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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - SOMMAIRE I- CONSTRUCTION D’UN PROJET 1. Outil multimĂ©dia et apprentissage 2. Applications pĂ©dagogiques envisagĂ©es 3. OpportunitĂ© du lieu d’implantation informatique II- DÉFINITION DU PROJET 1. Formulation 2. ModalitĂ©s 2,1. Cadre matĂ©riel 2,2. Cadre disciplinaire 2,3. Support privilĂ©giĂ© 2.4. Public scolaire 2.5. DurĂ©e III- SUPPORTS DE L’EXPÉRIMENTATION 1. L’image dans la construction du savoir 1.1. Fonction au sein de la discipline historique 1.2. Pratiques et reprĂ©sentations des Ă©lĂšves 1.2.a. Place de l’image dans la hiĂ©rarchie des compĂ©tences 1.2.b. Une anecdote significative 2. L’apport de l’outil informatique 2.1. Un outil modulable 2.2. SpĂ©cificitĂ©s du logiciel utilisĂ© IV- RÉCIT DE L’EXPÉRIMENTATION 1. PrĂ©liminaires 1.1. Familiariser l’élĂšve Ă  la manipulation technique 1.2. Alimenter le logiciel en documents de travail 2. Mise en oeuvre 2.1. Consignes de travail 2.2. Place dans la progression du cours 2.3. Travail individualisĂ© 3. ProcĂ©dures d’évaluation V- ENSEIGNEMENTS DES ACTIVITÉS PASI AcadĂ©mie Nancy-Metz 1

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA -

SOMMAIRE

I- CONSTRUCTION D’UN PROJET 1. Outil multimĂ©dia et apprentissage 2. Applications pĂ©dagogiques envisagĂ©es 3. OpportunitĂ© du lieu d’implantation informatique II- DÉFINITION DU PROJET 1. Formulation 2. ModalitĂ©s 2,1. Cadre matĂ©riel 2,2. Cadre disciplinaire 2,3. Support privilĂ©giĂ© 2.4. Public scolaire 2.5. DurĂ©e III- SUPPORTS DE L’EXPÉRIMENTATION 1. L’image dans la construction du savoir 1.1. Fonction au sein de la discipline historique 1.2. Pratiques et reprĂ©sentations des Ă©lĂšves 1.2.a. Place de l’image dans la hiĂ©rarchie des compĂ©tences 1.2.b. Une anecdote significative 2. L’apport de l’outil informatique 2.1. Un outil modulable 2.2. SpĂ©cificitĂ©s du logiciel utilisĂ© IV- RÉCIT DE L’EXPÉRIMENTATION 1. PrĂ©liminaires 1.1. Familiariser l’élĂšve Ă  la manipulation technique 1.2. Alimenter le logiciel en documents de travail 2. Mise en oeuvre 2.1. Consignes de travail 2.2. Place dans la progression du cours 2.3. Travail individualisĂ© 3. ProcĂ©dures d’évaluation V- ENSEIGNEMENTS DES ACTIVITÉS

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - 1. Profils d’apprentissage 2. Études de cas 2.1. Les images intruses 2.1.a. Les images intruses prises pour de “bonnes images” 2.1.b. Les images intruses Ă©cartĂ©es Ă  juste titre 2.2, Les “bonnes images” 2.2.a. Les “bonnes images” incluses Ă  juste titre 2.2.b. Les “bonnes images” Ă©cartĂ©es 2.3. Conclusion CONCLUSION GÉNÉRALE 1. DegrĂ© d’atteinte de l’objectif initial 2. Le point de vue des Ă©lĂšves 3. Prolongement de l’expĂ©rimentation 4. Conditions pour un transfert de l’action 4.1. OpĂ©rations et temps nĂ©cessaires 4.2. Place des sĂ©quences dans la progression 4.3. Conditions matĂ©rielles 4.4. Moyens humains ANNEXES Descriptif du logiciel «PRÉSENTATION» Fiche de consignes Ă©lĂšve Liste des images utilisĂ©es Bibliographie

I- CONSTRUCTION D’UN PROJET 1. Outil multimĂ©dia et apprentissage Comme souvent en la matiĂšre, le projet est nĂ© d’initiatives individuelles, celles d’un professeur d’histoire-gĂ©ographie et de la documentaliste du collĂšge A. MĂ©ziĂšres de Jarny, de maniĂšre que l’on pourrait qualifier d’informelle. Il s’intĂ©grait Ă  l’un des cinq axes du projet d’établissement du collĂšge A. MĂ©ziĂšres qui privilĂ©giait la recherche documentaire ; il donnait l’occasion de s’interroger sur la pertinence pĂ©dagogique que pouvait prĂ©senter l’outil multimĂ©dia ; l’établissement n’en Ă©tait pas pourvu Ă  l’époque mais devait en ĂȘtre dotĂ©. Les deux projets divergeaient sur le fond ; celui de la documentaliste Ă©tait axĂ© sur la recherche documentaire et l’accĂšs Ă  l’information, inscrits dans la cadre des missions propres du CDI (information sur les mĂ©tiers, rĂ©alisation de dossier en atelier lecture par exemple). La perspective du projet en histoire, tel qu’il est dĂ©crit ici, Ă©tait Ă  orientation disciplinaire mais se voulait d’ordre

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - mĂ©thodologique. En ce sens, il rejoignait le projet de la documentaliste. Mais des divergences dans l’utilisation de l’outil informatique demeuraient (voir le dĂ©bat sur l’implantation du matĂ©riel informatique plus loin). Elles n’eurent cependant, d’incidence pour l’expĂ©rimentation ; elles auraient pu en avoir si, comme il sera indiquĂ© plus loin, le projet avait pu ĂȘtre menĂ© dans son Ă©tat initial. Le peu d’enthousiasme affichĂ© par l’ensemble de l’équipe Ă©ducative, pour diverses raisons, n’a pas entraĂźnĂ©, malheureusement, Ă  l’exception d’un collĂšgue de S.V.T., d’autres adhĂ©sions au projet. Initialement, le projet, en histoire-gĂ©ographie, visait l’objectif gĂ©nĂ©ral d’apprendre Ă  apprendre par l’outil multimĂ©dia, ce qu’il a malgrĂ© tout conservĂ©, mais avec un cadre opĂ©rationnel sensiblement restreint par rapport au souhait d’origine. Une Ă©volution a, en effet, marquĂ© les contours du projet initial. 2. Applications pĂ©dagogiques envisagĂ©es La recherche d’informations, la production d’un document Ă©laborĂ© grĂące Ă  l’outil informatique et la communication orale de ce travail Ă©taient les trois volets du projet initial. Ces procĂ©dures confiaient Ă  l’outil multimĂ©dia un triple rĂŽle : - support d’informations variĂ©es, dont le caractĂšre multimĂ©dia devait permettre une autre approche du savoir savant, - outil de rĂ©alisation d’écrit multimĂ©dia associant au minimum textes et images, - Ă©lĂ©ment de valorisation du travail de l’élĂšve. La tĂąche d’ensemble demandĂ©e Ă  l’élĂšve Ă©tait donc de chercher une information ciblĂ©e, pour ensuite, la mettre en forme et prĂ©parer un document de restitution originale. Le terrain d’application prĂ©voyait deux niveaux d’expĂ©rimentation, l’un en classe de sixiĂšme (qui n’a pu ĂȘtre rĂ©alisĂ©), l’autre en classe de troisiĂšme (qui a effectivement Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©). La dĂ©marche conçue pour les classes de sixiĂšme s’inspirait des nouveaux programmes, en vigueur Ă  la rentrĂ©e 1996 mais pouvant ĂȘtre appliquĂ©s, Ă  titre expĂ©rimental dĂšs la rentrĂ©e 1995 ; dans le cadre de ces programmes renouvelĂ©s, le document patrimonial revĂȘt une importance considĂ©rable : “Les documents (textes, images, monuments), au centre du programme d’histoire, ne sont pas une “illustration” des thĂšmes proposĂ©s. Ils sont de nature patrimoniale et doivent ĂȘtre Ă©tudiĂ©s pour eux-mĂȘmes comme des Ă©lĂ©ments du programme... On incitera les Ă©lĂšves Ă  lire et Ă  observer...”. Ce qui valait pour le niveau de sixiĂšme, le vaut pour les nouveaux programmes de 5e et 4e, applicables Ă  la rentrĂ©e 1997 et le vaudra pour les futurs programmes de 3e (rentrĂ©e 1999). Le cadre Ă©tant posĂ©, le scĂ©nario prĂ©voyait de faire jouer aux Ă©lĂšves de sixiĂšme, un jeu

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - de rĂŽle : celui d’un guide faisant dĂ©couvrir tel aspect d’une civilisation antique aux visiteurs (la classe). les sujets Ă©taient pris parmi les diffĂ©rents documents patrimoniaux relatifs aux mondes Ă©gyptien, hĂ©braĂŻque, grec et romain. 3. OpportunitĂ© du lieu d’implantation informatique La non rĂ©alisation de cette partie du projet, tient autant Ă  des considĂ©rations matĂ©rielles non remplies au moment de l’expĂ©rimentation qu’au dĂ©bat sur le lieu le plus appropriĂ© d’implantation du matĂ©riel informatique. Que l’on raisonne en terme de rĂ©seau ou en celui de postes individuels, l’implantation du matĂ©riel informatique dans une salle spĂ©cialisĂ©e ou en CDI induit un type prĂ©cis d’utilisation pĂ©dagogique diffĂ©rent d’un cas Ă  l’autre, qu’on le veuille ou non. Un dĂ©bat fut ouvert sur le lieu d’implantation des futurs ordinateurs. Fallait-il privilĂ©gier le CD-I ou la salle informatique du collĂšge en remplacement du nanorĂ©seau vieillissant ? Du choix de l’implantation rĂ©sulte pour une bonne part l’utilisation pĂ©dagogique que l’on peut attendre de l’informatique. La documentaliste a privilĂ©giĂ©, dans son projet, l’accĂšs Ă  l’information et l’initiation aux technologies nouvelles, deux des missions importantes confiĂ©es au CDI. Toutefois, la recherche d’information s’inscrit dans un cadre pĂ©dagogique trĂšs prĂ©cis, diffĂ©rent de celui qu’un enseignant peut concevoir dans sa classe. Elle y voit, par exemple, la possibilitĂ© offerte aux Ă©lĂšves, grĂące au multimĂ©dia, d’élaborer un dossier (atelier lecture par exemple), de prĂ©parer un exposĂ© ou tout autre dossier Ă  la demande d’un professeur qui souhaite leur faire utiliser tel ou tel cĂ©dĂ©rom. Si le matĂ©riel Ă©tait exclusivement installĂ© dans une salle de classe, ce travail serait impossible. Ce projet entendait faire conserver au CDI sa spĂ©cificitĂ© et Ă©viter de le transformer en une salle de classe “annexe” si la prĂ©sence du documentaliste n’est pas souhaitĂ©e ou nĂ©cessaire Ă  la rĂ©alisation du travail et si l’espace CDI n’apporte rien de plus Ă  la sĂ©quence. Dans le cas contraire, poursuit-elle, ”les professeurs et leurs Ă©lĂšves sont Ă©videmment les bienvenus.” Le propos n’est pas d’attribuer des bons et des mauvais points sur l’implantation dans l’un ou l’autre lieu, donc de dĂ©nier une pertinence d’utilisation de l’informatique modulable dans l’un ou l’autre cas. Simplement, le projet confiait Ă  la salle informatique un rĂŽle majeur. Ce point de vue est d’abord un point de vue du militant ; celui de l’enseignant, auteur de ce projet, coutumier de l’outil informatique depuis plus de 10 ans, mais regrettant une utilisation de l’informatique Ă  un niveau presque confidentiel au sien de l’Éducation. Parmi les questions dont l’absence de rĂ©ponse jugĂ©e probante n’incite pas les collĂšgues, toutes disciplines gĂ©nĂ©rales confondues, Ă  employer l’ordinateur, il en est une qui a largement participĂ© aux contours du projet : quelle intĂ©gration peut-on rĂ©ellement envisager de l’outil informatique dans une situation classe ? Cette question, chacun se la pose, apporte ses rĂ©ponses. Elle peut paraĂźtre ringarde puisque dĂ©jĂ  ancienne ; mais si l’on veut qu’un jour, un plus grand nombre de collĂšgues utilisent l’ordinateur, qu’il soit multimĂ©dia ou non, dans sa classe, il est nĂ©cessaire de montrer, par l’expĂ©rience, sur un sujet important (apprendre Ă  apprendre) que c’est possible. C’est ce que propose de

