en supposant pour l!instant ,u!elle se
distin0ue de /eaucoup d!autres d!une manire si0niJcati$e.Pans la famille du futur t schizophrne . nous o/ser)$oSD ne
sorte de(trémisme particulier. CHme les ,ues)jonMgpparemment
les plus /anales sont articutéeW sur les pFles santéRfolie# $ieRmort.
Les lois du 0roupe familial ,ui r0lent non seulement le
comportement mais aussi les e(périences autorisées# sont la fois
inSe(i/les et confuses. 9ans une telle famille# un enfant doit
apprendre un certain mode de relation a$ec sa mre ?par e(emple@#
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Violence et psychiatrie
mode dont on lui ensei0ne ,ue dépend entirement son inté0rité
mentale et physi,ue. An lui dit ,ue s!il $iole les r0les# et l!acte
autonome apparemment le plus innocent peut constituer une telle
$iolation# il pro$o,uera tout la fois la dissolution fatale du 0roupe
familial# la destruction de ce ,ui est la personnalité de saimè*a peut)
Htre celle d!autres personnes encore. 9u roup# comme -.9. Lain0 et
B. +sterson8 l!ont si /ien montr_MNl est pro0ressi$ement placé dans
une position intena/le. Don choi(# dernier point criti,ue# est entre
la soumission totale# le complet a/andon de sa li/erté d!un cFté# et
d!un autre cFté# le départ hors du 0roupe# a$ec l!an0oisse d!assister
la dé$astation prophétisée et de se heurter au sentiment de
culpa/ilité ,u!on lui a incul,ué tra$ers tant de soins aKectueu(. La
plupart des futurs schizophrnes trou$ent ce dilemme une réponse
0lo/ale ,ui sou$ent coNncide# dans l!état des choses du moment# a$ec
celle ,ue la famille trou$e pour
M# t
eu( E en ,uittant leur famille# mais Gn ne la ,uittant ,ue pour
entrer dans un hFpital psychiatri,ue.
9ans l!hFpital psychiatri,ue# la société a construit 4 $er une
ha/ileté infailli/le# une structure sociale ,ui reproduit de
nom/reu( é0ards les Particularités 0énératrices de folie de la famille
du patient. Il y trou$e des psychiatres# des administrateurs# des
inJrmires# ,ui sont ses $érita/les parents# frres et surs# et ,ui
7ouent entre eu( un 7eu trop sou$ent ressem/lant# par la comple(ité
de ses r0les# au 7eu o il échoua dans sa famille. +ncore une fois# il
est parfaitement li/re de choisir. Il peut décider de passer ses 7ours
$é0éter dans une ré0ression chroni,ue ou /ien d!osciller entre
l!enfer de sa famille et l!enfer sem/la/le du ser$ice d!admission
psychiatri,ue classi,ue# cette solution oscillante représentant la
conception au7ourd!hui répandue du pro0rs en psychiatrie E les
schizophrnes peu$ent Htre li/érés de l!hFpital aprs moins de trois
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Violence et psychiatrie
mois# mais prs de la moitié d!entre eu( y sont réadmis a$ant un an.
'ne troisime solution reste encore trou$er ?cf. appendice# p. 16*@.
Cais par ,uelle infortune lin nrt i
position de su/ir une telle $iolence Q Bu départ# la situation est lasui$ante E la mre et l!enfant) forment 'ne unité /iolo0i,ue
ori0inelle# ,ui persiste ,uel,ue ttmps aprs le fait concret de la
naissance. Petit petifriés actes de la mre.W s!ils sont corrects )en
nn rerfain cenc ,nVm pit déJnir@# en0endrent un champ We pra$7s.
a$ec possi/ilité de réciprocité. An a ainsi deu( Htres ,ui peu$ent a0ir
l!un sur l!autre et l!un a$ec l!autre. L!enfant apprend ensuite les actes
,ui aKectent sa mre en tant ,u!auttui pour le,uel il est autrui. ;e
commencement de l!action qNi aKecte autrui# ou commencement de
la personne# est la seconde naissance# e(istentielle# ,ui transcende
dialecti,uement le ni$eau du réSe(e or0ani,ue premier et# en
attei0nant un nou$eau ni$eau d!or0anisation synthéti,ue Winau0ure
une dialecti,ue entre les personnes. Cais la mere pour sa part# peut
é)hfrr Wen0endrer le champ d!action récipro,ue E c!est en ce sens
rorfaOnU indi$idus. hpSnmim en fait# ne sonrk7amai nés pI=Msimplement# leur naissance n!a été ,u!un é$énement o/scur et
leur $ie ne représente ,u!une forme mar0inale d!e(istence.
^inalement# mHme leur mort leur échappe et de$ient un é$énement
4 pour autrui autrement dit# l!indi$idu n!a pas conscience de la
direction de sa $ie# mHme au moment de sa propre mort E il ne
mourra 7amais sa mort# puis,ue la mort n!est pour lui ,u!un simple
fait# iné$ita/le statisti,uement# dans le futur anonyme. La tgche de la
mre# donc# est de produire non pas simplement un enfant mais un
champ de possi/ilités dans le,uel cet enfant pourra de$enir
,uel,u!un d!autre# une 7tte personne.
Binsi le processus par le,uel on de$ient une personne peut mal
tourner# et ds les premiers mois de la $ie. Di la mre ne par$ient pas
en0endrer un champ d!action récipro,ue# de manire telle ,ue
l!enfant apprenne comment l!aKecter en tant ,u!autrui# lui ne 7ouira
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Violence et psychiatrie
pas des premires conditions nécessaires la réalisation de son
autonomie personnelle. Il restera 7amais une chose# un appendice#
,uel,ue chose d! peine humain# une poupée animée. ;eci n!arri$e
7amais compltement# mais# a$ec des de0rés trs $ariés# le
phénomne est courant en fait# un certain de0ré d!échec est
uni$ersel. Jjl#=j
;ela dit# le commencement du dé$eloppement de la per)sonne
n!est 7amais purement passif Les actes de la mre en sont /ien les
conditions premires# mais 7amais la cause. 9s les tout premiers
dé/uts de l!interaction mreRenfant# dans la,uelle chacun est
autmjpour l!autre# l!enfant est dans une position o il doit inaif0jrer
le pro7et de de$enir ,uel,u!un# ,ui ,ue ce soit# et ceci# en principe#
est un choi( li/re# une li/re création de sa nature en ce ,u!elle a
d!essentiel.
Pour certains# cependant# non seulement font défaut les
conditions premires ,ui pourraient leur fournir la /ase d!une
e(istence humaine indépendante# mais lors,u!ils par$iennent
s!aKirmer# fjt)ce précairement# de manire autonome# l!ensem/le de
leur famille rend confuse leurs yeu( la $érita/le nature des
intentions ,u!ils nourrissent et des actes ,u!ils accomplissent. Pour
peu ,u!une telle confusion soit la fois intense et dé$eloppée# leur
position au sein de la famille de$iendra intena/le et la $iolence alors
se montrera l!état pur. W 3
Il arri$e ainsi ,u!un indi$idu soit /lo,ué dans une position o le
seul mou$ement ,u!il puisse faire dans le 7eu interpersonnel a toutes
les chances d!Htre ,ualiJé de 4 $iolent par les autres# ;!est le cas#
par e(emple# du 7eune homme ,ui n!a 7amais pu se réaliser comme
une personne distincte de sa mre. Mous les strata0mes mis
auDer$ice de l!amour échouent# parce ,ue l!amour e(i0e réciprocité
et ,u!il ne peut y a$oir réciprocité réelle en pareil cas# ds lors ,ue#
pour la mre ?et c!est son point de $ue ,ui r0le entirement le
champ@# il ne saurait y a$oir de terrain d!action récipro,ue E ni
3"
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Violence et psychiatrie
aimant# donc# ni aimé. Il e(iste l une sym/iose parfaite# o le couple
perd de $ue la distinction 4 parasiteRhFte et de$ient# sinon en
réalité# du moins au ni$eau fantasmati,ue# une seule personne# Binsi#
de ce ,uin,ua0énaire soumis la sur$eillance chroni,ue en hFpital
psychiatri,ue# et ,ue sa mre reprend la maison ponctuellement
tous les ee`)ends. +lle prend trs /ien soin de lui# naturellement.
;omme le fait son inJrmire# elle le désha/ille# le /ai0ne# inspecte
son corps pour $oir é$entuellement s!il porte des traces de /lessures
ou de maladie# et ensuite# dans des lettres au docteur# s!in,uite du
0onSement de son 0ros orteil 0auche ,ui re,uiert les soins d!un
spécialiste. :énéralement# elle les o/tient. +n pareil cas# le seul
mou$ement possi/le laissé au Jls sem/le Htre une aKirmation de soi
soudaine# 0fgiite# a0ressi$e et apparemment ar/itraire. L!enfant ,ui
\ peut a$oir $in0t# trente# 77uarante ou cin,uante ans# est a0ressif
en$ers sa mre parce,uii lui paraOt n!y a$oir pluMd!atre oyen ,ue
celui)l de rompre $ec elle. La lo0i,ue ri0oureuse de la situation
est celle)ci E Di 7e te frappe 7e ne suis plus toi... 7e suis moi, puis,ue
7e te frappe... tu es toi)mHme puis,u!en te frappant 7e suis ,uel,u!un
d!autre ,ue toi.
Moi# tu es une autre personne... toi... et moi... 7e suis moi.
;.^.9. 9ans le compte rendu clini,ue# on notera alors ,ue le
comportement# en cette circonstance# fut /izarre# irrationnel et
immoti$é dans sa $iolence.
;e n!est ,u!au cours des di( dernires années ,ue ,uel,ues
psychiatres ont commencé prendre en considération l!autre face du
pro/lme de la $iolence. An a noté ,ue le malade dit schizophrne
a$ait dj plusieurs reprises faire face ds e(i'tiiit.es
L'iiiludictoir_s dans sa lamille# et parfois mHme l!intérieur de
l!hFnital psychiatri,ue. ;ertains chercheurs américains ont employé
ici le $oca/le de 4 dou/le contrainte . <e considérerai cette notion
dans son conte(te théori,ue au chapitre sui$ant# mais on peut ds
maintenant l!illustrer par l!e(emple /anal de la mre ,ui fait une
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Violence et psychiatrie
déclaration contredite par sa conduite E elle dit son Jls E 4 Va#
trou$e toi)mHme tes propres amis et ne sois pas si dépendant de
moi # mais en mHme temps elle montre ?hors de toute $er/alisation@
,u!elle serait /oule$ersée s!il la ,uittait $raiment# fjt)ce dans cette
fai/le mesure. Au /ien# en se montrant soucieuse d!é$iter toute
intimité physi,ue a$ec lui# elle lui dit E 4 Viens em/rasser ta mre#
mon chéri Z B moins ,ue son enfant ne réussisse trou$er en lui)
mHme une a/sence de pitié# une contre)$iolence par la,uelle détruire
tout cet échan0e a/surde# sa réaction ne peut consister ,u!en un
trou/le et Jnalement en ce ,u!on appelle confusion psychoti,ue#
désordre mental# catatonie# etc.
Mout cela é$o,ue la situation créée par certains e(ercices
spirituels /ouddhistes en# o l!on est mis en demeure de fournir une
réponse mais o chacune des réponses possi/les entre les,uelles
choisir a été au préala/le déJnie comme fausse. Dituation ,ui ne
peut\ gte résolue rationnellement ni analyti,uement E la seule
repoiiseslrait un acte ,ui transfre le su7et de la fausse position
e(istentielle dans la,uelle
il a été placé# et dans la,uelle il ne peut su/sister# en une position
$raiment centrée sur lui)i,Hme# plutFt ,ue sur autrui. Cais essayer
de rompre a$ec le systme de fausse rationalité de sa famille#
particulirement lors,ue ce systme est renforcé par la collusion
entre ladite famille et les a0ents de la société# il ris,ue fort d!Htre
ta(é d!irrationalité. Il se peut mHme ,u!une 4 maladie frfoifr censée
l!a$oir conduit sa folie. Le fait ,ue soh\" irrationalité soit au $rai
une analo0i,ue nécessaire et non pas du tout une lo0i,ue malade# le
fait ,ue la $iolence du patient soit une nécessaire contre)$iolence ne
peut ,ue tr,p facilement Htre né0li0é. 9ans une lar0e mesure# la
4 malgaOe ou l!illo0isme du schi)zophrne trou$e son ori0ine dans
une maladie de la lo0i,ue autour de lui q'
Binsi# la famille# aJn de préser$er son mode de $ie inauthenti,ue#
in$ente une maladie. +t la science médicale# sensi/le des /esoins
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Violence et psychiatrie
sociau( si 0rands# produit une discipline spéciale# la psychiatrie#
pour conceptualiser# formaliser# classer et fournir des traitements
cette maladie La notion de maladie# en soi# impli,ue des
symptFmes E la famille en prépare une liste 0i0antes,ue. Les
symptFmes de la schizophrénie sont constitués $irtuellement par tout
ce ,ue fait la famille# insupporta/lement an(ieuse face au( tentati$es
de comportement indépendant de l!un de ses mem/res. Les si0nes
de ce comportement comprennent ha/ituellement l!a0ression# la
se(ualité# et en 0énéral# toute forme d!aKirmation autonome de sol
;es si0nes peu$ent /ien Htre l!e(pression courante des /esoins d!un
adolescent dans certaines familles# ils n!en sont pas moins
inaccepta/les et doi$ent Htre in$alidés# par tous les moyens# mHme
désespérés au /esoin. 'ne forme d!in$alidation trs respecta/le et
trs commode consiste ,ualiJer ce comportement de 4 maladif .
Le malade est alors éloi0né de la famille# a$ec la coopératior de
di$ers a0ents sociau( et médicau(# et la famille peut ainsi mo/iliser
toutes ses forces pour se plaindre elle)mHme du malheur ,ui la
frappe. ui la frappe# /ien sjr# par la main de 9ieu# dont les
mou$ements sont ine(plica/les# et sans aucune relation a$ec les
/esoins réels des diKérents mem/res du cercle familial.
Pour illustrer ceci# 7e prendrai un e(emple réel E un patient fut
admis dans un hFpital psychiatri,ue par internement d!oKice ?c!est)
)dire# selon le type de certiJcat prescrit par la loi sur la Danté
mentale de 1*5O, ,ui retire au patient le droit de ,uitter l!hFpital de
son propre chef et# au cas o il le ferait# autorise la police ou le
personnel hospitalier le ramener de force@. ;e 7eune homme# entre
autres faits non spéciJés# s!était conduit de manire a0ressi$e et
$iolente en$ers ses parents et# comme l!ordre l!indi,uait# il de$ait
Htre# pour la sécurité des autres# placé dans une institution Jn
d!o/ser$ation de son état mental. Des parents a$aient fait part de
leur pro/lme leur médecin de famille# ,ui# a$ec l!aide de l!oKicier
de la Danté mentale# a$ait déli$ré l!ordre de détention. Ar# ,uand on
3%
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Violence et psychiatrie
e(aminait a$ec soin les circonstances de la crise familiale# on
décou$rait ,ue le comportement a0ressif et $iolent du patient tenait
en ceci E il a$ait a@ cassé une tasse thé# /@ cla,ué la porte d!entrée#
c@ frappé du pied# une seule fois mais a$ec éner0ie# dans l!allée du
7ardin. B repérer les responsa/ilités dans la situation de la famille et
monter une reconstitution de la 4 crise # on décou$rit ,ue la mre
luttait depuis de nom/reuses années contre de fortes tendances
dépressi$es. B un certain moment# comme le pre# lui)mHme
dépressif# et compltement refermé sur lui)mHme# a$ait été paralysé
par une atta,ue# il a$ait fallu ,ue la mre se dé/arrasse elle)mHme
de ses forts sentiments de culpa/ilité# aJn de faire face son
nou$eau ?et diKicile@ rFle d!inJrmire# et la seule personne alors
suscepti/le de de$enir le dépositaire des sentiments de culpa/ilité
était le Jls# g0é de $in0t)cin, ans# et ,ui a$ait été assez /ien
conditionné pour remplir cet oKice. ;ette situation# maintenant
arri$ée au point criti,ue# s!était dé$eloppée pendant trois ou ,uatre
ans. Le Jls a$ait# la0e de $in0t et un ans# tra$ersé la période
ha/ituelle d!e(trHme sensi/ilité $is))$is de soi)mHme. Il a$ait pro7eté
dans les autres tout ce ,ui# de lui)mHme# constituait une part
se(uelle et a0ressi$e inaccepta/le# il en a$ait éprou$é le retour sur
soi comme une mo,uerie et mHme comme une persécution. ;eci
l!a$ait conduit une premire admission en hFpital# o il a$ait
déclaré Htre <ésus);hrist. B cette épo,ue# comme lors de sa seconde
admission# il portait le fardeau entier de la culpa/ilité de sa mre
la place de celle)ci et# au sein de la microsociété familiale# était
occupé mourir aJn ,ue les autres# principalement sa mre#
puissent Htre sau$és. ]ous mourons tous plusieurs fois de morts
partielles aJn ,ue d!autres# dont nous sommes les oKrandes
sacriJcatoires# puissent $i$re. Le ;hrist)archétype# dans la mesure
o il peut a$oir une ,uelcon,ue réalité# est ainsi en chacun de nous.
+n ce sens# le délire o s!était installé le patient était tout fait $rai
mais d!une $érité ,ue personne ne pou$ait lui permettre de $oir. B la
lumire de ces considérations# on appréciera le dicton des
38
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Violence et psychiatrie
psychiatres américains ,ui déJnit l!illusion comme une idée 7uste
soutenue par le patient# et sur la,uelle le psychiatre délire lui)mHme
en l!acceptant littéralement. Le contraire de littéralement n!est pas#
cela posé# métaphoriquement# La réalité e(istentielle de la personne
transcende ce 0enre d!oppositions.
uand ce 7eune homme entre dans le ser$ice d!o/ser$ation
mentale# nous constatons ,ue les faits d)dessus# é$idents# sont# soit
écartés purement et simplement# soit déformés de manire
uniforme E or# si nous $oulons comprendre la réalité de la $iolence
psychiatri,ue# il nous faudra nous faire dOne idée plus précise de
cette déformation.
R Le malade mentaL u,e fois /aptisé ainsi# doit 7ouer le rFle de
malade. 'n des tMBfts essentiels de ce rFle est la passi$ité. An
suppose ,u!il y a un mal# $enant en ,uel,ue sorte du dehors de
l!indi$idu# et ,ui l!altre. Le malade est aKecté# altéré de telle
manire ,ue son aKectation et son WItération propres de$iennent
relati$ement secondaires. Il est réiJé 7us,u! n!Htre plus ,ue l!o/7et
en le,uel le processus maladif s!épuise. 'n processus su/i# supporté.
Personne# suppose)t)on# n!est inter$enu en ,uoi ,ue ce soit a$ant la
mise en scène* du psychiatre# ,ui ?parfois# et sou$ent
désastreusement@ perce l!a/cs. Le imv sur$ient ?autant ,u!on puisse
dire ,u!il y ait O un pur é$énement@ chez ,uel,u!un ,ui n!est#
pres,ue littéralement# plus personne. +n tairt ,ue porteur de
symptFmes résultant d!un processus# il est dispensé d!Htre ,uel,u!un
et# par consé,uent# on l!en dispense. Il est a/andonné au médecin#
le,uel se trou$e en face d!un champ inerte# inhumain# de symptFmes
?,ui doi$ent tou7ours Htre chassés ou supprimés@ et d!un processus
maladif ?,ui doit# si possi/le# Htre éliminé@. ;ette préstructuration de
la situation# ,ui se produit ds
,u!un su7et entre en hFpital psychiatri,ue# impli,ue ,ue ce ,ui est
arri$é entre le patient et les autres n!a de si0niJcation ?si mHme il y
en a une@ ,ue secondaire# par rapport au mal supposé. 9ire cela
3*
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Violence et psychiatrie
n!impli,ue aucune mal$eillance# ni aucun 4 man,ue de chaleur
humaine de la part de ,ui occupe la place du médecin. \
;ette reconnaissance de la $iolence trou$e son parallle le plus
proche dans le concept courant en psychiatrie# d!une
4 institutionnalisation propre l!hFpital psychiatri,ue. An notera
a$ec ironie ,ue la criti,ue de l!institutionnalisation est elle)mHme
tom/ée dans le pi0e de la pensée institutionnalisée# notamment en
donnant naissance des idées telles ,ue celle de 4 né$rose
institutionnelle . L!in$ention de cette carieuse maladie ?encore une@
a conduit l!un de ses défenseurs dresser une liste de ses facteurs#
symptFmes# dia0nostics# pronostics et remdes. uand on ne peut
trou$er un $irus réel# on in$ente un $irus social. ?7
Pr. 4 $7fNN J.V $inl0nrp la féalhumaine. AS dfXOt
remettre 0iOnn imCp d!nn mU$lp de pensée#
centré sur la notion de passi$ité# d!altération par un processus
maladif# h7Pln0Of1#B ptRni1 p4 yhrX1rX0i,n0 rtMrn cnrOal
r cette faGon de penser maladie ? moin#,ue la maladie ne soit
la pensée elle)mHme Q@ est fortement _nraDnée dans la traditionmédicale o le tra$ail des psychiatres se trou$e pour des raisons
histori,ues# comme pris au Jlet. Cais alors ,ue le concept de
maladie fonctionne correctement et utilement en médecine 0énérale
ou dans plusieurs spécialités# son introduction# tel ,uel# dans un
domaine o les pro/lmes se présentent en termes déSations
interpersonnelles n!a produit ,ue confusion et contradictions
cha,ue ni$eau de la théorie et de la métathéorie ?encore ,ue cedernier ni$eau soit rarement atteint et 7amais soutenu dans la
littérature psychiatri,ue# pour la /onne raison ,ue l!on ne peut faire#
l!intérieur d!un cadre continu de référence# l!étude théori,ue d!une
théorie ,ui se contredit elle)mHme dans ses éléments de /ase@. La
criti,ue la plus a$ancée et la plus radi)
"&
7/23/2019 Psy Antipsy
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Violence et psychiatrie
cale de la# théorie psychiatri,ue tra$ers son fau( modle
conceptuel doit comme on $oit proposer une analyse de la
psychiatrie et de la psychanalyse dans leurs ori0ines histori,ues
) 3R ;oncrtement# on se rend trs mal compte de ce ,ui se
V passe $raiment lors,u!un su7et entre en hFpital psychiatri,ue.
;e n!est pas seulement un lit# dans sa matérialité# ,ui attend le
patient lhFpital# mais un traitement de Procuste# fait des
préconceptions du personnel au(,uelles le patient doit se conformer#
,uel ,ue soit le pri( dont il paie cette mutilation de sa personnalité.
La $iolence ,ui a commencé ?Dans sa famille# se trou$e perpétuée
l!intérieur du ser$ice psychiatri,ue classi,ue. La plupart des pro0rs
apparents en psychiatrie# e(primés par les mots pi0es de 4 portes
ou$ertes # 4 tolérance # 4 non)conformisme #
4 camaraderie
inJrmiers)patients # ne ser$ent ,u! mas,uer ce pro/lme W
fondamental# $ers la solution du,uel l!hFpital psychiatri,ue
traditionnel n!a pas a$ancé d!un pouce depuis le temps de >raepelin#
au sicle dernier.;!est un lieu commun ,ue de dire ,ue les relations du patient
a$ec sa famille# son docteur et d!autres personnes déterminantes
doi$ent Htre prises en considération ,uand il s!a0it de décider ,uel
type d!action sera le plus 4 thérapeuti,ue son é0ard. +t# /ien sjr#
cela est étudié en principe dans toutes les institutions
psychiatri,ues# sauf dans les plus arriérées. Il est cependant encore
ré$olutionnaire de su00érer ,ue le pro/lme n!est pas dans leprétendu 4 malade # mais dans ce réseau d!interactions
personnelles ?et notamment
dans la famille@ dont# par un tour de passe)passe conceptuel# le
patient a été en ,uel,ue sorte a/strait +n somme# la folie n!est pas
4 dans une personne mais dans un systm,Wde relations au,uel le
futur 4 malade participe. La Dchizophrénie# si ce mot a un sens# est
un mode plus ou moins caractéristi,ue de comportement collectif
"1
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Violence et psychiatrie
pertur/é. Il n!y a pas de schizophrnes. +n soustrayant une personne
4 malade au systme de relations dans le,uel elle est prise# on
fausse immédiatement le pro/lme et l!on autorise l!in$ention de
pseudo)pro/lmes ,ui seront ensuite pris trs au sérieu(# classés et
analysés dans leurs causes tous les pro/lmes authenti,ues
s!étant é$anouis au passa0e des portes de l!hFpital ?tous ayant
disparu en mHme temps ,ue les parents@.
La /izarrerie# l!étran0eté# l!e(centricité# la folie# l!incon0ruité des
sentiments# ou leur a/sence# les actes 0ratuits# l!a0ression impulsi$e
ou irréSéchie ne sont pas attri/ués au futur malade par des
7u0ements incontesta/les# a/solus# ni mHme ?dans l!e(périence
clini,ue courante@ raisonna/lement o/7ectifs# ds lors ,u!ils sont
formulés par d!autres mem/res de la famille. ;es attri/utions sont
hautement fonctionnelles et elles fonctionnent en relation a$ec le
systme des /esoins de la famille un certain moment de son
histoire. Il n!en $a pas tou7ours diKéremment des constats de folie
faits par des a0ents de la société e(trafamiliale# en particulier le
médecin 0énéraliste et l!oKicier de la Danté mentale# l!occasion la
police constats ,ui ne sont pas nécessairement plus o/7ectifs ,ue
ceu( de la famille. Ils tom/ent# hélas# trop sou$ent dans une collusion
su/tile# ha/ilement ?,uoi,ue inconsciemment@ préparée a$ec les
attitudes du miNmi familial.
;ette relation a collusion entre la famille et les a0ents de la
société est la /ase de la $iolence réelle par opposition la $iolence
mythi,ue en psychiatrie. ;ela n!a pas tou7ours été ni ne demeurera
une caractéristi,ue du systme sodaL 9ans les \emps médié$au(# les
frontires ,ue l!on constate
au7ourd!hui entre communautés familiales et e(tra)familiales
n!e(istaient pas. ]on seulement la famille était /eaucoup plus
4 ou$erte sur la société ,u!elle ne l!est au7ourd!hui# mais il faut
a7outer ,ue $i$aient sous le mHme toit# notamment dans les classes
supérieures# de nom/reuses personnes étran0res la famille
"2
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Violence et psychiatrie
domesti,ues# /onnes d!enfants# hFtes. 9s ,ue l!enfant ,uittait son
état de dépendance premire# il de$enait au( yeu( des adultes#
comme le montre l!icono0raphie de l!épo,ue# un 4 adulte en
miniature . Bu qVIe# qVIIe et particulirement qVIIIe sicle# la
situation commenGa de chan0er E les rites de passage1& ,ui depuis
les temps néolithi,ues a$aient initié l!enfant son identité adulte
?sou$ent tra$ers une mort sym/oli,ue# ou la mort partielle d!une
castration sym/oli,ue et d!une in$ersion de l!identité se(uelle# ainsi
,ue l!attri/ution d!un nou$eau nom@# ces rites# tout comme la paideia
0rec,ue# a$aient disparu de l!+urope médié$ale au ($ill\ sicle# on
s!est de nou$eau interro0é sur la nature pce.et le passa0e la $ie
adulte\.
9ésormais #onreconnut ,ue l!enfant# en tant ,ue personne d!un
0enre particulier# d!une présence particulire et assez trou/lante#
de$ait rece$oir une éducation et une préparation particulires poiy
remplir son rFle d!adulte dans la $ie. L!enfant fut coupé de la $ie de
la communauté adulte par la famille et par l!école# et sou$ent de
manire assez sé$re et monacale# en étant placé dans cette
institution de claustration totale ,ue constituait le pensionnat ;es
/rutalités# parado(alement# ne réfutaient pas l!indiKérence
médié$ale lé0ard de l!enfant en tant ,u!enfant# mais un amour
o/sédant# emprisonnant# de la famille. ;!est ici ,ne l!amnnr apparaOt
$raiment comme $iolence.
Le relgchement des liens familiau(# si fré,uemment dénoncé de
nos 7ours ?par e(emple le pourcenta0e des di$orcés# l!aKai/lissement
de l!autorité paternelle@ ne cache ,ue trs mal une sorte de
renforcement de la cohésion familiale dans notre société# cohésion
dont onWpeut décou$rir l!intelli0i/ilité histori,ue. La notion 4 d!une!
famille # notion ,ui diKre de manire si0niJcati$e de la simple
institution démo0raphi,ue# impli,ue une li0ne de démarcation entre
famille et communauté# et constitue un phénomne moderne a$ant
la période ,ui s!étend du ($i8 au ($ni sicle# les di$isions de classes#
"3
7/23/2019 Psy Antipsy
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Violence et psychiatrie
/ien ,ue tou7ours o/7ecti$ement déJnissa/les# demeuraient sou$ent
camouSées par le processus réel de l!échan0e social# et les mem/res
dénom/ra/les de cha,ue famille faisaient tous réellement partie de
la communauté en sa totalité aprs le ($in\ sicle# le
dé$eloppement des contradictions fondamentales de la société
capitaliste aKai/lit ce camouSa0e des distinctions de classes# ,ui
de$int moins toléra/le au( classes supérieures# les,uelles
commencrent se retirer de la communauté socialement#
0éo0raphi,uement ?dans certains ,uartiers@ et pour ce ,ui concerne
l!éducation des enfants. 9oréna$ant# les $aléurs d!intimité#
d!isolement de la famille entre ses ,uatre murs# ré0nrent $aleurs
,ue les classes la/orieuses imitrent et introduisirent dans leur
mode de $ie# dans la mesure o ce mode est conditionné par les
$aleurs ,u!imposent classe dominante et classes moyennes réunies.
" =.
]ous pou$ons considérer ce pro/lme ` l!aide r\rv)0ories
a$ancées car llaude OVi)Dtrauss dans Eristes ErowbtQues# Il $ a des
sociétés oui a$alent les indi$idus# les sociétés anthropopha0i,ues# et
des sociétés ,ui $omissent les indi$idus# les sociétés
anthropoiémi,ues. ]/us $oyons alors une transition entre d!un cFté
4 l!a$alement médié$al de la personne)enfant dans la compiunauté#
mode d!acceptation par assimilation# lié au canni/alisme rituel des
sociétés 4 pri77iyes # dans les,uelles le rituel permet chacun
d!accepter l!inaccepta/le particulirement la
?x@
mort et, d!un autre cté, h société moderne anthro)poiémi,ue#
,ui re7ette horPdUeSe)mHme tous ceu( ,ui elle ne peut faire
accepter les r0les in0énieuses de son 7eu. ;!est ainsi ,u!elle e(clut
des faits# des théories# des attitudes et des 0ens 0ens de mau$aise
classe# de mau$aise race# de mau$aise école# de mau$aise famille# de
mau$aises murs# de mau$ais esprit. Bu7ourd!hui encore dans
l!hFpital psychiatri,ue traditionnel# et en dépit de nos idéau(
""
7/23/2019 Psy Antipsy
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Violence et psychiatrie
pro0ressistes# la société 7oue et 0a0ne sur les deu( ta/leau(
l!indi$idu ,ui est 4 $omi par sa famille et par la société est
4 a$alé par l!hFpital# di0éré et méta/olisé 7us,u! perdre toute
e(istence en tant ,ue personne identiJa/le. Il me sem/le ,ue cela
mérite /ien d!Htre considéré comme $iolence.
R-/+ ien entendu# on nie 0énéralement se dé/arrasser de
,iipl,n!nn lors,u!on in$o,ue la folie et la méchanceté parti)mlires.
inhérentes certains indi$idus. ;e démenti ,ue lon entend formuler
tant par la famille ,ue par la société# appartient cette illo0i,ue
sociale trs stile# $icieuse et de plus trs répandue# ?mest la
né0ationae la né0ation. +lle opre comme suit premirement# il y a
un acte né0atif# l!acte d!in$alidation d!une personne par les autres
cela peut $ouloir dire E l!éti,uette d!un dia0nostic# une sentence
prononcée# un déplacement de l!indi$idu hors de son conte(te
social deu(imement ?et concurremment# plutFt ,u!aprs@ cet acte
né0atif est nié de di$erses manires on soutient ,ue la personne
s!est in$alidée elle)mHme# ou a été in$alidée par sa propre fai/lesse
ou le processus maladif et ,ue les autres n!ont rien $oir# eu(# dans
tout cela. Par cette dou/le né0ation# le 0roupe social se dissimule sa
prati,ue. Par ce menson0e propois au menson0e# les su7ets
4 /ons et t sains # ou ,ui se déJnissent ainsi eu()mHmes# en
déJnissant un certain nom/re d!entre eu( comme 4 méchants et
4 fous et en les e(cluant du 0roupe# 7Ga7ntiennent un é,uili/re sjr
et conforta/le. Les /oucs émissaires dési0nés colla/orent sou$ent au
processus# considérant ,ue le seul moyen ,u!ils ont d!Htre désirés
par les autres et conJrmés dans
une identité un peu déJnie# est de prendre le rFle social du
méchant ou du fou. Le t délire de s!identiJer comme ;hrist# de se
sacriJer pour le salut de l!humanité# nous l!a$ons $u précédemment
sur un e(emple# trou$e son intelli0i/ilité dans cette prati,ue sociale
inauthenti,ue.
"5
7/23/2019 Psy Antipsy
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Violence et psychiatrie
uand la société est un peu moins malhonnHte $is))$is de ce
,u!elle fait# on trou$e des prati,ues analo0ues ,ui s!e(priment de
manire /eaucoup plus concrte et é$idente. Illustrant la thse selon
la,uelle tout mal social est pro7ection# Dartre# dans son li$re sur <.
:enet ?p. 2*@# décrit une industrie 7adis Sorissante en ohHme. Les
adultes 4 normau( prenaient de petits enfants# fendaient leurs
l$res# comprimaient leur crgne et les emprisonnaient 7our et nuit
dans des /oOtes pour les empHcher de 0randir. Par ce moyen# ils
o/tenaient des monstres ,ue l!on pou$ait e(hi/er pu/li,uement
contre ar0ent. Bu7ourd!hui de$ant le cas dRW # ceu( ,u!on a classés
fous# la snnété commence h éprou$er) un $a0ue sentiment de
culpa/ilité lié la production et au maintien d!une sous)
communanté. séparéWde la folie.. ;ette culpa/ilité se manifeste# par
les eKorts cont=dictoires ,ui sont déployés E d!un ctSE'pour
améliorer le statut des malades mentau( en les éle$ant au ni$eau de
simples malades et en instaurant une plus 0rande)rtolérance dans les
institutions psychiatri,ues et# de l!autre roté# pour les maintenir
dans leur rFle de fous par tout un systme pseudo)médical
d!identiJcation et de conJrmation# ,ue complte une foule de
diKicultés o/scures opposées au( patients dans le processus de
réha/ilitation. 9ans le cadre de cette mysti,ue ,uasi médicale# les
e(plosions périodi,ues d!acti$ité thérapeuti,ue frénéti,ue# diri0ées
par certains psychiatres contre leurs patients schizophrnes# ne
peu$ent 0ure a$oir d!eKet# sinon celui de perpétuer l!irrationalité
du systme.
