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1 ASSOCIATION DES CONSOMMATEURS DU MALI (ASCOMA) CI Full Member N°116 RappoRt de l’étude Conservation du poisson fume et séché pour une alimentation saine et durable au mali Financement CI & GREEN ACTION FUND 2015 Version Revue Novembre 2015 Novembre 2015 Rue : 104 ; porte 81, Immeuble Miniké BP : 8061 Badalabougou CV Tel : (223) 20 22 72 45 / 20 72 75 48 / 69 00 63 61 / 79 18 72 57 Bamako Mali Email : [email protected]

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ASSOCIATION DES CONSOMMATEURS DU MALI

(ASCOMA)

CI Full Member N°116

RappoRt de l’étude Conservation du poisson fume et séché pour une alimentation saine et durable au mali Financement CI & GREEN ACTION FUND 2015

Version Revue Novembre 2015

Novembre 2015

Rue : 104 ; porte 81, Immeuble Miniké BP : 8061 Badalabougou CV

Tel : (223) 20 22 72 45 / 20 72 75 48 / 69 00 63 61 / 79 18 72 57

Bamako Mali

Email : [email protected]

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ETUDE SUR LA CONSERVATION DU POISSON FUME ET SECHE

POUR UNE ALIMENTATION SAINE ET DURABLE AU MALI.

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SOMMAIRE

RUBRIQUES PAGE

I. INTRODUCTION GENERALE

II. PLAN GENERAL DU RAPPORT

III. OBJECTIFS DE LA PRESENTE ETUDE

IV. METHODOLOGIE DE L’ETUDE

V. PRESENTATION DES RESULTATS PAR ACTEUR

5.1 Résultats des enquêtes auprès des structures techniques

5.2 Résultats des enquêtes auprès des vendeurs de pesticides

5 .3 Résultats des enquêtes auprès des transformateurs/vendeurs de poisson séché ou fumé

VI. ANALYSE DES RESULTATS

VII. COCLUSION

VIII. RECOMMANDATIONS

ANNEXES

Annexe 1 : questionnaires

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX TRANSFORMATRICES ET VENDEUSES DE POISSONS SECHES ET FUMES

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX VENDEURS DE PESTICIDES

QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX STRUCTURES TECHNIQUES

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SIGLES ET ABREVIATIONS CI : Consumers International GAF : Green Action Funds ASCOMA: Association des consommateurs du Mali FAO : Fonds des nations Unies pour l’agriculture PIB : Produit Intérieur Brut ON : Office du Niger OPM : Opération Pêche Mopti PADEPECHE : Projet d’Appui au Développement de la Pêche continentale dans le Delta Central du Niger CILSS : Comité Inter-lutte contre la Sécheresse au Sahel

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Liste des tableaux

Tableau1 : Résultats des enquêtes auprès des vendeurs de pesticides

Liste des graphes

Graphe 1 : Typologie des acteurs

Graphe 2 : Années d’expérience

Graphe 3 : Source d’approvisionnement

Graphe 4 : quantités transformées ou vendues

Graphe 5 : Types de parasites

Graphe 6 : Méthode de préservation du poisson transformé

Graphe 7 : la catégorie de poisson la plus attaquée

Graphe 8 : Connaissance des pesticides

Graphe 9 : Produits chimiques les plus utilisés

Graphe 10 : Durée maximum de conservation du poisson

transformé avec l’utilisation des pesticides

Graphe 11 : Efficacité des produits et pertinence des produits

chimiques utilisés

Graphe 12 : Effet des pesticides sur la santé humaine et

l’environnement

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REMERCIEMENTS :

L’ASSOCIATION DES CONSOMMATEURS DU MALI (ASCOMA) remercie vivement Consumers

International et Green Action Funds pour le financement de cette étude sur la

transformation et la conservation du poisson fumé et séché. Elle va dans le sens de la

sécurité sanitaire des aliments et la préservation de l’environnement pour une

consommation durable. Elle a permis de mettre en exergue les risques encourus par les

consommateurs à travers les pratiques en matière de transformation de ce produit de

grande consommation dans notre pays.

