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312 938 483 RCS Paris
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FR 88 312 938 483
Analyse structurelle des marchés
du travail en Europe
Alice Rustique
Juin 2019
Sommaire
Marché du travail et production…….....5
Marché du travail et démographie…...13
Conditions d’emploi……………….……….18
Analyses pays…………………………..…....26
2
Depuis la crise de la dette de 2010, la croissance s’est redressée…
En zone euro, la croissance moyenne du PIB entre 2015 et 2018 s’est élevée à +2,12%, contre +0,27%
entre 2012 et 2015 (en g.a).
La crise financière de 2007 et la crise de la dette en 2010 ont pesé sur la croissance des pays de la zone euro sur la
première période (2012-2015).
A partir de 2015, les économies de la zone euro ont bénéficié de la politique monétaire assouplissante de la BCE et d’un
environnement international porteur.
Néanmoins, depuis début 2018, des tensions se font sentir.
Les économies européennes font face à une multitude de risques qui pèsent sur la confiance, les investissements et la
croissance (futures modalités du Brexit, protectionnisme américain, tensions sociales en France, montée des populismes en
Europe, ralentissement des pays émergents, etc.) 3
-4%
-3%
-2%
-1%
0%
1%
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3%
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5%
Q3 2018Q3 2017Q3 2016Q3 2015Q3 2014Q3 2013Q3 2012
Croissance du PIB (g.a)
Zone euro Allemagne France
Royaume-Uni Italie Espagne
Sources: Eurostat -4%
-3%
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3%
4%
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Q3 2018Q3 2017Q3 2016Q3 2015Q3 2014Q3 2013Q3 2012
Croissance du PIB (g.a)
France Pays-Bas Suède
Belgique Autriche Finlande
Sources: Eurostat
…ce qui a permis la diminution des taux de chômage
Depuis 2012, le taux de chômage a diminué dans la plupart des économies européennes, dans des
proportions variables. En moyenne, dans la zone euro, la diminution du taux de chômage a été progressive (de 11,4% en 2012 à 8,2% en 2018).
L’Allemagne (3,4% en 2018) et le Royaume-Uni (4,1%) ont un taux de chômage bien inférieur à celui de la France (9,1%).
L’Espagne est le pays dans lequel le chômage a le plus chuté (de 24,8% en 2012 à 15,3% en 2018). Néanmoins, son taux de chômage
demeure le deuxième le plus élevé de la zone euro.
L’Autriche et les Pays Bas ont vu leur taux de chômage se stabiliser à des taux relativement bas (4,9% et 3,8%).
En France, la diminution du taux de chômage est très lente. En Italie, le taux de chômage actuel (10,5%) est à
un niveau quasi équivalent à celui de 2012 (10,7%).
4
8,2%
3,4%
15,3%
9,1%
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10,5%
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Zone euro Allemagne Espagne France R-U Italie
Taux de chômage
2012 2015 2018
Source : Eurostat
3,8%4,9%
7,0% 7,4%6,3%
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25%
Pays-Bas Autriche Portugal Finlande Suède
Taux de chômage
2012 2015 2018
Source : Eurostat
Marché du travail et production
5
Zone euro : emploi, productivité, temps de travail moyen
Sur la période 2012-2018, le rythme de croissance du PIB des pays membres a été moins dynamique que sur la période
2000-2006. La croissance du volume de l’emploi et de la productivité a considérablement freiné. Le temps de travail
moyen a poursuivi sa baisse, mais dans une moindre proportion.
Par rapport à la période 2000-2006, la croissance allemande s’est enrichie en emplois. Le pays a subi une forte
diminution de la croissance de la productivité au profit de celle de l’emploi. En France, la croissance de la productivité a
fléchi, mais continue à peser plus qu’ailleurs sur l’emploi..
En Espagne, la chute de l’activité s’est accompagnée d’une forte contraction de l’emploi et d’un léger redressement de la
productivité. En Italie, la contraction de l’activité a été compensée par une hausse de la productivité.
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Zone euro Allemagne France Italie Espagne Pays-Bas
Nombre personnes en emploi
Nombre d'heures travaillées par emploi
Production par heure travaillée
PIB
Croissance du PIB et ses composantes sur la période 2000-2006
Sources : OCDE, calculs CEP Groupe ALPHASources : OCDE, calculs CEP Groupe ALPHA
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Zone euro Allemagne France Italie Espagne Pays-Bas
Production par heure travaillée
Nombre d'heures travaillées par emploi
Nombre personnes en emploi
PIB
Croissance du PIB et ses composantes sur la période 2012-2018
Sources : OCDE, calculs CEP Groupe ALPHA
PIB et emploi : un lien rompu en France ?
Le lien entre croissance et emploi semble encore être étroit dans la plupart des pays d’Europe, mis à part en
France où sur la période récente, on constate une déconnection entre les deux variables. La croissance du PIB
français a été à la fois modeste, et relativement pauvre en emplois. Les performances françaises en termes
d’emploi et de croissance depuis 2012 se situent en dessous de la moyenne de la zone euro.
Le taux d’emploi français (nombre de personne en emploi par rapport à la population en âge de travailler (15-64
ans)), est nettement inférieur à celui de l’Allemagne. Néanmoins, il progresse chaque trimestre depuis 2014.
Les taux d’emploi sont particulièrement faibles dans les pays du sud de l’Europe (Italie, Espagne), même si on note
une croissance importante pour l’Espagne.
