bah alors? mag octobre 2014

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Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ? et au cinéma, on lui a fait quoi ? var matin rachat, municipales, 06 vs 83 christian huault, chef d’agence, raconte bio interdite Brigitte lahaie, l’amour et nous david rachline entre fréjus et paris le sénateur-maire nous explique ses choix ACTU LOCALE - SPORT - MUSIQUE - CINéMA - littérature - culture - humour - pas de fiches cuisines infaisables ET AUSSI des seins en pleine santé, un duel à mort en streaming et des cuivres new-orleans BAH ALORS ? le mag - c’est bien et ça coûte rien du roc et du roll Le Roc d’Azur comme vous ne l’avez jamais imaginé magazine gratuit - numéro 5

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Page 1: Bah Alors? Mag Octobre 2014

Qu’est ce qu’on a fait au bon dieu ?et au cinéma, on lui a fait quoi ?

var matinrachat, municipales, 06 vs 83

christian huault, chef d’agence, raconte

bio interditeBrigitte lahaie, l’amour et nous

david rachlineentre fréjus et parisle sénateur-maire nous explique ses choix

ACTU LOCALE - SPORT - MUSIQUE - CINéMA - littérature - culture - humour - pas de fiches cuisines infaisables

ET AUSSI des seins en pleine santé, un duel à mort en streaming et des cuivres new-orleans

BAH ALORS ? le mag - c’est bien et ça coûte rien

du roc et du rollLe Roc d’Azur comme vous ne l’avez jamais imaginé

magazine gratuit - numéro 5

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Le premier qui m’appelle pour aller faire un tour de VTT, je vous préviens, ça va mal se mettre. Pourtant j’ai rien contre, a priori. Mais les cinq jours du Roc d’Azur m’ont définitivement fait comprendre que ce n’était vraiment pas fait pour moi. Finalement, c’est beaucoup trop extrême.

Ce qui est vraiment hallucinant avec le VTT, c’est qu’on ne se rend pas vraiment compte de la difficulté de ce sport. Sur le plan cardio-vasculaire, c’est peut-être la discipline la plus exigeante qui soit. Ces choses-là, on ne les comprend pas quand on a passé toute son en-

fance à la campagne, les fesses sur un vélo toute la journée sans jamais faire la course.

Le Roc d’Azur permet de remettre les pendules à l’heure. Un trentaine de courses dictent leur loi à des milliers de concurrents de tous horizons, venus ici pour le plaisir de se dépouiller. Les enfants pleurent à l’arrivée, en hurlant «maman ça fait mal aux jambes». Les concurrents s’effondrent parfois à peine la ligne d’arrivée dépassée, ré-cupérant leur souffle à même le sol. Certains terminent leur course avec les quadriceps dans les chaussettes, et peuvent à peine marcher en descendant de vélo. Chronique d’une hécatombe choisie.

Au-dessus de tous ces gens-là, il y aura eu Jordan Sarrou. Le lauréat masculin de l’édition 2014 n’avait pas l’air de souffrir, lui, après 52km passés à pédaler comme un déglingué. Un dimanche matin comme un autre dans sa galaxie à lui, une galaxie où Mi-guel Martinez et Julien Absalon, les deux monstres sacrés du VTT français, ne peuvent rien faire. On n’oublie pas les autres vainqueurs dans chaque catégorie, mais lui, il aura vraiment écrabouillé la sienne. Portant croyez-moi, il ne pèse pas bien lourd.

BAH ALORS ? 3

Magazine gratuit n°5

Actualité locale Fréjus, Saint Raphaël, Puget sur Argens, Roquebrune sur Argens,

Les Adrets de l’Estérel

Directeur de la publication :Ibrahim BERBAR

Rédacteur en chef :Nicolas MULLER

Rédacteurs : Ibrahim BERBARNicolas MULLER

Audrey DESCHAMPSThierry SAUNIER

Photos : Nicolas Muller

Audrey DeschampsIbrahim Berbar

Date de dépôt légal : 30 octobre 2014

Date de parution : 30 octobre 2014

Régie Publicitaire :SARL Karadoc

Siren : 800 278 277 R.C.S Fréjus

Nous Contacter :

Régie publicitaire : 06 62 38 74 84

Rédaction : 06 83 33 19 64

Mail : [email protected]

Internet : www.bahalors.com

Imprimé en Union Européenne

Ne pas jeter sur la voie publique.

«La reproduction ou l’utilisation, sous quelque forme que ce soit, de nos ar-ticles ou informations est interdite.»

édito

Nicolas MullerRédacteur en chef

C’est l’histoire d’un mec qui n’avait plus personne dans sa roue...

retrouvez nous SUR INTERNET

CM

et sur www.Bahalors.com

/bahalorsmag

@bahalorsmag

BAH ALORS ?C’est bien et ça coûte rien

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10 - Actu LocaleDavid Rachline s’ins-tale au sénat. Pour y faire quoi ? Les ré-ponses d’un homme qui sait où il va.

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16 - dossier / Du roc et du roll

Bah Alors ? est allé manger en continu cinq jours de vélo tout-terrain entre la Base Na-ture, les Issambres et Roque-brune, pour les 30 ans du Roc d’Azur. Quand on pense qu’ils n’étaient que 7 en 1984, on se dit que l’engouement pour cet immense rassemblement autour de la petite reine a pris beaucoup d’ampleur.Entre les vélos bioniques, les backflips en altitude et les Vo2Max de bouquetins al-pestres, on vous fait vivre le Roc comme nous on l’a vu : avec une bonne dose de rock n’roll.

L’artisteBah Alors est allé discuter avec Harry Bozino, un cinéaste en devenir qui a compris qu’en fait, le Père Noël était un bel escroc.

christian huaultQuand un chef d’agence de Var Matin fait le bilan de douze mois de mission. Municipales, villégiature, Bernard Tapie, entretien fleuve avec un sacré journaliste.

08 - l’entrepreneurJean-Marie Charvet, d’un blockbuster à un petit film d’auteur, le patron du Lido et du Vox nous explique comment faire vivre un cinéma à l’heure de Netflix.

P. 06

P. 29

34 - Bio interdite 32 - Livres 26 - Cinema le chien du mois

33 - Top 10Chaque mois, Bah Alors ? dresse une liste improbable qui en dit long sur l’univers de la musique. Vous voulez collectionner tous les goodies de Kiss ? Vous allez vous retrouver avec des trucs vraiment très improbables...

36 - la technologieL’actu hi-tech du moment, avec un site qui teste tout, et le téléphone du futur dont même Batman est jaloux

23 - MusiqueTrepalium ravive la Nouvelle-Orleans, The Do s’assagit, Meco transporte le funk dans les étoiles, et Iggy Pop s’enterre vivant.

+ l’agenda de vos villes p.38Une déclaration d’amour déca-lée à la plus grande de toutes : Brigitte Lahaie.

sommaire

Quand Thierry Saunier est pris de fascination par un livre où il ne se passe rien.

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ACTU LOCALE

Mesdames, aimez vos seins

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l’image

Un trou de 13 mètres de profon-deur en plein Fréjus, juste à côté de la place Paul Vernet ! Après un long chantier de fouilles archéologiques, les aménageurs sont enfin là pour construire un bâtiment d’habitation qui comptera 3 niveaux sous-ter-rains. Sacré coup de pelleteuse, quand même !

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Mesdames, aimez vos seins

ACTU LOCALE

simple. Une prise de sang c’est facile, mais là il faut se dévêtir, se faire comprimer le sein, c’est pas la chose la plus agréable du monde. Et puis la dernière chose, c’est que pas mal de généralistes, et même de gyné-cologues, ne communiquent pas assez sur ce cancer. Les femmes font des mammographies pour d’autres raisons, mais ne demandent pas le dépis-tage.

Et puis le sein est un organe à part, qu’on peut examiner soi-même, encore faut-il savoir le faire.

On préconise l’auto-palpation des seins, mais ça génère beaucoup d’an-goisse. Beaucoup de femmes découvrent en faisant ça des choses qui n’existent pas, ou des choses qui existent, mais qui sont normales. Disons que si la femme connaît son sein, ça peut avoir une bonne valeur de dé-pistage, mais chez les autres ça ne sert à rien.Elles peuvent se faire expliquer ces choses-là par leur médecin, non ?

Beaucoup de médecins n’examinent pas les seins, y compris chez les gy-nécologues. Il y en a plein qui voient des femmes lors de leur examen an-nuel, elles enlèvent leur culotte et puis elles se cassent, pour aller vite. Et puis il ne faut pas perdre de vue que les femmes n’aiment pas se retrouver entièrement nues devant le médecin, donc ça vient d’elles, aussi.

Donc c’est aux médecins de prendre conscience de ça ?

Les médecins font ce qu’ils peuvent. Ils sont overbookés. Un généraliste gère tout, du vaccin des petits aux maladies les plus graves.

C’est donc aux gynécologues de prendre le relais ?

Mais aujourd’hui beaucoup de femmes n’ont plus de gynécologue. Parce que cet examen n’est pas toujours cool, donc elles n’y vont pas.

Vous êtes mobilisé un mois complet, vous ?

Oui, sur plein d’actions. Je fais tout en même temps, j’ai démissionné de l’hôpital pour installer mon cabinet, je m’installe, je m’occupe d’Octobre Rose. Mais c’est bien, je me sens vivant !

OCTOBRE ROSE

Les Hommes ont Mars Bleu, les femmes ont Octobre Rose. Nous étions au CHI Bonnet pour visiter un côlon géant au printemps dernier, nous nous devions d’être sur le terrain pour voir ce que ces dames allaient nous proposer pour communiquer avec finesse sur le cancer du sein. Nous avons donc assisté à l’ouverture de ce mois complet consacré à la santé de vos poitrines, mesdames, qui se déroulait à Puget. Et au milieu des dizaines de stands tenus par les membres de Talents de Femmes, nous avons rouvé le grand ordonnateur de tout ça : le Dr Eric Prados, un médecin spécialiste hyper investi, plein d’empathie et complètement speedé.

Docteur Prados, votre spécialité médicale c’est quoi ?

Gynécologie obstétrique, et je suis plus particulièrement spécialisé dans le cancer du sein. En fait je l’étais, spécialisé, quand je travaillais à Stras-bourg. Mais que je suis redescendu à Fréjus j’ai dû me remettre à toutes les spécialités gynéco parce qu’il n’y avait pas assez d’activité pour ne faire que du cancer du sein. Mais c’est ma formation initiale, il a suffi que je me remette un peu à tout.

D’où votre implication aujourd’hui. Vous êtes le président d’AFMGOS (Association Francophone & Méditerranéenne de Gynécologie – Obsté-trique – Sénologie), est-ce que vous pouvez nous expliquer ce qui se cache derrière ce sigle ?

C’est une association, qui prend la suite de Méd-Sein qui a été créée à Strasbourg il y a quelques années. J’en suis le président, et l’année der-nière j’ai été contacté localement pour créer SOS Cancer du Sein. Donc il y a deux associations, une générale et une autre à vocation plus précise. Disons qu’SOS concerne spécifiquement les cancers du sein et les autres cancers gynécologiques.

Octobre Rose c’est un peu la période clé, chaque année, pour vous, alors ?

Chaque année, on organise des manifestations sur toutes les communes du Var-Est, et la plupart du temps c’est Puget qui commence avec une journée complète. Mais on va aussi avoir un dîner-spectacle, un tournoi de pétanque, une exposition au .K, on a les régates roses. On sait que média-tiquement c’est le début qui compte, donc on commence avec cette jour-née à Puget qui touche tous les publics, les jeunes et les moins jeunes. On sait que par la suite on s’adresse à des publics plus ciblés.

Et c’est vous qui êtes à la base de tout ça ? Ça doit être très compliqué à organiser, non ?

Ah si, c’est monstrueux... Surtout que je suis chirurgien, j’opère, j’ai des consultations jusqu’à 21,30, j’ai trois enfants, je construis ma maison, c’est fou.

Et pourquoi vous êtes-vous impliqué à ce point-là ?

Parce que je m’occupais de ça à Strasbourg, et que quand je suis arrivé ici, il n’y avait rien. J’ai demandé, la première année, à mes collègues : « on prépare Octobre Rose ? », on m’a répondu « On prépare quoi ? », « Ben je sais pas, les manifestations, les concerts, etc... », « Ah on connaît pas, on fait pas, y a jamais rien ici » . Donc l’année suivante j’ai lancé ça parce que c’était pas possible. Le taux de dépistage du cancer du sein en PACA est l’un des plus bas de France ! On est inférieur à 45 %, ici, le plus bas c’est la Corse.

Le cancer du sein est un peu bizarre, parce qu’il est dédramatisé.

Oui parce que c’est un cancer que la plupart du temps, on guérit. Il faut le dédramatiser. Mais on le guérit sous une seule condition : il faut le prendre tôt, comme d’autres cancers, thyroïde, testicules. Le problème c’est que sans dépistage, on ne le guérit pas. C’est pour ça que ça existe.

Mais alors, pourquoi le réflexe n’est-il pas toujours là ?

Parce que premièrement, beaucoup ont peur du diagnostic. On ne se fait pas dépister, parce que si cancer il y a, les choses changent, la vie va devenir merdique, etc. La deuxième chose, c’est que l’examen n’est pas

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L’ENTREPRENEUR DU MOISle pro

JEAN MARIE CHARVET

Jean-Marie tu n’es pas que le patron du Lido, et d’ailleurs tu n’es pas le seul patron.

Non, c’est mon père et moi, co-gérants tous les deux. C’est une entreprise familiale qui existe depuis 1975, on a aussi un cinéma à Sainte-Maxime, et un autre à Menton, en plus du Vox et du Lido. Mais le premier, c’était le Lido à St-Raphaël.

Raconte-nous un peu l’histoire de ce cinéma, qui a eu une his-toire folle, qui est aujourd’hui toujours en activité mais qui a déménagé, et dont l’immeuble porte toujours les affiches de l’époque.

Mon père et un associé qui avait déjà plusieurs cinéma ont décidé de ra-cheter le cinéma le Lido à une vieille famille du cinoche, en 1975, et par la suite ils l’ont transformé en multiplexe 3 salles.Tous les monosalles étaient découpés, en 3, 4, 5, pour faire des multiplexes, ça se faisait beaucoup à cette époque-là. Il y avait donc deux salles au rez-de-chaussée et une troisième appuyée sur les autres à l’étage. Aujourd’hui je travaille avec ma soeur, ma nièce, mon neveu, c’est toujours très familial.

Tu as quel âge, toi, en 1975 ?

J’ai dix ans.

Et tu sais déjà que tu vas reprendre l’entreprise de ton père, à ce moment-là ? Tu avais déjà la passion de cet univers-là ?

L’exploitation j’ai commencé tôt, dans un endroit épouvantable, à Port-Gri-maud (rires) ! Non c’était juste génial, on était à 5km de St-Tropez, on ne travaillait qu’en saison, un film par soir et après on allait faire la fête dans des endroits divers et variés. Mais c’est comme ça que j’ai appris à tourner, comme on dit dans le métier, à passer les films en 35mm dans une machine qui elle, était absolument épouvantable ! C’était tout manuel, les films en tri-acétate cassaient tout le temps, etc. Mais j’ai appris le métier comme ça, en 1985.

Tu es resté cinéphile malgré tout, ou comme beaucoup d’ex-ploitants tu n’as plus le temps de voir les films ?

J’ai des périodes. On ne peut pas dire que j’ai pas le temps, parce que je pourrais le prendre. Mais en ce moment, par exemple, c’est une période sans. À une autre époque j’habitais carrément dans le Lido, derrière l’écran de la 1 et de la 2, y avait un petit studio. D’ailleurs

quand j’étais jeune j’étais obligé de traverser la salle la nuit pour aller me coucher, et c’est véridique, je le faisais en courant, parce que j’avais peur que les méchants des films soient encore dans la salle.

Est-ce que tu peux nous parler de la transformation de ce ci-néma, devenu un gros multiplexe 7 salles ? Parce que c’était un chantier compliqué, ça.

Oh oui, par-dessus la gare des bus. C’était un chantier très compliqué. On a commen-cé à penser à construire un multiplexe dans la région quand on a fermé le Rialto à St-Raph. En 1993 le premier multiplexe français s’est construit à Toulon, et on a commen-cé à chercher un terrain à la fin des années 90, ça a duré très longtemps. Au dernier moment c’est Georges Ginesta qui nous a proposé ce terrain, et on a fini par y arriver.

Et quand on le regarde de l’extérieur, jamais on ne pense que ce bâtiment peut abriter sept salles de cinéma.

C’est un exploit architectural. Il n’y en a pas beaucoup, d’architectes qui ont réussi à mettre sept salles dans un volume comme ça, il y a le nôtre mais c’est le meilleur, Lecoq, qui a déjà fait plus de 500 cinémas donc il connaît la musique.