En effet, il apparaît que les modes de transformation sont très peu modernisés, ce qui joue

évidemment sur la qualité des produits qui en sont issus.

Nous espérons que la sensibilisation, le plaidoyer et le partage de nos résultats parviendront

à faire comprendre aux uns et aux autres, notamment les décideurs et les spécialistes, le

nécessaire changement à impulser à la filière pour plus de qualité et de sécurité du poisson

transformé. Ceci en vue de mettre le consommateur à l’abri des risques d’intoxication et de

maladies chroniques tout en permettant l’expansion de la filière dans la mesure où notre

pays est le plus spécialisé et le plus grand exportateur du poisson fumé et séché en Afrique

de l’ ouest.

Nous ne saurions taire l’apport inestimable du Président Directeur Général du Marché

Central du Poisson dont l’appui et le professionnalisme ont facilité la bonne tenue et le

succès de notre atelier.

C’est le lieu aussi de remercier très sincèrement les services techniques et les différents

spécialistes qui nous ont appuyés tout au long de ce travail.

Nous remercions également la presse écrite et parlée pour son accompagnement

indispensable à l’atteinte de nos objectifs.

Une mention spéciale mérite d’être faite aux membres de l’ASCOMA pour leur engagement

patriotique et leur sens de responsabilité dans la défense des droits et intérêts des

consommateurs au Mali depuis plus de 20 ans.

La Présidente de l’ASCOMA

Madame Coulibaly Salimata DIARRA

Officier de l’Ordre National du Mali

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I. INTRODUCTION Le Mali est un pays de pêche par excellence. La pêche est l’un des sous-secteurs clés de l’économie malienne. Cependant les données statistiques sont insuffisantes sinon inexistantes sur la pêche et la pisciculture au Mali. Selon une étude de la FAO1, la production aquacole nationale est estimée à 100 000 tonnes de poissons par an sur la base des productions de l’ON, des mares et des bancotières. Sur la base de cette production de 100.000 t, la valeur ajoutée brute de l’ensemble de la filière pêche est évaluée à plus de 90 milliards FCFA (60 millions $EU), soit 4,2% du PIB total du Mali. La même source estime la consommation de poisson à environ 9 kg/personne/an, composée de 2,2 kg de poisson frais et 6,8 kg de poisson traité (30% séché et 70% fumé), les emplois générés en amont et en aval de la filière pêche sont estimés à 500.000.

La production du poisson est majoritairement transformée en poisson séché et fumé. Selon les résultats des études de la FAO, la pratique de ces techniques traditionnelles de transformation du poisson s’explique largement par sa nature périssable, l'absence d'une chaîne de froid (glace notamment), la lenteur des moyens de déplacement, l'enclavement des zones de production. Ce sont là, autant de facteurs qui obligent le pêcheur malien à traiter son produit sur place.

La technique du séchage vise l’élimination de l'eau du poisson par évaporation en vue de

réduire le taux d'humidité de 25% environ, et amoindrir les chances de survie des bactéries.

La technique du Fumage consiste à réduire l'humidité du poisson par un feu vif, qui en plus

d'un séchage superficiel instantané, permet la cuisson de la chair. Puis il est entretenu dans

la fumée pour être séché et imprégné la chair.

Au cours de ce processus de transformation, conservation ou mise sur le marché, le poisson

peut subir des détériorations majeures de qualité nutritive et commerciale. Les infestations

par les larves d'insectes dont les mouches et les coléoptères sont les causes de la

détérioration et des pertes multiples, pouvant aller de 30 à 100% de la valeur marchande du

poisson fumé ou séché.

Tout ceci justifie l’utilisation autorisée de certains produits toxiques de prévention des infestations, en restant conforme à la règlementation en vigueur au plan national ou international.

On trouve sur le marché des pesticides, comme la Bioresmétrine, le Malagrin et le Malathion pour le traitement des locaux de stockage et les emballages. Le Gardona (tétrachlorvinphos), la K-Othrine poudre (deltamethrine 5%), l’Actellic 50 mg, rentrant dans le traitement du poisson destiné à la transformation étaient exclusivement distribués et vulgarisés par l’Opération Pêche Mopti (OPM) dans sa zone d’intervention dans le (Delta Central 1972-2007). A partir de 2007, ces produits sont homologués par Arrêté interministériel (Ministère chargé de la Pêche et le Ministère chargé de la Santé).

