anton parks - le réveil du phénix

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French edition. Ancient alien intervention.

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, LE REVEIL

DU , PHENIX

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ANTONPARKS

Dossiers en fin d'ouvrage par Nora Parks

Les Chroniques du Üirkù Volume 3

~

LE REVEIL DU ~

PHENIX

Éditions Nouvelle Terre ~Le monde en d'autres perspectives~

Page 5: Anton Parks - Le Réveil Du Phénix

Illustration de la 1re de couverture (Isis et Horus) :Jean Linnhof Maquettes des 1re et 4• de couverture : Antas et Anton Parks

Photographies Égypte, musées et sites : Anton Parks, Nora Parks, Jacques Gaffet et Mahdi

Photographies Turquie (Cappadoce): Mahdi Illustrations et cartes géographiques 30 : Anton Parks

Tableaux et graphiques : Nora et Anton Parks

© 2010, Anton Parks, tous droits réservés www.antonparks.com

© 2010, Éditions Nouvelle Terre- 2• édition (novembre 2012) - Ldt. Glujeau Vihan 1 F-29590 LOPEREC 1 Tél. : 02.98.81.47.86 -

e-mail : [email protected] www.editionsnouve11eterre.com

I.S.B.N. 978-2-918470-04-5 Tous droits réservés pour tous les pays et dans toutes les langues

Toute reproduction, même partielle, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans autorisation préalable. Une copie par xérographie, photographie, support magnétique, électronique ou autre, constitue une contrefaçon passible des p eines prévues par les lois du 11 mars 1957 et du 3 juillet 1985 sur la protection des droits d'auteur.

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Déjà parus aux Éditions Nouvelle Terre :

Une Formule Universelle de l'Immortalité - L'Unité de la Science et de la Reli9ion à Travers les Nombres -

par Michael Stelzner

Révélations (tome 1 & tome 2) - Les témoignages de militaires et de fonctionnaires américains

sur les secrets les mieux gardés de notre histoire -par Steven M. Greer M.D.

Franchir le Rubicon (tome 1 & tome 2) - Le déclin de l'Empire américain à la fin de l'âge du pétrole­

par Michael C. Ruppert

Le monde perdu de l' Agharta - La mystérieuse énergie du Vril -

par Alec MacLe/lan

Les chroniques du Girkù- t. 1 :"Le Secret des Étoiles Sombres" par Anton Parks

Les chroniques du Girkù - t. 2 : "Âdam Genisis" par Anton Parks

Vérité cachée - Connaissance interdite par Steven M. Greer M.D.

La véritable histoire des Bilderbergers par Daniel Estulin

Le Testament de la Vierge (Essai) par Anton Parks

Le complot de la Réserve Fédérale par Antony C. Sutton

Les chroniques du Girkù - t. 3 : "Le réveil du Phénix" par Anton Parks

La Spiritualité de Jean-Jacques Rousseau (Essai) par Béatrice Arboux

Gaïa Point Zéro par Patrick larnHowen

Eden - La vérité sur nos origines (Essai) par Anton Parks

À paraître:

Transe-Formation de l'Amérique par Cathy O'Brien et Mark Phillips

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Traduction des hiéroglyphes placés sur la 1re de couverture :

c= ~= r J *0 ~ ~~!!, ~~~~~~~~

c= ~=P J*a~-A..}!!, *~-A-~~~~~~

"Tu es cette étoile qui ne peut périr, qui ne peut disparaître. Tu es cette étoile qui ne périra pas, qui ne disparaîtra pas"

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' A mon épouse, Nora, Mon M'nen .. Ba et éternel Amour

À celle qui m'aime, me respecte, me soutient et me comprend plus que quiconque,

ici .. bas comme en haut

Le secret d 'Osiris et du clergé égyptien, révélé dans Le Testament de la Vierge, se résume en ces quelques lignes :

"Venger quelqu'un présuppose une victoire ou un gain moral sur sa forme précédente, de nouvelles qualités. Horus est une nouvelle forme de vie d'Osi­ris ; le père renaît en son fils, qui est censé être un meilleur devenir de soi-même "devenu", mais non identique. [. . .] Le drame de la légende osirienne est joué par un seul et unique acteur : 1 'âme tout court, mais qui se compose de trois énergies- essences d'une même et identique essence, et qui se décompose en trois as­pects différents pour opérer le drame cosmique [. .. }. [Cette] âme est Osiris, Isis et Horus en même temps, états et essences coexistants, mais qui se suivent dans 1 'âme qui désire, par la puissance de sa volonté et de sa pureté, à s 'élever vers le divin, le sublime".

. S. Mayassis, Le Livre des Morts de l'Egypte Ancienne est un Livre d'Initiation

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PRÉFACE

par James G. Rooms

Une loi des cycles régissant l'ensemble de l'univers veut qu'après avoir atteint son sommet, un système décline, arrive à son point d'achèvement, puis est suivi de conditions nouvelles. Actuel­lement, nous semblons pris entre l'agonie d'un monde aux struc­tures périmées et les douleurs de l'enfantement d'une ère nouvelle. Nous sommes entrés dans une période où tous les événements vont se précipiter : montée des fanatismes, conflits sociaux, pan­démies, violences urbaines, crises économiques, pollutions, dérè­glement climatique ... Ces dernières années, un nombre record de catastrophes naturelles a été enregistré, ce qui a fait dire à certains que nous serions entrés dans une période post apocalyptique. Mais qu'est-ce au juste que 1 'Apocalypse ?

L'Apocalypse est un texte eschatologique majeur attribué à l'apôtre Jean. Il décrit la fin des temps et les catastrophes qui l'an­nonceront. Il fait état d'une révolte des éléments contre une huma­nité qui en a probablement trop joué. Il décrit une époque d'inter­vention divine dans les affaires humaines. Il y a jugement, sanction et actions directes de Dieu sur la terre. Les visions hallucinantes de Jean évoquent des frayeurs si puissantes qu'elles ont enflammé les esprits durant de nombreux siècles. Bien des artistes ont puisé à cette source inépuisable les thèmes de leurs œuvres maîtresses.

Mais si 1 'Apocalypse offre, en apparence, la vision symbolique d'une révélation ultime que certains ont interprétée comme étant la fin du monde, s'il n'évoque pour le public qu'une longue suite de cataclysmes, son véritable sens désigne bien autre chose. Le mot "apocalypse" provient du terme grec apocalupsis et signifie "lever le voile", "révéler". En Grèce, le terme désignait des ouvrages au langage chiffré. L'Apocalypse vise avant tout à rendre visible et compréhensible des éléments qui furent dissimulés au monde pro­fane durant des millénaires. Le texte se présente comme la révéla­tion de choses demeurées cachées. Il est question d'une connais­sance, d'un savoir secret qui sera révélé aux hommes aptes à le

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comprendre. Il est clairement indiqué que le moment venu, ceux qui auront le "discernement" (l'intelligence) pénétreront le sens des prophéties ... Il s'agit d'un éveil des consciences, d'un change­ment de vibration et de polarité, laissant augurer un bouleversement complet de nos systèmes de croyances.

Cette connaissance cachée est liée à 1 'antique serpent, car 1 'Apo­calypse vient clairement faire obstacle au diable et à son emprise sur le monde. La prophétie raconte comment l'humanité sera déli­vrée du joug du grand reptile et révèle que la guerre opposant les forces de la Lumière à celle des Ténèbres sera enfin résolue. Elle décrit le jugement de Dieu dans les "derniers jours" pour tous ceux qui auront vénéré la "Bête". Et ses adorateurs seront nombreux: "Et ils adorèrent le dragon ... Ils adorèrent la bête, en disant: 'Qui est semblable à la bête et qui peut combattre contre elle ? ' " (Apoca­lypse 13:4). "Et tous les habitants de la terre l'adoreront .. ./. .. car le "grand serpent a séduit toute la terre" (Apocalypse 12:9).

Le serpent est au centre de 1 'Apocalypse et il est aussi au cœur de l'œuvre magistrale d'Anton Parks. En nous dévoilant le mystère de nos origines, Parks a brisé un sceau et ce sceau, une fois brisé, va certainement en entraîner quelques autres dans son sillage ... Parks apparaît comme un éveilleur de consciences. Il est incontestablement l'un de ceux qui ouvrent la voie. C'est grâce à des chercheurs tels que lui que nous progressons dans notre quête de vérité. Et si certains esprits étriqués ou empreints de dogma­tisme préfèrent ignorer ces signaux, s'en moquent ou n'y croient tout simplement pas, d'autres plus ouverts y voient l'annonce d'un changement radical de civilisation. Malgré la chape de plomb des tabous et des dogmes, nous sortons peu à peu de la léthargie dans laquelle 1 'Église, les religions, les gouvernements, le monde scien­tifique et les sociétés secrètes nous ont volontairement laissés.

Le serpent est incontestablement lié à un ou plusieurs événe­ments traumatisants, profondément enracinés dans notre passé. Animal sacré et fabuleux, gardien des trésors enfouis, détenteur de la connaissance secrète, initiateur, figure de l'inconscient collectif, emblème phallique, tour à tour angélique et diabolique, créateur et destructeur, il pose la question fondamentale des rapports duels existant entre l'homme et l'univers, la matière et la spiritualité, les forces psychiques et la raison, la Lumière et les Ténèbres. Déifié dans toutes les cultures et les civilisations, il est porteur d'un grand

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PRÉFACE 13

nombre de messages contradictoires. Né des profondeurs de la terre et du domaine aquatique, il détient le secret de nos origines. Des di­vinités humano-reptiliennes figurent dans les théogonies du monde entier en tant que précurseurs des hommes. Elles participent acti­vement aux premières énergies créatrices. Et si une majorité de sa­vants préfère penser que les êtres étranges peuplant nos mythes ne sont que des grands archétypes universels, des images fabuleuses, des figures emblématiques, des chercheurs audacieux comme An­ton Parks, naviguant à contre-courant de la pensée unique, esti­ment que ces légendes non expurgées dissimulent 1' énigme de nos origines.

Que savons-nous au juste de notre genèse? Existe-t-il une vision objective et impartiale de l'état actuel de nos connaissances sur les origines de l'humanité et une ultime réponse convaincante quant à savoir comment et pourquoi la vie est apparue sur la terre, il y a environ 3,8 milliards d'années ? L'homme actuel (homo sapiens sapiens) qui a connu une explosion démographique il y a seulement 200.000 ans est toujours à la recherche désespérée de ses origines. Il demeure, comme au premier jour, un éternel curieux qui tente de comprendre le sens de la vie en général, et surtout le pourquoi et le comment de sa création. Ses questions existentielles n'ont toujours pas trouvé de réponse ...

Le fossé est immense entre les millions d'individus qui conti­nuent à croire obstinément aux principes de la théorie de l'évolu­tion de Darwin, et les millions de créationnistes qui s'accrochent désespérément à leurs dogmes surannés. Les travaux de Darwin présentent de nombreuses lacunes et incohérences, notamment au niveau de l'existence (supposée) d'espèces intermédiaires. Il s'avère impossible, au départ d'une poignée d'ossements parfois frauduleux, d'édifier une science exacte. C'est en Afrique australe que fut découvert le crâne de 1' Australopithèque censé définitive­ment représenter aux yeux du monde entier, le précieux "chaînon manquant". Prouver à tout prix la filiation directe entre 1 'homme et le singe, est devenu une telle nécessité pour les paléontologues et les scientifiques, que le débat principal portant sur d'autres décou­vertes tout aussi importantes mais déstabilisantes, a été censuré. Contre toute objectivité, la théorie de l'évolution continue à jouir d'une acceptation quasi unanime de la part des savants. Son statut est semblable à celui dont jouissait autrefois le récit de la création

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de la Bible! Face aux esprits puristes et pompeux de la science, face aux

croyants rivés à leurs dogmes inébranlables, il existera toujours des chercheurs rebelles prêts à tout pour faire jaillir une autre vérité. Ils continueront à rassembler un nombre impressionnant de faits, d'éléments insolites, de manifestations extraordinaires constituant autant de "pièces à conviction" à verser dans l'énorme dossier des énigmes de l'histoire humaine. Toutes les grandes révolutions fu­rent portées par des esprits brillants, indépendants et novateurs. Ces visionnaires téméraires eurent le courage de braver les courants où régnaient en maître l'obscurantisme et la pensée unique. Parks est de ceux-là.

Au travers de ses propres découvertes, de son étonnante expé­rience personnelle et avec la complicité de son épouse Nora, An­ton Parks nous fait découvrir une toute autre genèse. N'hésitant pas à franchir le cap de la critique et des deux thèses habituellement exposées, l'auteur parvient à synthétiser la nouvelle hypothèse qui remporte actuellement de plus en plus de suffrages, celle de l'ori­gine extraterrestre (exogène) de la vie. Récemment, une équipe de savants chinois a affirmé avoir découvert des gênes extraterrestres dans 1 'ADN humain ! Ce groupe de chercheurs pense que les 97% des séquences non codantes de l'ADN humain représentent un code génétique de formes de vie extraterrestres ... Et ces sé­quences seraient communes à toute la matière organique présente sur terre ! Toutefois, dans 1' ADN humain, elles constitueraient la plus grande partie du génome, a déclaré le professeur Sam Chang qui supervise les travaux, de quoi déstabiliser plus d'un mandarin de la science officielle !

Relier les anciens textes sacrés à l'exogenèse de l'humanité et aux témoignages contemporains de rencontres du 3e type, est une envie à laquelle de moins en moins d'auteurs résistent. Avant Parks, des pionniers avaient établi cette relation à travers la Bible puis, plus récemment, avec les écrits sumériens et les parchemins gnostiques de Nag Hammadi. Cette vision originale des mythes fondateurs de 1 'humanité a le mérite de donner une cohérence à des récits anciens faisant état d'entités venues des étoiles qui furent considérées comme des dieux par les peuples anciens. Le décodage particulier des écrits religieux portant sur la genèse du monde met en relief des informations très précises sur la nature de ces créatures

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PRÉFACE 15

probablement d'origine extraterrestre qui revendiquèrent le rôle de pères créateurs.

Anton Parks confronte ses lecteurs à une quantité d'informa­tions cohérentes à propos d'une civilisation que bon nombre d'his­toriens et de chercheurs qualifient, à juste titre, de "berceau de 1 'humanité". La culture religieuse sumérienne fait amplement allu­sion à la colonisation de notre planète par des créatures que les Su­mériens appelaient les "Anunnaki" ou fils d'Anu (An), le Dieu su­prême. La grande majorité des tablettes d'argile retrouvées relatent les aventures des guerriers Anunna. Elles racontent leur arrivée sur terre, leur colonisation et la création de la créature humaine qu'ils transforment en bétail et réduisent en esclavage. Alors que d'autres chercheurs présentent les Anunna comme une race monolithique composée de plusieurs clans d'une même famille qui s'opposent, Anton Parks évoque de nombreuses entités provenant d'autres dimensions de l'espace appartenant à la race des Gina'abul, mot signifiant "lézard" en sumérien.

Selon lui, les dieux reptiliens de l'antique Sumer ont fait main basse sur une partie de la banque génétique du vivant, l'ont prise en otage pour la détourner et servir leurs propres ambitions : le pou­voir. Ses Chroniques évoquent une longue suite de combats et de rivalités entre différents clans, ceux défendant le culte de la déesse mère et les intérêts de la "Source" d'une part, et les mâles arrogants désirant imposer leur domination dans l'univers d'autre part. Ces derniers ont dérobé et détourné les caractéristiques du génome hu­main afin de fabriquer une sorte de chimère hybride qui devait leur servir d'esclave et accessoirement de nourriture.

Suite à l'intervention d'un "Dieu rebelle", le serpent instructeur de la genèse, le Lucifer chrétien, le Dieu Ea-Enki sumérien, 1 'Osi­ris des Égyptiens, un autre modèle humain, plus autonome que prévu, doté du discernement entre le bien et le mal et d'une intelli­gence, a vu le jour. Cette création fut perçue comme une insulte par les dieux jaloux. C'est de cette étrange histoire largement déformée que s'est inspirée la Bible pour construire la doctrine judéo-chré­tienne. La terre n'est qu'un vaste laboratoire et nous sommes le fruit d'une expérience génétique. À l'origine, nous avons été créés pour servir. C'est 1 'un des secrets bien gardés, sous le voile des dogmes, un secret qui est peu à peu dévoilé au public grâce à des auteurs courageux comme Anton Parks. Pour lui, il ne fait plus

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aucun doute que les diverses manipulations génétiques entreprises par les "dieux" extraterrestres aboutirent à la création de l"'Homo sapiens".

L'être humain possède dans son corps des vestiges ophidiens, notamment un cerveau "reptilien", héritage de ses lointains ancêtres sauriens terrestres (ou extraterrestres ?) qui, il y a environ trois cents millions d'années, sortirent de l'océan et déambulèrent sur le sol, leur premier objectif étant de survivre. Le mécanisme neuronal qu'ils développèrent ou cerveau "reptilien", se chargea de ces fonc­tions élémentaires. Et ce cerveau se trouve toujours à 1 'intérieur de notre boite crânienne ! Il est le siège de nos pulsions primitives et instinctives.

De génération en génération, les descendants des reptiles déve­loppèrent des adaptations nécessaires à leur survie (sang chaud, al­laitement, fourrure ... ) et devinrent par évolution des mammifères. De nouvelles espèces se regroupèrent en une organisation sociale plus soudée. Ces modifications comportementales nécessitèrent des ajouts à l'ancien cerveau reptilien. C'est alors que dame Nature construisit un nouveau tissu neuronal qui entoura le cerveau primi­tif -le "cerveau mammalien"- qui guida le comportement maternel et un certain nombre d'autres émotions et qui poussa les premiers hommes à former des groupes soudés. La Nature développa encore un nouvel accessoire cérébral, enveloppant les cerveaux reptilien et mammalien d'une fine couche de substance neuronale, le néo­cortex ou "cerveau primate". Il donna à l'homme son langage, sa raison, sa logique et sa culture. Mais ce néo-cortex présente un inconvénient, il n'est qu'un fin "vernis" apposé sur les deux anciens cerveaux, toujours actifs.

Que penser du repli semi-lunaire situé à l'angle interne de notre œil qui contient encore les fibres musculaires de ce qui reste d'une troisième paupière ou membrane nictitante, qui existe encore chez les crocodiles ! Que dire de ces ligaments ronds de l'articulation de notre hanche, reliquats d'une portion d'une capsule articulaire qui, chez le reptile, était située en dehors de 1 'articulation ? Que dire encore de ces glandes périanales autour de l'anus, de ces ex­croissances occasionnelles prenant la forme d'une queue primitive que 1' on observe dans certains cas de malformations ? Que dire des cors, des ongles, et même de nos cheveux, sortes d'écailles rap­pelant la peau du reptile ? Le Haggadah, source de légendes et de

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PRÉFACE 17

traditions orales juives, ne révèle-t-il pas qu'Adam et Eve perdirent leurs ''peaux brillantes et écailleuses" en mangeant le fruit défendu que l'Ancien Testament traduisit par la phrase suivante : "Adam et Eve virent qu'ils étaient nus" ?

Certains scientifiques ont émis l'hypothèse que si les dinosaures n'avaient pas disparu, ils auraient pu atteindre un degré d'intel­ligence comparable à celle que présente l'être humain et évoluer vers une forme humanoïde/reptilienne. Le Dinosaur Museum de Dorchester expose actuellement un curieux spécimen au public, un étrange petit homme vert, fruit de l'évolution de ce qui aurait pu devenir un bipède issu directement de la lignée des sauriens. Le modèle se base sur les travaux et les recherches du paléontologue Dale Russell. Comme il est à présent admis que l'apparition de l'intelligence humaine liée à l' encéphalisation fut essentiellement due à la bipédie et que l'homme est le seul être vivant à avoir dé­veloppé une telle faculté, l'hypothèse révolutionnaire présentée par Russell n'est pas inintéressante.

Le professeur Phil Currie, de l'Université d'Alberta, a admis que certains dinosaures possédaient fort probablement le sang chaud. Ces redoutables lézards étaient bien mieux équipés pour la survie que l'espèce humaine. Leur disparition ne fut due qu'à la collision de la terre avec un météore. Si ce cataclysme n'avait pas eu lieu, qui peut dire comment leur espèce dominante, féroce et rusée aurait évolué, sachant que certains de ces animaux pouvaient se déplacer avec agilité sur leurs pattes arrière ? Les scientifiques ont aussi théorisé que la forme reptilienne était idéale pour voyager à travers l'espace. Capables d'hiberner ou de ralentir leur métabo­lisme pour les longues périodes et de s'immerger dans l'eau ou un environnement liquide, ils pourraient survivre aux longs périples spatiaux néfastes pour les mammifères.

Face à cette foule d'éléments, l'œuvre de Parks ne peut que nous interpeller. Ses livres soulèvent plusieurs interrogations ma­jeures. Si les dieux, anges et démons d'autrefois étaient tous des aliens, pour la plupart de type reptilien, à l'éthique plutôt douteuse et aux intentions fort peu louables, une quelconque spiritualité est­elle encore possible ? Bref, si le domaine spirituel relève plutôt de l'interdimensionnel ou de l'extraterrestre, pouvons-nous croire en­core en l'existence d'un Créateur unique, d'une "Source"? Et cette "Source" de toute chose ne nous aurait-elle pas abandonnés aux

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mains de nos tortionnaires reptiliens ? À première vue, on pourrait le croire, mais pour Parks, il n'en est rien. Il s'agit d'une "retraite transitoire", car les planificateurs au service de la "Source" n'ont ja­mais cessé de porter un œil bienveillant sur leur création. À 1' échelle humaine, cela peut sembler très long, mais à 1 'échelle temporelle de l'univers, ce laps de temps représente peu de choses. Ces planifi­cateurs n'interviennent jamais dans le développement des races en pleine évolution, et c'est justement ce qui nous arrive actuellement. Ils ont pour objectif de faire régner une forme d'organisation et de "discipline" émanant de la "Source" que l'on peut assimiler à Dieu. Mais malgré leur haute technologie et leur extrême intelligence, ils "n 'ont pas pour mission de résoudre tous les problèmes", dit Parks.

La "Source", aussi illustre soit-elle, n'empêche pas le malheur de s'abattre sur le système solaire. Elle n'empêche pas les diffé­rents conflits de se produire et même de s'étendre au-delà de ce système. La "Source" est une "matrice" céleste, une machine à faire des "équations". Elle ne cesse jamais de combiner différentes for­mules, selon les régions de l'univers et les espèces qui les occupent. Cela ressemble un peu à un dispositif céleste qui multiplie les com­binaisons en vue de créer une sorte d ' équilibre impartial entre les différentes espèces de l'univers. Cela peu paraître beau et effrayant à la fois .

La créature humaine possède un karma rattaché aux reptiliens, car elle a été maintes fois manipulée génétiquement par ces créa­tures. La terre est un lieu où la dualité et le libre arbitre sont vécus avec une très grande force. Nous sommes tous des "dieux" poten­tiels et nous possédons tous une âme immortelle. L'âme accumule les expériences et n'a normalement qu'un seul objectif, celui de progresser. Malgré les conflits omniprésents, les batailles san­glantes pour le pouvoir qui constituent la trame de fond de l'œuvre de Parks, un fil conducteur immuable relie ses Chroniques, et ce fil est le rôle du sexe et sa relation avec le divin, à travers l ' énergie de la Kundalini. L'auteur révèle toute l ' importance du pôle féminin. Il fait constamment allusion à l'amour sacré et donc, implicitement, à la nécessité pour chacun de nous de retrouver son âme complémen­taire ou "âme jumelle" avec laquelle nous devons fusionner pour reformer notre unité androgyne primordiale ... Le thème des âmes jumelles ou âmes sœurs est le point central de la série.

En tant que Sa'am-Enki (Osiris) et Heru (Horus-Lucifer), le

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PRÉFACE 19

personnage principal passe son temps à rechercher son âme sœur Sé'et (Aset-Isis). C'est une épreuve difficile et risquée car coexis­ter dans la dimension matérielle avec son âme complémentaire requiert une parfaite maîtrise de ses énergies et un juste équilibre entre les deux partenaires. Si l'un des deux ne possède pas le même niveau de conscience en raison d'une évolution différente, les deux "amants célestes" rencontreront toujours des problèmes sur leurs routes et c'est exactement ce qui arrive aux protagonistes des Chro­niques qui passent leur temps à se chercher, à se retrouver et à se perdre.

Comme nous le découvrirons dans cet ouvrage, Parks a eu la chance de retrouver son double d'âme dans cette vie. Les circons­tances furent pour le moins étonnantes comme le sont probable­ment toutes les rencontres entre les âmes prédestinées. Nora dé­couvrit un jour par hasard les écrits d'Anton à travers une inter­view et fut persuadée de très bien le connaître, avant même d'avoir pris connaissance de son livre. "Que dire" écrit Nora, "sinon que nous étions déjà très amoureux avant de connaître nos apparences respectives !" Finalement ils décidèrent de vivre ensemble puis d'unir leur destinée en 2008. Pour Nora, il ne fait aucun doute que nous n'avons qu'un seul double direct, qu'une seule âme sœur ou M'nen-Ba ("même essence") comme le restitue le langage égyp­tien. Il y aurait beaucoup à dire sur ce thème récurrent dans l'œuvre de Parks, mais nous vous laissons le plaisir de le découvrir par vous-mêmes ...

L'histoire biblique de l'homme a débuté dans un Jardin avec 1 'Arbre de la Connaissance. Elle se termine avec ce même arbre de vie placé "au milieu de la place de la ville (Jérusalem céleste) et sur les deux bords du fleuve, produisant douze fois des fruits, ren­dant son fruit chaque mois, et dont les feuilles servaient à la guéri­son des nations." Le texte de l'Apocalypse se termine par l'appari­tion de la nouvelle "Jérusalem céleste", une cité resplendissante de lumière, que certains n'ont pas hésité à qualifier "d'objet volant non identifié", y voyant le retour des dieux anciens, ceux de Sumer. La boucle est bouclée. On peut penser que les humains pourront accé­der enfin aux mystères de leur origine céleste.

Le temps des révélations approche. Apprêtons-nous à vivre des moments intenses, des instants terrifiants aussi car toutes nos va­leurs fondamentales vont s'écrouler. La révélation de vérités ca-

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chées depuis le début des temps ayant trait à la genèse de l'huma­nité, à la véritable nature de Dieu (ou plutôt des dieux) et de Satan deviendra accessible aux "Jours de la Fin" et déstabilisera complè­tement les trois grandes religions monothéistes. Certains y voient la préfiguration du grand retour des créatures célestes, bonnes et mauvaises que nous avons qualifiées à tort d'anges, de dieux ou de démons. Selon certains, nous prendrons enfin conscience de nos vraies racines, probablement plus "extraterrestres" que divines.

L'avenir de l'homme passe nécessairement par une prise de conscience et une compréhension de son passé et de ses origines. Pour certains, cette perception a un caractère strictement spirituel. Pour d'autres, il ne peut s'agir que d'un entendement rationnel et logique. Des millions d'individus continuent à adhérer à un sys­tème de croyances rassurant mais basé, pour la plupart, sur des écrits trafiqués. Les uns et les autres considèrent l'hypothèse exo­gène comme complètement absurde. On a longtemps médit quant à la démarche de certains chercheurs qui se dégageaient des normes, des contraintes et des sentiers battus de la pensée unique. Ellen' était pas à même, assurait-on, de résoudre toutes les difficultés liées à la Genèse de l'Humanité. La présente parution du troisième volume de l'œuvre entamée par Anton Parks, qui bénéficie d'adjonctions et de développements importants, nous prouvera le contraire.

James G. Rooms, Rédacteur en Chef des revues

L'Égypte et Les Arcanes de l 'Histoire, et Directeur Général des publications de la Fondation Horus

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NOTE DE CAUTEUR

Les Chroniques du Girkù ("Les Chroniques de la sainte épée"), dont le présent ouvrage constitue le troisième volume, forment un ensemble dont la rédaction continue à ce jour. Cette série apporte peu à peu des réponses capitales, mais n'a cependant pas pour am­bition de vouloir tout expliquer. Je me limiterai donc à ce que je sais, à ce que je connais et à ce que j'ai assimilé. Sachons ainsi rester humbles face au mur de l'Histoire.

Quelques lecteurs sont pressés de connaître tous les secrets que renfermeraient mes ouvrages, et certains d'entre eux paraissent vouloir lire la fin avant de s'enquérir du début. Comme je l'ai déjà mentionné dans les tomes précédents, il existe plusieurs niveaux de compréhension dans notre série, à la manière de l'Histoire qui relève souvent de plusieurs strates de réalité. Chaque intervenant de cette saga avait obligatoirement ses propres vision et compréhen­sion des faits, à l'instar de tout lecteur amené à lire cette histoire. Il y a de fait plusieurs réalités, et certains ne voudront voir dans les Chroniques qu'une fiction, alors que d'autres en feront une réalité historique, chacun étant bien évidemment libre d'en interpréter le contenu à sa guise.

Carl Gustav Jung a émis l'hypothèse que tout ce que le vivant a expérimenté serait contenu dans la mémoire des hommes, dans l'in­conscient collectif, chose qui serait constitutive de nos archétypes. Pour cette raison, et selon cette théorie, nous retrouvons des sym­boles et des mythes communs à l'ensemble de l'espèce humaine en dépit des distances entre pays et communautés.

De nos jours, cette théorie est régulièrement utilisée par certains pour nier l'historicité de certains faits. Il existe dans les milieux "new age" des experts en détournement de théories qui revendi­quent avec force certaines sources, qu'ils ont remaniées selon ce qu'ils en comprenaient. Il en résulte que leur message n'a souvent plus rien à voir avec ce qui était initialement exprimé. Au lieu de concevoir que l'histoire ait façonné et influencé les archétypes ins-

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crits dans l'inconscient collectif, on avance l'hypothèse que les archétypes seraient directement issus de la psyché, sans présenter d'origine historique. De ce point de vue, certains faits historiques sont alors regardés comme n'ayant aucune réalité, et comme appar­tenant aux domaines de l'imagination humaine et de ses projections archétypales.

Il est possible que de tels schémas psychiques soient présents dans l'être humain, et que l'Histoire ait ainsi été influencée par ces schémas. Mais n'oublions pas que 1 'histoire façonne elle aussi les archétypes, la psyché s'enrichissant sans cesse de nouvelles ex­périences. Ce qui est certain, c'est que l'Histoire ancienne n'est pas née de semblables projections archétypales. Elle est bel et bien réelle et s'inscrit dans un moment précis du temps.

L'Histoire n'est de mon point de vue qu'un éternel recommen­cement. Ses travers et fonctionnements sont restés les mêmes au fil des âges, en dépit d'évolutions et involutions sociales et tech­nologiques. Les archétypes sont entre autres issus d'une volonté inconsciente de calquer son vécu et ses expériences sur ceux de héros ou de personnages illustres. Un mimétisme qui affecte divers actes, mais qui ne donne pas forcément accès à ce que voyaient et comprenaient les personnages auxquels la personne s'identifie. Le cerveau reptilien était déjà présent chez nos plus lointains ancêtres, tout comme la dualité qui régit ce monde depuis la nuit des temps. Le "cerveau matrice" et la dualité n'ont ainsi pas attendu les théo­ries de Freud et de Jung, pas plus que les développements de leurs adeptes respectifs, pour pouvoir fonder leur existence.

La force de cette série, qui est également sa faiblesse, est de naviguer entre deux mondes très différents, a priori incompatibles, et de les relier: celui de l'histoire ancienne qui prend la forme d'un récit, et celui de la recherche savante et objective. Comme nous l'explique l'anthropologue Jeremy Narby, le fait d'adopter cette démarche comporte le risque d'apparaître comme un traître aux yeux des deux camps,1 avec l'impossibilité d'être pris au sérieux par l'un ou l'autre de ceux-ci.

Je suis connecté à une source d'information dont les réponses concernant le passé de 1 'humanité me semblent suffisamment sé­rieuses pour que j'aie entrepris de les coucher sur le papier. Parallè-

1 ln magazine Nexus (France) n° 56 (mai-juin 2008). p. 24, où il est question de la confrontation entre le monde du chamanisme et celui de la science.

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NOTE DE I.:AUTEUR 23

lement au contenu du récit, il est pour moi important d'aller au bout de mes études et démonstrations. Je ne pourrais jamais dire à mes lecteurs : "Voilà une belle histoire : assimilez là, car c 'est l'unique vérité". Ma démarche est plutôt rationnelle et diffère de celle d'un "channel", qui demande juste à être cru sur parole parce qu'il a du cœur, ou qu'il aura été "touché par la grâce". Je suis perfectionniste par nature, et aime aller au bout de ce que j'entreprends. S'il y a des preuves à trouver, il est alors important de les relever, même si cela doit prendre des semaines, des mois, voire des années de travail supplémentaires.

Ce pont posé entre deux rives attire tous types de lecteurs. Le but n'est pas de mettre tout le monde d'accord mais d'entamer des études objectives et commencer à faire changer les mentalités, dans le but de comprendre les mécanismes les plus élémentaires des vies terrestre et extraterrestre de notre univers. C'est ce genre de ré­flexion qui pourra justement ouvrir un jour les esprits et changer nos façons de penser aveugles et égoïstes. C'est à mon sens à tra­vers une voie de ce type qu'un véritable changement sera possible et même, - pourquoi pas ? -, une élévation des consciences qui hissera l'humanité à un niveau où elle décidera de s'engager ...

Que cela soit sur mon site Internet ou dans des interviews, j'ai plusieurs fois hésité quant au nombre de volumes qui constitue­raient Les Chroniques du Girkù. Il n'était initialement question que de trois ouvrages. Lorsque j'ai entamé la rédaction de cette série, il m'a été difficile d'en évaluer l'étendue précise. De plus, au début, je ne pensais pas écrire essais et dossiers à propos de ces questions. Concernant l'importance de la série des Chroniques, c'est comme si nous étions en présence d'un gros dossier reçu via Internet et enregistré sur un disque dur. Il est bien là, et a même été lu une fois lors de sa réception. Mais tant que personne n'aura cliqué sur ses propriétés, il n'y aura aucun moyen de connaître 1 'espace précis qu'il occupe sur le disque.

Les informations dont je dispose consistent en une longue suite d'événements totalement désordonnés qu'il m'a fallu replacer dans le bon ordre. Je n'ai de ce fait jamais disposé de repères temporels. Les seuls qui apparaissent dans le récit ou dans mes recherches sont issus de mes déductions personnelles, que je ne cesse d'enrichir, particulièrement celles qui ont trait aux passages de Vénus. Quant à ce qui représenterait des dates précises pour 1' ensemble de notre

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24 LE RÉVEIL DU PHÉNIX

série, nous ne pouvons qu'émettre des suppositions. La Terre ayant été bousculée à plusieurs reprises, j'en ai conclu que même cer­taines dates historiques entérinées par la science risquaient parfois de se révéler très approximatives.

Lorsqu'il est par exemple indiqué que les Anunna ont débarqué dans le système solaire il y a de 250.000 à 300.000 ans de cela, c'est uniquement grâce aux repères temporels - très officiels - de la science, qui font naître les tous premiers spécimens d'Homo Sapiens à la même époque. Si de futures découvertes venaient à mettre ces dates à mal dans un sens comme dans l'autre, il est bien évident que le point temporel représentant l'arrivée des Gina'abul et Anunna sur la Terre se verrait également remis en question. L'avenir dira peut-être un jour si nous étions proches de ces dates hypothétiques.

Les données que recèle la série des Chroniques n'ont pas pour objectif de séduire le lectorat le plus étendu qui soit par la grâce d'une histoire cousue de fil blanc au style littéraire très classique, et dont les rebondissements auraient été finement coordonnés. Je me serais alors plutôt lancé dans le roman de science-fiction, caté­gorie qui demande beaucoup moins d'investissements. Le lecteur des Chroniques aura ainsi compris que je ne suis pas libre d'écrire ce que je souhaite, et que je suis totalement soumis au scénario tel que je l'ai reçu, et tel qu'il a probablement été vécu par les entités concernées. Je ne suis donc pas scénariste ou romancier, je suis simplement au service d'une cause. De la même manière, si des ouvrages des Chroniques renferment des messages "spirituels" et d'autres éléments relevant davantage de buts "matériels", les rai­sons en sont strictement les mêmes.

Lorsque j'en viens à tenter d'expliquer différentes disciplines "exotiques" de type "Gina'abul" ou autres (à peine explorées par notre science officielle), je le fais avec ce que j'ai personnellement compris du matériau reçu, ainsi, bien entendu, qu'avec mes propres mots. Je vous rappelle que c'est là ma vérité, ainsi que celle qui englobe une poignée d'individus qui auraient influencé le cours de 1 'Histoire, et il n'est pas sûr que la vôtre soit ici directement concer­née. De même, lorsque je m'engage dans une voie de recherche, le lecteur aura compris que je ne me lance jamais dans une direction donnée sans de solides convictions en tête. Ainsi, dans mes dossiers et mes essais, il n'est par conséquent jamais précisé: "Nous allons

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NOTE DE !.:AUTEUR 25

fouiller dans cette direction parce que Isis a dit cela à son fils" ou bien "Sa 'am avait vu ceci ou cela, c'est pourquoi notre piste démarre ici" ... Par contre, certaines investigations me permettent d'aller encore plus loin et d'apporter ce que je considère comme des confirmations.

Dans mes notes de bas de page, il m'arrive parfois de renvoyer le lecteur à des informations contenues dans mes précédents ou­vrages. Ce procédé me permet tout simplement de ne pas me répé­ter systématiquement (ce qui alourdirait considérablement la partie "recherche"), et d'aider le lecteur à acquérir une vision complémen­taire et globalisante sur des sujets déjà traités.

Je vous rappelle que les termes utilisés dans l'ensemble de cette série sont souvent invariables par choix, l'objectif étant de ne pas alourdir une lecture déjà peu aisée du fait de l'utilisation de nom­breux vocables sumériens, akkadiens, égyptiens et turcs.

Vous trouverez en fin d 'ouvrage un résumé détaillé des deux tomes précédents ; n'hésitez pas à le consulter avant la lecture de ce nouvel ouvrage.

Si vous êtes prêts à vous éveiller aux côtés de Horus, je vous souhaite alors une excellente lecture et un bon réveil !

Anton Parks

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EN HOMMAGE À ALAIN GOSSENS

Notre ami Alain Gossens nous a quitté le 7 Juillet 2010. Il allait avoir 49 ans. Co-créateur du site karmapolis.be, sur lequel nous lui devons nombre d'articles exceptionnels signés Karma One, son pseudonyme sur la Toile, c'est à lui que nous devons également toutes les interviews d'Anton publiées jusqu'à aujourd'hui dans le magazine Nexus (France).

Alain a travaillé pendant plus de dix ans à Bruxelles comme chroniqueur judiciaire. Ses enquêtes 1 'ont amené à prendre connais­sance et à côtoyer ce qu'il y a de pire- et de plus sombre- dans 1 'âme humaine. Peut-être est-ce en partie cette vision ténébreuse du genre humain qui est à l'origine de sa perte d'espoir en une huma­nité meilleure, et de son choix de quitter ce monde.

Alain possédait une intelligence vive, et il a brillamment su faire partager ses passions dans ses nombreux articles ; ceux qui 1' ont connu ne pourront l'oublier. La fervente érudition qui caractérise ses divers dossiers continuera à réjouir l'âme de tous les chercheurs. Rares sont les esprits aussi ouverts et brillants sur cette planète, et c'est avec tristesse que nous constatons combien il est pour eux dif­ficile de trouver leur place dans un monde qui part de plus en plus à la dérive. Jeter un regard acéré sur les dérapages de notre société implique de grandes souffrances, que supportent difficilement les personnes sensibles et ouvertes à l'Autre, comme c'était assuré­ment le cas d'Alain.

Notre ami était resté un grand enfant malgré les difficultés ren­contrées tout au long de son existence. Sa grande simplicité autant que sa vivacité le rendaient très attachant, et sa compagnie était tou­jours une source de joie simple et pure. Notre société cultive-t-elle assez les valeurs d'amour, de simplicité et de tolérance pour que des âmes aussi sensibles y trouvent leur place ? Assurément non, et le geste d'Alain est malheureusement là pour nous le prouver.

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Nous avons passé en sa compagnie des moments inoubliables et rares. Alain sera à jamais dans nos esprits et dans nos cœurs, nour­rissant nos espoirs éternels d'un monde meilleur.

Anton et Nora Parks

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1re partie

CINSTRUCTION DU

FAUCON

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1

CHÉRIT AGE D' ASAR

"Osiris[. . .} fit plusieurs choses utiles à la société humaine : Il abolit la coutume exécrable qu 'avaient les Hommes de se manger entre eux, et établit à la place la culture des légumes et des fruits. Isis, de son côté, leur enseigna l'usage que l'on pouvait faire du froment et de l'orge qui étaient auparavant inconnus et méprisés [ ... ] Avant de partir (pour conquérir et civiliser le monde), Osiris laissa à Isis 1 'administration générale de son état, déjà parfaitement réglé, et lui donna pour conseiller et ministre Hermès (Thot), le plus sage et le plus .fidèle de ses amis. tl(l)

Fragments de l'Histoire Universelle de Diodore de Sicile, traduction de l'Abbé Terrasson, Paris, 1737

Il y a peu, Djehuti (Thot) m'a remis ce message composé par mon géniteur avant qu'il ne soit lâchement abattu en terre de Kemet (!'Égypte). Djehuti est la mémoire de notre race. Il possède une grande quantité d'enregistrements appartenant à notre peuple et au grand Asar-Sa'am (Osiris l'assassiné). Je soupçonne que ma génitrice détient d'autres archives de mon père. La Mère du Trône possède le goût du secret. Les mémoires de notre fondateur lui appartiennent de droit.

Les propos de Sa' am sont à 1 'image de la sensation qu'il me donne: fades, romantiques et gémissants. Mon père n'avait pas l'essence d'un guerrier, c'était un faible ! Comment a-t-il survécu aussi longtemps ? C'est un mystère. Il possédait sa garde rapprochée, ses

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32 PREMIÈRE PARTIE: !:INSTRUCTION DU FAUCON

fidèles Shemsu (suivants) et Urshu (guetteurs), 1 que nos ennemis Anunnaki nomment toujours Nungal. Ces deux groupes endossent aujourd'hui le nom de Khentamentiu (''Premier des Occidentaux''). Mais Asar (Osiris) a fait l'erreur d'introduire chez lui, parmi ses plus fidèles partisans, des membres Shemsu de 1 'Est actuel, ceux qui se sont mélangés avec 1 'humanité. Quelle naïveté et quel gâ­chis !

J'ai plusieurs fois lu ce fragment enregistré dans un petit cristal bleu-gris. Tout le monde semble le connaître parmi les nôtres. Nous ne connaissons pas sa date de composition, mais il s'agirait du dernier document rédigé de la main de notre fondateur, alors qu'il tentait de repousser les attaques de son ennemi juré. Il est assurément ultérieur à sa dernière entrée enregistrée dans le cristal Ugur. J'en veux pour preuve que Asar s'exprime exclusivement en Re'enkemet (égyptien). C'était donc avant le début du grand combat, et avant l'explosion de la colline primordiale qui a tué ma grand-mère Nut (Nammu). Tous les miens sont en vénération devant ce texte qui s'apparente à une rêverie poétique pour laquelle je n'ai que mépris.

Ainsi a parlé le grand Asar, mon prédécesseur et géniteur, avant sa chute finale et prévisible :

Ce monde est peu à peu gagné par une intense dérision. La force d'occupation millénaire dont je fais partie a répandu ses tourments sur l'ensemble d'Uras (la Terre) comme le ferait l'un de ces virus sur lesquels j'ai maintes fois travaillé pour le compte de la famille Anunna. Je n'ai plus goût à la génétique. Elle me répugne au plus haut point!

J'ai remis mon cristal Ugur à Aset (Isis) . Elle a eu grande peine à le tenir en mains. Soit c'est la douleur qu'il contient qui bouleverse mon aimée, soit c'est cette histoire relative au suicide de la .fille de l'ancienne reine du Dukù, dont je la soupçonne d'être la résurgence. Mon épouse a toujours eu du mal à poser son regard

1 Le terme égyptien Urshu ("guetteurs" ou "observateurs") désigne une classe d'êtres divins qui a pour rôle d'observer ou de veiller. Différentes décompositions de ce mot en sumérien nous donnent UR-SU, "puissant(s) guerrier(s)" ou "force du loup", ou encore ÙR­SU4, "déterminer la voûte". Dans l'imagerie égyptienne, les guerriers Urshu d'Osiris sont généralement regardés comme portant un masque de loup, alors que ceux de Râ et ceux qui accompagneront Horus plus tard portent un masque de faucon.

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I.!HÉRITAGE D' ASAR 33

sur le cristal de notre mère. Maudit soit ce minéral aux reflets bleu­vert 1

Je me suis retiré loin du domaine maritime désormais fragmenté. Aset a repris en mains les affaires du pays. Elle est actuellement auprès de Djehuti (Thot) qui 1 'aide à faire face aux intrigues et à maintenir une paix toujours instable. L'A 'amenptah (1 'Atlantide) est sans cesse exposée. L'avenir de 1 'A 'amenptah est fragile ; 1 'ensemble des Gina 'abu! a les yeux rivés sur 1 'ancienne Di/mun.

J'explore le monde avec mon vaisseau Nisighu (oiseau bleu), mon appareil de type "Iniuma" (''long courrier''). Lorsqu 'il est sur

1. Nisighu ("l'oiseau bleu"), le vaisseau d'Enki-Osiris, en position MUN-A'AB­GE ("le bienfait qui tient ferme la mer"). Cet appareil pouvait aussi bien voler dans l'espace que naviguer sur ou sous les eaux. © 2010 antonparlcs.com

les flots, ses ailes repliées sur elles-mêmes, nous le nommons Mu na 'abge. 2 Au milieu du fier océan, 1 'eau se brise sur ses flancs et crée des remous puissants que je ne me lasse jamais de contempler. Il se dessine en eux comme des bras et des visages me suppliant de les secourir. Il y a tant à réaliser encore. J'ai quitté celle que j'affectionne le plus au monde pour assister l'humanité. Tel est mon

2 MUN-A 'AB-GE est le nom sumérien du bateau d'Enki-Ea, il se traduit par "le bienfait qui tient ferme la mer". On retrouve ce terme en babylonien sous la forme Mun-abge, "bienfaisant sur les flots". Notons que le nom assyrien d ' "Enki-Ea" ("Osiris" en Égypte) est "Nuah", qui rappelle étrangement le "Noé" biblique. "Nuah" est aussi le nom du patriarche

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34 PREMIÈRE PARTIE: I.:INSTRUCTION DU FAUCON

choix douloureux et ma mission définitive. Dans la nuit des temps, j'ai été créé sans posséder de genre.

Ma mère rn 'avait cependant gratifié du droit de rn 'unir à l'essence primordiale afin de m'élever au plus haut rang. Ironie du sort, je suis de nouveau sans attribut aujourd'hui. De plus, je suis séparé de mon double inversé, hanté par le souvenir de ma négligence passée. Le visage de ma grande épouse royale apparaît souvent dans les eaux clémentes. Sa voix caressante se mêle au vent et à l'air frais environnant. Le doux clapotis que me transmettent les flancs de mon navire me reconnecte à sa douceur et aux bruissements de ses pas légers. Son rire lumineux résonne souvent dans ma tête.

Je me noie dans le travail. J'apprends le langage des félidés Urmah, les Kadistu (planificateurs) de Sah (Orion), qui rn 'ont légué le réseau souterrain du Gigal, situé en terre de Kemet (1 'Égypte). J'ai dupliqué toutes les informations concernant cet idiome, toutes celles qui se trouvaient dans Ugur. C'est ma mère qui les avait regroupées à l'époque où elle était en contact avec les Urmah, bien avant notre arrivée sur Uras (la Terre).

Nous l'avons quelque peu modifié pour notre usage. Progressivement, nous communiquons oralement grâce à ce dialecte remarquable que nous avons baptisé "Re 'enkemet" (''la bouche de l'Égypte''). De ce fait, nous devons adapter tous nos différents noms usuels et désignations courantes à cette langue. Sur certains points, la langue des Urmah s 'apparente à la nôtre, mais certaines de ses caractéristiques sont plus simples. Son rythme est plus lent que notre Emenita (langage mâle), et n'incite pas du tout à la même réflexion, ce qui perturbe terriblement les Anunnaki. Ses intonations sont plus "arrondies" comme pour l 'Emesà (langage matrice) de nos prêtresses. Son alphabet comporte une majorité de racines à trois consonnes.

Les Anunnaki décryptant peu à peu nos codifications en Eme§à (langage matrice), Djehuti (Thot) perfectionne le système calligraphique du Re' enkemet composé de signes figuratifs que nous employons déjà entre nous lors de nos communications internes. 3

(suite de la note 2) appartenant aux traditions du peuple chinois Miao. Selon Edgar A. Truax (voir Truax, E.A., Genesis According to the Miao People, 1991, http://www.icr.org), le patriarche Nuah, son épouse Gaw-Boluen et leur famille auraient survécu au déluge dans leur gros navire et auraient sauvé de nombreux animaux. 3 Probablement une version ancienne du système hiéroglyphique que 1 'on retrouve en Égypte.

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!:HÉRITAGE D'ASAR 35

Il était grand temps de passer à un autre système plus sûr. L'esprit Gina 'abu! possède des capacités de concentration hors norme par rapport à la majorité des autres espèces vivantes. Le Re 'enkemet (l'égyptien), particulièrement sous sa forme écrite, perturbe magnifiquement le raisonnement de nos adversaires.

Lorsque mon navire aux reflets bleus fait escale sur les rives de l'A 'amenptah (l'Atlantide) ou de Kankala (l'Afrique), Aset et moi nous retrouvons autant que possible, et en toute discrétion pour ne pas attirer 1 'attention. Nous devons rester prudents. Je crains pour sa vie plus que pour la mienne. Ce sont les seules fois où elle quitte son domaine de Yu-Shut (1 'île de 1 'œuf) et son palais de marbre blanc avec ses jardins sécurisés. Yu-Shut est 1 'île centrale de 1 'archipel royal de 1 'A 'amenptah. Il arrive toutefois à A set de se rendre périodiquement en Kemet (l'Égypte) et d'occuper le Gigal souterrain des Urmah. Elle est généralement escortée par une cinquantaine de Shemsu (suivants) appartenant à Her-Râ, le fils et amant de notre mère Nammu. Mon aimée se déplace habituellement dans sa nef royale. Si le parcours est trop long, Aset est alors convoyée par les airs, en Maga 'an (vaisseau cargo).

Lors de nos rendez-vous clandestins, les tentes sont dressées en toute hâte et les musiciens qui m'accompagnent jouent toute la nuit pour nous. Nous apprécions de contempler les étoiles s'allumer une à une dans le ciel profond. Les harpes et les flûtes entament des mélodies délicieuses et enivrantes. Nous passons ensuite la nuit dans notre tente royale ou sur l'un de nos navires, l'un contre l'autre, transportés par une infinie tendresse. Aset me procure toujours son regard de vie, celui qui m'apporte la pérennité et qui rn 'aide à supporter le KI (3D).

Au petit matin, nous nous séparons avec difficulté. Aset est la première à se lever et à partir. Nous devons faire vite pour sa sécurité. Elle embarque hâtivement dans son navire, escortée de près par ses nombreux soldats. Le bâtiment lève 1 'ancre. La dernière image que je contemple alors est celle de sa main quis 'agite sous les auvents à franges du vaisseau royal. Elle ne reste jamais longtemps sur le pont.

Nous rembarquons à notre tour rapidement pour reprendre la mer. Lorsque les vents soufflent et que le ciel s 'obscurcit de nuages menaçants, j'entends en revanche celle qui me reprochait âprement mes faiblesses, celle qui passe du rire aux larmes. Les embruns me giflent le visage et répandent sur mes lèvres la brûlure du sel. Mu-

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36 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

na 'abge s'enfonce dans le creux des vagues et les traits de Ninan­na-Nebet-Hut (Jnanna-Nephtys) m 'apparaîssent dans les courants obscurs. Jamais je ne m'étais rendu compte de leur ressemblance avant de tomber dans ses bras ! Nebet-Hut relève du même code génétique que Aset, c'est à croire qu'elle aurait été engendrée par le clan adverse pour la remplacer. Mais personne n'a rien vu, pas même moi, sans doute parce que la petite fille d'En/il possède le type Babbar (albinos), comme son père et son grand-père. Nul n 'évoque cette question encore aujourd'hui, le sujet est tabou. Seuls An, En/il et les parents de Nebet-Hut devaient connaître la vérité concernant ses origines génétiques. Ma mère Nammu a toujours eu beaucoup d'affection pour Nebet-Hut, je pense qu'elle avait tout découvert et qu'elle voyait en elle un reflet de safi/le perdue ... Mais un beau jour, à la stupéfaction de tous, j'ai fait revenir la véritable Sé 'et, 1 'an­cienne reine du Dukù ...

Après la tempête et ses remous puissants, les senteurs lourdes de la terre humide ne sont jamais loin. J'emporte mon essence au-delà des contrées sauvages pour fournir vivres et culture aux peuples perturbés par l'occupationAnunnaki. J'ai parcouru les .flots étincelants en direction des quatre points cardinaux sans jamais me lasser. Nous faisons souvent escale à Adin, sur les rives de E-Dilmun, la nouvelle Di/mun. Adin est la province souveraine des Shemsu de l'Est. Les Urshu (guetteurs) de Râ sont /es fondateurs de ce territoire volcanique. La région est riche en matériaux de tout genre et en vivres.

En face de E-Dilmun et d'Adin se trouve le pays de Bun 'd ("le fief de la rébellion''). C'est ici que se trouve la majorité de nos richesses. Les troupes de Setes ont plusieurs fois tenté des 'approprier le pays de Bun 'd, mais nos armées veillent. Bun 'd a remplacé 1 'ancienne Di/mun- notre A 'amenptah (l'Atlantide) brisée- qui ne peut plus fournir mes colonies de Kankala (d'Afrique) en vivres et en biens. Nos dépôts de vivres et de matériel approvisionnent souvent les cales de Nisighu (l'oiseau bleu). Nous transmettons aux peuples touchés par l'endoctrinement de mes Kuku (ancêtres) nos divers langages et matériaux en vue de leur offrir 1 'autonomie dont ils ont besoin pour faire face à nos ennemis. J'ai placé le métal entre les mains de certains d'entre eux. Je leur ai montré le vaste usage qu'on pouvait en faire. Peu parmi eux osent s'en servir encore, mais ils savent désormais faire la différence entre le bien et le mal.

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I.:HÉRITAGE D'ASAR 37

2. Carte des rapports de force entre les armées d'Osiris/Râ et de Seth avant la mort d'Osiris et le grand déluge de 10.000 av. J.-C. Adin n'était pas encore une ville, mais une province souveraine de Râ. A cette époque, les pôles terrestres étaient inversés. Vous trouverez plus loin dans le récit des précisons sur les domaines de E-Dilmun (Yémen-Oman), Adin (Aden) et Bun'd (Punt).

Nous avons été jusqu 'aux rives de Tuwakadsi (le continent amé­ricain).4 Les Sinumun ("descendance de lumière" =Amérindiens) vivent en paix, bien qu'il y ait des conflits entre clans. Le contact avec eux n'est pas aisé; les Sinumun5 me reprochent toujours de ne pas les avoir soutenus lors de leurs conflits avec 1 'ancienne Di/mun (Atlantide). Je n'ai pu leur accorder un soutien appuyé à l'époque, car je suis originellement le fondateur de l'ancienne Di/mun, et nous soutenions clandestinement les actions de Ninanna-Nebet-Hut (Jnanna-Nephtys), qui était la souveraine de mon ancien archipel

4 TU-WA-KAD-SJ en langage matrice (suméro-akkadien), "qui offre la renaissance et fixe la lumière". Il s'agit du continent américain où les rescapés de Kâsskara (Mu) se sont réfugiés après la destruction de leur monde. Nous retrouvons ce terme dans le langage hopi sous la forme Tuuwaqatsi, le continent américain où les ancêtres des Amérindiens se sont réfugiés après la guerre qui les opposa aux ancêtres Atlantes. La traduction stricte de ce nom en hopi donne Tuuwa ("sable", "terre") Qatsi ("vie"), c'est-à-dire "terre de vie". Tuuwaqatsi est considéré comme le quatrième monde sous l'appellation de "monde achevé" dans le Livre du Hopi et comme "le beau pays pour tous les hommes" chez Ours blanc dans l'ouvrage Kasskara und die Sieben Wellen de J.F. Blumrich (Knaur, München, 1979-1985). 5 Il s'agit du peuple amérindien. On retrouve peut-être le terme sumérien SJ-NUMUN ("descendance de lumière" ou "semence rayonnante") dans le vocable des Hopis de 1 'Arizona Sinom, dont le sens est "peuple (indien)", tiré de Sino, "une personne (indienne)".

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38 PREMIÈRE PARTIE : !!INSTRUCTION DU FAUCON

royal. En ce temps-là, je commençais à parcourir le monde et Aset ne souhaitait pas encore administrer mes domaines. Ce moment se situe peu après le retour de ma bien-aimée parmi les vivants.

C'était une période de grande instabilité mondiale. Pour la pre­mière fois de notre histoire, une faction Gina 'abu/ osait franchement dominer le reste du monde, à savoir mes Kuku (ancêtres). Seule une personne appartenant directement à la famille d'En/il pouvait pré­tendre accomplir un tel exploit; c'est pourquoi} 'avais octroyé à Ne­bet-Hut les pleins pouvoirs sur l 'A 'amenptah. C'était me semblait­il un atout stratégique. Cependant, Nebet-Hut a toujours été avide de défis et d'exploits, et elle a imposé aux Sinumun (Amérindiens), comme à d'autres peuplades, un conflit sans précédent.

Nebet-Hut s'était trouvée des alliés Gina 'abu/ et humains dans le monde entier dans l'objectif de défier l'autorité suprême de Ka/am (Sumer). Notre intention initiale était d'obtenir pour l'A 'amenptah une autonomie qui allait désunir définitivement l'archipel royal du pouvoir souverain de Ka/am. Mais la soif de puissance de la petite fille d'En/il n'avait aucune limite. Observant l'efficacité de ses premiers efforts, Nebet-Hut voulut fatalement aller plus loin et faire de l'A 'amenptah le centre de tous les pouvoirs du monde du dessus. L 'autonomie del 'archipel ne lui suffisait plus. Nebet-Hut a corrompu de nombreux humains en leur promettant l'impossible. Son plan prévoyait de soumettre et d'annexer toutes les terres habitées et, dans sa phase finale, de mettre Ka/am (Sumer) à genoux. Nebet-Hut aurait dû se contenter d'ébranler le pouvoir de mes Kuku (ancêtres) et de guetter leur réaction plutôt que de tenter de prolonger l 'ivresse de ses premiers triomphes. Ellen 'avait aucun plan stratégique. Nous l'avions pourtant conseillée, mais elle ne nous a pas écoutés. La réponse de mon père An et d'En/il a été sans appel: les Anunnaki ont utilisé l'arme du dérèglement climatique pour arriver à leurs fins . Le monde s'est écroulé sur ses fondations, et comme ill 'a toujours fait ; le régime Anunnaki a pu domestiquer les survivants selon ses impératifs. Tout était à refaire de notre côté, mais l'A 'amenptah (l'Atlantide), l'ancienne Di/mun, a gardé son indépendance.

Kemet (l'Égypte), tu es mon nouveau rejùge, ma terre d 'asile où mes fidèles partisans veulent reprendre espoir. Jet 'ai délaissée trop longtemps telle une terre sauvage, alors que tu es la demeure de la dernière unité planificatrice d'Uras (la Terre). Tu n'as jamais été totalement abandonnée, je t'ai laissée plusieurs divisions d'Urshu

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(guetteurs) afin de préserver tes frontières. Kemet, Pays de Lu­mière, de limon, d'eau et de sable, tu mélanges le sec et l'humide. Un parfum familier se dégage de toi après les grandes inondations annuelles. C'est par les airs ou par les flots que je reviens irrésisti­blement vers toi. Lorsque je quitte Nisighu (1 'oiseau bleu), c'est pour me reposer et préparer comme une nouvelle terre de repos pour les compagnons d'une paix durable. Mais cette paix est entachée par mon éternel adversaire. Les Anunnaki ont depuis quelques années entamé une campagne d'invasions. Dès que le pays sera sécurisé et se développera grâce aux richesses de Bun 'd, je ferai venir A set de façon permanente.

H er-Râ a plusieurs fois proposé d'utiliser la région d'A din comme plaque tournante pour fournir nos ennemis en matières premières afin de les "apaiser". Mais je my oppose formellement, les Anunnaki n'ont qu'à se procurer eux-mêmes leurs matières aurifères et minérales, ainsi que leurs vivres. Cela fait des millénaires qu'ils se reposent sur moi et les miens, et qu'ils profitent de notre indulgence! Qu 'ils travaillent et qu'ils cessent de profiter du genre humain et de mafamille!

Nous nous sommes installés au bord du grand fleuve de Kemet, luter-A 'a (''grand fleuve": le Nil), près de montagnes rocheuses et de leurs failles naturelles, ouvertes lors d'un dégel fort ancien. C'est selon leur dessin que les grandes routes sillonnent la vaste steppe jusqu 'aux extrémités de Kankala (1 'Afrique). En face, se dresse 1 'A 'amenptah (1 'Atlantidej6 avec, en première ligne, le domaine de Sekhet-Hetep (le champ de la paix), suivi de Yu-Hetep (1 'île de la paix) et de Yu-He (1 'île du combat).

Nous avons implanté notre domaine selon le rite des quatre points cardinaux. Ma garde rapprochée a bâti son habitat, le Per­Urshu (demeure des guetteurs). Sa forme dessine le signe divin "Neter" (dieu), pour signaler notre présence à cet emplacement.

6 Dont les vestiges principaux sont sans doute les îles Canaries (voir Le Testament de la Vierge aux Éditions Nouvelle Terre).

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40 PREMIÈRE PARTIE : ~.!INSTRUCTION DU FAUCON

3. Signes archaïques sumériens du LA : "plénitude", "abondance", "joie", "santé". Il est possible qu'une parenté existe entre ce signe sumérien et l'égyptien, "Neter" (dieu). Chez les anciens, les dieux et leurs domaines étaient effectivement supposés apporter la plénitude, l'abondance, etc. C'est cette forme de L inversé que reprend le Per-Urshu des suivants d'Osiris.

J'ai édifié ma demeure aquatique juste derrière. La nappe phréatique est importante à cet endroit et nous avons dû établir de profondes fondations. Nous avons fait couler des blocs en granite et monté le temple sur place. Il ressemble légèrement à mon ancien E-Abzu de Nunkiga (Eridu) que j'avais bâti en bois, en roseau et en pierre. Celui-ci est beaucoup plus massif et imposant, c'est une demeure d'éternité. Je l'ai toutefois enfoui sous une colline artificielle pour qu'il soit à l'abri des regards. C'est ici que je me réfugie et que je tente d'oublier momentanément ce qui se passe sur mes propres terres. Mes gardes nomment mon temple souterrain Enkhu 'ur (''pour la gloire du prince").

Mes Abgal ont investi l'Enkhu 'ur aquatique. Ils me soutiennent admirablement. Nous passons ensemble des jours complets dans l'élément liquide régénérateur. Leurs chants mélodieux résonnent dans 1 'ensemble de 1 'édifice. Ils enivrent tout mon être et participent au recueillement intérieur. Ils pansent les blessures de mon cœur.

Le pays connaît actuellement une sécheresse extrême, le climat se réchauffe. Nous, Gina 'abu!, connaissons bien cette aridité, mais les humains ont du mal à la supporter. En pleine saison, luter-A 'a (le Nil) est très bas ; je ne 1 'ai pratiquement jamais vu à ce niveau. Par contre, les précipitations sont abondantes au cœur de Kankala (en Afrique), et luter-A 'a est devenu imprévisible. De ce fait, ses montées sont dévastatrices en période de crue. Certains villages se sont déplacés en amont du fleuve. Les humains doivent faire leurs campements plus dans les terres, tant le cours du grand fleuve est déréglé. Nous leur avons expliqué comment reconnaître le moment

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-rHÉRITAGE D' ASAR

4. Reconstitution du Per-Urshu des suivants d'Osiris à l'époque de sa splendeur. Aujourd'hui un nouveau temple a été reconstruit par-dessus, celui de Sethy 1er. La colline où se trouvait I'Enkhu'ur aquatique et souterrain d'Osiris, nommé désormais Osireion, se trouve juste derrière.

de la grande crue annuelle.

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Dans la zone géographique que nous occupons, nous avons aussi communiqué à certains d'entre eux la technique de la sélection et de la pousse des céréales. Cela leur donne une autonomie supplémentaire, car nous ne pouvons les ravitailler tant nous sommes sur tous les fronts. Mes Urs hu (guetteurs) et Shemsu (suivants) sont partout où cela leur est possible. La situation géopolitique est brûlante. Les Anunnaki ont plusieurs fois incendié nos récoltes, car ils souhaitent échanger leurs anciens grains de 1 'Edin (la plaine mésopotamienne) contre nos biens provenant de Kankala, Bun 'd et E-Dilmun. Je sais par des oreilles indiscrètes que les Anunnaki souhaitent entamer une campagne agricole dans le Dukug (Taurus) et utiliser leurs anciennes graines de l'Edin dont ils possèdent le monopole. La grande plaine entre les deux fleuves sacrés n'est plus qu'un immense désert sauvage où presque rien ne pousse tant le sol a été travaillé sans relâche sous l'emprise Usumgal. Comme je l'ai mentionné, je m'oppose avec fermeté aux échanges commerciaux avec nos ennemis. Qu'ils se débrouillent seuls ! Nous avons nos propres céréales.

Nous devons faire face aux incessantes agressions des Anunnaki qui débordent sur mes territoires. En/il et ses soldats maltraitent et massacrent les humains qui sont sur nos terres. Mes Shemsu contiennent leurs assauts le long de Kem-Ur (la Mer Rouge). Les attaques de nos adversaires sont importantes dans les territoires

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de Sti (la Nubie), là où nous possédons de nombreuses carrières de Nebu (d'or). Comme nous ne fournissons plus le régime de Ka/am en Nebu, ils viennent se servir et tenter d'envahir ces domaines stratégiques. Le Nebu leur sert toujours de composant actif et de fixateur dans la mixture qui leur octroie la pérennité de la vie. Mes Nungal (grands princes) n'en ont jamais eu besoin, car ils possèdent le gène royal Kingu.

La vie paisible et agréable que nous connaissions autrefois dans le pays des anciens Urmah n'est plus qu'un lointain souvenir. Kemet (l'Égypte) subit une décroissance progressive de sa population en raison des assauts répétés de nos ennemis. Mon frère Her-Râ (Horus 1 'aîné) et ses guerriers nous prêtent main forte, mais les Anunnaki sont nombreux, très nombreux. Her se déplace souvent dans les airs et déploie ses troupes en ordre de bataille d'en haut. Sa garde rapprochée est tout aussi redoutable que mystérieuse, personne ne 1 'a jamais vue de près. Après un affrontement au sol auquel il aurait participé, le grand Râ ne reste jamais sur les lieux du combat et disparaît rapidement par les airs.

Les humains nous soutiennent dans les combats ; nous leur avons appris à connaître et fabriquer des armes. Certains utilisent des armes en pierre et d'autres en métal. Ces deux types d'armes sont tout aussi redoutables. Le métal est coulé par nos soins, mais quelques humains de Kankala (1 'Afrique) possèdent ce savoir. Le sol de Kankala contient le minerai le plus réductible que nous connaissons, ainsi que d'importants dépôts salins qui favorisent la production du fer.

De l'avis de certains d'entre nous, je n'aurais jamais dû introduire les armes dans le monde des humains. Aset (Isis) et moi pensons que ce fut une bonne décision parce qu'elfes permettent au genre humain de répondre aux attaques des Neteru (dieux) de 1 'ombre. Les armes humaines ne servent pas à faire la guerre, mais à se défendre contre les oppresseurs venus du ciel. Nous y veillons et n 'avons pas eu à répertorier de problèmes comme, par exemple, des combats sanglants entre tribus entraînés par la science des armes que nous leur avons mises entre les mains. Nous restons toutefois vigilants sur ce point, et mes Urshu des plaines (guetteurs) n'ont cessé de surveiller nos protégés.

Cependant, les luttes suscitées par les invasions d'Enlil, et de ses fils de la révolte, ne cessent de répandre mort et frayeur sur Kemet

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!!HÉRITAGE D'ASAR

5. Couteau rhomboïdal en si­lex d'une longueur de 24 cm. Pièce bifaciale dentelée ap­partenant à l'époque prédy­nastique de Naqada. Musées royaux d'art et d'Histoire, Bruxelles, E-5006.

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(1 'Égypte) et une partie de Kankala (1 'Afrique). Le plus gros des combats se concentre à Sti (la Nubie) et s 'étendjuqu 'à la frontière de Bun 'd (Punt). À Sti, les gisements de Nebu (or) et de sel, attirent les Anunnaki, autant pour l'alimentation que la fabrication du fer. Nos troupes, en se resserrant, ne peuvent plus protéger les humains. Les soldats d'En/il ont pour mission de ne laisser aucun survivant: femmes, enfants et personnes âgées ne sont jamais épargnés. Après une attaque des Anunnaki, lorsque nous trouvons de rares rescapés, ils sont généralement saisis de frayeur.

Nous avons dû contrer plusieurs attaques surprises et combattre différentes divisions des fils de la révolte le long de Kem-Ur (la Mer Rouge). J'ai fait rapatrier vers Kankala cinq régiments Shemsu de Yu-Hetep (1 'île de la paix) et de Yu-He (île du combat) de l'A 'amenptah (l'Atlantide). J'ai également enrôlé des soldats de Her-Râ (Horus l'aîné) parmi les miens, et d'autres encore dont je ne peux parler- certains d'entre eux se sont joints à ma garde

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44 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

rapprochée. Combien de fois me suis-je retrouvé au milieu du tumulte à devoir combattre pour montrer l'exemple. Enlil désire se retrouver face à moi dans la mêlée.

Une grande bataille finale semble se préparer, mais nous ne savons pas quand et où elle risque d'éclater. J'ai demandé à mon père de contenir Enlil, il m'a répondu qu'il n'avait plus aucune autorité sur lui. Je 1 'ai alors imploré de m'envoyer quelques bataillons de ses soldats de Des er (la planète Mars) . La réponse du grand An fut prévisible: "Un Anunna ne peut combattre son .frère". Nous sommes prêts à assumer une très longue lutte dont je connais les enjeux, mais pas le dénouement. Que la Source soit avec moi, et avec les humains et Neteru (dieux) qui souhaitent une paix durable sur cette planète. Que tous mes ancêtres de 1 'au-delà entendent ma prière.

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PREMIÈRE ENTRÉE D'HERU

''Au temps où il régnait souverainement, et avec équité, Osiris fut assassiné par son frère Typhon (Seth), homme violent et injuste[ .. .] Mais Isis, épouse et sœur d'Osiris, secondée par son fils Horus, entreprit de venger son mari de cet odieux attentat [. . .}. o) Fragments de l'Histoire Universelle de Diodore de Sicile

"Tu possèdes la puissance, tu possèdes l'efficacité, Ô Horus, seigneur de la pierre verte ! '~2)

Textes des Pyramides, 301, ligne 457

Moi, Heru, fils de la très grande Aset (Isis) -la fille et l'héritière de ma grand-mère Nut- je prends possession, dès ce jour, du cristal de mon géniteur posthume, le révéré Asar (Sa'am-Osiris). Le titre de l'auguste objet est Ugur, cependant, depuis qu'il se trouve en Terre Sainte, ma génitrice lui a octroyé le nom de Uatch.8 Depuis le trépas de notre père, elle a tenu en main l'objet vénérable avec lequel elle a dirigé le Pays de Lumière. En ce jour de ma t6e année terrestre, moment solennel où tu es en ma possession, je jure en ton nom, Uatch, de te manier comme un équipement redoutable qui aura raison de nos ennemis, les fils des ténèbres des contrées qui se situent par delà le désert. 8 Le terme égyptien Uatch englobe les définitions suivantes : "sceptre d'Isis" et "l'arme que Horus utilisera contre les ennemis d'Osiris". Son homophone Uatch exprime également une pierre verte ou une émeraude, si l'on se réfère à la p. ISO de l' Egyptian hieroglyphic dictionary de Wallis Budge.

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J'ai grandi dans la crainte constante d'être mis à terre par mon oncle Setes (Seth-En/il) et ses partisans sanguinaires. Aset (Isis) la Grande, n'a cessé de me préserver du mortel péril. J'ai fait l'objet d'une constante et désirable tendresse. Je me suis laissé absorber par son amour pénétrant, par ses lèvres chaudes et tendres.

Mes quatre premières années, nous les avons passées, ma génitrice et moi, dans les grands marais qui se mélangent avec la mer, à Mehti (Delta du Nil), à l'extrémité nord du Pays de Lumière.9 Ma mère avait délaissé ses deux tigresses, "Sasha" et "Udja", pour les confier à Djehuti (Thot). Aset voulait se retrouver isolée du reste du monde, avec ma personne comme unique attention, loin des voix bruyantes et des regards voyeurs de la cour et du Gigal souterrain. Seuls Djehuti (Thot) et ma seconde conceptrice, Nebet-Hut (Nephtys-Inanna), venaient nous rendre visite et connaissaient nos différents lieux de retraite. Nous nous déplacions fréquemment pour éviter de nous faire repérer par d'éventuels ennemis. Ma génitrice et moi logions dans des huttes circulaires en roseaux que nous confectionnions ensemble ou dans des cabanes en bois perchées dans les arbres.

Nous partions à l'aube dans notre petite embarcation. Ma divine mère aimait me voir hisser vaillamment la voile carrée et l'observer battre sous le vent. Elle riait lorsque je montrais fièrement la pièce de toile du bout du doigt, fier d'avoir accompli l'indicible prouesse. Notre bateau nous transportait au gré de la brise matinale et de la pluie qui ne cesse de s'abattre sur notre pays depuis le passage du Benu Céleste (le Phénix). 10 J'étais blotti contre son corps, j'inspirais profondément son odeur sensuelle pour rn 'y noyer. Son sourire pétillant, ses prunelles vertes et sa chaleur passionnelle ont bercé ma plus tendre enfance. Nous nous allongions l'un contre l'autre

9 Il y a plusieurs millénaires de cela, bien avant la période prédynastique (5000-3185 av. 1.-C.), tout le Nord de l'Égypte était sous les eaux en raison de pluies diluviennes et du débordement du Nil et de la mer. 10 Il s'agit bien évidemment de la planète Vénus. Comme nous l' avons découvert dans le tome précédent des Chroniques et dans Le Testament de la Vierge, le Benu égyptien (le Phénix) est l'oiseau qui symbolise la réincarnation et qui s'identifie à l'âme du mort étant donné qu'il renaît de ses cendres. Le Benu figure l'Étoile du Soir, l'astre qui tombe sur la Terre comme un soleil noir, et il est assurément le Lucifer des traditions judéo-chrétiennes. Il est pareillement l'oiseau Bah qui évoque distinctement la planète Vénus, mais aussi les inondations, celles qu'il a provoquées dans le passé lors de ses passages cataclysmiques. La décomposition sumérienne du terrne égyptien Benu nous restitue BÉ-NU11 , "celui à la lumière ou au feu", ce qui renforce son assimilation avec Lucifer, dont le sens véritable est "le porteur de lumière" . Rappelons également que la planète Vénus se nomme Noga en hébreu, soit NU 11 -GA 6 , litt. "porter la lumière" ou "transporter le feu" en sumérien .. .

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lorsque la pluie cessait momentanément son tapage soutenu. Alors, le bruissement d'un millier d'arbres murmurait à nos oreilles tandis qu'un doux clapotis sonnait doucement aux flancs de notre embarcation pendant notre sieste.

La lumière ambrée des petits matins et les étoiles du vaste ciel menaçant ont fait partie de notre quotidien. Ta-Meh ("le pays du Nord", le Delta) jouit d'un air velouté et des senteurs lourdes d'un sol humide et fertile. Le vent nous apportait souvent les arômes des terres qu'il avait parcourues. C'est au milieu des ombres entrelacées des papyrus et des roseaux, ainsi que de l'air chargé de parfums de fleurs sauvages, que j'ai appris à reconnaître les différents animaux et à communiquer avec eux. Ma mère m'a enseigné le langage des oiseaux. J'ai vibré à ses paroles,j 'avais soif de culture et de la passion qu'elle me portait déjà. C'est dans cet univers à la lumière mi-verte mi-bleue, où la poussière s'élève souvent des berges des affluents du fécond luter-A' a (le Nil), que j'ai à la fois appris la douceur et la dureté de la vie. J'ai été piqué par un scorpion à cette époque, mais je ne m'en souviens pas. Ma divine génitrice m'a soigné à l'aide d'un de ses remèdes, et grâce à sa haute connaissance des plantes médicinales.

Un long voile blanc couvrait souvent sa perruque de fibre ocrée et lui tombait dans le dos. Aset se déplaçait pieds nus ou bien elle portait de fines sandales en feuilles de palmier tressées. Tout au long de cette merveilleuse période, le regard qu'elle affichait n'était pas celui d'aujourd'hui. À présent, alors qu'elle est sur son trône, faisant face à nos sujets prosternés à ses pieds, ses yeux sont ombrés de vert et soulignés de noir. Ma mère est à la tête d'un peuple étendu et d'un personnel considérable. L'image divine qu'elle incarne est incomparable et réclame beaucoup de soin.

À Mehti . (Delta du Nil), comme au cœur de la cité souterraine du Gigal, Nashareth, 11 mon corps s'est développé entre les cuisses protectrices et les bras bienfaiteurs de notre souveraine et mère. Je connais ses formes les plus intimes, je n'ignore pas son odeur dissimulée. Les yeux rivés sur ses pieds fins et délicats, j'ai passé ma petite enfance sous 1 'ombrage de sa robe fendue et la douceur de ses longues jambes recouvertes d'un onguent brillant que seul

11 Rappel du Testament de la Vierge: Nasha-Reth, "les êtres forts de la Duat issus de l'œil solaire (Râ)". Le réseau souterrain se nomme "Duat" ou "Gigal", et sa capitale sous le plateau de Gizeh, "Nashareth".

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la lumière pourrait illuminer. Le regard digne et la tête haute, Aset a souvent effleuré mon corps du bout de ses orteils et répondait à mon regard par un sourire profond éclairé par des yeux passionnés d'un vert transparent. Dans les marais, à Ta-Meh (le pays du Nord), les grands arbres se balançaient au gré du vent au-dessus de sa face divine. Au cœur de Nashareth, ce furent plutôt les mousselines de soie vaporeuse, ventilées par de larges éventails en bois et plumes d'autruche, qui bercèrent mon regard. Mon attention s'est souvent égarée dans des ballets aériens de la sorte.

J'ai vu les plus grands dignitaires de ce monde loucher sur l'élégante majesté de notre maîtresse. Tous sont fascinés par son incomparable beauté extérieure, mais incapables d'apprécier son éclat intérieur. Embusqué contre ses cuisses, je n'ai pu qu'observer la solitude de notre Sainte-Mère. Sa vie affective est à l'image d'un désert aride. Son abstinence prolongée est à l'effigie de l'amour qu'elle porte à son aimé Asar (Osiris), dont elle est certaine que je suis la réincarnation vivante. Dès le plus jeune âge,j 'ai pris l'habitude de lui prodiguer des massages plantaires. Je dois bien avouer avoir eu la satisfaction de lui procurer des sensations saisissantes en lui arrachant quelques soupirs, seuls instants de plais ir qu'elle paraît s'être octroyée depuis ma naissance. Lorsqu'elle est lasse des larges estrades et des sièges étroits desquels elle dirige notre Ta-Merit ("terre bien-aimée" : Égypte), Aset passe de longues heures au bain, dans des vapeurs étouffantes et parfumées. Si elle n'est pas sur son trône ou dans son bassin arrondi, nous sommes assurés de la trouver dans l'un de ses jardins remplis de végétaux aux essences variées, situés au cœur du second niveau de Nashareth, la cité éternelle des anciens guerriers de la Source. Une armée de Sandan (horticultrices) s'y affaire en silence d'un pas léger et gracieux. Toutes me connaissent et ont pincé affectueusement ma joue, car c'est ici, au cœur des souterrains et des galeries, que j'ai passé le plus de temps.

Dans le passé, quelques téméraires se sont risqués à s'introduire dans la couche royale de notre souveraine. D'un œil espiègle et quelque peu enthousiasmé, Aset rn' a vu tenter d'expulser les audacieux à l'aide de combines les plus imaginatives. Je dois te confesser, Uatch (Ugur), avoir redouté que ces derniers accaparent l'attention de Aset et qu'elle s'éloigne de moi. C'est sans doute ce qui s'est produit, puisque vers l'âge de six ans, ma génitrice me laissait souvent aux soins de ma seconde mère, la secrète et adroite

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Nebet-Hut (Nephtys-lnanna). Nebet-Hut est la petite fille de mon rival et oncle Setes (Seth-En/il). Elle possède la même peau laiteuse que ses ancêtres paternels. Je suis comme eux, nous sommes tous d'origine Babbar (albinos). Aset, ma divine mère, m'a conçu de cette façon, certainement pour que j'arbore une physionomie s'approchant de celle de nos Nungal Shemsu (suivants) et Urshu (guetteurs). Cependant, ma physionomie est plus Kin gu ; sans doute a-t-elle combiné une majorité d'éléments génétiques Babbar (albinos) avec la semence d'Asar (Osiris) ... Je suis regardé en terre sainte comme le fils de Râ (la lumière). La couleur de mon épiderme est celle de la clarté, mais le fond de mon Ba (âme) renferme la flamme divine et les ombres de la nuit. Je me sens aujourd'hui prêt à reprendre l'ensemble des territoires que mon oncle rival nous a dérobés, et à délivrer les esclaves de 1 'oppression instaurée par les disciples des ténèbres.

Nebet-Hut (Nephtys) m'a allaité secrètement de quatre à sept ans. Elle m'a également appris le maniement des armes en vue de faire de moi le plus grand guerrier qu'Uras (la Terre) ait porté. Nebet­Hut possède un rôle majeur à la cour de notre souveraine : elle est sa conseillère et dispose toujours de domaines importants en pays ennemi. Nebet-Hut et Meri (la bien-aimée) sont considérées comme des sœurs jumelles. Je n'en ai jamais discuté avec ma mère, mais je pense que cela est dû au fait que leur physionomie est étrangement similaire, bien que celle de ma mère soit plus Amasutum, et celle de ma tante plutôt Kingu. C'est une énigme pour moi et sans doute pour l'ensemble du peuple de lumière. Leurs différences se fondant sur l'allongement naturel du visage de ma mère, le maquillage appuyé de Nebet-Hut, leurs coiffures et la couleur de leur peau.

Durant ces trois années, notre divine Matriarche a dirigé notre sainte patrie d'une poigne de fer et a su déjouer de nombreux pièges tendus par les fils des ténèbres. Setes (Seth-En/il) a cependant gagné en pouvoir et a envahi plusieurs domaines du sud de Ta-Merit (terre bien-aimée). Il dispose désormais de plusieurs territoires à Sti (la Nubie). Setes louche toujours sur Bun'd (Punt) et ses richesses, mais les armées de Râ veillent.

Les différentes fonctions et activités de ma Sainte-Mère n'au­raient pas dû concerner ou même toucher un jeune enfant comme moi, mais ce n'était pas le cas. Je soupçonne Aset, la grande épouse royale, d'avoir épisodiquement tenté de mêler son corps à celui

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d'étrangers ou de s'être laissé tenter par quelques beaux parleurs corrompus. Ma mère renferme la Force Omnipotente qui se trans­met par voie sexuelle. Je sais tout grâce à toi, Uatch. Avoir des rap­ports intimes avec un mortel ou un mâle "ordinaire" suppose une grande responsabilité, celle de transformer ce dernier en déité au prestige menaçant et incontrôlable.

Lorsque je retrouvais épisodiquement ma mère durant ces trois longues années d'absence, ses yeux étaient aussi vides et amers que lorsque je 1 'avais quittée. Sa tristesse intérieure rn' a toujours profon­dément affecté. Peut-être ne le sait-elle pas ? Seules la perception de mon regard et ma présence à ses côtés semblent l'avoir apai­sée et réconfortée. A-t-elle fatalement tenté de s'éloigner de moi pour s'efforcer de rompre cette inéluctable attraction qui nous unit malgré nous, pour me confronter à d'autres usages et individus ?

Nebet-Hut (Nephtys) ne m'a pas seulement secrètement donné le sein pendant ces trois années où ma mère s'était éloignée de moi. Elle m'a également initié à l'acte amoureux et prodigué son regard de vie sur la terrasse ombragée et parfumée de ses appartements de Nashareth. C'est là, parmi ses meubles incrustés de nacre et son mystérieux coffre en ébène, que j'ai assisté au tourbillon des robes en soie légère qu'elle revêtait pour l'occasion, laissant deviner les fines formes de son corps. Dès lors, j ' ai porté en moi une force trou­blée indéfinissable qui m'a rendu agressif et méfiant de tout. Aset s'en est aperçue et les rapports bienveillants entre mes deux mères se sont alors subitement brouillés.

Depuis, c'est à nouveau ma génitrice, la souveraine du Pays de Lumière, qui s'est chargée de mon éducation. Aset me fait ingérer d'innombrables décoctions de plantes pour me désenvoûter, m'a­t-elle indiqué, sans me préciser de quelle nature d'envoûtement il est question. Je suis assommé par ses remèdes. L'un d'entre eux semble me faire perdre momentanément la mémoire. Je me réveille fréquemment dans ses bras tandis que notre souveraine me berce tendrement comme un enfant. Ses yeux sont souvent humides. Quant au regard de vie, Aset semble attendre et rn' observer en silence avant d'envisager de trouver une quelconque solution le cas échéant. Je ne pense pas en avoir besoin. Je suis partiellement Kingu. Contrairement à mon père, je possède le sang royal Gina'abul, celui qui se moque du regard de vie.

Une ancienne croyance, perpétrée par les plus sages qui nous

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PREMIÈRE ENTRÉE D'HERU

6. Sceau assyrien en argile avec un souverain, ou un noble, revigoré grâce à un élixir de vie ("regard de vie") procuré par une femme de haut rang, qui tient le précieux liquide dans un récipient en forme de lune. Nous avons vu dans les deux tomes précédents des Chroniques que la lune symbolise souvent les cycles menstruels. Même si le sujet y a abondamment été traité, vous trouverez toutefois quelques précisions sur ce thème dans la 3• partie du présent ouvrage.

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entourent, prétend que ma mère et moi sommes des M'nen-Ba (mêmes essences: âmes sœurs). Aset n'ajamais rien exprimé sur ce point, mais le regard qu'elle porte sur ma personne trahit pleinement ses sentiments et sa conviction dissimulée. De même, la Mer (pyramide) éclatante qu'elle a fait bâtir au-dessus de Nashareth est à la hauteur de la flamme qu'elle manifeste à Sa'am (l'assassiné) . La Grande Souveraine aurait effectué le plus bel acte d'Amour qui soit en édifiant cette montagne, cette Mer de pierres dans l'intention de me ressusciter en son sein. C'est bien au cœur de cet édifice qui défie la raison du peuple humain que j'ai pris naissance.

À quelque distance à peine de la sainte Mer se dresse Sèsep Anki (le Sphinx de Gizeh), 12 image majestueuse de notre divine mère, protectrice attentive du Pays de Lumière et du site sacré. Son regard

12 Que l'on retrouve dans l'égyptien Shesep Ankh, qui est le nom du Sphinx de Gizeh et dont la définition égyptienne donne "image vivante". Nous allons appréhender ici l'un des plus grands secrets de l'égyptologie, celui qui concerne la nature originelle du Sphinx du plateau de Gizeh. Il s'agit une fois encore d'un terme d'origine sumérienne qui se décompose en SÈS ("pleurer", "se lamenter") EP (ou lB = URAS, "la déesse primordiale" ou "la Terre") et AN-KI ("Ciel et Terre" ou "Univers"). Ceci nous donne donc SÈS-EP AN-KI, "la Déesse (Primordiale) du Ciel et de la Terre qui se lamente". Il ne peut s'agir que de la déesse Isis! Plus récemment, le Sphinx a porté le nom de Herakhti, "Horus de l'horizon", parfaite manifestation du lever du dieu-soleil, celle du roi qui remplace les fonctions de sa mère divine.

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défenseur pointe vers le nouvel horizon de l'Est, vers la contrée de nos ennemis. Ces derniers nomment notre Sèsep Anki "Âbzaza" ("la vache qui produit beaucoup de bruit")Y

7. La physionomie originelle du Sphinx de Gizeh a fait couler beau­coup d'encre, car sa tête est trop pe­tite par rapport à son corps, ce qui induirait un remodelage récent du visage. Le chercheur John Anthony West a démontré que l'importante érosion du Shesep Ankh (Sphinx) est due aux précipitations qui ont marqué une très longue période plu­viale (10.000 à 7000 ans av. J.-C.) ainsi que celle de Nabtan (de 7000 à 4000 ans environ av. J.-C). L'érosion de la Grande Pyramide n'est pas visible, étant donné que ses quatre faces ne possèdent aujourd'hui plus leur revêtement calcaire.

Uras (la Terre) s'est retournée sur elle-même depuis l'éclatement de Mulge (/'astre noir)- la colline primordiale des bienheureux-, juste après la disparition de notre fondateur Sa'am (l'assassiné). Ses points cardinaux se sont inversés à la suite du passage du Benu (Phénix) céleste, le nouveau soleil que nous nommons également Arit-Kheru ("/'œil du son''). Humains, souverains des pays ennemis, Neteru (dieux), tous craignent son retour et ses effets dévastateurs. Son premier passage a fait de nombreuses victimes. La catastrophe a été regardée comme le châtiment de notre divine mère à l'encontre du genre humain et de nos adversaires. 14

Cela fait maintenant près de sept ou huit années que je ne dis­pose plus du regard de vie de ma seconde mère. Nebet-Hut s'est à nouveau réconciliée avec Aset, mais leurs rapports restent compli-

13 AB-ZA-ZA veut dire "Sphinx" en sumérien. Sa décomposition stricte exprime bien une "vache qui produit beaucoup de bruit". Cela est conforme à la mythologie égyptienne qui assimile Isis à Hathor-Shekmet (voir note suivante). 14 Il s'agit d'une assimilation d'Isis-Hathor à la déesse léontocéphale Sekhmet, "la puissante", gardienne des seuils secrets de la Duat inférieure dont le siège est dissimulé sous le plateau de Gizeh. Sekhmet est regardée comme une déesse dévastatrice responsable de plusieurs fléaux importants. Ce côté agressif et combatif d'Isis est en relation avec le grand déluge évoqué à la fin du tome 2 (vers 10.000 av. J.-C.), l'époque de la mort d'Enki-Osiris, et le déluge plus récent dont il sera question plus loin dans cette série, en rapport avec les Heriu­Renpet ("5 jours au-dessus de l'année" = 5 jours épagomènes) où, justement, l' image de "Sekhmet" terrorisera le monde et fera passer le calendrier de 360 à 365 jours ... Son fils

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PREMIÈRE ENTRÉE D'HERU 53

qués. Seuls le prestige et les pouvoirs communs qu'elles partagent les unissent véritablement. C'est une alliance obligée, une entente indispensable dont l'objectif unique est de prétendre contrecarrer les manœuvres de nos ennemis. De plus, Nebet-Hut est la tutrice du patrimoine que m'a laissé Asar (Osiris) à Kalam (Sumer), à l'époque où il portait le nom d'Enid. Je ne souhaite pas récupé­rer ces domaines, ils possèdent un goût trop amer. Il paraît que les cultes qui y sont pratiqués sont à l'image de la dévotion qui est en­core manifestée au grand Sa'am (l'assassiné), le fils de l'eau.

Je vais m'introduire prochainement en toi, Uatch (Ugur), et consulter tout ce que tu contiens. Malgré le poids que tu as fait peser sur ma mère, Aset t'a saisi en tant que son sceptre étincelant et t'a prodigué les meilleurs soins. Elle m'a révélé avoir introduit en ton cœur les dernières entrées de Sa'am (l'assassiné), celles qu'il avait placées dans d'autres supports minéraux avant sa chute. Je ne suis pas certain de pouvoir évaluer à sa juste mesure ce que je vais découvrir. Ai-je véritablement la volonté d'apprécier ces documents? Je n'en suis pas convaincu ...

(suite de la note 14) est Nefertum, l'enfant solaire, fils du façonneur Ptah, c'est-à-dire de I'Enki-Osiris primordial (voir note 36 du tome 2). Nefertum est justement assimilé au soleil naissant Horus dans la mythologie égyptienne. Son origine se trouve dans le Delta du Nil. En tant que dieu qui apporte la lumière (Lucifer), il s'oppose à l'aspect ténébreux de Sete~ (Seth-Enlil). En sa qualité de "justicier" et fils qui "engloutit ses ennemis", il possède une apparence guerrière. Nefertum-Horus possède également un aspect "christique" (sic) en tant que "sauveur des âmes pécheresses" et "maître des nourritures". Une tradition le fait pousser en tant que lotus sacré sur le corps d'une déesse-campagne justement assimilée à Isis.

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3

~ARBRE ROYAL ET

LE SECOND MEURTRE D' ASAR

"Le monde des Sephiroth est celui du langage caché et des noms divins, leur rôle est de manifester 1 'activité descendante de Dieu, en remonter le .flux c'est réintégrer la divine origine. Le principe des Sephiroth est né du fait que la lumière divine, ne pouvant être perçue dans sa totalité, se voile et se densifie en dix étapes successives, se cristallise en dix énergies divines, dix aspects de Dieu, dix archétypes ... '~3 >

Vedhas Virya

Isis[ ... } avait déposé le coffre où était Osiris dans un endroit retiré. Mais Typhon, une nuit qu'il chassait durant la pleine lune, le trouva, reconnut son corps, le coupa en quatorze morceaux ... '~4>

Fragments de l'Histoire Universelle de Diodore de Sicile, et d'Isis et Osiris d'après Plutarque

Uatch, ne t'attends pas à de la poésie ou de la rêverie de ma part, je ne suis pas Asar! Je n'auraijamais la patience de consigner mes impressions comme il 1' a fait. La réquisition légitime de mes fonctions royales et de 1 'ensemble de mes domaines en terre

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I..:ARBRE ROYAL ET LE SECOND MEURTRE D' ASAR 55

sainte ne s'est pas amorcée comme l'avait envisagé la majorité des membres de la grande Assemblée15 du Pays de Lumière. D'après ce qu'on m'a rapporté, c'est mon grand-père ltemu-Râ (Atum-Râ) qui semble contrarier le programme. Le grand conseil est composé de membres qui n'appartiennent pas tous à l'histoire de notre terre bienheureuse, Kemet (l'Égypte). L'ordre hiérarchique n'est déterminé par aucun décret précis, mais je le rapporte ici tel que me 1 'a enseigné Dj ehuti (Thot) et tel qu'il apparaît dans 1 'Assemblée :

Le premier de ces membres est celui qui préside le conseil, il s'agit d'ltemu-Râ, qui se prénomme "An" chez les fils des ténèbres. Nous lui avons octroyé le nomd'"Itemu", car il est considéré partout comme le maître de 1 'espace et du temps. 16 Dans le conseil, il lui est accordé le nom de "Khet-Her", 17 "le jugement du lointain". An­ltemu-Râ est le Neter des Neteru (dieu des dieux), la conscience de 1 'Assemblée, la couronne, le père et la volonté suprême de la famille Gina'abul de Ti-ama-te (le système solaire) . Bien qu'il ne soit pas véritablement apprécié en Kemet (Égypte), ltemu-Râ reste le monarque suprême et aucun règlement ne peut être décrété sans sa divine bénédiction. C'est toutefois l 'usage réglementaire qu'il nous arrive fréquemment de transgresser en Kemet.

ltemu-Râ est le grand usurpateur du trône du Pays de Lumière. Après la mort de son fils Asar, il s'est glissé à la tête de 1 'Assemblée en prétendant pouvoir garantir une paix durable entre les deux adversaires consanguins, Kalam (Sumer) et Kemet (l'Égypte), une

15 Il s'agit normalement du Pesedjet ("groupe de neuf'') ou Enneade ("assemblée divine"), composant le parlement divin qui gère les affaires de la terre égyptienne et du monde. Il existe différentes versions de cette assemblée, nous en restituons ici 1 'authentique, la primordiale, d'où découleront les autres, à l'instar de celles vénérées plus tard à Héliopolis ou encore à Abydos. Cette assemblée forme l'arbre de vie de la Kabbale ou l'arbre des Sephiroth de la culture juive. Les 10 Sephiroth ( + 1 cachée) de la Kabbale sont les 10 nombres primordiaux avec lesquels Dieu aurait créé le monde. L'arbre des Sephiroth représenterait en quelque sorte le processus d'émanation et de création de la vie. Chaque Sephirah serait un peu une partie de Dieu, un puissant archétype qui engloberait des attributs divins, des qualités, des défauts, des niveaux de conscience, des perceptions, etc. Dans 1' Assemblée égyptienne, il y aurait 8 ou 9 dieux, alors que dans l'arbre de la Kabbale, se manifestent 10 archétypes ou aspects(+ 1 caché). Nous allons expliquer cet écart et, pour la première fois, démystifier cet arbre. Vous allez constater que tous les termes qui composent cet arbre ne sont pas hébreux, mais égyptiens. Pour plus de précision et de lisibilité, reportez-vous à l'arbre en noir et blanc de ce chapitre, ou celui en couleur qui se trouve au milieu de l'ouvrage. 16 Rappel de la note 22 du tome 1 des Chroniques : IT-EM-U, "force météorologique", qui atteste une fonction créatrice (création de 1 'air, de la Terre et du Ciel). Son nom grécisé donne A tu m. 17 Kether est "la couronne" dans la Kabbale. Elle est en 1" position dans 1 'arbre des Sephiroth.

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56 PREMIÈRE PARTIE : I..:INSTRUCTION DU FAUCON

revendication qu'il n'a jamais pu tenir} 8

Ensuite devrait se positionner Aset, notre mère, mais c'est plutôt une place honorifique et posthume qui est établie en deuxième position, celle de notre fondateur Asar (Osiris). Son siège est vide. Son nom donné dans la divine Assemblée est "Skh 'Mâa ", 19

"grande force". Ses symboles et attributs sont: le côté gauche du visage, le bâton de pouvoir, la force de vie, et 1 'énergie créatrice. Skh'Mâa possédait la force de son créateur. Sa vie durant, mon père, Skh'Mâa, a mis en action la volonté de son père, Khet-Her; c'est aussi pourquoi il est généralement dit qu'il contient l'énergie de tous les autres Neteru (dieux).

Asar n'était qu'un instrument, finalement sacrifié par ses pairs. À Kemet, sa mort fournit de nouveaux mobiles à nos adversaires, et elle ne sert aujourd'hui qu'à contrôler et limiter le pouvoir en place. Depuis son trépas, mon géniteur règne symboliquement sur le grand bas. Certains disent qu'il envoie toujours sa lumière à son double féminin, ma mère Meri-Aset. Ce point de vue diverge selon les deux clergés : celui qui suit encore la parole de mon père, et celui qui écoute les volontés de Itemu-Râ-Khet-Her (An).

En troisième position se place notre mère à tous, Meri-Aset (Isis), ma génitrice. Nous lui devons tout. Elle est celle qui perpétue l'idéologie de mon défunt géniteur et celle qui a clandestinement octroyé davantage de compréhension au genre humain grâce à sa science célèbre de la génétique. Elle est 1 'illustre illuminatrice du double pays, régente et héritière de la royauté de Nut (Nammu), la grande.

Dans 1 'Assemblée, le nom qui lui est attribué est "Bi-Na ",20

"qui réalise le prodige avec le souffle". Ses symboles et attributs sont : le côté droit du visage, la compréhension, la réflexion, la mère divine - à la fois sombre et lumineuse, le trône, la vulve, la

18 Un peu d'histoire : Je clergé héliopolitain lui a plus tard associé Shu ("l'air") et Tefnut ("l'humidité"), images inversées d'Isis et d'Osiris, afin qu'ils forment ensemble une nouvelle triade pour remplacer celle d'Osiris-Isis-Horus. Sous la ne dynastie, les spéculations cléricales ont fait d' Atum-Râ Je dieu unique qui s'était engendré de lui-même, celui que l'on prie et adore (YAWen égyptien), autrement dit Je YHW de la Bible. C'est à cette même époque que Je dieu Râ (Horus l'aîné), garant de la stabilité du pays, fut totalement absorbé par Atum. 19 Chokma ou Hokma est "la sagesse" dans la Kabbale. Chokma est en 2' position dans J'arbre des Sephiroth. Skh 'Mâa est effectivement une épithète importante d'Osiris et veut dire "grande force" en égyptien. 20 Bina est "l'intelligence" dans la Kabbale. Bina est en 3' position dans l'arbre des Sephiroth.

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I:ARBRE ROYAL ET LE SECOND MEURTRE D'ASAR 57

mère des formes, la fertilité, 1' incarnation, la lignée de vie, et la mort. Ma mère symbolise la féminité qui déploie la semence et enfante, elle intellectualise et personnalise le concept et la lumière de mon père défunt.

Aset maîtrise parfaitement la connaissance des opposés. Elle est le réceptacle de 1 'ensemble des lignages génétiques de notre race, ce qui constitue une exception aussi extraordinaire que dérangeante au sein de la famille Gina'abul. Elle est un danger pour nos ennemis: elle possède pour ainsi dire tous les secrets !

Dans l'Assemblée, on devrait ensuite trouver mon siège, juste après celui des mes ascendants. Mais la place qui m'est destinée est pour l'instant inexistante et invisible, c'est pourquoi elle n'est pas comptabilisée. Il est prévu que Her-Râ me concède son siège dans la grande Assemblée lorsque j'aurai définitivement été installé dans mes fonctions, car notre conseil ne peut comporter plus de dix places- à moins que je ne prenne celui de mon père ? Mais rien n'est clair à ce sujet.

Mon siège est "Dat'?' "l'autre monde", comme le nomme ironiquement le clergé d'Itemu-Râ (An). Ayant été engendré par la magie et le souffle de ma mère, et étant regardé par certains comme la réincarnation d' Asar, je suis vu comme provenant du monde de l'invisible. Tous me craignent, car je suis supposé posséder la connaissance de mes parents : l'intelligence de ma mère et la sagesse de mon père. Je suis la flamme incandescente et la voix de l'autre monde, celui de nos ancêtres.

En quatrième position se place le siège de ma tante Serkit (Ninmah). Dans la divine Assemblée, Serkit est dénommée "Seshedj",22 "la couronne". Serkit est la divine accoucheuse des Neteru ténébreux (les Anunna), multiplicatrice d'une partie de la nouvelle humanité et ancienne concubine de mon père Asar. Pendant très longtemps, elle a été la grande reine de Kharsag et des Gina'abul rescapés de la guerre de Mulmul (les Pléiades), ainsi que l'épouse de mon oncle Setes (Seth-En/il) au début de l'établissement de la colonie.

21 Da'ath est "la connaissance (cachée)" dans la Kabbale . Da 'ath devrait être en 4' position dans l'arbre des Sephiroth, mais n 'est pas comptabilisée parce que considérée comme cachée ou invisible. Da'ath est généralement identifiée à Lucifer en ésotérisme, donc à Horus ! En égyptien, la Dat (ou Duat) figure le monde souterrain présent sous le plateau de Gizeh. 22 Chesed ou Hesed est "la miséricorde" dans la Kabbale. Chesed est en 4' position dans l' arbre des Sephiroth.

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58 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

Serkit est la gardienne de la doctrine secrète, elle est le ré­ceptacle de tous les pouvoirs. Ses symboles et attributs sont : le sceptre, le bras gauche, la bienveillance, le pouvoir ancestral, la majesté, l'autorité, l'excès, la naissance et la créativité. Seshedj figure également la cohésion, la synthèse et l'ordre dans la divine Assemblée.

Ses rapports prolongés avec mon oncle Setes et Itemu fait d'elle la prêtresse qui connaît le mieux les ennemis du clan de mes parents. Je pense que son union lointaine avec mon père lui a permis de corriger sa vision du monde et de se ranger aujourd'hui du côté de ma mère. Elle vit désormais dans les montagnes et s'occupe des exclus, des veilleurs Adinu (éclairés), les anciens Urshu (guetteurs) de Râ. Ils scrutent le ciel pour observer le parcours imprévisible et chaotique du Benu (le Phénix- Vénus).

En cinquième position se place le siège de mon oncle Setes (Seth-En/il), le rival du Pays de Lumière et meurtrier du grand Asar. Setes est un sang-mêlé créé grâce au génie génétique de mon père, à partir de ses propres gènes, ceux de Nammu et d'autres anciens gènes Gina'abul de la branche des royaux. Cette disposition le fait passer à la fois comme fils du seigneur de la terre, Asar, et frère de ce dernier étant donné que "le créateur" et sa "créature" possèdent le même matériel génétique maternel : celui de Nut-Nammu. Setes joue avec cette ambiguïté pour accéder au trône de Kemet.

Setes est présent dans l'Assemblée uniquement grâce au bon vouloir d'Itemu (An) qui est manifestement sensible à la flatte­rie de ce vaurien et aux multiples services qu'il a rendus à Ka­lam (Sumer) depuis des millénaires ! Setes a été momentanément expulsé de l'Assemblée en raison de l'offense qu'il a perpétrée contre nous tous.

Son nom dans l'Assemblée est "Gep-Ura'a",23 "le roi de la tempête". Gep-Ura'a-Setes est opposé au processus de cohésion de son ancienne épouse Serkit (Ninmah). Gep-Ura' a est l'incarnation de la guerre et du chaos. Ses symboles et attributs dans l'Assemblée sont : la force, le pouvoir, la domination, la

23 Gebura est la "puissance" et la "sévérité" dans la Kabbale. Gebura est en 5' position dans l'arbre des Sephiroth. Ajoutons que, dans la Kabbale, Gebura incarne le principe du mal et est associée à Satan, comme l'est Enlil en qualité de Sàtam (administrateur territorial) . Gebura figure aussi la cruauté, l'oppression et la force émotionnelle ...

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CARBRE ROYAL ET LE SECOND MEURTRE D'ASAR 59

lance et le fouet. Gep-Ura'a est l'instrument de la justice divine associée au Neter ltemu-Râ (An).

Au sixième rang se situe le fils de Nut (Nammu), Her (Horus l'ainé), dit l'ancien. Il est associé à Râ (la lumière). Her-Râ est garant de la sécurité de notre sainte Kemet et des vestiges du royaume de mon géniteur, la bienheureuse A'amenptah (Atlantide) dont il ne reste à ce jour qu'une infime portion. Il est le bras armé du Nord de notre pays, territoire de notre demeure royale. Sa présence dans le Nord est symbolique, il est simplement notre protecteur moral. La défense de notre demeure royale du Gigal est plutôt assurée par les anciens Shemsu et Urshu d' Asar. Râ possède plusieurs garnisons importantes de Shemsu dans le Sud de Kemet, à Bun' d (Pu nt) et aussi à E-Dilmun, la nouvelle terre des éclairés, fief de la rébellion contre les Anunnaki.

Le nom donné à Her-Râ dans 1 'Assemblée est "Tih 'Reth ", 24 "la flamme de 1 'humanité". Tih'Reth est le point central autour duquel la totalité de 1 'assemblées' organise. Ses éléments et attributs sont : le soleil, le feu, le roi, le fils, le cœur et 1 'équilibre. En tant que Grand Monarque, Râ-Tih 'Re th doit me consacrer au sommet de la Mer (pyramide) d' Aset, la montagne artificielle qui m'a mis au monde.

Ensuite se place le siège de ma tante et deuxième mère, Nebet­Hut (Nephtys-Ninanna), celle qui mélange les contraires. Elle est célébrée et redoutée par Itemu-Râ, ce qui lui vaut de disposer de domaines importants à Kalam, le pays rival. Le contraste est frappant entre son aspect guerrier et celui de 1 'amour qu'elle semble vouloir incarner. Elle est à mi-chemin entre 1 ' état de mère de l'humanité et celui de sainte joyeuse, mais emplie d'animalité. Tout le monde me dit de me méfier d'elle !

Son nom dans notre Assemblée est "Nedja",25 "vaincre". Elle

24 Tiphereth est la "beauté" dans la Kabbale. Tiphereth est en 6< position dans l' arbre des Sephiroth. Les kabbalistes désignent aussi Tiphereth sous le terme de Seror Ha-haïrn, "faisceau de vie". L'archange qui lui est associé est généralement Mikaël. La Kabbale associe également à Tiphereth la fierté, le moi qui surveille tout, le Grand Monarque, le Grand Œuvre et la pyramide tronquée. 25 Netza est la "victoire" dans la Kabbale. Netza est en 7< position dans l'arbre des Sephiroth. Elle incarne la sphère des émotions et de l'intelligence occulte en continuelle recherche de sensations et de magie. Ses symboles et attributs kabbalistiques sont : les reins, les hanches, les jambes, une femme nue, la planète Vénus, la rose, la passion, la luxure, le désir, la beauté sensuelle et l' amour; mais aussi, la dépression, la haine, la joie, la rage, l 'excitation: les élans débordants. Tous ces attributs définissent assez bien Nephtys-Inanna.

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60 PREMIÈRE PARTIE : I.!INSTRUCTION DU FAUCON

fait partie des trois pleureuses et magiciennes qui ont secondé ma mère lors de ma mise au monde. Les symboles et attributs de Nedja renferment la puissance et la fermeté, ce qui la connecte à la victoire qu'elle semble vouloir continuellement atteindre. Ma tante est une prêtresse pleine de contrastes, elle est réputée être victime d'humeurs changeantes. Nebet-Hut-Nedja est orgueilleuse, égocentrique, autoritaire et susceptible: personne ne peut prétendre s'opposer à elle ! Elle restera toujours la petite fille de mon oncle Setes, celle qui a épousé son régime par le passé, et qui a combattu pour lui.

En huitième position dans notre Assemblée, se situe le siège de Djehuti (Thot), notre scientifique qui conjugue à merveille sagesse et érudition dans la multiplicité des savoirs. Djehuti est le scientifique du clan de mes parents. Il est le grand calculateur du temps, le seul à pouvoir expliquer la mécanique du ciel et à prévoir les grands événements célestes. Il est le divin conseiller de ma bienheureuse mère. Nous lui devons beaucoup. Sans le soutien qu'il a apporté à mes parents, Kemet (Égypte) serait sans doute une terre annexée à Kalam (Sumer).

"Hut",26 "le premier, le meilleur", est son nom dans notre As­semblée. Les symboles et attributs de Djehuti sont : les sciences, particulièrement les mathématiques et la médecine. Il soigne les maux créés par mon oncle Setes. Les noms, le langage, la concep­tualisation et la communication sont les attributs de Djehuti en sa qualité de concepteur et gardien de la parole sacrée d' Asar. La réverbération, la splendeur et la vision de la splendeur sont des propriétés qui se rapportent à Hut-Djehuti puisqu'il est au ser­vice du Pays de Lumière. Djehuti est honnête et intègre, il est le fier défenseur de la mémoire de mon père. Les lois, les droits et la magie rituelle le personnifient très bien. Son nom véritable en Emenita (langue mâle), ZE-HU-TI, "le souffle (ou l'esprit) de l'oiseau de vie", fait de lui l'ingénieur et contremaître du plan de ma mère qui était de m'apporter la vie au cœur de la montagne sacrée. Son génie en fait le premier des suivants de la lumière et du principe féminin. Gloire à lui, il est le premier, le meilleur !

26 Hod est la "gloire" dans la Kabbale. Hod est en se position dans l'arbre des Sephiroth. S'ajoute à la liste kabbalistique des attributs de Hod, le tablier. Ce tablier illustre bien chez Djehuti-Thot l'emblème du travail et du salut. Il est celui des médecins. En Franc­maçonnerie, le tablier est signe d'humilité et d ' appartenance à l'Ordre. Celui qui porte le tablier est au service de la Lumière et du Grand Architecte.

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rARBRE ROYAL ET LE SECOND MEURTRE D' ASAR 61

À la neuvième place se situe le siège de ma troisième tante, celui de Neret (Neith-Dim 'mege). Neret est regardée comme asociale, elle vit recluse dans les abysses du monde, ne se montrant pratiquement jamais et vivant dans 1' ombre, et désormais dans le souvenir de sa mère Nut-Nammu -la très vénérable. Neret existait bien avant les cultes patriarcaux d'Itemu-Râ et de son champion, Setes. Son extrême ancienneté et autonomie fait qu'elle est considérée à Kemet comme étant la Mère du Monde, vierge et guerrière. Neret est la gardienne du moule des formes. Elle est le fondement de toute chose qui s'incarne. En tant que Dim'mege, elle est effectivement la dépositaire des matrices artificielles Siensisâr et Uzumua dont s'est servi mon père afin de créer de nouveaux domestiques pour le régime de Kalam et de Kharsag.

Son nom dans l'Assemblée est "Ysut",27 "les anciens codes". Neret-Y sut symbolise les fondations du monde créé sur lesquelles repose l'ensemble des Neteru (dieux). Neret vit dans les abysses du monde, les fondations de la Terre, c'est-à-dire l' Abzu souterrain de mon géniteur, d'où proviennent les eaux du monde assimilées à celles de l'luter-A' a (le Nil) chez nous. Elle est, à ce titre, la souveraine des illusions, celle du palais des images et des portes secrètes. Par sa mère Nut-Nammu, Neret connaît parfaitement les mécanismes de 1 'univers.

Finalement, en dernière position de notre Assemblée se place, à titre posthume, ma grand-mère Nut (Nammu) qui a disparu lors de l'explosion de la colline primordiale des bienheureux Kadistu (planificateurs) . Les deux trépassés, la mère et le fils, disposent de sièges divins dans notre assemblée, de la même façon que Nut et Asar règnent respectivement et symboliquement dans les Duat Céleste et Terrestre. Il semblerait qu'une prêtresse de Nut incarne sa divine présence dans notre Assemblée. Nut-Nammu est la plus grande de toutes les planificatrices du monde Gina' abul. Son rôle sur Uras (la Terre), au sein des planificateurs, l'a dotée des notions de responsabilité, de compassion et de grandeur d'âme. Elle incarne l'abnégation de soi au service des autres et de la vie.

27 Yesod est le "fondement" dans la Kabbale. Yesod est en 9' position dans 1 'arbre des Sephiroth. Ses symboles et attributs dans la Kabbale sont : la lune, les organes génitaux et le sexe. La forme babylonienne de Yesod (Neret-Dim 'mege) est Li/itu (Lilith), démone regardée comme une sorcière de la luxure. L'exégèse juive en fait l'épouse lunaire du premier Adam, avec qui elle engendra les démons de la Terre. Yesod renferme tous les mystères, c'est pourquoi lui sont aussi attribués l'instinct, la perception, la divination et l'inconscient.

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62 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

Avant sa mort et son lien avec les cieux, Nut était la déesse abyssale par excellence.28 Son nom au cœur de notre Assemblée est "Mar-Khut",29 "l'arbre du pouvoir". Nut est le royaume des formes. Son rôle de planificatrice lui a alloué les images de notre univers, la planète Uras et toutes les formes animées qu'elle incarne désormais. Nut-Mar-Khut est la divinité des origines du monde, ses racines, elle est la présence de la Source de toute chose dans la création. Elle est donc sans conteste l'aspect féminin de la Source. Elle est la mère suprême et la présence de l' en bas et de l'en haut. Ma grand-mère est la Vierge de notre Monde !3°

Voilà tout ce que je peux formuler concernant cette Assemblée, n'ayant à ce jour participé à aucune de ses sessions. Concernant le nouvel outrage que mon oncle Setes (Seth-Enlil) nous a fait subir et qui le contraint à ne plus participer à 1 'Assemblée, voici les faits :

Il y a deux années de cela, Setes s'est introduit en pleine nuit sur nos domaines malgré notre vigilance. Il possède certainement des complices en terre sainte. Peut-être les mêmes qui l'avaient aidé à s'introduire dans Ta-Ur (Abydos), le domaine de mon père, et à massacrer notre fondateur et ses suivants. Sans doute a-t-il pu observer, sous la lumière de la lune et des étoiles impérissables, la divine montagne dont les Anunnaki osent à peine évoquer le nom

28 D'où son nom sumérien d' Engur. Rappel : le terme Engurétait à la fois utilisé pour nommer les eaux souterraines en tant qu'abysses de l' Abzu, et désigner la déesse primordiale Mamftu­Nammu comme représentation symbolique de la source unique des eaux primordiales. C'est en hommage à sa mère que les temples aquatiques d'Enki-Osiris se nommaient ainsi. 29 Malkuth est le "royaume" et la "royauté" dans la Kabbale. Malkuth est en 10' position dans l'arbre des Sephiroth. Son rapport avec la terre et les eaux est confirmé puisqu'elle incarne la déesse de l'arbre sycomore qui rafraîchit les morts en Égypte. Mal-Khut, "l'arbre du pouvoir", est donc pleinement approprié. C'est le clergé héliopolitain avec son nouveau système cosmologique qui a retiré à Nut sa fonction terrestre, en lui imaginant un partenaire masculin du nom de Geb (la Terre). Ce Geb n'est autre qu' Enki (le seigneur de la terre) avant qu'il ne devienne Osiris. Geb n' est donc pas le père d'Osiris, comme l'indiquent plusieurs versions de la mythologie égyptienne, mais l' individu qu ' il était avant de devenir Osiris! 30 Nous pouvons ajouter que Nut est aussi la fiancée et la promise. Sous sa forme de Malkuth dans la Kabbale, son hypothétique réconciliation avec Kether (Itemu-Râ 1 An) ne sera possible que lorsque tous les humains auront réintégré leur propre lumière. Dans cette perspective, toute action altruiste initiée par un être humain est un acte d'amour envers l'humanité qui ne fait que rapprocher les deux opposés. Dans le monde souterrain égyptien, Nut est la Duat sur laquelle les barques des morts naviguent pour être régénérées et renaître le lendemain, ce qui explique pourquoi, dans la Kabbale, Malkuth est regardée comme la porte qui éjecte l'âme vers le Paradis (sous sa forme de séjour des bienheureux où vivent les âmes justes). La mort et l'incarnation sont aussi des thèmes préposés à Nut-Malkuth, en qualité de Déesse-Mère qui figure les entrailles de la Terre d'où s'opèrent les métamorphoses des défunts prêts à se réincarner et de Duat céleste, à travers laquelle renaît chaque jour le roi-soleil.

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64 PREMIÈRE PARTIE: !:INSTRUCTION DU FAUCON

qu'ils lui connaissent: la Merakhti (pyramide de l'horizon},31 celle où j'ai été enfanté.

Setes et quelques associés se sont faufilés dans les conduits qui mènent vers la sainte sépulture où reposait Asar-Sa'am (Osiris­l'assassiné). Cette chambre funéraire aquatique se situe à quelque profondeur sous le Sèsep Anki (''le Sphinx''). Elle est irriguée par la nappe phréatique, laquelle est alimentée par 1 'un des affluents de l'Urenes (le Nil souterrain). Ils ont assommé et ligoté le gardien Hapy (Sigpabnun-Isimmud), fidèle bras droit de mon père, et ils ont brutalement mis la bienheureuse dépouille du saint fondateur en morceaux. Le lendemain matin, lorsque nos gardes ont découvert le crime, un mélange pestilentiel d'urine et d'excréments recouvrait les restes momifiés et le sarcophage. Du haut de mes 14 ans, je dois dire que j'ai été ferme avec Hapy ! Je lui ai assené un coup de pied au postérieur dont il se souvient encore. Depuis, l'ancien bras droit du fondateur baisse les yeux, il m'évite et rase les murs lorsqu'il se déplace. Je sais pourtant qu'il porte sur ma personne un regard bienveillant et qu'il m'est dévoué.

8-9. Possibilité que la tombe aquatique d'Osiris soit celle découverte sous le Sphinx par l'archéologue Selim Hassan en 1933. Il avait indiqué dans un des volumes de sa série Excavation of Giza, que l'eau y était étrangement claire. Hassan avait inutile­ment essayé de pomper l'élément liquide pendant près de quatre ans. Les tombes du second étage n'étaient pas présentes à l'époque des faits.

Ma génitrice et moi sommes descendus dans le sanctuaire 31 Le tenne égyptien Merakhti ("pyramide de l'horizon") peut se décomposer en sumérien en MÉR-AK-Tl ("le Serpent lové sur lui-même et qui façonne la vie").

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I.:ARBRE ROYAL ET LE SECOND MEURTRE D'ASAR 65

aquatique du fils de l'eau. Des cristaux de Septj (Sirius) inondent de leur clarté verdâtre la source limpide issue de l'Urenes (le Nil souterrain) ceinturant la divine chambre. Nous avons récupéré dans la peine les restes du corps fragmenté. J'ai vu pour la première fois notre Sainte Mère sangloter véritablement. De mon côté, j'ai eu beaucoup de difficulté à toucher les morceaux d' Asar pour une raison que je ne m'explique pas. Mes mains et mes bras ont été pris de tremblements violents qui ont secoué tout mon corps. Ma mère soutient que c'est parce que j'aurais été Asar, le Sa'am-'Nki ("l'assassiné véritable'').32

J'ai quelque difficulté avec cette conception : mon géniteur posthume était un grand généticien, ce que je ne suis pas, pas plus que je ne dispose des aptitudes planificatrices qui étaient les siennes. J'évite d'évoquer mes impressions devant ma bienveillante mère ; un regard figé orne systématiquement son visage délicat lorsque j'émets mes doutes quant à mes rapports avec Asar. La grande souveraine m'affirme pourtant d'un ton impérieux qu'il n'y a pas là d'incompatibilité, et qu'elle-même était différente avant d'être ramenée à la vie par mon géniteur, à travers un procédé rappelant celui par lequel j'ai été mis au monde. Je me garde d'attrister encore plus notre reine, elle souffre intérieurement et je l'aime de tout mon être. Je suis son dévoué serviteur et suis également au service de notre terre sainte pour 1 'éternité.

Les membres d' Asar ayant été nettoyés et rassemblés par les soins appliqués d' Aset (Isis), ils ont ensuite été convoyés vers le sud du Pays de Lumière, à Ta-Ur (Abydos). Notre souveraine souhaitait que le corps du maître de l'eau repose dans son ancien sanctuaire, l'Enkhu'ur ("Osireion''). Les Urshu de mon père l'avaient dénommé ainsi en hommage à leur souverain, qui l'avait édifié en tant qu'image miniature de la mer primordiale et intérieure d'Uras (la Terre), celle qui se trouve dans 1 'Abzu (le monde souterrain).

C'est dans le domaine de Ta-Ur que mon géniteur a vécu plusieurs années avec sa garde rapprochée, mais c'est aussi en ce lieu qu'il a été retrouvé assassiné. Le grand Asar fit l'objet d'un macabre rituel. Il fut trouvé en dehors du temple aquatique souterrain, sacrifié et la poitrine ouverte, ligoté sur l'un des arbres sacrés qui se trouvaient sur la sainte colline. C'est pourquoi nous nommons aussi ce lieu 32 Rappel : 'Nki, litt. "pour le véritable" ou "celui d'un autre temps", que l'on retrouve dans le nom sumérien Enki, "seigneur de la Terre".

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66 PREMIÈRE PARTIE : I.:INSTRUCTION DU FAUCON

Nedjit (''où le père divin fut attaché''). Mais depuis sa mort, le domaine de Ta-Ur est devenu

progressivement un lieu où le peuple peut circuler librement, sans doute dans 1 'attente illusoire de pouvoir se retrouver en la divine présence de notre fondateur. Les foules affluent pour partir à la rencontre de la demeure d' Asar et restent des jours autour des fortifications du domaine royal.

De rares privilégiés sont mis en présence d'une image animée d' Asar, un automate. Le peuple ne sait pas que notre fondateur n'est plus et qu'il a été assassiné. Les rares qui l'ont su n'ont pas survécu au déluge causé par le passage du Benu Céleste (le Phénix). Les prêtres de Ta-Ur ont refusé la dépouille de mon père, en prétextant qu'elle ne serait pas en sécurité ici. Face à ce mensonge et à l'organisation qu'impose un tel simulacre, le véritable corps de Sa'am-'Nki a donc quitté Ta-Ur (Abydos) sur la demande de notre Sainte-Mère, et a été secrètement renvoyé dans les souterrains de Nashareth où il repose de nouveau. Cette situation imposée à ma mère l'a terriblement affectée. Aset ne dispose pas de l'autorité absolue à Ta-Ur.

Les prêtres Abar33 régentent le saint domaine de mon père. Ha­bituellement, ce sont des prêtresses qui sont sous les ordres de ma génitrice qui administrent les différents emplacements de culte du Pays de Lumière. Mais ces lieux sont dédiés à l'énergie féminine et non à Asar (Osiris). Le Per-Urshu (demeure des guetteurs) et l'Enkhu'ur ("Osireion'') de Ta-Ur sont les seuls de ce type à Kemet. Mon grand-père ltemu (An) a ordonné que ce soient les prêtres du peuple Abar qui administrent ce saint lieu.

Les Abar sont originaires de De8er (la planète Mars). Leur création est mystérieuse. C'est ici, sur cette planète, qu'ils ont été produits en tant que possesseurs d'une identité collective à part. Au fil du temps se sont succédées plusieurs séries d'exils vers Uras (la Terre), mais la grande majorité des Abar dérive de l'énorme vague d'émigrants descendue sur Uras pour échapper au passage dévastateur du Benu Céleste, avec ses masses gazeuses déchaînées et ses vents toxiques. La planète De8er n'a pas eu la même chance qu'Uras. Plus rien ne vit aujourd'hui sur son sol. Parmi les Abar, nombreux furent ceux qui ne voulurent pas quitter la planète et

33 A-BAR, litt. "force étrangère" en sumérien. Son homophone AB-AR, "glorifier le père", confirme le rôle des A. bar en qualité de main-d 'œuvre au service d'An et de ses associés.

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I..:ARBRE ROYAL ET LE SECOND MEURTRE D'ASAR 67

moururent ainsi asphyxiés et brûlés. Les Abar sont totalement similaires au type humain d'Uras (la

Terre). Ils se distinguent essentiellement de par leur dévouement pour Itemu (An). Déjà, lorsqu'ils se trouvaient sur Deser (Mars) et ensuite en A'amenptah (l'Atlantide), les Abar ont respectivement géré les vivres et les cultes des ténébreux Anunnaki et de l'ensemble des colonies Gina'abul d'Uras (la Terre). Le peuple Abar est sous la divine protection du grand monarque Itemu-Râ (An) qui n'est autre que son créateur. Les Âbar vouent une continuelle Yaw (adoration) à leur illustre "bienfaiteur". Ils jouissent de fonctions clés dans la majorité des domaines Gina'abul d'Uras (la Terre). Ils connaissent tous nos mystères et l'histoire des Neteru (dieux). Ils sont les serviteurs d'Itemu-Râ. Quelques-uns d'entre eux furent les domestiques du grand Sàtam des terres de l'Est.

Depuis leur création à la chaîne dans les abîmes que constituaient les ténébreux sous-sols de De5er (Mars), les Abar ont été préparés pour assurer le culte des Neteru (dieux). Ceux qui vivent avec nous en Kemet ont originellement été instruits par Djehuti (Thot). Ils se sont tous exilés du fait de la catastrophe de Deser (Mars) ; aucun d'entre eux ne provient ainsi de Kalam (Sumer). Ils n'ont donc aucune relation directe avec les domaines de nos ennemis et les Anunnaki d'Uras. Ils n'ont d'ordre à recevoir que de notre Sainte Mère et de Djehuti. Il arrive parfois à certains d'entre eux de dénaturer les commandements royaux. Les Abar se prétendent dépositaires de la parole d'Itemu et se prévalent de ce motif pour modifier quelques-uns de nos préceptes. Notre Meri (bien-aimée) Aset est ulcérée, mais elle ne peut rien faire sans prendre le risque de se mettre Itemu à dos. Aset semble posséder un lien inexplicable avec les Abar. Beaucoup parmi ces derniers restent fidèles à la parole de mon père, mais ce soutien s'effrite dans le Sud du pays du fait de mon oncle, habile dans l'art de séduire et de duper.

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4

LE SOUFFLE DU BENBEN

"Le sou.ffle d 'une météorite, de celles que les dieux craignent, /sis s'est éveillée enceinte par la semence de son frère Osi­ris f"<5l

Textes des Sarcophages, extrait de la formule 148, par Robert H. O'Connell

Il y a peu, je me suis rendu à Ta-Ur avec l'accord de Meri (la bien-aimée), et j'ai pu observer de loin un des rassemblements qui se produisent autour du domaine de mon père. Les foules se tassent le long des hautes fortifications de la propriété d' Asar dans 1 'espoir de franchir les différentes portes verrouillées et seuils obscurs qui mènent au cœur du temple aquatique. Tous veulent rencontrer mon père cloîtré sous sa colline plantée d'arbres ISed. L'opinion générale prétend que pour les privilégiés qui passeront les portes actuellement closes, la seule vue du saint fondateur et l'immersion du pénitent selon le rituel du bain du temple aquatique apporteraient la vie éternelle et transformeraient le mortel en un Neter (dieu) ...

J'ai contemplé ce spectacle près d 'une demi-journée. Ils étaient nombreux ce matin, malgré l'averse qui ne cessait de s'abattre du haut du ciel. Viennent-ils ici pour échapper à une existence médiocre ou bien pour se raccrocher à un espoir ? Connaissent-ils leur funeste origine ? Les papillons en devenir sont toujours attirés par la lumière. Cette ferveur aveugle pénétra tout mon être. Père, ton domaine est livré aux adorateurs. Les remparts de tes temples sont encerclés de bras levés, de plaintes et de regards suppliants.

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LE SOUFFLE DU BENBEN 69

Qu'as-tu fait, mon père? Avais-tu conscience de ton charisme? Ton prestige a causé ta ruine- gigantesque paradoxe dont tu n 'avais pas prévu les conséquences. Je suis ici, subjugué par tes fautes, pour réparer tes erreurs. Ton sang a beau couler dans mes veines, je ne saisis pas tous tes desseins ; et je ne connais même pas ton visage !

Un puissant vacarme, dont les montagnes ont renvoyé l'écho, m'a tiré de ma somnolence. C'était un Gigirlah (roue étincelante), un vaisseau Anunnaki. S'étant immobilisé au sortir de son vol supersonique, il stationnait au-dessus de la foule. J'ai donc laissé cette insondable énigme et me suis précipité vers Geghu (''le cri du divin faucon qui frappe''), le vaisseau noir que les Urmah avaient légué à mon géniteur. Il m'attendait sous une pluie battante. Son champ de force créait un rayonnement protecteur autour de sa silhouette et il se trouvait enveloppé d'un arc-en-ciel. D 'un geste, j'ai fait que son habitacle s'ouvre et je me suis introduit à l'intérieur.

Geghu s'est arraché de Ta-Ur dans un éclaboussement de boue, celle-ci retombant sur la foule en liesse. En m'apercevant, le Gigirlah Anunnaki a filé vers Iuter-A'a (le Nil). Depuis plus d'une de nos années, le peuple du Pays de Lumière a pris 1 'habitude de voir le "faucon marteleur" dans le ciel. Lorsqu'il l'aperçoit, il se sait en sécurité.

J'ai poursuivi le vaisseau ennemi en direction du Sud, vers l'embouchure du fleuve. J'aurai pu tirer plus tôt et en finir rapidement, mais j'ai pris mon temps pour me divertir. C'est mon défaut, je ne connais pas mes limites ! Deux autres Gigirlah

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70 PREMIÈRE PARTIE :!:INSTRUCTION DU FAUCON

ennemis m'attendaient et ont ouvert le feu. Les vils profanateurs de sanctuaires m'avaient tendu un piège. J'ai basculé Geghu et ai brusquement pris de l'altitude en direction des nuées. Ayant dépassé la couche atmosphérique, j'ai vu s'ouvrir devant moi les profondeurs insondables du vide de 1 'espace. J'ai ralenti les propulseurs, et Geghu a alors amorcé une terrifiante descente à travers les formations nuageuses. J'avais peu de temps devant moi, mon radar avait détecté les cibles. J'ai envoyé trois salves de têtes chercheuses vers les objectifs. Une fois la couche nuageuse franchie, j'ai observé deux des trois Gigirlah exploser en vol. Le dernier était encore à mes trousses. J'ai ainsi brusquement décéléré, ce qui a obligé mon poursuivant à faire de même, puis ensuite augmenté l'allure de Geghu jusqu'à atteindre une vitesse supersonique, peu avant que la troisième tête chercheuse n'atteigne sa cible ... Les Anunnaki ne savent pas encore que les armes de Geghu ne ratent jamais leur objectif.

10. Geghu, le vaisseau d'Horus. Nous avons vu dans le tome précédent que ce vaisseau portait originellement le nom sumérien de Gighu, c.-à-d. "oiseau noir". La traduction de ce terme en égyptien donne "Geg-Hu", "le cri du divin faucon qui frappe", ou "le cri du divin faucon qui détruit le métal".

Je me trouvais assez loin, au sud du Pays de Lumière, à Sti (Nubie), au cœur des anciens territoires de mon père, aujourd'hui partiellement occupés par nos ennemis du fait de ses mines de Nebu (or) . Des abris non répertoriés se trouvaient sous mes pieds. J'ai allongé la focale pour obtenir une image élargie de la zone suspecte. Sur mon écran de contrôle apparaissaient des troupes Anunnaki en mouvement. Peut-être y avait-il des gisements aurifères encore inconnus ... Où étaient Her-Râ (Horus l 'aîné) et ses soldats? Je n'en

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LE SOUFFLE DU BENBEN 71

savais rien. L'horizon était vide, aucun signe de nos troupes dans le ciel ni sur notre fréquence radio. Je n'allais pas laisser les fidèles de mon oncle se rendre maître d'autres territoires et richesses nous appartenant. J'ai sans hésiter lâché un de mes missiles sur le camp. En un éclair, le projectile a explosé parmi nos ennemis, ne laissant dans le sol qu'un trou béant et obscur.

Reprenant comme une flèche la direction du Nord, je n'ai rencontré aucun obstacle sur mon chemin. À mon arrivée dans le hangar de la montagne, j'ai eu affaire à l'ouvrier qui se charge de l'entretien de Geghu. Je ne connais pas son nom. Comme toujours, il n'était pas satisfait:

-Qu'as-tu encore fait, fils de Meri? Les missiles de ton appareil ne se produisent pas à la chaîne.

-Oui, je sais, je sais ... - Je te l'ai déjà dit, il m'a fallu un temps considérable pour

comprendre les matériaux utilisés et les reproduire. Cette technologie n'est pas la nôtre.

-Ouais ... -Tu me fatigues, Heru ... -Toi aussi. J'ai quitté la salle et me suis faufilé à travers les couloirs obscurs.

J'ai rejoint Nashareth où ma mère rn 'attendait de pied ferme, comme à son habitude. Chacune de mes sorties l'agite intérieurement. J'ai croisé deux des amphibiens Abgal qui escortent parfois ma mère. Ces derniers étaient de fidèles compagnons de mon géniteur. Ils m'ont salué amicalement : "Notre souveraine est depuis plusieurs jours d'une humeur mordante. Toi seul es en mesure de l'apaiser, monfrère", m'a lancé l'un d'entre eux.

Meri était délicatement étendue sur sa couche royale, les pieds placés sur un petit tabouret en bois. Aset a fait mine de ne pas me remarquer et a pris un air pincé. A'akhu-Hai, l'un des marchands de Nashareth, lui faisait face, agenouillé. Ses mains engluées d'un liquide jaune vagabondaient sur l'un des mollets de notre souveraine. Mon sang n'a fait qu'un tour ! Sans raisonner, j'ai attrapé le marchand par le col et l'ai énergiquement propulsé d'un mouvement de bras. L'infortuné a atterri sur la table jonchée de fleur qui a finalement basculé en retombant sur lui. "A 'akhu-Hai (''bon époux''), n'as-tu rien d'autre à faire ? Va retrouver ta femme !", lui ai-je ordonné d'un ton sec. Le marchand a fait de son mieux pour

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72 PREMIÈRE PARTIE: I:INSTRUCTION DU FAUCON

récupérer ses affaires à quatre pattes et en silence. La plupart de ses pots étaient cassés et les débris jonchaient le sol dallé. A'akhu­Hai est sorti en rampant et en s'excusant. Le regard de ma mère affrontait le mien en silence au beau milieu d'un nuage d'encens : "En voilà toute une histoire pour des pots de miel!" rn 'a-t-elle lancé d'une voix forte .

Aset s'était levée d'un coup, quittant le confort de son amoncellement de coussins. Aset se laisse pousser les cheveux depuis quelques années. Ils sont d'une couleur safran et sa chevelure est composée de longues nattes habilement tressées, nouées de rubans verts et dorés. Les Abgal de sang noble sont généralement dépourvus de toute pilosité, et celle qu'a développée ma mère est une véritable énigme pour nous tous. Nous n'en sommes plus à ce détail- Meri-Aset combine divers mystères. Toujours est-il qu'elle me ressemble encore plus aujourd'hui. Sa volumineuse robe plissée recouvrait l'une de ses jambes, l'autre étant restée à l'air libre, dégoulinante de miel.

-Le miel est plein de vertus pour ma peau. Je l'utilise pour mes bains et mes cheveux. A'akhu-Hai est notre meilleur producteur. Il venait me présenter une nouvelle variété, qu'y a-t-il de mal à cela, Hern?

-Je ne supporte pas qu'on te touche ! Je ne tolère pas que les mortels profitent de ta prévenance et de ta douceur. Je suis ici pour te protéger, te préserver ...

- Me préserver ? Aset s'est mise à rire nerveusement en se pre­nant le ventre. Eh bien, où étais-tu, beau prince ? Où était donc mon défenseur, ces cinq derniers jours ? La contemplation du domaine d' Asar (Osiris) a-t-elle subjugué à ce point ta royale personne?

-Je me suis "perdu" en route. J'en ai profité pour protéger nos frontières du Sud.

- Ton cousin Her-Râ (Horus l'aîné) s'en charge déjà. Tu me déçois. Si tu l'avais souhaité, je t'aurais volontiers révélé tous les secrets que tu souhaites, mais tu préfères courir vers d'inutiles aventures et quitter les tiens. Sache que je m'apprêtais à envoyer plusieurs de nos soldats ...

Une fois encore, la réaction de notre reine ne rn' avait pas étonné. Elle est terriblement anxieuse lorsque je ne suis pas à ses côtés. Sans doute appréhende-t-elle que nous ne soyons séparés par la mort. C'est sûrement une conséquence de sa séparation d'avec mon

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LE SOUFFLE DU BENBEN 73

défunt père. Je vis avec ce sentiment depuis ma plus tendre enfance. Le regard d' Aset est comme un cristal ME grand ouvert: lorsqu'elle m'a entendu pénétrer dans la salle, elle a certainement ordonné au marchand de lui appliquer le miel sur sa jambe pour me rendre jaloux - une façon astucieuse de répondre à mon absence prolongée. Ses méthodes, souvent audacieuses, me troublent fortement car elles me prouvent qu'elle est profondément attachée à ma personne. J'ai la même sensation en ce qui la concerne. Quelque chose qui ne se décrit pas avec de simples mots. Un phénomène qui ne s'explique pas et qui est là, à 1 'intérieur de moi, sans que je puisse pour autant le traduire. C'est là une sensation exacerbée - déchaînée, dirais-je même. Je voyais bien dans son regard qu'elle était en colère et que son cœur était agité. J'ai secoué la tête tout en m'approchant de la couche royale et elle a pu voir que j'avais compris sa réaction. Elle s'est rassise sur le lit.

-J'étais soucieuse ... C'est tout, m'a-t-elle soufflé doucement. Ses yeux luisaient des flammes d'une angoisse trop longtemps retenue.

-Ne le sois pas, ma reine. Tu m'as manqué ... terriblement. -Alors, viens me gratifier d'un baiser. Le miel est bon pour la

santé. Je ne désespère pas un jour de te préparer un mélange pour ta toilette.

Meri avait fixé du regard le petit tabouret. Elle souhaitait que je l'embrasse comme le faisaient nos ancêtres. Elle a avancé sa jambe droite et m'a tendu son pied collant. Des motifs de fleurs dessinés avec du henné jaune s'étalaient sur le dessus et la plante de celui-ci. Les cosméticiennes avaient encore dû passer des heures sur le corps de notre souveraine.

-N'est-ce pas à ton goût, Râ'af? As et me nomme ainsi lorsqu'elle cherche à me calmer ou à

me flatter. Râ'af symbolise à la fois le soleil de terre, celui qui parcourt en silence le monde souterrain avant de se matérialiser en lumière naissante. Il est aussi le soleil de chair, la lumière incarnée dans un corps, c'est pourquoi Meri me dénomme aussi de cette façon. Lorsque j'étais enfant et parfois en pleurs, elle me berçait tendrement en fredonnant ce surnom . . .

-Oui, ça l'est. Tu es la plus belle des Netrit (déesses), la plus grande de toutes.

-Eh bien, Meruti (adoré), embrasse-moi et prends-moi dans tes

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74 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

bras, mon divin faucon. D'un regard ferme, Meria fait signe à ses suivantes de nettoyer

les dégâts et de quitter rapidement les lieux. Les suivantes se sont exécutées dans un cliquetis de bijoux et d'anneaux de cheville. J'ai embrassé le pied délicat de notre reine. Je me suis approché d'elle. Tout son corps était environné d'un voluptueux parfum de jasmin, mélangé à une essence de nénuphar. Ses yeux ombrés de vert et soulignés de noir se sont noyés dans les miens. L'étoffe de sa robe s'est tendue et a moulé les contours de son corps. Meri s'est renversée sur les coussins et rn' a serré fort contre son buste tout en me prodiguant d'interminables caresses sur le visage et sur le dos : "Ne me fais plus jamais une chose pareille où je t'envoie sur Deser (Mars) pour le restant de tes jours !", m'a-t-elle alors soufflé au creux de l'oreille.34

À cet instant, ma tante et seconde mère Nebet-Hut (Nephtys­lnanna), s'est introduite dans la salle sans y avoir été conviée, interrompant brutalement l'un de mes rares moments d'intimité avec notre reine, ce qui a eu pour effet de fâcher cette dernière au plus haut point.

-Paix et force à vous deux, a lancé Nebet-Hut. Elle portait un sarrau royal qui moulait sa taille et galbait ses

hanches, ainsi que ses longues cuisses. Meri avait repéré que j'avais aperçu, tout comme elle, que la toilette de ma tante faisait saillir la franche plénitude de ses seins. Le visage de Meri s'est enflammé.

-Que veux-tu, ma sœur? - Je n'ai pas vu Heru à son entraînement, hier. S ' il souhaite

devenir un guerrier, il devrait prendre ses leçons de combat plus au sérieux.

- Il était occupé, ma sœur. Il ne manquera pas son prochain exercice, sois-en certaine. Quoi d'autre ?

- Je souhaite que nous discutions de son ... , comment dire ... , son éducation.

-Il n'a plus grand chose à apprendre de ce côté. Je lui ai tout appns.

-Je doute qu'il ait appris quoi que ce soit concernant la discipline à laquelle je pense, à moins que tu nous 1 'aies caché. Je parle de son éducation sexuelle, ma sœur.

34 Aset veut dire d ' une façon amusante qu 'elle enverrait Heru dans les mines de Mars, à savoir en territoire ennemi. La planète Mars appartenait au régime U~umgai-Anunna.

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LE SOUFFLE DU BENBEN 75

-Tu es mal placée pour me faire la morale à ce sujet ; il n'en est pas question !

-Il ne s'agit pas de moi, je n'ai pas la prétention de vouloir lui apprendre quoi que ce soit.

-Alors qui va finir ce que tu as entamé il y a des années déjà ? - Nous devrions le demander à l'intéressé, ne crois-tu pas ?

Dis-nous, Heru, que souhaites-tu exactement ? Vas-y, parle-nous sans crainte.

J'ai pris un ton solennel qui a fait pouffer ma mère : - Je souhaite reconquérir les territoires de mon père, restaurer

1 'honneur de ma famille, et venger l'humiliation que mon oncle vous a fait subir. Voilà, c'est tout.

