pulsion invocante texte - laznik · 2017. 10. 3. · maintes reprises par lacan5 : un enfant...
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Lapulsioninvocanteetl’Autredanslacliniquedubébé
*Jemesuisbeaucoupintéresséesaurenversementpulsionnel,etparticulièrementàlapulsion,orale,jevoudraisproposerquecequiestmanquantauniveaudubébéquicommenceunautisme,c’estlapossibilitéd’opérercerenversement,c'est-à-diredepasserd’unepositionpurementpassive,selaisserembrasserlespieds,sucerlespetitsdoigtsdelamainàla«voiemédiane»(Benveniste)queLacanprôneauséminaire11:le«sefaire»,formeéminemmentactivedelapassivité.
Sefaireembrasserlepiedenl’offrant,sefairesucerlesdoigtsdelamainenallantlesmettrevolontairementdanslabouchedel’autre.SelonFreud-etLacanlesuitlà-cetAutredevientproprementlesujetdelapulsion,lebébésefaisantsonobjet.Aveclesurgissementdecenouveausujetdelapulsion,quelebébéincarne,labouclepulsionnellepeutserefermer,etl’onpeutparleralorslégitimementdelamiseenplacedelafonctiongrandAutre.
Aveclapulsioninvocante,c’estunetorsionsupplémentairequevaproposerAlainDidierWeillauséminaire1,oùLacan,sansl’avoirprévenu,l’inviteàintervenirsurquelquechosedontilluiavaitparlé.
Cettetorsionsupplémentairem’intéresseauplushautpointcar,endonnantuneperspectivenouvelleaurôledubébédanssarelationàl’autre,ellepermetd’éclairerdespointsimportantsdudébatactuelsurl’autisme,débatréactivéparlefilm«lemur».
Jen’utiliseraiiciquelaprésentationfaiteàceséminaire,etàlaquelleLacann’apastrouvéàredire–cedontilneseprivaitpasàd’autresoccasions.Cetteinterventionaétépubliée17ansplustarddanssonlivreLilaetlaLumièredeVermeerchezDenoël.Maisl’audacedeschangementsdeplaceentrecelledegrandAutreetdesujetydisparaît**.J’ai
1LacanJ.SéminaireXIV:L’insuquesaitdel’une6bévues4aileàmourre,leçondu21/12/76
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moi-mêmeétéobligéederenonceràplusieursdemesaudacespourpouvoirêtrepubliéedanslamêmecollection:exigencesdescollectionspourlibrairies.
Cetteprésentationdelapulsioninvocantesefaitàpartirdelaquestiondel’écoutedelamusique.
Commeils’agitdejournéessurlebébé,mettonslamusique,danslepremiertemps,ducôtédelavoixdelamère.
AlainDidierWeil,lui-mêmeplustardaparlédelapetitemusiquedelavoixdelamère.Noustraiteronsdoncdemusicalitéentrelebébéetsamère,avecenpluslaprésenced’untiersquienregistre.Celapeutêtreunmagnétophoneouuntéléphone,maisletiersyestdéjàprésentdansl’intentionnalitédefaireentendrel’enregistrement.
D’autreschercheursutilisentcetermedemusicalité.ColwinTrevarthen,dontunarticlesetrouvedanscemêmenuméro,étaitungrandspécialistedulangagechezlebébé.Jusqu’aujouroùils’estdétournédeceterme:lesrecherchesdescognitivistessurl’acquisitiondulangageavaienttellementpeuàvoiraveccedontils’agissaitpourlui-l’installationdusujetbébédanssarelationàl’autre-qu’illeuralaisséletermeetneparleplusmaintenantquedemusicalitéentrelebébéetl’autre.Iln’estpaspsychanalystemaissacolèrecontrelesrecherchesrappellecelledeLacanen1971quantilditquel’inconscientn’aquefairedesdiverslangages,mathématique,métalangage,langagemêmeauniveaudelabiologie.Onparledelangage–dit-il–àtortetàtravers.Désormaisilparleradelalangue(enunseulmot)néologismequiluiestvenud’unlapsus,celavadanslesensdelacliniquedesbébés.Noussommesdoncicidansundépliagedecertainescomposantesduchampdelalangue.
