analyse du poeme recueillement

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www.comptoirlitteraire.com André Durand présente ’Recueillement’’ sonnet de Charles BAUDELAIRE dans ’Les fleurs du mal’’ (1857) Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées Surgir du fond des eaux le Regret souriant ; 1

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Baudelaire

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Bertrand VAC (Qubec) : Mdecin, il fut aussi, sous ce pseudonyme, romancier et nouvelliste :

www.comptoirlitteraire.comAndr Durand prsenteRecueillementsonnet de Charles BAUDELAIRE

dans

Les fleurs du mal(1857)

Sois sage, ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille.

Tu rclamais le Soir ; il descend ; le voici :

Une atmosphre obscure enveloppe la ville,

Aux uns portant la paix, aux autres le souci.

Pendant que des mortels la multitude vile,

Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci

Va cueillir des remords dans la fte servile,

Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,

Loin d'eux. Vois se pencher les dfuntes Annes,

Sur les balcons du ciel, en robes surannes

Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;

Le Soleil moribond s'endormir sous une arche,

Et, comme un long linceul tranant l'Orient,

Entends, ma chre, entends la douce Nuit qui marche.

Commentaire

Ce sonnet parut pour la premire fois en novembre 1861, dans La revue europenne, quelques mois aprs la seconde dition des Fleurs du mal. On a suppos, avec une grande probabilit, quil ntait pas achev au dbut de lanne, lpoque o Baudelaire pressait la nouvelle dition de son recueil. C'est donc un pome de la maturit.

Dans ce sonnet en alexandrins, qui prsente trois systmes de rimes fminines et deux systmes de rimes masculines, qui peint une distanciation et une cohabitation avec la Douleur, on constate que, si le ton est apais ds le premier quatrain, si le Plaisir est rejet dans le second, les quatrains et les tercets tant, comme traditionnellement dans un sonnet, nettement spars, sinon opposs, le calme ne stablit vraiment que dans les tercets, o le pote cra des impressions feriques et pourtant naturelles, avec un merveilleux pouvoir de suggestion.

Examinons le pome strophe par strophe.

Premier quatrain :

Dans une premire phrase qui occupe le premier vers, Baudelaire (qui, en fait, se parle lui-mme) sadresse, en la tutoyant, sa Douleur, quil personnifie, dont il fait, comme le prouve la majuscule, une allgorie ; quil objective aussi. Venant du fait mme de vivre, de subir la condition humaine, elle laccompagnait dans toute son existence, ne le quittait pas ; il entretenait avec elle une relation troite ; ils formaient un couple indissociable ; elle lui appartenait, do lemploi du possessif ma. Aussi, malgr la solennit du vocatif, qui introduit le personnage allgorique, il s'adresse elle avec une gentillesse affectueuse, sur un ton familier, en usant de doux impratifs. Cest quelle est dote dun caractre : elle semble agite, mal laise, impatiente, exigeante ; elle deviendrait insupportable avec le jour, le bruit, la foule ; elle pourrait se dchaner, le torturer. Aussi lui dit-il, comme lorsquon veut calmer un enfant : Sois sage, tiens-toi plus tranquille, l'agitation de cet enfant terrible tant rendue par les t qui font comme un tintamarre.Une deuxime phrase occupe les trois autres vers du quatrain.