Le Lido est devenu le cinéma populaire, où tout le monde va voir les gros blockbusters, et au Vox tu essaies de développer une autre identité.

J’aime le cinéma, mais mon truc c’est surtout la musique. Ici au Vox on essaie de faire beaucoup de ciné-concerts, des concerts tout courts, aussi. On a aussi les ciné-clubs. Depuis un an et demi, avec plein d’assos, et plein de gens comme Laurent Charton, Laurent Le Touzo, Marie-Paule Marchi, on transforme ce cinéma en cinéma d’arts et essais, comme le Rialto à Nice, ou les Arcades à Cannes. Le challenge est sympa à relever parce qu’il y a un potentiel de clientèle ici, mais il faut quand même ramer quelques années. Il y a de plus en plus de monde, c’est très encourageant.

Et le téléchargement, pire ennemi ou phénomène qui n’a pas trop d’impact ?

Il y a forcément un impact, mais les gens continuent d’apprécier la sortie au cinéma, qui reste un plaisir abordable. Et puis la plupart des films sont conçus pour être vus sur de grands écrans, dans le noir, et avec des gens à côté. « Le dîner de cons » seul dans ton salon, c’est moins drôle que dans une grande salle, je pense. On est très attachés à ça, on travaille dur pour que ça continue, et on va y arriver.

Quand vous allez au cinéma, vous ne le savez peut-être pas, mais vous êtes un peu chez lui. Jean-Marie Charvet est un paron atypique, hyper rock n’roll, fan absolu de musique, partisan d’un cinéma vécu à plusieurs, et qui propose plus que de simples films. Rencontre avec un homme dont la mission est de nous divertir.

Vox et Lido, jamais l’unsans l’autre

Ci-contre, Jean-Marie Charvet et son assistante Anna Franceschini, sur les marches rouges du Vox à Fréjus, un soir de cinéclub qui cartonne («Mommy», avec Marie-Paule Marchi à la présentation).

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bon planJEAN MARIE CHARVET

Ci-contre, Jean-Marie Charvet et son assistante Anna Franceschini, sur les marches rouges du Vox à Fréjus, un soir de cinéclub qui cartonne («Mommy», avec Marie-Paule Marchi à la présentation).

So... !Les oiseaux de nuit à Port-Fréjus

Il y a de ces adresses qui, de mémoire de fré-jusien, resteront toujours cultes. Certains d’entre vous se rappellent du Cap Horn, bastion de Port-Fréjus où la bière coulait à flots. Au même endroit il y a eu le Square 21, certains célibataires à l’époque se souviennent encore des soirées dédiées à leur cause où les conversations se mêlaient aux shooters. Un petit spot qui en vaut bien un gros, où on se sent bien et qui résiste à l’hiver quand tout ferme. Au même endroit on retrouve le So... ! Dernière idée de Yoann et David. L’objectif : faire de cet établissement le dernier salon où l’on cause. Pour se faire, le cadre a changé, les débuts de soirées s’articulent autour de karaoké, de soirée voyance, de sushi et de soirée DJ.

Vous êtes prévenus, si vous voulez boire un verre avec modération après le boulot, le So... ! est un des bons plans de Fréjus.

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GROUPE INTER-EXPERTS

51 rue Jules Barbier, 83700 Saint Raphael

Téléphone : 04 94 19 54 20email : [email protected]

Comptabilité, fiscalité bien sûr...Mais aussi (et surtout) :

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Un réseau de spécialistes : avocats, notaires, experts

BAH ALORS ?10

interview

M. le maire vous avez été élu au Sénat. Est-ce que cette trajectoire n'est pas un peu curieuse puisque Marine Le Pen disait il n'y a pas si longtemps que le Sénat, il serait peut-être bon de le supprimer ?

Non pas du tout parce que nous considérons qu'il faut faire chaque chose en son temps. La pre-mière des choses pour nous c'est de nous exprimer et de permettre l'installation d'un certain nombre de débats partout où c'est possible. Le Sénat fait partie de ces endroits dans lesquels il n'y avait strictement aucun débat. Il y en a tous les jours dans la tête des Français, sur les marchés, dans les cafés, sur tous les sujets, l'insécurité, l'immigra-tion, le recul des services publics, les politiques économiques, l'avancée des communautarismes, et le seul endroit où ces débats n'avaient pas lieu c'était au Sénat. Maintenant ils y sont. Cela n'em-pêche pas la réforme institutionnelle que nous appelons de nos voeux, mais nous la ferons quand nous serons au gouvernement en 2017, pas avant.

2017 c'est aussi le moment où vous devrez choisir un mandat unique.

Je quitte mon mandat de conseiller régional dans

les prochaines semaines pour me concentrer sur mes mandats de maire et de sénateur, et en 2017 nous ferons comme les autres mouvements poli-tiques, dès que la loi sur le cumul des mandats sera applicable, je choisirai un des mandats. Celui de maire.

Là aussi il y a paradoxe, parce que le Front National fait partie de ces mouvements hostiles au cumul des mandats, mais au-jourd'hui vous cumulez.

Je vais vous dire deux choses sur le sujet. La pre-mière c'est que nous, nous avons les plus grandes difficultés à avoir des élus, à cause des modes de scrutin qui sont iniques, injustes, alors que nous sommes le premier parti de France aux élections Européennes avec 25% des voix. Nous avons seule-ment deux députés et deux sénateurs, et il n'y a pas de raison qu'on soit les cocus de la république en quelque sorte, que tout le monde puisse avoir des élus dans toutes les assemblées et pas nous. Il se trouve qu'en ce qui concerne les élections séna-toriales, et c'est là que je voulais en venir, il fallait que ce soit des maires qui s'adressent à d'autres maires pour défendre les électeurs. Qui de mieux qu'un maire peut aller défendre les maires au Sé-

nat ? Pour moi c'est tout à fait logique que ce soit un représentant local du Front National, maire, qui connaît les problématiques qui sont celles des maires et des collectivités territoriales, qui puisse s'exprimer au Sénat.

Parmi les choses qu'on reproche au Sénat, il y a le fait qu'il soit assez peu représenta-tif de la démocratie française puisque les élus des petites communes y sont sur-re-présentés. Fréjus n'entre pas dans ce cadre-là.

On va représenter tous ceux qui ne sont pas à Toulon, déjà. Dans le Var il n'y en a que pour Toulon. Tous les investissements, les mesures po-litiques de développement économique, commer-cial, culturel, numérique sont réservés à Toulon. Le reste, qu'il s'agisse des communes du littoral comme la mienne, ou des communes du centre-Var, les petites communes rurales, nous sommes chargés de les défendre. Ce sont des territoires abandonnés de la république. Nous voulons faire en sorte que cet équilibre entre les grosses agglo-mérations et le reste puisse exister et c'est ce que nous allons faire.

DAVID RACHLINEIl a encore gagné. Devenu à 26 ans le plus jeune sénateur de l’histoire de la Ve République, David Rachline a surpris le monde politique. En participant à une élection pour une institution que son parti, le Front Natio-nal, souhaite voir supprimée, déjà. Et en décrochant un second mandat d’importance alors que le cumul fait également partie des habitudes politiques combattues par les sympathisants de Marine Le Pen. Mais David Rachline n’a pas l’intention de se planquer, et nous sommes allés vérifier sur place que le maire de Fréjus avait de la suite dans les idées, des réponses à formuler...et des promesses à tenir.

Ci-dessous en compagnie de l’autre sénateur FN, Stéphane Ravier.

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nat ? Pour moi c'est tout à fait logique que ce soit un représentant local du Front National, maire, qui connaît les problématiques qui sont celles des maires et des collectivités territoriales, qui puisse s'exprimer au Sénat.

Parmi les choses qu'on reproche au Sénat, il y a le fait qu'il soit assez peu représenta-tif de la démocratie française puisque les élus des petites communes y sont sur-re-présentés. Fréjus n'entre pas dans ce cadre-là.

On va représenter tous ceux qui ne sont pas à Toulon, déjà. Dans le Var il n'y en a que pour Toulon. Tous les investissements, les mesures po-litiques de développement économique, commer-cial, culturel, numérique sont réservés à Toulon. Le reste, qu'il s'agisse des communes du littoral comme la mienne, ou des communes du centre-Var, les petites communes rurales, nous sommes chargés de les défendre. Ce sont des territoires abandonnés de la république. Nous voulons faire en sorte que cet équilibre entre les grosses agglo-mérations et le reste puisse exister et c'est ce que nous allons faire.

interview

Est-ce que c'est suffisant d'avoir deux re-présentants au Sénat ?

Quand on fait 25 % des voix et des millions d'élec-teur sur une élection, d'un point de vue démo-cratique et républicain c'est lagement insuffisant c'est incontestable. Nous prenons les sièges que nous pouvons avoir et que nous avons durement réussi à obtenir, et je compte sur mon tempéra-ment et celui de Stéphane Ravier pour imposer au Sénat un certain nombre de débats.

Vous auriez pu avoir une chance aux lé-gislatives partielles. Pourquoi avoir choisi le Sénat plutôt que l'Assemblée Nationale ?

Parce que j'essaie d'être le plus utile possible à chaque fois que j'en ai l'occasion. Cette élection majeure pour notre pays m'a donné l'occasion de m'exprimer, et de permettre à des grands élec-teurs de se sentir mieux représentés que par Mr Falco et un certain nombre de ses amis. Je pense que ce n'est pas une mauvaise chose, localement il y a eu assez d'élections comme ça, et me per-

mettre d'écarter M. Ginesta est une bonne chose.

Ce n'est un secret pour personne, vous êtes un jeune maire de 26 ans. Mais sé-nateur de 26 ans ça sonne encore plus bi-zarre dans la tête des Français, parce que dans l'inconscient collectif, un sénateur, c'est vieux.

Et bien j'ai démontré le contraire, en tous cas j'ai démontré qu'il était possible qu'il y ait des jeunes au Sénat, et qu'il était possible de participer au renouvellement de la classe politique comme je l'appelle de mes voeux. Et ça dépasse les clivages politiques, le renouvellement est une urgence, que ce soit pour des hommes comme M.Ginesta qui cumule les mandats au niveau local, ou pour les autres membres des partis UMP ou PS dans les secteur qui sont là depuis trop longtemps et qui ont des idées sclérosées. Et puis ça montre que le FN fait confiance aux jeunes, leur permet d'avoir des mandats et de s'exprimer.

C'est parce que le FN n'a pas assez d'élus que vous êtes obligé de cumuler ?

Ou parce que j'étais le mieux placé pour aller

chercher un mandat de sénateur, soyons opti-miste.

Au terme de trois ans de mandat vous choisirez donc le mandat de maire. C'était prédéfini ?

Oui, mais les Fréjusiens savent bien que Fréjus est la priorité des priorités. J'ai bataillé pendant des années, c'est ma ville de coeur, celle à la-quelle je suis le plus attaché, j'y ai vécu toute ma jeunesse. Je veux participer à sa réanimation, à son redressement, je ne m'arrêterai pas là.

C'est un signe fort, parce que vos élec-teurs ne savaient pas si vous seriez moti-vé par un second mandat.

Je dis aux Fréjusiens que c'est une bonne nou-velle d'avoir un maire qui est aussi sénateur. Pour permettre à Fréjus d'être représentée au niveau national et de rééquilibrer les forces par rapport à la toute-puissance raphaéloise qui devenait un peu fatigante, malgré tout le respect que j'ai pour Saint-Raphaël et ses habitants. Peut-être que sa classe politique est restée un peu trop longtemps.

Est-ce que vous promettez de ne pas dé-serter la ville pour la capitale ?

Je l'ai dit et je continue à le dire, je continuerai à être présent, redresser Fréjus sera probable-ment le combat de ma vie, je serai sur le terrain dès demain.

«Dès que la loi sur le cumul des mandats sera applicable en 2017, j’en choisirai un : celui de maire...»

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DOSSIER

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Vous êtes à peine arrivé que vous partez déjà. Pourquoi n’être resté qu’un an à la tête de l’agence de Saint-Ra-phaël ?

Quand on est journaliste il faut savoir être polyvalent dans le forme, l’esprit et le temps. En ce qui me concerne j’aime bien les défis, on m’a demandé de venir en mission sur le court-moyen terme pour dynamiser un peu cette édition, et aussi pour remplir un cahier des charges précis lié au timing des élections munici-pales. J’avais un petit parcours de spécialiste en politique quand j’étais au siège à Nice-Matin, j’imagine que la rédaction en chef a considéré que je pouvais être l’homme de la situation. Je l’ai fait avec plaisir, mais ma vie professionnelle et familiale est plus dans le 06 que dans le Var. J’avais demandé à pouvoir regagner mes pénates azuréennes à la rentrée 2014 et c’est ce qui va se passer. C’est pas un peu dommage de ne passer que 12 mois sur un territoire, et de partir alors qu’on commence à bien le connaître ? Bien sûr c’est un peu dommage. Pour bien travailler il faut avoir une bonne connaissance du terrain et des gens. Mais si je repars aussi tôt c’est justement parce que ma volonté personnelle n’a jamais été de m’installer ici, et j’estime qu’un chef d’agence doit pou-voir s’installer durablement dans le territoire où il travaille, pour sentir le pouls de la ville en côtoyant les gens qui composent cette cité. Pour moi c’était peu rationnel et pas normal que je garde ce poste en n’habitant pas ici. C’est un métier de proximité, il faut être au plus près des gens. C’est pas en restant derrière un bureau toute la journée, qu’on arrive à ça, c’est en étant dehors, que ce soit sympathique ou difficile, de l’enterrement d’une personnalité locale à une course pédestre pour les enfants le weekend, autant de choses que je ne pouvais pas faire en habitant loin. Vous qui connaissez bien le 06 et l’excitation cannoise, surtout, comment vous l’avez trouvé, notre bassin local ? Je suis arrivé avec une méconnaissance totale du Var, honnête-ment. J’avais une vision assez neutre de ces deux communes, à la limite je n’avais pas vraiment conscience de la sociologie de Fréjus par rapport à St-Raph, de leur dimension. C’est très dif-férent de Cannes, dès qu’on passe l’Estérel ce sont deux mondes totalement distincts. Ici c’est beaucoup plus paisible, j’ai trouvé des gens beaucoup plus authentiques, moins paillettes. Deux cités bien calmes pendant l’hiver, c’est pas forcément un reproche mais quand on vient de l’agitation cannoise ou niçoise... Saint-Raphaël, et ça va peut-être fâcher Georges Ginesta mais je le dis quand même, est une belle endormie, ville de villégiature, très agréable, où il fait bon passer du temps à la belle saison. Fréjus est beau-coup plus dynamique. Les politiques n’y sont pour rien dans un cas comme dans l’autre, c’est la sociologie des villes qui fait que les entreprises sont plutôt à Fréjus. Elles sont complémentaires, et j’ai d’ailleurs du mal à comprendre pourquoi elles ne travaillent pas plus ensembles, au-delà des clivages politiques qui aujourd’hui sont ce qu’ils sont. Il y a une certaine gabegie des moyens, s’il y avait un peu plus de volontés communes ça se passerait peut-être mieux. Les journalistes naviguent souvent dans les mêmes sphères que les notables et les politiques, et doivent composer avec eux. Ils sont comment, les nôtres ? Ils ne sont ni mieux ni pire qu’ailleurs, ils sont ce qu’ils sont. Je ne suis pas de ceux qui tapent sur le politique en disant «ce n’est que de l’opportunisme, ces gens pensent avant tout à leur carrière personnelle». Sincèrement je ne le crois pas, il y a des gens qui ont des convictions et qui veulent faire évoluer les choses. Je dirais qu’ici il y a un personnel politique qui a envie, pas forcément dans son intégralité, mais qui souhaite que ça avance. Je ne partage pas forcément leurs idées, j’ai les miennes mais c’est mon métier d’être objectif. D’ailleurs j’affirme avec fierté que nous avons cou-vert les municipales avec la plus grandes honnêteté intellectuelle, n’en déplaise à certains. Pour le reste, les politiques de ce secteur sont des gens courtois et respectueux de notre travail de journa-listes, c’est pas le cas partout. Pour certains ils sont moins expéri-mentés que d’autres, et en effet la nouvelle équipe municipale de Fréjus avait un peu de retard, il a fallu réajuster, mettre quelques verrous, mais ça s’est fait en bonne intelligence.

christian huault

C’est toujours étrange d’aller inter-viewer un journaliste. On a toujours l’impression d’être du mauvais de la table, avec eux. Christian Huault fait partie de ces journalistes qui font ce qu’on appelle une belle carrière, mais loin de la lumière. Spécialiste poli-tique, passionné par son boulot, c’est lui qui a dirigé l’agence Var-Matin de Saint-Raphaël pendant les douze derniers mois. Débarqué de Cannes, en mission, c’est lui qui a été désigné pour couvrir les houleuses municipales de nos villes. Force vive d’un journal en danger, il a accepté de nous recevoir juste avant de rendre les clés de la boutique raphaéloise, et de discuter de presque tout : nos villes, nos politiques, notre quotidien local, l’avenir de son métier, l’éthique. Des mots précieux recueillis auprès d’un homme d’esprit qui, vous ne le savez pas encore, risque de vous manquer.