- Tu vois ma sœur, il sait tout, a répliqué Aset amusée. -Oui, bon, bien entendu, He ru, rn' a répondu N ebet-Hut agacée.

Mais lorsque cela sera fait, ou même avant, tu auras besoin d'une reine à tes côtés, n'est-ce-pas ? Seul un couple royal peut régner sur notre sainte terre, comme l'ont fait tes parents ...

-Heu, oui. -Alors, donc ... Nebet-Hut faisait de larges gestes, comme si ses mouvements

de bras allaient m'aider à formuler ce qu'elle souhaitait entendre. Elle avait ouvert grands ses yeux et avait levé ses sourcils. Ses oreilles étaient aux aguets.

- ... Alors donc ! ! ! a-t-elle repris excédée, il est souhaitable que tu apprennes l'acte amoureux. Tu es en âge maintenant, tu comprends?

-Ah, c'est cela?, ai-je répondu. Oui,je comprends parfaitement. - Bien! - Bien quoi ? a répliqué ma mère. Il le fera lorsqu'il en aura

envie, il a le temps pour cela. Ce n'est pas le moment qu'il tombe amoureux, il doit rester concentré ...

- Qui parle d'amour ma sœur ? Il est question d'initiation sexuelle.

- Désolée, Nebet-Hut, je ne connais ici aucune prêtresse qualifiée pour faire cela.

- Moi, oui, j'en connais ! Même plusieurs. -Plusieurs?! C'est grotesque ! -Il doit apprendre afin de pouvoir satisfaire sa future souveraine.

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76 PREMIÈRE PARTIE :!:INSTRUCTION DU FAUCON

S'il venait à l'ennuyer au lit, ce serait une catastrophe. - Oui, une catastrophe planétaire, que dis-je, universelle !

Tu dramatises, comme toujours, a répondu Meri. Tes envies ou fantasmes ne sont pas nécessairement les siens.

-Ne prends pas cela à la légère, ma sœur, et laissons à Heru le soin de décider s'il souhaite connaître les secrets des Seba Khaibitu (Étoiles Sombres).

- Qui sont ces illustres prêtresses capables d'un tel exploit, demanda Aset ironiquement, ces saintes dévouées à ouvrir leurs cuisses pour sauver 1 'honneur de mon fils et celui du monde ?

- Qu'il choisisse parmi tes plus fidèles servantes, celles de la ville sainte d' Aset-Heh (Dendérah). 35 Ces prêtresses Gina'abul sont prêtes à toutes les exigences que tu leur poseras. La plupart d'entre elles sont de sang noble.

- Et que deviendrait cette prêtresse ? Elle porterait la force de mon fils, son Niama (force vitale). Il devrait l'épouser ou la tuer!

- Ton fils ne pourra pas échapper éternellement à son destin. Il devra avoir des enfants, et pour cela, il devra s'unir à une Se ba Khaibit (Étoile Sombre), une future reine. Je doute qu'il fasse comme Asar (Osiris), qui était tenu d'éviter au maximum tout rapport. Regarde aujourd'hui, Asar n'a aucun enfant naturel ou légitime ; Heru va devoir se justifier auprès d'ltemu (An) pour faire valoir ses droits. Mais ltemu va-t-il finir par valider la légitimité d'Hern? S'ille fait, il reconnaîtra la puissance des prêtresses Seba Khaibitu, et je doute qu'il en soit capable. Je vais devoir tenter de l'amadouer pour cela.

-Oui, c'est vrai, il t'a dans son cœur, a repris Aset. - Ne sois pas aussi ironique, ma sœur, nous sommes dans une

position délicate. La maison d' Asar est vide, alors que la maison de Setes est remplie. N'en suis-je pas la preuve vivante, moi sa petite­fille ? Heru devra se trouver une reine et engendrer une dynastie royale. Des enfants qui l'épauleront s'il ne parvient pas seul à recouvrer tes domaines, ma sœur.

Ma mère, la grande épouse royale sans époux, était terriblement ennuyée. Ses yeux semblaient une fois encore humides. Elle était épuisée par cette discussion. Elle a donc manifesté le désir d'en

35 Dendérah est sans doute la ville qui porte le plus de noms en Égypte. Il est difficile de déterminer le plus ancien d'entre eux, mais il est évident que le nom d'Aset-Heh ("siège de l'éternité" ou "Isis éternelle") semble le plus adéquat si on considère le rôle de cette ville dédiée à Isis-Hathor, mère d'Horus.

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LE SOUFFLE DU BENBEN 77

finir et m'a pressé de lui faire connaître ma réponse. Je me suis dit intérieurement que si ce que nous proposait ma tante pouvait apporter un avantage stratégique dans ma quête de vengeance, je devrais alors accepter. Si cela pouvait aussi m'aider à trouver ma future épouse, alors pourquoi pas ? Et puis, il était aussi question de cet insondable mystère, celui du feu sacré dont je ne connaissais nen.

C'est ainsi que je me suis retrouvé àAset-Heh (Dendérah) pour la première fois de ma vie. Ma mère avait souhaité m'y emmener dans le passé, mais notre reine évite tout déplacement depuis longtemps, de peur d'essuyer un attentat. Aset-Heh est un site en construction: seuls son temple principal, dédié à ma mère et à ma grand-mère Nut, et son bassin semblent achevés pour l'instant.36 Des travaux sont partout en cours. L'affluence de prêtresses au travail n'échappe guère aux regards.

Nebet-Hut, mon frère Sabu (Anubis) et une garnison complète de Shemsu-Khentamentiu (suivants de l'Occident) provenant de Nashareth, m'accompagnaient. Ma tante est toujours escortée par des gardes, particulièrement lorsqu'elle doit m'approcher. Cela fait partie du petit accord passé entre ma mère et elle. Aset n'a aucune confiance en la magie de Nebet-Hut.

Bien que nous ayons le même géniteur, Sabu et moi sommes dissemblables. Aset nous a conçus différemment. Sabu n'a pas été engendré, mais a été modelé par les soins de ma mère dans une antique Siensisar (matrice artificielleY7 juste après la mort de mon géniteur. Sabu possède la peau foncée et les yeux grenat de notre père Asar. Il est légèrement plus grand que moi. Mon frère n'est pas considéré comme un Kiristi, étant donné qu'il n'a pas été enfanté par les voies naturelles. Sabu a été élevé par ma tante Neret (Neith-Dim 'mege) au cœur de l' Abzu (le monde souterrain) avant de réintégrer le Gigal et Nashareth. Dans le passé, Neret avait déjà élevé Her-Râ (Horus

36 Voir Le Testament de la Vierge (pp. 283-284) à propos de l' extrême ancienneté du site de Dendérah et de son temple qui a été reconstruit de nombreuses fois à l'identique. 37 Voici qui expliquerait peut-être le mystère qui entoure la filiation maternelle d ' Anubis. En effet, certaines variantes en font le fils de Nephtys (fils qu'elle aurait eu à la suite de son "rapport coupable" avec Osiris), d' autres versions en faisant l'enfant d'Isis. Le nom égyptien Sabu (loup) est sans doute tiré de l'association des particules sumériennes sA ("être égal", "guider") et BU4 ("lumière"). Le loup Sabu (Anubis) est bien entendu celui qui guide vers la lumière, ainsi que 1 'ouvreur des portes secrètes des textes égyptiens. Il a justement pour réputation d 'être le gardien de la Duat inférieure (le Gigal), le lieu caché où les pharaons seront plus tard initiés aux grands mystères.

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78 PREMIÈRE PARTIE: I.:INSTRUCTION DU FAUCON

l'ancien), le fils de Nut (Nammu). 38 La précieuse aide militaire dont elle a fait bénéficier ma mère s'est étendue au-delà des frontières dès l'époque des intenses affrontements qui nous ont opposés aux fils des ténèbres, les Anunna. Neret et ses Ama'argi étaient remontées du fin fond des abysses pour prêter main-forte aux fils de la lumière. Sans elles, les partisans de Setes auraient depuis longtemps soumis 1 'ensemble de la planète.

Aset-Heh (Dendérah) est un site très important, le plus sacré après le Ta-Ur (Abydos) de mon père, qui ne se trouve qu'à une courte distance au nord-ouest. C'est ici qu'est tombée la météorite qui trône en haut de notre Mer (pyramide), et que nous nommons "Benben". Il s'agit d'un bout de la colline de l'horizon A'akhet, l'ancienne planète des planificateurs, qui portait le nom de "Mulge" (astre noir) à Kalam et qui se trouvait entre Deser (Mars) et Mulbabbar (l'astre blanc =Jupiter), ainsi nommé en pays ennemi. Cette pierre noire issue de 1' A' akhet a été véhiculée dans le sillage de l'ancien satellite de Mulge que nous nommons "Benu Céleste" (Phénix) ou encore "Arit-Kheru" (1 'œil du son). La pierre Benben symbolise l'apparition du soleil, né du chaos primordial. C'est sur cette pierre qu'il est dit que le premier rayon du soleil vint se poser après la grande catastrophe.

Cette météorite est une pierre de foudre qui émet des ondes néfastes, d'où son nom de "Benben" (''surtout pas !'').39 Djehuti (Thot) rn' a rapporté que la pierre est restée sur place pendant plusieurs décennies avant d'être hissée sur le haut de la Mer (pyramide) qui m'a enfanté. Elle avait environné l'ensemble du domaine de Aset­Heh de sa magie. Puis des fragments de cette pierre ont ensuite été déposés dans l'espace le plus sacré du temple. Certaines des prêtresses qui portèrent la main sur ces fragments de l' A'akhet

,. Le nom égyptien Neret ou Neri/ évoque à la fois le "vautour" (emblème de royauté), "le gouvernement" et "la déesse de la puissance". Il s ' agit de l'ancien nom de la déesse Neith qui correspond pour nous à Dim'mege, la reine de Sàlim qui est la capitale de l' Abzu. Son nom égyptien existe aussi sous la forme Net qui évoque la couronne de la Basse Égypte (le Nord). La déesse Neith est généralement associée aux eaux abyssales et elle a pour réputation d'avoir donné naissance à Râ au cœur des buttes initiales. Nous venons d'évoquer à l'instant le fait qu'elle se soit plutôt chargée de l'éducation de ce dernier. Elle était sa seconde mère et sa nourrice. 39 Rappel du Testament de la Vierge: la pierre Ben ben est une météorite fortement radioactive, un fait confirmé par l'ingénieur Joe Parr à travers ses mesures, effectuées au sommet de la Grande Pyramide; des taux élevés d'énergie électromagnétique (rayons gamma) se dégagent de la plate-forme où se trouvait effectivement le Benben (d'après ce que j'ai reçu). Benben est formé de la double particule Ben qui est une négation.

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LE SOUFFLE DU BENBEN 79

11. Le Domaine de Aset-Heh (Dendérah) est un site extrêmement ancien qui a été reconstruit de nombreuses fois à l'identique. La dernière édification du temple d'Hathor date de l'année 54 av. J.-C. et fut le fait de Ptolémée Aulète, mais il s'agit, selon les calculs d'Albert Slosman, de la sixième reconstruction. Des sondages effectués dans les fondations du temple ont démontré que la pierre utilisée appartenait aux temples construits antérieurement. Reconstitution hypo­thétique de l'époque préhistorique.

furent investies du pouvoir de divination, alors que d'autres sont devenues folles. Ces pierres ouvrent des portes vers l'invisible et il est, paraît-il, alors possible de voir ce qu'il est interdit de voir. ..

Aset-Heh est un enclos consacré qui regroupe notre plus grande école de prêtresses Seba Khaibitu (Étoiles Sombres) au service de notre Sainte Mère. Cette confrérie est composée de tous les corps de métier : thérapeutes, masseuses, chirurgiennes, accoucheuses, tisseuses, mathématiciennes, ouvrières, musiciennes, artisanes, scribes ... Toutes relèvent de l'autorité de notre souveraine A set-Hut­Heru (Isis-Hathor) et œuvrent pour la santé économique du saint domaine. Quelques rares prêtres se trouvent ici, mais ils n'ont qu'un statut très secondaire. Deux types de prêtresses sont présents ici et sautent d'emblée aux yeux de par leur grande différence de taille : les Amasutum et les humaines. Deux espèces différentes qui cohabitent cependant avec sérénité et paix. Cet endroit est unique sur tous les plans.

Le site d'Aset-Heh est aussi le haut lieu de l'observation du ciel de notre pays. C'est ici que nos Seba Khaibitu (Étoiles Sombres) scrutent le firmament afin de guetter Arit-Kheru (l'œil du son) et son retour tant redouté. Ici prédominent les mathématiques, une discipline qui me donne mal au crâne. Heureusement, différentes

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mélodies ne cessent de s'entendre ici et là : Luths, harpes, flûtes, tambourins, chants. Par la musique, le Ba (l'âme) s'élève vers les cieux - selon 1 'enseignement même de ma mère.

On nous a fait un accueil chaleureux, et nous avons fait le tour du temple. La figure de Meri-Hut-Heru (la bien-aimée Hathor) se retrouve sur les différents piliers de l'entrée du sanctuaire. Nous avions rendez-vous sur la terrasse supérieure et avons dû gravir les 144 marches de 1' escalier intérieur pour y accéder. Les murs sont vides, sans aucun texte, ni aucune gravure. 40 En montant les marches, Nebet-Hut (Nephtys) m'a suggéré de choisir des prêtresses qui avaient été exposées aux émissions des fragments noirs de 1 'A' akhet: "Ce seront de merveilleuses magiciennes et prophétesses que tu pourras rallier à ta cause", a-t-elle ajouté à mon intention. Lorsque nous sommes parvenus sur la terrasse, mon frère Sa bu rn' a regardé fixement dans les yeux, contrairement à son habitude, et a secoué légèrement la tête de façon à me faire comprendre de ne surtout pas souscrire aux conseils de ma tante. Je comptais plutôt l'écouter, lui, que Nebet-Hut, dont nous savons tous qu'elle a toujours une idée insolite en tête.

Nebet-Hut a exigé d'un ton autoritaire que nous soient présentées les saintes. Le pouvoir de ma tante ne fait aucun doute, elle est regardée comme le double de ma mère, sa divine sœur, dont la parole est aussi sacrée que la Reine du Trône. Nebet-Aha (prêtresse vache), la matriarche des lieux, a accédé au souhait de Nebet-Hut en faisant un signe de la main en direction des chapelles où méditaient des saintes qui vouent un culte à mon père défunt. Sept Seba Khaibitu (Étoiles Sombres) de sang Gina'abul se sont présentées sur la large terrasse du temple. Elles portaient toutes un sarrau écru, suspendu aux épaules par de longues bandes qui couvraient entièrement leurs poitrines. Chacune d'elles portait une perruque en fibre végétale. Quelques-unes étaient nattées, d'autres avaient les cheveux lisses comme certains humains.

-Eh bien, Meri-Aha (bien-aimée vache), que nous annoncent tes prophétesses ? demanda ma tante.

-Divine pleureuse, le climat va s'améliorer, grâce à l'effet de la sainte Merakhti (Pyramide de l'horizon). Les eaux vont se retirer progressivement.

40 Les gravures seront sans doute réalisées plus tard, lors d'une des nombreuses reconstructions du temple.

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LE SOUFFLE DU BENBEN 81

- Oui, nous le savons, mais je souhaite entendre une véritable prédiction, Nebet-Aha. Une prédiction provenant d'une de tes visionnaires.

-La guerre approche ! Notre pays va devoir subir les attaques de nos ennemis.

-Nous en subissons régulièrement, ma sœur, a repris ma tante. -Je parle d'une guerre totale, celle qui mènera le fils de Meri sur

le trône du Double Pays. Mais ce résultat ne s'obtiendra pas sans renoncements.

- Voilà une véritable divination, a répondu Nebet-Hut, elle enchante mon cœur.

-Pas le mien, ai-je ajouté sèchement. Je ne souhaite pas engager une armée de sacrifiés et briser ainsi des milliers de foyers. Cette affaire se règlera à ma manière !

- Je te reconnais là, fils de Meri, a répondu Nebet-Aha. Tu es bien le double ressuscité d' Asar, incarnant son retour parmi les vivants. Malgré la colère qui habite ton être, ton cœur est resté bon. C'est presque surprenant.

- Tu as connu mon père, matriarche ? -Elle est l'une des rares prêtresses à s'être mélangée avec lui,

m'a confié ma tante. Elle porte, comme moi, son énergie. -Tu fais donc partie des anciennes, ai-je fait remarquer. J'ai annoncé qu'il me serait difficile de choisir parmi ces Seba

Khaibitu, tant elles me semblaient toutes cultivées et jolies. "Prends les sept !", m'a conseillé Nebet-Hut. Qu'aurais-je fait avec autant de prêtresses ? J'ai demandé que celles qui n'avaient pas touché les pierres noires de l' A'akhet s'avancent d'un pas. Trois des sept ont quitté le groupe. Ma tante s'était crispée, mais elle faisait son possible pour nous le cacher. Nebet-Hut possède la puissance du Niama (force vitale), celle qu'elle a obtenue par mon oncle Setes (Seth-En/il) et celle qu'elle a volée à mon père.41 Je suis malgré moi connecté à Nebet-Hut, comme je le suis naturellement avec ma mère, car ma tante a fusionné son énergie avec ma personne lorsque j'étais enfant. Je ressens ses émotions, et c'est fort désagréable. J'ai le sentiment qu'elle ne fait rien pour me les cacher, tout au contraire ! Parfois, elle me parle aussi par transmission de pensée, créant ainsi une forme d'intimité entre nous. La matriarche Nebet-

41 Voir à ce propos Adam Genisis (p. 298).

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82 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

Aha était troublée par ma décision, et n'a pas manqué de nous le manifester, presque en larmes :

-Tu viens de me confirmer ta double sagesse aujourd'hui, Heru. Tu es bien celui que ta mère prétend et que nous louons toutes ici avec ferveur. Nos rites et nos prières te sont destinés. La magie de Meri est éternelle. Paix, longue vie et force, à Aset et à toi .

Nebet-Aha m'a présenté les trois prêtresses dont le destin m'avait doté. Étais-je en présence de ma future épouse royale? La première s'est désignée sous le nom de Tefnut, la seconde sous le nom de Bastet, et la dernière sous l'appellation de Mersegrit. Cette dernière possédait une queue qu'elle n'hésitait pas à agiter derrière son sarrau, comme par provocation. "Chacune d'entre elles connaît le bon déroulement des rites et représente une garante de la paix, a précisé Nebet-Aha. Tu trouveras sans doute parmi ces trois Seba Khaibitu (Étoiles Sombres) celle qui t'apportera l 'illumination et une divine descendance. "

Ces paroles étaient charmantes et délicieuses, mais elles semblaient sonner faux dans la bouche de la matriarche. Pourquoi avais-je la sensation qu'elle pensait tout autrement ? J'ai aussi l'étrange pressentiment qu'elle ne m'apprécie pas. Avant de nous quitter, elle m'a lancé un regard insolite qui m'a mis très mal à l'aise, tout en me soufflant à l'aide du Kinsag (télépathie) : "Asar­Heru, tu devrais davantage faire corifiance à ta tante, la divine pleureuse. Tu ne recouvreras pas ton trône sans son aide !"C'est sur cette étrange impression que j'ai quitté le domaine d' Aset-Heh.

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ADIN ET LE MIRACLE DES SHEMSU ET URSHU DE RÂ

"Il dit alors à ses soldats, venez et regardez cette montagne et ce qui se trouve en deçà. En voyant cet endroit, ils s 'en retournèrent et dirent que ce lieu était une vallée et qu 'en son milieu se trouvait un arbre dominant la mer et habité par d'énormes serpents. Lorsque Saddâd entendit ce propos, il partit à Lahg et ordonna de creuser les puits qui abreuvent aujourd'hui les habitants d'Aden et de percer une porte dans la partie la plus élevée de la vallée. ''!.6>

Abû Mahrama, Abû Muhammad, Adan ma 'a nuhba min tawârîh Ibn al-Mugawir wa al-Ganadî wa a/-Ahdal

De retour à Nashareth, j'ai installé Tefnut, Bastet et Mersegrit dans différents appartements, non loin du mien, sans savoir pour autant quand j'aurais le temps et 1 'envie de les fréquenter. Ensuite, j'ai dû m'excuser auprès de A'akhu-Hai, notre artisan en miel. Aset souhaite une entente heureuse entre les Neteru (dieux) et les humains avec lesquels nous cohabitons dans le Gigal souterrain. Chaque mortel qui vit auprès de nous a été sélectionné avec at­tention. Il a pour mission de fonder une famille et de servir notre cause. Aucune querelle n'est souhaitable, aucun différend ne doit être toléré d'un côté comme de l'autre. Telle est la loi décrétée par notre Sainte-Mère, et telle est l'ordonnance royale à appliquer dans l'ensemble du Gigal souterrain.

Uatch (Ugur), tu sembles tenir tes promesses, car tu as

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84 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

piqué ma curiosité au plus haut point. Tes informations sont colossales, il me faudra au moins plusieurs mois pour faire le tour de toutes tes archives. Nombreuses sont celles que ma grand-mère Nut a consignées de sa main. Je n'ai pas le sommeil tranquille depuis que je me suis lancé dans la lecture de tes mémoires, particulièrement celles enregistrées par Sa'am-Asar. Je les lis comme j'écouterais un conteur de rue. Mes yeux sont brûlants du fait de la fatigue et de mon trouble ; les documents de mon géniteur sont semblables à un hurlement silencieux ...

J'ai compulsé l'ensemble de ses premières entrées. Le presti­gieux 'Nki,42 tant aimé et vénéré par l'ensemble de l'humanité et des siens- même respecté de ses ennemis- était un grand névrosé dépressif !? Je ne me reconnais pas en lui. Je ne perçois aucune similitude entre son caractère fragile et le mien. J'ai beaucoup de compassion pour lui et son histoire. Sans doute est-ce parce qu'il est mon géniteur et qu'il a passionnément aimé ma mère.

Moi, Heru, fils de Meri (la bien-aimée), je ne me serais ja­mais abaissé à un seul compromis, j'aurais fait plier mes ennemis et leur aurais fait tenir leurs engagements. J'aurais profané leurs sanctuaires et aurais été au-devant du péril pour ne pas perdre la confiance de mes sujets. Les Nungal, Shemsu-Râ (suivants de la lumière) et le clan Khentamentiu (premier des Occidentaux) d' Asar sont aujourd'hui désunis de par le manque de vigilance de mon géniteur. Ils se sont éparpillés comme les vents. Une partie d'entre eux se trouve avec nous en terre sainte, et quelques-uns vivent au­près de nos adversaires sur le Kursig (Cappadoce), dans la vallée de Kurama (Goreme). D'autres forment les guerriers de mon aîné Her-Râ ; leur domaine principal se trouve au Sud-est de Kankala (Afrique), en territoire de Bun'd (Punt), et en E-Dilmun, situé à l'embouchure de Kem-Ur (la Mer Rouge). D'autres encore se sont repliés dans la montagne lointaine avec Serkit43 (Ninmah), la divine accoucheuse des Neteru (dieux) des temps jadis.

Les derniers cités sont dénommés Adinu (les éclairés), ils sont ceux qui s'étaient mélangés avec des humaines à l'époque de

42 Rappel: 'Nki, litt. "pour le véritable" ou "celui d'un autre temps" en égyptien. On retrouve ce nom dans le qualificatif sumérien Enki ("seigneur de la Terre"), l'ancien nom de Sa'am, personnage central des tomes 1 et 2 de la série des Chroniques. 43 Voir la note de bas de page n° !59 du tome 2 (Adam Genisis) pour les décompositions du nom "Serkit" en égyptien et sumérien.

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ADIN ET LE MIRACLE DES SHEMSU ET URSHU DE RÂ 85

Kharsag sous le nez de mon père et de celui de Serkit (Ninmah). Cela avait créé bien des difficultés à l'époque. Depuis, ils sont en lutte avec le régime de Kalam (Sumer). Aujourd'hui encore, les Adinu et certains du clan de Râ se sont de nouveau mélangés avec les filles des Hommes, c'est pourquoi ils sont dissociés du reste des com­pagnons d' Asar, le clan Khentamentiu (premier des Occidentaux).

Adin = la lumière pure, le disque solaire.

Adin = dieu du disque solaire, Adinu = dieux du disque solaire, un éclairé de Râ les éclairés de Râ

Voici ce que rn' ont appris ma mère et Djehuti à propos de l' orga­nisation de nos clans Shemsu et Urshu. Les Adinu sont liés aux sol­dats de Râ car ils forment conjointement la branche de l'Est. Étant plutôt pacifistes, ils ont toujours été regardés comme les Urshu (guet­teurs) de Râ, contrairement à leurs frères guerriers. Les Adinu et les Shemsu-Râ ont survécu et parcouru les âges ensemble. La branche de l'Est est la fondatrice du royaume d' Adin, situé en pays de E­Dilmun, la nouvelle Dilmun établie avant la mort de mon père.44

Le pays de E-Dilmun se situe à l'embouchure de Kem-Ur (la Mer Rouge). C'est ici que les Nungal de Kalam (Sumer) s'étaient réfu-

44 La nouvelle Dilmun- ou E-Dilmun- se trouvait à l'embouchure de la Mer Rouge (voir carte). E-DIL-MUN en sumérien, se traduit par "la demeure de l'unique bienfait". E-Dilmun est la seconde Dilmun fondée peu avant le grand déluge de 10.000 av. J.-C. C'est avec E-Dilmun et sa voisine de la rive gauche de la mer Rouge (le pays de Bun'd 1 Punt), que l'Égypte et la Mésopotamie feront du commerce pendant de nombreux siècles, sans doute des millénaires. Les anciens textes mésopotamiens sur argile indiquent bien deux Dilmun : une île très ancienne (sans doute l'Atlantide) fondée par Enki, qui se trouvait à l'Est de Sumer, donc à l'Ouest aujourd'hui. Nous avons vu dans le tome 2 (page 251) que la décomposition de ce nom en égyptien donne Di mu 'un ("le don du dieu de l'eau qui est juste"). Ensuite intervient une seconde Dilmun, plus récente, située au Sud actuel, à l'embouchure des fleuves, manifestement la Mer Rouge et le Golfe Persique. Un peu plus à l'Ouest se trouvent d'ailleurs les sources du Nil bleu. Géographiquement, cette deuxième Dilmun ne représentait pas l'île de Bahreïn, comme le pensent les historiens, mais bien le Yémen, et se prolongeait sans doute jusqu'au pays d'Oman, à 1 'entrée du Golfe. Autre point très important que la sémantique confirme encore, le nom sumérien E-Dilmun a sans aucun doute donné le terme grec Eudaimôn. Or Eudaimôn désignait au J« siècle av. J.-C. la ville d'Aden, et par extension, tout le pays ou la région où se trouve cette ville, à savoir le Yémen. Nous savons aussi que le terme grec Daimôn désignait à l'origine des "êtres divins", des "saints" et non des démons. Le terme Eudaimôn voudrait donc dire en grec Eu ("bien", "bon", "heureux")+ Daimôn ("êtres divins", "saints"), soit : les "bons êtres divins" ou les "bienheureux saints", ou plus simplement les "bienheureuses divinités". Le grec Eudaimôn a sans doute donné l'arabe

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giés pour échapper au courroux de mes ancêtres paternels. Ils furent alors enrôlés comme guerriers et éclaireurs par Her-Râ, mon aîné. C'est ainsi que, sur les rives de E-Dilmun, mon aîné entama la fonda­tion du royaume d' Adin que nous traduisons par "source de vie" en langage de Kalam, et par "lumière pure" en Re'enkemet (égyptien).

Adin n'a pas toujours connu la paix. Autrefois, lorsque les Shemsu-Râ protégeaient leurs frontières jusqu'à Arah (l'Arabie), ils avaient besoin de renforts et rapatriaient des soldats Shemsu du royaume de Bun'd (Punt), qui se trouve sur la rive ouest de Kem-Ur (la Mer Rouge). Cependant, Adin n'est pratiquement plus attaquée par les Anunnaki depuis que E-Dilmun fait du commerce avec ces derniers. À partir du moment où E-Dilmun a remplacé 1 'antique Dilmun morcelée par le temps et les guerres, elle est devenue la nouvelle plaque tournante du commerce vers les contrées de nos ennemis. Une paix relative a été instaurée à cet endroit. Les membres de la rébellion Shemsu-Urshu de l'Est sont devenus des commerçants et ont fait de cette partie du monde une région stratégique ! De son vivant, mon père ne souhaitait pas que ce commerce soit rendu possible. À sa mort, Râ n'a pas hésité à proposer des accords dans notre Assemblée, des traités commerciaux ratifiés par mon grand-père ltemu-Râ (An) et votés grâce au soutien de mes deux tantes, Neret et Nebet-Hut.

Adin45 était une région à l'époque de mon père. Après le grand soulèvement, elle est devenue une localité qui se trouve sur la rive sud de E-Dilmun, au cœur du cratère d'un ancien volcan. Les soldats de Râ n'y demeurent pas ; ils y sont juste présents pour contrôler le transport des marchandises. Des humains natifs

(Suite de la note 44) Oddaegn, nom qui désigne Aden et sa région. Oddaegn est aussi le nom de la rose du désert, l'Adenium Obesum. En ancien hébreu, Dimyun veut dire "ressemblance" et implique peut-être dans ce contexte un lieu à la ressemblance du premier (première et seconde Dilmun) ou encore des êtres "à la ressemblance des dieux". Comme toujours, tout concorde, vous êtes maintenant familiarisés avec la façon dont les millénaires s'imprègnent de la sémantique. 45 A-DIN ou A-TIN, "source de vie" en sumérien. La position stratégique de la vi lle d'Aden en a fait un lieu d'échange important jusqu'à "l'antiquité récente". Les Égyptiens, Phéniciens et Romains y faisaient du commerce d'aromates, de myrrhe et d'encens. Un bibliothécaire de la ville d 'Alexandrie nommé Agatharchides ( 150 av. J.-C.), voyant sa patrie inondée de richesses orientales, faisait du pays des Sabéens (l'Arabie heureuse) une description en­thousiaste et désignait la myrrhe, 1 'encens, la casse (fruit du cassier), la cannelle, tous les aromates et toutes les épices comme étant produits au Yémen. Toutes ces productions si recherchées étaient concentrées à Aden, depuis longtemps qualifiée d"'entrepôt de l'Arabie" (in D'Aden à Zanzibar, de Mgr Le Roy, éditions Alfred Marne et Fils, Tours, 1894).

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ADIN ET LE MIRACLE DES SHEMSU ET URSHU DE RÂ 87

ARAH (Arabie)

Khentamentlu

~ Shemsu-RA

~ Adlnu ~ Urshu-Râ

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88 PREMIÈRE PARTIE : I.:INSTRUCTION DU FAUCON

de cette région vivent sur place et se chargent de gérer le grand débarcadère. Les hautes montagnes volcaniques qui bordent la côte forment comme une muraille infranchissable pour les ennemis de la Lumière. Tout le sud-ouest de E-Dilmun et de la région de Sabba est ceinturé par de hauts massifs. De nombreux souterrains se trouvent à cet endroit et se prolongent vers le Nord, au cœur du domaine de Arah (l'Arabie). On dit même que certains tunnels vont jusqu'au Dukug (le Taurus). C'est dans ces galeries et ces cavernes que les Shemsu de Râ se dissimulent et demeurent en paix. C'est une pratique typiquement Gina'abul que de vivre sous terre.

À Adin s'entassent les richesses du pays de Bun'd (Punt), de Sti (Nubie) et de Kankala (l'Afrique), comme les topazes, les émeraudes, la malachite, l'onyx, l'ivoire, le bois rare, la myrrhe divine, le Nebu (or), le cuivre et les perles marines. Mais aussi les produits locaux de E-Dilmun, comme les dattes, le thon, les sardines, le sel, et les cultures sèches comme le blé et l'orge. Toutes ces denrées sont regroupées à Bun' d pour transiter vers Kemet, ou bien à Adin pour êtres vendues et exportées vers les régions d' Arah (Arabie), de Kalam (Sumer) et du Dukug (le Taurus).

Toutefois, le clan de Râ ne vend pas de métaux comme le fer ou le cuivre, qui pourraient servir à confectionner des armes qui se retourneraient obligatoirement contre nous. Nous savons que le cuivre fait partie des métaux que nos ennemis utilisent pour confec­tionner certaines de leurs armes. Les Gidrugiri (bâtons de foudres) de l'époque de mon père ne sont plus utilisables. Cette technologie employait des pierres qui ne se trouvent pas sur Uras (la Terre) et il a été impossible de les remplacer. La majorité des armes Gi­na'abul employées pour les combats au sol sont désormais en métal.

Notre monnaie d'échange est constituée de différents types de pierres précieuses. La nôtre est le diamant, que l'on trouve en abondance au cœur de Kankala (l'Afrique). Les territoires de mon oncle sont vides de toute matière première, seules quelques mines de cuivre se trouvent à l'extrême nord-est de Kalam et du Dukug (Taurus). À défaut de voler nos biens dans les régions de Mafke't (Sinaï) et de Sti (Nubie), nos ennemis vont chercher leurs pierres précieuses à Tuwakadsi (le continent américain). Nous n'avons rien à nous procurer auprès des Anunnaki, ce sont eux qui achètent nos produits ! Ils souhaiteraient toutefois nous fournir en orge et en blé, céréales qu'ils domestiquaient déjà en Edin avant le grand

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soulèvement et qu'ils cultivent sur le Dukug (Taurns) jusqu'aux frontières de Mafke't (Sinai) et de Kemet. Pourtant, ma mère ne le souhaite pas, et a formellement interdit toute transaction de ce genre à mon aîné. Elle n'a pas confiance dans la qualité de ces céréales et redoute un empoisonnement général organisé par nos adversaires. Râ gère les profits qu'il récolte grâce à ses ventes. Il possède un fond privé dont un pourcentage revient à Kemet.

C'est exclusivement en passant par les Anunnaki du royaume d' Arah que le commerce entre Kemet et Kalam s'effectue. Ce territoire se situe au-dessus de E-Dilmun. Sa frontière n'est pas clairement déterminée, bien qu'elle le soit dans nos registres: le clan de Râ et celui de mon oncle Setes (Seth), empiétant continuellement l'un sur l'autre. C'est ici que se déroule le plus gros des combats lorsque le négoce a échoué ou que des débordements ont lieu.

Il existe toutefois une région de trêve où se déroulent transactions et commerce entre les deux clans. Il s'agit du royaume de Sabba. C'est ma tante Nebet-Hut (Nephtys) qui administre cette zone de libre échange. Mais elle ne s'y rend pratiquement jamais, et opère ainsi de Kemet. Seule la petite-fille de Setes pouvait réaliser la performance de rallier momentanément les deux clans ennemis, le temps de la transaction. Elle avait accepté cette charge sur la demande réitérée de mon grand-père Itemu-Râ (An). Sabba en langage de Kalam veut dire "répartir les lots" ou "ramasser" .46 Une fois les transactions effectuées, les acquisitions et provisions sont entreposées à Arah (Arabie) pour être dirigées vers l'ensemble des coloniesAnunnaki.47

Peu d' Adinu demeurent encore à Bun'd et en E-Dilmun. La grande majorité d'entre eux ont trouvé la paix et une forme de "rédemption" auprès de Serkit. Les veilleurs Adinu qui se retrouvent aujourd'hui avec ma tante dans le Dukug (Taurus) ont

46 SAB ou SAB-BA, en sumérien : "répartir les lots", "ramasser", "soustraire les rations", "déduire les parts", "payer" ... En hébreu, nous retrouvons étrangement Saba, "rassasier", "abreuver", "satisfaire", "abondance", "apaiser", et Shabbat ou Chabât, "repos", "interrompre", "cesser", "célébrer", "mettre un terme" . . . C'est de ce Shabbat que provient le Shabbat juif, qui marque la fin de la semaine, le repos et certains interdits. Une fois encore, nous sommes en présence d'un terme originellement sumérien. De ce Sabba provient sans aucun doute le royaume biblique de Saba (ou Seba) et de sa reine du même nom. Le royaume de Saba est annoncé dans la Genèse (Gen. 1 O. 7) comme étant un domaine important ayant existé juste après le déluge. 47 Le terme sumérien ARAH4 veut dire : "entrepôt", "réserve", "magasin". De ce terme dérive sans aucun doute le mot "Arabie". Qui prétend que mes décompositions et études linguistiques n'ont ni queue ni tête et qu'elles ne servent à rien ? Très heureux, quant à moi, qu'une part importante de la vérité historique soit enfin réhabilitée et accessible au public. De

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gardé le nom de leur ancien domaine, Adin. Une partie des Adinu de Serkit (Ninmah) séjourne désormais sur le mont Igi-Ra, situé légèrement à l'ouest de l'ancienne Kharsag. Ils sont regardés comme des penseurs, des intellectuels. Ils sont non violents. Une seconde partie d'entre eux vit dans la vallée de Kuram (Goreme), en Kursig (Cappadoce 1 Turquie), à quelque distance de l'Ekur souterrain de mon oncle. Tous sont des veilleurs qui se chargent de scruter le ciel en quête du Benu Céleste dont le retour menaçant effraye tous mes ancêtres. Quelques Shemsu de mon aîné, qui ne souhaitent plus combattre, vivent avec les deux clans Adinu dans le Dukug et en Kuram (Goreme), mais nous ne connaissons pas leur chiffre exact, Râ n'ayant jamais voulu nous le communiquer.

La progéniture desAdinu, dénommée Neferu (enfants), n'est pas répertoriée comme faisant partie des Shemsu et Urshu de Râ. Elle a envahi le Nord-est des grandes steppes et les montagnes de nos ancêtres.48 Ces individus sont incontrôlables, mais semblent seran­ger parfois à nos côtés : ils haïssent les Anunnaki ! Tout ce tableau assez compliqué me semblait pourtant relativement limpide jusqu'à présent. C'est avec stupéfaction que je découvre pourtant que d'autres Nungal ont échappé à la guerre de Mulmul (les Pléiades) ...

(suite de la note 47) toute cette géopolitique antique découle le système et les failles de notre société "moderne" et féodale. On les retrouvera plus tard en Mésopotamie, comme à Babylone. L'histoire n'est qu'un éternel recommencement, particulièrement depuis que le pouvoir est sous le contrôle exclusif et souverain du patriarcat. 48 Les steppes figurent le nord du désert d'Arabie et les montagnes des ancêtres, les monts Taurus de Turquie.

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LE SECRET DU DUKÙ

"Ma mère se tourna vers le Sud et nous indiqua d'une main tremblante qu'en cette direction était enfoui le tombeau d'un grand Kadistu au nom singulier d'Asme, sans doute un des Fils de l'Eau dont l'inscription parlait. 'Ces lieux sont tellement antiques qu'ils sont emplis de vérité. Les pierres de lumière fossiles au fond des eaux ont chacune été apportées par une Gir. Chaque Gir est une Nindigir susceptible d'enfanter un Kiristi, mais très peu d'entre elles eurent la possibilité de produire un tel événement par le passé' nous confia-t-elle d'une petite voix". (7)

Le Secret des Étoiles Sombres, p. 402 (éditions Nouvelle Terre)

J'ai passé des jours et des nuits à compulser les archives de mon père et de sa mère Nut (Nammu). Mes trois concubines ont bien tenté de m'arracher à ma lecture, sans véritablement y parvenir. Elles font leur possible pour me satisfaire et éveiller mon appétit sexuel. L'une d'entre elle a souhaité que je m'unisse à elle avec une brutalité égale à la sienne, dans une sorte d'étreinte bestiale. J'ai déjà connu cette sensation avec ma tante Nebet-Hut, alors que je n'étais qu'un enfant. C'est en tout cas le souvenir qu'il m'en reste. Je n'aspire pas à cela. Ma reine sera douce et je partagerai un véritable amour avec elle.

Je reste très concentré sur ma lecture. D'autres entrées de mon géniteur me déconcertent au plus haut point. Il y a surtout

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ce peuple qui a occupé l' Abzu (monde souterrain), les Sinumun (Amérindiens). Mon père Asar les a rencontrés à plusieurs reprises sur le continent qui se trouve désormais à l'Ouest. Ils sont de source divine, c'est-à-dire d'ascendance non altérée. Ma grand-mère Nut et Asar les ont formés secrètement en dehors de Ti-ama-te (le système solaire). Les Sinumun sont ensuite demeurés en Abzu où ils ont vécu très longtemps en paix. Pour des raisons politiques, Asar leur a finalement enjoint de vivre dans le monde extérieur où ils séjournent désormais. Leur liberté a plusieurs fois été compromise. Dans les annales de 'Nki, il est aussi question de ce pénible récit appartenant à l'histoire du Dukù, comme en témoigne cet extrait important de mon père tiré d'un cristal clandestin et replacé dans Uatch par les soins de ma mère. Il date de plusieurs milliers d'années, à l'époque où l' A'amenptah (l'Atlantide) se nommait encore "Dilmun". Mon père ne pratiquait pas encore le Re'enkemet (l'égyptien) :

Les Sinumun (Amérindiens) me considèrent comme leur cofondateur et me respectent comme leur guide. Mais, depuis plusieurs années, leurs opinions divergent des miennes dans la mesure où je cautionne le régime de Di/mun avec lequel ils sont en désaccord. Ils entretiennent une profonde querelle avec Di/mun du fait des conceptions orgueilleuses de Ninanna, la petite fille d'Enlil, le grand Sàtam de Ka/am (Sumer). Ninmah a été envoyée sur Udu 'idimsa (Mars) sur la décision d'An, et elle a dû abandonner le pouvoir à Di/mun. Je 1 'ai transmis à Ninanna, car ma bien-aimée Aset ne se sent pas encore prête à endosser ce pouvoir.

Ninanna, qui détient désormais l'autorité suprême sur l 'archipel saint, souhaite soumettre l'ensemble des Lu (l'humanité) au nom des Gina 'abu!. Depuis, les Sinumun du continent de Kaskara (Mu) se battent pour leur indépendance. Je ne peux leur accorder un soutien direct, car je suis originellement le fondateur de Di/mun, et nous soutenons les actions de Ninanna à contrecœur. La petite fille d'Enlil tente en effet de se détacher progressivement de l'autorité souveraine de Ka/am et de mes Kuku (ancêtres). C'est un moment important de notre histoire sur Uras (la Terre), pour la simple raison qu'une autre faction Gina 'abu/ que la nôtre défie ouvertement le régime souverain de Ka/am. Di/mun tente d'obtenir une réelle indépendance, ce qui n'a pas été possible à l'époque où je régnais sur ce domaine, et encore moins lorsque Ninmah

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LE SECRET DU DUKÙ 93

m'a succédé. Aset et moi tempérons Ninanna de notre mieux. Les Sinumun (Amérindiens) n'en savent rien. Ils ne savent pas non plus que leur divine mère Kùkiangu 'uhti ("Mère-Araignée'')49 ne les a pas abandonnés et qu'elle exerce toujours ses pouvoir et autorité à mes côtés. Kùkiangu 'uhti est un statut de fondatrice Urasienne (terrestre) qui se transmet de conceptrice en conceptrice ou de mère en fille. Nammu a été la première Kùkiangu 'uhti (''Mère­Araignée''), ensuite Ninmah lui a succédé à la place de ma sœur qui avait disparu. Aujourd'hui, c'est mon Aimée Aset, réanimée par mes soins, qui occupe cette fonction.

Quels que soient les différents lieux où ils ont été parqués, les Sinumun ont connu un isolement forcé au fil des âges de façon à garder vierges leur nature sacrée et leur autonomie. J'ai toujours gardé la création du peuple Sinumun secrète. Ma mère et moi en sommes les uniques responsables. Nammu les a créés initialement dans le système d'Adala50 en des temps reculés. Ils ont ensuite été déplacés sur 1 'UbSu 'ukkinna (l'étoile Maïa) en Mu/mu! (les Pléiades). Il s'agit d'un prototype appliqué à une dizaine d'individus, qui possède un génotype semblable à celui des Ukubi VI/egara (type Homo ''placés avant'') d'Uras (la Terre). Leur entendement est fameux et plus vif que celui de leurs cousins de la région Urasienne (terrienne) de Sinsal (la vallée du Rift en Afrique). Leur pigmentation est plus claire que celle de leurs cousins Urasiens (terriens), car Uras est plus proche du soleil que ne l'est leur planète d'origine en Adala (système solaire Taygete). Nammu et moi avons modifié ces prototypes. Ces derniers ont été

49 Rappel de la note 48 du tome 1. Ce terme se retrouve dans le langage hopi des Indiens de l'Arizona en tant que Kohkyangwwuhti (litt. "Mère-Araignée"). Décomposé en sumérien, cela donne KÙ-KI-AN-GU7-ÙH-TI, "la sainte du Ciel et de la Terre, nourrice à la salive vivifiante". Nous avons vu dans Le Secret des Étoiles Sombres que le symbole de l'araignée est un des plus importants sur Terre et qu'il désigne la Déesse-Mère. Marcel Griaule et Germaine Dieterlen notent dans leur ouvrage Le Renard Pâle (Institut d'Ethnologie, Musé de l'Homme, Paris, 1965, p. 215-216), que pour avoir tardé de remonter vers le ciel , l'araignée [sans doute Ninmah dans notre histoire] fut obligée de rester sur Terre et de s'associer à la parole d'Ogo (le Renard Pâle) qui est le double dogon d'Enlil. Cette parole est dite "parole sèche ou incomplète" contrairement à la parole enseignée par les Nommos, qui est qualifiée de "parole d'eau ou parole complète". Les auteurs précisent d 'ailleurs : "Et lorsque Ogo, transformé en Renard et ne pouvant s'exprimer oralement 'parlera ' avec ses pattes sur les tables de divination, il ne tracera qu'une 'parole ' souvent incomplète et fausse". Nous avons déjà exploré ce thème dans le tome 2, notamment à la note 140. 50 Rappel, ADA-LA, litt. "le chant du bonheur" en sumérien. Je pense qu ' il s'agit du système appelé Taygete dans les Pléiades (Mulmul).

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révisés lors de notre court séjour en Mulmul (les Pléiades) avant la guerre qui nous fit poser le pied sur Uras (la Terre). Nous leur avons injecté un peu du matériel Nungal. C'est Nammu qui en avait émis le souhait. Comme nous sommes les concepteurs des Nungal, il lui fallait me demander mon autorisation, que je lui ai donnée. Avec le recul nécessaire, je me rends compte à quel point ma mère connaissait le matériel génétique que nous avions utilisé pour former les Nungal. Le sang Babbar (albinos) est lié à Nammu ainsi qu'à Uras (la Terre). Je pressentais déjà, à 1 'époque où nous étions en Mu/mu!, que ma mère prévoyait que les Sinumun auraient un destin singulier.

J'ai évité de formuler cette audacieuse création dans mon cristal Ugur de peur que notre secret ne soit découvert. J'ai toujours vécu dans l'inquiétude d'égarer ou de mefaire dérober le cristal que Nammu m'avait confié il y a maintenant si longtemps. Seules Ninmah et- aujourd'hui- Aset connaissent la vérité sur les Sinumun. Les aventures que je narre présentement sont bien antérieures au retour de ma sœur, l'épouse royale. J'ai ouvert mon cœur à Ninmah lorsqu 'elle m'a aidé à récupérer mon Aimée, en particulier quand elle m'a procuré les gènes de ma défunte promise. J'ai confiance en Ninmah. Elle est lasse des complots des Usumgal et des Anunna et elle a souvent secrètement œuvré pour notre cause. Aujourd'hui, Ninmah est sur Udu 'idimsa (Mars) où elle dirige les affaires d'An. Mon créateur ne sait pas que Ninmah ne le soutient plus comme avant, et qu'elle nous transmet en secret de précieuses informations sur les colonies Anunna et leurs ouvriers A bar.

Juste après la funeste phase de clonage qui avait pour objectif de transformer les Ukubi Ullegarra (type Homo Neanderthalensis) aux fins de soustraire mes Nungal à leur tâche en Edin (la plaine), je m'étais permis un voyage clandestin avec Nisighu ("l'oiseau bleu''), mon appareil de type "lniuma" (''long courrier''). J'étais exténué et brisé par toutes ces séries de clonage. J'ai gardé secrète cette escapade en dehors de Ti-ama-te (le système solaire). C'était donc bien avant le retour de ma bien-aimée Sé 'et parmi nous. Seule Nammu avait eu connaissance de ce voyage et m'avait donné sa bénédiction. Le but de ce déplacement en dehors de Ti-ama-te fut de rencontrer des Kadistu (planificateurs) de Mulmul (les Pléiades) et de leur demander assistance; mais la volonté de ma génitrice­la sainte Kùkiangu 'uhti - était également de récupérer ses enfants

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LE SECRET DU DUKÙ 95

Sinumun et de les ramener ici auprès d 'elle. Je me fis remplacer à Ka/am par mon fidèle bras droit, Sigpab­

nun (lsimmud), prétextant un voyage dans mon Abzu. Mu/mu! ayant été reprise par les différentes factions Amasutum, je ne me faisais pas trop de soucis quant à 1 'issue de ce voyage. Le plus compliqué fut de pouvoir franchir les différents tunnels intemporels et de quit­ter Ti-ama-te (le système solaire) sans encombre. L'ensemble de Ti­ama-te est sous embargo Kadistu depuis la mainmise des Anunna sur Uras. Il nous est normalement impossible de quitter ce fichu système solaire. J'ai dû quitter Uras en utilisant 1 'une des rares Diranna (portes stellaires) accessibles et praticables qui donnent accès à Mulge-Tab, le satellite de Mu/ge (l'astre noir). Il en existe actuellement trois de praticables. Une se trouve en territoire en­nemi, à Ka/am, et les deux autres dans les montagnes. Je ne peux même pas mentionner leurs positions exactes dans ce cristal, car je prendrais un grand risque. Nous qui représentons la résistance contre le régime Usumgal-Anunna, sommes les seuls à en connaître l'existence. Les Anunna les cherchent avec obstination, mais ils ne les trouveront pas car leur rayonnement a été diminué par nos soins de manière à les rendre indétectables par tout appareil connu.

Je transitai donc par Mulge-Tab pour pouvoir m 'échapper de Ti-ama-te. Nisighu ("l'oiseau bleu") possède une autre technologie que la nôtre, à savoir celle des Kadistu Urmah à qui je dois cet appareil extraordinaire. Son fuselage allongé et bleuté lui confère un aspect majestueux. C'est le type d 'appareil qui peut faire de longues distances dans les tunnels intemporels sans aucune difficulté, et surtout sans prendre le risque de rencontrer un objet quelconque dans les canaux célestes. Nisighu est un vaisseau de type "lniuma" (''long courrier'') qui calcule 1 'itinéraire d'avance.

Le nom sumérien Nisighu a été adapté en égyptien sous la forme Nis-lg-Hu. qui a pour sens : "qui appartient au flot de lumière"

Le passage dans la Diranna se déroula de la même façon qu'avec nos Gigirlah (''roue étincelante'') ; le voyage dans les

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96 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

tunnels fut en revanche tout autre. Le vaisseau fut inondé de nuances éclatantes qui rappellent celles del 'arc-en-ciel, cependant qu'aucun fluide, aucun liquide ne remplissait l'habitacle. Seul un rayonnement protège l'occupant de l'accélération foudroyante. Cette projection éclatante illumine l'intérieur du vaisseau et le préserve de l'augmentation de la pression due à la vitesse.

Mon voyage s'effectua paisiblement. Mon identité me fut de­mandée à plusieurs reprises lorsque je quittais Ti-ama-te, de la part de différents Kadistu (planificateurs) qui ne se sont absolu­ment pas présentés. Ma destination me fut également réclamée.

Mon arrivée dans le nuage gazeux formé d'étoiles géantes de Mulmul (les Pléiades) me procura une étrange sensation. Les relations politiques ne sont plus du tout les mêmes qu'à l'époque de la création des Anunna. A présent, 1 'ordre Kadistu règne sur Mulmul et les Amasutum ont repris le contrôle de l'ensemble de l'Ubsu'ukkinna (l'étoile Maïa). Lafolie guerrière du groupuscule Usumgal et de leurs Anunna leur a juste donné la possibilité de dérober Ti-ama-te et de vaincre notre reine. La monarchie Usumgal n'est plus l'autorité dominante, que cela soit en Mulmul (les Pléiades) ou encore en Margid'da (la Grande Ourse). Quelle dérision 1 Mes frères Gina 'abu/ se donnent le droit de porter des titres audacieux en Ti-ama-te sans relever le fait qu'ils se sont réfugiés sur un monde qui ne leur appartient pas légitimement, et qui dépend originellement de leurs adversaires planificateurs. Ils parlementent et se chamaillent entre eux pour savoir lequel aura les faveurs d'An. Je le dis et le répète, mon créateur est unfou, un aliéné et un tyran qui ne possède aucune morale. Constatant que je ressemble trop à ma génitrice, il convoite avidement les bonnes faveurs de mon A/agni Enlil. J 'ai parfois pitié de ce dernier. Je me demande souvent quelle main invisible m'a empêché de le supprimer lorsqu 'il était encore temps de le faire .. .

Je fus invité à me poser à Adhal, la ville où mes Kuku (ancêtres) avaient à l'époque établi leur domaine souverain. La porte stellaire d'Adhal est manifestement restée un vortex stratégique pour la planète Dukù. La dernière fois que j'avais contemplé cette cité, elle était sous le feu des forces de notre reine Tiamata. Tout a été reconstruit depuis. Ce retour ici fut très émouvant pour moi. Du sol montait une chaleur insoutenable. Des personnages officiels se présentèrent à moi : quatre Amasutum aux étoffes légères et

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crêpelées, ornées de pierres brillantes, et deux mâles aux allures féminines, grossièrement parés de bijoux. Je fus invité à rejoindre la jeune souveraine du Dukù, une certaine Gabara (''bergère''), et convié à suivre le petit nuage de poussière soulevé par les pieds nus de mes hôtes. Les nouveaux murs et la porte monumentale de l'enceinte du palais ont été sculptés depuis pour commémorer la victoire des planificateurs sur l 'autorité Usumgal. En un clin d'œil, je pus deviner l'issue de la bataille qui avait fait rage ici. Sur les murailles, des Anunna, des Mimi nu (''gris'') et des Musgir (dragons) étaient éparpillés sur le sol, et d'autres, pieds et poings liés, dirigés vers d'énormes vaisseaux. Plus loin, les vaisseaux cargos se dirigeaient vers un système à trois soleils qui semblait être celui de Sipazianna (Orion), la demeure des félidés Urmah et des survivantes Amasutum de la Grande Guerre. Dans un coin de la fresque, je repérai des Gina 'abu! apparemment délaissés, qui me parurent être en période de Gibil 'ltisu (renouvellement de la peau). La lumière du soleil se reflétait sur leur peau et j'en déduisis qu'il s'agissait de mes Nungal. La troupe était subitement dirigée vers l'Abzu du Dukù et vers un groupe de type humanoïde.

Le palais de la reine avait la forme d'une pyramide où s'enchâssaient des rangées de terrasses aux fleurs abondantes et parfumées. Ce genre de disposition rappelle certains temples et demeures de Sàlim. Je fis ma révérence à la souveraine du Dukù qui trônait au sommet d'une tribune royale. La Nin (prêtresse) descendit de son perchoir et m'invita à faire quelques pas en sa compagnie. Elle fit signe à ses gardiennes de nous laisser seuls. La reine Ga bara avait le corps moulé dans un fourreau blanc. Son chefs 'ornait d'un mince serre-tête en argent descendant sur le front et son corps était paré de bijoux scintillants. Les cheveux de sa perruque étaient tressés de fils d'argent.

- Que viens-tu faire ici, mon fils ? me demanda-t-elle avec un regard bienveillant. Tu es bien Sa 'am, le Nitahlam (1 'amant) de Nammu?

- C'est une histoire trop longue à raconter, je ne suis plus le Nitahlam (l'amant) de Mamitu-Nammu, mais son fils. J'ai depuis épousé sa suivante, Sé 'et ...

- Que me racontes-tu là, tu as épousé la fille de Nammu, ta sœur ? Voilà qui est singulier et qui n'a pas été pratiqué depuis fort longtemps chez les nôtres. Cela me remémore l'histoire de Saran

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("totalité du ciel'') et Asme (''éclat''), les amants royaux et maudits contre qui le sorts 'était acharné. Ne connais-tu pas cet épisode qui relève de notre héritage ?

- Non, pas du tout. Mais mon histoire est bien trop longue et compliqué, Eres (reine) ...

- Je suis seule à pouvoir décider si tes aventures sonneront comme fastidieuses ou pas à mes oreilles. J'ai tout mon temps. Maintenant que je t'ai autorisé à te poser ici après un aussi long voyage, et que je me suis mis à dos 1 'ensemble du conseil, tu vas me dédommager de mes ennuis à venir, comme des polémiques qu'ifs engendreront, en me racontant tout, je dis bien tout !

Il rn 'aura fallu deux journées complètes pour transmettre toute mon histoire à la souveraine du Dukù. A la jin de mon exposé, ce qui pouvait passer pour un sourire relevait le coin de ses lèvres ; mais une larme coulait sur sa joue, et l'atmosphère était comme surchauffée.

- Ceci est prodigieux, me dit-elle, car ton histoire me rappelle véritablement celle de nos deux amants consanguins quis 'étaient mis la famille royale du Dukù à dos. Saran ("totalité du ciel'') était vouée à devenir la reine de cette planète. C'était une Nin (prêtresse) brillante en tous points, adorée, sans doute même idolâtrée par sa famille et vouée à un destin fameux. Mais elle était tellement éprise de son demi-frère Asme (''éclat'') qui était un simple ouvrier au service des jardins du palais, qu'elle laissa ses fonctions à sa sœur cadette. Cette dernière ne sut administrer les biens du Dukù et les ennuis plurent sur la lignée dirigeante de notre chère planète, tandis que les deux amants vivaient cachés dans l'opulence, au milieu des biens que leur avait offerts leur tante. La tante en question était la mère d'Asme. Elle affectionnait Saran comme sa propre fille, et vivait un lourd contentieux avec la famille royale. Mais ses fonctions planificatrices et les nombreux déplacements qu'elle devait effectuer ne pouvaient garantir que les deux jeunes Nitahlam (amants) seraient protégés. Pendant 1 'une de ses absences, la parentèle royale rendit Saran et son frère responsables du déclin sociétal affectant le Dukù. Ce déclin n'était pas si terrible, car il ne faisait qu'affaiblir la dynastie régnante tout en donnant du pouvoir au peuple. Les deux amants furent traqués, agressés et banis du Dukù. Il existe deux versions qui different quant à 1 'issue de cette histoire. Une version de la légende

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LE SECRET DU DUKÙ 99

prétend que Saran et Asme purent se sauver vers le système de Gagsisa (Sirius) grâce à des complices de leur protectrice. Mais l'autre version, plus dramatique, soutient que Asme, le mâle, ne parvint pas à s'échapper avec son aimée. Elle seule put se rendre sur Gagsisa (Sirius). On affirme dans cette dernière version qu'une fois arrivée sur place, la jeune Saran mit fin à ses jours à l'aide du Girkù de sa tante. Saran et Asme étaient des amants célestes, et quelle que fût 1 'issue de cette histoire, il est certain qu'ils 'agissait d'Urni (âmes-sœurs). Difficile pour moi de te dire, mon fils, quelle version de cette histoire est la bonne. Nous avons cependant un tombeau pas très loin, sur 1 'une de nos collines, dont on prétend qu'il renferme les cendres du fils de la grande Nammu, le dénommé Asme.

Sans en comprendre la raison, je fus totalement retourné par cette histoire.

- Mamitu-Nammu, ma mère ? -Oui, ne t'a-t-ellejamais dit qu'elle avait eu un fils? -Non, jamais. -C'était un Kiristi, du fait que Nammu soit une Gir (''noble qui

porte'') de sang Abgal. Son fils Asme avait été envoyé auprès de son père ici, sur le Dukù, car sa mère ne souhaitait pas 1 'exposer sur Uras (la Terre).

-Pourquoi l'époux de Nammu ne l 'a-t-il pas suivie ? Pourquoi a-t-il eu une fille avec une autre Nin (prêtresse) ?

- C'est une histoire de famille, et les histoires de familles sont toujours compliquées, mon fils. L 'Abgal Enkù ("seigneur saint'') voulait fonder une descendance avec Nammu, mais ta génitrice est une Kadistu et les fonctions de planification mobilisent beaucoup de temps et d'énergie. Nammu aurait souhaité que son Nitahlam (amant) la suive, mais il en a été autrement. Enkù ambitionnait une vie paisible et non une vie pleine d'aventures et de dangers à l'autre bout de la galaxie. Nous ne savons pas si Enkù a trahi la confiance de Nammu ou s'ils se sont quittés en bonne entente. Toujours est-il qu 'Enkù s'est retrouvé avec la sœur de Nammu et qu'ils ont eu deux filles, dont Saran.

-La sœur de Nammu ? Mais quelle sœur ? Qui est-elle ? - Ninsikila (''prêtresse pure'') : c'est sous ce nom que nous la

connaissons. Elle est la fille de notre regrettée Tiamata. La conduite de Saran et Asme et les révoltes quis 'en sont suivies ont obligé la

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mère de Saran à quitter le confort du Dukù et à se réfugier auprès de sa génitrice Tiamata. Nous ne savons rien de plus sur elle.

-Pourquoi ma mère ne m'a-t-elle pas révélé qu'elle avait une sœur ? Elle ne m'a pareillement jamais rien dit sur son fils . C'est incompréhensible!

Les yeux de la jeune Ga bara exprimaient de la sollicitude et sa voix prit un ton presque admiratif

-Pour sa sœur, je n'en sais rien, mais pour son fils, c 'est autre chose. La grande Mamitu-Nammu est connue de nous toutes, c'est une légende vivante. Ses pensées sont présentes dans nos cœurs. Je ne m'avancerai pas trop en te disant qu'elle doit sans doute envisager que tu es la réincarnation de son fils Asme.

-Qu'est-ce qui peut te faire penser cela? -C'estl'histoirequetu rn 'as relatée. Tuasétél'épouxdeNammu.

Lorsque vous avez su que tu étais son fils, elle s'est subitement éloignée de toi. Mamitu a à ce moment-là dû comprendre qui tu étais. Ne rn 'as-tu pas dit qu'elle ne cesse de te considérer comme un Kiristi alors qu'elle ne t'a pas engendré ? Ce n 'est pas très honnête venant d'une Gir comme elle, mais cela prend tout son sens si nous envisageons que Nammu voit en toi la réincarnation - le prolongement de son fils Asme. Il est certain à ses yeux que tu es Asme!

Je fus abasourdi par cette légende du Dukù. J'étais venu ici pour demander assistance aux Kadistu, et ce que je recueillais en retour représentait une étrange légende qui me mettait mal à l'aise. Pourtant, je ne me laissai pas étourdir davantage par l'histoire de Saran et de Asme, et pus évoquer le but de ma visite. En ef­fet, concernant la fatale question que j'avais l'intention de poser à Gabara, mon hôtesse royale me fit comprendre qu'elle ne pourrait nous porter secours et nous dépêcher des porteurs de lumière : "Vous possédez vos propres Kadistu en Ti-ama-te (le système so­laire) et sur Uras (la Terre) ; les A ma 'argi et vos Nungal. De plus, il est possible que les Kadistu de Mu/ge puissent vous apporter une aide appréciable".

Je ne fus pas très enthousiamé par sa réponse, et Gabara le vit tout de suite. Elle ne faisait que respecter un protocole qui avait dû être réglé avant mon arrivée. Elle savait comme moi que cette décision n'était pas juste. La souveraine me fit de gros yeux ronds et me fixa attentivement, comme pour m'inciter à demander une

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LE SECRET DU DUKÙ 101

compensation. -Je suis également venu ici pour ramener avec moi la famille

Sinumun ("descendance de lumière'') qui appartient à Nammu. La sainte Kùkiangu 'uhti souhaite récupérer ses enfants et les faire prospérer sur Uras.

-Accordé ! Ces êtres et l'ensemble de leurs gènes appartiennent à V ras, il est naturel de les rendre à cette planète et à leurs frères Ukubi (genre Homo). Ils ont été bien traités, comme le souhaitait Nammu. Ils n'ont manqué de rien. La famille Sinumun s'est multipliée depuis votre départ du Dukù. Ils sont maintenant près d'une trentaine de couples avec leurs enfants.

-Je souhaiterais redescendre dans les souterrains qui quadril­lent le sous-sol de votre ville et pénétrer dans les régions inférieures et supérieures qui ne font qu'une, et qu'on nomme la Dual.

- Que veux-tu faire en ce lieu sacré, mon fils ? Je ne suis pas certaine de pouvoir t'accorder une telle requête.. . Si mes conseillères l 'apprenaient ...

-J'ai déjà pénétré en ce lieu avec Nammu et nos Nungallorsque nous avons fui les batailles. En qualité de fils de la très sainte, je pense posséder le droit de circuler à cet endroit comme bon me semble.

- Certes, certes, me dit-elle agacée, je t'accorde ce droit, mais fais vite, car ton départ ne doit plus tarder maintenant. Je ne vais pouvoir te garder ici plus longtemps. Je ne vais pas pouvoir t'ac­compagner, mais tu vas t y rendre sous bonne escorte.

La souveraine du Dukù claqua des mains et demanda à sa suivante de me mener dans la Duat avec quelques-unes de ses gardiennes. "Tu seras sous bonne garde, me dit-elle. Fais ce que tu as à faire. Nous allons te restituer les Sinumun, mais retourne vite vers ta terre d'asile, là où ton destin a guidé tes pas. Je ne peux rien faire de plus pour toi". Je la remerciai et lui répondis qu'elle avait déjà fait beaucoup. Elle finit par ajouter avec un large sourire de ne pas oublier d'annoncer à mon ancêtre Ansar qu'il n 'était plus le possesseur du Dukù.

Je pris congé de la maîtresse des lieux et fut livré aux regards curieux des prêtresses qui me menèrent vers les sous-sols sacrés de la ville d'Adhal. Nous empruntâmes un souterrain situé sous le palais. Une fois arrivés dans la Dual secrète, je me mis à fouiller partout en vue de trouver le tombeau de ce Kadistu, cible de toutes

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102 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

les attentions des Amasutum. Ma mère m'avait évoqué cet Asme lors de notre fuite à travers ces mêmes souterrains. 5 1 Son histoire me revenait comme un écho lointain. Mon escorte féminine s'interrogea sur mes motifS. La suivante de la souveraine me questionna :

-Par la Source, que fais-tu, En (seigneur); pourquoi souhaites-tu voir le tombeau sacré ?

- Que sais-tu de cette tombe et de son occupant ? - Rien que tu doives savoir, étranger 1 -Je ne suis pas un étranger, je suis fils de la grande Mamitu-

Nammu. Ma génitrice m'a toujours répété que ce que je devais apprendre, je devais le découvrir par moi-même. Si des mystères qui sont liés à Nammu hantent ces souterrains,je dois les découvrir, avec ou sans votre aide. J'ai la bénédiction de votre reine. Par contre, si vous ne coopérez pas, je risque fort de retarder mon départ et votre souveraine vous le reprochera. C'est à vous de choisir 1

Le regard de la suivantes 'attarda sur mon visage, comme pour pénétrer au plus profond de moi-même. Au bout d'un moment qui me parut interminable, elle me répondit d'un ton neutre qui mas­quait ses pensées: "Si tu es certain que ton choix n'engendrera ni ressentiment ni regrets, alors suis-nous". J 'acquiesçai d'un signe de la tête et suivis le groupe qui me mena à travers d'intermi­nables tunnels.

-Il fut un temps où se déroulaient ici des rites de passage et des initiations à la connaissance de l 'âme, me lança-t-elle. Touts 'est arrêté le jour où fut célébré le retour de ce Kadistu vers son lieu d'origine.

-Pourquoi? Le rite ne s 'est-il pas déroulé comme il fallait ? - Non, il s 'est bien passé à ce que je sache, mais ce rituel

n 'aurait pas dû avoir lieu sans l'accord de Nammu. Tiens, Enki, voici ce que tu cherches.

La prêtresse me montra du doigt un étroit bassin où était immergé un lourd tombeau taillé dans de la pierre noire. J'en fis le tour. Je n'étais pas à 1 'aise et ma tête se mit à tourner. Je fus pris d'une subite crise de Buluhur (spasmophilie). N'apercevant aucune inscription visible au dehors, je m'apprêtai à plonger,

51 Voir p. 402 du tome 1 des Chroniques (des Éditions Nouvelle Terre).

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LE SECRET DU DUKÙ 103

mais la suivante me stoppa brusquement : - Inutile de te mouiller pour rien. Je passerai le fait qu 'il soit

interdit de se baigner dans ces eaux, mais sache qu'il n y a aucune inscription. Ce sont les mâles qui écrivent sur leurs monuments. Nous, nous ne le faisons pratiquement jamais ...

-Alors, vas-tu me dire de qui ils 'agit ? La voyant de nouveau hésiter, j e lui rappelai que j 'avais la

bénédiction de ma mère et celle de leur souveraine. Une panique froides 'empara d'elle et elle se mit à genoux en implorant mon indulgence. L 'ensemble de 1 'escorte fit de même.

- Pardon, En, nous implorons ta clémence pour le mal causé à ta sainte mère.

J'étais abasourdi par cette intrigue qui se dévoilait p eu à peu. - Par la Source, de quoi me parles-tu ? - Ce sont les cendres du fils de Nammu, celles de ton frère,

qui sont dans ce tombeau. Nous préférons nous remémorer cette histoire comme de celle d'un lointain événement, voire d'un cauchemar; mais elle n'est pas si éloignée que cela. Asme, le fils de Nammu, était un Kiristi pure souche, un Kadistu dont le destin se montrait prometteur. Il était protégé par son père, mais sa nouvelle femme, Ninsikila, qui était la souveraine du Dukù, n'aimait pas le fils de Nammu. Elle voyait en lui un agitateur et un opposant à ses divines injonctions. Asme reprochait à sa tante de privilégier la noblesse aux dépens des ouvriers mâles qui travaillaient dur pour le système despotique de la reine Ninsikila. Ninsikila a fait traquer les deux amants comme les mâles le font souvent avec certains Adam (animaux). Saran et Asme ont voulu fuir le Dukù. Saran a réussi à s'enfuir dans un Gigirlah, mais son Nitahlam (amant) a été tué sur la colline que tu connais, alors qu'il la suivait pour embarquer avec elle dans le vaisseau. La garde de la souveraine a ramassé le corps dufils de Nammu. Dans sa colère, Ninsikila a placé la dépouille mortelle dans la montagne et lui a fait subir le rituel des portes de lumière qui permet d'envoyer une essence vers son lieu d'origine céleste. Une fois le rituel accompli, elle a fait brûler le corps d'Asme, à nouveau sans l'autorisation de ta mère Nammu. Ainsi, grâce à ces deux entorses aux protocoles Amasutum, Ninsikila s'est donnée la possibilité d'expédier irrévocablement l'âme de ton frère vers Gagsisa (Sirius). Ces actes malveillants ont également enlevé tout espoir à Nammu de pouvoir recréer le corps

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104 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

de son fils et lui insujjler son âme d'origine . .À 1 'époque de cette conversation, je ne connaissais pas encore le

véritable fonctionnement des Unir (pyramides) ou des montagnes sacrées telles que celle de la ville d'Adhal, mais j'en compris va­guement 1 'utilisation. Il existe deux procédés. Le premier est celui des portes de lumière qui permet d'expédier un être ou une âme vers un lieu donné. C'est un voyage qui prend place par delà l'ho­rizon des événements. Le second étant le rituel de la lumière de 1 'horizon- terme qui sert parfois à qualifier une Unir (pyramide)­qui réincarne un défunt parfaitement identifié.

J'étais également loin de me douter, lors de cette rencontre, que les gènes de mon aimée avaient survécu à la bataille du Dukù, et que c'était justement ces derniers et l'utilisation d 'une Unir (pyramide) qui allaient, bien plus tard, me ramener Sé 'et sous la forme d'Aset. J'eus cependant le réflexe de demander à la suivante de la reine Ga bara ce qu 'étaient devenus les gènes d'Asme, sachant que chaque gène Gina 'abu/ était systématiquement déposé dans la grande bibliothèque de notre patrimoine génétique de la ville d'Ankida, sur la planète Nalulkara du système de Margid'da (la Grande Ourse). La réponse de la suivante royale fut catégorique:

- Ninsikila a supprimé les gènes du fils de Nammu de la bibliothèque. Elle l'a fait lorsqu 'elle a dû quitter l'Ubsu 'ukkinna (étoile Maïa dans les Pléiades) pour se réfugier en Margid'da auprès de sa mère Tiamata. Elle en a profité pour emporter avec elle la bibliothèque, quis 'est retrouvée sur Margid'da (la Grande Ourse). Nammu n'a donc jamais pu ressusciter son fils ! De ces événements est née une terrible querelle entre ta mère et sa sœur Ninsikila.

-Qu'est devenue cette Ninsikila? Je ne la connais pas du tout. -Nul ne le sait, mon fils. Tiamata l'a sans doute envoyée dans

un système éloigné de façon à la préserver de la colère de Nammu. Tu devrais le demander à ta mère. Nous la savons furieuse vis-à­vis de sa sœur. Il y a de quoi ! Du coup, et en 1 'honneur de Nammu, nous avons supprimé le nom de Ninsikila de nos annales. Seule notre mémoire en garde le souvenir !

-Pareillement, qu'est devenu le père Abgal de Saran et Asme, le dénommé Enkù ?

-.À notre connaissance, il est retourné sur Gagsisa (Sirius) . Les révoltes du Dukù et la disparition de ses deux enfants 1 'ont éloigné

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LE SECRET DU DUKÙ 105

à jamais de Ninsikila et de Mulmul (les Pléiades). Je fus ébranlé par cette histoire. Je n'eus plus aucune question

à poser. J'ai la sensation d'avoir été cet Asme, mais rien ne me le prouve non plus. Cette impression que je ressens encore aujourd'hui me troublera pour toujours, car, à mon retour, je n'eus aucune information complémentaire sur ce récit de la part de ma mère. Je lui ai pourtant demandé des détails sur sa sœur Ninsikila, mais elle rn 'a répondu que j'avais mieux à faire en Kankala (Afrique) que de remuer un passé reculé qui n 'avait aucun rapport avec nos activités sur Uras.

Étant sur le Dukù, et ma visite dans la Dual terminée, je fus invité à rejoindre les fameux Sinumun (futurs Amérindiens). Je pris ainsi mon envol avec Nisighu (''oiseau bleu'') en vue de rejoindre 1 'Abzu du Dukù. Les Sinumun s'étaient effectivement multipliés depuis la dernière fois que je les avais rencontrés avec ma mère, à l'époque où nous leur avions injecté des gènes Nungal. Cette initiative singulière prend tout son sens lorsqu 'on sait que le sang Babbar (albinos) est lié à Nammu, ainsi qu'à Uras (la Terre). Pressentant probablement l'imbroglio politique auquel nous allions progressivement être soumis à 1 'époque de la création des Anunna, ma génitrice a sans aucun doute voulu associer les Sinumun à la localité céleste, où elle œuvre depuis des temps immémoriaux pour le compte de Tiamata et des Kadistu. Elle prévoyait déjà, à l'époque, de les déporter un jour vers Uras. Sans doute n'avait-elle pas imaginé que la révolte de ceux qui avaient fait la guerre à notre reine Tiamata allait se terminer en Ti-ama-te (le système solaire). Toujours est-il que la performance génétique de Nammu, à laquelle j'ai involontairement été associé, a engendré des complications inattendues juste avant mon départ du Dukù ...

Les anciens Sinumun me reconnurent comme le Mas su52 et partenaire de la grande Kùkiangu 'uhti ("Mère-Araignée''), leur créatrice. Leur départ pour Uras en ma compagnie leur avait été annoncé par la souveraine du Dukù ; mais leurs protecteurs ne le virent pas d'un très bon œil. Ces derniers sont des membres

52 Terme sumérien exprimant un prince ou un chef. On retrouve ce nom dans le langage hopi sous la forme Masaw ou Masa 'u, qui est le surnom donné au Grand Esprit, considéré comme le co-créateur de la race humaine avec son associée, Kohkyangwwuhti (Mère-Araignée). Chez les hopis, Masaw est également le maître du monde souterrain, comme le sont Enki et Osiris.

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106 PREMIÈRE PARTIE : !:INSTRUCTION DU FAUCON

orzgznaires de Mulmul (les Pléiades) formant une collectivité Kadistu (planificatrice) appelée "Kas in" ou "Kas in 'a", 53 laquelle a pour mission de guider les différents Ukubi (genre Homo) de ma mère. Parmi eux se trouvent des Nungal qui avaient échappé à la bataille de Mu/mu! (les Pléiades) et des Sukkal à la forme d'oiseau. C'est ma génitrice elle-même qui avait constitué cette collectivité bien avant la création des Anunna. Elle ne m'en avait jamais fait part. Nammu est très secrète dans bien des domaines et préfère manifestement que je découvre ses secrets par moi-même ...

Notre départ à bord de Nisighu (''oiseau bleu'') fut retardé pour la raison inattendue que les membres Kas in 'a ("messagers de la Déesse'') ne souhaitaient pas abréger leur mission de vie et abandonner les Sinumun aux mains des ''prédateurs" qui séjournent sur Uras (la Terre). Un conseil extraordinaire fut ordonné par la souveraine Gabara. Je fus ainsi invité à parcourir les opulents palais royaux pendant tout le temps de la négociation. Les différents membres de la collectivité Kas in 'a furent convoqués pour présenter leurs revendications. Après un débat houleux de plusieurs Danna (heures), il fut finalement décidé que la corporation Kas in 'a garderait un contact étroit avec les Sinumun et qu'elle ferait le déplacement sur Uras autant de fois qu'elle le pourrait. Par la même occasion, il me fut demandé si je souhaitais récupérer mes Nungal rescapés. Plusieurs membres Nungal étaient présents dans la grande salle du conseil ornée de turquoises et de marbre. Ils étaient là, postés près d'une imposante colonne. Leurs visages étaient graves et manifestement inquiets. J'ai répondu calmement qu'ils seraient mieux ici, sur le Dukù, et qu'ils étaient les bienvenus sur Uras en tant que membres Kasin 'a. Ma décision souleva de nombreuses acclamations et un tonnerre d'applaudissements dans 1 'ensemble du conseil. Gabara se leva, totalement excédée, le ton courtois et diplomatique qu'elle avait jusqu 'à présent employé changea subitement :

- Bien joué, Mas 'su-Enki ! Tu as finalement tes Kadistu

53 En langue proto-sumérienne (langage matrice) : KAS, ("étranger", "visiteur", "messager", "voyageur", "voyager vite") ; IN5 ("dame", "souveraine"), soit KAS4-/N5 , "les visiteurs de la souveraine(= de la Déesse-Mère Nammu)", ou "les messagers de la souveraine". De ce terme découle sans doute le nom hopi Kachine ou Kachina, "initié estimé de haut rang", qui désigne la collectivité extraterrestre des Pléiades qui a pour charge de veiller sur le peuple hopi. Ces êtres divins sont très importants dans leurs traditions. Pour eux, leurs dieux et protecteurs viennent de cette région céleste, où se situe également leur origine.

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LE SECRET DU DUKÙ 107

(planificateurs). Mais nous veillerons à ce que leurs déplacements se limitent au cadre de leur mission pédagogique auprès des Sinumun. Les Kasin 'a ne doivent en aucun cas fréquenter les Urasiens (terriens) et encore moins se mêler de vos histoires. C'est bien compris ?

- Tout à fait, grande Ere§, lui répondis-je ironiquement. -Allez-vous en maintenant ! -Nous sommes partis ... Après ces dernières paroles quelque peu exacerbées par la

décision du conseil, le collectif Sinumun embarqua avec moi dans Nisighu (''oiseau bleu'') et nous quittâmes le Dukù et Mulmul (les Pléiades) à jamais. 54

12. Nisighu, ou Enki-bird ("Oiseau Enki"), avec lequel les Hopis prétendent avoir voyagé jusqu'à la Terre pour y vivre avec le Grand Esprit Mas'su.

Voilà donc comment les Ukubi de Nammu, baptisés Sinumun, se sont retrouvés sur Uras. Nous avons gardé le plus longtemps possible ce projet génétique secret vis-à-vis de nos adversaires. Nous les avons déplacés de multiples fois sur la demande de ma mère. Ils ont souvent séjourné dans l 'Abzu. Le collectif planificateur Kasin 'a veille sur eux. Les Kas in 'a sont liés aux Sinumun, ils font

54 Les traditions des Hopis de 1 'Arizona incluent une version selon laquelle leurs ancêtres proviendraient des Pléiades (Seven Sisters). Ces derniers auraient été transportés par le Grand Esprit à bord d 'un aigle volant baptisé "Enki". D'après cette version, Enki et ses enfants célestes descendus des Pléiades (KAS4-IN5 en sumérien, soit "les messagers de la souveraine"), étaient des bienfaiteurs de 1 'humanité ayant apporté la connaissance et la possibilité de voler grâce aux Patoowa, les "boucliers volants".

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108 PREMIÈRE PARTIE :!:INSTRUCTION DU FAUCON

périodiquement des allers et retours entre les systèmes stellaires Mulmul (les Pléiades) et Ti-ama-te (le système solaire) sans pour autant entrer en contact direct avec nous.

Même Ugur, mon cristal, n'a jamais eu connaissance du peuple Sinumun. J'ai toujours été prudent avec les informations que j'ai placées en lui. Ugur possède une histoire chargée par les années et les faits. Ce cristal de roche taillé en forme de cylindre a dû ôter la vie à plusieurs êtres durant sa longue existence. Je n'oublierai jamais que Saran s'est supprimée avec lui ... Lorsque j'ai fait revenir Sé 'et à la vie sur Mu/ge- Tab (satellite de l 'astre noir), j'ai progressivement cessé d'utiliser Ugur de peur que mon aimée ne soit en contact avec lui. Si je suis bien la réincarnation d 'Asme, Sé 'et doit être la réincarnation de Saran. Je comprends aujourd'hui le silence de Nammu et sa volonté de se débarrasser d 'Ugur, de ce "maudit cristal" comme elle l'a baptisé. Saran a sans doute mis fin à ses jours sous les yeux horrifiés de ma génitrice, cette dernière ne se séparant à l'époque jamais de son cristal. L'histoire de Saran et Asme n'apparaît nullement dans Ugur. Tous les éléments de cette histoire ont dû être effacés de sa mémoire par les soins de ma mère. Aucune donnée, aucune image, rien ...

J'ai parfois le sentiment qu 'Ugur rugit silencieusement. Il émane de lui quelque chose de redoutable et d'opprimant. Il a été mon éternel confident et je ne l'oublie pas. Ugur véhicule aussi mes peines et mes doutes. Le porter me pèse beaucoup, c'est pourquoi je ne 1 'utilise plus depuis que Sé 'et m'est revenue. Mon épouse le garde dans un coffre, quelque part dans ses appartements en Di/mun ou bien dans le Gigal souterrain où mon aimée demeure parfois, à 1 'abri du regard et des machinations de nos ennemis.

Après la lecture de ce long passage, je suis allé me dégourdir les jambes et surtout m'aérer la tête. J'étais en colère après mon père ! J'ai cherché Djehuti (Thot) pour qu'il me renseigne sur certains détails. On m'a dit qu'il travaillait à l'extérieur de Bit-Râ-Hem (la Grande Pyramide), peut-être à son sommet. Les gardes m'ont déconseillé de sortir, le terrain étant inondé. J'ai quitté secrètement nos souterrains par le hangar où mon vaisseau est abrité et j'ai dévalé la colline. Une barque m'attendait plus bas. Je la prends parfois en cachette pour faire le tour de notre domaine à la rame. J'aime accoster le long d'une colline et écouter les oiseaux Bulbul

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LE SECRET DU DUKÙ 109

siffler dans le vent. J'apprécie vraiment leur chant et leur ballet aérien, je ne m'en lasserai jamais.

J'ai tiré 1 'embarcation vers 1 'élément liquide et me suis dirigé vers l'impressionnante machine qui m'a enfanté. Les végétaux trempent dans 1 'eau. Plus bas, au pied de notre plateau élevé, seules les cimes de milliers d'arbres sortent de l'énorme masse liquide.

Le pont de Bit-Râ-Hem est actuellement dégagé. Je l'ai franchi et ai parcouru le renfoncement qui court sur tout le long de l'édifice. Arrivé à l'extrémité d'un des côtés, j'ai accédé à l'un des escaliers qui mènent au sommet de la Merakhti. Arrivé en haut, j'ai découvert Djehuti portant une combinaison blanche qui le couvrait de la tête aux pieds. Il s'affairait auprès de la pierre Benben.

- Que fais-tu ici, Heru ? - Ah, Djehuti (Thot). Pardonne-moi, je ne souhaite pas te

déranger. -Quelle question, tu ne m'importunes nullement ! Tiens, place

ceci sur tes yeux. Djehuti m'a tendu une paire de lunettes. La pierre de notre Mer

(pyramide) est dangereuse, son scintillement peut troubler la vue. - Rassure-toi, a repris Djehuti, normalement tu ne t'exposes

à aucun problème si tu ne la touches pas et ne la côtoies pas trop longtemps. Mais je doute que cela soit une bonne idée que tu sois là.

-Je risque quelque chose ? -Je ne sais pas. J'ai de toute façon bientôt fini. - Tu sais tout, habituellement. .. - Ton cas est particulier ; attends, je vais t'en expliquer les

raisons. -Je suis monté ici avec ma mère lorsque j'étais petit. - Oui, je sais. Elle avait voulu te montrer le fragment de

1 'A'akhet (la colline de l'horizon : Mu/ge). Patiente quelques instants, je dois encore vérifier un détail. .. Ne t'approche surtout pas d'Arit (l'œil) ... Recule un peu ...

Djehuti avait un petit boîtier entre les mains. Il appuya dessus et la pierre se mit à crépiter légèrement à la manière du bois qui brûle.

-Aset m'avait dit qu'il ne fallait pas la toucher, ai-je repris. Que cette pierre n'était pas bonne pour moi.

- Elle a eu raison de te le préciser. Le Benben possède une

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110 PREMIÈRE PARTIE : ~.!INSTRUCTION DU FAUCON

puissance prodigieuse, et davantage encore depuis qu'il a été placé sur Bit-Râ-Hem. Plusieurs forces différentes entrent en action sur ce sommet. Sache aussi qu'il ne faut surtout pas le toucher lorsque le soleil le frappe, il devient alors totalement brûlant.

Djehuti vérifiait le rayonnement du Benben que nous appelons aussi Arit (1 'œil).

-Pourquoi nommons-nous le Benben "Arit'' (1 'œil) ? - Du fait qu'il s'agit d'une antenne fortement magnétique.

Une antenne capable de scruter l'éther et le cosmos. C 'est un œil magnétique.

12. Situation du Ben­ben au sommet de la Grande Pyramide. © antonparlfs.com

- Tu m'as enseigné que le Benben est en résonance avec 1 'A' akhet, 1 'ancienne planète des Kadistu. On rn' a également tou­jours dit que le Benben avait servi à capter mon essence pour que je puisse m'incarner à l'intérieur de la Mer (pyramide). Alors à quoi vous sert ce fragment aujourd'hui ?

-C'est là où je souhaitais en venir, et il y aurait beaucoup à dire, mon jeune élève. Je suis enchanté que tu me poses cette question. Nous sommes en présence d'une action-réaction. Pour résumer, je vais te rappeler ce que tu sais déjà : Asar a été abattu à la même époque que 1' A'akhet. Leurs destins sont identiques, 1 'un comme 1 'autre ont eu leur structure individuelle éclatée pour la même rai­son et du fait des mêmes individus : Enlil-Setes et ses Anunnaki. Désormais, notre système planétaire est détraqué, tout comme 1 'est notre structure gouvernementale du Pays de Lumière. Nos enne­mis ont provoqué une mutation au sein de notre système solaire,

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LE SECRET DU DUKÙ Ill

tout comme ils ont déséquilibré notre fonctionnement politique et notre cohésion sociale. L'explosion de l'A'akhet a éjecté sa lune, le Benu Céleste (le Phénix) que nous nommons aussi "Arit-Kheru" (l'œil du son).SS Le Benu est venu de la zone céleste et chaotique du grand combat, le domaine où les Neteru (dieux) sont morts lors de 1 'explosion, tout comme tu es revenu du royaume des trépassés qui se trouve au-delà de nos perceptions. Tu comprends ? Le Benu est venu en réaction, de la même manière que tu es ici pour restaurer l'équilibre brisé. L'œil solaire Benu finira sa route lorsque la tienne sera achevée. Tout ton être supporte cette influence planétaire rare, cet écho insolite. L' A'akhet, le Benu, Asar et toi, formez un seul principe qui a été brisé, et qu'il faut réparer. C'est une lourde tâche que tu ne pourras accomplir entièrement seul, c'est pourquoi tu as besoin de notre soutien ; et il est important de nous écouter, ta mère et moi particulièrement.

Djehuti s'est relevé avec un air concentré. -Voilà, c'est fait. - Pourquoi travailler sur cette pierre, doit-on utiliser la sainte

Mer (pyramide) prochainement ? -Nous avons plusieurs projets pour elle. Depuis peu, j'ai affecté

une mission spéciale à notre Mer et sa pierre noire : celle de réguler notre climat ; cela fonctionne.

- Il y a une drôle d'odeur ici, que j'ai l'impression de connaître ... -C'est l'odeur spécifique du Benben et de ses pierres noires. - Que produit encore le Benben ? - Cette pierre stimule la perception du Grand Haut. Elle apporte

55 Arit-Kheru ou Yret-Kheru (l'œil du son) est le nom égyptien de la future Vénus avant qu'elle ne trouve sa place actuelle dans le système solaire. Dans le tome précédent (dossier Neb-Heru), nous avons étudié les différents aspects de l' astre perturbateur présents dans les anciens textes funéraires, d'où il ressort que les pharaons incarnaient Neb-Heru (le seigneur Horus) en qualité d'Étoile du Matin et du soir. Le but était de restaurer le corps éclaté d'Osiris dans le ciel (la ceinture d'astéroïdes) pour rééquilibrer l'hier et l'aujourd ' hui. Il n 'est ici pas encore question de l'Étoile du Matin (Vénus), mais de la planète hurlante qui ravagea l' ensemble du système solaire. On trouve trace de Arit-Kheru (l'œil du son), ou œil d'Horus, dans différents textes égyptiens. L'histoire raconte qu ' au cours du terrible combat qui opposa Horus l'ancien (Râ) à Seth, ce dernier arracha l'œil gauche du fils de Nut (Nammu). Dans les textes funéraires égyptiens, l'œil arraché d ' Horus l'ancien relève clairement de la même thématique que celle du corps démembré d'Osiris, ce qui confirme la re lation étroite entre le Phénix (l ' œil du son 1 Mulge-Tab) et la colline primordiale éclatée (I'A'akhet 1 Mulge) qui se trouvait entre Mars et Jupiter. L'agression qui a causé la mort d'Osiris est également à rapprocher de celle qu'a subie Horus l'ancien dans son combat stellaire contre Seth, qui lui valut de perdre son œil gauche (la lune de la colline primordiale = le Phénix). Finissons en indiquant que le hiéroglyphe égyptien de l'œil signifie "malheur" !

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112 PREMIÈRE PARTIE : !:INSTRUCTION DU FAUCON

une grande profondeur aux expansions de conscience et donne ac­cès à l'espace, particulièrement en direction du lieu du drame. C'est pourquoi elle est placée sur ce sommet. Le Benben va nous servir à réparer ce qui a été brisé. Il t'a fait revenir de l'au-delà de l'horizon des événements, comme il nous aidera à repérer le Benu (Phénix), car le Benben nous sert aussi ici, à Nashareth, à retrouver la trace du Benu. Nous aussi nous recherchons son écho dans le firmament. Chaque poste de recherche, comme celui de Serkit (Ninrnah) en Iginim (haute régionj56 ou celui des autres veilleurs en Kurama (Gorerne 1 Turquie), possède des fragments de l'A'akhet véhiculés par 1 'Arit-Kheru-Benu (l'œil du son-Phénix). C'est pourquoi je t'ai indiqué que le Ben ben est une antenne, un œil magnétique. Mais, je parle ... Tu étais venu me voir pour quelque chose de précis?

-Je ne sais plus. Mais ce n'est pas important ... Notre discussion m'a fait beaucoup de bien ...

Je me suis réveillé dans mes appartements. Aset était à mes côtés. Que m'était-il arrivé? Je ne me souvenais de rien, pas même de la suite de mon entretien passionnant avec Djehuti (Thot). Ma mère m'a informé que ma discussion avait été interrompue parce que je m'étais évanoui sur la plate-forme de Bit-Râ-Hem. Djehuti m'avait redescendu sur son dos. "Que rn 'est-il arrivé ?" ai-je demandé. Meria eu comme un léger sourire et m'a répondu que la proximité du Ben ben était dangereuse, particulièrement pour moi. "A l'avenir, tu devrais rn 'écouter un peu plus, jeune sot", a-t-elle ajouté avec tendresse. Dans le fond de la pièce, derrière la lourde porte, des gémissements et des plaintes se faisaient entendre.

-Qu'est-ce donc que ce vacarme? ai-je demandé. -Ce sont tes trois filles de joie, m'a lancé Aset, je leur ai interdit

d'entrer. J'ai bien fait n'est-ce pas? J'ai sauté du lit, alarmé ... - Que me veulent-elles ? Ma mère se mit à rire de bon cœur : -Ton magnétisme personnelles a frappées d'émerveillement;

elles s'inquiètent pour ton auguste personne. C'est une sorte de compétition: c'est à celle qui se lamentera le plus à ton sujet. Je ne 56 IGI-NIM en sumérien ("région haute" ou "œil des princes"). Il s'agit de la région située dans les montagnes du Taurus où vivaient les veilleurs que l'on retrouve dans le texte d'Enoch. C'est là que se dresse le mont IGIRA ("le héron" en sumérien) ; décomposé en IGI­RA, cela nous donne "l'œil qui mesure", également en sumérien. Voir le prochain chapitre, "Révélations sur la montagne des Veilleurs".

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LE SECRET DU DUKÙ 113

fais aucun pronostic, elles sont toutes les trois excellentes ... -Que puis-je faire? Elles m'assomment, mère ! Elles ne cessent

de me réclamer nuit et jour. - Nuit et jour ? Voilà pourquoi tes visites se font de plus en

plus rares. Leurs lèvres sont-elles suaves et leurs cuisses tendres au point de me délaisser, moi, la Reine du Trône ?

-C'est faux, je n'ai eu qu'un seul rapport avec chacune d'elle. Aset était agacée. Elle aurait généreusement souhaité me gratifier

de son indifférence à ce propos. Mais il lui est tout bonnement impossible de cacher ses sentiments. Son regard était brûlant :

-Et alors? -Alors rien. Elles m'ennuient ! - Déjà ? C'est parfait, je te suggère donc de les renvoyer sur

l'heure à Aset-Heh (Dendérah). -Ce ne serait pas un bon calcul. Depuis qu'elles sont à Nashareth,

ta sœur me fiche une paix souveraine. - Quoi, elle aussi ? Impossible, elle est constamment gardée et

surveillée. -Cela ne 1 'empêche pas de circuler parfois comme elle 1 'entend. -Qu'a-t-elle encore fait, cette importune? Aset s'était mise à arpenter la pièce. Les talons de ses sandales

frappaient les dalles avec insistance. -Rien, pour l'instant, ai-je répondu ... -Misère, tu vas me rendre folle ... Tu as gagné ! Garde tes filles

de joie, et moi je m'occupe de Nebet-Hut (Nephtys), m'a répondu Meri, agacée. Mais, ne viens pas me voir en pleurant lorsque tu ne sauras plus quoi en faire !

- Je te trouve bien assurée quant à ce point. Peut-être que ma reine se trouve parmi elles ...

Aset leva les sourcils, amusée, et prit un air pincé. Elle fit un signe à mon intention en direction de la porte, derrière laquelle avait éclaté un vacarme assourdissant. Les gémissements s'étaient transformés en hurlements larmoyants.

-Je doute fort que la reine de Kemet se trouve ici. À moins que tu ne souhaites faire de notre pays la risée de la planète !

Meri m'a quitté d'un pas noble. Elle a ouvert la lourde porte d'un geste auguste et a lancé sèchement aux trois prêtresses : "Vous pouvez entrer. Il est plein de vigueur et vous attend avec impatience. " Les concubines se sont lancées sur moi et se sont répandues en vocables

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114 PREMIÈRE PARTIE : l!INSTRUCTION DU FAUCON

admiratifs. Au même instant, Sasha et Udja, les deux tigresses de Meri - auprès desquelles j'avais grandi - ont surgi de derrière mon lit en rugissant avec force. Les trois prêtresses ont détalé à toute vitesse sous le regard amusé d' Aset, qui était restée sur le pas de la porte. Ma mère eut du mal à contenir son amusement :

- Dans nos terres du Sud (l'Afrique), elles auraient décroché le trophée de la course de la gazelle, a-t-elle lancé d'un ton moqueur.

D'un regard que l'emportement avait rendu impérieux, Aset invita ses deux félins à la rejoindre. Mes deux sœurs tigresses s'exécutèrent sur-le-champ.

-En définitive, il n'y a rien de mieux que l'amour désintéressé d'un animal, finit-elle par me dire. Tes deux sœurs sont du même avis que moi. Je te laisse à ta lecture. Mais n'oublie pas que ni ton cristal, ni Djehuti, ni moi-même, n'avons les réponses à tes questions. Toi seul possède les renseignements que tu cherches, et ils sont en toi, dans ton cœur.

Meri avait encore gagné, mais j'ai compris depuis longtemps qu'il est inutile de la contredire. Aset devient uniquement ainsi lorsqu'elle est sûre d'elle, ce qui est pratiquement tout le temps le cas. Elle le fait même à contrecœur, car elle sait que je dois apprendre par moi-même. Djehuti a raison, j'ai le sentiment d'être brisé et de devoir me "réparer" en même temps que je me dois de restaurer la paix et 1 'honneur de mes parents, ainsi que de rétablir un climat d'entente entre les différents clans familiaux.

Ma mère est un cristal ouvert, et c'est là une impression déran­geante. Malgré nos différences, j'ai le sentiment de me voir dans un miroir lorsque je la contemple. C'est une sensation étrange.

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7

RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS

"J'ai vu cette vallée, et il y avait une grande confusion; et les eaux en jaillissaient. Et après que tout cela fut fait, ils 'exhala d'une masse fluide de feu une forte odeur de soufre avec des eaux jaillissantes, et la vallée des anges coupables de séduction brûlait sous cette terre. Dans cette vallée, il coulait aussi des fleuves de feu dans lesquels étaient précipités les anges qui avaient égaré les habitants de la Terre. '~8>

Le Livre d'Énoch, extrait du chapitre 66, 5 à 7

Uatch, les propos de mon géniteur respirent la désillusion et le doute. Ses déboires millénaires et son manque d'initiative l'ont obligé à faire face à des situations confuses. L'étrange disparition de ma mère alors qu'elle quittait Deser (Mars), les désaccords avec ma grand-mère Nut, la fuite des Namlu'u (l'humanité primordiale) du KI terrestre lors du trépas de mon arrière-grand-mère Naunet (Tiamata), le départ des planificateurs-Kedjiu (veilleurs) et les multiples attaques et complots des Usumgal et Anunnaki ont eu raison des nerfs du grand Asar, le Sa'am-'Nki ("l'assassiné véritable'').

Le plus incroyable, c'est que nous seuls, sa famille proche, connaissons la vérité. Le reste du monde comme ses ennemis consanguins ignorent les profondes défaillances de 'Nki-Asar. Mon géniteur demeure à ce jour un mythe vivant. Le temps en a fait un ingénieux fantoche au service des Anunnaki et d'Itemu (An).

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116 PREMIÈRE PARTIE : I.:INSTRUCTION DU FAUCON

Ses actions rebelles répétées sont désormais à peine présentes dans la mémoire de l'humanité. Sa'am-'Nki est à jamais figé dans les traits de cette figure placée sous la colline verte de Ta-Ur (Abydos). Ici, les foules et les rois affluent de toutes les régions du monde pour rencontrer le grand souverain et écouter ses bons conseils au cœur de son Abdju (Abzu) miniature. Ici, les prêtres ritualistes d'Itemu bénéficient de conditions d'existence avantageuses en échange des soins qu'ils apportent à faire vivre la copie d' Asar. Je compte bien changer cela un jour, au nom de ma mère, et de mon père traîtreusement abattu. Le fils de Nut, Her-Râ, mon cousin et protecteur du Pays de Lumière, ne peut pas tout régler ; alors je me chargerai d'aller combattre notre ennemi là où il ne s'y attend pas. Je le fais déjà de mon propre chef, parfois à l'insu de mes proches.

Her-Râ couvre la partie Sud de Kemet (l'Égypte) à l'aide de son terrible Na'arb (souffle ardent). Mais son œil est constamment rivé sur notre demeure royale du Nord. Il en est le garant officiel depuis le grand soulèvement. Râ a pour projet de me voir officiellement rejoindre ses troupes aériennes dans un avenir prochain en vue de conjuguer nos efforts. Ce sont sûrement mes différents exploits à l'Est, en territoire ennemi, qui le poussent à vouloir m'associer à ses projets.

La grande Assemblée divine s'est réunie il y a peu pour que soit entendu Je souhait du fils de Nut. ltemu (An) n'est pas très enthousiaste vis-à-vis de cette idée et me trouve trop jeune pour remplir de telles fonctions. Itemu me craint, car il voit en moi le grand adversaire de son protégé Setes (Seth-Enlil). Il a raison de se faire du souci ! ltemu se doit cependant d'être impartial au sein de notre Assemblée ; il ne cesse pourtant de reporter mon intégration dans notre armée, malgré le souhait unanime des membres du parlement.

Le grand Râ me l'a promis : lui et moi formerons dans un temps proche une équipe implacable qui se chargera de protéger notre sainte terre de nos ennemis. Ces derniers ne cessent de nous dérober du terrain à Sti (en Nubie) et, dans une moindre mesure, au Sud de Kankala depuis la mort de mon père. Her-Râ possède une fonderie secrète sous les temples de Behutit (Edfu). 57 Des armes redoutables y sont entreposées dans le plus grand secret. Ma mère,

57 Behutit (Edfu) est une cité de haute Égypte toujours dédiée à Horus l'ancien. On y trouve toutefois de nombreuses figures d'Horus (Heru), le fils d'Isis. Sur la paroi nord-ouest du

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 117

Djehuti (Thot) et moi sommes les seuls à le savoir. Her-Râ œuvre avec quelques-uns de ses Shemsu. Ces derniers travaillent le fer dans les forges souterraines de Behutit (Edfu) et fabriquent des armes qui sont ensuite distribuées au peuple afin qu'il participe aux combats. Quelques humains connaissent l'art de couler le métal. Cette science a été maintes fois connue et perdue au fil des âges.58

Mon père l'a réveillée chez quelques peuples sympathisants. Mais peu d'entre ceux-ci osent braver l'interdit d'Itemu-Râ (An) .

Après la mort de mon père, les humains de Kemet se sont

(Suite de la note 57) temple est gravé le récit de la bataille entre Heru et Sete~. que le pré­sent ouvrage évoque, comme le fera le prochain des Chroniques. Le temple d'Edfu est de facture récente (époque ptolémaïque), mais il a été trouvé des traces de temples archaïques dans ses soubassements. Bien entendu, l'archéologie moderne ne se risquera jamais à avouer que sous la majorité des temples égyptiens, il en existe d'autres, beaucoup plus anciens. La même conjuration du silence vaut pour l'ensemble de la planète, partout où se dressent des édifices importants. Nous en voulons pour exemple les divers monuments qui parsèment le continent américain, en particulier ceux des Mayas. Pourquoi une telle attitude ? Sans aucun doute pour ne pas dévoiler la présence d'anciens "dieux" ou de civilisations anciennes, et poursuivre l'enterrement de la véritable histoire de l'humanité. Terminons en décomposant le terme égyptien Behutit (Edfu) en proto-sumérien : BE ("celui", "le") ; HU ("oiseau") TI ("flèche") ; fT ("bras", "avec"), ce qui donne BE-HU-TI-lT, "l'oiseau à la flèche armée". Cette dénomination est sûrement en relation avec le disque ailé de Her-Râ (Horus l 'ancien), appareil volant également baptisé Na 'arb ("souffle ardent") en égyptien, qui avait la réputa­tion de séjourner à Behutit-Edfu. 58 Après de nombreux débats, mais ceux-ci sont loin d'être clos, on a généralement convenu de placer la découverte de la métallurgie à l'époque de la civilisation de Nok au Nigéria ainsi que dans la région de Kaolack (Ndalane), au Sénégal, entre 3500 et 2000 av. J.-C. Voir, à ce sujet, Lhote, H., "La connaissance du fer en Afrique occidentale", in Encyclopédie mensuelle d'Outre Mer, 25 septembre 1952, Davidson, Basil, L'Afrique avant les Blancs, Presses Uni­versitaires de France, 1962, et Diop, Cheikh An ta, "L'usage du fer en Afrique", in Notes afri­caines, n° 152 IF AN, Dakar, 1976. La polémique reste ouverte étant donné que pour la police scientifique "blanche", l'âge du fer est plus récent, et n 'a surtout pas commencé en Afrique, mais plutôt en Europe. Ces débats stériles ne tiennent cependant pas compte des nombreuses découvertes archéologiques tendant à démontrer que la maîtrise du fer sur la Terre est bien plus ancienne que cela. Ces découvertes sont aujourd'hui cachées, mais elles furent publiées pendant les deux siècles précédents dans d'éminents magazines, à une époque où les origines de la civilisation humaine n' étaient pas encore sous le contrôle exclusif de la police scien­tifique et des tenants du darwinisme. Quelques exemples :découverte d'un vase métallique en 1852 dans les roches précambriennes de Dorchester, dans le Massachusetts, datation esti­mée à 600 millions d'années (in Scientific American du 5 juin 1852); découverte d ' un clou métallique en 1844 dans du grès du dévonien (au minimum 360 millions d ' années) dans la carrière de Kingoodie (Mylnfield), en Écosse (in Report of the British Association for the Advancement of Science, 1844, p. 51) ; découverte en juin 1934 d'un marteau en fer avec un manche en bois pétrifié, aux environs de London, au Texas, qu'on datera de 140 à 400 mil­lions d'années (Creation Evidence Museum, Glen Rose, Texas). Voir également à ce propos, Forbidden Archeology de M. Cremo et R. Thomson, Bhaktivedanta Book Trust 1 Torchlight Publishing lnc., 1993-1998 (paru en 2002 dans une version abrégée en France, aux éd. du Rocher, sous le titre L'Histoire secrète de l'espèce humaine), ainsi que la revue française Ankh, n° 4/5, 1995-1996.

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118 PREMIÈRE PARTIE: !:INSTRUCTION DU FAUCON

retournés contre les Neteru (dieux) de Kalam (Sumer). Le déluge provoqué par le Benu Céleste (Phénix), l'ancienne lune de Mulge, a eu raison de cette rébellion. L'idée générale est que ce déluge aurait été une réponse à cette révolte, alors qu'il ne s'agit que de la conséquence de l'explosion de la colline de l'horizon. Depuis le grand bouleversement, un interdit sévère concernant la fabrication du métal s'est abattu sur notre pays. C'est ltemu qui l'a décrété seul devant l'Assemblée. Mais Her-Râ distribue clandestinement des armes grâce à ses forgerons.

Les forgerons de mon aîné sont appelés "Mesentiu" ,59 ils sont tous Nungal d'origine ou bien descendants de Nungal, c'est-à-dire des enfants issus du mélange entre Nungal et femelles Amasutum. Les armes qu'ils distribuent sont aux mains de ceux que nous nommons Neferu, "les enfants" ou les "descendants". Ces enfants hors normes sont terriblement redoutés par le régime de Kalam, car ils incarnent l'union dégradante entre les Neteru (dieux) de Râ et l'humanité. Les Neferu (enfants) se battent de temps en temps à nos côtés, mais restent indépendants et incontrôlables. D'après nos informations, la majorité vit à l'écart dans les montagnes ou les grandes steppes de l'Est. Quelques-uns vivent parmi les humains. Ces Neferu distribuent aussi clandestinement des armes aux mortels.

Her-Râ combat nos ennemis depuis la nuit des temps. Il est le garant de notre sécurité, et ceci depuis bien avant que mon père ne trépasse. Il connaît 1 'usage de toutes les armes et techniques guerrières, y compris celle des guerriers Urmah. Son souffle brûlant effraie tous nos ennemis. Ses exploits contre nos adversaires de l'ombre ne concernent plus seulement Uras mais également les profondeurs de l'espace. Depuis l'explosion de la colline primordiale, son ancienne lune, que nous dénommons aussi "Arit­Kheru" (l'œil du son), bouleverse Ti-ama-te (le système solaire). Son premier passage a eu raison des îles de l'A'amenptah (l'Atlantide). L' A'amenptah n'est désormais plus constitué que de quelques fragments. Mais son nom résonne encore dans les territoires

59 On trouve trace des Mesentiu ("forgerons") de Râ sur les murs d'Edfu, en Égypte, où ils sont clairement associés aux Shemsu-Râ (suivants de la lumière ou de Râ) et aux Shemsu­Heru (suivants d'Horus). Mesentiu est formé de la racine Mesen qui veut dire "défendre" et "protéger" en égyptien. Les Mesentiu ont la réputation de manier le fer et de fabriquer des armes, ce qui confirme leur relation avec les anges veilleurs des textes bibliques. Une fois encore, tout est extrêmement limpide.

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS

Ne fer ou Ne fel "bon", "plaisant", "très grand"

Ne fer ou Ne fel "enfant"

Ne feru "enfants"

Nefer ou Nefel "semence"

Ne feru "ceux qui sont bons"

14. Le L n'existant pas en ancien égyptien (on lui substitue le R), Nefer peut se prononcer Nefel, ce qui nous renvoie au terme hébreu Nephel ou Nephil, traduit par "géant", lequel désigne les Nephilim, les enfants issus des dieux et des femmes humaines. Difficile de ne pas conclure à une origine égyptienne de ce terme. Aux temps pharaoniques, le mot Nefer était couramment utilisé pour désigner un enfant. Beaucoup de pharaons portaient ce substantif au début de leur nom. Nephilim se décompose en sumérien en NE,-HIL'LI'IM, mot qui exprimerait une catégorie d'individus qui "font peur et détruisent" dans l'esprit Anunnaki (voir également Le Testament de la Vierge, p. 278).

119

ennemis. L' A'amenptah est toujours debout. Après avoir, au fil des millénaires, successivement été entre les mains de mon père, de Serkit (Ninmah), de Nebet-Hut (Nephtys-Ninanna) et finalement de ma mère, 1 'A' amen ptah est maintenant sous le contrôle de Her-Râ. Je n'ai pas encore été en A'amenptah, mais le destin me donnera sans doute l'occasion d 'y poser le pied.

Après un début de lecture assez intense des annales de Sa'am (l'assassiné), mon esprit a basculé. Les renseignements disponibles dans Uatch me laissaient supposer que des informations importantes restaient encore à découvrir. Je savais où me rendre et auprès de qui les obtenir. Encore fallait-il que je me justifie auprès de Meri. J'avais été absent pendant cinq jours et il me fallait à nouveau quitter notre refuge millénaire pour "vainement parcourir d 'autres contrées et perdre mon temps" allait-elle à coup sûr me lancer d'un ton autoritaire. Je sors quotidiennement du Gigal avec Geghu, mais

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120 PREMIÈRE PARTIE : !!INSTRUCTION DU FAUCON

en général pour quelques heures afin de sillonner les parties Nord et centrale de notre pays.

Je suis parti à la rencontre de ma mère. Elle ne se trouvait pas dans ses appartements. La grande salle était scellée de par les vertus magiques d'une pierre qui en gardait l'entrée. La grande Aset connaît le pouvoir des minéraux. Elle sait leur parler et leur donner des ordres à l'aide de sa voix autoritaire. J'ai lu dans mon cristal Uatch que ma grand-mère Nut (Nammu) possédait aussi cette capacité. Sans doute l'avait-elle transmise à sa fille.

J'ai rencontré mon frère Sabu (Anubis), le gardien principal de la Duat intérieure et du clan Khentamentiu de notre père. En qualité de gardien de la Duat, il étudie les arts et les secrets avec Djehuti (Thot). Il m'a cordialement salué. Je l'ai questionné sur notre mère, mais il m'a répondu qu'il ne l'avait pas vue de la matinée.

J'ai dû faire plusieurs niveau de Nashareth avant de retrouver Aset auprès de notre précieux cheptel du second étage. Nos différents élevages nous procurent de la laine, du lait, des œufs et une main d'œuvre salutaire pour certains travaux. Les animaux nous lèguent aussi leur fourrure et leur cuir lorsqu'ils ont fait leur temps. Meri était là, le regard rêveur, caressant de ses mains délicieuses les bêtes qui se collaient à elle. Brebis, moutons, chèvres, veaux et poules entouraient notre souveraine. La peau de ma génitrice me sembla encore plus claire qu'à l'accoutumée- encore une énigme que personne n'explique.

-Eh bien, m'a-t-elle dit, te voilà enfin. Tes jolis yeux verts sont rouges de fatigue. Je ne constate qu'une seule chose : ton cristal te prend beaucoup trop de temps et t'éloigne de moi!

- Pardonne mon incorrection, ma mère, mais l'ancien cristal d' Asar contient tellement d'informations ...

- Motif non valable, me répondit-elle avec un sourire au coin des lèvres. Je te 1 'ai déjà dit maintes fois, ne me nomme plus "mère" - Meri (bien-aimée) est nettement plus approprié.

Aset était soudainement tremblante. Une lueur éclairait son regard chatoyant. Elle fit un pas en arrière et me contempla des pieds à la tête.

- Laisse-moi te contempler. Tu grandis jour après jour et tu me retires cette joie. Viendras-tu enfin me voir ce soir comme tu l'as déjà fait?

- Non, pas ce soir, Meri. Je dois me rendre immédiatement sur

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 121

la montagne de Serkit (Ninmah) et m'entretenir avec ma tante. La souveraine des anciens Urshu (guetteurs) de Râ possède des informations qui ne sont pas dans Uatch.

- Quoi ?! Tu souhaites côtoyer les frontières de nos ennemis pour aller rendre visite à cette vieille folle ? Tu te moques de moi. Quelle perte de temps ! Que veux-tu savoir, Heru?

Une fois encore, je me suis trouvé bien stupide devant notre reine. Son ton est à chaque fois poignant et sans appel lorsqu'elle est en colère. La grande Aset possède toutes les sciences et enseignements, elle est la divine héritière de notre mère Nut. Sans doute est-ce un affront que de limiter son savoir de la sorte. Le rôle dominant dévolu à Meri dans l'organisation de notre société doit peser très lourd sur ses petites épaules. Je suis pourtant là pour les lui soulager. Ses yeux étaient ronds et brûlants comme des soleils, presque mouillés. Sa jolie voix avait grondé comme le tonnerre, ce qui avait instantanément fait détaler les animaux.

-J'ai beaucoup de questions sans réponses. Il y a tout d'abord cette histoire de Saran et d'Asme ...

-Cet épisode de l'histoire du Dukù? C'est une vieille légende sans importance, me répondit-elle agacée. Rien de suffisamment intéressant pour justifier un tel déplacement. Quoi d'autre ?

- Serkit semble connaître une multitude de secrets, et je compte bien lui en arracher quelques-uns.

-Lesquels? - Des informations sur nos adversaires. Elle a été la compagne

de Setes (Seth-Enlil), et elle est la mère de Ninurta, le chef de la milice ennemie.

-Et aussi la compagne de ton père pendant ma longue disparition du monde des vivants. Elle l'a aimé sincèrement, j'en suis certaine. Elle doit te regarder, à l'instar de tes tantes et de moi-même, comme la divine réincarnation de Sa'am-'Nki (l'assassiné véritable). Elle était avec nous trois au cœur de la Mer (pyramide) lors de ton enfantement. Elle cherchera sans doute à te tromper et à te séduire. Alors, si tu dois absolument partir, je viens avec toi !

-Non, Meri. Ta présence la perturbera et elle ne me parlera pas. Cette réponse n'arrangea pas la Reine du Trône. Ma mère se

mit à réfléchir un court instant, mais ne trouva rien à ajouter. Elle se pinça les lèvres et finit par me dire d'un ton bouillonnant: "Si tu n'es pas rentré dans la soirée, j'enverrais la garde à ton secours.

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122 PREMIÈRE PARTIE : !:INSTRUCTION DU FAUCON

Tu peux en être certain 1 Va maintenant, va perdre ton temps!" J'ai quitté Meri le cœur lourd, car je n'aime pas la voir dans

cet état. Elle s'emporte fréquemment. Je l'ai pratiquement toujours connue comme cela, sauf lorsque nous étions ensemble et qu'elle rn' élevait à Mehti (le Delta du Nil). Aset supporte une charge incommensurable que je souhaite alléger de mon mieux.

Mon fier Geghu s'est arraché du Gigal à travers la porte principale des montagnes de la rive gauche de l'Iuter-A'a (le Nil). Les autres accès sont hermétiquement clos en raison de la grande inondation. J'ai survolé le plateau où se trouve la grande Mer coiffée de son Benben noir qui surplombe le pays. Notre peuple la nomme "Merakhti" (''pyramide de l'horizon"), mais ma génitrice et ceux de la Duat la qualifient plutôt de "Bit-Râ-Hem" (''Hathor, lumière du roi Heru'~. Sur ce plateau se sont autrefois déroulés des combats acharnés alors que ma mère et les divines accoucheuses me mettaient au monde. Her-Râ a livré une bataille difficile contre les forces adverses. Setes avait dû apprendre que Meri projetait de se créer une descendance au cœur de la montagne artificielle. C'est au centre même de la salle qui se nomme Meshkenet (chambre de l'enfantement) que j'ai été mis au monde. J'ai ensuite été placé dans le Hut-Benu (la demeure du Phénix) ; c'est là que j'ai reçu la bénédiction royale de mes trois tantes. Quant au corps de mon géniteur, il avait été placé dans le Shetat, le sanctuaire que mes tantes et ma mère nomment parfois "Per-Seker" (la demeure de Seker}.60

Le plateau et notre réseau souterrain ont maintes fois été protégés par notre bouclier énergétique. Il nous arrive de le mettre en fonctionnement lorsque nous sommes inquiétés. La base de Bit­Râ-Hem est toujours dans l'eau. Je l'ai presque toujours connue comme cela. Mais les eaux reculent et nous sommes, d'après ce qui a été prédit, certains que l'élément liquide aura d'ici quelques jours

60 La pierre Ben ben figure le rayonnement solaire et est assimilée à la pierre angulaire par les hermétistes. Wallis Budge indique à la p. 217 de son dictionnaire, An Egyptian Hieroglyphic dictionary, qu'il existe deux homophones très intéressants de Benben en langue égyptienne, dont les traductions donnent respectivement: "offrande de feu (dans la demeure de Seker)" et "le dieu de lumière dans le temple de Seker". Certains pensent que le Benben est cette pierre qui n'a jamais été installée sur la Grande Pyramide (Chéops), ce qui n'est pas exact, car le Benben originel est bien celui qui se trouvait à son sommet. Nous en avons déduit à la note 117 du tome 1 que "Seker" est le nom de la chambre du roi (SE-KE-ÉR en sumérien, c.-à-d. "la lumière (ou les rayons) du lieu des lamentations"), et avons relevé dans le tome 2 que "Seker" est le nom que prend Osiris après sa mort.

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 123

totalement libéré le monticule rocheux qui soutient la grande Mer. J'ai voulu faire un léger détour. Mon vaisseau à l'aspect féroce

a traversé la stérile étendue orientale et m'a transporté vers l'Edin (la plaine mésopotamienne). Les fameux champs de blés de jadis, ceux où les différents Ukubi (genre Homo) besognèrent jusqu'à la mort pour le régime Anunnaki, ne forment plus qu'un immense désert boueux qui s'étend à perte de vue. La culture intensive et la grande inondation ont eu raison du garde-manger des Neteru.61 La montée des eaux causée par le passage de Arit-Kheru (l'œil du son) a déséquilibré Uras (la Terre) et bouleversé l'ensemble de sa faune. La violence de ce passage a fait basculer le globe, et l'inversion des pôles de celui-ci a fait que le soleil est désormais contraint de se coucher à l'endroit où il se levait autrefois. Ici et là, des villageois parcourent l'Edin en barque. Les fiers Buranum (l'Euphrate) et Halhal (le Tigre) ont mêlé leurs eaux aux vastes flots poussés par les océans. Quelques habitations percent le décor marécageux. Nunkiga (Eridu), la ville de mon géniteur 'Nki, a du mal à faire surface. La toiture du temple où le saint fondateur recevait ses offrandes est désormais percée. Plus loin vers le Nord, Duranki (Nippur) montre à peine les restes de ses murs d'enceinte en bois. Notre rival Setes ne vit plus ici depuis longtemps. Les Anunnaki ont abandonné 1 'Edin et ses habitations. Ils se sont repliés sur la région du Kursig (Cappadoce), à l'extrême Nord-ouest de l'Edin. Là, les félons se sont entassés dans leur réseau souterrain, auquel ils donnent le nom d"'Ekur" (la demeure de la montagne} .62 J'ai été sur place il y a peu. Mais personne ne le sait .. .

J'ai survolé l' emplacement de Kharsag, qui s'étend sur le bord

61 À force d 'avoir travaillé la terre sans relâche pendant des millénaires, I' Edin est effectivement devenu un désert. Ainsi s'explique pourquoi le vocable sumérien EDIN ("la plaine") peut aussi être traduit par "steppe" et "désert". Le signe archaïque sumérien "EDIN" a également comme synonyme la particule sumérienne BIR4 , qui signifie : "quelque chose qui se tarit". Ne pas confondre l'Edin avec l' Eden, qui est clairement défini dans les tablettes sur argile du même nom ("Kharsag") comme étant le jardin de Ninmah à Kharsag. 62 Dans cette série, nous avons plusieurs fois évoqué les multiples définitions qui découlent du sumérien KUR. Vous en retrouverez l'essentiel dans les notes 66 et 67 du tome 1 et dans le dossier "Enki au pays des Morts" du tome 2. Le Kur n'évoque pas ici les étages dimensionnels 1 et 2 (la butte fréquentielle inversée du grand bas), mais plus simplement la montagne. Je pense que la région du Kursig (litt. "montagnes étendues", décomposition stricte : KUR-SIG, "montagne basse") est celle qui se nomme aujourd 'hui la Cappadoce en Turquie. Le plateau de la Cappadoce (du mot perse Katpatuka, "chevaux de race") est parsemé de villes souterraines, certaines étant reliées entre elles. Elles sont au nombre de 36. L'origine de ces cités souterraines est totalement inconnue, bien qu'elles furent utilisées

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124 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

sud de la montagne du Dukug. L'ancienne Kharsag millénaire fondée par mon père à partir des plans de Serkit, a été balayée par les eaux et les glaces. Il n'y a plus rien ! Elle a été plusieurs fois reconstruite dans le passé, mais les multiples montées des eaux ont eu raison de ses fondations. Derrière la petite montagne, la démarcation naturelle du jardin de Ninmah est toujours présente. L'ancien jardin Eden forme une plaine, naturellement abritée par les montagnes. Toute cette zone est maudite ; aucun Gina'abul ne s'égare par-là de nos jours.

15. L'ancienne Kharsag, aujourd'hui Karadag, se situe à 29 km au sud de la ville de Siirt, et à 19 km au sud-ouest de la ville d'Eruh (Turquie). La route la plus proche pour accéder à l'ouest de l'Eden (l'ancien jardin de Ninmah), est la route 56-51 . L'en­droit supposé être le jardin mythique est aujourd'hui parsemé de cultures. Il serait intéressant de pouvoir faire ici des fouilles archéologiques sérieuses.

(Suite de la note 62) dès le deuxième millénaire av. J.-C. par les Hittites, puis plus tard par les anciens chrétiens pour échapper aux envahisseurs arabes. Les archéologues préfèrent les dater du deuxième, voire du troisième millénaire av. J.-C. au plus loin, pour une question de classification anthropologique. On remarque parmi les plus importantes agglomérations souterraines les villes de Kaymakli et de Derinkuyu dont nous aurons à parler plus loin. Pour finir, signalons que le vocable E-KUR ("demeure de la montagne") a été utilisé par les Sumériens pour désigner le temple principal d'Enlil dans sa ville de Duranki (Nippur), ou encore tout type de demeure où il aurait résidé avec ses acolytes et ses différentes concubines. Le mot KUR est orthographié Kur ou Kiur selon les traductions et les contextes - voir par exemple le Kiur d'Enlil, cité par Nora Parks dans le dossier de fin d'ouvrage, qui représente "la demeure de la montagne du ciel", sans doute située sur Mars.

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 125

Geghu a poursuivi sa route en direction du nord géographique. Les montagnes ont défilé à travers sa vitre teintée. Plus loin, vers le sep­tentrion, se situe le grand lac avec son volcan qui fumait sans inter­ruption.63 C'est la borne pour virer vers l'ouest. À gauche, sur les hau­teurs, à une distance moyenne, se situe le territoire de l'Iginim (haute région), où se trouve la nouvelle Kharsag, le nouvel Eden de Ninmah que nous nommons tous "Igira" (héron) en langage Emenita de mes ancêtres. C'était la première fois que j'y mettais les pieds. Étrange­ment, il n'y a aucun jardin. La plupart des Adinu, les anciens Urshu de Râ- désormais veilleurs de Serkit (Ninmah) - se trouvent ici.

Les bâtiments en bois de l'Igi-Ra sont peu nombreux et dispersés sur l'ensemble du monticule. Une tour sphérique pourvue d'une épaisse lentille se dresse au milieu du lotissement, sur le sommet de la montagne. Il n'y a rien d'exceptionnel ici, juste que l'on s'étonne de trouver un village perdu au milieu de nulle part.

Les anciens Nungal, ceux qui cohabitaient avec les Usumgal à Kharsag, sont, avec leurs descendants de l'époque, majoritaires. Il y a là plusieurs centaines d'Adinu (éclairés). Ils ont survécu au passage d'Arit-Kheru (l'œil du son), l'ancien satellite de la montagne primor­diale (Mu/ge), car ma mère leur avait ouvert les portes de Nashareth lors de la montée des eaux. Leurs frères Shemsu-Râ avaient été, eux aussi, sauvés des eaux à l'époque du grand cataclysme. Les autres suivants de mon père et leur progéniture Gina'abul vivent avec nous en Kemet et dans le Gigal souterrain. Ceux qui travaillent en Kemet et Kankala (l'Afrique) se nomment "Ur~hu" (guetteurs), et ceux de ma mère plutôt "Shemsu-Hut-Heru" (suivants d'Isis-Hathor: suivants de la demeure d'Horus) .

Après leurs durs travaux de creusement des deux fleuves de Ka­lam (Sumer), les courageux Nungal connurent une réhabilitation au sein de la monarchie Usumgal, les contraignant à partager leur exis­tence avec leurs anciens tortionnaires, alors que les Anunnaki s'étaient installés en Edin (la plaine).64 Leur rôle était de surveiller et proté-

63 Peut-être le Nemrut Dagi, au bord du lac de Yan en Turquie. Officiellement, il est éteint depuis de nombreux millénaires, mais des textes comme celui d'Enoch confirment qu'il était encore actif à l'époque du prophète qui a été identifié à Enmeduranki ("le seigneur des ME du Ciel et de la Terre"). À propos d'Enoch et de son assimilation à Djehuti-Thot, voir Le Testament de la Vierge, p. 274. 64 Comme vu dans le tome 2, ceci explique pourquoi les textes mésopotamiens prétendent qu 'une fois les Nungal (/gigi) arrachés à leur lourde tâche en Edin (la plaine), ils furent élevés vers le ciel d'An (c.-à-d. la montagne des dieux, le Dukug) alors que les Anunnaki

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126 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

ger Kharsag, et de la menace Kingu (royaux), et des tribus Ukubi (genre Homo). Mais les Nungal de mon saint géniteur ont collaboré avec leur créateur et ont communiqué des techniques guerrières à 1 'humanité pour se défendre contre le régime des offrandes qui exi­geait de plus en plus d'efforts. Bien avant la mort de mon père, les combines des Nungal furent découvertes par les Usumgal. Ils se re­trouvèrent coincés entre le régime despotique de Kharsag, pour le­quel ils travaillaient officiellement, et leur lien envers leur créateur rebelle et sa compagne, à savoir mes parents. Les Nungal fuirent Kharsag et se réfugièrent en E-Dilmun.

Djehuti (Thot) fut mandaté par le régime de Kharsag pour négocier leur rachat. Mais les Nungal ne voulurent rien savoir et se tinrent à distance du régime Usumgal-Anunnaki. D'un autre côté, ils ne souhaitaient pas non plus rejoindre leurs frères de Kankala (l'Afrique) et de 1 'A'amenptah (l'Atlantide). Leur culture s'était différenciée au fil du temps. Les Nungal rebelles de l'Est formaient un petit groupe indépendant - une force divisée en deux clans, l'un de guerriers, l'autre d'intellectuels. Une famille qui s'agrandit en se multipliant au fil des siècles avec des Amasutum d'un côté, et les filles des Hommes pour ceux de Kharsag. Devant leur refus de se soumettre à Itemu (An), ce dernier donna l'ordre de les pourchasser. Mais contre toute attente, mon aîné Her-Râ les embaucha pour former une colonie indépendante et armée. Plus tard, Serkit (Ninmah) -l'accoucheuse du régime Usumgal- s'est portée garante de la faction pacifiste, celle des Adinu qui ne souhaitait plus vivre la tension des affrontements. Serkit demeure désormais avec eux dans le Dukug (le Taurus). L'autre faction rebelle inclut les Shemsu-Râ et vit au sud-est de Kankala (l'Afrique), ainsi qu'en E-Dilmun (Yémen), le long de Kem-Ur (la Mer Rouge).

Depuis la découverte de leur insurrection secrète, les Nungal ont été baptisés "Sè'emsu-Ra" (''parents qui apportent la tempête'') en Ememnita (langage mâle) par les Anunnaki. L'Emesà, le langage des Seba Khaibitu (Étoiles Sombres) permettant d'autres traductions, cette faction Nungal se qualifie plutôt de "parents comme la tempête qui guide", en raison de leur filiation avec les Kingu-Imdugud et leur volonté de combattre les Anunnaki.

(Suite de la note 64) descendirent sur la Terre. De fait, les Anunnaki s'établirent en Edin, dans les villes ou villages de la plaine située entre les deux fleuves, le Tigre et l ' Euphrate. Leurs habitations étaient généralement en bois.

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 127

Suivants d'Osiris et Isis

Nungal d'Enki-Osiris - Di/mun-A 'amenptah

/ Kankala­Atlantide Afrique

Urs hu Shemsu-Hut-Heru

d'Isis-Hathor - Gigal 1 Dual 1 Nashareth -plateau de Gizeh Egypte

Guetteurs - guerrrers

• • ........... union

descendance

Généalogie des 300

Nungal (anges veilleurs)

Suivants de Râ et Horus

Nungal d'Enki et Ninmah - Kharsag 1 Dukù -

Eden - Karadag Taurus

,~

1 • 1 1 1 1

--

ADINU (SUKKAL) anciens Urshu-Râ Urshu de Ninmah­Serkit (Semhaza)

- lgi-Ra, Kuram -Aydin Tepe Taurus Cappadoce Turquie

Nungal d'Enki -Edin-

plaine mésopotamienne 1 Sumer

DOGAN Shemsu-Heru

et Mesentiu d'Horus ou Neferu (Nephilim)

- Kharsag 1 Eruh 1 Dep (Ouadjet) -Bun'd (Punt) -

contient des individus de ... Eruh Tepe Taurus Eqypte

Somalie Ethiopie désert de l'Est

Shemsu : suivants guerriers Urshu : guetteurs Mesentiu : forgerons

Guern ers - forgerons

© 2010 Anton et Nora Parks

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128 PREMIÈRE PARTIE : I.:INSTRUCTION DU FAUCON

Pour nous, en Pays de Lumière, ce nom évoque plus simplement les Shemsu-Râ, "les suivants de la lumière". Ceux qui vivent désormais dans le Dukug ou en Kursig (Cappadoce) se nomment plutôt Adinu (les éclairés) , "les suivants de l' Adin" (la lumière pure) en langage des montagnes (le turc). Ils ont pour mission de scruter le ciel sans relâche pour surveiller Arit-Kheru (l'œil du son) et prédire son retour tant redouté. C'est pourquoi le nom donné à la montagne lumineuse de Serkit est JGI-RA, "l'œil qui mesure".65

16. Le Aydin Tepe des montagnes du Taurus veut dire "sommet lumineux ou clair" ou encore "sommet des éclairés ou des intellectuels" en turc. A la fin de 2006, lorsque j'ai entrepris de localiser le Kharsag des Anunnaki, qui se trouve au sud-est de l'Aydin Tepe, l'ingénieur Gerry Zeitlin m'avait apporté son assistance dans la réalisation de ce projet. Notre seul repère était "les souvenirs" des différents panoramas contemplés par Sa'am et Heru, que j'avais gardés en mémoire à travers mes expériences. J'avais à l'époque également voulu localiser l'lgi-Ra des veilleurs, le "second Kharsag" de Ninmah. Mon attention s'était déjà portée sur le Aydin Tepe et ses alentours, et nous avions désigné cette zone de travail sous les termes de "loc.4B" et de "view 2". Au final, nous en étions provisoirement restés à une zone située à quelques kilomètres au Nord-ouest du Aydin Tepe, et avions abandonné notre recherche. Près de trois ans après, et cette fois-ci muni des bons outils, j'ai repris ces recherches. Pour en revenir à notre incontour­nable étude de la sémantique, notons que le terme turc Aydin veut dire "lumineux" ; "éclairé" et "intellectuel", alors que le mot araméen et hébreu Ayin veut dire "œil" ; "éclairé" ; "éveillé" ; "regarder". Nous avons vu plus haut, qu'en égyptien, Adin, désigne un "éclairé de Râ". Dans le Livre d'Enoch en hébreu, les veilleurs sont dénommés Vrin ou trin, des êtres identifiés à des surveillants "qui ne dorment pas". Divers hasards qui n'en sont plus, et qui se transforment en confirmation : Aydin Tepe est la montagne des veilleurs ! Vous disposerez plus loin d 'un autre argument, lié à l'aspect général du site.

65 Ou, plus simplement, "l'œil de Râ".

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 129

- Heru, Heru, fils de Meri. Comme tu as grandi ! Que nous vaut cette auguste visite ici, où pas un Gina'abul ne daigne promener son regard?

Serkit (Ninmah) était venue à ma rencontre afin de m'accueillir au pied de Geghu. Quel personnage étonnant ! Son regard semble renfermer bien des mystères. Elle portait une large et chaude étoffe croisée sur la poitrine. Un manteau épais de couleur safran tombait de ses épaules. Serkit est légèrement plus petite que Meri et Nebet­Hut (Nephtys).

-Une visite hâtive, je le crains, divine Serkit. -Quel drôle d'accent tu as. Que d'exploits, que de performances

nourrissent ta renommée. Je redoute que tes dernières prouesses aient mis ton oncle très en colère.

- De quoi parles-tu ? - Mais de la vaillance dont tu as fait preuve aux côtés des

peuplades qui vivent dans la région du Kursig (Cappadoce), au­dessus de l'Ekur souterrain de ton oncle.

-Ah, cette histoire ? Mais, tu es au courant? Je n'en ai jamais parlé à personne, pas même aux miens.

-Qui d'autre que toi aurait pu faire une chose pareille ? Je l'ai espéré, je l'ai deviné. Raconte-moi, raconte-moi vite ! Mais avant, allons nous réchauffer dans ma demeure. Il fait bien froid ici et le vent se lève.

À ces mots, un vent glacé se mit brusquement à souffler par rafales. Serkit me mena vers le centre de la cité en me protégeant sous son chaud manteau. Les ruelles étaient sombres. Des lanternes grinçantes se balançaient au gré du vent tout au long des façades blanches. Elle me fit la remarque que je portais le cristal de Sa'am­Enki, et qu'il était important que je ne m'en sépare jamais. "Il est lourd à porter, mais tellement inestimable" a-t-elle ajouté. Les Kedjiu (veilleursj66 que nous avons croisés m'ont dévisagé d'une étrange façon. Ils portaient de sombres ensembles composés de nombreuses plumes qui allaient du noir profond au bleu et au vert foncé. D'un coup de pied bien ajusté, Serkit a ouvert la lourde porte

.., Du tenne égyptien Kedji ou Qedji, des homophones qui signifient "tourner", "rotation" et "navigateur". Nous avons à de nombreuses reprises évoqué le tenne KAD,-IS,-TU, "anciens assembleurs de vie", que l'on retrouve dans le tenne akkadien Qadistu ("sainte femme"). Notons également que le vocable qds veut généralement dire "saint" dans les langues sémitiques, et qu'il s'agissait souvent d'un tenne associé aux dieux et aux anges. Il n'est donc pas surprenant de trouver le tenne Kedji en Égypte pour désigner les veilleurs.

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130 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

en bois de sa demeure qui s'est mise à craquer effroyablement. La maîtresse des veilleurs m'a fait asseoir sur une chaise en cèdre et s'est précipitée vers la grosse cheminée pour réanimer le feu. L'intérieur était assez obscur- difficile d'admirer le décor.

-Tu vois dans le noir ? lui ai-je demandé. - Quelle question ! Bien entendu ; ce n'est pas le cas pour tes

beaux yeux couleur émeraude ? - Je n'ai pas la même perception que la souche commune

Gina'abul. Pas non plus la même que toi, qui appartient à l'ancienne lignée.

-L'ancienne lignée ? Ah, oui ... Mais revenons à cette affaire. Raconte-moi comment tu as fait pour causer un tel désordre dans les domaines d'Enlil.

- Tu veux parler du temple privé de Setes dans le village des mortels, celui qui a inopinément pris feu ?

-Oui, me dit-elle enthousiasmée, en s'asseyant près de moi tout en réchauffant ses mains. Oui !

- D'accord. C'était il y a trois lbedju (mois) de cela, trois lti (mois) pour toi.

- Inutile de préciser, je connais bien la langue de ta mère et du Pays de Lumière. Tu peux me parler dans ta langue natale, le Re' enkemet (l'égyptien).

- Bien. Je survolais clandestinement la région sud de Kursig (Cappadoce), la partie de mon oncle et de nos ennemis. C'était la première fois, et personne ne le savait, car les miens ne m'en auraient jamais donné l'autorisation, pas même Her-Râ (Horus l'ancien). Les villages qui occupent les hauts plateaux ne sont pas nombreux. Le culte des offrandes étant pour l'instant suspendu en pays de Kalam (Sumer), je me suis dit que les habitants de cette région devaient être en rapport avec les Neteru qui vivent sous leurs pieds, dans les souterrains. Ils devaient obligatoirement leur devoir quelque chose. J'ai posé Geghu (le faucon marteleur) derrière des rochers et je me suis approché d'un village ...

-Le fameux Geghu. Enki le nommait "Gighu" (oiseau noir). Il ne s'en était pratiquement jamais servi. Il redoutait sa puissance. Il n'avaitjamais voulu me le montrer et c'est toi aujourd'hui qui me le dévoile enfin ... C'est une merveille technologique. Un vaisseau de guerre Urmah, sans doute Je plus puissant de cette époque éloignée. Même celui de ton aîné, Her, subtilisé aux Kingu (royaux), n'est

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 131

pas aussi fameux. Mais poursuis, je t'en prie ... -J'ai pénétré dans le village des mortels dont j'ai oublié le nom.

Je connaissais son emplacement grâce à une carte subtilisée à Dje­huti. Ce qui m'a surpris, c'était de ne voir ni femmes ni enfants dehors- juste quelques hommes en pleine agitation. Des vaisseaux Anunnaki étaient posés autour d'une large demeure à l'aspect sombre. J'ai senti comme un malaise intérieur et ai pensé en moi­même : "sale journée". Je me suis encapuchonné et, à l'aide du Niama (la force vitale), j'ai modifié ma physionomie pour ressem­bler aux Neteru de Setes (Seth). Ma peau a été rendue plus foncée et mon visage plus reptilien.

-Tu connais donc notre magie et tu la pratiques, mais poursuis ! - Oui ! Deux gardes Anunnaki protégeaient 1 'entrée de 1' étrange

demeure. Il me demandèrent le mot de passe. Encore à l'aide du Niama,j'ai intercepté le mot "Nigdun" (soumission) dans leur tête ! Je leur ai communiqué le terme secret tout en louant Enlil, et j'ai pénétré dans la maison. Des souverains humains cohabitaient avec des Anunnaki. Ils étaient tous nus et formaient des groupes. J'ai sursauté. Des plaintes se faisaient entendre de part et d'autre. Un Anunnaki s'est dirigé vers moi et m'a demandé si je souhaitais visiter les "soumises" de cet étage, ou les "insoumises".

Le regard de Serkit s'assombrit busquement. - Par la Source, il perpétue ces pratiques, s'exclama-t-elle.

Continue, mon fils. -Hébété,j'ai répondu "les insoumises"sans réfléchir. "Bien, c'est

un bon choix" m'a-t-il été répondu. L' Anunnaki m'a dirigé vers des escaliers et m'a invité à descendre d'un étage. En descendant, j'ai constaté que les gémissements s'amplifiaient. Un autre Anunnaki m'a réceptionné et m'a demandé ce que je désirais. "Si elles ne sont pas assez dociles à ton goût, tu auras le droit de sacrifier 1 'une d'entre elles" a-t-il ajouté en riant. Je ne peux te décrire ce que j'ai vu. Des femmes mortelles étaient là, emprisonnées, et les abjects Neteru de Setes (Seth) et leurs souverains mortels leur faisaient subir les pires sévices ! Sè-tés (''comme la honte'') - il porte bien son nom dans ton langage !

J'étais nerveux, tant ce souvenir me harcelait. Tout en poursuivant le récit de mon aventure, je me suis levé et ai saisi mon cristal Uatch. Sa lame a éclairé la pièce de son éclat redoutable. Son souffle terrifiant est passé au-dessus de la tête de Serkit qui resta

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132 PREMIÈRE PARTIE: "CINSTRUCTION DU FAUCON

pétrifiée, le regard admiratif. -Mon sang n'a fait qu'un tour, divine tante ! J'ai sorti Uatch

du dessous de ma cape et j'ai massacré un à un les bourreaux qui sévissaient au sous-sol. Ils n'ont rien vu venir. Le vacarme des gémissements était tel dans la demeure sombre que lorsque je suis remonté au rez-de-chaussée, pratiquement aucun des associés de mon oncle n'avait entendu quoi que ce soit. Les femmes apeurées me suivaient en silence. Je les ai dirigées vers la sortie. J'ai bondi sur les tortionnaires tandis que les autres mortelles de ce niveau se sont précipitées, elles aussi, vers 1 'issue principale. Mes adversaires ont foncé sur moi, mais Uatch les a empalés et découpés un à un. Je n'ai eu aucune pitié. Je les ai sommés de révéler où se cachait leur maître, mais Setes n'était manifestement pas de la fête ce jour-là. Lorsque Uatch a achevé sa funeste besogne, je n'ai laissé aucune trace qui aurait pu révéler mon identité. Cet endroit maudit qui servait de temple aux Anunnaki et à leurs faux dignitaires mâles fut brûlé avec les corps à l'intérieur. Mais il n'était pas là, par la Source, lui n'était pas là ...

Une fois mon récit achevé, j'étais encore sous le coup de 1 'agitation. Serkit était toute tremblante. Plusieurs Nungal s'étaient précipités vers l'entrée de la demeure de la matriarche ; elle les a rassurés en répondant que tout allait bien. J'étais exténué par mon exposé. Serkit voulut me faire retrouver mon calme :

- Si cela peut t'apaiser, ton oncle ne se doute pas que c'est toi qui as réalisé cela. Il est trop sûr de lui et il te prend pour un gamin.

- Par la Source, je le transpercerai lui aussi ! -Remets-toi, m 'a-t-elle dit. Modère-toi, mon fils, et n'invoque

pas la Source de la sorte. - Tu n'es pas ma mère ! Lui ai-je sèchement rétorqué ... Ah

oui, je te prie de m'excuser, les Amasutum de Margid'da (Grande Ourse) et de Mulmul (les Pléiades) nomment les mâles ainsi ...