Au vers 2, la Douleur ayant, comme un enfant, rclam ce qu'elle n'avait pas, le pote semble satisfaire son caprice : Tu rclamais le Soir ; il descend ; le voici. Le Soir, nouvelle personnification, autre allgorie, qui vient comme un sauveur, descend parce que lobscurit vient du ciel o le soleil a disparu.Les deux premiers vers, fortement coups, aux sonorits touffes, sont marqus par un rythme lent, dont la progression ascendante renforce lide dimpatience flagrante de la Douleur. Ils semblent correspondre aux mouvements d'un souffle qui reprend sa rgularit. Le pote semble se dire : Assez de cris de dsespoir et de rvolte, Les vers 3 et 4 nous placent dans le paysage urbain cher Baudelaire, qui fut le pote de la ville. Ils dcrivent linfluence du soir sur la ville, illustrent une potique de la ville, voile, enveloppe, dans les plis, sous laile de la lgre allitration en l de enveloppe la ville. Le vers 3, qui est, dessein, en demi-teinte, le pote crant une impression de brouillard avec des mots vagues (atmosphre, enveloppe), pourrait passer pour le dbut dun rcit fantastique. Le vers 4, en opposant, dans une parfaite symtrie des hmistiches, paix et souci, spare nettement deux catgories de personnes, marque bien la diversit des activits humaines, le pote tmoignant d'une discrte piti pour ses semblables.

Second quatrain :

Il est constitu dune seule phrase, qui va mme en dborder, mais o il faut attendre le vers 8 pour dcouvrir les deux propositions principales.

En effet, la phrase prsente dabord une longue proposition subordonne de temps o le pote, dans une attitude hautaine, exprime son rejet de la multitude vile des mortels, expression mise en valeur par linversion, tandis que le mpris pour la foule indigne est en quelque sorte assn par le martlement des d et des t.

Baudelaire reproche aux mortels de profiter du soir pour se livrer au Plaisir, autre personnification, autre allgorie, une dpravation faisant apparatre des relations surprenantes, malsaines. Dans le pome en vers, Le crpuscule du soir, il avait dj condamn la prolifration du mal dans l'obscurit complice :La Prostitution sallume dans les rues []

Les tables dhte, dont le jeu fait les dlices,

Semplissent de catins et descrocs, leurs complices,

Et les voleurs, qui nont ni trve ni merci,

Vont bientt commencer leur travail, eux aussi

Il y a dans ce mpris lattitude dun dandy qui tient sisoler du reste de lhumanit (les mortels), juge vulgaire, pour se livrer au recueillement, ce quoi il nous avait dj habitu. Mais il y a aussi celle dun svre moraliste, dont avait pourtant t condamns des pomes des Fleurs du mal jugs scandaleux. Les mtaphores rendant la description plus concrte donc plus saisissante, il fait ironiquement et paradoxalement de ce Plaisir un bourreau sans merci (ce qui est un oxymoron) qui manie un fouet, parce qu'il est souffrance, tant prcd du dsir et suivi de la tristesse puisqu'il disparat sans cesse, ce qui ressuscite le dsir. Cette figure mdivale du bourreau montre que le besoin que le plaisir soumet le libertin une sorte dascse, une torture, un sadisme quil accepte avec masochisme avant dexercer lui-mme la cruaut, dans la perverse spirale sado-masochiste o sont engags ceux qui prouvent du plaisir souffrir et / ou faire souffrir.Est mprise encore, par la plume satirique du pote, la fte servile (mot rimant habilement avec vile), hypallage expressive qui pourrait tre une allusion aux saturnales ou au carnaval o les rles sociaux taient inverss, o les serviteurs devenaient, pendant quelques jours, les matres. Mais le pote considre surtout que sont en fait serviles, esclaves de leurs sens, de leurs passions, de la fte, ceux qui la font, qui ne peuvent sen librer, qui cdent lchement des apptits alinants, avilissants, indignes d'un homme libre.

Et ces picuriens, qui voulaient cueillir le jour, cueillir ds aujourdhui les roses de la vie, cueillir les fleurs du mal, etc., ne cueillent en fait que des remords, cueillir s'opposant recueillir comme l'extriorit dgradante l'intriorit de l'me. Baudelaire considrait ici le Plaisir et les remords (fonds sur les scrupules de conscience, le sentiment de culpabilit, la honte, le regret d'avoir mal agi, de n'avoir pas agi par lchet, de ne pas avoir suivi son devoir) comme indissociables, voyait dans le second la consquence inluctable de la jouissance des sens. Voil un autre aspect de sa conception dun moralisme svre. Mais cest peut-tre le comportement hypocrite du libertin lheure o il a puis toutes les jouissances considres dsormais comme factices.La violence de ces vers, leur rythme ample et tendu, contrastent avec la calme atmosphre de ceux de la premire strophe.