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0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
16%
Zone euro Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni
Variation de l'emploi et du PIB entre 2012 et 2018
Nombre de personnes en emploi PIB
Source: Eurostat
40%
50%
60%
70%
80%
Allemagne Espagne France Italie Royaume-Uni Zone euro
Taux d'emploi
2012 2017
Source: Eurostat (15-64 ans)
Taux d’emploi : une comparaison européenne
Si l’on compare le taux d’emploi des 15-64 ans dans les pays
de l’Union européenne, on constate que les pays affichant les
taux d’emploi les plus élevés sont les pays du Nord de
l’Europe, dont les taux de chômage sont également bas.
Avec un taux d’emploi de 64,7% en 2017, la France est mal
classée (23ème sur 28). On verra plus loin (diapo 11)
l’influence du temps partiel sur cette position fâcheuse.
Plusieurs explications sont possibles : Alors qu’une partie des
chercheurs justifie la faiblesse du taux d’emploi (et le niveau
élevé du chômage) par le coût du travail, la rigidité du code
du travail ou encore par un manque de compétitivité de
l’économie dans son ensemble, d’autres mettent en avant
des problèmes de formation des actifs, de dégradation du
système éducatif et d’inadéquation entre l’offre et la
demande de travail. Le faible taux de participation,
l’insuffisance de la mobilité, ou les évolutions
démographiques sont également cités pour expliquer la
faiblesse du taux d’emploi.
Dans le domaine de la formation, le manque de
compétences de base des adultes peut être un facteur
explicatif important (voir diapo 8).
8
40 50 60 70 80
GrèceItalie
CroatieEspagneBelgique
RoumanieFranceChypre
PologneSlovaquie
LuxembourgZone euro
BulgarieIrlandeUE-28
PortugalHongrie
MalteSlovénieFinlandeLettonieLituanieAutriche
TchéquieEstonie
Royaume-UniDanemarkAllemagnePays-Bas
Suède
Taux d'emploi en 2017 dans l'Union européenne (en %)
Champ : personnes de 15 à 64 ansSource : Labour force surveys , Eurostat; Insee, enquêtes Emploi pour la France
Taux d’emploi par âge : de fortes disparités
Les différences dans le taux d’emploi global (15-64 ans) s’expliquent principalement par des disparités marquées chez les
jeunes et les séniors. En France, le taux d’emploi des 25-54 ans est supérieur à la moyenne de la zone euro, et relativement
proche des pays comme l’Allemagne ou le Royaume-Uni.
En revanche, les performances françaises en termes d’emploi des jeunes et des séniors sont nettement inférieures à la
moyenne européenne, et très éloignées des autres pays du Nord. Elles peuvent s’expliquer par un âge de la retraite plus
bas en France que dans les autres pays et par la faible part d’étudiants qui travaillent de façon régulière pendant la durée
de leur études (21% en France contre 44% au Pays Bas et 54% en Allemagne*).
On note également que dans la majorité des pays de la zone euro, le taux d’emploi des séniors a considérablement
augmenté entre 2012 et 2017, alors que celui des jeunes a stagné. Ce constat peut s’expliquer par un recul progressif de
l’âge de la retraite et par le développement des politiques d’emploi pour les séniors.
9 * http://database.eurostudent.eu/
32%
47%
21%
29%
17%
62%
26%
51%
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10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
Taux d'emploi des jeunes (de 15 à 24 ans)
2012 2017
Source : Eurostat
57%
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51% 51% 52%
66%
56%
64%
30%
40%
50%
60%
70%
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Taux d'emploi des séniors (de 55 à 64 ans)
2012 2017
Source : Eurostat
78%
84%
73%
81%
69%
84% 83%84%
60%
70%
80%
90%
Taux d'emploi (de 25 à 54 ans)
2012 2017
Source : Eurostat
Taux d’emploi et compétences des adultes
Le taux d’emploi et le niveau de compétences des adultes apparaissent fortement corrélés.
Dans le classement PIAAC de l’OCDE (compétences en numéracie et littéracie), la France est mal classée. Le mauvais score de
la France s’explique en grande partie par celui des seniors (45-65 ans). Plus l’âge augmente, plus les résultats s’éloignent de la
moyenne de l’OCDE. Il n’empêche que les résultats des 15-44 ans se situent également en dessous de la moyenne. Selon
l’INSEE, le manque de compétences de la main d’œuvre est le principal frein à l’embauche des recruteurs français.
10
230 240 250 260 270 280 290
Espagne
Italie
Grèce
Slovenie
France
Irlande
Pologne
Moyenne OCDE
Royaume-Uni
Allemagne
Autriche
Estonie
Danemark
Slovaquie
République tchèque
Belgique
Norvège
Suède
Finlande
Enquête PIAAC : score moyen en littératie et numératie des adultes en 2015
Sources: Survey of Adult Skills (PIAAC) (2012, 2015) OCDE Moyenne entre le score moyen en littéracie en numéracie des adultes de16 à 65 ans
245
250
255
260
265
270
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280
285
290
50 55 60 65 70 75 80
Taux d'emploi et score PIAAC Score PIAAC
Tauxd'emploi (%)
Source : INSEE, OCDE, calculs groupe Alpha
GR
IT ES
FR
SK
BE
PL
IE
SI
FI
AT
CZ EE
RU
DK
DE
SE
NL
Temps de travail moyen : l’influence déterminante du temps partiel
Concernant l’emploi total (temps complet et temps partiel), il ressort que :
La tendance générale est à une diminution du temps de travail moyen
Le volume moyen d’heures travaillées en France est désormais nettement plus important qu’en Allemagne
Le volume moyen d’heures travaillées est relativement important en Italie et en Espagne.