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DOSSIER

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DOSSIEREst-ce que vous pensez que la Presse Quo-tidienne Régionale doit être complète-ment neutre ? (Il réfléchit) La Presse Quotidienne Régionale, c’est de l’info de proximité qui s’adresse à un lec-torat local. Ce lectorat est aussi un électorat. En conséquence, la PQR doit aussi être proche de la pensée majoritaire. Ce qui ne veut pas dire qu’il faut considérer comme personna non grata les op-posants à cette pensée majoritaire. Je suis prag-matique, j’estime que tout le monde a le droit à la parole dans notre journal et qu’on n’est là pour faire la pub de personne. Donc non, être af-filié à un parti, pas question. Maintenant, l’argent est le nerf de la guerre, pour exister les journaux ont besoin de publicité, et 50 % de la pub d’un quotidien régional émane des collectivités territo-riales. En conséquence il serait faux de prétendre que passer son temps à tailler en brèche la po-litique d’une municipalité, d’un conseil régional ou général, c’est possible. Il faut juste essayer de faire son boulot honnêtement, de persuader nos lecteurs et le personnel politique que nos colonnes leur sont ouvertes, à condition qu’ils y exposent des idées mesurées.

Les gens veulent souvent plus de polé-mique, et estiment que s'il y en a peu c'est que le journal est à la solde des politiques en place. Je dis souvent que si j'ai mauvaise presse auprès des politiques c'est plutôt bon signe. Si je reçois un coup de téléphone d'un élu qui me dit "je ne suis pas content de ce que vous avez écrit", et que le lendemain je reçois un autre coup de fil du camp d'en-face qui me dit la même chose, je me dit "yes, j'ai gagné". Si tout le monde n'est pas content, 1 partout balle au centre, et moi j'ai sû-rement bien fait mon boulot. Pour des journaux de presse régionale, les élections municipales sont une période de grosse effervescence. Vous avez eu un peu plus de 6 mois pour vous y préparer, est ce que c'était compliqué à gérer ? C'était plus passionnant que compliqué. Au risque de paraître immodeste je n'ai pas trouvé ça dif-ficile. La politique on l'a tous un peu dans le sang quand on est journaliste, on le ressent, on a l'habitude de discuter avec les politiques, de les affronter. On aborde ces périodes-là avec une pointe d'enthousiasme. Ce serait mentir de dire qu'on n'aime pas aller à la confrontation avec eux. J'ai eu à gérer les présidentielles et les législa-tives pour le compte de Nice-Matin, en recevant en interview François Hollande ou Nicolas Sarkozy. Malgré tout le respect que j'ai pour les politiques locaux, il n'y avait pas de raison que je les appré-hende différemment.

Avec l'arrivée du Front National à Fréjus, Var Matin a eu pas mal de grain à moudre avant, pendant, et après l'élection. Com-ment on fait pour informer sans racoler, alors qu'on sait pertinemmentque les lecteurs, en tous cas un certain nombre, aimeraient que le journal en fasse des tonnes sur le sujet ? En essayant de faire son travail honnêtement. Le FN a fait une campagne de terrain, que je qualifierais techniquement de bonne, ils ont été très présents. Nos colonnes leur ont été ouvertes comme aux autres. On a dû essayer de cadrer un peu tout ça, parce qu'ils étaient novices, pour nous une grosse campagne du FN c'était nouveau. On a discuté de ce que nous on pouvait faire, jusqu'où on pouvait aller, et eux nous ont expliqué ce qu'ils souhaitaient diffucer comme message. Ils ont eu droit à la même chose que les autres et ont fait leur boulot normalement. Depuis qu'ils sont élus c'est un plus difficile, puisqu'ils font comme les autres et ont parfois tendance à considérer Var Matin comme le journal municipal, reflet de ce

qu'ils font en bien et jamais en mal. Mais on n'est pas là pour parler des trains qui arrivent à l'heure. Je ne suis pas, et l'équipe non plus, à l'affût du dé-raillement du train FN. Avec ce bémol que nous ne sommes pas Mediapart, ou Marianne ou l'Huma, le Figaro ou la Canard Enchaîné. Nous ne sommes ni une presse idéologique, ni une presse à sensation, et à révélation. On s'inscrit comme un opérateur économique clé du territoire, on dénonce ce qui ne va pas, mais on n'est pas là pour en rajouter. Est-ce que c'est difficile de faire évoluer un journal quand on n'a aucune concurrence ? Oui c'est difficile. Nice-Matin est en souffrance depuis des années, les équipes rétrécissent, la démotivation se crée, et on a l'impression parfois que le temps nous est compté. On est obligés de faire des impasses, de passer moins de temps sur certains sujets, on traite moins souvent le milieu associatif, on travaille avec des correspondants qui ne sont pas des professionnels. Pendant les municipales on a mis beaucoup d'énergie pour dé-cortiquer, expliquer les enjeux, les programmes, suivre la campagne de la manière la plus équitable possible. Je tenais une comptabilité très précise avec des tableaux pour vérifier que chacun avait le même espace d'expression, et s'il y a des scep-tiques je tiens ces choses-là à leur disposition. A une autre époque, pas si lointaine, vous avez enseigné le journalisme à des étu-diants. Vous le voyez comment, l'avenir de la profession ? Je me dis que j'ai eu beaucoup de chance de faire mes études il y a 25 ans parce que les perspectives

étaient plus heureuses. Pour autant je ne regret-terai jamais d'avoir choisi ce métier et je ne dirai jamais à un jeune qu'il se trompe de voie. Parce que ça reste un des plus beaux métiers du monde, on va au devant des choses, on s'émeut pour les choses. Je leur dis qu'ils doivent être les plus poly-valents possibles, ils doivent être tous des geeks, ce que je ne suis pas. Il faudra toujours des jour-nalistes, pour faire le relais entre ce qui se dit, ce qui ne se dit pas, ce qui se voit ou pas. On a tendance à penser que c'est une pro-fession qui exige des études très sélectives et qu'une fois qu'on les a réussies, c'est fa-cile de trouver un job, alors que c'est com-plètement l'inverse. A votre avis pourquoi ? Elles ne sont peut-être pas assez sélectives. C'est devenu un métier tellement attractif que ça a été le phénomène de la poule aux oeufs d'or. Au-delà des écoles officielles on a vu fleurir des tas d'établissements privés, plus ou moins bons et on trouve sur le marché des tonnes de journa-listes avec des compétences diverses, et il faut leur trouver du boulot. Surtout qu'on peut avoir de bonnes bases avec un solide cursus en droit ou une prépa science-po. Mais avant tout il faut une bonne dose de curiosité, une grammaire irrépro-chable et ça aujourd'hui c'est pas le cas de tout le monde...Je suis convaincu qu'on peut être un bon journaliste sans faire de grandes études, mais aussi qu'avec l'étroitesse du marché, les écoles devraient être moins nombreuses et proposer un cursus plus solide. Quand Bernard Tapie est devenu action-naire du groupe, c'est vous qui avez signé son interview. Comment ça c'est passé, normalement ou selon ses règles à lui ? Je tiens à démentir formellement la caricature faite par le Petit Journal de Canal+ qui a laissé entendre que cette itv a été faite sous la dictée (rires), avec Bernard Tapie les pieds sur le bureau. C'est faux, archi-faux. L'entretien s'est passé dans le bureau du rédacteur en chef, en sa présence, avec le chef du service des sports. Nous étions 3 à l'interviewer. Je vous certifie que c'est vrai, à aucun moment il ne nous a imposé une réponse. Il n'a pas demandé à la relire. Donc c'était frustrant devoir les retours qui laissaient entendre que cette interview était la première pierre de l'édi-fice Tapie. Surtout que ça a été très éphémère. L'anecdote c'est qu'en plus je ne m'attendais pas du tout à ce qu'on me demande de la faire, et j'avais rarement été aussi stressé sachant qu'il al-lait sûrement être mon futur patron. J'étais plus stressé avec lui qu'avec Hollande ou Sarkozy. En ce moment tous les bruits possibles et imaginables courent sur le fait que le groupe Nice-Matin est en danger. Est-ce que vous pouvez clarifier la situation pour qu'au moins, nos lecteurs à nous arrêtent de composer avec des milliers de sons de cloches ? Nice-Matin est en redressement judiciaire depuis le 25 mai, redressement et pas liquidation, donc le groupe n'est pas mort et ne mettra pas la clef sous la porte, c'est important. Pendant l'été les repreneurs se sont manifestés, il en reste 5, dont les salariés du groupe qui proposent de devenir actionnaires majoritaires. Tapie avait évoqué la possibilité d'être avec nous mais s'est retiré et pro-

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DOSSIERétaient plus heureuses. Pour autant je ne regret-terai jamais d'avoir choisi ce métier et je ne dirai jamais à un jeune qu'il se trompe de voie. Parce que ça reste un des plus beaux métiers du monde, on va au devant des choses, on s'émeut pour les choses. Je leur dis qu'ils doivent être les plus poly-valents possibles, ils doivent être tous des geeks, ce que je ne suis pas. Il faudra toujours des jour-nalistes, pour faire le relais entre ce qui se dit, ce qui ne se dit pas, ce qui se voit ou pas. On a tendance à penser que c'est une pro-fession qui exige des études très sélectives et qu'une fois qu'on les a réussies, c'est fa-cile de trouver un job, alors que c'est com-plètement l'inverse. A votre avis pourquoi ? Elles ne sont peut-être pas assez sélectives. C'est devenu un métier tellement attractif que ça a été le phénomène de la poule aux oeufs d'or. Au-delà des écoles officielles on a vu fleurir des tas d'établissements privés, plus ou moins bons et on trouve sur le marché des tonnes de journa-listes avec des compétences diverses, et il faut leur trouver du boulot. Surtout qu'on peut avoir de bonnes bases avec un solide cursus en droit ou une prépa science-po. Mais avant tout il faut une bonne dose de curiosité, une grammaire irrépro-chable et ça aujourd'hui c'est pas le cas de tout le monde...Je suis convaincu qu'on peut être un bon journaliste sans faire de grandes études, mais aussi qu'avec l'étroitesse du marché, les écoles devraient être moins nombreuses et proposer un cursus plus solide. Quand Bernard Tapie est devenu action-naire du groupe, c'est vous qui avez signé son interview. Comment ça c'est passé, normalement ou selon ses règles à lui ? Je tiens à démentir formellement la caricature faite par le Petit Journal de Canal+ qui a laissé entendre que cette itv a été faite sous la dictée (rires), avec Bernard Tapie les pieds sur le bureau. C'est faux, archi-faux. L'entretien s'est passé dans le bureau du rédacteur en chef, en sa présence, avec le chef du service des sports. Nous étions 3 à l'interviewer. Je vous certifie que c'est vrai, à aucun moment il ne nous a imposé une réponse. Il n'a pas demandé à la relire. Donc c'était frustrant devoir les retours qui laissaient entendre que cette interview était la première pierre de l'édi-fice Tapie. Surtout que ça a été très éphémère. L'anecdote c'est qu'en plus je ne m'attendais pas du tout à ce qu'on me demande de la faire, et j'avais rarement été aussi stressé sachant qu'il al-lait sûrement être mon futur patron. J'étais plus stressé avec lui qu'avec Hollande ou Sarkozy. En ce moment tous les bruits possibles et imaginables courent sur le fait que le groupe Nice-Matin est en danger. Est-ce que vous pouvez clarifier la situation pour qu'au moins, nos lecteurs à nous arrêtent de composer avec des milliers de sons de cloches ? Nice-Matin est en redressement judiciaire depuis le 25 mai, redressement et pas liquidation, donc le groupe n'est pas mort et ne mettra pas la clef sous la porte, c'est important. Pendant l'été les repreneurs se sont manifestés, il en reste 5, dont les salariés du groupe qui proposent de devenir actionnaires majoritaires. Tapie avait évoqué la possibilité d'être avec nous mais s'est retiré et pro-

pose un autre projet de reprise avec la Provence. Reste également le groupe Rossel. Voilà ce qui reste, en gros. Le tribunal de commerce tient une audience le 13 octobre et rendra un délibéré entre le 15 et le 30 octobre. Nous saurons avant la fin du mois qui est le nouveau propriétaire. En fonction, nous connaîtrons les stratégies, et le nombre, malheureusement, de salariés sacrifiés sur l'autel de la reprise. La solution des salariés est celle qui devrait être la mieux-disante socialement, celle avec le moins de casse.

Est-ce que vous pensez qu'on nous mani-pule et qu'on nous me tout le temps ? Manipuler est un peu excessif, mais parfois on se sert de nous les journalistes. Mais nous aussi on utilise les gens, parfois. C'est le jeu. Mais tout le temps, non.

Et est-ce que vous croyez vraiment qu'il y a des gens qui lisent les pages financières, écrites en tout petit ? (Rires) Certainement moins que les faits divers, les nécrologies et les sports ! Mais tu me parles du supplément éco ?

Non, non, les pages bourse, écrites en tout petit au milieu du journal, tous les jours...

Pff, j'en sais rien, c'est des pages livrées clés en main, c'est une réflexion qu'il faudra avoir pour le journal de demain parce que je pense qu'effec-tivement plus personne ne les lit. C'est pas une question débile. C'est réclamé par un petit nombre de lecteurs qui sont parmi les plus anciens, donc on n'ose pas leur enlever ça. Mais peut-être que l'avenir c'est prendre des décisions plus tranchées, et avoir moins peur de vexer ou de frustrer une petite frange de lectorat pour en gagner une bien plus grande. On se disperse peut-être trop. Il y a trop de "tout, pas assez". On devrait peut-être se concentrer sur quelques thématiques fortes. Et je crois beaucoup aux hebdos de pays, à une époque on voulait le faire mais ça n'est jamais sorti, je ne sais pas pourquoi.

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«Il serait faux de prétendre que passer son temps à tailler en brêche la poli-tique d’une mu-nicipalité, d’un conseil régional, général, c’est possible...»

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live report

Cinq jours de folie pure. Cinq jours messianiques, dédiés à 25 000% au petit frère badass du vélo sur route. Cinq jours de communion entre 150 000 personnes possédées par le démon du VTT et les grands espaces de notre belle Côte d'Azur, avec son front de mer venteux, sa météo capricieuse, ses départementales un peu défoncées, ses petits cols vicieux, ses rues étroites, ses chemins pourris et ses platanes vaillants. Nom de code de l'opération : Roc d'Azur, édition 2014. Quartier général : Base Nature, Fréjus, paradis de tous les possibles pour quiconque apprécie les sorties cyclistes au grand air, la boue sur les mollets, la sueur qui pique les yeux, et les cuisses en ébène du Gabon. Bah Alors y était, au Roc d'Azur. Et vous commencez à nous connaître : nous, notre credo, c'est de ne jamais vesser plus haut que notre anatomie nous le permet. Le VTT, c'est pas notre univers. Pour parler de sport, on a ce qu'il faut, et comme on ne pouvait pas évoquer un tel événement sans aborder l'aspect compétition, nous avons dépêché sur le terrain notre championne à nous, 154 cm d'énergie gracieuse dédiée aux classements, aux réactions, à l'adrénaline, à l'effort et à la soif de victoire. Pour le reste, il fallait traîner ses guêtres, chaque jour, renifler dans les coins, déambuler dans l'herbe, trinquer au Powerade, discuter, théoriser, prendre le soleil ou la pluie selon l'heure, et essayer de comprendre comment (et pourquoi) le VTT pouvait réunir toute l'Europe entre Fréjus, Roquebrune et Sainte-Maxime. Bien-venue dans un reportage sans précédent sur le Roc d'Azur, sans coup de pédale, sans fringale et sans macaron de parking, mais pas sans style. Parce que ça, on sait faire.