Bntonin Brtaud a fait# ce propos# de trs 7udicieuses remar,ues.
Il a$ait de lon0ues con$ersations a$ec son psychiatre au cours
des,uelles il défendait sa con$iction d!Htre la $ictime de sortil0es
$audous et son droit se retirer
de la société. +n opposition# le psychiatre s!eKorGait
la/orieusement de déceler chez lui le /esoin de se conformer la
société. +t cela durait 7us,u! ce ,u!enJn# au moment criti,ue du
"6
7/23/2019 Psy Antipsy
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Violence et psychiatrie
dialo0ue# le)désaccord se mar,ue tou7ours de la mHme manire E 4 Di
$ous parlez encore d!ensorcellement# monsieur Brtaud# $ous aurez
soi(ante)cin, électrochocs.
Il y a un sens au,uel les 4 états délirants d!Brtaud
représentaient profondément la $ie en sa réalité# une réalité ,ue di()
sept ans aprs sa mort nous commenGons seulement apprécier il
a$ait plus dire sur la folie ,ue tous les manuels de psychiatrie E
l!ennui fut ,u!Brtaud $oyait trop clair et disait par trop la $érité. Il
fallait le soi0ner. Il n!est peut)Htre pas a/surde de dire ,ue c!est /ien
sou$ent ,uand les 0ens commencent de$enir sains ,u!ils entrent en
hFpital psychiatri,ue.
Di nous $oulons dépasser la position actuelle de la psychiatrie# o
la $iolence dont 7e $iens de parler est si lar0ement pré$alente# il nous
faudra reconnaOtre la comple(ité dialecti,ue des relations humaines
et refuser de réduire l!action et l!e(périence humaines en termes de
processus. Il nous faudra chercher le moment $ital de la pra(is# le
noyau intentionnel de toute e(istence humaine# le pro7et par le,uel
chacun se déJnit soi)mHme dans le monde. Mgche ,u!il a tou7ours été
diKicile d!accomplir dans les $astes institutions psychiatri,ues
traditionnelles E en termes prati,ues# notre e(périence nous su00re
,ue le mieu( serait une petite communauté de trente ou ,uarante
personnes# ,ui fonctionnerait sans les pré7u0és ha/ituels# ni les
opinions toutes faites d!ordre clini,ue# sans la hiérarchie# ri0ide et
imposée de l!e(térieur# entre patients et soi0nants# et a$ec
l!en0a0ement plein et actif des familles dans la communauté. 9ans
une telle communauté 4 e(périmentale # cha,ue indi$idu n!aurait
plus lutter contre les désirs aliénés des autres# tentant de le faire
rentrer dans leurs cadres par la force# et de le 0uérir du désir de
de$enir celui ,u!il est réellement. Il aurait au moins une chance de
décou$rir et d!e(plorer une relation authenti,ue a$ec les autres. 'ne
telle communauté n!e(iste
pas encore mais elle peut Htre créée.kkkkkkkkkkk
"%
7/23/2019 Psy Antipsy
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Violence et psychiatrie
7 +NMlOttndant# si ,uel,u!un doit de$enir fou# la seule tacti)f,ue
,u!il lui faille apprendre dans notre société est celle '7e la
discrétion. kkkkk
"8
7/23/2019 Psy Antipsy
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Les familles et la schizophrénie
'n strat0e de l!Bnti,uité a dit E
4 <e n!ose pas prendre l!initiati$e
<!aime mieu( attendre.
<e n!ose pas a$ancer d!un pouce
<!aime mieu( reculer d!un pied.
;!est l ce ,u!on appelle pro0resser sans a$ancer#
-epousser sans se ser$ir de /ras#
-iposter sans Sches#D!opposer sans armes.
laotseu# Eao t Ting, l(i(# traduit du chinois par Liou >ia)
=ay
B une ,uestion de Can0 u relati$e la piété Jliale# le
CaOtre répondit E 4 Les parents ne doi$ent supporter ,u!un
seul tourment# celui de leur propre maladie.
.es andectes confucéens, n, 6
Bussi loin ,ue l!on remonte dans l!histoire de l!institution
psychiatri,ue# on constate ,ue des inJrmiers# et par)fois des
psychiatres# l!a$aient compris intuiti$ement E si trou)/lé ,ue sem/lgt
le schizophrne ,ue l!on internait# il n!était pas seul l!intérieur de
son trou/le. Mrs sou$ent un per)sonnel e(périmenté a$ait de$iné
,ue ,uel,ue chose de /izarre# ou mHme de fou# a$ait eu lieu dans la
"*
7/23/2019 Psy Antipsy
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Les familles et la schizophrénie
famille du patient# et ce sentiment se traduisait par des remar,ues
commet 4 Peut)Htre n!est)ce pas le /on ,ue nous a$ons.
La mfceaure la plus courante s!arrHte 0énéralement a un
entretien du psychiatre a$er les parents du maN3e hospitalisé M1 se
peut mHme ,u!ils ne se $oient ,u!une seule fois et hors de
la#présence du patient 9ans certains hFpi)
tau(# les formulaires de l!en,uHte de routine touchant la $ie
passée du patient et sa 4 maladie actuelle sont en$oyés par la
poste au plus proche parent et sans mHme ,ue le malade le sache.
+$entuellement# un fonctionnaire psychiatre peut rencontrer le
patient chez lui# dans sa famille# un moment ,uelcon,ue de sa
4 carrire de patient mais ;e n!est nullement la r0le et cela se
ramne le plus sou$ent une étude de cas du type traditionnel# ne
tenant aucun compte des plus récentes études sur les mécanismes
familiau( dont 7e traiterai dans ce chapitre. ;es études en eKet
remettent en ,uestion# de manire radicale# certains points de $ue p
traditionnels selon les,uels on considre ,ue les facteurs
d!en$ironnement familial aKectent la 4 maladie du patient
seulement dans ses aspects superJciels ou ,ue la famille est elle)
mHme aKectée seulement de manire secondaire par la
4 patholo0ie du patient.
?W@ Mni1f d!ahnrd# nnnG de$ons essayer de déJnir ce ,u!est Tl+
fan Q11\\ \UwU\
9e nom/reu( 4 spcC7p0ues depuis Malcott Parsons ont considéré
,ue ` Mamilip remplissait essentiellement den$ fonctions E imctfon depremire socialisation du petit enfant# fonction de sta/ilisation ?<e<a
personnalité adolescente et adulte. Di la famille et les enfants ,ui en
font partie ne sont pas classer parmi les 4 dé$iants # cette
éducation en deu( étapes au sein d!une microculture ?` famille@ doit
réussir impré0ner l!enfant des $aleurs et des normes de conduite
de ` macroculture ?le monde e(tra)familial@. 9ans une société o
l!auto)aliénation eft ` r0le# ces $aleurs seront des $aleurs aliénées.
5&
7/23/2019 Psy Antipsy
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Les familles et la schizophrénie
L!enfant mgle apprendra se considérer lui)mHme# ainsi ,ue les
techni,ues ,u!il auraWac0uises. comme tntant d!o/7ets sur le
marché on lui fournira Wun cadre T l!intérieur du,uel il s!identiJera
positi$ement et né0ati$ement dans les proportions con$ena/les a$ec
son pre# dont le de$oir est de représenter au sein du cercle familial
un rFle social apte lui assurer 7a W 7Kipre estime et celle d!autrui
;est un trait décisif cOela société conformiste ,ue
la représentation par les parents d!un rFle social accepta/le ait la
priorité sur la présentation de l!enfant lui)mHme. Le pre ou la
mre s!e(tériorise dans le monde# dé$erse sa réalité su/7ecti$e dans
la forme)o/7et d!un Htre)dans)le)monde# puis réintériorise cette
o/7ecti$ation. Cais cette présence ,u!il réintériorise est ,uel,ue
chose ,ue le parent a dé7 perdu c!est en fait une absence ,u!il
représente dans la famille. La structure e(istentielle c<uroMé social
représenté est# a$ant tout# celle d!un Htre)pour)autrui et seulement#
en second lieu# celle d!un Htre)pour)soi. Par /onheur# les familles ne
par$iennent pas toutes échapper compltement la Sétrissure de
la dé$iance.
;e ,ue nous deV/nis réellement essayer de saisir# c!est en ,uoi
consiste l’autonomie de cha,ue mem/re de 1p. famille# alM sein de la
famille. +tre autonome# c!est Wafeora0Grla r0le soi)mHme et pour
soi# ce ,ui impli,ue un afe aelifW C J7Nepar le,uel une personne
/rise et ,uitte un systme ,ui la tient prisonnire# dans le,uel son
rFle# comme celui de tout le monde# se /orne incarner les
pro7ections d!une autre Tpersonne# pour passer ensuite sa $ie la
remplacer dans ses $a0ues espoirs# ses am/itions# les mar,ues
intériorisées de la punition et de la récompense),77!elle)mHme a
reGues de ses parents# etc. 9s lors# la manire la plus simple ?/ien
,ue trs comple(e@ ,u!on ait de se li/érer est d!accepter en soi)
mHme cette masse insensée de liens primitifs# de supporter cette
intériorisation pertur/atrice 7us,u!au( limites d!un en$ahissement du
moi# et ensuite de la dépasser en direction d!un champ propre de
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Les familles et la schizophrénie
possi/ilités. +n a0issant ainsi# cha,ue personne doit rester centrée
sur elle)mHme et proté0er sa propre e(istence de ce ,ui pro7etterait
le centre su/7ectif de son Htre $ers le monde e(térieur. Perdrait)elle
le contrFle du centre d!elle)mHme# ,u!elle se perdrait autrui et cela
si0niJerait sa propre perte elle)mHme# ou plutFt hors d!elle)mHme.
)>#5 @
Binsi <!aliVnatOnn De déJnit)elle par rapport g l!action et kla
déné0ation de l!action# l!intérieur d 0roupe# ainsi
,u!au( résultat de rptte mHme action. Par étran0eté# nous
entendrons l!e(périence résultant de cette action aliénée. L!étran0eté
est le sentiment d!Htre pris dans un processus étran0er nos
intentions et nos actes propres# ainsi ,u!au( intentions et au( actes
propres de chacun dans le 0roupe. ;!est l!e(périence faite du sous)
produit d!une illusion uni$erselle.
y P; famippG npprpnt uni entre la réfb=ft5! cnrialp
et leurs enfants. Di la réalité snrialp prt ,uestion est riche en
formes sociales aliénées# alors cette aliénation sera médiatisée pour
l!enfant et e(périmentée par lui comme étran0eté dans les relationsfamiliales. ;ertaines des familles les plus unies # certains des
maria0es 4 les plus heureu( sont celles et ceu(WoyWes relations
lioht $écues comme étran0res. An peut éluder l!étran0eté ou la nier.
An peut de$enir étran0er sa propre étran0eté. Cais si# pour des
raisons ,ue nous pou$ons rendre intelli0i/les# cette né0ation de$ient
impossi/le# alors une personne essayera é$entuellement d!atténuer
sa confusion l!aide d!une construction 4 psycho\ 4 ,ue E _OOeWpeut dire# par e(emple# ,ue son esprit est contrFlé par une machine
électri,ue ou par des hommes d!une autre plante. ;es
constructions# cependant# sont dans une lar0e mesure des
incarnations du processus familial# ,ui a les apparences de la 7réal`é
su/stantielle# mais n!est rien d!autre ,ue la forme aliénée de l!action
ou de la pra(is des mem/res de la famille# pra(is ,ui domine
littéralement l!esprit du mem/re psychoti,ue. ;es hommes
52
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Les familles et la schizophrénie
métaphori,ues du cosmos sont littéralement la mre# le pre et les
frres ,ui prennent place autour de la ta/le du petit dé7euner en
compa0nie du prétendu psychoti,ue. 9ans le discours ,uotidien#
nous confondons ha/ituellement le littéral et le métaphori,ue. ui
peut dire ,ue dans cet e(emple le malade est fou parce ,u!il se
trou$e placé au plan métaphori,ue Q
;e ,ue 7e $iens de dire des relations familiales aliénées est trs
/ien mis en lumire dans laGJantairice chauve d!Ionesco ?1*5&@. 'n
homme et une femme se rencontrent#
apparemment deu( parfaits étran0ers. Ils décou$rent
pro0ressi$ement ,u!ils ont parta0é un compartiment de train# une
maison# un lit# un enfant. Ils en concluent a$ec stupéfaction ,u!ils
forment une seule et mHme famille. Ici la relation n!est# en tout et
pour tout# déJnie ,ue par le tracé de relations topo0raphi,ues non
humaines E le chemin de fer# les escaliers# le lit mais au $rai#
com/ien de maris et de femmes se iont)ik7z7aiment rencontrés#
mHme $a0uement Q
Les familles des patients ,ue l!on appelle schizophrnesprésentent cette forme d!aliénation et d!étran0eté de manire
particulirement intense. Dous un certain aspect# trs réel# des
choses# le pro/lme de la schizophrénie# le pro/lme de l!aliénation
et de l!étran0eté au sein des familles sont identi,ues. An pourrait
nous o/7ecter ,ue nous de$rions faire d!a/ord une recherche
comparati$e touchant les familles dont un mem/re est reconnu
psychoti,ue ou né$rosé et celles dont aucun mem/re n’est reconnu
malade au sens psychiatri,ue du terme. R Cais mes propres tra$au(
sur les rfamilles m!ont amené penser ,ue tout autant ,ue les I
familles 4 psychoti,ues et 4 né$rosées # les familles 4 normales
sont toutes caractérisées# dans notre société# par un haut de0ré
d!aliénation en ce ,ui touche la réalité personnelle de leurs
mem/res. An est mHme tenté de formuler l!hypothse audacieuse
selon la,uelle# dans les familles 4 psy)b choti,ues # le mem/re
53
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Les familles et la schizophrénie
identiJé comme schizophrne serait Z en train d!essayer# par son
épisode psychoti,ue# de se li/érer Z d!un systme aliéné et# partant#
serait en ,uel,ue sorte mojm {4 malade # ou moins aliéné# ,ue la
pro0éniture 4 normale I des familles 1 normales . ;ependant#
dans la mesure o il { entre en hFpital psychiatri,ue# son eKort
désespéré de li/ération de$rait Htre considéré comme un échec# dj
une insuKisance au ni$eau des tacti,ues et de la straté0ie sociales
nécessaires. ;)2.JR
M!ai déi employé le terme 4 d!aliénation . mais cO nnns $oulons
rn7pyy mmprendrp pn ,uoi consiste la $iolence# il nous faut en
approfondir la si0niJcation. ;omme concept
>U #
philosophi,ue# 4 aliénation fut utilisé d!a/ord au dé/ut du (i(\
sicle# par ^ichte et par =e0el. 9ans les années 18"&# il fut appli,ué
par Car( l!analyse de la société. 9e l!a$is 0énéral# cependant# la
notion d!aliénation telle ,u!elle apparaOt dans les premiers tra$au(
de Car(# fut mas,uée ensuite par certains aspects de sa théorie
postérieure et# dans les dernires décennies du sicle# la notiondemandiait Htre reprise. v
La notion ori0inale d!aliénation )5ntfremdung+, était# chez =e0el#
enracinée dans l!analyse de la conscience. 9ans les tra$au( de
,uel,ues)uns de ses successeurs# elle prit le sens d!une condition
dans la0u0lle les pou$oirs humains apparaissent sous une forme
e(tériorisée# comme des entités non humaines autonomes# dominant
la $ie humaine 4 de l!e(térieur . 9ans l!analyse de la reli0ion ,ue Jt^euer/ach# par e(emple# les dieu( et les démons sont considérés
comme des pro7ections de certains aspects de la nature humaine. B
partir de ,uoi# Car( étendit le concept d!aliénation de nom/reuses
autres formes de la $ie sociale. Car( ne conGoit pas l!+tat comme un
pou$oir e(térieur autonome dominant les hommes# mais comme une
forme aliénée de l!action humaine# sa$oir E la pra(is concertée par
la,uelle une classe en domine une autre. L!+tat# en ce sens# est ce
5"
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http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 55/167
Les familles et la schizophrénie
,ui est 4 éta/li # mis en place# construit par ceu( ,ui sont ses
hommes li0es.
Dartre ?I*6&@ a recherché le fondement ontolo0i,ue de
l!aliénation# considérant ,ue la déJnition donnée par Car( de
l!aliénation fondée sur l!e(ploitation et sur les produits sociau( ,ui
en découlent# <ie rendait compte ,ue d!une aliénation secondaire.
Pour Dartre# l!aliénation premire# ,ui est une forme nécessaire de
toute action et de toute e(périence humaines# se déJnit en termes
d!4 altération ?le fait ,ue mes 4 actes pour moi de$iennent des
4 actes pour autrui @ et d!4 o/7ecti$ation ?le fait ,ue mes actes
sont réellement et dura/lement imprimés sur la réalité physi,ue et
sociale du monde@. Dartre dé$eloppe alors ses premires conceptions
?1*"3@ touchant l!hémorra0ie e(istentielle E lors,ue 7e suis re0ardé
par une autre personne# il y a un mou$ement $ers l!e(térieur# un
4 sai0nement # de mon état intérieur d!Htre)pour)soi# $ers un état
e(térieur d!Htre)pour)autrui comme o/7et du monde. ;ela impli,ue
un 7eu d!échan0es entre deu( sortes d!espace. L!espace o 4 7e suis
comme Htre)pour)soi est trs diKérent de celui ,ue 7!occupe# 4 moi #
comme o/7et pour autrui. Les yeu( de l!autre lors,u!il me re0arde
peu$ent Htre situés# disons# deu( mtres# mais son regard $a droit
l!intérieur de moi# péntre l!espace de ma su/7ecti$ité et cherche
faire totalement de moi un o/7et pour lui. Il ne s!a0it plus de distance
mesura/le. =a/ituellement# cet écoulement de soi)mHme est arrHté
par mon o/7ecti$ation récipro,ue d!autrui# ,ui fait ,ue sous mon
re0ard# son e(istence lui sai0ne son tour dans le monde des
o/ietsWp0iy <pyi7
;ertains souKrent d!une perpétuelle in$asion de leur espace
su/7ectif par autrui# au point ,ue# Jnalement# leur e(istence sem/le
se réduire celle d!un o/7et situé dans les systmes 0éométri,ues du
/esoin des autres mem/res du 0roupe. Ils norir plus d!espace ,ui
leur soit propre. ;ertes# un tel mode de $ie rel$e encore lar0ement
dune décision# mais# selon toutes les apparences# de telles
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Les familles et la schizophrénie
personnes ne font 7amais rien# ne sont ,ue l!eKet 0lo/al des
mécanismes du 0roupe ?et é$entuellement de mécanismes
or0ani,ues@ ,ui o/scurcissent tout ce ,u!elles font réellement ?leur
pra(is@ et par l mHme tout ce ,u!elles sont. +lles sont totalement
aliénées reste ,ue ce sont tou7ours des personnes ,ui sont aliénées#
et ,u!elles le sont tra$ers une intentionnalité perpétuellement
consentante. ;ette réser$e étant faite# nous de$ons $oir clairement
présent le lien entre l!aliénation et la $iolence ,ui aaste dans les
familles.
L!aliénation ?ainsi déJnie@ est au principe de nom/reuses
mytholo0ies propres la pensée sociale et psycholo0i,ue E le 0roupe
humain y est posé# implicitement ou e(plicitement# comme une sorte
d!hyperor0anisme# au,uel on attri/ue la
capacité d!a0ir et mHme d!e(périmenter# en ,uel,ue sorte
indépendamment des mem/res ,ui le composent. ;et hyper)
or0anisme sem/le n!o/éir ,u! ses propres lois. L!a$anta0e é$ident
de cette manire de penser est ,u!elle fournit une échappatoire
factice la responsa/ilité personnelle. +n fait# les lois du 0roupe
sont éla/orées par et tra$ers l!interaction de cha,ue mem/re a$ec
cha,ue autre et ont leur ori0ine Sanc la li/erté de chacun# dans
l!o/éissance li/rement consentie ou le re7et des lois dé7 éta/lies. B
l!in$erse# l!aliénation comme échappatoire au trou/le et l!an0oisse
,ue pro$o,ue la reconnaissance d!une responsa/ilité personnelle# a
fourni un +ichmann l!ar0ument de sa 4 défense # ,uand il
prétendait n!Htre ,u!un 4 roua0e dans une machine .
9e l!autre cFté# on trou$e l!e(emple# cité par runo ettelheim
dans Ehe informed heart ?1*61@# de cette 7eune Jlle ,ui# en un
moment d!e(trHme clair$oyance# prit conscience d!une des plus
formida/les entreprises d!aliénation de l!histoire humaine et s!en
li/éra. ;ette 7eune Jlle faisait partie d!un 0roupe de 7uifs ,ui
attendaient# nus# d!entrer dans la cham/re 0az. L!oKicier DD ,ui
sur$eillait l!opération apprit ,u!elle a$ait été danseuse de /allet et
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Les familles et la schizophrénie
lui donna l!ordre de danser. +lle dansa# mais pro0ressi$ement elle
s!approcha de l!oKicier# s!empara soudain de son re$ol$ei et i!a/attit.
Don sort ne laissait aucun doute et il était é0alement é$ident ,ue
rien de ce ,u!elle pou$ait faire n!était suscepti/le de chan0er la
situation dans sa réalité matérielle# sa$oir l!e(termination du
0roupe. Cais elle in$estit sa mort d!une si0niJcation personnelle
intense# o s!e(primait en mHme temps l!occasion histori,ue#
tra0i,uement perdue dans le processus massif des camps
d!e(termination.
An peut considérer# pour des raisons prati,uas# 0np Vfmesystémati,ue des familles de schizophrnes a dé/uté il $
7@ ,uinze ans an$ Mfro)MMn.!c 4 w r- pcf nn pnOnf 4 air Ip0nS
nous re$iendrons. Le psychiatre >raepelin# en 18*6# a$ait 0roupé
tout d!a/ord di$ers 4 portraits clini,ues sous le $oca/le# su00éré
plus tFt par ;. Corel# de 4 démence précoce ?,ue leuOer de$ait
plus tard chan0er en 4 schizophrénie @. 9epuis lors# un 0rand
nom/re de recherches ont été menées sur la constitution intestinale#
la fonction thyroNdienne# etc.# des schizophrnes. 'n sa$ant
démontra# ou crut démontrer# statisti,uement# ,ue la plupart des
schizophrnes étaient nés au mois de mars et il fournit uneWsWte
d!hypothses pour rendre compte de ce 4 fait . 9es psychiatres ont
di$isé et sous)di$isé les 4 portraits clini,ues en trente ou ,uarante
types et sous)types# utilisant toutes les ressources de l!étymolo0ie
0rec,ue ,u!ils purent mo/iliser pour ce marathon ta(inomi,ue. Ilpeut sem/ler ,uel,ue peu étran0e pour le profane ,ue personne
n!ait cru /on# 7us,u! ces ,uinze dernires années# de re0arder
$raiment# de prs# ce ,ui se passait dans les familles d!o $enaient
les patients. Au plutFt. cela peut sem/ler étran0e tant ,uon i0nore
la curieuse collusion ,ue les médecins et les autres a0ents de la
société ont éta/lie a$ec les mem/res de la famille du patient#
0énéralement se Q parents.
5%
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Les familles et la schizophrénie
Les premires études faites en 1*"* et dans les premires années
5&. se concentrrent sur la nature des relationsRVW W entre les
parents du srhO Qophrnf ) ef )montrrent# ,ue dansW la 0rande
ma7orité des cas# ces relations étaient nettement insatisfaisantes
di$ers titres. ;ertaines de ces premires études essayrent de
décrire les traits prédominants des mem/res de la famille E la mre
du patient était 0énéralement considérée comme une personne
manipulatrice au plan des kéKij=onsW <om inatrice# surprotectrice
en mHme temps ,ue re7etante# tandis ,ue le pre était fré,uemment
$u comme fai/le de caractre# passif# préoccupé# malade# ou# d!une
Jf_nOre ou d!une autre 4 a/sent comme mem/re eKectif de l
+mNNlei *. 7 k
+n 1*58# C. oen décri$it ce ,u!il appela le 4 di$orce
émotionnel des parents dans ces familles et il montra clairement
,ue cette sorte de rupture pou$ait ne pas Htre immédiatement
é$idente. La mHiW0 année# L.;. ynne et al# employrent le terme de
4 pseudo)mutualité pour rendre compte de la manire dont
certaines familles présentaient l!apparence de la 4 mutualité et de
la concorde# seule Jn de cou$rir une intense hostilité# une
inSe(i/ilité et une $olonté 7le destruction récipro,ue. 9ans ce tra$ail#
Tynne a dé$eloppé de manire trs pertinente et utile la théorie
sociolo0i,ue du rFle# en tenant plus soi0neusement compte ,u!on ne
le fait ha/ituellement dW Ine(périence su/7ecti$e de celui ,ui adopte
le rFle. Lui et ses colla/orateurs ont distin0ué trois types de
complémentarité dans lesWamil)les E mutuelle# non)mutuelle et
pseudo)mutuelle. 9ans le cas dit de mutualité# on o/ser$e une plus
0rande diKérenciation et une plus 0rande souplesse dans le réseau
des liens familiau(# ce ,ui permet un approfondissement des
relations ?,ue ynneW(onceptualise en termes empruntés Cartin
u/er@. 9ansée cas dit de non)mutualité# on constate dans la famille
un man,ue 0énéral d!intérHt pour tout ce ,ui concerne la non)
complémentarité. 9ans les familles de certains sdzophrnes# il y a#
58
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Les familles et la schizophrénie
au contraire de ce dernier cas# une pseuao)mutualité ,ui ?c!est
l!hypothse@ prend une forme particulirement dura/le et intense# et
se trou$e renforcée par une sous)culture familiale fondée sur des
mythes et une idéolo0ie idiosyncrasi,ue d!une étendue inha/ituelle#
comportant d!atroces chgtiments mythi,ues pour le mem/re de la
famille ,ui oserait jae pas se conformer au systme. ynne indi,ue#
mais dans une simple es,uisse# comment l!intériorisation de ce
systme familial de relations conditionne le dé$eloppement de
l!e(périence personnelle de chacun.
'n nou$eau pas# décisif# dans l!étude de l!interaction familiale a
été accompli en 1*56 par :re0ory ateson# 9on <ac`son# <. =aley et
<. =. ea`land# chercheurs de Palo Blto ?;alifornie@# dans
1pnrkarnXlp 4 r Ver nnc tVniV rlp<a schizophrénie . Ils y
dé$elnpppnf l!Ortép. ,n!nm manmrorp
de 4 <fou/fe contramte )double blindCC + s!e(erce dans les
familles des schizophrnes et constitue un facteur ,ui contri/ue la
0ense de la schizophrénie chez l!un des mem/res# spécialement élu#
de la famille. ea`land ?I*6&@# a résumé ce ,u!il entendait par
4 dou/le contrainte E
4 Les caractéristi,ues 0énérales de cette situation ?de dou/le
contrainte@ sont les sui$antes E
C# uand un indi$idu est en0a0é dans une relation intense
c!est))dire une relation dans la,uelle il sent Htre d!une importance
$itale pour lui de distin0uer a$ec précision ,uelle sorte de messa0e
lui est communi,uée# aJn de pou$oir y donner la réponseappropriée
># et lors,ue cet indi$idu est mis dans une situation o son
partenaire# l!intérieur de la relation# émet deu( ordres de messa0es
dont l!un contredit l!autre
X# alors# l!indi$idu est incapa/le de commenter les mes
5*
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http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 60/167
Les familles et la schizophrénie
sa0es émis# pour mieu( distin0uer au,uel des deu( il doit
répondre c!est))dire ,u!il est incapa/le de formuler un 7u0ement
,ui rel$e de la métacommunication. y
Le dilemme dans le,uel est enferméW le sdtyzophrne# ou
izoohrne en puissance# lors,u!il est confronté une
le schizophrne en puissance# lors,u!il est confronté une telle
manoeu$re par l!un de ses parepts ou /ien par les deu(# est tel
point impossi/le résoudre ,ue la seule réponse ,u!il peut faire est
considérée en 0énéral comme psychoti,ue. 9ans la réalité sociale de
la famille o il $it et au sein de la,uelle il a 0randi# il n!a pu
,u!intérioriser une limitation ?cha,ue fois particulire@ de son champ
de possi/ilités en sorte ,ue les réponses 4 psychoti,ues sont /ien
capa/les de constituer les réactions les plus raisonna/les possi/le#
7us,u! ce ,ue le terrain social chan0e# soit tra$ers un
chan0ement dans la famille elle)mHme ?é$entuellement pro$o,ué par
une inter$ention e(térieure@# soit par son déplacement ? lui@ dans un
0roupe social o la prise de conscience d!ordre métacommunicatif
est chose courante. Il se peut a0ir# dans ce cas# soit d!un 0roupethérapeuti,ue idéolo0i,uement a$ancé# soit de tout autre 0roupe
relati$ement non mystiJant.
'n e(emple assez /anal de dou/le contrainte se rencontre
fré,uemment au cours des entretiens collectifs o le patient
rencontre la fois ses parents# é$entuellement ses frres et surs#
et le thérapeute. 'n des parents demande au patient de rappeler
,uel,ue incident de l!histoire familiale ayant un rapport a$ec la,uestion dont on discute# mais clairement char0é d!émotions et de
menaces pour le reste de la famille ou l!un de ses mem/res. +n
mHme temps ,u!on lui demande de se sou$enir# on lui fait sa$oir par
des si0nes paralin0uisti,ues ou mHme entirement non $er/au( ?par
e(emple# des si0nes de 0rande an(iété percepti/les pour le patient@#
,ue s!il ose se sou$enir et raconter# il menacera dan0ereusement# ou
mHme détruira# la famille# ou l!un de ses mem/res au moins. 9ans le
6&
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Les familles et la schizophrénie
mHme instant# le patient reGoit des ordres conte(tuellement
formulés# la fois de ne pas commenter l!in7onction non $er/ale
secondaire# et de ne pas échapper la ,uestion. +t le patient alors
de répondre par une déclaration faisant preu$e de 4 désordre
mental # d!incapacité intellectuelle et d!inaptitude se sou$enir
d!un é$énement manifestement si0niJcatif et é$entuellement assez
récent. Il fait l!e(petience de la confusion dans le temps o il e(prime
le désordre.
L!importance de ce tra$ail réside dans le fait ,ue les auteurs ont
Jnalement réussi une analyse microscopi,ue 3e cha,ue déclaration
et mHme de cha,ue nuance non $er/ale d!une interaction familiale.
Ils ont aussi montré comment le patient# en intériorisant ces
systmes de si0nau( contradictoires# peut la fois faire l!e(périence
intime de la confusion et e(térioriser cette confusion en s!o/7ecti$ant
lui)mHme#
dans le 0roupe familial et dans sa périphérie sociale ?,ui
comprend la situation de l!inter$ie psychiatri,ue@# comme une
4 personne déran0ée ou un 4 schizophrne au plein sens de ce
terme.
;ependant# dans leur dé$eloppement théori,ue consécutif# les
auteurs me sem/lent ne pas par$enir une concepy) k tualisation
adé,uate du processus sous)7acent. Ils ont recourt
ba SJnnn rlp 0 lypp Irt0i,na 12 . fallo 0n!pl' f Gf fnrmnlép
dans les Principia matbematir#a# rlp -prtranrl 1*13 E
ils prétendent ,ue les deu( messa0es contradictoires présentés aupatient sont de types lo0i,ues diKérents# et ,ue le patient a été
conditionné pour ne pas perce$oir cette diKérence# ,u!il est par
consé,uent su7et la confusion de type lo0i,ue et constitue ainsi une
$ictime toute dési0née pour la dou/le contrainte. ;ela me sem/le
Htre une com/inaison ad hoc de concepts# ,ui n!a7oute rien la
description trs claire de la situation de dou`lW contrainte# telle
,u!elle est e(périmentée. Le fait est ,ue# pour autant ,ue cela
61
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Les familles et la schizophrénie
concerne la lo0i,ue# la partie 4 dou/lement contrai0nante propose
implicitement un fau( modle lo0i,ue la partie 4 dou/lement
contrainte E en /ref# une rationalité analyti,ue /ien appropriée au(
systmes d!action et de réaction physi,ues et /iolo0i,ues# mais non
l!interaction personnelle. L!interaction personnelle# particulirement
dans la mesure o l!on $eut tirer des inférences lo0i,ues IWn;viX
w@ nant# doit Htre considérée 7dialecti,uement. L!anthropKto0uW
lo0icisant doit o/ser$er ,ue les o/7ets de son systme sont /i$alents#
en ce sens ,ue celui ,ui impose la )dou/le contrainte la fois $eut et
ne $eut pas# ou plutFt demande et ne demande pas une réponse de la
part de l!autre. 9ans notre e(emple# la demande faite par les parents
leur enfant de
se sou$enir de l!é$énement fatal est une demande rée'07ocia)
lement conditionnée et non une parole en l!air. CaiDelle $a
rencontre d!une autre demande socialement conditionnée# celle#
pour l!enfant# d!ou/lier. La $érité est ,ue ceu( ,ui e(ercent la dou/le
contrainte sont en fait ceu( ,ui sont dou/lement contraints par la
con$er0ence leur endroit de forces sociales contradictoires E
d!a/ord# des demandes conditionnées par l!ensem/le 0énéral des
attentes au milieu des,uelles ils ont été éle$és# ensuite des
demandes de préser$ation de la structure familiale ?il s!a0it de la
famille 4 con7u0ale @ telle ,u!elle est# face la menace représentée
par le mem/re malade ,ui oserait s!aKirmer de manire autonome.
;ependant# les parents# niant le moment contradictoire de leur
propre situation# croient ,ue lors,u!ils demandent 4 te sou$iens)
tu Q ils posent une ,uestion uni,ue# simple et non am/i0u_ ?encore
,u!il y ait dans d!autres et nom/reu( cas une duplicité consciente@.
