troubles de l’attachement liés aux conséquences de la

Post on 20-Jun-2022

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Collection Médecine Une production de l’UFR de Médecine & du CEMU Université de Caen Basse-Normandie

Troubles de l’attachement

et prématurité Dr Christine Albert

La théorie de l’attachement aujourd’hui.1

• L’attachement est défini comme un lien durable chargé émotionnellement entre deux humains .

• Pour s’attacher il faut être proche physiquement • Le bébé expérimente que la proximité physique

est un apaisement.

La théorie de l’attachement 2

• Le bébé expérimente plusieurs fois par jour que sa figure d’attachement, la mère souvent, va l‘apaiser et lui permettre de reprendre son contrôle .

• La personne lui montre qu’elle partage son vécu émotionnel.

• Face à une situation de détresse , on recherchera toute sa vie , une sécurité de base vers une figure d’attachement.

« Se sentir mère, se sentir

père »

« L’instinct parental n’existe pas » La parentalité est un processus complexe

multifactoriel qui se construit toute la vie durant. C’est à la fois un état et un processus.

Les séquences de l’émergence de la parentalité

• La grossesse constitue une des séquences du

processus de parentalité. • Une séquence courte mais d’une extrême

importance. • Le « premier chapitre » de la construction de

la parentalité et de l’attachement au bébé.

Les phases du devenir parents

Centrée sur soi Phase de revisitation de

sa propre histoire

Centrée sur le « bébé du dedans », le nid interne.

Construction de l’identité de mère

Centrée sur le « bébé du dedans « qui va devenir un « bébé du dehors »

Phase de la construction du nid externe

14 – 28 semaines 28 – 40 semaines 0 – 14 semaines

La préoccupation maternelle primaire selon D. W.

Winnicott

Période particulière, de quelques semaines précédant

l’accouchement et le suivant immédiatement, pendant laquelle la mère se montre tout spécialement « capable de s’adapter aux tout premiers besoins du nouveau-né, avec délicatesse et sensibilité ».

La mère capte des signaux qu’elle est à même de décoder et d’interpréter avec une efficacité extrême. Cet état dure pendant les semaines qui suivent la naissance

Il s’agit d’une compétence extrême de la jeune mère pour s’identifier à son bébé, d’une « maladie mentale normale » dont la mère va se remettre.

Il existe de grandes variations individuelles : « Certaines femmes y parviennent avec un enfant et échouent avec un autre… d’autres ne sont pas capables de se laisser aller à cet abandon ».

La naissance prématurée

Le nouveau né prématuré

• Le bébé grand prématuré n’a pas les mêmes capacités relationnelles qu’un bébé à terme.

• Il dort beaucoup. • Il ne peut pas toujours regarder ses parents . • Il n’a pas les capacités de mettre en œuvre des

signaux d’appel. • Il a besoin de présence.

Les parents

• Si la naissance prématurée n’a pas été anticipée , (pas d’hospitalisation en S.I.G).

• Impression que tout est allé trop vite . • Difficulté psychique pour s’adapter à ce qui

arrive. • Le bébé est là , en couveuse, les parents se

sentent déconnectés. • « Je ne sens rien « me disent les mères , « je

sais que c’est le mien mais je pensais ressentir autre chose ».

Les parents

• Les parents expriment une déception . • « Je n’avais pas pensé que ça se passerait

comme ça ». • « Il ressemble au lapin nain de ma mère ».

Les parents

• Accueillir un bébé qui né trop tôt, c’est perdre ses repères .

• « Je suis perdu(e), on me parle j’entends pas tout, je suis comme dans un autre monde ».

• Importance d’aider les parents à trouver de nouveaux repères: personnel, organisation , heures de visites..

L’impact émotionnel

• Le traumatisme se définit dans l’après coup. • La naissance prématurée n’est pas forcément un

traumatisme, mais peut réveiller une histoire passée.

• On ne peut pas savoir en accueillant un bébé quel est le vécu antérieur de ses parents (deuil, rupture, mésestime de soi…).

Intrication de la vie et de la mort

• Avoir un bébé né trop tôt c’est avoir peur qu’il meure.

• «J’ai peur de m’attacher, j’ai peur qu’il meure» • Avoir un bébé né trop tôt , c’est avoir peur des

mauvaises nouvelles, avoir peur de venir à l’hôpital.