-Non seulement, mais je suis aussi l'une de tes quatre mères. J'étais là, avec ta génitrice et tes deux tantes, lorsque tu as été mis au monde dans la grande Unir (pyramide) Bit-Râ-Hem, lors du rituel d'accouchement de "la lumière de l'horizon". Quel prodige tu es. Par la Source, laisse-moi te regarder d'un peu plus près.

J'avais le regard fatigué et sans doute assombri du fait de ma soudaine agitation. Serkit plongea profondément ses yeux dans les miens. Ses mains frémissantes coururent sur mon visage.

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 133

-Comme tu es incroyable ! Tu es la Gibilzisàgal (réincarnation) du fils de l'eau. Ton regard ne trompe pas, je l'ai tellement contem­plé. L'obstination de ta mère a payé! Elle t'a véritablement redonné la vie. Par contre, tu es bien plus nerveux et emporté qu'avant.

-Sottises tout ça! Ce ne sont que des fadaises. C'était un faible, et je ne me reconnais pas en lui.

- Ce n'est pas parce que ton caractère est différent, plus vif, que tu n'as pas été Asar. Bien que la philosophie Abgal me soit partiellement étrangère, n'oublie pas que j'ai été une Kadistu (planificatrice) avant de me retrouver coincée ici avec les rescapés de la bataille de l'Ubsu'ukkinna (l'étoile Maïa des Pléiades). Aset et toi êtesAbgal. Nammu l'était également. Par respect pour elles ...

- Par respect pour qui, divine Serkit ? Par respect pour ta sœur ? Par respect pour ta fille ?

- Que me chantes-tu là, petit impudent ? Serkit était nerveuse. Elle détourna son regard et s'éloigna pour

vérifier où en était le feu dans la cheminée. Mais le foyer était encore ardent. La réponse que j'attendais allait venir et la raison principale de mon déplacement aux confins du Dukug allait enfin trouver sa justification.

-Comment dois-je te nommer? Ninmah ? Ninkharsag? Serkit? Ou bien Ninsikila (''prêtresse pure'') ?

La grande accoucheuse des Anunna me regarda, hébétée. Elle aurait voulu dire quelque chose, mais sa voix est restée coincée au fond de sa gorge. Les lèvres de Serkit se pincèrent et une larme emplit son œil droit.

-Tu es doué, fils de Meri. Tu es porteur des pouvoirs de ta mère, mais tout cela ne prouve rien !

-C'est toi la fameuse Ninsikila qui avait pour fille Saran et qui n'est autre que ma mère, ou du moins son double, à ce qu'il pa­raît. Dans ce cas, tu es aussi l'ancienne souveraine du Dukù. C'est en tout cas ce qu'en a déduit à mi-mot 'Nki dans Uatch. Mais le grand Sa'am (assassiné) n'a pas été au bout de son investigation. Il n'a pas osé remuer le passé, sans doute pour ne pas offenser sa mère Nammu. Je le fais aujourd'hui à sa place afin d'honorer sa mémoire. J'incarne son souvenir. C'est ce que les êtres du Gigal souterrain ne cessent de me rabâcher chaque jour. Alors, si tout cela est vrai, tu es aussi la seconde fille de Tiamata. Tu es donc la sœur de ma grand-mère Nut-Nammu. Ainsi, tout s'explique!

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134 PREMIÈRE PARTIE : !:INSTRUCTION DU FAUCON

Effondrée, Serkit se leva et me fixa, le déchirement se lisait dans son regard.

-Tu es perspicace, Heru ! Il est inutile de te mentir car tu connais la vérité, celle que j'ai réussie à enfouir au plus profond de mon être depuis des Limamu (millénaires). C'est le privilège des immortels comme nous. Tu verras, c'est absolument insupportable ! Oui, ta mère est bien la réplique de Saran. Je peux même te dire qu'elle lui ressemble terriblement. Combien de fois ne l'ai-je pas vu en pen­sant à ma fille et non à celle de Nammu ? Tu dois connaître cette histoire grâce à Uatch, ton Girkù. Enki l'a sans doute entrée dans un cristal inconnu, et son contenu a été transféré dans Ugur par ta mère après la mort de son époux, c'est-à-dire toi-même!

-Des sornettes, te dis-je ! -Ne m'interrompts pas, Heru, et ne me fais pas passer pour la

méchante! Je sais parfaitement qu'à un moment donné, Enki a clan­destinement été rejoindre le système de l'Ubsu'ukkinna (l'étoile Maïa) et le Dukù via Mulge, le satellite de la colline de l'horizon. Je le fréquentais déjà à cette époque et je n'ai rien dit à ses Kuku (ancêtres) par amour pour lui. Tu dois savoir qu'en ces temps maintenant fort reculés où nous avons cloné les premiers modèles ouvriers, j'œuvrais aveuglément pour les ennemis de ta famille et de l'ancienne Dilmun, que vous nommez chez toi "A'amenptah" (l'Atlantide). Que crois-tu? Pourquoi penses-tu que j'ai suivi Enki sur l'ancienne Dilmun alors qu'il y avait tant à faire en Edin? J'ai ensuite gouverné l'A'amenptah à la place de ton père. Pourquoi? Enki pensait, à l'époque, qu'il me faisait un beau cadeau, mais j'ai plutôt été installée là par les Usumgal pour épier le fils de l'eau et ses affaires. C'est bien ce que j'ai fait au début, mais les choses ont changé par la suite. J'ai compris, et il m'a fallu du temps. Par la Source, oui, il m'a fallu beaucoup de temps.

-Que veux-tu dire ? -J'étais tellement en colère après ma sœur. Tu dois savoir que la

fière Nu'ut (Nammu) ... - Comment dis-tu ? Nut ? - Oui, c'est vrai, me dit-elle, vous prononcez plutôt "Nut" en

Pays de Lumière. Ce nom fait maintenant partie de votre vocabulaire et a perdu chez vous son sens d'origine d"'image du jour et d'une époque", un titre qui a été décerné à ma sœur après sa mort. Nut, donc, m'a empêché de retrouver ma fille. Lorsque Saran s'est

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 135

enfuie du Dukù vers Gagsisa (Sirius), elle est allée rejoindre les partisans de Nammu. Ma sœur s'est empressée de la rejoindre chez les amphibiens Abgal. Je sais de source certaine que Saran voulait faire revenir 1' essence de son amant, le Kiristi Asme, c'est-à-dire toi-même.

- Moi ? Tu es obstinée, mais je ne dirai plus rien, lui ai-je répondu.

- Tu es dans le vrai, il ne faudrait plus me contrarier, me dit­elle d'un ton sec. Saran voulait donc faire revenir le Ba (l'âme) de son amour, mais j'ai fait subir au corps d'Asme le rituel "des portes de lumière" qui expédie un Ba vers un lieu déterminé, en l'occurrence Gagsisa (Sirius). J'ai ensuite brûlé la dépouille du Kiristi et supprimé ses gènes de la bibliothèque génétique de notre espèce. Ma sœur n'avait manifestement jamais prélevé les gènes de son fils et ne les avait donc pas avec elle. Énorme erreur ! Elle n'a donc pas pu le ramener à la vie. J'avais à mon tour empêché Nammu de retrouver son fils. Je n'avais cependant pas prévu la suite. Désespérée, ma fille Saran s'est donnée la mort devant sa tante Nammu. Un bien triste sort .. .

-Tu n'as pas l'air très émue, ma tante. - Saran a toujours été plus proche de Nammu que de moi. Elles

se ressemblaient énormément. Saran a constamment suivi les conseils de sa tante. Ma sœur la considérait comme sa propre fille. Elle l'aimait tellement qu'elle lui a fait subir le rituel de "la lumière de l'horizon" qui fait revenir une essence spécifique. Nammu avait tout pour réaliser cette prouesse sur place : le corps, donc les gènes, et les Unir (pyramides), c'est-à-dire la technologie Abgal. Ma sœur l'a fait avant que j'apprenne la disparition de Saran et que je puisse la faire revenir moi-même. Elle m'a volé ma fille ! Lorsque Saran est revenue sous la forme de Sé' et, elle avait tout de mon enfant sauf la queue. Nammu lui a transmis quelques gènes lui appartenant, ce qui a octroyé à Sé'et des mains palmées, qui l'étaient moins dans sa précédente incarnation bien qu'elle fût Ab gal par son père. La planificatrice d'Uras (la Terre) avait de grandes ambitions pour sa créature. Sé'et, "présage de la vie", son nom en Emesà (langage matrice), en dit long sur le destin qu'avait prévu Nammu pour sa seconde fille. C'était une sainte Gir, façonnée pour être une accoucheuse de Kiristi. Peut-être qu'à l'époque, Nammu souhaitait faire revenir son fils Asme dans le sein de sa fille ? En tout cas, elle

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136 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

n'avait pas imaginé qu'il reviendrait de cette façon, c'est-à-dire, grâce au génie génétique d'Itemu (An). Justice a été rendue !

- Malgré tes différends avec ma grand-mère Nut (Nammu), pourquoi n'as-tu jamais parlé, et protégé Sé'et? Elle était pourtant un peu ta fille ?

- Que me racontes-tu là ? Tu possèdes une version de la vérité. N'oublie pas, Heru, que je suis pour certains d'entre vous la mé­chante ! Pourtant, c'est moi qui ai glissé à Ansar d'exiler Sé'et sur Udu'idimsa (Mars). Je voulais avoir un œil sur elle. Même si elle n'était plus ma fille- celle que je n'ai jamais réussie à compren­dre- je souhaitais la préserver de l'emprise des Usumgal. J'étais déjà au travail sur Udu'idimsa à cette époque. Je me suis occupée de produire les Abar et de les installer parmi les Anunna de cette colonie éloignée. Udu'idimsa, Deser (Mars) pour toi, a toujours été importante pour nous, car elle jouxtait Mulge et son illustre satel­lite, qui est aujourd'hui devenu fou. Quelle ironie et quel gâchis ! En faisant exploser Mulge, les Usumgal n'avaient pas prévu un tel fléau ! La vaillante Kharsag n'est plus. Plus un seul bâtiment ne révèle sa gloire d'antan, les flots 1 'ont emportée une fois encore, et à jamais. Aujourd'hui, Udu'idimsa est un désert, ses Anunna et les Usumgal vivent dans son Abzu (monde souterrain). Quant à l'Edin des Anunnaki et ses demeures, tout a été submergé une fois de plus. Tous se terrent dans 1 'Ekur souterrain de ton oncle, un peu plus loin dans la montagne. Justice a été rendue !

- Parle-moi davantage de ma mère. Que sais-tu à propos de sa disparition sur Deser (Mars) ?

-C'est une longue et bien triste histoire. Je ne sais pas si je dois te la rapporter. De toute façon, cela ne calmera pas ton désir de ven­geance et ne changera en rien ton destin. Je n'en ai jamais parlé à Enki,je crois qu'il ne l'aurait pas supporté. Mais tu es plus vaillant aujourd'hui et tu vas ainsi me libérer de cet autre fardeau qui me pèse et qui me serre la gorge. Sé'et a donc travaillé avec moi sur Udu'idimsa (Mars). Elle était travailleuse, mais très malheureuse. Elle n'avait qu'une chose en tête: retrouver Sa'am-Enki- te retrou­ver. Elle m'a secondée pour le clonage du peuple Abar. Nous nous sommes bien entendues. Elle a ensuite œuvré en tant que Santana (chef de plantation) dans les cultures, vergers et jardins qui nourris­saient notre colonie et 1 'ensemble des A bar. Malheureusement, j'ai dû m'absenter de nombreuses fois pour regagner Uras (la Terre)

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 137

et Kharsag. Comme tu le sais sans doute, j'étais avec Enlil, avec ton oncle Setes en somme. Je croyais encore en lui à cette époque. Nous avions eu notre fils, le vaillant Ninurta. Enlîl faisait lui aussi la navette entre Uras et Udu'idimsa. Il a profité de mes absences pour arracher la jolie Sé'et à ses travaux. Il l'a enfermée à double tour dans son palais, en plein milieu du désert, pendant près de deux années, peut-être plus, je ne sais plus. Son domaine n'avait jamais été bombardé par les Kadistu (planificateurs) . À l'époque j'avais délaissé la planète Udu'idimsa pour me concentrer sur le développement de la colonie à Kharsag. Enlil faisait de nombreux allers et retours assez brefs entre les deux planètes. Je lui faisais confiance, car il semblait m'aimer. Je ne sais pas bien ce qu'il a fait subir à Sé'et et ce qu'il attendait d'elle, peut-être un enfant, mais je peux te garantir qu'elle ne lui en a jamais donné.67 Sé'et pos­sédait de grandes facultés, les miennes et celles de ta grand-mère Nut. Nous possédions la connaissance de nos ancêtres Amasutum, celle qui apporte ou détruit la vie. Lorsque j'ai découvert le méfait d'Enlil, je lui ai retiré mon regard de vie sur-le-champ et lui ai in­terdit l'accès d'Udu'idimsa (Mars). Il s'est retrouvé seul et progres­sivement la proie de troubles fonctionnels, car le KI est traître sur Uras (la Terre), tout autant que celui d'Udu'idimsa (Mars) pour la majorité des mâles de notre colonie. Peu parmi les tiens le savent : ton oncle est pourtant Nungal, et il ne devrait pas avoir besoin de ce regard de vie, mais son génotype est défectueux en comparaison de celui de la première souche Nungal. C'est un sang-mêlé remar­quable du point de vue de l'intellect, mais très discutable sur le plan génétique. Enlil s'est alors vite trouvé une femelle pour le soulager. J'ai bien sûr arraché la pauvre Sé'et du palais du protégé d'Itemu (An). Elle était choquée et je pense qu'elle m'en voulait terrible­ment de l'avoir abandonnée ici, pour être tourmentée par ce tyran. Elle n'ajamais voulu me parler. Elle m'ajuste suppliée de lui don­ner sa liberté. Elle souhaitait te rejoindre au plus vite et retrouver sa mère Nammu. J'ai aussitôt négocié sa libération. Les discussions ont été difficiles avec les Usumgal. Ils rn' ont finalement deman-

67 Nous sommes ici en présence du grand thème gnostique de la mère céleste captive et persécutée par les "mauvais anges". Ce concept est aussi bien applicable à la Sagesse Sophia (Tiamata), génitrice des archontes, qu'à sa fille Zoé (Nammu) et à l'Eve de la vie (Sé'et­Aset-lsis). Toutes trois sont les représentantes de la Déesse-Mère et donc une forme de Sophia (la Sagesse) elle-même. Voir à ce propos le dossier de Nora Parks en fin d'ouvrage, qui se rapporte à la captivité de Sé'et, la future Isis.

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138 PREMIÈRE PARTIE: l!INSTRUCTION DU FAUCON

dé de cesser d'humilier le pauvre Enlil en public, ce que j'ai fait contre la libération de Sé'et. Personne ne le sait et c'est la vérité ! L'histoire s'arrête malheureusement ici. Je sais juste que les Abgal de Mulge-Tab souhaitaient la rencontrer avant qu'elle ne revienne ici, sur Uras. Ils avaient eu vent, je ne sais comment, de l'outrage qu'elle avait subi et souhaitaient la purifier.

-Les Abgal de Sa'am ne lui ont manifestement rien dit. Ni à moi d'ailleurs. Ils nous ont caché ce fait. Cette histoire me bouleverse; la colère me gagne !

-Apaise ton cœur, mon enfant. Sé'et a disparu entre Udu'idimsa et Mulge. Elle n'est jamais arrivée à destination. Je ne l'ai su que tardivement par Nammu et son fils, alors que tu étais depuis bien longtemps avec moi sous la forme d 'Enki. Sa'am s'était bien gardé de divulguer la disparition de sa sœur. Il ne devait pas me faire totalement confiance, et je ne rn' étais pas posée plus de questions. Je pensais que Sé'et vivait en Abzu et qu'elle avait fait une croix sur toi. Ne vous voyant pas ensemble et contemplant en silence ta solitude, j'ai naïvement imaginé que Sé'et n'aimait plus le grand Sa'am, que les retrouvailles n'avaient pas été heureuses. C'est tout! Cependant, j'ai toujours considéré que Sa'am pouvait être cet Asme, sans doute même avant que ta mère ne le comprenne. J'avais ma revanche. Sé'et n'était plus liée dans sa chair à son Umi (âme­sœur) et je possédais l'essence du fils de Nammu. Un juste retour des choses, alors que ma sœur détenait ma fille ! Je me suis conten­tée de cette maigre consolation pendant bien longtemps.

- Quelle histoire terrible entre Nammu et toi ! Vous êtes sœurs, ne vous êtes-vous jamais réconciliées ?

- Oui un peu, avec le temps. Le temps peut parfois être une bonne chose. La réconciliation ne s'est cependant pas produite après la renaissance de ta mère, mais bien plus tard encore. J'hésite à t'en parler.

- Parle, par la Source ! Dis-moi la vérité. -Eh bien, par la Source, je te dirais ce qu'il en est, quitte à cette

fois-ci vraiment passer pour une prêtresse détestable. Tu sais que j'ai donné les gènes de Sé'et à Enki pour qu'il fasse revenir son corps et son Ba (âme) parmi nous?

-Oui, je l'ai lu dans les archives d' Asar, mais je ne m'en sou­viens pas distinctement, si c'est ce que tu suggères. C'est de toute façon ce que tout le monde raconte.

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 139

- Et c'est la vérité ! Pourtant, ce que Enki n'a sûrement pas mentionné c'est que lorsque Sé 'et est revenue, elle portait une queue!

-Une queue? - Oui, celle de ma fille Saran ! Ces fameux gènes étaient les

siens. Ma revanche était complète. En concédant les gènes de ma fille à Sa'am-Enki, je récupérais un peu Saran. Puisque les gènes ont subi le rituel de "la lumière de l'horizon" dans l'Unir (la pyramide) de Mulge-Tab, j'étais certaine de retrouver ma véritable fille : son corps et son Ba (âme). Il faut savoir que Saran et Sé'et étaient tout à fait semblables physiquement, sauf en ce qui concerne la queue. Par contre, elle est cette fois-ci revenue avec des mains palmées. Souviens-toi que ce n'était pratiquement pas le cas en tant que Saran. Sa filiation Abgal avait sans doute sauté une génération. Mais là, elle est revenue avec, ce qui est tout à fait incompréhensible pour moi.

- Je ne le pense pas. Cela prouve que le Ba (1 'âme) peut influen­cer les gènes, donc agir sur l'apparence d'un être. C'est une grande leçon. Mais, par Râ, je ne comprends pas tout : ma mère ne possède pas de queue ! Que me racontes-tu là, que s'est-il passé?

-Aucune idée! Un jour, elle ne l'avait plus ... - Tout ça ne me dit rien ! Et cette histoire de séquestration

sur Deser (Mars) me retourne les entrailles, ai-je ajouté. Je ne comprends plus très bien. Qui est ma mère ? Elle pose son regard sur moi comme elle le ferait sur celui de Sa'am (l'assassiné). Les pensées qu'elle m'adresse sont incohérentes. Son cœur bat très fort lorsqu'elle rn' observe en silence. Elle est la Grande Épouse Royale, et elle n'a aucun époux ...

- Que souhaites-tu, Heru ? Avec qui désires-tu qu'elle se mé­lange?

J'étais totalement confus, car j'étais bien contraint de rn ' avouer que je n'avais guère envie d'imaginer Meri se mélanger avec qui que ce soit. La logique aurait pourtant voulu le contraire.

-Tu es d'une terrifiante stupidité, m'a-t-elle annoncé d'un ton cassant. L'infinie inclination qu'elle a pour toi n'a d'égale que l'Unir Bit-Râ-Hem qu'elle a édifiée pour te faire revenir ! Que crois-tu? Tu penses qu'elle l'a bâtie en un claquement de main? Elle s'est battue comme une lionne pour obtenir les autorisations. Les Ab gal ne souhaitaient pas qu'il en soit ainsi, en tout cas, pas de

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140 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

cette façon. Ils redoutent les liens qui vous unissent pour la simple raison que vos actes ont conjointement occasionné autant de grâce qu'ils ont apporté de souffrances à vous-mêmes et à vos proches. Et elle l'a eue, son autorisation, contre l'avis des membres les plus illustres de l'assemblée ! Elle veille sur toi comme une lionne sur son petit, voire bien plus encore. Tant que tu n'auras pas compris que vous formez les deux moitiés d'un même élément, tu ne pour­ras te connaître véritablement. Tu es l'héritier d'une dynastie au destin douloureux, mais il te faut regarder au-delà des apparences. Elle t'aime du plus profond de son être, et toi aussi. Inutile de lutter. Elle a bien tenté de se mélanger à d'autres, mais elle n'y est jamais parvenue. Tu le sais désormais, je connais bien des secrets. Lorsque ta tante Nebet-Hut (Nephtys-Ninanna) s'est emparée de ton corps lorsque tu étais enfant - comme son grand-père Enlil l'avait fait avec la pauvre Sé'et- Meri s'est sans doute dit qu'elle n'avait plus rien à perdre. Elle ne voulait surtout pas te perdre une nouvelle fois. Je .ne te dis pas qu'il faut tomber dans ses bras, mais simplement te rappeler que Aset tremble de désir et d'amour pour toi. Elle est trop humble pour te le dire, pour te le dévoiler. Je la connais parfai­tement, elle est ma fille Saran. Cependant, tu es le seul à savoir ce qu'il faut faire ...

- Mais, je ne sais rien ! Mes yeux sont comme entraînés par la force de ses désirs et pourtant je sens qu'elle me cache des vérités.

- Oh ça oui, elle doit t'en cacher ! Mais tu es encore un peu jeune. Peut-être souhaite-t-elle te préserver ?

-Sais-tu qu'elle possède désormais des cheveux? lui ai-je dit. - Non, nous ne nous sommes pas vues depuis un moment et

nous communiquons par voix interposées. Meri est une grande magicienne. Le Niama (la force vitale) de Sa'am coule en elle.

-Et que son teint se transforme en celui d'un Babbar (albinos)? -Ça, je ne savais pas. Dans ce cas ... Serkit se rapprocha de moi et se mit à me renifler de haut en bas,

puis se leva brusquement et rn' entraîna vers 1' extérieur sans dire un mot. Elle était pensive et pas très à l'aise. Le village était en effervescence. Ma mère tenta de me contacter à l'aide du Kinsag (télépathie). Mais comme je refusais la communication, cela me fit mal au crâne.

- Ça ne va pas, Heru ? me demanda ma tante. - Meri essaye de me contacter, elle doit s'inquiéter.

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 141

- Laisse-la regarder à travers tes yeux, et elle sera rassurée. Laisse-moi lui parler.

-Non, elle attendra ... Faut-il toujours qu'elle s'occupe de tout? - Chez les Gina'abul, seuls des M'nen-Ba (âmes-soeurs) dé-

tenant le Niama peuvent communiquer ainsi ... Je dis cela comme ça ...

J'ai fait mine de n'avoir pas entendu. L'ancienne reine du Dukù leva les yeux vers le ciel et pointa son doigt vers l'atmosphère:

-Ces maudits nuages se dissipent enfin. Nous ne savons jamais pour combien de temps précisément. Il faut faire vite. Ah, si les effets de Bit-Râ-Hem (la Grande Pyramide) pouvaient se propager jusqu'ici, nous aurions moins de nuages !

Un bourdonnement entrecoupé de cliquetis accompagnait le mouvement du gros télescope qui fut dirigé vers les cieux.

- Pourquoi ne pas utiliser la technologie Amasutum et percer la couche nuageuse ?

-Nous pouvons scruter le ciel à travers les nuages, mais c'est toujours mieux de profiter d'un moment comme celui-là. Les relevés sont toujours plus précis, et cela nous permet aussi de repérer des objets plus proches dans l'atmosphère, comme des astéroïdes.

- Mais dis-moi, vous pouvez le faire ? Vous pouvez changer le climat?

-Tu veux parler du décret 33 du Mardukù? Ce n'est pas une très bonne idée pour l'instant. Les conditions atmosphériques d'Uras sont instables. Si nous les modifions, les dégâts climatiques se pro­longeraient davantage et iraient sans doute en s'amplifiant. Bit-Râ­Hem régule le climat autour de votre demeure principale, et cela n'apporte qu'une modification localisée. La technologie à laquelle le décret 33 fait allusion est tout autre. Ta mère et moi sommes contre ce projet, que Itemu-Râ (An) a pourtant tenté de faire voter par la divine assemblée. De toute façon, les eaux redescendent peu à peu. Il faut être patient jusqu'à son retour ...

Serkit scruta le ciel un long moment. Il commençait à faire nuit. Elle m'invita à pénétrer dans la grande tour munie de son dôme géant. Des Adinu étaient assis devant une table volumineuse et scrutaient le ciel profond sur un écran aux reflets verts.

-Il nous rend fou, reprit Serkit. L'ancien satellite de Mulge n'est pas très conciliant. Nous sommes en alerte maximale. Son retour peut aussi bien intervenir dans quelques mois que dans une cen-

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142 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

taine d'années. Sa course est folle et imprévisible. Sa trajectoire, instable. Une collision d' Arit-Kheru avec n'importe quel corps cé­leste, même minuscule, peut entraîner de grosses modifications de sa trajectoire. Avec de la chance, il pourrait peut-être s'éloigner ou exploser, mais vu sa masse, j'en doute. Arit-Kheru peut tout aus­si bien accélérer sa course et, pourquoi pas, percuter Udu'idimsa (Mars), Uras (la Terre) ou je ne sais quoi encore. Le mieux se­rait qu'il soit capté par Altar (Jupiter) et qu'il finisse sa course en s'écrasant dessus. Mais j'en doute aussi.

J'étais préoccupé. La nuit commençait à tomber. Il me fallait rentrer au plus vite sinon je prenais le risque de voir débarquer ici une troupe de soldats venant spécialement me récupérer afin de rassurer ma génitrice. Je tentais de suivre la conversation, mais mes pensées étaient focalisées sur la nouvelle pigmentation de Meri et la troublante réaction de Serkit sur ce point. Une tension monta progressivement en moi.

- Pourquoi le Benu Céleste porte-t-il aussi le nom d'"Arit­Kheru" (l'œil du son)?

- On ne te l'a jamais dit, chez toi ? Ils sont tous affectés par cet épisode, parce qu'il évoque les disparitions d' Asar et ensuite de la grande Nammu. Les tiens n'aiment pas remuer le passé. Du vivant d' Asar, Her-Râ (Horus 1 'ancien) se chargeait des luttes dans le ciel, et ton ancien toi, des combats terrestres. Les combats étaient encore irréguliers et désordonnés à cette époque. Tout démarra avec 1 'attaque surprise à Ta-Ur, qui eut raison d' Asar. Comme tu le sais, 'Nki-Asar a été assassiné et retrouvé ligoté à 1 'arbre sacré, la poitrine ouverte. L'arbre et le corps furent bougés pour être emportés en tant que trophée, mais finalement laissés sur place au fond de l'affluent du grand fleuve, les deux étant sans doute trop lourds à déplacer. Nous ne le savons pas vraiment. Ironie du sort, le grand fils de l'eau n'était pas encore mort qu'il s'est noyé, encordé à cet arbre. Une guerre désespérée entre les partisans d' Asar et les fidèles de ton oncle Setes débuta alors. Les combats furent effroyables.

- Je sais tout ça, ma tante, lui ai-je dit agacé. Qu'en est-il du Benu (Phénix) ?

- J'y viens, jeune impatient. L'ancien satellite de Mulge était considéré comme l'œil de lumière des Kadistu (planificateurs), ce­lui qui surveillait à la fois Udu'idimsa (Mars) et Uras (la Terre). Ici vivaient quelques Kadistu irréductibles, les rares qui n'avaient pas

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RÉVÉLATIONS SUR LA MONTAGNE DES VEILLEURS 143

fui l'arrivée des Anunna. La guerre entre Her-Râ et les Anunnaki ne se limita pas à notre planète. Elle s'étendit jusqu'à Udu'idimsa, où ton grand-père possède des troupes Anunna. Pendant ce temps, ici, sur Uras, l'annonce de la mort d' Asar fut propagée parmi les divers Shemsu et Urshu, et aussi parmi les humains qui prirent part aux combats au sol. Setes était fou de rage, il voulut marquer les esprits. Il fit exploser la colline de 1 'horizon Mulge, sans doute avec l'appui des Usumgal. Quelques semaines plus tard, l'arrivée de l'astre furieux mit un terme aux combats qui s'étaient intensifiés. Des colonnes de feu, de pierres et de cendre accompagnaient l'an­cien compagnon de Mulge. Le chaos s'abattit sur Uras. La masse et la vitesse cumulées de l'astre furieux furent à l'origine d'une mons­trueuse impulsion donnée à Uras et d'un bruit effroyable ! L'œil de Râ était tombé pour venger Asar et les partisans des contrées de lumière. Le globe a basculé. La stupeur fut totale ; une grêle de pierres et de feu s'est abattue sur nos têtes dans un assourdissant bruit de tonnerre. J'ai connu des cataclysmes, mais pas comme ce­lui-là ... Il faut 1 'avoir entendu pour le croire : le bruit était épou­vantable ! Les Anunnaki se sont dirigés vers Itud (la lune) et le vaisseau mère d'An qui était en orbite autour de la planète.68 Quant aux tiens, ils se sont réfugiés en Abzu ou bien, comme ta mère Aset etHer-Râ, dans le Kigal (Gigal) des félidés Urmah. Le reste de la planète s'est retrouvé sous les eaux ou a été brûlé par le feu du ciel. Les Usumgal avaient pensé à tout sauf à ça. Quelle misère ! C'est ensuite que ta mère a décidé de faire construire la grande Unir (py­ramide) pour te faire revenir. Mais entre-temps, les eaux ont une nouvelle fois débordé à cause de la fonte des glaces. Nous sommes maintenant dans une phase de dégel planétaire. Le Benu Céleste est resté visible pendant très longtemps dans notre ciel, et il a brillé comme un deuxième soleil. On le voyait bien malgré la couche de nuages sombres. Lorsque tu es né, il était encore visible.

Le spectacle que la mère des Anunna venait de me dépeindre était saisissant, mais je le connaissais en grande partie. Elle avait sans doute apporté quelques détails supplémentaires à son explication concernant Arit-Kheru pour occuper mon esprit toujours tourmenté. 68 La version ninivite de I"'Épopée de Gilagame~" indique : "Les Anunnaki brandirent leurs torches de leur éclat divin qui embrasa la Terre[. . .] Les dieux. pris d'épouvante devant le déluge, prirent lafilite en montant au ciel d'Anu (An)". Les torches sont sans aucun doute les vaisseaux aux tuyères embrasées des Anunnaki qui leur permirent de rejoindre leur roi An dans le ciel.

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144 PREMIÈRE PARTIE: L'INSTRUCTION DU FAUCON

Je pensais à ma mère, à Her-Râ et à leur génitrice, ma grand-mère Nut.

- Ma grand-mère Nut avait-elle le teint clair, divine Serkit ? -Non, pas du tout ... Elle était comme moi, sauf que je n'ai

aucune ascendance Abgal. Aussi étrange que cela puisse te paraître, ta grand-mère me manque beaucoup. Elle était l'âme de cette planète. Sa subite disparition nous a tous ébranlés, même An. Les dernières informations indiquaient que Nammu quittait l' Abzu de Mulge pour se diriger vers Mulge-Tab lorsque la catastrophe a eu lieu. Elle mettait rarement les pieds sur Mulge et son satellite. Qui aurait pu croire qu'elle se trouverait là, le jour de cette folie ! Nous étions en guerre, elle devait savoir ce qu'elle risquait.

-Et toi, as-tu un lien Babbar (albinos) ? As-tu eu un père, ou bien la grande Naunet (Tiamata) t'a-t-elle engendré grâce à la génétique?

Serkit était embarrassée. Elle voyait bien où je voulais en venir. - Je n'ai jamais eu de père, Tiamata est ma mère, c'est tout ce

que tu dois savoir. Regarde, me dit-elle en me montrant l'écran, c' est par ici que nous l'avons vu pour la dernière fois. Arit-Kheru trace normalement sa route vers son lieu d'origine. Son parcours se fait désormais dans l'obscurité ...

Je fus pris d'affolement. Ce dernier échange me fit subitement paniquer. La très sainte Meri (bien-aimée) devait obligatoirement avoir des rapports intimes avec un albinos ! Elle faisait cela dans l'ombre, sous notre nez à tous. Une colère effroyable avait gagné tout mon être. J'ai précipitamment dû quitter Serkit. Je n'avais qu'un objectif : châtier le coupable, celui qui se jouait de moi et du saint peuple du Pays de Lumière. Mon attitude semblait avoir étourdi Serkit, qui avait dû se croire plongée dans le déluge qu'elle venait de me décrire. À peine avais-je eu le temps de me glisser dans Geghu qu'elle me supplia de calmer ma colère au plus vite. Mon appareil décolla à la verticale dans un nuage de sable et de poussière.

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8

LE GRAND HER .. RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE

"[. . .] Quelle est donc cette manière de rendre un verdict à vous seuls ? Un dieu insista : 'Que Thot compose le cartouche d'Horus et place la couronne blanche sur sa tête!' Mais le Seigneur de 1 'univers garda le silence un long moment, irrité contre 1 'Ennéade. Seth, fils de Nut, déclara alors : 'Laisse-le sortir avec moi. Je te ferai constater que ma main l'emporte en force sur sa main, en présence de l'Ennéade, puisqu'on ne peut invoquer aucune clause légale pour le débouter. ' Mais Thot objecta :'Ne rechercherions-nous pas le mensonge, si c'était à Seth que nous donnions la fonction d 'Osiris alors que son fils Horus se trouve présent ? 'Rê-Horakhty se mit alors très en colère, et, comme c 'est à Seth dont la force est grande, le fils de Nut, que Râ désirait donner cette fonction, Onuris se lamenta bruyamment devant l'Ennéade, disant : 'Qu'allons-nous faire ? 'Alors Atum, le Grand Magistrat qui est dans Héliopolis, dit: 'Faites appeler Banebdjed, le grand dieu vivant, pour qu'il départage ces deux jeunes gens"'. <9>

Papyrus Chester Beatty 1, Thèbes, 20• dynastie, (vers 1160 av. J.-C.)

Où était-il ? Où allais-je le trouver ? En son domaine austral, en Aria (Antarctique) ou en A'amenptah (Atlantide), ou encore en E-Dilmun ? La colère qui m'avait envahi ne semblait pouvoir s'atténuer de quelque façon que ce soit. Trompé, elle m'avait mystifié comme un débutant !

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146 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

Geghu se dirigea vers l'ouest, en direction de l'A' amen ptah et des derniers feux de l'astre de vie filtrés par de sombres nuages. Mon aîné devait plutôt se trouver ici ; c'est bien là qu'il demeure. Jamais je n'avais été aussi loin jusqu'à présent, mes déplacements s'étant limités à l'ensemble du Pays de Lumière jusqu'à Sti (la Nubie) et au survol de l'Iuter-A'a (le Nil). J'allais certainement inquiéter Meri, mais peu m'importait à ce moment. Le ciel s'était à nouveau couvert et la pluie dévalait des nuages. Sous mes pieds, les contrées du nord de Kankala (1 'Afrique) étaient encombrées de fleuves gonflés par l'eau du ciel et des montagnes. Pratiquement aucune mine de Nebu (d'or) ne se trouve dans ces vastes étendues. Nos exploitations sont essentiellement concentrées à Sti et au cœur de Kankala. Mon père en possédait sur le continent Tuwakadsi.69

Ces mines sont cachées, et ne sont plus exploitées pour l'instant. Quelques gisements aurifères se trouvaient aussi en A'amenptah (Atlantide), au temps de son époque glorieuse.

J'ai franchi les rives sablonneuses qui bordent le grand océan de l'Ouest. Geghu rasait de près les flots et ses lumières éclairaient la houle. J'étais au-dessus de Sekhet-Hetep (le champ de la paix), un riche territoire agricole de Kankala autrefois émergé, lequel côtoyait de près Yu-He tep (1 'île de la paix). L'île Yu-He (île du combat), qui constituait un poste avancé militaire, n'existe plus, elle a sombré avec les autres. Derrière elle, se trouvaient les piliers de Nut, eux aussi, engloutis. Bien plus loin sur l'océan se situait le domaine royal de mes parents : Yu-Shut (1 'île de l'œuf), qui s'est effondrée sur elle-même ... Elle et tant d'autres n'ont pas résisté au passage du Benu Céleste. Les restes de l' A'amenptah apparurent sur mon écran principal : les sommets émergés de Yu-Hetep (l'île de la paix), Yu­Neserser (l'île de l'embrasement), Yu-Titi (île du piétinement), et le reste de l'archipel du sud-ouest qui est encore debout. Yu-Titi représentait également un poste militaire ; elle ceinturait avec Yu­He (île du combat) la divine Yu-Hetep (l'île de la paix) . La butte de mon aîné, Yu-Râ (l'île de Râ) , se trouve derrière Yu-Hetep. Sur l'archipel se sont réfugiées quelques familles de rescapés humains. Her-Râ les nomme "les sauvages". Il évite tout contact avec eux. Les restes de la valeureuse A'amenptah sont concentrés sur Yu-

69 Rappel: TU-WA-KAD-SI, "qui offre la renaissance et fixe la lumière". Il s'agit du continent américain où les rescapés de Kâsskara (Mu) se sont réfugiés après la destruction de leur monde.

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 147

Râ qui est en perpétuels travaux. La reconstruction est lente et douloureuse.

côtes ou t de Ka1111~••

(l' trique)

17. Les restes de I'A'amenptah de l'époque d'Horus sont visibles sur cette carte des alentours des Canaries. Les noms des îles mythiques se retrouvent sur les murs du temple d'Edfu, en Égypte. Ils formaient les domaines primordiaux des dieux de l'Égypte avant le grand cataclysme de 10.000 av. J.-C. Les textes d'Edfu indiquent que ces domaines auraient été détruits lors d'une guerre, et en raison du passage d'un corps céleste dénommé "œil du son". J'ai fait mon possible pour restituer les emplacements des îles selon ma compréhension de l'histoire et de la géographie.

Geghu a passé en silence les enceintes blafardes de Yu-Râ, l'île souveraine. C'est un îlot plutôt tranquille. Ses rives sont sécurisées en raison du grand nombre d'humains qui tentent de s'aventurer dans le domaine du Neter (dieu) Râ. Djehuti ma révélé que les mortels appareillent généralement des îles Yu-Hetep et Yu-Titi sur lesquelles ne demeure plus aucun Neteru (dieux) du fait du passage du Benu Céleste et depuis la grande migration vers Kemet.

Mes feux étaient éteints, ce qui rendait mon vaisseau invisible. Je me suis posé à l'écart, au milieu d'un grand parc plein de senteurs enivrantes. Des lanternes dansaient au rythme du vent. Le jardin était envahi par la brume. Le moment était mal choisi

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148 PREMIÈRE PARTIE: I.:INSTRUCTION DU FAUCON

pour apprécier le décor. Poussés par un vent tenace, des embruns du vaste océan me giflaient le visage. C'est frigorifié et sous une pluie battante que je me suis approché de la demeure de mon aîné. Quelques sentinelles étaient supposées faire leur tour de garde, mais les soldats semblaient plus occupés à boire et à plaisanter qu'à protéger les murs du sanctuaire. De toute façon, qui pouvait oser s'introduire ici, sans prendre le risque de perdre la vie?

Le palais intérieur de Her-Râ (Horus 1 'ancien) est recouvert d'une fine couche de Nebu (d'or) et dispose de hautes colonnes qui mêlent turquoises et topazes. Deux gardes munis de lances s'échangeaient des banalités au rez-de-chaussée. J'ai circulé sous leur nez ; ils se sont assoupis un court instant grâce à mon Niama (la force vitale), juste le temps de passer et de m'éloigner. Lors de ses leçons privées, Djehuti (Thot) m'avait révélé que le grand Râ possédait ses appartements au second niveau. J'ai gravi les marches sans un bruit. Je suis tombé sur un autre garde que je n'ai pu épargner. Je lui ai tranché la tête avec Uatch. Il n'a rien vu venir. La tête qui gisait sur le sol n'était pas celle d'un Shemsu-Râ, mais celle d'un Kingu. Sans doute s'agissait-il d'un esclave. Un esclave Kingu-Babbar (royal-albinos), ici et armé? Étrange !

J'ai aussitôt rengainé mon cristal afin de ne pas révéler ma présence à Râ qui possède, lui aussi, l'énergie omnipotente. J'ai surgi dans les quartiers du fils de Nut sans un bruit. Quelques lampes brûlaient faiblement dans le clair-obscur et illuminaient le sol pavé de carreaux blancs et turquoises. Au fin fond des appartements résonnait une harpe à la mélodie monotone : c'était une nuit paisible, un moment favorable pour "passer de l'autre côté".

J'ai fait le tour de l'étage des appartements princiers. Le niveau bénéficiait d'une série de petites arcades qui laissaient passer la lumière quand il faisait jour. Je l'ai finalement trouvé. Her-Râ était allongé dans son bain, perdu dans une pièce immense. Le visage rivé au plafond, il rêvassait tranquillement. Combien de fois l'avais­je rencontré? Dix ou douze fois. À chaque fois, il m'avait fait une forte impression ; sa carrure, son regard, à la fois lisse et tranchant. Nous ne nous sommes pas croisés depuis que je pars en mission dans le ciel et que je soutiens illégalement les déplacements de ses troupes. Il me donne parfois ses instructions par radio. D'autre fois, elle reste désespérément muette. Il me teste avant d'officialiser mon entrée dans son armée aérienne.

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 149

Râ est le fils de ma grand-mère Nut et possède des gènes de mon géniteur Sa'am. C'est un sang-mêlé et son génotype complet nous est inconnu. Il porte des gênes Abgal, quoique mélangés au type Sukkal. Ma grand-mère Nut est sa créatrice. Elle l'aurait créé artificiellement comme un enfant. La tradition prétend qu'il aurait grandi très vite. Her-Râ est également Babbar (albinos) comme moi, et j'ai toujours souhaité lui ressembler ...

J'ai tiré Uatch de son fourreau. La lame s'est mise à rugir silencieusement dans la pièce comme une manifestation terrible et intense. Her-Râ ajuste eu le temps d'entendre mon arme redoutable et de m'apercevoir. D'un geste désespéré, il a arraché du fond de la salle un glaive à l'aide du Niama (la force vitale). L'arme a virevolté dans les airs et a finalement atterri dans la paume de sa main. La lame d'Uatch a fait lourdement sonner l ' épée à l'éclat brillant. L'épée de mon adversaire était en Ba'a-en-Pet (fer du ciel), le seul métal qui puisse repousser la chaleur d'un Girkù. Her s'est levé brusquement, prêt à répondre une seconde fois à mon attaque. Profitant de la stupeur de mon aîné, j'ai frappé comme un sourd, sur un mode que Nebet-Hut (Nephtys) m'a enseigné lors de mes leçons de combat.

Hern'eut aucun recours. À peine était-il sorti du bassin qu' il s'est retrouvé acculé contre le mur, les pieds glissants et le bras engourdi. "Par la Source, mon frère, que me veux-tu ? Tu es vainqueur 1" me lança-t-il découragé. Un léger sourire s'était dessiné sur son visage, car il semblait stupéfait par une telle audace. Mon arme s'était placée sous son cou.

-J'ai bien compris ta tromperie et celle de ma mère. Vous vous êtes bien joués de nous tous, lui ai-je répondu. Depuis combien de temps visites-tu ses cuisses à notre insu ?

Il fit des yeux étonnés. - Nekhen Oeune) ! Qui t'a rapporté une chose pareille? -Je ne suis pas dupe. Merise métamorphose en Babbar (albinos)

sous notre nez. Cela ne peut provenir que de toi ! - Je ne suis pas celui auquel tu penses. Baisse ton arme, petit

frère, et discutons calmement. Me voyant hésiter, Her-Râ ajouta : "Tu n'as pas le choix". J'ai

brusquement senti un objet coupant sur mon cou. Une voix féminine a résonné derrière moi: "Est-ce que tout va bien mon fils ?"

- Oui, tout va bien. Le valeureux Heru, fils de Meri, est parmi

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150 PREMIÈRE PARTIE: !:INSTRUCTION DU FAUCON

nous. Il va nous faire la joie de poser son arme, de s'asseoir et de converser avec ses hôtes, qui vont lui accorder une hospitalité digne d'un grand souverain.

J'avais vaincu le grand Râ et j'avais ma compensation. J'étais suffisamment fier de moi pour pouvoir supporter le reste. Je me suis retourné pour observer celle qui m'avait menacé de son arme par derrière. Je vis un visage qui me parut familier, sans pour autant l'identifier. "Rassure-toi, mon enfant, je ne t'aurais pas blessé, ce n'est pas dans mes compétences", m'a-t-elle calmement dit. J'étais hébété. Uatch reprit sa place à ma ceinture. Cette sensation de connaître ce visage sans pouvoir lui donner de nom me mit mal à 1' aise. Mon aîné se rhabilla et parut réjoui de me voir ainsi confondu.

-Tu ne sembles pas connaître cette Nebet (prêtresse). Ne sois pas contrarié. Tu ne le peux pas, car tu ne l'avais pas encore rencontrée jusqu'à présent. Elle vient de loin, de très loin ...

La prêtresse était digne. J'ai tout de suite relevé qu'elle possédait des doigts palmés. Son regard révélait des yeux d'un ton safran, éveillés et lumineux. Une sagesse intérieure semblait habiter ce petit corps, légèrement plus grand que celui de Meri (la bien­aimée). Elle portait une robe de lin blanc qui moulait ses cuisses, serrée autour de sa taille par une ceinture en Nebu (or).

-N'est-elle pas formidable? m'a-t-il demandé. -Je ... Si, sans doute ... Je n'avais que faire de cette créature, aussi charmante fût-elle.

Her-Râ souhaitait sans doute détourner la conversation. Je le lui ai fait remarquer. La prêtresse l'a alors pressé de me faire connaître la vérité.

- Détrompe-toi, a répondu le grand Râ. Cette Nebet a un rôle important dans ce dont tu m'accuses, car elle n'est autre que ta grand-mère Nut (Nammu).

J'étais frappé de stupeur, et dans l'impossibilité de formuler un seul mot. Nut, Nammu, la grande, la mère de mes parents Meri­Aset et Sa'am-Asar, se trouvait face à moi alors qu'elle était morte depuis de nombreuses années. C'était insensé, c'est d'ailleurs ce que j'ai exprimé :

-Impossible ! La grande Nut est passée de l'autre côté depuis bien longtemps. Personne n'a pu la faire revenir. Sa fille Meri et Serkit (Ninmah) ne possédaient pas ses gènes. Nut ne les a jamais déposés dans la bibliothèque de notre race. Elle ne souhaitait pas

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 151

que 1 'on joue un jour avec ses gènes. -Marche en paix, mon frère, m'a répondu Râ. C'est tout à fait

exact. J'étais le seul à en disposer. Je les lui avais dérobés derrière son dos, car, comme tu le dis, elle ne l'auraitjamais accepté de son vivant.

Je regardais la physionomie de Nut. Ses yeux veloutés berçaient tendrement mon regard et semblaient me remémorer des sensations enfouies. Son front était légèrement plissé, et semblait accentuer son regard tourmenté. Pourquoi un nouveau mystère entourait-il la présence de Nut ? Était-ce vraiment elle, ou avais-je affaire à une simple copie sans l'essence d'origine ? J'étais exténué par toutes ces histoires, tous ces mensonges, ces secrets grotesques. Une main sur mon front, je me suis lourdement laissé tombé sur un gros traversin qui s'étendait sur toute la longueur d'une banquette en bois exotique.

-Qu'est-ce donc encore, une nouvelle épreuve? J'abandonne ! Je pense m'être endormi profondément à ces mots. J'entends

encore dans ma tête la voix de Nut me dire : "Repose-toi, mon enfant". Mon sommeil a été lourd, cela faisait plusieurs jours que je n'avais pas dormi.

À mon réveil, Nebet-Hut (Nephtys) était au pied du lit dans lequel on m'avait sans doute déposé. Quatre gardes de Meri se trouvaient derrière elle. Nebet-Hut était vêtue d'une sombre combinaison de combat assez moulante, bardée de cuirasses en métal. Ses cheveux d'un noir profond étaient noués et recouverts de cordelettes en fils d'argent piquées de fleurs turquoise.

-Ta mère est en colère! Elle ne va pas tarder. Mieux vaut qu'elle ne te trouve pas au lit ! C'est une longue journée qui t'attend, petit prince, et je ne souhaite pas que tu échappes à ton entraînement comme hier et les jours précédents. Prends ça !

Nebet-Hut me lança une épée et me fit signe de la suivre. Deux des quatre gardes me tirèrent machinalement du lit. Ils 1 'ont fait si souvent ! Je me suis laissé traîner hors de ma couche, et ma lame est tombée sur le sol. La sœur de Meri m'attendait sur la terrasse de la chambre. À peine avais-je eu le temps de me placer face à elle que son arme fendit l'air et s'abattit avec précision sur le fer de mon glaive. Mon épée résonna et se mit à vibrer douloureusement. "Ne t'ai-je pas dit de relever ta garde ? Ton adversaire n'aura aucune pitié sur le champ de bataille" me lança-t-elle d'un ton sec. Nebet-

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152 PREMIÈRE PARTIE :!!INSTRUCTION DU FAUCON

Hut possède la faculté de m'irriter au plus haut point. Sa façon de me rabaisser lorsqu'elle a une arme en main en dit long sur son caractère. Les quatre gardes du Gigal s'étaient positionnés le long du muret et observaient notre combat avec intérêt, pour ne pas dire amusement.

- Que me veut Meri ? lui ai-je demandé tout en répondant à ses assauts.

- Je crois qu'elle a envoyé la moitié de sa garnison à ta recherche hier soir et pendant la nuit. Heureusement que Serkit (Ninmah) et Nut (Nammu) nous ont contactés. Ta mère est folle de rage ...

Les coups de mon maître d'armes se faisaient de plus en plus in­sistants. Elle augmenta le rythme de ses attaques. Sans doute n'osa­t-elle pas ajouter qu'elle avait également été inquiète.

- Tu savais que Nut avait été recréée ? Pourquoi ne m'a-t-on rien dit?

- Aaah Hern, soupira-t-elle en baissant sa garde. Il suffit de po­ser les bonnes questions. Pourquoi ta mère est-elle Babbar (albi­nos), jeune faucon?

- Parce qu'elle couche avec Râ ; même si on prétend le con­traire !

Nebet-Hut se mit à rire. Ma nourrice avait repris ses attaques. J'observais ses mouvements tout en les déviant un à un. Les chocs auraient été terribles. Les gardes étaient devenus nerveux. La sœur de Meri fit tournoyer son arme et m'obligea à me rapprocher d'elle. Nous étions corps contre corps, lame contre lame. Une étrange odeur émanait d'une de ses mains, une senteur qui me fit tourner la tête. Cette odeur me rappela quelque chose que j'avais respiré il y a peu, mais sans pouvoir le déterminer. Ma tante se dégagea soudainement.

- Comme tu es candide, me lança-t-elle. La Mère du Trône n'aime que toi. .. Et elle aime les potions ...

Mon maître d'armes frappa un grand coup sur ma lame. Le bout de l'épée se brisa sous le choc. Nebet-Hut utilisa brusquement le Kinsag (télépathie) et sa voix envahit mon esprit : "Tu devrais venir me voir plus souvent. Ces foutus gardiens sont toujours dans mes pattes et je ne suis pas libre de t'approcher. J'aurais tellement de secrets à te révéler si tu le souhaitais."

Je me crispai en voyant mon arme brisée. Meri aime les potions et les plantes médicinales ? Bien entendu, mais quel était le rap-

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 153

port? J'allais lui demander plus d'informations lorsqu'une voix se fit entendre.

-L'entraînement est fini pour aujourd'hui ! C'était le timbre que Meri emploie lorsqu'elle est fâchée. Ma

mère jeta un regard froid sur sa jumelle. J'ai eu l'impression qu'elle venait d'intercepter son message télépathique. Au premier abord, nous pourrions dire que les deux anciennes reines de l'A' amen ptah ont une parenté certaine. Mais une observation attentive permet de relever qu'elles possèdent le même profil. Ces derniers temps, le visage de ma mère s'est étrangement resserré, à l'instar de celui de ma tante. De plus, la grande Aset (Isis) dispose désormais de son fameux épiderme Babbar (albinos), ce qui la rapproche davantage de Nebet-Hut. La véritable différence concerne leur façon de se farder. Ma mère se maquille délicatement, alors que sa sœur se farde lourdement, ce qui lui confère un air assez sévère. Meri était royalement vêtue. Elle portait une robe blanche croisée sur les seins et serrée à la taille par une ceinture dorée. Des bracelets ornaient ses poignets et un pectoral mordoré s'étalait sur son buste. Elle avait passé une fine poudre de Nebu sur son visage et ses épaules. Elle était divine, comme toujours.

Nebet-Hut quitta le balcon sans dire un mot, sans aucun geste de mépris et sans se retourner. Deux des gardes la suivirent et les deux autres restèrent sur place. D'un regard coupant, ma mère leur fit signe de gagner la chambre pour nous laisser en paix.

Aset me fixait avec des yeux tristes et coléreux. Mon escapade prolongée l'avait rendue vive. Elle semblait seulement réaliser maintenant que je n'avais rien et que tout allait pour le mieux. J'affrontais son regard, comme pour ne pas céder à une forme d'intimidation qu'elle semble parfois m'imposer.

-Combien de fois vais-je devoir rn 'inquiéter ainsi ? As-tu décidé de me rendre folle? Si c'est ton souhait, c'est réussi.

-Vous me prenez tous pour un enfant. Je découvre bien des mystères autour de mon père et de toi. Pourquoi autant de secrets ?

-Les secrets ne demandent qu'à être percés à jour. Tu es le seul à pouvoir le faire, mais je dois bien avouer que tu ne t'y prends pas très bien. Voilà un autre point commun avec ton père. Pour l'enfant, sache qu'il sera regardé aujourd'hui comme un adulte, comme l'héritier d'une dynastie hors du commun. Étant donné que tu es présent sur l'Yu-Râ (l'île de Râ) et qu'une Assemblée a lieu

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154 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

en ce jour, Serkit a demandé à ltemu (An)- derrière mon dos, bien entendu - si tu pouvais assister à cette session.

-Très bien! - Cela ne m'enchante guère, car j'avais d'autres projets bien

plus alléchants que de participer à cette mascarade. Cependant, il n'est pas question que je te laisse avec ces grands malades.

- Tu me vois doublement flatté. Cependant, laisse-moi te poser cette question : tu honores la mémoire de mon père, tu te considères comme la digne héritière de ses œuvres, mais tu détruis ses rapports enfouis en Uatch, et ne gardes que ce qui t'arrange. Pourquoi ? Qui est cette Nut ? Est-ce ma grand-mère ?

- La compagne de Râ est une pâle copie de l'original, rien de plus. Elle n'est donc pas ma mère ni ta grand-mère. Ni plus, ni moins. J'ai pitié d'elle.

- Il paraît que tu possédais une queue dans le passé ; où est-elle à présent?

-Ce ... ce n'est pas important. -Mais si, ça l'est! - Bien, puisque tu souhaites le savoir, j'ai fait sectionner cet

appendice lorsque Asar s'est émasculé après être sottement tombé dans les bras de Nebet-Hut. Ils s'étaient rencontrés dans sa demeure de Nunkiga (Eridu) à Kalam et elle l'avait enivré. Sans doute s'était-elle transformée en moi-même. Nous nous ressemblons beaucoup, celan' a pas dû être bien compliqué pour elle. À l'époque, ce n'était qu'une histoire de physionomie et de peau. Nebet-Hut adore modifier sa physionomie à l'insu des autres, comme tu le fais parfois. Quant à Nut- je parle de ma véritable mère- elle m'avait à l'époque aidé à réaliser cette opération chirurgicale.

- Pour quoi faire ? -De rage, de colère ! J'ai fait comme lui. En se punissant ainsi,

il m'avait privé de son corps, de notre union. Finalement, je me suis sentie tout aussi coupable que lui :nous n'avions pas été assez vigilants. Alors, j'ai décidé de me châtier à mon tour; il avait coupé sa "queue",j'ai donc sectionné la mienne. J'ai voulu aussi abandon­ner cette chère Saran qui n'était plus de ce temps. Comme tu l'as compris, Saran était la fille de ta tante Serkit et j'ai été recréée avec ses gènes. Le grand 'Nki (véritable) n'avait rien vu! En tout cas, il n'a peut-être pas voulu le voir. Ma renaissance avait réussi et c'est tout ce qui comptait à ses yeux. La naïveté d' Asar rn 'a toujours pré-

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occupée, mais c'est aussi comme cela que je l'aimais. Je vérifiais tout derrière son dos, comme je le fais avec toi. Je n'ai pas beau­coup confiance en Nebet-Hut, malgré les efforts qu'elle consacre à me démontrer sa bonne foi. Je sais qu'elle me trahira au moins une fois encore. Méfie-toi d'elle. Pour ce qui est des combats, de ses tactiques guerrières, et des informations qu'elle possède sur nos ennemis, nous pouvons 1 'écouter. Elle s'est suffisamment mélangée avec eux. Elle se farde outrageusement pour dissimuler les traces de ses débauches millénaires ...

17. Le calendrier de Dendérah démarre son long trajet de constellations zodiacales en spirale par une Isis portant une queue, ainsi que la couronne blanche de son mari défunt sur la tête. Elle est suivie du signe zodiacal du lion qui est là pour marquer l'événement tragique dans le temps : vers 10.000 av. J.-C., à l'époque où la constellation du lion occupait le ciel. Ensuite intervient Seth, le bourreau, dessiné comme la mort avec sa faux, suivi d'une Isis formant son enfant Horus. De façon astucieuse, la mort d'Osiris n'est pas formulée, mais seulement suggérée. La partie gauche, où l'on voit Osiris, Râ et Horus (portant la double couronne de ses parents), ne fait pas partie du circuit des constellations, mais de la liste des 36 décans. Copie du zodiaque de Dendérah à partir d'un papyrus appartenant à l'auteur. © 2010 antonparks.com

À ces mots, un gong puissant résonna dans toute la cité. Un attroupement s'était formé dans le parc du palais. Les membres de la divine Assemblée s'étaient regroupés avant de prendre la salle du conseil d'assaut. Il ne pleuvait plus et le soleil semblait enfin vouloir percer le voile nuageux. Le jardin embaumait les fleurs safranées qui rappelaient la couleur de l'astre solaire. Meri avait pris ma main et avait adopté un pas léger. La colère s'était enfuie comme elle était venue.

Après la descente des longs escaliers, nos pieds ont foulé les allées de pierres qui mènent à la salle du conseil. Lorsque nous sommes arrivés sur place, nous avons constaté que nous étions les

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156 PREMIÈRE PARTIE: I.:INSTRUCTION DU FAUCON

derniers. Le grand ltemu-Râ (An) nous a invités à nous installer. Sa stature m'impressionne toujours. Il était vêtu de son incontournable combinaison blanche et portait une étoile sur la poitrine. Une tête inconnue sortait du groupe. "C'est ta tante Neret (Neith-Dim 'mege), celle qui a éduqué le Grand Râ" m'a lancé ma mère à l'aide du Kinsag (télépathie) . Neret me regardait attentivement. Elle possède les gènes de la souche terrestre, celle des Ama'argi. C'est une reine dotée d'un regard souverain. Neret portait une robe en ocre jaune au décolleté généreux. Ses yeux étaient ombrés de pourpre mêlée de poudre de Nebu (or). J'ai lu dans mon cristal que mon père avait eu une relation suivie avec elle à l'époque où ma mère n'était plus de ce monde.

La majorité des membres présents regardait Meri avec des yeux écarquillés. Depuis combien de temps n'avait-elle pas assisté à un conseil ? Son teint pâle ne semblait pas être connu de tous. Meri leva délicatement une jambe pour s'asseoir sur son siège. Nous nous sommes placés entre Nebet-Hut et Serkit, la souveraine des Adinu. Les deux maîtresses des grands mystères étaient enfin côte à côte. L'écho lointain qui les avait assimilées à des sœurs jumelles s'était matérialisé en un instant. Le roi des Anunnaki prit la parole :

- Bien, que cette session débute dès à présent. Nous nous félicitons de la venue de prestigieux dignitaires. Que soient louées les présences d' Aset, la génitrice du Pays de Lumière qui a daigné se déplacer, de sa sœur royale Nebet-Hut, la souveraine de Sabba, qui l'accompagne, et enfin de Serkit, la génitrice des Anunna, la divine mère de la multitude, la maîtresse des saints Kedjiu (veilleurs) ...

- Et caetera, et caetera, lança ironiquement Serkit. Un rire timide s'éleva de l'assemblée : c'était Nebet-Hut. ltemu

la fixa et reprit : - Que soient remerciés Djehuti, le faiseur de miracles, ainsi

que Her-Râ, le protecteur des deux terres. Nous honorons la divine présence de la ressuscitée Nut, la si bien nommée en Pays de Lumière. Remercions aussi de sa présence exceptionnelle, Neret (Neith-Dim 'mege), la régente de 1 'Abzu et de la ville de Sàlim. Portons une attention particulière à la venue exceptionnelle de Heru, fils de Meri, qui se trouve aux côtés de sa mère. Il faut pour finir que je félicite les membres de cette Assemblée pour leur grande magnanimité, ainsi que les membres honoraires pour la leur. Le vote auquel tous les membres ont participé a donné vie à mes espérances

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE !57

et à celles de mes Kuku (ancêtres). Le grand Enlil peut désormais rejoindre ceux qui participent à cette Assemblée et recouvrer la place qui lui est due.

À ces mots, l'assassin de mon père, mon ennemi juré, pénétra dans la salle et se plaça près de son protecteur. C'était la première fois que je le voyais pour de vrai ! Je ne saurais décrire mes impres­sions. Setes-Enlil est au moins aussi grand que Djehuti. Il est Babbar (albinos) comme moi et l'ensemble des Nungal. Son air provocateur est digne du portrait que je me faisais de lui jusqu'ici. Une haine féroce monta progressivement en moi. Nebet-Hut me parla intérieu­rement grâce au Kinsag (télépathie) et me conseilla vivement de m'apaiser: "Calme-toi, c'est ce qu'il souhaite", me lança-t-elle. Ma génitrice s'agita. Les membres du conseil appartenant au Pays de Lumière s'animèrent peu à peu. Neret se leva et lança subitement : "Un vote ? Quel vote ? Je n'étais même pas au courant". Djehuti prit la parole :

- Voilà un résultat assez inattendu et il est dommage que la grande Neret n'ait pu voter. Nous envisagions qu'Enlil recouvrerait son siège grâce aux suffrages des nombreux membres qui sont hors de notre juridiction. Mais pas aussi tôt. Es-tu certain du résultat des votes, noble ltemu ?

-Tout à fait. Vous pouvez vérifier par vous-mêmes ! ltemu-Râ fit un geste. Un répugnant Miminu (Gris) apporta une

caisse dont le contenu fut étalé sur la table centrale. - C'est une honte, un scandale ! lança ma mère en se levant

brusquement. N'avez-vous donc aucune dignité? Enlil fit l'étonné et tourna la tête vers ltemu : -Ne suis-je pas le bienvenu en ce divin forum, grand An? Ou bien

dois-je comprendre que les suffrages ne valent rien dans ce pays ? -Paix ! reprit immédiatement Djehuti. S'il y a bien un lieu où

nous n'avons pas le privilège de nous quereller, c'est bien celui-ci. Les principaux membres de la divine Assemblée acceptent le verdict.

-Bien, reprit Itemu, que la session s'ouvre dès à présent. Quels sont les principaux thèmes prêts à être développés aujourd'hui? Ah OUI:

1 -Trouver des fonds pour restaurer le canal principal de Ta-Ur (Abydos).

2 - Établir un accord pour que les bords de Kem-Ur (la Mer Rouge) soient accessibles aux Anunnaki. Ce protocole pourra, nous

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158 PREMIÈRE PARTIE: !:INSTRUCTION DU FAUCON

l'espérons, apporter une paix durable entre nos deux peuples. 3- Faire le point sur la situation de la population Abar en Kemet. 4- Maintenant qu'il est hors de soupçon, définir les territoires qui

reviennent de droit à Enlil, fils d' Asar. - Quoi ? 1 s'écria Meri. Enlil serait subitement le rejeton d' Asar ?

Il a refusé la paternité du fils de 1 'eau toute sa vie, et maintenant qu'il a assassiné le saint fondateur, il souhaiterait légitimer sa filia­tion et obtenir ses biens ? C'est un outrage grossier ! Le véritable successeur d'Asar est avec moi. C'est mon fils Heru. Je l'ai engen­dré avec le patrimoine génétique d' Asar. Heru est le fils d' Asar. Tout le monde le sait ici !

-Prouve-le-nous répliqua Itemu-Râ. -Inutile qu'elle se donne ce mal, reprit Serkit en se levant. Inutile

qu'elle se heurte à vous comme par le passé. -Je loue ta bienveillance, Serkit, mais je peux me défendre moi­

même, lança Meri agacée. Mais Serkit était têtue : - Laisse l'experte discourir avec les souverains de l'Est, ma

fille. Me voilà bien étonnée d'une telle discussion. Que cette divine Assemblée me pardonne, mais je vais formuler cela en langage Emenita (langage mâle) de façon à bien me faire comprendre des mâles des régions du levant : Dim'mege, Ninanna et moi-même avons assisté Aset lors de l'accomplissement du prodige. Nous sommes les Meskhenut (déesses de la naissance). La Merakhti ("pyramide de l'horizon''), pardon, je précise, l'Unir (la pyramide) que nous nommons "Bit-Râ-Hem" en est le symbole vivant. Heru est bien le fils d' Asar.

- Nous n'avions pas prévu un tel débat, lança sèchement le souverain des Anunnaki. Puisqu'il est présent à cette réunion, que le jeune Heru se lève et réponde à mes questions. Es-tu bien le fils d' Asar, dit le 'Nki (le véritable) ?

-Oui, je le suis, et tu es mon grand-père, noble Itemu. -Prouve-le-moi ! - C'est simple, je détiens Uatch, le Girkù que mon géniteur

dénommait "Ugur". C'est ma mère Aset qui me l'a transmis. Setes (''comme la honte''), lui, ne l'ajamais possédé!

-Comment m'as-tu nommé? répliqua mon oncle. Il a prononcé mon nom d'une étrange façon ...

- Setes ("celui des bandelettes''), est un nom local qui exprime

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 159

ton rapport avec la mort du saint fondateur, répondit Nut. C'est le nom que tout le monde te donne ici. Si tu prétends réclamer des pouvoirs en Kemet, tu devras te faire aux usages locaux.

- Le doute subsiste. Je suis innocent, je n'ai pas tué mon père Asar! Le petit avorton de Meri n'a pas prononcé ce nom de la même façon que toi, sainte Nammu.

- Comprenez-le, insista Itemu-Râ. Ses droits lui ont été retirés. Il est légitimement le successeur de 'Nki.

-Avec tout le respect que nous te devons, reprit Djehuti, ton de­voir est de rester impartial en cette Assemblée et de ne prendre parti pour personne.

-Bien! Hern, si tu es le fils d' Asar, pourquoi es-tu Babbar (albi­nos)? me demanda le roi des Anunnaki.

-Eh bien, si Setes (''comme la honte") est le fils d' Asar, pourquoi est-il Babbar lui aussi alors que le saint fondateur ne 1 'était pas ? ai­je répondu.

- Il suffit, j'ai bien compris le nom que prononce le fils de Meri, s'écria Enlil-Setes. C'est une insulte ! Comment t'exprimes-tu petit avorton ? Tu converses en langage local, mais avec la prononciation Emenita (langage mâle). Tu n'as pourtant jamais mis les pieds à Kalam (Sumer). C 'est totalement ridicule !

Le débat prenait une tournure inconfortable. Nebet-Hut se dressa comme un piquet et osa pointer du doigt son ascendant Setes :

- Les saintes Meskhenut réclament que ce débat se poursuive sans l'intervention intempestive d'Enlil, ledit Setes (''celui des ban­delettes''). Il y va de son honneur!

Je ne saurais dire comment il aurait fallu prendre le contenu de cet avertissement, mais le fait est que Nebet-Hut calma la situation. En fait, elle a le grand Itemu-Râ dans sa poche. D'un autre côté, Setes semble dans certains cas posséder une capacité à contenir sa colère. À moins que cela ne soit 1' intervention de sa petite fille qui l'ait calmé?

- Réclamation accordée pour le bon déroulement de ce débat, a répondu ltemu en fixant Setes. Reprenons notre conversation fils de Meri. Qui est ton père ?

-C'est le grand Sidim-Gal (maître-maçon), le Nagar (l'artisan) de ce monde. Je crois que vous le nommez parfois comme cela chez vous.

-S'il y a bien un Nagar ici présent, reprit Itemu-Râ, c 'est moi !

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160 PREMIÈRE PARTIE: !!INSTRUCTION DU FAUCON

Il ne suffit pas de posséder le cristal de 'Nki pour prétendre être son fils. Tu ne réponds pas à ma question, comment peux-tu affirmer qu'il est bien ton père?

-Mon véritable père n'est plus de ce monde. Son sang et son Ka (esprit) sont en moi. Pour cette raison, je ne peux oublier qu'il est matérialisé à l'aide de cette statue que vous exhibez sous la colline sacrée de Ta-Ur (Abydos).

- Cette statue, comme tu dis, honore sa mémoire, mon fils. - Non, cette idole articulée par tes prêtres le fait passer pour

vivant. - Petit impudent, nous rendons sa mémoire et son culte vivants.

Sans nous, le peuple du Pays de Lumière l'aurait déjà oublié. - C'est à moi d'honorer sa mémoire noble ltemu-Râ. Si tu

souhaites avoir la confirmation que le grand Nagar est mon père, prends un peu de mon sang et fait-le analyser.

Meri se dressa comme une furie : -Il n'en est pas question, je l'interdis formellement ! Personne

n'obtiendra de sang de qui que ce soit dans cette Assemblée ! - Alors nous ne saurons jamais la vérité, sainte Meri, répliqua

ltemu-Râ. -M'as-tu bien écouté, grand An ? intervint Serkit excédée. Les

Meskhenut ici présentes, dont je fais partie, te certifient que Heru est bien le fils d' Asar. Nous avons œuvré pour cela. Tu ne peux pas mettre nos paroles en doute, sinon ta place n'est plus ici. Je vais même te rappeler ce que tu sais pertinemment et ce qu 'Enlil ne peut ignorer, tant il s'est acharné à attaquer la sainte Mer (pyramide) lorsque le prodige a eu lieu : Heru est la réincarnation du saint fondateur !

Le très corrompu ltemu-Râ avait les nerfs noués. Le roi d'Uras pouvait difficilement contredire les quatre Meskhenut, gardiennes de la cohésion de Kemet, sous peine de perdre la face et surtout son statut. Nous savons tous qu'Itemu-Râ s'est illégalement introduit sur nos terres à l'aide de Setes. Cette fonction de maître de l'assemblée divine était un compromis qu'il avait imposé aux Meskhenut, afin de marchander une forme de paix illusoire. L'implantation de ses Abar70

sur nos terres lui permet de contrôler les cultes, et surtout les biens 70 Rappel: les Abar sont des rescapés de De~er (Mars) ayant échappé à l'explosion de Mulge, l'astre noir. Ils formaient en Égypte une colonie importante qui avait pour fonction de rendre un culte aux Neteru (dieux) , en particulier celui de ltemu-Râ (Atum-Râ) lequel sera bien plus tard celui d'Amon. Les A bar de notre récit forment une partie du clergé des anciens temps, bien antérieurs aux premières dynasties d'Égypte.

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 161

qui en découlent. Elle lui permet aussi de maîtriser l'effigie d' Asar et de lui faire dire ce que notre clergé décrète au nom d'Itemu­Râ. La survenue de cette situation au sein de l'assemblée n'était pas faite pour me déplaire. Je trouvais subitement l'idée de cette réincarnation absolument captivante. Elle allait pouvoir m'aider à justifier mon droit vis-à-vis du trône de Kemet. Sur l'instant, elle mettait Itemu-Râ et son sbire, dont je rêve de trancher la tête, en grande difficulté ...

Itemu-Râ était comme assommé. Je ne l'avais pas souvent croisé jusqu'ici, et il m'avait toujours regardé de bien haut. Mais là, je dois bien avouer que sa mine déconfite me faisait du bien. J'ai subi­tement perçu les quatre Meskhenut en proie à une certaine agitation intérieure. Une sensation étrange m'avait envahi. Je compris en un éclair qu'elles tentaient de sonder mon grand-père Itemu. J'étais comme relié à elles, particulièrement à ma mère, dont je possède l'énergie. Le souverain des Anunnaki l'avait senti et il s'était res­satst.

- Heru, fils de Meri. Es-tu la réincarnation d' Asar? Itemu avait deviné que cette question allait m'embarrasser, j'ai

dû improviser et répondre de façon inattendue. -Je suis sa continuation, je suis la renaissance d'Enki. -Nomme-le s'il te plaît. Tu veux dire 'Nki (le véritable) Asar? - Oui. -Nous ne sommes pas à Kalam, tu peux formuler les noms des

personnes dans ta langue natale, en Re'enkemet (égyptien). Bien, j'ai des objets appartenant au très saint Asar. Qu'on me les apporte !

ltemu-Râ fit un signe à deux de ses Miminu (Gris). On lui présenta une caisse remplie d'un bric-à-brac qui fut déversé sur la table du conseil.

- Parmi tous ces objets, deux ont appartenu à mon fils Asar, reprit Itemu. Si tu les trouves, tu nous apporteras la confirmation que tu es bien celui que tu prétends être. J'ai déjà présenté les deux objets à Djehuti et il pourra le confirmer le moment venu.

-Ai-je bien entendu ? lança ironiquement Neret. Ne nous as-tu pas annoncé que tu n'avais pas prévu de débattre sur ce point, noble Itemu?

Le père des Anunnaki fit mine de ne rien entendre. Djehuti avait les yeux baissés. Je vis Meri s'agiter. Nebet-Hut n'était pas très à l'aise et ses sourcils se froncèrent subitement lorsqu'elle fixa le

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162 PREMIÈRE PARTIE: I.:INSTRUCTION DU FAUCON

contenu de la boite. Serkit secoua la tête sans nous regarder, comme pour nous indiquer que cet exercice était stupide.

- Inutile de dévisager ta mère et tes tantes, elles ne te seront d'aucun secours. Elles ne te diront rien par l'intermédiaire du Kinsag (télépathie), j'y veillerai. Si la sainte Meri ne se calme pas sur-le-champ, je vais devoir la congédier de cette Assemblée.

Ma mère était ulcérée, mais c'était prévisible. D'une main, je lui ai fait signe de s'apaiser et je me suis concentré sur les objets. Que des bibelots ! Une statuette en terre cuite, un petit cristal vert, un bracelet en cuivre, deux archives ME en quartz, un petit couteau, une bague en Nebu, une dent d'Ukubi (Homo), un collier en pierres de roche, une fiole avec du sable, trois fleurs jaunes d'Afa séchées (Mélilot) - les fleurs que portent les défunts- et une boussole.

J'étais prêt à jouer à ce jeu insensé, mais même avec la meilleure volonté du monde, ces objets ne me disaient rien, absolument rien ! J'avais espéré repérer parmi eux un objet décrit par mon père dans ses mémoires, ou ressentir quelque chose, en vain.

-Je suis désolé d'annoncer au Conseil qu'aucune de ces pièces n'a appartenu au saint fondateur.

Itemu se pinça les lèvres et arbora une mine impassible. Djehuti secoua la tête de manière affirmative et nous confirma qu'aucun de ces objets n'avait appartenu à l'époux de Meri.

- C'est du hasard! s'exclama Setes. - Setes est comme toujours de mauvaise foi et les membres

ici présents ne pourront que le constater, proclama Meri. Par le Shesep Ankh (le Sphinx), la vérité éclate finalement au sein de cette Assemblée. Que mon fils Heru soit enfin proclamé successeur d'Asar et que la souveraineté sur l ' ensemble du Pays de Lumière lui soit accordée !

Le moment tant attendu par ma mère et mes tantes était à portée de main. Itemu et Setes ne pouvaient rien ajouter, tant ils avaient été pris à leur propre piège. Toutes ces années de souffrance suivies d'un travail acharné pour réparer la terrible tragédie, tout ce temps et cette énergie allaient être enfin récompensés. ltemu était pâle. L'assassin de mon père tenait sa tête entre ses mains. Sa fierté était brisée, il me sembla qu'il allait pleurer de rage. Meri prit ma main et la serra fort contre son cœur, une chaste manière de partager cette victoire avec celui qui compte le plus à ses yeux. Mes tantes avaient toutes le même sourire, j'ai même vu un rictus amusé sur

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 163

les lèvres de Nut. Djehuti me fixa des yeux en les clignant en signe de victoire. L'assemblée était euphorique. Seul Râ, le fils et amant de Nut, était resté dans son coin. Il se leva subitement :

- Heru, le fils de la sainte Meri est bien trop jeune pour devenir le garant du Pays de Lumière. Il n'a pas encore 17 ans. Nous ne pouvons laisser un enfant s'asseoir sur le trône de Kemet, sachant tous les pièges et dangers qu'il aura à affronter. Nous ne pouvons lui confier nos vies et nos biens. Le fils d' Asar, même s'il est sa juvénile réincarnation, ne pourra régler seul tous ces problèmes. En qualité de responsable des armées de Kemet et de l'équilibre des forces autour duquel ce grand Conseil s'articule, je m'oppose pour l'instant à la rétrocession du siège souverain du Pays de Lumière à He ru.

Nous étions abasourdis. Meri ne possède absolument aucune capacité à contenir sa colère dans des cas comme celui-ci. Sa nature impérieuse cède alors la place à un ton méprisant et insultant, voire à une déplorable attitude névrotique. Son sang bouillonnait et elle s'était dressée d'un coup. Elle avait pointé du doigt le fils de Nut, tout en lançant un "Rhââ !"interminable qui avait pétrifié l'assemblée au complet:

-Oui, c'est bien moi, lança Her-Râ ironiquement. Ton étrange magie ne m'effraie nullement, ma sœur.

- Tu veux causer la ruine de Kemet ? Gronda ma mère d'un ton méprisant. Tu souhaites retirer le trône, mon Trône, à 1 'unique héritier du Pays de Lumière ? Ou bien as-tu pactisé avec 1 'ennemi ?

-Avec tout le respect que je te dois, épouse d' Asar, je ne suis pas d'humeur à essuyer tes sarcasmes. Je suis lucide, simplement. Je consacrerai ton fils sur la Grande Mer (pyramide) le moment venu.

-Tu es d'une terrifiante stupidité ! Avant cela, il faudra se battre et essuyer les attaques de nos ennemis. Combien de victimes d'ici là, à cause de toi ? Tu transformes nos terres en un bûcher funéraire. Tu ne contrôles plus les manœuvres de nos adversaires. Tu crois les contenir avec ton commerce frauduleux, celui que le grand Asar n'avait jamais souhaité de son vivant? Oui, je peux le révéler ici : depuis plusieurs mois, sans l'aide militaire qu'Hem t'apporte clan­destinement, nos richesses, celles de Kemet, de Sti (la Nubie), de Bun' d (Punt) et de Kankala (1 'Afrique) seraient peut-être aux mains des Anunnaki et de Setes. Seule la guerre permettra à Setes d'accé­der au pouvoir suprême. Tu es absorbé par le jeu de la guerre. Sans

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164 PREMIÈRE PARTIE : I.!INSTRUCTION DU FAUCON

ce divertissement et celui du commerce, tu n'es plus rien ! -Calme-toi, grande épouse royale, intervint Nut. Nous compre­

nons ta peine et tes craintes mais, par la grâce de la Source, ne t'abandonne pas au désespoir.

- Toi ? ! Tu oses rn' adresser la parole ? Je suis certaine que tu es complice de ce méfait. La véritable Nammu n'aurait jamais admis un tel affront. Elle se serait dressée avec moi, avec sa fille ...

À cet instant, Meri fut prise de sanglots convulsifs et faillit chuter. Je l'ai rattrapée à temps. Elle était assommée, à demi­inconsciente. Les cellules nerveuses se comportant à la façon d'un condensateur électrochimique, elles se chargent sous l'effet d'une grande colère ou d'une excitation. Lorsqu'il y a surcharge, le corps peut en quelque sorte se mettre en veille.

La véhémence de ma mère m'avait galvanisé. Chacune de ses larmes libère un peu plus ma colère intérieure et ma soif de vengeance. J'ai fait signe à plusieurs gardes de l'emmener sous bonne escorte vers mon vaisseau. Mes différentes tantes étaient sous le choc. Neret (Neith-Dim 'mege) se dressa et interpella 1 'Aîné, le grand Râ:

- Quel déshonneur mon fils ! Toi qui as préservé la paix et été le champion ainsi que la lumière des pays. Tu as secouru les peuples d' A'amenptah et de Kemet bien des fois. Que reste-t-il aujourd'hui de tout cela ?

-Écoute, Neret ... Lança Râ en espérant se faire entendre. Neret n'était pas d'humeur à plaisanter, elle prononça une

imprécation qui plaqua Râ sur son siège. Il ne pouvait plus bouger. La salle semblait trembler sur ses fondations. La puissance et la fermeté de son Niama (force vitale) me remémorèrent les pouvoirs dont dispose ma mère et qu'elle n'utilise pourtant pratiquement jamais. La voix de ma tante avait changé et était devenue plus grave :

- Tais-toi et laisse parler la raison ! Celle dont tu as abandonné la pratique, reprit-elle. J'ai honte d'avoir été ta nourrice et seconde mère. Lorsque Nut, la Grande, m'a demandé de veiller sur toi, il y a déjà bien longtemps, je l'ai fait comme si tu étais mon propre enfant. Je t'ai donné le sein plusieurs années durant. Nous t'avons éduqué avec les valeurs Amasutum, celles de nos ancêtres. Je te repose donc la question une seconde fois: que reste-t-il aujourd'hui de tout cela ? L'orgueil a pris possession de tout ton être et vient de donner un grand pouvoir à notre ennemi, celui que tu combats

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 165

pourtant chaque jour. Un ennemi pourtant, comme l'a justement rappelé Aset, avec qui tu fais aussi du commerce ! Alors que les membres de cette Assemblée prêtent bien attention à mes propos : je donnerai à Hem toutes les forces armées dont il aura besoin pour faire régner l'ordre sur le pays de Sa'am (l'assassiné) et pour recouvrer ses droits bafoués.

-Je t'interdis de jurer de la sorte, Neret, intervint Itemu-Râ (An). Tu n'as aucun droit dans cette Assemblée.

-Il suffit ! Tu n'es pas en position de me faire la morale, reprit Neret. J'ai suffisamment donné pour toi. Vous étiez tous totalement démunis et prêts à vous nourrir de sable en débarquant sur Uras (la Terre). Qu'aviez-vous avec vous ? Quelques vivres et le matériel vital qui se trouvait dans la cale de chacun des Gigirlah (vaisseau). Je vous ai donné un peu de technologie Ama'argienne et j'ai sacrifié plusieurs centaines de mes filles afin de t'accorder la chance de perpétuer ta race de guerriers défroqués. Ils étaient là pour préserver nos Amasutum du danger et au lieu de cela, ils ont maltraité les Nungal du Saint Fondateur, sans parler des sévices qu'ils ont infligés aux différents Ukubi (Homo) au fil des âges. Ninmah et Enki n'ont été que des objets placés entre tes mains. Tu pensais peut-être échapper aux lois karmiques en leur imposant de créer génétiquement des esclaves à ta place ? Tu te trompes ! Un jour viendra où tu paieras lourdement tes méfaits. J'ai fermé les yeux bien trop longtemps et je t'ai donné plus qu'il n'en aurait fallu. Les Ukubi'im (Homo Neanderthalensis) de Nammu étaient difficiles à manipuler, et sans moi et mes SiensiSar (matrices artificielles), tu serais le souverain d'une bande de singes et non celui que tu es aujourd'hui ! La liste est longue et le bilan de tes actions est déplorable, héritier des Usumgal.

- Que nous proposes-tu, toi qui a la science infuse ? questionna ltemu. Que veux-tu ?

- Simplement une chose : le droit d'être invitée à ce Conseil que je devrais normalement, en qualité d'aînée Gina'abul de cette planète, présider à ta place. Je me permets de te signaler que si tu ne maintiens pas cette paix vulnérable entre le Peuple de Lumière et tes Anunnaki, dont tu as 1 'entière responsabilité, tu déclencheras une guerre dont tu ne te remettras jamais. Contrairement à ma sœur Aset, que je respecte au plus haut point, je me fiche pas mal des victimes humaines que cela pourrait impliquer.

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166 PREMIÈRE PARTIE : ~.!INSTRUCTION DU FAUCON

À cet instant, mes tantes dirigèrent leurs regards accusateurs vers le maître du Conseil. L'emprise mentale de Neret cessa et Râ put recouvrer ses fonctions motrices. Il était totalement humilié. ltemu­Râ ne put faire autrement que de prendre rapidement une décision :

-Nous allons devoir départager les deux fils d' Asar. C'est le seul moyen de trouver une issue à cette querelle.

-D'accord, répliqua Setes, faisons un combat singulier et qu'on en finisse !

- Ce n'est qu 'un enfant rétorqua Djehuti, tu ne peux accepter une telle suggestion, grand Itemu.

ltemu-Râ semblait ennuyé. Nebet-Hut (Nephtys) fixa le maître du conseil en secouant la tête de façon négative. J'ai compris qu'elle lui confirmait que je n'étais pas prêt à me mesurer à Setes avec une arme.

-Dans ce cas précis, le choix du combat semble le plus judicieux, reprit ltemu. Mais c'est bien la difficulté: Heru est un enfant. Je ne puis donc autoriser ta requête, Enlil.

- Hier soir, j'ai humilié Râ dans ses appartements, 1' arme à la main, ai-je annoncé au Conseil.

- Je t'ai laissé remporter la victoire, fils de Meri, a répondu 1 'intéressé.

- Peu importe ! reprit Djehuti. Personnellement, je ne suis pas pour le choix du combat. Vous connaissez tous mon opinion. Kemet (l'Égypte) devrait revenir à Heru, et Setes devrait recevoir des compensations. Je préconise que cette Assemblée soit ajournée afin que nous puissions tous réfléchir calmement chacun de notre côté. Le Pays de Lumière est sans souverain depuis plusieurs centaines d'années. C'est bien trop long. Mais ce n'est pas une raison pour décider de l'avenir de Kemet et de la destinée de deux êtres de façon aussi hâtive.

-Très bien, qu'il en soit ainsi, reprit Itemu. Nous devions trouver un accord pour autoriser l'accès de la rive ouest de Kem-Ur (la Mer Rouge) aux Anunnaki et faire le point sur nos Abar, mais nous verrons ces sujets plus tard. Par contre, nous avons besoin de fonds pour restaurer le canal de Ta-Ur (Abydos). Que décide la divine Assemblée?

-Rien, elle ne décide rien pour 1 'instant et surtout pas sans Me ri, répondit Nebet-Hut (Nephtys). Nous nous doutons que ton intention est de faire voter une nouvelle taxe qui financerait ces travaux,

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LE GRAND HER-RÂ ET LA PREMIÈRE ASSEMBLÉE 167

mais il n'en est pas question! Les caisses du temple de Ta-Ur sont pleines. Je le sais, car j'ai rencontré les prêtres il y a peu. Ta-Ur est la localité la plus visitée, et les dons affluent de toutes les régions en 1 'honneur d'As ar (Osiris). Utilise ces fonds pour tes travaux, noble Itemu-Râ. C'est ce que ma sœur t'aurait recommandé. Ma parole est aussi sûre que la sienne.

-Nous verrons cela, ma fille, reprit ltemu agacé. Il est noble et touchant d'observer à quel point tu t'inquiètes des biens de ta sœur, alors que nous faisons pareillement avec tes domaines de Kalam (Sumer) ...

ltemu-Râ et Setes dévisagèrent leur petite-fille. L'intimidation est leur arme favorite. Nebet-Hut se leva en même temps que le reste du conseil. Mes tantes étaient soucieuses. Setes me fixa longuement en me lançant par la pensée : "Apprends à manier tes armes au plus vite, fils de rien!" La colère serrait ma gorge, mais je n'ai pas réagi. Djehuti me tapota amicalement le dos. Il voulut me rassurer en me soufflant que le Conseil trouverait une solution équitable. Lorsque je suis retourné à mon vaisseau, Meri rn 'y attendait avec quatre gardes. Elle affichait 1 'habituel air solennel qui trahissait son inimitable nature impérieuse :

- Si tu veux succéder à ton père et accéder au trône du Pays de Lumière tout entier, il va te falloir un peu mieux apprendre à t'exprimer en langage de Kemet.

- Je le prononce comme il me l'a été enseigné, ma mère. - Il y a bien longtemps que je ne parle plus comme cela. Nous

devons nous exprimer en Re'enkemet (égyptien). Au sein de 1 'Assemblée, il est préférable que tu prononces les noms de chacun en Re'enkemet, et non en Emenita ou en Emegir de Kalam, est-ce bien clair? Oublie les prononciations que t'a apprises Nebet-Hut. Délaisse le langage de nos ennemis. Je vais t'envoyer auprès de Djehuti afin qu'il t'accorde quelques leçons. Ne me fais plus honte comme tu l'as fait. Nos ennemis n'auront aucune indulgence.

Une partie du mystère qui entoure ma mère est résumée ici. Un détail, du moins un élément insignifiant jusqu'ici, devenait subitement le plus difficile des problèmes à régler dans 1 'instant. Meri possède l'art de savoir âprement me reprocher mes faiblesses. Je dois être parfait pour elle, au nom d 'une mémoire passée que je ne connais qu'en partie.

Dans mon esprit, il était désormais certain que seul un combat

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168 PREMIÈRE PARTIE : I.!INSTRUCTION DU FAUCON

pourrait me démarquer de mon ennemi juré. C'est à un combat, à une lutte sans merci que je dois me préparer. L'appui de mes tantes et les paroles de Djehuti n'auront jamais assez de poids face à des adversaires de cette taille.

Geghu était prêt à s'arracher des terres de l'ancien domaine maritime de mon père. Meri m'a délicatement demandé si elle pouvait le piloter, mais je lui ai répondu que ce ne serait pas prudent. Ma mère est interdite de pilotage, même si nous savons qu'elle a été victime d'un attentat et non d'un accident à l'époque lointaine où elle se nommait Sé' et. Elle était agacée ; personne n'osait en général s'opposer à ses souhaits; elle pensait sans doute que j'aurais cette fois-là cédé. Je compte pourtant la faire piloter avec moi un jour prochain, mais je veux lui en faire la surprise.

Nous avons regagné notre réseau souterrain et les appartements royaux. Sasha et Udja, les deux tigresses de ma mère, attendaient leur maîtresse en se déplaçant nerveusement entre les gros piliers de nos appartements. Elles sont à peine plus âgées que moi. Meri possède leurs gènes et les recrée lorsque l'une d'elles trépasse. Je ne saurais dire combien de fois elle les a déjà clonées. Ce sont à chaque fois des essences différentes qui entrent dans ces petits corps de bébés tigres prêts à sortir des Siensisar (matrices artificielles).

Une puissante injonction de Meri, et le champ protecteur qui bloquait l'entrée a été inactivé, nous donnant accès à la suite royale. Après avoir léché les mains de sa maîtresse, Udja71 s'est lourdement affalée sur mes pieds, m'empêchant de me déplacer. C'est un petit jeu auquel cette tigresse adore jouer avec moi, et qu'elle fait suivre de bruyants bâillements. C'est la plus câline des deux, mais aussi la plus peureuse. Lorsqu'elles doivent toutes les deux montrer les crocs pour protéger leur maîtresse face à des inconnus, Udja attend toujours que sa sœur réagisse en premier.

Sasha est nettement plus agressive. Nos rapports sont étranges même si nous avons grandi ensemble. Seule Meri peut véritablement l'approcher et la caresser en toute quiétude. Ma mère prononce son nom de différentes manières selon les situations, 72

71 Udja, litt. "force protectrice" ou "fort 1 bruyant". 72 Sasha veut dire "briller comme une étoile", Shasha, "fouler du pied" ou "ignoble", et Shaasha, "respect". C'est en me plongeant dans des dictionnaires égyptiens pour vérifier les sens de ces mots, que j'ai enfin pu comprendre toute la subtilité de cette pratique imaginée par Isis. Cela fait partie des bonnes surprises que j'ai pu connaître lors de la rédaction de cette série.

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tout dépend de son intention. Les deux fauves étaient nerveux. Ils le sont anormalement depuis quelques mois, Meri me l'a fait remarquer. Cela semble ennuyer ma mère, car elle ne s'explique pas ce comportement totalement inhabituel.

Comme à son habitude, Meri s'était allongée sur une large banquette après m'avoir préparé un verre. Elle semblait lasse. Udja s'était finalement déplacée pour s'affaler de tout son corps à ses côtés. Sasha se trouvait à ses pieds et ne cessait de me dévisager d'un regard insistant. Elle détachait parfois son regard pour scruter je ne sais quoi dans l'invisible, grondait et me fixait de nouveau.

-Tu as vu ? Ai-je demandé à ma mère. - Tous les félins font cela, Hern, mais je dois t'accorder que

Sasha gronde anormalement en ce moment. Cela m'inquiète. Quant à Udja, elle est plus peureuse qu'à l'accoutumée ...

Ma mère et ses deux gros chats étaient environnés des volutes de fumée qui s'échappaient de deux brûleurs d'encens. J'étais une fois de plus irrité ! La question qui me hantait depuis que j'avais obtenu Uatch des mains de ma mère devait obtenir une réponse :

- Pourquoi les archives de mon père ont-elles été amputées par tes soins, ô ma mère ?

-Voilà un ton bien solennel, ô mon fils, m'a-t-elle répondu d'une voix qu'une indicible émotion étranglait.

Sans doute avait-elle les pieds endoloris; Meria ainsi fait mine de ne pas m'avoir réellement entendu et les a enduits avec application d'un mélange d'huile d'olive et de miel. J'étais là, au beau milieu de la pièce, regardant 1 'un des murs. Aset a finalement changé de conversation : "Tu peux te désaltérer, je t'ai servi un verre, mon prince". Je lui ai répondu que je n'avais besoin de rien. Ma réponse eut 1' air de la déranger. Elle regarda le verre qu'elle rn' avait préparé et me fixa d'un air fâché : "Moi, j'ai soif!" finit-elle par me lancer. J'ai pris cela comme une remarque désobligeante. À cet instant, j'ai eu une hallucination qui a débouché sur un sentiment d'humiliation et m'a obligé à m'asseoir. Une chose que je ne peux expliquer à ce jour. Une vision déshonorante m'a chamboulé l'esprit et ne me quitte plus depuis. Je me confie à toi, Uatch, comme l'a fait mon père avant moi. J'ai vu un court instant mon bâton de vie dans la bouche de ma mère et elle semblait réjouie. Elle avait soif de moi ! C'est une pensée corrompue que je ne maîtrise pas et que je ne saisis pas du tout. Elle doit quitter mon esprit, mais j'ai un mal fou

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170 PREMIÈRE PARTIE: riNSTRUCTION DU FAUCON

à m'en défaire. Meri s'est à peine rendue compte de mon affolement intérieur.

L'incident n'avait en rien affecté sa fierté légendaire, et elle avait à peine levé la tête. Je lui ai apporté sa coupe. Son visage était proche du mien. Je fronçai les sourcils ... Était-ce un effet de la lumière ou de je ne sais quoi d'autre? Je ne pus m'empêcher de lui faire remarquer : "Par Asar, mère, ta peau redeviendrait-elle ver­te?" Meri cacha son visage et alla s'enfouir dans les coussins.

- Es-tu malade, ma mère ? -Non! . .. Oui . . . - Oui ou non ? Que puis-je faire ? -Rien, Heru, rien de plus. Ne t ' inquiète pas, ce n'est pas grave.

Cela passera ... J'étais impuissant. Seule la magie de ma mère pouvait résoudre

ce problème. Personne ne peut assister Aset : elle a réponse à tout ! J'ai quitté les lieux sans bruit. Meri m'a demandé pourquoi je l'abandonnais aussi vite ;je lui ai répondu que j'avais mon vaisseau à nettoyer pour le lendemain.

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9

SEMHAZA

"Al 'origine, Serkit n'a ni famille, ni parèdre; elle est attestée seule, dès la première dynastie. Serkit est une très ancienne déesse protectrice. Dans ce rôle, elle est particulièrement active dans les cérémonies et croyances funéraires. Serkit est Dame de la Vie; elle porte aussi cette épithète parce qu'elle doit protéger les mortels du venin des scorpions, serpents et d'autres animaux dangereux".< 10>

Neter, dieux de l'Égypte

Je suis retourné voir la grande Serkit (Ninmah) sur sa montagne d'Igira, sans aucune autorisation, bien entendu. Serkit semble être la seule de mes tantes à ne pas connaître la peur vis-à-vis de nos ennemis. Elle a tellement côtoyé les Usumgal et les Anunna qu'elle est immunisée pour l'éternité. L'Igira est décidément un étrange endroit. Il y fait froid et la neige envahit ses sommets une bonne partie de l'année. Quel endroit étrange pour y établir une communauté !

De retour sur la montagne lumineuse, j'ai encore fait sensation auprès des observateurs de Serkit. Ils ne m'apprécient pas vraiment. Trois gardes se sont approchés de mon vaisseau pour me demander Je but de ma visite. Je leur ai répondu que je souhaitais rencontrer leur reine. Le vent soufflait fort et la neige tombait, ce qui rendait notre discussion difficile. L'un d'entre eux me demanda :

-Qui? - Serkit, votre reine !

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172 PREMIÈRE PARTIE: I.!INSTRUCTION DU FAUCON

19. Position des montagnes Aydin Tepe et Ka§ dans le Taurus. IGIRA veut dire "héron" en su­mérien. Sa décomposition sumérienne stricte donne IG/-RA, "l'œil qui mesure" ou encore "l'œil de Râ". Nous savons que le héron est le symbole du Phénix-Vénus (donc de l'œil solaire) et de Heru (Horus) en Égypte. Il est curieux de remarquer que le nom probable de la montagne des anges veilleurs était associé au héron-Phénix, alors que les veilleurs avaient justement pour mission de surveiller le circuit chaotique de ce héron-Phénix (Vénus). Le mot "héron" est tiré du francique haigro, (langue de la Germanie occidentale). Ce qui est plus surprenant, c'est que ce terme tire ses racines de l'ancien allemand heigir, lequel veut toujours dire "héron". La similitude phonétique entre le sumérien lgira et l'ancien allemand Heigir est troublante.

-Je ne connais pas ... - Ninmah? -Non plus! - Tu te moques de moi ? -Tu veux dire Semhaza (''qui détient la plante''P3 ?

73 Dans le livre d'Énoch, Shemehaza (le chef des veilleurs ou anges déchus) se traduirait par "les cieux du voyant" (cf. les Écrits lntertestamentaires de la bibliothèque de la Pléiade, éditions Gallimard, 1987, p. 477). De mon point de vue, ce nom n'est en aucun cas araméen ou hébreu, mais plutôt sumérien : SEM-HA-ZA veut dire "qui possède la plante" en sumérien. Quel personnage possède la plante de la vie et de la mort dans la littérature mésopota­mienne? C'est bien entendu la déesse Ninmah et elle seule. Dans le Livre d'Enoch, Sheme­haza est le chef des veilleurs rebelles. En Enoch VIII, 3, Shemehaza est dit avoir enseigné à l'humanité "les charmes et la botanique", faculté dont seule Ninmahjouit dans la mythologie mésopotamienne (cf. mythe d'Enki et Ninmah, lorsque cette dernière retire son regard de vie à Enki et qu'elle le soigne grâce à des plantes). Il ne s'agit donc pas d'un homme, mais bien d'une femme. On notera l'importance que donnent les écrits d'Enoch à Shemehaza (Ninmah) et Asael (Enki-Osiris), tous deux adversaires de la parole de Yahvé (An).

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SEMHAZA 173

20. Dans le paysage des montagnes du Taurus, lgira - aujourd'hui Aydin Tepe -forme comme une larme, celle de Râ. La mythologie égyptienne attribue la création de la nouvelle humanité aux larmes que Râ ou Atum-Râ (les deux sont souvent confondus) aurait produit après le dé­luge de l'œil divin. De la même façon. nous savons que les Shemsu d'Osiris, comme les Adinu ("éclairé de Râ"), sont reliés à la Duat souterraine puisqu'ils sont regardés comme y ayant séjourné un certain temps. Lorsqu'on regarde de prés la géographie générale du site de l'Aydin Tepe, on y distingue l'équivalent d'un œil égyptien. Une chaîne de montagne avoisinante porte le nom de Ka~. ce qui veut dire "sourcil" en turc : un terme on ne peut plus approprié pour dési­gner le sourcil de l'œil solaire.

-Ah, c'est son nom ici ? - Par la Source, nous sommes en pleine nuit, et elle a décidé de

dormir! -Dormir? Mais vous ne dormez jamais ... - Il te faudra attendre demain matin pour savoir si elle acceptera

de te recevoir. - Bien entendu, qu'elle acceptera ! Toutes ces aventures m'avaient fait oublier la notion du temps.

Les gardes se retirèrent. Je ne savais où passer la nuit. -Y aurait-il ici quelqu'un qui pourrait me loger pendant quelques

heures? -J'en doute- sache que tu n'es pas le bienvenu ici, fils de Meri. -Pourquoi? Les Adinu (éclairés) ne me répondirent pas et se mirent

à plaisanter entre eux. Il faisait froid et une neige fine et glacée

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174 PREMIÈRE PARTIE :!:INSTRUCTION DU FAUCON

21. Montage témoignant de la possibilité que l'ensemble du site de l'Aydin Tepe ressemble à l'œil égyptien. L'Aydin Tepe se trouverait dans "l'enroulement Khabet" qui symbolise générale­ment les cycles de vie. C'est sans doute pour cette raison que cet endroit avait été choisi par les "éclairés de Râ" qui, de par leur veille attentive du ciel , préservaient les cycles de vie terrestres. Rappelons que Aydin veut dire "lumineux", "éclairé" et "intellectuel" en turc. Le Aydin Tepe se trouve à 12 km à l'est de Season, la route la plus proche pour y accéder est la 72-04.

commençait à tomber. Je me suis glissé dans mon vaisseau pour y passer la nuit. J'aurai dû être fatigué, mais j'étais plutôt énervé. À peine venais-je de m'installer confortablement dans le cockpit, que quelqu'un frappa contre la carlingue. Je descendis, pensant rencontrer Serkit, mais le destin me mit en présence d'un inconnu, l'un des veilleurs. Son regard n'était pas habituel, pas plus que sa taille. Il était plus grand que les Khentamentiu de mon père, les Shemsu de Râ ou les Adinu de Serkit, et donc que moi-même.

-Sais-tu qui je suis? me lança l'inconnu. -Non- jamais vu quelqu'un de ton espèce auparavant. - Tu devrais pourtant, fils d'As ar. .. -Personne ne me nomme ainsi. Ça porte malheur, paraît-il. - Je sais. -Tu vis ici? - Officiellement, non. -Que me veux-tu, étranger? -T'aider si tu le souhaites.

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SEMHAZA 175

-Je n'ai besoin d'aucune aide. Merci et au revoir ! - Ce n'est pas ce qui se dit un peu partout. - Comment ça ? - Le bruit court que tu cherches à former une armée. - J'ai les Shemsu-Urshu (suivants-guetteurs) d ' Asar, eux me

suivront. - Ce n'est pas une armée. Depuis le trépas de ton géniteur,

ils gardent le domaine souterrain de ta mère et les autres se sont éparpillés aux quatre vents de Kemet.

-Ma tante Neret (Neith-Dim 'mege) m'a proposé son aide et ses troupes.

-N'engage jamais des femelles dans une bataille si tu souhaites la gagner. Les femelles sont de bons stratèges, mais pas des guerrières. Aucune femme ne devrait combattre un homme. Nous, nous protégeons les femmes. Elles sont notre avenir.

- Alors, j'ai celle de Râ, ses Shemsu se battent déjà contre les Anunnaki.

- Ni les Adinu (éclairés) qui viennent de se moquer de toi, ni les Shemsu de Râ ne t'aideront. Ceux d'ici n'écoutent que les paroles de Semhaza (''qui détient la plante'') et les autres sont des mercenaires aux ordres exclusifs de Râ. Jamais ils n'écouterontun autre que lui, tant qu'il sera en vie.

- Comment sais-tu cela, toi ? L'individu haussa les sourcils d'un air catégorique. -Ça y est ! Tu ... Tu fais partie des maudits, des réprouvés, ai-je

repris. Tu es un Nefer (Nephil(im)) ! Les Shemsu de l'Est sont vos parents, précisément les Adinu de Serkit !

-Si tu souhaites de l'aide, va voir le forgeron Mishak, lui saura te guider. Mais ne parle sous aucun prétexte de notre entretien à ta tante Semhaza-Serkit.

À ces mots, le Nefer tourna les talons et disparut dans la brume. Je n'avais jamais entendu ce nom de Mishak auparavant!

J'ai passé une mauvaise nuit. Une nuit sans sommeil, sans repos, une nuit pleine de questions sans réponses ...

Au petit matin, Serkit est venue taper contre mon vaisseau. -Tu es là Heru ? Viens me rejoindre, me commanda la souve­

raine des Adinu. Elle ne m'avait pas attendu et avait retrouvé sa demeure. J'ai

pu observer le paysage dans la lumière naissante du petit matin. Le

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176 PREMIÈRE PARTIE :L'INSTRUCTION DU FAUCON

vent s'était calmé et le soleil avait percé les nuages un court instant. Lorsque j'ai franchi la porte de son logis, Serkit rn' a questionné : - Alors, mon enfant, que me vaut cette nouvelle visite ? Tu t'es

disputé avec ta mère ? -Ma mère ? Non. Je souhaiterais que tu m'aides à trouver les

réponses concernant certaines questions. Serkit est une femelle étonnante, son regard n'est jamais le même.

Elle possède une étrange manie, celle de fixer son interlocuteur au début de la conversation, et ensuite de décaler son regard sur les bords de son visage, comme si elle cherchait à observer quelque chose dans l'invisible, peut-être son aura. Ce matin-là, elle avait des cernes sous les yeux, et elle semblait soucieuse. Sa mine était terrible. Elle non plus ne semblait pas avoir bien dormi. Son regard vagabondait dans le vide et avait déjà quitté ma personne.

- Par la Source ! Qu'avez-vous toutes en ce moment ? ai-je grommelé.

- Je ne vais pas te cacher que j'ai passé une très mauvaise nuit. -Le sommeil n'était pas au rendez-vous, ma tante? - J'aurai préféré dormir, pour une fois, mais je n'étais pas ici

mon enfant. Notre Assemblées' est réunie en comité restreint la nuit dernière.

-Quoi? Mais, ma mère et moi n'avons pas été informés! - C'était préférable. Aset n'aurait pas supporté ce débat. Je ne

sais pas si je dois te le dire, mais ta mère est privée d'Assemblée jusqu'à nouvel ordre. Son dernier comportement n'a pas réjoui ltemu (An) .

- Rien de surprenant : mon oncle a réintégré 1 'Assemblée sans un vote équitable, et la divine reine de Kemet est privée de ses droits sur ses propres terres.

- Ce n'est pas nouveau, mon fils, mais je vois que tu te familiarises avec ce genre de situation. Les décisions prises dans nos assemblées n'ont jamais été équitables, sauf à 1 'époque où Asar et Aset régnaient ensemble sur leurs domaines. Ce temps est déjà loin maintenant. Tu es directement concerné, et comme tu sauras d'ici peu ce qui a été décidé sans votre accord, je peux donc te le révéler : l'objet de cette réunion était de trouver un arrangement pour te réconcilier avec ton oncle.

-Jamais 1 -Je sais, je sais ... Je te comprends parfaitement. Je ne suis pas

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SEMHAZA 177

d'accord avec ce projet, mais il a été validé par Itemu (An), Râ (Horus l'aîné), ta tante Neret (Neith-Dim 'mege) et Djehuti (Thot). Nebet-Hut (Nephtys-Inanna), Nut (le clone de Nammu) et moi­même avons voté contre. Ton oncle ne s'est pas prononcé. Cela faisait quatre voix contre trois.

-Avec celles d' Aset et la mienne, cela aurait fait cinq contre quatre ...

- Non, ton oncle Setes aurait voté pour, et cela aurait annulé le vote. Voilà comment cela fonctionne, mon fils. De toute façon, Itemu aurait fini par avoir raison.

-Le vote de Djehuti a fait la différence, c'est un traître! -Ne va pas si vite dans tes accusations, Heru. Djehuti souhaite

la paix pour nous tous, il en va de même pour ta tante Neret. Ils pensent avoir pris la bonne décision.

-Que va-t-il se passer, ma tante? - Il a été décidé que tu passeras quelques jours chez ton oncle,

dans son domaine, pour qu'il te présente sa ville souterraine dans le Kursig (Cappadoce en Turquie).

-Non, je n'irai pas ! -Il va falloir t'y préparer, mon enfant. -Tu veux parler de l'endroit où j'ai été, et au sujet duquel je

t'ai expliqué que Setes et ses Anunnaki y souillent des femmes et profanent leur honneur ?

- Personne ne le sait, personne n'a la preuve que cela se passe comme tu me 1 'as dit. Je te rassure, je te crois! Mais sois doublement apaisé, lorsque tu seras là-bas, nous aurons tous les yeux rivés sur l'Ekur de Setes. J'ai demandé que des gardes de ta mère et quelques Adinu de la vallée de Kuram (Goreme) se postent à la sortie du réseau souterrain de ton oncle.

- Mishak, le forgeron, tu connais ? -Non. C'est un nom de ton pays, mon enfant. Je compris que je n'obtiendrais aucune réponse de ce côté. -Que penses-tu de la proposition de Neret de m'apporter une

aide militaire ? -Elle le ferait en dernier recours, si tel était ton souhait. Elle n'a

qu'une parole. Présentement, le temps n'est plus à la guerre, mais à la réconciliation.

-Je ne pourrai pas, ma tante. Tu me demandes l'impossible ! C'est en dehors de mes compétences. Je ne peux même pas me

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178 PREMIÈRE PARTIE : !:INSTRUCTION DU FAUCON

1 'expliquer. Sa vue me procure un profond dégoût. - Bien ... En fait, il y a deux causes principales. Pour la raison

que tu connais, mais que tu n'acceptes pas, tu portes en toi les souffrances profondes et fatales de ton père, celles qui lui ont été infligées lors de cette fameuse attaque surprise à Ta-Ur (Abydos). Toi, Heru, tu as vécu cette douleur. Ayant été Asar, tu portes en toi le supplice qu'il a connu lorsqu'il a été blessé, attaché à l' arbre sacré, supplicié et abattu. Ce supplice est le tien et il s'est transformé en une haine farouche. Ton caractère est différent de celui de ta précédente vie parce que ce meurtre violent a modifié ta nature profonde. Crois-moi, mon fils, je prie chaque jour pour que cet outrage te soit supportable et que tu l'oublies. Ce n'est pas simple pour toi, car ta mère porte cette douleur, elle aussi . Elle t ' a élevé avec, et tu as été comme programmé pour laver l ' affront qu'ont subi tes parents. Cela fait beaucoup pour toi et tes jeunes épaules. Puis-je poser mon regard sur le haut de ton corps?

- Oui, ma tante. -Bien, ouvre ta combinaison . . . Quelle étrange matière ... Je porte des combinaisons en fibre et en résine, que l'on me

fabrique spécialement à Nashareth. Elles sont ajustées à ma taille et sont à chaque fois assez difficiles à retirer.

- Dis-moi, est-ce chaque jour aussi inconfortable à vêtir et dévêtir?

-Eh bien oui. -Pourquoi tes tenues sont-elles toutes noires comme la nuit ? -C'est en souvenir du domaine dont je viens : le Râ 'af (le soleil

noir). C'est aussi en rapport avec le nom de notre terre bien-aimée, Kemet (L 'Égypte),74 et de Kankala (l'Afrique) et de ses habitants.

- Ah, Kankala ! Kankala me manque beaucoup mon enfant. Bon, montre-moi tes épaules, si tu le veux bien. Non rien ici ... Là non plus . . .

- Que cherches-tu ma tante? - Voilà, ça y est, quelle est cette marque ? Serkit me montra ma tâche de naissance localisée au niveau de

mon épaule gauche. -Je l'ai toujours eue. - Cette marque ne te rappelle rien ? N'est-ce pas à 1 ' épaule

74 Rappel : le pays de Kerner (l'Égypte) veut dire "pays noir" en égyptien.

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SEMHAZA 179

gauche qu' Asar a été frappé avant d'être attaché et supplicié ? -C'est ce que l'on raconte. Mon oncle l'aurait blessé avec sa

lance, il l'aurait touché par derrière. Ce n'est pas une preuve ! -Ne ressens-tu pas une douleur parfois à cet endroit ? -Si ... -Pourquoi, alors que tu n'as jamais été blessé? -Je ... ne sais pas ... - Tu ne sais pas ou tu ne sais plus ? Toi qui es tellement sûr de

toi, habituellement. Si le doute s'instaure enfin en toi, c'est que tu es sur la bonne voie.

J'étais las de cet interrogatoire. Serkit souhaitait me pousser loin dans mes retranchements. Elle avait réussi. Son regard étincelait à la lueur de la petite flamme. Quel étrange visage que celui de cette reine déchue et réduite à vivre en exil, loin de ses origines.

-Comment veux-tu que je m'identifie à Asar, je ne connais pas grand-chose de mon père. Ses archives sont dispersées. Seules me sont accessibles les informations fragmentaires du cristal Uatch (Ugur).

- Oui, je sais. Cela ne représente pas beaucoup pour toute une vie de Gina'abul. Te voilà réduit à recueillir des informations ici et là. Asar n'écrivait pas beaucoup, il l'a fait au début, ça l'a soulagé, et puis il s'est lassé. Qui allait lire tout ça, de toute façon ? Ensuite, ta mère est revenue de 1 'horizon des événements, et tout a changé dans nos vies ...

-Je dois aller là-bas, je dois le rencontrer ! - Le rencontrer ? Comment cela ? -Je dois passer de l'autre côté pour lui parler. Si je ne le trouve

pas, je vous croirai peut-être. - Je ne pense pas que cela te soit très utile, Heru. Visiter le

monde des ancêtres n'est pas un voyage aussi simple que quand tu pilotes ton vaisseau.

- Geghu n'est pas facile à piloter, je suis le seul à pouvoir le faire !

-Ah,j'oubliais combien tu es doué et à quel point tu ne manques jamais de le faire remarquer. Certes ! Concernant ton souhait de franchir l'horizon des événements, je pourrai peut-être t'aider un jour. Cependant, je n'ai pas les compétences pour te faire passer l'horizon de l' Angal (grand haut), mais pour te faire franchir le Kidul (point obscur). Là, tu pourras peut-être trouver des réponses.

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180 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

Quoi qu'il en soit, An gal ou Kidul,je te certifie que tu ne rencontreras pas ton père, le grand Asar.

- Il était faible ! - Non, ce n'est pas exact. Il était authentique et sincère.

C'était aussi un grand utopiste qui a souvent pris des décisions sans prendre en compte les conceptions de ses pairs. Asar savait anticiper, il avait un esprit mordant et son incroyable intuition l'a fréquemment soutenu et protégé. Il a fait quelques erreurs, mais si peu, en comparaison de moi-même ou d'autres ... Mais Asar était naïf, et il n'était pas aussi sournois que ton grand-père et ton oncle. Tout cela fait de lui un héros, sauf qu'il en est mort ! Ses méthodes étaient plutôt cérébrales, les tiennes sont musclées, c'est toute la différence. C'est à toi, Heru, de trouver l'équilibre entre ces deux conceptions, ces deux forces, qui pourraient sembler opposées, mais en apparence seulement.

-Il n'était pas joyeux ! -Et toi, l'es-tu? Difficile d'être réjoui avec la charge qu'il portait

sur ses épaules. Mais détrompe-toi, Sa'am-Asar savait s'amuser. Il lui arrivait parfois d'égayer nos repas et de plaisanter sur nous tous et lui-même. Il s'est même quelquefois déguisé en femelle, et parodiait les Gina'abul et les Amasutum. Cela faisait rire sa mère Nut (Nammu), mais pas trop Aset, qui voyait que certains ne riaient pas de la comédie qu'il improvisait, mais bien de lui. Non, je dois avouer qu'il nous a bien fait rire.

-Je ne connais même pas son visage ... -C'est vrai? -Je l'ai vaguement aperçu dans le Gigal, lorsque nous avions

récupéré son corps lâchement découpé dans son tombeau aquatique, mais son regard ne ressemblait plus à rien.

- Meri n'a rien gardé de lui, aucune image? -Je ne sais pas. Comme de toute façon, elle pense qu'il s'agit

de moi ... - Cela doit être pénible pour un fils que de ne pas connaître le

visage de son père ou de sa mère. Tu vois, moi qui ai cloné toute ma vie, j'ai fini par comprendre cela. La vie sur cette planète est particulière, elle demande un temps d'adaptation. Le mien aura duré plusieurs millénaires. Le problème est que tu n'auras pas autant de temps que moi.

-Le verrai-je un jour, ne serait-ce qu'en images? Cela m'aiderait

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SEMHAZA 181

peut-être à comprendre. -Pour cela, je peux t'aider si tu le souhaites. Le désires-tu ? - Quelle question ! -Je possède un enregistrement qui se trouvait dans ton cristal. Il

peut éventuellement répondre à certaines de tes questions. D'un geste attentionné, Serkit tapota mon genou et quitta son

grand fauteuil. Elle fouilla dans ses tiroirs en bois. L'objet convoité fit son apparition ; c'était un cristal sombre de petite taille. Elle l'encastra dans le socle-lecteur qui se trouvait sur sa table.

-Je te laisse visionner cela tranquillement. Tu pourras garder cet objet, c'est un cadeau de ta tante, me dit-elle tendrement.

J'ai donc visionné l'enregistrement de Serkit, une séquence filmée avec Uatch, à l'époque où il se nommait Ugur. Une scène qui ne se trouve pourtant plus dans mon cristal. C'est ma mère qui l'avait enregistrée lors d'une mission avec des Nungal et Djehuti . On y voit une bonne centaine de soldats Nungal nerveux qui entraînent des humains, hommes, femmes et enfants, vers des Gigirlah (roues étincelantes). La scène se déroule dans des décors inconnus. Les humains étant de type Sinumun (amérindien), je suppose qu'il s'agit de l'ancien continent de Kaskara (Mu), ce qui sera confirmé plus loin. C'est une évacuation de grande envergure. Les vaisseaux Nungal sont posés sur l'énorme place d'une ville imposante. Un vaisseau mère Ama'argi de forme pyramidale se trouve au centre même de la cité. Les pierres blanches et rouges des édifices apparaissent à travers une fumée menaçante qui monte vers le ciel.

Des milliers de personnes montent à bord des vaisseaux dans un vacarme de sirènes. La confusion est totale. La personne qui filme se trouve visiblement sur la terrasse d'une haute habitation -elle zoome en direction de la place centrale. Des humains se bousculent, certains tombent et sont piétinés. Dans la foule, un homme âgé ne cesse de gesticuler en tentant de raisonner son entourage. La mise au point se concentre sur la scène et sur le visage de l'individu, on peut lire sur ses lèvres en langage Emenita : "N y allez pas, ce sont les esprits du mal, les fils du Serpent. Ne les suivez pas, ils vous entraînent vers une mort encore plus effrayante que celle qui nous attend ici". La vision s'élargit. Tout près de la scène, une jeune femme brune aux cheveux parés de plumes multicolores est coincée dans cet amas de vies. Elle est contrainte de lâcher les

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182 PREMIÈRE PARTIE : CINSTRUCTION DU FAUCON

mains de son compagnon. Totalement hystérique, elle le supplie de la rejoindre alors qu'elle s'éloigne, emportée par un mouvement de foule tumultueux.

J'entends la voix de Meri comme si elle était à côté de moi, ce qui confirme qu'elle est bien la personne qui enregistre :

- Quelle épouvante ! Ne pouvons-nous rien faire ? - Rien, malheureusement, répond une seconde voix étouffée par

le vacarme. La focale s'élargit, des humains se battent entre eux malgré la

colonne Nungal dépêchée pour maîtriser la situation. Un homme richement paré se dégage péniblement de la foule

et fixe l'objectif du regard. Celle qui filme pointe maintenant son matériel sur l'entrée de la terrasse en opérant une rotation de 45°. Djehuti (Thot) apparaît sur l'image, entouré de gardes. Une voix s'élève au loin. Djehuti fixe l'objectif qui enregistre la scène, par conséquent ma mère, et lui lance :

-Ne t'inquiète pas, vénérable Aset, nous allons le maîtriser. .. -Je ne suis pas inquiète, lui répond Meri. L'inconnu, assez corpulent, apparaît dans l'encadrement

de la porte. Des Nungal suivent l'individu en courant. Il a des cheveux bruns et porte . une fleur rouge entourée d'un cercle sur sa grande tunique blanche serrée à la taille par une ceinture de pierres multicolores. Des Nungal font volte-face et le repoussent brutalement à l'aide de lances et de Gidrugiri (bâtons de foudre).

- Retourne avec les autres, lui lance un des soldats de mes parents.

- Je ne fais pas partie de ces captifs, ça ne se voit pas ? Je suis leur Mu'ugi,75 le régisseur de ce royaume, objet de vos persécutions et de vos viols, méprisables serpents !

À ces mots, un soldat bondit sur lui, le fait tomber à la renverse et lui flanque une série de sauvages coups de crosse. J'entends la voix de Meri s'exclamer:

-Par la Source ! Fais quelque chose, Djehuti ! Deux autres Nungal interviennent rapidement et maîtrisent

le soldat. Djehuti s'adresse au groupe, demande aux guerriers de relever le Mu'ugi et les somme de le lui amener. Le chef de la cité est conduit vers Djehuti. Il saigne du nez. 75 MU-ÙG-1, litt. "qui maîtrise la parole du peuple" en proto-sumérien, et que l'on peut re­trouver dans le terme hopi Mongwi ("chef'').

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SEMHAZA 183

- Tes soldats auraient mieux fait de me tuer plutôt que de me mettre en ta présence.

-Nous ne supprimons jamais une vie sans raison. Tu te trompes de clan. Quel est ton nom ?

- Osaya, je suis le 469e régisseur de cet Empire. - 469e? Que le temps passe vite sur ce monde ... Djehuti sourit ironiquement. Osaya se met à rire. - La planète est sur le point de s' embraser. Nous allons tous

mourir. À quoi te servira donc ton immortalité, fils du Serpent ? -Fils du Serpent ? Tu connais donc notre nom ? reprit Djehuti. -Qui ne reconnaît pas vos visages et vos actes ? Vous n'avez

aucun droit ici ; vous n'êtes pas les bienvenus et vous n'êtes pas les Kasin'a (messagers) que nous attendons.

- Oui, nous ne sommes pas ceux que vous avez l'habitude de rencontrer. Toutefois, les individus auxquels tu fais allusion ne viendront pas. La guerre a gagné le ciel jusqu'aux frontières d'Udu'idimsa (Mars). Leur sécurité n'est plus assurée, c'est pourquoi nous venons vous secourir à leur place.

Osaya fixe alors l'objectif et semble examiner Meri d'un air hébété. Il s'écrie subitement :

- Que fais-tu ici, vile créature ? Tu crois que je ne t'ai pas reconnue sous ta peau de serpent? J'ai l'œil pour reconnaître les changeants de ton espèce.

-Tu te méprends, répond Djehuti, elle n'est pas la souveraine du pays que vous nommez Talahtuska76 (l 'Atlantide).

-Je reconnais ses traits sous sa peau verte pleine d'écailles ... C'est la bavarde, celle qui parle, qui parle pour ne rien dire, celle qui salit tout ce qu'elle effleure. Nous sommes en guerre avec Talahtuska à cause d'elle !

L'image bouge. Aset répond sèchement tout en poursuivant 1 'enregistrement :

- La personne que tu décris avec tant d'ardeur est ma sœur génétique ! Nous ne sommes pas responsables de ses actes. Nous avons tout fait pour éviter cette folie entre Kâskara (Mu) et

76 TA-LAH-TUS-KA, litt. "vers la brillante demeure de la proclamation" en sumérien, que l'on retrouve sous la forme Ta/awailuchqwa ou Ta/awaitichqua ("le pays du lever de so­leil") chez les Hopis et qui désigne 1 'Atlantide. La "proclamation" exprime sans doute le fait qu'en Atlantide, les êtres qui possédaient le pouvoir parlaient beaucoup, probablement lors de grandes assemblées.

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184 PREMIÈRE PARTIE : I.!INSTRUCTION DU FAUCON

Talahtuska, la preuve en est que nous sommes ici. Je suis la fille de votre créatrice Kùkiangu'uhti (Mère-Araignée) et l'épouse de votre souverain Mas 'su (le prince).

- Mas'su n'a pas d'épouse, il n'en a jamais eu. Le Grand Esprit Mas'su nous a abandonnés à l'époque où il a couvert les complots de celle que tu prénommes ta sœur, qu'il avait lui-même placée sur le trône de Talahtuska (l'Atlantide). C'est pourquoi nous avons des démêlés avec lui. Il favorise la politique de Talahtuska à nos dépens.

-Nous ne sommes pas ici pour refaire l'histoire, ni pour nous mettre en guerre contre ton peuple, rétorque Djehuti, mais pour secourir le maximum de personnes, toutes celles qui voudront nous suivre.

- Où irez-vous ? - Que t'importe puisque tu as décidé de rester ici. Sache que

nous allons là où la Source nous attend. - La Source? Le seul séjour qu'elle pourrait vous valoir pourrait

être dans l'autre monde. -L'autre monde, oui, c'est bien là que nous allons tous ! D'un geste, Djehuti montre au souverain la foule qui s'empresse

d'embarquer derrière eux. Le vaisseau mère Ama'argi émet un son cristallin. Le ciel est de plus en plus menaçant et le vent souffle violemment.

- Assez discuté, reprend Meri. Le temps presse, nous devons partir dès à présent.

Un petit vaisseau de forme inattendue se pose sur la terrasse. Son apparence rappelle les Tumuâ Ama'argi, sauf qu'il est plus large, offrant suffisamment de place pour 8 à 10 personnes. Meri s'y engouffre en continuant la prise de vue. Elle est suivie de Djehuti et de plusieurs Nungal. Une silhouette non identifiée pénètre dans l'appareil et s'assoit parallèlement à l'objectif. Aset filme ses jambes, une des mains de l'inconnu est posée sur la cuisse droite de ma mère. La séquence se prolonge un court instant sur ce moment intime ... Mon sang ne fait qu'un tour! L'inconnu dit: "Nous ne pouvons rien faire de plus". Je reviens sur ce passage et m'attarde sur la main : celle-ci est palmée. Serait-ce mon père ? Djehuti répond à l'étranger que tout ce qui était possible a été tenté, et qu'ils ne s'attendaient pas à de meilleurs résultats. L'engin gronde au milieu d'un amas de fumée et s'arrache brusquement du

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SEMHAZA 185

sol. Aset filme toujours la scène et Ugur est pointé vers l'extérieur du vaisseau, le décor est saisissant et le sol tremble.

Le vaisseau s'élève de plus en plus. En contrebas, le vaisseau mèreAma'argi en forme de pyramide décolle lui aussi. La multitude qui n'a pu embarquer est projetée en arrière par le souffle de ses tuyères. Les rescapés se dispersent dans tous les sens. Des fumées de toutes sortes noient le paysage, on ne saurait dire s'il s'agit de nuages ou d'émanations de poussières et de gaz. Le cristal Ugur est de nouveau dirigé vers l'intérieur du vaisseau. La tête de l'inconnu apparaît subitement ; son regard est doux. Il saisit le cristal et dit : "Bon, inutile d'enregistrer davantage". Fin de l'enregistrement.

Je repasse la dernière image, celle où l'on voit l'inconnu de face. Je le regarde attentivement. Je ressens une étrange sensation. Sans nul doute, c'est bien lui. C'est mon père. Son visage m'est enfin révélé pour la première fois. Une vive émotion me gagne, j'ai la gorge serrée mais je ne parviens pas à pleurer.

Serkit est venue me retrouver peu après le visionnage du document. Elle m'a souhaité du courage pour ma future rencontre avec mon oncle. Ma tante m'a embrassé sur la joue et m'a accompagné jusqu'à mon vaisseau. Sur le chemin, je lui ai demandé si elle connaissait des Neferu (Nephilim), des enfants de ses Adinu. Elle semblait étonnée de cette question.

- Nous ne savons pas où ils se cachent, me dit-elle. Si tu veux t'éviter des problèmes avec ton grand-père ltemu (An), garde-toi de les rencontrer et de leur parler.

Je l'ai finalement questionnée à propos de l'hostilité que me témoignent ses Adinu. Serkit m'a répondu sans plus de précisions qu'il s'agissait d'une vieille histoire entre les clans de l'Ouest et de 1 'Est à propos de la mort d' Asar.

Geghu (''le faucon marteleur'') a filé plus vite que le tonnerre ; j'espérais pouvoir revenir avant la découverte de mon escapade. De retour dans notre réseau souterrain, j'ai reçu la double colère de Meri en pleine figure. Ses deux grosses chattes safran étaient aussi irritées que leur maîtresse. Toutes les trois exécutaient des va-et­vient étourdissants dans les appartements privés de ma mère. La voix d' Aset raisonnait lourdement et j'avais 1' impression que les sous-sols tremblaient en lui faisant écho. La nouvelle de la décision du conseil et 1 'obligation de devoir me rendre sur la montagne de mon oncle avaient en définitive largement atténué l'impact de

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186 PREMIÈRE PARTIE: CINSTRUCTION DU FAUCON

mon équipée solitaire. J'ai tout de même demandé à ma mère si elle connaissait un certain forgeron Mishak, mais sa réponse fut négative. Elle était sincère.

Aset voulut ensuite me révéler un secret que je ne connaissais pas encore à propos de l'endroit où l'on m'attendait. Peut-être l'a­t-elle fait pour me pousser à ne pas m'y rendre. Elle me demanda la chose suivante :

-Il existe de nombreuses cités souterraines en Kuram (Gorëme), 77

sais-tu pourquoi ? - Pour se préserver du Benu ? -Mais Heru, il est prévu d'en creuser 36, pourquoi autant? -Je ne sais pas, ma reine. - Pour y loger tous les géants, tous les enfants issus des

accouplements entre Neteru (dieux) et humaines - que leurs géniteurs soient Anunnaki ou Nungal.

- 36? Mais c'est considérable ! C'est un travail colossal. .. - Oui, c'est une tâche commandée par ltemu (An) avant le

meurtre d' Asar. Comme ton grand-père voyait que mon époux entretenait de bons rapports avec ces enfants prodigieux, son projet fut de rassembler les différents Neferu (enfants = Nephilim) autour des Anunnaki pour ensuite les dominer. Ils pensent aussi pouvoir faire venir leurs parents afin d'affaiblir nos différents clans Shemsu et Urshu. Si leur plan fonctionnait, nous n'aurions plus d'armée et Kemet serait à la merci de Kalam. Ils nous font cependant croire qu'ils font tout cela pour la paix entre les Neteru (dieux) ainsi que pour préserver les humains.

-C'est comme une énorme prison? ai-je demandé. -Oui, d'une certaine manière. C'est ton oncle qui se charge de

finaliser le projet. C'est pourquoi ta tante Serkit a placé des Adinu en Kuram. Tu dois savoir que ta tante soutient secrètement les Neferu.

-Pourquoi tant de mystères autour de ces Neferu; de quoi ltemu

77 Le terme Goreme proviendrait du grec K6papa 1 Korama dont l'étymologie est incertaine. Je suis absolument certain que ce mot provient du sumérien KUR-AM ou KUR-AMA,, "le KUR du maître ou du seigneur", donc celui d 'Enlil. Le fameux KUR d'Enlil désigne sa-mon­tagne dans le Taurus, son Kursig (Cappadoce = montagnes étendues), où se trouvait sa de­meure souterraine, l' Ekur. Lorsque les Mésopotamiens gravèrent les aventures d'Enlil sur la pierre, ils ne firent aucune distinction entre les différents domaines qu'Enlil aurait fréquentés tout au long de sa longue vie de dieu, en les appelant systématiquement KUR ou KJUR. De cette manière, nous retrouvons, compris dans la notion de KUR, la montagne de Kharsag, la Cappadoce, la montagne du ciel où il viola 1 'une de ses Nin !il (voir dossier final), le domaine des dimensions inférieures, ainsi que ses temples de Sumer, généralement appelés Ekur.

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SEMHAZA 187

et Setes ont-ils peur? -Les Neferu ont été embauchés par Asar de nombreuses fois

dans le passé. Ils forment une multitude guerrière qu'il serait préférable que ton grand-père et ton oncle ne se mettent pas à dos. Ils en ont une grande peur. C'est pourquoi ils souhaitent, à la faveur d'une action diplomatique secrète, les séduire pour les regrouper en Kuram. Serkit se joue d'eux en leur faisant croire qu'elle parviendra à les attirer un jour dans le Kursig (Cappadoce) de ton oncle au nom de la paix entre Kemet et Kalam. Pour mener à bien sa vengeance, elle a intégré plusieurs centaines d' Adinu en Kuram. Pendant ce temps, les Anunnaki creusent péniblement les demeures souterraines, pensant en finir prochainement avec les Nungal et leurs progénitures. Ils creusent comme les Nungal l'ont fait pour eux par le passé. C'est un bon retour des choses. Ils creusent pour rien!

- Tu veux dire que ces cités ne seront jamais habitées ? -Uniquement si tu es plus intelligent que ltemu et Setes -vois-

tu ce que je tente de t'expliquer? - Parfaitement, ma mère.

22. Carte de l'ancienne Turquie avec les deux régions principales de l'lginim et du Kursig (Cap­padoce), où se sont déroulés les faits exposés dans cet ouvrage.

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10

CEKUR

"Avant que les Égregorois (veilleurs) se soient rebellés et soient descendus du ciel, une prison avait été construite pour eux dans les profondeurs de la terre sous les montagnes. Avant, que les fils des géants ne soient nés, [eux] qui ne connaissaient pas la droiture et la piété en eux-mêmes, 36 villes avaient été préparées et érigées, de sorte que les fils des géants devraient vivre en elles ... ".0 1l

Fragment en copte du Livre des Géants, Kephalaia 1171-9

"Dieu est un mangeur d'hommes. C'est pourquoi des hommes lui ont été sacrifiés. Avant que les hommes le soient, des animaux avaient été immolés, du fait que ceux auxquels ils avaient été sacrifiés n'étaient pas des dieux".< 12l

Manuscrit de Nag Hammadi, "L'Évangile selon Philippe", Codex NH2 ; 40

Cinq jours après mon entretien avec Serkit, j'ai été emmené en grande pompe dans le domaine du Kursig (Cappadoce). J'ai reconnu le village où j'avais secouru clandestinement des humains trois mois auparavant. On m'a indiqué le nom de cette localité: Méligud, dont le sens est "le passage supérieur" en langage Emenita.78 C'est sous 78 MÉLI-GUD, "la gorge supérieure" ou "le passage supérieur" en sumérien. JI s'agit sans doute du sens d'origine (en sumérien) du nom de cette localité qui se nommait autrefois Melegüp. L'archéologue Omer Demir pense que le nom latin Malagobia ("subsistance dif­ficile"), donné plus tard à cette région, serait tiré de ce Melegüp dont la signification est inconnue (cf. pages 5 et Il de la version française de son livre, Cappadocia - Cradle of History, International Society for Investigation of Ancien Civilisations, Derinkuyu, Turkey,

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CEKUR 189

Méligud que se trouve l'Ekur secret de mon oncle. Meri n'avait pas daigné se déplacer. Selon elle, j'aurais dû

déserter et ne pas m'abaisser à cette hypocrisie diplomatique ! Je 1 'avais retrouvée révoltée, je 1 'ai quittée fâchée. Djehuti et Nebet-Hut m'avaient accompagné, ainsi qu'une garnison d'Urshu (guetteurs) d' Asar appartenant à notre Gigal souterrain. La seule information rassurante dont je disposais était que je pouvais quitter cet endroit à tout moment. Djehuti ne m'avait donné aucun conseil et était resté muet. Ses yeux se voulaient toutefois apaisants. Ma seconde mère m'a assommé de recommandations, comme celle de bien garder mes Sagra (chakra) fermés de façon à ne pas être épié à mon insu. Nebet-Hut était nerveuse, mais elle faisait son possible pour le dissimuler. Lorsqu'elle est soucieuse, elle a la voix qui se coince et un air agacé. Elle avait placé 1 'une de ses mains sur le côté de son visage, comme pour se donner l'air de réfléchir, mais son regard était vide ; il n'y avait rien à quoi penser . . . Elle se trouvait à quelque distance de son grand-père avec qui elle n'entretenait plus aucune relation depuis longtemps. Ses Sagra étaient justement fermés pour ne laisser transparaître aucune émotion. Son visage était glacé.

Une petite garnison d'Urshu-Adinu se trouvait déjà sur place, comme me l'avait promis la souveraine de la montagne d'Igira.

(suite de la note 78) 1986). Personnellement, j'assimilerais plutôt ce mot à Melek 'güp, soit Melek ("ange"), et Güp ("pouvoir", "difficile"), donc "l'ange du pouvoir" ou "l 'ange diffi­cile", terme parfait pour désigner Enlil qui vivait dans ce "passage supérieur" si on le compare aux autres, soit le plus grand de tous les souterrains de la région. On retrouve aujourd' hui le nom de cette localité dans le terme Derinkuyu que l'on peut décomposer en DIRIG-KU-U5 ,

"énorme fondation surélevée" en sumérien. Derinkuy u se décompose en Derin ("profond") et Kuyu ("puits"), soit "le puits profond" en turc, une définition conforme à sa réalité géo­graphique. Derinkuyu est la plus grande de toutes les villes souterraines de Cappadoce et possède jusqu' à 18 niveaux par endroits, pour une profondeur de près de 85 mètres. Derin­kuyu est situé sur un vaste plateau entre deux gros volcans : le Hasan Dagi et le Erciyas Dag. L'étendue de cette cité souterraine est telle qu'elle pouvait abriter plus de 10.000 individus. Les plus optimistes annoncent 20.000 personnes. Il existe 35 autres cités souterraines dans la région, ce qui nous donne 36 en tout, soit le chiffre exact des cités des anges déchus et de leur progéniture, mentionnées dans le fragment en copte du Livre des Géants (Kepha­laia 1171-9) placé en début de chapitre. À ma connaissance, c'est la première fois que cette information est relevée. Avec ce texte de Kephalaia, nous avons une fois de plus la confirma­tion que d'anciens documents renferment des informations réelles sur le passé de l'humanité. Les anthropologues et archéologues font remonter ces villes souterraines aux origines du christianisme, à l'époque où les chrétiens fuyaient l'invasion arabe. Comme le fait remarquer Andrew Collins dans son ouvrage Nos ancêtres les Anges (éditions la Huppe, 2002), il est difficile d'imaginer que ces cités seraient l'œuvre de chrétiens qui se seraient terrés comme des lapins afin de se protéger de la poussée islamique de 642 ! Nous sommes en présence d'une réoccupation récente des lieux.

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190 PREMIÈRE PARTIE : J.:INSTRUCTION DU FAUCON

Elle provenait du fameux domaine de Kuram (Gorëme) qui ne se trouve pas très loin au nord.

Pour la toute première fois, j'ai pu apprécier le fossé qui semble séparer les suivants de l'Ouest -les Khentamentiu de mon père- de ceux de Serkit, qui appartiennent à la branche de 1 'Est. Les nôtres, ceux de notre Gigal et de Kankala (l'Afrique), sont de véritables guerriers, alors que les Adinu se considèrent davantage comme des intellectuels et des penseurs. J'ai toutefois remarqué que ceux de la région de Kuram (Gorëme) possédaient des arcs et des flèches. Les deux clans se sont dévisagés en silence. Setes (Seth) semblait jubiler en secret. Il était là, à l'entrée du village. L'ambiance générale de Méligud n'était pas celle que j'avais pu observer quelques semaines auparavant ; elle semblait plaisante, presque joyeuse. Les villageois chantonnaient, les femmes abondaient dans les rues. L'illusion était parfaite.

Mon oncle me fit un bon accueil en ouvrant grand ses bras : "Bienvenue à toi, fils de Meri !"Le souverain des Anunnaki était vêtu d'une combinaison orangée, que rehaussait une étoffe royale parsemée de motifs géométriques. Ses yeux brillaient de façon presque surnaturelle. Setes nous demanda si nos suivants étaient bien installés et m'invita à pénétrer dans le village. J'entrai dans le domaine de mon ennemi sans dire un mot à mes accompagnateurs. Je serrais les dents. Les villageois s'empressèrent de lancer des pétales de fleurs sur le sol pour y former un tapis royal. Mon oncle me proposa de visiter le village, ce que j'acceptai.

Nous avons été de demeure en demeure ; l'accueil fut partout le même : sourires, démonstrations de bonté, petites attentions ... L'un des nombreux regards rencontrés me fit froid dans le dos, c'était celui d'une femme que j ' avais sauvée de la honte lors de ma mission de sauvetage. Je me souvenais d'elle en raison de sa taille anormalement haute pour une humaine. Elle me reconnut, ses mains se mirent à trembler. Elle se ressaisit. Setes s'en aperçut:

- Cette femme te plaît, mon neveu ? Mon oncle avait un regard inquisiteur. Il tentait de me piéger, je

le sentais. -Elle est jolie n'est-ce pas ? Elle est à toi, si tu le désires, reprit­

il. En cadeau de bienvenue. -Je ... je ne sais pas si je dois. - Mais, si tu ne la prends pas, c'est un autre qui la prendra à ta

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I.!EKUR 191

place, reprit-il ironiquement. Elle me regarda avec insistance, comme pour me dire : "Sauve­

moi de là!" La femme en question dégageait une étrange énergie. -Ah ! j'oubliais, avant de faire ton choix, je dois te prévenir que

c'est une sauvageonne. Je l'avais destinée au temple, mais elle s'est sauvée, et nous avons dû la châtier il y a quelques temps de cela.

Setes souleva sa robe à l'aide d'un bâton sans aucune délicatesse, et me montra une effroyable cicatrice sur ses reins. La marque n'était pas encore bien cicatrisée. Il traitait cette pauvre femme comme un boucher le ferait d'une pièce de viande.

- Finalement, je doute que cela soit une bonne idée. Tu mérites un meilleur cadeau. Elle fait pratiquement ta taille, c'est peu pratique pour la monter. De plus, te rends-tu compte ? Lorsque tu la prendras par derrière, tu ne pourras t'empêcher d'apercevoir la marque du déshonneur. ..

- Ce n'est pas grave, c'est d'accord ; j'accepte ton cadeau, mon oncle.

- Parfait ! Tu es aussi bienveillant que ton père. Fais attention que cela ne se transforme pas en faiblesse. Ton choix est bon, petit prince, son vagin est étroit et son anus délicieux.

Je n'étais pas certain d'avoir bien saisi... - Comment cela ? -Que crois-tu fils de Meri? Tous ces humains m'appartiennent.

J'ai couché avec toutes leurs femmes. Nombreuses d'entre elles m'apportent du plaisir et d'autres sont de bonnes mères. J'ai maintenant beaucoup d'enfants qui sont un mélange des deux espèces. Ils font de nobles souverains qui gèrent mes innombrables domaines. Qu'on emmène l'insoumise dans les quartiers de notre hôte ! ordonna le seigneur de 1 'Ekur. Bien, poursuivons notre visite, mon neveu ...

Cet événement avait fait naître un malaise entre nous. Je me demandais comment j'allais justifier vis-à-vis d'Aset la présence de cette humaine porteuse de 1' énergie de notre adversaire. Setes fut subitement silencieux. Il orienta nos pas tout en guettant mes réactions. Setes sait conserver une totale maîtrise de lui-même, quelles que soient les circonstances. Il est connu pour ses coups d'éclat au sein de 1 'Assemblée, mais semble différent en dehors de celle-ci.

