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MESURES ANTHROPOMETRIQUES ET COURBESDE CROISSANCE CHEZ LES ENFANTS CRIS DE
LA BAIE JAMES, DE LA NAISSANCE A CINQ ANS
Claudette Lavallée
Département de santé communautaireHôpital général de Montréal
Octobre 1986
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5245, boulevard Couslnoou, bureau 3000Saint-Hubert, Quebec
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MESURES ANTHROPOMETRIQUES ET COURBESDE CROISSANCE CHEZ LES ENFANTS CRIS DE
LA BAIE JAMES, DE LA NAISSANCE A CINQ ANS
Claudette Lavallée
Département de santé communautaireHôpital général de Montréal
Octobre 1986
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PiES
La présente étude a été financée pour une grande part par le Ministèredes affaires sociales ainsi que par l'Association des médecins du Départe-ment de santé communautaire de l'Hôpital général de Montréal, je les enremercie.
J'aimerais aussi exprimer ma reconnaissance au personnel médical etadministratif du Conseil cri de la santé et des services sociaux à Chisasibiainsi qu'au personnel infirmier des cliniques de chacune des communautés;sans leur hospitalité et leur soutien, cette étude n'aurait pu être menée àbien. Merci enfin aux mères cries qui ont si gentiment accepté de fairemesurer leurs enfants et à Jean Gauthier qui a apporté son concours lors dela cueillette des données.
Ont également collaboré à cette étude, Louise Francoeur pour la program-mation, Martine Comeau pour la codification et Mireille Paradis pour letraitement de texte. Gilbert Gagnon et André Allaire ont aimablementaccepté de donner leurs commentaires sur le document.
RÉSUMÉ
Cette étude a été menée dans le but d'établir des courbes de croissance
propres à la population crie du Nouveau-Québec de façon à constituer un
outil de référence utile aux professionnels de la santé oeuvrant dans ce
milieu spécifique. Des normes anthropométriques ont été construites pour le
poids, la taille, le diamètre crânien ainsi, que le poids en fonction de la
taille. La population-cible étant en nombre très restreint, elle n'a pas
été échantillonnée; tous les enfants de 0 à 5 ans ayant pu être rejoints ont
donc été mesurés selon une méthode transversale. Les centiles ont été
estimés pour chacun des groupes d'âge et les courbes produites en vue de
leur utilisation clinique. Une comparaison graphique indique que ces
courbes sont passablement différentes des normes américaines utilisées
jusqu'à présent sur le territoire, particulièrement en ce qui a trait à la
circonférence crânienne. Les bébés cris se sont également révélés plus
lourds à la naissance que des populations caucasiennes d'une part, et
amérindiennes d'autre part.
Mots-clés: poids, taille, diamètre crânien, normes, croissance,
amérindiens, enfants.
ABSTRACT
This study was conducted in order to develop growth charts specific to
the Crée population of New Quebec. These charts will serve as a useful tool
for the health professionals working in this specific area. Anthropométrie
norms were built for weight, height and head circumference as well as height
for weight. Since the target population is too small in number, it has not
been sampled; however, all children between 0 and 5 years old, which could
be reached, have been measured cross-sectionaly. Centiles have been
estimated for each age group and curves have been produced for clinical use.
A graphic comparison indicates that these charts, especially those of the
head circumference, are fairly different from the American norms used until
now on the territory. The Crée babies also appear to be heavier at birth
than Caucasian or native populations.
Key words: weight, height, head circumference, norms, growth, natives,
children.
TABLE DES MATIERES
PAGE
1 - IHTB0DUCTIOH 11.1 - PERTINENCE DE L'ETUDE 11.2 - OBJECTIFS 4
2 - METHODOLOGIE 72.1 - POPULATION-CIBLE 72.2 - METHODE D'OBSERVATION UTILISEE 92.3 - CUEILLETTE DES DONNEES 122.4 - ENREGISTREMENT DES DONNEES 142.5 - TESTS DE FIABILITE 15
3 - RESULTATS 173.1 - ANALYSE STATISTIQUE DES MESURES RECUEILLIES 173.2 - PRESENTATION DES RESULTATS 183.3 - COMPARAISON DES COURBES DE CROISSANCE CRIES AVEC CELLES DE
BOSTON 223.4 - POIDS A LA NAISSANCE, ORIGINE ETHNIQUE ET ENVIRONNEMENT . . . 25
CONCLUSION . 29
BIBLIOGRAPHIE 33
A - TABLEAUX DES DONNEES ANTHROPOMETRIQUES POUR LE POIDS, LATAILLE, LE PERIMETRE CRANIEN ET LE POIDS EN FONCTION DE LATAILLE DES GARÇONS ET DES FILLES CRIS DE 0 A 5 ANS
ANNEXE B - GRAPHIQUES DES COURBES POUR LE POIDS, LA TAILLE, LE PERIMETRECRANIEN ET LE POIDS EN FONCTION DE LA TAILLE DES GARÇONS ETDES FILLES CRIS DE 0 A 5 ANS
ANNEXE C - COURBES DE CROISSANCE DE BOSTON MONTRANT LES MESURES ANTHROPO-METRIQUES DES CRIS EN SURIMPRESSION
D - DESCRIPTION DE LA METHODE APPELEE "SPLINE FUNCTION" ET LISTEDES FONCTIONS UTILISEES POUR LE CALCUL DE CHACUNE DES COURBES
Page 1
1 - JJH'l'HODUCTXOH
Directeur des services professionnels du Centre hospitalier de
Chisasibi, le docteur Powers avait souvent l'occasion de constater, dans sa
pratique de pédiatrie, que les enfants cris du territoire de la Baie James
présentaient des caractéristiques anthropométriques particulières. Il se
rendait compte en effet que les mesures du poids et du diamètre crânien des
enfants s'écartaient souvent, et parfois d'une façon considérable, des
normes internationales utilisées en clinique. Il fut donc amené à suggérer
l'élaboration de courbes de croissance qui soient propres à cette population
amérindienne du Nouveau-Québec.
1.1 - PKRxuumCE DE L'KTUUE
Les courbes de.croissance sont une représentation graphique des mesures
anthropométriques prises à partir de diverses dimensions physiques comme le
poids ou la taille. Ces mesures reflètent l'histoire génétique et environ-
nementale des individus considérés et de la population dont ils font partie.
Nous savons d'une part que les différences raciales dans la constitution
morphologique sont très importantes et apparaissent tôt dans la vie de
l'individu (Hurlock, 1978). Des travaux récents indiquent d'autre part que
les déterminants environnementaux, particulièrement la nutrition ont une
influence plus importante encore que le bagage génétique sur la stature
d'ensemble d'une population (Nutrition Canada, 1973). Chose certaine, l'in-
fluence des différents facteurs génétiques et environnementaux est intime-
ment liée (Falkner, 1962).
Page 2
Pour qu'un outil comme les courbes de croissance soit pleinement effi-
cace, les données de référence "devraient être basées sur les populations
devant faire précisément l'objet de l'évaluation" (Demirjian, 1980).
Goldstein et Tanner (1980) vont même jusqu'à dire que l'utilisation de
standards internationaux n'est pas appropriée parce qu'ils sont basés sur
des groupes favorisés (courbes de Boston par exemple). En d'autres mots, la
croissance des Indiens cris ne devrait pas'être évaluée à la lumière de
normes américaines ou même canadiennes conçues* pour la population causasien-
ne, non seulement en raison des différences ethniques ou génétiques mais
aussi en raison de celles du milieu ou de l'environnement. Partington et
Roberts (1969) ont fait ressortir l'importance des facteurs raciaux et
génétiques sur le poids et la taille des Indiens cris;' nous connaissons
d'autre part le caractère particulier des conditions de vie, des habitudes
alimentaires et de l'environnement géographique de cette population
(Francis, 1983; Gouv. du Québec, 1984).
Moffatt (1984) à établi que l'enfant cri a son propre schéma de crois-
sance qui diffère considérablement' à la fois de celui dé l'enfant blanc et
de celui d'autres nations indiennes, il est d'une part, beaucoup plus lourd
que les standards américains à la naissance et il le reste jusqu'à 30 mois
au moins; d'autre part, la circonférence de la tête est plus grande que les
standards, et ceci de plus d'un centimètre.
Il apparaît nécessaire d'établir des courbes de croissance'propres aux
enfants cris parce que le fait de les situer sur une courbe conçue pour les
enfants caucasiens ne permet pas de' déterminer clairement ou avec précision
leurs critères de normalité propres. Beaucoup d'efforts sont faits pour
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promouvoir des services de santé préventifs ainsi que des soins curatifs à
cette population, mais ces efforts sont freinés par l'absence de normes qui
lui sont spécifiques. Cet instrument peut s'avérer particulièrement utile
dans un milieu où le personnel médical et infirmier change souvent. Les
intervenants disposeront maintenant d'un document de référence adéquat qui
leur permettra une supervision plus éclairée de la santé infantile en milieu
autochtone.