Premiertempsdelapulsioninvocante
Alain Didier Weil partait du mélomane qui écoute l’enregistrement d’une musique. Il met l’auditeur du côté du S barré**. Pourque ce premier temps de la pulsion invocante exister, il faut que la musique de cette invocation trouve un auditeur, nous di-il.
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La musique qui va vers l’auditeur, il l’écrit grand A barré, barre qui ne se comprend que par la suite. Si cette musique touche le sujet, c’est qu’elle le renvoie à quelque chose qui lui manque, ce qu’il indique par le petit « a ». L’auditeur, il l’écrit sujet barré.
Temps premier pour Alain Didier Weil
Deuxième temps de l’écoute musicale
Alain Didier Weil propose que l’on imagine un temps, qu’il appelle deuxième, mais qui logiquement antécède celui de l’auditeur: celui de la création de la musique par le « musicant ». Là, c’est ce musicant –le sujet qui produit la musique – qui
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est en place de sujet barré. Si rien ne lui manquait il n’aurait pas besoin de créer de la musique. Il adresse cette musique à un Autre qu’il suppose pouvoir la recevoir car elle correspondrait à un manque chez lui.
DeuxièmetempspourAlainDidierWeil
Nousallonsrelirepourlebébécettepropositiond’AlainDidierWeil
Prenonsunexempleclinique.Isabelle*,estunepetitefillefranco-allemande,quejereçoisàdeuxmoisetdemi.Ellen’apasl’ombred’uneintentionderegarderquiquecesoit,nisonpèrenisamèreetLaznikabeaucoupdedifficultésàcaptersonregard.Quandellesedevantlebébé,celle-ciregardetoutcequiestautoursaufLaznik:ilyavaitunrefuscompletde
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communication.Quandlamèrel’avaitsurlesgenoux,Laznik,placéefaceàellesdeux,pouvaitcapterparfoissonregard,maispaslamère,mêmequandLazniktenaitlebébésursesgenoux.«Elleneveutpasregardermaman»,disaitlamère,douloureuse.Nousn’allonspasicirelaterletraitementmaisdonnerquelquesextraitsd’uneséanceàseptmois,carelleprécèdel’enregistrementd’undialoguemusicalentremèreetfillequinoussembleillustrerauplusprèslaquestiondelapulsioninvocante.NoussommesdéjàdansuneétapedutravailoùIsabelneromptpluslelienavecsesparents.
Isabelle est par terre sur le ventre sur un tapis d’éveil. Laznik, assise à côté d’elle parle, avec les parents également assis par terre, un peu plus en arrière. La mère raconte à Laznik comment ils endorment leur fille. Cette dernière, très attentive, essaye néanmoins d’attirer l’attention de Laznik avec force sourires.
Laznik: “ Mademoiselle, la souriante. Tu vas pouvoir être élue députée des sourires ! Tu es une sourieuse ! »
Le visage souriant d’Isabelle, qui se tord en arrière, va de l’un à l’autre, en cherchant à les faire sourire à leur tour. Se faire l’objet de la pulsion de l’autre, pour s’assurer en retour de son plaisir, lui est maintenant vital. Nous avons souvent remarqué cette nécessité chez des bébés sortis de l’autisme. Il y a chez eux, plus que chez d’autres, ce besoin de provoquer une réponse chez l’adulte. Réponse qu’ils connaissent maintenant et qu’ils n’ont de cesse de retrouver. Ici pouvons dire qu’elle crochète la jouissance de l’Autre, car cette fonction s’est mise en place2.
Mère – Hier matin, au réveil, nous avons eu une très belle conversation : elle avait des expressions du visage ! Elle bougeait ses sourcils ! Elle parlait en sortant sa petite langue : « nan, nin, nan ». Et elle parlait avec d’autres intonations !