Nous fîmes le tour du village, deux autres femmes eurent une

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192 PREMIÈRE PARTIE : I..:INSTRUCTION DU FAUCON

réaction un peu similaire, ce qui attira l'attention de mon oncle. Il laissa filer la première, tout en me demandant si je désirais l'ajouter à mon lot de bienvenue, mais je ne pus l'accepter sous peine de me trahir. Il saisit la seconde, inspecta son visage, ses dents, l'arrière de ses oreilles. Il souleva légèrement sa robe et plaça une de ses mains sous son vêtement, comme pour examiner son ventre ou son sexe -je ne saurais pas vraiment dire. La pauvre était terrifiée. Il ordonna à sa garde, qui nous suivait de près, de la mener à ses appartements et de l'habiller comme une reine.

-Souveraine d'un soir. .. , me dit-il amusé. -Tu vas t'unir à elle, mon oncle? - Oui, juste pour mon plaisir. Comme celle que tu as acquise,

elle porte la marque du déshonneur. - Pourquoi cette marque ? Qu'ont-elles fait pour te déplaire ? - Elles logeaient dans le temple. Mais il y a quelques mois, un

groupe d'intrus s'est introduit sur mes terres pendant mon absence et a saccagé mes biens. Les prêtresses en ont profité pour se sauver. Certaines se sont réfugiées dans leurs familles, ce sont celles qui portent la marque. Les autres qui ont voulu fuir mes domaines ont été retrouvées et exécutées sur la place publique. Celle que je rn' offre ce soir sait des choses, je l'interrogerai personnellement. Je me réservais ce moment pour une digne occasion. Sa vie dépend de ce qu'elle me révélera. Mais tu sembles soucieux, Heru ?

-Je ne m'attendais pas à une telle dureté envers tes sujets. -Mes sujets? Ce ne sont que des Adam (animaux), ne l'oublie

pas ! Ils existent grâce à nous, ils ont été créés pour nous servir. Ceux qui savent faire preuve d'obéissance ne sont pas malheureux. As-tu vu comme ils sont joyeux ? Les nôtres sont plus civilisés que ceux des montagnes et des plaines. lei, ils sont soignés et nous pouvons les côtoyer sans risque. Voici justement le temple ; nous l'avons reconstruit il y a peu. Veux -tu le visiter ?

- Nous avons le temps pour cela ; je souhaiterais maintenant gagner mes appartements.

-Mais certainement. Nous aurons bien une autre occasion pour cette visite. Restaure-toi. Je te donne rendez-vous ce soir, nous avons préparé une fête en l'honneur du fils de Meri. Des gardes viendront te chercher.

Deux soldats, deux de ces fichus Anunnaki, rn' ont mené dans l'antre de Setes. Nous sommes entrés dans une habitation bien

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ŒKUR 193

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194 PREMIÈRE PARTIE : riNSTRUCTION DU FAUCON

gardée et avons descendu de larges escaliers dissimulés sous une trappe. Incroyable réseau souterrain ! Il est très différent de celui de Nashareth et de son Gigal. L'ensemble est plus compact, alors que chez nous tout est très grand et très haut. Nous avons descendu plusieurs niveaux pour en remonter presque autant. Était-ce pour me désorienter? Je n'ai rencontré aucun humain, seuls les soldats de mon oncle semblaient loger ici.

Ma mère avait raison, cette idée était mauvaise, très mauvaise ; je n'auraisjamais dû l'accepter. J'étais parmi mes ennemis, au cœur de leur principal repère. Seule la Source et mon extrême vigilance pouvaient me préserver d'un mauvais tour. Je n'étais certain de rien. En un rien de temps, Setes avait tenté de me piéger. Qu'allait­il faire de cette malheureuse ce soir, allait-elle me dénoncer suite à ses assauts de brutalité ? Mon oncle est connu pour son extrême violence. Le sentir près de moi me donnait la nausée, mais j'ai fait comme si de rien n'était. Pareillement pour les Anunnaki : ils sont carrément répugnants, avec leurs yeux flamboyants et leur odeur

23. Intérieur de I'Ekur. L'archéologue et historien Omer Demir, qui a travaillé sur le site, est convaincu que certaines parties de Derinkuyu remonteraient peut­être à la fin du Paléolithique (9500 1 9000 av. J.-C). Les plus anciens niveaux font près de 2,10 m de haut (taille maximum des Anunnaki), alors que les parties plus récentes sont plus petites (d'après Andrew Collins dans son ouvrage Nos ancêtres les Anges, pp. 275-276, éditions la Huppe, 2002, citant Cappadocia -Cradle of History, International Society for Investigation of Ancien Civilisations, Derinkuyu, Turkey, 1986). Avec une telle hauteur pour les passages les plus an­ciens, difficile d 'imaginer qu'on pourrait y rencontrer d'anciens "'dieux" Anunnaki non réels et archétypaux, une image dans laquelle certains voudraient les figer.

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particulière. Je devais tenir bon et me conformer à ce qui avait été décidé par le Conseil. J'ai été bousculé à maintes reprises lors de notre parcours et j'ai dû affronter bien des regards hostiles.

J'ai finalement intégré mes appartements. Aucune porte ne fermait mon logement, juste un épais rideau et deux gardiens bien armés pour le surveiller. J'étais piégé. À mon grand étonnement, 1 'intérieur respirait 1 'élégance et le confort. Le mobilier était en cèdre, et certains meubles portaient des incrustations en Nebu (or). De nombreuses petites lampes aux huiles odorantes créaient une atmosphère de paix et de recueillement.

Je voulus m'écrouler sur le lit, mais j'eus la mauvaise surprise d'y retrouver la femme qu'on m'avait offerte. Elle semblait m'attendre. Ses cheveux noirs étaient libres et tombaient en boucles sur ses épaules. Ils étaient couverts d'une résille en fil doré. Sur sa poitrine nue ruisselait un nombre infini de pierreries scintillantes. Deux bracelets en métal des Neteru (dieux) lui enserraient les avant­bras. Elle arborait une robe en lin largement fendue qui laissait deviner son intimité. Plusieurs de ses orteils portaient des bagues étincelantes. Cette humaine était trop bien parée, c'était une tenue qu'on lui avait rajoutée.

-Rhabille-toi, femme. - Si je fais cela, on me tuera, me dit-elle angoissée. - Personne ne te touchera, j'y veillerai. -Ne suis-je pas assez jolie pour toi, seigneur ? Sinon, pourquoi

m'aurais-tu acceptée? - Quel est ton nom ? -Altin (''image de vie'').79

-Bien Altin, chez moi, on ne touche pas aux femmes comme ici ou à Kalam. Les femmes sont comme ton nom 1' indique : précieuses.

79 AL-TIN, "image de vie" en sumérien. A/tin désigne de l'or en turc. Précision impor­tante, la langue turque fait partie des langues altaïques. Son origine est très ancienne et diffère totalement de celle du hittite (Nesili) qui appartient aux langues indo-européennes. Le turc a sans doute été véhiculé par des populations du Paléolithique supérieur, comme celle des chasseurs-cueilleurs du Moyen-Orient. Le turc était donc la langue parlée dans les plaines et les montagnes, c'était le langage du peuple. À ce titre, le Prof. Dr. Sükrü Halûk Akalm (chef de l'Institut de la langue Turque) stipule dans une étude concer­nant la langue turque (La langue turque : la langue du monde) : "D'autre part, grâce aux études comparées portant sur la phonologie et la morphologie et aux mots emprun­tés d'autres langues, on a enregistré des données importantes révélant l'âge de la lan­gue turque. Les 168 mots identifiés comme étant d'origine turque qui sont passés au su­mérien ont permis de développer l'idée que le sumérien et le turc ont le même âge".

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196 PREMIÈRE PARTIE: !!INSTRUCTION DU FAUCON

C'est à la femme de choisir son amant, et non le contraire. -Bien, Tanri (dieu},80 je t'autorise à me fréquenter. Te réchauffer

contre mon corps ne te fera aucun mal ! Si je n'avais pas perçu l'ombre de mon oncle et de ses Anunnaki

derrière cette Altin, j'aurais peut-être accepté son invitation. Mais j'étais un futur souverain à la recherche de sa reine, et non d'une nouvelle concubine. J'ai fait le tour de l'appartement en silence. Je voulais vérifier s'il ne s'y trouvait pas un cristal qui aurait pu nous enregistrer à notre insu. Je lui ai ensuite fait signe de poursuivre la discussion un ton en-dessous, de façon à ne pas être entendus. J'ai repris doucement :

- Je respecte ton invitation, mais tout ce qui se passe ici est contraire aux règles que je connais. Je suis là pour observer les mœurs de ton ancien maître, et je n'appartiens pas à son monde, pas plus que je n'obéis à ses coutumes.

-Tu es un Kingu (albinos royal) ou bien un réprouvé de l'Est, un Musahit ? a-t-elle demandé.

-Un Musahit81 ? Quel est ce nom ? -Il désigne ceux qui sont dans la montagne brillante de l'Est, les

reptiles observateurs, au teint clair comme la lune. -J'appartiens à la famille des Kingu, comme ton ancien maître,

lui ai-je répondu. Il existe différentes branches provenant des royaux. D'un côté les Imdugud et ensuite les Nungal de mon père. Les Nungal sont divisés en plusieurs clans chez nous. Il y a ceux de l'Ouest et ceux de l'Est. Ceux de l'Ouest portent le signe du loup, et nous les nommons souvent "Khentamentiu" (premier des Occidentaux), lesquels sont à la fois composés d'Urshu (guetteurs) et de Shemsu (suivants). Les Nungal de l'Est sont divisés en deux groupes, il y a tout d'abord ceux de Her-Râ, les Shemsu-Râ qui vivent au Sud-est, à Bun'd (Punt) et dans la nouvelle Dilmun, la E­Dilmun, qui se trouve à l'embouchure de Kem-Ur (la Mer Rouge); le deuxième clan de l'Est se trouve sur la montagne Igira non loin d'ici, en Kuram (Gorëme). Ce sont ceux que nous nommons les Adinu (éclairés), et que toi tu désignes sous le nom de Musahit (observateurs). Tous portent le signe du faucon. 80 TAN-R/6 , "guide libre" en sumérien. Tanri veut dire "dieu" en turc. 81 MUS-AH-fT, "Serpent(s) à la semence du clair de lune" en sumérien, donc un reptilien dont le gène ou la semence donne des êtres au teint clair comme la lune. Mü!jahit veut dire "observateur" en turc. Il est ici intéressant de trouver la particule sumérienne AH ("semence", "excrétion") alors que les veilleurs sont réputés pour s'être unis avec des humaines.

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I.:EKUR 197

- Tu es un Ban (serpent),82 fils de la magtctenne, la grande Tanriça (déesse) du Sud. C'est toi qui es né au cœur de la montagne sacrée. Tu es le faucon.

- Tu me connais ? Tu connais ma mère ? Altin se mit à sangloter et se jeta à mes pieds : -Pardonne-moi seigneur. Je n'ai eu qu'un seul rapport avec le

Seyhtanri, 83 mais cela a été suffisant pour que je ressente désormais beaucoup, beaucoup de choses ! Je porte la magie des anciens.

-Oui, je connais très bien cela. Et si je rn' étais uni à toi, tu serais devenue folle et moi j'aurais été contaminé par l'énergie de ton ancien propriétaire.

-Il y a près d'un an, j'ai été arrachée à ma famille et conduite ici pour servir Seyhtanri (Seth) et ses soldats dans le temple. Je suis maintenant maudite et je ne pourrai plus jamais retrouver les miens. Je vois loin, en dehors des perceptions ordinaires, et je sais que Seyhtanri te déteste plus que tout. Tu devras faire attention à toi.

-Rassure-toi pour ce qui est de ton état, je vais t'aider. Je sais où te mener pour te soigner. Fais-moi confiance.

-Mais c'est de toi dont je parle, fils de la sainte Tanriça (déesse), pas de moi.

-J'ai assez à faire avec tous ceux que je dois protéger, alors si je dois en plus m'occuper de moi.

-Il te faudra bien trouver quelqu'un pour se préoccuper de toi ... - Merci, j'ai ma mère ! Altin sembla hésiter, elle me regarda fixement, comme pour

vérifier si elle pouvait poursuivre la discussion : - Tu oublies les Dogan. Tu omets les Dogan dans ta liste des

enfants appartenant à la famille des Kingu (albinos-royaux). -Les Dogan? En langue de Kalam, DU-GAJV84 exprime une progéniture

empreinte du combat ou de la guerre. J'ai compris qu'il s'agissait des enfants des Adinu (éclairés), les fameux descendants maudits que nous nommons tout simplement "Neferu" (Nephil(im)) en Pays

82 IL-AN, "éminent du ciel" ou "brillant du ciel" en sumérien. Ydan veut dire "serpent" en turc. 83 $eyhtanri, litt. "chef-dieu" ou "dieu-souverain" en turc, que l'on retrouvera plus tard sous la forme turque Seytan ou Seyhtan, c.-à-d. "Satan" ; il s'agit de Enlil-Seth, l'ancien Sàtam (administrateur territorial) de Sumer. Une fois encore, la sémantique se montre implacable. 84 Précisément DU,-GAN, "porter le combat" ou "enfanter la guerre" en sumérien. Au­jourd'hui, Dogan veut dire "faucon" en turc.

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198 PREMIÈRE PARTIE :!:INSTRUCTION DU FAUCON

de Lumière. -Que veut dire ce mot dans ton langage ? lui ai-je demandé. -Je ne sais pas. C'est le nom qui leur est donné. Je n ' en sais pas

plus à leur sujet. -Dans mon pays, nous les nommons "Neferu". Sais-tu où les

trouver ? Je dois absolument les contacter. .. - Personne ne sait où ils se dissimulent. ~eyhtanri (Seth) les

pourchasse sans relâche. Nous savons juste qu'ils se cachent dans le désert et les montagnes.

-Connais-tu un certain Mishak le forgeron ? La femme semblait étonnée. -C'est le nom de notre forgeron, ici à Méligud. Je crois qu'il est

originaire de ton pays. - Pourrais-tu me mener à lui ? -Je le ferai si tel est ton souhait, seigneur. Altin me regarda avec dignité. Son sourire était tordu, présageant

de la gêne. Cette humaine possédait du sang noble, je l'ai senti rapi­dement. Du sang d'Ilan (serpent), comme le nomment les autoch­tones de ce plateau perché dans les montagnes. Ses manières, mê­lant délicatesse et raffinement, étaient celles d'une princesse, et elle faisait tout son possible pour le dissimuler. J'ai compris qu' Altin s'était trouvée dans ce temple, non pour assouvir les désirs sexuels des Anunnaki- d'autres étaient là pour cela- mais pour leur offrir son regard de vie, et faire présent de son sang à quelques élus. Les Anunnaki possèdent tous cette anomalie génétique, particulière­ment marquée ici, sur cette planète : ils ne peuvent pas se passer de viande animale ou du regard de vie des femelles qui possèdent le gène Gina'abul. Ce regard de vie leur permet d'endurer le KI (3e dimension) et d'y vivre. Altin, et d'autres de sa sorte, contri­buent à fixer les dignitaires Anunnaki dans la matière Urasienne (terrestre). Le gène Amasutum mêlé à celui des humaines semble encore plus efficace pour les Anunna d 'Uras (la Terre) que celui de nos femelles pure souche.

Je lui ai proposé de rn 'accompagner à la fumeuse soirée organisée en mon honneur. De cette façon, mon oncle croirait que je m'étais accouplé avec elle et que je l'avais choisie comme concubine. C'est sans doute ce qu ' il avait prévu. Mais pourquoi ? Je devais le découvrir rapidement.

J'ai soulevé le grand rideau et demandé aux gardes de quoi

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I..:EKUR 199

habiller dignement Altin. Peu après nous furent apportées de lourdes robes de cérémonie, ornées de broderies et de pierres précieuses. Altin choisit la plus immaculée d'entre elles, mais aussi la plus inconfortable. Ces vêtements semblaient avoir servis à des Amasutum plutôt qu'à des humaines, généralement plus petites. Mais ils lui allaient parfaitement, tant elle était grande. Ce fait me confirma doublement son gène Gina' abul.

La robe fut fermement ficelée par mes soins pour s'ajuster convenablement au buste de la pauvre femme. Altin me lança que selon les conceptions des Anunnaki, il fallait souffrir pour être jolie, et que nous allions faire baver Seyhtanri (Seth) d'envie. Elle se maquilla fortement les trois reflets, les yeux, les mains et les pieds, et attacha de lourds joyaux à son cou et à ses poignets : "Cela le rend paraît-il dingue" me dit-elle amusée.

-Tu sembles connaître les coutumes Amasutum, lui ai-je lancé. -J'ai beaucoup appris ici, répondit-elle gênée. Les gardes nous ont invités à quitter les lieux. Leur groupe

nous a emboîté le pas en direction du banquet. Nous avons monté plusieurs étages pour nous retrouver à l'extérieur, sous le large toit d'une demeure communale. La fête allait se dérouler ici. Mon oncle nous fit bonne réception et nous invita à nous asseoir à ses côtés. Il ne put s'empêcher de loucher sur Ahin qui ne daigna même pas le regarder, mais il ne le prit pas bien. Je m'attendais à un retour de bâton ; je restais donc sur mes gardes.

Des serviteurs humains vinrent allumer des lanternes en argent. Une senteur chaude et inconnue planait dans les airs. Attin me dit qu'elle n'existait pas dans mon pays et qu'il s'agissait de l'essence d'un arbre des montagnes, du Sedir (cèdre), appelé "Erinu" à Ka­lam. Mon père, Asar, connaissait bien cette odeur des montagnes du Dukug. Nous étions cernés par des Anunnaki et par quelques dignitaires Gina'abul que je ne connaissais pas. Il y avait là une poignée de femelles Gina'abul, sans doute des descendantes issues d'unions entre les Anunnaki et les Ama'argi. Peut-être se trouvait­il parmi elles des humaines au sang Gina'abul. Nous étions près d'une soixantaine d'individus autour d'une grande table rectangu­laire. Une tête dépassait de l'ensemble: celle d'un Usumgal (Dra­gon) ; sans doute 1 'un de mes arrière-grand-pères. Ses yeux rouges comme la braise me fixaient avec obstination. Il était vêtu de blanc et de rouge, comme mon grand-père ltemu (An). Ninurta le guerrier

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200 PREMIÈRE PARTIE: I.!INSTRUCTION DU FAUCON

et fils de Setes se trouvait à ses côtés. L'Usumgal prit le temps de me saluer de loin d'un hochement de la tête. "Tu connais Ansar? Il a fait le déplacement de Deser (Mars) pour te rencontrer", me lança le ~eyhtanri. Dès cet instant, je sus que toute cette mascarade sentait le guet-apens et qu'il me faudrait vraiment garder mes Sagra (chakras) fermés sous peine de me trahir à travers mes pensées. Altin possédant partiellement 1 'énergie de mon oncle, je lui ai de­mandé à l'aide du Kinsag (télépathie) de ne penser à rien. Elle fut la proie d'une certaine agitation intérieure. J'ai dû improviser une discussion :

-Tu as bien installé tes Anunnaki, mais pourquoi ici ? - Et pourquoi pas ? J'ai quasiment tout le temps vécu dans

les montagnes. La situation de ce site, et sa topographie sont remarquables; c'est un plateau situé en hauteur. Nous avons creusé ces tunnels et cette cité pour nous préserver de Arit-Kheru (l'œil du son) et du débordement des eaux. Regarde, Kalam (Sumer) et une bonne partie de Kemet (1 'Égypte) sont sous les eaux et la boue. Cet Ekur souterrain est aussi un lieu stratégique placé entre Kalam où j'ai de nombreuses terres, et Kemet, où An-ltemu réclame ma présence et où certains territoires me reviennent de droit.

En formulant ces mots, Setes m'avait provoqué, mais je fis comme si de rien n'était pour préserver notre entente du moment. Si les événements devaient se compliquer, cela ne devrait surtout pas venir de moi. Il n'avait ce faisant pas voulu évoquer ses travaux d'excavation en Kuram (Gorëme). Pourquoi donc ?

- D'autres cités cachées existent non loin au Nord, en Kuram (Goreme), mentionnai-je. Pourquoi creuser autant de villes souter­raines?

Setes semblait ennuyé : -Simplement pour préserver tous nos semblables dans l'éven­

tualité d'un nouveau cataclysme. Tu vois, nous ne sommes pas des ingrats, contrairement à ce que ta mère imagine et colporte.

-Pourquoi avoir accepté la présence d'autres Adinu à deux pas d'ici?

- Ces anciens fidèles de ton aîné se sont joints à nous pour établir une paix durable. N'est-ce pas une chose admirable, et un bel exemple à suivre ?

-Tu as confiance en eux? Ne sont-ils pas ici pour te surveiller et faire des comptes rendus à mes tantes ?

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CEKUR 201

- Ils sont de leur côté et nous du nôtre, et ça marche ! Je doute qu'ils jouent à ce genre de choses.

-Je crois qu'ils sont aussi là pour surveiller la trajectoire d' Arit­Kheru (l'œil du son) ... Il y va de la survie des Neteru (dieux) et des humains, précisai-je encore.

- Nous sommes tous des veilleurs du ciel ici, Anunnaki et Nungal ! répondit Setes, énervé. Nous n'avons pas besoin des observations de Ninmah et de ses illuminés ; nous avons tout le matériel nécessaire pour scruter le ciel. Tout ça n'est qu'une fumeuse plaisanterie. ltemu (An) ne savait plus quoi faire de cette folle, alors il lui a accordé ce rocher à l'Est, plus quelques doux dingues pour la supporter. Elle a toujours voulu se rendre intéressante.

-Et ses Adinu se sont mélangés avec des humaines, formant ainsi des êtres à part, plus grands que toi, que moi, que les Anunnaki, et que les Nungal. Ce sont de fiers guerriers, paraît-il, des hybrides qui te donnent bien du fil à retordre ...

- Des bâtards, ils crèveront tous les uns après les autres ! Acculés par mes traques et attaques, il est possible qu'ils cherchent un jour à te contacter. Ne leur parle sous aucun prétexte. Tu prendrais le risque d'affronter le courroux d'ltemu et des Usumgal.

-Pourquoi ferais-je cela, mon oncle, et que m'apporteraient-ils donc? J'ai déjà bien assez à faire dans le pays de Kemet.

- Tu devrais plutôt te joindre à moi, reprit mon oncle. Regarde toutes les splendeurs que je t'offre.

D'un geste, Setes me montra ses différentes concubines, elles étaient toutes installées à part, à 1' extrémité de la gigantesque table. En étant plus attentif au lieu, je pus découvrir toutes sortes de biens matériels provenant de Kemet, Kalam, Sti et Bun'd. Ne me voyant pas réagir, Setes avait décroché et toute son attention s'était désormais portée sur le sexe féminin, objet d'un légendaire intérêt. Ses lèvres se tordaient silencieusement alors que son regard fixait Altin avec gourmandise. Il avala sa salive.

-Tu n'es pas accompagné, mon oncle? Ton épouse Ninlil n'est­elle pas à tes côtés ? lui ai-je alors demandé.

- Ninlil ? Laquelle, mon neveu ? Je te l'ai dit : pourquoi avoir une femme, alors que je peux en posséder des centaines ?

L'assemblée se mit bruyamment à rire et à taper en cadence sur la table à l'aide des couverts. Les plats se faisaient largement attendre.

-J'ai eu beaucoup de femelles, Heru. Aucune ne me convenait;

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202 PREMIÈRE PARTIE : riNSTRUCTION DU FAUCON

alors ici, toutes les femmes sont à moi. Sauf, bien entendu, celle que je t'ai donnée et qui semble avoir tes faveurs. Ta parure te plaît­elle, femme ? Comment te nommes-tu, déjà ?

- Altin, grand Seyhtanri. Oui, c'est une belle robe. Je te remercie de m'avoir prêté ce royal ensemble.

- Royal, tu peux le dire ! Prends-en bien soin. Tu n'as pas choisi le plus commun d'entre eux :plusieurs de mes épouses l'ont porté avant toi. Je connais chaque recoin de cette toilette. Je les ai toutes possédées dans cette robe. Ma divine semence l'a sûrement imprégnée, ajouta-t-il amusé.

Altin fut fortement troublée et sa main se mit à trembler sur la table. Nous devions faire semblant d'être unis, j'ai donc posé ma poigne protectrice sur la sienne. Elle sembla se calmer sur le moment. Les yeux de mon oncle se mirent à briller.

-La première d'entre elles à la revêtir se nommait ... Je ne sais plus ... C'était il y a si longtemps. Cette toilette a des Limamu (millénaires), et a maintes fois été restaurée.

- Ninmah? ai-je demandé agacé. - Non, peu après cette aliénée qui a par ailleurs fini dans les

bras de mon père Sa'am, Enki le mal nommé. Après ou pendant cette histoire, je ne sais plus. En tout cas, Enki et Ninmah se sont beaucoup aimés, c'est connu. J'espère que tu n'es pas crédule, fils d' Aset. Celui que vous regardez tous chez toi comme étant ton géniteur, a trempé sa queue des milliers de fois avant de cloner votre sainte Meri (bien-aimée) ! Mais impossible pour lui de procréer par lui-même ; il n'a aucun enfant légitime, que des milliers d' Alagni (clones), dont certains prétendent être ses enfants, ainsi que des millions d'Adam (animaux) issus de ses actes .. .

-C'est justement parce qu'il a été chaste .. . -Lui? Tu plaisantes ! Il était stérile, c'est pourquoi il n'a eu que

des bâtards d' Alagni. - Et toi, es-tu son fils légitime, ou bien justement 1 'un de ses

nombreux bâtards d' Alagni ? On s'y perd, mon oncle ! - Ne prends pas ce ton avec moi, petit. Ça y est, ça me revient,

c'était sur Deser (Mars) ... -C'est bon ! On s'en fiche de ces salades-là ! fut ma réaction. -Cette robe appartenait à celle que j'ai épousée sur cette planète,

et qui m'a beaucoup aimé - une certaine Sé'et, fille de ma mère Nammu.

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rEKUR 203

Il me fallut beaucoup d'énergie pour me retenir et ne pas bondir sur ce tyran, là, en plein banquet, au beau milieu d'une horde d' Anunnaki prêts à me sauter dessus. C'est à ce moment-là que ma mère a tenté, une fois encore, d'entrer en contact avec moi à l'aide du Kinsag (télépathie). Je l'ai suppliée de me contacter plus tard. Le maître des lieux ne sembla rien avoir capté.

- Je vois bien qui est cette très ancienne Amasutum, ai-je répondu. Pourquoi me parler d'elle avec autant de délectation, mon oncle ? Vivrais-tu dans le passé ?

Setes était embarrassé. Son attaque n'avait pas fait mouche. Le bruit des couverts avait redoublé d'intensité. Les Anunnaki avaient faim ! Mon oncle fit un signe en direction du fond de la salle. Des gros plats fumants firent leur apparition sous un tonnerre d'applau­dissement et de cris de joie. C'était du porc, du Sah, en langage de Kalam. Ma tante Serkit-Ninmah a modifié génétiquement cet animal afin de faciliter sa domestication et nourrir ainsi les Anunna d'Uras.85 Le Sah est une vieille espèce connue des colonies Gi­na'abul, et sa version sauvage et primitive fut introduite ici par les ethnies planificatrices. Ma mère m'avait révélé que Ninmah avait réalisé cette transformation de façon à tempérer Je goût des Anunna pour la chair humaine, celle des Adam (animaux). Les Anunnaki ont consommé de 1 'humain pendant des millénaires afin de pou­voir contenir la fréquence du KI (3D) et de pouvoir y vivre. Mais ce procédé demandait beaucoup trop de sacrifices. C'est pourquoi on eut l'idée de domestiquer cet animal pour sauvegarder la lignée Anunnaki. Dans la conception Anunna, Je porc est la nourriture des Neteru (dieux) ! La consommation de l'Aq (menstrues) est plutôt réservée aux hauts dignitaires Gina'abul. Mélangé avec du Nebu (or), J'Aq des Amasutum et des femmes hybrides humano-Gi­na'abul permet de renforcer le système immunitaire du Gina'abul qui en prend et de prolonger sa vie.86

Un morceau de choix me fut présenté, mais l'assiette d'Altin resta vide. Je souhaitais honorer Je festin, mais pas avant que ma protégée fût servie. Altin fut finalement servie en dernier, juste après les diverses Amasutum et concubines du maître des lieux. 85 C'est sans doute la raison pour laquelle le porc était associé au domaine de Seth chez les Égyptiens, Seth endossant lui-même cette apparence dans certains documents, notamment lorsqu'il prend une allure guerrière ou néfaste ... 86 Voir à ce propos la note de Nora Parks intitulée "le Fruit de l'Arbre" (cf. dossier de fin d'ouvrage).

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204 PREMIÈRE PARTIE : I.:INSTRUCTION DU FAUCON

Lorsqu'elle souleva le plat, une tête humaine ensanglantée apparut. Altin fit un bon en arrière et poussa un cri terrible. Les Anunnaki s'arrêtèrent de manger et se mirent à s'esclaffer. Mon oncle se leva et jeta un regard étonné sur le plat :

-Voilà qui est fort déplaisant, j'ai ordonné l'exécution de cet humain, mais voilà qu'il se retrouve dans ton assiette.

- Comment oses-tu nous faire cet affront, Seyhtanri (Seth) ? -Je t'assure n'y être pour rien, fils de Meri ! -Qui est cet homme ? ai-je demandé. -C'est. .. C'est notre forgeron, Mishak, réponditAltin en larmes. Je voulus avoir plus de précisions : - Quelle a été la faute de cet humain pour finir ainsi ? -Il s'apprêtait à me trahir, me répondit mon oncle. Les traîtres

subissent tous ce sort ici, tout le monde le sait. - Seyhtanri, je doute que nous restions ici plus longtemps.

J'attendrai tes excuses, au risque de passer la nuit chez toi pour quitter ces lieux dès demain.

Tous les regards se tournèrent avidement vers nous tout à cette aubaine : celle de nous voir, mon oncle et moi, nous quereller. Le temps était comme suspendu. J'ai saisi Altin par le bras et nous avons quitté la salle du banquet dans un silence glacial. Setes demanda à plusieurs de ses gardes de nous reconduire à nos appartements. Altin était sonnée et silencieuse. J'avais de la peine pour cette humaine, car j'avais compris qu'elle connaissait ce forgeron.

De retour dans notre chambre, j'ai étendu Altin sur le lit et me suis mis à l'écart pour faire le point. J'étais très énervé. Comment Setes savait-il que je comptais parler à cet humain ? Sans doute avait-il été tué pour cette raison. Meri fit une nouvelle incursion mentale. Elle me somma de lui répondre et de lui laisser voir ce que je faisais. Je me suis levé et j'ai secoué Attin qui semblait somnoler. Je ne pouvais la regarder en face, sous peine que ma mère l'aperçoive sans que je le veuille. Je lui ai fait signe de se changer rapidement. Il ne fallait pas qu'elle soit vêtue de la robe que ma mère avait peut-être connue dans sa précédente vie, alors qu'elle était captive de mon oncle.

-Alors ça vient, Heru? me dit Aset à l'aide du Kinsag (télépa­thie).

-Oui mère, laisse-moi le temps de reprendre mes esprits. Je suis dans mes appartements et je me repose, le rendez-vous de ce soir

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s'est mal passé. - Comment cela, mal passé ? Laisse-moi regarder ton logement,

me demanda Aset. J'entendais 1 'humaine batailler avec sa robe, mais je ne pouvais

malheureusement pas l'assister. De son côté, Altin ne devait pas comprendre grand chose étant donné que je communiquais avec ma mère à l'aide de la pensée.

- Que me caches-tu encore Heru ? Vas-tu enfin ouvrir tes yeux ? La bataille entre Al tin et le vêtement royal semblait avoir pris fin ;

plus un bruit. J'entendis l'humaine me souffler : "Ça y est". J'ai donc ouvert les yeux en démarrant le balayage de l'appartement à partir de l'entrée. Ma mère me fit la réflexion que c'était plutôt "moyen". Lorsque mon regard se fixa sur mon lit et 1 'humaine, mon sang se glaça d'un coup: Altin était totalement nue, et me regardait hébétée. Les contours sensuels de son corps révélaient une peau frissonnante de désir. J'ai tout de suite baissé les yeux tout en lui faisant signe de se rhabiller. Mais elle ne comprit manifestement nen:

- Eh bien, je suis là, devant toi, me dit-elle. La réaction de ma mère ne se fit pas attendre : -Par la Source, Heru ! J'en étais certaine ! Tu n'as donc pas

assez de tes trois filles de joie pour devoir te débaucher en plus avec des humaines ! Tu es aussi décadent que Setes ! Laisse-moi regarder cette femme. Laisse-moi l'observer,je te l'ordonne!

Repousser une communication télépathique d'A set, alors que cette dernière souhaite la poursuivre, produit un mal de crâne effroyable. Impossible de résister. Je fixai à nouveau l'humaine tout en grimaçant- "C'est là un jeu étonnant que je ne connais pas. Mais il m'amuse beaucoup", me lança Altin attisée par ce divertissement inconnu. La femme se jeta sur moi, ses lèvres effleurèrent mes yeux comme des ailes de papillon et elle écrasa sa bouche sur la mienne tout en me fixant de ses yeux en amande. Soudainement, et contre toute attente, la voix de Meri sortit de ma bouche avec force, sans que je puisse la contrôler :

-Pauvre humaine ! Comment oses-tu t'approcher ainsi de moi, et vouloir t'unir avec un Neter. Recule, incline ton regard, et ne me touche plus, sinon je te tue sur-le-champ !

Attin se blottit dans un coin de l'appartement, la frayeur ayant tétanisé tout son corps :

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206 PREMIÈRE PARTIE: l!INSTRUCTION DU FAUCON

-C'est de la démence ... De la magie! Ta voix n'est plus du tout la même. Pardonne-moi, seigneur, me supplia-t-elle.

Ma mère n'était plus là, sa voix s'était tue en me laissant une sensation de malaise et de tristesse. Je repris doucement mes esprits.

-C'est à moi de supplier ton pardon, lui ai-je dit. Ce n'était pas moi qui parlais. J'ai juste tenté de te faire comprendre qu'il fallait changer de vêtements. Je suis navré.

-Ce . .. Ce n 'était pas toi . . . Mais alors qui parlait en toi de cette manière?

- Ma mère, tout simplement, ma mère ... -Ta mère ? Alors si je te touche, je ne risque rien, n'est-ce pas ? -Non, bien entendu . . . C'est ainsi qu'Attin m'accorda une gifle royale, ce qui eut pour

effet de me tirer définitivement de ma torpeur. La nuit ne fut pas fameuse. Attin s 'était blottie dans un coin du

lit, et je rn ' étais retrouvé au fond de la pièce, sur un siège en bois. J'avais passé tout ce temps à réfléchir. Le lendemain matin, j ' ai levé le lourd rideau et nous avons été menés à l'extérieur. Setes n'était pas là, et c'est son fils Ninurta qui nous a accueillis. Ninurta est un guerrier redoutable, et je sais que je finirai par le rencontrer un jour sur le champ de bataille.

- Je serai votre guide pour aujourd'hui, me dit Ninurta. - Où est donc ton père ? lui ai-je alors demandé. - Il est actuellement occupé - il sera là demain, sans doute. -Je n'aurai donc pas ses excuses. - Non, je doute qu'il t'en fournisse, tu le connais mal. -Si, je le connais très bien, je pensais qu'il avait changé. Cette phrase était naturellement sortie de ma bouche, sans

comprendre pourquoi j'avais dit une telle chose. Je ne connais pas mon oncle, ou si peu, et seulement à travers ce qu'on rn ' en a dit.

J'ai réclamé que la porte du domaine soit ouverte pour que nous puissions nous en aller. En longeant les demeures, nous avons dé­couvert une femme enfermée dans une cage. Il s'agissait de l'hu­maine avec qui le Seyhtanri avait passé la nuit. J'ai demandé à Ninurta ce que cette femme faisait là, et il m 'a répondu qu'elle attendait d'être exécutée. Attin s'est jetée à mes pieds pour que je la fasse libérer. J'ai exigé de Ninurta de pouvoir repartir avec la captive : "Ton père me 1 'avait offerte, mais je 1 'avais refusée. Je la réclame en dédommagement de 1 'outrage que ma protégée a subi

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hier soir en public". Ninurta était ennuyé. Je lui ai demandé ironi­quement s'il avait ici une influence quelconque ou si c'était unique­ment son père qui prenait les décisions. Ninurta a donc décidé à la place du grand Seyhtanri. La prisonnière fut délivrée d'un signe.

J'étais entré seul dans le domaine de mon oncle et nous en ressortions finalement à trois. Dès notre arrivée dans le camp des suivants, le campement fut démonté en toute hâte ; les différents clans se divisèrent et les Khentamentiu nous embarquèrent dans un ancien Maga'an (vaisseau cargo). Nous avons filé vers les terres australes. Kemet est pratiquement en ligne droite vers le Sud. L'Ekur de Setes possède un emplacement éminemment stratégique à quelque distance de nos domaines ...

L'humaine s'était blottie contre Altin; impossible de lui soutirer une information. J'étais ennuyé de devoir loger ces deux femmes chez nous, à Nashareth. Ma mère allait encore me faire une crise. J'ai ainsi décidé de les déposer à Aset-Heh (Dendérah), où elles seraient purifiées et où elles pourraient récupérer.

J'ai alors rencontré Nebet-Aha, la matriarche de Aset-Heh. Je lui ai confié les deux femmes en lui intimant d'en prendre soin comme de ses propres filles. À ma grande surprise, elle ne semblait pas enthousiaste. Je lui ai précisé qu'elle n'avait pas le choix. Je lui ai également interdit de mettre mes protégées en contact avec les pierres noires de l' A'akhet (Mu/ge, la colline de l'horizon), lesquelles ne m'inspirent toujours aucune confiance. Nebet-Aha m'a répondu ironiquement que seules des saintes pouvaient les approcher et qu'elle ne mettait pas ces pierres en présence de n'importe qui. Elle a également indiqué que je ne devais pas redouter ces fragments du fait que leur résonance était semblable à la mienne.

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ze partie

"" LE REVEIL DU

FAUCON

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1

LE BAPTÊME

''J'ai été purifié le jour de ma naissance dans le grand lac de Natron où résident Râ et la Justice". <l3l

Le Livre des Morts, extrait du chapitre 17

Nous étions tous autour de l'enceinte de Bit-Râ-Hem. L'eau de la fosse avait été évacuée par 1 'intermédiaire des bassins inférieurs. Plus bas, l'élément liquide envahissait toujours la plaine. Des planches en bois avaient été étalées sur le sol boueux pour nous éviter la glissade. J'étais entouré de regards bienveillants, mais je restais nerveux en faisant mon possible pour le dissimuler. Jour après jour, je fais tout pour ne pas faillir et causer la ruine de la Mère du Trône. Et cela demande beaucoup d'énergie.

Le soleil avait percé les nuages, et mon frère Sabu (Anubis) nous annonça que c'était un signe favorable. Ma mère ne cessait de me frôler, comme pour garder un contact constant avec mon corps. Ses gestes étaient attentionnés, trop sans doute pour le futur souverain que je suis. Comme bien souvent, Nebet-Hut (Nephtys) était flanquée de deux gardes et affichait un sourire tordu. Ma personne faisait l'objet d'une contemplation muette de sa part. Ma seconde mère me dévore souvent silencieusement des yeux, tout en conservant une expression de toute puissance sous son regard fardé. Djehuti (Thot) garde un œil sur elle, il sait qu'elle est parfois totalement imprévisible.

- C'est risqué, Heru, la descente n 'est pas praticable, dit ma

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212 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

mère. Tu n'es pas obligé de faire cela. Je ne suis pas tranquille. Je pressent quelque chose de néfaste.

-Si je ne le fais pas, les Shemsu et les Urshu n'auront jamais pour moi les égards que je mérite.

- Ce rite aurait dû s'effectuer à Ta-Ur (Abydos), au cœur de l'Enkhu'ur (l'Osireion) d'Asar. Je me sens impuissante sur ma propre terre, me dit-elle doucement.

- Mère, cela aurait impliqué une demande spéciale auprès des prêtres de Ta-Ur, et nous aurait contraints à nous expliquer auprès d'Itemu (An). Je me réserve l'Enkhu'ur pour une autre occasion, fais-moi confiance.

On m'avait préparé à ce rite étrange. Ma mère m'en avait parlé plusieurs fois. Il s'agit d'une métamorphose corporelle et spirituelle qui nécessite un passage par l'eau des abîmes, en vue d'effacer les souillures de ses anciennes vies et de la présente. L' eau de la fosse de Bit-Râ-Hem pouvait tout à fait jouer le rôle du Nun (l'océan primordial). Tout futur souverain doit se soumettre à cet usage du bain sacré dans une eau qui figure celle des origines. Il s'agit d 'un ancien rite Amasutum que plusieurs branches Gina'abul ont adopté depuis la nuit des temps. Mon père avait connu une forme de purification lorsqu'il était devenu l'époux de la grande Nut (Nammu), mais ce rite se pratiquait à deux, en couple. Comme je n'avais pas encore trouvé ma reine parmi mes trois concubines, je devais effectuer ce rituel plutôt que l' autre.

Rien de très compliqué ne m'attendait, juste une purification par immersion qui devait finir par une confirmation solennelle agrémentée d'une onction sacrée. Plusieurs officiants devaient m'attendre en bas, dont mon aîné Her-Râ.

-Râ t'accueillera dans la fosse, reprit Meri. Il doit rester de l'eau en-bas, il te faudra sans doute nager jusqu'à lui. Mais pense bien à t'immerger totalement. Tout devrait bien se passer.

- Ne m'en dit pas plus, tu vas gâcher mon plaisir, lui ai-je répondu.

- C'est le jour de ta renaissance, Hern, me lança Nebet-Hut (Nephtys) . Ne le prends pas à la légère, ce jour est celui de ta grande métamorphose. Ton âme, après sa lutte contre sa nature animale, deviendra lumineuse et éveillée. Tu vas frapper les esprits aujourd'hui. Donne-moi ton cristal, mon fils.

-Ce n'est qu'un rite paisible ma sœur, rien qui vaille la peine de

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LE BAPTÊME 213

prendre ce ton pédant, objecta Aset. Mais oui, Heru, tu ne devrais pas avoir besoin d'Uatch. Ton aîné n'apprécierait pas que tu sois armé. Remets-le plutôt entre mes mains.

Meri lança un sourire à sa sœur, et Nebet-Hut fit de son mieux pour lui rendre sa politesse. J'ai remis mon cristal à ma mère et j'ai quitté ses bras protecteurs pour m'engager sur le pont qui mène à l'entrée de Bit-Râ-Hem. Empruntant quelques marches sur le côté droit de l'entrée,j'ai pu descendre sous la passerelle en pierre et me glisser dans le couloir hydraulique de la terrible machine qui m'a enfanté. C'était effectivement glissant ! Après avoir parcouru plus de la moitié du couloir en courbant le dos, je me trouvai finalement au contact de l'eau, ce qui m'empêcha d'aller plus loin. Il s'en dégageait une odeur de poisson pourri ! Et c'est à la nage qu'il me fallut poursuivre mon chemin. Uatch, j'ai plongé dans cette eau noire et immonde, mais tu n'étais pas avec moi. La balade à laquelle je m'attendais ne fut plus qu'un souvenir.

24. Ce dessin de l'entrée de la Grande Pyramide nous révèle la présence d'une porte (au­jourd'hui murée) et de l'entrée officielle qui ne serait qu'un couloir descendant, hydrau­lique selon moi, qui menait vers la chambre souterraine (pour plus de précisions, voir Le Tes­tament de la Vierge). © Fondation Horus

J'ai plongé dans le grand noir. Mon gène Abgal me fut d'un grand secours: grâce à lui je peux voir sous l'eau. Après quelques brasses, je fus enfin dans la fosse souterraine. Une lueur, pareille à celle d'une bougie, illuminait faiblement l'abîme. Elle provenait du palier en pierre sur lequel se trouvait Râ en même temps que trois silhouettes. Je m'apprêtais à me hisser sur l'îlot lorsque ma cheville fut broyée avec une force incroyable alors qu'on me tirait vers le fond de cette eau malodorante. Les muscles de ma poitrine se contractèrent. J'avais eu le temps de respirer à pleins poumons au milieu des ténèbres, juste avant que le Nun liquide m'engloutisse.

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214 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

La première chose qui me vint à l'esprit était que cette attaque ne faisait pas partie du rituel. ..

La chose m'avait relâché. Elle m'avait expédié un coup sur la tête qui me fit sombrer davantage dans l'abîme. Frappé de terreur, je fis face à mon agresseur, c'était un seigneur de l'Iuter-A'a (le Nil), un énorme crocodile. Ses redoutables mâchoires ne cessaient de se refermer en brassant l'élément liquide; il était très agressif et générait de violents remous. Le monstre était vorace, et il devait à coup sûr avoir été affamé. La seule solution était d'aller au-devant du péril, de me plaquer contre son dos et de lui maintenir ses formidables mâchoires fermées. Il se mit à onduler et à se débattre avec acharnement. Je ne devais à aucun prix le lâcher sous peine de lui donner l'opportunité de me déchiqueter d'un coup de dent. Je doute que mon immortalité me soit ici de quelque secours.

J'ai pensé à ma mère et au choc qu'elle allait subir en apprenant la nouvelle. Mes pensées rn' ont sans doute trahies, car Aset tenta d'établir le contact à l'aide du Kinsag (télépathie). Elle ne cesse d'être connectée à moi. Impossible de lui répondre, je ne pouvais que lui transmettre mon effroi. La lutte était inégale, le reptile fai­sait plus de deux fois et demie ma taille. Son essence était celle de la mort. Les leçons de combat de Nebet-Hut ne m'étaient d'aucune utilité. Il me fallait tenir ferme, mais j'étais accablé de fatigue. Il ne me restait qu'une seule solution, la plus radicale et la plus abrupte de toutes : celle d'employer le Niama (la force vitale), la puissance qui sommeille en moi et qui ne m'avait jusqu'ici servi qu'à faire des tours amusants ou à changer ma physionomie. Pour la première fois, je devais l'utiliser pour supprimer une vie ! J'ai pensé à mon père et à l'épisode où il dut venir à bout d' Abzu-Abba. Ugmu, l'effroyable cri de la mort immédiate, est la seule solution dans ce genre de situation désespérée. Employer Ugmu allait obligatoire­ment transformer ma vie. Lorsque cette porte est ouverte, elle ne se referme plus jamais. Naïvement, j'avais pensé ne jamais devoir m'en servir, pas aussi vite en tout cas, et pas aussi stupidement. Impossible d'attendre plus longtemps, l'animal ne voulait pas re­faire surface, et j'allais cruellement manquer d'oxygène. Allais-je pouvoir employer U gmu sous 1 'eau ? Je n'avais plus le temps de me poser la question. Le cri de la mort immédiate sortit de ma bouche comme la foudre, et le crocodile cessa instantanément le combat.

Je refis surface et m'accrochai à l'îlot en pierre. J'entendis

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LE BAPTÊME 215

ensuite une voix proclamer : "Approche, fils de la Lumière. Ta naissance solaire s'effectuera en même temps que tu sortiras de l'eau primordiale". C'était la voix de mon aîné, celle de Her-Râ. J'étais faible. Ma lutte et l 'utilisation d'Ugmu m'avaient exténué. Je souffrais terriblement de la cheville ; impossible de me redresser. Le grand Râ dit alors d'un ton plus bas : "Allez l'aider à se lever". À cet instant, le Nun liquide s'est vidé dans un fracas assourdissant par 1 'écoulement sud. Deux prêtresses se sont approchées et rn' ont soulevé. La voix de Meri a retenti derrière moi. Ma mère avait dû passer par l'entrée principale et descendre les marches qui mènent à la chambre hydraulique.

-Par la Source, qu'avez-vous fait ? Vous avez profané par le sang ce sanctuaire qui incarne la vie !

- Divine mère, tu perturbes ce rite, ainsi que ce jour de la renaissance, a lancé Râ.

- Je ne connais pas ce rituel du sang. Tu as osé faire cela, ici, dans ma demeure. Ton outrage est très grave !

-C'est un baptême par la mort. Ton fils a détruit ses souillures pesantes et il a vaincu le monstre de l'abîme. C'est désormais un véritable Neb (seigneur) et il est porteur du titre de vengeur de son père.

- Achève ton rituel et quitte les lieux, fils de Nut (Nammu), ajouta Meri d'un ton autoritaire.

-Qu'il en soit ainsi, ma sœur. Aset se trouvait au pied du bloc de pierre massif, au beau milieu

du honteux carnage. Nebet-Hut et Sabu (Anubis) étaient à ses côtés. Le cadavre de l'animal n'était pas loin. Il semblait intact, seuls ses os et ses entrailles avaient été détruits par le choc. Les deux prêtresses me menèrent auprès de Râ. Mon aîné annonça d'un ton assuré:

- Geb-terre t'a enfanté. Tu es le soleil qui a germé dans le noir. Ton Ba (âme) est dépouillé de toute souillure. Le Ba est nu lorsqu'il a atteint l'absolution des péchés. Ta renaissance fait de toi une parcelle de lumière. Dépouille-toi de tes vêtements.

Les deux prêtresses m'ôtèrent mes vêtements. Je reconnus Bastet et Tefnut, deux de mes concubines. Mersegrit était auprès de Râ et tenait une cruche entre ses mains. Les deux prêtresses me débarrassèrent de ma tenue et me revêtirent d'une tunique immaculée, tissée avec du lin très fin. Râ reprit:

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216 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

Ma'akheru (justifié), te voilà débarrassé de tes impuretés terrestres ! Tu portes la marque de la gloire. Que la sainte onction te procure la puissance et qu'elle régénère ton corps ! Que les huiles de l'acclamation te soient versées sur ta tête !

Mersegrit me déversa délicatement le contenu de la cruche qui procure la puissance et régénère le corps. Je fus glorifié, et les quatre officiants clamèrent mon nom occulte : Neb-Heru (le seigneur Horus) ! Bastet se chargea de l'inscription de mon nom secret dans un cristal, ce qui eut pour rôle de sceller la cérémonie. "Que tout le monde sorte de ma demeure, sauf toi, Sabu (Anubis) . Et quel 'on retire ce pauvre animal. Je m'occuperai de sa dépouille plus tard", lança Meri. Elle commanda aussi à Nebet-Hut de rester quelques instants.

- Ma sœur, étais-tu informée de ce qui attendait notre futur roi dans le Nun ? demanda ma mère.

- Oui, ma sœur. -Cette idée venait de toi, bien entendu ... - Oui, ma sœur. Mais, ne prends pas ce ton. J'aime Heru tout

autant que toi. Que risquait ton fils, lui qui possède la maîtrise du Niama (force vitale)? Il risquait tout simplement de ne pas l'utiliser, et donc de nous montrer sa faiblesse. Maintenant qu'il a prouvé à tous sa valeur à travers cette prouesse, ton fils sera regardé comme un souverain et non comme un enfant faible.

-Râ était ton complice ... - Oui, il l'était. Tu devrais le remercier. -Ce que tu n'as pas compris, c'est que contrairement à toi, Râ

aurait secrètement souhaité que Heru échoue. - Par la Source, la Grande Aset voit le mal partout ! Grâce à

nous, ton fils va pouvoir consolider ses liens avec les Khentamentiu d' Asar et les Shemsu de Râ. Il est pratiquement sur le trône de Kemet. Il lui faudra juste trouver sa reine et gagner le cœur de ltemu-Râ (An). Ce cœur-là, j'en fais mon affaire.

- Laisse-nous, maintenant, ma sœur, demanda Meri. -Tu devrais soigner la cheville de ton fils, qu'il se montre à tous

plein de cette gloire et non diminué par sa blessure lorsqu'il sortira de Bit-Râ-Hem. Fais-moi confiance, ajouta la jumelle d' Aset.

Nebet-Hut nous laissa, ma mère, mon frère et moi. Une fois la divine pleureuse sortie de la salle, Sabu se mit en colère contre ma tante:

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LE BAPTÊME 217

-Je n'aime pas cette prêtresse ! Pardonnez-moi tous les deux de parler ainsi, mais je ne la supporte plus.

-Eh bien, mon frère, ai-je répondu amusé, je ne t'ai jamais vu ams1.

-Mes félicitations pour ton exploit, mais tu sembles parfois aus­si ingénu qu' Asar, me dit-il. Ne vois-tu pas comme elle te dévore des yeux, mon frère ? Elle veut tes os, ta chair, ton sang et ton Ba (âme)!

-Oh, je le sais bien ! Mais ne t'inquiète pas pour cela. -Nous le savons, Sabu, reprit Meri. Mais la divine Innin est trop

puissante pour que nous la laissions à nos ennemis. Il est préférable qu'elle soit ici, à nos côtés. C'est de toute façon son souhait.

-Elle est certaine d'être ta reine, Hern, reprit Sabu. Elle pense pouvoir t'apporter le soutien de nos soldats et t'aider à former tes troupes. Les guerriers Khentamentiu d' Asar sont sous ma divine protection. Si tu souhaites en enrôler dans ta future armée, il ne tient qu'à toi de me le demander, mon frère, mais ne laisse surtout pas cette prêtresse croire qu'elle est la souveraine des Shemsu­Urshu d' Asar.

-J'ai longuement réfléchi, et je ne pense pas avoir recours aux services des soldats de mon père, ai-je répondu. Nous devons garder ces guerriers ici pour protéger notre domaine souterrain. Parmi eux se trouvent de nombreux frères auprès desquels j'ai grandi. Je ne souhaite pas les éloigner de leurs familles que je connais et que j'affectionne. J'ai une autre idée en tête pour mon armée.

- Je sais ce que tu as à l'esprit, mon prince, lança Meri joyeusement. Je ne sais pas comment tu vas t'y prendre, mais ce projet me réjouit au plus haut point !

J'étais ennuyé que ma mère connaisse mon secret. - Quelle est cette idée, ne me révélerez-vous rien ? demanda

Sa bu. -Les Neferu (Nephilim) ... -Les Neferu? mais ils sont insaisissables, mon frère. Et ils sont

maudits! - J'en fais mon affaire ! -C'est une étrange idée, reprit Sabu. Tu sais comme moi qu'ils

ne sont pas bien vus par les Shemsu de notre père. Cependant, je respecte ton choix, surtout si notre mère l'approuve ... Je ne vais pas vous cacher que c'est aussi parce que ton idée mettrait Itemu-Râ

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218 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

hors de lui. J'imagine que tu sais ce que tu fais. Mais pour Nebet­Hut, que souhaites-tu faire?

-Je ne souhaite rien. Que puis-je faire ? Elle est la sœur de notre mère, elle porte le même patrimoine génétique - et alors ?

Sabu prit un ton autoritaire. -Alors, je vais vous dire ce qu'elle convoite : prendre ta place,

ma mère, et s'unir à Hem dans le feu ! Elle a été conçue par le clan adverse avec le patrimoine génétique de Sé' et. Elle a été dressée, conditionnée par Setes (Seth-En/il) ; elle n'est cependant plus la bienvenue à Kalam ... Elle a trompé Asar, elle a trompé tout le monde, et elle est parmi nous ...

- Cela remonte à loin maintenant, mon fils, répondit Meri. Elle a fait des erreurs que nous avons portées avec elle, mais elle est également sincère sur bien des points. Je lui ai fait passer le rituel du Seba-Mut (Porte de la Mort). Tu sais ce que cela implique ? Elle a été acquittée et elle rn 'a juré fidélité. Je sais à qui j'ai affaire. Nous sommes différentes, mais nous nous ressemblons aussi sur certains points. Elle est prisonnière de son aspect divin : elle cherche un Neter (dieu) ou un homme à sa mesure. Un être qui pourrait supporter sa puissante aura. Mais ce n'est pas ma jumelle qui me pose actuellement problème, c'est mon frère Râ. Je vais devoir régler cette question au plus vite.

-Oui, je suis de ton avis, mère, répondit Sabu, Her-Râ devient dangereux. Il ne souhaite pas appuyer Hem dans sa quête royale ; il a trop peur de perdre sa place. Je ne vois qu'une seule solution qui règlerait ces différentes questions : celle de vous unir, toi, Meri, et toi, Hem.

-Nous unir? ai-je demandé. Aset était restée silencieuse. Elle avait posé sa main guérisseuse

sur ma cheville, et magnétisait celle-ci avec l'autre main à l'aide d'un Shen de vie. Ne voyant aucune réaction, Sabu reprit la discussion :

-Quoi, mon frère? Refuserais-tu toujours d'admettre que tu es Asar?

-Encore cette histoire ! ai-je répondu, fatigué. - Sabu, il doit l'accepter seul, reprit Meri. -Je peux l'aider! - Toi, Sabu ? ai-je répondu. Je ne vois pas ce que tu pourrais

rn' apporter.

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LE BAPTÊME 219

- Hern, pars à la rencontre de nos ancêtres, reprit mon frère. Rencontre nos ascendants de l'autre côté du voile. Eux te diront où se trouve Asar.

-Tu veux droguer mon fils, Sabu ? Sois prudent. -Ma tante Serkit (Ninmah) m'a dit que cela était possible, ai-je

répondu, mais qu'elle n'avait pas la possibilité de me faire voyager dans ce qu'elle nomme l'au-delà de l'horizon des événements, mais plutôt dans le Kidul (le point obscur).

-Ta tante t'a dit cela ? Elle m'étonnera toujours, reprit Meri. Elle a pourtant raison. Un voyage dans les dimensions adjacentes du KI (3D), en Kidul, te suffirait sans doute à te faire une idée sur cette question. Ton frère peut t'y emmener si tu le souhaites. Cette décision t'appartient. Voilà, tu es guéri. Tu vas pouvoir sortir et te montrer à tous nos Shemsu et Urshu, ainsi qu'à notre peuple qui doit t'attendre dehors avec impatience.

Nous avons quitté la salle du Nun et sommes sortis de Bit-Râ­Hem. Ma mère prit mon frère à part et lui demanda de me guider dans le Kidul (dimensions parallèles) uniquement si j'en éprouvais le besoin. Elle insista également sur le fait de ne fréquenter que le Kidul, et surtout pas l'au-delà de l'horizon des événements.

Dehors, le temps était magnifique. Plusieurs garnisons de nos soldats et une partie de notre peuple de Nashareth avaient quitté le refuge souterrain pour m'acclamer. Nebet-Hut avait répandu la nouvelle : le fils de Meri avait vaincu la mort au sein du Nun et avait connu la divine métamorphose.

À la suite de cet événement, j'ai décidé de renvoyer mes trois concubines à Aset-Heh (Dendérah). Elles passaient leur temps à me réclamer et devenaient très exigeantes sur des détails que je ne comprenais pas toujours très bien. De plus, leur implication dans cette mascarade ne m'avait guère encouragé à les garder près de moi. Aucune d'entre elles n'était destinée à devenir ma reine ! Ces trois prêtresses portent une énergie semblable à celle de ma tante Nebet-Hut, j'ai préféré me séparer d'elles et les soustraire à 1 'influence de ma tante.

À la même époque, Her-Râ, mon aîné, rn 'a finalement embauché pour participer aux combats qui font rage dans le Sud de notre pays et le long de Kem-Ur (la Mer Rouge). Depuis, Geghu (''le faucon marteleur'J inspecte les eaux, les dunes et les arbres de nos territoires sacrés. Nous avons perdu du terrain depuis

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220 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

plusieurs années. J'ai ordre de seulement faire feu sur les éléments étrangers en mouvement, ceux qui tentent de s'approprier de nouveaux domaines appartenant au Pays de Lumière. Les nouvelles installations qui se sont faites dans notre dos sont épargnées. Un décret de notre Assemblée voté bien avant ma naissance nous impose cette précaution au nom de la paix entre Kemet et Kalam. Nous avons uniquement le droit d'agir lors d'un flagrant délit. C'est pourquoi nos ennemis se déplacent souvent de nuit. J'ai déjà effectué deux sorties nocturnes qui nous ont permis de stopper deux invasions illégales : aucun survivant ! Dans les ténèbres, le cockpit de Geghu resplendit d'un rouge profond et ses diodes scintillent comme des étoiles ambrées. Ses détecteurs sont infaillibles. J'aime les vols nocturnes bien que Meri n'en dorme pas de la nuit.

Les Anunnaki utilisent une autre forme de vaisseau que leurs traditionnels Gigirlah (roues étincelantes). Nous lui donnons le nom de "Tian" (flèche du ciel). C'est un véhicule volant, effilé et très rapide, basé sur la technologie des royaux Kingu, une science qui semble leur avoir été subtilisée par les Anunnaki. D'après nos informations, ces vaisseaux sont construits sur Deser (Mars), dans les bases souterraines de Itemu-Râ (An). Un jour funeste, il me faudra aller sur cette planète-je risque d'être bien moins diplomate que mon père. Que ce jour arrive vite, et qu'on en finisse ! Dans cette vie, tout me montre que je dois apprendre la patience.

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2

AU .. DELÀ DE :CHORIZON DES ÉVÉNEMENTS

"Où veut-il se rendre ? Le roi veut se rendre au ciel pour toutes vies et autorité afin qu'il puisse voir son père [Osiris} et qu'il puisse voir la lumière". <14>

Textes des Pyramides, 914c-915a

Sabu (Anubis) posait un regard bienveillant sur ma personne. Ses deux prêtres, qui nous accompagnaient, ne rn' inspiraient aucune sympathie et je tentais de les effacer de mon esprit. Ils m'avaient presque mené de force au cœur de Bit-Râ-Hem (la Grande Pyramide) sans m 'adresser la parole.

Nous étions dans les profondeurs de notre Mer (pyramide), dans le Shetat (''chambre du roi''). C'était le grand jour. Sabu me fit allonger dans le lit d' Asar. Derrière le sarcophage se trouvait son couvercle, mais celui-ci ne semblait pas destiné au voyage que j'allais réaliser. J'étais enfin prêt à connaître la vérité sur mon père et sur moi.

Sabu m'avait convaincu de franchir la porte de l'horizon des événements malgré l'interdiction formelle de notre mère. Il m'avait indiqué que cette voie était plus précise que celle du Kidul (dimensions parallèles). Pour le Kidul, je risquais de rencontrer tous types d'êtres, mais pour l'horizon des événements, j'allais plutôt entrer en contact avec nos ancêtres.

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222 DEUXIÈME PARTIE ·LE RÉVEIL DU FAUCON

AN GAL Dimensions supérieures

l'AU-DELA DE l'HORIZON DES ÉVÉNEMENTS

KIDUL

KIDUL: "point obscur'' ou "lieu caché" Dimensions parallèles au KI

KIGAL

KI 1 3e dimension

R

© 201 0 Anton et Nora Parks

-N'oublie pas ce que je t'ai enseigné, mon frère. N'oublie pas les formules ...

-Oui, je sais ! Mais je ne pense pas en avoir besoin. J'ai ce qu'il faut avec moi.

Je lui montrais fièrement Uatch. -Tu n'en auras pas besoin là où tu iras. Donne-moi ce cristal. -Tu es fou ! C'est maintenant que tu me dis cela, alors que je

suis allongé et prêt pour le voyage ? - Justement, tu n'es pas prêt. -Tu m'as roulé ... -Non, je ne t'ai jamais conseillé d'utiliser Uatch pour ce rituel.

Fais-moi confiance, mon frère. Donne-le-moi, j'en prendrai grand som.

- La dernière fois qu'on m'a réclamé mon cristal, j'ai failli perdre un pied!

Sabu me fit signe de me calmer. Je lui remis mon cristal d'un

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AU-DELÀ DE I.!HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 223

geste fébrile tout en voulant encore ajouter quelque chose, mais il rn' en empêcha sèchement :

-Maintenant tais-toi. J'avais l'impression d'être nu. Une forte appréhension me gagna

d'un coup : celle de me retrouver seul, face à mon miroir intérieur. À quoi pouvais-je me raccrocher d'autre qu'à ma volonté et à ces stupides formules? Sabu me demanda si j'étais prêt. Je lui répondis affirmativement d'un hochement de la tête. En fait, je ne l'étais pas du tout. Un des assistants saisit la longue perche de roseau dans laquelle Sabu avait placé sa mixture. L'extrémité de la sarbacane chercha mon nez. J'étais tourmenté, mais ne le montrais pas. Dès que la tige trouva sa cible, le prêtre souffla fortement dans une de mes narines. J'eus à peine la sensation de recevoir la seconde poudre brûlante dans l'autre narine, que je fus instantanément projeté dans un décor inconnu :

Il y fait sombre et froid. Des milliers de petits êtres m'assaillent de toutes parts. Ils ricanent et se moquent de moi. Je me mets à réciter ma première formule : "Mon cœur appartient à la maison d'Unefer (l'être parfait). Je ne détournerai pas mon regard de cette place. Je suis un pénitent sur le bord du monde, qui estime toute forme de vie. Si vous me respectez, je vous respecterai aussi, etc." Mes agresseurs disparaissent subitement, me laissant seul dans un paysage qui ressemble au néant. Il fait nuit noire, je suis comme perdu au milieu de nulle part. Je regarde mes pieds et découvre Uras plusieurs milliers de lieues plus bas.

Des bruits aigus, pareils à des chants, résonnent au lointain. L'invisible est vaste, il semble à la fois éternel, dangereux et paisible. Tout dépend de l'état d'esprit dans lequel on se trouve. Je quitte le système solaire à grande vitesse sans savoir où je vais. Je suis bien, tout en étant abasourdi. J'entends une voix féminine me demander si je sais ce que je veux, ce que je cherche. Elle instille le doute dans mon esprit. Je lutte pour rester parmi les vivants et connecté au KI (3e dimension). Je suis rapidement gagné par la sensation de perdre mon équilibre. Mon corps tombe d'un coup dans le sarcophage de mon père. Des couleurs étranges et agressives environnent la pièce. Je suis seul ! Où sont Sabu et les deux prêtres Shemsu ?

Un bourdonnement étrange emplit la chambre. Le plafond se fait transparent au-dessus de moi : les différents compartiments des pièces à compensation forment comme une ruche gigantesque, des

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224 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

milliers d'abeilles battent des ailes sans relâche. Le bourdonnement se fait de plus en plus intense et se transforme en pulsation régulière. Une lueur clignotante apparaît et se synchronise avec le son. Elle se fixe progressivement sur le mur sud, au niveau du conduit : la porte est ouverte. Le conduit est brillant comme l'or; c'est la bonne di­rection. Je me lève, mais ai-je suffisamment de temps devant moi ? L'effet de la drogue est de courte durée et j'ai l'impression d'avoir déjà passé beaucoup de temps hors du KI (3e dimension). La no­tion du temps n'est plus la même. Comment réintégrer mon corps ? J'hésite un court instant, puis me lance vers la porte de l'horizon. Mais une ombre se jette sur moi et m'empêche de pénétrer dans l'ouverture céleste. Elle n'a pas de visage et est armée d'un fouet ainsi que d'une hache. Ses mouvements sont rapides et précis. Je l'esquive comme me l'a enseigné ma tante Nebet-Hut. Un coup de hache se perd et fracasse un angle du sarcophage dans un bruit assourdissant de tonnerre dont l'écho se répercute aux quatre coins de Bit-Râ-Hem. Une intense panique m'envahit. Rien d'imaginaire là-dedans, son arme peut fendre la pierre ! Instinctivement, je veux saisir Uatch, mais je ne l'ai pas sur moi, mon frère Sabu l'ayant gardé en KI. Je veux utiliser le Niama (force vitale) pour désarmer mon agresseur, mais cela n'a malheureusement aucun effet dans cette dimension adjacente ...

Les armes de mon rival fauchent l'air autour de moi, qui se réchauffe progressivement. J'esquive les coups, mais à chaque mouvement, les attaques redoublent de rapidité et de violence. L'ombre se met à rire, exprimant une sadique jubilation qui me fait froid dans le dos. Quelle est la formule adéquate pour ce genre de situation ? Aucune - je suis perdu ! La chaleur est intenable. Me résignant au fait de bientôt recevoir le coup fatal, je pense très fort à A set. À cet instant, le vrombissement pulsé de millions d'ailes stoppe soudainement. La porte de l'horizon (conduit Sud) s'obscurcit et se scelle. Par vagues successives, des abeilles traversent l'épais plafond pour faire face à mon adversaire désorienté. Certaines l'attaquent, pendant que d'autres me poussent vers le fond de la chambre. Elles me soulèvent et me déposent dans le sarcophage ...

J'ouvre les yeux, Sabu est là... Enfin ! Je me relève précipitamment, et regarde autour de moi. Le sarcophage est intact, aucune trace de lutte dans la pièce. Je lève la tête pour scruter le plafond : aucune abeille !

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AU-DELÀ DE !:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 225

- Tu vas bien, mon frère ? me demande Sabu. Ton voyage a été de courte durée . ..

-Oui, j'ai manqué de temps ; mais pourquoi suis-je donc déjà là ?

-Ton voyage a été court ici, mais il ne devrait pas l'avoir été de l'autre côté. Tu ne devrais pas avoir manqué de temps. Que s'est-il passé, mon frère ?

-Y a-t-il des insectes ici ? Des abeilles? - Des abeilles ? - Oui, des abeilles ! Lançai-je agacé. - Pas que je sache. -Il y en avait pourtant des milliers, ici, à l'instant. -Tu as rencontré les abeilles d' Asar? Toi? Tu l'as fait. .. -Je ne te comprends pas, tu me dis qu'il n'y a pas d'abeilles, et

ensuite, tu me parles des abeilles de mon père ? Sabu était embarrassé, il bégaya quelques mots en me lançant

que c'était légitime, étant donné que j'étais Asar. Je le coupai et lui dis que je devais converser sur-le-champ avec notre mère. "Un danger nous guette ici, dans notre domaine", ai-je précisé. Il voulut m'accompagner et je ne pus l'en empêcher. Je lui repris Uatch des mains d'un geste précipité.

Nous sommes passés par le Meshkenet (chambre de l'enfante­ment/chambre de la reine) et son passage secret pour nous rendre dans les souterrains de la Duat (réseau souterrain). De retour à Nashareth, nous trouvâmes Aset en plein débat avec plusieurs de nos Abgal. Djehuti se trouvait près de notre mère. Elle était comme d'habitude excédée de discuter avec les amphibiens. Elle nous re­garda de loin ; le silence se fit subitement dans la large pièce. D'un signe de tête, elle demanda aux Abgal de quitter les lieux ; Djehuti resta auprès d'elle. Les Ab gal lui firent leur révérence et me regar­dèrent brièvement d'un air neutre tout en quittant la salle du trône.

- Je suis exaspérée par toutes ces discussions dignes de diplomates, nous lança Aset d'un ton agacé. Mais mon tourment s'apaise à cet instant même. Quelle chance de vous voir tous les deux en même temps, mes enfants ! Je suis comblée aujourd'hui, les trois êtres que mon cœur considère comme les plus délicieux sont à mes côtés.

- Meri, en comptant de cette manière, tu oublies mon père ! Aset et Djehuti me dévisagèrent instantanément, comme pour

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226 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

me rappeler d'un regard glacé l'origine qu'ils considèrent avoir toujours été la mienne. Je dus aller à l'essentiel :

-Nous sommes en danger. -Explique-toi, me demanda-t-elle d'une voix soucieuse. -Un ennemi se trouve ici, dans nos murs. Je l'ai rencontré dans

Bit-Râ-Hem. -Que faisais-tu dans la Montagne de l'Horizon, Heru? Sabu était confus et il voulut prendre ma défense : - Tout vient de moi, mère. Je suis entièrement responsable.

Comme tu le sais, Heru souhaite rencontrer nos ancêtres. Je lui ai apporté mon aide de façon à accéder à son désir et à le conduire au­delà de 1 'horizon des événements.

-Quoi ? s'exclama Aset. Je suis en réunion, et mes enfants en profitent pour forcer les portes de Bit-Râ-Hem sans mon accord ? Vous saviez que je ne pouvais avoir vent de pareille malice alors que mon esprit se consacrait à la diplomatie ! Sabu, je t'avais demandé de ne pas envoyer Heru au-delà de l'horizon des événements.

Les traits de Meri s'étaient crispés. Elle s'était levée d'un coup et sa voix avait grondé à la manière d ' un puissant orage. Les échos de son violent réquisitoire continuaient de résonner à nos oreilles. Djehuti posa sa main sur l'épaule de notre mère et lui dit:

- Mère du Trône, nous avons plusieurs fois discuté de ce sujet. Heru doit faire son propre apprentissage, seul, et en faisant fi de ton auguste sollicitude ...

-C'est plutôt une façon de m'accaparer ! lançai-je froidement sans réfléchir.

- De t'accaparer ? demanda-t-elle. Moi, la chair de ta chair, et toi, 1 'essence de mon essence ? Par la Source Éternelle, plutôt succomber que d'entendre ça !

Aset se laissa tomber dans son siège royal, les yeux rivés au sol. Je m'en voulus d'avoir parlé si vite et si brutalement, mais ne le montrai pas. Elle reprit :

-Parfois, les paroles d'Heru sont source de cruelles souffrances, et je n'y peux rien.

-Nous devons le laisser faire ses choix et ses propres expériences, reprit Djehuti.

- Soit ! La souveraine renonce à toute raison. Que souhaitais-tu découvrir chez nos ancêtres, Heru, qui ne soit répertorié ici, dans notre sanctuaire, ou que je ne puisse te révéler ?

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AU-DELÀ DE I..:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 227

-Je désire rencontrer mon père. Les visages d'A set et Djehuti se figèrent subitement, et ils se

gardèrent de répliquer immédiatement. Tous deux se consultèrent du regard. Finalement, Meri finit par arborer un sourire qui devint de plus en plus éclatant. D'un clignement d'œil, elle invita Djehuti à répondre:

- Heru est décidément un pilote exceptionnel, un grand stratège lors des batailles et un futur souverain, mais pas encore le roi des prêtres, lança-t-il d'un ton affectueux.

- Il a le temps pour cela, reprit Aset. Ta demande est acceptée, Heru. Pars à la rencontre de ton père. Puisse-t-il t'apporter les réponses que tes questions appellent. Tu as ma bénédiction.

Djehuti reprit son air grave et me demanda à quel danger j'avais dû faire face au cœur de Bit-Râ-Hem. Je leur retraçai volontiers mon aventure en n'omettant aucun détail important pour bien leur montrer le courage que j'avais eu face à mon adversaire. Vint ensuite le passage concernant les abeilles ...

- Tu as vu des abeilles dans le plafond du Shetat (''chambre du roi'')? demanda Djehuti.

- Oui, ce sont elles qui m'ont secouru lorsque j'ai combattu l'ombre armée. Elles sont innombrables.

-N'en parle à personne, Heru, repritAset. Tu viens de découvrir un secret important que nul ne doit connaître.

Je sais depuis mon plus jeune âge que l'abeille est notre symbole royal par excellence et qu'il provient de mon père. Nombre d'entre nous prétendent qu' Asar possédait une colonie importante de ces insectes dont il s'était occupé pendant de nombreuses années, jusqu'à ce qu'il trépasse. Il en avait en A'amenptah (Atlantide) et en Kemet (1 'Égypte). Mais nous avions depuis perdu leur trace. C'est ma mère qui m'avait parlé de ces abeilles au cours de mon enfance. Elle m'avait raconté que le passage du Benu Céleste (le Phénix) avait fait monter les eaux un peu partout sur Uras (la Terre). Les survivants de I'A'amenptah avaient suivi les abeilles d'Asar vers Kemet, alors que le sol était recouvert de boue et de cadavres de tout genre. Les souterrains qui reliaient autrefois l' A'amenptah à Kankala s'étaient effondrés. Dehors, les paysages que nos ancêtres connaissaient étaient totalement méconnaissables. De plus, la planète avait basculé sur son axe, les points cardinaux n'étaient plus les mêmes. Les survivants, exténués par leur longue marche

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vers 1 'Est actuel, avaient finalement atteint le royaume de Ta-Ur (Abydos) par le sommet des montagnes. Descendant des hauteurs, ils avaient campé et attendu que le niveau de 1 'eau baisse avant de se rendre dans la vallée. Ils finirent par découvrir la sainte cité recouverte de boue. Le Per-Urshu (demeure des guetteurs) d' Asar était brisé en morceaux, et seul l'Enkhu'ur (l'Osireion) de mon père était pratiquement intact. Les survivants reconstruisirent ainsi le Per-Urshu à l'identique. Depuis, l'eau est de nouveau remontée lentement par endroits, du fait de la fonte des glaces survenue lors du grand dégel.

Tr•J•t dee r.ecapft vere Ta.ur (Abydoa), la demeure d'Osh1e

KAN KA LA

25. Trajet possible des rescapés de I'A'amenptah vers Abydos. Le clan de l'ouest se serait ensuite séparé en plusieurs groupes et le plus important d'entre eux aurait rejoint le Gigal sou­terrain d'Isis à Gizeh.

-S'agit-il des abeilles de mon père ? Celles dont tu m'as parlé dans mon enfance ?

-C'est possible, répondit ma mère. En fait, oui, j'en suis certaine. Nous les avons découvertes à cet emplacement lorsque nous avons démarré le processus qui a permis ton retour lors de l'envol provoqué de l'onde d'AsarY Au fur et à mesure de l'échauffement

87 Voir la 9• part., "La Montagne d'Hathor et le Réveil du Phénix", du Testament de la Vierge pour l'identification probable du procédé. Ce sont toutes les informations issues de cette dis­cussion qui m'ont permis de commenter les différentes techniques qu'on pouvait envisager quant au fonctionnement possible de la Grande Pyramide.

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AU-DELÀ DE CHORIZON DES ÉVÉNEMENTS 229

de l'air et de l'amplification de l'onde qui devait aller chercher ton Ba (âme), ces joyeuses gardiennes sont apparues dans le quintuple plafond. L'apparence générale du Shetat (''chambre du roi'') s'est brouillée et la chambre s'est illuminée d'une clarté rayonnante qui nous dévoilait leur présence. Tout s'est déroulé comme prévu, seule leur "assistance" n'était pas attendue lorsque nous avons mis cela en route.

-Ont-elles apporté quelque chose d'inattendu au rituel? deman­dai-je à Meri.

-Tout s'est déroulé plus vite que ne le fixait la procédure Abgal. À partir de 1' instant où les abeilles sont apparues devant nos yeux en battant des ailes, la pièce a chauffé plus vite, les ondes sonores que nous produisions ont tournoyé plus rapidement et se sont mêlées à la vibration produite par des milliers d'ailes en action.

-Nous vivions une situation confuse, reprit Djehuti. Comme tu le sais, ta mère et tes trois tantes étaient au cœur de Bit-Râ-Hem, et effectuaient le rituel de "la lumière de l'horizon" pendant que ton oncle Setes et ses Anunnaki attaquaient notre domaine. Notre bouclier électromagnétique avait été déployé à un très haut niveau de résonance. J'étais à Nashareth avec une partie de nos forces armées. L'autre groupe était posté en embuscade dans les montagnes du sud-est avec Her-Râ. Ils ont dû attaquer les Anunnaki lorsque ces derniers ont commencé à faire feu sur plusieurs de nos ouvertures dans les collines. C'est alors que la bataille s'est engagée.

- Oui, je connais cette fameuse bataille que nous avons rempor­tée. Mais quel rapport y a-t-il avec les abeilles d' Asar?

- Il faut remonter légèrement avant ces événements, continua Djehuti. À cette époque, je faisais des essais concernant Bit-Râ­Hem et son bouclier. Cela faisait plusieurs jours que j'avais aperçu des abeilles circuler librement dans 1 'édifice. Très vite, j'ai compris qu'elles passaient par les deux conduits du Shetat (''chambre du roi''). Il y en avait partout. Elles n'ont jamais été agressives. Les abeilles ne pouvant pas créer de difficultés majeures lors de la mise en marche des différentes applications, je me suis dit que ce n'était pas important. D'autant plus qu'il s'agissait de celles d' Asar : nous les reconnaissions à leur teinte légèrement orangée. C'était un signe providentiel ! J'ai cependant cherché la ruche pendant plu­sieurs jours sans succès, avant de finir par la trouver en haut dans le quintuple plafond.

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230 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

- C'était inquiétant, reprit ma mère, parce que ce plafond fournissait une résonance capitale et les réverbérations nécessaires pour la réinitialisation de 1' onde d' Asar, laquelle devait emprunter la porte de l'horizon. La présence d'une ruche à cet endroit pouvait fortement contrarier notre programme, la résonance y étant limitée. Nous étions donc ennuyés et n'avions aucun moyen de les déloger.

- Les abeilles semblaient passer par de minuscules trous de maçonnerie émaillant le Long Hall (grande galerie), continua Djehuti. Nous avons fait venir nos Abgal et avons sollicité leur opinion.

Meri sembla subitement embarrassée et finit par dire à Djehuti que cette partie de 1 'histoire n'était pas intéressante. Djehuti baissa les yeux et commença délibérément à négliger ce passage que je ne connaissais pas. Je lui demandai énergiquement de poursuivre. J'insistai tellement que Aset finit par accepter. Djehuti reprit en ces termes:

-Ils ont prêté beaucoup d'attention à ce problème, mais ils ont fini par plaisanter en nous faisant remarquer que nous prenions Enki­Asar pour un Bulug (novice) ! Comme leur humour est généralement à double sens et que nous ne le comprenions pas parfaitement, ils nous ont rappelé que nous utilisions une technologie Abgal : "Les abeilles disparaîtront au prochain essai", nous a répondu l'un d'entre eux. C'est exactement ce qui s'est passé lors de ma nouvelle tentative, qui incluait la mise en fonction de plusieurs colonnes énergétiques du Long Hall (grande galerie) : elles ont toutes subitement disparues ...

-Comment cela, disparues? Tu veux dire envolées brusquement sous tes yeux ?

- J'étais à ce moment-là dans le Shetat (''chambre du roi'') pour contrôler le dispositif à renversement encastré dans la porte de l'horizon (conduit Sud). Les colonnes d'énergie étaient en fonctionnement. Le bouclier s ' intensifiait autour de la Mer (pyramide), la porte de l'horizon s'était ouverte. Les contours de la chambre du sarcophage sont devenus transparents et très brillants : les nuées d'abeilles qui se trouvaient dans la pièce se sont alors littéralement désintégrées sous mes yeux ...

- . .. Jusqu'à ce que nous finissions par les apercevoir une nouvelle fois quelques mois après, reprit Aset, lors des deux processus divins, celui des "portes de lumière" (envoi de 1 'onde)

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AU-DELÀ DE I.:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 231

et de "la lumière de l'horizon" (retour d'une âme, mise au monde). Elles ne sont pas visibles avec notre regard du KI (3e dimension), mais sont néanmoins présentes dans une dimension parallèle.

-Oui, reprit Djehuti, mais ce qui est totalement inattendu, c'est qu'elles font maintenant partie intégrante de la machinerie qu'est Bit-Râ-Hem. Les abeilles d' Asar se sont fondues en elle. Depuis, tout va plus vite que ne le voudrait la logique quantique.

-Si le temps s'accélère encore plus vite, c'est tant mieux, parce que je dois réintégrer le sarcophage du Shetat (''chambre du roi''), ai-je dit. Mais cette fois-ci, j'y retourne armé ! Une force inconnue m'empêche de gagner la porte de l'horizon (conduit Sud) et elle est équipée pour se battre.

Meri ne cacha pas sa nouvelle crainte : - Es-tu suffisamment entraîné pour ça ? Es-tu prêt à le faire ? - Prêt à combattre ? -Non, Heru, répondit Aset. -Oui, il est prêt, ma mère, répondit Sabu. Je 1 'ai personnellement

préparé. -Arrêtez avec vos énigmes! Je repars maintenant, ai-je annoncé. -Je ne souhaite pas qu'Hern prenne goût aux substances de 1 'au-

delà, ajouta Aset. -Cela fait partie de ses obligations, ma mère. Ne t'inquiète pas,

je m'occupe de mon frère et de son apprentissage. Il ne sera pas touché par le mal de l'au-delà.

À ces mots, Meri scruta les profondeurs les plus intimes de mon être ; son regard était de ceux qu'une mère pose sur son enfant. Cette attention toute maternelle me remémora mon enfance. Elle avait saisi mes mains avec beaucoup de grâce. Ses mains à elle étaient moites et sa gorge était serrée. Aset me dit qu'elle m'aiderait à débusquer cette créature dans le Shetat, mais qu'elle le ferait d'ici, à distance. Elle nous suggéra de mettre les colonnes d'énergie du Long Hall (grande galerie) en route afin d'ouvrir la porte de l'horizon en KI (3D).

- Ainsi, nous aurons plus de chance de débusquer cet agresseur en le faisant apparaître en KI, ajouta-t-elle.

Je l'embrassai sur la joue. Aset finit par me chuchoter: - Pars, mon Amour, pars retrouver tes racines, mais ne te perds

pas en cours de route. Reviens-moi vite. Djehuti, Sabu et moi-même quittâmes Nashareth pour nous

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232 DEUXIÈME PARTIE. LE RÉVEIL DU FAUCON

engager dans les tunnels et couloirs qui nous menaient au Hut­Benu (la demeure du Phénix), la chambre secrète où nous nous étions dissimulés après ma naissance ma mère et moi. Passer par cet endroit me procure à chaque fois une étrange sensation. Depuis que notre domaine est partiellement envahi par les eaux, c'est le seul passage intérieur que je connaisse qui mène au Meshkenet (la chambre de la reine) et à l'ensemble de Bit-Râ-Hem (la Grande Pyramide). Djehuti m'a dit un jour qu'il en existait un autre, mais j'ignore son emplacement.

Nous avons grimpé les marches de l'escalier en colimaçon. Bit­Râ-Hem n'étant plus en danger, la dalle qui ferme normalement le passage vers le Meshkenet (chambre de la reine) a été déplacée il y a plusieurs années. C'est ici, dans ce Meshkenet, que j'ai été mis au monde à partir des flancs de la divine Aset.

niche de l'enfantement

26. Relevé du sol de la chambre de la reine effectué par Gilles Dormion (cf. La Chambre de Chéops, Fayard, 2004). La dalle grisée comporte une dizaine d'encoches, ce qui prouve selon moi qu'elle aurait été soulevée de nombreuses fois. Ce passage mènerait à la chambre du Phénix.

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AU-DELÀ DE CHORIZON DES ÉVÉNEMENTS 233

C'est de cette pièce que Djehuti a émis le signal radio destiné à la mise en résonance des colonnes. La vanne qui se trouve sous le pont de la Mer (pyramide) a été ouverte et 1 'eau a envahi le Netra (la salle hydraulique) dans un bruit assourdissant qui a résonné dans tout l'édifice. La turbine souterraine s'est mise à tournoyer en fournissant 1' énergie qui a mis les colonnes en fonction. Un son basse fréquence s'est mis à enfler pour finalement se stabiliser et pratiquement échapper à nos perceptions auditives.

Djehuti nous donna le signal pour quitter le Meshkenet (chambre de la reine), ce que nous fimes, pliés en deux, nous retrouvant presque à genoux tant le passage est étroit. Nous avons gagné le Long Hall sombre (grande galerie), bardé de sa cage métallique, et avons commencé notre montée sous les imposantes colonnes d'énergie. De vifs éclairs, pareils à de la foudre, provenaient du haut et éclairaient notre chemin par intermitence. 88 Djehuti avait un boîtier à la main. Il m'indiqua qu'il "fixait la résonance" des colonnes pour obtenir la bonne modulation. Lorsque nous arrivâmes dans le Shetat (''chambre du roi'~, les deux Shemsu de mon frère étaient déjà présents, l'un d'entre eux muni de la fameuse sarbacane en roseau.

- Que dois-je faire de particulier ? demandai-je à Sabu tout en m'installant dans le sarcophage.

- Rien de plus, mon frère, si ce n'est que tu peux garder ton cristal avec toi. N'oublie pas que le temps n'a aucune incidence lors de ton voyage. Là où tu vas, le temps n'existe pas. As-tu toujours les formules en tête ? C'est essentiel.

-Oui! -Si tu vois à nouveau cette ombre, n'attaque pas le premier et

tente de discuter avec elle. -Elle n'était pas d'humeur à discuter tout à l'heure! -Fais ce que je te dis et tu verras. -Facile à dire, j'aimerais bien t'y voir ... - Eh bien, bon voyage, fils de Meri, ajouta Djehuti. Chemine

88 Cette scène et plusieurs autres, où il est question du bouclier énergétique, témoignent de la présence de colonnes d'énergie qui créaient de gros éclairs au plafond de la grande gale­rie, lesquels apportaient l'énergie nécessaire à la formation d'un bouclier électromagnétique autour de la pyramide, avec pour objectif de la protéger. Ces éléments issus de plusieurs visions, et de celle-ci en particulier, constituent le point de départ de la piste suivie dans Le Testament de la Vierge au sujet des bobines de type Tesla ou piliers Djed (chapitre 6 de la 9< partie)

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234 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

vers le lieu où tu dois te rendre et rencontre ce que tu dois y trouver. Quant à nous, nous veillerons à la sécurité de ton corps ici même.

La tige en roseau fit brusquement son apparition sous mon nez. Je ressentis une vive douleur dans mes narines, qui finit par déstructurer tout mon corps.

Mon regard est fixé sur le plafond qui commence déjà à onduler et à briller. Je n'ose sortir tout de suite du lit en pierre- suis-je déjà de l'autre côté ? Les abeilles ne semblent pas vouloir apparaître cette fois-ci. Une ombre se penche sur moi et me regarde fixement, je tressaille. C'est Aset.

- Tu sors, ou bien ? - Que fais-tu là ? -Je t'ai dit que je t'aiderais, mais je ne vois personne, ici. -Mère, ne reste pas là, je vais me débrouiller. Je ne pensais pas

que tu serais aussi réelle qu'en KI. - Ce n'est pas le moment de discuter de cela. C'est toi qui ne

devrais pas rester ici, ton corps sent déjà la vermine. -Quoi? -Tu n'es qu'un idiot, un salaud! Je reste stupéfait de ce que j'entends là. Suis-je à l'épreuve? Si

c'est le cas, je ne suis pas prêt. À quel jeu joue-t-elle donc ? Elle ne peut pas s'exprimer ainsi, c'est impossible.

- Où est ton courage, petit pourceau ? Pourceau ! Ton père ne peut rien pour toi, je l'ai éventré, c'est en vérité moi qui ai fait ça. J'ai dansé sur son corps, je l'ai dévoré et j'ai uriné dessus ... Tout le monde croit que c'est ton oncle, mais c 'est moi !

À ces mots, je sors Uatch de son fourreau. Ma main tremble. Ce n'est pas Aset ! C'est son apparence, mais ce n'est pas elle. Tout mon corps frissonne sans que je sache pourquoi. Cette arrogance et cette façon de parler, ce ne peut être que Setes ! Est-ce la vérité ? Quelle vérité ?

-Ton glaive m'excite, gamin! Tu devrais me l'enfoncer dans le corps, tu sauras ainsi si c'est bien moi.

L'apparence d' Aset n'est pas armée. Je dois discuter avec elle comme me l'a conseillé mon frère. La situation est imprévue. Pourquoi les abeilles ne sont-elles pas là ? Je lui demande :

-Qui es-tu, et que me veux-tu? -Je suis l'évidence, ton paradoxe et ton cauchemar. Ne suis-je

pas aussi jolie que ta maîtresse ?

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AU-DELÀ DE !:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 235

- Quelle maîtresse ? -Ton amante de mère ! Tu dois savoir que tu ne la fais pas jouir

comme moi ... - Ça, ça m'étonnerait ! retentit subitement une seconde voix

ressemblant à celle de Meri. À peine ai-je entendu cette réponse que l'être inconnu tombe à

mes pieds. Ma mère, apparemment la vraie, se tient face à moi. Elle a assommé 1 'être avec ses deux mains.

- Je t'avais promis d'être à tes côtés. Ne t'occupe pas de lui, pars. Regarde, la porte est maintenant ouverte, mon aimé.

Je me retourne, la porte de l'horizon brille comme le soleil et une claire lumière s'en échappe.

-Je ne peux pas te laisser là, mère. Pas avec lui. - Je le connais par cœur. De toute façon, il ne pourra rien me

faire. Nous l'avons débusqué, pars- pars! Je range Uatch dans son fourreau et m'apprête à quitter Bit­

Râ-Hem. Djehuti, mon frère et les deux Shemsu apparaissent progressivement dans mon champ de vision. Leurs mouvements sont saccadés, comme si la réalité du KI tentait de se synchroniser avec la mienne. L'être se relève. Il ne porte plus le visage de ma mère, sa face est vide, mais je sais maintenant que c'est bien Setes. Pourquoi est-ce si réel ? Pourquoi cette vision est-elle différente de la précédente ? S'agit-il bien d'une vision ? Pourtant, je ne suis pas encore parti de 1 'autre côté. En fait, j'y suis déjà ... Setes se précipite sur Aset et tente de se saisir d'elle. Il sort une arme d'on ne sait où, une sorte de hache, mais différente de celle de la vision précédente. Il fauche l'air de son arme puissante. Je saute dans sa direction, mais mes mouvements sont ralentis comme dans un mauvais rêve. Je fonds enfin sur lui. La pièce est soudainement baignée d'une lueur aveuglante. Je tiens son cou entre mes mains, prêt à le serrer de toutes mes forces, mais il me repousse. Me voilà happé par 1 'éclat de la porte de 1 'horizon. Setes est rapide : il lève le bras pour frapper ma mère de son arme. Le décor semble changer et des colonnes apparaissent. Je tombe, je tombe, mais j'ai le temps de voir son bras s'abattre sur Meri. Elle se débat et évite le coup. Mon frère se rapproche de Setes, mais trop lentement. Setes lève à nouveau le bras et lance son arme vers Aset. J'ai le temps de voir le choc terrible- je suis petit, je suis minuscule ; la tête de Meri roule sur le sol...

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236 DEUXIÈME PARTIE. LE RÉVEIL DU FAUCON

Il fait noir. J'ai froid. Je ne veux plus être ici ;je n'ai qu'une hâte: rentrer! Je tente de me concentrer pour partir, mais rien n'y fait. Je regarde autour de moi pour localiser le soleil, Uras (la Terre), ou un repère astronomique quelconque, mais rien, le néant. J'attends ... Des lueurs apparaissent. Elles forment comme un tunnel de lumière dont l'éclat est indescriptible. Je connais ce passage, c'est celui qui mène vers les ancêtres. Je m'apprête à m'y introduire, une voix douce s'enquiert de mes intentions : "Que veux-tu ? Que viens-tu faire ici alors que ton heure n'est pas venue ?"Je réplique que je suis là pour rencontrer mon père. Aucune réponse, tout mon être est attiré vers le couloir lumineux. Je me sens plutôt bien, sans pouvoir me 1' expliquer, cependant que je suis inquiet et énervé. La lumière est intense mais reste très douce. C'est une clarté particulière que j'ai le sentiment d'avoir toujours connue. Je m'immobilise brus­quement, sans savoir pourquoi ; je comprends que je ne contrôle pas mon cheminement. Une silhouette apparaît progressivement, un visage lisse sans traits véritables se dévoile à moi. Sans pouvoir me l'expliquer, j'ai la sensation d'être en présence d'une entité fé­mmme:

-Aucun père ne se trouve ici. - Je suis tourmenté, je souhaite rentrer au plus vite, aide-moi à

regagner le monde des vivants. -Ne suis-je pas vivant, moi aussi ? - J'ai vu ma mère mourir sous mes yeux ... - Elle va bien. - Comment ça, elle va bien ? - Elle va bien. -Bon, comme je suis là, je souhaite rencontrer mon père. Je dois

lui parler. -Aucun père ne se trouve ici. -Asar. .. Sa'am, Enki ... ? -Ce sont des noms d'où tu proviens. Connais-tu son nom d'en

haut? - En bas, c'est mon père, notre fondateur que nous nommons

Asar. Le fondateur de l'A'amenptah (l'Atlantide) et de Kemet (l'Égypte).

-L'individu dont tu me parles n'est pas parmi nous, il a mieux à faire avec le bas.

-Je ne comprends rien. Peux-tu être plus précis s'il te plaît?

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AU-DELÀ DE CHORIZON DES ÉVÉNEMENTS 237

-Je n'ai plus le droit de te parler, je dois te laisser à présent. -Ne me laisse pas comme ça ... Où puis-je trouver Asar, mon

père? La silhouette se retire à reculons, dans le vide, j'ai l'impression

qu'elle me sourit. Ils m'ont poliment repoussé, moi Heru, fils d' Asar ! Le tunnel s'éloigne à une vitesse vertigineuse, le noir, le froid, je tombe, je tombe ... Plus rien .. . Je suis dans le sarcophage de mon père ...

Mon retours' est effectué dans la précipitation et le stress. À peine avais-je ouvert les yeux que les deux Shemsu de Sabu m'avaient empoigné et arraché du lit d' Asar. Aset était là, bien vivante, elle se jeta dans mes bras en me lançant: "Mon Amour!" Je m'apprêtais à leur raconter mon périple, mais Djehuti nous fit sortir en toute hâte de la chambre. Il reprit une discussion animée qu'il semblait avoir eue avec ma mère pendant mon voyage dans l'autre monde :

-Ma reine, avec le plus grand respect que je te dois, ce n'est pas une bonne idée. Nous devrions réfléchir et trouver une autre solution. Je suis certain d'en trouver une dans des délais raisonnables.

- Nous n'avons pas le temps que tu sollicites. Bit-Râ-Hem a bien la capacité de le faire, n'est-ce pas? demanda ma mère.

-Oui, certes ! Mais nous allons lui demander beaucoup d'un coup.

-Plus qu'à l'époque de la divine naissance, alors que Setes nous attaquait?

-Oui, le bombardement à l'intérieur de Bit-Râ-Hem sera plus intense qu'à cette époque et nous risquons de le prolonger dans le temps, c'est cela qui m'inquiète le plus. Je devrais tout vérifier avant. De plus, d'autres applications ont été mises en œuvre depuis. Bit-Râ-Hem régule notre climat actuel, si nous changeons sa fonction d'un coup, personne ne sait ce que cela va occasionner d'un point de vue météorologique. Je m'attends au pire, ma reine.

-Nous sommes en guerre, Djehuti ! C'est bien clair ? Nous allons protéger nos biens et notre peuple. Tu sous-estimes la science Abgal. Bit-Râ-Hem nous protègera une fois encore de nos ennemis. Personne n'a l'autorisation de pénétrer chez nous aussi sournoisement.

- Peut-on solliciter des Abgal dès à présent, avant de lancer l'opération ?

Ma mère sembla étonnée de cette requête. Elle n'a pas l'habitude

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238 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

qu'on lui tienne tête, sauf quand il s'agit bien entendu de moi­même. Elle fit signe à un des Shemsu d'aller quérir deux de nos Abgal sur-le-champ. Son regard était noir ; elle dévisageait Djehuti avec insistance.

-Nous pouvons avoir cette discussion dans ta salle d'audience, ma reme.

-Non, nous attendrons là et nous l'aurons ici ! - Bien, ma reine. Je demandai à Djehuti de quelle opération il était question.

Il me répondit que ma mère souhaitait augmenter la fréquence à l'intérieur de Bit-Râ-Hem, ce qui allait avoir pour effet d'annuler le potentiel gravitationnel de la pyramide. De cette manière, les portes de 1 'horizon allaient se bloquer et plus personne ne pourrait s'introduire chez nous à notre insu. Il a aussi ajouté que notre reine avait décidé d'étendre le bouclier électromagnétique protecteur de Bit-Râ-Hem à tout le Nord du pays. Il s'agissait d'une autre procédure qu'il lui fallait combiner avec celle du "potentiel nul" qu'il venait d'évoquer. Je lui demandai si le Shetat (''chambre du roi'') allait être utilisable pendant cette opération, car je comptais retourner de 1' autre côté, mon voyage n'ayant pas été très concluant. Il me répondit non, que c'était trop dangereux. Lorsque je lui ai demandé pourquoi, il a ajouté que le potentiel du vide allait créer des ruptures de la matière ...

Les deux Abgal sont arrivés assez vite et nous avons dû écourter notre conversation. Je ne parviens pas à différencier les amphibiens, tellement ils se ressemblent. Ils étaient accompagnés d'une Nebet­Hut curieuse et souriante :

-Ai-je raté quelque chose ? On ne me sollicite plus, ma sœur ? a-t-elle demandé.

J'entendis ma mère grommeler quelque chose pour elle-même, et je fus le seul à l'avoir perçu. Le visage de Nebet-Hut se durcit, ce qui présageait qu'elle avait peut-être capté l'insulte. Aset ouvrit la bouche pour directement s'adresser à ma tante :

-Où sont les deux gardes qui t'accompagnent habituellement? - Enfermés dans mes appartements et totalement nus ! Je les ai

gavés d'un breuvage de mon cru. Ils ne se souviendront de rien ... -Quoi?! - Bon, comme tu insistes, je dois avouer mon forfait, parce que

tu finiras bien par le savoir : je les ai ligotés sur ma couche. Ils

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AU-DELÀ DE !:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS

attendent mon retour pour la dernière gâterie ... -Toujours aussi insolente et débauchée, n'est-ce pas? -Hé, mais je blague, ma sœur !

239

-Rassure-toi, Meri. Nous avons congédié les gardes et sommes présentement garants de Nebet-Hut, lança un des Abgal.

- Mais pas de son humour, ajouta l'autre amphibien, presque amusé.

-Ni de son imagination débordante, reprit ma mère. -Tu te sous-estimes vraiment quant à l'imagination et au phan-

tasme, lança Nebet-Hut. Je suis certaine que tu es tout aussi douée que moi, ma sœur adorée. Peut-être n'en es-tu pas consciente?

Tous les regards se dirigèrent vers Aset, comme pour capter sa réaction. Comme il n'y en eut aucune, les yeux curieux délaissèrent ma tante et son humour étrange. Ma mère prit la parole et s'adressa aux Abgal:

- Bien, pourriez-vous rassurer Djehuti au sujet de la mise en fonction de toutes nos colonnes d'énergie pendant une durée indéterminée, et du bombardement que cela va occasionner au cœur de Bit-Râ-Hem? Il aimerait aussi savoir si nous pouvons effectuer ce changement d'application, et donc modifier la fonction de Bit­Râ-Hem sans que cela ne détériore trop le climat de notre pays. Est-ce bien cela, Djehuti ?

- Oui, si j'utilise la modulation du point d'ancrage que vous connaissez, je souhaiterais savoir si la collision des éléments, provoquée sur plusieurs mois, ne va pas créer une radiation [radioactivité?] permanente et irréversible dans le Shetat (''chambre du roi'')?

- Après l'arrêt de la mise en fonctionnement, les effets d'apesanteur vont durer plusieurs années, répondit l'un des amphibiens. Le noyau de Bit-Râ-Hem sera difficilement praticable et ses portes seront instables tout autant de temps. Rien de plus.

-C'est justement ce que je souhaite, remarqua Aset. -C'est bien ce qui se produira, reprit l'autre Abgal. -Et pour le climat ? demanda Djehuti. - Le climat s'améliore progressivement et naturellement.

L'interruption de l'harmonisation climatique créée par Bit-Râ-Hem n'y changera fondamentalement rien.

- Bien, exécution, Djehuti, lança ma mère. Que les Abgal te secondent dans cette manœuvre !

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240 DEUXIÈME PARTIE. LE RÉVEIL DU FAUCON

Ce que je venais d'entendre m'excitais et m'énervais. Je deman­dai plus d'informations à Djehuti. Il ajouta que le bombardement prolongé au cœur de Bit-Râ-Hem allait engendrer des changements dans les noyaux atomiques de tout type de matériau : "Si un être se trouve à cet instant au cœur de notre pyramide, il se désintègre­rait, même toi, Heru, avec ta maîtrise de la force du Niama (force vitale) ".89 Je finis par lui dire que je ne comprenais pas grand-chose à tout cela, et il me répondit que c'était normal. Il interrompit notre discussion en me demandant de rejoindre Nashareth, parce qu'il devait se concentrer sur ce qu'il avait à faire.

Djehuti prit son émetteur et donna l'ordre de lancer l'opération. Nous descendîmes le Long Hall surplombé de ses colonnes d'énergie. Plusieurs de nos ouvriers se hâtaient pour assembler de nouvelles colonnes et en augmenter le nombre. Ma mère me dit que le montage allait être rapide. Elle semblait anxieuse. Son état n'était nullement lié à la décision qu'elle venait de prendre, mais sans doute plutôt à mon expérience vécue au cœur du sarcophage. Nous devions discuter. Nebet-Hut nous talonnait de près. Meri lui demanda s'il elle n'avait rien à faire, et ma tante lui répondit que non. Ma mère la congédia et exigea des Abgal qu'ils la conduisent à ses appartements.

De retour dans la demeure de Meri, ma mère et moi avons eu une discussion sur ce que j'avais vu au-delà de 1 'horizon des événements. Je lui ai tout expliqué. Je lui ai parlé de cette présence qui semblait féminine. Elle rn' a dit qu'elle 1' avait déjà rencontrée. J'étais étonné. Aset m'a alors révélé qu'après la mort d' Asar, elle passa du temps à essayer d'entrer en contact avec lui dans la zone de Sah (Orion). À ma grande surprise, elle m'annonça qu'elle avait réussi à le faire, et que ce fut 1 'un des plus beaux moments de son existence, après tant de chagrins et de désillusions. Je lui ai demandé pourquoi il était

89 Cette concentration de techniques est-elle réalisable au regard des technologies dont dis­pose actuellement notre civilisation? Je n'en ai pas la moindre idée. J'avais déjà été confron­té à ce problème lors de la rédaction du Testament de la Vierge et, j'avais comme à mon habitude accordé du crédit aux informations que j'avais reçues. Dans le cadre de l'essai que représentait Le Testament de la Vierge, j'avais tenté d'explorer de mon mieux les différentes techniques mises en œuvre pour à la fois générer un bouclier électromagnétique et capter une âme définie dans l'espace. Les possibilités décrites ici impliquent clairement que Bit-Râ­Hem (la Grande Pyramide) aurait eu d'autres fonctions que celle d'une simple machine à réincarner une âme. Ce phénomène sera confirmé à plusieurs reprises dans le récit- je ne fais ainsi que transmettre des données et des informations inscrites à un endroit donné. Lecteurs et chercheurs seront libres de fouiller ce sujet pour en tirer des conclusions.

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AU-DELÀ DE L'HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 241

question de Sah (Orion) alors que les origines de notre famille se trouvaient en Septj (Sirius). Aset me dit que nos chairs étaient liées à Septj, mais que nos essences étaient attachées à Sah, que c'était désormais sur Sah que siégeait notre famille céleste, l'ensemble de nos Nut-Bau (âmes communautaires).

Elle ajouta qu'avant d'entrer en contact avec Asar, elle avait dû passer par cette entité pleine de sollicitude. Je lui ai dit que je l'avais trouvée plutôt froide. Ma mère m'a répondu que si cet être avait réagi ainsi, c'est que ma demande ne pouvait être exaucée. Aset a ajouté que j'aurai dû faire confiance à cette entité de l'An gal (le Grand Haut) parce qu'elle est importante.

Naturellement, nous avons aussi discuté de la présence clandes­tine de Setes dans notre domaine royal. Meri était encore affolée par cette découverte : "Te rends-tu compte ? Il doit connaître certains de nos secrets. Toutes nos décisions prises depuis plusieurs mois à Nashareth sont directement arrivées à ses oreilles. Il sait tout, il connaît mes mystères", m'a-t-elle dit, abattue. Aset a ajouté qu'elle pensait que nous avions parmi nous des traîtres et qu'elle s'expli­quait maintenant mieux pourquoi nos ennemis avaient réussi à dé­jouer certaines de nos décisions d'ordre stratégique. Je ne connais pas les détails de ces affaires, n'étant impliqué que depuis peu dans notre vie politique. Mais cela révélait pourquoi ses tigresses étaient nerveuses, et pourquoi mon oncle avait subitement tué le forgeron Mishak alors que j'étais à sa recherche ; je n'avais pourtant pro­noncé son nom qu'ici, dans nos appartements.

J'ai rassuré la Reine du Trône de mon mieux, en lui confirmant qu'elle avait sans doute pris la meilleure des décisions. Je lui ai cependant formulé le souhait de repartir au-delà de l'horizon des événements pour faire connaissance avec cette entité importante, gagner sa confiance, et lui demander de me mettre en présence de mon père. Meri était terriblement ennuyée. La nouvelle utilisation de notre Mer (pyramide) nous empêchait de satisfaire mon souhait. De plus, ma mère était certaine que ma requête avait été rejetée du fait qu' Asar n'était plus présent dans l' Angal (le Grand Haut). C'était moi qui étais maintenant abattu. Meri semblait sincèrement ennuyée de me voir ainsi. Elle m'a alors proposé un marché. Une mission qu'elle souhaitait de toute façon m'attribuer depuis que je participe aux opérations militaires des forces aériennes de mon aîné. Une tâche familiale qui s'est, du coup, transformée en échange de

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242 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

bons procédés. Je suis certain qu'elle aurait accepté ma demande, mais son plan était séduisant, et il s'agissait pour elle comme pour moi d'un sujet capital. La vengeance d'une Amasutum de la trempe de la Reine du Trône est un plat qui se mange froid. Ma revanche à moi était également en marche ...

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3

LA BATAILLE DE MAFIŒ'T

"Sinaï: On y exploitait le cuivre, la turquoise et la malachite. Sous 1 'Ancien et le Moyen Empire, les rois envoyaient des expéditions armées pour exploiter les mines, sans cesse menacées par les Bédouins. Hathor, dame du pays de la malachite [et de la turquoise], était la déesse des mines ... ".< 15l

Guy Rachet

Nous étions près de 700 Shemsu-Râ et Urshu dans la région de Matke't (Sinai),90 embusqués derrière la "colline du guet". J'avais péniblement réussi à engager 300 Urshu (guetteurs) de mon frère Sabu (Anubis). L'entente n'était pas chaleureuse, mais l'objectifdes deux clans étaient le même : stopper la progression de nos ennemis sur le territoire de notre père Asar. De plus, les Urshu connaissent très bien ce domaine. À l'époque de mon père, il s'était déroulé ici une grande bataille entre les Urshu et les Anunnaki. Cette intrusion ennemie avait eu pour objectif de prendre possession des mines d' Asar- une bataille que les Urshu avaient remportée. Ce domaine est maudit aux yeux des ennemis de la Lumière. Mais les gisements de pierres et de cuivre de cette région ont toujours fait tourner la tête de mon oncle.

Nous avions été prévenus par des éclaireurs de Râ que des troupes ennemies étaient nuitamment en train de se déplacer dans cette direction. Lorsque leur marche nocturne s'achève, les Anunnaki ont 90 Majke ~ veut dire "turquoise" en égyptien. Le Sinaï a de fait toujours été nommé de cette manière à cause de ses mines, en particulier celles de turquoise.

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pour habitude de creuser des trous dans lesquels ils s'enfouissent pour se reposer jusqu'au soir. Difficile de les détecter de jour, si ce n'est en survolant la zone de près, c'est-à-dire en prenant le risque de se faire repérer. Nous nous étions déplacés vers la zone convoitée de la même façon que nos adversaires : de nuit. Notre expédition nocturne avait atteint ce secteur stratégique au petit matin. Le ciel était plombé, mais il ne pleuvait pas. La couche nuageuse était assez basse. Râ, mon aîné, stationnait silencieusement en hauteur, au-dessus des nuages. Nous avions passé la journée à attendre le signal tant attendu. J'ourdissais mon plan dans ma tête, ce qui m'empêchait de me concentrer sur le combat que nous allions livrer. Je jouais serré, je n'avais pas droit à l'erreur. Il en dépendait de ma vie et de 1 'honneur de ma mère.

Sabu (Anubis) était à mes côtés, il avait remarqué mon agita­tion intérieure. Lui aussi semblait troublé. Je lui ai demandé ce qui n'allait pas et il m'a répondu qu'il connaissait bien cet endroit pour y avoir combattu nos ennemis et qu'il avait vu beaucoup des nôtres mourir ici. Je ne comprenais pas, il ne devait pas parler de cette fameuse bataille puisqu'il est né après la mort de mon père. Il m'a regardé fixement dans les yeux et m'a révélé qu'il avait très bien connu notre père et qu'ils avaient tous deux réalisé de grandes choses ensemble. Je dois bien t'avouer, Uatch, avoir été jaloux et en colère ! Sabu l'avait senti, il m'a tenu le bras fraternellement et m'a recommandé de ne pas être envieux, car je suis bien celui que dési­gnent les affirmations de ma mère. J'étais bien Asar avant de reve­nir de l'au-delà de l'horizon des événements. Cela ne faisait aucun doute pour lui, et il m'a rappelé qu'il m'aiderait à l'accepter. Sabu s'est alors confié à moi à propos des combats et de l'existence:

-Tu dois savoir que je n'aime pas ce genre de bataille, mon frère.

- Moi non plus, lui ai-je répondu. - Mais j'ai toujours pris les armes lorsqu'il était question de

protéger nos parents ou de préserver nos terres. Comme autrefois, c'est pour moi un honneur de combattre à tes côtés en ce jour.

-J'essayerai d'être digne de cet honneur, mon frère. Mon Girkù va nous avantager.

- Oui, mais tiens-le bien ferme, qu'il ne s'échappe pas de tes mains.

Sabu était resté pensif.

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LA BATAILLE DE MAFKE'T 245

- Tu devrais te trouver une femme, mon frère, lui ai-je dit. -Ah, pourquoi ? J'en ai fréquenté, tu sais. J'en connais plus que

toi sur le sujet, a-t-il précisé en souriant. -Je te parle aussi d'une famille. Tu devrais fonder une famille,

mon frère. -Je te promets d'y songer lorsque la promise se présentera ... - J'y compte bien ! Plusieurs Gigirlah (roues étincelantes) et Tumua (force du

ventj91 appartenant à mon aîné se trouvaient un peu plus à l'ouest de notre position, dissimulés entre deux buttes situées à une trentaine de minutes de marche. Geghu (''le faucon marteleur'~ se trouvait en face de nous, directement caché derrière la "colline du sang". C'est à cet endroit que près de 500 Anunnaki étaient tombés sous les coups des bataillons d' Asar. Il était prévu que j'utilise Geghu en dernier recours si la bataille devait mal tourner.

Notre objectif était d'attendre la tombée de la nuit et guetter le signal pour nous remettre en marche. Nous avions prévu une attaque frontale dans 1' obscurité à quelque distance de là, alors que nos adversaires devraient avoir près d'une nuit de marche dans les jambes. Nous pensions que les Anunnaki étaient à sept ou huit heures de notre position, mais lorsque l'ennemi se désensabla et fut enfin repéré, on nous signala que nous n'en étions qu'à une heure. On ne pouvait plus compter sur l'effet de surprise et la fatigue de nos adversaires. Contre toute attente, ils avaient démarré plus tôt que prévu ; le jour n'allait se coucher que dans deux heures et il fallait rapidement prendre une décision : les éclaireurs de l'armée de Setes n'allaient pas tarder .. .

Râ ordonna un changement de stratégie afin de préserver 1 'effet de surprise. Il fut ordonné aux soldats de revenir sur leurs pas, et de quitter les lieux pour se replier vers l'ouestjusqu'aux vaisseaux. La retraite devait s'effectuer très vite et sans bruit. J'ai été prendre mes ordres auprès de Râ par radio, tout en lui spécifiant que je ne pouvais me joindre aux troupes et abandonner mon vaisseau pour le voir se retrouver aux mains de nos adversaires. Je prenais un risque, même en sécurisant l'accès de Geghu. Mon aîné me commanda alors de regagner mon vaisseau et de décoller immédiatement. Je lui ai indiqué que c'était trop tard, et que les éclaireurs ennemis

9 ' Voir photographie na 7, à la p. 56 d'Adam Genisis.

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risquaient de l'apercevoir quand il décollerait, même de loin. Râ était agacé, il me commanda de regagner mon vaisseau, d'y rester et de couper ma radio. Je lui ai demandé si j'avais d'autres ordres à attendre de lui, il me répondit que non. Ainsi, j'étais hors course !

Les troupes respectives de Râ et de Sabu quittèrent les lieux pour reculer vers 1 'ouest. Leur déplacement forma un léger nuage de poussière qui s'estompa heureusement au bout de quelques instants. J'étais là près de mon vaisseau, à la fois silencieux et isolé par rapport aux mouvements de troupes en cours, coupé de tout contact radio. Cette décision imprévue contrariait mon plan. Râ devait descendre et prendre part au combat, 1' épée à la main. C'était ce que j'avais prévu. C'est ce qu'il fait généralement lorsque 1' ennemi est à portée de main, pour "maintenir sa forme" comme pour la gloire et les honneurs habituels. Si je ne participais pas aux combats au sol et si mon aîné ne descendait pas pour combattre, ma stratégie tombait à l'eau.

Les éclaireurs sont arrivés dans la vallée beaucoup plus vite que prévu ... À peine un quart d'heure après la levée du camp. Ils sont apparus progressivement et séparément; j'en ai comptabilisé cinq ; ils étaient tous humains et équipés d'armes blanches. Ils m'ont semblé nerveux. J'espérais que 1 'un d'entre eux n'allait pas avoir le sinistre projet d'explorer la "colline du sang". Ils firent brièvement le tour de la petite vallée et continuèrent à marcher le long des buttes.

Une demi-heure après, sont apparus les Anunnaki. Ils étaient nombreux, très nombreux. J'étais à plat ventre sur le haut de la colline et examinais leur déplacement à l'aide d'une lunette grossissante. Les soldats n'étaient pas en formation, ils étaient dispersés dans toute la vallée. Je vis soudain certains d'eux escalader les collines d'en face. Mon sang ne fit qu'un tour, il devait en être pareillement du côté des montagnes où je me trouvais. J'ai dévalé la "colline du sang" et escaladé rapidement mon vaisseau pour me glisser à l'intérieur. Si l'un des soldats me voyait, je pourrais alors effectuer un décollage d'urgence. L'ensemble de notre opération militaire et mon plan se présentaient très mal !

On ne tarda pas à me découvrir. Un Anunnaki tomba nez à nez avec mon vaisseau et fut frappé d'effroi tant il ne s'attendait pas à cette rencontre ; il ne me distingua cependant pas au travers de la vitre teintée. J'avais les manettes en main, prêt à m'arracher du sol.

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LA BATAILLE DE MAFKE'T 247

L' Anunnaki a bondi sur Geghu et j'ai alors électrifié 1 'appareil ; le soldat est tombé raide mort. J'ai ensuite mis en marche mon radar et plusieurs formes sont apparues sur mon écran. J'ai pu observer que le gros des troupes était déjà passé. Mon radar a scanné la vallée en me fournissant le nombre de soldats ennemis : près de 1200 ... Nous allions nous faire massacrer ! Râ devait maintenant le savoir comme moi. Allait-il prévenir nos soldats ?

QuelquesAnunnaki étaient proches de ma position. Deux d'entre eux avaient la possibilité de s'opposer à mon vaisseau. Le coup de l'électrocution ne marcherait pas une seconde fois. J'ai quitté Geghu et me suis caché derrière un buisson. Un premier soldat est apparu, je l'ai liquidé d'un coup de lame bien placé, puis ai tiré le corps derrière le fourré. Le deuxième est arrivé, il a vu Geghu et s'est mis à crier pour donner l'alerte. Je l'ai poursuivi et me suis jeté sur lui. Nous avons roulé sur la pente pour finalement nous écraser plus bas, dans la vallée. J'ai dû l'étrangler de mes mains. Je n'aime pas ce genre de combat. Si Nebet-Hut (Nephtys) m'avait vu, une telle chose l'aurait sans doute galvanisée- mais pas moi ! J'ai tiré le corps jusqu'au pied des collines, à couvert. Rien, plus aucun bruit; l'armée était déjà loin.

J'ai eu comme un mauvais pressentiment. J'ai regagné Geghu et effectué un scannage plus large de la région. Nos soldats étaient là, retranchés, leurs rangs restant immobiles. Manifestement, la bataille devait coûte que coûte avoir lieu. Le vaisseau de Râ planait au-dessus des nuages. Mon aîné devait sans doute compter sur le soutien de ses appareils volants stationnés plus loin. Mais cela ne suffirait pas ! J'ai attendu de voir le début des combats sur mon écran. Lorsque les premiers signes sont apparus et que nos soldats sont sortis de leurs retranchements, Geghu s'est arraché du sol et a filé en direction des colonnes arrières de notre ennemi. Je me devais de détruire le maximum de soldats de son arrière-garde.

La lumière du jour déclinait. L'arrière-garde n'était pas encore engagée et se trouvait à mi-distance de la mêlée ; 1' effet de surprise fut total. J'ai rallumé ma radio avant d'ouvrir le feu et prévenu mon aîné de ma présence. Il n'a pas eu le temps de me répondre. Geghu et moi n'avons eu nul besoin de faire le tri, j'ai lâché mes deux missiles sur les colonnes arrières. Le carnage fut complet et plusieurs centaines de soldats ont mordu la poussière. J'entendis à ce moment-là la voix de Râ me signifier que j'aurais dû attendre ses

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ordres. "Pas le temps, je souhaite ramener les Shemsu de 1 'Ouest à leurs familles, et en vie 1 Je fais encore deux ou trois passages avant de prendre part aux combats au sol" ai-je répondu. Aucune réponse, mais Her-Râ devait être en colère : je lui avais volé sa victoire ! Les forces aériennes de Râ apparurent alors pour prendre part au combat.

Geghu a effectué plusieurs passages pour éliminer les fuyards qui se repliaient vers les montagnes. J'ai ensuite dirigé mon vaisseau vers 1 'ouest pour le dissimuler derrière nos lignes, à un quart d'heure des combats. Ayant sécurisé son accès, je me suis alors lancé dans une course effrénée pour rejoindre la mêlée.

J'étais mort de fatigue tant la course avait été intense. Le soleil venait de percer les nuages et embrasait la terre de ses ultimes traits de lumière. La mêlée, confuse, était enfin visible, et j'entendais de loin le choc des épées. Une odeur de carnage et de mort emplissait ces lieux où régnait le plus grand désordre. Le soleil était de notre côté, et l'ennemi l'avait dans les yeux. Uatch à la main, je me suis jeté au milieu de la confusion et du tumulte. Son intensité était réglée au maximum. Je me trouvai face à un tourbillon d'épées et de lances, mais Uatch mit tout cela en pièce ou en déroute. Je frappai sans aucune sensation de résistance. Je taillais dans les lames ennemies et les corps comme dans du beurre. Chaque coup était gagnant, c'est le privilège de ceux qui savent maîtriser un Girkù. L'ennemi était frappé de terreur.

Les vaillants Urshu se battaient comme des lions mais certains étaient déjà à terre. De nombreux corps des deux camps gisaient sur le sol. Les plaintes, le sang, les tripes et tout ce qu'un soldat connaît, sans jamais souhaiter le revivre avec une telle intensité, dominaient dans cette bataille, ma première au sol. Je devais faire attention à mon bras gauche, celui de ma vengeance. Il ne devait essuyer au­cun coup, sinon je tomberais et serais à la merci de nos ennemis.

La poussière était dense par endroits, et le sable envahissait nos bouches ; nos yeux brûlaient. Les Anunnaki reculaient progressivement. Mon père avait sûrement connu quelques batailles de ce genre, et il y avait survécu - alors, nous aussi ! Les chocs étaient de plus en plus violents à mesure que nous progressions. Râ devait descendre -c'était maintenant ou jamais ! J'ai fixé le ciel des yeux. Son Na'arb (souffle ardent) faisait silencieusement du surplace, mais il ne prenait pas part au combat. J'étais en colère :

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LA BATAILLE DE MAFIŒ'T 249

il devait nous assister et ensuite descendre se battre ! Je n'oubliais pas mon plan ; celui-ci ne m'avait jamais quitté l'esprit, et je ne faisais qu'y penser. Où était mon frère Sabu ? Était-il toujours parmi les vivants ? Je pensais aussi à lui, car je ne souhaitais pas le perdre maintenant, alors que nous commencions seulement à nous connaître ... J'ai aperçu Ninurta, le fils de Setes. Il m'a vu lui aussi mais rn' a évité. Une telle armée d' Anunnaki ne pouvait être dirigée que par un individu haut placé et de confiance. Ce spectacle imposant et terrible me donnait la sensation d'être sans fin. Uatch avait beau frapper et frapper encore, rien ne semblait pouvoir stopper le carnage. Les ténèbres recouvraient maintenant la bataille, seule la clarté de la lune éclairait encore faiblement nos gestes. Uatch, tu brillais de mille feux dans la bataille !

Finalement, un son aussi puissant que celui d'une gigantesque come s'échappa du Na'arb, annonçant la participation du grand Râ et de sa suite au combat. Un rayon sortit du vaisseau et achemina Râ et sa garde rapprochée au sein de la mêlée. Le choc fut terrible et ce débarquement engendra une certaine confusion chez nos adversaires. Les soldats de Râ se précipitèrent sur leurs rangs avec fureur. La victoire était enfin à portée de main. Ma propre victoire également...

Mon attention était maintenant fixée sur mon aîné. Les coups de l'ennemi étaient de moins en moins soutenus et me permirent de discrètement me rapprocher de notre commandant en chef. Mon arme silencieuse était soigneusement ligotée à mon poignet et dissimulée sous ma combinaison couleur de nuit. Où étais-tu, Râ, lorsque mon père est tombé? Qu'as-tu fait, illustre Râ, dans l'Assemblée? Tu as humilié la Mère du Trône et son fils. Tu complotes avec ma seconde mère ; tu me crains. Tu aurais voulu que le grand reptile me dévore dans le bassin de Bit-Râ-Hem. Aujourd'hui, tu as voulu me mettre hors course ...

La garde rapprochée du grand Her-Râ terrassait les derniers résistants avec ses armes victorieuses. Les cuirasses brillaient sous l'éclat de la lune. Je n'avais jamais vu ces soldats auparavant. Personne n'a le privilège de les contempler, mis à part les vainqueurs, au moment où la bataille est sur le point de s'achever. Le clan Khentamentiu de mon père ne les a sans doute jamais vus, ou cela remonte alors à très loin. Ces guerriers ont les cheveux blancs et la peau d'une clarté éblouissante. Ils sont d'une extrême violence et

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d'une rare cruauté. "La violence possède, seule, le privilège de se faire respecter"- je ne sais plus qui avait dit cela; peut-être 1 'avais­je lu dans les archives de mon père, mais cette phrase prenait tout son sens ici, sous nos yeux mêmes. Les Urshu de 1 'Ouest étaient abasourdis. La garde rapprochée de Râ est exclusivement composée de royaux Kingu-Babbar (royaux albinos), qui boivent le sang de leurs ennemis! Sur leurs cuirasses était gravé un aigle royal. C'était tout simplement un spectacle indescriptible !

Uatch, te souviens-tu ? Le moment favorable était arrivé. De ma main droite, je te tenais fermement, et je m'apprêtais à lancer le coup fatal du bras gauche. Je n'avais pas droit à l'erreur. Un seul coup pouvait être tiré de ma manche, et il devait atteindre son objectif. J'ai fait attention de lever mon arme punitive à un moment ou nul ne regardait. D'une traction du bras gauche, j'ai asséné la pointe empoisonnée. Le poison que ma mère m'avait remis a alors instantanément produit son effet : Râ est brusquement tombé sur le sol. La garde rapprochée fut prise d'affolement. Le maître des armées était à terre ! Le peu d' Anunnaki encore vivants s'enfuirent vers les montagnes et les vaisseaux se ruèrent à leur poursuite pendant encore plusieurs heures.

Les innombrables bannières de l'armée victorieuse avaient été hissées dans le lointain. Les étendards à têtes de loup et de faucon étaient triomphalement brandis. Plus aucun nuage n'obscurcissait le ciel ; la lune était pleine et éclairait la vallée. Le coi-ps de mon aîné fut halé et mis en sécurité par les cuirasses argentées. Un rayon sortit du Na'arb et emporta la joyeuse famille au teint blême- ma vengeance était complète ! Le Na'arb finit par quitter le ciel étoilé.

Les vainqueurs marchaient sur des piles de cadavres. J'ai retrouvé mon frère choqué, mais il était en vie. J'ai cherché le corps de Ninurta. J'ai fouillé partout sans succès. Il avait dû battre en retraite avec les autres. Nous avons passé la nuit entière et le jour suivant à ramasser les corps ennemis pour les brûler. C'est ce que nous faisons toujours. Nous avons aussi récupéré les armes pour qu'elles ne se retrouvent pas entre les mains des humains. Les Neteru (dieux) ne laissent jamais rien derrière eux. Ceux qui étaient tombés parmi nos deux armées de suivants ont été transportés dans plusieurs vaisseaux cargos et rapatriés auprès de leurs familles. Sur les 300 Urshu que j'avais recrutés, il n'en restait que 180. Je me suis intérieurement juré de ne plus jamais enrôler des Urshu pour

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LA BATAILLE DE MAFKE'T 251

ce genre de mission. Le temps était vraiment venu pour moi de composer mon armée de dissidents, des dissidents dépourvus de tout lien fraternel avec moi-même.

Le mal qui s'était emparé de Her-Râ était inconnu de tous les nôtres. Le chef de nos armées était conscient, mais il ne pouvait plus bouger. Plus les heures passaient, plus le mal semblait envahir son corps affaibli. Yu-Râ (1 'ile de Râ) en A'amenptah (Atlantide) avait été investie par les plus nobles figures de notre peuple. Un cortège solennel circulait en silence, se rendant de l'entrée de la demeure souveraine à la couche royale, en passant par les escaliers intérieurs. Les grandes Serkit (Ninmah) et Neret (Neith-Dim 'mege) s'étaient rendues à son chevet. J'étais là, me tenant en retrait avec mon frère Sabu et Djehuti.

À la stupéfaction générale, Serkit a annoncé qu'elle ne pouvait rien faire, que ce mal semblait étranger à cette planète. Elle avait bien avec elle quelques potions, mais rien ne semblait efficace contre cette étrange affliction. Neret s'est penchée sur mon aîné et lui a fait les pires reproches : "Tu payes maintenant tes actes et tes fourberies. J'ai de la peine pour toi mon .fils. Mais cela, tu le sais déjà. Je prierai pour ton salut". L'assistance était médusée. Tous les yeux étaient maintenant rivés sur le sosie de ma grand-mère Nammu, dont tout le monde sait que l'original était la rivale de Serkit (Ninmah) en termes de Savoir. La pauvre ne pouvait guère mieux faire que la mère des Anunna. Elle possède certes bien des notions de base de ma grand-mère, mais la ressemblance s'arrête là. Elle-même prétend haut et fort qu'elle n'est qu'un Alagni (clone) de l'original.

L'air était surchauffé ; Nebet-Hut entra en scène. Elle avait avec elle une fiole. Une potion qu'elle souhaitait administrer au mourant. Serkit, qui était restée près du lit, la lui saisit des mains et questionna ma seconde mère à l'oreille. Nebet-Hut lui répondit de la même façon. Serkit se redressa et fit finalement "non" de la tête. Nebet-Hut prit alors un air affligé et se mordit les lèvres ; elle semblait avoir les larmes aux yeux. Elle quitta la proximité de la couche royale totalement accablée. Était-ce sincère ou s'agissait-il là d'une comédie? Avec elle, on ne sait jamais sur quel pied danser.

L'assistance était quasiment en deuil. Des prières s'élevaient progressivement. Je jubilais intérieurement, tout en le cachant du mieux que je pouvais. Serkit me regardait silencieusement et avec

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obstination. Elle était pensive. Mon corps se couvrit de sueur. Sabu l'a remarqué et m'a demandé si tout allait bien, j'ai secoué la tête sans rien dire en guise d'affirmative. Serkit ne cessait de me scruter. Elle était tellement puissante qu'elle allait finir par lire en moi sans que je le veuille. Je me concentrai de mon mieux. Le temps semblait s'être arrêté autour de nous deux, le reste des individus présents semblant vibrer selon une autre réalité. Serkit a alors annoncé qu'il était temps de faire venir Aset, qu'elle avait aussi son mot à dire :

-Nous savons bien que notre sœur Aset est interdite de séjour ici, en A'amenptah (Atlantide), mais nous ne sommes pas réunis en Assemblée divine. La grande Neret a pris soin de la faire venir, et elle est sous sa divine protection.

-Inutile de faire attendre tous ces gens plus longtemps, ma sœur, a repris Neret. Que l'on fasse entrer Meri-Aset, la Mère du Trône de Kemet!

Ma mère apparut en silence. Elle avait une fiole entre les mains. Lorsqu'elle se trouva près du lit, Serkit lui demanda le nom du remède à 1 'oreille. Aset lui répondit à voix basse. La mère des Anunna fit alors des yeux ronds comme des billes et autorisa l'administration du breuvage. La grande Serkit semblait déconcertée. Aset se pencha sur le lit de mon aîné. Elle conversa discrètement avec lui ; nous n'entendions absolument rien. Her-Râ sembla protester, mais elle insista. La voix de Râ prit un ton plus calme. Il finit par boire le breuvage, et ma mère se redressa victorieusement. Le grand Râ s'assit alors dans son lit et adopta une mine réjouie. L'assistance acclama ensuite ma mère avec ferveur : la reine de Kemet avait guéri le bras armé des domaines d'Asar. Nebet-Hut n'en revenait pas et semblait irritée au plus haut point.

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4

LES FILS DU FAUCON

"Les Nephilim étaient sur la terre en ces jours-là, et aussi dans la suite, quand les .fils de Dieu s'unissaient aux .filles des hommes et qu 'elles leur donnaient des enfants ; ce sont les héros du temps jadis, ces hommesfameux".(l6)

Genèse6:4

Quelques semaines après, j'ai été dépêché à Aset-Heh (Dendé­rah). Nebet-Aha, la matriarche du domaine, m'avait ordonné de venir récupérer mes deux protégées que j'avais tirées des griffes de mon oncle. Manifestement, il y avait eu un problème. De quel ordre, je n'en avais pas la moindre idée, d'autant que lorsque j'ai quitté Meri, elle m'avait dit d'un ton joyeux qu'une grande journée m'attendait. La magie de notre reine m'échappe. Voit-elle véritablement dans le futur ou bien perçoit-elle des choses qu'elle interprète ensuite ?

À mon arrivée, j'ai trouvé une dépouille emmaillotée à l'entrée du domaine. Une prêtresse attendait ma venue près de la porte; elle m'a conseillé de ne pas m'approcher du corps et m'a guidé vers la matriarche. Nebet-Aha était en prière dans une cellule obscure du temple. Une odeur étrange et familière hantait les lieux, celle du Benben et des pierres noires de l' A'akhet. J'ai senti une bouffée de chaleur. Lorsque la matriarche sortit de sa retraite, elle prit un ton autoritaire :

- Te voilà enfin ! La prochaine fois que tu me commanderas d'accorder 1 'hospitalité à des étrangères, tu t'assureras qu'elles sont

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254 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

en bonne santé. -Par la Source, que s'est-il passé? -Une de tes protégées était porteuse d'un mal, un mal qui a mis le

domaine et son sanctuaire en danger. Nous n'avons pas pu la sauver. - Altin ? ai-je demandé fébrilement. - Non, Altin est vivante, mais elle est encore faible. Tu vas la

récupérer aujourd'hui avec le corps. -Pourquoi ne pas m'avoir contacté avant? - Par sécurité, j'ai ordonné le confinement de notre saint do-

maine pendant plusieurs semaines. Le mal étant maintenant suppri­mé et tout déplacement étant à nouveau possible, je t'ai fait quérir. Tu n'aurais de toute façon rien pu faire.

L'entente entre la matriarche et moi n'a jamais été bonne. Je ne me l'explique pas; il y a quelque chose qui ne fonctionne pas entre nous. Depuis que j'ai fait réintégrer mes trois concubines à Aset­Heh, le ton de Nebet-Aha est encore plus cassant. Je pense que ma tante Nebet-Hut et elle avaient imaginé un plan qui ne s'est pas déroulé comme prévu. Mais lequel ? Cette question me tourmentait depuis quelque temps. Je ne pensais cependant pas que cette visite allait m'apporter la réponse.

J'ai demandé à Nebet-Aha s'il y avait d'autres pertes à déplorer, et elle me répondit que non, qu'elle avait réagi à temps, mais que Altin avait été atteinte du fait qu'elle était avec la victime. Elle avait donc été difficile à soigner. J'ai réalisé à cet instant que Seyhtanri (Seth) avait sans doute contaminé l'humaine qu'il destinait à une exécution publique. Mais pourquoi la sacrifier si elle avait été infectée au préalable ?

Altin vint à notre rencontre, escortée d'une prêtresse humaine. Son teint était pâle et sa démarche vacillante. Elle se jeta dans mes bras.

-Je retrouve toutes mes forces en te voyant, mon prince, m'a-t­elle lancé.

-Comme c'est touchant ! a repris la matriarche d'un ton ironique. Fils de Meri, j'espère que tu ne feras pas l'affront à ta mère de te mélanger avec une humaine et de la placer sur le trône de Kemet ... Je te laisse gérer la situation, et conduire ta destinée. Altin souhaite rentrer chez elle, je ne sais où, à l'Est, chez les sauvages. Qu'il en soit ainsi !

Lorsqu'elle nous quitta, Nebet-Aha se retourna vers moi et me

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LES FILS DU FAUCON 255

rappela de ne pas oublier d'emporter le corps avec nous. Qu'allais­je en faire? Altin m'attira en dehors du temple, elle souhaitait partir d'ici au plus vite. Arrivés dehors, nous entendîmes une flûte résonner dans le lointain. Sa fine mélodie était exquise. "Elle me rappelle la sonorité des oiseaux Bu/bu/'', ai-je lancé. Altin me demanda ce qu'était un Bulbul. Je lui ai répondu qu'il n'y en avait pas chez elle, que c'était une espèce d'oiseau de Kankala (l'Afrique), également présente en A'amenptah (Atlantide) à l'époque de mon père.

Nous étions près du corps de la malheureuse. Altin me signala que c'était elle qui avait demandé à la matriarche de le récupérer.

- Est-il toujours contagieux ? -Non, je ne le pense pas, mais les prêtresses restent prudentes,

me répondit Altin. - Tu sais, il serait plus sage de ne pas le prendre avec nous.

Brûlons-le maintenant. .. - Sage décision, fils de Meri ! répondit une voix derrière Altin. C'était Mersegrit, une de mes ex-concubines. Elle portait un

sarrau immaculé qui faisait ressortir sa peau olivâtre. Sa démarche était gracieuse et silencieuse. Mersegrit était la plus téméraire de mes trois prétendantes. C'est la seule qui m'avait imposé de la chevaucher par derrière. Sa queue s'était redressée et enroulée autour de mon cou, au risque de m'asphyxier si je ne lui avais pas apporté satisfaction ...

-Ce corps semble toujours contagieux, reprit Mersegrit. Il serait plus prudent que le fils de Meri ne s'en approche pas.

-Non! nous devons l'emporter, protestaAltin. - Pour quoi faire, jeune humaine ? -Pour le ramener à sa famille et le placer dans sa sépulture. - Je ne permettrai pas que notre futur roi soit contaminé par ta

faute, petite impudente. -Ne t'en fait pas pour moi, Mersegrit, j'ai la peau dure, ai-je

répondu. Je te remercie de ta sollicitude. - Partons maintenant, me lança Altin. Que je sois parmi les

miens avant le coucher du soleil ! J'ai acquiescé d'un mouvement de la tête. Mersegrit a grondé

de colère: -Tu oses écouter une humaine et lui obéir ?! -Al tin possède du sang Gina' abu!, je lui accorde autant d'égard

qu'à toi.

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256 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

-Alors, ne te fais aucune illusion, bâtarde ! reprit Mersegrit. Tu ne seras pas plus la reine de Kemet que mes sœurs et moi-même. Sa mère l'a envoûté. Son Ba (âme) lui appartient.

-Ne l'écoute pas, Heru, elle est jalouse. Elle est possédée par le pouvoir des pierres noires. Elle et ses deux sœurs les manipulent secrètement dans le temple. Je les ai vues l'autre jour.

-Les pierres noires de l' A'akhet? ai-je demandé naïvement. Mersegrit répéta ma phrase nerveusement : - Les pierres noires de l'A' akhet bien sûr, pauvre naïf ! Grâce à

elles, je sais tout, et toi, rien ! Tu devrais te mélanger de nouveau avec moi, j'aurais beaucoup à t'apprendre sur toi et ta destinée. Te souviens-tu de nos voluptueux échanges ? De la puissance divine que tu m'as conférée et qui m'a submergée comme une marée montante. Cette marée n'est jamais descendue, fils de Meri !

-Il suffit ! s'interposa une voix derrière moi. La matriarche apparut, elle était en colère après Mersegrit.

Nebet-Aha lui commanda de regagner le temple sans délai, et de se préparer à la prière. Elle reprit la parole en s'adressant à moi :

- Je te prie d'excuser sa conduite, Neb (seigneur). Elle avait pour ambition de devenir ta reine, voilà tout.

-Elle ne supporte pas la puissance de mon Niama (force vitale). Tout est de ma faute ...

- Elle et ses sœurs le savaient ! Elles survivront, je les y aiderai. - Depuis quand approchent-elles les pierres sacrées ? -Ne t'inquiète pas, depuis peu. Lorsque tu les as fréquentées,

elles n'y touchaient pas encore. À leur retour, elles ont toutes les trois postulé pour obtenir le droit de les manipuler. Comme elles sont douées et dévouées, j'ai octroyé ce droit à deux d'entre elles. Tefnut pourra bientôt les manipuler à son tour.

- Le corps de la mortelle est-il toujours contagieux ? ai-je demandé.

-Je ne le pense pas, car je l'ai imprégné de ma médecine. Ta protégée souhaite le rapatrier dans son pays, voilà pourquoi je me suis chargée de le décontaminer en attendant ta venue. J'aurai plutôt souhaité la placer sur mon grabat pour 1 'embaumer au plus vite, mais Altin préférait garder le corps comme il est. Cependant, reste prudent, fils de Meri.

À ces mots, la matriarche nous quitta d'un pas véloce en se dirigeant vers le ·temple dédié à ma mère et à ma grand-mère.

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C : Cuivre CR : Cristaux D : Diamants

F :Fer M : Malachite O :Or S : Sel

:Turquoise

Page 260: Anton Parks - Le Réveil Du Phénix

Emesà "langage matrice"

syllabaire + particules sumériennes et

akkadiennes (assyro-babylonien)

Proto-sumérien

Emenita "langage mâle"

Original

ngue noble ou princière"

ou Emean

"langue du ciel" --

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Page 263: Anton Parks - Le Réveil Du Phénix

lnanna-lstar (Nephtys)

Détournement des gènes de Sé'et par Ninmah. lnanna­

Nephtys est procréée par Ningal par

insémination artificielle

Fille naturelle de Ninsikila-Ninmah et

de l' Abgal Enkù Procréée par

insémination ?

Ereskigal/ Aset (Isis-Hathor)

Recréation de Sé'et par Sa'am-Enki à

partir des gènes de Saran

Fils naturel de Mamitu-Nammu et de

I'Abgal Enkù Procréé par

Insémination ?

Sa'am 1 Enki 1 Éa 1 Asar (Osiris) Fils d'An et Mamitu­

Nammu Créé par An à partir ses propres gènes et

ceux de Mamitu­Nammu

Marduk 1 Nergal/ Heru (Horus)

Procréé par Isis par insémination

artificielle à partir des gènes d'Enki-Osiris et de gènes Kingù

Page 264: Anton Parks - Le Réveil Du Phénix

Marduk(2)-AmarUtu -Bêl Ra af-Heru 1 Horus le

cl' "Lu~~~~~-~~~aal ... .