1 FAO, Profil de la pêche par pays : la République du Mali – Mars 2007.

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Cette activité de traitement des lieux de stockage, des emballages et du refumage de poisson fumé donnait droit à l’Opération Pêche de Mopti (OPM) la perception de taxe au taux de 15 F CFA par kg dont 1,5 F pour le Trésor Public et 13,5 F pour l’OPM.

Malheureusement, les ruptures de stocks, l’insuffisance de couverture géographique, les mauvaises pratiques dans l’usage de ces pesticides toxiques sont courantes d’où l’utilisation des produits tout venant. Il n’est pas rare de constater un poudrage direct sur le poisson au cours du stockage. Tout ceci présente des dangers pour la santé des consommateurs avec des cas d’intoxications alimentaires occasionnant parfois mort d’homme. C’est suite à de tels dangers, que l’ASCOMA a initié la présente étude devant permettre de faire l’état des lieux et de passer à une sensibilisation des acteurs sur l’utilisation et la mise à disposition des produits homologués pour la sauvegarde de la santé des consommateurs et la promotion des produits de pêche et d’aquaculture transformés au Mali sans oublier la préservation de l’environnement .

II. PLAN GENERAL DU RAPPORT

Le présent rapport est structuré autour de huit (08) parties : I . Introduction générale Elle fait une brève présentation de la filière poisson au Mali, met l’accent sur sa place dans la chaine alimentaire du pays. Après cette contextualisation, suivra la justification de l’étude sur la problématique de la conservation du poisson transformé au Mali. II. Rappel des objectifs de l’étude III. Démarche Méthodologique : elle est dédiée à la conduite de l’étude. Elle informe sur les différentes étapes de l’étude, précise le lieu de l’étude et informe sur l’échantillonnage et les critères qui le sous-tendent. IV. Structure du Rapport ou Plan Général : V. Présentations des Résultats des Enquêtes par Acteur : ils se présentent sous formes de graphes qui font la synthèse des réponses fournies sur la base de questionnaire administré à l’acteur concerné. VI. Analyse des Résultats : elle détermine les différents éléments essentiels de chaque résultat afin de dégager des propositions de solution ou de recommandations. VII. Principaux Constats : ils concourent à la problématique VIII. Recommandations : elles vont dans le sens de la recherche de solutions.

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III. OBJECTIFS DE LA PRESENTE ETUDE Objectif global : Contribuer à l’amélioration de la conservation du poisson fumé et séché pour une alimentation saine et durable au Mali.

Objectifs spécifiques

- Mener une enquête pour mieux cerner l’utilisation des pesticides dans la filière

poisson. - Former les acteurs de la filière sur les méfaits de l’utilisation des pesticides non

homologués sur la santé des consommateurs et sur l’environnement - Informer et sensibiliser les consommateurs sur les dangers de la consommation des

poissons contenant les résidus de pesticides - Amener les décideurs à mieux contrôler l’utilisation les pesticides dans l’Agriculture

et la conservation des produits Agricoles - Adapter la législation sur l’utilisation des pesticides - Parvenir à la réduction de l’utilisation des pesticides pour préserver la santé des

consommateurs et l’environnement.

IV. METHODOLOGIE DE L’ETUDE L’étude est centrée sur un échantillon de producteurs (transformatrices femmes de pêcheurs ou vendeuses) de vendeurs de poisson, de revendeurs de pesticides, de services techniques intervenant dans la conservation du poisson fumé et séché pour recueillir leurs méthodes en matière de conservation du poisson fumé ou séché et évaluer leur niveau de connaissances sur le sujet. L’approche méthodologique a été déterminée de façon participative, avec l’implication de l’ensemble de l’équipe ASCOMA chargée de conduire la présente étude. La même équipe a procédé à l’élaboration et à la validation des fiches d’enquête, au choix des zones et échantillons d’enquête, puis au recrutement et à la formation des cinq (05) enquêteurs aux outils d’enquête. Les données collectées sur le terrain ont été traitées avec un outil universellement reconnu SPSS. Les résultats sont présentés sous forme de graphes et de tableaux. Les travaux de l’étude ont concerné le District de Bamako c'est-à-dire la capitale du Mali. Par rapport aux objectifs visés, l’approche méthodologique a été la suivante :