9e plus# in$o,uant les droits et les de$oirs con$entionnels de la
famille# ils e(i0ent une réponse simple et non am/i0u_. +n a0issant
ainsi# ils demandent tout
62
7/23/2019 Psy Antipsy
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Les familles et la schizophrénie
Wisme# ou la maladie de la lo0i,ue# se ré$le donc Htre le fait des
parents# dans la mesure o ils ont recours un type de rationalité
inapproprié ?et ,ui inclut ..la typolo0ie lo0i,ue de -ussell@ pour
défendre leur position. t.7La $érité# cependant# est ,ue la société en
0énéral rnmmpr la mHme erreur# cha,ue fois ,u!elle parle des
relations personnelles intimes# aussi /ien ,ue de son propre
dé$eloppement histori,np \ pranp ;ela peut s!o/ser$er dans
les déclarations ,ui sont faites sur les moti$ations humaines dans
les cours de 7ustice# aussi /ien ,ue dans les 7u0ements politi,ues
portant sur des ensem/les. ;e déplacement# défensif# d!une
rationalité dialecti,ue $ers une rationalité analyti,ue# se trou$e
opéré cha,ue fois ,u!un indi$idu ou un 0roupe menace de s!aKirmer
lui)mHme de manire autonome. Ar# la menace ,ui pse de manire
omniprésente est celle d!une rupture indépendante# ,uel,ue forme
,uelle prenne.
Di l!on pose le pro/lme de la schizophrénie de cette manire#
c!est))dire comme celui d!une personne aspirée hors d!elle)mHme
par les autres# ou e(primée hors d!elle par elle)mHme ?dans
l!amoureuse soumission l!in0estion $orace d!autrui@# de telle
manire ,u! la Jn plus rien d!elle)mHme ne lui soit laissé puis,u!elle
appartient entirement autrui# 7 alors nous de$ons constater ,ue# si
l!internement en hFpital constitue un destin particulier# la
schizophrénie n!est rien moins ,ue notre lot tous.
63
7/23/2019 Psy Antipsy
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Étude d’une famille
+t une femme ,ui tenait un enfant sut son sein dit E
4 Parle)nous des enfants.
+t il dit E
4 Vos enfants ne sont pas $os enfants. Ils sont les Jls et
les Jlles du désir de la Vie pour elle)mHme.
Ils $iennent tra$ers $ous mais ne $iennent pas de $ous#
+t /ien ,u!ils soient a$ec $ous# ils ne $ous appartiennent
pas.
Vous pou$ez leur donner $otre amour# mais non $os
pensées#
;ar ils ont leurs propres pensées.
Vous pou$ez hé/er0er leurs corps# mais non leurs gmes#
;ar leur gmes ha/itent la maison de l!a$enir# ,ue $ous ne
pou$ez $isiter# mHme en $os son0es. Vous pou$ez $ous
eKorcer de leur ressem/ler# mais ne cherchez pas faire,u!ils $ous ressem/lent.
;ar la $ie ne re$ient pas sur ses pas# ni ne demeure dans
le passé.
Vous Htes les arcs d!o partent $os enfants comme des
Sches $i$antes.
6"
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
L!archer $oit la mar,ue sur le chemin de l!inJni et II $ous
cour/e a$ec Da puissance pour ,ue Des Sches aillent $ite
et loin.
;our/ez)$ous a$ec 7oie dans la main de l!Brcher ;ar
autant ,u!il chérit la Sche ,ui $ole# Il chérit l!arc immo/ile.
>B=LqL :I-B]# le Prophète#
La schizophrénie $ient du fait ,ue les 7eunes 0ens
n!o/éissent plus leurs parents.
=ournal of 4ental /cience, 1*&"# p. 2%2.
^ace un su7et reconnu schizophrne# le pro/lme ,ui se pose
nous est tou7ours le mHme E décou$rir dans ,uelle mesurel!interaction entre la personne malade et d!autres personnes#
passées ou présentes# peut nous rendre son comportement
intelli0i/le. W
9ans les cas ,ue nous a$ons étudiés \# la notion Je
4 comportement recou$re trs précisément la préten=np
4 manifestation clini,ue de la maladie ou les c symptFmes psy)
rhnJ,ne.s présentés par impatient son admission en hFpital et 7uste a$ant. Parautres personnes a nnns entendrons ici E et la famille
nucléaire du patienr ?pre# mre# frres et surs@# plus dans certains
cas le con7oint# et le per)sonneLdu ser$ice médical# plus les autres
patients.
M)P 4 friatériel dp l!analycp pcf rprnpillO par $ateurs)
participants. ceu( d!a/ord ,ui se sont trou$és en situation de 0roupe
a$ec les familles. Le terme ici employé indi,ue ,ue 1 'observateur
participe à une interaction de groupe, ,u!il est conscient de son
mode de participation# ,u!il enre0istre celle)ci# ainsi ,ue leKet
,u!elle produit dans l!interaction 0lo/ale# comme une paiv sentielle
de la# procédure mHme d!o/ser$ation. La participalion est un
élément la fois intrins,ue et iné$ita/le de la situation. Bussi# dans
la ma7orité des interactions ,ue nous a$ons enre0istrées# y a$ait)il
65
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
l!intention non dissimulée d!opérer une 4 thérapie familiale . Pour
l!essentiel# les inter$enions thérappnti0iipc de ce 0enre ne $isent pas
pnrare interpréter des fantasmes inconscients# mais plutFt# sous
forme de métacommunira)tions ?communications sur la
communication@# rlariJpr Ips confusions ,ui peu$ent s!introduire
par les communications
de premier ni$e,n rlnnf nn 0rand nnm> cnnf Y2 pIIac. mHmes
des métacommunications. ;ependant# il arri$e sou$ent ,u!une
inter$ention métacommunicatrice donne conscience au 0roupe de
ses 4 processus inconscients . e @
+n second lieu# des o/ser$atinns)particioantes sont faites au sein
du ser$ice mHme o se trou$e placé le patient durant son séiour
l!hFpOtal. Les principes d!or0anisation thérapeuti,ue de ces 0roupes#
,ui permettent de déJnir la nature des o/ser$ations# seront décrits
au chapitre ". Hr+
Les échantillons d!interactinns familiales ,u!on a choisi d!analyser
ont été pnrp0`frp0 cnr hande ma0néti,ue et ensuite
dactylo0raphiés. Les communications non)$er/ales# moins ,u!on aitrecours au cinéma# doi$ent Htre notées leur apparition par
l!o/ser$ateur du 0roupe. ;ertains aspects paralin0uisti,ues
?intonation# inSe(ion de $oi(# etc.@ sont percepti/les sur<a /ande
ma0néti,ue.
:énéralement# le pgtfent a un premier entretien a$ec le
psychiatre lots de son admission l!hFpital c!est la procédure sui$ie
pour toutes les admissions 4 d!ur0ence # du moins ,uand le patient $ient de chez lui. 9ans certains cas# lors,u!il est en$oyé pour
admission par une clini,ue o il était dé7 sui$i en consultation# toute
la famille# ou peut)Htre le patient et l!un de ses parents seulement#
sont reGus ensem/le une premire fois par le psychiatre# ,ui les
in$ite e(poser leur pro/lme par une ,uestion du 0enre E
U uel,u!un peut)il me dire ce ,ui. ne $a pas ou sem/le ne pas
aller Q Bprs un entretien eNl tHte tHte a$ec un médecin# le
66
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 67/167
tude d!une famille
patient# nou$eau $enu dans notre unité# s!inté0re au 0roupe
communautaire du ser$ice et# dans les premires phases du
fonctionnement de l!unité au(,uelles il parutipe# se $oit rapidement
in$ité re7oindre l!un des 0roupes en0a0és dans un des pro7ets de
tra$ail E dans une certaine mesure il de$rait pou$oir choisir son
0roupe de tra$ail# mais il y a naturellement des limites au( nom/res
ma(imum et mini)muni)de ceu( ,ui peu$ent tra$ailler sur un certain
pro7et. An aJend de lui é0alement ,u!il fasse sa part de tra$au(
domesti,ues ?nettoya0e# mise de la ta/le# la$a0e@. ^inalement il
participera# 0énéralement en présence du personnel# au( di$ers
0roupes sociau( ou récréatifs# or0anisés ou informels. ;s@
L!étude de la famille est une partie de l!étude totale ,ui# selon les
cas# peut durer de trois ou ,uatre heures ,uarante ou cin,uante
heures de recherche et de thérapie. Pour déter)miner le nom/re
dheures ,u!il doit lui consacrer# le médecin thérapeute procde
une premire appréciation des pro/lmes de la famille et tient de
surcroOt compte de ce ,ui est mis en é$idence des pro/lmes du
patient dans son interaction a$ec le 0roupe du ser$ice. Il décide én
fait si un certain nom/re de séances de thérapie familiale sont
indi,uées par thérapie# on entend une tentati$e de modiJcation du
schéma d!interaction e(istant dans la famille# ou plutFt# la création
d’une situation contrlée dans laquelle les membres de la famille
modi2ent eu!m"mes leurs relations de telle manière que le membre
patient découvre un domaine d’action autonome s’élargissant sans
cesse devant lui, tandis qu’au m"me moment les autres membres de
la famille deviennent, de leur cté, plus 4 indépendants # au moins
dans la mesure où ne se trouve pas provoqué un e*ondrement jugé
psychotique# W s
9ans certains cas ?la ma7orité des cas# en partie du fait des limites
de temps ,ui s!imposent au thérapeute@# on peut décider de ne pas
en0a0er la famille tout entire de manire directe dans la situation
thérapeuti,ue le /ut du tra$ail a$ec le patient sera plus simplement
6%
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
de réaliser le type de situation dans la,uelle il trou$a des
e(périences sociales# transitoires au re0ard de son e(périence
familiale# ,ui l!amneront pou$oir $i$re au sein de la communauté
sans de$enir le pFle d!attri/ution des maladies 0aentales du 0roupe.
Di tout se passe /ien# il apprenala a $i$re!Indépendamment de sa
famille et Jnalement du ser$ice hospitalier. ;et apprentissa0e se fait
le plus sou$ent par étapes E d!atféfd hospitalisé plein temps# le
patient est ensuite autorisé prendre un tra$ail dans les en$irons#
hors du ser$ice# puis $i$re en appartement et ne $enir ,u!une fois
tous les huit ou ,uinze 7ours pour une séance de consultation. 9ans
d!autres cas# en fonction d!une premire appréciation des pro/lmes
de la famille# on peut décidet7n!un autre mem/re de la famille# ,ui
prend plus ou moins $olontairement le rFle de patient principal#
entre en thérapeuti,ue ?a$ec ou sans hospitalisation@# et le premier
patient admis pour schizophrénie peut alors se $oir rapidement
li/éré E dans l!e(périence de notre unité# ce ren$ersement du rFle de
malade s!est produit trs sou$ent entre des mres 4 normales et
des Jls 4 schizophrnes . ?Uv@
'ne fois admis# le patient a un entrer d!an moins une hpiOre
spni seiif a$ec le médecin. La famille au complet# au. moins les
parents et le patient# des frres ou des soeurs é0arement s!ils sont
disponi/les# se réunit a$ec le médecin pouM nn nnmhre $ariahle de
séances d!une heure. 9es 0roupes de deu( ou trois mem/res de la
famille rencontrent le médecin en séances similaires# les principales
com/inaisons# en dehors de la famille au complet# étant E le pre et la
mre ensem/le ou /ien l!un et l!autre alternati$ement a$ec l!enfant
schizophrne# ou encore le patient et lun de ses frres ?ou surs@
4 non schizophrne . Il y a aussi des séances deu( au cours
des,uelles cha,ue parent son tour# et au moins un frre ou une
sur du patient# $oit le docteur en tHte tHte. ;es dernires séances
permettent notamment de /ien mettre en lumire des points de $ue
68
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
tout fait contradictoires touchant le patient# sa 4 maladie et la
famille(.
]ous disposons de deu( salles d!entretien dans les,uelles la
famille peut se réunir. 9ans l!une# elle s!assoit autour d!une ta/le E
dans l!autre il y a un cercle de fauteuils. L!autorisation d!enre0istrer
les séances sur /ande ma0néti,ue est demandée a$ant ,ue le
ma0nétophone ne soit mis en marche nous n!a$ons 7amais
rencontré de refus ni de préoccupation consciente e(cessi$e
propos du ma0nétophone pendant les séances. Il n!y a pas d!autre
structuration formelle de la situation ni d!in7onction formulée ,ue la
simple phrase par la,uelle le thérapeute ou$re la premire séance E
4 ]ous pourrions peut)Htre discuter de ce ,ui a amené q entrer
l!hFpital ou encore# 4 Peut)Htre pourrions)nous discuter de ce ,ui
Wsem/le ne pas aller .
L!e(périence nous a montré ,ue cette sorte de recherche sur la
famille# associée des o/ser$ations portant sur les interactions
l!intérieur du 0roupe du ser$ice# peut rendre intelli0i/les des
4 symptFmes # ,u!une conception con$entionnelle de la
schizophrénie considre comme tout fait a/surdes et dépour$us de
sens. 9e cette manire# nous a$ons pu /ien sou$ent décou$rir la
méthode dans la folie et le sens secret du non)sens.
Pour illustrer ces remar,ues# nous allons choisir le cas d!+ric V.
L!étude de la famille a consisté en $in0t)cin, entretiens a$ec +ric et
ses parents# deu( entretiens a$ec les parents seuls# un a$ec +ric et
son pre# un a$ec +ric et sa mre# un a$ec +ric et sa 7eune sur
<eanne# un a$ec la sur toute seule# deu( a$ec la mre seule# deu(
a$ec le pre seul. ]ous disposons aussi d!un certain nom/re
d!o/ser$ations)sur son interaction a$ec les autres mem/res de la
communauté du ser$ice.
+ric V. fut admis dans notre hFpital psychiatri,ue# comme patient
lé0alement interné# pour la premire fois en I*6&# l!g0e de di()neuf
ans. L!e(amen clini,ue de son 4 état mental indi,uait# cette
6*
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 70/167
tude d!une famille
épo,ue# ,u!il était impulsif et non coopératif# ,u!il faisait preu$e
d!une pensée incohérente# ,u! était incapa/le de parler de lui)mHme
de manire consé,uente et ne sa$ait ,ue nier a$ec $éhémence ,u!il y
ejt ,uel,ue chose ,ui n!allgt pas en lui il demandait# de plus# ,u!on
l!autorisgt retourner l!uni$ersité# au pays de :alles# ,u!il a$ait
,uittée de son plein 0ré deu( 7ours aupara$ant. Il faisait ?en py7ama@
des tentati$es trs $iolentes pour s!échapper du ser$ice# tentati$es
,ue les inJrmiers de$aient faire échouer par la force et en lui
administrant de lar0es doses de sédatifs. Il a$ait des idées de
persécution et des hallucinations auditi$es E il croyait ,ue les 0ens#
mHme ceu( ,ui ne le connaissaient pas# le méprisaient et le 7u0eaient
4 mou . Il croyait entendre le personnel hospitalier lui dire ,u!il
n!a$ait aucun droit Htre l!hFpital et ,u!il de$ait rentrer chez lui#
ce ,u!il essayait d!ailleurs de faire de toutes ses forces# mal0ré les
eKorts des inJrmiers.
Le motif immédiat de son internement était ,u!une semaine plus
tFt# ,uinze 7ours a$ant la Jn de son premier trimestre# il a$ait
téléphoné son pre# pour lui annoncer sans e(plication ,u!il
retournait chez lui Londres. Il commenGa eKecti$ement le $oya0e
en train mais descendit une 0are mi)chemin et essaya de
retourner l!uni$ersité en auto)stop. Il sem/lait manifestement
déprimé et a0ité# et fut ramassé par la police ,ui le mit dans un train
pour Londres.
Il arri$a chez ses parents trs fati0ué et aKamé. Delon son pre# il
sem/lait pleinement 4 7ouir de sa raison # mais peu disposé parler
de lui)mHme. Da mre l!accueillit# mais il passa de$ant elle en
l!i0norant ostensi/lement. Immédiatement aprs# il contredit cette
attitude de re7et en se retournant# en la prenant dans ses /ras et en
l!em/rassant. Plus tard dans la soirée# il déclara ,u!il $oulait
retourner l!uni$ersité et refusa d!aller au lit mal0ré l!insistance de
ses parents. ;eu()ci# se sentant incapa/les de faire face la
situation# appelrent le médecin de famille ,ui donna +ric un
%&
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
sédatif. Il alla se coucher mais redescendit les escaliers plus tard en
pleurant et en demandant E 4 ue puis)7e faire Q Don pre l!assura
,u!il a$ait /ien a0i en rentrant chez lui# o il pourrait trou$er de
l!aide pour résoudre ses pro/lmes. ;ependant# +ric nia a$oir /esoin
d!une aide ,uelcon,ue. Il dormit /ien cette nuit)l# mais le lendemain
matin# alors ,ue le médecin lui a$ait conseillé de passer la 7ournée
au lit# il proclama de nou$eau son intention de retourner
l!uni$ersité. Il /oule$ersa sa famille en déclarant ,u!il haNssait sa
mre. ;!est alors ,ue le médecin appela l!oKicier de la Danté mentale
,ui prit les mesures nécessaires# a$ec l!autorisation formelle du
médecin# pour faire interner +ric dans un hFpital psychiatri,ue aJn
,u!il y prenne 4 7uste un peu de repos .
Le pre d!+ric# ,uand il $it le médecin seul# peu aprs
l!internement# se montra e(trHmement désemparé. Il déclara ,u!il
n!a$ait 7amais $raiment connu son Jls# ,u!+ric a$ait tou7ours
demandé de laKection mais sétait tou7ours montré méJant pour
l!accepter# surtout lors,u!elle $enait de lui. Il remar,ua ,u!+ric
n!a$ait 7amais $oulu Htre caressé comme un enfant et a$ait repoussé
toute forme d!aKection ,ui lui sem/lait 4 eKéminée . !a$ait été un
choc terri/le pour le pre d!entendre +ric dire ,u!il haNssait sa mre.
Il sem/lait trs désireu( dapprendre non pas ,u!+ric 4 irait mieu( #
mais ,ue lui et# dans une mesure un peu plus $a0ue# sa femme#
n!a$aient rien se reprocher ,ui fjt en relation a$ec la 4 maladie
de leur Jls. C. V. ne sa$ait rien de ce ,ui s!était passé l!uni$ersité
et les seules 4 preu$es de la maladie de son Jls ,u!il fournit furent E
a@ ,u!+ric s!était intéressé la politi,ue de manire ,uel,ue peu
e(cessi$e lannée précédente# /@ ,uil a$ait ,uitté l!uni$ersité pour
rentrer chez lui sans raison apparente# c@ ,u!il a$ait dit# en arri$ant
la maison# ,u!il $oulait retourner l!uni$ersité mais ne $oulait pas en
discuter a$ec ses parents# d@ ,u!il déclarait haNr sa mre. La $ie
d!+ric la maison était 0énéralement heureuse# selon le pre# et
4 meilleure ,ue la moyenne .
%1
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tude d!une famille
Lors de la premire réunion de la famille# dans la semaine ,ui
sui$it l!admission d!+ric# l!interaction prit une forme assez ri0ide ,ui
persista durant les deu( réunions sui$antes E +ric était nettement
déJni comme 4 le malade . Le pre adopta une attitude
in,uisitoriale# interro0eant +ric propos denses symptFmes sur un
ton oKiciel# trs sem/la/le celui ,ui est employé lors des e(amens
psychiatri,ues traditionnels. +ric était malade les médecins et ses
parents allaient l!aider 0uérir il de$ait colla/orer# a$oir conJance
en tous ces /ra$es 0ens# rester l!hFpital et accepter le traitement
?+ric# l!épo,ue# faisait des eKorts répétés pour ,uitter le ser$ice et
retourner chez lui ou l!uni$ersité@. Pendant ces séances# la mre
restait tout fait en retrait# conJrmant l!occasion les déclarations
du pre.
Bu fur et mesure ,ue ces réunions pro0ressaient# le pre
adoptait un ton de plus en plus moralisateur. An ne sa$ait plus trs
/ien dans ,uelle mesure +ric était considéré comme malade# et dans
,uelle mesure comme mau$ais ?fainéant# non)coopératif@. Le pre
si0nalait ,uel,ues ressem/lances mineures entre lui)mHme et son Jls
et# dans di$ers conte(tes# le con7urait de s!identiJer lui# d!aKronter
les situations sociales de la mHme faGon ,u!il l!a$ait fait# car aprs
tout il a$ait connu les mHmes diKicultés. Il de$int de plus en plus
é$ident ,ue dans ces séances# le pre essayait de présenter +ric
une sorte de condensé de la manire dont la plupart des pres se
conduisent a$ec leur Jls pendant son enfance. +ric a$ait)il man,ué
de cette e(périence d!un pre# autrefois Q 9e la troisime la
cin,uime séance# c!est ce ,ui fut de plus en plus clairement aKirmé
par la mre# ,ui Jnalement monta une atta,ue de 0rande en$er0ure
contre le pre# l!accusant de ne s!Htre 7amais montré disponi/le pour
sa famille. uand +ric a$ait douze ans# son pre était parti en Inde#
o il était resté di()huit mois. ;ette a/sence a$ait été ressentie par la
mre comme une menace trs sérieuse pour l!inté0rité de la famille
et elle dépei0nit son mari comme n!ayant 7amais pris une $raie
%2
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
décision au su7et de la famille E ils étaient partis en Inde re7oindre le
pre et ;!a$ait été sur une décision de la mre encore ,ue la famille
tout entire était retournée s!éta/lir en Bn0leterre. +ric se 7oi0nit
l!atta,ue contre son pre# l!accusant de fuir ses responsa/ilités. Le
pre ne se défendit ,ue trs fai/lement# mais cont)atta,ua en
aKirmant ,ue sa femme a$ait trop choyé +ric et ne lui a$ait 7amais
laissé la li/erté de ses mou$ements.
B ce point# les parents furent réunis hors de la présence d!+ric. Il
était clair ,u!entre les séances il s!était passé /ien des choses entre
eu( et ,u! présent ils sentaient leur union et par consé,uent la
famille# sérieusement en dan0er. Leur union# dit la mre# n!a$ait
7amais été assurée# cela principalement cause de l!attitude de
4 retrait du pre l!é0ard de sa famille. Le pre# tout en acceptant
ces reproches# se plai0nait de ce ,ue la mre re7etait toute la
responsa/ilité de la maladie d!+ric sur lui. La faGade ori0inale d!une
famille dont le Jls $enait de 4 tom/er malade sans raison
apparente# commenGa ainsi rapidement seKondrer. La mre
e(prima ses craintes d!a$oir une dépression mentale et dit ,u!en fait
elle était malade 4 force de tou7ours prendre sur elle)mHme les
ennuis des autres . 'n précieu( complément d!information
concernant le bacTgromd des parents# était présent prati,uement
éta/li Le pre était issu de la classe ou$rire du nord de l!Bn0leterre.
Il n!y a$ait 7amais eu la moindre tendresse dans sa famille il a$ait
$écu dans la crainte de son pre# ,ui /u$ait trop# et de son frre
aOné. Il était par$enu un poste d!in0énieur spécialisé# a$ec un /on
salaire. La mre $enait d!une famille de petits)/our0eois des
Cidlands. Don pre s!était compltement coupé de la famille. Da
mre# professeur# se montrait trs autoritaire a$ec les enfants et
n!a$ait 0ure de temps consacrer au ména0e ou au confort de la
famille. +lle ne $oulait pas ,ue ses enfants se marient# elle $oulait
des compa0nons E c Ca mre était plus adaptée une $ie pu/li,ue...
pas du tout femme d!intérieur# nous n!étions ,ue des $isiteurs dans
%3
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
notre propre maison. Cme V. a$ait senti ,ue sa mre lui en $oulait
d!a$oir eu +ric. +lle)mHme se sentit man,uer 4 d!instinct maternel
,uand il na,uit# et il était clair ,u! tra$ers sa relation a$ec sa
propre mre# elle n!a$ait pu se construire une attitude d!estime de
soi ou de conJance en ses capacités d!adulte féminin. L!année ,ui
précéda la naissance d!+ric# sa 7eune sur a$ait eu un enfant
illé0itime et les V. a$aient dj s!arran0er pour le faire adopter# t +lle
dut a/andonner son /é/é ,uand 7!eus le mien. La mre de Cme V.
a$ait été /oule$ersée par toute cette situation et la présence d!+ric
a$ait été péni/le pour la sur de Cme V. ,ui Jt ses /a0a0es et
partit. La mre et la famille a$aient $oulu i0norer compltement le
/é/é de Cme V. +ric était $enu au monde normalement et a$ait été
nourri au sein pendant onze semaines mais sa mre a$ait renoncé
continuer# sentant ,u!il ne prenait pas de poids. +lle l!a$ait éle$é
dans les r0les et ses pro0rs physi,ues a$aient été /ons. uand la
sur d!+ric na,uit# ,uatre ans plus tard# la situation de la famille
était /ien meilleure. La mre de Cme V. était partie a$ec la sur
cadette# les V. a$aient leur maison eu( et se sentaient /eaucoup
plus en pai(.
+ric a$ait été un e(cellent él$e l!école# mais ne s!était pas fait
un seul ami $érita/le en dehors de sa famille. Il s!était montré
tou7ours e(trHmement timide a$ec les femmes et n!était 7amais sorti
a$ec une Jlle. Il a$ait o/tenu une /ourse d!+tat et décidé d!étudier
les lan0ues $i$antes l!uni$ersité. Des parents auraient aimé ,u!il fOt
;am/rid0e# mais il échoua l!e(amen d!entrée. Don pre lui a$ait
acheté di$ers périodi,ues de 0auche pour l!aider passer l!e(amen
de culture 0énérale et c!est de cette lecture ,ue dataient les
4 préoccupations d!+ric pour la politi,ue et le désarmement
nucléaire. +n fait# non seulement cet intérHt pour la politi,ue a$ait
été déterminé par les parents mais c!est é0alement eu( ,ui de$aient
en déJnir pour lui les limites ,uand +ric a$ait déclaré un petit
commerGant du ,uartier ,u!il de$rait /oycotter les produits $enant
%"
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
d!Bfri,ue du Dud# ses parents lui Jrent sa$oir ,u!ils trou$aient ,ue
les choses allaient trop loin. Bprs a$oir échoué l!entrée de
;am/rid0e# la meilleure uni$ersité o il pou$ait se présenter était
celle du pays de :alles# dans la mHme $ille o sa mre a$ait appris
l!ensei0nement ména0er. Don pre tenait /eaucoup ce ,u!+ric ait
des possi/ilités ,ue lui)mHme n!a$ait pas eues. Mout cela sem/le
parfaitement conforme au( normes sociales. Cais de nom/reu( faits
en dehors de ceu( /ri$ement
mentionnés ici# inclinent penser ,ue l!a$enir d!+ric lui était
précisément et ri0oureusement tracé par ses parents en fonction de
leur e(périence passée et de leurs /esoins présents. = +ric de$ait
Htre# un de0ré inha/ituel# un $éhicule permet)
6 tant ses parents de $i$re par procuration et Jnalement de
I satisfaire tous leurs souhaits passés non réalisés# tous leurs
I /esoins frustrés. An lui laissait /ien peu de place pour Htre
,uel,ue chose ou ,uel,u!un en propre. Il lui était $irtuellement
impossi/le de se $oir comme 4 moi)mHme E 4 moi)mHme a$ait
tou7ours pour lui la structure e(istentielle de 4 $ous)mHme entermes plus philosophi,ues# son Htre)pour)autrui ?son moi o/7et@
a$ait priorité ontolo0i,ue sur son Htre)pour)soi ?moi su7et@. Bu
sommet de la confusion ,uant sa$oir 4 ,ui il était# au moment o
il ,uitta l!uni$ersité pour rentrer la maison# il écri$it une lettre au(
autorités uni$ersitaires dans la,uelle il faisait preu$e
d!4 incohérence de pensée # o l!usa0e des formes pronominales
illustre eKecti$ement trs /ien cette confusioh su7et)o/7et E4 +ric a décidé de partir et# $oudrait $ous dire com/ien il est
désolé pour la faGon dont il a traité chacun# ici# l!uni$ersité. <e suis
perdu. <e dois a0ir. <e m!en $ais. 9onc# encore une fois# s!il $ous plaOt#
professeurs# lecteurs# diplFmés et non diplFmés# désolé. <e suis tout
fait sincrement $Ftre# enfant 0gté# +ric V.
9ans une autre lettre# remplie d!e(cuses# écrite son professeur#
il si0ne lui)mHme E 4 +ric V.# é0ocentri,ue.
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tude d!une famille
'n des traits les plus importants de l!histoire d!+ric est son
4 arri$ée et son 4 départ , son 4 ine(plica/le décision de ,uitter
l!uni$ersité pour rentrer chez lui# sui$ie immédiatement de sa
$olonté de re$enir l!uni$ersité. +0alement# pendant son
internement l!hFpital# il de$ait faire des tentati$es répétées pour
partir E soi)disant# tantFt chez lui# tantFt l!uni$ersité ? deu(
reprises# il ,uitta l!hFpital
sans permission pour rentrer chez lui# mais souhaita rapidement
retourner l!hFpital@.
B l!une des premires séances# on note la discussion sui$ante E
7r 9 & ... +h /ien# hier# par e(emple# le fait le plus importantsem/lait Htre ,ue $ous désiriez ,uitter l!hFpital.
5ric & Aui# 7e le souhaite $raiment. Con sé7our ici ne me ser$irait
rien. +t ne ser$irait personne d!autre# en fait <e crois ,u!il faut ,ue
7e fasse ,uel,ue chose de réellement positif présent... une action
positi$e ,ui... ,ui $ienne de moi# ,ui n!ait pas été préparée pour moi.
<e crois ,ue 7e dois retourner l!uni$ersité.
7r 9 & =um. 5ric & <e dois retourner tout droit l!uni$ersité et me coller au
tra$ail.
.e père & +st)ce ,ue tu sens# +ric# ,ue... ,ue tu peu( te coller au
tra$ail en ce moment Q
5ric, après quatre secondes & ;!est))dire ,ue ma tHte ne ne
sem/le pas tou7ours trs solide.
.e père & Il y a eu un net pro0rs depuis ,ue tu es ici. ]e penses)
tu pas# en sui$ant les conseils du 9r et du 9r ;# ,ue le mieu( serait
d!accepter de rester ici plus lon0temps# 7us,u! ce ,ue tu te sentes
$raiment capa/le de t!atteler de nou$eau tes études
uni$ersitaires Q
.a mère & u!en pensez)$ous# docteur Q
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7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
7r 9 & +h /ien... <e... +ric et moi nous en a$ons /eaucoup parlé et#
plusieurs reprises# +ric m!a répété ,u!il sentait ,u!il de$ait faire un
pas en a$ant de lui)mHme. ;!est /ien ce ,ue $ous disiez# n!est)ce
pas Q
5ric & Aui.
7r 9 & ue $ous de$iez retourner l!uni$ersité. <e pense ,ue...
c!est) pro/a/lement cette diKérence de point de $ue ,ue nous de$ons
maintenant e(aminer. Vos parents pensent ,ue $ous de$ez rester ici
et $ous pensez ,ue $ous de$ez aller luni$ersité et tra$ailler...
5ric & <e pense ,ue... c!est ce ,ue 7e sens ,u!il faut ,ue 7e fasse est
$raiment important. <e dois... 7e dois prendre... 7e $eu( dire# 7e nedois pas m!appuyer sur les autres. <e sens ,ue... 7e dois a0ir par moi)
mHme# ne pas a$oir les choses toutes faites pour moi.
.a mère & ;!est tout fait 7uste# +ric. Cais# nous $oudrions ,ue tu
comprennes ,ue ,uand tu retourneras l!uni$ersité il y a deu(
choses ,ui seront essentielles comprendre ,ue tu fais des
pro0rs en re$enant# et ,ue tu poursuis tes études a$ec succs# et
une autre chose# ,ue tu te sens tout fait heureu( a$ec# disons# les0ens ,ue tu y rencontres. Mu ne dois pas penser ,ue les autres te
méprisent de ,uel,ue manire ,ue ce soit. Mu dois a$oir conJance en
leur appro/ation et autrement# si tu ne sens pas cela tu auras une
rechute# n!est)ce pas Q +t crois)tu ,ue ces deu( conditions seraient
réunies si tu retournais l!uni$ersité Q +s)tu con$aincu ,ue les
0ens... te $oudront# fonderont des espoirs sur toi et ,ue tu n!auras
aucune de ces impressions désa0réa/les propos des sentiments des0ens pour toi. u!est)ce ,ue tu en penses Q... <e t!assure# les 0ens l)
/as t!aiment /ien# sans aucun doute.
5ric & <e ne crois pas ,ue les 0ens ne penseraient pas...
penseraient comme cela propos de moi.
.a mère & ;rois)tu... ,ue ce serait comme cela Q
%%
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tude d!une famille
5ric & +n considérant ma conduite# ils pourraient /ien ne pas se
faire une trs haute idée de moi. Con... départ de l!uni$ersité etc. ne
peut pas me faire /ien $oir# pas /ien du tout.
.a mère & <e t!assure ,ue lors,ue tu retourneras l)/as# +ric# ce
sera e(actement comme tourner une nou$elle pa0e. +t tu feras un
départ tout fait neuf.
.e père & Aui# tu de$ras supposer ,u!ils comprennent ,ue tu es
parti... ,ue les circonstances dans les,uelles tu es parti étaient ,ue
tu étais si trou/lé ,ue tu ne pou$ais faire autrement. +t ils $erront
cela comme c!est réellement# une maladie. uand tu re$iendras# ils...
5ric & <!étais tout fait déran0é ,uand 7e suis $enu ici# n!est)cepas Q
.e père & Aui# 7e crois.
5ric & =um. <e me le demande.
.e père & +t +ric# pour en re$enir cette ,uestion# ce désir ,ue tu
as... dont tu as parlé# d!Htre indépendant et d!a0ir de toi)mHme. ;!est
un... heu... désir trs recommanda/le et admira/le# sans aucun
doute. +t tu...# nous a$ons tous été impatients de réaliser notreindépendance. Cais plus nous ac,uérons $raiment cette
indépendance# plus nous réalisons en mHme temps com/ien nous
sommes dépendants des autres. ]!importe comment# on ne peut pas
Htre compltement et a/solument indépendant des autres. Mu es
forcé de dépendre des autres dans une certaine mesure. <e $eu( dire#
mHme si tu prends les choses les plus /anales# tu 0rimpes dans un
/us# tu dépends du conducteur pour ,u!il te mne au /on endroit...La $ie moderne et l!e(istence 0ré0aire sont impossi/les sans une
certaine dépendance l!é0ard d!autrui.
