avec marijo p e r r e c y - l e s - f o r g e s
TRANSCRIPT
AVECMARIJO
PERRECY
-les-
FORGES
Perrecy-les-Forges est une
commune rurale qui atteignait 2
000 habitants en 1990, alors qu’elle
est passée à moins de 1800 en
2009. Elle est située en
Bourgogne, au sud de la Saône-
et-Loire, en territoire Charolais-
Brionnais, à la limite de
l’Autunois et à 22 km du parc naturel du Morvan.
Il semble qu’un habitat existait déjà à l’époque gallo-romaine, étant sur la voie Charolles-Autun. Charles Martel fit cadeau de ce territoire à son frère Childebrand, vers 736, pour le remercier d'avoir vaincu les Sarrazins dans la vallée du Rhône. Son héritier, le Comte Eccard II , fonda un prieuré en 834 et, sans enfants, le légua à la grande abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire en 876. La fondation du prieuré marque le début de la petite localité. Cet édifice religieux fut créé avant l'an mil et l'église actuelle construite au début du XIe siècle pour remplacer celle bâtie entre 885 et 905.
Perrecy-les-Forges doit vraisemblablement son nom actuel aux forges qui furent installées là en 1634 par le prieuré de Perrecy. Ces forges se développèrent d’un siècle à l’autre mais le déclin commença au XIXe siècle entraînant la fermeture en 1837-1838. En 1876, ce fut un puits pour l’extraction de la houille qui fut créé, celui de la Romagne, puis en 1939, les premières fondations de celui de Rozelay par les établissements Schneider. L’extraction y commença en 1959, employant rapidement environ 600 mineurs. La fermeture survint en 1986.
Malgré l’inconvénient de la surimpression, j’ai voulu utiliser cette photo qui montre bien ce qui reste du prieuré et des ses bâtiments conventuels dont la maison du Prieur et deux tours d’époque romane. De rares vestiges du cloître subsistent au
flanc sud de l'église.
Durant plus de 300 ans, le monastère se développa. A son apogée, au XIIIe siècle, il compta environ 20 moines qui assurèrent le développement de la région par le commerce, l’artisanat et les foires.Les bâtiments conventuels devinrent très vastes et importants. Ils comprenaient notamment le château du prieuré et un hospice construit « à chaux et à sable » pour accueillir les pèlerins. Il était considéré comme étant le plus beau de toute la Bourgogne.La situation commença à se dégrader dès le XVIe siècle, malgré la création des forges au siècle suivant.La communauté disparaîtra en 1776 par arrêté du Conseil d’Etat. Le roi Louis XVI supprima alors le couvent, accorda 1000 livres de pension à chacun des quatre religieux qui restaient et c’est l’évêque d’Autun qui hérita de tous les biens.
En approchant, l’église Saint-Pierre et Saint-
Benoît surprend par son ampleur dans une si
petite cité. Sa construction fut
entreprise par le prieur Raoul entre 1020 et 1030. Elle fut alors
dénommée Notre-Dame et Saint-Benoît. Dans
sa conception du début, elle se composait d’une
nef un peu moins longue qu’actuellement
et était flanquée de deux bas-côtés dont un
seul subsiste. La dernière travée de la nef fut ajoutée dès le XIIe siècle. L’église
était claire car l’éclairage direct était
privilégié par les constructeurs bourguignons.
On peut voir ici, une partie des communs du prieuré qui sont bien conservés. En
face subsiste aussi la maison du prieur qui abrite de nos jours un centre médical.
Un haut clocher carré rappelle le style du Brionnais avec ses
archivoltes, ses pilastres cannelés et
ses colonnettes. Mais le joyau de l’église est,
sans conteste, son merveilleux porche monumental ajouté
vers 1123. Il est reconnu comme l’un
des plus originaux de la période romane. Il
frappe notamment par sa vaste architecture et l’élégance de son décor
qui contraste avec la simplicité extérieure de
l’église.Il est dominé par un
clocher aux baies multiples, de facture
brionnaise.
Ce porche « s’ordonne autour d’une sorte de
tour lanterne intérieure, couverte d’une voûte d’arêtes décorées d’arcatures
sur les parois ajourées de baies qui donnent
sur le couloir coudé de l’étage ».
(brochure éditée par la commune et la paroisse de Perrecy-les-Forges)
On trouve, dans ce narthex, des
décorations de fleurs à la base des colonnes et des chapiteaux ornés
de façon particulièrement
intéressante : coquilles Saint-Jacques, éléphants qui
s’affrontent, luxure punie et sirène ainsi
que motifs végétaux de qualité.
Le portail en est la pièce maîtresse qui
retient toute l’attention par sa beauté faite à la
fois d’austérité des lignes et de puissance. Le tympan, de la fin du XIe siècle, appartient
aux plus anciens registres de la
Bourgogne. Le linteau lui est légèrement
postérieur.
Comme très souvent en Bourgogne, le
tympan s’orne d’un Christ en Gloire
dans sa mandorle ovale, soutenu par deux anges dotés
chacun de trois paires d’ailes… Il lève la main droite et retient le livre
saint de la gauche.
Sur le linteau sont présentées des scènes
de la Passion du Christ :
Gethsémani, le baiser de
Judas, l’arrestation,
la comparution devant Pilate
et le reniement de Pierre.