Page 265: Anton Parks - Le Réveil Du Phénix

Les lignées adamiques

-65 000,000

HOMO NEANDERTHALENSIS

ABEL "Projet Elohim"

"Projet Elohlm" è partir de gènes des

planlflceteurs

à partir de gènes des Ugubi et des AmaAutum

Lignée détruite projet annulé

projet annulé

- Ugubl = singe(s) - Ukubi = Genre Homo -.Adam Dili = "animaux premier" (Homo Erectus) = noir -.Adam Min = animaux deuxième" (Homo Sapiens) = noir et • - Ullegarra ="placé avant" (texte bilingue d'Assur)= noir - Annegarra ="placé après" (texte bilingue d'Assur)= noir et • •mwu • Homme noir (texte sumérien "Louange à la pioche et autres)

© 2007 Anton Parks 1 © 2009 Anton et Nora Parks

HOMO ERECTUS HOMO SAPIENS

CAIN

Liens génétiques

Manipulations génétiques

Manipulations clandestines )

---~

Page 266: Anton Parks - Le Réveil Du Phénix

LES FILS DU FAUCON 257

- Cette prêtresse te craint, me dit Altin. -Moi? - Je ne sais pas pourquoi, mais elle te craint énormément. Sois

prudent avec elle, fils de la grande Tanriça (déesse). Par contre, elle est sincère à propos de cette affaire.

- De quoi me parles-tu ? -Tu devrais utiliser un peu mieux tes pouvoirs d'lian (serpent),

tu aurais ainsi saisi ce que j'essayais de te faire comprendre en secret. La défunte n'a pas été empoisonnée par le Seyhtanri, mais ici.

-C'est impossible, pas à Aset-Heh ! Pourquoi? -Pour nous éliminer, elle et moi. Sauf que je n'ai pas bu l'eau

qui m'était présentée chaque jour. Je me suis abreuvé à celle du grand puits. Si je dis vrai, ta mère et toi êtes en danger. Il s'ourdit des complots dans son temple principal. J'ai gardé ce corps pour que tu puisses le faire examiner par ta mère, la magicienne.

-On va éviter de l'impliquer dans cette histoire. Je l'informerai si ce que tu prétends est exact. Je sais où aller. Tu vis bien à 1 'Est, dans les montagnes ?

-Oui. -Alors c'est sur notre chemin. Sur ces paroles, j'ai amené Geghu près de l'entrée du domaine

pour entreposer le corps dans sa cale. Nous avons ensuite quitté Aset-Heh et pris la direction du Nord-est et de l'Igi-Ra (l'œil qui mesure), la montagne de Serkit-Ninmah. À notre arrivée, j'ai posé Geghu dans un tourbillon de poussière. Je suis descendu du vaisseau et j'ai été à la rencontre des Adinu. Les gardes rn' ont dévisagé. Ils ont étrangement changé d'expression en voyant Altin, et se sont inclinés pour la saluer.

Un chemin nous fut frayé vers la demeure de ma tante. ''Je n'ai jamais été aussi bien accueilli ici", ai-je lancé à Al tin avec humour. Un garde frappa la porte en bois de Serkit et lança : "Semhaza, une surprise pour toi". Nous sommes entrés. Ma tante a eu un air abasourdi:

- Tu es là, toi ? -Oui, ma tante ... -Non, pas toi, Altin. Altin se jeta dans les bras de Serkit. Manifestement, elles se

connaissaient. Ma tante m'expliqua que ma protégée avait déjà

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258 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

séjourné ici et qu'elle avait disparu il y a plusieurs mois. - Je n'ai pas eu l'occasion de te le formuler l'autre jour en

A'amenptah : encore tous mes compliments pour ton exploit à la bataille de Mafke't (Sinaï), m'a félicité Serkit.

-Nous avons eu de la chance, car nous étions en sous-nombre. Heureusement que Geghu était là. Nous n'aurons peut-être pas autant de chance la prochaine fois . . .

- Ne sous-estime pas tes capacités, Heru, comme celles des différents Shemsu, a-t-elle ajouté.

Altin raconta ensuite son histoire récente à la souveraine des Adinu qui commanda alors à plusieurs de ses gardes de lui amener le corps suspect. Altin ajouta qu'elle pensait qu'il s'àgissait d'un empoisonnement.

- Encore une histoire de poison, décidément, vous me gâtez, ta mère et toi ! lança Serkit d'un ton presque amusé.

Lorsque la dépouille fut dans la demeure de la reine, cette dernière nous congédia, invoquant le fait de devoir travailler seule et dans le calme. Ma tante poussa Altin à s'emmitoufler dans une couverture en mouton. Nous sommes donc sortis prendre l'air; le corps sentait tellement mauvais que la fraîcheur du vent nous fit du bien. Les rues étaient quasiment vides. Le jour déclinait déjà et la lumière du soleil appliquait un ton orangé à l'étincelante chaîne de montagnes qui nous entourait.

-Je n'aime pas trop les montagnes, lui ai-je dit. -Je les connais par cœur ; c'est ici que je vis, alors que toi, tu

es un Tanri (dieu) du grand fleuve, des plaines et du désert. Tu as 1 'habitude des horizons très lointains.

-Nous allons sûrement devoir passer la nuit ici, à moins que tu ne veuilles voler de nuit, ai-je ajouté.

-Non, nous repartirons demain, lorsque nous aurons la réponse à cette énigme. Si des traîtres circulent librement dans votre cercle d'intimes, il est important que vous le sachiez.

- Pourquoi fais-tu cela pour nous ? -Tu m'as sauvé la vie, fils de la Tanriça (déesse). Chez nous,

nous n'apprécions pas les traîtres. -Nous non plus. Notre famille a été trahie plus d'une fois. Mon

père est mort à cause d'une trahison. -Que sais-tu de cette affaire ? me demanda-t-elle. -Nous ne savons pas grand-chose. Mon père Asar avait recruté

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LES FILS DU FAUCON 259

des Shemsu de l'Est dans sa garde rapprochée, et il a dû être livré à l'ennemi par un ou plusieurs d'entre eux. C'est pourquoi il y a depuis une division au sein des trois grands clans Shemsu. Le domaine de mon père a été attaqué un jour où une grande partie de ses garnisons avaient été envoyées sur un front voisin.

-Ces suivants de l'Est qui se trouvaient avec ton père, était-ce ceux de Râ, ou ceux d'ici, les Adinu?

- Ces deux clans possèdent les mêmes origines, il y avait sans doute des deux. De toute façon, nous n'avons jamais retrouvé les coupables. Il ne restait aucun survivant après l'attaque contre Ta-Ur (Abydos).

- Si, il en restait ! -Qu'en sais-tu? - Mishak en faisait partie. - Le forgeron que ton ancien maître a tué ? Mais c'était un

humain, pas un Neter (dieu). Mon père n'enrôlait pas les humains dans sa garde. Et puis, il serait mort depuis longtemps, tout cela datant maintenant de plusieurs centaines d'années.

- Non, il faisait partie des Do gan, il était 1 'un de ceux que tu nommes Neferu (Nephilim).

-Comment sais-tu que les Neferu ont combattu avec mon père ? J'ai subitement compris ce que Altin me cachait : ce n'était pas

une humaine pourvue de gènes Amasutum, mais bien une Nefer. Elle m'avait caché ce fait depuis le début.

-Pourquoi rn 'avoir dissimulé une chose pareille? ai-je demandé en colère.

-Je te prie de ne pas rn' en vouloir, mais je devais tester ta vertu. Le domaine où je vis est caché. Personne, même parmi les tiens, ne se doute du lieu où nous vivons. Seule ta tante Semhaza le sait.

- Comment se nomme cet endroit ? -La région de la Double Vérité ! Tu dois savoir que le forgeron

Mishak était l'un de mes oncles et l'un des frères du roi des Dogan. Je suis la nièce de notre souverain. Notre roi n'a plus d'enfants ; ils ont tous été tués dans différentes batailles. Étant l'aînée de ma famille, je suis donc l'héritière des Dogan. Tu souhaitais les rencon­trer? Eh bien, je peux t'y aider.

- Que savent les tiens à propos de mon père ? -Beaucoup ! Bien plus que tu ne le penses. Altin s'était glissée sous mon bras. Il faisait froid. J'ai été pris

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260 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

d'un moment d'hésitation. Qu'allait-elle me demander en échange? Elle remarqua mon embarras et me dit que de lui tenir chaud ne m'engageait à rien.

- Je ne te demanderai jamais rien, c'est nous qui te devons beaucoup, m'a-t-elle dit. Et n'omets jamais ceci: je suis une future souveraine, celle d'un peuple fier appelé Dogan qui, je ne te le cache pas, est impatient de te rencontrer. Dugan (''qui portent le combat''), selon l'idiome de mes ancêtres, ou Dogan?

Je lui ai redemandé ce que Dogan voulait dire dans sa langue. Elle m'a répondu:

-Faucon ! Ne me demande pas pourquoi, tu le verras par toi­même.

Vu l'heure tardive, j'ai proposé à Altin de se réchauffer dans mon vaisseau, en lui précisant qu'elle pourrait y passer la nuit. Lorsque nous nous sommes approchés de Geghu, plusieurs Adinu nous ont interpellés. Ils nous ont proposés de nous joindre à eux. La future reine des Dogan était à Igi-Ra, et elle avait pour allié le fils de Meri. La chose semblait incroyable à leurs yeux. Nous avons été invités sous le grand dôme, là où la lentille est braquée jour et nuit vers le ciel. Une grande partie des Adinu s 'y trouvait. Ils nous ont accueillis fraternellement. Tous connaissaient Altin, la Nefer des Shemsu de l'Est. Leur joie était à son comble. Il y eut de la musique, des chants, des danses et de la nourriture. En un instant, nous avions oublié tous nos soucis. La bière a coulé à flot, et j ' en ai bu un peu trop.

Le lendemain, Serkit avait les résultats de son autopsie à nous communiquer. J'avais un gros mal de tête. Ma tante avait travaillé toute la nuit. Le corps présentait des traces radioactives anormales. J'ai demandé à Serkit de préciser ce que cela voulait dire :

-Je n'en sais pas plus que cela, He ru, je ne fais que commenter ce qui est visible. Mais ces radiations ne sont pas la cause du décès.

-Quelle en est la cause, alors? ai-je demandé. - Altin a vu juste, il s'agit d'un poison très puissant que l'on ne

trouve pas à l'état naturel sur cette planète. Je ne l'ai pas totalement décodé, parce que j'ai un moment été accaparée par les traces radioactives, mais ce poison est connu de toute Ninti (prêtresse de la vie).

Serkit semblait embarrassée. Elle demanda à Altin de sortir quelques instants de sa demeure. Notre conversation reprit alors :

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LES FILS DU FAUCON 261

-Que se passe-t-il, ma tante? -Ce poison est pratiquement identique à celui qui a jeté Her-Râ

à terre lors de la bataille de Mafke't (Sinaï). -C'est impossible ! ai-je protesté. - Je m'en doute, Hern. Je connais le secret de ta mère, et le

tien. Rassure-toi, il restera enfoui en moi. J'avoue que vous m'avez bien amusée tous les deux. Râ a eu une bonne leçon ! Mais pour ce cas, c'est différent. Je vois mal ta mère empoisonner une résidente d'Aset-Heh (Dendérah).

- Surtout qu'elle n'y met jamais les pieds, ai-je ajouté. Je pense savoir qui est la coupable, ma tante. Mersegrit, une de mes trois concubines qui vit à Aset-Heh, possède une queue, tout comme celle que ma mère possédait auparavant. ..

- Oui, et tout comme moi ! Seules les Amasutum ancienne souche disposent de cet appendice et donc d'un poison, le même poison que celui auquel ton ancien toi a été confronté lors de l'initiation du feu de l'As en Margid'da (la Grande Ourse).92 Si tu as lu les annales du grand Sa'am, c'était Sé'et qui possédait à la fois le poison et l'antidote. Pour en revenir à notre affaire, il devient évident que c'est cette Mersegrit, ou une de ses sœurs, qui a sans doute empoisonné cette pauvre femme. Sais-tu pourquoi ?

-Sûrement par vengeance ! Ni elle, ni ses sœurs n'ont retenu mon attention en tant que futures épouses.

- Voilà qui est réglé. Tu peux maintenant faire entrer Altin. -Non, pas encore ! Si tu me le permets, je vais profiter de cet

instant pour te demander autre chose. À l'issue de la bataille de Mafke't, les Urshu de mon frère et moi-même avons aperçu la garde rapprochée de Râ.

-Oui ? me dit-elle interrogative. -Eh bien, ces soldats n'étaient pas des Nungal-Shemsu ... -Qu'étaient-ils alors? - . .. des Kingu-Babbar! -Des royaux ? Voilà qui est troublant. Je peux t'assurer que je

n'en savais rien. Mais cela explique peut-être l'étonnante paix que nous connaissons depuis toujours avec les royaux, alors que ces derniers sont en conflit ouvert avec les Anunna. Il y a là, sans doute, un élément qui nous échappe et qui doit être en rapport avec le traité

92 Cf. Le Secret des Étoiles Sombres, à partir de la p. 199.

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262 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

signé dans l' Abzu (le monde souterrain) entre Nut (Nammu), Neret (Neith-Dim 'mege) et les Kingu.93

- Tu es au courant de cela, toi ? - Tu oublies que Asar et moi avons été intimes pendant

longtemps avant le retour de ta mère. Ta tante Neret, qui a élevé Her-Râ, doit avoir conclu un pacte spécial avec les royaux, cela devient transparent. Lequel ? Peut-être pourras-tu le découvrir un jour. J'ai essayé d'en savoir plus il y a longtemps, mais Neret n'avait rien voulu me dire.

Nous avons mis fin à notre conversation confidentielle et Altin a pu revenir dans la demeure de ma tante. Quel était finalement le rapport entre les traces radioactives trouvées sur le cadavre et la meurtrière ? Serkit nous répondit fièrement que cela nous prouvait que la personne qui avait empoisonné l'humaine manipulait des substances radioactives. Ces substances provenaient, bien entendu, des pierres noires - celles de 1 'A'akhet (la colline de 1 'horizon). Ayant achevé sa tâche, Serkit souhaitait se reposer. Elle demanda si nous voulions récupérer le corps et Altin lui répondit contre toute attente qu'elle ne connaissait pas cette femme. Ma tante lui proposa de s'occuper de la dépouille et nous invita à reprendre notre voyage. Les salutations furent expéditives.

C'est ainsi que nous avons repris la route du ciel pour rejoindre les Neferu Dogan, les "faucons", selon la traduction qu'Altin rn' avait donnée de ce mot. Altin me pria de prendre la direction de l'ancienne demeure de Serkit. "L'ancienne Kharsag, le territoire maudit?" ai-je demandé. Elle me le confirma d'un hochement de la tête. Je fus surpris.

Notre voyage fut rapide. Lorsque nous nous trouvâmes en vue de l'ancienne Kharsag, Altin me demanda d'atterrir un peu plus au nord : "Tu vois cette dépression là, en forme de grosse barque ? C'est là qu'il faut se poser", me dit-elle.

-Là? Je rêve ! C'est ici que vous habitez?

93 Cf. Adam Genisis, p. 157. 94 C'est effectivement le nom que la littérature égyptienne attribue au lieu d 'origine des êtres faucons, les suivants d'Horus. Le site qui se trouve au nord de l'ancienne Kharsag, non loin du jardin de Ninmah, se nomme aujourd'hui Eruh, nom qui n 'a aucun sens en langue turque, mais qui rappelle clairement le nom égyptien d'Horus : Heru. De plus, comme nous venons de le voir, le terme turc Dogan ("faucon"), décomposé en sumérien donne DU14-GAN, "por­ter le combat" ou "enfanter la guerre", ce qui est conforme au rôle des Nephilim, ou Neferu, les enfants des veilleurs.

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LES FILS DU FAUCON 263

-Ne t'ai-je pas dit que c'est la région de la Double Vérité ... 94

D'après nos traditions, il est dit que ton père était en colère et qu'il aurait un jour posé son vaisseau du ciel ici, ce qui aurait créé cette marque dans le sol.

- Oui, il a dû se poser près de Kharsag plusieurs fois, mais il n'auraitjamais fait une telle marque dans la roche; en plus, elle est bien trop grande par rapport à Nisighu (l'oiseau bleu) .95

27. Le domaine de la Double Vérité. Au nord-nord-est, de l'ancienne Kharsag et de son jardin se trouve la localité d'Eruh dont il est question dans ce chapitre. Il devrait s'y trouver de nombreux souterrains ...

Geghu a atterri dans un tourbillon englué de poussières lourdes et humides. La région de la Double Vérité baignait dans la lumière dorée du petit matin. Le soleil resplendissait de mille feux. Nous sommes descendus du vaisseau et la princesse des Neferu a alors scruté le paysage. Elle a ensuite positionné ses deux mains autour de sa bouche pour lancer un cri aigu qui me rappela celui du faucon. Al tin le fit retentir plusieurs fois de suite aux quatre coins cardinaux ; l'écho fit le reste. Pendant que nous attendions, je lui ai demandé

•s Si mes estimations sont exactes, le Nisighu doit faire entre 80 et 100 mètres de long.

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264 DEUXIÈME PARTIE -LE RÉVEIL DU FAUCON

pourquoi son peuple s'était réfugié ici. Elle m'a répondu que c'était le dernier endroit où Seyhtanri serait venu les traquer . . .

C'était un décor désertique. L'astre du jour s'élevait doucement et éclairait déjà le creux des montagnes de sa chaude et apaisante lumière. Nous entendîmes un cri semblable à celui d' Altin. Des silhouettes apparurent dans le lointain. À mesure qu'elles s'approchaient, j'ai pu constater à quel point ces êtres étaient grands et athlétiques. La jeune femme plissa les yeux et me dit d'un ton amusé:

-Ah, ils ont voulu t'impressionner : ils portent leurs masques ! -Comment savent-ils qui je suis ? - Ils connaissent bien ton vaisseau. Je suppose que cela fait

quelques temps qu'ils suivent sa trajectoire dans le ciel. -Tu as vraiment bien caché ton jeu, Altin ... Tu savais qui j'étais

depuis le début. - Oui c'est vrai, sans les pouvoirs du Seyhtanri, je t'aurais de

toute façon reconnu. Mon peuple te connaît très bien. Altin soupira et un frisson parcourut tout son être. -Ça ne va pas ? ai-je demandé. -Cela fait maintenant près d'une année que je n'ai pas vu les

miens. Au moment où je te parle, ils se doutent que c'est bien moi, mais vont-ils m'accepter?

- Mais bien entendu ! ... - J'ai changé, tu sais. J'ai changé à cause de ton oncle et du

terrible pouvoir qu'il m'a attribué. J'ai dû faire des choses, là-bas, pour survivre . . .

-Tu n'es pas obligée de leur dire ce qui s'est passé ; tu rn' entends Altin ? lui ai-je dit en lui secouant le bras. Moi, je ne dirai rien. Mais il va falloir improviser, parce qu'ils arrivent ...

C'était un groupe de dix individus. Les masques qu'ils portaient étaient en métal argenté et reproduisaient les traits du faucon. Leur carrure était impressionnante. Leur taille aussi, car ils avaient près d'une tête et demie de plus que moi. Ils portaient des cuirasses composées de différents métaux. Les Neferu tenaient dans leurs mains des harpons et des lances en métal, probablement du fer. J'étais très impressionné. L'un d'entre eux a soulevé son masque, laissant entrevoir ses yeux bleus. Il fixa Altin avec un regard qui exprimait de la méfiance.

- Eh bien, ma cousine, d'où sors-tu ? Nous t'avons cherchée

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LES FILS DU FAUCON 265

partout. Altin bégaya, cherchant ses mots, mais l'inspiration ne lui vint

pas. Le "cousin" n'avait pas l'air commode. J'ai pris la parole: - Elle est toujours choquée, soldat. Elle a dû marcher pendant

des mois dans le désert. Je l'ai trouvée il y a plus de huit semaines sur la rive ouest de Kem-Ur (la Mer Rouge). Elle tentait d'échapper à une division Anunnaki ...

-Nous avons des sentinelles là-bas, et elles n'ont rien vu. -Moi non plus, je n'ai pas vu tes sentinelles, ai-je repris. -C'est qu'elles sont plus efficaces que le clan Khentamentiu et

les Shemsu-Râ réunis. Le Nefer regarda Altin attentivement. Il finit par dire : - Bienvenue à toi, ma cousine, notre future souveraine. Le Nefer fit un signe à ses camarades. L'un d'entre eux voulut

me bander les yeux. J'ai sorti Uatch de son fourreau, mais Altin rn' a tranquillisé en me signalant que c'était justifié. Ils allaient me mener à leur retraite cachée, et comme j'étais encore un étranger pour eux, ils ne voulaient prendre aucun risque. Je leur ai dit que je ne souhaitais pas laisser mon vaisseau à découvert. Le Nefer m'a répondu qu'il serait surveillé, et que de toute façon, aucun vaisseau ennemi ne survolait cette région.

Une fois les yeux bandés, les soldats m'ont fait tourner sur moi-même, et nous avons pris la route. La marche a duré une bonne heure, et nous a fait passer par de fortes montées et autant de descentes. Nous avons finalement atteint notre but lorsque j'ai commencé à entendre nos pas retentir dans de mystérieuses cavernes. Nous nous enfoncions sous la roche. Le cliquetis des armes des Neferu qui avait accompagné mon voyage silencieux se faisait de plus en plus marqué. Ahin était près de moi, je sentais son odeur ; elle me chuchota : "Ces tunnels ne sont pas naturels, ils ont été creusés par ton père A~âr". Je tremblais en silence tellement j'étais impressionné par cette rencontre. Nous avons dû passer plusieurs gardes et nous rapprochions peu à peu d'un tumulte qui se transforma en un tapage assourdissant. J'ai alors perçu des voix s'élever et proclamer en cœur: "A~âr; A~âr; A~âr; ASÂR; ASÂR ... ". Nous avons fait encore quelques pas et 1 'un des soldats a ôté mon bandeau. Je faisais face à une salle monumentale taillée dans la roche. L'air y était surchauffé. De gros lustres se balançaient en rythme au plafond. Une foule immense se trouvait là, acclamant

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266 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

le nom de mon père qui était le grand absent de mon existence. Ce n'était cependant pas Asar qu'ils glorifiaient, mais bien moi. J'ai dû agiter la main pour leur répondre. Étrange sensation que celle d'être livré aux regards d'inconnus qui semblent vous connaître. Je ne savais même pas pourquoi j'étais là.

Les acclamations ont duré un temps qui m'a paru considérable. Lorsque l'ovation s'acheva, un garde me tapa sur l'épaule et m'invita d'un signe à rencontrer leur souverain Saglam, celui qui est "à la tête des nombreux", dans la langue de mes ancêtres. Altin se trouvait derrière moi. Elle m'expliqua que son nom voulait dire "solide" dans leur idiome. Elle et quelques soldats rn' ont alors guidé vers leur souverain. Les couloirs étaient du même type que ceux du repaire de Setes et des différents Kedjiu (veilleurs) du Kursig (Cappadoce).

-Ah, te voilà enfin, fils de la très grande. C'est toi qui as re­trouvé ma nièce chérie ?

Le roi Saglam, le solide, n'était pas aussi grand que la plupart de ses soldats. En dépit du fait qu'il était assis, il semblait faire ma taille. Mais il était bien gras ! Saglam s'obstinait à arranger les plis de la grande cape ocre qui lui servait d'habit. Ses mains couraient le long de ses cuisses et de son ventre, ne trouvant jamais les bons plis qui cacheraient les bourrelets de sa bedaine. Ses longs cheveux mordorés étaient lisses et se terminaient en boucles sur les épaules. Ses petits yeux clairs étaient aussi malicieux que ceux de la fouine.

-Oui, seigneur, c'est bien moi, ai-je répondu. -À la bonne heure ! Donc c'est bien toi, jeune faucon, qui va

prendre la main d' Altin ? J'ai dû trouver une excuse et faire comme si de rien n'était: -Hélas, mon cœur est déjà pris, grand roi. - Ton cœur est déjà pris ? Mais, mais par qui donc, par la corne

de la biquette que j'ai mangée hier ? -C'est un secret que je ne peux confier à personne pour l'instant,

mais qui te sera révélé avant tout le monde, je te le promets. - Bien, bien. Je compte sur toi, hein ? Mais cette terrible an­

nonce éclipse le retour de notre future reine bien-aimée. Voilà qui est fâcheux. Tu es certain que ta jouvencelle vaille Je coup ?

- Oui, je le pense, seigneur. - Bon. Alors comme cela, tu souhaitais nous rencontrer pour

faire affaire ?

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LES FILS DU FAUCON 267

- On ne peut décidément rien te cacher, grand Saglam. -Et c'est pour cela que je suis le roi, me dit-il amusé. - J'ai malheureusement une mauvaise nouvelle à t'annoncer,

seigneur. J'avais un rendez-vous important avec l'un des tiens, mais je suis arrivé trop tard. Il a été tué par le Seyhtanri du Kursig.

-Ton oncle, c'est bien ça? -Oui. - Qui est le Dogan que ce monstre a tué ? - Le forgeron Mishak. -Par ma barbe que je me suis coupée il y a trois lunes ! C'était

l'un de nos meilleurs espions, et surtout un bon ami. Nous l'avions envoyé à la recherche de ma nièce chérie et avions perdu sa trace peu après. Mais poursuis, je t'en conjure.

-Le pouvoir de Kemet est entre mes mains. Au nom de l'an­cienne alliance qui a uni mon père à ton peuple, je suis sur le point de reconquérir les terres volées à Asar et de venger son nom . ..

- ... Mais il te manque juste une armée, reprit-il. - Oui, c'est cela. Une armée de mercenaires prêts à tous les

exploits. -La gloire, les honneurs, les trésors, les femmes ... Mais, jeune

Heru, comment vais-je pouvoir te concéder mon soutien militaire maintenant que ton cœur est pris et que notre alliance ne peut être confortée? Qu'as-tu à m'offrir en compensation?

-Que veux-tu, noble roi ? Des terres ? Du Nebu (or) ? - Ton choix sera le mien. Sois généreux et choisis bien, comme

tu le ferais pour toi-même. Ta sagesse est reconnue dans l'ensemble des pays de l'Ouest.

-Bien, seigneur. - Arrête de m'appeler ainsi, mon bon. Nomme-moi Saglam,

comme autrefois. Cela me fait une drôle de sensation de te revoir. -Me revoir ? Nous nous connaissons ? - Bien entendu ! Cependant, les bruits te concernant se confiT-

ment, tu es revenu d'entre les morts par la montagne d' Aset, mais tu ne te souviens de rien ... Cruel destin ! Tu as pourtant le même regard. Je ne pourrai jamais l'oublier.

- Tu as connu mon père ? - J'ai combattu à ses côtés, tout comme je sms près de toi

aujourd'hui. Les yeux de Saglam se remplirent de larmes. Le roi était devenu

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268 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

nostalgique et son regard ne cessait de m'inspecter. Saglam se leva, titubant presque, du fait d'une soudaine agitation, à moins que ce ne fût son âge avancé. Il me prit enfin par les épaules et me serra fortement contre lui. Il me dit d'une voix étranglée par l'émotion et les pleurs :

- Tu es ici, enfin ! Je te tiens de nouveau dans mes bras, mon bon roi ...

Le souverain me serra plus fort encore. Un court instant, il me sembla apercevoir le visage de Saglam me faisant face, en plus jeune, comme une vision qui serait venue du fond des âges. J'étais allongé sur le sol. Le ciel était d'un bleu profond, mais des colonnes de fumées noires s'élevaient du sol. Des nuages blancs immaculés filaient loin au-dessus de nous. Les vêtements de Saglam étaient ensanglantés. Il me tenait dans ses bras. Le sang qui tachait son uniforme et sa cuirasse ne semblait pas être le sien, mais le mien. Saglam reprit la parole :

- ... J'ai essayé de refermer la plaie béante avec mes mains. Je t'ai supplié de rester avec moi, mais tu es parti, mon roi.

- Tu ne pouvais rien faire de plus, Saglam, ai-je répondu. Tu faisais partie de la garde rapprochée d' Asar. Tu étais là lorsqu'il s'est fait attaquer par surprise à Ta-Ur (Abydos), n'est-ce pas ? Tu as vu partir Asar, alors qu'il était dans tes bras.

Le roi se confia à moi tout en me gardant contre lui. Nos regards ne se croisaient pas, ce qui rendait sans doute sa confession plus facile :

- Oui ! Comme tu as perdu la mémoire, mon roi, je vais te ra­conter ce qui s'est passé. J'étais à la tête des Neferu, j'étais le chef des "nombreux", dont personne ne savait que faire à l'exception de notre bon roi et de notre souveraine. Asar et Aset ont toujours eu beaucoup d'affection pour nous. En ce jour maudit à jamais, nous étions une cible facile pour les forces adverses parce que le bien­aimé Asar avait envoyé pratiquement toutes nos troupes de Ta-Ur le long de Kem-Ur (la Mer Rouge) où nos ennemis se déployaient en force. C'était un piège et notre roi avait été mal conseillé. Nous n'étions qu'une douzaine à être restés avec Asar à Ta-Ur, tous des Neferu, fils des Shemsu de l'Est. Nous faisions partie de sa garde personnelle et avions été choisis pour notre taille et notre force. Nos adversaires sont arrivés de nuit par surprise. Normalement, nous ne risquions pas grand-chose, grâce aux hautes murailles qui

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LES FILS DU FAUCON 269

entouraient les deux demeures royales, mais il y avait parmi nous des traîtres, car les lourdes portes de notre domaine avaient été ou­vertes. Un des félons a été tué par mes soldats, et c'est ce qui nous a alertés. La venue soudaine de nos ennemis avait créé une confusion totale, et les partisans de Setes profitèrent de notre désorganisation. Nous avons très rapidement été contraints de nous retrancher der­rière les murs du Per-Urshu (la demeure des guetteurs/6 tant ils étaient nombreux.

-On dit qu'ils n'étaient que 72 ... , ai-je suggéré. -Oui et non. Ça c'est la légende- pour minorer notre défaite !

Aset, seule, connaît la vérité parce que je la lui ai racontée par la suite. Oui, 72 adversaires au début- ceux qui formaient la milice de Setes. Je vais t'expliquer comment je 1 'ai su par la suite. Setes avait décidé d'en finir avec Asar. Il dirigeait ce premier groupe d'élite. Avant d'atteindre nos fortifications, ils avaient déjà massacré pra­tiquement tous les villageois qui vivaient autour du saint domaine. Quelques suivants vinrent nous porter secours : c'est pour te dire à quel point Asar était aimé de son peuple. Mais ils succombèrent vite sous les coups des partisans de ton oncle. Les soldats de Setes ont brûlé toutes nos réserves. L'ensemble de notre domaine était la proie des flammes, et il semblait faire jour tant le feu était intense. Nous avons été vaillants. Nous avions caché notre roi dans I'En­khu'ur, sa demeure aquatique. Par chance, seul un Abgal était resté avec lui ce jour-là, les autres étant en Kankala (Afrique), remplis­sant une mission civilisatrice auprès des humains. Très vite des ren­forts Shemsu sont arrivés, alertés par les flammes. Il s'agissait de nos guerriers qui se trouvaient dans les deux avant-postes placés au pied des montagnes de Ta-Ur. Une quarantaine de guerriers tout au plus. Mais d'autres partisans de Setes sont également arrivés. Les Anunnaki étaient tellement nombreux que la terre tremblait sous leurs pas. Nulle puissance n'aurait été suffisante pour les arrêter. Nos guerriers ont serré les rangs et ont résisté jusqu'au bout malgré toutes ces épreuves. Nous étions acculés contre nos murs, mais nous en avons éliminé beaucoup - oui, nous avons broyé les os de beau­coup d'entre eux ! Finalement, Asar est sorti de son refuge et est allé se mêler au combat. C'était un acte héroïque appelant tous les honneurs et le regard de la postérité. Il s'est battu comme un lion ! 96 Rappel : le temple de Sethy 1"' d'Abydos a été construit sur les ruines de cette ancienne demeure des Shemsu-guetteurs d'Osiris.

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270 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

Il nous a donné la force d'aller au bout de nos limites, même si tout était perdu. S'il ne l'avait pas fait, je ne serais pas là à te raconter tout ça ! Je me suis faufilé à sa suite. D'autres, plus rapides, se sont joints à lui pour le protéger. Asar n'avait pas son cristal Ugur en mains, car il ne le portait plus à cette époque, mais sa lame mois­sonnait l'ennemi comme je ne l'avais jamais vu faire auparavant. Lui, le plus humble et le moins bagarreur d'entre nous ! Il a de ses propres mains versé le sang de nos ennemis comme nul autre. Mais, vu leur nombre grandissant, nous nous faisions massacrer; j'ai vu deux de mes frères et plusieurs cousins partir en cette nuit fatale. Mais inévitablement, le coup mortel a été porté. Sa'am-Asar est tombé : il avait reçu une lance dans le dos, sans que j'aie su d'où cela venait.

-On dit que c'est Setes ... -Non, c'est faux ! Setes ne se trouvait pas dans la mêlée, mais

plutôt à l'écart ; il rôdait autour de la demeure d' Asar. Notre roi a été traîné par deux Anunnaki jusqu'à la colline qui recouvre le temple Enkhu'ur. La lance était toujours plantée dans son épaule. Je les ai suivis en rampant au milieu des cadavres de mes compagnons. Il fut mené à ce traître de Setes qui se trouvait près de l'Enkhu'ur. Ce dernier a brisé la lance, en veillant à laisser le fer planté dans l'épaule de notre souverain afin de martyriser ses chairs. Setes a fait couper un des arbres sacrés qui se trouvait sur la sainte colline. Ensuite, ils ont ligoté notre roi sur l'arbre. C'est alors que Setes a parlé à Asar, il semblait lui poser des questions. J'étais trop loin pour les entendre. Il était hors de lui. Comme Asar ne lui répondait pas, le sournois l'a frappé une fois, deux fois, trois fois au visage et à la tête, mais notre roi est resté digne. Puis, ce renard de Setes a pris un couteau et lui a ouvert la poitrine. Asar a crié de douleur. Un cri dont je me souviendrai toute ma vie ! ...

La voix de Saglam s'était vue étouffée par une série de sanglots. Le souverain des Neferu pleurait à chaudes larmes comme un enfant, mais je lui ai demandé de poursuivre au nom d' Asar, ce qu'il fit :

- ... Setes riait, et riait sans fin ... Sa victoire était totale. Tout le monde était déjà tombé autour de moi. Plus un seul guerrier n'était debout. J'étais là, au beau milieu de cet épouvantable cauchemar, couché comme tous mes compagnons, et je ne pouvais rien faire pour celui que je devais protéger au péril de ma vie ! J'ai pleuré de

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LES FILS DU FAUCON 271

rage. Plusieurs Anunnaki faisaient le tour du domaine en flammes, une lance à la main. Lorsqu'ils avaient un doute quant à l'état d'une victime, ils lui plantaient leurs lames dans la tête. La victoire était complète, mais ils étaient tous très nerveux. Sans doute n'en revenaient-ils pas. Le carnage aura duré une bonne partie de la nuit. J'ai eu la chance de ne pas être touché par l'une de leurs lances. Setes a plongé sa main dans le corps de notre roi, je ... je ne sais pas ce qu'il a fait. Asar s'est affaissé, je pensais qu'il était mort. Je me suis alors assoupi, épuisé par la fatigue et l'angoisse, et lorsque je me suis réveillé, l'arbre et le roi n'étaient plus là ... Il faisait jour, le soleil se levait. Je me suis redressé en silence. Il n'y avait plus aucun bruit, ni même de plaintes provenant d'éventuels survivants. J'ai rampé comme un Ilan (serpent). J'ai fait le tour des deux demeures sur les genoux. Plus bas, j'ai finalement retrouvé le corps de notre roi gisant dans le grand canal. Il était à moitié sous l'eau et baignait au milieu de son sang. Ils avaient dû l'exhiber et lui faire faire le tour de notre domaine à la manière d'un trophée avant de le laisser là, comme une branche brisée par les vents. J'ai regardé autour de moi et j'ai été le retirer de 1 'élément liquide. Par la grâce de la Source, et contre toute attente, il était encore en vie .. .

-On raconte qu'il était déjà mort noyé, ai-je dit étonné. - Encore un mensonge pour minimiser ses souffrances ! De

toute façon, tu sais comme moi qu'il était Abgal (amphibien). Il a craché de l'eau et du sang, et j'ai repris espoir! Asar était un Neter. Avec les dernières forces qu'il me restait, j'ai péniblement traîné notre roi et le tronc sur plusieurs Remenu (coudées). J'ai trouvé une arme non loin de là, et je 1 'ai utilisée pour le détacher. Les liens étaient fortement serrés et avaient marqué ses chairs. Lorsque j'ai commencé à le débarrasser de ses cordes, la blessure béante de son thorax m'est apparue. Par la Source ! Je n'en revenais pas :je crois qu' Asar n'avait plus de cœur, mais je n'en suis pas certain. Oui, tu m'as bien entendu, il était pourtant encore en vie ! Je n'ai pu ob­server l'entaille plus longtemps, tant elle m'a terrifié. J'ai voulu lui faire croire que tout allait bien. J'ai rapidement tenté de refermer la plaie béante de mes deux mains. J'aurai voulu qu'il me donne de sa magie pour le faire ... C'était un Neter, alors pourquoi pas ? Il a secoué la tête et m'a fait signe de partir. J'ai regardé ses doux yeux vermeils, j'ai entendu sa voix dans mon crâne : "Pars mon ami. Les soldats de ta reine sont en route. Tu ne peux plus rien pour

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272 DEUXIÈME PARTIE· LE RÉVEIL DU FAUCON

moi. Ils sauront me retrouver". Il y eut un bruit proche, comme une conversation que le vent m'aurait rapportée. J'ai cru tout d'abord que c'était notre roi qui me parlait encore, mais c'était en réalité nos ennemis. Je suis resté quelques instants encore avec Asar, le serrant fort contre moi, mais il était déjà passé de "l'autre côté". Quelques partisans de Setes étaient encore là - ils ne laissent jamais de sur­vivants. J'ai donc filé ventre à terre, ai parcouru notre domaine sur toute sa longueur pour me diriger vers les hauteurs. J'ai vu de là­haut les traces sombres que laissaient les incendies de nos ennemis. Ils se voyaient de loin dans la fraîcheur du matin et témoignaient du carnage qu'avait subi Ta-Ur. Je m'apprêtais à attendre les nôtres, dissimulé en haut du Pega (passage) qui creuse la montagne, mais j'ai soudainement retrouvé deux rescapés du carnage, deux Neferu. L'un d'entre eux était Mishak le forgeron. Le second était sous le choc et nous a incités à gagner les tunnels de la Duat pour atteindre le Gigal et sa cité sainte. Nous devions sécuriser nos souterrains au plus vite et raconter à nos compagnons ce qui s'était passé. Ainsi, nous avons fui par les montagnes pour rejoindre la Duat souterraine de Kemet et son réseau de tunnels. Mais au cours de notre marche sur le chemin qui longe l'un des affluents de l'Urenes (le Nil sou­terrain), Mishak et moi avons compris que notre deuxième larron était 1 'un des traîtres qui avaient vendu notre roi à Setes. Le traître Shemsu faisait semblant d'être blessé et ralentissait notre marche. Il avait laissé des marques tout au long de notre parcours souterrain pour que nos ennemis nous retrouvent et découvrent le chemin qui mène vers la sainte cité des Urmah. Nous l'avons torturé pour qu'il nous révèle tout ce qu'il savait. Nous étions prêts à y passer des heures, mais une seule a suffi ! Je ne peux t'expliquer ce que nous avons dû accomplir pour le faire parler. Il a fini par avouer et nous a parlé des 71 complices de Setes qui formaient le bataillon d'élite, ainsi que de ses deux complices qui se trouvaient parmi nous à Ta­Ur. Lui et ses deux associés avaient secrètement ouvert les portes de notre domaine pendant la nuit. Les trois félons avaient trahi Asar et nos frères contre quelques terres et des femmes ... Ensuite, ils avaient pour mission de soustraire un des proches de notre roi au massacre, Mishak en l'occurrence, pour que leur soit révélé le che­min qui mène vers la sainte cité, connu de quelques rares initiés. Une fois ces renseignements obtenus, nous l'avons gavé de grosses pierres, et jeté son corps dans l'eau. Nous avons alors effacé plu-

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LES FILS DU FAUCON 273

sieurs des traces qu'il avait laissées sur les parois, fait disparaître nos empreintes sur le sol, et condamné le passage à pied qui relie Ta-Ur à Nashareth grâce à un éboulement. Aset connaît toute cette histoire. Lorsqu'elle est venue de 1 'A' amen ptah pour se recueillir à Ta-Ur, et qu'elle s'est ensuite établie à Nashareth, nous sommes allés la voir et lui avons tout raconté. Elle rn 'a ensuite mis à la tête des Do gan parce que j'étais le dernier à avoir vu Asar de son vivant étant donné qu'il était mort dans mes bras. Je ne suis jamais re­tourné dans la sainte demeure de Nashareth, ni à Ta-Ur. J'ai honte, mon roi, j'ai honte que des traîtres aient infiltré les miens. Tout mon peuple souffre le déshonneur depuis cette nuit maudite.

Saglam, "le solide", est pratiquement tombé à mes pieds lorsqu'il a eu fini d'évoquer son histoire. L'entourage du roi, ainsi qu' Altin et ses proches étaient tous en larmes. Les Neferu (Nephilim) portaient une bien lourde charge sur leurs épaules du fait de ces trois traîtres. Les Shemsu de l'Ouest, les anciens du clan Khentamentiu, leur avaient fait lourdement payer la disparition d' Asar, alors qu'ils s'étaient battus avec lui jusqu'au bout, jusqu'à la mort.

-Relève-toi, mon fier Saglam, ai-je dit. C'est à moi de te serrer dans mes bras, noble guerrier d'As ar.

Mais Saglam était très affaibli. L'évocation de ce terrible moment l'avait épuisé. Je lui ai alors fait une accolade fraternelle et 1 'ai réinstallé sur son trône en bois. J'ai repris :

- Que puis-je faire pour alléger tes souffrances ? -Rien, seigneur de Kemet. Ta présence parmi nous est inespérée. - Et ta venue dans ma vie et dans mon cœur 1 'est tout autant.

Grâce à toi, je comprends bien des choses. Si tu penses queje suis Asar, ton ancien roi, sache que tu n'as pas à être pardonné de quoi que ce soit. Je parlerai en ton nom à Nashareth, et tu reviendras là­bas la tête haute. Ma mère t'accueillera à bras ouverts.

-Je doute d'en avoir la force et le courage. Si le clan Khenta­mentiu doit un jour nous accueillir, il devra le faire de lui-même.

-Nous trouverons une solution pour que la vérité soit faite à ton sujet et au sujet des tiens.

- Une vérité révélée, mais encore cachée, ô combien . .. , reprit Saglam. Le seul conseil que je me permettrais de te donner, mon roi, c'est de ne jamais faire confiance à Her-Râ (Horus l'ancien). Il n'est plus le Neter qu'il était depuis la mort de Nut (Nammu). Il a pactisé avec le mal !

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-Avec les fils des ténèbres, les Anunna ? Ne le voyant pas répondre, je compris à quoi il faisait allusion. -Tu veux parler des royaux ; je viens de le découvrir il y a peu,

ai-je repris. Sa demeure est remplie de Kingu et sa garde rapprochée n'est composée que de Babbar (albinos). Connais-tu les termes de ce pacte?

-C'est compliqué ! Mais je ne peux te révéler que ce que nous avons su par l'intermédiaire d'Asar. C'est lui-même qui me l'a raconté un soir, lors d'une de nos veillées un peu trop arrosées ... Plus ce que je sais grâce à nos géniteurs Adinu, qui, je te le rappelle, connaissent bien Her-Râ. Cela fait longtemps que Râ est en relation avec les Kingu, nous ne savons pas depuis quand, mais cela fait très longtemps. C'est pourquoi les tiens et nous-mêmes n'avons jamais eu à nous plaindre des royaux. Ils sont plutôt discrets, mais en apparence seulement. Tant que nous ne marchons pas sur leurs terres et que nous ne mettons pas notre nez dans leurs affaires, nous n'avons rien à craindre ...

-Ils se déplacent aussi dans les dimensions du KUR : difficile de leur marcher dessus, ai-je fait remarquer.

Saglam était très fatigué, son souffle était comme coupé, par l'émotion sans doute et l'effort qu'il venait de fournir pour me rapporter tous les détails de ce jour maudit. Tout en s'excusant, il fit signe à Altin de poursuivre la discussion. Il me dit qu'elle en savait autant que lui. La future reine des Neferu reprit en ces termes :

-Peut-être, mais cela ne les empêche pas d'avoir des repaires un peu partout sous terre. Comme nous nous enterrons dans des souterrains de la même manière qu'eux, nous avons déjà eu affaire aux royaux. Ils ne sont pas accommodants, pas plus que leurs enfants Imdugud. Les Shemsu et Neferu ne sont que des bâtards à leurs yeux, mais nous savons qu'ils nous craignent !

-Que veulent-ils ? - Ils font des affaires, ils sont ici chez eux. Ils étaient là avant

nous tous, bien avant que ta grand-mère Nut (Nammu) ne découvre leur présence.

- Des affaires ? De quel genre et avec qui ? - Des affaires avec des engeances extérieures que nous ne

connaissons pas. Leur intérêt se porte particulièrement sur le genre humain et son fonctionnement, et encore plus sur les humains Bab bar (albinos) puisqu'ils possèdent leurs gènes. Lorsque ta tante Serkit

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LES FILS DU FAUCON 275

a commencé à travailler sur le type humain Babbar, les royaux ont gardé un œil attentif sur cette création issue des gènes Adam Min (Homo Sapiens) et des leurs. Nous pensons que les Kingu-Babbar prévoient des invasions du type humains-Babbar concernant les installations Anunnaki, comme à Kalam (Sumer).

- Mais pour cela, il faudrait qu'ils les manœuvrent en secret. Aset a travaillé sur le type humain-Babbar afin que les Anunnaki puissent moins le contrôler.

- Oui, Aset avait créé l'Annegara Babbar (Néandertal blanc ''placé après'') et ensuite travaillé sur 1 'Adam Min-Bab bar que Serkit avait façonné sur les recommandations d' Asar. Néanmoins, les royaux ont de leur côté également modifié 1' Adam Min. Cela nous donne aujourd'hui deux versions d'humains Adam Min-Bab­bar (Homo Sapiens blancs) semblables physiquement, mais dis­semblables d'un point de vue chimique. D'un côté, les versions de Asar-Serkit-Aset, légèrement remaniées, et de l'autre, les versions des Kingu.

- Comment les distinguer ? ai-je demandé. - À notre connaissance, il n'existe aucune manière de les

différencier. La version modifiée par les tiens est capable de raisonner de façon inconsciente, en se servant de l'intuition, et l'autre ne peut raisonner que de façon consciente. Le fait de raisonner uniquement de façon consciente induit des individus qui agissent par calcul. Asar avait effectué le même remaniement sur les Adam Min (Homo Sapiens) de Kankala dans le dos de ses ancêtres, pour éviter que le genre humain ne finisse par s'entretuer comme les Neteru (dieux).

-Cela donne des mortels qui ont du pouvoir sur d'autres. Tant que nous sommes là pour faire la loi, tout ira bien, mais si les Neteru n'étaient plus là ...

-C'est ce que veulent les Kingu, a répondu Altin. Ils ne sont ja­mais intervenus directement et laissent justement tes ancêtres s'en­tretuer. 'Nki-Asar n'a pas voulu reproduire le schéma Gina'abul avec l'espèce humaine. Peut-être pensait-il que les Neteru ne se­raient un jour plus ici et que les humains allaient devoir vivre sans eux, et fatalement faire face aux Kingu.

-Pourtant, les royaux combattent aux côtés de Râ. Ils s'impli­quent malgré tout dans nos histoires.

Saglam répondit en s'énervant : -C'est uniquement un engagement isolé, et qui doit être en rap-

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276 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

port avec un marché conclu entre Râ et eux. C'est juste pour le protéger lui, et lui seul !

-Il a manqué de protection dernièrement, ai-je ajouté amusé. -Oui, il paraît, a repris Saglam. Les nouvelles vont vite comme

tu le sais. Heureusement pour lui que Aset a su le soigner. - Pour en revenir à ta question, ajouta Altin, il faudrait pouvoir

découvrir ce qui se cache derrière tout ça et connaître le plan des Kingu.

-J'en fais mon affaire ! Je finirai bien par trouver, ai-je précisé. - Fais tout de même attention, mon roi, a repris Saglam. Ne

remue pas trop de choses de ce côté. Ne réveille pas ce qui est endormi ...

D'un geste, Saglam demanda à deux de ses gardes de l'aider à se lever. Il était toujours faible.

- Ne t'inquiète pas, Neb (seigneur), m'a-t-il dit. Ce n'est que passager. J'ai gardé en moi toute cette histoire trop longtemps. Cela m'a fait un bien considérable de te la raconter. J'ai juste besoin de repos. En attendant que notre alliance soit concrétisée à travers le geste de ton choix, et pour te prouver que je suis le plus heureux des Neferu, je te cède une centaine de mes soldats. Gurur, mon fier soutien, va quérir cent de nos plus vaillants guerriers. Qu'ils soient tous volontaires pour former les premiers membres des Shemsu­Heru (suivants d'Horus).

C'est ainsi que j'ai obtenu mes premiers guerriers, ceux qui allaient donner un nouveau souffle à ma quête de vérité et de réappropriation des droits de ma famille. En moins d'une heure de temps, les volontaires s'étaient présentés à moi dans la grande salle principale où j'avais été ovationné sous le nom de mon père. Ils m'avaient dénommé A~âr, ce qui veut également dire "dîme" dans leur langue. C'est effectivement 'Nki-Asar qui avait dû fixer les règles de la royauté et du tribut alimentaire destiné à nourrir les Neteru de Kharsag.97

J'ai donc commandé aux Neferu, baptisés "Shemsu-Heru" par Saglam, de se rendre à pied à Mehti (le Delta du Nil), et de camper sur la colline de Dep, près de la butte de Pe où se trouve une importante concentration de membres du clergé d' Asar. C'est

97 Rappel : dans Le Testament de la Vierge, vous trouverez à partir de la p. 107 tout ce qui se rapporte à Asar (Osiris) et à la dîme versée aux dieux. Par une singulière "coïncidence", Asar veut dire "dîme" en turc comme en hébreu ...

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ici que j'avais passé les plus beaux moments de mon enfance avec ma mère. Il avait été convenu qu' ils prennent contact avec le clan Khentamentiu en mon nom, entretiennent de bons rapports avec lui et attendent mes prochaines instructions.

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LES FRAGMENTS DE C.NAKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE

"Dans ces temps brumeux de 1 'évolution du monde, les Hom­mes ne connaissaient pas la mort. Les huit ancêtres issus du premier couple humain vivaient donc indéfiniment. Ils procréè­rent huit descendances distinctes, chacune se reproduisant par soi-même, car chacun était à /a fois mâle etfemelle".<'7l

Tradition des Dogons d'Afrique par Ogotemmêli

À mon retour de la région de la Double Vérité, je me suis senti complètement épuisé. Je n'avais pas fermé l'œil depuis longtemps. Un long sommeil réparateur m'attendait. Je n'ai pas cherché à rencontrer Aset tout de suite. Ce que m 'avaient révélé les Neferu sur leur lien avec mon père devait être digéré avant tout. Aset avait aussi sa promesse à tenir, celle de rn' ouvrir la porte du Shetat (''chambre du roi '') pour me faire passer au-delà de l ' horizon des événements. Mais l' Angal (le grand haut) pouvait attendre encore un peu, j'étais pour l'instant trop fatigué pour le rencontrer.

Une fois écroulé sur mon lit, j'ai intercepté un message télépathique de Nebet-Hut. "Quelle plaie !" me suis-je dit. Elle souhaitait me rencontrer au plus vite. Je lui ai répondu par le Kinsag (télépathie) et nous avons discuté :

- Je suis trop fatigué, ma tante. Laisse-moi en paix. -Cesse donc de m'éviter. Je doute que tu veuilles laisser passer

une occasion comme celle-ci de trouver les réponses à tes questions.

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LES FRAGMENTS DE I.:A'AKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE 279

- Quelles questions ? - Celles qui concernent ton père et tes origines. -Je dois prochainement accéder à la grande Mer (pyramide). Je

trouverai mes réponses en temps voulu. -Ce que je te propose n'impliquera pas autant d'énergie et de

risques pour nous tous. Désactiver notre Mer, même pendant un court moment, est périlleux. Je doute que tu veuilles nous faire courir un tel risque mon prince. Tu pourras effectuer ton voyage allongé ici, à Nashareth. Je serai ton guide.

-C'est bien ça qui m'ennuie, ma tante, je n'ai aucune confiance en toi ! Mais ton idée est attrayante ; je suis cependant trop éreinté pour prévoir un voyage aussi fastidieux que celui de l'au-delà de l'horizon des événements.

- Comment peux-tu me craindre, moi, ta dévouée ? Alors c'est d'accord, Heru? Viens à moi, viens me rencontrer dans mes appartements et je te guiderai.

- Je te l'ai dit, Nebet-Hut, laisse-moi me reposer et on verra ça plus tard peut-être.

- Si tu es trop fatigué pour venir à moi, c'est moi qui viendrai à toi!

- J'en doute fort, les lourdes portes de mes appartements sont closes. Bonne nuit, ma tante !

À cet instant, la mystérieuse et rusée Nebet-Hut fit son apparition chez moi, un coffret à la main. Elle était vêtue d'une robe moulante noire qui tombait jusqu'aux bas des cuisses, croisée sur les seins et serrée à la taille par une ceinture dorée. Un mince serre-tête en Nebu (or) ceignait son front et retenait sa longue chevelure noire où s'entremêlaient des centaines de fils dorés.

- Par la Source ! Comment es-tu entrée? - Tu sous-estimes mes pouvoirs, ceux que tu m'as concédés

dans ton autre vie! J'ai pris le temps de les maîtriser avant qu'ils ne finissent par me dominer. Tu devras en faire autant dans un avenir proche.

Nebet-Hut s'approcha de ma couche d'un air ravi. Sa démarche était animale.

- Alors, je viens d'apprendre que tu pactises avec les Neferu. Fais attention à eux. Ils sont fourbes.

-Ce n'est pas 1 'avis de notre reine, et elle approuve cette alliance. -Jet' aurai pourtant prévenu. Il faudra t'habituer à mon opinion ...

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280 DEUXIÈME PARTIE. LE RÉVEIL DU FAUCON

Maintenant, ouvre la boîte ! -Qu'y a-t-il dedans? -Ouvre-là et tu verras ... Uatch,j'ai été faible. J'avais pourtant un mauvais pressentiment,

mais j'ai tout de même soulevé le couvercle de cette maudite boîte. Il y avait bien entendu des pierres noires de l' A'akhet à l'intérieur. J'ai fait la grimace.

- Elles ne sont pas bonnes pour moi, et tu le sais. - Et pourquoi cela ? - Parce qu'elles me rendent malade. -Il est temps pour toi de te réveiller, Râ'af (soleil noir). Tu n'es

plus le jeune garçon de Meri. Elle ne pourra éternellement t'écarter de ton destin en pensant te protéger. Je suis ton guide : fais-moi confiance au moins une fois dans ta vie !

-Je me doutais depuis un moment que tu manipulais ces pierres. -C'était inévitable puisqu'elles te ressemblent ... - Tes pierres vont-elles me faire rencontrer mon père ou mes

ancêtres ? Je te rappelle que c'est 1 'objectif. - Elles te mèneront là où tu dois te rendre, mon tendre. Elles te

montreront ce que tu dois savoir. -C'est bien parce que je dois savoir qui je suis ! Il n'y a aucun

coup fourré, n'est-ce pas? Aucun crocodile sous mon lit ou aucun monstre derrière le voile ? Je n'ai plus envie de me battre, c'est compris?

-Le seul monstre que tu trouverais serait celui de ton inconscient. Aucun piège, je te le promets. Tu es sous ma divine protection pour toujours.

Nebet-Hut a voulu dégrafer ma combinaison, mais j'ai protesté. Elle m'a alors demandé de le faire moi-même pour rendre ma poitrine accessible. D'un air digne, ma tante a ensuite posé un gros fragment de 1' A' akhet sur mon front, un autre sur ma gorge et un troisième sur mon thorax. J'ai tout de suite éprouvé une sensation de brûlure. Elle m'a dit que ce n'était pas normal tant qu'elles n'étaient pas exposées au soleil, mais que cela l'était à mon contact: "C'est comme lorsque l'on connecte deux polarités identiques, elles se repoussent, et dans certains cas, elles chauffent", rn 'a-t-elle indiqué. Nebet-Hut m'a conseillé de me détendre et de ne penser à rien. Je lui ai répondu que je ne pourrais le faire que si elle retirait sa main de ma cuisse, ce qu'elle fit sur-le-champ.

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LES FRAGMENTS DE I.:A'AKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE 281

La progression vers les contrées indicibles s'est opérée beaucoup plus lentement que dans le Shetat (''chambre du roi'') d' Asar. J'ai dû lutter contre la fatigue et la brûlure tout en me concentrant sur le néant. Des images sont apparues, très floues au début, pour finalement se préciser doucement : j'étais allongé sur mon lit, totalement nu. Une femme se trouvait sur moi. Ses longs cheveux effleuraient mon visage et caressaient mon corps sur toute sa longueur. Sa bouche, sa langue en firent tout autant pour finir par cueillir mon bâton de vie. Le plaisir était intense. Le visage se redressa pour me contempler, c'était Meri ! Elle souriait. C'était bien sa couleur de cheveux - grenat. Elle rampa le long de mon corps pour s'empaler sur mon sexe ...

Où était Asar? Où se trouvaient mes ancêtres ? Je n'étais pas dans mon corps, plutôt spectateur de la scène, mais c'était bien moi qui était allongé. Les baisers assoiffés d' Aset couvraient ma bouche. Elle prenait beaucoup de plaisir. Elle était de plus en plus audacieuse et presque violente. Son visage se redressa pour me fixer attentivement. Ce n'était plus Aset, mais Nebet-Hut ! Avais-je mal vu ? Aucun doute : ses yeux étaient soulignés de khôl et ses paupières ombrées d'un bleu aussi profond que la nuit. Ces che­veux étaient bien ceux de ma tante : noirs comme les ténèbres. Elle s'unissait à moi avec une brutalité bestiale ; ce déchaînement de violence ne semblait jamais devoir finir. Sa robe sombre et fendue révélait de longues cuisses galbées. Sa bouche était crispée de ra­vissement et elle me lançait un regard blanc comme neige, tant le plaisir avait fait basculer ses pupilles. Elle criait et rugissait comme un animal.

Je me suis arraché à cette vision pour regagner la réalité au plus vite. À mon réveil, j'étais bien dans mon lit, et Nebet-Hut à mon chevet. Je me suis relevé d'un coup ; les trois pierres ont roulé sur la couche. J'étais très en colère ! Qu'avait-elle encore fait?

-Par Asar! Prends tes pierres et quitte mon appartement ! ai-je crié.

-Que t'arrive-t-il, mon prince? Qu'as-tu vu? - Tes pierres sont ensorcelées ! Tu les as programmées pour

influencer ma vision. -Je n'y suis pour rien. Je te certifie sur l'honneur que je n'ai rien

fait. C'est toi qui as influencé ta vision. Ce que tu as vu est la vérité du passé ou celle d'un avenir plus ou moins proche. Les pierres

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282 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

noires ne mentent jamais ! - Tu me chevauchais comme une bête ! Voilà bien une curieuse

réalité, n'est-ce pas? Nebet-Hut se mit à rire de bon cœur. Son regard pétillait de

ravissement. - Comme je suis flattée, mon cœur. J'espère que tu y prenais

beaucoup de plaisir. As-tu peur des remous puissants de la vie d'où affleure la vérité ? N'as-tu pas compris que je suis tienne ? Je t'appartiens comme tu m'appartiens. Ensemble nous ne faisons qu'un!

J'étais totalement abasourdi par ce que je venais d'entendre. Après tant d'années pendant lesquelles on m'avait rabâché que j'étais le double inversé d' Aset, ma tante me révélait finalement avec effronterie qu'il n'en était rien et qu'elle était mon M'nen-Ba (même essence) . Un court instant, j'avais envisagé n'être que la victime d'une plaisanterie dont Nebet-Hut a seule le secret, jusqu'à ce que ses yeux se mouillent subitement. Aussi loin que je puisse m'en souvenir, je ne me rappelais pas l'avoir déjà vue pleurer.

- Voilà que je suis ridicule face à toi, mon prince. Après tant d'années d'attente et de silence. Je te prie de m'excuser.

Nebet-Hut s'excuser? Ça aussi, c'était une première. - Mais quelle sombre machination est-ce là ? Tout le monde

prétend ici que je suis le double d' Aset? -C'est ce qu'ils pensent tous, mais ce n'est pas la vérité. Ils ont

tous accepté les égarements de ta mère. Elle a créé un dogme basé sur le mensonge.

-C'est toi qui mens! ai-je lancé. N'étais-tu pas l'une des quatre Meskhenut (déesses des naissances) qui ont entouré ma naissance?

- À ton retour ! Certes, mais cela ne change rien au fait que tu es mon double et non celui d'Aset. Écoute ton cœur, mon aimé, tu verras que c'est la vérité.

Ma tante essuya ses yeux avec un bout de sa robe. - Tu veux dire que les Abgal se seraient trompés ? ai-je alors

demandé. Eux, les sages d'entre les sages que tout le monde écoute chez les nôtres ...

-La technique de tes "sages grenouilles" est implacable, féroce même, parce qu'elle ne fait aucune concession au Ba (âme) à réintégrer un nouveau corps. Lors de l'application Abgal, le Ba n'est pas invité à s'incarner, mais plutôt contraint à le faire. Tu

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trouves cela sage, toi ? - Je n'ai pas à porter de jugement sur ce principe inclus dans les

diverses doctrines de mes ancêtres de Septj (Sirius), ai-je répondu. Lorsqu'une telle application est mise en œuvre, elle est soumise au jugement des Abgal ainsi qu'à leur connaissance de l'astrologie et du fonctionnement de 1 'univers.

-Tu mets en avant la technologie Ab gal, alors que tu ne crois pas être la réincarnation d' Asar. Tu manques de clarté dans tes propos, fils de Meri.

-J'en fait mon affaire et je l'assume, ai-je repris. Peut-être ne suis-je qu'une pièce rapportée dans ce jeu de la vie ? Peut-être y a-t-il eu une erreur de calcul lors de l'envoi de l'onde d' Asar dans l'au-delà de l'horizon des événements98 ? Malgré nos différences, je crois aux paroles d' Asar! Concernant ses convictions, mon père savait que Sé 'et, et ensuite Aset, étaient toutes deux son double, son Urni (âme-sœur), c'est-à-dire son M'nen-Ba. Il n'y a aucun doute.

- Il se trompait, lui aussi ! Toute notre religion est basée sur cette fable qui fait de toi le M'nen-Ba de la Reine du Trône. Tout le monde a cru à ces divagations et nous ne pouvons plus revenir en arrière. Je ne te demande pas de changer nos cultes, mais de me regarder comme ta promise et de me considérer comme telle.

-Les pierres noires t'ont rendue folle ! Tu convoites le trône de ma mère, c'est tout. ..

-Je suis ta reine. N'as-tu pas lu les archives d' Asar? N'as-tu pas consulté les révélations de la Ninhal (prêtresse en divinationj99 ?

- Cette folle ? Tu plaisantes ! Il y a quelque chose qui ne fonc­tionne pas dans tes affirmations : j'ai également vu A set dans ma vision, elle aussi s'unissait à moi avec plaisir. Comment expliques­tu cela?

-C'est très simple, mon tendre, ce que tu as vu est la vérité ! N'as-tu pas remarqué comme son visage a changé? Pas seulement sa peau, mais aussi sa physionomie : ses traits se sont affinés.

-Tout le monde l'a remarqué. Elle est magicienne .. . -Non, oh que non ! Il n'y a rien de magique dans tout cela. Aset

se joue de toi depuis plus d'un an maintenant. Elle s'accouple avec toi en secret. La Reine du Trône te fait venir dans ses appartements,

98 À propos de l'envoi de l'onde osirienne, voir Le Testament de la Vierge à partir de la page 290. 99 Cf. Adam Genisis, p. 147.

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284 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

elle te fait boire l'une de ses potions, vous vous unissez pendant la nuit, et lorsque tu te réveilles, tu ne te souviens plus de rien.

-Quelle bonne plaisanterie ! ai-je lancé, à la fois amusé et exas­péré par une telle insolence.

Nebet-Hut prit un ton à la fois triste et solennel. Elle posa sa main contre mon cœur.

- C'est pourtant vrai. Ta semence, celle qui m'appartient et qu'elle me dérobe sous mon nez, coule dans sa gorge et dans son corps. Grâce à cela, elle est devenue Babbar (albinos), comme nous deux. Te rends-tu compte? Elle est juste ta mère, et moi, ta promise; tu dois l'accepter. La preuve, c'est que se trouvant actuellement privée de ta visite, elle retrouve peu à peu sa véritable physionomie Amasutum ...

J'étais dérouté. Pourquoi Nebet-Hut avait-elle souhaité briser mon univers intérieur de cette façon ? Pour qu'elle soit ma reine ? Sans doute. Je ne savais plus quoi ajouter. N'y avait-il donc que du mensonge dans ses propos ?

-Quitte mes appartements et n'y remets jamais plus les pieds. - Je suis ici pour t'éveiller, mon aimé. Kemet et toi avez trop

longtemps été abusés. Si tu as besoin de mon soutien, ou plus encore, tu sais où me trouver.

Nebet-Hut se retira en silence. J'ai bondi comme un fauve et je me suis lancé à la recherche de mon maître Djehuti. Fort heureusement, il n'était pas dans le 7e sous-sol de Nashareth, mais au second niveau, "sous le grand lac principal du sud" m'avait­on dit. Ce lac est relié à l'Urenes (le Nil souterrain), qui coule plus bas, à partir du quatrième étage. Plusieurs niveaux fusionnent au sud de notre cité pour n'en former que trois sur les sept que nous connaissons, et c'est là que des canaux importants arrosent l'ensemble de Nashareth. Les derniers niveaux de notre refuge sont naturellement irrigués par l'élément liquide grâce à l'Urenes. C'est ce lac sacré supérieur qui fournit en eau le bassin de Bit-Râ-Hem et sa fosse- celle où j'ai combattu le grand crocodile et reçu l'onction divine.

J'ai contourné le grand lac de l'Urenes du premier niveau, dans lequel baigne silencieusement 1 'illustre Nisighu (l'oiseau bleu) d' Asar. Aset me l'avait fait visiter une fois ou deux lorsque j'étais enfant. Ce vaisseau ne m'a jamais attiré, contrairement à Geghu. Une fois par an, Nisighu est retiré de l ' eau, nettoyé, examiné, testé

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LES FRAGMENTS DE CA'AKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE 285

et remis à flot. Il n'y a pas de sel dans l'Urenes, donc aucun risque de corrosion. Au contraire, il se conserve mieux dans cette eau qu'à l'air libre. Il n'a pas volé depuis des temps immémoriaux.

Des formes gracieuses sillonnaient 1 'élément liquide ; c'est ici que nos Abgal séjournent et gardent le Nisighu d' Asar. Ils chantent parfois, ce qui génère une ambiance sonore d'une grande beauté, induisant tranquillité et états méditatifs. Je me promène souvent sur les rives du lac de 1 'Urenes et j'y trouve apaisement et réconfort avant mes sorties avec Geghu. Nombreux sont les habitants de Nas­hareth qui se promènent ici en famille. J'ai souvent discuté avec eux, ce qui m'a permis de les connaître et de les apprécier.

J'ai trouvé Hapy (Sigpabnun-lsimmud), l'ancien camarade de mon père, aux abords du lac. Lorsqu'il n'a pas un œil sur la tombe d' Asar, il se trouve là en compagnie des Abgal. Hapy est un grand rêveur, probablement comme le fut mon père. Il s'est proposé de me conduire auprès de Djehuti.

Après avoir franchi la grande porte du sud et ses larges escaliers en colimaçon, nous nous sommes retrouvés au second niveau. Nous avons arpenté tout 1 'étage : c'est là que se trouvent notre domaine cultivable et nos réserves alimentaires. Ma mère y était présente avec plusieurs prêtresses agricultrices. Elle était très heureuse de me voir, moi-même étant plutôt sur mes gardes. J'ai abrégé notre conversation en lui disant que j'allais rencontrer Djehuti pour une affaire urgente. Meri était triste de ne pas me voir plus longtemps, elle m'a proposé de la retrouver ce soir chez elle, ce à quoi j'ai répondu : "Surtout pas !"

Mon guide et moi avons rejoint Djehuti un peu plus loin. Il travaillait sur une aération qui s'était bouchée et était vêtu d'une combinaison pâle avec des reflets bleus. J'ai remercié Hapy qui est alors retourné à ses occupations. Après avoir expliqué mon expérience avec Nebet-Hut à Djehuti, celui-ci a secoué la tête et m'a dit:

-Je n'ai pas été assez vigilant avec elle. Je ne peux pas avoir un œil partout, mais ce n'est pour autant pas une excuse, mon jeune disciple.

-Alors quoi? Elle m'a menti, oui ou non? - Ta tante est victime de son propre fonctionnement. Nous

connaissons bien ton arbre karmique et celui d'As et. Tu peux être certain que les Abgal n'auraient jamais donné leur accord pour la

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286 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

réalisation de l'entreprise que représente la construction de Bit-Râ­Hem (la Grande Pyramide), s'ils avaient eu un doute à ce sujet. Tout le monde parmi nos alliés a validé cette question de gémellité : les Abgal, Neret, Serkit, ta mère, ta grand-mère Nut. ..

- Nut ? À partir du moment où ma mère a été recréée par mon père 'Nki (''celui d'un autre temps''), ma grand-mère Nut s'est fâchée avec A set, et je n'ai jamais su pourquoi.

-Mais tu le sais, maintenant ; Serkit m'a soufflé que tu l'avais découvert par toi-même il y a peu. Tout simplement parce que ta mère est revenue de l'au-delà de l'horizon des événements avec le patrimoine génétique de Saran, l'ancienne fille de Serkit-Nin­mah. Ta grand-mère en a voulu à 'Nki, tout autant qu'à ta mère et à Serkit. De cette façon, Serkit avait retrouvé sa fille Saran, non seulement son essence - son Ba (âme) - mais aussi sa forme géné­tique. Serkit s'est ainsi jouée de 'Nki, qui l'avait délaissée. Nut ne l'a jamais accepté, et elle en a voulu à son fils de s'être fait piéger. Pour 'Nki, c'était différent, il avait retrouvé son double féminin, et c'est tout ce qui comptait. Peu importait l'apparence, d'autant plus que les changements physiques étaient infimes, à 1 'exception de la queue que possédait Aset, mais qu'elle s'est ensuite fait retirer­ça aussi tu le sais maintenant. Nut a beaucoup appris à N'ki-Asar, mais lui a également beaucoup apporté à ta grand-mère, qui était pourtant la plus grande des Kadistu (planificateurs) Gina'abul. Ce fut pour elle une grande leçon. Pour Serkit aussi, ce fut une grande leçon. Elle est depuis devenue notre meilleure alliée, et tu peux lui faire confiance.

-C'est d'accord, mon guide, j'ai bien compris ton point de vue, mais alors pourquoi Nebet-Hut est-elle certaine d'être mon dou­ble?

- Tout vient probablement du fait que Nebet-Hut possède une partie du patrimoine génétique de Sé' et. Je ne suis pas généticien comme ta mère ou tes tantes Serkit et Neret. Tu pourrais peut-être leur poser la question. Les gènes ne font pas tout, c'est 1 'essence - le Ba - qui crée la différence, mais les expériences, le savoir, se transmettent de fait par les gènes. C'est là que doit se trouver 1 'explication.

- Et pour la question du changement de physionomie de notre reine? Comme je te l'ai dit, Nebet-Hut prétend qu'elle s'accouple en secret avec moi lorsque je lui rends visite. Elle affirme que notre

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LES FRAGMENTS DE I.:A'AKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE 287

reine me drogue et que je ne me souviens de rien. Il est vrai que je me réveille à chaque fois sans me souvenir de notre soirée. J'ai aussi parfois des pertes de mémoire. Sais-tu quelque chose à ce sujet?

Djehuti semblait terriblement ennuyé. - Sincèrement, je ne sais pas. C'est à toi de le découvrir.

Toutefois, si notre reine a fait cela, je ne pense pas que son objectif aura été de t'influencer ou de te manipuler. Elle et toi formez une parcelle divine, tu ne le prends pas en compte parce que tu ne l'as pas accepté. Maintenant que tu occupes une position importante dans notre hiérarchie, il faudra pourtant que tu te positionnes sur ce sujet. Je n'ai pas le droit d'influencer tes choix et tes recherches, c'est pourquoi je ne peux t'en dire plus, ou même te donner un conseil. Tu as bien des choses à découvrir encore, et certaines d'entre elles se trouvent sous ton nez. Ouvre bien grands tes yeux, mon élève.

Djehuti n'a pu m'en dire davantage, il était trop occupé ou bien il ne le voulait pas .. . J'ai ensuite été à la rencontre de mon frère Sabu (Anubis). Je lui ai raconté toute mon entrevue avec les Neferu, ainsi que la vérité sur la mort de notre père Asar. Je lui ai ensuite demandé de se tenir prêt à les rencontrer au sein du domaine de la Double Vérité, près de l'ancienne Kharsag. Étant le commandant en chef du clan Khentamentiu, il était capital qu'il puisse discuter avec le roi des Neferu, celui qui avait soutenu notre père jusqu'à sa mort. Uatch,j'avoue que j'avais aussi une autre idée derrière la tête.

Sabu n'était pas très enthousiaste à cette idée, car il allait devoir affronter les reproches de ses soldats. Je lui ai annoncé que le roi Saglam et sa nièce Altin avaient tous deux une version bien singulière à lui raconter à propos du trépas de notre père, et que je les savais sincères. "Si tu penses qu'ils sont honnêtes sur cette question, cela ne peut être que la vérité. Ton jugement ne peut être erroné sur ce point. J'irai donc les rencontrer", m'a-t-il dit.

Ne sachant pas comment il pourrait appréhender cette question, je n'ai soufflé mot à mon frère de mes présumés rapports intimes avec notre mère. La colère montait peu à peu en moi. Même si Aset avait eu les meilleures intentions du monde, elle m'avait menti, et cette idée m'était intolérable. J'ai laissé Sabu en exigeant toutefois de lui qu'il ne parte pas avant plusieurs jours, car j'allais avoir besoin de lui pour revisiter l'au-delà de l'horizon des événements.

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Il m'a souri et m'a indiqué qu'il devrait alors préparer mon prochain voyage dans le lit d'Asar avec Djehuti. Sabu m'a en effet rappelé que les portes de Bit-Râ-Hem étaient désormais instables et qu'il lui fallait trouver une solution à ce problème. Il rn' a ensuite salué en se frappant fortement la poitrine de sa main droite.

Je suis ensuite retourné au premier niveau du Gigal pour me rendre sur les rives du lac de l'Urenes et discuter avec l'un des Abgal. J'ai interpellé le premier qui m'est apparu :

-Oui, fils de Meri, que me veux-tu? -Vous avez toujours été sept auprès d' Asar, n'est-ce pas? -Oui. - L'un des vôtres a été tué le jour où Asar est tombé - est-ce bien

vrai? -Oui. -Pourquoi êtes-vous à nouveau sept ? - Mais simplement parce que nous avons recréé notre frère. -Quand? - Peu avant ta naissance. Ainsi, nous étions de nouveau sept

28. La barque céleste d'Osiris et le ciel sont soutenus par les quatre Meskhenut (déesses de l'enfantement) qui donneront naissance à Horus. Le scarabée surplombant la scène nous si­gnale la renaissance du dieu. On a tout autour de cette scène les suivants de l'Ouest à tête de chien ainsi que les suivants de l'Est à tête de faucon, lesquels exécutent un salut. À gauche se trouvent les 8 divinités primordiales porteuses de vie - qui mélangent à la fois l'amphi bien et le reptilien -, les 8 ancêtres dont il est interdit de percer l'identité. Ils peuvent à la fois représenter les 7 Abgal à double polarité + Osiris, mais aussi les 8 ancêtres de la création qui forment le clan d'Osiris, à savoir les 4 amphibiens (Nut, Osiris, Isis et Neret) et les 4 reptiliens (ltemu-Râ, Serkit, Ojehuti et Her-Râ). Leurs identités sexuelles sont volontairement mélangées, car nous sommes en présence d'un profond mystère (qui sera révélé dans le tome 4 des Chroniques). On a à l'extrême gauche les vents du Nord et de l'Est à tête de bélier qui rappellent Asar'EI ("Osiris le créateur"), le bouc émissaire sacrifié. Le vent du Nord, en haut, est celui des origines, celles où l'âme d'Osiris sera recherchée. Le vent de l'Est en forme de faucon, en bas, figure le positionnement du nouveau soleil qui pointe le lieu où il se lève désormais depuis le cataclysme.

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LES FRAGMENTS DE CA'AKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE 289

- huit avec Asar. -Attends, je ne comprends pas ... - Bien, nous risquons d'en avoir pour un moment, m'a-t-il

répondu en me coupant la parole. Déshabille-toi, et rejoins-moi dans 1 'eau si tu souhaites poursuivre cette conversation que nous aurions dû avoir il y a plusieurs années.

Les Abgal ont toujours une réflexion "désagréable" à émettre, ce qui veut dire qu'ils adoptent un ton direct, mais tout dépend des dispositions dans lesquelles se trouve leur interlocuteur- moi­même en ce jour. Quant à leurs règles, je m'abstiendrai ici de donner mon opinion, tant elles sont pénibles. Ayant moi-même des gènes Abgal à travers mes père et mère, je me voyais difficilement 1 'insulter, d'autant plus que la conversation était passionnante. J'ai commencé à me déshabiller, mais sans rn' exécuter complètement.

-Non, entièrement, fils de Meri. Une fois totalement nu, je me suis glissé dans l'eau et ai reposé

ma question : - Donc, je ne comprends pas. Tu veux dire que votre frère a

été recréé à l'identique, avec sa signature génétique, et que son Ba (âme) est revenu de l'au-delà de l'horizon des événements? Mais dans quel corps ?

-Dans son corps. Après cette nuit tragique, et alors que les clans d' Asar étaient venus à Ta-Ur pour récupérer les dépouilles, celui de notre frère n'était pratiquement pas endommagé. Son corps gisait dans l'eau sainte de Enkhu'ur (l'Osireion). Nous avons juste eu besoin de le régénérer et d'y faire revenir son essence.

- Régénérer le corps ? - Oui, régénérer. - Mais comment cela ? -Bien, il est vrai que tu n'as pas encore assisté à une régénération

corporelle. Nous appelons cette pratique Gibil (renouvellementjl 00

en Emenita (langage mâle) et Gibil (puissante divinité) en Re'enkemet (égyptien). Cet usage Gina'abul nous permet de renouveler notre corps pour de très longues périodes et ainsi de devenir "éternels".

-Je suis surpris, on ne m'ajamais parlé de cela. Notre Gibil'lasu (renouvellement de la peau) ne suffit donc pas ? Asar ne mentionne 100 Gibil : "renouvellement", "rénover'\ "nouveau", "être neuf" ou "renouveau" en sumérien ou en Emenita (proto-sumérien).

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pas le rituel du Gibil dans ses mémoires, ma mère ne rn ' en a rien dit non plus, ni mes tantes- personne.

Gibil ou Gebir ("grande divinité" ou "puissante divinité")

- Ne t'emporte pas. C'est naturel, on n'en parle jamais. Oui, le Gibil'hisu (renouvellement de la peau) n'est pas suffisant, même s'il permet de tenir très longtemps, mais tout est relatif lorsqu'il est question de temps. Le Gibil est un arcane Gina'abul qui se vit le moment venu. Généralement, nous sommes mis au courant de ce secret par un membre de notre famille ou 1 'un de nos proches, lorsque son grand jour est arrivé. Celui de ta tante Neret (Neith­Dim 'mege) est programmé pour dans huit ans. Tu verras bien comment se déroule 1 'opération, car chaque Gina' abul de notre clan est convié à ce cérémonial. Les Usumgal et les Anunnaki le font entre eux.

- Je croyais plutôt que seuls 1 'Aq (menstrues) et le Nebu (or) permettaient de prolonger la vie ?

-Oui, de la prolonger, mais uniquement pour certains Gina'abul comme les Usumgal et les Anunnaki. Toi-même, les Nungai-Shem­su, les Babbar (albinos), nos femelles et les Abgal n'ont pas besoin de ce regard de vie. Par contre, Asar, comme ses ancêtres, devait nécessairement bénéficier du regard de vie des Amasutum pour rendre son organisme pérenne. En plus, le procédé que tu évoques leur permet aussi de les maintenir dans le KI (3D), contrairement à nous qui évoluons en KI sans problème. Cependant, il arrive un moment où cela ne suffit plus, il faut alors passer par le lit en pierre, et cela concerne l'ensemble des Gina'abul.

- Le lit en pierre ? - Oui. -Celui de Bit-Râ-Hem par exemple ? -Oui, il en existe un autre dans la pyramide de Neret à Sàlim, au

cœur de 1 'Abzu (le monde souterrain). - Et nos ennemis, où pratiquent-ils le rituel du lit en pierre ?

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LES FRAGMENTS DE I.:A'AKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE 291

-Ils l'ont fait pendant des millénaires sur Deser (Mars). - Mais leurs installations sont maintenant détruites depuis le

passage du Benu Céleste, ai-je alors précisé. -Désormais, ils occupent plutôt les souterrains de cette planète.

Nous pensons que c'est là qu'ils pratiquent leur technique du Gibil. -Donc un sarcophage comme celui de Bit-Râ-Hem, voire tous

les autres du même type, possèdent plusieurs fonctions comme celles de voyager au-delà de 1 'horizon des événements et de régénérer un corps ...

-Oui. Pour le premier cas, il s'agit du rituel des portes de lu­mières qui permet d'expédier un être ou une essence vers une des­tination donnée, et aussi de celui de la lumière de l'horizon qui ac­corde la possibilité de réincarner un défunt déterminé. Ta naissance englobe ces deux disciplines, sauf pour le retour puisque tu ne t'es pas réveillé dans le lit en pierre, mais dans le corps d' Aset.

-Pourquoi ne m'a-t-elle pas fait vivre dans le corps d' Asar? - Il était trop endommagé lorsque nous l'avons ramené de Ta-

Ur. Aset a cryogénisé son corps et 1 'a ensuite ressorti pour le rituel à 1 'origine de ta naissance. Elle avait au préalable effectué le rituel des bandelettes et avait équipé Asar pour que son onde entame le grand voyage vers son essence. Aset a utilisé le Ra'n periu (la formule d'ascension) et le Ra'n sekedet (la formule de navigation) comme personne ne 1 'avait fait avant elle. C'est grâce à ces différentes pratiques qu'elle a pu retrouver le Ba d' Asar et le faire revenir au cœur de Bit-Râ-Hem. La Reine du Trône ne voulait pas t'incarner dans le même corps, elle souhaitait une enveloppe Babbar pour les raisons que tu connais.

- Sais-tu que ma mère se mélange avec moi en secret ? - Nous le savons depuis que sa physionomie a changé pour

ressembler à la tienne. Elle ne l'avait sans doute pas prévu, comme elle n'avait pas imaginé s'unir à toi, mais elle 1 'a fait parce que c'était plus fort qu'elle. Être en présence de son double inversé lorsque 1 'on évolue dans la matière est difficile, même pour la branche Abgal qui est regardée comme la plus sage des Gina'abul.

-Mais vous, les Abgal pure souche, vous n'avez pas ce problè-me?

-Non. -Pourquoi? - Parce que nous sommes à la fois mâle et femelle.

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292 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

- Tout le monde pense que vous êtes mâles. Tu me dis que vous avez la double polarité physique ?

- Je ne te parle pas de notre physique, mais de notre structure intérieure. Chacun d'entre nous forme une paire. Chacun est uni avec son double inversé et cohabite avec lui dans son corps. 101 Tu dois savoir que nous avons été comme Aset et toi avant. Cela ne veut pas dire que nous soyons plus évolués que vous deux, mais plutôt que nous avons choisi une autre voie qui se moque de 1 'effort qu'implique la séparation. La séparation fait partie du travail à ef­fectuer dans toute matière. Nous avons déjà supporté ce poids dans le passé, et notre choix est celui-là aujourd'hui. Cela peut changer un jour si nous le souhaitons, mais pour l'instant c'est ainsi. 102

- Mais comment cette ligne de vie pourrait être modifiée alors que vous êtes quasi impérissables ?

- Oh, tu sais, rien n'est figé. Demain, nous pouvons tout à fait partir et quitter notre corps, mais nous ne le ferons pas tant que nous n'aurons pas achevé notre mandat auprès de vous.

- Un mandat auprès de nous ? - Oui, notre mission auprès d' Aset et toi, les Ma~tabba de

Gagsisâ (Sirius). - Les Ma~tabba ? Je ne connais pas ce nom. - Les jeunes jumeaux de Septj (Sirius). Aset et toi avez été

formés dans le corps de Nut (Nammu) bien avant toute l'histoire que tu connais, donc avant 1 'épisode de Sâran et Asme dont tu as eu connaissance dans le cristal d' Asar. En ces temps très éloignés, Nut était enceinte de jumeaux, les divins M3Stabba appartenant à la famille des Abgal. Ces jumeaux étaient chargés de mettre un terme au mal qui dévorait déjà, à l'époque, la famille Gina'abul. Il

101 Ce qui n'est bien entendu pas le cas de tous les Abgal. 102 Comme chez les Gina'abul, la naissance de jumeaux est considérée en Afrique comme une chance ou comme une malédiction. Chez les Dogons, le Nommo s'est transformé en jumeaux de sexes différents après avoir été châtré. La situation des jumeaux apparaît comme profondément ambiguë en Afrique noire. Ils sont soit systématiquement rejetés chez les Dio­la- l'un d'eux étant obligatoirement mis à mort, soit honorés en tant que puissances béné­fiques et tutélaires. Au sein des familles royales, la naissance de jumeaux est problématique du fait du processus de succession : "Dieu créa alors directement des êtres humains tirés de l'argile. Chacun a en lui les deux principes mâle et f emelle, mais on leur apprend la circon­cision et l'excision qui distingueront les sexes" (cf. Les Religions d'Afrique Noire, Fayard­Denoël, Paris, 1969). Pourquoi avoir besoin de pratiquer une ablation d'une partie génitale pour différencier les sexes, si ce n'est pour définir le sexe dans le cas d'une double polarité? Ces rites pourraient à l'origine très bien avoir été pratiqués chez les Gina' abul, comme chez les humains, sur des êtres ayant les deux sexes, afin de spécifier leur genre (mâle ou femelle).

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LES FRAGMENTS DE CA'AKHET ET LE MYSTÈRE DES LITS EN PIERRE 293

s'agissait de deux Kiristi (''poissons ardents de la vie'') . .. Mais je ne t'en dirai pas plus, mon frère, va plutôt voir Aset ou tes tantes Serkit ou Neret pour en savoir plus.

Notre discussion s'est arrêtée là et j'ai remercié l'Abgal. Au cours des heures qui ont suivi, j'ai fait mon possible pour éviter Aset. Mes nerfs étaient en pelote. Je me suis étonné de ma capacité à contenir ma colère. Ce n'était qu'une illusion, car le moindre détail insignifiant suffisait à m'irriter. Plutôt que d'essayer de la maîtriser, il aurait mieux valu qu' elle éclate une bonne fois pour toutes dès le début.

Ces derniers temps, j'avais rencontré et discuté avec toutes les personnes susceptibles de m'apporter des éléments concernant l'épineux sujet de mon père. Toutes les discussions avaient été dans le même sens. Elles confirmaient sans exception que j'étais bien Asar! Cette situation ne m'arrangeait aucunement. Le moment de le vérifier par moi-même était arrivé, mais je n'étais plus certain de vouloir connaître cette vérité. Allait-elle impliquer que j'avais rai­son de douter et que tous ceux qui rn' entouraient avaient tort ? Ou bien allait-elle établir que je me trompais et que tous étaient bien dans le vrai ? Cruel dilemme !

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6

RETOUR VERS CAU .. DELÀ DE CHORIZON DES ÉVÉNEMENTS

"Je pleure de ce que j'ai vu quand je sortais de la fête-Deni à Abydos[. .. }. Celle qui était enceinte, elle a déposé son far­deau : Hyt [Hathor : la déesse-ciel] a accouché devant celui qui est la tête en bas [Osiris qui est mort}. La fermeture dans le mur a été renversée, 103 c'est-à-dire le mal qui était tombé sur le dos du Phénix".< 18>

Extraits du chapitre 64 du Livre des Morts égyptien

J'étais avec Sabu et ses deux prêtres experts en poudre psychotrope. Nous venions de monter péniblement les marches secrètes du Hut-Benu (la demeure du Phénix). Je n'étais pas très fier et redoutais un peu ce que j'allais devoir affronter. Notre marche au cœur de Bit-Râ-Hem se faisait avec une extrême lenteur. Djehuti nous avait avertis que ce ne serait pas une partie de plaisir. Nous étions tous les quatre alourdis par de larges bracelets en acier massif qui nous enserraient poignets et mollets. La fréquence de la Mer (pyramide) avait été abaissée de façon à rendre notre déplacement au cœur de l'édifice possible, et aussi pour nous éviter de "fondre" dans le Shetat (''chambre du roi'') ! La force gravitationnelle était toujours presque nulle. Le bombardement n'avait pas été totalement stoppé, afin que le processus qui protégeait notre site ne soit pas

103 J'ai découvert ce passage peu après la sortie du Testament de la Vierge. Ceux qui ont lu ce livre et le thème du renversement temporel qui y est traité, auront compris l' extrême impor­tance de cet extrait, que je ne connaissais pas encore à l 'époque.

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RETOUR VERS I.:AU-DELÀ DE I.:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 295

interrompu. Nous devions faire au plus vite, car une fois dans le lit d' Asar, le bombardement allait être réactivé et la fréquence remontée.

L'opération comportait un risque majeur: les portes de l'horizon étaient instables depuis que le potentiel gravitationnel de l'édifice avait été annulé. Lorsque Meri m'avait accordé d'entrer dans Bit­Râ-Hem, elle n'avait sans doute pas songé aux périls que cette opération pouvait nous faire courir. Dès le départ, Djehuti lui avait formellement conseillé de ne pas nous autoriser l'accès de Bit-Râ­Hem, mais en vain : malgré son anxiété grandissante, Aset était prête à faire tout son possible pour que j'adhère à son dogme des M'nen-Ba (âmes-sœurs) et que je découvre ma véritable identité par moi-même. Elle savait que Djehuti serait avec nous, et elle a, du reste, une confiance aveugle envers mon frère Sabu.

C'est ici que j'ai été mis au monde, et c'est de nouveau en ce lieu qu'il me fallait revenir pour connaître mes origines. Étrange situation que moi seul semble devoir vivre, tant la charge qui m'est confiée est importante. Certains aspects du phénomène que j'allais vivre étaient en lien avec ceux qui avaient présidé à ma venue lors de mon processus de naissance. Refaire le voyage inverse dans des conditions similaires et retourner au point d'origine était sans nul doute un protocole rare au sein de la famille des Gina' abul.

La veille, Sabu rn 'avait expliqué la démarche qui avait été choisie pour résoudre le problème de stabilisation des portes de lumière. Afin de prévenir d'un risque possible quant à mes composantes, ce ne serait pas mon Ba (âme) qui voyagerait cette fois-ci , mais mon Ka (esprit), dont le déplacement est beaucoup plus rapide. Mon corps et mon Ba resteraient sur place. Pour cela, la poudre que les prêtres allaient me faire inhaler ne serait pas la même que celle des deux fois précédentes. Elle allait modifier la longueur d'onde du récepteur de mon cerveau et rendre mon Ka plus volatile que la plus infime particule de lumière. Djehuti et Sabu avaient aussi décidé de placer un double réflecteur Ankhu constitué de plusieurs Sereku (miroirs) devant la porte de l'horizon sud du Shetat (''chambre du roi''). De cette façon, mon Ka allait pouvoir partir et revenir par le même chemin. Ce miroir multiple de type "Ankhu" avait déjà servi lors de l'envoi de l'onde d'Asar sous sa forme d'Akh, 104 mais son

104 C'est cette scène qui m'a mis sur la voie des miroirs à retournement temporel (MRT) (voir à ce propos Le Testament de la Vierge à partir de la page 290). Pour le Akh, voir la page

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296 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

utilisation avait été légèrement différente. Dans mon cas, l' Ankhu allait ouvrir une voie directe d'entrée et de sortie par rapport à la lumière de l'au-delà de l'horizon, et éviter ainsi à mon Ka (esprit) de devoir passer par la vallée des ténèbres. Il ne s'agissait pas d'aller chercher un Ba (âme) dans la Duat céleste, mais juste de se relier au point de fixation de ma famille céleste se trouvant, selon les propos de ma mère, dans la zone de Sah (Orion). Le voyage serait instantané et constituerait un lien direct entre 1 'Angal de mes ancêtres et notre monde, une sorte d'aller-retour utilisant la même voie.

29. Piliers énergétiques de type "Tesla" dans la grande galerie. Ils servaient à protéger le do­maine de Gizeh en formant un bouclier électromagnétique tout autour du site.

© antonparks.com

La progression dans le Long Hall (grande galerie), en dessous des imposants piliers (Djed), fut lente et pénible. Les colonnes énergétiques crépitaient, et il régnait là une odeur désagréable qui me rappelait un peu Nebet-Hut ou la senteur métallique du Benben et des pierres noires. Lorsque nous sommes arrivés dans le Shetat (''chambre du roi'~, Djehuti s'y trouvait déjà et nous attendait avec un air résolu. Il était lui aussi sanglé dans de 1 'acier. Nous étions tous les quatre à bout de souffle. Djehuti me fit signe de ne pas

(suite de la note 104) 301 du même ouvrage. Les deux chapitres du présent ouvrage qui concernent l'envoi du Ba et celui du Ka de Heru au-delà de l'horizon des événements, for­ment le point de départ des recherches menées dans le chapitre 9 du Testament de la Vierge sur le fonctionnement de la Grande Pyramide, des recherches qui se sont avérées passion­nantes ...

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RETOUR VERS J.:AU-DELÀ DE J.:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 297

perdre de temps et de rn' installer dans le lit. Il a fallu me retirer les larges bracelets de mes mollets pour que je puisse enjamber le sarcophage en pierre afin de rn 'y allonger. Djehuti prit la parole pendant que l'on me préparait :

-C'est donc bien compris, tu vas inhaler la poudre, mais cette fois-ci, dans un contenant fermé, sinon elle s'envolerait. Tu auras juste à placer tes narines sur les deux aspérités coniques et à inspirer un bon coup.

-Oui, je sais. -Juste après, nous refermerons le couvercle du lit, reprit Djehuti.

Il sera hermétiquement clos de l'extérieur grâce à son système de loquets. Ce couvercle va t'empêcher de quitter le lit d' Asar, mais aussi te préserver des ruptures de matière que va occasionner la remise en fonction intégrale du potentiel du vide. C'est clair?

-Oui.

Le sarcophag de la Grande Pyramide

d'après Gilles Oormio

30. Reconstitution du sarcophage de la Grande Pyramide d'après les relevés de Gilles Dormion (cf. la Chambre de Chéops). Le sarcophage est trés abîmé, comme s'il avait fondu sur place, mais il subsiste de fines traces des rainures, et surtout les trois trous appartenant au système de fermeture.

- Tu n'as aucune inquiétude à avoir, le lit est à l'abri de différentes réactions. Nous allons de toute façon te replacer tes deux jambières en acier. Dans le pire des cas, ton corps sera amené

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298 DEUXIÈME PARTIE -LE RÉVEIL DU FAUCON

à planer légèrement. Sabu m'avait doté d'autres formules au cas où j'aurais eu à faire

face à des imprévus. Mais ce n'était qu'une simple précaution étant donné que mon voyage était direct. Il prit à son tour la parole afin de contrôler si j'avais bien compris comment allait s'effectuer mon retour parmi eux :

- Dès que nous aurons refermé le couvercle, nous quitterons le Shetat et fermerons les portes derrière nous. 105 Tu seras totalement isolé. La poudre que tu vas inhaler a des effets plus lents que celle que tu as connue, sauf que cela dépend des individus. Cela va nous donner le temps de nous rendre dans le Meshkenet (chambre de l'enfantement 1 "chambre de la reine''). Nous déclencherons de là le début des opérations, à savoir la totale remise en fonction du potentiel du vide. Les colonnes d'énergie (Djed) seront réactivées et le bombardement sera complètement rétabli. Nous ne serons pratiquement pas touchés par les effets qui se déchaîneront ici. Nous resterons dans le Meshkenet le temps de ton voyage. Pour nous, ton périple ne durera pas longtemps. Nous serons de retour lorsque tu auras réintégré le lit d' Asar.

-Très bien. - Si nous n'étions pas encore là au moment de ton réveil, sois

patient. Ton voyage sera peut-être instantané à nos yeux. Il te faudra compter le temps que nous mettrons à remonter le Long Hall (grande galerie), à ouvrir les portes de la chambre d' Asar et à te libérer.

Je lui adressai un hochement de tête. Mon corps était étendu dans le lit en pierre. J'avais gardé les bracelets aux poignets, mais mes jambes et mon bassin commencèrent à s'élever. Les assistants les retinrent en immobilisant mes mollets à l'aide des lourds bracelets en métal. Je fus subitement dans l'impossibilité de bouger. Tout mon être était comme un cadavre figé, livré à la Duat Céleste. L'un des prêtres me releva le tronc en me tenant par la tête, et me présenta l'objet sphérique avec ses deux cônes creux. J'ai inhalé la poudre avec force. On m'a reposé dans le lit. À peine avais-je eu le temps de revoir le visage de Sabu que le lourd couvercle sombre a glissé au-dessus de moi pour se bloquer en position fermée.

Il faisait noir, totalement noir. La poudre ne m'avait

105 Sans doute le système que l'on nomme aujourd'hui les herses et qui se trouve devant l'entrée de la "Chambre du roi". C'est en tout cas ce que j'en déduis.

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RETOUR VERS I.:AU-DELÀ DE I.:HORIZON DES ÉVÉNEMENTS 299

pratiquement pas piqué les narines. J'étais parfaitement paralysé, dans l'impossibilité de bouger un bras ou une jambe. Ma tête était lourde, j'avais l'impression que mon crâne allait s'enfoncer dans le sol. Mon sang pulsait lourdement dans mon cerveau. J'ai attendu une éternité avant d'entendre le sol vibrer, et j'en ai ainsi déduit que l'eau remplissait le sous-sol. Les colonnes d'énergie (Djed) allaient être remises en fonction.

31. Pilier Djed selon l'image­rie égyptienne. On remarque clairement que le pilier est associé à une onde enfermée dans une bulle ...

Temple de Ramsès Il à Abydos

Je vis ... je vois une lumière apparaître progressivement à travers le couvercle du lit, comme un soleil qui se lève brusquement. La lumière est aveuglante et se diffuse dans la chambre, comme le ferait un soleil arrivé à son zénith. J'ai le sentiment que mon corps se dissout en présence de la lumière. Le quintuple plafond de la salle se dessine à travers ma prison de pierre. Les abeilles d' Asar font leur apparition, elles battent des ailes de façon régulière. Le son que font ces dernières s'amplifie très rapidement. Le plafond tremble - non, il pulse ! Je me lève, je vois mon corps allongé dans le lit en pierre. Une autre forme se trouve là, qui est sans doute mon essence - mon Ba-, elle est reliée à moi, donc à ce que je vois. La forme plane au­dessus du lit. La porte de l'horizon s'illumine comme du Nebu (or) derrière le miroir multiple "Ankhu" encastré dans celle-ci. Sa lueur

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300 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

clignotante se synchronise avec le son de milliers d'ailes : la porte est ouverte. Les abeilles d' Asar sont subitement aspirées au dedans, et j'ai à peine le temps de remarquer que je le suis pareillement.

Plusieurs soleils me font face, je ne les reconnais pas, mais ils doivent logiquement faire partie de la constellation de Sah (Orion). Je me retrouve face à un éclat intense, indescriptible, au bord de tous les mondes : c'est le tunnel de lumière des ancêtres. Les abeilles sont à mes côtés. Elles rn' enveloppent de leur présence chaleureuse. Elles virevoltent tout autour de moi et créent un ballet merveilleux. La même voix féminine que la fois précédente se fait entendre:

- Que cherches-tu ? -Je cherche à rencontrer mon père. -Il n'y a aucun père ici. -Je cherche le fils de Nut, mon géniteur, l'époux de la reine du

Trône de Kemet. - Je te l'ai déjà dit, il ne vit pas ici . -Chez moi, on dit qu'il s'agit de moi. Je t'en prie, aide-moi ! - T'aider ? Sache que je t'accompagne dans ton monde, et

que c'est moi qui ai la charge de t'assister. C'est pourquoi tu es confronté à moi et à personne d'autre.

-Alors je suis venu te rencontrer pour avoir enfin ma réponse -où se trouve Sa'am-Asar, est-ce bien moi?

- Je vais te retourner la question : pourquoi cherches-tu une preuve concernant cette énigme, alors que tu connais déjà la ré­ponse ? Je ne cesse de te la transmettre, mais tu n'écoutes pas, tu n'en fais qu'à ta tête. Le vaisseau bleu d' Asar t'attend.

- Nisighu? - Il te révélera ce que tu es incapable d'entendre. Ton double,

votre souveraine, s'est présenté à moi plusieurs fois avant que tu ne sois de retour dans ton monde. Maintenant que vous êtes réunis, c'est toi qui viens à moi? Que vous arrive-t-il, mon enfant?

- Tu parles comme nos prêtresses ... -Je te laisse, retourne d'où tu viens. Tu as ta réponse et tu peux

maintenant la vérifier. -As-tu une autre suggestion à me faire ? -L'astre vagabond qui menace ton monde est ton allié. Pars,

maintenant, et sois patient lorsque tu te retrouveras dans le coffre. À cet instant précis, je suis aspiré par le vide qui m'avait mené

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RETOUR VERS rAU-DELÀ DE rHORIZON DES ÉVÉNEMENTS 30 l

jusque-là; ma vitesse est vertigineuse. Il me semble que le cortège d'abeilles me suit. Je me retrouve instantanément dans le lit en pierre ... Fin du voyage.

J'avais un terrible mal de crâne. Tout mon corps était douloureu­sement plaqué contre la paroi du couvercle scellé, alors même que j'étais sanglé dans de l'acier! Personne n'était là pour me libérer: les piliers énergétiques devaient encore être en fonctionnement. Au-dessus de moi, les abeilles avaient regagné le quintuple pla­fond. Le battement de leurs ailes avait ralenti, mais le bruit qu'elles faisaient persistait encore. Il était rythmé par la lumière de la porte qui pulsait toujours.

La lumière provenant de la porte s'est finalement éteinte après une attente interminable. La pression qui maintenait mon corps contre la paroi du couvercle s'est relâchée ; tout mon être flottait maintenant au centre du sarcophage. Les lourdes portes du Shetat (''chambre du roi'') s'ouvrirent l'une après l'autre. Des pas se firent entendre. Le couvercle du lit en pierre fut glissé et dégagé, me libérant de ma prison minérale. Mes jambes furent retirées du pesant métal alors que je reprenais mes esprits pour sortir du lit d' Asar. J'étais fatigué et choqué. Le voyage m'avait semblé très court. Il avait dû l'être encore plus ici. Sabu me fixa avec insistance pour m'indiquer qu'il souhaitait savoir si tout s'était bien passé. Il m'était impossible de communiquer. J'étais à la fois soulagé et en colère, mais toujours un peu là-bas, dans ce trouble lointain . . .

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7

LE RÉVEIL D' ASAR

"Réveille-toi, réveille-toi, ô mon p ère Osiris, car j e suis [Ho­rus} ton fils qui t'aime. [ .. . } Vois, je suis venu, au point de pouvoir t'apporter ce qu'il t'a pris. S'est-il réjoui sur toi? Il [Seth] a bu ton sang. [ ... } Les deux sœurs qui t'aiment sont Isis et Nephtys, et elles te soutiendront". l2)

Textes des Pyramides, 2127

J'ai finalement reporté mon exploration de Nisighu (l 'oiseau bleu) à plus tard, sans doute à cause de cette crainte de connaître la vérité à mon propos. Une vérité qui s'était pourtant clairement révélée à moi. J'étais toujours en froid avec Aset, mais la promesse que je lui avais faite concernant Ta-Ur (Abydos) devenait pressante. Mon cœur était lourd. Depuis mon retour de l'au-delà de l'horizon, j'étais comme entre deux eaux.

La mascarade qui se jouait sous notre nez à tous dans le temple aquatique d' Asar n'était plus tolérable. Djehuti m'avait déconseillé de me rendre à Ta-Ur tant que je n'aurais pas trouvé ce qui m'était destiné dans le vaisseau d' Asar. Je l ' avais rassuré en lui révélant que j'allais prochainement faire une déclaration devant tous les nôtres, voire plus encore. Djehuti ne savait pas ce que je préparais en secret.

J'avais décidé d'en finir avec cette histoire et de dénoncer cette odieuse mascarade. Immédiatement après ce nouveau voyage au­delà de l'horizon des événements, j'avais envoyé Sabu auprès des Neferu, dans la région de la Double Vérité. Il avait sept levers de lune devant lui avant de se rendre ensuite à Ta-Ur. Sept journées

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LE RÉVEIL D' ASAR 303

pour faire connaissance avec Saglam et les Neferu-Dogan, et pour convaincre le roi et sa nièce, la future souveraine, de 1 'accompagner à Ta-Ur. Sabu devait aussi prévoir de dépêcher de nombreux prêtres du clan Khentamentiu dans 1 'ancien domaine d' Asar, et de faire venir avec lui d'autres Dogan, d'autres Shemsu-Heru, que le roi nous aurait concédés si sa rencontre avec lui s'était déroulée comme je l'avais prévu. Cela faisait beaucoup de suppositions, mais nous n'avions plus d'autre alternative. J'avais également fait parvenir des messages à Aset et à mes trois tantes pour qu'elles se rendent à Ta-Ur dans sept jours. Ce délai de sept jours était en rapport avec le temps que j'avais devant moi pour mener à bien ma mission à Ta-Ur. J'avais aussi recommandé à Sabu de prendre des dispositions pour que notre mère soit escortée comme jamais. Toutes ces personnes allaient-elles être présentes lors de ma sortie victorieuse de l'Enkhu'ur (l'Osireion) d'Asar?

Je m'étais donc rendu dans l'ancien domaine du grand assassiné dans l'objectif d'accéder aux portes secrètes de son temple aquatique. Je me devais de suivre le protocole religieux afin de déjouer le clergé Abar et lui donner une leçon mémorable.

Une mascarade ! Ta-Ur est victime d'un grossier subterfuge visant à faire croire aux foules exaltées qu'As ar est toujours vivant. Son meurtre a été dissimulé au peuple, seuls les mortels qui vivent avec nous connaissent la vérité. La doctrine suivie à Ta-Ur a peu de rapport avec la croyance qui prévaut au sein des nobles souterrains du Gigal, et avec le dogme qui proclame que je serais la réincarnation du Saint Fondateur. Les prêtres Abar contestent ma légitimité en tant que réincarnation d' Asar et livrent le Saint Fondateur à l'adoration des foules sous la forme d'une statue. Ils sont manipulés par ltemu-Râ (An) qui ne souhaite pas que le trône de Kemet me soit légalement attribué.

La doctrine adoptée à Ta-Ur s'appuie sur une machine automatisée à 1 'effigie d' Asar. Celui qui passe les nombreuses portes closes de 1 'Enkhu'ur et qui se prosterne devant cette machine se verrait promettre une vie radieuse ... Un prêtre se trouve derrière la figure d' Asar et s'exprime à sa place. Le peuple pense qu' Asar - 1 'être bon - a vaincu ses ennemis en se repliant dans son temple souterrain, et qu'il est protégé par le clergé de son père Itemu-Râ. L'apparence figée de cette imitation du Saint Fondateur renforce son aspect insolite et intimidant.

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304 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

32. Dans l'imagerie mésopotamienne, Enki-Éa, le maître de l'eau, est souvent représenté assis sur un trOne et figé comme une statue, tout comme l'Osiris égyptien. Ici, Enki-Éa est installé dans son temple impénétrable, I'Engur, de forme rectangulaire et ceinturé d'eau. Ce temple est généralement situé en Abzu (Abdju en égyptien, c'est-à-dire à Abydos). Des dieux en pro­venance de pays étrangers (symbolisés par des montagnes) viennent le consulter. Notez le personnage sur la droite, caché derrière le maître de l'eau. Il s'agit manifestement d'un prêtre qui s'exprime à la place du dieu.

Cylindre sumérien d'Ur (PG-699 ; U.5950)

Plusieurs types de curieux se présentent devant les portes du Per-Asar. Les premiers sont ceux qui sont restés fidèles au Saint Fondateur, ils forment la foule des adorateurs. Il s'agit du peuple qui ne pourra, de toute façon, jamais pénétrer dans le sanctuaire. Ensuite, se présentent les fondés de pouvoir, ou mandataires des régions étrangères, qui souhaitent s'entretenir avec 'Nki (''le véritable''). Ils ne le savent pas, mais ils dialogueront avec la figure articulée par le truchement de son prêtre dissimulé derrière la représentation du fils de l'eau. Ils seront suffisamment loin pour ne pas avoir conscience de la supercherie. Pour finir, ceux qui se présentent encore à Ta-Ur ne sont autres que les candidats aux mystères d' Asar. Certains sont là pour être initiés, d'autres pour devenir prêtres ou gardiens.

La manipulation est aussi parfaite que la machine. Jusqu 'ici, nous ne pouvions rien opposer à cette fourberie. Les prêtres du peuple Abar considèrent qu'il est préférable de faire croire aux foules que mon géniteur est toujours vivant que de révéler sa mort et de déposer sa dépouille dans le temple. Ils se déclarent dépositaires de la parole d'ltemu (An) et se servent de cela pour transformer certains de nos préceptes. Meri-Aset est ulcérée par leur pratique, mais elle ne peut

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LE RÉVEIL D' ASAR 305

rien faire sans prendre le risque de se mettre Itemu-Râ à dos. Elle a même assez souvent de la compassion pour les Àbar, une attitude qu'elle n'a pas avec d'autres qui vivent avec nous à Nashareth.

Je me suis glissé parmi la multitude massée devant le saint domaine et sa colline plantée d'arbres ISed. Cette foule vit dans l'espoir de franchir les différentes portes verrouillées et autres seuils obscurs qui mènent au cœur du temple aquatique. Tous veulent rencontrer le grand éveillé ! Il est généralement admis que pour les candidats qui passeront les portes closes, la seule vue du Saint Fondateur et l'immersion des postulants dans le bain rituel les feraient passer de l'état de mortel à celui de Neter (dieu). Les postulants sont peu nombreux. Ils sont triés en fonction de leur loyauté vis-à-vis du Saint Fondateur et du respect qu'ils portent aux membres du clergé en place. Après plusieurs épreuves, celui qui aura accédé à l'île souterraine, l'île de Maât (la justice) où se trouve l'image d' Asar, et qui aura assisté au rituel secret, devra garder un silence absolu sur tout ce qu'il aura vu et subi.

C'est ce que j'ai vérifié par moi-même lors de mon introduction dans le saint enclos. Les prêtres ne savaient rien de ma véritable identité ; je n'aurais sinon jamais été accepté. J'avais au préalable modifié mon apparence grâce à la force du Niama. Les Neteru tel que moi-même ont une peau de Gina'abul et affichent un regard singulier - même ma physionomie Babbar n'aurait pas suffi. De son côté, Asar détestait se métamorphoser : il préférait se grimer s'il avait besoin de côtoyer des humains de près. Le Niama dont je dispose naturellement, mes parents m'ayant fait cette faveur, me permet de transformer ma physionomie à volonté. Je l'avais déjà utilisé à Méligud, le village situé au-dessus de l 'Ekur de Setes. Toujours est-il que je suis passé sans difficulté malgré mon jeune âge et ma taille plus grande que la normale -j'ai également dû légèrement assombrir mon teint.

Je m'étais présenté comme candidat et m'étais joué de quelques questions hermétiques. Avec Djehuti comme maître et Sabu comme conseiller, il était aisé d'y répondre. Ma taille les a surpris, et ils m'ont demandé si je n'avais pas du sang Neferu (Nephilim) . Je leur ai simplement répondu que nous étions tous comme cela dans la famille. Et c'est ainsi qu'ils ont accepté mon initiation individuelle, une initiation susceptible d'aboutir à la fonction de gardien du temple.

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J'ai dû prendre garde à ma prononciation, car je m'exprime en adoptant une intonation qui n'est pas celle du Re' enkemet (égyptien) mais celle de la langue Emenita de Kalam (Sumer). C'est dans cette langue que ma seconde mère m'a instruit dès mon plus jeune âge. J'ai toujours le mauvais réflexe de prononcer les mots, même ceux du Pays de Lumière, comme le font nos ennemis. Tout le monde parlait comme cela auparavant, même le clan de mes parents.

Après un isolement forcé de sept jours et autant de levers de lune dans l'ancien Per-Urshu (demeure des guetteurs), on m'a offert une couronne de fleur, celle qui est généralement remise au défunt. Elle symbolise la guirlande végétale qu'avait placée ma mère sur la tête de mon géniteur après sa mort. La porte du nord, celle de Râ-Urit (grand seuil), m'a ensuite été ouverte. Un prêtre est venu me poser de nouvelles questions hermétiques sur le Saint Fondateur. Je n'ai eu aucune difficulté à lui répondre. Mon guide, habillé d'un lin très fin, était plutôt troublé par mes réponses. Il rn 'a ensuite invité à pénétrer dans le long souterrain qui mène à la butte symbolisant la colline de l'horizon des anciens Kedjiu (veilleurs) . Et c'est à cet instant que Aset m'a contacté à l'aide du Kinsag (télépathie). Elle souhaitait savoir où j'en étais : "Tous les gens sont là et attendent autour du domaine. La foule est en délire. Nous ne pourrons pas la retenir très longtemps", a-t-elle ajouté. Je lui ai demandé de patienter encore quelques instants et d'envoyer, comme convenu avec Sabu, six Khentamentiu et six Shemsu-Heru à mon signal.

Je me suis de nouveau concentré sur le rituel. Après avoir franchi le sombre corridor descendant, j'ai dû réciter différentes formules en hommage aux Neteru-Kedjiu (dieux-veilleurs) anéantis lors de l'éclatement de la colline primordiale, et par respect pour ceux qui avaient disparu à la même époque en A'amenptah (Atlantide). Ces textes m'avaient été transmis par les prêtres après mon admission et au début de ma période de sept jours d'isolement. J'avais dû les mémoriser tout en ayant l'obligation d'interpréter la symbolique qu'ils véhiculent:

"Kecijiu (veilleurs) de la place secrète, je vous salue au cœur de Keku (les ténèbres). Je pénètre en Amentet (Occident), 106 le domaine où vous êtes

106 Qui deviendra l'Amenti (Amen-ti), le monde de l' au-delà des anciens dieux.

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toujours vivants. Vos bras se tendent vers moi, alors que j'invoque votre mémoire au nom de Râ (la lumière). Je descends dans le monde inférieur, dans la demeure de 1 'enfantement. Je parcours la grande galerie où ma mère Nut (Nammu), la déesse du grand Habas (firmament), pose un regard bienveillant sur mon être. Elle et chaque Seba Khaibit (Étoile Sombre) de l'ancien monde me regardent à travers le voile des jours et des nuits".

Le couloir fait soudain un angle, un Tega-Pet (prêtre astronome) proclame le renoncement à ce corps qui est le mien et invoque, au nom des étoiles, le grand serpent primordial qui demeure dans sa caverne. Il me demande si je suis prêt à affronter le regard des dieux et à subir le sacrifice de mon ancien moi. Je réponds affirmativement. Je dépasse le gardien et poursuis mes formules :

''Je passe la lourde porte. Je suis prêt à affronter le regard de celui qui est dans son temple. Je m'introduis dans la caverne des origines. Le serpent primordial, le Neter (dieu) au visage unique, jugera mon cœur selon ma parole juste. Je passe la porte des deux sycomores". 107

Je franchis le grand portail quis' ouvre sur la caverne où se trouve l'île de Maât. Une brume de couleur turquoise baigne l'ensemble de la salle souterraine avec son temple aux dix piliers de granit rose, cette teinte étant la couleur de ma mère. Des cristaux immergés dans l'eau du bassin éclairent l'intérieur du temple secret. On a ici le lac de Mafke 't, dans lequel As ar et les Ab gal méditaient dans

10 7 Les traditions funéraires égyptiennes indiquent qu'au milieu du champ de Mafke't (tur­quoise), également indiqué comme étant le Champ des Bénis, se trouve une porte encadrée par deux sycomores en turquoise, à travers laquelle on voit se lever Râ, le roi-soleil. Les Textes des Pyramides stipulent de même que le soleil prend son bain dans le lac de Mafke't avant de s'élever. Dans le symbolisme égyptien, Mafke't symbolise la coiffure du dieu. Elle figure à la fois la maternité et la Déesse-Mère Hathor. De cette dernière, personnifiée par deux arbres ou deux piliers qui préfigurent ses cuisses, émerge un petit veau ou alors le soleil, également assimilé à Horus.

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les anciens temps. C'est ici que les candidats, selon leur niveau d'initiation, se métamorphosent en prêtre, en gardien ou en Neter (dieu).

Un nouveau prêtre m'invite à m'immerger dans l'eau pour atteindre l'île où Asar m'attend, patiemment selon lui. Je sais qu'il s'agit d'une réplique, mais je ne dis rien. Il n'y a devant moi aucun escalier, et je suis dans l'obligation de sauter dans l'eau à pieds joints. Cette immersion subite est supposée me faire accéder au miracle de la renaissance. Je saute pour accéder aux marches qui mènent à l'île de Maât. D'un signe, on me demande de ne pas approcher davantage. Je me prosterne humblement face à la figure assise et impassible du maître de 1 'eau. Une prêtresse est debout à ses côtés, qui incarne Maât (la justice). Je reprends mes formules:

33. L'Osireion. le temple aquatique d'Osiris à Ta-Ur ou Abdju {Abydos), la demeure du dieu de l'eau et véritable miniature de l'abîme du monde. Cette photographie montre l'île de Maât (la justice) où se tenait une "statue vivante• d'Osiris en position assise. Derrière la statue se dissimulait un prêtre qui s'exprimait à la place du dieu, devenu plus tard celui des morts.

Photographie tirée de The Cenotaph of Setl 1 at Abydos, de Henry Frankfort (Egypt Exploration Society, London, 1933)

''J'aifranchi les chemins qui mènent à la place secrète. J'ai traversé le bassin sacré en tant que favori des Neteru

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(dieux). Je me trouve dans la place de Vérité-Justice. Je suis disposé à me soumettre à 1 'équité divine et au jugement d'Asar. Maât porte deux coupes dans ses mains, j'accepterai son verdict avec joie. Je suis prêt à me délivrer de tout mal et disposé à renaître, si telle est la sentence divine".

Asar me somme de détailler quels ont été mes actes sincères dans cette vie. Sa parole résonne au cœur de la pénombre. Je suis contraint d'improviser et énumère d'une voix ferme toutes les actions positives qu'un mortel devrait effectuer. À l'issue de mon inventaire, mon cœur est pesé symboliquement et déclaré affranchi. On m'accorde alors le titre de Maâkheru "justifié". Maât, la prêtresse, me commande de me taire à jamais et ajoute : "Setes ne connaîtra pas ce lieu, il n'atteindra jamais le saint domaine. L'ennemi du Pays de Lumière ne saura rien de nous".

Asar me commande ensuite de saluer le Kherti (maître artisan ou maçon), le prêtre du grand œuvre. Le Kherti surgit du fond de 1 'île et saisit 1 'une des deux coupes. Il confirme ma proclamation d'innocence. Il me souffle à voix basse les phrases suivantes, que je dois répéter :

"Je suis Min (aujourd'hui), je suis Sef (hier) et je suis Em­Dua (le futur) . La robe nuptiale de la lumière m 'inonde de sa clarté. Mes chairs sont purifiées. Pour que mon corps ne périsse pas, je prends 1 'Hetch (le pain blancjl08 et 1 'éveil intérieur du nouvel être se répand en moi. Je deviens un Neter au service des Grands Neteru. Sef(hier) et Min (aujourd'hui) ne forment plus qu'un".

C'est ainsi, Uatch, que j'ai appris comment le secret de la longévité des Neteru (dieux) était transmis à Ta-Ur aux "initiés". J'ai mangé l'Hetch (le pain blanc) que les prêtres de l'école des mystères appellent aussi Mafke't (turquoise). L'Hetch (le pain

108 Le terme égyptien Hetch, "pain blanc", répond également, grâce au jeu de l' homophonie, aux définitions suivantes : "métal blanc", "devenir brillant", ou "devenir une lumière".

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blanc) n'est autre que de la poudre de Nebu (or), celle des mines de mon père qui parsèment Kankala, Kemet et Sti. Cette première initiation ne requérait pas encore 1 'usage de la deuxième coupe, qui doit contenir de l' Aq (menstrues). 109

Étant désormais "un être nouveau", on m'a alors prié de quitter ma tunique de lin. J'ai hésité. Constatant mon subit embarras, les prêtres se sont approchés pour me 1 'ôter de force. Tu étais ficelé sous mon bras Uatch. Je t'ai donc extrait rapidement de ton étui en cuir et tu as illuminé l'ambiance claire-obscure du temple de ta clarté. Ton timbre menaçant a retenti dans la caverne artificielle. Les prêtres se sont affolés lorsqu'ils ont découvert mon identité. Je suis le seul mâle à porter un Girkù (sainte épée) sur cette planète.

-C'est la semence du Sidim-Gal (maitre-maçon), c'est Heru! Les prêtres se sont prosternés. J'ai repris ma physionomie

naturelle sous leurs yeux effrayés. J'aurais souhaité les couper en deux, mais je me suis fortement raisonné. La Justice allait se faire d'elle-même. Le Kherti (maitre artisan) m'a alors demandé d'une voix vacillante :

-Que vient faire le fils de Netrit-Meri (la Déesse bien-aimée) parmi les prêtres ? Pourquoi nous as-tu dupés, grand Neb ?

- Vous n'acceptez aucun membre royal dans ce temple. Je souhaitais m'informer du fonctionnement de ce lieu et de la nature de vos rites. Je suis maintenant "éclairé" à ce propos. Vous pouvez encore vaquer à vos occupations quotidiennes, qui consistent à nourrir et habiller cette ridicule statue animée. Et profitez de ces ultimes instants de solennité ; qu'ils soient pour vous un moment d'éternité.

À ces mots, j'ai envoyé le signal attendu à ma mère, comptant bien que les instructions que j'avais données à Sa bu soient respec­tées. Le clergé d'ltemu est resté immobile sans rien comprendre à la situation. J'ai quitté la salle souterraine pour paisiblement remonter le long corridor. Le prêtre Tega-Pet (prêtre astronome) a été salué avec un large sourire. Au bout du passage, se faisaient déjà entendre des pas pesants. J'ai accueilli d'un signe de la tête les douze Urshu

109 Les experts en linguistique devraient décidément s'intéresser de près au sumérien et à 1 'égyptien, car ces deux langues permettent de percer, grâce au jeu de 1 'homophonie, de nom­breux passages mystérieux de la Bible, elle-même calquée sur les mythologies sumériennes et égyptiennes. Mais venons-en au fait : le terme égyptien Aq ("menstrues") possède comme homophone Aq, qui veut dire "pain".

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et Shemsu-Heru, qui ont filé comme une tempête vers le temple souterrain. Ce chiffre relève d'une symbolique importante dans la mesure où il est celui du nombre d'individus qui entouraient mon père lors de cette terrible nuit. L'objectif de cette mission était de réparer ce dramatique événement à travers 1 'utilisation de nombres et la création de situations inversées : on nomme cela de la magie, et c'estAset qui me l'a enseignée.

J'ai entendu des voix s'élever derrière moi. Je me suis imaginé la scène qui se déroulait plus bas, telle que je 1 'avais préparée pour ensuite 1 'exposer à Sabu, plusieurs jours auparavant : deux Urshu et deux Neferu se glissent rapidement le long de deux des rebords du bassin, ceux qui conduisent à l'extrémité du temple. De cette façon, ils empêchent toute fuite par 1 'arrière. Au cas où ils n'auraient pas été assez rapides, j'ai demandé à Sa bu de faire poster plusieurs de nos soldats de l'autre côté, à la sortie du corridor arrière pour intercepter d'éventuels fuyards. Plusieurs d'entre eux suivent le corridor pour vérifier qu'aucun prêtre ne s'y est dissimulé. Quatre Urshu et Neferu se postent devant l'entrée du temple. Les quatre derniers sont bons pour la baignade. Ils se jettent à l'eau et accèdent à l'île centrale. Deux d'entre eux invitent les prêtres à regagner la sortie, et les deux autres détachent la statue animée. Les quatre premiers, postés à l'arrière, regagnent l'entrée du temple et remontent avec le clergé. Derrière ce groupe, les Shemsu-Heru et Urshu portent l'automate représentant Asar à la lumière du jour. L'ensemble de l'opération se déroule très rapidement et sans violence.

Mon pas était lent et j'ai été rejoint par le premier groupe qui accompagnait les prêtres. Je suis sorti le premier. Une foule énorme s'était massée autour de la colline qui recouvre l'Enkhu'ur (l'Osireion). Les portes des hautes murailles qui entourent l'ancien domaine d' Asar avaient été ouvertes, comme en ce jour maudit. Mais, cette fois-ci, ce ne sont pas les ennemis d' Asar qui sont entrés, mais la multitude de ses fidèles et fervents adeptes qui attendait depuis plusieurs centaines d'années que lui soit présenté son Neter!

C'était un jour magnifique, la terre brûlait sous le feu du soleil. De nombreux Urshu et Neferu étaient là qui quadrillaient le domaine. La foule était en délire et n'arrêtait pas de scander mon nom. Elle ne semblait pas comprendre ce qui se jouait, mais elle avait franchi les murailles interdites et se trouvait devant la sainte colline. Une barrière serrée de Neferu à têtes de faucon retenait

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la foule et protégeait le cortège royal. Mais le groupe des quatre Meskhenut (déesses de la naissance) n'était pas au complet, seules Meri et ma tante Nebet-Hut se trouvaient là. À leurs côtés, toutes les autres personnes conviées étaient bien là : Sabu, Saglam, Altin et des Shemsu-Heru en masse. Il y avait même trois Abgal qui accompagnaient ma mère.

Nebet-Hut s'est précipitée sur moi pour me féliciter, mais je n'ai pas été aussi empressé qu'elle. Aset me regardait attentivement. Son regard affichait un mélange de fierté et de tristesse. Elle devait être fière de moi et de ce qui se déroulait sous ses yeux humides. Je lui ai juste rapidement pris les mains et les ai serrées très fort. J'ai fait une accolade à Sabu, qui arborait un air réjoui. Saglam, le roi des Dogan, était en larmes. Il pleurait et pleurait encore en s'excusant. Mais c'était cette fois-ci des larmes de joie. Il n'était jamais retourné à Ta-Ur depuis cette nuit maudite. Je l'ai serré fort contre moi.

Quatre Neferu m'ont soulevé pour que je puisse m'adresser au peuple, qui ne comprenait toujours rien à la situation. Il était temps de lui révéler l'odieuse vérité. J'ai levé mes bras et ma voix a résonné au loin :

-Il y a plusieurs centaines d'années, s'est déroulée ici même une bataille sanglante qui a vu mon père Asar et ses troupes anéantis. J'ai avec moi le seul survivant de genre divin de cette bataille, le seul à connaître la vérité. Ce jour-là, Asar est tombé, et Saglam, le roi des Neferu, le tenait dans ses bras quand il est parti. Le Neter qui se trouve dans la sainte demeure et que vous vénérez n'est qu'une image manipulée par le clergé d'Itemu-Râ (An). Ainsi, le voici, votre Neter : lève-toi Asar, et marche !

J'ai fait signe aux Shemsu pour que la statue soit dévoilée à la foule. L'image d' Asar était soutenue par quatre d'entre eux. Un murmure de stupeur parcourut le public. La statue a été présentée, et on lui a ensuite fait faire plusieurs fois le tour du domaine, de la même manière qu'on avait exhibé le grand assassiné alors qu'il était mourrant et ficelé sur l'arbre sacré. Ce jour mémorable permit de rendre partiellement la Justice, mais ce n'était là qu'un début.

La statue était suivie par la foule en délire qui voulait s'assurer de la supercherie. Finalement, l'image désarticulée d' Asar fut livrée aux adorateurs. Toute cette masse était en colère et l'air devenait surchauffé. "A mort, à mort!", s'écriait le peuple abusé. Le clergé

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d'Itemu-Râ fut montré du doigt. "Pitié, fils d'Asar !", me supplia le prêtre Kherti, "Ils vont nous massacrer!" Je me suis penché vers le religieux et lui ai répondu la chose suivante : "S'ils ne sont pas contents, ce n'est pas seulement parce que tu leur caches la vérité, mais parce qu'ils n'ont plus leur Neter. Proclame-moi leur Neter revenu d'entre les morts, et vous aurez la vie sauve!" À ces mots, le prêtre s'empressa de se faire porter par des Shemsu et de proclamer de toutes ses forces, et à plusieurs reprises :

- Heru, le fils d' Aset, engendré par elle dans la grande Mer grâce à sa magie, est aussi le fils d' Asar. Mais il est égalementAsar revenu d'entre les morts grâce à la magie des Neteru. Nous préparions son retour. Il est le Mesi du grand Neter (1 'engendré à la ressemblance du grand dieu) . 110

En un instant, tous les regards se fixèrent sur ma personne. Puis la foule tomba face contre terre. Un silence impressionnant gagna le domaine d' Asar. Des milliers de bouches se mirent à murmu­rer "Mesi-Asar !"(l'engendré à la ressemblance d'Asar). Je leur ai alors demandé de se relever. Les gens bougèrent à nouveau en ma­nifestant leur joie. J'ai alors salué cette multitude avec des gestes larges. Saglam s'est frayé un passage à travers la cohue et m'a dit: "Tu as de nouveau ton armée, mon roi. Tu rn 'as fait le plus grand des cadeaux. C'est le plus beau jour de ma vie". Je lui ai indiqué d'un signe que je souhaitais lui parler un peu plus tard. Plusieurs Shemsu me portèrent enfin sur leurs épaules. Nous nous sommes déplacés au beau milieu de la foule en liesse. J'avais réussi mon double pari. Celui de restituer au peuple de Kemet une vérité qui lui avait été dissimulée, et celui de réconcilier le clan Khentamentiu avec les Neferu-Dogan et Shemsu de l'Est.

La journée fut longue et marquée par la joie. Nous sommes tous restés sur place pour fêter 1' événement, sauf Aset et les trois Abgal, qui ont préféré rejoindre Nashareth par la voie des airs. Des prêtres du clan Khentamentiu avaient investi le saint domaine ainsi que le temple aquatique d' Asar. Ta-Ur n'était plus sous l'autorité occulte de mon grand-père, le créateur de nos ennemis. Le clergé d'Itemu-Râ s'était évaporé dans les airs. J'avais tout de même

110 Ou "fait à la ressemblance de ... " C'est cette scène qui m'a mis sur la voie en ce qui concerne la "résurrection de Lazare" expliquée à la page 165 du Testament de la Vierge. Voir également ce dernier ouvrage à partir de la page 155 pour le terme Mesi et sa transposition en écriture hiéroglyphique.

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réussi à intercepter 1 'un d'entre eux avant leur fuite, et je lui avais ordonné de quitter le pays à jamais en compagnie des siens. Je lui ai conseillé d'aller se plaindre à son Neter, ltemu-Râ, et de lui annoncer qu'As ar s'était réveillé !

Le soir, nous avons organisé un gigantesque banquet. Des multitudes de flambeaux et de lanternes dansaient au cœur de la nuit. Les étoiles déployaient leurs fastes dans la Duat Céleste. Des milliers de branches de dattiers gorgées de fruits avaient été étalées sur des tables de fortune disposées au sein du domaine. Le peuple s'était exceptionnellement mêlé aux Neteru pour l'occasion. Nebet­Hut était restée pour la soirée et se collait littéralement à moi. Elle me dit que Djehuti s'excusait de ne pas avoir été présent, mais qu'il avait des problèmes à régler depuis la remise en fonction de Bit-Râ-Hem. Plusieurs piliers énergétiques ne fonctionnaient plus convenablement. Ma tante en avait profité pour me demander ce que j'avais vu au-delà de l'horizon des événements, ce à quoi j'ai juste répondu "Mon destin". Je l'ai laissée s'enivrer et s'amuser. La nuit était chaude malgré le vent. J'ai parcouru tout un dédale de rues sombres pour parvenir à proximité du canal où Asar avait été retrouvé par le roi des Neferu. Sur ma route, j'ai découvert mon frère Sabu et Altin, qui roucoulaient comme des tourterelles. Sabu fut embarrassé en me voyant :

- Mon frère, m'a-t-il dit, tu connais désormais notre secret. - Je suis tellement heureux pour vous deux, et tellement fier.

C'est la meilleure chose qui pouvait nous arriver à tous. -Non Heru, a-t-il ajouté, la meilleure des choses serait que tu

retrouves ton aimée, la Reine du Trône de Kemet. Elle t'attend depuis tant d'années ...

-Oui, mais j'ai juste un petit détail à vérifier avant. J'ai quitté Sabu et Altin le cœur léger. Les milliers de Neferu que

Saglam venait de me concéder s'étaient déployés tout autour de Ta­Ur pour faire le guet. Je n'aurais su les chiffrer avec précision tant ils étaient nombreux. Lorsque je suis parvenu au bord du canal, j'ai trouvé Saglam entouré de plusieurs de ses soldats armés jusqu'aux dents.

-Tu es revenu ici, mon ami ? lui ai-je demandé. -Oui, mon roi . L'endroit n'a pratiquement pas changé. J'en ai

des frémissements dans tout le corps. - Dans notre langue, nous appelons toute cette zone "Nedjit"

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LE RÉVEIL D' ASAR 315

(''où le père divin fut attaché''). Dis-moi, grand Saglam, combien de soldats m'as-tu offerts cette fois-ci? Je n'arrive même pas à les compter.

-Près de 5000 Shemsu-Heru, tous étaient volontaires, et ils te sont dévoués à jamais. Setes n'a qu'à bien se tenir, me dit-il en souriant. Tu en auras bientôt encore d'autres.

-Je n'ose te solliciter davantage, mais puis-je te demander un dernier service, noble Saglam ?

-Bien entendu, mon roi. - Les traîtres qui ont livré Asar étaient bien au nombre de trois,

n'est-ce pas? -Oui. - L'un d'eux a été tué par tes soldats au commencement de la

bataille, et un second a été supprimé de tes mains dans les souterrains qui mènent vers le Nord. C'est exact?

-Ton compte est juste. -Cela fait donc deux. Où se trouve le troisième ? - Nous avons perdu sa trace au Sud de ton pays. Il possèderait

un domaine important à Sti (la Nubie), à proximité des colonies de Setes. Il est très bien gardé. Il faudrait une armée entière pour le déloger. Je peux te dévoiler le chemin si tu le souhaites ...

- Merci à toi, mon bon Saglam.

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NISIGHU ET LE MYSTÈRE DES JUMEAUX CÉLESTES

"On dit [ .. .] qu'Isis et Osiris, amoureux l'un de 1 'autre, s'étaient unis avant même de naître dans le sein de leur mère".<4>

Plutarque, Isis et Osiris

Je venais d'atteindre mes 17 ans, mais je n'avais pas souhaité les fêter. Qu'aurais-je eu à célébrer? Le moment était venu d'explorer Nisighu et de découvrir le message qu'il devait me délivrer. Il était temps d'interroger Asar en personne. Depuis mon dernier voyage au-delà de 1 'horizon, tous les miens attendaient cet instant fatidique en silence. Cette attente avait tout de même été tempérée par mon dernier coup d'éclat à Ta-Ur, ainsi que par la déclaration des prêtres d'ltemu-Râ qui m'avaient officiellement désigné au peuple comme étant le MESI-ASAR.

C'était la mi-journée et je n'avais prévenu personne. J'avais rejoint le premier niveau de Nashareth et je m'étais retrouvé sur les bords du lac de 1 'Urenes. Il ne semblait y avoir aucun Abgal dans le bassin sacré. J'ai fait le tour du grand réservoir. J'y ai trouvé Hapy (Sigpabnun-Isimmud), le fidèle compagnon d' Asar. Son regard vagabondait au-dessus des eaux.

- Te faut-il vivre ainsi avec tes ombres pour toujours ? lui ai-je demandé.

Il a souri sans me regarder. J'ai repris : - Qui suis-je pour toi, mon ami ?

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NISIGHU ET LE MYSTÈRE DES JUMEAUX CÉLESTES 317

-Le fils d' Asar. -Tout le monde m'appelle "Fils de Meri", mais toi tu dis: "le fils

d' Asar", pourquoi donc ? - Parce que tu vis avec sa mort, tout comme moi, m'a-t-il

répondu. -Tu aurais souhaité mourir avec lui en cette nuit terrible, mais tu

n'étais pas à ces côtés. Tu étais resté avec notre reine, n'est-ce pas ? - Depuis, je meurs de ne pas mourir. - Ce n'est pas un jour pour trépasser, mon ami. Ouvre-moi les

portes de Nisighu et je te promets un prodige. -Tu souhaites t'introduire en Muna'abge? - Oui, avec ton assistance. Muna'abge est l'ancien nom de Nisighu dans l'Emenita de

nos ancêtres. Les yeux d'Hapy s'illuminèrent brusquement. Je n'ose imaginer depuis combien de temps il n'avait pas franchi le sas de l'oiseau bleu. L'espoir avait-il encore une place dans son existence solitaire ? Je ne pouvais m'empêcher de penser à Asar; et si tout le monde se trompait, même en Angal (le grand haut) ? Moi aussi, j'avais besoin d'un prodige ! Pourtant, je n'avais plus droit au doute, cette fois-ci du moins. Hapy s'était précipité vers l'une des extrémités du lac et avait actionné une grosse manette. Un bruit sourd se fit entendre et Nisighu sortit des eaux dans un fracas mêlant sons métalliques et bruits de cascades. Des curieux se rapprochèrent des bords du grand réservoir. Ce n'était pourtant pas le jour du nettoyage annuel du vaisseau d' Asar ... Hapy était agité. J'étais comme lui et le cachais au plus profond de mon être. Il me fit monter dans une barque et nous nous sommes approchés du monstre argenté aux reflets bleutés. Jamais il ne m'avait paru aussi beau qu'en ce jour.

La porte principale fut ouverte de l'extérieur à l'aide d 'un boîtier. Nous sommes montés à bord, le cœur serré. La voix éraillée d'Hapy me demanda ce qu'il fallait chercher. Je lui ai répondu que la réponse à bien des mystères se trouvait ici, et qu ' il me fallait la trouver.

- Est-ce un objet ? demanda mon guide. - Je ne sais pas. Hapy avait allumé l'intérieur du vaisseau. La lumière générale

était diffusée par deux fines bandes de déflecteurs encastrés dans la carlingue et placés sur la partie supérieure de l'habitacle. La surface

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318 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

interne de l'appareil était concave et profilée. Certaines portions de la cloison ressemblaient à du verre gélatineux chargé de bulles translucides qui se déplaçaient lentement. Une lumière émanait aussi de ces parois-là. Nisighu possède deux étages.

-Un enregistrement alors ? - Non ! ... Attends, comment ça ? Il y a des cristaux ici ? ai-je

interrogé. -Non, mais des enregistrements qui font partie des commandes

du vaisseau. - Emmène-moi ! Hapy se mit à accélérer le pas, je l'ai suivi. Nous nous sommes

retrouvés à l'avant de l'appareil. Le tableau de commande était plat. Je n'ai vu aucun gouvernail ou manche qui aurait pu servir à manœuvrer Nisighu. Je reconnaissais à peine la technologie Urmah, d'où provient pourtant mon vaisseau sombre en forme de faucon. Un geste instinctif au-dessus des commandes m'a permis d'allumer l'ensemble du tableau de bord. Le regard de Hapy s'est éclairé. Au même instant le tableau s'est illuminé de milliers de bulles translucides nimbées d'un bleu éclatant.

- Cette technologie n'est pas uniquement Urmah, ai-je repris. Je reconnais aussi celle de Septj (Sirius). Il s'agit d'un modèle hybride. Tout ceci a un air familier, comme si j'avais passé ici de longs moments ... Où dois-je appuyer?

-Tu vas retrouver mon maître- sois patient, m'a répondu Hapy. Mon guide était resté en arrière. Il n'osait pas s'approcher. Était­

ce pour me laisser seul en ce moment remarquable ou bien pour cacher son émotion ? Je me suis retourné, et l'ai regardé un bref instant. Il m'a lancé : ''Je te souhaite un heureux anniversaire, mon maître". Ses yeux étaient mouillés. Hapy avait préféré ne pas rn' aider à trouver la commande que j'étais supposé avoir utilisée de nombreuses fois en qualité d' Asar. Je me suis parlé intérieurement : "Mon père, pour la dernière fois, je sollicite ton aide. Où que tu sois, qui que tu sois, assiste-moi. Si j 'ai été As ar, que la Source m'accompagne".

J'ai observé ce fichu tableau de bord de long en large. Les bulles semblaient danser et me narguer outrageusement. J'ai voulu me concentrer, mais le lâcher prise m'a semblé plus opportun. J'ai finalement instinctivement dirigé ma main vers la droite du tableau. Son extrémité comportait - sur le bas - un signe inconnu ; j'ai

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NISIGHU ET LE MYSTÈRE DES JUMEAUX CÉLESTES 319

appuyé dessus. Un faisceau lumineux est apparu en me proposant virtuellement un menu déroulant. Un seul "objet" s'y trouvait, et il portait le nom de Me.Si, écrit en langage Emenita. Une émotion soudaine fit frémir tout mon corps. Je me suis alors retourné vers Hapy, étonné.

-MES-! veut dire "le fils vainqueur" 111 dans le langage de nos ancêtres, m'a-t-il dit. C'est toi, mon maître.

J'ai fébrilement appuyé sur la touche. Un personnage est apparu en trois dimensions dans 1' espace : Asar. Totalement chauve et vêtu d'une tunique blanche, il affichait un sourire au coin des lèvres. Voici son message :

Bonjour Mes (fils). Je vais te parler en Re 'enkemet (égyptien), ce qui doit être ta langue natale, et c'est aussi celle que j'utilise depuis plusieurs années. Si tu visionnes ce message interactif, c'est que je ne suis forcément plus là. Cela rn 'ennuie d'effectuer cette communication, mais je le fais par précaution et au nom de la vie. Puisque tu regardes ces archives et que ta quête t'a mené jusqu 'ici, c'est que ton destin n'a également pas bien démarré. Si Aset est toujours vivante, appuie sur le chiffre "Ua"(!) du tableau de bord.

J'ai alors effleuré le chiffre "Ua" (chiffre 1). La suite du message est aussitôt apparue :

Bien, comme Aset est toujours en vie et que tu te trouves zcz, c'est que tu n'as pas entendu les tiens et que tu n'as pas écouté ta créatrice et Nut (Nammu). 112 Au lieu de cela, tu cherches, tufouilles inlassablement dans mon passé, raison pour laquelle tu te trouves dans mon vaisseau. Je vais donc t'éviter des recherches inutiles, tu as bien mieux à faire auprès des tiens.

Me.Si (fils vainqueur), ne sois pas irrité par le langage que j'utilise en ta présence. Si j'emploie ce ton spontané, c'est que toi et moi ne formons qu'un ! Tu comprendras donc qu'il est superflu de te ménager. Si tu es là, à ma place, c'est que mes ennemis ont

111 MES-!, "le fils vainqueur", ou "le prince qui émerge" en sumérien. Encore un "hasard" linguistique ... 11 2 Rappel : la mort de Nammu-Nut semble être intervenue quelques heures ou quelques jours après celle de Sa'am-Asar. Lors de l'enregistrement de ce message, ce dernier ne pouvait pas se douter que sa mère disparaîtrait en même temps que lui.