Les courbes de croissance indiquent les centiles, pour chaque variable
considérée, c'est-à-dire les valeurs au-dessous desquelles se trouve le
pourcentage correspondant d'individus de la population normale (Johnson,
1979). La mesure somatique est située en ordonnée et l'âge des sujets est
porté en abscisse. Le fait d'inscrire où se situe la valeur anthropométri-
que d'un enfant sur une courbe indique à quel rang centile il se situe par
rapport à la population à partir de laquelle les courbes ont été cons-
truites.
Ainsi quand, après avoir constaté que le diamètre crânien du patient est
grand par rapport à ce qu'il a l'habitude de voir, un pédiatre ou une infir-
mière se demande: "Cet enfant est-il normal?", le professionnel a besoin de
se référer à des normes objectives. Si l'enfant se situe au-dessous du 5e
ou au-delà du 95e centile, il faut d'abord reprendre et vérifier la mesure
puis le référer pour une évaluation médicale plus approfondie. L'utilisa-
tion de ces courbes comme point de repère permettra de ce fait d'éviter à
des enfants normaux des examens poussés et coûteux tant pour la famille que
pour la société (qu'on songe aux coûts d'évacuation dans le nord!); elle
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permettra également de détecter des anomalies, des pathologies ou des
insuffisances nutritionnelles qui auraient pu passer inaperçues.
Les courbes de croissance constituent un indice objectif et fiable de
l'état de santé d'un individu (Owen, 1973) car elles permettent de comparer
son développement physique à celui de la population dont il est issu; elles
facilitent l'uniformisation de l'évaluation clinique de la croissance et du
statut nutritionnel des enfants et s'avèrent un instrument nécessaire aux
professionnels de la santé: que ce soit l'infirmière, le pédiatre, l'endo-
crinologue, le neurologue, l'hygiéniste ou le professionnel en santé commu-
nautaire. Il faut ajouter cependant qu'elles sont des instruments de dépis-
tage et de classification, et non de diagnostic (Hamill et coll., 1979).
1.2 - OBJECTIFS
La présence étude a pour but d'établir pour la population crie d'âge
préscolaire des standards dé croissance qui lui sont propres de façon à
constituer un cadre de référence utile aux professionnels de la santé. Nous
avons élaboré des courbes de croissance qui permettront au personnel médical
de se référer à des normes qui correspondent mieux à la réalité de cette
population spécifique et de savoir où tirer la ligne entre ce qui apparaît
normal et ce qui peut être pathologique en ce qui concerne le développement
physique des enfants cris. Cet instrument permettra aux cliniciens d'iden-
tifier les individus qui présentent des anomalies de croissance.
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Cette étude vise enfin à fournir les paramètres de base de certaines
caractéristiques anthropométriques de la population normale des enfants cris
afin d'établir des comparaisons avec d'autres populations.
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2 - METHODOLOGIE
Nous donnerons, ici un aperçu de la méthodologie utilisée au niveau de la
population de référence et du mode d'observation privilégié; nous décrirons
également le processus de cueillette et d'enregistrement des données et les
tests de fiabilité réalisés pour vérifier l'exactitude des observations.
2.1 - POPULATIOH-CIBLE
Le groupe de référence observé pour établir les normes doit être repré-
sentatif de la population dite normale et le plus homogène possible du point
de vue ethnique. Etant donné le nombre restreint de la population crie de
la région 10B et prenant en considération l'hypothèse selon laquelle les
caractéristiques anthropométriques des enfants cris peuvent varier d'une
communauté à l'autre, il a été décidé de ne pas échantillonner la popula-
tion. Nous avons donc mesuré tous les enfants que nous avons pu rejoindre
dans chacun des huit villages du territoire. Nous avons limité l'étude aux
enfants de 0 à S ans car,, après cet âge, les courbes ne sont plus utilisées
couramment par les cliniciens.
Nous avons ainsi pu atteindre 826 enfants sur un total possible de 1 035
pouf un taux de réponse de 80%. Parmi les enfants qui n'ont pu être
rejoints, 12 (6%) étaient en voyage, 30 (14%) étaient déménagés dans
d'autres communautés cries, 78 (37%) séjournaient dans le bois avec leurs
parents pour la chasse, le piégeage ou la pêche, 12 (6%) étaient malades, 66
(32%) étaient absents du domicile lors des appels et 11 (5%) ont négligé ou
refusé de se présenter à la clinique.
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Afin de préserver l'homogénéité ethnique de la population de référence,
nous avons exclu les enfants dont un des parents est Blanc (3,6% des enfants
rejoints) ou Inuit (0,8% des enfants rejoints), conservant cependant ceux
dont trois des grands-parents sont Amérindiens.
N'ont également été retenus que les enfants dont la croissance a été
considérée comme normale. Conséquemment, nous avons dû exclure les enfants
ayant connu certaines difficultés périnatales dont l'influence sur le déve-
loppement est prouvée. Ainsi, 3,3% des enfants ont été exclus pour prématu-
rité (parmi ceux-ci, la moitié seulement avaient un poids à la naissance
inférieur à 2 500 grammes) et 1,2% à cause de la présence de diabète chez la
mère (gestationnel ou insulinique). Ont également été exclus ceux qui pré-
sentaient des pathologies ayant une influence sur la croissance, telle que
anémie (0,8%), affection congénitale (0,6%) bu maladie virale récente
(0,1%). Cinquante enfants ont ainsi été exclus, soit 6,1% des enfants
rejoints.
Les standards de croissance ont donc été établis à partir des mesures
prises sur 764 enfants cris du territoire de la Baie James, nés entre le 1er
janvier 1981 et le 30 septembre 1985 et en bonne santé au moment de
l'examen.
Les variables pouf lesquelles des courbes ont été élaborées sont celles
qui correspondent aux courbes classiques utilisées partout pour les enfants
d'âge préscolaire, soit: le poids, la taille et la circonférence crânienne.
Le poids et la taille sont les mesures qui reflètent le plus adéquatement
l'état de santé des enfants tandis que le périmètre crânien est un excellent
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indicateur du développement du système nerveux central et un moyen efficace
de dépistage de lésions telles que l'hydrocéphalie (Nellhaus, 1968). Une
courbe du poids en fonction de la taille a également été construite car elle
rend compte de la forme corporelle et peut être utile comme mode prélimi-
naire de dépistage d'obésité relative (Keys et coll., 1972).
2.2 - METHODE D'OBSERVATION UTILISEE
A cause de la complexité de la croissance de l'être humain et de l'in-
teraction d'un grand nombre de facteurs affectant ce processus, il importe
avant tout de choisir la méthode la plus appropriée pour l'évaluer. Le
choix de la méthode dépend à la fois de contraintes plus spécifiquement
méthodologiques, des besoins des différents intervenants et du rapport coût-
efficacité. Avant de spécifier ces différentes contraintes, décrivons
brièvement chacune des méthodes disponibles.
La méthode transversale consiste à observer ou à prendre les mesures
d'un certain nombre d'enfants une seule fois. L'information ainsi recueil-
lie permet d'établir des nonnes de croissance à partir de courbes indiquant
les centiles: "the centiles from cross-sectional studies are often used as
the basis for population standards" (Eveleth, Tanner, 1974). Elle permet de
construire des courbes que certains auteurs qualifient d'artificielles, ces
courbes montrent comment se situe un enfant, sur une variable donnée, par
rapport à la norme pour son groupe d'âge (Falkner, Tanner, 1962). Ces
courbes peuvent être utilisées uniquement pour une évaluation ponctuelle du
développement physique de l'enfant. L'utilisation qu'on peut faire de cette
méthode est limitée mais fiable et elle présente le net avantage de pouvoir
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être menée' rapidement puisque la cueillette de données est ponctuelle. Far
ailleurs, l'analyse de ce type de données est relativement simple et le coût
raisonnable.
La méthode longitudinale consiste à prendre plusieurs séries de mesures
sur chaque enfant à différents intervalles d'âge. Les mêmes sujets sont
donc mesurés plusieurs fois, à des moments .déterminés. La. croissance est
calculée ici à partir de l'augmentation successive survenue d'une mesure à
l'autre. Seules ces séries de mesures d'un âge à l'autre permettent de
recueillir les données nécessaires pour évaluer la vélocité de la croissan-
ce, pour suivre le développement de l'enfant dans le temps. Pour obtenir ce
type de normes, il faut toutefois être prêt à attendre longtemps car la
nature même de la méthode implique des délais importants; II faut également
prévoir perdre un nombre assez important de sujets en cours d'enquête. De
plus, l'analyse statistique est plus complexe.
Il s'agit donc de garder en mémoire qu'une étude longitudinale ne donne
pas la même information qu'une étude transversale. Les données transversa-
les nous apprennent beaucoup de choses au sujet de la norme de croissance
pour un âge donné; elles montrent quels niveaux le développement de l'enfant
peut atteindre d'un âge à l'autre (Fein, 1978); mais elles ne peuvent en
aucun cas révéler les différences individuelles- quant à l'allure ou à la
vélocité- de la croissance, ni au moment où se' produira une poussée de
croissance. Il en résulte que les courbes' construites à partir de données
transversales sont plus lisses, elles étendent les poussées de croissance
sur l'axe du temps et ne tiennent pas compte du fait que ces poussées
Page 11
peuvent se produire à des moments différents d'un individu à un autre, être
plus marquées et durer moins longtemps que la norme (Tanner, 1978).