- L’élaboration des outils d’enquête (questionnaire par acteur) par l’équipe de coordination du projet ;

- La sélection et formation des enquêteurs sur les questionnaires et le mode de collecte des données;

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- Les enquêtes sur terrain avec l’objectif : de couvrir les principaux transformateurs - fournisseurs du District de Bamako

en poisson transformé et les principaux vendeurs du poisson transformé aux consommateurs dans les six communes du district de Bamako

d’échanger avec les principaux vendeurs des produits chimiques sur certains aspects de leurs relations commerciales avec les transformateurs/vendeurs de la filière poisson ;

d’avoir l’avis des structures d’appui du sous-secteur poisson transformé sur la nature de leurs expériences avec les acteurs de la filière et la nature de l’appui qu’elles leur apportent.

- Les observations recueillies au cours de ces différents entretiens avec les acteurs ont été prises en compte pour l’élaboration de ce rapport d’analyse de la filière « vente du poisson séché et fumé ».

V. PRESENTATION DES RESULTATS PAR ACTEUR

Les enquêtes ont concerné au total 46 acteurs répartis comme suit :

- Six (06) structures techniques : service d’élevage, service local de la pêche, la Direction Nationale des Services vétérinaires, la Direction Nationale de la Pêche, l’Agence de gestion du marché central à poisson de Bamako.

- Cinq (05) transformateurs - Quinze (15) vendeurs de produits chimiques utilisés dans la conservation du poisson

transformé - Vingt (20) vendeurs / vendeuses de poisson transformé.

5.1 Résultats des enquêtes auprès des structures techniques : Les résultats retenus des enquêtes menées auprès des structures techniques peuvent être résumés comme suit :

- Les vendeurs de poisson transformé n’utilisent pas couramment les produits chimiques appropriés et moins toxiques pour l'homme tels que le Gardona ou la K-Othrine et l’Actellit, entre autres, diffusés dans le milieu pêcheur par le biais de l'encadrement technique. Au contraire, le recours aux produits chimiques non homologués et inappropriés pour la filière est la règle.

- L’utilisation des produits inappropriés dans la conservation du poisson transformé est préjudiciable à la santé humaine. Des cas de perte en vie humaine ont été enregistrés par les structures techniques compétentes ;

- L’utilisation des produits chimiques dans le secteur alimentaire est réglementée au Mali et dans l’espace du CILSS. Un arrêté interministériel donne la liste des produits chimiques homologués utilisables dans la conservation des denrées alimentaires;

- Les bonnes pratiques de conservation du poisson transformé, conseillées par les services techniques en dehors de l’utilisation des produits chimiques homologués, sont les bonnes méthodes de séchage et de fumage pour la transformation du poisson (séchage sur litière, surélevée, four amélioré, four chorchore), l’utilisation des emballages appropriés et bien entretenus, un lieu de stockage approprié et bien protégé des infiltrations d’eau, d’humidité, refumage après transport pour réduire les parasites.

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Les suggestions de la plupart des structures techniques, par rapport à la filière, visent la mise à disposition des producteurs et vendeurs de poisson transformé, une liste et des produits chimiques homologués et propres à leur usage.

5.2 Résultats des enquêtes auprès des vendeurs de pesticides Les résultats obtenus auprès de cette catégorie d’acteurs sont les suivants :

- Les quinze (15) vendeurs de pesticides enquêtés prétendent tous avoir eu une formation sur les pesticides et ne sont pas disposés à cet effet à recevoir une autre formation sur le même produit.