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320 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

fini par m'éliminer. Ça, c'est la mauvaise nouvelle que tu connais déjà. Par contre, réjouis-toi, tu es à ma place parce que la fille de Nut- ton double inversé-m'a fait revenir sous ta forme. Elle aura sans doute bataillé auprès des Abgal pour s'occuper de mon retour. Mais ils auront cédé, car ils savent que notre séparation n'est pas souhaitable. Nous travaillons toujours par paire, c'est un usage Abgal. Aset aura peut-être réussi à convaincre sa sœur Dim 'mege (Neret-Neith) d'utiliser son Unir (pyramide) pour me faire revenir ? Ou bien, en aura-t-elle construit une nouvelle ? Toi et Moi, sommes strictement le même individu, nous possédons le même Ba (âme), la même essence, sauf que tu es en avance sur moi: tu es ce que je serai demain !

Contrairement à toi, je ne connais pas les raisons de ma disparition. Je suis néanmoins extrêmement bien entouré, et connaissant notre ennemi En/il-Sete§, il est probable que mon trépas ait fait 1 'objet d'un bain de sang. Cela implique que je serais revenu en KI (3D) différemment, donc sous ta forme.

Maintenant s'offrent à moi deux options dont je ne connais pas le dénouement, mais que tu connais, toi, parfaitement. Double de moi-même, écoute-moi attentivement : ou bien A set t'a fait revenir en Abgal (amphibien), ou bien elle t'a fait revenir en Babbar (albinos). Choisi 1 'option première ou seconde pour poursuivre le visionnage de ce document filmé.

J'étais abasourdi de trouver autant d'humour et de détachement chez Asar. J'ai effleuré le chiffre "Senui"(chif.fre 2).

Position très délicate ! C'est la manière forte qui a été choisie. Étant un Kingu-Babbar, la situation géopolitique de Kemet doit être très mauvaise. Aset a programmé une réparation sans compromis. Tu possèdes des gènes de guerrier. Tu incarnes cette réparation, cette vengeance. Lourde tâche ! Seuls les clans Khentamentiu et Neferu pourront te soutenir. Ils m'entourent continuellement. Je ne suis pas certain que tu trouveras grand-chose auprès des Shemsu de Serkit qui sont plutôt pacifiques, mais tu obtiendras encore moins de soutien de la part de ceux de mes Nungal qui ont rejoint Râ et n'écoutent que lui. Méfie-toi de ce dernier, Aset et moi le suspectons d'avoir fait un pacte avec les royaux. Nous n'en avons aucune preuve concrète au moment où je te parle dans le passé. Comme tu possèdes

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la même physionomie que ton aîné, il se présentera peut-être un jour l'occasion de te mesurer à lui. Essaye d'en savoir un peu plus à son sujet auprès de sa nourrice, qui est ta tante et qui règne sur Sàlim, en Abzu. Je n'ai jamais réussi à lui soutirer la moindre information depuis que Sé 'et est revenue sous la forme d'Aset. C'est par ailleurs à ce moment-là que Her-Râ a pris beaucoup d'importance dans notre structure gouvernementale. Nammu ne te dira rien sur lui puisqu'elle vit avec lui. Cependant, elle le modère,j 'en suis certain; n'oublie pas qu'elle est à la fois sa créatrice et son épouse. Nous savons aussi de source certaine que Her-Râ comporte d'importants problèmes génétiques. Je ne sais pas pourquoi ta grand-mère l'a créé comme cela, alors qu 'elle avait logiquement assez de connaissances pour en faire un être parfait. Toujours est-il qu'il a besoin de Nammu pour survivre ...

Méfie-toi aussi de la petite fille de Setes, la dénommée Nebet­Hut, "Ninanna" de son véritable nom. Elle n'a pas un mauvais fond, mais elle est aveuglée par la puissance de son aura. Elle a le pouvoir d'associer les contraires et de rechercher systématiquement les inversions. Comme elle a été maltraitée dans sa jeunesse par Enlil-Sete§, elle est continuellement en quête de reconnaissance, en priorité auprès des mâles, et sinon auprès du reste des Gina 'abu/. Elle souhaite plaire et désire en même temps se retrouver au­dessus de tout le monde. Pour cela, elle met à son service sa force intérieure et sa façon innée de calculer. Son indépendance est farouche. Cette voie est malheureusement sans issue. Elle est de ce fait abominablement frustrée et devient parfois très agressive.

Voilà pour les recommandations. Tu dois connaître le reste. Tu trouveras d'autres parties spécifiques à la suite de ce message, qui pourront t'aider à combattre nos ennemis. Mais comme je suppose que tu es pressé, et que tu te réserveras la suite du visionnage pour un autre moment, je profite de cet instant pour te parler rapidement de la gémellité qui t'unit à As et, et donc de tes origines. C'est très important 1 Il m 'a fallu du temps pour en être informé et l'assimi­ler. Je vais te faire gagner un temps précieux et te remémorer tout cela dès à présent. Aset et toi formez ce que nous nommons chez les Abgal des jumeaux célestes. Vous provenez du même endroit et incarnez à vous deux une même essence, aujourd'hui fractionnée dans la matière du KI (3D). Vous êtes à la fois semblables et dif­férents, donc complémentaires. Toi et elle formez une identité qui

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322 DEUXIÈME PARTIE. LE RÉVEIL DU FAUCON

s'est enrichie au fil des âges et des expériences. Vous êtes fraction­nés pour œuvrer plus vite, mais si vous êtes séparés trop longtemps, le processus s'inversera et 1 'entreprise n'en sera que plus longue et pénible.

Aset et toi, elle et moi donc, provenons du système de Gagsisa - Seplj (Sirius) pour toi -, précisément de Seplj-Khemt (Sirius 3). Notre essences 'est fractionnée en deux Bau (âmes) sur un temps considérable afin d'œuvrer pour la paix. Nous sommes plusieurs de notre famille à nous être fractionnés au même moment en vue de restaurer et reconstruire le monde Gina 'abu/ et le nôtre. La raison de cette décision concerne l'invasion de notre monde par des membres Gina 'abu!. Mais les séparations ne se sont pas toutes bien déroulées pour les membres de notre groupe. Demande à Nut (Nammu) qu'elle t'en parle. Si tu es bienveillant et patient avec elle, ta grand-mères 'exécutera volontiers.

Ce que je peux te dire, c 'est quel' ensemble de notre groupe formé de Nut-Bau (âmes communautaires) a quitté Seplj-Khemt (Sirius 3) pour se déplacer vers Sah (Orion). Sah est un point stratégique pour la mission que nous nous sommes fixée et que nous devons achever. Les natifs de Sah qui évoluent dans la même fréquence que la majorité des Gina 'abu!, se nomment bien-entendu les Urmah. Les Urmah et Sah symbolisent notre point d'attache et notre refuge tant que durera la folie des Gina 'abu!. Nous sommes liés à eux jusqu 'à la fin de toute cette histoire, jusqu 'à ce que les Gina 'abu! qui ont envahi notre monde se retirent. Les Gina 'abu! dont je parle sont les Musgir (dragons), les fameux reptiles qui circulent dans plusieurs dimensions du Kigal (grand bas). Ils se sont retrouvés chez nous du fait de la Grande Guerre et de ses débordements. Sur Seplj-Khemt (Sirius 3), notre demeure se situe en Kidul (dimension parallèle), dans une fréquence proche du KI (3D) des Abgal. Nous­mêmes formons une race amphibienne proche des Abgal, mais nous ne faisons pas partie des Gina 'abu!. Nous en sommes simplement de lointains cousins.

Depuis notre entrée en KI et le moment de la séparation d'avec ton double féminin, nous sommes liés aux Gina 'abu!. Pourquoi aux Gina 'abu! ? Parce qu'ils sont présents en KI dans le système de Seplj (Sirius), sous la forme de nos voisins Abgal. Provenant originellement de Seplj, mais évoluant dans des fréquences différentes, il était naturel de s'incarner chez eux pour tenter de

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régler le problème qui parasite notre monde et le leur. Nous avons des capacités particulières pour régler ce genre de problème. Nous nous retrouvons au cœur de la famille Gina 'abu! parce qu'elle souffre. Nous sommes ici pour 1 'aider à se relever et lui éviter de s 'autodétruire, et d'éclabousser ainsi le reste de la galaxie, comme elle 1 'a fait pour notre monde. Les Ab gal possèdent cependant un avantage sur l'ensemble des Gina 'abu/ : ce sont des Kadistu (planificateurs) qui engendrent ce que nous nommons des Kiristi (fils des étoiles et de la vie). C'est un concept que tu dois connaître. Peut-être es-tu un Kiristi, dans l'éventualité où As et t'aurait engendré elle-même. Je n'ose imaginer les complications que cela induirait pour vous deux, comme pour notre famille de Kemet.

Le prélude de notre histoire parmi les Gina 'abu/ commence avec ma mère Abgal, la grande Mamitu-Nammu. Elle aussi provient du Kidul de Septj-Khemt (Sirius 3), tout comme nous. Maintenant, venons-en au fait. Bien avant nos naissances en tant que Sa 'am et Sé 'et, et bien avant l'histoire de nos précédentes incarnations sous les formes de Saran et Asme, Nammu s'était retrouvée enceinte de jumeaux, à savoir de toi et d'Aset. Nammu n'avait eu aucun rapport sexuel, et elle allait donner naissance à deux Kiristi, un mâle et une femelle. C'était après la Grande Guerre qui avait opposé les femelles Amasutum aux Musgir (dragons) en Urbar 'ra (la constellation de la Lyre). Pour mémoire, les Usumgal s'étaient liés aux Musgir, et tout l'univers des Gina 'abu! avait explosé de 1 'intérieur du fait de cette association déloyale, qui eut raison du lignage Amasutum ancienne souche. Une seule famille Usumgal au complet semble avoir survécu à cette guerre. Elle s'était établie en Margid'da (la Grande Ourse) et avait pris le pouvoir de cette immense colonie Gina 'abu/, où s'était réfugiée une portion importante de la lignée Amasutum. Ces Amasutum étaient fort heureusement sous la protection de Tiamata.

Mais une ancienne prophétie Amasutum avait déjà annoncé la double naissance des enfants de Nammu, et cette prophétie proclamait la chute prochaine des survivants Usumgal de la Grande Guerre, donc des sept membres de cette famille qui régnait en Margid'da (la Grande Ourse). Il apparaît que les jumeaux étaient unis, et qu'ils s'accouplaient dans le ventre de Nammu! On dit aussi qu'ils préparaient leur stratégie à 1 'avance alors qu'ils n'étaient même pas encore nés. Nammu était inquiète: les jumeaux n'avaient

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324 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

pas encore été mis au monde qu'elles 'attirait des problèmes. Elle avait déjà échappé à deux attentats et ne savait où se dissimuler pour donner naissance à ses enfants. Sa mère, Tiamata, ne pouvait être de bon conseil étant donné qu'elle était liée aux Usumgal, dont le déclin imminent était annoncé dans la prophétie.

Comme Nammu voyageait beaucoup du fait de sa fonction de planificatrice, elle était en relation avec de nombreux groupes Kadistu (planificateurs). Elle s'était liée à un couple de félidés Urmah qui 1 'a soutenue et cachée le temps qu'elle puisse donner naissance à ses jumeaux. Les Urmah connaissaient notre situation en Septj-Khemt (Sirius 3) puisqu'ils ont offert 1 'asile à notre famille. Après, toute cette histoire devient obscure, car Nammu n'a jamais voulu en parler. Nammu aurait bien donné naissance aux jumeaux. Le couple Urmah aurait protégé les bébés et les aurait gardés un temps auprès d'eux. Malheureusement, les Urmah auraient été attaqués par des Mimi nu (''gris'') à la solde des Usumgal. Les nourrissons ont été tués, mais les deux Urmah auraient échappé à 1 'attentat.

Pour conclure, je préciserai que depuis ces événements, les Urmah de Sah (Orion) se trouvent dans une position délicate eu égard au destin qui est le nôtre. Ils nous protègent en Sah (Orion). L'ensemble de nos Nut-Bau (âmes communautaires) provenant de Septj-Khemt (Sirius 3) est lié aux Urmah depuis de nombreux millénaires. Ne te demande donc pas pourquoi il y a des rescapées de l'ancienne souche Amasutum en Sah, auprès des Urmah. Ne te demande pas non plus pourquoi les Urmah se sont génétiquement mélangés aux royaux Gina 'abu/ pour former ces Imdugud dont nos Nungal-Shemsu possèdent des gènes. A ce propos, il sera pour toi impératif de rencontrer prochainement les Imdugud J'ai fait semblant de les haïr pour tromper le clan adverse, mais j'ai de bons rapports avec eux- voulant être prudent, je ne 1 'ai néanmoins mentionné nulle part. C'est aussi du fait de notre association avec les Urmah que ta langue natale, le Re 'enkemet, a été formée à partir de leur dialecte. Tu vis pour finir dans le réseau souterrain des Urmah, et une partie de nos armes, comme ce vaisseau, sont issus de leur technologie ; tu sais maintenant pourquoi.

Je te laisse méditer là-dessus, double de moi-même 1 N'oublie pas de te rapprocher de Nammu. Elle saura t'aiguiller si tu sais l'aborder. J'allais oublier :fais des enfants à Aset 1 Ne fais pas

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la même erreur que moi. Tu dois agrandir ta demeure, tu dois t'entourer d'une famille sur laquelle tu pourras compter. N'oublie pas non plus de visionner la suite de ce message.

Hapy était en larmes. Je l'ai informé que sa mtsswn, qui consistait à surveiller et à entretenir la tombe d' Asar, allait très bientôt s'achever. Je lui ai fait part de mon souhait de déplacer le corps d' Asar à Ta-Ur et de lui creuser une humble tombe au nord du domaine, au pied du Pega (passage) qui mène vers 1 'Ouest, vers le pays de nos ancêtres. Je l'ai chargé de m'en dessiner les plans. Hapy était transporté de joie.

Je suis sorti de Nisighu un peu sonné ; une énorme foule s'était massée tout autour du lac sacré. Notre sortie a été accueillie par des cris d'allégresse. Hapy a dirigé la barque vers le rivage. J'avais des frissons dans tout le corps. Djehuti était là, entouré des sept Abgal. Je fus incapable de dire le moindre mot à qui que ce soit ; je ne souhaitais pas me justifier devant autant de monde - pas là, pas maintenant. Djehuti l'a très bien compris et il m'a pris par l'épaule pour me conduire vers mes appartements sous des clameurs de joie.

De retour au cœur de notre cité souterraine, je suis allé rejoindre Aset. Elle m'attendait avec impatience. Mon regard sur elle avait radicalement changé. Je n'étais plus submergé de pensées et de sentiments contradictoires. Aset n'était plus la mère magicienne qui m'avait mis au monde, mais mon double, mon complément, avec qui je forme un être entier.

La Mère du Trône patientait avec une grâce cérémonieuse. D'un regard ferme et plein d'amour, elle fit sortir ses deux gros chats des appartements royaux, et ferma magiquement la porte jusqu'à nouvel ordre. Elle se débarrassera de ses sandales et m'invita dans ses bras pour goûter ses tendres lèvres. Nous nous sommes accordés d'interminables caresses ;jamais nous n'avions été aussi innocents. Nos corps se sont unis en toute conscience, afin de réaliser l'unité et d'atteindre l'illumination qui conduit à une forme de fécondation - à une nouvelle naissance. Nous nous sommes ainsi retrouvés pendant une semaine dans les dimensions de l'esprit et de la chair.

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9

LA BRÛLURE DU PHÉNIX

"Debout Erra [Her-Râ}! Lorsque tu saccageras la Terre, ton âme étincelante réjouira ton cœur. Mais Erra a les bras fati­gués, comme ceux d'un harassé. Il se demande : 'Vais-je me lever ou bien rester allongé ? '[. . .}Allongé dans sa chambre, il demeure à faire 1 'amour à son épouse Mammi, tandis qu 'Engidudu [Marduk-Horus} -le seigneur de la ronde noc­turne - garde sur lui son œil [. .. }. 'Pars en guerre, ô Erra le valeureux, va cogner de tes armes. Fais qu'en l 'appre­nant, les !gigi [Shemsu-Nungal] exaltent ta gloire ! Qu'en l'apprenant, les Anunnaki redoutent ton nom! Qu 'en l'ap­prenant, les dieux se courbent sous ton équipement ! Qu'en l'apprenant, les souverains se prosternent à tes pieds ! [. . .}. ' Les mauvais-vents se soulevèrent, transformant le jour en té­nèbres et [bousculant} l'ensemble de la Terre et le tumulte des peuples ... ". <19)

Le Poème d'Erra, traduction de Don Moore

J'ai passé plusieurs mois à Nashareth, à vivre paisiblement au­près des miens et à me faire à 1' idée que j'avais bien été Asar avant de voir le jour dans cette vie. Depuis, mon cœur est léger comme celui d'un oiseau. Je suis resté auprès d' Aset afin de me familiari­ser avec mes nouvelles fonctions et aussi pour la soutenir dans la gestion de la Duat. Nous avons plusieurs fois eu la visite de Sabu et d' Altin. Ils font régulièrement le voyage entre Kemet et le domaine de la Double Vérité. Lorsqu'ils descendent vers le sud-ouest pour nous retrouver, ils passent par Mehti (le Delta du Nil), et séjournent quelques jours sur la colline de Dep où se trouve ma première gar-

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 327

nison de Shemsu-Heru, qui s'est considérablement agrandie depuis. Hapy m'avait fait part de son plan de sépulture pour le corps

d'Asar. J'avais reporté le projet jusqu'à nouvel ordre étant donné qu'aux dernières nouvelles, Arit-Kheru (''l'œil du son'') revenait de son voyage du fin fond de notre système solaire. Le moment tant redouté se précisait. Les veilleurs de Serkit et ceux de Aset-Heh (Dendérah) étaient formels. Un point lumineux menaçant était dé­sormais observable de nuit. Il grossissait chaque jour un peu plus. Nous étions en alerte depuis plusieurs semaines déjà.

Selon les dernières observations de nos Urshu, les troupes de Setes semblaient nerveuses, quelques-unes s'étaient repliées vers le Nord-est. Cela m'a donné une idée audacieuse. Je n'en ai parlé à personne et ai pris ma décision seul. Aset ne l'aurait peut-être pas approuvée. Maintenant que nous nous sommes retrouvés dans les dimensions de l' esprit et de la chair, elle semble encore plus sou­cieuse qu'à l'accoutumée.

Avant de rejoindre Sti (la Nubie) et Bun'd,j'ai quitté Nashareth par le hangar nord, pour aller à la rencontre des veilleurs Adinu de Kuram (Gorëme) .113 Je voulais quérir leur avis sur la progression du Benu Céleste. Leur opinion serait décisive et déciderait du dé­clenchement immédiat de mon projet. J'avais toutefois ordonné à plusieurs de mes garnisons de se mettre en marche. J'ai de nouveau dû survoler le Kursig sud (Cappadoce) de mon oncle pour accéder à la vallée des veilleurs. J'ai pu observer en dessous de moi une forte concentration d' Anunnaki, ce qui confirmait les observations de nos différents Urshu.

Les Adinu de Kuram vivent dans des paysages faits d'un mé­lange de cendres et de roches volcaniques émoussées par l'érosion et le temps. Les vents et les pluies ont ainsi sculpté la roche et créé tours et dômes naturels. Ces étranges colonnes ont ensuite été creu­sées pour y faire des demeures ou des tours de guet. Les Adinu de cette contrée vivent autant dans les airs que dans leur réseau sou­terrain. Leur proximité avec les Anunnaki était un peu une énigme pour mot.

J'ai posé mon vaisseau au hasard, au beau milieu de cette val­lée aux formes extraordinaires. Un groupe d'Adinu est venu à ma rencontre. Comme ceux de l'Igi-Ra, ils étaient tous parés de vête-113 Rappel : KUR-AM ou KUR-AMA2 , "la montagne (le Kur) du maître ou du seigneur (En­Hl)".

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ments ténébreux agrémentés de plumes ternes aux nuances déli­cates. Leurs parures tranchaient avec leur teint blanc comme neige et leurs cheveux très clairs. Je me suis présenté comme étant le "réveillé d'entre les morts", l'amant et fils de la grande Aset.

34-35. Cheminées de fée de Gorême (Turquie). La Gorême (Kuram) est par­semée de tours, de pics et de dômes naturels, souvent creusés artificiellement pour en faire des habitations, sanctuaires ou tour de guet. Une partie des veilleurs Adinu (éclairés) vivait ici, à proximité des veilleurs Anunnaki d'Enlil, tous en quête de l' "astre fou". À l'instar des différents réseaux souterrains de la Cappadoce, il s'agit assurément d'une réoccupation ré­cente des lieux. Selon les archéologues et anthropologues, les dômes et "che­minées de fées" de la vallée de Gorême auraient été transformés en habitats tro­glodytiques par des chrétiens fuyant Ro­mains et Arabes. Il existe certes dans la roche de nombreux monastères et églises de facture byzantine, mais d'après les traditions locales, ce sont les Djinns qui auraient creusé ces habitats (in Cappa­docia, by Boz Muzaffer, Donmez Offset, Ankara, Turkey, 1985). À noter que Aza­zel (Asar'EI : "Osiris, le créateur"), est gé­néralement regardé comme étant le chef des serpents Djinns (les Nungai-Shem­su), ce qui est conforme à notre trame.

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 329

-Nous savons qui tu es, m'a répondu l'un d'eux sur un ton neutre.

- Je souhaite rencontrer votre chef et le questionner à propos du Benu Céleste.

Le veilleur m'a observé attentivement. - Nous ne pouvons t'annoncer à notre maître pour l'instant,

notre trompette en airain est brisée. - Une trompette ? -Oui, l'autre jour, notre chef s'est assis dessus par mégarde. Je crus à une plaisanterie, mais leur expression était tellement

sérieuse que je fis mon possible pour garder un air aussi grave que le leur, voire compatissant. Le groupe attendait je ne sais quoi. On entendait vaguement un bruit métallique régulier dans le lointain. Mon sourcil droit ne put s'empêcher de se lever, je finis par demander, presque excédé :

-Qu'attendons-nous précisément? -Que la trompette soit réparée ! J'ai donné l'ordre qu'elle soit

remise en état au plus vite. Notre meilleur forgeron s'en charge. - Misère, 1 'attente sera-t-elle longue ? -Non, me dit-il d'un ton presque rassurant. Puis son regard se fixa au loin. Tous firent de même. Je m'étais

assis sur un rocher, recevant régulièrement des coups de leurs capes dans la figure. Au loin, la frappe métallique du forgeron au travail semblait vouloir s'inscrire dans le vent. Le groupe d' Adinu n'avait pas bougé d'un pouce et ils paraissaient rêvasser, pareils à des statues. Pas un bruit, personne ne circulait en Kuram ! Seul le soupir de la brise légère semblait prêt à supporter ce grand moment de solitude. J'ai pu relever que ces Adinu-là étaient armés, contrairement à ceux de Serkit- je l'avais déjà remarqué lorsqu'ils étaient venus près de l'Ekur de Setes. Ils portaient des lances et des arcs. Nous avons attendu une bonne heure sous une brise qui avait résolument fini par forcir. Le moment tant attendu vint en ce qu'on entendit soudain un grincement éraillé à peine audible.

-Bien, nous pouvons y aller, me lança le même individu. À ces mots, nous nous sommes dirigés vers un ensemble de

gros pics rocheux percés de façon désordonnée. Des cordes ou des échelles en bois et paille donnaient accès aux différents niveaux.

- Il va falloir monter ? ai-je demandé. -Non, notre souverain le pourrait difficilement, c'est ici.

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330 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

Les Adinu me montrèrent une cavité importante creusée au pied d'un des pics, et m ' invitèrent à y pénétrer seul. Une lumière brillait au fond.

-Ah, c'est toi, fils de l'horizon! Entre! Ne t'étonne pas si je ne pleure pas d'émotion, mais mon repas vient de m'être servi.

Je fis face à l'être le plus étrange qu'il m'ait été donné de ren­contrer jusque-là. Il était attablé en compagnie de deux femmes aux cheveux blonds et bouclés, drapées de noir. Le visage du maître des lieux était rond et lumineux comme l' astre de la nuit. Ses cheveux et sa barbe flamboyaient comme le feu. Le chef de Kuram était vêtu de riches tissus de Sti (Nubie) et de Bun'd (Punt), recouverts d'une sombre cape sertie de plumes. La caverne ressemblait à celle d'un trésor, un incroyable bric-à-brac s'y trouvait entassé. Beaucoup d'objets semblaient provenir de Bun'd et de E-Dilmun (Yémen). Une odeur de parfum exotique mélangée à celle de la nourriture im­prégnait l'air d 'une senteur particulière. Me voyant hésiter, il leva le bras. D'un geste, il me fit signe d'entrer ; son autre main tenait une cuillère qui était déjà dans sa bouche.

-Hum, excuse-moi, mais mon bouillon de langoustes ne pouvait plus attendre. En veux-tu? Elles viennent de chez toi, fraîchement pêchées hier sur les rives de Kem-Ur (la Mer Rouge). De bonnes langoustes que ces voleurs d'Anunnaki n'auront pas!

- Je te remercie de ton hospitalité, seigneur. Pardonne mon ignorance, mais je ne connais même pas ton nom, lui ai-je dit confus.

-J'ai plusieurs surnoms. Hum ! On m'attribue souvent le nom de Daggan ici, mais ma famille me nomme Dag ou Dagde. 114 Appelle­moi comme tu le souhaites.

À peine avait-il fini sa soupe que de nouveaux mets l' attendaient sur le bord de la table. Une des deux femmes se tenait prête à les lui passer, et la seconde réceptionnait les plats vides de 1 'autre côté.

-Bon! Que me vaut cette visite en plein repas, fils de l' horizon? -Je suis venu te questionner au sujet du retour du Benu Céleste. - Ah oui! As-tu remarqué qu'il nous revient en même temps que

toi ? Tout le monde ne parle que de toi depuis ta rencontre avec ton oncle il y a quelques mois. J'entends de loin ce bougre de Seyhtanri (Seth) se plaindre nuit et jour. Ah, ce thon provenant des rives de

114 Dagde, "comme la montagne" en turc, ou encore DAG-DE5 , "conseil de la demeure" en sumérien. Il s'agit du personnage que l' on retrouve sous le nom de Dagde ou Dagda dans la mythologie celtique irlandaise.

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 331

Bun'd est absolument succulent. Je suis certain que tu n'y as jamais goûté ... Quel dommage !

Dagde s'enfila d'un coup un grand verre de bière et s'essuya bruyamment la bouche avec les mains ; il les passa ensuite sur sa cape, qui lui faisait office de serviette. Il leva la tête vers 1 'une des femmes, manifestement sa concubine ou son épouse, et lui dit : "Garde le reste pour tout à l'heure, ma biquette, et ne te couche pas trop tôt ... Je ne tarderai pas".

-Toi, tu sais parler à ta dame, dit-elle en ricanant. Dagde se leva et éructa en faisant vibrer la table. -Par ma barbe! Akilli, mon épouse, ton repas m'a mis en joie!

Bon, viens avec moi, fils de l'horizon, j'ai à te parler. Laissons ma femme et ma fille entre elles.

D'un regard, le maître de Kuram m'invita à sortir avec lui ; je pus apprécier sa taille colossale. Ce Dagde était grand comme une montagne, assurément l'être le plus gigantesque que j'avais jamais vu. La cité tout à 1 'heure silencieuse était maintenant en effervescence. L'agglomération semblait s'être réveillée en même temps que son chef avait émergé de sa tanière. Des charrues traînées par des bœufs circulaient fièrement au milieu de sonorités où se mêlaient flûtes et voix. Nous montâmes sur une petite colline en empruntant une allée bordée de pierres. En contrebas, des centaines de personnes affairées s'agitaient comme dans une fourmilière. Nous étions proches de l'entrée d'un souterrain. Subitement, une ombre fila sous notre nez à la vitesse du vent. C'était trop gros pour être un oiseau et trop petit pour être un vaisseau. Dagde se mit à rire devant mon air ahuri :

-Tu ne connais pas nos êtres volants ... Non, ce ne sont pas des Sukkal, mais ça y ressemble, n'est-ce pas? Ils portent simplement des ailes en bois et en toile dans le dos. Cela nous permet de survoler notre territoire et de nous déplacer dans la région. Nous ne pouvons pas aller très loin avec ça, mais c'est tout de même bien pratique. Les Anunnaki, plus bas, nous appellent les Sukkal, alors nous avons adopté ce nom pour nous qualifier ainsi que nos voyageurs ailés. Tout le monde sait voler ici, même moi ... Bien que cela fasse un moment que je ne m'y risque plus. Akilli, mon épouse, souhaite que je perde du poids. Tu me trouves gros, toi ?

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332 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

36. Des veilleurs ou messagers Sukkal encerclent le roi sanguinaire Assur-Nazir-Bal. Il était courant, sur les bas-reliefs de l'époque assyrienne, d'entourer les souverains de dieux ou de divinités protectrices. les Sukkal constituaient une caste d'anges protec­teurs qui portaient des masques d'aigle ou de faucon et des ailes dans le dos. Ces messa­gers volants, archétypes des anges bibliques, vivaient bien souvent dans les montagnes.

À cet instant, un être volants' est posé près de nous, rn' évitant par chance de devoir répondre à cette délicate question. Son atterrissage avait nécessité une course qui l'avait projeté à plus de 100 Remenu (coudées: près de 40 mètres) de distance. Le messager s'empressa de venir à notre rencontre.

- Seigneur Dagde, il y a du mouvement plus bas, des Anunnaki des steppes et du désert regagnent le Kursig (Cappadoce).

-Bien ! Tant qu'ils ne viennent pas chez nous ... -Oui, ai-je ajouté, je les ai aperçus en me dirigeant tout à 1 'heure

vers Kuram (Gorëme). - Merci à toi, Dama, reprit Dagde. Préviens tout le monde, et

surtout mon frère. Nous avons à parler ; je ne vais pas tarder. -Toutes ces villes souterraines pour y entasser Adinu et Neferu,

ai-je ajouté en riant, et quel vaste chantier, rien que pour rassurer mon grand-père et les Anunnaki !

- Oui, c'est curieux n'est-ce pas ? Les Anunnaki creusent, et nous les regardons faire, amusés, en leur lançant que ce qu'ils réalisent pour nous tous est merveilleux ! Qu'ils creusent comme les Nungal ont creusé, mais l'ensemble de notre lignée ne viendra

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX

pour autant jamais s'installer ici ... -Je sais. - Ma foi, tu en sais des choses, petit.

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Dagde m'inspecta un court instant, étant donné qu'il n'avait pu le faire alors qu'il avait le nez dans ses plats. Il reprit la parole:

- Pour répondre à ta question, nous ne savons pas grand-chose sur le Benu, si ce n'est qu'il sera là dans quelques heures. Il devrait être parfaitement visible d'ici peu. À l'origine, le Benu semblait avoir adopté un circuit en boucle qui le faisait revenir par intermit­tence. Mais son parcours paraît avoir été écourté pour une raison inconnue. Son retour est bien trop rapide, ce qui nous fait supposer qu'il a dû rencontrer un ou plusieurs objets qui ont changé sa tra­jectoire initiale. Mais de combien de degrés cette trajectoire a-t-elle changé ? Le Benu va-t-il nous percuter, ou bien nous frôler la tête comme la fois précédente? Nous n'en savons rien, nos calculs nous le diront prochainement. Tout ce que nous savons, c'est qu'il vien­dra maintenant très vite ... Sens-tu le vent souffler ? Ce n'est pas le vent que je connais, il est anormalement chaud. D'ici peu, nous pourrons observer le Benu à 1 'œil nu, en plein jour ! Tu sauras bien­tôt pourquoi nous le nommons aussi "Arit-Kheru" (1 'œil du son).

- Cela ne me laisse guère de temps. De toute façon, le Benu Céleste est notre allié, j'en suis convaincu ...

- Que veux-tu faire, petit ? J'étais gêné, je ne souhaitais pas lui détailler mon plan, ne le

connaissant pas mieux que ça. Je n'allais pas non plus lui avouer que j'avais été dans 1 'au-delà et qu'un être rn' avait inspiré mon plan et me soufflant que "/'astre vagabond qui menace notre monde était mon allié". Néanmoins, je trouvais ce Dagde très attachant.

- Régler une vieille affaire qui aurait dû être tranchée il y a un moment déjà, ai-je repris. Bien que je sois persuadé que nous ne risquons rien ; et je me fiche de savoir si nous allons tous mourir ou non.

-Ça sent la guerre, mon jeune ami. Je me trompe? - Je vais faire justice moi-même. Je veux heurter les esprits de

nos ennemis et faire trembler le monde sur ses fondations, par la grâce du Benu.

- Prends garde de ne pas trébucher par manque d'expérience. Nous savons qu'une partie de tes troupes descend le long de Kem­Ur. Je ne pense pas que les Anunnaki les aient remarquées, parce que

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tes soldats sont des nôtres, et que nous savons qu'ils sont prudents et expérimentés par nature. Mais nous, nous voyons et savons tout. Nous sommes des veilleurs et pas des soldats bêtes et disciplinés. Tu prépares quelque chose de terrible, fils ... Ta vengeance est-elle suffisamment élaborée ?

- Oui ! Et j'y travaille depuis ma plus tendre enfance. Tu me rappelles quelqu'un, seigneur Dagde. Un fidèle ami pour qui j'ai une estime considérable : le roi Saglam, le souverain des Dogan.

- Tu parles du roi des Neferu, duquel tu tiens ton immense ar­mée ? Eh bien, par mon marteau, c'est mon père !

-Mais alors, tu n'es pas Nungal. Tu es un Dogan, ce qui explique ta taille et tes cheveux roux. Un Dogan qui dirige les grands princes de 'Nki-Asar, c'est vraiment inattendu !

- Pas tant que ça, je ne suis pas tout à fait Dogan. C'est ma mère qui m'a placé à la tête des Adinu de Kuram. Tu la connais bien, c'est ta tante Serkit. Je mélange à la fois l'ancienne souche Gina'abul et la race métisse que tout le monde craint.

Tout s'expliquait soudainement. Le lien qui unissait les Adinu et les Dogan n'impliquait pas seulement la consanguinité, mais aussi la royauté. La grande Serkit, appelée Semhaza (''qui détient la plante''), s'était unie avec le fidèle protecteur d' Asar, et avait engendré avec lui un fils aux proportions incroyables.

-Ne devrais-tu pas être le futur roi des Dogan, le successeur de Saglam?

-Je te 1 'ai dit, je ne suis pas un véritable Do gan. Mon ascendance a été cachée, je préfère laisser cette fonction à ma petite cousine Altin.

-Bien. - Tu imagines, ajouta Dagde, si le Seyhtanri (Seth) savait que

j'ai également du sang Dogan, ça le rendrait dingue ! Il sait juste que je suis le fils de Ninmah, et pense être en présence du produit d'une expérience génétique. Nous nous sommes rencontrés trois ou quatre fois, il me craint comme la maladie !

- Il me craint moi aussi. - Alors, nous sommes faits pour nous entendre ! me dit-il en

gloussant. -Je suis heureux d'avoir fait ta connaissance, maître Dagde. Je

dois te laisser maintenant, et rejoindre mes troupes dans le Sud. Le roi de Kuram hésita un bref instant.

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 335

-Tu seras mort avant l'arrivée du Benu Céleste Ton maître d'armes est la petite fille du Seyhtanri, elle t'a peut-être appris à te battre, mais que sais-tu des techniques guerrières ?

-Et toi? - J'ai combattu les Anunnaki de nombreuses fois aux côtés

des Shemsu-Râ. Je n'ai pas eu la chance de connaître Asar, mais j'ai protégé de ma massue ses mines de Sti (Nubie), que j'ai aussi administrées pendant un temps. Les Dengu (pygmées) étaient à mon service, car eux seuls peuvent se faufiler dans les carrières. Mon père m'a parlé de ton plan ; nous sommes inquiets pour ta vie. Permets-moi de t'accompagner et de mettre mon arme et mes techniques à ton service.

DAGDE

Transcription hiéroglyphique du nom Dagde qui se traduit par "Dag (le dieu des nains) qui établit". Encore une étrange coïncidence, Dagde étant en Irlande le maître de la magie et des étres surnaturels.

-Je ne suis pas si mauvais dans l'art de la guerre, une grande bataille a été gagnée à Mafke't grâce à moi, ai-je répondu.

-Je sais, on me l'a rapporté. Plusieurs Adinu et Neferu étaient présents, dissimulés dans les montagnes. C'était du suicide ; tu es suicidaire, fils ! Ça marche quelquefois, mais pas tout le temps ; généralement, ça finit mal. Je t'offre ma vie. S'il faut mourir demain brûlés par le Benu Céleste, que ce soit en vainqueurs et non terrés comme des chiens. Mon épouse désire que je fasse de 1 'exercice, alors que son vœu soit exaucé grâce à toi !

-Ne dois-tu pas être ce soir à ses côtés, mon ami ? - Akilli m'accordera la chaleur de ses cuisses à mon retour,

lorsque nous reviendrons vainqueurs. Alors, je lui ferai un nouvel enfant, celui de la victoire !

- Qui gouvernera à ta place ? - Mon frère Hi' a. C'est ainsi que je lui donnai mon accord. À ces mots, Dagde

rejoignit sa femme qui était allée se rafraîchir à la source. Elle

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portait un petit vase en terre cuite qu'elle s'apprêtait à remplir. Je vis au loin leur discussion. Le roi lui expliqua sa décision, elle lâcha alors le récipient et détourna son regard en guise de protestation. La peur de ne jamais revoir son époux la remua profondément. Elle finit par regagner à toutes jambes les pics percés de terrasses et de cellules. Des Sukk:al volants composaient des ballets aériens dans le ciel. Le vent soufflait fort et leur vol était gracieux. Dagde revint vers moi le cœur triste : "Ah, les femmes !"finit-il par me dire.

Le roi de Kuram m'emmena ensuite dans des souterrains où ses proches l'attendaient. Le style des galeries rappelait celui de l'Ekur de mon oncle. Le roi eut une longue discussion avec son frère Hi'a, qui avait la taille d'un Dogan. Hi'a fut mis au courant de notre équipée secrète, et le groupe décida que ce dernier allait remplacer son frère le temps de son absence.

Mon entreprise s'annonçait périlleuse et Dagde le savait. Il ne connaissait pas encore tout mon plan, mais c'était comme s'ill'avait deviné. Lorsque nous embarquâmes dans Geghu, mon compagnon d'arme porta tout de même un regard attristé sur l'ensemble de son domaine, comme s'il avait songé un court instant à la tragique pos­sibilité de ne jamais revoir ses terres et les siens.

Nous avions embarqué avec des hommes-volants, des Sukk:al aux ailes artificielles. J'avais demandé au roi s'il était possible d'en emmener avec nous et de les utiliser comme éclaireurs volants au­dessus des lignes ennemies. Dagde avait trouvé cette idée étrange, mais s'était résigné à sélectionner cinq volontaires. Le voyage vers le Nord de Kemet s'effectua dans un silence de mort. La jovialité de Dagde avait fait place à un certain recueillement. Il se trouvait à mes côtés dans le cockpit, tandis que les Sukk:al étaient à 1 'arrière. Certains nettoyaient soigneusement leurs ailes artificielles avec une essence végétale grasse, d'autres affûtaient les flèches ôtées de leurs carquois : leurs vies allaient dépendre du bon fonctionnement de leur équipement.

Le paysage défilait à grande vitesse à travers la vitre teintée de 1 'habitacle de Geghu. Quelques joyeuses têtes brûlées rn' accompa­gnaient, alors que plus loin, une grande armée m'attendait au sol. Un prodigieux élan me propulsait aux limites de mes ambitions, et je ne devais pas décevoir ceux qui comptaient sur moi. L'océan qui séparait les terres de mon oncle et celles de Kemet surgit soudain sous l'appareil. Les eaux que nous survolions étaient anormalement

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agitées en surface et balayées par un vent désordonné, probable présage de la venue du Benu. Dagde ne semblait pas plus perturbé par l'étalage des technologies qu'impliquait mon appareil que par l'altitude, ce qui supposait qu'il avait déjà voyagé dans les airs. Il m'avait parlé de son fameux marteau, et l'impressionnant objet était à ses côtés. Sa taille et son poids faisaient de cette arme un outil meurtrier que lui seul devait savoir manier.

Nous fîmes escale à Pe, au nord de Mehti (le Delta du Nil). Pe se trouve à quelques pas de Dep où j'ai installé le plus gros camp de Shemsu-Heru de Kemet. Dagde m'avait vivement recommandé d'aller à la rencontre des prêtres d' Asar qui séjournent dans cette localité administrée par le clan Khentamentiu. Pour l'instant, mon seul contact avec eux date du moment où j'avais remplacé le clergé de mon grand-père par le leur à Ta-Ur. Dagde était d'avis de faire en sorte que quelques prêtres Khentamentiu se dirigent vers le Sud pour devenir les témoins oculaires des manœuvres militaires que j'allais exécuter. Il était important de maintenir une bonne entente

37. Positions des localités de Pe et de Dep que la mythologie situe dans le Delta du Nil à l'emplacement de l'ancienne Buta. C'est à l'archéologue Flinders Petrie que l'on doit la découverte du site en 1886. C'est un site trés ancien sur lequel on a trouvé des traces de l'époque prédynastique. Toutefois, l'extrême humidité des lieux ne permet pas une bonne conserva­tion des vestiges. Pe était regardée comme une ville appartenant à Osiris et à son clergé. Pe et Dep sont souvent signalées dans les textes des Pyra­mides comme étant des localités attribuées aux suivants d'Osiris et d'Horus.

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avec l'ancien clergé dépositaire de la doctrine sacrée d' Asar. Une philosophie qui m'avait été enseignée par Djehuti et Aset dès ma plus tendre enfance.

Les villages des différents Shemsu de Mehti sont construits en brique crue avec des soubassements en terre. Les murs et les toits, en panneaux de roseaux entrelacés recouverts d'argile, sont soutenus par de lourds poteaux en bois. Les clôtures sont en roseau, parfois en pierres ou en briques. Le matériel est assez léger et facilement remplaçable s'il est détruit par des intempéries ou par le feu. Nous sommes loin des constructions lourdes de nos temples de Kemet et de l' A'amenptah, ou des antiques demeures de Setes dans l'ancienne Kalam, ou encore des bâtiments de mon grand-père sur Deser (Mars). Les habitations de Mehti sont à l'image de celles que certains humains fabriquent et que 1 'on trouve un peu partout à Kemet.

Les enfants jouaient joyeusement avec les chiens, alors que les bovins gambadaient librement entre les habitations. Dagde et moi avions été invités à pénétrer dans la demeure du grand prêtre de Pe. Le logis était vaste et il y faisait bien frais. D'énormes cornes de bœuf trônaient au centre de la hutte sacrée. Elles représentent symboliquement la royauté et les deux sièges d' Asar et Aset l'un en face de l'autre. Les hauts dignitaires Khentamentiu étaient présents. Il me remercièrent de m'être déplacé pour les rencontrer et me félicitèrent d'avoir remis le clergé d' Asar en place à Ta-Ur. Ils louèrent également mon union avec ma mère. Ils reconnurent Dagde comme étant le fils de la grande Serkit, mais ils ne firent aucune allusion concernant son père Saglam, le roi des Neferu, le fier protecteur d'Asar. Les prêtres finirent par m'avouer que le fait de côtoyer les Neferu qui forment mon armée était une expérience insolite qu'ils avaient acceptée au nom d' Asar et au nom de son légitime retour au pouvoir.

Mon exposé terminé, constatant les regards déconfits que faisaient les prêtres, il me fut évident qu'il serait difficile de faire descendre le clergé dans le Sud alors que tout le monde ne pensait qu'à gravir les montagnes ou à s'abriter dans la Duat souterraine pour échapper aux débordements possibles des eaux. Les prêtres Khentamentiu trouvèrent mon idée téméraire et totalement suicidaire : reconquérir les terres d' Asar volées par mon oncle, pendant que le Benu passerait au-dessus de nos têtes ... Quel choc !

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 339

Asar n'aurait jamais fait cela. Étais-je un fou ou bien un grand soldat, meilleur que Râ, le bras armé ? "Meilleur que Her-Râ !" lança Dagde d'un ton autoritaire. Un grand coup de son terrifiant marteau sur la table du conseil fit office de verdict. Au vu de la table brisée en mille morceaux et de la confiance que me portait le fils de la grande Serkit, les prêtres d' Asar décidèrent finalement qu'ils se déplaceraient vers le Sud en formant plusieurs groupes. Ils furent subitement d'accord pour ajouter que mon plan était ambitieux et que le risque en valait la peine, si 1 'on considérait que les différents Shemsu et Urshu étaient continuellement humiliés depuis la mort d'Asar, qu'ils soient de l'Ouest ou de l'Est, et aujourd'hui du Nord et du Sud. Puis j'ai ajouté :

- Je vais remettre en place le clergé d' Asar et chasser celui d'ltemu de nos terres, vous m'en serez témoins. Venez nombreux.

L'un des prêtres a alors renchéri : -Tout réussit à Heru depuis qu' Aset l'a révélé à la lumière et

qu'il écoute les conseils de notre grande souveraine. Le clergé Khentamentiu ne connaissait que la deuxième phase

de mon plan, que j'avais détaillé à Dagde lors de notre voyage vers Mehti (le Delta). J'escomptais qu'ils se déplaceraient lentement sur Iuter-A'a (le Nil) ce qui me donnerait le temps de concrétiser la première partie de mon projet qui ne devait normalement pas les concerner.

Après cet accord, nous avons été à la rencontre des Shemsu­Heru de la colline de Dep et avons fait le point avec eux sur nos futures manœuvres. Nous avons ensuite repris la route du ciel vers la région du "mur blanc" qui précède notre demeure souterraine. Une partie de mes troupes de Dep s'était déjà déployée autour de notre résidence royale et de son écran protecteur toujours en action. Une autre portion s'était déplacée plus vers le Sud, non loin d' Aset­Heh (Dendérah) et de Ta-Ur (Abydos). Le périmètre était en outre émaillé d'Urshu Khentamentiu que mon frère Sabu avait déployé le long du grand fleuve. Nos arrières étaient ainsi assurés si les troupes de Setes encore stationnées sur nos terres réagissaient à la pression des nôtres. Sabu assurait la protection de notre demeure royale et de Bit-Râ-Hem. L'écran de protection était dressé au maximum et dirigé vers 1 'axe central de notre Gigal souterrain.

Nous avons poursuivi notre vol vers la fonderie secrète de Râ qui se trouve sous les temples de Behutit (Edfu). Près de 200 Shemsu-

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Heru entouraient le domaine et attendaient mes ordres. Les Shemsu­Râ nous firent bon accueil. Sous le sanctuaire principal se trouve un gros cristal, qui est dissimulé par les armes en métal du grand Her­Râ. Ce minéral blanc permet de communiquer directement avec lui. C'est ainsi que je lui ai fait part de la deuxième partie de mon plan, mais il n'a pas voulu y adhérer en m'octroyant un soutien armé de plus, prétextant que j'étais "dingue et irresponsable". Craignait-il de devoir exposer sa garde rapprochée Kingu à l'ensemble de nos troupes coalisées ?

Nous allions donc devoir nous passer des Shemsu-Râ. Nous avions besoin d'armes supplémentaires. Her-Râ rechignait à me fournir un armement qui allait alimenter une révolte visant à briser l'autorité de mon grand-père Itemu-Râ (An). D'un autre côté, mon aîné restait cependant indécis : si mon projet fonctionnait, moi seul jouirait des retombées d'une victoire aux yeux des nombreux partisans d' Asar. C'est pourquoi il finit par me livrer des armes de sa réserve secrète par le fait qu'il distribua de nombreuses lances et épées forgées par ses Mesentiu à mes Shemsu-Heru. J'ai rempli la soute de Geghu à ras bord d'armes de toutes sortes issues de cette fonderie secrète.

Geghu s'est ensuite arraché de Behutit (Edfu) et nous a transportés jusqu'à Bun'd (Punt), 115 le fief de la rébellion Nungal contre les Anunnaki. De nombreux Shemsu-Heru s'y sont installés il y a près d'un an. Ils se sont mêlés sans difficultés aux Shemsu­Râ de mon aîné. Le domaine de Bun' d est capital pour Kemet, car son sol regorge de richesses incroyables. La myrrhe divine qui sert

115 Le pays "mythique" de Punt (Pount) était à cheval entre l'Éthiopie et la Somalie. Une fois encore, le sens des mots nous le confirme : en Somalie, où les langues officielles sont le somali et 1 'arabe, le pays est appelé Puntlaand, et A rd al Bu nt ("terre du Bunt" ou "pays du Bunt") en arabe. Source : Jaillard, Pierre, Dénomination de Pount, Commission nationale de toponymie (CNT), Référence : 2009-CNIG-0010/CNT. Je suis totalement persuadé que le nom de Punt n'est pas tiré de l'arabe Bunt, mais du sumérien BU4-NUD ou Bun 'd ("le fief de la rébellion" ou "le berceau de la lumière"). C'est de ce terme que provient le nom des Bantous d'Afrique. On trouvait là le domaine des Shemsu-Râ, les suivants de la lumière. Ce même pays de Punt se nommait aussi Ta-Neter ("le pays de Dieu") à l'époque des pharaons. On a au centre de la come de l'Afrique une région qui est baptisée "Nugal", qui rappelle ainsi les Nungal, les futurs Shemsu et Urshu égyptiens. La myrrhe, l'un des produits rapportés des expéditions ayant traversé Punt, à 1 'instar de celle de la reine Hat­chepsut, provient de Somalie ou encore du Yémen, où se trouvait la seconde Dilmun. Les anciennes expéditions parties d'Égypte vers le pays de Punt impliquent également la pré­sence de nombreux métaux précieux ; l'Éthiopie est effectivement dans ce cas puisqu'elle dispose d'importants gisements d'or et de fer (voir à ce propos la carte des exploitations minières dans les pages centrales).

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 341

pour nos fumigations rituelles est produite ici. On y trouve aussi plusieurs mines de Nebu (or), deux importantes mines de cuivre, ainsi que de luxuriants dépôts salins bien utiles pour la production du métal dont sont faites les armes de nos soldats. Les côtes de Bun'd abondent en perles jusqu'au littoral de E-Dilmun (Yémen), qui leur fait face.

La nouvelle Dilmun dispose d'une seconde très grosse concentration de Shemsu-Râ. Ceux-là sont moins accommodants que ceux de Bun' d. Installés du côté Est et séparés du reste des Shemsu par Kem-Ur (la Mer Rouge), ils se montrent asociaux ; tout ce qui les intéresse ce sont les vivres ou les objets qu'ils vont pouvoir commercer avec les Anunnaki.

Dagde, nos cinq Sukkal et moi-même sommes allés à Adin pour rencontrer les marchands Shemsu-Râ. Je ne comptais pas les enrôler à l'insu de leur seigneur Her-Râ, mais simplement leur demander de rester vigilants au cas où certains Anunnaki viendraient à s'échapper par Kem-Ur lors de notre campagne pour gagner les rives d'Arah (Arabie) ou de Sabba.

Nous étions sur le grand débarcadère d' Adin. Les eaux de Kem­Ur scintillaient comme de l'argent. De gros bateaux de commerce étaient amarrés au rivage par de longues cordes. Ces massives embarcations ont l'habitude de longer les côtes de E-Dilmun. Selon certaines rumeurs, ils empruntent parfois la mer intérieure de l'Est (golfe persique) pour accéder aux frontières de Kalam. Ils déclarent pêcher, sauf qu'il n'y a rien à pêcher dans la mer intérieure qui débouche sur Kalam, seule son embouchure regorge de thons, d'espadons et de muges.

L'odeur aigre du poisson avait envahi le port. Elle provenait sans doute des sardines et thons qui pullulent sur les rives sud de E-Dilmun, et que les Shemsu livrent à notre pays en remontant la rive gauche de Kem-Ur. Nous savons que ce poisson est aussi revendu à nos ennemis. Nous fûmes réceptionnés par trois Shemsu­Râ bardés de cuirasses métalliques. Ils portaient des casques de faucon. Je me suis présenté à ces derniers comme étant le "réveillé d'entre les morts", l'amant et fils de la grande Aset. L'un d'entre eux me bouscula, comme s'il ne m'avait pas entendu. Sans réfléchir et même tenter de discuter, Dagde sortit son imposant gourdin de derrière son dos et, d'un coup rapide, fit voler le Shemsu qui s'écrasa huit longueurs d'humain plus loin.

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-Le thon de Bun' d me met en joie, mais ici, le poisson les rend crétins, s'écria le fils de Serkit.

Les deux autres Shemsu tentèrent de s'interposer, mais sans succès, Dagde les avait déjà assommés à l'aide de ses poings qu'il avait assénés sur le haut de leurs crânes.

-Ces deux là sont disposés à t'écouter, ajouta-t-il. Mais j'en doutais fort ! Nous fûmes soudain la cible d'une

myriade de flèches provenant d'on ne savait où. Notre groupe eu à peine le temps de se dissimuler derrière des caisses en bois que trois de nos Sukkal s'élancèrent dans le vent, déployèrent leurs ailes, et prirent leur envol comme des oiseaux. Dagde était touché, une flèche plantée dans l'épaule, mais il me rassura: la blessure n'était pas profonde. Il arracha le trait d'un coup sec. D'autres flèches furent tirées de plus loin. Elles venaient directement du flanc d'une colline où s'acccumulaient des dépôts de vivres. Je sortis Uatch de son fourreau. Mon regard était noir ; le vent se levait sur Adin et soufflait la colère et le tumulte. J'ai demandé à Dagde et aux deux autres Sukkal de rester à couvert. Ces derniers répondaient du mieux qu'ils le pouvaient à l'attaque avec leurs arcs. J'ai levé la tête vers le ciel et effectué un bon prodigieux vers nos assaillants dissimulés derrière des murs en roseau éloignés d'une trentaine d'enjambées. Dès que je me suis réceptionné derrière les cloisons en question, Uatch a brassé l'air comme la foudre. Mon cristal a ainsi goûté le sang comme lors de la bataille de Mafke't. Ce n'était pourtant pas celui de nos ennemis, mais celui des enfants d' Asar ! Des bras et des têtes volaient dans tous les sens, alors que les flèches des deux Adinu ailés appuyaient mon assaut en s'abattant sur nos agresseurs. Une voix se fit entendre dans la mêlée : "Par la Source, arrête ce carnage, fils d'Asar !"Un Shemsu cuirassé de la tête aux pieds se présenta devant moi, à qui j'annonçai que je n'étais pas le fils d'Asar, mais Asar lui-même, revenu parmi les vivants pour châtier ceux qui l'avaient trahi.

-Alors, rassure-toi, mon roi, nous ne t'avons jamais trahi- pas nous, répondit le Shemsu.

-C'est les armes à la main que vous accueillez votre nouveau roi?

- Tu n'es pas sur tes terres, ici, à E-Dilmun, me répondit-il. Ce n'est en ce moment guère prudent de te déplacer alors que les Anunnaki sont plus agités que jamais.

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- Mais c'est vous-mêmes qui êtes anormalement agités, ai-je répondu.

-Ne le vois-tu pas, soldat, le Benu est de retour, reprit Dagde en posant sa main sur mon épaule. Shemsu, Urshu, Adinu, Sukkal, et partisans de Setes auraient tous bien tort de ne pas s'agiter.

- Que veux-tu, Benu ? demanda le soldat de Râ. -Je ne demanderai pas à tes commerçants de se joindre à moi

pour la bataille qui s'annonce, ai-je répondu avec ironie, mais plutôt de bloquer les issues de Kem-Ur si les Anunnaki se défilaient face à notre offensive pour gagner les rives d' Arah (Arabie) ou de Sabba.

-Tu sais que nous ne pourrons pas les stopper chez eux, à Arah, mais uniquement sur les rives de Sabba. Si tu ne veux pas les voir se défiler plus au nord, tes Shemsu-Heru devront les contenir le long des côtes de Sti (Nubie).

-C'est prévu ! -Alors, tu n'auras pas besoin de nous, Mesi-Asar (l'engendré à

la ressemblance d'Asar). - ... Et vous pourrez ainsi vous dissimuler dans vos tunnels et

fermer derrière vous vos puissantes portes en métal pendant que vos frères livreront bataille ... , ai-je ajouté.

La lutte sanglante que nous venions de mener avait fait qu'une partie des caisses en bois du débarcadère était éventrée. Tous types de produits étaient étalés sur le sol. Mon regard fut attiré par des pierres de couleur bleue. Je balayai la poussière du pied pour y voir plus clair. En suivant à la trace ces minéraux couleur du ciel de Nut je découvris plusieurs grosses caisses entassées plus loin. Dagde avait compris ma surprise et prit 1' initiative d'en défoncer une avec son puissant marteau. Des milliers de pierres s'échappèrent alors du trou béant. M'étant accroupi pour en prendre quelques-unes, je vis que c'était du Khesbet (lapis-lazuli).

-Qu'est-ce que des pierres bleues de Kalam font ici? -Les prêtres d'Itemu-Râ les utilisent pour leurs objets votifs, et

c'est tout simplement nous qui les fournissons. -J'ordonne que ces pierres n'empruntent plus jamais Kem-Ur,

c'est bien compris? - J'ai bien entendu, mais tu te mettras à dos tes aînés Itemu et

Her ! Il te faudra directement voir cela avec eux. Nous fournirons ces produits tant que la demande existera sur tes terres ... Les pierres bleues de la région de Zagin (Asie centrale), située à l'Est de Kalam

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344 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

(Sumer), constituent une nouvelle monnaie d'échange ici. 116 Il faut vivre avec son temps, Benu.

-Rassure-toi, marchand Shemsu, tu n'auras bientôt plus aucune demande à satisfaire. Je remets progressivement en place le clergé d' Asar. Tes acheteurs, qui relèvent d'Itemu-Râ, quittent le pays.

-Je n'ai qu'un conseil à te donner : ne fais pas la même erreur que ton père, qui ne voulait aucun changement. Tu as vu où cela l'a mené ...

J'ai levé la tête vers le ciel. Le vent soufflait de plus en plus fort, tandis qu'une lueur intense montait doucement à 1 'horizon pour constituer comme un deuxième soleil. Je l'ai pointée du doigt en prévenant mes interlocuteurs du danger, qui était imminent :

-Et voilà 1' écho d' Asar, 1 'appel de la vengeance ... En attendant, je compte sur vous pour supprimer les soldats de Setes qui se re­plieraient sur les rives de Sabba. Si vous me décevez, je reviendrai vous faire avaler vos pierres une par une.

Nous avons récupéré nos Sukkal et sommes repartis vers la prospère région de Bun'd. Un simple survol de Kem-Ur nous a suffi. J'ai trouvé Nebet-Hut sur place, armée de la tête aux pieds et donnant des directives à mes soldats hébétés. Je l'ai empoignée par le bras et tirée à 1 'écart des oreilles indiscrètes.

-Te voilà finalement, me dit-elle. Le Benu approche et tu quittes notre domaine sans nous prévenir. Ta mère est inquiète et m'envoie

116 ZÀ-GiN veut dire à la fois "lapis-lazuli" et "brillant" en sumérien. Ce mot exprime dans ce contexte une région lumineuse. L'ancienne Perse était constituée de hauts plateaux où la luminosité est, aujourd'hui encore, exceptionnelle. C'est sans doute la raison pour laquelle 1 'explorateur et écrivain Austine Waddell (1854-1938), à qui 1 'on doit d ' importants travaux sur l'origine sumérienne des colonies ariennes, pensait que le Pakistan et l 'Afghanistan for­maient le mythique pays d'Eden. Le sens de son homophone ZÀ-GiN, "le territoire de la monnaie", ne nous surprendra guère lorsqu'on sait que le lapis-lazuli était bien exporté de 1 'Asie centrale (1' Afghanistan) vers Sumer pour finir son trajet en Égypte. Ce fut pratique­ment le seul "bien mésopotamien" qui fut introduit en Égypte. La présence du lapis-lazuli dans les tombes égyptiennes dès la période prédynastique amratienne ou de Nagada 1 (entre 5000 et 4780 av. J.-C., et peut-être même avant cela), témoigne d'une "relation commer­ciale" préhistorique entre l'Égypte antique et l'ancienne Mésopotamie. Ceci paraît étonnant lorsqu'on sait que Ka lam et Kemet se vouaient une haine farouche - sauf si nous pouvons concevoir une forme d'économie très ancienne, initiée par les suivants d'Osiris, de Râ et Ho­rus, tel que le confirment par ailleurs les textes égyptiens. L'aptitude des Égyptiens anciens à fabriquer des objets manufacturés en or, en pierres précieuses et semi-précieuses dès la pé­riode prédynastique ne peut s'expliquer que de cette façon. La seule véritable référence que nous possédions aujourd'hui à ce sujet est la découverte de la tombe intacte de Tutankhamon. La tombe renfermait des trésors incomparables, alors que Tutankhamon était loin d'être un grand roi. Toutes les autres tombes ont quant à elles été pillées voilà bien longtemps, des plus anciennes aux plus récentes .. .

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 345

rapatrier nos armées dans la Duat. -Que me racontes-tu là ? Aset n'a cessé de me contacter à travers

le souffle de son esprit. Elle connaît maintenant mes desseins et les a acceptés. Mets-toi à l'abri ; rejoins mon épouse au plus vite. Je rn' occupe du reste.

- Comment oses-tu t'adresser à moi de la sorte, toi, l'essence de mon essence ? Ton immaturité est pitoyable, Aset est ta mère, et moi ta promise, ta Sainte !

- Tu divagues ! Cesse donc de rn 'importuner avec ton habituel chantage.

-Tu ne connais pas l'illumination, pauvre roi. Tu es aveuglé par ta mère. Cela a toujours été ainsi, hier comme aujourd'hui.

-Tu es intoxiquée par les pierres noires, et ton esprit est affaibli, ai-je repris. Rentre, te dis-je ! Je te promets la fin de tous nos ennuis d'ici peu.

- J'ai subi le rituel du Seba-Mut (Porte de la Mort). Tu crois que c'était pour être pardonnée de mes erreurs passées ? Si je l'ai accepté, c'était pour te retrouver ici, dans la chair, vierge de toute souillure, et tu allais ainsi me revenir, toi, mon aimé. Je serai toujours reconnaissante envers ta mère de t'avoir fait revenir. J'en ai assez d'être dans son ombre. Maintenant que je suis devenue lumière, que tu le veuilles ou non, mon éclat t'apportera l'illumination. Le prestige que nous connaîtrons ensemble embrasera tous les pays. Si tu ne m'écoutes pas, tu souffriras beaucoup et tu te traîneras à mes pieds, plein de remords, a-t-elle grondé d'un ton méprisant. . .

Nebet-Hut s'était reculée de quelques pas. Elle m'avait longuement fixé de ses yeux coléreux puis s'était dirigée vers son vaisseau volant qui finit par décoller à la verticale comme une flèche. Dagde m'a regardé d'un air compatissant:

- Ah, les femmes, m'a-t-il dit ennuyé, mais ne te laisse pas impressionner par la petite fille de ton oncle.

Notre escale à Bun'd dura juste le temps qu'il fallut pour faire le point avec mes troupes sur place. Et c'est à ce moment-là que nous avons reçu les dernières informations concernant le déplacement du Benu Céleste par radio. Par chance, les veilleurs Adinu nous annoncèrent qu'il n'allait pas nous heurter, ni même nous bousculer, sauf que sa trajectoire pouvait être suffisamment proche pour souffler toute la planète. L'annonce fut faite aux troupes de Bun'd qui exprimèrent leur joie à travers ovations et applaudissements. Si

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346 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

nous avions cette information, nos ennemis n'allaient pas tarder à l'avoir aussi. Il fallait faire vite.

J'ai réuni mes Shemsu-Heru, les forces des Adinu et celles du clan Khentamentiu. Quelques garnisons Shemsu-Râ de Bun'd semblaient prêtes à se joindre au combat sans l'accord de Her­Râ. Les troupes avaient pour mission de se replier vers le Nord en se déployant le plus possible afin d'intercepter tout partisan de Setes qu'elles trouveraient sur leur route. La grande armée se mit en mouvement. Conformément à mon plan, d'autres régiments s'étaient déjà mis en route vers le Nord quelques jours auparavant.

Le temps était venu de mettre la première phase de mon projet à exécution. Dagde se frotta les mains. Nous avons pris notre envol en direction de l'est de Sti (la Nubie). Je m'orientais grâce aux informations de Saglam, le père de Dagde. Il m'avait révélé où se trouvait le dernier de ceux qui avaient trahi Asar. Plus bas, nous vîmes plusieurs de mes troupes se déployer comme convenu. L'atmosphère était empreinte de crainte et d'hostilité. Nous étions à la mi-journée et le deuxième soleil s'élevait à l'horizon, portant en lui la divine colère des Kadistu (planificateurs). De fortes rafales de vent faisaient voler le sable et couchaient les hautes herbes.

Nous étions dans les territoires d' Asar dérobés par nos adver­saires. Non loin se trouvait une mine importante de Nebu que les soldats de Kalam avaient soustraite, et c'est vers ce gisement-là que nous devions nous diriger. J'avais posé Geghu à l'abri d'une falaise aux reflets noirs. Nous ne pouvions aller plus loin sans prendre le risque de nous faire repérer par l'ennemi. La propriété du traître se trouvait à une bonne heure de marche. Elle était gardée par de nom­breux partisans de Setes, toujours stationnés à Sti malgré l'arrivée - dramatique - du Benu Céleste. Toute la région était encerclée par nos Shemsu et Urshu. Ils étaient dissimulés derrière des rochers, des buissons et sous le sable ; ils attendaient patiemment mon si­gnal.

Un vent violent avait écarté tous les nuages : le ciel était d'un bleu profond. Le soleil embrasait la terre. Nous marchions en direction de nos ennemis lorsque Dagde prit mon bras et ordonna à notre groupe de faire silence. Il me fit signe d'écouter au loin : le sifflement d' Arit-Kheru (1 'œil du son) se faisait entendre. Un gémissement aigu et constant comme celui du chœur d'un millier de femmes au travail ! Nous savions que ce bruit allait s'amplifier

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 347

jusqu'à devenir insupportable. Après une heure de marche, notre groupe était arrivé au bout

de sa route. Nous surplombions un ensemble de falaises sombres ; le domaine du félon se trouvait à leur pied, à l'entrée de la vallée. Nous avions sorti nos lunettes grossissantes. Dagde me montra où se trouvait la mine de Nebu. D'autres puits s'enfonçaient plus loin dans le sol:

- C'est bien la mine de Teri. Regarde, ils font besogner les Dengu (pygmées) en tant qu'esclaves. De mon temps, lorsque je dirigeais les mines d' Asar, les Dengu travaillaient pour nous sans contrainte. Ils sont tellement petits qu'ils peuvent se faufiler dans les boyaux étroits et casser les veines de quartz dur. En échange, les Adinu protégeaient leurs territoires des ennemis de la Lumière. Aujourd'hui, du fait de la scission entre les Nungal et leurs enfants, trop de terres d' Asar sont sous le contrôle de nos adversaires. Les Dengu de Bun'd sont livrés à eux-mêmes, et ceux qui sont attrapés deviennent des captifs. Beaucoup se sont repliés dans les forêts de Kankala (l'Afrique) . Observe le groupe qui sort de terre, il remonte à la surface les pierres qui seront ensuite moulues sur des meules en pierre par les femmes Dengu que tu vois près de la première faille. La poussière recueillie sera alors étalée sur des dalles inclinées. Les femmes se chargeront de faire ensuite couler de 1 'eau par-dessus pour récupérer les paillettes de Nebu. Ce fichu Nebu a rendu les Anunnaki définitivement fous !

-Oui, cela ne date pas d'hier, et nous avons la chance, toi comme moi, de ne pas en avoir besoin pour supporter le KI (3D). Le temps est venu, mon ami, de reprendre nos biens et de libérer les Dengu ainsi que tous ceux qui sont sous la domination des meurtriers d' Asar. Nous allons nous conformer au plan prévu. Je ne suis pas certain de savoir si nous pourrons nous reparler avant plusieurs heures. Alors bonne chance mon ami.

-Je m'occupe de délivrer les Dengu, reprit Dagde, et ensuite je serai à tes côtés. Ma massue ne tremblera pas.

Plus bas, un large mur circulaire en pierre protégeait les habitations ennemies dont certaines étaient de forme ovoïde. De nombreuses personnes pouvaient loger ici : serviteurs, esclaves, soldats, ouvriers . . . Je me suis redressé pour être aperçu de tous. Uatch quitta son fourreau et s'illumina comme le Benu Céleste. Je fis se lever mes troupes embusquées et, d'un geste de mon cristal,

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348 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

donnai le signal du commencement des hostilités. À cet instant, nos cinq Sukkal-Adinu, munis de leurs arcs et de

leurs flèches, s'élancèrent dans le vide, et prirent leur envol vers la forteresse de Teri. À peine avais-je eu le temps de tourner la tête que Dagde s'était déjà précipité vers notre cible. Nous descendîmes la pente, couchant herbes folles et buissons dans notre progression. La terre tremblait sous les pas des guerriers de la Lumière. Les assiégés furent pris de panique, mais bon nombre d'entre eux se précipitèrent au-devant de cette masse énorme, qui avait pour mission de tout écraser sur son passage. Nous devions frapper vite et fort!

Des Anunnaki vinrent du nord et volèrent à la défense des assié­gés. Il y avait plus de compagnons de Setes que prévu : cette mine de Nebu était l'une des plus importantes de Sti. Survolant la mêlée, les Sukkal tiraient leurs flèches dans la poussière grandissante. La porte du rempart du levant avait cédé sous la pression des béliers en bois, laissant nos soldats attaquer la place avec la force d'un vent d'orage. Notre groupe avait adopté une trajectoire parallèle à celle de l'astre fou, et l'éclat de ce dernier aveuglait nos ennemis. La plainte du Benu Céleste devenait de son côté de plus en plus aiguë et douloureuse, semant le trouble parmi nos adversaires qui finirent par se diviser.

Dagde avait balayé de son arme un certain nombre d'opposants récalcitrants et nous avait rejoint au cœur de la bataille. Ses pygmées prirent part au combat dans le sillage du colosse. Ils portaient des lances Shemsu que Dagde avait brisées en deux. Nous étions tous là pour venger la cause d' Asar ! Le désordre était extrême. Malgré l'arrivée de nouveaux combattants ennemis, la victoire nous semblait acquise. Uatch taillait dans la chair Anunnaki. Son hurlement menaçant se mêlait à celui du Benu. Progressant dans le tumulte, j'étais à la recherche du traître Neferu, en partie responsable du schisme entre les suivants d' Asar et ceux de Râ. Autour de moi, les compagnons de Setes tombaient un à un sous nos coups vengeurs.

Je me suis faufilé dans les appartements du maître du domaine. Les lieux renfermaient d'inimaginables richesses en provenance de Kemet, de Sti, de Bun'd, de E-Dilmun et de Kalam. Ils étaient le théâtre de combats épars. J'ai ensuite accédé à la cour intérieure plantée de palmiers ; elle était étrangement calme. Après avoir

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 349

fouillé les moindres recoins du patio,j 'ai trouvé un individu à la peau blanche dissimulé dans l'une des caisses. Il était apeuré et sentait l'urine. Je l'ai fait se lever. Ses vêtements m'indiquèrent que j'étais en présence d'un sujet du domaine, mais ils paraissaient trop étroits pour lui, et l'individu arborait une barbe alors qu'aucun serviteur n'en portait. Et j'ai soudainement eu une vision. Une vision d' Asar issue d'un lointain passé, à l'instar de celle qui m'avait subjugué lors de ma rencontre avec Saglam, le roi des Neferu. J'ai vu cet individu auprès de Saglam à Ta-Ur, qui était alors le garde du corps d' Asar. Tous deux se connaissaient très bien ... Mon ancien moi le connaissait également ...

J'ai ainsi cru qu'il s'agissait de l'être que je cherchais, mais il avait plutôt une taille moyenne de Shemsu, et non celle d'un Neferu comme je m'y attendais. Le coffre contenait des pierres bleues de Kalam. Je lui ai demandé ce qu'étaient ces pierres et d'où elles provenaient. Il m'a répondu qu'il ne le savait pas, que c'était de simples pierres. Je l'ai dans la foulée questionné sur son maître, et il m'a répondu ne pas savoir où il se trouvait. J'ai agrippé cet être étrange par le col et l'ai poussé en direction des combats. Il se tenait courbé et protégeait son visage. Le fracas des armes avait décru ; nous nous étions rendus maîtres du domaine. Dagde n'était pas loin et je lui ai fait signe d'accourir, ce qu'il a fait, accompagné de plusieurs pygmées. Je leur ai alors demandé :

-Est-ce que 1 'un d'entre vous parle le Re' enkemet (/'égyptien) ? L'un des Dengu (pygmées) s'avança vers moi: -Moi ; c'est une langue que je parle. Le petit être me regarda attentivement de la tête aux pieds avec

un air émerveillé. Il finit par ajouter : -On dit que c'est toi. -Moi ? ai-je répondu. - Oui, Asar, notre créateur. De retour du royaume des ombres à

travers la montagne blanche du Nord. Nous avons longtemps prié pour que tu reviennes nous délivrer.

-Oui, c'est moi ... Je suis le réveillé d'entre les morts. Le Deng117 s'adressa alors à ses semblables. Des exclamations

11 7 Deng (plur. Dengu) désigne un pygmée, donc un nain en égyptien. La racine de ce terme (sans son déterminatif lui donnant le sens de "petit être"), signifie "possession", "imperfec­tion" ou "tare". Les Pygmées dont il est ici question proviennent probablement d ' Éthiopie, laquelle représentait une portion de Bun'd (Punt).

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de joie s'élevèrent et une dizaine de petites mains se mirent alors à se promener sur tout mon corps. Leurs yeux étaient remplis de bonheur. J'ai questionné Dagde du regard, ne comprenant pas comment des humains pouvaient savoir qu' Asar était mort. Le fils de Serkit m'a répondu:

-Les Dengu ont été créés par Asar il y a longtemps de cela. Nous ne savons pas quel genre de relations il entretenait avec eux, mais à l'époque où j'ai pris le commandement des mines de Sti, les Dengu de la région de Bun' d se sont naturellement portés volontaires pour se faufiler dans les boyaux étroits.

- Connais-tu cet individu ? ai-je demandé au Deng. - Non. Mais je ne travaille ici que depuis dix lunes. On m'a

arraché de force à ma forêt. Le pygmée a alors discuté avec ses frères. - C'est inutile, seigneur, ces Dengu ne savent rien, ce ne sont

que des mineurs, me lança le serviteur barbu. - Et toi, n'es-tu pas l'un des domestiques de cette exploitation

minière ? lui ai-je fait remarquer. Penses-tu que ton sort vaille mieux que le leur?

-Je suis au service de mon maître, alors qu'eux ne sont que des crasseux et des racleurs de pierre.

-Tu as la langue bien pendue pour un simple domestique qui ne sait même pas où son maître se trouve.

Le pygmée qui avait fait le point avec ses frères finit par me dire : -C'est le seigneur du domaine, c'est lui le chef. Trois de mes

frères 1' ont déjà vu contrôler les travaux et donner des coups de fouet parce que ça n'allait pas assez vite.

Je me suis retourné vers l'étrange serviteur dont la peau blanche comportait une fine couche d'écailles.

-Eh bien, c'est donc toi ! lui ai-je lancé. - Non, juste le serviteur, seigneur. Mon maître m'a parfois

commandé de récolter le précieux métal et de battre les racleurs de pt erre.

- Et pourtant tu es un ancien Shemsu. Ta physionomie est celle des Nungal de l'Est, dont la protection est assurée par mon aîné Her-Râ. Que fais-tu parmi les serviteurs de cette mine?

-J'ai . .. je paye une dette. Ce petit jeu ne m'amusait plus du tout. Je vis passer un Neferu

qui tenait une panthère apprivoisée en laisse. D'un signe de la main,

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 351

je lui ai signifié d'approcher. L'animal posa alors amicalement ses pattes sur les épaules du félon, lui réclamant des caresses.

-Que me veux-tu, stupide animal ?! cria-t-il dans l'espoir de continuer à nous abuser.

-C'est bien lui le traître! lança Dagde. Laisse-moi lui broyer les os, seigneur Heru, en ton nom, en celui de mon père Saglam et en hommage à tous les Neferu !

-Non, ce n'est pas à nous de lui faire payer tout cela, mon fidèle ami, même si ma colère rejoins la tienne. As-tu remarqué qu'il ne s'agit pas d'un Neferu, mais bien d'un ancien Shemsu-Râ? Dans sa clémence, ton père a préféré cacher l'identité du traître et faire porter la faute aux Neferu plutôt que devoir avouer l'origine du troisième parjure.

-Mais pourquoi mon père a-t-il fait cela ? demanda Dagde. -Tu vas le savoir d'ici peu, mon ami ... -J'ai le cœur triste, jeune Heru, me dit Dagde. - Moi aussi, mais pas pour longtemps. Nous allons réparer le

mal qui a été fait, apporte-moi vite un pieu et une grosse corde. Sur ces mots, le fils de Serkit sortit rapidement pour me trouver

ce que je lui demandais. Tenant toujours le traître par le col, je le traînai à l'extérieur. Il se débattait et pleurait de rage :

- Tu ne sais pas à qui tu as affaire, bâtard ! Ton père ne voulait aucun changement, il rêvait d'un monde sans guerre, sauf que pour cela, il aurait dû partager ses richesses avec ses adversaires ; mais il a préféré nous défier pour devenir 1 'unique propriétaire des mines de Nebu dont les Anunnaki avaient besoin. Si tu es Asar revenu d'entre les morts, tu devrais me reconnaître.

-Mais je sais parfaitement qui tu es : c'est toi qui as ouvert les portes du domaine de Ta-Ur en cette nuit tragique. Je t'ai reconnu, mais je souhaitais que tu révèles ton identité sans le vouloir- c'est finalement ton animal de compagnie qui t'a dénoncé.

-Alors, tue-moi et qu'on en finisse. Fais-le vite et bien ! - Bien, oui, mais pas aussi vite que tu le voudrais. De toute

façon, ton sort ne dépend plus de moi depuis cette affreuse nuit. Nous étions dehors. Le Benu Céleste rougeoyait tel un feu

purificateur et le son qu'il produisait devenait insupportable. De sombres nuages se dirigeaient vers nous. Les combats avaient cessé, nos adversaires étant tous tombés sous les coups vengeurs de mes armées coalisées. Nous avions fait des prisonniers, mais

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très peu. Cette victoire ne nous avait coûté qu'une poignée de guerriers. Plusieurs membres du clergé Khentamentiu venaient d'arriver. Ils avaient progressé plus vite que prévu sur Kem-Ur (la Mer Rouge), poussés par des vents favorables jusqu'à notre position. Comme nous nous y attendions, les Shemsu-Heru qui campaient plus au Nord, entre Kem-Ur et l'Iuter-A'a (le Nil), leur avaient indiqué comment arriver jusqu'à nous. Les prêtres furent affolés en découvrant l'ampleur du carnage. Je leur ai enjoint de se réjouir car j'allais leur restituer cette mine, ainsi que tous les domaines que nous reprendrions dans les prochaines heures. Les prêtres rn 'indiquèrent avoir aperçu des navires ennemis en flammes au Sud-est, le long des côtes de Sabba et de E-Dilmun. Je leur ai alors répondu que tout était parfait et que nous pouvions remercier les Shemsu-Râ pour l'aide qu'ils nous avaient apportée en défiant l'autorité du grand Râ.

Dagde revint avec un énorme pieu qu'il brandissait fièrement. Je lui ai demandé de le planter au beau milieu de la cour de la forteresse. J'ai également ordonné que la porte qui avait été enfoncée soit grossièrement réparée et refermée. J'ai ensuite commandé à tous nos soldats de quitter les fortifications et d'attendre à l'extérieur. Mis à part le clergé d' Asar, personne ne comprenait ce qui se passait. Dagde s'interrogea sur mes intentions, ce à quoi je répondis :

- J'utilise la même règle qu'à Ta-Ur, lorsque j'ai restitué le domaine d' Asar aux prêtres Khentamentiu. C'est une pratique magique de ma mère qui consiste à inverser le sens d'une action passée pour la réparer.

Dagde, le petit groupe de Dengu, le traître et moi-même étions dans la cour principale de la forteresse. Le clergé d' Asar était à nos côtés. Les soldats s'impatientaient à l'extérieur et on entendait s'élever des voix interrogatives. J'ai ordonné au parjure d'ouvrir la porte en bois du domaine de Teri. Il refusa. Sur ma demande, les Dengu entravèrent le traître Shemsu et le poussèrent vers la porte qu'il finit par ouvrir sous la contrainte d'une lance. La porte grinça grossièrement et s'ouvrit sur l'extérieur. Immobile et apeuré, le parjure faisait face à toute une armée déconcertée. J'ai exigé que personne ne bouge. Je parlai alors du haut des remparts pendant que Dagde attachait le félon sur le pieu :

- Bien aimés Shemsu et Urshu de l'Ouest, de l'Est, du Nord et du Sud. Précieux Adinu, Neferu-Dogan et Shemsu-Heru. Vous

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 353

voilà tous réunis ici en ce jour glorieux. Tous les enfants d' Asar et leur progéniture sont également présents. Le moment de la vengeance a sonné. Après avoir quitté cette mine, nous irons sur-le­champ reconquérir les domaines d' Asar qui furent pillés sous nos yeux. Mais avant notre charge valeureuse et libératrice en direction du Nord jusqu'au mur blanc qui marque la frontière de Mehti (le Delta du Nil), je vais demander à tous les guerriers de Râ ainsi qu'aux Neferu-Dogan et Shemsu-Heru de s'avancer d'un pas et de s'apprêter à envahir la propriété fortifiée de Teri. Le Shemsu-Râ que vous voyez solidement attaché au pieu planté dans la cour, est ligoté comme 1' était Asar le jour où il fut trahi par trois individus pour être ensuite sacrifié ! Nous cherchions depuis longtemps le troisième parjure, qui nous avait jusqu'ici échappé. Voilà où il se dissimulait, placé sous la protection des partisans de Setes et jouissant de tout ce luxe. Vous vous demandez maintenant pourquoi nous avons jusqu'à présent cru que ces trois traîtres étaient tous des Neferu? Tout simplement parce que ce fut un moyen de préserver la paix entre les divers Shemsu et Urshu d' Asar et de Râ. Si le clan Khentamentiu avait su que l'un des félons était un Shemsu-Râ, cela aurait provoqué une guerre totale entre Nungal, et les partisans de Setes auraient gagné à jamais leur bataille contre 'Nki-Asar! Il s'est avéré plus sage de faire payer jusque-là les Neferu, les "mauvais métis", et de préserver ainsi une fragile paix entre Nungal. Saglam, le roi des Ne feru, à 1 'origine de ce qui est devenu le noyau dur de mon armée, est le seul rescapé de la garde rapprochée d' Asar. Tous les Neferu ici présents le savent. Il a ainsi sacrifié les siens- qui se sont vus sanctionnés- pour préserver la paix entre les Nungal de Sa'am (l'assassiné). C'est pourquoi moi, Mesi-Asar, j'autorise en ce jour solennelles Shemsu-Râ et les divers Neferu à pénétrer dans le domaine de Teri pour saigner à l'arme blanche le traître qui avait ouvert grandes les portes de Ta-Ur aux meurtriers d'Asar!

Contre toute attente, les Shemsu-Râ et Neferu se présentèrent en ordre et dans le calme devant le traître. L'un après l'autre, les soldats ont plongé leur lame dans le corps du fourbe. Les trente premiers visèrent exclusivement ses bras et ses jambes pour le mettre au supplice, et il fut ensuite achevé tel un animal, comme ce fut le cas pour Asar.

Tout s'est effectué dans un silence glacial que recouvrait le bruit assourdissant du Benu. Il y en eut pour plusieurs heures de ce céré-

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354 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

monial macabre, mais ô combien réparateur. Nous ne pouvions ce­pendant attendre plus longtemps. Lorsque le corps ne fut plus qu'un amas de chairs et d'os sanguinolants,je commençai à faire rassem­bler cette grande armée pour entamer notre marche en direction du Nord. Ceux qui restaient encore assouviraient leur vengeance sous l'œil attentif des prêtres Khentamentiu et nous rejoindraient plus tard. Sur ma demande, Dagde prit le commandement des troupes. Je devais de mon côté récupérer Geghu plus au sud, à une bonne heure de marche d'où nous nous trouvions. J'ai réuni les cinq Suk­kal volants pour qu'ils m'accompagnent. L'un d'eux avait brisé le bois de ses ailes, et je l'ai ainsi laissé aux côtés du fils de Serkit.

Mon petit groupe avait quitté la mine de Teri. Nous avions tout d'abord marché, puis couru à mesure que les bruits de combats lointains se faisaient entendre. Nous nous étions lancés dans une course contre le temps à la recherche de mon vaisseau. Quelques traînards nous retardaient, que j'ai secoués pour qu'ils accélèrent le pas. Geghu nous attendait patiemment au creux de sa montagne et lorsque nous nous sommes glissés dans l'appareil, le cockpit a scintillé dans l'obscurité comme parsemé d'étoiles ambrées. J'ai pris les commandes et nous avons décollé à la vitesse de l'éclair. Je sentais que nous avions du retard sur mon plan et j'étais impatient d'observer du ciel la progression de mes troupes et la façon dont les combats se déroulaient.

J'avais mis mon radar en marche. Le spectacle n'était pas tout à fait celui auquel je m'attendais ; les fidèles de Setes ne s'étaient pas tous repliés vers Kalam et les montagnes du Nord. Plusieurs groupes de mon oncle livraient bataille contre nos Shemsu-Heru et d'autres, au Sud-ouest de Kemet, affrontaient le clan Khentamentiu. Le gros de mon armée n'avait pas été assez rapide, la prise de Teri nous ayant considérablement retardés. La reconquête de nos terres n'allait pas s'effectuer aussi facilement que prévu ...

Le Benu Céleste dominait maintenant 1 'horizon. Des colonnes de poussière et de fumée montaient jusqu'au ciel, elles indiquaient les différents lieux des combats. Leur forte inclinaison nous montrait qu'elles étaient balayées par des vents furieux. Nous étions supérieurs en nombre, mais nos troupes étaient bien trop dispersées. Il régnait par endroits la plus grande confusion; Setes ne s'était pas laissé im­pressionner par le Benu, tout du moins pour 1' instant. Au levant, le bleu profond de Kem-Ur se détachait des terres bordées de palmiers;

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des navires s'embrasaient sur les côtes de Sabba et de E-Dilmun. Les Shemsu-Râ nous avaient bien soutenus. Mais depuis peu, de lourdes embarcations ennemies partaient des rivages d' Arah mal­gré la mer démontée pour aborder le long des côtes de Sti et de Ke­met. Geghu étant armé jusqu'aux dents, j'allais saisir cet avantage pour tourmenter les navires ennemis qui représentaient des cibles faciles. Geghu s'inclina sur la droite pour faire route vers la mer intérieure et les côtes d' Arah, non loin de la frontière de Sabba. Les quatre Adinu-Sukkal qui m'accompagnaient s'agrippaient à leurs sièges. Je pointai mon armement vers trois gros navires équipés de voiles et de rames qui embarquaient de nombreuses troupes. Un premier missile fut lâché, qui cracha des flammes et de la fumée noire. Deux Tian (flèche du ciel) Anunnaki nous prirent en chasse. Je tirai sur les commandes de Geghu pour prendre de la hauteur. Ayant atteint la stratosphère, j'en détruisis un alors que l'autre était toujours à notre poursuite.

Je reçus à ce moment-là un message radio de mon frère Sabu qui commandait nos forces au nord de Kemet. Les nouvelles n'étaient pas bonnes, notre siège royal était attaqué de toutes parts comme à l'époque de ma naissance. Les Shemsu-Heru encore présents sur la colline de Dep avaient été dépêchés autour du bouclier protecteur et formaient un rempart infranchissable qui allait jusqu 'au mur blanc de Mehti (Delta). C'est Setes en personne qui menait le combat contre le bouclier de Bit-Râ-Hem, cherchant à affaiblir nos piliers énergétiques et à créer une faille pour s'y engouffrer. Her-Râ avait finalement pris part à la bataille, mais dans le ciel comme au sol, la lutte semblait incertaine. Sabu m'annonça en outre que deux piliers avaient cessé de fonctionner, et que le bouclier se briserait si un troisième venait à lâcher. Il était capital que je regagne le Nord du pays au plus vite pour prêter main forte à ma famille. Je pensais à Aset ; il ne devait surtout pas lui arriver quoi que ce soit !

Mon radar m'indiqua que quatre autres Tian Anunnaki nous prenaient en chasse. La situation était désespérée. Étant à la limite de la stratosphère, je n'étais plus sûr de pouvoir maîtriser mon appareil avec autant d'ennemis à mes trousses. Je décidai de piquer pour fuir à travers les ravins de Sti. Descendant à toute allure, Geghu était la cible de tirs venant de toutes parts. Brusquement, 1 'un des engins ennemis explosa, suivi d'un second. Mon détecteur indiquait la présence de dix vaisseaux inconnus qui poursuivaient

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356 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

mes assaillants. Une langue étrangère résonna dans le cockpit ; 1 'un des Sukkal nous fit taire pour finir par me dire :

-Ce sont des Imdugud, des ennemis des Anunnaki. Ils viennent nous aider.

Notre stupéfaction était totale. Une seconde voix se fit entendre, qui parlait cette fois en Re'enkemet (égyptien) :

-Nous assistons le réveillé d'entre les morts aux prises avec des armes dérobées à nos géniteurs Kingu. L'accès vers le Nord lui est ouvert. Qu'il fasse vite s'il souhaite porter secours à sa famille.

Nous filâmes vers le septentrion à une allure qui dépassait largement la vitesse supersonique. C'est à coup sûr un Dagde dépité qui avait dû nous voir ou nous entendre franchir le mur du son. Il n'allait cette fois pas pouvoir m'épauler. D'épaisses fumées noires montaient de divers points vers le ciel. Les combats au sol étaient de plus en plus acharnés à mesure que nous progressions vers Nashareth. Il régnait partout le plus grand désordre et plusieurs navires s'embrasaient sur le grand fleuve. La vitesse à laquelle les fumées et la poussière étaient balayées sur les bord de 1 'luter-A' a (le Nil) nous indiquait que le vent soufflait très fort. Le ciel déversait des trombes d'eau et le fleuve commençait à gonfler et à déborder. Des débris en tout genre s'envolaient ça et là. L'approche du Benu Céleste était en train de provoquer un terrifiant ouragan. Une lumière aveuglante et presque surnaturelle nimbait l'astre en perdition. De nombreux arbres se consumaient - était-ce à cause des combats ou du souffle du Benu? J'ai ordonné par radio à Sabu de ne pas fléchir et de bien veiller à ce que nos soldats maintiennent leurs positions. Le Benu Céleste allait juste passer au-dessus de nos têtes ; il était notre allié ! Nous devions frapper fort et ne point laisser à l'ennemi le temps de reprendre courage. Par endroits, la terre était couverte d'amoncellements de cadavres pareils à des arbres déracinés. Vu d'en haut, il était difficile de savoir à quel camp ils appartenaient, particulièrement ceux qui se trouvaient à 1' est. La boue rendait les choses encore plus difficiles.

Lorsque nous fûmes en vue du siège royal, nous vîmes que Bit­Râ-Hem était plongée dans une morne obscurité. Le bouclier était toujours en activité. Nous fîmes le tour du large rempart énergétique qui allait jusqu'au canal principal. La lutte était interminable. Là où les combats étaient les plus acharnés, les armées prenaient l'aspect d'essaims de mouches. Le spectacle était terrible. Des bannières

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 357

de faucons et de loups flottaient telles des feuilles dans le vent, marquant les endroits où nos troupes étaient victorieuses. Du haut du ciel, nous larguâmes à nos unités toutes les armes en métal que nous avions en notre possession. Les Sukkal me demandèrent alors de les déposer sur une colline, d'où ils feraient le point sur la façon d'attaquer avant de s'envoler en direction du chaos, armés de leurs arcs et de leurs nombreuses flèches. Leur ayant conseillé de s'équiper d'épées, je les ai laissés sur l'une des collines où il rn' arrivait de rêvasser lorsque j'étais plus jeune. Au dehors, le bruit était terrifiant, et le siège se poursuivait malgré cela sans relâche. On constatait cependant par endroit que certains partisans de Setes affichaient des comportements désordonnés. On en voyait quelques-uns qui abandonnaient leurs positions et fuyaient les zones de combats au vu de ce que le ciel leur réservait.

Le bouclier de Bit-Râ-Hem finit par céder. Une nuée de flèches monta vers le ciel pour s'abattre sur nos soldats. Quelques partisans de Setes franchirent le mur armé que formaient les troupes de notre coalition. Geghu fut posé en catastrophe au milieu des combats, du côté où se trouvaient plusieurs divisions de Shemsu-Heru. Je sortis du cockpit à la vitesse de 1 'éclair. Le son qui émanait du Benu Céleste était totalement effrayant, allant des aigus les plus élevés à des graves produisant un atroce bourdonnement. Il flamboyait plus que jamais, et sa teinte rappelait celle du sang. Il était entouré d'un épais halo et il s'en échappait des flammes prêtes à lécher la terre qui paraissait se disloquer de toutes parts. Je me trouvais au pied même de Bit-Râ-Hem, au plus fort des combats. Uatch fut dégaîné. Une grêle de flèches passa au-dessus de ma tête. J'attaquai furieusement les adversaires qui se présentaient à moi à grands coups de mon glaive. Tout autour de nous tombaient de nombreux combattants. Je n'entendais aucun son, aucun cri, pas plus que le bruit du métal qui s'entrechoque, tant le constant hurlement du Benu, devenu Arit­Kheru (l'œil du son), était assourdissant. Mes soldats tentèrent de me parler, mais leurs voix étaient étouffées. C'est à ce moment-là que je vis le Na'arb de Her-Râ s'illuminer dans le ciel, et un rayon en sortir pour transporter le grand Râ et sa suite de guerriers.

Mais Setes apparut brusquement, comme sorti de nulle part, pour me faire face. Il portait une armure étincelante. L'affrontement fut vif, il frappa très fort avec son épée en Ba'a-en-Pet (fer du ciel), seule substance à repousser la chaleur du Girkù. La fureur de mon

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358 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

oncle était à son paroxysme, et elle semblait vouloir rivaliser avec la foudre destructrice. On aurait dit que ses yeux étaient rouges, mais peut-être ne faisaient-ils que refléter les rayons d' Arit-Kheru. De son autre main, il brandissait un fouet dont l'extrémité ne cessait de chercher à s'abattre sur ma chair. Ses mouvements étaient fluides et son sourire sadique. Son glaive tombait avec précision sur mon cristal en le refroidissant. J'esquivai de mon mieux les coups de fouet, mais Setes était agile, il semblait avoir répété son combat des milliers de fois. Je reçus un coup de fouet sur le visage, qui lacéra mon arcade sourcilière droite en me blessant cruellement à l'œil.

J'étais pris au dépourvu. La jumelle d' Aset ne m'avait pas préparé à ce genre de combat, mais j'étais seul en cause, car j'avais pu observer Setes manier le fouet en Kidul (point obscur) au cœur de Bit-Râ-Hem, sans pour autant retenir la leçon ! La blessure était profonde - je saignais beaucoup. Je tentais d'esquiver les attaques comme me l'avait enseigné mon maître d'armes. Les mouvements de Setes étaient rapides. Il jubilait tout en me parlant pour me déconcentrer, mais je n'entendais rien du tout tant le son du Benu était fort. Ma blessure me faisait atrocement souffrir. Mais je compris soudainement le point faible de sa tactique : le bras qui tenait le fouet se mouvait beaucoup plus lentement que celui qui maniait le glaive. J'ai alors subitement changé le rythme que j'avais adopté pour éviter le fouet; deux pas rapides et Uatch finit par sectionner la lanière coupante. Setes et moi étions maintenant à armes égales. Il sembla être pris de panique car il n'avait pas prévu ma ruse. Son épée se mit à brasser l'air. Je maintenais ma garde relevée comme on me l'avait enseigné. Chacun de ses coups était écarté avec fermeté. L'arme de mon adversaire fauchait l'air brûlant. Il ne cessait d'avancer en m'obligeant à reculer, mais mon œil valide restait braqué sur chacun de ses mouvements.

Les ténèbres s'étaient à nouveau dissipées sous l'éclat des deux soleils. Les combats semblaient avoir cessé tout autour de nous. Shemsu et Urshu de tous clans devinrent attentifs au duel qui se déroulait. Plus aucun partisan de Setes ne semblait debout. Je vis brièvement Her-Râ, qui était accompagné d'une cinquantaine de royaux Babbar (albinos) aux regards neutres. Nous nous battions sur un terrain étroit, les soldats nous ayant entourés de toutes parts. Her-Râ fit signe aux guerriers de s ' écarter pour nous laisser de la place. Sabu apparut parmi les spectateurs et semblait très inquiet.

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 359

Se sachant subitement observé par le grand Râ, la hargne de Setes redoubla d'intensité. Il pensait probablement que s'il sortait victorieux de ce duel, Her-Râ empêcherait les suivants de l'Ouest et de 1 'Est de se jeter sur lui. Mais pouvait-il en être sûr ? Tous étaient nerveux, certains avaient la main refermée sur le manche de leur lame, comme prêts à bondir.

Her-Râ n'était pas loin de moi, je le percevais presque. La lumière était tellement éclatante que je vis brièvement son visage parfaitement illuminé. Son œil gauche était légèrement plus clair que l'autre, témoin d'une vieille blessure aujourd'hui réparée. Un détail me revint à 1 'esprit. C'était une vieille histoire qu' Aset rn 'avait rapportée lorsque j'étais enfant. Lors de la défense de Bit-Râ-Hem, et alors que la Reine du Trône s'apprêtait à me donner naissance en son cœur, mon aîné avait perdu un œil au cours de combats aériens. Son vaisseau avait été touché par l'ennemi et lui-même blessé, et il avait dû poursuivre la bataille dans cet état. C'est Nammu qui l'avait soigné après les combats. Étrange destin que de me retrouver dans une situation similaire à la sienne. Sans doute se disait-il la même chose ... Setes 1 'avait compris, et il venait de fait de réaliser que s'il perdait son duel, Her-Râ ne ferait rien pour lui, d'autant plus que son secret était désormais connu de mon oncle : le grand Râ était soutenu par les pires ennemis des Anunna, des Kingu-Babbar ! L'esprit de Setes avait sombré dans la confusion, et une étrange panique semblait l'avoir envahi. Ce fut le moment où une pluie de feu et de petites pierres incandescentes s'abattit sur nous. L'air devint étouffant. Nous étions dans la queue d' Arit-Kheru. Le bruit devint plus assourdissant que jamais, mais ce n'était pas grand chose à côté de ce que nos blessures nous infligeaient. Nous nous étions tous courbés sous le poids de cette abomination. Setes voulut profiter de cet instant pour se sauver en rampant, mais les Shemsu le repoussèrent. J'ai alors fait signe à Râ de s'approcher de moi pour lui demander une faveur. Setes se débattait toujours ; il avait été maîtrisé par deux Shemsu-Heru et l'un d'eux avait pris son arme. Je ne souhaitais pas communiquer par la pensée avec mon aîné et ce dernier non plus. Il signifia d'un regard à l'un de ses Kingu d'avancer pour écouter ma requête. L'oreille du Kingu s'est retrouvée devant ma bouche, et j'ai transmis le message suivant : "Nous n'avons plus le temps d'évacuer le champ de bataille par les voies habituelles - nous allons tous brûler. Demande à mon aîné

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360 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

que son rayon nous transporte tous loin de cette tourmente dans les souterrains du Gigal. J'achèverai ma tâche là-bas, sous le regard de tous". Le Kingu rapporta le message, le dos courbé. Nous étions toujours pliés en deux sous l'averse de pierres incandescentes. D'un coup, Her-Râ lança un regard vers le Na'arb, et ses yeux puissants transpercèrent le vent et les pierres en feu pour téléporter tous les individus tels quels - par groupes - dans le premier sous-sol de Nashareth. Nous nous sommes ainsi tous retrouvés autour du lac de l'Urenes, où se trouvaient les Abgal. Nos oreilles sifflaient encore douloureusement.

Une partie du peuple de la Reine du Trône était présent, mais le plus gros du peuple se terrait néanmoins plus bas. J'étais entouré des miens et de mes soldats. Ces derniers étaient exténués, et couverts de boue et du sang de nos ennemis. Her-Ra était là avec sa suite royale armée jusqu'aux dents. Nous étions ainsi plusieurs milliers. Les habitants de la Duat sortirent de leurs retranchements. Saglam, le roi des Neferu, était également présent, entouré de plusieurs de ses Do gan. Mon ardeur s'en trouva renouvelée. Nous allions enfin obtenir réparation. Une grande colère me gagna et j'eus le désir d'en finir sur-le-champ :

-Qu'on en finisse une bonne fois pour toutes, ai-je alors crié. - Oui, que je te transperce une nouvelle fois de ma lame, fut la

réponse de Setes. - Tous auront noté que tu viens enfin de te trahir ! Mais je ne

serai cette fois-ci pas attaché comme un animal, et il te faudra te battre pour être vainqueur !

L'un des Abgal sortit du lac pour m'adjurer de ne rien faire. Les soldats dévisagèrent l'être aquatique puis tous, Her-Ra compris, fixèrent le guerrier qui portait le glaive en Ba'a-en-Pet de mon oncle. Le soldat redonna fébrilement l'épée à Setes. Mu par l'énergie du désespoir, mon oncle se redressa pour se précipiter sur moi, son glaive à la main. Son arme fendait l'air et s'abattait avec précision sur Uatch. Je me suis alors armé de courage pour oublier ma douleur. Qu'était-elle en comparaison de la souffrance que j'avais connue dans ma vie précédente lorsque l'individu qui se trouvait face à moi m'avait ouvert la poitrine? Faisant appel à toute ma volonté, j'esquivai les attaques et me jetai à mon tour en avant. Le choc fut terrible, le bruit de nos armes résonnait dans 1 'énorme souterrain. La lutte serait décisive. Nous gardions nos têtes droites pour nous

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 361

fixer attentivement. J'évitais les coups mortels tout en maintenant ma garde relevée et changeais rapidement de place. Setes se fatigua très vite, ses coups commencèrent à ne plus frapper que dans le vide. Son front se couvrit de perles de sueurs. Les essuyant d'un revers de sa main, il me maudit en me traitant de tous les noms. Je repris mes attaques en accélérant le rythme. Mes assauts se firent de plus en plus lourds et précis tandis que je frappais comme un sourd. Son épée se mis alors à vibrer fortement au point de se briser. Il la regarda, hébété : sa main n'en tenait plus qu'un morceau. Puis Setes s'agrippa à moi, prêt à m'enfoncer ce fragment de lame dans le ventre. Je saisis son bras, et l'obligeai à rouler à terre. Notre duel vira au corps à corps. Je lui ai finalement asséné un coup de tête en plein visage pour me libérer de son emprise, et me suis redressé en une fraction de seconde, appuyant Uatch sur sa gorge. Setes était enfin à ma portée : son arme brisée gisait sur le sol, et son corps était à terre. Son regard s'était figé, il se savait à ma merci ... Tous me hurlèrent d'en finir! Ma colère était à son comble et j'étais ivre de vengeance ; je levai Uatch pour frapper. Mais une pensée jaillit dans mon esprit qui me fit dévier mon coup de grâce pour finir par le porter entre ses cuisses. Le seigneur des Anunna lança un terrifiant cri de douleur. J'ai alors prononcé les paroles suivantes pour justifier mon acte : "Tu ne violeras ainsi plus jamais personne et tu ne procréeras pas d'autres traîtres dans 1 'au-delà. Je vais te conduire devant la Reine du Trône pour qu'elle assiste en personne à ton trépas".

La foule était pétrifiée. J'ai pris Setes par le col et l'ai traîné sur plusieurs étages. Son sang se répandait sur le sol, formant une trace que tout le monde aurait pu suivre. Mon oncle pleurait de douleur comme un enfant. Ses plaintes et ses sanglots résonnaient dans les couloirs. Il s'y mêlait parfois des cris de rage. Saglam, Her-Ra et Sabu nous avaient emboîté le pas en silence. Les appartements d' Aset étaient gardés par de nombreux Shemsu-Hut-Heru (Shemsu d'Hathor). D'un signe de la tête, je leur ai signifié de me laisser accéder à la résidence royale. Nous sommes entrés; Aset et Nebet­Hut étaient là, assises, pratiquement collées l'une contre l'autre, totalement apeurées. Leurs yeux étaient brûlants et leurs corps tendus. Les deux tigresses tournaient en rond en rugissant de colère. Les bruits de la terre qui gronde et de vents furieux retentissaient partout, témoignant d'un terrifiant chaos extérieur. La Reine du

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362 DEUXIÈME PARTIE- LE RÉVEIL DU FAUCON

Trône soutenait d'une main son ventre arrondi. Elle portait nos enfants - nos jumeaux. 118 Setes ne put manquer de le remarquer et hurla de colère. Je me suis alors adressé à la grande épouse royale :

-Mon épouse, voici le fourbe à tes pieds. Uatch ne fléchira pas et attend ta bénédiction. Que le passé trouve ici réparation à jamais!

Le visage de Nebet-Hut s'enflamma ; elle se leva d'un coup et pointa son doigt accusateur sur Setes :

-Vas-y, Heru ! Qu'on en finisse, et tous nos problèmes dispa­raîtront.

Mon bras s'était déjà levé pour frapper, mais Aset semblait inquiète. Elle fixa la petite fille de Setes du regard :

-Toi, ma sœur? Comment peux-tu dire une chose pareille? -Tue-le ! te dis-je, ou c'est la ruine pour nous tous, rugit Nebet-

Hut. - Ninanna, chair de ma chair, répondit faiblement Setes à sa

petite-fille. Tu me trahis encore une fois ? Nebet-Hut était hors d'elle, elle se dirigea vers moi et tenta de

rn' arracher mon cristal des mains : -Si vous n'êtes pas capables de le faire, je le ferai moi-même,

s'écria-t-elle. -Arrête, ma sœur! lança Aset. Je . .. Sa mort n'apportera pas de

repos à nos cœurs. La querelle qui nous opposait à lui a aujourd'hui pris fin dans l'humiliation et le déshonneur qui le frappent. Laisse­le à son destin, roi de Kemet. Occupons-nous de nos morts et soignons ta blessure. Je viens d'apprendre que ton courage nous avait permis de récupérer tous nos domaines, du Nord au Sud ainsi que d'Est en Ouest. Kankala (l'Afrique) est libre. Si Enlil-Setes survit à ses blessures, laisse-le partir en quête de son destin dans les plaines arides de l'Est - et que le peuple d' Arah le récupère s'il veut toujours de lui. Que la sentence s'accomplisse !

J'étais abasourdi par ce que je venais d'entendre. Je n'ai pas cherché à discuter et j'ai fait demi-tour en traînant le misérable par le col. Nous sommes retournés sur nos pas et j'ai immédiatement pris l'un de nos Gigirlah pour me rendre à Arah avec mon prisonnier. Saglam et Sabu avaient voulu m'accompagner. Le Benu Céleste était toujours au-dessus de nos têtes, et de sa queue s' échappaient

11 8 La mythologie égyptienne nous indique qu' Isis-Hathor et son fils Horus ont engendré des jumeaux - une paire de jumeaux pour être plus précis. Voir également Le Testament de la Vierge, pp. 172-173 et 179-180.

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LA BRÛLURE DU PHÉNIX 363

continuellement des pierres incandescentes ainsi qu'une fumée noire et irrespirable. Kem-Ur avait débordé, et j'ai dû faire un détour pour atteindre ses nouveaux rivages, qui avaient effacé le dessin des anciens. Nous avons attendu que le Benu finisse de vomir son déluge de feu avant de sortir du vaisseau. J'ai à mon tour vomi de colère dans un coin de l'appareil. Setes dormait et perdait toujours beaucoup de sang. Arrivé sur les berges d' Arah, j'ai repéré un mulet. Saglam et moi l'avons attrapé pour lui attacher le fourbe sur le dos. J'ai giflé mon oncle pour le réveiller et lui ai lancé :

- Que je ne te revoie jamais plus sur nos terres, sinon tu perdras la vie pour de bon. J'y veillerai personnellement.

J'ai fouetté l'arrière train du mulet qui s'est mis à galoper en direction de 1 'horizon flanqué de son misérable chargement. Saglam et Sabu ne savaient quoi ajouter qui aurait pu m'apaiser. La main amicale du roi des Neferu s'était posée sur mon épaule. Nous regardions tous la silhouette du mulet portant Setes s'éloigner dans la tempête. Sabu finit par dire qu'il doutait que Setes puisse s'en sortir vivant. Saglam ajouta en conclusion que le plus important était qu'Aset et moi-même soyons toujours en vie et que nos terres aient enfin été arrachées à la partie adverse. Sur ces paroles, nous avons repris notre vaisseau pour retourner vers Kemet, accompagnés par le souffle du Benu qui semblait enfin se calmer.

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3e partie

ARCHIVES ET

DÉCODAGES

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1

TRACES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES DES GINA .. AB .. UL

L'archéologie officielle fait état de l'apparition des premières communautés humaines et de l'introduction de l'agriculture (orge et blé) dans le croissant fertile, qui étire son arc de cercle autour du désert syra-arabique, entre l'Égypte et la Mésopotamie. La ques­tion de l'apparition de l'agriculture est considérable dans la mesure où elle implique un degré élevé de connaissance et de culture. Les zones agricoles concernées les plus anciennes (d'environ 11.000 à 7000 av. J.-C.) se situent entre la Palestine et les monts Taurus en Turquie et jouxtent le piémont du Zagros.

Comme je l'ai démontré dans mes deux derniers ouvrages, Adam Genisis et Le Testament de la Vierge, les montagnes de Tur­quie figurent le territoire des Anunnaki, avec son jardin d'Eden au pied de la butte de Kharsag (aujourd'hui Karadag), celle-ci étant elle-même le reflet du Dukù céleste, dont l'Olympe des Grecs n'est qu'un lointain écho. La seconde et plus ancienne zone d'introduc­tion de l'agriculture céréalière connue à ce jour, nous ramène à une période comprise entre 7000 et 5000 av J.-C. Elle correspondait, à l'Ouest, à toute l'Europe actuelle, s'étendant au Nord jusqu'au Caucase et allant, à 1 'Est, de l'Iran à la vallée de l'Indus.

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368 TROISIÈME PARTIE • ARCHIVES ET DÉCODAGES

Délimitation du

croissant fertile

1. Le problème de l'origine du blé et des céréales

"Des instruments de type sébilien ancien (15. 000 à Il. 000 av. J-C.) ont été recueillis par [les archéologues} Sandford et Arke/1 au sud de Luxor, dans les dépôts limoneux qui recou­vrent la terrasse du Nil de 3 mètres, entre Luxor et le Fayoum près d'El-Hiba, au Fayoum sur la plage de 28 mètres. { .. .} Les percuteurs, en roches dures, sont nombreux. Il y a aussi, en grès, des enclumes volumineuses, des broyeurs de di­verses formes, des meules dormantes souvent de grandes di­mensions et généralement peu épaisses, parfois creusées par 1 'usage sur leurs deux faces et dont quelques-unes portent des traces de couleur rouge. Vignard suppose que, sur celles

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TRACES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES DES GINA-AB-UL 369

qui n'en portent pas, on a dû broyer des céréales. Il est plus probable qu'elles ont servi à écraser des graines de plantes sauvages, car rien n'indique que la culture des céréales fût connue au Sébilien ". 1

Docteur Émile Massoulard, Institut d'Ethnologie, Musée de l'Homme, Paris, 1949

La science officielle certifie que la première céréale domestiquée par 1 'homme serait le petit épeautre ou engrain domestique, localisé au proche Orient autour du Tigre et de 1 'Euphrate. Ses traces les plus anciennes datent de 8000 ans av. J.-C., il y a donc 10.000 ans de cela, lorsque se terminait la dernière glaciation connue. Nous verrons plus bas qu'on a trouvé des outils beaucoup plus anciens pour travailler le grain, notamment en Égypte (culture d'Esna) ou en Israël (Nahal Oren), une découverte qui pose, vous vous en dou­tez bien, un réel problème.

Cette première domestication d'une céréale (en grain domestique ou petit épeautre) a été réalisée à partir d' engrain sauvage. Les scientifiques pensent que l'engrain sauvage serait le résultat d'un croisement spontané, d'une hybridation naturelle entre un blé sau­vage, le Triticum urartu, et une plante herbacée, l'Aegilops, dont ils n'ont p&s encore identifié la variété, sachant juste qu'elle est proche d'une variété connue, l'Aegilops Speltoides. Plusieurs ques­tions surviennent ici quant à cet engrain sauvage. Le blé sauvage (Triticum urartu) est classé comme non interfertile, il ne peut ainsi normalement pas connaître de croisement naturel- ce qui explique que les scientifiques pensent qu'il s'agit d'un "accident".

Citation de Wikipédia (l'encyclopédie de l'Internet) à propos du blé : "On ne sait pas exactement comment la sélection a commencé à se faire aux époques préhistoriques. Il est possible que des épis inhabituellement gros soient spontanément apparus après des ac­cidents de fecondation de l'ancêtre du blé, et que, par croisement, des blés de plus en plus productifs aient été sélectionnés par nos ancêtres". 2

La seconde céréale domestiquée serait l'amidonnier, celui-ci

1 Massoulard, Émile, Préhistoire et Protohistoire d 'Égypte, Institut d'Ethnologie de Paris, Palais de Chaillot, 1949, pp. 18-19. 2 http://fr.wikipedia.org/wiki/BI%C3%A9

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370 TROISIÈME PARTIE- ARCHIVES ET DÉCODAGES

étant lui-même le résultat d'un croisement entre l'amidonnier sau­vage et une Aegilops connue. Tous les blés consommés depuis des­cendent de ces deux variétés, l'engrain domestiqué et l'amidonnier domestiqué, issus de variétés sauvages (en grain sauvage et amidon­nier sauvage), ces deux derniers étant le résultat "d'une hybridation naturelle" qualifiée d"'accidentelle".

Le fait de croire que seule notre époque aurait donné naissance au clonage et à 1 'hybridation des céréales empêche les scientifiques de reconnaître que ces variétés sauvages sont des hybridations non naturelles. Devant de tels questionnements, la théorie de l'évolution des espèces de Darwin vient trancher tous les débats potentiels : les variétés ou espèces évoluent ainsi jusqu'à devenir non interfer­tiles, et les hybridations et croisements naturels seraient intervenus avant cette évolution (sic). Joli tour de prestidigitation scientifique! La théorie de Darwin a comme d'habitude réponse à tout !

2. Les sites les plus anciens connus à ce jour

Dans ces différentes zones géographiques, en particulier les montagnes et les bords des fleuves, apparaissent des cultures et des communautés développées. À 1 'heure de la grande remise à jour de notre Histoire, de nombreuses découvertes viennent bouleverser la façon dont on nous 1' enseigne. Mais ces découvertes n'ont pas tou­jours bénéficié de 1 'attention qu'elles méritent, étant donné qu'elles remettent 1 'origine de la civilisation en cause et témoignent parfois de 1 'existence d'un apport extérieur plus que dérangeant.

Il serait fastidieux de répertorier ici tous ces sites et cultures, rai­son pour laquelle nous allons tenter d'en consigner ci-après les plus remarquables. Un point semble commun à la majorité d'entre eux: la physionomie reptilienne de leurs dieux locaux, qui présentent des têtes allongées- des "dieux" que je nomme Gina 'abu! ("lézard(s)") dans notre série. Je vous rappelle que ce terme appartient au vocabu­laire sumérien et qu'il se décompose en GINA-AB-UL, "véritable(s) ancêtre(s) de la splendeur ou de la magnificence". La majorité des sites qui nous intéressent mentionnent des sépultures où les morts possèdent, eux aussi, à l'instar de leurs idoles, des têtes allongées. II est très probable que la volonté des hommes vivants à ces époques éloignées était de ressembler à leurs dieux.

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TRACES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES DES GINA-AB-UL 3 71

Certe des plus anciens sites eu monde,

reconnus per l'erchéologie

Les anciens ne possédaient malheureusement pas d'appareils photo ! Les preuves de cette vieille présence reptilienne ne pour­ront par conséquent être découvertes que dans la pierre ou l'argile. Les plus importantes cultures ou sites évoqués en introduction sont principalement :

-La culture d'Esna (Égypte), entre 12.500 (au minimum) et 10.500 av. J.-C, période dite "sébilienne" ou du paléolithique fi­nal. Nous allons devoir examiner attentivement cette très ancienne culture égyptienne dont pratiquement aucun ouvrage de vulgarisa­tion ne parle, pour la simple raison qu'elle représente un défi à ce qui est généralement enseigné en vertu des canons d'un conserva­tisme scientifique extrême.

En 1970, l'anthropologue Fred Wendorf, l'ethnologue Romuald Schild et le géologue Rushdi Said firent sensation en attestant de traces très anciennes de céréales broyées le long du Nil, découvertes lors de diverses campagnes de fouilles menées dans les années 60 : "Notre travail en Nubie a fait naître de sérieux doutes quant à ce qu'un certain conservatisme 'nilotique' croit généralement. On a

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découvert en Nubie des fabriques de lames microlithiques, dont on a pu établir au carbone 14 qu'elles avaient existé dès 17.000 av. J.-C., si ce n'est même encore plus tôt que cela quand on songe à leurs équivalents typologiques et techniques connus ailleurs.

On a en outre découvert plusieurs communautés là où les cé­réales broyées avaient induit une dépendance économique consi­dérable dès 12.500 av. J.-C., soit une antériorité de quelque 3000 années par rapport à la preuve datée la plus ancienne d'une telle dépendance économique dans les régions des ''flancs accidentés". Sans même savoir encore très bien si les céréales consommées le long du Nil étaient cultivées ou sauvages, la consommation signi­ficative de céréales à cette époque de l'histoire, qu'elles aient été sauvages ou domestiques, est néanmoins d'une importance consi­dérable, étant donné qu'il devient de plus en plus évident que de grands établissements permanents de plusieurs centaines d'indi­vidus pouvaient être fondés sur la collecte de céréales sauvages et la chasse seules, sans qu'une quelconque domestication ait été nécessaire". 3

Un fait confirmé en 1974 par l'archéologue Fekri Hassan4 qui a suggéré la présence évidente, le long du Nil, "d'un développe­ment précoce de 1 'agriculture à 1 'époque du paléolithique final (de 16.000 à 10.500 av. J.-C.), l'une des plus anciennes tentatives de ce genre au monde, stoppée brusquement par une série de déluges désastreux". 5

La culture d'Esna s'étend le long du côté ouest du Nil, princi­palement entre les sites de Luxor-Esna et d' Aswan (voir zone ha­churée sur la carte ci-contre). On peut toutefois ajouter deux autres localisations plus au Nord, comme celle de Nagada, entre Luxor et Dendérah, et celle de Dishna, entre les deux sites sacrés d'Abydos et de Dendérah. Il y a pour finir un dernier site à appartenir à cette culture, en l'occurrence celui de Tushka, situé dans les terres à l'ex­trême sud-est de Kom Ombo.

3 Wendorf, Fred, Schild, Romuald, et Said, Rushdi, Late Paleo/ithic Sites in Upper Egypt, in Archeologia Polona, Xli, 1970. 4 Fekri, Hassan, The Archeology of the Dishna Pain, Papers of the Geological Survey of Egypt, 1974 & Population Growth and Cultural Evolution : A Review Essay of Population Growth : Anthropological Implications, in Reviews in Anthropology, ed. by Pelto and Pelto, 1974. 5 Hoffman, Michael, Egypt Before the Pharaohs (1979), Dorset Press, USA, 1990, p. 29.

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Comme nous venons del 'indiquer, la particularité de cette culture est qu'elle apparaît comme la première à témoigner de la sélection et de la pousse des céréales - de l'orge selon toute vraisemblance. L'anthropologue Fred Wendorf et l'ethnologue Romuald Schild le démontrent très bien, notamment dans une étude scientifique datée de 1976: "Une des caractéristiques surprenantes des sites d'Esna est 1 'absence de restes de poisson. Contrairement aux précédents occupants, ceux-ci chassaient seulement de grands mammifères. Le déclin de la pêche comme source de nourriture peut être mis en rapport avec 1 'apparition de la nouvelle ressource que représentait le grain moulu. Le pollen qui y est associé suggère fortement que ce grain (cette céréale) était probablement de 1 'orge, et il est ainsi significatif que ce pollen d'herbes hautes, provisoirement identifié comme étant de 1 'orge, a fait une apparition soudaine parmi les

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pollens déjà présents juste avant l'époque des premiers établisse­ments aménagés dans la région. Cela peut indiquer un changement des conditions locales, favorables à cette céréale particulière, qui lui ont brusquement permis de coloniser la région et d'attirer ainsi les nouveaux colons". 6

Les hommes de la culture d'Esna savaient aussi confectionner des faucilles en pierre pour moissonner et des meules pour broyer le grain. Ces meules servaient à n'en pas douter à la préparation d'une nourriture à base de plantes.7 Ils maîtrisaient également la technique des micro-lames; ceci nous renvoie aux légendes d'Osi­ris et de ses suivants qui auraient apporté les céréales aux anciens Égyptiens d'avant le déluge, en même temps qu'un certain degré de civilisation.

La culture d'Esna n'est pas un cas isolé. La présence de céréales, difficilement identifiables cependant, plus au Nord, près du Fayoum égyptien, renforce la possibilité d'une culture céréalière très an­cienne. L'ethnologue Émile Massoulard s'interrogeait déjà, en 1949, à propos d'une des variétés d'orge recueillies au Fayoum, 1 'Hordeiim vu/gare, si différente de l'orge sauvage et si semblable à celle qu'on cultive actuellement en Égypte, qu'elle n'a pu atteindre un tel de­gré de développement qu'après une très longue période de culture.8

La culture d'Esna s'éteint brusquement vers 10.500 av. J.-C., date probable du grand déluge, et de la mort d'Osiris comme je le démontre dans mon ouvrage, Le Testament de la Vierge. Les outils du "premier âge d'or agricole de l'Égypte" sont subitement délais­sés, les hommes de cette époque redevenant chasseurs-cueilleurs et pêcheurs ! Cette culture aurait-elle été influencée par les Shemsu (suivants) ou Urshu (guetteurs) d'Osiris et Horus ? Ces dieux de grande taille et à tête allongée auxquels le papyrus de Turin confère un règne d'une duré de 13.420 années- ceux-ci étant donc bien antérieurs aux premiers rois dynastiques (vers 3185 av. J.-C.). Voilà en tout cas qui nous paraît plutôt vraisemblable.

6 Wendorf, Fred, et Schild, Romuald, Prehistory of the Nile Valley, Academie Press, New York, 1976. 7 Hoffman, Michael, Egypt Before the Pharaohs, op. cit., p. 88. 8 Massoulard, Émile, Préhistoire et Protohistoire d'Égypte, Institut d ' Ethnologie de Paris, Palais de Chaillot, 1949, p. 50.

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- La terrasse de Nahal Oren (ancienne Palestine, Israël). On note sur ce site la présence d'une culture qui semble démarrer vers 12.500 av. J.-C. ; celle-ci paraît cependant réellement s'implanter à partir de 12.000 av. J.-C seulement. Le site est constitué de ter­rasses aménagées selon un système de cascades. On y a trouvé dix­sept maisons rondes avec des murs en pierre, qui disposaient toutes d'un foyer en leur centre. Elles étaient collées les unes contre les autres et posées sur quatre terrasses disposées en escalier. La popu­lation de ce site était semi-sédentaire; on y a déterré du matériel de broyage, ce qui indique qu'elle consommait des céréales.9

La terrasse de Nahal Oren semble constituer 1 'un des rares cas d'occupation continue entre le Natoufien (10.800 à 8000 av. J.-C.) et le Néolithique. Sa grotte, située sur le rebord ouest du Mont Car­mel, a livré les restes de 45 personnes répartis sur 36 tombes. Ces restes attestent de la présence de nombreux individus à tête allon­gée, comme le montre l'illustration ci-dessous:

1. 2.

L'allongement crânien n'est pas très marqué, mais il est tout de même frappant. Les anthropologues E. Crognier et M. Dupouy­Madre (cf. "Les Natoufiens du Nahal Oren- Ouadi Fallah. Étude anthropologique", in revue Paléorient, éditions CNRS, 1974, vol. 2, n° 1) qui se sont occupés de dresser 1 'inventaire des tombes pensent de leur côté que les crânes ont été déformés par le poids des sédiments.

- Gobekli Tepe (Turquie) - vers 10.000 av. J.-C. Situé près d'Urfa, dans les montagnes du Taurus ; le temple qu'abrite ce site

9 Voir à ce propos : Grosman, L., Ashkenazy H., Bel fer-Cohen, A., "The Natufian Occupation of Naha! Oren, Mt. Carmel, Israel - : The Lithic Evidence", in revue Paléorient, vol. 31, n° 2, CNRS Éditions, Paris, France, 1973.

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est considéré comme le plus vieux du monde. Au regard des nom­breuses fresques qui ornent ce dernier, il s'agit probablement d'un bâtiment à caractère religieux ou chamanique. On y trouve égale­ment près de 200 stèles en forme de T. Le même type de stèle, en plus petit cependant et daté de 8550 av. J.-C, a été trouvé à Nevali Çori, à la limite nord de la Jézireh syrienne. Notons au passage que l'édifice à colonnes de Nevali Çori semble lui-même préfigurer les temples mésopotamiens.

On trouve à Gôbekli Tepe des gravures de lézards et de serpents comme dans le complexe A, mais on y remarque également beau­coup d'autres animaux totémiques. La maîtrise de la sculpture y est absolument remarquable et semble être issue d'une civilisation plus ancienne qui reste indéterminée à ce jour.

- Le village de M'lefaat (Irak) - vers 10.000 av. J.-C. Le plus ancien village de Mésopotamie connu à ce jour, où 1 'on relèvera, pour la première fois et de manière incontestée, 1' existence de briques. Les graminées abondaient étrangement dans cette région et la présence importante d' Aegilops à M'lefaat indiquerait qu'il s'agissait d'une ressource importante du lieu.

Plusieurs études scientifiques 10 démontrent que certains sites de la même région (Abu Hureyra, Mureybet, Jerf el Ahmar. . . ) témoi­gnent de la présence de céréales, de légumineuses et de graminées (cf. figure n° 3 ci-contre).

-Le village de JerfEI-Ahmar (Syrie). Il s'agit officiellement, à ce jour, du plus ancien village habité par des agriculteurs entre 9500 et 9000 av. J.-C. Une soixantaine de constructions nous permettent d'en déduire une certaine évolution architecturale, qui va de la mai­son ronde originelle à la demeure rectangulaire. Premières traces, sur ce site, de pictographes retrouvés dans la pierre. On y remarque par exemple une divinité comme celle de la figure n° 4 ci-contre.

-Jéricho (Cisjordanie), dont la tour énigmatique date du ge mil­lénaire av. J.-C. Jéricho a donné naissance aux appellations savantes de "PPNA" et de "PPNB" (Pre-Pottery Neolithic A et B) du fait de

1° Comme celle de Savard, M., Nesbitt M., et Gale, R., dans "Archeobotanical Evidence for Early Neolithic Diet and Subsistence at M'lefaat (Iraq)", in Pa/éorient no 29, éditions du CNRS, 2003, pp. 93 à 106.

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3.

TRACES ARCHÉOLOGIQUES ET IDSTORIQUES DES GINA-AB-UL 377

Exemples de céréale et de légumineuse à

M'lefaat

0 0 2mm =-

grain d'orge

o 1mm = lentille

d'•p,.., M•rlf N .. blrt. "'Prellml,.ry Report on the Pl•nt Rwn•lne th:wn M 'le,._", C•h,.,._ de I'Euph,..,. n •l , ADPF, Perl8, 11H

4. Jerf El-Ah mar : divinité à tête allongée

la présence sur place d'une phase stratigraphique correspondant aux appellations en question. Elle est le premier site à s'étendre sur 3 hectares, aucun périmètre de cette époque n'atteignant une telle taille. L'ensemble est entouré de murailles qui datent de l'âge

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de bronze. Les niveaux successifs de Jéricho révèlent près de sept mille ans d'occupation ininterrompue par une société organisée nantie d'une autorité centrale.

-Çatal Hoyük (Turquie)- vers 7500 av. J.-C. C'est ici, en Ana­tolie centrale, que vivait la première et véritable communauté ur­baine reconnue par l'archéologie. À son apogée, le site abritait une population de près de 5000 personnes. Comme à Çayünü tepesi (à environ 96 kilomètres de Gübekli Tepe), on y cultivait le blé, l'orge, les petits pois, les pois chiches et les lentilles. Les artisans y maîtri­saient le cuivre, ce qui représente à ce jour la plus ancienne preuve d'existence de la métallurgie au Proche-Orient (avec Çayünü tepe­si). Çatal Hüyük et Çayünü tepesi constituaient des communautés soumises à une hiérarchie, une caste donnée restant séparée du peuple par l'entremise d'une religion et de sanctuaires.

Çatal Hüyük comprend plusieurs sanctuaires. On y trouve de nombreuses représentations de Déesses-Mères corpulentes (photo n° 5). On notera que certaines sont de type reptilien et présentent ainsi un crâne allongé et des yeux en amande, un type que l'on retrouvera à et autour d'Eridu (Irak), mais également à Abydos (Égypte), deux sites en l'occurrence associés à la divinité Enki­Osiris.

5.

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TRACES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES DES GINA-AB-UL 3 79

- Megiddo (Israël), dont les premières traces d'occupation da­tent approximativement de 7000 av. J.-C. Très célèbre pour ses for­tifications, Megiddo comprend 25 strates identifiées à ce jour. Il est également célèbre à travers 1 'Apocalypse de Jean ( 16: 13-16), qui nomme cet endroit Armageddon (Har-Megiddo, "le mont Me­giddo"), le lieu d'où surgissent "trois esprits impurs, comme des grenouilles, faiseurs de prodiges qui vont rassembler les rois du monde entier pour la guerre". L'assistance, bonne ou mauvaise, qu'accordent reptiliens ou amphibiens à des moments clés de l'his­toire du monde semble être mentionnée dans de nombreuses his­toires et prophéties ...

- Kü~k Hüyük (Turquie)- à partir de 7000 av. J.-C. (néolithique). La région anatolienne de Nigde connaît un essor considérable et voit passer différentes civilisations qui vont y diffuser l'agriculture (céréales, orge, blé amidonnier, légumineuses) et l'élevage.

La colline de Ko~k et son site du même nom sont représentatifs de la culture, alors en pleine expansion, de cette région. On trouve parmi les objets religieux qu'elle recèle des déesses en terre à la tête étirée et au regard de serpent (photo n° 6).

6.

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- Lepenski Vir (Serbie)- vers 7000 av. J.-C. Sa micro-cité située sur les bords du Danube préfigure étrangement les compositions répétitives de 1 'urbanisme moderne. Ici, naissent à la fois 1 'habitat en dur, l'agglomération sédentaire et la planification urbaine. Cette société avait aussi inventé le premier isolant contre 1 'humidité : un mélange de chaux et de charbon de bois. D'où venaient donc ces sagesse et connaissance ? Nous ne savons rien de cette civilisation sauf qu'on y sculptait obsessionnellement des représentations de sa divinité reptilo-amphibienne à tête anthropomorphe.

7.

Dans différentes traditions du monde, le poisson (ou reptilo-am­phibien) est associé à l'idée de révélation et de sagesse. Il incarne 1 'esprit pénétrant au plus profond des eaux, et figure la descente de 1 'esprit dans la matière, c'est-à-dire dans la création. 11 Le serpent est lui aussi associé à la sagesse dans de nombreuses cultures du globe.

- Le site de Byblos (Liban), ville fondée par le dieu Chronos où 1 'on prétend (littérature hellénique tardive) que le corps d'Osiris aurait été retrouvé à la suite de sa longue errance aquatique. La pre­mière présence d'une ville relevée à Byblos date de 6900 av. J.-C.

Les champs y étaient ensemencés de céréales que l'on cultive encore aujourd'hui et presque tous les animaux de ferme y étaient déjà domestiqués. Une grande partie de l'outillage était en bois,

11 Bancourt, Pascal, Le Livre des Morts égyptien -Livre de Vie, édit0 Dangles, 2001 , p. 221.

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mais il n'en reste plus rien. On retrouve cependant des outils et des objets en pierre dont la diversité atteste de techniques spécia­lisées. 12 On y trouve par exemple ce pendentif, ou pendeloque du néolithique, de type reptilo-amphibien, où 1' on relève une fois de plus un crâne allongé :

8.

-La culture ou période d'Obeïd (Irak), où "Obeïd 0". Elle est découverte sur les sites d'Eridu et d'Ur. Cette culture démarre offi­ciellement en 6500 av. J.-C. sous l'appellation de "Période d'Ouei­li". Eridu, la ville sainte d'Enki (Osiris), constitue sa résidence ter­restre et son principal centre culturel. C'est à Eridu qu'est présente toute la séquence des niveaux d'Obeïd. Cette civilisation cultivait 1 'orge et le blé, et élevait de nombreux bovidés ainsi que le porc. Elle évoluait dans un environnement naturel très marécageux. Les gens de cette période habitaient dans de grosses fermes entourées de silos à grain. Comme 1 'indiquait Michael Roaf en 1990 (édition anglaise), dans son Atlas de la Mésopotamie, soit juste avant les deux guerres du Golfe : "Oueili est le site le plus ancien qu'on ait fouillé en Mésopotamie. Il est néanmoins certain que d'autres, plus anciens encore, restent à découvrir sous les alluvions". 13

On a trouvé dans les cimetières d'Eridu et d'Ur de nombreuses statues de la période d'Obeïd, des figurines représentant les divini­tés locales, très connues pour leur particularité de toutes présenter des traits reptiliens. En voici ci-dessous deux exemples :

12 Dunand, Maurice, Byblos, Librairie Adrien-Maisonneuve, Paris, 1968, p. 15. 13 Roaf, Michael, Atlas de la Mésopotamie et du Proche-Orien/ Ancien, éditions Brepols, Turnhout, 1991, p. 52.

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382

9.

TROISIÈME PARTIE. ARCHIVES ET DÉCODAGES

10.

11. Sceau sur argile de Tepe Gawra, situé au Nord de l'Irak. Il représente les divinités qui étaient vé­nérées dans les temples de la région. Elles sont grandes, bien charpen­tées, et possèdent toutes une tête allongée. Tepe Gawra formait une sorte de relais entre l'Iran et Su­mer à l'époque d'Obeïd.

- La culture de Vinca, également appelée "vieil européen" (Serbie, Kosovo, Bosnie, Croatie, Hongrie, Bulgarie, Roumanie,

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Macédoine), dont les traces les plus anciennes datent d'une période allant de 6000 à 3000 av. J.-C. Cette grande culture tire son nom de la ville de Vinca, située près de Belgrade, en Serbie. Avant de se diffuser en Europe, elle occupait initialement des terres longeant le Danube. Son économie était fondée sur la culture du blé et des légu­mineuses. Les hommes de Vinca tiraient également leur nourriture de 1 'élevage, de la pêche et de la chasse.

Une particularité frappante semble marquer son art et ses céra­miques : les divinités de la culture de Vinca affichent très souvent la physionomie reptilienne propre aux périodes d'Obeïd et d'Oueili irakiennes, comme en témoignent ces trois exemples :

12.

13. 14.

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-Le temple d'Isis-Hathor de Dendérah (Égypte). Il est inscrit sur ses murs que le temple initial date de l'époque lointaine des Shemsu d'Horus, bien antérieure aux premiers rois dynastiques. C'est sur ce site que serait tombée la pierre Benben lors du fameux déluge daté de 10.000 av. J.-C. Dans son ouvrage, La Grande Hy­pothèse, Albert Slosman a calculé la date possible de la première construction du temple en confrontant l'emplacement géographique de la première construction au phénomène changeant dans le temps de la précession des équinoxes ; il a ainsi déduit de ses calculs la date de 5632 ou 5532 av. J.-C. Je pense personnellement que cette date reste plutôt "timide" quant à une première construction sur ce site antique.

16. Présence à Dendérah d'un dieu reptilo-amphibien au crâne allongé. dans la crypte Sud no 1. chambre c. paroi Nord. Le temple de Dendérah comporte de nom­breuses représentations de divi­nités reptiliennes du même type, comme c'est le cas dans la crypte Est no 2. chambre C. passage B-C. parois Est et Ouest.

15. Une vue aérienne du site de Dendérah nous dévoile la présence du plus ancien mur du do­maine, pratiquement ac­colé au temple. Grâce à ce type de vestiges. nous avons sans doute l'orien­tation initiale du temple des débuts. On peut éga­lement constater que le mur d'enceinte n'est pas parfaitement aligné sur le temple actuel, ce qui sup­poserait qu'il n'a pas été entièrement refait lors de la dernière reconstruction -pour le moins.

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- La civilisation de l'Indus (vallée de l'Indus). Ses premières traces remontent à 5000 av. J.-C., son apogée se situant en 2400 av. J.-C. La civilisation de l'Indus a ceci de particulier que l'agriculture, les villes et l'écriture y apparaîtront très rapidement. Nous en avons appris plus sur cette civilisation à travers les travaux de l'explorateur A us tine Waddell, qui a relevé dans deux ouvrages très intéressants 14

qu'elle affichait tout simplement les caractéristiques d'une colonie sumérienne. On notera avec intérêt que la civilisation de 1 'Indus s' ef­fondre aux alentours de 1750 av. J.-C., époque à laquelle les textes mésopotamiens cessent d'évoquer leur commerce vers l'orient.

- La civilisation amratienne ou Nagada 1 (Égypte). Elle tire son nom du site dit "d'Amra" (El-Amrah), un village situé au sud d'Abydos qui abritait une nécropole prédynastique. Cette civilisa­tion démarre vers 4780 av. J.-C., donc près de 1300 ans avant les six rois Horus de la période protodynastique, et près de 1600 années avant les rois de la première dynastie.

Les Amratiens mesuraient près de 1 ,68 rn, ce qui est une grande taille pour 1 'époque. Ils étaient minces, avec des traits assez fins et un crâne allongé, comme la majorité des Égyptiens de l'antiquité15 ;

certains individus portaient la barbe. Ils vivaient en communautés stables - dans des villages organisés - et du produit de leurs ré­coltes et de leurs élevages, ainsi que de la chasse et de la pêche. Les Amratiens vivaient dans des cabanes rondes, dont le parterre, creusé, était légèrement inférieur au niveau du sol. Ils travaillaient le cuivre, la malachite du Sinaï, 1 'or de Nubie et 1 'obsidienne. Ils faisaient du commerce et se déplaçaient dans d'imposants bateaux, construits avec des faisceaux de papyrus et munis de huit paires de rames. D'où venaient-ils et d'où tenaient-ils leur savoir? L'archéo-

14 Waddell, Austine L., The Makers of Civilisation in Race and His tory, 1929, réédition Kes­singer Publishing, 2007, et The lndo-Sumerian Seals Deciphered, 1925, réimpression Omni Publications, California, 1980. Austine Waddell a fait de très importantes recherches séman­tiques sur l'origine sumérienne des langues et de la culture de l'Indus. Son travail n'ajamais été véritablement reconnu et ses travaux sont aujourd 'hui quasiment oubliés ! 15 Alors que je termine la rédaction de cet ouvrage, un article tiré du magazine scientifique français Science et Vie (n° 1111, avril2010), mentionne à propos de Toutankhamon et de sa famille que ceux-ci possédaient un crâne inhabituellement large, une déformation que l'on qualifie généralement de "brachycéphalie" (déformation pathologique du crâne). Or, la bra­chycéphalie est une maladie génétique. On remarquera comment la police scientifique gère l' information, alors que nous savons qu'une grande majorité des Égyptiens de l 'antiquité possédait des crânes allongés. Cette pratique, fût-elle d 'ordre génétique ou artificiel, n'est toujours pas validée par la science: ce n'est qu'une maladie!

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logue Flinders Petrie pensait qu'il s'agissait de survivants de longue date d'une "race asservie". 16 Dominée par qui ? Sans doute par leurs dieux à têtes oblongues et de type reptilien, comme en témoignent ces deux reproductions de la période amratienne ou Nagada 1 :

.)

17-18. A gauche, une reptilienne amratienne victorieuse (British Museum, d'après Gordon Childe, in L'Orient préhistorique, Payot, Paris, 1935). Sa physionomie est identique à celle des divinités de Tepe Gawra et de la culture d'Obeïd en Irak, alors que nous sommes ici en Égypte ! A droite, une tête en ivoire d'un dieu de la même période égyptienne de Nagada 1, (d'après Jacques Vandier, Manuel d'archéologie égyptienne, Manuels Picard, Paris, 1952). Vous noterez les "pastilles" ou cristaux ME sur ses épaules. Il s'agit des mêmes objets que ceux que l'on trouve sur les statuettes irakiennes d'Obeïd. Dans Le Secret des Étoiles Sombres (p. 193), nous avons vu que ces cristaux de quartz ornaient également les épaules des prêtres mayas.

À la même époque, nous trouvons dans le Delta du Nil, comme sur l'ensemble du territoire égyptien, des sépultures avec des indi­vidus au crâne allongé, comme ici à Mérimdé Beni-Salamé :

16 Childe, Gordon V., L 'Orient préhistorique, éditions Payot, Paris, 1935, pp. 74 à 76.

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19. Défunt à tête allongée de Mérimdé Beni­Salamé (Delta du Nil). Les corps sont cou­chés sur le côté, en position repliée, le plus souvent placés dans des peaux d'animaux tels que le bœuf. Si on se réfère à la mytholo­gie égyptienne, on voit que la peau de bœuf est un rappel de celle dans laquelle le corps d'Osiris aurait été transporté après sa mort ... Cet individu est placé la tête vers l'Ouest, vers le domaine de I'A'amenptah (l'Atlantide) d'Osiris. (d'après Tristan!, Y., Le Delta du Nil avant les pharaons, Archéonil, 15).

- La culture du Luristan ou Suse 1 (Iran). Parallèlement à la culture d'Obeïd et dans le prolongement de celle-ci, l'Iran voit ap­paraître, entre le s• et 4• millénaire av. J.-C., une culture qui enterre ses morts avec du mobilier dont des vases de luxe peints et des haches en cuivre, ce qui impliquait la maîtrise de la métallurgie. 17

Le dieu local est un "maître des animaux" à l'apparence reptilienne récurrente, qui est doté d'écailles. Sur les cylindres en argile, cet être surhumain domine le monde de la nature et celui des animaux tel un chasseur-tueur. Des reptiles, toujours des reptiles ...

20. Cachet du Luristan (Iran), Louvre AO 26.503

20. Sceau du Luristan (Iran), Louvre AO 26.507

17 Amiet, Pierre, Introduction à l 'histoire de l 'art de l'antiquité orientale, - École du Louvre -éditions Desclée de Brouwer, Paris, 1979-1997.

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- La nécropole royale de Umm ei-Qaab à Abydos (Égypte). La nécropole royale de Umm el-Qaab à Abydos daterait de 3300 ou 3400 av. J.-C. ; elle est en lien avec les 300 tablettes d'argile préfi­gurant le futur système d'écriture hiéroglyphique, trouvées dans la tombe U-j. Le site funéraire U contient également des restes préhis­toriques de la période prédynastique. Abydos n'était pas seulement le site sacré d'Osiris, mais aussi le lieu d'inhumation des premiers rois de l'Égypte unifiée. La tombe du roi Djer (l'e dynastie) sera as­similée par la tradition orale à celle d'Osiris, ce qui fera d'Abydos un site sacré de pèlerinage et un centre de fêtes annuelles ayant at­tiré des millions de pèlerins cumulés sur des milliers d'années, des pèlerins qui venaient honorer la tombe et la mémoire d'Osiris. On notera ce point fort insolite en lien direct avec notre étude : Abydos était le seul endroit d'Égypte où l'on embaumait le lézard !'8

18 National Geographie (France), "Égypte, les animaux sacrés des Pharaons", novembre 2009, p. 13.

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On a trouvé dans la tombe U-502 (tout en haut, de la carte de Umm el-Qaab) un récipient rouge à bord noir sur lequel sont clai­rement façonnés sept personnages féminins de type reptilo-amphi­bien avec des crânes allongés. Nous sommes encore en présence d'une physionomie semblable à celle des divinités irakiennes et à celle qu'on trouve en Iran. Ce type de figurines rappelle celui des figurines trouvées dans le cimetière d'Eridu, la ville attitrée du dieu Enki (fig. 22a) ; les squelettes déterrés dans les cimetières d'Abydos possèdent majoritairement des crânes allongés, comme en témoigne l'individu ci-dessous, inhumé dans le cimetière D (fig. 22b.) :

22a.