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - dĂ©montrer, de maniĂšre modeste, le prĂ©sent Ă©crit. Ce parti pris posĂ©, celui de l’implantation de l’outil multimĂ©dia au sein de la classe, il Ă©tait prĂ©vu l’exploitation par les classes de 6e de CD-ROM en rĂ©seau. Le projet d’équipement de ce genre de matĂ©riel avait Ă©tĂ© lancĂ© en mĂȘme temps que le projet pĂ©dagogique : l’un justifiait l’autre. Malheureusement, pour diverses raisons, le matĂ©riel n’a pu ĂȘtre acquis Ă  temps ; cette partie du projet a donc Ă©tĂ© remise Ă  plus tard. II- DÉFINITION DU PROJET 1. Formulation À la rentrĂ©e 1996, les contours pĂ©dagogiques du projet sont affinĂ©s ; l’objectif gĂ©nĂ©ral “permettre Ă  l’élĂšve d’apprendre Ă  apprendre grĂące Ă  l’ordinateur “, certes inchangĂ© en soi, reçut une inflexion ; il devient : “mettre en place des situations d’apprentissage favorisant la mise en relation de concepts”; il s’inscrit donc toujours dans une phase d’apprentissage, plutĂŽt d’ordre mĂ©thodologique. 2. ModalitĂ©s 2.1. Cadre matĂ©riel Ordinateurs Compte tenu des perspectives d’acquisitions matĂ©rielles trop incertaines, le projet fut axĂ© sur les Ă©lĂšves de TroisiĂšme, en tenant compte de la spĂ©cificitĂ© technique des ordinateurs disponibles en salle informatique : il s’agissait de quatre PC, non reliĂ©s entre eux, et non multimĂ©dia, de gĂ©nĂ©ration assez ancienne : 1 ordinateur 386, 3 ordinateurs 486. Cette configuration n’est pas trop Ă©loignĂ©e de celle qui a gĂ©nĂ©ralement cours dans bon nombre de collĂšges, encore aujourd’hui. Logiciel Le logiciel utilisĂ© pour l’expĂ©rience s’intitule «PRÉSENTATION» d’AsymĂ©trix. C’est un logiciel qui permet la crĂ©ation de documents multimĂ©dia, cataloguĂ© parmi les logiciels de PrĂ©sentation AssistĂ©e par Ordinateur (PAO). En annexe, le lecteur trouvera une note technique Ă  son sujet. 2.2. Cadre disciplinaire Les sujets d’étude furent l’histoire du XXe siĂšcle, Ă  travers les trois totalitarismes au programme : - Staline et le socialisme soviĂ©tique (1928-1941) - Mussolini et l’oeuvre fasciste (1922-1939) - Hitler et le nazisme (1933-1939) Ces thĂšmes ne servent que de supports didactiques Ă  la dĂ©marche qui pourrait s’appliquer, par ailleurs, Ă  d’autres thĂšmes d’histoire, voire de gĂ©ographie.

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - Les sĂ©ances informatiques intervenaient toujours aprĂšs le terme du cours. 2.3. Support privilĂ©giĂ© La dĂ©marche fut centrĂ©e sur le document iconographique, dont l’association au texte confĂšre au logiciel utilisĂ© pour l’expĂ©rience un aspect multimĂ©dia, somme toute modeste. En quoi l’image peut enclencher chez l’élĂšve un raisonnement (et quel raisonnement) en vue de l’appropriation de concepts (ici de totalitarisme) ? Avant d’aller plus avant dans la description du projet, il convient de s’interroger sur les raisons du choix des images dans la dĂ©marche visĂ©e. Ce travail a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ© en collaboration avec M. Christian EURIAT, professeur de philosophie Ă  C. GelĂ©e Ă  Épinal, qui, dans le cadre de sa prĂ©paration de thĂšse sur l’utilisation pĂ©dagogique des hypertextes avait souhaitĂ© trouver un terrain d’observation en collĂšge comme en lycĂ©e. L’occasion m’est ainsi donnĂ©e de le remercier pour l’aide apportĂ©e. 2.4. Public scolaire Le choix de la classe de TroisiĂšme a Ă©tĂ© conditionnĂ© par l’état de service de l’auteur du projet, enseignant Ă  mi-temps dans l’établissement. C’est donc une situation particuliĂšre de service et non une difficultĂ© d’ordre didactique ou matĂ©rielle d’utilisation de l’informatique qui a servi de cadre Ă  l’expĂ©rience. En effet, celle-ci est transposable dans l’esprit et dans la lettre Ă  d’autres niveaux. Le seul frein possible mais non rĂ©dhibitoire rĂ©side dans la manipulation du logiciel utilisĂ©. La rapiditĂ© de prise en main et la facilitĂ© d’utilisation par les Ă©lĂšves, constatĂ©e lors de l’expĂ©rimentation, invite Ă  imaginer que pareille utilisation est faisable en 5e ou 4e par exemple ; Ă  dĂ©montrer toutefois. Un “a priori” nous fait dĂ©conseiller ce genre d’utilisation par voie informatique, par des Ă©lĂšves de 6e ; mais comme tous les “a priori” sont faits pour ĂȘtre surmontĂ©s ... La mise en situation retenue fut de privilĂ©gier le travail individuel. En raison du faible nombre d’ordinateurs disponibles (quatre), les sĂ©quences furent suivies par les quatre mĂȘmes Ă©lĂšves. S’est alors osĂ© le problĂšme de leur dĂ©signation, rĂ©solu de la maniĂšre suivante : aprĂšs un appel Ă  “candidature”, quatre volontaires se pointĂšrent, acceptant les termes du double contrat annoncĂ© par le professeur : - consacrer une heure “sup” pour apprendre Ă  manipuler le logiciel (avant la premiĂšre sĂ©quence) - reprendre le cours (parallĂšle) effectuĂ© par le reste de la classe qui ne participait pas aux sĂ©ances informatiques. 2.5. DurĂ©e La premiĂšre sĂ©quence, relative Ă  Staline et au stalinisme, prit deux heures. À chacune des deux sĂ©quences suivantes fut consacrĂ©e une heure.

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - III- SUPPORTS DE L’EXPÉRIMENTATION 1- L’image dans la construction du savoir 1.1. Fonction au sein de la discipline L’image tient dans l’enseignement de ces deux disciplines une place considĂ©rable ; qu’elle soit employĂ©e de maniĂšre illustrative ou comme support de cours, elle comporte une double vertu, scientifique, d’une part, pĂ©dagogique d’autre part, les deux devant ĂȘtre nĂ©cessairement liĂ©es. Le contenu scientifique doit ĂȘtre Ă  la portĂ©e d’un adolescent (ne pas choisir un document trop compliquĂ©, hors de portĂ©e de celui-ci), le second, le contenu scientifique, devant enclencher, chez l’élĂšve, un raisonnement pour qu’il soit en mesure de retrouver l’information scientifique contenue dans ce document. C’est sur ce raisonnement ou plutĂŽt sur la façon de le construire que l’expĂ©rience a portĂ© : signifier Ă  l’élĂšve qu’une image, en tant que telle, quelle qu’en soit la nature (caricature, portrait, affiche, paysage etc.) contient un message fort qu’il s’agit de dĂ©crypter et d’associer Ă  d’autres informations. Car raisonner c’est d’abord crĂ©er des liens. Prendre l’image comme Ă©lĂ©ment de base d’un tel projet peut sembler superflu tant elle abonde dans nos media : qu’elle soit fixe ou mobile, elle est omniprĂ©sente ; elle constitue mĂȘme la base de la culture tĂ©lĂ©visuelle dans laquelle baigne constamment l’élĂšve. Mais pour autant, sait-il comprendre l’image qu’il reçoit Ă  profusion ? Ne se fait-il pas une idĂ©e trĂšs simple, voire simpliste, sur le degrĂ© de difficultĂ© de comprĂ©hension des documents oĂč le sens de l’image coulerait de source et celui d’un texte, Ă  l’inverse, paraĂźtrait beaucoup plus compliquĂ©. Paradoxe, nous semble-t-il dans la mesure oĂč l’inverse serait plus proche de la rĂ©alitĂ©. Il est vrai que dans les manuels l’image est toujours lĂ©gendĂ©e et que cette indication induit obligatoirement un sens gĂ©nĂ©ral au document sans que l’élĂšve n’ait Ă  faire de rĂ©flexion particuliĂšre. Pour autant, ne devrait-on pas s’interroger sur le degrĂ© de comprĂ©hension rĂ©el de ce document par l’élĂšve ? Que se passerait-il s’il n’y avait pas de lĂ©gende ? Sur ce point, le manuel est le plus mal placĂ©. Il n’est pas plus Ă©vident de lire une image que d’apprendre un texte [bien qu’on ne demandera jamais Ă  un Ă©lĂšve d’apprendre une image comme on apprend un texte], encore moins d’associer une image Ă  un texte. Cette procĂ©dure a servi de fil conducteur Ă  l’expĂ©rience. La lecture correcte d’une image suppose une vision “objective” de celle-ci par celui qui l’observe, un recul qui amĂšne ce dernier Ă  en extraire les diffĂ©rents composants polysĂ©miques ; l’image n’est jamais vĂ©ritĂ© absolue ; le sens qu’elle vĂ©hicule dĂ©pend d’abord de celui qui la conçoit et qu’on ne voit pas (forcĂ©ment) sur le document. Toute la difficultĂ© est donc de faire prendre conscience Ă  l’élĂšve qu’une image n’a pas de sens Ă©vident, qu’elle doit parfois ĂȘtre lue au 2e voire au 3e degrĂ©. Encore faut-il armer l’élĂšve