- Selon eux la fréquence dans les achats des pesticides par les transformateurs/vendeurs de poissons est la suivante par produit:

Tableau 1 : Produits pesticides vendus

Produits pesticides vendus Réponses

Nbre de réponses* Pourcentage

Actellic 50 mg 3 13,6%

Phostoseing 2 9,1%

Lamda 5 22,7%

D6 3 13,6%

Attalam 2 9,1%

K- Othrine 6 27,3%

Dousmant 1 4,5%

TOTAL 22 100%

*Il existe des réponses multiples pour certains produits

- Tous les enquêtés ont conscience des impacts négatifs qu’un pesticide peut avoir sur la santé humaine (maladie grave, décès) et sur l’environnement (pollution de l’environnement) ;

- Les suggestions faites vont dans le sens de l’élaboration par les services techniques compétents, d’une liste des produits chimiques homologués destinés à la conservation du poisson transformé et sa mise en application effective par les transformateurs/vendeurs.

5.3 Résultats des enquêtes auprès des transformateurs/vendeurs de poisson séché ou

fumé. Pour ces deux acteurs, l’analyse des résultats sera commune compte tenu de la similitude de leurs prestations sur le terrain et du contenu des questionnaires administrés. Dans l’approche, l’enquête devait concerner un échantillon d’acteurs répondant aux critères suivants :

- Une expérience significative dans la profession (durée d’exercice) - Un poids significatif dans l’approvisionnement de son marché.

La présentation des résultats prend en compte ces deux critères.

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Graphe 1 : Typologie des acteurs L’échantillon enquêté compte 5 transformateurs pour 20 vendeurs.

Par rapport aux années d’expérience dans la profession, le graphe ci-dessous donne les indications suivantes : Graphe 2 : Années d’expérience

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Tous les acteurs enquêtés ont une expérience suffisante pour être un interlocuteur valable capable de partager avec les enquêteurs de façon crédible. Par rapport aux sources d’approvisionnement des vendeurs de poissons transformés, le graphe ci-dessous enseigne que les sources d’approvisionnement sont diverses et parfois extérieures au pays. Graphe 3 : Source d’approvisionnement

Il ressort de ce graphe que le marché du district est approvisionné à partir des marchés d’autres régions du Mali, mais aussi à partir des marchés de Dakar et Mauritanie, en ce qui concerne principalement le poisson de mer. Graphe 4 : quantités transformées ou vendues Il ressort de ce graphe que 96% des personnes enquêtées occupent une place importante dans l’offre du poisson transformé sur leur marché, au regard du volume mensuel de leurs ventes. De ce fait, les pratiques commerciales de ces personnes ont un impact assez significatif sur la satisfaction ou non du consommateur.

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Graphe 5 : Types de parasites Il ressort des enquêtes que les infestations du poisson fumé et séché sont surtout causées par des insectes ou larves d’insectes ou souvent par les deux (dermestes et les nécrobias). Certaines réponses fondent à croire qu’à côté de ses parasites, les conditions d’emballage et de stockage constituent également des facteurs dégradants de la qualité du poisson transformé.

Graphe 6 : Méthode de préservation du poisson transformé Les réponses fournies indiquent que la méthode naturelle est la pratique la plus courante des vendeurs/transformateurs. Toutefois, très peu d’informations pertinentes ont été fournies sur le contenu de cette méthode (vérification, contrôle, ré fumage et ré séchage des stocks). Certaines réponses plaident pour la bonne gestion sans en dire plus, la conservation dans un lieu sec et la vente immédiate du stock de marchandise.

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Pour d’autres, soit 20% des enquêtées, la méthode la plus courante de préservation du produit passe par un traitement chimique du stock. Les 4% des enquêtées se prononcent pour une combinaison des deux méthodes : méthode naturelle et traitement chimique du stock. Graphe 7 : la catégorie de poisson la plus attaquée

Sur les 16 réponses fournies, 69% pensent que le poisson fumé est la catégorie la plus attaquée par les parasites contre 31% qui se prononcent pour le poisson séché. Graphe 8 : Connaissance des pesticides Les réponses fournies mettent en évidence la méconnaissance, par plus de 76% des enquêtés, des produits chimiques utilisés dans la conservation du poisson transformé. Et même pour les 6 enquêtés qui se disent connaisseurs des produits chimiques, la nature exacte du produit chimique qu’ils utilisent leur est inconnue.