Néanmoins, l’analyse du temps de travail moyen des salariés à temps plein permet de souligner l’influence
notable du temps partiel sur ces observations :
La différence entre le volume moyen d’heures travaillées entre l’Allemagne et la France s’explique par le fait que l’Allemagne
dispose de davantage d’emplois à temps partiel que la France (27% contre 18% en France en 2017). Si l’on s’intéresse uniquement
au temps du travail des travailleurs à temps complet, depuis les années 2000, les salariés à temps plein allemands travaillent plus
que les français. En 2017, les temps de travail des travailleurs à temps complet sont comparables (autour des 40 heures).
Les temps de travail moyens élevés observés en Italie et en Espagne en 2000 (graphique 1) s’expliquent par leur faible part
d’emplois à temps partiel (8,3% et 7,7% contre 16,3% en France et 19,5% en Allemagne en 2000).
11
38
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45Emploi à plein temps : temps de travail
moyen hebdomadaire en heures
2000 2012 2017
Sources : OCDE
32
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Emploi total: temps de travail moyen hebdomadaire en heures
2000 2012 2017
Sources : OCDE
Productivité : une croissance faible avec des divergences de niveau marquées
La croissance de la productivité a rebondi après la crise mais elle progresse dorénavant sur un rythme plus modéré
(autour de 1%). La croissance de la productivité est plus faible pour l’Italie et le Royaume-Uni. L’évolution et le niveau des
productivités allemande et française sont comparables et montrent que les divergences de croissance entre les deux pays
sont le fruit d’autres facteurs (structure productive, effets de gamme, compétitivité, structure des emplois, ouverture
commerciale, etc.)
Si l’on s’intéresse au niveau de la productivité, on note de nettes différences de performances entre les pays. En plus
d’avoir une croissance de la productivité plus faible, le Royaume-Uni et l’Italie affichent un niveau inférieur à celui de leurs
voisins. La Belgique, les Pays Bas, l’Allemagne et la France se situent au-dessus de la moyenne de la zone euro. Le
Royaume-Uni a su compenser son manque de productivité par une hausse de l’emploi pour maintenir sa croissance. Les
faibles productivités des économies périphériques expliquent en partie leur retard de croissance. 12
30
35
40
45
50
55
60
65
70
PIB par heures travaillées, en dollars US
2012 2017
Sources: OCDE-1,5
-1,0
-0,5
0,0
0,5
1,0
1,5
2,0
2,5
3,0
Croissance annuelle de la productivité (PIB par heures travaillées), en %
France Allemagne Italie
Espagne Zone euro Royaume-Uni
Sources: OCDE, moyennes mobiles sur 3 ans
Marché du travail et démographie
13
De fortes divergences démographiques en Europe
Les divergences des taux de chômage en Europe ont également des facteurs démographiques. En Espagne, on constate une forte
diminution de la population en âge de travailler, qui amplifie la baisse du taux de chômage. Les chômeurs sont nombreux à avoir fait le
choix de l’émigration. Entre 2010 et 2016, 2,8 millions d’espagnols ont émigré. Ce chiffre représente 12% de la population active en 2017,
contre 6,9% en France (1,9 million), 3,3% en Italie (0,8 million).
En Allemagne, la hausse de la population en âge de travailler s’explique principalement celle du nombre d’actifs (+4% en 5 ans),
notamment due à la présence d’immigrés sur le marché du travail florissant. Cette arrivée massive permet de contrer les effets du
vieillissement de la population, observables chez les plus de 75 ans (+21% depuis 2012 contre +11,5% en Zone euro et +4% en France).
En France, la hausse de la population en âge de travailler reflète principalement la hausse du nombre de personnes en emploi,
particulièrement marquée sur l’année 2017. L’augmentation du nombre de chômeurs a participé à la progression de la population en âge
de travailler sur la période.
14
-8%
-6%
-4%
-2%
0%
2%
4%
6%
Espagne Royaume-Uni Italie France Allemagne Zone euro Belgique
Contribution à la croissance de la population en âge de travailler (15-64 ans) entre 2012 et 2017
Emploi Chômage Population inactive Population en âge de travailler
Source : OCDE
Lecture: en France, le nombre de personnes en âge de travailler ( 15-64 ans) a augmenté de +2,5% entre 2012 et 2017. Les contributions à cette progression sont réparties comme suit : +2,4 points pour les personnes en emploi; +0,3 point pour les chômeurs; -0,1 points pour la population inactive.
-3%
-2%
-1%
0%
1%
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3%
Croissance de la population en âge de travailler entre 2012 et 2017 (15-64 ans)
Source: OCDE
Population active : hausse de la participation
Depuis 2012, le taux de participation (nombre d’actifs rapporté à la population en âge de travailler) augmente dans la plupart des pays. La
baisse concomitante du taux de chômage observée dans la majorité des pays prouve que les créations d’emplois ont été assez
dynamiques pour absorber le surplus de population active.
Les niveaux de participation au marché du travail sont variables selon les pays. En France, le taux d’activité est relativement faible. Il peut
s’expliquer, comme pour le taux d’emploi, par des différences localisées sur le taux d’activité des jeunes et des séniors. Mais également
par un plus faible développement du temps partiel.
La population inactive a baissé dans plusieurs économies européennes. Le fait que les individus participent davantage au marché du
travail peut notamment s’expliquer par le dynamisme des créations d’emplois, la reprise économique ou encore le développement des
politiques d’activation du marché du travail.
L’Espagne est marquée par une diminution de sa population inactive et active. Ce constat peut en partie s’expliquer par une tendance
particulière à l’émigration, marquée depuis la crise de 2008.