Le choix de la méthode dépend avant tout de la question posée ou du but
recherché. Il s'agit ici, bien sûr, de construire des courbes de croissance
propres aux Cris; mais quel usage les intervenants en feront-ils? Des con-
sultations menées auprès du personnel médical nous ont convaincus que ces
courbes seraient utilisées comme instruments d'enregistrement des mesures
staturo-pondérales par les infirmières oeuvrant dans les différents dispen-
saires d'une part; et d'autre part, par les médecins consultés qui les
utiliseront comme standards de croissance physique permettant de définir
avec plus de précision les critères de normalité des enfants cris dans un
but de prévention et de dépistage.
Des courbes construites à partir de données transversales seront donc
adéquates puisque les intervenants n'ont pas manifesté le besoin d'un ins-
trument plus sophistiqué qui leur permettrait également de "suivre" le déve-
loppement physique de l'enfant et de vérifier si sa courbe individuelle est
restée parallèle à la norme. Ces courbes fourniront des standards de
distance représentés par les mesures atteintes à un âge donné pour la
population à partir de laquelle elles ont été construites.
Par ailleurs, des contraintes de temps, ainsi que des limites budgétai-
res, nous ont incité à écarter une méthode longitudinale qui s'avérerait
complexe tant à cause de situations spécifiques propres au nord (roulement
important du personnel, dispersion de la population, etc.) que de la diffi-
culté d'assurer un contrôle suivi de la cueillette des données dans le
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temps. En effet, un contrôle strict doit être exercé pour assurer la
standardisation et la fiabilité des observations effectuées sur le terrain.
Nous avons donc tiré partie du caractère ponctuel de la méthode transver-
sale; cet avantage est d'autant plus important que la population étudiée
traverse une période de changements rapides dans ses habitudes nutritionnel-
les et son style de vie. L'analyse transversale nous a permis de prendre un
portrait de la population à ce moment-ci; la tendance séculaire pourra être
évaluée en répétant l'étude dans quelques années.
2.3 - CUEILLETTE DES DOHHEKS
Nous savons tous que la précision de la mesure est la base de la
recherche scientifique. Le principe vaut plus encore quand il s'agit d'éla-
borer des normes. Nous devrons donc essayer, autant que faire se peut, de
limiter les erreurs de mesures. L'importance de ces erreurs dépend:
- de l'observateur lui-même;
- de l'instrument utilisé;
- des conditions dans lesquelles les mesures sont prises (Johnson etcoll., 1979).
Dans l'idéal, l'observateur, ou celui qui prend les mesures, devrait
toujours Stre le même mais, étant donné la dispersion géographique de la
population dans huit communautés éloignées les unes des autres, il était
pratiquement impossible que la même personne prenne toutes les mesures. De
plus, nous avons voulu éviter de faire appel à la population d'une façon
systématique en demandant aux parents de se présenter pour la séance de
mesures. Les observations ont donc été faites dans 65% des cas, par les
infirmières oeuvrant dans chacun des dispensaires au cours des cliniques
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"well baby". La chercheure a mesuré elle-même les autres enfants, soit
parce qu'ils ne s'étaient pas présentés à la clinique au cours des semaines
de cueillette, soit parce que les infirmières n'avaient pas. eu le temps de
les mesurer. •
Afin.de pallier à la diversité des observateurs (23 mesureurs au total),
la chercheure a tenté de sensibiliser le personnel infirmier à l'importance
de son rSle dans cette étude et a entraîné personnellement chaque équipe à
prendre les mesures d'une façon uniforme et à les enregistrer avec préci-
sion.
Les instruments de mesure utilisés étaient les mêmes dans les huit
dispensaires à l'exception de la balance pour adultes de Wemindji qui
indique le poids en livres; pour éviter les risques' d'erreurs, ces mesures
ont été transformées en kilogrammes d'une façon standardisée, au moment de
la codification des données. La précision des balances a été vérifiée par
la chercheure au début de l'étude à l'aide d'un poids standard. Elles ont
également été vérifiées et ajustées à zéro avant chaque .séance de mesures.
La circonférence crânienne a été mesurée à l'aide d'un ruban millimétri-
que en papier, jeté après usage, du type fourni dans les hôpitaux.
Des infantomètres en bois ont été fabriqués.par l'hôpital de Chisasibi.
Ils consistent en une planche munie d'un mètre métallique sur laquelle on
couche l'enfant. Une planche fixe à angle droit, sert d'appui à la tête et
une planche mobile glissant sur un rail sert d'appui -aux pieds.
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Pour mesurer la Caille des enfants de deux ans et plus, deux mètres de
métal superposés verticalement au mur .ont été installés' dans chacune des
cliniques. Une planche en bois à angle droit munie d'une poignée' sert à
projeter sur le mètre la taille de l'enfant.
Les conditions dans lesquelles les mesures sont prises, ainsi que les
techniques de mesure employées devant être uniformes, nous nous'sommes basés
sur le Programme international de biologie (Weiner, Lourie, 1969). A partir
de là, un vidéo a été produit par le Département de santé communautaire de
l'Hôpital général de Montréal avec la collaboration d'une anthropométriste
expérimentée du Centre de recherche sur la croissance humaine de l'Univer-
sité de Montréal. Ce vidéo a été montré et expliqué a chacun des mesureurs.
La cueillette des- données s'est échelonnée sur une période allant du 4
juillet au 4 décembre 1985; elle a duré entre huit (8) et vingt et une (21)
semaines selon les communautés. Il est à noter que c'est à Chisasibi où se
retrouve le plus grand nombre d'enfants (25,4% de la population totale) que
la cueillette des mesures a duré le plus longtemps.
2.4 - muutGISTRKMEHT DES DOHHKES -
Dès procédures de contrôle de la qualité des données ont été établies
afin qu'elles soient transcrites exactement. Elles ont été codifiées par
une personne bien entraînée et vérifiées visuellement par la chercheure pour
éviter les aberrations. Elles ont ensuite été enregistrées sur ordinateur
et le fichier ainsi produit a été nettoyé en observant notamment des ta-
bleaux de fréquences et des diagrammes de dispersion. Les valeurs extrêmes
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susceptibles d'être erronées ont été comparées aux inscriptions originales
et corrigées s'il y a avait erreur de transcription; les autres ont été
annulées par le biométricien responsable de l'analyse s'il les jugeait
aberrantes (3% des cas).
2.S - TESTS DE FIABILITE
Afin de vérifier l'exactitude et la précision des mesures, des tests de
fiabilité ont été menés à différents moments de la cueillette. Ils ont
permis d'une part d'évaluer la variation inter-observateurs, soit celle qui
se produit entre les mesures prises sur le même sujet par des observateurs
différents. Elle a été estimée à l'aide de 62 tests (soit environ 10% du
total des observations) auxquels se sont soumis 91% des mesureurs. D'autre
part, la variation intra-observateur, c'est-à-dire la différence entre deux
observations faites à différents moments sur le même sujet par la même
personne a été évaluée; 23 de ces tests (environ 4% des observations) ont
été menés auprès des mesureurs ayant participé le plus activement à la
cueillette.
Ces tests ont permis, en cours d'enquête, d'améliorer la qualité des
techniques de mesure de certains observateurs; ils ont permis également
d'évaluer le taux de variance dû à l'erreur systématique tel qu'indiqué ici
par le coefficient d'erreur technique de mesure. Leurs résultats apparais-
sent au tableau suivant.
Page 16
Tableau 1 - Résultats des tests de fiabilité
Variable mesurée
Poids (en kg)Taille (en cm)
Longueur (en cm)Diamètre crânien (en cm)
Intra-observateurs
id*
,023,231,136,057
,027,331,136,113
Inter-observateurs
Xd
,050,167,325,284
,087,206,388,269
* = moyenne absolue des différences** = erreur technique de mesure qui se calcule comme suit:
\f •2n
où n représente le nombre de paires.
Ce tableau indique les résultats de la compilation des différences
observées entre la première et la deuxième mesure soit, la moyenne absolue
des différences ainsi que l'erreur technique de mesure (technical error of
measurement). Après conversion au système anglais utilisé alors aux Etats-
Unis, la valeur de cette statistique dans notre étude s'est révélée compara-
ble à celle des grandes enquêtes américaines menées par le "National Health
Survey" (Malina et coll., 1973).
Page 17
3 - RESULTAIS
.Ce chapitre a pour but de décrire les résultats de la démarche et de
donner un aperçu des caractéristiques anthropométriques des enfants cris
âgés de 0 à 5 ans.. La première partie fournira une brève explication des
ajustements mathématiques des valeurs effectués pour le calcul des centiles.