Laznik : - Dommage que vous ne l’ayez pas enregistrée ! Trevarthen, l’aurait beaucoup aimé.
2Quandlebébéécouteetrépond,nouspouvonspenserquesonlienàl’autre(lamèreparexemple)permetlaconstitutiond’unefonctionqueLacan–danslesderniersséminaires–nommegrandAutre.
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Le bébé montre alors sa langue à chacun de nous trois, nous regardant jusqu’à obtenir des éclats de rire. Il s’agit là du troisième temps de la pulsion, le « se faire regarder ». La réversion pulsionnelle marche à fond.
La semaine suivante, la mère m’apporte un magnétophone sur lequel elle a enregistré la conversation du lendemain matin de cette séance, où mère et fille alternent dans un dialogue musical.
Reprenons les propostions d’Alain Didier Weil.
Premier temps de la pulsion invocante entre Isabel et sa mère
Aseptmois,ellesaitquelquechosesurlemanquedesamèrecars’ilneluimanquaitrien,àcettemère,pourquoiinvoquerait-ellesafille?
C’estlebébéquiestenplaced’Autreauquellesujetmère(Sbarré)s’adresse.SiIsabelnerépondaittoujourspas,elleresteraitfigéedanslaplacedegrandAutrenonbarré.C’estcequisepassesouventsil’enfantdevientautiste,ilrisquefort
deresterpourleparentdanscetteplaced’instance«grandAutre»3.
Isabellenesavaitriendesonmanqueentantqu’Autremaiscelaluirevientdusujet(samère)quiluienditquelquechose.Ici,danscepremiergraphe,c’estlamèrequiestenplacedeSbarré.
3RemarquedéjàfaiteparCharlesMelman.
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Côtémèrecôtébébé
Isaselaissemaintenantpousserparlesujetmaman,ellereçoitquelquechosede«l’objeta»dumanqueenécoutant.
Sicettevoixl’émeut,c’estbienqu’elle-mêmeestmanquanteetnoussommesdoncautorisésàmettreunebarresurcegrandAutre*.(corrigeravecaided’Oussama)
Deuxième temps de la pulsion invocante chez le bébé
Maintenant,unretournementpulsionnel,unpointdebascule,vaavoirlieu:BébéIsabellevapasserdel’autrecôté,c’estellequinonseulementestreconnuecommeauditeur,maiscettemusiquesurgitcommequestionenelle,etlavoilàassignéeentantquesujetàyrépondre,elleécoute.
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PourAlainDidierWeil,lerenversementpulsionnel,c’estlechangementdeplaceentrel’Autrebarréetlesujetbarrémarquédumanque
Quandlebébéestauditeur:Côtébébécôtémère
Danscequelamèreraconte,ilyaeuencored’autresrenversements.Lebébérépondparunemusiqueadresséeàl’Autre.Chezlesbébéstoutvenants,celacommencevers4ou5semaines.Isabelquiaprésentéundébutdepenteverl’autismeneleferaqu’àseptmois
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Quandlebébéestmusicant:Côtébébécôtémère
DansladémonstrationqueproposeAlainDidierWeil,cenouveauretournementnepeutpasapparaitre.
Maispourlebébé,labarresurSmesembleprématurée,mêmesilebébéexpérimentequelquechosedesonmanque.
Lesujetbarré- / S -supposeuneopérationcomplexedécriteparLacandansleséminaireduDésiretsoninterprétation,àlaséancedu11février1959.
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Ilpartd'unescènedécriteparSaintAugustin,auquatrièmesiècledenotreère,danslesConfessions4,etcommentéeà
maintesreprisesparLacan5:unenfantregardesonpetitfrèreauseindelamère.L'enfantestblêmefaceàcespectacle.Amaroaspecto,écritAugustin,quiparlesûrementdelui-mêmeetdeson«invidia(sajalousie)auspectacleamerdesonfrèredelait»Lacanditaussideceregard,«qu’ilfaitl’effetd’unpoison»
Ils’agit,pourLacan,d’uneexpériencecruciale,celledumomentlogiquefondateurdudésir.Cetteexpériencedontlaportéeesttoutàfaitgénérale,nepeutcependantapparaîtrequ’àtraversuneformalisationqueLacandéveloppedanscetteleçon(pagéditionMiller)*defévrier19596.