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L’appellation poison, pesticide ou poudre qu’ils utilisent pour désigner leurs produits n’informe pas véritablement sur le nom précis du produit.

Graphe 9 : Produits chimiques les plus utilisés Les réponses fournies, soit 6 sur 25, mettent en évidence la méconnaissance des produits chimiques utilisés dans la conservation du poisson transformé. Les 6 réponses fournies ne précisent pas la nature exacte du produit chimique. La dénomination poison, pesticide ou poudre n’informe pas véritablement sur le nom précis du produit utilisé.

De façon générale, les résultats obtenus montrent que les transformateurs/vendeurs n’ont aucune référence en matière d’utilisation des produits chimiques dans leur activité. Chacun utilise ce qu’il trouve à sa portée (d’où la portée importante de l’intervention des services techniques car la nature à horreur du vide). Ainsi, tous les produits pesticides accessibles et prétendument reconnus comme ayant des vertus pour la conservation des produits alimentaires pourraient être utilisés dans cette filière sans considération pour la dose ou la conformité à son usage.

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Graphe 10 : Durée maximum de conservation du poisson transformé avec l’utilisation des pesticides. Les réponses fournies à cette question sont mitigées. De façon générale, cette durée est estimée de 6 mois à plus d’1 an.

Il faut comprendre que les différents délais indiqués prennent beaucoup plus en compte la durée de la période de stockage du produit que l’efficacité du produit chimique utilisé. Graphe 11 : Efficacité des produits et pertinence des produits chimiques utilisés Sur les 25 personnes enquêtées sur ce sujet, seules 5% pensent que les produits utilisés sont efficaces et bien indiqués. Les 72% ne savent pas si les produits sont bien indiqués pour l’usage qui en est fait. Les 23% ne se sont pas prononcés. Ces réponses prouvent davantage que l’utilisation des produits chimiques ne répond pas à un besoin d’efficacité ou de pertinence de son emploi, mais à la disponibilité du produit et à son coût. Mais les services techniques se sont prononcés sur l’efficacité et la durée du stockage et de conservation du poisson transformé. En effet, les pertes post-captures étaient estimées en 1970-1972 à environ 40% de la production nationale ce qui a conduit à la création de l’OPM en 1972 avec comme objectifs de lutter contre l’infestation du poisson transformé et l’encadrement du monde pêcheur dans le Delta Central du Niger. A l’époque avec l’utilisation de la Birosméthrine et le Gardona les pertes ont été estimées entre 0 et 5% ce qui a conduit à la deuxième phase de l’OPM avec la poursuite de l’utilisation du Malagrin, la K-Otrhine, l’Actellic et le Malathion. Les réponses seront différentes par rapport aux producteurs qui ont sur les bras des tonnes de poisson (5 à 20 tonnes sur les campements de pêche en période de hautes eaux août-septembre avec le retour des migrants professionnels vers les villages d’origine).

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Graphe 12 : Effets des pesticides sur la santé humaine et l’environnement Les réponses font ressortir que les effets des pesticides sur la santé humaine et ses impacts sur l’environnement sont méconnus de la presque totalité des vendeurs/transformateurs de poisson. Seules 4 personnes sur 25 sont convaincues que les pesticides présentent une menace pour la santé et l’environnement.

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Cette méconnaissance des effets nocifs de l’utilisation des pesticides dans cette filière est source réelle de danger pour le consommateur mais les pesticides homologués par l’Arrêté interministériel sont la K-Otrhine 25 mg, l’Actellic 50 mg.

VI. ANALYSE DES RESULTATS Les différents résultats présentés nous permettent de faire les constats suivants :

- La filière du poisson transformé joue un rôle important dans la chaine alimentaire du Mali. En effet, pour une consommation de poisson par personne et par an estimée à 9 kg, la part du poisson transformé est de 6,8 kg par personne et par an dont 30% pour le poisson séché et 70% pour le poisson fumé.