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - pour ce type d’exercice ! Sur ce plan, l’enseignant se heurte Ă  la passivitĂ© de l’élĂšve qui consomme de l’image sans esprit critique. Cette “culture tĂ©lĂ©visuelle” modĂšle nĂ©cessairement chez l’élĂšve un rĂŽle et une place dans l’élaboration de son savoir. Sur ce plan, n’est-il pas du rĂŽle de l’école de doter l’élĂšve de clĂ©s, d’outils d’analyse de l’image ? 1.2.Pratiques et reprĂ©sentations des Ă©lĂšves 1.2.a. Place de l’image dans la hiĂ©rarchie des compĂ©tences PrĂ©cisons de suite que cette vaste question mĂ©riterait des recherches approfondies, dĂ©passant le cadre que notre projet s’est fixĂ©. En effet, nous nous sommes limitĂ©s Ă  une interrogation sur le rĂŽle que l’Institution fait jouer Ă  l’image dans l’enseignement de l’Histoire-gĂ©ographie : un support au mĂȘme titre qu’un texte ou qu’une carte ; mais, Ă  la diffĂ©rence de ces derniers, on ne demande pas Ă  l’élĂšve, notamment Ă  l’examen du brevet, de savoir construire une image comme on construit une carte ou que l’on apprend un texte, mais de la comprendre, dans son contexte historique (affiche de propagande de tel rĂ©gime totalitaire du XXe siĂšcle, par exemple) ou gĂ©ographique (s’il s’agit d’un paysage, par exemple). Dans l’optique de l’épreuve du brevet, l’image dispose d’un statut moins important, aux yeux de l’élĂšve, que le texte ou la carte. Il sait qu’il ne sera jamais interrogĂ© sur une image comme il pourrait l’ĂȘtre sur un texte (rĂ©sumĂ© de cours par exemple). ParticuliĂšrement rĂŽdĂ© Ă  tenir Ă  jour une comptabilitĂ© prodigieusement mesurĂ©e, en termes de connaissances, l’élĂšve de classe de TroisiĂšme est suffisamment ingĂ©nieux pour faire des Ă©conomies d’énergie, lĂ  oĂč il croit pouvoir le faire. Les apparences plaident pour lui. À tort cependant. Le conditionnement de l’évaluation “institutionnelle” que reprĂ©sente le brevet par la note portant sur des connaissances (questions de cours et de repĂ©rage) ou sur la lecture de documents (Ă©tude de documents) n’en exigeant pas, induit, par voie de consĂ©quence, une attitude d’extrĂȘme prudence, tout au long de l’annĂ©e scolaire, vis-Ă -vis de documents dont on sait, par avance, qu’ils ne feront jamais l’objet d’une mĂ©morisation. « A quoi bon se fatiguer Ă  apprendre puisque c’est dedans !» Cette rĂ©flexion, banale chez l’élĂšve, traduit une double erreur de jugement. Jamais, on n’interroge l’élĂšve, Ă  propos d’une image, en tant que partie d’un savoir ; d’autre part, il n’y a pas d’évidence et toute lecture d’image passe par un stade de rĂ©flexion prĂ©alable mettant en jeu un raisonnement basĂ© sur la recherche d’indices et des liens entre ces indices et le cours, sur lequel ne porte pas ou si peu, justement ce type d’épreuves (Ă©tude de documents) 1.2.b. Une anecdote significative Ce qui a motivĂ©, en partie, ce projet, rĂ©sulte de l’analyse d’un fait observĂ© lors de l’épreuve de brevet des collĂšges, annĂ©e 1991. Le fait mĂ©rite d’ĂȘtre rappelĂ© briĂšvement. OpĂ©rĂ© pendant la surveillance de l’épreuve, ce constat n’a pas de valeur statistique, tant sur une classe que sur les classes de troisiĂšme de l’établissement. L’étude de documents portait sur le GĂ©nĂ©ral de Gaulle durant la seconde guerre mondiale : une sĂ©rie de questions concernait un texte (message du GĂ©nĂ©ral Ă  F.D. Roosevelt, 26 octobre 1942) et une image, extraite d’un album racontant aux enfants la vie du GĂ©nĂ©ral

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - de Gaulle, rĂ©alisĂ© par les services de la France Libre en 1942. Elle commĂ©morait l’appel du 18 juin dont la mention figurait dans le titre (qui ne comportait pas cependant, et ceci a son importance, l’annĂ©e c-Ă -d 1940). L’image reprĂ©sente De Gaulle s’adressant, sur fond de drapeau tricolore frappĂ©e de la croix de Lorraine, Ă  un groupe de personnes symbolisant le peuple Français qu’il conviait Ă  le suivre. L’une des questions portait sur la date de l’évĂ©nement commĂ©morĂ© (et non la date du document en lui-mĂȘme). Quelle ne fut pas la surprise de constater que, pour bon nombre de candidats, l’appel du 18 juin fut lancĂ© le 18 juin ... 1942 ! Logique puisque ces Ă©lĂ©ments de datation figuraient dans le titre de l’image. Visiblement le titre devait paraĂźtre trop long et trop compliquĂ© pour devoir ĂȘtre lu et le cours dispensĂ© Ă  ce sujet devait paraĂźtre inutile puisque c’était Ă©crit sur la feuille. Pourquoi rĂ©flĂ©chir et s’interroger sur cette apparente contradiction, Ă  moins que l’appel du 18 juin 1940 n’était plus, en cette fin d’annĂ©e, qu’un trĂšs lointain souvenir, perdu dans le magma des connaissances exigĂ©es de l’élĂšve ... Ce genre de constatation montre prĂ©cisĂ©ment l‘incapacitĂ© de l’élĂšve Ă  distancier sa rĂ©flexion par rapport Ă  un document, en mobilisant toutes ses connaissances acquises par ailleurs. 2. L’apport de l’outil informatique 2.1. Un outil modulable La question mĂ©rite d’ĂȘtre posĂ©e dĂšs lors que l’image est omniprĂ©sente, dans les manuels notamment. Pourquoi donc utiliser un ordinateur ? Qu’apporte-t-il en plus ? Le manuel prĂ©sente un double inconvĂ©nient, dans le cadre de ce projet : - les documents iconographiques induisent, ne serait-ce que par la prĂ©sence d’un titre, un sens de sorte que l’élĂšve se croit dispenser de faire un effort particulier de rĂ©flexion. - le choix des documents, limitĂ©s en nombre, ne correspond pas forcĂ©ment au choix de l’enseignant. On peut rĂ©torquer, et l’Institution le fait d’ailleurs, que le manuel est la vĂ©ritable source de rĂ©fĂ©rence de l’élĂšve et qu’il convient, en consĂ©quence, d’en utiliser toutes les ressources, dans la mesure du possible. Soit. Mais la libertĂ© de l’enseignant existe aussi ! ProcĂ©der par photocopie est possible... techniquement mais pose deux problĂšmes : - que faire du droit de “photocopillage” ? - quelle incidence forte, le noir et blanc de la photocopie (Ă  moins de disposer d’une photocopieuse couleur) ne risquent-ils pas d’avoir sur la dĂ©marche intellectuelle de l’élĂšve ? Le choix de l’informatique cherche Ă  pallier aux dĂ©fauts que prĂ©sentent la photocopie et le manuel ; l’outil informatique permet de disposer d’une banque d’images de son choix, organisĂ©es en fonction de son projet, bref, de personnaliser les types d’exercices. De plus, il autorise les manipulations des documents au grĂ© de l’utilisateur (agrandissement par exemple) ; enfin, pour un travail de production, il est d’une extrĂȘme souplesse pour toute correction en vue de l’élaboration d’un document “propre”, imprimable.

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - 2.2. SpĂ©cificitĂ©s du logiciel utilisĂ© Le logiciel retenu permet de construire ses propres documents hypermedia, c-Ă -d des documents associant au moyen de liens (appelĂ©s dans le jargon informatique des «boutons») du texte, de l’image, du son et mĂȘme de la vidĂ©o, toutes fonctionnalitĂ©s spĂ©cifiques que l’expĂ©rience a gĂ©nĂ©reusement ... Ă©cartĂ©es. Elle supposeraient un apprentissage rĂ©ellement technique du logiciel, prĂ©judiciable en temps et en efficacitĂ© pĂ©dagogique Ă  la dĂ©marche que nous voulions dĂ©clencher chez l’élĂšve. Il a Ă©tĂ© prĂ©fĂ©rĂ© simplement la procĂ©dure d’affichage sur un mĂȘme Ă©cran (appelĂ© diapositive) de texte et d’images. Une boĂźte Ă  outils mise Ă  disposition par le logiciel (voir annexe) permet de rĂ©aliser des liens entre les images et le texte. La difficultĂ© technique a Ă©tĂ© gommĂ©e au maximum pour permettre un travail avant tout pĂ©dagogique. En cours d’expĂ©rience, les opĂ©rations techniques ont Ă©tĂ© simplifiĂ©es. Il est vrai, que l’utilisation d’un logiciel de crĂ©ation par des Ă©lĂšves de collĂšge, n’est pas, encore de nos jours, chose courante ; des erreurs d’apprĂ©ciation ont Ă©tĂ© commises ; elles ont Ă©tĂ© corrigĂ©es et les solutions trouvĂ©es doivent pouvoir servir de guide pour qui veut personnaliser l’expĂ©rience. Ces erreurs venaient, il est vrai, d’un trop grand optimisme de l’auteur du projet : les Ă©crans Ă  consulter et Ă  manipuler (les diapositives) Ă©taient nombreux , les documents iconographiques multipliĂ©s (15 pour la sĂ©quence sur Staline), la configuration des images scannerisĂ©es trop fine (plusieurs milliers de couleurs) alors qu’une configuration (on parle de rĂ©solution) de 256 couleurs suffisait ; il en dĂ©coulait : - une multiplication des allers-retours fichier-texte, fichier-image - un accroissement du temps de manipulation - une limitation du nombre d’élĂšves sur les machines. IV- RÉCIT DE L’EXPÉRIMENTATION 1. PrĂ©liminaires 1.1. Familiariser l’élĂšve Ă  la manipulation technique Cette opĂ©ration ne s’est effectuĂ©e qu’une seule fois, avant la 1Ăšre sĂ©ance, aprĂšs les cours. La sĂ©ance avait portĂ© sur LĂ©nine et son oeuvre (1918-1924) avec les mĂȘmes tĂąches que celles que les Ă©lĂšves ont eu Ă  rĂ©aliser lors de la sĂ©quence sur Staline. Le lecteur pourra juger de l’(in)utilitĂ© d’une telle sĂ©ance. Nous avons cru bon de l’assurer dans la mesure oĂč, rappelons-le, contrairement aux “habitudes”, l’ordinateur ne servait pas ici seulement de banques de donnĂ©es consultables mais d’outil de crĂ©ation, supposant donc un certain nombre de manipulations techniques pouvant perturber le travail intellectuel. C’est donc le souci d’éviter une perte de temps et des effets parasites de l’utilisation de l’outil informatique qui a conduit Ă  concevoir cette sĂ©ance prĂ©liminaire. Lors de la troisiĂšme sĂ©quence, consacrĂ©e Ă  Hitler et au nazisme, d’autres Ă©lĂšves, qui jusque lĂ  n’avaient pas effectuĂ© ce genre de travail, sont intervenus, en remplacement