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roc d’azur

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Live reportDes gamins, un speaker à chapeau et des genres d'intermittents du spectacle

Nous sommes des locaux. D'expérience, on le sait : le Roc d'Azur, quand on ne fait pas du tout (du tout du tout) de vélo, c'est surtout un immense rassemblement de passionnés de sport cycliste, qui vampirise littéralement la Base Nature, chaque année un peu plus. Adieu parking immense, espace privatif improvisé au grand air, et crêpe au Nutella engloutie sur un banc, avec la brise de 16h30. Le Roc d'Azur, c'est un gros barnum, qui mobilise des centaines de professionnels du vélo, et qui redéfinit complètement les contours du paysage. S'il y avait un panneau de 30 mètres par 15 avec l'inscription "Bienvenue dans la démesure", juste à l'entrée de la Base, ça ne surprendrait pas grand monde. En tous cas, pas ceux qui savent, et ceux-là, désormais chez Bah Alors, on en fait partie.

Le premier jour, le Roc, c'est rigolo, puisque c'est le jour des scolaires. Au programme de l'après-midi, les courses des licen-ciés UNSS, inscrits de gré ou de force (leurs profs ont plus ou moins avoué) pour des courses plus ou moins longues. Il est 14h quand on déboule sur place, et la première impression qui se dégage c'est que tous ces ados en juste-au-corps n'ont qu'une envie : en découdre debout sur les pédales. Tout le monde est à bloc, les profs finissent de scotcher les derniers dossards à l'arrache, en essayant d'organiser au mieux la transhumance de leurs troupes entre le parking et la ligne de départ, si-tuée...loin. C'est particulièrement folklorique, mais c'est l'oc-casion d'essuyer les plâtres pour la trentaine de courses de ce weekend prolongé. C'est valable pour les compétiteurs, les organisateurs, mais aussi les journalistes, pris en charge par une nouvelle agence de relations presse (qui s'en est plutôt bien tirée, on les remercie). Pour tout vous dire, en arrivant sur site, la première question à laquelle il a fallu répondre, pourtant aussi élémentaire qu'essentielle, a monopolisé un très fort pourcentage de synapses pendant quelques minutes

: où est cette fameuse ligne de départ ? La fierté qui nous ca-ractérise nous a poussés à la trouver par nous-mêmes, sans po-ser la question à l'espace presse qui vient de nous donner nos accréditations et notre dossard de photographe taille 16 ans (autant vous dire qu'il a fini accroché à la sangle de l'appareil photo, en mode punk mais efficace). Une fois qu'on a compris que le départ des courses était donné derrière le terrain de rugby (pour les habitués des lieux, dans la cambrousse, donc), nous y sommes allés fièrement, avec une idée ferme en tête : la photo de couverture du mag sera prise ici et maintenant, et mettra les jeunes de la première course de l'édition 2014 à l'honneur. C'est sur cette ligne de départ que nous faisons connaissance avec un type étonnant, le speaker du Roc, un bonhomme coiffé du chapeau d'Indiana Jones avec une énergie de dingue, mélange réussi de Jason Statham et de José Garcia, qui aurait compulsé l'"Encyclopédie du VTT en 80 volumes". Improbable, mais terriblement efficace.

Lors de ce premier jour, une autre question nous turlupine : à quoi ressemble le Market ? Qu'est ce qu'ils peuvent bien mettre sous cet immense hangar qui occupe l'équivalent des 4 terrains de basket, et même un peu plus ? Pour l'instant en de-hors de dizaines de kakemonos déployés sous la brise de mer, impossible de le dire. Des hordes de gars sapés comme des in-termittents du spectacle (le combo Leatherman, gants, chaus-sures de sécurité, lunettes de soleil et bermuda multi-poches) travaillent comme des dingues pour être dans les temps. On comprendra pourquoi le lendemain, parce que ce Market, c'est pas franchement la brocante du Moujik (RIP).

Jour

1 /

Mer

cred

i 8 o

ctob

re

Vous connaissez le triathlon ? Depuis quelques temps, la grand-messe du Roc réserve aussi une épreuve aux passionnés de multi-sports et propose à quelques centaines de courageux de lancer à l'assaut d'un triathlon un peu spécial, puisqu'au lieu d'un triptyque natation dans un lac - vélo sur route - course à pieds, le lac est remplacé par la Méditerranée (ça encore, ça arrive) mais surtout, le vélo sur route laisse place à 24 km de VTT bien hostile, et la course à pieds se fait dans la nature, à la sauce trail. Un truc d'aventuriers, bien sanglant, qui ne peut couronner qu'un titan. Dans l'équipe, nous avons en la personne d'Audrey l'une des meilleures spécialistes du sport local, et au-tant vous dire qu'elle ne s'est pas beaucoup fourvoyée sur le pronostic. En tous cas elle avait déjà interviewé François Carloni, le vain-queur, avant le départ, et elle savait déjà qu'il allait exploser tout le monde quand elle l'a vu sortir de l'eau le premier.

C'est très amusant d'assister à un départ de triathlon. Déjà, c'est le matin, à la fraîche, au bord de l'eau. Une bonne heure avant les hostilités, tous les participants sont déjà dans l'eau, pour faire quelques longueurs histoire de mettre leur corps en chauffe. Alors oui, c'est étrange quand on sait qu'ils se préparent à plus de deux heures d'effort intense, mais autant vous le dire tout de suite : François Carloni et les quelques-uns qui ont fini pas (trop) loin der-rière ont englouti le parcours à vitesse grand V, et les premiers battements de crawl dans les vagues, c'était pas l'échauffement. Même la course pour rentrer à l'eau c'était la guerre, on aurait dit la scène du débarquement dans "Il faut sauver le soldat Ryan", mais sans les armes et à l'envers, de la plage vers la mer. Très spectaculaire.

Le market est enfin ouvert. On imaginait un

machin immense, mais c'est encore plus grand que tout ce qu'on avait envisagé. Des expo-sants à perte de vue, littéralement. Le grand hangar n'était en fait que la partie émergée d'un iceberg naissant, production spontanée de consumérisme cycliste apparue dans la nuit. C'est très impressionnant de redécouvrir la Base Nature sous ces atours-là quand on la connaît d'habitude, vaste, plane, et parsemée de badauds qui ne font rien de très précis. Ici on vend, on achète, on troque, on étudie des produits très pointus, obscurs pour le néo-phyte mais capitaux pour le spécialiste. Bref, on consomme. Et sur certains stands, on fait encore mieux. Par exemple, chez Hutchinson, le fabricant de pneus Made in France, on or-ganise des concours absurdes mais très rigo-los, où il faut changer un pneu de vélo le plus rapidement possible, enfilage du tablier com-pris. Chez Powerade aussi c'est la déconnade, puisque sur le stand de la boisson énergétique (qui inonde littéralement le Roc d'Azur de ses boissons fluos, d'ailleurs), il est question de home-trainer et de cardio intense. En effet la marque a organisé un grand challenge qui court sur tout le weekend, avec un "Time Trial" de 10 minutes, seul face à son vélo qui n'avance pas, contre la montre, et surtout contre le chrono d'un escroc inattaquable, un certain Geoffrey Soupe, qui a tapé une moyenne horaire de 72 km/h et des brouettes, avec une pointe à 91. Il n'a dit à personne qu'il avait été vice-champion d'Europe espoir du contre-la-montre sur route en 2010, et champion de France sur route la même année. Enfin, il l'a dit, mais après avoir fait fondre la tente Powerade en pédalant comme un givré. Le plus drôle, c'était le com-mentaire de l'hôtesse : "il transpirait comme les autres, hein, mais c'était fou, il pédalait comme un taré, ça ne s'arrêtait plus. On a été soulagées quand il nous a expliqué." Nous aus-si.

Jour 2 / Jeudi 9 octobre

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Ci-dessus, de haut en bas : le départ du Tri-Roc, François Carloni sans cabine d’essayage, et un prof de sport volontaire aux prises avec un dossard.

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roc d’azur

La principale différence entre un amoureux de VTT et un journaliste, c'est que l'un des deux aime se lever très tôt pour aller dehors. Celui qui porte des chaussures normales, lui, a besoin qu'on le pousse un peu. Nous nous excusons donc platement auprès des courageux qui se sont frottés à l'une des épreuves reines du Roc, le Marathon, départ 8h00 pétantes, pour 83 km à travers la cambrousse locale avalés en un peu plus de 3h30 par le vainqueur de l'épreuve Maxime Marotte. Chez les dames c'est Helène Marcouyre qui s'est imposée, en un peu plus de 4h40. Oui, sur un VTT, dans les bosses, les flaques, les cailloux, entre les arbres. Et les plus forts à ces jeux-là sont français.

Pourtant il y a vraiment un contingent extrêmement cosmopolite, au Roc d'Azur. Plus les jours passent et plus les langues parlées deviennent énigmatiques, surtout dans le salon, que l'on arpente chaque jour à la recherche du temps perdu. On achète des selles en tchèque, on vend des cadres en catalan, on dé-monte et remonte des fourches en suédois. L'ambiance plairait beaucoup au chanoine Erasme, qui aimait bien voir les cultures se mélanger. Pour nous qui ne sommes pas spécialement motivés par l'achat d'un nouveau casque, il reste les filles. Et il y en a plein, partout, et des jolies. Elles distribuent des flyers pour des produits qui ne les concernent pas plus que nous, ou elles vantent les mérites d'une boisson énergétique dont la figure de proue n'est autre que Richard Virenque (ils ont osé), qui rôde d'ailleurs dans le coin. Il fait partie des quelques vedettes du vélo qui traînent dans les parages, mais même si l'amour que la France porte toujours à l'ancien coureur de chez Festina, la plus grande star du weekend c'est sans doute Jean-Christophe Péraud, ancien vététiste émérite et deuxième du dernier tour de France. Ou Julien Absalon, peut-être, venu en famille avec son maillot de champion du monde pour faire la course, sans réel espoir de la gagner, mais pas pour faire de la figuration non plus. Manifestement, le Roc d'Azur, c'est définitivement "the place to be".

Jour 3 / Vendredi 10 octobre - 83 km de trop, des jolies hôtesses et "the place to be"

Les premières lueurs du soleil de ce samedi 11 octobre font leur apparition aux alentours de...10h30. Avant, c'est l'apo-calypse. Un orage très bizarre s'abat sur la région, un orage qui fait entendre son tonnerre en continu, en tous cas aux Issambres et à Saint-Aygulf, deux zones où la course passe allè-grement. Les épreuves du matin sont pour certaines reportées à la matinée du lendemain, qui va devenir brutalement un casse-tête pour l'organisation. Heureusement, Amaury Sport Organisation a l'habitude des épreuves en plein air, et des aléas de la météo. Ce sera réglé plus simplement qu'une quin-zaine de Roland Garros en galère.

Les deux principales épreuves qui nous intéressent concernent quelque-chose de sérieux, et un autre événement qui l'est beaucoup moins. Premièrement, les courses programmées pour les enfants, venus des quatre coins de l'Europe pour s'af-fronter sur des parcours à la distance adaptée, mais au profil aussi hostile que celui réservé aux pros. Mention spéciale à Ethan Caron qui s'est imposé sur le 4km, à 10 ans et demi, et qui a fini la course en s'étant mis minable pour battre un Cata-lan qui lui rend 15cm, mais qui ne s'est pas broyé les testicules sur un freinage brutal pour éviter de manger un arbre. Il a fini étalé sur l'herbe, puis sur un brancard au poste de secours de la Croix-Rouge, mais rien de très méchant. L'autre épreuve phare de la journée, c'est la rando déguisée, où des vikings af-frontent des croisés, Superman, le cousin Machin de la Famille Addams, une mariée, et même mec avec un gourdin. Une belle brochette de cinglés !

Le soir-même, Roquebrune organisait son Roc Ruelles, une course pour acrobates cramés sur un circuit dans la vieille ville, plus spectaculaire que son pendant fréjusien grâce à la fameuse descente d'escaliers vertigineuse qui amène les concurrents sur la place Germain Ollier. Détail amusant, le speaker était là contre toute attente de notre part, et encore une fois, croyez-nous, il a super bien fait le job. Une vraie course de sauvages, en armure, et au milieu des terrasses de cafés, des rues étroites et des parking improvisés dans le vil-lage. Tendu, mais génial.Des v

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Jour 4 / Samedi 11 octobreQue ce soit chez les hommes ou chez les dames, autant vous le dire tout de suite, la course n’a pas laissé beaucoup de place au suspense, en tous cas concernant la première place. Chez les dames, Muriel Bouhet a mis 4 minutes dans la vue à sa dauphine Toone Jules. Chez les hommes, personne n’a pu suivre le train de malade mental de Jordan Sarrou, «le futur Julien Absalon» comme le répète sans arrêt Miguel Martinez, multiple vainqueur de l’épreuve qui n’en finit plus de revenir et de rester au top puisque cette année encore, il termine sur le podium (3e, après s’être imposé au sprint en 2013).

Jordan Sarrou, pour vous situer le bonhomme, c’est un type de 23 ans qui ne transpire presque pas après avoir pulvérisé 4000 concurrents sur 52km de vélo. Un monstre physique qui n’a pourtant l’air de rien, mais qui va sans doute dominer sa discipline pendant des années, et ramener des médailles d’or en pagaille à l’équipe de France olympique. Un peu comme son aîné Julien Absalon, champion du monde en titre, qui est venu participer à la course sans réelle ambition de la gagner, et qui a d’ailleurs dû se farcir une crevaison lente de la roue avant sur une partie du parcours. Il était très surpris de constater qu’il était arrivé 12e. Il a d’ailleurs un peu volé la vedette au vainqueur du jour, en prenant la pose avec ses en-fants, son dossard numéro 1 plein de boue et son maillot arc-en-ciel. L’expérience, la notoriété, le talent, le palmarès.

Voilà, pour nous, c’est fini. Il ne reste plus à ce moment-là qu’à tout écrire, à compiler les photos, et à quitter le site qui tremblera toute la journée à cause du ciel menaçant, mais qui restera malgré tout bondé de monde jusqu’à sa fermeture. La salle de presse fait le vide, le parking aussi. Nous rendons le dossard taille 16 ans au service de presse, on leur pique du Powerade en quantité industrielle («c’est déballé, ils vont le jeter, prenez-en encore !»), et on regagne nos pénates après 5 jours passés dans le monde impitoyable et pas toujours compréhensible du VTT. On ne pouvait pas passer à côté d’un pareil événement, et on en fait le serment : l’année prochaine, on sera encore là pour vivre encore plus intensément ces cinq jours de folie sur deux roues.

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Ci-dessus, de g. à d. : Le départ de la première course du weekend (UNSS), Jordan Sarrou juste après sa victoire, et un acrobate complètement cinglé du collectif Freestyl’air.

Ci-dessus, de haut en bas : le départ du Tri-Roc, François Carloni sans cabine d’essayage, et un prof de sport volontaire aux prises avec un dossard.

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Cinq jours de Roc d’Azur, de toiles d’ULM dingues et de voltige.

Un événement exceptionnel appelait une rubrique exceptionnelle. D’habitude, la rubrique onirique est consacrée aux coins et recoins de nos villes. Ce numéro 5 ne pouvait pas laisser ces pages cenrales vierges d’un photo-reportage dédié au Roc d’Azur, centre du monde cycliste pendant 5 jours.

Entre les cadres boueux, les déguisements débiles et les victoires triomphales, notre objectif a essayé de capter la substantifique moelle de ce happening gigantesque où les vélos volent, où les enfants s’arrachent et où les champions éclosent.

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onirocCinq jours de Roc d’Azur, de toiles d’ULM dingues et de voltige.

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sport

Margaux Moschetti, tout d’une grande

L’expression « faire cavalier seul » prend là tout son sens. La jeune Margaux Moschetti, vice championne du monde espoirs, n’a fait qu’une bouchée de la course phare dame. Normalement prévue le samedi matin, cette dernière, à cause d’intempéries, s’est déroulée à 8h le lendemain.Sunr un parcours de 46 km, la jeune clermontoise a dominé de bout en bout sa course ( en franchis-sant la ligne d’arrivée avec six minutes d’avance et s’impose à Fréjus pour la première fois.Deux autres Françaises complètent le podium féminin, Hélène Marcouyre et Fanny Bourdon. Cette victoire signe le retour d’une tricolore sur la pre-mière marche depuis 2005 et le succès de Maryline Salvetat.« J’ai pris un bon départ et j’ai ensuite accéléré dans la première montée après le camping. J’ai passé un cap dans la manière de m’entraîner. Le roc d’Azur est un événement où on vient pour se faire plaisir, sans pression, on rencontre tout le monde. . » La jeune femme, originaire de l’arrière pays niçois, confirme son excellente saison après sont titre de championne de France marathon Elite.Après avoir remporté l’épreuve du marathon le vendredi, Hélène Marcourye se classe 2eme sur la course elite : « j’ai bien récupérer du marathon, fi-nalement je n’ai pas eu mal aux jambes. J’ai gardé le même rythme. J’espérais un podium mais je n’y pensais pas. J’avais loupé mes France Olympique de marathon, je finis ici ma saison en beauté. On s’entend toutes très bien entre Françaises. »

Saviez-vous qu’en VTT, les Français étaient les meileurs du monde ? N’en déplaise aux autres nations, la France a depuis très lontemps le statut d’épouvantail absolu de la discipline. Depuis les premiers titres du vétéran toujours en activité Miguel Martinez à la fin des années 90, le VTT est resté une chasse gardée tricolore. Julien Absalon truste les titres sur tous les parcours depuis plus de dix ans, et il a entraîné dans son sillage toute une génération de riders capables, aujourd’hui, de rouler encore plus fort que lui. Chez les filles ou chez les garçons, le Roc d’Azur 2014 a sacré une bande de champions 100% Made In France, que Bah Alors est allé rencontrer.