Ci-dessus, malheureusement
dégradée, une scène avec trois
personnages dont un moine à
capuchon qui converse avec un
chèvre-pied dont il ne reste que les
jambes. La signification n’en
est pas déterminée avec certitude.
A gauche, un ange brandit
son épée tandis qu’un
personnage se cache derrière un bouclier. Il pourrait s’agir
du chrétien que l’ange
défend contre le démon. Un
deuxième ange est
tourné vers l’extérieur de
la scène.
La même scène en gros plan
Actuellement en restauration pour
encore une période d’au moins deux ans,
l’église n’est pas ouverte au public. Les
photos présentées viennent du site de l’Association pour la
restauration de l'église Saint-Pierre et Saint-Benoît de Perrecy-les-
Forges et du site « romane.com ».
Les murs sont nus, sans sculpture ce qui
pourrait laisser penser que, primitivement, ils
étaient décorés de peintures peut-être encore à découvrir…
Sur cette photo, on remarque aisément le
bas-côté sud qui subsiste.
De chaque côté de l’autel s’ouvre un
transept fortement saillant du côté nord
alors que la partie sud a disparu et a été
remplacée par un mur aveugle.
Le croisement du transept avec la nef est surmonté d’une coupole lanterne octogonale sur
trompes, très haute. Elle est délimitée par quatre grands arcs en
plein cintre. Ces derniers sont surmontés
de baies géminées.
Le chœur fut reconstruit au XVe siècle à l’exception des
murs de sa base qui remontent à la première construction, réalisés en
maçonnerie de petits moellons carrés,
caractéristique du XIe siècle. Il est éclairé par d’immenses
baies.
Difficile de déterminer la provenance de cette photo car je l’ai retrouvée sur plusieurs sites!!! Elle montre la façade sud et l’emplacement du cloître dont il ne subsiste rien.
Les travaux empêchent l’approche actuelle.
Reconstitution en 3D imaginée par Monsieur
Chavronà partir de documents
originaux en 2D de 1760.
Le 16 avril 2009, suite à la visite de l'architecte en chef des
Monuments historiques et par mesure de précaution, le maire a pris un arrêté interdisant l'accès du public à l'intérieur de l'église. Les architectes pensent que des problèmes graves menaçant la sécurité, ont pour origine une restauration réalisée au XIXe
siècle, laquelle aurait supprimé des éléments de support
d’importance pour la stabilité de la construction. L’édifice, étant
inscrit à l’Inventaire des Monuments historiques, peut
recevoir des aides publiques mais la commune doit absorber 20%
des frais. Or le projet a été évalué à environ 3 millions d’euros! Sur
l’initiative du maire, une association à but non lucratif s’est constituée : L’Association pour la
restauration de l'église Saint-Pierre et Saint-Benoît de Perrecy-
les-Forges a pour objectif essentiel de promouvoir les dons, les recevoir, puis les reverser à la souscription publique lancée par
la commune.
Aspect bien différent de l’église quand on la contourne!
L’intégralité vue du côté nord!
Cette tour domine un passage qui devait donner accès aux
édifices conventuels dont le logement du
prieur.
En contrebas, le long de l’Oudrache, s’étale la partie basse de la ville. Là, était installé un moulin dans le
passé.
Au cœur de la partie haute, on retrouve bien des
vieilles maisons. Il faut noter, la courbe de la
toiture.
Selon les architectes, plusieurs maisons du village auraient des
parties contemporaines du développement du prieuré. Ici, cette
fenêtre affiche nettement son
appartenance à la Renaissance.
Et que dire de ces deux tours qui donnent tout le cachet à cette charmante place de la
Poterie?
La place de l’Hôtel de Ville séduit par la variété de ses constructions.
Un peu partout, de
jolies constructions
anciennes…
De tous temps j’ai sillonné le Charolais-Brionnais, terre de mes ancêtres. Pourtant, jamais je n’avais poussé jusqu’à Perrecy-les-Forges, à ses confins… Il a fallu l’invitation d’une homonyme, une certaine Marie-Josèphe Farizy comme moi, pour que je découvre, émerveillée, ce joyau que constitue le prieuré! Un grand merci à Marie-Jo et à Gérard pour la visite qu’ils m’ont offerte et la présentation des lieux dont ils sont fiers à juste titre.
Mon émerveillement est sans doute bien justifié si j’en juge par le nombre de thèses de doctorats qui l’ont pris pour sujet, jusqu’à la prestigieuse université d’Ann Harbor au Michigan!
Il faut dire que ce prieuré qui est né à l’époque carolingienne a su conserver de précieux vestiges de l’art roman bourguignon à ses débuts, bien faits pour retenir l’attention des chercheurs..
Musique : Bernard de Cluny (XIVe siècle) Le Panthéon est détruit
Documentation : brochure éditée par la Commune et la Paroisse, différents sites Internet dont « roman.com », ceux de la mairie et celui de l’Association pour la restauration de l'église Saint-Pierre et Saint-Benoît de Perrecy-les-Forges
Photos (à l’exception de celles de l’intérieur , de la façade sud et de l’ensemble du porche), conception et réalisation :M.J. Farizy-Chaussé
Mai 2012
[email protected] D’autres diaporamas sur :http://famille.morhain.net/lapagedemarijo/
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