Aprs la grandiloquence des vers 5, 6, et 7, les deux propositions principales du vers 8, au rythme coup, apais, au ton dappel familier, en sourdine, reprennent le thme du premier quatrain, avec la mme simplicit de lexpression. Par donne-moi la main, le pote confirme bien que la douleur est son enfant, sa compagne, et marque quil prfre la solitude avec elle parce quil y demeure digne (avec un certain stocisme la Vigny), matre de lui-mme, suprieur ; parce que sa posie nourrie de sa souffrance (ici, cest Musset quil fait penser) lui permettra de conqurir limmortalit (do le mpris pour les mortels) ; parce quil y trouve lapaisement. Peut-tre se souvenait-il des vers de Thophile Gautier dans Watteau :

nayant dautre compagne

Que ma douleur qui me donnait la main?

Le rythme ternaire du vers 8, le mouvement dloignement en plusieurs temps tant marqu par les coupes, est complt par lincroyable et audacieux rejet, dans la strophe suivante, du complment Loin deux qui marque bien la volont du pote, qui mnage ainsi un silence, de se tenir l'cart des autres tres, les mortels qui ne le comprennent pas, de sloigner de cette foule qui court au divertissement, et se recueillir, rassembler ses penses, son tre, refuser le Plaisir comme les remords, choisir la solitude, aprs la dispersion apporte par la foule et la ville.

Remarquons que les rimes des quatrains, qui sont croises, sont marques par lastringence du i, qui rend une douleur aigu.

L'opposition traditionnelle dans les sonnets entre les quatrains et les tercets se retrouve bien ici car, dans ceux-ci, la fte, la foule ayant disparu, le pote invite sa Douleur un spectacle magnifique, dans une atmosphre urbaine mais pleine de grce et de douceur, qui lapaisera.

Premier tercet :

Avec Vois, le pote utilise un impratif ; cependant, il ne sagit plus dun ordre mais de propositions quil fait sa Douleur, et qui vont occuper les deux strophes. Il veut lui faire partager une vision quil a, son regard allant en apparence vers l'extrieur mais s'enfonant en fait dans son intriorit. Il voque cette vision en usant dinfinitifs qui donnent une impression dintemporalit, de rsignation devant lcoulement du temps.Le pote invite dabord sa Douleur regarder vers le haut, vers les balcons du ciel qui pourraient tre les nuages, sont aussi la frontire entre ce qui n'est plus et ce qui est encore. Il y distingue, autre personnification, de dfuntes Annes chez lesquelles il y a une sorte de calme ternel car, dans la mort, elles sont devenues inaltrables. Mais, comme des desses tutlaires, elles marquent leur sollicitude en se penchant vers les humains, ou vers le pote seul, accompagn de sa Douleur.