Deux trio 100 % français ont remporté les courses Elite femmes et hommes sur cette 31e édition du Roc d’Azur. Margaux Moschetti et Jordan Sarrou, respectivement âgés de 20 et 21 ans, se sont démarqués. La relève tricolore est bien là !

Classement Course Elite Dames : 1. Margaux Moschetti 2h03’15’’2. Hélène Marcouyre à 5’59’’3. Fanny Bouron à 7’32’’4. Hannah Klein (ALL) à 9’59’’5. Stéphanie Métille (SUI) à 10’17’’

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sport

Jordan Sarrou, solide comme un Roc

C’est dans son maillot tricolore de champion de France espoir que Jordan Sarrou, 21 ans, s’impose chez les hommes (56 km) devant Miguel Martinez (38 ans), vainqueur de l’édition 2013 et Maxime Marrotte, qui lui avait gagné le marathon, deux jours auparavant comme Hélène Marycoure. Julien Absalon, victime d’une crevaison, finit 12eme. Là encore, un podium bleu blanc rouge. L’Ariégois a frappé d’autant plus fort qu’il s’est offert trois champions olympiques de la discipline, les Fran-çais Julien Absalon (2004, 2008), Miguel Martinez (2000), et le Tchèque Jaroslav Kulhavy (2012). « J’ai tenté ma chance je n’ai rien lâché jusqu’au bout je finis ma saison en beauté je suis très heu-reux, j’ai tout donné.J’ai été encouragé comme ci j’étais julien absalon. C’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de faire ça. D’avoir tous les supporters sur le côté, c’était magique. J’ai été déçu après ma médaille d’argent aux championnats du monde mais c’est le jeu. J’admirais vraiment les plus grands avant, maintenant d’être aux avants postes, ça fait bizzare. » Parti aux avants postes avec Stéphane Tempier, le jeune champion avoue : « Si Tempier n’avait pas crevé, je pense qu’il aurait été plus fort que moi. Mais c’est le jeu et j’ai tenté ma chance. Je ne pouvais rêver mieux avant d’attaquer la prochaine saison chez les Elites. »Le récent vainqueur de la Coupe de Monde espoirs à Méribel a ensuite confié : « J’ai fait ma première compétition sur le roc d’azur en pupille, je viens ici chaque année. »

C’est pas toujours le champion du monde qui gagne. Nous avons tout de même, parce que c’était légitime, échangé quelques mots avec l’immense champion qu’est Julien Absalon, 12e du Roc d’Azur :

« J’avais annoncé que je venais ici pour rouler avec tout le monde, me faire plaisir et au final j’ai roulé seul tout le long» (rires). J’étais dans le groupe de chasse mais ensuite j’ai crevé. J’ai réussi à bien revenir. Je pense que la 3e place était jouable sans problème. J’ai vraiment eu de bonnes sensations.La victoire de Jordan n’est pas une surprise. Je savais qu’il avait le niveau pour gagner en Elite. Je l’attend l’année prochaine chez les Elites

Classement course Elite Messieurs :

1. Jordan Sarrou (FRA), 2h10:10. 2. Miguel Martinez (FRA) à 1:37. 3. Maxime Marotte (FRA) 1:37. 4. Moritz Milatz (GER) 1:38. 5. Sébastien Carabin (BEL) 2:12.

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LE DISQUE DU MOIS

musique

Depuis que Run DMC et Aerosmith ont collaboré sur le "Walk This Way" produit par Rick Rubin, les frontières musicales les plus improbables sont toutes susceptibles de tom-ber. Puisque le Rap et le Metal ont réussi leur fusion (Rage Against The Machine, (hed)PE, Body Count), pourquoi la frange la plus hargeuse du ock n'essaierait pas de franchir un cap encore plus fou ? C'est désormais chose faite, et c'est encore un groupe français qui essuie les plâtres : Trepalium a décidé de jouer du death-metal New-Orleans. Oui, comme ce qu'on entend souvent au festival de jazz de St-Raphaël, avec les fanfares, les parades, le rag-time et les mecs en costumes brillants.

Tout pour le groove

Le gros point fort de Trepalium, depuis toujours, c'est de baser l'essentiel de son propos sur un groove absolument infernal. On n'est pas du tout dans une déferlante de bruta-lité. Trepalium, ça swingue, comme un disque de Baby Dodds, mais avec de la double grosse caisse. Le batteur Sylvain Bouvier signe avec Voodoo Moonshine une sorte de retour en grâce, et les plus jeunes fans de Gojira pourront constater à quel point Mario Duplantier (son pote de longue date) a pu lui piquer quelques idées. La paire de guita-ristes est toujours sur la brèche, et la patte unique d'Harun se fait plus que jamais sen-tir. La grande nouveauté de ce disque, c'est l'incorporation d'une section de 8 cuivres, du jamais vu dans un groupe à la musique aussi extrême. Et là où les mariages incongrus se cassent souvent la gueule à cause d'un manque criant de cohésion, ici ça fonctionne tellement bien qu'on se demande pourquoi ils ne l'ont pas fait avant.

Porte d'entrée vers le bayou sauvage

Si ce 6 titres tient ce mois-ci la corde dans notre rubrique musique, c'est parce qu'il pos-sède une vertu inattendue pour un groupe de ce style. Tout amateur de musique curieux peut essayer d'écouter "Voodoo Moonshine" sans craindre d'être rebuté par les guitares

saturées ou le chant guttural de KK. Il y en a, bien sûr, mais c'est extrêmement musical, ça pourrait presque se danser. Comme en plus l'imagination du chanteur n'a pas beaucoup de limites, il utilise voix comme un instrument, il scatte (oui, oui), et apporte une touche très personnelle à l'ensemble. "Voodoo Moonshine", malgré sa courte durée, est peut-être le produit underground le plus ambitieux sorti depuis le début de l'année. Musicalement c'est complètement fou, ça joue la mort. Le concept, particulièrement casse-gueule, fonctionne parfaitement grâce au talent des auteurs. On se mettrait presque au trombone, tiens.

TREPALIUM - Voodoo Moonshine

THE DOSHAKE SHOOK SHAKEN

2014Wagram music / cinq 7

3 ans après le splendide « Both Ways Open Jaws » The Dø nous sert un album différent et explore un thème plutôt mainstream : la pop 80’s à grand renfort de synthé. Un album qui change les habitudes des fans du groupe qui ne se retrouveront que dans la voix d’Olivia Merilahti. Pour le reste, des nappes de synthés, un son entre mélancolie et romantisme, plus minimaliste que les précédents mais le cap et bien géré et les mélodies sont efficaces. On retiendra l’excellent « Opposite Ways » qui fait penser à l’enfant qu’aurait pu naître de l’union entre Kavinsky et SebastiAn. Le point le plus positif de l’album, c’est que le duo a taillé des chansons faites pour le live. On sent que l’écriture est liée à la série de concerts du précédent album. A la fin de l’écoute, on a envie de voir leur évolution en concert, et du coup on pense au Mas des Escaravatiers et on espère les y croiser cet été...

613C’est le nombre de fois que les Beat-les utilisent le mot «love» dans leurs chansons.

213C’est le numéro de chambre de Jeffrey Dahmer, le cannibale qui a inspiré la chan-son «213» du groupe Slayer.

6C’est le nombre de frères Jackson impliqués dans le

groupe de la famille sur leur album de 1985

3 C’est le nombre de membres dans le groupe Ben Folds 5. Et pour quoi 5 ? Réponse du groupe : «Parce qu’on est trois»666

C’est en euros, le prix TTC d’une journée de studio chez Peter Tägtg-ren, le plus célébre producteur de métal extrême des années 90/2000, qui a choisi ce tarif pour rendre hommage au Malin. Ils sont fous ces suédois...

75C’est le nombre de guita-

ristes que souhaitait embau-cher Dweezil Zappa sur un

projet d’album pharaonique qui n’a jamais vu le jour.

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iggy popPRELIMINAIRES

2009Astral Werks / Virgin

Il y a des gens dont l’actualité peut influer sur le moral de ce qu’on pourait appeler, en 2014, leurs followers. Prenons Ibra, notre directeur de la publication : il a été attristé par la maladie de Brian May, il est heureux de savoir que Lemmy Kilmister de Mötorhead tient encore le coup, il a sauté de joie quand il a su que Robert Rodiguez et Frank Miller donnaient enfin une suite cinématographique à Sin City. Son émotivité est souvent sollicitée par la vie culturelle. Figurez-vous qu’Iggy Pop fait partie de ces artistes qui influent sur son moral. Un nouvel album d’Iggy Pop et sa journée s’illumine, parce qu’il a quelque-chose à découvrir avec curiosité, un disque dont il sait par avance que même s’il ne sera jamais aussi bon que “Lust for Life”, ça restera un bon album de rock. Et bien “Preliminaires”, sorti en 2009, a litéralement violé son âme.L’iguane a cru bon, avant de faire une belle après-carrière comme commercial chez Le Bon Coin (donc chez chacun d’entre nous, si on y réfléchit) d’enregistrer un album après aoir lu “La possibilité d’une île” de Michel Houellebecq. Le disque commence avec une version léthargique des “Feuiles Mortes” de Jacques Prévert. On dirait un adieu testamentaire neurasthénique, pris au piège entre Etienne Daho dans un garage et Tom Waits sous cortisone, sans le talent ni de l’un, ni de l’autre. C’est terrible. Le reste ? C’est encore pire, le reste. Il vaudrait peut-être mieux ne pas en parler tant ce machin-là est toxique. On peut toutefois évoquer le fait que c’est aussi mauvais qu’un album de reprises conceptuelles, mais non. C’est des compos. Sans déconner, c’est malsain.

Pourquoi ont ils fait ça ?

ROYAL BLOODRoyal blood

2014

Warner Bros.

The Black Keys, The White Stripes, Death From Above 1979, Blood Red Shoes, des duos dans le rock il y en a des tas. Mais un énième tandem vient de faire son apparition, et il fait beaucoup de bruit depuis sa création : Royal Blood.

Le duo originaire de Brighton sort son premier album éponyme chez Warner Bros cette année. Leur particularité c’est de composer exclusivement avec une batterie et une basse. Bien sûr, pour les amateurs de gros manches, l’instrument à quatre cordes sonne plutôt comme une guitare avec toute la panoplie d’effets qu’il y a. Un duo reste un duo, et sans artifice, les morceaux seraient bien plats. Même tarif pour la batterie qui sonne plus indé que jamais. Quant à la voix de Mike Kerr, ça fonctionne. On a l’impression d’avoir déjà entendu ça, de réécouter un bon album rock. Un de ceux qu’on a dans notre cdthèque mais qu’on se remet pas souvent dans la platine.Pour un premier essai studio, 10 morceaux, 32 minutes. C’est court mais varié, il y a un peu de tout, et la durée s’excuse quant on sait que c’est fait qu’avec une batterie et une basse. Beaucoup de musiciens n’auraient pas pensé à autant de variantes sonores avec ce couple rythmique.L’histoire du rock parfois ça ne s’explique pas, et la leur est aussi originale. Avant la sortie de l’album, les Artic Monkeys arboraient déjà des tee-shirts siglés Royal Blood, et lors de la tournée promo, Jimmy Page est venu les saluer, mais pas que. Une fois que LE monsieur du rock a fait son apparition, Muse, Tom Morello ou encore Lars Ulrich sont venus à leur tour apprécier Royal Blood en live.

musique

Depuis que Run DMC et Aerosmith ont collaboré sur le "Walk This Way" produit par Rick Rubin, les frontières musicales les plus improbables sont toutes susceptibles de tom-ber. Puisque le Rap et le Metal ont réussi leur fusion (Rage Against The Machine, (hed)PE, Body Count), pourquoi la frange la plus hargeuse du ock n'essaierait pas de franchir un cap encore plus fou ? C'est désormais chose faite, et c'est encore un groupe français qui essuie les plâtres : Trepalium a décidé de jouer du death-metal New-Orleans. Oui, comme ce qu'on entend souvent au festival de jazz de St-Raphaël, avec les fanfares, les parades, le rag-time et les mecs en costumes brillants.

Tout pour le groove

Le gros point fort de Trepalium, depuis toujours, c'est de baser l'essentiel de son propos sur un groove absolument infernal. On n'est pas du tout dans une déferlante de bruta-lité. Trepalium, ça swingue, comme un disque de Baby Dodds, mais avec de la double grosse caisse. Le batteur Sylvain Bouvier signe avec Voodoo Moonshine une sorte de retour en grâce, et les plus jeunes fans de Gojira pourront constater à quel point Mario Duplantier (son pote de longue date) a pu lui piquer quelques idées. La paire de guita-ristes est toujours sur la brèche, et la patte unique d'Harun se fait plus que jamais sen-tir. La grande nouveauté de ce disque, c'est l'incorporation d'une section de 8 cuivres, du jamais vu dans un groupe à la musique aussi extrême. Et là où les mariages incongrus se cassent souvent la gueule à cause d'un manque criant de cohésion, ici ça fonctionne tellement bien qu'on se demande pourquoi ils ne l'ont pas fait avant.

Porte d'entrée vers le bayou sauvage

Si ce 6 titres tient ce mois-ci la corde dans notre rubrique musique, c'est parce qu'il pos-sède une vertu inattendue pour un groupe de ce style. Tout amateur de musique curieux peut essayer d'écouter "Voodoo Moonshine" sans craindre d'être rebuté par les guitares

saturées ou le chant guttural de KK. Il y en a, bien sûr, mais c'est extrêmement musical, ça pourrait presque se danser. Comme en plus l'imagination du chanteur n'a pas beaucoup de limites, il utilise voix comme un instrument, il scatte (oui, oui), et apporte une touche très personnelle à l'ensemble. "Voodoo Moonshine", malgré sa courte durée, est peut-être le produit underground le plus ambitieux sorti depuis le début de l'année. Musicalement c'est complètement fou, ça joue la mort. Le concept, particulièrement casse-gueule, fonctionne parfaitement grâce au talent des auteurs. On se mettrait presque au trombone, tiens.

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misery indextHE KILLING GODS

2014

Seson of Mist

Mois après mois, vous avez dû comprendre que cette colonne musique, page de droite, à côté de l’énigme harmonique, était consacrée aux bouchers de la clé de sol. Après Origin, Arch Enemy, Aborted, ce numéro 5 fait les honneurs de sa colonne dite “de la poutre” à l’un des groupes les plus extrêmes de l’underground américain, les grnd-coreux de Misery Index. Autant vous le dire tout de suite pour vous mettre dans le bain (de sang), “The Killing Gods” rédéfinit, en 12 titres et un peu moins de 44 minutes, les limites de la violence expulsable par un collectif d’êtres humains pacifiques. Misery Index, c’est la guerre dans ta chambre.On sent dès les premières notes de l’album que Misery Index n’est pas un groupe californien. Avec “The Killing Gods”, on est dans le Maryland, Baltimore, la criminalité, les ghettos pourris, le temps gris, et la ville qui dévore tout. Musicalement, ça grouille, ça speede, ça étouffe, ça enrage. Certains riffs sont tellement agressifs qu’on est surpris par une soudaine envie de balancer des chaises à travers les baies vitrées, comme ça, gratuitement.Adam Jarvis derrière la batterie délivre une performance olympique, encore plus brutal que tout ce qu’il avait fait jusque-là. Mais le plus fou, c’est le duo Mark Kloeppel/Jason Netherton, qui défouraille des lignes de chant encore plus vénères que les braillements des maîtres du genre Dallas Toler-Wade/Karl Sanders (Nile). C’est violent, c’est intelligent, c’est sanglant... Mais surtout, c’est extrêmement impressionnant. C’est aussi ça, le grindcore.

mecostar wars and other galactic funk

1977

Millenium ecords

Mes amis, nous tenons là un objet culte. Un ovni musical absolu. Un disque à l’histoire abracadabrante, aux retombées énormes, et au statut inébranlable. Car oui, ce disque-là est un collector absolu pour tout fan de Star Wars, mais aussi pour tout fan de funk. En 1977, en marge de l’épisode IV, de la B.O. dantesque de John Williams et des pérégrinations galactiques de Luke Skywalker, un malade mental du nom de Domenico Monardo a l’idée saugrenue d’adapter la musique du film en disco. Oui, absolument, comme les Bee Gees. Il va pour celà remuer ciel et terre, acheter des droits, et grâce à une énergie démesurée, parvenir à ses fins.Le résultat, c’est donc cet album de Meco (le nom qu’il a donné à son projet) : un savant mélange de funk chaloupé et de grandiloquence cinématographique, qui bénéficie de la patine des grandes productions pop de l’époque, de l’aura du film de George Lucas, et de la mouvance musicale du moment, favorable aux pattes d’eph’, aux afros électriques et aux ouvertures de charley. Carton plein pour Meco, qui écoule suffisamment de copies pour être disque de platine.Pour l’anecdote, il avait déjà de l’argent puisque c’est lui qui avait produit le “Never Can Say Goodbye” de Gloria Gaynor en 74. Et pour l’anecdote bis, il a toujours compté dans son équipe Tony Bongiovi, le cousin de Jon Bon Jovi, qui passait le balai dans leur studio à la fin des années 70 avant d’exploser les charts avec “Bad Medicine”. Mais fin de la blague : cet album est vraiment indispensable, et ceux qui suivent aussi.