- Les réseaux souterrains du plateau de Cappadoce (Turquie) -officiellement du 2e ou du 3e millénaire av. J.-C., des dates éta-blies à partir des objets trouvés sur place. Nous en avons largement parlé dans le récit.

- L'Osireion d'Abydos (Égypte). L'Osireion d'Osiris est offi­ciellement daté de 1' époque du roi Seth y 1er (autour de 1250 av. J.-C.), raison pour laquelle je l'ai placé à cet endroit de notre liste. Mais cette date a plusieurs fois été remise en cause, car 1 'édifice est massif, un peu comme le sont les plus anciens monuments de pierre d'Égypte, généralement datés de l'Ancien Empire.

L'archéologue Margaret A. Murray, qui a été la première à re­lever les inscriptions récentes de l'Osireion (cf. The Osireion at

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Abydos, 1903) stipule dans son ouvrage, The Splendour that was Egypt, que: "[. . .]Cet édifice est à ce jour un cas unique parmi tous les monuments d'Égypte qui ont survécu au passage du temps. Il date manifestement d'une période reculée car les blocs avec les­quels il est construit sont du style del 'Ancien Empire; la simplicité de l'édifice principal plaide dans ce sens. L'ornementation a été rajoutée par Seti le~ qui a de cette manière tenté de s'attribuer la paternité de l'édifice [. . .] ". 19 L'égyptologue Henri Édouard Naville a, lui aussi, suscité la polémique dans le Time Magazine du 17 mars 1914 en annonçant que l'Osireion serait "le plus ancien édifice de pierre d'Égypte".

23. L'Osireion d'Osiris à Abydos. Son architecture est absolument unique en Égypte. Elle ne rappelle que deux autres édifices : la Grande Pyramide et le temple du Sphinx (temple de la Vallée). L'Osireion fait ainsi partie d'une catégorie totalement à part.

Pendant près de vingt ans, Dorothy Louise Eady, par la suite plus connue sous le nom d'Omm Sethy, a travaillé pour le compte du Département des Antiquités Égyptiennes avec l'archéologue Selim Hassan tout d'abord, puis avec l'archéologue Ahmed Fakhry (Py­ramid Research Project - Dashur). En 1956, Omm Sethy a finale-

19 Mura y, Margaret A., The Splendour thal was Egypt, Sidgwick & Jackson, réédition 1983.

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ment été employée par le Département des Antiquités Égyptiennes sur le site d'Abydos, où elle passa les vingt-cinq dernières années de sa vie, pour y mourir le 21 avril 1981.20 Omm Sethy était une passionnée qui n'était guère avide de reconnaissance. Sans que cela se sache officiellement, elle a aidé beaucoup d'archéologues et tra­vaillé pour eux, ceux-ci ayant publié ses rapports dans leurs articles ou leurs livres. Tout Abydos connaît cette femme extraordinaire qui prétendait avoir vécu dans la cité sainte à 1 'époque de Seth y 1er ! Elle était autrefois une prêtresse du temple de Sethy et serait de­venue la maîtresse du pharaon. Omm Sethy connaissait tous les recoins d'Abydos et elle a ainsi fait l'objet de plusieurs ouvrages.2 1

Omm Sethy et Hanny El Zeini indiquent dans leur livre, Aby­dos, Holy City of Ancien! Egypt, que personne ne sait qui a édifié l'Osireion, étant donné que nul n'en connaît la fonction. Il n'existe aucun autre monument de ce type dans toute l'Égypte. Ce genre d'architecture évoque pour ces deux auteurs "la Porte du Soleil" de Tiahuanaco, en Bolivie et, bien entendu, le temple du Sphinx à Gizeh. Omm Sethy et El Zeini estiment de par son style, qu'il s'agirait d'un temple antique datant peut-être de la 4e dynastie, la possibilité d'une bien plus grande ancienneté restant ouverte. De leur point de vue, l'Osireion n'a jamais été édifié par Sethy 1er, le bâtiment ayant peut-être seulement été restauré par ce dernier. Les deux auteurs notent également qu'il est indéniable que l'Osireion a influencé la construction du temple dit "de Sethy 1er" (celui des suivants d'Osiris), avec sa forme unique en L. Ils notent en outre que ce temple a été édifié sur une construction plus ancienne dont on ne sait quasiment rien.

20 Étrangement, et pour une raison que je ne m'explique pas- mais il s'agit sûrement d'un hasard : c'est là la date précise à laquelle j'ai moi-même commencé à recevoir mes flashes. 21 Pour le public français, le seul ouvrage traduit à ce jour est L'Âme du Pharaon, de Jona­than Colt, aux éditions Olivier Orban, Paris, 1988, tiré du livre The Searchfor Omm Sety. Malheureusement, cet ouvrage français n'est plus édité; on le trouve cependant sur certains sites Internet de livres d'occasion.

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24. Inscriptions de l'époque de Sethy 1•• dans la chambre sud de I'Osireion. Un homme fait des offrandes aux divinités reptiliennes Zesert-Tep et Reny, toutes deux garantes des aspects d'Osiris et de ses suivants.

Comme je le mentionne dans Le Testament de la Vierge, j'ai quant à moi repéré des coquillages marins sur l'Osireion, ce qui in­dique qu'il aurait bien été recouvert par la mer à une époque extrê­mement reculée. Pour cela il faut remonter à près de 10.000 ans av. J.-C., date du grand déluge et de la mort d'Osiris (voir photographie en couleur en milieu d'ouvrage). Cette découverte ferait remonter l'édification de ce temple aquatique d'Osiris à l'époque lointaine de la civilisation d'Esna, avant le déluge donc, et placerait logi­quement ce monument tout en haut de notre liste. J'ai par ailleurs démontré dans le même ouvrage qu'Osiris aurait été assassiné à Abydos, et non dans le Delta du Nil comme l'indiquent certaines verswns.

Le lecteur attentif aura remarqué que je n'ai pas placé les élé­ments égyptiens antédiluviens suivants dans cette liste : la Grande Pyramide, le Sphinx et le réseau souterrain du plateau de Gizeh. L'extrême ancienneté des deux premiers édifices n'a jamais été re­connue par la science officielle, ce qui aurait supposé une complète relecture de l'Histoire débouchant sur l'existence d'une civilisa­tion oubliée très évoluée, contemporaine de la culture égyptienne d'Esna. Je dois préciser que la culture d'Esna, mentionnée au début de notre liste, est rarement citée par les anthropologues et archéolo­gues pour ces mêmes raisons. Quant au réseau souterrain du plateau de Gizeh, son existence n'a toujours pas été reconnue par le Conseil

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Suprême des Antiquités Égyptiennes. Pour plus de précisions à pro­pos de ces thèmes, prière de se référer aux dossiers d'Adam Genisis et à l'enquête menée dans Le Testament de la Vierge.

3. L'ancienneté des divinités sumériennes et leur phy­sionomie

On me demande parfois pourquoi il n'existe aucune trace d'une quelconque civilisation en deçà des dates énoncées plus haut, alors que dans mes Chroniques, l'existence des Anunna a des chances d'être liée à la subite apparition de leur ouvrier, l'Homo Sapiens, quelque 300.000 ans av. J.-C.

Plusieurs raisons fondamentales peuvent expliquer ce fait. Selon la littérature sumérienne, les Anunna terrestres, à savoir les Anun­naki, sont régulièrement appelés les GiS-U (les "60 x 10"), c.-à-d. les 600. Ce chiffre témoigne de leur nombre précis sur la Terre dans un passé lointain et indéterminé. Dans le tome 2 des Chroniques (p. 165), j'ai mentionné qu'il y avait près d'un millier de guerriers Anunna qui avaient survécu, et que 400 autres avaient été installés sur la planète Mars, base de leur chef An. 600 Anunnaki représente donc le nombre d'individus arrivés sur la Terre, lesquels ont fina­lement vécu sur la montagne de Kharsag (ou Dukù 1 Dukug) dans le Taurus.

Quant aux Nungal ou Igigi (les observateurs) d'Enki, ils sont régulièrement qualifiés de GiS-fA ou GESIA (les "60 x 5") dans les textes, à savoir les 300. Plus tard dans le temps, 200 d'entre eux deviendront les veilleurs que l'on retrouve dans les textes d'Enoch. Mais avant cela, ces Nungal travailleront pendant une très longue époque dans la plaine de 1 'Edin (la plaine mésopotamienne) comme ouvriers pour le compte des Anunnaki. Il est dit dans les littéra­tures sumérienne et akkadienne, que leur tâche était de creuser les fleuves du Tigre et de l'Euphrate. Au début du tome 2 (p. 26), je mentionne qu'il y avait en définitive 180 femelles Amasutum au­près des Nungal.

Leurs quelques dirigeants mis à part, voilà donc les chiffres des différents groupes de rescapés- ayant échoué sur la Terre- de la race des Gina'abul. Il s'agissait de rescapés d'une guerre lointaine, celle qui est en l'occurrence partiellement décrite dans le texte

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babylonien de la Création (vers 1115 av. J.-C.) que les exégètes contemporains ont baptisé Enûma Elis. Cela nous donne approxi­mativement une communauté de plus d'un millier d'individus qui doit se battre contre les éléments avec pour seules ressources celles qu'ils ont emportées avec eux dans leurs vaisseaux qui, je vous le rappelle, n'étaient pas destinés aux missions d'exploration concer­nant d'autres mondes. Ils n'avaient donc absolument rien avec eux sauf, sans doute, quelques cristaux, des outils issus de leur civili­sation, peut-être une petite quantité de médicaments tirés de leur matériel de survie ainsi que la bibliothèque génétique de leur race apportée par Ninmah, et rien de plus.

Leurs ennemis, les planificateurs Urmah, contre qui les Anun­na étaient en guerre - notamment les Gina'abul Kingu (royaux) déjà présents sur la Terre - ont littéralement décimé ces individus pour n'en finalement laisser que quelques survivants, dont ils pré­voyaient qu'ils récolteraient par la suite les fruits de leur labeur. Il s'agit d'un raisonnement typiquement Gina'abul, sans doute dif­ficile à comprendre pour le commun des mortels. Les Anunnaki sont cependant très imbus d'eux-mêmes, à l'instar des dieux de nos légendes. Ils se sont toujours considérés comme les vainqueurs (et surtout pas les vaincus !) d'une guerre qu'ils avaient provoquée.

Ces rescapés d'une ancienne guerre se retrouvent donc pris au piège sur la Terre sans véritablement de ressources. Ces êtres doi­vent ainsi fonder leur civilisation en se servant de leur savoir-faire et des éléments naturels (essentiellement le bois) que leur offre la Terre. La seule aide extérieure qu ' ils obtiennent - au compte­gouttes cependant - est celle de la reine du monde souterrain, la dénommée "Dim'mege", qui dirige les Ama'argi. Dans les Chro­niques, les Ama'argi disposent de technologies avancées comme, entre autres, les Siensisar (matrices artificielles) et les machines agricoles.

Les Anunnaki ne se sont jamais unis aux humains, si ce n'est par la suite pour préserver leur lignage et l'adapter à la 3e dimension ; mais nous reviendrons sur ce point en détail. Un millier de mal­heureux Gina'abul vivant à l'écart du monde, se reproduisant peu et témoins de plusieurs cataclysmes, ne laisseront évidemment pas autant de traces que les milliards d'individus qui composent notre civilisation.

Les tablettes sumériennes de Kharsag, analysées dans Adam

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Genisis et Le Testament de la Vierge, s'organisent en près de 10 sec­tions principales chacune et forment un ensemble de 15 tablettes. Certaines d'entre elles sont fragmentaires comme les n° 3 (réf. Il 065), 4 (réf. 9205) et 7 (réf. 831 0). Ces textes décrivent l' évolu­tion et la chute de cette civilisation outillée qui se développa sur un mode pastoral et civilisateur - une civilisation "moderne" victime d'un monstrueux déluge qui signera sa fin.

Selon les textes en question, les Anunnaki ont progressé au sein de leur citadelle de Kharsag, perchée sur sa montagne du Dukug, que je pense avoir localisée dans le Taurus. La cité de Kharsag était entourée de remparts en bois, ce qui implique qu'elle se protégeait bien du reste du monde, à savoir de celui des "sauvages humains".

Les Gina'abul-Anunnaki ont vécu sur cette montagne pendant très longtemps avant de commencer à fonder un établissement plus bas, en Edin (la plaine mésopotamienne). Leur installation dans la plaine se fait ainsi timidement. Bien qu'Enki prétende qu'il s'agisse de "cités" (cf. Adam Genisis, p. 186), j'y verrais plutôt des grou­pements d'habitations en bois, comme à Kharsag, et non systéma­tiquement en pierre. Ce sont les rois humains des périodes dynas­tiques qui aiment le luxe des palais en pierre, pas les Anunnaki de cette époque.

Le millier d'individus "divins à forme animale" (reptilienne) est dirigé par une femme appelée Ninkharsag ou Ninmah, laquelle est souvent qualifiée de MUS et de SIR. Ces deux termes signifient clairement "serpent" ou "reptile" en sumérien. Ninmah-Ninkharsag est la grande reptilienne en chef de la colonie. Je rappelle au lecteur que le domaine de Kharsag est connu pour avoir un jardin baptisé "Eden".

J'ai examiné d'un peu plus près ces fameuses tablettes de Kharsag. J'ai trouvé et traduit quelques passages intéressants, comme dans les exemples qui suivent :

-Aux ligne 6 et 7 de la première tablette, nous lisons : dMus-ir pad-balag in-sag-ga ... ni gin ... til.

Traduction: "Le Serpent [Ninkharsag] arrache une lamentation. Elle accorde la faveur qui les fait tous vivre" (tablette de Kharsag n° l, colonne 1 ; réf. 8383) ;

-Plus loin sur la même tablette, nous trouvons : "Mon réceptacle

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(récipient) est bon pour être brûlé, au milieu de l'aire (ou de la zone) du Serpent" (tablette de Kharsag n° 1, réf. 8383);

- Sur la première tablette à nouveau, deux passages très endom­magés et proches l'un de l'autre stipulent: igi an-sù ni-il-da dun gis-zi-dim [. . .] ki-nam-us-ni mus dam-dag-sù mu-dim da dara-gis­dim ki gar [t}il n[e-g}ù.

Traduction : "Vers le ciel, il [Enki ou Enlil] soulève un oeil ou­vert par l'arbre de vie ! [ ... ] De sa cohabitation avec le Serpent [Ninkharsag], il [Enlil] engendra un fort et grand bouquetin à qui il ordonna de garder la vie" (tablette de Kharsag no 1, colonnes 8 et 9, lignes 10 à 11 et 9 à 12; réf. 8383).

Ce passage insolite nous rappelle celui de la Genèse (Gen 3:24) où Dieu "posta devant le jardin d'Eden les chérubins et la flamme du glaive fulgurant pour garder le chemin de l'arbre de vie".22

- On lit sur la tablette n° 3 : ama-zi ama-gal su-sar-da dim e-mus gu-nu mê-li gar-su gisginar gar-ra-an-na sig-ga-me-li gir-ni gisku­dim rim-ne gal-la zu-ù den-/il tuf-li mê-li.

Traduction : "Taureau de vie, Grand Taureau, tu gouvernes pour bénir. Grand Serpent que tu es ! L'usage du chariot apporte la joie au chemin. Sa course est comme un javelot, tu nous assures sa marche. Enlil, tu es profond!" (tablette de Kharsag n° 3, colonne 2, lignes 4 à 8 ; réf. 11 065).

- Sur la tablette n° 4 est écrit : "[Enki ou EnHl], Splendide ser­pent aux yeux brillants qui a établi des pâturages pour les brebis enceintes et pour les jeunes de 1' enclos des moutons, et qui a créé des foyers (cheminées) dans les demeures" (tablette de Kharsag, n° 4 ; réf. 9205).23

22 Ce Dara ou Dara1 signifie effectivement un "bouquetin" ou une "chèvre des montagnes" en sumérien. La narration de cet épisode replacé dans le contexte pastoral de Kharsag pour­rait se traduire par: "En/il .fit engendrer un ou plusieurs bouquetins pour défendre la colonie ainsi que le jardin d 'Eden de Ninkarsag dans les montagnes". Tout berger sait que le bouc peut protéger des territoires entiers. Si vous vous trouvez devant un bouc, il chargera d'em­blée. Dans la littérature biblique et rabbinique, ce pauvre bouc est devenu un Keroubîm, lui-même tiré du Karibu akkadien "celui qui communique (avec les dieux)". En Assyrie, les Kerub à l'apparence de taureaux ailés encadraient le seuil des temples et des palais. C'est de ce terme que découle le substantif "chérubin" qui désigne justement un ange chargé de défendre et garder la vie. 23 Pour être précis, nous ne savons pas s'il s'agit, dans ce passage comme dans plusieurs autres, d'Enki, le chef des travaux de Kharsag, ou bien d'Enlil, l'administrateur du do­maine ...

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Voilà qui est définitivement clair. En plus de nous décrire un domaine strictement identique à 1 'Eden biblique (pour plus de pré­cisions, voir Le Testament de la Vierge, pp. 35 à 4 7), les tablettes de Kharsag nous offrent plusieurs détails fondamentaux quant à la physionomie de cette race de divinités : ce sont des reptiliens ! Je ne m'étonne plus que Samuel Noah Kramer, le grand érudit et spécialiste des textes mésopotamiens, ait avoué un jour que ces ta­blettes étaient tout bonnement inintelligibles. Incompréhensibles ces tablettes ? Certainement pas - en réalité plutôt inacceptables pour un establishment scientifique qu'on sait pris dans ses dogmes et limitations, lequel veut nous faire croire que nous sommes seuls dans 1 'univers.

4. L'aspect reptilien des dieux dans les anciens textes

L'aspect reptilien qui apparaît dans les tablettes de Kharsag nous incite à mentionner ici quelques exemples pris parmi des milliers d'autres. Beaucoup de passages de ce genre se trouvent déjà dans les deux premiers tomes de cette série, et d'autres se verront propo­sés dans les prochains tomes, parallèlement au récit.

La Genèse a rapporté l'histoire du dieu sumérien Enki. Elle l'a résumée et figée en un unique épisode, celui du serpent tentateur qui va corrompre Eve et Adarri. De cet événement fondamental dé­coule le "péché originel", dont sont issus tous les maux du monde selon la pensée judéo-chrétienne. Les textes apocryphes de Nag Hammadi (Moyenne Égypte) comportent un tel épisode, mais dans une version très différente :

"Alors, survint le Sage entre tous, celui qui a été appelé Haywa (la Bête), et lorsqu 'il vit le sosie de leur mère Eve [variante : lorsqu 'il vit Eve qui ressemblait à sa mère], 24 il lui dit : 'Que vous a dit Dieu ? de ne pas manger de l'arbre de la connaissance ? '. Elle répondit : 'Il a dit, non seule­ment n 'en mange pas, mais n y touche pas, afin de ne point mourir'. Il leur dit : 'Ne craignez point, vous ne mourrez pas. Il sait en effet que si vous en mangez, votre intellect se

24 Variante tirée de Wautier, André, Les textes gnostiques de Shenesêt, livres V et VI, éditions Ganesha, 1995, Montréal, p. 119. À noter qu'il n'est pas question dans cette traduction de Dieu, mais "des dieux".

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dégrisera et vous deviendrez comme des dieux, puisque vous connaîtrez la différence qui existe entre les hommes mauvais et les bons. En effet, c'est parce qu'il est jaloux qu'il vous a dit cela, afin que vous ne mangiez pas '. Or Eve eut confiance dans les paroles de 1 'Instructeur. Elle regarda vers 1 'arbre, vit qu'il était beau et appétissant, et le désira. Elle prit de son fruit, en mangea, en donna également à son époux. Il en mangea. Alors leur intellects 'ouvrit. Quand ils eurent man­gé, en effet la lumière de la connaissance les illumina. Ils comprirent alors que c'est lorsqu 'ils se couvraient de honte qu'ils étaient nus de la connaissance. Quand ils furent dégri­sés, ils virent qu'ils étaient nus et s'aimèrent d'un amour mu­tuel. Et voyant que leurs créateurs avaient forme animale, ils les prirent en dégoût et comprirent beaucoup de choses". 25

Manuscrit de Nag Hammadi, "Écrit sans titre" ou "les Origines du Monde"- 118-119

L'humanité accédant à un nouvel état de conscience réalise véri­tablement la nature "non humaine" de ses créateurs et les voit tout à fait autrement. Quant à la nature reptilienne de 1 'Instructeur et, par extension, des créateurs, les traducteurs des textes gnostiques de Nag Hammadi (éditions de la Pléiade) indiquent que le terme "Bête" est la traduction d'une série de quasi-homophones araméens: Haywa ("bête"), Hawa' ("enseigner") et Hawya ("serpent").

La forme animale des anges de Dieu responsables de la re-créa­tion de l'humanité est une fois encore inscrite dans le corpus de Nag Hammadi, et plus précisément dans 1 'Hypostase des Archontes (NH II, 4) : "Les archontes tinrent conseil et dirent: 'Allons ! Fai­sons un homme avec de la poussière du sol'. Ils modelèrent leur créa[ture] de sorte qu'elle est entièrement terrestre. Or le corps que possèdent les archontes est femelle, c'est un avo[rton] à 1 'as­pect animal". 26

Nous voilà une nouvelle fois confirmé que le corps des anges archontiques, devenus les anges de Dieu dans la Bible, a bien une forme animale. On trouve également cet aspect animal chez Quetzalcoatl, un reptilien à la peau blanche et de type albinos qui n'est autre que Horus. La tradition rapporte le rendez-vous don-

25 Écrits gnostiques, "La bibliothèque de Nag Hammadi", éditions Bibliothèque de la Pléiade, 2007, pp. 449-451. 26 Ibid., pp-386-387

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25-26. Reconstitution contemporaine du type reptilien Anunna. Œuvre en terre cuite réalisée à partir des éléments de l'auteur. © 2008 antonparks.com

né au peuple par Quetzalcoatl avant la grande migration vers l'Anahuac (ancien nom du Mexique). On lit dans les textes que

"[Quetzalcoatl voyageait dans] une étoile filante. Elle tom­bait doucement comme une pierre précieuse étincelante. Elle ne se posa pas sur la terre mais s'arrêta en 1 'air et on pouvait observer qu'elle portait un animal étrange. Il avait la tête et le corps d'un serpent [. .. ]. Le ciels 'éclaircit aux premiers feux de 1 'aurore et les hommes figés fixèrent de leurs yeux le Serpent à Plumes quis 'arrêta juste devant eux. Ils furent paralysés par la peur et certains d'entre eux en eurent le souffle coupé. Alors quelqu'uns 'écria: 'Mais c'est Quetzal­coat/ 1 'L'animal approuva de la tête et s'envola. [. .. ]Ainsi commença le très long voyage vers 1 'Anahuac. Il dura des siècles et le peuple de Quetzalcoatl se fraya un chemin à tra­vers des forêts vierges impénétrables, traversa des rivières sauvages et dans le désert, sur le sable brûlant, il apaisait sa soif avec le jus des cactus. Un jour enfin, les pèlerins,

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fatigués et à bout de force, atteignirent une large vallée, en­serrée par d'immenses chaînes de montagnes. Au milieu de la vallée brillait comme une pierre précieuse la surface d 'un grand lac. Le Serpent à plumes la survola et y plongea brus­quement. L'eau se referma sur lui et les hommes restèrent abasourdis, ne sachant pas exactement ce qu'il fallait faire. Suivre leur créateur et maître dans les vagues froides du lac ou attendre au bord ses nouveaux ordres ? A cet instant, la surface de l'eau s'ouvrit et Quetzalcoatl, ayant repris sa forme humaine, sortit de 1 'eau. 'Nous sommes arrivés', dit-il à son peuple. 'C'est ici votre nouveau pays. Vous y bâtirez vos demeures et dès à présent j y vivrai avec vous ! '•f2?

Légende concernant Quetzalcoatl et "la route d' Anahuac"

Chez les Dogons du Mali, les guides Nommo avaient strictement la même fonction et la même caractéristique- d'amphibien -liée à l'eau qu'Enki-Éa, Osiris, Quetzalcoatl... Le 0 Nomma ("Nommo de la mare") a été sacrifié pour la purification et la réorganisation de 1 'univers après les viols contre nature perpétrés par son frère, qui prendra par la suite l'aspect du Renard pâle ou du Chacal. Avec tous les éléments dont nous disposons désormais, difficile de ne pas voir chez ce dernier un double d'Enlfl-Seth. Le Nommo res­suscite ensuite sous une forme humaine et descend sur Terre pour réorganiser le monde. Le Nommo forme un couple gémellaire avec sa femelle céleste, tout comme Enki avec Ereskigal et Osiris avec Isis ...

"Deux êtres se modelèrent. Dieu les a créés comme de l 'eau. Ils étaient de couleur verte. en forme de personne et de serpent ... Les yeux rouges étaient tendus comme ceux des hommes et leur langue fourchue comme celle des reptiles ... Tout leur corps était vert et lisse glissant comme une surface d'eau, garni de poils courts et verts, annonce des végéta­tions et germinations. Ces génies, dits Nomma, étaient donc deux produits homogènes de Dieu, d'essence divine comme lui, conçus sans aventures et développés selon les normes ... Ce couple de jumeaux représentait 1 'union parfaite, 1 'unité idéale... le Nom mo descendit sur la Terre, apportant des

27 Légendes et contes aztèques- légende concernant "La route d' Anahuac", éditions Grtind, Paris, 1995.

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fibres (codes génétiques ?) tirées de plantes déjà créées dans les régions célestes. Il en sépara dix poignées correspondant à ses dix doigts et en toronna cinq pour les placer devant et cinq pour les placer derrière ... [Ce geste] présentait au monde terrestre le premier acte d'ordonnance universelle et le signe hélicoïdal (en forme d'hélice) qui se projette sur un plan sous forme de ligne brisée serpentine (l'adn ?)". 28

Ogotemmêli, sur la cosmogonie des Dogons du Mali

Dans cet autre extrait, il est question de la véritable nature des anges responsables de l'emprisonnement de l'humanité:

"Je suis l'Eon de la Vie souveraine, de la Vie très-haute et très-grande. Qui rn 'a plongé dans cette tristesse infinie des mauvais anges, dont l'odeur est f étide, dont la forme est abominable ? Qui rn 'a jeté au milieu des génies du mal ? Faut-il donc que je croisse et grandisse dans un milieu que je déteste, parmi des êtres dont j 'abhorre les œuvres ? Pendant qu'il parlait ainsi, le libérateur vint à lui et lui dit : 'Oui, l'odeur de ces anges est abominable, et cette odeur, pas plus que leur forme, ne peut être la tienne. Mais tu as écouté ma voix, tu as entendu mes paroles, tu ne périras pas ! [ .. .] Tu es ma forme, sois donc innocent comme je le suis. Que tes regards soient sans cesse tournés vers la patrie céleste. Nous serons avec toi, et notre lumière éclairera tes pas'". 29

Le Livre d'Adam ou Code Nazaréen, 2• partie, extraits du chapitre 13

Ces mauvais anges à l'odeur fétide sont les archontes des textes gnostiques des premiers siècles de l'Église chrétienne. Ces anges sont considérés comme les re-créateurs du genre humain. Dans la littérature biblique et rabbinique, ils représentent tout simple­ment les anges ou la milice du dieu Yahvé. Il est bien évident que ces anges sont les Anunnaki sumériens rattachés à la divinité An (Yahvé) que ce dernier a créés.

Le terme archonte provient du grec 6.px6ç 1 Archo ("être chef', "diriger", "régner") et de apxwv 1 Archon ("prince", "chef', "magis­trat"). Dans la Grèce antique, les archontes étaient détenteurs des

28 Griaule, Marcel, Dieu d 'eau, éditions Arthème Fayard, Paris, 1966. 29 Le Livre d'Adam, éditions Robert Laffont, Paris, 1980.

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charges les plus élevées telles que les fonctions judiciaires et poli­tiques inhérentes à chaque grande ville. Dans un sens plus étendu, !'"Archonte" désigne un individu puissant, détenteur d'une auto­rité publique. Dans un sens politique, l'archonte est un gouverneur ou un administrateur ; il serait ce qu'on appelle aujourd'hui un fonctionnaire de l'État. Les archontes étaient tous de souche noble, comme l'étaient les Anunnaki d'An. Il n'est donc pas surprenant que ce terme ait été utilisé lors des premiers siècles de notre ère dans les textes gnostiques pour désigner les anges de Dieu.

L'archonisme prend naissance dans la ville d'Athènes, autrefois appelée Cécropia ou Kécropia, nom tiré du roi KÉxpwlfl 1 Kécrops (ou Cécrops). Athènes est regardée comme ayant été fondée à l'époque des dieux, au 16e siècle av. J.-C. par ce Kécrops, qui avait ceci de particulier qu'il était un mélange d'humain et de reptilien. Une tradition fait de Kécrops un Égyptien natif de Saïs, en Égypte. Kécrops et les siens se seraient installés dans l'Attique (Athènes) en apportant avec eux les bienfaits d'une vieille et prestigieuse ci­vilisation ... À l'instar d'Enki-Osiris et des amphibiens Abgal de Sumer, Kécrops apporte aux Athéniens les bienfaits de la civilisa­tion : il interdit les sacrifices humains et introduit l'agriculture ainsi que l'écriture.

On attribue souvent à Kécrops la paternité de EpexB6vwç 1 Érichthonios, l'enfant de la Terre, qui aurait plutôt été confié à Pandrosos, l'aînée des filles de Kécrops. Érichthonios sera, tout comme Kécrops, un roi légendaire d'Athènes. Il s'agit également d'un hybride d'humain et de reptilien.

Au 7e siècle av. J.-C., alors que la situation politique d'Athènes est source d'instabilité entre l'aristocratie et le peuple, un certain Drakon (ou Dracon) profite de la division interne des archontes pour prendre le pouvoir. Drakon veut dire à la fois "dragon", "grand serpent" et "souverain" en grec ancien. Il y a de fortes chances pour que ce Drakon ait lui aussi possédé du sang reptilien.

En 621 av. J .-C., Drakon rédige ses fameuses lois en qualité d'archonte éponyme, c'est-à-dire de chef de la cité en charge de l'administration civile et de la juridiction publique. La sévérité de ses mesures donnera naissance à l'adjectif "draconien" que l'on retrouve dans les expressions "lois draconiennes" ou "mesures dra­coniennes". En effet, la moindre faute, même la plus infime, était punie de mort ! La tradition rapportée par Plutarque (Vie de Solon,

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17, 3), indique que : " ... Drakon avait écrit ses lois, non avec de l'encre, mais avec du sang. Quand on demandait à ce législateur pourquoi il avait ordonné la peine de mort pour toutes les fautes, il répondait 'J'ai cru que les moindres fautes méritaient cette peine, et je n'en ai pas trouvé d'autre pour les plus grandes'".

Que peuvent bien vouloir dire ces quelques exemples ? Ils nous révèlent tout simplement la nature reptilienne de certains rois ou notables de l'antiquité. Vaste sujet ! L'auteur anglais David leke en a fait sa spécialité. Il démontre dans ses différents ouvrages que les grandes lignées royales ou nobles de notre planète possèdent ce gène particulier. David leke a été en contact avec de nombreux témoins. Ses découvertes l'ont très rapidement contraint à sacrifier sa brillante carrière de journaliste de la télévision anglaise à son travail d'écrivain.

David leke s'est également attaché à démontrer la possibilité, propre à certains de ces dirigeants, de pouvoir passer du type hu­main au type reptilien, et inversement.30 Au cours de l'été 2009, il a indiqué lors d'une interview exclusive à la presse française que "Les races reptiliennes ont créé dans notre monde des lignées héréditaires que nous percevons dans cette réalité comme étant humaines, mais elles ont, en fait, créé une sorte d 'ordinateur bio­logique que nous appelons "corps" et qui n'est qu'un véhicule pour elles. La force qui contrôle ce véhicule n'est pas humaine et ne vibre pas sur la fréquence de la lumière visible. Une bonne par­tie des individus qui ont le pouvoir sur cette Terre en font partie. Nous ne décodons que la réalité qui se manifeste au niveau des fréquences de la lumière visible, j'insiste. Si vous pouviez voir au­delà des jeux de fréquences de la lumière visible, vous pourriez alors voir une autre entité qui 'ombre', qui adoube, qui surplombe en quelque sorte l'apparence humaine de ces leaders et ces grands dirigeants du monde. Et ces gens n'ont rien d'humain. [. . .] [Ils peuvent} changer brusquement d 'aspect, passant de la forme hu­maine à la forme reptilienne, puis revenant à la forme humaine. Cela se passe toujours de manière inattendue. Ce changement est à la fois subtil et brutal, et ceux qui en ont été les témoins ont été très choqués. En général, c'est plutôt le genre d'expérience que 1 'on préfère garder pour soi afin de ne pas passer pour un débile

30 Précisons qu'il s'agit là d'un point de vue considérant que ceci est perceptible à travers une vision humaine "normale" (en trois dimensions).

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mental 1 ". 31

Comme tout auteur qui rapporte des vérités dérangeantes, David leke a été largement critiqué et humilié dans la presse comme sur le Web. David leke a-t-il raison ? Personnellement, je ne saurais prendre une position ferme sur ce point et adhérer directement au fait qu'il existerait une conspiration "reptilienne", ou qu'il y aurait des descendants de reptiliens infiltrés dans les hautes sphères gou­vernementales, pour la simple raison que je n'en ai pas la preuve. C'est une possibilité, et je l'ai déjà évoquée. Une grande majorité de gens sait aujourd'hui que les différents gouvernements ne sont pas libres et qu'il existe bien, au-dessus de tous, une autorité ca­chée. Mais de quelle nature est alors celle-ci ? Anunna ? Kingu ? Ou bien les deux à la fois ? ... Même si mon travail peut fournir des pistes quant à ce questionnement, il se focalise plutôt sur le passé de l'humanité et non sur son présent.

Personnellement, je ne pense pas qu'il soit capital de savoir au­jourd'hui si ce sont des reptiliens Gina'abul ou leurs descendants qui occupent les coulisses de la politique mondiale. Le constat concernant 1 'état du monde reste malheureusement le même : il est catastrophique !

La présence reptilienne dans le passé de l'humanité est en re­vanche tout à fait évidente. Au fil des années, le grand public a lar­gement pris connaissances des différentes figures reptiliennes qui émaillent la culture ou période d'Obeïd (Obeïd 0), ou encore celle de Samarra (Irak), la première démarrant officiellement en 6500 av. J.-C. sous l'appellation de période d'Oueili. Nous savons qu'Eridu, la ville sainte d'Enki (Osiris), représentait son principal siège cultu­rel. Les lecteurs peuvent se référer aux illustrations suivantes, tirées de mes deux premiers ouvrages :

- Le Secret des Étoiles Sombres : fig. 8 p. 132 ; fig. 15 p. 193 ; fig. 18 p. 198.

-Adam Genisis : fig. 26 p. 192 ; fig. 34 p. 237 ou encore fig. 44 p. 306.

Les deux dernières de cette liste n'appartiennent pas à la culture d'Obeïd, mais à celles de Sumer et d'Akkad. Je vous rappelle que

31 In magazine Dossier Secrets d'États, n° 7, août 2009, dossier-interview, "La Conspiration Reptilienne", pp. 32 et 26.

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TRACES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES DES GINA-AB-UL 405

les nombreuses figurines en terre cuite de ces périodes éloignées ont principalement été retrouvées dans des tombes royales, comme ce fut le cas à Ur et à Eridu.

Alors j'entends déjà un certain public s'écrier: "Des reptiliens se seraient accouplés avec des humains pour créer une race hybride ? Franchement, Messieurs leke et Parks, ça se saurait, non ? Cela serait écrit quelque part. On aurait une preuve concrète, au moins une qui se démarque de toutes ces légendes lointaines ... Ou faut-il voir là un énième complot mondial dissimulé depuis l'aube de l'hu­manité ? Où sont vos reptiliens ? Nous sommes dans l'abstrait, ici - pas crédibles ces auteurs, ce ne sont que des conspirationnistes !"

Les résistances sont tellement fortes parmi certains chercheurs et auteurs, que quelques-uns d'entre eux ont inventé une nouvelle discipline qui expliquerait le phénomène ovni de façon "plus ra­tionnelle" (sic), attribuant le contrôle de l'ensemble des paramètres de la réalité à des entités non extraterrestres - et donc bien ter­restres, celles-là- issues de nos différentes dimensions. Certes, ces formes de vie existent, et les chamans les rencontrent chaque jour lors de leurs états modifiés de conscience, mais de là à nous faire croire que nous serions victimes d'une monumentale mise en scène créée de toutes pièces par des entités de l'au-delà ... Qui parle alors de conspirationnisme ? Sommes-nous à ce point seuls dans notre galaxie qu'il faille nous projeter au centre de notre univers phy­sique et intellectuel ? Mais je laisse à chacun le soin de répondre à tout cela ...

5. La preuve formelle: U.14597

"Les Sumériens avaient la conviction d'être arrivés dans le pays de Sumer avec une civilisation [une culture] déjà toute faite ; ils avaient apporté avec eux la science de 1 'agricul­ture, l'art de travailler le métal, celui de l'écriture- depuis

lors, disaient-ils, aucune invention nouvelle n'a été faite". 32

Sir Leonard Woolley, directeur des fouilles d'Ur

À partir de 1932, l'archéologue Sir Leonard Woolley passa sept années à faire sortir de terre la ville d'Ur d'Abraham, à quelques

32 Woolley, Leonard, Ur en Chaldée, éditions Payot, Paris, 1938, p. 17.

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kilomètres d'Eridu et d'El Obeïd. Le site d'Ur est souvent comparé à une île étant donné qu'il se situait entre 1 'ancien cours de 1 'Eu­phrate et un large canal. Il y fut excavé de nombreuses couches et paliers successifs d'occupation dont les plus anciens relèvent de l'époque d'Obeïd, la période aux figurines reptiliennes mises en évidence plus haut.

L'un des intérêts majeurs de ce site est d'avoir livré des tombes royales de l'époque dynastique archaïque (3e millénaire av. J.-C.) dans une nécropole forte de 1800 sépultures qui fut utilisée jusqu'à l'époque d'Akkad.

27. Fragments de la tombe royale d'Ur, PG 1237. Encore et toujours des crânes allongés ! Cette tombe a été baptisée "grand puits de la mort" par l'archéologue (Sir) Leonard Woolley. Nous avons vu dans le tome 1 des Chroniques que la pratique de la déformation crânienne était répandue chez les anciens - dans leur volonté de ressembler aux dieux. Il est aussi possible que certains individus de ces tombes aient été des hybrides Gina"abul-humains, un sujet dont nous allons discuter dès à présent.

De ces tombes royales ont été retirées de nombreuses figurines et sceaux cylindriques, de véritables chefs-d'œuvre en termes de finesse d'exécution. Ces pièces en argile reflètent la volonté d'une partie de l'élite royale et du clergé de laisser des traces de leur histoire. Parmi ces documents, il en existe un qui confirme sans l'ombre d'un doute la présence reptilienne au sein d'une humanité asservie et exploitée. Il s'agit d'un sceau sumérien trouvé dans la fameuse ville d'Ur. Son numéro de catalogue est U.14597. Il ap-

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partient à l'University Museum of Pennsylvania (à Philadelphie, aux É.-U.), et il y est référencé sous le code "CBS.31.16.603". Ce cylindre a été catalogué par l'assyriologue français Léon Legrain (1878-1963), qui avait quitté la France en 1921 pour s'établir aux États-Unis et y prendre les fonctions de conservateur de ce musée.

Voici donc le cylindre qui sert de caution à mes énigmatiques Gina'abul (lézards) et, bien entendu, aux nombreuses figures repti­liennes du monde entier telles que celles des périodes d'Oueili (vers 6500 av. J.-C.) et d'Obeïd, en Irak. C'est ainsi la première fois que ce cylindre est dévoilé à un public non scientifique :

Ur, no U.14597

28.

J'ai beaucoup de mal à croire que certains spécialistes n'auraient pas remarqué ce document avant moi, puisqu'il a été découvert, catalogué et reproduit en 1936 par Léon Legrain dans son Ur Exca­vations (volume III) - Archaic Seal-impressions, publié par Oxford University Press, Amen House, London, EC 4.

Voici ce que dit Léon Legrain à propos de ce sceau dans l'ou­vrage en question :

"Scène maritale. Une femme est courbée au-dessus de deux pots qu'elle essaie apparemment de soulever de terre. Une deuxième femme retient sa tête par ses tresses, pendant qu'un mâle ithyphallique saisit la première femme par der­rière et par les épaules. Les deux femmes portent des longs cheveux et une jupe en lainage. Le mâle est nu. Sa tête étirée a un profil animal saisissant. La présence d'une barbe et de

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cheveux est incertaine. Derrière lui, un enfant est assis sur un tabouret bas, il tient vers le haut un objet rond, une tasse ou du pain. Il y a un deuxième couple marital au-dessus (en haut à gauche) et beaucoup de petites figures dans le champ

[. . .}."

"Un profil animal saisissant" - c'est le moins qu'on puisse dire ... Et c'est également ce dont les textes gnostiques font état lorsqu'ils décrivent les anges archontiques, à savoir les Anunna. Ce qui saute aux yeux, c'est cette physionomie de reptilien qui res­semble tant à celle des représentations d'Oueili et d'Obeïd ; vous pourrez le vérifier grâce aux références indiquées plus haut et aux deux photographies figurant dans cette étude.

Aux détracteurs qui prétendraient que ce sceau pourrait repré­senter une scène tirée d'un voyage astral de type chamanique, je dirai simplement que les entités rencontrées lors des voyages as­traux sont rarement identiques dans le temps. Je m'explique: nous avons sous nos yeux la preuve que les Sumériens ne voyaient pas ces êtres comme de simples représentations astrales ou même allé­goriques, puisque ce genre de reptilien est connu et qu'il se trouve ici non plus représenté sous la forme d'une statuette dans un ci­metière, mais dessiné sur ce sceau. C'est l'élément qui fait toute la différence. Ce dieu reptilien se trouve dans le monde réel de la 3e dimension, et il est entouré d'êtres humains. De plus, son em­prise sur eux est manifeste !

D'autres pourraient justifier cette image en faisant appel à Sig­mund Freud et à sa théorie de "l'inconscient sexuel". Dans son Traumdeutung (Il, 352), Freud explique en effet que la peur pa­nique des serpents est toujours en rapport avec la sexualité. Nous avons bien ici un serpent et un acte sexuel. Cependant, " ... faut-il accepter cette clé interprétative ? Pourquoi, s'interroge le psycho­logue Jacques van Rillaer, ne pourrait-on plutôt tirer argument du fait que la peur du serpent est plus universelle et plus précoce que la peur du pénis, pour affirmer que la peur du pénis découle de la peur du serpent et non 1 'inverse ? Il est en tout cas bien établi qu'à partir de deux ou trois ans, les enfants et les singes ont spontané­ment peur d'un serpent et non d'un pénis ... ".33

Ces deux objections ayant été écartées, entamons maintenant

33 Van Rillaer, Jacques, Les illusions de la psy chanalyse, éditions Mardaga, 1995.

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le décryptage en profondeur du sceau sur argile no U .14597. Vous noterez ci-dessous que l'auteur de ce sceau a pris toutes les pré­cautions du monde pour coder, à 1 'aide de figures et de signes su­mériens archaïques, l'identité du personnage central, à savoir un SUTUMou GINA-AB-UL, donc un lézard. C'est un peu comme aux premiers temps des monothéismes juif et chrétien (et même avant ! ), lors desquels était interdit de citer le nom de Dieu ou de le repré­senter directement. Le sculpteur de ce cylindre a cependant brisé le tabou concernant l'aspect, puisque le "dieu" est clairement repré­senté, sauf que le terme de "Gina 'abu/" ("lézard") est effectivement codé dans le dessin.

29.

Le codage a été rendu possible grâce à l'utilisation d'un enfant (à gauche), Dumu en sumérien. Or, le signe archaïque sumérien DUMU se confond avec le terme GINA, ces deux mots exprimant les définitions suivantes : "véritable", "véridique", et "enfant".

Au milieu de la scène figure notre reptilien. Pour être certain que ce dernier soit associé à un dieu, l'auteur y a placé un soleil (au milieu, en haut), sauf que cet astre est totalement inhabituel. De mémoire de chercheur, aucun soleil n'a jamais été gravé de cette manière sur un cylindre. Un seul signe archaïque sumérien consiste en un tel quadrillage entouré d'un cercle, il s'agit du mot AB, aba ou AD (Ad-da), dont l'équivalent akkadien est Abu. Ce mot veut dire à la fois "père", "ancêtre(s)" et "puissance paternelle". Placé ainsi près du dieu reptilien, nous comprenons que le personnage

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central est un père, un ancêtre qui détient la puissance paternelle. Voilà qui est on ne peut plus limpide !

On a au final, à 1 'extrême droite, une fleur ou un bouton de fleur. Ici encore, 1 'artiste a suggéré dans un dessin le terme qu'il voulait exprimer. Il n'utilise cette fois-ci pas un signe archaïque sumérien, mais un idéogramme en forme de fleur ou de bouton de fleur : ce terme se dit UL en sumérien. Or, le UL sumérien exprime à la fois "la fleur", "le bouton de fleur", mais aussi "la splendeur", "la ma­gnificence", "une étoile", le fait de "briller" ... Ce bouton de fleur se trouve sur plusieurs sceaux d ' Ur, et exprime à chaque fois la magnificence ou la splendeur.

Ainsi donc, et d'une façon totalement astucieuse, le créateur de ce cylindre a réussi à y introduire le nom interdit des dieux repti­liens de Sumer, les GINA-AB-UL, à savoir les "véritables ancêtres de la splendeur".

L'identité du "dieu" ayant été divulguée, voyons ce que ce cy­lindre exprime exactement en notant que le codage qui nous appa­raît ici est très précis.

Ur, n o U .14597

30.

La scène centrale représente un accouplement, et je dirais quant à moi qu'il s'agit plutôt d'un viol. La femme placée à l' extrême droite tient la femme ployant sous sa charge par les cheveux, alors que le Gina'abul (lézard) profite de sa position pour la féconder. Nous avons ainsi la preuve formelle que certains humains tra­vaillaient pour le compte des dieux -l'autre partie du message étant que l'humanité travaille pour ce père, ou ancêtre.

À gauche, nous trouvons un petit être qu'on imagine facilement

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être un enfant, et plus précisément 1 'enfant issu de cet accouplement interespèces. Plusieurs éléments nous permettent de le déduire, dont les deux qui suivent: l'enfant tient une sphère entre les mains et son dos est surplombé par une ombre. La sphère n'est sans doute pas un morceau de pain comme le pensait Léon Legrain, mais plutôt ce que j'appelle dès le tome 1 des Chroniques un Gurkur ("sphère du Kur"), un appareil qui émet différents niveaux de fréquences et permet de voyager dans le Kur. Je rappelle que le Kur comporte les dimensions adjacentes à la dimension dans laquelle nous évoluons.

31. Vase en céramique provenant de Tell Agrab (Irak) - musée de Bag­dad. Des personnages de types amphibiens ou reptiliens, de la même fa­mille que ceux représen­tés à Obeïd et à Oueili, tiennent en mains des sphères qui pourraient être des Gurkur.

David leke parle de ces mêmes objets dans son ouvrage Les Enfants de la Matrice, vol. 1, p. 163.34 Le chaman zoulou Credo Mutwa attribue ces sphères aux Mzungu, des entités "nordiques", que je pense être des reptiliens albinos de type Kingu, à l'instar de 1 'Horus présent sur la couverture du présent ouvrage. Credo Mutwa prétend que ces sphères permettent à ces entités d'apparaître et de disparaître à volonté. Une fois encore, plusieurs éléments prove­nant de sources parfaitement distinctes corroborent la signification du sceau de notre étude. La sphère placée dans la main de 1' enfant veut dire que ce dernier est capable de changer de dimension. Le fait-il naturellement ou à l'aide de cet objet ? Nous n'en savons rien, mais la sphère, elle, est là pour montrer qu'il peut le faire !

Le second élément qui nous démontre que cet enfant provient bien de l'accouplement du Gina'abul avec la femme humaine est la présence de cette ombre étrange dans son dos. Et c'est à son

34 leke, David, Les Enfants de la Matrice, vol. 1, éditions Louise Courteau, 2002.

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tour David leke qui apporte tout son sens à cette ombre, après avoir dit plus haut à propos d'individus nantis de gènes reptiliens : " ... Si vous pouviez voir au-delà des jeux de fréquences de la lu­mière visible, vous pourriez alors voir une autre entité qui 'ombre', qui adoube, qui surplombe en quelque sorte 1 'apparence humaine de ces leaders et ces grands dirigeants du monde ... ". Conformé­ment à l'information d'leke, l'enfant hybride et inter-dimensionnel est bien surmonté d'une ombre !

Nous pouvons aussi ajouter que l'association réalisée entre DUMU ("enfant") et le terme GINA ("véritable") donne une identi­té génétique supplémentaire à cet enfant considéré comme authen­tique, à savoir qu'il possède légalement la "puissance paternelle" que lui a transmise son géniteur.

L'enfant est assis sur un étrange rectangle qui reproduit parfai­tement le signe archaïque GIS (Esèru en akkadien), lequel signifie le fait "d'être droit", "d'être en ordre", de "prospérer" et de "réus­sir". Tout un programme pour cet enfant qui possède le gène royal des dieux et qui fera sans doute partie de l'élite intellectuelle et politique de l'humanité. Cette élite existerait peut-être encore au­jourd'hui, un sujet dont David leke a fait le thème central de ses ouvrages.

Face au visage de l'enfant, on voit un triangle énigmatique qui n'est autre que la reproduction du signe archaïque DÙ qui a pour sens "mouler", "attacher", "création", "créature". Le message ne peut être plus précis. Un hasard, encore un ? Laissons les mauvaises langues prétendre que l'on peut faire dire n'importe quoi aux mots anciens et autres sceaux en argile à l'aide du syllabaire sumérien.

Une autre information importante apparaît juste au-dessus de cet enfant et du triangle (en haut, à gauche) : on distingue une sil­houette (ou une entité éthérique) qui se jette sur un humain. Libre à chacun d'interpréter cette représentation comme ille voudra. De mon côté, étant donné que je connais parfaitement le caractère ar­chontique des Anunnaki (ou de leurs descendants), je vois dans ce dessin une entité inter-dimensionnelle qui agit comme le ferait un prédateur. Cette scène est justement placée au-dessus du reptilien et de sa progéniture, ce qui veut dire que ce pouvoir leur est spécifique à tous les deux.

Revenons à l'image centrale. Vous noterez la taille de ce repti­lien par rapport à celle des deux femmes, particulièrement celle de

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droite: il est très grand! Si les humaines font 1,60 rn, le Gina'abul fait au moins de 2 rn à 2,10 rn de haut. Autres particularités, ce Gi­na'abul (qui est sans doute un Anunnaki) possède un crâne allongé et une sorte de pelage au niveau du cou, voire une barbe. Ce dernier point est intéressant parce que les dieux sont généralement porteurs d'une barbe dans l'art mésopotamien. Ils ont bien entendu des traits humains la plupart du temps, conformément à un code "de bien­séance" de ce temps-là qui interdisait de représenter les "dieux" tels qu'ils étaient vraiment. Ce sceau sur argile est ainsi 1 'un des rares que l'on connaisse aujourd'hui où un "dieu" est représenté "pour de vrai".

La femme, soumise à la domination du reptilien, ploie sous sa tâche. Elle porte un pot (ou un seau) d'une main et une cruche de l'autre. Le "pot" (ou "seau") n'apparaît pas dans la liste des signes archaïques sumériens. Un "pot" se dit SAB, et il s'agit également d'une forme verbale qui exprime le fait de "répartir en lot" et de "rassembler des portions". Il est possible qu'il y ait eu, avec ce pot­là, l'intention de notifier la volonté des dieux de sélectionner un certain type d'humain pour la procréation de leur lignée royale, vo­lonté qui nous est indiquée par la présence de 1' enfant.

Le second pot ressemble fort au signe archaïque UKKIN(NA) qui désigne l'assemblée- celle des dieux sumériens (il indiquera plus tard celle des rois). Cela traduit à mon sens la volonté des dieux et de leur grand conseil de se multiplier par l'intermédiaire de ce type d'humaine, dont les gènes sont compatibles avec ceux des Gina'abul. La femme tente de soulever ce pot (l'assemblée des dieux), ce qui peut aussi signifier que l'humanité travaille pour le compte de cette assemblée divine - elle est à son service ! Elle sou­tient effectivement, ou supporte, l'assemblée des dieux.

Le troisième récipient est une cruche à bec qui reproduit le signe archaïque TAG, qui a pour sens "toucher", "frapper" et "rendre im­pur". N'est-ce pas là ce que nous voyons directement sur ce cylindre? L'humanité, transformée par le génie génétique des Gina'abul-Ar­chontes, n'a-t-elle pas aussi été rendue impure? Il est également in­téressant de faire un parallèle avec la mythologie juive, laquelle fait du serpent un principe d'impureté. L'image du serpent dans le ju­daïsme est la plus négative qui soit. Le serpent incarne le principal ennemi de l'homme. Une femme qui est enceinte, qui a ses règles ou qui vient d'accoucher est impure. Le serpent ici présent ne figure

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pas le serpent instructeur du jardin, mais simplement un serpent Anunnaki qui engendre sa progéniture, et préserve ainsi sa lignée via la sélection, représentée sur notre image par le SAB ("répartir en lot") mentionné plus haut. Il est tout à fait possible que ce concept typiquement sumérien se soit diffusé parmi les anciens Hébreux lorsqu'ils étaient à Babylone. Le thème du serpent instructeur Enki­Éa et le serpent présent sur ce sceau se seraient alors combinés pour générer cette conception d'un vil serpent (parfois appelé Samaël) qui aurait tenté et corrompu Eve ... C'est énorme !

Encore trois signes à traduire et nous aurons fait le tour de ce document remarquable à bien des égards. Tout d'abord les deux cercles dessinés en face du visage de la femme. Tous deux entrent dans la liste des signes archaïques sumériens. Ils se complètent ici, car ils expriment la même idée. HAB signifie "une mauvaise odeur" et quelque chose de "malodorant", et NIGIN2 , "des vertiges", "un malaise", "un étourdissement" et le fait "d'entourer" une personne ou un objet. Inutile de chercher plus loin ce qui est expliqué ici et que nous avons déjà mentionné plus haut, lorsqu'Adam se demande : "Qui m'a plongé dans cette tristesse infinie des mauvais anges, dont l'odeur est fétide, dont la (orme est abominable ? " (tiré du Livre d'Adam ou Code Nazaréen, 2e partie, extraits du chapitre 13). Je doute que 1 'auteur de ce texte de 1 'époque du judaïsme préchrétien ait eu connaissance de ce sceau, bien qu'on ne saurait jurer de rien. Des Gina'abul émane effectivement une odeur particulière pour les humains, chose qui est clairement mentionnée sur plusieurs docu­ments qui n'ont pourtant rien en commun.

Voyons enfin la dernière de ces représentations : celle de la de­mi-lune présente au-dessus des deux femmes. Dans l'iconographie mésopotamienne, on représente souvent trois astres dans le ciel : le soleil, la lune et une étoile (ou une constellation, à savoir celle des Pléiades). Nous avons vu plus haut sur ce sceau, que le soleil avait astucieusement été "adapté" à l'aide du pictogramme AB ("père") et que l'étoile n'est autre que le UL (la "splendeur" ou "magni­ficence"). Dans la liste des signes archaïques, la demi-lune telle qu'elle est gravée ici correspond au terme BUZUR, qu'on traduit par "secret" ou "mystère".

Pour conclure et nous résumer, l'idée générale du sceau est celle d'un secret d'initié qu'il faut absolument garder. Récapitulons ainsi les points essentiels qui impliquent ce secret. Les dieux ont l'ap-

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TRACES ARCHÉOLOGIQUES ET HISTORIQUES DES GINA-AB-UL 415

parence animale de lézards et ont mis l'humanité au travail en la faisant littéralement ployer sous le labeur pour entretenir leur as­semblée, donc leur autorité et raison d'être. Ces dieux portent le nom de Gina 'abu/ ("lézards") et dégagent une mauvaise odeur. Il y a plusieurs milliers d'années, les Gina'abul ont sélectionné des hu­mains en secret (ceux qui possédaient un gène particulier ?) pour se reproduire avec eux et perpétuer ainsi leur race sur la Terre. Ainsi, l'humanité a été frappée et rendue impure. Sont-ce ces accouple­ments ou bien des manipulations génétiques qui ont transformé les humains en esclaves (Adam, litt. "animaux")? Sans aucun doute les deux. De ce croisement interespèces sont nés des enfants- des créa­tures- qui avaient pour mission "d'êtres droits", de "prospérer et de réussir". Il est indéniable que ces entités colonisatrices Gina' abul, dont la faction guerrière est baptisée Anunna(ki), se projettent selon une autre périodicité que celle que connaît l'être humain ordinaire, à savoir qu'ils s'y prennent plusieurs décennies, voire des centaines d'années à l'avance. Leurs méthodes et comportements à long terme indiquent des êtres quasi immortels, et non des humains aux existences plutôt éphémères. Leur progéniture jouirait de certaines de leurs capacités, comme celle de pouvoir passer d'une dimen­sion à une autre, chose que démontre David leke dans ses ouvrages. Pour leke, ces enfants se dissimulaient autrefois parmi l'élite, celle des prêtres et des scribes. Ils se cacheraient aujourd'hui au sein des milieux de la noblesse et des intellectuels, ceux qui accaparent les postes les plus importants de notre société et détiennent le pouvoir.

Voilà par conséquent ce que l'on peut dire sur ce sceau sumé­rien, la décomposition dont nous venons de faire état ne devant rien au hasard. Le message est entièrement et parfaitement limpide, et chaque symbole ou signe archaïque a savamment été choisi.

L'examen de ce document exceptionnel nous aura permis de confirmer qu'il devait exister dans l'ancienne Mésopotamie, tout comme en Égypte ou ailleurs, des collèges d'initiés capables de co­der (et décrypter) une illustration. N'en déplaise à ceux qui ne vou­draient pas le reconnaître, la preuve définitive est ainsi établie qu'il a existé dans les anciens temps un langage crypté, et que celui-ci est en rapport avec une race reptilienne. Ce cylindre nous le démontre de manière éclatante. C'est le sumérien archaïque et son syllabaire qui ont permis de coder ce document, à l'instar de ce que les dieux Gina'abul ont établi avec les langages de la Terre en des temps re-

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culés - un procédé savant que je rn' efforce de vous dévoiler au fil de mes ouvrages. La tâche est d'ailleurs tellement démesurée qu'on ne saurait dire combien de livres cela nécessitera.

Pour finir, rappelons au lecteur cet extrait tiré du rouleau 4Q544, issu de la collection des Manuscrits de la Mer Morte. Deux person­nages singuliers apparaissent à Arnram, le père de Moïse, et préten­dent être des veilleurs. Le texte est très abîmé, mais sa lecture reste compréhensible :

"[Je vis des veilleurs] dans ma vision, une vzswn en rêve. Deux [hommes] se battaient à mon sujet en disant[ ... ] et menant grand combat à mon sujet. Je leur demandai : "Qui êtes-vous, qui avez le po[uvoir sur moi ?". Ils me répon­dirent : "Nous] [avons reçu] pouvoir et gouvernons toute l'humanité". Ils me dirent : "Lequel de nous [choisis-] tu [pour (te) gouverner?". Je levai les yeux et regardai]. [L'un] d'eux était terr[i]fiant d'aspect, [comme un s]erpent, [son] m[antea]u multicolore mais très sombre{. . .}. [Et je regar­dai encore] et[ .. .] dans son aspect, son visage comme une vipère, et [portant .. .][ .. .] et je vis 1 'autre qui était plaisant d'aspect ... ". 35

Manuscrits de la Mer Morte, rouleau 4Q544

Nous avons ainsi déterminé dans les pages qui précèdent qui étaient ces deux classes d'anges veilleurs, l'une aux traits reptiliens prononcés, l'autre ayant affiché une apparence plus "humaine".

35 Eisenman, Robert, & Wise, Michael, The Dead Sea Serails Uncovered, Element Books, Shaftesbury, Dorset, 1992.

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2

DE LA VIE À LA VIE par Nora Parks

Nora et moi avons longuement discuté du difficile sujet de la captivité du personnage de Sé'et, la future Isis (Aset), jumelle et M'nen-Ba (''même essence'') de Sa'am (Enki-Osiris). Cet épisode sensible se trouve dans Adam Genisis. Une partie de l'histoire du second volet des Chroniques s'articule autour de la disparition de Sé'et, la grande absente d'Adam Genisis. Le lecteur aura remarqué que cet épisode tient également, à travers l'enquête menée par Ho­rus, une place non négligeable dans le présent ouvrage.

Mon épouse et moi avions décidé de parler des phénomènes de visions ou de rêves qu'elle a vécus avant de me rencontrer, dans le livre que nous prévoyons d'écrire ensemble et qui devrait clôturer la série des Chroniques. Une bonne partie de ses visions cependant, relatent des épisodes dont la trame semble décrire la séquestration de Sé'et avant sa fatale disparition. Les précisions considérables que nous apportent les visions de Nora, qui complètent les miennes tout en leur étant parallèles, rn' ont incité à proposer dès 2008 à mon épouse d'en présenter le contenu dans ces pages. Elle n'était cepen­dant pas très enthousiaste à 1 'idée de devoir écrire car cela impli­quait pour elle l'obligation de commenter des expériences s'étant avérées plutôt difficiles. Je comprenais parfaitement sa réserve, et ce n'était d'ailleurs là qu'une proposition de ma part, qui suppo­sait qu'elle avait bien évidemment le choix de refuser. Le temps passant, Nora a finalement fait la démarche de se lancer dans la rédaction du dossier qui suit, chose qui lui a en définitive fait le plus grand bien.

Je sais à quoi je m'expose en lui ayant fait cette proposition.

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Mes propos n'ont nul besoin d'être plus légitimés qu'ils ne le sont déjà à travers les recherches annexes que j'ai menées. J'ai en mon épouse une confiance inconditionnelle et infinie tant je la sais in­tègre. On ne saurait guère la soupçonner de vouloir se poser là en vue d'acquérir une quelconque notoriété, car elle est parfaitement le contraire de cela. Ma proposition s'est uniquement appuyée sur la valeur des informations dont elle dispose - des informations qui me paraissent au demeurant aussi fiables que si elles émanaient de moi-même.

Ces précieux renseignements rn' ont rapidement orienté vers deux textes sur argile qui m'étaient jusqu'alors totalement incom­préhensibles. J'ai donc transmis à Nora plusieurs extraits de ces deux textes qui semblent, à la lueur des informations qui sont les siennes, décrire un seul et même événement. L'un des textes est su­mérien, et l'autre est paléo-babylonien. On retrouve dans ces deux poèmes une forme de "naïveté" souvent présente dans les textes sur argile, particulièrement dans leur version paléo-babylonienne.

Ces deux textes ont été déterrés à Nippur, la ville sainte d'En­Iii, située à Sumer- un détail qui pourrait expliquer que l'un de ceux-ci, "Enlil et Ninlil", évoque aussi facilement, même si cela le dessert, la détermination d'Enlil à sans cesse vouloir violer la reine, lequel recourt ainsi à un certain nombre de ruses pour assouvir ses désirs de procréation ...

J'ai toujours eu beaucoup de mal à lire ces deux tablettes et ce n'est qu'aujourd'hui que j'en comprends les raisons. Difficile, en effet, de faire abstraction des sentiments de Sa'am qui me lient à lui depuis de si nombreuses années. En survolant ces tablettes ce­pendant, j'avais déjà repéré un passage où il était question d'un "ennemi qu'il ne faut pas nommer"- que j'avais mentionné dans Adam Genisis (p. 283).

J'ai en outre communiqué à Nora les traductions des noms su­mériens et égyptiens du personnage féminin autour duquel les deux poèmes sur argile s'articulent. Je suis certain qu'ils seront très utiles à Nora pour décrypter ces poèmes, alors qu'elle vous livrera elle-même une expérience - la sienne - qui me paraît être d'une importance considérable.

Anton Parks

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DE LA VIE À LA VIE

Introduction

"Tu es né dans des draps aseptisés, dans une propre maison­née, où on te dit soi-disant en liberté. Mais as-tu vraiment décidé que tu es né pour une vie aseptisée ? Que soi-disant on est en liberté ? Nous passons de la vie à la mort. L'on te fait voir la misère d'à côté. J'ai été voir de ce côté, ce qu'était le mot respecter. Ils m'ont parlé du passé. Ils m'ont dit 'pour pouvoir évoluer, il faut se baser sur ce quis 'est déjà passé'".

ZAP MAMA, "Nous passons de la vie à la mort", tiré de l'album Sabsylma

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Il sera question dans ce dossier de faits qui n'ont apparemment été enregistrés dans aucun cristal, mais concernent néanmoins ce qu'a vécu Sé'et, la future Aset (Isis). Je suis persuadée que ces in­formations trouveront un écho chez certains d'entre vous et qu'ils contribueront à une meilleure compréhension de la trame histo­rique dont nous sommes tous issus. Au fil de l'histoire de la créa­tion des dieux et des hommes, les imperfections, les erreurs et les mensonges s'accumulent jusqu'à former un enchevêtrement de si­tuations souvent inextricables. Remonter aux origines permet d'y voir plus clair quant aux motivations des différents protagonistes et laisse entrevoir des solutions, tant on ne peut agir sagement et effi­cacement qu'en étant en possession de tous les éléments du puzzle. À mon humble avis, une société privée de son passé ne peut tout simplement pas évoluer.

J'espère que le témoignage que constitue l'histoire relatée dans les Chroniques nous ouvrira à tous la voie de la sagesse et de 1 'Ac­tion juste, car cette planète ravagée par les guerres, la misère et les maladies en a bien besoin. En effet, les époques changent et le monde évolue, mais les méthodes de contrôle et de manipulation restent les mêmes. Les faits qui vont être relatés ici me semblent importants, car ils décrivent des événements qui ont influencé des choix politiques et ont donc eu des conséquences sur la vie de plu­sieurs peuples de cette planète, lesquels s'entredéchirent toujours à notre époque.

Je ne m'étais jamais intéressée à la mythologie avant de décou-

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vrir Le Secret des Étoiles Sombres à l'automne 2006. Les quelques tentatives de lectures de mythologies que j'avais entreprises, avaient rapidement été découragées par d'innombrables passages décrivant conflits et guerres intestines. Des membres d'une même famille qui se battent et se déchirent, quoi de plus triste et insupportable ?

À l'automne 2006 donc, j'ai comme beaucoup d'autres décou­vert les écrits d'Anton Parks à travers la première de ses interviews parues dans Nexus (France). J'ai ainsi été extrêmement remuée tout en ayant d'emblée le sentiment de très bien le connaître. Son style, ce qu'il expliquait, sa vision du monde- tout m'était familier. Il y a, dans sa façon d'exprimer certaines choses en profondeur et sa manière d'écrire, de grandes similitudes avec certains aspects de moi-même qui ne trouvent nulle part leur équivalent. Très touchée par tout ce qui émanait de lui, j'ai par conséquent commencé à lui écrire, et ce, avant même d'avoir lu le premier tome de ses Chro­niques.

Lorsqu'on rencontre l'âme sœur (ou "âme jumelle"), s'opère une reconnaissance en profondeur que nous n'arrivons pas à expliquer. Seuls de vrais jumeaux peuvent peut-être comprendre et savoir de quoi il s'agit, puisqu'ils connaissent bien certains de ces sentiments et sensations (moins intensément cependant) pour avoir vécu en symbiose depuis leur conception. Je pense qu'ils nous est égale­ment possible de ressentir de telles choses, sans que cela soit aussi prononcé, en entrant en contact avec des membres de notre famille d'âme que nous pouvons qualifier d"'âmes communautaires" et que certains appellent, à tort nous semble-t-il, "âmes sœurs". Je suis pourtant convaincue que nous n'avons qu'un seul double direct, qu'une seule âme sœur, 1 ou M'nen-Ba ("même essence") comme 1 'exprime la langue égyptienne.

Il faut savoir qu'Anton ne répond quasiment jamais aux mes­sages qui lui sont envoyés, car c'est tout bonnement impossible ! Mon courrier ayant néanmoins éveillé un écho chez lui, nous avons commencé à correspondre à un rythme régulier, quasi-quotidien, pendant plus de trois mois avant de prendre la décision de nous envoyer nos photos, et de finalement nous rencontrer. Que dire, si ce n'est que nous étions très amoureux avant même de connaître

1 Que certains nomment "âme jumelle". Cette terminologie a remplacé "âme sœur" au début des années 2000, Anton a cependant conservé la première appellation lorsqu ' il a démarré la série des Chroniques.

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nos apparences respectives. Si Anton n'avait pas répondu à mes courriers et si notre échange s'était arrêté là, je n'aurais pas insisté et serais restée discrète, tout en continuant à avoir sur lui un regard bienveillant: des âmes sœurs issues d'une même énergie se respec­tent.

Nous nous sommes donc rencontrés, avons ensuite décidé de vivre ensemble, pour finalement nous marier en 2008. Dans nos courriers, nous avions échangé nos opinions sur divers sujets, mais je ne lui ai parlé de mes expériences que depuis que nous vivons ensemble.

J'ai toujours fait des rêves assez particuliers au cours de mon existence et j'ai plusieurs fois eu des visions en étant éveillée. Les visions sont beaucoup plus exceptionnelles que les rêves, et cela ne m'est donc arrivé que rarement. Elles correspondent systéma­tiquement à des événements importants, en général des situations très difficiles -je n'ai jamais bien pu les vivre. Une telle chose est plus facile à vivre pour ce qui est des rêves car ils me semblent toujours plus clairs et plus détaillés. Sans doute est-ce dû au fait que je refoule moins ce que j'y perçois. Il est en effet normal de rêver, alors qu'il n'est pas courant de voir ou ressentir des choses en état de veille. Il m'arrive aussi régulièrement d'avoir des rêves prémo­nitoires ou bien de visualiser des faits précis concernant d'autres personnes. J'ai ainsi accès à des informations de manière détournée alors que la vie normale ne le permet pas. La plupart des gens trou­veraient cela "exceptionnel", mais lorsqu'on vit ces expériences quasi quotidiennement, cela prend de fait un caractère de normalité et perd son caractère insolite. Je suis convaincue que ces aptitudes sont présentes en chaque être humain.

J'ai toujours pensé que certains de mes rêves me faisaient voir des événements passés. J'ai bien tenté d'en parler et de trouver un soutien pour les comprendre, mais j'ai bien vite abandonné, car les gens à qui j'en parlais voulaient les analyser, et non simplement accepter ces informations comme des réminiscences d'événements passés. Il y a une très grande différence entre des rêves de type "vi­sions", qui contiennent des événements plausibles et parfaitement clairs baignant dans une ambiance très particulière, et des rêves normaux où abondent diverses symboliques et situations impro­bables. Les rêves prémonitoires sont quant à eux empreints d'une ambiance qui leur est propre et sont également facilement recon-

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naissables. Le phénomène était beaucoup plus fréquent lors de mon adoles­

cence. Cela se produit encore de temps en temps aujourd'hui. Je le vis beaucoup mieux que dans mes jeunes années, pendant les­quelles je cherchais des explications tout en doutant de moi-même.

J'ai pris l'habitude de bloquer de toutes mes forces les informa­tions auxquelles je pouvais avoir accès dans le cas de visions, ce qui explique pourquoi celles-ci s'expriment plus souvent à travers mes rêves. Ces expériences sont à peu près semblables à ce qu'a vécu Anton : je me retrouvais dans le corps de 1' entité que je pense aujourd'hui être Sé'et/Aset, et voyais et ressentais ce qu'elle vivait. Il y a cependant plusieurs différences notables. Mes visions et rêves n'ont pas la clarté de ceux d'Anton, notamment au niveau de ce que j'entends. Je n'ai pas perçu comme lui de dialogues dans une autre langue, tout étant directement exprimé en français. Ces résurgences d'un lointain passé impliquent des scènes complètes, et d'autres, beaucoup plus nombreuses, se révèlent être des flashes très fur­tifs, qui m'ont néanmoins permis d'expliquer certains éléments de 1 'analyse que j'effectue après les avoir retracées.

Ce que j'ai vu correspond souvent à des passages très éprou­vants de la vie de Sé' et/ Aset. Cette entité avait une très grande force intérieure et restait droite et noble face à ses adversaires. Ayant une grande sensibilité et beaucoup de compassion, elle se remémorait les passages difficiles qu'elle avait vécus et les ressassait abondam­ment lorsqu'elle se retrouvait seule. Elle a engendré chez moi une très grande charge émotionnelle, et, j'ai eu accès à ces sentiments chargés de souvenirs dans mes rêves et visions tout en les revivant.

Il est quant à moi évident que ce n'est pas exactement le même processus qui est à l'œuvre pour Anton et pour moi-même. Dans le cas d'Anton, c'est la lumière qui sert de véhicule aux informations (celles enregistrées par Sa'am et Heru, probablement dans le cris­tal Ugur) qui transitent par son esprit. Pour moi, il s'agit plutôt de sentiments correspondant à un ressenti extrêmement net et précis, bien que les visions d'Anton soient également chargées d'un point de vue émotionnel, étant donné qu'il ressent aussi tout ce que le personnage vit. Mes rêves et visions sont cependant en nombre très limités, et je suis loin d'en avoir vécu autant qu'Anton - le contenu des siens étant en outre plus complet.

Je suis persuadée que si Anton a pu recevoir ses visions pendant

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si longtemps, c'est grâce à l'écoute attentive et dénuée de jugement de sa mère. Qu'elle soit ici éternellement remerciée pour 1 'ouver­ture d'esprit dont elle a su faire preuve. Si Anton n'avait pas écrit, nous ne nous serions jamais rencontrés, et les habitants de cette planète n'auraient en définitive jamais pu prendre connaissance de cette part importante de 1 'histoire de 1 'humanité - telle est en tout cas mon opm10n.

Je ne considère pas ces visions et rêves comme étant du "channe­ling", étant donné qu'un "channel" décide du moment où il va rece­voir des informations, et qu'illaisse ainsi une entité parler à travers lui. J'ai connu plusieurs "channels" ; certains m'ont expliqué qu'il suffisait de se détendre et qu'ils disaient "ce qui leur passait par la tête". Je n'ai pour ma part jamais choisi de recevoir quoi que ce soit. Je n'ai en outre jamais vu de "channels" faire des recherches se rapportant à ce qu'ils exposent pour relier ce qu'ils "channelisent" à une vérité historique donnée. En fait, la majorité des "channels" délivre des messages qui concernent les temps passés, présents ou futurs sans que leurs allégations puissent être vérifiées. Je ne suis du reste pas une spécialiste de ces questions, mais je demeure persua­dée qu'il existe, parmi ces "channels", des personnes qui délivrent des messages authentiques et importants.

Au début de 2007, au commencement de notre merveilleuse his­toire d'amour, j'ai pris connaissance d'A dam Genis is avant tout le monde, sous sa forme manuscrite. En le lisant j'ai été étonnée de voir que le caractère d'Enlil correspondait parfaitement à celui du tyran de mes visions. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à faire certaines corrélations, pour finalement en parler à Anton. Il s'est alors avéré évident que ce que j'avais vu correspondait bien aux faits retracés dans les Chroniques, car j'ai découvert avec stu­péfaction que cela concordait parfaitement avec certains éléments manquants des Chroniques, dont certains n'ont jamais été portés à la connaissance de Sa' am ni de Heru- et donc pas à celle d'Anton.

Pour certaines visions (notamment celles de la captivité de Se'et et d'autres qui figureront dans le tome 4 des Chroniques), je n'au­rais pas directement pu faire le lien avec 1 'histoire relatée dans ces Chroniques, car je n'ai jamais eu accès aux noms des personnages. Sé'et avait également un regard sur le monde et une vision des choses qui différaient de ceux de Sa'am. Ce qu'Anton décrit dans ses ouvrages est empreint de ce qu'était Sa'am-Heru et de sa façon

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d'appréhender le monde et les événements. Les détails qui rn' ont troublée en lisant le tome 2, et qui ont motivé ma décision de parler de ces visions à Anton, concernent un personnage important des Chroniques qui a hanté mes visions, à savoir Enlil. Je connais par cœur ce personnage et son caractère pour rn' être retrouvée face à lui à de très nombreuses reprises lors de mes expériences.

Ce n'est, de plus, pas de gaieté de cœur que je présente cette enquête et révèle les informations auxquelles j'ai eu accès. Je sais que je vais certainement être la cible de critiques et générer ainsi d'éventuelles polémiques autour d'Anton. Certains lecteurs seront tentés de se dire "C'est trop gros !":Anton et Nora Parks, chacun ayant accès à une partie de l'histoire vécue par les deux jumeaux Osiris et Isis, qui se complètent pleinement. .. Par conséquent, tant pis :je ne le fais pas pour plaire, mais par amour de la Vérité. Lavé­rité et le miracle de la vie trouvent, et trouveront toujours la possi­bilité de s'exprimer. Sé'et aurait sans doute aimé qu'il en soit ainsi, elle qui a toujours pris des initiatives qui la desservaient pour dé­noncer l'injustice et construire un monde de respect et d'harmonie. Je le fais au nom de la mémoire de l'Histoire qui, j'en suis convain­cue, devait tant lui tenir à cœur.

Pour une question d'intégrité du récit que retracent les Chro­niques, j'ai donc, non sans difficulté, décidé d'inclure les informa­tions auxquelles j'ai eu accès dans ce dossier. Pour plus de facilité, ces visions seront décrites à la première personne, ce qui sera bien plus simple pour exprimer les sentiments vécus par Sé'et ;je procé­derai ainsi par épisodes ou séquences. Ces différentes scènes sont certainement séparées par de longues périodes de temps. Je les ai en tout cas classées - en faisant certaines déductions - de la plus ancienne à la plus récente.

Certains des faits relatés ci-après n'ont pas été inscrits dans Ugur, et Anton n'a donc pas pu y avoir accès. Je ne suis cependant pas certaine que les éléments relatifs à la vie de Se'et sur Mars n'aient pas fait partie des souvenirs d' Aset (Isis). À la fin d'Adam Genisis, elle précise dans sa dernière entrée que "Je me suis remémoré cer­tains épisodes", sans préciser lesquels, et sans dire si elle en a parlé à Sa'am (celui-ci étant déjà décédé lors de cet enregistrement). Les Amasutum ancienne souche avaient à nos yeux de grands pouvoirs, liés au fait qu'ils puissent avoir accès à la quatrième dimension. De plus, Aset était vraiment particulière : elle avait des gènes Ab-

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gal, ainsi que des gènes Amasutum ancienne souche, tout comme sa mère Nammu. Il est bien possible qu'elle ait eu connaissance de ces faits et que ces informations aient été enregistrées par elle dans Ugur, après la mort d'Osiris. Elle aurait très bien pu les effa­cer avant de transmettre le cristal à son jeune fils Horus. À travers ce que j'ai perçu d'elle, de son caractère, il est pour moi évident qu'elle n'aurait pas parlé de ce qui s'était passé sur Mars, étant donné la gravité des faits ...

Dans tous les cas, il y a effectivement quelques-unes des visions que j'ai reçues qu'elle n'aurait pas pu enregistrer dans un cristal, dont une en particulier qui sera dans un des dossiers du tome 4 à venir des Chroniques ; il y a une bonne raison à cela, mais nous y reviendrons le moment venu. La résurgence de ces informations n'est donc pas obligatoirement dépendante d'un enregistrement dans un cristal.

Pour finir, certains voudront voir en nous la réincarnation des personnages de Sa'am et de Sé'et. Il n'y en aura jamais aucune preuve, mais chacun est libre de croire en une telle éventualité. Qui pourrait d'ailleurs le savoir avec certitude? Nous? Comment sau­rions-nous alors être objectifs à ce sujet tout en ayant été imprégnés de ces personnages pendant de nombreuses années - et alors que nous le sommes encore aujourd'hui ? Leurs caractères sont certes parfois semblables aux nôtres, mais cela ne constitue guère une preuve, ni pour nous, ni pour personne; chacun croira ce qu'il sou­haite croire à ce propos- nous ne comprenons d'ailleurs pas bien que cette question ait une quelconque importance pour certains et ne voyons pas ce que cela changerait à cette histoire. C'est un peu comme visiter une galerie de peinture et ne pas se décider à y ache­ter un tableau qui nous plaît avant d'avoir vu l'artiste pour constater sa beauté physique, ou savoir s'il est de bonne famille. L'impor­tant n'est-il pas ce qu'une œuvre éveille chez la personne à qui elle plaît?

Nos lecteurs ne sauraient imaginer le nombre de femmes qui écrivent à Anton en se prétendant être la réincarnation d'Isis. Cer­taines se montrent très insistantes, mais au vu du contenu de leurs courriers et des termes employés, il est impossible de rester dans le domaine du rationnel. J'ai cependant tenté de communiquer quelques rares fois avec certaines de ces personnes ; il a néanmoins été difficile de maintenir le contact dans le temps, car leurs réac-

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tions, dénuées de tout fil conducteur, devenaient de plus en plus irrationnelles malgré mes tentatives d'aborder les sujets évoqués avec pragmatisme.

Qui sait si nous ne pourrons pas un jour ouvrir une agence ma­trimoniale pour faire se retrouver tous les Isis et Osiris qui nous contactent ? Peut-être que les véritables réincarnations de ces deux personnages pourraient alors se retrouver ?

Il est aussi très intéressant de constater que les femmes qui se prennent pour Isis relèvent de notre point de vue souvent de l'ar­chétype d'Innana-Ishtar (Nephtys) : les propos contenus dans leurs courriers sont émaillés de sous-entendus insidieux et provocateurs, qui confinent pour certains à l'intimidation. Inanna-Nephtys était une grande manipulatrice et aimait par dessus tout être vénérée : elle désirait être un personnage politique important- une dirigeante. Rien de commun avec Isis, qui était plutôt simple, réservée et sen­sible à la poésie, elle qui a accepté un rôle de dirigeante, non par égotisme ou par choix, mais pour essayer d'assurer une autonomie et une certaine liberté à une partie du peuple (Gina'abul et humains) -un rôle qu'elle se sentait obligée de tenir, en mémoire de sa mère Nammu et de son double assassiné. Nephtys aimait avoir des gens à son service, tandis qu'Isis aimait être au service des gens. Le carac­tère d'Isis était vraiment très proche de celui de Nammu, et il a été largement décrit dans le tome 1 et 2 des Chroniques, alors que celui de Sé'et (la future Isis) n'a quasiment pas été évoqué avant le pré­sent tome 3. La vision générale qu'Anton et moi avons d ' Isis, c'est qu'elle n'avait qu'une envie: vivre une vie simple et normale !

Fait étrange, aucune femme ne nous a contacté qui s'identi­fiait à Nammu. La seule chose qui différenciait pourtant Nammu de Sé'et-Aset, c'était l'expérience et la sagesse que la vie apporte, ce qui faisait que Nammu était bien moins emportée et émotive que sa fille Sé' et. Nammu représentait pour sa fille le modèle de ce que cette dernière aspirait à devenir, ne se rendant en cela pas bien compte à quel point sa mère et elle se ressemblaient déjà. Nammu et Sé'et avaient énormément de choses en commun : le désir de justice et de l'égalité entre les races, l'amour profond, presque démesuré qu'elles avaient pour les animaux et surtout pour cette planète, qu'elles considéraient être d'une importance capitale. In­térieurement, elles se ressemblaient immensément ; elles avaient également l'une pour l'autre un respect considérable. Elles avaient

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aussi en commun ce caractère rebelle qui leur a toutes deux valu d'être bannies de leur famille Gina'abul.

Nephtys voulait ressembler à Isis et la remplacer, misant tous ses efforts sur une parfaite ressemblance physique, en croyant qu'une identité d'apparence et de comportement lui octroierait la "classe" d'Isis. Il y a des choses qui ne s'acquièrent malheureusement (ou heureusement) qu'à travers l'humilité et l'accession à son être pro­fond, et non à travers la reconnaissance qu'autrui est susceptible de vous témoigner. J'ai néanmoins beaucoup de compassion pour ce personnage car je sais qu'elle a toujours voulu satisfaire ses proches, et qu'elle était ce faisant de bonne foi. Pour ce qui est cependant de la forme, elle a usé de mensonges et de subterfuges pour arriver à ses fins, ce qui n'est évidemment pas à son avantage. Le vieil adage "Bien mal acquis ne profite jamais" ne semble pas l'avoir beaucoup inspirée. Ce qui est fort dommage, car celui-ci fait référence à une très importante loi karmique.

Lorsque Nephtys a demandé à Isis de la soutenir après la mort de Sa'am, elle lui a pardonné ses fautes et a accepté de l'aider, car elle a toujours su que Nephtys était manipulée et utilisée par le camp adverse. Isis avait de la peine pour elle, et voyant bien qu'elle était victime de sa situation, la Reine du Trône d'Égypte ne pouvait pas refuser de lui accorder son soutien. Les Usumgal ont ainsi utilisé la soif de reconnaissance d'Inanna-Nephtys pour la manipuler. Le clan Usumgal a de fait toujours utilisé des sous-fifres pour arriver à ses fins, car connaissant les lois karmiques et ne voulant pas y être soumis, il ne fait jamais directement les choses.

Pourtant, la réalisation de Soi ne vient jamais à travers le désir de contenter les autres, mais bien en faisant de ses intentions et de ses rêves d'enfants autant de réalités. La mémoire de ces rêves est néanmoins souvent refoulée au plus profond de nous-mêmes, car l'enfant cherche toujours à se faire aimer et accepter de ses parents, abandonnant ainsi une partie de lui-même pour être reconnu. Point de jugement dans mes propos quant à ce personnage et à celles qui semblent plus ou moins relever de cet archétype. J'ai moi-même éprouvé beaucoup de souffrances dans cette vie en essayant de me conformer à ce que les autres attendaient de moi. Je reste en re­vanche confiante et pleine d'allégresse, car je sais qu'à force de bienveillance et d'équité vis-à-vis de soi-même et des autres, le voile qui recouvre le fond finit toujours par se dissoudre, et ce fond

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représente pour nous tous la même chose, à savoir la Liberté. On s'identifie le plus souvent à ce qu'on souhaite devenir, et non

pas à ce qu'on est, étant donné que nous avons rarement une vision de nous-mêmes qui soit juste. Le chemin le plus court pour y arriver est ainsi de bannir tout mensonge et toute malveillance. Un vaste programme, quand on voit cette société sans éthique qui apprend à ses enfants à tricher avec eux-mêmes et avec les autres !

1. Le réseau souterrain

"J'accompagne ma mère. C'est une grande voyageuse. Au­jourd'hui ma mère m'a emmenée avec elle dans cet endroit déser­tique où le regard se perd. Le sable parsemé de rochers s 'étend sous mes yeux sans offrir la moindre trace de vie. Nous passons par un long couloir qui descend dans les profondeurs de la terre, et dont l'entrée se trouvait derrière un rocher. Le plafond est très haut, il a, ainsi que les murs, 1 'aspect du béton brut. Au bout de ce couloir, nous débouchons dans un autre couloir qui lui est perpendiculaire où s'ouvrent plusieurs entrées correspondant à diverses pièces. Ma mère va me laisser seule ici pendant qu'elle sortira travailler à la surface. J'ai un appareil qui me permettra de visionner des images et des films pendant qu'elle sera absente. Cet appareil émet de la lumière. Je suis un peu inquiète car ma mère rn 'a formellement interdit d'utiliser cet appareil dans d'autres endroits que celui-ci, sauf si elle my autorisait expressément. Nos ennemis savent repé­rer les lieux où luit ce genre de lumière. Ma mère me rassure : les parois et les murs de notre refuge souterrain sont très épais et ne permettent par conséquent pas que ce type de lumière puisse être repéré. Le savoir des êtres qui ont construit ces abris lui inspire une grande confiance : ces derniers ont été spécialement élabo­rés pour que personne ne puisse détecter la lumière qu'émettent nos technologies. Il ne s'agit ici pas seulement de lumière visible, mais des rayonnements qui lui sont associés, lesquels ne doivent pas être détectés, car ils attireraient immanquablement 1 'attention. Nos ennemis observent en permanence la totalité de la surface de la planète à partir de leurs vaisseaux stationnés dans les airs. Notre présence ici ne doit pas être connue. "

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Ici, Sé'et est très petite. Elle doit avoir environ deux ans. Le temps passé dans la pièce souterraine semble correspondre à plus d'une journée, durée pendant laquelle elle n'a pas mangé, sans pour autant ressentir la faim. Cette absence de sensation de faim corres­pond à ce qu'Anton dit de Sa'am dans les deux premiers tomes.

Ces souterrains font écho au Gigal décrit par Anton, et j'en dé­duis donc qu'il s'agit probablement de cet endroit. Si cette scène se déroule sur la Terre, Sé'et est donc bien passée par là avant d'y échouer avec sa mère et son frère (cf. la fin du Secret des étoiles sombres). On peut également constater que les Gina'abul resca­pés s'installent sur la Terre - elle s'y sent parfaitement chez elle et semble connaître les lieux. Il doit y avoir une bonne raison pour qu'on ait caché cela à l'ensemble des Gina'abul.

2. La construction des palais et de la pyramide

''Je suis mariée à un tyran que je n 'aime pas. Il a déjà fait bâtir des monuments et des palais sur une plaine sablonneuse par des es­claves. Maintenant, il fait construire une pyramide non loin de ces bâtiments. Il est très pressé qu'elle soit terminée, il est dans tous ses états et se montre irascible. Les hommes travaillent beaucoup plus qu'ils ne peuvent le faire, et certaines de leurs femmes leur apportent boissons et nourriture à la demande afin qu'ils ne soient pas freinés dans leur tâche. Sa façon de traiter ces hommes me révolte au plus haut point. Je ne supporte pas qu'un être puisse en maltraiter d'autres. Voir une telle scène me fait souffrir plus dou­loureusement que si je subissais moi-même ces brimades. Le tyran est constamment en colère et toujours insatisfait. Il n'approche pas ses esclaves à moins d 'un mètre, commes 'ils 'agissait de pestifé­rés. Il a pour eux un dégoût profond. Lorsqu 'il est très en colère, ses yeux deviennent rouges et émettent des rayons lumineux de la même couleur en direction de ceux que cette colère affecte, ce qui a un effet incapacitant qui calme immédiatement ces derniers en les soumettant. Lui seul a ce pouvoir. Ces constructions qui ne me plaisent pas ne sont pour moi que futilités, et je n 'éprouve pour celles-ci aucun intérêt. Tout ce qui m'importe est le bien-être de ces individus dont la condition me fait terriblement souffrir.

J'irais leur apporter mon aide ce soir, comme souvent. Ils vi-

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vent dans des tentes rudimentaires. Je les soigne lorsqu 'ils ont des problèmes de santé. Je sais guérir quasiment tous les problèmes de santé. Certains ont des maux d'oreille, mais ils 'agit cette fois d'un mal que je ne connais pas et pour lequel je n'ai aucun remède. Je suppose que c'est là le résultat des brimades comme des cris incessants qui émanent de ce tyran. Je suis très malheureuse de ne pouvoir les soulager plus que cela. Ils écoutent les hurlements de cet homme sans broncher. Ils sont résignés. Ils trouvent tout cela normal. Tout le monde me considère comme l'épouse de ce tyran et me traite comme telle, mais je n'ai pas décidé d'être avec cet homme, je sais que je n'ai pas eu le choix ... Je rumine mon indi­gnation- ce n'est pas ainsi qu'on traite les gens; aucun humain ne mérite d'être harcelé et méprisé de cette manière".

J'ai vécu ce genre de scène à plusieurs reprises. C'est une grande indignation qui gagnait Sé'et dans ces moments-là. Ce qui est unique quand elle voit Enlil en colère, c'est la façon dont elle perçoit le Niama (rayons lumineux rouges) qu'émettent les yeux du tyran pour soumettre ses sujets. Peut-être cette capacité de double vue était-elle propre à Sé'et ? Cette scène est vraiment celle qui m'a convaincue d'écrire ce dossier. Sé'et se sentait très liée à ces hommes et à ces femmes réduits en esclavage, et ils avaient, se­lon elle, connu beaucoup trop de souffrances. Elle les considérait comme ses enfants et éprouvait pour eux beaucoup de tendresse. Je n'ai jamais eu de visions me montrant Se' et liée à un quelconque travail agricole sur Mars, chose qu'elle était supposée faire là-bas, mais d'autres, très nombreuses, où elle soignait les humains.

Oui, des esclaves maltraités, qui n'avaient même pas droit à un habitat décent, ont bien construit ces bâtiments et cette pyramide, mais ce n'était pas sur Terre, c'était sur Mars !

3. L'errance dans les palais vides

"J'erre dans des palais grandioses construits avec des pierres blanches. Il y a de grandes terrasses sur lesquelles je me promène souvent en regardant le ciel avec nostalgie, dans l'attente de quelque chose ou de quelqu 'un ... L'horizon est morne et il n y a que le dé­sert à perte de vue. Quelques rares collines rocheuses assez basses

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parsèment le paysage. Il y a beaucoup de vent. Je suis seule pendant de très longues périodes. Le tyran revient régulièrement et s'en­quiert de mon état auprès des quelques soldats qui me surveillent. Lorsqu 'il vient là, il est fou de rage, et des expressions . telles que 'Elle n'est pas fertile 1' résonnent dans les bâtiments vides autant que dans ma tête. "

J'ai eu plusieurs fois des visions incluant les décors et paysages de la vision décrite ci-dessus ainsi que de la précédente. Il s'agit d'endroits bien distincts. Ces palais vides semblaient isolés, et je ne les ai d'ailleurs pas vu construire. Les décors évoqués ici et précé­demment correspondent à deux périodes: la première, où Sé'et était libre de circuler et de se retrouver avec le peuple parmi les bâtiments et la pyramide, et la deuxième, où elle connaissait 1 'isolement dans de grands palais vides (où il y avait très peu de mobilier) après qu'on ait bâti ceux-ci. Il s'agissait de palais où les humains n'avaient pas de logements et où ils ne pouvaient pas circuler ; ils vivaient à la place de cela dans des cages qui donnaient sur la cour intérieure de demeures princières. Ils étaient tous parqués ensemble sans être réunis par famille.

Connaissant Enlil, celui-ci désirait très certainement qu'elle rem­plisse ces palais avec leur descendance. L'isoler de tout et restreindre petit à petit ses rapports cordiaux avec les humains représentait une manière de la faire chanter. Il y a ainsi de fortes chances pour qu'il lui ait dit une phrase comme "Si tu souhaites de la compagnie, il faudra que tu l'engendres toi-même". Si son plan avait marché, il lui aurait fait porter un nombre incalculable d'enfants, eu égard à la grande taille des bâtiments- Enlil n'avait aucune limite.

Sé 'et instruisait les humains avec qui elle était en contact régu­lier. En grande rebelle, elle n'ajamais été capable de s'empêcher de tenir des propos subversifs vis-à-vis de ce régime totalitaire. Elle a toujours dénoncé l'injustice, comme les manipulations psycholo­giques qu'elle percevait avec une acuité et une intelligence rares. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on l'a arrachée au sol d'Uras (la Terre) et éloignée des siens. Elle perçait les projets des mâles Gina'abul à jour, et ceux-ci ne voulaient pas prendre le risque de voir leur autorité remise en question par qui que ce soit. Il est très probable que le fait d'avoir été isolée sur Mars dans de grands palais vides soit le résultat de son opposition à la politique tyrannique et

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despotique d' Enlil. Toute 1' ambiguïté apparente du personnage de Sé'et vient du fait qu'elle réunissait des prédispositions particulières qui cohabitent rarement au sein d'une même personnalité : elle était proche des gens simples- qu'elle savait apprécier-, elle était re­belle et avait des idéaux de paix et de partage. C'est pour ces raisons qu'elle a refusé le pouvoir lorsque celui-ci impliquait une attitude irrespectueuse ou inégalitaire (du moins pour la manière dont elle concevait ses idéaux, qui se situait bien au-delà de ce qu 'on pensait généralement). Elle avait une âme de Reine et ne pouvait s'empêcher de réagir devant l'iniquité, dont elle savait déceler les prémisses, notamment celles que masquent de beaux et séduisants discours ... Elle voulait éviter les conséquences de choix malencontreux à ses proches car elle devinait que celles-ci leur seraient fatales. N'était­ce là que de la présomption de sa part ? Peut-être bien. Dans le récit des Chroniques, les planificateurs ont laissé les humains et les Gi­na'abul faire leurs propres expériences car ils savaient bien que c'est là la seule façon d'évoluer. En plus d'avoir été captive, Sé'et a payé de sa vie le fait de vouloir préserver les siens en les prévenant.

4. Les jeux

"Aujourd'hui est un jour de festivités. Des jeux sont organisés à 1 'extérieur des palais. Les bâtiments entourent une cour intérieure dont le sol est en sable et où tout le monde se regroupe. Certains es­claves humains y participent, parmi lesquels une femme qui est mon amie. Ils 'agit d'unjeu de cartes un peu compliqué, dont les règles sont floues. Mon amie m'annonce : 'Toute la royauté est présente aujourd'hui, il ne leur sera pas possible de tricher'. Elle est très fière car elle a déjà participé à ce jeu à plusieurs reprises, mais en étant confrontée à des adversaires de mauvaise foi qui ont remporté la partie en trichant. Elle est pleine d 'assurance et sûre de gagner. Elle est très douée et intelligente, et je ne doute pas de sa réussite. Les spectateurs sont composés d'esclaves humains d 'une part, et de la royauté de l'autre. Je ne regarde pas la famille royale, à laquelle j'appartiens pourtant du fait de mon statut, car mon cœur et ma sympathie vont à ces esclaves, toute mon attention étant concentrée sur ces derniers. L'oppression qu'ils subissent est telle, tout comme l'est leur résignation 1 Ces jeux sont pour eux l'occasion de mon-

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trer à quel point ils sont intelligents, et c'est aussi, après tout, une opportunité de se distraire, et d'oublier des tâches qui rongent peu à peu leur moral et les minent lentement en leur faisant perdre goût à la vie.

Moi aussi,} 'ai perdu goût à l'existence et leur présence constitue ainsi ma seule raison de vivre. Je vais les voir dès que je puis pour les instruire à propos de différentes choses, parmi lesquelles la réin­carnation et la continuité de l'âme.

Le jeu se déroule comme je m y attendais, et mon amie gagne. Elle a aujourd'hui montré à tous qu'un humain disposait d'une bien plus grande capacité d'adaptation que cette famille royale imbue d'elle-même, elle qui se croit plus évoluée alors qu'ellen 'est fina­lement rien sans ses serviteurs humains. L'attention retombe enfin et les discussions commencent. J'en profite pour rêvasser un peu. J'aime rn 'évader dans mes pensées et imaginer que je pourrais être ailleurs, loin de cet endroit. Cette trêve est de courte durée car lorsque je vois à nouveau mon amie, je constate que son cou est enserré par une sorte de collet métallique fixé à un bambou dont se sert le tyran lorsqu 'il veut soumettre un esclave qui se rebelle. Tout cela est anormal, car cette esclave nes 'est pas rebellée et n'a pas essayé de se sauver; elle ajuste gagné et brillé par son intelligence toutens 'en montrant fière. C'est cela qu'il n'a pas supporté, et son acte n'est que pure vengeance.

Je regarde le tyran; on lit dans son regard dépourvu d'émotion une détermination mêlée de reproche. Soudain, je vois du sang sor­tir près de la main du tyran à 1 'extrémité de la canne en bambou. La panique me gagne et je saisis soudainement la gravité de la situa­tion : il est en train de la tuer ! Je porte mon regard vers mon amie, et je vois qu'elle est mourante ; son cou et son visage sont bleus. Je suis submergée par une infinie tristesse et un profond dégoût.

Tu me quittes, ma belle amie, ton combat aura ainsi été plus im­portant que ta vie. Aucun humain nes 'est rebellé comme tu viens de le faire, avec autant de force et de détermination. Les autres esclaves te regardent. Je perçois très bien leurs émotions et leurs pensées : ils sont tous traversés par un sentiment d'envie. La pers­pective de renaître ailleurs après leur mort, de quitter cette planète maudite où leur vien 'est que misère et résignation, les motive et je sens clairement que plusieurs d'entre eux seraient prêts à se révolter en étant prêts à subir son sort. Encore une fois, mes actions se sont

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retournées contre moi. Je pensais instruire ces gens et les aider à surmonter leurs épreuves quotidiennes, mais je me vois maintenant privée de ma chère amie, la plus brillante de tous.

Ma belle, je t'ai toujours dit que 1 'âme était immortelle. Tu me demandais souvent si nous nous reverrions dans d'autres vies, et je te répondais que oui. Tu étais joyeuse à une telle perspective et tu m'avais souvent reposé cette question, car tu aimais rn 'entendre te le confirmer. En cet instant qui voit ton âmes 'envoler, je revis tous ces moments bénis où ta présence a égayé mon cœur. Oui, nous nous reverrons, ma belle, mais plus dans cette vie - mais quand alors, dans combien de temps ? Je me retrouve plongée dans ma solitude comme dans un gouffre béant, un abîme qui me paraît sans fond.

La royauté se lève. Ils sont complètement insensibles à ce qui vient de se passer. Rien ne les émeut. Rien là de choquant, ni de révoltant pour eux. Aucune réaction, comme si rien nes 'était passé. Comment peuvent-ils être aussi impassibles, aussi indifférents à un meurtre, au spectacle de quelqu'un qui souffre en perdant la vie ? La scène a été très rapide. Le tyran est imprévisible, et il n 'est pas encore en colère que sa violence se déchaîne à la vitesse de 1 'éclair. Il prend bien soin de ne jamais approcher ni toucher un humain, tellement il les a en horreur ... Tout au plus les approche-t-il quand ils sont morts. Je me rends compte qu'il lui a suffi d'un seul instant pour commettre son crime. J'aurais dû être plus vigilante : peut-être aurais-je pu rn 'interposer ... ".

J'ai mis du temps à comprendre comment était exactement éla­boré ce dispositif malfaisant, car je ne l'ai pas vu de près. J'ai vu le fil métallique et j'ai réalisé que le bâton était en bambou. Vu que le sang a coulé à l'extrémité de ce bâton, j'en ai déduit que le fil métal­lique rentrait par un bout, formait un collet à l'autre l'extrémité, puis revenait. Celui qui le manipulait pouvait le serrer à son gré en tirant sur les deux fils métalliques. 2

Je voudrais profiter de ce passage pour expliquer quelque chose d'important. Au cours d'une vision donnée, il semblerait que je re-

2 J'ai découvert le film de science-fiction La planète des singes en 2009, et j'y ai constaté avec stupéfaction que les singes utilisaient des dispositifs similaires pour tenir les humains par le cou sans les toucher. Lorsque j'étais plus jeune, je n'ai jamais pu regarder la série qui s'inspirait du livre, et ce n'est que maintenant que j ' en comprends les raisons : les décors et l'ambiance de celle-ci ressemblent énormément à ce que j'ai vu sur Mars.

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vive (et c'est la même chose pour Anton) tout ce que Sé'et vit, pense et ressent à ce moment-là. Ce qui ne veut pas dire que l'ensemble de son savoir est accessible au même instant. Prenons un exemple concret: lorsqu'un maçon regarde une maison, il n'aura pas forcé­ment en tête l'ensemble de son savoir-faire. Ce qui explique qu'au moment où Sé' et a vu Enlil utiliser ce dispositif, elle n'avait pas en même temps les détails de son fonctionnement en tête, même s'il est certain qu'elle les connaissait. C'est la raison pour laquelle j'ai mis du temps à en comprendre 1 'élaboration une fois la vision ter­minée. Il était pour moi illogique que du sang puisse sortir de l'une des extrémités car le bambou était assez long (entre 1 rn et 1,50 rn). C'est le fait que ces fils métalliques passent à l'intérieur du bambou qui explique que cela ait été possible. J'ai en revanche vu d'autres scènes similaires où des humains qui tentaient de s'enfuir étaient rattrapés et capturés avec des dispositifs identiques, sauf que les bambous semblaient plus courts. Ce n'était cependant pas Enlil qui les maniait.

Nous avons vu dans Adam Genisis que Ninmah était allée sur Mars pendant une longue période pour créer une nouvelle lignée de travailleurs, en l'occurrence les Abar. Sé'et n'était à ce moment­là plus en vie. Je ne sais pas de quelle nature étaient les humains qui se trouvaient sur Mars lorsque Sé'et y séjournait ; ils étaient cependant de race blanche. Sur Terre, nous savons qu'il n'existait à cette époque que des humains de couleur noire. S'agissait-il des humains génétiquement modifiés prélevés sur la Terre ? Était-ce une première création réalisée par Ninmah? Les Abar créés ensuite par Ninmah ont-ils été engendrés à partir des gènes de cette pre­mière lignée blanche ? Je ne saurais répondre à ces questions. Tout ce que je peux affirmer, c'est qu'Enlil a très certainement utilisé ses propres gènes pour ses créations. Les Gina'abul ne pouvaient s'empêcher de procéder ainsi, comme si cette programmation était inscrite au plus profond de leur patrimoine génétique. Quoi qu'il en soit, Sé'et-Aset a toujours eu la plus grande affection pour les Âbar, même si elle n'était pas toujours d'accord avec eux. Elle sa­vait avant tout que ceux-ci représentaient des victimes, que ce soit sur Mars ou sur la Terre.

Trouve-t-on des traces de la captivité de Sé'et dans les textes anciens ? La réponse est oui. Analysons par conséquent les textes qui en parlent.

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5. Extraits du poème sumérien "Enlil et Ninlil" trouvé à Nippur (1re partie)

Il s'agit d'un document sumérien originellement restauré par Sa­muel Noah Kramer au début des années 1940, qui est ici traduit par Don Moore. La princesse de ce poème est née d'une déesse-mère agraire dénommée Nunbarsegunu, "la Noble étrangère du grain", comme c'est le cas de la grande Nammu, la mère d'Enki (Osiris) et de sa jumelle Ereskigal (Isis). Nammu avertit sa fille de ne jamais vagabonder dans la voie d'eau pure sous peine de rencontrer Enlil et d'être engrossée par lui, pourtant:

"[. . .]En la voie d'eau pure, Ninlil prit un bain. En la voie d'eau pure, elle se promena le long du canal princier. Et le seigneur au regard luisant, au regard luisant, jeta son regard sur elle. Le Grand Mont, l'auguste Enlil, au regard luisant [. . .]jeta les yeux sur elle. 'Je veux te pénétrer ! 'lui dit le seigneur. Mais elle refusa. 'Je veux t'embrasser' lui déclara Enlil, mais elle refusa. [Elle lui répondit:] 'Mon vagin est trop étroit, je ne peux l'agrandir! Mes lèvres sont trop petites, je ne pourrais embrasser ! '"

[. . .] Cette adolescente si plaisante, si rayonnante, cette Ninlil [. . .]nul ne l'avait encore pénétrée, nul ne l'avait embrassée. [. . .][Son] page procura alors à son maître une sorte de barque et la lui remit comme l'amarre d'un bateau. Elle le mena comme une grande barque. Le roi faufilé dans les roseaux pénétra et embrassa Ninlil [. . .].

Un jour, Enlil sillonnait le Kiur (le sanctuaire privé de Ninlil). Alors qu'il sillonnait le Kiur, les grands dieux- cinquante en tout -ainsi que les dieux qui arrêtent les destins -sept en tout, le firent arrêter au cœur du Kiur. [Ils lui dirent :] 'Enlil, ô violeur, quitte la cité ! '. [. .. ] Enlil obéissant à la décision prise [. . .] se mit en route et Ninlille suivit".

Voyons les analogies que pourrait receler ce poème, sachant que les Sumériens et les Akkadiens usaient de métaphores parmi les­quelles on pourrait découvrir des homophones. La jeune déesse est dès le début appelée Ninlil, la "prêtresse du souffle", en référence à son futur époux Enlil. Ne faut-il pas plutôt y voir une déesse du souffle de vie, comme le sera Isis-Bi-Na elle-même, elle qui créera

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le prodige avec le souffle (le Saint-Esprit) ? (Cf. l'arbre des Se­phiroth dans le présent ouvrage). On notera également que le nom de Ninlil est également celui qui était attribué aux différentes com­pagnes ou épouses d'Enlil, c'est donc un titre plus qu'un véritable nom.

Mais revenons au texte: Nammu, la mère de Sé'et, "la corijure de ne pas se trouver seule, de ne jamais vagabonder dans la voie d'eau pure". Cette phrase peut évoquer le fait de prendre un vais­seau et de voler. Nous sommes assez proche du concept égyptien de la Duat inférieure, qui symbolise le Nil et ses eaux souterraines, et de la Duat supérieure, qui figure la Voie lactée, donc le ciel.

Nous savons que Sé'et avait l'habitude de se promener seule en vaisseau sur la Terre. Il n'y a que quelques rares Amasutum d'un rang élevé qui pouvaient se déplacer seules. Les autres étaient sou­mises à des règles et ne pouvaient prendre d'initiatives sans en faire état à leur reine.

"En la voie d'eau pure, elle se promena le long du canal prin­cier": cette phrase suggère que notre jeune prêtresse se serait aven­turée sur une route fréquentée, et c'est lors d'un de ses déplace­ments qu'Enlill'aurait remarquée. Au-delà du concept de la Duat supérieure et céleste évoqué à 1' instant, nous trouvons également celui des routes célestes en Mésopotamie, où le ciel est subdivisé en plusieurs de ces voies célestes : la voie d'An, la voie d'Enki, la voie d'Enlil, etc. Nous pouvons parfaitement imaginer que la jeune déesse se serait engagée sur une voie qui n'est pas celle d'En­ki ... Nous comprenons ainsi que c'est au moment où Enlil se rend compte qu'elle est d'un rang élevé qu'il souhaite la posséder. Selon ce même poème, il lui fait des avances, mais elle refuse.

Autre analogie : Sé'et était effectivement vierge et Ninlil est pré­sentée de la même façon dans ce poème.

"[Son] page procura alors à son maître une sorte de barque et la lui remit comme l'amarre d'un bateau. Elle le mena comme une grande barque". Ce passage fait référence à un piège tendu : on remet à la jeune vierge une sorte de barque, comme l'amarre d'un bateau. Ne dit-on pas que 1 'on "tend la perche" ? La phrase "Elle le mena comme une grande barque" implique que la vierge (Sé'et) se comporte comme une reine, trahissant de ce fait son statut de fille d'une reine ! N'est-ce pas ce qui s'est passé lorsqu'elle a contesté l'attribution du pouvoir à Enlil lors de la première Assemblée sur

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la Terre? Seule une reine pouvait être capable d'une telle conduite et d'une telle audace, une attitude qui trahit une nouvelle fois sa filiation. Lorsque Sé'et est avec sa mère et les autres prêtresses, elle fait partie de sa suite, sans qu'elle soit distinguée des autres ; très peu savent qu'elle est la fille de Nammu. Ce n'est que lors de la pre­mière Assemblée, lorsqu'elle est retirée aux siens, que les Usumgal apprendront sa véritable filiation (cf. Adam Genisis, p. 98).

"Le roi faufilé dans les roseaux pénétra et embrassa Nin/il". Enlil se cache et prend la jeune femme par surprise. "Alors qu'il sillonnait le Kiur, les grands dieux- cinquante en tout- ainsi que les dieux qui arrêtent les destins -sept en tout, le firent arrêter au cœur du Kiur". Enlil va dans le Ki ur, le sanctuaire privé de la jeune Ninlil. Ce Kiur est à mettre en relation avec ce qui est pour les hu­mains le monde souterrain et interdimensionnel, à savoir le KUR sumérien. Dans ce passage, on comprend que la jeune vierge qui deviendra l'épouse du tyran est déjà absente du monde des vivants, celui des hommes. Nous sommes désormais sur Mars.

Les grands dieux - cinquante en tout (des dignitaires Anunna) - ainsi que les dieux qui arrêtent les destins - sept en tout (les Usumgal), ne purent tolérer que se produise une telle chose sur le territoire céleste qu'est Mars. Ce qui est compréhensible étant donné que les femmes qui allaient épouser les Anunnaki de la Terre étaient de la même famille que Sé 'et. Sur Terre, nous savons que les Ama'argi qui se sont unies aux Anunnaki étaient toutes volon­taires. Elles n'auraient jamais pu accepter le viol de 1 'une d'entre elles, et encore moins le viol de la sœur de leur reine Dim'mege (Lilith) ! Il y avait sans doute beaucoup de monde sur Mars, et pas mal d'échanges commerciaux, et ainsi autant d'opportunités de col­porter des informations. Enlil mettait donc en péril la réussite du projet des dieux, qui était de créer des familles et d'engendrer une descendance.

Il me paraît clair que les Usumgal ont dû faire un compromis en donnant l'autorisation à Enlil de s'exiler avec Sé'et dans le dé­sert de Mars, dans des palais construits pour lui seul. En faisant cela, ils se sont déchargés de leur responsabilité en ce qui concerne ses actes puisqu'ils ne voyaient plus ce qu'il faisait. Les Usumgal n'ont pas violé Sé'et et n'ontjamais reconnu un tel acte, puisqu'ils connaissaient les lois karmiques. Mais revenons à présent à mes visions.

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6. Sé'et à l'agonie

"Je suis couchée sur un matelas à même le sol, isolée dans une pièce, et je tousse sans arrêt. Je n'ai plus aucune force et ne suis plus capable de quoi que ce soit. Le tyran arrive dans la pièce, et se poste devant moi. Je perçois très clairement ses émotions. Voici ce qu'il pense : 'Depuis le temps qu'elle est malade et alors que son état ne fait qu'empirer, il n y a plus rien à faire pour elle. Quel fardeau 1 Que vais-je faire d'elle? Maintenant elle ne me sert plus à rien. Ce serait malheureux qu'elle meure ici et que je sois tenu pour responsable de sa mort, je vais de nouveau avoir 'l'autre 'sur le dos'".

D'après Anton, les Gina'abul dormaient sur un matelas à même le sol ou dans un lit classique. Les Sandan (arboricultrices, horti­cultrices, herboristes) et Santana (chefs de plantations) dormaient quant à elles souvent sur des matelas à même le sol et non dans des lits, et cela, sûrement pour être au plus près de la terre. Sé'et était à la fois Sandan et Santana. Il n'est donc pas étonnant que sa couche soit un simple matelas.

Cette vision m'est apparue après avoir lu les deux premiers tomes. J'ai été très surprise de vivre cela, car jamais je n'aurais imaginé que Sé'et puisse être malade, surtout à ce point-là. D'après l'histoire qui a jusqu'à présent été racontée, il ressort que les Gi­na'abul, en particulier les femelles, ne sont jamais malades. Mais fi­nalement, j'en comprends les raisons de cette façon : si Sé 'et n'avait pas été malade, la première chose qu'elle aurait faite en sortant de sa longue captivité aurait été d'aller retrouver son bien-aimé Sa'am, et non d'aller sur Mulge-Tab (la future Vénus). Lorsque Horus ren­contre Ninmah dans le présent ouvrage, elle lui précise : "les Abgal de Mulge-Tab souhaitaient la rencontrer avant qu'elle ne revienne ici, sur Uras (la Terre). Ils avaient eu vent, je ne sais comment, de l'outrage qu'elle avait subi et souhaitaient la purifier". En fait, j'ai bien senti qu'elle était si faible qu'elle était sur le point de mourir. Ils voulaient la soigner. C'est typique des Gina'abul de jouer avec les mots, et les Abgal n'échappent pas à cette règle. Enlil s'était rendu compte qu'elle s'affaiblissait de jour en jour, et c'est pour cette unique raison qu'il l'a laissée partir, afin de ne pas être tenu pour responsable de son décès sur Mars. Une Amasutum ne pouvait

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être malade, en particulier avec% de gènes Abgal, à moins qu'elle n'ait été maltraitée ou empoisonnée. Étant donné son caractère, Enlil ne lâchait jamais rien, et il ne serait jamais revenu sur une de ses décisions s'il n'y avait pas été contraint.

Anton et moi pensons que Ninmah était sincère et qu'elle ne sa­vait pas que Sé'et était très malade. Il est certain qu'elle ne l'avait pas vue depuis longtemps, et il est plus que probable que Sé'et ne voyait aucune prêtresse, à moins que ce ne fût furtivement et dans le cadre d'une surveillance très stricte. Dans le présent ouvrage, Nin­mah, lorsqu'elle explique qu'elle a négocié la libération de Sé'et, nous affirme : "Elle n'a pas voulu me parler", sans préciser si elle l'a vu ou pas. Sé'et ne pouvait de fait plus se tenir debout tellement elle était faible. Les négociations concernant sa libération ont dû se faire par le truchement d'un intermédiaire, car je doute fort que Sé'et ait rencontré Ninmah lorsqu'elle était malade.

Il est assez incroyable de voir qu'Enlil n'était absolument pas triste et qu'il ne se souciait égoïstement, dans cette situation, que de sa seule personne ; il ne pensait ainsi qu'à ses intérêts alors que Sé'et était à l'agonie. Cette situation l'embarrassait vraiment beaucoup, mais uniquement par rapport à lui-même et aux incon­vénients qu'elle allait induire. Sé'et malade devenait un fardeau; il la voyait comme un objet à son service et non comme un être à part entière. Il est également très probable que la négociation pour la libération de Sé'et par l'intermédiaire de Ninmah ait été planifiée et discrètement suggérée par le clan enlilien. Enlil était un personnage extrêmement calculateur, doté d'une intelligence véritablement ex­ceptionnelle, et qui savait mieux que personne mentir et manipuler les gens. Il était fortement déterminé et ne revenait jamais sur une décision qu'il avait prise- têtu comme un âne et rusé comme un renard. Pour se décider à libérer Sé'et, il lui fallait une très bonne raison. Le signe archaïque sumérien qui désigne Enlil comme étant un Sàtam (administrateur territorial), et qu'Anton a découvert et révélé dans Adam Genisis, est au demeurant ambigu car diverse­ment interprétable : il désigne soit un renard, soit un âne ...

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DE LA VIE À LA VIE

Signe archaïque sumérien SA-TAM ou SATAM ("ad­ministrateur", "directeur'' ou encore "administrateur provincial ou terrestre"). Ce même signe était uti­lisé pour désigner un LUL ("menteur"), mais aussi MUL-LUL-LA (litt. "la pla­nète du mensonge"), qui n'est autre que Mars !

7. Les raisons de la maladie de Sé'et

441

Sé'et s'est repliée sur elle-même et a fini par ne plus parler à personne, pas même à Enlil. J'ai vu de très nombreuses disputes sans fin, et ni Enlil, ni elle ne supportaient de ne pas avoir le dernier mot. Elle était d'une grande intelligence et avait la répartie facile. J'ai aussi vu de nombreuses scènes où elle avait perdu tout espoir. Ses périodes de mutisme correspondent à un seul décor, celui de palais isolés dans le désert où elle était de plus en plus seule à me­sure que le temps passait. Ces palais incluaient un énorme bâtiment de forme carrée, qui était très spacieux et disposait d'une grande cour intérieure. Le premier étage abritait de grandes terrasses sur presque toute sa surface. Les environs n'étaient pas habités et il n'y avait pas d'humains à occuper des tentes. Les humains présents "logeaient" dans des cages placées au rez-de-chaussée et donnant directement sur la cour comme je l'ai mentionné plus haut.

Sé'et ne parlait plus à Enlil, elle ne se défendait par conséquent plus et devait, comme le dit l'expression, "ronger son frein". L'éner­gie bloquée du Chakra de sa gorge affectait ainsi ses poumons, lais­sant le champ libre à diverses affections pulmonaires. En médecine chinoise, la tristesse est liée aux poumons ... Une autre possibilité est également envisageable en ce sens que la cause de sa maladie était peut-être liée à un virus. N'ayant jamais pu s'adapter à cette planète, elle était moralement fragilisée et sa santé physique s'en ressentait.

D'après ce que j'ai en outre vu, il y avait peu de végétation sur Mars, chose qui devait terriblement lui manquer. L'atmosphère de la planète était chargée de la souffrance des hommes qui y avaient

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442 TROISIÈME PARTIE- ARCHIVES ET DÉCODAGES

vécu et de ceux qui y étaient présentement maltraités, et Sé'et a toujours été très sensible aux énergies propres à chaque planète.3

Autre point important : Sé'et devait forcément être investie du Niama qu'elle était censée avoir reçu d'Enlil. Cela aurait logique­ment dû lui permettre de contacter Sa'am et de l'informer de ce qu'elle subissait. Nous savons cependant qu'Enlil était un sang mêlé et que ses pouvoirs étaient par là même légèrement différents que ceux que supposent d'autres formes de Niama. Ce qui est cer­tain, c'est que ce Niama le rendait très agressif. Qui plus est, il est possible que cette violence lui ait permis de pérenniser ses poten­tiels, engendrant ainsi une sorte de cercle vicieux, voire de proces­sus vital. .. Ajoutons en guise de corollaire que Ninanna-Nephtys possédait le même type de Niama du fait des sévices sexuels que lui avait fait subir son grand-père Enlil.

Il est possible que la nature des énergies que Sé'et avait reçues ne lui permettait pas d'entrer en communication avec des lieux très éloignés. Grâce à ce pouvoir, elle aurait éventuellement pu contac­ter les Ab gal de Mulge-Tab (la future Vénus), plus proche de Mars que la Terre. Personnellement, je pense qu'elle n'a pas supporté ce Niama particulier empreint d'une grande agressivité, et qu'il s'agit là d'un facteur essentiel quant à l'origine de sa maladie. Elle aurait préféré se laisser mourir plutôt que de céder à la malveillance.

Enki-Osiris (Sa 'am) a quant à lui connu un problème similaire après avoir eu une relation avec Ninanna-Nephtys. Sa force vitale avait radicalement changé. Il avait ainsi fait le choix de se castrer pour ne pas prendre le risque de contaminer Aset à travers le Niama de la branche enlilienne !

8. Les Abgal étaient prêts à intervenir

Le fait que les Ab gal soient au courant de la situation ne rn' étonne pas du tout, car ce sont des êtres exceptionnels. Cela fait bien long­temps que je rêve d'eux ou qu'ils apparaissent de temps à autre dans mes visions. D'après ce que j'ai pu en voir, ils sont conformes à ce qu'Anton décrit: réservés, affichant un regard doux, compatis-

3 Une planète peut aussi mourir de la souffrance de ses habitants. C'est exactement ainsi que Sé'et percevait Mars, à savoir comme une planète sur le point de mourir. C'est peut-être aussi l'une des causes de sa maladie.

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DE LA VIE À LA VIE 443

sant et plein d'amour, leur corps étant entouré d'un halo lumineux. Ils disposent de grandes facultés psychiques.

Un Abgal sait qui vous êtes et quelles sont vos intentions rien qu'en vous regardant simplement dans les yeux. Je pense qu'ils ont également des dons leur permettant de connaître des informations à distance, que ce soit par le biais d'une intuition, de flashes ou bien de rêves. C'est probablement pourquoi ils étaient au courant de la maladie de Sé' et ; ayant le don de guérir, ils auraient sans nul doute pu la soigner malgré son état grave. Dans la famille Gina'abul, seuls les Abgal sont capables d ' une telle chose et c ' est pour cette raison que toute l' assemblée a été stupéfiée lorsque Sa'am a ressus­cité Sé'et (cf. le chap. 8 de la 3• part. du Secret des Étoiles Sombres, le tome 1 des Chroniques). Lors de cet épisode, il a révélé et prouvé à tous qu'il possédait des gènes Abgal. C'est aussi pourquoi Nin­mah lui a révélé sa véritable filiation juste après cet épisode. C'est enfin à ce moment précis que Nammu se rend compte que Sa'am est la réincarnation de son fils défunt, Asme, le M'nen-Ba ("même essence" 1 âme soeur) de sa fille Sé'et.

J'ai quant à moi souvent fait des rêves prémonitoires, et ceux-ci ne me trompent jamais. Ils rn' ont bien souvent évité des situations dramatiques, ou aidée à anticiper face à des conjonctures délicates. Ainsi, si un humain est capable de recevoir des informations à dis­tances, imaginez un peu ce dont un Abgal serait capable !

Je voudrais profiter de ce passage pour préciser qu ' il y a une grande disparité de taille, de couleur, et même de caractère entre les Abgal. Certains sont grands, de couleur bleu clair, alors que d'autres sont beaucoup plus petits et d ' une couleur sombre, presque noire. Certains sont trapus, certains autres élancés. Enkù, le père de Saran, était petit et de couleur sombre. Tous les Abgal n'ont pas le même caractère, et leur évolution et leurs facultés diffèrent d'un individu à un autre. Mais nous reparlerons plus en détail d ' Enkù dans le prochain volume des Chroniques.

Nous pouvons comprendre ici la mascarade qu'a été la pseudo libération de Sé 'et. Si Enlil 1 'avait gardée, elle aurait fini par mou­rir. Si elle avait réussi à rejoindre les Abgal, elle aurait sûrement été guérie et aurait pu raconter tout ce qui lui était arrivé. Son témoi­gnage aurait pu changer la politique suivie sur la Terre, étant donné qu'un tel outrage aurait fait que les Amasutum se seraient rebellées contre le patriarcat. Nous avons également vu que les Ama'argi qui

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se sont ensuite unies aux Anunnaki étaient toutes volontaires. Elles n'auraient jamais accepté de coopérer avec les Anunnaki si elles avaient eu vent du viol de l'une d'entre elles. Il est de même im­possible que Sé'et ait piloté le vaisseau qui devait la ramener sur Vénus. Elle n'était pas en état de le faire. La malheureuse était de toute façon condamnée, et cet accident ne peut s'expliquer que par la présence d'un explosif dans la soute de son vaisseau ...

9. Extraits du poème sumérien "Enlil et Ninlil", trouvé à Nippur (2e partie)

La suite du poème examiné plus haut fait état de 1 'une des in­nombrables et longues disputes qui opposaient Enlil à Sé'et. Ces passages sont importants, car ils montrent très bien les ruses qu'uti­lisait Enlil ainsi que ses manigances pour s'autoriser à abuser de Sé'et.

Après avoir embarqué sa nouvelle compagne avec lui, Enlil se retrouve dans un autre monde (Mars) que la Terre des humains et doit user de certains stratagèmes pour approcher sa Ninlil ...

"En/il dit à '1 'homme de la porte': 'Ô portier, homme de laser­rure, homme du verrou, homme de la serrure d 'argent, ta souve­raine est arrivée. Si elle t'interroge à mon sujet, ne lui dis rien à mon propos '. [. . .}

[Nin/il questionne le portier}: 'Ô portier, homme de la serrure, homme du verrou, homme de la serrure d'argent, où est ton sou­verain En/il ? '. Et Enlil, faisant le portier lui répondit : 'Mon sei­gneur ne m'a point renseigné'[ .. .}. 'Comme En !il est ton seigneur, moi je suis ta reine' (répondit-elle). 'Si tu es ma reine, laisse-moi te toucher' (dit le portier)[ .. .} 'Mais, je porte en mon sein la semence. La glorieuse semence de ton maître est en mon sein' (répondit-elle). 'Eh bien si la semence de mon roi est montée en haut, la mienne descendra en bas !"(dit le portier)[ ... }'.

Sous l'apparence du portier, En !il se coucha auprès d'elle en la chambre à coucher, où il la pénétra et l'embrassa. En la pénétrant et en l'embrassant, il déversa en son sein la semence de Meslam­taèa (Nergal)."

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La scène suivante se déroule de manière identique alors que la reine rencontre Enlil sous deux autres apparences, respectivement celle de l'homme du fleuve infernal et celle de l'homme à la barque infernale. Le poème s'achève en ces termes:

"En/il, le dieu, Enlil, le roi ! Le souverain aux commandements fermes, aux ordres qui ne sauraient être modifiés. Pour avoir si bien exalté l'auguste Ninlil, louange à toi, ô vénérable Enlil".

Voyons maintenant ce que tout cela veut dire :

"[. . .}En fil dit à '1 'homme de la porte': 'Ô portier, homme de la serrure, homme du verrou, homme de la serrure d'argent, ta sou­veraine est arrivée. Si elle t'interroge à mon sujet. ne lui dis rien à

, [ }" monpropos . ... Ce passage montre bien que Sé'et était enfermée et bien gardée.

Il y est également dévoilé la mise en scène qui se prépare. Enlil ne souhaite en aucun cas que sa captive sache ce qu'il fait. Il est libre alors qu'elle-même ne 1' est pas.

"[Ninlil questionne le portier} : 'Ô portier, homme de la ser­rure, homme du verrou, homme de la serrure d'argent, où est ton souverain En/il ? '. Et En/il, faisant le portier, lui répondit : 'Mon seigneur ne m'a point renseigné '. [. . .}"

Nous comprenons à travers ce passage qu'Enlil se fait passer pour le portier qui garde la prison de Sé'et. Enlil détient les clés de sa prison. N'étant pas visible, il espère ainsi tirer les vers du nez de la captive et voir comment elle va réagir.

"Comme En/il est ton seigneur, moi je suis ta reine" (répondit­elle).

En d'autres termes : "Si je suis bien la reine, tu dois m'écouter et rn' obéir, donc me laisser sortir." Il y a ici un sous-entendu ; Sé 'et essaye de reprendre le dessus afin d'être rétablie dans son droit et libérée.

"Si tu es ma reine, laisse-moi te toucher"[. . .} Il paraît peu probable que la reine Ninlil (Sé'et) soit courtisée

par un serviteur, il faudrait être stupide pour prendre un tel risque, surtout avec un seigneur comme Enlil. Voici comment je vois cette

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scène avec les éléments dont je dispose concernant Enlil : celui-ci trahit ici son identité. Cet extrait montre bien son impatience et sa névrose obsessionnelle consistant à vouloir abuser de sa captive. Il montre également qu'Enlil, heureux et fier d'avoir fait dire à Sé'et qu'elle est la souveraine - donc son épouse -, se donne alors le droit de la toucher. Le passage "Si tu es ma reine, laisse-moi te tou­cher" veut tout simplement dire : "Si tu es bien ma femme, j'ai le droit de te toucher".

La captive d' Enlil proteste alors et répond : "Mais,je porte en mon sein la semence. La glorieuse semence de ton maître est en mon sein".

En me référant aux visions d'Anton, je pense que l'intervention de Sé'et peut se traduire par : "J'ai des gènes identiques à mon frère Sa'am qui est le seul souverain choisi des Amasutum- le roi et maître de la Terre, d'où son nom EN-KI- et le seul héritier des Abzu des planètes Gina'abul, consécutivement à sa victoire sur Abzu Abba. Il est donc ton roi et maître, Enlil ! Il est celui que tu détestes tant ! Comment pourrais-tu vouloir une descendance de moi puisque mon frère et moi sommes de la même essence, alors que tu nous maudis et nous détestes ! ".

Enlil, toujours sous l'apparence du portier, donc du maître des clés de la prison, répond alors : "Eh bien, si la semence de mon roi est montée en haut, la mienne descendra en bas 1 (dit le portier)"

Interprétation de la réponse d'Enlil: "Si Sa'am et les Amasutum (et leur descendance donc la "semence"), ont décidé de vivre sur Terre (en haut), ma descendance (semence) vivra sur Mars (en bas)". Là encore, nous voyons la détermination d'Enlil à vouloir faire comme son créateur et à le surpasser.

"Sous l'apparence du portier, Enlil se coucha auprès d'elle en la chambre à coucher, où il la pénétra et l'embrassa. En la pénétrant et en l'embrassant, il déversa en son sein la semence de Meslam­taèa (Nergal) [. . .]."

Comme indiqué ci-dessus, la scène se poursuit de manière iden­tique alors que la reine rencontre Enlil sous deux autres apparences, respectivement celle de l'homme du fleuve infernal et celle de l'homme à la barque infernale. Le poème s'achève en ces termes:

"Enlil, le dieu, En/il, le roi 1 Le souverain aux commandements fermes, aux ordres qui ne sauraient être modifiés. Pour avoir si bien

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exalté 1 'auguste Nin/il, louange à toi, ô vénérable Enlil''.

J'ai à travers mes visions bien perçu ce qu'était le personnage d'Enlil et je peux affirmer qu'il voulait une prodigieuse descen­dance royale. Enlil ne pouvait obtenir ce qu'il souhaitait qu'avec une Gir, une accoucheuse de Kiristi (fils des étoiles et de la vie). Seule une Gir comme Sé'et pouvait induire cette noblesse et cet incomparable potentiel en ce qui concernait ses enfants.

L'assimilation de Nergal à l'un des fils d'Enlil est classique dans la littérature mésopotamienne. L'assyriologue français Jean Bottéro explique, dans son ouvrage Lorsque les dieux faisaient 1 'homme, qu'Enlil était considéré comme le "père" de nombreuses divinités d'un rang considéré comme inférieur au sien pour expliquer pour­quoi certains dieux se trouvaient assignés à la moitié de l'"en-haut" de l'univers, et les autres à celle de l"'en-bas".4

Anton a clairement démontré dans Le Testament de la Vierge que Nergal n'est autre que Horus, le fils d'Isis-Hathor. Horus est bien le premier fils naturel d'Isis, dont nous savons qu'elle était Se'et dans une précédente incarnation. Dans les deux cas que sont celui de Sé'et et celui d'Isis, la déesse est une Gir, une accoucheuse d'un fils Kiristi promu à un avenir hors du commun.

Dans le texte sur argile, le lien fait avec Nergal indique que c'est la première fois qu'Enlil viole sa captive, étant donné que l'en­fant d'une Gir est toujours un Kiristi (d'où l'usurpation du nom de Nergal). Dans Adam Genisis et Le Testament de la Vierge, Anton démontre également bien qu'Isis-Hathor est la déesse mésopota­mienne souterraine Ereskigal - l'épouse de Nergal -, Horus étant pour Isis-Hathor l'équivalent de Nergal.

L'analyste jungienne américaine Sylvia Brinton Perera démontre, dans son ouvrage Descent to the Goddess, que la Ninlil de ce texte et Ereskigal (la jumelle d'Enki) ne forment qu'un seul et même personnage. Elle est donc du même avis qu'Anton et moi-même. Sylvia Brinton Perera explique qu'avant de devenir Ereskigal, elle incarnait une déesse des moissons qui vivait à la surface de la Terre, plus concrètement une Sandan (arboricultrice, horticultrice, herbo­riste) 1 Santana (patronne de plantations) comme l'explique Anton dans Le Secret des Étoiles Sombres. Elle a été dépossédée de ses 4 Bottéro, Jean, et Kramer, Samuel Noah, Lorsque les dieux faisaient l'homme, éditions Gal­limard, 1993, p. Ill .

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biens par Enlil et n'a cessé d'être violée par ce dernier qui, selon le poème, l'approchait sous diverses apparences. D'après la même analyste, Ereskigal est devenue un symbole de la crainte de la mort aux yeux des représentants du patriarcat, raison pour laquelle on l'aurait bannie et envoyée dans le monde des profondeurs.5

Contrairement à la scène où Isis se fécondera elle-même avec le "phallus" d'Osiris (symbole de victoire d'Ereskigal-Isis sur la mort), le passeur-Enlil tient dans ce poème le rôle du bourreau pé­nétrant la déesse passive qui perdra peu à peu la vie. C'est proba­blement de cet acte que découlera par la suite celui que nous venons de mentionner, où Isis défiera la mort en engendrant son jumeau céleste qui lui avait été arraché par le même personnage, à savoir Enlil-Seth.

Revenons-en au texte, au moment où Enlil, devenu 1 'homme à la barque infernale, couche avec Ninlil. Il est ici supposé déverser en elle la semence d'un certain Enbilulu. Or Enbilulu est généralement considéré comme étant un fils (clone ?) d'Enki. Il y a à nouveau une interversion avec la descendance de Sa'am (Enki-Osiris) et de Sé'et (la future Ereskigal-lsis). En usurpant les noms des enfants de ses ennemis, Enlil montre bien son désir de s'approprier le pres­tige et les fonctions des premiers. Nous constatons ici la volonté d'Enlil de destituer Sa'am de son héritage et de faire mieux que lui. Il s'attribue par conséquent ses créations- sauf que Sé'et ne lui a malheureusement jamais donné de descendance ...

Le poème s'achève en ces termes : "Enlil, le dieu, Enlil, le roi 1 Le souverain aux commandements

fermes, aux ordres qui ne sauraient être modifiés. Pour avoir si bien exalté l'auguste Ninlil, louange à toi, ô vénérable Enlil''.

Et vive les tenants du patriarcat qui se moquent des préceptes élémentaires de la vie ! Même si ce poème suggère continuellement qu'Enlil a violé sa captive, le dieu en question n'est absolument pas inquiété.

5 Brinton Perera, Sylvia, Retour vers la déesse, éditions Séveyrat, France, 1990, pp. 37-38.

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10. Extraits du poème paléo-babylonien "Le Mariage de Sud"

Nous allons à présent étudier un autre poème provenant de Nip­pur, l'ancienne ville d'Enlil à Sumer. Ce poème est quant à lui plus récent (époque paléo-babylonienne) que le précédent qui est, je vous le rappelle, sumérien. Il recèle un grand nombre d'incohé­rences, ce qui prouve qu'il a été remanié, et surtout que l'époque à laquelle il a été rédigé a largement influencé la trame de l'Histoire. Nous y trouvons toutefois plusieurs éléments intéressants, chose qui m'a incitée à l'étudier de près.

Au début de ce poème, nous retrouvons la princesse Ninlil, mais sous son nom étranger traduit en sumérien, à savoir Sud, litt. "la lointaine" ou "l'éloignée". Comme dans le poème précédent, Ninlil­Sud est la fille de la déesse-mère agraire appelée Nunbarsegunu, "la Noble étrangère du grain", qui correspond probablement à Nammu chez les Sumériens et à Nut chez les Égyptiens.

"[. .. } Nunbarsegunu donna naissance à Sud. Elle la prit dans ses bras et l'allaita de ses excellentes mamelles. Sud devint une jeune femme séduisante et captivante. Un jour, devant le seuil de la demeure de sa mère de l'Ézagin (''demeure de l'horizon''), Sud se tenait, admirée de tous, telle une vache noble et sublime. [. . .} Dans le Kiur, il n'avait encore jamais été prononcé le nom de Ninlil."

La future Ninlil de ce poème se nomme donc Sud. Anton m'a décomposé le nom de Sud en égyptien pour vérifier s'il était éven­tuellement codé. Voici ci-dessous ce qu'il en ressort, sachant que la particule Ud n'existe pas en égyptien, et qu'elle devient obligatoi­rement un Ut :

Su'ut, "la captive qui s'en est allée"

"Après avoir couru tout Sumer, et jusqu 'au bout du monde [en quête d'une épouse}, Enlil, le Grand Mont, lors de sa course, s'ar­rêta à Éres. Là, lorsqu 'il eut regardé autour de lui, il distingua la femme que son cœur réclamait. Heureux, il l'aborda et lui dit :

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'Jet 'envelopperai du manteau princier et après avoir "fait la rue" (sic), tu deviendras ma femme. Ta beauté m'a ébloui, même si tu n'es pas une personne de qualité'".

Le fait qu'il soit indiqué que la future épouse d'Enlil doive "faire la rue" avant son mariage confirme les dires d'Hérodote à propos de la prostitution des femmes à Babylone. Elles devaient, selon lui, se prostituer au temple au moins une fois dans leur vie. Le dictionnaire de la civilisation mésopotamienne nous informe que nous n 'avons jamais eu de preuve des dires d'Hérodote, sauf que cet extrait nous démontre le contraire.

Éres est censée être une ville de l'antiquité sumérienne, mais son emplacement reste aujourd'hui encore totalement indéterminé. Ce nom rappelle le terme égyptien Erhes, ou encore le plateau de Gizeh, où régnaient en maître les planificateurs félidés Urmah.

Erhes, dieu lion Erhes, déesse lionne

Ce sont les jumeaux Osiris et Isis qui ont hérité de ce domaine. Lorsque les tablettes mésopotamiennes ont été rédigées, le Sphinx -à l'image de Sekhmet-lsis- existait déjà sur le site. S'agit-il seu­lement d'un hasard? Le nom égyptien Erhes a-t-il influencé le nom du domaine sumérien ? Il est effectivement troublant de trouver cette correspondance alors que le domaine de Sud-Ninlil se nomme Éres et que celui de la future Ereskigal-Isis est celui de la déesse lionne Erhes. Y aurait-il eu un "glissement" sémantique ou mytho­logique- un mélange de deux histoires qui n'en forment finalement qu'une?

Il est aussi troublant de constater que le nom de Sé'et devient ici Sud ("l'éloignée") ou Su 'ut ("la captive qui s'en est allée"), alors que le mythe égyptien qui met en scène Isis-Hathor-Sekhmet nous parle de "la lointaine". Dans les différentes versions de cette his­toire, Isis-Hathor-Sekhmet incarne l'œil solaire indomptable effec­tuant des va-et-vient entre le Ciel et la Terre.

"Malgré sa jeunesse et son innocence, Sud répondit à Enlil : 'Puisque je me tiens en toute dignité sur notre porte, pourquoi dé-

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grader ainsi ma célébrité ? Que souhaites-tu ? Pourquoi m'aborder ainsi ? Jeune homme, notre conversation est terminée, décampe 1 [D'autres] se sont déjà risqués à tromper ma mère et ils 1 'ont fâchée 1'

Mais En/il s'adressa encore à Sud après 1 'avoir de nouveau abordée et sollicitée : 'Je dois te parler et converser avec toi. Veux­tu être ma femme? Embrasse-moi, mon estimée aux yeux ravissants et ensuite décide-toi 1 '. Mais à peine avait-il parlé qu'elle lui cla­qua la porte au nez. ".

La jeune déesse n'est pas intéressée par Enlil, c ' est très clair. Mais dans la suite du poème, Enlil s'obstine. Il envoie alors son page Nuska à Éres, chez la mère de Sud, pour lui offrir, à elle comme à sa fille, de nombreux présents en gage de son dévouement et de sa volonté d'unir sa ville de Nippur à Éres. Les présents s'en­tassent et la mère de Sud accepte le marché. De ce fait, Sud accède à la demande d'Enlil. .. Une énorme fête se prépare afin de célébrer royalement 1' événement. La mère de Sud dit alors à sa fille :

"Tu seras donc l'épouse préférée d'En/il. Puisse-t-il te traiter noblement. [Puisse-t-il] te garder en ses bras, toi qui es la plus belle de toutes et te dire: 'Chérie, laisse-toi prendre. N'oublie pas les jeux [de l'amour]. Prolonge-les longtemps 1 Faites tous deux 1 'amour sur la colline, procréez des enfants'. [. .. ]Et Aruru (la mère de Sud) prit Sud par la main et 1 'introduisit dans 1 'Ékur lumineux et lui aspergea le visage des parfums les plus enivrants.

Sur la couche de fleurs embaumée comme une forêt de cèdres, dans la chambre à coucher, En/il fit 1 'amour à son épouse et il y prit grand plaisir. Puis, il se mit debout sur son trône souverain pour bénir son épouse [. . .] : il lui donna le nom de Nin tu ('Dame ou prê­tresse de la vie'), à la fois 'la dame qui met au monde ' et 'la dame qui écarte les cuisses'. [. . .]!!lui confia les rôles d'accoucheuse et de tout ce qui concerne les sages-femmes que personne ne doit voir pratiquer. [. . .]

'Désormais, c 'est cette femme[. . .] venue d'ailleurs qui sera la maîtresse de ma maison. [. . .] Toi et moi, nous ferons autant d'en­fants que nous le souhaiterons, avec pour seul ennemi, un dont je ne dis le nom et dont les sujets s 'affaibliront 1 [ ... ] Les fermiers te re­donneront le bénéfice de leurs champs. Ô femme dont nous sommes fiers, plus remarquable que les montagnes, Maîtresse qui réalisera tout ce qu'elle voudra.'