4SaintAugustin,Confessions,I,VII,citéparJ.Lacan,inLescomplexesfamiliaux,op.cit.,p.36.
5ErikPorgeaécritunexcellentarticlesurlesvariantesdetraductionetd’interprétationqueLacanapudonnerdecettescèneE.Porge:,inlaFrérocité,revueLittoral,n°30.
6Ils'agitd'unquadripodequiconsisteenl’articulationd’unedoublemétaphore.
i (a )/ S ◊
aI
Voyonsdonccommentfonctionneladoublesubstitution.Lapremièreestreprésentéepari(a)
/ S .
Lesujet, / S ,chuteendessoustandisquesonfrèredelait,i(a)usurpesaplace.Ladeuxièmesubstitutionestreprésentéepara
I.L’objeta–danslecasdécrit
parSaintAugustin,lesein–vientprendrelaplacedelamèreidéale,touteUne,premièreformedel’Un,représentéiciparI.Cesdeuxopérationsontlieudefaçonconcomitante,cequeLacanreprésenteparlepoinçon◊.Ilresteàexaminerdeuxautresrelationsnotablesquirésultentdel’opérationd’unchiasme:toutd’abord( / S ◊ a),oùsetrouvereprésentélerapportdusujet,( / S ),àl’objeta,enl’occurrencelesein.
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LepetitgarçonAugustindécouvresondésirpourlesein,aumomentmêmeoùilenestprivéparl’usurpateurquienjouitàsaplace.Avant,ilnesavaitpasqu’illedésirait.Maisleseinpourraitêtreremplacéparleregard,outoutautreobjetpulsionnel,lavoixquis'adresseaupetitfrère,parexemple.Entoutcas,cen’estqu’entantquesujetprivé,marquéparlemanque,qu’ilpeutadvenircommesujetd’undésir- / S -Iln’estsujetd’undésirqu’àcemomentlà,quandcetobjet,c’estmonsemblablequienalajouissance.7
Ilnoussemblequ’Isabellen’apasencorevécucetteexpérience,cequirenddifficiledelareprésenterpar / S .NouslareprésenteronsparunSbarréenpointillé*(Oussama!)carlefaitqu’ellerépondeàpetitemusiquedelavoixdesamèreindiquequ’elleestmanquantedequelquechose.Plustard,àlanaissancedesonfrère,elleavraimentvéculedramedel’assomptiondusujetauregistredudésir.
Pourexaminermaintenantleséchangesvocaliquesquesamèrenousaenregistrées,ilnousfaututiliserdesoutilsproposéparTrevarthen.
Eneffet,ilaaffinélesconnaissancessurlaprotoconversationendémontrantcomment,poursemouvoir,lesvoixdel’adulteetdubébéysuiventunmoderythmique,avecunerégularitéprédictible.Ilspeuventainsiéchangerdessons,desexpressionsfacialesoudesgestes,parfoissurunmodesynchronique,leplussouventenalternantsuruntemporégulier.Il
7Noussommesmaintenantenmesuredelirelaformulecommesuit:lesujet( / S )prendconsciencedel’objeta(icilesein)enmêmetempsqu’ilprendconsciencequ’ilenestprivéparcetautreenfanti(a),sonfrèredelaitquiusurpesaplace.
Cetteformulesembledoncreprésenterconvenablementlemomentoùs’installent,defaçonconcomitante,l’objeta,lesujetentantquedésirant( / S )etsonrapportfantasmatiqueàcetobjet:( / S ◊ a).Noussommeslàenprésencedelaformulelacaniennedufantasme.