Page 26: Bah Alors? Mag Octobre 2014

BAH ALORS ?26

sambaD’Olivier Nakache et Eric Toledano - sorti le 15 joctobre 2014Avec Isabelle Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Izïa Higelin, Tahar RahimDistribution - Quad Films / Gaumont

On n’avait plus beaucoup entendu parler d’eux depuis leur car-ton absolu de 2011, «Intouchables», avec François Cluzet, Omar Sy, une chaise roulante et une scène de danse. On se demandait comment Eric Toledano et Olivier Nakache allaient pouvoir se remettre, artistiquement, d’un tel déferlement de compliments bien-pensants et de vivas populaires après un film qui, s’il n’a pas révolutionné le cinéma, a du moins prouvé qu’on pouvait attirer des millions de Français dans les salles avec une histoire touchante (et vraie) sans aller trop loin dans le pathos. Après le handicap, le duo remet encore une fois Omar Sy au centre de son histoire, celle d’un Sénégalais en situation irrégulière, qui galère comme c’est pas permis. Et s’en sort pas trop mal.

Omar Sy, un accent, et un miracle : c’est crédible

Au centre de l’intrigue, donc, l’histoire de Samba Cissé, un Sénégalais éta-bli depuis une dizaine d’années sur le territoire français, qui trime comme un dingue d’un petit boulot à un autre, en craignant d’êre rattrapé par la patrouille et d’être expulsé. Il loge chez son oncle, et travaille de concert avec une association spécialisée pour essayer de mettre de l’ordre dans ses papiers, histoire d’être le plus en règle possible, envers et contre la machine administrative.

Incarné par Omar Sy qui «joue l’Africain», on aurait pu craindre que le comparse de Fred Testot verse dans le ridicule en reprenant ses gimmicks du SAV des Emissions, où il en faisait des tonnes pour faire rire. Il se trouve que l’acteur est bien plus fin que ce que l’on croit, et qu’il a réussi une superbe performance d’indentification. Il en fait juste assez pour être cré-dible, et surtout pas trop pour éviter la caricature (et s’écraser dans un océan de nullité comme, par exemple, Line Renaud chez les Ch’tis).

Ou quand l’équipe responsable d’ «Intouchables» propose une fiction qui va un peu plus loin qu’un tableau tendre de la France des différences

cinema

Il fait la connaissance d’Alice (Charlotte Gainsbourg), une femme qui travaillait jusqu’ici dans un cabinet de recrutement mais qui a selon ses propres mots «pété les plombs» à force de travailler 12 heures par jour. Pour se remettre d’aplomb, elle caresse des chevaux, se promène dans les parcs, et participe à la mission d’une association d’aide aux sans-papiers. Elle est prise en mains par la jeune Manue (Izïa Higelin), étudiante spee-dée qui va lui expliquer les ficelles du métier, et lui inculquer immédia-tement une notion très importante : il ne faut jamais s’attacher aux gens dont l’association s’occupe.

Tahar Rahim, Izïa Higelin : des seconds rôles épatants

La richesse du film provient de plusieurs vecteurs. Le premier c’est bien sûr l’histoire personnelle de Samba, que les auteurs ont pris le soin de traiter avec finesse là où ils auraient pu miser sur la corde sensible du spectateur. Sa vie est compliquée, très difficile, mais elle est régulière-ment émaillée de bons moments qui font du bien, à lui comme à celui qui le regarde évoluer. Sa rencontre avec Wilson (Tahar Rahim, encore une fois excellent), un Algérien lui aussi en situation irrégulière qui fait semblant de venir du Brésil, va changer son existence.

La vraie bonne surprise, c’est la peformance d’Izïa Higelin, absolument parfaite en jeune femme conquérante et surmotivée par sa mission de service aux plus démunis. On savait qu’elle avait de la voix (écoutez son premier album de toute urgence), on ne savait pas qu’elle savait jouer la comédie. Tenir la dragée haute à Charlotte Gainsbourg, avec qui elle par-tage la quasi-intégralité de ses scènes, il fallait le faire !

«Samba» ne fera peut-être pas le même carton qu’ «Intouchables». La sur-prise Omar Sy n’opère plus, et le tandem Toledano-Nakache a sans doute grillé sa plus belle cartouche en 2011. Mais avec ce film-là, ils prouvent, tous autant qu’ils sont, qu’on peut continuer à proposer de bonnes choses après un triomphe, sans trop se répéter.

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D’Olivier Nakache et Eric Toledano - sorti le 15 joctobre 2014Avec Isabelle Omar Sy, Charlotte Gainsbourg, Izïa Higelin, Tahar RahimDistribution - Quad Films / Gaumont

Le génie responsable de se7en et de fight club retrouveenfin le côté obscur de la force

Il est rare, en un peu plus de 20 ans d’une carrière chargée, de ne jamais avoir été mauvais. C’est pourtant le cas de David Fincher, ancien spécialiste du clip à gros budget (Freedom ‘90, George Michael enouré des top-models les plus en vue du mo-ment, c’était lui), devenu successeur de James Cameron pour son premier long-métrage, «Alien 3». Quand on pense qu’à l’époque peu de gens lui faisaient confiance...

L’avant et l’après Fight Club

David Fincher vient peut-être, avec Gone Gurl qui tourne en ce moment dans toutes les salles de France, d’entamer une troi-sième carrière, à 52 ans. La première, il l’a commencée en 1984, en s’acoquinant avec Rick Springfield pour qui il réalisera quelques clips. Il ravira progressivement les échelons en deve-nant le clip-maker le plus en vue de la fin des années 80, travail-lant avec les ultra-bankables Paula Abdul, Mark Knopfler, Patty SmithBilly Idol, Madonna, et même les Gypsy Kings (Bamboleo, c’est lui). La suite, il fallait s’y attendre, c’est un pied dans le cinéma, et en 1993 c’est lui qu’on choisit pour mener à terme le chaotique projet «Alien 3». Producteurs horribles, caprices de Sigourney Weaver, personne ne le laisse travailler correctement, et pourtant son film a rapporté 109 millions de dollars. Il a en-suite continué de faire évoluer son cinéma, en ayant une marque de fabrique : il est machiavélique. «The Game» est une leçon de scénario, «Se7en» un monument de traitement du meurtre en série, et «Fight Club» devient finalement son film le plus am-bitieux, tordu comme un Lynch mais profond comme un Welles. Tellement bien qu’il luttera longtemps pour revenir à son propre niveau malgré quelques excellentes livraisons, comme «The So-cial Network», ou le très sous-estimé «Panic Room» qui offrait à l’époque à Jodie Foster son rôle le plus intéressant depuis «Le Silence des Agneaux».

Gone Girl, ou le retour du Fincher tordu

Avec sa dernière perf, David Fincher propose un retour à ce qui avait fait de lui un cador il y a dix ans : des images au traite-ment unique en son genre, au service d’un scénario tellement retors et pervers qu’on a envie de s’en mêler pour faire basculer l’inrigue, plusieurs fois dans le film. «Gone Girl» est à ranger aux côtés de «Se7en» et ««The Game», avec cette maniplation horrible, et ce peronnage que vous tous, oui, tous, allez vouloir décapiter à mains nues. Vous êtes prévenus, David is back !

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Ou quand l’équipe responsable d’ «Intouchables» propose une fiction qui va un peu plus loin qu’un tableau tendre de la France des différences

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Chers lecteurs, nous y voilà. Pour le 5ème numéro, nous avons le plaisir de vous parler d'une comédie musicale qui fait partie de notre top 10, c’est valable pour toute la rédaction, et finalement vous devez sûrement être désappointés. Ou pas. Le «Rocky Horror Picture Show», film sorti en 1975, réalisé par Jim Sharman et d'après l'oeuvre de Richard O'Brien est bien un de nos films préférés. Un du genre «qu'on connait toutes les scènes, les paroles de chansons, les dialogues, les mimiques de chaque personnage». Un film qui fait que lorsqu'on voit Kylie Minogue en short doré on ne pense qu'à Rocky dans ledit short !Pour faire un résumé court de l'histoire : Janet et Brad un couple de jeunes fiancés, se dirige vers la maison de leur ancien professeur mais la voiture tombe en panne. Ils vont essayer de trouver de l'aide dans la première maison qu'ils trouvent. Malheureusement cette maison est occupée par des extraterrestres de Transexuel en Transylvanie, dont le leader, le dr. Franken-furter, vient de créer l'homme parfait. Sa libido étant extrême, le docteur a évidemment créé un objet sexuel bodybuildé et va faire découvrir des choses incroyables à nos deux héros. Le tout est tourné comme un mauvais « Faites entrer l'accusé » : un narrateur explique ce qu'il se passe quand les transitions paraissent improbables. Et les chansons s'enchaînent : du rock qui envoie fort. Tim Curry en porte-jartelles chantant « Sweet Transvestite », Meat Loaf qui fait un playback de saxophone sur « Hot Patootie Bless My Soul » ou le moment sexy où Susan Sarandon crie « Touch me, touch me, touch me ».Le film a été bien évidemment un flop monumental, Tim Curry et Susan Sarandon s'en sont bien sortis quand même. Mais pour ceux qui ont déjà vu l'oeuvre, RHPS est devenu culte, au point qu'à Paris, Londres et New York la pièce de théâtre et le film sont depuis toujours à l'affiche. Pour le fond, RHPS est un hymne à la sexualité, à la diversité, au rock, au film de série Z.Et nous on l'aime tellement ce film qu'on vous le diffuse au cinéma le Vox, avec l'excellent remake d’Evil Dead le 31 octobre dès 20h30. On vous propose même de voir le film avant pour vous préparer !

LE CLASSIQUE DU MOIS

APOCALYPSE - LE COFFRETFRANCE TELEVISIONS DISTRIBUTION

7 Dvd, 11 heures de documentaire, plus de 3 heures de bonus, voilà le contenu de ce cof-fret quasi-définitif sur les terribles épisodes guerriers traversés par la France (et le monde) au XXe siècle. France Télévision a eu la lumi-neuse idée de réunir dans un seul et même coffret les trois séries documentaires diffusées sur ses antennes, abordant les deux conflits mondiaux ainsi que l’ascension d’Adolf Hit-ler. Ces documentaires sont incroyablement bien construits, somptueusement restaurés, et remplis d’images inédites. Mention spéciale à ceux réalisés sur la guerre de 14-18, qui per-met de se rendre compte que la France d’il y a un siècle n’avait rien à voir avec celle que nous connaissons aujourd’hui. La colorisation des images les ancrent dans le réel par rapport au noir et blanc qui avait tendance, jusqu’ici, à signifier de manière sous-jacente que ces épi-sodes appartiennent à une histoire lointaine. Isabelle Clarke et Daniel Costelle, les deux réalisateurs, ont livré une copie parfaite qui rappelle qu’à une autre époque, en France, 20 000 hommes pouvaient mourir sur un champ de bataille en un jour. Et qu’à cette époque-là, les caméras existaient déjà.

DAVID FINCHER

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cinema

Depuis les frères Lumière, le cinéma s'est perfectionné, est devenu un art, et nous a fourni des chefs-d'oeuvres transgénérationnels. Ce n'est évidemment pas le cas de « Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu ? ».

Bien sûr le 7ème Art est aussi composé de daubes. Nous vous avons déjà re-laté les faits du vomitif «Cineman», de l'incompréhensible «Enter the Void» ou de l'iconique «Tree of Life». Evidemment, l'exception culturelle française existe, avec ses comédies francophones à mourir de rire, ses drames bien fi-celés avec Albert Dupontel font vibrer (par exemple). Mais depuis «Bien-venue chez les ch'tis», notre pays cherche l'exception dans la comédie po-tache mal branlée, essayant à grand renfort de buzz et autres moyens de communication de remplir des salles de cinéma très souvent abandonnées à cause de ces mêmes bouses. Et le film qui « matche » avec cette défini-tion en 2014 c'est certainement « Qu'est ce qu'on a fait au bon dieu ? ». Et nous, donc, qu'est ce qu'on a fait au bon Dieu pour voir un truc aussi naze? Carlos, le troubadour pas le terroriste, quoique...

Ca commence comme une mauvaise blague des grosses têtes : un vieux couple bourgeois, bien français, bien gaulliste se retrouve à marier ses quatre filles avec un juif, un arabe, un chinois et bien sûr un noir. Donc, après l'énorme suc-cès de l'élève Ducobu, Philippe de Chauveron part voir la société de production UGC avec une super intro de film « c'est l'histoire d'un arabe, d'un juif, d'un noir et d'un chinois ». Youpi.Maintenant casting : Christian Clavier nul, Chantal Lauby pas drôle, Ary Abittan a peu près bon ou encore Medi Sadoun («Les Kaïra») à l'image de sa carrière. Donc évidemment, le film traite de communautarisme mais finalement tout le monde se ressemble. Ca finit forcement bien, Clavier joue les mecs bourrés comme Dany Boon, des blagues clichés tout le long, une scène, un rire, c'est le crédo. Alors on va pas plus loin parce qu'une demi page c'est bien suffisant. On vous conseille de vous remater « C'est arrivé près de chez vous », ça au moins c'est drôle.

L’ERREUR CINEMATOGRAPHIQUE

GET ON UP : JAMES BROWN, CE GÉNIE AUTOPROCLAMÉ MAIS RECONNU

SIN CITY 2 : DEPUIS LE TEMPS

BOYHOOD – LE FILM LE PLUS AMBITIEUX DE L’ANNÉE ?

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Bientôt dans le grand bain ?harry bozino

L’artiste

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Harry est-ce que tu peux commen-cer par nous expliquer l’histoire de ce « Dernier Noël » ?

C’est une comédie qui raconte le procès du Père Noël, pour faire simple. C’est un peu absurde tu t’en doutes, ça commence avec le Père Noël qui se fait arrêter par le GIGN, et qui se retrouve donc devant un tribunal, ac-cusé de plein de choses : violation de l’espace aérien parce qu’il rentre avec son traîneau sur le territoire français, distribution de jouets non-conformes aux normes européennes, etc.

Toi tu es scénariste et réalisateur de ce court-métrage. C’est la suite logique de ton école de cinéma ?

Oui j’ai fini mon cursus depuis 3 ans, et j’es-saye de me diriger vers le long-métrage, mais pour ça il faut passer par la case du court et j’essaie de développer plein de projets dans ce format-là, pour l’instant.

La première chose qui t’a sauté aux yeux, c’est quoi, c’est que tu avais be-soin d’argent ?

Exactement ! D’ailleurs « Le dernier Noël » bénéficie d’un financement un peu particulier puisque ce sont les internautes qui ont donné de l’argent sur le site Ulule (site de finance-ment participatif européen, ndlr). J’avais fait une campagne l’année dernière et on avait réussi à réunir 12 000 euros. Après ça on a trouvé quelques partenaires techniques qui nous ont prêté ou loué du matériel à bas prix, et puis la chaîne Orange Cinéma Séries qui a acheté le film et qui s’est donc engagé à le diffuser à partir de décembre 2014.

Et après l’avoir financé, il faut aussi le vendre.

C’est ça ! Maintenant que la promo a commen-cé il faut qu’on arrive à en faire parler le plus possible.

Est-ce que tu n’as pas l’impression, de-puis que tu t’es engagé dans ce proces-sus, que la masse de choses à faire ne cesse de grandir et qu’il n’y a pas de fin ?