Les résultats seront ensuite présentés à partir des tableaux fournissant les
statistiques descriptives conventionnelles et les valeurs ajustées des
centiles ainsi que les graphiques des courbes élaborées pour le poids, la
taille, la circonférence crânienne et le poids en fonction de la taille.
Des comparaisons seront ensuite établies avec les courbes de Boston utili-
sées jusqu'à présent, comme standards, de croissance dans, les cliniques de
santé du territoire. Un bref parallèle entre les poids à la naissance des
enfants cris, ceux des Amérindiens du nord de l'Ontario et ceux d'enfants
urbains canadiens complétera le chapitre.
3.1 - ANALYSE STATISTIQUE DES MESURES RECUEILLIES
L'estimation des centiles de la population-cible pour une variable
donnée pose des problèmes statistiques tels que nous avons dû recourir à
l'expertise de biostatisticiens ayant acquis leur expérience principalement
au Centre de recherche sur la croissance humaine de l'Université de
Montréal. A quelques adaptations mineures près, ils ont utilisé pour ce
faire la méthode de Goldstein (1972).-
La méthode consiste à effectuer des transformations logarithmiques sur
les données originales puis à calculer l'équation de régression correspon-
Page 18
dant aux mesures prises pour une variable donnée pour différentes tranches
d'âge chronologique. Cependant, pour contrer l'effet de regroupement sur la
distribution des mesures' affectées par la croissance, il faut pondérer
l'équation de régression pour l'augmentation de la variance avec l'âge. Si,
par exemple, on considère un groupe d'âge en particulier, disons 4 ans, les
enfants de ce groupe n'ont pas tous été mesurés a quatre ans exactement mais
bien à différents moments ..entre 3,75 et 4,25 ans et la mesure moyenne change
au cours de cette période d'âge puisque l'enfant grandit. Il faut donc
établir la variance estimée au point moyen du groupe d'âge à partir des
carrés moyens résiduels de la droite de régression.
Le 50e centile a ainsi été estimé à partir des moyennes logarithmiques
obtenues par la régression. Les autres centiles ont également été calculés
à partir des valeurs logarithmiques et retransformés en unités originales
pour chacune des mesures et pour chacun des groupes d'âge . Il faut noter
que les centiles extrêmes (5e et 95e) présentent une précision statistique
beaucoup moins grande que les autres à cause du petit nombre de cas (Healy,
1974); pour la même raison, nous avons été dans l'impossibilité de présenter
les 3e et 97e centiles.
3.2 - PRESEHTATIOH DES RESULTAIS
Les statistiques descriptives des observations anthropométriques seront
présentées sous forme de tableaux pour chaque groupe d'âge chronologique,
pour le poids, la taille et le diamètre crânien et pour chaque six centimè-
1 Le lecteur .désireux d'obtenir plus de détails statistiques quantaux méthodes utilisées devrait se référer à l'article de Goldstein (1972).
Page 19
très de Caille atteinte quand il s'agit du poids en fonction de la taille.
Ils comportent le nombre d'observations pour chaque tranche d'âge, la
moyenne et les 5e, 25e, 50e, 75e et 95e percentiles (voir tableaux Al à A8 à
l'annexe A).
Une fois obtenus les centiles pour chacune des variables., il s'est agi
de construire les courbes proprement dites. Elles ont été lissées à l'aide
d'un ajustement mathématique des valeurs selon la méthode appelée "cubic
spline function with fixed knot" utilisée par Hamill et coll. (1977) pour
la production des courbes du National Center for Health Statistics des
Etats-Unis. La phase finale a consisté à tracer les courbes adoucies sur un
fond grillagé à l'aide, du traceur Zêta' sur- l'ordinateur Cyber de l'Univer-
sité de Montréal (voir graphiques à l'annexe B).
L'examen de ces huit tableaux (quatre variables pour les deux sexes) et
des courbes correspondantes a fait ressortir certaines tendances de même que
de légères différences entre les garçons et les filles cris.
Pour la taille, les mesures rapportées de la naissance à deux ans sont
celles de la longueur de l'enfant couché; de deux à cinq ans, il s'agit de
la stature debout. Pour les deux sexes (tableaux Al, A2 et graphiques), on
note un accroissement très rapide de la taille durant la première année de
vie; cet accroissement reste considérable jusqu'à quatre ans, moment où la
taille de l'enfant atteint le double (104 centimètres) de sa longueur à la
naissance (environ 52 cm). Le schéma de croissance des filles diffère peu
1 L'annexe D fournit une description plus technique de la méthodeainsi que les facteurs utilisés pour chacune des courbes.
Page 20
de celui des garçons. Elles sont légèrement plus petites à la naissance,
les rattrapent vers un an et perdent de nouveau du terrain vers quatre ans
et demi.
L'augmentation du poids de la naissance à cinq ans suit passablement le
même modèle et quintuple en cinq ans (tableaux A3, A4 et graphiques). Comme
pour la taille, cette augmentation n'est toutefois pas linéaire; les enfants
cris voient leur poids doubler en moins de six mois et quadrupler en trois
ans. On note cependant un plus grand écart entre les centiles pour le poids
par rapport à ce qu'on vient de voir pour la taille. Par ailleurs, les
filles pèsent, en moyenne, à peu près la même chose que les garçons à la
naissance. A partir de un an et demi, leur poids moyen est très légèrement
supérieur et le reste jusqu'à 5 ans.
Il a malheureusement été impossible de calculer la moyenne de la circon-
férence crânienne des enfants cris à la naissance car cette mesure ne semble
pas prise de façon courante dans les hôpitaux et le nombre de données dispo-
nibles n'était pas suffisant. Nous avons donc estimé cette' mesure à partir
d'un regroupement des données de zéro à six mois et procédé tout de même au
calcul des courbes. Ces courbes ne couvrent que là période de la naissance
à deux ans car le périmètre crânien augmente très lentement après cet âge
d'une part et parce que le nombre de cas dont nous disposions pour cette
mesure n'était pas suffisant pour obtenir des standards représentatifs
d'autre part.
Les courbes indiquent que le périmètre crânien croît considérablement de
la naissance à deux ans; cette croissance est particulièrement rapide
Page 21
jusqu'à six mois (tableaux A5, A6. et graphiques). On peut noter une diffé-
rence assez marquée entre les garçons et les filles en ce qui a trait à
cette mesure. Cette différence se situe autour de un centimètre et demi;
c'est à un an qu'elle est le plus marquée à deux centimètres; elle diminue
par la suite.
La courbe du poids en fonction de la taille représente un indice d'obé-
sité utile même s'il n'est pas parfait. Construit à partir des .mesures
staturo-pondérales de la population totale dite normale, il indique le poids
standard de cette population pour une taille donnée. Pour construire la
courbe, le poids des enfants a été regroupé par catégorie de six centimètres
de taille. Pour les deux sexes (tableaux A7, A8 et graphiques), le poids
augmente presque linéairement en fonction de la taille d'environ 1,7 kg par
six centimètres de taille. Cette augmentation est plus lente à se manifes-
ter chez, les filles qui reprennent rapidement le temps perdu; somme toute,
la différence de poids entre les garçons et les filles pour chacune des
tailles données est minime. On peut observer également, et ceci particuliè-
rement chez les filles, que l'écart de poids entre les centiles extrêmes
augmente à mesure que la taille augmente; ainsi, pour 54 cm de taille,
l'écart est-il de 2,3 kg pour les garçons et de 2,0 kg pour les filles,
alors que pour 108 cm de taille, il est de 4,7 kg chez les garçons et de
5,6 kg chez les filles.
En résumé, nos résultats confirment que la petite enfance est une pério-
de de croissance active et particulièrement la première année au cours de
laquelle la taille augmente de 50%, le poids triple et le diamètre crânien
augmente du quart. Il est évident également que les mesures ataturo-
Page 22
pondérales sont interdépendantes puisque le poids augmente d'une façon
presque linéaire en fonction de la taille. Finalement, le schéma de crois-
sance des garçons cris diffère peu de celui des filles.
3.3 - COMPARAISON DES COURBES DK CROISSANCE CRIES AVEC CELLES DE BOSTON
La comparaison des résultats d'une étude anthropométrique avec -ceux
d'autres études présente des difficultés majeures. Les méthodes utilisées
sont parfois transversales, parfois longitudinales ou semi-longitudinales;
les techniques de mesure peuvent varier considérablement et ces études
proviennent souvent de décennies sinon d'époques différentes. De plus, les
résultats publiés sont souvent partiels, les paramètres rapportés ne sont
pas toujours les mêmes et les détails explicatifs sont difficiles à trouver.
Pour toutes ces raisons, nous nous en sommes tenus à des comparaisons gra-
phiques qui ne peuvent prétendre à autre chose qu'à amorcer là discussion.