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adécouvertquecesmodessontdesco-créationsdubébéetdel’adulte,chacunétantcapabledeprévoiravecexactitude
cequel’autrefera8.
Voyonstoutd’abordleconceptdenarrativitédécritparDanielSternetreprisparTrevarthen.Lanarrativitésecomposedequatretemps:introduction,développement,climaxetrésolution.Dansl’enregistrement,quelamèred’Isabellenousaconfié,onentendplusieursnarrationsquisesuivent.Al’invocationdesamère–l’introductiondanslesensdeStern-nonseulementIsabel*répondetparticipe,ainsiqu’audéveloppementetauclimax,maisellenecèdepasàlarésolutionquesamèreessayed’introduirepourenfiniraveccetteconversationetpouvoirluidonnersonbiberon.Elleestàjeunaprèssanuitdesommeil.C’estellequivacréerdenouvellesintroductions,àdenouvellesnarrations;celan’auradecessependantpresquevingtminutes.Elleestassoifféedepulsioninvocante,commesiellevoulaitrécupérerletempsperdu.Isabellaadécouvertlecrochetagedelajouissancedel’Autreautroisièmetempsducircuitpulsionnel.Elleveutlerépéteretlerépéter.Cebesoinesttoujoursprésentchezlesbébésquiavaientmontréunepenteautistiqueauparavant.Ilsleurest
nécessaired’inscriredemultiplesfoiscetteexpériencedeplaisirintense.9
µ
Essyaerdemettreicileséchangessonoresetmusicalesetsamère**
8TrevarthenC.(2004):“Intimatecontactfrombirth:Howweknowoneanotherbytouch,voice,andexpressioninmovement”.in,KateWhite(ed.).Touch,AttachmentandtheBody,pp.1-15.Karnac,London
9Pourlesneuroscientifique,celas’entendtrèsbien:lebébédoitrépétercetteexpérienced’intenseplaisirpourquefrayagedecesconnexionsneuroniquess’inscrivebienetrestedoncunevoieouverte.
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Lebébédevientsujetd’uneactionadresséeàl’autre,actiondereprendrelamusique,àsafaçon,maisenenrespectantlesrègles.Touslesbébésquivontbienlefontdanslesrègles.Lebébémusique(faitdelamusique),pourreprendrel’expressiond’AlainDidierWeil.
TroisièmetempsdelapulsioninvocantechezAlainDidierWeil
C’estentantquesujetquelebébéauneperspectivedumanquedansl’Autre.Selon,AlainDidierWeil,ilyaunmomentdejouissancequialepouvoirdefaireévaporerl’objet.C’estuninstantoùlemanquevientàmanquersansquecesoitgrave,dansunecomplétudeentrevueentrelesujetetl’Autre.
Disonsquec’estdansle«climax»commenousl’avonsentendu***dansl’enregistrementd’Isabelleavecsamère.
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Ilylàsublimationdeladimensionsexuelle-etl’admirationdelamèrepoursafilleestprépondérante.N’oublionspasdequoiils’agitquandnousparlonsdedimensionsexuellechezlebébé.Enaucuncasiln’estquestiondelagénitalité,celledelasexualitédel’adulte.Cettedimension,quiseconfondsouventavecletermemêmedesexualité,n’arienàfaireavecunbébé.Ici,letermesexualitéestutilisédansunsensbeaucouppluslarge,celuidubouclageduparcoursentroistempsducircuitpulsionnel.Decepointdevue,lebébéquiarriveàsefairevoir,ousefaireentendreparl’adultequis’enoccupe,apermisquelecircuitdelapulsionscopiqueoudelapulsioninvocantesecomplète.Toutcommelebébéquisefait«croquer»sonpetitpiedparsamère.Danslesensfreudien,danscestroiscas,nouspouvonsparlerdesexualitédubébé,cellequiluiestnécessairepoursonépanouissemententantquesujet.Maisilfautquecetteexpériencesoitdecourteduréeetqu’elledonneplaceàune«sublimation»,termeemployéparAlainDidierWeil,oùc’estl’admirationquivadevenirprépondérante.Lacanparlealorsde«parade».Aprèsavoirditquelamèreenseignelajouïssanceàsonpetit,il
ajoute,«elleluienseigneàparader»10.C’estcelaquipermetdenepastropchaufferducôtédelajouissance.