5ric & An ne dépend pas d!eu( pour s!en aller.
.e père & Da$oir o cette dépendance commence et Jnit# c!est une
autre ,uestion.
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tude d!une famille
5ric & Mu dépends de lui pour t!emmener o tu $eu( aller# pas pour
,uitter le /us.
.e père & Doit# ce n!est ,u!une ima0e# une trs simple ima0e.
5ric & Cais dépendant de lui pour t!emmener l# cependant. .a
mère & Doit# tu es tout fait capa/le de décider les choses pour toi)
mHme# +ric# et il me sem/le ,ue le point $raiment important dans
tout cela est ,ue tu te sentes heureu( parmi les 0ens a$ec les,uels tu
$is# ,ue tu n!ailles pas penser ,ue ces 0ens ne $eulent pas de toi... Di
tu étais heureu( sur ce point# ce serait un tel pro0rs.
+ric e(pose son /esoin de réaliser un acte autonome si0niJcatif.
Des parents lui opposent la donnée opa,ue de sa maladie# en
particulier ses idées de persécution# et nous
re$iendrons sur ce point. La $érité# cependant# est ,u!+ric n!a
7amais réalisé un seul acte indépendant dans sa $ie. Mout ce ,u!il a
fait# de$ait correspondre et se conformait un systme comple(e
d!in7onctions parentales# e(tériorisées et intériorisées# e(plicites et
implicites. +ric n!est 7amais allé l!uni$ersité E ses parents l!y ont
en$oyé. Il est $rai ,u!il a passi$ement a/sor/é et reproduit unecertaine ,uantité de connaissances pour ses e(amens# et ,u!il l!a trs
/ien fait# mais tou7ours dans le conte(te des pro7ets de ses parents
pour lui# 7amais la poursuite d!un pro7et ,ui soit le sien. Le mystre
de son retour de l!uni$ersité de$ient tout fait intelli0i/le# si on ne le
$oit pas comme un acte étran0e et déraisonna/le# mais comme une
né0ati$ité# un non)acte ou l!en$ers d!un acte positif# par le,uel il
plantait le décor pour son premier 0rand acte autonome. Il est
re$enu de l!uni$ersité o on l!a$ait en$oyé# a2n d’aller à l’université#
BussitFt arri$é chez lui# il a $oulu y retourner# mais y retourner de
luim"me# 6l allait l!uni$ersité pour la premire fois. Pour ce faire# il
de$ait se dé0a0er du pro7et dé$orant o ses parents l!attendaient il
Jt sem/lant de ne pas $oir sa mre et ne parla pas ses parents# ni
ne les laissa 4 l!aider . ;!est cette aKirmation autonome de lui)
mHme ,ui l!amena l!hFpital. ;ette dramati,ue résolution d!a0ir
%*
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tude d!une famille
li/rement et personnellement menaGa toute la structure de
l!e(istence familiale E il fallut l!in$alider en in$entant une maladie.
D!il était malade# toute l!aKaire se ramenait un processus neutre
dont il était $ictime. La pra(is 0Hnante# l!intention et lacte
s!é$anouissaient.
;ependant# +ric n!accepta pas tout cela passi$ement. Il ne cessa
de $ouloir ,uitter l!hFpital et n!accepta 7amais compltement
l!éti,uette de malade par la,uelle sa famille l!in$alidait# éti,uette
iné$ita/lement conJrmée par sa situation de dépendance ,uasi
médicale l!hFpital ?lors de son premier sé7our# il était entré au
ser$ice 0énéral d!admission ce n!est ,u! sa deu(ime admission
,u!il $int dans notre
l unité@. ;ependant# la situation tout entire de$int plus
comple(e# dans la mesure o ses parents l!in$itrent constamment
s!aKirmer de manire indépendante dans tous les domaines# tout
en restant insensi/les au( eKorts ,u!il faisait dans ce sens. D!il
souscri$ait leur in$ite# il tom/ait dans un pi0e car il n!ejt fait
une fois de plus ,ue sui$re simplement leurs directi$es. La li/ération,u!on lui oKrait était en fait un che$al de Mroie. B0ir li/rement
impli,uait la soumission l!ordre d!Htre li/re li/erté et non)li/erté
Jnalement s!é,ui$alaient.
Pour considérer +ric comme un malade# on s!appuyait
principalement# outre ses allées et $enues 4 irrationnelles # sur ses
idées ine(plica/les# selon les,uelles des 0ens faisaient des
remar,ues sur lui et le trou$aient inutile# é0ocentri,ue# paresseu(#se(uellement anormal. Ar# ,uel,ues)unes des répli,ues sui$antes
peu$ent rendre ces idées moins ine(plica/les E
?+ric parle de son man,ue de conJance en lui)mHme et de son
incapacité se concentrer.@
.a mère & +t as)tu essayé de t!e(pli,uer tout cela Q
8&
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tude d!une famille
5ric & ]on... <e l!ai mis sur le compte de mon é0oNsme# tu $ois. 9e
mon é0ocentrisme.
.a mère & +t tu n!as pas essayé de $oir si cela pou$ait $enir
d!autre chose Q
5ric & Di# tout récemment 7ai pensé ,ue cela pou$ait $enir de ma
mastur/ation.
.a mère & =um...
5ric & Mu $ois...
.a mère & =um...
.e père & Mu m!as parlé de cela pour la premire fois l!autre
semaine# +ric# et il sem/lait é$ident ,ue cela te tracassait# cette
histoire de mastur/ation. +uh... 7e pense... et 7e sais par ma propre
e(périence# comme 7e te l!ai dé7 dit# 7e pense $raiment ,ue cha,ue...
cha,ue... euh... ,ue chacun l!essaie un moment ou un autre. +t
encore une fois 7e... 7e... 7ai lu et 7e suis tout prHt croire ,ue# euh#
,ue# euh# si Ga de$ient... si.# si... tu perds ta propre estime en la
prati,uant ré0ulirement# alors cela peut a$oir des eKets trs
nuisi/les sur ta santé 0énérale. <e $eu( dire# c!est ,uel,ue chose...,uel,ue chose de $raiment... ,uel,ue chose ,ui... c!est un 0rand
man,ue de respect# c!est $raiment toi)mHme# 7e pense. +t pour cette
raison cela peut saper ta... ta propre conJance en toi.
.a mère & ]e penses)tu pas ,u!un 0rand nom/re de ces e(cs sont
des reSets de... de ces tensions... et peut)Htre d!une période ,ue tu
tra$erses o tu es soumis d!autres tensions et ,ue ces... e(cs sont
des symptFmes et... 7e me rappelle ,ue tu disais ,ue tu t!achetais
/eaucoup de sucreries. +t il y a eu dans ma $ie une seule fois o 7e
me suis trou$ée soumise des tensions trs 0randes# en fait c!était le
tout premier tra$ail ,ue 7e prenais dans ma $ie et 7e dépensais tout
mon ar0ent dans les pgtisseries# ce ,ue 7e n!a$ais 7amais fait
aupara$ant et ,ue 7e n!ai plus refait depuis. +t c!était un symptFme#
tu $ois. ;!était une sorte de compensation de la tension ,ue 7e
81
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
su/issais. +t 7e crois ,ue la mastur/ation est un de ces e(cs ,ui sont
des symptFmes de tensions et de conSits. ;e n!est 7amais une cause.
5ric & uand 7!étais l!uni$ersité# 7e ne me mastur/ais 7amais
dans le lit de ,ui ,ue ce soit... enJn... 7e l!ai fait une ou deu( fois...
oui... une ou deu( fois au dé/ut. Puis 7!ai arrHté# arrHté $raiment.
Cais alors 7e me suis mis acheter des chocolats et des /arres
Cars...
.e père & <e pense ,ue cette mastur/ation correspond une
phase# tu sais# par o /eaucoup de 0ens passent un moment ou
un autre# +ric. <e crois ,ue c!est# 7e ne sais pas# 7e pense ,u!il peut y
a$oir... 7e peu( me tromper tout fait# mais 7!ai dans l!idée ,ue c!est
une phase... ,ue tout le monde connaOt. Cais encore une fois# +ric# tu
dois...
5ric & <!ai tou7ours été timide a$ec les Jlles# n!est)ce pas Q <e $eu(
dire# 7e n!ai 7amais eu de relations saines a$ec les Jlles... <e ne me
suis 7amais mHlé elles parce ,ue 7!étais timide.
.a mère & +st)ce ,u!elles t!attirent# de loin# +ric Q
5ric & +lles me plaisent comme indi$idus... <!aime 7uste ce ,u!ellesfont# etc.
.e père & Cais d!un point de $ue se(uel# les $ois)tu comme... 7e
$eu( dire comme ,uel,ue chose# tu sais# de trs dou( et réser$é# trs
désira/le et romanti,ue Q
5ric & Pas maintenant.
.e père & Pas maintenant. Cais Ga t!est arri$é Q
5ric & Aui# certains moments.
.e père & Aui# 7e pense ,ue c!est un aspect trs sain des femmes#
tu sais# un point de $ue trs sain sur les femmes. <e sais ,ue 7!ai eu le
mHme# et 7e crois ,ue c!est le cas pour la plupart des 7eunes 0ens
)trois secondes+# Cais tu sais# pour en re$enir cette ,uestion
calme)toi# +ric ... )5ric pleure+### peu()tu me dire ce ,ui te
/oule$erse particulirement Q
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tude d!une famille
5ric & ]on... )en pleurant+### a m!arri$e par moments# parfois#
,uand 7e suis assis en /as dans la... tu sais... la salle de repos# l#
,uand 7!écoute de la musi,ue. Il y a certains accords# tu sais# certains
sons ,ui soudain me font pleurer.
.e père & <!ai connu Ga des milliers de fois# +ric# un morceau de
musi,ue particulirement émou$ant me fait monter les larmes au(
yeu(# et 7e ne pense pas ,ue ce soit ,uel,ue chose de trs rare.
.a mère & ]ous re0ardions un Jlm# n!est)ce pas# la télé$ision#
l!autre soir# et 7e n!ai pas pu m!en empHcher# c!était si /eau. +t 7!ai
pleuré. ;!est trs# trs naturel# +ric. ]ous a$ons tous /esoin# 7e
pense# de soupapes comme Ga.
.e père & +st)ce ,u!en ce moment# +ric# tu as l!impression ,ue
dans tes larmes# il entre un peu d!apitoiement sur toi)mHme. ue tu
pleures sur ton propre sort Q
5ric & ...<e crois ,ue c!est 7uste une émotion renfermée.
.e père & ]ous en a$ons tous souKert# et ces deu( dernires
semaines 7!ai pleuré# tu peu( me croire# ,uand 7e suis $enu $oir le 9r
ton entrée ici. <e n!ai pas pu m!empHcher de pleurer# et c!étaitmon... tu sais# un choc émotif# ,ue 7e n!ai pas pu retenir mes larmes.
.a mère & ;!est une des $oies de la nature.
9ans ce passa0e# les parents aKirment simultanément ,ue la
mastur/ation est normale d!une part et d!autre part ,u!elle est un
symptFme de ,uel,ue chose ,ui pourrait Htre la cause du man,ue de
conJance en soi d!+ric. Le pre sem/le imperméa/le au désarroi ,ue
donne +ric son man,ue d!identiJcation masculine et passe
rapidement sur ce point pour formuler ?sous l!apparence d!une
,uestion@ l!accusation d!auto)apitoiement. ;!est 7ustement l!une de
ces choses ,u!+ric croit 4 4 rationnellement ,ue les 4 autres 0ens
pensent de lui. 9e mHme ,ue pour tout ce ,ui lui est attri/ué
pé7orati$ement# la culpa/ilité inhi/e +ric# et l!empHche d!identiJer
ses parents comme ces 4 autres 0ens .
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7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
'ne manu$re assez courante de la part des parents consiste
désarmer la criti,ue en la pro$o,uant E
.e père & Vous sa$ez# 7!ai sou$ent été e(aspéré par le man,ue...
euh.# d!intérHts d!+ric et par ce ,ui me sem/lait Htre chez lui... une
incapacité ... euh... 7e croyais# $ous sa$ez. +t 7e... 7!ai fait des
remar,ues assez méprisantes sur son inaptitude empoi0ner la $ie
et montrer un peu de /on sens# des choses comme Ga# $ous $oyez.
+t 7e lui ai dit ,u!il était muet et 9ieu sait ,uoi encore. Vous sa$ez# et
/ien sjr# $ous $oyez# il a ressenti ,uel,ue chose# mais il n!a 7amais
rien dit# il ne m!a 7amais répondu. <e me rappelle lui a$oir U2it des
choses une fois# Con 9ieu# +ric 7e $oudrais seulement ,ue tu aies de
temps en temps perdu patience a$ec moi ,uand 7e euh... te parlais
comme Ga. <e $oudrais ,ue tu sois sorti de tes 0onds et ,ue tu m!aies
atta,ué# tu $ois# en représailles. Cais il... il... ne l!a pas fait. Il a$ait
l!ha/itude de... il ne l!a 7amais fait. <e ne sais pas si c!était par un
respect e(a0éré pour moi... ou 7e ne sais ,uoi. Cais 7!ai sou$ent eu
l!impression de m!Htre conduit de faGon indi0ne dans mes... $ous
$oyez# dans les choses ,ue 7e lui disais.
7r $ & u!est)ce ,ue tu penses de Ga# +ric# de ce ,ue ton pre
$ient de dire Q
5ric & Aui# il a dit parfois des choses ,ui m!ont fait /eaucoup de
peine. Cais... c!est diKicile de... de déJnir... cela peut a$oir eu une
cause... $ous $oyez# Htre parti de... cela peut a$oir été déclenché par
,uel,ue chose ,ui... ,ui peut m!a$oir mis dans cet état. +t
maintenant 7e ne peu( pas me rappeler o et ,uand Ga a commencé.
.e père & Aui# 7e me suis senti honteu( de certaines choses ,ue 7e
t!ai dites# tu $ois# et 7!ai pensé ,ue la plupart des 0ens# nous tous# on
nous a$ait dit ce 0enre de choses et ,ue ce ,u!il fallait apprendre en
0randissant# et c!est un processus assez douloureu(# c!est leur
donner une 7uste place et les /alancer pour peser ces mots# pour
sa$oir si ces choses étaient dites sous la colre du moment ou si elles
étaient $raiment sincres# si elles# tu sais# ,uand on les considre par
8"
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
rapport au( choses a0réa/les ,ue l!on dit# au( e(pressions de
respect et de dé$otion# d'amour mHme# etc.# si elles méritent une
place dans ta mémoire# tu $ois. Moutes les choses péni/les ,u!on m!a
dites# tu $ois# 7e te l!ai dit l!autre 7our# ,uand nous a$ons eu cette
con$ersation a$ant...
Le strata0me du pre a pour eKet ,u!+ric# tout en reconnaissant
,u!il a été /lessé par les remar,ues de son pre# est compltement
aliéné de ses sentiments de colre en retour. Il médite# mystiJé# sur
,uel,ue 4 condition sans lien a$ec elles# ou ,uel,ue processus#
dont il serait le champ.
B mesure ,ue le 0roupe pro0resse# la relation entre les remar,ues
| hallucinées d!+ric et les accusations eKecti$es de son pre#
de$ient plus claire. Le pre en accepte tou7ours da$anta0e la
responsa/ilité et se met dans une position plus e(posée au sein de la
famille# o la mre le confronte une ima0e de lui)mHme totalement
opposée celle ,u!il s!était d!a/ord for0ée E
5ric & ;!est ainsi ,ue 7e me sentais l!uni$ersité# pourtant. <!a$ais
l!impression ,ue tout le monde m!a$ait dans le nez. .a mère & Caistu n!a$ais pas cette impression a$ant d!y aller Q
5ric & <!a$ais l!impression ,ue tout le monde m!a$ait dans le nez.
.e père & Mu m!as dit# +ric# ,ue...
5ric & ### une faGon de me re0arder J(ement# tu sais.
.e père & =um.
5ric & ### et d!entendre les 0ens dire des trucs mon su7et E idiot...
tu $ois... il a insulté tout le monde l!uni$ersité... ;es choses 7e m!en
sou$iens trs précisément .a mère & +st)ce ,ue tu les crois présent#
,ue tu les as $raiment entendues Q
5ric & Ah oui# 7e crois ,u!elles ont $raiment été dites. <e m!en
sou$iens trs nettement +t.# ,u!elles m!ont réellement /lessé.
.e père & Mu y faisais attention Q
.a mère ien sjr.
85
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
.e père & Aui.
5ric & Blors 7!essayais de m!e(cuser auprs d!une ou deu(
personnes... tu $ois... ,ue 7e croyais a$oir insultées et 7!essayais de
raccommoder les choses de mon mieu(.
.a mère & Me sou$iens)tu de ce ,ue tu as dit ,uand tu as eu les
résultats# pour la /ourse d!+tat Q )trois secondes+#
5ric & Aui.
.a mère & Dais)tu ce ,ue tu as dit Q ;ela prou$ait ,uel,ue chose
)deu! secondes+# Mu ne t!en sou$iens pas maintenant Q .e père &
Bllez# dis)lui.
5ric & 4 ;ela prou$e ,ue 7e peu( y arri$er ou ,uel,ue chose...u!ai)7e dit Q
.a mère & Mu as dit 4 ;ela prou$e papa ,ue 7e ne suis pas idiot .
Mu as dit 4 <e $oulais o/tenir la /ourse d!+tat pour prou$er papa
,ue 7e n!étais pas idiot .
.e père & Mu sais# +ric# 7e crois $olontiers ,u!en t!accusant d!Htre
idiot parfois 7e... 7e t!ai $raiment /oule$ersé et euh... 7e ne sais pas
comment réparer. <e $eu( dire... ce n!est pas... 7e ne crois pas ,ue...
tu $ois... 7!ai accusé... +t tu sem/les a$oir des doutes# te demander
si ce ,ue 7!ai dit était parfois
sincre. Mu sais# ,uand 7!ai $oulu te ta,uiner et ,ue 7!ai dit#
franchement +ric# 7e crois $raiment et sincrement du fond de
mon cur# tu sais# et 7!ai senti# tu sais ,ue 7e ne t!ai pas
ta,uiné. <e me demande si cela a un ,uelcon,ue rapport
a$ec la euh... la fri$olité dont 7e me suis rendu coupa/le# 7e ne
pense pas ,ue 7e de$rais dire coupable, la,uelle 7e me laissais
parfois aller la maison. uand 7e pensais ,ue cela pourrait faire
rire ,uel,u!un et ,u!en fait cela le faisait pleurer.
.a mère & Cais nous a$ions une con$ersation l!autre 7our n!est)ce
pas# propos de... comment con$aincre les 0ens de $otre respect
pour eu(. Le dire ne suKit pas. ;e n!est pas con$aincant. Me
86
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 87/167
tude d!une famille
rappelles)tu cette con$ersation Q +t 7e disais ,u!on ne pou$ait
con$aincre les 0ens de notre considération ,u!en leur prou$ant ,u!on
pensait eu(# et ,u!on était désireu( de préser$er au moins
,uel,ues)uns de leurs intérHts# et ,ue lors,uon n!était pas a$ec eu(
on pensait eu(# et ,u!on se sou$enait des choses au(,uelles ils
a$aient pris part# et tu a$ais admis ,ue tu ne te fati0uais pas
/eaucoup pour tout Ga. <e $eu( dire# par e(emple# a$ec <eanne# elle
allait un clu/ le mercredi soir# pendant un certain temps# n!est)ce
pas Q +t un soir elle a$ait mis son manteau# elle était prHte sortir et
tu as dit 4 Ah /onsoir# tu sors Q +t elle a dit 4 Aui# c!est le clu/.
4 Bh oui . Mu $ois. +h /ien# 7e $eu( dire si tu étais de$enu plus
familier# si tu t!étais familiarisé un peu plus a$ec ses ha/itudes# tu
aurais compris o elle allait. Cais c!est assez caractéristi,ue de ta
part# n!est)ce pas Q <e $eu( dire# par e(emple# je vais faire ,uel,ue
chose dont on a mHme parlé# ,uel,ue chose# tu sais# d!un peu
spécial# et toi tu rentres la maison et tu ne m!en parles pas. Blors 7e
dis E 1 Ah# 7!ai fait ceci et cela. 4 Bh oui# 7e me rappelle maintenant#
tu a$ais dit ,ue tu irais. Mu es un peu éloi0né de la $ie des autres.
+t ,uand tu es éloi0né de la $ie des autres comme Ga# cela tend
donner l!impression ,ue tu ne t!intéresses pas réellement eu(. +t
c!est le 0enre d!impression ,ue tu as donnée +ric aussi /ien# euh...
7e suppose ,ue nous a$ons tous eu la mHme impression# n!est)ce
pas Q <eanne# moi# +ric# nous l!a$ons tous eue. +t parfois# 7!ai fait des
eKorts terri/les# n!est)ce pas# pour te ramener au sein du 0roupe
familial et te faire t!y intéresser un peu plus. 9!Htre l!un des ,uatre
au lieu de trois plus un. +t tu m!as dit E 4 Ah# c!est plus facile pour
toi# les enfants rentrent les premiers la maison et ils te disent tout
d!a/ord et 7e n!entends les choses ,ue de seconde main.
.e père & +h /ien# c!est un fait e(act.
.a mère & Cais en mHme temps# tu as des occasions multiples de
t!intéresser toi)mHme au( aKaires de la famille# si seulement tu es
assez intéressé pour en tirer proJt mais tu es un peu comme Ga.
8%
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tude d!une famille
.e père & Aui# 7e suis peut)Htre un peu solitaire 13 moi)mHme...
mentalement.
.a mère & +t si tu es solitaire# c!est terri/lement diKicile de
con$aincre les 0ens ,ue tu es réellement... ,ue tu leur attaches de
l!importance# ,ue tu es Jer d!eu(# et ,uand l!atta,ue se produit# tu
dis ,uel,ue chose ,ue tu ne penses pas $raiment# et ils sont sans
défense. Ils n!ont pas construit de défense contre cela# tu $ois# et on
est trs $ulnéra/le ces atta,ues ,uand on n!a pas eu ces périodes
de conJance en ,uel,u!un pour $ous aider supporter le choc.
7r $ & ue penses)tu# +ric# de l!aspect 4 solitaire de ton pre Q
5ric & <e pense ,ue c!est peut)Htre ,uel,ue chose dont 7!ai hérité# 7e pense ,ue 7!en ai hérité.
.e père & Mu penses ,ue c!est $rai ,ue 7e suis plutFt comme Ga#
plutFt retiré Q
5ric & Aui# oh oui tu l!es.
.e père & Penses)tu ,ue c!était tou7ours ainsi Q
.a mère & Pas dans le cercle de famille en tout cas.
.e père & <e ne sais pas ,uelle impression nous donnons au 9r et
au 9r ;# ici# mais le fait est ,u! la maison c!est sou$ent maman ,ui
parle et moi ,ui écoute. An peut le dire d!une manire 0énérale...
Caman aime parler fond de tout# tout amener la surface et le
retourner dans tous les sens# etc.# et moi 7!ai plutFt tendance croire
,ue si une chose est dite# une fois ,u!elle est dite# les 0ens doi$ent
$ous accorder le crédit de la sincérité et ,uand c!est dit# c!est dit et il
n!y a pas le répéter... Cais /ien sjr# on dit des choses...
.a mère & ... 9es pro/lmes nou$eau( sur0issent tout le temps#
n!est)ce pas Q Particulirement a$ec une famille ,ui 0randit. 9e
nou$eau( pro/lmes se présentent pour... $otre famille# ,ue tu
dois... cela oKre des occasions pour... pas forcément des occasions...
mais des discussions sont nécessaires. <e $eu( dire# une fois ,ue tu
as dit les choses tu ne $as pas penser dire et redire les mHmes
88
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
$ieilles choses# n!est)ce pas Q <e $eu( dire# <eanne# ,uinze ans# le
0enre de con$ersations ,u!il y a entre $ous# entre elle et ses parents
,uinze ans# est tout fait diKérent de ce ,u!il était ,uand elle a$ait
di( ou douze ans# etc. La $ie chan0e tout le temps et de nou$eau(
su7ets dé/attre sur0issent sans cesse.
.e père & Mu as trou$é diKicile de me parler# +ric... diKicile
d!é$o,uer un pro/lme a$ec moi# de parler a$ec moi sur n!importe
,uel su7et# pour cette raison Q
5ric & Aui.
.e père & Bs)tu senti ,ue# ,uel ,ue soit le moment# toute
con$ersation entre nous tournerait la contro$erse Q 5ric & Aui.
.a mère & Mu te tiens sur la défensi$e de$ant le monde# n!est)ce
pas Q +t ta manire de $oir les choses est ,ue l!atta,ue est la
meilleure tacti,ue de défense. +t c!est ce ,ue tu fais. Mu pars
l!atta,ue# tu $ois# et tu ro0nes les ar0uments de ton ad$ersaire et le
réduis petit petit ton point de $ue. +t tu te $antes toi)mHme# tu
$ois# de n!a$oir 7amais encore perdu dans une discussion. .e père, riant & Mu $as un peu loin.
5ric & ;!est peut)Htre... honnHtement# papa# peut)Htre ne peu()tu
pas t!en empHcher# mais il a dit parfois des choses terri/lement
cruelles.
.a mère & Aui# il en a dit de $raiment cruelles.
7r $ & Il sem/le a$oir eu le dessous dans cette discussion.
.e père & Aui# il sem/le# n!est)ce pas Q Vous sa$ez# l!ima0e
$ertueuse ,ue 7e me fais de moi)mHme# c!est ,ue d!une manire
0énérale 7e suis tran,uille 7e ne discuterai pas# parce ,ue ou
parfois mHme 7e n!e(primerai pas une opinion parce ,ue 7e
parce ,ue cela créerait une discussion. +t ,ue la discussion mnerait
un malaise. +t 7e me $ois plutFt comme ,uel,u!un ,ui $eut la pai(
tout pri(.
8*
7/23/2019 Psy Antipsy
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tude d!une famille
.a mère & Ah# oh...
.e père & ien sjr# il y a eu des discussions entre nous certaines
occasions et... chez moi 7e ne peu( 7amais 0a0ner dans une
discussion.
.a mère & Ah si# tu le peu(.
B la Jn de cette séance# on note un moment de tension. La mre a
parlé d!un incident ,ui lui a permis de $oir en sa propre mre une
personne a$are E
.a mère & <e $eu( dire# mHme si $ous Htes en colre contre les
0ens comme Ga# et 7e pense# $ous sa$ez# ,u!il $ient tou7ours un
moment o l!on $oit ses parents a$ec ce recul. An sait ,u!ils ont été/ons pour $ous de /ien des manires ,uand
$ous étiez 7eunes# ,u!ils $ous ont aidés# et 7!admets ,u!elle m!a
aidée et donné un foyer a0réa/le# mais il $ient un moment o $ous
les $oyez comme des adultes et o $ous les criti,uez en adultes# en
les détachant de $ous. Vous ne les $oyez plus tra$ers les $erres
teintés de rose de l!enfance. +t tu en $iendras l aussi# +ric# $oir le
/ien et le mal en nous# sans les $erres roses de l!enfance. 5ric & +h /ien# 7e suis...
.a mère & Mu as tout fait le droit de le dire.
.e père & B/solument# tu as le droit.
7r $ & u!est)ce ,ui te donne l!impression de ne pou$oir le dire#
+ric Q Mes parents t!in$itent tous deu( les re0arder d!un il
o/7ectif# dire ce ,ue tu penses d!eu(.
5ric & +h /ien... 7e... 7!ai... de l!aKection pour eu(. :Hné de dire ce
,ue 7e sens réellement... de l!aKection pour papa )long silence+
mais 7!ai sou$ent ressenti de la haine pour lui.
.e père & ;!est /ien# +ric# c!est une émotion humaine
,ue
nous a$ons tous eue# ce sentiment de haine# et 7!en ai
discuté
*&
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 91/167
tude d!une famille
a$ec maman maman croit ,ue lors,u!on aime ,uel,u!un# c!est
un sentiment permanent# tou7ours présent. +t moi 7e répli,uais ,ue#
,ue# ,ue... parfois sous le choc d!une émotion et d!une tension# on
pou$ait réellement haNr un moment la personne aimée.
5ric & ]on# on peut haNr ,uel,u!un ,u!on aime.
.e père & Pas en mHme temps pas au mHme moment.
;ette in$itation criti,uer ses parents est 4 dou/lement
contrai0nante1" en ce sens ,u!elle est formulée e(plicitement# en
mHme temps ,u!une in7onction implicite de ne pas criti,uer est
communi,uée non $er/alement par des si0nes é$idents d!an(iété.
'ne partie de la contrainte a été le$ée# toutefois# dans la mesure o#peu aupara$ant# le pre a plus ou moins accepté le rFle du coupa/le#
sous la pression de la mre. La mre a contrFlé la situation de telle
manire ,u!+ric puisse a$ouer ses sentiments d!hostilité mais
seulement ceu( ,u!il nourrit en$ers son pre. Les choses ont donc
a$ancé# mais la diKiculté ma7eure demeure# sa$oir la dépendance
,uasi sym/ioti,ue d!+ric l!é0ard de sa mre.
Il lui faudra une nou$elle crise pour commencer d!apprendre s!en li/érer lui)mHme.
Le premier sé7our d!+ric l!hFpital fut de ,uatre mois et demi. Il
put ensuite rentrer chez lui et tra$ailla dans une usine d!industrie
lé0re de la ré0ion pendant ,uel,ues mois. Puis il retourna
l!uni$ersité# o il ache$a assez /rillamment un trimestre.
uel,ues 7ours a$ant de rentrer chez lui pour les $acances#
toutefois# il écri$it une lettre son pre# l!accusant d!Htre paresseu(et de ne pas a$oir fait son de$oir l!intérieur de sa famille. Il écri$ait
,u!il haNssait son pre cause de sa 4 paresse # continuait en
déclarant ,u!il lui écri$ait cette lettre parce ,u!il l!aimait réellement.
Les déclarations de cette lettre ?,u!un psychiatre 7u0ea
contradictoire et 4 confuse @ étaient copiées e(actement sur les
accusations ,ue la mre a$ait formulées contre son mari# lors des
entretiens réunissant le 0roupe familial. Immédiatement aprs a$oir
*1
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 92/167
tude d!une famille
en$oyé cette lettre# +ric Jt ses /a0a0es et annonGa ,u!il partait pour
l!Bfri,ue du Dud aider les ]oirs dans leur lutte contre le ré0ime ?il
n!a$ait pas de passeport et n!a$ait ,ue trs peu d!ar0ent@. Il fut
retenu par ses camarades d!uni$ersité et admis sur ordre de
détention dans un ser$ice d!o/ser$ation mentale de la ré0ion. Il
aurait dit a$oir entendu des $oi(# ,u!il n!a$ait pu identiJer# lui
ordonnant de cesser de penser lui)mHme# de s!occuper plutFt des
autres et d!aller en Bfri,ue du Dud. Il aurait prétendu ,ue chacun
dans le monde était au courant de ses moindres 0estes et parlait de
lui. Il manifesta un 4 /loca0e de pensée # se montra confus et
impulsif# atta,uant le personnel et les autres patients. An
dia0nosti,ua un épisode de schizophrénie ai0u_ et on lui administra
de lar0es doses de tran,uillisants. uand il fut un peu plus calme# on
le transféra notre hFpital# sur l!initiati$e des parents.
B nou$eau# lors de cette seconde crise# +ric a$ait tenté de
s!aKirmer par un acte autonome son pro7et de départ pour
l!Bfri,ue du Dud. Cais de nou$eau# parce ,u!il a$ait été conditionné
sentir ,u!il n!a$ait pas réellement droit un acte autonome et
parce ,u!il lui man,uait l!e(périence transitoire entre son monde
familial li$ré l!insécurité et la réalité sociale courante# il se sa/ota
lui)mHme en procédant d!une manire considérée selon des critres
ordinaires comme non)réaliste# attirant ainsi da$anta0e sur soi la
,ualiJcation in$alidante de folie. Byant créé cette situation et assuré
son admission en ser$ice psychiatri,ue# il put e(primer li/rement
alors en 4 actin0 out son /esoin d!Htre traité comme un enfant par
des 4 J0ures parentales ,ui le toléreraient et# 7us,u! un certain
point# contrFleraient ses actes a0ressifs sans lui en faire éprou$er
de culpa/ilité.
Les $oi( 4 non)identiJées ,u!il aurait 4 entendues l!accusant
d!é0oNsme# étaient une série d!intériorisations des 7u0ements
réellement formulés par son pre et enre0istrés par nous dans
linteraction familiale. 9es impressions plus $a0ues concernant ce
*2
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 93/167
tude d!une famille
,ue les 4 autres 0ens éprou$aient son é0ard# sa$oir ,u!il était
se(uellement anormal et répu0nant# a$aient été déclenchées par des
sentiments ,ue ses parents entretenaient en$ers lui et ,ui furent
clairement sous)entendus par eu(# défaut d!Htre e(plicitement
e(primés# lors des réunions sui$antes# comme ils l!a$aient été lors
des précédentes. +ric reconnaissait ,ue ces 7u0ements et sentiments
intériorisés n!étaient pas de son fait# mais il était trs diKicile pour
lui de mettre le doi0t sur leurs $érita/les auteurs. Don pre a$ait été
pres,ue mis en a$ant par sa mre# comme une oKrande
sacriJcatoire E et# pour +ric# identiJer son pre comme la source de
la diKamation re$enait ,uasiment commettre un parricide. Binsi#
dans la lettre son pre# il rétractait moitié ses accusations. Cais
dans le premier entretien de famille aprs son retour l!hFpital# il
parla de son pre au passé 4 Mu aurais pu Htre 0rand comme
Lénine# mais tu étais un fasciste comme Veroerd ?le man,ue
d!e(périence sociale transitoire rendait diKicile pour +ric la
décou$erte d!une réalité humaine intermédiaire entre sa famille et
des personna0es histori,ues uni$ersellement connus@.
Deulement# ce stade# la famille était prHte apporter des
chan0ements supplémentaires dans son propre sein. Les positions de
chacun étaient considéra/lement modiJées depuis la premire
séance# o +ric était si clairement déJni comme le malade et o# par
$oie de consé,uence# ses parents se déJnissaient comme sains.