Nous tenterons de faire ressortir les différences entre nos résultats et
les courbes de Boston car ce sont celles que les professionnels de la santé
utilisent présentement comme référence dans les cliniques du territoire de
la Baie James. Nous sommes parfaitement conscients des limites de cette
comparaison du fait que les courbes de Boston ont été construites à partir
d'une étude longitudinale alors que la nôtre est transversale. Nous aime-
rions faire remarquer de plus, que les courbes américaines ont été construi-
tes en 1946 (Stuart); elles sont donc tout-à-fait désuètes et la tendance
séculaire pourra se confondre à l'origine ethnique, à l'environnement et à
la méthodologie comme facteur explicatif des différences observées.
Page 23
Afin de faire ressortir graphiquement ces différences, nous avons
inscrit les données anthropométriques des cris en surimpression sur les
courbes de Boston. J'aimerais attirer l'attention sur le fait que les trois
séries de points reproduites sur les' courbes représentent les 5e, 50e et 95e
centiles des mesures cries alors que les centiles extrêmes des courbes de
Boston sont les 3e et 97e, les 5e et 95e ne sont pas disponibles. Pour
toutes ces raisons, la technique manque de précision mais permet tout de
même de faire une comparaison sommaire des nouvelles normes de croissance
cries avec les standards américains.
De plus,, parce que les courbes de Boston sont présentées séparément sur
les graphiques, pour les enfants de la naissance à 27 mois, nous avons été
contraints de limiter notre comparaison à ce groupe d'âge pour le poids et
la taille et aux premières 28 semaines de vie pour le périmètre crânien pour
la même raison.
Comme on peut le remarquer sur les graphiques de l'annexe C, l'observa-
tion du 50e centile des courbes de la longueur indique que les garçons comme
les filles cris sont plus grands que les enfants américains à la naissance
et le restent jusqu'à 27 mois; leur longueur moyenne se situe au 75e centile
des courbes de Boston à la naissance, atteint le 90e un peu plus tard et
redescend se situer légèrement au-dessus du 50e centile des courbes améri-
caines à 27 mois. Les enfants cris naissent plus grands que les standards
américains, le restent jusqu'à 2 ans et ont tendance à s'en rapprocher après
cet âge.
Page 24
Les courbes du poids suggèrent que les enfants cris des deux*sexes sont
nettement plus lourds à la 'naissance que les enfants américains et le
restent jusqu'à 27 mois. Le 50e centile chez les cris se situe entre le 75e
et le 90e centiles des courbes de Boston et la tendance ne semble pas
vouloir diminuer quand l'enfant vieillit;
La comparaison des courbes du périmètre crânien fait apparaître des
différences plus marquées encore entre les deux populations. De la nais-
sance à 28 semaines, le 50e centile des enfants cris suit là ligne du 90e
centile de la courbe américaine pour les garçons, dépasse le 97e à la
naissance et oscille entre le 75e et le 90e chez les filles. La différence
entre les deux populations apparaît plus tôt chez les filles dont les têtes
sont beaucoup plus grosses à la naissance pour se rapprocher légèrement'des
normes américaines à partir de 6 mois alors que la courbe des garçons cris
s'écarte davantage de celle des blancs à partir du même âge.
Cette comparaison confirme clairement les observations de Moffatt (1984)
à l'effet que les jeunes enfants cris sont lourds et que leur périmètre
crânien est beaucoup plus grand que celui des standards caucasiens. Ces
différences anthropométriques rendent sans doute compte des différenciations
génétiques de la population crie, différences raciales qui, comme l'indi-
quait Hurlock (1978) apparaissent tôt dans la vie de 1J| individu. Elles
soulèvent également l'importance potentielle des déterminants environnemen-
taux sur la croissance physique puisque les Amérindiens de la Baie James
vivent dans un milieu géographique plus rigoureux et plus isolé que les
Américains, se nourissent différemment et connaissent des conditions de vie
qui leur sont particulières.
Page 25
Nous pousserons plus loin l'observation de ces inter-relations en
comparant maintenant les poids à la naissance de diverses populations.
3.4 - POIDS A LA NAISSANCE, ORIGIHK HTMH-LQOE BT EHVIRutlHKriKHT
Moffatt (1984) avait déjà observé que les enfants cris étaient beaucoup
plus lourds à la naissance que les enfants caucasiens; mais il déplorait le
fait que les bébés cris prématurés n'avaient vraisemblablement pas été
exclus de l'échantillon étudié, ce qui avait pour conséquence de sous-
estimer le phénomène. Nous sommes ici en mesure d'appuyer ses conclusions
puisque, une fois exclus tous les enfants ayant connu des difficultés
périnatales, dont la prématurité, le poids moyen des enfants cris est
nettement plus élevé que celui des enfants caucasiens. Les garçons pèsent
3870 grammes en moyenne à la naissance et les filles 3750; les données de
Moffatt les situaient respectivement à 3800 et 3700 grammes.
Puisque le poids à la naissance revêt une importance capitale à cause de
son association étroite avec la mortalité infantile, il y a lieu de préciser
ici que 1,7% seulement des enfants cris nés entre le 1er janvier 1981 et le
30 septembre 1985 avaient, à la naissance, un poids inférieur à 2 500
grammes (N-826), pour un taux de petits poids, à la naissance nettement
inférieur à celui d'autres populations tant blanches qu'autochtones (Spady,
1982).
Munroe et coll. (1984) ont étudié, quant à eux, le poids à là naissance
des enfants amérindiens du nord-ouest de l'Ontario. Ils ont choisi deux
Page 26
cohortes d'enfants nés respectivement en 1968-69 et en 1974-77 et les ont
comparés aux poids des enfants urbains canadiens . Ils ont d'une part
constaté que les moyennes n'avaient pas changé significativemeiit d'une
période à l'autre et d'autre part que les enfants amérindiens (Cris et
Obidjwa) étaient plus lourds à la naissance. Le tableau suivant situe les
enfants cris du nord québécois par rapport aux deux autres groupes.
Tableau 2 - Poids à la naissance des enfants cris, des enfantsamérindiens du nord-ouest de l'Ontario et
des enfants urbains canadiens
Enfantscris
Nord-ouestOntario
Enfants urbainscanadiens
GarçonsFilles
38703750
36373580
35303355
Ces données reflètent une différence pondérale entre Blancs et Amérin-
diens et font même ressortir des variations entre des nations amérindiennes
géographiquement et ethniquement voisines'. Ces variations sont accentuées
par le fait que nous avons exclus de notre cohorte lès enfants prématurés
alors que Munroe (1984) ne l'avait pas fait. Notons toutefois que Blidner
(1984) les avait exclus lui aussi. Ces différences vont dans le sens des
hypothèses de Adams et Niswander (1973) à l'effet que les particularités de
distribution des poids à la naissance de chaque groupe ethnique sont dues à
la fois à des facteurs génétiques et environnementaux et particulièrement au
1 A partir de: Blidner, I.N., McClemont, S., Anderson, G.D. etcoll.: Size at birth standards for an urban Canadian population. Can. Med.Assoc. J. 130, 1984.
Page 27
type de nourriture utilisé; les traits génétiques s'adaptant à l'environne-
ment particulier dans lequel vivent les populations. Selon ces auteurs, ce
phénomène se traduit par l'importance des facteurs maternels tels que l'âge,
la parité, la taille et le poids ainsi que les habitudes alimentaires de la
mère.
Page 29
COHCUSION
Suite à l'expérience du docteur Powers au sein de la communauté crie,
aux observations de nombreux professionnels de la santé oeuvrant dans ce
milieu et aux résultats des recherches du docteur Mike Moffatt, nous avions
fait l'hypothèse que les caractéristiques anthropométriques des enfants cris
devaient s'écarter passablement de celles des populations caucasiennes.
Cette recherche nous a fourni l'occasion de le vérifier auprès d'un groupe
de référence homogène du point de vue ethnique, soit l'ensemble des enfants
cris en bonne santé de 0 à 5 ans habitant le territoire de la région 10B.
Les comparaisons effectuées ont fait ressortir des écarts observables
entre les mesures staturo.-pondérales et crâniennes des diverses populations
étudiées mettant ainsi en lumière la spécificité du développement physique
des enfants cris. De concert avec les auteurs cités au premier chapitre,
nous sommes convaincus que ces différences reflètent l'histoire génétique du
peuple cri et les conditions de vie particulières qu'exigent un environne-
ment nordique rigoureux et un mode de vie influencé à la fois par la culture
traditionnelle et par celle apportée par les Blancs.
Ces quelques brèves comparaisons confirment par ailleurs l'importance
d'utiliser des normes propres à la population visée dans le dépistage des
difficultés de croissance des enfants. Seuls ces standards spécifiques sont
en mesure de fournir aux cliniciens des critères de normalité fiables.
Nous espérons que les normes nouvellement établies deviendront un
instrument de dépistage qui facilitera le travail du personnel clinique et
Page 30
favorisera le recours à des mesures préventives. Ces courbes permettront,
entre autres, d'identifier les enfants trop petits pour leur âge ou trop
lourds pour leur taille. Si, par exemple, un enfant apparaît beaucoup plus
lourd que la norme crie pour son âge, le clinicien pourra contrôler la
mesure en l'inscrivant sur la courbe du poids en fonction de la taille et
vérifier ainsi s'il est trop lourd pour sa grandeur. Un tel dépistage
ouvrirait la voie à des mesures de prévention de l'obésité dès l'enfance.