15
60%
65%
70%
75%
80%
Taux de participation (15-64 ans)
2012 2017
Source : Eurostat
-8%
-6%
-4%
-2%
0%
2%
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6% Croissance de la population inactive et active entre 2012 et 2018 (15-64 ans)
Population active Population inactive
Source : Eurostat et OCDE pour la France
Inactivité à tout âge : comparaison France - Allemagne
En France, la hausse du nombre d’inactifs de plus de 15 ans* (+7% depuis 2012 contre +1% en Zone euro et -0,2% en
Allemagne) s’explique en grande partie par la hausse du nombre de retraités (65-74 ans), population issue du baby
boom. On remarque également que le nombre d’inactifs entre 55 et 64 ans a reculé. Cette baisse peut être expliquée
par le recul progressif de l’âge à la retraite et la nette amélioration du taux d’emploi des séniors. Celui-ci est passé de
38% en 2008 à 51% en 2017. Néanmoins, il reste en dessous de la moyenne de l’UE (57%).
En Allemagne, on observe un phénomène différent. Le baby boom semble s’être produit plus tôt puisque la part des
plus de 74 ans augmente considérablement. Au contraire, la part des retraités moins âgés (65-74 ans) diminue
progressivement. Celle des séniors susceptibles d’occuper un emploi (55-64 ans), diminue moins fortement qu’en
France. Néanmoins, en Allemagne, le taux d’emploi des 55-64 ans est de 70% en 2017, soit 20 points de plus qu’en
France.
16
*A ne pas confondre avec les inactifs de 15 à 64 ans
20500
21000
21500
22000
22500
23000
23500
24000
2000
2500
3000
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4500
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5500
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6500
7000
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
France : nombre d'inactifs par âge
15-24 25-5455-64 65-7474+ Total (e.g)
Source : OCDE. Unité : en milliers
26500
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27500
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28500
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2000
3000
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5000
6000
7000
8000
9000
10000
2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Allemagne : nombre d'inactifs par âge
15-24 25-5455-64 65-7474+ Total (e.g)
Source : OCDE. Unité : en milliers
Population au chômage : des disparités marquées
Dans la plupart des économies européennes, le nombre de personnes au chômage a diminué depuis
2012.
Cette baisse est particulièrement importante dans les pays proches du plein emploi (Royaume Uni -43%, Allemagne
-27%), ainsi qu’en Espagne (-33%).
La France est l’un des seuls pays (avec l’Italie, l’Autriche et la Finlande) à avoir connu une hausse du nombre de chômeurs
(+3,8%). Bien que la croissance du PIB ait été plus faible que la moyenne sur la période, ce résultat vient questionner
l’efficacité des politiques pour l’emploi mises en œuvre depuis la crise (baisse des charges pour les entreprises,
accompagnement des chômeurs, formation, etc.).
En Italie, le nombre de chômeurs a augmenté de +8%. Cette hausse peut être le fruit de l’austérité, qui a détérioré la
capacité économique du pays (recul des investissements et de la productivité). Néanmoins, depuis 2018, on note une
amélioration sur le marché du travail (rythme des créations d’emplois, amélioration du taux d’emploi).
17
0%
5%
10%
15%
20%
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Taux de chômage (15-64 ans)
2012 2017
Source : Eurostat
-50%
-40%
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-20%
-10%
0%
10%
20%
Croissance de la population au chômage entre 2012 et 2017
Sources : Eurostat et OCDE pour la France
Conditions d’emploi
18
La part des bas salaires est en hausse en Europe
En Europe, la part des travailleurs à bas salaires (c’est-à-dire moins de deux tiers du salaires médian) a progressé
entre 2006 et 2014.
Au Royaume-Uni et en Allemagne, qui sont les économies où les taux d’emploi sont les plus élevés, la part de
travailleurs à bas salaires est largement supérieure à la moyenne européenne (plus d’un sur cinq). C’est devenu
le cas en Grèce, particulièrement touchée par la crise. En revanche, au Portugal, également touché par la crise, le
taux de travailleurs à bas salaires a continué de reculer. Ceci s’explique par le développement de contrats
précaires (temps partiel, contrats temporaires, intérim, etc.).
En France, le taux de travailleurs à bas salaires est relativement faible par rapport à la moyenne. Néanmoins, il a
nettement augmenté en 2014. En Belgique et surtout en Suède, ce taux est particulièrement faible.
19
0%
5%
10%
15%
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25%
Allemagne Royaume-Uni Zone euro Espagne Italie France
2006 2010 2014
Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA
Part des travailleurs à bas salaires
0%
5%
10%
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20%
25%
Grèce Irlande Pays-Bas Portugal Belgique Suède
2006 2010 2014
Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA
Part des travailleurs à bas salaires
Bas salaires : forte inégalité entre les hommes et les femmes
En Europe, le travail à bas salaires touche nettement plus les femmes que les hommes. Les raisons qui expliquent les
écarts de salaires sont nombreuses : les femmes peuvent être victimes d’éventuelles discriminations, elles ont un
moindre pouvoir de négociation, elles sont davantage cantonnées dans des postes moins bien rémunérés, en CDD et
en temps partiels, avec moins de responsabilité et plus d’interruptions de carrières, etc.
Cette inégalité a tendance à se réduire légèrement : la part des femmes à bas salaires a été relativement stable en
Europe sur la dernière décennie, alors que celle des hommes a progressé. Logiquement, la part des femmes salariés à
bas salaires est très élevée au Royaume-Uni et en Allemagne (plus d’une sur quatre). En France, cette part a augmenté
entre 2010 et 2014*.
En décidant d’une forte hausse du SMIC de +22% en 2019 (de 735€ à 950€), l’Espagne espère faire nettement diminuer
le nombre de ses travailleurs pauvres.
20
*Les données récoltées après 2014 ne sont pas encore disponibles sur Eurostat.