9!a/ord le pre et ensuite la mre s!étaient déplacés sur les
positions 4 malades . Plus tard# +ric se mit en position 4 forte par
rapport sa mre ,uand elle fut manifestement 4 malade # il fut
capa/le de la 4 soi0ner mieu( ,ue ne le Jt son pre en mHme
temps# il montra une plus 0rande indépendance en$ers sa famille. Il
ne $int plus ré0ulirement passer ses ee`)ends la maison et
réussit conser$er un tra$ail dont cependant le caractre su/alterne
était compltement contraire l!ima0e ,ue ses parents se faisaient
d!une carrire con$ena/le. Il Jt des tentati$es réalistes pour trou$er
*3
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 94/167
tude d!une famille
un meilleur tra$ail# mais pendant ,uel,ue temps son thérapeute dans
l!unité commit l!erreur de lui faire sentir ,u!il de$rait trou$er un
meilleur tra$ail pour lui plaire ? lui# le thérapeute@. 'ne fois encore
l!a$enir d!+ric était tracé pour lui par ,uel,u!un d!autre et ce n!est
,u!aprs une mutuelle reconnaissance de ce fait au sein du 0roupe#
,u!+ric put faire son propre choi( pour améliorer sa situation. Les
pro0rs furent rendus plus aisés ,uand la mre prit elle aussi un
tra$ail# ,ui lui donna un centre d!in$estissement émotif en dehors de
la famille.
Pour nous résumer# nous pou$ons dire ,ue nous a$ons essayé de
sui$re# selon une méthode dialecti,ue# un mou$ement dialecti,ue au
sein du 0roupe familial V. 9e la dialecti,ue constituée ,u!était la
présentation d!+ric par lui)mHme# nous nous sommes déplacé
4 ré0ressi$ement 7us,u! la dialecti,ue constituante ?la pra(is
familiale@# en incluant le schéma tel ,ue nous a$ions pu l!o/ser$er de
l!interaction familiale dans l!histoire passée et présente de la famille
et en dé0a0eant un schéma histori,ue tra$ers le réseau des
diKérents témoi0na0es fournis par les di$ers mem/res de la famille.
+nsuite# en nous déplaGant)\ pro0ressi$ement # nous a$ons es,uissé
une totalisation totalisée la $érité de la famille et la $érité de la
crise dtJc. ;ette $érité repose dans la tension désespérée entre#
d!un cFté# la position Jnalement intena/le o son e(istence mHme#
ses propres yeu(# se confondait a$ec son e(istence pour les autres
?ses parents@# et# d!un autre cFté# la position dans la,uelle il tentait
d!afNirmer son e(istence autonome en dé$eloppant sa propre $ision
de lui)mHme et en accomplissant ses propres actes. ;ette $ision et
ces actes étant in$alidés pour des raisons ,ue nous a$ons essayé de
rendre intelli0i/les.
;ertes# les échan0es dans les 0roupes familiau( appellent une
interprétation psychanalyti,ue15 et pour parfaire la pleine
compréhension de ce se0ment de l!é$olution de la famille V.# il nous
faudrait comprendre les relations# entre les systmes fantasmati,ues
*"
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 95/167
tude d!une famille
de ses di$ers mem/res. Cais nous a$ons e(clu cette faGon d!étudier
les interactions# aJn de pou$oir clairement mettre en lumire la
relation comple(e e(istant entre les actes et les intentions la
relation entre les systmes de décisions. Dans ce dernier cadre de
compréhension# un tra$ail 4 purement psychanalyti,ue pourrait
patau0er loin de la solution centrale# sa$oir le choi( pro0ressif de
lui)mHme par +ric# indépendamment des choi( faits pour lui par les
autres.
*5
7/23/2019 Psy Antipsy
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Le malade, sa famille et le service
} la lumire des considérations ,ui précdent# la nécessité m!est
apparue é$idente ,ue soit créée une sKegtion psychiatri,ue# ouplutFt anti)psychiatri,ue# dans la,uelle on s!eKorcerait de ne oas
perpétuer le $iol et l!in$alidation dont tout panVnt a rté7 pté a
$ictime a$ant d!entrer én hFpital.
Cais a$ant de son0er créer une situation ,ui soit ?autant ,u!il se
peut@ non)in$alidante# il fallait passer en re$ue toutes les tentati$es
dé7 faites ,ui mar,uent un pro0rs dans ce)sens. Il était nécessaire#
en particulier# d!e(aminer de manire e(hausti$e# en théorie et enprati,ue# ce ,u!on entend par 4 communauté thérapeuti,ue E un
terme appli,ué comme on sait des pro7ets trs di$ers# parmi
les,uels on trou$e aussi /ien une certaine a$ant)0arde ,ue des
ser$ices parfaitement ordinaires d!hFpitau( psychiatri,ues non
moins ordinaires. ]ous de$ons donc chercher ,uelles sont les
ori0ines de la communauté thérapeuti,ue# ses limites actuelles et ses
possi/ilités futures.
L!une des premires communautés thérapeuti,ues fut peut)Htre
celle des Eherapeutae, e(istant en +0ypte l!re préchrétienne. Les
ori0ines de cette communauté# décrite par Philon dans son 7e vita
contemplativa ?25 aprs <.);.@# se perdent dans la préhistoire# mais
nous en sa$ons ,uand mHme un peu sur les communautés elles)
mHmes# nraut noter ici le rapport des deu( sens du mot 0rec
*6
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 97/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
therapeuein, 0uérir et ser$ir# puis,ue# par un curieu( ren$ersement
des rFles# notre épo,ue ceu( ,ui doi$ent Hfrp 0uérie np sont pas en
tait ceu( ,ui doi$ent Htre ser$is# si ce n!est en un sens implid)
tement humiliant E au contraire# c!est eu( ?au7ourd!hui@ de
ser$ir# ou du moins .de 4 faire leur temps . Les mem/res de la
communauté egMherapeutae $i$aient dans des maisons parfois trs
dispersées assez proches pour assurer une protection contre des
en$ahisseurs# mais pas suKisamment pour trou/ler une solitude
essentielle. ;ha,i "naison contenait une pice réser$ée la
méditation et chacun passait l toute sa semaine# en méditation
solitaire. B date J(e# la communauté se réunissait pour prier# chanter
et man0er.
9ans le monde psychiatri,ue de nos 7ours# il suKit de se promener
dans certains endroits /aptisés communautés thérapeuti,ues pour
constater a$ec tristesse ,ue l!on se trou$e au milieu de personnes
toutes mélan0ées dont la plupart sont perdues dans leur propre
monde e(térieur ou dans celui des autres. +lles $i$ent troe
rormelterile d!e(istence collecti$e $ide. ;hacun com/at# s!eKorce
constamment d!in$enter et de réin$enter une sorte de technolo0ie
interpersonnelle pour manipuler les autres sur ce mode d!e(tériorité#
et les prota0onistes sem/lent a/solument inconscients de la futilité
d!un tel pro7et collectif. An aimerait $oir ,uel,u!un faire réellement
,uel,ue chose# e(primer ,uel,ue chose ,ui soit $raiment de lui)
mHme# ,uel,ue chose de son intimité e(istentielle.
Le critre principal de la $aleur# pour une forme d!or0anisation
sociale ,ui prétend constituer une communauté thérapeuti,ue# est
daWsX une certaine relation entre soi et autrui. ;ette relationR ai)ie
conclu# doit Htre telle# ,ue# dans la structure totale# la solitude,
comme facteur d!enrichissement intérieur# soit sau$e0ardée dans le
meme temps o une communauté se réalise par un contact entre les
mondes personnels# intérieurs aussi /ien ,u!e(térieurs. Par mondes
intérieurs# 7!entends la li/erté ou ce ,ui constitue le noyau
*%
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 98/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
intentionnel d!une personne# la source de tous ses actes# ,ui donne
Jnalement naissance un comportement o/7ecti$a/le# c!est))dire
ses modes e(térieurs. +n d!autres termes# le /ut d!une communauté
réellement 0uérissante# d!une commu)aauté de li/ertés# doit Htre de
créer une situation dans la,uelle chacun puisse Htre a$ec les autres
de faGon telle ,NN_lHstr_s continuent de respecter la solitude de
chacun.
9e nos 7ours# nous sommes entirement conditionnés accepter
l!interférence d!autrui nous man,uons cruellement des conditions
nécessaires au plein dé$eloppement de notre capacité de solitude.
Pour la plupart d!entre nous# la 0an0rne de l!interférence
commence au /ureau et ne s!arrHte pas a$ant la tom/e. Il faut
/eaucoup de ruse pour échapper ce processus# mHme
momentanément. Ar# 7e crois ,ue c!est seulement si nous sommes
capa/les de solitude ,ue nous pou$ons trou$er le moyen d!Htre
$raiment a$ec les autres.
Il nous faut redécou$rir le sens perdu du principe taoNste du
?u?/i, le principe de la non)interférence# mais d!une non)interb
érvnce positi$e# ,ui e(i0e un eKort sur soi E eKort pour se contenir#
pour renoncer inter$enir# pour 4 laisser tran,uilles les autres# et
leur donner ainsi une chance# en mHme temps ,u! soi)mHme.
Calheureusement# la communauté thérapeuti,ue psychiatri,ue
ne trou$e 0énéralement pas son ori0ine dans cette sorte de réaction
contre l!interférence. 9ans certaines déclarations de principes# on
met plutFt l!accent sur l!économie de temps et sur une matrice de la
communication implicitement ,uantiJée E par e(emple# la
communauté thérapeuti,ue constitue une solution au pro/lme des
4 $in0t)trois autres heures ?ce ,u!il reste de la 7ournée aprs la
séance du patient a$ec le médecin@ un 4 eKet de retour
)feedbacT+ depuis les transactions périphéri,ues en direction des
0roupes centrau( permet de limiter le 0aspilla0e des
communications si0niJantes# etc. L!u$re pionnire de Ca(ell
*8
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 99/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
<ones ?1*52@# ,ui on doit un prototype de communauté
thérapeuti,ue# est /ien connue# comme celle de ilmer ?1*58@ et
Brtiss ?1*62@# par e(emple# ,ui ont constitué# plus ou moins sur ces
principes# leurs ser$ices d!accueil des cas de crises ai0u_s dans la
marine et l!armée américaines.
La tgche ,ue 7e me proposais# pour ma part# était le
dé$eloppement d!une unité spéciJ,uement orientée sur le pro/lme
d4 .<eunes récemment éti,uetés 4 schizophrnes nXy mme ou
l!approche serait fondée sur une compréhension de la schizophrénie
non pas comme entité patholo0i,ue# mais comme ensem/le plus ou
moins spécitia/le de schémas interactifs personnels E non comme
é$énement sur0issant dans une personne# mais /ien comme se
dé$eloppant entre plusieurs personnes. +n fait# nous $oulions
tra$ailler en é$i)tant ce ,ue 9on <ac`son a décrit comme 4 cette
malédiction de la psychiatrie moderne E le patient éti,ueté comme
tel .
<!a$ais décidé# partir d7ui e(périence antérieure# ,ue les
0roupes thérapeuti,ues néWsferaient pas des 0roupes analyti,ues
dans les,uels les mots ou les actes des patients sont interprétés par
un procs de réduction# selon la perspecti$e lon0 terme du
4 or`in0 throu0h des conSits. +t pas seulement parce ,ue les
patients ne de$aient rester dans notre unité ,ue ,uel,ues mois en
moyenne# mais parce ,u!aussi 7e considérais une telle approche
comme inadé,uate au type de pro/lme ,ue recou$rent les termes
de 4 schizophrénie ai0u_ ayant entraOné l!hospitalisation . ;ette
dernire situation est# en eKet# essentiellement caractérisée par une
intense mystiJcation touchant prati,uement tout ce ,ui se passe
entre le patient éti,ueté et les autres personnes impli,uées dans
l!épisode o il se trou$e pris. +t il est ]écessaire de démystiJer ce
champ a$ant mHme de son0er recommander soit une
psychothérapie deu(# soit une psy)choérapie de 0roupe# soit
encore une psychanalyse.
**
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 100/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
+fteri sur# un transfert 0 se produit dans les 0roupes du ser$ice#
non seulement en ce sens ,ue le thérapeute $)Hst traité commeune
J0ure parentale# mais aussi dans le sens d!un transrert 0lo/al de la
famille E le patient répte au sein du 0roupe thérapeuti,ue ?en y
faisant appel la collusion des autres@ les types de relations et les
schémas d!interaction particuliers sa famille. 9eu( personnes# par
e(emple# se 7oi0nent pour former une é,uipe parentale et en
choisissent une troisime comme 4 enfant . +lles mettent alors en
u$re des techni,ues ,ui trou/lent 4 l!enfant # sapent ses
perceptions de lui et d!elles)mHmes# peut)Htre au point de déclencher
chez lui une 4 réaction psychoti,ue # si du moins le thérapeute
n!inter$ient pas. +n fait# elles reproduisent# aJn de clariJer leurs
propres positions# des schémas d!interaction ,u!elles ne connaissent
,ue trop /ien dans leur famille o elles se so7t. trou$ées placées dans
le rFle in$erse du rece$eur. La seule faGon de traiter ce 0enre de
situation est une inter$ention ,ui rendra tout le processus e(plicite.
'ne telle inter$ention constitue# en fait# unemmcommunication# une
communication propos du type de communication ,ui opre dans le
sous)0roupe trois E métacommunication ,ue personne dans le sous)
0roupe n!est capa/le de constituer de par lui)mHme et ,ui peut seule
permettre d!échapper une situation# destructrice.
Le transfert et la pro7ection sont# en somme# tou7ours présents E
mais nous de$ons rester prudents en ce ,ui concerne
l!interprétation. ue se passe)t)il lors,ue nous essayons d!in)
terpréter selon une forme réductrice un fait irréducti/le en soi Q Il ne
faut pas ou/lier ,u!il est /ien possi/le# lors,u!un patient déclare ,ue
sa mre le rend fou# ,u!il dise $rai# au moins dans le sens o le fait
de se $oir attri/uer la folie par sa mre peut dominer l!ensem/le
pseudo)médical de sa position de patient hospitalisé. ;ertains
auteurs psychanalystes# tra$aillant en situation monadi,ue# et $oyant
le patient isolé de son en$ironnement humain# sem/lent s!en tenir
1&&
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 101/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
?iné$ita/lement@ cet aspect des choses. Binsi -osenfeld écrit)il
?1*55# p. 1*1@ E
4 9ans certains articles sur la schizophrénie# particulirement
ceu( écrits par des auteurs américains# comme Pious et ^romm)
-eichmann# l!attitude hostile et 4 schizophréno)0ne de la mre a
été souli0née. Il sem/le# dans ce cas# ,ue la mre ait été
inconsciemment hostile au patient et ,ue la maladie du patient ait
accru chez elle les sentiments de culpa/ilité. Cais nous ne de$ons
pas ou/lier ,ue dans tout
désordre mental# il y a une relation intime entre les facteurs
e(ternes 7ouant comme trauma et les facteurs internes ,ui sont
principalement déterminés par l!hérédité. 9ans l!approche
psychanalyti,ue# nous sa$ons ,u!il est futile et parfois mHme nuisi/le
au pro0rs de l!analyse d!accepter sans criti,ue les eKorts ,ue fait le
patient pour re7eter la faute de sa maladie sur son en$ironnement
e(térieur. ]ous constatons 0énéralement ,u!il y a une 0rande part de
distorsion des facteurs e(ternes# du fait de la pro7ection# et nous
de$ons aider le patient comprendre ses fantasmes et ses réactions
face au( situations e(ternes# 7us,u! ce ,u!il de$ienne capa/le de
faire la diKérence entre ses fantasmes et la réalité e(térieure. R.
;ette 4 relation intime entre facteurs e(ternes et internes
ris,ue d!Htre en fait a/ordée dans la confusion. +n admettant la
pro/a/ilité é$idente dune distorsion des facteurs e(ternes par le
patient du fait de la pro7ection# comment pourrions)nous aider le
patient faire la diKérence entre ses fantasmes et la 4 réalité
e(térieure # si nous n!a$ons pas la moindre idée de ce ,u!est cette
dernire réalité Q La réponse est sans doute ,u!il nous faut ou$rir les
yeu( et re0arder et c!est l ,ue l!o/ser$ation du 0roupe)7 familial
est non seulement utile mais essentielle. LeUrré5ftions du 0roupe
familial comprenant# outre le thérapeute# le patient et sa famille
nucléaire# ou au moins l!un des parents# sinon les deu( de$raient
faire ré0ulirement partie du pro0ramme thérapeuti,ue.
1&1
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 102/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
Le /ut aoOt Htre de comprendre le comportement présent du
patient# sa présentation 4 schizophréni,ue de lui)mHme dans sa
dou/le .comple(ité 4 $erticale et 4 horizontale . La comple(ité)
$erticale ren$oie au dé$eloppement dans la famille# en remontant
R)70s0u!au( ori0ines familiales des parents. La comple(ité horizontale
ren$oie au( interactions# ici et maintenant# a$ec les patients et le
personnel du ser$ice et a$ec les parents# ,uand ils rendent $isite au
su7et et lors,u!il rentre chez lui pour le ee`)end. 9e cette manire#
B;
nous de$ons Htre en mesure de déterminer a$ec précision ,uelles
formes d!in$alidation la personne a su/ies et par ,uelles failles dans
sa straté0ie propre# l!intérieu7t We sa $ie ,uotidienne# elle en est
de$enue la proie. ]ous connaOtrons é0alement l!intensité particulire
de son /esoin d!une sorte de renou$ellement# de soi. Di nous
pou$ions et sentir ce /esoin et lui fourmi\ le conte(te humain
capa/le de le satisfaire# le patient serait en état de trou$er une
7ustiJcation personnelle sa présence dans la communauté
hospitalire E plutFt ,ue de simplement réa0ir cet autre /esoin
,u!éprou$e une société massiJée# de disposer temporairement de lui.
+n dépit des immenses diKicultés prati,ues a X 7e rencontrai
essayer de mettre tout ceci en u$re# rarDituaiioa ,u!il me sem/lait
nécessaire de créer peut Htre décrite simplement. ;hacun a /esoin
,ue latitude lui soit laissée de se désa0ré0er et chacun a /esoin
,u!on l!aide se rassem/ler de nou$eau. Me dis 4 chacun
déli/érément# car si certaines personnes se $oient imposer la
désa0ré0ation par leur entoura0e. le /esoin en est présent en chacun
de nous. ]ous a$ons /esoin sans resse rie nnnc renou$eler# rie
renaOtre des cendres dune désinté0ration ou d!une mort pro$isoire.
<e ne parle é$idemment pas de naissance et de mort /iolo0i,ues
mais 7e ne parle pas métaphori,uement non plus. ;e ouFif \e me
réfre# c!est l!entrée e(istentielle dans le monde# le monde des
autres et le monde des choses# et au départWhprs de ce monde# cela
1&2
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 103/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
en un sens trs particulier E 7!entends une séparation d!a$ec mon Htre
au sens de mon Htre)ici# placé au milieu des autres et sem/lant
parta0er a$ec eu( la 4 ,ualité d!Htre. ;ette séparation est rendue
nécessaire par une certaine prise de conscience# notamment de ce
,ue l!Htre ne peut 7amais Htre# ou mHme sem/ler Htre# une ,ualité ou
un attri/ut au sens o on $ient de l!indi,uer. 9ans tte prise de
conscience# 7!appréhende non plus l!Htre mais le néant ,ue 7e suis
,ue 7e suis# puis,ue mon départ n!est pas sans direction et aue tgon
non)Htre est ce $ers ,uoi 7!ai pris départ Con non)Htre esr ua néant
particulier# rircopsrrif M.!Htre.
mnr, Htre. re ,ui /orde ce néant. Cais ce néant particulier diKuse#
dans le néant 0énéral# ou dans le $ide E dans l!Htre)$ide.
11 y a une diKusion /ipolaire de moi)mHme E dans la plénitude
0énérale de l!Htre et dans le néant pur# non)parti)cularisé. Con
e(istence spéciJ,ue et concrte se tient au point inJnitésimal de
transition entre l!un de ces pFles et l!autre. ;!est l un modle
ontolo0i,ue# non)métaphori,ue ou relati$ement non)métaphori,ue
mais certains modles métaphori,ues peu$ent aider la
communication.
An trou$era un de ces modles métaphori,ues dans le mythe
d!dra0sil# l!ar/re)monde de la mytholo0ie de l!+urope du ]ord.
dra0sil nous est plus familier# mais l!idée de l!ar/re)monde est une
ima0e pres,ue uni$ersellement présente chez ceu( ,ui essaient de
saisir leur réalité spirituelle. +lle est au cur du chamanisme# ,ui#
/ien ,ue 0éo0raphi,uement situé au7ourd!hui principalement en
Di/érie# en Con0olie et en Candchourie# s!étendit autrefois de
nom/reuses parties du monde et dont nous a$ons des témoi0na0es
trs loin dans le temps# 7us,ue dans l!épo,ue préhistori,ue. 9ans
certaines tri/us chamanistes# les cada$res étaient e(posés au(
éléments# et# pour ce faire# placés sur des ci$ires au sommet des
ar/res mais on doit surtout noter le rituel de l!ascension lui)mHme#
,ui est la $érita/le essence du chamanisme.
1&3
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 104/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
Le chaman était le chef spirituel de ces tri/us. Des attri/uts
étaient ceu( du prHtre# du psychothérapeute# du sorcier# du ma0icien
et du fou. Des pou$oirs spéciau( étaient parfois supposés résulter
d!une transmission héréditaire plus sou$ent# le postulant était
soumis un processus d!initiation au cours du,uel il était 0uidé par
un certain type d!ha/itant du monde des esprits# ,ui s!incarnait pour
la circonstance. 9ura fttfe rites préparatoires# le chaman apprenait
a$oir des e(périences trs intenses de son futur cada$re#
éprou$er# 7us,u!au point e(trHme de l!a0onie# son propre
démem/rement et sa dissolution corporelle.
.e malade, sa famille et le service 11*
L.2)
II est noter ,ue des rH$es au cours des,uels nous faisons
l!e(périence de notre propre démem/rement# précdent dans /ien
des cas soit une crise psychoti,ue# so` uiy période de dé$eloppement
spirituel disons E soit une période de crise# soit une période de
création. 9Mune possi/ilité l!autre# la diKérence tient
principalement l!inter$ention de certains processus d!in$alidationsociale# les,uds .peu$ent se ré$éler tout fait destructeurs.
L!e(périence psal/ti,ue# 7udicieusement conduite# peut amener
uOP_tat cMhmanité plus a$ancé E mais elle est trop sou$ent
con$ertie par l!inter)$_ntOon psychiatri,ue en un état o la personne
est /lo,uée et ridiculisée.
uand le chaman était compltement é,uipé pour son rFle
spirituel# la tri/u se réunissait autour de lui aJn de /énéJcier# parson intermédiaire# des e(périences renou$elées au cours des,uelles
il a$ait d!a/ord été possédé par les esprits des ancHtres et autres
créatures de l!au)del o# ensuite# un moi astral#s!était séparé de son
corps. Le moi astral montait dans le monde supérieur# puis re$enait
animer le corps. ;ette eTstasis entraOnait l!e(périence 7ustement
dite d!e(tase chez le chaman# ,ui s!aidait en 7ouant d!un tam/our
o$ale# en portant des andouillers de daim et les em/lmes d!autres
1&"
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 105/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
animau(# en particulier des oiseau(. B tra$ers leur participation
4 pro7ecti$e ?et par procuration@ cette e(périence# les autres
mem/res de la tri/u /énéJciaient d!une therapeusis# Ils attei0naient#
par reSet# l!e(périence du chaman E la possession# la mort
e(istentielle# la dissolution# ZeTstasis et l!ascension# la descente et
Venstasis# La therapeusis si0niJait ainsi le renou$ellement de
cha,ue personne tra$ers la mort et la re)naissance# réalisées dans
la /r$e durée d!une $ie par des moyens miraculeu(.
9ans la communauté de su7ets oKiciellement 4 psychoti,ues ,ue
7e décrirai plus /as# ce type de renou$ellement était mis en u$re
plusieurs reprises# /ien ,ue 0énéralement sur une échelle moins
étendue formellement ,u! l!intérieur du rite chamaniste.
{2& Psychiatrie et antipsychiatrie
)[2)W3
M)ps hesoi00 personnels $arient considéra/lement. ;ertains sont
éle$és dans des familles ,ui fonctionnent antidialecti),uement# en ce
sens ,uelles ne peu$ent rien qa’élever leurs enfants# incapa/les
,u!elles sont d!atteindre une position dans la,uelle les enfants# enmHme temps ,u!ils sont élevés, s’élèvent eu()mHmes# a$ec l!acte
décisif de séparation ,ue cela impli,ue. 9ans de telles familles# on
constate ,u!un ou plusieurs enfants sont peu peu conduits une
situation ultime# e(trHme situation dans la,uelle ces enfants ?,ui
peu$ent# /ien entendu# Htre dé7 adultes@ doi$ent soit se soumettre
un processus par le,uel ils sont institutionnalisés l!intérieur de
l!ensem/le familial \# soit accepter une hospitalisation psychiatri,ueWriodi,ue# ce ,ui re$ient peu prs au mHme. La séule issue une
telle situation est une mort complte sui$ie d!une renaissance
complte ?si du moins les circonstances humaines le permettent@#
dans une identité nou$elle et plus adé,uate.
9!autres# cependant# ne peu$ent connaOtre ,ue des morts
partielles# temporaires# sui$ies de phases de renou$ellement. 9e tels
su7ets peu$ent atteindre leurs Jns par une folie momentanée ?se
1&5
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 106/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
reprenant ainsi en main a$ant ,ue l!in$alidation n!inter$ienne@# ou
encore par l!aide lyser0i,ue dié)thylamide# la mescaline# la
mari7uana# $oire simplement en s!eni$rant# en écoutant de la
musi,ue ou en re0ardant un Jlm ,ui é/ranlent l!ordre intime pré)
éta/li en eu( et déclenchent ou pro$o,uent chez eu( un eKort de
rassem/lement autonome. Moute e(périence esthéti,ue se ramne
ce 0enre d!a$enture. Le premier mou$ement de la sonate classi,ue
éta/lit un ordre par l!e(position des thmes# et procde ensuite de
manire hautement disciplinée 1W désinté0ration de cet ordre en
son dé$eloppement. Le clefeloppement ?comme tout dé$eloppement
humain ,ui transcende la croissance des muscles et du s,uelette@ est
le temps d!une souKrance autour du point criti,ue de la
désinté0ration)réinté0ration. La récapitulation éta/lit pour Jnir le
premier et le secoai t77tme sous leur forme renou$elée.
$e ,n|R!nn rlnif nnfpr ir7 est l!in$ention d!une discipline de la
désinté0ration. B ceu( ,ui sont /risés# désa0ré0és# la psychiatrie
de$rait fournirMes moyens d!in$enter personnelle)ment unek
discipline aussi essentielle E ce n!est certes pas ainsi ,u!il en $a pour
l!instant. Bu contraire# le patient rencontre des techni,ues de
4 traitement physi,ue appli,uées mécani,uement et ,ui ne sont le
plus sou$ent ,u!une réaction de pani,ue pour eKacer son intoléra/le
e(périence de la réalité ou /ien# s!il a un peu plus de chance# il
entre dans un réseau littéralement fantasti,ue de réunions de
0roupe a$ec toutes les com/inaisons possi/les entre patients et
soi0nants ?o la hiérarchie est ou/liée pour la forme@ unis dans leur
fureur de le classer et de le faire entrer de force dans n!importe
,uelle case# e(cepté dans larsO_hne. W W
qa fai/le# mais importanteW minorité de ceu( ,ui entrent en
hFpital psychiatri,ue et ,ui sont réellement fous ?désinté0rés@# a
/esoin de psychiatres et WMWJrmires ayant suKisamment dépassé
leur peur# de$enus! relati$ement honnHtes l!é0ard de leur propre
folie# et capa/les de santé parce qu’ils sa$ent la préférer la
1&6
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 107/167
Le malade# sa famille et le ser$ice
normalité. ;e dont j’avais /esoin en inau0urant un nou$eau type de
situation psychiatri,ue# ce n!était pas de techni,ues# ni de
pro0ramme Evmais de personnalités adé,uates.
1&%
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 108/167
Pavillon 21 Une epérience d’anti!psychiatrie
;!est dans cette perspecti$e ,ue 7!entrepris de diri0er un ser$ice
l!intérieur d!un $aste hFpital psychiatri,ue ?2 &&& lits@ situé aunord)ouest de Londres# selon des principes ,ui ne pou$aient ,ue
diKérer des normes traditionnelles. Con e(périence des ser$ices
psychiatri,ues classi,ues me les a$ait fait connaOtre comme des lieu(
o ré0naient l!aliénation# l!étran0eté et une su/tile $iolence. Les
patients su/issaient dans de tels ser$ices un renforcement massif du
processus d!in$alidation commencé a$ant leur admission. ;!était
dans le ser$ice d!admission ,ue s!ache$ait 0énéralement le ritueld!initiation la 4 carrire de malade mental E il était peut)Htre
possi/le d!en faire# au contraire# l!issue Jnale de ce processus.
+n installant l!unité dans le Pa$illon 21 en 7an$ier 1*62# mon
principal souci fut de satisfaire rrnis nfrrasitré ma7eures ,ue 7!a$ais
rpnrnnfrWc replie des
T=Fpitau( psychiatri,ues o 7a$ais #ira+iillé.
+n premier lieu# des pro/lme a or0anisation prati,ue E il ne me
sem/lait pas satisfaisant ,ue des adolescents# ,ui présentaient des
trou/les d!4 actin0 out # et aussi de 7eunes schizophrnes plon0és16
dans leur premire crise ai0u_# soient
traités dans des ser$ices dont les patients en leur ma7orité se
trou$aient depuis lon0temps en0a0és dans une série de crises
psychoti,ues récurrentes ,ui ac,uirent un caractre pres,ue rituel
1&8
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 109/167
Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
tra$ers les internements renou$elés. Parfois de 7eunes patients
étaient mHme placés dans des ser$ices de traitement de lon0ue
durée ou a$ec d\f U0s trs 0ra$es. Il nous sem/lait tout fait
nécessaire de cfeer une unité part# o la structuration des rFles
serait moins rituelle et moins ri0ide# o les patients pourraient se
fro$er eu()mHmes tra$ers leurs relations autrui et auraient plus
de chance de trou$er une solution leurs conSits# au lieu de recourir
la solution facile ,u!oKre une autodéJnition étroitement
stéréotypée# ,ui n!est ,u!une monnaie trop courante dans les
ser$ices traditionnels.
<e sentais aussi# de manire plus $a0ue# ,ue l!an(iété du
personnel face 1! 4 actin0)out se(uel et a0ressif des adolescents
ris,uerait moins facilement d!amener des mesures répressi$es
désastreuses et a$eu0les# si cet 4 actin0)out était plus localisé
0éo0raphi,uement l!intérieur de l!institution. <!étais# toutefois# trs
conscient du ris,ue de $oir l!unité ser$ir en ,uel,ue sorte de /ouc
émissaire# porteur de tout le 4 mal de l!hFpital ?a$ec ce ,ue cela
pourrait entraOner comme conSit administratif@# /ien loin ,uelle
de$ienne le couronnement de l!institut7on tout entire.
+n second lieu# il y a$Wit les /esoin Q!ae la recherche. +n
particulier# il fallait créerun situation cle tra$ail con$enant une
recherche sur la schizophrénie et# de manire 0énérale# sur les
trou/les de l!adolescence tra$ers l!étude des 0roupes et de
linteraction familiale. Les o/ser$ations sur cette interaction
s!étaient ré$élées diKiciles dans l!atmosphre Jé$reuse du ser$ice
d!admission 0énérale# compte tenu de l!e(trHme hétéro0énéité des
pro/lmes personnels ,u!on y rencontre. An a$ait é0alement /esoin
de données sur l!interaction ,ui soient compara/les dans les familles
et dans les 0roupes thérapeuti,ues spécialisés. G
+nJn# il fallait éta/lir un prototype $ia/le de petite unité
autonome ,ui puisse fonctionner dans un 0rand pa$illon au sein de la
communauté# en denors du conte(te psychiatri,ue institutionnel
1&*
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 110/167
Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
<!étais con$aincu ,ue de telles unités pourraient constituer le milieu
thérapeuti,ue optimal pour le type de patients ,ui nom intéressait#
dans la mesure o elles permettraient une plus 0rande li/erté de
mou$ements# et nous déli$reraient des rFles hautement artiJciels de
patient et d!inJrmier imposés par la psychiatrie traditionnelle. Cais#
tout d!a/ord# il fallait e(plorer les limites du chan0ement possi/le
l!intérieur du 0rand hFpital# noter les diKicultés et les contradictions
,ui sur0iraient# et fonder nos plans futurs sur la /ase d!une telle
appréciation.
Le ser$ice consacré au traitement par le coma insulini,ue de$int
disponi/le pour notre unité# a$ec la disparition pro0ressi$e de cette
méthode. Il comprenait di()neuf lits l!éta0e ?un dortoir et ,uatre
cham/res@ et au rez)de)chaussée un lo0ement comprenant un salon#
une salle man0er# une salle pour le personnel# un $estiaire# plus
deu( petites pices# dont l!une était utilisée pour des réunions de
0roupes restreints et l!autre comme cham/re de repos. Il y a$ait des
toilettes en /as# des toilettes et une salle de /ains ?une /ai0noire@ en
haut. Le couloir principal séparait la salle du personnel et les
toilettes d!un cFté# des cham/res des patients de l!autre.
Les patients étaient des hommes dont l!g0e $ariait entre ,uinze
ans et prs de trente ans. Plus des deu( tiers d!entre eu( a$aient été
dia0nosti,ués l!e(térieur comme schizophrnes# les autres
portaient des éti,uettes du 0enre E crise émoti$e adolescente ou
désordre de la personnalité. Bu dé/ut# nous reGjmes des patients de
ces deu( caté0ories $enant d!autres ser$ices de l!hFpital# certains
d!entre eu( ayant dé7 plusieurs années d!hospitalisation derrire
eu(. Pro0ressi$ement# aprs ,uel,ues mois# ces patients
déména0rent et nous reGjmes seulement des su7ets ,ui en étaient
leur premire ou seconde crise psychoti,ue et n!a$aient ,u!une
courte e(périence de l!institutionnalisation.
La sélection du personnel dura une année# a$ant l!ou$er)rare du
ser$ice comme 4 unité traitante . +lle entraOna de nom/reuses
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
discussions# deu( ou collecti$es. Le processus de sélection retint
les inJrmires les plus 7eunes# dont lattitude en$ers leur tra$ail
sem/lait moins suscepti/le d!Htre déformée par l!institution et ,ui
paraissaient les mieu( capa/les de tolérer les an0oisses iné$ita/les
d!une thérapie de 0roupe. 'n 0arde)malade et un inJrmier furent
Jnalement choisis pour assurer# tour de rFle# chacun des deu(
tours de ser$ices de la 7ournée. 9e plus# il était pré$u ,u!un inJrmier
sta0iaire assisterait cha,ue tour# mais il de$rait chan0er de ser$ice
tous les deu( ou ,uatre mois pour di$ersiJer son e(périence# comme
l!e(i0eait son pro0ramme de formation.