Si, par ailleurs, l'enfant est trop léger pour sa taille, il pourra
s'avérer utile de suivre son développement physique de plus près et' de
s'assurer qu'il ne souffre d'aucune maladie chronique telle que cardiopathie
ou autre; il y aurait lieu également de s'assurer qu'aucune condition fami-
liale telle que la malnutrition ou la négligence n'entrave sa croissance; il
faudrait également vérifier ses antécédents car un développement physique
plus lent peut être causé par des facteurs génétiques liés à la petite
taille de ses ancêtres.
L'utilisation des courbes de croissance comme indice de l'état sanitaire
et nutritionnel d'un enfant pourra en somme déboucher si nécessaire sur une
évaluation plus approfondie de son état de santé: antécédents familiaux,
vérification des mesures à la naissance, histoire médicale, diète, activité
physique, tests de laboratoire ou radiographies. Les enfants présentant des
anomalies de croissance persistantes devront subir des examens plus appro-
fondis et leur cas suivi avec soin.
La remise de ce rapport sera suivie d'un programme d'implantation des
courbes nouvellement élaborées. Cette intervention sera greffée au pro-
Page 31
gramme de santé maternelle et infantile; elle prévoit l'utilisation progres-
sive de ces nouvelles normes par le personnel médical et infirmier appelé à
évaluer la croissance anthropométrique des enfants cris..
Page 33
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ANNEXE A
TABLEAUX DES DONNEES ANTHROPOMETRIQUES POURLE POIDS, LA TAILLE, LE PERIMETRE CRANIENET LE POIDS EN FONCTION DE LA TAILLE DESGARÇONS ET DES FILLES CRIS DE 0 A 5 ANS
II
I
Tableau Al — Taille couchée et debout des garçons cris de 0 & 5 ans (en cm)
AGE
0,0
0,5
1,0
1.5
2.01
2.0
2.5
3,0
3.5
4,0
4,5
5.0
N
230
79
82
72
29
57
62
63
55
61
54
EST.2
MOYENNE
52,96
69,20
77,11
83,75
88,71
88,51
92,93
96,86
100,27
103,43
107,28
111,18
5e
48,5
65,3
73,2
80,0
85,3
84,6
89,0
92,8
94,9
97,4
101,2
104,7
25e
51,2
67,7
75,5
82,2
87,3
87,0
91,4
95,2
98,1
101,1
104,8
108,6
CENTILES50e
53,0
69,2
77,1
83,8
88,7
88,5
92,9
96,9
100,1
103,5
107,3
111,2
75e
54,7
70,8
78,7
85,3
90,1
90,1
94,5
98,5
102,5
106,0
109,8
113,8
95e
57,4
73,3
81,2
87,7
92,3
92,6
97,0
100,1
105,9
110,1
113,8
118,0
1 Cette mesure correspond à la taille couchée alors que la suivantecorrespond à la taille debout.
2 La mesure à 5,0 ans a été estimée à partir des mesures du grouped'âge précédent.
Tableau A2 - Taille couchée et debout des filles cries de 0 à 5 ans (en cm)
AGE
0,0
0,5
1.0
1.5
2.01
2,0
2.5
3.0
3.5
4,0
4,5
5,0
N
233
86
75
65
42
72
77 .
80
73
65
43
EST.2
MOYENNE
52,16
67,25
77,34
83,27
88,24
87,64
91,97
95,72
99,84
103,65
106,24
108,28
5e
48,5
63,8
73,1
78,4
83,8
83,3
87,3
90,6
94,63
97,9
99,7
101,3
25e
51,0
65,9
75,7
81,3
86,5
85,9
90,1
93,7
97,8
101,3
103,6
105,5
CENTILES50e
52,0
67,3
77,3
83,3
88,2
87,6
92,0
95,7
99,8
103,7
106,2
108,3
75e
53,4
68,6
79,1
85,3
90,1
89,4
93,9
97,8
102,0
106,0
108,9
111,2
95e
55,9
70,9
81,8
88,4
93,0
92,2
96,9
101,1
105,3
109,8
113,2
115,8
1 Cette mesure correspond à la taille couchée alors que la suivantecorrespond à la taille debout.
2 La. mesure à 5,0 ans a été estimée à partir des mesures du grouped'âge précédent.
Tableau A3 - Poids des garçons cris de 0 à S ans (en kg)
AGE
0.0
0.5
1.0
1,5
2.0
2.5
3,0
3.5
4.01
4,5
5,0
N
283
81
82
85
72
68
65
57
EST.
EST.
EST.
MOYENNE
3,87
8,53
10,84 .
12,25
13,87
15,19
16.19
17,30
18,23
19,27
20,36
5e
3,1
7,0
9,3
10,6
11,8
12,9
13,8
14,6
15,3
16,2
17,1
25e
3,5
7.9
10,2
11,6
13,0
14,2
15.2
16,2
17,0
18,0
19,0
CENTILES50e
3,9
8,5
10,8
12,3
13,9
15,2
16,2
17,3
18,2
19.3
20,4
75e
4,3
9.2
11,5
12,9
14,8
16,2
17,2
18,5
19,5
20,6
21,8
95e
4,8
10,4
12.7
14.1
16,3
18,0
18,9
20,5
21,7
23,0
24,3
1 Cette mesure ainsi que les suivantes ont été estimées à partir desmesures dès enfants de 3 à 5 ans regroupés.
Tableau M - Poids des filles cries de 0 à 5 ans (en kg)
AGE
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2.5
3.0
3.5
4.0 '
4,5
5,0
N
298
85
76
77
82
79
81
72
67
44
EST.1
MOYENNE
3,75
8,20
10,56
12,23
13,74
14,95
15,96
16,95
18,12
18,90
19,39
5e
3,0
6,9
8,8
10,2
11,6
12,6
13,3
14,6
15,2
15,6
15,8
25e
3,4
7,7
9,8
11,4
12,9
14,0
14,9
16,0 .
16,9
17,5
17,9
CENTILES50e
3,8
8,2
10,6
12,2
13,7 '
14,9
16,0
16,9
18,1
18,9
19,4
75e
4,1
8,8 '••
11,4
13,1
14,7
16,0
1.7,1
18,0
19,4
20,4
21,0
95e
4,6
9,7
12,7
14,7
16,2
17,7
19,1
19,7
21,6
23,0
23,8
1 Cette mesure a été estimée à partir des mesures du groupe d'âgeprécédent.
Tableau Â5 - Périmètre crânien des garçons cris de 0 à 2 ans (en cm)
AGE
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
N
EST.1
76
81
80
61
MOYENNE
37,15
45,05
48,61
49,42
50,26
5e
35,3
43,1
46,7
47,4
48,4 .
25e
36,4
44,3
47,9
48,6
49,5
CENTILES50e
37,1
45,1
48,6
49i4
50,3
75e
37,9
45,8
49,4
50,2
51,0
95e
39,0
47,0
50,6
51,5
52,2
1 La mesure à la naissance a été estimée à partir de. celle du grouped'âge suivant.
Tableau A6 - Périmètre crânien des filles cries de 0 a 2 ana (en cm)
AGE
0.0
0.5
1.0
1.5
2.0
N
EST.1
84
76
73
78
MOYENNE
37,41
43,84
46,62
48,06
49,43
5e
35,9
42,0
44,1
46,0-
47,4
25e
36^8
43,1
45,6
kl,l
48,6
CENTILES50e
37,4
43,8
46,6
48,1
49,4
75e
38,0
44,6
47,7
48,9
50,2
95e
39,0
«,7
49,3
50,3
51,5
1' La mesure à la naissance a été estimée à partir de. celle du grouped'âge suivant.
Tableau Â7 - Poids (kg) en fonction de la taille (cm) des garçons cris
TAILLE
54,0
60,0
66,0
72,0
78,0
84,0
90,0
96,0
102,0
108,0
N
7
16
27
25
39
39
46
52
43
33
MOYENNE
4,05
5,95
7,86
9,64
11,16
12,52
14,43
16,09
17,39
19,36
5e
2,9
4,5
6,4
7,9
9,0
10,8
12,0
13,8
15,2
17,0
25e
3,6
5,4
7,3
9,0
10,3
11,8
13,5
15,2
16,5
18,4
CENTILES50e
4,1
6,0
7,9
9,6
1.1,2
12,5
14,4
16,1
17,4
19,4
75e
4,5
6,5
8,4
10,3
12,0
13,2
15,4
17,0
18,3
20,3
95e
5,2
7,4
9,3
11,4
13,3
14,3
16,8
18,4
19,6
21,7
Tablean A8 - Poids (kg) en fonction de la taille (cm) des filles cries
TAILLE
48,0
54,0
60,0
66,0
72,0
78,0
84,0
90,0
96,0
102,0
108,0
N
6
16
19
22
20
30
48
58
53
50
28
MOYENNE
3,56
4,44
5,84
7,71
9,15
10,99
12,77
14,74
16,27
17,95
19,49
5e
3,0
3,4
4,9
6,6
7,8
8,9
10,6
12,3
13,1
14,6 "
16,7
25e
3,3
4,0
5,5
7,3
8,6
10,2
11,9
13,8 -
15,1
16,6
18,4.