- Au regard de la part importante du poisson transformé dans la consommation halieutique et aquacole au Mali, on est en droit de dire que l’attention accordée à la filière par les autorités compétentes, est bien en deçà de ce qu’elle doit être. En effet, les résultats montrent globalement qu’il y a une insuffisance :

Dans l’encadrement de la filière par les structures techniques (en termes l’appui/conseil, dans l’accompagnement et le suivi de la filière) ;

Dans l’organisation de la filière sur les volets production, stockage, conservation, transport et commercialisation du poisson transformé ;

Dans la production d’une statistique fiable sur le développement du sous-secteur pêche ;

Dans le domaine des produits d’exportation 1% de la valeur totale des exportations soit 3 milliards de F CFA (RCI, Burkina FASO, Ghana .

Dans le contrôle des pesticides et le contrôle de qualité dans la filière « poisson transformé ».

- Une utilisation abusive et irrationnelle des produits pesticides de tous genres pour la désinfestation du poisson transformé.

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- L’insuffisance dans la règlementation sur l’utilisation des pesticides dans la filière (liste homologuée des pesticides utilisés dans la conservation du poisson transformé) et la faible vulgarisation des textes existants.

- L’insuffisance de l’inspection poisson au Mali. - La méconnaissance par les principaux prestataires des effets des pesticides sur la

santé humaine et l’environnement. - La faible appropriation des principaux textes par les acteurs de la filière. - La faible implication des services de contrôle des pesticides et de la qualité des

produits dans la gestion de la filière du poisson transformé.

VII. COCLUSION La présente étude a permis de mettre en exergue l’utilisation des pesticides et les mauvaises pratiques des acteurs de la filière « poisson transformé »(le séchage sur litière, surélevée, fours améliorés et fours chorchores), tant au niveau de la production, que de la commercialisation, en passant par le stade du transport, du stockage et de la conservation. Ces pratiques ne militent pas en faveur de la promotion des droits du consommateur, de la sécurité des produits ni de la préservation de l’environnement. Le renversement de la tendance nécessite une rapide amélioration des prestations et des comportements des différents acteurs de cette filière, d’autant que les risques pour la santé humaine et la dégradation de l’environnement sont énormes. Face à cette situation, les organisations de consommateurs dans le cadre de leurs obligations de veille, de vigilance et de pro activité font les recommandations suivantes pour les différents niveaux de responsabilité:

VIII. RECOMMANDATIONS Aux autorités administratives :

- La relecture, aux fins d’adaptation des textes régissant le commerce et l’utilisation des produits pesticides, dans la filière poisson .

- L’exclusivité de l’achat, de la vente, de la vulgarisation et du contrôle des produits pesticides utilisés entrant dans traitement du poisson, par la structure technique chargée de la pêche avec ses partenaires clés. Ceci concerne également le contrôle les lieux de stockage et les emballages utilisés.

- Le resserrement du rôle des structures techniques dans l’encadrement, l’appui/conseil, le suivi et le contrôle de qualité de la filière poisson transformé.

- L’information et la sensibilisation des responsables du marché de poisson sur les risques d’utilisation des produits chimiques inappropriés dans la conservation du poisson transformé et la santé des consommateurs.

- L’instauration de l’inspection poisson sur tous les marchés, points de vente aussi bien pour le poisson transformé, frais, ou congelé y compris les conserves de poisson.

- L’installation d’équipements appropriés pour les vendeurs de poisson séché et fumé Il s’agit de l’équipement marchant approprié à ce type d’activité.

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Aux associations de consommateurs : - La conduite des actions de plaidoyer - Amener les autorités à porter plus d’attention à la filière poisson transformé, frais et

congelé au Mali. Cette attention vise : a) l’élaboration et l’application des textes régissant les conditions d’exercice des

vendeurs/ transformateurs avec exigence de certificat sanitaire, b) les pratiques de production, de transformation et de conservation de poisson par

des méthodes appropriées, plus de qualité - La mise en place d’un cadre de concertation ASCOMA/Marché central à Poisson et

services techniques en vue d’un partage périodique des préoccupations des consommateurs sur la filière et plus de synergies d’actions.