Si, un petit peu ! Il y a des moments où j’ai vraiment l’impression de ne pas en voir le bout ! Mais c’est aussi ça qui est sympa, entre le financement, le tournage, le casting, la pro-mo, tout ça ce sont des étapes qui ne se res-semblent pas trop donc ça permet de bosser toujours sur un même projet mais en abordant des thèmes différents, c’est par étapes.

Le cinéma c’est donc le métier que tu as choisi, ça ne fait plus aucun doute. Est-ce que le fait d’avoir réalisé ce court-métrage a débloqué certaines choses ?

Comme il n’est pas encore sorti, oui et non. Pour l’instant j’ai surtout fait de nouvelles rencontres dans le milieu, des acteurs, des partenaires techniques, mais pas encore le public.

Toi en tant qu’artiste, ça t’a ouvert les yeux sur certains aspects ?

Oui ça m’a permis d’essayer des nouveaux trucs, de mettre en pratique certaines tech-niques, j’y ai gagné beaucoup d’expérience.

Et pourquoi avoir choisi le genre le plus difficile à écrire et réaliser, la comédie ?

L’artiste

Harry Bozino. Chers lecteurs, imprimez bien ce patronyme un peu particulier, parce que dans les prochaines an-nées vous pourriez larguer une dizaine d’euros à la caisse d’un cinéma pour aller voir son dernier film. Un gars du cru, 25 ans, du talent, des idées, qui vient de parachever un joli projet de court-métrage dans lequel il s’imagine que le Père Noël est une sorte de délinquant transfrontalier, adepte des trafics et d’arnaques en tous genres. Un petit film par la durée, mais un parcours du combattant que le jeune réalisateur est soulagé d’avoir fini debout, fatigué, mais physiquement et moralement intact.

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C’est pas un choix, mais c’est ce que j’ai réalisé pour l’instant. En plus c’est pas vraiment ce que j’ai envie de faire par la suite en format long, la comédie. J’aime tous les genres, mais il se trouve que les comédies sont les projets que j’arrive à financer et à mener jusqu’au bout. Mais je touche à tout, science-fiction, horreur, etc. Pour l’instant ce sont les comédies qui ont abouti.

« Le dernier Noël » est un vieux projet, ou c’est un film que tu as écrit puis mis sur les rails dans la foulée ?

C’est l’un des projets que j’ai bouclé le plus rapidement, tout s’est enchaîné, on a réussi à tout faire en un an et demi, de l’écriture au montage, en passant par le tournage, le finance-ment, etc. J’en ai qui traînent depuis 5 ou 10 ans et je n’arrive pas à les boucler, là c’est allé relativement vite. Là il est ter-miné, c’est le moment le plus difficile parce que j’attends de pouvoir le montrer à tout le monde. Comme c’est un film sur le Père Noël j’attends la période qui correspond.

Justement, tu le montres bientôt à Saint-Raphaël.

Grâce à Alain Boniface du cinéma Le Lido, qui a gentiment accep-té. Il avait déjà projeté mon premier film. C’est bien parce que le fait de le projeter ici me permet de le montrer à pas mal de gens qui ont participé au financement, ça me fait plaisir de venir leur montrer le résultat.

Pour finir est-ce que tu peux nous parler de tes projets en cours ?

Et bien j’ai quelques courts-métrages qui attendent d’être lan-cés, je dois trouver de l’argent pour ça. Je vais commencer l’écriture de longs, de séries. Et puis je vais continuer de vivre de ce que je fais à côté, en restant dans le métier puisque je gagne ma vie en tant qu’assistant réalisateur, je travaille sur des clips, sur des projets d’autres réalisateurs que moi.

La chaîne OCS a acheté le film et s’est engagée à le diffuser à la fin de l’année 2014

Pour retrouver Harry et sa bande sur le Net :

https://www.facebook.com/lederniernoel

Le fim sera projeté au LIDO le vendredi 7 novembre à

18h45

L’artiste

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Thierry Saunier l’a avalé pour vous

Anne Berest - Sagan 1954 Stock, 2014

Ce curieux livre, baroque et singulier, est passionnant dans ce qu’il dissimule, quand il n’est qu’intéres-sant dans ce qu’il revendique. En effet, s’il est écrit « roman » sur la couverture de L’aménagement du territoire, il y a, clairement, tromperie sur la marchandise. Tout ce que nous avons l’habitude de qualifier ainsi – disons : un récit, des personnages, des événements – n’occupe qu’un maigre quart de ce fort vo-lume de 500 pages. Pour celles et ceux qui ont pris l’habitude de considérer la littérature selon cette défi-nition – finalement exigüe -, il ne peut, au terme de cette lecture, rien avoir d’autre que de la frustration. Mais pour les autres, cette mince novella enchâssée dans de colossaux blocs de savoir sculptés, extrême-ment bien écrits, pourra s’avérer délectable. Tout se passe comme si Aurélien Bellanger avait voulu rédi-ger plusieurs essais, denses, disparates, impeccablement documentés, sur, au gré des pages, la géologie, la géographie, la technologie, ou l’histoire, tout en leur laissant la chance de surnager, en cette rentrée littéraire, par la grâce d’un pavillon romanesque quelque peu abusif.

C’est l’école Houellebecq, modèle revendiqué de Bellanger, auquel il aura consacré, en 2010, son premier ouvrage. Et ce, à double titre : non seulement le désir de saturer le roman de connaissances et d’infor-mations, mais aussi, ce qui ne va pas de soi mais dans les deux cas va l’amble, le dédain très marqué des tenants des sciences dures pour les éditorialistes des sciences molles. Au diable la sociologie, au sein de laquelle tous et chacun peuvent tout affirmer sans jamais rien prouver, vive la géologie, strictement régu-lée par des protocoles et des procédures scientifiques, ou tenus pour tels par les purs littéraires dans mon genre. Une – double – différence, cependant, manifeste que le disciple s’est émancipé de son mentor ; Houellebecq a l’esprit mal tourné, plutôt deux fois qu’une ; à son érotomanie galopante, et à son ironie grinçante, Bellanger oppose une chasteté singulière, et une bienveillance distanciée.

Il y a tout de même une intrigue, qui n’est pas essentielle : elle oppose un grand commis de l’Etat à un industriel d’envergure. Ils s’affrontent autour d’un enjeu supposé mineur : l’aménagement du territoire, en Mayenne - sorte de centre du monde habité pour l’auteur, natif de Laval -, autour de la construction d’une ligne ferroviaire à Grande Vitesse. De même qu’il n’y a pas de sot métier, que de sottes gens, il n’y a pas d’intrigue romanesque condamnée d’avance ; qui l’eût cru, qui l’eût dit - même fils de chemineau -, que je me passionnerais pour un récit articulé autour du suspense : « où passera le tracé du train ? »

Hé bien, tel fut pourtant le cas. Preuve qu’en littérature, il ne faut présager de rien. Mais il y aura fal-lu plus que du talent ; L’aménagement du territoire, c’est un mélange des Buddenbrook et du Nom de la rose, mais revisité par le cahier des charges de la SNCF. En effet, il s’agit d’un cloaque de rivalités familiales sur fond de théorie complotiste, avec en guise de notes en bas de page, si l’on peut dire, puisqu’elles constituent l’essentiel du corps du texte, tout ce qu’il est nécessaire de savoir et d’organiser afin qu’une locomotive arrive à destination sans dérailler. Nécessaire, mais pas toujours suffisant, ainsi que l’actualité récente l’aura démontré.

Mais ce n’est pas tout. Au cœur de ce chaos magistralement orchestré, ce qui reste l’une des définitions possibles d’un excellent roman, émerge une pointe de diamant : six pages de pastiche de littérature gaucho-complotiste, genre Julien Coupat, intitulées L’étoile d’absinthe. Tout simplement brillantissime : quand on a lu cela, il ne reste rien de L’insurrection qui vient, sinon prétention et paranoïa. Aurélien Bellanger est-il un romancier ? Rien n’est moins sûr. Mais ce qui ne se discute point, c’est qu’il s’agit d’un écrivain de haut vol.

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Le mérite et l’intérêt du livre d’Anne Be-rest, « Sagan 1954 », original, oblique et fraternel – ou sororal -,(...) c’est d’avoir senti, et de transmettre cette sensation, ce sentiment, ce ressenti, qu’il y avait chez Sagan à l’œuvre une force ina-perçue. Sous le masque de charme.

Littérature

Gene Simmons en armure et en sang à l’Azkena Rock Festival (Vitoria, Espagne) - 2010.

«En littérature, il ne faut présager de rien. Mais il y aura fallu plus que du talent ; L’aménagement du territoire, c’est un mélange des Buddenbrook et du Nom de la rose, mais revisité par le cahier des charges de la SNCF.»

Aurélien Bellanger - L’aménagement du territoireGallimard - 2014

Frank Miller est un génie du scénario. « 300 », « The Spirit », « Batman : The Dark Knight » et bien sûr « Sin City » font partie d’une œuvre et d’une carrière qui a révolutionné les comics et le cinéma. Aujourd’hui, dès qu’un projet est signé de son nom, on peut être sûr de voir débarquer tout un tas de producteurs, acteurs, réalisateurs qui sentent l’odeur des dollars au box-office. Mais avant même les scénarios, Frank Miller et un dessinateur hors pair, un graphiste avant l’heure.

L’histoire de la série « Sin City » est née lors de l’écriture du scénario de « Robocop 2 » (oui oui, c’est bien signé Frank Miller!). Et c’est un succès dès le premier tome « The Hard Goodbye » (Vertige grpahics – Rackham editions) en 1994. 7 volumes en tout, édités jusqu’en 2001. Frank Miller a écrit son scénario : une ville aussi grande que corrompue, des héros dignes d’un polar des années 60, des femmes fatales, des religieux véreux, des flingues et de la bastons partout. Tout est toujours « pourri » sauf les héros de chaque tome qui se débattent dans cette ville en prenant soin de conserver un esprit iro-nique et fataliste. Une histoire épique dessinée en bichromie (noir et blanc avec des touches de couleurs de ci de là) et qui s’inscrit dans tellement de générations que ça ne peut que plaire à tout le monde.

Rackham, sentant le bon filon avec les succès au box-office de l’adaptation cinématographique de la série, a réédité les 7 tomes dans un format diffé-rent, relié, et avec une couverture inédite signée du grand maître Miller. Une bonne occasion de redécouvrir la série et de comparer aux deux opus version cinéma.

RACKHAM EDITIONS SORT LE GRAND JEU (et en VF)

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Que votre éducation ait fait de vous un fan de hard-rock ou pas, vous avez forcément, au moins une fois dans votre vie, croisé le chemin du groupe américain le plusexagéré de tous les temps, KISS. Un groupe qui compte des millions de fans àtravers le monde, un groupe qui peut se permettre de dire à ZZ Top que le décor de scène (hallucinant) sera celui de «I wanna rock n’roll all nite» même pendant «La Grange», un groupe qui installe des tyroliennes au-dessus du public et des vérins hydrauliques sous la batterie, juchée à 15 mètres de haut. Mais KISS, c’est aussi les goodies les plus débiles de la création. Et les plus chers, aussi !

KISS, ou les goodies les plus incroyables de l’his-toire du rock

TOP 10

6- Les “Shrinky Dinks”Des genres de pâtes molles à mettre au four pour les faire durcir et épaissir. Une sorte de pâte à sel préfaite. Kiss a eu la bonne idée de s’associer à Co-ca-Cola. L’étiquette pour ba-gage, un must-have.

3- Les céréalesDe marque Vita-Brit, avec un pré-ado blond en chemise à carreau sur la boîte, et un pet-it logo Kiss rajouté à l’arrache dans le coin. Meilleur avec du lait froid, comme chacun sait.

4- La boîte à peignesFabriqués par l’entreprise Lady Jane, 6 peignes peu pratiques et assez laids, de forme plus qu’étrange, enfermés dans une boîte avec la tronche de nos amis dessus. Total look.

8- Le casque de pompierAvec la signature de celui qui aimait bien porter des casques de pompier sur scène en jouant le titre “Fire-house”, Paul Stanley. Une merveille de design, fabriquée par Topgard. De quoi rendre folles les groupies égarées du groupe, perdues dans les limbes depuis la découverte du vrai visage de Gene.

5- Les glacesEt pourquoi pas des glaces tricolores en forme de fusée? En tous cas, la marque Peters a dit oui. Noir en haut, rouge au mi-lieu, blanc en bas. Everything cooler than everything else.

7- Les maniquesDeux gros gants anti-chaleur pour sortir les Shrinky Dinks du four. S’utilise en binome avec le tablier (en trinome si vous utili-sez les deux maniques en même temps pour plus de style).

2- La chaise gonflableFabriquée par la marque Signature Superstars. Une sorte de trône en plastique, d’une belle épaisseur, plus proche du fauteuil que de la chaise, finalement. King of the (plastic) mountain.

10- Le Trivial PursuitPour tous ceux qui n’ont ab-solument rien appris en lisant cette page et qui pensent que les auteurs de ce livre sont des ignares qui ne comprennent rien à l’aura mystique de Kiss, qui n’est pas un groupe mercantile. Mille questions, quand même, les gars, va falloir se lever tôt.

9- Monsieurs PatatesEric, Paul, Ace et Gene en patates démembrables à l’in-fini. Les quatre dans la même boîte, pour pouvoir faire un Paul Stanley à langue hyper-trophiée surplombée d’une moustache de chat. Peut-être l’objet collector le plus laid de l’univers tout entier. Bientôt Ace en Pokémon ?

1- Le cercueil

Il n’y avait qu’un fan hardcore comme Di-mebag Darrell (feu le guitariste de Pantera)pour avoir le cran de se faire enterrer dans un truc pareil. Celà dit, un bel objet, confortable, pour ceux qui pensent que le confort est une donnée importante dans ce genre de circons-tances. Gene Simmons, lui, pour l’instant, il y range son vin et ses bières (estampillées Kiss, évidemment), Une belle boîte pour aller en enfer en compagnie de ses idoles, mais probablement trop petite pour y mettre Gene Simmons affublé de sa tenue d’apparat. All Hell’s breakin’ loose.

Gene Simmons en armure et en sang à l’Azkena Rock Festival (Vitoria, Espagne) - 2010.

Ph : Alberto Cabello

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Un magazine écrit par des tordus comme nous ne pouvait décemment pas éviter d’évoquer la personnalité d’une femme que l’intégralité de la France connaît pour des raisons à la fois diverses et pas toujours avouables. Jadis égérie absolue du cinéma poilu et rigolo comme seules les années 70 et 80 ont su en produire, elle est devenue pour beaucoup la grande soeur à qui l’on demande conseil quand on a un problème avec sa grue de levage, sa montagne pelée ou tout simplement sa pompe à globules rouges. Une femme qui a dédié toute sa vie à l’amour sous ses formes les plus nobles et les moins pudiques, un exemple à suivre pour bien des gens qui ont du mal à connecter leur âme à leur corps et qui ne savent plus où ils habitent dès que leur moitié fonctionne différemment. Une femme qui n’a rien à cacher, et qui après avoir tout montré d’elle-même est devenue la meilleure pour apprendre aux français à mieux se connaître eux-mêmes, une femme pour qui j’ai personnellement une profonde admiration et une très grande affection, je veux parler bien sûr de l’immense Brigitte Lahaie, qui fête en ce mois d’oc-tobre ses... X printemps.

Brigitte est mon amie. Elle ne le sait pas mais je vous jure que je vais le faire, je vais lui envoyer un exem-plaire de ce magazine par courrier, et on n’est pas à l’abri d’entendre ça sur RMC à 14 heures un après-mi-di de printemps, entre une nymphomane névrosée obsédée par le fils de son voisin de pallier et un mari adultère qui préfère sa femme mais il en est pas sûr parce qu’elle veut pas le suivre au Ram Dam, le club échangiste associatif de Liège où il passe le plus clair de ses soirées. Car oui, ça fait des années maintenant que Brigitte a tourné le dos au cinéma pour se consa-crer à une sorte de sacerdoce en dentelles, elle aide les gens à assumer leur propre personnalité, leurs an-goisses, et même leurs déviances.