CENTILES50e
3,6
4,4
5,8
7,7
9,2
11,0
12,8
14,7
16,3
17,9
19,5
75e
3,8
4,8
6,2
8,1
9,7
11,8
13,6
15,7
17,4
19,3
20,6
95e
4,1
5,4
6,7
8,8
10,5
13,1
14,9
17,2
19,2
21,3
22,3
ANNEXE B
GRAPHIQUES DES COURBES FOUR LE POIDS, LA TAILLE,LE PERIMETRE CRANIEN ET LE POIDS EN FONCTION
DE LA TAILLE DES GARÇONS ET DES FILLES CRIS DE 0 A 5 ANS
GARÇONS / INFANT BOYS (0 - 24 MOIS / MONTHS)
Kg18
17
16
15
14
13
12
11
10
9
B
7
6
5
4
3
2
Kg
C
T r
/
P()t
IIf,'f
ti1/(I
) //
' • /
1
'/>I1t
f
i/
E
/\
/
i ,
'/
j
/
>
i/
/
/
f
c
y/
/
*
i
/
/
/
/
1
f
s
IS
2
y
:
15
j
1
1 B
y
1
/
?
ss*
1 24
f/
f
f
y
/
/
/
/
75
0 3 6 9 12 15 18 21 24
MONTHS
Kg
17
16
15
14
13
12
11
10
9
8
7
6
5
A
3
2
Kg
COUHBES DE CROISSANCE PQUH LES CRIS [19B5]
ANTHROPOMETRIC CHARTS FOR THE CREES
D.S.C. HOPITAL GENERAL DE MONTREAL
cm
95
92
SB
84
BO
76
/y
6B
64
60
56
52
48
cm
56
54
52
50
48
4G
44
42
40
sa
36
cm
-
(
(
)
-
)
L F
JUI-
-
—
/
L
hh
j L r
3
Et
-
—
a.
«
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i• ; - ;
9/
/
?
••
r
f
L LU
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X
X
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A
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/
J
/
/
t/
y
7
/
Y/
AGE
3
/
•
GE
/ •
EC
1
£
1
IN
- - - * •
i
2
/
" :
2
M
.--
MO
/
•
DN
I£
1
J/
i
Th
r—'
5
/
5
S
/
— •
1
/
i
, — •
B
r
' '
B
2
2
- —
—'-
1
T
/
y-
i
2
2
1
se.
_>̂
4
i
4
9•
e- •
._•
?.:
.
j
0 3 6 9 12 15 IS 21 24
cm
96
92
88
84
80
76
72
BB
B4
60
56
52
4B
cm
SB
54
52
50
48
46
44
42
40
3B
36
cm
FILLES / INFANT GIRLS (0 - 24 MOIS / MONTHS)
MOIS
3 6 9 12 15 18 21
COURBES DE CROISSANCE POUR LES CRIS (1985)
ANTHROPOMETRIC CHARTS FOR THE CREES
D.S.C. HOPITAL GENERAL DE MONTREAL
60
56
53
AB
66
56
7 H=AB
PERIMETRE
CRANIEN"- HEAD
CIRCUMFERENCE
GARÇONS - BOYS ( 2 - 5 ANS / YEARS]
LU
Za
tua
ŒLUZLUU
Q.ax
inœai
ŒULJ1LU
aaLUUZ<
enMaDCuLUQ
mLUCDLXDau
AGE EN
FAILLE - / HE-US HT
5 .0 AGE IN
>zQTJamHEnn
UHen
T|on
Imnummen
œ
YEARS
azHum
m3D
o
am"O
na3:scz
mrHX
FILLES - GIRLS ( 2 - 5 ANS / YEARS)
LUŒ
O
UJD
ŒUJ2LUID
D.QI
U
ma
unCD
h-(DC
0)LU
LX
Daa_LUu2<Lf)
maceu
LU
a01LU
mceDou
5 . 0 AGE I N YEARS
AGE EN
>zDDVa2m
D
imnDmmc/i
inmai
o
zm
mzmD
oLO
Dm"0-i
QT|
nasc2
Imr—i
GARÇONS / BOYS
CENTIMETRES
Kg 48 54 60 66 7 2 7 8 B4 90 96 102 108 Kg
Kg 48 54 60 66 72 78 84 90 96 102 108
CENTIMETERS
Kg
LUt
O
u.Û
. GENERA
1..
. HOPI"
u
Ul
Q
1
mmUl
m
LES CF
LT
OCL
hl
SANC
mMOITU
UJ•
COURBES
FILLES / GIRLS
Kg
24
22 -U
PO
1 R
1 6
14 IL
12 •- '
10 ---
8 ---
6 .--
....
A
2
Kg
CENTIMETRES
48 54 60 66 72 78 84 90 96 102 108
i 1 'PCUUS Çfoe LA it
WE
y
\$
Y,
itou i r
J
M
iy
t FCTNCTIQNILLE
OR HEIGHT
Jy].
////f/lJL-ÏÏffiW'/////J *
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- -
J/ /
/ / J
/ /Jlf/ / / /Ta / /-ffl
///A y/ // / /
Y/ // y
/
IH'
/
- J X/ /
f / X/ S Y
/ / jf
y Lrifl
--
pL
1
48 54 60 66 72 7B 84 90 96 102 108
CENTIMETERS
Kg
24
22
20
18
16
14
12
10
a
6
4
2
Kg
ANNEXE C
COURBES DE CROISSANCE DE BOSTONMONTRANT LES MESURES ANTHROPOMETRIQUES
DES CRIS EN SURIMPRESSION
NAME BIRTH DATE NO.
>-
oco
s
<
Iom
25tu
Suui
MOUTHSfi J 4 ?
U I i _! ; •_
-J2.-J5—M._ai..-24 27
HEAD CIRCUMFERENCE
Th* "parcvntlln" en thli chart lr*dI an bawd vpen r*p«at*d
of infant, under CMprahwni**lot of hMllh and d-«lopw«nl by Harold C.Stuart, M.O. and a>ieciaf*i, IHpartMMt ofMeitmal and Child Health. Hanord Schoolof Kblit Hoolrti, Bottan, MoiMchuMtn.Thit chart wat comtrwcttd by th« Staff ofttio Dopartmonl foi WM at Itnt Intonri' Hot-pital and !• ropfodiicod with tho potmltilonof ft. ChlWr«i> Modical Cont». l o l l » ,
14
- 13
0 3 6 9 1 2 1 5 1 8 21 24 27For ••planation and sugg«(tien* *«f «••- »•• w r m t «Ida. •
WEEKS12 16 20 24 28
NAME BIRTH DATE NO.
12 IS IS 21 24
HEAD CIRCUMFERENCE
The "pcrcantil**" on (hit chartlintt) or* baud upon rep«ot*d meaturc-M«nli of inlontt vnd«f comptahonii** »tud-i«t ol health and d*volapm*nt by Harold C.Siuati, M.O. and aitod'alti, Department ofMaternal and Child Health. Harvard School-of Public Health, ftoiton, Maiiochuietti.Thii (hart wet contlrwtled by the Staff of
• —J—• the Oteortmenf to» uie at the Infant»' Hoi-pital end il reproduced with the permi»n«n
: of the Children'» Medical Center. Ration,; MaiMKhutefft.
for U M , %mo reversa lide.For «Kplanorion andl| 4
ANNEXE D
DESCRIPTION DE LA METHODE-APPELEE "SPLIHK FONCTION"ET LISTE DES FONCTIONS UTILISEES POUR LE
CALCUL DE CHACUNE DES COURBES
SPLINE FUNCTION
Soient la matrice B(i,j) et le vecteur A(i) (i pour les.lignes et j pourles colonnes).
Soit n(k) le nombre de noeuds fixes. Si les noeuds sont ordonnés, alorsl'intervalle I a comme points limites nx(i) et nx(I+l) et la fonctioncubique s'exprime comme suit: .
S(t) = ((B(i,3)*D + B(i,2)*D + B(
où t est dans l'intervalle Iet D = t - nx(i)
Exemple: soient les noeuds nx(l) =1,0nx(2) = 2,50nx(3) = 5,0
et B(i,j) = 12,3 -3,0 2,416,8 -2,6 1,7
et A(i) = 45,756,8
Si on veut t =1,5: donc D = 1,5 - 1,0 = 0,5 (t est dans l'intervallenx(l) et nx (2))
s(l,5) = ((2,4*.5 -3,0)*,5 + 12,3)*,5 + 45,7 = 51,4.