'ne demande spéciale fut faite auprs de l!oKice d!inJrmerie pour
,u!on é$ite au ma(imum de chan0er l!inJrmier de nuit# cela ayant
sou$ent sem/lé trou/ler les patients psychoti,ues. 'ne
er0othérapeute plein temps fut sélectionnée pour le ser$ice et une
assistante sociale de psychiatrie accepta son rFle professionnel
normal dans l!unité# en plus de ses responsa/ilités dans d!autres
ser$ices.
Initialement# trois médecins tra$aillaient dans l!unité chacun
a$ec un 0roupe thérapeuti,ue ,uotidien de cin, sept patients. B
cette épo,ue# les réunions de la communauté ?tous les patients et
tous les soi0nants@ ne se tenaient ,ue deu( fois par semaine. Bprs
,uel,ues mois# en partie en raison du /esoin ressenti de réunions
communautaires plus ré0ulires# et en partie cause d!une
réor0anisation des horaires de tra$ail des médecins# il fut décidé ,ue
des réunions communautaires se tiendraient ,uotidiennement
de*h"5l&hl5 du matin# sui$ies de deu( 4 réunions a$ec le médecin
de
1& h 3& 11 h 3& du matin. L!un des médecins ?l!auteur@ était
ainsi en mesure de consacrer la plus 0rande partie de son temps la
thérapie et la recherche dans l!unité ?/ien ,ue ses autres tra$au(
comprissent le soin de cent $in0t patients en traitement de lon0ue
durée et si( di( heures de consultation he/domadaire@. 'n autre
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
médecin# ,ui oKiciellement était employé temps partiel# dépassa en
fait lar0ement ces limites E /ien ,u!elle passgt la ma7eure partie de
son temps dans l!unité# elle s!occupait é0alement# a$ec un autre
médecin# de deu( cents patients en traitement de lon0ue durée ou
4 récalcitrants # et donnait des consultations he/domadaires dans
une clini,ue. ;et état de choses reSétait le pro/lme 0énéral du
man,ue de personnel tous les échelons# mais il était néanmoins
possi/le d!o/tenir une présence minimum des psychiatres tra$aillant
dans l!unité.
Le pro0ramme ori0inal de l!unité était $olontairement trs
structuré# tout comme dans uns communauté thérapeuti,ue
4 classi,ue . ;e n!est pas ,ue 7!entretinsse de 0randes illusions sur
les limites d!un tel modle mais il me sem/lait straté0i,uement
nécessaire de partir d!un point ,ui ne soit pas7tro9. e# a$ancé .
9ans ce pro0ramme ori0inal les 0roupes étaient soit 0
or0anisés . soit 0 spontanés .
Les 0roupes or0anisés étaient composés de E
a# .a réunion communautaire quotidienne, ,ui se tenait de * h"5 1& h 15 ou 1& h 3& ?a$ant * h "5# les médecins et les assistants
sociau( participaient la réunion di$isionnaire des médecins pour la
partie de l!hFpital réser$ée au( hommes@. ;ette réunion# la,uelle
assistaient tous les patients et le personnel du ser$ice# tournait
autour des pro/lmes concernant l!ensem/le du ser$ice
0énéralement un 0 actin0)out pertur/ant $enu d!un indi$idu ou
d!un sous)0roupe# ou encore les récriminations du personnel ou despatients# ou des arran0ements prati,ues pour le tra$ail et les
acti$ités récréati$es.
b# .es deu! groupes thérapeutiques plus formels# ,ui
réunissaient en chacun la moitié des patients# de 1& h 3& 11 h 3&
du matin# a$ec l!un des médecins et soit la 0arde)
1. <e me sens ici o/li0é de rappeler ou lecteur mes 0uillemets
ironi,ues.
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
malade# soit l!inJrmire ,ui assistait constamment ce 0roupe
particulier E la nature de ces 0roupes sera lon0uement décrite plus
loin.
c# .es groupes de travail & deu( 0roupes# ,ui se réunissaient de
2 heures " h 3& cha,ue aprs)midi# un 0roupe a$ec
l!er0othérapeute# un autre a$ec un inJrmier cha,ue 0roupe a$ait sa
propre tgche# les deu( pro7ets les plus lon0s# pour la premire année#
étant une décoration de l!intérieur et une fa/rication de 7ouets.
d# .es réunions du personnel & le personnel se réunissait
,uotidiennement# /ri$ement et de manire informelle# a$ant et
aprs la réunion communautaire et de nou$eau# parfois assez tard#
dans l!aprs)midi il y a$ait aussi une réunion de 4 permutation
cha,ue semaine# au cours de la,uelle les deu( é,uipes d!inJrmiers
rencontraient les médecins et l!er0o)thérapeute pour discuter# en
particulier pour uniJer leurs 4 politi,ues # ce en $ue de ,uoi la
continuité du croisement des é,uipes était essentielle une fois par
semaine# il y a$ait une réunion complte du personnel# pendant une
heure# la,uelle assistait# a$ec le personnel du ser$ice# l!assistant
social de psychiatrie et sou$ent un représentant de l!oKice
administratif de l!inJrmerie ainsi ,ue le chef du département d!er0o)
thérapie.
9es 0roupes 4 spontanés se constituaient n!importe ,uelle
heure du 7our et de la nuit sur un su7et particulier
pou$ant aller de la discussion d!un pro0ramme de télé$ision
celle d!un 4 actin0 out pertur/ant d!un patient. 'n mem/re dupersonnel était présent dans la plupart de ces 0roupes mais# de par
la structure mHme de l!unité# on espérait ,ue# de toute faGon#
,uel,u!un communi,uerait tou7ours tout é$énement si0niJcatif
sur$enu dans ces 0roupes spontanés# lors des réunions
communautaires.
+n éta/lissant ainsi mon unité# 7!étais animé par la con$iction
centrale# ac,uise au cours d!e(périences ipalh0ureuses renou$elées
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
dans des ser$ices traditionnels# ou!afant d!a$oir nne chance de
comprendre ce ,ui se passait chez le patient# ifnous fallait au moins
a$oir conscience de manire élémentaire de ce oui se passait chez
les soi0nants. <]ous décidgmes donc d!e(plorer dans notre tra$ail de
tous les 7ours la série complte des idées tots faites# des pré7u0és
et des fantasmes ,ue nourrissent les soi0nants propos et d!eu()
mHmes et des patients.
;est sans aucun doute une tgche essentielle. L!institution
psychiatri,ue# au cours de son histoire# a trou$é nécessaire de se
défendre elle)mHme contre la folie ,u!elle est supposée contenir
contre le trou/le# la désinté0ration# la $iolence# la contamination.
;es défenses djpersonnel# dans la mesure o elles sont diri0ées
contre des dan0ers plus illusoires ,ue réels# 7e les re0rouperai sous
le $oca/le d'irfanonalité institutionnelle# +t ds maintenant la
,uestion se pose E ,uelle est la réalité de la folie dans l!hFpital
psychiatri,ue et o est l!illusion Q uelles sont les limites ,ui
déJnissent l!irrationalité institutionnelle Q <e m!eKorcerai au cours
de ce chapitre d<esouisser. ,uel,ues)unes au moins de ces limites.
Il est reconnu (Oéfni0 lon0temps ,u!une /onne partie du
comportement $iolent des patients mentau( est une réaction directe
la contrainte physi,ue dont ils sont IG0 $irJmes. Di le lecteur se
$oyait empoi0né par plusieurs solides 0aillards# fourré dans une
camisole de force pour des raisons tout fait o/scures# et ,u!il
constate ,ue ses eKorts pour o/tenir des e(plications se trou$ent
sans réponse# sa réaction naturelle serait de se dé/attre. ]ous ne
sommes plus l!épo,ue des camisoles et les cham/res matelassées
sont en $oie de disparition# mais il n!y a pas si lon0temps ,ue
l!auteur a $u un patient# hurlant et 7etant des coups de pieds# ,ue
plusieurs policiers amenaient dans une camisolp de force en ser$ice
d!o/ser$ation E il a suKi de ren$oyer les policiers et de retirer la
camisole pour mettre Jn au( réactions $iolentes du patient.
Bu7ourd!hui de nom/reu( psychiatres ont recours la
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
~ contrainte chimi,ue les sédatifs et les tran,uillisants
ainsi ,u!au( électrochocs et au lit forcé. Les eKets de ces mesures
apparemment moins cruelles sont cependant trs sem/la/les ceu(
des moyens les plus $iolents# pour peu ,u!ellespient77ses en u$re
?comme c!est sou$ent le cas@
sans e(pli;atidnMaisFnna/le. uand on donne une lar0e dose de
tran,uillisant un patient# c!est ,u!on pré$oit un dan0er en lui# et
,ui doit Htre contrFlé. Les patients ,ui sont trs sensi/les ce 0enre
de pré$ision# la rendent sou$ent iné$ita/le par un recours propre la
$iolence au moins 7us,u! ce ,u!ils soient soumis par une dose
plus 0rande du mHme 4 traitement . ;e n!est pas dire ,ue certains
patients a0ités ne de$raient 7anWais rere$oic de tran,uillisants# mais
simplement ,u!il de$rait a$oir chez le médecin et chez le patient
une Idée claire de ce ,ui est en train de se faire. ;!est rarement le
cas. La si0niJcation de cette situation se perd trop sou$ent dans la
mysti,ue ,uasi médicale de la 4 maladie et du 4 traitement .
Pour,uoi ne pas dire au patient# par e(emple E 4 <e $ous donne ce
truc appelé Lar0actil pour $ous calmer un peu# aJn ,ue nous
puissions nous occuper de choses plus pressantes sans nous sentir
trop in,uiets propos de cW,ua $ous allez encore in$enter Z
Z 'fr tles fantasmes les plus répandus parmi le personnel des
hFpitau( psychiatri,ues est ,ue# si les patients ne sont pas contraints
$er/alement ou physi,uement sortir du lit le matin une certaine
=eure# ils y resteront 7us,u! $ dépérir. 9errire cela se cache
l!an0oisse des soi0nants de ne pas $oir respecter leur horaire
eirWWpardre le contrFle 0énéral de leur propre $ie. Le patent est cet
aspect eKrayant d!eu()mHmes ,ui parfois ne $eut pas se le$er le
matin pour aller tra$ailler. Il est /ien é$ident ,ue s!ils succom/aient
cette tentation# ils perdraient leur tra$ail. Il est é0alement $rai ,ue
de 7eunes patients schizophrnes pourront ,uitter é$entuellement
l!hFpital et prendre un tra$ail au,uel il leur faudra se présenter
ponctuellement. Cais tout cela est i0norer la si0niJcation
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
histori,uement $écue du pro/lme 4 rester au lit . 9ans le passé# le
patient a pro/a/lement dépendu entirement de sa mre pour se
le$er le matin. Peu a$ant son internement# il s sM Neoellé contre
cette dépendance forcée# de la seule manire ,ui# pour di$erses
raisons# lui ait été possi/le# c!est))dire en restant au lit mal0ré les
eKorts de sa mre pour le faire le$er. ;e 4 retrait est sou$ent l!un
des 4 symptFmes apparents de la schizophrénie.
B l!hFpital# on peut répéter le schéma familial# c!est))dire
satisfaire les /esoins de dépendance du patient en le le$ant mais
c!est en fait se le$er à sa place# Au /ien l!on peut assurer le
4 ris,ue de lui laisser prendre la décision# en espérant ,u!un 7our il
se l$era de luim"me#
+n fait# aprs de nom/reuses discussions Jé$reuses dans notre
unité# sur ce su7et et tra$ers une 0rands diKérence de politi,ue
entre les é,uipes d!inJrmiers# cm •7nstata ,ue si l!on laissait les
patients eu()mHmes# ils se le$aient in$aria/lement# mHme si dans
certains cas ils passaient la plus 0rande partie de la 7ournée au lit
pendant plusieurs semaines. ^inalement# aucun d!entre eu( ne
dépérit et le 0ain en autonomie personnelle nous sem/la trs
apprécia/le.
Bu cours des réunions communautaires# le personnel d!a/ord# les
patients ensuite# commentrent ce pro/lme du le$er et
l!analysrent en termes de /esoins de dépendance# mais on re$int
é0alement sur la ,uestion de manire plus acti$e. 'ne fois# les
occupants d!un dortoir de si( lits# se re/ellrent contre la réunion
communautaire en restant au lit 7us,u!aprs onze heures. ^ran`# l!un
des 0arde)malades# monta $oir ce ,ui se passait L!un des patients se
le$a pour aller au( toilettes et ^ran` en proJta pour Fter sa /louse
/lanche1% et se mettre dans le lit $acant. Le patient# de retour#
appréciant l!ironie de la situation n!eut pas 0rand)chose d!autre
faire ,ue de prendre le 4 rFle d!inJrmier laissé $acant# mettre la
/louse /lanche et faire le$er les autres.
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
'ngtfe fantasme ,ui pré$aut dans les hFpitau(7psychia)tri,ues.
concerne le tra$ail des patients. An soutient implicitement# et on
déclare parfois# ,ue si les patients ne sont pas compltement
occupés des tra$au( domesti,ues dans le ser$ice et di$ers pro7ets
d!er0othérapie# ou ,u!ils n!aident pas le département d!entretien de
l!hFpital# ils de$iendront 4 sans 4 7ntacts. 4 institutionnalisés #
4 malades chroni,ues . ^amére\ $érité est ,ue c!est en
accomplissant docilement toutes ces tgches ,u!ils de$iennent ce ,ue
ces éti),uettes dési0nent plus ou moins /ien. Di l!on souhaite
rencontrer le dernier de0ré de l!institutionnalisation chroni,ue
pri$ée de contacts# il suKit de $isiter l!une des plus 4 acti$es et
producti$es 4 manufactures hospitalires ou l!un des
4 départements industriels d!er0othérapie . Il y a# relati$ement
parlant# ,uel,ue chose de remar,ua/lement sain chez le
schizophrne chroni,ue# préoccupé par son monde intérieur# passant
sa 7ournée penché sur le chauKa0e central dans une arrire)salle
décrépie E s!il n!a pas la solution l!éni0me de la $ie# au moins se
fait)il moins d!illusions.
9ans l!unité# nous ejmes ,uel,ues aKrontements désespérés ce
su7et. Les patients refusaient les pro7ets d!er0othérapie
con$entionnels. ]ous a$ions commencé douter du $ieu( mythe ,ui
$eut ,ue Datan in$enta le tra$ail pour les mains oisi$es et de la r0le
,ui dit 4 7ouez ou tra$aillez# mais ne $ous mastur/ez pas #
seulement nous ne sa$ions pas o aller partir de l. 9es pro7ets de
tra$ail auraient au moins constitué un 0roupe# une famille heureuse
dans le ser$ice. Cais peut)Htre les patients étaient)ils $enus
l!hFpital pour échapper au( 4 familles heureuses . Au plutFt les
a$ait)on en$oyés l!hFpital pour ,ue la famille reste heureuse. ]ous
essaygmes un certain nom/re de tra$au( $irils et destructeurs#
comme d!a/attre un a/ri anti)aérien# ou de casser un moteur
d!a$ion E ces tra$au(# pensaient certains d!entre nous# seraient des
4 e(utoires sjrs pour les 4 impulsions a0ressi$es dan0ereuses .
11%
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
;ependant ils étaient faits sans enthousiasme et nous comprOmes
l3ientFtW Q€€sn#a$aient aucun rapport a$ec le $rai pro/lme de la
colre. Les patients a$aient des raisons réelles d!HtNH_n colre
contre des personnes réelles e(istantes# la maison et l!hFpital ?et
on ne pou$ait ramener tout fait w cela une pro7ection@. Le moteur
d!a$ion était un partenaire innocent.
]os in,uiétudes nous amenrent proposer# considérer et
re7eter un certain nom/re d!autres pro7ets proposés par l!hFpital#
ridiculement tri$iau(# comme l!assem/la0e d!éléments préfa/ri,ués
de 7ouets E par e(emple ?F ironie Z@ 4 la trousse du docteur . Les
patients réa0issaient a$ec mépris de$ant ces tra$au( et nous en
$Onmes parta0er leurs sentiments. La plupart d!entre eu( étaient
de 7eunes hommes possédant au moins une intelli0ence moyenne#
tout fait capa/les de reconnaOtre l!incon0ruité des pro7ets ,u!on
leur proposait. ]ous $isitgmes des usines locales aJn de trou$er des
tra$au( plus 4 réalistes ,ui seraient faits sur commande de ces
entreprises# mais rieru a!a/ont)\ -étrospecti$ement# ce n!était 0ure
surprenant. ]ous 'en concljmes ,ue les seuls tra$au( réalistes pour
les 7eunes 0ens ,ui étaient $enus nous# étaient des tra$au( en
dehors de l!hFpital.
;e n!est ,u!aprs la premire année de fonctionnement de l!unité
,ue le personnel# y compris la 7eune er0othérapeute de ser$ice# fut
capa/le de tolérer une situation dans la,uelle aucun pro7et or0anisé
de tra$ail n!était oKert la communauté. uel ,ue fjt le pro7et
proposé# il se désa0ré0eait aprs ,uel,ues semaines ,uand les
patients le ,uittaient pour des acti$ités pri$ées# ,ue ce fjt dans
l!hFpital ou en dehors. Les sanctions applica/les sous la forme d!une
réduction de l!ar0ent de poche18 n!aKectaient le résultat d!aucune
manire. Cais# ,u!est)ce ,ui nous in,uiétait tant# et ,u!étions)nous
donc en train d!essayer de faire Q
L!er0othérapeute# ,ui a$ait dé7 a/andonné son uniforme $ert# se
trou$a elle)mHme 0ra$iter autour d!un rFle ,ui sem/lait plus proche
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de celui d!une inJrmire. +lle son0eait mHme démissionner et U"
7oindre le personnel comme inJrmire assistant0r;!esra cfccte
épo,ue ,ue nous de$Onmes
f)tirn 1 iWrpmenr conscients de la diftusion des rFles# de la
frontires entre ceu()ci E ce ,ui était une étape nécessaire et)# pour
le personnel et pour les patients sur la $oie dune déJnitionW dWeu()
mHmes7unsi cme rlp leurs rpla)rion0 non plus partir dun systme d
etinnettes imposées et a/straites# reSétant ,uel,ues fonctions
techni,ues ou ,uasi techni,ues# mais selon la reaiitf nprsonnee de
cha,ue mep)/re de la communauté.
IMyeut un /rouilla0e pro0ressif des rFles entre les inJrmires# le
médecin# l!er0othérapeute et les patients. <!ai dé7 e(aminé
,uel,ues)unes de ces am/i0uNtés entourant le processus par le,uel
on 4 de$ient un patient . <!essaierai présent de mettre en lumire
un certain nom/re de ,uestions 0Hnantes et apparemment
parado(ales E par e(emple# les patients peu$ent)ils 4 soi0ner
d!autres patients# et peu$ent)ils mHme traiter les soi0nants Q Les
soi0nants peu$ent)ils prendre conscience et reconnaOtre franchement
dans la communauté leurs propres zones d!incapacité et de
4 maladie # et leur /esoin d!un 4 traitement Q Di oui# ,u!arri$erait)
il# et sous le contrFle de ,ui Q ^inalement# ces caté0ories de
4 maladie et de 4 traitement n!étaient)elles pas elles)mHmes
suspectes Q
;!est ce point ,ue notre séparation la plus radicale d7a$ec le
tra$ail psychiatri,ue traditionnel fut inau0urée. Di ife\ soi0nants
re7etaient les idées toutes faites relati$es leurs fonctions et s!ils ne
sa$aient plus du tout ,ue faire désormais# pour,uoi faire ,uel,ue
chose Q Pour,uoi ne pas se retirer du champ de cette attente 0lo/ale
pesant sur le personnel hospitalier et les patients# ,ui $oulait ,u!on
or0anisgt les acti$ités des patients# ,uon super$isgt le tra$ail
intérieur du ser$ice# et de manire 0énérale# ,u!on 4 traitgt les
patients Q Le 0roupe des soi0nants décida de /orner ses fonctions
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
au contrFle de l!armoire pharmacie# comme il était lé0alement
prescrit ?,uel,ues)uns des patients les plus 4 a0ités et impulsifs
étant sous tran,uillisant Lar0actil@# et la solution par téléphone des
,uestions administrati$es du ser$ice ,ui impli,uaient les autres
départements de l!hFpital.
'n prélude nécessaire ce chan0ement ma7eur de politi,ue était
de fournir des e(plications l!oKice de l!inJrmerie et au( autres
départements de l!hFpital. An informa# par e(emple# le personnel des
cuisines ,ue si les récipients d!aluminium pour la nourriture leur
étaient retournés sans Htre la$és# ils de$raient les laisser ainsi
7us,u! ce ,u!ils soient nettoyés# plutFt ,ue de nous téléphoner pour
se plaindre ,ue le personnel ne faisait pas son tra$ail. Di les 0ens
$oulaient man0er# ils de$raient nettoyer leurs récipients. ;es
décisions furent clairement e(primées chacun lors des réunions
communautaires.
+n dépit de ces e(plications et de leur acceptation superJcielle#
les é$énements ,ui sui$irent furent dramati,ues. Pendant une
premire phase# les détritus s!accumulrent de plus en plus dans les
couloirs. Les ta/les de la salle man0er étaient cou$ertes par les
assiettes sales des 7ours précédents. Les inJrmiers en $isite
montraient des si0nes d!horreur# en particulier les oKiciers
inJrmiers# lors de leurs rondes /i,uotidiennes. Les patients
décidaient eu()mHmes de leur période de con0é# de leur le$er du lit#
de leur assistance au( réunions. Les soi0nants se montraient
perpétuellement an(ieu(# surtout parce ,u!aucun patient ne sem/lait
disposé s!or0aniser de lui)mHme pour s!occuper de ces choses. 'n
inJrmier de nuit# ,ui a$ait tra$aillé aupara$ant comme inJrmier de
7our dans l!unité# en $int un point d!e(aspération tel ,u!il Jt un
rapport oKiciel au sur$eillant de nuit sur l!état malpropre du ser$ice.
L!inJrmier en chef fut a$erti et les oKiciers inJrmiers $isitrent le
ser$ice# la seule Jn d!e(primer leur dé0ojt de cet état de choses.
La colre de l!inJrmier de nuit était# il faut l!a$ouer# un peu notre
12&
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
faute E la communication entre les é,uipes de 7our et de nuit était
nettement inadé,uate ?ce n!est ,u!au pri( de diKicultés
considéra/les ,ue nous étions par$enus inau0urer des réunions
ré0ulires d!é,uipes croisées et entre les deu( é,uipes de 7our
seulement arran0ement ,ui fut remplacé plus tard par un systme
dans le,uel la plupart du personnel tra$aillait en é,uipes croisées@.
Les pressions administrati$es )e(térieures sur le personnel
au0mentrent rapidement# liesréactions des patients étaient
parta0ées. ;ertains commenGaient demander plus d!attention de la
part des inJrmiers et du médecin. ;eu( ,ui étaient dans un état
moins 0ra$ement dépendant e(primaient ,uel,ue mécontentement
mais en mHme temps montraient clairement ,u!ils appréciaient les
éléments plus authenti,ues apportés par ce chan0ement de
politi,ue.
Pour comprendre les é$énements ,ui sui$ent# il faut /ien se
rendre compte ,ue# dans l!administration d!un hFpital psychiatri,ue#
tou[ Mes pro/lmes se trou$ent concentrés sur le médecin. 9ans les
ser$ices traditionnels# toutes les décisions# e(cepté les moins
importantes# doi$ent Htre prises# ou approu$ées# par le médecin. Le
médecin est in$esti# et s!in$estit parfois lui)mHme# de pou$oirs
ma0i,ues de compréhension et de 0uérison. ue la formation
formelle des psychiatres comprenne des aptitudes l!omnipotence
ma0i,ue n!est peut)Htre pas démontré# mais l!ima0e en est renforcée
et perpétuée de /ien des manires. La mHme personne ,ui est
supposée a$oir une relation psychothérapeuti,ue a$ec les patients#
7oue un rFle de praticien 0énéral pour soi0ner leurs petites maladies
physi,ues. 9e plus# les psychiatres ser$ent l!inJrmerie du
personnel et $eillent la /onne santé physi,ue des. inJrmires a$ec
les,uelles ils tra$aillent. Il eJMésulte un ftielan0e de frustration
contrFlée et de reconnaissance massi$e ,ue l!on ima0ine aisément.
Di la /louse /lanche et le stéthoscope constituent pour le
psychiatre un moyen de se défendre contre les patients# c!est))dire
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
contre la pro7ection de son propre trou/le# il en $a de mHme de la
formule imprimée. Les médecins onr accepté# trop $olontiers dans
/ien des cas# un\e Bmasse de responsa/ilités lé0ales et
administrati$es ,ui les empHche ide se rapprocher de leurs patients
et ,ui# dans une mesure /ien plus 0rande ,u!il n!est couramment
admis# pourrait Htre laissée des administrateurs non)médecins#
eKicaces et con$ena/lement formés. -este ,ue# dans l!état actuel des
choses# le médecin en $isite dans le ser$ice doit emporter une pile de
formules oKicielles et de certiJcats dans son attirail ?sou$ent contre
son 0ré@# formules ,ui structurent ses relations a$ec le personnel et
les patients# a$ant mHme ,ue ceu()cLou.,ue lui)mHme# aient pu faire
,uoi ,ue ce soit.
Autre tte préstructuration médicale# lé0ale rt administrati$e du
rFle de psychiatre# d!autres facteurs plus réalistes concourent
é$entuellement lui donner une position centrale dans le ser$ice#
notamment sa formation et son e(périence en psychothérapie et en
sociolo0ie des petits 0roupes. ;es talents# cependant# ne sont pas
uni$ersellement répandus parmi les psychiatres et sont $isi/lement
laissés l!arrire)plan# sinon carrément omis# dans les cours de
préparation au( diplFmes de psychiatrie. uel,ues mem/res des
comités de sélection sont hostiles la formation psychanalyti,ue
formelle# et de toute faGon une telle formation dépasse les ressources
de la plupart des 7eunes psychiatres mariés# ,ui ne /énéJcient
d!aucune e(onération sur leurs impFts pour ce ,ui cojte peu prs
5&& li$res par an pendant ,uatre ou cin, ans.
;!est pour ces raisons# et pour d!autres# ,ue le personnel et les
malades du ser$ice attendent du médecin ,u!il prenne le rFle de
chef. 9ans les 0roupes du personnel# le ni$eau de dépendance en$ers
le médecin n!est pas trs diKérent#kde celui ,ui r0ne dans les
0roupes personnel)patients. Le pro/lme# pour les inJrmiers# est de
passer d!une position o ils ser$ent de médiation au médecin)pour)le)
patient et au patient)pour)le)médecin# une position o# franchement
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
et 4 lé0itimement # ils s!en0a0ent eu()mHmes dans leurs relations#
sans tiers médiateur. 9ans un hFpital psychiatri,ue cha,ue
transaction entre personnes doit ou lutter en$ers et contre tout pour
se li/érer de la déformation pseudo)médi)cale# ou se $oir réduite
une manu$re formelle et inauthenti,ue. ;e déplacement des
positions est incroya/lement diKicile opérer. Bprs a$oir tra$aillé
pendant trois ans# en nous attachant lar0ement ce point nous
a$ons peine déplacé nos positions dans l!unité mais nous les
a$ons déplWcéWun peu ,uand mHme.
;e fut pendant la phase 4 e(périmentale de retrait du personnel
,ue celui)ci fut mHme de faire ,uel,ues pro0rs. L!auteur était parti
en $acances pour un mois en +urope de l!+st. Les pressions
oKicielles e(ercées sur l!unité pour y réintroduire les contrFles
traditionnels étaient leur com/le. L!an(iété était considéra/le parmi
le personnel et un facteur supplémentaire de conSit a$ait sur0i entre
les deu( é,uipes d!inJrmiers ?de % h 1" h et de 1" h 21 h@. ;e
dernier conSit reposait principalement sur l!attri/ution erronée
d!intentions précises au médecin E en fait# la su00estion selon
la,uelle le personnel de$rait se retirer de son rFle de sur$eillance et
de direction# tout en informant les patients de la faGon dont cela
allait se passer# $enait d!une des é,uipes d!inJrmiers. ;ela fut peu
peu conJrmé par le médecin ?l!auteur@ et sem/la accepté# ,uel,ues
rares et né0li0ea/les réser$es prs# par tout le 0roupe du personnel.
9eu( inJrmiers de l!autre é,uipe# cependant# nourrissaient une
opposition non déclarée en$ers ce chan0ement. 9u fait d!é$énements
sur$enus antérieurement dans notre ser$ice# ,ui a$aient répandu
parmi le personnel de l!hFpital l!idée ,ue le médecin de l!unité a$ait
des idées nou$elles 4 ultra)li/ertaires # la décision du personnel fut
re0ardée comme étant au fond 4 la politi,ue du médecin et cela
pou$ait Htre passa/lement din0ue# mais si c!était né dans la tHte d!un
médecin supérieur# ce n!était pas discuter.
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
Le pro0rs opéré par le 0roupe du personnel fut de reconnaOtre
franchement ,ue son an0oisse était intoléra/le et d! Q7rri$er# en
la/sence du médecin# une 4 décision de 0roupe $isant
réimposer un certain contrFle sur ce ,ui se passait dans le ser$ice.
An décida de sur$eiller les dispositions relati$es au( repas et au
ména0e# d!insister sur l!assistance au( réunions communautaires et
sur le respect de la r0le ,ui J(ait le con0é he/domadaire du samedi
matin ?aprs la réunion communautaire@ au dimanche soir
e(clusi$ement. Il fut décidé ,ue ceu( ,ui persisteraient enfreindre
ces r0les de$raient choisir soit de s!y conformer# soit de ,uitter
l!unité. B mon retour# 7!approu$ai ces décisions et# de fait# deu(
patients furent ren$oyés pour un court laps de temps ?dans les deu(
cas# cette confrontation a$ec une réalité de 0roupe conduisit des
résultats fa$ora/les@.
Bu fond# le pro/lme est de distin0uer entre une autorité
authenti,ue et une autorité inauthenti,ue. La prati,ue eKecti$e
d!une 0rande partie de la psychiatrie dans ce pays# ,uelle ,ue soit
l!apparence pro0ressiste ,u!elle re$Hte# $ise renforcer la
conformation au( ordres ri0ides et stéréotypés des personnes
détentrices de l!autorité. 9e telles personnes condensent par une
sorte de réfraction sur le patient di$erses attentes sociales et
in7onctions cachées touchant ce ,u!il doit Htre. ;es attentes et ces
in7onctions sont sou$ent tout fait étran0res au( /esoins
indi$iduels et la réalité indi$iduelle du patient. L!autorité est
conférée son détenteur par une déJnition sociale ar/itraire plutFt
cpe sur la /ase d!une ,uelcon,ue compétence réelle. Di les soi0nants
ont le coura0e de ,uitter d!eu()mHmes cette position fausse# ils
peu$ent décou$rir en eu()mHmes des sources d!autorité réelle. Ils
peu$ent é0alement décou$rir ces sources chez ceu( ,ui sont deJnis
comme leurs patients. +t cela de$ient 0Hnant particulirement
,uand il se trou$e ,ue les patients en ,uestion sont les plus
psychoti,ues du ser$ice. 'ne des réunions collecti$es les plus
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
mémora/les de l!unité fut animée par un patient e(trHmement
fra0menté ,ui commenGait tout 7uste amorcer un lent processus de
réinté0ration. Le personnel et les patients étaient tous assoupis et
somnolaient# fascinés par son récit d!un tour du monde ima0inaire et
fantasti,ue. ]ous de$Onmes une sorte d!enfant collectif suspendu
au sein de la mre)narratrice. <e Js un commentaire formel en ce
sens# mais l!interprétation n!était pas nécessaire. B un certain
moment# indi,ué par le narrateur# b chacun s!é$eilla du fantasme
pour se retrou$er un ni$eau de réalité de 0roupe plus inté0ré. +t il
n!y a$ait aucun doute a$oiiXsiir ,ui nous a$ait7 conduits l.
La caractéristi,ue principale du commandement authenti,ue est
peut)Htre le renoncement la tendance de domination sur autrui La
domination si0niJe ici le contrFle du comportement d!autrui# ,uand
ce comportement représente pour le chef laWpro7ection de certains
aspects de sa propre e(périence. +n dominant les autres# le chef se
donne lui)mHme lillusion ,ue son or0anisation interne propre est
de plus en plus parfaitement ordonnée. Le prototype mythi,ue du
chef inauthenti,ue est l'rizen de illiam la`e# l!homme de
l!horizon# des limites# du contrFle# de l!ordre# imposés par la terreur
de son propre champ li/re de possi/ilités. ;ertains chefs osent $oir
le monde a$ec des yeu( décillés d!autres préfrent en a$oir une
$ision tra$ers leur anus. Les camps d!e(termination nazis étaient
un produit de ce -H$e de Perfection. L!hFpital psychiatri,ue# ainsi
,ue /ien d!autres institutions de notre société# en est un autre. 9ans
le camp# les e(istences physi,ues étaient systémati,uement
annihilées# puis,ue cha,ue corps# dans la lo0i,ue du fantasme#
contenait la pro7ection de la méchanceté# de l!anomalie se(uelle# de
l!a/surdité des fonctionnaires du camp et de la société ,u!ils
représentaient. Le meurtre était tou7ours un meurtre rituel $isant
la puriJcation du meurtrier# et comme c!était essentiellement une
faGon d!échapper la culpa/ilité# comment pourrait)on supposer ,ue
les meurtriers eussent dj se sentir coupa/les à cause de cela Q B
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
l!+Dpital psychiatri,ue# on soi0ne attenti$ement les corps# mais on
assassine les personnalités indi$iduelles. Le systme ,ui sert de
modle l!inJrmier de psychiatrie et au psychiatre traditionnels#
c!est le paysa0e délicieu( du carré de chou(. 9e
mHme ,ue les chou( ont une e(istence assez conforta/le# au
moins 7us,u!au moment o ils $ont dans la soupe# de mHme de
nom/reu( patients choisissent)ils de s!entendre a$ec les illusions de
leurs 0ardiens# et ce 7eu com/iné de l!illusion et de la collusion
constitue le systme fantasmati,ue social de /ase sur le,uel est
éri0ée la structure de l!hFpital psychia)tri,ue.q!Gst l!é$idence une
structure totalement aliénée.