Mais pourquoi Brigitte Lahaie, qui n’est au départ qu’une actrice porno parmi tant d’autres, serait-elle plus légitime qu’une autre pour être la conseillère matrimoniale préférée des français ? Parce que Bri-gitte Lahaie est une femme brillante avant d’être un objet sexuel absolu. Et ce n’est pas une question d’études de philo comme la fantastique Ovidie, c’est encore plus simple que ça : c’est une question de charisme. Pour vous remettre dans le contexte, vous apprendrez, peut-être, que le cinéma porno de la fin des années 70 n’avait absolument rien à voir avec les daubes produites de nos jours entre la cave et la cuisine d’un couple cannois friqué parti en vacances. Le porno en 35mm c’était classe, rigolo, inventif et parfois même cérébral. Et pour faire avaler un peu de texte à des filles un peu plus jolies que la moyenne qui avaient choisi de gagner leur vie en restant au lit, il fallait parfois se lever tôt. Alors celles dont on se souvient, c’est celles qui avaient un truc en plus, comme Sharon Mitchell, Marylin Jess, et donc notre Brigitte Nationale, porte étandard d’un cinéma X de standing à la verve goguenarde et à la créativité dé-concertante. D’ailleurs les esthètes de l’époque ne s’y sont pas trompés, puisque de Burd Tranbareee à José Bénazéraf, tous les meilleurs réalisateurs post-68 ont misé sur ses mensurations folles et son oeil malicieux pour faire des milliers d’entrées en salle (et ouais) et vendre des palettes de VHS qui sortaient chez René Chateau Vidéo. Oui, parce qu’en ce temps là, faire du sexe devant un objectif, c’était border-line, mais c’était underground sans l’être.

Brigitte Lahaie était le porte étandard d’un cinéma X de standing à la verve gogue-narde et à la créativité dé-concertante.

BRIGITTE LAHAIEBio interdite

L ’ i n d é t r ô n a b l e r e i n e

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Quand on a un minimum de conscience, et c’est le cas de Brigitte, le porno c’est comme le foot, quand on ap-proche de la quarantaine ou qu’on craint la blessure, on raccroche. Alors elle a mis le holà après seulement quatre ans dans l’industrie de la fesse, et à 25 ans, le monde du X était déjà derrière elle. Le problème, c’est que quand on est connu pour un truc aussi tendu que la pornogra-phie, se racheter une conduite chez les bien-pensants c’est pas évident. Donc elle va un peu ramer dans les méandres d’un cinéma qui ne sera plus porno mais «bis», et va se re-trouver dans des productions hallucinantes. Elle a souvent incarné des rôles bizarres dans des films étranges, ou des filles sexy dans des séries Z, dont deux fois avec Max Pécas, l’archange de la gaudriole sur pellicule. Mais son plus haut fait d’armes, c’est d’avoir su résister à un film DE, j’insiste sur le DE parce que c’est aussi AVEC Jean Lefebvre, un ma-chin avec David Pujadas, oui-oui, Denise Gray et Eric Adjani et qui s’appelle «N’oublie pas ton père au vestiare».

De Jean Lefèbvre au retour en grâce radiophonique

Dans le genre truc de fou dont tout le monde connaît le titre mais que personne n’a vu parce que le titre c’est cool mais le film qui se cache derrière c’est quand même super inquiétant, Brigitte Lahaie s’est vaguement compromise dans «On se calme et on boit frais à St-Tropez» de Max Pé-cas, mais aussi dans un film d’horreur tout pourrave («Les prédateurs de la nuit») et dans un truc énigmatique signé Jean Rollin, «Les deux orphelines vampires». Mais le plus beau, c’est un film de 1979, alors qu’elle est à l’apogée de sa carrière dans le X, puisqu’en parallèle elle tourne dans des productions «classiques», dont une qui revêt cette belle particularité d’avoir deux titres potentiels. Et en gé-néral, un film avec deux titres, ça sent pas bon, puisque c’est le cas, par exemple, de «White Fire - Vivre pour sur-vivre», pire film de l’histoire selon Nanarland. Pour Brigitte ce sera «Le chouchou de l’asile / Comment se faire virer de l’hosto».

Brigitte a quitté le ghetto du X pour celui du Z, et après avoir enchaîné quelques merdes tendrement rigolotes à son palmarès d’actrice «soft», elle change de délire et se lance dans le «love conseil». Et là où elle va faire une énorme différence avec ses plus ou moins homologues Lova Moor et Sophie Favier, c’est qu’elle va le faire sérieusement, avec intelligence, talent, sensibilité et brio...entièrement, quoi, par opposition aux deux autres, qui se foutaient à poil aussi, mais sans trop qu’on comprenne pourquoi. Bri-gitte a réponse à tout, elle t’écoute, elle te comprend, elle se rappelle de toi quand tu l’as en ligne une deuxième fois et que ta copine t’a encore viré parce que tu penses trop à la culbute, Elle connaît le sujet sur le bout des doigts et du reste, et elle en parle partout où on l’invite à le faire, en conférence, à la télé, et depuis 2001 à la radio où elle emploie les mots «verge - vagin - testicules - orgasme - éja-culation - échangisme - partouze - sodomie « sans jamais, au grand jamais, être d’une quelconque vulgarité. Définiti-vement, c’est la meilleure.

Brigitte Lahaie a aussi écrit huit bouquins, elle a même commenté les épreuves olympiques d’équitation sur RMC qui s’est dit «on la connaît, et tout le monde l’adore, si Canal Plus a confié ça à Jean Rochefort, on peut confier les chevaux à Brigitte», qui s’en est bien évidemment tirée avec le brio qu’on lui connaît.

Pour moi, Brigitte Lahaie c’est l’incarnation d’une époque révolue où les gens pouvaient s’amuser sans qu’on les juge, une époque ou le porno c’était cool, et c’était du vrai ci-néma, avec des vrais gens dedans. Quand je vois un Dorcel j’ai envie de pleurer parce que je n’y comprends rien. Moi j’ai pas de piscine de 35 mètres dans le jardin, et selon l’ambiance je trouve ça sympa quand y a un peu de poils. Quand je vois Brigitte je fantasme sur l’éventualité d’em-barquer une auto-stoppeuse en bordure de RN7 sous un soleil de plomb, j’imagine un bosquet dans l’arrière-pays varois, une caravane au fond d’un jardin privé, un rêve d’ado avec une tronche horrible qui se vengera plus tard, dans la neige à Prague, dans la forêt à Gonfaron, dans des hôtels bizarres à Hambourg ou à Nancy, ou encore dans des bagnoles à ChateauVallon, hommage à Herbert Léonard, madeleine de Proust.

Brigitte je t’embrasse, je vais faire tout ce qui est en mon pouvoir pour que ce magazine attérisse un jour sur ton bureau à RMC, simplement pour qu’on ait, une fois dans l’histoire de l’univers, un échange cordial, toi et moi. Dans l’absolu, ça ne sert à rien que je t’appelle, je laisse ton temps précieux être consacré à ceux qui ont vraiment be-soin de toi. Je préfère être dans le camp de ceux qui ont envie.

Brigitte Lahaie en Statistiques

- Malgré une carrière dans le X très prolifique, Brigitte Lahaie a tourné dans 39 films dits «classiques» enre 1979 et 2013

- Sa dernière apparition dans le X en 1980 («Les Pe-tites Ecolières») faisait office de passage de flambeau à Marilyn Jess, qui allait être la nouvele égérie du cinéma porbographique français des 80’s

- Lahaie, l’Amour et Vous, son talk-show diffusé quoti-diennement sur RMC entre 14h et 16h, existe depuis le mois d’août 2001

- Diverses biographies lui sont consacrées, dont une en anglais signée Lucas Balbo au titre très amusant : «Brigitte Lahaie - Behind the bush».

Brigitte a réponse à tout, elle t’écoute, elle te comprend, elle se rappelle de toi quand tu l’as en ligne une deuxième fois. C’est la meilleure.

Bio interdite

L ’ i n d é t r ô n a b l e r e i n e

Ci-dessous, Brigitte Lahaie à l’affiche d’un film du très étrange Jean Rollin, «Fascination» (1979), aux côtés de Franca Maï. Pour l’anecdote, Jean Rollin a essentiellement tourné des films sur les vampires, des films X (sous le pseudonyme de Michel Gentil) et a beaucoup apporté au cinéma fantastique français, mais aussi à la littérature de genre.

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INTERNET - JEUX VIDéos - réseaux sociaux

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LA technologie

On a comparé le streamingLe streaming illimité, c'est le vidéo club à la maison. Des sites internet qui proposent pour un abonnement ridicule (autour de 8€ par mois) un catalogue de films, documentaires, dessins animés et autres séries tv à voir et à revoir directement sur son pc ou sur sa nou-velle tv où il y a de l'Internet dedans. Dans ce domaine, le géant américain Netflix s'est ins-tallé en France et compte bien s'imposer, mais c'est sans compter le groupe Canal+ qui se pose en rival de la mort avec son Canalplay. Mais qu'en est-il dans le fond ? Que choisir entre les deux ?

Un truc d'Américains... Mais en France, est-ce qu’on est faits pour ça ?

Munis d'un abonnement Canalplay et d'un abonnement à Netflix, nous nous sommes penchés sur la question. D'un côté comme de l'autre, le catalogue est fourni c'est vrai, et pour les « must have », rassurez-vous certains titres se retrouvent sur les deux plate-formes. Côté référencement, Canalplay jour la carte des thématiques en proposant des doubles séances du même réalisateurs, ou du même acteur... Deuxième point fort, le site propose un onglet « ça vient d'arriver », qui manque cruellement à Netflix. Ce dernier a l'avantage de proposer à ses abonnés les exclusi-vités Netflix du genre « Orange is the new black ». Ça se défend d'un côté comme de l'autre, surtout qu'en ce moment les deux géants proposent le premier mois gratuit sans engagement, pour tester.

Nous on a cherché, longtemps, dans les documentaires et les films. On était contents de revoir « Travail d'arabe » de Christian Philibert, ou encore la série des « Apoca-lypse ». Mais niveau nouveautés on peut attendre encore. Les deux sites proposent du vu et revu. Bien sûr, on a eu l'occasion de revoir « Fargo » ou encore « Pulp Fic-tion » mais finalement avons-nous eu le choix ? C'est comme si les deux sites étaient en pleine course à l'armement pour gagner au jeu de celui qui aura acquis le plus grand nombre de titres... Moralité : c'est bien de mettre plein de films à disposition, mais du Max Pecas on n'en veut pas.

Netflix et Canalplay font leurs débuts sur la toile française, et on imagine que leur progression va être rapide. En attendant, si on veut regarder un film fraîchement sorti en DVD, il faut payer comme pour une VOD classique, alors que des vidéo-clubs les proposent gratuitement dans leur abonnement à 8€, et qu’on les trouve parfois dans les médiathèques qui proposent des formules à l’année à des tarifs absolument imbattables(ici on en a deux qui sont très à la page, profitons-en).

DANS LA TOURMENTE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

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DANS LA TOURMENTE DE LA PREMIÈRE GUERRE MONDIALE

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- 1er et 2 novembre - colloque-exposition FORUM JULII Le Forum et Espace culturel Paul Vernet- 1er au 12 novembre - exposition ASSOCIATION PALETTE 83 Espace Culturel Paul Vernet- du 1er au 14 novembre - FEUILLE(T)S D’AUTOMNE Salle d’animation de la Médiathèque Villa Marie- 6 novembre - BROCANTE PROFESSIONNELLE Place de la Poste, Saint-Aygulf- 7 novembre - EXPOSITION BEATRICE DHOMPS - Casino de Fréjus- 9 novembre - RECITAL D’ORGUE - Cathédrale Saint-Léonce- 9 novembre - VIDE GRENIER SPÉCIAL JOUETS ET NOËL DE L’A.Q.V.T.D.M. Maison de Quartier M.A. Ruby et parking- 9 novembre - récital d’orgue Yuka ISHIMARU (Japon) Cathédrale Saint-Léonce- 13 novembre – CONFÉRENCE «Le service de santé des troupes coloniales pendant la Grande guerre» du Dr Louis HERAUT Musée des Troupes de Marine- 14 novembre - CONFERENCE DE SOPHIE DAOUT - Casino de Fréjus- 16 novembre - Concert LES ADRETS - Les Adrets- 16 novembre - CONCERT HARMONIE AURELIENNE - Salle Hippolyte Fabre- du 18 au 30 novembre - LES TOILES D’HIVER Salle d’animation de la Médiathèque Villa Marie- 23 et 24 novembre - cycle cinéma italien LA BELLA GENTE IVANO DE MATTEO - Cinéma Le Vox- 28 novembre - CAFE LITTERAIRE - LYDIA BEGE - Casino de Fréjus- 30 novembre - DESTOCKAGE DE L’A.Q.V.T.D.M. - Parc Cocteau

saint-raphaël- 1er novembre - Quatuor Parisii palais des congrès- du 4 au 22 novembre – Exposition commémoration 1914/1918 Hall du centre culturel et salle Marcel Pagnol- 5 novembre – La malle aux histoires Médiathèque de l’Aspé- 5 novembre – Atelier Ados « Monte le son ! » Médiathèque jeunesse- 5 novembre – SRVHB/Selestat – palais des sports- 7 novembre - Entendre la guerre, concert de l’Orchestre de chambre de Saint-Raphaël – palais des congrès- 7 novembre – EFCFSR/Bourg Peronnas FC – stade Louis Hon- 8 et 9 novembre – 12ème salon du mariagepalais des congrès- du 8 au 29 novembre – Le mois du film documentaire- 8 novembre - Pete Allen, concert de jazz salle Félix Martin- 9 novembre - Colorature, théâtre - palais des congrès- 12 novembre – SRVHB/Tremblay – palais des sports- 14 novembre - Yohann Métay, Humour /sport - salle Félix Martin- 16 novembre – CARF/Nice – stade Eugène Rossi- 20 novembre – 15èmes rencontres artistiques de la rue Safranié- 21 novembre - Gush, concert pop - salle Félix Martin- 26 novembre - Pinocchio, théâtre jeune public – palais des congrès- 28 novembre au 1er décembre – 21e salon du Palais Gourmand palais des congrès- 28 novembre – EFCFSR/LE Poiré sur Vie VF – stade Louis Hon- 30 novembre – CARF/Aubagne - stade Eugène Rossi

- 2 novembre - Loto – salle Molière- 4 novembre - Balade gourmande – Village Médiéval et maison du Chocolat- 5 novembre - Anniversaires de mariage du C.C.A.S.salle des Mariages, Mairie d’honneur- 7 novembre - Collecte de sang – salle Molière- 8 novembre – Scrabble – salle Léon Jaume- 11 novembre - Cérémonie commémorative- 13 novembre - Heure du conte médiathèque Suzanne Régis, La Bouverie- 14 novembre – Spectacle organisé par l’école Jean JANIN Salle Molière- 15 novembre – Loto organisé par “Roquebrune Sports” Salle Molière- 16 novembre – Loto organisé par les Pitchouns Sambracitains Espace Robert Manuel- 19 novembre - Atelier créatif, initiation à la mosaïque médiathèque Suzanne Régis, La Bouverie- 20 novembre - Heure du conte bibliothèque Albert Camus- 26 novembre -Spectacle de marionnettes médiathèque Suzanne Régis- 29 novembre - Tournoi Minecraft médiathèque Suzanne Régis, de 14h à 18h- 30 novembre – Conférence, Giordano BRUNO “De la Terre à l’Univers” donnée par Michel PERRIER organisée par l’A.L.C.I. - salle de la Batterie

puget-sur-argens

Fréjus

- 6 novembre – spectacle de danse et créations chorégraphiques présenté par Unidanse – Espace Victor Hugo- 7 et 8 novembre – Les Z’Enfoirés de Puget espace Victor Hugo- 10 novembre – « On choisit pas sa famille », théâtre espace Victor Hugo- 11 novembre - « Jean et Béatrice », théâtre espace Victor Hugo- 12 novembre – soirée théâtrale au profit de l’association varoise de secours aux animaux – espace Victor Hugo- 13 novembre - « La nuit des reines », théâtre espace Victor Hugo- 14 novembre - « Un mâle des maux », théâtre espace Victor Hugo- 15 novembre - « Sur un air de tango », théâtre espace Victor Hugo- 16 novembre - « Médicament Souvenir », pièce de théâtre interactive espace Victor Hugo- du 21 au 29 novembre – exposition « Puget fête la Provence » espace Victor Hugo

roquebrune-sur-argens

FREJUS PIECES AUTOTél : 04 94 53 58 69

SAS FREJUS PIECES AUTO407 RUE ANDRÉ CITROEN

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Le choix, le prix, le conseil en plus!

L’agenda

Marché de Noël

Vignoble Le Clos des Roses1609 Route de Malpasset - RD37 -

Ste Brigitte - FREJUS - Direction Autoroute A8 (Cannes)www.closdesroses.com - Tél. 04.94.52.80.51 - Espace restauration

6 & 7 Décembre

vignoble d’élégance

Décorations - Cadeaux et Saveurs de Noël - Animations

Collecte de Jouets pour l’Association «Un Noël pour chaque Enfant»

ENTRÉE GRATUITE - 10h/18h

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6 & 7 Décembre

vignoble d’élégance

Décorations - Cadeaux et Saveurs de Noël - Animations

Collecte de Jouets pour l’Association «Un Noël pour chaque Enfant»

ENTRÉE GRATUITE - 10h/18h

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