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - des quatre Ă©lĂšves “volontaires” qui avaient achevĂ© avant l’heure leur tĂąche ; ils pouvaient tout ignorer du logiciel ; l’apprentissage fut cependant des plus rapides, Ă  notre surprise, certains ayant Ă©tĂ© aidĂ©s par ceux qu’ils remplaçaient. Il ne faut jamais nĂ©gligĂ© la facultĂ© de prise en charge par les Ă©lĂšves eux-mĂȘmes. Cette constatation nous amĂšne Ă  conclure qu’il n’était peut ĂȘtre pas absolument nĂ©cessaire de faire dĂ©couvrir le logiciel en dehors de l’heure du cours, avec toutefois exigence de consacrer, en dĂ©but d’heure, un laps de temps pour lesdites manipulations. L’apprentissage technique du logiciel Ă©tant incontournable, Ă  chacun de l’intĂ©grer dans sa sĂ©quence, au moment souhaitĂ©. 1.2. Alimenter le logiciel en documents de travail Chaque Ă©lĂšve dispose sur l’ordinateur, pour les tĂąches Ă  accomplir : - du rĂ©sumĂ© du cours - des images stockĂ©es individuellement Ă  raison d’une image par fichier (image Ă  l’état brut, sans lĂ©gendes, en 256 couleurs et au format PCX) et groupĂ©es par sĂ©ries de 3 dans d’autres fichiers. Parmi ces trois figure toujours une intruse. Cette prĂ©paration est assurĂ©e par le professeur. Toutes les images sont tirĂ©es de manuels de TroisiĂšme et ont Ă©tĂ© scannerisĂ©es par le professeur avant la sĂ©ance. C’est un temps supplĂ©mentaire qu’il convient d’ajouter Ă  celui du dĂ©roulement des sĂ©quences. La scannerisation n’est pas chose compliquĂ©e, Ă  partir du moment oĂč l’on dispose d’un ... scanner. Ce type de pĂ©riphĂ©rique informatique peut trouver sa place dans un CDI, au vu de nombreuses occasions d’utilisation qu’il offre (rĂ©alisation d’un journal de classe, prĂ©paration d’un exposĂ©, prĂ©paration de documents pour le professeur ...) ; son coĂ»t bon marchĂ© plaide aussi en ce sens (3 Ă  4000F pour un matĂ©riel couleur au format A4). Chaque image scannerisĂ©e est enregistrĂ©e sous un titre gĂ©nĂ©rique : par exemple, dans la sĂ©quence relative Ă  Mussolini, les trois images suivantes portaient sur les rĂ©alisations Ă©conomiques du rĂ©gime : - la premiĂšre montrait Mussolini participant Ă  la moisson - la seconde Ă©tait une vue de la construction de l’Empire State Building Ă  New York (c’était l’intruse) - la troisiĂšme ciblait le stade olympique de Rome. Ces trois images Ă©taient enregistrĂ©es successivement sous le nom de DOC1, DOC2 et DOC3. C’est ce que nous avons appelĂ©, au paragraphe prĂ©cĂ©dent, des images stockĂ©es individuellement. Mais avant d’importer les images dans le texte-rĂ©sumĂ©, l’élĂšve consultait initialement un autre fichier qui affichait Ă  l’écran trois vues. En reprenant l’exemple prĂ©cĂ©dent, il appelait le fichier ITALDOC1 qui contenait les images DOC1, DOC2, DOC3. C’est ce que nous appelons des images “groupĂ©es par trois dans un fichier” dans l’autre paragraphe. Le schĂ©ma suivant aide Ă  comprendre l’avantage de ce double cataloguage d’images. Il montre les manipulations dans les deux cas possibles. Elle avait pour but de rĂ©duire les

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - manipulations et donc des pertes de temps, contrairement aux apparences : en effet, Ă  chaque Ă©cran de texte (correspondant Ă  une partie du rĂ©sumĂ© du cours) Ă©tait liĂ© l’écran Ă  3 images ; dans l’exemple sur l’Italie mussolinienne, l’élĂšve consultait d’abord ITALDOC1 avant de faire afficher DOC1, DOC2 ou DOC3. Cet Ă©cran avait un rĂŽle d’abord pĂ©dagogique : en l’affichant, l’élĂšve pouvait “lire” simultanĂ©ment les trois images sur lesquelles portait l’exercice (dĂ©gager l’idĂ©e maĂźtresse, Ă©carter l’intruse en argumentant son choix) ; la comparaison paraissait plus aisĂ©e, les allers-retours d’une image Ă  l’autre plus rapides et plus confortables, le raisonnement, en consĂ©quence, grandement aidĂ©. Une fois la “lecture” des images achevĂ©e, l’élĂšve revenait au texte et incorporait, au moyen de procĂ©dures dĂ©crites en annexe, chacune des images retenues. Dans l’exemple prĂ©cĂ©dent, il importait Doc1 et doc2 et rejetait doc3 Si l’on avait imaginĂ© uniquement l’accĂšs Ă  l’image par l’intermĂ©diaire de son fichier, l’élĂšve aurait dĂ» fournir un gros effort de mĂ©morisation, multiplier le cas Ă©chĂ©ant les allers-retours entre les divers fichiers, ce qui, au total, aurait crĂ©Ă© des pertes de temps, perturbĂ©, Ă  n’en pas douter, le raisonnement. De plus, techniquement, la mise au point de ces Ă©crans que l’on peut qualifier d’intermĂ©diaires ne pose pas de problĂšme. 2. Mise en oeuvre 2.1. Consignes de travail L’élĂšve dispose sur son ordinateur du rĂ©sumĂ© du cours relatif Ă  chacun des thĂšmes d’histoire traitĂ©s et des sĂ©ries d’images. Le rĂ©sumĂ© Ă©tait dĂ©coupĂ© en paragraphes auquel Ă©tait associĂ© des sĂ©ries de trois images dont une intruse. Cette disposition, quelque peu diffĂ©rente lors de la premiĂšre sĂ©quence, a Ă©tĂ© systĂ©matisĂ©e lors des deux autres sĂ©quences. Chaque Ă©lĂšve avait dĂšs lors comme mission : - d’incorporer au texte les deux “bonnes images” - de lĂ©gender ces images et de les relier par un trait aux mots du texte - de changer de police de caractĂšre ces mots du texte - d’enregistrer le travail sur l’ordinateur - de justifier (en cours de sĂ©ance ou aprĂšs la sĂ©ance) les raisons du choix de ces images ainsi que de celui qui avait conduit Ă  considĂ©rer la troisiĂšme image comme une intruse. 2.2. Place dans la progression du cours L’expĂ©rience a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e Ă  l’issue de trois leçons d’Histoire consacrĂ©es aux totalitarismes du XXe siĂšcle , Ă  savoir : - Staline et le socialisme soviĂ©tique (1Ăšre sĂ©quence) - Mussolini et le rĂ©gime fasciste (2e sĂ©quence) - Hitler et le nazisme (3e sĂ©quence). Ces sĂ©quences, de 2 heures pour la premiĂšre, d’une heure pour les deux suivantes, intervenaient toujours aprĂšs la leçon portant sur les thĂšmes indiquĂ©s. Les Ă©lĂšves ne