= pprsnnnpl dp l!unité ait été capa/le de décou$rir en lui)mHme
,uel,ues éléments d!autorité authenti,ue# J situation o il
fonctionne 0énéralement est remplie de contradictions. Ma plupart)
des inJrmiers $i$ent dans des lo0ements l!intérieur de l!hFpital ?au
foyer des inJrmiers ou dans des maisons séparées sur le domaine de
l!hFpital@. Les inJrmiers sta0iaires et parfois les inJrmiers titularisés
doi$ent nous ,uitter pour aller tra$ailler dans d!autres ser$ices tous
dépendent# pour leur promotion# de l!administration centrale des
inJrmiers. +n dehot de l!unité# ils sont su7ets de trs fortes
pressions# socialement directes et Jnancirement indirectes# pour les
faire rentrer dans le ran0 et# iné$ita/lement# cette pression se
transmet au sein de l!unité. Le 4 foyer du personnel et les cafés du
$illa0e renforcent cet endoctrinement su/til. Cais rentrer dans le
ran0 si0niJe# dans ce conte(te# retourner au( attitudes primiti$es et
ritualisées ,ui pré$alent et $ont l!encontre de la culture ,ui s!est
dé$eloppée dans l!unité les inJrmiers doi$ent choisir entre la
soumission au( pressions e(térieures d!un cFté# et de l!autre
l!adhésion au( principes de notre unité. <us,u! ce ,u!ils choisissent
réellement# leur e(istence est iné$ita/lement et douloureusement
confuse. La mesure dans la,uelle le 0roupe du personnel de l!unité
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
]ulle part les an0oisses n!apparaissaient a$ec plus d!é$idence
,ue dans des distorsions trs)simiJcati$es ,ui inter$enaient
l!intérieur du processus ae communications de l!hFpital. Les rapports
sont ha/ituellement soumis l!oKice des inJrmiers par l!inJrmier de
ser$ice lors de cha,ue chan0ement d!é,uipe. Parfois ces rapports
passent par le sur$eillant de nuit# pour a/outir au( inJrmiers
administrateurs de l!é,uipe de 7our. B cha,ue chan0ement de main#
les rapports sont rédi0és# les é$énements 4 si0niJcatifs de cha,ue
ser$ice étant sélectionnés pour Htre présentés dans la $ersion Jnale
fournie la réunion ,uotidienne des médecins# des assistants sociau(
et des oKiciers inJrmiers de la di$ision1*. 'n incident typi,ue créé
par ce systme de communication fut le sui$ant E un 7eune homme de
l!unité a$ait une amie dans le ser$ice des femmes une nuit# elle Jt
une crise d!hystérie propos d!un é$énement en relation a$ec son
ser$ice et son traitement# et il $int a$ec un camarade pour essayer
de la consoler et de la ramener dans son ser$ice elle résista
/ruyamment et un mem/re du personnel de la concier0erie ,ui
assistait l!incident appela une inJrmire ,ui la ramena son
ser$ice. Le concier0e informa l!inJrmier sur$eillant de nuit# ,ui
informa son tour son unité et Jt un rapport l!administration de
l!inJrmerie de 7our# ,ui enJn Jt un rapport la réunion di$isionnaire.
La $ersion Jnale disait ,ue deu( patients de se(e masculin
appartenant notre unité a$aient atta,ué une patiente et laissait
entendre ,u!ils essayaient de l!emmener pour a/user d!elle. Le
faNNCsme répandu chez /eaucoup de mem/res e(térieurs a nFtre
unité était ,ue le rapt# les or0ies se(uelles et le meurtre y étaient les
occupations ,uotidiennes et ce n!est pas l une e(a0ération
rhétori,ue de ma part +n réalité# durant les deu( dernires années# il
n!y eut pas dans l!unité un seul pré7udice nota/le causé par la
$iolence d!un patient et pas une seule 0rossesse parmi les 7eunes
patientes ,ui rendaient fré,uemment $isite leurs amis dans l!unité
et sortaient a$ec eu(.
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
Les crises naissent puis s!apaisent E mais elles ne peu$ent pas Htre
indéJniment 4 arran0ées . L!hFpital psychiatri,ue# comme systme
social# se déJnit par certaines limites l!intérieur des,uelles le
chan0ement est possi/le# mais au)del des,uelles on ne peut
s!a$enturer sans menacer la sta/ilité de la structure de tout l!édiJce.
;ette structure# telle ,u!elle s!est dé$eloppée histori,uement# est
frappée de sclérose institutionnelle. ;ela est prou$é l!en$i par
l!e(périence de désinté0ration ,ui se dé$eloppe dans l!ensem/le du
monde institutionnel de relations et de non)relations# ds ,ue l!on
poussfaassez fort sur la structure en ses formes limites.
rfcnmer le ni$paiikrte dé$eloppement atteint par l!unité de la
manire sui$ante E pendant ses ,uatre ans de $ie# nous a$ons
pro0ressi$ement réussi en éliminéede nom/reu( aspects
destructeurs de la $ie psychiatri,ue institutionnelle. ]ous a$ons
éliminé la hiérarchisation Q fdrfnelle un point au)del du,uel
aucune e(périence sem/la/le n!était# notre connaissance# par$enue
dans ce domaine du moins a$ec des patients dia0nosti,ués comme
schizophrnes. ]ous nous sommes ainsi dé/arrassés de la
classiJcation ri0ide des pensionnaires en patients et soi0nants ?les
soi0nants leur tour sous)di$isés en une hiérarchie indéJniment
e(tensi/le d!inJrmier étudiant# d!inJrmier# d!inJrmier de 0arde#
d!inJrmier oKicier# de docteur de ser$ice# d!administrateurs de
di$ers ran0s# de consultants# etc.@.
'ne certaine /ase d!ordre matériel continue d!or0aniser la
situation E le personnel est payé pour Htre l# les patients ne le sont
pas. Les soi0nants sont payés selon leur rFle et leur ran0 oKiciels. Il
est clair# cependant# ,uun inJrmier assistant 4 non)formé # ou un
patient# peut montrer une plus 0rande aptitude 0uérir ,u!un
mem/re du personnel de haut ran0. Il y a de nom/reu( aspects de la
formation des inJrmiers de psychiatrie et des psychiatres ,ui ne font
,ue rendre pour eu( plus o/scure la $ision des réalités ,u!ils ont
dans leur champ de tra$ail pendant leur formation. 'ne telle
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Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
formation consiste lar0ement en un apprentissa0e des tacti,ues de
défense utilisa/les par les soi0nants contre les patients. Les $ieilles
/ar/es $ous rappellent leurs années 4 d!e(périence et protestent
en disant ,ue ce n!est pas 0rand)mre ,u!on apprend 0o/er les
ufs. Cais# /ien entendu# des années passées dans un hFpital
psychiatri,ue n!impli,uent pas forcément ,u!on ac,uire une
e(périence ,uelcon,ue# et elles peu$ent trs /ien n!Htre ,ue des
années de ser$ilité complaisante. ;omme un 7eune mem/re du
personnel le Jt remar,uer# si 0rand)mre n!a pas encore appris
Wo/er les ufs# il faudra /ien ,u!elle l!apprenne.
]oi\ a$ons refusé de considérer le mem/re hospitalisé d!une
famille# isolément# comme étant 4 le malade # et nous a$ons cherché
dans /ien des cas décrire sptL rF`W (oncr)tement aussi /ien ,ue
théori,uement# comme celui de la $ictime# de celui ,ui sacriJe son
e(istence personnelle autonome# aJn ,ue les autres mem/res du
monde familial puissent $i$re# relati$ement li/res de culpa/ilité.
]ous a$ons o/ser$é et conJrmé# dans notre rencontre a$ec lui# la
réalisation ,u!il y a che2 lui# /ien ,ue partielle et déformée# de
l!archétype christi,ue. Dans l!éle$er au statut /on ché du
4 Dchizophrne comme =éros de la culture # nous a$ons au moins
partiellement éliminé la distance entre lui ?4 le fou @ et nous ?4 les
soi0nants @# les représentants de la société saine# et a$ons trou$é#
ensem/le a$ec lui# un moyen de 0arder comme un trésor ce ,u!on
appelle sa folie# /ien ,ue cela n!ait pas été sans une énorme 7alousie
et de perpétuelles reculades de la part du personnel.
]/us ra$r$ns é0alement aidé# a$er Om trs fai/le snppnrr
d!or0anisation# trou$er des solutions raisonna/les pour une $ie
indépendante aprs son départ de l!hFpital. ;es arran)0ments ont
trs sou$ent échoué et le patient a dj par la suite a$oir recours
l!unité# é$entuellement comme endroit o rester pour un ee`)end
ou parfois ,uel,ues semaines. Cais cela# pour des raisons ,ue
7!e(pli,uerai# nous a sem/lé Htre dj des circonstances ,ui
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dépassent notre contrFle immédiat et de$raient Htre or0anisées par
la communauté
la fois sur le plan lé0al ?Cental =ealth Bct# 1*5*@ et a$ec
l!appui d!une 4 con$iction morale . ^aute d!une telle or0anisation
communautaire# nous nous sommes arran0és par
des contacts personnels pour ,ue des patients li/érés puissent
$i$re a$ec des 0ens sjrs ?c!est))dire non)mystiJcateurs et aussi peu
an0oissés ,ue possi/le@ en petits 0roupes dans des maisons au sein
de la communauté. ;es pro7ets ?,ui seront décrits dans des
pu/lications ultérieures@ représentent la meilleure et la plus
créatrice alternati$e la position dé0radante et mHme intena/le ,ui
est faite au patient dans sa famille et dans l!institution.
9ans les discussions entre mem/res du personnel et é0ale)iment
dans des discussions a$ec des $isiteurs de l!unité# pous - #] a$ons
/eaucoup appris sur la distinction ,ui e(iste entre la situation épurée
de l!analyse de 0roupe formelle et une communauté réelleW 9ans la
situation d!analyse de 0roupe# on é$ite ri0oureusement certaines
e(périences collecti$es ,ue# dans la communauté# nousconsidérerions comme essentielles. An les é$ite au nom d!une sorte
de démystiJcation c!est))dire ,ue les su7ets en analyse sont
démystiJés de leurs espoirs fantasmati,ues de 0ratiJcation de la
part du thérapeute $u comme J0ure parentale. Cais d!un autre cFté#
l!intérieur de l!unité# ,uel,ues)uns d!entre nous# y compris l!auteur#
sentaient ,ue dans l!atmosphre réelle du 0roupe# il y a$ait un
man,ue terri/le# ,uel,ue chose ,ui man,uait du monde total de
notre e(périence# ,ui ne pou$ait HtreWréduit une interprétation de
4 transfert de 0roupe . ;e ,ue 7 espre ,ue nous a$ons appris
é$iter# c!est de considérer ce .man,ue comme un ,uelcon,ue et
hypothéti,ue systme 4 schizophrne de /esoins E dans la mesure
o l!on peut ici parler en termes de /esoins# ce sont des /esoins de
chacun d!entre nous ,u!il s!a0it et ce sont eu( ,u!il faut e(aminer.
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B une épo,ue# et ce fut en fait un leitmoti$ des réunions
communautaires# l!opinion fut e(primée ,ue la principale diKérence
entre les soi0nants et les patients était ,ue les soi0nants pou$aient
,uitter l!unité la Jn de leur ser$ice# rentrer chez eu(# retrou$er
leur femme ou leur petite amie et a$oir des relations se(uelles E au
contraire# les patients ne ,uittaient 7amais l!unité# sauf# dans certains
cas# pour passer
le ee`)end chez eu( a$ec leurs parents et $i$aient dans une
situation de frustration se(uelle totale ne pou$ant ,ue se mastur/er
de temps autre dans les toilettes. Bu)del de laspect littéral de
cette 4 con$ersation sur le se(e # il y a$ait une notion plus profonde
d!échec. Le mot 4 /aiser si0niJait plus ou moins# pour les 0ens de
l!unité# un contact réel a$ec autrui II si0niJait réunion# rencontre et
cette e(tension du sens littéral fut clairement et fré,uemment
e(primée lors des réunions communautaires. 9e fait# en se
promenant dans une réunion communautaire# on rencontrait parfois#
dans les premiers temps# un 0roupe de soi0nants assis comme des
spécimens zoolo0i,ues empaillés# ,ui possédaient certainement une
si0niJcation classiJcatoire# mais ,ui ne sa$aient pas trs /ien
comment leur réalité humaine entrait en relation a$ec celle de
4 leurs patients . Le personnel était en fait trs soi0neusement
choisi parmi les inJrmiers de l!hFpital et c!étaient les meilleurs ,ue
nous puissions trou$er# mais leurs diKicultés# comme 7e l!ai dit#
étaient immenses.
;ela e(prime# /ien l!état o l!unité se trou$ait 0énéralement. Les
soi0hants ne pou$aient a$ancer dans la réalité de ce ,u!est une
communauté ,u!en sacriJant leurs moyens d!e(istence ou au moins
en les compromettant de faGon trs sérieuse. ]ous a$ons na$i0ué
dans cette zone frontire v t, menaGante entre patients et soi0nants#
folie et santé. uand nous su00érgmes ,ue les patienG li/érés de
l!unité pourraient Htre en fait les meilleurs InJrmiers ,ui soient# au
moins dans un des aspects de ce tra$ail# la réponse oKicielle fut loin
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d!Htre prometteuse. +n réalité# la possi/ilité d!employer ces 0ens
était écartee par principe. Parmi les ar0uments fa$oris de ce refus#
on e(primait l!opinion ,ue ces 0ens ne seraient pas suKisamment
4 sta/les pour lutter contre les 4 tensions du métier d!inJrmier
en psychiatrie. ien ,ue 7!aie mis ces tensions entre 0uillemets# elles
sont réelles# mais pas dans le sens o les inJrmiers et les médecins
traditionnels croient ,u!elles le sont. ;e n!est pas un pro/lme de
conSit entre un certain nom/re de pa,uets de muscles déterminés
et il ne s!a0it certainement pas non plus de l!aptitude des
inJrmiers se poser comme tels et ensuite classer les patients#
c!est))dire les ordonner selon un ,uelconcme schéma
métaphysi,uement# sinon physi,uement# $iolent# l $raie diKiculté
pour les mem/res du personnel est de se confronter a$ec eu()
mHmes# de faire face# leurs propres pro/lmes# leurs trou/les# leur
folie. ;hacun a!eu( ris,ue de rencontrer le fou en lui)mHme.
L!é,uili/re con$entionnel éta/li par l!e(tériorisation de la $iolence
des psychiatres et des inJrmiers ?,ui a0issent par délé0ation du
4 pu/lic @ sur les patients ne peut plus rester l!a/ri des criti,ues
par cela seul ,u!il est passé sous silence. Il fait naOtre le pro/lme
social ma7eur de l!hFpital psychiatri,ue# en éta/lissant une su/tile et
comple(e collusion a$ec la famille du patient et# tra$ers cette
dernire# a$ec l!ensem/le des autorités de la santé mentale.
Bu7ourd!hui les 7eunes psychiatres et les 7eunes inJrmiers
commencent Htre irrités de ce rFle ,u!on leur impose# o ils 7ouent
les policiers pour le reste de la société. Cais parmi ces 7eunes# trs
peu ont en fait assimilé compltement la leGon de l!autocriti,ue. Ils
trou$ent 0énéralement une issue dans un a7ustement# une semi)
compromission a$ec les /esoins sociau(. La formation
psychanalyti,ue introduit un élément de ri0ueur mais 7uste assez
pour satisfaire les /esoins de la situation#\,ui sont de fait trs
0rands.
133
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 134/167
Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
Les hopiOau( psychiatri,ues ont été in$entés pour 4 sur$eiller ou
?dans ces moments de plus 0rande imprudence@ pour 4 0uérir les
malades. Di la 4 maladie est remise en ,uestion et si le principe ,ui
consiste isoler un patient d!un systme familial tout fait malade
en son ensem/le est dénoncé comme une illusion# nous entrons dans
une période de doute radical.
4 L!e(périence de l!unité a eu un 4 résultat et une
4 conclusion certains. Le résultat# c!est l!éta/lissement des limites
du chan0ement institutionnel# limites ,ui se ré$lent Htre trs
rapidement atteintes en $érité mHme dans un hFpital pro0ressiste.
La conclusion est ,ue si une telle unité doit se dé$elopper plus a$ant#
ce dé$eloppement doit se faire hors du cadre de la 0rande institution
,ui a été physi,uement repoussée hors de la communauté#
matrice des mondes familiau( o naissent ses $rais pro/lmes et o
repose leur réponse. Précisément# le personnel ,ui tra$aille dans
l!unité doit Htre li/éré du systme hiérarchisé# paternaliste# de
domination par caté0orisation. L!unité doit en dernier ressort de$enir
un endroit o les 0ens choisissent de $enir aJn d!échapper# a$ec une
aide authenti,ue# l!ine(ora/le processus d!in$alidation ,ui les
écrase 4 au)dehors . +lle doit de$enir cela plutFt ,u!un endroit au
moyen du,uel 4 les autres se dé/arrassent de faGon détournée de
leur propre $iolence peine entre$ue# par un sacriJce humain#
médicalement certiJé# au( dieu( d!une société apparemment
déterminée se laisser couler et se noyer dans la /oue de ses
illusions.
]ous a$ons nourri de nom/reu( rH$es propos de la communauté
psychiatri,ue# ou plutFt anti)psychiatri,ue idéale# mais 7e crois ,ue
nous a$ons maintenant suKisamment décrit par un processus de
démystiJcation# la $raie nature de la folie psychiatri,ue et
suKisamment étudié nos /esoins prati,ues# pour faire un pas en
a$ant.
13"
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http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 135/167
Pa$illon 21 'ne e(périence d!anti)psychiatrie
+t un pas en a$ant si0niJe# en Jn de compte# un pas en dehors de
l!hFpital psychiatri,ue# un pas $ers la communauté.
135
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 136/167
"n outre
:eoKrey =# récemment diplFmé de ;am/rid0e# $int me rendre
$isite l!hFpital. Bprs ,uel,ues heures# il trou$a le chemin du4 foyer o des patients de tous les ser$ices se réunissaient pour
participer des 7eu( or0anisés et pour danser. ;omme cela ne
pou$ait man,uer d!arri$er# un patient en traitement de lon0ue durée
s!approcha de lui et lui posa cette ,uestion remar,ua/le E 4 =ello#
Htes)$ous ici Q La si0niJcation de cette ,uestion repose dans la
perception ,u!a le patient de la diKérence entre soi0nants et
patients. Les patients sont 4 ici # l!intérieur les soi0nants ne sontpas ici E ils $ont et $iennent mais# mHme s!ils $i$ent dans l!enceinte
de l!hFpital et passent la ma7eure partie de leurs loisirs au foyer du
personnel# ils sont essentiellement des 0ens de l!e(térieur. u!on
apprécie cette ,uestion a$ec la $iolence ,u!elle fait au sens
ordinaire E 4 Htes)$ous ici Q # et ,uon médite la dialecti,ue
particulire entre 4 ici et \ l . ;elui ,ui est ici n!a pas toute sa
raison -écipro,uement# celui ,ui n!est pas ici est ,uel,u!un ,ui l!a#c!est))dire ,ui n!est pas ici# ,ui n!e(iste pas dans les circonstances
eKecti$es précédentes. :eoKrey me rapporta ses impressions d!un
hFpital psychiatri,ue en ces termes E des masses compactes mais
amorphes de patients déri$ant dans le parc# faisant
des mimi,ues# 0esticulant# lanGant des in7ures et des appels
136
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 137/167
+n outre
Sans le $ide # des soi0nants passant comme des om/res#
en0a0és# si l!on peut employer un terme aussi concret# dans des
con$ersations 7oyeuses ou des discussions sérieuses a$ec des
patients et leurs coll0ues du personnel E cet homme donne un
autre une cla,ue dans le dos# mais le dos n!est pas l# ni la main.
t Di la réiJcation des personnes# l!opération trs commode par
la,uelle des personnes se transforment en les o/7ets ,ui les
entourent ou ,ui s!opposent eu(# est poussée au)del d!un b certain
point criti,ue# nous constatons ,ue tout ce ,ui)resGe est
I un étala0e d!o/7ets perfecti/les l!inJni et d!a/sencesnumai)
nes. 'n inJrmier chef a$ec le,uel 7!ai récemment parlé# dans un
autre hFpital# était préoccupé par 4 l!amélioration de ses ser$ices.
+n poursui$ant la con$ersation# 7e décou$ris ,ue l!aspect humain de
ses ser$ices et ce ,ue les 0ens faisaient les uns a$ec les autres était
loin d!Htre au centre de son an(iété. Il se tracassait propos des lits#
de leur espacement# de la disposition des cou$re)pieds# de la ,ualité
de la nourriture ?son idéal# assez raisonna/lement# étant des
cFtelettes de mouton 0rillées a$ec de la sauce orcester et des
chips@# mais# par)dessus tout# il se souciait de l!état des ca/inets. ;et
homme ,ui a$ait réalisé une $ision idéale du monde tra$ers son
anus# une $ision e(crémentielle parfaite# systémati,uement épurée#
a$ait décidé ,ue des cu$ettes chromées et le chauKa0e central
seraient installés dans les .;. de l!un des ser$ices les plus
encom/rés consacrés au( traitements de lon0ue durée. 9es miroirs
en an0le permettraient au( utilisateurs de l!endroit de se $oir et de
contrFler# en particulier# la fermeture de leur /ra0uette tra$ers les
yeu( d!un autrui parfaitement désincarné.
;et inJrmier chef n!était en rien moins heureu( ,ue d!autres# ,ui
sont en0a0és dans la hiérarchie am/i0u_ de la di$ision psychiatri,ue
du ministre de la Danté pu/li,ue. Le /on ordre pOrNa force est le mot
clé ,u!on ne prononce 7amais en $ain. Le sur$eillant d!un autre
hFpital# possédant un
13%
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+n outre
tau( impressionnant de li/ération de patients schizophrnes# me
dit récemment ,u!il administrait tous les schizophrnes récemment
admis di( ou $in0t électrochocs de routine# parce ,u!autrement son
personnel aurait été incapa/le de lutter armes é0ales contre un
comportement aussi déran0é surtout# il aurait perdu conJance en
sa capacité d!aider au traitement des patients. Il a$ait o/tenu par ce
moyen des personna0es trs présenta/les pour une li/ération
anticipée# et moins fré,uemment soumis réadmission ?ce ,ui
arri$ait eKecti$ement ses malades pendant leurs admissions et
entre elles# était tout simplement considéré comme une ,uestion
incon0rue# peut)Htre mHme déplacée@. +ncore cet homme ne peut)il
se comparer un autre sur$eillant médical# d!un autre pays du
;ommonealth# ,ui $enait l!hFpital en py7ama et ro/e de cham/re
tous les 7ours a$ant 8 heures du matin pour administrer un
traitement électro)con$ulsif trente ou ,uarante patients et prendre
ainsi un /on départ pour la 7ournée. Il re$int mHme une fois de ses
$acances en Dude pour donner une $in0taine de chocs rapides des
patients sélectionnés# a$ant de reprendre l!a$ion pour ache$er ses
$acances a$ec la conscience tran,uille. +t cet autre inJrmier chef#
,ui con7urait les médecins d!4 atta,uer ?le terme est de lui@ les
patients par le traitement# n!a$ait dans son e(périence rien de
compara/le a$ec le psychiatre ,ui prescri$ait# dans un style Seuri#
une seconde# troisime# ou mHme ,uatrime lo/otomie ?découpa0e
d!une tranche de cer$eau@ pour dé/arrasser son patient de la
maladie ,u!il sentait en lui. ;ertains psychiatres possdent des
appareils électrochocs pour enfants# a$ec des électrodes
miniatures# et au( +tats)'nis on a mHme réalisé des lo/otomies sur
des /é/és ,ui criaient trop ou pas assez. Le /esoin d!uniformité
sem/lerait linjté# n!était ce fait# remar,ua/le ,ue la psychiatrie
4 a$ancée ?ou plutFt néoli)< thi,ue@ peut mHme produire une
uniforme non)uniformité en cela 7us,u!au ennime de0ré du méta)
7eu. \
138
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 139/167
+n outre
<e crois ,ue la diKiculté principale se trou$e dans l!idée ,u!il faut
4 traiter les patients. Mraiter est un terme si
am/i0u E on traite du pétrole /rut# des cuirs# des aciers ou des
patients. An parle 0énéralement de traiter chimi,uement des
matériau( /ruts aJn ,u!ils aient meilleur 0ojt# ,u!ils soient plus
utiles ou ,u!ils durent plus lon0temps. Mraiter est essentiellement
une per$ersion mécani,ue des idéau( médicau(# ,ui s!oppose de
/ien des manires la tradition authenti,ue de la 0uérison.
+n psychiatrie# le fétichisme du Mraitement a eu de 0ra$es
consé,uences destructrices. 9es articles sont pu/liés dans la presse
médicale# proclamant les /ons résultats o/tenus par des traitements
,ui 7ouissent d!un succs de mode passa0er. 9es psychiatres
annoncent la télé$ision ,ue des crises de schizophrénie peu$ent
Htre traitées en tant de semaines# mais le critre de l!amélioration
reste tout fait o/scur. Pour certains# le simple fait ,u!un patient soit
li/éré de l!hFpital ou ,u!il n!y soit pas réadmis dans l!année ,ui suit
sa li/ération sem/lerait indi,uer au moins un de0ré de 0uérison. Au
encore la capacité conser$er un tra$ail hors de l!hFpital. Au un
chan0ement dans le patient# tel ,ue le psychiatre ne détecte plus .en
lui ses premiers 4 symptFmes . <!ai essayé de montrer dans Iles
chapitres précédents ,ue ces prétendus symptFmes sont
?0énéralement des formes intelli0i/les de comportement# et I7!ai /ien
peur ,ue la simple suppression des symptFmes
I l!aide de dro0ues et d!électrochocs ne produise sou$ent# en b
réalité# rien d!autre ,u!une situation de moindre intelli0i/ilité et
"WLIN1&Wndre $italité dans l!e(istence du patient.
Mraiter# c!est Htre intéressé rendre le patient plus accepta/le
pour les autres# aJn ,ue ceu()ci ?y compris les médecins et les
inJrmiers@ soient moins E
faire manifester de moindre
13*
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 140/167
+n outre
contraire# c!est essayer d!aider les personnes ,ui# dans une
mesure $aria/le# sont fra0mentées# retrou$er leur unité. Pour
certains moments# dans certaines situations de la $ie# se fra0menter
peut Htre une précondition nécessaire un processus de
renou$ellement. La détresse et l!an0oisse aussi peu$ent Htre
nécessaires la croissance personnelle. 'ne inter$ention
prématurée par un traitement psychiatri,ue peut arrHter ou
distordre ces processus. Il est# mon a$is# indéfenda/le de recourir
des ar0uments économi,ues en réduisant le nom/re de lits
d!hFpitau( pour 7ustiJer cette forme de rudesse thérapeuti,ue. La
4 schizophrénie en0a0e toute la $ie dun indi$idu# ce n!est pas une
4 atta,ue ou une 4 dose de ,uel,ue chose de nocif. ]otre tgche
de psychiatres est d!a/ord d!autoriser# et ensuite d!aider# le patient
renaOtre la $ie comme indi$idu tra$ers le processus de
déstructuration et de restructuration de son monde intérieur.
]ous a$ons $u des personnes# dans une situation de non)
inter$ention# connaOtre une désinté0ration pro0ressi$e pendant des
semaines et des mois et ensuite se réuniJer 0raduellement. ]ous
a$ons é0alement $u les eKets désastreu( de traitements physi,ues
administrés inconsidérément et de l!inter$ention /ureaucrati,ue# par
e(emple le transfert forcé de patients trs trou/lés# d!un ser$ice
ou$ert en un ser$ice fermé# des moments criti,ues o la continuité
de l!en$ironnement humain est essentielle. 9e telles ruptures ont
sou$ent conduit les patients s!arrHter un certain 4 ni$eau de
ré0ression E et pendant ,ue le malade est ainsi J(é# on fait des
eKorts pour le socialiser ce ni$eau# pour produire en lui une
conformité non 0Hnante au ma(imum.
'ne chose ,ue 7!ai sans cesse constatée au Pa$illon 21# est
l!étonnante réalité des 7eunes patients schizophrnes. Passer d!une
réunion de comité formelle un 0roupe de notre ser$ice# c!est passer
d!un monde o les participants sont totalement éloi0nés de leurs
propres systmes de fantasmes et de réalités intérieures# un monde
1"&
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 141/167
+n outre
de réalité rétrécie# un monde plein de surprises# plein des
secousses de la $enue au monde. Peu de su7ets dans le Pa$illon
a$aient un talent fort et or0anisé# mais il y a$ait une sorte de 0énie
diKus et fra0menté# ,uel,ue chose situé peut)Htre plus entre les 0ens
,u'en eu(.
'n 7eune homme créa un incident dans l!é0lise de l!hFpital. Il
a$ait été o/sédé pendant deu( ans par la si0niJcation du péché
contre le Daint)+sprit E il décida un 7our de pousser ses recherches
dans ce ,ui lui sem/lait Htre l!endroit le plus indi,ué. ;e 7eune
homme /ar/u# l!aspect sau$a0e# se 3^irha derrire l!autel# et ,uand
les Jdles furent installés pour la routine du culte# il /ondit hors de
sa cachette en poussant un cri de terreur $ous 0lacer le san0. ;e
,ui aurait pu Htre une e(périence spirituelle rare se termina entre
deu( lar0es inJrmiers ,ui le reconduisirent dans le ser$ice et le
couchrent. Au encore 9a$id ,ui était allé un match de foot/all.
Le lendemain# 7e lui demandai s!il y était allé seul ou accompa0né E
4 Ah non# 7!y suis allé tout seul# a$ec ,uel,ues amis. Au =enry
,ui a$ait eu des $isions de l!union mystérieuse des roses rou0es et
des roses roses et ,ui a$ait pensé ,ue le temps s!était arrHté et
,u!ensuite les ai0uilles des montres s!étaient mises tourner
l!en$ers 7us,u! ce ,u!il se trou$e en train de se noyer dans le limon
préhistori,ue ce parfait idiot dostoNe$s`ien de seize ans dit un 7our
une inJrmire E 4 <e ne me soucie 7amais ,u!on me tourne en
ridicule# tant ,u!un enfant ne rit pas de moi. <e me sou$iens d!a$oir
pensé ,ue les schizophrnes étaient les potes étran0lés de notre
épo,ue. Il est peut)Htre temps ,ue nous# ,ui de$rions les 0uérir#
retirions nos mains de leur 0or0e.
<!ai mentionné ces e(emples de ce ,ui se passe dans un hFpital
psychiatri,ue pour illustrer un pro/lme ,ui se pose nous ds ,ue
nous en$isa0eons des dé$eloppements futurs. B présent# on fait de
0rands eKorts de planiJcation dans les ser$ices psychiatri,ues. ;ette
planiJcation s!appuie sur des statisti,ues ?sou$ent démenties@
1"1
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 142/167
+n outre
concernant# par e(emple# la durée du sé7our des patients l!hFpital
et le passa0e d!un type de traitement eKectué dans de 0rands
hFpitau( psychiatri,ues un type de traitement réalisé dans de
petites unités insérées dans des hFpitau( 0énérau(. ;e dont on
man,ue# c!est d!une compréhension concrte du pro/lme# d!une
intelli0ence de ce ,ui se passe réellement chez les patients. Binsi#
dans le cas de 7eunes patients schizophrnes# le traitement en des
unités au sein d!hFpitau( 0énérau( tendrait simplement renforcer
le modle médical# a$ec son iné$ita/le mystiJcation et son
in$alidation du patient E 4 Vous ne pou$ez pas réellement $ous sentir
ainsi# $ous Htes simplement malade. Le $oisina0e d!inJrmiers au(
attitudes hautement ritualisées ne pourrait é0alement ,ue rendre
plus diKicile le tra$ail de ceu( ,ui ne souhaitent pas se réfu0ier dans
le rituel.
9!un autre cFté# se rencontre la diKiculté de faire $alider dans les
formes oKicielles le tra$ail fait dans une unité comme celle ,ue 7!ai
décrite dans ce li$re. Moute o/stination faire tra$ailler les patients#
les faire sortir de l!hFpital et les faire rester au)dehors aussi
lon0temps ,ue possi/le par tous les moyens pour le simple
plaisir de les faire rester au)dehors de l!hFpital# $a rencontre de
tous les eKorts ,ue l!on fait pour comprendre ce ,ui se passe. Il faut
du temps pour comprendre et les patients ont certainement /esoin
de temps pour apprendre $i$re a$ec les fruits de leur
compréhension.
Il n!y a 7us,u!ici pas de méthodolo0ie acceptée par les sources
oKicielles du pou$oir et les responsa/les des pu/lications médicales#
selon la,uelle on puisse simplement# mais soi0neusement et a$ec un
ma(imum de clarté# décrire et é$aluer les transformations sur$enues
dans l!e(périence et le comportement d!une personne ou d!un
0roupe. La demande porte tou7ours sur la ,uantiJcation# mHme
falsiJée# trompeuse et hors de propos. <e prétends et 7!ai donné
mes raisons dans l!Introduction ,ue la nature dé$énements tels
1"2
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 143/167
+n outre
,ue ceu( ,ue 7!ai décrits id ne peut entrer de force dans ce fau(
cadre.
Il faut tout d!a/ord une situation de plus 0rande autonomie# dans
la,uelle un personnel ,ui est préparé# la fois au sens actif et au
sens passif du terme# peut mener /ien son tra$ail <!ai montré
,uel,ues)unes des diKicultés ,u!il y a tra$ailler dans un conte(te
traditionnel <e ne pense pas ,ue la solution ienne simplement dans
une séparation 0éo0raphi,ue d!a$ec l!en$ironnement hospitalier plus
traditionnel en fait# cela n!est a/solument pas essentiel. ;e dont
nous a$ons /esoin# toutefois# c!est d!un de0ré d!indépendance
suKisant# puis,ue ce n!est ,ue sur cette /ase ,ue les patients# a$ec
notre assistance peu$ent se renou$eler eu()mHmes pour par$enir
un état de plus 0rande plénitude et par consé,uent de plus 0rande
autonomie.