Le vers 10 est un des plus beaux vers de Baudelaire, du fait dune image jolie et pleine de grce, celle des robes surannes, dune musique presque imperceptible cre en particulier par le froissement lger de la rptition Sur - sur. Que les dfuntes Annes portent des robes surannes, qui les rendent attendrissantes, fait delles comme des fantmes : ceux de femmes aimes revenues du pass. Mais ce souvenir de femmes ressuscites par la magie de l'art nest pas douloureux : elles sont amicales lgard du pote, se penchent vers lui comme pour, avec un mouvement maternel, tendrement consoler l'enfant qu'il n'a jamais cess d'tre, le sauver de l'angoisse qui l'treint.La rptition de vois tant implicite, le pote invite encore sa Douleur se rendre compte de lapparition saisissante du Regret, nouvelle personnification, nouvelle allgorie. Son regard, ayant quitt le ciel, se dirige vers le bas, vers des eaux dont on peut penser quelles sont celles de la Seine. En surgit, comme rgnr par ce passage dans des eaux lustrales, purificatrices, ce Regret, qui est le sien, qui est celui de navoir pas su vraiment retenir ces femmes aimes, regret qui devrait impliquer pleurs et lamentations, mais est, dans un vritable oxymoron, souriant (mot mis en valeur par la dirse, souri-ant) du fait quil est dnu de la culpabilit qui entache les remords ; que, d'une certaine manire, affectivement, rien n'a disparu, que tout demeure du sentiment ; que ce regret samuse de linsignifiance que le temps donne ce dont il est lobjet. La fuite du temps, de la jeunesse, le souvenir des ratages de la vie ne sont plus ressentis comme douloureux et inacceptables.On remarque lallitration en s qui stend sur les vers 10 et 11.

Second tercet :

Le premier tercet stant termin sur un point-virgule, la phrase commence par Vois se prolonge donc, et la Douleur est encore invite par le pote contempler un superbe spectacle dune fin du jour qui devrait lapaiser.

Le Soleil se couche sous une arche, dont on peut oser penser, car Baudelaire resta trs discret, celle dun pont de la Seine (ce pourrait tre aussi une allusion larche des Hbreux, symbole d'alliance avec Dieu). Le Soleil moribond est une reprise du thme romantique du coucher du soleil, trait ici avec une grande douceur puisquil sendort, quil ne meurt pas. Aussi, sil y a correspondance entre le Soleil moribond et ce que vit le pote, le mot moribond (et, plus loin, le mot linceul) ne produit pas une impression dhorreur macabre, mais plutt de repos.

On remarque que lallitration en s stend encore sur le vers 12.

Au vers 13, avec Et, la phrase est relance pour nous faire assister dabord au spectacle que donne la nuit lorsquelle s'tend doucement sur la ville. Elle semble une desse immense et superbe, qui s'avance avec lenteur et majest, ce que rend la comparaison comme un long linceul tranant lOrient, o lon remarque le redoublement de diphtongues longues, sourdes, presque touffes, ainsi que lallitration en l, qui voquent un bruissement de voiles, et la dirse Ori-ent, qui allonge le vers. Enfin, au dernier vers, qui est bien, comme le veut la tradition, la chute du sonnet, au tableau, jusqualors simplement visuel, sajoute un lment auditif. Linvitation la Douleur est renouvele par Entends, mot quon pourrait voir comme une improprit, coute semblant plus adquat. Mais couter signifie prter loreille pour entendre ; entendre va donc plus loin qucouter, indique un rsultat, signifie aussi, dans un sens plus ancien et plus fort, percevoir par lintelligence. Par ce mot, le pote marque donc non une perception superficielle, mais une connaissance profonde, fondamentale, source dapaisement, sorte de rsignation philosophique. Il a pu se souvenir de vers dEdgar Poe dans Tamerlan : and will list

To the sound of coming darkness (known

To those whose spirits hearken).Et cet impratif, venant aprs une srie de verbes linfinitif, en acquiert plus de vigueur.

Dans ce pome, qui est imprgn implicitement de laffection que le pote porte sa Douleur, ma chre est la seule marque nette qui en est donne. Le dernier vers est, par certains aspects, parallle au premier : dans celui-ci, entre deux impratifs, se trouve un vocatif, comme dans le dernier, entre deux autres impratifs, sintercale ma chre. Mais, en fait, la diffrence est grande : dans le premier vers, les impratifs servent attnuer lactivit, tandis que, dans le dernier, ils incitent une activit mentale. Le pote rpte encore sa Douleur son invitation, qui est ici dentendre cette douce Nuit qui marche, cette nuit personnifie, qui est comme une ombre dans les ombres, mais savance avec l'assurance d'une mre ou d'une femme qui viendrait consoler son enfant, le bercer, endormir sa souffrance ; nuit qui pourrait paradoxalement permettre une renaissance.Cet admirable vers final est tout en musique. Il semble, grce la mise en place des toniques, au redoublement des diphtongues sourdes, la prsence de lallitration furtive en ch, sonorits douces et voiles, rythmer, toutes les deux syllables, la douceur arienne des pas feutrs de la Nuit. Dans les tercets, les rimes sont douces, apaises, sereines, et est surtout remarquable la dernire, une rime fminine, qui adoucit le vers, le laisse se prolonger l'infini.