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - dĂ©couvraient donc pas ces derniers ; les sĂ©quences ne portaient donc pas, stricto sensu, sur la recherche de connaissances. PlacĂ©es au terme de leçon de dĂ©couverte, elles pouvaient ĂȘtre considĂ©rĂ©es comme un temps d’évaluation. C’était tout Ă  fait possible ; nous leur avons assignĂ© cependant une autre mission, celle d’appropriation de concepts (sur le totalitarisme) et nous nous plaçons, de ce fait, dans le cadre d’un apprentissage mĂ©thodologique : comment l’élĂšve procĂšde-t-il pour construire son savoir ? 2.3. Travail individualisĂ© Une mise en situation individuelle paraissait le plus indiquĂ© pour un tel travail : un Ă©lĂšve par machine. La situation “traditionnelle” du binĂŽme, liĂ©e en grande partie Ă  un nombre insuffisant de machines, a certes l’avantage d’introduire dans la relation au savoir une interactivitĂ© entre Ă©lĂšves, pouvant stimuler le travail d’apprentissage de l’un et/ou l’autre composant du binĂŽme ; mais, Ă  l’inverse, le risque Ă©tait double de voir se diffĂ©rencier la part effective de chacun des deux Ă©lĂšves dans l’apprentissage (l’un rĂ©flĂ©chit, l’autre tape, pour reprendre une expression courante liĂ©e Ă  une certaine forme de spĂ©cialisation des tĂąches) et, d’autre part, de rendre plus opaque Ă  l’observateur, la dĂ©marche intellectuelle enclenchĂ©e chez l’élĂšve, parce que parasitĂ©e par le concours du partenaire : “j’ai fait ceci parce que je n’ai pas bien compris mais mon copain sait tout et je lui fais confiance” ou encore “c’est le mĂȘme qui travaille, l’autre restant plus ou moins passif, mĂȘme s’il connaĂźt la rĂ©ponse”, telles sont des attitudes couramment dĂ©celables dans ce genre de situations. Ce choix de mise en situation, fixĂ© dĂšs le dĂ©part, avait des rĂ©percussions considĂ©rables sur le dĂ©roulement des sĂ©quences, d’autant que le nombre de postes de travail Ă©tait trĂšs rĂ©duit : 4 machines PC en salle informatique.Le CDI n’était pas, Ă  l’époque, Ă©quipĂ© en matĂ©riel. Ces rĂ©percussions se mesuraient aussi bien lors du travail pratiquĂ© sur ordinateur que sur celui concernant le reste de la classe ne pouvant pas matĂ©riellement accĂ©der aux machines. Le travail sur ordinateur eut donc un caractĂšre individuel : l’élĂšve Ă©tait seul face Ă  la machine et aux consignes Ă  respecter. Initialement, il Ă©tait prĂ©vu d’interchanger les Ă©lĂšves d’une sĂ©quence Ă  l’autre ; Ă  l’issue de la premiĂšre sĂ©quence, relative Ă  Staline, il nous est apparu qu’il serait plus intĂ©ressant de laisser oeuvrer les mĂȘmes Ă©lĂšves lors des deux sĂ©quences suivantes ; ce changement de stratĂ©gie s’expliqua par les conditions de dĂ©roulement de cette premiĂšre sĂ©quence : prĂ©vue sur deux heures, elle n’a pas permis, pour les raisons Ă©voquĂ©es plus haut dans ce document, de faire “passer” plus de quatre Ă©lĂšves. Une opĂ©ration arithmĂ©tique aurait rapidement permis de chiffrer le nombre total d’élĂšves susceptibles d’effectuer ce travail au cours des trois sĂ©quences ; toute la classe, loin s’en faut, n’y serait pas passĂ©e. Nous avons prĂ©fĂ©rĂ© Ă©tablir un suivi individuel de ces Ă©lĂšves pour noter, le cas Ă©chĂ©ant, une Ă©volution dans leur dĂ©marche. La rapiditĂ© d’exĂ©cution des tĂąches techniques fut telle, qu’au cours de la derniĂšre sĂ©quence, d’autres Ă©lĂšves eurent l’occasion de se lancer dans le bain. Tout ne fut pas perdu. Mais la suite du document s’attachera Ă  cerner, dans la mesure du possible, les rĂ©actions et les rĂ©sultats des quatre “volontaires”. Dans le mĂȘme temps, le reste de la classe se dĂ©lecta, au sein de la mĂȘme salle

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - informatique, sur la population amĂ©ricaine, en travail autonome et sur documents. Autrement dit ce thĂšme d’étude, comme celui accompagnant chacune des deux autres sĂ©quences informatiques, fut totalement diffĂ©rent du thĂšme abordĂ© sur ordinateur. La progression, trĂšs serrĂ©e, en classe de TroisiĂšme, imposait en fait une telle considĂ©ration ; le cours “devait avancer”, pour reprendre une expression familiĂšre. Le hasard faisant parfois bien les choses, les profils de ces Ă©lĂšves Ă©taient trĂšs variĂ©s : Ă  tel Ă©lĂšve mĂ©thodique, ne nĂ©gligeant pas ou peu de dĂ©tails, s’opposait tel autre Ă©lĂšve, rapide, travaillant de maniĂšre trĂšs superficielle par ailleurs. Les remarques relevĂ©es Ă  leur Ă©gard sont riches d’enseignements. 3. ProcĂ©dures d’évaluation Le travail de l’élĂšve Ă©tant individuel et son mode de raisonnement faisant l’objet d’une attention particuliĂšre et d’un suivi tout au long de trois sĂ©quences, le mode d’observation des Ă©lĂšves retenu devait permettre le relevĂ© de multiples remarques concernant : * la stratĂ©gie des Ă©lĂšves * la lecture des consignes * le comportement avec les autres Ă©lĂšves, le professeur * l’ordre des opĂ©rations * l’approche globale ou analytique * l’attitude face au logiciel, Ă  la machine * la perception des liens, des boutons * la motivation des choix * les effets du texte, des images Au cours des sĂ©ances, ce travail d’observation n’est pas Ă©vident Ă  mener : - le professeur doit noter un maximum d’éTc 58.86047 Tm( )Tj,07l1 T60002 Tc 0.0024 cr7t6.54es, 3-niĂšl3.42-02018 497.46033 Tm(dïżœ Ă  mener : )TjETEM2 /P <</MCID 10 >>BDC un maximu s o l l d e t r e d e s p o s s i b l s d e Û a 1 7 . 2 8 0 5 2 T m ( 3 0 2 1 1 2 4 2 7 5 . 7 / T T 9 2 2 5 5 i t - s s a l e p o ( - l n ïżœ b l o a l e r 7 l 1 T 6 0 0 0 2 T T 2 1 T f 1 9 . 0 0 0 4 T c 0 . 0 0 1 8 4 5 1 . 8 - 0 . 0 0 2 7 5 . 7 / T T 9 2 2 5 5 2 2 2 o s T m T m ( * l a o t e r u n m a x i m u ) T j 2 1 T f 0 . 0 0 2 5 9 T w 1 2 0 2 6 1 . 8 7 0 . 8 2 2 5 5 2 2 3 p l 3 4 t e 2 2 4 2 Ă  m e n e r : ) T j E T E M 2 / P < < / M C I D 1 1 > > B D C B T / T 6 m u ) T j - 5 . 0 0 0 2 T c 0 . 0 0 2 4 T w 1 2 0 2 4 7 . 9 2 6 . 9 2 0 1 8 4 4 2 . 0 2 0 3 9 T m ( ) T j 1 2 6 0 2 4 7 . 9 2 6 . 9 2 0 1 8 - n c e ïżœ l e p r t i o n o u b e r c r p o r t e m e n t a v e c l e s a u t o t e r u n m a 2 m u Au cesrnemenonom la.60tres rtioter un maximu- 511.32031.2 Ă  mener :

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - 1. Profils d’apprentissage Deux modes de fonctionnement se dĂ©gagent des observations : - celui de l’élĂšve qui ne tient aucunement compte des consignes, ni de l’ordre des tĂąches Ă  accomplir ; il se lance de maniĂšre Ă©perdue dans le logiciel, faisant dĂ©filer les images ou bien s’amusant Ă  placer des mots du texte en caractĂšre gras. La technique intĂ©resse plus que la pĂ©dagogie. Du reste, il ne se fixe sur rien : la prioritĂ© pour lui est de manipuler, “il faut faire quelque chose et, lorsqu’il croĂźt avoir atteint les limites, rĂ©clame autre chose, en l’occurence Internet. ÉtrangetĂ© car, avoue-t-il, “il n’y a que ça qui l’intĂ©resse puisqu’on va oĂč on veut”. Sauf, reconnaĂźt-il, n’y avoir jamais essayĂ©. Le mode de fonctionnement de ce “consommateur zappeur” relĂšve plutĂŽt de l’inconscience par opposition Ă  l’attitude de quelqu’un qui chercherait la clĂ© Ă  un problĂšme Ă  rĂ©soudre. Cette stratĂ©gie s’est modifiĂ©e au cours de l’expĂ©rimentation ; si la production Ă  la sĂ©quence 1 fut trĂšs limitĂ©e, celle des deux autres sĂ©quences fut complĂšte, les images Ă©tant importĂ©es et lĂ©gendĂ©es, les mots du texte pointĂ©s. Un sens plus rigoureux dans le travail a donc Ă©tĂ© relevĂ© aprĂšs cette navigation stĂ©rile et peu efficace. - le second mode de fonctionnement est celui de l’élĂšve mĂ©thodique, rĂ©flĂ©chissant d’abord sur les documents Ă©crits et dĂ©laissant, au dĂ©but, les images sur l’ordinateur. Ce mode de fonctionnement n’exclue pas, bien au contraire, les allers-retours entre le texte et les images qui sont frĂ©quents, preuve que les choix ne sont jamais acquis dĂ©finitivement mais confrontĂ©s. Certains Ă©lĂšves n’hĂ©sitent pas Ă  manipuler l’image en l’agrandissant pour en avoir une meilleure “lisibilitĂ©â€. Cette deuxiĂšme attitude ne pourrait ĂȘtre mise en oeuvre avec un simple support papier. L’ordinateur apporte, de ce point de vue, un “plus”. Il permet ce balancement texte-image selon les besoins. C’est bien une dĂ©marche de type expĂ©rimental qui est enclenchĂ© d ce genre d’exercice. 2. Étude de cas 2.1- Le choix des images intruses Il se pose en deux termes, soit que l’image exclue est rĂ©ellement celle qu’il fallait Ă©carter, soit que l’élĂšve s’est trompĂ© d’image. Dans les deux cas, les motifs sont intĂ©ressants Ă  analyser, Ă  partir de quelques exemples. 2.1.a. Une image intruse prise pour une “bonne image”. La sĂ©quence sur Staline en offrait deux : un dĂ©filĂ© militaire sur la place Rouge Ă  Moscou mettant en scĂšne des camions transportant des fusĂ©es (camions et fusĂ©es Ă©tant inventĂ©s bien aprĂšs la deuxiĂšme guerre mondiale) et un paysage de SibĂ©rie oĂč Ă©tait absente toute allusion Ă  une quelconque activitĂ© industrielle. La lĂ©gitimation de la premiĂšre image, celle du dĂ©filĂ© militaire, pour certains Ă©lĂšves, tient