• « Je demande à mon mari de téléphoner, j’ai trop peur sinon . »

Les conséquences psychologiques

Quand l’enfant va bien

Paul, 4 ans.

• Il est passé en réanimation néonatale. • Est resté « entre la vie et la mort » plusieurs

jours. • A 4 ans, il va bien , est suivi par un CAMSP

parisien depuis sa naissance.

Ce que sa mère en dit

• « Quand Paul regarde la télévision, j’ai toujours peur. Je me demande d’abord s’il est malade, après je me dis, il doit être fatigué, ensuite seulement je pense qu’il a seulement envie de regarder la télévision. »

• Pourquoi cette mère « va bien » psychiquement.

Alexandre, 4 ans.

• Il est passé en réanimation néonatale. • Il est resté entre la vie et la mort plusieurs

jours. • « Avait les poumons blancs » selon son père.

Ce qu’en dit son père

• « Quand Alexandre était en réanimation , les médecins avaient leur tête des mauvais jours. Ils nous ont annoncé la gravité de la situation, que peut être Alexandre allait mourir ».

• « Je me suis demandé où on allait l’enterrer; quel cercueil on allait choisir ».

Alexandre

• « Quand il est sorti de la réa c’était comme une nouvelle naissance ».

• « Maintenant, quand il est malade, je suis tout de suite triste. J’ai peur. Depuis qu’il a été hospitalisé, on est 4 à la maison. Il y a le fantôme de la mort. Elle est rentrée et n’est plus repartie. C’est comme une cicatrice qui se rouvre. »

• Pourquoi ce monsieur « va bien » psychiquement.

Quand l’enfant va moins bien

Théo.1

• Théo a passé 5 mois en néonat, dont 4 mois en réanimation.

• Il a failli mourir plusieurs fois devant ses parents.

• Il a évité la trachéotomie . • Il est suivi au Camsp, où je le rencontre avec

sa mère.

Théo.2

• Théo a un retard de développement. • Sa mère est « figée » quand elle parle de lui. • Elle ne peut pas finir une phrase quand elle

évoque son fils, comme si la fin était en suspens.

• Mère et fils ne se regardent que très peu. Il existe un trouble relationnel.

Théo.3

• La mère de Théo évoque facilement l’histoire de Théo. Mais elle met l’émotion « à distance».

• La peur qu’elle a eue fut si forte qu’elle la met à distance, repoussant les souvenirs . « Je veux garder ce qui était bien ».

• Mais l’angoisse vient se « placer entre elle et son fils ».

Ex: « Quand Théo fait comme ça, (elle mime)je ne comprends pas ce qu’il veut dire . Je crois que c’est à cause de ce qu’il a vécu à .. . en.. »

Théo.4

• Théo est face à une mère désemparée, envahie par la peur, qui ne peut pas donner de sens à ce qu’il vit. Elle ne peut pas décoder les signaux qu’il envoie: trouble relationnel.

Les troubles de l’attachement chez le bébé

• Absence d’attachement (pas d’angoisse de séparation par ex).

• Attachement non sélectif (enfant cherchant la proximité avec tout le monde).

• Attachement inhibé (enfant accroché de façon excessive ).

• Attachement agressif ( se met en relation de façon agressive).

• Renversement des rôles (enfant protecteur avec l’adulte).

Signes d’appel

• Retrait émotionnel, enfant en retrait. • Enfant cherchant le réconfort de façon

indifférencié, sans réticence adaptée à son âge. • Difficulté à l’autorégulation, dans

l’autoprotection, dans la capacité à accepter la réassurance, dans l’expression de l’affection, et dans la coopération comme dans l’exploration.

Autre signes

• Troubles précoces de l’alimentation et du sommeil.

• Bébé « passif ».

Signes de « désaccordage » parent-enfant

• Les modes d’échange corporel entre la figure maternelle et le bébé sont perturbés: la mère en difficulté pour toucher le bébé, ex lenteur extrême pour le changer, le bouger..

• Peu de plaisir partagé aux moments des biberons, bébé mal tenu par ex.

• Peu ou pas d’échange de regards. • Peu d’échange verbal • Attention nécessaire à l’état psychique parental.

Lieux de prise en charge

• CAMSP • CMPP • CMP

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