Les tercets se distinguent donc des quatrains par une magie qui tient au charme des vocations, qui est fait de dlicatesse, de mystre, de fantaisie, doriginalit. Conclusion :Dans Recueillement, Baudelaire traita avec originalit le thme de la douleur qui avait t cher aux romantiques. Sa vie fut une mditation de sa douleur, avec laquelle il entretenait une relation paradoxale, la fois de rejet et daffection. Il en a dit souvent les cruauts. Mais, quand il faisait un retour profond sur lui-mme, dans le silence et la solitude, quand il songeait ses pchs, ses volupts au got amer, ses vains lans vers la puret, elle lui apparaissait comme revtue d'une sorte de dignit, car il y trouvait le tmoignage d'une conscience vigilante au sein mme de ses garements. Et elle tait ce qui dclenchait en lui la posie, et ce qui llevait au-dessus des autres tres.

Dans ce sonnet de la fin de sa carrire, o, avec un lyrisme lgiaque, au bout des dchirements quil avait connus, le pote exprima sa tristesse sans cris ni violence, ne laissa chapper quune douce plainte qui devient chuchotement. Il s'adresse sa douleur comme un tre humain, faisant delle une compagne et une confidente. Il l'entrane loin des plaisirs impurs dans lesquels se complat la vulgarit du commun des mortels. Et, seul avec elle, il voit s'veiller les souvenirs, tandis quil connat le plaisir esthtique dun coucher de soleil sur les quais de la Seine, et que descend la grande paix nocturne.

Na-t-il pas alors la sensation de lapproche de la mort, quil attend avec srnit, qui serait libratrice? Le titre se justifierait ainsi mieux : le recueillement serait une mise l'cart, en prparation au grand voyage.

En effet, on peut considrer le coucher de soleil comme une mtaphore de la mort. Elle serait douce car les Annes dfuntes, sur les balcons du ciel, nont rien dangoissant, et invitent le pote les rejoindre dans un apaisement ternel ; car le soleil moribond sendort, tandis que le linceul de la nuit est magnifique ; que la solitude et la vieillesse, avec son lot de souvenirs pathtiques, sont transfigures par le pouvoir de la nuit. Et le soleil et la nuit, sils meurent, renaissent aussi constamment, et sont donc apaisants. Si on compte huit personnifications (la Douleur, le Soir, le Plaisir, les Annes, le Regret, le Soleil, lOrient, la Nuit), lordre des mots dans les phrases est le plus naturel : sujet-verbe-complment. Mais sont cres des images splendides.

Si nous trouvons admirable lensemble de ce pome, qui ne semble tre que grce du langage, mystre et simplicit, et o chante seule la posie, o Baudelaire sut crer des impressions feriques et pourtant naturelles, avec un merveilleux pouvoir de suggestion, Valry se montra plus nuanc : Sur les quatorze vers du sonnet Recueillement, qui est une des plus charmantes pices de louvrage, je mtonnerai toujours den compter cinq ou six qui sont dune incontestable faiblesse. Mais les premiers et les derniers vers de cette posie sont dune telle magie que le milieu ne fait pas sentir son ineptie et se tient aisment pour nul et inexistant. Il faut un trs grand pote pour ce genre de miracles. (Situation de Baudelaire)En 1889, Debussy mit le sonnet en musique (Cinq pomes de Baudelaire).

Andr Durand

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