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - Ă  l’existence de ce genre de matĂ©riel dĂšs avant 1914. Ce qui a primĂ© est avant tout la mention, dans le rĂ©sumĂ©, de la puissance de l’URSS : l’image dĂ©gageant cette impression, la liaison paraissait dĂšs lors toute trouvĂ©e. N’ont pas trouvĂ© grĂące aux yeux de ces Ă©lĂšves, les rĂ©fĂ©rences au cours de la premiĂšre guerre mondiale oĂč ce genre d’équipement n’existait pas encore. La confrontation avec ces connaissances n’a pas Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e, ainsi que l’on fait apparaĂźtre les discussions aprĂšs sĂ©quence. Quant Ă  l’image de la plaine sibĂ©rienne incorporĂ©e dans la partie du rĂ©sumĂ© relative Ă  l’industrialisation, l’élĂ©ment dĂ©terminant est l’évocation explicite de la vaste Ă©tendue de la SibĂ©rie (qu’il a reconnue) dont le mot est repris dans le rĂ©sumĂ©. C’est le mot et non le contexte de ce mot qui a servi de second indice positif dans le raisonnement de l’élĂšve. Pourtant, aucune trace d’industrie ou de rĂ©alisations spectaculaires (canaux etc.) n’étaient visibles. C’est bien l’image dans sa globalitĂ© qui a fonctionnĂ©. * La sĂ©quence 2 comportaient deux images intruses : - la carte des rĂ©voltes en Italie fasciste Ă  propos de l’oeuvre religieuse - un chantier de construction Ă  New York, dans les annĂ©es 30 Ă  propos de la politique Ă©conomique de Mussolini. La carte a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e par les quatre Ă©lĂšves parce que les mentions ne “collaient” pas au rĂ©sumĂ©. L’autre image, en noir et blanc, pointait Ă  l’évidence un chantier que les Ă©lĂšves ont cru bon de relier Ă  politique de grands travaux. Ce faisant, les deux indices nĂ©gatifs qui auraient dĂ» faire sursauter, Ă  savoir, la hauteur de la construction Ă  l’avant-plan oĂč se trouvait l’ouvrier et, en arriĂšre-plan, l’ensemble de gratte-ciel, caractĂ©ristiques de New York n’ont pas jouĂ©. Ce double exemple montre que l’image fonctionne encore dans sa globalitĂ© et que l’erreur d’analyse tend Ă  se reproduire. * Le mode opĂ©ratoire de l'Ă©lĂšve se trouve corroborĂ© par celui concernant les images intruses de la sĂ©quence 3 : - les volontaires français combattant pour l’Allemagne dans la cadre de l’oeuvre Ă©conomique d’Hitler - une fosse commune dans un camp de concentration (Bergen-Belsen) Ă  propos de la politique raciale. Ces deux images font rĂ©fĂ©rence Ă  des Ă©vĂ©nements postĂ©rieurs Ă  la pĂ©riode Ă©tudiĂ©e en cours (et rappelĂ©s dans le rĂ©sumĂ© Ă  l’écran de l’ordinateur en ce qui concerne l’extermination des Juifs). Elles ont Ă©tĂ© pourtant toutes deux incorporĂ©es au rĂ©sumĂ© alors qu’elles devaient en ĂȘtre exclues. Pour des raisons diffĂ©rentes qui tiennent Ă  des raisonnements diffĂ©rents. Les Ă©lĂšves ont reconnu le charnier, l’ont lĂ©gendĂ© en consĂ©quence, tout comme ils ont identifiĂ© les deux images associĂ©es (boycott des magasins juifs et texte sur les lois de Nuremberg). Mais ils l’ont associĂ© Ă  Nuit de cristal (nov 1938); c’est l’image du boycott (1933) qui a fait les frais de cette sĂ©lection, l’extrait des lois de Nuremberg (1935) n’ayant pas posĂ© de problĂšme. Ceci est d’autant plus surprenant que l’évĂ©nement

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - (boycott des magasins juifs) Ă©tait mentionnĂ© dans le rĂ©sumĂ© ; les Ă©lĂšves ont classĂ© selon le degrĂ© de gravitĂ© les trois images ; le boycott paraissant moins “dramatique”, fut Ă©cartĂ© selon cette logique. Pour justifier, en consĂ©quence, le choix de la fosse commune, les quatre Ă©lĂšves se sont souvenus [du cours] qu’Hitler avait ordonnĂ©, en

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - Ainsi, lorsque des indices sont suffisamment forts, qu’ils soient dominants ou non sur l’image, le choix est rapide et sĂ»r. On Ă©carte les images qui comportent ces Ă©lĂ©ments nĂ©gatifs. La lecture s’effectue, lĂ  encore, Ă  un premier niveau : quel aurait Ă©tĂ© l’attitude des Ă©lĂšves si, Ă  la place de la carte des rĂ©voltes paysannes, on avait substituĂ© la carte de la formation de l’unitĂ© italienne des annĂ©es 1860-1870 ? Bien qu’étant Ă  l’origine du problĂšme religieux, elle aurait dĂ» pourtant ĂȘtre Ă©cartĂ©e non pour sa date (XIXe siĂšcle), mais pour l’inadĂ©quation entre l’information contenue (un cadre territorial en pleine recomposition) et celle du rĂ©sumĂ©, une description des relations entre deux corps constituĂ©s, l’un religieux, l’autre politique. La lecture devrait s’effectuer ici Ă  un deuxiĂšme niveau. L’examen de l’intruse relative Ă  la politique des grands travaux de l’époque mussolinienne apporte une conclusion supplĂ©mentaire : ni le stade olympique ni, surtout, la statue colossale en avant-plan, n’ont Ă©tĂ© identifiĂ©s. L’élĂšve reste tributaire des seuls exemples mentionnĂ©s dans le rĂ©sumĂ© et, lorsque le concept figure en termes gĂ©nĂ©raux, la traduction concrĂšte de celui-ci demeure trĂšs floue. C’est donc la non-maĂźtrise du concept qui explique le mauvais choix de l’image. 2.2. Les “bonnes images” Sous cette appellation, nous rangeons les images qu’il fallait inclure dans le rĂ©sumĂ©, qu’elles l’aient Ă©tĂ© effectivement ou qu’elles aient Ă©tĂ© rejetĂ©es. 2.2.a. Les “bonnes images” incluses Ă  juste titre - Mise en relation image/concept directe, automatique Dans ce cas de figure, nous trouvons toutes les images constituĂ©es de textes scannerisĂ©s. L’identification est facile, la correspondance de mot (de l’image) Ă  mot (du rĂ©sumĂ©) Ă©vidente. C’est le cas des lois de Nuremberg ou de la carte des rĂ©gions industrielles en Union soviĂ©tique par exemple. Dans le cas d’une photo, lorsque plusieurs indices “positifs” sont relevĂ©s, la conclusion s’impose d’elle-mĂȘme : l’image de la moisson en Italie est facilement identifiable, la prĂ©sence de Mussolini n’a pas Ă©tĂ© relevĂ©e ; c’était pourtant suffisant pour associer l’image Ă  l’idĂ©e de la bataille du blĂ©. Dans la sĂ©quence sur l’oeuvre Ă©conomique nazie, le cortĂšge d’ouvriers, pelle sur l’épaule constituaient deux Ă©lĂ©ments positifs particuliĂšrement forts pour relier l’image Ă  l’idĂ©e de la politique des grands travaux. Enfin, le personnage du pape, bras tendu sur un globe, face Ă  Mussolini, est trĂšs largement reconnaissable : l’image a Ă©tĂ© associĂ© Ă  juste titre au concordat de 1929 (accords de Latran) qui prĂ©voyait la reconnaissance du Vatican. Ainsi, de la mĂȘme maniĂšre qu’un image intruse pouvait ĂȘtre Ă©cartĂ©e, une bonne image,

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - au contraire, pouvait ĂȘtre retenue dĂšs lors que les indices positifs Ă©taient suffisamment marquĂ©s et que l’image parlait dans son ensemble. La mise en relation par l’élĂšve Ă©tait directe et automatique. - Mise en relation par tĂątonnements Cette mise en relation pouvait emprunter aussi des chemins dĂ©tournĂ©s, ĂȘtre moins directe qu’on aurait pu le supposer. Trois exemples illustrent cette dĂ©marche. Dans la sĂ©quence 1, l’image montrant un cortĂšge des paysans “groupĂ©s” au travail avait fait l’objet d’une double lecture pour un Ă©lĂšve : soit elle reprĂ©sentait des paysans en train de travailler, soit elle montrait des paysans se rĂ©voltant. Il est important de rappeler que la qualitĂ© de scannerisatrion des images doit ĂȘtre suffisante pour ne pas perturber la rĂ©flexion des Ă©lĂšves. Le rĂ©sumĂ© associĂ© contenait en soi ces deux idĂ©es. Mais l’élĂšve a eu l’honnĂȘtetĂ© de reconnaĂźtre qu’il avait hĂ©sitĂ© et que son choix n’était pas sĂ»r. Au demeurant, il se sentait sĂ©curiser par la prĂ©sence des paysans, Ă©lĂ©ment facilement identifiable. Le deuxiĂšme exemple est empruntĂ© Ă  la politique sociale de Mussolini : l’association des mots “allocations familiales” Ă  l’image de la famille nombreuse a Ă©tĂ© expliquĂ©e, par un Ă©lĂšve, par une situation analogue aujourd’hui ; c’est le vĂ©cu de l’élĂšve qui joue Ă  plein : “comme aujourd’hui, plus on a d’enfants, plus les allocations familiales sont importantes ; donc une famille avec 8 enfants comme sur la photo aura plus de chance d’avoir des allocations familiales”. Le troisiĂšme exemple est illustrĂ© par l’image montrant l’organigramme du systĂšme des corporations Ă  l’époque mussolinienne. L’élĂšve hĂ©site d’abord longuement, agrandit l’image et parvient Ă  lire (ce qui Ă©tait plus difficile dans l’affichage d’origine) les mots “salaire rĂ©el des italiens” d’une part, et “patrons et corporations” d’autre part. Il relit le rĂ©sumĂ©, fait plusieurs allers-retours rĂ©sumĂ©/image. Il va chercher ensuite dans son livre. L’image n’y figure pas (heureusement pour le prof !). Il finit par choisir d’associer “corporatisme” et l’image contenant le mot “corporation”, mais se dit toujours hĂ©sitant et peu satisfait d’avoir dĂ©cidĂ© sans bien comprendre. Dans ce cas, la liaison a Ă©tĂ© correctement effectuĂ©e, mais le concept n’est pas maĂźtrisĂ©. On ne peut conclure pour autant que c’est par pur hasard. 2.2.b. Les “bonnes images” Ă©cartĂ©es Ă  tort Une premiĂšre remarque s’impose : aucun Ă©lĂšve n’a Ă©cartĂ© une “bonne image”, reprĂ©sentation de tableau statistique ou de carte ; les raisons qui ont jouĂ©, dans le cas d’images intruses, Ă  Ă©carter Ă  juste titre celles-ci, ont Ă©galement fonctionnĂ©, dans l’autre sens, pour ce type d’images, conservĂ©es Ă  non moins juste titre : l’élĂšve perçoit plus ou moins rapidement la corrĂ©lation directe entre des Ă©lĂ©ments sĂ©miologiques de l’image et des Ă©lĂ©ments textuels du rĂ©sumĂ©. Le fait d’avoir Ă©carter, Ă  tort, de “bonnes images” ne tient pas compte du niveau de lecture des images. Deux exemples illustrent ce constat.