RevenonsàIsabelle:nousvoyonsquec’estlebébéquid’auditeurdevientchanteurtoutencédantensuitecetteplace.Cerenversementpeutencores’opérer,d’innombrablesfois.
Laplacedel’Autre,àquichaquelesujets’adresse,s’échangeàchaquefoisainsiquecelledusujet.
Auniveaudelapulsionorale,quandlepetitbébéoffraitsonpiedàl’autre,sefaisantsucerlesdoigtsoulepied?j’enavaisfaitlagarantied’unnonretourauxdimensionsautistiques.
10LacanJ.:L’enversdelapsychanalyse:séminaireXVII»,leçondu11février1970.
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Nouspourrionsaussilirecegrapher-alasuitedePiercetelqu’ilaétéprésentéauséminaireOupire(Recanati14/6/72)-commelebouclaged’unefonctionquisemetenplaceentrel’autreetlesujet,aveclaréversionnécessaire.
LegrandAutreseraitlarésultantedelamiseenplacedecettefonction.Iln’apasbesoind’exister,iln’estquerésultanted’unefonction.C’estcequeproposeRenéLewparexemple.
NousintéresserauxconceptsdecedernierLacanaprèsPierceetFregeapournouscliniciensdel’autismeunegrandeutilité.
Ilsnouspermettentd’êtreanalystessansavoirbesoin,pourcefaire,decroireàl’originepsychogénétiquedel’autisme.
QuelegrandAutreneviennepaslàs’yconstituern’aplusàêtreimputéauseulchampduparent.Lesrecherchessurlesfilmsfamiliauxindiquentcombiencesbébésnerépondentpasauappelsquileursontadressés.
RevenonsàIsabellapourconstatercommentàdeuxmoisétdemi,quandjelarencontreavecsesparentsellenerépondàaucuneinvocationdesesparents,pasplusquedel’analyste.
Aulieudevousdonnerunecauseàcettesituationquel’onobserve–causequirenverraitdenosjoursàladimensiondureligieuxlesreligionssurl’autisme–jevousproposeraisplutôtunemétaphore,prise,elleaussidanscetteinterventiondeADWauséminairedeLacande76.
Ils’agitdansHomèredessirènesquichantentàUlysses.Ilaprislesoin,pourysurvivredesefaireattacheraumat,pournepasseprécipiterdanslesflotsetilabouchélesoreillesdesesmarins.Eux,n’entendentrien.Cequilessauved’undangermorteld’engloutissement.
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ADWsoulignelefaitqu’ilsn’entendentpaslescrisd’Ulysse.Ilsn’entendentaucunevoix.jevouslesproposecommemétaphoredemonbébéquin’écoutepas.Voussavezd’ailleursquelediagnosticdifférentielavecunesurditéesttoujoursàfairedanslecasdel’autisme.
Cechantestvécucommemenaçantparcebébéetiln’ad’autrerecoursquededésaférenterlepôleperceptif,deseboucherlesoreillesenquelquesorte.Cetteexpérience,lepsychanalystequireçoitcebébél’éprouvetoutautantquelesparents.Ilneluirépondpasplus,tandisquelebébéd’unemèredépriméeoupsychotique,lui,iras’accrocherassezrapidementauregardetàlavoixdupsychanalyste.Onnedirajamaisassezquecenesontpaslesmêmesbébés.
J’aitendanceàpenserquecettenécessitédesemettre,telslesmarinsd’Ulysse,delaciredanslesoreilles,proviendraitdefacteursd’hypersensibilitéinnés.Enparticulier,d’hyperacousie.Lepèred’Isabela,pianisterenomméàBrasiliaoùilhabite,avaitlui-mêmeétéprispoursourdquandilétaitpetit.Puis,versdeuxansons’étaitaperçuqu’ilavaituneoreilleabsolue.IlestenpassedefaireuneimportantecarrièredepianisteauxEtatsUnis.