0%
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Allemagne Royaume-Uni Zone euro Espagne Italie France
2006 2010 2014
Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA
Part des travailleurs à bas salaires chez les femmes
0%
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Allemagne Royaume-Uni Zone euro Espagne Italie France
Femmes Hommes
Sources : Eurostat, calculs CEP Groupe ALPHA
Part des travailleurs à bas salaires en 2014
Hausse du recours aux contrats à temps partiel en Europe
Comme nous avons pu précédemment, les hauts niveaux de taux d’emploi dans les pays comme la Suède, les
Pays-Bas, le Royaume Uni ou l’Allemagne s’expliquent en partie par leur part importante d’emplois à temps
partiel. Or, selon l’OCDE, 60% des contrats à temps partiel sont subis et leur rémunération est inférieure de 18% à celle
des contrats à temps plein.
La baisse du temps de travail dans ces pays a constitué une variable d’ajustement à la suite de la crise, pour
compenser les baisses d’activité et flexibiliser la main d’œuvre. Selon l’OFCE, sans ajustement par la durée du travail
depuis la crise de 2007, le taux de chômage allemand aurait été plus élevé de 3,8 pts en 2018.
Cette pratique du temps partiel est bien moins marquée dans les pays de la périphérie (Portugal, Italie, Espagne)
même si la part de ces emplois atypiques augmente depuis la crise en Italie et en Espagne.
21
0%
10%
20%
30%
40%
50%
Belgique Pays-Bas Portugal Suède Royaume-Uni
Part des emplois à temps partiel (% emploi total)
2008 2017
Source : Eurostat
0%
10%
20%
30%
40%
50%
Zone euro Allemagne Espagne France Italie
Part des emplois à temps partiel (% emploi total)
2008 2017
Source : Eurostat
Forte inégalité entre les hommes et les femmes face au temps partiel
En Europe, les femmes sont nettement plus concernées par le travail à temps partiel que les hommes. Dans la
zone euro, plus d’une femme sur trois en emploi est à temps partiel, contre seulement un homme sur dix. En
France, 30% des femmes travaillent à temps partiel et 78% des postes à temps partiel sont occupés par des
femmes.
On n’observe pas de réduction de ce phénomène sur la dernière décennie. Il peut notamment être expliqué par
le partage inégal de tâches domestiques et de l’éducation des enfants entre les hommes et les femmes.
La part des femmes à temps partiel est particulièrement élevée aux Pays-Bas (76%), en Allemagne (46%) et au
Royaume-Uni (40%). En Suède, le niveau est élevé (34%), mais il est en baisse depuis 2012.
22
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%
Part des emplois à temps partiel en 2017 selon le sexe
Hommes Femmes
Source : Eurostat
0%
10%
20%
30%
40%
50%
60%
70%
80%Part des emplois à temps partiel chez les femmes
2012 2017
Source : Eurostat
Contrats temporaires : stabilisation en Europe depuis 2008
En Europe, la part des contrats temporaires (CDD + intérim) dans l’emploi total a légèrement progressé depuis 2012,
traduisant des évolutions différenciées entre les différentes économies européennes. Dans certaines économies de recourir
La flexibilisation des contrats permanents peut limiter l’intérêt aux formes d’emplois les plus flexibles.
Les pays de la périphérie (Espagne, Portugal, France et Italie) ont davantage recouru aux contrats temporaires pour ajuster
le volume de l’emploi lors de la crise puis lors de la reprise. Les pays comme le Royaume-Uni, la Belgique et l’Allemagne
ont privilégié les contrats à temps partiel, ce qui leur a permis de maintenir un taux d’emploi élevé. Ces préférences
différenciées expliquent beaucoup des résultats divergents observés en matière de taux d’emploi. Une précarité à temps
plein (mais intermittent) s’oppose ainsi à un emploi stable à temps partiel.
Les femmes sont davantage concernées par l’emploi temporaire que les hommes. Cette inégalité est toutefois moins
marquée que les inégalités de salaires et de temps partiel.
23
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
Belgique Pays-Bas Portugal Suède Royaume-Uni
Part des travailleurs en contrats temporaires
2012 2017
Source : Eurostat
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
Zone euro Allemagne Espagne France Italie
Part des travailleurs en contrats temporaires
2012 2017
Source : Eurostat
Polarisation de l’emploi
Cette polarisation a des impacts sur la main d’œuvre, qui doit être rapidement remobilisée et réaffectée. Des
accompagnements et des formations actives sont alors nécessaires. Mais la polarisation creuse également les inégalités
salariales.
Cette polarisation de l’emploi touche la majorité des pays européens et peut être expliquée par le développement de la
robotique et de l’intelligence artificielle. Mais également, elle s’explique par la concurrence des importations
(notamment chinoise), les délocalisations, ou encore la désindustrialisation généralisée.
Elle se retrouve dans la plupart des secteurs, mais particulièrement dans l’industrie et les services financiers.
En 20 ans, dans les pays de l’UE, la part
des emplois moyennement qualifiés a
diminué au profit des emplois peu et
hautement qualifiés. Les métiers à
haute valeur ajoutée intellectuelle et
non automatisable (chercheurs,
managers), et les métiers faiblement
qualifiés impliquant des interactions
sociales complexes (service à la
personne) se sont développés au
détriment des métiers facilement
automatisables (ouvriers, secrétaires,
employés).
24
Source : OCDE, Rexecode (E.Jessua)
L’emploi non salarié et l’intérim en Europe
La part des emplois non salariés (indépendants, travailleurs familiaux, membres d’une coopérative…) dans l’emploi total a
globalement diminué depuis 2000 en Europe, à l’exception des Pays Bas et du Royaume Uni. La France déroge également à
cette tendance puisque sa part d’emplois non salariés a légèrement augmenté.