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - La non correspondance entre la traduction en mots d’élĂ©ments sĂ©miologiques d’une image et les mots du texte explique son rejet. Par exemple, l’affiche de publicitĂ© (propagande) allemande montrant une Volkswagen sur fond de deutschmark faisait ressortir, aux yeux de l’élĂšve, une voiture et de l’argent, deux Ă©lĂ©ments ne se trouvant pas, sous cette forme, dans le rĂ©sumĂ© ; “je ne vois pas comment une automobile peut intervenir dans une oeuvre Ă©conomique”, dit cet Ă©lĂšve. Le sens de l’affiche, Ă©conomiser vos DM pour obtenir une voiture, devait ĂȘtre lue au deuxiĂšme degrĂ©, et est passĂ© inaperçu : il se raccordait Ă  la baisse du niveau de vie des ouvriers allemands de 1933 Ă  1939. Parfois aussi, la corrĂ©lation entre l’information d’une image et l’idĂ©e contenue dans le rĂ©sumĂ© se situait Ă  un premier niveau ; tel Ă©tait le cas du boycott des magasins juifs en Allemagne (1933). Et pourtant, l’image a Ă©tĂ© Ă©cartĂ©e ; le cas avait dĂ©jĂ  Ă©tĂ© Ă©voquĂ© Ă  propos de l’image intruse qui, par contre, avait Ă©tĂ© incorporĂ©e au document. Ce qui a jouĂ©, ce n’est pas l’information au sens objectif (historique) du terme que l’élĂšve a, du reste, identifiĂ©e, mais une Ă©valuation subjective (affective !) de l’évĂ©nement ; il a consciemment graduĂ© la gravitĂ© des trois Ă©vĂ©nements illustrant la politique raciale et Ă©cartĂ© l’image traduisant la situation la moins dramatique pour les juifs. 2.3. Conclusion Les exemples prĂ©cĂ©dents illustrent la complexitĂ© du mode opĂ©ratoire mis en oeuvre par l’élĂšve pour rĂ©soudre un problĂšme. De cette variĂ©tĂ©, ressortent quelques caractĂ©ristiques : - l’élĂšve fonctionne Ă  la maniĂšre “d’un inspecteur de police”, par “indices”, positifs ou nĂ©gatifs. - sa stratĂ©gie exploratoire est soit anarchique soit mĂ©thodique ; l’élĂšve “surfeur”” au dĂ©but a changĂ© son mode opĂ©ratoire en cours de route, preuve que la rĂ©pĂ©tition des sĂ©quences induit une “canalisation” de la stratĂ©gie vers une mĂ©thode plus approfondie ; quand on parle de mĂ©thode, il ne faut pas voir une application Ă  l’identique d’un raisonnement qui aurait fonctionnĂ© Ă  un certain moment et fourni de bons rĂ©sultats ; le tĂątonnement reste de rigueur ; l’élĂšve s’efforce de valider ses choix, en multipliant les allers-retours images/texte, en agrandissant les images, en utilisant Ă  l’occasion son manuel ; indĂ©niablement l’outil informatique apporte un “plus” Ă  ce niveau ; l’élĂšve s’efforce donc de se sĂ©curiser ; c’est plus une dĂ©marche expĂ©rimentale qu’il met en oeuvre. Il a besoin de repĂšres dans sa dĂ©marche ; l’aspect intuitif voire de «surfing» reste marginal ; le hasard intervient rarement ; par contre, il cherche Ă  trouver ces Ă©lĂ©ments soit Ă  partir du document imagĂ© (il s’efforce ensuite de puiser dans le rĂ©sumĂ© la liaison possible, quitte Ă  inventer une justification comme dans le cas du dĂ©filĂ© militaire de la place Rouge ou des soldats français sous uniforme allemand), soit Ă  partir du rĂ©sumĂ© (il propose alors une justification par l’image comme dans le cas des allocations familiales).

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - - L’élĂšve recherche toujours une relation directe entre le message contenue sur une image et un concept dĂ©veloppĂ© dans un texte ; il procĂšde donc Ă  une lecture au premier niveau de l’image, tantĂŽt Ă©cartant celle-ci, tantĂŽt l’acceptant dĂšs lors que des indices probants ont pu ĂȘtre identifiĂ©s. Par contre, lorsque la comprĂ©hension d’une image impose un raisonnement plus approfondi, moins directe, Ă  un “deuxiĂšme niveau”, l’élĂšve ne perçoit pas la liaison entre un concept et sa reprĂ©sentation par l’image bien qu’il identifie le sens rĂ©el de l’information contenue sur l’image. Certes, les exemples auraient gagnĂ© Ă  ĂȘtre multipliĂ©s ; mais le fait que les quatre Ă©lĂšves aient invoquĂ© la mĂȘme raison pour Ă©carter l’image de la Volkswagen prouve que la difficultĂ© Ă  approfondir le raisonnement est bien rĂ©el et rĂ©pandu. - un texte, un schĂ©ma sont davantage mieux lus qu’une image pure ; le sens du document est plus facilement comprĂ©hensible et la liaison entre les mots du document et les mots du rĂ©sumĂ© plus directe. Il en va diffĂ©remment Ă  propos d’une image. - une image fonctionne souvent dans sa globalitĂ© ; c’est l’impression d’ensemble qui compte, qu’elle soit bonne ou erronĂ©e, induisant des choix automatiques ; si des indices perturbateurs apparaissent, ils trouvent toujours une justification, correcte ou totalement erronĂ©e. - certaines images agissent sur le mode affectif plutĂŽt qu’objectif, comme si un substrat culturel, peu importe qu’il soit profond ou non, guidait les choix : la reprĂ©sentation imagĂ©e du boycott des magasins juifs est Ă©loquent Ă  cet Ă©gard ; la croix gammĂ©e l’est Ă©galement . CONCLUSION GÉNÉRALE 1- DegrĂ© d’atteinte de l’objectif initial L’objectif initial visait Ă  faire produire par l’élĂšve un document original, Ă©laborĂ© grĂące Ă  l’outil informatique et Ă  le communiquer oralement Ă  l’ensemble de la classe. En arriĂšre-plan Ă  cet objectif, le projet avait l’ambition d’amener l’élĂšve Ă  se construire son savoir c-Ă -d Ă  maĂźtriser des concepts dĂ©veloppĂ©s en Histoire. Le bilan de l’expĂ©rience montre que l’objectif n’a Ă©tĂ© que partiellement atteint, Ă  double titre ; certes, de productions personnelles de documents, il y en a eu. Le problĂšme n’est pas technique, mais : - d’une part, il n’y a pas eu de restitution orale face Ă  la classe ; on peut rĂ©torquer, cependant, que la discussion entre l’élĂšve et le professeur pouvait compenser, en partie, cette phase du projet. - d’autre part, l’expĂ©rience a surtout abouti Ă  un diagnostic sur le mode de fonctionnement des Ă©lĂšves, donc Ă  pointer les Ă©lĂ©ments facilitant ou perturbant l’acte d’apprentissage ainsi que les dĂ©marches mises en oeuvre ; il aurait sans doute fallu proposer des solutions individuelles de remĂ©diation.

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - Par ailleurs, l’expĂ©rience n’a concernĂ© qu’un petit groupe d’élĂšves. La gĂ©nĂ©ralisation Ă  toute une classe est nĂ©cessaire ; nous en reprĂ©ciserons les contours plus loin. 2- Point de vue des Ă©lĂšves Il est largement positif, de l’aveu mĂȘme des Ă©lĂšves concernĂ©s ; ils reconnaissent que “c’est bien parce qu’il faut Ă©crire, que l’on retient mieux en Ă©crivant, qu’on peut effacer et recommencer sans difficultĂ© avec l’ordinateur”. Les Ă©lĂšves ont Ă©prouvĂ© au terme de l’expĂ©rimentation une aide Ă  la mĂ©morisation ; en travaillant “autrement qu’en cours”, les images permettent de fixer les notions du rĂ©sumĂ©. Ce travail sur la logique a Ă©tĂ© d’autant plus apprĂ©ciĂ© qu’il est intervenu dans la cadre horaire des cours, car, de leur aveu mĂȘme, “si on avait dĂ» faire un travail semblable Ă  la maison, on ne l’aurait pas fait” . QuestionnĂ© par notre collĂšgue C. Euriat trois mois aprĂšs le terme de l’expĂ©rimentation, certains Ă©lĂšves se souviennent parfaitement d’images utilisĂ©es dans les sĂ©quences, Ă©taient capables de retrouver les opĂ©rations intellectuelles qui les avaient amenĂ© Ă  en garder certaines pour en Ă©carter d’autres. Que penser de notre postulat prĂ©liminaire relatif au rĂŽle tenu par l’image dans la processus d’évaluation des Ă©lĂšves de troisiĂšme ! IndĂ©niablement, l’action entreprise a eu un effet bĂ©nĂ©fique : en s’interrogeant, en passant d’un document Ă  un autre, l’élĂšve se construit son , sur quelques notions certes, mais ces concepts semblent mieux assurĂ©s. N’était-ce pas l’objectif visĂ© par le projet ? Par ailleurs, les Ă©lĂšves volontaires se sont laissĂ©s questionnĂ©s sans difficultĂ©, en dehors des cours ; ils ont donc acceptĂ© de passer un temps supplĂ©mentaire pour justifier les choix d’images. Aurait-on pu imaginer pareille situation dans le cadre d’un travail “plus traditionnel” ? Lors de la sĂ©quence 3, certains Ă©lĂšves de la classe ont pu se lancer partiellement dans l’expĂ©rience ; nous n’avons rien dit Ă  leur sujet, l’état d’avancement de leurs documents produits ne paraissant pas suffisamment explicites ; par contre, les Ă©lĂšves volontaires se sont transformĂ©s en maĂźtres de cĂ©rĂ©monie, guidant leurs camarades dans les opĂ©rations techniques. IndĂ©niablement, l’ordinateur valorise l’élĂšve. 3- Prolongement de l’expĂ©rimentation L’acquisition rĂ©cente par l’établissement A. MĂ©ziĂšres d’un rĂ©seau au CDI permet d’ores et dĂ©jĂ  d’étendre, avec la collaboration de la documentaliste, l’action Ă  davantage d’élĂšves, sur des sujets autres, pris dans le programme d’histoire et de gĂ©ographie. AprĂšs la multiplication des exemples, c’est la diversification des niveaux de lecture des images qui est envisagĂ©e, Ă  la lueur des conclusions tirĂ©es de l’expĂ©rimentation. La participation du collĂšgue de SVT avait Ă©tĂ© rendue possible grĂące au soutien