<!ai a/ordé ces pro/lmes de l!autonomie en usant de certains
moyens nécessairement artiJciels E par e(emple# en ayant deu(
sortes d!inJrmiers. 9!un cFté# des inJrmiers formés dans l!esprit
traditionnel# ,ui# en dehors de leur coura0e et de leur inté0rité#
étaient ,ualiJés pour notre unité parce ,u!ils possédaient un trs
haut de0ré une conscience instincti$e des e(i0ences de la
confrontation physi,ue. ;!était parfois des personnes issues de la
classe ou$rire de :las0o ou de Li$erpool et ,ui a$aient appris ds
leurs premires années manipuler l!a0ression# ne pas inter$enir
prématurément dans la pani,ue# mais é0alement maOtriser au /on
moment ,uel,u!un de $iolemment a0ité sans le /lesser. 9!un autre
cFté# 7!introduisais comme thérapeutes sociau( ?payés comme
inJrmiers assistants@ de 7eunes hommes sensi/les# sou$ent sortis de
l!uni$ersité ?et sou$ent considérés par le personnel ré0ulier comme
un peu fous# sinon tout fait $icieu(@# ,ui pourraient# sans a$oir se
soucier de leur a$enir d!inJrmiers# se permettre d!approcher de trs
prs l!e(périence des patients désinté0rés. Di# toutefois# nous $isions
1"3
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 144/167
+n outre
réaliser un état de plénitude chez tous# cette sorte de
morcellement su/til des rFles ne saurait Htre souhaita/le.
<e crois ,ue ceu( ,ui s!en0a0ent dans notre $oie en a/andonnant
déli/érément la plupart des défenses du personnel traditionnel sont
de coura0eu( pionniers. La société est peut)Htre tout 7uste prHte
accepter et mHme aider une telle inno$ation# mais il y a des
présa0es ,ui $ont dans ce sens.
]ous ne sommes plus l!épo,ue o un /on sens simpliste
sem/lait adé,uat au( parado(es contournés du $oya0e intérieur d!un
homme. <e laisserai le lecteur méditer la dense ironie de Pascal E
4 Mrop de lumire o/scurcit l!esprit
1""
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 145/167
La #uestion des résultats
Addendum ironique .orsqrion essaie d’apprécier les 4 résultats d’une e!périence
comme celle du Pavillon >C, on peut suivre deu! méthodes# .a
première et c’est la méthode traditionnelle aboutit à une série
de propositions e!primant des relations quantitatives, dont la
présentation statistique est impressionnante, mais qui se révèlent
soit dépourvues de sens, soit trompeuses, quand on considère ce qui
est réellement arrivé au! personnes concernées# .a secondeméthode est un essai de description phénoménologique des
changements intervenus dans la comple!ité des mondes intérieurs et
e!térieurs des personnes, ces changements étant comparés avec
d’autres changements possibles, dé2nis préalablement comme
désirables ou indésirables# .e point important étant qu’ici on se
préoccupe de l’e!périence réelle de personnes réelles et des champs
individuels de possibilités# .’approche phénoménologique ne signi2e pas qu’on ne peut pas
atteindre le niveau de la généralisation : mats bien qtf_l est
nécessaire de commencer par le particulier et le concret avant
d’aborder l’abstrait et le général# $ette approche, toutefois, ne
rencontre pas une approbation unanime dans les journau! médicau!
et scienti2ques )voir les remarques de notre 6ntroduction@. 7e
nombreuses 4 autorités # parmi les chercheurs en sciences
1"5
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 146/167
La ,uestion des résultats
humaines, semblent victimes d (un besoin obsessionnel de rédtàre la
réalité des transactions entre personnes à des abstractions globales
qui cachent plus quelles ne dévoilent#
+n dépit de cela# il y a# me sem/le)t)il# des raisons# stratégiques,
d’évaluer le travail fait selon l’un des critères 4 d’amélioration les
moins douteu! en psychiatrie, à savoir la tendance che0 les patients
à n’"tre pas réinternés dans l’intervalle d’un an après leur sortie#
$’est pourquoi j’ai placé dans l’appendice qui suit un tableau des
résultats obtenus avec des schi0ophrènes par l’application d’une
thérapie orientée sur la famille, tableau établi en collaboration avec
le 7r # 5sterson et le 7r 8# 7# .aing# =e ferai cependant remarquer
que ces résultats se réfèrent à une série de patients schi0ophrènes
admis consécutivement en COU># 6ls ne donnent pas une image
complète du Pavillon >C# $ela, pour une part, parce que près d’un
tiers des patients du Pavillon n étaient pas diagnostiqués
schi0ophrènes & c’était tout banalement des 4 troubles émotifs de
l’adolescence ou 4 un comportement perturbé . 7e plus, pendant
les deu! dernières années, les patients sortis furent activement
encouragés à éviter d’avoir à l’e!térieur des crises qui pourraient les
faire invalider et, pour cela, à demander une réadmission informelle
dans l’unité, souvent pour un jour ou deu! seulement#
-D'LMBMD 9']+ M=-BPI+ A-I+]M+ D'- LB ^BCILL+#
9B]D L+ ;BD 9+ D;=IAP=-‚]+D =ADPIMBLIDD
;e rapport présente des résultats d!une thérapie orientée la fois
sur la famille et sur le milieu# appli,uée des schizophrnes
hospitalisés dans deu( hFpitau( psychiatri,ues
de la /anlieue londonienne. 9urant les di( dernires années# le
milieu familial des schizophrnes a été acti$ement étudié# au( +tats)
'nis ?par e(emple# ateson et al#, 1*56 Lidz et al#, 1*58 ynne et
al#, 1*58@# et par nous)mHmes ?Lain0 et +sterson# 1*6"@. ;es études#
,ui ont montré comment la personne dia0nosti,uée schizophrne
était prisonnire de schémas de communications 0ra$ement
1"6
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La ,uestion des résultats
pertur/és et pertur/ants# ont des consé,uences importantes sur le
plan de la pré$ention# du traitement et des soins ultérieurs.
'n des résultats de ce tra$ail# ainsi ,ue des tra$au( de
psychothérapeutes ayant eu l!e(périence de relations prolon0ées
a$ec des schizophrnes# a été de 7eter un doute croissant sur la
conception ,ui $eut ,ue la schizophrénie soit un syndrome médical
ou une entité# en ,uel,ue sens ,u!on entende couramment ce terme
dans la prati,ue médicale ordinaire. ;e tra$ail a é0alement
rationalisé une forme de thérapie ,ui ne met pas l!accent sur le
patient indi$iduel# mais sur le 0roupe ou sur le systme de
communications au,uel il appartient# ,ue ce soit dans sa famille ou
l!hFpital psychiatri,ue.
Principes méthodolo0i,ues
Les détails de notre méthode d!étude et de traitement des familles
ou des 0roupes au(,uels appartiennent les personnes dia0nosti,uées
schizophrnes# seront décrits dans des pu/lications ultérieures.
Voici# /ri$ement# les principes ,ue nous a$ons sui$is E de
communications tant entre patients ,u!entre soi0nants et patients.3. ;ontinuité du personnel en relation a$ec la famille pendant et
aprs le sé7our du patient l!hFpital.
". ]ous n!a$ons eu recours aucun des prétendus traitements
de choc# pas plus ,u! la lo/otomie. Les patients ont reGu des doses
de tran,uillisants relati$ement fai/les. Binsi# aucun patient homme
n!a reGu plus ,ue l!é,ui$alent de 3&& m0 de chlorpromazine et 25 •
des patients n!ont reGu aucun tran,uillisant. Coins de 5& • desfemmes et 15 • des hommes ont reGu des tran,uillisants pendant la
période ultérieure.
'n schizophrne interné dans un hFpital est handicapé# un plus
ou moins 0rand de0ré# pour ce ,ui est de son aptitude $i$re dans
les conditions sociales ordinaires. Il est nécessaire de lui fournir une
insertion sociale ,ui tienne compte de cela. +n consé,uence# nous
1"%
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La ,uestion des résultats
a$ons réor0anisé les ser$ices ,ui nous étaient conJés aJn de créer
un conte(te humain l!intérieur du,uel seraient é$itées# dans la
mesure du possi/le# ces transactions dont nos études ont montré
,u!elles pou$aient précipiter un comportement psychoti,ue. 9ans ce
conte(te on assurait cha,ue patient une relation a$ec au moins une
autre personne si0niJcati$e pour lui. ;ette relation était aussi
constante et sjre ,ue possi/le.
B cette Jn# nous a$ons formé une é,uipe de thérapeutes sociau(#
sélectionnés dans le personnel inJrmier est un thérapeute social
,uicon,ue se propose d!éta/lir a$ec le patient une relation de
conJance constante. ]ous a$ons é0alement utilisé les patients eu()
mHmes comme thérapeutes sociau(.
Le thérapeute social doit Htre prHt tirer parti de n!importe
cruelle situation pour éta/lir une relation a$ec un patient.
Il doit Htre franc et honnHte tout moment# prHt discuter
honnHtement de nimporte ,uel su7et# ,u!il se sente ou non concerné#
et reconnaOtre franchement son an(iété s!il se trou$e incapa/le de
discuter d!un su7et ,uelcon,ue. ;ette attitude# pensons)nous# estdéterminante# ,ue ce soit en pri$é ou en 0roupe# pour dénouer les
réseau( de communications mystiJcateurs ,ui enserrent le patient.
Délection
]otre série est composée de ,uarante)deu( patients# $in0t
hommes et $in0t)deu( femmes# g0és de ,uinze trente)cin, ans#
pro$enant de deu( hFpitau( psychiatri,ues de la ré0ion londonienne.
Les patients ont été choisis parmi des patients hospitalisésconsécuti$ement pour schizophrénie# selon les critres sui$ants ?,ui
étaient les mHmes pour les hommes et pour les femmes@ E
1. Ils de$aient a$oir été dia0nosti,ués schizophrnes2& par au
moins deu( psychiatres principau( ne faisant pas partie de notre
é,uipe# et Htre considérés comme tels par le personnel.
1"8
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La ,uestion des résultats
2. Ils ne de$aient pas Htre# ou a$oir été# touchés par aucune de
ces atteintes or0ani,ues ?/lessure au cer$eau# épilepsie@ ,ui sont
suscepti/les d!aKecter les fonctions ,u!on considre pertur/ées chez
les schizophrnes.
3. Ils ne de$aient pas Htre d!une intelli0ence manifestement
inférieure la normale.
". Bucun ne de$ait a$oir su/i d!opération d!aucune sorte sur le
cer$eau.
5. Bucun ne de$ait a$oir reGu plus de cin,uante électrochocs
l!année précédant le dé/ut du traitement# ni plus de cent cin,uante
électrochocs en tout.U# +n ce ,ui concerne la famille# un des parents au moins de$ait
Htre en $ie# et disponi/le pour l!entretien. Les patients pou$aient
a$oir ou non des frres et soeurs# Htre mariés ou céli/ataires# a$ec
ou sans enfants. Ils pou$aient $i$re dans leur famille ou seuls. Bucun
patient# aucune famille ne refusa de coopérer. 'ne seule femme# ,ui
satisfaisait tous les autres critres# fut éliminée cause de ses
parents# ,ui $i$aient trop loin ?en +cosse@ et étaient trop fai/les pour $oya0er. +lle fut transférée dans un hFpital situé plus prs d!eu(#
selon la coutume administrati$e. 9eu( de nos patients a$aient été
initialement hospitalisés dans d!autres ré0ions du pays et a$aient été
transférés dans nos hFpitau( aJn de se trou$er plus proches de leurs
familles. ;ela en $ertu d!une procédure administrati$e ré0ulire et
non par une consé,uence de notre recherche. 'n seul homme ,ui
satisfaisait nos critres fut éliminé parce ,ue ses deu( parentsétaient morts. Il est pro/a/le ,ue l!g0e moyen# assez /as# de nos
patients# s!e(pli,ue par la nécessité de satisfaire cette dernire
condition.
Les patients sélectionnés étaient par ailleurs homo0nes# sur le
plan clini,ue# a$ec les schizophrnes admis dans les deu( hFpitau( K
-ésultats
1"*
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La ,uestion des résultats
]os résultats sont les sui$ants E
Mous nos patients ,uittrent l!hFpital dans l!année ,ui sui$it leur
internement. Dept d!entre eu( ?soit 1% •@ ont dj Htre réadmis
en$iron une année aprs. La durée moyenne du sé7our fut de trois
mois. ]ous n!a$ons trou$é aucune diKérence si0niJcati$e entre les
hommes et les femmes cet é0ard# pas plus ,u!entre ceu( ,ui
$i$aient chez eu(# et ceu( ,ui étaient dans des meu/lés# l!hFtel#
etc.
Mrente)trois patients furent rendus leurs familles# les autres
allrent $i$re dans des meu/lés# l!hFtel ou ailleurs. Parmi les sept
patients réadmis# ,uatre $i$aient chez eu(# trois ailleurs. +ncore une
fois# nous n!a$ons trou$é aucune diKérence entre les se(es sur ce
point.
Mrente)deu( patients prirent du tra$ail aprs leur sortie de
l!hFpital. Vin0t)si( tra$aillrent pendant toute l!année ,ui sui$it leur
sortie deu( tra$aillrent moins d!un an# mais plus de si( mois. L
non plus# aucune diKérence si0niJcati$e entre les se(es.
Vin0t des patients étudiés en étaient leur premier internement#treize hommes et sept femmes. 9es $in0t)deu( patients
antérieurement internés# sept étaient des hommes et ,uinze des
femmes. Mrois des sept patients ,ui furent réadmis en étaient leur
premier internement les trois étaient des femmes.
PBMI+]MD -B9CID \ '] B] BP-‚D L+'- DA-MI+.
Dortis -éadmis •
=o
mmes
2
&2
1
& •
^em
mes
2
25
2
3 •
Mota
l
"
2%
1
% `
15&
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La ,uestion des résultats
m -éadmis si0niJe réadmis dans n!importe ,uel hFpital ou unité
psychiatri,ue. +n fait# aucun ne fut réadmis ailleurs ,ue dans nos
ser$ices# pendant 't période en ,uestion.
appréciation
+n 0énéral# l!appréciation des résultats d!un traitement
psychiatri,ue présente de 0randes diKicultés théori,ues et
méthodolo0i,ues. +t cela tout particulirement pour la
schizophrénie. Il n!e(iste pas de méthode 0énéralement admise pour
apprécier les résultats d!un traitement de la schizophrénie# pas plus
,u!il n!y a d!indices 0énéralement admis de la mor/idité ou de
critres des soins.
Le tau( de réadmission est peut)Htre le critre le plus répandu de
l!eKicacité persistante du traitement# et de nom/reu( tra$au(
utilisant ce critre ont été pu/liés au( '.D.B. Ils font état de tau( de
réadmission $ariant considéra/lement 'ne étude sur l!usa0e de la
chlorpromazine menée par Muteur ?1*5*@ a montré ,ue 2&#" • des
patients li/érés retournaient l!hFpital dans l!inter$alle de trois ans#
tandis ,ue Pollac` ?1*58@# dans une autre étude sur la chlorpro)
mazine# rapporte ,ue sur %16 patients li/érés# 1* ` étaient réadmis.
9ans un 0roupe traité a$ec des tran,uillisants et par des entretiens
psychothérapeuti,ues mensuels# Cendel et -apport ?1*63@ ont
constaté ,ue 21#6 ` étaient réadmis dans l!inter$alle d!un an. ^ree
et 9odd ?1*61@ dans leur étude de 5*6 patients# di$isés en un 0roupe
dit de contrFle ?non sur$eillé ré0ulirement@ et un 0roupe de
sur$eillance ?soumis des $isites ré0ulires@# constatrent ,ue 3#51
` des patients du premier 0roupe et 1"#6 ` du second étaient de
retour aprs un an de li/ération. -écemment# Arlins`i et d!+lia
?1*6"@# dans un rapport sur 13 &36 schizophrnes sortis# ont
constaté ,ue "5#5 ` de ceu( ,ui n!a$aient pas été placés sous
sur$eillance et 25#% • de ceu( ,ui l!a$aient été# a$aient été réadmis
dans l!inter$alle d!un an.
151
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La ,uestion des résultats
Calheureusement# peu d!études compara/les ont été pu/liées
dans notre pays et il n!y a pas de chute si0niJcati$e dans les chiKres
du ureau 0énéral d!enre0istrement.
'n rapport fait par -enton et al# ?1*63@# ,ui sui$it 132
schizophrnes des deu( se(es# a montré ,ue 18 ` d!entre eu( furent
réadmis ou se suicidrent dans l!inter$alle d!un an. Mandis ,ue
récemment >elly et Dar0ant ?1*65@# dans un rapport sur ,uarante)
huit schizophrnes des deu( se(es traités par di$erses com/inaisons
de +;M# de forme modiJée de coma insulini,ue profond# et de
phénothiazines# ont montré ,ue# sur une période de deu( ans# "2 `
étaient réadmis au moins une fois et 6 • lo/otomisés. ;ependant ces
deu( 0roupes ne peu$ent pas Htre comparés au nFtre. +n dehors du
fait ,ue# par e(emple# le 0roupe étudié par -enton et ses coll0ues
contient des patients g0és de plus de soi(ante)dn, ans# des
pro/lmes d!échantillonna0e tendent rendre toute comparaison
délicate. Binsi# dans le cas de l!étude de >elly et Dar0ant# on ne dit
pas ,uels ont été les critres de sélection# et il ne sem/le pas ,ue le
dia0nostic ait été $ériJé par un autre psychiatre# ,ue ce soit
indépendamment ou sur accord. 9ans le rapport de -enton et de ses
coll0ues# le 0roupe était sélectionné parmi des patients hospitalisés
dont les dia0nostics enre0istrés étaient désordres schizo)phréni,ues#
numéros 3&&)& 3&&)%# et paranoNa ou états paranoNa,ues# numéro
3&3# dans la classiJcation internationale des maladies. ;eu( ,ui
satisfaisaient au( critres dia0nosti,ues des chercheurs furent
choisis sur e(amen des dossiers. 'n nom/re non spéciJé de patients#
tous dia0nosti,ués initialement partir d!un e(amen clini,ue# furent
ainsi e(clus. 9e plus# il n!est pas dit si la décision d!e(clusion fut
$ériJée par accord ou autrement. Binsi# le 0roupe peut ne pas Htre
représentatif des patients normalement dia0nosti,ués comme
schizophrnes dans un hFpital. ;ela peut a$oir 7oué un rFle sur le fait
,ue le 0roupe connut deu( suicides.
152
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http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 153/167
La ,uestion des résultats
;ependant# l!é,uipe du ;onseil de la recherche médicale du
Caudsley a pu/lié ,uatre articles ,ui oKrent certains points de
comparaison. in0 et al# ?1*5*@# en un rapport sur un 0roupe de 158
schizophrnes admis dans un hFpital de Londres en 1*55)56 et
li/érés dans l!inter$alle de deu( ans# ont montré ,ue 1*#" • des
hommes et 3&#* • des femmes eiaient réadmis dans les deu( ans ,ui
sui$aient leur sortie. ;ependant ces chiKres n!enre0istrent ,ue les
réadmissions opérées dans le mHme hFpital. 'n autre rapport du
;.-.C.# par ron et al ?1*61@# a montré# entre autres choses# ,ue#
sur 625 schizophrnes des deu( se(es admis dans trois hFpitau(
mentau( en 1*56 et sortis a$ant deu( ans# 6" ` étaient réadmis dans
les trois ans ,ui sui$aient leur admission principale.
Plus récemment# la mHme é,uipe ?ron et al#, 1*62# in0 et al#,
1*6"@ a fait un rapport sur un 0roupe de schizophrnes de se(e
masculin# pro$enant de huit hFpitau( psychiatri,ues londoniens# ,ui
ont été sui$is pendant un an aprs leur sortie. Dur les 128 patients#
"1 • ?étude de 1*62@ ont été réadmis a$ant un an. uand le 0roupe
fut réduit ? 113@ par l!e(clusion de ceu( sur le dia0nostic des,uels
les chercheurs éprou$aient des doutes# le tau( de réadmission resta
su/stantiellement le mHme# "3 • ?étude de 1*6"@. ;ependant ces
,uatre études non plus ne peu$ent Htre ri0oureusement comparées
au( nFtres E les échantillons du ;-C comprenaient des personnes
g0ées de plus de trente)cin, ans.
L!étude du ;-C de 1*6"# certains é0ards# se prHte mieu( la
comparaison# mais# encore une fois# des pro/lmes d!échantillonna0e
rendent celle)d diKicile. Par e(emple# il est possi/le ,ue les patients
n!y représentent pas les personnes dia0nosti,uées schizophrnes par
l!hFpital. Blors ,ue dans notre étude le dia0nostic de schizophrénie
est éta/li de manire indépendante par au moins deu( psychiatres
peu de temps aprs l!admission# dans l!étude du ;-C ?1*6"@ le
dia0nostic de l!hFpital# fait au moment de l!admission# alors ,ue les
symptFmes étaient sans doute les plus mar,ués# fut corri0é dans 15
153
7/23/2019 Psy Antipsy
http://slidepdf.com/reader/full/psy-antipsy 154/167
La ,uestion des résultats
des 128 cas par l!une des é,uipes# ,ui $it le patient pour la premire
fois 7uste a$ant sa sortie. ;e dia0nostic modiJé ne fut pas conJrmé
par un autre psychiatre mais les ,uinze patients furent e(clus des
données Jnales.
]ous a$ons discuté de ces diKicultés a$ec l!é,uipe du ;-C et ils
ont eKectué une analyse supplémentaire de leurs données# pour
trou$er un 0roupe de patients li/érés aussi compara/le ,ue possi/le
au nFtre. ;es chiKres n!ont pas encore été pu/liés# mais l!é,uipe du
;-C nous a aima/lement autorisé les reproduire dans ce rapport.
9u 0roupe de 1*56 ?rapport de 1*61@# ils ont e(clu les patients g0és
de plus de trente)cin, ans et ceu( ,ui étaient restés plus d!un an
l!hFpital# ne conser$ant ainsi ,ue 3%" hommes et femmes# parmi
les,uels 1*3# soit 52 `, furent réadmis a$ant un an. Di dans ce
0roupe de réadmission on distin0ue entre hommes et femmes# et
entre patients admis pour la premire fois et patients ayant dé7 été
internés# nous trou$ons les résultats sui$ants E
-B9CIDDIA]D BVB]M '] B].
?patients nou$ellement admis et préala/lement admis@. Premières 8éadmissions dmissions 8éadmissions
admissions ` répétées `
=o
mmes
2
6
"
" `
6
8
5
* •
^em
mes
3
&
"
2 `
6
*
5
6 `
Motal
56
"3 `
13%
56 `
Di# autant ,ue faire se peut# nous comparons ces résultats a$ec les
nFtres# nous trou$ons certains points intéressants# /ien ,u!il faille se
montrer trs prudent a$ant de tirer des conclusions 0énérales.
]ous ne pou$ons pas comparer la réadmission des hommes# le
nom/re des hommes réadmis dans notre échantillon étant trop /as.
15"
7/23/2019 Psy Antipsy
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La ,uestion des résultats
;ependant# si l!on compare le total des patients des deu( se(es
réadmis dans notre échantillon a$ec le nom/re des hommes réadmis
dans le rapport du ;-C de 1*6"# nous constatons ,ue 1% • de nos
patients furent réadmis contre "3 ` dans l!étude du ;-C# et cette
diKérence est statisti,uement si0niJcati$e ?qs ƒ 8#3" p. U .&&5# en
utilisant la correction de ates@. Puis,ue le pourcenta0e des
réadmissions de femmes dans notre étude est plus du dou/le de celui
des hommes# ce chiKre peut aisément Htre réé,uili/ré contre nous.
12 ` de la totalité des patients de notre 0roupe ,ui $i$aient chez
eu( furent réadmis contre ""#" • ?hommes seulement@ dans l!étude
du ;-C ?1*6"@. ;ependant# le nom/re total des patients réadmis est
inférieur cin, et par consé,uent notre chiKre ne peut Htre
considéré comme si0niJcatif sur le plan statisti,ue# /ien ,u!une
tendance se distin0ue ?q< ƒ 8#** p. U &&5# a$ec la correction de
ates@.
9iscussion
9ans ce rapport# nous ne prétendons pas ,ue notre approche du
pro/lme de la schizophrénie soit la seule possi/le# ni mHme lameilleure. ]ous tenons# en premier lieu# montrer ,ue cette forme
de thérapie sociale orientée sur la famille# 7us,u! présent
relati$ement né0li0ée dans ce pays# est au moins eKicace. ]ous ne
cherchons pas tant ro0ner des chiKres de pourcenta0e# ,u!
montrer ,ue nos résultats supportent fa$ora/lement la comparaison
a$ec ceu( o/tenus par les autres méthodes.
+n ce ,ui concerne les tau( de réadmission# nos chiKresapparaissent sur le plan statisti,ue considéra/lement inférieurs la
tendance nationale# dans la mesure o une telle tendance peut Htre
é$aluée. An peut su00érer ,ue la raison pour la,uelle un si fai/le
nom/re de nos malades sont retournés l!hFpital tient nos ser$ices
de soins communautaires perfectionnés ?hFtels de sur$eillance# etc.@.
+n fait# deu( seulement de nos patients s!installrent l!hFtel aprs
leur sortie. Mous les autres retournrent chez eu( ou dans des
155
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La ,uestion des résultats
meu/lés. 9ans tous les cas# nous fournissions des soins post)
hospitaliers ,ui étaient une e(tension de la thérapie familiale et ,ui
consistaient essentiellement pour nous rester disponi/les pour une
consultation# ,uel,ue moment ,ue la famille# le patient ou les
praticiens 0énérau( le demandent. Le nom/re moyen de
consultations par famille# dans
-apport de 1*5* ?0roupe de 1*55\@
-apport de 1*61 ?0roupe de 1*56@
:roupe de 1*56 ;ommunication personnelle
= ^M
otal= ^
M
otal
1. Maille du 0roupe1
23
%
5
%
15
2. Patients sortis l!essai1
&3
5
5
6
25
1
%6
1
*8
3
%"
3. -éadmis a$ant le délai
d!un an# *6
5
3 *6
5
& *6
5
2*6
". -éadmis parmi ceu( $i$ant chez eu(# `
5. -éadmis parmi ceu( $i$ant en meu/lés# l!hFtel ou chez des
frres ou des soeurs# *6
6. Mra$aillant plus de la moitié du temps pendant l!année
sui$ant leur sortie# *6
%. Mra$aillant toute
l!année sui$ant leur sortie# *6 R
8. 1T\ admissions en 0roupe# sortis a$ant 2 ans# *6
*3#5 ` %3#%*6 *1 *6
*. Préala/lement admis# sortis a$ant les 2 ans sui$ant
l!admission principale# *6
86 *6 33 *6
%%#* *6 %3#2*6 253*6
156
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La ,uestion des résultats
52 *6 "2#%*6
1&. *6 du 0roupe ,ui
sont en 1 admission. 3%#"*6
11. Dortis l!essai en 1 admission# *63"*6 36*6 35*6
12. *6 du 0roupe J0és de moins de 35 ans
13. B0e moyen en années du 0roupe
1". B0e moyen en années des patients sortis l!essai
:roupe si0niJe 0roupe en admission principale.
-apport de1*62
-apport de1*6"
-apport de1*6"
= = = ^Mo
tal
2& 22 "2
128 113 2& 22 "2
"1 *6 "3 *61&
*6
23
*6
1%
*6
"5#% *6 ""#" •6
*6
1*
*6
12
*6
2*#" *6 3*#1 *633
*6
33
*6
33
*6
61#* *68&
*6
55
*6
6%
*6
%&
*6
55
*6
62
*6
1&
& *6
1&
& *6
1&
& *6
1&
& *6
1&
& *6
1&
& *6
65
*6
32
*6
"8
*6
15%
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La ,uestion des résultats
sa famille Htre moins pertur/ants l!un pour l!autre# par un tra$ail
intensif a$ec toute la famille# y compris le patient# pendant le sé7our
de ce dernier l!hFpital. Bprs a$oir ,uitté l!hFpital# peut)Htre ont)ils
appris mieu( se comprendre les uns les autres et en sont)ils $enus
penser ,ue ,uel,u!un d!autre les comprend. ]ous les
encoura0eons sentir ,ue dans tout moment de crise ils peu$ent
faire appel nous# pour une consultation familiale d!ur0ence# soit
l!hFpital# soit# l o les dispositions hospitalires le permettent# dans
leur propre foyer# Bu cours des cin, dernires années# ces ,uarante)
deu( familles nous ont appelé sept fois en tout. ]ous a$ons procédé
des réadmissions dans deu( cas. +n temps ordinaire# le patient
aurait pro/a/lement été réhospitalisé dans trois des cin, autres cas.
9es cin, cas de réadmission ,ui restent# il s!a0issait# dans l!un# d!une
femme ,ui a$ait /esoin d!un lo0ement dans une pension# mais ,ui fut
réadmise parce ,u!elle n!en trou$ait pas de disponi/le
immédiatement# et les ,uatre autres cas furent hospitalisés sans ,ue
nous en ayons eu connaissance. ;ela parce ,ue nous de$ions
tra$ailler en consultation et en $isites domicile# systme dans
le,uel E a# un psychiatre inconnu du patient pou$ait le $oir dans une
$isite de routine la consultation b# la famille n!est ha/ituellement
7amais $ue c# le psychiatre# s!il est appelé pour une $isite
domicilire# n!a aucune connaissance de la famille e n!a pas le temps
d!en ac,uérir une.
15*
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$ésumé
Vin0t schizophrnes hommes et $in0t)deu( schizophrnes femmes
ont sui$i une thérapie# orientée la fois sur la famille et le milieu#dans deu( hFpitau( psychiatri,ues# a$ec un usa0e réduit de
tran,uillisants. Bucune psychothérapie indi$iduelle ne fut faite.
Bucun des soi)disants traitements de choc ne fut administré et nous
n!a$ons pas eu recours la lo/otomie non plus. Mous les patients
,uittrent l!hFpital dans lannée ,ui sui$it leur admission. La durée
moyenne de leur sé7our fut de trois mois. 9i()sept pour cent furent
réadmis dans l!année ,ui sui$it leur sortie. ]os résultats sontdiscutés. Ils nous sem/lent éta/lir au moins une premire approche
sérieuse pour une ré$ision radicale de la straté0ie
thérapeuti,ue employée dans la plupart des unités psychiatri,ues#
en relation a$ec le schizophrne et sa famille. ;ette ré$ision $a dans
la li0ne des dé$eloppements en cours de la psychiatrie sociale au
-oyaume)'ni.
8emerciements & <ous tenons à e!primer ici notre reconnaissance
au! psychiatres consultants des hpitau! concernés, pour leur
coopération à la réalisation de ce travail, et au personnel clinique et
tn2rmier des deu! hpitau!, dont l’aide a été, bien sAr, inestimableX.
<ous aimerions également remercier pour leurs précieuses
critiques et leurs conseNs, qui nous ont aidé dans la préparation de
ce travail, le docteur 5#=#4# 9o?lby, le docteur # @# 9rotun, le
16&
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-ésumé
professeur # Bf. $arstdrs, le docteur $# 4# ParTes, le docteur h ;#
Patterson et le professeur M. erguson 8odger#
161
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family relations of schizophrénies # Psychiatry, 1*58# 21# 2&5.
1
le passa0e e(trait du Prophète, de >ahlil :i/ran ?édition de 1*26#
réimprimée en 1*65@# ainsi ,ue l!éditeur du 9ritish 4édical =ournal,
,ui m!a permis d!utiliser dans l!appendice larticle intitulé
4 -ésultats d!une thérapie orientée sur la famille# dans le cas de
schizophrnes hospitalisés # 9rit# 4éd# =#, 18 décem/re 1*65 ?2@#1"62)5.
2
<!appellerai ainsi le champ social o l!éti,uette 4 schizophrénie
est par certains acteurs attachée d!autres acteurs.
5
;f. Car( E \ L!histoire n!est rien d!autre ,ue l!acti$ité des hommes
la poursuite de leurs Jns # Car()+n0els# esamtausgabe, $ol. 1#
sect.# 3# p. 265.
6
;f. la cél/re description du corps faite par Dartre dans 5tre et
le <éant, 1*5%# m# 2.
%;omparez ceci a$ec la chanson fol`lori,ue /ien connue ,ue
chante Pete Dee0er E 4 Little /o(es# on the hillside o s!e(prime
trs /ien une condition dominée par la c /oOte .
8
Lain0# 1*61 Lain0 et +sterson# 1*6"
*
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i/lio0raphie
+n franGais dans le te(te.
1&
+n franGais dans le te(te.
11Parfois traduit par 4 dou/le /loca0e ou# mieu(# 4 dou/le
impasse .
12
+n /ref# si l!on prend une proposition p, et ,u!ensuite on aKirme
une proposition propos de p, dans la,uelle p est un terme de la
proposition alors p est du premier type lo0i,ue et PC du second type
lo0i,ue. 9e mHme# une proposition propos de pC, est du troisime
type lo0i,ue.
13
+n an0lais E isolationnist# )<, d# E#+
1"
+n an0lais E double binding# )<# d# E#+
15II y a ,uel,ues Jls psychanalyti,ues é$idents# par e(emple la
référence au( 4 9arres Cars faite par +ric p. *6. Cais les
implications de l!interprétation# dans cette situation d!en0a0emeJt
total# sont inJniment comple(es# et ne sauraient Htre formulées dans
les termes su00érés par une e(périence psychanalyti,ue deu(
person)
16
9ans les pa0es ,ui sui$ent 7!utiliserai des termes tels ,ue
4 schizophrnes # 4 patients # 4 traitement a$ec des 0uillemets
sous)entendus. <!ai dé7 montré# et continuerai de le faire dans cet
ou$ra0e# com/ien douteuse est la $alidité de ces éti,uettes mais
pour l!instant# 7e me /ornerai constater ,u!elles sont utilisées et 7e
166
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i/lio0raphie
sui$rai l!usa0e. <e dois dire é0alement ,ue# /ien ,ue 7!emploie
sou$ent le présent# 7!ai ,uitté# en fait# le Pa$illon 21 en a$ril 1*66.
1%
Les inJrmiers de l!unité portaient parfois leur /louse /lanche# noncomme uniforme# mais pour se proté0er pendant certains tra$au(
salissants comme le la$a0e.
18
<us,u! 13 f 5& par semaine pour les patients ,ui tra$aillaient
lhFpital
1*
L!hFpital de 2 1&& patients était di$isé en trois di$isions plus ou
moins autonomes# chacune diri0ée par un psychiatre consultant.
2&
Le pro/lme du dia0nostic# ,ui entre é$idemment dans tout
rapport sur la schizophrénie# est e(trHmement ardu# car il n!y a paO
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