Ces parts sont variables selon les secteurs. Dans la construction, le commerce et l’agriculture, elle est élevée, tandis qu’elle est
faible dans les transports et les activités financières.
Parallèlement, la part des emplois en intérim a considérablement augmenté depuis la crise. La hausse est particulièrement
forte en France, notamment sur l’année 2017 (+8,5% soit +50 000 emploi en équivalent temps plein selon le baromètre
Prism'emploi). Le BTP, les transports, et la logistique sont particulièrement concernés par cette hausse des emplois en intérim.
25
2,5%2,3%
2,6%
3,4%3,3%
0,9%
3,9%
2,3%
0,8%
2,0%
1,7%
1,4%
0,5%
0,0%
0,5%
1,0%
1,5%
2,0%
2,5%
3,0%
3,5%
4,0%
4,5%
Part des employés des agences de travail temporaire dans l'emploi total
2009 2017
Source: Eurostat
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
Part des emplois non salariés dans l'emploi total
2000 2017
Source :OCDE
Analyses pays
26
Royaume Uni : un marché du travail dynamique …
Depuis les années 90, les indicateurs généralement utilisés pour évaluer la santé du marché du travail se sont
nettement améliorés au Royaume Uni. Le taux de chômage, à 4,1%, est au plus bas depuis 40 ans.
Le taux d’activité atteint 77,6% en 2017. Pour les femmes, ce taux s’élève à 72,9%, soit une hausse de 5 points
depuis 2000. Le taux d’emploi a connu une hausse progressive depuis le creux de 2009. Il atteint 74% en 2017,
contre 66% en Zone euro. Les femmes sont également massivement entrées sur le marché du travail (70% de
taux d’emploi en 2017).
Ces bons chiffres peuvent s’expliquer par la souplesse du marché du travail, mais aussi par la politique
monétaire accommodante menée depuis le début des années 2000.
27
0
500
1 000
1 500
2 000
2 500
3 000
3 500
Nombre de chômeurs (en milliers)
25-74 ans moins de 25 ans
Source : Eurostat
60
62
64
66
68
70
72
74
76
65
67
69
71
73
75
77
79
1993 1995 1997 1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017
Taux d'emploi et taux d'activité (en %)
Population active Population active - femmes
Emploi (e.g) Emploi – femmes (e.g)
Source: Eurostat
… mais qui cache une certaine précarité
Alors que le taux de chômage diminue continuellement, le taux de
pauvreté ne diminue plus.
Même s’ils sont moins nombreux que dans d’autres pays, les
conditions de vie des chômeurs sont souvent jugées difficiles. Les 1,4
millions de chômeurs britanniques touchent en moyenne 350€/mois
contre 1200€ en France. Ils doivent justifier toutes les semaines d’une
recherche active d’emploi, sous peine de voir leurs allocations
supprimées.
Des contrats précaires, les « contrats zéro heure » se sont
particulièrement développés depuis la crise. Ils permettent à
l’employeur de bénéficier d’une réserve de main d’œuvre disponible
en fonction de l’activité en n’offrant aucune garantie au salarié en
termes de nombre minimal d’heures travaillées.
Selon l’ONS*, les travailleurs cumulent souvent au moins deux
contrats. Ainsi, le nombre de contrats « zéro heure » a été multiplié
par trois depuis 2013. De 583000 en 2013, on en décompte 1,8
million en 2017, soit 6% de l’emploi.
Les détenteurs de ce type de contrat sont plus souvent des jeunes,
des étudiants et des femmes. Un quart d’entre eux souhaiteraient
travailler davantage.
Même si la part des emplois à temps partiel diminue très légèrement,
le niveau reste très élevé, avec l’Allemagne et les Pays Bas. Les
femmes, qui sont les plus touchées par le temps partiel, sont ainsi
davantage précarisées.
28
*Bureau des statistiques nationales du Royaume-Uni
5%
10%
15%
20%
25%
30%
Part des emplois en temps partiels (en % de l'emploi total)
Unioneuropéenne
Allemagne
Espagne
France
Italie
Royaume-Uni
Source : Eurostat
0
100
200
300
400
500
600
700
800
900
1 000
2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017
Nombre de personnes en contrat "zéro heure"en milliers
Source : ONS Labour Force Survey
Allemagne : la particularité de la modération salariale depuis 2000
Depuis les années 2000, l’Allemagne a
fortement modéré ses coûts salariaux
unitaires (coûts salariaux rapportés à la
productivité horaire du travail),
notamment si on les compare avec ceux
des autres pays d’Europe.
Cette pratique a permis à l’Allemagne de
considérablement améliorer sa
compétitivité coût. En 2007, la France
avait une compétitivité coût inférieure de
20% par rapport à l’Allemagne. Cette
modération salariale explique en partie
des différences de taux de chômage
entre la France et l’Allemagne.
29
Le ralentissement des coûts salariaux unitaires a participé à la diminution de la part du travail dans la valeur ajoutée
depuis les années 2000. L’intensité capitalistique s’est également renforcée, et la rémunération du capital a pris une place
plus importante dans le partage de la valeur ajoutée. Ce sont particulièrement les réformes Hartz (2003-2005) qui ont
freiné la progression des salaires réels.
Néanmoins, depuis 2015, la tendance est à la hausse des salaires, avec de nombreux accords signés favorables aux
salariés, notamment dans la métallurgie.