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - technique de l’auteur du prĂ©sent document Ă©crit. Bien qu’ayant Ă©tĂ© trĂšs rĂ©duite jusque lĂ , cette collaboration peut ĂȘtre plus Ă©troite dans la mesure oĂč les prĂ©occupations pĂ©dagogiques sont, du point de vue de l’image, trĂšs proches d’une discipline Ă  l’autre. Le rĂ©seau Ă©tant Ă  caractĂšre multimĂ©dia, c’est tout l’aspect apprentissage grĂące au multimĂ©dia envisagĂ© originellement dans le projet, en classe de sixiĂšme qui va pouvoir se mettre en place dĂšs la rentrĂ©e prochaine, en tenant compte du “statut” du CDI du collĂšge. 4- Conditions Ă  remplir pour un transfert de l’action Il est bon de rappeler les diverses opĂ©rations ainsi que l’indication horaire qu’ont nĂ©cessitĂ© l’expĂ©rimentation, avant de fixer les termes pour une gĂ©nĂ©ralisation de l’action. 4.1. OpĂ©rations et temps nĂ©cessaires - prĂ©paration des sĂ©quences (par le professeur) - prise en main du logiciel : le temps est variable et dĂ©pend des compĂ©tences du professeur ; dans le cas prĂ©sent, plusieurs heures furent nĂ©cessaires, d’une part, pour parcourir le logiciel, d’autre part, pour Ă©laborer une fiche-guide Ă  l’attention des Ă©lĂšves ; ce travail est plus rapide certes, mais indispensable ; il convient d’ĂȘtre trĂšs prĂ©cis pour ne pas Ă©garer l’élĂšve lors des sĂ©quences si le professeur ne souhaite pas, pendant les sĂ©ances, se transformer en “pompier de service”. - scannerisation des images ; outre le temps de recherche, rapide, d’images dans les manuels, il faut pouvoir disposer d’un scanner ; l’opâ€Ă©ration de numĂ©risation n’est pas longue ; sans exagĂ©rer, ni dans un sens, ni dans l’autre, quatre heures furent nĂ©cessaires pour scanneriser toutes les images utilisĂ©es lors de l’expĂ©rimentation. - saisie des textes (rĂ©sumĂ©s) : cette phase peut ĂȘtre courte si l’on est Ă  l’aise avec un traitement de texte. Une heure par sĂ©quence paraĂźt une bonne indication. - incorporation des images : pour la premiĂšre sĂ©quence, les images avaient Ă©tĂ© stockĂ©es telles quelles sur le disque dur, de sorte que la prĂ©paration s’était rĂ©sumĂ©e Ă  une copie de fichiers sur disque dur. Par contre, le travail de l’élĂšve en avait Ă©tĂ© ralenti pour les raisons Ă©voquĂ©es plus haut. Aussi, pour les deux sĂ©quences suivantes, furent crĂ©Ă©s des fichiers intermĂ©diaires comportant trois images par Ă©cran. Il convient d’ajouter ce temps de prĂ©paration (compter une demi-heure par sĂ©quence) Ă  la durĂ©e de prĂ©paration d’ensemble. - tout le temps de ces manipulations peut se trouver raccourci ou rallongĂ© selon son degrĂ© de compĂ©tence informatique : aisance devant le clavier, connaissance et manipulations de fichiers, maĂźtrise de la gestion d’un disque dur, en somme maĂźtrise du systĂšme de gestion de l’ordinateur (Windows). - prise en main du logiciel par les Ă©lĂšves Elle est absolument indispensable ; elle peut se concevoir en dehors du cours, c’est l’option retenue dans l’expĂ©rimentation ; elle peut ĂȘtre incorporĂ©e Ă  la premiĂšre sĂ©quence. De toutes maniĂšres, ce temps est incompressible : compter au moins une

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - demi-heure. Mais l’expĂ©rience a montrĂ© combien les Ă©lĂšves Ă©taient habiles dans les manipulations techniques et maĂźtrisaient l’outil informatique rapidement (peut ĂȘtre mieux que les leçons !). - pendant les sĂ©quences La premiĂšre sĂ©quence avait durĂ© deux heures, chacune des deux autres sĂ©quences, une heure seulement. Il semble qu’une heure soit le temps moyen Ă  consacrer Ă  ce genre de travail. Mais pour cela, il convient de ne pas “trop charger la barque”, c’est-Ă -dire, de multiplier Ă  l’envie les activitĂ©s redondantes (trop de pages-Ă©crans, trop de fichiers-images Ă  consulter et donc trop d’images Ă  incorporer) ; se pose alors la question du choix judicieux des images, notamment des images intruses, source d’enseignements prĂ©cieux sur les dĂ©marches mises en oeuvre par l’élĂšve. Il est indispensable de faire enregistrer par les Ă©lĂšves les documents construits par eux-mĂȘmes en vue d’une exploitation ultĂ©rieure et d’une impression-papier remise aux auteurs, qui ne peut que les valoriser. Durant les sĂ©quences, le professeur ne peut se dĂ©faire totalement du rĂŽle de “pompier de service” lorsque certains Ă©lĂšves rencontrent passagĂšrement des difficultĂ©s techniques ; mais il doit consacrer la majeure partie de son temps Ă  observer ses Ă©lĂšves, Ă  recueillir un maximum d’informations sur les choix opĂ©rĂ©s, sur les stratĂ©gies mises en oeuvre (allers-retours texte/images, manipulation des images, hiĂ©rarchie des opĂ©rations effectuĂ©es, etc.). Si l’on n’omet pas de rappeler qu’il doit avoir aussi un oeil sur le reste de la classe, livrĂ©e Ă  un travail de groupe, on conviendra qu’il doit ĂȘtre Ă  la fois un animateur et un observateur. Si ce double rĂŽle peut paraĂźtre trop lourd Ă  gĂ©rer, on propose alors au maĂźtre de reporter Ă  un autre moment, relativement proche de la sĂ©quence, la phase de recueil d’informations auprĂšs des Ă©lĂšves. Le dialogue semble particuliĂšrement plus propice Ă  une explicitation des choix de l’élĂšve, qu’une grille-papier que l’élĂšve remplirait pendant la sĂ©quence. Mais le dialogue n’exclut pas pour autant une grille-papier. - aprĂšs les sĂ©quences En fonction de la stratĂ©gie envisagĂ©e par le professeur, prĂ©cĂ©demment Ă©voquĂ©e, elle consiste Ă  questionner les Ă©lĂšves sur les choix opĂ©rĂ©s par les Ă©lĂšves. Quelques minutes par Ă©lĂšve semble nĂ©cessaire. 4.2. Place des sĂ©quences dans la progression Cette question paraĂźt cruciale pour les collĂšgues enseignant en classe d’examen qui perçoivent l’informatique d’abord comme une perte de temps et, a fortiori qui, invoquent le motif du nĂ©cessaire achĂšvement des programmes, peu favorable, d’une maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, Ă  toute forme de travail originale. En un sens, le projet s’est voulu un peu provocateur sur ce plan. À l’heure du bilan, il convient d’indiquer, en toute modestie, qu’aucun Ă©lĂšve n’a Ă©tĂ© pĂ©nalisĂ© quant au contenu du programme d’histoire de troisiĂšme, la progression de la classe n’ayant pas

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - Ă©tĂ© perturbĂ©e par l’expĂ©rimentation. Il est vrai qu’il Ă©tait demandĂ© aux Ă©lĂšves travaillant devant l’ordinateur de “rattraper” les sĂ©ances faites par le reste de la classe. Le souhait originellement formulĂ©e Ă©tait de faire passer tous les Ă©lĂšves devant les machines. Les contraintes matĂ©rielles de l’établissement et la stratĂ©gie du professeur de ne mettre qu’un Ă©lĂšve par ordinateur a rĂ©duit considĂ©rablement le nombre d’élĂšves impliquĂ©s dans l’expĂ©rimentation. Or, il conviendrait de multiplier les sĂ©ances. Le lecteur peut facilement imaginer que le support de cours peut ĂȘtre pris sur n’importe quelle partie du programme d’histoire, ou de gĂ©ographie de troisiĂšme. CrĂ©er davantage de sĂ©quences n’est pas un obstacle rĂ©dhibitoire. À charge pour l’enseignant de trouver suffisamment de documents imagĂ©s sur les sujets retenus. Pour que l’efficacitĂ© de l’action soit compatible avec les choix pĂ©dagogiques de l’enseignant, on peut conseiller : - dans un premier temps, de consacrer quelques sĂ©ances informatiques avec la classe, dans le cadre de cours, quelle que soit la formule utilisĂ©e - dans un second temps, lorsque les Ă©lĂšves sont suffisamment Ă  l’aise face Ă  la machine, prĂ©voir des travaux informatiques en autonomie, au CDI. L’implication du documentaliste devient alors nĂ©cessaire mais le travail de l’élĂšve s’inscrit, en droite ligne, dans un des axes d’action du CDI, Ă  savoir la recherche documentaire. Au demeurant, cette approche de l’image n’est pas le propre des classe de troisiĂšme ; ce genre de travail peut et devrait se concevoir en cycle central du collĂšge, pourquoi pas dĂšs la classe de sixiĂšme. Auquel cas, les modalitĂ©s d’action en phase terminale du collĂšge se trouveraient grandement facilitĂ©es. 4.3. Conditions matĂ©rielles Ce point de vue rejoint la prĂ©occupation prĂ©cĂ©demment Ă©mise ; disposer d’un nombre suffisant de poste est nĂ©cessaire, surtout si l’on envisage un travail individuel devant la machine. Les capacitĂ©s techniques de l’ordinateur ne doivent pas ĂȘtre sous estimĂ©es. Si l’ordinateur multimĂ©dia (avec lecteur de cĂ©dĂ©rom) n’est pas indispensable, par contre, la configuration de la machine ne peut descendre en-dessous d’une certaine forme qu’en jargon informatique on appelle le “microprocesseur 486”, uniquement pour une question de rapiditĂ© (de recherche de fichiers et d’affichage d’images Ă  l’écran). Si les nouvelles machines disposent d’un potentiel largement supĂ©rieur, par contre, dans bon nombre d’établissements, le parc de machines PC est encore ancien, voire mixte (ordinateurs d’ancienne gĂ©nĂ©ration avec ordinateurs rĂ©cents). 4.4. Moyens humains Les compĂ©tences techniques sont indispensables dĂšs lors que l’outil informatique n’est pas employĂ© comme un simple “presse-bouton” mais comme un outil de crĂ©ation. La solution idĂ©ale serait que l’enseignant cumule les deux types de compĂ©tence,

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APPRENDRE A APPRENDRE GRACE AU MULTIMEDIA - informatique et pĂ©dagogique. La rĂ©alitĂ© est toute autre ; il convient de trouver dans l’établissement une personne ressource capable de lancer l’action d’un point de vue technique (scannerisation des images, prĂ©paration des fichiers). Bien souvent elle existe (il s’agit du professeur de technologie) ; du reste, c’est l’occasion d’un travail interdisciplinaire qui ne peut qu’ĂȘtre profitable Ă  tous, professeurs et Ă©lĂšves compris.

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