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Désormais Sud, son roi étant En/il, Nin/il sera la reine. Une divi­nité sans gloire qui possède maintenant un nom illustre. Elle répar­tira les pâturages, tandis que les [hommes} lui feront de constantes offrandes. [. . .}Gloire à En/il et Nin/il!".

Ce poème sous-entend que la mère de Sud aurait accepté le ma­riage de sa fille contre des présents, et grâce à une volonté commune de réunir les villes de Nippur et d'Éres pour légitimer l'union des deux amants. L'union d'Enlil et de Sud est censée apporter la paix ...

Il est impossible que Nammu ait été impliquée dans cette union hérétique. Ce poème témoigne ainsi de la volonté de légitimer cette union par tous les moyens possibles et imaginables. Il explique la révolte initiale de Sé'et contre Enlil, sauf que cette résistance n'a par la suite plus lieu d'être lorsque sa mère accepte cette union.

Chez les Mésopotamiens, c'était les parents qui décidaient du mariage des enfants, et c'est effectivement ce qu'on retrouve ici. D'après la version d'Anton, Ninmah était un peu la seconde mère de Sé 'et : elle avait été sa mère dans sa précédente vie, lorsque Sé'et était Saran. Il est possible qu'il y ait eu confusion, car nous savons que Ninmah avait en quelque sorte légitimé la capture de Sé'et. Il n'y a alors qu'un pas pour assimiler cette acceptation au fait que son ancien amant Enlil s'unisse à Sé' et (Ninlil dans le poème). Peut-être l'avait-elle alors fait pour récupérer Sa'am­Enki? Personne ne le saura jamais ... Il est également possible que Nunbarsegunu ait réellement représenté Nammu dans la première demande en mariage et que ce soit ensuite Ninmah qui ait accepté 1 'union, celle-ci étant aussi sa mère. 7

Plus loin dans le poème, nous avons enfin une confirmation fla­grante des funestes desseins d'Enlil en ces termes : "Toi et moi, nous ferons autant d'enfants que nous le souhaiterons, avec pour seul ennemi, un dont je ne dis le nom et dont les sujets s'affaibli­ront!". Sé'et n'était pour lui qu'une génitrice potentielle qui devait lui assurer une grande descendance, afin de surpasser 1' ennemi en question, tellement haï que Enlil n'en prononçait jamais le nom. J'ai quant à moi vu qu'il s'était même habitué à ne jamais "penser" à son nom.

7 Nous avons vu dans le présent ouvrage qu'Isis a été clonée grâce aux gènes que Ninmah avait confiés à Sa'am, ces gènes étant ceux de Saran (et non de Sé'et comme le croyait Sa'am), l'enfant naturelle de Ninmah. En procédant ainsi, Ninmah se donnait un droit vis-à­vis d'Isis. Il s'agit-là d'un comportement typiquement Gina'abul.

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DE LA VIE À LA VIE 453

L'enlèvement de Sé'et sur la Terre survient peu de temps avant la fin de la guerre et avant le départ des Urmah. L'union entre Enlil et Sé'et a effectivement fait cesser la guerre entre Éres (le domaine des Urmah, et par extension celui des planificateurs) et Nippur, à savoir le régime de Kalam (Sumer) et ainsi celui des Usumgal et d'Enlil. Le seul ennemi restant en lice sur la Terre étant Enki (Osi­ris) et ses Nungal (Shemsu) ... Sans compter les royaux albinos et leurs enfants Imdugud qui étaient, eux, beaucoup plus discrets.

11. La matrice

Alors que nous entamons ici la dernière partie de ce dossier, je vous propose de revenir sur plusieurs de mes visions afin de com­pléter cette étude.

"J'ouvre les yeux et tout ce que je vois est trouble. Le doux ron­ronnement que j'entends rn 'est familier ;je connais ce bruit. Je suis en formation au sein d'une matrice artificielle et je me sens parfai­tement bien. J'aime ce vrombissement qui résonne à mes oreilles, ce doux bourdonnement que je ressens dans tout mon corps - il me rassure et me comble. Je sais cependant qu'il provient d'une ma­chine et qu'il est par conséquent artificiel. J'aime pourtant ce son : il me procure beaucoup de bien-être et de satisfaction. Je suis en train d'être créée et je sais que je vais bientôt naître. Ce n'est pas la première fois que je viens au monde de cette manière.

Mais un doute me saisit et me sort douloureusement de cet état de félicité : par qui suis-je recréée ? Qui rn 'attend derrière cette machine? J'espère que ma création n'a pas été décidée par obliga­tion. J'ai le souvenir que nos ancêtres ont déjà anéanti toute exis­tence en des temps reculés et que le clonage leur a permis de réen­semencer la vie. Serai-je ainsi seule, privée de la présence de ceux que je connais et affectionne ? Je n 'ai aucune notion du temps, et je ne sais pas combien de temps s'est écoulé depuis mon retour. Dans quel état vais--je retrouver le monde ? Je n 'ai pas envie de vivre dans un univers détruit par la guerre, et d'encore et toujours devoir tout recommencer. Je redoute de ne pas retrouver mes proches. "

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454 TROISIÈME PARTIE • ARCHIVES ET DÉCODAGES

Je suppose qu'il s'agit ici du moment où Sa'am-Enki a recréé Sé'et sous la forme d' Aset (Isis). Je n'en suis pas sûre, car je n'ai dans cette vision aucun élément qui me permette de la situer dans le temps. L'angoisse ressentie dans la matrice pourrait expliquer la fatigue extrême ressentie par Sé'et lorsqu'elle vient au monde sur Mulge-Tab (la future Vénus) (cf. le chapitre 2 de la 3e partie d'Adam GenisiS).

Ce qui est étonnant dans cette vision, c'est le bien-être et la sen­sation de ressourcement qu'elle éprouve au sein de la matrice. Cette sensation est dynamisante et vraiment très agréable - un état de félicité qui l'a véritablement comblée. Mais elle ne profite pas bien longtemps de cet état car elle est assaillie par des doutes. De fait, je suis quant à moi persuadée que la création au sein d'une matrice artificielle laisse des traces au niveau de l'âme, car l'être au complet (âme, esprit, corps) sait parfaitement ce qui lui arrive.

12. Le mur de hiéroglyphes

''Je suis au beau milieu d'une vaste étendue désertique. Mon époux et moi-même voyageons. Nous tombons sur un artefact. Un mur couvert de hiéroglyphes égyptiens. Ceux-ci constituent l'ex­plication de faits anciens s'étant déroulés à cet endroit. Ils doivent nous apprendre des choses importantes. Je commence spontané­ment la traduction de ces hiéroglyphes. Je suis très excitée et très contente de faire ce travail. Mon époux est calme et reste à côté de moi dans l'intervalle. Lui aussi sait faire ces traductions, mais il sait que je suis plus rapide que lui et me fait totalement corifiance. Il en profite donc pour se reposer tout en gardant un œil attentif sur moi et le paysage qui nous entoure. Comme à son habitude, il ne me quitte jamais des yeux. Son amour et sa confiance à mon égard sont constants, et je les ressens en permanence.

J'entame le décodage: je suis obligée de traduire quelques hié­roglyphes en envisageant plusieurs contextes possibles à chaque essai. Je traduis les premières phrases, mais ce n'est pas satisfai­sant. Je recommence l'opération plusieurs fois. Je pense et réflé­chis très rapidement. Je trouve ainsi très vite la bonne traduction et suis très contente d'y être parvenue. Réussir quelque chose me procure toujours une grande satisfaction. C'est aussi pour cela que

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DE LA VIE À LA VIE 455

mon époux me laisse faire ce genre de travaux. Il est bien plus posé et moins émotif que moi, tout en acceptant complètement ma façon d'être, qu'il apprécie. Pendant la traduction des hiéroglyphes, un flash, une vision m 'apparaît : des personnes sont devant ce mur et tentent de traduire ce qui y est écrit. Ils y restent des heures et envisagent de nombreuses possibilités. Au bout d'un temps assez long, ils sont complètement excédés et quittent les lieux en disant : 'Ces hiéroglyphes représentent des dessins d 'enfants ; c 'est impos­sible à traduire - ça ne veut rien dire'. J'éclate de rire et je suis très contente de cette vision - nos secrets sont manifestement bien gardés".

Sé' et-Aset avait une sensibilité et des aptitudes particulières qui lui permettaient de "voir" des événements du passé. Il s'agit d'un épisode vécu en compagnie de Sa'am; celui-ci était bien plus calme que Heru.

Cette scène est importante de plusieurs points de vue. Elle montre que Sé'et était capable de percevoir des événements de ce type grâce à des émotions vécues à des endroits particuliers. Sa sensibilité est donc bien directement reliée aux émotions, et elle n'a besoin d'aucun support- un cristal, par exemple- pour percevoir les choses.

Autre point : lors de la traduction des hiéroglyphes, il est com­munément admis que l'indication du contexte est faite à l'aide de pictogrammes qu'on appelle idéogrammes. Ceux-ci peuvent autant avoir une valeur phonétique que symbolique. Une mauvaise inter­prétation de ces idéogrammes a pour conséquence que tout le sens de la phrase peut en être changé. Dans certains cas, il faut de fait entamer plusieurs traductions en se mettant à chaque fois dans un contexte différent, et voir si les textes sont cohérents. Je pense que l'indication du contexte (c.-à-d. les idéogrammes) pouvait même être génératrice de confusion et représenter un piège pour ceux qui ne maîtrisaient pas la langue. Ceci expliquerait pourquoi les égyp­tologues n'ont toujours pas élucidé le contenu caché de certains textes égyptiens de cette époque. Il y a par conséquent plusieurs niveaux de lecture.

Selon toute logique, cet épisode se situerait après la renaissance de Sé'et. Sé'et, sous sa forme d' Aset-Isis, a passé beaucoup de temps avec son jumeau céleste. Anton ne l'indique pas dans Adam

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456 TROISIÈME PARTIE - ARCHIVES ET DÉCODAGES

Genisis étant donné que Sa'am-Osiris semble avoir délaissé son cristal après la renaissance en question. Il aurait dès lors ponctuel­lement utilisé d'autres cristaux pour rédiger ses mémoires.

Comme indiqué au début du présent ouvrage, le clan d'Osiris aurait travaillé sur un nouveau dialecte avec l'aide de Thot. Ce dialecte, baptisé Re'enkemet ("la bouche de l'Égypte"), provien­drait des planificateurs Urmah, dont on sait qu'ils résidaient sous le plateau de Gizeh. Thot en aurait modifié l'usage, particulièrement sous sa forme écrite, afin de tromper les Anunnaki. Au début du récit, Sa'am-Osiris prétend ainsi apprendre ce langage particulier. Il serait logique qu'Isis l'ait appris en même temps que lui. Le clan d'Osiris a dû faire des essais sur le terrain et graver des messages à l'aide de son nouveau système de calligraphie. C'est par consé­quent cette scène qui en constitue pour moi le témoignage.

13. Fuir et se cacher

''Je nage dans une piscine avec un être qui a un visage et un buste humain et semble posséder une queue de poisson. Il ressemble plus à un dauphin qu'à un humain, car son corps ondule et ses bras sont plaqués le long de son buste au point de ne pas s 'en distinguer. Je vois distinctement son visage, qui est bien humanoïde. Nous sor­tons de l'eau. Ses membres se déploient et il ressemble alors plus à un homme. Il est plus grand que moi. Un deuxième, un peu plus petit que lui, nous rejoint. Je sais qu'ils sont trois. Je ne vois pas le troisième, mais je sais qu'il est là et je sens sa présence; il est plus loin, mais je ne peux l'apercevoir. Je ressens aussi leurs émotions et je sais que les êtres malfaisants qui sont depuis longtemps à ma recherche m'ont retrouvée, nous les sentons tous arriver.

Je suis triste d'être continuellement traquée. Mettre en danger ceux qui me protègent et risquer leurs vies m'est complètement in­supportable. Parfois, je voudrais en finir et disparaître à jamais. Un grand chagrin m'envahit. J'ai peur pour eux, j'ai peur pour moi, car je sais que nos assaillants ont de grands pouvoirs et qu'ils savent percevoir les pensées à distance, et le fait qu'elles soient combinées à de l'angoisse leur facilite d'autant plus la tâche. Les deux êtres m'emmènent et me cachent dans une toute petite pièce. Celui avec qui j'ai nagé reste avec moi et m'enlace de ses bras en

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DE LA VIE À LA VIE 457

me regardant fixement dans les yeux. Son apparence se modifie, et des lumières colorées émanent de son visage pour venir rn 'envelop­per. Il abreuve mon esprit de profonds sentiments et 1 'absorbe tant que je ne peux plus penser à quoi que ce soit d'autre. Son doux re­gard rayonne de la beauté et de la bonté de son âme et pénètre tout mon être. Des lumières aux couleurs irisées continuent d'émaner de son visage telles des flammes, et son apparence vire au mystérieux et au sublime, la lumière qu'il dégage se confondant avec son être.

Dans cet état, je peux le voir complètement tel qu'il est au plus profond de lui-même, et il peut en faire autant en ce qui me concerne. Je me laisse imprégner de sa bienveillance. Au plus pro­fond de mon âme, je sais qu'il va percevoir cette blessure tenace, cette tristesse issue de guerres anciennes qui recommencent sans cesse. Je porte une mémoire ancienne qui ne provient pas seule­ment de cette incarnation, mais remonte aux origines mêmes de la vie. Je suis gênée de savoir qu 'il va percevoir cette souffrance car c'est un être insouciant et bon. L'atmosphère lourde et menaçante qui entoure nos assaillants disparaît- ils sont partis. En rn 'empê­chant ainsi de penser et de nourrir de 1 'angoisse, il nous a permis de ne pas être repérés".

L'endroit où se déroule cette scène correspond à 1 'Osireion. Aset (Isis) est entourée d'amphibiens Abgal, sans doute ceux qui accom­pagnaient son défunt époux. D'après ce que je perçois, Aset est retournée à cet endroit à plusieurs reprises après la mort de Sa'am­Asar (Osiris). Mais elle a par la suite fini par ne plus sortir du Gigal souterrain, car elle était constamment traquée à 1' extérieur et sa vie, ainsi que celle de ses suivants, était en danger.

L'Osireion était empreint des vibrations et de l'énergie de Sa'am, et c'est pour retrouver ces sensations qu'elle s'y rendait. J'ai plusieurs visions de fuites et de traques se déroulant dans diffé­rents endroits, mais il ne me semble pas utile de toutes les décrire, tant elles se ressemblent. Il ressort clairement de ce que j'ai vu, qu' Aset n'avait plus le courage ni l'envie de continuer à vivre sans son double.

Dans cette scène, 1 'Ab gal et elle-même se sont retrouvés sur un autre plan, une dimension plus élevée, ce qui leur a permis de ne pas être repérés. Leurs ennemis ne pouvaient manifestement pas se déplacer dans ces dimensions supérieures, ni les y détecter.

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458 TROISIÈME PARTIE- ARCHIVES ET DÉCODAGES

Sé'et-Aset porte en elle une blessure très ancienne. Nous avons vu dans le tome 1 que Nammu éprouvait également cette tris­tesse même si, contrairement à sa mère Tiamata, elle ne semblait pas avoir connu la guerre. Je ne sais pas si cette blessure vient de Nammu, mais je n'en ai pas l'impression. Il me semble que c'est la guerre qu'elle a connue par la suite qui a réactivé cette mémoire de souffrance. Ti amata s'est dressée contre An et les Anunna, car elle a connu les horreurs de la Grande Guerre ayant opposé les Amasutum ancienne souche aux Usumgal et aux Musgir, et c'est finalement cette révolte qui a une nouvelle fois déclenché la guerre. Nous voyons ici un enchaînement de conséquences qui se reproduit sur plusieurs générations.

14. Conclusion

Réaliser cette étude en relatant de telles histoires rn 'attriste et me révolte quand je vois toutes les souffrances inutiles qu'ont vé­cues les divers personnages concernés. Et je suis pourtant, dans le même temps, gagnée par un grand soulagement. Après la lecture du tome 1 des Chroniques, j'ai souvent pensé à Enlil et aux condi­tions malheureuses de sa venue au monde. Il aurait ainsi dû être éliminé, à 1 'instar des autres clones défectueux nés en même temps que lui. Ayant réussi à se cacher, il a probablement été témoin de l'élimination des clones faisant partie de sa "série". J'imagine la colère et la peur qu'il a du ressentir à ce moment là comme celle de ses frères, dont il a emmagasiné la souffrance alors qu'illes voyait périr. Sa détermination à servir les Usumgal pour se faire accepter et reconnaître, ainsi que sa folie meurtrière sont certainement des conséquences de ce tragique épisode.

Lorsque les Gina'abul éliminent "leurs" produits défectueux, leur technique consiste à envoyer une décharge électrique des deux côtés du cou de 1 'entité, ce qui a pour effet de provoquer une crise cardiaque. Ce n'est évidemment pas une mort enviable, car elle est violente. Enlil est sans aucun doute le reflet tout autant que le ré­sultat paroxystique des effets pervers sur l'âme de la technologie de clonage des Gina'abul employée à des fins manipulatrices. Les expériences vécues imprègnent l'âme et lui confèrent des caracté­ristiques qui vont déterminer les vies suivantes. Je comprends en

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DE LA VIE À LA VIE 459

partie les sentiments qui ont été ceux d 'Enlil, mais je n'approuve en aucun cas, ni ne peut tolérer ce qu'il a fait en tant qu'Enlil-Seth tout au long de son incarnation. Il aurait dû être arrêté et non encouragé par les Usumgal. Ceux qui 1' ont soutenu sont aussi responsables que lui des immenses dégâts qu'il a occasionnés sur cette planète et sur les mondes qui ont disparu de son fait. Est-il ainsi nécessaire de rappeler que Mulge a été détruite et Vénus rendue inhabitable ? Faut-il pareillement évoquer l'impact psychologique morbide qu'ont subi les êtres concernés par ses actes, ainsi que leurs souf­frances?

Les nombreuses légendes du monde qui émaillent les diverses religions de cette planète ont même été jusqu'à minimiser ces actes au motif qu'un dieu possède tous les droits. Le temps a poli ces récits au fil des âges comme le sont les pierres au gré des marées, mais le mal est toujours présent. C'est ainsi ce qu'Anton tente de démontrer ouvrage après ouvrage, chose que je souhaite confirmer ici par ma modeste contribution. L'humanité ne pourra jamais évo­luer si elle ne sait pas d'où elle vient et ignore son véritable passé.

Je suis également aussi triste que désolée de constater que ce sont les races les plus puissantes (en termes de longévité et de ca­pacités), qui semblent inclure le plus de sujets malfaisants et désé­quilibrés. J'attribue ce fait aux grands pouvoirs dont disposent ces mêmes races. J'espère de tout mon cœur que les âmes qui s'incar­nent depuis des temps immémoriaux dans ces différentes espèces -voire même dans celles qui peuplent l'infini des univers- pour­ront acquérir et matérialiser suffisamment de sagesse pour que l'in­carnation au sein de ces lignées anciennes permettent à nouveau à ces mêmes êtres de s'exprimer et d'évoluer en toute sécurité, sans constituer une nuisance pour d'autres êtres vivants. Ces races sont fabuleuses, mais certaines des âmes qui s'y sont incarnées ne sem­blaient pas prêtes, comme le montre cette histoire, à disposer de tels pouvoirs, et donc de telles responsabilités.

J'espère également qu'une pareille chose sera un jour réalisable sur cette planète, et que cette sagesse gagnera l'ensemble de ses ha­bitants, au code génétique maintes fois manipulé par des Gina'abul forts de leurs connaissances en la matière. Cette sagesse inclut les différentes façons de considérer le libre arbitre et une responsabilité dont l'humain a, lui aussi, beaucoup de mal à évaluer l'importance. De nos jours, on brandit souvent le libre arbitre comme un prétexte

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460 TROISIÈME PARTIE - ARCHIVES ET DÉCODAGES

pour réaliser les pires expériences de la vie. Ce libre arbitre est alors dévalorisé sous le prétexte de la liberté de choix et de celle des consciences. C'est là le thème même des Chroniques. Ainsi, les Gina' abul mâles ont échoué ; quant aux Amasutum, elles ont dû affronter le même problème - pour le résoudre, elles sont revenues à un système exclusivement matriarcal et communautaire.

L'importance des Chroniques d'Anton Parks réside également dans le fait qu'elles témoignent d'erreurs du passé à ne pas repro­duire. L'humain ne doit par conséquent pas suivre le chemin em­prunté par des Archontes responsables de la limitation de son code génétique. Il a en lui tous les ingrédients nécessaires pour déjouer le piège que représente un libre arbitre mal compris, lequel peut souvent être la cause de beaucoup de souffrances inutiles. Du libre arbitre, oui, mais nanti d'une grosse dose de sagesse.

Cette sagesse s'acquiert non seulement à travers le respect des valeurs de chacun, mais également par l'exercice d'une constante introspection. L'être humain est-il prêt à s'observer de la manière dont il considère son prochain ? Est-il prêt à se censurer de la ma­nière dont il censure son voisin ? Tout est là ... La Lumière jaillit toujours au bout du tunnel de 1' introspection, et cette Lumière se trouve au fond de chacun d'entre nous.

Nora Parks

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3

LES PROPRIÉTÉS DU SANG MENSTRUEL ET DE COR

par Nora Parks

Le sang menstruel est singulier. Il provient de la muqueuse uté­rine qu'on appelle l'endomètre. Cette muqueuse s'évacue en même temps que le sang lors des menstrues. De ce fait, les menstrues sont alors chargées de plusieurs substances qui ne se retrouvent pas dans le sang. Le sang menstruel contient entre autres des cellules souches. 1

Les cellules souches sont connues en médecine puisqu'elles ont la capacité d'évoluer et de se transformer en d'autres types de cel­lules. Les propriétés thérapeutiques des cellules souches sont uti­lisées en médecine pour soigner diverses affections graves. 2 Les cellules souches actuellement utilisées en thérapies proviennent de ponctions effectuées chez la personne à soigner (moelle osseuse et cordon ombilical). Ces cellules sont isolées et injectées dans les tissus pour les réparer.

Dans les tomes 1 et 2 des Chroniques, nous avons vu que les Anunna avaient besoin du sang menstruel des femelles pour s' adap­ter à la fréquence terrestre. Ils l'ingéraient ainsi avec de 1' or. Anton précise qu'ils l'utilisaient comme "fixateur". De nos jours, l'or est utilisé dans la fabrication des OGM. Les cellules sont de ce fait bombardées avec de très fines particules d'or mêlées aux gènes que l'on veut introduire dans l'ADN. Celles-ci ont la particularité de pénétrer la membrane cellulaire ainsi que 1' ADN. Cette technique se nomme la biolistique : elle permet de forcer l'ADN à pénétrer

' Voir à ce propos : http://www.vulgaris-medical.cornlactualites/sang-menstruel-une-decou­verte-inattendue-120.html 2 http:/ /www.xcell-center.fr/traitementslvue-densemble/le-potentiel-de-guerison.aspx

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462 TROISIÈME PARTIE - ARCHIVES ET DÉCODAGES

dans la cellule. L'or sous forme d'eau distillée comprenant de très fines particules (or colloïdal), est 1 'un des premiers métaux à avoir été utilisé en médecine; celui-ci est connu depuis le XVIe siècle.3

L'or colloïdal a une action stimulante sur l'activité cellulaire et sur l'organisme en général ; il renforce le système circulatoire. Il augmente les défenses de 1 'organisme en activant le pouvoir des­tructeur des globules blancs. C'est donc un anti-infectieux puissant à l'instar du cuivre et de l'argent, auxquels il est souvent associé. L'or est fixé par le foie, la rate et la moelle des os. Sa polyvalence biologique lui permet de jouer sur toutes les fonctions, sur tous les organes et sur tous les terrains. Chez les enfants, 1 'or aide à lutter contre les affections de la sphère ORL et stimule leur croissance. Il répare les lésions de divers tissus, permettant ainsi une meilleure cicatrisation des plaies. Il améliore notoirement les capacités intel­lectuelles, particulièrement en ce qui concerne la mémoire.

Des sources moins scientifiques préconisent 1 'or colloïdal ou l'or sous forme d'Ormus pour régénérer et harmoniser l'équilibre émotionnel, évoluer spirituellement et accéder à des dimensions plus élevées.4

Aujourd'hui, certains centres de recherches proposent même à des femmes de récolter leurs menstrues afin de les conserver à des fins de recherche ou d'utilisation ultérieure. Il existe maintenant des coupelles menstruelles fabriquées avec un silicone parfaite­ment souple qui, insérées dans le vagin, permettent de récupérer le sang menstrueP Dans l'antiquité, les femmes utilisaient plutôt des éponges naturelles.

Pour ce qui est de la magie, le sang menstruel entre depuis la nuit des temps dans la composition des potions d'envoûtement amoureux. Ce savoir est encore connu des femmes africaines et utilisé par celles-ci. Une seule goutte de sang menstruel mêlée à un breuvage quelconque qu'un homme avalera, est censée avoir le pouvoir de rendre ce dernier fou amoureux de celle dont cette goutte sera issue. Les femmes qui connaissent très bien ce procédé, et qui l'utilisent encore de nos jours (bien plus fréquemment qu'on ne l'imagine), se le transmettent bien entendu entre elles sans que

3 http://www.argentcolloidal.fr/ 4 http://www.elgrial.com/catalog/product_info.php?cPath=26&products_id=40 5 Vendues dans les magasins de produits biologiques. Elles sont d ' un intérêt écologique ma­jeur, car elles évitent l' utilisation de protections périodiques.

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LES PROPRIÉTÉS DU SANG MENSTRUEL ET DE J..:OR 463

les hommes n'en sachent rien ! Je ne vais pas mentionner ici les ethnies qui utilisent le plus ce procédé, par respect envers les amies de divers horizons qui m'ont expliqué cette pratique secrète, il y a maintenant quelques années de cela - bien avant que je ne lise Anton!

Je ne conseille néanmoins pas aux femmes d'utiliser ce procédé sans l'accord de leur partenaire et sans que ceux-ci soient certains d'être sincères dans leurs sentiments vis-à-vis d'elles. Idéalement, le partage des fluides corporels se fait entre âmes sœurs véritables. Il ne faut pas oublier que le sang transmet de l'information, mais également des virus.

Pour finir, rappelons également ici la pratique amérindienne qui consiste à offrir le sang des règles à la terre. Mélangé à de l'eau, il peut être répandu sur les cultures, et c ' est alors un très bon engrais qui a aussi pour particularité d'augmenter le taux vibratoire des lé­gumes cultivés. Le fait de le répandre sur les limites d ' un terrain habité confère une protection magique au lieu.

Nora Parks

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Tableau détaillant la composition génétique des personnages principaux, par Nora Parks

Parents-+

Enfants

Tiamata 100%

Amasutum ancienne souche

Enkù 100% Abgal

Nammu 50% Amasutum ancienne souche

(Tiamata) 50% Abgal inconnu

Ninmah 100% Amasutum ancienne souche (Tiamata) mais

modifié

An 100%

Usumgal .

i ~J~u_m_e_a_u_x-------+--------~~------~--------------1-------------·~-------

originaux 75% Abgal 25% Amasutum ancienne souche Saran 50% Abgal 50% Amasutum ancienne souche Asme 75% Abgal 25% Amasutum ancienne souche

Sé'et 75% Abgal 25% Amasutum

50% ?

50%

50%

50% 100%?

50%

1 ère possibilité

50% Enkù 50% Nammu

50%

Insémination artificielle de Nammu avec la semence d'Enkù

ancienne souche 2• possibilité

Sa'am Cloné avec les gènes d'An et de Nammu. 32,5% Amasutum

: ancienne souche :32,5% Abgal 35%Usumgal

IAset 1 Clonée avec les gènes de Saran 50% Abgal 50% Amasutum ancienne souche

He ru Insémination d'Aset avec les gènes de Sa'am enrichis de gènes Kingû. Heru a donc 50% des gènes d'Aset et 50% des gènes de Sa'am moins un certain pourcentage, remplacé par du matériel Kingû blanc inconnu.

Clonée via une matrice avec env 55% gènes de Saran enrichis de 45% gènes Abgal issus de Nammu et isolés.

65% 35%

50% 50%

Si Aset a soustrait 40% du génome de Sa' am et l'a remplacé par du matériel Kingû, le génome d'Heru devait être d'environ : 34,75% Abgal 34,75% Amasutum ancienne souche 10,5% Usumgal 20% Kingû

Si Aset a soustrait 25% du génome de Sa' am et l'a remplacé par du matériel Kingû, le génome d'Heru devait être d'environ : 37,19% Abgal 37,19% Amasutum ancienne souche 13,12% USumgal 12,50% Kingû

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Conclusions du tableau génétique

Cette liste part du principe de la transmission de la moitié des gènes de chaque pa­rent. Ces calculs ne sont qu'une probabilité, vu qu'il existe des distributions aléatoires de gènes en fonction des ascendants des parents, qui ne sont pas toujours connus. Pour les parents qui sont des créations génétiques, la technique de clonage utilisée nous est inconnue, ce qui interdit toute certitude quant aux pourcentages exacts de gènes trans­mis aux enfants.

Nous savons que Sé'et a été clonée par Nammu et qu'elle possédait environ 3/4 de gènes Abgal. Pour arriver à ce résultat, deux solutions sont possibles :

1- Elle aurait été créée naturellement par Nammu via une insémination artificielle avec les gènes d'Enkù.

2- Elle aurait été créée via une matrice artificielle à partir des gènes de Saran enri­chis de gènes Abgal.

Si les gènes Abgal que Nammu a utilisés venaient d'elle, elle aurait été obligée de les isoler de son génome, car elle ne pouvait arriver à un taux de 3/4 de gènes Abgal chez Sé'et, vu que Saran et elle-même n'en possédaient que 50%. Si elle l'a créée artificiellement, elle l'a clonée petite et non adulte comme elle l' a fait plus tard avec Her-Râ (voir à ce propos mon dossier de fin d'ouvrage).

Dans les deux cas, la technologie de la pyramide a été utilisée pour que l'âme de Saran soit bien celle qui devait s'incarner dans le corps de Sé'et. Nous voyons dans ce tableau que Nammu a redonné à Sé'et le patrimoine génétique (pourcentage identique) de sa première incarnation Uumeaux originaux), si Enkù est le père des jumeaux. S'il s'agit de parthénogenèse, les jumeaux avaient des gènes identiques à ceux de Nammu.

Sa'am possédait bien 1/3 de gènesAbgal et non 1/4 comme le prétend la Ninisib (ou Ninhal, prêtresse en divination) dans le tome 2, lorsqu'elle converse avec ce dernier. Il y a pourtant une belle différence entre ces deux taux. Savait-elle que Ninmah lui avait révélé le pourcentage exact de gènes issus de Nammu qu'il possédait?

Ninmah était une création illicite de Tiamata. Elle l'avait créée avec des gènes Amasutum ancienne souche, qu'elle avait modifié pour lui donner une plus petite taille, afin de ne pas attirer l'attention. Elle n'a cependant pas réussi à supprimer certaines caractéristiques, comme le venin et la queue, laquelle était tout de même plus petite que celle de l'ancienne race.

Enfin, Sa'am personnifiait, grâce à son génome, un équilibre des forces en conflit dans cette partie de 1 'univers : 113 Abgal, 1/3 Amasutum ancienne souche, et 113 Usumgal.

De son côté, Hern était lui aussi composé d'un mélange des races en conflit dans cette partie de 1 'univers. Il était composé d'environ l /3 d' Abgal, 113 d' Amasutum ancienne souche, et de 1/3 de mélange d'Usumgal et de Kingu (tableau non exhaustif des possibilités envisagées).

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4e partie

RÉSUMÉ DES

CHRONIQUES DU GiRKÙ

.. TOMES 1 &2 ..

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PREMIER ACTE : "LE SECRET DES ÉTOILES SOMBRES"

1. La création de Sa'am

La grande saga relatée dans les Chroniques du Girkù, débute il y a près de 300.000 ans, bien avant l'avènement de l'homme mo­derne tel que nous le connaissons, soit une éternité avant le déve­loppement de 1 'Homo Sapiens.

Au cœur du vide spatial glaçant de la constellation de la Grande Ourse, au sein d'un immense vaisseau-mère, une ancienne âme est appelée à naître dans un nouveau corps. Son concepteur, le "dieu" An, membre du grand conseil Usumgal l'a créé comme modèle d'une nouvelle lignée génétique, qu'en qualité de grand cloneur, il souhaite prochainement réaliser. An hésite à éliminer sa progé­niture, puis se rétracte au dernier moment devant le sourire de sa créature.

En venant au monde à taille adulte au sein d'une matrice artifi­cielle, Sa' am, le nouvel être, se contemple et se trouve magnifique : une multitude de petites écailles parsèment son corps. Un grand savoir est déjà inscrit en lui, issu de son bagage génétique. Il est persuadé d'être le clone parfait de son créateur, lui devant service et allégeance. Le plan de son maître est programmé dans ses gènes et le pousse à agir dès sa sortie de la matrice artificielle. Sa' am doit aller proposer et convaincre le grand conseil Usumgal, et surtout la grande reine Tiamata et son époux Abzu-Abba, qui sont à la tête de ce prétoire, à autoriser la création de la nouvelle lignée de son créateur.

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Sa'am est parfaitement adapté pour remplir sa mission de sé­duction et de conquête auprès du conseil. Il aurait été créé sur le modèle de production spécifique à la future lignée à venir, dénom­mée Anunna. Il en est le premier représentant, mais sous une forme infiniment plus sophistiquée ; c'est pourquoi il est supposé les gouverner par la suite. Cependant, Sa' am ne possède pas de pénis. Pourquoi son créateur a-t-il choisi de le créer ainsi ?

Sa'am se "souvient" du chemin à parcourir dans le vaisseau-mère et trouve sans peine 1 'appareil volant qui lui est destiné, fabriqué à sa taille, dont il connaît intuitivement le pilotage. Il quitte le vais­seau en orbite de son créateur pour se rendre jusqu'à la capitale de Nalulkara. Il s'agit de la planète où siège la royauté des Gina'abul, des êtres humanoïdes de type reptiliens qui peuplent cette partie de 1 'univers et dont les colonies sont éparpillées de la constellation de la Lyre, à celle du Dragon, jusqu'aux Pléiades et les Hyades, en passant par la Grande Ourse. Leur particularité est de vivre une existence pérenne, et ils subissent ainsi un renouvellement cellu­laire qui les fait muer en changeant leur peau, à la manière des serpents. Ils sont quasi immortels.

Les sept Usumgal forment une famille composée des parents souverains assortis de cinq enfants génétiquement créés, dont An est le dernier. Par tradition, il est aussi le plus sophistiqué, car se­lon l'idéologie Gina'abul, les derniers-nés sont censés posséder la connaissance de leurs aînés.

Arrivé sur place, Sa'am comparaît devant le conseil dirigé par le couple suprême, le roi Abzu-Abba, souverain acariâtre, para­noïaque et vieillissant, et la reine Tiamata, sage, impérieuse et puis­sante. Il est très impressionné par la souveraine : sa haute stature, sa majesté et son élocution lui rappellent que les prêtresses-femelles connaîtraient, selon certaines rumeurs, la science hermétique de la puissance des sonorités qui permettent de faire s'écrouler des cités ou de cacher 1' entrée de certains sanctuaires.

Sa comparution est délicate, il doit proposer une solution au mal qui ronge les Sutum, les mâles ouvriers de leur race, créés originel­lement par clonage par le couple souverain, et qui se meurent sous l'effet d'une maladie inconnue. Les Sutum sont depuis longtemps devenus stériles, rendant impossible la procréation naturelle avec les femelles Amasutum. Ces dernières sont les détentrices de nom­breux secrets, elles-mêmes et leurs cultes représentent un véritable

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mystère pour leurs contreparties masculines. Sa'am doit convaincre l'ensemble de l'Assemblée du bien-fon­

dé du projet d'An : Créer et établir une nouvelle lignée de mâles capables de se reproduire par voie sexuelle. De cette manière, cette nouvelle race ne dépendra plus du clonage pour se perpétuer, ainsi que de la bonne volonté de la reine et de quelques femelles, dé­tentrices des pouvoirs décisionnels et scientifiques de planification. Au sein des Gina'abul, seules les Amasutum possèdent les matrices artificielles qui permettent de cloner.

Sa'am convainc les six Usumgal de se réunir avec leur fils An pour décider de l'issue de ce projet. Il rejoint ensuite son créateur dans son vaisseau-mère afin de le chercher pour participer au grand conseil, mais il ne l'accompagne pas, promettant de rejoindre l'as­semblée divine plus tard. En cachette de son créateur à 1' esprit in­quisiteur, Sa'am veut comprendre la maladie qui décime les Sutum et se rend ainsi dans 1 'Abzu (le monde souterrain) de la planète souveraine pour faire des prélèvements sur les mâles agonisants. Après analyse des échantillons, il comprend qu'ils sont victimes d'un virus qui détruit leur système immunitaire. Sa'am distingue derrière cette maladie la marque de fabrique de son créateur et réalise que An a délibérément infecté les Sutum dans l'objectif de convaincre le conseil d'accepter son plan ...

2. Le grand conseil

Lorsque Sa'am rejoint les sept Usumgal, An et ses frères ont déjà persuadé la reine Tiamata d'accepter le projet. Sa'am sait que la reine a concédé cette permission par dépit, devant 1 'échec des Amasutum, qui, malgré leur grand savoir, ont échoué à découvrir de quelle calamité souffrent leurs mâles. L'argument principal d'An fait appel aux peurs les plus profondes de la reine. An avance que cette maladie proviendrait d'un autre monde et d'ennemis ayant réussi à infiltrer leur lignée. De cette façon astucieuse, An propose également que les futurs Anunna se constituent en une famille guer­rière prête à protéger les Gina'abul gouvernés par le clan des sept Usumgal. Sa'am connaît la vérité, mais sa filiation génétique lui impose le silence et une parfaite loyauté envers son créateur.

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An souhaite que les Anunna possèdent l'immortalité, ce qui, se­lon lui, mettrait cette nouvelle lignée mâle à l'abri des maladies. La reine rétorque ne pouvoir donner ce type d'autorisation, car seuls les planificateurs au service de la vie, dont les Gina'abul mâles ne font pas partie, peuvent prétendre à l'immortalité. Devenue mé­fiante et suspicieuse, elle accorde alors à An 1' autorisation de créer ses mâles guerriers Anunna, à la condition qu'ils soient dépourvus d'un sexe fonctionnel. Ils seront uniquement prédestinés à proté­ger l'ensemble de leurs colonies contre des ennemis potentiels. En contrepartie, elle impose la création de planificateurs sexués, mais non guerriers, les Nungal, dont le but sera de servir la vie. Il y aura donc deux lignées distinctes, gratifiées d'une longue vie, mais ne possédant pas 1 'immortalité absolue. Chacune sera dotée de carac­téristiques et de pouvoirs différents, ce qui évitera que la nouvelle souche souhaitée par An ne concentre en elle toutes les facultés et tous les pouvoirs. La reine Tiamata insiste particulièrement pour que deux de ses plus grandes Amasutum secondent la création des nouveaux êtres. L'une d'elle assistera An pour la création des guer­riers Anunna et l'autre secondera Sa'am pour produire les Nungal, la lignée planificatrice sexuée.

3. Les créatrices de vie

Lors de la rencontre entre Sa'am et Ninmah, la prêtresse qui doit seconder An, celle-ci ne sait pas encore que Sa'am dispose du Niama, cette force omnipotente qui lui confère de grands pou­voirs de télépathie et de télékinésie. Cette faculté est 1 'apanage des Usumgal et, paraîtrait-il, de quelques rares prêtresses Amasutum. Ninmah ignore que Sa'am a été créé avec des gènes de son créa­teur et ne se méfie pas. Elle lui dévoile alors son caractère et ses questionnements en ne dissimulant pas ses pensées, alors que les femelles savent pourtant être impénétrables. Sa'am découvre ainsi que Ninmah est ambitieuse et qu'elle possède un caractère volon­taire et imprévisible, rendant tout contact avec elle difficilement supportable.

Sa'am apprend que Mamitu-Nammu, la prêtresse Amasutum avec qui il doit collaborer, est non seulement la fille de la reine Tia­mata, mais aussi la plus illustre planificatrice du monde Gina'abul.

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Elle est réputée pour ses œuvres dans une région de 1 'univers nom­mée TI-AMA-TE (notre système solaire), et ainsi baptisée chez les Gina'abul en l'honneur de leur souveraine Tiamata. Sa fille, Mamitu-Nammu, y a beaucoup œuvré, plus particulièrement sur Uras, c'est-à-dire la planète Terre. Sur cet astre unique, se croisent de nombreuses routes galactiques, ces couloirs intemporels, des vortex d'énergie, qui permettent de voyager à des vitesses impres­sionnantes et de relier des mondes éloignés. En ce lieu sacré, sont également expérimentées de multiples formes de vie depuis la nuit des temps, dont une forme exceptionnelle, en 1 'occurrence une race multidimensionnelle issue du mélange et des efforts communs de tous les peuples planificateurs Kadistu de l'univers. Ces êtres pro­digieux se nomment les Namlu'u. Ils sont les détenteurs de tous les savoirs, y compris celui de la nature de la Source de toute vie.

4. Le complot d'An est découvert

Lorsque Sa'am et Ninmah se rendent à la bibliothèque génétique pour chercher le matériel congelé avec lequel ils vont travailler, ils sont sommés de se rendre devant la reine Tiamata. Entre temps, cette dernière s'est rendue compte que le virus qui détruit les Sutum ne peut être qu'originaire du savoir Gina'abul, et elle soupçonne forcément An d'en être l'auteur. Dans l'urgence, Sa'am suggère à la reine de s'enquérir elle-même des motivations de son rejeton An. En réponse, le puissant et insondable An affirme que c'est une race apparentée, pacifique, planificatrice et normalement alliée, les Suk­kal, qui serait à 1 'origine de la création et de la propagation du virus. Après avoir convaincu la reine Tiamata de l'existence d'un com­plot, An préconise que la nouvelle lignée guerrière soit produite en toute discrétion dans le système éloigné des Pléiades. Il choisit de se rendre sur la planète Dukù, qui appartient à son créateur, Ansar. Il est accompagné de ses deux concepteurs Usumgal, et par Nin­mah, avide de pouvoir, et pourvu de 1200 matrices sur lesquelles il s'est empressé de mettre la main en s'adressant aux femelles.

Entre-temps, Sa'am a accueilli Mamitu-Nammu qui revenait d'Uras (la Terre). Charmé par sa beauté, il décide de lui accorder sa confiance. Leur tâche de création de la lignée des planificateurs va être difficile, ils vont devoir se contenter d'une poignée de ma-

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chines de clonage en piètre état, car seules 257 des matrices qu'ils ont réunies fonctionnent. La fabrication des clones Nungal va être infiniment plus lente et laborieuse que celle des Anunna d'An et de Ninmah.

5. Sa'am, souverain des Abzu

Pendant ce temps, Lahmu et Lahamu, deux des Usumgal restés sur Nalulkara à l'instigation d'An, décident de supprimer froide­ment tous les Sutum survivants. Le roi Abzu-Abba est hors de lui. Il souhaite faire interrompre toutes les sessions de clonages en cours, car il n'est pas d'accord avec l'éradication des Sutum, qui sont ses créations génétiques. De plus, An a stoppé toute communication depuis les Pléiades. De sa propre initiative, Sa'am se rend au palais du roi Abzu-Abba pour le raisonner, mais il finit par le supprimer afin de sauver sa vie dans un terrible déchaînement de violence qui lui fait découvrir l'ampleur des pouvoirs qu'il a hérités de son créa­teur : la force du Niama, cette faculté psychique qui lui permet de terrasser ou de tuer quelqu'un à distance par la force des ondes, de la voix et de la pensée. Puis, dans la grande tradition Usumgal, Sa'am se voit alors conférer la force vitale et psychique ainsi que les pouvoirs dynastiques et territoriaux de celui dont il a ôté la vie. C'est ainsi qu'il devient le souverain de tous les Abzu appartenant aux colonies Usumgal, ces mondes souterrains situés dans la partie creuse et concave des astres- le roi Abzu-Abba régnait en effet sur un grand nombre de ces mondes.

6. Nammu demande à Sa'am de devenir son amant

Sa'am regagne ensuite la surface de la planète pour rejoindre Nammu et l'équipe des prêtresses planificatrices qui s'occupe de produire les Nungal. Nammu, qui est attirée par Sa'am, lui de­mande alors d'être son amant. Selon les lois Gina'abul, un mâle ne peut refuser les avances d'une femelle. Cependant, Sa'am ne veut pas perdre sa liberté. Espérant qu'elle se ravise quant à sa décision, il lui confie grâce à son Niama l'intégralité de son vécu depuis sa naissance, lui avouant sa physionomie asexuée, sa traîtrise envers

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la reine, et l'homicide récent d' Abzu-Abba. Mamitu-Nammu est choquée, mais elle persiste dans son choix et le lui impose. En qua­lité d'amant de la fille de Tiamata, Nammu devient sa garante de­vant la reine, lui évitant de se justifier. Il n'a donc pas d'autre choix que d'accepter la décision de Nammu s'il veut survivre ! Sa'am va apprendre alors à nouer des liens de plus en plus profonds avec cette puissante et sage Amasutum, détentrice d'un savoir et d'un pouvoir dont elle ne fait pourtant pas étalage.

Sa'am se voit initié aux mystères de l'entendement et de la ma­gie des Amasutum. Grâce à la tendresse qui les lie Nammu et lui, le couple commence à s'échanger les pouvoirs propres à chacun. Même s'il s'agit d'un clone asexué, Sa'am apprend à canaliser ses émotions et son Niama, sa force vitale, ce qui ne fait qu'accroître ses pouvoirs. Mais pour Nammu, la seule manière de transformer Sa'am en un être entièrement indépendant d'An et des Usumgal sera d'en faire un être sexuellement complet et non un clone amoin­dri. Le don d'un sexe est la prochaine étape prévue par Nammu pour libérer Sa'am de l'emprise Usumgal. En disposant d'un pé­nis, l'union et l'échange des énergies pourront être complets entre Sa'am et sa bienveillante maîtresse. De cette façon, Sa'am ne pour­ra faire autrement que de transmettre son Niama à Nammu, car ce­lui-ci se propage obligatoirement lors de l'union sexuelle.

Les Nungal nouvellement créés sont d'abord installés dans l'Abzu de Nalulkara, aux côtés des Sutum survivants et soignés. Cet Abzu devient ainsi un havre de paix grâce aux travaux de re­construction conjoints des Nungal, de Sa'am et de Nammu. Les eaux sont purifiées car c'est là que le poison avait été déversé pour infecter les Sutum.

Des Amasutum réussissent à prendre contact avec la reine à partir du système des Pléiades, et font état de 20.000 spécimens Anunna créés par An et Ninmah, dont certains seraient plus élabo­rés que prévu. Sa'am décide alors de créer d'autres types de Nungal à la composition plus complexe afin d'étoffer cette lignée et son héritage génétique. C'est un peu une course entre le père et le fils, à celui qui fera le meilleur ouvrage génétique. Le temps manque pour contrebalancer la montée en force d'An. Il faut à tout prix accroître la puissance des Nungal !

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7. Sa'am initié aux Mystères

Les prêtresses Amasutum imposent ensuite à Sa'am une initia­tion que tout souverain se doit de connaître. Nammu y est opposée, mais elle ne peut aller contre la volonté du conseil Amasutum, car toute la longévité de cette race féminine dépend et est régie depuis des millénaires par des lois rituelles. Cette mystérieuse initiation peut soit le tuer, soit renforcer ses pouvoirs et ses capacités psy­chiques et cognitives. Aucun mâle n 'est jamais passé au travers de cette épreuve du "Feu de l'As". Abzu-Abba lui-même n'en était pas sorti indemne. Il avait néanmoins réussi à y survivre de justesse grâce aux soins prodigués par les femelles, mais aura toute sa vie gardé des séquelles de ce rituel. Ce rite est une énigme mystique dont la solution doit faire percevoir à Sa'am la véritable nature des prêtresses, celle des Étoiles Sombres. Ayant trouvé la réponse à cette énigme porteuse de mort, il est arraché au trépas par une étrange femelle, une certaine Sé'et, dont il saura plus tard qu'elle est la suivante attitrée de Nammu. Contre toute attente, Sa'am sort vainqueur de l'épreuve, transformé en un être plus complet. Il aug­mente ainsi son prestige au sein du cercle Amasutum et acquiert sa confiance, devenant véritablement le roi aux yeux de ce dernier. Il incarnera à partir de ce jour l'espoir secret de toutes les Amasutum désireuses d'un équilibre des forces.

8. Les origines de la lignée Usumgal

À l'issue de cette initiation, Sa'am reçoit des informations plus précises sur les origines de la lignée Usumgal dont il est issu, ainsi que sur les raisons du schisme opposant mâles et femelles. Nammu lui explique que pour se protéger des tentatives inquisitrices des mâles Usumgal et de leurs pouvoirs télépathiques, les Amasutum avaient développé une langue tonale secrète très riche en signifi­cations, laquelle permet aux femelles de communiquer entre elles sans que les mâles puissent en appréhender le sens. Le langage de communication des mâles n'est que le pâle reflet de cette langue matrice occulte, qui inclut plusieurs niveaux de compréhension. Il comprend aussi que les Usumgal ne sont qu'une lignée vaniteuse parmi d'autres. Les Gina'abul forment une famille de races repti-

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tiennes composées de moult lignées aux aspects très divers. Elles incluent, entre autre, les femelles Amasutum, les six Usumgal mâles -seuls rescapés d'un lignage éteint-, les Abgal (amphibiens et pla­nificateurs), les Kingu (royaux), les Musgir (guerriers ailés), et les Sukkal (humanoïdes apparentés aux oiseaux et planificateurs). Les trois dernières lignées cohabitaient en des temps reculés dans la constellation de la Lyre avant qu'une grande guerre finisse par les disperser aux quatre coins de l'univers.

C'est la lignée Musgir qui est à l'origine de ce conflit. N'étant pas immortels, leur ambition était de soumettre et de maltraiter les Amasutum pour s'approprier leurs sécrétions sacrées, celles qui confèrent une vie éternelle ainsi que la connaissance hermé­tique qu'elles possèdent. Les Musgir s'étaient alliés avec les mâles Usumgal, tandis que les Kingu, ne désirant pas se risquer dans ce conflit, avaient pris la fuite en abandonnant les Amasutum, les Musgir et le clan Usumgal à leur destin commun. Les fuyards pré­férèrent regagner le système dont était issu l'ensemble des lignées reptiliennes : la constellation du Dragon. Les Kingu formant la race ancestrale et royale Gina'abul, Sa'am apprend également qu'ils sont les créateurs de la lignée éteinte Usumgal. Les Kingu sont composés de plusieurs souches : l'une à la peau verte (les ouvriers), une autre à la peau rouge (les guerriers), et enfin les royaux albinos, qui forment la caste la plus élevée. Les Kingu préfèrent la ruse à la confrontation et n'ont qu'un mot d'ordre: diviser pour régner.

Les Sukkal quant à eux, faisant partie des planificateurs, tentè­rent de rester neutres dans ce conflit ancien, laissant les femelles Gina'abul s'engager dans une guerre fatale. À la fin des hostilités, les Amasutum s'étaient jointes aux planificateurs qui leur avaient imposé de ne plus cloner des femelles en pleine possession de tous leurs pouvoirs. Les nouvelles femelles clonées ont été modifiées pour être plus petites et moins puissantes. Ayant fait l'objet d'un massacre général, l'ancienne souche Amasutum fut majoritaire­ment décimée lors de ces combats. Seules quelques rescapées fe­melles ancienne souche survécurent et se réfugièrent dans le sys­tème d'Orion, chez les planificateurs Urmah, ou encore dans la constellation du Taureau.

Une tenace méfiance régna entre toutes les factions de ce bes­tiaire céleste. Les Amasutum se dispersèrent sur plusieurs mondes et formèrent leur propre société matriarcale. Nombre d'entre elles

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furent soumises à la régence d'une famille de rescapés de 1' ancienne souche Gina'abul : Tiamata et Abzu Abba. Ils élaborèrent généti­quement cinq enfants - ils forment ensemble les sept Usumgal sou­verains. À la suite de la Grande Guerre, et afin de ne plus prendre de risques, on procéda au clonage de simples conjoints mâles : les Sutum. Ceux-ci, ne possédant ni pouvoirs, ni connaissances scien­tifiques, ne furent jamais initiés aux secrets des femelles.

Une paix fragile étant revenue, d'autres Amasutum s'allièrent à des races planificatrices et engendrèrent une descendance hybride par voie naturelle dans d'autres mondes protégés par les planifi­cateurs au service de la Source de toute chose. Depuis, un calme relatif règne au sein des Gina'abul. La race ancestrale des Kingu est devenue un objet de haine et de détestation pour les six mâles Usumgal survivants, qui considèrent les royaux comme des traîtres. Les agressifs Musgir, dont la majorité a été éliminée lors de la confrontation avec les Amasutum, n'incluent plus que quelques in­dividus éparpillés, qui se cachent probablement, autant pour ne pas être découverts que pour se faire "oublier".

Placée au-dessus de toutes ces engeances souillées par les conflits et le sang, la confédération planificatrice Kadistu, compo­sée de nombreuses races aux aspects fort diversifiés, se refuse à la violence et à la confrontation. Certaines d'entre elles disposent d'un savoir et d'une technologie sophistiqués. Elles essayent plu­tôt de jouer sur l'intimidation grâce à la force de dissuasion que leur procure leur avance technologique. Leur philosophie consiste à laisser les races apprendre au travers de leurs propres expériences, et elles n'interviennent ainsi que si la pérennité de la vie est mena­cée, ou plus simplement parce que leurs territoires sont attaqués. Parmi ces races, il en existe une, spécifiquement guerrière et par­ticulièrement redoutée, qui est celle des félidés Urmah du système d'Orion. Ce sont ceux-ci qui interviennent en dernier recours, au cas où il faudrait ramener l'ordre dans une partie de notre univers.

9. Au cœur des dimensions

Ces diverses races ont toutes la capacité d'évoluer dans diffé­rentes dimensions, ce qui les rend invisibles au regard des êtres qui évoluent dans la 3D. Les Kingu Royaux albinos et les Musgir peu-

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vent se terrer dans les dimensions inférieures (1re et 2• dimensions), auxquelles peuvent éventuellement, et ce de manière ponctuelle, accéder les Amasutum et les Usumgal.

Les Sukkal et les amphibiens Abgal, ainsi que d 'autres races planificatrices peuvent vivre dans des dimensions supérieures, mais n'ont pas accès aux dimensions inférieures précitées. Ces ca­ractéristiques de fréquences rendent la situation politique de ces différentes races très complexe, d'autant plus que les planètes des différents mondes évoluent dans des fréquences différentes. Les Amasutum, surtout celles de l'ancienne souche, avaient la capacité toute particulière d'évoluer dans les basses et les hautes dimensions à la fois . Évoluant dans les fréquences médianes, elles étaient en quelque sorte le lien entre toutes ces factions.

1 O. Enlil est épargné

Alors qu'il inspecte les séries de clonage qui se succèdent, Sa' am est informé qu'une de ses séries expérimentales de Nungal pose des problèmes. Un groupe de sept sujets est totalement incontrôlable. N'ayant pas été informées des essais de Sa'am, les Amasutum sont intriguées, car ses clones réagissent comme des sang-mêlé, des êtres issus d'un mélange génétique entre plusieurs donneurs. Aucun cloneur Gina'abul n'a jamais réussi à conserver de tels spécimens en vie plus de quelques heures. Six êtres de la série ont déjà été éliminés, mais le septième a réussi à s ' échapper. Sa'am le rattrape, mais décide de l'épargner. Comme lui, il est rescapé d 'une suite d'expériences de clonage, comme lui, il mérite de vivre. Sa créature est bavarde et intelligente, Sa'am en est fier et ille nomme alors En­Hl, ce qui veut dire le "seigneur du souffle" ou encore "le seigneur qui a de l'esprit" . Sa'am ne prend pas la peine d'expliquer aux prê­tresses 1 'origine du mal de ses clones ; à travers Enlil cependant, il vient de réussir une prouesse qu'aucun autre Gina'abul n'avait réalisée avant lui, chose pour laquelle on 1 'honorera et le respectera.

11. La création du Mardukù

Afin d'éviter toute dissension, la souveraine Tiamata charge

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Sa'am et Nammu de créer avec l'aide de prêtresses un texte de loi qui régira l'ensemble des nouvelles lignées d'An. Le texte de loi Mardukù est rédigé afin de définir les droits et devoirs de chacune des parties. Par ces décrets, Tiamata et les femelles croient pouvoir contraindre An, ses Anunna et les Usumgal à obéir et à se soumettre à une éthique donnée vis-à-vis des femelles. La reine donne pour mission au couple d'apporter le texte à An sur la planète du Dukù, située dans les Pléiades. Souhaitant les contraindre à accepter les lois, elle a demandé à la plus grande partie des Amasutum vivant sur la planète en question de se retirer afin de laisser An et ses Anunna complètement démunis. En outre de cela, la confédération des planificateurs, perplexe devant tous les changements interve­nus en si peu de temps chez les Gina'abul, ont mis en place une rigoureuse surveillance aérienne tout autour de la planète Dukù. Le nombre d' Anunna clonés les inquiète autant qu'illes déstabilise. Ils craignent à juste titre qu'un nouveau conflit embrase le monde des Gina'abul et de nombreux autres systèmes.

Arrivés sur place accompagnés d'une vingtaine d' Amasutum et d'Enlil, Nammu et Sa'am se rendent compte que Ninmah possède le pouvoir du Niama des Usumgal, obtenu sans nulle doute du fait de son union cachée avec An. Le fait qu'une prêtresse Amasutum aussi puissante s'allie à la cause Usumgal compromet le fragile équilibre qui règne entre les mâles et les femelles Gina'abul. Autre constat inquiétant : les Anunna nouvellement créés sont parqués sur la planète dans de déplorables conditions d'hygiène. Rien n'a été prévu pour les nourrir et les vêtir, ce qui augmente le risque de les voir devenir agressifs pour finir par se révolter.

12. An dévoile son jeu

Une réunion est organisée ; Lahmu et Lahamu, les deux Usumgal qui étaient restés sur Nalulkara, rejoignent le Dukù des Anunna. La famille est de nouveau réunie. An et les Usumgal acceptent la signature du texte de lois, le Mardukù. Ce texte comprend malheu­reusement une faille : il prévoit en effet que les Amasutum doivent subvenir aux besoins alimentaires des mâles. Les Usumgal obligent donc Sa'am et Nammu à tenir les engagements qu'il implique.

Le moment des comptes est arrivé. Étant donné qu'il faut nourrir

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et équiper les nouvelles lignées de clones et donc prévoir une inten­dance précise, An est contraint de révéler le vrai nombre d' Anunna qu'il a créés. Il dévoile ainsi qu'il a produit bien plus d' Anunna que prévus, à savoir 900.000 clones sexués et 600.000 clones à double polarité, dont certains sont dissimulés sur des planètes avoisinantes pour les cacher aux yeux des races planificatrices Kadistu.

Malgré l'interdiction de la reine Tiamata, ils sont porteurs d'une caractéristique qui en fait des êtres bien plus puissants, plus auto­nomes et plus agressifs que prévu: à l'instar des Nungal, la majorité des Anunna est dotée d'organes génitaux parfaitement fonctionnels, ce qui n'était pas au programme. Mais ce qui inquiète encore plus Nammu, c'est qu'An a également recréé des lignées innombrables de clones Musgir dont elle arrive à lui faire avouer le chiffre, en 1 'occurrence 1 millions 200.000 individus. Cette lignée reptilienne de combat ailée au caractère particulièrement agressif met tout le monde en danger, en dépit du fait qu'An s'acharne à minimiser cette menace auprès du clan de Sa'am et de Nammu. Ninmah fait ainsi pression sur Nammu pour la création de nouvelles femelles Amasutum destinées à assister les Anunna.

L'agressivité naturelle des Anunna et leur hostilité innée vis-à­vis des femelles Amasutum sont si fortes qu'il faut les isoler de ces dernières, alors que ce sont elles qui sont chargées de les nour­rir. Cette tâche sera par conséquent assurée par d'étranges clones asexués au comportement collectiviste, les Miminu à tête de fourmi. Ces individus présents en grand nombre ont toujours été au service de leurs créateurs Kingu et Usumgal ; les prêtresses ne les suppor­tent cependant pas, tant ils sont froids et malveillants. Le clan de Nammu apprend que le nombre de Mimfnu s'élève à 750.000 dans le système solaire des Pléiades. À leur grande stupéfaction, les lois du Mardukù se retournent ainsi contre Sa'am et les Amasutum, qui se voient contraints de lancer des productions agricoles pour nour­rir et vêtir les guerriers Anunna. Ninmah, à la recherche de sensa­tions fortes, prend alors Enlfl comme amant, ce qui confère de fait à ce dernier un statut hiérarchique plus élevé. Enlil n'est désormais plus du tout sous le contrôle et la surveillance de son créateur ...

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13. Les ferments d'une guerre colossale

En augmentant les effectifs des mâles et en exigeant que des prêtresses soient dévolues à son service personnel, An a manœuvré pour intimider les Amasutum, quitte à provoquer un conflit ouvert avec leur reine et avec l'ensemble des planificateurs. Appuyé par les autres Usumgal et Ninmah, qui s'est auto-proclamée souveraine du Dukù, An a ainsi indubitablement augmenté sa puissance de frappe en dévoilant son ambition de prendre le pouvoir. Il fait du système ancestral des Pléiades le cœur du développement de 1' em­pire Usumgal à venir. Tous les ingrédients d'une déstabilisation porteuse d'une nouvelle guerre sont présents et le piège se referme. La naissance d'une armée Musgir dans le système des Pléiades sera à coup sûr considérée par Tiamata et par les planificateurs comme un casus belli. Le plan d'An apparaît clairement : la création d'un tel nombre de guerriers colonisateurs Anunna sexués épaulés par 1 ,2 million de guerriers Musgir lui permettra de développer à terme un empire à filiation patriarcale, où les femelles dominées seraient au service des mâles pour le travail, la procréation et la pérennité de la lignée. C'est donc un modèle de société totalement déséquilibré que An veut instaurer, en totale violation des principes des races planificatrices.

En réponse à l'embargo Kadistu, le clan Usumgal dirigé par An répond par un blocus de la planète, empêchant Sa'am et Nammu de se déplacer. Ils sont laissés à eux-mêmes face aux nombreux choix qu'ils ont à faire. En dépit de plusieurs démentis, le clan des Usumgal se prépare visiblement au combat.

14. Sa'am reçoit le Girkù et connaît l'intronisation di­vine

Afin que Sa'am puisse transmettre son Niama à Nammu, qui est en danger depuis que Ninmah possède ce pouvoir, le couple décide d'avancer l'opération qui lui octroiera un sexe. Par ce biais, Sa'am devient concrètement un souverain régnant aux côtés de Nammu, la plus prestigieuse femelle Amasutum après la Reine Tiamata. Un rituel secret très émouvant est célébré en présence de quelques

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PREMIER ACTE : LE SECRET DES ÉTOILES SOMBRES 483

Amasutum : l'intronisation divine le lie indéfectiblement à la puis­sance régénératrice de la Déesse Mère au service de la Source Ori­ginelle. À l'issue de ce rituel, sa partenaire l'initie à la sexualité sacrée et tous deux accroissent leurs pouvoirs psychiques et leur prestige, étant donné que ces pratiques sexuelles débouchent sur un entendement et une connaissance supérieurs de la réalité.

Sa'am reçoit alors des mains de Nammu un objet sacré d'une importance extrême : le Girkù, sorte de cristal bleu-vert issu de Si­rius, la demeure des sages Abgal dont Nammu possède des gènes. L'objet fait à la fois office d'épée sacrée, de mémoire holographique et d'instrument permettant à son propriétaire de se déplacer d'une dimension à l'autre. Cette pierre sacrée, appelée Ugur, permettra non seulement à Sa'am de marquer son pouvoir vis-à-vis des autres Gina'abul, mais sera aussi et surtout le cristal mémoriel dans lequel il enregistrera la plupart de ses faits et gestes.

Nammu lui avoue par la suite avoir contacté et avoir informé Tiamata des effectifs clonés par les Usumgal. La grande reine est ainsi en route, car elle n'acceptera sûrement aucun compromis. En secret et avec l'aide des femelles, Sa'am arrive à rencontrer des planificateurs qui semblent bien le connaître et qui lui parlent du passé, de l'avenir, ainsi que d'une lourde mission qu'il aurait choisi d'accomplir en s'incarnant chez ses frères Gina'abul. En effet, la situation se complique : Sa'am apprend également à l'issue d'une assemblée houleuse, qu'il a été engendré avec une grande partie de gènes de Nammu. Sa maîtresse est aussi sa mère, ce qui explique pourquoi Sa'am possède des mains palmées comme celles des Ab­gal.

15. La guerre terrible et la fuite vers Uras

Souhaitant que les Nungal soient aux côtés de ceux qui les ont engendrés, la reine envoie ces derniers sur le Dukù avant son ar­rivée : la philosophie des Gina'abul veut qu'un clone appartienne toujours à son créateur. Sa'am est contraint de prendre la tête de 1' armée aérienne du Dukù. Il gagne les premières lignes avec son vaisseau et se trouve face à l'armada menaçante de la reine Tiamata. Il réussit à se faufiler entre les appareils et à entrer en contact avec la souveraine. Mais toute négociation est désormais malheureuse-

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ment impossible et Tiamata, poussée par la crainte de voir un jour une armée de Musgir trop importante s'abattre sur les Amasutum, l'informe qu'elle veut lancer son attaque et récupérer le système des Pléiades. Elle conseille ainsi à Sa'am de regrouper femelles et Nungal, et de se mettre rapidement à l'abri.

Les premières lignes, constituées de vaisseaux Kingu acquis à la cause de la reine, lancent les premiers assauts. Placés en retrait, des vaisseaux de planificateurs Kadistu assistent à cette implacable confrontation. Sa' am se pose en catastrophe dans la ville d' Adhal et constate que la cité a sombré dans l'anarchie. Il rencontre sa créa­ture Enlil afin de le convaincre de mener une attaque quasi suici­daire contre la reine, dans 1 'espoir que ce fauteur de trouble y laisse la vie. Enlil, souhaitant réussir là où son créateur a échoué, accepte sans hésiter. Pendant ce temps, au cœur de 1' Abzu de la planète Dukù, An rassemble les forces d'élites Anunna pour constituer une armada spatiale susceptible de faire barrage aux innombrables uni­tés de la reine.

Les combats sanglants qui font rage sur le Dukù ne laissent que peu de chances au clan Usumgal. Anunna et Musgir sont massacrés alors qu'Enlil et An engagent une bataille aérienne en concentrant tous leurs efforts sur le vaisseau de la reine. Poursuivie sans re­lâche, elle prend la décision d'emprunter les couloirs intemporels.

Ne souhaitant pas participer aux combats, et afin de ne pas disparaître dans le carnage, Sa'am, Nammu, sa suivante Sé'et, et quelques Amasutum prennent la fuite avec des Nungal. Avant de parvenir aux vaisseaux qui vont les arracher à ce cauchemar, le groupe se cache dans des souterrains. C'est en ce lieu étrange qu'est enterré un ancien planificateur prestigieux du nom de Asme, que Nammu semble connaître.

Le groupe se sauve à grand-peine et s'engage dans les couloirs intemporels. Des messages radio donnent à l'attention des survi­vants les coordonnées du lieu de retraite de Tiamata. En les véri­fiant, Nammu se rend compte avec colère et tristesse que sa mère entraîne tout le monde vers Uras (la Terre). La souveraine souhaite impliquer les planificateurs dans la guerre, seule façon pour elle d'espérer gagner la bataille ... Le groupe de Nammu et de Sa'am est suivi par une poignée d' Anunna.

Sa'am se rapproche peu à peu de Sé'et, la fille et suivante de Nammu, une Amasutum dont le regard lui évoque d'étranges et

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PREMIER ACTE : LE SECRET DES ÉTOILES SOMBRES 485

troublantes sensations. C'est cette femelle qui lui avait sauvé la vie lors de l'initiation du feu de l'As, alors qu'il l'avait à son tour sau­vée juste avant la bataille lors d'une confrontation avec Enlil et les Usumgal au cours de la dernière séance du conseil. Un grand amour est sur le point de naître - ou de renaître - alors que la guerre fait rage.

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DEUXIÈME ACTE : "ÂDAM GENISIS"

1. La découverte d'Uras et de ses habitants

En arrivant sur Uras (la Terre), Nammu constate à son plus grand soulagement que la planète est intacte. Les réfugiés de son groupe sont composés de près de 180 Amasutum, de 300 Nungal, d'une trentaine d' Anunna à double polarité et d'une dizaine d'individus sexués. Pendant que les vaisseaux des soldats Anunna d'An, et ceux de Tiamata qui ont réussi à s'échapper des Pléiades, se livrent une guerre sans merci autour de la planète Mars, le groupe s'installe en un lieu très isolé qui correspond aujourd'hui au continent austra­lien. C'est ici, au cœur de notre système solaire, que la bataille doit s'achever.

Des alliés de la reine Tiamata, seuls les Kin gu l'ont accompa­gnée dans les couloirs intemporels. En choisissant cette destination cependant, Tiamata savait qu'elle entraînerait aussi dans son sillage les Kingu présents sur Terre, ainsi que les guerriers planificateurs Urmah propriétaires de bases sur la planète bleue. La caste mâle Usumgal découvre alors avec stupéfaction que leurs pires ennemis consanguins Kingu sont présents en TI-AMA-TE (le système so­laire).

En ces temps reculés, la Terre est administrée telle une immense réserve naturelle par une colonie d' Amasutum purement terrestre -les Ama' argi - qui vit au cœur de la planète. Les Ama' argi semblent secondées par ces étranges êtres interdimensionnels que sont les Namlu'u, créés par les planificateurs Kadistu. Ensemble, ils pren-

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DEUXIÈME ACTE : ADAM GENISIS 487

nent soin d'une biodiversité conçue il y a fort longtemps par les ser­viteurs de la Source. D'après ce que comprend Sa'am, les Kadistu créent des espèces vivantes au service de la vie, alors que les Kingu de la Terre y expérimentent la vie, mais pour leur propre compte. La Terre représente pour ces derniers leur réserve scientifique de captifs et de nourriture. Les Kingu y ont atterri sans autorisation à l'époque lointaine où les planificateurs n'y séjournaient que ponc­tuellement.

Le premier type de Namlu'u primordial, physiquement très dense, a péri suite à leurs expériences dévastatrices, la Terre ayant été envahie par des animaux gigantesques. Suite à cette tragédie, les planificateurs avaient élaboré une deuxième lignée de Namlu'u qui réunissait l'ensemble des gènes des différentes races planificatrices de l'univers, et était capable de se mouvoir dans les dimensions supérieures afin d'y être à l'abri. C'est également suite à cette catas­trophe que les planificateurs et guerriers Urmah avaient établi une base permanente sur la Terre grâce à d'énormes souterrains creusés en Afrique.

Constatant que les royaux Gina'abul occupaient toujours les lieux, les planificateurs ont autorisé les Kingu à rester sur Terre à la condition que ces derniers créent une nouvelle race hybride avec les Urmah, un lignage appelé Imdugud. Les planificateurs Kadistu espéraient ainsi que les Imdugud pourraient jouer le rôle d'intermé­diaires, étant donné que les Kingu sont froids et autoritaires et que les rapports qu'ils entretiennent avec les autres races sont problé­matiques, voire conflictuels. Malheureusement, les Imdugud sont eux-mêmes très indépendants et leur rôle d'intermédiaires n'a pas toujours été effectif.

Uras est une planète sacrée, triomphe de la matière. Les Namlu'u et les innombrables espèces qui y vivent sont la fierté des différentes races planificatrices. Les colonies planificatrices qui occupent ce système solaire sont établies sur Mulge et Mulge-Tab (la future Vé­nus). Avec l'arrivée des rescapés Gina'abul du Dukù, la situation politique de la Terre, qui n'était pas simple, se complique fortement. Quelques dragons Musgir ont en outre réussi à faire le voyage du Dukù en se dissimulant dans certains vaisseaux.

Nammu a beaucoup travaillé sur Terre et a créé et établi sur celle-ci une race d'humains issus de gènes Amasutum et de gènes de singes. Ceux-ci vivent en symbiose avec la nature et entretien-

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nent des rapports amicaux avec les Namlu'u - ils sont de type "Neandertal". De leur côté, les Kingu ont créé une autre race d'hu­mains à partir de leurs propres gènes et de ceux de singes. Ils sont durs, froids, asociaux et violents. Ce sont les "animaux premiers" ou "Âdam premier" (Homo Erectus).

Sa'am se rapproche progressivement de Sé'et et apprend beau­coup auprès de cette Amasutum qui possède incontestablement un grand savoir et une grande sensibilité. Il tombe irrésistiblement sous le charme de cette femelle discrète et profonde. Nammu semble peu à peu se détacher de Sa'am, dont elle sait désormais qu'il est son fils, étant donné qu'An l'a créé avec les gènes de celle-ci.

Sa'am se familiarise avec l'environnement étrange d'Uras. Sa fréquence en 3D serait pleine de pièges et difficilement supportable pour les Gina'abul mâles originaires de la constellation de la Lyre, et donc pour 1 'ensemble des réfugiés et guerriers mâles. Seule la race royale Gina'abul, celle des Kingu, n'a pas ce problème d'ac­climatation. Sé'et enregistre les caractéristiques de la biodiversité présente dans le cristal Ugur, alors que Sa'am y consigne plus sim­plement les événements qu'il vit. C'est aussi sur Terre que Sa'am reçoit un nouveau nom, symbolisant sur cette planète sa prise de pouvoir progressive en qualité de dirigeant de la colonie : Enki, soit le Seigneur du "KI", le seigneur de la Terre, de la 3e dimension (30). Sa'am-Enki, est un dirigeant, mais il reste cependant sous la tutelle discrète de sa mère Nammu dont il écoute spontanément les conseils.

2. La mutation des Nungal et le refuge en Abzu

C'est en s'acclimatant à l'environnement de la Terre que la troupe Nungal de Sa'am-Enki subit sa première mue. À la grande stupéfaction de tous, ils arborent un nouveau derme blanc parsemé d'écailles plus petites et plus lisses. Cet épisode met un facteur ca­pital de leur hérédité en lumière : ce sont des créatures hybrides porteuses de caractéristiques "Kingu albinos" et celles-ci sont donc de sang royal. Cette mue les met en danger face aux Usumgal et aux Anunna, qui risquent d'y voir un motif de ségrégation et de xé­nophobie. Nammu avoue qu'elle connaissait la nature des cellules que Sa'am avait choisies lors de leurs sessions de clonage, et lui

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DEUXIÈME ACTE : ÂDAM GENISIS 489

annonce qu'elles étaient porteuses de gènes Imdugud-Kingu. Le groupe n'a pas d'autre choix que de cacher les Nungal pour

que les Kingu ne les découvrent pas. Pour ne pas être découverts, ils sont donc contraints de quitter l'Australie. Ils demandent alors l'asile en Abzu, la terre intérieure où vivent les femelles Ama'argi . Malgré le fait qu'elles n'aiment pas les Kingu, elles acceptent les Nungal et la troupe de réfugiés. Sa'am apprend que Dim'mege (Li­lith), la reine des Ama'argi, est la fille génétique de Nammu, donc sa sœur. Elle possède comme lui des gènes Abgal hérités de leur mèreNammu.

Les jours s'écoulent paisiblement, l ' Abzu est un havre de paix, mais Sa'am souhaite de temps en temps séjourner à la surface. Il construit une petite cité agraire à l'aide de sa quarantaine d' Anunna. Il choisit la plaine mésopotamienne - la future Kalam - car elle re­cèle un grand nombre de portes stellaires.

3. La situation des Ama'argi

Entre-temps, en voulant chasser les Musgir rescapés de la guerre du Dukù terrés dans les basses dimensions, Sa'am et quelques Ama'argi sont enlevés par des Kingu et emportés dans un de leurs vaisseaux mère. Sa'am réussit à s'enfuir en libérant toutes les fe­melles, y compris celles que les Kingu séquestraient depuis long­temps. Cette captivité lui a permis d'en apprendre plus sur les Kingu royaux. Ceux-ci possèdent une technologie très développée, mais pas la maîtrise du Niama, comme les Usumgal qu'ils ont pourtant créés et qu'ils craignent ...

En consultant les archives d'Ugur que sa mère avait enregis­trées sur Terre, Sa'am apprend aussi que les royaux avaient forcé les Ama'argi à cloner et à modifier le type Homo en échange de leur survie. Elles avaient cependant pu améliorer et modifier clan­destinement certains spécimens afin qu'ils puissent se défendre contre leurs "dieux". Il réalise ainsi que Nammu sait beaucoup de choses à propos d'Uras, car elle y a travaillé très longtemps. Les objectifs de sa mère Nammu étaient de créer et d'améliorer les es­pèces Homos, sauf que le fruit de son travail étaient constamment récupéré par les Kingu. Cela fait assurément fort longtemps que les royaux Gina'abul se sont rendus maîtres de cette planète, et ce, au

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nez et à la barbe des planificateurs ! Nammu s'est de fait sentie tra­hie par les planificateurs Kadistu et abandonnée par ceux-ci qui ne la soutenaient pas dans ses projets génétiques et anthropologiques. Ainsi, Sa'am comprend mieux pourquoi elle l'avait laissé utiliser des gènes qu'elle savait être lmdugud lors de la création des Nun­gal. Ces derniers se sont heureusement révélés être une réussite en tant que planificateurs dévoués à leur cause qui ne semblent man­ger aucune chair humaine comme le font les royaux. Leurs gènes royaux leur permettent en outre de supporter la fréquence du KI (3D), contrairement au reste des rescapés mâles de la bataille des Pléiades.

Dim'mege, la souveraine des Ama'argi, tente de se rapprocher peu à peu de son frère Sa'am, mais celui-ci est bien trop absorbé par sa compagne et seconde sœur, Sé'et, la grande magicienne qui connaît bien des secrets. L' Abzu est magnifique, 1 'entente entre tous est bonne, mais cette trêve au cœur d'Uras durera à peine quelques années ...

4. L'arrivée des Anunna sur Terre

La grande reine des Amasutum, Tiamata, a perdu sa guerre contre les Usumgal et son vaisseau-mère mythique, telle Léviathan biblique, a été abattu par le vaisseau d'Enlil. Les vaisseaux Kadistu qui n'effectuaient jusque-là qu'une surveillance, se retirent. Pour les Usumgal, c'est une première grande victoire. Le ciel d'Uras se remplit d'une multitude de vaisseaux, l'armada guerrière Anunna arrive. Il semble qu'il y ait près de 300.000 rescapés. La guerre qui avait jusqu'ici épargné la planète, fait soudainement son apparition et les mâles vainqueurs viennent réclamer leur dû. Quelques déser­teurs Kingu en fuite trouvent refuge dans des cavités situées sous des montagnes, après avoir essayé de se faire accueillir dans 1 'Abzu auprès de Dim'mege et du clan de Sa'am.

S. Les décisions du conseil et l'exil de Sé'et

Lors du premier conseil Gina'abul sur Terre, les Usumgal au grand complet expriment leur volonté de prendre le pouvoir sur les

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terres d'Uras. Nammu leur présente alors plusieurs Namlu'u en es­pérant les convaincre de ne pas réclamer ce monde qui n'est pas le leur, puisque d'autres races évoluées y étaient présentes avant eux. Enlîl et les Usumgal n'ont que mépris pour les autres races et revendiquent fermement la propriété de la Terre et de toutes les créatures qui s'y trouvent. Les Namlu'u ne souhaitent pas défendre leur territoire, car ils n'ont pas été conçus pour livrer bataille. Leur tâche est de propager la lumière, ce sont de purs canaux reliés à la Source de toute chose. Ils informent l'assemblée que les planifi­cateurs se sont retirés pour laisser les Gina'abul expérimenter leur vision des choses sur la Terre. Comme ils considèrent que cette pla­nète est avant tout une zone d'expérimentation et de libre arbitre, et que les mâles Gina'abul sont eux aussi issus de la Source, ils les laissent s'installer et se retirent de la dimension matérielle pour demeurer dans les dimensions supérieures, inaccessibles à l'auto­rité Gina'abul. Avant de partir, ils préviennent les Usumgal que la voie dominatrice qu'ils ont choisie les conduira forcément à une Impasse.

Sa'am se voit confirmer par les Usumgal, le titre de seigneur de la Terre - le grand Enki et souverain des Abzu - à qui la mise en œuvre du Mardukù incombe, tandis qu'Eni il sera le gestionnaire du quotidien, l'administrateur territorial des colonies terrestres, le grand Sàtam, le Marduk, maître du texte de loi appelé Mardukù. Cette situation implique que Sa'am est aux ordres d'Enlil et qu'il est obligé d'appliquer les directives de ce dernier.

La malheureuse Sé'et, qui s'était déjà opposée à des décisions antérieures du conseil dans les Pléiades, exprime une fois de plus son désaccord et se voit enlevée pour être exilée sur Mars. Les dif­férentes femelles et les Nungal présents ne peuvent rien faire, car ils sont face à des Usumgal possédant le Niama, une force susceptible de les supprimer instantanément. Cet exil forcé déstabilise Sa'am au plus haut point, au moment même où qu'il s'apprêtait à légitimer son union avec sa sœur devant leur mère Nammu.

Suite à cet épisode, Nammu renonce définitivement à entretenir une relation amoureuse avec Sa'am. Elle reproche âprement à son fils de ne pas avoir protégé Sé'et et lui fait également comprendre qu'il n'est pas bon qu'il soit séparé de sa promise sans pour au­tant lui en expliquer clairement les raisons. Mais Nammu est une adepte du secret et ne dit jamais tout. Elle estime que son fils doit

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percer lui-même ce qui est caché. Sa'am-Enki se trouve cependant dans une position délicate ; il est le souverain fantoche et illégal du royaume avec, d'un côté, son clan administré par sa mère Nammu et, de l'autre, celui de son père An avec qui il ne doit cesser de com­poser afin d'éviter représailles et conflits.

6. L'esclavage des Nungal

Pour marquer leur suprématie sur la souche royale Kingu, le conseil Usumgal décide de changer la destinée des Nungal, les clones de Sa'am, et de les transformer en de vulgaires bêtes de somme. De­venus esclaves, ils devront accomplir une tâche titanesque : creuser un fleuve artificiel qui reliera les fertiles montagnes du Dukug (le Taurus, au nord de l'Irak) aux plaines de l'Edin mésopotamien, là où Sa'am a établi sa petite colonie agraire. De la sorte, ces terres deviendront fertiles afin de fournir la colonie Anunna en aliments lorsque la guerre sera totalement terminée. Même si la défaite de la reine Tiamata est effective, les conflits sont loin d'être finis, et la guerre se poursuit dans le ciel contre les Kingu et les énigmatiques guerriers planificateurs, les félidés Urmah. Le but des Anunna est en outre d'éradiquer totalement les Kingu et les Imdugud du système solaire, qu'ils considèrent maintenant comme leur territoire.

Les Usumgal s'approprient Mars et ses exploitations agricoles. Ils vont les faire fonctionner à 1 'aide de quelques femelles ralliées qui sont venues grossir leurs rangs par l'entremise de Ninmah, en attendant que celles de Terre soient opérationnelles. De son côté, Ninmah s'établit avec une cinquantaine d'Anunna dans le Dukug (Taurus), la montagne d'où proviennent toutes les sources. Elle sou­haite y créer une cité appelée Kharsag, qui sera entourée de planta­tions et d'un verger qu'elle baptise Eden.

La tâche des Nungal est harassante et indigne. Leurs conditions de vie relèvent de 1 'esclavage le plus abominable. Ils sont en per­manence surveillés par les "fourmis" Miminu. Leur tâche s'alourdit encore, car on projette le creusement d'un second fleuve pour que toute la plaine soit irriguée. Le but est que l'ensemble des portes des étoiles présentes dans la vaste plaine de 1 'Edin soient toutes reliées par ces fleuves et leurs affluents. C'est à ces endroits stratégiques que les Usumgal veulent construire des métropoles pour leurs sol-

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dats afin d'asseoir leur suprématie. Les Gina'abul ont toujours bâti leurs villes aux endroits où se trouvaient ces portes, qui leur permet­tent d'accéder aux couloirs intemporels.

Le Tigre et l'Euphrate naissent dans la sueur et l ' épuisement. Les Nungal n'ont pas d'autre choix que de creuser, c'est la condi­tion pour que les Usumgal leur laissent la vie sauve. Parallèlement, Sa'am comprend que les gènes qu'il avait sélectionnés pour pro­duire les Nungal avaient secrètement été mis à sa disposition par Ninmah justement dans l'intention de générer des Imdugud, affi­liés aux Kingu Albinos, ennemis jurés des Usumgal et considérés comme inférieurs. Selon le plan Usumgal, ces gènes ne devaient pas donner des êtres viables. Nammu l'avait compris à l'époque, mais elle avait laissé faire Sa'am, car elle voyait déjà en lui un "faiseur de miracles" et un être qui allait s'opposer au régime Usumgal de la Grande Ourse. Nammu est mystérieuse et semble posséder le don de double vue. Le Niama que Sa'am lui a communiqué semble ce­pendant la faire cruellement souffrir.

Près d'une quarantaine d'années se succèdent et la guerre dans le système solaire s'éternise étrangement. L'emploi du temps de Sa'am est surchargé, il doit superviser les travaux de construction de Kharsag et régler tous les problèmes qui s'y rattachent. Un pre­mier descendant de la colonie voit le jour : Ninurta, le fils naturel de Ninmah et d'Enlil. Pendant ce temps, les Nungal creusent toujours inlassablement.

Certaines unités de combat Anunna viennent parfois se reposer sur Terre, ce qui provoque de nombreuses dissensions dans la colo­nie : ces guerriers ne doivent pour certains pas goûter au repos, mais livrer bataille dans le ciel jusqu'à la victoire totale ...

En secret, certains Kingu signent un traité de bonne entente avec la reine de 1 'Abzu. L'histoire des Ama'argi est tellement émaillée de conflits avec les royaux qu'une telle trêve paraît salutaire. Par la suite, une douzaine d' Ama'argi rejoignent Kharsag et s'unissent à des Anunnaki (Anunna du KI). Plusieurs enfants naissent de ces unions : la descendance des Gina'abul sur la planète est assurée ...

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7. Le départ des Urmah

Plusieurs dizaines d'années s'écoulent et la guerre se termine enfin, ce qui va permettre à Sa'am de se déplacer plus facilement sur le globe. L'ensemble du système solaire semble dominé par les Gina'abul, mais la planète Mulge leur restera toujours inaccessible, la vie n'y étant possible qu'en son Abzu et dans des dimensions trop élevées pour eux. Son satellite Mulge-Tab (la future Vénus) reste acquis aux planificateurs, qui y possèdent des cités et des bases secrètes sophistiquées.

Contre toute attente, les guerriers félidés Urmah évacuent leur base souterraine située sous le sol de la future Égypte. Leur départ de la Terre semble définitif, alors qu'ils étaient présents sur le globe depuis des temps immémoriaux. Sa'am les avait observés en secret pendant plusieurs mois. Profitant de leur départ, il explore discrè­tement leur monde du Gigal souterrain. C'est un univers secret ex­trêmement vaste qui s'étend sur sept niveaux autour d'immenses nappes d'eau présentes au sein de cavernes artificielles et naturelles qui sont reliées par le pendant souterrain du fleuve qui coule en surface, à savoir le Nil. Lors de son exploration des lieux, Sa'am trouve un message laissé à son attention qui lui donne personnelle­ment l'usufruit de cette gigantesque base souterraine, ainsi que des deux vaisseaux ultra sophistiqués qu'elle abrite: "l'Oiseau Bleu" et "l'Oiseau Noir". Sa'am rêve de mettre ses malheureux Nungal en sécurité dans ce royaume secret que nul Anunnaki ne connaît.

C'est le moment que choisissent les Usumgal au grand complet, flanqués de Miminu à tête de fourmi et de dragons Musgir, pour célébrer leur fragile victoire : il ne reste que près de 1000 Anunna survivants (!), dont 400 seront affectés sur Mars. Les 600 autres descendront sur la Terre. L'armée des Usumgal a été anéantie, mais du point de vue Gina'abul, la victoire est totale ... La raison pour la­quelle les survivants ont été épargnés par les planificateurs reste un mystère. Est-ce en rapport avec les informations relatives à l'Évo­lution rapportées par les Namlu'u avant leur départ pour les dimen­sions supérieures ?

Sa'am obtient des nouvelles des Amasutum du système des Pléiades et de la Grande Ourse. Elles ont gagné la guerre et récu­péré leurs territoires. Il apprend aussi que son clan n 'est malheu­reusement pas le bienvenu en ces lieux, bien qu'il soit lui-même

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considéré comme appartenant aux planificateurs et qu'il ait contri­bué au retour de la paix sur ces mondes. De plus, les exilés d'Uras découvriront peu à peu que les portes stellaires de la Terre ont été bloquées par les planificateurs et qu'elles ne permettent plus de se déplacer au-delà du système solaire. Les clans de Sa'am et de son père An, sont tous bel et bien pris au piège sur la Terre.

Les tensions en Edin se relâchent insensiblement, et les travaux des Nungal s'effectuent dans des "conditions relativement plus fa­vorables", étant donné qu'Enlil a été contraint par la Grande As­semblée de faire venir de 1 'Abzu des perforeuses mécaniques ap­partenant aux Ama'argi. Des prisonniers Kingu construisent les bâtiments en bois et en pierre de l'Edin. Les Anunna vont bientôt pouvoir s'installer dans la plaine mésopotamienne.

8. La disparition de Sé'et

La guerre étant terminée, la séquestration de Sé'et n'a plus lieu d'être. Sa'am se rend alors sur Mars. On lui apprend qu'elle a été libérée, puis emmenée par des amphibiens Abgal sur Mulge-Tab. Il se rend sur place où il est avisé par ses frères Abgal de la dispa­rition de Se'et, tuée dans l'explosion du vaisseau qui la conduisait sur Mulge-Tab. Il soupçonne aussitôt Enlil ou les Usumgal d'être derrière cette infamie. De retour sur Terre, il tait la nouvelle, en espérant que quelqu'un se trahisse à travers une maladroite allusion.

Les années passent et Sa'am-Enki se referme sur lui-même, s'en­fonçant de plus en plus dans la dépression. Sa'am va devoir trans­cender ce qu'il éprouve. Il passe ainsi de la résignation à une révolte qui va changer de nombreux aspects du destin d'Uras ; le vent de l'insurrection va progressivement se lever pour bouleverser la fata­lité. Qu'est-ce qui le retient encore alors que sa promise n'est plus? Ses Nungal qui travaillent en Edin? Sa'am élabore secrètement un projet pour les libérer. .. Il va d'ailleurs délivrer l'un d'eux, un Nun­gal avec qui il avait établi des liens fraternels dans le passé. Sa'am le fait alors au nez et à la barbe de tous, sans aucune autorisation, et pose ainsi les jalons de sa rébellion personnelle. Le nom de cet individu est Zehuti. Il sera plus tard connu en Égypte sous le nom de Djehuti (Thot). Un personnage important qui soutiendra le clan de Sa'amjusqu'à la fin.

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Kharsag devient le trône de la royauté terrestre, où siègent les Usumgallorsqu'ils ne sont pas sur Mars. Ninmah dirige la cité dans une tension permanente mais avec beaucoup d'amour. Le domaine royal abrite également des Ama'argi et des dignitaires Anunna. La plaine d'Edin devient le lieu de séjour d'Enlil et de la majorité des Anunnaki. Le grand Sàtam-Enlil a laissé Ninmah et est tombé amoureux d'une Ama'argi. Il est instable et ne cessera d'enchaîner ses relations, à la recherche d'un improbable absolu féminin.

La mort de Sé'et n'est toujours pas officielle, seuls Sa'am, sa mère, sa seconde sœur de 1 'Abzu et les Ab gal sont au courant. Nin­mah, la reine de Kharsag, constate que Sa'am est un bourreau de travail et qu'il n'est jamais avec Sé'et ; elle en déduit ainsi qu'ils ne sont plus ensemble. Ninmah sait que la grande Nammu ne donne plus son regard de vie à son fils, et que celui-ci va avoir besoin de se lier à une femelle s'il veut pouvoir supporter la fréquence terrestre et vivre longtemps. Esseulée, Ninmah jette alors son dé­volu sur Sa'am-Enki. C'est par dépit que ce dernier devient son amant, alors même qu'il supporte difficilement son tempérament. Sur la demande de Ninmah, une seconde vague d'enfantements est programmée à Kharsag :une cinquantaine d' Ama'argi volontaires rejoignent les Anunnaki pour fonder de nouvelles familles.

De son côté, Nammu réside la plupart du temps en Abzu avec sa fille Dim 'mege. Elle avait beaucoup appris sur la création de sang­mêlé auprès de son fils Sa'am-Enki ; elle a de ce fait elle-même engendré un hybride Abgal et Kingu qui ne la quitte plus, et dont elle a fait son amant. Le nom de ce dernier est Hé' er. Il sera plus tard connu sous le nom de Her-Râ, "Horus l'aîné", ou plus simplement Râ.

9. La révolte des Nungal et la création d'une nouvelle branche N eandertal

Sa'am décide de ne plus rendre visite aux Nungal en Edin afin que leur motivation tombe au plus bas et qu'une mutinerie éclate. Les malheureux travailleurs forcés ne sont même pas arrivés à la moitié de leur tâche qu'ils sont déjà totalement épuisés. Son plan fonctionne et les Nungal finissent par stopper le travail en refusant de répondre aux injonctions de leurs frêles et insensibles gardiens,

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DEUXIÈME ACTE : ADAM GENISIS 497

les Miminu. La rébellion s'étend et les Nungal se rendent auprès du grand administrateur, le Sàtam-Enlil, pour exiger des changements. Dépassé et effrayé par l'ampleur de la révolte, Enlil s'en remet à son maître, An, et demande que Sa'am- le créateur des Nungal­réponde de cette sédition devant le grand conseil.

Sa'am peut alors proposer son projet, un plan que lui a en par­tie soufflé sa mère Nammu : cloner des humains esclaves pour le compte de la colonie pour que les enfants de celle-ci soient enfin libérés de leurs tâches. Le grand conseil se réunit et donne le droit à Sa'am de créer une nouvelle lignée Homo fondée sur des gènes appartenant à l'humanité primitive. Le modèle doit être plus sophis­tiqué que les humains clonés d'expériences antérieures -le modèle Homo Erectus fabriqué par les Kingu, qui fut employé comme du bétail et comme nourriture, mais qui était trop indiscipliné pour tra­vailler et recevoir des ordres.

Pour les convaincre, Sa'am leur présente un sang-mêlé qu'il a cloné à partir de gènes Neandertal Ullegara (''placés avant", créa­tion de Nammu) et de gènes Amasutum. Le trouvant trop "éveillé" à leur goût, les Usumgal n'acceptent pas la multiplication du proto­type de Sa'am et lui demandent de réaliser des spécimens possédant un autre bagage génétique. Après de longues discussions, le choix se porte sur l'utilisation de gènes de Gina'abul Kingu verts (ou­vriers), qui seront mélangés avec des gènes de Neandertal Ullegara (''placés avant'') .

Sa'am va donc combiner les gènes de son premier spécimen avec ceux du Kingu ouvrier. Il va réduire la boîte crânienne du nou­vel individu et va "débrancher" plusieurs séquences originelles re­combinées par ses soins à partir du donneur Neandertal. Sous le regard dépité de Sa'am-Enki, Ninmah produit une série de clones du prototype sélectionné et amoindri par l'apport de gènes Kingu ouvrier. Ce spécimen est ensuite présenté une nouvelle fois devant conseil pour approbation. La grande Assemblée accorde enfin son autorisation pour une session de clonage en masse.

Ce délicat travail de clonage doit s'effectuer dans 1 'Abzu, avec l'aide de Nammu et des Ama'argi. L'Abzu possède tout le maté­riel nécessaire pour ce genre de tâche. Une trentaine de matrices sont usinées à cet effet et Ninmah assistera Sa'am-Enki et sa mère. Ce travail de création à la chaîne attriste Sa'am, car son premier exemplaire, que le conseil avait refusé, était équilibré et parfait. Le

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destin de cette humanité primitive est d'emblée placé sous le signe de l'esclavage. Ces clones à l'entendement limité satisferont les besoins Anunnaki, et c'est finalement tout ce qui compte pour le régime Usumgal. Ces premiers êtres créés et destinés à travailler sont asexués, ce sont les Anne gara (''placés après'') - une nouvelle version du N eandertal.

10. L'Edin, Kalam et ses colonies

Des milliers d'années s'écoulent et l'Edin devient un monstre de productivité, pourtant les terres finissent par s'épuiser et certaines deviennent stériles. Enlil a pris l'habitude d'aller régulièrement sur Mars, où règne une intense activité industrielle. Des sondes de sur­veillance des ouvriers y ont été fabriquées. La tension est grande chez les humains qui œuvrent sans répit pour les "dieux" Gina'abul.

Sa'am ne supporte plus de voir ses créatures, qu'il considère comme ses enfants, traitées comme du bétail par la colonie Anun­naki et le grand Sàtam-Enlil. Il travaille la nuit dans son laboratoire et crée des nouveaux êtres sexués qu ' il va introduire parmi ceux qui ne le sont pas. Le but est de procurer autonomie et pouvoir aux ouvriers sans que la caste Anunnaki ne s'en aperçoive. Lorsque les Anunnaki s'en rendront compte, il leur sera impossible de revenir en arrière. Des centaines, voire des milliers d'années s'écoulent encore. Sa'am, les Nungal, les Amasutum et les Ama'argi sont de plus en plus dépités par les maltraitances que subissent des humains plongés dans la déchéance alors qu'ils sont au service des "dieux".

Constatant l'état d'aliénation des humains qui résulte de la pres­sion d 'Usumgal et d' Anunnaki éternellement insatisfaits, les fe­melles Amasutum décident alors de les instruire secrètement afin que cette humanité laborieuse accède à 1 'entendement et discerne "le bien du mal". La version originale de Nammu possédait déjà ce don, mais celle qui a été conçue pour satisfaire le régime despotique en place est quant à elle totalement déconnectée du divin.

La population des colonies Anunnaki augmente inlassablement et les terres s'urbanisent progressivement. En Edin - la plaine mé­sopotamienne - et dans tout le pays de Kalam (Sumer), les habi­tants sont surveillés et soumis à un labeur incessant. Seuls ceux qui travaillent en Eden - la colonie première de Kharsag avec son

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DEUXIÈME ACTE : ADAM GENISIS 499

jardin - échappent à ce joug. Les esclaves humains se multiplient en obéissant à un système monarchique, chaque localité ayant sa famille humaine souveraine. Bien qu'ils soient toujours étroitement surveillés par des sondes robotisées, les humains sont de moins en moins au contact d'Enlil et des Anunnaki ; seuls le clergé et la no­blesse les fréquentent.

An, le grand souverain des Anunna, et Enlil poursuivent le dé­veloppement de bases militaires sur Mars. Remarquant que les hu­mains possèdent le savoir des planificateurs, Enlil et les Usumgal décident de séparer les mâles des femelles. Cette démarcation gé­nère de nombreuses tensions ainsi que de nouvelles structures so­ciales. Des administrateurs territoriaux mâles Anunnaki délégués remplacent les Amasutum et dirigent les ouvriers dans les planta­tions de l'Edin. Au fil du temps, la situation se détériore, la produc­tivité baisse et la révolte gronde malgré ce régime despotique.

Des colonies Neandertal "placés après" sont installées en Afrique pour travailler dans les nombreuses mines de métaux. Les Gina'abul mâles ont besoin de l'or qu'ils utilisent comme un complément ali­mentaire combiné au "regard de vie" des Amasutum afin de pro­longer leur vie et de supporter la fréquence terrestre. Le système monarchique d' Edin est instauré en Afrique, et c'est Sa'am qui en est responsable étant donné que ce continent lui appartient. Certains ouvriers ne resteront cependant pas, et s'éparpilleront sur la sur­face de la Terre sous le regard complaisant de Sa'am-Enki. C'est à cette époque que ce dernier en profite pour installer une partie de ses Nungal dans le Gigal souterrain des Urmah, l'autre partie étant restée à Kalam (Sumer) et à Kharsag.

11. La création de la deuxième humanité adamique

Face à l'impossibilité de diriger cette confuse multitude qui s'éparpille sur le globe, et inquiète de voir une humanité de plus en plus autonome nantie d'un entendement qui la rapproche des "dieux", l'assemblée Usumgal exige de Sa'am qu'il confectionne un nouveau modèle d'ouvrier humain, mâle et femelle. Il devra être robuste et surtout être plus soumis - semblable en cela à de simples Adam (animaux). Le conseil Gina'abul décide donc de créer ces nouveaux spécimens à partir de gènes d'Homo Erectus (Adam pre-

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mi er). Ce nouveau modèle sera 1 'Homo Sapiens (1 'Adam second). Devant d'importants besoins en main d'œuvre, il est décidé que

"l'Adam second" pourra se multiplier par lui-même. Dim'mege, la souveraine des Ama'argi de l' Abzu, seconde Sa'am-Enki dans la création de ces nouveaux êtres. Tous deux ont en tête de désobéir aux injonctions du conseil et de créer un modèle spirituellement mieux armé face au diktat Usumgal. Ces nouveaux clones sont ame­nés dans les plantations de l 'Edin pour y travailler et se reproduire, en remplacement des anciens modèles Neandertal qui s'occuperont désormais du bétail. Toute l'humanité est sommée de poursuivre sa tâche; celle de nourrir et d'entretenir les Anunnaki !

12. Création de la colonie de Dilmun (l'Atlantide)

Sa'am-Enki établit alors une nouvelle colonie à Dilmun, une île à l'Est de l'Afrique, reliée aux anciennes installations Urmah du Gigal souterrain. Ninmah, une partie des Nungal, des Amasutum et quelques travailleurs humains s'y installent. Cet endroit aqua­tique devient un havre de paix, et le point focal du futur domaine d'Asar (Osiris), nom sous lequel Sa'am-Enki sera bientôt connu à Kemet, la future Égypte. La nouvelle colonie, reliée au Nord actuel de 1 'Afrique par des souterrains, prospère en surface, développant un nouveau pôle de puissance qui fait concurrence aux terres de Kalam (Sumer) et de l'Edin d'Enlil. Son sol est riche en minéraux et les cultures y sont florissantes.

Nanna, un des fils d'Enlil, a engendré à l'aide de la génétique une Amasutum redoutable, qui porte des gènes Kingu albinos, du nom de Ninanna (/nanna-Ishtar 1 Nephtys), qui a pour ambition d'anéantir les derniers Kingu et Imdugud restés sur Terre. C'est une guerrière impitoyable qui séduit et manipule de nombreux êtres. Sa renommée est connue de tous, car Gina' abul comme humains ont entendu parler d'elle ... Sa soif de pouvoir semble cependant sans limite.

À la même époque, et peut-être en raison de la présence de Ni­nanna qui lui rappelle inconsciemment sa promise, Sa'am-Enki se met en tête de procréer artificiellement Sé' et pour la retrouver. Il en­tame alors une série de clonages et crée des Amasutum différentes dans 1 'espoir que son ancienne Sé' et se trouverait dans 1 'une d'elles.

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Il espère ainsi retrouver l'âme de sa bien-aimée et attire l'une après l'autre ses créations féminines dans son lit. Mais cette cause perdue et désespérée lui attire la colère de Ninmah et des Amasutum. C'est pourtant Ninmah qui va, à travers une prise de conscience inespé­rée, changer le cours des destins ...

13. Le retour de Sé'et 1 Aset

Constatant la profonde détresse spirituelle et morale de son amant, Ninmah finit par donner à Sa'am-Enki les précieux gènes de Sé'et qu'elle avait conservés comme le veut la tradition Amasutum, chose que Sa'am ignorait. Le clan de Nammu et de son fils connaît les liens qui unissent Sa'am à Sé'et: il s'agit d'Umi (âmes-sœurs 1 "même essence''), issus d'une même énergie. Cette information avait été dévoilée à Sa'am par une prêtresse, la Ninisib avec qui il avait été obligé de subir un rite initiatique prévu de longue date, bien avant son arrivée sur Terre. Les propos de cette prêtresse dotée de double vue ne sont pourtant pas très clairs : d'un côté, elle pré­tend que Ninanna serait le double de Sa'am, son Umi, et de l'autre que Sé'et serait son double direct, sa véritable âme-sœur ...

Sa'am-Enki se rend alors sur Mulge-Tab, le satellite de la pla­nète Mulge. Il consulte des membres de la race Abgal qu'il avait déjà rencontrés afin d'obtenir l'autorisation d'employer la techno­logie pyramidale. Ce procédé de Sirius va lui permettre de recréer de toutes pièces le corps de Sé'et à partir de ses anciens gènes et surtout d'y faire réincarner son âme.

L'opération de résurrection réussit. Les retrouvailles sont émou­vantes. Malgré tous ces millénaires, ilia reconnaît d'un seul regard, tous deux étant des Umi, des doubles inversés d'une même essence originelle. Le retour de Sa'am-Enki à Dilmun avec Sé'et, qui se nomme dorénavant Aset (Isis), se fait avec quelques Abgal qui se sont donnés pour mission d'aider les habitants d'Uras et de soutenir le couple royal. Ils sont acclamés par tous les habitants du domaine maritime. L'accueil que leur réserve Ninmah, la co-souveraine de Dilmun, est chaleureux tandis que Nammu reste enfermée dans son attitude réservée. Le retour de sa fille semble lui poser un problème, mais nul n'en connaît la cause profonde tant Nammu aime cultiver le secret. Celui qu'elle cache ici est peut-être familial...

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Aset règne aux côtés de Sa'am, mais elle n'accepte pas l'admi­nistration de Dilmun, ne se sentant pas suffisamment prête à as­sumer de telles responsabilités. Dilmun est composée d'une foule multiethnique, ce qui génère de nombreuses distorsions. Ninmah y poursuit sa co-gouvernance un moment, mais c'est ensuite au tour de Ninanna-Nephtys de régner sur Dilmun, Ninmah ayant été som­mée par An de le retrouver sur Mars pour créer une nouvelle race de travailleurs blancs, les Abar. 1

Sa'am quitte alors Dilmun avec Aset, et tous deux gardent un œil attentif sur la régence de Ninanna-Nephtys, la petite fille d'En­Iii. Lorsque le couple royal n'est pas réuni, Aset travaille en Abzu, et surtout dans le Gigal (sous Gizeh) où les conflits de pouvoirs n'existent pas. Quant à Sa'am, il continue, sous son nom d'Asar (Osiris), à réveiller l'humanité par le biais de longs périples civili­sateurs. Il sillonne son domaine africain de long en large ainsi que le reste du monde, soumis au joug des Anunnaki.

Avec l'aide des Abgal, Asar et Aset décident de mettre à malle pouvoir de séduction qu'a Enlil vis-à-vis de l'humanité, en parti­culier sur le continent africain, berceau de richesses naturelles si convoitées. L'un des moyens utilisés est d'apprendre aux humains de nouveaux idiomes, chose qui les éloignera de 1 'emprise des Anunnaki et du grand Sàtam. L'objectif n'est pas de créer une nou­velle langue, mais d'en encoder une multitude à partir du langage source des Amasutum. En générant de nombreux dialectes, la com­munication des Anunnaki avec leurs "esclaves" humains deviendra avec le temps laborieuse, voire impossible. En divisant ainsi l'hu­manité, le clan de Sa'am-Asar empêche les mâles Gina'abul d'avoir une emprise absolue sur le genre humain.

De son côté, Aset crée également une version blanche du Nean­dertal pour dérouter le clan adverse. Ce dernier avait élaboré avec Ninmah une version blanche de l'Homo Sapiens pour la placer en Edin, et ce, probablement en partant des gènes des Abar de Mars. Les Usumgal somment alors Sa'am-Asar de réduire la durée de vie de l'ensemble du genre Homo, ce qu'il accepte pour préserver une paix fragile.

1 Il s'agit sans doute, ici, de la deuxième création des Abar sur Mars. La première, également blanche, ayant été réalisée avec l'assistance d'une Sé'et nouvellement captive. Cette nou­velle version demandée à Ninmah avait-elle pour objectif de créer un modèle plus soumis?

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14. L'humanité se divise et se multiplie

Les "dieux" Anunnaki se tiennent de plus en plus à distance de 1 'homme tout en maintenant un contrôle et une surveillance impla­cables par l'entremise d'un clergé et d'une royauté humaine ou hy­bride toute dévouée. Malgré les efforts du clan de Sa'am-Asar, la grande majorité de 1 'humanité, dont 1 'esprit est désormais presque totalement déconnecté de la Source, est divisée et s' entretue au nom des différentes factions du bestiaire divin que sont les Anunnaki, les Nungal, les Amasutum et leurs descendants. Sans réellement savoir que ses "dieux" se font ainsi la guerre par délégation, l'humanité espère s'attirer les faveurs de ses divinités en guerroyant contre ceux qui vénèrent une déité concurrente.

Les siècles passent ; des villes sont détruites et renaissent, tou­jours plus vastes, construites en l'honneur de ces maîtres célestes de plus en plus distants, qui collectent toujours une partie importante des biens agricoles et du bétail que l'humanité leur remet sous la forme d'offrandes votives. Les religions naissent de cette logique, issue du règne d'Enlil et de Kalam (Sumer). C'est à contrecœur que Sa'am se voit contraint d'incarner le rôle d'un dieu lorsqu'il commu­nique avec 1 'humanité.

Les différentes activités technologiques perturbatrices qui sont l'œuvredes clans Usumgal etAnunnaki modifient le climat et engen­drent des inondations importantes. Il y a près de 80.000 ans, si 1 'on en croit les traditions des amérindiens Hopi, le continent de Mu qui était en guerre avec Dilmun (l'Atlantide) depuis que Ninanna-Nephtys en était la souveraine, s'effondre dans le Pacifique. Les rescapés sont dirigés vers le continent américain. L'île de Dilmun se fragmente en un archipel où tout doit péniblement être reconstruit. L'ensemble sera désormais appelé A'amenptah par le clan de Sa'am-Asar.

Malgré sa terrible faute en Dilmun, Ninanna-Nephtys entretient des liens amicaux avec Sa'am-Asar, qu'elle rencontre parfois lors de leurs voyages respectifs. Un jour, la petite fille d'Enlil enivre ce der­nier et couche avec lui. Sa'am-Asar est catastrophé; pour se châtier, et ne pas contaminer Aset avec la force troublée de Ninanna-Nephtys qui coule désormais en lui, il tranche son sexe dans un geste déses­péré, retrouvant ainsi sa forme anatomique première.

De leur côté, les humains sont obligés de survivre en repartant à zéro, et d'énormes migrations de population s'opèrent sur 1 'en-

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504 QUATRIÈME PARTIE- RÉSUMÉ DES CHRONIQUES DU GÎRKÙ (T. 1 & 2)

semble du globe. Les millénaires passent et 1 'humanité se relève. Le genre Homo Neandertal disparaît de la surface de la Terre, suite à des manipulations génétiques effectuées par les femelles Gina' abul ralliées aux Anunnaki.

15.L'assassinatdeSa'am-Asaretladernièreentréed' Aset

Lorsqu'il ne séjourne pas à Kemet (l'Égypte), Sa' am-Asar occupe une partie de son temps à voyager. Aset a fini par prendre en main le gouvernement de l'A'amenptah -l'ancienne Dilmun. D'après les propos d' Aset, nous savons que les Nungal de son époux se sont dé­sunis. Ils se nomment Sè'emsu-Ra (''parents comme la tempête qui guident'') à Kalam (Sumer), et seront plus tard des Shemsu-Râ (''sui­vants de la lumière'') à Kemet (l'Égypte). Certains d'entre eux sont restés fidèles à Asar et à Aset, alors que d'autres sont restés à Kalam ou autour de celle-ci. Ce sont ces derniers qui se sont mélangés aux filles des Hommes.

Selon une implacable logique, et comme une suite annoncée à ce qui précède, arrive ce qui devait finalement arriver : voulant suppri­mer son créateur et principal adversaire, Enlil s'est lancé dans une guerre sans merci contre les territoires de Sa'am-Asar et ses parti­sans. Il ne cesse d'empiéter sur la terre d'Afrique et tend un piège à son ennemi pour le tuer. Alors qu' Aset se trouvait en Atlantide, son époux et amant céleste périt attaché à un tronc de sycomore sacré, le thorax perforé par une arme blanche ... Son corps sera tellement mutilé, que même la grande magie d' Aset ne pourra rien y faire.

Cet épisode se situe il y a près de 10.000 ans. Aset est désormais seule à gouverner l'Égypte et l'A'amenptah (Atlantide). Entourée d'un groupe de Nungal, elle s'installe de façon quasi définitive dans le Gigal. Leurs homologues Nungal qui vivaient encore à Kalam (Sumer) ont été chassés, étant donné qu'ils se sont liés à des femmes humaines et sont dorénavant considérés comme déchus - avec leur progéniture hybride.

Poursuivant sa logique guerrière enragée jusqu'à son paroxysme, Enlil va jusqu'à faire exploser la planète Mulge qui se trouvait entre Mars et Jupiter. C'est ainsi que son satellite, Mulge-Tab (Vénus), est expulsé et commence une course folle et erratique dans le système solaire.

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DEUXIÈME ACTE : ÂDAM GENISIS 505

Pendant ce temps, le havre de paix qu'est l' A'amenptah est détruit et pillé. L'ancien satellite de Mulge frôle la Terre, provoquant un nouveau cataclysme et une montée générale des eaux. La plus grande partie de la population de 1 'Atlantide d' Aset a été contrainte de fuir vers le continent africain. De nombreuses terres sont à nouveau sub­mergées. L'humanité doit une fois de plus abandonner les ruines de ses cités délabrées ou englouties pour tout reconstruire ailleurs. Les deux planètes du système solaire qui abritaient encore des planifica­teurs ne sont plus et Nammu, la plus grande planificatrice de la Terre a péri dans la catastrophe.

Dans la langue pratiquée en Égypte par les proches du couple royal, le nom de Sa'am prend une connotation funèbre et exprime désormais le fait de "tuer" ou d'être "assassiné". Aset se retrouve bien seule. Ninanna-Nephtys souhaite la soutenir dans son désir de réparer des erreurs que cette dernière a en partie commises. Aset ac­cepte sa repentance, mais lui fait subir un rite ancien et terrible : celui de la Porte de la Mort ...

Face à cet irrésistible enchaînement de tragédies, Aset a décidé de faire renaître Sa'am, répétant en cela le geste que ce dernier avait fait pour elle longtemps auparavant. Pour accomplir ce miracle, elle se lance dans la construction d'une installation gigantesque, une py­ramide qui est la réplique de celle des Abgal érigée sur Mulge-Tab au temps de sa splendeur. Avec l'aide du fidèle bras droit de Sa'am, Zehuti 1 Djehuti (Thot), Aset place le corps de son compagnon dé­funt dans un sarcophage, au centre de la pyramide. Elle y accomplit un rituel complexe avec Ninmah, Ninanna-Nephtys et Dim'mege. Un cérémonial antique qui fera revenir l ' âme de son double du pays des morts et donnera naissance à Sa'am ressuscité dans le corps de son enfant conçu par insémination artificielle. Cet enfant a été fé­condé avec le matériel génétique de son amour perdu, mais aussi avec d'autres gènes déterminés et inconnus.

Le couple éternel pourra à nouveau se reformer et la saga ouvrir un nouveau chapitre. Qui sera ce nouvel être, ce Sa'am "revenu chez les vivants" ? Sa copie conforme, un être neuf ou un individu torturé dont le seul désir sera de se venger ?

Nora Parks & Alain Gossens (Karma One), avril-mai 2010 © 2010 Anton Parks

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LEXIQUE Gina'abul,sumérien

et autres termes dérivés (les termes égyptiens sont en italiques)

A 'amenptah = 1 'A 'amenptah désigne 1 'Atlantide, la patrie d'où provenait une partie des anciens Égyptiens. Le sens égyptien d'A 'amenptah est "le lieu grand et stable de Ptah". En sumérien ce terme se traduit par A-MEN­PTEH, "la couronne d'eau de Pteh (ou Ptah : Enki-Osiris)" Abgal = Sage(s) du système de Gagsisa (Sirius) Abdju = ou Abydos, nom égyptien de la ville sainte d'Enki-Osiris. Son temple aquatique symbolisait les abysses et les eaux souterraines (voir aussi "Ta-Ur'') Abzu = les abysses, le monde intérieur de toute planète. Partie creuse de chaque globe planétaire abritant ses eaux souterraines Abzu-Abba =roi des Gina'abul de Margid'da (Grande Ourse) , un des 7 Usumgal, tué par Sa'am Adam= "bêtes", "animaux", "troupeaux" en sumérien (À-DAM), mais aussi "colonisation", "troupes enrôlées" ... Adin(u) = "éclairé(s) de Râ". Un des noms donnés aux veilleurs Nungal ou Urshu (guetteurs) de Râ. Ils se divisent en trois catégories: 1) ceux qui vivent à Bun 'd (Punt) ou E-Dilmun (Yémen) avec les Shemsu-Râ, 2) les veilleurs de Serkit sur la montagne Jgi-Ra, 3) ou encore ceux qui vivent dans la vallée de Kuram (Goreme). Tous sont des veilleurs ou Urshu (guetteurs) Alagni = ALAG-Ni, litt. "la puissante image" ou encore "l'image de soi­même", il s'agit d'un clone Am = seigneur Ama'argi = femelles Amasutum terrestres, elles sont gouvernées par Dim'mege, fille de Mamitu-Nammu Ama§utum =nom des femelles Gina'abul. Elles font partie des Kadistu (planificateurs) An= un des Usumgal, créateur de Sa'am et des Anunna dont il est le chef suprême

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Anduruna = système stellaire Gina'abul dans la constellation de Margid'da (la Grande Ourse). Ce système correspond à l'étoile nommée Dubhe AN GAL= étages dimensionnels élevés où résident les Kadistu. L'AN GAL est totalement inaccessible pour les Gina'abul mâles An§ar =père créateur d'An, un des 7 Usumgal Anunna =litt. "progéniture princière", souche guerrière Gina'abul créée par An et Ninmah sur le Dukù Anunnaki = Anunna vivant sur Terre Aria= l'Antarctique, tiré du terme sumérien A-RI-A "contrée désertique, région" Asar =litt. "siège de l'œil", véritable nom d'Osiris A§ar =litt. "l'unique glorifié". Nom d'Osiris décomposé en sumérien. Aset =litt. "le trône", "le siège". Nom égyptien d'Isis Asé'et = A-SÉ-ET, litt. "la source ou la force du présage de vie". Nom d'Isis décomposé en sumérien Aset-Heh = "siège de l'éternité" ou "Isis éternelle". Ancien nom de Dendérah où la météorite Benben est tombée du ciel A§me =ancien fils de Nammu et ancienne incarnation de Sa'am Ba ou Ba= âme en sumérien (BA 7) et également en égyptien Babbar = blanc, albinos Bit-Râ-Hem ou Merakhti = "Hathor, lumière du roi Heru ", ils 'agit de la Grande Pyramide du plateau de Gizeh Bulug = novice Buluhur = BU-LUH-UR, litt. "tourmenter et trembler" en sumérien = spasmophilie Bun'd =nom tiré du sumérien BU4-NUD "le fief de la rébellion" ou "le berceau de la lumière". c'est ici que se trouvait le domaine des Shemsu­Râ, les suivants de Râ (la lumière). Le pays "mythique" de Punt (Pount) était à cheval entre la l'Ethiopie et la Somalie. Une fois encore, c'est la sémentique qui nous le confirme :en Somalie, où les langues officielles sont le somali et l'arabe, l'appellation Somalie est Puntlaand, et l'appellation arabe est~l u4), Ard al Bunt, "terre du Bunt", ou "pays du Bunt". La Punt mythique se trouve près de la nouvelle Dilmun, la E-Dilmun qui se trouve à l'Est de l'embouchure de la Mer Rouge Digir ou Dingir = divinité(s) Dilmun =île mythique de l'Est (aujourdhui à l'Ouest), où Sa'am-Enki a établi son domaine maritime. Son nom égyptien est Dimu 'un ("le don du dieu de l'eau qui est juste"). Ce lieu portera ensuite le nom d'A 'amenptah ("le lieu grand et stable de Ptah"). Plus tard dans le temps, un peu avant le déluge de 10.000 av. J.-C., intervient une seconde Dilmun, la E-Dilmun, qui fera du commerce avec Sumer et Akkad Dim'mege =fille de Nammu, sœur de Sa'am-Enki et de Sé'et. Il s' agit de

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LEXIQUE

la Lilith des traditions hébraïques Diranna = porte stellaire Djehuti ou Zehuti = Thot

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Dukù = nom de la planète principale du système Ub~u 'ukkinna dans la constellation Mulmul (Les Pléiades) Dukug = montagne du Taurus où fut établie la cité de K.harsag Duran ki = litt. "le lien du Ciel et de la Terre", nom sumérien de la ville de Nippur, cité du grand Sàtam Enlil Éa ="(celui de la) maison d'eau". Nom akkadien (ou en langage matrice) de Sa'am Eden = le jardin de Ninrnah à Kharsag E-Dilmun = nom d'origine de la côte sud du Yemen, tiré du sumérien E-DIL-MUN, "demeure de l'unique bienfait". E-Dilmun est la seconde Dilmun fondée un peu avant le grand déluge de 10.000 av. J.-C. C'est avec elle et sa rive gauche, en Somalie (Bun'd 1 Punt), que l'Égypte et la Mésopotamie feront du commerce pendant de nombreux siècles, sans doute des millénaires Edin ="la plaine", "la steppe" en sumérien. Le lieu où les Adam travaillent pour les Gina'abul Emean = litt. "langage du Ciel", un des noms donnés à l'Emenita par l'humanité Emenita =langage mâle d'où découle directement le sumérien Eme§à =langage matrice des prêtresses comprenant le syllabaire sumérien et akkadien, clé de la codification des langues de la Terre Enki ="seigneur de la Terre", titre donné à Sa' am sur Uras (la Terre) Enlil =litt. "le seigneur du souffle", dont le sens exact est "le seigneur qui détient le souffle de la parole et du verbe" Ere§ =reine Ere§i§ =titre divin, litt. "reine des étoiles" Gabara = litt. "bergère" en sumérien. Nom de la nouvelle souveraine du Dukù Gagsisa = système stellaire de Sirius Gè§ =pénis Gibil ou Gibil = respectivement "renouvellement" en sumenen et ''puissante divinité" en égyptien. Il s'agit d'une pratique Gina'abul qui permet de régénerer son corps dans un sarcophage Gibil'lasu = renouvellement de la peau Gibilzi§àgal = réincarnation Gidrugiri =litt. "bâton de foudre", arme Gina'abul Gigal = terme utilisé par les natifs du plateau de Gizeh pour dénommer le réseau souterrain des anciens Urmah. Ce mot est sans doute dérivé du sumérien Ki gal (''grand bas'') Gigirlah = terme utilisé par les prêtresses pour désigner un vaisseau

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spatial Gina'abul, litt. "roue étincelante" Gighu ou Geghu =respectivement "oiseau noir" et "le cri du divin faucon qui frappe" (ou "le faucon marteleur") en sumérien et en égyptien. Il s'agit du vaisseau Urmah que Heru utilise Gina'abul = "reptile" en sumérien. Race reptilienne comprenant les Sutum, les Amasutum, les Kingu, les Musgir, les Miminu, les Nungal et lesAnunna Gina'abul-sumérien (langage) = terminologie utilisée dans les notes pour nommer l'Emesà Girkù = litt. "le saint éclair de lumière" ou "la sainte épée". Les Girkù sont des cristaux de roche cylindriques qui appartiennent aux Amasutum et dans lesquels sont enfermées toutes sortes d'informations Gi§ = arbre. La décomposition suméro-akkadienne traduit ce terme en "Étoile Sombre" Gissu = 1' ombre Gurkur = objet sphérique Gina'abul donnant la possibilité de voyager dans les trois premières dimensions Her = dit Her-Râ ou Râ-Her. Il s'agit de "Horus l'ancien" ou "Horus l'aîné"Jils de Nammu (Nut). Il est le protecteur de l'Égypte. On le retrouve aussi sous le nom de Râ en égyptien Heru =Horus Hetch = ''pain blanc"; "métal blanc"; "devenir brillant" ou "devenir une lumière" en égyptien. Terme désignant la poudre d'or qui sert à réaliser le grand œuvre Horus= voir Heru et Ra 'af Imdugud = Anzu en akkadien. Ce sont les fils albinos des Kadistu Urmah et des Kingu, les royaux Gina'abul Iniuma =nom des vaisseaux allongés Gina'abul servant à voyager dans 1' espace lointain Issimud = voir Sigpabnun Iti =mois Itud =lune Kadi§tu =Planificateurs au service de la Source Originelle (''Dieu"). Les Kadistu forment la communauté planificatrice de notre univers. Cette communauté est constituée de nombreuses races galactiques différentes. On retrouve le terme KAD4-IS7- TU (litt. "les anciens assembleurs de vie") dans le terme akkadien Qadistu (sainte femme) qui était utilisé pour désigner des prêtresses de haut rang Kalam = Sumer Kankala = 1' Afrique Kedjiu = veilleurs en égyptien. Terme utilisé pour nommer les anciens Nungal de Sa 'am (voir également Shemsu-Râ) Kemet =l'Égypte que l'on retrouve sous la forme égyptienne Kemet (pays

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LEXIQUE 511

noir). Sa décomposition en langage matrice restitue KE-EM-ET "la terre du présage de la boue, c'est-à-dire du sang (de l'humanité)"

Kharsag =cité souveraine des Gina'abul dans les montagnes du Taurus Khentamentiu = clan "Premier des Occidentaux" qui comprend les Shemsu et Urshu de l'Ouest, ceux d'Osiris. Osiris a aussi porté ce titre en qualité de "Premier des Occidentaux" KI = 3< dimension, celle où évolue l'humanité terrestre d'aujourd'hui. Terme également utilisé pour désigner la planète Terre ou un lieu donné KIGAL = niveau inférieur contenant les différents étages dimensionnels du bas astral où se trouvent les deux premières dimensions (KUR-BALA et KUR-GAL) et la dimension KI Kingu = peuple princier Gina'abul occupant la constellation d'Usu (la constellation du Dragon) Kingu-Babbar = litt. ''Kingu albinos". Ils dirigent les Kingu et incarnent l'autorité dominante et royale dans la constellation d'Usu (la constellation du Dragon), berceau originel des Gina'abul Kingu rouges = Kingu guerriers Kingu verts = Kingu ouvriers Kinsag = télépathie Kiri§ti = "fils ardent de la vie" ou encore "poisson des étoiles et de la vie" . Les Kiristi sont des fils des Étoiles, des émissaires Kadistu qui travaillent dans l'univers pour la Source Ki§ar =frère androgyne d'Ansâr, un des 7 Usumgal Kuku = ancêtre Kundalini =l'énergie latente lovée au bas du premier Sagra (chakra) KUR = basse dimension où évoluent les Gina'abul, elle comprend les deux dimensions du bas astral, les KUR-BALA et KUR-GAL Kuram = KUR-AM, "montagne du maître". Vallée de Goreme en Kursig (Cappadoce). Plusieurs veilleurs Nungal vivaient ici, non loin des Anunnaki d'Enlil KUR-BALA = 1re dimension du bas astral KUR-GAL = 2< dimension du bas astral Kursig = KUR-SIG, terme sumérien, litt. "montagne(s) étendue(s)" ou "montagne(s) basse(s)". Il s'agit du plateau de Cappadoce en Turquie, où se situe l'ancien repère souterrain d'Enlil et de ses Anunnaki (voir aussi "Méligud") Kùsig =de l'or Limamu =milliers d'années, millénaires Lugal = maître Mamitu-Nammu (Mam, Mami, Marna, Nut) = grande planificatrice Gina'abul, elle travaille avec les Kadistu. Elle est aussi la planificatrice en chef sur Uras (la Terre)

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Marduk = titre divin désigant le maître des lois du Mardukù Mardukù =litt. "ce qui est dispersé et appliqué dans le Dukù". Texte de lois élaboré par Mamitu-Nammu et Sa'am-Nudimmud en vue d'administrer les Anunna du Dukù. De ce terme découle le nom Marduk qui n'est autre qu'un titre divin visant à désigner le souverain exécutif du Mardukù Margid'da =constellation de la Grande Ourse dont le sens est le "chariot allongé". Ce même vocable était aussi utilisé par les Gina'abul mâles pour nommer leurs vaisseaux spatiaux. En effet, MAR-GÎD-DA peut également se traduire par "char du lointain". ME= cristaux contenant l'art et les lois Gina'abul Méligud = ancien nom sumérien de la ville et de sa cité souterraine de Cappadoce, aujourd'hui appelée "Derinkuyu", où vivaient Enlil et ses Anunnaki Mer =pyramide en égyptien Merakhti ou Bit-Ra-Hem = autre nom égyptien de la Grande Pyramide de Gizeh, litt. ''pyramide de l'horizon" Meri = bien-aimé(e) en égyptien. Nom donné à certaines déesses, particulièrement à Isis Mesi-Asar =titre d 'Horus: ''fait à la ressemblance d 'Osiris" ou "engendré à la ressemblance d 'Osiris" Miminu = souche d'ouvriers créée par les Gina'abul, aujourd'hui communément qualifié de "gris" M'nen-Ba =litt. "même âme". Appellation pour 1 'âme-sœur que la charte new age nomme "âme jumelle" depuis les années 2000. Voir aussi le sumérien Urni Muanna = année Muanna-Zalag =années-lumière Mulge = litt. "l'astre noir", sainte planète des Amasutum et des Kadistu dans le système de Ti-ama-te (le système solaire). Cet astre évoluait autrefois entre Mars et Jupiter Mulmul = la constellation des Pléiades Mu§ = serpent, reptile Mu§gir =sorte de dragon, ancienne souche Gina'abul recréée par An et Ansar Mu'ugi = litt. "qui maitrise la parole du peuple", nom provenant du continent de Mu pour désigner un chef Nalulkara = planète mère des Gina'abul dans le système stellaire Anduruna, dans la constellation de Margid'da (la Grande Ourse) Namlu'u = terme employé par les "dieux" et les Sumériens pour nommer l'humanité primordiale et multidimensionnelle produite par les planificateurs. Elle disparaîtra en AN GAL lors de l'arrivée des Anunna Nashareth (Nasha-Reth) = "les êtres forts de la Duat issus de l 'œil solaire (Râ)". Capitale du réseau souterrain du Gigal ou la Duat terrestre. Elle se

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LEXIQUE

trouve sous le plateau de Gizeh, sous le Sphinx et les Pyramides Neb = seigneur en égyptien Neb-Heru = seigneur Horus en égyptien, titre sacré et nom caché Nebet = souveraine, prêtresse

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Nebet-Aha = prêtresse vache. Titre de la matriarche qui gère le site d'Aset-Heh (Dendérah) Nebet-Hut = Nephtys, sœur jumelle d'Isis, conçue avec le code génétique de cette dernière, voir aussi ''Ninanna" Nebu = de l'or Neter(u) = dieu(x) Netrit = déesse Nia ma = force de l'univers qui est en toute chose Nigzigal = terme sumérien dont la traduction stricte suggère "une chose (ou une propriété) où la vie a été placée". Il s' agit d'un clone Ninanna = "prêtresse du ciel", il s'agit de Inanna-Hitar, la petite fille d'Enlil Nindigir = litt. "prêtresse céleste", autre nom utilisé pour désigner les Amasutum Ninhal = prêtresse en divination Ninmah =grande prêtresse de Nalulkara, bras droit de Tiamata. Il s'agit, avec An, de la co-créatrice des Anunna Nitahlam = amant 'Nki = "le véritable" en égyptien que l'on retrouve dans le sumérien Enki "seigneur de la Terre". Titre donné à Sa 'am-Osiris Nudimmud = "cloneur", épithète de Sa'am-Enki, litt. "celui qui façonne et met au monde les images" Nungal = race de planificateurs mâles créée par Sa'am et Mamitu­Nammu Nunkiga =litt. "le noble lieu du lait", premier nom de la ville d'Eridu Nut = voir "Her" Nut-Bau ="âmes communautaires" qui forment une famille d'âmes Pays de Lumière= nom donné à l'Égypte Per-Asar =maison d'Osiris Per-Urshu = la maison des guetteurs. Demeure des suivants Shemsu et Urshu d'Osiris à Abydos. Ce temple porte le nom de temple de Sethy Jer aujourd'hui parce qu 'il a été reconstruit par ce dernier lors de son règne Petah= Il s'agit du dieu égyptien Ptah dit "le façonneur" (leE ne s'écrit pas en égyptien). La décomposition de Ptah en suméro-akkadien donne: PE ou Pl ("entendement") et TAH ("multiplier"), c'est-à-dire "celui qui multiplie l'entendement" - en un premier temps celui des "dieux" et ensuite celui de l'humanité ... Petah est le nom qu'ont donné les Nungal à leur créateur Sa'am-Enki. En Égypte, Ptah était très justement assimilé à une forme primitive de Asar (Osiris)

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Ptah = voir "Petah" Râ = le soleil, la lumière en égyptien. Épithète de Her ou Her-Râ, Horus l'aîné ou l'ancien Râ'af= "le soleil de chair", assimilé au "soleil noir" ou "soleil nocturne" en égyptien. Épithète d'Horus Rig'giri =arme à foudre Gina'abul Sa'am =fils cloné d'An. Protagoniste et narrateur de l'histoire, également nommé Nudimmud (Je cloneur), Enki ("le seigneur de la Terre"), Éa ("maison d'eau"), Asar ("l'unique glorifié"= Osiris) ... Sa'am-'Nki = "l'assassiné véritable" en égyptien. Epithète donnée à Sa 'am après sa mort Sabu =Anubis, le frère d'Horus Sagra = SAG4-RA ou SÀ-AK-RA, litt. "cœur qui draine (ou inonde)", ce terme possède la même signification que son quasi-homophone sanskrit "chakra" (roue) Sàlim =capitale de l'Abzu d'Uras, litt. "cœur d'éternité" Salbatanu =la planète Mars (SAL-BA-TAN-U, litt. "la matrice des rations de la couronne"). On retrouve ce terme dans l'akkadien "Salbatânu" San = maîtresse San dan = arboriculteur(rice ), horticulteur(rice ), herboriste Santana = chef de plantations Saran= ancienne fille de Ninmah et ancienne incarnation de Sé'et 1 Aset, la future Isis Sàtam = administrateur territorial en sumérien. En li! est le grand Sàtam de la colonie Gina'abul qui vit sur le Dukug (la montagne sainte) et en Edin, la plaine mésopotamienne Sàtamàm = SÀTAM-ÀM, litt. "comme l'administrateur territorial" en sumérien. Il s'agit de la milice d'Enlil qui a pour fonction de surveiller les travaux en Edin Sé'et =suivante et fille de Mamitu-Nammu, litt. "marque de vie", "présage de vie" ou "force de vie" en Emesà, il s'agit d'Isis Sèka =ouverture nord et sud vers l' Abzu, le monde inférieur et creux de toute planète Septj = Sirius en égyptien ~eyhtanri = litt. "chef-dieu" ou "dieu-souverain" en turc, que l'on retrouvera plus tard sous la forme turque Seytan ou Seyhtan "Satan". Il s'agit de Enlii-Seth, l'ancien Sàtam (administrateur territorial) de Sumer Shemsu-Râ ou Sè'emsu-Ra = respectivement en égyptien et sumérien : "suivants de la lumière" et "parents de la tempête qui guide". Il s'agit des suivants de Râ, c'est-à-dire des Nungal, une partie des anges veilleurs Shetat = nom initialement donné au sanctuaire ou à la chambre du sarcophage de la Grande Pyramide, dite "chambre du roi"aujourd'hui Siensi§ar = matrice artificielle

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LEXIQUE 515

Sigpabnun =bras droit de Sa'am-Enki. Également nommé "Isimmud" sur les tablettes sumériennes Sigun = 1 'Australie Sinsal = région de la vallée du Rift en Afrique, la grande réserve à singes Sukkal =race importante de planificateurs à forme d'oiseau Sutum =nom des mâles Gina'abul Ta-Merit = "terre bien-aimée", autre nom donné à 1 'Égypte Ta-Ur =premier nom du domaine d'Abydos en haute Égypte. lei se trouvait la colline verte sous laquelle séjournait un automate d'Osiris animé par les prêtres. À Ta-Ur se situe la ville sainte d'Enki-Osiris, Abdju (Abydos), qui n'est autre qu'une déformation du terme sumérien Abzu (le monde souterrain) Te = la constellation Aquila (l'aigle) où vivent les Gina'abul Babbar (albinos) Thot = voir "Zehuti" Tiamata (Tigeme) =reine des Gina'abul de Margid'da (Grande Ourse), une des 7 Usumgal Ti-ama-te = le système solaire Tian= "flèche du ciel". Véhicule volant effilé et très rapide, utilisé par les Anunnaki. Il est basé sur la technologie des royaux Kingu qui semble leur avoir été subtilisée par les Anunnaki Tigeme =nom que les Gina'abul mâles de Margid'da (Grande Ourse) utilisent pour nommer leur reine Tiamata Uatch = voir "Ugur" ; nom utilisé par Horus pour nommer le Girkù de Sa'am Vanna = gigantesque vaisseau d'An détruit lors des derniers combats pour la conquête de la planète Uras (la Terre) UbSu'ukkinna = nom du système solaire Gina'abul en Mulmul (les Pléiades). Il correspond au système stellaire dénomt:né Maïa Udu'idimsa = autre nom de Salbatanu, la planète Mars, mais sous sa forme purement sumérienne. UDU-IDIM-SA5 veut dire "petit bétail de la source rouge" ou "petit bétail des eaux souterraines de la (planète) rouge", pour nommer ses travailleurs qui vivaient sous terre Uga-Mu§ =Peuple du Serpent, nom donné à la population Amasutum Ugubi ="ancêtre inférieur", le singe Ugur =nom donné au Girkù de Sa'am Ukubi = "peuple inférieur" ou "multitude inférieure", genre Homo Ukubi'im = Homo Neanderthalensis Ûnamtila = "la plante de la vie" Unir= pyramide Unulahgal =capitale de la planète Nalulkara régie par les Amasutum Ura§ =nom Gina'abul de la planète Terre Ura§ien(ne) = terrien(ne)

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516 LE RÉVEIL DU PHÉNIX

Urbar'ra =constellation de la Lyre Urmah = race planificatrice composée de félidés. Il s'agit de la milice armée des Kadistu (planificateurs) Urni = UR5-NÎ, litt. "même âme". Appellation pour une âme-sœur ou âme jumelle. Voir aussi "M'nen-Ba" Urshu = litt. les "guetteurs" ou "veilleurs" en égyptien. Il s'agit des suivants d'Osiris qui font partie des Shemsu Nungal. Ils proviennent de 1 'Ouest actuel et de 1 'Atlantide. Dans 1 'imagerie égyptienne, ils portent un masque de loup. Comme les Shemsu-Râ, ce sont aussi des guerriers U~u = constellation du Dragon U~umgal = "Grand Dragon", nom des 7 dirigeants qui gouvernent les Gina'abul de la constellation Margid'da (la Grande Ourse). Les 7 Usumgal, originaires de la constellation Urbar'ra (la Lyre), sont des rescapés de la Grande Guerre qui divisa les Gina'abul Zehuti ou Djehuti = ZE-HU-TJ, "le souffle (ou l'esprit) de l'oiseau de vie" que l'on retrouve sous la forme égyptienne Djehuti qui correspond au dieu Thot Zi~àgal = incarnation

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BIBLIOGRAPHIE 1

Textes cités au début de chaque chapitre (par ordre d'apparence)

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(13) CONSIDÉRATIONS SUR LES RELIGIONS ÉGYPTIENNES, Jéquier, Gustave, Neuchatel, France, 1946

(14) TEXTES DES PYRAMIDES DE L'ÉGYPTE ANCIENNE (en 6 vol.),

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518 LE RÉVEIL DU PHÉNIX

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BIBLIOGRAPHIE 2

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TABLE

Préface de James G. Rooms ................................................... 11

Note de l'auteur ....................................................................... 21

Première partie- L'instruction du Faucon .......................... 29

1 +L'héritage d' Asar ......... .. ...... .. ................ ..... .. ... ........ .. 31 2 +Première entrée d'Heru .. ..... ... ....... ... .. .... .... ..... ... ........ 45 3 + L'arbre royal et le second meurtre d' Asar . .. . .. . .. . .. . .. . . 54 4 + Le souffle du Benben . .. . . . . . . .. . . . . .. . .. . .. . .. . . . . . . . . . . .. . .. . .. . .. . . 68 5 + Adin et le miracle des Shemsu et Urs hu de Râ .. . .. . .. . . 83 6 + Le secret du Dukù . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .. . .. 91 7 + Révélations sur la montagne des veilleurs ..... ...... ...... 115 8 +Le grand Her-Râ et la première assemblée .... ... .. ....... 145 9 + Semhaza .............. ............. ...... .................... .. ......... ..... 171

10 + L'Ekur ............................ .. ............... ... ........ .. ...... .. ...... 188

Deuxième partie- Le réveil du Faucon ................................. 209

1 +Le Baptême ............. ........ ........................................... 211 2 +Au-delà de 1 'horizon des événement ................. ......... 221 3 +La bataille de Mafke't ..... .................... ............... ... ..... 243 4 +Les fils du Faucon ........... .................... ........ .. ........ ..... 253 5 + Les fragments de 1' A' akhet

et le mystère des lits en pierre ........ ....... ... .... ..... ....... 278 6 +Retour vers l'au-delà de l'horizon des événements ... 294 7 + Le réveil d'As ar ... ...... .... ..... ......... ... .......... .. ... ..... ....... 302 8 + Nisighu et le mystère des jumeaux célestes .... ...... .. .... 316 9 + La brûlure du Phénix ......... ........................ ... ......... .... 326

Troisième partie - Archives et décodages ............................. 365

1 +Traces archéologiques et historiques des Gina' abul, par Anton Parks ...... .......... .. ............. ............. .. ....... ... .. 367

1) Le problème de l 'origine du blé et des céréales ... 368 2) Les sites les plus anciens connus à ce jour ... ..... 370 3) L 'ancienneté des divinités sumériennes

et leur physionomie .......... ..... .... ........... ....... .. ..... 393

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4) L'aspect reptilien des dieux dans les anciens textes ....... ................ .... ............ . 397

5) La preuve formelle: U.14597 ............... ............. 405 II + De la vie à la vie, par Nora Parks ..................... .......... 417

1) Le réseau souterrain ......... ......... ... .. .... .... ........... 428 2) La construction des palais et de la pyramide ... . 429 3) L'errance dans les palais vides ........... ............ .. 430 4) Les jeux .. ... ... ... ... .... ....... .. ... .... ... ....... ... .... ..... ...... 432 5) Extrait du poème sumérien "Enlil et Ninlil"

trouvé à Nippur (I re partie) .......... ..... .... ... .......... 436 6) Sé 'et à l'agonie ....... ........... ........ ....... ... .. .. .... ..... . 439 7) Les raisons de la maladie de Sé 'et .. .. ... ............. 441 8) Les Ab gal étaient prêts à intervenir ..... ........... .. 442 9) Extrait du poème sumérien "Enlil et Nin/il"

trouvé à Nippur (2e partie) ............ ........ ... .......... 444 1 0) Extrait du poème paléo-babylonien

"Le mariage de Sud" ................ ............... ... ......... 449 11) La matrice ........ ........ .. ...... ... .......... ........ ... .......... 453 1 2) Le mur de hiéroglyphes ... ...................... ............ . 454 1 3) Fuir et se cacher .. ... .................. ... ..... .... ... .... ... ... 456 1 4) Conclusion ......... ..... ... ................ ............ .. .......... 458

III + Les propriétés du sang menstruel et de 1 'or, par Nora Parks ................ ..... ..... 461

IV + Tableau génétique et ses conclusions .............. ..... ..... 464

Quatrième partie- Résumé des t. 1 & 2 des Chroniques .... 467

Lexique Gina 'aboi-sumérien .................................................. 507

Bibliographie ........................................................................... 517

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