80
85
90
95
100
105
110
115
120
125
130
1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011 2013 2015 2017
Coûts salariaux unitaires relatifs à l'UE
Allemagne Grèce Espagne France
Italie Portugal Royaume-Uni
Sources : Eurostat, calculs auteur, 1999 = 100 = UE
Allemagne : l’apport nécessaire de la migration
En 2017, l’Allemagne est le pays qui a accueilli le plus de
demandeurs d’asile, en nombre, et en pourcentage de sa
population. Le pays a mis en place une politique active
d’accueil, avec la suspension en 2016 d’une règle qui
donne la priorité aux européens et allemands sur le
marché du travail et avec la facilitation de
l’apprentissage de l’allemand pour les migrants.
Cet accueil massif est bien plus important qu’en France,
et que la moyenne européenne.
Cette politique a un impact favorable sur le marché du
travail, la dynamique démographique et le système de
retraite. Le nombre d’actifs a augmenté de +4% depuis 5
ans, alors que la population allemande est de plus en
plus vieillissante. Cela répond aux problèmes de pénurie
de main d’œuvre, sachant que le taux de chômage est
3,3% en novembre 2018.
Sur un million de migrants entrés en Allemagne en 2015,
plus de 400 000 sont en formation ou ont rejoint un
emploi salarié, soumis aux cotisations sociales (Ingo
Kramer, président de la fédération patronale allemande).
Le système de retraite peut ainsi être en partie financé
par l’arrivée des migrants.
30
0 1000 2000 3000 4000 5000
Portugal
Espagne
Royaume-Uni
Pays-Bas
Italie
France
Finlande
Norvège
UE28
Belgique
Luxembourg
Suède
Autriche
Allemagne
Nombre de décisions positives aux demandeurs d'asile, en 2017, pour 1 million
d'habitants
Sources : F. Héran, Collège de France, Eurostat (1ère et 2nde instance, convention de Genève + protection subsidiaire)
Italie : chômage de longue durée et faible productivité
Outre la persistance d’un taux de chômage élevé (10,5% en 2018), le nombre de chômeurs de longue durée est préoccupant : 57%
des chômeurs italiens sont au chômage depuis plus d’un an, contre 48% en Zone euro. Dans la mesure où le risque de dépréciation
de leurs compétences est élevé, la probabilité qu’ils retrouvent un emploi diminue avec la durée de leur chômage.
Quant au marché de l’emploi, la faible progression de la productivité peut s’expliquer par le vieillissement de la population active.
L'âge moyen de la population active a augmenté de près de 6 mois chaque année depuis 2008. Il est aujourd'hui de 44 ans, contre
à peine plus de 38 ans en 1993 . D'après le FMI, 1 travailleur italien sur 5 aura plus de 55 ans en 2020.
Depuis 2010, l’Italie détient la 3e progression de la productivité la plus lente des pays de l’OCDE. Outre le faible renouvellement de
la force de travail, le manque de formation, la faible adaptabilité du marché et la mauvaise diffusion de la technologie, expliquent
en partie cette faible progression. 31
0
20
40
60
80
100
120
140 Productivité (indice base 100 en 2010)
Source : OCDE
15%
20%
25%
30%
35%
40%
45%
50%
55%
60%
65%
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Part des chômeurs de longue durée (% du nombre total de chômeurs)
Zone euro AllemagneEspagne FranceItalie Royaume-Uni
NB : Chômeurs de longue durée: au chômage depuis plus d'un an.Source : Eurostat
Italie : la précarité en marge du marché du travail
En Italie, entre 2007 et 2017, le nombre de personnes souhaitant travailler mais considérées comme inactives a augmenté de 8
pts de % alors qu’il a baissé dans les autres pays. La frontière entre l’inactivité, le sous-emploi et le travail occasionnel est
poreuse. De même, de nombreuses personnes sont classées comme inactives parce qu’elles ne cherchent pas activement un
emploi.
L’Italie se caractérise par un faible taux d’activité, de nombreux inactifs gravitent autour du marché du travail, que ce soient des
jeunes (NEET), des anciens chômeurs découragés, ou des séniors.
Alors que le taux d’emploi des jeunes (15-24 ans) est très faible en Italie (17% contre 28% en France et 34% dans l’UE), le
nombre de NEET est particulièrement élevé. Parallèlement, les rares jeunes qui participent au marché du travail sont davantage
touchés par le sous emploi (temps partiel subi/chômage technique/emplois auparavant rémunérés aux vouchers).
32
5%
7%
9%
11%
13%
15%
17%
19%
21%
23%
2006 2008 2010 2012 2014 2016
Part des jeunes sans emploi, ne participant ni à l'éducation, ni à la formation (NEET)
Zone euro Allemagne Espagne
France Italie Royaume-Uni
Source : Eurostat
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
14%
Halo autour du chômage (% de la population active)
Source : Eurostat. NB: personnes recherchant un emploi mais temporairement indisponibles et personnes disponibles mais ne recherchant pas activement un emploi Unité : % de la population active augmentée de la sous population considérée
Espagne : reconnexion de la productivité et des coûts salariaux
Avant les réformes et la crise, le coût salarial progressait à un rythme bien plus rapide que celui de la croissance
de la productivité. Les réformes structurelles du marché du travail (2010 et 2012), en supprimant notamment
l’indexation des salaires sur l’inflation, ont permis aux entreprises d’aligner leurs salaires sur les gains, modestes,
de productivité.
Après cette longue période de forte modération salariale (entre 2009 et 2014), les salaires espagnols ont
renoué avec le dynamisme, et évoluent à +4% en g.a en moyenne depuis 2015. La demande intérieure repart,
au même rythme que la croissance économique (+2,3% en novembre 2018). Le chômage continue sa baisse
rapide (14,5% en novembre 2018).