- Le renforcement des émissions radiodiffusées et le développement des sketches télévisuels sur la filière poisson et les bonnes pratiques à développer dans le cadre d’une alimentation saine et le développement durable.

Fait à Bamako, le 03 Novembre 2015

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ANNEXES

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Annexe 1 : questionnaires

QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX TRANSFORMATRICES ET VENDEUSES DE

POISSONS SECHES ET FUMES

1. Nom et Prénom :

2. Profession :

3. Adresse :

4. Depuis combien de temps exercez-vous cette activité ? 1 an ☐ 5 ans

☐ plus ☐

5. Quelles sont vos sources d’approvisionnement ?

Pêcheur :☐ Marché :☐ Autres :☐ Citez les :

Les quantités transformées ou vendues

Environ 10 à 100 Kg :☐ 100 à 1 tonne :☐ plus 1 tonne :☐

6. Des poissons fumés ou séchés sont-ils souvent attaqués par les parasites ?

Oui :☐ Non :☐ Si oui quel est le type de parasites ?

7. Quelle est la catégorie la plus attaquée ? Poissons séchés :☐ Poissons fumés :☐

8. Quelle méthode de conservation utilisez-vous pour préserver les poissons des

attaques parasitaires ?

1. Naturelle :

2. Chimique :

9. Dans la méthode chimique quels sont les produits plus utilisés ?

10. Pouvez-vous nous donner le nom de ces produits ? Oui :☐ Non :☐ Si oui citez

les :

11. En matière de conservation du poisson trouvez-vous que les produits sont efficaces et

bien indiqués ? Oui :☐ Non :☐

12. Avez-vous une connaissance ou information sur les pesticides ?

i) La quantité (dose) utilisée ?

ii) Les effets sur la santé et l’environnement ?

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13. Avez-vous une connaissance de cas d’intoxications alimentaires liées à la

consommation du poisson séché ou fumé ? Oui :☐ Non :☐ Si oui citez les :

14. Quelle est la durée maximum de conservation de conservation du poisson avec

l’usage des pesticides 0-6 mois :☐ 6-12 mois :☐ plus de 12 mois :☐

15. Vos commentaires et suggestions :

16. Avez-vous une connaissance des cas d’intoxications liées à la manipulation des

pesticides ?

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QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX VENDEURS DE PESTICIDES

1. Nom et Prénom :

2. Adresse :

3. Depuis combien de temps exercez-vous cette activité ? 1 an :☐ 5 ans :☐ et

plus :☐

4. Quels types de produits vendez-vous ? des pesticides ?

ou Autres :

Si pesticides avez-vous reçu une formation sur les pesticides ? Oui :☐ Non :☐

5. Connaissez-vous la liste des pesticides obsolètes et homologués ? Oui :☐ Non :☐

Si non seriez-vous disponible à recevoir une formation ?

6. Quels sont les pesticides les plus utilisés/achetés par les producteurs du poisson

séché et fumé ?

Au niveau de la conservation ?

7. Pensez-vous que les pesticides ont un impact sur la santé et l’environnement ?

Oui :☐ Non :☐ Si Oui, parlez-nous des impacts ?

8. Avez-vous des commentaires et suggestions … ?

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QUESTIONNAIRES ADRESSES AUX STRUCTURES TECHNIQUES

1. Nom et Adresse

2. Fonction :

3. Quels sont les pesticides utilisés par les vendeurs pour la conservation du poisson

séché et fumé ?

4. Avez-vous eu connaissance des cas d’intoxications alimentaires causées par le

poisson séché et fumé ?

5. Quelle est la source du contaminant ?

le nombre de victimes ?

6. l’utilisation des pesticides est-elle conseillée dans la conservation du poisson ?

Oui :☐ Non :☐

si non y-a-t-il des dispositions réglementaires en matière de transformation et de

conservation des denrées alimentaires périssables?

7. Quelle technique de conservation du poisson séché et fumé conseilleriez-vous aux

professionnels du secteur ?

8. Vos commentaires et suggestions :