Si on veut t = 4,6: donc D = 4,6 - 2,5 = 2,1 (t est dans l'intervallenx(2) et nx(3))
s(4,6) = ((1,7*2,1 -2,6)*2,1 + 16,8)*2,1 + 56,8 = 96,3577.
Les tableaux suivants donnent les valeurs de la matrice B(i,j) et duvecteur colonne A(i). Ils donnent également la valeur de chaque nx(i).
FONCTION POUR LA LONGUEUR DES GARÇONS DE LA NAISSANCE A 24 MOIS
CENTILES
5
25
50
75
95
Note : Noeuds
^50.36861113.11618
^48.02250[13.31858
(Al.18972[13.31547
f45.91264[13.41513
^44.44157[13.57982
nx(l) = 0.0nx(2) = 1.0nx(3) = 2.0
B(i,j)
14.81413- 4.54888
13.03860- 3.68952
12.22110- 3.09635
11.56898- 3.01500
10.27842- 2.48339
-40.847403.59497j
• -36.90985s!2.205931
-35.26800s]1.39452J
-33.60223V
1.10472
<-30.84851- 0.01324
Ad)
f48.6972Î]I 73.03254J
( 51.31084^[_75.46208j
(/52.94318>II 77.08523]
^ 5 4 . 71535"!I 78.59475J
^57.34674*1[81.21823
FONCTION DE LA LONGUEUR POUR LES FILLES DE LA NAISSANCE A 24 MOIS
CENTILES
5
25
50
75
95
Note :
f* 37.96783[^13.58383
^35.18000[14.69200
r35.83467 ;
1 15.32667
f35.32183^16 .'03383
f33.24167[^17.22967
Noeuds nx(l)nx(2)nx ( 3 )
B ( i , j )
-15.52750- 8.85649
-11.09000- 9.39800
-11.08700- 9.42099
- 9.69150- 9.59650
- 5.98600-10.02600
= 0.0= 1.0= 2.0
2.22367]5.913671
0.56400*15. 5080.0J
0.55533*4.99933
0.03167"*4.56967
-1.34667"3.95733
48.45073.114
51. 000*
52. 03677. 339
*1
53. 400s]79.062J
^55.900*1(^81.8091
FONCTION POUR LE POIDS CHEZ LES GARÇONS DE LA NAISSANCE A 24 MOIS
CENTILES
5
25
50
75
95
Note :
I
[
I
[
[
9.80338
11.35368,
12.17021
13.18527
15.34998
Noeuds nx(l)nx(2)
B(l,j)
-4.81871
-6.32015
-7.15319
-8.20345
-10.44080
= 0.0= 2.0
1.02951 ]
1.48937 ]
1.75701 .]
2.09067 1
2.77060 ]
A(i)
[ 3.27283
[ 3.71010
[ 4.11032
[ 4.51114
t 5.07750
FONCTION POUR LE POIDS CHEZ LES FILLES DE LA NAISSANCE A 24 MOIS
CENTILES
5 . [
25 [
50 [
75 [
95 t
Note : Noeuds
10.09644
10.78461
11.28522
11.75133
12.79256
nx(l) =nx(2) =
02
B<
-5.
-5.
-5.
-5.
-5.
.0
.0
64156
67789
70511
66467
78978
1.
1.
,, 1.
1.
1.
37467 ]
32067 ]
28000 ]
21600 ]
15200 ]
[ 3
[ 3
I 3
[ 4
[ 4
A(i)
.03778
.47469
.77356
.11583
.60439
FONCTION POUR LE PERIMETRE CRANIEN CHEZ LES GARÇONSLA NAISSANCE A 30 MOIS
CENTILES
5
25
50
75
95
Note :
I
t
' t
[
t
Noeuds
15.84654
15.82002
15.84935
15.79894
15.92221
nx(l) =nx(2) =
02
B(i,j)
-11.83622
-11.63527
-11.54771
-11.37390
-11.32495
.25
.50
3.14174 ]
3.03987 ]
2.98335 ]
2.89984 ]
2.84286 ]
A( i )
[ 40.03390 ]
[ 41.14766 ]
[ 41.87546 ]
[ 42.62605 ]
[ 43.77224 ]
FONCTION DU PERIMETRE CRANIEN POUR LES FILLESDE LA NAISSANCE A 30 MOIS
CENTILES
5
25
50
75
95
Note :
[ 13.31796
[ 13.79397
t 14.07787
[ 14.41488
[ 14.6613
noeuds nx(l)nx(2)
B(i,j)
-7.03068
-7.26309
-7.38473
-7.55476
-7.56018
= 0.10= 2.50
1.43757 ]
1.46896 ]
1.4802 ]
1.50 414 ]
1.47874 ]
A(i)
[ 37.31968
[ 38.26078
[ 38.89238
[ 39.52086
[ 40.55063
FONCTION POUR LA STATURE CHEZ LES GARÇONS DE 2 A 5 ANS
CENTILES
5
25
50
75
95
: Noeuds
[ 9.98097
t 9.70018
[9.48716
[ 9.27563
[ 8.91899
nx(l) = 2nx(2) = 5
.0
.0
B(i,J)
0.72202
0.50528
0.35548
0.20140
-0.05116
-3.24184
-2.33653
-1.70730
-1.06241
-0.00489
V]
1
]
]
[
[
[
[
[
84
87
88
90
92
A(i)
.86766
.12714
.61533
.13081
.52713
]
]
J
]
]
FONCTIONS POUR LA STATURE CHEZ LES FILLES DE 2 A 5 ANS
CENTILE
5
25
50
75
95
Note :
[ 7.47544
[ 7.79543
[ 8.00688
[ 8.22404
[ 8.577249
Noeuds :
B(i,
.62463
.63897
.64954
.65928
.66977
nx(l) = 2nx(2) = 5
j)
.0
.0
.37852 ]
.35909 ]
.34575 ]
.33125 J
.30598 ]
Ad)
[ 83.24620 }
[ 85.89061 ]
[ 87.64146 ]
[ 89.42778 ]
[ 92.26893 ]
PONCTIONS POUR LE POIDS CHEZ LES GARÇONS DE 2 A 5 ANS
CENTILES
5
25
50
75
95
Note : Noeuds
f2.36632[ 1.52588
\ 2.52589|_1.79227
\2. 62165[1.99216
'2.732712.20144
'2.912882.56362
nx(l) = 2.0nx(2) = 3 . 5nx(3) = 5.0
B(i,j)
-0.51352-0.04677
-0.44641-0.04267
-0.37949-0.04017
-0.31893-0.03525
-0.20641-0.02643
0.10372*10.0967lJ
0.0897210.08126J
0.07540"!0.06567J
0.06304*10.05227J
0.03999T0.02729J
A ( i )
T" 11 .83328"!L 14.57740]
f 13.059441|_ 16.14666]
f 13.91817"]L 1 7 . 2 5 1 2 8 J
f 14.83247"|[ 18.42671]
fl6.37017"![_20.41005 1
FONCTION POUR LE POIDS CHEZ LES FILLES DE 2 A 5 ANS
CENTILES
5
25
50
75
95
Noté :
/ 1.874261 1.64391
f1.98158I 1.91650
f 2.05152[_ 2.11383
( 2.12190[2.33004
( 2.23646[_ 2.70444
Noeuds :
B(i,j)
0.20957-0.36314
0.23515-0.27854
0.25287-0.21133
0.27191-0.13314
0.298110.01388
nx(l) = 2.0nx(2) = 3.5nx(3) = 5.0
-0.127271-0.10378J
-0.114151-0.10877J
-0.103151-0.11165J
-0.09001s]-0.11422J
-0.063161-0.11606J
A(i)
( 11.59766s]L 14.45106J
( 12.8787l1[^15.9949 J
( 13.778951L 17.07703 I
( 14.742491L 18.23334 I
( 16.37005*1[ 20.18231 1
FONCTION POUR LE POIDS EN FONCTION DE LA TAILLE POUR LES GARÇONS
CENTILES
5
25
50
75
95
Note :
C 0.27307
C 0.29199
t 0.30422
C 0.31684
Z 0.3353S
-0.00002
0.00015
0.00025
0.00015
0.00052
-0.00001 3
-0.00001 3
-0.00001 3
-0.00001 3
-0.00002' 3
A ( i )
C 3.20161 3
C 3.87877 ]
C 4.31518, 3
C 4.79644 3
C 5.42874 3
Noeuds nx(l) = 54.0n>: (2) = 108.0
FONCTION POUR LE POIDS EN FONCTION DE LA TAILLE POUR LES FILLES
CENTILES
5
25
50
75
95
Note :
[
t
t
I
[
0.
0.
0.
0.
0.
Noeuds
22284
21516
21027 .
20539
19771
nx(l)nx(2)
0.
0..
0.
0.
0.
ii n
B(i,j)
0012
00284
0039
00495
00659
48.0108.0
-0
-0
-0
-0
-0
.00002
.00004
.00005
.00006
.00008
]
]
J
I
]
I
I
[
[
t
2
2
3
3
3
A(l)
.37389
.82968
.12342
.41717
.87296
]
]
J
]
1
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