33
-8%
-6%
-4%
-2%
0%
2%
4%
6%
8%
10%
12%
Q12001
Q42002
Q32004
Q22006
Q12008
Q42009
Q32011
Q22013
Q12015
Q42016
Q32018
Salaires et revenu disponible brut
Revenu disponible brut desménages
Revenus salariaux
Sources: Eurostat, INE (Institut National de la statistique Espagnol)
-4%
-3%
-2%
-1%
0%
1%
2%
3%
4%
5%
6%
7%
Q22000
Q32001
Q42002
Q12004
Q22005
Q32006
Q42007
Q12009
Q22010
Q32011
Q42012
Q12014
Q22015
Q32016
Q42017
Reconnexion entre le coût salarial et la productivité
Coût salarial (g.a) Productivité rélle par employé (g.a)
Sources: Eurostat, INE (Institut National de la statistique Espagnol)
Espagne : forte dualité du marché du travail
Le développement de ces contrats normalise une certaine insécurité structurelle de l’emploi.
Ces emplois, moins durables, ne permettent pas l’acquisition durable de nouvelles compétences et de savoir-faire pour les
salariés.
Ils sont moins bien rémunérés (selon Berson, 2017, leur rémunération est 5% inférieure à celles des contrats permanents, à
caractéristiques démographiques et sociologiques égales). Ils bénéficient également d’un moindre accès à la formation
(probabilité inférieure de 7% à celle des autres salariés selon l’enquête PIAAC de l’OCDE).
La trajectoire des salariés en contrats courts repose sur une alternance entre de courtes périodes d’emploi et de chômage avec
une faible probabilité de tremplin vers un emploi stable. L’Espagne détient ainsi l’un des taux de transition les plus faibles de
l’OCDE. Cette trajectoire, instable, peut également troubler les perspectives d’accès au crédit ou au logement.
34
0%
5%
10%
15%
20%
25%
30%
Dualité du marché du travail : part des contrats temporaires dans l'emploi salarié
Union européenne Allemagne
Espagne France
Italie
La part des contrats temporaires dans l’emploi total
est nettement supérieure en Espagne à celle des
autres pays d’Europe. Elle a ensuite diminué lors de
la crise. Ce type de contrat a en réalité servi de
variable d’ajustement importante. Néanmoins,
depuis 2014, la tendance progresse, alors même
que l’Etat a mis en place des mesures de
flexibilisation des contrats permanents (baisse des
cotisations, du coût de licenciement, clarification de
la notion de « licenciement économique »,
subventions diverses, etc.).
France : des améliorations insuffisantes de l’emploi et de l’activité
Sur la période, le nombre de personnes en emploi a augmenté dans les mêmes proportions que la population active.
Afin que le chômage puisse véritablement diminuer, les créations d’emplois doivent être plus dynamiques que la hausse
de la population active, qui est particulièrement forte en France.
Les écarts entre le taux d’emploi français et celui de l’UE, l’Allemagne, les Pays Bas et le Royaume Uni sont négatifs en
2012 et 2017. Mais ces écarts sont plus importants en 2017 qu’en 2012, ce qui signifie qu’ils se sont creusés sur la
période. L’écart avec l’UE était nul en 2012, il est négatif en 2017. Alors que l’écart avec le taux Espagnol était positif, de
l’ordre de 15% en 2012, il s’est réduit en 2017 pour atteindre 6,7%. En d’autres termes, le taux d’emploi espagnol a
progressé plus vite que le taux d’emploi français.
35
-1%
0%
1%
2%
3%
4%
Population enâge de travailler
Populationinactive
Populative active Population enemploi
Evolution du nombre de personnes en âge de travailler entre 2012 et 2017
Source: OCDE. NB : personnes entre 15 et 64 ans -20%
-15%
-10%
-5%
0%
5%
10%
15%
2012 2017
Ecart entre le taux d'emploi français et celui des autres pays
UE Allemagne Pays Bas Royaume Uni Espagne
Source : Eurostat, calcul auteur
France : inégalités d’espérance de vie, diplôme et richesse
En France, l’espérance de vie augmente avec le niveau de vie et le niveau de diplôme. Ainsi, un homme parmi les 25% les plus
pauvres, qui ne possède pas de diplôme aura une espérance de vie de 11,4 ans inférieure à celle d’un homme parmi les 25% les plus
aisés, ayant un diplôme du supérieur. A noter que l’espérance de vie augmente de moins en moins rapidement avec le niveau de vie.
Les personnes les plus aisées ont plus souvent un diplôme du supérieur, mais cela n’explique qu’en partie les écarts d’espérance de
vie selon le niveau de vie. Avec ou sans diplôme, plus les individus sont aisés, plus l’espérance de vie augmente.
Les femmes ont une espérance de vie plus élevée que les hommes (6 ans en moyenne). Elles vivent même en général plus longtemps
que les hommes les plus aisés : celles dont le niveau de vie se situe parmi les 70 % les plus aisées ont une espérance de vie plus
longue que les hommes parmi les 5 % les plus aisés. 36
38,9
43,044,0
45,9
41,8
45,9
47,8
50,3
38
40
42
44
46
48
50
52
1000 1500 2000 2500 3000 3500
Espérance de vie à 35 ans par quartile de niveau de vie mensuel et diplôme - Hommes
Sans diplôme Brevet, CEP
CAP, BEP, Baccalauréat Supérieur au baccalauréat
Ensemble
en années
en euros
Source : INSEE
46,7
48,6
50,0
51,1
48,5
51,0
51,9
53,6
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
1000 1500 2000 2500 3000 3500
Espérance de vie à 35 ans par quartile de niveau de vie mensuel et diplôme - Femmes
Sans diplôme Brevet, CEP
CAP, BEP, Baccalauréat Supérieur au baccalauréat
Ensemble
en années
en euros
Source : INSEE
37