Voiciunfilmfamiliald’unbébéquiluiestrestésourdàtouteslesinvocationsdesparents,dupèreaussicommenousvenonsdevoir.
Quepouvonsnouspenserdecesbébés?
Qu’enditlaneuroscience?LeprofYvesBurnot(Inserm)avaitproposéavecleprofCatherineBarthelemideToursuntrèsjolipetitmodèle:onpourraitimaginer,auniveaucorticalunedifficultéàfiltrerlesexcitationsprovenantdumondeperceptif,commes’iln’yavaitpasdediafragmation.
Nouspourrionsprendrel’EsquissedeFreudpourpenserquelquechosedetrèssemblable.
Nousnedisonsriensurlacause,pourquoicesbébésseraintcommeça?
17
Cequiintéresseleclinicienquepeutl’analystepourqueçachange?
Sansledévelopperici,jepensequecemomentdejouissiancepartagéeentrelesujetetl’Autremesemblemutant.AKandeletàsesélèvesaussi.
Maisç’estunautreexposé
18
c
19
20
21
h
T’asb
iendo
rmi?
Dadada
Tata
Tata
Tata
Tuas
rêvé?
Tata
Oui
Oui
Tuas
rêvé,oui?
Tata
Tata
DADA
AAH!
Dada
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Introduction
Mère:aaaoooohhhhhh
Isa:aahao
Isa:ééééé?(écouteur)
Mère:éééééé(écouteur)
Isa:là
Mère:là?làOùlà?Oulà?notececimontrequecettemèrefaitlasuppositiondesujetchezsafille:elleluisupposelavolontédeluimontrerquelquechose
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Developpement
Isa:an
Mère:(an?)Hein?
(écouteur)ilmanqueplusieursintéractions,ilyaaumoins4intéractionssonoresdubébéavecsamèreavantquecelle-cinepassedelapuremusicalitéàundiscours,quigardenéanmoinslesaspectsmusicaux
Bonjour!Oui?Tu-aseudebeauxrêves?Hein?Tuasbiendormi?
Climax
Mère:Tuasbiendormi?
Isa: Da,da,da!
Ta,ta!
Ouca!
Ca..a
mère:T’asrêvé?
Isa:oua
Mère:oui
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Oui?
Oui?
Mère:Tuasrêvé?Tuasrêvé?
Nousentendonslàencorelamèrefairel’hypothèsedusujetchezsonbébé:ellepensequesapetitefilleluirépondparl’affirmativeàsaquestionsurlesrêves.Etcettehypothèsed’unetellecompétencechezellefaitexulterlebébéquidonnetoutesavoixpourrépondreunlong,musicalettonitruant:«Da!Da!.....DADA!
Auquellamèrerépondparundiscret«dada»,d’autantquesondevoirdemèrelaramènesurterreetlanécessitédedonnerlebiberonàIsabel.Ellesouhaites’engagerverunerésolution.
Résolution:
Mère(àlaplacedubébé)::da,da,da,da,da!Jecommenceàavoirfaim!Hein?
Isa:éééééDA?
Mère:ébéba!Ébéba!Ébéba!(mettrelecasqueetrevoirlapartdechacune).
Pourintroduirelafindudialogue,lavoixdelamère-enénonçanttendrement«poupinette»-prolongelesdeuxdernièressyllabesendescendantbeaucoup.Cetteformededescenteesttypiquedesvoixdesmèresdansletempsdelarésolutioncarelleviseàcalmerl’enfantetpouvoirpasseràautrechose.
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Isabelle,commenousl’avonsdit,assoifféedepulsioninvocante,nel’entendpasdecetteoreille,etdiversesautresnarrationss’ensuivront.
Nouspouvonsmaintenantreprendrelaquestiondelapulsioninvocante.
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